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Concepts : lutte des classes, conscience de classe, rapports de production, forces

productives, plus-value, exploitation, modes de production, capital

Actualité et prolongement : classes sociales, nouveaux mouvements sociaux

Thème 7- Karl Marx – Conflits de classe et changement social

Partie 1- L’analyse de Marx

Introduction : Biographie et contexte

Document 1 : Biographie p 374 du livre


Questions :
• Quel est le parcours universitaire et professionnel de Marx ?
• Est-il seulement un théoricien ?
• En quoi le contexte de l’époque peut – il expliquer ses centres d’intérêt ?

Marx (1818-1883) est né en Allemagne. Il effectue des études de philosophie, mais il ne peut
devenir professeur du fait de ses idées. Exilé d’Allemagne, il vit en France où il rencontre les
principaux chefs du mouvement socialiste, en Belgique, puis en Grande-Bretagne. Grâce à
Engels, il réussit à survivre ;Il devient journaliste, mais se consacre surtout à la rédaction de ses
nombreux ouvrages. La quantité de ses ouvrages fait que son analyse est parfois contradictoire.
Cependant, Marx n’est pas seulement un théoricien, car il va être à l’origine de la création de
lAssociation internationale des travailleurs et tente de créer un mouvement socialiste unifié.
Son analyse mettant en évidence la lutte entre capitalistes et prolétaires est caractéristique de
la société industrielle du XIX° siècle où le développement économique s’accompagne d’une
augmentation des inégalités.

Section I – La notion de classe sociale

I. Les paysans français en 1850 formaient-ils une classe sociale ?

Document 2 : 5 p 376
Questions :
- Pour quelles raisons peut-on a priori considérer que les paysans français constituaient une classe ?
- Quelles sont les raisons que MARX avance pour infirmer l’existence d’une classe paysanne?
- Quelles conséquences cela a t’-il sur la capacité des paysans à faire entendre leur voix ?

A priori , on pourrait considérer que les paysans forment une classe , car :
- ils sont nombreux , majoritaires dans la population
- ils occupent une place centrale dans la vie économique du pays qui est dominée par
l’agriculture
- ils ont de nombreux points communs : mode de vie , mode de production qui les distingue
du reste de la population

Mais , Marx en étudiant la paysannerie française peut en conclure à une absence de conscience
de classe :
- pour des raisons d’ordre géographiques et de transport , résultant du mauvais état des
voies de communication et de la pauvreté des paysans qui limitent les déplacements de la
population .
- leur mode de production les conduit à vivre en autarcie , les isoles les uns des autres ;
chaque famille étant autosuffisante , n’a pas besoin des autres . Marx peut donc en
conclure : « la grande masse de la nation française est ainsi constituée par une simple
addition de grandeurs , de même nom , à peu près comme un sac de pommes de terre est
formé de pommes de terre »

Conséquence : selon Marx , les paysans ne constituent pas une classe ; ils ne sont donc pas
aptes à faire apparaître une organisation politique qui les rassemble et défende leurs intérêts ;
ils sont obligés de se faire représentés par des délégués qui n’appartiennent pas à leur milieu et
qui vont les manipuler , en parlant en leur nom pour se faire élire et sacrifier leurs intérêts ,
comme l’a fait Napoléon III

II. L’origine économique des classes.

Document 3 :
Ceux qui ne possèdent que leur force de travail, ceux qui possèdent le capital et ceux qui possèdent la terre - leurs sources
de revenu étant respectivement le salaire, le profit et la rente foncière — en d'autres termes, les travailleurs salariés, les
capitalistes et les propriétaires fonciers, constituent les trois grandes classes de la société moderne fondée sur le mode de
production capitaliste. C'est assurément en Angleterre que la société moderne a connu, quant à sa structure économique, le
développement le plus riche, le plus classique. Pourtant, même là, cette structure de classes ne se présente pas dans toute sa
pureté. Là aussi des couches moyennes et intermédiaires estompent partout les lignes de démarcation (quoique
incomparablement moins à la campagne que dans les villes). Toutefois, pour notre analyse, ce fait est secondaire. Nous
avons vu que la tendance permanente et la loi du développement du mode de production capitaliste sont de séparer de plus
en plus les moyens de production et le travail et de concentrer de plus en plus massivement les moyens de production
dispersés, donc de transformer le travail en travail salarié et les moyens de production en capital. Parallèlement à cette
tendance se poursuit la séparation de la propriété foncière d'avec le capital et le travail, autrement dit le passage de toute la
propriété terrienne à une forme adéquate au mode de production capitaliste. Il nous faut d'abord répondre à la question
suivante : qu'est-ce qui constitue une classe ? En fait, cette réponse résulte automatiquement de la réponse à cette autre
question : comment les travailleurs salariés, les capitalistes et les propriétaires fonciers en viennent-ils à constituer les trois
grandes classes de la société anglaise comme référence ? A première vue, c'est à cause de l'identité de leurs revenus et des
sources de leurs revenus : voici trois grands groupes sociaux dont les membres individuels vivent respectivement du salaire,
du profit et de la rente, c'est-à-dire de la mise en valeur de leur force de travail, de leur capital, de leur terre. Toutefois, de
ce point de vue, les médecins et les fonctionnaires, par exemple, constitueraient également deux classes, car ils
appartiennent à deux groupes sociaux distincts, dont les membres tirent leurs revenus de la même source. Le même
raisonnement s'appliquerait à l'infini émiettement des intérêts et des positions que la division du travail social suscite parmi
les travailleurs tout comme parmi les capitalistes et les propriétaires fonciers (ceux-ci, par exemple, se divisent en
viticulteurs, propriétaires de fermes, de forêts, de mines , de pêcheries).
Source : Marx , Le Capital
Questions :
- Pourquoi Marx prend-il la société anglaise comme référence ?
- Combien de classes distingue t’-il ?

