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GUILLAMON Augustin (2002) : Chronologie

d’Amadeo Bordiga
Article publié dans « Balance », Cahiers du mouvement
ouvrier et de la Guerre d’Espagne, Cahier nº1, série en
langue française, Octobre 2002

Introduction :

« [...] Les marxistes révolutionnaires n’apprécient ni les commémorations ni les souvenirs. L’individu naît et
meurt, il est transitoire : seule l’espèce survit. La personne n’a pas d’histoire ; l’espèce oui. C’est l’histoire
humaine, une histoire de classes, de divisions et de luttes entre les classes. L’individu, tant que l’humanité vit sa
préhistoire classiste, peut s’identifier à la classe quand les impulsions déterministes, irrationnelles et
irrépressibles le catapultent sur la scène de l’histoire. Il est télécommandé. En avoir conscience est la seule chose
dont il a besoin pour fonctionner du mieux possible.

Les révolutions que se sont déroulées depuis le XIX ème siècle jusqu’à aujourd’hui ont été des révolutions
bourgeoises ou doubles, c’est-à-dire bourgeoises au plan économique et prolétariennes au plan politique, à la
seule exception de la Commune de Paris en 1871. La Commune a éclaté sans nom de personnes illustres : elle a
été massacrée en même temps que ses militants anonymes. On se souvient, cependant, de ses fossoyeurs
sanguinaires, les méprisables démocrates style Thiers et des prétoriens à la Mac Mahon. Le prolétariat n’a pas
besoin de mythes individuels. Il a lutté et il est mort pour la Commune, c’est tout.

La révolution de demain sera ainsi : univoque, anonyme, avec un seul et grand chef invincible : le parti marxiste
révolutionnaire.

Nous laissons aux ennemis qui commémorent leurs grands chefs dans la bataille, pendant qu’ils ont le temps et
la possibilité de le faire.

Le romantisme révolutionnaire est mort avec la victoire du contre-révolutionnaire Staline. Le communisme,


maintenant, n’a plus besoin de phrases romantiques. Lui conviennent mieux le langage logarithmique et le
costume guerrier.

Amadeo et avec lui les générations passées de communistes révolutionnaires ne sont pas morts. Leurs corps sont
retournés à la terre dont ils avaient surgi. Son travail, sa lutte quotidienne vivent en fusion dans la continuité du
communisme, dans la direction où va, inconsciente, l’humanité travailleuse, déshéritée et opprimée. »

Il Programma comunista, n°15 (01/09/1970).

Quel sens peut avoir, dans l’Espagne ou la France de 2002, une biographie sur le militantisme et la pensée
politique Amadeo Bordiga ? Il ne s’agit pas de commémorer l’ anniversaire de sa mort. Il ne s’agit pas de faire
un panégyrique ou un hommage, il s’agit plus modestement d’une façon d’expliquer qui fut Amadeo Bordiga, ce
qu’il a représenté dans le mouvement ouvrier révolutionnaire et, surtout, quel fut son combat et quel est son
héritage.

Si l’ignorance volait comme les nuages, on ne verrait jamais le soleil. Même ceux qui ont entendu quelques fois
le nom de Bordiga ne connaissent pas très bien sa trajectoire militante et théorique. D’autre part, il y a ceux qui
confondent la situation minoritaire (alors inévitable) avec le silence monastique et l’intransigeance sur les
principes (les principes sont l’arme de la révolution) avec le sectarisme d’un anachorète qui prêche dans le
désert du haut d’une colonne, angoissé à l’idée qu’un autre ermite essaie un jour de se situer à la même altitude
que lui et ne change la solitude stérile en monastère.

La chronologie que nous proposons est perfectible. Et il ne fait pas de doute qu’elle n’apportera pas de grandes
connaissances sur la pensée de Bordiga. Pour cela, il est nécessaire de lire Bordiga. Et c’est là le premier objectif
de cette chronologie : inciter le lecteur à connaître et à approfondir les thèses de la Gauche Communiste. Le
second objectif est de faciliter un abord, ici et aujourd’hui, d’une tradition et d’une expression révolutionnaire de
la pensée marxiste qui, confrontée au stalinisme, a tenté de sauvegarder, de restaurer et de continuer le
marxisme comme théorie révolutionnaire du prolétariat.

Et ce n’est pas peu, étant donnée la misère théorique et pratique qui, aujourd’hui, nous avilit, nous anéantit et
nous enterre. « AUJOURD’HUI est le disciple d’HIER ».

Balance.

1872
Fondation de la Fédération italienne de l’AIT.

1892

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Fondation à Gênes du Parti dei Lavatori Italiani, avec exclusion des anarchistes. Parmi les fondateurs, on
remarque Filippo Turati, Ana Kulischof et Enrico Ferri.

1895
Le Congrès de Parme change le nom du parti pour celui de Partito Socialista Italiano (PSI).

Le PSI apparaît comme un parti fragmenté, constitué de la somme de quelques sections très jalouses de leur
propre autonomie. Cette caractéristique, qui plus tard démontrera ses faiblesses, lui donne au niveau immédiat
une grande force puisque cela lui permet de pénétrer tous les aspects de la vie locale : les Bourses du Travail
(Camera del Lavoro), les coopératives, les Maisons du Peuple, les universités populaires, qui débouchent sur les
municipalités rouges ou l’administration socialiste de la commune, doté d’instruments d’autogestion et avec une
volonté morale propre.

Une autre caractéristique notable du PSI est la facilité, et même l’impulsion organisative qu’il donne à la
formation de fractions, surtout pour la préparation de motions à présenter au Congrès du parti.

1896
Publication des thèses révisionnistes de Bernstein.

1903
Les bolcheviks en Russie et les « étroits » en Bulgarie s’organisent comme gauche de la social démocratie.

1906
Fondation à Milan de la Confederazion Generale del Lavoro (CGL) en étroite collaboration avec le PSI.

1909
Les tribunistes apparaissent en Hollande comme gauche de la social démocratie.

1910
Rupture de Lénine avec Kautsky.

Turati est nommé président du PSI

Intégration Amadeo Bordiga dans le PSI.

A Naples, se constitue un bloc électoral dominé par les francs-maçons et auquel participent des socialistes et des
syndicalistes révolutionnaires. Jusqu’à 1912, ce bloc « laïc » maintient sa domination électorale sur le bloc
« clérical ».

1911
Février

Le groupe parlementaire socialiste vote contre l’annexion de la Libye.

Avril

Bordiga fonde le Cercle Socialiste Karl Marx. Le Cercle considère que la section napolitaine du PSI a cessé d’être
socialiste. Le Cercle présente des candidats socialistes aux élections face à la coalition électorale des socialistes
et des francs-maçons. Ruggero Grieco (futur membre de la CE du PCI à partir de 1921), Ortensia de Meo
(compagne d’Amadeo Bordiga) et Mario Bianchi (futur leader syndicaliste) font partie de ce Cercle.

- Mai

Les députés socialistes Bonomi, Bissolati et Cabrini félicitent le roi d’être sorti sain et sauf d’un attentat
anarchiste. Mussolini exige l’exclusion de ces députés réformistes.

Juillet

XIIème Congrès du PSI a Reggio-Emilia : le groupe formé autour de Bissolati, Bonomi et Cabrini qui soutient la
guerre est exclu des rangs du PSI. Mussolini, un des leaders de la gauche du PSI, est nommé directeur de Avanti
à la place du réformiste Claudio Treves. Le PSI décide d’inclure dans son programme la république, la lutte de
classes et le rejet de toute forme de collaboration avec le réformisme bourgeois.

Septembre

Début du débat au sein de la Jeunesse socialiste, entre Amadeo Bordiga et Angelo Tasca, sur la question des
socialistes face à la culture et à l’éducation. Tasca défend des thèses favorables à l’assimilation de la culture
bourgeoise par les jeunes socialistes et s’oppose à l’orientation antimilitariste, anticléricale et anti-réformiste de
la presse socialiste des jeunes. Bordiga défend cette orientation de la presse comme organe de la lutte de classes
et s’oppose à sa transformation en un périodique culturel. Par rapport à l’éducation, Tasca propose une réforme

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du système éducatif italien dans le sens laïc et démocratique. Bordiga conteste que cette réforme puisse changé
le caractère bourgeois et anti-socialiste de cette éducation. Bordiga caractérise la culture et l’éducation
bourgeoises d’anti-solidaire, compétitive, individualiste et darwiniste. La culture socialiste devra être solidaire et
altruiste et ne pourra naître que comme négation de la culture dominante, dans la pratique de la lutte de classes.
La polémique confère à Amadeo Bordiga une grande notoriété au sein de la jeunesse socialiste.

1913
Importantes luttes ouvrières, dans toute l’Italie, en protestation contre le décret du président (libéral) Giolitti sur
quelques impôts de guerre qui enchérissent le coût de la vie de 25%.

Généralisation du suffrage universel (pour les hommes) en Italie.

1914
Avril

XIVème Congrès du PSI à Ancone : Amadeo Bordiga et Mario Bianchi représentent le Cercle Karl Marx. Mussolini
propose et obtient l’exclusion des francs-maçons du PSI. Débats sur les blocs électoraux et sur la nécessité
d’unifier la politique du PSI aussi bien au Nord qu’au Sud de l’Italie. Pas de débat sur la position des socialistes
en cas de guerre.

Mai

L’union Socialiste Napolitaine quitte le PSI. Le Cercle Karl Marx reconstitue la section napolitaine du PSI il a
atteint ses objectifs, à savoir l’exclusion des francs-maçons.

Juin

La semaine rouge. Le 7 juin, jour de la commémoration du Statut Royal, c’est-à-dire de la constitution italienne,
se déroulent des manifestations antimilitaristes. La troupe ouvre le feu contre les manifestants. Ce fut le début
sanglant de ce que l’on appela la semaine rouge. L’insurrection populaire se propage aux principales villes :
Turin, Parme, Milan, Florence, Naples. Le 12 juin la CGL ordonne la fin de la grève générale sans consulter le PSI.
Conflits entre réformistes et révolutionnaires.

28 juillet

L’Autriche déclare la guerre à la Serbie pour l’assassinat, à Sarajevo, du successeur de l’empereur.

29 juillet

Le Bureau Socialiste International, convoqué à Bruxelles, lance un manifeste contre la guerre.

31 juillet

Assassinat du socialiste et pacifiste Jaurès.

2 août

Le gouvernement de Salandra .déclare la neutralité de l’Italie.

4 août

Les socialistes français et allemands votent les crédits de guerre. C’est le début de la Première Guerre Mondiale
et la faillite de la Deuxième Internationale. Turati et Mussolini lancent des consignes contre une guerre contre la
France, mais pas contre l’Autriche.

16 août

Bordiga publie dans Avanti un article intitulé « A notre poste » dans lequel il attaque les sympathies
pro-françaises de beaucoup de socialistes, ainsi que la fausse distinction entre guerres défensives et guerres
offensives. L’article paraît avec des notes de Mussolini qui qualifie les principes exposés par Bordiga de justes
mais abstraits, en même temps qu’il dénonce l’agression allemande comme cause de la guerre.

D’août à octobre 1914


Dans le PSI apparaissent trois positions :

1. Celle de l’absolue neutralité de Bordiga, favorable à la lutte de classes et à la guerre civile contre sa propre
bourgeoisie : en cas de mobilisation, il faudra répondre par la grève générale nationale.

2. La francophilie de Mussolini, favorable à une entrée de l’Italie dans la guerre.

3. La neutre de Lazzari, partisan de la non-adhésion à la guerre et du non-sabotage des efforts de guerre de sa


propre bourgeoisie.

27 septembre

Rencontre à Lugano entre socialistes suisses et italiens.

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18 octobre

Mussolini publie dans Avanti un article intitulé « De la neutralité absolue à la neutralité active et opérante » ,
clairement interventionniste et pro français.

22 octobre

Bordiga s’oppose aux thèses de Mussolini avec un article publié dans Il Socialista et intitulé « Pour
l’antimilitarisme actif et opérant ».

31 octobre

Gramsci, dans Il Grido del Popolo publie un article qui appuie les thèses interventionnistes de Mussolini.

Novembre

Exclusion de Mussolini du PSI. Paraît le premier numéro du porte-parole fasciste Il Popolo d’Italia dirigé par
Mussolini et financé par le gouvernement français et quelques industriels italiens.

Novembre 1914 à février 1917


Le PSI oscille entre une droite, dirigée par le groupe parlementaire et le syndicat, et une GAUCHE CONFUSE qui
contrôle la direction et le secteur de la jeunesse. Cette ambiguïté entraîne l’émergence d’une aile gauche
marxiste. Gramsci et Togliati sont interventionnistes. Gramsci quitte le PSI pendant quelques mois. Togliati
pendant quelques années, jusqu’en 1919. Il rejoint l’armée, s’inscrit à la Croix Rouge et poursuit des études
pour être officier. Bordiga, à partir de 1913 jusqu’à la fin de la guerre ne cesse de publier des articles dans la
presse socialiste sur le caractère IMPERIALISTE de la guerre développant, dans le cas italien, les thèses
luxembourgistes qui établissent une relation de causalité entre la crise économique et la guerre.

