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ou les…
Petites réflexions sur la carrière d’étudiant en architecture
Le rapport qui suit est issu d’un cheminement de réflexion mené sur le fil. C’est
en donnant suite à une idée et en suivant le cours que l’on fait souvent ressurgir
certaines choses et que l’on en comprend mieux d’autres ; il n’est pas question
de réfléchir trop rationnel, les mots en sortent alors plus vrais. Ainsi le texte ci-
dessous est basé de façon générale sur le plan proposé sans le diviser pour
autant en parties distinctes. C’est un choix pris, comme il y en aura tant à
prendre durant ce métier. La forme et le contenu de ce rapport révèle l’image
que j’ais de l’architecture, libre, sensible, issue du ressenti et parfois,
contradictoire.
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ACTE PREMIER : Réminiscences.
L’enfant qui voulait devenir architecte.
A vrai dire, bien que l’on ne puisse pas réellement parler de vocation première
(il semblerait un peu hâtif de ce prononcer là dessus…, laissons le temps en
décider), l’idée a apparemment éclos peu à peu, avec à la base un intérêt
évident pour la création et le rapport à l’espace.
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Et c’est d’ailleurs, ce regard dénué de tout apriori que j’essaie parfois d’avoir
de la démarche de conception. Se mettre à la place de cet enfant intérieur
pour se rendre compte de la qualité d’un espace. « Est-ce que je me serais
sentit bien dans cette pièce – dans ce jardin – dans cette ruelle - … ? ». Sans
doute, un regard objectif et coupé de tout préjugé vaut mieux, ou autant tout
du moins, qu’un regard professionnalisant enfermé dans des schémas
formatés et des réflexes de conception.
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Il semblerait que là ne soit pas le sujet principal de ce texte, mais cela montre
sans doute le rapport évident qu’entretient l’homme avec l’espace qui
l’entoure. Si cela est intuitif et inconscient, plusieurs éléments m’indiquent
mon intérêt très tôt pour ce rapprochement.
Des lieux contemporains ont été visités, tels que la médiathèque d’Orléans
(dans laquelle je me sentais bien : chaleur, couleurs, vue), le musée
Guggenheim (sentiment d’être perdu, complexité) ou le centre Georges
Pompidou (caractère ludique très marqué) ont sans doute été des acteurs
majeurs lors de mon orientation.
Tout cela était inconscient et a fait germer en moi l’idée, l’envie sans la
matérialiser.
Il fut un jour en classe de 3ème ou un de ces fumeux projets d’arts plastique
de métamorphosa en une sorte d’appel vers le métier. Un sujet par lequel je
répondis par la réalisation d’une maquette de bâtiment. La piètre conception
et la passabilité de la réalisation ont tout de même laissés place à un
amusement et un intérêt important lors de cette production.
Met alors venu à l’idée une phrase toute bête : « Papa, j’aimerais faire des
maisons ».- « On appelle ça un architecte, Edouard ».
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Le bac est passé, envoi des dossiers d’inscription aux écoles d’architecture.
Entretient à Bordeaux ou je suis recalé. Mes dossiers sont acceptés à Paris et
Toulouse.
J’ais choisi.
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ACTE SECOND : Enseignements.
L’émergence d’une pensée architecturale.
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Si ce travail se résumait avant tout à un jeu avec l’espace et l’environnement
sans trop prendre en compte le problème de la fonction, c'est-à-dire du
fractionnement de l’espace habitable, puisque bâtiment public basique. C’est
en revanche, ce à quoi nous avons ensuite été confrontés durant la deuxième
phase du semestre à travers un projet de maison de ville en plein centre de
Toulouse. Là où il fallut encore une fois tirer parti du site, mais cette fois en
milieu urbain, c'est-à-dire se pencher sur le délicat problème de l’insertion
urbaine tout en gardant une approche contemporaine.
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architecturale, m’ont fait me tourner vers le cours de patrimoine ou la
réhabilitation d’anciennes halles (abattoirs) à Lavaur en Ecole de cuisine. Un
bon projet pour un thème qui m’a vraiment intéressé, sur un site possédant
d’énormes qualités et permettant de nombreuses possibilités.
Lors du deuxième semestre en revanche, il s’est agit d’un projet d’habitat sur
un îlot à Muret. Le thème était la densité, et bien qu’encore une fois le début
fut difficile, les choses sont rentrées dans l’ordre ; mais j’ais remarquer la
légère baisse de passion qui s’est peu à peu installé durant ce semestre… Peut
être cela venait il du programme ou sans doute cela vient il d’autre chose.
