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GEJ6 C177

Les prophètes, porteurs de la révélation. Foi lucide et foi aveugle

1. Lazare dit : « Oui, je comprends bien ce que Tu as voulu dire par là; mais il subsiste
en moi une arrière-pensée dont je ne sais pas encore vraiment que faire. Faut-il donc
considérer comme jugés tous les hommes à qui une grande révélation est envoyée directement
? Et le bénéfice d'une grande révélation n'est-il accordé qu'à ceux qui la reçoivent
indirectement, c'est-à-dire uniquement par la foi ?
2. Mais alors, ceux qui apportent cette révélation doivent être fort désavantagés,
puisque, pour être aptes à recevoir et à bien comprendre une grande révélation supérieure, ils
doivent être dès l'origine des hommes meilleurs et plus purs. Car les hommes proprement de
ce monde ne comprendraient jamais une grande révélation, puisqu'ils ne peuvent comprendre
même la plus petite révélation, et seraient devant elle comme des poules qui voient un éclair
jaillir d'un nuage. »
3. Je dis : « Qui a dit que les porteurs d'une grande révélation devaient être considérés
comme jugés ? Je sais bien qui Je dois choisir pour être le principal porteur d'une grande
révélation, sans que celle-ci lui soit préjudiciable !
4. Moïse était assurément porteur d'une très grande révélation ; mais, en dessous de
lui, il y en eut beaucoup qui n'eurent part à la révélation que d'une manière indirecte, et leur
foi fut finalement bien plus solide que celle de Moïse, qui, en son for intérieur, n'eut pas
confiance dans la promesse que Je fis aux Israélites de leur donner la Terre promise où
coulaient le lait et le miel. Et c'est parce que Moïse ne crut pas à cette promesse qu'il ne put
entrer dans la Terre promise, mais seulement l'apercevoir du haut d'une montagne.
5. Cela prouve plus que suffisamment que le porteur d'une révélation n'est lui-même
jamais lié - et il le sera dorénavant moins que jamais -, mais demeure toujours parfaitement
libre dans sa foi et dans ses actes, et ce n'est d'ailleurs que par là qu'il peut faire son salut ; car
le porteur d'une révélation ne sera pas sauvé de ce fait, mais uniquement s'il a lui-même foi
dans cette révélation et s'y conforme.
6. Et c'est votre cas à vous aussi Mes actes présents vous contraignent sans doute
davantage de croire que Je suis le Christ et que Mes paroles sont celles de Dieu, que ne seront
contraints de le croire ceux qui auront seulement reçu l'Évangile de votre bouche ; en
revanche, vous douterez encore de Moi bien des fois, et cela vous donnera l'occasion de vous
fortifier dans votre foi. Car, lorsque le berger sera abattu, les brebis s'enfuiront et se
disperseront ; mais, le moment venu, Je saurai les rassembler et fortifier leur foi. Ainsi, nul
n'est jugé pour avoir porté une vraie révélation. Car, tout d'abord, un tel homme vient toujours
d'en haut, et, ne serait-ce que pour cette raison, aucune révélation ne peut vraiment le
contraindre, parce que son âme a déjà traversé l'épreuve de la chair sur une autre terre et est
ainsi devenue bien plus solide et compacte qu'une âme qui vient seulement de s'assembler sur
cette terre ; ensuite, la foi d'un tel prophète est soumise à de bien plus grandes épreuves que
celle des âmes souvent trop crédules de cette terre. Une âme de cette terre se contente de la
parole et n'a guère besoin de signes. Mais il en faut davantage aux âmes venues d'en haut ; car
elles croient difficilement et ont donc besoin de preuves plus grandes et plus fortes avant de
croire pleinement et d'agir en conséquence.
