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La gouvernance d'Internet: quelques

notes sur l'étude comparé entre la Chine


et l'Inde

Javier Mateo Girón ( jmateogiron@gmail.com )

M2 PDAPS
IEP BORDEAUX > Avril 2010
1. Introduction

La littérature sur les enjeux politiques des médias transfrontalières, et


notamment de l'Internet, s'est énormément développée dans les derniers
quinze années. Suite à des réflexions devenues de plus en plus nécessaires
face à la constante innovation du "réseau des réseaux", la communauté
internationale a décidé d'établir une coopération politico-technique accrue qui
a été surnommé la "gouvernance d'Internet" 1. Déjà avant 2003 il y avait des
organisations internationales qui visaient à établir une fluide coopération
technique pour développer l'Internet à l'échelle mondiale (par exemple,
l'ICANN ou Internet Corporation for Assigned Names and Numbers). Mais il y
manquait une coopération politique, juridique et culturelle pour aborder les
nouveaux défis posés par la consolidation de l'Internet comme un vrai outil
médiatique transnational. Donc en décembre 2003, à l'initiative de l'Union
Internationale des Télécommunications, le premier Sommet Mondiale de la
Société de l'Information a eu lieu à Genève. Ainsi, et par la suite des Sommets
de 2005 et 2006, le Forum sur la Gouvernance d'Internet (Internet Governance
Forum) a vu le jour pour associer tous les acteurs d'Internet (gouvernements,
société civile et le secteur privé). Cet organisme a été crée dans une votation
unanime de tous les états membres de Nations Unies.

Des le début, l'objectif de ce Forum était de mener des réflexions qui puissent
aboutir à des mesures concrètes sur des questions telles que la cybersécurité,
cybercriminalité, l'accès universel, les usages pour les domaines de l'éducation
et la recherche, la montée en puissance du cybercommerce, et les questions
relatives à la liberté d'expression et la multiculturalité de la société numérique.
En plus, il semble pertinent de remarquer un autre angle mort de la question:
le caractère "occidentralocentrique" de l'Internet, qui qui a été crée et s'est
répandu dès les Etats Unis et par le biais des successives vagues de transfert

1 Voir LE FLOCH, Guillaume (2005) "Le sommet mondial de Tunis sur la société de l'information", en Annuaire
français de droit international, volume 51, pp. 464-486.
des technologies vers l'Europe d'abord et puis vers les autres pays. Donc on
peut pas négliger le parallelisme entre l'essor de la mondalisation néolibérale
et l'essor de l'Internet comme vecteur d'expansion du capitalisme et des
représentations des cultures occidentales2. D'abord, du point de vue des
infrastructures, n'oublions pas qu'une large majorité des serveurs (donc des
structures centralisatrices de l'information) se trouvent soir aux Etats Unis soit
en Europe occidentale. Et on doit tenir compte du rôle qu'y joue l'Internet
comme un média qui possède la capacité "d 'inter-connecter le système
monde"3 et contourner les frontières mises en place géographiquement et
administrativement par les Etats (et notamment, les Etats non démocratiques).

Or nous sommes convaincus que tous les enjeux politiques de l'Internet sont
des sujets à double tranchante; c'est à dire, étant le cas d'un transfert de
technologie Nord-Sud, il faut dire qu'à présent aucune société et aucun état ne
jouent pas un rôle passif envers les atouts et les périls de l'Internet.
Aujourd'hui on peut constater que les sociétés s'approprient partout de
l'Internet et qu'elles le font des diverses manières. Ce qui permet d'abord
d'ouvrir aussi bien des nouvelles espaces d'expression du politique, de
délibération et même de contestation populaire , que de bâtir des nouveaux
mécanismes de répression et de censure. Donc la gouvernance de l'Internet à
l'échelle régionale et nationale joue aussi un rôle très important.

Alors dans ce dossier nous nous proposons de faire une analyse sommaire de
la question de la gouvernance d'Internet dans deux pays dites émergents et
non européens: la Chine et l'Inde. Et cela autour des axes thématiques faisant
le noyau dur de la question de la gouvernance d'Internet: paradigme de
gouvernance numérique dominant dans les deux cas, les politiques mises en
place, les enjeux pour la consolidation de la démocratie et enfin les
contraintes. Tout en tenant compte que pour ce que concerne la Chine, on
devrait plutôt parler directement de censure; tandis qu'en Inde l'obstacle
principale pour une "bonne gouvernance" du numérique sont des questions
2 Voir MATTELART, Tristan (2002) La mondialisation des médias contre la censure. Tiers Monde et audiovisuel
sans frontières, De Boeck, INA, Bruxelles, 280 et suivantes.
3 Voir CHENEAU-LOQUAY, Annie (2004) Mondialisation et technologies de la communication en Afrique Ed.
Karthala, Paris, pages 12 et suivantes.
liées au sous-développement, les clivages sociaux, économiques et
géographiques et grosso modo ce qu'on appelle la "fracture numérique" 4 dans
toutes ses diverses formes.

