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LA PAPAUTÉ
ET LES MISSIONS D’ORIENT
AU MOYEN ÂGE
(Xllle-XVe siècles)
JEAN RICHARD
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Jean Richard
í
IS S N 0223-5099 j
IS B N 2-7283-0519-6
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COLLECTION DE LÊCOLE FRANÇAISE DE ROME
33
Jean R1CHARD
LA PAPAUTÉ
ET LES MISSIONS D'ORIENT
AU MOYEN AGE
(XIIIe-XVe siècles)
Deuxième édition
augmentée d'une postface
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École française de Rome - 1998
ISSN 0223-5099
ISBN 2-7283-0519-6
D1FFUS10N DE BOCCARD
11 RUE DE MÉDICIS
75006 PARIS
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AVANT-PROPOS
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AVANT PROPOS
VI
zola sur 1’image que les Occidentaux se sont faite des chrétiens orientaux
ou des Mongols, se sont ajoutés aux ceuvres posthumes de Pelliot, désor-
mais accessibles, pour nous donner une vision plus précise de ces relations.
L e t u d e des missions médiévales nest pas chose nouvelle. Depuis q u e n
1741 Mosheim publa son Historia Tartarorum ecclesiastica qui utilisait large-
ment les documents d'origine pontificale déja mis en ceuvre par Rinaldi
dans les Annales ecclesiastici, les efforts des religieux latins p ou r converlir
les Mongols et les peuples qui leur étaient soumís ont retenu I attention. Ce
chapitre de 1’histoire missionnaire figure aussí bien dans 1 H isloire générale
des missions catholiques depuis le X IH e siècle jusqua nos jou rs (1846) du
baron Henrion ou dans la Storia universale delle m issioni francescune du
P. Marcellino da Civezza, dont la parution s étala de 1857 a 1883 que dans
YHistoire universelle des missions catholiques de iMgr S. Delacroix (1957) et
dans les ouvrages similaires. Quant aux monographies et articles scientifi-
ques, ils sont légion; ceux de Moule ( Chrislians in China) ou de Pelliot
( Chrétiens d'Asie centrale et d'Extréme O rient) ont faít dale; mais la consulta*
tion de notre bibliographie, que nous avons cependant voulu succincte,
dira aisément 1’abondance de tels travaux.
C ’est dans le cadre de chacun des deux grands ordres religieux qui ont
assumé au Moyen-Age 1'essentiel de la táche missionnaire que se sont réali-
sés la plupart de ces travaux. Deux noms, ceux du P. G irolam o Golubovich,
auteur de la monumentale Biblioteca bio-bibliografica delia Terra Santa e
d eliO rien te francescano, et du P. Raymond-J. Loenertz auquel nous devons
La Société des Frères Pérégrinants. Elude sur 1'Orient dom inicain, suffiraient
à attester que, du côté de chaque ordre, 1'enquéte a été m enée pratiqiie*
ment à son terme, s'il ne fallait y joindre celui du P. Van den Oudenrijn,
incomparable connaisseur de l’Arménie au temps des Freres Uniteurs.
II nous appartenait, nous a-t-il semblé, de prendre le t u d e des missions
par un autre aspect. Dominicains et Franciscains se sont partagé les efforts
à accomplir dans le domaine de lapostolati mais derricre les deux grands
ordres se discerne 1’action d u n organisme fédérateur qui nest autre que la
Papauté. L ’intervention de celle-ci se manifeste a chaque instant, de telle
sorte que les registres de la chancellerie pontificale sont notre principale
source documentaire; et c est la Papaulé qui. par la création d un épiscopal
missionnaire comme par len v oi d a m b a ss a d e u rs ou de commissaircs
s efforce de donner à la táche d évangclisation a la foi.s son a m p le u r et sa
permanence.
Que ce soit la Papauté du X III- siècle, alfrontée au * redoutables pro-
blemes de I Union des Eglises - dans le climat p ropre a u * Etals nés des
Cro.sades - et de la menace mongole, puis m am elúke; la Papauté avignon-
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AVANT-PROPOS VII
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j AVANT-PROPOS
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AVANTTROPOS IX
Brincken, de 1’aide qu’ils nous ont apportée et de 1’intérêt qu’ils onl témoi-
gné à ce travail. Et nous aurions aimé pouvoir apporter avec 1’hommagc dc
ce livre notre gratitude au P. Loenertz, qui avait suivi nos recherches depuis
le début en nous faisant profiter de sa grande connaissance de leur objct,
mais que la mort nous a enlevé le jour mème ou nous remettions ce
volume en vue de son impression.
Un grand merci aussi à notre ami Jean Glénisson et à 1'Institut de
Recherche et d’Histoire des Textes qui ont tant facilité la réalisation de ce
volume aux dernières heures de son élaboration. A l’Ecole française dc
Rome et à son Directeur, M. Vallet, nous voudrions exprimer aussi toute
notre gratitude. C’est grâce à notre séjour au Palais Farnèse, auprès des col-
lections vaticanes, que nous avons pu entreprendre ce travail; c’est à
1Ecole que nous avons trouvé un appui toujours très secourable; c’est dans
les Mélanges d'archéologie et d'histoire qu'ont paru les premiers des élé-
ments détachés qui se sont égrénés tout au long de la préparation de ce
livre; c’est dans ses collections que 1’Ecole veut bien accueillir celui-ci
après sa longue gestation. Puisse-t-il, en se révélant utile aux historiens, jus-
tifier toute 1'aide que son auteur a rencontrée!
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SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
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XII SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
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SOURCES ET BIBUOGRAPHIE XI I I
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XIV S0URCE8 HT IIIIII.KKJKAPHIE
avons plus d une fois cites et dont la description s’est trouvée de ce fait plus
ou moins fortement raccourclc*. II nous laut dailleu rs preciser qu'il nous
est arrivé de renvoyer à des truvaux, ct notamment à des publications de
textes, qui peuvent apparaitre comme dépassés par dautres, plus récents.
Nous avons été ici handicapé non seulement par letalement de la gestation
de ce travail sur presque trente ans, mais par l'é!oignement oú nous nous
trouvions par rapport à des bibliothòqucs bien dotees en ouvrages de ce
g e n r e 1.
Cette liste bibliographique ne fail pas le départ entre les sources que
nous avons utilisées - pour la plupart, nous l'avons dit, imprimées - et la
littérature historique. Ce n’est pas que nous ayons fait nôtres les thèses de
certains historiens qui récusenl cette distinction; mais c'est que, dans le
dom aine dont il s’agit, très nombreuses sont les publications qui associent
1 edition d u n texte ou d'un documcnl à une étude historique: que 1’on
pense à la B ib lioteca biobibliofirafica de Golubovich! Et que bien des tra-
vaux se présentent comme des éclaircissements apportés à des éditions de
textes, à la façon des Recherches de Pelliot. II aurait faliu citer sous la rubri
que « S o u r c e s » trop d’ceuvres que l'on aurait retrouvées sous la rubrique
« B ib lio g ra p h ie ». Aussi notre propos a été de facililer 1'identification des
ouvrages cités, en espérant que le fait d ’avoir mélé publications de textes et
études consacrées soit à ces textes, soit aux questions soulevées par 1’his-
toire des missions, ne rcndra pas plus malaiséc 1’orientation de ceux qui
voudront utiliser cette liste pour dirigcr leurs propres dépouillements2.
1 Une q u estion p a rtic u liè rem en t dólicute ac pose à q u icon q u e tra va ille à ch eva l sur plu-
sieu rs d o m a in e s lingu istiqu es relcvant de ro rie n la lis m e : c e lle des tran scription s et de 1’usage
des signes diacritiqu es. N ous uvons ch erch é à suivre 1'usage g òn éra lem en t suivi par les mon-
g o lisa n ts français en ce qui co n ce rn e les nom s m ongols, sauf à rem p la ce r le y par gh; de
m ê m e en c e qu i co n c e rn e les nom s persans, la c c e n l c irc o n fle x e se su bslitu e au L e m p lo i
d e fo rm e s tra d itio n n e lle m e n t reçues dans n otre langue p ou r des n om s géograph iqu es, tel
ce lu i d e Djagatai, ne d e vra pas su rpren dre. M ais nous plaidons à l a van ce co u p a b le pou r un
pa rti-p ris d e sim p lifica tio n .
2 En c e qu i co n c e rn e les le tire s d in d u lg e n c e c o lle c liv e s , nous avons pu sim p lifier nos
ré fé re n c e s , en raison d e l'existen ce de la r t lc le du P. D elahaye cité plus haut.
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LISTE DES OUVRAGES CITÉS
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XVI LISTE DES OUVRAGES CITfcS
B a r Hebraeus, G reg orii Abulpharagii sive Bar Hebraei ch ron ico n syriacum,
éd. et trad. Kirsch. Lcipzig, 1739 (nous avons utilisé cctte cdition par
commodité au lieu de The Chronography o f A bu'l F a ra d j. .. Bar
Hebraeus, éd. et trad. E. A. Wallis Budge, Oxford, 1932, 2 vol.).
G re g o rii Bar H ebraei ch ro n ico n ecclesiasticum, éd. et trad. Abbeloos ct
Lamy. Paris et Louvain, 1872-1877, 2 vol. en 3 tomes.
Barbaro (Josafa) et Contarini (Ambrogio), Traveis to Tana and Persia, transi,
by W. Thomas and S. A. Roy, and ed. by Lord Stanley of Alderley. Lon
dres 1873 (Hakluyt Society).
Bautier (Robert), Les relations économ iques des O ccidentaux avec les pays
d'O rient au M oyen Age. Points de vue et documents, dans Sociétés et com-
pagnies de com m erce en O rient et dans l'Océan /ndien, Paris, 1970
(Bibliothèque générale de l'Ecole pratique des Hautes Etudes), p. 263
331.
Bergeron (Pierre), Voyages faits principalem ent en Asie dans les X l l e, X III*,
X I V e et X V e siècles. La Haye, 1735, 12 parties en 2 vol.
Beumann : voir Heidenmissionen.
Bezzola (Gian-Andri), Die M ongolen in Abendlandischer Sicht (1220-1270).
E in Beitrag zur Frage der Võlkerbegegnungen. Berne et Munich, 1974.
Bihl (M.) et Moule (A.C.), De duabus epistolis Fratrum M in o ru m Tartariae
Aquilonaris, dans A rchivum franciscanum historicum , XVI, 1923, p. 89
112.
-, Tria nova docum enta de missionibus FF.MM. Tartariae Aquilonaris, Ibidem,
XVII, 1924, p. 55-71.
Blanke (Fritz), Die M oham m edanerm ission im M ittelalter, dans M issionspro-
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Bongars (Jacques), Gesta Dei per Francos sive orien ta liu m expeditionum et
regni Fran coru m H ierosolym itani historia a variis sed illiu s aevi scripto-
ribus litteris commendata. Hanovre 1611.
Boyle (J. A.), The ll-K h a n s o f Persia and the princes o f Europe, dans Central
Asiatic Journal, XX, 1976, p. 25-40.
Bratianu (Georges), Actes des notaires gênois de Péra et de Caffa. Bucarest,
1927.
La m er N o ire des origines à la conquête ottomane. Munich, 1969 (Societas
acadêmica dacoromana. Acta histórica, IX).
Recherches sur le com m erce gênois dans la M er N o ire au X I I I e siècle. Paris,
1929.
Bréhier (Louis), L'Eglise et 1'Orient au Moyen-Age. Les Croisades. 5C éd., Paris
1928.
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LISTE DES OUVRAGES C1TÊS XVII
4 vol.).
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X V III LISTE DES OUVRAGES CITÊS
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LISTE DES OlATUGES CITES XIX
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XX liste d e s o u v r a g e s c it ê s
Gay (J.), L e pape Clém ent V I et les affaires d O rie n t (1342-1352). Paris, 1904.
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m ents Arm éniens, II. •
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E pistola syria D y on isii episcopi Taurisiensis, dans Archiv. franctsc. hist.,
X IX , 1926, p. 351-352. , , _
Grégoire d'Akanc, H istory o f the nation o f the archers, éd. Black et Frye, dans
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Grousset (René), L E m p ir e des steppes. Paris, 1939.
H is to ire des Croisades et du royaume franc de Jérusalem. Pans, 1934-1 ,
3 vol. ,
Guillaum e Adam, De m od o Saracenos extirpandi, éd. Ch. Kohler, dans
R e c u e il des H istorien s des Croisades. D ocum ents arm éniens, II.
Guillaum e de Rubrouck : voir Van den Wyngaert, S in ica franciscana.
Guillaum e de Tripoli, Tractatus de statu S a ra cen oru m et de M a h om e to pseu-
doprop heta et de eo ru m lege et fide, éd. H. Prutz, dans K u ltu rg e sch k h te
d er Kreuzzüge, p. 573-598.
Guillaum e de Tyr, H istoria reru m in partibus transm arinis gestarum, dans
R e c u e il des H istoriens des Croisades. H istoriens occid entau x, I, 1 et 2.
Guzman (G regory G.), S im o n o f S a in t-Q uentin and the D o m in ic a n m ission to
the M o n g o l B a iju : a reappraisal, dans Speculum , X LV I, 1971, p. 232-249.
Halecki (Oscar), D ip lom a tie p on tifica le et a ctivité m issio n n a ire en Asie aux
X I I I e-XrVe siècles, dans C om itê In tern a tion a l des sciences historiques.
X I I e Congrès. V ienne 1965. Rapports, II, H is to ire des continents, p. 5-32.
Sixte IV et la ch rétien té orientale, dans M élanges E u g èn e Tisserant, Cité du
Vatican, 1964, II, p. 245 et suiv. (Studi e testi, 232).
H a llb e rg (Ivar), L 'E x trê m e -O rie n t dans la litté ra tu re et la cartogra p h ie de
VO ccident des X l I I e, X I V e et X V * siècles. Goteborg, 1907.
Ham bis (Louis), Les cim etières de la rég ion de Zaiton, dans Comptes-rendus
de 1'Académie des In s c rip tio n s et Belles-Lettres, 1960, p. 213-221.
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LISTE DES OUVRAGES CITES XXI
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xxrv LISTE DES OUVRAGES CITÊS
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LISTE DES OUVRAGES CITÊS XXV
Mathieu Paris, Chronica tnajora, ed. Luard. Londres, 1872-1873, 7 vol. (le
vol. VI comprenant les Additamenta) (Rerum britannicarum medii aevi
scriptores). Abrégé : Matth. Paris.
Mayer (Hans-Eb.), Bibliographie zur Geschichte der Kreuzziige. Hanovre,
1960 (la partie consacrée plus spécialement à 1'histoire des missions:
p. 190-193).
Mecerian (Jean), Histoire et institutions de 1'Eglise arrnénienne. Bcyrouth,
1965 (Recherches publiées sous la direction de l'Institut des Lettres
Orientales, XXX).
Mercati (Angelo), Monumenta Vaticana veterem diocesim Colutnbensem (Qui-
lon) et ejusdem episcopum Jordanum Catalanum O. P. respicientia. Rome,
1923.
M .G .H .: M onum enta Germaniae histórica.
Michel le Syrien, Chronique, éd. et trad. J.-B. Chabot. Paris, 1899-1904, 4 vol.
en 5 fase.
Migne (J.-P.), Patrologiae cursus completus. Series latina. Paris, 1841-1864,
221 vol. Abrégé Patr. Lat.
Id. Series graeca. Paris, 1857-1876, 167 vol. Abrégé Patr. Gr.
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XXVI LISTE DES OUVRAGES C1TÊS
Mostaert (A.) et Cleaves (F.W.), T rois docum ents m on gols des archives secrè-
tes vaticanes, dans H arvard Journal o f A sialic studies, XV, 1952, p. 419
506.
Moule (A.C.), Christians in China before the year 1550. Londres, 1930.
-, voir Marco Polo.
Papal L e tte rs : Calendars o f entries in the Papal Registers rela tin g to Great Bri-
tain and Ire la n d Papal Letter, éd. W.H. Bliss, C. Johnson, J.A. Twen-
l o w . .. Londres, 1893 et suiv.
Patr. G r. ; Patr. Lat. : voir Migne.
Pellegrini (L.), Le m issioni francescane sotto Alessandro I V (1254-1261), dans
Studi francescani, 64e année, 1967, p. 91-118.
Pelliot (Paul). A prop os des Comans, dans Jou rn a l Asiatique, 1920, p. 125-185.
Chrétiens d ’Asie centrale et d'Extrêm e-O rient, dans T o u n g pao, XV, 1914,
p. 623-644.
M élanges sur 1'histoire des Croisades, dans M ém oires de fA c a d é m ie des lns-
crip ú on s e, Belles-Lettrcs, XLIV, 1. 1960. p. 1-97. (tirage à part, Paris,
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LISTE DES OUVRAGES CITÊS XXVII
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X X VIII LISTE DES OUVRAGES CITÊS
(Raym ond Etienne), D ire c to riu m ad passagium faciendum , ed. Ch. Kohler,
dans R e cu e il des historien s des Croisades. D o cu m en ts Arm éniens, II.
Autrefois attribué à Burchard de Mont-Sion, ce texte est souvent
appelé le Pseudo-Brocardus.
Raynaldus (O.), Annales ecclesiastici ab a n n o 1198, ed. J. D. Mansi, Lucques,
1747-1756, 15 vol.
R e c u e il des H istoriens des Croisades, publié par 1Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres. Paris, 1841-1906. Les différentes séries citées sont
abrégées Doc. Arni. ( D ocum ents Arm éniens, 2 vol., 1869 et 1906), Hist.
Occ. ( H istoriens Occidentaux, 5 vol. en 6 tomes, 1872-1895).
Regestum Clem entis papae V, édition des Bénédictins. Rome, 1885-1892, 8
vol., et index, Rome, 1946.
Reg. (avec le nom du pape) renvoie soit aux Registres et Lettres des Papes,
quel que soit le titre du volume, soit à 1'ouvrage précédent, soit à celui
de Pressuti.
Registres et Lettres des Papes du X I I I e siècle (Bibliothèque des Ecoles fran-
çaises d'Athènes et de R o m e ) : Les registres de G ré g o ire I X (L. Auvray);
- In n o c e n t I V (E. Berger); - Alexandre TV (Bourel de la Roncière, de
Loye, de Cenival, Coulon) - Urbain I V (J. Guiraud et S. Clémencet); -
Clém ent I V (E. Jordan); - G régoire X et Jean XXI (J. Guiraud et
L. Cadier); - N icolas I I I (J. Gay et S. Vitte); - M a rtin I V (F. Olivier-Mar-
tin et al.); - H on oriu s IV (M. Prou); - N icola s I V (E. Langlois); - Boni-
face V I I I (G. Digard, M. Faucon, A. Thomas, R. Fawtier); - B enoit X I
(C. Grandjean).
Registres et Lettres des Papes du X IV e siècle. Nous avons eu recours dans
cette série, également publiée par l’École française de Rome, à : Jean
X X II. Lettres com m unes, éd. G. Mollat et G. de Lesquen; B e n oit X II. Let
tres com m unes, éd. J.-M. Vidal; B en oit X II. Lettres closes et patentes, éd.
J.-M. Vidal et G. Mollat; Clém ent VI. Lettres c lo s e s . . . intéressant les
pays autres que la France, éd. E. Déprez et G. Mollat; In n o c e n t VI. Let
tres secrètes et curiales, éd. P. Gasnault et M.-H. Laurent; Les registres
d V rb a in V, éd. M. Dubrulle; Lettres com m unes d ’. . . Urbain V, éd.
Membres de l'Ecole et M.-H. Laurent, P. Gasnault et M. Hayez; Lettres
secrètes et curiales d e . . . G rég oire X I . . . , é d. G. Mollat.
Reichert (B.), Acta ca p itu lo ru m generaliu m ord in is praedicatorum , 3 vol.
(Monumenta ordinis praed. hist., III, IV et VIII).
Litterae encyclicae m agistrorum gen era liu m o rd in is p ra ed ica toru m (1233
1376). Stuttgart, 1900 (Monumenta ordinis praed. histórica, V).
Remusat (Abel), M ém oires sur les relations p olitiq u es des p rin ces chrétiens, et
particuherem ent des rois de France, avec les em pereurs m ongols, dans
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LISTE DES OUVRAGES CITÊS XXIX
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X XX LISTE DES OUVRAGES CITfiS
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I IM I IM.H (MA M Mil *< « III"» XXXI
S ic a ^ - id ^ ^
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X X X II LISTE DES OUVRAGES CITÊS
Tamarati (M.), L E g lis e géorgienn e des orig in es jusqu a nos jours. Rome, 1910.
Tekeyan (Pascal), Controverses ch ristolog iq u es en A rm én o -C ilicie dans la
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E. R. Hambye, S. J. Londres, N e w York et Toronto, 1957.
-, La légation en O rie n t du franciscain D orniniqu e d ’Aragon (1245-1247), dans
R evue de 1’O rie n t chrétien, XXIV, 1924, p. 336-355.
- E glise N estorienne, dans D ictio n n a ire de T h éologie catholique, XI, 1.
col. 157-323.
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LISTE DES OUVRAGES CITÈS XXXIII
Une lettre de l'Il-k h a n de Perse Abaga adressée en 126H au pape Clènu-m IV,
dans Mélanges Lefort ( M uséon, 1946, p. 547-556).
Tournebize (H.-Fr.), Arménie, dans D iction n a ire d'histoire et dr géogruphir
écclésiastiques, IV, col. 290-391.
Les Frères-Uniteurs, dans Revue de iO rie n t chrétien, XXII, 1921 1922,
p. 145-161 et 249-279.
-, H istoire p olitiq u e et religieuse de iA rm énie, I (seul paru). Paus, 1900
Trasselli (Carmelo), S u gli E u rop ei in Armênia. A proposito di un p rivileg io
trecentesco e di una novella dei Boccaccio, dans A rch ivio storico nahuno,
CX X II, 1964, p. 471-491.
Un italiano in E tiópia nel X V a s e c o lo : Pietro R om bulo di Messma, dans
Rassegna di studi etiopici, I, 2, 1941, p. 172-202.
Troll (Christian W.), Die Chinamission im Mittelalter, dans Franznkanisitu-
Studien, XLVII, 1966, p. 109-150, et XLIX, 1967, p. 22-79
Van den Oudenrijn (M.-A.), Bishops and archbishops o f Naxivan, dans Ari hi
vum fratrum praed., VI, 1936, p. 161-216.
Les constitu tions des Frères Arméniens de Saint Basile en Italie, Rorne,
1940 (Orientalia christiana analecta, 126).
L'évêque d om inicain fr. Barthélemy, fondateur supposé d u n couvent dans Ir
Tigré au 14e siècle, dans Rassegna di studi etiopici, V, 1946, p. 7-16
Linguae haicanae scriptores O.P. congregationis Fratrum U nitorum et I ra
trum A rm enorum ordinis sancti Basilii citra mare consistentium, Bcrnc,
1960.
- The monastery o f Aparan and the Armenian w riter fra MxitariL, dans Arcln
vum fratrum praed, I, 1931, p. 265-308.
Le « S o u r P e tro s i», vade-mecum p ou r les missions asiatiques du X IV e siècle,
dans Neue Zeitschrift filr Missionswissenschaft, I, 1945, p. 161-168.
- Uniteurs et D o m i n i c a i n s d'Arménie, dans Oriens christianus, XL, 1956,
’ p. 94-112; XLII, 1958, p. 110-133; XLIII, 1959, p. 110-119.
voir aussi p. 217, n. 199.
Van den Wyngaert (Anastase), Jean de M ontcorvin, O.F M., prem ier archevé-
que d e Khanbaliq. 1247-1328. Lille, 1924 (repris de I m France francis-
caine, VI, 1923, p. 135 et suiv.).
M éthode dapostolat des missionnaires du X I I I e au X V I e siècle en Chine,
dans La France franciscaine, XI, 1928, p. 163-178.
- Sinica franciscana, I, Itinera et relationes fratrum m in oru m saec. X I I I et
X IV . Quaracchi, 1929. Abrégé: Sinica franciscana.
Van der Vat (Odulphus), Die Anfange der Franziskanermissionen und ilire
W eiterentw icklung im nahen O rient und in den mohammedanischen iMn-
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XXXIV LISTE nHS OlIVRACiHS CITfcS
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INTRODUCTION
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La mission, c est-à-dire 1’évangélisation des peuples vivant en dehors de
la Chrétienté, était sans doute familière aux esprits des Occidentaux dês la
fin du X IC siècle. Mais elle se présentait surtout sous un aspect historique.
La conquête au christianisme de 1’Angleterre remontait au VIe siècle, celle
des pays frisons et saxons au VIIIe; aux X c et XIe siècles, la Pologne, la
Bohème, la Hongrie, la Scandinavie, avaient à leur tour embrassé le chris
tianisme. Le problème missionnaire du XIIe siècle se réduisait à peu près à
1évangélisation des Slaves du bassin de 1'Elbe et de 1'Oder (pris entre
d autres Slaves déjà christianisés, ceux de la Bohême, des Carpathes et de
la Vistule, et les Germains arrêtés sur l’Elbe), des Suédois déjà touchés par
le christianisme, de leurs voisins finnois.
Au sud, les questions missionnaires se présentaient différemment. Le
bloc des pays soumis à l'influence byzantine, de la Russie à la Syrie du
Nord, relevait en principe de 1'Eglise grecque, qui était regardée par les
Latins comme une branche de leur propre Eglise, séparée de celle-ci par
des différends qui paraissaient pouvoir être aplanis par les voies diplomati-
ques - voire, comme on le vit lorsque le tsar des Valaques et des Bulgares,
Kalojean, envisagea de se soumettre à l’Eglise de Rome, par des manceuvres
politiques -. «O u tre mer», les Latins avaient implanté à partir de 1097 leurs
colonies, 011 les éléments venus d'Occident coexistaient avec des éléments
chrétiens de divers rites, tout en bordant les états soumis aux «Sarrasins»,
les Musulmans, mais peuplés eux-aussi de nombreux chrétiens. Ici, il sagis-
sait pour une part de ressortissants de 1'Eglise grecque - ceux qu’on appe-
lait Melkites ou Syriens mais pour une autre part de chrétiens séparés à
la fois des Grecs et des Latins par leur refus d adhérer à la foi définie par le
concile de Chalcédoine1.
1 Cf. Anna-D orothee von den Brincken, Die • Nationes chrislia noru m orie n ta liu m • im Ver-
stündnis der taleinischen Historiographie, von der Mitle des 12. bis in die zweite Halfte des
14. Jhdts.. Kòln, 1973 (K ó ln e r historische Abhandlungen, 22).
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4 INTKODircnON
J Parm i les peuples finnois, les Esthoniens avaient reçu (très su p erficiellem en t) le chris
tianism c des Danois à la fin du X I* siècle; les Tchou des de Finlande. des Suédois, eux mêm
o ffic ie lle m e n t co n vertis par saint Eric au m ilicu du X II* siecle. ,
J Heidenm issionem und Kreuzzugsgedanke in der deutschen Ostpolitik des Mittelallers. gg
H. Beum ann, Darmstadt, 1963 (W e g e d e r Forschung. 7); E bcrhard Schm idt, Die Mcirk '
denburg unter den Askaniem (1134-1320), K óln, 1973, p. 28-37 (M itteld eu tsch e Forschunge .
71).
4 Ed. H agenm eyer, dans Archives de 1'Orient latin, t I, p. 181-183.
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CEUVRE MISSIONNAIRE AU XII» S. ET DÊF1NITION D UNE DOCTRINE 5
• C ette solution avait déjà été retenue au X II* siècle dans le rovaum e de Jérusalem : elle
tut éten du e a celu i de C hypre en 1213 ( Fontes . . . ad redigendum codicem juris canontct o rie n
ta/is, t III, n° 108, p. 147; Mas-Latrie, Histoire de l'(le de Chypre, t. III, p. 622). L a rc h ev êq u e de
Gaza et E leu th eropolis, associé en 1173 au clergé grec du Saint-Sépulcre, n eta it-il pas le
vicaire p ou r les G recs du palriarche latin de Jérusalem (D elaville le Roulx, Archives de 1’O rient
lalin I p 413)? Au X III* siècle, cette situation parait norm ale : c e s t seulem ent parce qu 'il n'y
a pas d e v èq u e g rec ou arm énien pour son diocese que le v è q u e de V alénie reçoit ju rid iction
sur les églises greequ es et arm éniennes, en 1224 ( Fontes. III, p. 178; Pressuti, n° 5388). Sur
M a b o r a t io n de cette d o ctrin e canonique, cf. J. A. Brundage, The decretalists and the Greek
C hurch o f South tialy. dans La Chiesa greca in Italia d a llV U I al X V I secolo, Padoue, 1973,
p. 1077 ( Italia sacra. 20-22).
‘ Cf. G eo rg e Hill. A history o f Cyprus. I, C am bridge, 1949, p. 305.
7 G. Dum czil, Vne chrétienté dispa rue: les Albaniens du Caucase. dans Journal Asiatique.
CCXXXII , 1940, p. 125 et suiv. , . . . _ . ..
• Le copte, d a illeu rs, connait un reeul très net devant 1arabe : le patnarche G abriel
(1 131-1146) dut íaire tradu ire en arabe le rituel et les livres saints pour les ren d re accessibles
aux fid eles (M ic h el le Syrien, Chronique, trad. Chabot, III, 235). Le reeul du syriaque (ara-
m éen ) est parallèle.
• Celui-ci devait su rvivre ju squ au X IV « siècle; il disparait vers 1330 (U go M onneret de
V illard Storia delia Nubia cristiana, Rom e, 1938). Mais on sait que les décou vertes archéolog.-
qu e* récen tcs ont révélé une survie de la ch rétienté nubienne qui atteint le X V I« siècle.
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6 INTRODUCTION
IU Sur la diffu sion du christianism e m édiéval, cf. 1’ou vrage déjà cité de M elle Von den
B nncken, et les trois articles de J. Dauvillier, Les p rovin ces chaldéennes «d e 1'Extérieur» au
Muven-Age, dans Mélanges F. Cavallera, Toulouse, 1948, p. 261-316; Byzantins dAsie centrale et
d Extrém e-O rient. dans Revue des études byzantines, XI, 1953, p. 62-87; Lexpansion de leglise
syrien ne en Asie centrale et en Extrênie-Orient, dans L'O rien t syrien, I, 1956, p. 76-87,
" J. Richard, L E xtrèm e-O nent légendaire au M oyen-A ge: R o i David et Prètre Jean, dans
Annales d E thiopie, II. 1957. p 225-242; A.-D. Von den Brincken, D ie * N a tiones», p. 382-419;
cf. aussi Louis Hambis, La legende du Prètre Jean, dans La T o u r Saint-Jacques, 8, janvier-
fé v rie r 1957, p. 31-46; C.-F. Beckingham , The Achievements o f Prester John, an inaugural lec-
ture . . . , S chool o f O riental and A frican Studies, Londres, 1966.
12 Sur la dotation du Saint-Sépulcre en G éorgie, cf. Sim on d e Saint Quentin, Histoire des
Tartares, ed. J. Richard. Paris, 1965, p. 57-58.
11 Privilège de Célestin III (1195), dans Cartulaire de leg lise du Saint-Sépulcre de Jérusa-
lent, éd. E. de Rozière, Paris, 1849, p. 237.
14 J.-M. Fiey. Le pelennage des Nestoriens et Jacobites à Jérusaletn, dans Cahiers de civüisa-
tion m édiivale. X II, 1969, p. 113-126.
1' Enrico Cerulli, E tiopi in Palestina. Storia delia cotnunità etiopica di G eru sa len n n e, R o m a .
1943-1946. 2 vol
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CEUVRE MISSIONNAIRE AU XII* S ET DÊF1NITION D UNE DOCTRINE 7
•® Le voya ge de la rc h ev êq u e Jean - s‘il sa p p ela it ainsi - est attesté par une lettre d E u d e s
de Saint-R ém y de R eim s à Thom as de M arle ( Patr. Lat., 172, c. 1331-1334); il reste três obscur.
On cite ensuite une am bassade dont aurait fait partie un certain clerc Elysée. Par contre, une
am bassade sans dou te venue d ’Ethiopie, aurait réellem en t atteint R om e sous A lexandre III.
Cf. Z a m c k e, D e r Priester Johannes, dans Abhandl. der Kgt. Sachs. Gesellschafi, X V II, 1879,
p. 827-1030, et X IX , 1880, p. 122 et suiv. II faut ajouter à ces sources d ’in form a tion la fam euse
« L e t t r e du P rètre Jean à 1’em p ereu r Manuel C o m n èn e». Sur tout cela, une b ib lio g ra p h ie
c o m m o d e est rassem b lée dans le livre déjà cité de M elle V on den B rincken, Die « Natio-
n e s » . . . , p. 382-392.
17 C eiui-ci dresse un siatus des res humanae, à la date d e 1172, oü il en visage Tattitude
en vers le ch ristian ism e des souverains du m onde en tier (M G H, SS, X X V I, 84). Cf. A.-D. V on
den B rincken, op. c it , p. 424.
'* Oriens totus ultra mare usque in tndiam et E thiopiam nom en Christi con fitetu r et praedicat
(Peregrin a tores m edii aevi quatuor, ed. Laurent, p. 90). O liv ie r de P a d erb orn pense aussi que
les ch rétien s fo rm en t la m ajo rité de la popu lation des Etats musulmans.
'* Sur le ch am bellan B audouin, qui essaya d e m p o is o n n e r son m aitre en 1111, cf. n otre
Royaum e latin de Jérusalem, p. 123. B oh ém o n d aussi sert d e parrain à un Tu rc qui prend son
nom (R. H. C , H is t Occ., IV, p. 382); C o d e fr o y de B ou illon instruit de la fo i ch rétien n e
1’ancien g o u v e m e u r de Ram la, qui servait co m m e au xiliaire dans son arm ée, et qui reçoit le
b a p tcm e Ubid.. p. 491-493); un espion du sultan dc N icée, d écou vert. et craignant pou r sa vie,
su pp lie les C roisés d e lui c o n fé re r le b a p lê m e et finit par le re c e v o ir ( Ib id ., p. 312). R aym ond
d A gu ilcrs aussi signale, au m om cn t du siège cTArcas : baptizabantur etiam a liq u i S arra cenoru m
tim o re et zelo nostre legis (L e • L ib e r » de R aym ond d'Aguilers, éd. J. et L. H ill, dans Doc. relatifs
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8 INTRODUCTION
à ihist. des Croisades. 9. Pans, 1969, p 112). Et Fou cher de C hartres parle de Latins qui epou-
sent des Sarrasines baptisees. Sur les Turcoples, cf. notre Royaume latin, p. 129 : nous ne pen-
sons pas q u il sagisse de metis, com m e on la d m e t souvent, mais bien d e Musulmans bapti-
ses.
10 En dehors de la lettre au sultan de Konya citée à la note suivante, cf. Aubri de Trois-
Fontaines. Chrom con. ed. S ch effer Boichorst (M G H. SS. X X III, p. 859), d apres Cuv de Bazo-
ches. sous Ia date de 1186 : Jn partibiis transm annis p o p u li qu i d icu n tu r Hassacinus numeras
esse L X m ilibus am phor p e rh ib e tu r. . . Contigit diebus nostris qu od m agistrum sibi prefeceruni
per quem msntuta M a h u m eth . . . relinquerunt. E t cum votis ardentibu.s appeterent suscipere
legem Christi petunt a rege /erosohmitano Balduino IV. regis A m a in e i filto, ut remissis I I mili-
bus au reorum quos quasi pro tributo quidam suorum solvebant fratribus Tetnpli, cotiferretur eis
ecclesiastici gratia sacramentv Le m eurtre de leur en voyé par des Tem p liers, et la mort de
Baudouin ÍV, auraient em pèché la conversion en masse des Ism ailiens (d e S y rie) au christia
rnsme. G uillaum e de Tyr, qui est la source de cette inform ation, ra p p orte ces evénements à
la n n e e 1173. mais est aussi a ffirm a tif sur la con version en visagée (liv r e X X , chap 28-29).
A m o ld i Chronica Slavorum , dans M G H , SS, X X I, p. 116-125. - M athieu Paris affirme
bien qu A lexandre III aurait en voyé, à la dem ande du sultan de Konya, un exposé dc la foi
cath oliqu e a 1'intention de ce dernier, lequel se serait co n ve rti ensuite secrètem ent. par
crainte des Turcs (C hronica nna,ora, éd. Luard, II. p. 250). Mais la lettre dont il donne le lexte,
sous la date de 1169, ém ane probabiem en t d A lexandre IV (1254-1261) et non d Alexandre IU
(1159-1181). Cf. infra, p. 46. n. 114.
