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INRA

Agriculture
Alimentation
Environnement
N°6 - OCTOBRE 2008 magazine

Une ambition renouvelée


pour la recherche
agronomique

◗ DOSSIER ◗ HORIZONS ◗ RECHERCHE


Agriculture et Les lauriers Comment se forment
biodiversité 2008 de l’Inra les organes végétaux
◗sommaire Recherche,

◗ HORIZONS
© Inra / Sylvie Toillon
03◗ HORIZONS formation
Les lauriers 2008
et innovation
06◗ RECHERCHES
& INNOVATIONS Dans cette période de restructuration profonde du système national
Comment se forment de recherche et d’enseignement supérieur, Valérie Pécresse, ministre
les organes végétaux de la recherche et de l’enseignement supérieur, a missionné Bernard
Chevassus-au-Louis pour étudier la faisabilité d’un rapprochement
Répartition des gains entre la recherche et l’enseignement supérieur agronomiques.
de productivité dans la filère Interview de Guy Riba, directeur général délégué.
agro-alimentaire
Révolution dans la sélection La refonte du système de recherche former les jeunes par la recherche et inver-
animale a-t-elle un écho particulier dans les sement la recherche gagne à ce que les jeu-
Innovation dans l’extraction domaines agronomiques ? nes soient mieux formés à son actualité. Le
des molécules odorantes Guy Riba : oui, car l’agronomie connaît décloisonnement accroît également l’attracti-
Le sexe du melon de profondes évolutions avec les changements vité auprès de la communauté scientifique
de contexte global, les défis liés à l’alimenta- internationale. Cela peut aussi créer plus de
tion, à l’énergie, aux nouveaux paradigmes synergies entre les disciplines universitaires
écologiques… Et propre à la dynamique des et les problématiques agronomiques qui sont
sciences à l’émergence du haut débit ou l’im- complexes, transdisciplinaires. Les enseignants
périeuse nécessité de se doter de représenta- ont tout à gagner de ce rapprochement car
tions systémiques pour comprendre le vivant. il permet de renforcer des disciplines peu
Tout cela demande d’acquérir beaucoup de soutenues par l’université et aussi de conce-

Edito
connaissances souvent à la croisée des disci- voir et développer les approches systémiques.
plines scientifiques et de développer notre
capacité d’innovations pour trouver des is- Quels seraient les objectifs
sues aux problèmes techniques et socio- de cette coopération ?
économiques qui apparaissent. Cette refonte G.R. : J’en vois cinq. D’abord renforcer la
doit se faire en promouvant une gouvernance visibilité, la reconnaissance et l’implication
13◗ DOSSIER de la recherche agronomique garante d’une internationale du système national de re-
cohésion et cohérence à la hauteur des en-
jeux.
cherche agronomique. Ensuite, améliorer sa
performance en terme de recherche-forma- Chers lecteurs,
Agriculture et tion-développement. Troisièmement, parta-
biodiversité Qu’attendez-vous d’un ger entre une vision prospective des enjeux
rapprochement avec scientifiques et socio-économiques liés à nos
champs d’intervention. Quatrièmement,

C
l’enseignement supérieur ? ’est avec un grand plaisir présentations systémiques. L’Inra doit d’organisation. Cela passe par la mise
G.R. : Historiquement, en France, la re- constituer progressivement une instance que j’entame ce deuxième s’attacher également à diffuser les sa- en œuvre de programmes avec nos
cherche et l'enseignement agronomiques sont d’orientation stratégique et de coordination. mandat à la présidence de voirs et les savoir-faire et à favoriser partenaires, agriculteurs, industriels,
25◗ REPORTAGE cloisonnés. Les organismes de recherche inter- Et enfin, développer des campus actifs dans l’Inra. En effet, conduire des innovations. décideurs, publics, ONG pour ré-
Le laboratoire d’analyses viennent peu dans la définition et la réalisa- le développement de partenariats avec les au- le changement de notre communauté pondre à des grandes questions
des sols à Arras tion des formations et les écoles ne dispo- tres opérateurs régionaux de la recherche et de la recherche agronomique est au- L’Inra pourra s’appuyer pour cela sur comme l’adaptation au changement
Le suivi et la mémoire sent pas, en propre, des ressources suffisantes de l’enseignement supérieur comme avec les jourd’hui à la fois exigeant et pas- ses acquis qui apparaissent solides : climatique ou la durabilité des systè-
des sols à Orléans pour construire des politiques de recherche acteurs socio-économiques. sionnant. d’une part un équilibre entre la dy- mes de production. Cela passe par
Une équipe accréditée autonomes. La recherche peut apporter ses namique propre de la science et la ré- une attention à la diversité de nos tra-
en analyses végétales infrastructures, moyens et personnels pour Propos recueillis par Céline Goupil Le contexte évolue et l’Inra s’engage ponse aux attentes de la société par vaux scientifiques, d’innovation ou
à Bordeaux vis-à-vis des enjeux alimentaires du la recherche finalisée, et d’autre part d’expertise.
21e siècle. Cela suppose à la fois des un élargissement de ses angles thé- Dès le mois d’octobre, je proposerai
INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE orientations scientifiques repensées matiques en associant agriculture, ali- au conseil d’administration une am-
29◗ IMPRESSIONS 147 rue de l'Université • 75338 Paris Cedex 07
www.inra.fr
à cette aune, un appui efficace aux mentation, environnement et terri- bition, un cap, une méthode de dia-
équipes de recherche et d’expéri- toires. logue pour cela. Je compte sur vos
mentation, et une attention aux par- idées, vos suggestions dans cette nou-
34◗ REGARD Directrice de la publication : Marion Guillou. Directeur éditorial : Pierre Establet. Rédactrice en chef : Catherine
Donnars. Rédaction : Magali Sarazin, Pascale Mollier, Patricia Léveillé, Céline Goupil, Hélène Deval, Didier Boichard, tenaires dans les priorités comme Aussi pour ces quatre ans, je souhaite velle étape de notre renouvellement
Patrick Legrand Anne Perraut. Photothèque : Jean-Marie Bossennec, Julien Lanson, Christophe Maître. Couverture : Faire Savoir. Crédits dans les formes de collaboration. Pour faire encore changer l’Institut pour au service de la terre, des femmes et
: Qubist (puzzle) - Villalon (industrie) - Denon (paysage principal) Crédit Inra : Bertrand Nicolas (amphi) - Florence Carreras cela les approches de l’Inra doivent qu’il devienne un véritable acteur des hommes.
(labo) - Serge Carré (abeille). Maquette : Patricia Perrot. Conception initiale : Citizen Press - 01 53 00 10 00.
36◗ AGENDA Impression : Caractère. Imprimé sur du papier issu de forêts gérées durablement. PEFC/10-31-9 pleinement prendre en compte les
changements d’échelle en sciences du
international, plus efficace, plus at-
tractif. Cela passe par des alliances
Dépôt légal : octobre 2008. PEFC/10-31-945

Renseignements et abonnement : inramagazine@paris.inra.fr ISSN : 1958-3923 vivant comme en sciences de renforcées, en France et en Europe,
l’environnement, ainsi que le besoin avec l’enseignement supérieur. Cela Marion Guillou,
de démarches intégratives et de re- passe par une révision de nos modes présidente

●2 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 ●
3
◗ HORIZONS LAURIER DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE
Stanislav Dusko Ehrlich, pionnier de la génétique microbienne
en bref
ONouveaux projets
Ce laurier est décerné à une personnalité qui a contribué européens
d’une manière exceptionnelle au rayonnement de la re- L’Inra (Orléans) coordonne
cherche agronomique. Stanislav Dusko Ehrlich, 65 ans est un nouveau projet européen

Les Lauriers 2008 chercheur au laboratoire de génétique microbienne, à Jouy-


en-Josas.
Les travaux pionniers de Dusko Ehrlich en microbiolo-
gie sont reconnus internationalement. Dans les années
1970, il a développé les méthodes de transfert d’ADN par
sur l’amélioration des arbres
forestiers afin de satisfaire
l'évolution de la demande
en bois et assurer la durabilité
des forêts dans le contexte
Les Lauriers de l'Inra récompensent les qualités scientifiques, clonage chez la bactérie modèle Bacillus subtilis. Dans les du changement climatique.
techniques et humaines de cinq personnalités ainsi que leur engagement années 1990, il s’est engagé dans le séquençage systéma- « Noveltree » fédère 14
dans le collectif professionnel. Pour sa 3e édition, la cérémonie de remise tique du génome de Bacillus subtilis, qui a contribué à l’ex- laboratoires européens pendant

© Inra / Bertrand Nicolas


des prix a eu lieu à Paris le 23 septembre. plosion des connaissances sur le fonctionnement des bac- 4 ans. Il est doté de 6,3 millions
téries. Il impulse depuis 2005 un vaste projet international d’euros dont les deux tiers
Portraits par Pascale Mollier de séquençage du métagénome des bactéries intestinales sont financés par l’Europe
humaines, avec en perspective des retombées importan- (7e PCRD).
tes pour l’alimentation et la santé humaine. Visant le développement
Pour lui, la réussite d’un travail scientifique tient à l’inté- de nouvelles variétés de blé
rêt que celui-ci suscite dans la communauté internationale. « On peut mesurer ce critère de et d’orge, le projet européen
façon rigoureuse, explique t-il, en combinant le nombre de publications d’une équipe à leurs in- TriticeaeGenome, coordonné
LAURIER « JEUNE CHERCHEUR »
dices de citation au cours d’une période donnée. Evaluer les équipes selon ce critère, plutôt que par l’Inra à Clermont-Ferrand-
Christelle Lopez, spécialiste des lipides du lait sur des projets, ferait gagner un temps précieux lors de l’attribution des crédits de recherche ». Theix, regroupe 15 organismes
Dusko Ehrlich ne mâche pas ses mots, que ce soit avec les scientifiques de haut vol qu’il a cô- de recherche et 2 industriels
Ce prix récompense le travail d’un chercheur prometteur. Christelle Lopez, 33 ans, est ingé- toyés tout au long de sa carrière, ou avec la direction de l’Inra quand il a créé, puis dirigé pen- spécialisés dans la génomique
nieur et docteur d’université en sciences agroalimentaires. Depuis 2003, elle travaille à dant 11 ans, le département de microbiologie. « Mon rôle était celui d’un aiguillon pour pro- des céréales. Le budget global
l’Unité mixte de recherche Inra - Agrocampus Ouest « Science et technologie du lait et de mouvoir l’excellence scientifique sur des critères de productivité et d’impact. Il faut définir une du projet se monte à 7,5 millions
l’œuf» (Rennes). programmation globale, puis faire confiance aux équipes et leur donner les moyens. » d’euros dont 5,3 millions
Christelle Lopez a développé des méthodes innovantes pour explorer in situ la structure et d’euros financés par l’Europe,
les propriétés des lipides dans le lait et ses produits dérivés (crème, fromages, beurres). Ce pour une durée de 4 ans.
qui frappe, c’est la précocité de son parcours : à 33 ans, elle totalise 36 publications scienti-
fiques internationales, coordonne un important projet soutenu par l’Agence nationale pour OAccord cadre
la recherche et les industriels laitiers. Son itinéraire débute par une rencontre décisive : « c’est DEUX LAURIERS « APPUI À LA RECHERCHE » L’Inra et l’Office national
Michel Ollivon, directeur de recherche au CNRS à Châtenay-Malabry, qui m’a formée durant Ces lauriers sont attribués à deux agents dont la contribution est significative dans les ac- de l’eau et des milieux aquatiques
ma thèse aux techniques d’observation des cristaux de lipides. Les travaux que nous avons en- tivités d’expérimentation, de formation et de transfert. Au Magneraud (Poitou-Charen- (Onema) ont signé en juin
© Inra / Christophe Maître

trepris m’ont permis de recevoir le prix de l’Association Française de Calorimétrie et d’Analyse tes), José-Annick Doux, 64 ans, orchestre la programmation informatique d’une base de don- un accord cadre de coopération
Thermique en juin 2008 ». Autre originalité : la jeune chercheuse a occupé des postes dans nées sur les sols et Guy Roussel, 57 ans, conçoit et met en œuvre des méthodes innovantes de dans le domaine de la gestion
les secteurs public et privé. « Mon objectif, dit-elle, est de faire de la recherche fondamentale reproduction des arbres au domaine expérimental de Pierroton (Bordeaux). durable des ressources en eau
tout en maintenant une relation étroite avec les industriels laitiers pour répondre à leurs pré- et des milieux aquatiques.
occupations. » José Doux, à la programmation informatique ODistinction
José Doux gère le logiciel « Donesol » qui intègre les données per- Yves Chilliard, directeur
mettant une description spatiale et temporelle complète des sols de recherche au centre Inra de
français : profondeur, texture, évolution de la matière organique, Clermont-Ferrand-Theix a reçu
LAURIER « INGÉNIEUR » des éléments minéraux, des polluants etc. Entrée à l’Inra à 17 ans, l’International Dairy Production
Jean-Charles Valette, passé maître du feu José Doux n’a cessé de se former aux nouveaux développements Award, prix décerné par

© Inra / Christophe Maître


informatiques intéressant son domaine. A son tour, elle a formé l’American Dairy Science
Ce laurier récompense une contribution remarquable dans le développement méthodologique, ses collègues, les utilisateurs de Donesol et des étudiants en IUT. Association (ADSA) en
la valorisation des résultats de recherche, le lien avec les besoins des professionnels. Le travail de José Doux en matière d’assurance qualité des bases reconnaissance de ses activités
Jean-Charles Valette, 61 ans, est ingénieur en techniques forestières. A l’Inra depuis 1973, de données cartographiques des sols est une référence dans les de recherche et de son expertise
il a dirigé jusqu’en 2007 l’équipe « Prévention des Incendies de Forêt » à Avignon. procédures nationales de normalisation. internationale dans le domaine
des sciences du lait.
Jean-Charles Valette étudie la prévention des incendies de forêts sous tous ses aspects : connais-
sance du combustible forestier, comportement du feu, méthodes de prévention. Il a contribué Guy Roussel, marieur des arbres ONouvelles ruralités
à la réutilisation du « brûlage dirigé » basé sur le débroussaillage par le feu, et à son inscrip- Grâce à sa grande ingéniosité, Guy Roussel a contribué de ma- L’Inra a conclu en juillet une
tion dans le code forestier. Il co-anime un Groupement d’intérêt scientifique et se trouve au nière déterminante à l’orientation de son unité de recherche vers prospective sur les nouvelles
cœur de réseaux professionnels publics et privés impliqués dans la gestion des incendies de l’exploration de la diversité génétique des populations d’arbres. ruralités en France à l’horizon
forêts en région méditerranéenne. « Vivre avec le feu, explique Jean-Charles Valette, c’est tenir Il a conçu plusieurs dispositifs rendant possible les croisements 2030. A l’aide de quatre
© Inra / Christian Slagmulder

compte du risque, mais aussi le prévenir en amont dans l’aménagement du territoire par des ha- entre des arbres de grande taille. Réalisés entre différentes espè- scénarios d’évolution possible,
meaux groupés plutôt que des habitations dispersées, par des retenues collinaires qui servent de ces de chênes blancs, ces croisements ont permis aux chercheurs elle apporte un éclairage aux

© Inra / Gérad Paillard


réservoirs d’eau, par l’utilisation de la pierre, et la présence de volets dans les constructions...» d’établir la première carte génétique de cette famille. Carte deve- acteurs et aux pouvoirs publics,
Jean-Charles Valette attache beaucoup d’importance aux solutions locales concertées entre col- nue depuis une référence non seulement pour le chêne, mais aussi sur l’évolution de la ruralité
lectivités territoriales, gestionnaires forestiers et professionnels du feu. pour le châtaignier et le hêtre qui lui sont proches. dans les territoires et ses
conséquences pour l’agriculture.

