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CONFESSIONS
D'UN
MAMECRDOPIUM
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~M~TnADUCTÏONÏNT~HAhH
DESC.REUX
– ~0<7~Ef.Z.E ~DJT.fOjV –
PARIS.–1~
P..V. STOCK, ËD!TEUR
(Anetwmme' ~tb)'<Hrte TSXaMt ~-aTOO~
.t7.RUEOSRICUEL!BU, 2?
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Toa< dMita Je traduction, de TtpTCttaetion et d'att*t}r<6 t~aertet peut tou<
)eep*y<, y compris t~SnMe et ttNt.rftg'
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BIBLIOTHEQUE COSMOPOUTE
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MANGEUR D'OPIUM
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HTTtBtTURE <ttSUUSE
D'OPIUM
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P.~
V. DESCREUX
– NOUVRI.Ï-.H MMl-i'ION –
PARIS – I~r~RR.
T?,-V. STOCK, ÉDITEUR
1903
'tous droits réserva.
PREFACE DU TRADUCTEUR
ici
~1
que, comme
i; t~~t~~t~
tous
t~<:
les ~V.<t~!Af ~~M-t.
exemples corrupteurs, cet
exemple vient d'en haut, H y restera confiné sans
doute l'admirable équilibre de notre tempérament
national, qui nous fait bientôt revenir des extrêmes et
nous montre tôt ou tard tout excès sous un aspect rldi-
cuic, nous arrêtera bientôt dans cette voie. Nous pou-
vous donc espe~t'que la race anslo.saxonnc gardera
le monopote de ce fléau, avec tl'autres monopoles non
moins pesants, comme son paupérisme~ son esprit de
destruction qui fait que, partout où e!îe se montre, les
races antérieures et leurs monuments semblent s'évu-
noui: Race extrême~ avec son sang-froid proverbial,
elle doit subir une loi naturelle que je me hasarderais
à formuler ainsi. Dans les caractères nationaux comme
dans les caractères individuels, les extrêmes s'appellent
coexistent et agissent soit en se combattant,; soit en
alternant leur action. C'est ce qu'exprime un livre
dépourvu de la sereine clarté des Grecs, mais non moins
beau par les innombrables lueurs d'éclair qu'il jette
dans la nuit delà nature et de Famé. On devine
qu'il
s'agit ici de la Bible. EUeditqucIque part cequete puis
bien appliquer ici ~MM~MMtM !M~oc<!<.Les cités
les plus adonnées aux préoccupations matericHesetmer-
cantiles n'ont pas été par cela préservées, ou si l'on
aime mieux, privées des écarts de l'imagination et des
illusions mystiques. Lorsque mille signes y persuadaient
l'observateur superficiel qu'on adorait un seul Dieu,
Mammoa, Plutus, le dieu des voleurs et des mat'.
chands, tout y laissait voir un fonds puissant de rêveries~
d'atTracticn Four ic côté chimérique, ténébreux des
t')~fAC):))U-mAM'R'n:UR V
V. Dt:SC!:EUX
2
AU LECTEUR
poltron quj avait de l'autorité sur la presse, tous les non~ pro-
pres furent supprimés a mon insu dans la première édition de
ce livre, il y a ttente-e;))q ans. Je ne fus pas consulté, et je ne
découvris ces blancs absurdes que plus tard quand je fus raillé
à leur sujet, et avec grande raison
par un journaliste satirique..
Rien ne pouvait être plus plaisant quecesappeis à des ombres,
a Lord D. au doyen D, au philosophe P. En tout cas, n'y
avait aucun prétexte pour justificr cette absurde intervention,
en alléguant qu'il y avait là des personnatites qui mouvaient
offenser les hommes désignes. Tou$ )c$ cas, sauf peuMtre ce!ut
de W))berfotce, au sujet duquel j'eus alors de
légers doutes,
étaient connus ~amjfierementdans des cercles nombreux d'amis.
Je dois rendre justice M. John Taylor, l'émineat éditeur d,e c~
livre, en dëciarant qu'il n'eut aucune part dans cette inepte
~<
suppression.
XXtV AUACTEUR
qui prenaient de l'opium par plaisir (on peut bien les
nommer des amateurs), que la difnculté de distinguer
ces personnes, auxquelles l'habitude avait rendu l'opium
nécessaire, d'avec celles qui en achetaient en vue d'un
suicide, leur occasionnait chaque jour des embarras
et des discussions. Ce renseignement ne concernait
que Londres. s" Mais ceci paraîtra peut-être plus éton-
nant au lecteur. H y a quelques années, en passant
par Manchester, j'appris de plusieurs manufacturiers
en coton que leurs ouvriers s'adonnaient de plus en
plus à l'usage de l'opium, si bien qie le samedi à partir
de midi, les comptoirs des pharmaciens étaient chargés
depilulesde un, deux ou trois grains, fabriqués pour
faire face aux demandes prévues pour la soirée. La
cause prochaine de cet usage était le psu d'élévation des
salaires d'alors, qui ne permettaient pas aux ouvriers
de s'adonner à l'ale ou aux autres spiritueux. On pen-
sera qu'une augmentation des salaires aurait mis fin
à cet usage, mais je suis fort éloigné d'admettre qu'un
homme, après avoir savouré les divines voluptés de
l'opium, se dégrade par la suite jusqu'aux grossiers et
mortels plaisirs de l'alcool. Ce qui me paraît bien établi
c'est que
Ceux-là en usent aujourd'hui, qui n'en avaient ja-
mais usé auparavant.
Et ceux qui en avaient toujours usé auparavant, en'
usent aujourd'hui plus que jamais.
D'ailleurs le pouvoir fascinateur de i'opiHm est admis
même par les écrivains médicaux, ses plus grands ad-
versaires. Par exemple Àrosiier, pharmacien dei'hôpi-
AU t.HC.THUR \~v
tul de' Greenwich dans son J~AMt sur les <~<?~ de
/'oy<!<)!! publié en t~ë~. indique dans un passage
pourquoi Mead n'a pas été assez explicite dans l'exposé
des propriétés de cette substance, des remèdes qui les
combattent, et il s'exprime lui-même en termes mysté-
rieux, mais p~M cru~to<o!jfort clairs pour les adeptes
« Peut-être pensait-il que ce sujet est d'une nature trop
délicate pour être éclairci à tout le monde beaucoup
de gens ayant les moyens d'cn user sans réserve, cela
aurait pu leur ôter cette crainte et cette hésitation qui
les empêchent de faire l'épreuve des :nnombrab!es pro-
priétés de Fopium. Car il y a dans cette substance
~!eMdes qualités dont la COnn<M(!MCCrCM~t'~t~ ~OM
usage habituel et le ttte<<'r<ïtf CMy<~CW C~f~ MO?M
encore plus que c~e~ les Turcs e«.v-t:M. La diifu-
sion de cette connaissance, ajoute.il, serait un malheur
public:~ Je n'admets pas sous réserve la nécessité de
cette dernière conclusion, mais c'est un sujet que ~au-
rai l'occasion de traiter avec plus de liberté au cours
même de cet ouvrage. A ce point de vue, je me borne-
rai à dire t" que l'opium a été jusqu'à présent le seul
analgésique universel qui ait été révélé à l'homme
2" qu'il est le seul, l'unique analgésique qui soit in-
faillibledansuneproportion extrêmement grande de cas;
~° que sa puissance dépasse de beaucoup celle de tous
les agents connus contre l'irritationnerveuseet la mau-
dite maladiedu ~p~:MMH~~P, 4."qu'il pourrait bien être
et je le pense d'après un fait absolument convaincant
pour moi, le seul remède qu'il y ait, non pour guérir
quand elle a éclaté, mais pour arrêter quand sue es~
XXV! AU LKCTKU~
latente phtisie pulmonaire, ce HëaH si redouMb!e fn
Angkt<rre. Je dis que si Fopiunt possède ces quatre
propriétés on quelques-unes d'entre elles, tout agent
qui justifie d'aussi belles prétentions peut, que) que soit
aon nom, se refuser trônent omor tinns la d~~a.
tion et à subir tMhetnent que ~'on impose d l'opium
dans les livres, je dis que l'opium ou tout ~um-e
agent d'égale puissance peut uMn~et' qu'ii ~e
révélé à l'homme pour un but plus élève, que d~
servir de cible a des dénooewions morales ou sugge'
rces par l'ignorance~ sinon par l'hypocrisie, –qu'il de-
vrait être clevuà la di~nited'ëpouvantaHsc~nMuepour
même en fuite les terreurs superstitieuses; car ceUea~i
n'ont le plus souvent d'umre résultat que d'ôter la
sou~tance j)umainecequi lu soulasernitle plus promp.
îement leur objet est d'amuser les enfants et de
fournirdes textes de composiuons Itttéraire » ut pue-
ris placeant, et declamanio fim).
En un sens, et de loin, tous les remèdes, tous les
modes de traitement médical nous sont offerts comme
analgésiques, leur but définitif étant de soulager la
spuS'rance qui est la suite naturelle des maladies et
des infirmités. Mais nous n'employons pas le mot d'a-
nalgésique dans son sens propre et ordinaire, en l'appli-
quant à des remèdes qui se proposent le soulagement
de la douleur comme un enct secondaire éloigne, conse~
cutif à la guérison du mal. Ce mot ne s'applique avec
justesse qu~ux remèdes qui produisent ou poursuivent
ce résultat comme but premier et immodiat. Lorsqu'on
ads's!re de? toniqHM à u'jt cMMurquïsoucrc peno-
AU ï.tSCTKUK MVtt
~r
diquement de l'estomac, et
qu'on supprime a!aa t~ 1"u,.1I.
longue
ces sounrauces, cela ne nous autorise pas à qualifier
ces toniques d'analgésiques; la suppression de la dou-
leur est le terme extrême d'un circuit que la nature
parcourt et demande sans doute des semaines pour être
'accomplie. Mais un analgésique véritable, par exemple
six gouttes de laudanum, ou une cuillerée d\m carmi-
natif chaud mélange A du brandy, peut souvent guérir
en cinq ou six minute:, ta torture que soutire un enfant.