Marx prend comme référence la société anglaise , car , contrairement à la société française ,
c’est elle qui correspond le mieux à la société capitaliste qu’il cherche à étudier , car c’est celle
dans laquelle les nouvelles innovations technologiques qui jouent un rôle déterminant sont le
plus développées .Marx va donc s’en servir comme modèle de référence qui anticipe le devenir
des autres sociétés ( de ce point de vue , l’analyse de Marx n’est pas sans points communs avec
celle de Rostow ) .
Néanmoins selon Marx le mode de production capitaliste se différencie des autres modes par
uns simplification de l’organisation sociale. Marx va alors pouvoir analyser les répercussions du
mode de production sur la division de la société en classes , ce qui le conduit , malgré la
présence de couches moyennes qui vont progressivement disparaître au fur et à mesure du
développement économique , à distinguer 2 grandes classes , on parle alors de bipolarisation
de la structure sociale :
- les propriétaires du capital c’est à dire les capitalistes qui concentrent entre leurs mains les
moyens de production ,
- les travailleurs qui n’ont que leur force de travail.

III. Les conditions de constitution d'une classe

Document 4 :
Pour qu'il y ait classe sociale, [selon Marx] il ne faut pas seulement qu'un grand nombre d'hommes vivent de manière
approximativement semblable, exercent un travail comparable, il faut encore qu'ils soient en relations permanentes les uns
avec les autres, constituent une unité en découvrant tout à la fois leur communauté et leur opposition à d'autres groupes. Il
y a classe non pas simplement lorsqu'il y a des traits communs à des millions d'individus, mais quand tous ces êtres
individuels prennent conscience de leur unité en s'opposant à d'autres millions d'individus, eux aussi groupés. Dans la ligne
de cette analyse, les ouvriers d'industrie, s'ils ne prennent pas conscience de leur unité et de leur opposition à d'autres
groupes, seront en concurrence les uns avec les autres. Effectivement, parmi eux, des sous-groupes sont en concurrence
pour la répartition du revenu national, dès qu'ils n'ont pas ensemble conscience de leur unité et de leur antagonisme à l'égard
d'autres groupes. Dans ce cas, la classe sociale n'exigerait pas seulement la communauté de fait dans les façons de vivre,
elle exigerait des relations quasi permanentes des individus les uns avec les autres, elle exigerait d'eux surtout une prise de
conscience de leur communauté, qui n'est pas concevable sans conscience d'un antagonisme. D'où résulte un point essentiel
de la théorie de Marx : la classe sociale n'existerait réellement que dans la mesure où elle aurait conscience d'elle-même,
mais il ne peut pas y avoir conscience de classe sans reconnaissance de la lutte de classes. Une classe n'a conscience d'elle-
même que si elle découvre qu'elle a une lutte à mener contre d'autres classes.
Source : R Aron, La lutte des classes, Gallimard, 1972.
Questions :
- Quelles sont d’après Aron les conditions qui doivent être réunies pour que les ouvriers puissent former une classe?
- Ces conditions étaient-elles réunies pour la paysannerie française au 19 ème ?

Les conditions qui doivent être réunies selon Marx afin que l’on puisse parler de constitution
d’une classe ayant conscience d’elle même sont :
- Des conditions objectives : les individus doivent vivre de manière semblable et donc exercer
le même travail.
- Mais ces conditions si elles sont nécessaires ne sont pas suffisantes, en effet tant que les
individus n’ont pas pris conscience de leur appartenance à une même communauté ayant
des intérêts semblables ils sont en concurrence et donc ils ne sont pas solidaires .
- Pour qu’ils constituent une classe il est impératif qu’ils prennent conscience des relations
antagonistes qui les lient aux autres classes : « la classe sociale n’existerait réellement que
dans la mesure où elle aurait conscience d’elle même, mais il ne peut y avoir de conscience
de classe sans reconnaissance de la lutte de classes ». Donc la condition suffisante pour que
la classe prenne conscience d’elle même est qu’elle entre en lutte contre d’autres classes :
c’est la lutte qui détermine la prise de conscience.

Section II – La lutte des classes

I. Histoire et lutte des classes

Document 5 : 8 p 377
Questions :
- Quelle conception de l’histoire à Marx ?
– L’avènement de la société bourgeoise a t’il fait disparaître les antagonismes de classe , quelles conceptions
critique Marx ?
– Quelle est la spécificité de la société décrite par Marx par rapport aux sociétés antérieures ?

