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INTERNATIONAL Opportunités

De Bruxelles à Bollywood

Des PME belges

en Inde, bientôt
sur les écrans ?
Ces 5 à 10 dernières années, le boom éco-
nomique de l'Inde n'a pas échappé à la plu-
part de nos grands porte-drapeaux à l'expor-
tation (que ce soit dans la pharmacie, la sidérur-
gie, l'électronique ou le textile). Mais il serait faux
de croire que ce marché énorme et complexe n'est
abordable que pour les grandes entreprises. Alors
qu'une mission économique vient de rentrer d'Inde, il
s'avère qu'un nombre croissant de PME belges, notamment
dans le secteur de l'image et de la production audiovisuelle, pour-
raient jouer les premiers rôles à … Bollywood.

L
es meilleures cascades des 'blockbusters' de Bollywood
captées grâce à une caméra volante automatisée 'made
in Belgium' ? Les jeux du Commonwealth diffusés par un
leader belge de la production télévisuelle ? Les phases-clés
d'un match de cricket (le sport-roi en Inde) décortiquées grâce
à un système de ralenti extrême fabriqué chez nous ? Ce n'est
pas du cinéma …
On sait que notre pays compte pas mal de leaders en matière
de technologies de l'image et du son. Les plus connus sont
Alfacam et Outside Broadcast en Flandre ou EVS et i-Movix en
Wallonie, mais il y en a
2013. En outre, le nombre de complexes de cinéma explose,
les systèmes vidéo à la maison se propagent et les chaînes de
télé se multiplient.
Caméra volante
Flying Cam fait partie des PME belges qui comptent bien
emporter une petite part de ce gâteau. Cette entreprise d'une
dizaine de personnes, basée en région liégeoise, a acquis une
réputation mondiale chez les producteurs de films grâce à son
produit phare : une caméra embarquée dans un mini-hélicop-
tère entièrement télécommandable. Cette 'caméra volante' a
même valu à son inventeur (et CEO de Flying Cam), Emmanuel

“Je déconseille vive- d'autres dans l'ombre. Tous

n'ont pas (encore) des am-
ment à toute PME de bitions en Inde, mais beau-
coup s'intéressent de très
se lancer dans une près à un marché du ciné- Outsourcing de prépresse
joint-venture en Inde” ma et de l'audiovisuel en
en Inde
pleine ébullition.