Parmi 16$ plus puissants des analgésiques, nous citerons
la ci~në, la {usqniame, le chiorotbrme et Foptum.
Mais il est incontestable que les trois out un
pt'emiers
champ d'action fort restreint, quand on les compare a
< t~ t t
étincelle tomba sans que je la visse, de ma bougie sur
un tes de papier, et y mit le feu. Si elle était tombée
<~aH)le tas et non dessus, le feu aurait bientôt été le
plus fort ,etse communiquant à la boiserie légère et
aux draperies du lit, il aurait atteint les solives du
plafond comme il n'y avait pas de pompes dans Je
voisinage. toute la maison aurait été brûlée en une
denn-heure. Mon attention fut d'abord attirée par une
clarté soudaine sur mon livre, et toute la différence
entre la destruction totale de ce qu~on possède et la
perte insignifiante de livres qui valaient ciaq guinées,
fut duc à un large manteau espagnol on le déploya
et on le maintint fortement sur le foyer de l'incendie,
avec Faide d'une personne, qui malgré son agitation
n'avait point perdu sa présence d'esprit, et l'incendie
fut étouffé. Parmi les papiers qui furent atteints, mais
non au point de devenir illisibles, se trouvait < La
fille du Liban. » Je Fai imprimé et placé avecintention
à la fin du volume, comme formant la suite naturelle
d'un récit ou l'histoire d'Anne, la pauvre méprisée
n'était pas seulement l'épisode le plus remarquable et
le plus douloureusement pathétique, c'était aussi une
scène qui m'apparaissait sous des couleurs nouvelles
disons mieux: cette scène transformée, faite, refaite,
~aa$ cesse composée, recomposée, formait la substance
commune à tous mes rêves d'opium. Les traits decette
Anne que gavais perdue, et que j'ai poursuivie dans les
foules de Londres, )e les ai cherchés dans un sens plus
N~al dans mes rêves, pendant bien des années.
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T~!5eë gênera <rsi:C~CTS~K~,d~!aec~M~ aâ~o,an'ia..xasuO.
3
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*m<M~<ea«k< fonnet w<tnést h pen~trne, kMMag,
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Mh to~emn: qoet~et <nMt<qtM Mpt~mMMM pl<Mew
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desae'otmcttr~tcrtxt qtM'ioi dëfabxit «tutMMh de M
<MfObertoute rëbttbMhwtM'net tome <Mp6BM«; Ttis
sont les <net<fspour Ke~qnek c<!ttead<~t!on <pëeM~,
sur i<tqueHe<ontp«ti<nt A bon dtjroM~tMieoM de nM<
<m!M, pu <tre donnée en eotier M M peut r~re<<H
ec tnoMMK voilà en <tcc<"nd lieu pom-~u<M te fn~aMM
<t<M)~BpuMie, a ëté )~ à So, dmot lt~<tMe~N
<)oe)~tle<[<t~<myMM<ertd'épït~ue,
.A~Mnxt&M~
CONFESSIONS
0'U.M
MANGBURD'OPIUM
mw
arriver !<t. Bn tenant compt< des. dinerences constitution.
MUes, je dirai qu'en'moin& de cent vingt jours, l'habitude
de l'opium n'est pas si profondcment enracinée, qu'il faiUe
an enbrc surhumain sur soi-même pour y renoncer, et
même lit' quitter tout d'un coup. Le samedi vous eMs un
mangtur d'opium, le dimanche vous. ne t'êtes plus. Quelle
est donc la. cause qui fit de Cotend~e l'c9c]ave de l'opium-,
un esclave qui jumais ae put rompre $a chaîne? Dans-son
éternelle; légèreté, il imagine qu'il a expliqué cette habi-
tude et cet esclavage, et il n'a pus dit un Mot qui puisse
éetairer cette question. Le rhumatisme, dit-i!Fa conduit
!~iun), tret bien, mais avec un trai«m<ant médical
approprié; le rhumatisme aniMMtdiapartc; U fmnHt même
diaparu~nsfr~ifenteot, parler osei!)a!)OtMt ordinaires qui
font se succéder les causes naturelles. Er !a!doui~af cess:tac,
l'usage d~ l'opium aurait dû cessera I~ourqunr n'ea fut-H pa:
ainsi? Parce que Coleridge avait fini par apprécier !e
plaisir reniât que doano l'opium, et qu'ainsi; !e'véritable
obstacle qu'il s'imaginait avoic esquivé par quelque voie
mystérieuse, se représente devant iui~avec une ibrce infi)-
térée. L'attaque rhumatismale aurait pris nn longtemps
avant que l'habitude eût le temps de se former. Supposez
que j'exagère !a &ibiesscde l'habiiude probable ? Cela serait
également en ma faveur, et Coleridge nfavaitpns le~dMit
de'me refuser un-ptaidoyer dont il usait four lui-même.
C'est vëritaMemtnt un fait à. inscrire dans les annales des
erreurs volontaires de l'liomine, que Gotendgemt pu tenir
~ta tel langage devnnt telles réalités. Moi,.q<ti.nc vais pas
proclamant mes victoires sur moi-même,, et qui n'emploie
aucun argument moral contre l'usage de lfoptutB, ;en'en
ai pas moins brisé plus d'une fois mon engage-.aent, par des
motifs de ~rM~tMC, a tors que j'ai fait pour cela des enbrts
qui'figurent dans mon récit comme les plus ardues des
souffrances. Goleridge qui professe, sans' en donner de
ïnonts, que manger de l'opium est un crime, et'un, crime
phi~grave, ponr des TâJHoas. myst~t~t~M~~p~~ hssx.~u
t~'UN MAKGKUR O'OPtUM ~)
Voyez(~Mo.
O'UM MAKGEUK n'ODUM
'Vo~«&!MM)t<M!!fM.
4~ CO}(FSSSO!<S
etque m'arrachent aujourd'hui les douleurs évciMëes par
mes souvenirs, ce n'est pM pour combiner des excuses
pIaunMes ou échapper au blumc, que je fais remonter
mon<'lMtb!tude dénnittM de l'opium jusqu'aux besoins
qu'ont crée en moi mes anciennes souffrances dans les
rues de Londres. Car si le contre-coup de ces nou<ïrances
de Londres m'a forcé, plusieurs années «près, a employer
l'opium, il,n'est pas moins vrai que ces souftrances eUes-
mêmes avaient pour cause ma propa e folie. Ce qui demande
à être excuse, ce n'est pas .l'usage de l'opium, si l'opium
est devenu le seul remède efncace pour la maladie ce sont
les folies qui ont elles-mêmes produit cette mtdadie.
Quant à moi, après être devenu un mangeur d'opium
par habitude, après etretomba par inexpérience dans de
pitoyables excès d'opium, j'ai néanmoins lutté quatre fois
avec succès contre !n domination de cettes~bstance. J'y ai
renonce quatre fois, j'y ai renoncé pendant de lon~aes
périodes, et si j'y suis revenu après des énexions lucides
et persévérantes, c'est que de deux maux, j'ai choisi le
moindre de beaucoup. En cela je ne vois rien qui demcnde
une justification. Je le répète une fois encore, ce qui me
tourmente ce n'est pas l'empli de l'opium, avec ses éner-
gies qui tranquillisent et vont jusque dans les dernières
profondeurs apaiser les maux causes par mes souffrances
de Londres; c'est l'extravagance de la folie enfantine qui
me précipita au mitieu de scènes qui devaient amener ces
souffrances comme tésultat naturel,
Ce sont ces tableaux que je vais retracer.'Il se peutqu'i!~
aient par eux-mêmes un intérêt qui leur mérite un court
souvenir. Mais, en ce moment, et dans les .circonstances
actuelles, ils sont devenus indispensables pour rendre intel-
ligible tout ce qui. suit. Ces incidents de ma Jeunessefbrment
le s)ibsiratum ~fondamental, le secret MM<t/ des rêves res-
Hest reconnu par des ~oya~ear!. – :6it tt~tais, soit fun~is, soit
~tman~~qaero~pe ducatd'E~F~M, tMKMi~Usementàt'ëMr: d<
D'UM MANtWMt O'OfiUM ~}
.1" 4
vitisMnteeducation des femmesetdespretres etqu'on trouve
des prince qui, comme Ferdinand VI I, se Rusaient gloire
d'avoir brodé un jupon. Dans notre génération actuelle, on
peut compter sûrement que le tuteur exercera ses fonc-
tion!: avec une loyauté consciencieuse, en eo qui concerne
i'intcrct de ses pupilles, mais on tant qu'elles exigent une
vi~itance de tous les insunts, et de la prévoyance à longue
date, eUcs sont, à vrai dire, à peine compatibles avec l'état
prient de notre société nngiaise. Les tuteur,! choisis par
mon père, lors même qu'i!s eussent été les plus sa~s et!es
plus énergiques des hommes, n'aureient pu réaliser, dans
bien des occasions, ses secrets désirs. Parmi ces quatre per-
sonnes, l'un était marchand. Je ne prends pas ce mot au
sens étroit qu'on !ui donne en Ecosse, d'après le mot cm*
pruntéâia France, où jamais les princes n'ont exerce le
common: tnais dans le sens large et noble de l'Ang~
terre, de Florence, de Venise. Par suite ses relations etcn-*
dues avec les ports de mer et les colonies lointaines absor-
baient son attention, exigeaient noëtne sa présence, l'enïe-
vaient à sa vie domestique, et l'on ne pouvait s'attendre à
ce qu'il fit davantage pour ses pupilles; il devait se borne!'
