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L e Q uo t i d i e n
d es Mu n i c i p al es 2 0 0 8
r é a l i s é p a r l e s é t ud i a n t s
d e l ’ é c o l e s up é r i e u r e d e
jo u r n al i s m e d e L i l l e
de mars N um é r o 6
J e ud i 1 3 m ar s 2 0 0 8
Eric Woerth,
ministre
du Budget,
a passé quelques
heures à Lille,
au chevet d’un
candidat en mal
de suffrages.
Sébastien Huyghe
l’a reçu dans
son QG, où il
présentait
notamment
Sourires
un tract anti-Aubry.
de façade
Photo: Gaël Cogné
C’est reparti
L
du soldat Huyghe
L’ U M P s o r t l e s g r a n d s
mo ye ns. Branl e-bas d e
c ombat avant le deux iè me
’
t o u r, t o u t l e m o n d e s u r l e
p o n t . Pa r t o u t d a n s l ’ h e x a -
go ne , la dro ite r ep re nd l a
c amp a gne e n mai n et le
mo ntre . Apr ès des ré sul tats
mo ins catastr op hiq ues que
Par Madjiasra Nako
p r é v u s a u p r e m i e r t o u r, l e
but e st de s auve r le s p o ids LILLE. Eric Woerth, ministre du Budget,
l our ds de l a d roi te p our
ma s que r le s d éf ai te s, d ans a fait le déplacement à Lille hier
c e t t e Fr a n c e q u i d e v r a i t , l e pour soutenir Sébastien Huyghe,
16 mars , c hoi si r d’anc rer candidat UMP défait par Martine Aubry.
s on p ouv o ir lo c al à ga uch e
ambiance est décon- autres qui portent sur le projet du pour la salubrité pour le « rayonne-
p our l es s ix p roc h ai ne s a n-
tractée mais le sou- député UMP de la 5e circonscrip- ment » de la ville. C’est de tout cela
né es.
rire forcé. Aux tion pour la mairie de Lille. Il ac- que Sébastien Huyghe aimerait
N i c o l a s S a r k o z y, q u i s ’ e s t
quelques journa- cuse la maire de Lille d’avoir servi débattre avec Martine Aubry.
f ai t p lu s qu e dis cr et pe n-
listes parisiens « un écran de fumée aux Lillois » pour « Elle a toujours refusé » avance-t-il.
da nt la ca mp ag ne, a ré a f-
s’ajoutent la presse parler d’un bilan qui selon ses Du coup, Sébastien Huyghe qui a
firr m é , m a r d i , q u e l e s c r u t i n
fi
locale et l’équipe de dires cache un « échec ». « Embou- reçu une lettre de soutien de Jean
n’ é t a i t q u e l o c a l . I l e n v o i e
campagne. Le mi- teillages », « chasse à la voiture », « in- Louis Borloo, président du Parti
né a nmoi ns s o n Pr emi er mi -
nistre et le candidat salubrité » « cloisonnement des quar- radical qui compte des membres
n i s t r e a u c h a r b o n . To u j o u r s
arrivent au siège de tiers » caractérisent selon le sur sa liste, se lâche et professe :
aus si e n ve ine dans l es
campagne du candi- candidat de l’UMP le bilan de son « En 2002, elle avait pratiqué la même
s o n d a g e s , Fr a n ç o i s F i l l o n
dat UMP, place de la République, adversaire. En retour, lui pro- stratégie du mépris à mon égard lors
f a i t fi
figgure de VRP idéal
après un tour chez quelques com- pose un nouveau plan d’urba- des législatives. Mais les électeurs
p our l a dro i te.
merçants. Quelques plaisanteries et nisme pour « réconcilier les quar- m’ont préféré à elle ». On saura di-
Il se rend aujo urd’ hui à Pé -
la conférence peut démarrer, « au tiers », « la cohérence de services » manche si l’histoire bégaie…
ri gue ux po ur so ute nir s on
coin du feu » selon le maître des
mi nistre de l’ Educ atio n,
lieux, Sébastien Huygue. C’est un
X av ie r Da rco s . Il y s e ra a c -
véritable tir groupé du candidat
c omp agné d’ une gue st-
lillois et du ministre du Budget
star d e cho ix : le fraîc he-
contre Martine Aubry.
m e n t et la rg em e n t r é él u
C’est ce dernier qui ouvre le
mair e de Bordeaux, Alain
feu, présentant la maire de Lille
J u p p é . D e m ê m e , Pa t r i c k
comme la responsable de « l’effon-
De ve dji an, co -diri gea nt de
drement du pouvoir d’achat des Fran-
l ’ U M P, s e d é p l a ç a i t h i e r à
çais. Partout où elle est passée, on ne re-
Cannes.
tient que les 35 heures auxquelles nous
Une mani èr e de me ttre e n
essayons de répondre depuis que nous
avant l es mini stre s d éjà
sommes là. Même au Parti socialiste,
é lus et sauvé s au pre mi er
j’ai le sentiment qu’on n’a pas envie
to ur mai s a us s i de p as s e r
À Tourcoing,
Les ministres du gouvernement viennent prêter main forte
aux candidats UMP en difficulté.
Vanneste
LA PRESSION de mars Par Jean Décotte
passe la main
Quotidien réalisé par les étudiants de l’ESJ, de
T
de la publication :
out le monde n’a pas la chance de recevoir la vi- président Sarkozy dont il stigmatisait le « côté Neuilly ».
Sylvie Larrière, Cyril Petit,
Yves Sécher et Jacky Durand
site d’un ami parisien. Si Huyghe a tenté de se « Vous pouvez difficilement faire comprendre aux gens que
Houblonnage - Rédacteurs en chef :
faire une place au soleil des projecteurs avec Bor- vous êtes favorable au développement de l’emploi et du pouvoir
Flore Thomasset, Marc-Antoine Barreau,
loo et Woerth, Christian Vanneste n’a pas bénéficié du d’achat et manifestement avoir avec l’argent et les gens qui ont
Clémence Lambard, Nicolas Kienast
même traitement. Avant sa défaite au premier tour, le de l’argent un comportement désinvolte. L’étalage de la vie pri-
Embouteillage - Rédacteurs en chef
député UMP de Tourcoing comptait sur les venues du vée est quelque chose que je déteste », lâchait-il.
techniques :
Séverine Rouby, Florian Hervieux
ministre de la Défense, Hervé Morin, ou du chef du Déçu, le député a choisi hier de laisser sa place : il ne
Caroline Bozec, Guillaume Willecoq
groupe UMP à l’Assemblée Jean-François Copé. « Seul siègera pas au conseil municipal de Tourcoing. C’est
Sur le blog des municipales de l’ESJ,
Xavier Bertrand est venu, à peine dix minutes » en décembre donc Didier Droart qui reprendra le flambeau de
lire, écouter et regarder
dernier, confiait hier le député au quotidien Nord éclair. l’opposition, à la tête des huit conseillers UMP… face
les reportages des deuxièmes années :
http://chroniquesdemars.blogspot.com
L’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin devait aux 41 élus de l’union de la gauche. Un chemin de
apporter son coup de pouce entre les deux tours. Sauf croix que Christian Vanneste a préféré laisser à une
École supérieure de journalisme de Lille,
Guerre ouverte
À à gauche
Par Jeff Martin
duel
Le
PS et PC lors des élections municipales
de 2001 est révolue. Depuis septembre
dernier, les deux anciens piliers de
l’union majoritaire de 2001 ne s’adres-
sent plus la parole. Pire, Philippe Du-
quesnoy aurait été victime, selon lui, de
quolibets. « Ces attaques sont à mettre sur le
compte de l’inquiétude et de la peur, aussi je
ne m’attends pas à ce qu’elles baissent d’in-
tensité. Elles ont pour effet de renforcer mon
courage et ma détermination », affirme le
candidat socialiste.