1915
Janvier

Réunion des socialistes scandinaves avec la participation d’Oddino Morgari comme observateur du PSI.

Mai

Conférence du PSI à Bologne : le PSI vote contre la guerre de façon unanime. L’Italie déclare la guerre à
l’Autriche (le 24) - prétend récupérer Trente et Trieste pour l’Italie. La CGL ne déclare pas la grève générale qui,
pourtant éclate à Turin.

Septembre

Le PSI convoque, avec les socialistes suisses, une conférence antibelliciste qui se réunit à Zimmerwald. Oddino
Morgari et Angelica Balabanoff sont élus à la Commission Socialiste Internationale. A la conférence se délimitent
deux positions ; celle de gauche dirigée par Lénine et la centriste, qui obtient la majorité et à laquelle adhère le
PSI.

En dépit des divergences on publie un Manifeste, rédigé par Trotsky, qui condamne le social patriotisme et définit
la guerre comme produit de l’impérialisme.

1916
Février - juillet

La bataille de Verdun. Elle durera six mois et provoquera la mort de deux cent cinquante milles morts dans
chaque camps. Seront tirés un million d’obus. Guerre de tranchées. Désertions massives et exécutions
sommaires. L’horreur de la guerre moderne se manifeste dans toute sa cruauté. Fin, dans les deux camps, des
illusions sur une guerre rapide. La bataille se termine sans vainqueur clair.

Avril

Le PSI participe à la seconde conférence des adversaires de la guerre, convoquée par la Commission socialiste
internationale à Kienthal. La gauche, dirigée par Lénine et qui soutient la thèse de la transformation de la guerre
impérialiste en guerre civile, peut constater les progrès de son influence ; elle obtient la moitié des voix. Le parti
socialiste italien est le seul à être représenté par sa direction majoritaire, les autres ne sont que des fractions
minoritaires de diverses partis socialistes.

1917
Février

Conférence du PSI à Rome. Emerge, enfin, une aile de gauche marxiste dans le PSI. Bordiga présente une
motion favorable à une action révolutionnaire contre la guerre qui obtient quatorze mille voix contre dix-sept
milles à la motion pacifiste (qui défendait des principes démocratiques vides : paix sans annexions ni
indemnités, droit des peuples à l’autodétermination et Société des Nations) représentée par Turati, Treves et
Modigliani. Ce vote précipite, en quelques mois, la création d’une Fraction Intransigeante Révolutionnaire.

Révolution de février en Russie, chute du Tzar et gouvernement provisoire de Kerensky.

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Avril

Thèses d’avril de Lénine : la situation est mûre pour passer de la première phase démocratique de la révolution à
la seconde. On lance le mot d’ordre : « Tout le pouvoir aux soviets ».

Juillet

Création de la Fraction Intransigeante Révolutionnaire du PSI.

Août

Insurrection à Turin causée par la faim et l’exemple russe : quelques mois auparavant une délégation du Soviet
de Petrograd a rendu visite à la ville. Il y a 50 morts et 200 blessés.

Octobre

Le mot d’ordre de défaitisme révolutionnaire est lancé par Bordiga face à la grave défaite des troupes italiennes
face aux autrichiens à Caporetto (le 25). Il y a 40 000 victimes entre les morts et les blessés. Sur les fronts
militaires se multiplient les désertions de soldats italiens, ainsi que les pelotons d’exécution contre les
déserteurs.

Novembre

Révolution d’octobre en Russie.

Réunion illégale de la Fraction Intransigeante Révolutionnaire à Florence (le 18). Première rencontre entre
Gramsci et Bordiga. Au cours de cette réunion se reproduit la division, au sein du PSI, entre réformistes et
révolutionnaires. Cette indécision débouche sur l’abandon de la perspective insurrectionnelle défendue par
Bordiga (et appuyée par Gramsci).

Toute action révolutionnaire est remise jusqu’à la fin de la guerre.

De novembre 1917 à septembre 1918


Le gouvernement libéral, face à l’impossibilité d’imposer la politique d’Union Sacrée aux socialistes, opte pour la
répression de toute critique antibelliciste, ainsi que de toute manifestation de mécontentement.

Dans tous les pays en guerre on voit un interventionnisme croissant de l’Etat dans l’économie pour assurer la
production de guerre, on recourt à une utilisation massive de la main d’œuvre féminine ; le blocage des salaires
et la répression syndicale se généralisent.

1918
24 janvier

Détention du secrétaire du PSI, Lazzari, et du sous secrétaire, Bombacci, qui sont condamnés à deux années de
prison pour leur opposition à la guerre. Le PSI ne participera pas au gouvernement d’union nationale, malgré les
tentations du groupe parlementaire et de la CGL.

Septembre

Victoire des maximaliste au XVème congrès du PSI, qui se tient à Rome. La proximité de la fin de la guerre et
l’éclatement de la Révolution russe provoquent parmi les socialistes italiens, au cœur d’une situation
révolutionnaire, une confusion généralisée et un verbalisme révolutionnaire des différentes tendances du parti.

Octobre

Victoire italienne à Vittorio Veneto.

Novembre

Armistice entre l’Italie et l’Autriche (le 4). Insurrection révolutionnaire en Allemagne. Chute du IIème Reich.
Proclamation de la République. Prise du pouvoir par les socio-démocrates.

Décembre

Parution du n°1 de Il Soviet, dirigé par Bordiga. Ce journal défend la révolution russe, la dictature du prolétariat
et la direction du processus révolutionnaire par le parti communiste. (De 1918 à 1921, il publie des articles des
leaders les plus en vue de la gauche communiste internationale : Pannekoek, Lukacs, Gorter, Sylvia Pankhurst.

D’octobre 1918 à janvier 1921


Conséquences de la fin de la guerre en Italie : 700 000 morts, 500 000 mutilés, des régions entières dévastées
par la guerre, traités de paix défavorables, énormes dettes de guerre. Avec la fin de la guerre, l’activité
économique diminue : augmentation du chômage et de l’inflation. Débute un processus de reconstruction dans
lequel LA COLLABORATION DU PSI est indispensable. La révolution russe et l’agitation révolutionnaire en
Allemagne ont fait craindre à la bourgeoisie italienne le triomphe du prolétariat en Italie. Crise de la démocratie

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et début du fascisme.

Données statistiques avant et après la guerre :

Le PSI : 50 000 à 200 000 inscrits, de 50 à 156 députés. La CGL compte 2 millions de membres.

La capital de FIAT est passé de 30 à 500 millions. La population ouvrière de Turin approche les 200 000
travailleurs et la ville compte un demi million d’habitants.

Les fractions existants dans le PSI

1. Les gradualistes ou réformistes : Turati, Mondolfo, Modigliani.

Le socialisme ne peut pas être amené par un coup de main, il doit être atteint par les moyens d’une conquête
GRADUELLE du pouvoir et de la puissance politique.

2. Les maximalistes ou intransigeants : Serrati, Lazzari.

Ils se caractérisent par l’incohérence idéologique, l’ambiguïté politique et l’hétérogénéïté. Cela les mène au
verbalisme révolutionnaire et à un pur patriotisme de parti. Selon les mots de Lénine « Serrati préférerait perdre
la révolution que de perdre le syndicat de Milan »

3. Les ordinovistes : Gramsci, Terracini, Leonetti, Togliatti.

L’idée force du groupe est le mouvement des conseils de fabrique comme base du « pouvoir ouvrier » conquis
dans l’entreprise. Le mouvement prolétarien dans la révolution s’exprime sous ses formes propres, donnant
naissance à des institutions prolétariennes qu’il commence à construire AVANT LA PRISE DU POUVOIR, les
engrenages d’une nouvelle machine étatique dont les ouvriers, dans leurs usines, doivent être les artisans. Ils
renoncent à la lutte pour la création d’une fraction propre à l’échelle nationale, ce qui les conduit à un isolement
grave et croissant qui limite leur influence à la ville de Turin.

4. Les abstentionnistes : Bordiga, Grieco.

La conquête du pouvoir politique et la destruction du pouvoir bourgeois sont une condition requise avant le
processus de transformation économique. Ils insistent sur la nécessité de créer un parti révolutionnaire. Ils
luttent donc pour l’extension et la consolidation à l’échelle nationale de leur fraction. L’« abstentionnisme » n’est
pas tant un principe idéologique qu’un critère tactique de sélection des militants révolutionnaires.

5. La gauche milanaise : Fortichiari, Repossi.

Appelée aussi les maximalistes de gauche. Très proche des thèses de la Fraction abstentionniste, dont ils
refusent justement la tactique abstentionniste. Sa force réside dans la solide organisation ouvrière de la ville
industrielle de Milan. Leur moindre capacité théorique les a conduit à se soumettre à la Fraction communiste
abstentionniste.

1919
Janvier

Insurrection spartakiste en Allemagne. Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht sont assassinés par la troupe au
service du gouvernement social démocrate de Noske. Fondation en Italie du Parti Populaire (catholique) par le
prêtre Luigi Sturzo.

Mars

Congrès fondateur de l’Internationale Communiste (le 4). Les troupes bolcheviks avancent, pendant les sessions
du Congrès, sur Varsovie. Le PSI vote en faveur de son adhésion à la Troisième Internationale. La révolution en
Europe est à l’ordre du jour. Les bolcheviks misent sur l’extension internationale de la révolution communiste
comme seule possibilité de survie de la révolution en Russie.

Mussolini fonde sur la place du Santo Sepulcro, à Milan, les Fascios Italiens de combat (le 23).

Bela Khun proclame la République des Soviets en Hongrie (le 24).

Avril

En Bavière on proclame une République des Conseils dans laquelle Karl Korsch occupe un ministère.

A Milan les Fascios attaquent une manifestation de grévistes et donnent l’assaut au journal socialiste Avanti (le
15). La première action des fascistes fait 4 morts et 39 blessés.

Mai

Paraît le numéro 1 de l’Ordino Nuovo (hebdomadaire de culture socialiste) dirigé par Gramsci.

Juin

Le président italien Orlando démissionne devant l’échec italien dans les conférences de paix. L’inflation ne cesse
d’augmenter.

Juillet - Août

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Des luttes importantes contre la cherté de la vie éclatent dans toute l’Italie. Occupations de terres dans le sud.
Grève internationale en appui à la révolution russe (les 20 et 21). La grève est suivie massivement et
pacifiquement dans toute l’Italie. La bourgeoisie craint que la grève se transforme en une « grève
expropriatrice ». Les socialistes sont absents de la majorité de ces luttes qui sont menées par les anciens
combattants qui réclament que soient tenues les promesses faites au front.

La Fraction Intransigeante Révolutionnaire est maintenant dirigée par Lazzari. Serrati quitte cette Fraction pour
construire et diriger la Fraction Communiste Electoraliste (en opposition à la Fraction Abstentionniste, NDLT).
Congrès de la Fraction communiste abstentionniste, dirigée par Bordiga.

Octobre

Au XVIème Congrès du PSI, réuni à Bologne, les abstentionnistes exigent le changement du programme du parti
datant de l’année 92. Les abstentionnistes pensent que la scission entre les réformistes et les révolutionnaires
dans le parti socialiste est inévitable : dans la réalité il existe deux programme dans un seul parti. On décide de
la constitution permanente et autonome de la Fraction Abstentionniste au sein du PSI. Le PSI approuve
l’adhésion à l’Internationale Communiste et la participation aux élections imminentes. Les abstentionnistes
renoncent à la scission immédiate ainsi qu’à lancer une propagande abstentionniste dans la campagne
immédiate, ils engagent un travail de fraction. Il Soviet assume la fonction d’organe de la Fraction
abstentionniste. LA FONDATION DU PARTI COMMUNISTE EST DIFFEREE EN Italie pour des raisons
internationales : Moscou veut récupérer le PSI (adhérant à l’I.C.) avec la seule exclusion des réformistes.
Gramsci publie un article contre toute possibilité de scission dans le PSI (le 18).

Novembre

Le PSI obtient aux élections (du 16) 1 800 000 voix et 156 députés. Le succès électoral renforce la position du
groupe parlementaire et des réformiste dans le PSI.

Décembre

Grève générale contre l’agression des députés socialistes.

1920
Mars - avril

Premières occupations d’usines à Turin. La direction du PSI interdit le mouvement turinois. Réunion de la
Cofindustria - association patronale - (le 8) qui parraine la création d’un gouvernement fort qui préfigure déjà
une politique fasciste. La CGL s’oppose à la grève turinoise et interdit la solidarité avec Turin qui reste isolée du
reste du pays. Les troupes affluent sur la ville et la grève échoue. Dispersion des éléments ordinovistes qui
s’affrontent entre eux.

Mai

Thèses de la Fraction Communiste Abstentionniste. Unique apport NON RUSSE sur les problèmes du mouvement
communiste international discutés au Iième Congrès de l’I.C.