à surveiller somnMirement leurs intérêts pécuniaires. Notre
second tuteur était un magistrat rura! d'un district popu-
leux aux environs de Manchester, et à cette époque même,
il était aux prises avec une population turbulente et tou-
jours plus nombreuse d'étrangers, Gallois et Irlandais. Lui
aussi, accablé par les occupations de sa charge publique, il
avait peut-être le droit de penser qu'il avait entièrement
rempli ses devoirs de tuteur quand il se tenait prêt à agir
à propos de quelque difficulté accidentelle; et dans les cas
't.eM<e<x<ctee9t:t~cAr~Mt<Fr~t'Ot!fx.t r~
D'US t<AMGM~D'OMUM ?9
Non; «Mt ce que je savais par moi-même de Grotiutmvait
pour base ses traductions en vers latins, de nombreux
fragments qui restent des tragiques grecs, traductions qui
m'avaient frappe par leur beauté remarquable. D'autre
part, son livre d'un caractère plus élevé « De Jure j?~~ et
dont lord Bneon a fait un si grand doge, m'était
entièrement inconnu, mais j'en avais entendu parler par
une personne fort réuéchie dans des termes tels que, seion
toute probabilité, Grotius était mieux doué et se savait
mieux doue comme homme de lettres que comme philo-
sophe. A propos de son petit livre sur les révélations mo-
saïque et chrétienne, j'avais entendu des jugements tout
à fait dédaigneux, deux entre autres. De l'un, il ressortait
simplement que le sujet était traité avec une force logique
bien inférieure a celle de Lardnerou de Patey. Aussitôt,
plusieurs jeunes gens exprimèrent vivement leur appro-
bation, surtout n l'égard de Patey. L'~y~c~cM de cet
auteur, avait paru sept ans auparavant, et énit deve-
nue déjà un sujet d'étude parmi eux. Quant à l'autre ob-
jection, elle s'attaquait inoins a la pénétration dialectique
de Grotius qu'à son érudition, du moins sur un point par-
ticulier. Selon une anecdote bien répandue, le docteur l'
Edward Pococke, le grand orientaliste anglais du xvue siècle,
fut engagé à traduire en arabe ou en turc le petit ouvrage
de Grotius; il répondit en mentionnant la sotte légende du
.pigeon ou,de la tourterelle qui servait d'intermédiairecntre
-le prophète et le ciel; légende accréditée et adoptée par
Grotius avec la plus aveugle crédulité. Une fable aussi mal
fondée produirait, selon Pococke, un double inconvénient;
-d'abord elle détruirait l'autorité de ce livre-là en Orient, de
plus elle nuirait au christianisme pendant bien des géné-
rations, en apprenant aux sectateurs du prophète que leur
maître était l'objet du mépris des Francs à cause de ce
conte de nourrice, et parce'que des contes de ce genre
trouvaient accueil auprès des ér~dits chez les Francs.
.11 ~njésulterait~un dosbif dommage.) d'abord, le chrjstia-
80 CONFMStONt
nisme serait méprisé dans son érudition et-dans la per-
sonne de ses érudits, mais cette conséquenccpouvait laisser
aux mahométans la conviction'que le christianisme avait
une force propre, indépendante des erreurs et des sottises
qùeses.déienseurs commettaient. Non, en outre, il se pro-
duirait dans ce cas une forte réaction contre If chistianisme
lui-même. On soutiendrait d'une façon assex plausible
qu'une vaste philosophie religieuse ne 'devait guère avoir
d'arguments puissants en reserve, s! elle attaquait le maho-
métisme sur une fable aussi puérile. Adopter cette légende c
même sans la blûmer, parmi des nations qui niaient pas
e!t rapports directs avec les musulmans, cela seul indiquait
nans le christianisme une faiblesse choquante, et tous ses
arguments étaint fondés non pas sur la force propre, mais r
sur les points défectueux de son adversaire. t
La cause de Grotius paraissait tout à fait désespérée. s
G. )eune garçon, dont j'eus plus tard occasion d'admirer t
tout la fois le courage, la loyauté et la prévoyance, chan- {
gea tout à coup le terrain du combat. H'ne'chercha pas a [
défendre la ridicule fable du pigeon au contraire il mit
dans un même sac le pigeon et un autre oiseau qui, selon
tes musulmans, conduisit les premiers croisés, une oie qui
sans doute a été un personnage historique, dans un cer-
tain sens. Il reconnut donc que sous ce rapport Grotius
n'était pas défendable. Mais en somme, quand il s'agit du
point essentiel, de l'infériorité apparente de Grotius en pré-
sencedePaley, etc., il bouleversa d'une phrase tout l'édi-
fice. de ce parallèle.– Pale Lardner, dit-il, quel but se j~
proposaient-ils? Leur bût avoué c'était de triompher par
tous les arguments, toutes les évidences, toutes les pré-
'somptiohs, quelle qu'en fût la ~source, et de les faire con-
courir à prouver tous les éléments du christianisme sans
exception. Bien, c'était là ce qu'ils voulaient, était-ce aussi
ce qu cherchait Grotius? Pas--du tout. Bien souvent le
jeune G. avait remarqué à part lui, que Grotius laisse de
'côté sans' motifs visibles, des arguments de première force;
tt'UN MAHûHURU'OPiUM S:
6
COSMMMM
il voulait employer une clef secrète pouf er~querte {~t
livre de Grotius, je l'ignore. Si je l'ignore, c'~M par ma
faute, car j'ai dû être invité hpayermoa écot dansles études
du 'dimanche soir sur le De Veritate et par suite tM
moyens propres résoudre la question ont été i 'ma =
portée
En tout cas cette force solitaire d'observaltonsi)enctt.ase
chez un garçon de quinze ans, cette idée perspicace de iG.
en opposition direcce avec l'idée .reçue, me frapperont
.d'admiration. En même temps <e me demandai ï'H avah
tort-ou raison en ce qui regardait le fait lui-même. Lorsque,
dans une chasse entraînante comme un torrent, t~t'une
.ardeur précipitée dirige tous les.éians da.ns ui seubcoarant,
une personne est capable de songer en un clin d'ceit aux
crochets inattendus du gibier, qu'elle le suit du même
mouvement, qu'elle résiste avec obstination aux inc'!nct'i
d'une arrogance impérative, cela n'indiqùe-t-il pas ~ie
.sagacité bien rare dans l'enfance. G.avait-il raison PAloi
tl ouvrait par surprise une serrure que les autres n'avaient
.pas su ouvrir. Se trompait-il? Dansée cas il avait tracé leIle
.plan et l'esquisse d'un ouvrage meilleur que celui de<jrotius,
.en ce sens qu'il aurait été :plus original et 'plus approprié
.a un but déterminé..
Toutefois ce n'est pas à cet enfant, mais à !toute l'école
que j'ai voulu rendre hommage -et témoigner ma recon-
naissance en cette occasion. Plus Mrd., ,quand )'étMs sous-
gradué à Oxford, j'étais bien piacéipour voir comme dans un
miroir, les prétentions caractéristiques et le niveau moyen
.de la plupart des écoles renomcoé&s. Ce miroir, c'était la
conversation ordinaire et les JivMs.favoris des jeunes gens
'PA~oM~At'e.–C.'estàpfopu~dect'motqu'ilpourrait y «voirunnuJee.-
tendu. B!e')des ge~s..sejffguroontque le magasin.deces fcrhain~ cot-
t~entt 'l tt~c'egxt et non dtf)a pMtotOphië.Mais j'<i stiMeattqteh)Be
part que la totai~de ce qu'il yadephUosophieenAngteterre~'est. tour
jours cachéedans fa scieuce ecc)~!astiqueangtaise. Jerémie TAytor,par
~ttmpie~ooay atbntre-.Muttes c6t~sp!%tii!ue:'d<~ia p!nfoso))t:ti~
d~ ce!)6~
<i a ~eui'.6S{ett!ftv)e, ta me<~)e, h pfttdenea.soaTeratUtted'.ttd'ttM;
de Cettequeles Grecsrapportaiert ai !Mm);t)tM
toHMM,
D'un MANGZW D'OPtt'M 8y
'eau sous
présenter de nouveau sous un
un masque
masaue thooh)giqac;
thooh)a!aac: il s'est
s'est
aina.di~eMe de 1~-e bien des libres anglais qu'H prenah,
d'après les. a.pparencos, pour des traités de controverse pro.
testante, alors qu'ils sont réellement une mine inépuisable.
d'eloq~mc~ et de spéculation phitosophique.
Ea second lieu un choix très complet dans la littéra-
turc dramatique anglaise, depuis l'année !~So }usqu'en~
t635, époque où elle fut congelée par le froid do l'esprit
puritain qui assaisonnait toute chair pour Ja guerre par!e-
mentaire. Il n'est pas de littérature, sans excepter même
celle d'Athènes, qui ait jamais offert un théâtre aussi va-
rM~ u~ déploiement aus&i carnavalesque; tant de types
maaqMes ou démasques, tant de vie passionnée, qui Kspi-
ra.y remMait, agissait-, souffrait, riait
Q)«~Htc!<u)t< /tOM)t)te~,
votum,, timor, ira, fo!i'p~,
GftH<<)'~(fi~CM).!t<~
Tout c<Ia, mais avec plus de sincérité, plus d'exactitude
qu'on n'en trouve, et qu'il ne peut y en.avoir dans le
genre adopté ph<' !e sombre satirique, tout ce que- nos an-
cêtres du moyen âge représentaient; dans. leurs « Danses
Q&&Morts scènes d'ivre~s douloureuse ou riante, tQut
cela, nous le retrouvons en groupes scéniques, sn vête-
mea,M et en couleurs. resplendissantes. Qu~le aut):& n~taon
peut offrir une littérature dramatique comparable. Le
drame athénien, a disparu en grande partie, celui de Rome
a péri, étouffé'dès sa naissance par les sanglantes réalités
de l'amphithéâtre, comme la lumière d'uae bougie devient
invisible. au soleil. Le drame espa~nol~ même après a.voir
passé par les mains de Calderon n'offre que des esquisses
inachevées. Ls théâtre françs::s a bien des défaut essen*
tiels que l'on n'a pas encore définis avec )usiesse,*tnais il Il
cette infériorité évidente, qu'il n'atKigaits.on~ apogée que.
soixante ans, que deux générations, âpre:; le nôtre. H est
e?' <MM! grande periads du drame anglais se ferma
precisëmem quand s'ouwcit l'époque di: théâtre, tt'&a'.
88 COUt'KSStOM
cmx celui-ci a donc perdu tu supériorité merveilleuse que
t}onne à la scène une époque romantique et pittoresque.
Cette époque s'était évanouie quand le théâtre français
atteignit son apogée; i) s'ensuivit naturettement.que ta
délicatesse française, qui alors était trop développée,
étouffa ou fit'dévier tes libres mouvements du génie de !a
<union.
