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wyesco/cua/as PARIS. lee ace Original frangals ORGANISATION DES NATIONS UNtES A Poul VEDUCATION, La SCIENCE Et 1A CULTURE ENQUETE SUR L'ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE COMPTE RENDU GENERAL 1, LES CONSULTATIONS : Dans Je cadre du programme de I'Unesco pour 1951, 1a Conférence générale, réunie en sa cinquitme session, (mai-juin 1950) avait adopté Ia résolution suivante (4.1212) : “Le Directeur général est autorisé & organiser, avec le concours des Commissions nationales et des orga- nisations internationales compétentes, une enquéte sur In place que l'enseignement de la philosophie oceu- pe dans les divers systtmes d'éducation, sur ia fagon dont il est donné et sur Vinfluence qu'il exerce sur In formation du citoyen’. Pour cette enguéte, les pays suivants furent choisis au début de 1951, en raison de In diversité des problémes qu'ils pouvaent présenter en ce qui concerne lenseignement de la philosophie : Allemagne, Argentine, Autriche, Belgique, Brésil, Ceylan, Cuba, Danemark, Egypte, Etats-Unis d'Amérique, France, Inde, Irak, Italle, Tapon, Liban, Mexique, Royaume-Uni, ‘Turquie, Union Sud-Africaine, Yougoslavie. Un questionnaire (UNESCO/CUA/11) fut rédigé par le Secrétariat, en consultation avec In Fédération interna= tionale des Sociétés de Philosophie et avec Ie concours du professeur Donald Mackinnon, de l'Université d'Aber- deen (Royaume-Uni) : du sénateur brahim Madkour, de l'Académie Fouad ler de In Langue arabe, Le Caire (Egyp- te) ; et du professeur Rochard McKeon, de l'Université de Chicago (U.S.A.). Ce questionnaire fut adressé, en un certain nombre d'exemplaires, aux Commissions nationales des pays choi~ sis, ainsi qua certains organismes nationaux, sociétés de philosophie, etc... désignés par elles. 11 fut également communiqué, dans ces différents pays, & un certain nombre de philosophes et de professeurs de philosophie, dont Ia liste avait 6t6 dressée en consultation avec la Fédération internationale des Sociétés de Philosophie. Le Secrétariat recut les opinions exprimées par les Commissions nationales de l'Egypte, de la France, de inde, du Royaume-Unt ot de I'Union Sud-Africaine. Drautre part, pour la Belgique, Cuba et I'Inde, {1 put disposer d'une analyse émanant collectivement dune so- clété nationale groupant la majorité des philosophes ot des professeurs de philosophie (Ia Société belge de philo~ Sophie, 1a Société cubaine de philosophic ot le Congrds philosophique indien). Dans d'autres pays, le questionnaire avait bénéficié d'une diffusion trbs large gréce & la Commission nationa~ Je et A certaines sociétés, si bien que l'ensemble des réponses individuelles obtenues constituait un tableau assez complet de In situation nationale et de l'état de lopinion autorisée : tel est notamment le cas des Etats-Unis d'Amé- rique. Parinis, cependant, les réponses individuelles étaient trop po: nombreuses pour @tre considérées comme dffmant un tableau de Ia situation nationale, quel que pat étre Wintérét des jugements exprimés par leurs auteurs ~ jugements dont I'importance pour la formation des conclusions et suggestions générales ne saurait étre par ailleurs négli- eable. 1 convient enfin de mentionner que Ie Secrétariat a pu, dds les premitres tapes de I'enquéte, prendre connais~ sance des études analogues qui avaient été effectuées récemment, ‘sur le plan national, dans certains pays : par exemple le volume Philosophy in American Education : Its Tasks and Opportunities, préparé par l'American Philosophical Association + ir-sulte Tune large enqudie effectuee ot 1803 (Professors Blanchard, Ducasse, Wendel, Murphy, Otto, editors ; Harper and Brothers, publishers, New York and London), et le compte rendu d'une confé- rence convoquée par la Western Reserve University, en octobre 1949 (The teaching of Philosophy, edited by Pro- fessor Frank P, Harris, Cleveland, Ohio, U.8.A., 1950). Ila aussi consulté avec profit 1 Revue de l'enseigne~ ment philosophique, Bulletin de "Association des professeurs de philosophie de l'enseignement public frangais, Paris. 