2. Chine et Inde. Quels modèles?

• L'Internet en Chine

L'essor de l'Internet n'a épargné la Chine. Dans un contexte de forte


croissance économique et d'inégalités sociales en forte montée, le réseau des
réseaux a depuis quelques ans été la cible d'admiration et d'imitation d'une
partie non négligeable de la population et des acteurs économiques, y compris
l'Etat5. Ce dernier particulièrement a utilisé un double discours
d'encouragement de l'usage de l'internet pour rendre l'économie plus
compétitive tout en essayant de garder un contrôle sur les contenus et
notamment sur tout contenu à caractère politique et tout ce qui concerne les
contenus de la "culture traditionnelle chinoise" telle que l'Etat chinois la
conçoit. Et pour mener à bien son but, l'Etat chinois a toujours essayé de
contrôler l'Internet à l'échelle nationale en dressant des réseaux fixes et
controllés dans son territoire et qui fonctionnent de manière circulaire. Ce qui
sert à séparer le trafic nationale du trafic étranger et à batîr des réseaux
spécifiques pour des domaines stratégiques selon la planification stratégique
du gouvernement. Ainsi, déjà dans le Plan Quinquennal 1996-2000 6 le China
Golden Bridge Network (avec ses 4 différents réseaux: Golden Policy, Golden
Taxation, Golden Agriculture, et enfin Golden Enterprise) a vu le jour pour
contrôler toute relation économique, politique ou culturelle qui puisse se faire à
travers de l'Internet. En d'autres termes, le gouvernement chinois a voulu faire
de l'Internet en Chine une vaste Intranet avec des canaux d'entrée et de sortie
bien surveillés.

4 Pour une définition de ce qu'est la "fracture numérique", voir: ELIE, M. (2001) "Le fossé numérique. L’Internet,
facteur de nouvelles inégalités ?", La documentation française, n°861, août.
5 Voir MATTELART, Tristan (2002) op.cit. page 280.
6 Voir MATTELART, Tristan (2002) ibid. page 281-282.
Le taux de pénétration d'Internet en Chine était pourtant de 12,3% en 2006
(soit plus de 162 millions d'internautes 7) grimpant jusqu'à 22,6 en 2009; ce
qui suppose d'abord une croissance extraordinaire du nombre d'utilisateurs et
d'abonnés; et deuxièmement suppose une mise en place des infrastructures
plus vastes qui peuvent aider à contourner la politique étatique de contrôle
systématique. Ayant permit l'essor de petits locaux privés ou cybercafés
(parfois inscrits dans une démarche informelle qui contourne le contrôle
administrative et même technique) qui aujourd'hui se comptent en Chine par
dizaines de milliers, l'Etat s'est lui-même rendu sa tâche plus ardue. Donc on y
voit clairement cette "paradoxe très moderne de la Chine" 8 où l'Internet joue
un rôle clé dans l'équilibre entre stabilité sociale, la légitimation de l'ordre
politique par le biais de la croissance économique et le contrôle politique actif
et réactif.

Ainsi la régulation étatique de l'Internet s'est énormément élargie, que ce soit


par l'endurcissement législatif envers les cybercafés et les licences
administratives préalables auprès de China Telecom (compagnie étatique) à
pouvoir en ouvrir un; ou bien que ce soit par le renforcement des capacités du
China Golden Bridge Network. Alors depuis 2006 les méthodes de filtrage des
contenus, par exemple, se sont beaucoup raffinés (incluant des listes noires de
sites, d'adresses IP ou de mots clés). En 2007 a vu le jour le "Bouclier d'Or"
(autrement surnommé The Great fire-Wall), instrument très puissant
qu'intègre le contrôle actif des contenus "contra-révolutionnaire" (et
notamment, les blogs et les réseaux sociaux) et l'utilisation de petites puces
dans les nouvelles cartes d'identités intelligentes 9. Toutefois, le contrôle
étatique est très souvent contourné par l'utilisation de proxys extérieurs à la
Chine. Il nous semble aussi important de souligner que depuis l'année 2000
l'Etat chinois a signé plusieurs accords avec des multinationales (Yahoo, Cisco,
etc) pour essayer d'élargir son contrôle à l'échelle mondiale et notamment
visant à surveiller les comptes de courriels crées avec le domaine chinois des

7 Voir PUEL, Gilles (2009) "Les politiques publiques de régulation de l'accès à Internet en Chine", en NetSuds, n°4,
août, page 98.
8 Voir PUEL, Gilles (2009) ibid. page 103.