– Marx a une conception téléologique de l’histoire c’est à dire qu’il considère que les
sociétés ont un chemin et un seul qui leur ait tracé et qui est leur destin sans qu’elles
puissent le contrarier:
1. les différents modes de production se succèdent inéluctablement est sont donc
condamnés à disparaître quand les forces productives qui leur avaient donné
naissance sont concurrencées par de nouveaux moyens de production plus
performants .
2. Ainsi quand apparaît la machine à vapeur qui rend obsolète le moulin à vent et la
traction animale, le mode de production féodal qui était adapté aux anciennes
conditions techniques devient inadéquat et doit être dépassé.

– son analyse est déterministe et holiste :c’est à dire qu’il pose que les individus ne sont
pas les acteurs de leur destin mais qu’ils sont le jouet de structure économique et
sociales qui leur échappent : « Dans la production sociale de leur existence, les hommes
nouent des rapports déterminés, nécessaires indépendants de leur volonté (…). ce n’est
pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur
existence sociale qui détermine leur conscience »
ll considère que toutes les sociétés sont caractérisées par des antagonismes de classe opposant
les catégories caractéristiques de chaque mode de production .S’ouvre alors, selon Marx, une
série de révolutions économiques, sociales et politiques qui vont conduire à la destruction du
mode de production féodal et à son remplacement par le mode de production capitaliste qui
devient provisoirement (mais provisoirement seulement ) le plus efficace.
De ce point de vue là, la société capitaliste ne se distingue pas des modes de production
antiques et féodaux, puisque , contrairement à ce que disent les libéraux , la Révolution
française n’a pas mis fin aux conflits de classe ; elle les a simplement renouvelés , la seule
nouveauté qu’elle ait introduite concerne le nombre de classes en lutte : Marx parle de
bipolarisation de la lutte des classes .

II. L’explication : la contradiction des rapports de production et des forces productives

Document 6 :
Dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent dans des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de
leur volonté. Ces rapports de production correspondent à un stade déterminé du développement de leurs forces productives
matérielles. L'ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base réelle, sur
quoi s'élève une superstructure juridique et politique et à laquelle correspondent des formes de conscience sociales
déterminées. Le mode de production de la vie matérielle conditionne la vie sociale, politique et intellectuelle en général. Ce
n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, mais, au contraire, c'est leur existence sociale qui
détermine leur conscience. Ayant atteint un certain niveau de développement, les forces productives de la société entrent en
contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n'en est que l'expression juridique, avec le régime de la
propriété au sein duquel elles ont évolué jusqu'alors. De facteurs de développement des forces productives, ces rapports
deviennent des entraves de ces forces. Alors s'ouvre une ère de révolution sociale. [...] Dans leurs grandes lignes, les modes
de production asiatique, antique, féodal et bourgeois moderne peuvent être désignés comme autant d'époques progressives
de l'évolution économique de la société. Le système de production bourgeois est la dernière forme antagonique du procès de
production social, non point dans le sens d'un antagonisme individuel, mais d'un antagonisme qui naît des conditions
d'existence sociales des individus. Les forces productives qui se développent au sein de la société bourgeoise créent en
même temps les conditions matérielles pour résoudre cet antagonisme. Avec ce type de société s'achève donc la préhistoire
de la société humaine.
Source : K Marx , critique de l’économie politique, 1859.
Questions :
- Explicitez les termes soulignés.
- Construisez un schéma reliant ces 5 termes, montrant que les contradictions débouchent obligatoirement sur une
révolution sociale.

Marx se place dans une conception matérialiste de l’histoire , c’est-à-dire qu’il considère que
l’infrastructure matérielle , les forces productives ( force musculaire , moulin à vent , machine à
vapeur ) déterminent le mode de production ( antique , féodal ou capitaliste ) et les rapports de
production existant entre les classes ( seigneur / serf , prolétariat / bourgeoisie ) .
Il développe une conception matérialiste : les hommes sont déterminés par :
3. les forces productives, c’est à dire par les moyens de production
( l’infrastructure économique) qui sont mis en œuvre à une époque donnée
(exemple : le moulin à vent qui à la fin du 18 ème siècle a subi la concurrence de la
machine à vapeur)
4. Déterminent les modes de production qui sont la combinaison des forces
productives et des rapports de production. Marx en a distingué 4 : les modes de
production féodal, antique, féodal et capitalistes
5. les rapports de production sont les rapports de propriété des moyens de
production ( machines, usines, etc.) qui permettent de définir les classes sociales
selon la place qu’elles occupent par rapport à la propriété des moyens de
production
6. On peut alors en conclure que Marx a une vision matérialiste de l’histoire car
l’infrastructure matérielle conditionne la superstructure idéelle c’est à dire le
processus de la vie sociale, intellectuelle et politique ( par exemple les modes de
pensées, les valeurs religieuses, les idées artistiques.

