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Lire aux tous petits

Reading, books and infants
For the past 25 years, youth literature, in France, has settled itself as one of the most dynamic 
and creative field of book publishing.
The album for children reinvests this literary kind, which had appeared in the 19th century, 
with the Comtesse de Ségur and Jules Verne: explosion of the frame evolution, of the 
techniques used, of the rhythms, and size of the book.
The album can be an important parameter in the development of the little child. If he does not 
read, he does know how to listen, watch and observe, the adult reading or telling stories. 
From the second trimester of life, the child shows interest in that voice, that language different 
than the factual speech that he is used to.
Every day speech is utilitarian, practical, functional, always linked to the situation; its pattern 
is there for weak. Narration offers, on the contrary, a language with a real framework­ 
structure, with a beginning and ending.

La littérature pour la jeunesse, depuis 25 ans, s’installe avec légitimité comme un secteur 
dynamique et créatif de l’édition.
L’album jeunesse réinvente ce genre littéraire qui avait émergé au XIXème siècle, avec des 
auteurs comme la Comtesse de Ségur et Jules Verne : explosion des cadres, évolution des 
techniques, des rythmes, des formats ; cette forme d’écriture questionne à l’infini la rencontre 
entre le texte et l’image, explore avec audace de nouvelles possibilités de narration, de choix 
artistiques et esthétiques.
L’album pour enfant joue un rôle important dans le développement du tout petit.
S’il ne sait lire, le jeune enfant sait regarder, observer et écouter l’adulte qui lui lit et raconte 
des histoires.
Dès le deuxième trimestre de vie, l’enfant s’intéresse à cette voix, ce langage différent de la 
langue factuelle qu’il connaît. 
La langue du quotidien est une langue utilitaire, pratique qui, toujours en rapport avec la 
situation, est peu structurée. La langue de récit, au contraire, est très organisée, avec un début 
et une fin.
On favorise l’accès à la pensée et à l’imaginaire.
« Le livre est porteur de cette langue qui sert à raconter. Avec les albums, on propose aux 
enfants une entrée parallèle dans une autre forme de langue orale, et dans la langue écrite… 
Avec un livre, on invite l’enfant à rencontrer la pensée d’un autre, absent » (D.Rateau)
Mais au­delà de cet accès au langage, à la pensée, à la représentation et à l’imaginaire, au­delà 
de la transmission culturelle, au­delà de la découverte du livre objet­jouet, lire est un acte de 
plaisir et de partage.
Lire c’est avant tout donner de son temps, donner ce qui est en nous, ce qui est vivant, 
profond, le goût du monde et le plaisir de le comprendre.
Lire est un acte gratuit, un lien qui se crée entre le bébé et l’adulte. Aucune interrogation, ou 
question sur la compréhension de l’histoire, ni de son contenu ; pas de contre partie.
«  Lire c’est semer une graine sans jamais savoir si elle poussera, mais avec la conviction que 
tous, avons en nous le terreau pour qu’elle grandisse ».
Jusqu’à l’âge de trois ans, tous les enfants ont la même appétence pour les histoires, quel que 
soit le niveau socioculturel de leur famille. Il est donc important, que les lieux de collectivité, 
telles les crèches, proposent régulièrement et mettent à disposition de manière adaptée à 
chacun, des livres à découvrir.
La découverte est dans un premier temps physique et sensorielle ; l’enfant découvre le livre, 
l’explore sous toutes les coutures, s’y agrippe, le suce, le mordille, le mange. L’enfant 
s’intéresse au livre­objet.
Plus tard, il aura une attente de lecteur. Il choisit alors son livre pour son format, ses couleurs, 
les matériaux utilisés, les odeurs qui s’en dégagent, la mise en page … Ou encore pour une 
couverture qui lui « parle ».
Ces composantes sont des moyens puissants pour attirer l’enfant, l’intéresser, et sont l’objet 
de réflexion dans leur choix :