●4 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 ●
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◗ RECHERCHES en bref
& INNOVATIONS
Comment se forment les OGénome d’un parasite
des plantes connu

nouveaux
Un consortium international
de 27 laboratoires, impliquant
le CNRS, le Génoscope
et coordonné par des chercheurs

organes végétaux
de l’Inra Sophia-Antipolis vient
de séquencer pour la première
fois le génome d’un ver parasite
de plantes, le nématode à galles,
Meloidogyne incognita.
Nature Biotechnology, 07/2008
Des chercheurs de l’Inra ont identifié chez les plantes des protéines impliquées
OMigration en altitude


dans le mécanisme de formation de nouveaux organes, via la circulation de l’auxine,
hormone de croissance végétale. FIGURE 1 : repolarisation des transporteurs d’auxine et initiation d’une racine latérale Une étude réalisée par des
(d’après Yvon Jaillais). chercheurs d’AgroParisTech,
de l’Inra et du CNRS montre que
La mise en évidence du rôle nouveau lulaire nécessaire au développement
les plantes migrent en altitude, à
de ce complexe dans la polarisation des organismes pluricellulaires. Ils
raison de 29 mètres par décennie,

L
’auxine est une hormone im- de transporteurs des hormones de soulignent le rôle majeur joué par le
en réponse au changement
pliquée dans la formation des développement, mécanisme qui cycle endocytose-exocytose dans les
climatique et afin de conserver les
organes, l’élongation cellu- conditionne lui-même la mise en processus de croissance et de dévelop-
températures fraîches nécessaires
laire, ou le gravitropisme, place des organes, amène à l’étudier pement. ●
à leur survie. Les chercheurs
c’est-à-dire la capacité des racines à aussi chez les animaux. Récemment,
ont comparé la distribution de
croître vers le bas. Elle est synthéti- ce rôle a été confirmé par d’autres Pascale Mollier
171 espèces forestières dans
sée à l’extrémité de la tige florale et équipes pour le transporteur d’une
les montagnes françaises à partir
transportée jusqu’à la racine en pas- protéine impliquée tant dans la mise *organite : compartiment cellulaire fermé par une
membrane (cf figure 2) d’inventaires floristiques réalisés
sant de cellules en cellules. Ce en place des organes que dans la pro-
depuis le début du 20e siècle.
transport polarisé se fait grâce à des lifération cellulaire chez le nématode,
+d’infos Science, 06/2008
transporteurs membranaires qui as- la mouche du vinaigre (drosophile) Oréférence :
surent la sortie de l’auxine hors des et l’homme. Jaillais Y, Santambrogio M, Rozier F., ODes salmonelles
Fobis-Loisy I., Miège C. et Thierry Gaude T., dans les plantes
cellules. Selon que ces transporteurs 2007. The retromer protein VPS29 links cell
sont situés sur la partie basale ou sur Ces travaux apportent une vision polarity and organ initiation in plants. Cell 130, Jusqu’à présent, les infections
1057-1070.
la partie latérale de la cellule, l’auxine nouvelle des mécanismes moléculai- Ocontact : alimentaires provoquées par la
va suivre un trajet « vertical » ou res qui contrôlent la polarisation cel- thierry.gaude@ens-lyon.fr salmonellose étaient imputées
« latéral ». Le flux vertical de l’auxine à la consommation d’aliments
détermine la croissance de la racine d’origine animale ou de légumes
principale, tandis qu’un flux latéral FIGURE 2 : modèle d’endocytose-exocytose dans une cellule végétale contaminés. Des chercheurs
pour la repolarisation des transporteurs d’auxine (d’après Yvon Jaillais).
induit la formation d’une racine la- de l’Inra (Génopôle d’Evry) et de


térale. l’Université de Vienne ont montré
que la bactérie Salmonella
© Inra / Céline Richard-Molard
Comment se forme typhimurium pouvait infecter
une racine latérale Noyau ●
1 endocytose : le transporteur est
englobé dans une vésicule directement les plantes en se
Lors de la formation d’une racine la- membranaire localisant dans leurs tissus
térale à partir de la racine principale, Vacuole RE ●
2
passage du transporteur
vers l’endosome 1 (E1) et en se développant à l’intérieur
modèle qu’ont étudié les chercheurs
chez la plante modèle Arabidopsis
de lyse ●
3 passage du transporteur vers
l’endosome de tri (E2)
de leurs cellules.
PloS ONE, 05/2008
Golgi
thaliana (proche du colza), une ca- Pôle ●
4 exocytose : le transporteur est libéré
au pôle latéral de la cellule OL'origine du parfum
tégorie de transporteurs d’auxine RTG

latéral (rôle du complexe rétromère)


change de polarisation. Ces transpor- RÉSEAU DE RACINES d'Arabidopsis thaliana. E2 3 2 des roses
4 ( : rôle attribué au complexe rétromère Le parfum de thé caractéristique
teurs passent du pôle basal au pôle jusqu’à présent : transport
E1 1 de protéines des endosomes de nombreuses variétés de
latéral de la cellule (figure 1). transitant dans des endosomes, or- lisent maintenant sur les autres pro- vers le niveau trans-golgien)
La localisation polaire de ces ganites* impliqués dans le tri et le téines du complexe rétromère, qui roses modernes est dû à
transporteurs est maintenue par un transport des protéines. Les cher- semblent jouer différents rôles clés l’évolution d’un gène spécifique
MP
cycle continu d’endocytose puis cheurs de l’Inra ont identifié une pro- dans plusieurs processus de dévelop- (OOMT1) présent chez des
Pôle basal roses sauvages chinoises.
d’exocytose (figure 2). Lors de l’en- téine nécessaire à ce mécanisme de pement des plantes.
docytose, une vésicule membranaire repolarisation. Cette protéine fait transporteur complexe L’utilisation de ces roses pour la
se forme autour du transporteur et partie d’un ensemble appelé « com- Des découvertes
d'auxine rétromère création de nouvelles variétés
l’entraîne à l’intérieur de la cellule. plexe rétromère », connu jusqu’alors extrapolables au règne au 19e siècle a favorisé
Réseaux de compartiments cellulaires par lesquels transitent les protéines après leur synthèse la transmission du gène.
Puis il réapparaît d’un autre côté de pour exercer une autre fonction dans animal à partir de l’ADN du noyau :
la cellule par un processus inverse la cellule : le transport de protéines Les protéines du complexe rétromère Proc. Natl. Acad. Sci. USA, 105
RE = réticulum endoplasmique : synthèse des protéines membranaires ou secrétées
appelé exocytose. Entre les deux, il entre les endosomes et le réseau sont très similaires entre les végétaux Golgi et RTG = réseau trans-golgien : maturation des protéines
est orienté vers sa destination en trans-golgien. Les chercheurs se foca- et les animaux. MP = membrane plasmique

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◗ RECHERCHES
Répartition des
gains de productivité
& INNOVATIONS

dans la filière
agroalimentaire
Une étude macro-économique éclaire consommations intermédiaires (re-

© Pascal Xicluna-http://photo.agriculture.gouv.fr
un aspect souvent polémique de la père 2) reste prépondérant dans les
constitution des prix alimentaires : IAA. Les industries n’ont pas profité
la répartition des gains de productivité de la situation : les salaires et la ré-
entre agriculture, industrie agroalimentaire, munération du capital ont augmenté
commerce et consommateurs. moins rapidement que dans les autres
Si l’étude porte sur la période 1978-2005,
elle renseigne également sur les
secteurs industriels. Sur la base des
conséquences possibles de la hausse récente résultats de l’étude, tout se passe
des prix agricoles. Interview de Jean-Pierre comme si les IAA, du moins globa-
Butault, auteur de l’étude, directeur lement, ne disposaient pas de pou-
de recherche au laboratoire d'économie voir de marché (repère 3).
© Inra / Christophe Maître

publique Inra-AgroParisTech.
Les consommateurs encore l'effet des législations. Des re- situation commerciale déficitaire en prix agricoles élevés, non pas au ni-
n’ont donc pas bénéficié cherches plus pointues sont effectuées biens alimentaires à une situation de veau exceptionnel de 2007 et début
contrepartie une baisse drastique de de ces évolutions ? à l’Inra sur ces rapports entre la dis- grand exportateur. Mais, ce passage 2008, mais à des niveaux néanmoins
l’emploi agricole, associé à l’agran- J- P. B. : Seuls les prix à la consom- tribution et ses partenaires (+ d’in- s’est accompagné d’une détérioration supérieurs à ceux de la précédente dé-
dissement des structures d’exploita- mation des produits carnés et laitiers fos). des termes de l’échange, c'est-à-dire cennie. Pour l’instant, les prix ali-
tion. Avec les réformes de la Politique ont réellement baissé : de l’ordre de d'une baisse plus forte du prix des ex- mentaires ont augmenté dans une
Votre étude s’appuie sur des agricole commune de 1992 et 1999, 15% entre 1978 et 2005. Les fruits, les Quels sont alors portations que du prix des importa- moindre proportion que les produits
données de l’Insee pour une part de la baisse des prix a été légumes et les autres produits agrico- les opérateurs « gagnants » ? tions. En définitive, une part non né- agricoles. Mais on voit mal comment ■ Repère 2
analyser le partage des gains compensée par le versement d’aides les non transformés ont d’abord di- J- P. B. : Les autres branches et gligeable des gains de productivité une hausse des prix agricoles ne se ré- Les
de productivité au sein directes. Au total, un tiers du surplus minué puis ont retrouvé en fin de pé- notamment la restauration collective de la filière agro-alimentaire française percuterait pas sur les prix finaux. consommations
de la filière agroalimentaire. de productivité a été retenu par les riode un niveau presque équivalent à ont bénéficié de baisses de prix beau- a bénéficié aux clients étrangers. Même si, la valeur des produits agri- intermédiaires
Quels enseignements agriculteurs afin d’augmenter leur re- celui initial. D’une manière générale, coup plus fortes que les consomma- coles dans celle des produits alimen- correspondent
en tirez-vous ? venu, même si on assiste, en fin de on observe d’abord une baisse des prix teurs finaux. Les produits achetés ne Les prix agricoles ont taires ayant fortement baissé, cela aux biens et
services entrant
Jean-Pierre Butault : Entre 1978 période étudiée, à un essoufflement alimentaires puis après 1995, un re- sont sans doute pas les mêmes et les augmenté en 2007. Comment limite l’impact de la hausse des prix
dans le processus
et 2005, les gains de productivité (re- des gains de productivité et à une dé- tournement et la remontée des prix. marchés sont différents. cette hausse va se répercuter agricoles. L’étude montre également
productif au cours
père 1) de la filière agro-alimentaire gradation du revenu moyen agricole. sur les prix alimentaires ? que l’évolution des prix alimentaires de l’étape étudiée.
ont été très importants. Ils provien- Le commerce est-il Et sur le plan des échanges J- P. B. : Compte tenu de la demande dépend des rapports de force au sein
■ Repère 3
nent presque exclusivement de Comment les industries responsable de la remontée internationaux ? des pays émergents et du dévelop- de la filière alimentaire. ●
l'agriculture : sur 42 milliards d'eu- agroalimentaires (IAA) des prix alimentaires ? J- P. B. : C’est au cours de la période pement des agrocarburants, la FAO Le pouvoir de
■ Repère 1 marché désigne
ros (indexés année 2000) représen- répercutent-elles l’évolution J- P. B. : La situation du commerce étudiée que la France est passée d’une et l’OCDE prévoient un maintien des Propos recueillis par
la capacité d'un
La productivité tant le surplus de productivité glo- des prix de leurs alimentaire est complexe. Le début Céline Goupil
opérateur à
du travail est le bale de la filière, 38 milliards sont approvisionnements ? de période correspond à une phase contrôler les prix
100 Indice 100 en 1978
ratio obtenu en issus de l'agriculture. Ces gains de J- P. B. : Il y a une certaine trans- de rationalisation du commerce entre +d’infos afin d'augmenter
divisant le volume productivité ont abaissé les prix agri- mission : ainsi, sur la période 1978- branches avec une contraction des Oréférences : sa rémunération.
de la production 90 J.P. Butault. La relation entre prix agricoles
coles à la production en termes réels 2005, les prix ont baissé de 1,6% dans marges. Au contraire, le taux de marge Prix alimentaires et prix alimentaires : une approche macro-
Source : INSEE, calcul Inra

par la quantité de
de près de 50% (soit 2,2 % en l’industrie de la viande et du lait et a augmenté en fin de période. Il est économique en France entre 1978 et
travail. Le surplus 2005. Cette étude présentée à la
moyenne par an). Sur la même pé- de 0,8% dans les autres IAA. Mais passé de 24% en 1978 à 32% en 2005. 80 Prix de production : autres IAA
ou gain Commission des Comptes de l’Agriculture
de productivité riode, les prix à la consommation ali- cette transmission est modeste car les Cette hausse est partiellement respon- de la Nation du 1er juillet 2008 est en
Prix de production : IAA viande-lait cours de publication dans la Revue
est réparti entre mentaire n’ont baissé que de 5%. gains de productivité dans les IAA sable de la remontée des prix ali- 70
Française d’Economie.
les travailleurs sont restés modérés : de l’ordre de mentaires. L’interprétation est ce- Prix agricoles à la production INRA Sciences Sociales N° 2, 2006 - J.P.
(salaires), les L’agriculture serait-elle 0,15% par an contre 0,65% dans l’en- pendant difficile, avec les instruments 60 Butault. (gains de productivité agricoles)
apporteurs de la grande perdante semble de l’industrie et 1,9% dans macroéconomiques utilisés dans cette INRA Sciences Sociales, N°5-6,
novembre 2006 - C. Bonnet et al.
capitaux (revenu de cette évolution ? l’agriculture. Deux raisons à cela : étude : elle peut être liée à divers fac- 50 (synthèse sur relations
d'entreprise, J- P. B. : La situation de l’agricul- d’une part, la productivité du tra- teurs tels que l'augmentation des coûts fournisseur/distribution).
profit...) et les 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004
ture a déjà été maintes fois analysée vail a augmenté deux fois moins vite de la distribution, l'amélioration de www.inra.fr/internet/Departements/ESR/
acheteurs (baisse publications/
et décrite (voir + d’infos). La hausse que dans les autres secteurs indus- leurs services, l'accroissement du pou- PRIX À LA PRODUCTION dans l’agriculture et les IAA et prix alimentaires Ocontact : jean-pierre.butault@nancy-
de prix). à la consommation (France, Hors tabac. Indice 100 : 1978, en euros
de la productivité agricole a eu pour triels et d’autre part, le poids des voir de marché de la distribution ou engref.inra.fr
constants)

● 8 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 ● 9
◗ RECHERCHES
Révolution dans la Innovation dans l’extraction
& INNOVATIONS

sélection animale des molécules odorantes


Les molécules odorantes naturelles sont des composés à haute valeur ajoutée, très utilisés
en industries alimentaire, pharmaceutique, cosmétique ou en parfumerie. Leur séparation reste
une opération difficile et coûteuse. De nouvelles technologies voient le jour. C’est le cas des contacteurs
membranaires qui par leur compacité, leur flexibilité, leur sélectivité, leur faible consommation d’énergie
La sélection génomique
et de solvant, présentent des atouts indéniables.
est une révolution
en génétique animale.
Elle consiste à sélectionner

L
es contacteurs membranai-
des reproducteurs sur la
base de leur valeur
res font partie des procédés
génétique (1) prédite à partir de séparation utilisant une
de marqueurs génétiques membrane. Classiquement,
répartis sur tout le génome. la membrane est une barrière de
quelques centaines de nanomètres à
quelques millimètres d’épaisseur, ca-
pable de retenir ou de laisser passer

P
roposée en 2001 d’un point certaines molécules entre deux mi-
de vue théorique, la sélec- lieux qu’elle sépare. Dans le cas des
tion génomique est restée contacteurs membranaires, la mem-

© Inra / Gérard Paillard


inutilisée pendant plusieurs brane est poreuse et sert à stabiliser
années, faute d’outils génomiques l’interface entre deux ou trois fluides.
adaptés. Elle émerge maintenant avec Ainsi, des zones de contact et d’é-

