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248
Document de travail
Avril 2007
Externe-2007-04-0157-01.doc
Copyright © Organisation internationale du Travail 2007
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Lorsque l’on analyse l’évolution des paramètres de compétitivité des industries TH,
on se rend compte que les paramètres sociaux occupent une place de plus en plus
importante. La compétitivité interne des entreprises est grandement influencée par
l’existence d’un climat social favorable qui, lui-même, repose sur de bonnes pratiques de
travail et l’existence d’un dialogue social constructif entre les partenaires sociaux.
La compétitivité externe des entreprises est également influencée par l’image que ces
entreprises donnent en matière de respect des normes fondamentales du travail. Le marché
mondial des produits TH est en effet influencé par l’attitude des consommateurs finaux qui
se préoccupent de plus en plus des conditions dans lesquelles ont été produits les
vêtements qu’ils achètent. Ceci explique la prolifération des codes de conduite et autres
initiatives volontaires privées qui, pour les secteurs TH, font principalement référence au
respect des normes fondamentales de l’OIT.
Les donneurs d’ordre des pays industriels, lorsqu’ils ont recours à la sous-traitance
internationale, assortissent de plus en plus fréquemment à leurs cahiers des charges le
respect des normes fondamentales du travail et de la législation nationale du travail en
vigueur dans les pays avec lesquels ils opèrent. Cette pratique, qui tend à se généraliser,
influence les décisions stratégiques des acheteurs mondiaux et, par voie de conséquence, la
position compétitive des entreprises selon leur capacité à respecter la législation nationale
et les normes fondamentales du travail.
Sur le plan économique, l’adoption d’un programme de mise à niveau des entreprises
traduit tout à la fois une volonté politique forte de pilotage des réformes et un recentrage
du rôle de l’Etat vers des fonctions de régulation. Les mesures prises ont pour objet de
lever les contraintes qui altèrent le «climat des affaires», d’inciter les entreprises à devenir
compétitives en termes de coûts, qualité, innovation et, enfin, de renforcer la capacité de
ces entreprises à suivre l’évolution des techniques et des marchés. Les multiples réformes
en cours de réalisation en consultation avec les acteurs concernés et notamment les
partenaires sociaux, se complètent en vue d’aboutir à la mise à niveau intégrale de
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l’économie nationale. L’enjeu est de maximiser la croissance économique et l’emploi et de
créer un environnement favorable au développement de l’entreprise
Le BIT, dans le cadre de ses activités de coopération avec la Tunisie, a été sollicité
par le ministère des Affaires sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l’étranger et par
l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) pour l’accompagner dans la mise en
place de sa nouvelle stratégie pour développer la compétitivité socio-économique du
secteur.
Une étude, a été réalisée avec l’appui du Bureau des activités pour les travailleurs du
BIT et l’UGTT en 2005. Elle dresse un bilan de la situation socio-économique du secteur
TH en Tunisie et des défis auxquels il a fait face au lendemain des restructurations
imposées par l’ouverture de l’économie. Elle aborde surtout la question des travailleurs
licenciés du secteur et propose une série de mesures pour leur réinsertion et la valorisation
des compétences et des ressources humaines.
La présente étude réalisée dans un cadre tripartite aborde les changements nécessaires
aux niveaux de la qualification des travailleurs, de l’innovation technologique, de la
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gestion des ressources humaines, des relations et de l’organisation du travail dans le
secteur TH et propose des mesures qui améliorent la compétitivité socio-économique dans
ce secteur par la promotion du travail décent.
Le travail décent résume les aspirations des êtres humains au travail. Il implique la
possibilité d’accéder à un travail productif et justement rémunéré, la sécurité sur le lieu de
travail et la protection sociale, de meilleures perspectives de développement professionnel
et d’intégration sociale, la liberté d’exprimer ses revendications, de s’organiser et de
participer aux décisions, l’égalité des chances et de traitement pour tous, femmes et
hommes.
Les auteurs soulignent à juste titre que la Tunisie a des acquis dans ces domaines du
travail décent. Les propositions de l’étude consolident ces acquis pour améliorer la
compétitivité socio-économique dans le secteur TH. Elles s’articulent autour de trois
objectifs spécifiques complémentaires:
L’étude a été pilotée par un Comité national tripartite et les propositions ont été
discutées et validées, en février 2007, au cours d’un atelier regroupant les représentants des
ministères, des Institutions concernées et des partenaires sociaux.
Les trois axes du Programme de suivi constituent une contribution pour renforcer la
mise à niveau sociale des entreprises du textile, et ce pour maximiser les opportunités de
succès du Programme de modernisation industrielle (PMI) et de mise à niveau économique
du secteur. Le développement cohérent du secteur ne peut être assuré que dans le cadre
d’une approche globale (stratégie gagnante) intégrant les variables technologiques,
économiques et sociales dans le cadre d’une nouvelle dynamique mettant à contribution
l’ensemble des acteurs économiques et les partenaires sociaux du pays.
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Table des matières
Page
Introduction ...................................................................................................................................... 1
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Page
1.5. La promotion du dialogue au niveau de l’entreprise par la direction
générale de l’Inspection du travail et de conciliation.......................................... 61
1.6. La promotion du dialogue au niveau de la direction générale du travail ............ 63
1.7. La promotion du dialogue social par le bureau d’assistance
aux entreprises et aux exportateurs ..................................................................... 64
2. Les aspects du système en vigueur qui pourraient être améliorés
par le dialogue social .................................................................................................... 65
2.1. La réglementation des contrats du travail à durée déterminée ............................ 65
2.2. La réglementation du licenciement collectif: un débat ambigu sur la question .. 66
2.3. La réglementation relative à l’organisation du travail ........................................ 67
2.4. La réglementation relative au système de rémunération..................................... 70
2.5. Le système de dialogue social............................................................................. 71
2.6. Le système de représentation des travailleurs dans l’entreprise:
comment développer le rôle du ministère et celui des partenaires sociaux
dans la promotion du dialogue social? ................................................................ 72
3. Situation des relations de travail dans le secteur TH .................................................... 75
3.1. Le modèle de compétitivité du secteur est particulièrement associé
à des relations de travail conflictuelles, mais des améliorations
se sont produites depuis 2004 ............................................................................. 76
3.2. Difficulté pour l’inspection du travail d’assurer sa mission de conciliation
dans le contexte d’un modèle de compétitivité fondé principalement
sur la baisse du coût des facteurs ........................................................................ 77
3.3. Le phénomène de licenciement collectif du secteur TH échappe
au droit du licenciement collectif........................................................................ 78
3.4. Les accidents de travail et les maladies professionnelles handicapent
la compétitivité socio-économique du secteur TH.............................................. 79
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Page
2. La crise du secteur textile s’étend progressivement à tous les pays
de l’Union européenne.................................................................................................. 94
2.1. Les raisons de la résistance de la Belgique sont nombreuses ............................. 95
2.2. Les raisons de résistance en Italie ....................................................................... 95
2.3. Les handicaps du secteur TH en France.............................................................. 95
3. Les principaux axes d’action des entreprises dans la gestion des emplois ................... 96
3.1. Aménager le temps de travail ............................................................................. 96
3.2. Gérer les sureffectifs ........................................................................................... 97
3.3. Remonter les qualifications................................................................................. 97
4. L’élaboration d’un plan régional: une démarche pour affronter la crise
du secteur TH................................................................................................................ 97
4.1. La crise peut être une opportunité pour la mobilisation des acteurs
d’un territoire autour d’un objectif stratégique ................................................... 97
4.2. Le développement des compétences des ressources humaines du secteur,
un axe principal du plan régional: une gestion paritaire de la formation
professionnelle initiale et continue ..................................................................... 98
4.3. La réinsertion professionnelle des salariés ayant perdu leur emploi:
un souci majeur de la région ............................................................................... 99
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Page
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Page
3.2. Contribution des ISET à la formation des techniciens supérieurs
du secteur TH...................................................................................................... 153
3.3. Contribution de l’enseignement supérieur à la formation
des cadres supérieurs du secteur TH ................................................................... 154
Chapitre 9. Un grand défi à relever par les entreprises: promouvoir une nouvelle culture
de la gestion des ressources humaines .......................................................................... 163
1. La flexibilité sans sécurité ............................................................................................ 163
1.1. Flexibilité interne vs flexibilité externe .............................................................. 164
1.2. Flexibilité quantitative vs. flexibilité qualitative ................................................ 165
1.3. Les effets pervers de la flexibilité quantitative ................................................... 167
1.4. Une société à haut risque pour les travailleurs.................................................... 168
1.5. Le modèle juridique «fordiste» des relations de travail est bouleversé? ............ 169
1.6. Flexibilité et sécurité sont-ils antagonistes?....................................................... 170
2. Le travail decent, une vision du travail qui intègre l’économique et le social.............. 170
2.1. Le travail décent facteur de développement de la compétitivité......................... 171
2.2. Les normes internationales du travail ................................................................. 171
2.3. Les conventions fondamentales de l’OIT ........................................................... 172
2.4. La Tunisie a ratifié toutes les conventions fondamentales de l’OIT................... 172
3. La gestion des ressources humaines selon l’approche par compétences
favorise la promotion du travail décent ........................................................................ 173
3.1. Les conditions d’émergence de la notion de compétence................................... 174
3.2. Définition et caractéristiques de la compétence individuelle.............................. 175
3.3. Les processus de gestion des compétences dans les entreprises ......................... 175
3.4. Le marché est le point de départ de la gestion des emplois
et des compétences.............................................................................................. 177
3.5. Les bases de la logique «compétences».............................................................. 179
3.6. L’évaluation des compétences et les actes de GRH concernés
par la gestion des emplois et des compétences ................................................... 179
3.7. Les conséquences de la gestion des compétences sur la formation continue...... 180
3.8. La gestion des compétences, objet du dialogue social........................................ 181
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Page
4. La promotion du dialogue social dans le secteur TH: un moyen d’améliorer
la compétitivité socio-économique du secteur .............................................................. 181
4.1. Les formes du dialogue social indiquent son intensité........................................ 182
4.2. Le dialogue permanent: une approche adaptée aux mutations complexes
de l’économie et de l’organisation du travail...................................................... 182
4.3. Les conditions nécessaires à l’établissement d’un dialogue social
constructif ........................................................................................................... 183
4.4. Le dialogue social au niveau de l’Union européenne, partenaire
de la Tunisie........................................................................................................ 184
Annexes
A. ................................................................................................................................................. 202
B. ................................................................................................................................................. 202
C. Cadre juridique relatif aux régimes d’annualisation du temps de travail en Europe............... 204
D. Déclaration de principe des partenaires sociaux sur le textile et la mondialisation ................ 207
G. Définitions des principaux concepts de la gestion des emplois et des compétences............... 218
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Introduction
La montée de l’Asie dans les exportations d’habillement a été freinée par l’Accord
multifibres qui a soustrait le textile du droit commun des échanges, tandis que la
multiplication d’accords commerciaux préférentiels a favorisé le développement du secteur
dans les pays en développement. C’est le cas pour la Tunisie qui a fait le choix d’attirer
l’investissement étranger et d’encourager l’exportation en 1972 en adoptant un ensemble
de mesures incitant la création d’entreprises sous le statut offshore. Ce choix a trouvé un
écho favorable en Europe dans la mesure où les entreprises européennes ont abandonné la
fabrication des articles les plus courants et se sont appuyés sur des sous-traitants situés
dans des pays bénéficiant d’un accès privilégié à leurs marchés.
Le champ de notre étude se limite à aborder les changements nécessaires aux niveaux
de la qualification des travailleurs, de l’innovation technologique, de la gestion des
ressources humaines, des relations et de l’organisation du travail dans le secteur. Pour
définir le contenu de ces changements nous adoptons une démarche qui cherche à intégrer
l’économique et le social en adoptant le concept de «compétitivité socio-économique»
empruntée à la littérature de l’organisation internationale du travail (OIT). Celle-ci
considère que «la compétitivité interne des entreprises est grandement influencée par
l’existence d’un climat social favorable qui, lui-même, repose sur de bonnes pratiques de
travail et l’existence d’un dialogue social constructif entre les partenaires sociaux. La
compétitivité externe des entreprises est également influencée par l’image que ces
entreprises donnent en matière de respect des normes fondamentales du travail» 2.
Dans le champ de notre étude, la Tunisie a plusieurs atouts pour relever le défi auquel
est confronté ce secteur. Il s’agit des acquis des réformes introduites dans le
développement des ressources humaines, la consolidation du dialogue social, la
modernisation des relations du travail et le souci constant d’intégrer l’économique et le
1
Etude Gherzi.
2
OIT, Département des activités sectorielle, programme d’action «Améliorer la compétitivité des
secteurs THC (Textiles, Habillement, Chaussure) par la promotion du travail décent», document de
travail, Genève, fév. 2004.
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social dans une société fondée sur le savoir 3 . L’objectif de nos propositions est de
développer ces acquis pour améliorer la compétitivité socio-économique du secteur TH
durant la période du 11e plan (2007-2011).
Cette étude est réalisée dans le cadre des activités de l’Institut National du Travail et
des études sociales et plus précisément dans le cadre du programme de son unité de
recherche sur la productivité et les salaires dont la création a été ordonnée par le Président
de la République à l’occasion du 1er mai 2002. Elle est soutenue par le bureau d’Alger du
BIT et elle s’inscrit dans le cadre de son programme d’action «Améliorer la compétitivité
dans les secteurs, textile-habillement-cuir, par la promotion du travail décent» 4. La Tunisie
est effet l’un des pays sélectionnés par ce programme de l’OIT, après le Maroc qui a déjà
bénéficié d’un programme pilote dans ce domaine 5.
Les termes de référence de l’étude ont été élaborés au cours d’une réunion organisée
au ministère des Affaires sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l’étranger, sous la
présidence de Monsieur le chef de Cabinet et en présence de M. Sadok Belhadj Hassine,
représentant du BIT. Elle a regroupé des représentants du:
3
Voir 10e plan (2002-2006), volume sectoriel.
4
OIT: Département des activités sectorielles, programme d’action «Améliorer la compétitivité dans
les secteurs textile-habillement-cuir, par la promotion du travail décent», document de travail,
17 fév. 2004.
5
S. Belghazi, consultant BIT: Mise à niveau et compétitivité du textile-habillement: l’importance
d’une approche durable fondée sur le travail décent et l’efficacité économique, 2003.
2 Externe-2007-04-0157-01.doc
Nous présentons nos remerciements à tous les ministères, l’UTICA (FENATEX),
l’UGTT et le CETEX qui nous ont fourni la documentation nécessaire pour la rédaction de
ce rapport construit autour de trois parties.
La première partie présente un état des lieux où sont analysées successivement, les
caractéristiques du développement du secteur depuis 1972 (chap. 1), l’état des relations de
travail (chap. 2) et l’impact du démantèlement de l’accord multifibres au cours des
premiers mois de 2005 (chap. 3).
Le chapitre suivant démontre que le grand défi à relever par le secteur TH est la
promotion d’une nouvelle culture du travail; c’est-à-dire des idées et des comportements
partagés par les employeurs et les travailleurs pour promouvoir la compétitivité du secteur
par la promotion du travail décent. Après l’analyse des caractéristiques de la flexibilité et
ses conséquences sociales associées au nouveau modèle productif émergeant au début des
années quatre-vingt, ce chapitre montre que le concept «travail décent» est l’alternative qui
concilie flexibilité et sécurité car il intègre l’économique et le social. La gestion des
ressources humaines selon l’approche par compétences et le dialogue social rénové sont les
moyens stratégiques pour atteindre cet objectif.
Enfin, le dernier chapitre de cette troisième partie présente les propositions qui
contribuent à la promotion de la compétitivité socio-économique du secteur TH. Elles
constituent les éléments d’un plan d’action qui doit mobiliser les partenaires sociaux, à
côté des services publics de plusieurs ministères. L’enjeu de ce plan est de construire un
modèle de compétitivité fondé sur la participation plutôt que l’affrontement. Et, au-delà du
cas particulier du secteur, il s’agit de contribuer à enrichir le contenu du modèle de
développement économique et social adapté au projet visant l’édification d’une société
tunisienne fondée sur le savoir, d’une part, et à la configuration actuelle du marché du
travail, marquée par la proportion croissante de diplômés de l’enseignement supérieur dans
le flux d’entrée dans la vie active, d’autre part.
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PARTIE I
6
Centre d’études prospectives et d’informations internationales.
7
Centre technique du textile.
8
A. Amri, 2003: «Tableau de bord économique et social de l’industrie du textile et de l’habillement
au Maroc» (1988-2000), rapport définitif, Casablanca, BIT.
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de la valeur ajoutée de cette dernière. En outre, il est le premier secteur exportateur et de ce
fait le secteur le plus pourvoyeur en devises du pays.
En 1997, le nombre d’emploi du secteur TH est de 233 439, soit 46 pour cent de
l’emploi total de l’industrie manufacturière. Cette proportion a légèrement diminué sur la
période 1992-1997, comme le montre le tableau 1.
Durant la période 1992-1997, 70 222 emplois ont été créés, dont 23 439 dans le
secteur TH, soit le tiers des créations d’emplois dans l’industrie manufacturière.
T-H IM
1993 –5,26 7,14
1994 14,81 10,00
1995 – 3,23 3,03
1996 –13,93 –17,65
1997 –16,89 32,30
1992-1997 –5,52 5,76
Source: Calculs faits à partir des données du CETTEX et de l’INS.
8 Externe-2007-04-0157-01.doc
Tableau 3. Répartition des emplois par type d’entreprise et par activité du secteur Textile-habillement
(en pourcentage)
Graphique 1. Evolution de l’emploi dans les secteurs Textile-habillement (TH) et industrie manufacturière
(IM)
20 000
18 000
16 000
14 000
12 000
TH
10 000
IM
8 000
6 000
4 000
2 000
0
1992 1993 1994 1995 1996 1997
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Tableau 4. Evolution des effectifs par segment d’activité dans le secteur Textile-habillement
Toutefois, ces rythmes d’évolution contrastés ont très peu modifié la structure de
l’emploi dans le secteur TH qui a très peu varié sur la période 1994-1997 (voir tableau 5).
Bonneterie
1% Fils et tissus
15%
Tapis
16%
Confection
68%
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Vêtements de confection (67 pour cent) et tapis (20 pour cent). En somme, ces deux
branches accaparent à elles seules 87 pour cent des femmes employées. Quant aux
hommes, ils sont concentrés essentiellement dans les branches Vêtements de confection et
Fils et tissus, avec respectivement 66 pour cent et 27 pour cent. Ces deux branches
accaparent 93 pour cent de l’ensemble des hommes employés dans le secteur TH.
Tableau 6. Structures de l’emploi dans la branche Textile-habillement, selon le sexe (en pourcentage)
1994 1997
F M F M
Fils et tissus 11,93 30,51 11,32 26,83
Tapis 19,11 4,42 19,68 4,76
V. bonneterie 0,79 1,39 1,93 1,79
V. confection 68,18 63,68 67,07 66,63
Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Source: Calculs faits à partir des données de l’INS.
Les calculs effectués au tableau 7 laissent apparaître qu’en termes d’indice la valeur
de la production du secteur TH est passée de l’indice 100 en 1997 à l’indice 143,7 en 2002,
soit, en termes de taux de croissance, une progression annuelle moyenne de l’ordre de
7,4 pour cent environ. Mais ce taux global recouvre des rythmes d’évolution différents
selon les branches d’activité. Ainsi, dans la branche Habillement, le niveau de la valeur de
la production a été multiplié par environ 1,5 durant la période 1997-2002, passant de
l’indice 100 en 1997 à l’indice 146,4 en 2002, soit un taux de croissance moyen de la
valeur de la production de 7,9 pour cent par année, contre environ 5 pour cent pour les
branches Fils et tissus et Tapis. Par ailleurs, l’évolution de la valeur ajoutée dénote au
niveau du secteur TH une hausse importante passant de l’indice 100 en 1997 à 143,7 en
Externe-2007-04-0157-01.doc 11
l’an 2002, soit un taux de croissance annuel moyen de l’ordre de 8 pour cent, dont 5 pour
cent pour le textile et 8 pour cent pour l’habillement (voir tableau 8).
Graphique 3. Evolution de la part de la valeur ajoutée du secteur TH dans la valeur ajoutée de l’industrie
manufacturière (en pourcentage)
30
25
20
15
10
0
1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
12 Externe-2007-04-0157-01.doc
Tableau 9. Production et valeur ajoutée par pays en 2000
Tableau 10. Evolution des dépenses d’investissement par secteur dans les industries manufacturières
(en millions de dinars)
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Tableau 11. Structure des dépenses d’investissement, par secteur, dans les industries manufacturières
(en pourcentage)
En dépit de cette forte chute, cette branche continue d’accaparer à elle seule les deux
tiers de l’ensemble des investissements du secteur TH.
Tableau 12. Evolution de la structure des dépenses d’investissement dans le secteur Textile-habillement
(en pourcentage)
14 Externe-2007-04-0157-01.doc
Graphique 4. Evolution des dépenses d’investissement par segment d’activités du secteur TH
(en millions de dinars tunisiens)
180
167
160
147
136
140 131
120
107
100
100
80
60
44,2 42,3
37,1 40,2
35,9
40 29,3
20
2,5 3,1 3,2 3,4 3,5 3,4
0
1997 1998 1999 2000 2001 2002
Tableau 13. Evolution des taux d’investissement par secteur (en pourcentage)
Le tableau 13, montre que le taux d’investissement dans le secteur TH a stagné durant
la période 1998-2001, pour chuter fortement en 2002 (13,44 pour cent en 1998 contre
8,92 pour cent en 2002). Cette chute de l’effort d’investissement au niveau global,
s’explique essentiellement par la forte baisse du taux d’investissement constatée dans la
branche Habillement (13,23 pour cent en 1998 contre 7,69 pour cent en 2002). Quant au
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taux d’investissement dans la branche Textile, il a augmenté entre 1997 et 1998, puis il a
stagné sur la période 1998-2001, pour enfin diminuer légèrement en 2002.
∆Y ∆ K ∆ Y [1]
= ⋅
Y Y ∆K
où:
∆Y
= Taux de croissance de la valeur de l’output
Y
∆K
= Taux d’investissement
Y
Par conséquent, il est clair que le rythme d’évolution de la valeur ajoutée dépend de
deux facteurs, le taux d’investissement et la productivité marginale du capital. ∆ Y La
relation [1] signifie que la vitesse de croissance de la valeur ajoutée évolue en ∆ K
raison directe du taux d’investissement et de la productivité marginale du capital. Autrement
dit, plus le taux d’investissement et la productivité marginale du capital sont élevés et plus la
croissance de la valeur ajoutée est rapide. On peut aussi imaginer que les deux facteurs
explicatifs évoluent en sens inverse. Dans ce cas de figure, le rythme et le sens de variation
de la valeur ajoutée dépendent fortement du facteur dont la valeur absolue est la plus forte.
Aussi, il faut bien comprendre que le rythme de croissance de la valeur ajoutée peut être,
pour un secteur donné, faible même en présence d’un effort d’investissement important.
9
Op. cit.
16 Externe-2007-04-0157-01.doc
Ce résultat est possible si l’état du processus de production (pour des quantités de
travail et de capital données) est tel que la productivité marginale du capital est faible. En
effet, pour un secteur d’activité donné et pour un taux d’investissement donné, plus la
productivité marginale du capital est faible, plus le coefficient marginal du capital (inverse
de la productivité marginale du ∆ K capital 10 est élevé et plus la croissance de
∆Y
la valeur ajoutée est faible.
10
Ce rapport représente le montant d’investissement nécessaire pour obtenir une unité de valeur
ajoutée supplémentaire. Il peut aussi indiquer dans l’optique du principe d’accélération, le montant
d’investissement induit par la variation de la demande de l’output.
11
Comme l’illustre les résultats du tableau 11.
Externe-2007-04-0157-01.doc 17
Les résultats des tableaux 14 et 15 confirment notre analyse théorique. En effet, pour
des taux d’investissements assez proches dans les branches Textile et Habillement (voir
tableau 13), le taux de croissance de la production observé est plus élevé dans la branche
Habillement (7,93 pour cent) que dans la branche Textile (5,3 pour cent). La même
volatilité de la productivité marginale du capital est observée dans le textile et dans
l’habillement. L’écart type peut être interprété ici comme une mesure du risque
d’investissement lié à l’activité.
Les résultats consignés dans le tableau 16 montrent bien que le rythme d’accroissement
de la production ∆ Y n’est déterminé qu’en partie par le taux d’investissement, l’autre
partie explicative Y est liée à l’évolution de la productivité marginale du capital.
18 Externe-2007-04-0157-01.doc
Tableau 17. Entreprises à participation étrangère par secteur d’activités et par pays partenaire en 2003
La délocalisation des entreprises des pays développés vers les pays en développement
est concevable, dans la mesure où il est possible de fragmenter la fabrication des produits
textiles en plusieurs segments séparés. Les investisseurs étrangers délocalisent les
segments de production intensifs en main-d’œuvre et maintiennent dans leurs pays
d’origine les activités de recherche développement et les segments de production intensifs
en capital et nécessitant un niveau da qualification élevé de la main-d’œuvre.
Externe-2007-04-0157-01.doc 19
de production et un libre rapatriement des bénéfices réalisés vers leurs pays d’origine. La
stratégie sous-jacente à l’époque visait:
– la création d’emplois;
– amortissement dégressif;
– droits de douane limités à 10 pour cent pour les équipements importés et n’ayant
pas d’équivalents sur le marché local;
– exonération de l’impôt des bénéfices provenant des exportations pendant les dix
premières années d’activité. Au-delà de cette période, cette déduction est
ramenée à 50 pour cent;
– octroi du bénéfice du régime de «zone franche», qui permet une franchise fiscale
intégrale pour les biens et les intrants nécessaires à la production et à
l’investissement. Elle concerne les droits de douane et taxes d’effet équivalent et
la TVA;
12
Une entreprise est considérée comme totalement exportatrice(ETE) lorsqu’au moins 80 pour cent
de son chiffre d’affaires est réalisé à l’exportation. Les entreprises travaillant exclusivement avec
des ETE deviennent elles aussi des ETE.
20 Externe-2007-04-0157-01.doc
Outre ce cadre incitatif, d’autres facteurs contribuent à l’attractivité de l’économie
tunisienne (taux de croissance économique de 5 pour cent en moyenne sur les dix dernières
années, maîtrise des grands équilibres macroéconomiques, main-d’œuvre relativement
qualifiée et rémunération salariale relativement compétitive, tissu industriel diversifié et en
plein développement, proximité géographique avec l’Europe, signature d’un accord de
libre-échange avec l’Europe en 1995 prévoyant le démantèlement progressif des taxes
douanières sur douze ans). Certains de ces facteurs jouent un rôle particulièrement
important dans l’attractivité des investissements étrangers en Tunisie. Ce sont:
Par ailleurs, le réseau bancaire et financier est relativement varié et dense, du moins si
on le compare à ceux d’autres pays en développement. Il convient ici de souligner que la
loi no 75-63 du 12 juillet 1975 a favorisé l’implantation de banques étrangères en Tunisie.
Ainsi, pour illustrer la présence des banques françaises en Tunisie, soulignons que la BNP
y possède une filiale, l’Union bancaire du commerce et de l’industrie (UBCI). Pour sa part,
la Société générale a acquis en 2002 une part majoritaire dans l’Union internationale des
banques (UIB).
Le développement de ces banques est aussi en partie lié à l’installation des entreprises
étrangères en Tunisie. En effet, les institutions financières étrangères ont suivi le
mouvement de délocalisation dans un but de fidélisation de leurs clients habituels et de
Externe-2007-04-0157-01.doc 21
préservation de leurs parts de marché 13. Ce système financier a permis de mobiliser un
important volume de capitaux pour le financement des investissements étrangers.
Il est par conséquent clair que les entreprises étrangères qui souhaitent s’implanter en
Tunisie peuvent compter sur plusieurs organismes et procédures qui facilitent la mise en
œuvre de leurs projets. Cette diversité de concours financiers et de procédures est une aide
précieuse et très appréciable qui contribue fortement à l’attractivité de la Tunisie vis-à-vis
des capitaux étrangers. En définitive, on constate que, depuis le début des années soixante-
dix, l’Etat tunisien n’a cessé de mener une politique volontariste visant à attirer les
investissements étrangers en Tunisie.
Les dispositions prises en 2003 14 montrent que la Tunisie reste pleinement engagée
dans cette politique. Cependant, la question importante concerne l’impact de cette stratégie
sur l’économie tunisienne. Cela nous renvoie à l’analyse des caractéristiques des
investissements étrangers et de leurs retombées sur l’économie du pays (contribution à la
production et à l’emploi, contribution aux exportations, contribution à l’insertion dans la
division internationale du travail, contribution à l’apprentissage industriel et à l’apport
technologique).
13
Selon C.A. Michalet, 1985: «Dans le cas où la banque habituelle n’est pas présente sur place, les
entreprises françaises risquent de s’adresser à celles qui sont les plus proches. Une brèche est ainsi
ouverte dans laquelle les banques concurrentes ne manqueront pas de s’engouffrer», Banques
multinationales, firmes multinationales et économie mondiale, édition Economica, p. 92.
14
L’article 29 de la loi de finances pour l’année 2003, proroge le délai de l’exonération totale
d’impôt sur les bénéfices jusqu’au 31 décembre 2007, pour les entreprises dont la durée de
déduction totale du bénéfice expire avant 2007, jusqu’au 31 décembre 2007.
22 Externe-2007-04-0157-01.doc
2.4. Les caractéristiques des investissements
directs étrangers dans le secteur TH
D’une manière générale, la part des emplois créés dans les entreprises à participation
étrangère dans le secteur TH, qu’elles soient totalement exportatrices ou partiellement
exportatrices, représente 33 pour cent du total de l’emploi des entreprises de l’industrie
manufacturière. Cette part reste, cependant, modeste quand on la compare à la totalité de la
population active occupée, soit environ 5 pour cent.
Ces données montrent que, sur le plan quantitatif, les investissements directs
étrangers ont atteint un niveau non négligeable, notamment en termes de création
d’emplois. Reste alors la question de l’aspect qualitatif de ces investissements. En
particulier, ces investissements sont-ils intensifs en capital ou en main-d’œuvre? Cette
question est importante, dans la mesure où elle détermine celle de l’apport technologique
de ces investissements et de leurs retombées sur les plans de l’apprentissage et de la
maîtrise des nouvelles technologies au niveau industriel.
15
Hors secteur de l’énergie.
Externe-2007-04-0157-01.doc 23
afin d’apprécier le poids du secteur TH en matière d’attraction des investissements directs
étrangers.
800 000
700 000
600 000
500 000
400 000
300 000
200 000
100 000
0
1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Graphique 6. Evolution de la part des investissements direct étranger dans la formation brute de capital
fixe en Tunisie (en pourcentage)
16
14,1
14
13,15
12 12,14
9,9 11,29
10
8
5,93 6,78
6 6,22
4,03 4,85
4 3,27
2,63 3,01
2 2,9
1,9
0
1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Tableau 18. Structure des investissements directs étrangers en Tunisie (en millions de dinars)
La répartition sectorielle (voir tableau 18) révèle que le secteur énergétique accapare
à lui seul près de la moitié des investissements étrangers.
24 Externe-2007-04-0157-01.doc
Le secteur de l’industrie manufacturière dans son ensemble occupe la deuxième place
en matière d’attraction des investissements étrangers. Il concentre près de 40 pour cent des
flux des investissements étrangers en 2003. Si l’on regarde de près ce qui s’est passé dans
ce secteur, on découvre qu’il a drainé respectivement 2 pour cent, 29 pour cent et 38 pour
cent du total des flux des investissements étrangers en 1982, 1991 et 2003.
Tableau 19. Répartition des entreprises à participation étrangère dans le secteur Textile-habillement et
des emplois par pays investisseur en 2004
Externe-2007-04-0157-01.doc 25
En accord avec cette conclusion, l’intensité capitalistique de ce secteur est de
5 890 dinars, soit presque trois fois moins que la valeur obtenue au niveau global. Le
secteur TH semble avoir un niveau capitalistique relativement faible. Dans ce cas, l’apport
technologique semble être peu consistant. Ce résultat s’explique par la spécialisation de la
grande majorité des entreprises du secteur TH (plus de 90 pour cent) dans la confection et
la bonneterie. Contrairement à l’industrie du textile, ces sous-secteurs sont intensifs en
main-d’œuvre et nécessitent une technologie banalisée dans des tâches de coupe et de
couture.
Tableau 20. Répartition sectorielle des entreprises à participation française totalement ou partiellement
exportatrices en 2002
26 Externe-2007-04-0157-01.doc
Autrement dit, il s’agit de déterminer la contribution des investissements étrangers dans le
secteur TH au commerce extérieur et de voir dans quelle mesure cette contribution
participe à une insertion économique de la Tunisie dans l’économie internationale.
Alors qu’en 1970 le secteur TH représentait seulement 2 pour cent des exportations
totales, aujourd’hui, il joue un rôle de premier plan dans la balance commerciale de la
Tunisie, avec une recette de 3 263,7 millions de dinars en 2000. En tant que premier
secteur exportateur, le textile-habillement assure une contribution aux exportations de
41 pour cent. La part impressionnante détenue par le secteur TH est assurée à 96 pour cent
par des entreprises offshore.
Il est donc clair que les investissements directs étrangers jouent un rôle capital dans le
dynamisme des exportations du secteur TH en Tunisie. Cependant, ce dynamisme à
l’exportation des entreprises à participation étrangère est contrebalancé par une part non
négligeable de ces entreprises dans les importations totale du pays (18 pour cent en 2000).
Aussi, le taux de couverture des importations par les exportations dans le régime offshore
pour la même année 2000 est d’environ 148 pour cent.
Les données concernant le régime général (voir tableau 14) suggèrent une insuffisante
intégration du système productif tunisien dans son ensemble et du secteur TH en
particulier. Cette insuffisance s’expliquerait par l’absence d’une stratégie de remontée de
filière dans le cadre de la politique de développement du secteur TH mise en œuvre depuis
le début des années soixante-dix. La faible intégration de ce secteur est attribuable à la
faiblesse du potentiel productif tunisien en termes de matières premières. La Tunisie
produit, en particulier, très peu de fibres naturelles et de fibres synthétiques. Les tissus
fabriqués en Tunisie, à l’exception du denim indigo, sont de moyenne gamme et ne
couvrent que 16 pour cent des besoins en 1999.
16
En 2000, 62 pour cent des exportations du régime offshore proviennent du secteur TH.
Externe-2007-04-0157-01.doc 27
D’une manière générale, l’analyse de quelques ratios du commerce extérieur permet
de mesurer l’impact des investissements directs étrangers en termes d’intégration de la
Tunisie au marché mondial. Cette analyse confirme l’intégration de l’économie tunisienne
dans la dynamique économique mondiale. Ainsi, le taux d’effort à l’exportation 17 est passé
de 26 pour cent en 1993 à 30 pour cent en 2000. Cette augmentation est révélatrice de
l’impact des entreprises à participation étrangère sur l’intégration de la Tunisie au marché
mondial. Le taux d’effort à l’exportation des entreprises du régime offshore représente à
lui seul 19 pour cent du PIB.
Dans cette perspective, le taux d’ouverture de l’économie 18 est passé de 34 pour cent
en 1993 à 57 pour cent en 2000. Les entreprises à participation étrangère enregistrent,
quant à elles, un taux d’ouverture de 25 pour cent en 2000. Ces résultats ont généré une
dépendance globale accrue de l’économie tunisienne vis-à-vis de l’étranger. Le taux de
dépendance, mesuré par le rapport des importations au PIB, est passé de 42 pour cent en
1993 à 44 pour cent en 2000. Enfin, le taux de pénétration, exprimant la part de la
demande intérieure satisfaite par les importations, a augmenté de 22 pour cent en 1993 à
38 pour cent en 2000. L’économie tunisienne est désormais pleinement intégrée à
l’économie mondiale. Cette intégration est due en grande partie au développement des
investissements directs étrangers dans le secteur TH.
D’autres pays, au contraire, ont vu leur poids augmenter sur le marché européen. Il
s’agit surtout de l’Indonésie, de l’Inde et de la Corée du Sud. Cependant, il convient de
remarquer que ces évolutions d’ensemble masquent des réalités individuelles contrastées.
Ainsi, par exemple, la Turquie se désengage partiellement du marché allemand du textile et
accentue dans le même temps sa présence sur le marché français.
17
Le taux d’effort à l’exportation = Total des exportations/PIB.
18 Exportation + Im portation
Taux d’ouverture =
2 . PIB
19
Il s’agit ici de l’Europe de l’Ouest.