Juillet

Second Congrès de l’I.C. Intervention de Bordiga pour durcir les 21 conditions d’admission : il est le rédacteur
de la thèse numéro 21 et le défenseur de l’inclusion de la numéro 20, rédigée par Lénine et qui avait été retirée.
Parution du pamphlet de Lénine « Le "Gauchisme", maladie infantile du communisme ». Coïncidence des
principes programmatiques entre les bolcheviks et les abstentionnistes et désaccord sur les questions tactiques
secondaires du parlementarisme. Face au danger de confusion entre les positions des abstentionnistes et celles
des anarchistes, des tribunistes ou des kapédistes, Bordiga renonce à sa propre tactique abstentionniste. Lénine
appuie les positions de l’Ordine Nuovo, publiées le 8 mai, qui sont le fruit d’un compromis transitoire entre
abstentionnistes et ordinovistes de la section turinoise.

Rupture entre Gramsci et Tasca. Terracini et Togliatti se rapprochent de la direction maximaliste. Gramsci reste
isolé au sein du groupe ordinoviste après l’éloignement des abstentionnistes.

Novembre

Les partisans de la fondation d’un parti communiste en Italie se réunissent en Conférence nationale de la
Fraction communiste du PSI à Imola.

Septembre

La FIOM (syndicat des métallurgistes) demande une augmentation de salaire en rapport avec l’augmentation du
coût de la vie. Les industriels refusent l’augmentation, apparemment dans le but de PROVOQUER la grève. Les
travailleurs engagent une lutte sous forme de grève du zèle. L’entreprise Romeo répond par le lock-out. La FIOM
réplique à son tour par les occupations d’usines qui s’étend à toutes les industries de Turin. La CGL s’oppose à la
grève. Le PSI ne veut pas diriger une lutte révolutionnaire à laquelle s’opposent les syndicats. Le président libéral
Giolitti s’oppose à l’envoi de troupes et propose une négociation salariale et un projet de contrôle ouvrier.
Commence le soutien des industriels au mouvement fasciste.

Octobre

Réunion des abstentionnistes, des ordinovistes et des maximalistes de gauche qui approuvent un Manifeste-
programme qui décident du changement de nom du parti, l’expulsion des réformistes, comme Turati, et la

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scission-fondation du parti communiste lors du prochain Congrès du PSI, au cas où ils seraient en minorité. Se
constitue un Comité provisoire de la Fraction communiste formée par Bordiga (pour les abstentionnistes),
Gramsci et Terracini (pour les divers groupes ordinovistes), Bombaci et Misiano (pour les maximalistes de
gauche) et Repossi et Fortichiari (pour la gauche milanaise).

Novembre

Dans la section de Turin fusion des abstentionnistes (Parodi, Boero), les communistes électoralistes (Togliatti,
Tasca, Terracini) et le groupe « éducation communiste » (Gramsci, Bianco). Les partisans de la fondation d’un
parti communiste en Italie se réunissent en une Conférence nationale de la Fraction communiste du PSI à Imola.
Y participent les abstentionnistes, les deux groupes ordinovistes, des maximalistes de gauche et la Jeunesse
socialiste. On prépare une motion pour fonder le parti communiste lors du prochain congrès du PSI. Les
ordinovistes abandonnent leurs thèses conseillistes.

1921
Janvier

XVIIème Congrès du PSI à Livourne. Scission des communistes. Participation de Bordiga dans la fondation du
Parti Communiste d’Italie. (Gramsci ne parle pas pendant toute la durée du Congrès et il est défendu par Bordiga
quand il est attaqué pour son interventionnisme. Togliatti ne parvient même pas à faire parti du Comité Central).
Le Comité exécutif est formé de Bordiga, Repossi, Terracini et Grieco. Le PSI ratifie son adhésion à la 3ème
Internationale. Le nombre de militants communistes après la scission se monte à 100 000 : les 58 000 adhérents
à la motion communiste de Livourne, plus les 42 000 des Jeunesses qui se sont fondus dans la masse du PCI.

LE PARTI COMMUNISTE A ETE CREE ASSEZ TARD : en 1919 il existait une situation révolutionnaire mais il
n’existait pas de parti révolutionnaire ; en 1921 existait le parti mais la situation révolutionnaire était passée.

Février-mars

Congrès de la CGL. Tactique d’unité syndicale des communistes. La motion communiste obtient un demi million
de voix contre un million pour les socialistes. Troubles révolutionnaires dans le bassin de la Rhur.

Avril - Juin

Résistance ouvrière spontanée face aux attaques fascistes. Apparition des « arditi del popolo » qui regroupent
des anciens combattants républicains, des socialistes, des communistes et des anarchistes qui s’organisent
militairement pour affronter les escadrons fascistes.

Publication de l’article de Bordiga (le 15 avril) « Parti et classe » : « On ne peut même pas parler de classe
quand il n’existe pas une minorité de cette classe tendant à s’organiser en parti politique ». La classe n’est pas,
pour Bordiga, un rassemblement d’individus ayant des conditions sociales homogènes, mais un mouvement
collectif allant vers la réalisation d’objectifs historiques.

LA DEFENSE DES INTERETS HISTORIQUES DE LA CLASSE ne peut être que le patrimoine d’une minorité,
organisée en parti.

Mai

Aux élections, le PSI obtient 123 députés et le PCI 15.

Publication (le 31) de l’article de Bordiga « Parti et action de classe » : « Personne ne crée les partis et les
révolutions. Les partis et les révolutions se dirigent à la lumière des expériences révolutionnaires valables ». « Le
parti communiste (...) ne peut pas forcer ou inverser l’essence fondamentale des situations ». Selon Bordiga le
parti ne tire pas son efficacité du nombre de ses militants mais de son programme et de sa discipline.

PROGRAMME, PARTI ET CLASSE CHEZ BORDIGA : Dans le mode de production capitaliste, le prolétariat est
l’unique classe révolutionnaire. Par ses conditions de vie, il incarne la société communiste dans le sein de la
société capitaliste. Comment s’effectue le pas dialectique de la classe en soi, exploitée par le capital et réduite à
une déplorable misère physique et intellectuelle, à la classe pour soi, qui transforme le monde de manière
révolutionnaire ? La réponse se trouve dans l’organisation du prolétariat en classe, et donc en parti politique. Le
prolétariat est révolutionnaire ou il n’est rien. Du point de vue sociologique et statistique, la classe ouvrière est
un conglomérat d’individus soumis aux rapports de production sociaux du capitalisme. Quand le prolétariat
s’organise en classe et s’attache à l’exécution de ses objectifs historiques, on se trouve face à un point de vue
dialectique de la classe qui se transforme et transforme les rapports sociaux de production, se niant en tant que
catégorie économique du capital : valeur, salaire, plus-value, ...

La fonction primordiale du parti est d’incarner et de défendre le programme communiste. Le parti est une
médiation, c’est un organe de la classe. La classe, dans le cours de la révolution, se constitue en parti. Le
prolétariat, à travers le parti affirme son être révolutionnaire. Il y a une relation dialectique entre le prolétariat et
le parti.

Le parti ne se crée pas dans une période défavorable ou contre-révolutionnaire. La parti surgit du sol de la classe
dans une période de radicalisation de la lutte de classes, quand s’impose le dépassement des objectifs
immédiats et économique de la classe et que se pointe la conquête des objectifs historiques et la conquête du
pouvoir politique.

Le programme communiste se trouve clairement délimité dans l’œuvre de Marx, qui n’est pas seulement une
analyse scientifique du mode de production capitaliste mais aussi un appel constant au dépassement de ce mode

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de production et aussi une anticipation des caractéristiques du communisme.

Le programme communiste se définit comme la réalisation pratique de la théorie marxiste. Dans une période
défavorable, les marxistes doivent défendre et restaurer le programme communiste qui est attaqué et réformé
par les diverses tendances sociales démocrates et révisionnistes.

Juin - Juillet

SPECTACULAIRE CHANGEMENT DE TACTIQUE DU COMINTERN.

Troisième congrès de l’I.C. On constate un reflux révolutionnaire au niveau mondial. Les discussions sur l’Action
de Mars, de la Rhur, se font omniprésentes. Deux tactiques s’affrontent : la première, présentée par Thalheimer
et Bela Kun défend l’offensive révolutionnaire des communistes. La seconde, défendue par Radek et appuyée par
Lénine, défend la proposition d’un front unique aux partis et syndicats sociaux démocrates, afin de gagner la
majorité de la classe ouvrière. La différence tactique se radicalise en un choix entre la formation de partis
minoritaires de révolutionnaires ou partis de masse. Pendant le Congrès, Lénine ridiculise les thèses défendues
par Terracini et la gauche internationale, favorables à la tactique « offensive ». Le PCI n’appliquera cette tactique
que dans le front syndical, jamais politique ; comment aurait-il pu appliquer la tactique de front unique avec le
PSI après Livourne ? LA SCISSION DE LIVOURNE N’EST PAS REVOCABLE.

Juillet

Violences massives et quotidiennes des escadrons fascistes.

Août

Signature (le 3) d’un pacte de pacification entre les socialistes, la CGL et les fascistes. Les communistes rejettent
aussi bien le pacte de pacification que l’entrée du PCI dans les « Arditi del popolo ». Début d’un désaccord entre
la direction du PCI et le Comintern à cause du refus de Bordiga de conclure un pacte national avec d’autres partis
pour entrer dans les « Arditi del Popolo », organisation militaire d’unité antifasciste qui échappe au contrôle du
parti.

Novembre

Le PSI quitte l’I.C.

Au troisième Congrès national fasciste (du 7 au 10), réuni à Rome, se produit la transformation du mouvement
fasciste en parti. Les 30 000 fascistes réunis à Rome provoquent de sérieux désordres, causant cinq morts et 200
blessés. L’assassinat d’un cheminot (le 9) le peuple de Rome répond par une grève générale qui ne prendra fin
que le 14, le Congrès fasciste étant déjà terminé.

1922

Février

Depuis la fin de l’année 1920, les ouvriers sont confrontés à une double offensive : fasciste et patronale. D’une
part, la violence quotidienne des escouades fascistes contre les organisations ouvrières : syndicats, maisons du
peuple, secours rouge, chambre du travail ou bien attaques individuelles contre les leaders ouvriers. D’autre part
l’offensive patronale : suppression du prix contrôlé du pain, réductions des salaires, liquidation des
représentations syndicales dans les entreprises.

Les communistes défendent un front unique syndicale, devançant la tactique du Comintern, tandis qu’ils
rejettent le front unique politique. C’est ainsi que se constitua l’Alliance du travail (le 20), qui n’est rien d’autre
qu’un front unique syndicale.

Bordiga publie (le 28) « Le principe démocratique » : « La liberté et l’égalité politique contenues dans le droit de
vote n’ont de sens que sur une base qui ne contient pas de disparités économiques ». Pour Bordiga, la division
de la société en classes antagoniques ayant des intérêts économiques opposés transforme nécessairement l’Etat
en défenseur des intérêts de la classe dominante. LE PRINCIPE démocratique se convertit en MECANSIME
démocratique, instrument au service des prétentions d’universalité d’un Etat qui exerce la dictature minoritaire
de la classe dominante, indépendamment du fait aléatoire qu’il y ait vote ou pas ou de qui vote.

Février - Mars

Premier exécutif élargi de l’I.C., centré sur l’approbation de la tactique de front unique. Opposition des délégués
italiens (Terracini, Roberto et Ambrogi) qui obtiennent l’appui des délégations française et espagnole. On accepte
la convocation d’une réunion conjointe des trois internationales existantes.

Mars

Second Congrès du PCI. Approbation des Thèses de Rome. Ces thèses fixent la position du PCI face à la tactique
de front unique défendue par l’I.C. Opposition frontale des délégués de l’I.C. à l’approbation de ces thèses.
D’après les THESES DE ROME, la tactique a des limites imposées par le programme communiste fondateur et
qui, si elle sont dépassées, changent la nature et la fonction du parti communiste. La direction du PCI pose la
question de sa démission. Le nombre de militants est descendu à 43 000 à cause des exigences militantes et des
persécutions fascistes.

Avril

Bordiga participe à la Conférence des trois internationales (la deuxième, la troisième et la deux et demi) réunie

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(du 2 au 5) à Berlin et qui se solde par un échec retentissant. Réunion pour traiter des questions italiennes entre
Bordiga, Silone, Radek et Boukharine qui se transforme en une rencontre âpre et constate l’ampleur des
divergences du PCI avec l’I.C.

Signature (le 16) du Traité de Rapallo entre les bolcheviks et les allemands. Le Traité consacre l’Etat russe
comme une grande puissance et signifie le retour aux techniques classiques de la diplomatie secrète et l’alliance
avec les puissances capitalistes. Rapallo constate les contradictions entre l’éclatement de la révolution mondiale
et le renforcement progressif de l’Etat soviétique. Le Comintern a été transformé en un instrument de la politique
extérieure russe.

Juin

Bordiga représente l’I.C. au Congrès du PCF qui se tient à Marseille. Second Exécutif Elargi de l’I.C. La délégation
italienne est formée de Bordiga, Ambrogi, Gramsci et Graziadei. Ultimatum de Zinoviev au PCI pour qu’il
applique la consigne de gouvernement ouvrier comme plate-forme de lutte contre le fascisme.