© Inra
l’arrivée de puces de génotypage (2) change sont créées entre les diffé-
à haut débit. Alors que la sélection rentes phases au niveau des pores de


classique fondée sur la généalogie, né- la membrane. Au laboratoire « génie CONTACTEUR MEMBRANAIRE
cessite de collecter préalablement les valeur globale du génome à partir de tion par marqueurs conduit avec et microbiologie des procédés » à Gri- valoriser l’extrait (détergent, cosmé- pour la désalcoolisation partielle
phénotypes (3) d’un grand nombre plusieurs milliers de marqueurs ré- l’Union nationale des coopératives gnon, les contacteurs membranaires tique) et de désodoriser des eaux, ce du vin.
de reproducteurs et de leurs appa- partis sur l’ensemble du génome. La d’élevage et d’insémination artificielle sont étudiés pour l’extraction sélec- qui autorise leur recyclage. D’un point
rentés, phase coûteuse et souvent lon- nature et la place d’un contrôle des (Unceia) depuis 2001. tive de composés volatils dans deux de vue technologique, la séparation en Dans le cadre d’un tout autre pro-
gue, la sélection génomique pourrait performances dans les stratégies de La sélection génomique est une évo- optiques d’application différentes : la milieu aqueux très dilué constitue une gramme, sur le « Vin de qualité à te-
se contenter des phénotypes d’une sélection génomique restent à définir. lution majeure pour les sélectionneurs récupération de composés odorants contrainte forte. Grâce à un contac- neur réduite en alcool », associant 8
population de quelques milliers d’in- et les utilisateurs. Très attendue, elle dans les eaux industrielles et la dés- teur (à fibres creuses) offrant une laboratoires publics et 4 partenaires
repères dividus qui servira de référence pour Une puce de fait l’objet de nombreux dévelop- alcoolisation partielle de vin. grande surface d’échange pour un fai- privés, les scientifiques ont démontré
apprécier les associations entre mar- 54000 marqueurs pements méthodologiques et engen- ble encombrement, on peut extraire l’efficacité des contacteurs membra-
queurs génétiques (4) et caractères. Des initiatives de sélection génomique drera sans aucun doute des évolutions Traitement des effluents des arômes 5000 fois plus concentrés naires pour « désalcooliser » partiel-
La sélection génomique peut de plus sont en cours dans toutes les espèces profondes dans le domaine de la odorants que la solution initiale. Pour les eaux lement le vin (2% volume d’éthanol),
intervenir précocement, dès la nais- dès lors que des puces de génotypage sélection. ● Les procédés agro-industriels em- de blanchiment de chou-fleur ou pour sans altération de la perception sen-
sance de l’animal, voire dès le stade à haut débit sont disponibles. Mais ploient beaucoup l’eau et la chargent, un condensat issu de la concentration sorielle du produit.
10 000 embryonnaire. Elle permet aussi de c’est dans le domaine des bovins lai- Didier Boichard entre autres, en molécules aroma- d’une purée de tomates, le rendement Les recherches se poursuivent pour
animaux
génotypés prendre en compte des caractères dif- tiers que les avancées sont les plus tiques : leur récupération permet de d’extraction dépasse 90%. trouver un matériau membranaire en-
(1) valeur génétique : espérance de ce que l’animal
en ficilement mesurables ou incompati- spectaculaires dans différents pays. transmet à ses descendants core plus résistant et conjointement
2009 au bles avec le statut de reproducteur Partenaire d’un consortium interna- (2) puces de génotypage à haut débit : support qui
Un transfert de technologie réussi utiliser des solvants « propres » pour
permet d’identifier les variations de séquences d’ADN
laboratoire comme la qualité de la viande ou la tional, l’Inra, en collaboration avec le pour un grand nombre de marqueurs
l’environnement. ●
Labogena. Le laboratoire « Génie des procédés » contribue
résistance aux maladies, ou encore de Centre national de génotypage à Evry, (3) phénotype : expression du caractère considéré chez
manifestation tardive comme la lon- a analysé une première population de un individu à la formation de nombreux étudiants. Anne Perraut
gévité. Elle ouvre ainsi la possibilité 3 300 taureaux avec une puce de
(3) marqueur génétique : séquence d’ADN présentant C’est ainsi qu’en juillet 2007, Fabrice Gascons
plusieurs variants appelés allèles
Viladomat, a mis à profit les compétences
d’intégrer des caractères nouveaux 54 000 marqueurs dans le cadre d’un acquises au cours de sa thèse, pour créer sa
dans les objectifs de sélection. programme de recherche soutenu par +d’infos
société : EDERNA Green Technologies. Ocontacts : Isabelle Souchon
Dans sa nature, la sélection géno- l’Agence nationale de la recherche +d’infos Spécialisée dans la technologie des contacteurs souchon@grignon.inra.fr
Ocontact : Violaine Athes - vathes@grignon.inra.fr
mique est une extension de la sélec- (ANR) et ApisGene. Dès l’an pro- didier.boichard@jouy.inra.fr membranaires, la « jeune pousse » propose des
procédés de production et de purification de molécules à haute UMR Génie et microbiologie
tion assistée par marqueurs. La dif- chain, un vaste programme de sélec- Chef du département de génétique des procédés alimentaires (Inra-
férence réside dans la prise en compte tion génomique impliquera plus de animale valeur ajoutée depuis la réalisation des études de faisabilité jusqu’à AgroParisTech)
l’installation d’unités pilotes. EDERNA est lauréate de l’édition 2008 www.inra.fr/en_direct_des_labos
d’un nombre limité de gènes à effets 10 000 animaux génotypés par an sur Oréférence :
du concours national d’aide à la création d'entreprises de
T.H.E. Meuwissen, B.J. Hayes, M.E.
importants dans la sélection par mar- la plateforme Illumina du laboratoire Goddard. 2001. Prediction of Total technologies innovantes du ministère de l'Enseignement supérieur Ederna : Fabrice Gascons Viladomat -
Genetic Value Using Genome-Wide Ederna Sarl - 47, route d'Espagne - Les
queurs, alors que la sélection géno- Labogena (Jouy-en-Josas), dans la Dense Marker Maps. Genetics 157: et de la Recherche. Airelles - 31100 Toulouse -
mique repose sur la prédiction de la continuité du programme de sélec- 1819-1829. info@ederna.com

●10 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008
● 11
◗ RECHERCHES

◗ DOSSIER
1 Représentations 2 Agro-écosystèmes

sexe du melon De la protection de la nature Impacts et synergies entre


& INNOVATIONS
Le à la gestion de la biodiversité l’agriculture et la biodiversité

3 Socioéconomie
Approcher la valeur de la biodiversité

seule base remplacée par une autre


dans l’ADN, suffit à inactiver l’en-
zyme et à arrêter la production d’-
hormone. Le gène « a » muté per-
met alors la formation d’organes
mâles et donc de fleurs hermaphro-
dites. Un tel lien entre la détermina-
tion du sexe et la synthèse d’éthylène
a également été révélé chez d’autres
plantes, comme le maïs.
Ces travaux renseignent également
sur l’histoire évolutive du melon :
« d’abord monoïque, le melon a connu
MELON
CANTALOUP
◗ (1) et cette simple mutation génétique natu-
de type Prescott femelle (le relle le conduisant à l’andromonoé-
cultivé au 19e carpelle) (2). cie, une caractéristique qui a par la
siècle et début
20e en France Enfin, la plante peut suite été volontairement sélectionnée,
Extrait de l’Album aussi porter, en plus de ces fleurs puis dispersée sur tous les continents »
Vilmorin des bisexuées, des fleurs mâles. Ce dernier précise encore Abdelhafid Bendah-
plantes potagères
(fin 19e). cas, appelé « andromonoécie », a re- mane. Brevetées, ces recherches per-

D
es chercheurs de l’Inra ont tenu l’attention des chercheurs de mettront aux semenciers qui créent
mis en lumière le méca- l’Inra. Concernant 4000 espèces aut- des hybrides (4), aux rendements
nisme génétique à l’origine res que le melon, il semble non seu- améliorés par la « vigueur hybride »
de la transformation des lement plus courant chez les plantes (5), de maîtriser le sexe de leurs plan-
fleurs femelles du melon en fleurs cultivées que chez les plantes sauva- tes ou de détecter avant floraison quel
hermaphrodites. ges, mais aussi associé à une meilleure sexe porteront les fleurs de leurs créa-
Dans le règne animal, on naît de sexe survie de l’espèce ainsi qu’à des ca- tions hybrides, un gain de quelques
masculin ou de sexe féminin, rare- ractères de qualité comme le taux de mois tout de même ! ●
ment hermaphrodite. La plupart des sucre des fruits. PLEIN CHAMP
Tapisserie de Dom Robert.
végétaux pratiquent quant à eux le Magali Sarazin
mélange des genres. « Les plantes ont L’hermaphrodisme,
(1) Une étamine est faite d'un filet et d'une anthère au
développé différents systèmes de repro- une mutation génétique sommet, portant elle-même les loges qui produisent le
duction, mais les mécanismes génétiques simple pollen.
(2) Le carpelle est l’élément constitutif du pistil, composé
qui les sous-tendent ne sont pas en- Les chercheurs de l’Inra ont isolé la

Agriculture
de l’ovaire, surmonté du style lui-même terminé par le
core bien compris » explique Abdel- région génomique responsable de stigmate. C'est sur ce dernier que se déposent les grains
de pollen au cours de la fécondation. Le carpelle se
hafid Bendahmane, spécialiste de la l’andromonoécie chez le melon. Cette transformera ensuite en fruit, c’est-à-dire l'enveloppe des
génomique végétale à l’Inra, qui a région porte le gène « a », qui code graines.
(3) www.avignon.inra.fr/rg_melon/public/presentation_
initié il y a quatre ans les travaux sur une enzyme impliquée dans la syn- reseau.html
le déterminisme du sexe chez le
melon, plante modèle étudiée pour
ses gènes d’intérêt agronomique.

Fleurs mâle, hermaphrodite


thèse d’éthylène, une hormone végé-
tale déjà connue pour son rôle dans
la maturation des fruits. Pour étudier
les variations naturelles de ce gène,
les chercheurs ont alors constitué,
(4) Les hybrides sont issus de croisements entre des
parents assez éloignés génétiquement.
(5) En évitant notamment la dépression de consanguinité
liée aux autofécondations. et biodiversité
ou femelle grâce au réseau des ressources géné- +d’infos
Ocontact scientifique :
Pour Cucumis melo donc, indépen- tiques de melon (3) que l’Inra a créé Abdelhafid Bendahmane
damment du cas où la plante ne com- en 1996, un échantillon de 500 va- bendahm@evry.inra.fr
Laboratoire « Génomique végétale» (Inra,
porte que des fleurs femelles, l’herma- riétés de melon provenant de toutes CNRS et Université d’Évry)
phrodisme se manifeste de trois les parties du monde. 347 d’entre elles Oréférence : Dossier réalisé sous la responsabilité scientifique
« Conserved Mutation in an Ethylene
façons. Le plus souvent, la plante porte étaient andromonoïques, les autres Biosynthesis Enzyme Leads to de Laurent Lapchin et Claire Sabbagh
sur un même pied des fleurs mâles monoïques. Ils ont alors découvert Andromonoecy in Melons » Science Vol rédigé par Hélène Deval, Catherine Donnars,
321, n° 5890 - 8 août 2008
distinctes des fleurs femelles : la plante que le gène « a » est présent dans tou- Adnane Boualem, Mohamed Fergany, Céline Goupil, Pascale Mollier et Isabelle Savini.
est dite « monoïque ». Autre cas de fi- tes les fleurs femelles et que l’éthy- Ronan Fernandez, Christelle Principale source d’information : expertise collective
Troadec,Antoine Martin, Halima Morin,
gure, la plante possède des fleurs lène a aussi pour fonction d’empê- Marie-Agnes Sari, Fabrice Collin, Jonathan « Agriculture et biodiversité » éditée par
hermaphrodites, c'est-à-dire dotées à cher le développement des étamines. M. Flowers, Michel Pitrat, Michael D. X. le Roux, R. Barbault, J Baudry, F. Burel,
Purugganan, Catherine Dogimont,
la fois d’organes mâles (les étamines) Une mutation simple de ce gène, une Abdelhafid Bendahmane I. Doussan, E. Garnier, F. Herzog, S. Lavorel,
R. Lifran, J. Roger-Estrade, J.P. Sarthou,
●12 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 M. Trommetter.
◗ DOSSIER
Agriculture 1 Représentations

et biodiversité De la protection de la nature


à la gestion de la biodiversité
Q
u’est-ce que la biodiversité ? Souvent sement de la palette des concepts, théories et
Il y a aujourd’hui consensus pour constater que la biodiversité, menacée
synonyme de nature, la biodiversité modèles à même de décrire la biodiversité.
par le développement des activités humaines - urbanisation, aménagement, intensification
est une notion complexe pour les Ainsi, les relations entre agriculture et biodiversité de l’agriculture – doit être préservée. Toutefois son caractère multidimensionnel
scientifiques. Elle englobe les espèces constituent une thématique de recherche rend difficiles et divergentes les manières de l’appréhender.
emblématiques auxquelles s'intéressent émergente entre l’agronomie, l’écologie et les
particulièrement les défenseurs de la nature sciences sociales. La gestion des « agro-
(rapaces, batraciens, loups…) et tous les écosystèmes » préoccupe politiques et gestion-

L
e néologisme biodiversité est Même à l’échelle d’un territoire agri- dans les écosystèmes terrestres
organismes ordinaires ou invisibles car souvent naires de l’environnement en vue de construire apparu au milieu des années cole français, il n’est pas aisé d’éva- comme l’un des douze indicateurs de
microscopiques qu’abritent par exemple les sols. des compromis entre exploitation et durabilité 1980, rapidement associé à la luer la perte de biodiversité. La plu- développement durable. Les oiseaux
La biodiversité désigne toutes les variations que des ressources et des milieux. Nœud gordien, lutte contre la perte de bio- part des études s’intéressent à sont en effet souvent au sommet d’un
l’évolution a façonnées entre les populations, l’évaluation de la biodiversité fait l’objet de diversité. Placée au cœur des conflits quelques espèces ou groupes d’espè- réseau trophique et reflètent donc le
espèces et communautés vivantes, mais aussi beaucoup de recherches qui in fine essaient de d’intérêts qui se sont fait jour au Som- ces ou encore aux espèces rares ou bon fonctionnement de l’ensemble
les interactions entre ces différents niveaux chiffrer sa valeur. Ce dossier aborde ces aspects. met de la Terre à Rio de Janeiro en menacées. La biodiversité est donc de l’écosystème. Sur les quelque
d’organisation ainsi que les relations que chacun Il s’appuie sur l’expertise scientifique collective 1992, la biodiversité fait l’objet d’une approchée par le biais d’indicateurs , 10 000 sites de mesure en France, les
entretient avec l’environnement. A la fois moteur « Agriculture et biodiversité », sollicitée par les Convention internationale, ratifiée certains étant reconnus comme indi- données recueillies entre 1970 et 2006
et résultat, la biodiversité dépasse donc le simple décideurs publics, confiée à l’Inra et conclue en par 182 pays et l’Union européenne. cateurs de la richesse biologique glo- indiquent un déclin des oiseaux com-
état de la « diversité du vivant » pour intégrer juillet dernier. L’appauvrissement de la biodiver- bale. L’Union européenne a ainsi dé- muns de 29% dans les espaces agri-
son organisation et l’utilisation durable de cette sité principalement causé par l’im- fini l’abondance d’oiseaux nichant coles, contre 7% sur l’ensemble du
diversité du vivant dans l’environnement. L’actualité scientifique et politique dans la suite pact des activités humaines (qui frag-
Les questions relatives à son fonctionnement du Grenelle de l’environnement est marquée mentent et détruisent les habitats
ont été abordées depuis longtemps par la également par la création de la Fondation pour naturels) mobilise un vaste panel
recherche - bien avant qu’on l’appelle « bio- la Recherche sur la Biodiversité et l’organisation d’acteurs : gouvernements, associa- Point de vue sur l’ingénierie écologique
diversité » - mais de manière cloisonnée en en novembre prochain, d’une conférence tions environnementalistes, gestion-
fonction des populations, espèces ou com- internationale « Biodiversity & Agricultures » qui naires des ressources naturelles, col-
ABEILLE « Que la société s’approprie les freine les complémentarités. L’ingénierie
munautés. Aujourd’hui, le pari est d’approfondir se tiendra à Montpellier, dans le cadre de la lectivités territoriales, médias, etc.
SAUVAGE priorités relatives à la protection écologique combine les connaissances
(Eucera) et de mieux intégrer les différents niveaux de Présidence française de l’Union européenne. Elle Certaines ONG, au premier rang des- et à la valorisation de la biodiversité et savoir-faire pour gérer les milieux et
émergeant connaissance. Au-delà d’un assemblage, les portera les réflexions en cours au niveau de quelles l'UICN (Union internationale
de son abri ne va pas sans difficultés ni confusions. concevoir des aménagements durables.
nocturne,
avancées scientifiques ont besoin d’un élargis- l’Espace européen de la recherche. pour la conservation de la nature), La montée en puissance des questions C’est un métier différent de celui
une Escholtzia.
ont joué un rôle important dans cette environnementales produit des de l’écologue même si les deux doivent

évolution. hypothèses de recherche prometteuses. travailler en étroite collaboration.