7. Oui, si J'allais en Perse, en Inde, à Athènes ou même à Rome et y accomplissais les
signes que J'ai faits devant vous, aucun homme, dans ces pays, n'oserait plus faire que ce que
J'aurais ordonné. Ces âmes purement terrestres seraient à l'évidence tout à fait prisonnières, et
c'en serait fait pour longtemps de leur libre arbitre. Mais vous, Mes signes ne vous nuisent en
rien, parce que vous n'êtes pas crédules ; il faut en faire beaucoup sous vos yeux pour vous
amener à croire fermement, et, même alors, vous êtes encore remplis de doutes et posez
question sur question. Et pour qu'un homme fasse cela devant Moi, il faut que sa foi soit libre
et non pas forcée : car il exige de comprendre parfaitement ce à quoi il croit, et ce qu'il ne
comprend pas, il n'y croit pas davantage.
8. La meilleure preuve en est que Je dois sans cesse vous expliquer ce que Je vous ai
dit. Vous savez pourtant qui Je suis, et pourriez donc bien croire ce que Je vous enseigne sans
toutes ces explications. Mais ce n'est pas ce que vous faites, et vous avez déjà montré à
plusieurs reprises, quand Mon enseignement devenait par trop mystérieux, que, même Moi,
vous ne pouviez Me croire, Me disant en face que c'était là une dure leçon ; il n'y a pas sept
jours, ne M'avez-vous pas tous quitté à cause d'enseignements que vous n'aviez pas compris.
9. Il s'ensuit de tout cela que vos âmes sont plus fortes que celles des enfants
proprement de ce monde. Et il y aura toujours sur cette terre des hommes comme vous, que
J'éveillerai pour leur donner, comme à vous, la parole intérieure de Mon esprit, et ce sont eux
qui enseigneront aux enfants purement de cette terre, grâce à quoi leur plein libre arbitre sera
préservé. Pour autant, ces maîtres ne devront pas s'imaginer que, parce qu'ils sont des maîtres
et des sages, Je les estime davantage que les enfants de cette terre ; car Je dirai toujours :
Laissez venir à Moi ces petits, et ne les en empêchez pas ! Car celui qui ne deviendra pas
comme ces petits enfants n'entrera pas dans Mon royaume ; car celui-ci leur appartient, et il
est fait pour eux. Mais celui qui, étant un sage et donc un maître, sera en outre humble et doux
de tout son cœur, celui-là aussi sera un jour là où Je serai comme un vrai Père au milieu de
Mes enfants, d'éternité en éternité ! »
10. Après cet enseignement, les disciples se turent, ne sachant que Me répondre.

GEJ6 C178
Des deux sortes d'hommes sur la terre : âmes d'en haut et âmes d'en bas.
L'enseignement et les signes agissent diversement

1. Seul Lazare Me demanda : « Seigneur et Maître, suis-je donc d'en haut moi aussi ?
»
2. Je dis : « Assurément, sans quoi tu n'aurais pu supporter les signes que J'ai plusieurs
fois accomplis devant toi avec tant de calme et d'équanimité, comme si cela était tout naturel.
Ils ne t'ont surpris que sur le moment, mais, au bout de quelques instants, tout cela t'était
redevenu plutôt indifférent ; car tu te disais : un homme ne peut pas davantage faire cela qu'il
ne peut voler dans les airs comme un oiseau, mais puisque enfin J'étais Dieu, il M'était tout
aussi naturel de faire cela qu'à un oiseau de voler dans les airs, et ce n'était donc pas plus
merveilleux que toutes les autres choses que J'avais créées. La Lune, le Soleil, les astres, cette
terre et tout ce qui vit et existe en elle, sur elle et au-dessus d'elle étaient des miracles
permanents de Ma sagesse et de Ma puissance, et les miracles présents ne faisaient que
témoigner momentanément que J'étais bien Celui-là même qui, de toute éternité, a empli
l'infini d'innombrables miracles permanents. Si J'étais Dieu, l'étonnant n'était pas que Je fisse
des miracles, mais l'amour inconcevable que Je vous témoignais, à vous, Mes créatures, et
Mon extraordinaire abaissement, Ma bonté désintéressée, Ma douceur, Ma patience et Ma
véritable humilité devant ces hommes que Je pouvais anéantir d'un seul souffle.
