| ar
| LAMARCHE?
| (Que du bonheur!
Elle détend, elle libére, elle stimul
Plus qu'un sport, lamarche
est un carburant intime. Des accros racontent.
alentir, changer de rythme, sortir de is frénésie urbaine.
notre société, qui valorise la performance et la vitesse,
rediécouvre une maniére de s opposer i.e distat de
la course, «On nia rien trouvé de mieux que la marche
pouraller plus lentement», rappelle Frédéric Gros,
philosophe, auteur de Marcher, une philosophie (Flammarion),
‘Laspiration & revenir cette activité la plus simple qui soit nos
‘anoltres la pratiquaient naturellement, raison de & 10m
‘par jour -, la portée de toutes les personnes valides, traverse la
société, On trouve les marcheurs du quotidien qui vont au travail ou
se baladent dans les alentours, comme les randonneurs passionnés
quivisitent des régions, voirele monde, 2 pied. «La marche est
‘une dérobade, un pied de nea i la modernité. Cest un chemin de
traverse dans le rythme effréné de nos vies, une maniére propice
do prendre do la distance», explique 'anthropologue David Le
Breton, auteur d/Bloge de la marche (Métaili). Cela peut aussi ete
‘une nébellion contre le quotidien, « Claquer la porte et partir avec
tune paire de chaussures, un short et deux tee-shirts, se nourrir
un rien, quollelibération! Une fois sur les chemins, on ne se pré-
‘oceupe plusde image que 'on doit montrer aux autres, ni de son
salaire ou du niveau de réussite de ses enfants», temoigne Odile
CChabrillac, peychanalyste et auteure de Marcher pour se (re)tnouver
(Leduc) Respirer Tair de a liberté, mais aussi se plonger dans
‘un bain de nature, retrouver de la créativité, prendre un nouveau
départ, voire donner une autre direction asa vie: les motivations
intimes des amoureux de la marche sont différentes, mais se carsc-
‘érisont toutes par un besoin de vivre cette pratique intensément.
Elle libére des contraintes
Bipdes, nous sommes plutét fats pour vivre debout et non assis,
‘comme c'est trop souvent le cas, et ce retour 3a verticalité est
ailleurs le premier moteur d Olivier Bloys, 6erivain et auteur de
Tart de ia marche (Albin Miche), «En marchant, je retrouve ma pos-
ture et mon allure naturelle, Jéprouvo un plaisir simple, primiti,
de me déplacer ras du sol par les moyens dont la nature nous a
dotés: deux piods. JacstdoA ma normalité et jai !impression détre
la place que je dois occuper.» Cette pratique inscrite dans notre
physiologie permat de parvenir simplement & des plaisirs physiques
archalques Gvoques par les marcheursau long cours, «est un
‘vrai bouleversement car, d'un coup, ee n’est plus la téte qui nous
20 version jemina
sine, comme dan lave courante,maslecorpe qu devient
promer Bt io olr on secouche par terre comme un animal, 0
Trounue cous lees, este melleu da vyager, acon
Michel 62 ang retralté«Souvent, en marcanton rie pour
dlrwon prisons unnale ecourées, aout Préaério Gros
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Elle évaeue l’anxiété
Danstoute marche le paisa dente arvvent irs vite
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Surles mion,jraoue les Grnomentsen marca avo mia
plist dan losorelle: cost mon sas de décorprsson, Une
Fishes mo, jome ome nefoyb eps Meux encore,
to cena ante pueda Prosadng ofthe National
‘Academy of Sciences) montre qu’ mareher 60 minutes
dans un environnement naturel chasse les idées négatives
tt fait basoor le niveau danse, Martino, Sano, coms
ae
dane pare on be de chez mol. Auprenser ou, coge:
an second, jecommence aregarde les arbres, tellement
pulosunts gus somblont me porter rice la nae ul
Imemelopp, ee pone djapush eo, farcive dre Gans
te pedont et, quand jereatre, suis apelate » Quand la
prime est profonde, comme pour les malades atients de
cancore, de marcos organsine os aidentaetrouter
ena vie «Br plongean! cans eure eyo une relation
‘ovale au tenpe espace par es retrovallo sree
Corpo le sue redauro sa lac dans le monde et eprend
tontiance en lle, oberve Dard La Breton.
Elle donne du plaisir
"nfende des isu, des brit ier enti Terbe
‘nol latre, ls eur, event Sura pea, vor des
alles chowsdéveloppent ia sensorial a vlupté
ont onmanquesans douse vile, Palme arpenter
OO‘une région, progresser lentement pour épouser un paysage, le
voir évoluer, changers, résume Catherine, 85 ans, enseiznanto
Cest ce qui fait toute laciféronce entre cela qui arrive un
point de vue aprés avoir randonné quatre heures ef celui quly est
_parvenn en voiture pour prendre une photo. Le méme endroit ne
‘procure pas le méme plaisir "Le marcheur stest appropriéle pay-
sage lentement, pas apres pas, Des lors, oe nest pas seulement par
Jes yeux qui en prend possession, mais par toutes les fibres de son
corps», explique Frédéric Gros, «La beauté des payeages oonquis
parla marche est également supérieure parce quelle apparait,
sous figure dune réoompenso»,ajoute‘l. Martino le confirme:
«Je parsaveo mon mari été dans les Pyrénées. Les dificultés du.
‘racé sont compensées par oes panoraizas sublimes. On ressont
«un petit plaisir se dire: lui quinva pas marché ne voit pas cola.»