Le risque existe que ces hypothèses, Sous réserve d’être clairement
Choisir des indicateurs étayées par des résultats identifiées, ces difficultés sont
Une première difficulté est d’évaluer fragmentaires, passent directement constructives car elles obligent
l’ampleur de la perte de biodiversité. à des actions en matière de politique à approfondir les concepts et à valider
Il faut estimer la richesse en espèces économique ou d’aménagement du des hypothèses sur le terrain. De fait,
et leur abondance relative. Spécula- territoire, sans être suffisamment la nature des questions posées par la
tifs, les chiffres de son « érosion » ou validées. Les chercheurs sont en effet biodiversité et les échelles spatio-
« effondrement » sont difficiles à ma- aujourd’hui abondamment sollicités temporelles concernées exigent
nipuler. Au taux d’extinction de 100 pour fournir des solutions techniques un renouveau de la méthode
à 1 000 fois le taux naturel avancé par « clés en mains ». Or, les écologues, expérimentale : des dispositifs
certains scientifiques, d’autres rétor- longtemps considérés comme de doux expérimentaux multicritères aux
quent que les données biologiques rêveurs, ne sont pas forcément indicateurs fiables, en passant par
sont trop partielles pour être fiables, préparés à cette nouvelle légitimité l’éco-informatique et la modélisation
les mammifères et les oiseaux étant sociale ! Ainsi, un risque de confusion des systèmes complexes et fluctuants.
par exemple surreprésentés. Les in- existe entre le métier du chercheur qui L’avancée méthodologique
ventaires comptabilisent 1,7 à est de « savoir si » et la volonté du de la recherche sur la biodiversité
© Jean-Pierre Sarthou / ENSAT-Inra

2 millions d'espèces visibles identi- politique ou du militant qui souhaite est un vaste chantier ! »
fiées sur terre, mais les estimations que la recherche « montre que… ». Par
sur leur nombre total varient de 5 à ailleurs, l’histoire des sciences fait que
30 millions ! l’économie, l’agronomie ou l’écologie Laurent Lapchin, directeur scientifique
diffèrent par leurs bases conceptuelles, adjoint Environnement - Ecosystèmes
leur vocabulaire, leurs priorités, ce qui cultivés et naturels de l’Inra

● II I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 ●
III
◗ DOSSIER
2 territoire. Ce type d’indicateur met sons interrégionales à l’échelle du que ces espèces remplissent, que de
au jour la tendance lourde de modi- continent. leur nombre en tant que tel. Cette no-
fication de biodiversité à l’échelle des tion de « services rendus par la bio-
territoires agricoles. L’impact de D’une conception diversité » a été promue par le Mille-
l’évolution des pratiques d’exploita- patrimoniale à une nium Ecosystem Assessment, exercice
tion du milieu (traitements pestici- conception utilitariste… international d’évaluation et de pro-
des, labour, coupe forestière…) sur Une deuxième problématique tient spective centré sur l’environnement
la biodiversité peut cependant être au fait que la bannière « biodiversité » (ONU, 2001-2005, voir dossier Inra
diversement jugé selon que ces pra- rassemble des mouvements et orga- magazine n°5). Ces services nombreux
tiques ont un effet plus ou moins fort nisations dont les logiques peuvent sont directs ou indirects. La biodiver-
sur l’indicateur choisi (ver de terre, être divergentes. Visant la conserva- sité contribue ainsi à la production
carabe, outarde canepetière…) ; ce tion de la biodiversité, la logique en- alimentaire et de médicaments, à la

© Jean-Pierre Sarthou / ENSAT-Inra


qui peut être positif pour une espèce, vironnementaliste vise à recenser les pollinisation, à l’épuration des eaux,
peut être négatif pour une autre. espèces et à créer des espaces de na- à la fertilité des sols, au contrôle des
Un projet européen de recherche ture protégés (parcs). Cette approche ravageurs, mais aussi au maintien de
« Greenveins » (2001-2004) auquel a patrimoniale se double souvent d’une la diversité des paysages, au dévelop-
MOINEAU contribué l’Inra, a cherché des indi- éthique fondée sur la préservation de pement d’activités touristiques.
FRIQUET. cateurs corrélant la richesse en espè- toutes les formes de vie, pouvant re-
On constate un fort
déclin des oiseaux ces (groupes taxonomiques et méta- joindre alors une logique culturelle, …appliquées à l’agriculture
des milieux populations) et les caractéristiques voire indigéniste, de la biodiversité. Appliquées à l’agriculture, ces
agricoles du paysage. L’étude, réalisée dans 25 Les agriculteurs et agronomes, eux, logiques se traduisent en stratégies
(de l’ordre de 29%
depuis 1989) sites répartis sur 7 pays européens, a ont valorisé une vision utilitariste, en de développement agricole diver-
validé des indicateurs de comparai- gestionnaire de la diversité génétique gentes : spécialisation des territoires
2 Agro-écosystèmes

des espaces agricoles, tant pour amé- en vue d’en dédier certains à la
liorer les espèces végétales cultivées conservation de la biodiversité, tan-
ou animales domestiquées que pour dis que les autres seraient dévolus à
limiter les espèces concurrentes ou la production, même de manière
prédatrices.
A ces optiques s’est ajoutée récem-
ment une approche fonctionnelle in-
intensive et préjudiciable à la biodi-
versité ; ou protection de la biodi-
versité au sein de tous les espaces agri-
Impacts et synergies entre
tégrant également des motivations
économiques. Les chercheurs s’ac-
coles grâce à des pratiques qui la
préservent ; ou, en allant plus loin, l’agriculture et la biodiversité
© Inra / Jean-Charles Bouvier

cordent en effet dans leur ensemble valorisation des services rendus par
sur le constat que l’impact des espè- la biodiversité dans les processus de
La biodiversité et l’agriculture sont étroitement interdépendantes. Connaître leurs relations
ces sur le fonctionnement des éco- production au bénéfice partagé de
peut jouer un rôle central dans la conception de nouvelles manières de gérer durablement
systèmes dépend plus des fonctions l’agriculture et de la biodiversité. les écosystèmes agricoles en renouvelant l’approche traditionnelle de l’agronomie
et en dépassant la frontière historique qui l’a séparée de la recherche en écologie.

O UNE NOUVELLE FONDATION POUR LA RECHERCHE SUR LA BIODIVERSITÉ

E
n France, les zones agrico- effets indirects, liés notamment à la cultures par bassin de production,
INTERVIEW les représentent 60% du ter- raréfaction des ressources alimentai- l’arasement des haies… « C’est un ac-
stratégique est ainsi constitué de 40 représentants des ritoire. Historiquement, res : l’efficacité des herbicides prive quis de l’expertise que de montrer que
Issue des engagements du Grenelle de l’Environnement, associations, collectivités, entreprises, etc. Nous voulons l’agriculture a eu un effet par exemple les oiseaux de graines la diversité des paysages est un aspect
la Fondation française pour la recherche sur la biodiver- promouvoir un champ de recherche performant académiquement positif sur la biodiversité en créant des en hiver. aussi important pour la biodiversité
sité (FRB) a vu le jour en mars dernier. Elle reprend les et dont les prospectives et les activités soient clairement espaces ouverts, qu’ils soient cultivés A l’inverse, les pratiques de gestion ex- que l’intensification des pratiques agri-
missions de l’Institut français de la biodiversité (IFB) et positionnées vis-à-vis des demandes sociales. ou pâturés, abritant une grande di- tensive des espaces agricoles sont fa- coles » remarque Xavier Le Roux.
du Bureau des ressources génétiques (BRG). versité d’organismes vivants. Bénéfi- vorables à la biodiversité car les per- Selon les scientifiques, la biodiversité
Interview de Xavier Le Roux, son directeur qui est éga- De quels moyens humains et financiers disposez-vous ? ciant de cette diversité, l’agriculture turbations modérées des écosystèmes des territoires agricoles apparaît très
lement directeur de recherche à l’Inra et a coordonné l’ex- X. L-R. : Actuellement, 20 personnes travaillent pour la Fondation. parallèlement, a aussi toujours cher- ont, dans une large gamme de situa- dépendante des espaces « semi-
pertise « Agriculture et biodiversité ». Elle est financée par le CNRS, le Museum national d’Histoire ché à la contrôler en réduisant les po- tions, des effets positifs sur la richesse naturels » que sont les haies, buis-
naturelle, l’Inra, l’Ifremer, le Cemagref, le Cirad, l’IRD, l’Inserm et pulations qui endommagent ou en espèces. La présence de prairies per- sons, marécages, bords de champs en-
Quelles sont les missions de la nouvelle Fondation ? des ministères. Son budget initial de 2,7 M€ qui pourra être concurrencent ses productions. manentes abritant une forte biodi- herbés. Ce constat devrait motiver
Xavier Le Roux : Elle veut renforcer la problématique de la renforcé par du mécénat, devra augmenter vu le mandat ambitieux versité fournit par ailleurs aux espè- la préservation des paysages tradi-
biodiversité au sein de la recherche française et coordonner confié à la Fondation. Impacts de l’intensification ces qui fréquentent les parcelles tionnels de bocages. Il explique aussi
l’ensemble des activités nationales de recherche, d’expertise, agricole… cultivées, des ressources alimentaires que les « bandes enherbées » soient
d’animation de réseaux, de communication et d’éducation dans Fonctionnerez-vous par appels d’offres de recherche ? Cette stratégie est devenue hautement complémentaires, des sites de repos, une conditionnalité agri-environ-
le domaine de la biodiversité. Elle a aussi pour mandat de X. L-R. : Pas seulement. La force de coordination de la Fondation efficace et donc préjudiciable à la bio- de reproduction ou d'hivernage. nementale dans la Politique agricole
promouvoir les recherches françaises en Europe et à l’international. réside dans la cohérence entre bailleurs et opérateurs nationaux, diversité avec l’intensification des commune. Pour autant, leur propor-
européens ou internationaux. La Fondation coordonne ainsi le modes de production agricole. La gé- ...et d’une simplification tion dans la surface agricole (3% en
Comment faire le lien entre recherche et applications réseau de recherche (Era-net) Biodiversa qui réunit 19 agences néralisation de la fertilisation, du drai- du paysage France, 7,5% en Suisse sur des réfé-
concrètes ? de financement européennes et vient de lancer un appel à nage, des traitements pesticides ont L’autre grande tendance des 50 der- rences différentes) auront un impact
X. L.-R. : Il s’agit en effet de faire de la Fondation une plateforme propositions de 21 M€ sur la biodiversité. ainsi fortement « privilégié » les espè- nières années a été la simplification et un intérêt variables selon les espè-
de dialogue entre les différents acteurs. Son Conseil d’orientation ces les mieux adaptées. S'ajoutent des des paysages avec la spécialisation des ces.

●IV I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 ●
V
◗ DOSSIER
L’effet de la simplification du paysage Services écologiques respond aux bénéfices « hors pro-
vaut également pour l’abandon pro- Dans l’agriculture moderne, les tra- duction ». L’activité des champignons
longé des terres agricoles, néfaste à la vaux culturaux et intrants chimiques et bactéries du sol influe sur l'évolu-
biodiversité. Argument qui joue en se sont substitués aux services écolo- tion de la matière organique et donc
faveur du maintien de l’agriculture giques : les engrais remplacent la dé- par exemple sur le cycle du carbone
en zones de moyenne montagne du composition de matières organiques, (piégeage dans le sol et dans la bio-
sud et du centre de la France, tou- les pesticides la régulation entre po- masse) et sur les émissions de gaz à
chées par la déprise agricole. pulations de ravageurs et d’auxiliai- effet de serre. La biodiversité favorise
L’expertise souligne par ailleurs que res, le labour ameublit la terre à la également la valeur patrimoniale et
les « espaces semi-naturels » disper- place de l’activité de la faune des sols. esthétique d’un territoire.
sés et nombreux favorisent au moins L’expertise collective « Agriculture et
autant si ce n’est davantage la biodi- biodiversité » établit une classification Observer et expérimenter
versité que les connexions entre de ces services écologiques rendus à Comment évaluer le rôle de la biodi-
territoires. Ainsi une « trame verte » l’agriculture en adaptant celle du versité dans ces services écologiques ?
réduite à de minces corridors serait Millenium Ecosystem Assessment. Une Les études actuelles reposent le plus
peu efficace. première catégorie de services four- souvent sur des démarches expé-
Par ailleurs, l’intensification des pra- nit des « ressources » à l’agriculture. rimentales consistant à construire des

© Jean-Pierre Sarthou / ENSAT-Inra


tiques et la simplification des paysa- Par exemple, l’abondance de micro- systèmes dont on fait varier la biodi-
ges modulent mutuellement leur im- organismes dans les sols contribue à versité, par exemple des prairies où
pact sur la biodiversité : dans un la fertilité et à la stabilité des sols, l’on augmente le nombre d’espèces ou
paysage homogène, les effets négatifs l’abondance et la diversité d’insectes des champs dans lesquels on « piège »
de l’intensification s’expriment plus entomophiles favorisent la pollinisa- les pollinisateurs.
fortement que lorsque le paysage est tion des plantes, de même qu’une On peut reprocher à cette approche
complexe. Dans une certaine mesure, diversité de prédateurs et parasites per- académique de ne pas reproduire fidè-
une « compensation » intervient. Mais met de mieux réguler les ravageurs. lement les dynamiques des écosystè-
on sait peu de choses de ce phéno- Une deuxième catégorie de services mes réels : par exemple les commu-


mène : amplitude de la résilience, seuil influe plus directement sur la qualité nautés étudiées dans les essais prairiaux
PUPE
d’irréversibilité au-delà desquels la et la quantité de la production agri- sont presque toujours constituées d’as- situ, à Epoisses (Bourgogne) le rôle D’après les connaissances actuelles, les trants (pesticides et fertilisants) et four- de Syrphe,
reconstitution des communautés cole. Plusieurs études menées notam- semblages aléatoires d’espèces, ce qui des microorganismes du sol : leurs bénéfices de la biodiversité sont nets nir, par le jeu de l’évolution des po- diptère dont
locales n’est plus possible. ment par l’Inra à Clermont-Ferrand ne reflète ni les conditions réelles d’une structure et diversité, les espèces clés surtout pour les services comme la pulations, des solutions renouvelées l’adulte
ressemble à une
Enfin, l’échelle territoriale joue dif- montrent par exemple que la diver- prairie naturelle, ni des situations agro- (bactéries, champignons) en relation pollinisation et la lutte contre les ra- lorsque les pathogènes deviennent ré- petite guêpe
féremment selon les espèces. Les pra- sité des espèces prairiales influence la nomiques. D’autre part, ces études ex- avec les cycles du carbone et de l’azote vageurs. Pour les cultures entomo- sistants aux pesticides disponibles. et contribue à la
pollinisation.
tiques agricoles dans la parcelle sont digestibilité des fourrages, la produc- périmentales n’examinent pas les im- et la disponibilité des minéraux, afin philes et/ou sensibles aux ravageurs, L’apport de la biodiversité peut sem-
déterminantes pour la faune peu mo- tion laitière et les qualités des froma- pacts de gestion (fertilisation, fauche, de dégager les « groupes fonction- telles que certaines grandes cultures, bler plus faible en ce qui concerne la
bile et les végétaux tandis que pour ges qui en sont issus. De même la pré- pâturage) pour les prairies, gestion qui nels » c’est-à-dire ceux interférant avec les vergers, vignes, ou fourrages, la bio- stabilité du sol, sa fertilité ou la dispo-
les coléoptères, papillons ou oiseaux, sence de légumineuses augmente le peut fortement modifier ou masquer les quantités et qualités des cultures. diversité peut diminuer le coût des in- nibilité en eau car les itinéraires 2
BOSQUETS la structure du paysage joue en re- rendement des prairies grâce à leur les effets bénéfiques de la biodiversité.
ET HAIES vanche un rôle majeur, jusqu’à mas- activité symbiotique (fixation d'azote). Malgré ces restrictions, ces travaux ont
participent quer celui des pratiques culturales. La dernière catégorie de services cor- montré que le principal levier pour
à la biodiversité
des paysages
agricoles.
optimiser les services écologiques passe
par une gestion de la diversité « fonc-
Valoriser la biodiversité domestique

