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familiérement inconnues... ARCHITECTURES, PARIS 1848-1914 TM ll érement inconnu ARCHITECTURES PARIS 1848-1914 conception graphique A Yoccasion de l'exposition «Architectures, Paris 1848-1914», présentée par le Seorétaire d'Etat a la Francoise Lion Culture avec la participation de la Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites et la seo- Impression, photogravure tion frangaise de l'lCOMOS, ce catalogue a été établi par Bernard Marrey et Paul Chemetov. Bellamy et Mes 2 Remerciements Un conseil scientifique réuni & T'iniiative du Secrétariat «'Etat la Culture @ bien voulu nous conselller et patronner ce travail Nous remercions MM. Jean-Baptiste Ache, Bernard Collette, Antoine Decuypére, André Hermant et Jean Prouvé pour leur expé- flence, leurs connaissances et le temps quils ont eu la gontilesse do nous consacrer. Nous remercions partcullérement les Archives de la Vile de Paris et son personne! : les bibloinaques et les bibliothécaires cilés cl-dessous, sens F'elde de qul ce tavall naurait pu se faire Ie Bibliotheque Historique de ta Ville de Parie, eon Conservatour M. Patrice Boussel, Milo Veronique Laisné, M. Jean-Marc Léri : la Bibliothéque administrative ce I'Héte! de Ville et son Conserveteur M. Roussier, la Bibliotheque ce TAcademie Architecture et son Consarvateur, M. Gerara.Rousset-Chary, : la Bibliotheque do la Société dee Architectes Diplémés et Mme Genevieve Mosure, le Service de Documontation ve Ia SNCF. Wile Bann, i i la Bibliotheque de Office Technique. de FUtlisation da TAcier. et M. Lucas, 5 1g Bibliotheque au Conservatoire National des Arts st Métier, j Ia Biblimeque ge fcole Centrale des Arts et Manulactures, j [a Bibliotheque de Ecole ces Ponts et Craveséen, e le Bibllomeque de Ecole Nationale. Supérieure cee Beaux-Arts, [Association Technique de Vindustia du Gaz (M. Dedeystér), la SocistArjomar-Priowe (M J.-C. Baschet), le Bon Marche (M. Raviat) les Constructions Edmond. Colgnat (Mlle Ferlt) les Constructions Frangalses entreprises Metaliques (M. Colin) le Crédit Lyonnais (MJB. Nod), Vectricite de France (M. Laurent, Fiver-Lille-cal lo Gaz de France (M. Marcel Patauc), Museum d'Histoire Natural, MC. Bonoft), le Service des Eaux de la Vile de Pars (M. S, 60 Bourguignon), (M.A. Du Pasauien, 4 } Fragments d’une introduction U'étais depuis des années fasciné par le savoir de ces hommes qui, loin de se réfugier dans les thébaides décrites par Francastel devant l'arrivée des locomotives sales, eurent la préscience diincorporer la nou- velle banalité des formes et.des forces de l'industrie dans leurarchitecture en leur donnant par une com- position nouvelle la distance d'un sens qui prenait le pas sur celui de ses emplois courants Prophétiquement ils réalisaient la réalité de la phrase de Charles Eames: «Le catalogue des produits industriels est la matiére premiére de ‘architecture du vingtiéme siécle », projetant ainsi dans l'utopie de 'industrialisation ouverte ce qui fut la réalité du siécle passé. En méme temps, ils étaient les premiers & employer ces produits de l'industrie, profilés, boulons, piéces de fonte, briques, quelquefois cérami ques emaillees. La cotation donnée en hauteur par les rangs de briques réglait les dimensions des pierres ou des fené- tres; de méme I'entr'axe des vottains modulait le rapport des dimensions du plan. De facon plus frappante les colonnes et balcons des catalogues de fonte du dixneuvieme attendaient sagement, en une gravure naive, leur emploi sur le chantier. Cortes, il s'agissait souvent de la reprise de modéles spatiaux hérités, que lenseignement d'un Durand avait systématisés, mais la mise en représentation, elle, était nouvelle et claire; l'ornement était I'accom- plissement du construire, supporté et provoqué par un langage réglé et articulé, Le faire avec de Venturi était la simplement démontré. Nous voila loin de ces matériaux, actuellement montrés pour leur essence, leur existence autonome : les empreintes du béton, les arétes du fer, le bois pour sa seule couleur, bref les textures des choses et non la composition de produits ouvrés remarquables par leurs assemblages, preuve et aboutissement de I'his- toire de leur fabricatic Ceci est d’autant plus remarquable & un moment oi Ihistoricisme reprend la thématique formelle de ces temps sans pouvoir s’appuyer sur ce qui en est le plus transmissible, cette rigueur du construit, cet accom- plissement démontré et paralléle du projet et de l'objet que toute la philosophie de la praxis observe et établit comme critére. Et si les peintres italiens ont été les précurseurs des architectures de la Renaissance, c’est dans l'archi- tecture pour une fois, parce que plus engagée dans la sphére des objets matériels et du champ productif que s‘expérimente une des voies de l'art modeme. Dans ['architecture du XIX* apparait une nouvelle et double attitude qui vise a faire du projet, & la fois le ligu de la représentation mystifiante et celui de la démonstration des moyens utilisés a cette fin. Le procés du travail mis en évidence dans une attitude explicite fait que ces créations ont toujours une vertu didactique, car le cheminement provoqué de ceil et de la réflexion, entre illusion & laquelle tend toute ‘ceuvre architecturale et la démonstration des moyens de Illusion, bref le travail montré, est le fondement meme de existence specitique de architecture, indépendamment des contingences utilitaires qui provo- quent la commande du batiment. En cela nous assistons a la naissance de la modernité. Pour ces raisons, l'architecture de la premiére révolution industrielle nous semble tellement proche de ce folklore du bris-collage basé sur l'emploi du ready-made industriel. Ce folklore n’est pas sans parenté avec celui des architectures vernaculaires qui, dans sa pauvreté immédiate, un non-codage culturel, mon- tre comment elles sont faites, alors que le « beau langage architectural » tend & faire ignorer sa matiere our ne porter que son sens (pure idéologie donc). Les nouvelles organisations du travail conceptuel et leurs conséquences naissent en ces années. La muta- tion du projet méme est caractérisée par le passage du modelage @ |'assemblage. Le modelage artisanal, le modelage codé du projet global de I'architecture classique, sont remplacés & la suite des évolutions du mode de production par les assemblages du XIX’ siécle — transposition des orga- nisations nouvelles du travail industriel La division du travail entraine la division du batiment. A I'éclaté du dessin de activité conceptuelle correspond celle de l'activité pratique: cloisonnés de l'ornementation et écorchés de la structure nous montrent I'épaisseur suggérée de la construction, comme si un téléobjectif nous en écrasait les plans inté- rieurs sur l’épiderme, Par la ouito, I'accomblago contrélé dee produite manufacturés qui est la ragle des projets du XIX: siécle sera progressivement remplacé par assemblage incontrolé, qui domine dans les procédés industriels de nos jours. A l'assemblage technique du projet global se substitue un procés oli le procédé I'emporte sur le projet. La aussi un retour aux sources serait bénéfique pour la problématique des conceptions de |'in- dustrialisation ouverte. Avangons une hypoth@se que nous n’avons pas eu le temps de développer et que nous soumettons & la sagacité des historiens de l'art. Les filiations philosophiques et politiques de cette architecture nous parais- sent évidentes, Saint-Simon et Fourier, le compagnonnage et la franc-magonnerie en sont les inspirations et les lieux organisation. Le rationalise positiviste, le progressisme animaient ces architectes en rupture de beau et ces ingénieurs qui forgeaient la réconciliation de l'art et de l'industrie. On imagine mal aujourd'hui le réle de lingénieur du XIX* siécle ; Prométhée de la classe nouvelle, il est & la fois Je capitaine Nemo et le facteur Cheval. Et par cela méme on mesure mal le prestige de ces hommes, de ces accoucheurs de réve, de ces condensateurs de puissance qui franchissent les précipices de Garabit, enclavent l'espace et ses ormes au Cristal Palace, pointent la tour de mille pieds comme signal babelien des expositions universelles. C'est & une véritable captation d’héritage qu’a procédé leur descendance batarde; ces bureaux stériles dont le seul contre-rdle semble étre de prendre au piége des études, invention. Voila Prométhée enchat- né, et Vuleain bien encagé! Ge demiurge barbu qui tréne sur l'enseigne d'un magasin proche du Chate- let’ serait bien l'image transmissible de ces hommes de feu: l'un des éléments enfin dompté des alchi mistes, l'un des réves concrétisés. Le feu qui fond le fer, le feu qui ote au sable son opacité et le rend transparent au zénith des serres, le feu qui cuit les briques, assure l'éclat des émaux. La vapeur... enfin! Cette evidence des forces productives, dominées par le feu, agrandissement de |'expérience quotidienne de la cheminée et de la bouilloire a I'échelle d'une nation, rendait compréhensibles les buts et les moyens de la science et de la puissance et obtenait cette adhésion a l'idéologie du progrés, corrolaire et condi- tion du triomphe de ces architectures, en une époque ol elles étaient esthétiquement dérangeantes, ot bouleversaient les formes admises du lavall. La réaction ne larda pas, ce ful la patisserie culturelle de la fin du siécle et la contre-réforme de l'art nouveau. Il est done curieux que les historiens, ceux de l'art en premier lieu, ne se soient pas attachés @ analyse d'une période suffisamment proche pour que les sources soient encore accessibles et les problématiques proches, et suffisamment distancée pour qu'une réévaluation critique soit possible. La vie de ces architectures fut bréve: a peine trois générations. Les objectifs d'une recherche sur ’archi- tecture de l'ere industrielle — Paris 1848 & 1914 — sont donc guidés par l'idée d'une préservation de cet héritage. Dans I'avertissement de son livre «Un siécle darchitecture modeme », Marc Emery écrivait: « L'énorme majorité des ceuvres anonymes.... malgré leur multiplicité et leur intérét cartain, reste encore a découvrir. Ce guide délibérément sélectif, nous convie a la découverte d’édifices, les uns peu conus, les autres auxquels on ne préte plus guére attention, tant ils sont fondus dans le paysage urbain.» Cette étude a ainsi le sentiment de répondre & une méconnaissance provoquée par deux raisons essentielles : — De fagon générale, opinion n’est sensible qu’aux batiments d'un ceriain prestige, soit qu'ils appartien- nent a architecture «savante », soit que leur grande ancienneté en fasse des couvres rares. Or, les batiments de la deuxiéme moitié du XIX siécle sont référents d'une architecture « utilitaire ». Leur usage quotidien les a rendu familigrement inconnus. tls int&grent pourtant comme composants: le nouveau mode de production et ses apports technologiques ainsi que des programmes spécifiques reflétant une nouvelle division du travail social — Aussi, sans prestige, sans distance historique puisqu’elle ne contient que l'ordinaire de notre ville, cette architecture ne constitue pas encore un objet de consommation touristique. Son intérét semble se limiter aux caractéristiques économiques de son seul usage et de sa rente de situation. Ainsi elle est jugée obsolescente par les lois du marché foncier, puis est condamnée au nom de son esthétique. Les exemples récents vont des Halles aux grands escaliers des Galeries Lafayette en passant par la prison de la Roquette, Les rénovations dans les arrondissements de Paris nous ont fait vivre la destruction d'un grand nombre de batiments de l’ére industrielle. Le regain d’intérét pour la gare d'Orsay et son utilisation éventuelle comme musée du XIX" siécle sont aussi la conséquence de la mauvaise conscience née de la destruc- tion des parapluies de Baltard. Il ne faut pas cependant espérer que ces regrets (ceux d'un enfant qui vient de casser son jouet), suffiront dans le temps pour assurer la connaissance, l'étude et la conserva- tion de architecture de l'ére industrielle, car cette architecture est facilement destructible et fragile & double titre: Ventretien de la Tour Eiffel par exemple pose des problémes de peinture, de remplacement de piéces importantes. Si les halles avaient 6t6 en plorres massives, elles seraient certainement encore Ia. Il existe des raisons fondamentales 4 la sauvegarde des batiments du XIX’ siécle. Techniquement, ils ont été construits avec un soin de loin supérieur & celui des batiments que nous édi fions, ce qui rend leur restauration aisée. De plus, les batiments industriels de cette époque ont géné- ralisé usage d’un plan libre qui permet bien des adaptations de l'espace intérieur. Historiquement, ils sont les témoins de nouveaux problémes techniques, économiques et sociaux qui se Posent encore a notre Société. Limiter la conservation 4 des siécles plus anciens serait n'admettre ‘comme racines @ notre cadre bati que celles de la société prérévolutionnaire et pré-industrielle Economiquement, le coit social de leur destruction ne se justifie que dans des bilans fractionnés. Il faut done en conserver des témoignages réels ou iconographiques. Il est regrettable de constater que si dans la plupart des cas les interventions sur les batiments antérieurs au XIX: siécle se font avec un souci de leur histoire et de leur mode de construction, les édifices du XIX* sont traités comme une matiére proche et brute qu'il faudrait moderniser. Il est certain que la destruction de la Tour Eiffel ou de la verriére du Grand Palais ne sont pas a crain- dre. Mais a la suite des Halles on détruit les marchés parisiens — propriété de la ville de Paris — et cette dévalorisation culturelle subtilement accompagnée par le décri technique du fer qui rouille et brdle, pré- cipite d'autant plus la destruction de I'architecture domestique. On peut craindre que dans une généra- tion cette architecture qui fit de Paris la capitale du XIX* siécle disparaisse. Dans le temps de notre étude, prés du dixiéme de l’échantillon initial choisi a été démoli ou mutilé. Les métamorphoses du style rétro ne renversent pas cette tendance. Le familier n'est pas pour autant commun. Ici un regret: les deniers protagonistes sont morts dans les années quarante. La recherche des sources en dehors de ce que nous disent les batiments eux-mémes ne nous a fait découvrir que ce qui existait en archives. Elles ne rendent pas compte du réel travail d'élaboration ou le savoir de l'architecte était solli- cité, provoqué par le faire de l'exécutant. Rendons hommage a ces inconnus, a cette aristocratie ouvriére, ces compagnons sans qui une telle archi- tecture eut @té impossible, sans la ‘conjonction de leur travail et de celui des architectes. La part émi- nente que les constructeurs ont eu dans ces réalisations vaut d’étre affirmée par opposition & la déqua- lification que nous vivons aujourd'hui, ou le chantier tend a étre un processus coupé du projet et soumis & d'autres pouvoirs. Dans un pays voisin, Horta modelait en platre grandeur dans son atelier ce qui allait étre assemblé sur le chantier; la rhétorique du dessin si justement dénoncée par Prouvé ne régnait pas partout et triom- phante. Et que l'on nous comprenne bien, nous ne visons pas [a 'irremplagable utopie projectuelle du dessin mais bien son usage de substitut que certains voient plus réel que le réel, mais n’anticipons pas sur la suite... nous la vivons. Les architectures que nous avons ici rassemblées naissent et meurent aux trois coups de l'histoire. Les demiéres fusillades de 1848 précédent celles du Deux Décembre qui établissent le régne de ceux qui vont assurer le pouvoir du prince-président, le futur Empereur. La premiére révolution industrielle accomplie dans ordre productif va trouver sa représentation dans Yordre des percées hausmaniennes, dans ces nouveaux programmes, ces halls de toute nature qui englo- bent l'espace des grands magasins, des embarcadéres de chemin de fer, des théatres, comme des sim- ples marchés. Cette rapide et brutale mutation sera pour I'essentiel 'ceuvre des ingénieurs des écoles d'application, créées par la révolution ou empire, qui reprennent a leur compte l'audacieux slogan dantonnien, en une démarche dont la rationalité positiviste est exemplaire. Le mérite des architectes qui surent, dans le méme temps, élaborer ceux des batiments que nous mon- trons est extréme : face au dessin globalisant de l’éclectisme stylistique, ils assurent le discours de l'éclec- tisme constructif dont la perfection est encore admirable. Le dixneuviéme sidcle finissant s'épanouit dans cet incroyable printemps du vingtiéme siécle sur lequel siabat le rideau de fer de la premiere guerre mondiale ; ere de architecture de la premiére révolution industrielle est a Paris close. Paul Chemetov = Si nous aimons les monuments vraiment remarquables du vieux Paris, ous ne nous sentons pas contre, aucune sympathie, aucune admiration cabotine, pour les culs de sac sombres... les masures pustuleuses, les pignons branlants, les batisses banales et méme pour les contructions d'une officialité prétentieuse et d'une correction pédante dont l'unique mérite consiste dans leur age. » Frantz Jourdain : Manifeste de la Société du Nouveau Paris, 1903. 