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MANZAGOL, La mondialisation
La régionalisation du monde
En 47 ans, le GATT a enregistré 110 accords d’association économique. Parmi les ententes,
plusieurs avaient vocation à constituer un marché élargi et protégé. Or, la notion de zone protégée va à
l’encontre des principes du GATT, notamment la clause de la nation la plus favorisée. L’article 24
instaure cependant une tolérance pour des accords variés.
L’accord de libre-échange Canada-EU (1989) : il a été signé malgré des réticences côté canadien
(menace de dissolution culturelle, disparition possible du filet social).
Le contenu de l’accord
L’ALENA n’est pas une union douanière ; elle est d’abord un accord de libre circulation des
marchandises mais pas seulement. En effet, les services financiers, l’investissement direct bénéficient
de dispositions au capital et à la protection des investisseurs. Il n’est pas question d’une libre
circulation des travailleurs.
L’ANSEA (Association des nations du Sud-est) rassemble l’Indonésie, Brunei, la Malaisie, Singapour,
les Philippines, la Thaïlande (présents dès l’origine), le Myanmar, le Vietnam, le laos et le Cambodge.
Un régionalisme ouvert
L’ANSEA n’est pas une zone de libre-échange : c’est à l’origine une aire de coopération en matière de
sécurité et d’économie. Tous les pays membres s’inscrivent à des degrés différents sur la courbe
d’apprentissage qui marque le processus d’industrialisation : en témoigne le rapport élevé entre taux
de formation brute de capital fixe (FBCF) et PIB (supérieur à 20%).
Un difficile approfondissement
C’est avant tout le fait des traditions, peu favorables à la formalisation de l’association économique.
Ensuite, le nationalisme concurrentiel de la Chine et du Japon y est peu propice. Les gros partenaires
que sont la Chine et l’Inde ont préféré les ententes bilatérales. La crise asiatique (1997) a montré la
faiblesse de l’ANSEA dans la recherche d’un règlement, d’où l’idée d’un Fonds monétaire asiatique et
d’un Système monétaire asiatique. Depuis 2001, on parle du 10+3 : les 10 partenaires ont conclu une
entente avec la Chine, le Japon et la Corée du Sud pour formaliser un accord diplomatique et
commercial.
Le repli de l’Etat-nation
A l’aube du XXIème siècle, 52 FTN figurent parmi les 100 premières puissances économiques du
monde. Chacune de ces 52 firmes pèsent plus que 140 des Etats inscrits à l’ONU.
L’interpénétration dissolvante
L’ouverture aux flux font éclater les cadres nationaux et entraînent l’acceptation de règles
supraterritoriales.
L’essoufflement de l’Etat-développeur
L’effondrement du régime soviétique tient à son inadaptation à l’ère de l’économie du savoir. La
Chine a rompu avec le centralisme pour accueillir les investissements étrangers. L’accès au
financement privé a permis à une catégorie d’« entrepreneurs bureaucratiques » de court-circuiter le
Plan central. Les initiatives fusent, la croissance affiche des scores annuels de 8 à 10%.
Le Japon, qui fut le modèle de l’Etat-développeur, est au contraire ‘‘en panne’’ depuis les années
1990.
Le recul de l’Etat-providence
Dans le contexte de mondialisation, les entreprises cherchent l’allègement des charges sociales, la
réduction de la fiscalité. La pression à la baisse des impôts et des charges conduit au désengagement
en matière sociale.
La logique du réseau
Contre le territoire, le réseau impose l’ouverture. Il est porteur de « solidarité sans territoire »
(V.Badie), qu’il soit à vertu économique ou affective.
Le territoire est le fondement de l’Etat, la pierre angulaire de l’ordre politique moderne. Avec la
mondialisation, on a affaire à des territorialités multiples. Le territoire national est devenu un carcan
contesté par les firmes.
L’affirmation du local
Les lois de décentralisation de 1981 rompent avec la conception du développement par le haut qui
était prégnante durant les Trente Glorieuses (aménagement du territoire avec un souci de répartition
des richesses (distribution de subsides)).
L’Etat reprofilé
L’échec de l’AMI (Accord multilatéral dur les investissements, préparé par l’OCDE) et la volonté de
souveraineté culturelle témoignent de la capacité de réaction de l’Etat.
Etat et compétitivité
Faire société
C’est bien l’ensemble du modèle de développement et de solidarité mis en place pendant les Trente
Glorieuses que la mondialisation contemporaine met à rude épreuve. Dans ce contexte, quels sont les
moyens d’action alors qu’une forte proportion de la production nationale est destinée aux marchés
étrangers, qu’une proportion croissante de celle-ci est le fait d’entreprises qui sont propriété
étrangère ?
« Nous ne sommes plus une économie ; pouvons-nous être une société ? » s’interroge Robert Reich.
Des choix s’imposent. Peut-être faut-il renoncer à l’égalitarisme au profit de l’équité (John Rawls).
Quoi qu’il en soit, il semble que la volonté de faire société dépend aujourd’hui, comme le dit Reich
(encore lui), du « sentiment profondément ancré d’un héritage et d’une destinée nationale partagée ».