Je prie le lecteur de me pardonner cette digression trop
longue, & taquette m'ont entrainè mon amour pour notre
belle littérature nationale, mon désir de la voir figurer
parmi les moyens d'éducation, avec des ressources minis-
îërieHes d'une étendue bien plus grande; j'ai voulu, en
tout cas, protester contre le dédain superficiel qu'on pro-
fesse a l'égard de nos:meilleurs écrivains h ce dédain nous
pourrions devoir un reproche cuisant, celui de « marcher
avec des souliers à srosc!ous)t (pour employer t'expres-
sion de TCowtM)sur ce que les étrangers d'un esprit élevé
régaident comme le. )oy<tùle plus précieux de notre dia-
dème nationaL
Ce reproche tombait ;de tout son poids, comme mon
expérience dans ses limites m'obligeait à le cratndrt, <ar
la plupart de nos grandes écoles, si admirablement dtngees
.doute eUe l'eut été, car rien n'était plus simple que tR~n
cas. Trois doses da calomel oudepi!u!es hleues, ce que
par. malheur j'ignorais alors, m'auraient certainement
rétabli en huit jours. Un moyen, meiUeur encore, et qui f
toujours opéré sur moi avec une rapidité, une. sûreté
magique, aurait consisté A m'ordonner, après avis donné en
parucuHer à M. Lawson, une promenade dt. soixante-dix
milles par semaine. Maiheureusejfnent mon conseiller
médical était un vieux monsieur comateux, riche au delà
de ses besoins, insouciant dans l'exercice de sa profession
par suite de l'usage qui réglait alors la pratique de la méde-
clne, il était interdit aux pharmaciens de recevoir des
honoraires pour consultations, et H lui fallait subir Je
douloureux expédient qui consistait à se faire payer en
.recommandant une quantité fabuleuse de remèdes. Mais.
~in)p!ement par paresse, il s'abstint de me tourmenter par
la variële de ses médecines; avec une simplicité sublime, il
~'en tint à une affreuse mixture, dont la composition
s'était-présentée h son esprit quelque jour ou i! avait eu ù
traiter un tigre. Dans les circonstances ordinaires, avec un
exercice suffisant personne ne se portait mieux que moi.
Mais mo~ organisation était d'une fragilité périlleuse lut-
ter en même temps contre un telle ma!adie,et contre un te!}~
médecine, celq semblait trop. Le proverbe nous apprend
que trois déménagements sont aussi désastreux qu'un
incendie..qela, se peut. Je suis porté à croire, d'après Je
même etpri~ de comparaison mathématique, que trois doses
bonnes pour un tigre équivalent à une attaque d'apo- 1
plexie, ou même au tigre lui-même. Apres en avoir pris
deux, qui me secouèrent assez pour me laisser à peine
vivant, je me refusai à exécuter l'injonction coUée sur
.chaque fiole, et ainsiconçue < Repetatur haustus. Au lieu
de me. hasarder à cet acte périiïeux, j'envoyai chercher
M. (le pharmacien) et je lui demandai si dans l'arsenal de
son art, qui passe pour posséder une innnité de ressources,
Hn'txistait aucun remède qui fût moins abominable, et S
1
D'UM MANGEUR O'OrtUM <)~
__I_ .&
Lec<M! n'MCttM)pas tM arguments qui crient en fureur,
en désordre, contre moi. J'en éprouve un chagrin trop
sincère. Sur la résidence exigée de trente-six mois, j'en
avais déj.\ dix-neuf, c'est-a'dire plus de la moitié, de ter-
minée. D'autre part, il est vrai que mes souffrances
étaient absolument intolérables, et que sans concours
aveugle et inconscient de deux personnes, ces soun'rancet
n'auraient pas existé ou auraient été promptement soûla.
gées. Dans la grande ville de Manchester, il existe sans
doute assez de mercure pour charger tout un vaisseau, et
il en faut gros comme un gland de chêne pour le calomel
qui aurait fait changer d'aspect toute une existence
humaine, et fait taire la cloche funèbre dont les sons
douloureux, douloureux encore, bien qu'etoun~s en par-
tie, lui répètent les reproches qu'elle se fait avec
remords.
Des lors, le seul excès de mes souffrances corporelles et
de mes désillusions inte!!ec!uc!tes, suffit pour développer
une frénétique et enthousiaste énergie. Aux Etats-Unis, il
est un fait bien connu, très souvent décrit par les voya-
geurs sous t'innuence des variations dans la quantité du
sel de la nourriture, un instinct furieux attire toutes les
bandes de bisons vers le centre commun des < lèche-sel
C'est une impulsion analogue qui pousse les sauterelles,
qui chasse les lemmings dans leur marche mystérieuse, ïls
sont sourds au danger, sourds au cri de la bataille, sourds
aux trompettes de la mort. Que la mer se trouve sur leur
chemin, que des armées avec de l'artillerie leur barrent la_
route, ces obstacles terrinants ne les arrêtent qu'en les
détruisant les abîmes les plus affreux, lorsqu'ils se dis-
posent à les. engloutir, lorsqu'ils, sont prêts à les entraîner,
ne suffisent pas pour modifier ou retarder la ligne qui
avance inexorablement.
Tel était cet instinct; son commandement était aussi
impérieux, aussi puissant, mais hélas aussi aveugle,
quand le coup de fouet d'une indignation tumultueuse,
B'UN MAMGKUX B'OP)UM )0t
'~?!.d.T.~
!<M COSFK~tONS
-1. cela _A.
même 1
chie, et par subtile 1: comme Wordsworth le
dit avec raison, une joie qui submer~etut toutes les veni-
meuses inquiétudes, tous les doutes qui ton~M le coeur.
J'éttus, ;'<vais été longtemps prisonnier, )'6ta~'enferme
dans une maison de force; un mot puisant comme In
foudre, sois libre, était prononce dans un repli secret de
ma volonté, et il avait fait tomber comme par un tremble-
ment de terre, les portes de ma pr~un. A chaque instant
je pouvais sortir. Mon imaginmmn me précédait sur les
doux sentiers galonnés des coUines champêtres; je re:-
pirais d'avance les brises des montagnes eterneHe~ dont )e
MutHe me semblait venir du jardin du Paradis; au scuit
de ce ciel terrestre, il m'était désormais impossible de dis-
tinguer nettement, ou avec uno longue attentionnés détails
épineux qui pouvaient plus tard se multiplier autour de
moi, de même qu'au milieu des roses de juin, et pendant
quelque belle matinée de juin, je n'aurais pas réussi me
mettre sous la froide impression et dans l'abattement que
produisent les brouillards vers la fin de décembre. P<Htn',
voilà qui était décide? Mais quand? Mais où? Le quand?
ne pouvait avoir qu'une réponse. Bien des raisons m'obli-
geaient à choisir la saison d'ëtë, dès son commencement
si possible. Outre ces rinçons-la, le mois d'août devait ra-
mener mon anniversaire, et un des articles de ma charte
générale était que mon anniversaire ne me retrouverait
pas à l'école. J'avais aussi quelques préparatifs faire!
d'abord j'avais besoin de quelque argent. Par suite, j'écrivis
à la seule personne qui fût mon ;amie confidentielle, à
lady Carbery. Autrefois, elle et lord Carbery, anciens
amis de. ma mère, m'avaient honoré à Bath ~t ailleurs,
quelques années, d'attentions flatteuses; 'en particulier,
dans ces trois années, lady Carbery, jeune femme qui
ne sentaitpas,étaitsublime.< ACatais,Word&worth
.C€ttc)oie;qtt'on
(voirFrcanwnetFl eu 1802.à ireise-avr.eucrrièra,à lagrande
eé~reoortait
èredela ~surfectionsociatede
trede).t résurrection
socialede ~SS.Sg,
ent8ot.à qui avaitsuivi
avait suivi on
unsotMMit
sommeildix
dix
fois sfcuhirc.
D'UKMAHGKt)RH'Om)M )o3
avait dix ans de plus que moi, et qui était aussi remarquable
par ses qualités intellectuelles, que par sa beauté et su
hanté, avait entretenu une correspondance avec moi sur
des questions littéraires. Elle avait une opinion trop haute
de mes facultés et de mes propres, et partout elle parlait
de moi en termes enthousiastes, u tel point que si j'avais
eu cinq ou six ans de plus et possédé quelques avantages
personnel, son langage aurnit pu faire sourire a ses dépens.
Je lui écrivis alors, pour la prier de me prêter cinq guinées.
Une semaine se passa tout entière sans m'apporter de
réponse. Cela me ntéprouver de l'indécision et de l'inquié-
tude sa seigneurie possédait une grande fortune tout &
fait indépendante du contrôie de son mari, et j'étais assuré
qu'elle m'eût envoyé avec empressement une somme vingt
fois plus forte, à moins que sa sagacité ne fût parvenue,
contre toute mon attente, a pénétrer dans quel dessein je
demandais ces cinq guinees. Avais-je commis l'imprudence
de laisser échapper dans ma lettre me'nc des mots dénon-
ciateurs? – Certainement non, mais a:ors pourquoi.? A
ce moment même toutes mes suppositions furent interrom-
pues brusquement par une lettre qui portait un sceau orné
d'une couronne. Elle était de lady Carhery, comme cela
s'entend, et contenait dix guinées au lieu de cinq. Les
voitures allaient lentement à cette époque; de plus lady
Carbery était partie pour.les bords de !a mer, et c'était là
que ma lettre avait dû la rejoindre. Des lors, avec ce qui
restait en poche, j'avais douze guinées qui me paraissaient
une somme suffisante pour mon but immédiat. Quant a ce
qui arriverait plus tard, le lecteur se doute bien que je mar-
chais dessus avec dëdan. Pourtant cette somme dépensée
l'hôtel sur le pied de la plus stricte économie, ne pouvait
pas durer plus d'un mois pour ce qui est de vivre dans
les auberges de second < rJrc, d'abord elles ne sont pas
toujours moins coûteuses, et une objection décisive se
présente Dans les contrées solitaires de montagnes,
~cambriennas aussi bien que cumbriennes), on armement
t0~ CQ~t!)0?<S
J.- u v f 1 t
cavité de notre terre !es puits d'eau perdus dans ses pro"
Ecrit <n«oûttStt.