12 ARCHITECTURE! RIS 1848-1914. A la fin du 18" siécle, a. techi que de la sidérurgie naissante a suffisamment évolué pour permet- tre une baisse sensible du coat du fer, et rendre son utilisation moins exceptionnelle dans la consiruc- tion. Dans cette technique nouvel- le, la Grande-Bretagne a pris une avance marquée, & Ia fois du fait que Je pays est plus riche en mi- neral, mais aussi parce que ses industrie!s sont plus avides d'inno- vation; le fer au coke, le soufflet 4 cylindre, le puddiage sont aé- couverts en Grande-Bretagne au cours du 18 siécle. En France, ce sera plutot administration et certains membres de la classe po- litique — les technocrates d'alors — qui chercheront a introduire les méthodes nouvelles de production industrielle. Aussi utilisation du Jer se développe-telle plus parti- culiérement dans le secteur pu- blic, ce dont témoigne le domaine architectural, Dés 1779, Souttiot et Brebion uti- lisent le fer forgé — & cette épo- Que il ne s'agit que de fer forgé — our couvrir d'une verriére lesca- lier d'accés 4 la grande galerie du Louvre. En 1786, Victor Louis construit en fer les combles du Théatre Francais, et Edme Ver- niquet le Belvédére du Jardin des Plantes, encore Jardin du Roi. Les guerres de la Révolution pro- voquent toutefois un transfert do capital de Iindusirie civile vers Vindustrie de guerre. Mais si elles treinent, comme toutes les guerres, le développement du batiment, elles stimulent par contre la pro- duction du fer et la concentration capitalise: « En 1789, 600 hauts- fourneaux ‘dannent 69000 tonnes de fonte; en 1807, 300 hauts- fourneaux donnent ‘450000 ton- nes. » (1) Ces chiffres sont a met- tre en relation avec la construc: tion du pont des arts, du pont Austerlitz (de 1801 & 1806 par Lamandé — élargi en 1854), et de la coupole de fa Halle au bié. (9 Georges Lerane: = Here dy vevell et des aes Pont des Arts (1") 1 Ingénieurs : Louis-Alexandre de Cessart fet Jacques Lacrobx-Dllon - 1801-1803, Premier pont de fer construit an France, le pont des Arts est 0 & Vintéret que ingenieur dos Ponts et chaussées Cos sart poriait aux techniques anglalses. VAn- leterre avait en effet & cette époque une Pont des Aus ‘avance trés sensible sur le continent puis uiaprés le pont de Coalbrookdale. par Darby (1778), Wiison avait construit celui do Vermouth (1733-1796) et Telford celui cde. Bullwash (1796), Mais les techniques ouvelles. n'ont pas toujours que des alliés, et c'est probablemont grace a son grand age — il a alors 82 ans —, at au suceés do sos travaux précédents, Ia créa- tion du port de Cherbourg notamment, que Cessart put imposer introduction ‘un matériay nouveau dans un site déja historique San génia est daveir sont quo le fer — ou Ia fonte — permettrat, mieux que tout autre matériau, de relier les deux Tives sans casser le plan d'eau et en fal sant de cette traversée, une promenade le fer permetait en aifet d'éviter le clas- Sigue dos d'ane des ponts on pierre et de falre de la passerello une sorte Hote! particulier 7 58, rue Saint-Lazare (2) Polyehromle de Christiane Gautrot- 1974 On sait peu de chose de cet hotel, sinon 4Quil fut probabloment constuit au milieu du 18" siécle et profondément remanie sous le Directoire et Empire Lorsque l'agence de publicié « Oscar Moors ot Watot > s'y installa, elle choi @o signaler sa présence on’ colorant la fagade comme il fut de mode au début du 19" siécle : cela s'appelait alors « pein dre & V'anglaise ». Cette initiative, malheu- reusement inhabituele, fut approuvée par Varchitecte dee Batiments de France, male Fencontra quelques ditficuttes auprés du service diarchitecture de la Prefecture do Paris, On devrait au contraire, a notre sons, engourager de tals travaux qui sou ignent les caractéristiques du. batiment et contribuent a égayer Ia rue. Savoir que les couleurs vives se salissent moine vite que le blanc cassé utilisé généralement Ferme Polonceau 8 La ferme Polonceay a été inventée par Camille Polonceau en 1837, et utlisée pour Ja promidre fois par lukméme pour les fermes d'un hangar constuit lors de la réalisation de la ligne de chemin de ter de Paris & Versailles - Rive gauche, ‘Sa simplicité Ia fait larcement adopter = Toute ferme en charpente est com- posée 8) de doux arbalétriors ov piéces incl nnées suivant a pente du toi, butant une contre rautre par leurs sommats, ‘t dastinées & porter la couverture, ) d'un entra qui réunit les parties inte- rieures des arbalétriers pour les empé- cher de scatter, ot détruit la pous- 860 que, sans lui, lis exerceraient sur les murs qui les supportent. » (1) La premiére ferme était composite: tes pieces travaillant & 12 compression étaient fen bois, celles qui travallaient & ta trac- tion étaiant en fer forgé. Mais ies progres dans Jo laminage vont amener un éventall eo production plus large : aux fers & s¢c- tion ronde ou carrée, résistants a la trac- tion, mais insuffisants a la compression, vont s'ajouter les fers @ T plus récistants 8 la compression. La ferme Polonooau tout en fer, avec une ‘u trois belles sous Farbalétrir, sara lar ‘gement utiisée pour les halles de toutes sores, les marohés et les gares, partout 04 les portées sont importantes. Malgré sa grande légéreté et la savante combinaison de sa structure, elle sera abandonaée une vingtaine d'snnées plus tard: ses attaches étaient en fer forge et nécessitaient un travail délicat. Les pro- ‘gr8s du leminege inciteront & employer Ia tole dans les charpentes & exclusion {u bois ou du fer forgé. (0 Rowe Genérale «res Panorama des Champs-Elysées ° Acchitecte : Jacob Hittor - 1838-1639 (demoli en 1857) Inventé en 1792 par un peintre anglais du nom de Robert Garker, le panorama fut Intraduit an France en 1798 par Rohert Fulton ; ily connut un grand sucots tout au long du 19° siécle. II consistait en tune toile peinte en trompe lil et die- osée sur une paroi circulalre, Les spec- tatours entralent par un couloir souter- rain ot sombre, puis, par un escalier, ac Cédaient @ la terrasse centrale éclairée paar la toiture, et placée sous un velum fen parasol, Entra ia terrasse et la tile, tun faux terrain parsemé d'objets con naiont une illusion de profondeur. Le pa- rama consinit par Hittart aamble avnir G16 Ie plus grand connu jusqu'alors + on ¥y représenta « la balallle de la Moskova » «la batallio dEylau =, = lincendie de Moseou = Les contraintes de Yarchitecte étaient les Sulvantes : le batiment devait avoir 50 m do diamétre et avoir une couverture cni- que. La rotonde devait sre éciairée au moyen de chassis vitrés éloignés de 2 2 2 3 m du pied du comble, et aucun pilier ne devait étre placé entre les chassis viteés et le mur de la rotonde. Dans les premiéres études, Hittor! avait audacieusement prevu ce suspendre le ccomble en fer & Six cables tendus sur six ‘contrefor's. Mais le comble en fer fut rem- placé par un camble en bois pour des raisons d'économia, et le nombre de con ‘reforis fut doublé car la nouveauté du Principe adopié fit peur aux ingénieurs charges de voritr exactitude de ses calculs. « Ce ne fut pas un jour orsinaire Goria Hitter? que celui ou la tension ‘dos cables tint le comble suspendu ; car fen ce moment, la plupart des contreforts étaient encore isolés dans toute leur hau- tour; les arcades de étage n’étaiont méme pas commencées. Construit en hut mois, octobre 1898 & mai 1838, le colt du Panorama s'éieva a 930.000 F(1). « Je mhesite point & avouer la grande satisfaction que je ressentis dans le moment ou [acquis ta prewve de | solidité matériele d'une construction Colle sensation me fera toujours regret ter que la destination de édifice se soit tefusée 4 ce que 'aspect de cette char- Ponto restat exposé & Fail. » (2) Dsmoli en 1857 au bénétice de Ia voir, fn lui substitva un peu plus loin un autre Panorama construit par Dairond, trans- formé en 1894 en un Palais de Glace qui existe toujours. (Sou grez0m0 F se Minor ewe Generale dA ‘Aménagement dela place dela Concorde 10 Architecte : Jacob Hittort- 1836-1840 Fondeur: Ed. Zegut Fonderies do Tusey (Meuse) ‘Avec l'aménagement de ta place de la Concorde, Ia fonte fait son entrée dans les quertiors nobles de architecture La place de la Concorde ne pouvait restor inachevée, d'autant que Paris com- mencait @ so développer 4 l'ouest. Aussi Rambuteau, nommé Préfet de la Seine ‘en 1839, choisitil Hittor! pour étudier un projet defini. Hittort on proposa trois elu qui fut retenu était contd sur 'obs lisque de Louxor avec deux fontaines en alignement, comme sur le plan primitit de Gabriel. Le plan était orthogonal, avec des voies en diagonala : les fossés vers le cours de la Reine et les Champs-Ely- sées étaient combiés, Vingt colonnes 10s- trales-lampadaires siaient prévues sur les balustrades ot des statues devaient omer les principales entrées de Ia place. Ces colonnes rostrales sont = calculées do maniére @ ce que la ligne supérieure du chapiteau corresponde & calle de la comiche de létage inférieur des bat ments du Garde-meuble (aujourd'hui mi- nistére de la Marine), et la boule avec la hauteur de Ia balustrade ». Outre des raisons allégoriques qui nous échappent tun peu aujourd'hui, Hittort justifait son choix parce qu’elles offraiont « des for- mes architecturales peu compliquées » quielles permettaient de « placer des foyers de lumigre & la hauteur la plus commode et la plus convenable pour Véclairage du gaz et son service jouma- lor ». et enfin « parce qu’alles offraiant tes moyens de disposer les boules qui les terminent de maniére & pouvoir en faire jail tes jours de fete publique, une masse de jumiere suftisante pour un sys- téme complet dillumination —monumen- tal = Amsnagement do Io place 6 Concorde TE La grande grove des charpontiers de 1845 a certainement accéléré le développement de Sutilisation qu fer dans la construction (1) mais fa substitution du chemin de fer @ Ia voie d'eau pour le trans- port du bois 2 eu une conséquen- ce inattendue: plus vite rendus, les bois n’étaiont pas toujours purgés do leur séve au moment de Temploi, d'ou un échauttement qui tera écrire & Louis-Auguste Boi- leau en 1881: «De nombreux si- nistres provenant de cette cause ‘ont été constatés depuis un cer- tain temps, et on peut prévoir que les charpentes en bois établies de nos jours dans ces mauvaises con- ditions ne subsisteront pas jus- qu’ la fin du siecle. » (2) Enfin, consiructeurs et ingénieurs commencent & penser que les ma tériaux industriels — fonte et ter — offrent de meilleures pertorman- ces pour les ouvrages jusqu' alors exécutés en bois. Le fer tranchit des portées plus grandes avec des sections plus petites. Le fer a une mmeilleure résistance au feu. Le fer ne pourrit pas. En un mot — de Léonce Reynaud — il est «invulnérable » Cette appréciation peut surprendre aujourd'hui ol les constructions en fer du 19° siécle sont détruites ou menacées du fait méme de ce que on considére étre leur désuétude tochniquo, Les capacités structum relles du fer ne sont pas contes- téeo, mais toutes sortes de pré- caution (enrobage, peinture, etc.) sont prises pour assurer sa résis- tance au feu et sa protection con- ire Foxydation. Ce sont sur ces « précautions » que les académis- tes s'appuleront cinquante ans plus tard pour « raisonner » l'emploi du fer. Anatole de Baudot lvi-méme restera toujours méfiant & I'égard de ce matériau et ne fui portera un intérét, passager, qu’en ce qu'il permettait de libérer architecture des servitudes de la pierre. 11 lui reprochait de nécessiter un entretien fréquent et de ne présen- ter aucune protection thermique. Mais en 1847, le fer est « invulné- rable » «Le fer.. est & la base d'un dé veloppement dont le rythme s’ac- célére au cours du siécie, et qui regoit une-impulsion décisive lors- quill s'avére que la locomotive n'est utilisable que sur des rails de fer. Le rail est le premier élément en fer susceptible d'assemblage, le devancier de la maitresse-pou- tre. » (3) set sraat deat 10, place du Panthéon (5*) [Architecte : Henri Labrouste - 1843-1850 Grand Prix de Rome a 23 ans, Henri Lae brouste fut un des plus billants éléves de IAcadémie des Beaux-Arts. Mais une fois & Rome, les dessins quil fit de Paes- tum furent mal recus de Académie - au lieu des notes pitioresques habitvelles, ses reloves étaient plus proches de ceux d'un archéologue ou dun ingenieur. AA son retour a Paris en 1620, la rupture fest _consommes. Heurte par le sclerose de Académie, Labrouste ouvre son pro- pre atelier! an retour, Académie lui fat payer son indépendance en Mécartant des Commandes offcielles, Co n'est que douzo ans plus tard quill recevra la promiéro, la bibliotheque Ste-Genevieve. Labrouste a alors quarante ans. Les plane sont exécutés en 1843, Ie pre- midre plerte pose le 12 aodt 1844, et la 23 bibliothéque ouverte le 15 décembre 1880. Le cout des travaux s'élévera, non com pris celui du terrain, & 1'569.000 F, plus 83,000 F pour la direction des travaux (7). Comme écrit Siegfried Giedion (2) : « Le brouste fut le premier A essayer d'utiliser, dans la construction «un batiment public, lune armature an fonta et an for forgé allant des fondations jusqu'au toit de lédi fice. » Mais il diesimula = son armature dans une maconnerie, comme les rouages dune montre dans un boltier. La salle de lecture mesure 84,75 m sur 21m. Dans laxe médian, dixchuit colon- nes de fonte, aplomb de la ligne f tigre, soulagent les murs latéraux de la plus grande partie du poids de Ia tolture. Les vodtes, d'une minceur excoptionnelle, sont en grillage lave. La cambinaison des nouveaux matériaux et léquilibre ob- tenu gréce a leur judioiouse utilisation fen font un chel-d'uvre de cette épaque Jardin diver 2 ‘Avenue des Champs-Elysées, entre le Rond-point et la rue Marignan (8°) Architecte : Charpentier, et (ou) Meyna- ier -1847- Démol vers 1852 = Miraculeuse puissance do lr! si Parie 1a pas regu de la nature ce soleil chaud, ardent, ce ciel bleu comme une immense teinte dingigo... Paris a demande a ses dleux tutslaires, Vor et Findustrie, de ui faire un ciel, une atmosphere tropical Et les doux ‘démons ont obéi. Sous une voute de cristal, au feu protecteur dos caloriféres, le jardin d'hiver a fait na et prosparer les riches fleurs qui pal FOregon et le Rio de Janeiro. Que Orient cesse de nous vanter lee fetes de sos harems, les illuminations de 506 bosquets enchaniés! Entrez au Jar din diver au milieu des splendeurs du gaz : lorsque chaque fleur a pour Véclairer luisant aux reflets de phos Ce texte publié par Texier en 1852 dans ses « Tableaux do Paris » donne une idée de lémervelliament du public devant la conquéte de larchitecture du 19° siacle la lumidre. Depuis, la « fée électricité 2 quolque peu esiompé. dane nos esprite émerveliement des. contemporains pour cette nouveauté : un espace clos et lumi neu. César Daly lui-méme rappelle: « AU Moyen-Age, les fenéires de la plupart des maisons de nos cultivateurs étaient sans vitres ; aujourd'hui Paris et Lyon ont leurs palais en vorra, leurs jardins d'hiver ii ajoute celte phrase dont la_vér citée ma fait que croftre : = Depuis {que les campagnes versent leurs popu- lations au sein des villas, celles-ci s'éten- Gent ot grandissent indéfiniment. Les jar ins disparaissont, le moelion envahit le sol, air, la lumibre et surtout fa verdur. En compensation da la vercure dete, qui nous falt défaut, nous aurons la verdure Ghiver. » (1) Quant a larchitecte responsable du bat ment, un doute continue a subsister M. Charpentier en recut les honnours — et le prix —, mais sa paternité fut sérieu- ‘soment contestée par M. Meynadier. Pour ‘ppuyer son propos, M. Meynadier pre senta des dessins signés de lul, tes semblables au Jardin construit, et affirma ‘avoir dirigé le début dos travaux. La verdure dhiver, pas plus que celle até, nest, hélas rontable et le jarsin Ghiver fut démoli peu de tomps aprbs sa construction Gare de rest 3 Rue de Strasbourg (10°) Architecte : Francols-Alexandre Duques- rey Ingénieur : Pierre de Sermot- 1847-1852 Lembarcadére de Strasbourg devenu trop petit, Duquesney dressa des plans dont it ne put surveiller complétement Vexé- ution du fait de sa mort survenue en 849, La nouvelle gare ouvre sa facade vers le boulevard de Sebastopol dont elle vva engendrer la percée. Elle se compose dun aro monumental qui protonge la. halle couvrant les voles ferrées, et abriie la halle des voyageurs tout en affirmant sa fonction vers la vill Moins grandiloquente que la gare du Nord qui lui est pastérieure dune quinzaino années, le caractére imposant qu’elle a actuellement n'est da qu'a son dédouble- ment realise en 1924-193, Les fermes Polonceau, particulibrement visibles dans la voute cintrée de ce qui fest maintenant le depart des grandes I jones, sont dune grande malirise tech- nique. aces Paris n’est ni une ville industrielle, ni un port de mer. Son industria: fisation ne pourra donc démarrer qu’a partir du moment od un moyen de transport permettra dacheminer les matiéres premié res traitées, aux fins de transfor- mation. Vers 1870, le réseau de chemin de fer est en place: les premiers batiments industriels ap- paraissent. Jusque-la, Paris reste fondamenta- 25 lement une capitale politique C'est donc assez naturellement les équipements publics qui jouent le rOle moteur pour |'expérimenta- tion des techniques métalliques. Ws gardent le quasi monopole de utilisation complexe de ce maté- riau jusqu'en 1870, ol! on fe voit apparaitre dans les batimenis in: dustriels. Dés les années 1850, il existe done 4 Paris une technique avancée du fer; elle s'appuie sur les moyens de communication avec les embar- cadéres de chemin de fer déia existants, 2 partir desquels fes ca- pitaux nés du fer et du rail vont pouvoir partir & la conquéte de la ville. ils lui appliquent la rationa: ligation des grandes percées et des grands services urbains qui ouvriront un accés commode aux grands magasins ow se vendront les produits manutacturés. Mais dés 1850, la fiévre spécula- tive s'est emparée de Paris. La détaite de 1870 et la Commune ‘marqueront un temps d'arrét, mais elle ne s'achévera qu'une fols tis- 86 le réseau de voies