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1955. Elle me semblait du mme registre que son " Dites, dites, dites encore..." dans la cure. Le dire du psychotique s'en trouvait lgitim, bien autrement que dans un entretien psychiatrique. L'accus de rception tait souvent un simple hochement de tte mais parfois un clat de rire, qui rappelait le passage au mot d'esprit du lapsus . L'auditoire, cette dritte Person, tel que Freud l'avait dit ncessaire pour le mot d'esprit, inquitait un peu le patient. A la question qui surgissait de la bouche du patient : " Qui sont ces personnes ? " dans l'amphithtre Magnan, Lacan rpondait : " Ce sont des gens choisis ", des qui sont l au titre de l'heresis, en somme du choix de leur dsir, prouv par quelque autre. Il ne disait pas " ce sont des tudiants au titre du discours universitaire, ni des docteurs admis au titre du discours du matre. En somme, il ne mettait pas en avant leurs qualits d'"astuds " terme que Colette Soler nous a si opportunment rappel Rio ni leurs qualits de membres du " cervice ", criture qu'il suggra pour dsigner le service hospitalier dans son rapport avec le joug. Par contre, il prcisait souvent : " ces personnes s'intressent ce qui vous arrive ", malgr la pente rotomaniaque du possible transfert psychotique, qu'il avait si bien claire. S'intresser n'tait pas comprendre . Comprendre, sans fonder cette comprenette en raison, faisait obstacle toute chance d'expliquer. En tout cas le ton tait donn par des formules comme " il faut mettre les points sur les i " ou " enfin j'appelle les choses par leur nom " pour mettre l'accent sur la pulsion, dans les prsentations comme dans une analyse de nvros. Etait-ce aussi la raison du frquent " qu'est-ce qui vous a pouss ... ? " L'entretien tait familier du fait de l'emploi de la langue vernaculaire, maille de " mon chou " adresse la jeune psychotique, du mme ton qu' la femme du monde, par celui qui avait situ le "mon chou ", l'occasion, dans les pithalames de l'amour. Nous y sentions comment " c'est lalangue dont s'opre l'interprtation, ce qui n'empche pas que l'inconscient soit structur comme un langage ". Le temps passait vite pour nous mais si le patient montrait un signe de fatigue ou un brin de rticence poursuivre, Lacan pouvait dire : " Nous bavardons depuis une heure et quart, a n'est pas norme ". Laissez-les parler longtemps crivait-il dans son sminaire sur les psychose