L’alliance PC-PS, une première à
Harnes, aura tenu à peine le temps
d’une mandature. « L’union est en lam-
beaux », constate Jean-Pierre Hainaut,
secrétaire de la section PS. Philippe Du-
quesnoy condamne même « la dérive au-
tocratique du maire ». Du côté du PC, on
ne s’en fait pas. « Ma porte reste ouverte
pour débattre et discuter », confie Yvan
Druon. Avec 42,12 % des voix, Philippe
Duquesnoy arrive en tête devant le can-
didat PC, qui a recueilli 41,17 % des suf-
frages. Le premier magistrat ne fait plus
l’unanimité au sein de sa commune.
En place depuis 1995, Yvan Druon es-
père tout de même s’imposer dans sa
ville et continuer sur sa lancée. « Nous
avons fait une campagne propre. Le plus in-
téressant, c’est le débat d’idées pas le reste.
Après, c’est aux gens de choisir. » Pour faire
face aux nombreux départs de commu-
La Voix du Nord
La Voix du Nord
Le chiffre La phrase
18
du jour du jour
Photo : DR
de campagne
du salon du livre de Paris
par de nombreux pays arabes
et abus de confiance.
Trois questions à
Didier Plancke,
candidat UMP
à Villeneuve-
d’Ascq
Photo : JM
Les “écharpes rouges” de Jean-Michel Stievenard
épient leurs adversaires de l’autre côté du marché.
Comment analysez-
vous votre résultat
VILLENEUVE D’ASCQ. Le fromager d’un côté, le primeur au premier tour ?
Avec un peu plus de
10 %, on peut parler
de l’autre et au milieu, des militants. Sur le marché
d’échec relatif pour
Par Jérémy Marot
de Villeneuve d’Ascq, à quatre jours du second tour,
S
les partisans de Stievenard et Caudron s’écharpent. l’UMP. Je pense que l’on
n’a pas trouvé notre
électorat. Au second
ur le marché, des écharpes rouges. « Les gens se plaignent de ne pas pouvoir parle « camp de gitans », « remplacement tour, je m’attends à un
Tracts à la main, ils forment une passer. » Un ancien s’avance avec, au d’ampoules défaillantes », « déchets sur le score de 20 % environ,
haie d’honneur qui s’écarte au pas- bout de son bras, sa petite-fille. Il se- rond-point de l’Avenir ». « Cette campagne avec quatre ou cinq élus
sage des Caddies®. Ces partisans de coue la tête en voyant les militants, en- n’est pas saine, mais ce n’est pas de notre au conseil municipal.
Jean-Michel Stievenard, le maire sortant tame un détour : « On a oublié ce que fait », glisse Mohammed Benabbou. Mais je n’écoute pas les
de Villeneuve d’Ascq (PS), cultivent leur veulent les gens dans cette campagne. » Évidemment. sondages pour l’instant.
ressemblance. Outre l’étoffe autour du Puis, droit dans les yeux : « Je l’avais dit Calomnie, selon les écharpes rouges.
cou, marque de fabrique de leur leader, que Caudron passerait. Ici, c’est le maire L’un d’entre eux, Frédéric Herrewyn, Pourquoi ne pas vous
ils vouent la même rancœur à Gérard historique. » La petite fille peste, elle a réplique qu’il « préfère les gens qui tra- allier avec le MoDem
Caudron (DVG), ennemi juré de Stieve- froid. L’homme agrippe le bras pour vaillent à ceux qui parlent haut ». Entre pour améliorer vos
nard. Les deux ont travaillé ensemble mieux convaincre. « J’espère que ce sera ses doigts, une feuille A4 qui invite à chances dimanche
pendant vingt-quatre ans, quand Cau- lui avec ce putain de Grand stade qu’on « parler avenir et oublier le passé », « avec prochain ?
dron était maire de Villeneuve d’Ascq. veut nous coller. » des hommes et des femmes qui ont toujours Christian Carnois, la tête
En 2001, ce dernier cède sa place à Stie- Anti-stade. Caudron, lui, promet été à gauche et le resteront. » L’occasion de liste MoDem
venard, puis décide d’effectuer son re- qu’il fera son possible pour désamor- de rappeler que Caudron a quitté le PS [9,7 %, ndlr] attendait
tour à l’Hôtel de ville en 2008. Et se re- cer la construction du stade prévu à il y a quelques années, ce qui a été in- clairement la fin du pre-
trouve crédité de 43 % des suffrages au Villeneuve d’Ascq. « Quand on veut leur terprété comme étant un acte de traî- mier tour pour rejoindre
premier tour, 17 points devant son rival. claquer un projet pharaonique à 700 mil- trise pour Stievenard. la liste de Gérard Cau-
Claque pour Stievenard. lions d’euros, les Villeneuvois ne sont pas 13 heures, on commence à replier sur dron. Toute négociation
Du côté des militants, on se renvoie la contents », explique Mohammed le marché. Quelques cagettes, vides, était impossible. Ironi-
balle. L’air vicié de la campagne, la Benabbou, onzième sur la liste de sont emportées par les bourrasques. quement, le bon score
faute à Caudron, la faute à Stievenard. Caudron. Les écharpes rouges claquent sous les de Caudron lui permet
Alors, ils s’épient, chacun de leur côté Soudain, la discussion s’anime, rafales. Et, revenus de l’autre côté du de ne pas s’embarrasser
du trottoir, et le fromager, béret sur la s’échauffe. Les partisans des deux trottoir, les partisans de Caudron par- d’une alliance avec le
tête et mimolette en main, râle un peu : camps se retrouvent, s’invectivent. On lent, eux, du vent de la victoire. MoDem.
Difficile d’être dans
l’opposition à
Villeneuve d’Ascq ?
« Stievenard « Cela me On verra. Gérard Cau-
CAUDRON STIEVENARD
L I L L E . La maire sortante
a annoncé hier
le ralliement des Verts,
de l’extrême gauche...
N
et du MoDem Jacques
Richir. Une alliance
«
qui lui assure
la présidence de LMCU.
ous sommes
dans un accord
politique. Nous
P
Adélaïde Scigacz)
devra renoncer à briguer un mandat de conseillère générale. Explications
our convaincre le MoDem de Malgré cela, elle est parvenue à re- conférence, celle-ci a l’air persuadée
rallier son projet et de s’enga- cueillir 22.87 % des voix aux canto- que rien n’a été prévu dans ce sens.
ger à la soutenir pour la prési- nales, loin derrière le candidat Puis tombe des nues quand un jour-
dence de la Communauté urbaine, UMP Jacques-Yves Wambergue naliste lui apprend que c’est Martine
Martine Aubry a dû faire des sacri- (26.97 %) et celui du MoDem Oli- Aubry elle-même qui l’a annoncé.
fices. Choisir des sacrifiés plutôt. vier Henno (30.66 %). Une position « Bien sûr qu’Hélène Parra était au cou-
Hélène Parra est de ceux-là. Â qu’il ne fait pas bon avoir quand on rant », assure Gilles Pargneaux, pré-
28 ans, elle était deuxième sur la chasse sur les terres de la droite et sident des socialistes du Nord.
liste de Paul Lauerière à Saint- que la tête de liste de son parti aux Un coup dur pour la jeune femme,
André-lez-Lille et briguait un poste municipales de Lille négocie ferme qui a fait les frais d’une volonté du
de conseillère générale dans le can- pour assurer sa place à la Commu- PS régional de rendre la politesse au
ton de Lille-ouest (Vieux-Lille, nauté urbaine. nouvel allié de Martine Aubry,
Photo : ESJ
Lambersart, Saint-André, Mar- À la fin de sa conférence de presse Jacques Richir. Injoignable depuis
quette et Wambrechie). Elle est en- avec Éric Quiquet mardi, Martine mardi, Hélène Parra a très certaine-
trée en politique il y a six ans et a Aubry a en effet annoncé que Hé- ment compris qu’on ne bâtissait pas
quitté son Lot natal pour s’installer lène Parra pourrait retirer sa candi- une carrière en s’opposant à la toute
Hélène Parra,
dans le Nord en 2005 seulement. dature. Jointe par téléphone après la puissante fédération PS du Nord.
lâchée par le PS.