3. Tu te disais encore : "Si un homme pouvait faire tout cela, alors, oui, ce serait un
miracle, de même qu'il serait tout à fait merveilleux qu'un homme puisse s'élever dans les airs
et s'y mouvoir librement comme un oiseau."
4. Vois-tu, si tu n'étais pas d'en haut, tu ne serais pas capable de penser ainsi, et, afin
d'épargner ton libre arbitre, J'aurais eu la sagesse de ne pas faire devant toi les signes que J'ai
faits ! Mais ceux qui sont là-bas[C'est-à-dire à Jérusalem, dont ils contemplent le spectacle du
haut de la montagne, (N.d.T.)] ne viennent pas d'en haut, mais de ce monde, et c'est pourquoi
Je ne dois pas faire devant eux les mêmes signes que devant toi et devant Mes disciples, Ils
peuvent en entendre parler, mais surtout pas en voir trop ; car, s'ils voyaient les grands signes
que J'ai pu faire, cela les tuerait tout à fait, et c'est pourquoi ils doivent se contenter de Mes
paroles.
5. Certes, un signe leur sera encore donné, mais ce sera celui du prophète Jonas ; car,
de même que Jonas n'est resté que trois jours dans le ventre du poisson avant d'être déposé
vivant au rivage, Je passerai trois jours dans la tombe avant de reparaître vivant, pour la plus
grande terreur et le jugement de ceux de là-bas.
6. N'oubliez pas cela : les enfants de ce monde ne doivent pas être gagnés à Mon
royaume par des signes, mais uniquement par le Verbe vivant ! Car la plupart d'entre eux -
lorsqu'ils n'ont pas été déjà corrompus par toutes sortes de faux signes - croient et
comprennent sans peine, aussi peuvent-ils être rapidement gagnés à la vérité par des paroles
appropriées ; mais des signes trop frappants les priveraient de toute pensée et de toute volonté,
- A présent, Lazare, sais-tu bien si tu es d'en haut ou d'en bas ?
7. Lazare dit : « Oui, je comprends bien à présent que je dois venir d'en haut moi
aussi ; mais comment distinguerons-nous si les gens que nous rencontrons viennent d'en haut
ou d'en bas ? »
8. Je dis : « Lorsque ce sera nécessaire, l'esprit qui est en vous vous le dira bien. Mais,
pour reconnaître rapidement d'où vient l'âme d'un homme, il existe aussi un signe extérieur
qui trompe rarement.
9. Vois-tu, même dans la nécessaire obscurité de la chair, l'âme conserve un certain
sentiment de ses origines, et même ses oreilles charnelles, et plus encore ses yeux, se tournent
volontiers vers ce lieu d'où elle est primitivement venue. Ainsi, les hommes qui aiment à
diriger leur regard vers les hauteurs et à gravir des montagnes, ainsi qu'à entendre les sons qui
viennent des hauteurs, sont à coup sûr d'en haut. Mais ceux dont les regards se dirigent avant
tout vers le sol, qui aiment le fouiller et y chercher toutes sortes de richesses, et qui ne
tournent que rarement les yeux et les oreilles vers le haut, sont à coup sûr d'en bas. Si vous y
prenez garde, vous reconnaîtrez par là fort clairement à qui vous avez affaire.
