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IL NOUS ARRIVERA DE NE PAS SERVIR À DÎNER.

HOMME : Est-ce que c'est vrai ?


C'est certainement vrai maintenant, n'est-ce pas ?
FEMME : Ça m'a fait réfléchir.
HOMME C'est vrai même quand on dîne.
Bien sûr, si on est pinailleur. Est-ce que vous avez tous compris que c'est une
déclaration vraie à cet instant précis ?
Est-ce que ça a un sens pour vous ?
Ça ressemble à un piège et c'en est un. Ce que je voulais montrer, c'est que lorsque vous
faites des déclarations et qu'elles semblent avoir un sens, les gens vont leur donner toutes les
connotations nécessaires pour qu'elles aient un sens. Imaginons que je sorte et que je laisse
cette phrase ici. Certaines personnes pourraient rentrer dans la salle et dire : « Quoi ? On ne va
pas dîner ? » Les gens prêtent très peu d'attention à la précision du sens. Lorsque je l'ai écrit,
plusieurs personnes ont regardé et se sont exclamé : « Ohhh ! Mais j'ai payé pour mes repas !
» La déclaration est parfaitement vraie. La seule chose qui lui donne du sens est le contexte
dans laquelle elle est présentée.
Lorsque Leslie a fait le recadrage dont je vous ai parlé dans le contexte d'une thérapie, le
résultat a été très fort, même si ce qu'elle a dit ne voulait en fait rien dire. « Le fait que votre
tapis est propre signifie qu'il n'y a personne » n'a rien à voir avec la solitude. La façon de le
dire est très importante. Dire : « Le fait que votre tapis est propre signifie qu'il n'y a personne
à la maison à l'instant présent » aura beaucoup moins d'impact que de dire : « Et vous voyez
que votre tapis est propre et vous vous rendez compte que cela signifie que vous êtes toute
seule ! » Ces deux déclarations ont des connotations tout à fait différentes, même si la
signification peut être identique.
HOMME : Vous activez des ancres avec votre ton de voix et votre emphase.
C'est cela. La connotation de ce que vous dites a autant d'importance que les mots que
vous employez. Nous employons les mêmes schémas pour construire les connotations que
ceux que nous utilisons en hypnose, ce que nous appelons le « Milton-model » l'ambiguïté, la
nominalisation et toutes ces bonnes choses. La plupart du temps, les gens ne remarquent pas
consciemment toutes ces formes linguistiques parce que le langage va trop vite pour traiter
chaque mot exactement. Des gens vont lire : « Il nous arrivera de ne pas servir à dîner. » «
Pas de dîner ! » Ça ne dit pas qu'il n'y aura pas de dîner. Si je dis : « Vous vous rendez
compte que vous êtes seul », cela ne veut pas dire que personne ne va venir plus tard. Mais le
fait de le dire l'implique.
Si je vous regarde et que je vous dis : « Vous êtes encore au premier rang ? » c'est juste
une question, mais le ton et l'emphase donnent quelques implications supplémentaires. «
Encore vous ? » « Est-ce que vous avez encore une question ? » Je n'insisterai jamais assez
sur l'importance de ce que nous appelons la « congruence » et « la force d'expression ». Ce
sera toujours une partie importante du contexte dans lequel le recadrage a lieu.
Le contexte physique aussi est très important. C'est très différent d'être dans le cabinet
d'un médecin et de voir le docteur vous regarder et sembler embarrassé que d'être à la
réception d'un hôtel et que le réceptionniste vous regarde de la même façon. Ce sont deux
expériences entièrement différentes, même s'il y a des similitudes entres les expériences
sensorielles. Je veux que vous ne perdiez pas de vue le contexte quand vous effectuez un
recadrage. Cela vous aidera à avoir l'impact recherché.
Le cadre que vous mettez autour du nouveau comportement que vous proposez aura lui
aussi un impact important sur la façon dont la personne va l'envisager. Une fois, à l'occasion
d'une démonstration, quelqu'un nous a amené une cliente « frigide ». C'était une maîtresse
d'école avec trois enfants. Son mari voulait sexuellement plus de choses que ce qu'elle était
capable de donner et elle-même était congruente quand elle disait en vouloir plus que ce
qu'elle avait été capable de donner.
J'ai rapidement établi le rapport et lui ai dit : « Alors, pensez à quelque chose de sexuel
que vous pouvez faire confortablement et facilement. Ne me dites pas de quoi il s'agit. » Les
légers mouvements de son corps alors qu'elle y pensait m'ont clairement montré quel était le
contenu, mais elle ne s'en est pas aperçue.
Puis je lui ai dit : « Et maintenant pensez à quelque chose qui se trouve juste à la limite
de ce qui est acceptable pour vous comme comportement sexuel. » Je lui ai demandé de se
représenter en train d'avoir un comportement sexuel pas tout à fait acceptable avec son mari :
quelque chose qui était un peu tentant et intéressant, qu'elle n'était pas certaine de pouvoir
réussir, mais qu'elle pensait pouvoir être un jour capable de faire. Je lui demandais ainsi de
s'imaginer faire quelque chose qui était juste à la limite de son modèle du monde.
Lorsque je lui ai demandé cela, j'ai obtenu une réponse polaire - une réaction
diamétralement opposée - intense. Elle ne voulait pas le faire. Il n'en était pas question. J'avais
l'impression que la partie d'elle qui objectait à ce genre de comportement avait peur qu'elle
essaye réellement et l'empêchait donc, ne serait-ce que d'envisager le faire.
Lorsque j'ai observé sa réponse polaire, j'ai changé mes propres comportements
analogiques et lui ai demandé de penser à une des activités sexuelles les plus outrancières
qu'elle puisse avoir avec son mari - quelque chose qu'elle était certaine de ne jamais jamais
avoir l'audace de faire réellement. Elle y est arrivé confortablement. Elle a accédé à sa
représentation et a eu une série de mouvements musculaires implicites.
Son thérapeute m'a plus tard raconté que, le lendemain, elle a envoyé ses enfants à
l'école et son mari au travail, en insistant pour que ce dernier revienne déjeuner. Quand il est
arrivé, elle était emballée de cellophane avec un grand ruban rouge - exactement le
comportement outrancier qu'elle n'aurait jamais envisagé d'avoir.
Si le nouveau comportement proposé est perçu comme rentrant dans le modèle de la
personne de ce qu'elle pourrait faire, elle ne va peut-être même pas l'envisager. Mais si on sort
suffisamment de son modèle, on obtient une dissociation qui lui permet de l'envisager.
Puisque le nouveau comportement est cadré comme étant complètement au-delà de ce que
cette femme envisagerait de faire, la partie qui objecte n'a pas d'objection à apporter et on peut
laisser cette femme y penser en toute sécurité. Le fait d'y penser lui a permis de contempler
pleinement ce que ça ferait d'avoir le nouveau comportement, installant par là-même les
programmes internes permettant de l'adopter plus tard. Cette action de contempler pleinement
le comportement dans son contexte est en fait un pont vers le futur - la même chose que la
cinquième étape du recadrage en six points.
HOMME : Pourquoi est-ce que la partie n'objecte pas au comportement pendant le pont
vers le futur ?
Cette partie-là objectait à ce que la femme envisage d'avoir le comportement, pas au
comportement lui-même. Une fois que la femme l'a effectivement envisagé, la partie n'a pas
objecté. Si une partie avait objecté, la femme n'aurait pas adopté ce comportement.
De nombreuses personnes se limitent en n'envisageant jamais certains comportements.
Si elles les envisageaient, elles les trouveraient souvent acceptables. Mais certaines parties
objectent à ce qu'elle envisagent le comportement. À partir de peu d'éléments, la partie fait
l'hypothèse que ce sera mal d'avoir le nouveau comportement ; elle peut aussi penser que si
vous envisagez un nouveau comportement, vous allez l'adopter.