tionnelle » des organismes vivants, à A la biodiversité contenue dans la nature « sauvage oléagineux, fruits et légumes, etc.) et les races animales
l’instar des symbioses entre légumi- ordinaire », s’ajoute la diversité « domestique » née des domestiques (sous forme de cryobanques
neuses et graminées ou des mélanges activités de sélection. Depuis des milliers d’années, les ou de banques de gènes).
d’espèces et de variétés. paysans puis les agronomes ont créé de nombreuses Mais au-delà, les ressources génétiques représentent
Plus proches de la réalité agrono- variétés végétales ou races animales. L’agriculture est un enjeu majeur de la recherche agronomique de ces
mique, des Observatoires de recher- ainsi, par essence, une modification (et une valorisation) prochaines années. La sélection a visé une production
che en environnement (ORE) comme de la biodiversité. Cette sélection poussée à l’extrême maximale et régulière en cherchant à s’affranchir
ceux de Clermont-Ferrand-Theix aujourd’hui a toutefois réduit drastiquement la diversité des contraintes et des fluctuations environnementales.
(prairies permanentes) ou de Lusi- génétique agricole à l’échelle de la planète. Des travaux Or, une conception plus large de la sélection et de la
gnan (prairies temporaires) ont com- menés à l’Inra de Montpellier ont par exemple quantifié valorisation des ressources génétiques est désormais
mencé par mesurer la biodiversité la diversité génétique à différents moments de l’histoire indispensable. Elle doit s’élargir à des situations qui
initiale : insectes, vers de terre, aca- des blés durs grâce à des approches par marqueurs ne sont plus optimales du seul point de vue de la
riens, microorganismes… et depuis moléculaires. D’autres travaux ont permis de suivre la production végétale, en prenant en compte les
2005, étudient ses variations selon dif- dispersion des gènes du maïs au gré des pérégrinations contraintes sur l’environnement et les pratiques
férents types de gestion agricole. des cultures. (limitations d’impacts, restrictions d’intrants…)
L’analyse porte sur une longue durée. Une des missions de l’Inra est de conserver en et en combinant d’une façon plus approfondie les
Le projet Microger (2005-2008, pro- partenariat souvent, des collections de ressources caractères liés à la quantité, à la qualité et à la régularité
gramme fédérateur pour le pilotage génétiques regroupant des variétés anciennes et de la production agricole avec les caractères
des écosystèmes cultivés, en partena- modernes afin de garder le potentiel de diversité d’adaptation à ces contraintes. Tel est l’objectif
© Jean-René Savini

riat avec le CNRS, le Cemagref, génétique. L’Institut possède des collections de du programme européen TriticaeGenome sur les
l’Ademe, l’IRD) étudie, lui aussi, in référence pour les principales espèces cultivées variétés de blés, initié au printemps dernier.
(plus de trente espèces de céréales, protéagineux,

● VI I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 ●VII
◗ DOSSIER
fiques font cependant remarquer que
cela est moins vrai lorsque la biodi-
versité a été trop érodée par l’intensi-
fication de l’agriculture ou que le pay-
3 Socioéconomie
sage est très homogène. Plus
largement, la « désintensification » des
pratiques agricoles contribue à la bio-
diversité. Au titre des pratiques favo-
Approcher la valeur
rables, citons par exemple l’utilisation
de variétés rustiques (résistantes aux
maladies), les associations variétales,
de la biodiversité
© DR

le désherbage sélectif, les techniques


de semis direct (sans labour), la di- L’effort de protection de la biodiversité renvoie à la question de sa valeur. Sur le plan
versification des cultures, la lutte bio- juridique et économique, la « valeur de la biodiversité » est un concept difficile à appréhender
2 techniques agricoles ont des effets di- traitements chimiques. Elles sont sur- logique (utilisation de prédateurs na- et à traduire en mesures concrètes. Cela ne doit pas pour autant réduire sa place
rects bien plus déterminants. tout le fait de grandes exploitations turels pour limiter les populations de dans la hiérarchie des valeurs à protéger par le droit.
De fait, les perturbations générées par pratiquant des assolements simplifiés. ravageurs des cultures). Les chercheurs
les pratiques agricoles sont souvent Ces conditions sont plutôt négatives de l’Inra ont travaillé depuis long-
ambivalentes pour la biodiversité. Qu’il pour d’autres composants de la bio- temps sur ces alternatives. Des expé-

I
l y a aujourd’hui consensus sur porelles très diverses et alors même que sur le vivant…). Pour les activités agri-
s’agisse du labour, du drainage, de la diversité. rimentations en grandes cultures sont la nécessité de préserver la bio- les écosystèmes varient dans le temps » coles s’ajoute le fait que les atteintes
fertilisation…, des arguments favora- testées depuis une quinzaine d’années diversité, menacée par le déve- remarquent les membres de l’exper- à la biodiversité sont souvent dues à
bles et défavorables à la biodiversité « Désintensifier » pour les variétés de blé tendre. Dès loppement des activités humai- tise « Agriculture et biodiversité ». De des pollutions diffuses dont les sour-
coexistent et varient selon l’échelle ter- L’agriculture biologique est actuel- sa création, l’Inra a mené des travaux nes - urbanisation, aménagement, façon générale, la non reconnaissance ces d’émission sont difficiles à iden-
ritoriale ou temporelle considérée. Par lement le système le plus complète- en lutte biologique qui ont abouti à intensification de l’agriculture et de d’un statut juridique spécifique aux tifier et à distinguer les unes des autres.
exemple, le labour maltraite les orga- ment codifié par un cahier des char- des applications concrètes, telles que garantir les capacités d’adaptation de ressources naturelles pénalise le droit Récent, le droit de l’environnement
nismes vivants dans le sol : il peut tuer ges environnemental. Plusieurs études l’utilisation des trichogrammes contre nos sociétés à des changements, de l’environnement dans l’ensemble en agriculture s’est parfois traduit par
environ la moitié des vers de terre pré- rapportées dans l’expertise collective la pyrale du maïs. L’utilisation de cette comme le réchauffement climatique, du champ normatif. des programmes incitatifs allant à l’en-
sents. Les techniques de semis direct montrent que le passage d’un mode petite guêpe concerne près de 3% de par exemple. Toutefois le débat est vif contre de principes juridiques géné-
préservent, elles, la faune du sol. de production conventionnel à l’a- la culture de maïs en France. entre les politiques, associations, mi- Statut juridique flou raux comme le principe de préven-
Cependant, les techniques sans labour, griculture biologique enrichit pro- Mais malgré des avantages environ- lieux professionnels : que doit-on L’expertise montre que les travaux ju- tion et le principe pollueur payeur.
motivées par un gain de temps de tra- gressivement la diversité en plantes, nementaux certains, bien qu’encore conserver ? Comment mesurer la ridiques appréhendent la biodiversité
vail, ne favorisent pas la réduction des vertébrés et arthropodes. Les scienti- peu quantifiables, ces pratiques res- perte de biodiversité ? Selon quelles à travers ses éléments constitutifs : mi- Natura 2000
tent marginales. Les freins dépassent modalités gérer la biodiversité ? lieux, espèces… ce qui conduit à des Le dispositif Natura 2000 est un dispo-
la faisabilité technique et tiennent à « Lorsqu’il s’agit de la traduire en règles règles juridiques cloisonnées. Ces rè- sitif spécifiquement dédié à la préser- INFRA-
STRUCTURES
Populations de vers de terre des facteurs à la fois psychologique
(attrait de la technicité, aversion au
de droit, la protection de la biodiver-
sité relève du défi du fait de sa nature
gles sont plus ou moins effectives selon
la place qu’on leur accorde dans la hié-
vation de la biodiversité. Lancé en 1992
par la Commission européenne, il
TGV :
quelle
selon trois systèmes de culture risque…), économique (hausse des globale, écosystémique, prenant en rarchie des intérêts protégés par le constitue un réseau territorial d’habi- compensation
pour
cours agricoles) et à l’organisation du compte des échelles spatiales et tem- droit (la propriété privée, les brevets tats naturels d’espèces représentatives la biodiversité ?
Les vers de terre jouent un rôle systèmes. Leurs plus grandes tailles est
travail. Inversement, la recherche a be-


important dans l’évolution de la matière à mettre en parallèle avec l’absence de
soin de s’approprier les innovations
organique et de la structure du sol. labour et le couvert végétal permanent,
mises en oeuvre de façon empirique
L’impact des systèmes de culture source de nourriture abondante.
par les agriculteurs pour préserver la
‘alternatifs’ sur la biodiversité, et Dans les deux autres systèmes, qui ne
biodiversité.
notamment sur les vers de terre, reste présentent pas de différences malgré
« L’expertise montre que des systèmes
mal connu et/ou discuté. La densité, les pesticides appliqués dans le
agricoles préservant et utilisant mieux
la biomasse et la diversité des système conventionnel, la densité est
la biodiversité existent et sont souvent
populations de vers de terre ont été équivalente à celle du système sous
viables techniquement et économique-
estimées une fois par an pendant trois couvert végétal mais les vers y sont de
ment. Il ne s’agit pas de revenir à des
années consécutives, dans l’essai petites tailles. Ceux-ci ont été favorisés
modes de production anciens, mais de
expérimental de La Cage (Grignon) par une augmentation de la
promouvoir des modes de production
selon trois systèmes de culture : disponibilité en nourriture suite à
innovants qui fassent plus appel aux
intensif, agriculture biologique et l’enfouissement des résidus de culture
services écologiques que peut rendre la
système sous couvert végétal (absence par le travail du sol.
biodiversité. L’expertise montre que ceci
de labour et permanence d’une plante Le travail du sol et la matière organique
n’est cependant possible que si l’on pose
de couverture). Les résultats montrent de surface semblent les facteurs les
correctement les problèmes de besoin en
que les différents systèmes influencent plus importants pour les lombriciens,
travail, en innovation, en accompa-
principalement la composition alors que le niveau d'emploi
gnement et formation des agriculteurs
en groupes de vers ayant des fonctions des pesticides n’apparaît pas
et surtout qu’on assure la cohérence

© Inra / Christophe Maître


différentes, ainsi que la taille des déterminant dans cet essai.
territoriale et économique de telles
individus et leur diversité. Le système (1) www.inra.fr/content/download/13295/
actions », résume Xavier le Roux. 165010/version/1/file/Cirad-Inra-
sous couvert végétal abrite des vers
Agrimonde-FR.pdf
de plus grande taille et une diversité Céline Pelosi et Michel Bertrand,
plus importante que les deux autres Unité mixte de recherche Agronomie, Grignon.
© Inra / Christian Slagmulder


VIII I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 ● IX
◗ DOSSIER 2 de la faune et la flore sauvages en Eu- ture, ces derniers aux chasseurs et aux en droit français en 2008, permet
rope. Les aires Natura 2000 couvrent forestiers, etc. Rares sont les exemples d’obliger l’auteur d’un dommage à la
aujourd'hui 12,4% du territoire fran- comme le Plan local d’aménagement biodiversité à le réparer. Cette direc-
çais et 20% de l'Europe des 15. Les concerté du Méjan (Lozère) où l’inté- tive prend en compte les atteintes af-
sites sont gérés de manière subsidiaire rêt des éleveurs de se préparer à la fectant « les fonctions assurées par une
et décentralisée par les collectivités baisse des aides agricoles a convergé ressource naturelle au bénéfice d’une
territoriales, associations, agriculteurs, avec la volonté de préserver le paysage autre ressource ou du public ». On peut
entreprises… La France a privilégié ouvert du Causse nu. Cette concerta- aussi réparer par anticipation les
des instruments d'action contractuels tion a impliqué l’Inra (Montpellier). atteintes à la biodiversité. On parle
(option différente dans d’autres pays alors de mécanismes de compensa-
membres) ne donnant donc d'obli- Réparer les dommages tion. Ceux-ci obligent le porteur d’un
gation qu'aux contractants volontai- Une autre approche centrée sur la va- projet causant un dommage à
res, sur une durée définie. Une équipe leur des écosystèmes prend de l’im- l’environnement, à compenser cette
de sociologues d’Ivry a publié une ana- portance actuellement. Les écono- dégradation par la création et la ges-
lyse de sa mise en œuvre en France. mistes se sont intéressés à quantifier tion d’un espace naturel équivalent.
Elle souligne la diversité des arrange- les coûts associés à la destruction de

© Jean-Pierre Sarthou / ENSAT-Inra


ments institutionnels locaux, mais la biodiversité et les bénéfices liés à sa La compensation
aussi les nombreux conflits qu’ils ont préservation. Le procès qui a fait suite Bien qu'inscrite dans la loi depuis
suscités. « Manifestement, les procé- à la marée noire causée par l’Erika re- 1976, la compensation n’a pas été réel-
dures de gestion et de négociation ne pose ainsi sur l’estimation du préju- lement mise en œuvre en France, sauf
peuvent suffire à résoudre les conflits dice subi par les collectivités territo- dans le cadre du réseau Natura 2000.
lorsqu'ils renvoient à des conceptions riales et les professionnels de la mer Le mécanisme permet d’intégrer dans
qui s'affirment par trop divergentes ». ou du tourisme côtier. C’est l’exercice les décisions publiques et privées, le
Les controverses viennent en parti- auquel s’est également attaché le Mille- coût associé à la dégradation de la bio-
culier du fait que les conséquences qui nium Ecosystem Assessment à partir de diversité, via son remplacement. Dans
peuvent résulter de telle ou telle inter- la description des services rendus par la suite du Grenelle de l'environ-