C’est donc l’infrastructure matérielle qui détermine la superstructure idéelle ( juridique ,


politique et culturelle ) , ce qui conduit Marx à développer une conception déterministe et
holiste : « ce n’est pas la conscience des hommes qui déterminent leur existence , mais , au
contraire , c’est leur existence sociale qui détermine leur conscience » .
Les modes de production se caractérisent par une stabilité , mais ils sont condamnés à
disparaître , dès lors qu’apparaissent de nouvelles forces productives qui sont entravées par une
infrastructure , des rapports de production qui deviennent inadaptés et qui sont donc
condamnés à disparaître pour donner naissance à un nouveau mode de production , caractérisé
par de nouveaux rapports de production et par la mise en place d’une nouvelle superstructure .

Section III – La lutte des classes dans la société capitaliste

I. Deux classes principales

A. La bourgeoisie

Document 7 :
La bourgeoisie a joué dans l'histoire un rôle essentiellement révolutionnaire. Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a
foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens multicolores qui unissaient l'homme féodal à
ses supérieurs naturels, elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le
froid intérêt, que le dur argent comptant. Elle a noyé l'extase religieuse, l'enthousiasme chevaleresque, la sentimentalité du
petit-bourgeois dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échange ;
elle a substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l'unique et impitoyable liberté du commerce. En un mot, à
la place de l'exploitation, voilée par des illusions religieuses et politiques, elle a mis une exploitation ouverte, directe,
brutale, éhontée.
La bourgeoisie n'existe qu'à la condition de révolutionner constamment les instruments de travail, ce qui veut dire le mode
de production, ce qui veut dire tous les rapports sociaux. La conservation de l'ancien mode de production était, au contraire,
la première condition d'existence de toutes les classes industrielles antérieures. Ce bouleversement continuel des modes de
production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelles distinguent
l'époque bourgeoise de toutes les précédentes. Tous les rapports sociaux, traditionnels et figés, avec leur cortège de
croyances et d'idées admises et vénérées se dissolvent ; celles qui les remplacent deviennent surannées avant de se
cristalliser. Tout ce qui était solide et stable est ébranlé, tout ce qui était sacré est profané ; et les hommes sont forcés,
enfin, d'envisager leurs conditions d'existence et leurs rapports réciproques avec des yeux dégrisés. Poussée par le besoin de
débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut pénétrer partout, s'établir partout, créer
partout des moyens de communication.
Source : K Marx et F Engels, op cité.
Questions :
- Expliquez la première phrase du texte, ne vous semble t’elle pas surprenante sous la plume de Marx ?
- Qu’est ce qui oppose le mode de production capitaliste aux modes de production antérieurs ?

Marx, contrairement aux auteurs socialistes qui l’ont précédé comme Proudhon, ne se place pas
sur un plan moral. Il n’a aucune haine à l’encontre des bourgeois individuellement. Il considère
même que la bourgeoisie a été une classe révolutionnaire, puisque c’est elle qui, par ses
actions, a entraîné du mode de production féodal.
Mais, une fois qu’elle a eu acquis le pouvoir, la bourgeoisie l’a confisqué, mettant à mal les
anciennes relations qui, comme l’avait démontré Tocqueville, n’était pas seulement basé sur un
égoïsme matérialiste (cf la relation entre le noble et ses paysans). La bourgeoisie, au contraire,
a dévoilé l’exploitation en faisant disparaître l’extase religieuse et l’enthousiasme
chevaleresque : désormais, l’exploitation est « ouverte, directe, brutale et éhontée ».
La bourgeoisie se distingue de la noblesse d’un autre point de vue : l’Ancien Régime était basé
sur la stabilité et sur un progrès technique quasiment inexistant. A l’inverse, le capitalisme
« n’existe qu’à la condition de révolutionner constamment les instruments de travail, ce qui veut
dire le mode de production, ce qui veut dire les rapports sociaux »
Le capitalisme s’inscrit donc dans une logique de croissance qui nécessite de trouver toujours de
nouveaux débouchés, ce qui se traduit par une expansion du capitalisme à l’ensemble du globe
(ce que Lénine appellera l’impérialisme)

B. La classe ouvrière

Document 8 : 7 p 377
Questions :
- Pourquoi selon Marx la classe ouvrière est la seule à être véritablement révolutionnaire ?
- Indiquez pour quelles raisons l’ouvrier moderne, contrairement au serf, ne peut que se révolter contre la bourgeoisie.

Selon Marx, la classe moyenne, la petite bourgeoisie, la paysannerie peuvent s’opposer à la


bourgeoisie quand elle remet en cause leur existence, mais elles n’ont pas de caractère
révolutionnaire ; elles sont au contraire réactionnaires, puisqu’elles veulent que : « l’histoire
fasse machine arrière », ce qui, dans la conception marxiste , est strictement impossible .
Au contraire, le prolétariat est la seule classe révolutionnaire car il est né et s’est développé
avec le mode de production capitaliste ; il en est donc le produit, mais un produit qui,
contrairement au serf et à l’esclave, ne se voit pas garantir des conditions d’existence. En effet,
plus le capitalisme se développe, plus l’industrie progresse, plus les conditions de l’ouvrier se
détériorent. Le paupérisme va conduire la classe ouvrière à se révolter, à prendre conscience
d’elle-même.