“ H ec chn stia n oru m diversuates per totum Asiam Sarracem s sunt permixte, ne gens illa pér
fida per ignorantiam se valeat excusare ( Historia Damiatina, éd. H o o g e w e g. p. 267. dans Schnf-
ten des K o ln e r D om schola sticu s. . . Oliverus, Stuttgarl. 1894). L idée selon laquelle on rencon-
tr.ut partout des chrétiens dans le m onde habité, ce qui dispensait les Latins de prendre en
ih a rg e la con version des iniideles, idee qui repose sur la m econnaissance de 1’étenduc du
m onde, est Lourante au XIJ- siècle : cf. la these d a ctylograp h iée d e M g. P Derumaux. Saint
Bernard et le salut des infideles. Paris, Faculté d e Theologu- de 1’Institut catholique. 1943. I
p 217,
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CEUVRE MISSIONNAIRE AU XII* S ET DÊFINIT10N D UNE DOCTRINE 9
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^ 1
10 INTRODUCTION
leur importance; mais ils n etaient présents dans les Etats nés des Croisa
des que par leurs monastòres de Jérusalem ou de la Montagne-Noire, près
d'Antioche26.
Pour les Jacobites, leur patriarche, qui portait lui aussi le titre d'Antio-
che, résidait habituellement au couvent de M ar Barçauma, non loin de Gar-
g a r 27. Lui aussi avait sous sa juridiction un catholicos pour les Syriens jaco
bites vivant dans les territoires ressortissant jadis de l empire sassanide, le
maphrian, dont le siége avait d abord été fixé à Tekrit, et qui s était établi
dans un autre couvent, celui de M ar Mattà près de Mossoul. Si ce dernier
vivait en pays dominé politiquement par les souverains musulmans, les
liens entre le patriarche et le maphrian étaient étroits, et le monastère de
M ar Barçauma se trouva pendant la première moitié du X IIe siècle, sous la
domination politique des comtes d'Edesse; par la suite, le patriarche jaco-
bite ne devait pas rencontrer de difficulté majeure à se rendre dans les
Etats latins ou il avait un grand nombre de ses ouailles28. L'établissement
des Croisés, s’il fut générateur de quelques frictions dans 1’ordre ecclésiasti-
que entre Orientaux et Latins, favorisait les contacts entre ces derniers et
les chefs des Eglises orientales29.
Dès avant les Croisades, un geste significatif avait été fait par le catho
licos arménien Grégoire II, qui en 1080, avait obtenu de Grégoire VII
1'envoi du pallium et une lettre dans laquelle le pape 1'avait invité à renon-
cer à certaines divergences dogmatiques et disciplinairesJ0. En 1141, le
légat pontificai Albéric, cardinal-évêque d Ostie, réunissait un synode à
Jérusalem : il y invitait le catholicos arménien Grégoire III et le patriarche
jacobite, qui tous deux remirent une profession de foi au légat et promirent
de ramener leurs Eglises respectives à l'union avec R o m e 31. Et il est possi-
2t Cf. J. Richard, Quelques textes sur les prem iers temps de 1’Eglise latine de Jérusalem, dans
R ecu eil de travaux offerls à M. Clovis Brunel, II, Paris, 1955, p. 420-430.
17 E. Honigm ann, Le cou ven t de Barsaiimà et le p atriarcal jacobite d'Antioche et de Syrie,
Louvain. 1954.
21 Cf. P eter Kaw erau, Die Jakobitische K irch e im Zeitalter der syrischen Renaissance. Idee
und W irklichkeit, 2* éd. Berlin, 1960 (B e r lin e r B yzantinische A rbeiten, III), et A n n e lie se
Lüders, Die K re u u ü g e im U rteil syrischer und arm enischer Quellen, B erlin, 1964, p. 66-72.
” Sur les églises orien tales dans leur ensem ble, cf. A. S. Atiya, A history o f Eastern christia-
nity, Londres, 1968.
w Fontes . .. I, n° 379-380. Cf. Fr. T o u rn ebize, Hist. polit. et relig. de 1'Armènie, I, Paris, 1900.
p. 163-164.
11 M ichel le Syrien. Chronique, trad. Chabot, III, 255-256; G u illau m e d e Tyr, XV, 18 - Sur
la date de ce synode, cf. Pelliot, Mélanges sur 1'histoire des Croisades, (E xtrait des Métnoires de
1'Académie des Inscriptions, t. X L IV ), Paris, 1951, p. 6-10.
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CEUVRE MISSIONNA1RE AU XII* S. ET DÊF1NITION DUNE DOCTRINE II
ble que ce soit à la même occasion que le patriarche maronite ait lui aussi
fait acte de soumission à la primauté romaine32.
La réunion d un concile - ou d'un synode - apparait en effet des lors
comme 1occasion de conversations entre les prélats latins et les chefs des
Eglises orientales qu il est d'usage d'inviter à ces réunions. Le patriarche
latin d Antioche, Aimery, qui était en relations amicales avec le patriarche
jacobite Michel le Syrien, envisagea de se faire accompagner au troisième
concile du Latran par celui-ci (1178). Et c’est dans la perspective du pro-
gramme du concile, qui comprenait la lutte contre les doctrines cathares,
que Michel écrivit un traité réfutant les doctrines en question, en
s appuyant sur la tradition orientale. Nous ignorons cependant si, a cette
occasion, le célèbre écrivain fit acte de son adhésion à la foi de 1'Eglise
romaine et de sa reconnaissance de la primauté de Rome - mais peut-ètre
était-il trop bon théologien pour s’engager sur le premier p o in t- 33. Et il
n'est pas exclu que ce soit également à 1'occasion du concile que le même
Aimery obtint du patriarche maronite le désaveu des doctrines monothéli-
tes qui étaient attribuées à son E glise: Guillaume de Tyr enregistre sous la
date de 1182 le ralliement des Maronites à 1'Eglise romaine34.
Toutefois, en dépit de ces adhésions officielles, et d excellentes rela
tions personnelles entre les représentants des Eglises - parfois troublées,
d'ailleurs, par des querelles violentes nous avons trace de conversations
et de controverses. C’est ainsi que 1’archevêque jacobite de Jérusalem,
Ignace, se vit obligé dap p e le r à son aide 1’évêque dAmida, Denys bar
,J K am al S. Salibi, The m aronite church in lhe Middle Ages and its union wilh Rome, dans
Oriens christianus, t. X L II, 1958. p. 94
n M ich el le Syrien, Chronique, III, p. 377-378; le patriarche jacob ite, bien que prèt à des
co n cessio n s p o u r le bien de la paix, tenait ferm e sur la doctrin e m on op h ysite - cf. sa rép on se
aux G recs : Ibid., p. 334-336 et 351.
J4 Guill. Tyr, X X II, 8; K. S. Salibi, op. c íl , p. 94. Ce ralliem ent n'excluait pas des opposi-
tions qui se tradu isiren t par des attaques d irigées par les adversaires de 1’union co n tre des
eglises et des m onastères, ob ligean t Innocent I I I à in terven ir et à je te r 1'interdit sur la sei-
gn eu rie de G ib e let (ibid.. p. 95; Patr. L a t, C C XV I, col. 826). Cf. Le Quien, Oriens christianus, III,
p. 54-65.
s* Dans le co m té d'Edesse, en particulier, les Syriens faisaient baptiser leurs enfants dans
les églises latines; le m aphrian ja c o b ite consacre en 1129 un évêq u e dans la cath éd rale latine
de Tu rbessel (B ar-H ebraeu s, C h ronicon ecclesiasticum, II, p. 474, 478, 484). Les violen ces du
c o m te Jocelin II co n tre certains prélats jacob ites et le m onastère de M ar B arçaum a sont
connues. La réc ep tio n du patriarche ja c o b ite par la patriarche H éraclius à Jérusalem, après
1180, et à A n tioch e oü il passe la n n é e 1178-1179. après a voir été reçu avec honneur par la
patriarch e A im ery en 1168 - est trés ch a le u reu se; Ibid., p. 584, M ichel le Syrien, Chronujue,
III, p. 332, 378.
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12 INTRODUCTION
J‘ Assem ani. B ibliotheca Orieniatis, II, p. 156-177. Un certa in B ar A ndreas était contra Fran
cos et Arm enos os eloquentissim um (B ar-H eb raeu s, Chron. eccl. II, p. 484-486).
37 Le P. M artin G rabm ann ( D ie S c h r if t : De rationibus fidei con tra Saracenos, Graecos et
Arm enos des hl. Thom as v. Aquin, dans Scholastik, X V II, 1942, p. 187-216) parait supposer que
le destinataire d e ce traité pou vait ê tre un D om in icain ; le titre de c a n to r co n vien d ra it mieux
à un d ign ita ire du chapitre.
“ II n est pas inu tile d e ra p p e le r que, si le n om d e p agani ou d e « p a ie n s » est souvent
donné, dans les textes d in spiration p o p u laire, aux M usulm ans, les textes savants font soi-
gneusem ent la d iffé re n c e en tre les S a rra ceni et les v é rita b le s paiens. O liv ie r d e Paderborn,
évoquant la légen d e du m oin e Serge, in sp irateu r de M a h om et, va ju squ à é c rire ( Historia
Damtatina, p. 203-205) : unde verius h e re tici quam S a rra cen i n o m in a ri deberent. Cf. A.-D Von
gg” r’ nc^le n ' °P ' c *t'1 P- 369-381, et Prutr, K u ltu rgesch ich te der Kreuzzilge, B erlin, 1883, p, 72-
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(EUVRE MISSIONNAIRE AU XII» S. ET DP.F1NITION DUNE DOCTRINE
tés russes mis à part - était différente; mais clle résultait d unc longuc
expérience. Aucun peuple n’avait pu ôtre amené à la foi sans que ses prin-
ces y fussent eux-mêmes gagnés des premiers : ainsi la propagation du
christianisme chez les Suédois, entamée au temps de saint Anschaire (IX C
siècle) ne fit-elle de pas décisifs qu avec la conversion de saint Eric, un siè
cle et demi plus tard; par contre, pour autant qu’elle fut durable, la conver
sion du prince entrainait en principe celle de ses sujets. La Papauté avait
pris 1’habitude de créer des évêchés dans les principales de ces principau-
tés, en les rattachant à des métropoles qui servaient de points d appui pour
les missions: Salzbourg pour les pays slaves du Sud, Magdebourg pour
ceux du Nord, Brême pour la Scandinavie. Mais déjà, au IX e siècle. les
papes Adrien II et Jean VIII avaient accepté de relever la vieille métropole
pannonienne de Sirmium, à la demande de saint Méthode, malgré 1'opposi-
tion de 1'archevêque de Salzbourg et de son suffragant de Nitra (qui
devaient d ’ailleurs finir par 1’emporter), pour rassurer le prince des Mora-
ves sur le maintien de son indépendance à 1'égard du roi de Germ anie'9;
Otton III et Sylvestre II avaient conçu une politique hardie, visant à favori-
ser la christianisation des pays encore paíens, en créant dans les nouveaux
royaumes de Pologne et de Hongrie les métropoles de Gniezno et d ’Eszter-
gòm, malgré l'opposition de l'archevêque de Magdebourg et de levêque de
Passau40.
La doctrine pontificale allait se préciser à la faveur de la conversion
des peuples de la Baltique. Les peuples baltes (Prussiens, Livoniens, Lithua-
niens. . . ) avaient longtemps résisté à levangélisation; saint Adalbert et
Brun de Querfurt avaient trouvé le martyre chez les Prussiens. Mais, en
Livonie comme en Prusse, le mouvement de conversion s’amorce entre
1180 et 1200. Les Cisterciens des abbayes de Lekno et d ’01iva amènent à la
foi les princes de Culm, ou il est possible d'ériger un évèché qui est confié à
un autre Cistercien en 121541. En Livonie, cest un chanoine régulier qui est
doté du premier évêché (1186), et un chanoine de Brême, Albert de Bux-
hovden, se fixe à Riga en 1200. On sait que le recours aux armes apparut
comme indispensable pour protéger ces jeunes chrétientés contre un
F. Dvornik, Les Slaves, Byiance et Rom e au IX * siècle. Paris, 1926, p. 157, 207, 260.
40 P. Fabre, La Pologn e et le Saint-Siège du X * au X I I I • siècle. Paris. 1896; E.-R. Labande,
M irabilia m u n d i Essai sur la personnalité d O tlo n III. dans Cahiers de civilisation médiévale.
t. VI, 1963, p. 464.
41 Ce sont égalem en t des Cisterciens, m oines et convers, de préféren ce (avec des reli
gieux d a u tre s o rd re s) qui sont en voyés en L ivo n ie pour y prêch er la parole de Dicu, en 1220 :
Pressuti, Regesta H o n o rii papae I I I, n° 2367, 2368, 2398, 2399.
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14 INTRODLCTION
retour offensif des paíens, et que les évéques mirent sur pied des milices,
tant à Culm qu’à Riga — ces milices qui, en Prusse furent finalement absor-
bées ou qui fusionnèrent avec 1’ordre des chevaliers teutoniques lorsque
celui-ci, créé en Terre Sainte et pour la Terre Sainte, vint sétablir en terre
prussienne42. Mais Honorius III, s'il lançait une croisade pour défendre
l'église de Prusse, se préoccupait de défendre ces jeunes églises d un autre
côté, en les enlevant à la juridiction de 1’archevêque de Brème pour les
constituer en évêchés autonomes, avant qu lnnocent IV se décidàt a ériger
en 1246 un «archevêché de Prusse, Livonie et Esthonie»43.
Les efforts des papes tendaient également à mettre à 1’abri des convoi-
tises des pninces voisins les peuples nouvellement amenés à la foi; Gré
goire IX dut préciser que les nouveaux convertis nappartenaient quan
Christ44, et Alexandre IV, qu’ils étaient libres de se soumettre à qui ils
voulaient, pourvu que leur conversion fút gratuita, non coacta^. Mais le
recours, considéré comme nécessaire, à la croisade, va souvent à 1'encontre
dc cet effort de christianisation non forcée46; les progrès des Teutoniques,
42 entre autres, F. G. Von Bunge, Die Stadt Riga im 13. und 14. Jhdt., Leipzig 1878
A. L. Ewald, Die Eroberung Preussen durch die Deutschen. Halle. 1872-1886; Baltische Ktrchen
geschichte, éd. R. Wittram, Gòttingen, 1956.
4S Sur les missions de Livonie et d Esthonie, cf. notam m ent B enn o Abers, Z u r papsilichen
Missionspolitik in Lettland und Estland zur Zeit Innozenz 11/, dans Com mentationes Baltuae, IV-
V, 1956-7, p. 1-18; J.-A. Brundage, The thirteenth century L ivon ia n cru sa d e: H enricus de Lettis
and the first legatine mission o f bishop W illia m o f Modena, dans Jahrbuch ftir Geschichte Osteu-
ropas, nouv. série, XX . 1972, p. 1-9; G.-A. Donner, /Cardinal W ilhelm von Sabina Bischof von
Modena, H eisingfors 1929; P. von Gótze. Albert Suerber, E rzbischof von Preussen, Livland und
Esthland, Saint-Petersbourg, 1854 (L e Provin ciale Romanae ecclesiae rap p elle la querelle avec
B rem e sous cette form e : Archiepiscopus Rigensis, qu i sub Brem ensi existens erectus futt in
archiepiscopum per dom inum Alexandrum papam .////., A lexan dre IV avant fixe à Riga le siège
de 'archevêché). - Sur la Prusse, cf. les articles de Fritz Blanke. Die Missionsr.nethode des Bis■
chofs Chnsnan von Preussen ( Altpreussische Forschungen, IV, 1927, p. 3-25) et D ie Entscheidtmg
der Preussenmisston, 1206-1274 (Zeitschrift fü r Kirchengeschichte. X L V II, 1928. p. 1840). repris
dans Heidenmission und Kreuzzugsgedanke in der deutschen Ostpolitik des Mitíelalters. hggb.
H elm ut Beum ann, Darm stadt 1963, p. 337-363 et 389-416.
44 Lettre aux princcs polonais, accusés d a v o ir en trave la co n version du prince de
Gdansk, en 1227 (Reg. de G régoire IX , n° 74-75).
« Aux Teutoniques, à propos de la soum ission en visagée d une peuplade lithuaniennc au
duc de Cujavie, en 1256 (Sbaralea, B u llarium Franciscanum . II, p. 148).
" I en est préché con tre les L ivon icn s dès 11711172. et en 1199. ad defendendam L i»«•
mensern ecclesiam et Christ,anos in illis partibus constitutos: co n tre les Prussiens. par Hono
, puis, en 1232, par G rég oire IX ; co n tre les Tavastes, re to u m e s au paganismo, la cro1
vade devant etre prèchée en Suède ( Reg. Crég. IX , n« 3971); co n tre les paíens voisins de la
N orvègc. en 1241 ( ld , n->6096-6098). On envisageait aussi (le ttr e du 21 mars 1228) d en P ^
cher une pour p roteger les Com ans c o n v e n is
J
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CEUVRE MISSIONNAIRE AU XII* S. ET DEFINITION D UNE IKK TRINI IS
■*' Cf. les accusations du prince de Lithuanie et de l archevêque dc Riga contre les Teuto-
niques, au X I V ' siècle : ils détruisent des eglises construites par les Franciscains en pavs
lithuanien, de façon à p o u voir ju stifier leurs conquètes (Lem m ens, Heidenmissionen, p II
17); ils substituent leurs propres évèques à ceux que rarchevèque a institues; ils suscitent la
co lère des indigènes qui détruisent, en représailles, les évêchés de Letton ic ct dc Scm igallic
(Regestum Clementis papae V, n° 6770). Le prince de Lithuanie, Mindaugas, avait annoncc sa
con version en 1251; il reçoit de R om e la couronne rovale; son conflit avec les Teutoniqucs,
auxquels il in flige de lourdes pertes, am ène le pape à prècher la croisade co n tre les Lithua-
niens et les Iatvagues retournés au paganisme, et qui ne se con vertiron t finalem ent q u e n
1386. Un é v êq u e (Jatwesoniensis) avait été désigné pour les Iatvagues; il ne put résid er dans
son d io cès e (D e r Form ularsam m lung des Marinus von Eboli, hggb F. Schillmann. I, p. 177).
Sur cette création (fin 1256) et 1'opposition des Teutoniques, et sur le con flit de ceux-ci avec
le duc de C ujavie à prop os de le re c tio n d u n évèché à Lukow (1257), c f L. Pellegrini, Le m is-
sion i francescane sotto Alessandro IV (1254-1261). dans Studi francescani. 64' année. n" 1. 1967.
p. 97-101. ,
« Ainsi la création d u n évêch é de Ruthénie. ou des Ruthènes - qui fut sans d o u le érigé
par la rc h e v ê q u e de L ivo n ie en vertu des pouvoirs à lui con férés en 1247 (econtra : Altaner.
D om inikanerm issionen. p. 223-224) com m e celui des Iatvagues (si celui-ci est bien Yepiscopatus
W ersonie cité dans une bulle de 1255 : Reg. d'Alex. IV, 347) - en trep renait-elle sur la ju rid ic
tion d e le v ê q u e de Lubeck, qui se considérait com m e 1'ordinaire de tous les Latins de Russie;
A lexandre IV lui donna des lettres de non préjudice (Reg., 1692) au m om ent, d ailleurs, oü
Daniel d e H alicz se séparait de Rom e. C e s t l evêque de Lubeck qui devait désign er le p re m ie r
évêq u e latin d e K ie v dont la nom ination fut co n firm ée par le Sainl-Siège en 1320 (Eu bel, Hie-
rarchia catholica m edii aevi, I. p. 302). Sur le rôle des Latins de K iev dans la diffu sion de la foi,
cf Reg de G régoire IX , n° 1961-1962; Fontes, III, p. 278. - Sur toutes ces quest.ons, cf.
O H alecki D iplom a tie pontificale et activité m issionaire en Asie aiix X U 1 , -X V ‘ siècles, dans
Connté In tern a tion a l des Sciences historiques. X U > Congrès, Vienne, 1965, Rapports, II. H istoire
des continents. p. 5-32 et notam m ent p. 9-10; H. O llendiek, D ie püpstliche Legaten im deutschen
Reichsgebiet von 1261 bis zum Ende des Interregnum s, Fribourg 1976, p. 38-46.
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INTRODUCTION
16
** Sur lout c c ti, tf. The ch ron icle o f Henry o f Livonia, trad. J.-A. B ru n d age, M adison, 1961.
passuti Sur la création dc paroisses. cf. un texte b ra n d e b o u rg e o is d e 1235 c ité par Eb Sch-
midt. t>p. ciL. p. 74, n o lc : un évèq u e érig e une paroisse dans des v illa g e s oü les habitants nort-
dum lidem tathohcam ad plenum susciperim , sed adhuc quibusdatti te n e a n tu r paganis ntibus
irretiiu Lc rõle d c » Prém ontrés est m cntionn é dans le m è m e o u vra g e . p. 95. - Sur celui des
C isterciens, supra, p. 13, e l n. 41. La co n version des peu p les fin n o is ou sib érien s par les Rus-
ses paraít, elle aussi, a voir surtout éte assurée par le ra y o n n em en t des m onastères. - Nuus
rappelons que nous nc nous référon s ici aux ex em p les tirés d es pays b a ltes ou slaves que
pou r en degager des élém en ts dc doctrin e.
*° Aubri de T roí».F on tain es, Chronicon, éd. S ch effer-B o ic h o rst. p. 886. L e nom de Suse
co m m e siege d un prclat dc haut rang év o q u e la le ttre du P rè tre Jean à M anuel Comnène;
lo u te fo ii il a cffe etiv cm cn t existe, vers 1210, un p a tria rch e c o p te d A lexa n d rie, Jean, fils
bugaleb. qui aurait professé des op in ion s très p roch es des d o c trin e s ch alcédonienn es, au
po.nt que les m onophysites se seraient abstenus en masse, d e s u iv re ses ob sèq u es, auxquelles
aisisla t le patriarche m elk i.e : Lc Quien, O riens christianus, II. p. 488-489
oues í . UBe ' ,.tü? ,Íün Un PCU Pa rtic u liè re : In n o c e n t I I I ava it in v ité les archevê-
cgard a la rè u r * ! i * * Russic' clercs et laies, à r e c o n n a itre la p rim a u té romaine, eu
et 1'Eglise d e R om e. en .206; m ais les Dominica,ns
conversion des Russ -V T ** ,SUrlOUí Sa,nt H y a c ‘ n‘ he (m o r t en 1257) travaillcnt à la
nous 1'avon» vu B Ali- U n** Un ^v é c ^ c m iss‘ o n n a ire est c r é é ch e z ceux-ci, comme
p. 196 225 ' D o m inik anerm issionen des 13. Jhdts, H a b elsch w erd t. 1924,
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PREMIÈRE PARTIE
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Ce qui donna, vers le début du XIIIC siècle, un nouvel élan à lactivité
missionnaire de 1'Eglise latine, ce fut une série d’evénements se situant
dans le quart de siècle qui commence avec la chute de Jérusalem (l 187) et
qui s achève avant le quatrième concile du Latran (1215).
«Outre-mer», la conquête d ’une grande partie des Etats latins par Sala-
din, et notamment la perte du Saint-Sépulcre. marquent un tournant dans
1’histoire des établissements latins du Levant Les Latins cessent. provisoi-
rement (puisque les Lieux Saints furent à nouveau entre leurs mains de
1229 à 1244), d'être au contact des pélerins venus d Asie ou d'Afrique. Mais,
en acceptant finalement, à la suite de la troisième croisade. de regarder la
présence latine en Syrie, en Phénicie et en Palestine comme tolérable, le
sultan contribue à ouvrir les portes de 1’Asie aux Latins qui voudront s’y
enfoncer, marchands, religieux ou aventuriers. Et le sultan de Konya agit
de même, surtout après 1’installation des Croisés à Constantinople.
En second lieu, les colonies latines dépendent beaucoup plus, au X IlIe
siècle, de 1’assistance des Etats d'Occident qu au siècle précédent; des rap-
ports plus étroits se nouent entre les unes et les autres; et notamment,
1'intervention de la Papauté, cependant déjà très active par ses légats au
XII* siècle, se fait constante.
La puissance nouvellement acquise par les Arméniens de Cilicie,
grands bénéficiaires de l'effondrement de la puissance bvzantine à la suite
de la défaite de Myriokephalon et de la révolution dirigée par Andronic
Comnène, avait décidé le «b a ro n de la Montagne», le Roupénien Léon, à
faire sanctionner cette nouvelle puissance par 1’octroi d ’un titre royal; et,
en recherchant ainsi son entrée dans le concert des Etats chrétiens, à apla-
nir les difficultés dogmatiques et rituelles qui sopposaient à 1’union de
1'Eglise arménienne avec 1'Eglise romaine. La poursuite de cette union
allait être un des principaux buts de lactivité missionnaire pendant deux
siècles.
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20 L \ PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D O RIE NT AU MOYEN-AGE
I - L E S M I S S IO N S C H E Z LE S C O M A N S ET L E S P E U P L E S V O IS IN S
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DE L APPARITION DIÍS MP.NDIAN IS JIJSOUAUX MONGOLS 21
* P. Pelliot, A propos des Comans, dans Journal Asiatique, 1920. t. I. KaSghari note la
parenté des langues parlées par les Yiimak, les Baükirs, les Q iptaq, les K irghizes et les Oghuz
(C. B rock elm an n , M ahm ud al-K aigha ri iiber die Sprachen der Tiirken, dans K ó rô s i Csoma
Archivum , I, 1921, p. 26-40). Cf. J. Richard, I m lim ite occideniale de 1'expansion de lalphabet ont-
gour, dans Jou m . Asiat., t. 239, 1951, p. 71-75 et I m conversion de Berke et les debuts de iisla m i-
sation de la Horde d ’Or, dans Revue des éludes islamiques. 1967. p. 173-184 Les Q ip ta q on en -
taux avaient partie liée avec les sullans khware/.miens.
5 P. Pelliot, Notes sur 1'histoire de la Horde d’Or, dans CEuvres posthumes de Paul Pelliot, II,
Paris 1950, p. 165-174. La résistance des Saxi A 1’invasion m ongole fut assez acharnée pour
a v o ir retenu 1'attention de Plancarpin (S inica franciscana, 1. p. 91). La leltre de Julien de Hon-
grie fait état de 1'occupation de la Sascia per les M ongols en 1236 ou 1237. Toutefois Benoit
de P ologn e, com p agn on de Plancarpin. écrit : Fratres vero euntes per Comaniam a dextris
habuerunt terram Saxorum , quos nos credimus esse Cothos, et h ii sunt christiani; postea Alanos,
q u i sunt ch ristia n i: postea Gazaros, qui sunt ch ristia n i: in hac terra sita est Ornam, civitas o p u
lenta, a Thartaris capta per subm ersionem aquaruni; deinde Cyrcassos, et hii sunt christiani; pos-
Georgianos, et h ii sunt christiani (Sinica Franciscana, I, p. 137-138). ceci place les Sfl.ii au
sud de la rou te su ivie par Plancarpin - de K iev & la région de Sarai, puis au nord de la Cas
pienne et de la m er d Aral Les Saxi ne nous semblent pas pouvoir ètre les Goths de C rim ée
(cf. A. A. Vasiliev, The Goths in the Crimea, Cam bridge, Mass., 1936) - de m êm e que les Kha
zars, cités co m m e habitant á 1'est des Alains et à lou est (ou au nord-ouest) des Circassiens, ne
paraissent pas être ceux qui ont donné leur nom à une partie de la C rim ée il faudrait
a dm ettre que les «S a q s in ., si c e s t bien d e u x q u il sagit, habitaient dans la région de Sarai,
ou m ém e au sud, co m m e l'a pensé Pelliot. Néanmoins. il ne faut pas ou b lier que Benoit n a
pas visité le pays en question et que ses localisation* sont approxim atives. Plancarpin met au
Sud de la C om an ie les Alains, Circassiens, Khazars et Grecs; au Sud-Est les Ibères (G éor-
giens), Cathi, Bruthaci, les Ziques, les Arm éniens et les Turcs.
» Ce peu p le mal iden tifiable. aurait habité au Sud de la G rande B ulgane, d apres le De
inventa Ungana magna qui parle des Sarrasins appelés Vela, dont la civitas se nom m ait
Bunda Julien d e H o n g rie én um ère parm i les cinq royaum es conquis par les M ongols en
1237-1238 avec celui des Saxi et la Grande B u lgarie.. Wedin, M erow iam , Poydov.am Mordua-
norum regnum - (c e d e m ie r étant le pays des M ordves de la V o lg a ): H. D õrrie, D re, Texte zur
Geschichte der Ungarn und M o n g o le n . D ie Missionsreise des fr. lulianus 0. P m s Uralgebiet
(1234/51 und nach Russland (1237) und der Bericht der E rzbischof Peter Uber dte Tartaren
(N a ch rich ten der Akad der Wiss. in Gtítringen, Philol. Hist. Klasse, 1956, p. 125-202), rapproehe
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22 L> PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN AGE
de la Volga, les Russes - qui les appelaient Polovtses et a qui ils avaient pra-
tiquement enlevé le sud des anciennes principautés de Kiev et de Tchcmi-
gov, les éliminant de Tmutarakan (Matrega) et des ri\es e a mcr Noirc
et les Hongrois étaient leurs principaux voisins. Un autre peuple. peut-ètre
nom ade lui aussi, celui des B ro d n ic i8, parait avoir occupé une partie de ce
vaste domaine, la Cumania des vovageurs du X II Ie siècle.
Les Comans netaient pas des inconnus pour les peuples chretiens;
mais, jusqu au début du XIII* siècle. ils avaient surtout eu des contacts avec
les Russes, qui ne connaissaient que trop leurs razzias, et occasionnelle-
ment avec les G é o rg ie n s: cest mème à propos de la participation d un
corps important de Turcs Qipèaq à la guerre livrée par le roi de G^orgie
David le Réparateur aux Musulmans ( (1121) qu il est fait pour la premiere
fois mention du baptême administré en masse à ces auxiliaires par le* soins
des Géorgiens9. Plus tard, tandis que lTslam gagnait peu à peu les tribus
voisines du sultanat de K h w arezm 10, les contacts des Russes a\ec les
«P o lo v tse s» se traduisent par 1’attribution de noms chrétiens a certains
chefs q i p è a q : un Youri, un Vsévolod, un Daniel figurent parmi ceux-ci.
ce nom de celu i de la ville bulgare de W idin sur le Danube et p ro p o s e de v o ir dans les Wedm
une branch e du peuple bulgare, tandis que le nom de leu r civitas. « B u n d a z», évoq u era it celui
des Burtas, qui correspon d à 1'appellation russe des M ord ves, et qu e G a rd izi localisait entre
1'habitat des Khazars et celui des Bulgares.
7 II ressort des recherches de M. N. Banescu. La d om ina tion byzantine a Matracha . .. en
Zichie, en Khazarie et en «R ú ssia * à lep oqu e des Comnènes (B u li. de la section htsL de iAcad
roum aine, X X II, 2, Bucarest 1941), que M atrega était aux m ains des B yzan tin s au X c siecle, et
red evin t byzantine en 1094, après a vo ir appartenu a des prin ces russes qu i étaien t sans doute
vassaux du basileus. Mais 1'extension des Comans. m èm e si ceux-ci n o n t pas en le v é M a tr e g a
aux Russes. est responsable de l arrét de l expansion russe vers le K o u b an , c o m m e de la deca-
den ce de Kiev.
1 texte de 1228 ( Fontes, III, p. 206) cite « la terre des C om an s et des B ro d n ic i • c o m m e
ressort d u n e légation pontificale. et Bela IV d é p lo re la p erte du pays des B ro d in ci en mème
tem ps que de la Com anie, dans une lettre de 1247 (F ejer. Codex d ip lo m a i,cu s H unganae. IV. I,
p 336) L habitat de ce peuple a été localisé en tre le D niestr et les C arp ath es c f P. H r y ts ak,
Halyts’ko-Volyns'ka derzhava (T h e duchy o f H alych-V olhynia), N e w -Y o rk 1958, p. 43-44 et carte
(Shevchcnko Scientific society, Ukrainian studies, vol. 5).
* Brosset. H istoire de la Gèorgie, I, p. 379. On peut n o ter qu a p rés les Petchén egu es que
rencontrerent les Croisés de 1095. de nom b r eux C om ans s e rv ire m dans la r m e e b y z a n t in e :
des conversions intervinrent là aussi.
f„,t n° tr' a rt!clc C1,í' plus haul tLa de Berke). la le llr e d c Julien dc H o n g r *
“ r ,SqU U" Cí COma" ^ la d “ B u *. G u rcg (Y o u r i? - lc Y u M k , du
dw (U rJ ln n r llC " V T d “ C’ V " hu,: le va in c“ “ a u p rè » du sultan
d u rn a ih (U rgenj) qui I aurait fait d éca p iter
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DE LAPPARITION DES MENDIANTS JUSOUALX MONGOLS 21
l’égard d e la R o m a n ie latine. . . . .
” On peut n o te r la ttitu d e b ien veilla n te d e Daniel en vers les D o m in ic a in s : Altaner. Die
D o m in ik a n erm is s ion e n . p. 215-223. Son fils Léon. ép ou x d une princesse hongroise. leu r donna
un co u v en t dans sa v ille d e L w ó w (ibid., p. 219).
■‘ C e s t ainsi q u a u x en viro n s d e 1247. B ela IV pou vait se p la m d re au pape de ce que
1'invasion m o n g o le e ú . e n le v é à son ro y a u m e la Russie. la C om anie. la B u lgarie e ! le pays d e S
B ro d in c i q u i m m o g M p a m n o s iro d o m in ú , an,ea subiccean, (F ejer. Codex A p l. H unganae. IV.
d a ' e " eR , > Ü ; B u llü riu m , p. 26-27 <F on ,e, .... p. 2 0 .: * . * » • * < * * 'X . > .2 ): 21 m ars
1228 .
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24 LA PAPAUTÊ ET LES MISSIONS D ORIENT Ali MOYEN AGE
17 En 1228-1229, on voit le roi André II co n céd er des terres «a u x dues et aux peuples des
C om an s» ( Registres de Grégoire IX , n° 344). Sagissait-il de fa ire en trer les chefs comans dans
un système féodal ?
" L o u vra ge fondam ental reste celui de N. P feiffer, Die ungarische D om inikanerprovt»'
von ihrer Gründung 1221 bis zu r Tartarenverw iistung 1241-1242, Fribou rg 1913. Cf. aussi
S. Salaville, Un peuple de race turque christianisé au X I I I * s iè cle : les Comans, dans E ch »'
efOnent, fase. 106, 1914, p. 193; B. Altaner, Die D orninikanem iissionen, p. 141 et suiv.
If Geraud de Frachet, Vitae fratrum, p. 38. 305; Fontes, III, p. 206 (Ripoll, Bullariti>n-
P 22). '
H Zim mermann, Die pàpstliche Legation in der ersten Hálfte des 13. Jhdts ( 1198-12*^'
Paderborn 1913, p. 135. C est en tant que légat que l'archevêqu e avait délim itó le dioce*1'
Fontes, III, p. 282.
j
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DE LAPPARITION DES MENDIANTS JUSQU AUX MONGOLS 25
verait que du Saint-Siège; et, le l er octobre 1229, il prenait les Comans sous
la protection du siège apostolique. L'évèque des Comans apparaissait
comme indépendant de la hiérarchie ecclésiastique du royaume de Hon
grie : aussi, quand il fallut créer un évêque de Bosnie, ou prendre charge de
la Petite-Valachie laissée sans évêque (26 avril 1238), ces territoires revendi-
qués par la couronne de Hongrie étant sujets à contestation, c’est à l'évèque
des Comans que le pape s’adressa21.
