Professional Documents
Culture Documents
1919. S'inscrit à l'École des Beaux-Arts puis à l'École des Arts et Métiers de
Genève.
Un premier voyage en 1920 en Italie lui révèle Tintoret, Giotto, Cimabue, mais
aussi l’art égyptien. Il y découvre le Futurisme italien.
Hiver 1923-1924 : visite l’expo d’art africain et océanien au musée des arts
décoratif de Paris
1925. Giacometti « subi » la mode de la Revue nègre à Paris, art qu’il juge
plus apte pour établir une « sculpture vivante ».
// Interview par Jean Marie Drot en 1963 : « Si je regarde de profil, j'oublie la
face, c'est à dire la sculpture au fond occidentale…gréco-romaine disons, qui
veut toujours faire une tête telle quelle est. C’est la sculpture la plus abstraite
et la plus construite, la sculpture nègre où on fait de grandes têtes plates, elle
est beaucoup plus près de la vision du monde que la sculpture gréco
romaine. »
1965. Il reçoit le grand prix national des Arts, décerné par le ministère français
des Affaires culturelles.
FICHE TECHNIQUE
État en 1927, hauteur d'environ 120 cm. Seulement connu par le dessin. On
remarque que Giacometti avait pour projet de réaliser des bras au niveau des
tenons.
Fin 1929, le bas de la cuillère est repris au plâtre. (illustration de Marc Vaux)
1954, Version fondue par la Fonderie Susse, tenons des bras supprimés,
fusion entre le bas de la cuillère et le socle est réalisée.
Premier plâtre retouché (?) a probablement été moulé à creux perdu.
- Spoon Woman, 1926 (cast 1954) Bronze, édition 2/6, 56 3/4 x 20 x 9 in.
(144.1 x 50.8 x 22.9 cm)
Raymond and Patsy Nasher Collection, Dallas, Texas
1984.A.37
(inscription à l'arrière : "Alberto Giacometti 2/6" - côté gauche du socle :
"Susse Fondeur Paris");
- Spoon Woman, 1926 (cast 1954) Bronze, édition 3/6, 56 5/8 x 20 1/4 x 8 1/2
in. (143.8 x 51.4 x 21.6 cm).
Solomon R. Guggenheim Museum, New York
55.1414.
(inscriptions ?)
- Femme Cuiller, 1926 (cast 1954) Bronze, édition ?/6 (?) , 120 cm (?).
Zurich, Kunsthaus, Alberto Giacometti Stifung.
- Spoon Woman, 1926 (cast 1954) Bronze, édition ?/6, 57 x 20 1/4 x 8 1/4"
(144.8 x 51.4 x 21 cm).
Museum of Modern Art, New York
158.1986
PROBLEMATIQUE
ANALYSE PLASTIQUE
COMMENTAIRE
C’est avant tout en abordant l’art africain au travers de ses effets sur
l’œuvre de Lipchitz (1891-1973) (Figure, 1926 /1930 (cast 1937), plâtre peint,
220x95x75 cm, Musée national d'art moderne, Paris) ou de Brancusi (1876-
1957) (Adam et Eve, 1921, 238.8 x 47.6 x 46.4cm, Châtaigne (Adam) et
chêne (Eve), sur base de calcaire, Solomon R. Guggenheim Museum, New
York 53.1329.) que Giacometti l’étudiera directement à partir de 1926, lui
permettant ainsi de dépasser le cubisme et d’approcher la sculpture
« vivante », un retour au concept même de la vie.
Cette figure, de taille humaine, relève une pureté des formes dans la
transition homogène faite du plein et du creux entre la partie supérieure
saillante et inférieure concave du ventre (ondulation) et d’une simplification du
langage. Par l’importance accordée à l’élément central, la concavité de la
cuillère renvoyant à l’utérus féminin, la femme est ici, ramenée à sa fonction
primaire de mater-matrice contenant la vie.
La cuillère devenant la métaphore de la fécondité avec ce passage du plein
au creux, et vice versa, rappelant alors « la réponse du corps dans la relation
sexuelle et évoquant aussi la grossesse, ce qui est marquer le rôle de la
sexualité et de la fécondité dans l'accord de l’être humain et de l'univers »5
Femme cuillère, dans son imposante frontalité annonce une présence
marquée de l’être humain, que l’artiste a recherchée sans cesse, un corps
tout autant qu’une âme.
4 ?
5 Yves Bonnefoy, Alberto Giacometti : biographie d'une œuvre, Flammarion, Paris, 1996, p.142
c’est-à-dire encore, remarquons-le, dans l’esprit. »6
L’oxymore développé par la Femme cuillère peut être accentuée par le choix
même du matériau. En effet nous avons pu voir que les Idoles africaines, où
Giacometti puise ses sources, sont en bois ; matière organique qualifiée de
chaude et marquée par « son histoire » apparaissant la plus apte à
représenter le concept même de la vie.
Nous pouvons alors nous demander pourquoi Giacometti ne poursuit il pas
l’emploi de cette matière comme l’a fait Brancusi pour Adam et Ève. Le
bronze quand à lui est inerte et froid nous renvoyant ainsi au coté « morbide »
de l’œuvre décrit par Bonnefoy de l’enfant livré au néant qui le qualifie, ne
pouvant recevoir l’amour de sa mère, reléguée au simple rang de génitrice.
6 Idem.
7 Idem, p. 144
8 Idem, p. 145
9 Margherita Leoni-Figini, L’atelier d’Alberto Giacometti, 17 octobre 2007 – 11 Février 2008, Centre
Wiesinger souligne: « Giacometti cherche à faire advenir la présence de
l’œuvre d’art elle-même comme sujet, la présence de son être-œuvre, et son
caractère de chose vivante en soi […] »10
Pompidou, Direction de l’action éducative et des publics, octobre 2007. (site internet)
10 Véronique Wiesinger, « L’Atelier comme terrain infini d’aventure » in L’Atelier d’Alberto
Giacometti, Collection de la Fondation Alberto et Anne Giacometti, catalogue de l’exposition, Éditions
Centre Pompidou, 2007.