20
Deux échantillons de 14 et 13 pays exportateurs ont été respectivement retenus dans les
tableaux 15 et 16.
28 Externe-2007-04-0157-01.doc
Au niveau de la branche Vêtements de confection, la Tunisie a réalisé une
performance remarquable en termes de présence sur le marché européen. Sa part dans les
exportations totales de l’échantillon a connu une augmentation de l’ordre de 74 pour cent
durant la période 1984-2001. A noter qu’au niveau du marché français de la confection la
Tunisie se place au premier rang des exportateurs retenus dans l’échantillon. Les calculs
effectués ont permis de mettre en évidence l’importance de sa part dans les exportations
totales de l’échantillon (25,8 pour cent en 2001).
Tableau 22. Part des exportations de fils et tissus de chaque pays des exportations totales
de l’échantillon retenu (en pourcentage)
Exportateur Importateur
Europe de l’Ouest France Allemagne
1984 2001 1984 2001 1984 2001
Tunisie 1,24 1,93 5,18 5,97 0,02 0,23
Algérie 0,02 0,02 0,00 0,00 0,00 0,00
Maroc 1,78 1,18 10,31 4,53 0,17 0,06
Egypte 6,88 2,82 8,12 1,76 7,62 1,29
Turquie 27,10 18,83 7,42 16,08 45,11 19,90
Indonésie 1,81 8,62 1,96 4,48 0,58 4,38
Inde 8,70 17,59 7,56 9,69 6,80 8,89
Hong-Kong 3,26 0,91 0,56 0,50 1,15 0,07
Chine 12,74 15,96 18,10 22,31 10,70 13,65
Hongrie 3,17 3,57 1,68 1,00 1,54 5,29
Roumanie 2,59 1,62 6,62 0,91 2,43 1,58
Pologne 2,27 4,69 1,63 4,56 1,11 16,95
Corée du Sud 5,94 13,91 5,41 15,15 5,12 12,51
Japon 22,50 8,35 25,47 13,23 17,65 15,21
Total 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00
Source: Calculs faits à partir de la base de données CHELEM.
Externe-2007-04-0157-01.doc 29
Tableau 23. Part des exportations de vêtements de confection de chaque pays des exportations totales
de l’échantillon retenu (en pourcentage)
Exportateur Importateur
Europe de l’Ouest France Allemagne
1984 2001 1984 2001 1984 2001
Tunisie 6,89 12,01 23,69 25,80 5,90 8,36
Algérie 0,00 0,00 0,00 0,01 0,00 0,00
Maroc 3,49 9,66 26,65 20,54 1,20 2,81
Egypte 0,19 0,31 0,73 0,26 0,03 0,09
Indonésie 1,06 5,08 0,73 3,85 0,82 4,77
Inde 7,22 6,54 10,08 8,08 4,37 4,55
Hong-kong 35,16 7,65 8,35 2,37 29,79 5,67
Chine 5,47 22,18 5,52 20,26 6,02 19,56
Hongrie 3,55 2,85 3,66 2,63 5,18 3,58
Roumanie 5,74 13,08 5,09 6,06 6,58 16,29
Pologne 3,71 8,40 1,96 3,84 5,89 16,34
Corée du Sud 12,67 1,17 7,32 1,02 11,52 0,67
Turquie 14,86 11,07 6,22 5,28 22,69 17,31
Total 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00
Source: Calculs faits à partir de la base de données CHELEM.
Les deux tableaux 22 et 23 nous ont permis de réaliser une analyse «en coupe».
Cependant, dans certains cas, le faible volume des exportations masque leur dynamisme.
Pour anticiper les éventuels mouvements de réorientation des spécialisations
géographiques, on utilise deux nouveaux indicateurs. Dans les deux tableaux suivants (24
et 25) sont présentés les taux de croissance annuels des différents flux d’échange entre les
pays exportateurs et l’Europe de l’Ouest, d’abord par rapport à leur valeur, puis par rapport
à leur poids au sein des exportations totales de l’échantillon. Les résultats consignés dans
les tableaux 24 et 25 peuvent être précisés de la manière suivante:
30 Externe-2007-04-0157-01.doc
Tableau 24. Evolution des flux d’exportation de fils et tissus sur la période 1984-2001
(taux de croissance annuel moyen en pourcentage)
Exportateur Importateur
Europe de l’Ouest France Allemagne
Flux en Part en % des Flux en Part en % des Flux en Part en % des
valeur exportations valeur exportations valeur exportations
totales de totales de totales de
l’échantillon l’échantillon l’échantillon
Tunisie 10,19 2,66 6,97 0,66 19,27 14,16
Algérie 6,68 –0,62 – – – –
Maroc 4,78 –2,38 1,25 –4,72 –1,96 –6,16
Egypte 1,84 –5,12 –2,87 –8,60 –5,89 –9,92
Turquie 5,06 –2,12 11,22 4,66 –0,43 –4,70
Indonésie 17,66 9,61 11,57 4,99 17,71 12,67
Inde 11,87 4,23 7,83 1,48 6,14 1,59
Hong-kong –0,41 –7,22 5,54 –0,69 –11,51 –15,31
Chine 8,77 1,33 7,58 1,24 5,99 1,44
Hongrie 8,10 0,71 3,05 –3,03 12,34 7,53
Roumanie 4,43 –2,71 –5,43 –11,0 1,85 –2,51
Pologne 12,00 4,35 12,89 6,23 22,68 17,42
Corée du Sud 12,85 5,13 12,90 6,25 10,12 5,39
Japon 1,26 –5,66 2,25 –3,78 3,57 –0,87
Monde 4,16
Total 7,34 0,00 6,27 0,00 4,48 0,00
Source: Calculs faits à partir de la base de données CHELEM.
Tableau 25. Evolution des flux d’exportation de vêtements de confection sur la période 1984-2001
(taux de croissance annuel moyen en pourcentage)
Exportateur Importateur
Europe de l’Ouest France Allemagne
Flux en Part en % des Flux en Part en % des Flux en Part en % des
valeur exportations valeur exportations valeur exportations
totales de totales de totales de
l’échantillon l’échantillon l’échantillon
Tunisie 13,65 3,32 14,86 0,50 9,16 2,07
Algérie – – – – – –
Maroc 16,79 6,17 12,55 –1,52 12,45 5,14
Egypte 13,29 2,99 7,48 –5,96 13,18 5,82
Turquie 8,11 –1,72 13,19 –0,96 5,26 –1,58
Indonésie 20,61 9,64 26,01 10,26 18,58 10,87
Inde 9,36 –0,58 12,81 –1,29 7,21 0,24
Hong-kong 0,56 –8,58 6,13 –7,14 –3,00 –9,30
Chine 19,44 8,58 23,37 7,95 – –
Hongrie 8,58 –1,29 12,09 –1,92 4,65 –2,15
Roumanie 15,47 4,97 15,47 1,03 12,81 5,48
Pologne 15,42 4,93 18,89 4,03 – –
Corée du Sud –4,39 –13,08 1,80 –10,93 –9,50 –15,38
Monde 7,90 – – – – –1,58
Total 10,00 0,00 14,29 0,00 6,95 0,00
Source: Calculs faits à partir de la base de données CHELEM.
Externe-2007-04-0157-01.doc 31
Afin de mesurer le degré de dépendance des pays en développement et des nouveaux
pays industrialisés par rapport au marché européen, on a calculé la part des exportations de
textile-habillement destinées au marché européen dans les exportations totales de textile-
habillement de chaque pays.
L’examen des résultats consignés dans les tableaux 26 et 27 montre que les PECO et
les pays du sud de la Méditerranée sont orientés vers l’Europe de l’Ouest qui représente
entre 60 pour cent et 75 pour cent de leurs débouchés. En détaillant, il apparaît une forte
dépendance de la Tunisie et du Maroc face au marché français. Celui-ci représente un
débouché important pour ces deux pays, respectivement 27 pour cent et 47 pour cent de
leurs exportations totales de textile-habillement. A noter que les logiques d’intégration des
pays du sud de la Méditerranée et des PECO, d’un côté, et des pays asiatiques, de l’autre,
sont très différentes. Alors que les premiers sont résolument orientés vers l’Europe de
l’Ouest, les exportations des seconds sont surtout orientées vers les pays du Golfe et les
Etats-Unis.
Tableau 26. Dépendance des pays exportateurs par rapport aux débouchés européens dans la branche
Textile
Exportateurs Importateurs
Europe de l’Ouest France Allemagne
Part moyenne Taux de Part moyenne Taux de Part moyenne Taux de
des exporta- croissance des exporta- croissance des exporta- croissance
tions destinées annuel moyen tions destinées annuel moyen tions destinées annuel moyen
vers l’Europe de la part vers la France de la part vers de la part
dans les exportée vers dans les exportée vers l’Allemagne exportée vers
exportations l’Europe exportations la France dans les l’Allemagne
totales de (1984-2001) totales de (1984-2001) exportations (1984-2001)
chaque pays chaque pays totales de
sur la période sur la période chaque pays
1984-2001 1984-2001 sur la période
1984-2001
Tunisie 74,83 –1,73 26,49 –4,61 2,10 6,36
Algérie 59,06 –1,68 5,28 – 0,00 –
Maroc 71,26 –0,50 46,43 –3,85 1,84 –6,90
Egypte 65,61 1,87 6,09 –2,85 11,36 –5,86
Turquie 58,79 –0,94 5,63 4,86 12,04 –6,13
Indonésie 29,36 –2,55 3,39 –7,60 3,58 –2,51
Inde 38,05 –2,66 3,18 –6,17 5,16 –7,65
Hong-kong 8,76 –4,81 0,36 0,87 0,52 –15,43
Chine 16,26 –2,43 2,35 –3,50 3,01 –4,93
Hongrie 72,69 1,98 2,04 –6,03 17,58 –1,46
Roumanie * 62,86 3,77 2,95 3,24 8,89 8,12
Pologne 61,91 1,39 3,76 7,37 29,43 6,06
Corée du Sud 8,99 –0,89 1,01 –0,84 1,59 –3,29
Japon 11,35 0,38 1,77 1,36 2,64 2,66
Monde 45,39 –2,02
Total 19,46 –0,60 2,33 –1,59 3,54 –3,25
* Les valeurs indiquées pour ces trois pays sont calculés sur la période 1993-2001.
Source: Calculs faits à partir de la base de données CHELEM.
32 Externe-2007-04-0157-01.doc
Cette dépendance est encore plus forte au niveau de la branche Vêtements de
confection. En effet, plus de 90 pour cent des exportations de vêtements de confection de
la Tunisie, du Maroc et des PECO sont orientées vers l’Europe de l’Ouest. Le marché
français est, en particulier, un débouché important pour les exportations tunisiennes et
marocaines de vêtements de confection. Ces deux pays y écoulent respectivement près de
35 pour cent et de 50 pour cent de leurs exportations totales de vêtements de confection.
Quant à l’Allemagne, elle représente un grand débouché pour la Turquie et la Tunisie,
respectivement 46,34 pour cent et 29,27 pour cent de leurs exportations de vêtements de
confection.
Tableau 27. Dépendance des pays exportateurs par rapport aux débouchés européens dans la branche
Vêtements de confection
Exportateur Importateur
Europe de l’Ouest France Allemagne
Part moyenne Taux de Part moyenne Taux de Part moyenne Taux de
des exporta- croissance des croissance des exporta- croissance
tions destinées annuel moyen exportations annuel moyen tions destinées annuel moyen
vers l’Europe de la part destinées vers de la part vers de la part
dans les exportée vers la France dans exportée vers l’Allemagne exportée vers
exportations l’Europe les la France dans les l’Allemagne
totales de (1984-2001) exportations (1984-2001) exportations (1984-2001)
chaque pays totales de totales de
sur la période chaque pays chaque pays
1984-2001 sur la période sur la période
1984-2001 1984-2001
Tunisie 97,58 –0,10 35,25 0,97 29,27 –4,04
Algérie 58,12 8,82 – – 0,00 –
Maroc 93,12 1,10 50,48 –2,58 16,25 –2,67
Egypte 38,71 –6,86 9,12 –11,63 4,48 –6,95
Turquie 74,98 –0,92 5,71 3,73 46,34 –3,54
Indonésie 27,31 3,03 3,86 7,65 8,40 1,30
Inde 41,68 –0,55 6,21 2,58 12,52 –2,51
Hong-kong 38,53 –1,25 1,67 4,22 12,86 –4,74
Chine 21,97 2,04 2,41 5,40 5,40 –
Hongrie 89,44 –0,51 10,40 4,89 – –4,53
Roumanie * 93,97 –0,06 6,01 2,35 – –6,44
Pologne 94,71 –0,21 5,92 4,59 – –
Corée du Sud 16,79 –3,06 1,69 3,22 6,26 –8,24
Total 43,31 –0,04 6,60 3,85 15,03 –2,82
* Les valeurs indiquées pour ces trois pays sont calculés sur la période 1993-2001.
Source: Calculs faits à partir de la base de données CHELEM.
Externe-2007-04-0157-01.doc 33
3.2. Dynamique des avantages comparatifs
Les pays doivent, pour se maintenir dans la concurrence mondiale, faire preuve d’une
capacité à s’adapter. C’est cette aptitude à anticiper l’évolution des marchés ou à en créer
de nouveaux qui détermine la dynamique des stratégies de spécialisation. Le concept
d’avantage comparatif développé par Balassa 21 est utilisé pour étudier ces évolutions. Cet
indicateur compare la structure des exportations d’un pays à la structure des exportations
d’une zone de référence qui pourrait être l’ensemble des pays concurrents directs de ce
même pays. Pour chaque produit «i», on cherche à savoir si la part des exportations du
produit «i» dans les exportations totales du pays «j» est significativement différente de la
part moyenne observée chez les concurrents. On obtient un indice sous la forme suivante:
X ij
X.j
IAC =
X i.
X ..
où:
La Tunisie a des avantages comparatifs très marqués dans les branches Vêtements de
confection et Vêtements de bonneterie (voir tableaux ci-dessous). Son principal atout est la
branche Vêtements de confection. Elle est par contre en difficulté sur la branche Fils et
tissus. En comparaison avec les autres pays concurrents retenus dans l’échantillon, la
Tunisie se place au premier rang en termes d’avantages comparatifs dans la confection, la
bonneterie et dans le secteur TH sur la période 1993-2001.
Année Tunisie Maroc Egypte Turquie Indonésie Inde Hongrie Roumanie Pologne Chine
1993 6,34 4,50 1,83 4,66 2,56 4,03 1,97 2,87 1,93 4,57
1994 6,31 4,60 2,19 4,65 2,38 4,23 1,83 2,97 1,89 4,41
1995 6,79 4,80 2,51 5,16 2,40 4,24 1,56 3,14 1,82 4,21
1996 7,0 4,84 2,21 4,97 2,33 4,10 1,58 3,61 1,85 4,09
1997 6,74 4,77 2,72 4,97 2,25 4,09 1,28 4,13 1,65 3,85
1998 7,04 4,85 2,97 5,07 2,13 4,16 1,18 4,79 1,68 3,67
1999 7,11 4,96 2,71 5,07 2,21 4,42 1,09 5,15 1,68 3,73
2000 7,42 5,21 2,87 5,33 2,26 4,28 0,97 5,09 1,52 3,77
2001 7,30 5,32 2,73 4,75 2,34 4,22 0,92 5,57 1,37 3,60
Source: Calculs faits à partir de la base de données CHELEM.
21
B. Balassa, 1989: «New Directions in the World Economy», Londres, MacMillan.
34 Externe-2007-04-0157-01.doc
Tableau 29. Avantages comparatifs dans la branche Fils et tissus
Année Tunisie Maroc Egypte Turquie Indonésie Inde Hongrie Roumanie Pologne Chine
1993 1,01 0,71 2,54 2,45 2,22 3,22 0,61 0,84 0,53 1,65
1994 1,14 0,63 3,63 3,27 2,16 3,57 0,61 0,65 0,51 1,67
1995 1,12 0,62 3,60 3,19 2,12 3,79 0,57 0,69 0,47 1,64
1996 0,98 0,54 2,37 3,20 2,09 4,09 0,51 0,62 0,49 1,39
1997 0,90 0,52 3,48 3,45 2,02 4,52 0,41 0,68 0,60 1,35
1998 0,73 0,42 3,0 3,51 2,14 4,16 0,41 0,57 0,62 1,23
1999 0,84 0,44 2,03 3,78 2,36 4,51 0,45 0,49 0,63 1,25
2000 1,10 0,50 2,42 4,05 2,33 4,57 0,47 0,54 0,70 1,38
2001 1,25 0,61 2,23 4,0 2,28 4,41 0,51 0,63 0,67 1,37
Source: Calculs faits à partir de la base de données CHELEM.
Année Tunisie Maroc Egypte Turquie Indonésie Inde Hongrie Roumanie Pologne Chine
1993 18,57 11,59 1,92 5,07 2,98 5,15 3,45 6,78 5,16 6,11
1994 18,03 12,29 2,05 4,77 2,71 5,59 3,17 7,24 5,08 5,64
1995 19,84 13,25 2,43 6,00 2,67 5,43 2,51 7,61 4,88 5,25
1996 20,67 12,86 2,47 5,55 2,56 4,78 2,52 8,79 4,77 5,22
1997 19,62 12,77 2,66 5,28 2,57 4,43 1,99 9,85 4,02 4,70
1998 19,70 12,69 3,24 5,22 2,44 4,82 1,78 11,51 4,00 4,15
1999 19,25 12,54 2,97 5,33 2,51 4,96 1,54 11,67 3,74 4,25
2000 18,97 13,14 3,08 5,66 2,67 4,86 1,26 11,11 3,07 4,29
2001 18,71 13,18 3,06 5,04 2,81 4,60 1,13 11,79 2,72 3,98
Source: Calculs faits à partir de la base de données CHELEM.
Année Tunisie Maroc Egypte Turquie Indonésie Inde Hongrie Roumanie Pologne Chine
1993 6,51 6,21 2,13 11,10 2,26 2,67 2,55 2,45 1,29 4,75
1994 7,16 6,39 2,11 10,55 2,07 2,51 2,35 2,34 1,35 4,72
1995 7,81 6,59 2,82 12,19 2,07 2,64 2,06 2,42 1,32 4,42
1996 7,64 6,96 3,05 11,50 1,98 2,71 2,18 3,00 1,45 4,27
1997 7,17 6,50 3,54 10,38 1,88 2,57 1,67 3,46 1,22 3,82
1998 7,88 6,80 4,33 10,46 1,82 2,83 1,64 4,09 1,21 3,79
1999 7,57 6,70 4,22 9,40 1,80 3,08 1,36 4,54 1,28 3,80
2000 8,50 7,24 4,23 9,50 1,96 2,89 1,26 4,77 1,20 3,92
2001 7,68 7,53 3,92 8,03 2,19 3,03 1,20 5,07 1,08 3,70
Source: Calculs faits par l’auteur à partir de la base de données CHELEM.
Externe-2007-04-0157-01.doc 35
d’un pays à la demande d’une zone de référence . Les parts de marché sont qualifiées de
relatives dans le sens où elles rapportent les exportations d’un pays à la totalité
des importations d’une zone de référence donnée. La part de XP marché relative est,
par conséquent, la part d’un pays dans les importations de Dzr cette zone de
référence.
1) Dans la branche Fils et tissus, la Tunisie détient une part de marché relativement
faible en comparaison avec les autres pays retenus dans l’échantillon. Sa part de
marché moyenne en valeur est de 0,2 pour cent. Les parts les plus élevées reviennent
à l’Inde, la Turquie et la Chine respectivement 2,39 pour cent, 2,23 pour cent et
1,83 pour cent. Cependant, quand on observe le rythme d’évolution des parts de
marché, on s’aperçoit que la Tunisie est parmi les pays les plus dynamiques puisque
sa part de marché a augmenté au taux de croissance annuel moyen de 9,98 pour cent.
Seule la Pologne et la Hongrie réalisent de meilleures performances, avec
respectivement 12,08 pour cent et 11,31 pour cent. Il convient de noter que durant la
même période les exportations mondiales vers l’Europe de l’Ouest ont augmenté au
taux de croissance moyen de 0,52 pour cent.
36 Externe-2007-04-0157-01.doc
Tableau 32. Evolution des parts de marché en valeur dans la branche Fils et tissus par rapport
à la concurrence mondiale (en pourcentage)
Pays 1 TUN TUR EGY MAR INDO IND POL ROU HON CHI
1993 0,14 1,42 0,64 0,12 1,45 1,90 0,30 0,14 0,24 1,38
1994 0,21 1,81 0,94 0,14 1,42 1,94 0,31 0,15 0,27 1,39
1995 0,19 1,84 0,77 0,15 1,45 2,31 0,32 0,18 0,30 1,64
1996 0,18 1,93 0,53 0,12 1,49 2,37 0,32 0,15 0,29 1,41
1997 0,18 2,26 0,76 0,12 1,51 2,54 0,41 0,18 0,29 1,63
1998 0,14 2,38 0,53 0,10 1,52 2,43 0,50 0,16 0,33 1,84
1999 0,17 2,73 0,40 0,10 1,32 2,41 0,53 0,15 0,41 1,98
2000 0,23 2,70 0,52 0,14 1,40 2,80 0,63 0,19 0,49 2,65
2001 0,30 2,97 0,44 0,19 1,36 2,78 0,74 0,26 0,56 2,25
PMM 2 0,20 2,23 0,61 0,13 1,44 2,39 0,45 0,17 0,35 1,83
TCMPM 3 9,98 9,71 –4,4 5,62 –0,78 4,85 12,08 7,87 11,31 7,80
TCMIE 4 0,52 0,52 0,52 0,52 0,52 0,52 0,52 0,52 0,52 0,52
1 TUN (Tunisie), TUR (Turquie), EGY (Egypte), MAR (Maroc), INDO (Indonésie), IND (Inde), POL (Pologne), ROU (Roumanie),
HON (Hongrie), CHI (Chine). 2 Part de marché moyenne. 3 Taux de croissance moyen de la part de marché. 4 Taux de
croissance moyen des importations européennes.
Source: Calculs faits à partir de la base de données CHELEM.
Tableau 33. Evolution des parts de marché en valeur dans la branche Vêtements de confection
par rapport à la concurrence mondiale (en pourcentage)
TUN TUR EGY MAR INDO IND POL ROU HON CHI
1993 3,86 3,31 0,21 3,33 1,86 2,95 3,83 1,73 1,54 8,08
1994 4,08 3,28 0,21 3,58 1,82 3,40 4,26 2,20 1,56 8,30
1995 4,45 3,89 0,20 3,87 1,69 3,73 4,44 2,56 1,41 6,86
1996 4,76 3,86 0,22 3,78 1,56 3,25 4,30 2,91 1,53 7,45
1997 4,50 3,87 0,22 3,74 1,86 2,72 3,90 3,29 1,47 7,78
1998 4,88 4,01 0,23 3,93 1,88 2,56 4,24 4,00 1,58 7,51
1999 4,86 4,03 0,19 3,91 1,99 2,49 3,90 4,24 1,44 8,62
2000 4,62 4,36 0,15 3,90 2,32 2,82 3,49 4,56 1,24 9,29
2001 4,96 4,58 0,13 3,99 2,10 2,70 3,47 5,41 1,18 9,17
PMM 4,55 3,91 0,20 3,78 1,90 2,96 3,98 3,43 1,44 8,12
TCMPM 3,19 4,14 –5,87 2,28 1,51 –1,09 –1,22 15,34 –3,28 1,59
TCMIE 2,18 2,18 2,18 2,18 2,18 2,18 2,18 2,18 2,18 2,18
Source: Calculs faits à partir de la base de données CHELEM.
Externe-2007-04-0157-01.doc 37
Tableau 34. Evolution des parts de marché en valeur dans la branche Vêtements de bonneterie
par rapport à la concurrence mondiale (en pourcentage)
TUN TUR EGY MAR INDO IND POL ROU HON CHI
1993 1,21 7,04 0,28 1,68 1,89 1,94 0,84 0,56 1,10 6,48
1994 1,54 7,00 0,29 1,81 1,84 1,95 1,02 0,66 1,13 6,97
1995 1,72 7,99 0,34 1,91 1,74 2,12 1,16 0,78 1,15 5,81
1996 1,67 7,82 0,37 1,95 1,90 2,16 1,22 0,96 1,29 6,30
1997 1,55 7,15 0,36 1,76 1,96 1,91 1,04 1,06 1,18 6,39
1998 1,95 8,11 0,43 2,03 1,99 2,15 1,20 1,34 1,48 7,01
1999 1,95 7,97 0,53 2,03 2,01 2,40 1,25 1,58 1,28 8,15
2000 2,09 8,24 0,59 2,12 2,23 2,55 1,26 1,85 1,24 8,78
2001 2,13 8,36 0,55 2,35 2,33 2,79 1,34 2,28 1,29 8,65
PMM 1,76 7,74 0,41 1,96 1,99 2,22 1,15 1,23 1,24 7,17
TCMPM 7,31 2,17 8,62 4,27 2,70 4,68 6,08 19,11 2,01 3,68
TCMIE 3,21 3,21 3,21 3,21 3,21 3,21 3,21 3,21 3,21 3,21
Source: Calculs faits à partir de la base de données CHELEM.
Les performances des échanges extérieurs peuvent être mesurées par le taux de
couverture en valeur. Celui-ci est égal au rapport des exportations en valeur aux
importations en valeur 22. Cet indicateur est du point de vue de sa signification très proche
du solde de la balance des paiements. Toutefois, il présente sur ce dernier l’avantage d’être
un indicateur normé et donc indépendant de l’effet taille lié à la croissance du niveau des
échanges.
22
Taux de couverture en valeur = P X X où:
PM M
PX = Pr ix courant à l’ exp ortation X = Volume exp orté
23
Le taux de couverture en volume est égal au rapport du volume exporté au volume importé X
.
M
Cet indicateur peut être aussi exprimé en pourcentage X × 100 . Dans ce cas de figure:
M
– un indicateur > 100 pour cent, signifie que le pays est exportateur net;
– un indicateur < 100 pour cent, signifie que le pays est importateur net;
– un indicateur = 100 pour cent, signifie que la balance commerciale est équilibrée.
24
Termes de l’échange = PX
PM
38 Externe-2007-04-0157-01.doc
termes de l’échange qui sont passés d’une valeur de 1,86 en 1997 à 1,96 en 2002, soit une
amélioration moyenne de 1,02 pour cent chaque année, passant ainsi de l’indice 100 en
1997 à l’indice 106,12 en 2002. Ce résultat est la résultante de deux effets:
1) un effet-prix positif: les prix à l’exportation exprimés en dinars ont dans l’ensemble
augmenté plus rapidement que les prix à l’importation exprimés en dinars, d’où une
amélioration du taux de couverture en valeur de 1,3 pour cent en moyenne chaque
année;
Tableau 35. Evolution du taux de couverture en valeur, en volume et des termes de l’échange du secteur
Textile-habillement
Tableau 36. Evolution du taux de couverture en valeur, en volume et des termes de l’échange
des branches Fils et tissus
Externe-2007-04-0157-01.doc 39
Tableau 37. Evolution du taux de couverture en valeur, en volume et des termes de l’échange
des branches Bonneterie et Confection
Le taux de couverture en valeur de la branche Fils et tissus est sur notre période
d’étude structurellement inférieur à l’unité. Toutefois, ce taux structurel en valeur
augmente d’année en année, passant de l’indice 100 en 1997 à l’indice 135,8 en 2002,
soit un accroissement annuel moyen de 9,8 pour cent. Dans le même temps, le taux de
couverture en volume s’accroît à un rythme plus rapide (13,4 pour cent par an en
moyenne).
40 Externe-2007-04-0157-01.doc
4. Dynamique de la productivité et de la compétitivité
1) la productivité du travail;
2) la productivité du capital;
Valeur a joutée
Effectif utilisé
C’est une mesure partielle de la productivité. Cependant, cet indicateur est très utilisé
du fait qu’il est facile à mesurer. En outre, il sert de référence à la progression des salaires.
Valeur a joutée
Valeur du capital utilisé
Le capital correspond au stock net d’investissement en actifs fixes. Les actifs fixes
sont les investissements en infrastructures, en bâtiments, en machines et en équipements.
Toutefois, il convient de souligner que le capital est une variable difficile à évaluer. La
plupart des études économiques utilisant les fonctions de production ne retiennent que le
capital reproductible.
25
Cette mesure est facile à calculer. Cependant, elle ne rend pas suffisamment compte de
l’efficacité du travail car elle laisse de côté les variations de la durée effective du travail.
Externe-2007-04-0157-01.doc 41
En termes d’indice, la productivité du capital est égale au rapport de l’indice de la
valeur ajoutée à l’indice de la valeur du capital utilisé:
En termes d’indice, elle est égale au rapport de l’indice de la valeur ajoutée à l’indice
global des facteurs (combinaison pondérée du travail et du capital):
VA( t )
IGP =
[SL(t )× L(t ) + SK(t )× K(t )]
où:
42 Externe-2007-04-0157-01.doc
Tableau 39. Evolution des indicateurs de productivité du secteur Textile-habillement (1997-2001)
Les résultats obtenus montrent qu’au niveau du secteur TH les facteurs travail et
capital ont réalisé des gains de productivité respectivement de l’ordre de 3,7 pour cent et
de 3 pour cent par an. Corrélativement, la productivité globale des facteurs a augmenté de
3,2 pour cent en moyenne par année. A noter que l’augmentation de la productivité du
travail dans le secteur TH s’est réalisée avec une augmentation concomitante des effectifs.
Il convient aussi de souligner la baisse de la part relative de la masse salariale dans la
valeur ajoutée (– 4,4 pour cent en moyenne par an), et ce en dépit d’une amélioration de la
productivité du travail sur la période retenue.
Ce rapport K peut être défini comme le capital nécessaire afin d’accroître d’une
Y
unité la valeur ajoutée réalisable par l’entreprise. Ainsi, il exprime le potentiel de
croissance de la capacité de production de l’entreprise. Ce coefficient est fonction d’autres
paramètre traduisant les choix techniques de l’entreprise, notamment l’intensité
capitalistique (capital/travail) et la productivité du travail (valeur ajoutée/travail). Dans
cette perspective, nous pouvons caractériser le potentiel de croissance de la capacité de
production de l’entreprise en retenant la relation suivante:
Y Y L
= × où:
K L K
Y
= Pr oductivité moyenne du capital
K
Y
= Pr oductivité moyenne du travail
L
L
= Intensité du travail (inverse de l' int ensité capitalistique)
K
Externe-2007-04-0157-01.doc 43
4.2.1. Evolution de la productivité du capital
Année Indice
1997 100,0
1998 103,1
1999 102,7
2000 106,1
2001 115,5
Taux de croissance annuel moyen (en %) 3,7
Source: Calculs faits à partir des données de l’INS.
44 Externe-2007-04-0157-01.doc
Comme le montre le tableau 41, la productivité apparente du travail du secteur TH a
augmenté de manière significative. Celle-ci est passée de l’indice 100 en 1997 à 115,5 en
2001, soit un gain de productivité de l’ordre de 3,7 pour cent en moyenne par année.
En conclusion, sur l’effet de la croissance du capital réalisé par les entreprises, les
résultats statistiques mettent en évidence une augmentation de la productivité du capital
Y . Celle-ci est le résultat d’une hausse de la productivité du travail Y supérieure à
K L
celle de l’intensité capitalistique K.
L
Externe-2007-04-0157-01.doc 45
Tableau 43. Les indicateurs de croissance du secteur Textile-habillement
PEXP
où:
PEXC
PEXP = Prix à l’exportation du pays étudié
PEXC = Prix à l’exportation des pays concurrents
26
Les coûts relatifs traduisent les productivités des facteurs.
27
Ces prix élevés par rapport aux prix des concurrents peuvent être dus à des taux de salaires trop
élevés au regard des coûts salariaux des concurrents.
46 Externe-2007-04-0157-01.doc
L’indicateur de la compétitivité prix est une information importante pour les
acheteurs. Pour que ces derniers puissent choisir entre les différentes offres, il est
nécessaire que les prix soient exprimés dans la même unité monétaire (par exemple le
dollar):
PEXP PEXPMN
= * TXC où:
PEXC PEXCMN
PEXPMN = Prix à l’exportation du pays étudié en monnaie nationale
PEXCMN = Prix à l’exportation des pays concurrents en monnaie nationale
TXC = Taux de change du pays étudié par rapport aux pays concurrents
Par conséquent, la compétitivité prix dépend des prix fixés et du taux de change. Les
prix à l’exportation sont déterminés par les coûts de production et le marché. Quant au taux
de change, il résulte des rapports de force existants au niveau des marchés et du choix de la
politique monétaire. L’évolution des prix tunisiens à l’exportation (en dollars E.-U.) fait
apparaître des tendances assez proches au niveau du secteur TH et au niveau des branches
Habillement et Textile.
Tableau 44. Evolution des prix à l’exportation du secteur Textile-habillement (les prix sont exprimés en
dollars E.-U.)
Année Indice des prix à Indice des prix à Indice des prix à Indice des prix à
l’exportation Tunisie l’exportation Maroc l’exportation Intra * l’exportation extra **
1997 100,00 100,00 100,00 100,00
1998 99,84 97,44 99,22 99,03
1999 94,91 73,50 95,31 93,20
2000 81,64 81,19 88,28 79,61
Taux de croissance
(en %) –6,50 –6,70 –4,07 –7,32
* Intra: prix à l’exportation du commerce intra communautaire. ** Extra: prix à l’exportation du commerce extracommunautaire.
Source: Calculs faits à partir des données de l’INS et des données de l’étude réalisée par Amri 28.
Tableau 45. Evolution des prix à l’exportation des branches Habillement et Fils et tissus (les prix sont
exprimés en dollars E.-U.)
28
Op. cit.
Externe-2007-04-0157-01.doc 47
Les tableaux 44 et 45 montrent que:
2) au niveau de la branche Habillement, les prix tunisiens à l’exportation ont connu une
baisse équivalente à celle des prix marocains à l’exportation (pays concurrent). En
revanche, les prix marocains à l’exportation du textile ont connu une baisse nettement
inférieure à celle des prix tunisiens: – 5,66 pour cent contre – 8,07 pour cent;
3) les prix tunisiens à l’exportation du secteur TH ont baissé dans une proportion
nettement supérieure à la moyenne des prix intracommunautaire (– 6,5 pour cent contre
– 4,07 pour cent). En revanche, ils ont baissé dans une proportion inférieure à la
moyenne des prix extracommunautaire (– 6,5 pour cent contre – 7,32 pour cent);
4) au niveau de la branche Habillement, les prix tunisiens à l’exportation ont baissé dans
une proportion nettement inférieure à la moyenne des prix du commerce
extracommunautaire (– 6,45 pour cent contre – 9,97 pour cent).
PT
ISC = où:
CSU
ISC = Indice synthétique de compétitivité
P = Indice pondéré de prix étrangers
T = Taux de change effectif
CSU = Coût salarial unitaire du pays étudié
29
Op. cit.
30
Op. cit.
48 Externe-2007-04-0157-01.doc
Le tableau 46 montre que:
Année Indice des prix Indice du coût Indice du coût Indicateur Indicateur
étrangers à salarial unitaire salarial unitaire synthétique synthétique
l’exportation de la Tunisie du Maroc de compétitivité de compétitivité
en dinars de la Tunisie du Maroc
1997 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00
1998 97,25 107,41 102,14 90,54 95,21
1999 93,37 108,74 106,06 85,87 88,04
2000 88,78 98,9 117,95 89,77 75,27
2001 – 104,02 – – –
Taux de croissance
(en %) –3,9 –0,37 1 +5,66 –3,53 –9,03
1 Tauxmoyen par année sur la période 1997-2000.
Source: Calculs faits à partir des données de l’INS et des données de l’étude réalisée par Amri 31.
1) coût du travail;
Le coût du travail est mesuré ici par l’indicateur du coût salarial unitaire. Cet
indicateur est égal au rapport de la masse salariale à la valeur ajoutée. Il mesure le coût du
travail par unité de valeur ajoutée créée; coût du travail et valeur ajoutée sont exprimés en
31
Op. cit.
Externe-2007-04-0157-01.doc 49
milliers de dinars courants. Le coût salarial unitaire est souvent utilisé pour comparer
l’évolution de ce coût à d’autres variables macroéconomiques comme la valeur ajoutée
d’un secteur d’activité.
Cet indicateur permet aussi d’étudier l’évolution de la répartition des revenus dans
une économie car, si l’évolution des salaires est inférieure à celle de la productivité du
travail, la part salariale dans la valeur ajoutée diminue.