Le diocèse confié à Yepiscopus Cum anorum , comme ceux des pays bal-
tes, ne portait pas le nom de la ville oú résidait 1'évêque - ville des plus
modestes, d'ailleurs, qui prit naissance autour du couvent dominicain et de
la chapelle déjà mentionnée22 mais celui du peuple soumis a la juridic
tion de ce prélat. Pour limites, il eut, au Sud, les frontières de la Bulgarie,
qui relevait du patriarcat de Constantinople; à 1’Ouest, les Carpathes qui le
séparaient de 1’évêché de Transylvanie, relevant d ’Esztergòm. Au Nord, un
évêque des Russes avait été nommé en 1233 : sans doute sa juridiction théo-
rique coíncidait-elle avec les principautés russes, de Halicz à Kiev et Tcher-
nigov23. Par contre du côté de l'Est, il est vraisemblable que les limites du
diocèse auraient coincidé, si on les avait déterminées, avec celles du terri-
toire dans lequel nomadisaient les Comans - ce qui pouvait aller très loin
dans les steppes . ..
Toutefois les Comans n'étaient pas les premiers habitants de cette
région. Les anciennes notices épiscopales grecques, telle celle d Epiphane
de Chypre, connaissaient dans cette région les provinces de Mysie et de
Scythie; et, en Dobroudja comme en Moldavie, vivaient des Valaques qui
continuaient à pratiquer le rite byzantin et qui, daprès les plaintes de 1evê-
que Thierry persistaient à obéir à des «pseudo-évêques» grecs. Conformé-
ment à la doctrine reçue depuis le IV- concile du Latran, et déjà mise en
pratique antérieurement en Syrie franque, le pape invita levêque des
Comans à se donner un vicaire de rite grec qui serait ordonné eveque. lui
*■ Registres de G régoire IX . n° 344. 345, 536. 2120, 4286; Ripoll, B ullarium , 1, p. 26-27 (For.-
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26 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN AGE
14 Fontes. III, p. 284, n° 209 (R ip oll, B ullarium , I, p. 70); G.-I. Bratianu. Le problènte de la
con tin u ité d aco-roum aine (discussion d un a rticle de F. L o t) dans Revue hist du Sud-Est Euro-
péen. XX , 1943, p. 51 et 69-70.
” Fontes, III, p. 300-301; Registres de G régoire IX . n° 2689-2691 (m ai 1237).
» N ous ren voyon s ici à B. A llaner. op. c it , p. 144-145. Cf. Fontes, III, p. 282.
11 S inica Franciscana, I, p. 217.
» Ces textes ont été publiés à plusieurs rep rises (le p re m ie r est aussi désigné smis le
titre : De jacto Ungarte magne a fratre R ica rdo invento tem pore d o m in i G re g o rii pape noni) - c 1
L á tzló B en d ely, Fontes authentici itinera (1235-1238) fratris lu lia n i iüustrantes, dans Archivum
E uropae centro-orientalis, III, 1937. p. 1-52 et G om bòs, Caialogus fon tiu m rerum h u n g a ric a ru *
II, p. 1363-1367 (le ttre de Julien) et III. p 2046-2050 ( De m venta Ungaria magna). La dernit^
éd ition en date a été p rocu rée par H. D õrrie, op. cit.
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DE L APPARITION DES MENDIANTS JUSQUAI/X MONOOlX 27
Cf. l a u to n s a tio n a c c o rd e e le 17 m ars 1226 par H o n o riu » III aux Dom inicains ct aux
Francis*:ains e n v o v e s au M a roc (q u i sont égalcinent a u torisé» a c m p o rlc r de la rgen t, contrai-
rem en t a la r e g le de leu r o r d r e ) : Pressuti. II. n° 5865.
* C f la d a ta tio n d e ces lex te s par H. D òrrie (op. c il. ) : Julien aum il c fle t lu é *on voyage à
lra\ers la Russie en 1237 e l regagn e la H on g rie au débul de I23H, qui serail la date de son
tex te II d e crn en e ffe i les a m ie e s lartares co m m e en position dcvanl Ic i duche* de Souzdal.
de R ia / a n d e V o r o n e j lO w h c n u h ) et en C om anie, el é v o q u e la fu ile d e » (Jip ía q vers la H on
g rie O r c e s t en 1238 que Sou/dal el Ria/an lo m b e n l aux m a im det» M ongols; V oron ej tom be
en 1239
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28 \X PA PA U TÍ IM I.US MISSIONS D O K IE N T AU MOYEN-AGE
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DE L APPARITION DES MENDIANTS JUSQU'AUX MONGOLS 29
passant par le Sud des pays lithuaniens (sans doute pour éviter la Comanie
alors en pleine turbulence) au début de 1237, recueillit deux de ces derniers
avant de revenir en H o n g rie 34.
La G rande-H ongrie ne parait pas mythique. Julien, qui ne fait dans sa
lettre de 1238 aucune allusion aux contacts pris au cours du vovage qu il
aurait fait trois ans auparavant35, a parlé en Russie à des pagani Ungari qui
fuyaient Tinvasion de leur pays d'origine. II semble difficile qu il n y ait pas
eu entre eux une certaine communauté de langue, même si celle que par-
laient les « G r a n d s H o n g ro is» netait certainement pas identique au magyar
du X III* siècle. On a retrouvé dans les textes orientaux, les traces de
« M a g y a r s » qui ne paraissent pas être ceux du Danube, encore que des
confusions rendent ces textes difficilement utilisables’6. D autant plus que
Julien appelle les pagani U ngari du nom de Bascarti, qui correspond a celui
q u e m p lo ie n t Plancarpin et Rubrouck, ce dernier donnant pour voisins a ce
peuple les Kirghizes ( K erk is) et les Bulgares de la Volga (dont la Grande-
br' ^ relève le „ 0 »
G en gis-K han avait c o n fie la soum , , C(/ p 1 43 . 1 4 7 ). Yàqút, parlant des BaSkirs,
C om ans, les B u lgares les ^ m ^ es Crands-Bulgares, mais q u a u début du X III*
ex p liq u e q u ils on t ete c o n v e m s à 1>I* _ quj ne sauraient étre ,es . H on grois chré-
siècle ils sont sous la dor" ,na fo rm a tjo n s de ,a p rem ière m oitié du X I V ' siècle, cite parm i
tiens .. A l-U m a ri, d apres a vcc K a ffa, Súdáq. Saqsin. B u lg a r. . et la p ro
les villes d e le m p ir e d e la H o ,e M engiar de M arco Polo, qu on rech erch e dans
vin ce d e B aS qird; m ais c e tte v p ^ ^ Russes. des Tcherkesses, des Màgàr et
la rég io n ca u ca sien n e; ailleu , e n lever des esclaves : s agit-il des «H o n g r o is chre-
des Alains c o m m e faisant des rai P aux khans d e ,a H o rd e d ’O r? Cf. H. Derem-
tie n s . ou d un des peu p les soum is e naire de l'E cole des Langues orientales, Paris,
bourg, Les croisades d a p r i , Yâqo u , d ^ . ■. h « b . Kl. U c h , W iesbaden.
1895, p. 91; Das M on goh sch e W eltre , 777-778, et Recherches sur les chrétiens
1968, p. 140 et 142; P. P elliot. Notes on M a rc ^ hvpothèse récen te a p rop osé d 'id en tifier
d Asie cen tra le et d E x tr é m e -O n e n tp . I I . - ■ & p eu p ,e de ,angue ou grje nne que les
les P ro to -H o n g ro is (M a d ja ri) aux d '0 rigine, dans la région de Riazan, vers lE s t; le rap-
Russes au raien t re fo u lé de eu r habitat d o n g .^ ^ ^ N o r ,hmen and
p ro c h em e n t avec les C ran d s-H on gr ^ sujv 92. , 0 , (S |a vo -Onenta-
Slavs. B astem E u ro p e in the n m th century, La H ay .
lia , 2 ).
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30 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D O RIE NT AU MOYHN A<.l
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DE LAPPAR1TION DES MENDIANTS JIISOIIAtlX MONGOLS 31
ple qipéaq avaient été atlaqués par les Mongols prcs de la Volga. Bela IV,
inquiet de la (ermentation qui régnait parmi eux, se porta à leur rencontre
et défit I a i mée que commandait leur principal chel, Koutan. Mais ce der-
nier implora le roi de le laisser pénétrer en Transylvanie avec sa horde, en
promettant de recevoir le baptême avec tous les siens. Les Dominicains
intervinrent auprès du roi, qui se laissa convaincre; apres une prédication
sommaire, dix Frères Prêcheurs baptisérent plusieurs millicrs de Comans,
et ceux-ci pénétrèrent dans le royaume de Hongrie. D autres, cependant,
franchissaient le Danube et se présentaient aux frontières de lE m p ire
latin : les princes Jonas et S o ron iu s promirent eux aussi de recevoir le ba p
tême et obtinrent le droit d entrer, avec les leurs, dans le territoire de
I empire - qui se garda de négliger le précieux appoint de ces redoutables
guerriers, acteurs pour une part de la défaite ou Baudouin Icr avait disparu,
en 1205 après leur baptême, ils donnèrent leurs filies en mariage à Guil-
laume de Merry et à Narjot de Toucy, deux des principaux barons francs44.
Le territoire de la Comanie, lui, íut parcouru par les Mongols, et les
voyageurs, dix ans après, le trouvèrent encore jonché dossem ents.
D innom brables Comans chrétiens et quatre-vingt-dix Dominicains furent
massacrés, la résidence épiscopale détruite; dautres néophvtes furent
déportés en Asie centrale, ou Rubrouck devait en rencontrer. Le diocèse
des Comans disparut : on ne devait songer a le restaurer que plus de trente
ans après.
La conversion des Comans allait cependant continuei à être d ’actualité.
Dans la Hongrie, si éprouvée à son tour après la défaite du Sahjo (1241), les
nômades auxquels le baptême avait été administre si libéralement se révé-
lèrent un élément de trouble : on parut même craindre par moments q u ’ils
nentrainassent la Hongrie vers le paganisme. Innocent IV donnait en 1253
des privilèges aux Dominicains qui annonçaient la prochaine conversion
des Comans; en 1256, on apprenait qu un grand nombre d'entre eux avait
que le duc d e Sou zdal avait a rrêté le p o rte u r d e ce m essage. D 'apròs le De inventa, le frè re
Julien aurait re n c o n tré en G ra n d e-H o n g rie un en vo y é des M on gols qui parlait le m on gol, le
turc (c o m a n ), 1'arabe, le h on grois, le russe et 1'allemand.
G érau d De Frachet, op. ciL ; A u bry d e Trois-Fontaines, p. 946; S. Salaville. art. cité,
p. 193; S oran zo, I I papato, 1'Europa cristiana e i Tartari, p. 42 et suiv.; R. G rousset, L 'E m p ire des
steppes, Paris, 1939, p. 328-332. Cf. J. Lon gn on , L E m p ir e latin de Constantinople et la p rin cip a u té
de Morée, Paris, 1949, p. 182-183 (d e l‘un de ces m ariagcs naquit sans d o u te cet Anselin de
T o u cy qui. en 1264, put d é b a u c h e r des m e rc e n a ire » turcs au scrvice des B yzantins. ca r il pa r
lait lu i-m êm e le turc : Ib id , p. 233). On peut ra p p e le r à ce p rop os le destin d autres fu gitifs qui
d e vin re n t les élé m en ts d e «g r a n d e s c o m p a g n ie s » à travcrs 1 'O rien t: les K h w a rezm ien s.
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32 l A PAPAUTF. IVI I I-S MISSIONS D ORIENT AU MOYEN AGE
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DE LAPPARIT10N DES MENDIANTS JUSQUAUX MONGOUS U
voulu imposer à ces nômades4". Toutefois, du fait que les Comans sYtaieni
établis dans un territoire déjà pourvu de son armature diocesaine, I** <li<*
cèse des Comans et son évèque particulier avaient définitivemenl dispam.
La mission de Tartarie Aquilonaire allait reprendre, sous une autrr lurme,
la tâche brutalement interrompue.
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34 l a PAPAI/TF. I‘ í I I.S MISSIONS 1/OKIIíNT AIJ MOYF.N AGE
rinipulsion du légal Pclu^c*, ptend ijii contacl plus étroit avec ceux-ci; ()n
voit pénétrer dans la liltératurc lalíne, la iraduction de textes apocalypij.
ques d o r i g in e syriennc, copie ou chaldéenne, ou les souverains chrétiens
plus ou nioins mylhiques, quí re^ricnt au-dclà de la barrière musulrnane
sont appelés ü jouer un róle déc ísil en lavcur des Croisés - celui que déja,
en 1145, 1'évéquc Hugues de («ab ala prôtail au Prètre J e a n sl La perspec.
tive d ’une intervention des íjéorgieris prend corps, et des relations s esquis,
sent de ce còté; un texte concernant les graves évènem ents qui se produi-
sent en Iran et en Asie centrale, en les attribuanl à un roi chrétien, David,
est recueilli par Jacques de Vilry et díflusé asse/ la r g e m e n t S2. La Cinquierrie
C roisa d e se révele ainsi com m e un m om e n l capital p o u r les relations entre
Latins et Chrétiens o r ie n t a u x ".
C e s t précisément avec la Ciriquieme Croisade, qu apparaissent trois
person n a g es avec lesquels 1’cspril missionnaire prend une nouvelle tour-
nure : Jacques de Vitry, lecolátrc de C o logn e O livie r et saint François
d A ssise .
II n ’est pas inutile de noter q u e les deux prem iers, qui nappartiennent,
ni l'un ni 1’autre, aux o rd re s de nouvelle création, ont été au départ des pré-
dicateurs de Ia Croisade, el que c est en Orient q u i l s se sont intéressés aux
perspectives missionnaires. Jacques de Vitry, qui fut é v ê q u e d Acre de 1216
à 1228, nous a laissé dan.s son H is to ria O rie n ta lis , à p r o p o s des progrès réa-
lisés en Orient p a r la doctrine m usulm anc, une d e sc rip tio n d e s peuples qui
avaient résisté à cette diífusion de l’Is la m S4: les C o m a n s , d o n t il connaissait
le p a g a n is m o ” , et les peu ples donl 1'adhésion à 1'Islam dissim ulait soit des
sou ven irs chrétiens - tels les B é d o u in s soit d e s d o c trin e s hétérodoxes
(N osairis, Assassins). Un peu plus loin, il passait à la d e s c r ip tio n de la Terre
Sainte oú il plaçait un tableau des p e u p le s qui h abitaien t celle-ci, en carac-
térisant chacun d e u x ™ les Poulains, les Francs de T e r r e Sainte, attiraient
'■ Cf. P. Pelliot, Deux passa^es de la prophétie de Hannan fils d’lsaac, dans Mélanges sur
lepoque des croisades, p, 73-97; R. Rõhricht, (Jmmi belli sacri scriptores minores, Genève, 1879,
(Sociétc dc rOricnt latin). Cf. G.A. Bezzola, op. cit., p. 13-28.
J. Richard, LExtrêrne-Orient lénendaire. .. Roi David et Prètre Jean.
53 Les sympalhies qu à tort ou á rai.son les Musulmans prètaient aux Chrétiens indigènes
a 1égatd des Croisés débarqués sur le sol égyptien, se traduisent d a i l l e u r s p a r une sévère
persécution : le patriarche (mclkitc) Nicolas et dautres évèques sen plaignent au pape.
1223 (Raynaldus, Annales eedesiustiei, 1223, §9).
4Dans J. Bongars, Gesta Uri per Francos, Hanovre, 1611, p. 1061-1063.
II suggere d expliquei' le nom des Turcomans, Turcomanni, en fa is a n t de ceux-ci un<
branche des Comans (Turci coinani).
P. 1086-1095, Une premièrc esquisse de ce tableau dans une de ses lettres ; Ltttres
~j
DE L APPARITION DES MENDIANTS JUSQU AUX MONGOLS 35
son attention par leurs vices et leurs maeurs orientalisées; les Syriens, par
leur adhésion au rite grec, en dépit de 1’usage quotidien de 1’arabc; les Jaco-
bites, par 1usage de la circoncision, 1’emploi soit du chaldéen, soit de
1arabe, les Nestoriens, peu nom breux en Terre Sainte, mais très répandus
en pays m usulm an et dans 1Inde, par 1'usage du pain fermenté; les Maroni-
tes, revenus à 1 Union, par leur emploi des ornements pontificaux de léglise
latine; les Arméniens, unis eux aussi, par 1'absence d eau dans le vin de la
consécration; il n oubliait ni les Géorgiens, ni les Mozarabes.
Cette enquête débouchait, dans son esprit, sur une évangélisation : ne
terminait-il pas une de ses lettres en affirmant que beaucoup de ces hcréti-
ques et des Sarrasins, se convertiraient facilement à la foi, s ils entendaient
prêcher la saine doctrine? Et il invitait ses lecteurs à prier « pour que le Sei-
gneur, qui ne déteste pas ceux q u il a créés et qui veut que tous les hommes
viennent à reconnaitre la vérité, daigne éclairer en ces jours-ci les ténèbres
de 1'Orient » 57.
Dès son arrivée à Acre, du reste, il avait obtenu des évêques jacobite et
melkite, qu'ils réunissent leurs ouailles auxquelles il avait prêché, les invi-
tant à aba n d on n e r leurs usages repréhensibles; l'absence de prélats nesto
riens, arméniens et géorgiens, 1'avait empêché d'agir de même auprès de
ces trois com m u n au tés58. Parcourant le Levant, jusqu a Antioche, il avait
également prêché; il s'était tout spécialement intéressé aux Musulmans,
obtenant qu on laisse baptiser des esclaves musulmans dont beaucoup
disaient avoir été favorisés de visions59; et, voyant q u il ne pouvait aller
dans la terre des Sarrasins pour prêcher, il avait envoyé des lettres pour les
inviter à se convertir60 - au cours de la campagne d ’Egypte, il devait rache-
ter les jeunes enfants pris dans Damiette, dont cinq cents au moins reçu-
rent le b a p tê m e 61.
A 1ecolâtre de Cologne, nous devons également une description des
sectes orientales, sous la forme d une « longue digression » de son H istoria
Jacques de Vitry (J 160/1170-1240). E d ition critiqu e par R. B C. Huygens, Leiden, 1960, p. 83-87
et 93-97.
57 Lettres, p. 97.
s* í b iú p 93.84 Dans YHistoria orientalis, il donne à prop os de chaque secte une b rève
a rgu m en tation c o n tre les erreu rs d e chacune.
w Lettres, p. 88-89.
“ Ib id p. 96. A ses yeux, « si 1’h érita ge du S eign eu r était lib éré des infidéles, et l Eglise de
Dieu restau rée en O rient. les Sarrasins retenus par la crainte des autres se co n vertiraiem
súrem ent au S eign eu r et les ch rétien s qui sont op p rim és sous la dom in ation des paíens en
O rient seraient lib e r é s » (p. 89).
“ Ib id , p. 128.
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.V» I A FAPAliTf. KT LES MISSIONS D O KIFN1 Al M‘ »VI U A '.l
men,MPArD , vÔn dííi Brincken. op. eit. p. 293 296, Léglise chaldéennc -dc- lextcneur. rest*
cependant encore inconnue: il faudra larrivée des Mongols pour que les U t . n s , q u i - l
dant nignorent pas la prcsence dc chréliens. dits Nesloriens. chez • les Medes et ics ^
ei dans l inde, decouvrcnl ceux d Asie centrale - cette Asie. il est vra. malgréla ^
D a v id e qui énumerait déjà des villes comme KaSghar, Balassaghun, Bu ara.’ ' , ^
qui est transcrite dans une lettre de Jacques de Vitry (éd. Huygens. p. 0 ^
informations apportées au comte de Tripoli par des marchands orientaux, n etai p
« perçue» par les Occidentaux. faisan:
Die Schriften, p. 2% et suiv. (lauteur ne néglige pas la captatio benevole .
1eloge de 1‘humanité dal-Kâmil envers les blessés chrétiens). transp^1’
** Ici, il tire argument de miracles survenus à Beyrouth, oú les Jui s avaien ^ ^
un crucifix. et à Sardenay, lieu dun miracle célebre dont 1'instrument etait un«. ico
Vierge.
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I)H 1. AITAKI 11()N DES MENDIANTS JllSQU'AUX MONGOLS 37
Saint François, lui, avait déjà envisagé d’aller prêcher la foi aux Musul-
mans. La croisade lui en donna 1’occasion. Parvenu au camp de Damiette, il
n obtint pas sans difficulté du légat Pélage, 1’autorisation de se rendre au
camp musulman. Par contre, laccès à celui-ci lui fut relativement fa d le *’ ,
et il parvint à se faire conduire au sultan al-Kàmil, avec son compagnon, le
Irere lllu m in a tu s de Rieti. Admis devant le sultan. celui-ci le reçut fort cour-
toisement; le saint souhaitait engager une dispute avec les théologiens
musulmans. qui auraient riposté en invitant le sultan à faire décapiter les
deux chrétiens, car « li lois (= le Coran) deffent que on n e n n oie nul pres-
chement Et s*il est nus qui veuille preecer ne parler contre le loi, li lois
com m an de c o n li colpe la teste». Al-Kâmil, en tout cas, que saint François
ait ou non offert de subir le p re u ve du feu pour garantir la vénté de sa m.s-
sion aurait répondu que, puisque ce chrétien était venu pour sauver son
ume! il ne pouvait le n punir, et renvoya les deux Franciscains dans leur
c a m p 70.
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38 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS DORIENT AU MOYEN-AGE
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DE 1. APPARITION DES MENDIANTS JUSQUAUX MONCiOLS
7* J. R ich ard . Les m issionnaires latins dans Vinde au X IV • siècle, dans Studi veneziani, X II.
1970, p. 233. Un passage d u n e lettre dc P icrre dc Blois à Richard. évêqu e dc Syracusc (Patr.
Lat., CCVI1, col. 136), dans un parallèlc en tre Thom as B ecket ct 1'apòtre des litdcs, est ainsi
con çu : Eat, q u i volu erit, in In d ia m ad suffragta hean apostoli; lam longa peregrinatio nim is labo
riosa est m ih i; m ih i su fficit Thom as m e u s ... Ce texte tem oigne-t-il d u n e certaine vogu e du
p è lerin a g e au tom b ea u d e 1’a p ò tre à la fin du X II* siècle? En tout état dc cause, un tel voya gc
ne fut sans d o u te ja m ais le fait que d c qu elqu es intrépides pélerins.
77 C f n o tre é d itio n d e S im on d e Saint-Quentin. H isioire des Tartares, p. 52, 74. et Aboul an
a ccou n t o f lhe balde o f H alún referring to Frankish m ercenaries m Oriental moslem states. dans
Speculum , X X V II, 1952, p. 168-177.
7* N ou s nous p e rm e tto n s de re n v o y e r à n otre etu de a para.tre dans les 4c/<5 du 9* collo-
qu e in tern a tio n a l d h is t o ir e m aritim e. et dont la traduetion angla.se hgurera dans notre
rec u e il Les relations entre O rie n t et Occident, 1-1 à 39.
79 R R õ h rich t, Regesta regni H ierosolym itam , n °6 26 (1 183).
" P a t r Lat C C X IV col. 444-449 (17 déc. 1198): ad redem ptionem captivorum qu, sunt
in c a ," r a ,iP,o ChrisH a p e r n i s . » ' l d e .o p r e a o r a . i o M p ro v,/ p ro
. , ^ „ l{xjnru m ut oostea. .. redim atur christianus p ro pagano . ..
redem ptione pa g a n oru m ca p n v o ru m itl p G rég o ire IX doit in viter le roi de
•’ " - A d i . le laisse déjà en tendre: dans sa le U r e d e ^ pm .
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40 LA p a p a u t e e t l e s m i s s i o n s d o h i e n t a u m o y e n a g e
I * craime du pape élai. dc voii les caplifs, perdant lespoir delre l,h,
rcn, isoles les uns des autres, mais surtuut hors d etat d observer les ritL.s dc
leur religion íle travail du dimanche étant de règle pour eux) grossir |v
nombre des rénégats. dejà très important du fait que beaucoup de Chró-
lien», au moment de leur capture, acceptaient de «s e renter» pour sauvcr
leur vie*2. Leur assurer un minimum de vie religieuse était indispensable.
U* patriarche melkite dAlexandrie, Nicolas, se vit à plusieurs reprises félj.
titer par Innocent III pour son action en laveur des captifs auxquels il prü.
di^uait ses exhortations; en 1212, il avertissait le pape des besoins dc ceux-
ti, lesquels écrivaient en même temps au pontife q u ils n avaient quun
vieux prétre pour leur administrer les sacrements : Innocent III demanda
au patriarche de choisir parmi eux quelqu un qui fút instruit des fonctions
ecclésiastiques et de le promouvoir au diaconat*3.
Mais les rapports entre clergé latin et clergé grec, ou d autre rite,
n'étaienl pas toujours de nature à rassurer Rome : un certain nombre de
captifs passerent au rite copte*4. Aussi, en 1238, est-ce à un Franciscain que
Grégoire IX confiait le soin de donner les sacrements aux Templiers et
autres chrétiens captifs à Alep qui pouvaient aussi les recevoir de prétres
jacobites**. En 1279-1282, les captifs du Caire demandant un prétre au pape
fcrrip lier* dc libérer leurs esclaves donna p retexte au sultan B aibars p o u r attaqu er les etats
latin* cn 1263
*' Joinville donne la-dessus des dêtails p r é c is : les m arin iers d e sa n e f «e s to ie n t tuii
ic n u í c » , dc* prisonniers se voient o ffr ir le choix en tre le reniennent et la dccapitation (éd.
N dc Wailly, § 331, 334), on fait rem er les enfants — que saint Lou is p a rvie n t á se faire rendre
(»i - Un renegai explique a Joinville que c e s t la pau vreté qui l a d é c id é à se convertir,
m ulyn- *a torivcience '§ 395-396). N om breuses in form ation s sur la vie des captifs. et des réné-
«a i*, sou* la p lu m t du franciscain irlandais Sim on Sem eonis (Itin e rá rio S ym om s Semeonis. éd
M fi*p o »ito . Dublin, 1960>. O livier de P a d erb om racon te 1‘éva sion d'u n rénégat, profitant du
pa tta ge de* vaisseaux chretiens . H ísl Damiatma, p. 198.
hontei. JI, p 363. 410. Patr. U i . C C X V I, col. 23 (1209), 506, 509 (1212).
* Sim on Semeonis en cite deux. italiens de naissance (p. 62). Et, dans la liste des palriar-
'? i'tf*1* * ' ° n rcr,con,re un * T h eo d o re fils de Raphael, le F r a n c » (12 94 -129 9): E. Tisseranl
V : W ,* ‘ ; l * caUtU>gue patriarcal d A b o u l Barakat, dans M a sp éro. H isto ire des Patriarches
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DE L APPARITION DES MENDIANTS JUSQUAUX MONGOLS 41
Nicolas III, celui-ci s’adressa au général des Franciscains qui leur envoya
Giovannino de O llis de Parme'tft. D’autres Franciscains devaient visitei les
captifs, avec 1'autorisation du sultan, dans les premières années du X IV1-
siècle87. Et dautres, de passage, assurent occasionnellemenl leur desserteH\
tandis q u o n ne perd pas 1'espoir de ramener les rénégats à la foi chré-
tienne1
’9.
Par un retour des choses, il arrivait que les captils fissent du prosély-
tisme, encore que ce fut très difficile en milieu musulman, ou 1'abandon de
1’Islam était un crime. Césaire de Heisterbach signale toutelois que I évêque
de Beauvais, capturé sous Damiette, fut invité à baptiser un enfant malade,
fils d u n e «p a íe n n e », qui fut miraculeusement guériw. Mais peut-on, en ce
cas, parler de conversion?y|
Pour prêcher publiquement aux Sarrasins, c’est dans le territoire des
Etats latins seulement, que les missionnaires avaient la liberte de le faire. Si
nous en croyons Jacques de Vitry, le même égoisme des maitres laisait obs-
tacle aux conversions: «Q u i pourrait dénombrer», dit-il, «les vices d u n e
autre Babylone oü les chrétiens refusent le baptème à leurs esclaves sarra
sins, quand ceux-ci le demandent instamment et avec des larmes?». Leurs
maitres disaient en effet, «c e à quoi mon âme refuse de saccord er», que
«s'ils étaient chrétiens, nous ne pourrions pas les exploiter ( angariare) à
notre volonté». Et 1evêque d ’Acre se réjouissait d etre venu à bout de cette
opposition, et d e n avoir baptisé beaucoup1'2. Vingt ans plus tard (1237),
Grégoire IX ordonnait au patriarche et à tous les ecclésiastiques de Terre
D après S alim ben e (G olu bovich. I. p. 275-276). A noter que, s il y a quelqu e chose
d e x a c t dans 1'histoire d e la croisade des enfants que narre Aubri de Trois-F onlaines (p. 893).
le « c a lif e » d ’Egypte aurait systém atiquem ent (en souvenir dc ses années d etu des à P a r is .. . )
racheté les eleres, au n om b re d environ 400. dont 80 prêtres, ce qui aurait pou r quelque
tem ps assuré une desserte spiritu elle aux captifs. Mais 1aneedote parait bien controu vée.
•7 G olu bovich, III, p. 68 (cin q frères mineurs, dont l'un mourut à A lexandrie et un autre,
Ange de Sp olète. devait plus tard m ou rir m artyr chez les Bulgares de la Volga).
•* Sim on Semeonis, en 1329, célèb re ainsi la messe, pendant son séjour, dans les chapei-
les destinées aux esclaves latins du Sultan au Caire et à Alexandrie (p. 86).
« " C f Ch. K o h ler, Deux projets de croisade, dans Revue de 1'Orienl latiu, X. 1903-1904,
p 443
*• Césaire de H eisterbach, D ialogi m iraculorum , dans Ròhricht, Testimonia m inora de
quinto bello sacro, G enève, 1882, p. 172.
VHj acqUes de V itry fait état. en effet, de 1habitude qu avaient bcaucoup dc Sarrasins dc
faire baptiser leurs fils par des prêtres syriens, dans la croyancc que cela les ferait vivre plus
longtem ps ( Lettres. p. 69); B crtrandon de la B roqu ière signale une superstition du m em e
genre en Tu rqu ie au XV* siècle. (M as-Latrie. Hist. de M e de Chypre, III, p. 7).
*2 Lettres, p 88.
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p
95 Registres de Grégoire IX , n° 3792 et suiv. ( Fontes, III, p. 307). - L e pape parait revenir
sur ses prem iéres affirm ations 1'année suivante (Ib id , n° 4147; 1238) lo rs q u ’il in vite le painar-
che de Jérusalem à contraindre les barons du royau m e, m algré leu rs réticen ces, a laisser
leurs esclaves musulmans assister au m oins à une p réd ica tion m en su elle, et, s ils le voulaient.
á rec evo ir le baptèm e, ceci n'entraínant pas n écessairem ent leu r a ffra n ch issem en t.
M On voit, dans le royaum e arm énien d e Cilicie, en 1274, v e n d re « unum sclavum baptiza-
tum nom ine G u irardin u m » sous con dition de ne pas le «v e n d e r e alicu i Sarraceno. nisi si
ipsum sclavum vellet fra n c h ire » (A rchives de 1'Orient latin, I, p. 477). L e ro i d A rm én ie interdit
aux G ènois qui achètent des esclaves dans son royau m e de les v e n d re aux Musulmans. s ils
sont baptisés (Tournebize, Hist. . . . de 1‘Arménie, p. 218; 1288).
95 Recueil des Hist. des Croisades, Lois, éd B eu gnot, II, p. 191.
** Les réticences que rencontrent les co n version s d e s c la v e s on t d a ille u r s ici leur corres-
pondance. les princes latins étant fort peu soucieux de m é c o n te n te r leu rs sujets non-chré-
tiens ou non-latins en les exposant au zèle indiscret des m is s io n n a ir e s : c e s t ainsi que Ray
m ond Lull, étant venu en C hypre au lem p s de la ca m p a gn e d e G hazan en S yrie (1299-1300).
seta.t avise de dem an d er au roi H cnri II d 'in v ite r les Juifs, les M u su lm an s et les Chretiens
separes, a le laisser prèch er dans leurs synagogues, leurs m o sq u ées et leu rs eglises HenriU
^A iQ t i Sugranyes de Franch, Raym ond Lulle, d octeu r des missions, Schòneck Becken-
ned. 1954. p. 43-45.
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DE LAPPAR1TION DES MENDIANTS JUSQU AUX MONGOLS 43
99 C h ron iq u e de Prim at, dans Rec. Hist. France, X X III, p. 14. - Les enfants rachetés par
Jacques de V itry après un raid en terre in fidèle (1217) sont baptisés et con fiés à des religieu x
pou r é lr e instruits aux lettres : sous le m ont Thabor, c est un jeune Sarrasin qui se rend dans
le cam p ch rétien et se fait b a p tis e r: O livier, p. 289.
i°o Registres d V rb a in IV, n° 2518.
101 Cf. Ibn al-Furàt (L y o n s et Riley-Sm ith, Ayyubids, Mamlukes and Crusaders, C am b rid ge
1971, II. p. 132-134). t
102 Le pape écrit au sultan d Alep, en 1211, pou r le p rie r de p ro té g e r le patriarche d'Antio-
che, m en acé par le roi d A r m é n ie : il fait allusion à ses bonnes dispositions en vers la fo i
catholique, tout en sachant qu il n'en a pas reçu les sacrem ents (Patr. Lat., C C X V I. col. 434
Fontes, II, p. 405). En 1213, c e s t au sultan d Egypte, pou r lui su ggérer de restituer la T e rre
Sainte aux chrétiens, d e façon à é lim in e r un casus belli (Ib id , col. 831; Fontes, II. p. 444).
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44 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN-AGE
res de sa garde latinel0}. Et ses successeurs ménageaient les Latins pour di-
multiples raisons; mais leur bienveillance envers les Chrétiens venaii prü.
bablement, comme l’a noté Abu'l Faraj, que les mères des sultans étaient en
général d ’origine gre c qu e 104.
Cest en 1233 que Grégoire IX, au moment oú il répondait à 1’invitation
du roi de Géorgie en envoyant dans son pays le Franciscain Jacques de Riu.
san avec d autres frères, décidait d envoyer des Franciscains aux différents
princes musulmans : les sultans de Konya, de Damas, d ’Alep, du Caire, |e
Khalife de Bagdad, et même le «m ira m o lin » du Maroc. A chacun deux
était envoyée une exposition de la foi chrétienne et de la tradition apostoli-
que; les religieux étaient chargés de 1'expliquer et le pape priait les princes
de les écouter105. Nous n’avons guère q u ‘une lettre émanant d ’un prince
musulman et adressée au pape : celle du sultan de Turquie, lequel envisa-
geait la conclusion d'une alliance avec les Latins contre ses voisins aivübi-
des, en y faisant entrer la perspective de la reconquète de Jérusalem, mais
sans aucune allusion à une conversion éventuelle (1234)106.
Le peu de succès de cette première démarche diplomatique nempècha
pas la Papauté de récidiver. Des Dominicains et des Franciscains partent en
1238 «d a n s les terres des paiens et des Sarrasins, outre m e r » «pour la
conversion des paiens», sans être spécialement recomm andés auprès des
princes m usulm ans107. L ’un de ceux-ci, toutefois, 1'émir de Hama, donnait
en 1239 1'impression d ’être tout prêt à embrasser la foi chrétienne, et un
certain Guillaume Champenois, elere de Tripoli, alia prier les barons chré
tiens de se porter sur Ham a pour que 1'émir püt se déclarer sans redouter
ses coreligionnaires : ce fut une déceptionl08.
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DE LAPPARITION DES MENDIANTS JUSQUAUX MONGOLS 4S
estoit mout acointes dou seignor de Haman, et usoit mout en tor luy, vint en 1'ost dou roy de
Navare et dist as barons que le soldan de Haman lor m andoit que se il voloyen t ven ir vers sa
terre, par qu oy il eust la fo rce et 1'aye des Crestiens, il lor m etroit en main ses forteresses et
devien droit cre s tie n ».
109 Sbaralea, I, 360, 362, 353, 3 5 4 ...
110 Cf. P. Pelliot, Les M ongols et la Papauté, III (Rev. Or. Chrétien, X X V III) p. 612, discutant
un article du cardinal Tisserant, La légation en O rient du Franciscain D om inique d'Aragon
(1245-1247) paru dans Rev. Or. chrétien, X X IV , 1924, p. 336-353; cf. aussi II (Rev. Or. chrétien,
X X IV , 1924), p. 225-236.