vention dans un milieu sont impré- les grands écosystèmes planétaires. nement, une filiale de la Caisse des réparation, nous espérons donner un par des biais, comme « le prix que l’on ment estimé la valeur économique de
BANDES
visibles et que les politiques procèdent Définir une valeur à la biodiversité dépôts et consignations (Caisse des coût à la destruction », explique Lau- serait prêt à payer pour… ». Par exem- la pollinisation pour les 100 princi- ENHERBÉES
par arbitrages entre différents aspects est compliqué. « Elle s’inscrit dans une dépôts et consignations Biodiversité) rent Piermont, fondateur de CDC ple, le laboratoire d'Economie fores- pales cultures destinées à l'alimenta- dans un paysage
de la biodiversité sans pouvoir s'ap- logique utilitariste qui ne se réduit pas a été fondée sur ce principe. Elle a Biodiversité qui intervenait au col- tière de l'Inra, à Nancy, a évalué en tion humaine mondiale (données agricole en
période
puyer sur des certitudes scientifiques. à un calcul de court terme puisque ce vocation à mutualiser les actions de loque de restitution de l’expertise. 2002 le consentement à payer pour la FAO). Un déclin complet des polli- de labour.
Certains acteurs contestent alors l’in- calcul reconnaît une utilité pour les gé- gestion, de réduction et de compen- Cette mesure peut cependant biodiversité des forêts, à travers une nisateurs engendrerait des pertes de
térêt des mesures prises : la préserva- nérations futures. Mais il est tributaire sation des impacts écologiques liés à apparaître comme un palliatif discu- enquête co-financée par l'Office sta- bien-être social mondial variant entre
tion d'une espèce emblématique de la possibilité de démontrer l'utilité des projets d'infrastructures. La com- table. La destruction ne peut jamais tistique des communautés européen- 190 à 310 milliards d’euros annuels,
conduit-elle réellement à une aug- de ces services et des arbitrages entre pensation repose sur le principe de être remplacée à l'identique. De plus nes Eurostat, auprès de 2000 ménages ce qui représente entre 0,7 et 1,2% du
mentation de la diversité ? S’ajoutent différentes utilités, notamment lors- l'équivalence écologique. Elle se tra- « il ne faudrait pas que le dévelop- usagers de la forêt ou non. Les Fran- PIB mondial. Dans un contexte de dé-
des conflits d'usage de l'espace : éle- qu’il y a concurrence entre production duit par la gestion écologique de ter- pement de la compensation soit une ex- çais seraient ainsi prêts à payer clin des pollinisateurs, cette évalua-
vage de moutons « contre » ours ou et biodiversité » expliquent les experts. rains qui génèrent des « unités de bio- cuse pour justifier la destruction », re- annuellement 15 euros par ménage tion souligne la vulnérabilité des cul-
loup. Ces conflits opposent les scien- Concrètement, le régime de respon- diversité » pouvant être vendues à des marque Laurent Piermont. (soit 362 millions d’euros par an) pour tures et le rôle essentiel de ce service
tifiques entre eux, les scientifiques aux sabilité environnementale, prévu par maîtres d'ouvrage d'infrastructures. éviter que disparaissent les espèces ani- écologique. Ces résultats ont été pu-
chasseurs et aux protecteurs de la na- la Directive 2004/35/CE et transposé « Ainsi nous réparons et par le coût de Valeur économique totale males ou végétales actuellement me- bliés dans la revue Ecological Econo-
D’un point de vue théorique, les éco- nacées (2% des espèces de vertébrés mics (août 2008).
nomistes cherchent à évaluer la « va- risquent par exemple de disparaître). Certains courants de pensée récusent
leur économique de la biodiversité ». Une étude du laboratoire montpel- cependant cette manière de traduire
Impacts des mesures agri-environnementales Cette valeur se décompose en valeur liérain d’économie théorique et ap- en monnaie la valeur sociale de la bio-
d’usage et de « non usage ». L'usage pliquée (UMR Lameta - université, diversité car cela l’inscrit dans des mé-
On connaît paradoxalement peu des charges. La première question peut être direct (production agricole, CNRS, Inra, SupAgro) a montré que canismes marchands.
l’impact environnemental des mesures renvoie à un défaut de connaissances cadre touristique…) ou indirect les résidents des Baux de Provence se-
agri-environnementales. Des études scientifiques quant aux processus (fonction écologique, pollinisation…). raient prêts à payer une moyenne de Défi pour la recherche
dans divers Etats membres et en biologiques que le régulateur public On peut y intégrer une « valeur 18 €/an pour restaurer la biodiversité Dans sa conclusion, l’expertise met
Suisse montrent que les résultats sont souhaite inverser ou, au contraire, d’option » accordée au titre d’un usage des anciens marais, voire plus si cela en relief que pour mieux intégrer bio-
mitigés. Ainsi, sur les 59 études favoriser. Mais la mauvaise adaptation potentiel futur. La valeur de « non- permettait de contrôler les moustiques. diversité et agriculture, des conver-
recensées dans le cadre de cette du cahier des charges à l’objectif visé usage » traduit l’héritage au bénéfice Autre exemple, dans le cadre du pro- gences entre les communautés scien-
expertise, 31 concluent à un impact peut aussi résulter de dynamiques des générations futures et le prix as- jet européen Alarm, le laboratoire Pol- tifiques relevant de l’écologie, de
positif des mesures sur la biodiversité biologiques, économiques ou sociales socié à la biodiversité au titre de la linisation et écologie des abeilles (Inra, l’agronomie, du droit, de l’économie,
mais presque autant (28) aboutissent non ou mal anticipées. Par ailleurs, justice ou de la morale. Cette des- Avignon) a établi que 35% du volume de la sociologie sont nécessaires.
© Jean-Pierre Sarthou / ENSAT-Inra

à la conclusion qu’il n’y a pas d’effet l’efficacité des mesures peut être cription théorique a le mérite de mon- de la production alimentaire mon- Chaque discipline aborde la question
ou des effets mixtes. limitée par une durée trop courte des trer combien il est complexe de défi- diale résulte de cultures dépendantes avec des objectifs, des regards et des
Ce constat soulève la question de contrats relativement au temps long nir un prix pour la préservation de de l'activité pollinisatrice des insectes méthodes souvent distincts. En éco-
l’adéquation entre les objectifs des de réponse des systèmes la biodiversité. (principalement les abeilles). En col- logie, la mise en évidence des « ser-
mesures et les cahiers de charges écologiques, ainsi que De fait, les travaux engagés évaluent laboration avec des économistes vices rendus par la biodiversité » fait
censés les réaliser et celle de la mise par des surfaces mobilisées trop seulement certaines composantes et (CNRS, Lameta), l'équipe a récem- l’objet d’une démonstration acadé- 2
en oeuvre effective des cahiers faibles et/ou trop dispersées.

● X I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 ● XI
◗ REPORTAGE
◗ DOSSIER Le département de recherche « Environnement et agronomie » a pour objectif la gestion durable
❝ Une étude des espaces cultivés, des ressources physiques et biologiques qui en dépendent, et des services
écologiques qu’ils produisent. Aux laboratoires de recherche spécifiques, il associe des moyens
estime la valeur génériques que sont les laboratoires d’analyses, les observatoires de l’environnement ou les
économique dispositifs d’inventaire et de gestion du milieu. Visite guidée dans les trois laboratoires d’analyses
de la pollinisation et de services pour le collectif de recherche.
à 9,5 %
un
de la valeur labo
de la production O À ARRAS
alimentaire
mondiale ❞ Le Laboratoire

Ecological Economics (08/08)


d’analyses des sols
L
e laboratoire d’analyses des buer un numéro grâce au logiciel de Revenons à notre échantillon. Séché,
© Inra / Serge Carré
sols (LAS) à Arras traite gestion LIMS (Laboratory Informa- tamisé, broyé et stocké dans un fla-
quelque 30 000 échantillons tion Management System). con en verre, il commence générale-
par an de sols, boues, solu- ment son traitement par une analyse
tions ou déchets biologiques. Une Un parcours anonyme physicochimique. « Nous allons dé-
2 mique, généralement conçue sans lien fluctuants ? Quelle approche expéri- La construction du réseau Natura 2000 trentaine de personnes y travaillent « La confidentialité et l’impartialité terminer sa répartition granulomé-
en France, Pinton F. (éd.), Alphandery
direct avec les pratiques agricoles à mentale avoir pour des processus P., Billaud J.P., Deverre C., Fortier A., secondées par une dizaine d’employés sont des critères essentiels d’assurance trique (fractions d’argiles, de limons
la parcelle ou les structures des pay- complexes parfois incompatibles avec Géniaux, G., La Documentation temporaires. Antoine Richard, son qualité » précise Antoine Richard, et de sables réalisées après destruction
française, Coll. L'environnement en
sages. Ce n'est que récemment qu’est la démarche expérimentale tradi- question, Paris, 254 p., 2007. tout nouveau directeur, nous invite « tout comme le soin apporté au ma- de la matière organique), son pH, sa
apparue la nécessité d’un élargisse- tionnelle ? Biodiversité et changements globaux : à suivre le cheminement d’un échan- tériel et aux méthodes pour éviter toute teneur en matière organique », ex-
enjeux de société et défis pour la
ment de la perspective en passant de Le défi pour la recherche est double, recherche, Barbault R. (dir.), Chevassus- tillon de sol dans les labos. contamination ». Les analyses sont, plique le directeur du laboratoire,
l’agrosystème au socio-écosystème une reformulation de questions et l’ac- au-Louis B. (dir.), Teyssèdre A. A son arrivée, l’échantillon de sols, de fait, vérifiées constamment pour « données indispensables tant pour le
(coord.).Ed. ADPF / ministère des
(‘socio-ecological system’). Les scien- quisition de compétences pour faire Affaires étrangères, Paris, 244 p., 2005. pesant environ 500 g, se voit attri- éviter toute erreur. chercheur que l'agronome afin qu'il
ces agronomiques longtemps focali- progresser notre connaissance des re- Oweb :
sées sur la compréhension des flux de lations entre agriculture et biodiver- • Site de l'Inra : dossier scientifique
matière et d’énergie, n’intègrent que
depuis peu les interactions biotiques,
sité et, in fine, évaluer les points de
blocage entre objectifs de production
www.inra.fr/la_science_et_vous/
dossiers_scientifiques/biodiversite/ ●
1
ANTOINE RICHARD
2 3
• Fondation française pour la Recherche
dans la mesure où les phytosanitaires et objectifs de préservation de la bio- sur la Biodiversité Directeur du LAS.
www.gis-ifb.org
permettaient / devaient permettre de diversité. ● • La Note de Veille 2008 n°89
s’affranchir des contraintes biotiques du Centre d'analyse stratégique sur
la valeur du vivant : quelle mesure pour
(ravageurs, adventices…). Les scien-
ces sociales, enfin, envisagent les rap-
la biodiversité ?
www.strategie.gouv.fr/article.php3? ●
2
id_article=779 RÉCEPTION
ports entre biodiversité et agriculture • Ministère de l'écologie et du dévelop-
des échantillons.
sous l’angle de leurs valeurs écono- +d’infos pement durable
miques, juridiques, sociales et poli- Oréférences :
Agriculture et biodiversité. Valoriser les
www.ecologie.gouv.fr/-Developpement-
durable-.html 1
tiques et cherchent à expliciter com- synergies. Expertise scientifique • GreenFacts : www.greenfacts.org/fr/
ment ces valeurs peuvent être prises collective, synthèse du rapport, Inra • Institut français du développement
(France). X. Le Roux, R. Barbault, durable et des relations internationales
en compte dans les comportements J. Baudry, F. Burel, I. Doussan, (IDDRI) : www.iddri.org
E. Garnier, F. Herzog, S. Lavorel,
individuels des acteurs et dans les po- R. Lifran, J. Roger-Estrade, J.P. Sarthou,
M. Trommetter (éditeurs), 2008.
• Europa. Dossiers sur « la protection de
la nature et de la biodiversité »

3
litiques publiques. http://europa.eu/scadplus/leg/fr/
STOCKAGE
Ce document de synthèse ainsi que le des échantillons
Ce morcellement des approches dis- rapport complet d’expertise seront s15006.htm anonymes.
ciplinaires explique la difficulté à agré- disponibles sur le site Inra. www.inra.fr • Union internationale pour la
La biodiversité au quotidien, Christian conservation de la nature (UICN)
ger des connaissances pertinentes sur www.iucn.org
Lévêque (IRD), Editions Quae, 2008.
le sujet. Toutefois, la bibliographie
récente montre des évolutions posi-
Biodiversité, un nouveau regard,
B. Chevassus-au-Louis, Leçon Ocontacts : ●
4
inaugurale, éditée par le groupe Esa, Direction scientifique Ecologie, EXTRACTION
tives. De nouvelles hypothèses de re- Angers, 2007. écosystèmes et milieux naturels des phosphates
laurent.lapchin@paris.inra.fr dans le sol.
cherche émergent de cette confron- Should nature be respected? [Faut-il
respecter la nature ?], Larrère R., Expertise scientifique collective
tation disciplinaire. Celle-ci interroge claire.sabbagh@paris.inra.fr
Larrère C., Social Science Information,

© Inra / Christophe Maître

également les méthodes et outils scien- vol. 46, n° 3, pp 9-34, 2007. 5


Administrer la nature, Tapisserie « Plein champ » avec DOSAGE du carbone,
tifiques à notre disposition. Comment Selmi A., Coll. Natures Sociales. Ed. l’aimable autorisation des Editions de l’azote et du soufre.
modéliser des systèmes complexes et Quae, Paris, 384 p., 2006. de l’Abbaye d’En Calcat.

4 5

XII I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 ●25
◗ REPORTAGE sache à quel type de sol il a affaire. En- travaux méthodologiques, le LAS pertise aux Antilles dans le cadre du
suite, selon la demande, nos interlocu- espère répondre aux besoins dans ce plan d'action contre la contamination
teurs vont vouloir obtenir des infor- domaine. des sols par le chlordécone, pesticide un
mations sur la qualité agronomique
d'un sol : ses teneurs en azote minéral, De l’accréditation
ayant été utilisé dans les bananeraies
par le passé.
labo
O À ORLÉANS Le suivi et la mémoire
des sols
phosphore, ainsi que les éléments mi- à l’expertise
néraux disponibles pour les plantes… Acquise depuis 2004, l’accréditation Biosoil, un programme
Ou alors pousser plus loin l'analyse chi- (COFRAC) du LAS garantit le ma- européen au cœur du labo
mique en nous demandant les teneurs nagement de la qualité (traçabilité, ni- La protection des forêts européennes
totales des différents éléments conte- veau de qualification, …), et la fiabi- contre la pollution atmosphérique et
nus dans les sols», ajoute-t-il. L’échan- lité des analyses. C’est un gage les incendies passe aussi par leurs sols !
A Orléans, l’unité de recherche Infosol met en œuvre l’ensemble des programmes
tillon passe alors au travers de nom- indispensable pour la communauté 4 500 sols forestiers d’Europe vont être
d’inventaire et de surveillance des sols sur le territoire français pour le GIS Sol,
breux systèmes de pesée, de distributeurs scientifique. Antoine Richard sou- analysés à Arras dans le cadre du pro- Groupement d’intérêt scientifique créé en 2001.
de réactifs, d’agitateurs pour effectuer haiterait que cette accréditation soit gramme Biosoil. L'objectif est de dé-
les extractions, de chromatographes ou
spectromètres d’absorption atomique...».
Les questions liées à l’environnement
prennent désormais une place capi-
tale dans l’analyse de sol, notamment
plus adaptée à la recherche en acqué-
rant une accréditation « à portée flexi-
ble », c’est-à-dire non plus attachée à
une liste de méthodes précisément dé-
finies, mais à des technologies et des
montrer la faisabilité d'une sur-
veillance systématique à l'échelle
européenne afin de détecter les chan-
gements des écosystèmes forestiers
dans le temps et l’espace. Sollicité par
«L e sol est un milieu vivant pré-
cieux mais aussi un patri-
moine menacé. Support nour-
ricier pour les végétaux, il

1
DOMINIQUE
ARROUAYS
2
directeur de
la détection des éléments traces mé- principes de mesure pour lesquels le le ministère de l’agriculture et l’IFN préserve la qualité de l'eau en filtrant l’unité Infosol.
talliques. Une partie des activités du laboratoire a prouvé sa compétence. (Inventaire forestier national) en 2007, les polluants, recycle les composés chi-
LAS porte aussi sur les micropolluants L’accréditation repose à la fois sur le laboratoire a analysé les 2 500 échan- miques, est source ou puits de carbone.
organiques comme les herbicides, les un matériel de haut niveau techno- tillons de Biosoil-France. Laboratoire Riche d’une grande variabilité (sols cal-
dioxines, ou les retardateurs de logique, la qualification du personnel central pour la Commission, il ana- caires, acides, argileux….), c’est aussi
flamme contenus dans les plastiques et l’offre de services adaptée aux de- lyse les 4 500 échantillons européens un véritable réservoir pour la biodi-
et matériaux de construction. Son ni- mandes. Toujours en veille, le labo- prélevés en 1995/96 et 2006/07 en pro- versité : un gramme de sol abrite un ●
2
LA FOSSE
veau d'équipement permet au labo- ratoire participe aux commissions de venance d’une vingtaine de pays. Le milliard de micro-organismes. Sans ou- PÉDOLOGIQUE
pour l’étude
ratoire de quantifier ces molécules à normalisation nationale (AFNOR), laboratoire Infosol à Orléans participe blier qu’il est le support des infrastruc- du profil des sols.
des seuils d'ultra-traces. Les ingénieurs
du laboratoire participent, dans le
européenne (CEN) et internationale
(ISO). « Les techniques et les méthodes
également au programme.
Dans le sillon de ce programme,
tures humaines. Les principales mena-
ces qui pèsent sur lui sont l’érosion, la
1
cadre du Réseau de mesure de la qua- évoluent régulièrement, et il est pri- Antoine Richard souhaite renforcer baisse de la matière organique, les
lité des sols (RMQS), à la recherche
des espèces organiques contenues dans
mordial que le laboratoire reste en alerte
face aux évolutions en termes d’envi-
la « mission recherche » du labora-
toire et accueillir à terme des cher-
contaminations, le tassement, la sali-
nisation, les glissements de terrain, l’ar-
3
les sols français, en particulier dans la ronnement et de normes. Dans ces com- cheurs, thésards et ingénieurs afin de tificialisation et l’acidification, » rap-
région Nord-Pas-de-Calais. missions, les ingénieurs du LAS assu- leur faire profiter des compétences, pelle Dominique Arrouays, directeur
La détection des produits vétérinai- rent un rôle d'expert, ce qui permet du matériel et des techniques d’ana- de l'unité de service Infosol associant
res est une problématique émergente, également de valoriser les travaux du lyse innovantes du LAS. ● l'Inra et l'Ifen et située dans le centre 4
notamment les antibiotiques présents laboratoire sous la forme de normes », Inra d’Orléans. « Il faut donc se doter
dans les effluents d'élevage épandus souligne Antoine Richard. Celui-ci re- Aline Waquet d'outils pour surveiller la dégradation
sur les surfaces agricoles. Grâce à ses vient d’ailleurs d’une mission d’ex- reportage photo : Christophe Maître des sols et contrer ces menaces, en d’au-
tres termes constituer un système d'in-
formation sur les sols en France. » C’est
6 ●
6 8 l’objectif du Groupement d’intérêt
EXTRACTION scientifique sol -GIS So l- créé en 2001.
des micropolluants
organiques. 8 ● L'unité Infosol est chargée de la co-
AUTOMATE
de mesure de pH. ordination. Véritable « bras armé »
du système, l'unité Infosol mobilise

© Inra / Christophe Maître


7
DOSAGE 22 personnes qui opèrent sur trois
des phosphates fronts : l'inventaire cartographique
par spectrométrie
d’émission plasma. des sols, le suivi de leur qualité, l'ac- ●
3 4 ●
CHARTE PHILIPPE BERCHET
quisition, la gestion et la diffusion des de couleurs. prépare les
7 données. échantillons.