Le format
Il induit un type de lecture. Petit format grand format  qui nous fait plonger dans le décor du 
livre, format à la française, à l’italienne avec ses images « panoramiques », en hauteur 
induisant des espaces plus resserrés, le format carré sans aucune tension entre la hauteur et la 
largeur est supposée donner une impression d’objectivité.
Des formats en formes figuratives, pages pleines ou « percées », le choix du format est loin 
d’être anodin et sert à produire des effets.
Il n’est d’ailleurs pas rare de voir la drôlerie ou l’émotion d’une histoire perdre de son 
intensité avec une réimpression dans un format de poche.
Exemple :
« L’album d’Adèle » de Claude Ponti doit être découvert dans son format d’origine : un très 
grand format qui oppose alors la taille du livre à celle de l’enfant.
Dans « Plouf » de Philippe Corentin, le format tout en longueur contribue à ressentir la chute 
physique du loup et autres animaux dans le puit.
Les albums de Catherine Dolto­Tolitch se présentent dans un format carré et renvoient  à 
l’objectivité voulue par le texte : « les mamans », « un bébé à la maison », « attention dans la 
maison », « la vie avant de naître »…

La couleur
Elle contribue à indiquer l’ambiance générale, le ton du livre. : aquarelles aux tons chauds, 
couleurs vives, effets contrastés.
Le choix des couleurs a généralement une symbolique à double sens :
Le rouge symbolise la vie, la passion mais aussi le danger. C’est la couleur choisie tout 
particulièrement par les enfants ;
Le jaune symbolise la richesse et la maladie.
Le vert, la chance et la malchance….. Couleur des sorcières avec le violet, mais aussi de 
l’hygiène et de la renaissance (nature, croissance, évolution)
Le bleu symbolise la spiritualité. C’est d’ailleurs la couleur préférée des Européens.

Exemple : 
Dans « les trois brigands » de Tomi Underger, les couleurs participent à l’intensité 
dramatique, des couleurs primaires, vives qui s’opposent et opposent des symboles : le rouge 
couleur sang vie, passion et danger s’oppose au noir et au bleu spirituel.
Dans « la chasse à l’ours » de Michael Rosen, le rythme, l’importance de la répétition  est 
donnée­ soulignée par l’alternance de pages colorées et noir et blanc.

Les matériaux
Cartons simples ou ondulés, plastiques, tissus, papiers divers, mousses, feutrines, tous colorés 
ou non.
Exemple :
Dans « Arc­en­ciel : le plus beau poisson des océans » de Marcus Pfister, les matériaux 
utilisés sont les éléments qui permettent d’apprécier de la beauté du poisson.

Les illustrations
Elles accentuent les effets insolites, complètent le texte ou le remplacent. La nature des 
images utilisées est très variée : dessins, photos, montages, collages, animations en relief, 
référence à des œuvres plastiques. L’illustration est une image narrative. Elle possède un 
sens : même dans les albums sans textes, les images sont organisées en scénario dans une 
volonté de donner du sens.
Dans l’album pour enfant, la notion texte­image est primordiale.

La mise en page
Le texte se trouve­t­il sous l’image, sur la page de gauche : induisant dans le regard un 
balayage gauche­droite, comme l’est le sens de la lecture en occident ?
Y a­t­il une image par page, ou plusieurs, le cadrage est­il large ou serré augmentant 
l’intensité dramatique de l’histoire ?

Les équipes « petite enfance », ayant à charge des groupes d’enfants dans les crèches, haltes­ 
garderies, et autres collectivités, s’attachent à proposer des temps « lecture » de manière 
régulière et quotidienne.
Tout comme Daniel Pennac, dans son livre « comme un roman », je suis tentée de rappeler 
certains droits du très jeune lecteur.