Elle rend créatif
Mieux encore, se dérouiller les jambes stimule Tinspiration: «Tous
Jes matins, je vais au bureau a pled, je passe par des rues calmes, jai
‘besoin dientendire les oiseaux, les idées me viennent rapidement»,
raconte Emilie, 30 ans, chef de projet. «Je marche de 8 10 heures
par jour, ene pense pas a grandichose, jai des ritournelles dans la
‘éte. Parfois marrivent des phrases courtes, comme des halls»,
ajoute Olivier Bleys. Comment la cadence du pas peut-lle produire
des ides neuves ou postiques? «Cette pratique douse mobilise
peu de ressources, demande une attention limitée et lacadence
réguliére des pas entraine une forme de bercement. esprit est
alors disponible pour autre chose, explique Odile Chabrillse, Une
récente étude de l'université de Stanford (Journal of Experimental
Psychology) a montré que les personnes quimarchent -_méme
dans une piéce ~ ont une eréativité supérieure de 60% celles qui
restent assisos. Kt cette capacité persiste audcla de Yexercioe,
ce qui fait penser aux chercheurs que des médiateurs chimiques
libérés pendant 'exercico stimuleraient certaines zones oérébrales.
Steve Jobs, le cofondateur d’Apple, état. connu pour ses réunions
en marchant, Sila marehe développe intellect -des philosophes
comme Rousseau ou Nietzsche Font dit -,ellea aussi un effet
Positif suria mémoire: les coméaiens le savent, quimémorisont
‘ious leur texte en cheminant, Le mouvement permettrait en effet
‘une meilleure irrigation du cerveau, favorisant le Libération d'une
‘moléoule,le BDNF, qui active la production de nouveaux neurones,
notamment dans Thippocampe, zane clé dela mémorisation.
ae
PSY ME FAIT MARCHER
‘Aer marcher & Central Park pour démarrer une dédramatise le ctéparfois solennel d'une
Be ene here Mc ee eed
ee gear ‘au vagabondage des pensées, eta nature aide &
Ree een eee nee
Ree eee ete ee
Re aC ee a ee ete an ees
Jogue (herapie-nature-1),en afaitlamotié de en deul en bur-out. Le travail vaplus vite quien
son activité. «La présence physique céte cote cabinet: cing ou six séances sufisent parfors|
générele sentiment détre accompagné et peut pour prendre un nouveau depart.»
‘DébardeurMajeeti lature, Erasslra Octo, Cemisa Dani & Supa Rah Lauren, Shot Lavs, Monte Swatch, Chavseaits Fake, Chaussues Aig
sin femina 21ua
avant d'avoie fait un petit tour pied. Martine
¥oit la meilleure solution pour sortir d'une
‘impasse: «Comme dans hypnose, chemin
‘aisant, on voit plus clair. On portaitlasolu-
tion en soi, mais il faut un apaisement mental
pour qu’uneautze voix se fasse entendre 1a,
‘rumination $e transforme alors en intuition.»
Elle nous fait avancer
‘Jems donne pusoureminkahectis comme
arbre que dois tieindre avant apatite)
talent avanoer jome ddoerne des médales
odes clagues: is trutarent na journée
commie ume nisoire que jee acon. Chagas
‘toment ea plus dengo,plusichequelavie
qostionne, Orit Over Bley, Les pase
Slounés de rendonnée se construisont det
fesoarie, uals développent aussi des facies
Goat ils nose ponsaient pas eapables,comme
iosens dea debroullarseet de Vinprovi
tation «A fn de notre perp, nous nous
Sntons ome es marins qui parcourente
tmondo equi forme, apprennent bei
tans catia Sproves, explcue Martine «Coo
capacténtutines sont en noas mals, apart
Ghvempe elles sont eosoupies,marchor nf
quolasresiaurer De méina,on se pose aremert
es questions essentiles du randonnear: quel
sheminvalsje prendre? Ot aise dormir?
Doiese continue malgé forage? Pulse soir
confance en ott personne rencontn ep-
pel Olivier Beye Bemdme sion part psoas,
imaobe resto une experienooltaie et un dé
Avotméme «On ott seu, chaean aoa rythme
Deméine qui ne put pas surfer eu miley ds
Chemin et lore, as personne no viendra nous
horoher cn ne peut pas on pus pores Fa
i: ‘iu plusie jambs ou soul, ou quia pera
LA MAGIE DES PELERINAGES| Ja niaque», raconte Martine. «On découvre aussi une humilité face &
| a son corps, il ne faut pas trop tirer surla corde au risque de compno-
7 : Tet fon projets, owe Olle Cabri Cate modest néeeeare
tet indimoiale da sentiment do saistaction éprouvé los dea
fale ougartour aurea «Jentre dans les cals, Ger doa
: ‘transpiration, en jetant mon sac. dos par terre avec une attitude un.
" TY) | pentantronns, conte Over Bly, Mais cata vemse des cies,
i = Extemour pou la nature, cote ablation détre en mouvement vont
Gop ne Youion ps, avec cractrepysiquement extant
ad ial de toute marche digne de ce nom. «On fait un truc idiot, quand
pe rovas aan DME) Gnypense:on so sau de stigue et, aubord de Tépuisement, uno
dababie lias 10% cl ampoule prend des proportions gigantesques, on a mal aux pieds, on
tet eure roles, couplbenent puis, on salt quis fr on
oie dialled sila ‘ig se dit : plus jamais ga! Et pourtant, les souvenirs les plus forts sont
a 0 J ceux oii le corps était en vrac, oit on est allé jusqu‘au bout malgré
| oa lapluio, le vent... Pour s'en souvenir, fauten baver. Ete ire, est
= ou | Guetetendemain. on eparts, témolgme Mickel, Coa quot Catherine
a ajoute: «Un peu deffort fait passer les chagrins.» Alors, ony va?
sip Par Christine Viet
| 22 cers femina