Trahisons
menace
et nouvelles alliances
À Lille, les Verts ne voulaient pas du
Modem. Martine Aubry le leur a im-
Dubout
posé. Le prix : les Verts auront dix
candidats en position éligible,
quatre adjoints et six conseillers com-
munautaires. Le Modem lui, obtient
trois inscriptions sur la liste de la maire
sortante de Lille qui devient un vérita-
ble melting-pot. On y retrouve : PS,
Verts, PRG, MRC et Modem.
Une liste qui ne manque pas de désoler
la droite. Sébastien Huyghe, candidat
UMP parle d’une « grande braderie des
convictions. J’ai proposé une alliance à
Jacques Richir (tête de liste Modem), par
téléphone et par courrier. Je l’ai fait pour
qu’on ne me reproche pas de ne pas
avoir agi. Et je découvre dans la presse
qu’il passe un accord avec Aubry. C’est
la stratégie du mépris ».
C A L A I S . Au lendemain du retrait
de François Dubout, candidat étiqueté FN, À Halluin aussi, la direction du Modem
soutient la liste socialiste du maire sor-
pour le second tour de scrutin, tant Jean Luc Deroo. Olivier Henno, chef
du Modem dans le Nord, devrait lui ap-
Marine Le Pen lui prédit une fin porter son appui mercredi. Mais tout le
monde n’est pas du même avis : les
C
de carrière politique imminente.
membres du Modem “historique” pré-
fèrent le candidat UMP, Gustave Das-
Marine Le Pen se
«
avec son candidat
calaisien Lens présente deux exceptions qui
Photo ESJ propulsent la ville en tête d’affiche des
élections. C’est la seule ville de France
où cinq listes s’affrontent au second
tour ! Et pour la première fois depuis
gens qui ont voté pour nous sont en grande majorité des gens l’après-guerre, le maire socialiste n’est
de droite. Si bien que nous nous sommes demandés si on pas réélu au premier tour.
Calais sera sans doute la grosse sur-
’est la fin de sa carrière politique. » n’aurait pas fait un meilleur score sans l’étiquette du FN. » prise de ce second tour. Le FN
Voilà ce que Marine Le Pen, vice- Toute la contradiction est là. François Dubout n’est (12,35 % au premier tour) voulait une
présidente du Front national, pré- pas officiellement investi par le Front national. Sa alliance avec l’UMP. Il ne l’a pas obte-
dit à François Dubout, candidat de l’extrême droite à liste est seulement « soutenue » par le parti et seuls cinq nue et a préféré se retirer alors qu’il au-
Calais. Son tort : s’être désisté, alors qu’il était quali- colistiers sont effectivement encartés. Pour Marine Le rait pu jouer les arbitres dans un se-
cond tour où le parti communiste et
fié pour le second tour des élections municipales. Le Pen, la stratégie du candidat calaisien est « scanda- l’UMP arrivent au coude à coude.
coup de théâtre date de mardi soir, à la clôture du leuse ». Il se serait servi du logo FN pour attirer des Match à quatre à Mouvaux. Trois listes
dépôt des listes : le candidat du Front national se re- voix sur son nom. Selon la fille de Jean-Marie Le Pen, de droite conduites par Éric Durand
tire de la course et laisse la voie son score aurait été bien infé- (UMP), Michel Brion (DVD) et Domi-
libre à la liste d’ouverture de « IL OFFRE SUR UN rieur sans cette étiquette. « Au- nique Hémery (DVD) affrontent le vert
Daniel Compère dans un second tour
Natacha Bouchart (UMP) qui a jourd’hui, il trahit non seulement
PLATEAU D’ARGENT le parti, mais aussi les électeurs »,
qui sera concentré sur le vote des très
totalisé 36,36 %. nombreux abstentionnistes (43,62 %).
socialiste lillois. Cet accord n’a pour objectif que de sauver ni les foules, ni éveillé la moindre curiosité des per-
Thierry Pauchet, un centriste déchu Richir d’une déconfiture totale ». Patrick Cocheteux, sonnes passant à proximité.
Une issue
incertaine Photo : Gaël Arcuset
S
i l’on pouvait résumer le climat Mellick ». Que ce soit Bernard Seux ou lèbre affaire VA-OM. Pour ses oppo- commun, comme en 2001. À l’époque,
politique aux vues des résultats encore Stéphane Saint-André, la voix sants, les résultats du premier tour sont ce scénario avait vu la victoire d’un
du premier tour des élections mu- résonne d’un même écho : « Jacques à relativiser : « Monsieur Mellick a réalisé front anti-Mellick qui ne dit plus son
nicipales à Béthune, la comparaison Mellick était prêt à tout dans cette cam- son pire score depuis sa première élection. nom aujourd’hui. Cette fois, on préfère
avec la guerre des Gaules semble la pagne, même au pire. Nous C’est le signe que les Béthu- parler “projet”.
plus appropriée. Entre la figure du
maire sortant, Jacques Mellick (PS), et
pouvons nous féliciter d’avoir
terminé proprement cette
« IL FAUT nois souhaitent du change-
ment », affirme Stéphane
Dès le soir des résultats, Stéphane
Saint-André et Bernard Seux ont fu-
ses concurrents directs, Bernard Seux campagne. » EN FINIR Saint-André, le sourire sionné leurs listes avant de s’allier au
AVEC
(SE), son ancien premier adjoint et L’ancien secrétaire d’État au coin des lèvres. dernier concurrent direct de Jacques
successeur à la mairie de 1997 à 2002, au ministère de la Dé- Malgré l’appel de Mellick, Olivier Gacquerre. Au jeu du
L’ÉPOQUE sistance et à l’alliance de
Stéphane Saint-André (DVG), qui tra- fense (1992-1993) a re- Jacques Mellick à la ré- plus rapide, ils ont sans doute remporté
vaillait dans son cabinet dans les an- cueilli 41,49 % des suf- la mise. Cependant, reste à savoir si la
nées 1990 et le jeune candidat Modem
Olivier Gacquerre (MoDem), c’est un
frages au premier tour.
Un score important. Pas MELLICK » la gauche, le message n’a
pas été entendu par ses
logique du “tous contre Mellick” fera
l’unanimité aux yeux des électeurs
peu le remake de Brutus contre César. étonnant car Jacques anciens alliés, pire il a été puisque cette nouvelle liste rassemble
Les anciens camarades de Jacques Mellick est un “vieux loup de maire”. rejeté. « C’est un peu tard après avoir tant un électorat qui va des communistes à
Mellick déplorent « les nombreux coups Il est incontournable à Béthune. Et divisé la gauche et la famille socialiste en l’UMP, en passant par les Verts et le
bas du maire sortant », il est temps, selon pour cause, depuis 1977, il tient les particulier », déclare Stéphane Saint- MoDem. Plus personne n’osera se per-
eux, de « remettre de l’ordre dans la ville rênes de la mairie, à l’exception d’une André. Les deux anciens comparses du dre en conjectures tant Béthune réserve
de Béthune et d’en finir avec l’époque parenthèse d’inéligibilité suite à la cé- maire sortant ont préféré faire front de surprises.