II. En lutte

A. Seul le travail crée de la richesse

Document 9 : 1 p 375
Questions :
- Que signifie l’expression « cristallisation du travail social » ?
- Pourquoi appelle-t-on Marx le dernier des classiques ?

Comme Smith et Ricardo, Marx considère que seul le travail crée de la valeur. Ainsi, le prix d’un
produit dépend de la quantité de travail utilisé pour le produire : « cristallisation du travail
social ». Il intègre alors le travail directement utilisé pour produire les marchandises, mais aussi
le travail indirect qu’il qualifie de mort : celui incorporé dans les machines.
Le rapport d’échange entre deux produits dépend alors de leur quantité de travail relative

B. M ais toute la richesse ne revient pas aux ouvriers

Document 10 : 2 p 375
Questions :
- Quelle distinction Marx opère entre travail et force de travail ?
- De quoi dépend la valeur de la force de travail ?

Marx distingue :
- le travail de l’ouvrier qui est la quantité fournie par celui-ci
- De sa force de travail qui dépend , comme toute marchandise de la quantité de travail
nécessaire à sa production et à sa reproduction. Cette quantité de travail doit assurer à la
fois :
• La subsistance de l’ouvrier aujourd’hui
• Lui permettre d’améliorer sa qualification et son habileté
• D’assurer la survie de ses enfants pour qu’ils puissent travailler eux-aussi à leur
tour

C. Il y a alors exploitation

Document 11 : 3 p 375
Questions :
- Définir le concept de plus-value.
- En quoi est-ce de l’exploitation selon Marx ?

Or la quantité de travail nécessaire à la vie d’un ouvrier est inférieure à la quantité de travail
créée par celui-ci en un temps donné : le travail de l'ouvrier est supérieur à sa force de travail.
Autrement dit, la création de richesses effectuée par l’ouvrier est supérieure à son salaire. Cette
différence est appelée plus-value= création de richesses de l’ouvrier- salaire.
Cette plus-value est alors accaparée par les capitalistes. On peut parler d’exploitation , puisque
seul le travail a créé de la richesse : seuls les ouvriers ont le droit de la recevoir.

Document 12 : 4 p 375
Questions :
- l’ouvrier pense-t-il être exploité ? Pourquoi ?
- Quel est l’effet de cette fausse apparence ?

Cependant, l’ouvrier ne se rend pas compte qu’il est exploité, car il croit que la valeur de sa
force de travail est égale à la valeur de son travail. Cette apparence s’explique car :
- Il ne reçoit son salaire qu’après avoir travaillé
- Il sait quelle quantité de travail il a effectué

Cette fausse apparence permet ainsi de cacher l’exploitation et de distinguer le travail salarié
des autres formes de travail :
- Dans l’esclavage, l’exploitation est apparente , puisque l’esclave n’est pas payé, même si
une partie de ce travail sert à subvenir à ses besoins
- Dans le servage, on arrive à distinguer le travail fait pour le paysan lui-même de celui-
effectué pour le compte du seigneur
- Dans le travail salarié, les libéraux considèrent que l’ouvrier est rémunéré à sa juste valeur.
En réalité, selon Marx, il y a peu de changements : une partie du travail des ouvriers est
toujours prélevée par la classe dominante, mais de manière cachée dans le capitalisme. Marx
peut alors en conclure que malgré les apparences le travailleur , en dépit de sa liberté
formelle est aussi exploité que l’étaient ses ancêtres serfs et esclaves, car comme eux la
majeure partie des richesses qu’il a créé par son travail est confisquée par ses maîtres.

III. La prise de conscience dans la lutte des classes

Document 13 : 6 p 376
Questions :
– Rappelez quels sont selon Marx les temps de la prise de conscience.
– Quelles sont selon Marx les conditions requises pour que la lasse ouvrière prenne conscience d’elle même ?

Marx va distinguer 3 temps dans la prise de conscience de classe :


- dans un premier temps, les ouvriers qui sont d’anciens paysans individualistes, sont en
concurrence afin d’obtenir un travail et n’ont donc pas encore pris conscience, car ils ne sont
pas solidaires, de leur destin commun
- dans un deuxième temps, que Marx va dénommer conscience en soi, les ouvriers qui sont
exploités par la bourgeoisie, qui sont concentrés dans des lieux restreints (la ville-usine) , qui
sont dans une situation commune et ont des intérêts communs qui s’opposent au capital ,
vont se regrouper pour lutter . Et de cette lutte va naître une prise de conscience de classe
qui va renforcer les capacités de mobilisation des ouvriers
- dans un troisième temps, la classe ouvrière qui s’est organisée (parti politique , syndicat ) ne
s’oppose plus seulement aux bourgeois , mais elle propose un modèle de société alternatif
( la société socialiste , puis communiste ) dans laquelle les rapports d’exploitation et les
conflits de classe auront disparu . Ce stade est dénommé pour MARX conscience pour soi.

Section IV - La disparition du conflit de classes avec l’avènement de la nouvelle société issue de la


révolution sociale.