2) les droits de douane sont de l’ordre de 2 pour cent pour le secteur TH. Ce résultat
global masque en réalité des situations contrastées des branches d’activité du secteur.
Dans la branche Fils et tissus, les droits de douane représentent environ 9 pour cent de
la valeur de la production. Ils sont nettement plus importants que ceux de la branche
Habillement (environ 3 pour cent). Ce résultat semble être une conséquence logique
du poids important des importations dans les intrants de la branche Fils et tissus;
32
La valeur de la production ne contient pas ici de marge commerciale. Par conséquent, on peut
supposer que la valeur de la production est équivalente au coût de production.
50 Externe-2007-04-0157-01.doc
Tableau 48. Structure des coûts en pourcentage de la valeur de la production du secteur Textile-
habillement
Tableau 49. Structure des coûts en pourcentage de la valeur de la production de la branche Fils et tissus
Tableau 50. Structure des coûts en pourcentage de la valeur de la production de la branche Habillement
5. Dynamique de la répartition
Externe-2007-04-0157-01.doc 51
∆Y ∆L ∆W ∆ Π ∆P
=θ +θ + (1 −θ ) − 33
où:
Y L W Π P
∆Y
= Taux de var iation de la valeur ajoutée
Y
∆L
= Taux de var iation de l' emploi
L
∆W
= Taux de var iation du salaire moyen
W
∆Π 34
= Taux de croissance du profit
Π
∆P
= Taux de croissance des prix
P
∆L
( Ee / va = L )
∆Y
Y
33
Voir démonstration, annexe C.
34
Il s’agit ici de l’excédent brut d’exploitation.
52 Externe-2007-04-0157-01.doc
Cette élasticité montre qu’une variation de 1 pour cent de la valeur ajoutée du secteur
TH conduit à une variation peu élevée de 0,44 pour cent dans l’emploi total.
Graphique 7. Evolution indicielle de la valeur ajoutée(VACF) et de la masse salariale entre 1997 et 2001
145
140
135
130
125
120
115
110
105
100
1997 1998 1999 2000 2001
Par ailleurs, les calculs réalisés à partir du modèle de répartition de la valeur ajoutée
ont donné les résultats consignés dans le tableau 53.
Externe-2007-04-0157-01.doc 53
Tableau 53. Répartition de la valeur ajoutée (en pourcentage)
Sur la base des données du tableau 53, les gains de croissance en termes de valeur
ajoutée obtenus dans le secteur TH durant la période 1997-2001 et estimés en moyenne à
7,93 pour cent (6,73 pour cent de valeur ajoutée et 1,2 pour cent de hausse des prix) par
année se sont répartis comme suit:
1) les salariés ont subi une perte de 4,3 pour cent de la valeur ajoutée créée;
4) les consommateurs ont subi une hausse des prix de 1,2 pour cent.
54 Externe-2007-04-0157-01.doc
Chapitre 2. Etat des relations de travail
Ce chapitre analyse le système en vigueur des relations de travail dans le secteur TH.
Il convient de préciser au préalable que les relations de travail dans ce secteur sont régies
par des normes juridiques qui découlent des sources générales (lois, textes réglementaires)
et des sources professionnelles spécifiques à ce secteur. Il s’agit de deux conventions
collectives sectorielles, dont la première est applicable aux activités de l’industrie du
textile, c’est-à-dire le traitement de fibres naturelles et chimiques 1 , et la seconde est
applicable à l’industrie de la bonneterie et de la confection 2. Ces deux conventions sont en
vigueur depuis le 1er juin 1974 et ont fait l’objet de plusieurs modifications apportées par
les différents avenants conclus par les deux organisations signataires: l’UGTT et l’UTICA.
Les dispositions prévues par ces deux conventions sont presque identiques,
abstraction faite du champ d’application professionnel et de quelques dispositions
spécifiques propres au système de rémunération. Pour cette raison, le présent rapport
analysera les dispositions prévues par les deux conventions mentionnées, sans faire de
distinction entre le secteur Textile et celui de la Bonneterie et de la Confection.
1
La convention collective du textile a été conclue le 26 juillet 1974 et agréée par le ministre des
Affaires sociales en date du 29 août 1974.
2
La convention collective de l’industrie de la bonneterie et de la confection a été conclue le 29 avril
1975 et agréée par le ministre des Affaires sociales le 19 juin 1975.
Externe-2007-04-0157-01.doc 55
A cet égard, il convient d’observer d’abord que l’emploi dans le secteur TH, comme
ailleurs, est placé sous l’égide de la liberté contractuelle qui implique évidemment
l’interdiction du travail forcé. Le principe de la liberté contractuelle connaît naturellement
certaines restrictions légales, liées surtout à des considérations d’ordre public. C’est le cas
notamment de l’interdiction de l’emploi des enfants au-dessous de l’âge légal. A ce sujet,
les dispositions conventionnelles spécifiques au secteur TH se limitent à renvoyer à la
législation en vigueur, c’est-à-dire le Code du travail, qui pose comme règle générale
l’interdiction du travail des enfants de moins de 16 ans, et ce conformément aux
dispositions de la convention internationale du travail no 138.
Un autre principe fondamental est largement consacré par le droit positif tunisien:
c’est le principe de non-discrimination. Ainsi, conformément au Code du travail et aux
normes internationales, les dispositions conventionnelles régissant les relations de travail
dans le secteur TH affirment nettement ce principe, notamment en ce qui concerne
l’emploi des femmes et en matière de liberté syndicale.
3
Voir R. Meddeb: L’industrie du textile et de l’habillement en Tunisie: les besoins des chefs
d’entreprise et les conditions de travail des femmes dans les PME, OIT, Service des activités
industrielles, SAP2.77/WP.136.
4
Le Code du travail exige que la grève soit approuvée préalablement par la centrale syndicale.
5
La loi accorde un monopole à l’organe syndical pour négocier et conclure au nom des salariés des
conventions collectives de travail
6
Voir infra.
56 Externe-2007-04-0157-01.doc
1.2. Une politique tournée vers l’incitation à l’emploi.
L’institution d’un régime spécifique au travail à temps partiel. Ce régime est basé
sur deux principes essentiels: l’exigence de l’accord du salarié pour le recours à ce
régime et l’égalité de traitement entre les travailleurs à plein temps et les travailleurs à
temps partiel (sous réserve des dispositions particulières relatives au régime du travail
à temps partiel, notamment la règle de la proportionnalité en matière de salaire).
La protection de l’intégrité physique des salariés constitue sans doute l’un des
éléments essentiels de la législation sociale. Mais il serait fastidieux d’énumérer
Externe-2007-04-0157-01.doc 57
l’ensemble des dispositions relatives à ce sujet. On se limitera alors à évoquer quelques
aspects traduisant l’importance des prescriptions relatives à la sécurité des travailleurs.
Enfin, le régime de réparation des préjudices nés des accidents de travail et des
maladies professionnelles a été refondu et amélioré par la loi no 94-28 du 21 février 1994
qui a intégré les risques professionnels dans le cadre de la sécurité sociale et a introduit le
mécanisme de modulation des cotisations en fonction de l’importance et de la gravité de
ces risques, visant à renforcer ainsi le dispositif préventif en la matière.
Mais il n’est pas excessif de dire qu’en matière d’hygiène et de sécurité au travail la
loi manque beaucoup d’effectivité. En effet, malgré la richesse des textes juridiques relatifs
à ce sujet et la multiplicité des institutions appelées à intervenir dans ce domaine, la réalité
atteste que la prévention contre les risques professionnels est généralement loin d’être
assurée efficacement.
Les bases juridiques du dialogue social en Tunisie remontent aux années trente,
surtout avec la consécration légale du droit syndical (décret du 16 novembre 1932) et la
création d’un statut propre aux conventions collectives de travail (décret du 4 août 1936).
Mais le contexte lié à la seconde guerre mondiale ayant imposé une tutelle excessive de
l’Etat sur le système des relations professionnelles va engendrer une stagnation quasi
complète du dialogue social et un blocage des négociations collectives, notamment à cause
de l’interdiction faite aux organisations syndicales d’introduire des dispositions relatives
aux salaires dans les conventions collectives.
C’est surtout à partir des années soixante-dix que l’on va assister à un allégement de
la tutelle étatique sur les syndicats, se traduisant par la levée de l’interdiction de négocier
les salaires dans le cadre des accords collectifs (décret du 25 mai 1973). Cette mesure très
importante a constitué la pierre angulaire de la nouvelle institution de la négociation
collective en Tunisie. A la suite de cette mesure, une convention collective-cadre a été
signée le 20 mars 1973 par l’UGTT et l’UTICA, et agréée par le ministre des Affaires
58 Externe-2007-04-0157-01.doc
sociales le 29 mai de la même année. Cette convention qui a constitué une véritable charte
interprofessionnelle est venue marquer l’avènement d’une nouvelle ère des négociations
collectives.
Cette commission a été instituée par la loi du 15 juillet 1996 ayant modifié les
dispositions de l’article 335 du Code du travail. Elle est créée auprès du ministre chargé
des affaires sociales et appelée à exercer des fonctions purement consultatives qui
consistent à émettre son avis sur des questions relatives au travail, notamment celles
concernant la législation sociale, les normes internationales du travail, les salaires, la
classification professionnelle, les négociations collectives et le climat social.
Externe-2007-04-0157-01.doc 59
pratique très limité. D’une part, ses fonctions sont purement consultatives et, d’autre part,
elle n’a pas pu fonctionner régulièrement, quoique le décret du 12 septembre 2000 indique
que cette commission doit se réunir au moins deux fois par an.
Les partenaires sociaux ont consolidé le choix du législateur, en abrogeant toutes les
dispositions conventionnelles relatives à l’ancienne Commission paritaire consultative
(créée depuis 1973 par voie de négociation collective) pour les remplacer par d’autres
dispositions très brèves faisant référence aux articles du Code du travail concernant la
représentation du personnel. Ainsi, dans le secteur TH, les dispositions conventionnelles se
contentent généralement de renvoyer à la loi s’agissant de la mise en place de la
Commission consultative d’entreprise et ses prérogatives, tout en ajoutant quelques
précisions portant sur les modalités d’élection des représentants du personnel. A cet égard,
l’employeur est tenu d’informer par écrit le syndicat de l’entreprise concernant
l’organisation des élections. De même, un délégué syndical doit être désigné comme
membre du bureau électoral dans le cas où le syndicat a présenté une liste de ses candidats.
7
Dans les entreprises employant un nombre de travailleurs égal ou supérieur à 20 et inférieur à 40,
la loi prévoit l’élection d’un délégué titulaire du personnel et un délégué suppléant (art. 163 du Code
du travail).
60 Externe-2007-04-0157-01.doc
1.5. La promotion du dialogue au niveau de l’entreprise
par la direction générale de l’Inspection du travail
et de conciliation
L’inspection du travail est exercée par des fonctionnaires relevant du ministère des
affaires sociales. Leur mission peut être confiée par des lois spéciales à des fonctionnaires
relevant d’autres ministères 8. Selon le Code du travail, les agents de l’inspection du travail
sont chargés de:
– fournir des informations et des conseils techniques aux employeurs et aux travailleurs
sur les moyens les plus efficaces d’appliquer la législation du travail 10;
– porter à l’attention des autorités compétentes toute déficience ou abus qui n’est pas
spécifiquement couvert par les dispositions légales en vigueur 11;
– assister les gouverneurs dans la mission de conciliation qui leur est dévolue et ce
conformément aux dispositions de l’article 172 du Code du travail;
Cet ensemble de missions montre bien que, juridiquement, l’inspecteur n’a pas seulement
la mission d’une police de travail, mais il doit jouer un rôle de promotion du dialogue entre
les employeurs et les travailleurs qui se présentent à titre individuel ou à titre collectif (par
l’intermédiaire de leur organisation). Informer, conseiller et concilier sont en effet les
tâches prévues pour atteindre cet objectif. Il s’agit de tâches différentes par les
compétences exigées et le temps de travail qu’elles consomment pour les exercer
efficacement. Une spécialisation est nécessaire pour que ce corps puisse jouer son rôle.
L’organigramme de la direction générale annonce cette spécialisation.
8
Art. 171 du Code du travail (CT), modifié par la loi no 94-29 du 21 fév. 1994.
9
Art. 170, modifié par la loi no 94-29 du 21 février 1994, et art. 1 relatif au champ d’application du
Code du travail.
10
Art. 170.
11
Art. 170.
12
Art. 179.
Externe-2007-04-0157-01.doc 61
Service Direction générale Unité
de documentation administrative
Direction
Direction Direction
de la promotion
de contrôle de la conciliation
du dialogue social
Division régionale
moyenne nationale
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
Ben Arous
Ariana
Béja
Tataouine
Tozeur
Tunis1
Tunis2
Jendouba
Kef
Gafsa
Bizerte
Siliana
Sousse
Kasserine
Sfax
Gabes
Zaghouan
Kairouan
SidiBouzid
Nabeul
Kebili
Manouba
Mahdia
Médenine
Monastir
62 Externe-2007-04-0157-01.doc
La direction de promotion du dialogue social a assuré également l’installation de
1 855 comités de santé et de sécurité au travail en réalisant dans ce domaine un taux de
couverture de 96 pour cent des entreprises concernées par cette disposition du Code du
travail.
Distribution par thème des réunions des structures de dialogue au cours du mois de janvier 2006
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Externe-2007-04-0157-01.doc 63
le personnel de la direction de l’inspection générale du travail et de conciliation. Elle
répond aux attentes de tous les acteurs de l’entreprise et de l’administration qui demandent
des conseils juridiques. Elle analyse la dynamique de mise en œuvre du droit social et tire
les leçons stratégiques pour l’adapter par le dialogue aux mutations économiques et
sociales, voire les anticiper, comme c’est le cas pour la promotion du dialogue social au
niveau de l’entreprise. Elle joue un rôle décisif dans la promotion des normes
internationales du travail donnant une image positive de la Tunisie sur le plan
international.
64 Externe-2007-04-0157-01.doc
2. Les aspects du système en vigueur qui
pourraient être améliorés par le dialogue social
Au niveau de la forme, on observe que l’écrit n’est exigé que pour les contrats à durée
déterminée à terme certain (temporaires par la volonté des parties) et non pour les CDD
objectivement temporaires. De même, la loi ne précise pas les mentions qui doivent être
insérées dans le contrat. Or il est souhaitable de préciser ces mentions, par voie légale ou
conventionnelle, pour éviter toute ambiguïté concernant le statut du salarié.
Au niveau du fond, nous savons que la loi établit deux grandes catégories de CDD:
les contrats objectivement temporaires et les contrats temporaires par la volonté des
parties. Or ces deux catégories de contrat se recoupent largement dans leur utilisation, alors
qu’elles ont des conséquences différentes, voire opposées, notamment en ce qui concerne
la possibilité de renouvellement du contrat 13.
La confusion entre les deux catégories de CDD est due surtout à l’absence de
dispositions légales fixant de manière précise les activités et professions pour lesquelles il
est permis de recourir aux contrats de travail objectivement temporaires. A cet égard, il
nous semble nécessaire d’établir, par voie réglementaire ou conventionnelle, la liste des
cas de «surcroît extraordinaire de travail», des travaux saisonniers et autres activités pour
lesquelles il ne peut être fait recours, «selon l’usage ou de par leur nature», au CDD. Ainsi,
par exemple, concernant les entreprises qui produisent des articles d’habillement pour le
compte de donneurs d’ordre étrangers, la question se pose: le recours aux salariés
temporaires, recrutés dans le cadre de l’exécution d’une commande déterminée, doit-il être
classé parmi les catégories de CDD à terme incertain (objectivement temporaires) ou celle
de CDD à terme certain (contrat temporaire par la volonté des parties)? Ni la loi ni les
dispositions conventionnelles spécifiques au secteur TH n’ont donné une réponse à cette
question.
13
Cette possibilité est sans limite s’agissant des CDD objectivement temporaires, alors que pour
l’autre catégorie de CDD (temporaires par la volonté des parties) la durée totale du contrat ne doit
pas dépasser 4 ans, y copris ses renouvellements.
Externe-2007-04-0157-01.doc 65
réglementant l’activité de ces entreprises 14. Il serait alors souhaitable que la loi intervienne
pour l’introduction d’un statut propre aux entreprises de travail temporaire, permettant de
concilier l’utilité économique et sociale de cette forme d’emploi, tout en réprimant le
marchandage et les prêts illicites de main-d’œuvre.
Ces opérations sont évaluées régulièrement selon les critères du cahier des charges.
14
Au terme de quatre ans, des travailleurs se déplacent vers une autre entreprise appartenant au
même employeur en adoptant le même type de contrat de travail.
15
Voir UGTT-BIT: Le secteur Textile-habillement et le défi de la réinsertion professionnelle des
travailleurs, Tunis, avril 2005.
16
UGTT-BIT (2005), op. cit.
66 Externe-2007-04-0157-01.doc
– le renforcement du rôle du juge;
– flexibilité de la gestion des ressources humaines par l’entreprise qui doit faire face
aux contraintes d’un marché fortement concurrentiel;
C’est sur la base de cet ensemble d’éléments que pourrait se construire le droit de
licenciement collectif par le dialogue social.
Nous avons toujours entouré d’une attention particulière les travailleurs dont les
entreprises sont confrontées à des difficultés économiques ou techniques. Nous avons, dans ce
cadre, ordonné, dés l’année 2001, d’étendre aux travailleurs qui se sont trouvés sans travail à
la suite de fermeture subite et non réglementaire des entreprises qui les emploient la
couverture sociale applicable aux travailleurs licenciés pour des raisons économiques ou
techniques, et cela à travers la prise en charge des indemnités de licenciement et autres
indemnités et droit qui leur sont dus en vertu de la loi, tout en continuant de les faire profiter
de la couverture maladie et des allocations familiales, pendant une année, en plus des
mécanismes de formation et de réinsertion.
Dans le but d’améliorer le système de protection de cette catégorie de travailleurs, nous
ordonnons de porter de six mois à douze mois la durée maximale du bénéfice de l’indemnité
qui leur est servie, et de simplifier les conditions et procédures de son octroi et celles du reste
des mécanismes d’encadrement.
17
Voir les dispositions de l’article 79 du Code du travail, tel que modifié par la loi du 15 juillet
1996.
Externe-2007-04-0157-01.doc 67
réglemente aucunement la mise en place d’un tel système et ses implications, notamment
aux niveaux du salaire et du statut des travailleurs.
A titre de comparaison, il est utile de signaler que la technique des horaires annualisés
est de plus en plus adoptée dans les pays européens 18, même si elle trouve une opposition
de la part de certaines organisations syndicales. Cette technique repose sur des régimes
souples permettent de planifier et de calculer le temps de travail (et les salaires) sur une
période supérieure à une semaine et pouvant s’étendre sur une année. Les horaires
annualisés sont souvent conçus par les entreprises comme une opportunité pour accroître la
flexibilité dans la gestion de main-d’œuvre et l’organisation de travail.
1) Dans la plupart des cas, des amendements législatifs pertinents ont été instaurés vers
le milieu ou la fin des années quatre-vingt-dix, dans le cadre d’une législation
générale sur le temps de travail, comportant des dispositions souples relatives à
l’aménagement de ce temps. Ces amendements sont souvent adoptés en réponse à la
directive de l’UE sur le temps de travail de 1993 (directive no 93/104CE). Cette
directive ne spécifie pas à proprement parler un régime d’annualisation complet ou
bien défini, mais elle prévoit que la durée moyenne de travail pour chaque période de
sept jours ne peut excéder 48 heures, y compris les heures supplémentaires, sur une
période de référence ne dépassant pas quatre mois. Les Etats membres ont la faculté
de la prolonger jusqu’à six mois pour des secteurs ou activités déterminés ou pour des
raison de santé et de sécurité, et de permettre que, pour des raisons objectives,
techniques ou d’organisation du travail, les conventions collectives fixent des
périodes de référence ne dépassant pas douze mois.
2) La plupart des pays concernés ont aujourd’hui un cadre législatif où les limites
journalières et/ou hebdomadaires imposées sur le temps de travail (fixé par voie
légale ou conventionnelle) peuvent être dépassées, dans la mesure où des horaires
normaux sont maintenus en moyenne sur une certaine période de référence. Cette
période est dans beaucoup de pays au maximum d’un an et, dans certains pays, plus
courte, mais le principe de base est le même en ce sens que le temps de travail est
établi en fonction d’un nombre d’heures travaillées au total sur une période de
référence (d’un an ou moins), et non en fonction d’un nombre d’heures donné par
semaine, comme dans les systèmes traditionnels. Il en résulte que le salaire n’est plus
calculé en fonction des heures de travail par semaine mais sur la base d’une
rémunération forfaitaire correspondant à une semaine de travail standard ou une
quantité d’heures fixées sur une période de référence. Les régimes d’horaires
annualisés sont souvent associés à diverses autres formes d’aménagement du temps
18
Voir Observatoire européen des relations industrielles (EIRO): L’annualisation du temps du
travail en Europe.
68 Externe-2007-04-0157-01.doc
de travail, telles que le modèle «à fourchette», les comptes de temps de travail ou les
banques d’heures.
5) Etant donné la grande diversité des expériences et les spécificités de chaque système,
l’impact des horaires annualisés sur la performance des entreprise et les conditions de
travail doit être traité avec prudence. Mais il y a des avantages et des inconvénients
potentiels tant pour les employeurs que pour les salariés, et il ne semble pas approprié
d’adopter une approche idéologique sur ce sujet. La modulation du temps de travail
ne peut se concevoir qu’en termes de compromis entre les intérêts des employeurs et
des salariés. Il va sans dire que, dans leur formule de base visant une répartition plus
souple du temps du travail pour faire face aux fluctuations d’activité, les régimes
d’annualisation présentent des avantages plus tangibles pour les employeurs
(meilleure exploitation des ressources humaines, réduction des heures
supplémentaires, meilleure budgétisation car les coûts sont plus prévisibles, etc.).
19
Voir les articles 94-2 à 94-14 du Code du travail.
Externe-2007-04-0157-01.doc 69
particulières relatives au régime du travail à temps partiel, notamment la règle de
proportionnalité en matière de rémunération.
Cependant, le recours au régime du travail à temps partiel est resté dans la pratique
très limité. Cette situation semble s’expliquer, entre autres, par certaines lacunes au niveau
de la loi. En effet, d’une part, le législateur n’a prévu aucune incitation financière pour les
entreprises qui adoptent cette formule. Or l’expérience de plusieurs pays européens montre
que le régime du travail à temps partiel a souvent été accompagné de certaines mesures qui
visent à le rendre économiquement et socialement acceptable en exonérant l’entreprise qui
utilise cette formule, totalement ou partiellement, des charges sociales.
D’autre part, le législateur tunisien n’a pas prévu des garanties ou des mécanismes de
compensation en faveur des salariés disposés à travailler à temps partiel, pour éliminer ou
neutraliser les implications négatives au niveau de leurs droits, particulièrement en matière
de sécurité sociale 20. Toutes ces lacunes ayant marqué le régime du travail à temps partiel
expliquent pourquoi le recours à ce régime est toujours limité dans la pratique, et son
impact positif sur la politique de l’emploi, comme instrument de partage du travail, n’est
pas très développé.
En Tunisie, les salaires dans le secteur privé sont déterminés principalement par voie
de négociation collective, les autorités publiques se contentant de fixer par décrets les
salaires minimums. Les négociations salariales, qui se déroulent en pratique tous les trois
ans, sont devenues d’ailleurs un élément constant dans le système des relations
professionnelles, même s’il n’existe pas encore un cadre juridique réglementant la
procédure de déroulement de ces négociations et leur périodicité.
20
Voir L. Bensalem: Le travail à temps partiel: instrument de promotion ou de précarisation de
l’emploi?, Revue Travail et développement, nos 18-19, 2000, p.159.
21
Voir H. Dimassi: «Réflexions sur le système de rémunération conventionnel en Tunisie»,
L’entreprise et l’environnement social, Institut arabe des chefs d’entreprise, Sousse, 1990, p. 131.
70 Externe-2007-04-0157-01.doc
comportement). En réalité, tout salarié, quel que soit son rendement, peut bénéficier de
cette prime, du moins partiellement, même s’il obtient une faible note professionnelle. En
effet, les salariés ayant une note professionnelle égale ou inférieure à 10 sur 20 ont le droit
de percevoir le minimum de la prime à allouer, soit le tiers. Ainsi, la prime de rendement a
perdu beaucoup de son caractère incitatif.
Une autre prime dite d’«encouragement à l’assiduité» fut instituée depuis 1983 par le
système conventionnel. Mais elle a aussi servi presque systématiquement en tant que
complément de salaire et a perdu alors, en grande partie, son caractère incitatif. Certes,
depuis 1990, les dispositions conventionnelles prévoient que cette prime n’est pas servie au
travailleur qui s’absente plus d’une fois par mois, sans motif légalement valable. Mais il
est difficile d’appliquer ces dispositions en l’absence d’un système de contrôle détectant
les absences injustifiées, surtout lorsqu’il s’agit d’absences de courte durée couvertes par
des raisons de santé. D’ailleurs, il n’est pas étonnant de constater que, dans le secteur TH,
le problème le plus évoqué par les chefs d’entreprise est celui de l’absentéisme, suivi des
problèmes de retard et d’insuffisance d’efforts 22.
Enfin, depuis la réforme du Code du travail en 1996, la loi a voulu introduire une
certaine mobilité salariale en fonction de l’effort et du rendement de chaque travailleur.
Ainsi, elle a autorisé qu’une partie du salaire soit fixée sur la base de la productivité, en
vertu d’accords conclus au niveau de l’entreprise entre l’employeur et les représentants des
travailleurs. Ces accords doivent comprendre notamment «les normes adoptées pour
l’amélioration du rendement et les mesures susceptibles d’accroître la production et
d’améliorer sa qualité» (art. 134-3 du Code du travail). Or, jusqu’à nos jours, le problème
de fixation des normes de production reste entièrement posé dans la grande majorité des
secteurs, y compris celui du Textile-habillement où les négociations collectives menées au
niveau de la branche n’ont pas pu apporter une solution à ce problème. D’ailleurs, n’est-il
pas paradoxal de vouloir établir des normes de production uniformes pour toute une
branche d’activité, alors que celle-ci est composées d’entreprises hétérogènes quant à leur
capacité de production, leur niveau technologique, leurs taux d’encadrement, leur
organisation, etc.?
22
En effet, les chefs d’entreprise évaluent l’absentéisme à 25 pour cent en moyenne, ce qui est un
taux très élevé (enquête BIT, juin 1998), voir Riad Meddeb, étude précédente.
Externe-2007-04-0157-01.doc 71
autres, par l’attitude des centrales syndicales ouvrières et patronales qui semblent
privilégier la négociation de branche, par souci de sauvegarder leur pouvoir normatif
et de bien contrôler le processus des négociations. Juridiquement, elle s’explique
surtout par la place subsidiaire qu’occupe la convention d’entreprise par rapport à la
convention collective de branche. En effet, la conclusion d’une convention
d’entreprise est conditionnée par l’existence d’une convention sectorielle agréée par
le ministre chargé des affaires sociales. En l’absence de cette condition, l’élaboration
d’une convention d’entreprise nécessite une dérogation spéciale accordée par arrêté
du ministre des Affaires sociales. En plus, le contenu de la convention d’entreprise
reste largement conditionné par celui de la convention sectorielle. La convention
d’entreprise, étant hiérarchiquement subordonnée à celle-ci, aura pour objet d’adapter
ses clauses aux conditions particulières de l’entreprise.
72 Externe-2007-04-0157-01.doc
exclusivement disciplinaire, intervenant seulement pour légitimer l’autorité patronale dans
l’entreprise.
Les conventions collectives ont atténué ce vide juridique. Ainsi, dans le secteur TH,
comme ailleurs, les dispositions conventionnelles ont introduit l’ébauche d’un statut du
syndicat au sein de l’entreprise, en imposant à l’employeur de reconnaître l’organisation
syndicale représentée par ses délégués et de recevoir ces derniers une fois par mois et
toutes les fois qu’il y a urgence.
Tout cela ne favorise pas l’instauration d’un climat de confiance qui est absolument
nécessaire pour concrétiser l’idée de dialogue social dans l’entreprise. En partant des
acquis de l’expérience tunisienne dans ce domaine et à la lumière des enseignements tirés
des expériences étrangères, il est vivement souhaitable de réhabiliter les institutions du
dialogue social, ce qui exige au préalable d’établir un bilan à la fois objectif et approfondi
du système des relations professionnelles dans l’entreprise. Cette démarche devrait tendre
vers l’émergence d’un consensus entre les partenaires sociaux; un nouveau pacte social
tenant compte des exigences de la compétitivité socio-économiques, permettant d’inscrire
les relations professionnelles dans un projet à la fois souple et dynamique, ouvrant de
nouvelles perspectives pour l’entreprise et les salariés.
A l’évidence, la tâche n’est pas facile. Comme tout projet d’avenir, celui de la
réhabilitation du dialogue social doit s’inscrire dans le cadre d’une approche durable qui
devrait conduire au préalable à une transformation des mentalités et à un ajustement des
comportements de tous les partenaires sociaux.
Cela touche d’abord la politique de régulation de l’Etat. A cet égard, une intervention
du législateur est vivement souhaitable pour mettre fin aux lacunes qui marquent
actuellement le dispositif juridique relatif au système du dialogue social dans l’entreprise.
Cette réforme devrait aboutir à activer le fonctionnement des structures de représentation
du personnel dans l’entreprise et leur donner plus d’autonomie et d’efficacité. Dans le
même cadre, il convient d’encadrer légalement la présence syndicale dans l’entreprise, tout
en assurant une meilleure articulation entre les structures de représentation syndicale et
non syndicale.
Externe-2007-04-0157-01.doc 73
social en ordonnant «de ratifier la convention internationale du travail no 135, concernant
la protection des représentants des travailleurs dans les entreprises» 23.
La présence des structures de dialogue dans toutes les régions du pays exige que
l’action d’animation du dialogue soit une action de proximité, et son caractère
pédagogique (c’est-à-dire aider les acteurs à dialoguer) exige le recours à un personnel
disponible et compétent. De ce point de vue, les mesures suivantes pourraient contribuer à
développer le rôle du ministère dans la promotion du dialogue social au niveau de
l’entreprise au cours de la période du 11e plan:
Créer des unités régionales de promotion du dialogue social pour que cette action
soit spécialisée et de proximité par rapport à la distribution géographique des
structures de dialogue (voir graphique plus haut).
Dans les faits, nous observons aujourd’hui que le dialogue ne se déroule pas
seulement au niveau national et au niveau de la branche, mais il se déroule aussi au
quotidien et au niveau microéconomique. En effet, plusieurs accords sur des sujets
différents sont obtenus par le dialogue entre employeurs et salariés. Compte tenu de cette
évolution dictée par le nouveau contexte d’ouverture de l’économie tunisienne à
l’économie mondiale, faut-il décentraliser la négociation?
C’est à tous les niveaux qu’il faut consolider le dialogue social, mais il convient alors
de définir la spécificité de chaque niveau de négociation et sa complémentarité avec les
autres niveaux. C’est un sujet de réflexion à conduire d’abord dans la sérénité et d’une
manière scientifique puis soumettre les résultats obtenus à la discussion des partenaires
sociaux.
Dans le cadre de cette réflexion, il est utile d’exploiter le gisement des accords
obtenus par le dialogue au niveau de l’entreprise. On peut, par exemple, identifier les
dénominateurs communs à ces accords et évaluer leur pertinence pour devenir un champ
de convergence aux niveaux de la branche, d’une part, et de leur impact macroéconomique
et social, d’autre part. Les résultats de cette réflexion devraient aider à définir
progressivement la complémentarité entre les différents niveaux de promotion du dialogue
social au cours de la période du 11e plan.
Ce rôle animateur de la réflexion des partenaires sociaux sur un sujet est engagé
aujourd’hui autour de certains thèmes choisis par les partenaires: «annualisation du temps
de travail» pour la branche Textile-habillement, «la classification professionnelle en
23
Voir en annexe le texte de la convention.
74 Externe-2007-04-0157-01.doc
fonction des compétences» pour l’industrie électronique et «les normes de production»
pour la branche Bâtiment. C’est une opportunité pour rénover les méthodes de travail du
dialogue social et favoriser ainsi sa promotion dans toutes les branches économiques.
L’entreprise n’est pas seulement une unité de production. Elle est aussi une
communauté d’êtres humains. Son capital le plus précieux c’est son capital humain. Aussi,
une entreprise qui réussit est une entreprise où ses membres sont épanouis, exerçant leurs
tâches avec motivation et ambition, tout en étant sensibilisés aux défis et aux projets
d’avenir de l’entreprise. Il appartient aux chefs d’entreprise d’inscrire leur comportement
dans cette démarche dynamique, agissant dans un esprit de rassembler les hommes, de leur
assurer les meilleures conditions pour réaliser leurs performances et de porter toujours plus
haut leur ambition.
Externe-2007-04-0157-01.doc 75
Le travail décent joue un rôle fondamental dans les efforts tendant à lutter contre la
pauvreté et constitue un moyen de réaliser un développement durable fondé sur l’équité et
l’inclusion. L’OIT œuvre à la promotion du travail décent dans le cadre de ses activités
relatives à l’emploi, à la protection sociale, aux normes et aux principes et droits
fondamentaux au travail et au dialogue social.
Nous avons déjà montré plus haut que les salariés du secteur TH ont vu leur part dans
la valeur ajoutée diminuer de 4 pour cent durant la période 1997-2001. Dans cette section,
nous proposons de montrer que le modèle de compétitivité du secteur TH est
structurellement caractérisé par des relations de travail conflictuelles et une faible
protection de la sécurité et de la santé au travail.
Les problèmes liés au salaire est la cause principale des conflits, mais sa part tend à
baisser, passant en effet de 58 à 47,5 pour cent entre 2003 et 2005. Les mauvaises
conditions de travail occupent la seconde position dans l’explication des conflits et la
solidarité syndicale occupe la quatrième position (voir tableau 54). Dans ce contexte des
relations de travail, le dialogue social est alors difficile à instaurer.
Tableau 54. Distribution des grèves selon leurs causes (en pourcentage)
76 Externe-2007-04-0157-01.doc
Graphique 8. Part sectorielle des grèves (en pourcentage du total général des grèves)
60
50 51,7
44,2
40 41,5 39,4
33,7 35,5
30 36
25,8
20
10
0
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Source: UGTT-BIT(2005).
Tableau 55. Indicateurs sur les mouvements de grève et l’impact de la conciliation et du dialogue social
dans le secteur TH
2003 2004
1) Nombre total de grèves 138 141
2) Nombre de grèves illégales 125 125
3) Nombre d’entreprises concernées par les grèves 88 92
4) Nombre total des salariés des entreprises 20 302 20 988
5) Nombre des salariés en grève 14 708 15 732
6) Taux moyen de grèves illégales (2/1) (en %) 90,5 88,7
7) Taux moyen de participation des salariés à la grève (5/4) (en %) 72,4 75,0
8) Taille moyenne d’une entreprise concernée par les grèves (4/3) 231 228
9) Nombre d’avis de grève 50 66
10) Nombre de grèves légales 13 16
11) Nombre de grèves évitées (9 – 10) 37 50
12) Taux moyen de grèves évitées par la conciliation et le dialogue social (11/9)
(en %) 74,0 76,0
Source: Ministère des Affaires sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l’étranger, rapport annuel de la direction générale de
l’inspection du travail et de la conciliation, situation de l’année 2004 comparée à celle de 2003. Calcul des indicateurs par les
auteurs.
Dans le cas particulier où les conflits de travail sont précédés d’un avis de grève, la
conciliation de l’inspection du travail est efficace. En effet, le nombre de grèves évitées par
Externe-2007-04-0157-01.doc 77
la conciliation et le dialogue atteint 74 pour cent en 2003 et 76 pour cent en 2004 (voir
tableau ci-dessous).
Il importe de constater que les entreprises du secteur TH concernées par les grèves
ont une taille moyenne de 231 salariés en 2003 et de 228 en 2004. Par conséquent, les
statistiques de l’administration du travail ne saisissent pas ce qui se passe dans les petites
entreprises. Celles-ci doivent être concernées par les conflits de travail car leur modèle de
compétitivité n’est pas différent des entreprises de taille supérieure. Probablement, les
conflits de travail ne sont pas portés systématiquement à la connaissance de l’inspection du
travail en raison de la faible couverture syndicale, le comportement des salariés marqué par
leur méconnaissance du droit du travail ou l’absence de confiance dans l’intervention de
l’administration du travail.