" * Registres d 'In n ocen t ÍV, n° 3031, 3032, 3033, 3034. On notera qu en 1215, une dispute de
ce genre avait eu lieu à A lep entre un m oine orien tal et trois docteu rs musulmans (Prutz,
Kulturgeschichte, p. 75).
112 Du Bouchet, loc. cit.
111 Ròhricht, Regesta, n° 1213 (Raynaldus, Annales, 1254, §5 -6 ); Registres d ln n o c e n t IV,
n° 7780-7781.
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46 LA PAPAITÊ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN AGE
1,4 Rõhricht, Regesta, n° 1263, date cette lettre de 1257, d ’après Potthast, Regesta pontifi-
cunt, n° 17131 - on n otera que la référen ce de ce d e rn ier aux Annales de Raynaldus (1257,
§ 55-72) est erron ée - M. Gérard M ovse a bien voulu v é r ifie r pou r nous le manuscrit Vat. lai
3877, f° 81 -82 v*>, auquel ren voie Potth a st: il s a g it des D ictam ina de B éra rd de Naples, oú la
lettre n'est pas datée. Nous rappelons que M athieu Paris l'attribu ait à Alexandre III (supra.
p. 8); il est plus que douteux que B érard eüt repris dans son recu eil une lettre qui avait un
siècle dc date. Cf. Altaner, Dom inikanennissionen, p. 81.
115 Cf. le d itio n du De statu par Prutz, et le ch ap itre déjà cité d e P.A. Throop. Notons que
Guillaum e avait vécu en Egvpte, et qu'il avait été en vo y é à la co u r rom ain e en 1264, pour
exp oser 1'état de la T e rre Sainte (R õhricht, Regesta, n° 1338). Sur R icold o , cf. Ugo Monnerei
de Villard, La vita, le opere e i viaggi di trate R ico ld o da M ontecroce, dans Orienta/ia Chrisliar*
periódica, X, 1944, p. 227 et suiv.
On peut citer les bulles p o n tificales attestant 1'envoi ch ez les Sarrasins de relig>eU'
des deux ordres dotés des p ou voirs habitueis des m issionnaires, en 1233, en 1238, en
en 1233, nous savons que les D om inicains se rendent en Egypte, a vec une lettre pour le *ü
tan ( Annales sacri ord in is fratrum praedicatorum , IV, p. 118-119; cf. Pelliot, Les M on g ols «
Papauté, II, dans Rev. or. chrétien, X X IV , 1924, p. 61-62). F rère Ph ilip p e en voie trois de
con freres chez les Sarrasins en 1237. - Des m ém oires sur la vie de M ahom et et les cro>an
i
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1
des Sarrasins on t été en voyés à G rég o ire IX ct sont reprodu its par Math. Pans. Chrom ca
m ajor a éd Luard III, p. 343-361, le p re m ie r ayant été en voyé de parttbtis orientahbus per prae-
d,catares partes iílas pera gra n tes: ce sont vraisem blablem en t des Frères Prècheurs. Sur la
p a tern ite de ces m ém o ires , cf. B. Altaner, Die D onunikanerm issionen. p. 87. n. 10. et
P. A .T h ro o p . op. c á . p. 120, n. 4.
" 7 K. S. Salibi, The m a ron ile c h t ir c h ... ; Le Quien. Oriens chnsttanus. 111, p. 54-65; Puir.
Lat., C C X V I, col. 826 ou Fontes, II, p. 443 (le ttre adressée M a ron ilen si. . . archiepiscopo; avril
1213).
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48 l a p a p a u tê e t l e s m is s io n s d o r i e n t a u m o y e n - a c e
latine, pénétrait dans 1’Eglise maronite, qui n en gardait pas moins I usage
de sa liturgie et sa langue syriaquell8.
Les luttes intestines n'étaient pas terminées - le patriarche Daniel allait
ètre obligé de quitter la région de Gibelet pour celle du Boutron, et à sa
mort (1282) un patriarche uniate, 1’archevèque de Kaftun Jérémie, fut élu et
s’installa prés de Gibelet pendant q u u n compétiteur était élu par les adver-
saires de 1’union et s’établissait près de B c h a r r é l,y. Mais les Latins considé-
raient désormais 1’union maronite comme stable, encore que Ricoldo de
Monte-Croce estimàt nécessaire d o b te n ir de 1’archevêque maronite de
Tekrit, en Mésopotamie, une profession de foi répudiant expressément le
monothélisme120. Toutefois, le maitre des Frères Prècheurs mentionne, en
1256, que ses confrères de la province de Terre Sainte ont examiné les
livres des Maronites pour les corrig er121.
L'union arménienne était, elle aussi, déjà en bonne voie : on a vu que le
patriarche Grégoire Dgha avait reçu du pape Lucius III, en 1184, une mitre
(que le pape avait lui-même portée, dit-on), le pallium et 1’anneau, envoi qui
symbolisait la reconnaissance de sa juridiction. Une partie du clergé armé-
nien se déclarait en faveur d u n e union étroite avec les Latins - tel Nersès
le Grand qui exprimait hautement son admiration pour la vie des moines
francs dans leurs monastères122 mais aussi des raisons d ordre politique
■ T Anaissi. B u lla riu m M aronitarum , Rom e, 1911, p. 2 et suiv. ( Fontes, II, p. 458); Olivier,
Historui Datniatxna, p. 265. - Le titre de 1 «a r c h e v ê q u e des M a r o n ite s » est re m p la c é dans cette
bu lle par celui de patnarcha sive primas.
K. S. Salibi, loc. cit. \ «le n n o r a b le père frè re Jerem ie, p a tria rc h e des Maronins, ses
co m p aign o n s fre re Abraham, a rcevesq u e de V illeja rg o n , et fr è r e Y ah an na, arcevesqu e dc
R e s s h y n », assistent le 18 fé v r ie r 1282, à N ephin, à un acte du c o m te d e T r ip o li (Mas-Latrie,
Hist. de lile de Chvpre. III, p. 667). En 1243, In n ocen t IV c o n fir m e la d é s ig n a tio n de larchevê-
qu e d A io la faite par le p atriarch e (Reg. ín n . IV, n° 58).
120 R icold o , L ib e r peregrinationis, éd. Laurent, Peregrin atores m e d ii aevi quatuor, p. 113
et 126.
121 R eich ert. Litterae encyclicae m agistroru m ge n e ra liu m O.P., dans M o n ord praed histo-
rica, V, 1900, p. 40.
:2 R ec Hist. Croisades. D ocum ents arm éniens. I, p. 117. Cf. T o u rn e b iz e , Hist. politique et
rehgteuse de lA rm e m e. Paris. 1900, t. I. p 240-254. Sur ces contacts, cf. Pascal Tekeyan, Contro-
verses chrtstologiques en A n n én o-C ilicie dans la seconde m oitié du X I I * siècle (1 165-1198) dans
O n en talta christm na a m iecta , t. C X X IV , 1939. Si G r é g o ir e III, c a th o lic o s d e s Arm éniens! avait
p n s con ta ct avec Eu gen e III dès les en viro n s d e 1142, c e s t es s e n tie lle m e n t avec les Bvzanlins
qu e s en ga gen t des co n ve rs a tio n s en tre 1165 et 1193; les A rm é n ien s p ren n en t leurs distances
p a r ra p p o rt aux Syrien s m on op h ysiles, m ais sans a r r iv e r à un a c c o rd a vec les G recs sur les
q u esn on s c o n tro v e rs e e s : le c o n c ile d e 1179 ne p a rvie n t pas. m a lg ré une p rofession de foi
recon n aissan t ex p ressem en t la d u a lité des n alu res du Christ, à o b te n ir une proclam ation de
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1
1'unité dc foi dc la part des Grecs. Cependant que Nersès de Lampron continue à négocier
avec ceux-ci, Léon II traite avec les Latins, et parvient ainsi à 1’accord de 1199.
123 Tou rnebize, op. cit., p. 260-270.
124 Sim on de Saint-Quentin. Histoire des Tartares, éd. J. Richard. p. 87-88; Patr. Lat.,
CCXIV. col. 815 ( Fontes, II. p. 204). L e n v o i du pallium et de 1'étendard accom pagne, en 1204,
la soumission du tsar des Bulgares à 1‘Eglise rom aine. - La forteresse de Babaron ou Paperon
(qui appartint par la suite au connétable Sem pad) a été identifiée au château de Cander-kale,
dans la vallée du Daghirm en, par Léon Alishan, Sissouan ou rAm téno-Cilicie, Venise, 1899,
p. 72-76.
125 Les A rm éniens avaient en effet occu pé la plaine de Cilicie, prccédem m ent annexée à
la principauté d ’Antioche, et oü les Francs avaient installé leurs archevèques (qui avaient
dailleu rs été chassés par les Byzantins).
126 Cf. Sim on de Saint-Quentin, loc. cit., et notre note.
127 Patr. Lat., C C X IV , col. 773, 1003, 1007, 1012-1013 (Fontes, II, p. 199, 220, 221, 223, 394) -
Le pape en voie égaiem en t le pallium à la rc h ev êq u e de Sis.
' 2* Patr. Lat., C C X IV , col. 687.
129 Selon Kirakos ( Rec. Hist. Croisades, Doc. Arm., I, p. 422-423), les Latins avaient
dem ande aux A rm éniens de c é lé b re r la fête de N oèl et les autres fètes des saints, de réciter á
I eglise les heures canoniques, de n u se r que du poisson et de Ih u ile les veilles de N oèl et de
Pâques.
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50 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN AGE
130 Le D ire c to riu m ad passagium faciendum ( D o c . Arm., II, p. 487-488) sc plaint qu‘il nc sub
siste plus q u e c e lle d e Tarse. En fait, on constate la p résen ce au c o n c ilc de Sis (1307) d'un
é v ê q u e (a rm é n ie n ) d e Tarse à c ô té d u n a rc h ev êq u e latin (D o c. A rn t, I, p. L X X ). Un évêque
a rm é n ien de M am istra est en v o y é au pape en 1306 (R egestum C lem entis V, I, 748); lc chapitre
latin éLit son a rc h ev êq u e en 1320 (Arch. O rie n t latin, I, p. 266-267): c est en su itc que Jean XXII
tra n s fere à 1'Ai'as le siège de M am istra, v ille d é so rm a is d e se rte (id., p. 266-267; cf. Loenertz,
Evéques d o m in ica in s des deux Arm ènies, dans Arch. F. P., 1940, p. 269). On sc trou ve dans la
situ ation n o rm a le d un d io cès e oü T a rch evêqu e latin est associé à un é v ê q u e d autre rite,
p o u r la p o p u la tio n non-latine. La n o tic e d'E u bel, H ierarchia, I, p. 338-339 ( M a m istren.) ne tient
pas c o m p te d e c e tte situation.
131 W ilb ra n d d'0 1 d en b u rg con state en 1211 : in fide non erra n t (P ere g rin a tore s medii aevi
qu atuor, p. 174).
1,1 O liv ie r n o te qu'ils se disen t soum is à 1'Eglise rom ain e, sans en ê tr e peut-ètre tout-à fait
p e rsu a d e (H is t D am iatina, p. 265-266). Jacques d e V itry re lè v e 1’usagc d e co n sa crer du non
m ê lé d eau, rite qui peu t-être reg a rd é c o m m e m o n o p h y s ite (Lettres, p. 85). Un v if mouvement
d ’h o s tilité à 1’union s éta it m an ifesté au m o m en t d es n égo cia tion s, su rtou t dans les couvents
d e G ra n d e-A rm én ie, p a ssion n ém en t an ti-ch a lcéd on ien s, et K ira k o s p rê te au roi Léon 1’affir-
m a tio n qu il en ten d a it ne se so u m ettre qu en a p p a ren ce, tandis q u e 1'évêque d e Tarse Nersès,
ju sq u e là partisan d u n a cco rd a vec les G recs, faisait l e l o g e des F ran cs à 1’intention des
a d v e rs a ire s d e 1’u nion (T o u r n e b i 2 e, p. 268, 273).
133 CL Cahen, La Syrie du N o r d à ié p o q u e des croisades et la p rin cip a u té franque dAntioche,
p. 596-624.
134 Patr. L a t, C C X V I, col. 430 et 784-786 (Fontes, II, p. 404, 439, 441). L es m otifs de cette
e x c o m m u n ic a tio n ne d e v a ie n t rien à 1’in o b s e rv a tio n d es a c c o rd s d e 1199: il sagissait du
c o n flit du r o i et des T e m p lie rs .
■3* In n o c e n t I I I se p lain t en 1213 q u e L é o n ait in tro d u it d es G rec s dans le g lis e de Tarse
(P a tr. Lat., C C X V I, c o l 784-785; Fontes, II, p. 439); W ilb ra n d e x p liq u e (p. 175-177) que lors de
son pasbage, en 1211, le ro i d ’A rm é n ie avait ex p u lsé les p réla ts latins, dicens se injuste “
R o m a n a ecclesia g ra v a ri et e x c o m m u n ica ri, c e c i à M a m istra c o m m e à Tarse. En 1224-1226,
H o n o riu s I I I d e m a n d e la res titu tio n aux L a tin s d e ces ég lis es et d e leu rs b ie n s : Fontes, IU-
p. 176, 199 (P ressu ti, II, 5222 ct 6027).
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DE L APPARITION DES MENDIANTS JUSQU AUX MONGOLS 51
136 II n e s t pas q u e stio n d es ra p p o rts en tre 1'Arm enie et A n tio ch e dans G. A m adou n i,
L a u tocép h a lie du k a th olica t a rm én ien (I p a triarcati o rien ta li nel p rim o m illen n io, O rien ta lia
christiana analecta, 181, 1968, p. 137 et s u iv ). D eux autres ca th olico s avaient été institués p o u r
les M e lk ites ja d is tra n sp la n tés pa r les Sassanides en M é so p o ta m ie et en Asie cen tra le, à Iré-
nopolis (B a g d a d ) et à R o m a g y ris ; ils a va ien t disparu, sau f peut-ètre le secon d. Cf. J. Dauvil-
lier, Byzantins d Asie cen trale et d E x trê m e -O rie n t au M oyen-Age. dans R evue des études byzanti-
nes, X I. 1953, p. 62-70.
1,7 Registres de G ré g o ire IX , n° 4466 : 1’A rm é n ie e n tiè re est du ressort du p a tria rch e d ’An-
tioch e; le ca th o lico s, en refu san t o b é d ie n c e à celui-ci, c o n tre v ie n t aux canon s du c o n c ile
général. Le p a tria rch e en te n d a it d a illeu rs en m ê m e tem p s ra m e n er sous son a u to rité les
abbés et les c le rc s grecs, a rm é n ien s et g é o rg ie n s du d io cès e d A n tioch e, et assu jettir aux
dim es les non -latins in stallés p a r les seign eu rs latins sur leurs te rre ( I b id , n°*4467, 4470, 4474
- ces textes dans Fontes, III, p. 319-321) : il s a g it d o n c d u n e re v e n d ic a tio n d e ca ra c tè re g é n é
ral.
IM L e pape c o n fir m e les co u tu m e s o b s e rv é e s en A rm é n ie d e p u is le tem p s de saint G r é
g o ire et du p a p e S y lv e s tre Ier, et e n v o ie un palliu m et d a u tres insign es au ca th olico s, au qu el
il reconnait le d r o it d a u to ris e r à p r ê c h e r en A rm én ie, tout en co n cé d a n t une in d u lg en ce aux
A rm én ien s m o rts en luttant c o n tr e les in fid è le s ( Registres de Grég. IX , 4732-4735, 4739; Fontes,
III, p. 332-335; cf. T o u rn e b iz e , H istoire, p. 286-287).
,M S im on d e Saint-Q uentin, p. 60-62.
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52 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN AGE
selon certL T n s'u ;11’ ^ § e l -58' P' 162 U S d iscu ssion s ^ r e n t c e rta in e m e n t très ard“ *
í r b ^ r u l; ur é acquis à runi° " ' °pp— « « « , ^ ,curs c
ns . le va rta b ed Vartan, de la M o n ta g n e -N o ire , a va it é c r it un liv r e c o n tr e le pape - <ul f
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DE L APPARITION DES MENDIANTS JUSQU AUX MONGOLS 53
d a illeu rs brú lé (p. 227-228). Le futur patriarche Constantin II, p ou r son adhèsion à la fo i
rom aine, aurait été exilé, selon Sam uel d'Ani, précisém ent en cette année 1288 ( D o cu m .
Armén., I, p. 462).
147 Fontes, V, 2, n° 84, 85 e l 88 ( B u lla riu m franciscanum, VI, n° 86-87).
141 A la v e ille du co n cile de Lyon, G rég o ire X sa d resse au roi et au cath olicos, p o u r les
inviter au c o n cile et aussi p o u r leu r d em a n d er 1'envoi du texte des actes du c o n c ile de N icée
et des autres co n ciles reçus par 1'Eglise d A rm é n ie , que le patriarche de Jérusalem et 1'é vê q u e
de T o rto s e d eva ien t fa ire tradu ire en latin (Reg. Grég. X, n° 304-305; 27 a vril 1273).
,4’ Entre 1290 et 1293, le ca th olico s Etienne IV d é cid e d u n ifier la date de Pàques avec
1’Eglise latine (T o u rn eb ize, p. 301). Sur l'attitu de des auteurs latins à 1’égard des Arm éniens,
cf. A. D. Von den B rincken, op. c it , p. 186-209. .
,so Dès le débu t du X II* siècle, des contacts s’étaient établis par 1'interm édiaire des G é o r
giens fi\és à Jérusalem (J. Richard, Quelques textes sur les prem iers temps de 1'Eglise latine tle
Jérusalem. dans R ecu eil de travaux offerts à M. Clovis Brunel, Paris, 1955, t. II. p. 420-430); ct
Gautier le C h a n celier note la présen ce de ch eva liers francs dans 1’a rm ée du roi D avid II, en
1121 (Cahen, Syrie du Nord, p. 293, n. 23).
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54 LA PAPAUTÊ ET LES MISSIONS D ORIENT AU M O Y E N A G E
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DE LAPPARITION DES MENDIANTS JUSQUAUX MONGOLS 55
• » Aubry, loc. cit., Sim on. p. 57-59 : A. D. V on den Bnncken. op. c it, p. 103-125.
'*• Sbaralea, 1, p. 101 (Tam arati, p. 426; I I avril 1233): dilecto filio Jacobo de Russan, de
ordine fratrum m in o ru m . . . accepim us referente quod tu . .. personas ipsius ordmis. qutn potius
operantem in eis spiritu m v e n e ra ris ...
157 G uichard figu re parm i les frères dont le n v o i est annoncé dans la lettre du 13 ja n vier
1240; il accom pagne, au cou rs de 1247, la mission, dont faisait partie Sim on de Saint-Quentm.
qui le cite à plusieurs reprises, pendant cinq m ois (Sim on, p. 113). On perd apres 1256 la trace
du couvent de Tiflis, que B. A ltan er (op. cit., p. 67 et suiv.) suppose a vo ir ete une sim ple
domus. Cf. R. Loen ertz, S ociété des Frères Pèrègrinants, p. 137.
Sinica Franciscana, p. 324-325. Sim on de Saint-Quentin m entionne auss. la présence en
Géorgie d e larch idiacre du Saint-Sépulcre ( p . 58).
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56 LA PAPAUTÉ ET LES M IS SIONS D O R I E N T AU M O Y E N-AG E
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DE LAPPARIT10N DES MENDIANTS JUSQU'AUX MONGOLS 55
dant attachés au rite grec (mais relevant dAntioche et non dc Constantino-
ple), jouissaient auprès des Latins d’un préjugé très favorablc : Aubry de
Trois-Fontaines les qualifie de v iri ca th olici et potentes in armis, et Simon de
Saint-Quentin ne trouve guère à leur reprocher que la simonie régnant au
sein de leur cle rgé l55. On voit Honorius III, en 1224, conceder des indulgen-
ces aux croisés géorgiens, comme s’il s'agissait de Latins, et exhorter la
reine à être fidèle à la foi catholique. Mais, en 1240, Grégoire IX, en se
réjouissant de la très ancienne adhésion des Géorgiens à la foi, mentionne
que la reine et son fils, le roi David IV, ont demandé la sanction dc 1'union
des Eglises et exprimé leur reconnaissance de la primauté du siège de
Pierre, et leur envoie un exposé de la foi de 1’Eglise romaine.
Le travail missionnaire avait en effet commencé. Dès avant 1233, un
Franciscain, Jacques de Russan, avait été reçu à la cour de Géorgie, et la
reine avait exprimé sa vénération pour les religieux de 1'ordre auquel il
appartenait: le pape avait renvoyé Jacques et un certain nombre de ses
confrères en Géorgie, avec 1’intention, semble-t-il, de les voir établir une
base de départ en ce pays, pour prêcher aux Infidèles156. En 1240, cest dans
la perspective d ’assurer 1’Union géorgienne qu il envoie huit Dominicains
en Géorgie : ceux-ci fondèrent un couvent à Tiflis, ou la mission dAscelin,
en 1246, allait prendre un interprète et un informateur, en la personne de
Guichard de C ré m o n e 157. D'autres Latins, et notamment des missionnaires
partant chez les Mongols, furent eux aussi fort bien reçus par les G éor
giens : Rubrouck y rencontra cinq Dominicains, en février 1255, ainsi qu'un
de leurs confrères qui avait séjourné avec le prieur du Saint-Sépulcre, venu
gérer les possessions de cet établissement en Géorgie. Et c’est à lui que Sha-
hinshâh, seigneur d ’Ani, et son fils Zaharé, affirmèrent quils «étaient les fils
de 1’Eglise romaine et que, si le seigneur pape leur envoyait de 1’aide, ils
réduiraient toutes les nations voisines à 1’obéissance envers 1’E g lis e »158. Et,
en 1289, Nicolas IV faisait état des «traits éminement louables du zèle» du
155 Aubry, loc. c it .; Sim on, p. 57-59 : A. D. V on den Brincken, op. cit., p. 103-125.
156 Sbaralea, I, p. 101 (Tam arati, p. 426; 11 avril 1233): dilecto filio Jacobo de Russan, de
ordine fratrum m in o ru m . . . accepim us referente quod tu. . . personas ipsius ordinis, qu in potius
operantem in eis spiritum v e n e ra ris .. .
,S7 G u ichard figu re parm i les frères don t 1'envoi est annoncé dans la lettre du 13 ja n vier
1240; il a ccom p agn e, au cours de 1247, la mission, dont faisait partie Sim on de Saint-Quentin,
qui le cite à plusieurs reprises, pendant cin q m ois (Sim on. p. 113). On perd après 1256 la trace
du co u ven t d e Tiflis. que B. A ltaner (op. cit., p. 67 et suiv.) suppose a v o ir été une sim ple
domus. Cf. R. Loen ertz, Société des Frères Pérégrinants, p. 137.
151 S in ica Franciscana, p. 324-325. Sim on de Saint-Quentin m entionn e aussi la présen ce en
G é o rg ie de 1'archidiacre du Saint-Sépulcre (p. 58).
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JO LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN-AGE
cain s (c f. P. P e llio t, Les M o n g o ls et la papauté, dan s Rev. or. ch rét., X X I V , 1924, p. 229-230, note)
et a e te r e p r o d u ite p a r A u b ry d e T ro is -F o n ta in e s , p. 941-942, et M a th ie u Paris, Chronica
Ma/ora, ed . Lu ard , III, p. 396-399.
i*j r i P rCCS S*'U^S| n o tc t'd , res te n t o b s tin é m e n t r e b e lle s aux te n ta tiv e s d union.
„ n. j d « M un« r' r" i t . qu i avait é té l un d es c o m p a gn o n s d e saint Dominique «•
ou e associe p ar lui á ses p rem iers p ro jets m ission n aires (cf. B. Altaner. p. 4-9). rece»*"
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DE L APPARITION DES MENDIANTS JUSQU'AUX MONGOLS
lin co qui concerne les Jacobitcs, leur patriarche, Ignace N, vint cn 1237
scjourner dans la Ville-Sainte; il fut accueilli par les Frères Prècheurs avec
bcaucoup d égards (ils allèrent jusqu’à porter eux-mèmes sa litière), et il
eut avec eux des entretiens au terme desquels il jura obeissance au siège de
Rome, en leur remettant des lettres écrites en syriaque et en arabe, à
I intenlion du pape. Philippe note que son ressort s‘étendait à la Chaldee, à
la Perse, a la Médie et à 1’Arménie; mais il néglige de rapporter le conflit
qui I opposa à ce propos au patriarche, lorsque celui-ci voulut s appuyer sur
les Dominicains pour entreprendre sur la juridiction du patriarche copte
d Alexandrie, conflit qui se termina au profit dTgnace, lequel prétendit que
le prieur navait pas su sexprim er correctement en a ra b e ,t’4.
Les Dominicains s’étaient aussi adressés aux Coptes. L ’ « archcvèque
jacobite d ’Egypte» résidant à Jérusalem, avait lui aussi fait acte d obcdience
a Rome; mais des Frères avaient été envoyés au patriarche copte. en Egypte
mème, et en étaient revenus avec une réponse favorable, ce qui, aux yeux
de Philippe, concernait tous les Jacobites de 1’Inde majeure, de 1’Ethiopie et
de la Lybie (la Nubie) en plus des Coptes d ’Egvpte.
Du côté des Chaldéens, 1’archevêque ayant sous sa juridiction les fidè
les de sa nation en Syrie et en Phénicie avait aussi reconnu la primauté
romaine. Et surtout, de «celui qui est à la tête de tous les Nestoriens» -
jusqu’en Inde majeure et au royaume du Prêtrc Jean -, des lettres étaient
égalemcnt arrivées, apportant 1’assurance de son obéissance au Siège apos-
tolique et de son désir de «rentrer dans le sein de 1'unité».
Grégoire IX ne pouvait que manifester sa satisfaclion : le 28 juillet
1237, il envoyait des lettres de remerciement au patriarche syrien et aux
deux archevêques16S. Lun ion des Eglises paraissait-elle effective pour
cn fé v r ie r 1235 de G ré g o ire IX une bulle lui conférant les pouvoirs habitueis au m om ent oü,
uvcc ses com p agn on s, il partait pou r des pays nobèissant pas au Siège Apostolique, et une
lettre de recom m a n d a tion auprès des ecclésiastiques, marchands et autres personnes vivant
«in terris S arracen oru m et aliis in fid e liu m » (Reg. Grég. IX, n° 2429-2430); Fontes. III. p. 286.
im B ar H ebraeus, C h ron icon e c c i, trad. A bbeloos et Lamy, p. 654-662 (cf. P. Pelliot, loc.
c it) Ign ace vo u la il sacrer m étro p o lite d’Abyssinie un Abyssin du nom de Thomas, en core
que l E th iop ie fut en p rin cip e du ressort d'Alexandrie. Craignant lo p p o s itio n du m étrop olite
de Jérusalem , qui était E gyptien. il rechercha l appui des Dom inicains. Ceux-ci lui conseille-
rent de su rseoir; il passa outre. Philippe la ya n t vivem ent repris, Ignace se tira d affaire en
prétendant qu e son e n v o y é avai. iran sform é les paroles d e , Frères. E, c'es. le prieu r qu, se fu
d ire par ses c o m p a lr io le s : « o » sati, a r M c t n o v ijn ... C est le jo u r des R am eau » (12 avnl
1237) u u le n a c e fit acte d o b é d ie n c e à 1’Eglise rom aine.
Reg. G reg IX , 3789 à 3791 (Raynaldus, Annales e c c i, ad ann. 1237, § 88; Ripoll. Bulla-
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la p a p a u tê et LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-ACE
- L e m ap h rian ja c o b ite Saliba, m ou ran t à T r ip o li en 1258, d iv is e ses legs en tre les églises
p V 2°8) « 'c T CU
a hm e T Cler8É franC P a n ÍC iP ' à “ ° b5è^ es H ^ r a e u , op. £ UI
P. 428). M CL C ah en a r e le v e une .n s c n p tio n d e fo n d a tio n en latin ( d u n e é g lis e latine) ema-
nant d un A b ou 1 F ad l, ,1 l a ttrib u e à un M a ro n ite (U n e in s crip tio n m al co m p ris e concernant le
7 a? T HmT h
J " 2 M ) : RÒhriCht' Reees,a « * » < osolym U am . „ « 1134
. v r r e \ ,u x pa , ; i a r c h e s s ° m « “ • ^ à Ai e P . C e i u ,.ci.
, ; ” * 3 A n l‘ ° ch e l a c o " flr m a liO " p a tria rc h e latin. m a is d e s m anceuvres dila-
F o n ü Ín T »M Í < Cm « ' T ' ?k0'830 <aVrÍl ’ 2 I3 : danS r ° mes‘ "■ p 4S6) « • Aubry de Trois-
« I c o m ia ,r " / 0 , 0n de David c l de ^arch evêqu e grec de Chypre. Germam.
est c o n tla té e par Laurent de Portugal (Sbaralea. B u li Franc.. I, p 483 484 e, 547). Nous ne
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DE LAPPARIT10N DES MENDIANTS JUSQU AUX MONGOLS 59
m entionn ons qu ep isod iqu em en t ces ralliem ents; mais, s'ils intéressent 1'Eglise grecque, ils
prennent aussi leur place dans les perspectives de 1'activité des religieu x latins dc Terre-
Sainte.
,7J Reg. Inn. IV, n° 1363 (Sbaralea, I, p. 362). Cette lettre, du 25 mars 1245, est d o u b léc par
une bulle Cum hora undecima, du 21 mars, qui accorde les privilèges habitueis aux Frères
M ineurs partant chez les m êm es peuples et aussi dans les terres des Sarrasins, paiens, Grecs,
Comans, Ethiopiens, Ruthènes, Jacobites, Indiens, M ossoulitains (n° 362; Sbaralea, p. 360); il
ne faut p rob ab lem en t pas attacher d ’im portan ce à cette distinction, car des D om inicains
apportèren t la lettre Cum simus super à des N estoriens ct sans doute aux G éorgiens, tels
André de Longjum eau ou Ascelin de C rém one (qui se rendit notam m ent en G éorgie). Plancar
pin a raconté com m ent il rem it les lettres du Pape relatives à 1'unité de 1'Eglise (Cum simus
super), à Vasilko, duc d e V lad im ir et á ses évèques, en partant chez les Tartares, et com m ent,
á son retou r, dues et évèques lui rem irent réponse, disant qu'ils acceptaicnt la prim auté
rom aine (IX , 3 et 48; Sinica Franciscana, I, p. 103, 127-128).
173 Sim on de Saint-Quentin, p. 21, 30.
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60 LA PAPAUTÉ líT LES MISSIONS D ORIKNT AU MOYEN AGE
174 Raynaldus, Annales. ad ann. 1247, § 36-43. Lc íail q u e ccs le ttre s aien t été rapportées
pa r A n d ré d e L on gju m ea u . a é lé é la b li par P. P clliot, Les M o n g o ls et la Papauté, dans Rev.
O rie fil chrétien, X X IV , 1924, p. 226-238, ou sunt id en tifiés les a u teu rs d e ces m issives. Un poinl
reste dans 1’o m b r e : la raison p o u r la qu elle nous avons deux rép o n se s du p a tria rch e Ignace
(§ 36-38 et 39-40).
I7' Raynaldu s. Annales, 1247, § 36-37.
,7» Ib id , § 43.
177 Ig n a c e d e m a n d e q u e soit recon n u e a son eglisc, la lib e rté d e lir e son patriarche; il
d e m a n d e qu e les Ja cob ites so ien l ex em p ts de tou te ju rid ictio n d e la part des év èq u es latins,
et que les Latins ne leu r dem an d en t aucune red cva n c c (R ayn aldu s, Annales, ad ann. 1247,
§ 3 8 ).
I7* E- Tisserant, La légation en O rie n t du Franciscain D o m in iq u e d'Aragon, dans Rev. Orient
chrétien. X X IV , 1924, p. 336-355; U. A lta n er (D o m in ik a n e rm is s io n n e n , p. 51-53) se dem andait si
ce n é ta it pas à D om in iq u e q u 'il lallait a ttrib u er le reto u r de D avid d A n tio ch e à 1’Union. Lc
Franciscain avait été e n v o y é ad gentes qu i lhesum C h ristum non a gn oscu n t el ad subversionis
filios q u i sacrosancte ecclesie non obediunt, cn 1245; il était e n c o re à Constantinople en
a vril 1247.
,7V L u n e d e lle s n é ta it pas p a r v e n u e : c e llc des Russes, à qu i P lan carpin a p p o rta it la lol-
tre Cum sim us super avant de p a rtir ch ez les M on gols. L e pape con fia , le 3 m ai 1246, aux deux
D om inicains A lexis e l « H .» un n ou vel e x e m p la ire d e c e tte lettre : les e n v o y é s revin ren t avec
une le ttre des évèq u es russes d e Galiciu, a cco m p a g n és de G ré g o ire , h ig o u m èn e du Mont
Saint-D aniel (B . Altaner, D o m M k a n e rm ls s io n e n , p. 221-223; P. H ry ts a k , HalytsTco-Volynska
derzhava, p. 103, 108). Cf. infra. p. 71, n. 27.
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1)11 I AITAHI I ION 1)118 MENDIANTS JUSQU AUX MONGOLS 61
— — — ___ __
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DEUXIÈME PARTIE
LA CONQUÊTE MONGOLE
ET LES MISSIONS JUSQU’À LA CRÉATION
D UN ÉPISCOPAT MISSIONNAIRE
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Au moment oü Innocent IV remplace Grégoire IX à la téle de 1'Eglise
catholique, le domaine dans lequel les missionnaires sont au travail, entre
les frontières de la Russie et les lisières méridionales du monde connu, est
déjà considérable. En 1237 et 1238, les pouvoirs conférés aux Franciscains
étaient valables dans les terres des Sarrasins et des paíens; en 1239, on y
ajoute celles des Grecs, des Bulgares et des Comans; en 1244 les Domini
cains envoyés chez les Orientaux ont été mandatés auprès des Grecs, des
Géorgiens, des Jacobites, des Nestoriens, des Arméniens, des Maronites et
des Mossoulitains1, que l'on peut s'étonner de voir considérer comme un
peuple à part si, comme nous le pensons, il s'agit de ces marchands de Mos-
soul, de confession chaldéenne, qui tenaient une place considérable dans la
Syrie franque2. En 1245, le nom des Ethiopiens, des Syriens, des Russes, des
Ibères du Caucase, des Alains de la steppe du Manytch, des Ziques du Kou-
ban, des Khazars de Crimée, des Indiens et des Nubiens sajoute à cette
liste3, ce qui ne signifie probablement pas, du reste, que des missionnaires
aient déjà atteint toutes les contrées énumérées. L ampleur croissante de
ces listes est cependant 1'indice d u n élargissement des perspectives dapos-
tolat.
L'idée missionnaire, dautre part, est désormais bien définie4. Cest
Adam de Marsh qui écrit, vers 1250, q u il est nécessaire de convertir, en se
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66 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT Al) MOYEN-AGE
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LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 67
III, 1969. p. 45-57, et Les M ongols el la chrétienté: deux siècles de contacis, dans 1274, Année
charnière : m utations et con tin uité (Actes du colloqu e international); G. A. Bezzola, Die M o n g o
len in Abendlandischer Sicht (1220-1270). E in Beitrag zur Frage der Vòlkerbegegnungen, B erne
et Munich, 1974. A jou ter 1'article tout récem m ent paru de J. A. Boyle. The ll-K ha ns o f Persia
and the princes o f Europe, dans Central Astastic Journal, XX, 1976, p. 25-40.
* G. Strakosch-Grassm ann, D er E infall der Mongolen in Mitteleuropa in dem Jahren 1241
und 1242, Innsbruck, 1893.