Document 14 :
A:
Dans une phase supérieure de la société communiste, quand auront disparu la subordination asservissante des individus à
la division du travail et, par là, l'opposition entre le travail intellectuel et le travail manuel; quand le travail sera devenu, non
seulement un moyen de vivre, mais encore sera devenu lui-même le premier besoin de la vie ; quand, avec le développement
diversifié des individus, leurs forces productives auront augmenté elles aussi, et que toutes les sources de la richesse
collective jailliront avec force - alors seulement l'horizon étroit du droit bourgeois pourra être totalement dépassé, et la
société pourra écrire sur son drapeau: De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins !
Source : Karl MARX, Critique du programme de Gotha,Le Livre de Poche, 1973 (1875).
B:
Maintenant, en ce qui me concerne, ce n'est pas à moi que revient le mérite d'avoir découvert l'existence des classes dans la
société moderne, pas plus que la lutte qu'elles s'y livrent. Des historiens bourgeois avaient exposé bien avant moi l'évolution
historique de cette lutte des classes et des économistes bourgeois en avaient décrit l'anatomie économique. Ce que j'ai
apporté de nouveau, c'est:
1) de démontrer que l'existence des classes n'est liée qu'à des phases historiques déterminées du développement de la
production ;
2) que la lutte des classes mène nécessairement à la dictature du prolétariat ;
3) que cette dictature elle-même ne représente qu'une transition vers l'abolition de toutes les classes et vers une société sans
classes.
Source : Karl Marx « Lettre à I. Weydemeyer » Lettres sur le Capital, Éditions sociales, 1852
Questions :
- Quelle est l’ apport de Marx ?
Marx ne pense pas avoir été le premier à décrire l’existence des classes et leurs conflits. Son
apport se limite, selon lui, essentiellement à 3 caractéristiques :
- pour qu’il y ait classe, il faut qu’il y ait lutte ; et les luttes ne résultent pas des volontés
individuelles, mais sont déterminées par le développement des forces productives
- inéluctablement, la lutte des classes conduit à la disparition du capitalisme et à la dictature
du prolétariat
- mais, contrairement à la bourgeoisie, le prolétariat ne confisque pas la révolution à son
profit ; il va , au contraire , assurer le passage à une société sans classes et sans exploitation
.

Partie 2- L’analyse de Marx est-elle toujours d’actualité ?

Section I – La propriété des moyens de production : un élément secondaire : l’analyse de R.Dahrendorf

Document 15 :
A:
Pour Marx, l'élément déterminant des classes sociales était la propriété privée effective des moyens de production.
L'essentiel de sa théorie est fondé sur cette définition du concept de classe. On a déjà vu que c'est précisément ce lien entre
le concept de classe et la possession, ou l'exclusion de la propriété privée effective qui limite le champ d'application de la
théorie des classes à une période relativement courte de l'histoire sociale européenne. Une théorie des classes basée sur la
division de la société en possédants et non-possédants des moyens de production perd sa valeur analytique dès que la
propriété légale et le contrôle effectif sont séparés. C'est pourquoi toute tentative de remplacer réellement la théorie des
classes de Marx doit en tenir compte. [...] Partout où il y a propriété il y a autorité, mais toute forme d'autorité n'implique
pas forcément la propriété. L'autorité est le type le plus général de relation sociale.
Cette exigence logique ne constitue pas la seule raison que nous ayons de substituer à la définition des classes par la
propriété privée une définition fondée sur la part d'autorité dont jouit un individu. Cette définition plus générale est
également nécessaire si l'on veut garantir le champ d'application pratique de la théorie des classes. Dans ce but, il est en
outre nécessaire de séparer radicalement le concept d'autorité proprement dit de son application, trop restreinte au contrôle
des moyens de production économiques. Comme la production, sur un plan pratique, est uniquement un cas particulier de
ces relations d'autorité en général qui, selon nous, sont à la base de la formation des classes et du conflit de classe. [...]
Mais nous pouvons déjà affirmer sans plus ample discussion qu'une théorie du conflit de groupe qui ferait de la
participation au contrôle des moyens de production l'élément central de l'argumentation ne pourrait s'appliquer qu'à la
sphère de la production industrielle. En tout cas, sa portée en ce qui concerne le changement de structure serait encore plus
restreinte que celle de la théorie des classes.
Source : R Dahrendorf, classes et conflits de classes dans la société industrielle, Mouton, 1973.