10. De plus, les hommes qui viennent d'en haut sont aussi généralement fort inventifs
et mènent à bien toutes sortes d'arts et de sciences ; pourtant, il leur est à tous plus ou moins
difficile de croire, parce qu'ils veulent que tout leur soit clairement prouvé. Le Grec
Philopold, de Cana près de Kis, n'a cru que lorsque Je lui ai montré le monde solaire où il était
incarné avant cette vie ; et presque tous les cyniques sont ainsi. Vous pouvez créer des
mondes devant eux, cela ne leur fera pas même autant d'effet que lorsque vous dites à un
homme de cette terre : "Fais telle chose !" Ce dernier demandera rarement : "Pourquoi
donc ?", mais, puisqu'un sage le lui aura dit, il le fera avec confiance, espérant seulement en
connaître tôt ou tard la raison. Mais un homme d'en haut vous fixera d'un œil sévère et vous
demandera : "Pourquoi donc ? Je ne fais rien sans raison ! Expliquez-vous un peu mieux, et je
saurai si vous avez vraiment lieu de me dire de faire cela."
11. Car, Je vous le dis, il importe beaucoup que ceux qui enseignent Ma doctrine
prennent soin de savoir à quelle sorte de gens ils ont affaire, et à quels ceps de Ma vigne ; car
la même parole peut avoir les meilleurs effets, mais aussi les pires, selon qu'on se soucie ou
non, en la prononçant, de la personnalité de l'auditeur.
12. Comme il a été dit, les faibles petits enfants de cette terre croient rapidement et
sans peine tout ce qu'on leur donne à croire, et n'ont besoin d'explications que par la suite,
lorsqu'ils ont accumulé un grand nombre de dogmes. Aussi faut-il prendre bien garde, avec
eux, de ne jamais leur prêcher que la vérité la plus pure - et, comme Je vous l'ai déjà montré
en Galilée dans une petite parabole[Voir t, 3, chap, 244 sq, (N.d.T.)], malheur à ceux qui
scandaliseraient les petits de cette terre par toutes sortes de faux enseignements et de faux
exemples ! Mais avec les enfants d'en haut, l'explication doit être donnée soit à l'avance, soit
du moins en même temps que l'enseignement, faute de quoi ils admettront difficilement
qu'une chose soit vraie.
13. Vous-mêmes avez été souvent témoins de ce que Je faisais avec les Grecs et les
Romains ; faites de même, et vous les gagnerez d'autant plus aisément que Je suis devant vous
avec Mes œuvres, dont vous pouvez toujours utilement vous réclamer. En cas de besoin, vous
pourrez vous aussi donner des signes ; mais soyez-en économes, et ne le faites que lorsque
vous y serez poussés par votre esprit. Car les signes sont bons, mais la vraie parole vivante est
mille fois meilleure, parce qu'elle n'impose aucune contrainte à l'âme humaine.
14. Car le verbe éclaire d'abord la raison, et celle-ci, à son tour, éveille la volonté et
l'amour dans le cœur de l'homme. L'amour devient une flamme puissante qui éclaire alors la
volonté du cœur, et celle-ci agit selon ce que lui prescrit sa propre raison, et ce que l'homme
fait ainsi librement et de lui-même est sa propre action méritoire, et l'homme trouve donc ainsi
le propre centre de sa vie.
15. Mais les signes écrasent pour longtemps la raison humaine, et la peur seule fait
alors agir l'amour et sa volonté. Mais une telle action est pareille à une pierre qu'on lance en
l'air : elle vole dans les airs aussi longtemps que la force qui l'a projetée est en raison de son
poids ; mais dès que cette force cesse, ce qui ne tarde guère, le poids de la pierre la fait
retomber au sol, où elle demeurera, morte et immobile, dans son vieux jugement.