Juin - Juillet

Grande offensive fasciste. Les escouades occupent des villes comme Bologne et Ferrara. Les expéditions fascistes
s’étendent au Lazio, aux Marches, Emilia-Romagna, Vénétie et Toscane. La mobilité géographique des escouades
fascistes contribue largement à leur succès. Les réactions armées des ouvriers se révèlent insuffisantes. Impunité
absolue pour les violences fascistes, appuyées par les forces de police et l’armée.

Août

Grève générale légale. Elle est lancée par le PSI et la CGL pour résoudre une crise gouvernementale, de façon
précipitée, son déclenchement est annoncé par la presse. Les aspects légaux et pacifistes prédominent. Le
principale objectif est la défense de la démocratie. Les fascistes lancent un ultimatum au gouvernement pour que
mettre fin à la grève sous 48 heures.

La grève obtient un succès initial de caractère partiel. Le troisième jour, elle se transforme en lutte armée qui
couronne la guerre civile (1921/1922) des fascistes, secondés par l’armée et la police contre les masses
ouvrières. Malgré quelques résistances héroïques, comme celle de Parme face aux troupes fascistes de Italo
Balbo, la grève se solde par un échec sévère. Elle signifie la fin de toute résistance armée importante contre le
fascisme.

Le fascisme illégal et subversif s’est transformé en une force d’ordre.

1921-1922
Divers articles de Bordiga dans lesquels il expose son analyse du fascisme que l’on peut résumer dans les points
suivants :

1. Le fascisme défend l’Etat démocratique contre un prolétariat révolutionnaire qui veut le détruire

2. Depuis la Grande Guerre, le respect des droits et libertés démocratiques, qui constitue le fondement de
l’idéologie libérale, est entré en contradiction avec la défense des intérêts du capital de la part de l’Etat.

3. Cette contradiction conduit la bourgeoisie à renoncer à sa propre idéologie libérale et dévoile le caractère
répressif de l’Etat qui consiste à défendre les intérêts de classe de la bourgeoisie par TOUS LES MOYENS, y
compris ceux qui supposent l’abolition des droits et libertés démocratiques.

4. La démocratie et le fascisme ne s’opposent pas mais des complètent, que ce soit de façon alternative ou à
l’unisson.

5. LE DEDOUBLEMENT POLITIQUE de la bourgeoisie, face à la menace révolutionnaire du prolétariat, sous ses


deux aspects de violence fasciste et de démocratie parlementaire, convergent en une stratégie commune de la
bourgeoisie en défense de ses intérêts historiques de classe.

6. La fonction de la social démocratie est de dévoyer les luttes du prolétariat de leur objectif révolutionnaire pour
les entraîner vers la défense de la démocratie bourgeoise.

7. Le fascisme n’a pas de programme. Sa fonction est de réprimer le prolétariat à la place de l’Etat, qui parvient,
de cette façon, à conserver l’illusion démocratique parmi les masses.

8. Le fascisme n’est pas le produit des couches réactionnaires de la bourgeoisie, ni le produit d’un système
féodal, mais au contraire, il est le produit d’un capitalisme industriel avancé qui, face à la menace
révolutionnaire, passe à l’offensive.

9. L’anti-fascisme est la conséquence la plus grave du fascisme. Il substitue à l’ALTERNATIVE révolutionnaire


CAPITALISME /COMMUNISME l’option (toujours bourgeoise) DEMOCRATIE /FASCISME.

10. Bordiga affirme la continuité essentielle entre démocratie et fascisme, de la même manière qu’il existe une
continuité de base entre libéralisme et démocratie. Les méthodes social démocrates et fasciste, au lieu d’alterner
au gouvernement, tendent à fusionner.

Septembre (1922)

La conséquence immédiate de l’échec de la grève générale fut la chute du nombre de militants communistes à
24 000. Dans les usines, les licenciements massifs de communistes étaient fréquents. Face à la répression et au

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manque de travail, du fait des listes noires, on a compté par milliers les communistes qui, dans les mois qui ont
suivi, ont été obligés d’émigrer en France et en Belgique pour motif politico-économiques.

Octobre

La Marche sur Rome de Mussolini (28/10/1922). Facta, le président du gouvernement, demande au roi la
déclaration de l’état de siège et la mobilisation de l’armée. Face au refus du roi, il démissionne. La Marche sur
Rome se transforme en une promenade. Le roi nomme Mussolini comme nouveau président du gouvernement.
Les fascistes s’emparent du pouvoir, sans tirer un coup de feu, par des moyens constitutionnels.

Serrati exclus les réformistes du PSI. Ceux-ci, dirigés par Matteoti, Turati et Treves, fondent le Parti Socialiste
Unifié (PSU). Après cette scission, le PSI ne compte plus que 25 000 militants. Le PSI décide d’envoyer une
délégation au IVème Congrès de l’I.C.

Novembre

L’ambassadeur allemand arrive à Moscou. Quatrième Congrès de l’I.C. (du 5 novembre au 5 décembre). On
insiste sur la tactique de front unique et sur le mot d’ordre de gouvernement ouvrier. Le Comintern exige la
fusion entre socialistes et communistes en Italie. Le PCI s’y oppose totalement. Le Comité Exécutif du PCI se
déclare démissionnaire (le 8). Bordiga parle du danger de révisionnisme dans l’I.C. Les débats arrivent à un point
de rupture de la majorité du PCI avec l’I.C. Le 24, la résistance de la majorité du PCI est confronté à une lettre
du Comité Central du PC russe, signée par Lénine, Trotsky, Radek et Boukharine et qui communique au PCI la
décision unanime de la commission nommée par le congrès international : fusion immédiate avec le PSI. La
direction du PCI, qui considère comme IRREVOCABLE LA SCISSION DE LIVOURNE, renonce à continuer de
défendre son point de vue, par discipline, s’engage à ne rien dire contre la fusion et à ne pas la saboter. Mais à
partir de ce moment elle se considère comme démissionnaire. Bordiga propose de laisser à l’aile droite la
direction du parti, tandis que Gramsci est partisan de durcir les négociations jusqu’à rendre la fusion impossible.

Décembre

Mussolini donne personnellement l’ordre d’arrêter les délégués italiens au IVème Congrès de l’I.C., à l’exception
de ceux qui jouissent de l’immunité parlementaire.

On attaque les locaux et les imprimeries communistes et on fait obstacle à la diffusion de leur presse.

1923
Février

Arrestation de Bordiga (le 3), suivie d’une rafle massive de militants communistes. Togliatti et Terracini le
remplacent à la direction du parti.

Mars

Arrestation de Serrati (le 1er), dirigeant du PSI et partisan de la fusion avec les communistes. Avec la détention
de Serrati, le contrôle de Avanti passe dans les mains de l’anti fusionniste Nenni. Face à ces faits, Zinoviev
ordonne le changement de tactique : on renonce à la fusion et on donne la consigne de former un bloc politique
entre les deux partis. On prétend ainsi EMPECHER le départ des terzini du PSI, comme il a été décidé au IVème
Congrès, au cas où la fusion effective ne se ferait pas. Grieco, indigné devant le non-respect des accords du
VIème Congrès, écrit une lettre (le 14) dans laquelle il présente la démission de l’exécutif du PCI, lettre dont le
Comintern ne tient pas compte. Arrestation de Grieco (le 31).

Avril - Mai

Terracini coopte des nouveaux membres à l’exécutif pour remplacer les membres détenus : Togliatti, Tasca,
Scoccimarro, Ravera, Graziadei.

Correspondance entre Gramsci, Togliatti, Terracini en vue de la formation d’un nouveau groupe dirigeant (du
centre) du PCI, qui se substituera à la direction (de gauche) de Bordiga et empêchera l’accès de Tasca (de
droite) à cette direction.

Situation critique du parti qui compte 5 à 6 000 militants en activité. Le parti agit dans la clandestinité et ses
militants sont majoritairement exilés (quelques 100 000) ou en prison.

Les syndicat ont perdu 60 à 80% de leurs membres. Le PSI qui n’est pas préparé pour passer à la clandestinité
est pratiquement inopérant. Les réductions de salaire oscillent entre 20 et 50%. Le nombre des chômeurs atteint
le demi million.

Juin

Troisième exécutif élargi de l’I.C. Le Comintern accuse les communistes (Zinoviev accuse personnellement
Gramsci) de saboter la fusion avec les socialistes. On rend le PCI responsable de la prise du pouvoir par le
fascistes. On n’accepte pas la démission de l’exécutif italien , mais on nomme de façon autoritaire un nouvel
exécutif mixte, composé de trois membres de la majorité : Fortichiari, Togliatti, Scoccimarro et deux de la
minorité : Tasca, Vota. On accepte le PSI comme parti sympathisant. On critique Bordiga, l’accusant
d’indiscipline, en même temps qu’on lui propose une vice -présidence de l’IC.

Juillet - Septembre

Discussions au sein de la majorité. Gramsci constitue un nouveau groupe dirigeant de Centre. Bordiga rédige un

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Manifeste, qui ne sera pas publié, à cause de la rupture au sein de l’ancienne majorité entre une Gauche
(Bordiga, Fortichiari, Repossi) et un nouveau groupe de Centre (Gramsci, Togliatti, Terracini, Scoccimarro,
Leonetti).

Gramsci fut le premier à refuser de signer le Manifeste et il a entraîné les autres membres du Centre à ne pas le
signer.

Octobre

Procès contre les communistes arrêtés en février. Mémorial de Bordiga qui retourne les accusation de complot,
pour lesquelles sont jugés les communistes, et les dirigent contre les fascistes.

Acquittement général des accusés et liberté pour Bordiga (le 26). Malgré la surprise de la sentence judiciaire, la
répression policière se renforce contre les communistes.

1924
Janvier

Mort de Lénine. Bordiga fonde la revue Prometeo. A cette revue collaboreront Grieco, Leonetti, Girone,
Mastrapaolo et Polano et seront publiés des articles de Zinoviev, Manuilski et Staline.

Février

Bordiga refuse de se présenter comme candidat aux élections. Le délégué de l’IC (Humbert-Droz) qualifie ce
refus d’acte d’indiscipline de la part de Bordiga qui se considère comme étant dans une opposition d’extrême
gauche au sein du PCI. Article de Bordiga contre l’abstentionnisme de quelques militants communistes.
Intervention marquante de Bordiga dans la campagne électorale à Naples.

Conférence (« Lénine sur le chemin de la révolution ») prononcée par Bordiga (le 24) à la Maison du Peuple à
Rome, pour commémorer Lénine, décédé le mois précédent. Dans cette conférence, Bordiga délimite ses rapports
avec Lénine : coïncidence PROGRAMMATIQUE totale et désaccords sur les questions TACTIQUES. Bordiga
revendique, en outre, la nécessité et le droit de discuter les questions tactiques et refuse la dogmatisation de la
pensée de Lénine, de ce que l’on appellera le léninisme.

Avril

Aux élections (du 6), les listes fascistes, et leurs alliés libéraux, obtiennent 65% des voix émise et 374 sièges. Le
Parlement est déjà un instrument docile et légal dans les mains de Mussolini. La démocratie n’est pas un
obstacle mais un tremplin pour l’ascension du fascisme.

Mai

Conférence clandestine du PCI à Como. La Gauche du PCI obtient la majorité : surgissent trois fractions dans le
PCI (Droite : Tasca, Centre : Gramsci, Gauche : Bordiga).

Juin

Cinquième Congrès de l’IC (du 17 juin au 8 juillet). Bordiga critique la bolchevisation des partis communistes et
la consigne de gouvernement ouvrier. L’IC accepte enfin la démission de l’ancien exécutif du PCI, c’est à dire de
Bordiga, Fortichiari, Repossi et Grieco.

Zinoviev offre à Bordiga une vice-présidence de l’IC avec l’intention de l’éloigner d’Italie. L’éclatement de
l’insurrection d’octobre en Allemagne provoque un nouveau virage de la tactique de l’Internationale, cette fois-ci
à gauche. Enlèvement (le 12) et assassinat du député socialiste Matteotti. L’opposition à Mussolini abandonne le
parlement pour former l’Aventino qui est une tentative d’isoler les fascistes à travers la création d’une opposition
démocratique antifasciste.

De juin à décembre

Bordiga critique la tactique antifasciste ou de front unique appliquée par Gramsci et défendue par l’IC. Bordiga
propose une tactique de parlementarisme révolutionnaire et l’abandon de l’Aventino. Gramsci oscille, indécis,
entre le soutien à l’Aventino et son abandon. Gramsci applique simultanément la tactique antifasciste de front
unique, la massification - bolchevisation du PCI avec l’entrée en masse de nouveaux militants ayant un bas
niveau politique mais une fidélité aveugle aux consignes de la direction centriste, et la fusion avec les socialistes
(terzini).

LE PCI DOIT SE TRANSFORMER A TOUT PRIX EN PARTI DE MASSE :l’entrée massive de militants sans capacité ni
maturité politique facilite la collaboration politique avec les partis libéraux et social démocrates, avec l’objectif
manifeste de DEFENDRE la démocratie, en complète contradiction avec le programme communiste fondateur de
Livourne et le IIème Congrès de l’IC.