E
Tous contre un
«
Photo : G.A.
de côté », rapporte Olivier Gacquerre, troisième de est temps de mettre fin à la vision pharaonique de Jacques
n ce moment, je dors très peu », se cette nouvelle équipe. Et Bernard Seux de confir- Mellick ».
plaint Olivier Gacquerre, du mer : « Un accord politique est toujours un compromis. » L’actuel maire de Béthune se retrouve donc au se-
MoDem. Et pour cause. À Bé- Cette union, ils l’assurent, est le fruit d’une mûre ré- cond tour des municipales face à une liste atypique
thune, depuis dimanche der- flexion. « Nous avons eu l’intelligence de nous entendre composée de Verts, de communistes, de centristes et
nier et le premier tour des mu- dans l’intérêt des Béthunois », explique la nouvelle tête de militants de droite. « Les Béthunois vont s’y retrou-
nicipales, les nuits sont courtes de liste. Et quand leur demande si ce n’est pas plutôt ver », affirme Bernard Seux. Pas si sûr si l’on se fie à
pour les trois opposants à pour contrer Mel- cette habitante pour
Jacques Mellick. Olivier Gacquerre, Stéphane Saint-
André (DVG) et Bernard Seux (SE), se sont en effet
lick, leur réponse est
claire : « Non, c’est « NOUS AVONS EU qui « tout cela est assez
flou, au point que je ne
alliés pour le second tour du scrutin. Des tractations
longues, réalisées dans la plus grande intimité. Ce
pour la ville ! Ce n’est
pas “tous contre Mel- L’INTELLIGENCE DE NOUS sais absolument pas
pour qui je vais voter
trio inattendu ne veut rien négliger. Compréhensi-
ble, car à eux trois, ils pèsent potentiellement
lick” », clament-ils
d’une seule voix.
ENTENDRE DANS L’INTÉRÊT dimanche. Cette liste
paraît assez fourre-
58,51 % des suffrages. Un score qui peut faire pen- Pour Alex Henni, DES BÉTHUNOIS » tout ».
cher la balance de leur côté le soir du 16 mars. « Ça initialement mem- Autre inconnue : le
s’est très bien passé, nous nous connaissons bien tous les bre de la liste report des voix. Les
trois », soutient le candidat divers gauche. conduite par Olivier Gacquerre, il en va de même : votes acquis par Olivier Gacquerre, le 9 mars, iront-
Pour eux, la plus grande difficulté a été de trouver « C’est la ville qui nous intéresse. C’est la ville qui est notre ils vers Stéphane Saint-André, soutenu notamment
une tête de liste. L’accord a finalement été conclu objectif. Cette alliance n’a rien à voir avec un conflit de per- par les communistes ? Réponse dimanche pro-
dans la journée de lundi : ce sera Saint-André qui sonnes, il n’y a aucune recherche d’intérêt personnel. » chain, à l’issue d’une dernière ligne droite qui s’an-
conduira ce melting-pot politique. « J’ai mis ma fierté Pour le benjamin de ces élections municipales, « il nonce agitée.
Nom : ■ Mise en place d’un programme de ■ Insertion d’une clause environne- ■ Ouverture en centre-ville d’une
Mellick
Prénom : rénovation des bâtiments classés. mentale dans les achats publics. Ré- maison de retraite. Mise en place
Jacques Construction d’une halle aux pro- duction de 15 % du tonnage de pa- d’un comité de pilotage avec les asso-
Âge : 67 ans duits frais. Création de logements. pier. Réalisation d’un diagnostic ciations du troisième âge. Création
Profession : Développement de pistes cyclables. carbone pour déterminer les rejets de d’une épicerie vendant des produits
retraité de
l’industrie Réfection de la voirie. carbone dus à l’activité de la ville. de première nécessité.
■ Suppression des projets de ■ Fleurir la ville dans son ensemble. ■ Lutte contre la paupérisation de
Nom : construction d’une halle sur la Mettre en place le tri sélectif partout certains quartiers, comme celui de la
Saint-André
Prénom : Grand’Place et de création des tours dans la ville. Création d’un service gare, et contre les marchands de som-
Stéphane de la rue Saint Pry. Rénovation de la d’information unique sur les nou- meil. Création d’un observatoire du
Âge : 44 ans voirie. Abandon des projets remettant velles énergies. Généraliser les am- logement insalubre. Construction de
Profession : en cause le patrimoine. poules basses consommations. logements sociaux.
directeur
de cabinet
à la mairie
de Douvrin
prendre votre
L
prochain maire ?
et de la santé. Mise en place d’une abords des établissements scolaires. Mellick au som-
consultation unique permettant de plan “Préservation et citoyenneté” met, Seux
distancé : l’équili-
pratiquer les divers examens de dé- impliquant les jeunes en difficulté et bre des forces
tection du cancer. les familles. s’est inversé par
rapport à 2001.
seule !
Rapport de Dexia
Suite au rapport de la Chambre régio-
nale des comptes, plutôt défavorable au
maire sortant, l’équipe de Jacques Mel-
lick pousse un “ouf” de soulagement.
Désormais, il y aura aussi le rapport de
la banque Dexia. Présentée dans un
tract du candidat socialiste comme
étant « une banque au service de toutes
les collectivités », Dexia aurait, dans un
rapport, félicité la ville de Béthune pour
sa gestion financière.
Verquigneul fusionnée, Verquigneul
Trollé fait une facture
oubliée, Verquigneul libérée.
au MoDem
Le divorce entre la petite commune
N
et Béthune est enfin consommé.
Preuve du désamour qui règne entre Marcel Trollé (UDF-MoDem), candidat
aux élections législatives de juin 2007,
«
la “ville” et les villages environnants. réclame à son parti le remboursement
intégral de ses frais de campagne.
Ceux-ci s’élèvent à près de
19 000 euros. Après avoir envoyé de
nombreuses lettres au siège national du
parti, celui qui avait récolté moins de
Photo DR
gneul. Nous sommes alors en 1990 et les habitants les bureaux de Jacques Mellick. « Il nous disait que
apprennent par la presse que leur village est sur le c’était lui le maître du jeu, qu’il ne défusionnerait que s’il
point d’être fusionné à Bé- le voulait bien. »
« JUSQUE-LÀ,
L’ancien premier adjoint et conseiller
thune. « Le maire de l’époque a dé- Les rapports sont tendus régional a réagi de manière plutôt viru-
cidé cela sans prendre la peine de entre le maire de Béthune et lente à la sortie de la carte scolaire. À
consulter les Verquigneulois et a ac- NOUS N’EXISTIONS Henri Boulet. La procédure Béthune et Beuvry, trois lycées font les
frais de la baisse démographique.
PAS JURIDIQUEMENT » nées de 2003 à fin décembre
cepté la proposition de Mellick », se durera quatre longues an- « Pour le lycée Yourcenar, la situation est
souvient Henri Boulet, nommé plus grave que pour les deux autres.