16. L'âme d'un homme converti par un signe est en cela tout à fait semblable à une
pierre qu'on lance : seule la crainte suscitée par le signe la fait agir aveuglément : mais quand,
avec le temps, le signe perd de sa force, l'amour et la volonté de l'âme s'endorment aussi, à
plus forte raison chez ceux qui, nés plus tard, n'ont pas vu le signe, et qui, leur âme devenant
tout à fait paresseuse, considèrent ce signe soit comme un tour de magie, soit comme un
mensonge et une invention de leurs ancêtres. Car si l'âme demande à la raison ce qu'il en est
de ce signe, cette dernière ne peut lui en donner l'explication, ne l'avant jamais reçue elle-
même, et elle peut fort bien en juger ainsi : "Sommes-nous donc moins humains que nos aïeux
qui recevaient toutes sortes de signes et pouvaient ainsi croire sans peine ? Et nous, nous
devrions croire ce que nous ne comprenons pas, et le motif de notre foi devrait être des signes
que nous ne connaissons que par ouï-dire ? Non, cela ne va pas ! Un Dieu sage, s'Il existe, ne
peut exiger cela des faibles hommes que nous sommes, et nous demandons nous aussi des
signes, ou du moins une explication qui nous montrerait ce que nous devons croire et faire
avec assez de clarté pour que nous en reconnaissions la vraie raison. Car il nous faut des
motifs de croire qui apparaissent valables de tout temps et pour tous les hommes, et non pas
de ceux auxquels il faut commencer par croire pour pouvoir ensuite croire ce qu'ils veulent
nous forcer à croire."
17. C'est ainsi que juge la raison humaine, et à bon droit ! Car si la doctrine, même
accompagnée de signes, n'est pas présentée à la raison humaine sous son vrai jour, elle
disparaît bien vite avec tous les signes ; les hommes perdent toute foi et retombent dans leur
ancienne vie paresseuse et fruste, jusqu'à ce que survienne quelque astucieux magicien qui,
avec ses faux signes, les met bien vite de son côté.
18. Aussi, Je vous le dis encore une fois avec insistance : donnez un enseignement
clair et lumineux, soyez particulièrement économes de signes, et vous vous susciterez des
disciples constants et inébranlables ! Car le signe passe, mais la vérité pure et lumineuse
demeure éternellement et n'a plus besoin de signes pour être confirmée, puisqu'elle est elle-
même le signe suprême que le ciel enverra toujours aux hommes qui le cherchent.
19. Il est bien sûr des signes que vous pouvez accomplir ; mais alors, le signe doit
toujours être un vrai bienfait pour les pauvres et les faibles, sans distinction d'état ni de
croyance, et non un moyen spécial de démontrer le caractère purement divin de Ma doctrine.
20. La doctrine doit montrer son caractère purement divin par sa seule lumière, sans
autres signes spéciaux, et donner intérieurement à tous ceux qui la suivent la preuve vivante
de sa parfaite authenticité. Si vous observez ce principe, vous M'amènerez véritablement de
bons disciples après vous ; mais si vous ne l'observez pas strictement, vous ouvrirez vous-
mêmes tout grand les portes à l'Antéchrist, et alors, c'est vous-mêmes qui n'aurez plus qu'à
prendre la fuite. »

GEJ6 C179
L'Antéchrist

1. Lazare dit : « Seigneur, que devons-nous entendre par l'Antéchrist ? »


2. Je dis : « L'Antéchrist paraîtra quand certains hommes astucieux et ennemis du
travail, voyant grandir le nombre des partisans de Ma doctrine et voyant Mes disciples
prospérer, embrasseront eux aussi Ma doctrine, Ils entendront parler des signes que J'ai faits,
et aussi de ceux que vous aurez accomplis en certaines circonstances, et, tels les magiciens
païens, ils entreprendront aussitôt de donner de grands signes par les moyens tout naturels de
l'aveugle magie, comme faisaient aussi les Esséniens. Les hommes crédules en seront séduits,
et même en si grand nombre que, pour cette raison, beaucoup vous tiendront pour des faux
maîtres et des faux prophètes et vous persécuteront, du moins vos successeurs.
3. Aussi, prenez bien garde de n'accepter de ceux qui recevront de vous l'Évangile que
ce qui est nécessaire à votre subsistance, car si les paresseux voyaient que la prédication et les
signes vous rapportent beaucoup d'argent, c'est alors qu'ils mettraient tout en œuvre pour vous
évincer, Aussi est-ce d'abord à leurs œuvres que l'on reconnaîtra les vrais prophètes des faux.