- Juillet

Avec le numéro double de juin/juillet, Prometeo cesse de paraître par décision de l’exécutif du PCI. La mesure
s’inscrit dans le nouveau cadre de bolchevisation des partis communistes. A partir de ce moment, on ne tolère la
parution d’aucun article, ou l’intervention en assemblée, venant d’un quelconque militant de la Gauche. Et dans
le cas de ceux qui seront autorisés ce sera toujours avec un commentaire critique qui détruira, interprétera mal
ou affaiblira les arguments exposés. DANS LE PCI LA CONFRONTATION POLITIQUE EST REMPLACEE PAR LA
REPRESSION, LA CALOMNIEOU LES EXCLUSIONS DES MILITANTS DE LA GAUCHE.

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Octobre

Au congrès fédéral de Naples, Bordiga et Gramsci s’affrontent dans un débat qui dure plus de quatorze heures.

Novembre

Excellentes relations économiques entre la Russie et l’Italie. Mussolini est invité (le 7) à l’ambassade soviétique à
Rome pour célébrer l’anniversaire de la révolution russe. Naissance de la légende sur la collaboration fascisme
communisme, qui contribue à l’isolement du PCI.

Intervention (le 12) du parlementaire communiste (de la Gauche) Luigi Repossi qui accuse les fascistes d’être les
assassins du député Matteotti. Gramsci reconnaît l’échec de l’Aventino et de la tactique de front unique.

Nouvelle Loi électorale (Loi Acerbo) qui accorde les deux tiers du total des sièges à la liste qui dépasse 25% du
total des voix exprimées : les libéraux, les populistes et les fascistes préparent la voie démocratique pour le
contrôle du parlement par Mussolini.

1925
Janvier

Mussolini assume la pleine responsabilité des crimes fascistes (3/1/25). Fin de l’Aventino et du parlementarisme
en Italie. Les partis entrent dans une phase de semi-clandestinité, dépendante de la tolérance oscillante du
régime fasciste.

Trotsky démissionne de la charge de président du Comité Militaire Révolutionnaire.

Février

Le Comité Central adopte une résolution qui condamne l’opposition de Trotsky au sein du parti russe (le 6).

Bordiga écrit un article intitulé « La question Trotsky », qu’il remet l(le 8) pour sa publication dans L’Unita, il est
bloqué par la direction gramscienne du PCI.

Mars

Conférence de Bordiga à Milan (le 22). Manifestation massive de sympathie de la fédération communiste de Milan
à l’égard de Bordiga et de la Gauche, organisée par Fortichiari.

Mars - Avril

Cinquième Exécutif Elargi de l’IC (du 21 mars au 5 avril). Bordiga ne se rend pas à Moscou. Nouvelle oscillation
de la tactique de l’Internationale. Maintenant, Zinoviev donne une interprétation droitière de la tactique de front
unique (face à l’interprétation de gauche qu’a donnée le Vème Congrès de l’IC). La théorie du socialisme en un
seul pays est la réponse russe à l’isolement international de la révolution. La lutte contre le trotskisme
s’internationalise. Scoccimarro identifie trotskisme et bordiguisme, prenant comme acte d’accusation l’article non
publié de Bordiga sur Trotsky. On dénonce l’idéologie de Bordiga comme le principal obstacle à la bolchevisation
du PCI. Grieco annonce son abandon de la défense des positions de la Gauche pour s’intégrer dans le groupe du
Centre.

Avril juillet

Constitution et dissolution du Comité d’Entente de la Gauche. Bordiga s’oppose à la rupture avec le PCI. Il
n’appuie pas la fondation du Comité d’Entente mais il se solidarise avec lui quand il est attaqué. La direction du
Centre destitue Fortichiari comme secrétaire de la fédération de Milan en représailles pour la manifestation
favorable à la Gauche. Le groupe dirigeant du Centre repousse la discussion et le débat politiques à quoi il
substitue l’usage méthodique des moyens disciplinaires et organisatifs. On impose une discipline aveugle aux
militants d’une Gauche qui voient la trahison des bases programmatiques de Livourne. On lance une campagne
de diffamation et l’accusation de fractionnisme contre la Gauche. Passivité de Bordiga à cause de la crainte de
l’exclusion, de la surveillance et la censure auxquelles il est soumis et de son analyse déterministe de la situation
contre-révolutionnaire mondiale qui n’ouvre pas de voie à un virage à gauche de l’IC.

Juin

Dans les débats internes du Comité d’Entente de la Gauche, Bordiga s’oppose à la rupture avec le PCI. Damen,
Fortichiari et Repossi sont favorables à une rupture immédiate. Bordiga en arrive à être minoritaire. Seule son
opposition décidée à ne pas participer à la scission a décidé les autres à dissoudre le Comité d’Entente. Le
Comité d’Entente a été la tentative manquée des dirigeants les plus en vue de la Gauche (Damen, Perrone,
Venegoni, Fortichiari, Repossi, Girone), organisés en Fraction, de sortir Bordiga de sa passivité qu’ils jugeaient
erronée et suicidaire, pour l’amener sur leurs position et provoquer la scission, car Bordiga aurait entraîné avec
lui un grand nombre de militants.

Juillet

Publication de l’article de Bordiga sur Trotsky dans L’Unità (4/7/25), écrit en février, en plein cœur de la
campagne de diffamation et sous l’accusation de fractionnisme lancée contre la Gauche.

Publication dans L’Unità (18/7/25) du document de dissolution du Comité d’Entente, sous forme diffamatoire et
insultante, sous un épigraphe qui dit : « Un document indigne de communistes », et joint à une résolution du
Comité Central du parti qui s’intitule : « Les membres du Comité d’Entente contre l’Internationale.

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Dégénérescence politique et misère morale ».

Le lendemain, réponse de Bordiga, qui ne fut jamais publiée et dans laquelle il dénonce la campagne de
diffamation, la manipulation de documents et l’absence de débat politique de la part de la direction gramscienne.

Juillet - Décembre

La campagne de dénigrement contre la Gauche, grâce à l’épisode du Comité d’Entente, rencontre un succès
notable, favorisé par l’impossibilité pour la Gauche de défendre ses positions dans la presse ou dans les
assemblées. Débat préparatoire du congrès manipulé qui continue la campagne de diffamation et de
dénigrement contre la Gauche. Gramsci se félicite de la défaite fractionnelle de Bordiga. Il en vient à affirmer que
la campagne de diffamation a été plus efficace qu’aurait été une discussion dans laquelle on aurait débattu des
différentes positions politiques. Pour la Gauche, il est évident que l’on ouvre la porte à l’opportunisme et à
l’abandon des principes. Gramsci et Togliatti appliquaient les méthodes staliniennes dans le PCI : la
bolchevisation supposait la russification de tous les partis communistes.

1926
Janvier

Troisième Congrès du PCI, réuni à Lyon (du 20 au 26). Défaite organisationnelle de la Gauche du PCI. La Gauche
présente les THESES DE LYON rédigées par Bordiga. Les Thèses de Lyon rejettent la possibilité de transformer le
parti communiste en parti de masses dans une période contre-révolutionnaire : la tentative des centristes ne
peut conduire qu’à l’opportunisme, c’est à dire à l’abandon des principes programmatiques communistes. Les
Thèses de Lyon exaltent le minoritarisme : IL EST PREFERABLE D’ETRE UN PARTI MINORITAIRE , SANS
INFLUENCE OU PRESQUE SUR LES MASSES, MAIS REVOLUTIONNAIRE, QU’UN PARTI DE MASSES SASN
PRINCIPES NI OBJECTIFS REVOLUTIONNAIRES. Le Congrès admet la manipulation des votes (les
abstentionnistes et les absents sont comptabilisés comme votes en faveur du Centre) et le filtrage des militants.
Intervention de trois heures de Gramsci et de sept heures de Bordiga qui termine son intervention en s’adressant
à Gramsci en ces termes : « on est sous la même bannière politique seulement quand on a une même
conception de l’univers, de l’histoire et du travail de l’homme en son sein ». Bordiga et Venegoni sont obligés,
sous menace d’exclusion, de faire partie du comité central du PCI, comme représentants de la Gauche. Face à
cette menace qui n’offre pas d’autre alternative que l’exclusion ou la corresponsabilité dans la direction du parti,
Bordiga accepte la charge après la formulation d’une déclaration très dure qui constitue un acte de rupture avec
les centristes.

LE CONGRES DE LYON EST UNE RUPTURE ORGANISATIONNELLE ET PROGRAMMATIQUE AVEC LE PARTI FONDE A
LIVOURNE : les staliniens parleront toujours de Lyon comme de la refondation du PCI.

Février - Mars

Sixième Exécutif Elargi de l’IC. Discussions entre Bordiga et le reste de la délégation italienne à cause de la
dénonciation de celui-ci, devant l’IC, des méthodes caporalistes (caciquiles) du Centre et son refus de publier la
déclaration de Bordiga après le Congrès de Lyon.

Bordiga se réunit avec Trotsky, Togliatti et Staline (la nuit du 21 février). Affrontements très durs entre Bordiga
et Staline l(le 22 février) sur le droit pour l’Internationale de discuter de la question russe. Opposition et critique
de Bordiga à la théorie du socialisme en un seul pays.

DE FAIT, L’INTERNATIONALE ETAIT DEJA DIRIGEE PAR LE PARTI RUSSE ET LES INTERETS DE LA REVOLUTION
MONDIALE DEVAIENT COINCIDER AVEC CEUX DE L’ETAT RUSSE.

Bordiga, pendant les débats du congrès, dénonça l’instauration d’un régime de terreur au sein des partis
communistes et prononça une défense de l’apparition de fractions, à cause de ce régime de terreur avec des
phrases lapidaires comme celles-ci : « l’histoire des fractions, c’est l’histoire de Lénine », ou bien « l’histoire des
fractions n’honore pas les partis dans lesquels elles se forment, mais elle honore les militants qui les créent ».
Bordiga met en question la capacité du parti russe à diriger l’Internationale et expose la très connue image de la
pyramide inversée comme critique du processus de bolchevisation : l’IC est une pyramide instable appuyée sur
son sommet ; il est nécessaire de lui faire faire un demi tour pour qu’elle repose sur sa base, c’est-à-dire que ce
n’est pas le parti russe qui doit diriger l’Internationale mais l’Internationale qui doit diriger et intervenir dans la
problématique du parti russe.

Bordiga termine son intervention au congrès en constatant l’échec de la nouvelle tactique antifasciste propagée
par Moscou et en dénonçant l’opportunisme régnant dans l’IC comme étant le principal danger de
dégénérescence et qui annonce le changement de nature des partis communistes, c’est-à-dire leur
transformation de partis révolutionnaires en partis sociaux-démocrates ou antifascistes.

Janvier - Mars

LE SIXIEME EXECUTIF ELARGI FUT LA DERNIERE POSSIBILITE POUR LA GAUCHE DE DEFENDRE SES
POSITIONS. Bordiga savait que le sort de la révolution ne se décidait pas dans les débats du Congrès de Lyon ou
au sixième Exécutif Elargi, parce que la stabilisation capitaliste et l’éloignement de toute perspective
révolutionnaire immédiate étaient déjà une réalité évidente. Mais il savait aussi que cette bataille devait être
livrée pour laisser au générations futures le témoignage de la continuité d’une ligne marxiste en lutte contre la
dégénérescence de l’IC et contre la théorie du socialisme en un seul pays. Continuité qui favoriserait la
restauration de la théorie et de l’organisation marxiste dans l’avenir.

Avril - Octobre

14 sur 25
Isolement progressif de Bordiga et de la Gauche au sein du PCI.

Octobre

Lettre de Gramsci au CC du PCUS dans laquelle il critique les désaccords existant au sein du parti russe.
Correspondance et rupture avec Togliatti, ce qui vaut à Gramsci la marginalisation au sein du PCI pendant toute
la durée de son séjour en prison, parce qu’il est « suspect » d’hérésie. Lettre d’Amadeo Bordiga à Karl Korsch
(28/10/26). C’est la réponse de la Gauche du PCI à l’invitation de la Gauche allemande de construire une fraction
de gauche internationale. La lettre refuse la formation d’une nouvelle Internationale qui ne se fonderait que sur
la critique du processus de bolchevisation ou de stalinisation des partis communistes, et qui ne serait pas
réellement homogène. Bordiga relève d’autres divergences importantes entre la gauche italienne et la gauche
allemande, comme la nature de la révolution russe (que Korsch caractérise comme bourgeoise) ou la nécessité
d’une scission rapide avec l’IC.

Attentat (le 31) d’Anteo Zamboni contre Mussolini.

Novembre

Interdiction en Italie de tous les partis politiques à l’exception des fascistes. Arrestation massive de militants
communistes. La maison de Bordiga est saccagée par les fascistes. Manque absolu de préparation du parti contre
la répression. Maffi, Fortichiari, Damen, etc. sont arrêtés ... (Terracini et Oberti le sont déjà). Quasiment toute la
direction du PCI, à l’exception de Togliatti, Grieco, Tasca, Ravera... se retrouve sous les verrous.

LE PCI SE TRANSFORME EN PARTI CLANDESTIN AVEC LA MAJORITE DE SES MILITANTS ACTIFS EXILES,
RELEGUES OU EN PRISON.