maire délégué de la commune 2007. Soit jusqu’à ce que C’est une classe de seconde générale
en 2001 par Mellick. L’idée est simple : « Béthune vou- l’électorat verquigneulois boude très largement Mel- qui sera supprimée, mettant ainsi en
péril la vocation généraliste du lycée, a
lait rester ville centre, mais Bruay-la-Buissière ne cessait de lick aux dernières législatives : « Son score a été désas- déclaré Daniel Boys. Il y en a assez de
voir sa population grandir. Alors Jacques Mellick a négocié treux. S’il a perdu, beaucoup disent que c’est à cause de Ver- ces coups bas envers un territoire qui a
avec le maire de l’époque pour fusionner. En gros, c’était quigneul. » Sentant le vent tourné, Jacques Mellick besoin d’être soutenu plutôt
une stratégie visant à ce que Béthune garde son rang. Sur passe à la vitesse supérieure et organise un référen- qu’enfoncé. »
le coup, ils ont fait passer ça pour une association. » À l’ar- dum. Le verdict est sans appel : Verquigneul vote lar-
rivée, les avantages se comptent sur les doigts de la gement pour son indépendance. Même quelques
main. Surtout pour Verquigneul. « Seul le tarif de la mois après, Henri Boulet ne cache pas sa fierté : « Di- Mellick relance
médiathèque de Béthune était le même pour nous et les Bé- manche dernier, lors de mon élection, une dame est venue
thunois », se rappelle Henri Boulet. Ceci mis à part, me voir en me disant qu’elle était heureuse de pouvoir mou-
Saint-André
Verquigneul devient la béquille financière sur la- rir verquigneuloise. » L’actuel maire de Béthune a envoyé,
P
L’objectif était, pour lui, de se réconci-
lier avec la gauche avant le second tour
«
des élections municipales. Un dernier
appel au rassemblement qui symbolise
haraoniques », « ambitieux », nancements de chacun des projets. contre « sa vision pharaonique » des l’inquiétude du candidat PS, à quelques
« surdimensionnés ». La poli- Concernant la piscine qui vient choses et conteste notamment le jours du second tour. Opposé à une al-
tique urbaine de Jacques d’être complètement remise à neuf, projet de construction d’une halle liance Saint-André – Gacquerre – Seux,
Mellick tente de rassembler le maxi-
Mellick ne laisse personne indiffé- « 48 % des fonds proviennent des sub- aux produits frais à côté du beffroi mum de voix.
rent à Béthune. Son ambition : re- ventions accordées par l’Etat et la ré- de la Grand Place. « Je le sais, cette
nouveler sa ville, la rendre à nou- gion ». Quant au Kinépolis et à la halle doit être construite en verre et ils
veau attractive au risque d’en
déconcerter plus d’un. Notamment
patinoire qui sortiront de terre à
proximité de la gare, « il n’y a prati-
pensent que ça va jurer dans le paysage.
Mais c’est leur jeu de contester », Le Ch’ti à l’honneur
les habitants du centre-ville qui quement pas d’investissements munici- confesse Jacques Mellick qui sera Grâce au dernier film de Dany Boon,
voient leurs impôts locaux littérale- paux. Ce sont les partenaires privés qui par ailleurs entouré d’architectes de « Bienvenue chez les Ch’tis », le patois
du Pas-de-Calais retrouve toutes ses
ment flamber, plus 5,5 % encore en construiront et ensuite, Béthune louera renom. Dont Francis Soler qui a ré- lettres de noblesse. Les publicitaires en
2007. les bâtiments ». Autrement dit, et pondu favorablement à l’appel d’of- font un enjeu touristique et les poli-
Jacques Mellick s’en défend : comme pour devancer toute at- fre. Reste tout de même à convain- tiques un outil de campagne. En effet, à
« Lorsque j’ai récupéré la mairie en taque, Jacques Mellick prend tou- cre les Béthunois qui n’ont jamais l’occasion des élections municipales,
2002, Béthune était au bord de la tu- jours la peine d’expliquer d’où vient été conviés à donner leur avis sur la Jacques Mellick, maire sortant de Bé-
thune, s’est laissé aller à suivre la ten-
telle. Depuis, tout est revenu à la nor- l’argent. De toute façon, il en est question. Dans la rue, beaucoup dance. Accroché sur les murs de la sec-
male. Alors, si tous ces projets existent persuadé : « Le centre-ville de Béthune protestent contre la hausse des im- tion socialiste de la rue Copernic, le
c’est que nous avons les moyens de les se doit d’être conforté. » Quitte à pren- pôts et nul doute qu’ils en feront tract veut bien dire ce qu’il veut dire :
mettre en oeuvre. » Sauf que ce n’est dre exemple sur Valenciennes et sur l’un des enjeux du deuxième tour « Si té vote pas dimanche… Viens pas
braire lundi ! ».
pas un hasard si le sulfureux maire son plan de rénovation urbaine. de dimanche.
prend soin de référencer tous les fi- L’opposition est bien évidemment Méfiance.
Une campagne
pas très Net Outil de propagande peu régulé, la Toile a été
investie par les candidats aux municipales.
Avec un succès mitigé.
V
Par Madjiasra Nako et Séverine Rouby
de la classe
Y
Par Frédéric Coulon
L I L L E . Selon une récente étude de la Fédération syndicale unitaire, « la majorité
des enseignants continuent d’alimenter un électorat de gauche ». Dans la capitale
des Flandres pourtant, ils sont nombreux à s’afficher sur la liste du MoDem.
Romain Lapierre, du syndicat SUD-Nord, ne riode mieux appréciée ». Le Snes faisait partie
fait pas de distinction entre l’intermède Bay- des principaux syndicats régulièrement
-a-t-il un engouement des profs rou et la période Allègre (PS) au ministère de consultés par François Bayrou, prédécesseur
pour François Bayrou ? La ques- l’Education. « Dans les deux cas, on avait un sys- de Claude Allègre.
tion mérite d’être posée au vu de tème qui prolétarisait les enseignants. Si l’engage- À Etaples, Philippe Fait est onzième sur la
leur présence sur les listes à Lille : dans ment des professeurs sur les listes peut faire bouger liste de Jean-Claude Baheux, candidat sans
l’équipe du candidat MoDem, Jacques Richir, les choses, tant mieux. » Mais sous quelle éti- étiquette en lice pour le deuxième tour. Il est
on trouve douze enseignants. La liste de Mar- quette politique s’engager, selon lui ? « Il faut séduit par le parcours de Jean-Claude Baheux,
tine Aubry en compte deux, celle de Sébastien distinguer syndicat et parti. SUD a véritablement dont c’est le « deuxième mandat comme adjoint à
Huyghe, cinq. « François Bayrou a attiré une par- éclos en 1998. Le combat l’éducation. C’est moti-
tie de l’électorat enseignant. Certains professeurs se
sont sentis proches de son discours », affirme
enseignant, pour notre
part, est né d’entrée de « ALLÈGRE, BAYROU... vant de travailler dans
son sens ». Il se voit
Noëlle Célerier, membre du secrétariat acadé-
mique du Snes (Syndicat national des ensei-
jeu, dans la contradic-
tion frontale avec Claude
AUSSI INEFFICACES dans un rôle de
conseiller municipal
gnements du second degré) et enseignante Allègre, ministre de L’UN QUE L’AUTRE » légèrement détaché
d’histoire-géographie à Villeneuve d’Ascq. À l’Education nationale de de son statut de pro-
la lumière de son affirmation, il faut rappeler 1997 à 2000. Nos adhé- fesseur des écoles. « Il
que François Bayrou a été professeur de fran- rents l’ont jugé trop libéral, au point qu’on craignait est clair que la pédagogie est une affaire de pro-
çais puis ministre de l’Education nationale. Et une marchandisation des moyens. Il n’a pas grammes décidés en haut. Mais pour mieux la sou-
lors de la campagne présidentielle de 2007, il consulté les parties concernées. » L’homme du tenir, l’accompagner, je peux entrer en jeu, notam-
avait rappelé combien il fallait résoudre le pro- centre, Bayrou, « n’a pas été plus efficace », note- ment pour ce qui est de l’agencement et de
Voix
blème de l’illettrisme avant l’entrée en collège. t-il, alors que Noëlle Célerier parle d’une « pé- l’organisation des écoles primaires locales. »
à vendre
Pour
chaque
enseigne,
un enjeu
différent...