Car les vrais prophètes demeureront dans Ma pauvreté et n'accepteront de leur communauté
que ce qui leur est nécessaire pour vivre ; mais les faux feront ce que font aujourd'hui les
Pharisiens - et, à bien des égards, pis encore -, se faisant payer fort cher tout ce qu'ils
prétendront accomplir en Mon nom pour la communauté, et tous seront contraints de les tenir
pour de saints serviteurs de Dieu et, sous peine d'être châtiés, de croire que Dieu n'exauce que
leurs seules prières et ne considère vraiment avec plaisir que leurs sacrifices. Et, de même
qu'il existe aujourd'hui un Temple pour tous les Juifs, les antéchrists édifieront d'innombrables
temples splendides où ils sacrifieront et tiendront de mauvais discours égoïstes, Et ils prieront
dans des langues étrangères, afin de faire croire au peuple que leur langue est la plus pure,
donc la plus agréable à Dieu.
4. Cela suffit pour que tous reconnaissent les faux prophètes et les distinguent sans
peine des vrais, Ils jetteront certes les hauts cris et proclameront au monde entier : "Vous tous,
venez à nous, car Christ est avec nous, Il est là où nous sommes !" Mais, si haut qu'ils crient et
si grands que soient leurs signes, ne les croyez pas, car ils ne seront jamais Mes disciples,
mais des disciples acquis à Belzébuth, de qui ils recevront leur récompense dans le
bourbier[C'est-à-dire l'enfer, (N.d.T.)], au milieu des pleurs et des grincements de dents !
Gardez-vous bien de cela et faites aussi peu de signes que possible, mais tenez-vous à la vérité
éternelle du Verbe, et beaucoup d'hommes conserveront la pure doctrine jusqu'à la fin du
monde, - Mais rentrons à présent, et toi, Lazare, fais-nous donner du pain et du vin, car J'ai
soif ! »
5. Dès que nous fûmes rentrés à l'auberge, Lazare fit apporter du pain et du vin en
quantité suffisante, et nous prîmes place à table afin de nous restaurer.

GEJ6 C180
De la vraie bénédiction et de la vraie prière

1, Je parlai peu pendant le repas ; mais comme le vin, qui était fort bon, déliait la
langue aux disciples, il y eut bientôt dans l'auberge une grande animation, L'homme qui tenait
l'auberge pour le compte de Lazare s'approcha de Moi avec les siens et Me pria de lui donner
Ma bénédiction, à lui et à sa famille, ce qui, disait-il, serait un puissant moyen de les protéger
contre la malédiction du Temple.
2, Je lui dis : « Ami, la bénédiction est avec Moi partout où Je suis, et il n'en faut donc
pas davantage ! Vis toi aussi selon la doctrine que J'ai donnée à Mes disciples, et cela seul te
mènera à la vraie bénédiction vivante, qui te sera du plus grand profit non seulement en ce
monde, où l'homme ne vit que bien peu, mais surtout pour ton âme, qui vivra éternellement.
Mais la bénédiction telle que tu l'imagines ne sert à rien. Les Pharisiens n'en distribuent-ils
pas de toutes sortes en se faisant payer ? Ont-elles jamais profité en quoi que ce soit à ceux
qui les recevaient ? Aux Pharisiens, assurément, mais quant à celui qu'ils bénissaient, seule sa
foi pouvait le consoler et lui procurer quelque vague apaisement.
3. Mais Moi, Je bénis véritablement les hommes, simplement en leur donnant la vraie
lumière de la Vie, et par là la vie éternelle, s'ils se conforment à Ma doctrine. Toutes ces
bénédictions magiques ne servent à rien et ne font qu'accroître la superstition des hommes.