Grieco et Tasca, réunis à Milan, devant la situation catastrophique du parti décident sa dissolution : décision
révoquée quelques jours plus tard par Ravera et le même Grieco, sous l’insistance du Comintern.

1923 - 1926
Le mérite et la force de Gramsci et de Togliatti dans le PCI, entre 1923 et 1926, ne fut rien d’autre que d’être les
hommes de confiance de l’Internationale en Italie. Ce fut aussi leur misère, parce que cela suppose la pleine
identification et la complicité avec le stalinisme naissant. L’inévitable déroute et la faiblesse de Bordiga résidait
dans son opposition intransigeante à l’opportunisme et à la dégénérescence de l’Internationale. C’est aussi sa
grandeur et la raison d’être du bordiguisme comme courant marxiste différencié et exclusif.

1926 - 1929
Bordiga reste relégué à Ustica et Ponza. Du 5/12/26 au 20//01/27, Bordiga et Gramsci sont ensemble à Ustica.

1927
Un groupe d’exilés italiens s’organise, dirigé par Pappalardi et d’idéologie bordiguiste mais très près des thèses
de Karl Korsch , qui plus tard évoluera vers l’anarchisme. Il ne participe pas à la fondation de la Fraction à
Pantin. Ils prennent le nom de « Groupe d’avant-garde communiste ».

Ils publient Il Risveglio Comunista et L’Ouvrier communiste, dans lesquels paraissent des critiques intéressantes
du volontarisme de Trotsky et de la passivité de Bordiga. Ils publient un pamphlet de la Gauche communiste
russe : Avant Thermidor, qui est une plate-forme de gauche au sein du parti bolchevik.

1928
Avril

Congrès de fondation de la Fraction de Gauche du PCI à Pantin (banlieue industrielle de Paris). La Fraction se
revendique des positions politiques défendues par Amadeo Bordiga depuis le 2ème Congrès de l’IC jusqu’au
Congrès des Lyon et au sixième Exécutif Elargi ainsi que de tous les écrits du camarade Bordiga. L’appellation de
bordiguiste n’est pas vraiment approprié dans la mesure où les militants de la Fraction ont toujours rejeté une
telle appellation. D’autre part, toute l’activité et la pensée de la Fraction se sont déroulés sans aucun contact
avec Bordiga.

LES POINTS FONDAMENTAUX DE LA GAUCHE COMMUNISTE ITALIENNE (que les autres partis ont qualifiée
comme bordiguisme), sur lesquels se fonde la Fraction de Gauche du PCI en 1928 sont les suivants :

1. Rejet de la tactique de front unique et du mot d’ordre de gouvernements ouvriers et paysans.

2. Rejet de la direction de l’Internationale par le parti russe. Rejet de la théorie du socialisme en un seul pays.

3. Rejet de tout type de défense de la démocratie bourgeoise.

4. Rejet de l’antifascisme et de toute doctrine politique étrangère à la lutte de classes.

5. Considération de la démocratie et du fascisme comme deux formes de domination bourgeoises, équivalentes


et interchangeables.

6. Rejet du principe démocratique au sein du parti communiste. Rejet, donc, du centralisme démocratique.

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7. Lutte et critique contre l’opportunisme compris comme l’abandon des principes programmatiques
fondamentaux.

8. Le parti est défini comme un organe de la classe, de façon non immédiatiste, centralisé, qui défend son
programme de façon intransigeante, opposant la défense des intérêts historiques du prolétariat face au
réformisme.

9. La tactique a des limites imposées par le programme communiste. Une tactique inadéquate débouche
inévitablement sur des changements programmatiques et peut mener à changer la nature même du parti.

10. Rejet de la fondation d’une nouvelle internationale construite sur le dénominateur commun d’expériences de
critiques à la Troisième Internationale ou au stalinisme. Nécessité, avant cela, de faire un BILAN historique des
erreurs de l’IC et d’élaborer une plate forme programmatique commune.

Juin

Premier numéro de Prometeo, périodique bimensuel publié par la Fraction en italien.

1928 - 1932
La Fraction travaille comme une section de l’opposition trotskiste. Polémique avec Trotsky et l’Opposition sur la
question allemande et sur le front unique, sur la question espagnole et les mots d’ordre démocratiques, la nature
de l’Union Soviétique et la nécessité de se doter d’un programme qui évite le personnalisme.

1929
Exil de Trotsky à Prinkipo après son expulsion de l’URSS.

Septembre

Angelo Tasca (leader de l’aile droite du parti) est exclus du PCI. Onorato Damen, Luigi Repossi et Bruno
Fortichiari, de l’aile gauche, son exclus du PCI.

Octobre

Crack de la Bourse de New-York.

1930
Mars

Le Comité Central du PCI décide l’exclusion de Bordiga (leader de l’aile gauche du parti) du PCI, à quelques mois
de sa libération de relégation.

Exclusion d’Ignazio Silone.

1930 - 1943
Inactivité militante de Bordiga. Bordiga reconnaît la défaite historique subie par le prolétariat dans le monde
entier. Rejet de toute mystique de l’avant-garde et de l’activisme. Il embrasse une conception strictement
déterministe sur les possibilités révolutionnaires et, personnellement, considère comme inutile son activité
militante dans la clandestinité imposée par le fascisme (il rejette aussi la possibilité de s’exiler).

1931
Discussion entre la Fraction (bordiguiste) et l’Opposition (trotskiste) sur la question espagnole et les mots
d’ordre démocratiques. Correspondance entre Nin et Ambrogi. Début de relations entre la Fraction italienne et
l’Opposition Communiste Espagnole.

1932
Février

La Fraction n’est pas invitée à la conférence convoquée par l’Opposition (trotskiste) à Paris : cela équivaut à son
exclusion.

Novembre

Premier numéro de Bilan, revue théorique mensuelle publiée par la Fraction en français. Avec cette revue, la
Fraction prétend faire un BILAN de la défaite historique du prolétariat après la révolution d’Octobre, à travers la
discussion avec d’autres groupes proches des ses positions politiques, après son exclusion des rangs de
l’Opposition trotskiste.

Décembre

Onorato Damen (un des leaders de la Gauche Italienne) est libéré, après douze années de prison grâce à une

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amnistie. Il reprend son activité militante.

1933 - 1937
Analyse de l’antifascisme comme une option capitaliste en défense de la démocratie bourgeoise. L’option
fascisme/démocratie dessine les deux fronts idéologiques qui justifient une nouvelle guerre mondiale, qui se
présente déjà comme la seule issue possible face à la dépression économique des années trente, en absence
d’une ALTERNATIVE révolutionnaire.

1935
Congrès de la Fraction à Bruxelles. La Fraction change de nom : elle cesse d’être la Fraction de Gauche du PCI
pour se changer en Fraction italienne de la Gauche communiste. Appel à l’abandon des partis communistes.

1936
Juillet - Août

La guerre civile espagnole provoque un débat au sein de la Fraction. La minorité s’engage dans les Milices du
POUM. La Majorité lance le mot d’ordre de défaitisme révolutionnaire et d’abandon des fronts militaires : elle
définit la guerre d’Espagne comme une guerre impérialiste, comprise non pas comme un conflit pour conquérir
de nouveaux marchés mais comme une lutte entre la bourgeoisie fasciste et la bourgeoisie républicaine et
démocratique dans laquelle le prolétariat ne peut jouer d’autre rôle que celui de chair à canon. La déroute et
l’écrasement du prolétariat espagnol sont la condition nécessaire pour le déclenchement de la Seconde guerre
mondiale, en même temps qu’un champs d’expérimentation pour la justification idéologique des deux camps
opposés : le fasciste et l’antifasciste (ou démocratique).

Conférence de Genève au cours de laquelle est fondé le Mouvement de la IVème Internationale.

Premier procès de Moscou (du 24 au 26 août) : Zinoviev, Kamenev et Smirnov sont condamnés et exécutés.
Trotsky et son fils Sedov sont condamnés à mort par contumace.

Septembre

Une délégation de la Majorité composée de Mitchell (qui militait encore à la Ligue Communiste Internationaliste
de Belgique), Aldo Lecci et Candoli rencontre des membres de la Minorité à Barcelone et sur le front de Huesca
pour tenter d’éviter la scission.

Août - Octobre

La colonne internationale Lénine du POUM, composée de quelques 30 bordiguistes et 20 trotskistes, sous les
ordres du capitaine Russo (membre du Comité exécutif de la Fraction) combat sur le front de Huesca.

24 octobre 1936 : décret de militarisation des Milices. Dissolution de la Colonne Lénine.

Novembre - Décembre

Exclusion de la Minorité.

1937
Janvier

Jehan (Mitchell) écrit l’article « La guerre en Espagne ». Trotsky part à Mexico. Second procès de Moscou (contre
Radek, Piatakov, etc....)

Février

Scission dans la Ligue Communiste Internationaliste de Belgique à cause du débat sur la guerre d’Espagne. La
Minorité, dirigée par Jehan, est exclue et se constitue en Fraction belge de la Gauche communiste.

Mars

Congrès de la Fraction.

Constitution de la commission d’enquête sur les procès de Moscou, présidée par John Dewey.

Avril

Mort de Gramsci à Formia. Bordiga qui, à cette époque vit à Formia, lui a rendu visite assidûment depuis sa
libération. (Une grande amitié personnelle les unissait malgré les désaccords politiques insolubles).

Mai

Manifeste de Bilan sur les événements de Mai à Barcelone : "Le 19 juillet, les prolétaires de Barcelone, les mains
nues, ont repoussé l’attaque des bataillons de Franco, armés jusqu’aux dents. Le 4 mai 1937, ces mêmes
prolétaires, armés, ont laissé sur le pavé beaucoup plus de victimes qu’en juillet... "

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Juin

Tract d’un « Groupe de Travailleurs Marxistes du Mexique » sur Mai 37, avec une analyse très proche de celle de
la Gauche Communiste : groupe dirigé par Eiffel.

Interdiction du POUM et arrestation de ses dirigeants (le 16). Séquestration et assassinat de Nin par Orlov et
Gero de la GPU, selon un plan établi par Vittorio Vidali. Campagne de diffamation du PCE et du PCUS, dirigée par
Togliatti, qui justifie les persécutions politiques contre les POUMistes.

Juillet

Arrestation (le 31) et disparition du militant trotskiste Erwin Wolf, à Barcelone ; assassiné par le GPU.

Août

Arrestation (le 2) et disparition du militant trotskiste Hans David Freund « Moulin », à Barcelone ; assassiné par
le GPU.

Septembre

Arrestation (le 23) et disparition du militant poumiste Kurt Landau, à Barcelone ; assassiné par le GPU.

1938
Février

Premier numéro d’Octobre, qui remplace Bilan. Le changement de nom indique une nouvelle analyse de la
Fraction sur le cours historique qui est qualifié de révolutionnaire.

Arrestation à Barcelone (le 13) des dirigeants trotskistes Munis, Carlini et Jaime Fernandez, accusés de
l’assassinat d’un agent du GPU infiltré dans le POUM. Pendant un mois, ils sont isolés, torturés et soumis à des
simulacres d’exécution. Julian Grimau obtint quelques ‘confessions’ mais il n’obtint rien de Munis.

Assassinat par le GPU du fils de Trotsky, Leo Sedov, dans une clinique de Paris (le 16).

Mars

Troisième procès de Moscou. Son condamnés à mort et exécutés Boukharine, Rykov, etc.

Juillet

Défection de Orlov, qui demande l’asile politique aux USA.

Disparition à Paris de Rudolph Klement.

Septembre

Conférence de fondation de la IVème Internationale.

Octobre - Novembre

Procès oral et jugement contre le POUM, ce qui suppose un revers pour les staliniens qui voulaient faire un procès
de Moscou à Barcelone.

1939
Janvier

Prise de Barcelone (le 26) par les troupes franquistes. Fuite de Munis et des dirigeantes du POUM inculpés.

Août

Pacte germano-soviétique, dans lequel ils se partagent la Pologne.

Septembre

Hitler ordonne l’invasion de la Pologne. La frontière orientale de la Pologne est envahie par les troupes
soviétiques. Le pacte Hitler /Staline donne ses premiers fruits. La seconde guerre mondiale commence.

1940
Dissolution de la Fraction.

Août

Assassinat de Trotsky par Ramon Mercader (militant du PSUC, le parti staliniste catalan).

1942
Dans le nord de l’Italie, Onorato Damen, Bruno Maffi, Fausto Atti, Lecci, Stefanini et d’autres constituent le Parti

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Communiste Internationaliste. Les militants de la Fraction qui reviennent en Italie intègrent individuellement le
nouveau parti.

Octobre

Première grève à la FIAT de Turin.

1943
Mars

Grève générale dans les grandes villes du nord de l’Italie, contre la guerre et le fascisme.

Mai

Dissolution de l’IC

10 au 23 juillet

Les alliés occupent la Sicile.

24 juillet

Le Grand Conseille Fasciste provoque la chute du fascisme en votant le passage du pouvoir militaire de Mussolini
au roi.

Du 25 juillet au 8 septembre

Les 45 jours du gouvernement Badoglio.