I
ls sont pharmaciens, boulangers ou coif- tout pas piétonne, pour que l’accès de la péri-
feurs. Tous commerçants dans la rue Es- phérie au centre, déjà quasi nul, ne disparaisse
quermoise dans le Vieux Lille : un vieux pas. Mais nous, les commerçants, n’envoyons
cliché voudrait qu’ils votent à droite, mais sûrement pas le même son de cloche aux candi-
leurs voix sont en réalité dispersées, selon dats », reconnaît-il avec un sourire. D’au-
les intérêts de leur propre boutique, selon tres questions en revanche font l’unani-
des critères bien locaux. « La rue est anti-com- mité : les programmes de campagne
merciale, on ne peut pas stationner, et elle est devraient inclure un parking gratuit dans
sale... sauf bien sûr la semaine qui précède les le Vieux Lille pour attirer le chaland, et
élections », vitupère Gladys, 58 ans, qui tra- surtout plus de propreté.
vaille dans une boutique d’art de la table et L’ennui réside là : aucun programme n’a
décoration. suffisamment mis l’accent sur le commerce
Pour elle, la politique de la ville menée par pour s’attirer unanimement les voix de la
Martine Aubry en est responsable. « Elle profession. « Tout sauf Martine Aubry (et le
n’a pas mis les crédits là où il fallait. Elle a re- FN) » pour Gladys ; « plutôt à gauche » pour
fait les façades, arrangé une jolie ville, tout ça la boulangère Gwendoline ; quant à Marie-
au détriment de la vie de tous les jours. Le Vieux Françoise, épicière, elle n’en a « pas la moin-
Lille est en train de mourir. » Lilloise depuis dre idée ».
toujours, la salariée a vu la ville évoluer Ses journées commencent tôt, finissent tard,
Photo : CB
sous les maires successifs, et regrette que ne lui laissent guère d’énergie pour éplucher
rien ne soit fait pour les jeunes et les petits les programmes politiques. On les sent scep-
commerces, écrasés par les enseignes tiques et inquiets pour leur avenir, quel que
chères.Tous n’ont pas, bien sûr, les mêmes soit le candidat vainqueur. Comme Phi-
L I L L E . Le vote des commerçants intérêts et ambitions. Marie, pharma- lippe, dans le magasin de vêtements : « Mar-
cienne, réclamerait bien à la prochaine mu- tine est maquée avec les Verts qui sont complète-
nicipalité que la rue devienne piétonne, ment passéistes, Huyghe n’est pas mieux malgré
est dispersé : ils ont du mal à trouver
le candidat qui défendra pour épargner aux clients les voitures qui son discours sur le commerce à Lille. En fait, tous
leurs intérêts locaux. roulent à toute berzingue et les trottoirs ces politiciens, ils sont carrément décalés : ils par-
étroits. Philippe, vendeur dans une bou- lent de pouvoir d’achat, mais ne comprennent
tique de prêt-à-porter masculin, est à l’in- rien au commerce. L’une ou l’autre liste, c’est
Par Caroline Bozec verse soucieux que la rue ne devienne « sur- bonnet blanc et blanc bonnet. »
gourmandise politique
P
Par Imanol Corcostegui
BAPAUME. Dimanche, Jean-Paul Delevoye a été réélu
avec 68 % des voix. La petite ville du Pas-de-Calais conserve
ainsi à la tête de sa mairie le médiateur de la République.
L
orsque Delevoye devient médiateur de la République en 2004, sa départ, le maire de Bapaume jetait lui aussi sur cette fonction un regard
nomination a tout de la mise au placard. La fonction n’a en effet circonspect. « Lorsque le président m’a confié cette tâche, je ne savais même
pas grand-chose d’enthousiasmant. Jean-Paul Delevoye décide pas en quoi consistait cette fonction. J’ai tout de même accepté la mission qui
alors de la transformer. Autrefois, la mandature se contentait de régler m’était confiée. »
à l’amiable entre les citoyens et les organismes de service public. Au- Lecture attentive des textes de loi, séminaires avec les anciens média-
jourd’hui, elle se mêle aux réformes du gouvernement. Résultat : en teurs…Delevoye finit par comprendre la marge de manœuvre dont il
2004, le nombre de réclamations qui lui sont adressées a augmenté de dispose. « Je me suis rendu compte qu’il s’agissait d’une autorité avec énormé-
9,5 % et en 2005 de 12 %. ment de pouvoir, un moyen concret et efficace de corriger les injustices. En bref,
Un dépoussiérage en forme de coup de Kärcher®. Et un joli coup de une fonction qui correspond à la société moderne. » Satisfait de sa fonction,
projecteur pour la fonction. « Pour moi, la politique a toujours été l’adhésion l’ancien ministre de la Fonction publique devra cependant la lâcher en
à une cause. Aujourd’hui, je fais de la politique en me battant pour une cause 2010, fin de mandat oblige.
juste. Le confort mène à la mort. L’inconfort mène à la vie. » N’empêche qu’au I.C.
Retrouvez l’actualité
des élections municipales
dans la région sur le site
chroniquesdemars.blogspot.com
Fromantin assigne
Teullé
Neuilly-sur-Seine. Le candidat sou-
tenu par l’UMP Jean-Christophe Fro-
mantin a annoncé hier qu’il comptait
assigner son adversaire Arnaud Teullé,
dissident du parti présidentiel, pour
diffamation et injure. Arrivé devant ce
dernier dimanche avec 47,89 % des
voix contre 32,12 %, Jean-Christophe
Fromantin a évoqué des « rumeurs or-
ganisées, des chaînes de mails et des
chaînes d’appel téléphonique » le déni-
grant. Il a également dénoncé des
commentaires non modérés sur le blog
de son adversaire qualifiant sa possi-
ble élection de « retour de la peste
brune ».
Collomb défend
Guérini
Marseille. Réélu dès le premier tour
dimanche, le maire socialiste de Lyon
Gérard Collomb doit se déplacer au-
jourd’hui dans les Bouches-du-Rhône
pour soutenir le candidat PS à la mai-
rie de Marseille, Jean-Noël Guérini.
« Cette visite amicale » répond à « la
volonté des deux hommes de dévelop-
per un fort partenariat entre Lyon et
Marseille », précise un communiqué de
Tentative
l’état-major de campagne du candidat
marseillais. Pour le faire aboutir, il fau-
Une seule stratégie pour le Premier
ministre : faire gagner les ministres dra battre le maire sortant, l’UMP Jean-
candidats. Claude Gaudin.
de diversion
minutes de retard...
Vézélise (Meurthe-et-Moselle). Le
conseiller général sortant du canton
À
de Vézélise Jean-Jacques Henry (UMP)
a déposé sa candidature dix-neuf mi-
nutes trop tard en préfecture mardi et
a été exclu de l’élection cantonale « à
cause d’une erreur personnelle », a-t-il
expliqué. Le candidat a invoqué des
« feux rouges à l’entrée de Nancy »
pour justifier un retard de, selon lui,
« deux minutes après 16 h » en préfec-
Par Jean Décotte ture. Appelant à « un peu de
souplesse » de la part des services de
FRANCE. Entre les deux tours, l’UMP a revu sa stratégie : l’État, le conseiller général a été dé-
claré battu dès mardi par son adver-
miser sur l’élection des ministres-candidats et quelques coups saire Gauthier Brunner (SE) alors qu’il
d’éclat pour atténuer la victoire annoncée de la gauche. était bien placé pour être réélu.