Trois conditions sont à satisfaire pour que les inspecteurs puissent exercer
efficacement leurs missions de promotion du dialogue social dans le secteur TH comme
ailleurs:
3) les compétences des inspecteurs doivent être renforcées, leur effectif doit augmenter
dans les unités régionales de promotion du dialogue social et les moyens
d’intervention devraient être renforcés pour assurer efficacement leur mission de
proximité dans les bassins d’emplois régionaux.
Dans les faits, une part importante du licenciement dans le secteur TH n’est pas
protégée par le dispositif prévu par le Code du travail. En 2005, 89 pour cent des
licenciements collectifs ont échappé au droit car ils ont eu lieu en dehors de la Commission
de contrôle des licenciements (CCL). Il s’agit souvent de fermetures subites d’entreprises.
Tableau 55 bis. Effectif des travailleurs du secteur Textile-habillement licenciés en 2003 et 2005
24
Cette question est développée dans la troisième partie de ce rapport.
78 Externe-2007-04-0157-01.doc
3.4. Les accidents de travail et les maladies
professionnelles handicapent la compétitivité
socio-économique du secteur TH
L’ensemble des mesures prises dans ce domaine n’ont pas encore un écho favorable
dans le secteur TH car ce dernier accapare la part la plus importante des maladies
professionnelles: 29,7 pour cent, 29,3 pour cent et 31,7 pour cent, respectivement en 2003,
2004 et 2005. Par ailleurs, en termes d’accidents de travail et de journées de repos, les
indicateurs du secteur sont à la hausse entre 2003 et 2005. De ce fait, le coût des mauvaises
conditions de travail est croissant, ce qui risque alors de réduire la compétitivité
économique et sociale du secteur 26.
25
Décret no 559 du 30 mars 1990.
26
La mesure précise du coût des conditions de travail et de son impact sur la compétitivité du
secteur doit faire l’objet d’une étude particulière.
Externe-2007-04-0157-01.doc 79
Tableau 56. Comparaison des conditions de travail de la branche Textile-habillement
par rapport à l’ensemble des branches
Autres secteurs 99
Textile-habillement 187
Papier et impression 9
Industries électriques 7
Industrie du cuir 22
Carrières 16
Agricultue et pêche 5
80 Externe-2007-04-0157-01.doc
Chapitre 3. Impact du démantèlement
des accords multifibres
Après une période de forte croissance entre 1997 et 2001, la production du secteur TH
connaît en termes réels une quasi-stagnation entre 2001 et 2003 (environ 1 pour cent). Les
investissements ont subi une chute en 2002, après une croissance régulière entre 1997 et
2001. Durant les cinq premiers mois de 2005, l’indice de production indique une baisse de
5,7 pour cent, contre 1,7 pour cent en 2004 1.
250
200
150
100
50
0
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Source: FENATEX-UTICA.
La progression des exportations des dernières années ne reflète pas une amélioration
des positions concurrentielles, dans la mesure où elle découle essentiellement d’un effet de
change 2 . Evaluées en euros, les exportations tunisiennes ont chuté de 1,3 pour cent et
2,9 pour cent, respectivement en 2002 et 2003. Selon la Fédération nationale du textile et
de l’habillement (FENATEX), «la baisse notable de la croissance des exportations
tunisiennes n’est pas le seul résultat de la récession économique qu’ont connue les pays de
l’Union européenne, mais plutôt le signe avant-coureur d’une montée en puissance de
certains pays fournisseurs des pays de l’UE, en particulier la Chine» 3.
1
Ministère du Développement et de la Coopération, rapport annuel sur le développement en 2005,
résumé en arabe, juillet 2004.
2
FENATEX-UTICA, op. cit., p. 7.
3
FENATEX-UTICA, op. cit., p. 9.
Externe-2007-04-0157-01.doc 81
2. Le segment exportateur résiste à la crise
En comparant les huit premiers mois de 2004 et de 2005, trois marchés de taille
inégale ont enregistré une régression également inégale: l’exportation a baissé de 3 pour
cent au niveau du marché français, de 16 et 8 pour cent respectivement aux niveaux des
Etats-Unis et des Pays-Bas, dont le marché est de taille nettement inférieure au marché
français.
Tableau 58. Comparaison sur la valeur des exportations réalisées au cours des huit premiers mois
de 2005 par rapport à la même période de 2004 (en pourcentage)
Marchés en régression
Italie 5
Allemagne 2
Belgique 4
Royaume-Uni 11
Espagne 8
Suède 32
Source: CETTEX.
4
Voir P. Morand: La zone Euromed à la veille du démantèlement des quotas, conférence à la
rencontre franco-tunisienne des partenaires sociaux, Lille, juillet 2004.
82 Externe-2007-04-0157-01.doc
les confectionneurs tunisiens à utiliser les tissus turcs pour la fabrication de certains
produits et à les exporter vers l’UE. C’est une autorisation provisoire d’une année qui
permet à l’industrie tunisienne de continuer à résister à la concurrence asiatique en
exportant à droits nuls. Un nouveau protocole d’accord est en cours de préparation pour
instituer le «cumul diagonal Euromed».
Graphique 11. Part de marché de la Tunisie dans les importations d’habillement de l’UE en valeur
6,50%
6,00%
5,50%
5,00%
4,50%
4,00%
3,50%
3,00%
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Les sept groupes de produits du tableau ci-dessous représentent 71 pour cent des
exportations des vêtements et 64 pour cent des exportations du secteur. La lingerie, les
pantalons de ville et les tee-shirts ont subi fortement les effets de la crise durant la période
de janvier à août 2005. Toutefois, la montée en gamme pour certains produits a atténué
l’effet de la crise sur les exportations, comme le révèle, en partie, l’écart entre l’évolution
en volume et en valeur.
5
Le Centre de promotion de l’exportation (CEPEX) joue un rôle important dans la mise en œuvre
de cette politique.
Externe-2007-04-0157-01.doc 83
Tableau 59 bis. Evolution des exportations des principaux produits durant la période janvier-août
en 2004 et 2005
L’emploi dans le segment non exportateur est relativement le plus menacé par la
crise. Il regroupe environ 40 000 emplois dans les entreprises de taille supérieure à dix
emplois (voir graphique 12). La menace provient de la concurrence des produits asiatiques.
En effet, pour les catégories textile-habillement libéralisées, les prix unitaires des produits
asiatiques (Chine, Hong-kong, Taiwan) ont baissé de 20 pour cent en 2001-02 et de
17 pour cent en 2002-03 6. La menace concerne aussi les emplois des entreprises de taille
inférieure à dix emplois, appartenant souvent au secteur informel.
6
P. Morand, op. cit.
84 Externe-2007-04-0157-01.doc
Travail et l’Union générale tunisienne du travail, présente des propositions pertinentes
en vue d’améliorer l’efficacité et l’équité de la politique active du marché du travail
dans ce domaine 7.
Graphique 12. Répartition de l’emploi selon le caractère exportateur ou non de l’entreprise TH de taille
supérieure à dix emplois (2005)
40 170
169 830
Tableau 60. Evolution du nombre d’entreprises et de l’emploi entre 2004 et 2005 par sous-branche
du secteur Textile-habillement
7
UGTT-BIT: Le secteur Textile-habillement et le pari de la réinsertion professionnelle des
travailleurs, Tunis, juin 2005.
Externe-2007-04-0157-01.doc 85
de licenciement (CCL) en raison de la fermeture illégale des entreprises. L’effectif total
des entreprises concernées par le licenciement et les différentes formes de compression de
l’effectif des travailleurs est de 142, dont 96 ont eu une fermeture subite et illégale (voir
tableau 61).
Tableau 61. Licenciement et différentes formes de réduction de l’effectif des travailleurs dans le secteur
TH en 2005
Les opérations du dispositif doivent obéir à un cahier des charges qui définit la
qualité des services rendus aux travailleurs licenciés.
Ces opérations sont évaluées régulièrement selon les critères du cahier des charges.
8
UGTT-BIT, op. cit., p. 135.
86 Externe-2007-04-0157-01.doc
Graphique 13 Licenciement et différentes formes de réduction de l’effectif des travailleurs
dans le secteur TH en 2005
Chômage
technique
55%
Licenciement
30%
Externe-2007-04-0157-01.doc 87
PARTIE II
Trois caractéristiques ont conditionné les stratégies des entreprises pendant les trente
dernières années: l’accélération des innovations technologiques, l’exigence de mobilité et
l’insuffisance de rentabilité.
La révolution technologique des années cinquante et soixante avait introduit dans les
ateliers des techniques de production nouvelles et une organisation scientifique du travail
plus rigoureuse. Les procédés de fabrication vraiment révolutionnaires seront moins
nombreux pendant la période suivante mais les progrès beaucoup plus rapidement
généralisés: open-end et levée automatique en filature, métiers sans navette en tissage,
tufting en tapis, etc. La course à la productivité devient une obsession, car il faut à tout prix
réduire la part de main-d’œuvre dans le prix de revient. La vitesse des machines s’accroît:
de 300 à 600 coups par minute en laine, 1 000 en coton et en synthétique pour les métiers à
tisser, de 30 000 à 130 000 tours par minute pour les broches d’open-end avec des
développements de 200 mètres par minute au lieu de 50. Conduites pneumatiques,
convoyeurs et robots se substituent aux hommes pour les manutentions. L’informatique
envahit ateliers, laboratoires et bureaux. Les machines sont équipées de commande et de
contrôles électroniques qui enregistrent et analysent instantanément les productions, temps
de marche et incidents. La conception assistée par ordinateur se répand pour la création de
dessins en tissage, le patronage et l’optimisation de la découpe en confection, la sous-
traitance à distance.
La demande des consommateurs et des distributeurs se porte vers des produits plus
diversifiés avec des délais de livraison courts, ce qui réduit l’importance des lancements de
fabrication et la durée des cycles. En même temps que la pression sur les prix augmente, le
besoin de flexibilité et de réponse rapide s’accroît, rendant la production en série plus
difficile.
Externe-2007-04-0157-01.doc 91
Ces évolutions entraînent des changements dans l’organisation du travail et la
qualification requise pour le personnel 1. Il s’agit de la disparition ou de la forte diminution
du contact physique avec la matière, des manutentions, des interventions et de la charge
physique. La machine impose son rythme au travail infiniment plus que l’habileté
manuelle de l’opérateur.
La seconde mutation des trente dernières années, peut-être la plus importante, est la
mobilité dans le fonctionnement et dans l’actionnariat des entreprises. Elles portaient
souvent le nom de leurs fondateurs depuis des générations. Dirigeants, cadres et ouvriers y
entraient à la sortie de l’école pour y faire carrière, souvent à la suite de parents, frères ou
sœurs. Les ouvriers étaient attachés à leur métier. Les relations sociales répondaient au
modèle d’intégration. La fonction principale de l’entreprise était de fabriquer des produits
pour une clientèle déterminée et son ambition de maîtriser le processus de production
jusqu’en amont: approvisionnement en laine dans les pays producteurs, fabrication des
semi-produits, traitements de teinture et d’ennoblissement, parfois même conception et
construction des matériels.
Les dirigeants prennent conscience des rigidités qu’entraîne une organisation trop
intégrée et s’efforcent d’y remédier en se recentrant sur ce qui fait le cœur de leur métier et
en «externalisant» le plus possible les autres activités. Les entreprises intégrées
abandonnent les stades de production situés en amont, se séparant de leurs ateliers de
construction mécanique. Le recours à la sous-traitance et l’achat à l’extérieur se
développent quand la productivité interne n’est pas optimale pour les produits considérés
ou si les volumes ne justifient pas de lourds investissements. Ces évolutions permettent
d’alléger les stocks, d’étendre les collections et de satisfaire plus rapidement les demandes
des clients. Certains vont plus loin et se désengagent, en tout ou en partie, de la production.
Les entreprises qui se sont tournées fortement vers l’aval considèrent désormais la
fabrication comme une activité accessoire, voire un mal nécessaire strictement limité à ce
1
J.-C. Rabier: Changement technique et changement social, le cas de l’industrie textile, thèse de
doctorat ès lettres et sciences humaines présentée à l’USTI, en avril 1992, après une étude menée
dans 251 établissements textiles de la région et l’analyse en détail d’un millier de postes de travail
dans 26 d’entre eux.
92 Externe-2007-04-0157-01.doc
qui ne peut se sous-traiter à l’extérieur. D’autres situées en amont font aussi le choix
d’externaliser la production.
Une mobilité plus grande se constate au niveau du capital des entreprises. Celui-ci n’a
jamais été figé; il y a toujours eu des fusions, des scissions et des arrêts d’entreprises. Mais
la règle générale demeure le contrôle de l’entreprise par un actionnariat familial stable,
même dans les sociétés cotées en bourse. Les entreprises, dont le capital est contrôlé par
une famille, demeureront très largement majoritaires, mais le capital va devenir plus fluide,
la stabilité et les spécificités traditionnelles de l’actionnariat familial vont s’atténuer. Plus
nombreuses seront les entreprises faisant appel à des partenaires financiers ou industriels
minoritaires pour conforter leurs fonds propres, concrétiser une stratégie d’alliance ou
permettre à des actionnaires familiaux de mobiliser leur part de capital. De grands groupes
d’origine familiale passeront sous le contrôle de pools bancaires. L’ouverture du capital à
des tiers modifiera la relation entre les dirigeants et leurs actionnaires et administrateurs,
ces derniers ayant de plus grandes exigences en termes de contrôle et de rentabilité.
L’examen des stratégies menées par les entreprises au cours des trente dernières
années permet de dégager cinq catégories: créativité et différenciation des produits,
standardisation de la fabrication, priorité donnée à la distribution, diversification
industrielle et recherche d’alliances. On retrouve quatre de ces stratégies pendant le dernier
quart du siècle, mais leur contenu change et elles s’imbriquent davantage l’une dans l’autre
au sein de la même entreprise. Peu à peu, la stratégie de différenciation va s’imposer à
toutes les entreprises. La diversification dans d’autres activités industrielles disparaît
pratiquement de la panoplie des stratégies des entreprises textiles, non pas que le besoin
s’en fasse moins sentir, mais parce que le recentrage sur l’activité principale absorbe
2
Voir études annuelles de la Banque de France de Roubaix et de Lille.
3
Voir études annuelles de la Banque de France de Roubaix et de Lille.
Externe-2007-04-0157-01.doc 93
désormais tous leurs moyens humains et financiers. Voyant comment ont évolué les quatre
autres types de stratégies.
ii) La fabrication en grande série de produits standardisés est apparue longtemps comme
la réponse la plus adéquate à la concurrence des pays à bas salaires: l’automatisation
devait réduire la part du coût salarial dans la valeur ajoutée dans des proportions telles
que l’avantage de ces pays en matière de salaire serait compensé par une meilleure
productivité et par des délais et des frais d’acheminement inférieurs. C’est la stratégie
suivie particulièrement par les peignages de laine et les filatures de coton, dont les
produits sont très standardisés. Mais cette stratégie a montré ses limites au début des
années quatre-vingt-dix. Le choix de la spécialisation se justifiait dans un marché
large et stable. Or la demande s’étant fortement diversifiée, de nombreux clients
européens ont disparu et, par voie de conséquence, les quantités à produire sont
moindres, les séries plus courtes et l’alimentation des usines moins régulière. La
stratégie a également montré ses limites car les pays à bas salaires bénéficient de prêts
à taux bonifiés accordés par les institutions internationales et d’une extrême flexibilité
de la main-d’œuvre, y compris dans les pays ayant une législation du travail dite
«rigide» 4. La plupart des entreprises européennes qui ont appliqué cette stratégie ont
opté pour la délocalisation d’une partie de leur production.
iii) Le troisième type de stratégie adoptée par les entreprises est la recherche d’alliance
dans des formes qui se différencient. Les PME participent beaucoup plus souvent
qu’auparavant à des actions en commun ciblées sur des objectifs bien délimités et
fonctionnent en réseau, en menant par ailleurs leur stratégie propre et sans rechercher
un rapprochement durable conduisant à un abandon d’autonomie. L’alliance peut
également prendre la forme de fusions.
4
Le droit du travail et le droit conventionnel ne sont pas toujours appliqués.
94 Externe-2007-04-0157-01.doc
l’Europe – Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni et pays scandinaves –, dont l’industrie
textile a souffert plus tôt et plus profondément qu’en France. C’est grâce à des salaires
sensiblement inférieurs aux salaires en France que l’Espagne, la Grèce et le Portugal ont
tiré avantage de leur intégration dans l’Europe et de la mondialisation. La Belgique et
l’Italie ont mieux résisté que d’autre à la crise. Dans les deux cas, il s’agit de régions qui
avaient un retard industriel après la seconde guerre mondiale et dans lesquelles entreprises
et pouvoirs publics se sont mobilisés pour le rattraper.
Du côté italien, un patronat renouvelé par l’arrivée d’anciens cadres et ouvriers ayant
créé leur propre affaire dirige de très nombreuses petites entreprises. Les relations sociales
sont simples et directes avec un personnel souple et mobile. Clients, fournisseurs et sous-
traitants entretiennent une forte complicité entre eux et privilégient les fournisseurs
nationaux dans un maillage serré d’entreprises de production et de constructeurs de
matériels 6. La distribution concentrée ne détenant que 30 pour cent de part de marché, les
magasins de détail ont pu se maintenir nombreux. De ce fait, les confectionneurs et les
bonnetiers ont pu continuer à présenter une offre étendue de produits de moyenne et haute
gamme sur leur marché intérieur et, par la suite, à l’exportation. Les qualités de créativité
et de mode des italiens, universellement reconnues, les y ont aidés. Les industries du textile
situées en amont ont participé à leur développement et soutenu des marques importantes de
prêt-à-porter. L’Etat et les administrations ont toujours considéré que le textile et
l’habillement étaient les principaux supports de l’économie et du commerce extérieur. De
ce fait, plusieurs avantages ont été accordés au secteur.
5
Voir P. Wallaert: Situation comparative emploi-salaires Belgique/France, GRIT, 1990.
6
Voir études de la CEGOS réalisées à la demande du Comité central de la laine au cours des années
quatre-vingt.
Externe-2007-04-0157-01.doc 95
nécessaires. La forte concentration mono-industrielle n’a favorisé ni la rénovation du tissu
industriel ni un renouvellement important des dirigeants. Les syndicats majoritaires et
l’environnement local étaient, à des degrés divers, imprégnés d’idéologies contestataires
ou de fortes réserves vis-à-vis de l’économie libérale. On peut ajouter encore la forte
pression de la grande distribution qui a favorisé les importations et poussé à la
standardisation et à l’appauvrissement de l’offre nationale de produits, puis à la disparition
de beaucoup de confectionneurs. Enfin, la tradition centralisatrice et interventionniste de
l’Etat, le poids des prélèvements obligatoires et les contrôles tatillons des administrations
ont aussi constitué des handicaps. En dépit de leurs encouragements verbaux, «les pouvoirs
publics ont souvent donné l’impression de brader l’industrie textile au profit des Airbus ou
des centrales nucléaires» 7.
Dans une période de mutation rapide et profonde qui réclame mobilité, réactivité et
conjonction des efforts, tous ces facteurs ont certainement freiné l’adaptation de l’outil
industriel français au nouveau contexte économique né de la mondialisation et retardé les
prises de décisions 8.
Aménager le temps de travail, adapter les effectifs et relever les qualifications, tels
ont été les principaux axes d’action des entreprises dans la gestion des emplois pendant ces
trente dernières années.
7
Voir J. Bonte: Patrons textiles, un siècle de conduite des entreprises textiles à Roubaix-Tourcoing,
1900-2000, édition La Voix du Nord, Lille, 2002.
8
J. Bonte, op. cit.
96 Externe-2007-04-0157-01.doc
3.2. Gérer les sureffectifs
Cette préoccupation relative aux salariés privés d’emplois rejoint le souci plus général
de la montée en qualification de l’ensemble du personnel pour répondre à la transformation
des organisations et des métiers. L’Europe dispose d’une panoplie complète, sans doute
unique, de 35 établissements dispensant un enseignement textile, situés essentiellement en
France. La formation initiale et continue est devenue un terrain de consensus et de
coopération entre le patronat et les syndicats.
Le PRTH traduit l’idée que la crise peut être une opportunité pour la mobilisation de
tous les acteurs d’un territoire autour d’un objectif stratégique commun. Le dialogue est
une voie incontournable pour relever ce défi. Le plan est né d’une réflexion commune et
d’une volonté partagée 9:
9
Voir Plan régional textile-habillement: Ici, le textile a de l’audace! Nord–Pas-de-Calais.
Externe-2007-04-0157-01.doc 97
– de conforter la recherche, l’innovation et l’appropriation des techniques nouvelles
(technologies de l’information et de la communication, veille technologique);
Le PRTH agit au niveau de chaque entreprise, en lui proposant une palette d’outils
pour l’accompagner dans son développement individuel, au niveau de l’organisation de la
filière régionale, en encourageant les pratiques coopératives, et au niveau du territoire, en
soutenant des projets qui renforcent l’attractivité de la région textile.
Le plan s’appuie sur des outils adaptés aux attentes des acteurs et aux objectifs fixés.
L’opération «NORTEX Stratégie» est un programme qui aide les entreprises à définir leur
stratégie, les accompagne d’une manière personnalisée avec le soutien d’un cabinet et
donne une formation aux chefs d’entreprise pour développer leurs compétences 10 .
L’opération «NORTEX Formation» est un programme qui aide les entreprises à définir et
mettre en œuvre un plan de formation des salariés adapté à la stratégie de l’entreprise.
Enfin, l’opération «GISTEX» 11 facilite l’accès à des informations dites «stratégiques»:
qu’est-ce que l’intelligence économique? Que peut-elle apporter à l’entreprise et à son
développement? Quelle organisation adopter pour utiliser au mieux ces informations?
– impulser la mise en œuvre d’actions de formation en adéquation avec les besoins des
entreprises dans le cadre du développement de la filière textile-habillement-cuirs;
10
E. Mezin, délégué général de l’URIC Nord anime les partenaires qui ont mis au point le
programme de formation et d’accompagnement des chefs d’entreprise.
11
GIS pour «Gestion de l’information stratégique».
98 Externe-2007-04-0157-01.doc
– favoriser l’insertion des jeunes en contrat d’alternance.
Le PMQ est une démarche qui implique totalement l’entreprise tout au long du
processus, et en particulier l’encadrement. Le FORTHAC assure son appui technique et
financier aux entreprises qui mettent en place des PMQ.
Un observatoire des métiers du secteur est mis en place. Il est fondé sur une base de
données relative à l’emploi et la formation et des études et analyses prospectives.
Pour répondre aux préoccupations exprimées par les élus et les partenaires sociaux
suite aux fermetures des usines tant dans le secteur TH que dans d’autres secteurs, le
Service public de l’emploi mobilise son offre de service dans un dispositif d’appui à la
reconversion et au reclassement sur la métropole lilloise (ARRMEL). L’action de ce
dispositif est fondée sur un diagnostic de la situation des salariés licenciés. A chaque
situation correspond une mesure particulière. On distingue alors:
12
Voir FORTHAC: Le parcours modulaire qualifiant, la qualification des opérateurs des industries
du textile-habillement.
Externe-2007-04-0157-01.doc 99
c) les salariés en incapacité temporaire; et
Des outils pour l’emploi sont mobilisés au service des quatre catégories de salariés
licenciés. Des cabinets privés ont été créés en France pour se spécialiser dans le
reclassement et la reconversion des salariés licenciés dans le cadre des plans sociaux. Leur
intervention ne semble pas efficace, dans la mesure où ils n’ont assuré le reclassement que
de 53 pour cent des salariés en 2002, contre 54 pour cent en 2001 13 . Les syndicats
revendiquent de les soumettre à une labellisation sévère.
13
Voir P. Robes: Les prédateurs du reclassement, Journal Marseille solidaire, 29 fév. 2004.
100 Externe-2007-04-0157-01.doc
Chapitre 5. Le projet de construction d’un «espace
euroméditerranéen»: une réponse
au démantèlement des accords multifibres
L’intégration industrielle existante à l’échelle euroméditerranéenne doit faire face à
court terme à deux chocs concurrentiels: le démantèlement de l’accord ATV et l’adhésion
de la Chine à l’OMC. Ces deux chocs entraîneront inéluctablement une concurrence
exacerbée et affecteront l’architecture existante des marchés. Si l’interdépendance
industrielle euroméditerranéenne est forte, elle ne saurait néanmoins passer ce prochain cap
sans une amélioration de sa compétitivité, et sans la consolidation d’un véritable espace
paneuroméditerranéen (qu’il s’agisse de règles d’origines, de normes industrielles ou de
coûts de transport) visant à favoriser l’avantage comparatif régional.
L’Asie assurait 60 pour cent des exportations des pays non OCDE en 1967, sa part est
passée par un maximum de 85 pour cent en 1988 pour revenir à 63 pour cent en 1998 (et
augmenter légèrement depuis). Le rééquilibrage entre l’Asie et les autres régions du Sud
traduit le resserrement des relations commerciales entre les marchés des pays
industrialisés et leurs périphéries respectives. Ce processus est particulièrement évident
dans le cas de l’Amérique du Nord où l’Initiative des Caraïbes et la création de l’ALENA
ont ramené la place de l’Asie de 82 pour cent (1980) à 40 pour cent (2000) des
importations américaines d’habillement. Comblant les vœux de l’Association américaine
Externe-2007-04-0157-01.doc 101
du textile qui avait milité pour l’ALENA, le Mexique a supplanté la Chine pour devenir le
premier fournisseur des Etats-Unis (l’industrie textile américaine s’est massivement
délocalisée au Mexique). La régionalisation des échanges, qui est également perceptible en
Asie autour du Japon, est moins affirmée dans le cas de l’Union européenne (UE) où la
moitié des importations provient d’Asie.
– la généralisation du «circuit court» pour les articles «mode» qui offre une prime aux
fabricants proches des lieux de consommation capables de répondre en moins de dix
jours à une commande de réassortiment;
– les distorsions créées par les accords régionaux qui favorisent les zones périphériques
(Caraïbes, Mexique, pays méditerranéens et PECO) au détriment des pays asiatiques
dont les exportations sont contingentées.
102 Externe-2007-04-0157-01.doc
Graphique 14. Salaires horaires minima en mars 2004 (en euros)
8 7,19
7
6
5
4
3
2 1,2
0,81 0,66
1 0,5 0,35 0,25 0,22
0
France Turquie Maroc Tunisie Roumanie Ukraine Chine Inde
L’écart en termes de coût-minute rend mieux compte des coûts de production car
cette notion intègre les coûts d’exploitation (salaires et charges, énergie, amortissements,
matières, etc.) rapportés à la minute de travail offerte à la main-d’œuvre directe. Dans les
années à venir, la montée des exigences pour un commerce éthique ou équitable est
susceptible de freiner la surenchère aux plus bas salaires. Cette évolution pourrait être à
l’avantage des pays méditerranéens les plus respectueux des droits sociaux.
Graphique 15. Coût-minute dans l’industrie de l’habillement (base indice 100 en Turquie)
Bangladesh 25
Chine 28
Viet Nam 30
Ukraine 33
Inde 40
Bulgarie 44
Roumanie 50
Tunisie 78
Egypte 83
Maroc 89
Turquie 100
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Externe-2007-04-0157-01.doc 103
2.2. Proximité
Mais la proximité est une notion relative: les articles de moyenne gamme
«supportent» le surcoût du transport aérien, aussi le circuit court peut s’organiser à grande
distance. La proximité géographique du marché est plus importante pour la conception et
le marketing que pour la production. L’avantage de proximité des pays méditerranéens (et
des PECO) pourrait ne pas résister à la libéralisation des échanges. Ainsi, selon
l’Association des industries de l’habillement de la province de Canton – qui a exporté pour
10 milliards de dollars d’articles en 2000 –, 10 pour cent de ses exportations se font d’ores
et déjà en circuit court. Il n’en demeure pas moins que, pour des raisons de qualité de vie,
un donneur d’ordre peut préférer sous-traiter (et donc séjourner assez régulièrement) dans
un pays proche culturellement et géographiquement de l’UE.
Les avantages organisationnels des districts industriels (le modèle du Prato) ont
longtemps permis à l’industrie italienne de la confection de résister à la concurrence
asiatique. L’industrie turque bénéficie des mêmes avantages qui, à quelques exceptions
près (Ksar Hellal en Tunisie, Fès au Maroc), ne semblent pas jouer un rôle important dans
les autres pays.
104 Externe-2007-04-0157-01.doc
2.4. La taille des entreprises
Dans les pays méditerranéens comme partout ailleurs, le TH s’appuie surtout sur un
réseau de PMI. Une caractéristique qui n’est pas exclusive de l’existence de grands
groupes. Au niveau mondial, le classement des 300 plus grandes entreprises mondiales de
TH comprend 102 entreprises des pays du Sud, dont 64 originaires d’Asie et 24 des pays
méditerranéens, dont 19 de Turquie, deux d’Egypte, deux d’Israël et un de République
arabe syrienne. Parmi les entreprises méditerranéennes, la plus grande est Sahinler fondée
par un Turc résidant en Allemagne (voir tableau ci-dessous). Oriental Weavers, créée en
1988, regroupe 17 entreprises (dont une entreprise de distribution aux Etats-Unis), domine
le marché égyptien du tapis et exporte près de la moitié de sa production. L’entreprise
israélienne Delta est présente en Egypte, en Jordanie et en Turquie, et elle a racheté des
usines en Asie et dans les Caraïbes. Aucune entreprise marocaine ou tunisienne (et des
PECO) ne figure dans ce classement mondial. En Turquie, 99 entreprises de textile se
classent parmi les 500 premières entreprises turques et réalisent un chiffre d’affaires de
5 milliards de dollars. Les grands groupes marocains sont très peu présents dans le TH. Les
groupes tunisiens de taille plus petite sont surtout présents dans l’habillement.
Tableau 61. Achats d’équipement: tissage, filature, tricotage (en milliers d’unités)
Externe-2007-04-0157-01.doc 105
Tableau 62. Les entreprises des pays méditerranéens parmi les 300 premières mondiales
La Tunisie est le seul pays de la région qui dispose d’un véritable guichet unique pour
l’investissement étranger; sa politique d’accueil des IDE (et les exemptions fiscales
accordées pendant dix ans) lui a permis de valoriser son avantage de proximité auprès des
investisseurs. En mars 2004, les entreprises, dont le capital est 100 pour cent étrangers ou
mixtes, représentent 45 pour cent des entreprises du secteur 1.
1
Voir FENATEX-UTICA: L’avenir du secteur Textile-habillement après 2005, juin 2004,
documents de travail.
106 Externe-2007-04-0157-01.doc
Graphique 16. Nationalité du capital des entreprises du secteur TH en Tunisie (2004)
capital 100%
étranger
39%
capital 100%
tunisien
55%
capitaux mixtes
6%
Une industrie réussit d’autant mieux à l’exportation qu’elle peut séduire des
consommateurs exigeants sur son propre marché. C’est moins la taille de leurs marchés
que leur sophistication qui permet aux pays asiatiques de créer leurs propres collections.
La Turquie et Israël qui ont ouvert leur marché à la concurrence, se situent dans une
situation un peu analogue. Ailleurs les marchés domestiques, étroits et protégés, ne sont
pas un atout (et l’absence d’échanges régionaux est un handicap supplémentaire). La
concurrence étrangère est le fait des articles de seconde main (les ventes de fripe sont assez
développées en Egypte et en Tunisie) ou de contrebande. La notion d’exportation peut être
trompeuse. Les entreprises engagées dans des activités de perfectionnement passif
n’exportent pas des produits mais elles vendent un «service industriel» qui se mesure en
coûts minutes. Dans ces conditions, la recherche de nouveaux marchés ne consiste pas à
prospecter des débouchés mais à convaincre de nouveaux donneurs d’ordre. Cette nuance
est à prendre en compte lorsque l’on estime les effets de la consolidation d’un véritable
espace paneuroméditerranéen.
Les exportations des pays méditerranéens se concentrent sur une poignée de pays
européens. La mesure de l’intensité des relations montre que les exportations de la Tunisie
et du Maroc sont fortement polarisées sur la France et l’Italie. Les pays méditerranéens
sont absents des marchés européens les plus dynamiques (en dix ans, la consommation
mesurée en euros a augmenté de 88 pour cent au Royaume-Uni). A l’exception de l’Egypte
et de la Turquie, les pays méditerranéens n’ont pas percé sur le marché américain. A plus
long terme, le tropisme européen du textile méditerranéen peut représenter un handicap.
Au cours des dix dernières années, la consommation européenne per capita, mesurée en
euros, a augmenté de 21 pour cent. Mais, vieillissement aidant, l’UE sera la région où la
consommation sera la moins dynamique. L’enjeu commercial des décennies à venir sera
d’habiller la classe moyenne des grands pays émergents.
Externe-2007-04-0157-01.doc 107
l’Egypte sont assez engagées dans l’exportation de produits dits sensibles (c’est le cas des
tee-shirts) qui seront les plus menacés par la concurrence asiatique après la libéralisation
des échanges. L’analyse des postes TH figurant parmi les trente premières exportations (à
six chiffres) des pays méditerranéens montre qu’ils sont en concurrence directe sur six
postes pour lesquels ils occupent des parts de marché mondial comprise entre 5 et 10 pour
cent. La croissance des débouchés mondiaux de ces postes a été assez soutenue entre 1995
et 1999. L’un des postes les plus importants (tee-shirts) est aussi l’un des plus exposé à la
concurrence.
La Tunisie est le seul pays de la région où l’Etat a engagé actuellement une stratégie
industrielle dans le TH qui a été élaborée en étroite collaboration avec la profession 4.
2
Voir J.-F. Limantour: L’avenir du secteur tunisien Textile-habillement après 2005, Actes de la
journée organisée par la FENATEX-UTICA, 5 juin 2004, p. 27.
3
J.-F. Limantour, op. cit.
4
Voir Fédération nationale du textile (UICA): L’avenir du secteur Textile-habillement après 2005,
Tunis, 5 juin 2004, documents de travail.
108 Externe-2007-04-0157-01.doc
3.1. Le concept euroméditerranéen ne s’applique pas
à tous les pays européens
L’UE est le principal débouché des exportations TH des pays méditerranéens (et des
PECO). Toutefois, entre 1990 et 2000, la part des exportations des pays méditerranéens
dans les importations extracommunautaires d’habillement a progressé plus lentement que
la part des exportations chinoises (alors que la Chine était soumise à quotas). La moyenne
européenne masque des situations très contrastées selon les pays. Le Royaume-Uni, les
Pays-Bas et l’Espagne importent proportionnellement plus d’Asie, l’Italie et l’Allemagne
davantage des PECO. Les pays les plus ouverts aux pays méditerranéens sont la France,
l’Allemagne, la Belgique et l’Espagne. Dans ces conditions, pour les autres pays
européens, le concept euroméditerranéen reste assez théorique.
Pour la Tunisie, les pays les plus ouverts à sa production sont: la France, l’Italie,
l’Allemagne et la Belgique (voir graphique ci-dessous sur les marchés d’accès du secteur
TH). L’ouverture de l’Espagne aux pays méditerranéens devrait s’ajouter à cet espace de
consommation favorable à la production tunisienne.
Autres 144,6
Suède 10,9
Malte 16,3
Etats-Unis 33,1
Espagne 151,6
Royaume-Uni 176,1
Pays-Bas 174,8
Belgique 275,4
Allemagne 474,4
Italie 1 191,0
France 1 830,9
Externe-2007-04-0157-01.doc 109
3.2. L’initiative des partenaires sociaux français pour
la construction d’un espace euroméditerranéen
Les mutations industrielles font parfois peur aux salariés et aux organisations
syndicales parce qu’à l’expérience, elles se font souvent dans l’urgence. Pour que le
processus s’inverse, il est nécessaire de privilégier un nouveau type de rapports assis sur
des règles de confiance, de transparence, de tolérance et d’efficacité, visant à aboutir à des
résultats concrets.
Les mutations nationales ne peuvent s’appréhender sans une vision européenne. Pour
aller de l’avant, sur l’économique et le social, d’un même mouvement, il faut une volonté
politique pour traiter en même temps les problèmes liés à la compétitivité, à
l’environnement, aux accords commerciaux, au social. Ce dernier a souvent été géré en
termes de conséquences et de réparations, alors qu’il doit l’être en termes de transition.
5
Déclaration de principe des partenaires sociaux sur le textile et la mondialisation, texte définitif,
mai 2004.
110 Externe-2007-04-0157-01.doc
L’espace euroméditerranéen à construire doit intégrer l’économique et le social 6 .
L’espace économique est une zone qui serait caractérisée par:
iii) la «fluidification» de la zone par des règles d’origine adaptées au secteur TH.
Cet espace ne sera viable que si le taux de change de l’euro par rapport au dollar et aux
monnaies asiatiques liées au dollar permet de maintenir la compétitivité des produits issus
de la zone.