Selon un rapport de KPMG et des Chambres de commerce
indiennes, l'industrie du cinéma en Inde n'a pas échappé à la
crise en 2009 (il y a même eu, à Bollywood, une grève des pro-
ducteurs qui a bloqué toute sortie de films pendant deux mois)
et a stagné à environ 2, 2 milliards de dollars (environ un dixiè-
me des revenus générés par Hollywood). Toutefois, ses per-
spectives de croissance restent fortes : une croissance annuel-
le attendue de 9,1% pour atteindre 3,4 milliards de dollars en
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Il n'y a pas que pour le développement informatique que l'In-
de peut représenter une solution d'externalisation intéressan-
te. Après avoir dirigé pendant 25 ans une entreprise de pro-
duction graphique à Louvain, Tony Vangelabbeek et son épou-
se Els Janssen se sont lancés en 2005 dans l'aventure indienne
avec l'objectif d'offrir pour des clients belges une solution
d'outsourcing de qualité à des prix imbattables.
"De 2000 à 2005, nous avons tenté diverses formules de collabo-
ration avec des sociétés indiennes, mais la qualité était insuffisan-
te et les problèmes de communication minaient la rentabilité
des projets. Nous avons finalement pris la décision de nous ren-
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Prévinaire, un Oscar technique il y a quelques années. "Le
budget par film en Inde est bien sûr moins élevé qu'à
Hollywood, mais la quantité est là (ndlr : quelque 250 films
produits rien que pour Mumbai en 2009)", indique Sarah
Krins, directrice opérationnelle de Flying Cam. L'entreprise
était présente à un salon spécialisé à Mumbai en octobre
dernier et a signé un contrat pour cinq jours de tournage
dans la foulée. Elle a également participé à un film avec la
star indienne Kajol Devgan et à un film publicitaire pour les
tracteurs John Deere devant le Taj Mahal. "Après la Bel-
gique, Los Angeles et Hong Kong, nous allons ouvrir un 4e
bureau. Nous hésitons entre le Moyen-Orient et l'Inde",
concède Sarah Krins, tout en laissant entendre que l'Inde
tient la corde. "Nous attaquerons ce
marché soit en direct, soit avec un par-
tenaire potentiel que nous avons déjà
identifié et que nous connaissons."
“On ne ferme pas
la porte”
Une autre entreprise belge à la pointe
dans les technologies de l'image est i-
Movix, réputée pour ses caméras HD
permettant des ralentis extrêmes.
"L'Inde est clairement un marché clé
pour nous, avec un gros potentiel de
ventes. Il n'y a pas de concurrence à
l'heure actuelle pour nos caméras là-
bas. En plus de Bollywood, ce qui rend
ce pays particulièrement intéressant
pour notre technologie, c'est la passion
des Indiens pour le cricket, un sport très rapide pour lequel
nos ralentis extrêmes peuvent être très utiles", explique
Lionel Dieu, directeur des ventes de la PME montoise, qui
emploie une douzaine de personnes. Nous l'avons intervie-
wé avant qu'il ne participe à la mission économique et il s'est
donc montré prudent par rapport à certaines annonces qui
devraient se concrétiser là-bas. "Nous avons déjà pu ren-
contrer des clients potentiels dans des salons internationaux
et avons tissé de liens avec des distributeurs potentiels.
Notre priorité est de consolider notre réseau de distribu-
tion." Est-ce que i-Movix pourrait également mettre en
dre sur place pour y fonder une entreprise", ra-
conte Tony Vangelabbeek. Le couple d'entre-
preneurs opte d'abord pour une joint-venture …
"Après deux mois à peine, nous avons vite dé-
chanté. Notre partenaire n'avait aucune exigen-
ce de productivité. Les gens étaient livrés à eux-
mêmes. Des décisions basiques, pour installer
une connexion internet performante par exem-
ple, n'étaient jamais prises et la bureaucratie
était indescriptible. Je déconseille vivement à
toute PME de se lancer dans une joint-venture
en Inde. Les différences culturelles sont trop gran-
des." Quelques mois plus tard, le couple crée sa et les loyers sont exorbitants. En tant que petite
propre entreprise, aux environs de Delhi. "Le plus entreprise, il n'est également pas facile d'em-
difficile a été de trouver des bureaux. Peu de baucher les meilleurs éléments. Les candidats
propriétaires sont prêts à louer à des étrangers recherchent la stabilité chez de grands noms."
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Opportunités INTERNATIONAL
place des partenariats techniques ? "On ne ferme pas la
porte, mais ce n'est pas la priorité."
Gabriel Fehervari, le CEO de la société de production télévi-
suelle Alfacam (désormais connu du grand public par ses
chaînes Exqi) était du voyage en Inde et a notamment fait
une présentation à Mumbai. Alfacam a amorcé récemment
une collaboration avec la Fédération indienne de cricket.
Avec Tata
Pour les PME belges qui cherchent à s'ancrer en Inde via un
partenaire local, l'exemple d'Open Engineering, éditeur de
solutions d'ingénierie assistée par ordinateur (CAE) dans le
domaine de la modé-
lisation multi-physique
(notamment pour l'aé-
ronautique), prouve que
la taille n'importe pas
toujours. Cette spin-off
de l'Université de Liè-
ge, employant une di-
zaine de personnes, a
signé un accord de
distribution il y a un an
et demi avec Tata El-
xsi, le bras technologi-
que du géant indus-
triel indien. "La crise
est passée par là et ce
Flying Cam a apporté son expertise
à un film avec la star indienne Kajol Devgan partenariat a produit
encore peu d'effets
concrets. Il nous a en tout cas permis de participer à des
appels d'offres et est surtout très important pour notre
image. Cela nous ouvre des portes, pas seulement en Inde",
résume le directeur Pascal De Vincenzo. Open Engineering
a formé en Inde une dizaine d'ingénieurs à ses logiciels. Pour
le reste, les échanges se font par vidéoconférence. L'un ap-
porte son savoir-faire très spécifique et l'autre sa connaissan-
ce du marché local. 
Olivier Fabes
La vie de l'entreprise n'a pas été un long fleuve
tranquille ces cinq dernières années : les habitu-
des de travail locales demandent beaucoup de
patience et de calme pour un Occidental. Mais
au final, GenesisTextware, lié à l'entreprise
belge Crius Group, emploie tout de même 15
personnes, dont Tony Vangelabbeek souligne
au passage la motivation, la flexibilité et la fidé-
lité. Vu l'expérience unique accumulée ces cinq
dernières années et compte tenu aussi que le
Un personnel motivé, flexible et fidèle
secteur graphique souffre sérieusement de la
crise, Tony Vangelabbeek souhaite étendre ses
activités et est ouvert à toute proposition de
PME belge soucieuse de lancer des produits
ou services en Inde. A bon entendeur …