privilégiées, ponctué de marchés, de squares, d'églises, do théatres, desservi par des gares, aéré par des parcs, et desservant les halles, les grandes administrations et le grand com: merce. Elle aura donné alors & Paris son visage le plus coutu- mir, celul que I'on a connu jus- qu’au bouleversement de ces der- niéres années, Crest @ cette période que nous de- vons I'adduction d'eau, le gaz et les égouts, extension du chemin de fer & ses dimensions moder- nes, lessentiel des halles métalli- ques, Opéra, le Cirque dhiver, Tes théatres de la place du Ché- telet, 'aménagement des parcs des Buttes-Chaumont, Monceau et Montsouris, des bois de Boulogne et de Vincennes, de nombreux édi- cules urbains, les casernes et le Palais de Justice; le Paris des distractions et le Paris de l'ordre. Le second Empire s'affaire 3 dé- grossir cette forme urbaine : Hauss- mann perce Ia vieille ville, l'aére en créant des parcs a sa périphé- rie (Montsouris, les Buttes-Chau- mont, 'aménagement des bois de Boulogne et de Vincennes), tout en permettant de fructueuses opé- rations immobiliéres, comme le lotissement du parc Monceau ré- duit de moitié par les soins des treres Persire. Ce n'est pas un hasard si, en bor- dure de ce parc, Emile Menier se fait construire un hdtel somptueux (8, avenue van Dyck, récemment inscrit & 'Inventaire Supplémentai- re des Monuments Historiques), si ses fils habiteront également en bordure du pare (4, avenue Ruys- daéi, et 61, rue de Monceau). Ce nest pas un hasard non plus si ces hdtels possédent des jardins Dhiver et des serres. Les uns et les autres sont une réduction & do- micile des «tropiques », de leur soleil et de leur richesse. Et les Menier ont bati la leur sur le ca- cao. A Forigine fabricants de produits pharmaceutiques, ils ont adjoint le Chocolat a leurs productions, pour tinalement, ne plus garder que ce- lui-ci. En saint-simoniens convain- cus — comme les Pereire — ils réussiront a faire de Noisiel (voir nt 31 ) une usine et une ville idéa- le, au sens originel du mot, c’est- a-dire, basée sur une idée. Noisie! sera un modéle sur le plan social comme sur le plan urbanistique pendant plus d'un demi-siécle. A la méme époque, @ louest de Paris, quasiment la symétrie de Noisiel par rapport a fa plaine Monceau, se crée une autre cité idéale: Le Vésinet. Alphonse Pal: lu, son promoteur, est lui aussi marqué par la pensée de Saint- Simon. Homme d'aifaires, il tra- vaille en liaison avec de Morny, propriétaire de I’ancien parc Beau: fon qui jouxte le parc Monceau. Avec les fonds du banquier André et sur les plans de MM. de Chou- fot et Olive, architectes-paysagis- tes, il projette une cité universi- taire et résidentiolle. Autour d'un établissement d’ensel gnement, on devait construire des villas écoliéres, mais aussi des pa- villons de la chimie, de la méca- nique, des beaux-arts, de la phy- sique, etc., dans un ‘plan urbain beaucoup plus homogéne que nos «modernes » campus. Mais selon un processus connu, les fofds nécessaires ne pourront &tre dé- gagés que pour Ia ville résiden- tielle. Elle reste encore un modéle: de véritables « coulées vertes» sont ménagées entre les parcelles. Les usines, manufactures, platriéres sont interdites et le resteront. Seu: les quelques industries nécessai- res aux constructions sont tolérées dans certains quartiers. Relié a Paris par la ligne de chemin do fer de Saint-Germain, le trajet était Aelior Nadar “ 35, boulevard dex Capucines (2") Architecte Inconnu vers 1850 La date de construction de cet immauble incertaine. On sait seulement de tagon sre que Nadar s'est installé en 1860 dans les doux étages supérieurs, occupés au: Paravant par Gustavo Le Gray, peintre conquis & la photographie. Au rez-de- chaussée, leo treres Bisson y exergaient la daguetréotyol, Crest Antoine Lumiero, Atay Noga () Nar) alors peintre dienseigne, qui mit en place ia signature géante de Nadar éclairée au gaz A cette époque Fatelier du photographe, comme le Jardin d'hiver, est un lieu ma- gique et mondain: « alors que Disdér, Boulevard des Italions, était le photo. graphe officiel, — raconte un temoin de époque (t) —, Nadar, boulevard des Ca- ucines, était le photographe de loppo- Sion, Les ennemis de ‘Empire taquen- talent chez lui, ainsi que tous les litéra- tours, les peintres, les artistes. Il y avait toujours table ouverte chez Nadar. Alexan- dre Dumas pére y coudoyait Oftenbach, Sardou y voisinait avec Gustave Doré, ot los sociétaires de la Comédie Frangaise avec Rochetort Entre les poses... on faisait de l'escrime. Il-y avait toujours un fier cliquetis. o'ar- mes dans le vaste atalier.. Jal assisté & cette fameuse soirée ob Nadar demanda a Offenbach de ui jouer la « Marsella- so». Et Offenbach le fit toutes fené tues ouvertes sur le boulevard, mais avec Ia varia de telle fagon que la police Imps fiale ne put intervenir. » En 1874, du 15 avril au 15 mal, il abri- tora une exposition de 165 peintures ob on trouvait réunies les signatures de Boudin, Monet, Renoir, Cézanne, Berthe Morizot, Degas, Pissarro, Sisley, Guillau- rnin... qu'un eritique malvoliant qualifiora par dérision c'impressionnistes le 25 avril Trés visitée par un public venu pour rigo- ler, exposition 69 solda par un déticr ui obliges les artistes & vendre leurs tolles & IHétel Drovot pour payer les () O16 par Jeon Nador Amand Co Cité Napoléon 6 58, rue Rochechouart (9*) ‘Architecte : Marie-Gabriel Veugny -1849- 1883 Le prince Louis-Napoléon vient d'étre élu Bla Présidence de la Deuxiéme Répu- bligue le 10 décembre 1848, Porte par le parti de ordre, ll se veut le réconor linteur de tous les Frangais, et desire montrer sa bienvelllance envers a clas- aii Catt CR Nepation ‘se ouvriere doubloment éprouvée ar la crise économique et par tasanglente répression des journées de juin ‘Aussi tento‘til de reprendre a son compte le programme élaboré par lo = Parlement du travail » mis en place le 10 mars 1848 au Luxembourg. Ce Parlement prévoyait |a_construction dans chaque quartier « dun tamilstere assez considerable pour loger environ quatre cents families ou- vriers, dont chacune aurait son apparte: mont séparé et auxquelies le sysiéme de la consommation aurait assuré sur une grande échelle, en matiére de nourriture, de loyer, de chautlage, d'eclairage, le be- niéfice des Economies qui résultent de association. » Le 12 janvier 1849, le Prin- 28 Cis Napoiéon | | | a ’ ce-Président fait un don de £00000 F pour alder la construction de cites ou- Le programme est toutefois sensible- men en retrait par rapport & celui du 40 mars 1848 : les associations, méme de consommateurs, ne sont pas bien vues. Reste néanmoins le témoin dun grand reve, La ite comprend quatre batiments. Ce- [ui qui longe la rue présente une dlc pesitinn ariginala Ilast an effet composé Ge deux corps de logis parallales, reliés per des passorallas ot des escaliers. Cotte Sorte de cour est éclairée par une toiture, vitrée A Forigine, aujourd'hui couverte en Polyester. Elevé sur cave, il comprend Quatre étages, et abrtait 86 locations au prix de 100 F pour les pieces sans feu, 150 F pour les piéces a fou, le loyer pou vant monter jusqu'a 300 F pour les loge- ments composés dune chambre & feu, d'un cabinet clair et d'une petite cuisine Les wos. et Tévacuation des eaux usses taiont placés aux extrémites du batiment, 4 raison do quatre par étage. Ls batimenis dans la cour sont construts sur un plan plus traditionnel, mais. en semble de la Cité ne commusiquait avec la tue que par lentrée principale, placée sous Ia surveillance dun conciarge. Joinle ‘ay raglement intérieur, e'inapiration toute paternelle, cette surveillance sera sans doute Tune des causes du manque <'en- {gousment des ouvriers parisiens pour ce genre de logements. WI reste un témoin abatardi, on dirait au Jourd’hul récupéré, de-tidés du Phalans- tre lancée par Fourier une quinzaine «an rnées plus {61 II reviendra a Jean-Bap. fiste Godin le merle de la réaliser 8 Guise (Aisne) & partir de 1859, Cirque erHver 6 Place Pasdeloup (11°) Architecte : Jacob Hittor - 1852 ‘Ala sulte du suceds rencontré par te cir que en bois des Champs-Elysées, Hitior! avait remplacé par une construction en plerres en 1861 (1). Mais Thiver, le public, ne se déplacat pas si loin du’ contre de la ville. Pour garder son public, et aussi Cave artiver ‘son personnel, M. Delean, directeur du cirque demanda & Hittort de construire tun cirque en vile Le terrain choisi était en contre-bas dos boulevards, mals Administration s‘oppose ce qu'on le remblaie, Aussi dut-on aban- donner Tigée de lentourer de tontaines. Dune surface couverte de 1800 m2, il ouvait recevoir 5.000 spectateurs. Com. meneé le 18 avell 1852, il fut inauguré le 11 décembre de Ia meme année (sic) ar Napoléon ll. Le codt total était de 675000 F (2), soit 356 F au metro. fel encore, le probiéme important était celui de la couverture, Hittort résolut de placer autant de demi fermes quill y avait d'angles au polygone formé par le monument ; = ces demi-fermes s'arc- boutent & leurs pieds, & Vintérieur des angles d'un polygone en charpente, assis au sommet des murs, et dont les. cotes sont reliés par un fort chainage qui s'op- pose & sa deformation ; les sommets dos domi- formes sont assombiée dans un olygone semblable mais beaucoup plus petit, formant a bata do la lanterne oon trale qui couvre Véditice. = (3) Selon les Id6as chores & Hittort, fe batiment fut peint de couleurs vives, ‘partellement repro- duites par le récent ravalement. (0) Son succba dina apr exposition e658 Wf dana la Rowe Ginérale de Ar Mais paraliélement, un nouveau matériau faisait son chemin: le béton. «C'est en 1818, rapporte Auguste Perret, que Vicat, ingé- nieur des Ponis ot Chaussées a Grenoble, fit ses premiers rap- ports sur les liants, objet de ses études, De ses travaux, i! résulte que hydraulicité d'une’ chaux est due aux composés qui se forment forsqu'un calcaire est calciné en présence de fargile... Ce que les Romains faisaient & tatons, Vicat fa fait scientifiquement. II ‘divisa, suivant les proportions de silice, Jos chaux en chaux grasse, chaux ‘moyennement hydrauliquo, chaux hydraulique, chaux éminemment hydraulique, ciment. C'est au ci- ment de Vicat que nous devons Jes immenses progrés réalisés par les matériaux agglomérés. Cot homme de bien abandonna ses procédés au domaine public et fut récompensé par une pension de 6.000 F. S'il s'était couvert par un brevet, il aurait réalisé pour lui et ses descendants une fortune con- sidérable. » (1). —T Maison ” () -Wengplonadie ta 72, rue Charles-Michels & Saint-Denis Architecte : Thédore Lacher - 1859 Crest la premidre construction en béton, Qui nait au moment oi le fer est déja bien établi. Francois Coignet, voulant démon- ‘rer que « la pierre artiticile =, com- me on disalt alors, pouvalt se substituer centiérement aux matériaux_traditionnels, feproduit une maison « classique » dont il avait demands les plans a V'architecte Théodore Lachez, Pour prouver quill 29 rvétalt pas nécessaire de dissimuler te materiau derriore un habillage de pierre (04 de briqua, Ia facade ost entiéroment fan béton, y compris les moulages, Ia cor niche, Ventablement et fa balustrade, Sou- Tes, les solives du deuxibme étage sont fen bois, et la terrasse est renforcée de outrellés metaliques noyées dans le beton, Cette realisation avait été rendue possible ar a mise au point d'un nouveau ma- laxeur qui permettait de produire dix fois plus de béton dans un tomps donné. Auparavant, Frangois Coignet avait cons- trut une usine de produits chimiques — en face dans la méme rue — partielle ment en béton, Mats il était limité per la IMsizon a StDene lenteur du gachage. II mit alors au point tun malaxeur qui lui permit de produiro dix fols plus de béton dans un temps donne et de réaliser cette construction tout fen beton, SES Une structure métallique peut étre une résille ou un treillis ; elle se earactérise en premier lieu comme Une ossature @ reports de charge ponetuels, par opposition & la structure ‘de masse de la macon- nerie. Son intérét réside dans les grands espaces libres de tout sup- 20 port qui peuvent, selon occasion, abriter une gare, un marché, une bibliothéque ou ‘des ateliers’. L’espace prend toutefois un ‘eliet particulier par fa nature des pié- ces qui composent fa structure ; elles sont usinées, finies, et le chantier n'est que le montage ra- pide des composants. La mécani- Sation du travail commence a l'usi- ne et sur le chantier. Dans sa conception et son mode de représentation, le projet Iul- méme est touché par la division du travail: il nécessite un dessin précis des piéces et de leur posi- tionnement dans les assemblages. Le dessin suppose une action, la maniére dont les éléments doivent 6tre mis en ceuvre. I! n'est pas sans rappeler I'« éclaté » industriel. La production de cette architec- ture est le fait de l'industrie, & 06: 16 ou en face de laquelle, la posi- tion de Iarchitecte devient incer- taine. Deux voies se dégagent : = l'une innove Foutil en le pous- sant & sa limite : loutil devient le projet. L'exemple le plus fameux est le Crystal Palace de Joseph Paxton et Charles Foxes & Lon- Gres. Le projet est essentiellement tributaire du composant, de son monde d’assemblage et de démon- tage. La composition est pure- ‘ment circonstancielle, voire numé- rique: la longueur du Crystal Pa- lace est de 1 81 pieds, date de sa construction et de I'Exposition Uni- verselle qu'il abritait. La mise en eouvre de ce batiment gigantesque fut dirigée par Charles Foxes, in- génieur et constructeur de chemin Ge fer, selon les méthodes qui dé- rivent de la pose et de I'assembla- ge des rails. Mais les éléments auraient pu étre assembiés diffé- remment: des dessins les mon- trent ré-ordonnés en forme de tour. ~ Sautre cherche & préserver une part de « créativité », qui n'est, le plus souvent, que alibi de "éclec- tisme et de fa soumission au com- manditaire. Ce que notera Casta- gnary 4 propos du Salon de 1869: «Les vrais, clestadire les stu- dieux, les austéres se tiennent a Vécart; les autres cherchent d'ou souttle le vent et qui peut mieux les protéger. Si c'est I'Institut, on fait du classique ; si c'est le ‘dio- cése, on tient pour I’école de Viol- letle-Duc; si c'est. l'administra- tion, on lui donne tout ce qu'elle demande, du grec, du romain, de Métrusque et surtout du Louis XVI. Le Louis XVI est en faveur. » Mais @ partir des années soixante- dix, les architectes se saisiront peu 4 peu des nouveaux matériaux mis 4 leur disposition. Avec opportu- nisme, ils seuront combiner le fer laminé, 1a fonte, les briques, bri- ques émailiées, terres cuites, céra- miques, grés avec la pierre et le bois. oe Palais de Tindusre de VExposion Uni forsee de 1258 ‘8 Champs-Eiyases Architect: Vietor Viet ingenieur? Alexie Beraut- 1852-885 4 haviour de l'ctuel Petit Pals, male Stud parallélement ala Seine Exposition Universolle de Londres en 4851 a connu un grand sucots. Napoleon Hil veut relever le gant et consolider sa fenommée en Europe. Liou de rassem- blement et d@ réconeilation dans Ia com- Pétition, les Expositions Universelles clé- brent les triomphes du dieu Progrés. Elles renouvellent périodiquement devant un pu bic ébabi les phantasmes collectifs, chan- gent los désits de consommation, ten- tent do donner des modéles aux archi tectes en leur proposant des themes de réflexion, des programmes d'études, et fon lour apportant des motifs de tous les pays, base de léciectisme. Palais de Firdusirie de Exposition Universlle do 1885 La Societe chargée de construire le Pa- lais de Vindustrie demande un projet & Viel, mais le jugeant trop cotteux, ello on demande un second Cendrler, larchi- tecte du P.LM, et & lingéniour Barrault Le second projet fut accepté, mais devant Fimpossibilite d'obienir de Findustrie mé- tallurgique lee piéces nécessaires. dans les delais voulus, « la Compagnie décide de b&tir une enveloppe en magonnerie et de limiter Tusage du ter au grand hall central. Viel donna les dessins du ball ment. Barrault coux du hall métalli- que. = (1) Le résultat fut assez lourd ; les mauvaises langues parlérent de « Pax: ton en dur = (du nom de Farchitecte an- glais qui avait construit le hall en verre {2 T'Exposition de Londras cing ans plus 10), Les dimensions, 192 m sur 48 pour la salle centrale en faisaient néanmoine tune = promiére = parisionne. Incidemment, les premidres tuiles méca- niques, congues par Emile Muller, archi- tecte de la eité Dollluss @ Mulhouse, fun rent préseniées @ cetie Exposition, de méme qu'un curieux petit betesu, par un certain Lambot i etait fait en mortier de ciment, armé de tiges de fer. Coase en France, Vil p, 36. atone Pear Pont a'Arcole (3°) 1° Ingénieur : Alphonse Oudry - 1854-1855 Laménagement des abords de 'Hotel de Ville et te protongement de la rue de Ri- voli lalssant prévoir une augmentation de la circulation, on décida le 25 octobre 1854 de remplacer par un pont | pas- serolle suspendue. Deux projets furent proposés; l'un, par les ingénieurs du service des ponts, com- portait trois arches en maconnerie et ‘coutait S00.000 F, Vautre, par Oudry, na ‘comportait qu'une arche en tle de fer ‘mais codtait 800.000 F (1), Le Ministra opta our ce demier « prenant en considérs- tion d'une part Ie trés grand avantage que relierait la navigation d'un pont rayant ‘aucun point dappui dans la riviere, et Gun autre cote Tintéret que présenterait au point de vue du progrés de Tart des Pom Arcola constructions, Vétablissement dune tra- vvée métallique dépassant en portée tout co qui avait 66 fait.» 2) Larche est composée ce douze arcs en fer ayant 1,33 m de hauteur aux naissan- ces et 038 m & a clef. Chacun de ces arce est formé d'une tole verticale dé- croissant