La branche est un lieu majeur pour la construction d’une nouvelle étape du dialogue
social – au plan national et européen –, pour partager des analyses, une vision économique
et sociale, proposer des solutions opérationnelles.
6
Rappelons ici que l’on appelle espace euroméditerranéen l’ensemble constitué par l’Europe et les
pays du pourtour méditerranéen, espace paneuropéen l’ensemble constitué par l’Europe et les pays
d’Europe centrale et orientale (dont les contours sont donc modifiés suite à l’élargissement de
l’Europe). espace paneuroméditerranéen, l’ensemble constitué par l’Europe, les PPM (pays du
pourtour méditerranéen) et les PECO (pays d’Europe centrale et orientale).
Externe-2007-04-0157-01.doc 111
Résumé des propositions pour l’avenir des industries textiles
Déclaration des partenaires sociaux français (mai 2004)
Nous devons rappeler sans cesse que l’objectif à atteindre dans les négociations de l’OMC est l’équité
et la réciprocité dans les conditions d’accès aux marchés mondiaux. Il faut que l’Europe recoure, chaque fois
que nécessaire, aux instruments de défense commerciale (clauses de sauvegarde, anti-dumping,
antisubventions).
Nous devons mettre en place un observatoire européen permanent de la mondialisation, et en priorité
sur la Chine pour veiller aux conditions dans lesquelles la Chine met en œuvre l’accord de son adhésion à
l’OMC et s’assurer de nos propres conditions d’accès au marché chinois.
Nous devons dénoncer la volatilité, dangereuse pour nos entreprises en France comme dans
l’Euroland, du taux de change de l’euro par rapport au dollar et aux monnaies asiatiques liées au dollar.
Nous devons obtenir une meilleure utilisation des fonds structurels européens dès 2004 pour
accompagner les mutations du secteur et étudier avec la Banque Européenne d’Investissement les voies et
moyens d’améliorer les conditions d’accès de nos PME au financement de leur développement.
Nous devons encourager l’investissement matériel et immatériel. Les pouvoirs publics français doivent
poursuivre les réformes fiscales, la fiscalité actuelle pénalisant lourdement les entreprises industrielles et
améliore, dans le domaine de l’innovation et de la création, le dispositif du crédit impôt-recherche.
Il convient, en Europe et dans le reste du monde, de combattre la contrefaçon et le piratage des
marques, dessins et modèles textiles.
Nous devons enrichir et approfondir le dialogue avec les partenaires sociaux de nos industries, tant en
Europe qu’en France, tant au plan de la branche, que des régions et des entreprises, afin de trouver les
voies d’une prise en compte réelle des conséquences sociales des mutations industrielles.
Nous devons également développer en concertation avec les organisations syndicales, au sein
notamment du FORTHAC; des programmes de formation ciblés sur les salariés car la formation développe
l’employabilité et accroît les chances de promotion des salariés (formations qualifiantes, nouvelles
compétences). Nous devons aussi développer la formation des entrepreneurs et des équipes des PME:
vision stratégique, réseaux électroniques.
Enfin, nous devons mettre en synergie, au bénéfice de nos PME, les importantes ressources que
constituent en France les écoles d’ingénieurs et de style, l’Institut Française de la Mode (IFM), l’Institut
Français du Textile et de l’Habillement (IFTH) et le réseau d’innovation industriel du textile-habillement
(R2ith), et renforcer de façon générale en Europe et dans la zone Euromed les synergies entre
enseignement, recherche et création.
– à réorienter les fonds structurels européens pour assurer aux salariés et aux entreprises
des différents pays de la zone Euromed, de la formation pour des emplois durables et
à valoriser l’exploitation de ces fonds à travers la mise en œuvre des projets de
coopération;
112 Externe-2007-04-0157-01.doc
– à rendre éligible et favoriser l’approche sectorielle, fondée sur la logique partenariale
entre les Fédérations de la branche pour l’attribution des fonds;
– à mettre en place, avec les institutions européennes, un Observatoire sur les effets de
la mondialisation, à engager un processus sur les respects et l’application des normes
fondamentales du travail reconnu par le BIT;
La construction d’un espace euroméditerranéen fondé sur une division du travail qui
garantie les intérêts de tous les pays de cet espace en réduisant la concurrence entre eux se
heurte à des obstacles. L’étude des structures et intensité des échanges commerciaux dans
le secteur TH montre que plusieurs éléments fragilisent la complémentarité Nord-Sud 7:
Les déclarations des partenaires sociaux français et leurs homologues tunisiens visent
clairement la promotion d’un label éthique dans l’espace euroméditerranéen textile-
7
P. Morand, op. cit.
8
Ministère du Développement et de la Coopération internationale, rapport annuel sur le
développement en 2005, résumé en arabe, Tunis, juillet 2005.
Externe-2007-04-0157-01.doc 113
habillement. Cet objectif renvoie au débat international sur le commerce et les normes
fondamentales du travail. Les partenaires sociaux dans le secteur TH posent ainsi la
question du commerce international et des normes du travail. Depuis la conclusion du
Cycle d’Uruguay en avril 1994, cette question est passée au premier plan des
préoccupations gouvernementales; le grand défi à relever consiste en effet à maintenir les
marchés ouverts, tout en réduisant l’exclusion.
Le débat sur la scène internationale s’est focalisé sur certaines normes du travail qui
touchent aux droits de l’homme. Certaines normes du travail, estime-t-on, sont le reflet des
droits fondamentaux de l’être humain et tous les pays du monde devraient donc les
respecter. «Les droits fondamentaux ne sont pas fondamentaux parce que la Déclaration le
dit, mais la Déclaration le dit parce qu’ils le sont 9.»
Les avis divergent nettement sur les moyens de promouvoir ces normes du travail.
Certains estiment que la communauté internationale devrait faire pression sur les pays qui
ne les respectent pas, en ayant recours éventuellement à des sanctions commerciales en
dernier ressort. D’autres ne sont toujours pas convaincus de la nécessité de mettre en place
à cette fin de nouveaux mécanismes internationaux s’ajoutant à ceux qui existent déjà dans
le cadre de l’OIT et craignent que la défense des droits de l’homme ne soit mise au service
d’intérêts protectionnistes.
– examen des moyens d’action à la disposition de l’OIT pour promouvoir les normes
fondamentales.
Les travaux du groupe de travail ont permis une prise de conscience progressive de l’enjeu
social de la globalisation à travers l’ouverture des marchés pour l’OIT. Cet enjeu n’est pas
9
OIT: Examen d’une éventuelle Déclaration de principes de l’Organisation internationale du
Travail relative aux droits fondamentaux et de son mécanisme de suivi approprié, Conférence
internationale du Travail, 86e session, Genève, juin 1998, rapport VII, signification générale de la
Déclaration de principes de l’OIT sur les droits fondamentaux.
114 Externe-2007-04-0157-01.doc
de remédier aux distorsions que la différence des niveaux de protection suscite pour le
commerce international, mais de veiller à ce que le progrès économique engendré par la
libéralisation se traduise concrètement en termes de progrès social.
Mars 1995. Sommet mondial pour le développement social, organisé par les Nations
Unies à Copenhague. Ce sommet aura contribué à mettre «sous surveillance» les politiques
d’ajustement structurel, critiquées pour leurs conséquences sociales. La Déclaration de
Copenhague et son plan d’action stipulent que les programmes du FMI et de la Banque
mondiale devront désormais intégrer des objectifs sociaux. Ils appellent à instaurer des
«filets de sécurité» sociaux et invitent les institutions de Bretton Woods à mieux
coordonner leurs programmes avec les actions de développement. Trois documents des
Nations Unies (le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, le
Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention sur les droits de
l’enfant) contiennent des dispositions détaillées en matière de normes fondamentales du
travail: elles ont été ratifiées par plus de 120 pays.
Externe-2007-04-0157-01.doc 115
ont pu être dégagés et affirmés. De plus, la déclaration ministérielle laisse ouverte la
possibilité de poursuivre le débat au sein de l’OMC. Celle-ci reste saisie puisque les
secrétariats de l’OIT et de l’OMC sont appelés à continuer à collaborer.
Mars 1998. L’Union européenne a introduit une clause incitative, dans le cadre du
système de préférences généralisées. Il s’agit de faire bénéficier d’un bonus douanier les
pays qui respecteraient les normes sociales minimales telles qu’elles ont été définies par
l’OIT.
Mai 1998. L’OIT adopte la Déclaration sur les droits et principes fondamentaux de
l’homme au travail et présente un projet de convention sur les formes les plus intolérables
du travail des enfants.
En juin 1998, a été adoptée la Déclaration de l’OIT relative aux principes et droits
fondamentaux au travail, qui énonce succinctement quatre grands principes, oblige les
Etats Membres de l’OIT à les respecter et souligne que les normes du travail ne doivent
pas être utilisées à des fins protectionnistes. Aux termes de cette Déclaration, ces droits et
principes comprennent:
116 Externe-2007-04-0157-01.doc
4.2.2. L’Organisation mondiale du commerce (OMC)
L’intention d’introduire des clauses sociales dans les accords commerciaux figurait
dans les projets, mort-nés, de l’Organisation internationale du commerce de 1947. Reprise
par certains pays, comme les Etats-Unis et la France, au cours des négociations du Cycle
d’Uruguay, elle avorta au dernier moment en 1994, du fait de la vive opposition de
certaines délégations. En effet, le résultat final des négociations commerciales du Cycle
d’Uruguay ne comporte aucune référence aux normes sociales fondamentales.
Il y a plusieurs années que l’OCDE, sous différents angles, aborde le thème des
aspects sociaux des relations économiques internationales. D’ailleurs, parmi les valeurs qui
fondent officiellement l’Organisation figurent la «démocratie pluraliste» (y compris le
droit d’association professionnelle) et le respect des droits de l’homme au travail. Par
ailleurs, les principes directeurs «recommandent» aux entreprises multinationales de
respecter les normes sociales fondamentales et de ne pas utiliser l’argument de l’emploi
pour faire accepter aux travailleurs concernés une diminution de leurs droits sociaux liée à
un investissement étranger. L’OCDE a publié un rapport approfondi sur «les échanges et
les normes de travail» qui:
– identifie les normes sociales de base retenues par les pays membres de l’OCDE;
– étudie les liens existants entre l’application de ces normes et la libéralisation des
échanges, l’investissement étranger, le développement et l’emploi;
Externe-2007-04-0157-01.doc 117
4.2.4. L’Organisation des Nations Unies (ONU)
L’ONU a élaboré de nombreux textes, pour la plupart adoptés à une très large
majorité, concernant les droits de l’homme, y compris leur traduction dans le domaine
économique et social. On peut citer à cet égard:
– les deux pactes de 1966, relatifs l’un aux droits économiques, sociaux et culturels
(ratifié par 131 pays) et l’autre aux droits civils et politiques (ratifié par 129 pays);
Il n’est guère possible de connaître avec précision le degré d’application concrète de ces
textes, très proches des conventions de base de l’OIT. Au Sommet social mondial de
Copenhague de mars 1995, l’engagement no 3 de la Déclaration et le chapitre III du
programme d’action qui ont été adoptés visent directement la définition et la promotion des
droits des travailleurs dans le contexte mondial.
Le Parlement européen demanda, dès 1983, de «voir imposer à tous les pays membres
du GATT le respect des conventions de l’OIT» concernant les normes minimales et
renouvela sa demande en 1986, et plus récemment le 11 novembre 1998. Le 9 février
1994, il adoptait une résolution établie à partir du rapport d’André Sainjon, se prononçant
très clairement en faveur de l’introduction de clauses sociales dans le système commercial
mondial. Dans son projet de résolution, présenté en novembre 1998, la Commission des
relations économiques extérieures du Parlement européen:
– insiste pour que ces liens ne soient pas de simples rencontres d’information et
demande que, à terme, tout pays membre de l’OMC ait ratifié la Déclaration de l’OIT
relative aux principes et droits fondamentaux au travail;
– souhaite que cette question soit traitée lors de l’élaboration d’un document commun
entre les deux organisations;
118 Externe-2007-04-0157-01.doc
relative aux principes et droits fondamentaux au travail, qui pourrait être ratifié
librement par des multinationales européennes;
– souhaite la mise en place d’une initiative européenne visant à lutter contre le travail
des enfants dans les pays concernés et qui aide ces pays en permettant l’octroi d’une
allocation de substitution aux familles des enfants contraints au travail forcé destinée
à leur scolarisation.
– s’accorder sur quelques règles simples en ce qui concerne leur contenu et leur mise en
œuvre pour assurer la protection des droits fondamentaux de l’homme au travail et de
la dimension sociale, prendre les normes internationales de l’OIT comme instrument
de référence et établir un lien entre les mécanismes de l’OIT et de l’OMC.
Des relations de travail de qualité peuvent contribuer à créer des conditions propices à
l’innovation, à l’amélioration de la qualité de l’emploi et de la compétitivité. Investir dans
la qualité de l’emploi en termes de santé et de sécurité sur le lieu de travail, offrir un accès
approprié à la formation et au développement des qualifications à toutes les catégories
d’âge et de bonnes conditions de travail pour garder et attirer le personnel sont autant
d’éléments importants dans l’approche du défi de la gestion des mutations. Des
organisations de travail hautement performantes sont mises en place au travers d’accords
10
Voir Commission des communautés européennes: Partenariat pour le changement dans une
Europe élargie – Renforcer la contribution du dialogue social européen, communication de la
commission COM(2004)557 final, Bruxelles, août 2004.
Externe-2007-04-0157-01.doc 119
conclus entre direction et personnel, et la meilleure façon d’aboutir à ces accords est la
négociation et la collaboration au niveau de l’entreprise 11.
Ce sont les Etats-Unis qui se sont engagés les premiers et le plus vigoureusement sur
la voie de la «conditionnalité sociale». Depuis 1983, ils l’ont introduite dans quatre
principaux textes de loi portant respectivement sur les thèmes ci-dessous:
La société pour les investissements privés outre-mer (OPIC). Suite à une pression
de l’AFL-CIO, cet organisme public s’était vu imposer l’obligation de vérifier, avant
d’accorder ses financements ou ses garanties, l’application locale des normes sociales
internationales.
La loi générale sur le commerce et la concurrence de 1988. Cette loi qui définissait
les objectifs des négociateurs américains au GATT disposait, entre autres, que «le
refus des droits des travailleurs ne saurait permettre à un pays ou à l’un de ses
industriels d’acquérir un avantage de concurrence dans le commerce international».
Par ailleurs, la section 301 du Trade Act. autorise le Président à «utiliser des moyens
réalistes pour assurer l’observation d’un code international de normes du travail».
Le progrès social n’est plus l’affaire exclusive des Etats. En nombre croissant, les
entreprises se préoccupent des répercussions sociales ou environnementales de leur action;
11
COM(2004), op. cit.
120 Externe-2007-04-0157-01.doc
les consommateurs sont également de plus en plus conscients des responsabilités qui leur
reviennent à travers leur choix de produits ou de services. Ce double mouvement
convergent se traduit par une prolifération de chartes, de codes, de pratiques et de «labels»
censés garantir le respect de différents critères, sociaux ou autres, dans la fabrication de tel
ou tel article. Les codes internationaux de conduite à l’intention des entreprises, comme la
Déclaration tripartite de l’OIT et les principes directeurs de l’OCDE à l’intention des
entreprises multinationales, peuvent aussi exercer une grande influence.
En somme, les codes de conduite et les mécanismes du secteur privé peuvent être
d’une certaine utilité dans des cas bien précis, en particulier s’ils renforcent d’autres
dispositifs plus généraux, mais il ne faut pas en attendre une solution universelle. Plus
généralement, il faut se poser la question de savoir comment veiller à ce que l’information
sur laquelle les mécanismes du secteur privé reposent soit exacte et contrôlée.
En 1996, l’OCDE a publié une première étude importante qui a permis de dégager, au
niveau international, un consensus politique fort sur la définition d’un certain nombre de
normes fondamentales du travail 12. Les pays qui renforcent leurs normes fondamentales
12
OCDE: Le commerce, l’emploi et les normes du travail: une étude sur les droits fondamentaux
des travailleurs et l’échange international, 1996, 270 pp.
Externe-2007-04-0157-01.doc 121
du travail peuvent favoriser la croissance et l’efficience économiques en relevant les
niveaux de compétences de leur main-d’œuvre et en créant un climat propice à
l’innovation et à une plus grande productivité. Selon des études récentes examinant les
liens entre commerce, démocratie et salaires, il s’avère que les pays qui se dotent
d’institutions démocratiques – considérées ici comme englobant la reconnaissance des
droits fondamentaux des travailleurs – avant de s’ouvrir à la libéralisation des échanges,
effectuent la transition plus facilement que les pays dépourvus de telles institutions.
Les quelques études récentes où l’on suggère une corrélation négative entre le respect
de certaines normes du travail et la performance commerciale ne permettent pas de
remettre en question les conclusions de l’étude de 1996 de l’OCDE, à savoir que les pays
où les normes fondamentales du travail sont insuffisantes n’obtiennent pas de meilleurs
résultats à l’exportation que ceux où ces normes sont élevées 13. Cela tient au fait que ces
études portent sur les normes du travail en général et non sur les normes fondamentales.
Cette distinction revêt une importance cruciale dans l’analyse car, selon qu’elles sont ou
non fondamentales, ces normes devraient avoir des effets différents, souvent inverses, sur
les résultats économiques.
Dans le domaine des normes du travail, le «nivellement par le bas» se heurte à des
obstacles de taille. Toute entreprise qui tente de bénéficier d’un avantage concurrentiel en
réduisant les avantages sociaux sans accorder d’augmentations de salaire en contrepartie
cherche en fait à ramener les salaires en dessous de la valeur marginale du travail. Or, sur
les marchés concurrentiels, la pression exercée par les autres employeurs finit par
contraindre cette entreprise à rétablir son régime de rémunération à son niveau initial si
elle veut pouvoir embaucher. Mais là où les pressions concurrentielles sont faibles, le
résultat peut être différent.
Des études récentes conduisent à penser que les pouvoirs publics des pays dans
lesquels les enfants travaillent préféreront modifier leur législation plutôt que de s’exposer
à des sanctions commerciales 14. Elles semblent également indiquer que, dans certaines
circonstances, interdire le travail des enfants peut être un moyen efficace pour que
s’instaure une économie où les salaires des adultes sont élevés et où les enfants ne
travaillent pas. Ces conclusions sont probablement valables pour les pays où la
productivité de la main-d’œuvre est relativement forte et qui peuvent assurer à tous leurs
enfants des moyens d’existence sans les faire travailler. Mais, dans les pays très pauvres,
une telle interdiction risque de placer les ménages dans une situation encore plus précaire.
En outre, interdire l’importation de biens dont les fabricants utilisent la main-d’œuvre
enfantine peut amener les industries exportatrices à renoncer à employer des enfants, mais
il est peu probable que cela ait le même effet dans le secteur informel, qui est celui qui en
emploie le plus.
Les faits montrent qu’un écart important subsiste entre la ratification des conventions
fondamentales, d’une part, et l’application concrète de leurs principes, d’autre part. En
outre, la complexité et l’extrême diversité des questions entourant les normes
fondamentales du travail ont suscité d’innombrables débats à l’échelle internationale et mis
en évidence l’importance des divers mécanismes d’incitation, dont certains peuvent être
complémentaires, qui permettraient de s’attaquer à une, voire plusieurs, causes du non-
respect de telles normes.
13
OCDE: International Trade and Core Labour Standards: A Survey of Recent literature.
14
OCDE: Echanges internationaux et normes fondamentales du travail, 2000, 136 pp.
122 Externe-2007-04-0157-01.doc
PARTIE III
Le travail décent est un moyen de mobiliser tous les acteurs de l’entreprise, dans la
mesure où il favorise l’adhésion des salariés à la stratégie de développement de la
compétitivité de leur entreprise. La promotion du travail décent concilie l’intérêt des
travailleurs et celui de l’entreprise. De ce fait, c’est un projet qui intègre l’économique au
social.
Les «fonctions de production» traditionnelles sont axées sur le travail, le capital, les
matériaux et l’énergie; le savoir et la technologie influent sur la production de l’extérieur.
On élabore aujourd’hui des approches analytiques qui permettent d’inclure plus
directement le savoir dans les fonctions de production. Les investissements dans le savoir
peuvent accroître la capacité productive des autres facteurs de production ou les
transformer en nouveaux produits et procédés. Et, comme ces investissements dans le
savoir se caractérisent par des rendements croissants (plutôt que décroissants), ils sont la
clé de la croissance économique à long terme.
Dire que le savoir joue un rôle important dans l’économie n’est pas une idée nouvelle.
Adam Smith faisait référence à ces nouvelles générations de spécialistes, hommes de
spéculation, qui contribuaient significativement à la production d’un savoir utile pour
l’économie. Friedrich List insistait sur l’infrastructure et les institutions qui concourent au
développement des forces productives par la création et la diffusion du savoir. La
conception schumpétérienne de l’innovation comme l’un des principaux ressorts de la
dynamique économique a été reprise par les schumpétériens modernes, tels que Galbraith,
1
Gherzi Organisation-Zürich, étude stratégique du secteur Textile-habillement, janv. 1999.
Externe-2007-04-0157-01.doc 125
Goodwin et Hirschman. Enfin, des économistes élaborent aujourd’hui de nouvelles
théories de la croissance pour expliquer les forces qui sous-tendent la croissance
économique à long terme 2.
Selon la fonction de production, telle qu’elle est décrite par les néoclassiques, la
rentabilité décroît à mesure que l’on accroît la quantité de capital injecté dans l’économie,
effet qui peut toutefois être compensé par l’apport de nouvelles techniques. Bien que le
progrès technologique soit considéré comme un moteur de la croissance, il n’existe pas de
définition ni d’explication des processus technologiques. Dans la nouvelle théorie de la
croissance, le savoir peut accroître la rentabilité de l’investissement, laquelle peut, à son
tour, contribuer à l’accumulation de connaissances du fait qu’elle encourage l’adoption de
méthodes plus efficientes d’organisation de la production ainsi que l’amélioration des
produits et des services. Cela peut ainsi donner lieu à un accroissement durable de
l’investissement qui peut se traduire par une progression continue du taux de croissance
d’un pays. Le savoir peut aussi avoir des retombées, d’une entreprise ou d’une branche
industrielle à une autre, en favorisant l’exploitation répétée de nouvelles idées pour un coût
supplémentaire minime. De telles retombées peuvent atténuer les entraves à la croissance
que fait naître la rareté du capital.
2
P.M. Romer (1990): «Endogenous Technological Change», Journal of Political Economy, no 98-5,
pp. 71-102.
P.M. Romer (2000): «Should the Government Subsidize Supply or Demand in the Market for
Scientists and Engineers?», NBER Working Paper No. 7723.
3
P.M. Romer (1990): «Endogenous Technological Change», Journal of Political Economy, no 98-5,
pp. 71-102.
P. Aghion et P. Howitt (1992): «A Model of Growth Through Creative Destruction», Econometrica,
vol. 60, pp. 323-351.
P. Aghion et P. Howitt (1998): Endogenous Growth Theory, Cambridge, MIT Press.
126 Externe-2007-04-0157-01.doc
et ceux qui ne suivent pas; en particulier, elle tend en général à creuser les écarts de
revenus entre travail qualifié et travail non qualifié.
– une réduction des rigidités qui peuvent exister entre le côté offre et le côté demande
du marché du travail qualifié, notamment en fournissant une meilleure information
aux entreprises sur l’offre de travail qualifié et aux chercheurs techniciens sur
l’évolution des secteurs innovants.
Intégrer le savoir aux fonctions de production économiques standard n’est pas chose
facile, dans la mesure où ce facteur défie certains principes économiques fondamentaux,
comme le principe de la rareté. Le savoir et l’information sont plutôt du côté de
l’abondance; ce qui est rare, c’est la capacité de les exploiter de façon constructive. Le
savoir n’est pas non plus facilement transformé en un objet de transactions économiques
standard. Il est difficile d’acheter du savoir et de l’information car, par définition,
l’information sur les caractéristiques de ce qui est acheté est inégalement répartie entre le
vendeur et l’acheteur. Certains types de savoir peuvent être facilement reproduits à peu de
frais au profit d’un vaste éventail d’utilisateurs, ce qui tend à mettre à mal la propriété
privée. D’autres types de savoir ne peuvent être transférés d’une organisation à une autre,
ou entre des individus, sans que s’établissent des liens complexes sous la forme de
relations de réseaux ou d’apprentissage, ou bien que ne soient investies des ressources
considérables dans la codification et la transformation de ce savoir en information.
4
D’autres éléments influent également sur la capacité d’adaptation technologique: les échanges
commerciaux ainsi que les investissements directs en provenance de pays ou secteurs plus avancés.
Externe-2007-04-0157-01.doc 127
1.3. La codification du savoir: quatre types de savoir
dans l’économie du savoir
Pour faciliter l’analyse économique, l’OCDE a établi des distinctions entre les
différents types de savoir qui importent dans une économie fondée sur le savoir: le «savoir
quoi», le «savoir pourquoi», le «savoir comment» (ou savoir-faire) et le «savoir qui» 5.
C’est la raison pour laquelle le «savoir qui» prend de plus en plus d’importance. Il a
trait à la formation de relations sociales privilégiées qui rendent possible d’entrer en
contact avec des spécialistes et d’utiliser efficacement leurs connaissances. Ce type de
savoir a de l’importance dans les économies où les compétences sont très dispersées en
raison d’une grande division du travail parmi les structures et les spécialistes. Pour le
gestionnaire ou l’organisation moderne, il importe d’utiliser ce type de savoir de façon à
pouvoir s’adapter au rythme accéléré du progrès.
Il existe plusieurs voies pour apprendre à maîtriser ces quatre types de savoir. Si le
«savoir quoi» et le «savoir pourquoi» peuvent s’acquérir par la lecture de manuels, la
participation à des conférences ou l’accès à des bases de données, les deux autres types de
connaissances relèvent de l’expérience pratique.
5
OCDE: L’économie fondée sur le savoir, Paris, 1996.
6
Par exemple, les hommes de loi ou les praticiens de la médecine appartiennent à cette catégorie.
128 Externe-2007-04-0157-01.doc
capacité d’innovation, que les entreprises s’engagent dans la recherche fondamentale. Le
«savoir qui» est un savoir enraciné dans le collectif qui ne peut pas facilement être
transféré par les circuits officiels de l’information.
Le plan d’action proposé par l’étude Gherzi regroupe, par ordre décroissant, trois
groupes d’actions 7. Le premier groupe concourt à la meilleure performance industrielle et
à la formation des managers. Il s’agit des actions suivantes qui sont jugées urgentes et dont
une part importante vise la mobilisation des ressources humaines compétentes:
– intensifier les efforts de mise à niveau des entreprises via le programme de mise à
niveau (PMN);
7
Gherzi Organisation-Zürich, étude stratégique du secteur Textile-habillement dans FENATEX
(UTICA): L’avenir du secteur Textile-habillement … après 2005, samedi 5 juin 2004, à la Maison
de l’exportateur, document de travail, pp. 14-15.
Externe-2007-04-0157-01.doc 129
– faciliter l’accès des sous-traitants au statut de cotraitant par la maîtrise du sourcing
des matières;
– restaurer la compétitivité des usines textiles existantes et statuer sur leur avenir;
Assistance technique au profit des entreprises afin de les aider à passer de la sous-
traitance à la cotraitance, et élargissement du champ de fabrication du produit fini afin
de réaliser un surplus de valeur ajoutée.
Renforcer les fonds propres d’un certain nombre d’entreprises afin de les aider à
passer de la sous-traitance à la cotraitance, grâce à une intervention spéciale du Fonds
de développement de la compétitivité industrielle.
130 Externe-2007-04-0157-01.doc
Mettre en place un mécanisme pour aider les entreprises du secteur à opérer leur
restructuration financière et promouvoir ainsi leurs capacités et retrouver leur
équilibre.
Intensifier les contacts avec les structures de l’Union européenne dans le cadre des
relations de partenariat avec cet ensemble afin de mieux coordonner les efforts dans
ce domaine.
Accorder davantage d’intérêt aux ressources humaines opérant dans ce secteur par le
renforcement de la formation et de l’encadrement.
Depuis 1972, le secteur TH a connu une expansion fondée sur le développement des
activités de sous-traitance, particulièrement en maille et en confection. Comme nous
l’avons vu plus haut, la réponse de la stratégie tunisienne à la nouvelle situation
internationale du secteur est de passer de la sous-traitance à la cotraitance et au produit
fini. Les changements visés par ce choix sont profonds. Pour apprécier leur ampleur, il
convient de montrer les différences entre les notions de «sous-traitance», «cotraitance» et
«produit fini». Zacaropoulos résume le contenu précis de chaque notion 8.
– les matières premières de base sont achetées et fournies par le donneur d’ordre (avec
une prise en charge directe d’une part plus ou moins grande de fournitures de base par
le sous-traitant);
8
R. Zacaropoulos: Le financement du passage de la sous-traitance à la cotraitance et au produit
fini, FENATEX: L’avenir du secteur tunisien Textile-habillement après 2005, documents de travail,
juin 2005, pp. 32-41.
Externe-2007-04-0157-01.doc 131
– la gradation et le traçage peuvent être pris plus ou moins en charge;
Le sous-traitant a une connaissance limitée de son marché et, dans de nombreux cas,
il ne connaît que le donneur d’ordre avec lequel il négocie le temps de travail et le coût
minute. Les industriels font régulièrement appel à un façonnier pour faire face à une
commande plus importante (sous-traitance de capacité) ou pour diminuer ses coûts
(externalisation des opérations les plus intensives en travail). Lorsque le donneur d’ordre
est un distributeur, ce dernier doit remplir auprès du sous-traitant les mêmes fonctions
qu’un industriel: il se charge du choix et de l’achat des matières (fils et tissus), il conçoit
les modèles et contrôle le travail du sous-traitant.
– les produits sont conçus par l’entreprise; il s’agit d’une collection «vitrine» de savoir-
faire et d’idées, souvent inspirées de l’existant sur le marché;
132 Externe-2007-04-0157-01.doc
Le tableau ci-dessous, réalisé à partir d’une enquête auprès de donneurs d’ordre
européens, montre que les confectionneurs et les marques sont ceux qui ont le plus recours
à la sous-traitance, alors que la grande distribution pratique la cotraitance et l’achat de
produits finis.
Tableau 64. Mode d’approvisionnement des marques, distributeurs et confectionneurs (en pourcentage de
la valeur totale des approvisionnements)
9
R. Zacaropoulos, op. cit.
Externe-2007-04-0157-01.doc 133
Bougault et Filipiak considèrent, à juste titre, qu’un programme de mise à niveau peut
être appréhendé comme la composante, à l’attention du secteur privé, d’une politique de
croissance accélérée. «Les leviers sur lesquels les programmes de mise à niveau des
entreprises jouent sont la productivité et le développement des emplois qualifiés. Ils
doivent être secondés par un développement de l’éducation et de la formation ainsi que par
des politiques plus larges portant sur la modernisation du secteur bancaire et financier, la
stabilité économique et la modernisation de l’environnement des affaires. Leurs impacts,
notamment au niveau de l’emploi, ne seront effectifs que s’ils se traduisent par une
croissance rapide de la production, et donc un accès accru des entreprises à une demande
plus large et solvable, ce qui suppose un cadre concurrentiel (libéralisation de l’économie),
un développement de la demande intérieure (politique de redistribution – émergence d’une
classe moyenne) et une ouverture à l’international (accès aux marchés d’exportation)» 10.
Le programme de mise à niveau s’est fixé pour objectif de soutenir 2 000 entreprises
durant la période 1997-2001 en vue de s’engager, de manière volontaire, dans le processus
de mise à niveau et mobiliser leur potentiel de croissance. Le Bureau de mise à niveau
(BMN) a été créé à l’effet de soutenir cet effort, de sensibiliser et d’informer les divers
intervenants sur le processus, la réglementation et les procédures de mise à niveau 11 .
L’Agence de promotion de l’industrie (API) présente, dans les diverses régions du pays,
les centres techniques 12 couvrant l’ensemble des secteurs porteurs de l’économie
tunisienne, et les banques constituant le premier maillon du processus de mise à niveau
sont associées à la mise en œuvre du programme.
Depuis la création du PMN, le nombre cumulé de dossiers du secteur TH, approuvé par
le comité de pilotage du programme, représente, au mois d’octobre 2004, 42 pour cent des
dossiers approuvés (785 sur 1 885), soit la part sectorielle la plus importante. Mais il importe
de souligner que le nombre de dossiers est environ huit fois supérieur à celui des entreprises
ayant déposé ces dossiers 13. Par conséquent, le nombre d’entreprises adhérentes au PMN est
faible, relativement à l’effectif total des entreprises du secteur et à l’ampleur des risques
auxquels est exposé le secteur suite au démantèlement des accords multifibres.
Probablement, cette situation s’explique en partie par le comportement de certains chefs
d’entreprise qui avaient décidé de changer d’activité, alors que d’autres avaient fait le choix
de se délocaliser vers les pays asiatiques 14. La réaction tardive du gouvernement à la mise en
place d’une stratégie spécifique au secteur a probablement encouragé ces deux
comportements.
10
H. Bougault et E. Filipiak: Les programmes de mise à niveau des entreprises, Tunisie, Maroc,
Sénégal, édition AFD, 2005.
11
Voir annexe F sur les procédures.
12
Le CETTEX est le centre technique qui correspond au secteur TH.
13
Nous n’avons pas de données précises sur le secteur ITH. Toutefois, les données globales pour le
secteur industriel montrent que 1 885 dossiers de mise à niveau approuvés sont déposés par
245 entreprises; soit environ une moyenne de 8 dossiers par entreprise (source BMN).
14
Explications obtenues au cours des entretiens avec certains chefs d’entreprise du secteur TH.
134 Externe-2007-04-0157-01.doc
Graphique 18. Evolution du nombre de dossiers de mise à niveau approuvés dans le secteur ITH
160
140 135
121
120 109
102
100 88
80
60
43
33
40
22
20
0
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003
En termes d’investissement, 19 pour cent des investissements du PMN ont été réalisés
par le secteur TH, occupant ainsi la seconde position parmi l’ensemble des entreprises de
l’ensemble des secteurs qui ont adhéré au programme. Par ailleurs, 21 pour cent des
investissements du secteur sont réalisés dans l’immatériel, contre une moyenne de 14 pour
cent, tous secteurs confondus. Ceci signifie donc que les entreprises adhérentes au
programme de mise à niveau ont fait le choix d’améliorer leur compétitivité.
Tableau 65. Situation des dossiers de mise à niveau par secteur (fin octobre 2004)
Externe-2007-04-0157-01.doc 135
Chapitre 7. La politique de développement
des ressources humaines au service
du secteur Textile-habillement en Tunisie
Le passage de la sous-traitance à la cotraitance et au produit fini doit conduire le
secteur TH à mobiliser une main-d’œuvre qualifiée. Nous montrerons que le niveau de
développement actuel du système d’éducation et de formation permet de satisfaire
rapidement les besoins en compétences dans tous les métiers du secteur TH.
Dans une première étape, nous présentons les métiers du secteur auxquels doit
préparer le système de formation. Nous abordons ensuite la contribution de la formation
professionnelle et celle de l’enseignement supérieur pour satisfaire les besoins du secteur.
– création;
– production;
– gestion;
Les tableaux ci-dessous donnent la liste des métiers dans chaque domaine et le niveau
de formation d’accès à ces métiers. Il apparaît clairement que la nouvelle stratégie de
développement du secteur TH est appelée à mobiliser principalement une main-d’œuvre
qualifiée et, parmi celle-ci, le secteur doit recruter des diplômés de l’enseignement
supérieur. Nous montrerons plus loin que cette main-d’œuvre est disponible sur le marché
du travail grâce à la réforme du système d’éducation et de formation introduite depuis le
début des années quatre-vingt-dix.
Externe-2007-04-0157-01.doc 137
Tableau 66. Le niveau d’accès aux métiers du secteur Textile-habillement
2. Production
2.1. Ingénieur recherche-développement Ingénieur
2.2. Responsable laboratoire BTS, productique textile
2.3. Laborantin BTS, productique textile
2.4. Chef d’atelier BTS, productique textile
2.5. Responsable de fabrication BTS, productique textile
2.6. Responsable logistique BTS, transport logistique
2.7. Responsable magasin CAP ou BTP
2.8. Responsable maintenance et environnement BTS
2.9. Responsable qualité BTP avec expérience professionnelle, BTS,
productique textile
2.10. Mécanicien régleur BTS, productique textile, option filature, tissage,
bonneterie.