… exclu par
« distraction »
droite, changement de cap. L’exécutif tout entier un encouragement. » L’accent est mis, le projec- Les Sables d’Olonne. La gauche sera
avait promis de ne pas “nationaliser” teur braqué. L’élection des ministres encore en lice sera absente du second tour des munici-
pales aux Sables d’Olonne, sa liste
ces échéances locales. Mais depuis di- l’un des baromètres du second tour. n’ayant pas été déposée à temps à la
manche soir, le Premier ministre Fran- Mobilisation générale : mardi, le président a renouvelé préfecture de Vendée à la suite d’une
çois Fillon ne cesse de descendre dans sa « confiance » à Christian Estrosi, ministre de l’Outre- « distraction ». Le responsable chargé
l’arène, de monter au créneau, bref… Mer et engagé dans une triangulaire à Nice contre le PS de déposer la liste mardi avant 18 h à
de chercher à concilier les élections et le maire sortant divers droites Jacques Peyrat. Le Pre- la préfecture « a été pris par autre
chose et a laissé passer l’heure », a ex-
d’en bas avec les enjeux d’en haut. La mier ministre est aujourd’hui à Périgueux avec Alain pliqué l’une de ses colistières. Le
nouvelle stratégie est simple : faire Juppé pour soutenir son ministre de l’Éducation Xavier maire UMP sortant Louis Guédon, qui
élire les ministres candidats. Et occul- Darcos, devancé d’une cinquantaine de voix au premier avait obtenu plus de 47 % des suf-
ter, par ces coups d’éclat, un possible tour par son rival socialiste. frages au premier tour, était quasiment
assuré de sa réélection. Les membres
recul dans les urnes dimanche. De son côté, la gauche flaire le danger. Ségolène Royal de la liste ont présenté « leurs excuses
« Avec le second tour, c’est une nouvelle élection qui com- a suivi les traces de Fillon, se rendant à son tour dès hier aux électeurs sablais » et ont appelé à
mence », déclarait-il mardi soir, matin à Longjumeau pour ap- voter blanc au second tour.
s’affichant à Longjumeau aux puyer le candidat PS Jean-Claude
côtés de sa secrétaire d’État à « C’EST UNE Marquez. Mardi soir, François Juppé souhaite
Morizet. Dans cette ville de NOUVELLE ÉLECTION soutenir Pierre Freyburger contre
l’Écologie, Nathalie Kosciusko- Hollande était à Mulhouse pour la victoire de Bayrou
QUI COMMENCE »
l’Essonne, la candidate a de le maire sortant Jean-Marie Pau. Réélu dimanche au premier tour,
bonnes chances de l’emporter : Bockel, ex-PS devenu secrétaire le maire de Bordeaux Alain Juppé a
souhaité mercredi « le succès » du pré-
une triangulaire l’opposera à deux d’État à la Coopération du sident du MoDem François Bayrou aux
listes de gauche. La victoire serait FRANÇOIS FILLON gouvernement Fillon. François
municipales à Pau, se disant
du meilleur effet, renforçant le Hollande et Ségolène Royal sont « convaincu » qu’ils pourraient tous
bilan positif des ministres-candidats. Sur 24 d’entre eux, aussi passés tour à tour par Colombes, où la secrétaire deux faire du « très bon travail » pour la
région Aquitaine. « Si j’étais électeur à
13 ont été élus dès le premier tour. Certains ont même d’État aux Droits de l’Homme, Rama Yade, brigue un Pau, je voterais pour lui, d’abord parce
ravi des fiefs de gauche, tel Luc Châtel à Chaumont ou siège au conseil municipal. Un marquage à la culotte, en que j’apprécie ses qualités humaines
Laurent Wauquiez au Puy-en-Velay. « Treize ministres élus somme, afin de désamorcer tout contre-feu à une possi- même si nous avons eu parfois des di-
dès le premier tour, ça n’est pas une défaite », se défendait ble déculottée. vergences », a déclaré l’ancien Premier
mardi le chef du gouvernement, lui-même reconduit au Conserver Marseille (dévoilée lundi, la lettre de Nicolas ministre. François Bayrou affrontera au
second tour les listes de Martine Li-
conseil municipal de Solesmes (Sarthe). Sarkozy à Jean-Claude Gaudin visait à y contribuer), gnières-Cassou (PS), arrivée en pre-
Pour sa seule sortie publique de l’entre-deux tours, mardi faire un “grand chelem” ministériel et quelques belles mière position dimanche dernier, et
à Toulon, Nicolas Sarkozy a décerné un satisfecit à ses prises à la gauche, comme Angers, adouciraient un se- celles du maire sortant Yves Urieta
ministres élus ou réélus : « C’est pour eux la reconnaissance cond tour que Patrick Devedjian, président de l’UMP, (ex-PS), soutenu par l’UMP.
de leur talent et de leur compétence. C’est pour le gouvernement prédit « difficile ». C’est tout l’art de la diversion.
Première Guerre mondiale éclate. « Je souhaitais retourner en France. » Ce fut chose faite.
me suis alors porté volontaire en me pré- En quittant ses frères d’armes, il retrouve ses
sentant à la caserne du Boulevard Richard- deux frères, de sang. Ils fondent ensemble à
Lenoir où on m’a incorporé dans le Pre- Paris une entreprise de construction, Ponticelli
mier régiment étranger. » Suivent ensuite frères, qui devient une petite multinationale.
les tranchées de l’Argonne, les balles En 1939, quand la Seconde Guerre mondiale
qui fusent, les camarades qui tombent, éclate, il demande et obtient la nationalité fran-
les munitions qui manquent. Avec çaise. Mais, jugé trop vieux pour se battre, il
toujours une question en tête : Pour- poursuit ses activités professionnelles en zone
quoi ? « Je n’ai jamais su pourquoi on se libre, nécessaires « pour l’effort de guerre ». En
C’
battait. On avait des gens devant nous 1942, il revient à Paris et s’engage dans la Ré-
qu’on ne connaissait pas. Eux ne nous sistance.
connaissaient pas non plus. » À 110 ans, Lazare Ponticelli était le dernier té-
«
En 1915, Lazare Ponticelli est mobi- moin vivant de la Grande guerre. Chaque
lisé dans les forces armées italiennes année il participait aux cérémonies commé-
et doit quitter Ver- moratives de l’Armistice.
dun pour se battre
dans le Tyrol contre les Au- « JE N’AI JAMAIS « L’horreur de cette guerre, je
ne l’ai pas oubliée, ni pour moi
Ils sont à
était ma manière de dire
trichiens. « Nos rangs étaient
composés de soldats italiens ger- SU POURQUOI ni pour ceux qui sont morts »,
aimait-il répéter. Cent ans
merci. » Quand Lazare manophones, ce qui facilita les ON SE BATTAIT » après son arrivée en France,
Hanoï
1914-1918. Le
conflit
nage, et commence les chantiers l’année où la apprend sur le front. « J’étais sûr d’une chose, je terre française.
de l’Histoire
Léonce Deprez, maire du Touquet
Paris-Plage
« C’est une page de l’Histoire de France
qui se tourne. Il ne faut pas oublier que
La Première Guerre mondiale a fait la Première Guerre mondiale, si elle fut
une victoire, fut avant tout un drame mais
près de dix millions de morts, qui a imposé, dans ses conclusions, la
nécessité de l’Europe. C’est désormais
aux générations suivantes, aux enfants et
dont 1,4 million tués sous l’uniforme
aux petits enfants de ces combattants de
D
français.