10 J. J. Saunders, Matthew Paris and lhe Mongols, dans Essays in Mediaeval history presen-
ted to B. W ilkm son, Toron to, 1969. Le rapport de larch evêqu e Pierre de Russie a été com-
menté par H. D orrie, D rei Texte zur Geschichte der Ungarn und Mongolen, cité plus haut; ce
«m y sten e u x a rc h e v ê q u e » (P e llio t) a été identifié, à la suite de S. TomaSevskij, Predteca lzi-
dora, Petro Akerovyc, dans Anal. Ordinis S. Basilii Magni, II. 1926, à Pierre A kh erovit, lequel,
après a vo ir été higou m ène du m onastère de Berestovo, aurait été pourvu, dans des condi-
tions obscures, de la charge de m étrop olite de Kiev, dont le d ern ier titulaire avait disparu
lors du sac de la ville par les Tartares. II aurait été envoyé en O ccident par certains princes
russes pour req u érir assistance contre les envahisseurs et aurait participé au con cile de
Lyon; c e s t alors q u o n 1'aurait in terrogé sur les M ongols (econtra : B Szczesniak, The mission
of G iovanni de Plano Carpini and Benedict the Pole o f Vratislavia to Halicz. dans Journal o f
Ecclesiastical history, VII, 1956, p. 20, note). Cf. A. M. Ammann, K irchenpolitik Wandlungen im
Osibaliikum bis zur Tode Alexander Newski, Rome, 1936, p. 246 et suiv. (O rientalia christiana
analecta, 105) et G. A. Bezzola, Die M ongolen . . . . p. 110-118.
" Cf. G. Altunian, Die M ongolen und ihre Eroberungen in kaukasischen und kleinasiatis-
chen Ldndern, Berlin, 1911 (H istorisch e Studien. 91), et B. Spuler, Die M ongolen in Iran, 3* cd..
Wiesbaden, 1968
11 Cf. J. Richard, Ultimatums m ongols et lettres apocryphes. dans Central Asiatic journal,
XVII, 1973, p 211-222.
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70 PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU M OY E N AGE
franque. , , f
Innocent IV avait pris conscience dc cc danger, ct, par le bref Dei vimis
du 3 ianvier 1245, il avail inscrit le re m e d iu m c o n tra Ta rta ros parmi les qucs.
tions á traiter par le concile qu il avail convoque p o u r le mois dc juin>..
Mais cest sans attendrc la rcunion du concile qu il sc decida a envoyer «au
roi et au peuple des T artarcs» deux missives : celle du 13 mars 1245, dont le
préam bule commençail par C um n o n so lu m hom ines, exprimait letonne-
ment du pape devant lagression mongolc, dirigée contre les Chretiens quj
ne leur avaient causé aucun tort et, les menaçant dc la colère divine, leur
proposait de conclure une paix entre eux et la Chrétienté; celle du 5 mars
1245 ( D e i patris im ntensa), donnait un aperçu dc la doctiine chrctienne
(péché originei, rédemption, incarnalion, passion du Christ, transmission à
la succession apostolique du pouvoir dc lier et délier), faisait part à ses des
tinataires de 1’immensc désir du pape d assurer le salul dc I âme dc ceux-ci
et accréditait auprès d ’eux ses envoyés, pour les instruire dans la foi2-.
Elles devaient être confiées à deux messagcrs, tous deux franciscains:
Jean de Piano di Carpine ( q u o n appellc habituellement en français Plancar-
pin) et Laurent de Portugal, le prem ier étant nom mé dans Cum non solum
et le second dans Dei patris im m ensa. II est prob a b le que chacun d eux
devait recevoir une expédition des deux lettres, en même temps que de la
bulle Cum sim us super destinée aux prélats des Eglises non-latines, dont il a
été question plus haut. Plancarpin quitta Lyon le 16 avril 1245 et, avec ses
compagnons, dont le principal était un autre Franciscain, Benoit de Polo-
gne, q u i l sadjoignit en passant à W roclaw , il em prunta la voie de la Russie.
Mais, entre temps, il scm ble que lc pape ait changé d a v is ; retenant auprès
de lui Laurent de Portugal (les Anglais Jean de Stanford et Abraham de
Larde, qui devaient laccom pagncr, ne partirent pas non plus), il confiait les
lettres en question à des Dominicains : Ascelin de C ré m on e et André de
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M m t s i j l f M Mo m ,o || FT I ftS MIVMOV» ?l
í(l C e s t ainsi que nous interpretou * le passagr d une lettre d Adam de Marsh selou lequel
le pape avait ren on ce A en vovei des Fianciscam s ih iv les tartares en fait, Plantarpiri partit.
mais les deux franciseains anglais. auquel Adam s interessai! spccialcrm*nt, ne parlaient pus
Cl. M Roncaglia, Laurent of Portugal. O.F VI et sa Wgation en Orient, cite plus haut, Les mis
sions d'Ascelin et d A n d r é de Longium cau oru lait l ubjet de Ictu d c de P Pelliot, Les Mongols
et la Papauté, qui est desorm ais co m p leie e par les deux chapitres « En m arge de Jean du Plan
C a rp in » ct «C u illa u m e de R u b rou ck - publies dans Recherches sur les ih rélien s dAsie central«
ei tlE x trim e -O rie n t, Paris, 1973 (tEuvres posthumes de Paul Pelliot), par MM J D auvillicr et
L. Hambis. p. 1-74 et 75-235. Cf. aussi G. Soranzo. II Pap*ito. 1'Europa enstuina e i Tariun, p. 77
125, et G. A. Bezzola. op. cit., p 118-182
}1 La raison pou r laqu elle Innocent IV décidait. le 3 mai 1246, d c n v o y e r d e u » Dornini-
cains. Alexis et « H », p o rter aux Russes la lettre Cum stmus super, avec les m êm es privileges
que ceux a cco rd es aux religieu x qui etaient en voyes aux Tartares (/te* Inn. IV, n» 1821-1822)
ne tient-elle pas à ce qu on croya it les Franciscains disparus? Le pape se serait adresse a nou
veau aux Russes — mais sans que ses messagers, cette fuis, aillent jusque chez les M ongols, ií.
supra, p. 60, n. N ous avons tou tefois note qu a Lyon, on ne séta it pas prem um con tre la p o v
sibilité d'un d o u b le e m p lo i: André et Ascelin allerent. en ignoram la mission d un de lautre.
porter la m êm e lettre à Sim éon Rabban-ata.
íi c f. D. Sinor, Les relattons entre les M ongols et l'E urope (dans Cahters dhist. mondiale, III.
1956), p. 42 et 47.
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72 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN ACL
(R. A Skelton, Th. E. Marston, C. D P ain t«- r l T v l T j* d e ' » ' Tar:ar " ta iT
1965) a perm is d ’id en tifier une relation H ’ ,nland m ap and the T a rta r relation, Yale,
un religieu x : Hystoria Tartarorum C. de B r id L ^ ° yage, elabj ü r é e P a r tir d u n récit oral?) Par
10 Sim on de Saint-Quentin, « L t é<*‘ A ' Ô n n e fo rs. B erlin . 1967.
C. Guzman, S im on o f Saint-Q uentin and the D o Z * ™ ’ * A c h a r á , Paris, 1965. Cf. Gregon
sal, dans Speculum, X L V I, 197|, p 232-249 m m tca n w ü s io n to the M o n g o l B a iju : a reappral’
31 Ed. Luard, VI, p. 112-116 C f P p»|| i
” Cf. E. Voegelin. The M o n g o l orders ' o f ^ h * l° Papau lé’ H * P 251' 254-
Byzantion. XV, 1940-1941, p. 378-413. to E u ro p e a n pow ers. 1245-1255, d »" 5
T exte traduit du persan ■ P clliot ■
Tradu etion latine effc ctu é c à la cou r m o n ™ ! ^ ' ReV 0 r ch r■■ X X I I I . 1922-1923, P> 3°
" T exie dans Simon de S a i n l - Q u c m i n X X X " - P »> 7 .
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i
I
j5u tra d u c tio n é la b o r é e à S ira -o rd o est la su ivante : Tu a ru m con tin eba t series littera rum
q u o d d ebem us baptizjuri et effici c h ris tia n i Ad h oc tib i b re v ite r respondem us qu od « o n m telligi-
X X V I I I , 1931-1932, p. 3-84).
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V
74 LA PAPAUTÉ t t LBS MISSIONS BOKIKN1 AU MI.VHN AM
p. 197-207. . . jonflul
40 Cf. J. Richard, V ltim a tu m s m o n g o ls et lettres apocryphes, dans C en tra l Asm i
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\ Á CONQU&TE MONGOLE ET LES MISSIONS 75
Siméon avail non seulcrnent invité lc pape à faire la paix avec Frédéric I I 43,
mais aussi rccommandé a son interlocuteur - auquel il envoyait la profes-
sion de loi dem andée44 - 1’archevéque chaldéen de Jérusalem et les autres
«chrétiens orientaux» (cn ten don s: de rite chaldéen) vivant dans les Etats
latins, pour que personne ne leur fasse de tort45.
Les remarques de Siméon concernant la situation inférieure réservée
aux Orientaux dans les Etats latins, rejoignaient du reste celles quexpri-
mait, en cette mème année 1246, le patriarche syrien Ignace. Ainsi a-t-on
1impression qu a la laveur de l’irruption des Mongols (ces mêmes Mongols
qui avaient si mal re<,u la lettre Dei patris im mensa) sur la scène orientale,
les Eglises orientales se retrouvaient en position de force pour traiter avec
1Eglise romaine. C'était 1'indice de la découverte de toute une chrétienté,
celle qui vivait dans 1'Empire mongol46.
Plancarpin, comme Ascelin, avait surtout découvert, auprès des chefs
mongols, les représentants, humiliés et brimés, des peuples conquis - Rus
ses, Arméniens, Géorgiens Mais déjà le premier avait pu noter que Güyük
avait continucllcment des chrétiens avec lui dans sa maison, qu une cha-
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PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D O R IENT AU M O Y E N AC,E
76 la
c h i - í Z 0" 10'' ^ MOng° h “ PapaMt- 111 P- » • * Pour Bar Hebraeus. Guyuk lui-même W»
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LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 77
4 ■Sur lout cela, cf. Pelliot, Les M ongols et la Papauté, III, dans Rev. Or. Chrét., X X V III,
1931-1932, p. 37-84. Talas est aujourd’hui le nom d u n e localité. sur le fleuvc du m èm e nom,
dans la RSS kirghize, en am ont de Djambul, 1'ancien Aoulic-ata. L ancicnne Talas etait-ellc au
m êm e en droit, ou à 1’em p lacem en t m êm e d'Aoulié-ata?
50 N o tre sou rce principale sur cette mission est en effet la vie de saint Louis par Join
ville. à laqu elle sa jo u te n t les autres sources relatives à le x p é d itio n du roi outre-m er. Ce que
les D om inicains purent ra p p orter à Eudes de Cháteauroux reste inconnu. Nous savons seule
m ent q u A n d ré de Longjum eau avait recu eilli sur la situation des chrétiens orientaux en pays
musulman, des in form ation s qui décid èren t le pape à en visager la création d u n épiscopat
m issionnaire par la bu lle Athleta Christi, sur laquelle nous reviendrons ( Reg. Inn. IV, n° 6365).
51 V u lga iu r p e r orbem m undanum et Tartarorum conversio, et consternalio Saracenorum,
G raecorum obsecratio et La tin oru m repressio ( M onum ento franciscana, I, p. 428).
” Reg. Inn. IV, 7753.
” B ar Hebraeus, Chron. eccles., I, p. 509; Kirakos, trad. Dulaurier, dans Joum . AsiaL,
1858, I, p. 170; The Tabakat i-N a siri of. .. al-Jurjani, trad. Raverty, L ondres 1873-1881, p. 1290
1291 (B iblioth eca indica, nouv. série, n» 272-273); Pelliot. ibid., p. 78, note 4. P. P elliot a retracé
ce que l'on sait de Sartaq dans ses Notes sur l'histoire de la Horde d'Or, Paris 1950, p. 34, en
ém ctlant 1'hypothèse que la m ort de celui-ci, en 1255 et 1256, et celle de son fils (ou frè re )
Ulaghti, très peu après, ont pu être le fait de 1’on cle de Sartaq, Bàrkã (p. 37-38 et 44, note). Cf.
B. Spuler, Die Goldene Horde. Die M ongolen in Russland, 2* éd. p. 33-34.
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78 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU M O Y E N AGE
semble pas avoir réagi autrement q u e n rcnvoyant à Sai i aq une lettre cie
félicitations, par les soins de Jean, le 29 aoüt 1254'4.
Cest que déjà la nouvelle de la conversion de Sartaq avait em u ausS)
bien les Chrétiens orientaux que les Latins. A lire le seul récit dc vo ya gc dc.
Guillaume de Rubrouck, nous apprenons que celui-ci rencontra a Nakhidje-
van, au début de janvier 1255, un Dominicain hongrois qui revenait
Tabriz, oú il avait essayé en vain d ’obtenir un sauf-conduit p o u r se rendre
auprès de Sartaq55; et, quelques jours plus tard, à Ani, cinq autres Dom ini
cains, avec leur serviteur et interprète, dont quatre, désignés par le chapitre
de la province de France à la fin de 1253, avaient été recommandés par le
pape aux Géorgiens par le pays desquels ils devaient passer pour se rendre
chez les Tartares (26 février 1254); ils s'étaient adjoint un Frère d e la pro
vince de Terre Sainte, sans doute pour leur servir d'interprète au moins en
arabe et peut-être en persan, comme 1'avaient fait avant eux Plancarpin en
sadjoignant Benoit de Pologne (qui, parlant les langues slaves. pouvait lui
permettre de communiquer avec les Russes qui lui servaient eux-mèmes de
truchement auprès des Mongols) ou Ascelin en incorporant successivement
à sa mission Simon de Saint-Quentin et Guichard de Crémone. Ces reli
gieux étaient munis de lettres pour Sartaq, pour le grand-khan, et pour le
prince Büri (dont on savait qu'il était le maitre du groupe de déportés alie-
mands découverts par André de Longjumeau), lettres par lesquelles le pape
demandait pour eux le droit de séjourner dans 1'empirc mongol et d'y prè-
cher. Rubrouck, qui revenait précisément de la cour de Sartaq, qui l avait
quittée à la fin de juillet 12545‘ , renvoya les uns et les autres au couvent de
Tiflis, pour qu'ils préparem mieux leur voyage, en tenant compte de son
expérience57.
Le voyage de Guillaume de Rubrouck et de Barthélem y de Crémone,
tous deux Franciscains, avait été décidé à la fin de 1252 ou au début de
1253, quand saint Louis était en Terre Sainte. Lmitiative en venait-elle du
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LA CONQUÉTE MONGOLE ET LES MISSIONS 79
re g le s du je ú n e et d c l'a b s tin en c e.
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80 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D O RIENI At) M O Y I N A U '
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LA C0NQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 81
65 Les in d ica tion s que don n cn t Ru brou ck : un m ois et dem i à 1'est de Talas (d e la vallée
du Talas à la D zoun garie, on pourrait c o m p te r cette du rée de voyage, en core que M. Lech ait
signalé, dans son é d itio n d'A l-’U m ari ( Das M ongolische W ellreich, p. 307), toute 1’im précision
dc ce m o d e d é v a lu a tio n selon le véh icu le u t i l i s é . . . ) . paraissent co n ven ir à cette nou velle
localisation. B olac (o u B ola i) serait 1’actuel Po-lo (m o n g o l Pulad) dans le Borotala.
44 Un M usulm an qui vou la it re c e v o ir le b a p tèm e y renonça devant la p ersp ective de se
voir interdire le k ou m iz...
♦•R u b rou ck , passim, (n ota m m en t, S inica franciscana, I, p. 217. 280. 299, 305, etc.).
R u brou ck se lia. pendant son séjour, avec un m oin e arm énien, Serge, venu de T e rre Sainte oú
il était erm ite, sur la fo i d une vision, p ou r baptiser M õngkà. Celui-ci, d ailleurs, exposa à
Rubrouck les raisons d e ses doutes en m atière religieuse. Cependant, si nous en croyons
I'A rm én ien H aython . le Khan sc laissa co n va in cre par le roi H éthou m I " d'Arm én ie. lequ el se
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82 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN AGE
effrayé par la perspective d'un long trajet à accomplir dans les conditions
très dures qui avaient été celles de laller, obtint la permission de restei à
K arak orum Ml: la desserte de tout ce groupe fut donc encore assurée quel
que temps après le départ du Flamand.
La principale activité de Rubrouck, et le principal résultat de son
voyage, concernent les Chaldéens d'Asie centrale67. Le missionnaire cons
tata avec peine la dégradation de la vie chrétienne parmi ceux-ci, 1’igno-
rance et les tendances à 1’ivrognerie, mème chez les prêtres, une polygamie
occasionnelle, les conditions parfois irrégulières des ordinations, consé-
quence d u n encadrement religieux insuffisant et de 1’éloignement oü se
trouvaient les églises d Asie centrale et orientale par rapport à leurs centres
intellectuels mésopotamiens. Mais il découvrit avec admiration la diffusion
des communautés chrétiennes dans un espace aussi vaste, 1’existence de
chrétiens jusque dans la famille régnante, la fidélité des Chaldéens à leur
liturgie syriaque. J. Dauvillier a constaté que, malgré sa science, qui rendit
grand Service aux Chrétiens lors des arbitrages et de la fameuse discussion
théologique oü le Franciscain démontra qu'il fallait substituer des argu-
ments philosophiques aux arguments d'autorité pour discuter avec des
incroyants, Rubrouck n avait pas compris, par exemple, que ses interlocu-
teurs révéraient la croix de la Parousie au lieu de celle de la Passion, ce qui
les amena à faire ôter le Crucifié de la croix fabriquée par Guillaume Bou-
cher. II trouva parmi eux une grande bonne volonté, notamment à légard
de la primauté pontificale qu ils ne firent pas de difficulté à reconnaitre; et
il fut admis à célébrer dans leur église, alors que, semble-t-il, on en refusait
1accès aux autres non-chaldéens. Et il aurait voulu que les Chaldéens, gens
plus instruits que beaucoup d autres et comme tels chargés d élever les
enfants des nobles mongols, fussent capables d attirer ceux-ci à la foi par
leur science et par leur exemple. II rencontra d ’ailleurs parmi eux, semble-
t-il, au moins un personnage venu dailleu rs (un chrétien de Mésopota
mie?); et 1ignorance des « N e s t o r ie n s » n’était pas telle q u ’ils ne fussent
capables de mettre sur pied une petite chronique de Thistoire du monde.
rendit auprès de lui en 1255 (R ubrouck le manqua en cours de route), de se faire administrer
le baptem e par un évêque arm énien de la suite du roi. Sa principale épouse dailleurs, Cotota.
etait chrétienne et Rubrouck la vit suivre les offices de la semaine sainte.
Ceei pour raison de santé, en attendant la venue de qu elque am bassade qui voyagerait
plus lentem ent.
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I-A ( O N O D f í li'. M O N íiO L E ET LES MISSIONS
Au fond, cct am bassadeur m algrc lui, 1'uri des très rares missionnaires
du Moyen Age à nous a v o ir laissé la description de son labeu r personnel,
avait réalisé ce que d'autres auraient voulu ou avaient espéré faire : se n lre -
tenir de sujets religieux avcc le Khan lui-mòme, et négocier avec les prélats
nestoriens de la c o u r m o n g o l e . . . Et encore n'était-il pas mandaté pour ce
faire.
La m êm e fortunc devait étre réservée au Dominicain David d Ashby,
envoyé p ar le légat T h om as Agni de Leritino a H ülàgü lors de la descente de
celui-ci en Syrie m u sulm an e : chargé de sonder les intentions des M ongols
à 1’égard des Francs et de les détourner d attaquer les Etats latins, il devint
1un des familiers de n i-K h a n , qui lui laissa entendre que ses sympathies a
1égard du christianisme pourraient le m ener jusqu au baptême, et de son
successeur Abaqa, et ceci pendant de longues années68.
L'effort des missionnaires paraít s’étre ralenti pendant les années 1256
126469, ou la menace d une nouvelle offensive des M o ngols paraissait se
dessiner sur toutes les frontières de la chrétienté. II allait repren dre dans
des conditions différentes au temps d'Urbain IV.
Toutefois, les missionnaires étaient loin d'être les seuls à avoir volon-
tairement choisi de se rendre chez les Tartares. A côté des chrétiens dépor*
tés, artisans épargnés lors de la conquête pour être envoyés dans les mines
ou dans les villes, esclaves altribues à des maitres qui les avaient em m enés
dans leurs apanages, qui ont été parfois de précieux auxiliaires p o u r les
premiers missionnaires (R ubrouck fait un bel éloge de G uillaum e Boucher,
qui le seconda de tout son pouvoir), d a u tre s Francs avaient trouvé a
s e m p lo y e r dans 1'empire mongol. Déjà, en 1241, on avait eu la surprise
d arrêter en Autriche un messager (ou un espion) à la solde des M ongols
qui, Anglais de naissance, établi en Terre Sainte après avoir été banni de sa
patrie, vagabondant à travers 1'Orient après s’être ruiné au jeu, avait fini par
se mettre au service des Tartares, quelque part en Asie centrale70. Tcl autre,
comme le Théodule qui se fit passer pour un am bassadeur du légat Eudes
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LA CONQUÊTE M O N G O L E ET LES MISSIONS 8>
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„„ u PAPAUTÉ ÉT LES M ISS.O NS DOR1ENT AU M O Y E N-AG E
oo
mission d e v ê q u e s ( m ar-hasia) dirigée p a r un pcrsonnage
accorde « a une mis (B a r A eirqu n ).., selon les term es ut.lisés par
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LA CONOUÊTIÍ MONGOLE k l LES MIVSIONS 87
” Cf. B e rto ld Spuler, D ie Goldene Horde. D ie M on g olen in Russland, 1223-1502, 2 ' éd.,
W iesbaden, 1965; Die M on g olen in Ira n, 2* éd., B crlin 1955. - N ou s e m p lo ie ro n s co u ra m m en t
lc nom d e Q ipôaq p o u r d ésign er la Tcirtaria Aquilonaris, le pays soum is à la H o rd e d ’Or.
M Cf. Spuler, D ie Goldene Horde, p. 232-233.
*5 G olu b ovich , III, p. 48. - Les p riv ilèg es co n céd és en a vril 1258 aux Franciscains, ct en
m èm e tem ps aux Dom inicains, son l conçus cn term es très généraux. Les nom s des Tartares,
des G ran ds-H ongrois, des captifs ch ez les Tartares figu rent à cò té de ceux des Ethiopiens,
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88 I Â PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
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LA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 89
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90 LA PAPAUTP. BT I ILS M ISSIONS D O H IH N T Ali M O YEN AGE
,4 L e texte porte Vicum el P elliot u exprimé' qu elques réserves sur 1’identification avec
Vicina ( Notes sur l'histoire de la Horde d'Or, p. 77-78): e n c o re byzantine au X I I I e siècle. cette
v ille n aurait été occu p ée par les M ongols q u ’en 1336-1338 (V. Laurent, Le métropolite de
Vicina Macaire et la prise de la ville par les Tartares, dans Revue hist. du sud-est européen,
X X III, 1940, p. 225). Un « c h ilia r q u e » m on gol n'aurait don c pu y résid er en 1286. Sur l’identin-
calio n de Vicina (G olu bovich , II, p. 572-573), v o ir aussi V. Laurent, Un évêque fantôme ou la
Bitzina taurique, dans Echos áOrient, X X V III, 1939, p. 101-103 et C. C. Giurescu, The Genoese
and the Lower Danube in the X l l l 'h c. dans Journal of Econom ic history, V. 1976. p. 588.
,s Du m oins savons-nous qu'il y avuil un locum à V icina en 1334. Sur les villes de Crimée
ou les m issionnaires étaient étublis, cf. S. Szyszm an, Les inscriptions funeraires découvertes
p a r Abraham Firkowicz, dans Journal Asiatique, C C X L III, 1975, p. 231-264.
94 L a ffa ir e était d ailleurs loln d 'è tre term in ée. Cf. infra, p. 158.
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IA CONQUÊTE MONGOLE ET LES MISSIONS 91
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92 I A PAPAUTÉ ET LES MISSIONS U O KIRNT AU MOYEN AGE
100 Féjer, C od ex d ip lo m a tic u s H un gariae, IV, 1, p. 307; Sdislaus O bertynski, Die Florentmer-
U n io n d e r p u ln is ch e n A rm en ie r, dans O rie n ta liu ch ristia n a , X X X V I, n° 96, sept. 1934, p. 42 et
suiv.; D. C h w olson, S y ris ch -n e s to ria n is ch e G ra b in s c ltrifte n aus S e m irjestie, dans Mém. Acad.
im p é r. S u in t-P e te rs b o u rg , 7e série, t. X X X V III, n °8 , 1890, n ° 100, p. 24 et p. 60 (un couvent
a rm én ien au sud d e I'Issyk-K ou l?). Cf. J. D auvillier, Les A rm én ie n s en C h in e et en Asie centrale.
dan * M é la n g es D e m ié v ille , II, 1974, et Y. D achkevych, Les A rm é n ie n s à K ie v ju s q u a 1240, dans
R e v u e des études a rm én ien n es, X -XI, 1974-1976.
101 Sur la littéra tu re religieu se des A rm én ien s du Q ip ía q , cf. E dm und Tryjarski, Die iweite
B rie f des P a u lu s an d ie K o r in lh e r in a rm e n o -k ip tc h a k is c h e r V e rs io n u n d seine Sprache, dans
A lta ica c ollecta . B e rich te u n d V o rtra g e d e r X V I.P .I.A C ., hggb. W . Heissig, W iesbaden 1976,
p. 267-344. Ces Arm éniens, qui a d o p tèren t un d ia le cte turc m êlé de form es slaves, sont sans
d o u te en gra n d e p artie des con vertis.
102 S u pra , p. 88; le v ê q u e B o g o s de Sarat c ité avant 1321 (B u lla r iu tn fra n cisca n u m , V,
p. 445). L a r c h e v ê q u e arm én ien du Q ip ta q , Arakiel, ra m en é à 1'Union en 1321 : G o b u l o v ic h .
III, p. 45; E lien n e, a rc h ie p is c o p u s S o lk a te n s is : Reg. B e n o it X I I , 2906 (1340). Sur lévèquf
a rm én ie n d c Caffa, infra, p. 158-159.
,0’ B ihl et M ou le, D e d ua bus e p is to lis F. M. T a rla ria e A q u ilo n a r is a n n o 1323, dans A rt 1
v u m fra n cis c. hist., X V I, 1923, p. 110-112.
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LA CONQUETE MONGOLE ET LES MISSIONS
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94 IJK PAPAUTÉ ET LE S M I S S I O N S D O R I E N T AU M O Y I . N A».»
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U CONQUÊTE MO NGO LE ET LES MISSIONS 95
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96 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D’ORIENT AU MOYEN-AGE
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LA C O N Q U Ê T E M O N G O L E RT LES MISSIONS 97
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98 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN-AGE
rédigé en 1330, et que connaissent bien les linguistes125. Constitué d'un gl0s.
saire latin -persan -turc, dabord classé a lp h a b é tiq u e m e n t, puis par
m a tiè re 126, d e lém e n ts de grammaire, de textes turcs qui sont les commen-
taires des évangiles, des hymnes notés, des prières, et complété par un glos-
saire turc-allemand, ce co d e x peut nous apparaitre com m e la préfiguration
du travail lexicographique auquel les missionnaires de 1 époque moderne
ont consacré tant de leurs efforts. II contribue à donner ses caractères par-
ticuliers à la mission du Qipèaq laquelle, dès le X I I I e siècle comme au
début du X I V e siècle, s'adresse avant tout aux « p a íe n s » et tend à constituer,
pa rm i eux, des com m unautés chrétiennes dont les missionnaires sont
l’âme.
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LA CONOIJP.TI'. MONUOI.E ET LF.S MISSIONS 99
plus d autonom ie (I Arm énie avüil réussi â se faire exempter des lourdes
prestations de la « p o s t e » m o n g o le )12". Mais tout cela avait changé du jo ur
ou M ò n g k á m onta sur le tròne. l/atlribution à son frère Hülagü, en 1251,
des territoires com pris entre 1'Amu-Darya et 1’Egypte, en qualité de viee-roi
(Il-Khan), laissait en lrev o ir non seulement la fin du régime précédent, mais
1’extension de la conquête; si le roi Héthoum était venu lui-même apporter
au grand-khan la prom esse de son aide (1254-1255), Hülagü, qui se déplaçait
lentement, au rythme des véritables migrations que représentait la marche
d u n e « h o r d e » , atteignait en 1256 le pays des Assassins du Mazandéran dont
il détruisait la principauté. Le patriarche de Jérusalem se rendait alors
auprès d'A lexan dre IV pour lui exposer ses craintes129; les Mongols, cepen
dant, assistés de leurs vassaux, arméniens, géorgiens ou musulmans, détrui-
saient B a g d a d et supprim aicnl le khalifat (février 1258), conquéraient la
H au te-M ésop otam ie (1259) avant de faire tom ber Alep, Homs, Damas et
Nap lou se (m ars-avril 1260).
M a lg ré les dévastations et les excès qui accompagnaient 1'invasion, la
chute des dom inations m usulm anes oppressives faisait exulter les chrétiens
indigènes, tout heureux de trouver des coreligionnaires parmi les chefs de
1’arm ée conquérante, ct retrouvant la liberté de leur culte, grâce aux nou-
veaux m aitres qui les employaient volontiers130. Le catholicos chaldéen de
Bagdad, 1'archevêque syrien d'Alep, navaient pas été les derniers à faire
acte d o b é d ie n c e . Et le prince d'Antioche Bohém ond VI, que son beau-père
le roi d 'A rm én ie avait convaincu de se joindre aux Mongols, non content de
se faire ren d re les territoires perdus par ses ancêtres (en particulier Latta-
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100 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN-AGE
131 R. G ro u sse t, H is to ire des C roisades et du roy a u m e fra n c de Jérusa lem , t. III, Paris 1936,
p. 577 603; C l. C ah en , La S y rie d u N o r d à 1'époque des Croisades, p. 685. L e x c o m m u n ic a tio n
d e v a it ê t r e le v é e le 26 m a i 1263. Cf. aussi Cl. C ah en, op. cit., p. 703-705.
132 M a th . Pa ris, éd. L u a rd , V, p. 654 (R õ h r ic h t, G e s ch ich te des K ó n ig r e ic h s Jerusalem,
p. 9 1 0 ); H.-F. D e la b o r d e , L e ttre des C h rétien s de T e rre -S a in te à C h a rles d 'A n jo u , dans Rev.
O r ie n t latin , II, 1894, p. 207; R e c u e il des H is to rie n s des Croisades, H ist., O cc., II, p. 636; G régoire
d A k a n t , H is to ry o f the n a tio n o f the archers, éd. B la c k et F ry e , d a n s H a rv a rd J o u rn a l o f Asiatic
studies, X I, 1949, p. 349.
133 L e g e n e ra le n e g o tiu m E cc le s ia e c o n tra T a rta ro s est c it é au c h a p itr e g é n é r a l d es Cister
c ie n s d e 1261, Cf. J. R ic h a rd , T h e M o n g o ls a n d the Franks, p. 51-52.
134 G r á c e a la d é c o u v e r t e p a r I'a b b é B o r g h e z io du t e x t e é t a b li p a r le n o ta ire Richard,
in ie r p r è t e d e T Il-K h a n , à 1’in te n tio n d u c o n c ile d e L y o n , m a in te n a n t é d it é p a r B. R o b erg , Die
T a rta re n a u f d em 2. K o n z il v o n L yon , 1274, d a n s A n n u a r iu m hist. c o n c ilio r u m , V, 1973, p- 241*
302. N o u s a v o n s d e n o t r e c ô t é r e n d u à U rb a in IV la p a t e r n it é d u b r e f E x u lta v it c o r nostrum,
d a n s L e d é b u t des re la tio n s e n tre la P a p a u té et les M o n g o ls de Perse, d a n s J o u r n a l Asiatique,
1949, p. 291-297.
m D a p r c s un p a ss a g e d e R a& id-al-D ín q u i é v o q u e s o n in t e n t io n d e c h a s s e r ceux-ci des
r iv e s d e la M é d it e r r a n é e , e x p r im é e en 1257 (J. R ic h a rd , C h ré tie n s et M o n g o ls au c o n cile , p. 33)-
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LA CONíJUP/rU M O N GOLE ET LES MISSIONS 101
hongrois qui parvint auprès d Urbain IV. Celui-ci lut ainsi cn mesure dc fèli-
citer le prince m ongol des espoirs dc conversion q u ’on lui laissait entre-
v o ir ’36.
Le principal agent dc cc retournemeni de situation, le Dominicain
anglais David d Ashby, chapclain dc Thomas Agni, accompagnait les
envoyés de 1 Il-Khan au concile de Lyon. Lc rapport présenté au concile
nous a p p ren d comment Hülàgü accucillit ires íavorablement les envoyés
du légat; David bénéficia de conversations intimes, au cours desquelles le
chef m on gol lui révéla ses sentiments lavorables au christianisme, et ses
bonnes intentions envers les Latins. II scmblc que, depuis son arrivée
auprès de 1Il-Khan jusqu'cn 1274, David d Ashby dem eura auprès de
Hülàgü et de son successeur Abaqa, assistam a leurs campagnes, et en
tirant des enseignements q u ’il consigna dans un opuscule, Les faits des Ta r
tares, a u jo u rd ’hui malheureusement p e r d u 117.
II ne saurait ici être question de suivre dans ses détails 1'histoire dc la
politique des Il-Khans dans leurs rapports avec les Chrétiens d O ccid en t138.
Leur désir de venir à bout de la résistancc que leur opposaicnt les Mame-
lüks d ’Egvpte, rebellcs aux invites à la soumission et, de surcroit, cham-
pions d un Islam tendu dans la lutte contre les Mongols destrueteurs du
khalifat abbasside, les amenait à souhaiter la coopération des Latins. Mais
1’effondrement de la puissance militaire des Etats latins d ’Orient et du
royaume d'Arménie, réalisé entre 1263 et 1272 par les campagnes du sultan
Baibars, et facilité par la guerre qu'Hülàgü et son successeur Abaqa
devaient soutenir contre le khan de Qipcaq, ne leur laissait d a u tre
concours possible que celui des souverains de 1’Europe occidentale eux-
mêmes, sous la forme d une croisade. Lengagement pris par Hülàgü, de
restituer la Ville Sainte et 1'ancien royaume de Jérusalem aux Latins était la
base de 1’accord - Ghazan s'y tenait encore en 1299-1301 Et les Latins,
* -------------------
• 116 Si ce tte lettre (le b r e f E xu lta vit c o r nostrum ) parait bien d a ter de 1264, la date d e la
m ission des D om in icain s auprès de Hülàgü reste plus vague.
157 C lo vis B runel, D avid dAshby, auteur m éconnu des « Faits des Tartares», dans Rom ania,
L X X IX , 1958, p. 39-46. C'est M. B runel qui a id e n lifié 1’auteur avec le D om inicain. chapelain
du p a tria rch e d e Jérusalem et son en vo y é auprès de Hülàgü.
■3* A 1'article classiqu e d ’A bel Rém usal, M étnoires sur les relations des princes chrétiens et
' spécialement des rois de France avec les em pereurs m ongols (M é n i de 1'lnstitut, Académie des
Inscriptions, V III, 1824) en gran d e p a rtie ren o u velé par J.-B. Chabot, Notes sur les relations du
roi A rgoun avec 1'Occident (dans Revue de 1'Orient latin, II, 1894, p. 566-638. - C itè ci-après Cha
bot, Notes), et au livre de synthèse de B. Spuler, D ie M on golen in Iran, 2* éd., B erlin 1955,
notam m ent p. 224-235, nous noua p crm elto n s de join d re nos articles cités ci-dessus, p. 98.
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1
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LA C O N Q U Ê T E M O N G O L E ET LES MISSIONS 103
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104 H PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D O R IE N T AU MOYEN-AGE
u * L es é c n v a in s o n e n ta u x m e n tio n n e n t ce m ê m e b a p tè m e , m a is d o n n e n t au baptisé le
n om d e T h e o d o s io s . Cf. P e llio t, « f s o l le P is a n », dan s J o u r n a l Asiat., 1915, II, p. 495-497.
150 S b a ra lea , IV, p. 277-285. - C est en m ê m e te m p s q u e le p a p e a n n o n ç a it à Argun la
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LA C O N Q U Ê T E M O N G O L E ET LES MISSIONS 105
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106 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D O R IE N T AU M O YE N -A G E
p. 219-222^™' ^ ^ $Ullam ' m m ,o u H ,rad Qua,remère, II, 2. p. 29; cf. B. Spuler. op. cit.