9 Voir PUEL, Gilles (2009) ibid. page 105.


multinationales et être au courant des activités des huaqiao ou Chinois dans la
diaspora en Asie et ailleurs. Et évidemment la plupart des compagnies
multinationales ont coopéré avec le gouvernement Chinois 10, n'étant apparus
qu'à partir de 2008 et les Jeux Olympiques et la crise au Tibet 11 les premiers
conflits en ce sens-ci.

Et le conflit entre l'Etat chinois et la multinationale américaine Google n'est pas


résolu jusqu'à nos jours. Le conflit a provoqué quelques malaises
diplomatiques entre le gouvernement des Etats Unis et le gouvernement de la
Chine. Ne voulant plus y soumettre son moteur de recherche au contrôle des
contenus pas forcément politiques, et déclarant avoir subi des cyberattaques
(sur son serveur pour les courriels) provenants du gouvernement, Google a
menacé plusieurs fois de quitter la Chine. Si bien que dans le milieu
contestataire des internautes chinois la question n'a pas suscité un grand
débat, la nouvelle politique de Google en Chine met en échec le firewall chinois
et pourrait renforcer la contestation politique dans le pays à la fois que obligera
au gouvernement à renforcer le contrôle. Il nous semble pertinent d'ajouter
que d'après nous, ceci sera le prochain chapitre de la question de la
gouvernance d'internet en Chine; étant la politique chinoise de contrôle de plus
en plus contestée dès l'intérieur et critiquée dès l'extérieur.

• L'Internet en Inde

L'Inde est à présent, selon une raisonnable majorité des spécialistes sur
la question, une hyperpuissance dans l'industrie informatique mondiale et dans
la production de contenus numériques. Ce qui veut dire qu'en Inde, et au
contraire qu'en Chine, l'Etat n'a jamais mis des obstacles au développement de
l'Internet. Tout au contraire, la philosophie économique du swadeshi ou "la
production industrielle nationale toujours d'abord", a permit la libération des
10 On doit ici détacher Microsoft et son PDG Bill Gates, qui a récemment fait les déclarations suivantes: "Les
entreprises multinationales en Chine doivent respecter les lois locales", en outre d'autres déclarations laissant
entendre que les affaires et la politique ne doivent jamais être mélangées, ce qui a fait de Microsoft le cible des
critiques de nombreux ONG et associations chinoises en lutte contre la censure de l'Internet et la liberté
d'expression. Voir: http://french.peopledaily.com.cn/Sci-Edu/6880352.html Consulté le 12 avril 2010.
11 Voir HASKI, Pierre (2008) La Chine et Internet, Editions du Seuil, Paris.
forces économiques étatiques et du privé pour faire monter le pays dans le
train de la "révolution numérique". Mais, ce "saut technologique"12, cette
"révolution numérique", cette success story pour un pays du Sud, cache-t-elle
des réalités non admises? Existe-t-il un modèle indien pour la bonne
gouvernance d'Internet? Dans ce dossier nous allons essayer de répondre à
cettes questions tout en dressant un bilan panoramique non manicheïque sur
l'Internet en Inde.

D'abord, on peut dire que l'Inde était prête à mieux accueillir l'arrivée
d'Internet puisque le pays s'était déjà investi dans une très solide politique des
télécommunications depuis quelques décennies 13. En outre, dans le décennie
de 1990 et dans le cadre de la New Economic Policy14 apparue avec le plan
d'ajustement structurel imposé par le FMI, l'Etat indien avait démarché une
New Telecom Policy cherchant à créer un marché national du secteur qui
puisse attirer des investissements de pointe et à la fois développer une
industrie nationale. Donc beaucoup des efforts budgétaire sont aussi engagés
pour créer des pôles de recherche et investissement à la Silicon Valley (par
exemple en Bangalore), de façon qu'en ce qui concerne le poids économique
du secteur, en 2008 les NTIC représentaient environ 8% du PIB indien 15.