continuer à faire vivre la mémoire de
Par Jean Decotte cette guerre. Mon père et mon beau-
père furent des combattants des tran-
chées. À la mort de mon beau-père, nous
ans l’entre-deux guerres, on l’appelait “la magne, l’Autriche-Hongrie, dénombre un million de avons retrouvé un éclat d’obus dans sa
Guerre des guerres”ou la “der des ders”. Pre- morts. poitrine. Il ne nous l’avait jamais dit. Et
mier conflit majeur de l’ère contemporaine, C’est ce jeu des alliances qui, en 1914, avait fait bas- cela m’est profondément resté dans l’es-
la “Grande guerre” de 1914-1918 a vu s’affronter culer un monde déjà sous tension dans quatre années prit. C’est en pensant à eux et à tous les
combattants de la Grande guerre que je
dix-neuf nations (sans compter leurs colonies), fai- de guerre totale. Le 28 juin, l’assassinat de l’archi- suis devenu un fervent militant de la
sant près de dix millions de morts et vingt millions de duc François-Ferdinand d’Autriche à Sarajevo par construction de l’Europe. »
blessés. un étudiant nationaliste serbe déclenchait l’engre-
La Première Guerre mondiale a relativement épar- nage : déclaration de guerre autrichienne contre la Sébastien Huyghe, candidat UMP
à Lille
gné les civils. En France, à la fin de la guerre, on dé- Serbie et émergence de deux blocs de belligérants. « C’est un pan de notre Histoire qui vient
nombre quelque 1,4 million de soldats tués sous D’un côté, la Triple Alliance avec l’Empire alle- de tomber. Derrière lui, toute l’Histoire
l’uniforme français, dont 63 000 hommes des troupes mand, l’Autriche-Hongrie et l’Italie ; de l’autre la de la guerre de 1914-1918 avec ses mil-
coloniales de l’Empire. La catastrophe démogra- Triple Entente avec la Russie, la France, le Royaume- lions de morts. J’avais beaucoup de res-
phique qui en découle est majeure. Uni et bientôt les États-Unis. Au terme de quatre ans pect pour l’homme. J’ai une pensée
émue pour lui et pour sa famille. »
À ces morts s’ajoutent plus de 3 millions de blessés d’une guerre de positions dans les tranchées du Nord
dont un million d’invalides. Les 15 000 “gueules cas- et de l’Est de la France, où les soldats français ac- Didier Plancke, candidat Verts
sées”, ces soldats défigurés par les combats, rappellent quirent le nom de “Poilus”, les troupes alliées bri- à Villeneuve d’Ascq
aux Français des années durant l’horreur du conflit. saient le front et signaient l’armistice avec les autori- « Je suis ravi que Lazare Ponticelli ait ac-
cepté une cérémonie officielle et natio-
Durement touchée, la France est cependant dépas- tés allemandes le 11 novembre 1918 à Rethondes nale. Je pense que c’est le minimum que
sée par l’Allemagne et la Russie en termes de bilan (Oise). La fin d’un conflit qui aura tué plus d’un l’on puisse lui accorder. Désormais, il
humain. En quatre ans de conflit, près de 2 millions quart des 5 millions de “Poilus”, dont Lazare Ponti- faut se tourner vers l’avenir sans regar-
d’Allemands sont morts. Le principal allié de l’Alle- celli était le dernier représentant français. der le passé. »
Photo : M-A.B
Étienne Forest,
en bas de l’affiche
L
LILLE. Candidatures éclectiques, campagne originale…
Par Florian Pottiez La liste d’Étienne Forest aura animé de manière insolite les municipales.
Tout ça pour ne décrocher au final que la palme du plus mauvais score électoral.
a politique, c’est comme une boîte de chocolat. On ne sait jamais prétend Etienne Forest. Peur sur la ville. C’est Bébel qui aurait été ravi.
sur quoi on va tomber. Cette déformation de la célèbre réplique Pour la lanterne rouge du scrutin, plusieurs facteurs expliquent cette
tirée du film Forrest Gump pourrait s’appliquer aux dernières élec- “claque” : la faible participation, le peu de vote des jeunes, la forte mo-
tions municipales à Lille. D’autant plus que qu’à une lettre près, le bilisation du PS pour passer au premier tour et l’absence d’étiquette poli-
rôle principal est tout trouvé avec Étienne Forest, 50 ans, candidat tique nationale pour une grande ville. Et la super-production lilloise de
étiqueté social-démocrate. Ce dissident du Modem n’a obtenu au Martine Aubry n’a même pas cherché à le récupérer pour le second tour.
premier tour que 642 voix, soit 1,09 %. Loin des 5 % espérés. « Je « Tout le monde se fout de nous », regrette Étienne Forest, toutefois satisfait
suis déçu. Pour autant, je n’ai pas honte de notre campagne. Je savais qu’à de ne pas s’être vendu aux autres listes à l’instar de son plus fidèle en-
partir du moment où je n’obtenais pas l’étiquette Modem, ce serait difficile. nemi, Jacques Richir. À défaut de l’écharpe tricolore, il continuera d’ar-
J’ai donc compensé un manque de moyens et de notoriété borer la sienne, orange et verte, symbole du Modem
par des idées originales », analyse-t-il. et des écologistes.
Sa campagne n’aura effectivement pas manqué de
fantaisie : apéro-rap, soirées slam, soupe populaire ON NOUS A FAIT À présent, l’heure est au rangement. Leurs cos-
tumes, les polaires orange floqués forest.fr, sont pro-
en entracte ainsi que la fameuse chenille démocra-
tique orange et verte qui a déambulé dans les rues de PASSER POUR bablement repliés dans les cartons. Au milieu des
photos d’Étienne Forest photographié en compa-
la Capitale des Flandres. Sans oublier le speed dating
politique organisé au Jango le 7 mars dernier. Sur le
DES VA-NU-PIEDS ” gnie de Dark Vador, une célébrité hollywoodienne.
Étienne Forest Quant aux prédictions de l’horoscope chinois, l’an-
principe des rencontres amoureuses, une dizaine de née du rat n’aura pas été la sienne. Et pour ceux qui
candidats étaient appelés à séduire leurs électeurs ne sont pas adeptes du septième art, ils se console-
sur les thèmes de la campagne comme l’environnement, le social, le pou- ront avec le petit écran de la Forest TV sur le site du candidat battu.
voir d’achat. Fallait-il y voir un remake de Coup de foudre à Nothing Hill ver- Pourtant, il se pourrait qu’on entende encore parler d’Étienne Forest di-
sion Lille 2008 ? manche prochain. Sur le blog du dernier de la classe, un internaute dé-
L’originalité de la production forestienne reposait également sur le casting nommé Lilloistresvigilant commente : «Nous avons pleuré un score minable
éclectique de candidats. Dessus, on y trouvait des personnalités déçues pour un travail génial. Je serai là au second tour mais c’est votre bulletin que je met-
du centre, de l’UMP, du PS, des Verts et même un repenti du Front na- trai dans mon enveloppe.» Générique de fin.
tional. Idem pour la mixité sociale. « On nous a fait passer pour des va-nu-
pieds dans la presse, s’insurge la tête de liste. Pourtant, le numéro 3 de mon
équipe est inspecteur des impôts. Il y a aussi bien des médecins, des enseignants
que des chômeurs et des retraités. » Et même un rappeur de 18 ans, Julien Hor- Etienne Forest en dates
nain dit “D-Luge”, qui figurait au 17e rang de la liste. Ce jeune lycéen a 27 septembre 2007 : Etienne Forest officialise sa candidature « pour dynamiser
même composé une chanson intitulée “À vos urnes, prêt, feu, partez” en la campagne du MoDem » sous le sigle : Mod’M Lille 2008, qui sera abandonné
par la suite.
hommage à celui qui lui a accordé sa confiance. « Au début, je ne m’inté- Janvier 2008 : S’étant vu refusé le soutien du parti orange, Etienne Forest se
ressais pas à la politique. Mais il m’a convaincu qu’on pouvait changer le quoti- présente sous la bannière Sociale Démocrate et dévoile les 61 noms qui com-
dien des jeunes du quartier. Après, vu les efforts consacrés, je suis déçu du score posent sa liste. Une liste très éclectique tant par son ouverture politique tous
même si je savais très bien que ce serait très dur de gagner. » azimuts que par sa mixité sociale.
Après plusieurs semaines à l’affiche, le scénario n’aura pas attiré les foules 9 mars 2008 : Etienne Forest termine bon dernier du scrutin lillois en ne re-
cueillant que 642 voix soit 1,09 % au premier tour des municipales.
hors leur capital sympathie. « Je pense que les candidats nous craignaient »,