1. LA FORMULATION DES CONCLUSIONS : Lors de sa sixitme session, en juin 1951, la Conférence générale adopta Io résolution suivante, cians le cadre du programme de l'Unesco pour 1952 (4.41) : "Le Directeur général est autorisé & formuler, A la lumibre de Ienquéte précédemment conduite sur I'en= seignement de la philosophle, des suggestions précises l'intention des Etats membres et des organisa~ Hons internationales compétentes sur les dispositions propres A développer et & perfectionner cet ensei~ gnement, notamment en ce qui concerne 1a contribution qu'il peut apporter & l'éducation pour la compré~ Rension internationale". CUA/45 = page 2 A, LE COMITE D'EXPER’ Les répunses recues & In suite des consullations indiquées préeédemment mettalent en évidence In complexité des problémes relatifs & lenseignement philosophique, et la diversité des situations nationales, Afin de quider le Seerétnriat dans I'élaboration de suggestions précises sur Ia base de ves réponses, un comi= té international d'experts fut runt b Paris, & Ia Maison de l'Unesco, du 26 av 30 novembre 1951, Son abjet n'était ps d'Studier en détail ehaeune des situations de fait existant dans les différents pays, mais de permetire des Gchanges de vues et la mise en évidence d'une position commune sur Ia signification de "enseignement de Ia phi- losophie et son réle dans l'éducation, L'étude des situations de fait devait étre entreprise seulement dans la mesu~ re of olle éelnirerait les jugements que le comité farmulerait sur Vesprit de l'enseignement, son influence et son Importance, et sur les moyens de le développer et de le perfectionner. Le Comité comprenait 9 experts, A saveir : Professcur Guido Calogero, de l'Université de Rome, Directeur de "Institut italien de culture & Londres Professeur Georges Cangullhem, Inspecteur général de Menseignement de la philosophie en France ; Professeur Eugen Fink, de l'Université de Fribourg-en-Brisgau (Allemagne) ; Professeur Donald Mackinnon, de l'Université d’Aberdeen (Royaume-Uni) ; Sénateur Ibrahim Madkour, Membre de I'Aeadémie Fouad ler de Ia Langue arabe, Professeur honoraire de PUniversité Fouad ler, Le Caire (Egypte) : Professeur Merritt H. Moore, de Knox College, Galesburg, Mlinols (Etnts-Unis d'Amérique) ; Professeur N.A. Nikam, Seerétaire général du Congres philosophique indien, Professeur a 'Universite de Mysore (Inde) Professeur Humberto Pinera Llera, Président de la Soci6té cubaine de philosophic, Professeur 4 1'Univer- ‘sit6 de’ La Havane (Cuba) La Fédération internationale des Sociétés de Philosophie était représentée par son Président, le Professeur H.J, Pos, de Université d'Amsterdam, et, en son absence, par Mademoiselle Suzanne Delorme, en qualité d'ob- servatrice, Lie Directeur général de 1'Unesco était représenté par le Professour P. Bosch-Gimpera, Chef de Ia Division Philosophie et Sciences humaines, et par M. J. Havel, de cette division, M. Lionel Elvin, Directeur du Départe- ment de l'Education, a exposé au Comité certains aspects du programme de l'Unesco touchant & l'éducation pour Ie elvisme International. M. Gustave Monod fut lu Président, MM. Donald Mackinnon et Ibrahim Madkour Vice-Présidents, M. Guido Calogere Rapporteur. Le Comité adepta lgrdre du jour suivant 1) Echanges de vues sur les principaux aspects de !'enseignement de !a philosophie et sur les meilleurs moyens de lui donner toute sa valeur dans les différents pays ; 2) Formulation d'une déelaration commune des experts ; 8) Echanges de vues sur In publication des résultats de Menquéte sous la forme d'un volume en frangais ei en anglais, Les conclusions du comité sur le premier de ces trois points ont servi de base pour la rédaction des conclu~ sions générales de Menquéte et des suggestions. Dans le cadre du deuxitme