Recadrages « positifs » et « négatifs »


Un des plus grands cadeaux que vous pouvez faire à vos clients est de leur apprendre à
faire la distinction entre envisager un comportement et l'avoir. S'ils y arrivent, ils peuvent
envisager pleinement ce que cela ferait d'avoir n'importe quel comportement. Tandis qu'ils
l'envisagent, ils peuvent découvrir de l'intérieur ce que ça donne et si ça vaut le coup de
l'adopter vraiment - par rapport à leurs valeurs et à leurs objectifs.
HOMME : Donc le recadrage - que ce soit pour une petite croyance ou un grand
présupposé - consiste simplement à prendre une inquiétude et la transformer en quelque chose
de positif.
Non. Faites attention avec les trucs « positifs ». Vous recadrez d'une façon utile, dans
certains contextes. Vous devez être vigilants avec ces notions de « positif-négatif ». C'est
positif d'être utile. Ceci est un recadrage, au passage.
Jusqu'à présent, nous avons parlé exclusivement de recadrer quelque chose de « mal »
en quelque chose de bien, et c'est souvent ainsi que c'est le plus utile en thérapie. Mais le
recadrage ne sert pas seulement à prendre des choses qui ont des connotations négatives et les
changer pour qu'elles aient des connotations positives. Il est parfois utile de recadrer dans
l'autre sens. Prenez l'exemple d'une personne qui croit vraiment en elle-même mais qui est
incompétente. Elle a besoin que sa confiance soit recadrée comme étant de la surconfiance.
J'ai vu Frank Farrelly faire un recadrage « négatif » intéressant. Pendant une conférence
au cours de laquelle je devais modéliser son comportement, il travaillait avec un homme qui,
grosso modo, disait qu'il ne pouvait rien tirer de sa femme. Frank, en pleine forme comme
d'habitude, harcelait l'homme à tel point que celui-ci ne pouvait plus suivre ce qu'il disait.

FRANK : Alors, est-ce que vous draguez les autres femmes ? Hein ?
HOMME : Ben, oui, parfois.
- Mais vous vous retrouvez avec votre femme et il ne se passe rien ?
- Ben, oui, je suis complètement tendu.
- Alors, où êtes-vous tendu ? Ceci est très important !
- Ben, vous savez, partout.
- Et quand vous êtes avec d'autres femmes, est-ce que vous vous êtes tendu partout ?
- Non, non. Vous savez, j'ai eu des tas d'interactions avec d'autres femmes et, heu...
- Des interactions ? Est-ce que c'est comme baiser ? (Frank est très raffiné.)
- Heu, ah... Oui.
- Votre femme est au courant ?
- Non.
- Et est-ce que votre femme a, elle aussi, des « interactions » ?
- Ben, heu, non.
- Comment le savez-vous ?
- Ben, vous savez, je sens que...
- Ah ! L'intensité de vos sentiments ne permet pas de tester ce qui fait partie de la réalité
!

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