Une cartographie complète


des sols pour 2012 respectent un cahier des charges com- qualité des données est contrôlée par
Infosol pilote deux grands program- mun. « L'objectif du programme IGCS José Doux (cf p. 4). Les bases de
mes complémentaires : le programme est d'obtenir d'ici à 2012 une couver- données produites sont rendues cohé-
d'Inventaire, de gestion et de conser- ture spatiale exhaustive et un référen- rentes d'une région à l'autre perme-
vation des sols (IGCS) et le Réseau cement des sols. Nous caractérisons tant la création d'outils cartogra-
de mesures de la qualité des sols aussi leurs grandes propriétés à l'échelle phiques d'aide à la décision pour
© Inra / Christophe Maître

(RMQS). Les relevés de terrain sont départementale et régionale : aptitu- l'agriculture, l'environnement et
faits en partenariat avec des cham- des agricoles, vulnérabilité à l'érosion, l'aménagement des territoires. Les
bres d'agriculture, établissements etc. », explique Dominique Arrouays. partenaires ont accès aux bases de
d'enseignement supérieur, bureaux Un modèle informatique « Donesol » données et y enregistrent leurs in-
d'études, associations locales. Ils permet d'organiser les données. La formations.

●26 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 ●
27
6 un
labo
O À BORDEAUX

Une équipe accréditée


en analyses végétales
4 5
Laboratoire de pointe en matière d’analyse minérale dans les végétaux, l’Unité de service

4
et de recherche en analyses végétales et environnementales (Usrave) fait de l’assurance
SALLE DE
PRÉPARATION qualité le facteur clé de son organisation et de l’ensemble de ses activités.
6 des échantillons.
7
BUREAU de

5

cartogéo-
statistiques.
Ici carte
présentant la
pollution
«L a qualité, c’est quelque chose
de génial ! » s’exclame Mireille
Barbaste, l'énergique direc-
trice de l'Usrave, au centre
tiels à leur croissance (azote,
phosphore, potassium…), les oli-
goéléments (cuivre, fer...) ainsi que
les éléments en traces métalliques
Pesée, séchage, broyage, homogénéi-
sation, minéralisation, analyses instru-
mentales…, telles sont les étapes im-
muables du circuit des échantillons.
en plomb Inra Bordeaux-Aquitaine. « On peut ayant une influence directe sur l’en- Certaines tâches peuvent être rébar-
des sols.
l’appliquer à tout. Cela permet de dé- vironnement ou la santé (cadmium, batives, comme la pesée. Mais Mireille
finir un cadre, des moyens de réflexion plomb, chrome, mercure…). Toutes Barbaste incite ses collègues à diver-
et d’anticiper ». La démarche qualité les parties du végétal (fruits, tiges, ra- sifier leurs activités pour que chacun
est bien le maître mot dans l'organi- cines, feuilles, aiguilles, bois, écorce) puisse prendre l’échantillon dès sa ré-
sation et la gestion de l'unité, qu'il peuvent être préparées et analysées. ception jusqu’à l’analyse sur les
s'agisse des analyses dites de routine, Cela concerne aussi bien les arbres appareils de mesure. « Les uns et les
du management, de la validation de forestiers que les fruitiers, les céréa- autres se forment mutuellement. Fina-
méthodes ou du développement de les, les herbes et les légumes. Le la- lement, chacun fait moins de pesées. »

7
On expédie des échantillons au labo- méthodes d'analyse innovantes en chi- boratoire propose ses prestations aux Les compétences des personnels sont
SYSTÈME DE
ratoire d’Arras pour les analyses phy- mie analytique. autres unités de recherche, aux struc- réinvesties dans les projets de recher-

GESTION des stocks
6 par codes barres.
CLAUDY JOLIVET sico-chimiques, à l’Inra de Dijon pour Spécialisée dans les plantes, l'Usrave tures agricoles et aux organismes che de l’unité et participent ainsi à la
dans la pédothèque. l’analyse ADN ou à l’IRD de Mont- analyse les éléments majeurs essen- institutionnels. production de l’information scienti-
pellier pour des analyses au spectro-
mètre à infra-rouge. Toutes les mesu-
res sont enregistrées dans la base de
données Donesol. Le plus gros de l’é- 1 ●
1
2
chantillon va en pédothèque pour être
MIREILLE
BARBASTE ●
2
directrice SALLE
conservé durablement. On pourra ré- de l’Usrave. DE PESÉE.
pondre à l’avenir à des questions qui
ne se posent pas aujourd’hui. C’est le
Le Conservatoire national de 16 km x 16 km dans tout le pays », coffre-fort national des sols français ! ».
des échantillons de sols explique Claudy Jolivet, responsable Les premiers résultats cartographiques
Rangés dans le Conservatoire natio- du Conservatoire. « La terre provient de ce travail de longue haleine ont mis
nal d'échantillons de sols, des seaux de parcelles agricoles, forêts, zones in- en évidence, dans la région parisienne,
de terre sont archivés sur les rayons dustrielles ou urbaines. Ce sont nos par- des contaminations diffuses en plomb
des étagères. C'est ici, dans la « pédo- tenaires régionaux qui effectuent les liées aux activités industrielles et à la
thèque » de l’unité Infosol que se cons- prélèvements sur le terrain. Mais il nous circulation automobile. Les retom-
truit la mémoire des sols français à arrive aussi de nous rendre ‘à dos de bées y sont estimées à 6 tonnes de
partir des échantillons prélevés sur les mule’ dans les endroits inaccessibles plomb par km2. Fin 2009, tous les
sites du Réseau de mesures de la qua- comme en montagne par exemple. échantillons auront été réceptionnés.
lité des sols. Sous l’égide du GIS Sol,
le programme RMQS permettra d’as-
Chaque site est géoréférencé par GPS
pour nous permettre d’effectuer de nou-
Un bilan cartographique complet de
l’état des sols français est programmé
4
surer un suivi de la qualité des sols : veaux prélèvements au même endroit pour fin 2010. ●
fertilité, contamination par les mé- dans 10 ans. On prélève plusieurs sé- ●
3
LA ROUE
taux lourds. Ces informations four- ries de 25 carottes de sol à la tarière à Patricia Léveillé DE BOISHAUT
pour homogénéiser
nissent des indications pour une ges- profondeur variable selon le sol. Les reportage photo : Christophe Maître les échantillons.
tion plus durable des sols. échantillons de terre sont stockés tem-
« La première campagne de prélève- porairement en chambre froide pour
ments, lancée en 2001, s'achève cette bloquer l’activité microbienne, puis sé- +d’infos
année. On a plus de 13 000 échantillons chés à 30°C. Vient ensuite l’émiettage
Outre l'Inra et l'Ifen, le GIS sol regroupe
les ministères en charge de l'agriculture
4 ●
et de l'environnement et l'Ademe. BROYEUR.
prélevés sur les 2 200 sites du réseau
selon un quadrillage systématique
manuel au mortier puis le tamisage.
On obtient une terre fine (< 2 mm).
Osur le web :
www.orleans.inra.fr/les_unites/us_infosol
3

28 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 ●29
◗ IMPRESSIONS
fique. L’activité de plateforme analy- qui concerne tous les aspects du fonc- tillons (quelques milligrammes) ou
tique est une grande source de sujets tionnement de l’Usrave et qui a de- des échantillons de composition com-
de recherche et développement que
l'Usrave valorise à travers des publi-
cations dans des journaux scientifiques
de rang A en chimie analytique.
mandé bon nombre d’adaptations ma-
térielles dans un contexte de locaux
exigus pour l’activité du laboratoire.
L’Usrave est le seul laboratoire accré-
plexe. Grâce à l'acquisition récente
d'un spectromètre de masse (ICP-
MS), l'Usrave développe des métho-
des d'analyses innovantes d'éléments
Décryptages
« Chaque personne a une mission liée
à l'activité de routine de l'unité et au
moins un projet, en adéquation avec ses
compétences, participant à l'améliora-
dité en France dans son domaine pour
une gamme aussi large d’éléments.
Il n’existe pas de normes de référence
pour l’analyse de végétaux. Aussi, pour
à des niveaux de concentration très
faibles, comme par exemple les élé-
ments du groupe platine, issus des
émissions des pots d'échappement
agricoles
tion continue de l'unité », détaille Mi- assurer la justesse des résultats pro- catalytiques des automobiles et pré-
reille Barbaste. A ce titre, Thierry Pru- duits, l'Usrave a intégré des réseaux de occupation importante pour l'envi-
net, responsable métrologie, représente laboratoires d'analyse français et eu- ronnement. L'Usrave anticipe ainsi OLES CLÉS DES CHAMPS - L’AGRICULTURE EN QUESTIONS
Thierry Doré, Olivier Réchauchère, Philippe Schmidely
le laboratoire pour tout ce qui ropéens reconnus (ICP Forest, Inter- pour les chercheurs la mise à dispo- Préface de Jacques Diouf, directeur général de la FAO
concerne les validations de méthodes national Plant Exchange, International sition d'une méthode de quantifica- EDITION QUÆ, 2008, 192 PAGES, 13 €.
et statistiques métrologiques. Il a pris Analytic Group). Il est laboratoire ré- tion de ces métaux dans les végétaux.
part à l’organisation et à l’animation férent auprès de l’Institute for reference Début 2008, l'Usrave a été sollicité
d’une « école chercheurs » sur la vali- material and methods pour la certifi- pour développer une base de données
dation des méthodes en juin dernier. cation d’échantillons de référence. avec constitution d'une « végéto- Avec notamment la flambée des prix des denrées alimentaires et les émeutes de la faim
thèque » semblable à ce qui est fait qui surgissent ici et là sur la planète, l’agriculture est redevenue l’affaire de tous.
Un laboratoire de référence Des méthodes innovantes pour les sols dans le Réseau de me- Trois agronomes, Thierry Doré, Olivier Réchauchère et Philippe Schmidely proposent
« à ceux dont ce n’est pas la spécialité » des éléments de compréhension de l’agriculture
« Notre rôle de laboratoire central est Dans les salles équipées d’appareils sures de la qualité des sols (RMQS).
et comment se présentent les défis qu’elle doit relever.
d'apporter notre expérience. Nous avons « lourds », les analyses proprement L'objectif de ce projet sera de recher-
dû valider toutes nos méthodes pour dites utilisent les propriétés physico- cher les liens sol-végétal pour les élé-
l’accréditation » renchérit la jeune di- chimiques des atomes, ions et molé- ments minéraux et de dresser un in- Vous souhaitez que cet ouvrage contribue force symbolique du vivant et de la terre
rectrice de l'Usrave. L’accréditation ac- cules à analyser. ventaire de leurs teneurs dans les à une meilleure culture agricole des nourricière.
cordée par le Comité français d'ac- De par ses activités de laboratoire cen- végétaux. Nouvelle mission pour citoyens. En quoi est-elle défaillante ?
créditation (Cofrac) en 2007 pour les tral, l'Usrave est précurseur dans la l’Usrave, un groupe de réflexion animé Thierry Doré : Ceux qui affirment savoir Disparition des abeilles, brevetabilité du
éléments traces, étendue aux éléments mise en place d'outils analytiques ef- par Mireille Barbaste vient de se cons- comment il faut faire pour que l’agriculture évolue vivant, etc., sont actuellement l’objet de vifs
majeurs et oligoéléments en 2008 ré- ficaces, qu’elle peut être amenée à dif- tituer. La routine n’est pas pour « dans le bon sens » se nourrissent souvent plus débats, mais ne sont pas traités dans votre
sulte de cette appropriation de fuser aux autres unités de recherche demain. ● de convictions a priori que de faits, plus livre. Pourquoi ?
l’assurance qualité par le laboratoire. de l’Inra. Le laboratoire peut par d’illusions que de raisonnements et plus Thierry Doré : La disparition des abeilles est
C’est aussi le fruit d’un travail énorme exemple analyser de très petits échan- Patricia Léveillé d’idéologie que d’évaluation objective des un exemple parmi d’autres de la fragilité de la
reportage photo : Christophe Maître rapports entre coûts et bénéfices. Du coup, biodiversité. Nous avons préféré traiter de façon
les citoyens sont bombardés d’avis dont ils ne plus globale cette biodiversité. Deux entrées
savent que penser. C’est typique sur la question différentes lui sont consacrées « Animaux et
5 des OGM par exemple. Pour que le lecteur
puisse se construire son propre avis, nous avons
végétaux : pourquoi l’agriculture a-t-elle perdu sa
diversité ? » et « Quel est l’impact de l’agriculture
+d’infos délaissé le clivage entre « pro » et « anti », sur la biodiversité ? »

5 www.bordeaux.inra.fr/usrave
pour dresser le bilan des risques et bénéfices, Philippe Schmidely : Nous avons retenu
SALLE DE
SPECTROMÉTRIE. sur la base des connaissances actuelles. les questions qui revenaient le plus souvent,
dans la presse et notre entourage. Le choix s’est
Olivier Réchauchère : Ce besoin de culture fait à notre initiative, comme ce livre d’ailleurs,
agricole concerne autant ceux qui ont un lien indépendamment de nos organismes de
direct avec l’agriculture, que ceux qui n’en ont rattachement, l’Inra et AgroParisTech (1).
pas, comme les lycéens, les enseignants du Le livre expose en seize questions ce qu’il faut
7 ● 7 primaire et du secondaire ou des décideurs. connaître pour comprendre les débats actuels
PINCEAU, stylo et Et parmi les premiers, il se trouvera toujours sur l’agriculture. Il ne délivre pas une vérité ;
broyeurs à bille
soigneusement un domaine dont ils ne sont pas spécialistes. comme le titre l’indique, ce livre donne des clés
disposés sur la Je pense notamment aux personnels de l’Inra ! pour comprendre. Mais il faudra peut-être prévoir
paillasse.
rapidement un deuxième tome ! Car nous
L’objectif du livre n’est pas d’attaquer ne répondons effectivement pas à toutes les
6 de front les idées préconçues. questions, comme celles de l’évolution du rôle
On peut cependant se demander des structures agricoles et para-agricoles
pourquoi elles perdurent ? (syndicats, coopératives), du poids des filières
Olivier Réchauchère : On peut l’expliquer de transformation et commercialisation
par la rapidité, un demi-siècle seulement, sur l’agriculture, du foncier, etc.
avec laquelle la France est passée d’une société

6
agricole à une société urbaine. Mais aussi par Propos recueillis par M. S.
ÉCHANTILLONS
de poudre de les messages publicitaires, celui d’un monde
végétaux. (1) Philippe Schmidely, spécialiste de l’alimentation animale et Thierry Doré,
agricole bucolique et obsolète, que véhiculent adjoint au chef de département « Environnement et agronomie » de l’Inra,
sont enseignants-chercheurs à AgroParisTech. Olivier Réchauchère
souvent les industries agro-alimentaires, ou par la est responsable de la communication au centre Inra de Versailles-Grignon.