La gouvernanteavait t'habitudede me raconter que cette dame avait
vécu (eUevoulait dire sans doute qu'elle était n~e)deux cents ans aupt.
ravant, date qui concordaitmienxavec la tradition qui attribuait son por*
trait à Vau Dytk. Tout ce qu'elle s~ait de plus rehtivement à !a dame,
c'était quelle avait été une bienfaitricedefoH~e.soit pour )'e;o)cde Hr''m-
tMire, soit pour le to)'~e d'Oxfordqui était en relation avecl'école,soit
pour)e cott~e d'Oxfordauquel c'ait spcciatementattachéM. La\s0n,soit
enfinpour M. !.awsonlui mCmc.t:Ueavaitam.siété une bienfaitricesps-
ciale pour moi,gtâcc à ton expressioncharmantede Madone.Ce qui con.
tneHeau~si jusq~ un certain point à rendre ce bienfait plus idéal, plus
oet't:, c'est qu'elle mele rendait t.ans le savoir, sans que je connusseson
com, ni son rang, ni son âge, ni le pays oh elle av;)itvécuet fini sa vie;
t'!e ttait séparéede moi
«< !'<:tctn:t;. par deux siècles,et t'étaisséparé d'ellepar l'abîme
1 a~ coNyjîMjom
Honore.(MyM~.
!a6 Cù~FtMtO~t
9
< ;0 OONFM&tOMS
n'wnâo 1. .i n. l.r..a
Ê--
peine avais-je mis le pied sur le seuil que je fus arr&tJ par
une idée évidemment quelques-uns des domestiques du
prieure se trouvaient chaque matin dans les rues. Sans
doute je pouvais éviter ces rues en longeant les murs de la
ville. Je le fis, et {'arrivai a une aUëo obscure qui me con.
duisit peu à peu jusqu'au bord de la rivière Dec.
Depuis
sa source, dans sa route par les montagnes du
Denbighshire,
cette rh'iere fameuse dans notre histoire d'avant ic> \or~
mands, par !a. plus ancienne des parades qu'a données la
monarchie anglaise <, est sauvage et pittoresque, et me'nc
en aval du Prieure, où habitait ma mèrc, eHe a un
aspect
intéressant. Mais depuis ce point jusqu'à environ un mille
de son embouchure, de Chester u Parkgatc, eUe est
pitoyablement doci!e,.M la plus grande partie de son cours
ofh-<:toma fait l'apparence d'un canal. Sur la rive droite*
se trouve une levée artificielle qu'on nomme le
Cop
(sommet). Cet ouvrage a été bâti par les Danois, à ce que
je crois,. et certainement ce mot est d'origine danoise,
c'esl-â-dirc qu'il est islandais ou vieux danois. C'est le
même qui a formé le terme de eq~M~ (faite,
chaperon)
employé en architecture. Je suivais.cette rive et promenais
mes regards sur l'ensemble du tableau que formait le cours
delà rivière. Teuton me livrant à cette contemplation,
Certainesf;ettsMM
irrite!, ou mïme croientînMtMt par des 9Ui!<S
)at!on9déguises commed'aatret !e sont par des MtembouM.A. cepKt-
pos, qu'on me perateftt de dire que s'il y < dtns ma phrase huit mots
de Mite <Mn«)t<Uttpar un. c'est par pur <ccideat.II yen a.'ait neaf
d?n~le texte primitif mais pour 4patgner ces gent sU9ceptU)!e& j'ai
6ubstitu<~m~<'<tà,MM/c./ft'
!40 COKFjESStOKS
tenir en suspens, rA
le 1- 1,-
regarder comme exposé à des eondi~
tions contingentes, possibles, comme sujet à subir dans son
caractère provisoire des afnrmations, des négations,. selon
des combinaisons nouvelles où cette chose peut entrer avec
des. éléments qui peut-être ne viennent que du point de
départ ancien et primitif.
Attristé par ces réflexions, je le fus encore plus par la
froideur de ma mère. Si je pouvais me hasarder supposer
en elle un défaut, c'est que dans son caractère hautement
tendu, elle dirigeait trop exclusivement sa froideur vers
ceux qu'elle savait ou croyait les auteurs d'un mal, à quel-
que degré que ce fût. Parfois, son austérité pouvait pa.
raître injuste. Mais alors toute l'artillerie de son déplaisir
semblait se démasquer, et avec justice, pour tirer sur une
aberration morale, qui n'offrait à ce moment aucune
excuse admissible; cela se disait dans un coup d'oeil, s'expri-
mait d'un seul mot. Ma mère avait de t'inciinaïion à juger
défavorablement les causes qui avaientbesoin de beaucoup
de paroles; de mon côté, j'avais du talent pour les subtilités
de toute nature et de tout degré, et j'étais devenu naturel-
lement expert dans les cas qui ne pouvaient laisser. tomber
leur appareil extérieur et se présenter sous un aspect aussi
simple. S'il y a au monde quelque misère sans remède,
c'est le serrement de cœur que donne !'7<KWKwuM!<'<e.
,Qu'un autre sphinx vienne proposer à l'homme une nou-
velle énigme en ces termes Y a-t-il un fardeau, absolu-
ment insupportable pour le courage humain? – je répon-
drai aussitôt c'est le fardeau de l'incommunicable. A ce
moment-la, alors que j'étais assis dans le salon du Prieuré
avec ma mère, sachant combien elle était raisonnable,
combien patiemment elle écoutait les explications, com-
bien elle était franche, ouverte à la tendresse, je n'en estais
-pas moins abîme dans.un désespoir infini par la difncultë
'de me faire entendre. Elle et moi, nous avions sous. tes
yeux le même acte, mais elle le regardait .d'un .centre, et
:.ïno:.d'an autre. J'étais ~certam' s' pendant une demi-
a
D'UNMARGEURn'OPtUM ~S
minute elle pouvait ressentir l'impression mortelle des
souffrances que j'avais combattues pendant plus de trois
mois, cette somme d'angoisse physique, cette désolation
de toute vie intellectuelle, elle aurait exprimé avec élan
son pardon pour tout ce qui lui apparaissait alors comme
un simple éclat d'insoumission capricieuse. « Dans cette
courte expérience, se serait-elle écriée, je lis un arrêt qui
vous acquitte; dans ces dures soufïrances, je reconnais une
résistance digne d'un gladiateur, » Voilà ce qu'aurait été
alors son verdict, dans le cas que je suppose. Mais des rai-
sons infiniment délicate: rendaient cette supposition irréa-
lisable. De tout ce qui se présentait à ma rhétorique, il
n'était rien qui ne représentât mes souffrances d'une ma-
mëre aussi faible que puérile. Je me sentais impuissant,
désarmé dans cette difficulté languissante ù affronter, ou
à essayer d'affronter l'obstacle qui était devant moi,
comme il nous est souvent arrivé, dans nos rêves enfantins,
de lutter contre un lion formidable. Je sentais que la situa-
tion était sans espérance un mot unique, que j'essayais
d'exprimer de mes lèvres, se mourait en un sanglot, et je
me laissais aller passivement à un aveu apparent qui se
dessinait dans toutes les apparences, à l'aveu de n'avoir
aucune excuse acceptable à présenter.
Une des alternatives, dans l'offre qui m'avait été faite,
était la permission de rester au Prieuré. On me laissait
libre de choisir entre le Prieuré et le voyage dans les mon-
tagnes des Galles. Ces dernières et le Prieuré m'offraient
un séjour attrayant. On pourrait s'imaginer que ce dernier
me laissait exposé à des reproches nouveaux et intermit-
tents il n'en était rien. Je connaissais assez ma mère pour
être sûr qu'apïês avoir exprimé avec chagrin sa désappro-
bation pour ma conduite, après avoir rendu toute méprise
impossible ce sujet, elle était prête me donner une
hospitalité bienveillante, et dans les choses ordinaires, à
me témoigner sa bonté; mais cette bonté ne serait pas
ce!;? qutjM~ fera:! oublier ma situation douteuse sous
~CUEC 5S
!0
f~O coumwots
~'e'mbre de son déplaisir on me lai~MMh l'esprit a!H<~Ubft'
pour m'entretenir à l'aise sur n'importe quel ~o~t. Ua
homme dont la conversation est simplement tuppe~tee~ et
qui la Tient expQMe à une protestation eoanoucUe, coo~n~
<etnitle cil, pour moi, ne peut éprou~fcetK liberté ttisëe,
h OMint d'avoir un.; scnsi')iHtJ ohtuM et gr&Mier~.
