DONNER SA MAIN, C'EST DONNER SA PAROLE
Alexia de Visscher
Editions Lustre
2009
32 p
200 mm x 274 mm
offset 90gr
Impression digitale N/B
Deux agrafes métalliques
ISBN 978-2-930561-01-1
10 €
disponible
Un jour je raconte à Olivier l’histoire de mon écriture, celle née de ma main gauche, sacrifiée pour une main droite que je ne connaissais pas, à 15 ans.
Il me propose de raconter l’histoire de cette écriture dans un livre qui s’intitulerait «Ma petite écriture», non pas parce qu’elle était petite, mais parce qu’elle raconterait au travers des documents conservés de mon enfance, l’histoire de mon écriture, du temps où j’étais petite.
En juillet 2006, il m’envoie un petit carnet vierge en guise d’invitation au récit.
Comment parler de l’histoire d’une graphie quand on sait qu’elle parle essentiellement de soi?
Je profite de ma participation au séminaire «Écriture et création» dirigé par Michel Assenmaeker pour travailler sur le sujet.
Je ressors mes cahiers, mes vieux carnets et autres reliques scripturales des caisses de ma cave, et je tente de retracer l’histoire de cette écriture par la mise en page de mes souvenirs, ce qui n’est rien d’autre qu’une «copie», longtemps après, de ce qui fut l’origine de ma pratique, la typographie.
Alexia de Visscher
DONNER SA MAIN, C'EST DONNER SA PAROLE
Alexia de Visscher
Editions Lustre
2009
32 p
200 mm x 274 mm
offset 90gr
Impression digitale N/B
Deux agrafes métalliques
ISBN 978-2-930561-01-1
10 €
disponible
Un jour je raconte à Olivier l’histoire de mon écriture, celle née de ma main gauche, sacrifiée pour une main droite que je ne connaissais pas, à 15 ans.
Il me propose de raconter l’histoire de cette écriture dans un livre qui s’intitulerait «Ma petite écriture», non pas parce qu’elle était petite, mais parce qu’elle raconterait au travers des documents conservés de mon enfance, l’histoire de mon écriture, du temps où j’étais petite.
En juillet 2006, il m’envoie un petit carnet vierge en guise d’invitation au récit.
Comment parler de l’histoire d’une graphie quand on sait qu’elle parle essentiellement de soi?
Je profite de ma participation au séminaire «Écriture et création» dirigé par Michel Assenmaeker pour travailler sur le sujet.
Je ressors mes cahiers, mes vieux carnets et autres reliques scripturales des caisses de ma cave, et je tente de retracer l’histoire de cette écriture par la mise en page de mes souvenirs, ce qui n’est rien d’autre qu’une «copie», longtemps après, de ce qui fut l’origine de ma pratique, la typographie.
Alexia de Visscher
DONNER SA MAIN, C'EST DONNER SA PAROLE
Alexia de Visscher
Editions Lustre
2009
32 p
200 mm x 274 mm
offset 90gr
Impression digitale N/B
Deux agrafes métalliques
ISBN 978-2-930561-01-1
10 €
disponible
Un jour je raconte à Olivier l’histoire de mon écriture, celle née de ma main gauche, sacrifiée pour une main droite que je ne connaissais pas, à 15 ans.
Il me propose de raconter l’histoire de cette écriture dans un livre qui s’intitulerait «Ma petite écriture», non pas parce qu’elle était petite, mais parce qu’elle raconterait au travers des documents conservés de mon enfance, l’histoire de mon écriture, du temps où j’étais petite.
En juillet 2006, il m’envoie un petit carnet vierge en guise d’invitation au récit.
Comment parler de l’histoire d’une graphie quand on sait qu’elle parle essentiellement de soi?
Je profite de ma participation au séminaire «Écriture et création» dirigé par Michel Assenmaeker pour travailler sur le sujet.
Je ressors mes cahiers, mes vieux carnets et autres reliques scripturales des caisses de ma cave, et je tente de retracer l’histoire de cette écriture par la mise en page de mes souvenirs, ce qui n’est rien d’autre qu’une «copie», longtemps après, de ce qui fut l’origine de ma pratique, la typographie.