J’ais essayé de réfléchir sur ce point, sans réellement en tirer de conclusions…
Bien que le métier d’architecte semble correspondre au mieux à mes attentes
d’ordre professionnel, il semblerait, qu’une certaine désillusion se soit
installée peu à peu. La troisième année a en effet été marquée de nombreux
changements personnels qui ont sans doute influé sur ma façon de percevoir
l’enseignement et le métier, mais nous y reviendrons durant la partie suivante
de ce présent rapport.
Quoi qu’il en soi, l’on peut remarquer que ce projet de par la dimension
paysagère et le rapport au site (pas assez poussés d’ailleurs, c’est ce que j’ais
notamment reproché à ce cours…) peut se rapprocher du travail effectué à
Lavaur. Bien que ce choix ne fût alors pas clairement défini, c’est non
seulement l’aspect de rapport avec le site qui m’a plu lors de la présentation
des différents thèmes de projet et la façon dont celui-ci a été énoncé.
Sans doute ce qui manque le plus dans ces cours de projet, est la
motivation conférée par le professorat. La façon de voir la conception a été
longtemps trop terre à terre, ou selon moi dépassée. Je m’en rends compte
maintenant, avant je me contentais de suivre les instructions dictées pour les
appliquer. J’ais appris à remettre en cause ce qui m’est dit, même en cours de
projet, en essayant d’être toujours objectif. Il ne s’agit pas là de remettre tout
en cause, mais de peser le pour et le contre à chaque fois, l’architecture
n’étant pas une science exacte et reflétant des sensibilités et des affections
personnelles différentes, de l’ordre du subjectif. Lorsque cet avis est donné en
temps qu’unique vérité sans même admettre un jugement extérieur (qui doit
toujours être pris en compte, quel que soit la source) cela ne convient pas au
dialogue qui doit s’instaurer entre l’étudiant et le professeur. Cela m’est
apparu notamment en début de troisième année ; le deuxième semestre
(alors que nous étions épaulés par des avis certes contradictoires mais tous
admettant sa subjectivité et l’assumant, une idée n’est pas une fin en soit
mais bel et bien une parmi d’autre, du moment qu’elle est assumé), a été
marqué, lui, par un enseignement moins scolaire.
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Cet aspect scolaire, pour moi doit être mis de côté en architecture. Difficile
que cette question d’enseignement appliqué à la conception de bâtiment, lieux
de vie. Cette question m’a néanmoins gênée durant mon cycle licence.
L’impression de devoir travailler pour un professeur, sans pouvoir faire valoir
ses idées. Ce rapport semble seulement en train de s’inverser, mais il est vrai
que cela ne peut avoir lieu sans un minimum de culture architecturale et de
capacités en la matière.
Quoi qu’il en soit, malgré cela, l’école d’architecture m’a fournie des bases de
conception solides et je me rends compte avec un peu plus de recul des
progrès effectués dans ce domaine. Les références plus nombreuses et les
traitements de façade surgissent plus facilement. Il en est de même pour la
partition et l’organisation des bâtiments réalisés. Sans reproduire pour autant
des projets préexistants, loin de là, la gymnastique de l’esprit se met en place
petit à petit. La volumétrie m’est également plus accessible, plus
compréhensible.
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Le cours, par exemple d’œuvre attitude, qui a première vue aurait pu paraitre
inutile (notamment à travers l’étude d’artistes sans aucun lien au travail de
l’espace, tel que Beuys – ou du moins dans l’approche traitée…) m’a fait
découvrir le minimal art ou le lien renforcé entre un objet et l’espace ou
comment celui-ci tout bête lui donne un autre visage. Ces travaux épurés se
retrouvent dans mes travaux par des traitements toujours simples. L’analyse
effectuée également sur le pavillon de Barcelone en 1ère année, a d’ailleurs été
une première base sur cette écriture. Je suis très sensible aux intersections de
volumes et de tracés simples donnant une lisibilité de l’espace, murs filant, et
système d’enveloppe (image des stacks de D. Judd peut être… ?)