B:
Lorsqu'il y a classe, il y a conflit. Dans la mesure où toute théorie des classes est une théorie du changement de structure
par le conflit social, l'hypothèse du conflit entre classes fait partie intégrante de la définition des classes. [... ] Mais Marx ne
s'en tient pas là. Il fait du conflit aigu et violent, la « lutte de classe », une partie intégrante de la définition des classes. [...]
[Or] le conflit de classe ne prend pas toujours la forme de la guerre civile. Ainsi un phénomène comme l'institutionnalisation
du conflit de classe montre qu'une classe « opprimée » peut fort bien être capable d'obtenir effectivement par la discussion
et la négociation, des changements de structure.
Source :Ralf Dahrendorf, Classes et Conflits de classes dans la société industrielle. Mouton, 1972 (1957).
Questions :
- Dahrendorf dénie t’il tout intérêt à la théorie de Marx ?
- Quelles sont selon Dahrendorf les principales limites de l’analyse de Marx ?
- Quel est le critère déterminant que Dahrendorf oppose à la propriété des moyens de production , en quoi semble t’il
plus fécond ?
Dahrendorf ne conteste pas l’existence de classes et de conflits ; il ne rejette donc pas
complètement la théorie de Marx. Par contre, il considère que celle-ci présente certaines
limites :
- selon Marx, l’élément déterminant du conflit est la propriété privée des moyens de
production qui assurent à la bourgeoisie la capacité d’exploitation du prolétariat. Mais cette
conception semble dépassée à Dahrendorf qui constate qu’aujourd’hui, dans le
capitalisme : « la propriété légale et le contrôle effectif sont séparés ». Pour détenir
l’autorité dans une entreprise, il n’est plus nécessaire d’en posséder la propriété, ce qui
limite le pouvoir d’explication de la théorie marxiste
- selon Marx, les classes sont systématiquement en lutte et expriment leur opposition par le
conflit. Cette vision paraît dépassée dans les sociétés où l’institutionnalisation du conflit
domine et dans lesquelles les classes dominées peuvent obtenir par la négociation (cf la
création et le développement de l’Etat-Providence) une amélioration de leur situation.

Section II - une critique de la bipolarisation du conflit de classes: l’analyse de M.Weber.

Document 16 :
La théorie de Weber sur la stratification sociale était centrée sur deux fondamentaux qui indiquent bien son orientation. En
premier lieu, quelle que fût sa forme, la stratification était l'effet d'une distribution inégale du pouvoir En d'autres termes, la
position d'un individu dans une hiérarchie sociale quelconque était, en fin de compte, établie par le pouvoir qu'elle lui
conférait, par comparaison avec le pouvoir que détenaient ceux qui occupaient des positions différentes. Le pouvoir était
défini comme «la chance qu'a un homme ou un groupe d'hommes de réaliser sa propre volonté dans une action commune, en
dépit même de la résistance d'autres individus qui participent à l'action». Il n'était pas nécessaire, d'après cette définition,
que le pouvoir fut effectivement exercé. Il suffisait que son succès fût probable, car le pouvoir était tout aussi efficace et
.réel si la seule possibihté d'y avoir recours amenait les gens à modifier leurs premières intentions, que s'il s'était manifesté
dans les actes. [...]
Après avoir pris ainsi position à l'égard du pouvoir, Weber procédait à une seconde distinction analytique. il distinguait
trois ordres ou trois systèmes au sein de la société : l'ordre économique, l'ordre social, et l'ordre politique ou égal. Chacun
de ces ordres créait sa hiérarchie séparée et choisissait le champ où pouvait s'exprimer la forme de pouvoir qui lui était
propre. En réalité, les trois ordres étaient interdépendants. Une position occupée dans un ordre donné pouvait favoriser une
prise de position dans un autre ordre, avec les conséquences qui en dérivaient pour l'exercice du pouvoir. Ainsi, une
position «élevée» dans la hiérarchie économique pouvait également favoriser une position «élevée» dans la hiérarchie
statutaire - mais il n'en allait pas ainsi automatiquement, et c'est là qu'est l'essentiel de la doctrine de Weber. Chaque ordre
était suffisamment original pour nécessiter une analyse et une description séparées. Marx avait confondu les trois ordres
sous la rubrique du déterminisme économique. Weber soutenait, au contraire, que chaque ordre était caractérisé par ses
propres critères, et par sa propre distribution du pouvoir. Il leur donna respectivement les noms de «classe», de «statut» et
de «parti».
Source : L Reissman, les classes sociales aux USA.
Questions :
- Quel est selon Weber le déterminant de la stratification ?
- Quels sont les trois domaines dans lesquels l’individu peut exercer son pouvoir?
- Quelle critique émet Weber à l’encontre de Marx ?

Selon Weber, la stratification sociale s’explique par l’inégale distribution du pouvoir, c’est-à-dire
que tous les individus ou groupes sociaux n’ont pas la même capacité à imposer aux autres
d’agir dans le sens où ils le souhaitent. Marx ne dit pas autre chose, mais Weber opère une
seconde distinction qu’il oppose à Marx. Selon Marx, seul l’ordre économique et matériel
détermine la répartition du pouvoir : la bourgeoisie qui détient le pouvoir économique, détient
aussi le pouvoir politique , culturel , …
Weber, au contraire, distingue 3 ordres (politique , statutaire et économique ) qui ne se
recoupent pas forcément . Weber peut alors reprocher à Marx d’ « avoir confondu les 3 ordres
sous la rubrique du déterminisme économique ».

Section III- La remise en cause de l’antagonisme de classe: l’analyse de R. Aron.