Alexia de Visscher
Et puis le cc. (Celui-l, il est plus facile.) . Jai 4 ans, 80 cm, je porte une cagoule verte. Ma tte dpasse du comptoir derrire lequel la photo est prise. Mon pre se tient ma gauche. Caban noir, moustache, cheveux mi-longs. Nos regards visent lobjectif. Nous sommes chez le photo- graphe, celui qui prend la photo. Nous repartirons avec lappareil. Dans la main droite, je tiens un autre clich pris il y a quelques instants. 1. Ensuite, le mot. Le 3 septembre. Il y avait peut-tre un arbre, duquel tombaient des noisettes, parce quelles taient plurielles peut-tre. Ensuite, le mot. Le 3 septembre. Vint limprim. Des dbuts dcriture. Vint limprim. Des dbuts dcriture. Jcris au crayon. Plus tard au stylo. Je dicte mes mots linstitutrice qui les crit. Je les recopie dans un grand cahier bleu. Je suis gauchre. Lhutre vit dans Alexia limprimerie, je compose au plomb mes textes dicts-recopis, qui se rvlent lisibles une fois imprims sur la petite presse bras de lcole. Jai 6 ans. Japprends compter avec des cachets, des gommettes, japprends mesurer en poids de marrons, en longueur de pattes de lapin, japprends calculer avec des rglettes, divi- ser en parts de gteau danniversaire. Japprends en observant, je veux tre comme tout le monde. Jcris au pinceau. Mon amie Marie, droitire, fait glisser son criture, tandis que les poils de mon petit-gris rsistent, refusent mon geste gauche. Dans ma chambre denfant, jcris des histoi- res, je cre des langages, jinvente une criture en miroir. En secret, je mentrane droite. Comme dans une cole o je ne suis jamais alle, je recopie des lignes de a, de p, de t, des alphabets complets, des lettres, de la posie, des livres entiers. Cest laborieux et jai mal la main, mais je mmerveille la vue de cette criture naissante et mal--droite qui prend forme. Je suis une autre, je mappelle Chlo, Graldine ou Flore. Un nouveau monde souvre moi, celui de lcriture de ma main droite. Jai 12 ans. Adolescente. Je me coupe le bout du majeur de la main gauche. Le doigt tendu, prisonnier de son bandage na plus aucune mobilit, tandis quil faut continuer tenir sa plume, crire. Charlotte a un stylo lencre noire. Sa cursive oblique glisse sur lA4 glac. Ma main gauche mise au repos cde la place ma main droite, ailleurs que dans mes cahiers intimes, son criture sort de ma chambre pour se retrouver sur les bancs de lcole, dans les cahiers officiels. dfaut de main gauche, elle devient lcriture par dfaut, pour se perfec- tionner en peu de temps. Elle devient lcriture rgulire. Jassiste la passation des pouvoirs, dune main une autre, froidement, dlectueusement. Jemprunte un crayon Nicolas. Nicolas, crit de la main gauche. Jcris de la main droite, jcris autre chose que Nicolas. Tandis que ma main gauche reste la complice de mes peintures, de mes dessins de prcision, son criture, elle, a cess de grandir. Elle reste une adolescente de quinze ans que lon aperoit encore quelques fois, au dtour de certains albums photos. pilogue Rcemment, on ma dit : Oh! quelle belle criture !. Donner sa main, cest donner sa parole. Quand jtais petite, jai rv mon criture et je lai dessine. Jai eu peur de me perdre aussi et de trahir mon ct gauche, le bon ct. Mon premier dessin typographique : une cur- sive. Ma premire composition : le caractre Gill Sans. On lit dans le Littr, crivain : 1. Celui qui crit pour dautres. 2. Homme qui compose des livres. Il se dit aussi des femmes. Donner sa main, cest donner sa parole 2009 Alexia de Visscher, Lustre Copyleft : cette uvre est libre, vous pouvez la redistribuer et/ou la modifier selon les termes de la Licence Art Libre. Vous trouverez un exemplaire de cette licence sur le site www.artlibre.org ISBN 978-2-930561-01-1 D/2009/11.833/1 www.lustre.be Ce livre a t copi 25 exemplaires pour sa deuxime publication Juin 2009 LUSTRE