des naissances vers la clef, ot sur laquelle sont rivées deux lignes de cornieres recouvertes autres télee fai- sant nervure. lls sont contreventés entre eux sur toute leur longueur par des entre- toises en for & T. Sur chacun d'eux repose tun tympan en fer qui supporte le tablier, également en fer, recowert par une chaussee empierrée. Salt 12200000 F 1976 (dove) ot 21280000 F 107 (Geen, vor rote pst 2) Feline Romany = Neti his {2 Pane, Ea” Dinod 188 Eglise Saint-Eugéne 20 Abis, rue Sainte-Cécile (9*) Architectes : Adrien-Louis Lusson et Loui ‘Auguste Bolleau - 1854-1855 Le terrain dont disposait le curé ¢t exigu. Lutiisation de la fonte — pour la premiére fois ici dans une église — per- Iettait de réduire Vemprise au sol des piliors de souténement. Est-ce 1a soule Consideration qui guidérent les. archi- tectes ? Boileau voulutl, comme Iéerit Bruno Fou- cart (1), « obtenir par la minceur des pi Eglee Sone Et liers une transperence nouvelle =, et ‘ chercher @ réinvontor ta roligiosité du gothique =7 Sans doute. Et pour une large part, Féclectisme, dont Saint-Eugene ‘est lun des témoine — non le pire — révéle le golt nouveau des architectes pour Thistoire, « la compréhension dun systtme consiructit d'une intelligence et un modernisme qui n'ont pas veil = Mais on pout penser aussi avec Dela- croix, cité par Baucelaire dane on Salon de 1859, qu’ « A force de contempler et de ‘copier, ils oubliont de sentir et de pen- (Dans « Comment peuton simer une dglise de {or eole, ou oe Ie sebanltaton “Gu peti Fevae dee’ Monomente Hhotargaes a « L’éclectisme, aux différentes 6po- ques, s'est toujours cru plus grand que ies doctrines anciennes, par- ce quiarrivé le dernier il pouvait arcourir les horizons les plus re- culés. Mais cette impartialité prou- ve impuissance des. éclectiques. Des gens qui se donnent si large- ment le temps de la rétlexion ne sont pas des hommes complets ; “il leur manque une passion .Quelque habile que soit un éolectique, c'est un homme faible ; car c'est un homme sans amour It n'a donc pas d'idéal, i! n’a pas de parti pris; ni étoile, ni bous- sole. i méle quatre prooédés différents qui ne produisent qu'un effet noir, une négation. Un éclectique est un navire qui voudrait. marcher avec. quatre vents.» (Baudelaire, «Salon de 1846 ») te Lee Hall a Rues de Viarmes, Rambuleau, Pierre-Les- cot et Berger (1") 2 Architectes : Victor Ballard et Félix Callet - 1854-1857 (1° tranche) 1860-1856 (2° tran- che) - démoties en 1973 ‘A la fin du 18° siécle, emplacement des halles était occupé par plusieurs marches, La halle au l6(1), mais aussi le marché la viande, la marché & la verdure, la halle au poisson, le marché 9s Innocents... avalent été construits au fil des années sans plan d'ensemble, au point que le 14 tévrier 1811, Napoléon 1°" fit publier un décret aux fermes duquel = il sera conetrut une grande halle ui ‘Occupera tout le terrain de la Halle ac- tuelle, depuis le marché des Innocents juequ'a Ia halle aux farines. » Larticle 38 Prévoyait méme que les travaux seraient terminés a la fin de 1814. En fait, il ny ‘cut méme pas de commencement d exé: En 1842, la situation ne s'étant apparem= ment pas améliorée, le Préfet Rambuteau institua une commission composée de membres du Conseil municipal (sept) et de fonctionnaires (treize) — encore les bonnes habitudes —, pour étudier le pro- bleme des halles cantraies, lee marches Tne rendant plus les services demandes Plusieurs emplacements turent envisegés, notamment la halle aux ving (actuelle- ment la Faculté des Sciences), Certains conseillers, tels Lanquetin, scuhaitaient meme que los halles soient implantées fen dehors des limitas de la ville de fagon ne pas dénaturer le centre et @ ne pas Tengorger. Mais administration avait son idée, et le 30 novembre 1843, le Prefet de Police Gabriel Delessert, sur les con- ‘clusions de la Commission, demanda de Porter la superficie prévue do 26.625 m2 ‘4 30.000 environ pour agrandir les déga- sgements. Un avant-projet fut alors demandé & Vic- tor Baltard. Daté du 15 jullet 1846, 1 fut proposé au Conseil municipal et ap- prowvé le 18 aodt 1845. Anticipant quel- que pou sur la décision du Conseil, Vie- tor Baltard et Féix Callet sont nommés architectes des Halles le 4 aodt 1845, = Le plan d'ensambie, deja admis en prin- ipe, fut soumis renquste, et, malgre quelques objections et un contre-projet Présenté par un architecte Stranger a ad- ministration (Horeay), ce plan ful adopté et bientdt suivi de plans détailés par MM. Baltard et Callet (2). Une commis. sion spécialisée eo réunit néanmoine et rédige un programme qui, daté du 21 oc- tobre 1847, sert aux atchitectes. Ceux-ci Temettent leurs plans en juin 1848, quel- ques jours avant les tameuses journées. Les troubles qui s'en suivirent retardérent les décisions et permirent & @'autres archi- tectes de proposer de nouveaux plans, si bien que le Conseil municipal reprt le débat lo 11 Juin 1851. Le projet dHector Horeau, le plus sérioux concurrent, fut éliminé non pas tellement du fait du parti architectural edopté que de emplace- ‘cement choisi, Horeau avait en effet prévu dimplanter les Halles aux bords de la Seine pour en faciliter la desserte par eau, mais aussi par fer. Le nouveau site aurait obligé la Ville & de nouveaux achats e terrains et reculé T'exécution. Aussi le choix de Baltard et Callet fut! confirme. adjudication des travaux eut lieu en aodt, et la promiere pierre fut posée par le Prine ce-Président le 15 septembre de la méme année, En juin 1853, « lo gros-euvre du premier Pavilion des’ Helles se terminait, Venta blement etait posé; il ne restait plus qu’ mettre le troisiome joiture et & aire les ravalements, lorsqu'inopinément les tra- veux furent suspencus par ordro supé- rieur...» (2) Entra temps certaines idses ‘avaient sans doute fait leur chemin, et les projets @'Horeau, mais aussi de Flachat, avaient probablement trouvés des yeux aitentis. Le Prélet Berger est alors rem- placé par Haussmann, Nommé Ie 22 juin, Il détena racministration ot les architectes Choisis per elle et anjoint Baltard de mo- ier ses plans pour satisfaire |'Empe- rour: = Du fer, ren que du fer.» En quelques mois, Victor Baltard et Félix Callet firent des plans totalement df= fents du pavilion que lon appelait par derision « le fort des Halles =. Sile ne copiérent pas directement les plans de leurs concurrents, Il est certain quis ne purent les oubiler. Directeur des Travaux do Paris et du département de la Seine, Baliard avait comme collaborateurs qua te architoctes en chet (Ouc, Bally, Gi bert et Baily), vingt architectes ordinaires et de nombreux architectes-inspecteurs et sous-inspecteurs. On peut done se de- manger jusqu’a quel point il contréla les plans... Cola explique qu’a la mort dEu- gene Flachat en 1873, Isaac Péreire ait u écrire: « toutes les idées newves des Halles contrales actuolles ont ét6 prices fu projet de M. Flachat; seulement, en passant du puissant ingénieur a I'élégant architecte, elles ont perdu ce qv'lles avaient primitivement daudaciaux et de grandiose. Le projet de M. Flachst com- Portait des termes de 80 m...» que Bal tard ne pouvait réaliser. Par contro, i roprit Vidéo des rues couvertes. Original ou non. le nouveau projet pre voit six pavillons & est et quatre pavi- lons & rouest. Le corps de rest fut entre- pris au mois de mai 1854 — moins <'un ‘apres Tarrét des travaux du « fort = — ft terminé trols ans aprés, dans le cou- rant de 1857. Folix Callat était mort en 1886, laissant Ballard diriger seul l'ach®- vyernent de Vouvrage. A la fin de 1857, des dificultes d'exé- ution et de service surgirent. Baltard propose alors dagrandir les pavillons de ouest dont le nombre est porté & six eur tune surface de 19.310 m® contre 12400 prévus au départ. Mais trois pavilions Seront seulement achevés en 1886, les deux derniers, en 1996. Le corps de lest ‘soit les six premiers pavillons, avaient couté & millions de francs. (3) IN est intéressant de rappeler que, pour calmer les appréhensions des conseillers Qui craignaient c'engorger le contre de Paris, MM. Brame et Flachat furent char 9¢s <'étudier une lisison ferroviaire sou- terraine avec Ia gare do IEst, ot par alle, avec la pete ceinture et les autres gares. étude concluera d'une fagon positive, au point quo les caves des Halles furent po- 808 sur une dalle en béton. Un siécie plus tard, la construction d'une liaison ferroviaire sera le prétexte invoque... pour etrviro les Halles (1973). La décision tut ardemmtent combattue. Au dela de Tinterét architectural des Halles, Partisans et, adversaires sentaient profon- ddément ce gue Victor Baltard résuma si bien dans le live quill leur a consacré ‘et que nous avons abondammient cité, en crivant dans (introduction : « Dane’ es tomps anciens, chez les Groes et los Ro- mains, les marchés n’éiaient pas. seule ment des centres d'approvisionnement our les cités; c'étalent aussi ces lieux 24 do réunion ou tes affaires publiques et privées se treltalent entra les cltayens, Agora des Grocs ot Io Forum des Fo- mains avaient cette double destination ». (D Voir ©) Monographie dee Hallas ctrales de Pars far" Victor Saitaa at tou F Calor Paris (3) Sot ten.00000 F 12%, voir note p. (a Les Halles vues par Cmile Zola extraits de« Le ventre de Paris » Lombre, sommeiiiant dans les creux des toitures, multiplialt la forét des piliers, élargissait Tintini les nervures délicates, les galeries découpées, les persiennes transparentes ; ot c’était, au-dessus de la ville, jusqu’au fond des téné- bres, toute une végétation, toute tune’ floraison, monstrueux épa- nouissement de métal, dont tes tiges qui montaient en tusée, les branches qui se tordaient et se novaient, couvraient un monde avec les légéretés de feuillage d'une futaie séculaire... » «C’étaient, aux deux bords de la rue, de gigantesques pavillons, dont tes tolts superposés (...) som blaient grandir, s’étendre, se per- dre, au fond d'un poudroiement de lueurs. (...) une suite de palais, Gnormes et réguliers, d'une Iégé- reté de cristal, allumant sur leurs facades les mille raies de tlammes de persiennes continues et sans fin. Entre Jes arétes tines des pi: fiers, ces minces bares jaunes mettafont des échelles de lumiére, qui montaient jusqu'a /a ligne som” bre des premiers tolts, qui gravis- salent 'ontassement des toits su- périeurs, posant dans leur carru- re les grandes carcasses & jour de salles immenses (...) Bibliotheque Nation: 458, rue de Richelieu (2°) Architecte : Henri Labrouste - 1858-1868, Laceroissoment de la production du livre au 19° siécle rendit nécessaire Ia sépa ration du stockage des livres et de la salle 0 lecture, Du fait que les magasins n’étalent pas accessibies au public, Labrouste n’était par tenu de suivre le gout du jour; aussi les aménagea-til lbrement de tacon fone- tionnolia. Sous uno toiture on verre, i dispose quatre étages de galeries et un sous-sol en calllebotis de fonte tel qu'on les ulilsait dans les cargos. Des passe- relies, également en cailleboti reliaient los Galeries, tout en pormottant a la lumiére e filtrer jusqu'aux étages intérieurs. Cette disposition, qui permettat 'accroitre con- sidérablement éclairement, sera reprise tout au long de la seconde’ moltié du 19° si@cle dans les grands magasins et les immoubles commerciaux. La lumidre éloc trique ne dato on effet que de 1875, et ne commenga @ se généraliser que dans le premieres années de ce siécle. Le magasin contral est 2 la fols séparé et relié visuellement & la salle de lecture par un grand mur vitré, nouvelle innove- tion. Les deux fonctions de la bibliotne- que, conservation et mise & disposition, ont ainsi distinguées sans tre coupdes. La salle do lecture, publique par déti- nition, est une combinaison savante de heritage architecturale et des techniques nouvelles. Construite sur un plan rectan- gulaire, elle repose sur seize colonnes de fonte dont la minceur — 30 om de dia- matro pour 10 m de hauteur — est un ‘apport du nouveau matériau. Elles sont roliées « par des poutrelles en demicer- le, qui se reioignent pour former neuf ‘coupoles légéres qui rappelient celles de Brunelleschi pour Hospice es Enfants ‘rouvés & Florence, Les votites sphériques de Labrouste sont faites de minces car- reaux de céramique, Au miliou de chaque vole se trouve une ouverture circulare, comme celle qui fut utlisée sur une gran- {0 échelle pour le Pantheon, » (1) Par la fagon dont Labrouste assume ici les formes architecturales neritées, au- tant que par celle avec laquelle il aborae 2 |e nouveau matériau, Labrouste 2 créé lune ceuvre, géniale, de transition (0) Sleghied Gledion, Espase, tangs, schon ‘as, adivon frangnse ohn «ia Conaiease = Passerelle de la douane 2a Canal Saint-Martin, pros de la rue de a Douane, aux (10°) Crest Ia plus ancienne passerelle métal- Tique du canal, fa plus légére aussi, méme i lee marches en béton qui ont rem placé le platolage en bois dorigine alour- dissent quelque peu sa silhouette, Elle est soutenue par trois arcs const tués chacun de huit voussoirs en fonte sjourée, reliés transversalement par des barres filetées, et maintenus longitud- ralement par des tirants en diagonales. La passerelle Dieu, quelques aizaines de metres plus loin, est faite a'arcs en tole Bleine. Elle date de 1691 aujourd'hul rue LéonJou- Eglise Sainte-Marguerite, Le Vésinet_ 24 Place de VEglise Architecte : Louls-Auguste Bolleau (1)- 11862-1864 Premier monument on béton, constrult sur lune structure métallique, Mise en con- cours par Alphonse Pallu, promoteur du Vesinot, léglise devait étre réalisée dans les matériaux de la mellleure qualltS », ‘et ne pas dépasser 90.000 F. Louis-Auguste Boileau gagna le concours avec un projet de vodtes métalliques ins piré de celui de léglise Ssinte-Eugéne. NN découvrt ensuite, sOrement sans grand plaisir, que Francois Coignet avait gagné la confiance d'Alphonco Pall, ot que lee murs extérieurs, non-porteurs, _seraient realisés en béton ot non en pierre. A la différence de Labrouste pour la bi- bliotheque Sainte-Genevieve, il ne sut pas rower Vantculation entre la structure et son expression: la résultat est acadé- mique dans la forme, bien que révolution- naire dans le procédé construct Maurice Denis réalisa dos vitaux dans 38 Jes deux chapelles cu fond en 1901 (9 Un doute wbsiste sur le paerats de Téa Par alien ves Cane he th con atsbuton # om article noua et Fran ttou-Gharce stave ‘lore que 2 en, jo continue du Nord 25 1ce de Roubaix (10°) ‘Architecte : Jacob Hittor 1863, Lorsqu'il fallut_remplacer embarcadére du Nord (1) devenu trop petit, Hittort prit plo do la halle dentrée de Ia gare de TEst pour couvtir les voles ferrées. Gar 36 Mais les termes Polonceau s'appulent sur des colonnes de fonte et non plus sur lune maconnerio extérieure : la ne! princ’- pale @ 35 m de large, les deux bas-cotes 17.50 m articulation avec la facade qui fait eppel 2 tous les ordres classiquesest_ingé- niguse, mais reste discutable. Comme Féerivait Anatole de Baudot: « Tintérieur et Vextérieur de la gare du Nord sont deux couvres étudiées dans un sens dit- ferent. Dans la premiére, la nature des matériaux, leur emploi, les conditions emplir ant pasa sur (a enmpnsition : dans la seconde au contraire, les besoins ot les matériaux ont dd se plier a letfort de telle ou telle forme. Y ail donc de notre temps l'architecture des intérieurs et V'at- chitecture des fagades ? N'estil pas singu- lier de voir une cuvre nouvelle, une eréa- tion du 19" sidcle se présenter sous une ‘apparence classique ? » (2) Reste le hall ol, s'appuyant avec plus co bonheur sur Fexempla antique, Hittort fit une mise en couleur ditférenciée pour les biclles, les tirants, los entralts et lee po- teaux de fonte, uelies que soient les restrictions que l'on pulse faire sur la fagade dHittor, elle Yen revét pas moins un caractére pro fondément urbain. Un garage était peut- fire nacaseaira, mai MCauraule at is SNCF. ne pouvalentiis accoler un ba ment pius en rapport que ce bloc indit- feroncié (1972) dont les lignes évoquent davantage la prison pour voitures que le voyage ? (0)« Vembarcadiva> du Nord — comme on, dant Slorn Sei ats cone an Toe por’ L Aaya. “Ceuitis"pomase ere pusenne fr, oaer’ Ely Seat auran nowweetcomelee (Reves Générale de PArchitocture, 19445) Dene in Gazeto den orehiesten at ds Ba piotre en Fagrémentant de fiortures. La comparaison aveo le marché d'Aligre fs (1843) montro Tintérét évident de la nou- velle technique: charpente plus légére, aération plus facile, lumiére plus vive fest copendant vous & la destruction par son propriétaire, la Ville de Paris. A la ditféronce de beaucoup autres marchés, il nz pourtant pas perdu sa vocation pre- miéze, et le marché de vétements y est toujours actif, mais la Ville dit manquer de. terrain: elle empilora done une pis- cine & doux bessing, un gymnase, un Centre médico-sporti, une créche, une cole matemeli, un foyer do vieux, uno bibliothéque, une discotheque au-dessus un marché et dun parking de 573 pla- nn ni A | nae TEE Marché du Temple 26 Perrée, Dupetit- ie) ‘Architecte : Jules de Mérindol- 1869-1065 Crest Tun des tout premiers marchés mé- talliques de Pars, 1! fut construit sur 'om- Placomant dele Halle eu Vieux Linge Glovée en 1809-1811 par Molinos sur les ‘decombres de la Rotonde du Temple Cotta Halle étalt constituge de quatre pa- villons répondant aux noms pittoresques de Palais-Royal pour les marchands de toilette, Pavillon de Flore pour les mar- chands da literie, Pou Volant et Forét Noire pour la ferralle et les chiffonniers Mérindol reprit a forme des marchés de ‘ces dans un silo en béton, Louis Arretche, architecte. OU sera la légereté? Ou la lumiére ? Ou Yair? Pourquoi se soucie-ton moins de