30 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 ●31
◗ IMPRESSIONS en bref leur permettant de réagir et
d’anticiper, mais aussi comment
OLa biodiversité au quotidien
Le développement durable
OLes mycorhizes - La nouvelle révolution verte
Jean-André Fortin, Christian
éditions
transformer leurs exploitations. à l'épreuve des faits Plenchette, Yves Piché
Quæ
OL'élevage en mouvement Elles résultent du projet de Christian Lévêque Découverts à la fin du 19e siècle, les mycorhizes sont des champignons
Flexibilité et adaptation des recherche sur les « Transformations L’originalité de ce livre est de ne pas microscopiques qui vivent en symbiose avec les racines des plantes.
exploitations d'herbivores des pratiques des éleveurs » que seulement voir la biodiversité comme Durant les 35 dernières années, les scientifiques ont démontré leur rôle
Benoît Dedieu, Eduardo Chia, l’Inra a mené entre 2000 et 2005, victime de l’homme. Où se situe important, assurant notamment la nutrition phosphatée des plantes et
Bernadette Leclerc, Charles-Henri associant zootechniciens, la ligne de démarcation entre les permettant de s’affranchir des fertilisants phosphatés ou encore leur rôle www.quae.com
Moulin, Muriel Tichit agronomes, biologistes, espèces à protéger et celles dites dans la résistance à la sécheresse. Pourtant, leur existence est peu c/o
Face à un monde et à un climat de sociologues, gestionnaires et « nuisibles » ? Comment s’accommoder exploitée en horticulture, agriculture et foresterie, ou même pour réhabiliter Inra - RD 10 -
F-78026
plus en plus changeants et économistes. Les auteurs plaident de réalités économiques très des sites pollués. Ce livre, référence sur la biologie fascinante Versailles
incertains, s’adapter pour durer est pour de nouvelles méthodes contrastées entre les deux des mycorhizes, est indispensable pour tous ceux qui se sentent Cedex
devenu une nécessité pour les d'analyse et de conception hémisphères ? Ce livre met en relief la concernés par la culture des végétaux.
éleveurs d’herbivores. Différentes de conduites d'élevage. complexité de ce concept très actuel. Éditions Quæ et Multimondes,
contributions présentent les Éditions Quae - Update Sciences & Éditions Quae - co-éditions IRD, 2008, Québec, 2008, 148 p., 45 €.
principales sources de flexibilité Technologies, 2008, 293 p., 40 €. 286 p, 32 €.

Des arbres au cœur des champs revues

OREVUE D’ETUDES EN AGRICULTURE ET ENVIRONNEMENT


OAGROFORESTERIE - DES ARBRES ET DES CULTURES REVIEW OF AGRICULTURAL AND ENVIRONMENTAL STUDIES
Christian Dupraz, Fabien Liagre N° 86 2008 - 1
ÉDITIONS FRANCE AGRICOLE, 2008, 43 €
Revue scientifique et trimestrielle éditée d’une stratégie éditoriale d’amélioration
par le Département « Sciences sociales, de la revue. Il s’agit, d’une part,
parfois, comme l’association mutuellement leurs agriculture et alimentation, espace et d’augmenter le nombre de publications
de vigne et d’oliviers en environnements, et s’adaptent environnement » de l’Inra, les Cahiers rédigées en anglais, celles-ci n’ayant
méditerranée ou de l’un à l’autre, dans un équilibre d’économie et sociologie rurales changent représenté qu’environ 25 % de nos articles
maraîchage et d’arbres fruitiers dynamique. La seconde partie de nom. S’ils adoptent un nouveau titre, en 2007. Le second objectif vise
lorsque la terre est rare. Malgré répond aux questions en français et en anglais, ils continuent à identifier de manière très claire les
cela, l’idée paraît toujours techniques, de la plantation des à publier des articles scientifiques thèmes privilégiés par la revue. Ensuite,
étonnante tant les arbres ont arbres à leur récolte, du choix d'économie, de sociologie et d'histoire nous tentons d’accroître le nombre de nos
été extirpés des champs des cultures intercalaires à leur consacrés à l'agriculture, aux industries lecteurs et d’améliorer le taux de citation
depuis un siècle, en même gestion quotidienne, car il y a agro-alimentaires, à la consommation de la Revue. » La dernière page
temps que les cultures ont été mille agroforesteries possibles. alimentaire, à l'espace rural des Cahiers est tournée, vive la Revue !
intensifiées. et à l'environnement. « Ce changement
La première partie du livre de nom, explique Carl Gaigné Sommaire :
explique le fonctionnement Magali Sarazin son rédacteur en chef, fait partie www.inra.fr/esr/publications/cahiers/
d’une parcelle agroforestière :
arbres et cultures modifient

OLA RAMIFICATION CONTRÔLÉE


C e manuel, illustré de
magnifiques photos,
explore les multiples facettes
de l'agroforesterie, association
de cultures et d’arbres, qui
D es chercheurs de l’Inra, du CNRS, des universités de Toulouse
et du Queensland en Australie ont identifié une nouvelle hormone
végétale, de la famille des strigolactones, qui empêche la ramification
permet de produire de la plante. Cette découverte majeure a fait la couverture
simultanément sur une même de la prestigieuse revue scientifique « Nature ».
parcelle des produits de l’arbre Il devient envisageable d’utiliser ces composés naturels pour modifier
(bois, fruits) et des productions le degré de ramification des plantes qu’on cherche à inhiber car il agit
agricoles. Des travaux directement sur le rendement et la qualité de la production.
scientifiques récents montrent En effet, l’application de strigolactones sur les parties aériennes
que ces mélanges peuvent des plantes ne touche que leur ramification, sans perturber le reste
être très efficaces, à la fois en de leur développement.
termes de production, mais
aussi en termes de protection
de l'environnement. L’histoire
agricole est riche en exemples © Inra / Christian Dupraz
d’agroforesterie qui perdurent

●32 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 ● 33
◗ REGARD
Agitateur d’idées Au démarrage, l’idée était de construire des cultures qui
intègrent l’environnement. Cela nous a amenés, il y a
quelques années, à organiser des réunions de « 5 à 7 »
ouvertes à des collègues et à des personnes extérieures à
l’Inra. Notre objectif était de co-construire de nouvelles
pour cela que j’espère que les lois du Grenelle de
l’Environnement imposeront un débat public d’amont
sur tous les programmes de recherches pouvant
déboucher sur des innovations technologiques ayant
probablement des incidences fortes sur l’environnement
représentations d’objets complexes relatifs au dévelop- et le développement durable. ●
pement durable. Et jamais, on ne se disait « on va arriver
là ». On voyait les conceptions se construire collectivement
par des personnes qui n’avaient pas l’habitude de travailler
ensemble.
Une autre impertinence est de dire que la recherche, pour Propos recueillis par
ses propres finalités comme pour son insertion dans la Catherine Donnars
société, n’est rien sans la culture et la maîtrise de la langue.
C’est un principe en contradiction avec ce qu’est la science
La Mission Environnement-Société (ME&S) actuellement. Nous travaillons ainsi à affiner nos propres OEvolution de la ME&S :
est une entité originale au sein de l’Inra modes de raisonnement et d’expression avec une du « désordre » à l’anticipation
et n’a pas d’équivalent dans les autres romancière, Isabelle Jarry, dans le cadre d’un projet de
organismes de recherche. « prose de recherche ». La ME&S, créée en 1997, a pris la suite de la Délégation
Comment l’expliquez-vous ? permanente à l’environnement (1993-1997) qui elle-même
Patrick Legrand : La ME&S est considérée simulta- Et Le Courrier de l’Environnement ? succédait à la cellule Environnement (1986-1993).
nément dans l’Inra et en dehors. Selon les interlocuteurs, P. L. : Le Courrier de l’environnement, coproduit des Ces structures, toujours légères et autonomes, ont
elle représente tantôt l’Inra, tantôt un électron libre, ce activités de la ME&S, est une revue de combat et de correspondu à des étapes de l’assimilation de la question
qui lui permet d’avoir des relations avec des gens dont conquête. Les objets de recherche offerts par environnementale par l’Inra. Le périmètre des
les positions sur l’Inra sont parfois opposées. C’est un l’environnement n’ont, pendant longtemps, pas été compétences situé en amont de la recherche stricto sensu,
lieu de réflexion non partisan et ouvert à tous. considérés comme légitimes pour la recherche. Ils sont a évolué du développement d’une culture interne
souvent complexes et sous contraintes et, de ce fait, la sur l’environnement à une consigne de posture plus
critique sur les enjeux de l’environnement ainsi que
Quel en est le principe de travail ? science ne peut échapper ni à la société, ni à la culture,
sur la façon dont l’Inra les traite. La ME&S a accompagné
P. L. : Nous revisitons, dans le large champ des questions ni à la politique. La première règle du Courrier, c’est de
ces évolutions en intégrant à son champ d’intervention
d’environnement et de développement durable, les rendre compte de tout cela le plus clairement possible et le développement durable et la gouvernance.
certitudes partagées en espérant une intuition préfigurant de la façon la plus articulée. La deuxième, c’est la gratuité. Le remplacement de Patrick Legrand par Jean-Luc Pujol
Dessin : Violette Le Quéré-Cady

des problématiques inattendues. Voici par exemple une Comme la revue est lisible, les gens la lisent ! L’humour en juillet dernier correspond à un nouvel élargissement
question initiale : et si, dans la perspective de l’agriculture incline au recul critique, sert d’appel et annonce que la à des objets de recherche émergents ou à des contextes
conventionnelle mondialisée, le transport était un maillon science n’est pas faite que pour les pisse-froids. Il n’y a sociétaux inhabituels qui pourraient concerner l’Institut,
faible déterminant ? Il s’agit ensuite de donner consistance pas de comité de lecture, mais une relecture sur plusieurs ses travaux, ses stratégies et ses responsabilités.
et légitimité à la question. Autre exemple, une collègue a critères : le premier, c’est la rigueur et on n’a pas toujours La ME&S devrait s’appeler sous peu Mission d’anticipation
récemment investi le champ de l’alimentation durable et besoin d’être un spécialiste pour juger de la logique du Recherche/Société & Développement durable (MaR/S).
y a trouvé de vraies pépites autour des bilans carbone et raisonnement de l’auteur. Le second, c’est l’ouverture.
énergétique, qui titillent les recherches sur l’alimentation Cela a amené à publier un article venant d’un industriel « Depuis 1986, le Courrier de l’environnement de l’Inra
est un irrégulomadaire étonnant à plus d’un titre.

P
atrick Legrand est un militant et contribuent au débat avec des partenaires. Mon rôle à des pesticides. Des lecteurs ont été choqués, d’autres le
moi était de donner à mes collaborateurs l’occasion de furent aussi quand on a publié que le « bio » n’est pas par Libre et gratuit, mais sérieux, il s’intéresse à tout
de l’environnement un peu particulier. et ne s’interdit rien. Ses rubriques émanent de tout
chercher en terrain pionnier et de mettre en forme ces nature durable comme par exemple quand il a un coût
Il a commencé par être architecte, ce que l’équipe de la
pistes originales sans prédéfinir le point d’arrivée. en carbone et en énergie important. Si nous avions été
il s’est formé à la linguistique, La façon de penser de la ME&S rappelle l’anastomose, partisans, nous aurions pudiquement mis cela sous le
ME&S peut glaner
à l’archéologie et aux lettres modernes et vient dans les champs
celle de ces fleuves encore sauvages et assez extraordinaires tapis…
de l’agriculture,
de quitter après plus de vingt ans de services qui forment et reforment des tresses et dont la modernité de l’environnement,
loyaux et néanmoins irritants, la Mission rêve de faire des canaux rectilignes ! La pensée circule, Vous avez participé à de nombreux débats des sciences et
Environnement-Société de l’Inra pour devenir bifurque, prend consistance au gré des attractions et des publics. Quelles leçons en tirez-vous de la société :
perspectives. C’est le choix de processus génératifs qui fait pour la recherche ? problématiques,
vice-président de la Commission nationale du une grande partie de l’originalité des résultats de la ME&S. P. L. : Mon expérience des débats publics sur les OGM, débats, éléments
débat public. Iter et autres, me fait dire que le débat public offre à la de repère dans
La Mission Environnement-Société a été pion- Vous revendiquez une certaine impertinence... recherche l’occasion de problématiques nouvelles. C’est le paysage agricole
nière sur les problématiques environnementa- P. L. : Une de nos caractéristiques, c’est de ne jamais dans le monde de la recherche, que d’aucuns disent plat, français, ou en dehors.
les à l’Inra. Mandatée pour avoir eu d’idées préconçues. Statutairement, la mission un moteur de fractures conceptuelles et méthodologiques. (…) Il compte
a pour mandat de mettre un peu de désordre dans la En modifiant la perspective d’analyse d’objets toujours aujourd’hui 14 500
développer une posture critique par rapport
tête de nos collègues. Ce n’est pas par esprit de sociotechniques, on en reconstruit à la fois la complexité, lecteurs. »
aux activités de l’Institut, elle se situe contradiction imbécile, mais c’est ce qu’on attend de nous. le faisceau d’interactions et de contraintes et, donc dixit Le Courrier.
à l’interface entre science et société Donc c’est sans volonté de nuire. Nous sommes un l’interdisciplinarité. Le débat de société enrichit et socialise +d’infos
et publie le Courrier de l’Environnement. « service de contre-pied ». alors radicalement les problématiques. C’est d’ailleurs www.inra.fr/dpenv/

●34 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 I NRA MAGAZINE • N°6 • OCTOBRE 2008 ●
35
◗ AGENDA
19/23 oct
PARIS
4/5 nov
MONTPELLIER
6/8 nov....
NANCY

Salon international de Conférence Biodiversité La filière forêt-bois


l'alimentation - Sial et Agricultures : défis européenne : des
L'Inra sera présent au Sial (Hall 5A, d’aujourd’hui, recherche de bio-réponses aux
stand D001) pour présenter ses demain pour une agriculture nouveaux enjeux
recherches dans le domaine de durable climatiques et
l'alimentation et plus Organisée dans la cadre de la énergétiques ?
particulièrement sur le goût, la santé Présidence française de l’Union Conférence scientifique
et la sécurité. Un colloque organisé européenne et patronnée par les internationale organisée sous l'égide
par l'Inra aura lieu le mercredi 22 ministères de la Recherche et du ministère de l'Agriculture
octobre sur le thème « Perception l’enseignement supérieur, de et de la Pêche, dans le cadre
sensorielle et comportement des l’Agriculture de la pêche et l’Inra, cette de la Présidence française de l'Union
consommateurs ». conférence internationale s’adresse à Européenne, afin de contribuer
WWW.sial.fr un public de décideurs européens et de au débat sur les rôles de la forêt
la société civile. Elle illustre et du bois dans le régime climatique
l’importance des recherches sur les post 2012.
interactions entre agriculture et WWW.gip-ecofor.org/publi/page.php?id=2&rang=
biodiversité. 0&domain=34&lang=fr_FR
WWW.inra.fr/biodiversite_agriculture_pfue

17/23 nov
FÊTE DE LA SCIENCE

La Ville européenne des


sciences au Grand Palais
à Paris (du 14 au 16 novembre)
marquera le coup d'envoi de la 17e
édition de la Fête de la science.
Organisée à l'occasion
de la Présidence française de l'Union
européenne, l'Inra prend part à cette
manifestation.
WWW.fetedelascience.fr/

2 décembre
DIJON

Gestion des mauvaises


herbes en grandes cultures
Cette 3e édition des Carrefours de
l'innovation agronomique 2008 (Ciag)
portera sur la gestion de la flore
adventice en grandes cultures,
préoccupation importante pour les
agriculteurs en raison de l'impact
potentiel sur la production.
WWW.inra.fr/ciag/colloques

2/3 déc
PARIS

Journées 2008 du comité


d’Histoire de l’Inra
Ces journées seront consacrées aux
archives orales de l’Inra - Archorales -
et à l’alimentation.
© Inra / Micheline Rousseau

Le comité d'Histoire en lien avec le


Directeur Scientifique Nutrition
Humaine et Sécurité des Aliments
animera un séminaire « L'INRA et
l'alimentation humaine : une histoire
à construire ».
http://colloque.inra.fr/j2008_histoire_inra
WWW.inra.fr/sed/Comite-Histoire-INRA/

GEOTRICHUM CANDIDUM vue au microscope électronique à balayage.


Cette levure à haut pouvoir lipolytique et protéolytique participe
à l'élaboration de l'arôme et de la texture du fromage.

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