Les militants de la Gauche communiste sortent de prison ou reviennent d’exile pour renforcer l’organisation
communiste internationaliste : Onorato Damen, Bruno Maffi, Mario Acquaviva, Fausto Atti, Secondo Comune, Gigi
Danielis, Vittorio Faggioni, Attilio Formenti, Rosolino Ferragani, Giovanni Battaioli, Antonio Gabassi, Guido
Gasperini, Bruno Bibbi, Luigi Gilodi, Aldo Lecci, Carlo Mazzucchelli, Ciccio Muraca, Renato Pace, GianCarlo
Porrone, Guido Torricelli, Gino Voltolina, et tant d’autres.

Le 8 septembre

L’armée allemande occupe l’Italie.

27 au 30 septembre

Insurrection à Naples.

1er novembre

Premier numéro de Prometeo (périodique clandestin). Ce périodique, qui reprend le nom du mensuel édité par
Bordiga en 1924, se propose de diriger les luttes qui s’approchent vers des objectifs révolutionnaires.

1943 - 1945
La deuxième guerre mondiale est une guerre impérialiste dans laquelle le prolétariat ne doit prendre parti pour
aucun des camps en présence. Il faut transformer la guerre impérialiste en guerre civile révolutionnaires, comme
pendant la Grande Guerre. Le PCInt dénonce la lutte nationale anti-allemande des partisans comme dévoiement
de la lutte de classe des travailleurs italiens contre la bourgeoisie italienne.

Les partis antifascistes jouent en Italie le même rôle qu’en Espagne : émasculer et dénaturer la lutte de classes
vers des objectifs démocratiques et nationalistes qui sont tous propres à la bourgeoisie. Cette analyse de la
guerre provoque un rejet et une incompréhension généralisés. Jusqu’à la Libération de l’Italie, l’activité du PCInt
fut minime. D’autre part, beaucoup de sympathisants de la Gauche décidèrent de s’inscrire au PCI pour y mener
une tactique d’entrisme (Fortichiari, Repossi).

Le PCInt ne parvint pas à unir la lucidité de ses analyses théoriques avec une pratique adéquate. Il fut incapable
de se hisser à la hauteur concrète des exigences du prolétariat italien.

1943 - 1949
Bordiga reste dans l’anonymat le plus absolu, malgré que se soit à lui que l’on doive la majeure partie de
l’élaboration théorique et de la presse du parti. Il n’intervient pas directement dans les Congrès du PCInt, ni par
des actes ou manifestations publiques, de même qu’il n’assume aucune charge. Pourquoi ?

1. Volonté de ne pas créer de surhomme comme les trotskistes l’ont fait avec Trotsky ;

2. Revendication de l’anonymat et rejet de tout personnalisme qui conduit à la croyance dans des Messies ou des
sauveurs du prolétariat ;

3. Raisons de sécurité

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4. Bordiga était opposé à la création du Parti dans une phase qu’il continuait à considérer comme contre-
révolutionnaire.

5. Les divergences avec Damen sur la nature de l’Union Soviétique, la participation aux élections et la fonction
même du parti.

1944
Mars

Grève générale dans le nord de l’Italie. Togliatti se rend à Naples.

Virage tactique du PCI connu sous le nom de « Svolta de Salerno » : le PCI abandonne toute perspective
révolutionnaire pour contribuer à la reconstruction nationale et à l’instauration de la démocratie. Le PCI renonce
au socialisme, se propose d’éradiquer les racines du fascisme et de reconstruire économiquement le pays.
Togliatti demande le concours de l’initiative et du capital privés et apporte son appui à l’instauration d’un régime
monarchique.

Avril

Nouveau gouvernement Badoglio (le 22). Togliatti vice-président. D’autres staliniens sont au gouvernement :
Gullo ; agriculture, Pesenti ; sous secrétaire aux Finances. Le PCI sera représenté au gouvernement jusqu’à mai
1947.

Avril 1944 - Mai 1945

Le grand capital italien finance les troupes des partisans. Il maintient de bonne relations avec l’occupant
allemand pour éviter la destruction des industries italiennes. Il ouvre des relations avec les alliés qui l’assurent
de la participation de l’Italie au camp occidental. Le prolétariat urbain et rural voit dans la chute du fascisme la
fin à court terme du régime capitaliste.

Juin 1944

Tarsia, Natangelo, Bordiga et d’autres, constituent la Fraction de Gauche des communistes et es socialistes dans
le sud de l’Italie (la guerre divise l’Italie en deux moitiés).

Août 1944

Insurrection à Florence.

Nouvelle direction provisoire du PCI dans laquelle se détachent Togliatti, Scoccimarro, Secchia, Amendola, Longo,
Pajetta, Roveda, Di Vittorio, Li Causi.

Décembre

Nouveau gouvernement présidé par le libéral Bonomi. Quatre ministres du PCI : Togliatti, vice-président,
Scoccimarro, Gullo et Pesenti.

Insurrection communiste à Athènes, écrasée par les troupes britaniques avec la bénédiction de Staline. La
direction du PCI voit dans l’épisode grec la confirmation de sa politique modérée et de contrôle de toute
potentialité révolutionnaire en Italie.

1945
Janvier

Mutineries en Sicile, suivies d’une violente répression. Droit de vote pour les femmes (le 30).

Avril

Insurrection et libération de l’Italie du nord. Les partisans et le CLN sont les seules autorités existantes jusqu’à
l’arrivée des troupes anglo-américaines.

Mai

Réédition allemande en Italie. Exécutions sommaires de patrons et de dirigeants fascistes ‘au nom du peuple
italien’.

Juin - Décembre

Protestations, grèves, occupations de terre dans toute l’Italie contre la vie chère, pour le contrôle des prix et les
augmentations de salaires. Climat de tension sociale et d’attente de CHANGEMENTS SOCIAUX IMPORTANTS qui
seront déçus.

Croyance massive dans un double jeu de la part du PCI. Les militants ouvriers du PCI amassent les armes
lourdes dans les usines en attente de l’assaut révolutionnaire du pouvoir.

Le PCI craint d’être débordé par sa gauche. Il applique une tactique de diffamation des partis situés à sa gauche
et de séduction individuelle des militants célèbres. Propagande basée sur la mythification de l’Union soviétique,
la participation à la lutte armée dans la Résistance et les origines révolutionnaires du PCI en 1921. Le PCI est la

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synthèse d’un mouvement de masses ample et confus qui compte des militants caractérisés par leur grande
capacité organisative et leur limitation politique et théorique. Le groupe dirigeant du PCI base son programme
sur deux points :

1. Union étroite avec l’Union soviétique avec les avantages d’une aide réelle et la mythification révolutionnaire
que cela suppose

2. Etre un parti de masses avec un nombre de militants et une influence marquante sur la classe ouvrière
italienne, qui se manifeste dans les syndicats, aux élections et dans l’administration de quelques villes
importantes.

Juin

Ample amnistie (le 2) proposée par Togliatti, qui provoque un grand malaise dans la mesure où les criminels
fascistes resteront impunis et que cela met fin à l’épuration des fascistes dans l’administration.

Gouvernement Parri (le 12) : Nenni, vice-président ; De Gasperi, Affaires étrangères et, pour le PCI, Togliatti,
Justice ; Scoccimarro, Finances.

Fait divers à Schio : les partisans donnent l’assaut à la prison et exécutent sommairement 53 dirigeants fascistes
qui pouvaient bénéficier de l’amnistie.

Juillet

Fusion de la Fraction de Gauche et du Parti communiste internationaliste. Assassinat de Mario Acquaviva, militant
du PCInt et beau-frère de Felice Platone, par les staliniens.

Septembre

Accord entre la Cofindustria et les syndicats sur des licenciements massifs dans l’industrie, nécessaires pour
mener à bien les réformes structurelles de l’économie italienne.

Novembre

Nouveau cabinet De Gasperi. Trois staliniens dans le gouvernement : Togliatti ; Justice, Scoccimarro ; Finances,
Gullo ; Agriculture.

Décembre

Conférence de Turin du PCInt.

1946
Janvier

Cinquième Congrès du PCI (29 décembre/7 janvier). Togliatti confirme la ligne d’unité nationale démocratique et
la conception du PCI comme parti de masses, national et de gouvernement. Se prononce pour la république et
propose un programme économique de réformes de structures, de nationalisations et de coopératives.

Juin

Référendum (le 2) favorable à la république.

Juillet

Prometeo n°1, revue mensuelle du Parti communiste internationaliste (première série).

Dans ce premier numéro on publie « Tracciato d’impostazione » (éléments d’orientation) qui critique la
soumission des partis staliniens, qui se nomment eux-mêmes communistes, à la stratégie du bloc antifasciste,
avec les consignes de collaboration nationale dans la guerre anti-allemande, la participation dans les comités de
libération nationale et la collaboration ministérielle qui ont confirmé la seconde défaite du mouvement
révolutionnaire mondial. Face à ces positions politiques, le mouvement révolutionnaire ne peut se manifester que
dans une série de positions qui sont l’antithèse des positions défendues par l’opportunisme stalinien. Ces
positions sont les suivantes :

1. Rejet de la perspective selon laquelle, après la défaite de l’Allemagne, de l’Italie et du Japon, se serait ouverte
une phase de retour à la démocratie. AFFIRMATION, au contraire, du fait que la fin de la guerre entraîne une
transformation des gouvernements des Etats vainqueurs dans un sens fasciste, avec des méthodes fascistes.
REFUS de présenter comme revendication propre à la classe ouvrière le retour aux illusions démocratiques.

2. DECLARATION SELON LAQUELLE LE REGIME RUSSE ACTUEL A PERDU TOUT CARACTERE PROLETARIEN. Une
involution progressive a conduit les formes économiques, sociales et politiques russes à reprendre des structures
et un caractère bourgeois.

3. REFUS de tout type de participation à la solidarité nationale des classes et des partis, sollicités hier pour
combattre l’Axe et aujourd’hui pour reconstruire l’économie d’après guerre.

4. REFUS DE LA MANŒUVRE ET DE LA TACTIQUE DE FRONT UNIQUE, c’est à dire, sortir de la coalition


gouvernementale pour passer à une opposition d’unité prolétarienne.

5. LUTTE CONTRE TOUTE MOBILISATION DE LA CLASSE OUVRIERE DANS LES FRONT PATRIOTIQUES, qui conduit

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à une nouvelle guerre impérialiste, que ce soit pour soutenir le camp russe ou que ce soit pour soutenir le camp
anglo-saxon.

1947
Janvier

La direction du PCI se transforme en un triumvirat : Togliatti, Secchia, Longo.

Mai

Formation d’un gouvernement sans ministre communiste. Fin du tripartisme et début de quarante années de
gouvernement monocolore DC.

Le PCInt analyse la crise gouvernementale qui a délogé les parti de gauche du gouvernement comme une
conséquence du renforcement de l’appareil d’Etat dans les mains de la bourgeoisie et comme un reflet du duel
USA/URSS.

Novembre

Article dans Battaglia Comunista qui fait litière des accusations de trahisons portées contre Togliatti : « Nous,
nous ne croyons pas que Togliatti ait commis des erreurs, il a indiqué à son parti la seule politique qu’il pouvait
suivre, et le parti non plus n’a pas failli. Pour un parti révolutionnaire, l’objectif est la prise du pouvoir mais,
étant donné que le PCI n’est pas un parti révolutionnaire, on ne peut pas l’accuser de ne pas avoir poursuivi de
tels objectifs. Pour un parti de la gauche bourgeoise, comme le PCI, avec une idéologie et un programme
démocratiques progressistes, l’objectif est la conquête démocratique du pouvoir et cela étant l’objectif, le PCI n’a
pas failli. Au passif de sa politique, et à celui de Togliatti, il y a le fait d’être parvenu à entrer au gouvernement,
si, pris dans l’illusion d’avoir pris le pouvoir sans se rendre compte que, de cette façon, ils avaient fondé les
prémisses de leur éloignement de ce même gouvernement. Le PCI n’a jamais compris la différence entre le
gouvernement et le pouvoir effectif, trompant les masses avec le langage d’un pouvoir inexistant. ».

A cette époque, nombreux étaient les militants qui se rendaient compte que quelque chose n’allait pas dans le
PCI, mais ils préféraient continuer à se tromper dans le parti que de ne pas se tromper en dehors du parti.

Mais, d’autre part, le PCInt ne se faisait aucune illusion sur l’opposition surgie au sein du parti et dirigée par
Terracini, et qu’il qualifiait comme une lutte purement personnelle pour prendre la place de Togliatti à la
direction du PCI.

1948
Janvier

Entrée en vigueur de la constitution, signée par Terracini, De Gasperi et De Nicola. Le IVème Congrès du PCI
déclare 2 300 000 adhérants.

Le PCInt comptait environ 15 000 militants.

Avril

Damen défend la participation aux élections. Les élections (le 18) mettent fin aux illusions sur la conquête
pacifique du pouvoir.

6 au 9 mai

Premier Congrès national du PCInt à Florence.