Document 16 :
Prenons l'exemple le plus favorable à la théorie de la lutte de classes, celui des ouvriers dans leurs relations avec les
capitalistes. Si vraiment il y a une lutte fondamentale, c'est dans le choc entre ces deux groupes que nous pourrons la
trouver puisque c'est à propos de ce phénomène que la théorie elle-même a été élaborée. Qu'est-ce que veut dire l'idée d'une
opposition radicale des intérêts entre prolétaires et détenteurs des moyens de production ?!...].
L'impression première, l'apparence, c'est que plus l'ouvrier obtient de revenus, moins l'entrepreneur en récoltera ; il y aurait
contradiction entre la revendication du salaire maximum de la part des salariés et le désir de profit maximum de la part du
directeur d'entreprise. Mais cette tension, qui est normale et saine, comporte des limites assez nettement marquées.
En effet, une fraction des bénéfices bruts des entreprises est réinvestie ; le réinvestissement d'une partie du revenu national
est une condition indispensable à la croissance économique. Il n'est donc pas conforme à l'intérêt à long terme de l'ouvrier
lui-même que les salaires soient augmentés exagérément aux dépens de bénéfices réinvestis. Que le régime soit capitaliste
ou communiste importe peu, il faut que d'une façon ou d'une autre, une fraction du revenu national ne soit pas consommée
et serve à élargir les moyens de production,
L'intérêt ouvrier de salaires accrus, qui est légitime et se traduit par des revendications, s'arrête au point où l'élargissement
de la part des salaires dans une entreprise donnée serait obtenue aux dépens des bénéfices réinvestis dans l'entreprise. [...]
Or le fait est, l'expérience nous l'a appris, que dans la mesure où s'accumulent les moyens de produire grâce aux
investissements, les salaires ouvriers augmentent. Donc, dans le cadre de l'entreprise, il y a tension ou lutte entre salariés et
propriétaires, chacun songeant à son revenu propre, mais non pas antagonisme inéductible.[..,]
Ces conflits économiques sont réels, c'est pure hypocrisie de penser qu'ils se résolvent toujours de manière équitable,
hypocrisie pure aussi de nier ces luttes pour la répartition du revenu national. Mais il n'en résulte pas que, sur le plan
strictement économique, le groupe ouvrier et le groupe capitaliste s'opposent en une lutte à mort, chacun d'eux ayant un
intérêt essentiel opposé à celui de l'autre. L'intérêt commun des uns et des autres, dans le cadre du régime, c'est la prospérité
de l'entreprise ou de l'économie, c'est la croissance, dont les conditions nécessaires répondent à l'intérêt simultané des
salariés et des dirigeants. [...]
L'intérêt de classe, aux yeux de Marx, était défini politiquement. Chaque classe avait une conception déterminée de
l'organisation de la société et, en tant que telle, prétendait au pouvoir. L'intérêt des ouvriers s'opposait inexpiablement à
l'intérêt des bourgeois, dans la mesure où le prolétariat voulait se supprimer comme classe en s'emparant du pouvoir. Ce
n'est pas l'effort de maximisation du revenu,c'est la lutte pour le pouvoir qui est au cœur de la conception marxiste.
Source : R Aron, la lutte des classes , Gallimard, 1964.
Questions :
- Sur quelle hypothèse repose selon Aron l’antagonisme de classe chez Marx ?
- Quelles sont selon Aron les limites de cette analyse ?
- Expliquez le dernier paragraphe du texte. .

Selon Aron, Marx fait reposer l’antagonisme de classe sur une hypothèse : les intérêts du
prolétariat et de la bourgeoisie sont inconciliables, car les deux classes développent des
modèles de production et d’organisation sociale qui nécessitent la prise du pouvoir.
Mais selon Aron, cette vision est beaucoup trop simpliste : certes, on ne peut pas nier
l’existence de conflits quant à l’inégale répartition du revenu. Mais, il n’en reste pas moins que
les intérêts des ouvriers et des bourgeois sont complémentaires : « c’est la prospérité de
l’entreprise ou de l’économie, c’est la croissance, dont les conditions nécessaires répondent à
l’intérêt simultané des salariés et des dirigeants »

Section IV- Vers un renouvellement des conflits ?: l’analyse de A.Touraine.

Document 16 : 2 p 379
Questions :
- Questions 3 et 4 p 380

Selon A.TOURAINE, nous sommes passés de sociétés de rareté à des sociétés d’affluence , dans
lesquelles le rôle de la propriété des moyens de production s’affaiblit ( apparaît une technocratie
qui base son pouvoir sur la science et la connaissance ) et donc dans lesquelles les conflits ne
sont plus centrés sur la dimension économique , mais ont pour enjeu la domination culturelle ,
politique et sociale .

Ressources complémentaires
I. Des cours :
• Sur le site du Log le cours de P.Bailly :
• Sur le site du lycée G.Faure : http://sesfaure.perso.neuf.fr/index_fichiers/Page1945.htm et
http://sesfaure.perso.neuf.fr/index_fichiers/Page1945.htm#2.marx
• Sur le site de R.Chartoire , Problématiques

II. Des activités

- Sur le site du Log :

- Des QCM :
 Sur le site du lycée sud-medoc : ici

- Des textes à trous :


o Sur l’académie de Grenoble : ici
o Le lycée de Moutiers : ici Et ici et ici

- Des exercices sur MosSolo : http://sesfaure.perso.neuf.fr/termspe/Marx_extraits/

III. Des sujets de bac :


Sur le site de Versailles, tous les sujets de bac donnés sur Marx : ici

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