La taux de pénétration d'Internet reste pourtant assez faible; soit quelque part
entre 8-10% de la population16. Ce qui nous introduit déjà à l'idée d'une
gouvernance d'Internet échouée au sein de l'appropriation par la société et
l'inclusion participative des couches les plus démunies de la société. Ce qui
nous laisse entrevoir que le modèle indien de développement de l'Internet n'a
pas favorisée à une large majorité de la population et qu'il a donc creusé les
inégalités entre le monde rurale, toujours majoritaire en termes
démographiques, et le monde urbain. Mais cette "révolution numérique" a
contribué aussi à creuser les inégalités de genre, et même les inégalités inter-
12 Voir DIDELON, Clarisse (2009) "Diffusion spatiale et sociale d'Internet. Un modèle indien?" en NetSuds, n°4, août,
page 137.
13 DIDELON, Clarisse (2009), ibid. pag. 139.
14 Voir PRASAD, K. (2004) Information and Communication Technology. Recasting Development, B.R. Publishing
Corporation, New Delhi.
15 Voir dans des rapports spécialisés sur le sujet, http://www.senat.fr/rap/r04-416-1/r04-416-16.html Consulté le 13
avril 2010.
16 L'IUT reste la source la plus fiable pour ce genre de statistiques, voir DIDELON, Clarisse (2009), op.cit. page 141.
castes17, accentuant donc les divisions profondes au sein des divers groupes
sociaux et les fortes différenciations territoriales présentes dans le pays.

Conscientes en tout moment de ce problème, les autorités indiennes se sont


engagés depuis quelques ans pour trouver une gouvernance d'Internet plus
égalitaire, ce qui signifie une toute nouvelle démarche à partir de l'année 2000
et par rapport à la New Economic Policy. Bien que dans les villes l'accès privé
ou collectif à l'Internet est devenu possible et plus facile grâce notamment au
boom des cybercafés depuis 2002-2003, beaucoup de gouvernements fédéraux
se sont mises à mener l'Internet vers l'éducation et surtout vers l'éducation
dans les communautés rurales18. En outre, la mise en place des nombreux
télécentres ruraux pour tout genre d'usages est au coeur de nombreuses
initiatives publiques telles que la Sustainable India Rural Access ou Digital
Partners of India Initiative (celle-ci étant un cadre de partenariats public-
privés, cherchant à orienter l'investissement privé vers des projets de
développement durable et promouvant la "solidarité numérique" 19) . Il faut
aussi souligner que le rôle des ONG et des associations locales a été important
dans certains parmi ces projets ce qui a garanti des services gratuits ou à des
prix symboliques pour de populations à très faibles revenus. Il faut aussi
remarquer qu'ils sont nombreux les efforts pour développer des projets sur
Internet en utilisant et en promouvant les langues locales, ce qui facilite
énormément l'appropriation par les gens et qui permet de mieux arriver à des
communautés non anglophones (et très souvent les plus démunies).

Peut-on dire que la lutte contre la fracture numérique est devenue le main core
de la gouvernance d'Internet en Inde? Est-ce qu'on y voit des résultats
tangibles pour aider les populations à s'approprier du réseau des réseaux? Un
nombre non négligeable des spécialistes considèrent qu'effectivement la
nouvelle gouvernance d'Internet en Inde a réussi à inverser la dynamique
inégalitaire et que cette petite réussite suppose un exemple pour d'autres pays
17 Voir CADENE, Philippe et MOREL, Jean-Luc (2003) "Le développement d'Internet en Inde", revue Géographie et
cultures, ISSN 1165-0354, n°46, pages 97-117.
18 DIDELON, Clarisse (2009), op.cit. page 144.
19 Par exemple, Microsoft s'est engagé avec le projet OLPC (one laptop per children), projet très controversée aux
résultats toujours ambivalents. Le gouvernement indien a refusé le projet en 2007. Voir:
http://www.pcinpact.com/actu/news/36207-Inde-OLPC-refus-10-dollars.htm Consulté le 13 avril 2010.
émergents et surtout pour des pays éminemment agricoles comme la majorité
des pays Africains. Ce qui n'empêche de rappeler que l'arrivée de l'Internet a
été tardive et qu'elle demeure fortement inégalitaire au delà des communautés
rurales ciblées par les aides publiques et les projets humanitaires, au delà des
villes, des quartiers et des régions les plus riches, et au delà d'une élite sociale
fondée sur des clivages en termes de stratification sociale traditionnelle et
d'économie moderne20.