J t i é t : r r t esyH
e- ■paris- m
i-p t *
m
pourrait penser que la traditinn H.c l “ ° " 1 chritienne- Beyrouth, 1955, p. 81), on
liot, R e c h e rc h e s s u r les c h ré tie n s tfA s ie c e n ‘ r j ! «W
copie en Asie orientale. ^80-282, penche pour la reahsation de cette
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L * COSQl/ETE MONGOLE ET l ES MISSIONS 107
ecclesiam triu m p h a n te m . . . . . . „ n
U go M u n n c r e l d e V illa rd , La v il*. op ere e le viaggi d i trate R ic o ld o da M o n le cro ce . O.P.
ÍO rie n la lia c h ris .ia n a p e n o d ic a , X . 1944. p. 227 e, suiv ) ; II lib r o delia p e re g rin a z io n e n e lle pa r,,
(fO rie n te di lra ,e R ic o ld o da M o n .e C roce, R o m e . 1948 (In stt his.. FF.PP.. D .s se rta o o n e s h .s.o n -
eae, X III). U L ib e r p e re g rin a ,io n is est édité par U u re n t. P ere g rin a ,o re s m ed n aev, q u a ,u o r.
p. 103 et suiv ) ; les Uttcrae, p a r R õh rich t (R evu e de lO r i e n ü a m A l p 262_2M). Sur \e Ubellus.
cf. A D ondaine, R ico ld ia n a . dans A r c k F r a t , P ra e d . X X X V I I . 1967 p. 137.142 et .62-170
M aria n o de Floren ce. C o m p e n d iw n c h r o n ic o r u m FF.M M . dans A r c k F ra n c h u L 11.
p. 465-466 Une liste d es m artyrs franciscains fait m o u n r à cette date en erse
brando de Floren ce. qu e M aria n o d on n e com m e m o rl en T artan e Aqu.lona.re iM o n u n ,e n ,a
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108 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU M O Y E N AGE
faction du còté de l'union des Eglises. De 1258 à 1295, les Eglises orientales
connurent une période de prospérité exceptionnelle, enrichies par la faveur
de leurs coreligionnaires m ongols et délivrées des contraintes que leur
imposaient les M u s u lm a n s 165. André de Lon g ju m e a u avait exprimé en 1253
ses craintes de voir le christianisme oriental étouffé par la mauvaise
volonté des princes m usulm ans à accepter le rem placem ent des évê-
q u e s 166: cinq ans après, ces craintes n'étaient plus de mise.
P o u r les Chaldéens, 1'arrivée de S im éon R abban -ata c om m e représen-
tant du Khan, la nomination d ’un person n age chargé - tel le Salomon de
1268 — des affaires des chrétiens à la c o u r de 1’Il-Khan, avaient marqué le
débu t d ’une ère nouvelle. Le catholicos D enha (1266-1281) fut protégé par
A b a q a et reçut du khan M ò n g k á un grand sceau d or, qui le qualifiait
c o m m e représentant de tous les c h ré tie n s167. Il put resse rre r les liens de
son siège prim atial avec les Eglises ch aldéennes « d e 1'extérieur», nommant
des m étropolites p o u r la Chine, le Tangut et enfin en 1280, p o u r le pays des
Õ n güt et des K ’i-tan 168. Et c e st ce d e rn ie r qui devait être élu pour le rem-
placer, le 24 février 1281, sous le nom de Y a h b a llá h â III.
N é au pays des Õngüt, M ark o s était venu au Proch e-O rien t avec son
am i B a r ç a u m a p o u r faire un pélerinage à Jérusalem ; le catholicos, en fai
sant de lui un métropolite, et le synode, en 1 elisant catholicos, pensaient
bien attirer sur leur Eglise les faveurs des princes m ongols. A b a q a et Argun
lui a c co rd è re n t en effet toute leur protection. Quant à B a rçau m a, pourvu
des fonctions de « v i s it e u r » d ’Orient, avec rang d ’évêque, il fut choisi par
A rg u n p o u r aller en a m ba ssa d e a u p rès d u pape. On connait assez le récit -
ou plutôt 1 'a b r é g é du récit, m alh e u re u se m en t p e r d u - de son voyage en
O c c i d e n t 169. II visita R om e, Paris et B o r d e a u x avant d 'ê tre reçu par le nou-
165 Cf. Fiey, Chrétiens syriaques entre Croisés et Mongols, dans Orient. Christ. analecta,
C X C V II, 1974, p. 336-339; R. Grousset, L e m p ire des steppes, p. 442-444; H. C ord ier, Le Christia-
nisme en Chine et en Asie centrale sous les Mongols, dans T ’oung pao, X V III, p. 49-113. Le catho
lic o s D enha p réten d m ê m e fa ire je te r au T ig re un n es to rie n d e T e k rit qui avait embrasse
1'Islam (B a r H ebraeu s, Chron. Syr., p. 571; J. M. Fiey, Chrétiens syriaques sous les M ongols, p- 35
et passim).
166 D a p r è s la b u lle Athleta Christi d ’In n o c e n t IV.
167 C e s t ce sceau qu i fut re p ro d u it p o u r son su ccesseu r et qui a é té étu d ié par J. Hami
ton, a r l cité ( Journ. As., C C L X , 1972, p. 155-170).
161 J. D a u villier, Les provinces chaldéennes «d e 1'extérieur» au Moyen-Age, passim.
169 H istoire de M a r Jabalaha I I I, trad. C h ab ot, dans Revue de 1’Orient latin, t. II et j ’
E. A W allis B u dge, The monks o f K ublai Khan, L o n d res, 1928; R. G rousset, Histoire des Crois^
des, III, p. 707-723. La v ie des d eu x re lig ie u x ju s q u ’à le u r d é p a rt p o u r la M ésopotam ie a
é tu d ié e p ar P ellio t, « M à r Y a (h )b hallàhâ, R ab b a n Saum à et les p rin ces õ n g ü t ch rétien s», an
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l-A CO N OUÊTE M ON GOLE ET LES MISSIONS 109
veau pape Nicolas IV (1288). Et nous avons montré comment, apres avoir
été interrogo p a r les cardinaux sur la foi de son Eglise, ct après avoir célé-
bré la messe en présence du pape, ceux-ci considérèrent 1’Eglise orientale
et son catholicos c o m m e dans l'union avec 1’Eglise romaine, le pape
envoyant une tiare et un anneau à Yahballâhã avec une bulle confirmant
son autorité sur la hiérarchie et les fidèles de son Eglise - exactement
c om m e on 1’avait fait p o u r les Arméniens et les M a r o n it e s -. Q u a n t à B a r
çauma, il se fit faire un sceau avec légende latine ( Barbazom a Thartarus
o rie u ta lis a rc h ie p is c o p u s ) et sassocia à des évèques latins pour concéder
des in d u lg e n c e s170.
Paradoxalem ent, c'est à Rome même, et à 1’occasion d ’une ambassade
qui n a v ait pas en príncipe d o b je t religieux, que 1’union de 1'Eglise chal-
déenne et de 1’Eglise rom aine avait été conclue. Nicolas IV Ia confirma par
une lettre datée du 7 avril 1288171. Et Jean de Montecorvino, revenant à
R om e après avoir visite le catholicos, 1’année suivante, faisait état de I iden-
tité des vues de Yah ballàh à III et de son en v oyé172.
R e clierch e s s u r les ch rétien s d’Asie centrale. p. 237-288; sur la vie du ca th olico s. cf. J. M. Fiey,
C hrétiens syriaques sous les M ongols, p. 39-40, 43 44, 58-60. 67-73, 75-79.
>’ o J. R ic h a rd . La m ission en E u ro p e de Rabban Çauma et IV n io n des Eglises, dans X II.
C o n v e e n o V o lta O rie n te e O ccid ente nel w edioevo. Rom a. 1957 (A cca d e m ia dei L in c ei), p. 162
167 Cf M H La u ren t. Rabban Saumâ, ambassadeur de Ill-K h a n Argoun. et la cathedrale de
V e ro li (1288). dans M él. d a rch . et dhist. de VÈcole franç. de Rome, 1958, p. 331-365 : Barçaum a,
a vec d a u tres é v è q u e s latins (et grees-unis) scelle une lettre d in d u lgen ce c o lle c t.v c p o u r les
Mar Jahballàhà. c hald éen parait ôtre en tré en rela tion s avec les Latins, puisque
G u i l Z V d e C h " . t S d e C h ieti em p o rta ien t une lettre adressée ^
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1 ,0 LA PAPAUTÉ ET LES M IS SIO NS D O R I E N T AU M O Y E N AC.E
nata. C h a b o t estim ait que celu i-ci n était autre qu e Barçaum a, qu e B u scarei de G isolf appclait
« R aban atta, e v e s q u e n e c to r in », P e llio t 3 estim e qu e ce R abban-ata ne pouvait ètre identique
à B arçau m a, pu isqu e deu x lettres d iffé re n te s leu r sont ad ressées (R e v . Or. chréi.. XXIV,
p. 281). La q u a lité d e n o b ilis v ir con ven a n t p lu tôt à un laic, il a su ggéré q u ’ il pouvait s agir du
c h r é tie n « S a b a d in » . Ou bien y aurait-il eu con fu sio n à la C u rie?
173 C e tte bulle, qui n a pu ju squ ici ê tre id en tifiée , serait sclo n nous c e lle du 3 septembre
1288 (R e g . N ic . IV , n °6 1 1 ) qu i n ’a pas été re p ris e dans le B u lla r iu m ordinis Praedicatorum
C e ei s a c c o r d e r a it b ien a vec les dates p ro p o s é e s p ar M o n n e re t d e V illa rd . Il libro delia pere-
g rin a z io n e , p. 15 (d a p r è s M an d o n n et, R ic o ld o de M o n te -C ro c e , p é le r in de Terre-S ainte el mis-
s io n n a ir e en O rie n t, dans R e v u e b ib liq u e , II, 1893), p o u r le v o y a g e en G a lilée en novembre-
d é c e m b r e 1288, le re to u r à A cre au d éb u t d e 1289, le d ép a rt p o u r l'Aías en mars (il était à
S ivas a p rès le 27 a v ril 1289, d ate d e la ch u te d e T r ip o li d o n t il a p p rit la n ouvelle dans cette
v ille ). M a is il faut a d m e ttre qu 'il ne sera it a r riv é à A c re q u e n o c to b r e et non pendant l'été
p ré c é d e n t. Au d éb u t d e 1288, d a ille u rs . il avait é té d é s ig n é c o m m e le cteu r pou r le c o u v e n t de
F lo re n c e , et son v o y a g e n eta it d o n c pas e n c o re en visagé.
174 O n p e u t se d e m a n d e r q u e l é ta it à c e t t e d a te , le g o u v e r n e u r « m o n g o l » d e Mossoul qui
é t a it n e s t o r ie n : M a s u d , fils d 'A 'là m a l-D in Y a cq ú b , le q u e l é ta it e f f e c t i v e m e n t chrétien, avait
é t é a s s a s s in é a v a n t 1’a r r iv é e d e R ic o ld o , le 4 a v r il 1289 : J. M . F iey , Assyrie chrétienne. I, ®e'
r o u t h , 1965 ( R e c h e rc h e s p u b lié e s s o u s la d ir e c tio n de l ’/ n s titu t de L e ttre s O rientales. XX II). p
85. S o n s u c c e s s e u r a u r a it é t é un A r m é n ie n (C h r é tie n s s y ria qu e s s o u s les M o n g ols , p- 51-57)-
175 Fiey, A ssyrie c h ré tie n n e , I, p. 77-91.
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LA C O N Q U Ê T E M O N G O L E ET LES M IS S IO N S 11 1
I7‘ Lassé des persécutions qui suivirent la conversion des Mongols à 1’Islam, Yahballáhã
ne dcmanda-t-il pas au khan de le laisser repartir en Orient. ou bien s e n aller - au pays des
Francs »?
D. Emmanuel, Doctrine de 1'église chaldéenne sur la primauté de Saint Pierre, dans Rev.
Orient chrétien, I, p. 137.
i» c f o liv ie r de Paderbom . H ist Damiatina. ed. Hoogeweg, p 266 Apud AMiochmm com -
liluti Nestorinos diligenler examinavimus. qui dicun, se credere duas na,uras uni,as m per-
sonà Chrisli e, beatam V irg in em matrem Dei e, hominis confitentur. ac ipsam e, Deum e, hom,-
nem pepensse. quod Nestorius negavit Utrum autem sic corde credunt. s,c ore con/uenlur. Deus
novit. Cf. A. D. Von den Brincken, Die •Nalionesi, p. 315-316. .
,. u a y n a id u . Annales. IV, p. 383 (Le texte esl reproduit par Chabot. dans Revue de
1'Orienl lalin U p. 631-637); Allaner. Dominikanermissionen. p. 61-63; Loeneru, La societé des
Prires Piriennanls, p, 161-162. C esl .u r ces deux lettres, que devait publler le cardinal Ttsse-
rant avec une étude malheureusem ent perdue (cf. E. Tisserant. dans D ic o n n a .rc de Theolog,e
calhoiique, XI, p. 211). qu est a p p o s i le sceau du catholicos <J Hamilton, t e , e » e ,urc e„ ca ,a c
,ires syriaques du grand sceau cruciforme de Màr Yahbollthà III, dejà cite).
10
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112 LA PAPAUTÉ ET LES M I S S I O N S D O R I E N T AU M O Y E N AGE
leu C e s lettres posent un petit p r o b l è m e : le siège de T a b riz avait été réuni à celui du
m o n a s tè r e de M ãr M atta en 1 155, et D enys n'est c o n n u c o m m e é v ê q u e de Tabriz que de 1277
à 1290, oü il fut re m p la c é pa r un Iwànis : J. M. Fiey, Assyrie chrétienne, II, p. 340, 352-353. -
C h a b o t s é t a i t d e m a n d é si D en ys n etait pas un é v ê q u e g rec {Notes, p. 586); mais c e s t en syria
q u e qu'il é crivit au pape. Cf. Sbaralea, VI, p. 9 et 84; G o lu b o v ic h , Epistola syria Dyonisii epis-
copi Taurisiensis, d ans Arch. franc. hist., XIX, 1926, p. 351-352.
"" S b a ra le a . VI, p. 83; J. B. C h a b o t, Notes, p. 630-637, r e m a r q u e q u e la lettre en question
n a pas d ú ê tre re m ise au p a tr ia r c h e p r o p r e m e n t dit ( l e P. V an d en W yngaert a supposé que
M o n t e c o r v in o était passé pa r A n tio ch e - ville a lo rs ru in ée - p o u r la remettre), mais au
m a p h ria n , a lo rs G r é g o ir e B a r-H e b ra eu s, qui résidait au c o u v e n t d e Mar-Matta, près de Mos
soul; u n e lettre était a d r e s s é e « a u prêtre, son frè re» q u i serait son futur s u c c e s s e u r . **
g o ire I I I B a r ç a u m a . T o u tefo is. B a r- H e b r a e u s m o u ru t en 1286 (cf. J. M. Fiey, Les diocèse* w
* nw phrianat» syrien, 619-1860, th è se de d o c t o r a t en histoire, Dijon, 1972, ronéot.) ce qui rc
d ra it d ifficile d a d m e t t r e qu il avait re çu la visite d u m issio n n a ire franciscains en 1288- • -
IH2 Le m a p h ria n , c e tte fois, était c e r ta in e m e n t G r é g o ir e III, q u i allait d a i l l e u r s qu
M ar-M atta p o u r T a b riz de 1293 á 1298.
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LA CONQUÊTE M O NGOLE ET LES MISSIONS 1I 3
cha si11 Ics points controversés de la doctrine dc ses hòtes, en prenant pour
ciblc lc inonothélismc, et il obtint de 1'archevéque une profcssion de foi ct
une déclaiation d obéissance au Saint-Siège1M.
Ainsi Ricoldo, à la différence d ’autrcs religieux, apparaissait moins
comme un ambassadeur chargé de remettre Ics lettres pontificales aux pré-
lats orientaux184, que comme un redoutablc polémiste, qui suscitait dc
scrieux rcrnous au sein des communautés qu’il visitait, pour que les adhé-
sions qu il rccucillait fussent sans ambiguité. Les pouvoirs que lui avait
conicrcs une simple bulle Cum hora undecima lui permettaient ainsi de
s adresser a la fois aux dignitaires des Eglises orientales, à leur clergé et á
leurs ouailles.
La conversion de la Perse mongole à 1’Islam avait mis fin à 1activitc de
Ricoldo dc Montccroce. Celui-ci, nous 1’avons vu, avait quitté précipitam-
ment le pays pour revenir en Occident. Mais les missionnaires latins ne tar-
dèrent pas à y rcapparaitre. Cest ainsi que nous apprenons que des Fran
ciscains, auxquels Boniface VIII adressa la lettre Inter caetera desideria en
1296, vivaient chez les Tartares d ’0 rien tIH\
En 1299, un groupe de Dominicains était envoyé par le même pape
avec la lettre hnmaculata lex Dom ini dans tous les pays d'Orient et d Occi
d e n t186. Et, en 1300, un autre Dominicain, Jacques d Arles (-sur-Tech) allait
visiter les hauts prélats orientaux, en revenant d'une mission en Arménie; il
y retournait en 1304187. En 1307, cest une mission nombreuse qui était
coníiée à l evêque Guillaume de Lydda, qu Edouard II d Angleterre recom-
mandait à 1'empereur des Tartares, au pape et au roi d 'A rm én ie: accompa-
gné de nom breux religieux, Dominicains comme lui, ou d autres ordres, il
devait essayer de convertir les infidèles avant la croisade, en leur prêchant
la foi chrétienne, pour que le bras séculier nintervienne qu ap rè s 1echec
P 106- „ .,. ,4 ,
117 Sur sa carrière missionnaire, cf. Loenertz, ibtd., p. .
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114 LA PAPAUTÉ ET LES M IS SIONS D’O R IENT AU MOYEN-AGE
du glaive spirituell88. On ignore quelle suite eut cette initialive - quj. Qq^
fois, ne venait pas de la Papauté
Les missionnaires avaient-ils dépassé les limites des territoires soumis
aux Tartares? L ’apparition, en 1245, du nom des Indiens et des Ethiopiens
dans les bulles Cum hora undecima, parmi ceux des peuples oü pouvaient
se rendre les missionnaires, peut n a v o ir aucune signification particu-
liè re 189. Par contre, la lettre de Clément IV au maitre des Frères Prêcheurs,
alors H u m bert de Romans, en date du 8 février 1267 fait état de 1envoi chez
« le s Tartares, les Ethiopiens, les Indiens, les N ubiens et les Sarrasins des
pays d'Orient et du M id i» d u n frère Vasinpace, qui avait déjà plusieurs fois
visité ces contrées et pour lequel le pape demandait des com pagnons190. \\
sem ble donc que, dès lors, un missionnaire latin ait atteint la voie du golfe
Persique que dautres, marchands, mercenaires com m e les marins gênois
de ril-K h a n Argun ou missionnaires, allaient em prun ter après lui. La men-
tion des partes M eridionales montre que 1'Afrique orientale elle-mème est
alors entrée dans les perspectives de la m issio n 191.
On sait seulement que 1'archevêque et 1'empereur d ’Ethiopie figuraient
p arm i les personnages auxquels Jean de M ontecorvino était recommandé,
en 1289. M ais celui-ci et son compagnon, le D om inicain Nicolas de Pistoie,
lorsqu'ils s'em barquèrent effectivement sur le golfe Persique, se rendirent
seulem ent dans 1’Inde, oú M ontecorvino prêcha et baptisa pendant treize
m ois; son com p ag n on Nicolas y mourait. Et il ne sem ble pas que le Francis-
cain ait alors pensé à se rendre en Ethiopie, encore qu'il ait affirmé avoir
reçu une invitation de la part des Ethiopiens à venir dans leur pays ou à y
en v o yer des m is sio n n a ire s: c e s t en direction de la Chine q u i l sembarqua
en 1292. Par contre, p ro b a b lem e n t avant 1315, le D om inicain Guillaume
A d am et son confrère R aym ond Etienne ont bien navigué sur 1'Océan
Indien, relâché à Socotora, alors p eu plée de c h ré tie n s192, et atteint 1’Ethio-
l#(l Rymer, Foedera, I, 2, p. 100-101 (30 novembre 1307). Cette lettre a été datée par erreur
de «vers 1277» par Rõhricht, Regesta regni hierosolymitani, erreur reprise par le P. Streit dans
sa Bibliotheca missionum. Cf. infra, p. 143-144.
189 Sbaralea, I, 360. Von den Brincken, Die *Nationes», p. 270.
190 Ripoll, I, 482; Altaner, p. 63.
191 Cf. J. Richard, Les premiers missionnaires latins en Ethiopie, dans Atti dei Convegno
internazionale di studi etiopici, Roma 1959, p. 323-329 (Accademia dei Lincei); Les m issionnaires
latins dans l‘Inde au X IV ’• siècle, dans Studi veneziani, XII, 1970, p. 231-241.
192 Dauvillier, Les provinces chaldéennes «de 1’Extérieur», p. 277. Marco Polo signale un
archevêque, et Guillaume Adam mentionne les chrétiens habitant dautres iles de 1’ O c é a n
Indien (nos Navigations des Occidentaux sur l'Océan Indien et la mer Caspienne, p 360-361)-
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LA C O N Q D Ê T E M O N C O L E ET LES M IS SIO NS 115
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116 LA PAPAUTÉ ET LES M IS S IO N S D O R IE N T AU M O Y E N -A G E
*
★ *
avec 1’ancienne Amastris du Pont, «Samastro» dans les portulans, qui eut plus tard son évê
que latin.
,w Reg. Boniface VIU, 306 (1295).
j
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L * CONQUÊTE M ONGOLE ET LES MISSIONS J 17
dans 1Asie que les m archands occidentaux; et les contacts pris avcc les
c e s es g ises orientales en vue de réaliser 1’union des Eglises cn furent
d autant facilites. L Océan Indien ouvrait désormais les routcs dc 1’Afriquc
orientale, de 1 Inde et de 1'Extrême-Orient.
En m em e temps, une doctrine missionnaire setait définie, que l'on
peut retrouver sous la plum e de Dominicains com m e sous celle de Francis
cains. H u m b e rt de Romans, tant dans son traité D e o ffic iis o r d in is que dans
son encyclique de 1255, définit les deux points essentiels de son pro-
gramme de la façon suivante : élaborer des traités destinés à arm er les mis
sionnaires d argum ents susceptibles de convertir « les nations barbares, les
paíens, les Sarrasins, les Juifs, les hérétiques, les schismatiques et autres,
qui sont hors de 1 E g lis e »; enseigner les langues dans lesquelles il convien-
drait de prècher, ceci par 1'envoi des religieux destinés aux missions dans
les provinces voisines des pays à évangéliser200. Et la S u m m a c o n tra G e n tile s
de saint Thom as d'Aquin pourrait représenter un des tra cta tu s dont la
rédaction était recom m andée, s'il ne semblait pas plutôt destiné à combat-
tre 1averroism e chrétien - tandis que d autres ceuvres du docteur dom ini
cain ( C o n tra e r r o r e s G r a e c o r u m ; D e ra tio n ib u s fid ei c o n tra S a ra cen o s, G ra e-
cos et A r m e n o s ) sapparenteraient davantage au type d opuscules auquel
pensait H u m b e rt de R o m a n s201.
Vingt ans plus tard, le D e S ta tu S a rra c e n o ru m de Guillaum e de Tripoli,
fruit d'une expérience missionnaire vécue chez les Musulmans, propose des
m odes de form ation p ou r les religieux appelé à prècher aux infidéles : il ne
sagit pas seulement d a p p re n d r e leur langue, mais de se pénétrer des
méthodes qui permettront de les convaincre. Guillaume recom m ande d evi-
ter de recourir à la force, certes, mais aussi aux disputations si en vogue au
début du siècle. II se déclare aussi hostile à cette forme de provocation qui
entraine le martyre. Et cest sur la connaissance de 1’Islam et de la doctrine
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118 LA PAPAUTÉ ET LES M IS S IO N S D O R IE N T AU M O YE N AGE
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L \ CO NQUÈTE M O N G O L E ET LES MISSIONS 119
1960, p. 275-290.
2.0 C f le L iv r e des c in q sages, é c r it en 1294, q u i m et en sc èn e un G rec, un N e s to n e n , un
Jacobite, un M u su lm a n . un L a tin . e t le T ra cta tu s de m o d o c o n v e rte n d i ( R a y m o n d L u lle . d o c te u r
des m issions, p. 137). G o lu b o v ic h , I, p. 373 et suiv.
2.1 C o n v e n ire t e tia m q u o d E ccle s ia re cu p e ra re i schism aticos, et illo s stbt u m re t q u o s potest
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1
recuperare cum disputatione . . . quia cum illis melius possent destrui Sarraceni et haberi partici-
patio et am icitia cum T a rta ris ... Etiam esset conveniens quod Ecclesia faceret suum posse ad
con qu irend u m Tartaros per disputationem, quae con qu isitio est facilis quia non habent legem, et
quia p erm ittu n t in illo ru m terra praedicari fidem Christi et etiam qu icum qu e vult potest esse
Christianus absque tim ore d o m in ii Raymond fait ici allusion à cette impossibilité de prècher
en pays musulman que remarque Fritz Blanke, Die M oham m edanerm ission im Mittelalter, dans
M issionsproblem des Mittelalters und der Neuzeit, Zurich et Stuttgart, 1965, p. 77-88.
212 Notons qu a 1’occasion de la conquête de la Syrie par Ghazan, Raymond s'empressa de
passer en Chypre d’oü il entendait se faire envoyer en Syrie; mais il dut revenir à Gênes (Ray
m ond Lulle, d octeur des missions, p. 43-45).
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TROISIÈME PARTIE
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L a d iv is io n d e s p ay s d e m issio n d O rien t en d e u x g ra n d s secteurs s était
révélée d e p u is lo n g te m p s : au N ord de la M e r N o ire, les m issio nn aires
s a d re s s a ie n t e s s e n tie lle m e n t à des p e u p le s p aíen s qu'il s'agissait d a m e n e r
à la foi c h ré tie n n e , p u is d e d o t e r d une o rgan isation ecclésiastique perm et-
tant un tra v a il d a p o s to la t en p ro fo n d e u r . A u Sud, c ’est p a rm i des p e u p le s
déjà c h ristia n isé s o u b ie n au m ilie u des Sarrasins, p ra tiq u e m e n t im p e rm é a -
b les à la p r é d i c a t io n ch rétien n e, q u e s'exerce le l a b e u r m is sio n n a ire ; sa u f
exception , il vise à r a p p r o c h e r les Eglises orientales d e 1’E glise de R om e,
1'évangélisation d e s M u s u lm a n s rep résen ta n t un o b je c tif secon d aire. T ou te-
fois, d e p u is 1'invasion d e la Syrie p a r les M o n go ls, la P a p au té et ses en v o yés
d o m in ic a in s et fra n c is c a in s avaient p u e sc o m p te r la c o n v e rs io n d es p rin ce s
m o n g o ls et d e 1'aristocratie tartare à la foi chrétienne. M a is a u d é b u t d u
X I V e siècle, il v a d e v e n ir é vid en t q u e cet e sp o ir est vain, d u m o in s dan s
1'ancien d o m a i n e d e s Il-K h an s. L a p ré d ica tio n catholique, de ce fait, p r e n d
d an s ces c o n t r é e s u n e a llu r e assez d ifféren te de ce q u 'e lle est d an s les pays
so u m is a u x M o n g o l s s e p t e n t r i o n a u x : e m p ire d u gran d -kh an, kh an ats d e la
H o r d e d ' O r et d u T u rk esta n .
II est a sse z n a t u r e l q u e ce soit d an s les pays d u N o r d q u e se soit fait
jo u r p o u r la p r e m i è r e fois la nécessité de c r é e r un e n c a d r e m e n t d io c é sa in
p o u r d o t e r les « n o u v e lle s p lan ta tion s de la f o i » d e rite latin d es o rg a n is m e s
in d is p e n s a b le s à l e u r vie religieuse. C e qu i est plus curieux, c e s t le d é t o u r
p a r le q u e l la P a p a u t é fut a m e n é e à d é c id e r d e cette c r é a t i o n : la lointaine
C hine allait f o u m i r à C lé m e n t V 1'occasion de m ettre s u r p ied u n ép isc op a t
m is s io n n a ire a p p e l é à d ^ m p o r t a n t s d é v e lo p p e m e n ts.
Celui-ci, b ie n e n te n d u , ne d oit pas n o u s faire o u b li e r q u a u X I I I siècle,
et a n té rie u re m e n t , d e s é v ê c h é s avaient été érigés p artou t oú des con ver-
sions n o t a b le s é taien t i n t e r v e n u e s : chez les B altes et chez les Finnois
c o m m e c h e z les C o m a n s , les p a p e s d u X I I I e siècle avaient d élim ité d e s dio-
cèses, v o ir e d e s p r o v i n c e s ecclésiastiques, n o m m é des évêques, e n c o u ra g é
la m ise en p la c e d e s r é s e a u x p a ro is sia u x . N é a n m o in s la créatio n d evech es
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124 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT Al) MOYEN AGE
I - LE S PAPES D U X I V ‘ S IÈ C L E
E T L ’O R G A N lS A T IO N D E S M IS S IO N S
1 A I'étu d e d e C. Eubel, Die wahrend des 14. Jhdts im Missionsgebiet der Dominikaner und
Fransiskaner errichteten Bisthümer, dans Ehses, Festschrift zum elfhundertjàhrigen Jubüàum des
deutschen Campo Santo in Rom, F re ib u rg im B reisgau , 1897, p. 170-195, s a jo u te désorm ais
c e lle d e D. G io r g io F ed a lto , La chiesa latina in Oriente, vol. I, V e ro n a , 1973 (S tu d i religiosi, 3),
oú « l a ch iesa latin a nei te r r ito r i di m is s io n e » est e n v is a g é e aux p. 375-500.
2 Cf. 1'autorisation a c c o r d é e le 2 ao ü t 1373 p a r G r é g o ir e X I à R o g e r H erietsham , Cister-
cien du m o n a s tè re d e B o x le y , dans le K en t, d e p a rtir c h e z les In fid é le s avec douze autres
m o in e s p o u r p r è c h e r et p o u r les in stru ire dans la f o i : Arch. Vat., Instr. misc. 6258 ( Papal Let-
ters, IV. 106).
3 O n lit dans le De gestis t r i u m regum (c ité p a r G o lu b o v ic h , II, p. 1 5 3 ): Fides christiana
que ibidem (= en T a r ta r ie ) per infideles fuit oblita, n unc per Fratres Minores, Praedicatores,
Augustinos, Carmelitas et alios doctores de n ovo coepit reflorere. Les C a rm es eurent des cou-
ve n ts en O rie n t (P é r a ); d es A u gu stin s fu re n t é v è q u e s en pays d e m ission .
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LA NAISSANCE D'UN ÉPISCOPAT MISSIONNAIRE 125
p e u p le d é c id é á d e v e n ir c h ré tie n .
4 B. R c ic h e r t, L itte ra e encyclica e, p. 16, 88; R ip o ll, I, p. 482.
7 C ec i d a p r è s Jean d c W in te rth u r, C h ro n ico n , p. 207 {a gu a rd ia n o su o lic e n tia m p e tit et
o b tin u it u t s a n g u in e m m in u e re posset).
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126 LA PAPAUTÉ ET LES MIS SIONS D O R I E N T AU M O YEN-ACE
d'un custode, lui aussi soumis au ministre provincial. Et c'est ainsi qu’un
religieux désireux de prêcher aux infidèles doit être envoyé par sa provinc
d ’origine à 1’une de celles qui ont charge des missions, et désigné par le res
ponsable de celle-ci pour telle station missionnaire ou pour telle randon
née en pays infidèle. On se plaint d ailleu rs parfois que les provinciaux se
débarrassent de sujets indésirables en les envoyant en pays de mission-
mais c'est au contraire sur la capacité et sur la solidité de la formation que
les encycliques et les bulles pontificales insistent8.
La réglementation la plus complète à cet égard figure dans la grande
bulle Ut ig itu r de Benoit X II adressée aux Frères M in e u rs9: il est interdit
aux ministres généraux d e n v o y e r des frères en pays infidèle sans avoir eu
connaissance des résultats de 1'enquête menée sur eux par les ministres
provinciaux. Les partants devaient avoir été au préalable examinés sur leur
foi et sur leur Science par les provinciaux, assistés de frères d iscreti : il fal-
lait en effet n'envoyer aux infidèles aucun religieux entaché d ’erreur ou de
superstition dans sa foi, ou soupçonné de mauvaise vie. Et les ministres
provinciaux se voyaient interdire d ’envoyer des frères aux infidèles sans'
passer p a r le ministre général.
L e n c y c liq u e du maitre des Dominicains B é re n ge r de Landorre (1312)
spécifie elle aussi que les frères destinés aux missions doivent être des
volontaires, aptes à cette tâche, et qu'on doit avoir au préalable recueilli le
tém oignage des prieurs de leurs couvents et de leurs provinciaux sur leur
vie et sur leur rép u tation 10.
La préparation des missionnaires à leur tâche nous est moins bien
c o n n u e " . Le p rieur Philippe, en 1237, c om m e les Franciscains du Qipcaq
au débu t du X I V e siècle soulignaient 1'importance de la connaissance des
langues orientales; R ubrou ck avait d éploré 1'insuffisance de son interprète
à ex p o se r la foi chrétienne, et Ricoldo, dans ses Regulae generales, insistait
8 Golubovich, III, p. 162-163 (1310); B u lla riu m Franciscanum , V. p. 286, n°572; B. Rei-
chert, Acta capitulum generalium O.P., I, p. 290 ( Priores provinciales in suis provincialibus capi-
tulis fratres m oneant el inducant ut vadant ad gentes p ro earum con ve rsion e . . . et si quos solide
religionis et alias ad h oc ydoneos in ven erin t eos lice n cie m et cum litteris suis mittant - 1298).
et II, p. 191 (1329).
’ Eubel, B u lla riu m franciscanum. VI, 38 (28 novembre 1336): De fratribus autem ad partes
infidelium p ro praedicatione verbi d ivin i m ittendis . . .
B. Reichert, Litterae encyclicae m agistrorum generalium , Rome, 1900 ( Monumenta ordi
nis F. P. histórica, V), p. 317.
11 La meilleure étude est celle de Noe Simonut, II metodo devangelizzazione dei Francês-
ca n i ira M u su lm a n i e M o n g o li nei secc. X III-X IV , Milano. 1947, p. 39 et suivantes.
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I-A NAISSANCE D UN ÉPISCOPAT MISSIONNAIRE 127
1976, p . 149-164.
O O U I II IL.VJ U J W U I I I O V / U I II I U I
128 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN-AGE
, q . . 2.Õ R ' L ° e " ertZ ' U s o ciété des F rè re s P é ré g rin a n ts . E tu d e s u r 1'O rient d o m in ic a in , I, Rome,
37 (a c o m p le t e r p a r La S o cié té des F rè re s P é ré g rin a n ts de 1374 à 1475. E tu d e s u r 1'Orient
m m ic a in , II, dan s A rc h iv u m fra tru m P ra e d ic a to ru m , X L V , 1975, p. 107-145). C e tte im portante
e tu d e et c e lle du P G o lu b o v ic h su r les v ic a ir ie s fr a n c is c a in e s . n o u s d is p e n s e r o n t den trer
dan s le d e ta il. L o r d r e fra n c is c a in a v a it d a b o r d c r é é d e s « p r o v i n c e s . . n o n seu lem ent en
y rie . m a is en e r é r i e . p a r la su ite, c e lle - c i se t r a n s fo r m e e n « v i c a i r i e d e M a r o c » .
i • _ an n ee' * d é c id é d a t t r ib u e r le c o u v e n t d e S iv a s a u x fra trib u s cotntnoranii-
bus in te r T a rta ro s sive in Pe rs id e (e t n o n p lu s à u n e d e s d e u x p r o v in c e s d e R o m a n ie ou de
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LA NAISSANCE D'UN ÊPISCOPAT MISSIONNAIRE 129
« G o lu b o v ic h , II. p. 238-265.
23 Fontes, X I I I , 2, n° 88; K. Eubel, D ie avignonesische Obedienz der M e n d ik a n ten ord en .. .
zur Z eit des G rossen Schism as, dans les Quetlen und Forschungen de la G òrresgesellsch aft, I, 2.
1900, n° 1046.
24 Fontes, X III, 1. n° 103 (E u b el, B u lla riu m francisc., VII, n» 339 - ou la lectu re et custo
diam est fa u tiv e ; le reg istre d e la ch a n c elle rie p o n tifica le p o rte bien et custodi).