la quae lite de la vie en ville en 1978 qu'en 1063 ? Marché aux bestiaux et abattolrs de la Villette a7 211, avenue Jean-Jaurés (19°) Louls-Adolphe Janvier -1863- ‘Au milieu du 19° sidcle, il y avait a Paris Sept abattoirs — cing pour les bovins ot les ovins, deux pour les pores — auxquele ‘sjoutérent trois abattoirs dans les com- a Marené 89 Temple munes annexées on 1850, Leur dispersion & Vintérieur de la ville aggravait les dif ficultés de circulation, et les odeurs qui s’en dégageaiont ne choquaient pas que les narines « écologistes » ‘Aussi en 1858, décida-ton d'implanter les nouveaux abattoirs & la limite extérieure de la Vile et de les relier par le chemin de fer de ceinture. Le premier réalisé, et le plus important, fut celui de la Villette, Les travaux commencérent en septembre 1869; trois ans plus tard, le 1" janvier 1867, ils talent lives & exploitation. IIs couvraiont 87 ha de part et dautre du canal de 'Ourca, avec, & Youest, les abat- toirs proprement dits, et, & Vest, le mar- cché aux bestiaux. Le montant des tra- a7 Ey vaux s'élevait & 23.000.000 F (7) Cent ans plus tard, en 1959, les abattoirs 3 démolis. et reconstruits... en dix fang pour un montant avoisinant le milage de francs (lourds). Les bouchers qui avaient tant fait pour qu'on leur recons: truise cos abatioirs, devinront tras. dis- Crete : leurs soutiens politiques aussi. On sait que le nouveau Président de la Répu- lique souhaite que le secteur soit objet G'une opération durbanisme exomplaire Mais le marché aux bestiaux demaure Avec ses trois grandes halles couvrant 21 ha, il est la plus vaste construction fen fonte et fer de Paris: Ia halle centrale mesure 285m de long, las deux nelles latérales 188 m, pour, chacune, 86 m de large (les Champs-Elyeées en font 70.) Cha- que halle comporte sept nets éclairées lateralement. L'ensemble rappelle étonna- ment les projets quHoreau, et surtout Flachat, avaiont proposés une cizaine d'années plus tet pour les halles contrals. La personnalité de Janvier, pas plus que Colle de Baltara.n’ont marqué leur époaue. st aul contraire I'époque qui, & travers ux, a marqué Paris. A ce témoin oran- diose de larchitecture métallique du mi- Nieu du 19", il importe de trouver rapide- ment une destination afin de iui éviter le sort des halles centrale, (0) Soe se3s00000 F 197, Candelabres Fe Entreprise Oudry-a partir de 1885 Au début du 19° sidole, « Paris présente la mult venue un spect fouche et sinistr. Dans cos goutfres ombreux que sont les rues, les étolles jaunes de nos quinquets font une petite lusur incuffisante pour pe car las ténébres ou le broullars. Chacun Savance en rasant les murs. Gare 8 colul qui se risque au miliou de la chaussée | La crotte et les ordures qui se sont amassées pendant le jour dans le ‘ureseau Tauront bientot couverte de boue, & moins quill ne risque vingt fois o'étre Scrasé par ces nouvelles voitures de place rapides cui, lorsqu‘elles transportent des voyagours, Semblent faire la course entre elles... Le piéton qui manque c'agilte est_un homme perdu ».(1) Paris ne ispose on effet en 1831 que de 69 boos de gaz ot 12941 becs a hulle, Les rues sont peu sires, ce qui explique sans doute que le Service de l'éclairage déoende de la Frétecture de Police, Il ne sera ratte: cché au Service des promenades et plan- tations qu’en 1859, quend Alphand en prendra la direction Les candélabres Oudry étaient en fonte, parfols cuivrés ou en bronze : la lanterne en elton qui leur était accrochée, était solt ronde, soit carrée, mais cette aispo- sition, moins décorative, alt plutet réser- vée aux candélabres installés dans les quarters périphériqu fe ia bbliahoqve hetorgue dela Ville do Pare $370, suque! nous svone omprunté Tessantst de Immeuble commercial 29 8, rue Beaurepaire (10°) Architeote : Et, No8l-1967 Crest I'une des promiéres fois que Yon Uutlise des colonnes de fonte pour per- mettre Vouverture du rez-de-chaussée et do entresol, toute en supportant les ages superieurs dans une architecture a caractére commercial Exposition Universelle de 1967 20 Champ de Mars Ingénieur en chet: Jean-Baptiste Krantz Architecte principal : Léopold Hardy ‘Aménagée suivant les conceptions du prin ce Napoléon, cousin de lEmpereur, TEx: position Universelle était dispose ‘selon un plan oval, Signe des temps, la diree- tion de la construction fut confide & Joan- Baptiste Krantz, ingénieur des Ponts et Chaussées, mais républicain convaincu ‘Amide Victor Consigérant, il avait dirigs lun Atelier national en 1848, et construit ainsi le canal da Sain-Mauries. AU plé= biscite qui avait sui le coup d'état du 2 décembre, i) avait volé pour la Repu blique, alors que, pour les fonctionnaires, le vote n'était pas secrol. Mis en congé sur sa domande en 1853, i! avait 66 rei tégré dix ans: plus tard, ot était ingenieur fen chef de Ia Navigation de la Seine. Le hangar métallique quill eut_@ cons- trulte était énorme > 482 m sur 370, Sept galeries concontriques disposées. autour Gun jardin central de forma alliptiqua Tecevalent chacune des groupes de pro- duits différents allant des beaux-aris aux produits. alimentaires, qui débouchaient Tout naturellament & rextérieur sur des cafés et des restaurants protéoés par une marquise. Beaucoup plus internationale que celle de 1855, un trentaine de nations venant de tous les continents y patticipérent. Les pa- villons chinois, hindous, marocains, égyp- 39 tiens... ouvrirent des Véclectisme des archi Ge fut un grand succds - 6.600.000 vis tours. Moulin de Tusine Menier 31 Noisiel-sur-Marne (8 ris) Architecte : Jules Saulnier- 1971-1872 Charpente métallique Briques : Ets Mullor event la porte de Musine, prendre & geu- cho usqu'aux. borde Tron peut spprocher est le premier batiment & ossature mé- tallique connu dans HALA TNs AN horizons nouveaux A gxistait déjé, en Angleterre ot aux Etats tectes. Unis notamment des charpentas d immeu- bles ulilsant lar Cette « premiere » doit beaucoup aux ci- 15 8 son pore, ner g'en ajouter une quill écrivit pour la 18 km a Fest de Pa- pourris (eces avaient deja 6s ‘Armand Moisant temps apres, Ia fabrication du chocolat qui connut un tel aausionpemant qo lusine ne ceses e sagrandir. langa également dans Je proposai a M. Menier de tout démotir, tout en fer et briques creuses, do faco disposés comme les poutres a ‘do la Mame dod le. moulin Le moulin, qui ne se composait que d'une twavée au’ départ, en regut une seconde fen 1855: et en 1869, Emile Menier, qui ont en trails de fer, et formant eux: le monde, bien quill mémes pouires. anal hg | La nouveauté de T'idée plot @ M. Menie accepta mon projet. Ce_batiment ment usité dans les constructions indus- Je sur un chassis 2 poutres ongitudinales feales aux abouts; ces sont tubulaites an tole de 0,016 m cur lesquelles upporis des arbres de tant € toute Tusine le it par les trois turbi ments apparents de deux couleurs, 3 extérieurs sont composés dun gonale, formé par des fers # double 4 T montent verticalement ; d'autres. pas- ‘Sur la face interne, des fers ‘ent horizontalement au-dessus lees dont entourage est fait fers & U. A chaque croisemen sont reliés par des plaques et des boulons ou rivets. Les briquos, fabriquées spécialement par les Eis Muller dlviy, sont placées dans les rainures des fers. Ne pouvant jouer sur les décrochements de la facade, Saul hier choisit la couleur pour éviter Ia mono- tonie avec des motifs od alternent le « M dos Monier et fa fleur du AU sous-sol, les turbines toutes de Tingeniour Girard actionnal broyours installis au rez-de-chauseée, et Galimentés depuis le Uoisiome par ues Cie industrielle 32 Rue des immeubles industriels (11°) Architecte : Emile Leménil- 1872-1873 «Au milieu de toutes les métar Qui ont transtormé Paris pour capitale du monde, il y a inc ment une lacune. Ce qui manque moyennes : est Crest humble logement approprié aux Conditions de 1a classe laborieuse, on lun mot, c'est installation qui puisse don- ner au travaillour un foyer pour sa famille habitation madaste, a ft un atelier pour son ouvrage. » Ainsi illustration = présentaitelle le nou- vel ensemble a ses lecteurs, le 12 jull- let 1873.(1) La Compagnie Anonyme des Immeubles Industries du Faubourg Saint-Antoine avait congu et réalisé en un an tes dixcneut immeubles. En sous-sol, une machine & vapeur de 208 CV., eonsteuite par la mai: ‘son Cail et Cie, fournissait énergie née saire aux ateliers qui occupaient le rez de-chaussde, entresol et le premier étage des immeubes. 11 était mome prove pour Jes locaux les plus éloignés de la ma- chine, ou pour les étages supérieure, installer un réseau d'air comprimé, mais ii'ne semble pas que le projet ait éié mis 2 execution. Les logements situés dans tes étages su- périeurs étaient pourvus de tout le con- fort, eau, gaz, espace, lumidre... mais on ne dit pas le coefficient disolation acous- tique des parois. Comme on peut s'en dou- ter la majorté des locataires fut des ébé- ristes et dos fabricants de meublos. En 1881, lors de la cession de la chaussee par ia Compagnie & Ia Vill, 1a population de la rue s’élevait & deux mille personnes Unique en son genre, cet ensemble est un témoin irremplagable d'un probléme bien osé et bien résolu. Diaprés la compo- sition architecturale, il semble que Lemé- hig avait prévu de ne consacrer aux ate- liers que les roz-do-chauseées et les en- tresols construits en metal, réservant les tages en maconnerie aux logements. Le changement de destination du premier tage dut se aire sous Ia prassion des ulilisateurs...et du colt de Ia vie. Reste Telogance de Ia olution eu problome de Ia répétivite, grice & la délicstesse ‘avec laquelle sont traités les détails. et au rythme alterné des différents registres. (0) Powter Heet Horaas avai duit projets. pl Site du carat Gut arin. & Tangle. de Fencen Souievrd doe Aandi Laboratoire des reptil Jardin des plantes, Cuvier (5°) 3 Jong de ta rue a Architeote : Jules André 1670-1874 Les plans de ce laboratoire sont datés de 1870, mais les travaux furent ralentis, par suite de la guerre, et ron salt qu'en 1873, Assemblée Nationale vota un cré- dit pour achever les travaux. Jusqu'alors, les reptiles r’avaient pas de ‘menagerie propre depuis leur arrivée ‘au Museum en 1836, ils étaient loges dans des locaux vétustes, humides et sombres dos couvertures les abritaient du froid, et trop sowent, du regard des visiteurs. En constulsint un batiment elale @t Dien ‘aér6, André fut tres conscient de priver 08 futurs habitants de la relative quié- tude due @ leur inconfort passé, mais bien que « tenté de plaider ta cause des pau- Laboratoire des reptiles res bates et de demandar la suppression ‘des ménageries »,llcrut néanmoins de son evoir de satisfare les droits de la science et de étude, et Ia curiosité du public Uadauction d'eau et ia vortilation ont 6x6 Particuligrement soignées pulsque, sur les 214,000 F (1) que codte ce batiment, envie ron 120.000 furent consacrés aux agenco- ments intériours. On n’en godtera pas moins les larges bales vitrées, coupées en leur milieu par des colonneties en fonte finement dessinges. Les appuis et les con- soles sont également en fonte ; les alleges sont en briques revétues diardoises. Le ‘comble est en fer et en bois, (1) So 4760.00 F 1976, voir note. 14 Marché Nicole 34 BB bis, boulevard Port-Royal (5*) Architecte : Auguste Magne - 1873-1875 (démoli en 1975) Les marchés de quartier sont de nos Jours les points les plus faibles des oys- times urbane du 19" siécle. La. distri- bution du. ravitallement évoluant vers Tautomatisstion du type «grande. surta- co, cos batiments ee trouvent prives de leur’ destination premigre. Leur position privlégiée dans la ville font de leur ter- fain un site convolre par les projets. mu- nicipaux et autres. Celuiei n'a pas echap- é & un projet municipal (Willeval, arct tecto) malgré 'éiégance de sa double voote reposant sur une ligne de pliers Merch oun sews Liste dee marché parisions Existants dane l'état ou 1863-1865, 7866 1868 7674 +860 385 1812 (réaménagé vers) Transtormés versety 1067 1988 470 1876 1886 Démotis 1813-1819 1624-1822 1828-1892 1820-1831 1857 1985 465 +806 1886, 1267 1867 1967 1067 1868 1968 1668 1673 3873-1875 4675-1078 +a76-1878 a70 roches do ules de Merindol Vietor Baltard Henry Dubois Auguste Magne Bolespine: ‘Auguste Magne ‘A. Vaudoyer Gabriel Veugny Chatillon Molinos Jules de Mérindol Louis Dainville Henry Oubeis Auguste Magne ‘Auguste Magne Auguste Magne Auguste Magne Marché Beauvau Saint-Antoine, aujourd'hui d'Aligre, place Marché du Temple, rue de Picardie (3), Marché Saint-Quentin, 85, boulevard Magenta (10%) Marché Secrétan, 48, rue de Meaux (19°) Marché aux fleurs, qual do la Corse (4°) Marché Saint-Martin, 31, rue du Chateau-d'Eau (10%. Marché de la Chapelle, 8, rue de la Guadeloupe (18°) Marché des Enfants Rouges, 39, rue de Bretagne (3) igre (129. March? des Blancs-Manteaux, 48, 1ue Vielledu-Temple (4"), vemplacé en 4910 par le Laboratoire municipale. Marché Saint Didier, 23, rue Mesnil (169. Marché de Montmartre, place Saint-Pierre (18°), transformé en 1900 Marché Japy, rue Japy (11"), transformé en gymnase. Marché du Gros Caillou, rue Jean-Nicot (7'), extérieurement défiguré. Marené de Belleville, 238, rue des Pyrénées (20%), transformé on Bains-dou: ‘ches en 1202, Marché de Wagram, rue Gustave-Doré (17°), transformé en garage. Marché Botzar's, 70, rue Botzaris (19%), transtormé en bureaux. Marché a’Aguestau, cité Berryor (8), ransformé en commerces fixes. Marché des Garmas, place Maubert (5°), démoli vers 1920. Marché de la Madeleine,.27, place de Ia Madeleine (8%) {garage vers 1920, Resto lo nom au 7, rue do Castollane Marché de Montrouge, place Ferdinané-Brunet (14), remplacé par un square vors 1902, Marché des Patriarches, rue des Patriarches (51), réhaussé et transformé en bains-douches. Complatement detiguré Marehé StMaur Popineourt, rue du marché Popincourt (11°), démoli en 1204. Marché de Passy, rue Bols-le-vent (16%), reconsiruit en béton en 1960. Marché de Gronelle, 138, rue du Commerce (15°). Marché Saint-Honord, place Saint-Honoré (1"), sur emplacement dun mar- ché construit par Molinos en 1909. Démoli vars 1959 au profit dun garage. Marché Saint-Maur Saint-Germain, rue de Pabbé-Gregoire (6°) Marché de I'Europe, rue Mallovlle (8*), démoli vers 1970; le marché a été reconstruit sous un bloc de bureaux, Marché de la place d'talie, derrigre la Mairie (18°), démoli vers 1965. Marché de Belleville, rue Levert (20° Marché dos Batignolles,96, rue Lemercier (18"),démoll en ootobre-novembre 1976 Marché d’Auteull, 48, rue d'Auteull (16°), démoli en 1899 Marché Necker, rue de la Procession (15"), remplacé par le square Necker vers 1910. Marché dos Ternos, rue Bayon (17"), démoll vers 1970; le marché subsiste sous un bloc de bureaux. Marché de la Villette, 83, rue d'Allemagne, aujourd'hui venue Jean-Jaurés. Marché de Joinville, rue oe Joinvlla et quai de Oise (19° Marché Nicole, £0, boulevard de Port-Royal (S*), démoll en 1975. Marché aux chevaux, 50-52, boulevard Saint-Marcel (13%) Marché des Martyrs, rue Hippolyte-Lebas (8), démoli en 1912, remplacé par un bureau de poste, Marché de Ave Maria, 22, rue de Ave Maria (4°), démoli en 1905, remplacé par un a métalliques, IW est néanmoins important de constater ue certains de ces anciens marchés se sont prétés & d'autres alfectations plus judicieuses : le gymnase Japy par exom- ple respecte la structure st le volume du marché dans lequel il est aménagé. Dautres affectations pourraient etre ‘rouvées aux quelques marchés encore existants, sans avoir @ fournir un ef fort excessit dimagination, La liste ce la page précédente montre que sur la quarantaine de marchés mé: talliques construits & Paris au 19° siéele, cing ensembles importance ont seule- ment survécu, dont deux (le Temple et Saint-Quentin)’ sont condamnés a tres court terme, a A la fin du Second Empire, devant le flot montant des produits ma- nufacturés, les percées permet- tent le développement sans préck dent du commerce de gros qui était 4 I'étroit sur la premiere cein- ture des boulevards. Les grands axes Nord-Sud du boulevard Sé- bastopol, et Est-Ouest de /a rue de Rivoli lui offrent un champ nou- veau qui ne cessera de croitre. Aprés le Bazar de Bonne-Nouvello construit par Grisart et Froehlicher en 1837, le premier véritable grand magasin sera construit place du Chateau-d’Eau, actuellement place de la République, en 1866 par Da- vioud: ce sont’ «Les magasins réunis ». L’opération fut congue de facon que les immeubles construits puissent étre reconvertis en habi- lations au cas od l'entreprise tour- nerait court. Si elle a nécessité la conjonction de capitaux privés importants et de la bienveillance de /'Etat (elle s'édilie en une fois, en occupant un flot entier & un carrefour de grandes percées), elle montre néanmoins la méfiance des investisseurs vis-a-vis des formes nouvelles du commerce. Ce type de création restera excep- Yionnel. Les autres grands maga- sins en effet se développeront dans des rues traditionnellement ‘commercantes, ot ils bénéticieront de f'attrait du quartier : rue de Sé- vres et rue du Bac, le Bon Mar- ché, rue du Pont-Neuf, la Belle Jardiniére et la Samaritaine, rue Saint-Honoré, le Louvre, rue du Havre, le Printemps, rue de la Chaussée d'Antin, les Galeries La- fayette, tc. A partir d'une boutique situse a langle de la rue de Sévres et de fa rue du Bac, Aristide Boucicaut, dabord chef de comptoir « Au pe- tit Saint-Thomas », 27, rue du Bac, rachetera peu @ peu les commer: ces voisins, et demandera & Louis- Auguste Boileau d'étudier un bati- ment nouveau spécialement congu pour la vente. La déclaration de guerre ajournera le projet que son fils, Louis-Charles Boileau, réali- sora. Les