point de son ordre du jour, le cumité a adopté, A Yunanimité, une breve Décia~ vation commune des experts sur l'enseignement de ls philosophic, qui est cilée en Annexe au présent document. Enfin, 1e comité a recommandé que le volume dont la publication en anglais et en frangais est inserite au programme de !'Unesco pour 1952 (Résolution 4, 121) comprenne, outre les conclusions ct suggestions se dégageant de Tenquéte, un exposé général concernant importance et la signification de l'enseignement de la philosophie, suivi par une série de chapitres crits par ses membres et concernant Ia situation de I'enseignement de Ja philo- sophie dans ours pays respectifs. Le comité a recommandé que M. Georges Canguilhem soit chargé de la direc~ tion du volume et rédige le chapitre de portée générale. B, LA FORMULATION DE SUGGESTIONS A_L'INTENTION DES ETATS MEMBRES ET DES ORGANISA- TIONS_COMPETENTE: Conformément & la résolution 4.41 précitée du programme de l'Uneseo pour 1962, le Seerétariat a procédé au cours des premiers mois de 1952 A une étude approfondie des réponses recues pour en tirer des conclusions See a CUA/45 - page 4 générales ot des suggestions précises & Mintention des Etnts membres, dey arganisations compétentes et des professeurs sur les dispositions propres A développer et 8 perfectionner cet enselgnement, notamment en ce qui concerne Ia contribution qu'il peut apporter & l'éducation pour la compréhension internationale. Ces conclusions générales ot ces suggestions précises, qui constituent une application aux questions concrites des principes détinis par le Comité d'experts, sont actuellement soumises par correspondance aux membres de ce Comité. Une fols approuvées par eux, elles seront incorparées au volume qui va étre public par Unesco en anglais et en frangals, et en vonstituerant le chapiire de eonclusion, 1 convient de noter que ces suggestions ne sauraient revétir le caracttre de recommandations officiellement présenies par I'Unesco. Elles seront simplement proposées nux Etats membres et aux organisations nan gowver- ementales compétentes comme une base pour des discussions et des examons plus approfondis UL, LA PUBLICATION D'UN VOLUME : La résolution 4.121 du programme de I'Unesco pour 1952 autorise le Directeur général "A publier ... Tes résultats des enquétes, des études el des entretiens précédemment conduits Conformément 8 cette résolution, les résultats de enquéte sur I'enseignement de Ia philosophic feront l'objet d'une publication sous forme d'un volume en anglais et en frangais. Ce volume, actuellement en cours de prépa~ ration, comprendra : + un Avertissement suivi d'une tntroduetion sur Venquéte de I'Unesco ; = Je texte de 1a déclaration commune des experts sur Venseignement de la philosophic : = Ia série de chapitres dont I"inclusion a té recommandée par le Comité d'experts (voir ci-dessus) ; + tes Conclusions de Venquete et les suggestions en vue du développement et du perfectionnement de l'ensei- gnement de 1a philosophic. CUA/45 ~ page 4 Annexe ANNEXE ENQUETE SUR _L'ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE DECLARATION COMMUNE DES EXPERTS 1, Le Comité s'accorde & reconnaftre que Menseignement de 1a philosophie dans les différents pays of it existe déja sous différentes formes, traduit par ce seul fait I'importance que ces sociétés accordent & la pen~ ‘s¢e philosophique comme indispensable & la prise de conscience des problmes fondamentaux de In Science et de 1a Culture, et par suite & lorientation de la conduite en fonction d'une réflexion personnelle et libre sur es valours et sur la condition humaine. Il, En conséquence, le Comité non seulement estime que cet enseignement doit étre maintenu et préservé par- tout of il existe déjh, développé et renforcé partout ol il est en voie d'instauration, mais encore souhaite qu'll puisse étre eréé, compte tenu des traditions pédagogiques et culturelles, dans tous Jes pays of il n'existe