Cependant, si un homme qui suit Ma doctrine et croit que Je suis le vrai Christ impose les
mains en Mon nom à un malade, celui-ci ira mieux. Même si un malade est éloigné, tu
pourras le guérir, si cela est bon pour son salut, en priant pour lui en Mon nom et en étendant
les mains dans sa direction, Et cette bénédiction est bien meilleure que celle que tu Me
demandais ! – Dis-Moi, en es-tu satisfait ? »
4. L'aubergiste dit : « Je T'en remercie, ô Seigneur ; car je comprends bien que la pure
vérité est pour l'homme la plus grande des bénédictions, et le mensonge et la tromperie la pire
des malédictions. Pourtant, ô Seigneur, j'aimerais encore que Tu me dises si les prières des
prêtres n'ont vraiment aucune valeur devant Dieu, et ne sont donc d'aucun secours à un
homme, même lorsque, mû par une foi sincère et se jugeant indigne de prier Dieu, cet homme
va voir un prêtre et le paie afin qu'il prie pour lui. Que faut-il en penser et comment le
comprendre en toute vérité ? »
5. Je dis : « N'est-il pas écrit : "Ce peuple M'honore des lèvres, mais son cœur est loin
de Moi" ? Comment une telle prière pourrait-elle être utile à celui qui l'a payée ? Celui qui
croit n'ose prier Dieu, et le prêtre qu'il paie ne prie pas Dieu - et ne saurait évidemment le
faire, puisqu'il ne croit pas en Dieu lui-même. Car, s'il y croyait, il ne se ferait pas payer pour
ses prières, mais dirait à celui qui voudrait le payer : "Quand bien même ses péchés seraient
plus nombreux que les brins d'herbe de la terre et que les grains de sable de la mer, tout
homme peut prier Dieu, et, s'il prie avec repentir et humilité, Dieu entendra sa prière. L'amour
du prochain que Dieu me commande me fait déjà un devoir de penser à tous les hommes dans
mes prières, aussi, va prier Dieu toi-même ; cela seul te sera profitable, car une prière que l'on
paie est une abomination devant Dieu !"
6. C'est ce qu'un prêtre croyant devrait répondre à un homme qui vient le payer pour
une prière ! Mais comme le prêtre lui-même ne croit pas en Dieu, il se laisse payer pour une
prière qu'il lira dans un livre sans y songer, marmonnant et faisant des gestes d'une piété
affectée, aussi est-il menteur de toutes les manières possibles. Comment Dieu peut-Il donc
considérer une telle prière ?
7. Je te le dis : Dieu peut même secourir, à cause de son humilité, un homme qui, étant
dans la détresse, n'ose Le prier parce qu'il s'en juge indigne ; mais, à coup sûr, dans le cas que
tu dis, jamais Il ne lui viendra en aide, parce que c'est ainsi qu'Il le délivrera peu à peu de sa
superstition.
8, Quand tu vois un pauvre prier Dieu pour Lui demander le secours dont il a besoin,
viens-lui en aide, si tu as le moyen de le faire ; et si tu n'as rien, prie Dieu pour lui toi aussi, et,
Je te le dis, Dieu entendra ta prière et celle de ce pauvre. Car lorsque deux ou trois Me prient
véritablement, leur prière sera toujours exaucée. Cependant, nul ne doit se tourner vers Dieu
pour Lui demander des choses stupides et purement de ce monde, car Dieu ne l'exaucera pas ;
mais s'il demande ce qui lui est vraiment nécessaire pour faire vivre son corps et pour fortifier
sa foi et son âme, cela lui sera donné. - Voilà ce qu'il en est en toute vérité de la vraie prière,
qui est donc elle-même une vraie bénédiction divine dans le cœur de l'homme. Comprends-
tu ? »
9. L'aubergiste dit : «Oui, Seigneur, cela est facile à comprendre, parce que c'est une
vérité par trop évidente ; quant aux prières magiques des prêtres, je ne les ai jamais comprises,
sans doute pour la raison bien simple qu'elles ne peuvent l'être, puisque ce sont de purs