Il semble alors concevable voir d'ici 2020 surgir une classe moyenne indienne,
même en milieu rurale, qui puisse s'approprier des NTIC et d'Internet comme
le font les sociétés dites développées mais tout en en profitant pour un
développement auto-centré et tout en fournissant des contenus culturalement
propres aux sociétés indiennes. Mais pour l'instant, et malgré le discours
parfois triomphaliste du gouvernement indien, une gouvernance vraiment
égalitaire de l'Internet reste toujours à façonner.

3. Conclusion(s)

Au début, l'idée première de ce dossier était de voir deux différents


modèles d'implantation et de développement de l'Internet et sa gouvernance
dans les pays du Sud. En guise de conclusion on peut tout d'abord dire que
l'Internet est à la fois un outil important pour la liberté et le développement
économique des peuples (et même pour la visibilité des minorités ethniques et
culturelles). Mais il peut aussi bien être un outil d'assujettissement et une
source d'inégalités. Les cas de la Chine et de l'Inde nous semblent donc
pertinents pour comprendre les périls d'une mauvaise gouvernance d'Internet.
Le cas de la Chine nous semble être en train de prophétiquement donner la
raison à Latour quand il proclamait:" le Big Brother, il n'existe pas, il est
partout". A son tour, le cas de l'Inde nous semble libre des contraintes
politiques mais toutefois pas libre de reproduire un schéma néoliberal de
"croissance sans développement"; schéma que partout dans les pays en
développement a montré l'échec du seul marché comme vecteur exclusif

20 DIDELON, Clarisse (2009), op.cit. page 148.


d'égalité et d'harmonie, nous rappelant l'importance d'une politique publique
engagée et soutenue pour arriver à des résultats remarquables et tangibles
pour les populations.

Le développement économique et technologique des pays émergents pourra


aussi bien dans les prochains ans à venir refaçonner cette idée d'un Internet
sorti de l'Occident, incontrôlable et sans limites frontalières. Ce qui pose le
problème de la suppression du potentiel d'Internet en tant qu'un outil pour la
promotion de la démocratie, mais qui pourtant ouvre des portes à une vraie
négociation Nord-Sud pour la gouvernance mondiale de l'Internet. A l'égard
des différentes négociations sur la gouvernance d'Internet au sein du Forum et
des Nations Unies, les pays émergents et notamment le Brésil, la Chine, l’Inde
et l’Iran21, se retrouvent très souvent sur d’identiques positions que l’Europe et
toujours face aux Etats Unis (qui visent souvent à garantir d'abord le profit
économique et la sécurité juridique pour ses multinationales au delà d'autres
considérations). Et ici on voit plus clairement la raison pour laquelle certains
pays du Sud ont menacé même de créer leur propre organisme national de
gestion de l'Internet, ce qui pourrait conduire à ce qu'on appelle "la
balkanisation d'Internet"22.

21 Voir l'article de Ignacio Ramonet sur la question au Monde Diplomatique de novembre 2005. Consultable sur ligne
en http://www.monde-diplomatique.fr/2005/11/RAMONET/12901 Consulté le 14 avril 2010.
22 Voir http://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/10/02/les-65-000-concurrents-de-l-
icann_1248113_651865.html Consulté le 14 avril 2010.
BIBLIOGRAPHIE

• CADENE, Philippe et MOREL, Jean-Luc (2003) "Le développement d'Internet en Inde",


revue Géographie et cultures, ISSN 1165-0354, n°46, pages 97-117.
• CHENEAU-LOQUAY, Annie (2004) Mondialisation et technologies de la communication en
Afrique Ed. Karthala, Paris.
• DIDELON, Clarisse (2009) "Diffusion spatiale et sociale d'Internet. Un modèle indien?"
en NetSuds, n°4, août.
• ELIE, M. (2001) "Le fossé numérique. L'Internet, facteur de nouvelles inégalités ?", La
documentation française, n°861, août.
• HASKI, Pierre (2008) La Chine et Internet, Editions du Seuil, Paris.
• LE FLOCH, Guillaume (2005) "Le sommet mondial de Tunis sur la société de
l'information", en Annuaire français de droit international, volume 51, pp. 464-486.
• MATTELART, Tristan (2002) La mondialisation des médias contre la censure. Tiers
Monde et audiovisuel sans frontières, De Boeck, INA, Bruxelles.
• Voir PRASAD, K. (2004) Information and Communication Technology. Recasting
Development, B.R. Publishing Corporation, New Delhi.
• PUEL, Gilles (2009) "Les politiques publiques de régulation de l'accès à Internet en
Chine", en NetSuds, n°4, août.

◦ Des diverses articles de presse et matériaux consultés sur ligne.

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