L’enseignement d’infographie de son côté, est selon moi trop coupé du projet
et ne parlons pas du côté répétitif du rendu qui, il faut le préciser, se base sur
le même sujet depuis la première année (bâtiment polyvalent réalisé tour à
tour à VectorWorks, et deux fois à ArchiCad…). Il aurait sans doute été
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préférable de rapprocher cet enseignement avec le projet, sans doute en
l’appliquant à chaque projet individuel réalisé par les étudiants, pour nous
aider dans la représentation… Ces exemples sont à titre indicatifs et révèlent
certains manques dans l’enseignement, la liste étant sans doute longue. Il est
sans doute trop facile de critiquer…
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Pour conclure sur cette partie du rapport, il est important de dire que ma
conception architecturale et spatiale a profondément évoluée. Que certaines
sensibilités au niveau du traitement du projet commencent à faire surface. Et
que certains thèmes semblent me plaire avant d’autres, des perspectives
quand à d’éventuelles spécialisations dans le métier commencent à voir le
jour.
Les projets que j’ais le plus apprécié semblent correspondre à des travaux
inscrit dans des cadres végétalisés, le rapport avec le paysage étant pour moi
une source d’inspiration (filtre, traitement d’intimité, cadrages et effets de
découvertes, le jeu entre un bâti rectiligne et une végétation sauvage,…).
Ensuite, le rapport au patrimoine semble m’intéresser… il n’y a qu’à voir le
rapport privilégié que j’ais toujours eu avec des bâtiments anciens à travers
des visites, des voyages ou même la simple maison de campagne. Les vieilles
pierres ont quelque chose de particulier qu’on ne retrouve nulle part, les
traces du temps, des lieux avec une âme et le travail l’architecture
contemporaine est une question à laquelle je suis sensible.
Ces deux points, à savoir le lien entre le végétal et le bâti ancien, se réfèrent
tout deux à l’inscription du bâtiment avec sont site, le dialogue et les
rapprochements qu’il instaure avec lui. Il me semble que l’architecture ne doit
être issue de rien, mais bien orientée dans sa forme première et dans ses
traitements plus fins, par ce qui l’a précédée, ce qu’il y avait avant et ce qui
l’entoure.
On m’a souvent dit que ma vision de l’architecture était trop formelle, et c’est
sans doute vrai mais bien souvent j’essaie de faire en sorte que le site donne
sa forme au bâtiment. Il y a sans doute encore du travail dans ce domaine.
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ACTE TROISIEME : Pistes.
Des choix pour l’avenir.
Ces stages proposés par l’ENSAT sont selon moi indispensable pour se rendre
compte de la différence qu’il y a entre les projets que l’on réalise à l’école et
les réels tenants du métier. Ce que l’on apprend restant théorique et jusqu’à
maintenant, sur plusieurs aspects, coupés de la réalité. Il faut bien des étapes
durant l’entrainement à la conception, il est vrai, mais le métier se montre
beaucoup plus riche dans ses meilleurs aspects comme dans d’autres biens
moins passionnants…
Le stage hors agence, d’une durée d’un mois, a quand à lui mis en avant
plusieurs impressions qui émergeait de plus en plus concernant le métier à
proprement parler. Depuis la fin de la deuxième année, sans doute à travers
des lectures ou le dialogue avec certains professeurs, une petite désillusion a
montré le bout de son nez. L’architecture avec un grand A, comme on avait
pu nous la vendre, nous la montrer, s’est un peu ternie dans son image
absolue, idéalisée, telle un raisonnement philosophique qui s’effondre lorsqu’il
fait face à la réalité. Lorsqu’on entre en architecture on veut faire des
bâtiments magnifiques et changer la vie des gens,… le temps a le pouvoir de
nous rendre plus terre-à-terre. Des questions économiques, de budget, le
poids des promoteurs, la standardisation, les idées préconçues, des
programmes mal rédigés,… font qu’au final (il me semble) l’on est souvent
obligé de se soumettre en une architecture passe-partout ou tout du moins
satisfaisant des préoccupations totalement coupées des enjeux architecturaux
ou urbanistiques. Enjeux qui normalement sont à la base de notre travail et
sur lesquels l’on nous apprend très bien à l’école à nous questionner.