Début de la division du parti en deux groupes dirigés l’un par Bruno Maffi et Ottorino Perrone (influencés par
Bordiga), l’autre par Onorato Damen. Damen concevait le parti comme éducateur et conscience de la classe. Maffi
proposait au parti l’abandon de toute illusion de parvenir à influencer le prolétariat de quelle que façon. LA SEULE
MISSION QUE LE PARTI PUISSE REALISER EST :

1. Formation des cadres

2. Promouvoir l’analyse marxiste de la réalité sociale et historique

3. Intervenir dans les luttes pour clarifier la conscience et les objectifs de la classe.

4. Rien ne justifie la participation aux élections.

Perrone, reprenant les analyses de Bordiga en 1921-1922 sur le parti et dans les Thèses de Rome (1922) affirme
que le parti ne peut pas influer sur le cours HISTORIQUE DANS UNE SITUATION CONTRE REVOLUTIONNAIRE, et
l’intervention dans les luttes immédiates n’est pas la mission du parti.

Damen voyait dans les interventions de Maffi et Perrone l’influence de Bordiga et résumait les positions de
celui-ci de la façon suivante : le prolétariat est inexistant comme classe et donc il ne peut pas exister de parti
révolutionnaire.

La scission était inévitable, mais elle ne se produisit pas avant 1952.

Juillet

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Attentat contre Togliatti. Grèves et climat insurrectionnel.

Juillet - Décembre

Violente répression des luttes sociales. Perte d’influence définitive du mouvement des partisans et des Conseils
de gestion. Renforcement de l’appareil d’Etat. Polarisation USA-URSS.

Janvier 1949 à mai 1955

Parution d’une série d’articles intitulés « Sul filo del tempo » (sur le fil du temps) écrits par Amadeo Bordiga, qui
appliquent l’analyse marxiste à la réalité sociale et historique. Les articles se caractérisent pour être divisés en au
moins deux parties fixes intitulées « Hier » et « Aujourd’hui », qui analysent le thème, objet de l’article, dans le
passé et dans l’actualité, soulignant toujours l’immuabilité (« invariance ») de la théorie et de l’analyse marxiste.

1949 - 1966
Mars

Adhésion de l’Italie à l’OTAN

1950
Juin

Début de la guerre de Corée.

1951
Janvier

Bruno Maffi remplace Onorato Damen à la direction de Battaglia Comunista.

Février

Circulaire du PCInt qui centralise l’organisation autour de Bruno Maffi.

Mars

Grève générale contre la hausse des tarifs des transports à Barcelone. Damen et Battaioli sortent d’un Comité
Exécutif dans lequel ils sont minoritaires. Lettre de Damen à Bordiga (14/3/51) dans laquelle il expose les
divergences au sein du PCInt.

1952
Début du boom économique de reconstruction d’après guerre.

Crise généralisée dans tous les groupes révolutionnaires.

Dissolution de la Fraction Française (prédécesseur du CCI) qui annonce l’éclatement d’une nouvelle guerre
mondiale en Corée et opte pour la sauve garde des cadres et la dissolution ; détention à Barcelone du Groupe
communiste internationaliste (Munis) ; rupture dans la IVème internationale, apparition du pablisme.

Septembre

Réunion de Milan du PCInt. THESES DE BORDIGA SUR L’« INVARIANCE » DU MARXISME. On utilise l’expression
« marxisme » non pas pour se référer à la doctrine de l’individu Karl Marx, mais pour se référer à la doctrine qui
surgit avec le prolétariat industriel moderne et qui l’accompagne pendant toute son existence, jusqu’à sa
disparition comme classe dans la révolution communiste. Il y a trois groupes d’adversaires du marxisme :

a) les NEGATEURS (bourgeois) qui affirment le caractère ETERNEL du capitalisme et défendent l’économie
libérale et la démocratie politique.

b) les falsificateurs (staliniens, syndicalistes et gauchistes) qui disent accepter la doctrine économique et
historique marxistes, comme la lutte de classes, EN THEORIE, mais qui, DANS LA PRATIQUE (y compris dans les
pays industrialisés) appliquent des revendications non révolutionnaires, de caractère démocratique et réformiste,
pour l’amélioration et la préservation du système capitaliste.

c) LES RENOVATEURS qui se déclarent marxistes et révolutionnaires mais qui attribuent l’actuel abandon de la
révolution par le prolétariat à des défauts ou des imperfections de la théorie marxiste, qui doit être actualisée et
révisée. L’histoire du marxisme consiste en une résistance aux diverses vagues du révisionnisme qui ont attaqué
la formation organique et monolithique que marxisme depuis 1848 à nos jours. Le marxisme n’est pas une
théorie en élaboration continue et il ne se modifie pas au fil des événements historiques. Si l’on accepte que
l’idéologie de classe est une superstructure du mode de production, on ne peut pas admettre que cette idéologie
se forme graduellement, avec des grains de sable accumulés au cours des années, mais qu’il surgit dès le
premier affrontement violent, défini et déclaré de la lutte de classes (depuis 1848 avec le Manifeste), et il est
valide jusqu’au triomphe et à la disparition du prolétariat.

Le marxisme ne cherche pas la « vérité absolue », mais il voit dans la doctrine une arme de combat. Et, au

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milieu de la bataille, on n’abandonne pas l’arme, parce que l’on combat avec elle. Une nouvelle doctrine ne peut
pas surgir en un moment quelconque de l’histoire. Pour le prolétariat moderne cela se situe au milieu du XIXème
siècle. Le marxisme surgit donc avec tous les éléments fondamentaux qui lui sont nécessaires pour se former, et
seul le déroulement des siècles pourra confirmer sa validité, à travers des luttes acharnées.

LE MARXISME EST TOTALEMENT VALIDE OU TOTALEMENT OBSOLETE. Remplacer des parties, des articles ou des
chapitres du corpus du marxisme l’affaiblit plus que ne le font ceux qui le renient complètement.

Quand la lutte de classes se revitalise, la théorie revient, avec des affirmations mémorables, à ses origines et à
son expression première ; assez de se rappeler de la Commune de Paris, de la révolution bolchévik ou des débuts
de la Troisième Internationale.

Nous sommes dans un moment de dépression maximale du potentiel révolutionnaire. La période de contre
révolution couvre une période supérieure à celle d’une génération et on peut, peut-être, parler d’une rupture de
la continuité de la tradition marxiste. Etant donnée la situation défavorable actuelle, il est logique que ce ne
soient que des petits groupes qui maintiennent et défendent le fil conducteur du cours révolutionnaire, à
condition que de tels groupes ne CHERCHENT PAS A AJOUTER QUELQUE CHOSE D’ORIGINAL ET QU’ILS
DEMEURENT ETROITEMENT FIDELS aux formulations traditionnelles du marxisme.

(COMMENTAIRE : l’« invariance » n’exclut pas l’innovation, comprise comme l’application de l’analyse marxiste
aux nouvelles situations sociales et historiques, non plus que la restauration, comprise comme défense de la
théorie marxiste face aux attaques révisionnistes. Par exemple : les analyses de Lénine sur l’impérialisme ou
celles de Bordiga sur le stalinisme et l’économie soviétique.)

Octobre

Il programma comunista n°1, organe du Partito comunista internazional, dirigé par Bruno Maffi.

La scission du Parti communiste international en deux groupes est consommée. Le groupe Battaglia dirigé par
Damen et le groupe « Il programma comunista » dirigé par Maffi et Bordiga.

1948 - 1952
A la base de le scission du PCint, il y a la conception de Bordiga sur la fonction du parti dans une situation
défavorable : la tâche du parti ne peut pas être autre chose que LA RESTAURATION PROGRAMMATIQUE ET LA
DEFENSE DU MARXISME CONTRE LES ATTAQUES REVISIONNISTES. Dans cette phase, le parti ne peut être que
très minoritaire. On en arrive à exalter ce minoritarisme, auquel est confronté la scission, avec la formule
fameuse de Lénine : « Mieux vaut moins mais mieux ». Selon Bordiga, le pire danger qui menace le parti et sa
mission de restauration programmatique est l’activisme et l’immédiatisme.

1953
Re-parution de Battaglia comunista, organe du Partito comunista internazionale, dirigé par Onorato Damen
(Damen avait obtenu, grâce aux tribunaux, la propriété du périodique).

1946 - 1957
Divers articles, livres et réunions du PCInt consacrés à l’analyse de l’économie soviétique. Bordiga applique les
catégories économiques utilisées par Marx dans Le Capital à l’étude du système économique russe. Bordiga ne
définit pas le système russe comme un capitalisme d’Etat, bien que, dans certaines occasions il utilise ces
termes. Le stalinisme, c’est à dire la théorie du socialisme en un seul pays, depuis 1926, est l’expression de la
contre-révolution. Bordiga constate l’existence, en URSS, de la valeur, du salaire, de la plus-value, du marché,
du capital. Il ne définit pas la bureaucratie comme une nouvelle classe mais comme un instrument de
domination. Le capitalisme est un processus social dans lequel la dépersonnalisation est déjà implicite dans le
processus d’accumulation du capital. Le système économique soviétique est défini comme capitaliste. Les grands
traits et les caractéristiques qui le différencient peuvent se constater dans le retard industriel russe et le manque
de compétitivité de la planification étatique par rapport au capitalisme occidental. Il définit le socialisme non
comme l’édification d’un nouveau système économique et social, mais comme le démantèlement effectif des
catégories économiques capitalistes : valeur, salaire, capital, marchandise, etc.

1951 - 1966
Réunions du PCInt. Bordiga est généralement L’AUTEUR ET L’ANIMATEUR des thèmes abordés dans les réunions
annuelles du parti et, la plupart du temps, il est aussi le rédacteur des du contenu des publications du parti.

1956 - 1969
Bordiga, qui professionnellement est ingénieur et architecte, est expert en calculs de probabilités et en
statistiques. Il a étudié pendant des décennies l’œuvre de Marx. Il est, avec Rubin, Rosdolsky et Rubel (comme
en témoignent les commentaires aux textes de Marx encore inédits en Italie : les Grundrisse ou le VIème
chapitre inédit du Capital) un des meilleurs experts contemporains de Marx.

1957 - 1958
À partir des données économiques fournies par la revue nord-américaine FORTUNE, Bordiga calcule le taux de
plus-value des principaux pays industrialisés. Appliquant la loi de la baisse tendancielle du taux de profit,
découverte par Marx, Bordiga prévoit le début d’une crise économique cyclique du capitalisme en 1975.

1958 - 1959
Articles sur la conquête russe de l’espace : plus les soviétiques s’approchent de la lune, plus ils sont loin
d’atteindre le socialisme.

1964
Scission du groupe « Rivoluzione comunista ».

1965
Dans « Considérations sur l’activité organique du parti quand la situation est défavorable », Bordiga établit une
différenciation, dont il affirme qu’elle était déjà dans Marx, entre PARTI HISTORIQUE ET PARTI FORMEL.

Le parti historique ne se formalise qu’épisodiquement, dans les phases historiques brèves. Le parti historique
exprime la continuité du programme communiste. Dans les situations défavorables, le parti historique disparaît
comme parti formel et se réduit à une petite minorité qui continue à défendre le programme communiste.
L’ORGANISATION DU PROLETARIAT N’EST PAS PERMANENTE. Le parti historique traverse de longues périodes
pendant lesquelles son influence sur la classe est nulle. En conséquence, dans les périodes contre-
révolutionnaires, l’activité des communistes se concentre quasi exclusivement dans le travail théorique. Ils ne
peuvent utiliser que l’arme de la critique. Est-ce que cela suppose un divorce entre la théorie et la pratique ?
Non. Sans théorie révolutionnaire, il n’y a pas de révolution. La théorie est indispensable pour l’action, même si
entre l’une et l’autre il peut y avoir un intervalle de plusieurs décennies. Rien n’est plus étranger au
déterminisme marxiste que l’activisme volontariste ou l’immédiatisme. Dans la mesure où la théorie communiste
est une théorie pratique, elle est un programme révolutionnaire communiste. Il ne s’agit pas seulement de
comprendre le monde, il s’agit aussi de le transformer.

Le parti communiste, avant d’être facteur de l’histoire, est un produit de l’histoire. Il est le résultat de longues
périodes de luttes prolétariennes sur le terrain immédiat et sur le terrain politique. En premier lieu naît le parti
historique, c’est à dire le programme communiste, puis apparaît le parti formel, c’est à dire l’organisation de
militants qui se proposent de réaliser ce programme et cette théorie.

1966
Sortie de Camatte et Dangeville qui forment les groupes « Invariance » et « Le fil du temps ». Une grave maladie
interdit à Bordiga un militantisme pleinement actif.

1968
Le PCInt s’intéresse à peine au Mai français, si ce n’est pour le qualifier de lutte étudiante, étrangère au
prolétariat, propre aux classes moyennes en processus de prolétarisation.

1970
Mars - Juin

Bordiga accorde la première et seule interview de sa vie à quelques journalistes qui préparent une émission pour
la RAI. Il intervient dans une émission télévisée sur les origines du fascisme : « Nascitta di una dittatura ».

Juillet

Bordiga s’éteint à Formia.

Chronologie établie par Augustin Guillamón

SMOLNY [http://www.collectif-smolny.org]
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