2.11. Automaticien BTP, BTS
2.12. Electronicien BTP, BTS
2.13. Opérateur de production (filateur, tisseur, bonnetier,
opérateur de confection) CAP, BTP, BTS
2.14. Opérateur ennoblissement (teinturier, imprimeur, coloriste,
échantillonneur) CAP, BTP
3. Gestion
3.1. Directeur financier Maîtrise, DESS, master
3.2. Comptable BTP, BTS
3.3. Responsable ressources humaines Maîtrise, DESS, master
3.4. Responsable informatique et nouvelles technologies Ingénieur
3.5. Contrôleur de gestion BTS, comptabilité, commerce
138 Externe-2007-04-0157-01.doc
1.2. Les titulaires des métiers ont des perspectives
d’évolution
Le tableau ci-dessous donne l’évolution possible pour chaque métier. Cette évolution
interne ou externe à l’entreprise suppose un développement important du tissu industriel
dans le secteur TH. L’évolution externe peut se dérouler en dehors du secteur pour les
métiers «transversaux», comme, par exemple, responsable des ressources humaines,
contrôleur de gestion ou responsable informatique.
1. Création
1.1. Styliste Créer de nouvelles formes de produits (matières, Directeur artistique ou
couleurs, dessins) destinés à être fabriqués en série et directeur en studio de
parfois à l’unité. Peut être chargé de tout ou partie de la style
conception ou participer au suivi de la fabrication du
produit et de la diffusion.
1.2. Modéliste Réaliser un modèle à partir du croquis de style produit par Responsable fabrication
la styliste.
1.3. Infographiste Participer à la réalisation d’un support de communication Chef de création
visuelle (dessin, graphisme, mise en page, mise en artistique ou chef de
volume, etc.). studio
Etudier et rechercher les informations qui conditionnent la
création ou l’exécution de la commande.
2. Production
2.1. Ingénieur recherche Rechercher et mettre au point de nouveaux produits et de Directeur de fabrication
et développement nouveaux procédés de transformation. ou directeur industriel
2.2. Responsable Assurer la mise en œuvre et la bonne exécution des tests Recherche-
laboratoire et analyses permettant de vérifier les caractéristiques des développement dans de
produits, conformément au cahier des charges et aux grosses structures
normes préconisées.
2.3. Laborantin Procéder à des tests et à des contrôles sur des matières Responsable de
premières, des en-cours de fabrication, des produits laboratoire
fabriqués élaborés par le service recherche.
2.4. Chef d’atelier Organiser et suivre la fabrication. Responsable de
fabrication
2.5. Responsable de En plus de la mission du chef d’atelier, participer à la Directeur d’usine
fabrication détermination des objectifs de production (coûts, qualité,
quantités).
2.6. Responsable Gérer les transports afin d’assurer la livraison des Responsable d’entrepôt
logistique marchandises dans les meilleures conditions de coûts, de
qualité et de respect des délais contractuels.
2.7. Responsable magasin Participer à la fonction logistique de l’entreprise en Responsable d’entrepôt
assurant la réception, le stockage, la préparation et la ou directeur d’usine
distribution des marchandises.
2.8. Responsable Assurer le maintien au meilleur niveau de l’outil de Directeur d’usine
maintenance et production, tant du point de vue de la production que de
environnement la sécurité ou de la conformité face à la législation en
vigueur.
2.9. Responsable qualité Mettre en œuvre les différentes procédures garantissant Cadre technicien en
la qualité des produits ou services. qualité
Superviser, suivre le contrôle des produits et participer à
l’amélioration des procédés de fabrication.
Externe-2007-04-0157-01.doc 139
Métiers Mission * Evolution
2.10. Mécanicien régleur Procéder aux préréglages, mises en route et réglages des Assistant ou chef de
machines-systèmes-équipements, après analyse du production
dossier de fabrication ou du cahier des charges.
Assurer le contrôle, la surveillance et la maintenance de
premier niveau.
2.11. Automaticien Concevoir, modifier et monter des éléments Cadre technicien, chef
d’équipements automatisés à partir d’un cahier des de production ou
charges. responsable de
maintenance
2.12. Electronicien Réaliser la maintenance préventive et corrective Cadre technicien,
d’appareils à forte composante électronique. responsable
maintenance, Chef de
production
2.13. Opérateur de Conduire, surveiller et éventuellement approvisionner une Chef d’équipe ou chef de
production machine ou un ensemble de machines destinées aux production
opérations de fabrication textile.
2.14. Opérateur Mettre au point, à partir d’un échantillon, les recettes Chef de laboratoire
ennoblissement destinées à la teinture ou à l’impression de textiles.
3. Gestion
3.1. Directeur financier Superviser, organiser et coordonner les services Directeur général
administratifs, comptables et financiers.
3.2. Comptable Assurer la tenue courante des comptes en comptabilité Contrôleur de gestion,
générale et parfois en comptabilité analytique, en direction financière
conformité avec des règles comptables, fiscales et
sociales.
3.3. Responsable Elaborer et mettre en œuvre les moyens pour adapter les Consultant au sein d’un
Ressources Humaines ressources humaines aux projets de l’entreprise. cabinet conseil
Intervenir sur la totalité du contenu lié à sa fonction:
gestion administrative du personnel, gestion des
ressources humaines, relations avec les partenaires
sociaux et communication interne.
3.4. Responsable Développer la création, la qualité des systèmes Directeur informatique
informatique et d’information et de communication interne et externe au
nouvelles technologies service de la stratégie fixée par la direction.
Concevoir et mettre en œuvre des actions visant à
faciliter les relations de l’entreprise et son environnement.
3.5. Contrôleur de gestion Aider la direction dans l’orientation et le suivi de la Directeur financier
stratégie qu’elle s’est fixée.
Participer à la définition des objectifs et anticiper les
résultats.
140 Externe-2007-04-0157-01.doc
Métiers Mission * Evolution
4.5. Acheteur dans la Trouver les produits adaptés au positionnement de Chef de groupe,
distribution l’enseigne, et ce au meilleur rapport qualité/prix. directeur achat
4.6. Responsable Adapter l’offre aux besoins des clients qui ne sont pas Directeur marketing ou
marketing toujours des consommateurs finaux, mais des fonction commerciale
communication dans entreprises, des collectivités, des administrations.
l’industrie textile Ce poste peut prendre le nom de chef de produit ou de
responsable de collection.
4.7. Responsable Faire évoluer l’offre des produits de l’entreprise en Chef de groupe ou
marketing cohérence avec le positionnement de l’enseigne et le directeur marketing
communication marché.
dans la distribution
* Plusieurs tâches sont exécutées pour réaliser chaque mission.
Source: Union des industries textiles du Nord, Les métiers du textile et de l’habillement, Europôle textile-habillement Nord–Pas-
de-Calais, France.
1
L’ancien Office de la formation professionnelle et de l’emploi (OFPE) a été dissous et remplacé
par quatre agences: i) l’Agence tunisienne de la formation professionnelle (ATFP); ii) le Centre
national de la formation continue et de la promotion professionnelle (CNFCPP); iii) le Centre
national de la formation des formateurs et de l’ingénierie de la formation (CENAFFIF); et
iv) l’Agence tunisienne de l’emploi et du travail indépendant (ATEI).
Externe-2007-04-0157-01.doc 141
Le projet «Manforme» a insufflé un dynamisme indéniable à la formation
professionnelle par:
– la formation du personnel; et
– l’adoption d’un référentiel de compétences dans lequel sont définies les ressources,
c’est-à-dire les connaissances, savoir-faire et attitudes, liées aux compétences
retenues pour une filière donnée;
2
Le chômage frictionnel est lié à l’information imparfaite sur le marché du travail. Le diplômé
formé dans un mode de formation résidentiel ne reçoit pas d’informations pertinentes sur le marché
du travail. Au moment de son entrée dans la vie active, il passe par une période de chômage durant
laquelle il reçoit l’information pertinente sur le marché et ajuste alors ses exigences (salaire et autres
caractéristiques de l’emploi) à la réalité découverte.
3
Les employeurs veulent de la productivité, mais ils ne connaîtront vraiment les performances des
candidats qu’après l’embauche. Le recrutement est une décision en situation d’incertitude. Pour
minimiser le risque lié à cette situation d’incertitude, l’employeur se réfère à des signaux qui
révèlent la compétence du candidat.
142 Externe-2007-04-0157-01.doc
– la définition d’un référentiel de formation pour une filière donnée qui reprend les
objectifs généraux de la formation, les compétences à développer, les contenues-
matières, les objectifs spécifiques, les méthodes pédagogiques, les supports
documentaires, les modalités d’évaluation.
Pour répondre aux demandes pressantes des professionnels du secteur TH, exprimées
aux diverses manifestations professionnelles, le ministère de l’Education et de la
Formation a entrepris, au cours des années 1999-2001, plusieurs études d’opportunité de
projets de création de nouveaux centres sectoriels de formation professionnelle (CSFP) et
de restructuration de CSFP existants, en partenariat avec l’organisation patronale
FENATEX et avec l’appui de l’organisation patronale française «Syndicat de l’habillement
de Midi-Pyrénées».
Les programmes de formation ont été élaborés par le CENAFFIF, selon l’approche
par compétences, en réponse aux attentes des entreprises. Ceci s’est effectué en étroite
collaboration avec l’Agence tunisienne de formation professionnelle (ATFP), la Fédération
nationale du textile et de l’habillement (FENATEX) et les entreprises du secteur.
Externe-2007-04-0157-01.doc 143
à identifier et à formuler les principales compétences professionnelles de son personnel
nécessaires pour atteindre ses objectifs stratégiques. Les résultats de l’appui sont traduits
en mesures à mettre en œuvre pour combler les déficits en compétences soit par des actions
de formation continue du personnel en exercice, soit par le recrutement d’un personnel
qualifié, d’une part, et par le développement de la gestion des ressources humaines de
l’entreprise selon l’approche de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences,
d’autre part.
– l’assurance qualité;
Les nouveaux formateurs, majoritaire par rapport aux formateurs existants, ont bénéficié
de l’accompagnement des experts durant les trois premières années de l’exercice de leur
métier.
144 Externe-2007-04-0157-01.doc
réalisés dans la construction de huit nouveaux centres et la restructuration des centres
existants. Les investissements réalisés représentent 30 millions de dinars tunisiens (MDT).
Le secteur comprend actuellement 38 centres répartis sur plusieurs régions et mobilise
383 formateurs 4. Le nombre de jeunes en formation durant le mois de novembre 2003 est
de 6 464 apprenants, dont 2 447 jeunes en formation résidentielle, et 4 017 suivent le mode
de formation en alternance.
Le nombre de diplômés est passé de 990 à 3 181 entre 1996 et 2003. Comme le
montre le graphique ci-dessous, sa croissance suit une tendance exponentielle. En 2003, la
part des inscrits dans le mode de formation en alternance représente 75 pour cent des
inscrits en CAP, 54 pour cent en BTP et 44 pour cent en BTS. Dans ce domaine, la
stratégie de la réforme vise un objectif de 70 pour cent en 2006. Ce mode de formation
associe étroitement l’entreprise du secteur TH durant tout le processus de formation.
6 000
0,1823x
y = 695,47e
5 000
4 000
3 181
3 000 2 586
2 263
2 000 1 495
1 315
990 993 1 077
1 000
0
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
4
MEF: Note sur la formation professionnelle dans le secteur Textile-habillement, Tunis, avril 2004.
Externe-2007-04-0157-01.doc 145
Graphique 20. Proportion moyenne des filles par niveau de qualification (ensemble des modes
de formation) (2005)
95
91
90
85
85
80
75
70 71
65
60
CAP BTP BTS
Tableau 69. Distribution par genre selon le niveau de qualification des inscrits dans la filière de formation
professionnelle textile-habillement (2005)
Apprentissage
CAP 89 1 520 1 609 94
Ensemble
BTS 257 621 878 71
BTP 356 2 019 2 375 85
CAP 296 2 973 3 269 91
Total 909 5 613 6 522 86
Source MEF.
146 Externe-2007-04-0157-01.doc
2.6. De la difficulté d’organiser la formation
en alternance selon la qualité exigée par
la réforme de la formation professionnelle
Par contre, la formation par apprentissage diplômant est régie par le Code du travail.
Cela constitue une relation juridique entre l’entreprise formatrice et l’apprenti.
Sur le plan juridique, il ne semble exister qu’un seul obstacle sérieux à la fusion des
deux systèmes: c’est la limite d’âge des apprentis (20 ans), une limite qui n’existe pas pour
les apprenants en formation par alternance.
5
Sur 6 861 inscrits en mars 2005, 3 722 suivent le mode de formation en alternance.
6
P. Schuh: Le positionnement du projet «Pérennisation du système de la formation en alternance»
dans le cadre du programme Manforme en Tunisie, rapport élaboré pour le compte de GTZ, fév.
2003.
Externe-2007-04-0157-01.doc 147
2.6.2. Pourquoi deux concepts pour désigner
le même contenu pédagogique?
L’explication est liée à l’âge des inscrits dans la formation professionnelle qui
dépasse souvent le maximum autorisé par le Code du travail. L’article 26 de la loi no 93-10
du 17 février 1993, portant loi d’orientation de la formation professionnelle, dispose que
«l’âge d’admission en apprentissage est compris entre 15 et 20 ans». En fait, plusieurs
inscrits (les trois quarts au moins) dans le système de formation professionnelle ont un âge
supérieur à 20 ans 7 . Donc, pour faire du mode de formation en entreprise un mode
dominant, il importe d’amender l’article 26 en prenant en considération les caractéristiques
démographiques de la population inscrite dans le système de formation professionnelle,
sachant par exemple que l’âge maximum est de 26 et 30 ans, respectivement en France et
en Italie. Le recours à la convention-cadre entre le ministère et les partenaires sociaux a été
le moyen d’éviter cette impasse juridique.
La seconde raison est liée à la tendance inévitable chez les centres d’améliorer le taux
d’alternance pour s’approcher des indicateurs de la planification dans ce domaine. C’est
inévitable car le modèle d’organisation et de gestion ne donne pas les moyens aux centres
d’identifier les entreprises où doit se dérouler correctement la séquence de formation, et de
mobiliser son personnel dans cette voie. Par ailleurs, il n’existe pas encore un système
efficace qui incite les entreprises à adhérer au mode de formation en alternance, en dépit de
l’effort considérable fourni dans ce sens grâce au développement du partenariat avec le
patronat.
7
Les jeunes accèdent au système de formation après une trajectoire d’échec scolaire qui est
évidemment marquée par plusieurs redoublements durant le cursus scolaire.
148 Externe-2007-04-0157-01.doc
concertation et de coordination impliquant les deux partenaires sociaux sur les questions de
la formation professionnelle et de l’emploi.
La Commission nationale du dialogue social. «Il est créé auprès du ministère chargé
des affaires sociales une commission dénommée Commission nationale du dialogue social
chargée d’émettre son avis sur les questions relatives au travail qui lui sont soumises, et
notamment celles concernant la législation du travail, les normes internationales du travail,
les salaires, la classification professionnelle, les négociations collectives et le climat
social» (art. 335 du Code du travail).
8
Décret no 1047 du 7 mai 2002.
Externe-2007-04-0157-01.doc 149
Les structures d’appui aux centres de formation et aux entreprises. L’Agence
tunisienne de formation professionnelle (ATFP), le Centre national de formation des
formateurs et de l’ingénierie de formation (CENAFIF) et le Centre national de formation
continue et de promotion professionnelle (CNFCPP) sont ouverts aux partenaires sociaux
pour un dialogue aux niveaux national et de la branche professionnelle.
– le directeur du centre;
9
L’article 4 de la loi no 94-29 du 21 février 1994 dispose que la Commission consultative
d’entreprise remplace le «comité d’entreprise», la «Commission consultative paritaire» et le
«Comité d’hygiène et de sécurité».
150 Externe-2007-04-0157-01.doc
professionnelle initiale et continue» 10. Les résultats attendus pour atteindre cet objectif
sont les suivants 11:
Les règles et les modalités de participation de l’UGTT dans la mise sur pied d’un
système de validation des acquis de l’expérience professionnelle sont définies et
maîtrisées.
10
MEF & UGTT, avec l’appui de la GTZ: Plan pour le développement du partenariat autour de la
formation professionnelle, entre le ministère de l’Education et de la Formation et l’Union générale
tunisienne du travail, août 2005.
11
MEF & UGTT (2005), op. cit.
12
MES: Stratégie de l’enseignement supérieur, de la recherche et de la technologie, 2010,
www.mes.tn.
Externe-2007-04-0157-01.doc 151
3.1. Tendance à la professionnalisation de l’enseignement
supérieur: rôle de la filière courte
Depuis quelques années, les filières courtes sont l’objet, en Tunisie, de
préoccupations spécifiques au sein de l’enseignement supérieur. La filière courte se
compose de deux types d’établissements:
La création des ISET en 1992 est la première action de réforme de grande envergure
pour «professionnaliser» l’enseignement supérieur. D’après la loi no 92650 du 18 mai
1992, les ISET sont «destinés à préparer les étudiants à l’exercice des fonctions
d’encadrement technique dans les secteurs de la production, des services et de la recherche
appliquée». Durant la période du 10e plan, la part des étudiants inscrits aux ISET doit
passer de 7,5 pour cent à 11,7 pour cent entre 2002 et 2006.
Tableau 70. Evolution de l’effectif étudiant des ISET durant la période du 10e plan (2002-2006)
L’appui des universités au cours de ces dernières années est devenu nécessaire pour
développer la part de la filière courte dans le flux de diplômés. Entre 1997 et 2004, la part
de cette filière est passée de 11 à 25 pour cent suite à cet appui 13. En 2006, elle sera de
30 pour cent selon l’objectif fixé par le 10e plan (2002-2006).
Graphique 21. Evolution de la part de la filière courte dans l’effectif des étudiants (en pourcentage)
35 30,08
27,68 29,33
30
25,14
25
20 21,03
16,91
15 12,43
10,92 12,39 13,45
10
5
0
1997-98 1998-99 1999-00 2000-01 2001-02 2002-03 2003-04 2004-05 2005-06 2006-07
Source: MES.
13
Ministère de l’Enseignement supérieur, 50 indicateurs de l’enseignement supérieur, de la
recherche scientifique et de la technologie, mai 2004.
152 Externe-2007-04-0157-01.doc
3.2. Contribution des instituts supérieurs d’enseignement
technologique (ISET) à la formation des techniciens
supérieurs du secteur TH
Les ISET sont les seuls établissements de l’enseignement supérieur qui offrent une
formation destinée spécifiquement au secteur TH. Il s’agit de l’Institut supérieur de métier
de modes à Monastir et de l’Institut supérieur des études technologiques de Ksar Hellal 14.
L’effectif des nouveaux inscrits dans ce dernier établissement est passé de 110 à 142 entre
2000 et 2004. C’est un faible effectif, relativement au nombre de techniciens formés dans
le système de formation professionnelle.
La filière n’attire pas encore les bacheliers, dans la mesure où la majorité des inscrits
y sont orientés après plusieurs tours de l’orientation universitaire; environ la moitié des
inscrits est issue du quatrième tour de l’orientation universitaire (voir graphique 72). La
baisse du score minimum d’accès à la filière TH située à Ksar Hellal est un autre indicateur
du manque d’attractivité de cette filière 15. La perception des bacheliers associe, à juste
titre, le secteur TH à la main-d’œuvre non qualifiée.
Il est donc important de donner aux bacheliers des informations sur la nouvelle
stratégie de développement du secteur TH et les nouvelles perspectives d’insertion
professionnelle qu’elle offre aux diplômés de l’enseignement supérieur.
Tableau 72. Evolution du score minimum d’accès à la filière TH à l’ISET de Ksar Hellal selon la capacité
d’accueil réservée à chaque type de bacheliers
14
Les deux instituts se situent dans la région du centre-est qui est un grand pôle de l’industrie du
textile et de l’habillement.
15
Le score baisse lorsque l’offre de formation (capacité d’accueil) devient supérieure à la demande
(nombre de bacheliers candidats à la filière).
Externe-2007-04-0157-01.doc 153
Graphique 22. Distribution des nouveaux inscrits en 2004 selon le tour d’orientation universitaire-ISET-
Ksar Hellal-Filière TH
1er tour
8%
4e tour 2e tour
47% 8%
3e tour
37%
Le stagiaire reçoit une bourse mensuelle comprise entre 100 et 250 dinars par mois
qui peut être complétée par une indemnité de l’employeur. Il bénéficie aussi d’une
couverture de la sécurité sociale, d’une assurance contre les accidents de travail et les
maladies professionnelles, à la charge de l’Etat. L’employeur est ainsi exonéré de la
contribution patronale au titre des cotisations sociales durant la période du contrat
«SIVP1». Il bénéficie également de la même exonération durant une année en cas de
recrutement du stagiaire titulaire d’une spécialité marquée par un taux de chômage élevé 17.
Les diplômés bénéficiaires du programme «SIVP1» sont en nette croissance entre 2000 et
2004.
16
Hafedh Attab: L’emploi des diplômés de l’enseignement supérieur, Acte de la journée d’étude
organisée par l’INTES, Tunis, mai 2005, en cours de publication.
17
Le ministère de l’Emploi élabore une liste révisée régulièrement en fonction de la situation du
marché du travail.
154 Externe-2007-04-0157-01.doc
La mise en œuvre de la nouvelle stratégie de développement du secteur TH ne doit
pas alors rencontrer de grandes difficultés pour satisfaire les besoins du secteur en cadres
supérieurs. Cette stratégie est un exemple de politique économique sectorielle adaptée à la
configuration du marché du travail en Tunisie, puisque ce marché est marqué par la forte
proportion des diplômés du supérieur dans le flux annuel de demandeurs d’emploi (voir
tableau ci-dessous).
Tableau 73. Part des diplômés de l’enseignement supérieur dans le flux de demandes additionnelle
d’emplois – prévisions du 10e plan (en pourcentage)
Graphique 23. Distribution des diplômés du supérieur inscrits aux bureaux d’emploi selon le diplôme-
(mai 2004)
Ingénieur Autres
3% 1%
Filière courte
32%
Maîtrise
64%
6 333
7 000
6 000 5 089
4 412 4 511
5 000
4 000
2 503
3 000
1 607
2 000 901
554 472 527
1 000
0
2000 2001 2002 2003 2004
Maîtrise BTS
Externe-2007-04-0157-01.doc 155
Chapitre 8. La politique de recherche et de l’innovation
au service du secteur TH en Tunisie
La création d’un pôle technologique est l’une des mesures importantes de la stratégie
de développement du secteur TH en Tunisie. L’objectif est d’établir un lien étroit entre
formation, innovation, recherche et stratégie de développement de la compétitivité des
entreprises. Ce chapitre donne d’abord un éclairage conceptuel puis présente la politique
de recherche et de l’innovation qui est au service du secteur TH.
1
Voir R. Boyer et M. Didier: Innovation et croissance, édition La documentation française, Paris,
1998.
Externe-2007-04-0157-01.doc 157
Il y a innovation radicale de produits dans le cas d’un produit dont l’utilisation
prévue, les caractéristiques de performance, les attributs, les propriétés de conception ou
l’utilisation de matériaux et de composants présentent des différences significatives par
rapport aux produits antérieurs. De telles innovations peuvent faire intervenir des
technologies radicalement nouvelles ou bien reposer sur l’association de technologies
existantes dans des applications complètement nouvelles 2.
L’innovation est un concept large. L’innovation est un concept large, qui dépasse
les aspects strictement techniques et recouvre le changement organisationnel, commercial,
voire financier. Certaines limites doivent, cependant, être posées pour éviter que le concept
ne devienne un concept flou. On considère ainsi généralement que les modifications
techniques mineures ou esthétiques apportées à un produit (différenciation du produit) ne
constituent pas une innovation de produit si les changements apportés ne modifient pas
notablement les performances, les propriétés, le coût ou l’usage des matériaux et des
composants d’un produit. Par exemple, dans un textile, la modification d’un mélange de
fibres pourrait être considérée comme une innovation progressive car elle change les
performances et les propriétés du produit. En revanche, un nouveau coloris ou une
nouvelle impression ne seraient pas considérés comme une différenciation du produit
valant innovation.
2
Les premiers microprocesseurs ou magnétoscopes étaient des innovations radicales, le walkman
est une innovation progressive car il associe des technologies existantes dans une fonctionnalité
nouvelle.
3
Le remplacement du métal par des matières plastiques dans le mobilier de cuisine ou dans la
fabrication automobile est un exemple de la première forme d’innovation. L’introduction du
freinage ABS ou d’autres améliorations de sous-systèmes sur les automobiles relève de la deuxième
forme d’innovation progressive.
158 Externe-2007-04-0157-01.doc
restent d’ailleurs largement, les principaux, si ce n’est les seuls, indicateurs du niveau
technologique d’une industrie ou d’un pays.
Or innovation et recherche sont des notions différentes. La recherche est l’affaire des
scientifiques, l’innovation celle des entrepreneurs. Cette distinction ne diminue en rien le
rôle du chercheur dans la découverte fondamentale qui alimente le progrès des
connaissances ni celle des pouvoirs publics pour faciliter l’initiative industrielle et
l’innovation. Elle rappelle néanmoins que l’innovation va au-delà de la recherche, qu’elle a
ses lois et ses déterminants qui relèvent non seulement des marchés, mais aussi des
laboratoires. L’innovation interactive mobilise l’environnement des firmes. Dans le modèle
dit interactif proposé, l’innovation n’est pas une succession de phases isolées mais un aller-
retour permanent entre des possibilités (offertes par la technologie ou le marché) des
moyens et des stratégies. Des possibilités nouvelles peuvent, par exemple, découler de
l’évolution de la structure de la demande ou du cycle des produits ou de nouveautés
scientifiques ou technologiques. Le processus d’innovation dépend de la façon dont les
entreprises reconnaissent l’existence de ces possibilités et y réagissent par des stratégies de
produits. L’innovation est donc conçue comme une interaction entre, d’une part, les
possibilités offertes par le marché et, d’autre part, la base des connaissances
technologiques et les moyens dont dispose l’entreprise.
Une vision de même inspiration, mais peut-être plus large encore, est la vision qui
unit de façon indissociable compétitivité et innovation. Cette vision permet de mettre en
relation l’innovation et ses principaux déterminants. Dans chaque pays, l’environnement
de l’entreprise se révèle plus ou moins favorable à l’éclosion de ses avantages
concurrentiels. Cet environnement qui commande le processus d’innovation et la conquête
d’avantages concurrentiels peut être caractérisé par quatre ensembles de paramètres:
La structure de la rivalité entre les entreprises, c’est-à-dire le contexte dans lequel les
entreprises sont créées, sont dirigées et se font concurrence. Ce contexte, qui englobe
mais dépasse la simple concurrence sur le marché des produits, influence directement
les objectifs, le dynamisme et les performances économiques des entreprises et leur
incitation comme leur capacité à innover.
Externe-2007-04-0157-01.doc 159
l’ensemble des ressources en hommes, en données naturelles et en infrastructures, en
capital, en savoirs et en connaissances nécessaires à la production. La qualité des
facteurs de production et de leur mise en œuvre détermine le potentiel d’efficacité ou
de productivité de la production.
A ces quatre paramètres il faudrait encore ajouter l’action des pouvoirs publics et
l’attitude des entreprises elles-mêmes. Les pouvoirs publics (au sens large) n’interviennent
pas comme un cinquième facteur à côté des quatre autres. Leur importance vient de ce
qu’ils peuvent influencer de façon positive (ou négative) les quatre paramètres
d’environnement, tout particulièrement les facteurs de production (par la formation, par la
recherche fondamentale) et la forme de la compétition (par la législation, la politique de la
concurrence, la politique de financement, etc.), mais aussi la formation de la demande (par
la réglementation, la normalisation), enfin, la compétitivité des autres industries (par les
politiques de développement régional, etc.). L’attitude de l’entreprise est aussi un
paramètre clé, dans la mesure où le même environnement peut être utilisé à des fins
diverses ou avec une efficacité inégale.
160 Externe-2007-04-0157-01.doc
Graphique 25. Evolution de la part des dépenses en recherche-développement dans le PIB
(en pourcentage)
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Les pôles technologiques offrent des espaces intégrés favorisant la coopération entre
les secteurs de production, de formation et de recherche car les idées d’innovation sont
partout. Cela est de nature à créer une synergie entre elles et à permettre la mise en place
d’un nouveau tissu d’entreprises innovantes et à haut niveau technologique. Les entreprises
gérant les pôles technologiques seront chargées de la coordination entre les différents
services, les entreprises et les établissements installés au sein de ces pôles. Le secteur privé
est considéré comme un partenaire principal dans la réalisation et le développement des
différentes étapes de création des technopôles. La spécialité de chaque pôle tient compte
des impératifs du développement de la région ainsi que des exigences des secteurs
économiques.
Externe-2007-04-0157-01.doc 161
s’explique par sa longue tradition dans le domaine du textile ainsi que par l’existence
d’établissements d’enseignement supérieur et de formation et d’entreprises spécialisées
dans ce domaine.
Tableau 74. Les pôles technologiques programmés pour la période du 10e plan
162 Externe-2007-04-0157-01.doc
Chapitre 9. Un grand défi à relever par les entreprises:
promouvoir une nouvelle culture de la gestion
des ressources humaines
L’étude stratégique sur le secteur TH recommande, à la demande pressante de la
profession, d’examiner la question de l’annualisation du temps de travail et la flexibilité en
général. Ce chapitre examine le contenu de la notion de flexibilité en accordant une place
particulière à la relation entre «flexibilité et sécurité» dans le contexte de la mondialisation
et celui de l’économie du savoir.
1
J.-C. Tarondeau (1999a): «Approches et formes de la flexibilité», Revue française de gestion,
no 123.
2
R. Reix (1979): La flexibilité dans l’entreprise, Paris, Cujas.
3
E. Cohen (1994): Dictionnaire de gestion, Paris, La Découverte.
Externe-2007-04-0157-01.doc 163
changements non anticipés de l’environnement» (Tarondeau) 4 , «capacité à s’adapter aux
événements ou aux circonstances imprévus et à saisir ainsi des opportunités ou à écarter des
menaces» (Desreumaux) 5.
L’intérêt porté à la flexibilité n’a donc de sens que dans le cas où une organisation
n’est pas totalement maître de son environnement, où elle est face à des situations
d’incertitude sur l’évolution de cet environnement. Ces turbulences sont induites par
différents facteurs (Agro et coll.) 6, au premier rang desquels on trouve la mondialisation
des marchés et la nécessité de répondre rapidement aux demandes des clients, la diffusion
des modèles d’organisation américains, l’évolution technologique. Rojot formule
l’hypothèse selon laquelle deux facteurs expliquent l’accroissement récent du besoin de
flexibilité des entreprises: d’une part, le passage d’une partie croissante de l’entreprise aux
services et, d’autre part, l’introduction massive des nouvelles technologies 7.
Les différentes formes de flexibilité du travail qui sont observées dans les pratiques
des entreprises peuvent tout d’abord être regroupées en deux catégories: la flexibilité
interne et la flexibilité externe (Boyer 8, 1987; Cohendet et Llerena 9, 1989; Brunhes 10,
1990). La flexibilité interne du travail est «la possibilité, pour une entreprise, d’ajuster
l’utilisation et les rémunérations de ses salariés en fonction des besoins de la production et
4
J.-C. Tarondeau (1999b): La flexibilité dans les entreprises, Paris, Presses universitaires de France.
5
A. Desreumaux (1999): «Flexibilité», R. Le Duff (éditeur): Encyclopédie de gestion et du
management, Paris, Dalloz, p. 406.
6
L. Agro, A.-M. Dieu, F. Schoenaers (2001): «La représentation des travailleurs à l’heure de la
flexibilité», Revue de gestion des ressources humaines, no 39, pp. 3-14.
7
J. Rojot (1989): «Flexibilité du marché du travail: expériences nationales», OCDE: La flexibilité
du marché du travail – Nouvelles tendances dans l’entreprise, Paris, pp. 39-64.
8
R. Boyer (1987): La flexibilité du travail en Europe, Paris, La Découverte.
9
Cohendet, Llerena (1999): «Flexibilité et modes d’organisation», Revue française de gestion,
no 123, pp. 72-79.
10
B. Brunhes (1990): «La flexibilité du travail: définitions et modèles», Cahiers français, no 246,
pp. 73-76.
164 Externe-2007-04-0157-01.doc
des résultats financiers» (Dif, 1998, p. 233) 11. Elle se manifeste donc, comme son nom
l’indique, à l’intérieur des frontières de l’organisation considérée, et implique de disposer
de surcapacités en ressources et en compétences. La flexibilité externe consiste, quant à
elle, à «ajuster le niveau de l’emploi au sein de l’entreprise en fonction des besoins de la
production et du marché» (Dif, 1998, p. 234). Elle revient donc soit à jouer sur le nombre
de salariés de l’entreprise (embauches et licenciements, contrats à durée déterminée), soit à
faire appel aux services d’autres entreprises (intérim, sous-traitance, filialisation). Outre le
fait qu’elle participe à la précarisation de l’emploi, l’un des risques liés à la pratique de la
flexibilité externe est de voir disparaître les savoirs opérationnels, et tout particulièrement
les savoirs tacites liés à la pratique quotidienne des salariés de l’entreprise (Tarondeau,
1999b) 12 . Cette typologie flexibilité interne/flexibilité externe est souvent utilisée pour
marquer les différences de pratiques selon les pays. Ainsi, deux modèles principaux
s’opposeraient (Brunhes, 1990) 13: d’un côté, un modèle britannique, qui se base sur une
flexibilité externe et quantitative des ressources humaines; d’un autre côté, le modèle
suédois, qui correspond à une perspective à long terme des ressources humaines, où la
flexibilité est majoritairement interne, orientée vers la flexibilité qualitative. L’existence
d’une flexibilité technico-organisationnelle en est l’une des conditions de base 14.
Comme cela vient d’être mentionné, il est également possible d’opposer la flexibilité
quantitative à la flexibilité qualitative. La flexibilité quantitative s’illustre par les travaux
d’Adkinson et des théoriciens de la segmentation du travail, dans laquelle on trouve au
centre un marché interne, relativement stable, composé du «noyau dur des salariés» qui
bénéficient de la forme classique du contrat de travail (contrat à durée indéterminée) et un
marché externe, instable, archétype de l’emploi flexible, avec des formes d’emploi
particulières ou atypiques (CDD, temps partiel, intérim, etc.). Dans cet aspect quantitatif de
la flexibilité, cette dernière est sous-tendue dans la nature même du contrat de travail, qui
permet alors d’aboutir à une flexibilité du temps de travail en tant qu’élément majeur de la
gestion des ressources humaines, en opposition à la fidélisation ou aux mécanismes de
loyauté (Baret, 1997) 15.
Dans le secteur privé, les deux marchés ne sont pas étanches, les salariés du marché
interne pouvant d’un moment à l’autre être en situation de précarité, ceux du marché
externe ayant, quant à eux, l’espoir de se trouver à l’inverse en phase de stabilisation de
11
M. Dif (1998): «Flexibilité du travail et ses implications pour l’emploi: réflexion sur les modèles
émergents», Economies et sociétés, no 20, 3, pp. 231-246.
12
J.-C. Tarondeau (1999b): La flexibilité dans les entreprises, Paris, Presses universitaires de
France.
13
B. Brunhes (1990): «La flexibilité du travail: définitions et modèles», Cahiers français, no 246,
pp. 73-76.
14
Avec l’apparition de nouveaux systèmes productifs depuis les années quatre-vingt, l’ajustement
des flux de production est censé accroître la capacité de l’entreprise à réagir face aux «aléas» de la
demande. La flexibilité de la production provient de transformations technologiques et
organisationnelles qui visent à ce que l’organisation s’adapte mieux aux variations quantitatives et
qualitatives de la demande.
15
C. Baret (1997): «La gestion de la flexibilité du temps de travail dans les grandes distributions
françaises: la GRH mise en échec?», M. Tremblay et B. Sire (éditeurs.): GRH face à la crise.
Externe-2007-04-0157-01.doc 165
leur emploi. Rojot (1989) 16 souligne, cependant, que le modèle de flexibilité du travail
noyau-périphérie n’a aucune validité explicative dans la réalité, du fait notamment que
certains effets résultent plus de stratégies produits-marchés que de stratégies de main-
d’œuvre (flexibilité stratégique, technologique, etc.).
La polyvalence est accrue par des formations ponctuelles et, au quotidien, par les
capacités d’apprentissage des individus. La flexibilité qualitative du travail est amplifiée
pour des organisations où le travail de groupe occupe une place importante, où il y a une
importante mobilité interne et où la direction développe une politique visant à mobiliser la
capacité d’apprentissage. Elle repose donc sur l’étendue des compétences, ou la
polyvalence, et sur les capacités d’apprentissage des individus.