méthodes nouvelles devant que Boucicaut inventa et qui firent son succés furent une révolution dans le commerce : entrée libre, le prix marqué et fixe, la reprise de la marchandise, la réduction de la marge bénéticiaire compensée par la multiplication de lofire, la fivraison & domicile et la participa- tion du personnel au produit de /a vente. Elles nécessitaient aussi une archi- tecture nouvelle, spacieuse, aérée, suffisamment sobre pour que la marchandise puisse dire bien mise en valeur, suttisamment éiégante pour attirer la client&le en majorité féminine et felativement aisée, que Boucicaut visait. L’escalier de son magasin, repris ensuite par tous les autres grands magasins, joue- ra un role comparable — toutes choses égales — a celui de fOpé- ra: il est un lieu d’ou Ion voit pour étre vu, satistaisant la curio- Sit6 et Je narcissisme dune classe enfin arrivée au pouvoir. On sait qu'Emile Zola s'est inspiré du «Bon Marché» pour décrire un grand magasin dons son ro- man «Au bonheur des dames » (1883). Le voici tel qu'il fe voyait «Cette porte, haute et profonde comme un porche déglise, sur- montée d'un groupe, Findusirie et le Commerce se donnant la main au milieu d'une complication dat- tributs, était abritée sous une vas- 48 te marquise, dont les dorures trat- ches semblaient éclairer les trot- toirs d'un coup de soleil. A droite, 4 gauche, les tagades, d'une blan- cheur crue encore, s‘allongeaient, faisaient retour sur les rues Mon: signy et de la Michodiére, occu- paient toute ile, saut fe coté de la rue du Dix-Décembre, (...). Lo Jong de ce développement de ca- serne, lorsque les petits commer- cants levaient Ja téte. ils aperce- vaient amoncellement des mar- chandises, par les glaces sans tain, qui, au rez-de-chaussée au ‘second étage, ouvraient la maison au plein jour. (..) ‘Au centre, dans I'axe de la porte @'honneur, une large galerie allait de bout en bout, flanquée & droite et @ gauche de deux galeries plus étroites, a galerie Monsigny et la galerie Michodiére. On avait vitré Jes cours, transformées en halls ; et des escaliers de fer s’élevaient du rez-de-chaussée, des ponts de fer étaient jetés d'un bout & au- tre, aux deux étages. L'architecte, par hasard intelligent, un jeune homme amoureux des temps nou- veaux, ne s‘était servi de Ia pierre que pour les sous-sols et les piles dangle, puis avait monté toute Tossature en fer, des colonnes ‘Supportant I'assemblage des pou- tres et des solives. Les vodtins des planchers, les cloisons des distributions intérieures, étafent en briques. Partout on avait gagné de espace, Yair et la lumiére en- traient fibrement, le public circu- lait & (aise, sous le jet hardi des fermes 4 longue portée. C’était la cathédrale du commerce moderne, solide et légére, faite pour un peu- ple de clientes. (...) C’était_ comme une nef de gare, entourée par les rampes des deux étages, coupée d'escaliers suspen- dus, traversée de ponts volants. 48 Les escaliers de fer, double révo- lution, développaient des courbes hardies, multipliaient les paliers ; Jes ponts de fer, jetés sur le vide, filaient droit, trés haut ; et tout ce fer mettait la, sous la lumiére blan- che des vitrages, une architecture fegére, une dentelle compliquée ou passait le jour, la réalisation moderne d'un palais du réve, d'une Babel entassant des étages, élar- gissant des sales. ouvrant des échappées sur d'autres étages et d'autres salles, a Vinfini. Du reste, le fer régnait_partout, le jeune architecte avait eu I'honnéteté et le courage de ne pas le déguiser sous une couche de badigeon, imitant Ia pierre ou le bois. En bas, pour ne point nuire aux marchan- dises, la décoration était sobre, de grandes parties unies, de teinte neutre; puis, & mesure que la charpente métallique montait, les Chapiteaux des cofonnes deve- naient plus riches, les rivets for- maient fleurons, les consoles et les corbeaux se chargeaient de sculptures ; dans le haut enfin, les peintures éclataient, le vert et le rouge, au milieu d'une prodigalité dor, des flots d'or, des moissons or, jusqu’ aux vitrages dont les verres étaient émaillés et niellés d'or. Sous les galeries couvertes, es briques apparentes des voutins étaient également émailjées de couleurs vives. Des mosaiques et des faiences entraient dans I'orne- mentation, égayaient les _frises, éclairaent de leurs notes fraiches la s6vérité de Fensemble ; tandis que les escaliers, aux rampes de velours rouge, étaient garnis d'une bande de fer découpé et poli, lui- sant comme I'acier d'une armure. » “Th Magasins du Bon Marché 35 22, rue de Sévres et rue Velpeau (7") ‘Architecte : Louis-Charles. Boileau Charpente métallique: Armand Moisant et Gustave Eifel (2) - 1873-1878 + A quoi pout bien serve c'avoir appris disposer et proportionner des moulures ‘ou des oremonts sur des surfaces plei- nes en pierre — s'interroga Varohitect (1) — lorsqu'll n'y a plus de surface dispo- nible pour les recevoir ? » Le construction primitive ait en effet ‘ouverte au maximum, et Tossature metal- lique n'y était pas habliée de pierres, comme aujourd'hui, 2u point que dans le méme article, Boileau poursuivait en Le Bon Merah prévoyant, non sans regret, que = ce point e vue davra consister @ envisager non plus les pleins de 'édifice, mais bien le Vide quill enveloppe, cest-dire qu'au liou de chercher & faire jouer la lumiére ‘sur des formes plastiques, il faut opposer 2 elle-méme dans lair ambiant qui cir ‘ule & travers In conatniction et, par a4 profusion ou son économie, order des éclats, des demijours ou des reflets qui fassent scintiler la clarté dans espace comme on fait joter des toux aux cristaux des lustres en y talllant des prismes dh Dane ce concert lumineux, architecture solide jouera le réle de la sertissure une pierre fine : elle devra compter juste assez our faire vibrer avec toute Vintansité pos- i HAN secs tif sible ce plein jour intérieur que les sur faces vitrouses traversées et los profon- ddeurs demi-caires qui entourent auront Fendu plus gai, plus sonore, plus étofté, sion peut dite, que le jour pur et simple du dehors. » IN est difficile aujourd'hui de se rendre compte de la qualité de cette lumiere dispensée par les verridres et les bales au travers des fines passerelles construltes dit-on, par Eiffel (9 Rewe de TEaeyelopédie Architecture, 178 Ecole 26 40, boulevard Diderot (12-) Architecte : Eugéne Cordier 1874 Cette école marque le début d'un certain opportunisme dans le choix des maté- rlaux et leur agencement en fonction de leurs capacités ot de leurs couleurs. L'en- tré0 de 'école est en pierre ainsi que le premier étage orné dun balcon, mals étage supérieur et la tagade sur avenue Daumesnil sont plus composites. On notera Jes motifs héraldiques des tetos a'ancrage do plancher, métaphore des attributs aris- tocratiques que se donnait la bourgeoi- sia industrielle a Entropats 37 Quai de la Seine et quai de ta Loire, pres de la rue de Crimée (19°) Architecte Inconnu - vers 1675 On ignore la date exacte de construction de ces entrepéis. On sait seulement que la Société Picau et Cie, concessionaire des travaux du canal de 'Ourca (achevé fen 1826) et des terrains avoisinants, est dissoute vers 1864. Elle céda alors les terrains pour 57 ans & partir du 1" jan- Viet. 1865 & la Compagnie des Entrepéts et Magasin Généraux de Parie dont le President etait Emile Pereire, De construction robuste, ile sont les der- niers témoins de Factivité du port de Pa- tis dans co secteur. La sobriété de leurs lignes et leur messe donnent @ entrée du bassin un caractére_ monumental et manufacturer. Atolior ¢'artiste 38 57, boulevard Arago (12°) Architecte : Frantz Huguelin- vers 1876 Cet atelior construit pour un peintrs nom- me Lehoux a été récemment demoli, Alors ue pérfodiquement on se lamante sur le manque dateliers. colui-ci montralt avec implicit comment un architects rolat! vement obscur résolvait le probleme de la lumire Une fois admis que Forientation au Nord donne une lumiére plus égale, Huguelin Cconstatait en effet « quune bale vericale fournit une lumiére incompléta, le haut des tolles voisin du toit restant dane Fombre; une baie horizontale vaut en- core moins, car elle donne sur les tolles tun jour frisantinacceptable.»(1) Aussi ré- solut-i, pour éviter Ia ligne dombre que aurait pas manqué de faire deux pans ‘coupés, diutiliser un chéssis courbe. Des stores ‘suivant la courbure du chassis pormettaiont de tamiser éventuellement a lumiére. Mais de toutes fagons, la pente du toit avait ét8 établie = de fagon que le solell ne puisse jamais y pénétrer par ia partie haute du vitrage. = Hate! Bibesco 39 22, boulevard de Latour-Maubourg (7*) Architecte : Cherles Le Coour--vers 1878 - démoll ces derniéres années. Lihdtel, construit pour un grand seigneur Célibataire est ordonnancé en demi-ceroie fsutour de la cour d/honneur. Le serre nest plus au fond du jardin, de plus en plus fare & Paris, mais en encorbellement sur la cour: elle prétigure les bow-windows = En avant du plan des vitrages, s'élé- Vent, dans lintérieur de la serre, nult cot fres en treillage simulant des pilastres ; ‘sur les chapitesux des pilastres viennent Foposer ot s'assembler par de petits cor ries en fer feullard des arceaux et des coupoles en trellage qui garnissent toute la partie supérieure de la pidce. Elle est séparée de-Ia bibliothéque-salle darmes & laquelle elle est accolée par tune glace sans tain, « afin que ces pieces voisines, on puisse joulr des tleurs et de fa verdure, =| Ferme de la Galerie des machines 40 Ingénieur : Henti de Dion -187 Entreprise : Moisant Depuls la ferme Polonceau, la production {do fer laminé s'est considérablement ac- crue et divorsiiée (1). Le rivetage s'est développé, Aussi les poutres droites, & ime pleine ou évidee, tendent-elles 2 so substituer @ la ferme Polonceau lorsque le constructeur dispose dun nombre sul fisant de points ¢'appul Mais c'est Henri de Dion qui, au terme lune trop courte carrie, metira au point Ia premiére ferme de grande portée sans entraits. Elle comprenait quatre cornigres, Goux a Tintrados, deux a l'extrados, rece vant sur cu entre leurs alles verticales les diférents montants en comnidres et les croisillons en fer méplat, Elles reposalent sur le sol par leur piédrolt, veritable pou- tee en trellis faisant suite a Varbaletrier et fixe sur un massif en béton » Laboutissement do cotte démarche éo- omique et logique sera ta ferme a trois articulations de Contamin & Exposition de 1869: le support et la charpente seront intégrées dans un portique.statiquement détini permettant de determiner rigoureu- sement les efforts subis par chaque piéce, fet done d'en fixer les dimensions, {) La preducton acer Bossomer et Siemens 20 1879 (chifres “donnée. por David 8. Lan ‘he "Promotseue scosune,”Camreoe” Unversity Press Londres 19 Exposition Universelle de 1878 a Champ de Mars ‘Architecte en chet : Léopold Hardy Commissaire général: Jean-Bapilste Krantz Chet des constructions métalliques : Henri de Dion Les effets de la guerre ce 1870 sur I'éco- nomie avaient été vite résorbés, mais en 1873, une crise mondiale de surprodue- tion fut longue résoudre. La décision de {aire une nouvelle Exposition en 1878 2 618 en partie motivée par le soucl de rolancer les affaires. Crest le triomphe du fer et du verre | Plus que la disposition des pavilions d'an- gle et du hall dentrée, dessiné par Hardy, fon remarque les grandes fermes sans 1 rants de 3560 m de portée & 24,10 m du Sol, eouvres de Dion, On remarque surtout Vimportance des halles qui couvrent cette fois la quasi-totalité du Champ-de-Mars, lun rectangle de 300 m de large sur 725 m de profondeur. La sévérlté du ter est corrigte par tes couleurs vives de la terre culte émailiée 49 employée pour Ia premitre fois sur une aussi grande échelle Diautres pavillons, celui de Ia Ville de Paris par Bouvard, toujours aidé de Dion, celui du Creusot par Séaille, et la plupart des pevillons nationaux courtoisement con- figs des architectes francais, mainte naiont ts fort Ia tradition éclectique : pa- lais arabe, porche Renaissance, palais eruvien... sans parler du défunt Trooa- ero, ceuvre de Davioud, qu'Huysmans comparait « & un ventre da tamme hydro- pique couchée. la téle en bas, élevant fen Jair doux maigres jambes chaussses do bas a jour et de mules d'or. ee Le méme Huysmans écrira un an plus tard, dans « L’art moderne » : Nous voyons clairement aujour- d'hui ’évolution déterminée en Tit térature ot en peinture ; nous pou- vons également deviner quelle se- ra la conception architecturale mo- derne. Les monuments sont Ia ; les architectes et les ingénieurs, qui ‘ont bati 1a gare du Nord, fos Hal- Jes, le marché aux bestiaux de La Villette et le nouvel hippodrome, ont créé un art nouveau, aussi élevé que ancien, un art tout contemporain de fond en comble, supprimé presque le bois, les ma. tériaux bruts fournis par la terre, pour emprunter aux usines ot aux foyers la puissance et la légereté de leurs fontes, » A la _méme époque, les grandes banques donnent une représenta- tion de leur richesse prodigiouse dans un incroyable luxe de fer, verre, terronnerie, verrigres pe tite et grande portée, escaliers monumentaux de marbre, sculptu- re, bronzes dorés ou non, fagades de pierre monumentale... On peut dire que c'est a cette épo- que que la place financiére et de grand commerce de Paris prend a forme qu'elle ‘conservera jus qu’a ces deriéres années ot elle commence d'étre altérée par des initiatives de douteuse rationalisa- tion, comme la récente destruc- tion du grand escalier des Gale- ries Lafayette ou les modifications du Printemps. aoe Hippodrome de Paris 2 4, avenue Georges V (12%) Ingénieur : Lantrac Fives-Lille- 1877-1878 - Démoli Architecte décorateur : Aired Leroux Les hippodromes semblent avoir jous, au 49" siécle, un rle, un peu comparable nos Palais des Sports. Construits pour abriter principalement des concours hip piques, ils recevaient aussi des spectacles grande mise en scéne et les artistes de variétés los plus oélébres Le précédoni, situé & Ia Porte Dauphino, avait 6t8 détrult par un incendie en 1869, mais faute de trouver un terrain disp nible, celui-ci ne fut commencé qu'en 1877. Do forme ovale, il se composalt une piste de 90 m de’longueur sur 55 m de largeur entourée d'un rang de loges 4 rez-de-chaussée puis de places en gra- dins. Alors que les anclens hippodromes Gtaient a ciel ouvert, celui-ci disposait une toiture vitrée escomotable : le lan- tereau était on offet constitu’ de deux parties Indépendantes powvant s'éloigner use rapprocher en parcourant sur des galots un chemin de roulement composé do poutres efi trellis entretoisés, et sup- porté par une vingtaine de colonnes en fonte de 22 m de hauteur. Equipé de tous les locaux annexes néces- saires (écuries, manége, greniers a four fagas, magasins &@ décors..), il pouvalt recevoir six mille spectateurs.. et de nom Dreux artistes, puiqu'en 1891, » Néron = fut présente sur une musique Edouard Lalo, avec cing cent cinquante-huit artis- tes, une troupe d'éiéphants, les lions de la ménagerie Hagendeck et la cavalerie 2 Corradin (1) IN dut néanmoins fermer ses portes I'an- née suivante, le propristaire du terrain ayant refusé de renouveler le bail (1) Rom, dane le Dietisanire do Paria. Ed. Le reuse. Pave, 1964 Galerie de zoologie du Musoum d'Histoire Architecte : Jule Longtemps ditférés par manque de cré- dis, les travaux furent finalement entre 1877, pour progresser d'un ur" Jusqu’a inauguration, le 25 juillet 1899, Nous ne sommes plus trés sensibles au: jourd'hui & Vordonnancement classique du bétiment, ni la rigueur un peu pompeuse e a fagade, La galerie de zoologie, par contre, présente un espace extraordinaire, ‘au sens propre. Cela tient sans dot Ia qualité de Varchitecte, un dee éléves rélérés de Labrouste et son successeur = choisi par lui — comme professeur & partir de 1858, cela tiont aussi beaucoup au fait quo cette galerlo n'est pas appa- fente a’ exteriour : Tarehitecte pouvalt des lors la traiter plus librement. La pauvieté des crédits dont bénéficie te Museum a fait que ceite salle a traversé les années sens subir do. modifications. Seules, les lanternes des comblas qui donnaient un éclairage zénithale diffus mais de qualité, ont 616 récomment obsiruées car co mods d'éclairage ne cor- respondait plus aux « normes » actuelles CGolere de zoolople a Museum Histore Newrelle en vigueur dans les musées.. Mais on a tout lieu d'etre inquiet lorsque Yon sait ‘Quelle est fermée depuis de nombreuses années au public dans V'attente d'une « ré- novation ». Une mesure de protection s'im- pose. Et une prompte réouverture pour Te double bénéfice des amateurs de z0oto- gle et darchitecture, Eclalrage public “4 = Le 90 mai 1878, la Société Générale dElectricité met en service trente-deux foyers avenue de Opéra et place du ‘ThéAtre-Frangais ; dang les mois suivants, le nombre des foyers est por'é & soixante- deux, dont hult doubles sur ta place de FOpéra. La ville pale @ la Société 1,25 F 5 rm i i 52 ar heure et par foyer » (1). Ces foyars sont pourvus de bougies — on ne dit pas ‘encore des ampoules — Jablochkolt. Ce est qu’on octobre 1879 quEdison mettra ‘au point la lampe a incandescence, Mais la villo figure parmi les. premiors ullisateurs ; saut exceptions, éclairage Glectrique privé ne se développera sérieu sement que dans les demi6res années du siécle, La sculpture de Bartholdi, dont s'inspire lo dessin do Jean Effel, a 6t6 érigée on 1885 en rade de New-York sur une ossa- ture métallique de 45 m de hauteur de Gustave Eiffel. Une réduction de cette sculpture « ore » le pont de Grenaile, aoe Sil, aes « iciomee Se Pan Immeuble de rapport 45 5, rue de "Aquedue (10%) Architecte : A. Lefevre : E, Paraire et Englebert - Crest Ie premier immauble & oseature mé- tallique. La raison est simple: « le métal fest encore fort cher ; aussi son emploi fen fortes proportions dans une construc tion privée r’estilréellemant pratique que sill conduit & une économie considerable dans le cube des maconneries. » Limmeuble comportait & Vorigine cing éta- 196s, plus un sixiome sous los combles. On notera en passant que les étages ne sont plus sifférenciés selon I'appartenance so- Ciale dae locataires : Haussmann est pas- ' par [&; les immeubles sont maintenant hhabités par des personnes de méme ap- partenance sociale. Quant & la construction, Ia facade eet di visée en trois travées égales par deux pilastres en fonte. « Ces pilastres sont formées par lune des faces des piliers roux & section 1ectangulaire sur lesquels Visnnent s'assambler, 4 chaque stage, les sabliéres ou poltrails en tdle portant les planchers, Les pliers verticaux sont tor- ‘més de plusieurs trongons ayant chacun la hauteur d'un étage ‘et embottés.libre- ment les uns dane les autres. A chaque étage, les piliers présentent {des élargissements formant chapiteaux or és dastinés & recevoir les sabligres ; les ‘sabliéres sont des caissons de 0.50 m do haut sur 022 m de large, formes avec des t6les de & mm assembiées intérieure- ment & Taide de comieres, » Les balcons en t6le stride reposent sur des fers & double T dont le porte-&-faux est soulagé per des consoles en fer forge oulonné & la partio intérioure sur les ssabliares = Lrossature métallique formée par les plllers et les sabligres constitue @ elie ‘soule un ensemble stable et résistant, qui ne demande plus qu'a recevoir un rem: plissago formant cloture. Ce remplissage Gos trumeaux, dune épaissour de 020 m est fait de pierre de taille. = Economie de matériau et soliité sont les ceux qualités que le commentatour de la Rewe Générale de (Architecture, L. Bare 18, roconnatt & ce batiment; il émet tou- tofois une réserve quant a la conservation calorique. Librairie catholique 46 76, rue dos Saints-Péros (7") Acchitecte : Eugtne Dupuis 1979-1860 Crest la premiére utilisation du béton uti His comme hourdis du fer (on ne dit pas encore béton armé) que ron can- raise. Elle passa sans doute en grande partic inapercue puisque Ia revue d'Ana- tole de Baudot ne lui consacra quelques lignes qu'en 1869. Le chroniqueur, E. voalon rapporte que farchitecte a cons- tmuit « des voutes, des planchers monoli- BUREAUX et MAGASINS de la SOCIETE LIBRAIRIE CATHOLIQUE | Fig Coupe transversale Soivant abu plan fig: 2 | PL zit MEugene DUPUIS, Architects Echelle des fg 1.22 2008 pour'metre Wao eb sear thes, des arcs surbslssés de 8 m d'ou- verture, le tout en bétons maigres de sable et de ciment cit Portiand, melang® une certaine portion de macheter... Ces parties du batiment ont té établies en dos moules de planches (aujourd'hui, on irait le cottragel, pillonnées par couches ou par bandes formant claveaux ; et des pieces de fer doubles T faisant lotfice armature formaient Ia carcasse métal- lique de ensemble. La charge consids- rable accumulée parfois en un point quel- congue de la surface des planchers d'un magasin de livres nécessita ich, la re- ccherche d'un mode de structure procurant lune grande rigidité aux planchers sans pour cela entrainer une trop forte épais, Et ce fait semble aujourd'hui acquis & la pratique : que la charge d'un hourdis de plancher, si ce hourdis fait aveo lensem- ble, avec « lempoutrement » — comme cola a lieu pour adherence sus-cite du fer ot du ciment —, et si les poutres mé- talliques sont placées & Ia partie. infé- fieure de la masse monolith, cette charge he fait quiaccroitra la résistance ov plan- cher, les poutres faisant en ce cas, fonc- tion de tirants travaillant & la flexion, tan- is que les parties de béton surmontant les poutros travaillont & la compression. De cette combinaison, ajoute Rivoslen. Paralt résulter une force incomparable felativement & ce que donne un plan- cher hourdis de plétras comme & lordi- naire, ou garni de vodtins eéramiques. » Le batiment, par ailleurs trés convention- nel, repose sur une dalle en béton armé, ellesméme supportée par des voites on fen béton arme. Las stages superiours élimitent une cour intérieure couverte une verre, comme beaucoup de cons: tructions & caractére commercial de cette époque. (Crédit Lyonnais a 19, boulevard des Maliens (2°) Architectes : William Bouwens van der Bolen, puis Victor Laloux ot André Ni Joux- 1878-1913 Charpente métallique : Gustave Eiffel (1882) et Armand Molsant (1908) La construction du Crédit Lyonnais s'éche- lonne sur une trentaine d’ennée, William 53 Bouwens van der Boijen en assura la di- rection de la partie Nord ; a sa mort, en 1007, Victor Laloux et André Narjoux finirent la partie du batiment qui ouvre sur la tue du #Septembre Diorigine hollandaise, Bouwens est 'archi- tecte de « establishment » financier; t ‘2 conetruit les hatela de Cernuschi, Pe- reire, A. de Rothschild... aussi bien @ Paris qu’a Londres ou a Franotort Plus que la facade destinge a imposer tune image de stabilté et de richesse av public, on retiondra le vaste hall imposé & architecte par Henti Germain, fonda: tour du Crédit Lyonnais. Véritable précur- seur des bureaux-paysagers il voulait que les employés soient au contact du public et sous la suneiliance de leurs chefs « les. cloisons. servent_ uniquement aux ‘employes pour tire leur journal », disait- Lescalier & double révolution, qui se vou lait une imitation de celui du chateau de Chambord, fut en son temps, beaucoup ‘admiré, ainsi que le couple de cristal ont on attribue généraloment la cone: truction a Eiffel, Escaliors ot coupole furent acheves en 1882 Lentrée rue du 4-Septembre, uve de Laloux et Narjoux, donne acces & un vaste hall abrité par une coupole, un peu plus grande que celle de Ia Societe Gé- nérale, mais sans vitral; elle date de 1008 ot fut construite par ies Ets Moisant. Los motits omementaux des iliors do fer ne sont pas sans rappeler coux de la facade cu 6, rue Ménars construite ége- 54 loment en 1908 par Narjoux. Au centre u hall, entrée alx coffres, que son orne- mentation un peu pompeuse a fait sur rnommer par le personnel « le tombeau de empereue Escallers de secours du theatre du Palais- Royal 3 38, rue de Monipensier (1") Architecte : Paul Sécile - 1880 Aprés plusioure vicissitudes, le théatre du Palais-Royal fut reconstruit par Guerchy fon 1850, mais les réglemente de sécurité firent des progres eu cours ou 19° sie cle. Les theatres, éclairés aux chandelles, puis au gaz, constrults souvent en bois, firent Fobjet d'une surveillance plus atten- tive, Le fer préseniait Vavantage d'étro Incombustible et imputrescible, ou. ta possiblite de Tutlisor @ Vexterieur, faute de place & lintérieur. Jovant dee lignes horizontales dee pas- serelles, verticales des poteaux, et incli- nées des escaliers, Sédille @ fait de cos ‘escaliors une composition omementale Lencorballement a droite de entrée du thédtre date de 1910, il fut mis & la place une marquise. Collage Saint 4, rue Valette Les batiments primitifs du collage étaient situés non loin de Ia place du Pantnéon, errigre la bibliotheque Sainte-Genevieve. En 1881 on élova les batiments actuels de la rue Valette et de impasse Chartiére pour abriter Vécole préparatoire aux gran- ee éoolee, et les services communs celle-cl et au college Du fait de la pente du sol st de la néces- sité de raccorder & un méme niveau les owveaux locaux aux anciens, des sous- Sols furent créés sous les nouveaux lo- caux: ils abritent les réfectoires et les Cuisines. Pour que les conditions hygié- rriques — dont on se préoccupait beau- Coup alors — fussent satistaisantes, lar- chitecte imagina o'éclairer les salles en sous-sol par des fossés de 4.60 m de large. 3 #5 sont couverts par des mar Quises vitrées, trés ingénicusement com: inées pour abriter non seulement les fossés, mals engore une notable partie de ia cour. Les parements des murs de sou- tenement dos foasés faisant face aux Dales du sous-sol sont rovétus de faienco blanche qui refiete un jour doux et permet Gentretenir la paroi_on état absolu de proprets. Le mode de construction des Datiments est aussi essentiallament tavo- rable & introduction de lair et de la lumidre dans les étages intériours ; car, dans a fagade sur la cour, les murs sont completement supprimés dans. los hau- fours de ces étages et romplacés par des points d'appul en métal do section ‘wes faible. »(1) Les marquises ont ete démolies ily a une vingtaine d'années, et 58 les fossés refaits, sans carrelage ‘Sur impasse Chartiére, on prétera atten- tion @ économie des moyens mis en couvre (piliers de fer, arcs de pierre, rem- plissage de briques' et de meuliéres) et 4 elegance de tour combinaison (yale, dae be Hote! particulier 50 21, rue Caulaincourt et 5, rue Tourla- que (189) Architocte : Gérard-1881 Choix composite, et utilisation judicieuse des matériaux : la pierre, Ia brique, le fer, la mosaique, chacun @ sa place concourt 2 Vhothogénéité de ensemble. Magasins du Printemps 51 Rue du Havre, boulevard Haussmann, rue de Provence, rue Caumartin (9°) ‘Architecte : Paul Sédille- 1881-1085 Fondés en 1865 par M, Jules Jaluzot, les magasins du Printemps occupaiont le Sous-sol, lo rez-de-chaussse et entro- Sol dun Immouble constrult par Jules et Paul Sédillo & langle des rues du Havre, de Provence ot du boulevard Haussmann lis s'agrandirent peu a peu et eccupaient ja la plus grande partie de Tilot deli mité par ces rues et la rue Caumartin lorequ’un incendie éclata le 9 mars 1881 Plusieurs immeubles, dont colui origin furent completement aetrutts ; presque tous furent atteins, ‘Aussi M. Jaluzot charges M. Paul Séaila de reconstituer les magasin selon un plan d'ensemble englobant tout rilét. = Le 18 juillot 1881 (cing mois apres le sinis- tre), fut coulé en béton sous lair com- primé, un premier puits qui allait servir la fondetion du nouvel édifice en facade ‘ur la rue du Havre » (1), alors que la vente Continuait & autre extrémité des rues do Provence et du boulevard Haussmann, La partie circulaire de langle de la du Havre ot du boulevard Haussmann avait {été imposée lors du percement de ce der- tier pour former une perspective dans Taxe ‘de ta rue Tronchet. Aussi archi. tecte choisitil d'en faire le point fort de Véditice. La pierre blanche, utilisée seu- Tement pour seander la facade = fait opposition aux tons aris du fer variés par des réchampis bleus: le bronze entichit les grilles du soubassement et les bal- cons: une tise de mosaiques sur fond dor stencastte dans les appuis en fonte du premier étage. » (1) Pour la construction, «il fallait avant tout ménager la_surface donnée, cresta-dire conserver au commerce la plus grande Quantite possible un terrain tres. cher dans ce Guartier, ot donner aux galeries beaucoup. dair et de lumiére. = Aussi Femploi du fer, plus rapide a exécuter que la fonte qui fut adopté. comme ment pour ainsi dire exclusit de cons ttuction nécessite la mise an. forme de moules, permettant lespacement des points d'appul et leurs sections reduites.»(1) En moins de deux ans, la moltié ouest fut terminge ; le resto fut ralonti par des délais de rachat dimmeubles, 'ensemble avait été suporvisé par larchitecte, y com- pris le mobilier, les lustres des rotondes, les candélabres de la net, les suspensions dos galeries. La grande net centrale éclairée par un ouble comble vitré @ été récemment sup- pprimée, et le batiment surélevé de plu- sieurs étages. 11 a de ce fait perdu son caractere, (0) Pel_Séaile, cane In Revon de. VEneclopt Manufacture 3 14, rue du taubourg Saint-Antoine (12) Archilecte Inconnu - vers 1880-1885 Cette fabrique de moubles s'est instaliée sur une parcelle de terrain en longueut semblable a celle de nombreux passages utlisés jusque-la par les artisans, Liindus- trie conquérante au detriment des formes artisanales du travail, affiche ici par le fer, lo vorre ot la cheminée qui contre la composition sxiale, la valeur eymbolique quielle donne aux instruments de produc- tion, Petite manufacture 53 60, rue d’Avron (20°) dans Architecte : Flageul - 1882 Atoliors. Berencenet 54 104 , rue Léon-Maurice-Nordmann (13°) Architecte : Vietor Rich - 1882 Les ateliers, pour la premiore fois, sat chent en tant que tels. Des piliers de br ues supportont des planchers de fer veté apparents. Mais si la fonction est aifirmée, 'apparence est solgnée. Traitée comme décor, la brique est utlisée alter- nativement brute, vernie ou émailiée, et {dans des colors différents. mais toujours wits Le développement de cette architecture correspond & uno période économique de Stabilité dang. laquelle les entrepreneurs ralsonnent en fonction d'un marché cons- tant, d'une monnale constante et d'une Permanence des produits. Leurs usines S'appelaient « établissement = dans les doux sens du mot Lycée Lakanal 5 3, avenue Franklin-Roosevelt @ Sceaux Architecte : Anatole de Baudot - 1882-1866 Lakanal fait partie d'un plan qui prévoysit implanter & la campagne tous los lyoses diintornes de Paris... « L’Administration veut édifler un lycée modble, tant par ses dispositions générales que par son aména- gement... Dans. esprit du_rationaliste Queest Baudet, allir une grance et belle simplicité dans la conception architectu- 57 ES ale @ un ree! raftinement dane lee instal lations du second-euvre, constitue le but meme de Tarchitecture moderne qui r jette le superfétatoire pour ne s'attacher quiau Bien-étre de homme. = (1) Les salles de bains et de bains de pleas étaient surélevées de 250 m au-dessus {du 601, de fagon que toutes les conduites alimentation et do vidange soiont sus- Pendues visiblement dans la galerie inté- fieure pour en faciliter la surveillance et entration, Le réfectoire, dont la longueur est coupée par les supports soutenant des arcs qui soutiennent euxmémes des murs aux ‘tages supériours, fait Fobjet de soins par- ticuliers. Des. potles-dressoirs alimentés par le chautfage central maintiennent les plats au chaud. Les murs sont peints & hulle, mais = dane le bas, les soubes- sements surmontés ¢'une litre en briques apparentes émaillées, ont été constituds fen dalles de verre de un métre de lon- gueur et dune épaisseur de 13 mm. » Elles sont enchassdes dane des fers cor- nigres pour pouvoir étre démontées, si besoin est Rien de tout cela ne subsiste plus, et Tes Installations des rétectoires. sont au- jourd'hul plus sommsires qu’en 1890. » (1) (1) Frangaize Soudan: Recherche sur Is penta et somone “Comin, mare 1372 le de ta vinous 28 En face de la rue de la Moselle (19°) 58 Ingénieur-Entrepreneur : Armand Moisant = 1883 Démotie Un seul arc de 85 m de portée est posé sur le sol au moyen d'appuis dont la ma- gonnerie est réduite au minimum. C'est le meme principe que les termes imagi- nées par Henri de Bion pour Exposition Universelle de 1878, La construction de Ia passerelle fut mise ‘au concours en 1683. Le montage fut fait ans échafaudage : une fois les escaliers ft les rotombées des ares en place et ancrés dans les fondations, le reste de la passerelle fut monté en porte-8-faux avec des chavres installées sur deux bateaux mobiles, Caseme de la Garde Républicaine 57 4, rue de Schomberg, & langle du boule- vard Morland (#*) Architecte : Joseph Bouvard - 1889, = Larchitecte avait & construire avec éco- homie ces batimonts de casomement pour la garde républicaine, Il admit, com- ‘me matériaux pouvant lui faire gagner de Ja place , le fer et la brique, ou plutét la brique ‘comme magonnerie et Ie for comme charpente ot armature de la ma- connerie, c'est-i-dire que des murs de 0.33 m en briques de Bourgogne sont en- ccadrés par des enooignures en tole & cor- nigre, et des pledroits ou piles de meme genre formant chaine. C'est le fer qui remplace ici la pierre de taille pour ser- vir de support aux sommiers, de piedroits de bales, de cordons ou sablidres appa- rontes. Mais les murs en briques de Fépaisseur sus-dite, se tenant ailleurs par oux-mémes, sont de force & porter los Planchers at les combles ; les fers ne ser- vent alors qu'araldir ia construction, comme au 13° siécle, les colonnettes de piorre dure en délit raidissaiont les murs mminces en parpaings et les lourés piliors des grandes nels. » (Emile Rivoalen, dans la Revue Générale @Architecture et des Travaux Publics. 