25 Fontes, III. 1, n° 132.
24 On r e n c o n tre très fré q u e m m e n t ch ez les auteurs actuels la m en tion de cette societas
co m m u n e aux deu x ord res. N ou s avons seu lem en t rencontré, dans une indu lgen ce a cco rd ée
aux b ie n fa iteu rs des églises saccagées par Tam erla n ( Fontes, X III, 1, n° 58) la m ention des
fratres pra e d ica to ru m et m in o ru m ordinis, societatis p ereghn an tium nuncupati (19 aoút 1398). A
notre sens c e tte ex p res sio n in d iqu e seu lem en t qu e le pape regardait à ce tte date les m ission
naires de í ’un ou de Tautre o r d r e c o m m e se définissant par la p p a rte n a n ce à une societas
percgrin antium . L e t is t e n c e c t Ih is to ir e d c c e ttc institution 4 lin té r ie u r de lo r d r e franciscain
ont été éta b lies par A. G ro etek en . E m e m iU elaLerUcke M issio n s gcs d h cto ft, dans Z e m c k n ft fUr
U is s U m tw is M s c k a t, II. IW 2 . p. 113: e lle paratt é tre née au tem ps d e B on ,fa ce IX et a vo.r eu
Pour ressort e s s e n ti.lle .n e n l la Russie, Ia C alicie. la P o d o l.e et la V o!hyn,e. Appu yée par une
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I 30 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN AGE
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]
i
LA NAISSANCE D UN ÊPISCOPAT MISSIONNAIRE 131
b) L e rô le de la pa p a u té
,u Fontes, X I, n° 70-71. .
n R. J. L o e n e r tz , La S o cié té des Frères P é rè g rin a n ts de 1374 à 1475. E tu d e s u r lO r t e n l d on u
nicain, II.
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132 LA PAPAUTÉ ET LES MIS SIONS D ORIENT AU M O YE N AGE
scc aux Frères Mineurs in te r T a rta ros c o n s titu ti précise q u ’ils s'y trouvent
m a n d a to vel o rd in a tio n e seu lice n tia a u t p e rm is s io n e Sedis apostolica^n *
autrcment dit que ceux-là même qui n'ont pas été directement investis
le pape de leur mission, l'ont été par leurs supérieurs en vertu d ’une autor^
sation pontificale. Les légats en Terre Sainte, en Grèce, en Hongrie ont
joué un rôle essentiel dans les tentatives dapostolat chez les peuples non
chrétiens ou non soumis à 1'Eglise romaine : bien des bulles pontificales
leur ont été adressées à cette fin, au X IIIe siècle surtout. Les missionnaires
eux-mêmes (entendons les religieux envoyés chez les infidèles à charge de
les convertir) sont parfois dotés expressément des pouvoirs d'un légat, tel
Jean de Montecorvino, en 1289, Odoric de Pordenone, entre 1320 et 1330
ou Jean de Marignolli, au milieu du X I V e siècle33. De Francon de Pérouse
fondateur du couvent de Caffa et premier vicaire général connu de la
Société des Pérégrinants, le nécrologe du couvent de Pérouse écrit qu'il fut
envoyé « personnellement et nommément par le seigneur pape Boni
face VIII com m e son légat et nonce spécial, avec de larges privilèges»34. Or
nous possédons le texte de la bulle du 10 avril 1299 qui était adressée à
F r a n c is c o P e ru s in o , ainsi q u a dix-huit autres Dominicains, tous nommé
ment désignés : le pape les qualifie bien de n u n c ii n o s tri et leur confère des
privilèges : ceux-ci nexcèdent pas ceux qui figurent dans bien dautres bul
le s 35.
Ainsi le statut de légat apostolique a-t-il pu apparaitre comme celui qui
était conféré aux missionnaires, ou au moins aux chefs de groupe; cest ce
qui explique que dans son encyclique de 1312, Bérenger de Landorre spéci-
fie que les Frères envoyés in te r gen tes par le souverain pontife resteront
soumis à la correction du vicaire général des Pérégrinants, sauf disposition
expresse figurant dans leurs bulles36.
R om e avait un moyen de contrôler les agissements de missionnaires,
sans passer par le canal des maitres des ordres : c etait la nomination
d'inquisiteurs de la foi. Si l'on en croit un nécrologe, c est le Dominicain
A n dré delia Terza qui aurait été p r im u s in q u is ito r in te r in fid eles et Sarace-
VI, 10.
B u lla r iu m fra n cis ca n u m ,
,J Golubovich, III, p. 90-91, etc.
54 R. Loenertz, L es missions dominicaines en Orient a u X I V ' siècle et la S o cié té des Frères
P é ré g rin a n ts ,dans A F.P., II, 1932, p. 66-67, avec la correction menlionnée dans La société des
F re re s P é ré g rin a n ts , p. 35, note 1.
” Bulle Im m a c u la ta le x D o m i n i : Fontes, V, 2, n° 127 (Ripoll, B u li O .P., 11, 68).
56 L itte ra e e n cy clica e , p. 317.
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LA NAISSANCE D UN ÊPISCOPAT MISSIONNAIRE 133
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LA NAISSANCE D UN ÉPISCOPAT MISSIONNAIRE 135
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136 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIO NS D O R IE N T AU M O YE N-AG E
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LA NA1SSANCE DUN ÊPISCOPAT MISSIONNAIRE 137
4* Reg. Vat. 265, f° 80v°. Le 22 juin 1372, à la dem ande du vicaire franciscain de Bosnie,
une com m ission d e th éolo gien s dom in icains et augustins avait été créée. qui ém it une décla-
ration sur des points dou teu x ( Fontes, X II, 34-34a). E lle préfigurait la com m ission de 1373.
” Reg. Vat. 265, f ° ‘ 60, 62, 69-71. Le P. L oen ertz nous a signalé a v o ir vu, aux archives de la
Societas p eregrin a n tiu m à L w ów , un instrum ent ém anant de cette com m ission, scellé du sceau
de ses six m em bres. . ■
60 Le libellus de notilia orbis (éd. Kern. p. 119) se plaint en 1404 de I m d .fféren ce de la
Curie aux dem an d es des m issio n n a ires. La com m ission de 1373 avait certainem ent disparu.
Sur la c o n ce p tio n q u e n avaient les Occidentaux. cf. A , D. Von den B rincken, Die
■Nationes ch ristia n oru m o rie n ta liu m ».
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138 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN AGE
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LA NAISSANCE D UN ÊP1SCOPAT MISSIONNAIRE 139
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]4 0 la PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN-AGE
doit nous retenir ici. Le pape se substituait aux évêques diocésains pour
autoriser les missionnaires à prêcher, à baptiser, à confesser, à relever les
excommuniés des sanctions qu ils avaient encourues; il les autorisait à
absoudre les pénitents des irrégularités, à réconcilier ceux qui setaient
séparés de la foi, à recevoir les ordres sacrés des prélats catholiques, à
bénir même, là oú il n’y avait pas d e v ê q u e en com m un ion avec le Saint-
Siège et à condition d etre prêtres, les vêtements sacerdotaux, les pales et
les corporaux : tel était len se m ble des pouvoirs accordés en 1237. Dès 1245,
Innocent IV précisait que ses envoyés pouvaient fréquenter les excommu
niés67, conférer la tonsure et les premiers ordres mineurs, confirmer les
clercs revenant à 1’Eglise romaine dans les ordres qu'ils avaient reçus, don-
ner des dispenses pour 1'ordre et le mariage, a b sou dre les apostats et les
meurtriers de clercs, permettre aux convertis de conserver leurs femmes
malgré des parentés prohibées par les canons, ju g e r les causes matrimonia-
les, fonder des églises, les pourvoir de curés, bénir les cimetières, commuer
les vceux, concéder des indulgences68.
Le D ire c to riu m apparatus, qui a été récemment retrouvé et qui date de
la fin du X IV e siècle, lorsque ces pouvoirs ont atteint toute leur ampleur,
permet de savoir dans quelles conditions elles s e x e rç a ie n t 69. II nous suffira
d ’indiquer ici que, dotés de ces pouvoirs, les missionnaires assimilés à des
légats du Saint-Siège exerçaient des prérogatives norm alem ent dévolues
aux évêques : la bénédiction des vêtements liturgiques, des autels et de
leurs ornements, des cimetières, la fondation ou la réconciliation des égli
ses, la nomination de desservants, le privilège de con serv er leur caractère
clérical aux m em bres des clergés schismatiques, m êm es mariés, le droit de
confier aux néophytes la tonsure et les ordres mineurs, 1’octroi dmdulgen-
ces (jusqu à quarante j o u r s . . .). On pouvait m êm e voir de simples prêtres
confirm er des archevêques et évêques ram enés à 1’Union, après avoir véri-
fié qu ils avaient été consacrés selon les règles c a n o n iq u e s 7®.
ocT o b r^ n T l) 11 j3nV,er 1239’ 21 mafS 1245‘ 19 aVrU l258, 13 aOÜt l291, 23 juUlet 13° 7, 23
70 Dans les lettre s a d res sée s à G é ra rd d e Pra to, le 5 a v r il 1278. le p a p e lui accord e ce
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LA NAISSANCE D UN ÊPISCOPAT MISSIONNAIRE
■ II I Vy I
J
142 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN-AGE
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LA NAISSANCE D UN ÊPISCOPAT MISSIONNAIRE 143
75 C ’est la co n clu sion d e son récit de v o y a g e : « il ne m e sem ble pas so u h a itab le q u ’un
autre F rère s e n a ille ch ez les T a rtares co m m e je la i f a i t . . . . mais, si le seign eu r pape . . .
en voyait un é v ê q u e a vec des m arqu es d 'h o n n e u r . . . il p ou rrait leu r d ire ce q u ’il v e u t».
74 . . . A ut assum endi u n um de catholicis archiepiscopis vel episcopis gratiam et c o m m u n io -
netn Apostolicae sedis habentibus, cujus m in istério possitis liberiu s exequi circa negociu m supra-
dtcium quae p on tifica le re q u iru n t officium , ac illa p er eum quem re co n cilia ri p e r \>os vel assum i
c o n iig e rit. .. exercere (Fontes, V, 2, n° 25).
77 Reg. de Boniface V I I I , n° 306 : c est dans la bu lle d union du siège de T o rto s e à celu i de
Fam agouste q u 'il est fait allusion à ce qu e 1’é v êq u e avait p rèch é la foi apud infideles diversa-
rum nationum (13 ju ille t 1295).
71 Rym er, Foedera, 3* éd., La H aye 1739, 1. 2, p. 101 : Ad hec ad vestram accedunt presen-
iiam rehgtosi, honesti et littera ti v iri ut p o p u lu m vestrum ad fidem catholicam . . . reducant et ins-
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144 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN AGE
1’Islam, ct ses sujets, eux aussi passés à la foi musulrnane, auraient res-
l'évêque et à ses com pagn on s; mais nous ignorons tout de la suite 1 / 1
projet™. e Cv
M êm e si G uillaum e de Lydda était parti po ur 1’Orient, il reste au -
i * m mv u n
évêque n avait été consacré, entre 1253 et 1307, p o u r occuper effectivemen
un siége correspondant à un diocèse constitue en dehors des pays soumis
1'autorité des princes chrétiens d ’Orient. W illiam Freney avait été revètu d
caractère épiscopal et p o urvu d u n titre qui était celui d'une cité archiépis
copale authentique, située en pays soum is aux in fid è le s : mais il ne parait
avoir été chargé de gou vern er un peuple chrétien, mème dispersè Au
mieux, M ansel de Tortose et G uillaum e de Lydda, prélats dotés d ’un titre
épiscopal qui était encore résidentiel p o u r le premier, déjà in partibus infi.
d e liu m p o u r le second, ont pu être associés à des équipes missionnaires, si
1'idée retenue p a r Nicolas III lors du départ de G éra rd de Prato, en 1278
avait pris qu elqu e corps. Mais ce n'est pas certain, et la participation d’évè-
ques à des tàches missionnaires reste, en Orient, extrèmement limitée.
Le X I V C siècle allait voir la papauté adop te r une attitude beaucoup
plus hardie; 1'épiscopat missionnaire, si peu important au X III e siècle en
de h ors de la form ule traditionnelle retenue dans les pavs baltes ou ruthè-
nes, allait connaitre le plus étonnant des développements, et cela sous
1’influence des évènements et non du fait d ’une évolution institutionnelle
consciente.
II - L A C R É A T I O N D E L A R C H E V Ê C H É D E K H A N B A L I Q ET SES SUITES
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LA NAISSANCE D lIN ÊPISCOPAT MISSIONNAIRE 145
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146 LA PAPAUTÉ ET LES M IS S IO N S D O R IE N T AU M O Y E N -A G E
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LA NAISSANCE D'UN ÊPISCOPAT MISSIONNAIRE 147
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148 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN-AGE
latin - même si, à la façon des saints Cyrille et Méthode, il avait traduit
l'office en turc pour le mettre à la portée de ses ouailles90. Cest donc une
Eglise latine de plusieurs milliers d ames dont 1'Occident avait appris l'exis
tence en 1307.
La réaction du pape Clément V fut de donner à cette nouvelle chré
tienté un encadrement de type normal, en constituant dans 1 ’empire mon
gol un archevêché et une province ecclésiastique. Habituellement, de telles
créations intervenaient lorsque les souverains avaient fait acte dadhésion à
la foi catholique : le pape n’hésita pas à anticiper sur la conversion du
grand-khan.
Nous n'avons pas le texte de la bulle instituant 1'archevêché de Khan
baliq (Cam baliensis), mais seulement celui des bulles concemant les évê-
ques suffragants de 1’archevêque91. Ce dernier devait avoir dans sa juridic-
tion la totalité de 1'empire des Tartares ( cu ra m et s o llic itu d in e m animarum
ex iste n tiu m in toto d o m in io T a rta ro ru m ) avec toutes les prérogatives atta-
chées au titre archiépiscopal. Six suffragants lui étaient d o n n és92, tous fran
ciscains (André de Pérouse, Nicolas de Banzia, G érard Albuini, Ulrich de
Seyfnestorf, Peregrino de Castello et Guillaume de V ille n e u v e ): ils rece-
vaient la consécration épiscopale des mains de trois cardinaux, et cest eux
qui étaient chargés de consacrer leur archevêque et de lui remettre le pal-
liu m Le pape leur conférait les privilèges habituellement reconnus aux
Franciscains partant dans les terres des « Sarrasins, paiens et autres infidè
les», mais il ne leur donnait pas de titre épiscopal; les six nouveaux évê-
ques portaient seulement le titre d 'e p is co p i in d o m in io Tartarorum , Clé
ment V s en remettant sans doute à Montecorvino du soin de leur confier
un diocèse et une cité épiscopale.
On sait que le voyage fut l o n g : un des six, G uillaum e reçut en 1308
1ord re de partir en Tartarie, ce qui prouve qu il était resté en arrière; en
1318, il était de nouveau à Avignon, et on le transféra en 1323 au siège de
S avo n e 93. Ulrich et Nicolas m oururent dans 1'Inde; les trois survivants
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LA NAJSSANCE D UN ÊPISCOPAT MISSIONNAIRE 149
chõfe von Constanz, ed . L a d e w ig et M ü ller, 3671, 3754, 3773, 3482; A A SS.. M ai V, 205) - et
m êm e, a p rè s son tra n s fe rt à S a v o n e : A A SS., Jun. I, 336; K essel, A n tiqu iia te s m onast. S. M a r-
tin i M a jo ris C o lo n ia e p. 286 (1326) et Quix, G esch ichte der Stadt Aachen, II, 21 (1328). II est p ro -
b ab le q u 'il n a v a it pu se jo in d r e à ses c o n fr è r e s en 1307, et q u i l fu t a lo r s r e m p la c é p a r
A n d re u c c io d'A ssise. II n a u r a it é té c o n s a c ré q u e n 1308, et, ses c o é v ê q u e s éta n t d é jà p a rtis
(A n d re u c c io m o u ru t dans 1'Inde), a tten d it u ne o c ca sio n qui ne se p ré s e n ta pas.
94 R egestu m C lem en tis papae V, t. VI, n° 7480, 7481, 7482. Ce q u e nou s sa vo n s d u d e stin
des é v ê q u e s sacrés en 1307 p r o v ie n t d 'u n e le ttre d 'A n d ré d e P é ro u s e, d a té e d e 1313 (c f.
M ou le, C h ristians in China, p. 191; G o lu b o v ic h , II, p. 115, n. 3 ); P ie r r e d e F lo r e n c e n e les a va it
pas e n c o r e re jo in ts en C h in e.
” Cf. la le ttr e d e 1'évêqu e T h é o d o r e d ’A lanie, qu i r e n c o n tra v e rs la m ê m e d a te ses ou ail-
les depu is le v o is in a g e d e K h e rs o n , en C rim é e, ju sq u a so ix a n te é ta p e s plus à 1’est, d a n s la
step pe d e « S c y t h ie * et ju s q u a u x c o n fin s du pays d es Ib è r e s ( P a lro lo g ie G recqu e, C X L p 392
397).
** P e llio t, C hrétiens d'Asie cen tra le . . . . dans T o u n g pao, 1914, p. 64; M a r c o P o lo , éd. Pau-
thier, p. 165.
97 A.-D. V o n d en B rin c k e n , D ie • N a tio n e s . . . », p. 126-131; J. D a u v illie r, B y ia n tin s, X I,
1953, p. 72 et suiv. Les m is s io n n a ire s h o n g r o is d e 1236 et R u b ro u c k son t d a c c o r d p o u r a ílir-
m er q u e les A lain s ne fa isa ien t au cu n e d iffic u lté à a d m e ttre la p rim a u té p o n tific a le .
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150 LA PAPAUTÉ ET LES MIS SIONS D ORIENT AU M O Y E N AGE
)
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LA NAISSANCE D UN ÉPISCOPAT MISSIONNAIRE 151
La vie de cette com m unauté catholique nous est connuc par les lettres
des évèques André de Pérouse (1313) et Peregrino de Castellu (1318).
comme par les relations de voyage et notamment celle d ’Odoric de Porde-
none, qui déposa à Zayton les reliques des martyrs de Thâna, traversa Jam-
cai et admira, à Khanbaliq, la faveur dont jouissait Montecorvino, bénéfi-
ciaire de pensions impériales et adm is à donn er sa bénédiction au g r a n d -
khan lors des expéditions de celui-ci (1326-1328).
Quelle place y tenait 1institution épiscopale? Trois évèques étaient
arrivés en 1313 et avaient consacré la rc h e v ê q u e ; un quatrièm e les avaient
rejoints. O r nous constatons que trois d entre eux finirent par se fixer à Z a y
ton, ce port du Fou-kien oú arrivaient les navires venant de l inde qui trans-
portaient les marchands, et d ’oú partait la route menant par Hang-tchéou
et Yang-tchéou à Khanbaliq. G érard Albuini en fut fait évêque par M o n te
corvino dès 1313; Peregrino le rem plaça vers 1317 et, après sa mort (7 ju il
let 1323), André de Pérouse, qui s’était installé en 1317 dans un ermitage
voisin de la ville, en devint à son tour é v ê q u e 101. Les suffragants de M o n t e
corvino n avaient donc pas pris possession chacun d un siège é p i s c o p a l :
évèques sans titre précis, il ne leur était pas apparu nécessaire de diviser
entre eux le territoire de la province de Khanbaliq pour constituer des dio-
cèses. La mission du Cathay, en effet, s’articulait essentiellement a u to u r des
résidences franciscaines; le vceu de Montecorvino, de recevoir aussi des
Dominicains, n avait pu se réaliser — Jourdain de Séverac, qui accom pagn ait
quatre Franciscains partant p o u r la Chine, en 1320, d e m e u ra dans 1’In de
après le m artyre de ses c o m p a g n o n s 102 Chaque couvent, si nous en
jugeons p ar le cas de Zayton, avait sa vie assurée par des fondations, tandis
que les évèques, auxquels le grand-khan assurait une rente de cent florins
d o r p ar an, vivaient avec leurs f r è r e s : les m archands latins o u a rm é n ien s
se fixaient, durant leu r séjour, à proximité de 1 etablissement fra n c is c a in 103.
M. Petech (p. 553) p ro p o s e de v o ir en lui un Vénitien, P ietro Lon go, (fils ) de Luca, au lieu
d un Gênois.
101 On sait qu e la p ie rre to m b a le portant le nom d'A n dré de P érou se a é té re tro u vé e lors
de la d estru ction des m urs de Ts'iuan-tchéou, la date étant très m u tilée (John Foster, Crosses
bom the walls of Zaitun, dans Journal o f Royal Asiatic Society, 1954, p. 1-25). M. H am bis (Les
cimetières de la région de Zaiíon, dans Comptes rendus Acad. des Inscriptions, 1960, p. 213-221) a
proposé d e lire cette date 1330. Sur 1’em p la cem en t de la résid en ce fran ciscain e de Zayton, cf.
K- Enoki, op. cit., p. 63.
I0J T rois au tres F rères M ineurs, Aaron, Pons et B ertran d de Tou louse, p ériren t eux aussi
dans l'O céan Indien, avant 1329 (G o lu b o vich , II, 69-72). Sans dou te se ren daien t-ils en Chine.
103 A Zayton, ils d isp o sa ien t d'un fon d o u k et d ’un bain.
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152 la PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN AGE
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LA NAISSANCE D U N ÊPISCOPAT MISSIONNAIRE 153
gatai qu 'en 1336 : aussi avait-on com m en cé en Chine à s'inquiéter. Les chefs
des Alains écrivirent au pape une lettre collective (11 juillet 1336) à laquelle
le khan T o g h a n T e m iir joignit ses prop re s lettres, pour d e m a n d e r l’envoi
d u n successeur de M o n t e c o r v in o 108.
Les envoyés - deu x G ênois et 1'Alain Thogay - parvinrent à Avignon en
1338, et la lettre du grand-khan fit une grande im p r e s s io n 109. Le pape
Benoit X I I estim a q u il convenait de répon dre avec un certain é c l a t : il dési-
gna qu atre a m b a ssadeu rs, avec rang de légats pontificaux, et les ehargea de
cadeaux p a rm i lesquels figurait un grand cheval, ce «c h e v a l céle ste» qui
im pressio n n a vivem ent la c ou r de K h a n b a liq 110. Mais on peut noter que ces
«lé g a t s » , m ieu x fournis d a r g e n t que 1’expédition précédente (la C h a m b re
leur rem it quinze cents florins) et voyageant avec plus d a p p a ra t, n avaien t
pas reçu de p o u v o irs exceptionnels, po ur autant q u ’on puisse en conclure
de la b u lle qui leu r fut remise. Eux aussi cheminèrent lentement - ils
s e m b a r q u è r e n t à N a p le s en 1339, séjournèrent à Almaligh le temps néces-
saire à la restauration de 1’église détruite par les Musulmans, à Ha-mi le
tem ps q u ’il fallut p o u r convertir quelques Tartares et entrèrent à K h a n b a
liq, oú ils furent reçus magnifiquement, en 1342. Jean de Marignolli, qui
nous a laissé des souvenirs de son voyage épars au milieu de sa chroni-
q u e 111, G r é g o ir e de H o n g rie et Nicolas de M o la n o furent défrayés de toutes
leurs dépenses, sans préjudice d u n e pension impériale, et retenus trois ou
quatre ans à K h a n b a liq : le grand-khan ne les laissa repartir que moyennant
rence (celui qui devint évêque de Zayton et mourut en 1362?); sans doute est-ce à ce moment
qu’on avait appris la mort de 1 archevêque.
"» G olubovich IV p. 250-251 (les noms des chefs Alains ont été retrouvés en transenp-
tion c h in o is e d a n s le Y u a n C h e ; P e llio t. Chréúens Í A s ie c e n r n l e . . p. 641 et suiv ).
• » C f la c h r o n iq u e d e Jean d e W in te rth u r (p. 152): selon lui, le « ro i d e s T a r t a r e s .. ayant
é té c o n v e r t i p a r sa fe m m e . e lle -m è m e a m e n é e à la fo i par les F rères M in eu rs, au rait d e m a n d e
au p a p e d e s d o c te u r s p o u r c o n v e r t ir son p eu p le, et B enoit: X I I aurait d e s ig n e à c e tte fin cm-
q u a n te F r è r e s L e s d e u x e n v o y é s g ê n o is du khan éta ien t G u illa u m e
S a v ig n o n e (s u r ce lu i-c i. cf. M . B ala rd , Les C i n o s en As,e cen trale ; S ch afer. D,e Ausgaben
p. 77 fle n o f, X I I . U , m s d o s e s , éd V id a l. I. n " 1870-1873). Ils a va ien t p n s la v o te d e m er. e .
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LA NAISSANCE D UN EPISCOPAT MISSIONNAIRE
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156 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D OR1ENT AU MOYEN-AGE
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I A NAISSANí |< U'UN P.PISCOPAT MISSIONNAIKK I S7
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158 LA PAPAUTÉ ET LES M ISSIONS DORJENT AU MOYEN AGE
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LA NAISSANCE D UN ÉPISCOPAT M ISSIONNAIRE 159
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16 0 LA PAPAUTÉ ET LES M IS S IO N S D O R IE N T AU M O Y E N A G E
1,6 G olu b ov ich . V. 69 et G. Fed alto, La chiesa latina, p. 443 et 457 o n t op té pour reconnai-
tre en E tie n n e un év êqu e latin. Le P. L o en ertz s e t o n n e { La société, p. 103, n .69) de cette
« c o in c id e n c e é tra n g e » q u u n év êqu e a rm é n ie n de S a ra i s a p p e lle E tie n n e en 1330, et un évê
que fra n cisca in d e la m êm e ville p o rte le m êm e nom en 1321. D eux év êqu es latins seulemenl
sont sü rem en t co n n u s à S a ra i : les F ra n c isca in s T h o m a s (1352) et A lbert (1357).
111 L ech, Das Mongolische Weltreich, p. 146; B ih l e l M oule, Triú nova documenta.
131 G olu b ov ich , IV, 226 (Le pape fé lic ite Ôzbàg d’a v oir é ch a p p e à 1'attentat et de sêtre
re fu sé à p e rs é cu te r les c h ré tie n s d ont tro is se u le m e n t av aien t p a rticip e au com plot).
139 Buli. Francisc., VI, n " 97, 124, 2 14; Ibn B a tu ta , éd. et trad . D efrem ery et S a n g u i n e t » , I ■
383, 389, 397. Tai-D üla, fem m e d Õzbàg, se m o n trait fa v o ra b le au cle rg é russe (Pelliot ^0
sur 1‘Histoire de la Horde d'Or, p. 101-102). S p u le r Die goldene Horde, p. 239. (
14,1 Õzbàg se m b le a v o ir é lim in é les b o u d d h iste s d ès son av è n e m e n t. Cf. B. Spuler, Di«
dene Horde, p. 218, 224. Supra, p. 106, n, 159.
LA NAISSANCE D UN ÊPIS< OHAI M IS M O N N A lkli 161
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162 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D’ORIENT AU MOYEN AGE
1332 d' un frère Dominique, Polonais, qui savait le turc qipòaq, celle d’
frère Bandino Marzi, qui résidait à la Tana en vue d'y évangéliser les Tart^
res et les p a ie n s145.
D autres évêchés, missionnaires avant tout, ont été érigés à des dat
que nous ignorons également - il nous faut nous contenter denregistrer
1’existence d'évêques titulaires de ces sièges, non seulement à Sarai mais
dans des localités situées à l'est de la résidence d e s khans de la H o rd e -d ’Or
sur la route du Cathay, à Urgenj et à Almaligh. Le prem ier de ces évêchés
existait avant 1340, date oú apparait un Franciscain, Mathieu, episcopus
O rgathensis, et il était encore pourvu d'un évêque, Guillaume, en 1393,4é • le
second avait été érigé avant 1328, date de la mort, survenue près de Pavie
de 1’évêque Carlino de Grassis, dont le successeur, Richard de Bourgogne
était en charge en 1338 et mourut martyr en 1339147.
N o u s serions ici en présence d ’évêchés institués en Asie centrale, dans
1'espace vide qui séparait le Cathay de cette région de la M e r Noire oú une
population chrétienne aussi nom breuse que bigarrée et 1’espoir d amener à
la foi les Tartares et leurs souverains avaient am ené Jérôme de Catalogne à
p r o v o q u e r la naissance de 1evêché de Caffa. Les sièges d ’Asie centrale
répondaient-ils à des objectifs différents? Le cas d'Alm aligh permet
d e s s a y e r de discerner les conditions dans lesquels ils vivaient, et ce grâce à
la relation du martyre des Franciscains de 1339 et à la lettre de l'un deux,
1'Espagnol Pascal de V ito ria 148. La lettre de Pascal de Vitoria a 1'intérêt sup-
plémentaire de nous faire connaitre la formation d u n missionnaire. Ce
Franciscain espagnol, parti d ’Occident en 1334, avec un compatriote149,
passa p a r la Tana p o u r atteindre Sarai, tandis qu e son compagnon conti-
nuait jusqu a Urgenj. Le séjour au couvent de Sarai lui permit dapprendre
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LA NAISSANCE D UN ÊPISCOPAT MISSIONNAIRE 163
le turc; aussitòt après, son v ic a ire 150 1 ’envoya avec un serviteur indigène (un
Zique) à Saraicik, puis à Urgenj oú il entreprit de d ém on trer à des qàdi la
fausseté de la doctrine coranique, ce qui lui valut d'être « t o u r m e n t é » (sans
doute bâtonné). Puis, quittant la v iça ria A q u ilo n a ris p o u r celle de Cathay, il
arriva à Almaligh, p ro b a b le m e n t en 1336, et sadjoignit aux Franciscains qui
y étaient é t a b lis ,51.
Mais cet établissement était-il ancien? Carlino de Grassis était mort, en
Occident, en 1328. Or, si le khan de Djagatai Darmasirin avait em brassé
1'Islam, ce qui n'était sans doute pas une condition favorable à 1’établisse-
ment d ’un couvent latin dans sa capitale, son successeur, Canksi, se m ontra
au contraire très bienveillant p o u r les chrétiens, qui avaient à Alm aligh un
archevêché de rite chaldéen. N ous avons une lettre à lui adressée p a r le
pape (13 juin 1338) p o u r le rem ercier d a v o i r donné à 1’évêque franciscain
un terrain p o u r y bâtir un couvent, ainsi que d avoir reçu avec faveur
1'archevêque de K h a n b a liq Nicolas, qu'il avait autorisé à construire et à
réparer des églises, ainsi q u a prêcher lib rem e n t152. On peut se d e m a n d e r si
ce n est pas précisément à 1 ’occasion du passage et du séjour de 1 ’archevè-
que, v raisem blablem en t en 1336, que ce dernier, profitant des bon n es dis-
positions du khan, releva la cathédrale d ’Almaligh oú il laissa un évêqu e -
Richard de B o u r g o g n e quelques Frères, un de ses interprètes enfin dont
M arignolli nous a p p ren d la présence.
Le couvent prosp é ra : un des religieux, François d Alexandrie, o p é r a
sur le khan lui-m êm e une guérison miraculeuse et fut chargé p ar lui d ele-
ver son fils. M ais CankSi mourut, et Almaligh fut disputé entre descendants
d ’Õ gõdai et descendants de Djagatai (quatre khans se succédèrent de 1338 à
1342); l’un des premiers, Ali, qui était un derviche, fit saccager le couvent
oú périrent 1'évêque, trois frères (François, Pascal et le Provençal R aym on d
Raphi), trois c o n v e rs (le P roven çal Pierre Martel, 1’Italien L a u re n t
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164 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN-AGE
cTAncône, un frère originaire sans doute de Chine du Sud - Indus - qUi était
1 ’interprète de 1 'archevêque), ainsi q u u n marchand gênois, Guillaume de
Modène. Les autres chrétiens - sans doute les convertis latins, mais peut-
être aussi des membres de la vieille chrétienté chaldéenne locale - aposta-
sièrent153.
Ali disparut à son tour; les légats pontificaux nommés en 1338 (et pour-
vus d'une recommandation auprès de CankSi) arrivèrent à Almaligh oú ils
furent bien reçus, autorisés à prêcher et à baptiser; Marignolli put recons-
truire 1'église, acheter un terrain pour bâtir un couvent, bénir les fonts bap-
tismaux, et il laissa quelques Frères avant de repartir po ur la Chine à la fin
de 1341. Nous ignorons d'ailleurs si le passage à 1’Islam du khan Tughluq
Temür, vers 1350, laissa subsister la résidence franciscaine et si un évêque
avait remplacé Richard de B o u r g o g n e 154.
Dans la mesure oú les convulsions du khanat de Djagataí laissent dis-
c e m e r ses limites155, il apparait q u ’Almaligh, principale résidence des
khans du « Mogholistan », relevait effectivement de la métropole de Khan
baliq, alors qu'Urgenj, oú 1’établissement des Latins fut sans doute encore
plus éph é m è re 156, peut avoir relevé de la vicairie de Tartarie Aquilonaire,
133 R elatio du m artyre : Sinica franciscana, I, p. 510 et suiv.; réc it d e Marignolli, dans
S inica franciscana, I, p. 527-528. Ces év èn e m en ts eu ren t lieu 1’a n n ée q u i p récéd a Tarrivée de
ce dern ier, don c sans d o u te en 1339, sinon en 1340. O n co n state, su r les stèles des cimetières
ch rétien s pu bliées par C h w olson , la p p a r itio n d e n om s m u su lm an s qu i paraissent témoigner
dc co n version s forcées, du m oins à PiSpek (D. C h w olson , S y risch n estoria n isch e Grabinschriften
aus Sermrjetschie, dans M ém oires de 1'Académie im p éria le des S ciences de Sam t-Petersbourg, 7*
série, t. X X X V I I I , n° 8, 1890). A Alm aligh, c e rta in es p ie r re s to m b a le s chrétiennes datent
de 1368.
154 La presen ce du nom d A lm aligh dans les listes d e c o u v e n ts fran ciscain s plus tardives
n a p ro b a b lem en t pas de va leu r d écisive. Cf. V. R o n d e le z , Un évêché en Asie centrale au X IV
siècle, dans N Z M W , VI, 1951, p. 1-17.
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LA NAISSANCE D UN ÊPISCOPAT MISSIONNAIRE 165
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166 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D OR IENT AU M OYEN-AG E
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QUATRIÈM E PARTIE
L/ARCHIDIOCÈSE DE SULTANIEH:
LES MISSIONS DANS LES
« PARTES
ORIENTALES ET MÉRIDIONALES »
ET L’UNION ARMÉNIENNE
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erom e e Catalogne, le prem ier évêque de Caffa, faisait remarquer en
qu e es Franciscains jouissaient d u n e antériorité certaine dans le
dom ain e des missions chez les Tartares, q u ils y avaient fondé quarante
eglises et qu ils com ptaient neuf martyrs au cours des années qui venaienl
de s écouler, alors que les Dominicains navaient fondé que cinq résidences,
toutes situées près de la mer, et ne groupant pas plus de quinze religieux1.
La situation dans 1archidiocèse de Khanbaliq était telle en effet que les
missions pouvaient y apparaitre com m e presque exclusivement franciscai-
nes.
L a création de la province de Sultanieh peut apparaitre dans une cer
taine m esu re c o m m e une réponse à ce quasi-monopole des Frères Mineurs
dans les partes A quilon a res et au C a t h a y : elle allait être confiée aux seuls
D o m in ic ain s - en c o re que les Franciscains y fussent, ici aussi, nom breux
M ais ce caractère particulier à la province en question ne se x p liq u e pas
tant p a r la rivalité des o rdres que par les caractéristiques déjà anciennes
des m issions dan s les partes orientales. Au X II I e siècle, nous 1’avons vu, les
m issions d 'O rie n t étaient davantage tournées vers la recherche de 1’Union
des Eglises q u e vers la prédication aux infidèles. Au X I V e siècle, ce trait
p articulier se maintient; et les archevêques de Sultanieh finiront par a p p a
raitre c o m m e tout particulièrem ent attachés à 1’Union arm énienne qui
p rend à cette é p o q u e une im portance considérable.