Lft mienne, d.ms des cirootMtanc'M comme ccHcs où ;e
me trouvai!, était si loin d'~re obtuse, qu'eU~ë~it d'une
acuité morbide tt ettraf~~nte. r&vais commis. une
faute, je le snvait, et je ne cherchais p;)s me k' di~simu*
let. Vrauntat la Yioh:nù& de !'angfttMc. qui m'avan Mft re-
courir à l'expérience de ht Galerie sonore, et i<t!i:;cifiextiooL
&ymbott<;ue que )'avais attribuée à cette expérience, maai-
fe'Haien.t indirectement mon profond sentiment de L'erreur
commise par que adonnais; pour.
moi, par des voies mystérieuses, le sens et les conséquences
de cette erreur devaient s'ngrandir à chaque époque de la
vt~ à mesure que ie reporterais mon regard sur cette er-
reur, d'une distance ptu-: éloignée. De plus, cette tUusiott
fortuite à mes frères m'avait fait soudain, et douloureuse-
taent songer à une autre, à une nouveUe faute côntre mes
devoirs de fils. Une mère, surtout quand elle est veuve, a.
tout particulièrement le droit de réclamer le concoura de
son S): aîné et toute son aide pour exercer une influence
salutaire sur les pensées et les desséins des enfants plus
jeunes, et si tel est le droit d'un&mere, combien plus pos-
séde-t-eite celui d'exiger un tel concours~ quand eUe !t,
comme le fit ma mère, satisfait à tous le: devoirs maternels
par des sacrifices de toute sorte, dont je connaissais toute
la valeur. Elle était camparativement jeune, n'ayant que-
trente-six. ans, et avait fermement refusé toute proportion,
au moins dans deux occasions distinctes~ où on lui oSrait
d'honorables partis, -et cela par iidetité pour I& souvenir
de mon père, et dans l'intérêt de ses enfants~
U ;m'ëtait impossible de ne. pas lire, dans des exemples
pareil~ et-dépourvus -de ~oate oa:<tt!pHe<s, ma- ci~p
M''U~\t*~UKUKU'0['tU
mootr&H sx bonté, un appel u prouver d~ nwn côté t~
tneMû e'apres~ment à diminuer de mon mieux le poids
Je sa responsabilité. Hélas en ce qui regardait ce devoir,
je ne M.)tais que trop certainement mon erreur une o&-
casioH avait été volontairement négligëet et cependant }<:
sentais qu'un arbitre impartial lui-même ne pouvait voir
dans les apparences qu'une faible piu'tiù de ce qui phtidait
en ma faveur. Ce qu'il eût i'.)Uu dire pour mejustifie,- avec
~u<:< dev.tit être dit non par moi, mais pur un ~oc:n
dtsint<res~e, et je n'en avais &ucun ai ma disposition. J)an.;i.
r~veuglû détresse de mon Sme, dans l'angoisse de ma
conscience et de mon cœur, j'étendis les bras pour cher-
cher mon seul auxiliaire c'était ma sœur aînée Mary, car
nM sceur Jeanne parlait a peine. Ce fut aveuglement, ma-
ch~naiement, que )'etendi& les bras comme' pour appeler
son attention et pour donner une forme à la pensée qui se
débattait, j'allais parler, quand je m'aperçus tout a coup
que Mary n'était point la. J'avais entendu un pas derrière
moi, je supposais que c'était le sien. Le domestique, en se
chargeant si vite de nm lettre, m'avait fait croire qu'clie
allait apparaître dans quelques instants. Mais elle était bien
loin, elle accomplissait une mission d'amour inquiet et'
fraternel. Aussitôt après ma fuite, un exprès avait été en-
voyé de Manchester au Prieure; cet exprès bien monté
avait fait tout le chemin en quatre heures. H avait dû me
dépasser dès le premier jour de ma marche, et moins d'une
heure après son ayri.vce, il vint du bureau de poste une
communication qui expliquait la nature et le contenu de
h lettre tombée si mal a.' propos entre mes mains. L'a-
larme se répandit aussitôt au Prieure, il faut avouer que la
coïncidence de mon évasion avec cette remise certifiée d&
la lettre entre mes mains ne donnait que trop de fonde-
ment la. connexion qu'on établissait entr& les. deux fMt&.
Je fu&reconnaissant envers ma sosur Mary pour avoir ?é<
sisté aux apparences qui parlaient si fort contre moi, et
cepend&nti&n'a.vai& aucun dro'ide me plaindre de c:ux
1
'4~ COMfKMiOm
qui auraient cède à ces apparences. H semblait probable
que j'avais viole les lois de quelque manière, soit par un
faux, soit en m'appropriant frauduleusement le contenu
de la lettre. Dans les deux cas, ce qu'il y avait de mieux à
faire pour moi, était de m'expatrier. La France, à cause
de la paix qui était faite alors, ou la Hollande étaient l'asile
le plus sûr pour moi jusqu'à ce que l'affaire fût éclaircie,
et'comme il ne pouvait y avoir en aucune façon de l'in-
quiétude au sujet du résultat dennitif, c'est-à-dire de l'ar-
gent, il ne pouvait y en avoir davantage pour redouter
une poursuite judiciaire au criminel, même en se plaçant
au point de vue le- plus défavorable, celui d'un fait délic-
tueux. Un vieux gentleman, depuis longtemps en relations
avec ma famille, et qui bien souvent avait servi d'intermé-
diaire à mes tuteurs, ofirit ses services à ce moment comme
conseiller, et pour servir de protecteur a ma sceur Mary.
Aussi, deux heures après l'arrivée de l'express de Manches.
ter, qui parti à i heures du matin, était a sa destination à
3 heures du soir, toutes les démarches nécessaires auprès
une banque de Chester ayant été faites pour obtenir des
lettres de crédit, une voiture à quatre places était à la
porte du Prieuré. Ma sœur Mary y monta avec une domes-
tique et l'ami qui l'escortait.
Le jour même où je quittai M. Lawson vit commencer
ma poursuite. Le coucher du soleil fut témoin du passage
de mes chasseurs sur la Mersey, et de leur entrée au trot
dans Liverpool. De là ils firent treize milles pourOrms-
kirk, de là à la~rcct~ de Preston, vingt autres. A peu
de chose près, ces trois étapes faisaient cinquante milles;
voilà ce que firent mes chasseurs avant de se coucher, en
poursuivant quelqu'un qui ne fuyait pas. Le lendemain, bien
longtemps avant que, sous l'humble apparence d'un piéton,
~*eusseatteint Chester; la troupe de ma sceur arrivait à
Ambleside, à environ gz milles de Liverpool, ce qui les
éloignait en conséquence d'environ toy milles du.Prieure.
Cette partie de chasse avait de bonnes raisons pour se
D'UN MANQRUR D'OPtUM t~q
croire sur la vraie route, même après avoir atteint l' « or-
gueilleuse Preston qui est le point où se reunissent les
routes qui, de Liverpool et de Manchester, vont vers le
Nord. Car je m'étais d'abord proposé d'aller aux lacs an-
glais, et j'avais intentionnellement laisse quelques indica.
lions dans ce sens derrière moi, dans l'espérance de lancer
sur une fausse piste tous ceux qui me poursuivraient.
worth, <t peut-<tre aussi ses œuvres), aucune d'e!)c! ne me parut d!M
pesée à prendre'quelque intérêt ou à concevoirdes espérancespour ses
efforts. Mais!ot)j!tempsaprès cela, quand la Chambre des Commnnet
éclataen appjtudissementsà eon nom cité par SergeantTalfourd, et que
les,voyageurs américainsde quelque distinction venaient par troupes4
Ryda! Mount, tes poèmes de Wordswbrth lui-même prouvent qu'une
grandercvctation&'iitaitproduiteà L)MBo)en.Je cite cette anecdote parce
que }'<ttbien des raisons de croire que si beaucoupde gens se sont acon-
de
~erti<*à à l'égard Wcrdsworth, ce fut grâce à ces mêmescirconstances.
!)'UM MANGEUR D'OPtUM <5~
1
t)'U~ MAKGEUKti'ODUM !6t
1
R'UK MA~&KU.tC'OPtUM 't'3
daM F~ttt dt fha bourse (cthtabit vacuus~ coram latrone
viatori. Mais j'ai peur que le permis de Juvénal ne tienne
à meure
pasTcau en tout temps. H y a des gens enclins
la question celui qui persiste à donner pour excuse qu'il
n'a dans la poche qu'un misérable shilling, des gens qui
n'auront pas lu dans Juvénal le privilège ou t'exemption
accordée par cette y<!CH«~sà l'égard de la destinée con~
mune qui attend les voyageurs lorsqu'ils vont déranger les
voleurs dans leur solitude.
Le doctetrr Johnson, dans je ne sais quelle circonstance,
que j'ai oubliée, est représente par ses biographes comme
définissant en ces termes le bonheur d'une personne qui ne
le méritait pas « Eh bien, je suppose que sa sottise cor-
respondait à leur sottise. )' Cela expliquerait-il d'une façon
humiliante pour moi, les succès que j'obtenais par ma
conversation dans les auberges du comté de Caernarvon ?
N'admettez pas une telle idée, courtois lecteur. Jt importe.
ou de
peu que le succôs soit remporté de cette manicre
cette manière-là; c'est le sucées; et la sottise même, si c'est
une sottise'victorieuse, si elle triomphe de l'habitude fatale
du bâillement chez les auditeurs, et dans certains cas, sur
celle de la dispute, doit réceler un art plus profond, un
pouvoir secret plus efficace qu'on ne peut l'àcquérir aisé-
ment. En fait, la sottise est une chose très peu maniable.
Il n'y a pas; pour employer les mois Je MiltOTi, un fils sur
sept enfants de sept pères qui soit propre à la tâche de
maintenir et de contraindre une compagnie formée de gens
convenables «ans les limites de la sottise or-thodoxe, et cela
pendanTdeux heures;d'horloge. -Quelle qu'en soit la source,
toute conversation qui reussitau point de faire naître le désirr
1
C'UK MANGKUR D'OfiUM !??
1il!
P'UM MANGHUX D'OMUM ï~f)
et non d<MM1.an",r,
!e rapport ,1-
de i"'J'vi~t.I"
coexistence 1:1
h! .Indnn
r<')ation. .I.tlt
.ir.
etdtut
dan;; le temps et non dam l'espace. Pendant qu'il déjeunait,
je tâchais d'orditunre de trouver un prétexte pour roder
nutom' de lui, et de l'air le plus indiileront que je pouvais
ma donner, je m'eûorcais de rccoher tons les morceaux
qui restaient parfois il n'en restait pas une mietM. !~n
cela }<<ne commettais pa~ u'i vol, si ce n'est envers Al.
!!ruM)l lui-n~mc, qui était au~si obiij. d'envoyer, veM
midi, acheter un bleuit &upp~taenta!r< D'aiUcu: pur
dt;~ moyens que j'expliquerai p'u~ tiu'd, it fut indemnisé
hknp'us qu'au centuple; quiU~hhp~uvrcen~nr~ elle
n'~MitJarna;~ admise a entrer dans !eenbinet,si je puis
donner ce acm au lieu qui tenait le dépôt ~ener.U des
parchemins, papiers de procédure, etc. Cette chambra était
poureik' la chnrnbrcde Harbe-Hieue.earette était toujours
terfaM par lui jusqu'ù rhcurt} de iion dincr, six heures
cnviTon, lorsqu'il partait définitivement. Cette fittettc était*
elle une enfant natu~'elled< Bruneitou une domestique;
ri~aorai: elle n'en savait rien cite-meine. Hn tout cas e)!&
etRi! traitée en bonne à tout faire. A peine M. Hrunctl
uppsmi$Mit- qu'ette descendait les cscatiers, lui cirait les
soutiers, bro$sait !e&. habits, etc. A moins qu'eiie ne fût
envayee en course, cHe ne quittait jamais le sombre tartare
de la cuisine, jusqu'à l'iKurG bienvenue où mon coup de
marteau du soir ramenait à !n porte d'entrée ses petits pas
tremblants. Quant à la viu qu'eUe menait pendant la jour-
née, je n'en savais que le peu qu'elle m'en disait le soir
des qu'arrivait l'heure des araire?, je sentais que mon
absaace était désirée, en conséquence je sortais, et je restais
assis dans les parcs ou ailleurs jusqu'à l'approche de 1~
nuit.