1883, vol. 40, colonne 172) ~ Cet ensemble est menacé de démolition Il pourrait cependant etre réhabilte sans frais considérables et fournir des habita- tions aux normes actuelles de contort Lepaisseur des murs, considerée avec largesse par Farchitecte est méme cortal nement au-dela des normes actuelies isolation. La réhablltation souttre du mythe des cotts trop élevés. Si Yon faisait le bilan ‘des opérations table-rase, comme cola a 616 fait on Angleterre, on s'apercevralt que les charges dinfrastructure, la pénurie de logements sociaux dans les centres-iles, la destructuration de Fimage et de la vie «un quartier pésent lourdement au passit, our ha done plus de soi Dispensaire Furtado-Heine 8, tue Delbet (14°) Architecte : Paul Blondel - 1884 Ca dispensaire a été tondé par Mme Cé- lle Furtado-Heine(1), ainsi que Mécole our aveugles et la crdche de la rue Jac: quior (n° G4). Les batiments latéraux talent, & Forigine, sane étage ; is furent ssurélevés en 1908 par le fils de larchi- tocte, Charles Blondel, Les deux tours ‘ux allures quelque peu exotiques furent par contre construites avec ensemble des batiments en 1884; elle servaient de chéteaux dieu. (1) Neo.» Pars en 121, Cécle Furaco était la (tore Ecole professionnel 3, rue Jacauier (14%) Architecte : Paul-Blondel - 1884 Voir le dispensalte Furtado-Heine n° $7. pour aveugles 59 Maison ée rapport 60 74, rue Jean-Jacques-Rousseau (1"") Architecte : Jullen Bayard - 1884 Pierres, briques, fers sont disposés ici ‘avec un opportunisme que n'exciut pas le souci décoratt, et un sens certain de la higrarchie des matériaux. Au for len: tuesol commercial et les lintoaux, & la fonte le soin de souligner Ia séparation entre le commerce et I'habitation, & la pierre Faffirmation de la structure, voire un rap- pel des chapiteaux, et aux briques le rer plissage, Incidemment,on remarquara que les anc’ ges au-dessus du deuxiome étagedatent la ‘construction’ ils cont en forme de 1,8, et 4 60 ee Dans les années quatre-vingts, le commerce de gros dépasse I'en- tresol et monte & /'assaut des éta- ges des immeubles. A Ia fois ate- Tiers de tinition, entrepots et points de vente, ils affirment a l'extérieur une fagade entiérement vitrée, sup- portée par une ossature de fer a colonnes de fonte. Ces établisse- ments ne dépassent généralement pas cing étages. Le faubourg Saint- Antoine, la rue Saint-Denis, la rue d'Uzés en offrent, parmi d'autres, de nombreux exemples. “Th Immeuble commercial o 13, rue dUzte (2) Architects : Gustave Raulin 1985-1806 Caractéristique & la fols de la rue et de epoque, cet immeuble présente aver. tage voir échappe aux renovations La rue dUzés tut perese en 1870 sur le terrain de (hotel dUzés, occupé par T'ad- ministration aprés a Révolution de 1783, puis par la benque Delassert. LhStol ‘moll le terrain fut fobjet d'une fructueuse operation immobitigre qui se développa dans les années soixante-cix ot quatre ee vingt (On remarquera ainsi aun’ 11, un immou: bie construit en 1873 par Tronquois:: les huisseries. sont encore on bois, car du fait de la crise le prix des fers avait aug- menté de 30% en 1873 (50 o pour les fontes anglaises). Au n° 5, un immouble construit par Edmond Guillaume vers 1878. Roproduit dans la Revuo Général de I'Ar- chitecture, i est atondamment cite dans les ouvraces d'architecture étudiant cette Spoque. Il 2 malheureusoment été def gure récemment par une rénovation bar- Dare au rez-de-chaussée ot au premier étage. Aux ne 15 et 17, deux immeubles its par Soty en 1987 Mais au n° 18, si les pitiers en pierre té moignent du poids de la tradition, les ‘grandes verriéres en facade, étayées par es colonnaties en fonte sont la preuve des nouvelles possibilités d'éclairement. Le besoin en était particulierement. vit dans le commerce des tssus, car Ie réas- sortiment des stocks demandait une minu- tiouse verification des coloris. Depule Labrouste et la salla de lecture ela Bibliotheque Nationale, les arch tectes savaiont utiliser également la lu miere zenithale. Le plan adopté lei par Raulin, qui dispose les magasins at les bureaux autour d'une cour centrale éclat- rée par une varrifre, est de plus en plus employé. C'est un pas de plus vers la generalisation de la conquéte de la iu Atoliors e 4, passage de la Main-d'Or (11°) Architecte et date inconnus ‘Le passage ouvre au 131, rue du Faubourg Limmeuble sur le passage, récemment rayalé, est d'une composition que on peut qualifier de classique pour ce type de construction ; es détails font ressortr les meéthodes encore artisanales - architects ct le magon ne sont pas loin l'un de Tau: tre, liste sont encore _vraisemblablement moins dans le batiment do la cour plaque sur Timmeuble en pierre auquel il s'ados- se. Aprés avoir remplacé le bois dans la onstruction, le fer lui sort ici do moddle et confére & la facade une sorte de ti gueur mécanique ; il renforce le bois aux articulations en ¥. Pont levant de ta Villette 63 Rue de Crimée (19°) Ingénieur inconnu Entreprise : Fives-Li 1885-1088 HN est construit selon un procédé qui fut ensuite bréveté par Fives-Lile. A T'oxpo- sition de 1889, sa maquette était ainsi ‘commentée par le constructeur : « il come sorte un mécanisme hydraulique de sou- Svement actionné par l'eau des conduites de la Ville, ce méme mouvement peut aussi étre opéré par un mécanisme & bras fen cas de manque d'eau ou devaries. » Il est trés représentatif de ce temps ¢'in- nocence du machinieme, 00 les Inge: nigurs, comme le grand public, s'émer- veillaient du progrés. Aussi tout co qui Gait machinerie étaitil montré, arboré le monde de Jules Verne n’était pas loin. Aujourd'hui, on dissimulerait le tout sous Un carter concu par un disagneur chargé de esthétique industrielle Gare SaintLazare et H Terminus 64 108, rue Saint-Lazare (8") Architecte : Juste Lisch - 1885-1889 Pour remplacer la gare construe par ‘Armand et Flachat en 1852, Juste Lisch ne Ccherche plus du tout & traduite la fonction du batiment dans la facade dont tous les léments sont empruntés au 17° sidcle le chemin de fer s'est urbanieé, A Tinté- Figur de la gare, on remarquera toutetois, les formes Polonceau, utilisées proba blement pour la demigre fois, dans la salle dite « des pas perdus » et les halles abritant les voles. Plus inhabituelle est la halle transvercalle d'accés au quai, dont 1a couverture est suspendue & une charpionte métallique oxtérieure, Mais la gare Saint-Lazare présente surtout une (Gare StLazare ot Mie! Terminus wcaractéristique nouvelle dans le domaine Urbanistique : elle incorpore en effet un grand hotel. La création des grands hotels a Paris ost itectement lies aux Expositions Uni selles et & latfux des visiteurs qu'eles Provoquaient. Le premier fut Ihétel du Louvre, & emplacement des magasins du Louvre maintenant fermés, eréé pour I'Ex- position de 1855 par Persire & linstige- tion de Napoléon Ill. Le Grand Hotel fut construit par Hittort et Rohault do Floury pour exposition de 1867, et 'HOtel Cont- ental par Henti Blondel pour celle de 1878. LHétel Terminus n'échappe pas @ la 1 le: ll fut eréé pour Exposition Univer 6 sella de 1889 (comme aix ans plus tard, Photel Orsay pour 'Exposition de 1900). Pour la commodité des voyageurs do 1" Classe, il ext directement rolié @ la gare par une. passeralle: discréte et utiltaire, on n'a pas jugé nécessaire de Ihabillor. Crest sans doute la raison pour laquelle ‘lle nous touche davantage que lo reste des batiments, un peu pompeux et lourds. Elle est aujourd'hui occupée par un café = La passerelle ‘Sa demolition ast prowe dans le projet Gaménagement de la gare dlaboré par FAPLUR. (Atelier Parision dUrbanisme Creche Furtado-Heine, aujourd'hui Caisse primaire de la Séourits sociale 6 5 et 7, rue Jacquier (14°) Architecte : Paul Blondel - 1886 Voir n° 68. Entrepots de Bercy 66 Rue de I'Yonne et rue de Thorins (12°) Architecte : Emest Lheureux- vers 1886 Constructions économiques, les batiments ont on pied. Le faltage do la toiture eet constitu par une poutre en trellis trax versant les muts de facade de part. en part et prenant appui sur eux, dot le ren- fort dane la partie centrale, Solution étu- dige & un probleme simple, trop souvent traite par le mépris, dou la proliferation de hangars mal concus, Enreptie de Bay Lrensemble est menacé par l'opétation de rénovation. Est-il utopique de doma Finsertion et Futilisation de quelques-une de ces batiments dans les nouveaux quar- tiers ? Lycée Montaigne a 17, rue Auguste-comte (6°) Architecte : Charles Le Canur- 1886-1890 Parce quils correspondsient & des pro- {grammes aux proportions inhabituolios & Fépoque, on a aujourd'hui tendance & voir dans ces constructions, de « sinistres Crest un fait que le ministére de "Educs- tion Nationale ne dépense pas beaucoup pour ravaler un pattimoine, il est vrai gi fgantesque. Mais a-ton cherché a lire sous la crasse le décor quasi-naturel_né de Vutiisation de divers. matériaux ? Acton aujourd'hui parsil souct de la sé- curité 7 de la lumisre ? do l'aération ? La société estelle disposée a y mettre le prix ? Dans quels CES, aujourd'hui cons- truiton des jerdins Shiver ? Autant de questions qui permettent pout tre de comprendre une partie des dif cultés de Técole actuelle. Bureaux de la S.N.C.F., anciennement de laCompagniedes chemins de erde'Est 68 144, rue du faubourg Saint-Denis (10°) Architecte : Adrien Gouny - 1887 La fagade principale de ce batiment, au 21, rue d’Alsace, est en piorre, et exprime lune solidité et un poids suffisant pour inspirer la confiance des porteurs de titres do la Compagnie des Chemins de fer de Est. Sans doute cette fagade-ci abritait- tlle simplement les bureaux. L'architects a pu s'en donner & ccnur joie ot aller alld- ‘grement briques de couleurs, terres cuites, linteaux de fer ot potelets de font. La salle des tires, plus tard traneformée en cantine @ été démolie dans les der- riers mois de 1975, Elle ne convenait peut- etre plus @ une cantine, mais ne pouvait: Le Tour Eifel Champs do Mars (7*) eur: Gustave Eifel 3 : Maurice Koechlin ot Emile 887-1880, Stephen Sauvestre Nouguier Architecte e n'est pas minimiser le rble d'Eitel que de le qualifier d'entrepreneur. Dans les entreprises modernes — c'est un si ‘gne des temps — il est de plus en plus difficile de determiner la part exacte ces responsablltes de chacun : Toeuvre tend & devenit davantage celle d'une équipe. Mais si Yon trowe encore assez facile ment des hommes pour imaginer lined, ceux qui osent le réaliser sont encore plus rares. Eifel a pris a son compo lo projet labore par ‘ses deux collabora. feurs, et a construit en assumant tous lea risques, y compris le risque fina ler. Mals ce n’étalt pas le seu! risque aucune compagnie d'assurance ne vou- lait assurer une pareille entreprise, Etat non plus. Et lorsqu'un riverain intenta une action judiciaire en prévision du dom- mage que pourralt tui faire courlr la chute éventuelle de la tour, Eiffel ne put Poursuivre les travaux qu’a ses risques ot pérls. II construisit la tour en 26 moie dont § pour les fondstions, avec deux conts hommes sur le chantier, sans avoir 4 déplorer un seul accident mortal Entrepreneur n'est pas péjorati. Certes Ia tour fut attaqués. On parle sou- vent de ta pétition dite dee artistes, pour fenter de montrer que tout ce qui est Rouveau, choque : c'est oublier la qualité dos signataires. A part Garnier et Gou- nod qui firent amende honorable, Maupas- sant qui resta sur ses positions, on ne trouve que des pompiers : Gerome, Bon- t, Meissonnier, Alexandre Dumas tls, Sully Pruhomme, Edouaré Pailleron, st la fine fleur de "Académie : Daumet, Ques- tel, Vaudremer, Eugéne Guillaume. Le public fut plus clairvoyant: les entrées rapportérent six millions pour la sevie année 1880. La tour en avait coité 7.400.000 F (1), Mais comme a justement écrit Gabrielle ButfotPicabia, elle était = le blaspheme ttiomphant de tous les dogmes de Farchi- tecture et de la beaut. » ee Les ascenseurs de la Tour Eifel 70 Si la tour a fait couler beaucoup d'en. cre, la plupart des commentateurs sont plus discrets sur le probleme pose par ascension des. visiteurs, quia requ ici, ¢@ premiere solution ~ industrielle = (Or non soulement l'asceneur condition Nera existence des = gratte-ciels =, mais | est surtout Ia premiére intrusion de la machine en tant que tel dens habitat Test difelle de dater exactement le pre- thier wscenseur, car le passage des monte: charge aux ascensours s'est fait progres- 63 ‘shement; au 18° siécle, d6ja, il y avait dos = chalses volantes » commandées & bras.(1) Et ron sait que parmi les com: modités matérielles de Vatelier que Nadat ouvrit au demier étage (& cause de le lumiére) du 113, rue Saint-Lazare, « on emarque une chambre mobile eu moyen de laquelle la pratique pourra faire sans fatigue son ascension dans ca ciel do la photographie, » (2) Mais on ignore com- ment était actionnée cette chambre Le premier monte-charge md par une ma- chine & vapeur, st possédant un para- chute de sécurité, a 6té présenté par Eli sha Graves Otis au Crysial Palace de New York lors do |'Exposition de 1853. En Fran- ce, Léon Edoux réalise en 1864 un monte- fardeaux hydraulique : deux plateaux s'équilibront, roliés par une chaine, et, sous chacun des platoaux, ee trouve un bac @ eau quil suffi de remplir d'eau au poste supérieur, jusqu’a ce que son poids excéde celul du plateau chargé a mon- En 1867, 8 Exposition Universello do Pa- fis, Léon Edoux présente son premier ‘ ascensour » — le mot est de Wi. La cage ou cabine est solidaire d'un pi ton qui coulisse dane un oylingre vert (0) Cat Netonaue a eo etal ores lea rons "movens Go evage, et gree Uhistirs let ha Sorets des Ingeniere’ Civile Ge @) Uitateation de 18 mers 18 cal enfoncé dans un puits creusé sous Fapparell. Le pression de eau entrant dans le cylindre chasse le piston vers lo haut. Simple et sr, le syiéme présentait toutetois Vinconvénient de voir sous le niveau 0 un puits d'une profondeur égale au trajet vertical a parcourir, La charge ait de 10 personnes, Ia course de 20 m. Napoléon Ill fut le premier & commander un asoenseur & Léon Edoux pour le Pa- lais de Saint-Cloud ; de nombreuses com. mandes suiviront, imitées toutofois par le cout relativement élevé de instalation ‘A Exposition Universelle de 1878, dans une des tours du Trocadéro, Edoux cons- trulsit un ascenseur hydraulique du méme type, beaucoup plus puissant: 60 per- sonnes, 62 m de hauteur franchis & la vi tesse de 1,10 m par seconde. Les dimensions de la tour et linctinaison des pieds rendaient le probleme parti culiérement arcu et sans précédents. Eiffel fengagea d'abord un ingénicur pour le ré- Soudre ; ses propositions peu pratiques fu- rent rejetées par le Comité de I'Exposition fu printemps 1888, Un appel dottres mit en ‘compétition trois compagnies et trois sys: temes : Roux-Combaluziar ot Lepape cone. ‘mulsirent deux ascensaurs inclines, cit « & pistons articulés » qui reliaient le sol au promior étage dans les piliers est et uest. Otis, bien qu’étranger et parce qu'aucune ‘compagnie francaise n'avait accepté le risque, construsit les ascenseurs des pi- lors nord et sud desservant je deuxieme tage, avec traction par cables et presse hydraulique moutlés, Ces ascenseurs, beaucoup plus puissants que ceux réal ‘865 habituellement par Otis sulvalont une vole inclinée & deux pentes successives, 54° jusqu'au premier étage, 77° du pre- mmier au second. Un systime de para- chuto venait server los rails en oa de rupture ou dallongement inégulier des ccbies Enfin Edoux assurait lo transport du 2° étage au sommet par un ascensour double & deux cabines s'équilibrant: une cabine est poussée par deux pistons hycrauliques, Vaute, faisant contrepoids, lui est ralie par ‘deux odbles plats. A mi-course, une ple Twlorme intermeaiaire permet le tranctert des visiteurs d'une cabine dans Mautre. La Ec bine suspendue par cables est munie dun systéme de parachutes. L'escenseur Gouble Edoux assure son service depuis 87 ans: i est probablement le doyen des IW est intéressant de noter que les ascen- seurs inclinés Roux-Combaluzier et Lepape transportaient $0 personnes & 60. m/mi ute, les ascenseurs Otis 42 personnes & 120 miminute, Vascenseur double Edoux 65 personnes & 54 m/minute, Pour Exposition de 1900, les quatre as- ‘censeurs partant du sol furent remplacés par deux ascenseurs Fives-Lile, trac tion par presse hydraulique horizontale un piston de 095 m so déplace dans un cylindre de 11 -m de long. Un renvoi de poulies et un palan composé de cing pou- lies fixes et six poulies mobiles démut tiple la force. oi ‘Avenue de La Motte-Pique militaire rie des machines n face a VEcole Ingénieur : Victor Contamin, aecisté de Pierron et Charton - 1887-1888 Architecte : Ferdinand Dutert Démolie en 1910 «Pour abriter les mervailiouses inven- ions, les machines colossales que. la science a créées depuis quelques années, i fallait lever un palais qui f0t a ta fe digne de recovoir les promiéres et capable de contenir les secondes: i fallait taire Gnorme et beau, Cetta chose difficile a été accomplie sous la direction de M, Alphanc ar M. Contamin, » (L. Knab) Le rBle de Dutor semble en effet avoir été assez comparable & celui de Sauvesire pour la tour Eiffel SSi la notorieté de Contamin a ét6 relatl- vement courte, c'est qu’ la différence Eiffel, i n’était pas entrepreneur, mais simplement ingéniour ; oar cur le plan de Ia construction, la galerie des machines ‘stupefia. autant les contemporaine quo la tour: 115 m de portée, sans aucun sou- tien intermédiaire. Jamais pareille dimen- sion n'avait été atteints Les! fondations ‘commencées le 5 juillet 1887 comportaient deux lignes de vingt 6s “a tées au Portland. Chaque bloc recevant le sabot do fonte dun pied do terme do- vait powoir résister une charge ver tleale de $12 tonnes et & une poussee horizontale de 115 tonnes. Contamin avait fen effet récolu de ramener les efforts en tun point, afin de simpiiier les calculs do résistance: les machines électroniques Frexistaiont pas, et déterminer le lieu exact par lequel passe la réaction d'un are dont la baso est trés large nécess- lait des calculs tres longs. Laudace de cette simplification est pour ous aussi stupetiante qua Ia vitesse ce montage : six mois, devil & septemora 1888, par deux sociétés, Fives-Llle dun C66, ot Moisant do l'autre. Six moie pour Ccouvrir 429 m de long sur 115 m de large 845 m oe haut. Pour des raisons budgétaires, les termes furent réalisées en fer, et non en acier ‘Qui etait encore trés cher. Le coat total, y compris les galeries latérales de 15 m, {ut de 7.951.070.63 (1); (c’était uno 6poque hheureuse, ol les dispensateurs des der niers publics calculaient au centime pres) La Galerie des machines fut néanmoins démolie = par sadisme artistique ~ prot tora Franz Jourdain, en 1910 II esi interessant de noter qu'entre au- 110s mervalies, la Galerie des machines exposait des tuyaux en = siderociment » de Bordenave, et des planchers nervurés fen béton de Paul Cottancin (9 Soa samen F 1 a Palceialgecteactansetriela: iceoraieraaraeeatoO

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