16
J. Rojot (1989): «Flexibilité du marché du travail: expériences nationales», OCDE: La flexibilité
du marché du travail – Nouvelles tendances dans l’entreprise, Paris, pp. 39-64.
17
C. Everaere (1999): «Emploi, travail et efficacité de l’entreprise: les effets pervers de la flexibilité
quantitative», Revue française de gestion, no 124, pp. 5-21.
18
J.-C. Tarondeau (1999b): La flexibilité dans les entreprises, Paris, Presses universitaires de
France.
19
J.-C. Tarondeau (1999a): «Approches et formes de la flexibilité», Revue française de gestion,
no 123.
166 Externe-2007-04-0157-01.doc
L’accroissement de l’autonomie et des compétences des salariés est une condition
nécessaire au développement de la flexibilité qualitative (Everaere, 1997) 20 . Ceux-ci
doivent donc être en mesure de maîtriser les différentes situations de travail et de répondre
aux aléas (ce qui induit de rompre avec la logique taylorienne de séparation entre la
conception et l’exécution), afin d’être effectivement mobiles au sein de l’entreprise. La
polyvalence et la mobilité sont également en rupture avec la vision classique de la
parcellisation des tâches issue du management scientifique.
Il est par conséquent très difficile de séparer dans les faits la flexibilité au niveau
organisationnel de la flexibilité au niveau des individus. De plus, la mise en œuvre de la
flexibilité qualitative n’est pas chose aisée. En effet, si, de manière théorique, la mobilité
des salariés en divers points du processus productif est réalisable par le biais de leur plus
grande polyvalence, cela se révèle plus difficile dans les faits et trouve ses limites lorsque
ce processus devient complexe, et donc que la polyvalence devient plus difficile à acquérir
(Everaere, 1997).
20
C. Everaere (1997): Management de la flexibilité, Paris, Economica.
21
M. Dif (1998): «Flexibilité du travail et ses implications pour l’emploi: réflexion sur les modèles
émergents», Economies et sociétés, no 20, 3, pp. 231-246.
22
C. Everaere (1999): «Emploi, travail et efficacité de l’entreprise: les effets pervers de la flexibilité
quantitative», Revue française de gestion, no 124, pp. 5-21.
Externe-2007-04-0157-01.doc 167
1.4. Une société à haut risque pour les travailleurs
Les recherches consacrées dans les années quatre-vingt-dix à l’étude des modalités de
gestion des ressources humaines semblent indiquer une très forte flexibilité des modes de
gestion de la main-d’œuvre et la création d’emplois plutôt précaires sur lesquels se reporte
une partie les aléas de la demande, en complète contradiction avec le niveau requis
d’implication du personnel pour satisfaire la clientèle. La tendance est une segmentation et
une flexibilisation accrue des politiques et des pratiques de GRH (Allouche & Sire édition,
1998; Louart, 1994; Bournois, 1994) 23.
Des signes montrent que, dans certains secteurs et entreprises et sur les marchés du
travail tendus, la relation traditionnelle entre employeurs et travailleurs s’affaiblit.
Beaucoup d’employeurs se sentent aujourd’hui moins responsables de la sécurité de
l’emploi et de revenu et de la carrière de leurs personnels. Par ailleurs, les travailleurs
hautement employables jugent souvent qu’il est dans leur intérêt de ne pas se cantonner
dans la même entreprise.
Il faut souligner d’abord que, de manière générale, les travailleurs sont appelés à
assumer une part de plus en plus grande des risques inhérents aux nouvelles méthodes de
faire des affaires ou d’exploiter une entreprise. En effet, la nouvelle économie semble se
dérouler sur un mode qui rappelle le fonctionnement très mouvant des marchés financiers:
on récompense ou punit démesurément le succès ou l’échec, et bon nombre d’entreprises,
de haute technologie par exemple, fonctionnent largement à partir de leurs propres
institutions ou règles de travail, qu’il s’agisse de la rémunération, des heures de travail ou
des formes de représentation. Ainsi, une large part des risques reliés au marché et au milieu
de travail retombent de plus en plus sur eux. C’est dans cette perspective que l’on parle de
plus en plus d’une société à hauts risques, considérée ainsi en regard de l’ensemble des
conditions d’emploi et de carrière d’un grand nombre de travailleurs. Ces risques sont
multiples:
L’accès aux avantages sociaux constitue une matière à risques hautement accrus. Les
assurances collectives, traditionnellement négociées ou offertes par les entreprises à
leurs employés réguliers, risquent de devenir l’apanage d’un nombre de plus en plus
restreint d’employés, au fur et à mesure que s’accroît la part relative des emplois
atypiques, souvent précaires.
23
J. Allouche et B. Sire (éditeurs) (1998): Ressources humaines: une gestion éclatée, Paris,
Economica.
P. Louart (1994): «La GRH à l’heure des segmentations et des particularismes», Revue française de
gestion, mars 1994, pp. 79-94.
F. Bournois (1994): «L’emploi et la gestion des ressources humaines en Europe. Une synthèse des
évolutions majeures depuis 1993», Revue Personnel, no 354, oct. 1994, pp. 43-49.
168 Externe-2007-04-0157-01.doc
L’accès à la formation constitue un autre risque. En effet, à moins d’avoir déjà un
emploi régulier, les coûts de formation s’avèrent souvent prohibitifs pour le
travailleur sans emploi ou détenteur d’un emploi précarisé. Enfin, il faut souligner les
risques d’obsolescence de la formation lorsque les connaissances acquises sont liées à
des processus industriels ou à des produits en constante mutation, sinon à des
entreprises spécifiques;
Le temps du travail n’est plus le même. La distribution des heures de travail devient
de plus en plus inégale avec l’émergence des formes atypiques de travail.
La législation du travail constitue la pierre angulaire des structures et des règles qui
encadrent les systèmes de travail et de gestion du travail. Essentiellement, ce cadre
législatif repose sur le modèle du «taylorisme», c’est-à-dire sur la relation d’emploi stable
dans une organisation industrielle du type des grandes entreprises manufacturières.
Destinée à répondre à des besoins normalisés et répétitifs, cette législation est fondée sur
des relations de travail systématiquement encadrées, où les fonctions sont parcellisées dans
des descriptions de tâches souvent fort détaillées et où bon nombre d’employés sont
contraints à jouer le rôle d’exécutants dociles. La dynamique propre des relations
industrielles est essentiellement conflictuelle, c’est-à-dire fondée sur l’exercice du droit de
grève ou de lock-out, ou l’appréhension de celui-ci. La conclusion d’une convention
collective, sorte de traité de paix à durée limitée, signifie la fin de la négociation et la
confine dans le temps.
Externe-2007-04-0157-01.doc 169
économie 24. Les phénomènes de sous-traitance, d’impartition ou de recours aux agences
de personnel amènent un éclatement des concepts juridiques en usage. Traditionnellement,
la notion d’«employé» ou de «salarié» se réfère à un état de subordination direct dans une
relation bipartite, inscrite dans un lieu de travail stable où l’autorité est incarnée par un
contremaître. Or ni ce type de relation ni un lieu de travail identifié, ni même l’existence
d’un niveau intermédiaire d’encadrement ne correspondent à la réalité de l’économie du
savoir où l’initiative et l’autonomie sont au cœur même de l’organisation.
24
Voir BIT: La relation de travail, rapport V(1), Conférence internationale du Travail, 95e session,
2006, Genève, 2005.
25
V. Klemperer, 1975: LTI Notizbuch eines Philologen (Leipzig, Reclam Verlag), traduit de
l’allemand sous le titre: LTI La langue du IIIe Reich (Paris, Albin Michel), 1996, pp. 197 et suiv.
170 Externe-2007-04-0157-01.doc
trouvent ainsi privés de la possibilité de vivre de leur travail 26 .» Cette approche du
problème, qui mêle efficacité et bons sentiments, et subordonne la question du travail à
toutes les autres, est condamnée à l’échec. «Le problème est dans tous les cas de concilier
le temps court de l’échange économique réalisé par le contrat avec le temps long de la vie
humaine» 27.
La compétitivité externe des entreprises est également influencée par l’image que ces
entreprises donnent en matière de respect des normes fondamentales du travail. Le marché
mondial des produits THC est en effet influencé par l’attitude des consommateurs finaux
qui se préoccupent de plus en plus des conditions dans lesquelles ont été produits les
vêtements ou les chaussures qu’ils achètent. Ceci explique la prolifération des codes de
conduite et autres initiatives volontaires privées qui, pour les secteurs THC, font
principalement référence au respect des normes fondamentales de l’OIT.
L’OIT a été créée en 1919, principalement dans le but d’adopter des normes
internationales pour remédier aux «conditions de travail impliquant l’injustice, la misère et
les privations». L’incorporation de la Déclaration de Philadelphie dans sa Constitution en
1944 a permis d’étendre le mandat normatif de l’Organisation à des questions d’un ordre
plus général mais liées à la politique sociale, aux droits de l’homme et aux droits civils.
Les normes internationales du travail résultent d’un accord international tripartite sur ces
questions.
26
Voir A. Supot: Le travail en perspectives, Revue internationale du Travail, vol. 135 (1996), no 6.
27
Op. cit.
Externe-2007-04-0157-01.doc 171
contraignant que les conventions et recommandations. Il s’agit des recueils de directives
pratiques, des résolutions et des déclarations. En règle générale, ces documents cherchent à
avoir un effet normatif, mais ils ne sont pas considérés comme faisant partie du système
des normes internationales du travail de l’OIT. On en compte de nombreux exemples.
L’OIT a adopté plus de 180 conventions et plus de 185 recommandations qui portent
sur un grand nombre de sujets. Le Conseil d’administration du Bureau international du
Travail a décidé de considérer huit conventions comme fondamentales pour les droits des
travailleurs. Elles doivent être mises en application et ratifiées par tous les Etats Membres
de l’Organisation. Il s’agit des conventions fondamentales de l’OIT. Quatre autres
conventions portent sur des questions essentielles pour les institutions et les politiques du
travail. Ce sont les «conventions prioritaires». Les autres instruments, qui couvrent un
large éventail de sujets, ont été rangés dans 12 catégories de conventions et de
recommandations.
Liberté syndicale
– convention (nº 87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948;
Egalité
– convention (nº 182) sur les pires formes de travail des enfants, 1999.
172 Externe-2007-04-0157-01.doc
Les normes du travail assurent la réalisation d’objectifs d’équité et de proportionnalité
des coûts sociaux. Globalement, les travailleurs ont besoin de mutualiser les risques
sociaux auxquels ils font face, ce qui devrait valoir également pour les travailleurs
atypiques. Les protections sociales, accessibles à des travailleurs en usine, doivent
également s’appliquer aux autres travailleurs à un coût comparable.
Chacune des normes minimales prises isolément, que ce soit les heures normales, la
durée du travail, le temps supplémentaire, le salaire minimum, les congés etc., sanctionne
quelque droit que l’Etat choisit d’imposer ou de donner d’autorité à tous les travailleurs.
Une telle norme se doit d’avoir par définition l’universalité propre aux droits d’ordre
public. La Tunisie a adhéré à cette logique juridique et humaniste des normes
fondamentales du travail en ratifiant toutes les conventions fondamentales de l’OIT (voir
tableau ci-dessous).
Tableau 75. Les conventions fondamentales de l’OIT selon la date de ratification par la Tunisie
Les conventions fondamentales relatives au travail des enfants ont été ratifiées à partir
de 1995 suite à la mise en œuvre de la réforme de l’enseignement scolaire qui vise à
assurer l’éducation de base pour tous. La lutte contre l’échec scolaire est en effet le moyen
le plus efficace pour éliminer le travail des enfants. Le programme de réforme mis en
œuvre par la Tunisie a permis l’application effective de l’obligation scolaire des enfants de
6-16 ans, sans discrimination. Le tableau ci-dessous indique le progrès obtenu dans ce
domaine entre 1997-98 et 2004-05. L’amélioration du niveau de vie des familles
tunisiennes, l’effort budgétaire de l’Etat pour assurer la gratuité de l’enseignement et les
réformes pédagogiques introduites ont été à l’origine du progrès obtenu dans la lutte contre
l’échec scolaire.
Tableau 76. Evolution du taux de scolarisation 6-16 ans par genre (en pourcentage)
Année scolaire 1997-98 1998-99 1999-00 2000-01 2001-02 2002-03 2003-04 2004-05
Garçons 88,4 88,2 89,6 89,5 90,1 90,4 90,0 90,0
Filles 86,5 87,2 88,8 89,1 90,1 91,4 91,0 91,0
Ensemble 87,5 87,7 89,2 89,3 90,1 90,9 90,5 90,5
Source: Ministère de l’Education et de la Formation, statistiques scolaires, 2004-05, p. 375.
Externe-2007-04-0157-01.doc 173
– le marché marqué par la différenciation des produits;
– l’organisation productive qui doit concilier réactivité des processus, qualité des
produits et réduction des coûts; et
Les progrès de l’automatisation ont transformé le rôle de l’homme dans son travail. Pour
Stroobants, «on ne parle plus de l’ouvrier qui exécute une tâche, mais de l’opérateur qui
maîtrise des incertitudes, qui doit résoudre des problèmes, voire gérer des projets» 28. L’auteur
pose l’hypothèse «d’une abstraction croissante des compétences associées à
l’automatisation» 29. Pour Parlier, les transformations technologiques ont eu des répercussions
sur tous les métiers. «Dans ce contexte de travail évolutif et soumis à des aléas non strictement
prévisibles, la compétence prend une importance centrale puisqu’il ne s’agit plus seulement de
mettre en œuvre des savoirs directement liés à des activités délimitées et prédéfinies, mais aussi
et surtout de faire face à des situations évolutives. Etre capable de réagir à une situation connue
en fonction d’une solution préexistante bien identifiée n’est plus suffisant; ce qui importe
désormais, c’est de faire face à l’imprévu, d’élaborer des solutions inédites pour des situations
imprévisibles» 30.
28
M. Stroobants: La compétence à l’épreuve de la qualification, J.P. Durand: Vers un nouveau
modèle productif, Syros, p. 269.
29
Op. cit., p. 275.
30
Article «La compétence au service d’objectifs de gestion», pp. 91-107, issu du livre de M. Parlier;
F. Minet, S. Witte: La compétence mythe, construction ou réalité?, édition L’harmattan, 1994.
31
G. Hamel, C.K. Prahadal: La conquête du futur, Interédition, chap. 1, pp. 9-33.
32
Les compétences organisationnelles sont traitées principalement par la littérature anglosaxone.
Nous souhaitons souligner deux articles principaux:
– R.G. McGrath, I.C. MacMillan, S. Venkataraman: Definig and developing Competence: a
strategic process Paradigm, Strategic Management Journal, Vol. 16, 1995, pp. 251-275.
– C.K. Prahadal, G. Hamel: The Core Competence of the Corporation, Harvard Business Review,
May-June 1990, pp. 79-91.
174 Externe-2007-04-0157-01.doc
rappelant que c’est «de plus en plus au sein de rapports coopératifs que cet
autodéveloppement de la compétence apparaît, à la fois comme besoin et comme
dynamique, par interpellations croisées des savoirs et des intelligences des personnes
impliquées dans ces rapports, face à des situations qu’ils assument ensemble» 33.
33
P. Zarifian: Coopération, compétence et système de gestion dans l’industrie: à la recherche de
cohérence, cinquième congrès de l’AGRH, 17-18 nov. 1994, Montpellier, pp. 15-21.
34
L’accord entre les partenaires sociaux français sur la formation tout au long de la vie est le
résultat d’un mouvement social qui s’appuie sur l’action de plusieurs syndicats, y compris la CGT.
35
G. Donnadieu, P. Denimal: Classification, qualification: de l’évaluation des emplois à la gestion
des compétences, Liaisons, p. 140.
36
M. Parlier: La compétence: mythe, construction ou réalité?, édition L’harmattan, 1994, p. 9.
37
C.-H.. Besseyre des Horts: Vers une gestion stratégique des ressources humaines, éditions
d’Organisation, 1988.
Externe-2007-04-0157-01.doc 175
trois missions de la GRH pour mettre en œuvre la stratégie de leur entreprise reposaient sur
l’acquisition, la stimulation et le développement des compétences. Dans un article sur «les
axes actuels de la réflexion en GRH», Henriet 38 considère que ce concept est une piste de
réflexion à développer. Il rappelle, toutefois, qu’il a déjà été utilisé par de grandes
entreprises sidérurgiques pour faire de la compétence le vecteur à la fois de l’évolution des
individus et de la rémunération. Dans ce cadre, différents outils sont proposés 39: les bilans
de compétences, les portefeuilles de compétences, l’outplacement, la méthode Hay, la
matrice de base pour la compétence professionnelle, etc. La compétence individuelle peut
être également appréhendée dans une optique de gestion stratégique. Elle est, dans ce cas,
assimilée à une ressource immatérielle 40 que l’entreprise doit maximiser. Cet «actif
invisible» 41 est alors intégré dans un processus de gestion stratégique afin de produire un
avantage concurrentiel significatif.
La gestion des compétences n’est pas un processus qui revêt un contenu identique
dans toutes les organisations. Dans certains cas, il représentera uniquement les entretiens
d’embauche. Dans d’autres sociétés, il comprendra les étapes d’évaluation annuelle et de
formation à de nouvelles compétences. Dans les organisations qualifiantes, la gestion des
compétences est une conséquence directe de la définition de ce type d’organisation. On
s’aperçoit donc que chaque entreprise gère les compétences de façon plus ou moins
intégrée. Michel et Ledru considèrent que: «la gestion des compétences est en fait un terme
générique que l’on pourrait détailler de la façon suivante:
38
B. Henriet: «Les axes actuels de la réflexion en GRH»; premières rencontres nantaises
chercheurs-praticiens de la GRH; 31 mars 1994, pp. 13-18.
39
Beaucoup de littérature existe sur ce sujet. Nous prendrons nos sources auprès de P. Michard,
A. Yatchinsky: «En quoi les bilans de compétences renouvellent la problématique de la
compétence», article du livre M. Parlier, F. Minet, S. Witte: La compétence: mythe, construction ou
réalité?, édition L’harmattan, 1994, pp. 193-211.
M. Anger, C. Courtin, P. Tronina: «Le portefeuille de compétences, un outil au service de la gestion
des carrières ouvrières, l’expérience du groupe TEM», article du livre M. Parlier, F. Minet, S. Witte:
La compétence: mythe, construction ou réalité?, édition L’harmattan, 1994, pp. 213-221.
La méthode Hay est largement expliquée dans cet ouvrage qui lui est totalement consacré:
A. Mitrani, D.M. Murray, A. Bernard: Des compétences et des hommes, le management des
ressources humaines en Europe, éditions d’Organisation, 1992.
40
Dans le cadre de la théorie des ressources, de nombreux travaux sur les ressources immatérielles
(«intangible ressource») font état de leurs caractères stratégiques durables («sustainable competitive
adavantage»), R. Hall: «A framework linking intangible resource an capabilities to sustainable
competitive advantage», Strategic Management Journal, vol. 14, 1993, pp. 607-618.
41
I. Hiroyuki, T.W. Roehl: Mobilizing Invisible Assets, Harvard University Press, Cambridge,
Massachusetts, 1987.
42
S. Michel, M. Ledru: Capital compétences dans l’entreprise: une approche cognitive, ESF, 1991,
p. 28.
176 Externe-2007-04-0157-01.doc
Pour que le processus de «gestion des compétences» fonctionne, on observe qu’il faut
que:
– le salarié soit suffisamment motivé pour développer des capacités intellectuelles lui
permettant de réaliser des enseignements opératoires à partir des situations
rencontrées au cours de sa vie, qu’elle soit professionnelle ou extraprofessionnelle,
etc.;
La qualité n’existe que par les hommes. Les normes internationales, comme ISO 9001
(version 2000), accordent une forte importance à leurs compétences et à leur implication.
Dans le chapitre 6.2 de la norme, les exigences sont définies comme suit dans le
chapitre 6.2: Ressources humaines:
6.2.1. Généralités: le personnel effectuant un travail sur la qualité du produit doit être
compétent sur la base de la formation initiale ou professionnelle, du savoir-faire et de
l’expérience.
6.2.2. Compétence, sensibilisation et formation précisent les exigences normatives:
– déterminer les compétences nécessaires pour le personnel effectuant un travail ayant une
incidence sur la qualité du produit;
– pourvoir à la formation ou entreprendre d’autres actions pour satisfaire ces besoins;
– évaluer l’efficacité des actions entreprises;
– assurer que les membres de son personnel ont conscience de la pertinence et de
l’importance de leurs activités et de la manière dont elles contribuent à la réalisation des
objectifs qualité;
– conserver les enregistrements appropriés concernant la formation initiale et
professionnelle, le savoir-faire et l’expérience.
Quelles compétences pour fiabiliser la capacité à répondre aux attentes des clients
d’aujourd’hui?
Quelles compétences pour se positionner avant les concurrents sur les marchés les
plus intéressants de demain?
43
Idée énoncée par G. Jedliczka, G. Delahaye: Compétences et alternances, éditions Liaisons, 1994.
Externe-2007-04-0157-01.doc 177
Quelles compétences pour répondre aux nouvelles exigences de mon emploi?
Quelles compétences pour se positionner sur les emplois les plus porteurs de demain?
Aussi bien pour l’entreprise que pour l’individu, quatre compétences sont
fondamentales: consolider, développer, anticiper et innover. L’innovation crée de la valeur
ajoutée. L’entreprise doit être à l’écoute de toutes les catégories du personnel pour repérer
les idées innovantes. L’enjeu de la gestion des emplois et des compétences est de trouver
de nouvelles règles socialement équitables pour les organisations d’aujourd’hui.
L’efficacité des organisations du passé reposait sur un modèle mécanique des rouages et
l’homme qu’il faut à la bonne place. Les organisations efficaces d’aujourd’hui reposent sur
un modèle «biologique» d’adaptation permanente. Il devient alors important d’apprendre
«tout au long de la vie» et de trouver de nouvelles règles qui concilient efficacité et équité.
Tableau 77. Raisons de l’engagement dans la démarche de gestion des compétences par certaines
entreprises tunisiennes
178 Externe-2007-04-0157-01.doc
3.5. Les bases de la logique «compétences»
Il existe deux approches fondamentales: d’abord, l’approche par les compétences des
personnes dans leur emploi: emplois types (regroupement plus ou moins large de postes de
travail), hiérarchisés par métier; ensuite, l’approche par les compétences collectives de
l’organisation: Il s’agit d’identifier les points forts et les points faibles dans la maîtrise des
processus.
La notion de poste d’emploi est remplacée par celle d’emploi type, plus large, auquel
sont attachées des compétences requises. Si, physiquement, les personnes sont bien
affectées à un certain moment à un poste de travail, elles n’y sont pas enfermées. Leur
encadrement doit organiser leur mobilité entre ces postes pour les mettre en situation.
Chaque personne affectée à l’emploi a vocation de maîtriser l’ensemble des compétences
requises.
Dans un même emploi, des salariés peuvent donc avoir des niveaux de maîtrise des
compétences différents. Cela ouvre des voies d’évolution individuelle dans l’emploi sans
qu’un poste de niveau supérieur se libère. La manière dont ces niveaux sont reconnus dans
des conditions socialement équitables, avec un effet positif sur la compétitivité de
l’entreprise, est un sujet clé du dialogue social dans l’entreprise.
L’évaluation de la compétence est parfois binaire (oui/non). Elle est également selon
l’autonomie: ne sait pas faire, sait faire avec de l’aide, sait faire de manière autonome, est
capable d’en former d’autres. Elle est évaluée aussi selon la complexité (de l’application
répétitive de consignes sur des tâches simples jusqu’à la coordination de tâches complexes)
L’évaluation individuelle peut être interne. Il s’agit de l’autoévaluation, avec discussion
avec l’encadrement, l’observation en situation par l’encadrement et le test professionnel
L’évaluation peut être externe: examens, validation des acquis de l’expérience,
certifications.
Externe-2007-04-0157-01.doc 179
Tableau 78. Les actes de gestion des ressources humaines concernés par la gestion des emplois
et des compétences
180 Externe-2007-04-0157-01.doc
Répartition des rôles et des responsabilités: rôles respectifs de la hiérarchie et des
formateurs – internes ou externes – avant, pendant et après, rôle des stagiaires, etc.
Qui sont les «acteurs de la réussite»?
Deux conditions sont à satisfaire pour mettre en œuvre une gestion des ressources
humaines selon l’approche de la gestion des emplois et des compétences:
Le dialogue social suppose donc que chaque entreprise fasse du développement des
compétences des salariés qu’elle emploie un enjeu de sa performance et que chaque salarié
fasse du développement de ses compétences un enjeu de la conduite de son parcours
professionnel. Le dialogue porte sur un projet de développement de compétences lié à la
stratégie de développement de la compétitivité de l’entreprise. Il pourrait porter
notamment sur:
44
Mobiliser les ressources pour développer les compétences professionnelles tout au long de la vie
est une question centrale qui ne peut pas être considérée comme dépendant exclusivement des
partenaires sociaux. D’autres acteurs ont également un rôle important, notamment les autorités
publiques afin de promouvoir l’intégration sur le marché du travail; l’entreprise afin de développer
ses compétences stratégiques; le salarié afin d’être acteur de son propre développement.
Externe-2007-04-0157-01.doc 181
Les entreprises tunisiennes du secteur TH sont appelées à évoluer dans un contexte
international et particulièrement européen qui devient de plus en plus sensible à la
promotion du dialogue social dans l’entreprise pour parvenir à un équilibre entre flexibilité
et sécurité. De nouvelles questions se posent relatives à la manière de gérer la main-
d’œuvre, et des compromis se négocient concernant les relations de travail, les possibilités
d’apprentissage tout au long de la vie, la flexibilité du temps de travail et l’organisation du
travail.
La définition du dialogue social retenue par l’OIT inclut toutes les formes de
négociation, de consultation ou d’échange d’informations entre représentants des
gouvernements, des employeurs et des travailleurs, qui portent sur des questions d’intérêt
commun liées à la politique économique et sociale 45. L’OIT admet que la définition et le
concept de dialogue social peuvent varier d’un pays à l’autre et évoluer dans le temps.
L’échange d’informations est l’intensité la plus faible du dialogue social; c’est l’étape
élémentaire du processus de dialogue. La consultation est pour les partenaires sociaux un
moyen non seulement de partager des informations, mais aussi de s’engager dans un
dialogue approfondi portant sur les questions abordées. La consultation exclut le pouvoir
décisionnel, mais elle aide à la décision. La négociation collective consiste en des
négociations entre, d’une part, un employeur, un groupe d’employeurs ou des représentants
d’employeurs et, d’autre part, des représentants de travailleurs, ayant pour objet de
résoudre les problèmes liés aux salaires et aux conditions d’emploi. Elle est très répandue
et institutionnalisée dans plusieurs pays et elle peut se dérouler au plan national, aux
niveaux des secteurs, des régions, de l’entreprise. La négociation collective traduit
l’intensité la plus élevée du dialogue social, notamment lorsqu’elle débouche sur la
signature de conventions collectives.
Le Groupe de haut niveau sur les relations du travail et les mutations dans l’Union
européenne a adopté une définition plus restrictive; le dialogue social est défini comme un
«processus où les acteurs s’informent mutuellement de leurs intentions et moyens,
analysent les informations qui leur sont fournies et précisent et expliquent leurs hypothèses
et attentes» 46.
45
J. Ishikawa: Caractéristiques du dialogue social national: document de référence sur le dialogue
social, Programme focal sur le dialogue social, la législation du travail et l’administration du travail,
BIT, Genève, mai 2004.
46
Commission européenne, Direction générale de l’emploi et des affaires étrangères, Unité
EMPL/D1, rapport du Groupe de haut niveau sur les relations du travail et les mutations dans
l’Union européenne. Commission européenne, Bruxelles, 2000.
182 Externe-2007-04-0157-01.doc
La conclusion d’une convention collective, sorte de traité de paix sociale à durée
limitée, signifie malheureusement la fin de la négociation et la confine dans le temps. Ce
modèle est dépassé dans le nouveau contexte des mutations rapides de l’économie et de
l’organisation du travail.
Pour participer au dialogue social de façon constructive, il importe que les partenaires
sociaux aient la capacité technique de traiter les questions abordées au cours du dialogue
social. Cette condition devient de plus en plus importante dans le contexte des mutations
économiques à l’échelle mondiale. Les partenaires doivent ainsi avoir recours à l’expertise
dans plusieurs domaines et être formés pour jouer efficacement leur rôle. Il s’agit de créer
des conditions politiques et logistiques rendant possible le dialogue et de donner l’appui
technique et scientifique en amont et en aval aux différentes organisations participant au
dialogue social.
47
J. Ishikawa, BIT (2004), op. cit.
Externe-2007-04-0157-01.doc 183
rend opaques les décisions prises et, de ce fait, produit une réaction négative chez les
acteurs concernés par les résultats du dialogue.
Il importe de souligner que deux grandes forces conduisent les partenaires sociaux à
s’engager dans la promotion du dialogue social: le développement du processus
démocratique et la haute concurrence du marché de l’entreprise adoptent un modèle de
compétitivité qui maximise la valeur ajoutée. Le contexte international est aujourd’hui de
plus en plus marqué par ces deux forces.
Il existe aujourd’hui un lien entre le dialogue social et les politiques d’entreprise pour
promouvoir la responsabilité sociale des entreprises (RSE) 48. Au cours des vingt dernières
années, des entreprises ont lancé un nombre croissant d’initiatives en matière de
responsabilité sociale et environnementale, parfois en réponse à des pressions exercées par
leurs parties prenantes. Certains des partenaires sociaux sectoriels européens entreprennent
actuellement des initiatives dans le domaine de la responsabilité sociale des entreprises,
comme la négociation de chartes et de codes de conduite.
48
Communication de la commission: La responsabilité sociale des entreprises: une contribution
des entreprises au développement durable, COM(2002)347 final.
49
Voir Commission des communautés européennes: Partenariat pour le changement dans une
Europe élargie – Renforcer la contribution du dialogue social européen, COM(2004)557 final.
184 Externe-2007-04-0157-01.doc
Nombre de textes sectoriels conjoints par domaine au niveau européen (1997-2003)
Développement durable 4
Non-discrmination 5
Temps de travail 7
Santé et sécurité 10
Elargissement 11
Emploi 16
Formation 18
Conditions de travail 28
Dialogue social 29
0 5 10 15 20 25 30 35
Source: Commission des communautés européennes: Partenariat pour le changement dans une Europe élargie – Renforcer la
contribution du dialogue social européen, COM(2004)557 final.
Externe-2007-04-0157-01.doc 185
Chapitre 10. Propositions pour promouvoir la compétitivité
socio-économique du secteur TH
La nouvelle stratégie tunisienne qui vise l’amélioration de la compétitivité du
secteur TH doit affronter avec succès les changements considérables qui se sont produits
dans le secteur TH à l’échelle mondiale. Nous sommes entrés dans une ère où la qualité et
le prix sont devenus de simples prérequis pour accéder à un marché. L’arme gagnante
utilisée par les entreprises les plus performantes est incontestablement celle du temps, dans
le but de fournir aux clients les produits dans un délai de plus en plus court. Au-delà du
simple avantage que la Tunisie tire de sa proximité avec l’Europe, la stratégie préparée
vise à mettre en place une véritable culture de réactivité des opérateurs locaux. Elle vise
ainsi le développement de la «capacité productive» 1 du secteur pour occuper une position
compétitive dans la chaîne des valeurs des produits 2.
Le plan d’action de cette stratégie prévoit en détail les changements à conduire dans
les domaines économique, financier et technologique conformément à l’exigence
opérationnelle de tout plan d’action. En revanche, l’axe relatif aux ressources humaines
prévoit des actions importantes mais sans les développer à un niveau opérationnel. Par
ailleurs, la question de la rénovation du dialogue social n’est pas abordée, alors qu’elle doit
être au cœur du plan d’action pour que «le moteur humain» 3 fonctionne dans le sens de
l’amélioration de la compétitivité.
Anthropologiquement parlant, «la culture opère comme une logique que partagent les
membres d’une société et qui sous-tend leur action individuelle et leurs réactions aux
situations vécues. Du point de vue de la gestion, la culture apparaît comme une contrainte
qu’il est nécessaire de prendre en considération pour le choix des politiques et des
techniques de gestion. Chaque culture comporte des valeurs favorables à la performance, à
1
La capacité productive est définie comme l’aptitude, premièrement, à produire des biens qui
répondent aux normes de qualité des marchés actuels et, deuxièmement, à se mettre à niveau pour
accéder à de nouveaux marchés.
2
Une chaîne de valeur consiste à décomposer le processus en une séquence d’activités créatrices de
valeur ajoutée et d’identifier les sources d’avantages pour les utilisateurs finaux d’un produit
particulier. La clé du concept de chaîne de valeur réside dans le fait qu’il y a création de valeurs à
chaque maillon de la chaîne. Cette création de valeurs peut être mesurée et sa répartition le long de
la chaîne analysée. On distingue deux principaux types de chaîne de valeur: les chaînes mues par les
acheteurs et les chaînes mues par les producteurs. Les industries à forte intensité de main-d’œuvre,
courantes dans les pays les moins industrialisés, sont souvent mues par l’acheteur (vêtements, fruits
transformés et produits horticoles).
3
L’étude stratégique sur le secteur souligne, à juste titre, que pour agir l’entreprise dispose de deux
moteurs principaux: le moteur technologique et le moteur humain (voir Gherzi: mise à jour de
l’étude stratégique du secteur Textile-habillement, Synthèses et conclusions, janv. 2004).
Externe-2007-04-0157-01.doc 187
condition qu’elles soient rigoureusement identifiées et opérationnalisées» 4 . L’enjeu est
qu’elle soit favorable au travail décent qui est un facteur de performance, comme nous
l’avons souligné dans cette étude.
Les propositions indiquent les activités et sous-activités à réaliser pour atteindre ces
objectifs.
4
Voir R. Zghal: Gestion des ressources humaines, édition CPU, Tunis, 2000.
5
10e plan (2002-2006), volume sectoriel.
6
Op. cit.
188 Externe-2007-04-0157-01.doc
Nous sommes convaincus que le sens profond que les partenaires sociaux ont de l’intérêt
national ainsi que le souci de consensus qui anime l’Union générale tunisienne du travail et
l’ensemble des travailleurs, d’une part, et l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de
l’artisanat, et l’ensemble des chefs d’entreprise, d’autre part, et leur perception profonde des
défis posés leur permettront, sans nul doute, de tenir compte des droits de l’ensemble des
parties et de consacrer la complémentarité positive entre les différents partenaires de la
production, dans le cadre de relations confiantes et civilisées et de la prise en compte profonde
des exigences de l’étape en cours, afin de consolider l’équilibre souhaité entre la protection
des représentants des travailleurs et le renforcement de l’efficacité de l’entreprise et de son
aptitude à résister aux défis.
Selon l’OIT 7, sept formes de sécurité seraient liées au travail décent pour construire
une mondialisation juste:
1) Le travail décent est d’abord associé à un emploi productif résultant d’une politique
macroéconomique; c’est la sécurité du marché du travail.
7
Voir BIT (1999): Un travail décent, rapport de M. Juan Somavia, Directeur général du BIT,
87e session de la Conférence internationale du Travail.
P. Auer et B. Gazier (éditeurs), 2002: L’avenir du travail, de l’emploi et de la protection sociale,
dynamique du changement et protection des travailleurs, compte rendu du Symposium OIT/France,
Lyon, édition OIT, ministère des Affaires sociales, Institut international d’études sociales.
OIT (2004), Conférence internationale du Travail, 92e session: Une mondialisation juste. Le rôle de
l’OIT, Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation, rapport du Directeur
général sur la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation.
Externe-2007-04-0157-01.doc 189
5) Il multiplie les possibilités d’acquérir ou de maintenir ses qualifications grâce à des
moyens innovants, à l’apprentissage ou à la formation professionnelle; c’est la
sécurité du maintien des qualifications.
La présence aujourd’hui des structures de dialogue dans toutes les régions du pays
exige que l’action administrative d’animation du dialogue soit une action de proximité. Le
recours à un personnel disponible et compétent dans ce domaine devient nécessaire pour
aider les partenaires à dialoguer autour de la compétitivité et le travail décent, tel que défini
plus haut par le BIT. La majorité du personnel de la Direction générale de l’inspection du
travail et de conciliation et celui de la Direction générale du travail ont reçu une formation
universitaire marquée par sa forte spécialisation en droit social 8 . Les métiers de
conciliation et d’animation du dialogue exigent aujourd’hui d’autres compétences pour
promouvoir efficacement le dialogue social dans le nouveau contexte économique des
entreprises. Nos propositions prennent en considération le caractère pédagogique de
l’animation du dialogue social.