1
n'UNMAKf.KUKn'ODUM n)~
rant qu'alors, seulement alors, j'eus a ma disposition un
nombre indéfini de chambres, et même départements,
dans,une maison de I.ondres. Maintenant je puis dire
laquelle 1elle était h l'angle nord-ouest de Ureek-Strect,
du côté de la rue qui est le plus voisin do Soho-Squnrc. A
part la chamhre de Barbe-Bleue, que la pauvre enfant
croyait hantée, et qui d'ailleurs était fermée, tout le reste,
de la cave au grenier, était notre disposition. « Le monde
était & nous et nous plantions notre tente ou nous en
avions la fantaisie. J'ai décrit cette maison comme spacieuse
et respectable elle est dans une situation bien en vue, dans
une partie bien connue de Londres. Nombre de mes lecteurs,
je n'en doute point, passeront devant elle quelques heures
après avoir lu cela. Quant a moi, je ne manque jamais de
la revoir quand une occasion m'amène h Londres, Cette
nuit même, a dix heures du soir (15 août 1821, jour de mon
anniversaire) j'ai dévie de mon itinéraire ordinaire dans
Oxford-Street, pour aller y jeter un coup d'ceit. Elle est
aujourd'hui occupée par une famille d'apparence respec-
table. Les vitres ne sont plus rendues opaques par un vernis
formé des poussières et des pluies de l'année, et l'extérieur
a entièrement perdu son air sombre. Aux lumières des
fenètres de h façade, j'ai observé une réunion de famille,
pour le thé peut-être, et j'y ai vu de la joie, de l'entrain.
Merveilleux contraste, a mes yeux, avec l'obscurité, le froid,
le silence, la désolation qui régnaient dans cette maison il
ya dix-neuf ans, quand elle avait pour habitants un écolier
affamé et une pauvre enfant abandonnée. Disons en passant
que j'ai plus tard fait de vains efforts pour retrouver sa
trace. A part. sa situation, elle ne pouvait être qualifiée
d'enfant intéressante. Elle n'était pas jolie, son intelligence
n'était guère brillante, ses manières n étaient pas particu-
lièrement agréables. Mais, grâce au ciel en ce temps même,
il ne fallait pas les embellissements de l'élégance superflue,
pour. se .concilier mon-affection. La nature. humaine telle
quelle, dans son appareil le plus humble et le plus familier,
~S COMfJE~OMS
me sufnsait. J'a)ma!sceUe enfant parce qu'elle était t, com-
pagne de ma misère. Si elle vit encore, elle <at probabte-
ment mère, elle a des enfants à elle; mai~ comme
je l'.H
dit, je n'ai pu retrouver sa trace.
*<ft:wG'CW~ 3~Y~C!0-~S'JpO~~M)t
P'UMMAMOKm
D'&PtUM a)~
ma! qui a'< pas été prévu par la erdinta )reneontre des con-
solations inespérées. Aussi, moi qui éprouvais les mêmes
troubles qu'Orestc, excepté ses remords, je ne trouvât pas
moinsdesoutien que lui. Mes Kumëniue: comme les siennes,
se tenaient au pied de mon lit et me regardaient fixement H
travera les rideaux, mais mon Etectx! était assise et vclli.ut
a mon chevet, se privant de sommeil pour me tenir com-
psgnie'pendant les longue! heure:: de h\ nuit. Car c'est
toi, bien-aim~e M" chère compagne de mes dernières
années, c'est toi qui ftis mon Ktectrt:, et soit par hmobie~e
de ton esprit, soit par la durée et le dcvouemont Je ton
affection, tu n'as pas voulu qu'une steur grecque surpas~t
une épouse anglaise. Car tu accomplissais sans y son~r les
humbles tâches de la bohte, et les servîtes soins de i'atïec-
tion la plus tendre', comme d'essuyer de mon front pen-
dant des années !es matsaine! sueurs, ou de rafraîchir mes
lèvres crispées et brûlées par !a fièvre. Et quand ton propre
sommeil,enfin, par une longue et sympathique contagion,
avait été troublé par le spectacle de mes abominables que-
reUes avec les fantômes, avec lcs ombres furieuses qui me
disaient: < Tu ne dormiras plus alors même :u ne laissas
échapper ni une plainte, ni un murmure, tu gardas ton
angélique sourire.tu restas fidèleà ta tache d'amour, comme
l'Electre antique. Car clle aussi, bien qu'elle fût Grecque,
et la fille du roi des hommes i, c!Ie pleura quelquefois et se
cacha la figure sous un pli de son vêtement.
Mais ces agitations ont cessé, et tu liras ces récits d'une
période qui fut si douloureuse pour nous deux comme la
légende de quelque songe hideux qui ne reviendra jamais.
Pendant ce temps je suis a Londres, je parcours de nouveau
les trottoirs d'Oxford-Street. Souvent, accablé par des
inquiétudes qui ne seraient supportables que grâce à toute
ma philosophie et à ta présence secourable, je me souviens
~3uSo'~eujjt!):(Eurip. Oreste)
~'Â~~5pM'&Y:tS;J~M-~
390 COKFMStOtS D'UN MANÛKUR B'OPtUM
chit, car sans compter les erreurs que j'ai combattues dans mot texte, tt
d'autre; erreurs qu'il adopte complètement, i! reconnaîtra iui-meme ceci
le vieux gentleman & barbe Manche 'qui man~e de i'opiufn & haute do~
est néanmoins en état de lui donner des conseils fort clairs et fort per.
suastfssur les funesteseffets de cette habitude. Cela ne prouve nullement
que l'opium cause une mort prématurée ou peuple les maisons de foui:.
Quant à moi, je lis dans l'àme du vieux gentleman, et j'aperçois ses
motifs: il était amoureuy du petit récipient en or où Anastasius con-
serve la pernicieuse substance et !i ne voit aucun moyen plus com-
mode ou plus court de s'en emparer, que de mettre le possesseur de
l'objet hors de son bon sens. Cette interprétation jette un jour tout nou-
veau sur le cas en question, et donne plus de valeur au récit. Le discours
du vieux gentleman, entant que leçon de pharmacie, est absurde, mais
comme tendant & berner Anastasius, c'est un modèle du genre.
Ce chirurgien fut le premier qui m'avertit que 1'opium variait d'une
manière dangereuse par suite de son mélange dans des 'proportions
impossibles prévoir, avec des impuretés. Certainement un homme que sa
profession avertissait du danger d'une habitude factice de )'opium employa
au delà de ce qu'exigeait sa souffrance, un hommequi tremblait, à chaque
instant, de voir ses pauvres enfants plongés dans la détresse par un excès
de sa part, voyait la nécessité de réduire à un minimum la dose journa-
tiere. Mais pour ce)a, i) fallait arriver à doser opium, non pas d'après
la quantité apparente qui indiquait la balance, mais d'après la
quantité vinaeHe'qui restait, déduetton faite d'un poids variable de
matières étrangères. Ceta était un problème fantastique, dont la solution
était impossible; aussi fallut-il !e poser en d'autres termes. t) n'était ptus
question de mesurer les impuretés, car, combinées et unies aux parties
actives de l'opium, elle échappant à une appréciation. Séparer, éii.mner
LES PLAISIRS DE t.'OPtUM M()
m'arriva de lui dire, ainsi que je l'avais appris, que ses
ennemis l'accusaient de mettre des sottises au sujet de la
politique, et que ses amis l'en disculpaient en suggérant
qu'il était toujours sous l'influence de l'ivresse causée par
l'opium. « L'accusation, lui dis-je, n'est pas absurde yt'nMft
/<tCM,mais le plaidoyer l'est. » Mais, a ma surprise, il appuya
en disant que ses ennemis et ses amis avaient également
raison. « Je maintiens que je dis des sottises, me répondit-il,
de plus je soutiens que ce n'est pas de parti pris, ni dans un
but intéresse, mais purement et simplement, purement et
simplement, purement et simplement, rcpeta-î-i! encore,
parceque. je suis ivre d'opium, et cela tous les jours a. Je
répliquerai que l'accusation formule par ses ennemis
paraissant établie par des témoignages respectables, puisque
les trois parties en convenaient, je n'avais plus à m'en in-
quiéter, mais quanta la défense, j'hésitai encorcàl'admettre.
11 se mit en devoir de discuter sur ce sujet, et d'aligner ses
raisons, mais il me semblait impoli de débattre un sujet en
prenant pour point de départ une erreur que cet homme
aurait commise sur une question de son domaine profes-
sionnel. Aussi je n'insistai pas, lors même que ses arguments
semblaient suggérer des objections. Du reste,un
hommequi
difdes sottises, sans même « avoir un intérêt à agir ainsi
ne saurait être un partenaire fort agréable dans une conver-
sation. J'avoue cependant que l'autorité d'un chirurgien,
qui, de plus, passait pour habile, peut paraître d'un plus
iM parties impures ou inertes, tel était te but a atteindre. Il y arrivapar
une manier: particuticre de faire bouillir l'opium. Cela fait, le résidu
était d'âne force constante,et les dosesjournalièresetaien: assez facilesfi
déterminer.Dix-huit grains formèrentsa ration journalière pendant bien
dMxanëes.En langagede clinique, dix-huit grains font dix-huit fois
v)nf;t.~nq gouttesde faudanum.25étant le quart de cent. dix-huitfoisie
quart décent, ou le quart de t,Soo.iont~5o. Tel fut le chiffreauquel ce
chirurgiens'arrêta pendant près de ~ingt ans. Ce fut alors que sa sont.
france prit une soudaine recrudescence.Mais alors le combat était ter-
miné.la victoireetait certaine.Tous ses devoirsétaient remplis,ses enfants
."faient heureusementdébute dans le monde, et la mort, qui devait !ui
.'pporter un soulagementdevenu chaque jour p)ns t)éeeMti:e. co&m
"ettir sansfaire de tort A personne.