mensonges ! Quels fieffés imposteurs ! Ah, quel mal ils se donnent pour faire croire au peuple
que leurs vaines prières sont d'autant plus efficaces et plus puissantes qu'elles sont prononcées
par de plus grands prêtres, en certains lieux hautement sacrés, et que la même prière,
prononcée par le même grand prêtre au lieu le plus sacré, croît en force et en efficacité en
proportion du nombre de livres d'or et d'argent qu'elle a coûté ! Et beaucoup y croient encore
fermement ! Malheur à celui qui voudrait les en dissuader en disant que le Dieu d'Abraham,
d'Isaac et de Jacob ne saurait entendre avec plaisir une telle prière, et qu'Il serait en outre
parfaitement injuste s'Il n'exauçait que les prières de ceux qui peuvent les faire dire par un
prêtre pour une forte somme, repoussant sans vouloir les entendre ni les secourir d'aucune
manière les pauvres qui ne pourraient faire cela ! Oh, ce serait peine perdue avec ces fous
aveugles ! Si un sage voulait ainsi éclairer le peuple, ils le tiendraient pour un blasphémateur
et un sacrilège et le dénonceraient comme tel au Temple, qui le traiterait sans tarder de telle
manière qu'il serait pourvu pour l'éternité.
10. Ah, insigne ami et maître divin, un homme honnête et éduqué ne peut vivre dans
ces conditions ! En vérité, cette auberge est un temple de Dieu bien plus authentique que les
portiques de Salomon ; car il n'y a plus là-bas que mensonge, tromperie et haine des hommes !
Il y a plus de dix ans que je ne suis retourné au Temple - et je m'en garderai encore davantage
à l'avenir ! Mais ce sont encore les fêtes qui m'y attireraient le moins : car c'est là qu'on
pratique les tromperies les plus énormes et les plus insolentes, et aucune loi ne m'en
préserverait. C'est lors des fêtes que les templiers commettent les pires méfaits sans avoir à en
répondre, comme s'ils étaient de vrais dieux ; pour moi, je ne puis voir cela sans la plus
terrible colère, et c'est pourquoi je préfère ne pas y aller. - N'ai-je pas raison ? »
11. Je dis : « Parfaitement, car tu n'y peux rien changer, aussi vaut-il mieux pour toi ne
pas te montrer en un lieu où tu ne saurais rien apprendre de bon ni de vrai, et où un fidèle du
vieux judaïsme comme toi ne peut que se mettre en colère. Mais Je suis venu pour redresser
tout ce qui est tordu et pour rendre la vue et l'ouïe à ce qui est aveugle et sourd. Et à présent,
oublions le Temple, puisque nous ne connaissons que trop sa parfaite inutilité.
12. De plus, nous allons bientôt accueillir de nouveaux hôtes. Ce sont de vrais
Romains et Grecs qui viennent ici pour se restaurer et sans doute aussi pour y passer la nuit,
car, en bas, on ne trouve pour ainsi dire plus à se loger dans toute la ville ; aussi, prépare-toi à
les recevoir.
13. Entendant cela, l'aubergiste s'en fut aussitôt avertir ses gens, et ceux-ci se
disposèrent à guetter l'arrivée d'hôtes possibles, mais à peine eurent-ils regardé vers le portail
qu'il fallait franchir pour monter au mont des Oliviers qu'ils virent déjà un groupe de trente
personnes entrer par ce portail, aussi se mirent-ils bien vite à leurs tâches diverses, afin
d'accueillir convenablement les nouveaux arrivants. La salle où nous nous tenions nous-
mêmes était assez grande pour loger cent convives, et il y avait en outre sur les côtés de la
maison plusieurs grandes chambres fort bien équipées pour le repos nocturne il n'y avait donc
pas à s'inquiéter pour le logement de ces visiteurs étrangers, qu'une femme avait guidés
jusqu'ici. C'était une fille publique de Jérusalem qui fréquentait fort les étrangers, et dont nous
ferons mieux connaissance par la suite.

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