Je pense en outre que de nombreuses commandes ou concours restent libres
et permettent tout de même de s’exprimer, il n’y a qu’a voir les multiples
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projets réussis dans les ouvrages d’architecture. L’avenir n’est peu être pas si
incertain que je le conçois…
Bien que ma vision soit quelque peu négative dans l’écriture (ce rapport
a aussi pour but de mettre en avant ce qui ne va pas ou ce qui me préoccupe
concernant a la fois le métier et l’enseignement), ces stages ont relancés
ponctuellement l’envie de faire de l’architecture, envie qui a tendance à
régresser durant les études. Sans doute ais-je émis quelques pistes plus haut,
mais tout cela reste flou. Bien que l’enseignement en architecture ne soit pas
le plus théorique (rien à voir avec une prépa ou autre enseignement
scientifique par exemple,…), la pratique, inhérente aux métiers du bâtiment,
semble redonner un peu de passion dans tout cela. Peu être le fait de se
projeter d’hors-et-déjà (la preuve que c’est le métier que je veux bel et bien
faire ?), la satisfaction de créer quelque chose d’utile, concret, une impression
de rentrer dans la vie active,… Quoi qu’il en soit, ces stages ont l’avantage
d’aérer un peu l’enseignement et de relancer la machine pour mieux apprécier
le travail en école.
Autre point pour finir, mais directement lié, le métier d’architecte n’est pas
basé essentiellement sur la conception de bâtiments. En effet, les différents
aperçus que j’ais pu avoir laisse à penser que d’autres aspects tels que la
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gestion, le relationnel (savoir se positionner), le législatif, les déplacements,…
prennent une part considérable dans le planning d’un architecte. Au-delà de
ça, il m’est apparu qu’une certaine assurance et nécessaire pour émettre des
choix affirmé, une certaine conviction en ses propres décision. Cela dépends
en revanche de ce que l’on veut faire, être directeur d’agence, associé ou bien
salarié, ce qui demande moi de responsabilité dans les domaines cités
précédemment et qui détermine une tâche mieux déterminée.
Ensuite, mon intérêt pour le patrimoine mérite d’être précisé. Bien que
mon attirance pour les lieux ancien et tout simplement le fait de composer
avec ce qui a été, l’on est jamais sur de rien. Ce thème, spécialisation
possible durant le métier, m’est plutôt cher, mais cela reste à vérifier dans la
pratique, encore une fois.
Il y a plusieurs points de vue. Tout ce qui est déjà en place, c'est-à-dire ce qui
existait avant l’intervention architecturale peut être considérée comme du
patrimoine. Cela est sans doute trop large.
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La notion de patrimoine a alors été réduite à un type de bâtiment : les
bâtiments historiques. La valeur patrimoniale est très largement est assimilée
(en France et dans le monde) à un caractère historique. Sans doute cela est
réducteur…
Lors de ma visite à la Cité de l’Architecture à Paris, j’ais été surpris de ne
retrouver que de l’ancien: Moyen Age notamment, un peu de Renaissance.
Mais surtout, la plupart des monuments cités étaient caractérisés par une
valeur religieuse (églises, abbayes, cathédrales, notamment…). Cette idée
semble très incrustée en France, pays très conservateur dans sa façon de
percevoir le patrimoine et où l’on a tendance à conserver énormément et à
s’effacer vis à vis de l’existant, du moment qu’il a une valeur historique.
Ce rapport diverge d’un pays à l’autre, et l’on remarque que dans les pays
nordique ou tout simplement au Pays-Bas ou en Allemagne, les architectes
sont plus libres dans le cas d’un projet intégré à l’existant.
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EPILOGUE
Ainsi force est de constater, que les études ont pour le moment fait leur
chemin. Alors qu’avant je n’arrivais pas à prendre de distance par rapport à
ce que je lisais ou entendais, j’acquiers désormais une pensée critique et
prends du recul face à certaines choses concernant l’architecture et
l’enseignement. Cet enseignement qui a d’ailleurs été indispensable aux
progrès effectués bien qu’il faille tout de même lui reconnaitre quelques
faiblesses.
Aujourd’hui, tel que je l’ais écrit tout au long de ce rapport, une ou deux
branches de l’architecture m’intéressent tout particulièrement. Il est donc
dans la logique que je creuse dans cette voie, et la rédaction de ce rapport a
permis de me rendre compte de ce point particulier. Une documentation
approfondie pourrait être fructueuse quand à savoir plus précisément si cette
orientation est souhaitable.
Difficile de conclure un tel rapport, mais l’avantage a été de faire un point sur
ces quelques années de ma vie, et surtout d’en laisser une trace écrite. Cela
m’a permis de marquer un repère et d’esquisser des ébauches de toutes les
réflexions que j’ais pu formuler jusqu’alors.
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ANNEXES
Les annexes qui suivent donnent un petit aperçu des travaux effectués durant
ces trois ans, bien que certains aient été perdus en cours de route.
a. Travail d’analyse
b. Proposition d’aménagement
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