X~ ).HSM.A!StXSM:n!'U'M
,.n; n" lit
t!rand poids que mienne, mn~. encore une fois, je dois
mettre en avant mon expérience personneUe, car j'absor-
bais par jour sept mille gouttes de plus que lui, même
lorsqu'il arrivait a son maximum. Bien qu'il ne fût pas
adniissible qu'un Médecin ignorai: les eti'ets caractéristiques
de l'ivresse par le vin, j'eus l'idée qu'il commettait peuï.etre
une erreur de tonique, en emptoyunt le mot d'WMM, dans
un sens trop étendu, en l'appliquant d'une manière
gêne"
raie ù tontes les formes d'excitation nerveuse, au lieu de !n
borner une tbrmcspeei.ded'excitation agréable, distinguée
par des symptômes bien connus, et à laquelle sont atta-
chées des conséquences qu'on ne peut en séparer. Deux de
ces conséquences me paraissent remarquables ait point de
vue diagnostique, comme étant les marques caractcri;ques
et inséparables de l'ivresse alcoolique, mais quelques ahus
qu'on fasse de l'opium, elles ne produisent jamais sous
son influence. La première consiste à perdre le pouvoir sur
spi-meme, dans ce qu'on fait ou ce qu'on veut faire, pou~
voir qui diminue graduellement, quoique avec une rapidité
variable, et chez tout individu sans exception, quand
prend du vin ou quelque autre liqueur fermentée, au delà
d'une certaine limite. La langue et les autres organes de-
viennent ingouvernables; l'homme ivre parle indistincte-
ment, et pour certains mots, il fait des efforts sérieux et
fort amusants afin de les prononcer, ce à quoi il ne parvient
pas toujours. Les yeux prennent un air hagard, la vision
se dédouble, embrassant un espace trop grand ou trop petit.
La main se dirige maladroitement. Les jambes fléchissent,
et ne concertent plus leur mouvement. Tel est le resuhat
auquel aboutit toujours l'ivresse, d'une manière plus ou
moins rapide. – En second lieu, comme symptôme carac-
téristique~ on peut remarquer que dans l'ivresse alcoolique,
le mouvement suit toujours une. courbe identique le bu'
veu< monte sans s'arrêter vers un maximum ,ou point
cutmtnantjt rmft!~ <iun<t< il rfdeftcend par une courbe de
détente également graduelle. Il y dans l'accroissement de
!.)Mt').A)'!)M!)K).'W)U)< s3t
~-1- 1
l'ivresse un xënith jquet on ne peut rester qu:md on l'a
atteint; c'est l'ell'ort aveugle, inconscient, mais toujours in-
fructueux, du buveur obstine pour maintenir cette éleva-.
tion suprême du plaisir, qui l'entruîne ù des accès parfois
mortels. Des que cette acwJde volupté intense est atteinte,
une nécessité fatale veut qu'on en redescende par un
co!!ap-
sus graduel correspondant. Certaines gens, itce que j'ai ouï
dire, ont prétendu qu'ils s'étaient enivres avec du thé vert
un médecin instruit de Londres, dont les connaissances pro-
fessionnelles m'inspirent un respect motivé, m'ussurait
l'autre )our, qu'un tmuade, pendant sa convatesecnce, avait
été enivré par un bifteck. Toutceta, en réalité, rentre dans
la dénnitioh rigoureuse de l'ébriété.
'Ce)a n'est cas une conclusion nécessaire,.Les variétés des tHets pro-
duits p~rt'opiumsurf les divers tempérament'!sont infinies.Un magistrat
de Londres (Harriott. Z.ttffM rr~yer~ vie, t. IH, ?' édition) raconte
que pour essayer du laudanumcontre la goutte, il en prit ta première
nuit quarante somxs. )a seconde,nuit soixante, ta troisièmenuit quatre.
vingts,M))baucun résultat, et cela à un 3~ avance.
Lt~fLAtStRSDKt.'OnUM
*At)t*tqa'B<t~dp<i"!t'ttretttp<
MMtpinetMdMn.UnMireturdatrtni-
blement~!e te et de i'~dipM.
(Sxet.t.E)r.)~fft'~t'r/~t!m.)
seul poète à qui j'aie entendu lire ses propres vers, et sou-
vent en vérité il s'en acquitte admirablement.
Je crois que, depuis deux ans environ, je n'ai rien lu et
rien étudié. Les.études analytiques veulent une application
continue, et non un travait à bâtons rompus, et des étions
fragmentaires. Tout cela m'est devenu insupportable, j'y ai
renoncé avec un sentiment d'impuissance~ de faiblessè-enfaii-
tine qui me cause une angoisse plus grande encore, quand
je me rappelle le temps où j'y trouvais mes plus chères
délices. Un autre motif consiste en ce que j'avais consacré le
labeur de toute ma vie, dédié mon intelligence tout entière,
fleurs et fruits, à une tâche lente et assidue, à la construc-
tion d'une oeuvre unique, à laquelle je m'étais enhardi de
donner le titre d'un ouvrage que Spinoza a laissé inachevé,
c'est-à-dire De jE'H!CM~!OKe AMW~n/M~~ec/M. Le voilà
gisant, comme pétrifié par le froid, pareil à un pont espa.
gno},.â un aqueduc entrepris sur un plan trop vaste pour
les ressources de l'architecte au lieu de me survivre comme
le monument, de mes désirs tout au moins, de mes aspira-
tions, de. mes longs travaux, consacré a ennoblir la nature
humaine parle moyen que Dieu m'a donné pour atteindre
un but aussi grandiose, il restait là, pour apprendre à mes
enfants l'échec de mes espérances, la raillerie de mes efforts
leur montrer un entassement de matériaux inutiles, de~
fondations destinées à ne jamais recevoir un édince, la
douleur et l'écrasement de, l'architecte. Pour m'occuper,
dans cet état de faiblesse, je m'étais tourné vers l'économie
politique; mon intelligence qui jadis était aussi active, aussi
infatigable qu'une panthère, ne pouvait pas, je suppose.
tomber au dernier degré de la léthargie,.tant que je serais
vivant. L'économie politique offre, à une personne dans
ma situation, un avantage qui se concilie ovec sa nature de
science éminemment organique, je veux dire-qu'en elle il
n'est pas de.partie qui n'agisse sur l'ensemble, et de même
que chaque partie.reçoit del'ensemble un effet et une réac-
s
tion; h~ v1<~i,w Ty iB v être
r dé'achée
P ·? PP ?t Pde'e-
(YÎP1
néannMin: chnqne partie.peul
LES TORTURES Dp t/ODUM a8t
tiques, tels que ceux qu'on n-jce avec une encre -.yn)p~-
thique, ils reparaissaient dessines de nouveau par !a puis-
ante chimie des rêves, et avec un éclat insupportaMt: qui
me donnait un serrement de cœur.
a. Co changement et d'autres qui s'accompUrent dans
mes r&ves furent accompagne:, d'une an.~ois~e profondément
située, d'une metancotie funèbre, et telle que les mots n~
sont pas cnp.tbiex de t'exprimer. tno semMnit que chaque
nuit, je descendais – et j'emploie ce mot du descendre
dans un sens littera! et non mcMphorique, – dnns des
~outfras, des abîmer s;m:. ~o!<i!, pmfundem~ qui ~uccc-
daient à d'autres profondeurs, et dont je n'espérais jamais
pouvoir remonter. Et même a mon réveil, je n'avais pas la
sensation d'en être sorti. Pourquoi m'etendrc sur ce sujet i
La sombre tristesse qui accompagnait ces chlouismms
spectacles, ttouvaitson expression finale dans l'obscuntu,
comme celle d'un découragement qui porte au suicide, et
aucun mot ne saurait l'exprimer.
3. Le sens de l'espace, et à la nn le sens de la durée
furent modifiés avec la même puissance. Des édifices, des
paysages, etc., se montraient dans des proportions si vastes
qu'elles dépassaient la limite du champ optique. L'espace
flottait et s'ampHHai! en étendues inexprimables qui se suc-
cédaient l'infini. Cela me troublait beaucoup moins que
levaste agrandissement du temps. Parfois je croyais avoir
vécu soixante-dix ou cent ans dans une nuit, parfois même
t'avais la sensation d'une durée supérieure de beaucoup
à toutes les bornes de l'expérience humaine.
nf)if~&t~~ttf&;tf'r~i)t-n'.m
a\'t:cit:*i)oir~t]~uri.du)\~u:)~n
d~or)uai:<pndi)t';sut'cda,~t)r]Mbait; 7
sm' tes rentes et )e!<cn)tc;) deri tnûnt'~nes, p.u'toui,
i6~broui.')a)'dss'(!m;nt)'e)irJs,poursùtn'i!)nh)er
etscrcnn'r~nusuncietd'iUtn'H »
WiUitmLithRow. Sonlivre(~o)'<!gM,
etc.)estennuyeuxet assMn)i))
<crit,maislerécit de sesso~nrancetquand on le mit &la questionà
M~aga,etcequisuit,CMd'un intérêtpoignant.U y a moinsde détails,
!d<t ft~ < f~~r! *"r r~")h)t<<~)<t«)-.
turc publiéen !S3oparJuanVan Hatcn.
!.t'$ 'ftWnn<KSt)Kt.'(U')UM 3()t
PrdfnceJutMductcurau lecteur. r
Préface (iutAdemi&t'c&iition. xx:x
Confessionstt'unmangem'd'opimn. i
!.esp!K)sh's<)et'opiu!)H 22!r
Les tortures de l'opium. -!)f)
L<;Rt!ednL.iba)T. ~o;