pas II, En formulant ee souhait, le Comité ne méconnaN pas les risques inhérents & I'exercice de 1a réflexion libre et autonome, mais il estime étre respectueux des principes promulgués par la Déclaration universelie des Droits de I'Homme en maintenant que tout homme ne peut devenir mdr pour la liberté intellectuelle que dans In Liberté intellectuelle méme. Le Comité ne peut ignorer que le tact, vertu pedagogique fondamentale, s'impose particuliérement aux professeurs de philosophle, en raison de l'age moyen des éléves qui regoivent ia premiére initiation & la phi- Josophie, ot de I'importance humaine des problémes traités, mais il tient A affirmer que Ia diserétion ne doit pas dégénérer en opportunisme et qu'en somme le tact c'est le contact de deux libertés. Ce serait copendant un suicide pour la pensée philosophique que d'accorder, au nom méme de cette vertu de tact, Ia méme attention respectueuse aux doctrines qui reconnaissent la valeur essentielle de Ia liberté et de la tolérance et & celles qui la nient. 1V, Le Comité tient done pour essenttel : ‘a) que lenseignement de la philosophic solt toujours donné dans Wesprit de libre recherche et de libre discus~ by que Tautonomie de 1a pensée et de Nenseignement philosophique ne soit jamais compromise, ni indirecte- ment par la structure des institutions, ni directement par I'intervention des Pouvoirs organisés ; ¢) que cet enseignement, s'adrossant par définition & tout membre de la communauté sans aucune diserimina~ lon, ne soit pas résorvé par les institutions A certains éléves ou étudiants a V'exclusion de certains autres, pour des raisons étrangdres aux seules régles de la compétition et de t'orientation scolaires dans le syst®- me dinstitutions éducatives de la communauté. V. Pour parvenir & la pleine réalisation de ces objectifs, il para opportun au Comité de proposer quelques prinefpes définissant I'inspiration d'un enseignement philosophique authentique, évitant les deux écueils de Mabstraction scolaire et de Ia confusion empirique. Diune part, {1 appara souhnitable que I'enseignement philosophique commence, surtout 8 son premier stade, par un éclaireissement de l'expérience vécue. Par exemple, des problémes comme Ia certitude, le mal ou le destin, n'appartiennent pas seulement au passé, mais concernent aussi "homme d'aujourd'hui. Des ado- lescents peuvent en avoir l'expérionce directe, ot parfois cruelle, & In mesure de leurs difficultés et de leurs responsabilités, C'est done dans cette expérience que lenseignement devrait chercher & la fois loceasion int~ Hale ot "echo irremplacable de tout exposé des problémes en question. Diautre part, & s'en tenir trop étroltement & la deseription et & expression d'une expérience particulidre, ta philosophie perdrait st signification d'une recherche de principes universels d'intelligibilité et de valorisa~ tion. La pensée philosophique a son style propre qui fail son originalité par rapport & la littérature ou & la pensée technique, juridique et scientifique. Le commerce direct avec les oeuvres des philosophes semble in- dispensable. ‘Ainsi, chercher d'abord les problémes philosophiques dans l'expérience, c'est parer au danger d'un com~ mentaire purement livresque des meilleurs textes philosophiques ; étudier dans des oeuvres consacrées cer- tains types de solutions possibles aux problémes vécus, c'est parer au danger d'un modernisme sommaire, Car le premier bénéfice de l'éducation c'est d'élever l'homme A la hauteur des plus grands esprits du passé. En raison de ces principes directeurs, Il paraf souhaitable au Comité que les institutions culturelles fas~ sent aussi une plus grande place A I'enseignement philosophique & "usage des adultes, & proportion précisément de Vexpérience de 1a vie qu'tls peuvent mettre spontanémont au service d'une étude plus directe des doctrines philosophiques. Paris, le 20 novembre 1951

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