­ Le droit de refuser le temps lecture dans sa globalité ou en partie :
Le temps lecture est trop souvent imposé au groupe d’enfants, comme un temps désiré par 
l’adulte pour son calme et l’immobilité qu’elle induit.
L’enfant devrait cependant, avoir la possibilité de refuser cette activité si elle ne lui convient 
pas. Il doit également pouvoir changer d’avis en cours de séance et partir (sans gêner le 
groupe). S’il le souhaite, sans être l’objet d’une remarque. 
D’autre part, si l’activité lui était proposée à lui seul, il doit aussi, pouvoir partir facilement. 
C’est pourquoi nous serons attentif à la position que nous avons avec lui : le contact proposé, 
si la situation s’y prête, ne doit en aucun cas être imposé à l’enfant. Si portage, il y a, l’enfant 
pourra s’en défaire plus librement, si c’est à son niveau : au sol.

­ Le droit de choisir son livre :
Il est important de laisser des livres à disposition des enfants afin qu’ils puissent faire eux­
mêmes leur choix. Selon l’âge de l’enfant et l’importance esthétique et­ou narrative attribuée 
au livre par l’adulte, les albums sont souvent « en sécurité », hors de portée de l’enfant.
Il est vrai que, s’il ne trouve pas de mains pour lui tenir les ouvrages et en tourner les pages, le 
livre sera goûté, porté à la bouche, mordillé.
Les livres nourrissent véritablement les enfants !
Les risques sont grands pour que les albums soient malmenés, éparpillés au sol, foulés par des 
pieds, écartelés par des impatients. Ils sont empilés, jetées, laissées à l’abandon pages cornées 
et déchirées.
Pour autant, le livre ne doit pas être « sacralisé ».
Si le livre est abîmé, l’adulte saura expliquer à l’enfant combien cela est regrettable, et réparer 
avec l’enfant ou sous ses yeux l’album.

­ Le droit de dire, de décrire, de commenter, de « lire à deux voix », de raconter une autre 
histoire en regardant les illustrations. Le droit d’exprimer ses émotions, sentiments, le droit de 
s’exprimer.
Ne perdons pas de vue : la lecture enrichit le vocabulaire, apporte le langage.

­ Le droit de toucher le livre, de le lire à l’envers, ou encore en commençant par la fin.

­ Le droit de sauter des pages

­ Le droit de relire, encore et encore le même livre, la même page, la même phrase.

La lecture peut :
­  Être une transition satisfaisante pour consoler, rassurer, au départ d’un parent,.
(« Les bébés chouettes » de Martin Waddel, « La crèche » de C. Dolto­Tolitch, « Au revoir » 
de Jeanne Ashbé), ou lors d’un réveil difficile d’une sieste :
(« Sur les genoux de maman » de Anne Scott)
La position de l’adulte et de l’enfant sera proche, créant une bulle protectrice, rassurante avec 
contact physique si voulu.
­ Aider l’enfant dans son développement, ses apprentissages et ses préoccupations
(« Mange ta soupe Alfred », « Doucement Alfred », « Alfred va sur son pot »…de Virginia 
Miller, « La tétine » d’Orianne Lallemand.)
(« Boucle d’Or et les trois ours’ , « Grosse colère » de Mireille d’Allancé, « Pas peur du 
noir » de Florence Guiraud, « Si je tape » de Malika Doray, « C’est moi le plus fort » de 
Mario Ramos)
­ Aider à comprendre et « gérer » ses émotions
(« Grand monstre vert » de Ed Emberley, « La grenouille qui avait une grande bouche » de 
Faulkner, « Pou­poule » de Loufane)

Une corrélation entre le choix du livre (son thème), l’enfant­les enfants, et l’espace­temps 
(moment choisi), est important, car l’objectif, la signification de l’activité y prend, alors, tout 
son sens.
Le lien entre l’adulte et l’enfant, entre les enfants, le partage du plaisir de cet autre « langue » 
y est décuplée ;
La porte vers le monde de l’écrit, ouverte.

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