2) d’aborder les sujets urgents qui préoccupent le secteur sur la base d’un diagnostic
scientifique accepté par les partenaires avec le souci commun de concilier
compétitivité et travail décent; et
8
Le corps des inspecteurs regroupe 489 cadres répartis sur tout le territoire national.
190 Externe-2007-04-0157-01.doc
3) de développer le rôle des services du ministère des Affaires sociales dans l’animation
du dialogue social permanent au niveau de l’entreprise et de la branche.
Le tableau ci-dessous présente les activités proposées pour atteindre ces trois sous-
objectifs.
1.1.1. Promouvoir une culture partagée du dialogue social parmi les chefs d’entreprise et les syndicats.
1.1.1.1. Faire connaître les accords qui concilient compétitivité et travail décent et qui sont obtenus en Tunisie
par le dialogue au quotidien dans l’entreprise.
1.1.1.2. Organiser des séminaires d’information sur l’expérience internationale du dialogue social qui concilie
compétitivité et travail décent, au profit des chefs d’entreprise et des syndicats.
1.1.2. Elaborer un diagnostic scientifique des problèmes du secteur accepté par les partenaires et adopter
des solutions qui concilient «compétitivité» et «travail décent».
1.1.2.1. Créer, par grand sujet, un groupe de travail qui mobilise les représentants des partenaires sociaux et
des experts choisis par eux en vue de réaliser un diagnostic scientifique des problèmes et d’identifier
les solutions qui concilient compétitivité et travail décent.
1.1.2.3. Diffuser auprès des chefs d’entreprise et des travailleurs le diagnostic partagé et l’accord obtenu sur
le sujet examiné.
1.1.2.4. Elaborer une évaluation objective et régulière de l’application des accords obtenus entre les
partenaires sociaux.
1.1.3. Définir des méthodes, des règles et des procédures pour donner aux accords obtenus par le dialogue
permanent un caractère juridique approprié. Ce processus est indispensable si l’on souhaite aboutir à
une acceptation générale du dialogue social.
1.2. Aborder les sujets urgents du dialogue social dans le secteur TH pour concilier compétitivité et travail
décent.
1.2.1. Réaliser une analyse scientifique des causes de l’absentéisme dans le secteur TH et identifier les
mesures appropriées pour les neutraliser.
1.2.2. Réaliser une étude sur l’organisation du temps de travail pour aider les partenaires sociaux à trouver
un compromis qui concilie l’amélioration de la compétitivité et le travail décent dans l’entreprise.
1.2.3. Développer le dialogue sur les moyens d’améliorer les conditions de sécurité et de santé au travail.
1.2.4. Développer le dialogue social sur le maintien dans l’emploi et la réinsertion professionnelle des
travailleurs du secteur en s’appuyant sur les acquis dans ce domaine.
1.3. Développer le rôle du ministère des Affaires sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l’étranger
(MASSTE) dans la promotion du dialogue social permanent aux niveaux de l’entreprise et de la
branche.
1.3.1.1. Créer des unités régionales spécialisées de promotion du dialogue social dans toutes les structures
régionales du ministère.
1.3.1.2. Donner au personnel de ces unités régionales une formation adaptée à sa mission de promotion du
dialogue.
Externe-2007-04-0157-01.doc 191
OS1 Consolider le dialogue social au niveau de l’entreprise et la branche
1.3.1.3. Mettre à la disposition du personnel les outils nécessaires pour l’exercice de leur mission d’animateur
du dialogue social, notamment les moyens de transport, de communication et de traitement
informatique.
1.3.2. Renforcer les compétences du personnel du ministère en fonction des exigences de leur métier.
1.3.3. Valoriser le dialogue social au niveau de l’entreprise et définir sa complémentarité avec le dialogue
au niveau de la branche.
1.3.3.2. Définir le rôle de la Direction générale du travail dans l’animation et la rénovation des méthodes de
travail du dialogue social au niveau de l’entreprise.
La compétitivité externe des entreprises est également influencée par l’image que ces
entreprises donnent en matière de respect des normes fondamentales du travail. Le marché
mondial des produits THC est en effet influencé par l’attitude des consommateurs finaux
qui se préoccupent de plus en plus des conditions dans lesquelles ont été produits les
vêtements qu’ils achètent. Ceci explique la prolifération des codes de conduite et autres
initiatives volontaires privées qui, pour les secteurs THC, font principalement référence au
respect des normes fondamentales de l’OIT.
Quatre sous-objectifs sont proposés pour mettre en place en Tunisie une gestion des
ressources humaines fondée sur la gestion des compétences et le travail décent:
192 Externe-2007-04-0157-01.doc
1) introduire un module de formation sur la gestion des ressources humaines (GRH)
fondée sur la gestion des compétences et le travail décent dans les programmes de
formation des futurs chefs d’entreprise;
Le tableau ci-dessous présente des propositions d’activités pour atteindre les trois premiers
sous-objectifs. Le quatrième sous-objectif peut être atteint sur la base des propositions de
l’étude réalisée par l’UGTT et le BIT 9.
OS2 Promouvoir la gestion des ressources humaines fondée sur la gestion des compétences
et le travail décent
2.1. Introduire un module de formation sur la gestion des ressources humaines fondée sur la gestion des
compétences et le travail décent au profit des futurs chefs d’entreprise.
2.1.1. Introduire un module de formation sur la gestion des ressources humaines fondée sur la gestion des
compétences et le travail décent dans les programmes de l’Institut de formation des futurs chefs
d’entreprise.
2.1.2. Introduire un module de formation sur la gestion des ressources humaines fondée sur la gestion des
compétences et le travail décent dans les programmes de promotion de la micro-entreprise gérés par
le ministère de l’Emploi.
2.1.3. Introduire un module de formation sur la gestion des ressources humaines fondée sur la gestion des
compétences et le travail décent dans les programmes des établissements qui intègrent les
compétences entrepreneuriales (établissements de l’enseignement supérieur et centres de formation
professionnelle).
2.2. Aider les entreprises à mettre en place une gestion des ressources humaines fondée sur la gestion
des compétences et le travail décent, dans le cadre du Programme national de coaching (PNC).
2.2.3. Assister les entreprises à maîtriser les outils techniques de la gestion personnelle des compétences
dans la perspective de l’amélioration de la compétitivité et du travail décent.
2.2.4. Inciter les entreprises à recruter les diplômés de l’enseignement supérieur titulaires d’une maîtrise en
gestion des ressources humaines en utilisant les dispositifs d’aide à l’insertion professionnelle des
diplômés de l’enseignement supérieur.
2.2.5. Organiser des séminaires de vulgarisation sur les méthodes de gestion des compétences et du travail
décent au profit des membres des comités consultatifs des entreprises.
2.2.6. Organiser des séminaires de vulgarisation sur les méthodes de gestion des compétences et du travail
décent au profit des cadres syndicaux.
9
UGTT-BIT: Le secteur Textile-habillement en Tunisie et le pari de la réinsertion professionnelle
des travailleurs, Tunis, juin 2005.
Externe-2007-04-0157-01.doc 193
OS2 Promouvoir la gestion des ressources humaines fondée sur la gestion des compétences
et le travail décent
2.3.1. Elaborer un plan de formation continue sur la base de l’identification des besoins des entreprises en
compétences par le dialogue social.
2.3.2. Mettre en place un système de validation des acquis de l’expérience professionnelle dans le secteur
TH impliquant les partenaires sociaux.
2.4. Elaborer un plan d’action de réinsertion professionnelle des travailleurs du secteur en impliquant les
partenaires sociaux et tous les acteurs concernés.
– L’espace de recherche-développement.
194 Externe-2007-04-0157-01.doc
les ateliers relais et la zone de production. Ainsi, les entreprises vont bénéficier, sur
les 40 hectares de terrains aménagés, d’un environnement propice à leur
développement.
– L’espace de formation. Cet espace devra comprendre des institutions de haut niveau
destinées à une élite d’étudiants plutôt qu’à une formation de masse.
1) développer l’information sur les métiers du secteur au profit des jeunes dans le cadre
de la nouvelle stratégie de passage de la sous-traitance à la cotraitance et le produit
fini;
3.1. Développer l’information sur les métiers du secteur TH dans le cadre de la nouvelle stratégie de
passage de la sous-traitance à la cotraitance et le produit fini.
3.1.1. Développer l’information sur les métiers du secteur TH au niveau du second cycle de l’enseignement
de base en partenariat avec les professionnels du secteur.
3.1.2. Développer l’information sur les métiers du secteur TH au niveau de l’enseignement secondaire en
partenariat avec les professionnels du secteur.
3.1.3. Développer l’information sur les métiers du secteur TH au niveau de l’enseignement supérieur en
partenariat avec les professionnels du secteur.
3.2. Développer le mode de formation en alternance dans les filières de l’enseignement supérieur qui
forment pour le secteur TH.
3.2.2. Identifier les entreprises dont l’organisation est favorable à la formation en alternance, notamment
parmi celles qui ont adopté un programme de mise à niveau.
3.2.3.1. Former des tuteurs pour la formation en entreprise parmi le personnel des entreprises.
Externe-2007-04-0157-01.doc 195
OS3 Développer le lien entre le système de formation initiale, la recherche
et les entreprises du secteur TH
3.2.3.2. Accorder une indemnité aux tuteurs et une subvention à l’entreprise pour compenser le manque à
gagner lié au temps alloué à la formation dans l’entreprise.
3.2.3.3. Engager des formateurs étrangers compétents pour des interventions courtes dans les conditions
définies par les entreprises.
3.2.3.4. Recueillir auprès des entreprises (notamment parmi celles qui réalisent un programme de mise à
niveau) d’autres propositions sur les conditions favorables à leur participation au mode de formation
en alternance. Cette activité pourrait se faire par la coopération entre les établissements de
l’enseignement supérieur, la FENATEX et le CETTEX.
3.3. Donner aux établissements d’enseignement supérieur une organisation autonome et responsable.
3.3.1. Identifier les obstacles à l’autonomie des établissements et définir les mesures pour les surmonter,
notamment dans les domaines suivants: la gestion du budget, le recrutement du personnel,
l’organisation et le développement des filières de formation, la négociation et la gestion des contrats
avec les entreprises, la planification et le développement futur de l’établissement.
3.3.2.1. Mettre en place, au niveau de chaque établissement, un système de suivi régulier de l’insertion
professionnelle des diplômés formés pour le secteur TH.
3.4.1. Créer un laboratoire multidisciplinaire de recherche en sciences sociales appliquées au secteur TH,
au sein de l’espace recherche du pôle technologique. Ce laboratoire peut favoriser la création d’un
réseau de chercheurs appartenant à plusieurs établissements de l’enseignement supérieur et à
plusieurs disciplines des sciences sociales: économie, gestion, droit, sociologie, psychologie, etc.
3.4.2. Préparer un programme de recherche-développement sur les sujets qui préoccupent les partenaires
sociaux comme, par exemple, l’absentéisme dans le secteur TH, l’organisation du temps de travail
dans le secteur, les innovations dans la gestion des ressources humaines dans le secteur, les
facteurs de développement du dialogue social dans les entreprises du secteur, l’impact de ce
dialogue sur la compétitivité et l’emploi
196 Externe-2007-04-0157-01.doc
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Annexe A.
ABSORBA CAMAIEU DIESEL
ADIDAS CATIMINI DMC
BALENO CELIO DOCKERS
BALMAIN CHANTELLE DODGE
BARBARA CHEVIGNON ETAM
BENETTON CHIPIE FILA
BERGER COATS VIYELLA FOR YOU
BIG-STAR COMPLICE FRANCK OLIVIER
BOUCHE A OREILLE CREEKS G-STAR
BUFALO D-LINE GAP
CACHAREL DESCAMPS GARDEUR
Annexe B.
y= ω L +Π
ωL+Π y
Y= (Y = )
P p
∂Y ∂Y ∂Y ∂Y
∂Y = dω + dL + dΠ + dp
∂ω ∂L ∂Π ∂p
∂Y L
=
∂ω p
ω L
∂Y L ω ω dω p = θ
dω = dω = L ,
∂ω p ω p ω Y
∂Y
∂ω dω
dω = θ
Y ω
202 Externe-2007-04-0157-01.doc
∂Y ω
=
∂L P
ω L
∂Y ω L ω dL p
dL = dL = L , =θ
∂L p L p L Y
∂Y
∂L dL
dL = θ
Y L
∂Y 1 Π
=
∂Π p Π
∂Y Π dΠ
dΠ =
∂Π p Π
∂Y Π Π
∂Π p dΠ p
dΠ = , = 1− θ
Y Y Π Y
∂Y
∂Π d Π = (1 − θ ) d Π
Y Π
∂y ωL + Π
=
∂p p2
∂Y ω L + Π
dp = − dp
∂p p2
∂Y ω L+ Π dp ωL + Π
dp = − , ( = Y )
∂p p p p
∂Y
∂p dp
dp= −
Y p
Externe-2007-04-0157-01.doc 203
Annexe C. Cadre juridique relatif aux régimes
d’annualisation du temps de travail
en Europe
Pays Principale Période Durée maximale Durée maximale Temps de Conditions
législation de référence de la journée de la semaine travail et exceptions
de travail de travail hebdomadaire
(heures) (heures) moyen (heures)
(ou maximum
annuel)
Autriche Loi sur le temps de Jusqu’à 12 mois – 48 40 heures Convention collective
travail (Arbeitszeigesetz, (ou la durée nécessaire pour
AZG) de 1997 (ainsi que hebdomadaire l’introduction des
des décrets dans le cas convenue horaires annualisés (ou
des services publics, collectivement si accord d’entreprises si
basés sur des inférieur des clauses
réglementations introductives le
spécifiques pour les permettent dans la
différentes catégories convention collective
de fonctionnaires correspondante)
Belgique Loi du 16 mars 1971 Entre 3 et 12 mois 9 heures dans le 45 heures dans le 38 Les formules flexibles de
(telle que modifiée), cadre des régimes cadre des régimes travail hebdomadaire
lois du 10 août 2001 et de semaines de semaines exigent normalement
du 17 mars 1987 et flexibles; flexibles; une convention
conventions collectives 11 ou 12 heures 50 ou 56 heures collective sectorielle.
no 42 bis du pour raisons pour raisons Raisons spécifiques: les
10 novembre 1987 spécifiques spécifiques horaires annualisés sont
autorisés pour des
raisons techniques ou
pratiques ou pour faire
face à une surcharge de
travail exceptionnelle et
l’accord du comité
sectoriel conjoint est
généralement
nécessaire. Sur la
période de référence, le
nombre d’heures
travaillés ne peut
dépasser les limites
normales de plus de
65 heures sans que le
travailleur ne se voie
immédiatement accorder
un repos compensateur
Danemark Loi de 2002 qui met en Jusqu’à 4 mois 40
œuvre la directive de
l’UE sur le temps de
travail (DK0112158F)
Finlande Loi sur le temps de Jusqu’à 40 Accord collectif au
travail (605/1996) 52 semaines niveau sectoriel (ou
accord local si l’accord
sectoriel le permet)
généralement requis
pour tout dépassement
de la durée de travail
légale de 8 heures par
jour et 40 heures
semaine
204 Externe-2007-04-0157-01.doc
Pays Principale Période Durée maximale Durée maximale Temps de Conditions
législation de référence de la journée de la semaine travail et exceptions
de travail de travail hebdomadaire
(heures) (heures) moyen (heures)
(ou maximum
annuel)
France Loi de Robien de juin Jusqu’à 12 mois Dix 48 ou 60 heures 35 heures Accord collectif au
1996 sur la réduction du dans certains cas (1 600 heures par niveau sectoriel ou de
temps de travail particuliers an maximum) l’entreprise nécessaire
(FR9705146F), lois pour l’introduction de
Aubry de juin 1998 l’annualisation
(FR9806113F) et de
janvier 2002
(FR0001137F) sur la
réduction du temps de
travail
Allemagne Loi sur le temps de 24 semaines Dix 48 8 heures par jour Des accords collectifs ou
travail d’entreprise peuvent
(Arbeitszeitegesetz) fixer une période de
1994 référence différente ou
une journée de travail
supérieure à 10 heures
dans certaines
circonstances
Grèce Loi no 2639/1998 Jusqu’à 12 mois 12 40 heures
(GR9807181F et (38 heures ou
GR9808185F) et loi 1 748 par an si la
no 2874/2000 période de
(GR0012192F) référence est de
12 mois)
Irlande Loi sur l’organisation du Jusqu’à 4 mois, 48 Accord collectif ou
temps de travail 1997 ou jusqu’à individuel nécessaire
12 mois par pour prolonger la
accord période de référence de
quatre mois à 12 mois
au maximum
Italie Loi no 196/1997 (art. 13), Jusqu’à 4 mois, 48 Convention collective
circulaire ministérielle ou jusqu’à nécessaire pour
no 10/2000 et décret 12 mois par prolonger la période de
législatif no 66/2003 accord référence de quatre mois
(IT0305305F) à 12 mois au maximum.
Luxembourg Lois du 9 décembre Un mois, Dix 48 40 heures Convention collective
1970 et du 12 novembre 4 semaines ou (10 heures par (ou autorisation
1971 telles que jusqu’à plus de un jour) ministérielle en
récemment modifiées an par accord l’absence de convention
par les lois du 12 février collective) nécessaire
1999, 8 mars 2002 et pour prolonger la
20 décembre 2002 période de référence de
un mois/quatre
semaines à un an ou
plus
Pays-Bas Loi sur le temps de 13 Normal: Normal: Normal: Convention collective ou
travail (Arbeidstijdenwet) – 9 heures – 45 heures – 40 heures accord conclu avec le
1995 (NL 0110102F) Par accord: Par accord: Par accord: comité d’entreprise
nécessaire pour
– 10 heures – 50 heures (sur – 45 heures; prolonger des horaires
Circonstances 4 semaines) Circonstances normaux dans tous les
particulières: Circonstances particulières: cas
– 12 heures particulières: – 48 heures
– 60 heures
Externe-2007-04-0157-01.doc 205
Pays Principale Période Durée maximale Durée maximale Temps de Conditions
législation de référence de la journée de la semaine travail et exceptions
de travail de travail hebdomadaire
(heures) (heures) moyen (heures)
(ou maximum
annuel)
Norvège Loi sur la protection des Accord individuel: Accord individuel: Accord individuel: Horaires normaux Accord écrit entre
travailleurs et – jusqu’à une – 9 heures – 48 heures l’employeur et le salarié
l’environnement de ascendance Convention Convention nécessaire pour le
travail nationale collective: collective: régime d’annualisation
(Arbeidsmiljoloven, AML) Convention de base; convention
1997 – 10 heures; – 54 heures collective nécessaire
collective Autorisation de Autorisation de pour des durées de
– jusqu’à un an l’inspection du l’inspection du travail journalières et
Autorisation de travail: travail: hebdomadaires
l’inspection du – pas de limites – pas de limites supérieures. Autorisation
travail: de l’inspection du travail
– jusqu’à 6 mois nécessaire pour
l’absence de limites
journalières ou
hebdomadaires (mais
sur des périodes plus
courtes)
Portugal Loi no 73/98 du Jusqu’à 4 mois ou 48 Convention collective
10 novembre 1998 sur jusqu’à 12 mois nécessaire pour
l’organisation générale par accord prolonger la période de
du temps de travail référence de quatre mois
(PT9812117N) à 12 mois au maximum
Espagne Décrets royaux Jusqu’à 12 mois 9 50 40 Convention collective
no 1/1995 et nécessaire pour
no 1561/1995, lois l’introduction de
nos 39/1999 et 12/2001 l’annualisation collective
(bien que certains
contrats de travail
individuels puissent
autoriser l’annualisation).
Suède Loi sur le temps de 4 semaines – – 40 Variations autorisées sur
travail (Arbetstidslagen) la période de référence
de 1982 si elles s’avèrent
nécessaires en raison de
la nature du travail.
Dérogations aux
réglementations relatives
au temps de travail
autorisées généralement
par convention collective
Royaume-Uni Réglementations sur le Jusqu’à – – 48 Convention collective
temps de travail de 1998 17 semaines ou (ou accord du personnel
(UK9810154F) jusqu’à lorsque les syndicats ne
26 semaines dans sont pas reconnus)
certains cas, ou nécessaire pour étendre
jusqu’à la période de référence
52 semaines par jusqu’à 52 semaines.
accord Les travailleurs peuvent
ne pas adhérer à la
semaine de 48 heures
maximum
Source: European Industrial Relations Observatory On-line.
206 Externe-2007-04-0157-01.doc
Annexe D. Déclaration de principe des partenaires
sociaux sur le textile et la mondialisation
(texte définitif, mai 2004)
Les industries textiles font partie intégrante de la tradition industrielle de l’Europe et
continuent d’y jouer un rôle important, notamment parce qu’elles font le lien entre, d’un côté,
l’industrie et l’innovation, de l’autre, la création et la culture. Elles ont aussi un rôle majeur en
termes d’emplois et d’aménagement du territoire. Parallèlement, ces industries ont une place
déterminante dans la structuration des industries des pays méditerranéens et de plusieurs pays
d’Europe centrale et orientale, puisqu’elles y occupent une part substantielle de la valeur
ajoutée des exportations et de l’emploi.
Externe-2007-04-0157-01.doc 207
Il. Politique européenne textile
et espace euroméditerranéen 1
1
Rappelons ici que l’on appelle espace euroméditerranéen, l’ensemble constitué par l’Europe et les
pays du pourtour méditerranéen, espace paneuropéen, l’ensemble constitué par l’Europe et les pays
d’Europe centrale et orientale (dont les contours sont donc modifiés suite à l’élargissement de
l’Europe), espace paneuroméditerranéen, l’ensemble constitué par l’Europe, les PPM (pays du
pourtour méditerranéen) et les PECO (pays d’Europe centrale et orientale). On utilisera ici le terme
«euroméditerranéen» pour désigner ce dernier espace.
208 Externe-2007-04-0157-01.doc
dans les services (encore que la compensation soit partielle et qu’il ne s’agisse pas du même type
d’emplois, de profils, de localisation, etc.), on peut aboutir à la formulation d’une politique de
l’emploi en adéquation avec l’environnement économique et ses impératifs.
Par ailleurs, si l’Europe sociale est encore mal définie et si la politique sociale dans les pays
méditerranéens et les pays d’Europe centrale et orientale est encore peu développée, il est possible
de promouvoir la dimension sociale à l’échelle du partenariat méditerranéen. On pourrait à cet égard
imaginer la mise en place d’un «label éthique» volontaire à l’échelle euroméditerranéenne. Ce label
pourrait s’étendre à d’autres régions du monde, à la condition qu’y soit réduite la part d’ombre et
que les donneurs d’ordre appliquent à la lettre les règles très strictes qui le conditionneraient.
De façon générale, il s’agit d’afficher une volonté politique commune en introduisant des
mesures visant à promouvoir la consommation de produits manufacturés qui donnent des
informations sur le respect des droits fondamentaux au travail et de l’environnement qui permettent
aux consommateurs de connaître l’origine des produits importés. L’étiquetage volontaire peut
permettre aux consommateurs d’identifier des produits qui ont été fabriqués dans le respect des
droits fondamentaux au travail, tels que définis par l’OIT 2.
Mutations industrielles/restructurations/
redéploiement/fusion-cession
L’industrie française a perdu des dizaines de milliers d’emplois en 2003, et les industries liées
à l’équipement de la personne sont particulièrement touchées. Tous les corps constitutifs de la vie
politique et économique ont une réelle difficulté à regarder les processus concrets de mise en œuvre
des mutations, les traitements effectifs de leurs conséquences.
Le problème posé aujourd’hui n’est plus la réparation des sinistres mais la nécessité qu’un
territoire s’organise pour favoriser un flux permanent d’activités et d’emplois. Il faut comprendre
qu’aucun des leviers n’est dans les mains d’un seul acteur et qu’aucun acteur, y compris l’Etat, n’est
en mesure d’assurer à lui seul le maniement de tous les leviers. Par ailleurs, il n’y a pas de
monopole de l’expertise, tous les acteurs doivent avoir, dans ce domaine, un rôle. Au nom de l’ordre
public, l’Etat a un rôle d’équité entre les territoires et les entreprises; il doit avoir, en outre, la prise
en charge de l’urgence sociale là où elle s’impose.
Les mutations industrielles font parfois peur aux salariés et aux organisations syndicales parce
qu’à l’expérience elles se font souvent dans l’urgence.
Pour que le processus s’inverse, il est nécessaire de privilégier un nouveau type de rapports
assis sur des règles de confiance, de transparence, de tolérance et d’efficacité, visant à aboutir à des
résultats concrets.
Les mutations nationales ne peuvent s’appréhender sans une vision européenne. Pour aller de
l’avant, sur l’économique et le social, d’un même mouvement, il faut une volonté politique pour
traiter en même temps les problèmes liés à la compétitivité, à l’environnement, aux accords
commerciaux, au social. Ce dernier a souvent été géré en termes de conséquences et de réparations,
alors qu’il doit l’être en termes de transition.
L’Europe a besoin d’instaurer une «discipline» globale, de fixer un cadre politique et de
préparer les contreparties sociales en mobilisant, à cet effet, de façon forte et prioritaire, les fonds
structurels européens pour assurer les transitions liées aux mutations industrielles dans tous les pays
européens. Rappelons que les industries qui vont souffrir le plus ces prochaines années sont celles
du textile, de l’habillement et du cuir (trois millions d’emplois au plan européen, auxquels
s’ajoutent les emplois indirects).
2
Les codes de bonne conduite d’entreprises qui rassurent le public peuvent parfois éviter, en
revanche, de s’interroger sur la persistance des problèmes rencontrés.
Externe-2007-04-0157-01.doc 209
Face à de tels mouvements de restructurations qui sont à nos portes et qui s’ajoutent à celles
en cours, il faut un accompagnement public des restructurations. Pour que le changement ne soit pas
que des menaces, il faut redistribuer de l’activité sur les territoires touchés par les restructurations et
faire que la formation, la qualité et la mobilité soient des éléments motivants dépassant les seuls
problèmes de coûts. Au cœur de ces mutations industrielles, les PME et leurs salariés représentent
une chance pour résister économiquement et pour ancrer des emplois dans les régions.
210 Externe-2007-04-0157-01.doc
La région au cœur des mutations
Il faut donner aux acteurs de terrain des obligations, mais aussi des moyens d’action. La
région apparaît comme un lieu central pour mener des politiques d’accompagnement des mutations
industrielles des PME dans l’Euromed et la mondialisation:
– financements des PME pour leurs investissements,
– fonds régionaux, fonds structurels européens,
– fonds d’Etat
doivent être mobilisés pour donner aux entreprises les moyens nécessaires à leur développement
(formation/innovation/exportation), en rediscutant les zonages actuels.
La région et le territoire sont des lieux adaptés également en matière de reclassement. Le
croisement des compétences entre l’ANPE, les cellules de reclassement et les acteurs de terrain
(maire, députés, conseils généraux, etc.) devrait, à cet égard, être systématique.
Externe-2007-04-0157-01.doc 211
Nous devons enrichir et approfondir le dialogue avec les partenaires sociaux de nos industries,
tant en Europe qu’en France, tant au plan de la branche que des régions et des entreprises, afin de
trouver les voies d’une prise en compte réelle des conséquences sociales des mutations industrielles.
Nous devons également développer, en concertation avec les organisations syndicales, au sein
notamment du FORTHAC; des programmes de formation ciblés sur les salariés car la formation
développe l’employabilité et accroît les chances de promotion des salariés (formations qualifiantes,
nouvelles compétences). Nous devons aussi développer la formation des entrepreneurs et des
équipes des PME: vision stratégique, réseaux électroniques.
Enfin, nous devons mettre en synergie, au bénéfice de nos PME, les importantes ressources
que constituent en France les écoles d’ingénieurs et de style, l’Institut français de la mode (IFM),
l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH) et le Réseau d’innovation industriel du
textile-habillement (R2ITH), et renforcer de façon générale en Europe et dans la zone Euromed les
synergies entre enseignement, recherche et création.
212 Externe-2007-04-0157-01.doc
Annexe E. Déclaration commune des partenaires
sociaux français et tunisiens
Externe-2007-04-0157-01.doc 213
A réorienter les fonds structurels européens pour assurer aux salariés et aux entreprises des
différents pays de la zone Euromed de la formation pour des emplois durables et à valoriser
l’exploitation de ces fonds à travers la mise en œuvre des projets de coopération;
A rendre éligible et favoriser l’approche sectorielle fondée sur la logique partenariale entre les
fédérations de la branche pour l’attribution des fonds;
A mettre en place, avec les institutions européennes, un observatoire sur les effets de la
mondialisation, à engager un processus sur les respects et l’application des normes fondamentales
du travail reconnu par le BIT;
A promouvoir les investissements par la création d’une banque de développement et de
coopération interindustrielle euroméditerranéenne, à l’instar de la BERD favorisant la transition des
pays d’Europe centrale et orientale;
A promouvoir et à mettre en place un label éthique (labellisation et certification de conformité
aux règles sociales et environnementales).
214 Externe-2007-04-0157-01.doc
Annexe F. Procédures du programme de mise à niveau
3. Intervention de la banque
Préalablement au dépôt au ministère de l’Industrie et de l’Energie de la demande de
l’entreprise pour le bénéfice du FODEC, le rapport de diagnostic/plan de mise à niveau doit être
examiné par la banque en vue de l’approbation du financement.
Le dossier relatif au PMN est centralisé et traité par la «Cellule de mise à niveau» de la
banque en impliquant son réseau.
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Il est conseillé d’associer au processus de mise à niveau dès les premières démarches (choix
des consultants, bureaux d’études, déroulement du diagnostic, et ce dans le cadre d’une concertation
avec l’entreprise) la cellule de mise à niveau de la banque.
La banque est dans ce cadre le partenaire financier de l’entreprise dans sa mise à niveau. Elle
est aussi son conseiller.
4. Dossier de demande
Dans le cadre de la procédure, le Bureau de mise à niveau du ministère de l’Industrie et de
l’Energie (BMN) a pour mission:
– d’instruire et d’évaluer les dossiers des entreprises en vue de leur examen par le Comité de
pilotage (COPIL);
– d’assurer la mission de guichet unique vis-à-vis des entreprises; il s’agit d’instruire dans le
cadre du plan de mise à niveau approuvé les dossiers se rapportant aux actions relevant
d’autres fonds (FOPRODEX, FOPROMAT, etc.) en vue de leur examen par les commissions
et organismes gestionnaires.
5. Primes octroyées
Pour les investissements immatériels:
– 70 pour cent du coût des études de diagnostic préalables à la mise à niveau avec un
plafond de la prime ne dépassant pas 30 000 dinars après validation par le COPIL; et
– 70 pour cent du coût des autres investissements immatériels.
Pour les investissements matériels:
– 20 pour cent de la part de l’investissement de restructuration dans le cadre de la mise à
niveau financée par des fonds propres; et
– 10 pour cent du reliquat de l’investissement de restructuration dans le cadre de la mise à
niveau financé par des crédits.
216 Externe-2007-04-0157-01.doc
Lesdites primes peuvent êtres cumulées aux avantages accordés par le code d’incitation aux
investissements dans le cadre de l’encouragement au développement régional.
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Annexe G. Définitions des principaux concepts
de la gestion des emplois et des compétences
Carte des emplois: représentation graphique du positionnement de chaque emploi type au
croisement de sa famille d’emplois et des niveaux de qualification. C’est aussi une représentation
des parcours professionnels possibles entre différents emplois, indiquant le niveau de proximité des
compétences requises (et donc les facilités d’accès d’un emploi à l’autre).
Compétence individuelle: savoir-faire opérationnel validé d’une personne occupant un emploi
type.
Compétence collective: capacité collective à maîtriser un ou des processus. Elle comprend les
compétences individuelles des personnes intervenant dans le processus, plus les compétences
d’interface permettant de mener à bien le processus.
Emploi localisé (ou poste): situation de travail réelle.
Emploi type: regroupement sous un même intitulé de plusieurs emplois actuels ayant une forte
similitude de contenu et d’exigence de compétences.
Emploi cible: description d’un emploi type futur exprimant un choix de l’entreprise sur les
évolutions souhaitables.
Famille professionnelle: ensemble des emplois types relevant d’une activité de l’entreprise
(laminage à froid, vente, informatique, achats personnels, etc.).
Sous-famille: découpage interne d’une famille professionnelle.
Emploi clé: emploi type ayant pour l’entreprise une importance cruciale.
Emploi sensible: emploi type pouvant être profondément modifié (quantitativement et/ou
qualitativement).
Filière: hiérarchisation interne des emplois type à l’intérieur d’une famille d’emplois, par
niveau de complexité correspondant à des niveaux distincts de classification.
Nomenclature: liste des emplois types, classés par familles et sous-familles.
Passerelles: modalité de passage d’une famille à l’autre.
Référentiel de compétences: inventaire écrit des compétences individuelles requises pour
l’exercice d’un emploi type.
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Annexe H. Convention no 135
ARTICLE 1
Les représentants des travailleurs dans l’entreprise doivent bénéficier d’une protection efficace
contre toutes mesures qui pourraient leur porter préjudice, y compris le licenciement, et qui seraient
motivées par leur qualité ou leurs activités de représentants des travailleurs, leur affiliation
syndicale, ou leur participation à des activités syndicales, pour autant qu’ils agissent conformément
aux lois, conventions collectives ou autres arrangements conventionnels en vigueur.
ARTICLE 2
1. Des facilités doivent être accordées, dans l’entreprise, aux représentants des travailleurs,
de manière à leur permettre de remplir rapidement et efficacement leurs fonctions.
2. A cet égard, il doit être tenu compte des caractéristiques du système de relations
professionnelles prévalant dans le pays ainsi que des besoins, de l’importance et des possibilités de
l’entreprise intéressée.
3. L’octroi de telles facilités ne doit pas entraver le fonctionnement efficace de l’entreprise
intéressée.
ARTICLE 3
Aux fins de la présente convention, les termes «représentants des travailleurs» désignent des
personnes reconnues comme tels par la législation ou la pratique nationales, qu’elles soient:
a) des représentants syndicaux, à savoir des représentants nommés ou élus par des syndicats ou
par les membres de syndicats; ou
b) des représentants élus, à savoir des représentants librement élus par les travailleurs de
l’entreprise, conformément aux dispositions de la législation nationale ou de conventions
collectives, et dont les fonctions ne s’étendent pas à des activités qui sont reconnues, dans les
pays intéressés, comme relevant des prérogatives exclusives des syndicats.
ARTICLE 4
La législation nationale, les conventions collectives, les sentences arbitrales ou les décisions
judiciaires pourront déterminer le type ou les types de représentants des travailleurs qui doivent
avoir droit à la protection et aux facilités visées par la présente convention.
ARTICLE 5
Lorsqu’une entreprise compte à la fois des représentants syndicaux et des représentants élus,
des mesures appropriées devront être prises, chaque fois qu’il y a lieu, pour garantir que la présence
de représentants élus ne puisse servir à affaiblir la situation des syndicats intéressés ou de leurs
représentants, et pour encourager la coopération, sur toutes questions pertinentes, entre les
représentants élus, d’une part, et les syndicats intéressés et leurs représentants, d’autre part.
∗
Note de l’éditeur: Date d'entrée en vigueur: 30 juin 1973.
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ARTICLE 6
L’application des dispositions de la convention pourra être assurée par voie de législation
nationale, de conventions collectives ou de toute autre manière qui serait conforme à la pratique
nationale.
ARTICLE 7
ARTICLE 8
ARTICLE 9
1. Tout Membre ayant ratifié la présente convention peut la dénoncer à l’expiration d’une
période de dix années après la date de la mise en vigueur initiale de la convention, par un acte
communiqué au Directeur général du Bureau international du Travail et par lui enregistré. La
dénonciation ne prendra effet qu’une année après avoir été enregistrée.
2. Tout Membre ayant ratifié la présente convention qui, dans le délai d’une année après
l’expiration de la période de dix années mentionnée au paragraphe précédent, ne fera pas usage de la
faculté de dénonciation prévue par le présent article sera lié pour une nouvelle période de dix années
et, par la suite, pourra dénoncer la présente convention à l’expiration de chaque période de dix
années dans les conditions prévues au présent article.
ARTICLE 10
ARTICLE 11
ARTICLE 12
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ARTICLE 13
ARTICLE 14
Les versions française et anglaise du texte de la présente convention font également foi.
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