I - LA P R O V IN C E D E SU L T A N IE H
a) La fo n d a tio n de la p ro v in c e
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170 LA PAPA UTÉ ET L E S M I S S I O N S D O R I E N T AU M O Y E N A G E
J
LARC HIO IO CÊSE DE SULTANIEH 171
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p
reur des Tartares de Perse, aux princes Q aidu et Duwa, aux róis dEth*
et des In des», c'est-à-dire « à partir du mont Barrarius et au delà'0^
l’O r ie n t »f ceci sans vouloir porter préjudice à la concession faite p a r r ^
ment V aux Franciscains d ’un archevêché in partibus Tartarorum don 1
limites seraient fixées par le m êm e mont B a rra riu s 8 : tout ce qui s‘etend
de là jusqu a Péra, ainsi que 1'empire de Cathay et celui de Khazarie re ***
rait du ressort de cet archevêché. En príncipe, donc, le Djagatài était ret'^
à K h an baliq p o u r être rattaché à Sultanieh; nous verron s comment cet^
décision fut réalisée. Francon recevait lui aussi six suffragants. ordonnés
p a r les soins du pape, et qui étaient chargés de lui con férer la consécration
épiscopale : il était exempté de Tobligation de se ren d re à la Curie pour
recevoir le p a lliu m (deux de ses suffragants, G u illa u m e Adam et Géraud
Calvet, devaient lui remettre le dit p a lliu m ).
P o u r que « p a r défaut de pasteur, cette nouvelle plantation ne souffre
pas », tout était prévu p o u r le rem placem en t de 1’archevêque. Les F rères du
couvent dom inicain de Sultanieh ou, éventuellement, ceux du c o u v e n t de la
cité dans le diocèse de laquelle il serait mort, con voqueraien t dans les six
m ois les suffragants qui procéderaient à Télection du nouveau m étropoli-
tain, le consacreraient et lu i conféreraient le p a lliu m d u défunt, nonobstant
1’usage général d e n t e r r e r cet ornem en t avec le prélat qui 1’a v a it porté.
R o m e serait prévenue ensuite, la rc h e v ê q u e , p ro p te r lo c i distantiam, pericula
m aris et terre, expensas et alia que de necessitate ipsum o p o rte re t subire, étant
dispensé de se rendre à la Curie p o u r re ce v oir le p a lliu m .
L o r ig in a lit é de cette institution tenait à ce q u e le «c o u v e n t de 1’église
c a t h é d r a le », au siège m étropolitain aussi b ie n q u e d an s chaqu e évêché suf-
fragant, jou ait le rôle d ’un chapitre cathédral, q u e ce soit en convoquant les
évèq u es p o u r 1election ou en adm inistrant le te m p o r e l pendant la vacance
du siège; le p rie u r d om in ic ain était assim ilé à un d o y en de chapitre.
D a u t r e part, l a r c h e v ê q u e et ses successeurs restaient soum is à la correc-
tion d u m aitre g én éral de l’O r d r e ou d e son vicaire (le vicaire de la Societas
P e re g rin a n tiu m ) assim ilés à des vicaires d u Siège apostolique, jusqua la
d ép osition exclusivem ent, l a r c h e v ê q u e ayant les m ê m e s pouvoirs à legará
IMI
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l a r c h id io c ê s e d e s u l t a n ie h 173
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1
" Fontes, V II, 2, n » 119. G. F e d a lto (L a chiesa latina, p. 476) ra tta c h e cette décision * |»
n é c e s s a ire re m is e en o r d r e d e la p r o v in c e a lo r s d é s o r g a n is é e . II se peut d ’ailleurs Que
S a in t-S ièg e ait é té a tte n tif à d e s s itu a tio n s c o m m e c e lle d e S m y rn e , d o n t il fa »u t e »
t r a n s fé r e r le s iè g e à T iflis.
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L ARCHIDIOCÈSE DE SULTANIEH 175
Six évêques avaient été désignés en 1318 : deux Français du Midi, Guil
laume Adam et G érau d Calvet de M o n tpellier18; un Bolonais, Barthelemy
da Poggio; un Siennois, Barthelemy Abagliati; Bernardin de Plaisance et
Bernard Moret. Le choix des sièges qui leur furent attribués est assez révé-
lateur de ce que représentait alors cette province qui, dans 1'esprit du pape
et de ses informateurs, s'étendait sur 1'Anatolie orientale, la Mésopotamie,
la Perse et le Turkestan, 1'Inde et 1'Ethiopie.
L'archevêque, à Sultanieh, restait au contact de la cour mongole, celle
du dernier des Il-Khaniens, Abu-Saíd, auquel Jean X X II devait écrire à deux
reprises, en 1321 et 1322, 1'invitant encore à cette date à em brasser la foi
chrétienne, mais aussi à maintenir son amitié avec le roi de France - car les
perspectives de la croisade étaient alors loin d'être absentes de 1 'esprit du
pap e ’9 Les dispositions d Abu-Said étaient sans doute bienveillantes,
mais sans aucune perspective de conversion20. Et une lettre de 1321 écrite
aux moines arm éniens de Saint-Thaddée, à divers personnages de Tabriz,
de Sultanieh, de Maragha, de Dehikerkan, de Selmas et de Tiflis, fait état
des vexations qu'ils subissaient : parmi eux, un C othulotoga (Qutlugh-togha),
un Argon, un Barac, peuvent représenter certains de ces M ongols christiani-
sés qui auraient, tant bien que mal, maintenu leur foi en dépit de la con ver
sion forcée des M o n g ols de Perse à 1’Islam 21. II ne semble donc pas que les
espoirs de Jean X X I I dans un développement de 1’apostolat auprès de ces
demiers aient pu aller très loin. Mais 1'archevèque latin, à Sultanieh, re p ré
sentait un am b a ssa d e u r permanent du pape auprès du khan de Perse, rôle
non négligeable. Et il pouvait trouver des ouailles dans les m archands
latins, les m ercenaires au Service mongol, et nouer des relations avec les
prélats orientaux. Cependant, il est douteux que Sultanieh ait offert un
champ aussi favorable à I'apostolat que le faisait Khanbaliq.
Quatre des six suffragants de Sultanieh se virent assigner, pour siège,
une des villes situées sur la route de l’Aias à Sultanieh qui était encore, en
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176 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN-AC.E
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L ARCHID10CÊSE DE SULTANIEH 177
nieh d a g ir c o n tre l'a r c h e v ê q u e d e S éleu cie, Pons, qui avait écrit c o n tre 1’a u to rité d e 1'Eglise
rom aine une Postilla sur 1'évangile d e saint Jean et 1’a vait tradu ite en a rm é n ien ( B u l i Franc.,
VI. 381; Fontes, IX , 83. Cf. G o lu b o v ic h , IV, p. 381). En 1332, le F ranciscain G u illa u m e S au rat
sen était pris à un d o c te u r a rm é n ien qu i sou ten ait l'in fa illib ilité p o n tifica le.
24 Le P. L o e n e r tz nous a sign a lé la p résen ce de B ern a rd à Sis le 6 ja n v ie r 1332 (so n titre,
Diacoregan, est d é fo r m é en A g ro g o re n .). Cf. L oen ertz, La société, p. 160-165. En c e qu i
concerne G au tier. il reçu t ses b u lles le m ê m e jo u r q u e 1'évêque d e T iflis B e rtra n d C o lle t (28
janvier 1349), ce qui parait in d iq u e r q u il en ten d a it p a rtir lui aussi p o u r 1'Orient. Cf.
G. Fedalto, La chiesa latina, p. 484. G erau d C alvet serait m o rt en o d e u r d e sain teté. d a p r è s
Amonin d e Sienne, C h ro n ico n o rd in is F.P., Paris, 1585, p. 183.
2' Der L ibellu s de notitia orbis, éd. K ern , p. 118. Est-ce pa r les év è q u e s d ’A ze rb eija n q u e le
contact était aussi m ain ten u a vec le m ap h rian ja c o b ite , qu i reçu t une le ttre du pape en 1330
(Ripoll. II, 190)?
u Cf. infra. C e s t sans d o u te p o u r a v o ir p rêch é aux M usulm ans qu e le F ran ciscain W il-
lam W arden fut b rü lé pa r les Sarrasins à Selm as en 1342 (M o n u m e n ta franciscana, p. 528).
que. N ous savons toutefois que Barthélem y acheva sa vie chez les Armé-
niens de Qrnay; ses successeurs ont également pris intérêt aux affaires
arm éniennes et l'on peut se d e m a n d e r dans quelle m esure ils restèrent atia.
chés à M aragh a m ê m e 29.
Les deux autres suffragants désignés en 1318 s'établirent en dehors de
la route déjà citée. B e rn a rd M oret devint évêque de Sébastopolis d'Abkha-
zie (S a v a sto p o li)30, lieu fréquenté depuis longtem ps par les marchands
gênois, c om m e par les missionnaires (d eu x Franciscains y auraient été mas-
sacrés par les Grecs en 1288), et dont le seigneur, un Géorgien, manifestait
son intention de participer à la croisade contre les Turcs. Est-ce la présence
d une résidence dom inicaine entretenue p a r les Gênois, ou la bienveillance
de ce prince, qui décidèrent de la fixation du siège épiscopal dans cette
ville - p ro b a b lem e n t située au nord du mont B a r r a r iu s ? - En tout cas, une
lettre d u successeur du prem ier évêque, adressée aux prélats du royaume
d ’Angleterre (1330) donne une idée de ce pouvait être la vie d u n évêque
dans une cité de la côte caucasienne : assistant, sans p o u v o ir intervenir, à
un trafic d ’esclaves qui arrachait des jeunes gens chrétiens à leur patrie
p o u r les livrer aux M usulm an s (ou à d'autres chrétiens), il vivait dans la
p auvreté et 1'isolement. La bienveillance du seigneur de la ville lui avait
d o n n é une église et un cimetière p o u r sa petite c o m m u n a u té romaine : ceci
lui avait valu 1'hostilité de 1'évêque géorgien du lieu. Grecs, Musulmans,
Juifs avaient à trois reprises détruit 1'église31.
Pierre G éra u d exprimait ainsi ce qu avait de difficile la situation des
m issionn aires latins dans un pays oú la population chrétienne n’était pas
m inoritaire, et oú le roi se montrait bien intentionné. L a présence d'un évê
que, la possession d'une église dotée des droits paroissiaux, mettaient la
c o m m u n a u té d 'obé d ien c e rom ain e en m arge de la com m un auté domi
nante; le ralliem ent des Orientaux à 1’unité de la foi et à la primauté
ro m a in e n ’en était pas facilité; et l'hostilité de 1’évêque géo rgien n'a rien de
surprenant.
Pierre G é ra u d eut-il des successeurs résidents? La série épiscopale ne
n ous est connue, après lui, qu'en 1388 et dans les années suivantes, quand
2* M irabilia, p. 40.
w La « S é b a s t o p o lis la g r a n d e » d o n t p a rle le m o in e E p ip h a n e, v e rs 1015, dans sa Vie de
saint André (Patr. Graec., C X X , p. 222, 242); 1’a n tiq u e D io scu ria s, à p r o x im ité de Sukhum i Un
a r c h e v ê q u e a u to c é p h a le g re c y ré sid a it (Patr. Graec., C V II, 332, 393).
11 Cf. L o e n e rtz , La société, p. 131-134, d a p rè s K u n stm a n n , Studien iíber M arino S anud o.
P ie r r e G eraldi é ta it-il un su jet du ro i d 'A n g le te r r e (b r ita n n iq u e ou a q u ita in )?
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L A R C H I D I O C È S E DE SU LT A N IE H 179
p. 434-466.
34 Cf. De modo, d an s Doe. A rm , II, p. 537-538. N o to n s qu e, le 5 ju ille t 1318, le p ap e c o n fir-
°ia it aussi un é v ê q u e d ’ E p h è s e (L o e n e r tz , Im société, p. 62-63).
15 K o h le r, D ocum . relaL à G. Adam, p. 29-32; L o e n e rtz . La société, p. 72-73. La d a te d e la
chute de S m y rn e re s te d is c u té e : H e y d la d a ta it d e 1300; J. H. M o r d tm a n (Izm ú r, dans E n c y c l
Islam, 1« éd I I 604) la r e p o r t a it à 1320. E n tre 1318 et 1323, le p a tria rc h e g re c de C o n stan t.n o -
Ple tran sférait à C h io le m é t r o p o lit e d e S m y rn e . la v ille é ta n t d ep u is d é jà lo n g te m p s aux
mains des « B a r b a r e s » (M ik lo s ic h et M u lle r, Acta patriarchatus Constantinopolitani, M C C C X V -
W«X 7 / , I, V ie n n e . 1860, p. 92). A p a r tir d e 1345, la c ita d e lle m a ritim e ayan t é té re c o n q u .s e un
^ c h e v ê c h é latin fu t é r ig é à S m y r n e (E u b e l, H ierarchia, I. p. 480). Cf. G. F e d a llo . op. cit., p. 479
480.
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180 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN-AGE
b ) La n o u v e lle p r o v in c e de S u lta n ie h
s i o n s 40.
o c t o b r e 1324. . . . a A
37 C e s t le 9 m ai 1328 q u ’il é c riv a it au c h a p itre g é n é ra l d es D o m in ica in s pou r demanaer
1 'en voi d e c in q u a n te F rè re s c h e z les G e n tils (R ip o ll, II, 178), c e qu il avait d éjà fait en 1318,
lo rs d e la c r é a tio n d e S u lta n ieh ( id , 143). La b u lle Gratias agintus du l er o c to b re 1329 aux
a r c h e v ê q u e s , é v ê q u e s et F rè re s p a rta n t en m is s io n (id , 184), r e p r e n d les term es de celle u
le r m ai 1 3 1 8 (id , 136). . .
38 Fontes, V II, 2, n ° 71 ( l er ju in 1323). C e s t le m ê m e jo u r q u e le p a p e con ced ait a
d e P é ro u s e le d r o it d 'u s e r d es o r n e m e n ts p o n tific a u x : il est v ra is e m b la b le qu il a ' al
in fo r m e p a r 1'ancien a r c h e v ê q u e d e la s itu a tio n d es A rm é n ie n s d e G ran d e-A rm ém e. ^
39II est tr a ité d an s u n e le ttre d e ille qui dicitur episcopus Soltaniensis (G o lu ovic ,
p. 448-449). . ijjflfújnf.
40 La tr a d u c tio n fra n ç a is e s eu le en est c o n s e r v é e (é d . Jacqu et, dans Jou civezza,
1830, p. 59-71). On en a v a it a ttrib u é la r é d a c tio n à G u illa u m e A d a m (Marcellino a
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LARCH1DIOCÊSE DE SULTANIEH 181
Le successeur de Jean, G u illa u m e 41, attesté en 1343, avait-il été élu par
ses suffragants, c o m m e le prévoyait la bulle R e d e m p to r n o s te r? Nous 1’igno-
rons; mais nous savons que le Siège Apostolique dut à nouveau intervenir
en 1349 : le D om inicain Jean de Leom in ster présenta à Clément VI une sup-
plique 1 inform ant de la disparition de presque tous les missionnaires de la
province, tant du fait de la peste q u au trem en t, et notamment de 1’archevê-
que et de plusieurs évèques - il ne restait plus, dans les quinze résidences
de la province, que trois religieux - et lui faisant part de la dem a n d e des
chrétiens de v o ir en voyer de nouveaux missionnaires. C'est alors que le
pape désigna c o m m e archevêque le vicaire de la Societa s P e re g rin a n tiu m ,
Jean de L u n b e llo , en m êm e temps qu'il donnait des évèques aux sièges de
Tiflis et de D e h ik erk an (9 jan vier 1349)42. Et, en 1368, c'est encore R o m e qui
dut intervenir p o u r transférer sur le siège de Sultanieh 1'archevêque de
Khilat, T h o m a s de T a b r iz 43. Par contre, lo rsq u il apprit la mort de Thom as,
Grégoire X I ch arg e a les évèques de Maragha, Tabriz et Nakhidjevan d elire
son successeur (29 ja n v ier 1375)44.
C ’était là la p r o c é d u r e n o r m a le 45; mais c’est encore une décision du
Siège A p ostoliqu e qui transféra au siège de Sultanieh, le 27 aoüt 1398, l'évê-
que Jean de Nakhidjevan, en 1’autorisant à e m m en er avec lui vingt reli
gieux. Cet arch evêqu e, le troisième du nom de Jean, était un Italien. II fut
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182 LA PAPAUTÉ ET LES M IS S IO N S D O R IE N T AU MOYEN-A(iP.
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rI
L A R C H 1 D I0 C Ê S E D E S U LT A N IE H 183
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184 l a PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU M O Y E N At.F
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L A R C H ID IO C Ê S E DE S ULTANIEH 185
*• B u l i F ra n c is c . é d . E u b e l, V, 828 ( F o n te s , V II, 2, n ° 4 6 ); c e s n o m s so n t en p a r t ie c e u x d e s
d e s tin a ta ire s d e s le t t r e s d e 1321 (c f. aussi Fontes, V II, 2, n° 111 et 115). L 'A m ir S arkis, a p p e lé
M tsserqu is s e ig n e u r d e T iflis , d a n s d e s le ttr e s d e 1329, est-il le p e r s o n n a g e d e c e n o m q u i fu t
le p è r e du v a r t a b e d G r é g o ir e d e T h a te v , n é en 1346 (J. M e c e ria n , H ist. et inst. de 1'Eglise a rm è -
n ie n n e p 291P D a u t r e s le t t r e s s o n t a d r e s s é e s re g i C h o ra tice n s i, re g i Rassiae, a r c h ie p is c o p o
Rassiae il n o u s s e m b le d i f f i c i l e d e n e pas r e c o n n a itr e d a n s ces n o m s c e u x d e s r o is d e C r o a t ie
et de R a s c ie c e q u i la is s e s u p p o s e r q u e J ean d e F lo r e n c e é ta it c h a r g é d e q u e lq u e m is s io n
dans les B a lk a n s a v a n t d e r e g a g n e r la G é o r g ie . L é r e c t i o n d e l e v ê c h é d e T if lis fit l o b j e t d e
deu x le ttr e s c o n s é c u t iv e s <9 a o ü t 1329 e t 6 f é v r i e r 1330); la p r e m iè r e s e u le fa it a llu s io n au
tra n s fc n du s iè g e d e S m y m e à T iflis (c f. T a tn a ra ti, o p a , 442-444) . . . .
” L o e n ertz Lu s o cié té , p. 173 175; M . A. V a n d e n O u d e n n jn . V m te u rs e t d o m tm c m n s
d Arménie, d a n s Oriens christianus, X L II, 1958, p. 110 et suiv.
'• C e e i la is s e r a it-il s u p p o s e r q u e , p a r a llè le m e n t a u n e su c c e s s .o n d e v e q u e s m p a rttb u s
s é jo u m a n t en O c c id e n t , d e s é v ê q u e s a p p a r te n a n t à l o r d r e d e s U n .te u rs se s e r a te n t s u c c é d é
c e v o ir d e u x lo t a , un a v ie n o n e s is c h e O b e d ie n z d e r M e n d ik a n te n o rd e n s , n ° 185). -
dans un se u l P r o v in c ia le .
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186 LA PAPAUTÉ ET LES M IS S IO N S D O R IE N T AU M O Y E N AGE
Arm éniens61. On peut rem arquer que si les lettres données aux évO
nom m és en 1329 recom m andaient le seul Jean de Florence «a u x c h r é t **
catholiques de la cité et du diocèse de Tiflis», le pape recommandait 1 * ^
que de Dehikerkan aussi aux princes géorgiens, aux chrétiens des mcT*
A lbors et Caspiens; et Guillaume, évêque de Tabriz, était lui aussi reco^
m andé à ces d e r n ie r s : la délimitation du cham p d action de chacun d’
í eux
restait donc v a g u e 62.
L'inclusion du khanat de Djagataí - «1'em pire des Tartares du milieu»
dans la province de Sultanieh avait été décidée en 1318; nous avons vu qUe
cette décision de príncipe n'avait pas em pêché les Franciscains de la pro.
vince de K h an b aliq et des vicairies de Cathay et de Tartarie Aquilonaire de
fo n d e r des évêchés à Urgenj o u à Almaligh, qui se trouvaient sur la route
m enant de Caffa et de la Tana à K h an baliq. Mais, s'il était courant, à partir
d'Urgenj, de g agn er Delhi par G h a zn a 63, il n ’était pas moins normal de sui-
vre, à partir de Tabriz ou de Sultanieh, la route qui, p a r Bukhara et Samar
kand, rejoignait les passes de la D zoungarie ou de K a c h g a rie 64: la Tran
soxiane était ainsi en relations suivies avec 1'Azerbeijan, centre de la pro
vince d e Sultanieh, et il ne faut pas s'étonner de voir les missionnaires
d om in ic ain s fréq u e n te r cette région.
Celle-ci, d ep u is la mort du khan D u w a (1306), était passée successive-
m ent à ses d eu x fils E sen -b u q a et K à p à k (m o rt vers 1326), lesquels avaient
m ainten u 1'attitude traditionnelle de la dynastie gengiskhanide, en matière
religieuse, ce qui ne pouvait q u 1
' être fa v o ra b le aux chrétiens de rite chal
d éen et sans d oute aussi melkite, qui habitaient dans leurs Etats65. On sou
tenait q u e 1’ancêtre de la dynastie, Cagataí, avait reçu le baptême66. Et
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L ARCHIDIOCÊSE DE SULTANIEH ,8 7
truit une gra n d e é g lis e S ain t-Jean -B aptiste que les Sarrasins veu len t d é tru ire a p rès sa m o rt.
Sur cette oeuvre, ric h e en in fo rm a tio n s sur 1'Orient, cf. A.-D. V on d en B rin ck en , D er «O rie n s
christianus» in der Chronik des Johannes Elemosyna O.F.M., dans X V III. Deutscher O rientalis-
tentag Vortràge ( Zeitschrift der Deutschen Morgenlandischengesellschaft, s u p p lé m e n t II, 1974),
p. 63-75.
67 Sur c e t a v è n e m e n t, cf. Ib n B atou tah , III, 31, 40-43 : le v o y a g e u r m u su lm an a ffir m e qu e
Kápàk avait é té assassiné p a r son fr è r e D arm aSirin et q u ’À lèigid ài, un « in f id è le » , a v a it é té le
prédécesseur d e ce d e r n ie r ; p a r c o n tre Jourdain, Mirabilia, p. 62, é crit im perium de Dua et
Caydo, quondam de Capac et m odo de Elchigiday. Sur c e tte succession, supra, p. 163, n. 152. Le
pape écrit à ÀJgigidài en le titran t « e m p e r e u r des T artares en K horassan, T u rk esta n et H in-
doustan» (R ip o ll, I, 187; 2 n o v e m b r e 1329), p o u r lui a n n o n ce r 1'envoi d es m is sio n n a ire s et lui
envoyer une p ro fe s s io n d e fo i ( Fontes , V II, 2, n ° 20).
élt R eich ert, Acta capil. gener. O.P., II, p. 42.
69 Thom as fut p o u rv u d e cet é v ê c h é le 21 aoüt.
70 A. D. V o n d en B rin ck en , Die « Nationes christianorum o rien ta liu m *, p. 126-131. U ne c o lo
re alaine s e ta it-e lle é ta b lie au K h w â re z m ? Cf. J. D au villier, Byzantins d’Asie centrale et
d Extrfme-Orient, dans Revue des études byzantines, X I, 1953, p. 76.
o u a i m c u L^y w a i i u u a i n ic i
188 LA PAPAUTÉ ET LES M IS S IO N S D O R IE N T AU M O Y E N -A G E
71 J. Dauvillier, Byzaniins d ’Asie centrale et d’Extrêm e-Orient, p. 67-69; A. D. Von den Brinc-
ken, op. cit., p. 146-152 (qui rappelle que Golubovich avait identifié levêché Semiscatensis à la
ville de Mesched). - L'identification des S old in i avec les Sogdiens n’a pas été acceptée de
façon unanime: cf. 1274, année charnière, p. 10 1 . Quil sagisse de Melkites (de chrétiens
« impériaux»), le fait est fort possible; mais il est douteux que 1'empereur de Byzance ait été
traité de « sultan », même en pays de langue arabe ou persane.
72 Ripoll, II, 184 (29 septembre 1329). Le texte n'a pratiquement pas été retenu par les
auteurs qui ont traité de la Grande-Hongrie; voir cependant Pelliot, Recherches sur les chré
tiens d'Asie c e n tra le . .., p. 118, n. 1 .
73 Cf. V. Minorsky, HudUd al- 'Alam (E. W. Gibb Memorial, new series XI), London, 1937,
p. 317-324, qui donne la région d'Ufa comme 1'habitat des Magyars dès le Xe siècle. Cf. aussi
supra, p. 29.
4 A moins que les Alains cités ici ne soient un groupe séparé de la masse de ce p e u p le
75 On noters que les Franciscains du Qipéaq avaient dès 1320 atteint le pays des Baskirs,
et que leurs lettres ne font aucune allusion à la Grande-Hongrie.
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L AR C H ID 10C É SE DE SU LTANIEH 189
76 Sur son départ et les dons que lui fit le pape, cf. G. Fedalto, La chiesa, p. 496; sur son
séjour à la Tana, supra, p. 162.
77 Ibn Batoutah, III, 47. Cf. Barthold, Caghatai, dans Encycl. Islam, l*re éd., I, 883; 2' éd.
(revu par J. A. Boyle), II, p. 3-4.
78 Daprès des lettres d'indulgences collectives du 12 aoüt 1342 (Fedalto, p. 497). Est-ce à
son retour que se répandit le bruit dune persécution déchaínée «en Perse» contre les non-
musulmans, qui aurait couté la vie à un évêque et à seize Franciscains, et que Jean de Winter-
thur enregistre à la date de 1341 (Chronicon, p. 172-173)?
7» Mecklemburgisches Urkundertbuch, XIV, n" 8575 (lettre d indulgence collective, 20 mars
1359). La liste épiscopale donnée par Eubel sous le titre de Semiscaten (Hierarchia, I, 445)
comprend les évèques de Simisso - Paul, Benoit et 1’Arménien Thomas. Une lettre donne en
•343 le nom de frère Henri d’Apolda, episcopus S. Matensis (J. Schultze, Klõster. .. der Stadt
Kassel, p. 295); il sagit en fait dun évêque Lavatensis, qui exerçait les fonctions de Weihbis-
chof au diocèse de Mayence.
•° Narrative of the embassv of Ruy Gonzalez de Clavijo. éd. Cl. R. Markham, London, 1859,
P. 171.
o u a i 11 i c u u y o a i i i ü u a i i n c i
190 L A PAPAUTÉ ET LES M I S S I O N S D O R IE N T AU M O Y E N -A G E
*• B. E . Colless, The traders of the pearl; the mercantile and missionary activities of Perstan
and Armenian Christians in South-East Asia, dans Abr Nahrain, IX, 1969-1970, p. 17-38; X, 1970
1971, p. 102-121; XI, 1971-1972 et XIII, 1972-1973, p. 114-135; J. Dauvillier, Les p rovin ces chal
d éenn es..., p. 277, 312-315. Cf. aussi E . Tisserant, Eastern Christianity in índia, ad apted by
E . R. Hambye, S.J., London, New York, Toronto, 1957.
H Nous nous permettons de renvoyer ici à nos deux articles, Les navigations des Occt ^
taux sur 1'Océan Indien el la mer Caspienne (X I I e-X V e siècles), dans Sociétés et compagn,e5•
commerce en Orient et dans 1'Océan Indien, (Bibliothèque générale de 1'Ecole Prat,<í<ue^ í;
Hautes-Etudes, VIC section), p. 353-363, et Les missionnaires latins dans 1’Inde au XIV ‘ 51
dans Studi veneziani, XII, 1970, p. 231-242; cf. aussi R. Loenertz, La société, p. 176- 182.
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L 'A R C H ID I O C Ê S E DE S U L T A N IE H 191
Séverac.
Jean X X I I d é c id a d elever égalem ent Quilon au rang d évêché, et d e n
p ou rvoir le c o u r a g e u x m issionn aire (9 aoút 1329), q u ’il re c o m m a n d a au sul-
•864, p . 145-158.
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192 LA PAPA UTÉ E T L E S M I S S I O N S D O R I E N T AU M O Y E N AG E
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L A R C H I D I O C È S E DE SU LT A N IE H 193
90 S u p ra , p. 183 e t 185.
91 E u b e l, H ie ra rc h ia , I, p. 185; F ontes, X I, 195. D ans la lis te d e s é v è q u e s d 'A r g o s ( A r g o li-
cen. : H ie ra rch ia , p. 106), E u b e l a fa it fig u r e r le D o m in ic a in C o n r a d F la d e r , p o u r v u d e c e s iè g e
á la m o r t d ’un Jean, p a r B o n ifa c e IX , le 29 n o v e m b r e 1395. E n fait, c 'e s t c o m m e é v ê q u e A r g io
nensis q u 'il fu t d é s ig n é , e t il est c o n n u , c o m m e s u ffra g a n t d e S tra s b o u rg , so u s le t it r e d 'A r g io -
rensis e p is co p u s ( N o u v e lle s aeuvres in éd ites de G ra n d id ie r, II I, A lsatia sacra, I, éd . I n g o ld , C o l
mar, 1899, p. 17 et su iv.). S a n s d o u t e est-ce en se s e rv a n t d e la lis te r e p r is e p a r D ie t r ic h d e
N y em q u e le s iè g e a v a it é t é p o u r v u , p a r les p a p e s d e R o m e , d é v è q u e s titu la ir e s .
n R a p p e lo n s q u e n o u s a v o n s e n v is a g é (su p ra , p. 183) qu A rg io n e n s is a it pu ê t r e u n e c a c o -
g ra p h ie p o u r D ia g o rg a n e n s is .
91 Fontes, X , p. 133 (12 a v r il 1356). M a r tin V m a in tin t c e tte d é p e n d a n c e en 1419.
94 Fontes, X I I , 2 1 8 : le n o u v e l é v ê q u e d e C a ffa d e v a it p r ê t e r s e r m e n t e n t r e les m a in s d e
l a rc h e v ê q u e d e S a in t-T h a d d é e . d e s é v è q u e s d e N a k h id je v a n et d e T a b r iz .
w D o n t le P. L o e n e r t z a d é m o n t r é q u ’il é ta it d is tin c t d e Jean d e G a ille fo n t a in e ( É v è q u e s
d o m in ica in s des d e u x A rm é n ie s , p. 258-268).
H E tie n n e P ie r r e d e S e c z h e w , O.F.M ., p o u r v u le 20 o c t o b r e 1400 (F o n te s , X I I I , I, n° 95),
resida sans d o u t e e n H o n g r ie (il e n re ç u t la u t o r is a t io n en 1418: E u b e l, B u l i F ra n c is c ., V I I ,
1983). Et u n e b u lle d e 1401 a u t o r is é I e v ê q u e d e N a k h id je v a n à r é s id e r h o r s d e s o n d io c è s e ,
que d é tic n n e n t le s I n fid è le s (F o n te s , X I I I , 1, 108a).
91 U ne n o m in a t io n à 1'hA pital d e P é r a es t c o n fié e le 11 a o ü t 1403 a u x a r c h e v ê q u e s d e
G^nes, d e M y t ilè n e (M e c h ilin e n s is , q u e 1’é d it e u r d e s Fontes, X I I I . 1, 131 p r o p o s é d ’id e n t i f i e r à
M a lin e * q u i n e fu t é r ig é e n a r c h e v è c h é q u 'a u X V I * s iè c le ) e t à 1 'év èq u e N a ch v a n e n s is . C e lu i-c i
*la it-il le D o m in ic a in L o u i » G o m e z , d o n n é e n 1403 c o m m e s u c c e s s e u r à F r a n ç o is d e T a b r iz ,
que la b u lle d e 1400 c o n s id é r a it c o m m e r é s ig n a t a ir e (F o n te s , X I I I , I, I 2 6 h )?
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194 LA PAPAUTÉ ET LE S M I S S IO N S D O R I E N T AU M O Y E N - A G E
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L A R C H I D I O C È S E D E S ULT A NIEH 195
II - L ’U N I O N A R M É N I E N N E ET SES V IC IS S IT U D E S :
U N I O N D E SIS ET U N I O N DE Q R N A Y
“ * Jean X X I I é c r it au m a p h ria n syrien (1329 : Fontes. V II. 2. 115); Jean I I I d e S u ltan ieh dit
les b on n es d is p o s itio n s du p a tria rc h e syrien d e M ossoul, etc.
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196 l a paPAUTÊ ET LES M IS SIONS D O R IE N T AU M O Y E N -A G E
Jacobites dans 1’Eglise latine, suscitaient des fric tio n s "” . M ais c e s t du cóté
des Arm éniens que la situation se trou va en tièrem en t m odifiée.
Jusqu au début du X I V C siècle, en effet, les efforts de la Papauté p0Ur
réaliser 1’union des Eglises latine et a rm é n ie n n e se taie n t tournés vers |e
royaum e d'Arménie, oú la dynastie roup én ien n e, puis la dynastie héthou-
mienne, restaient vaille qu e vaille fidèles aux a c c o rd s de 1199. Dans le
dom ain e ecclésiastique, le parten aire avec lequ el se nouaient les conversa-
tions était le catholicos qui, d ’Ani, son siège primitif, s était transféré à
H rom gla, puis à Sis, liant ainsi son destin à celui d u ro y a u m e arménien.
M ais R om e n'avait pas cherché à réaliser 1'union plus en profondeur, bien
que discernant chez ses interlocuteurs des réticences qu i venaient en fait
de ce qu e le royaum e de Petite Arm énie ne représentait, en Cilicie et dans
le Taurus, q u ’une fraction - la seule restée in d é p e n d a n te - de tout un
m o n d e arménien.
D ans la haute vallée de 1'Euphrate et de ses affluents, com m e dans
celle de 1'Araxe, sur les plateaux des lacs de V a n et d 'O u rm ia , sur la côte
pontique, quelle que fut la dom ination qui s'exerçait - g ou vern eurs mon
gols, ém irs turcs, seigneurs géorgiens ou a rm é n ien s la G ra n d e Arménie
rassem blait la masse la plus n o m b re u se du p e u p le arm én ien , et surtout un
n o m b r e im portant de couvents et de sanctuaires o ü se maintenait la tradi-
tion dont les vartabed étaient les dépositaires, et q u ’ils n enten daien t pas
soum ettre aux concessions que les nécessités politiqu es ou les conversa-
tions avec les religieux latins incitaient les rois, les cath olicos ou les barons
de Cilicie à accepter. Et leur influence se faisait sentir aussi bien en Petite-
Arm én ie qu e dans la diaspora arm énienne, q u e celle-ci se fut dirigée vers la
Palestine ou vers la Crim ée et le Qipcaq, ou en co re vers l'Asie centrale.
Le fait nouveau allait être la prise de contact directe des Latins d'Azer-
beijan avec les m onastères de G ra n d e -A rm é n ie : de ce fait, le problèm e de
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197
L ARCHIDIOCÊSE DE SULTANIEH
IHjnion, tout en restant posé aux rois et aux catholicoi de Sis, allait être é ga
l e m e n t soulevé en Grande-Arménie. Creusé plus profondément, sans doute,
il n'en fut pas rendu moins complexe; dau tan t que, dans la d ia s p o ra a r m é
n i e n n e , il faut tenir com pte de celle qui s etait dirigée vers ITtalie, et qui
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1
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199
L A R C H ID IO C Ê S E DE SULTANIEH
1,7 Fontes, X, 77; su r to u t cela, cf. M.-A. V an d e n O u d en rijn , Les c o n s titu tio n s des F rè re s
Arm éniens de S a in t B a sile en Ita lie, R o m e , 1940 ( O rie n ta lia ch ristia n a analecta, C X X V I ) ; cf.
aussi L in g u a e h a ica n a e scriptores, loc. cit. En 1398, B o n ifa c e I X c o n fie la r é fo r m c d e s A rm e -
niens d lta lie à 1’a r c h e v ê q u e d e P ise et à un D o m in ic a in ; il le u r c o n c è d e les p r iv ilè g e s d e s F r è
res P rè ch e u rs e t les s o u m e t à la v is ite du m a itre g é n é r a l d e ceu x -ci (R ip o ll, II, 372 et 376). Ils
ne co n tin u e n t pas m o in s à se r é c la m e r d e la r è g le d e saint B asile. Cf. un a c te d e le u r g é n é r a l,
Paul de B e n tiv o g lio , q u i c è d e en 1440 aux F ran ciscain s la m a is o n du S a in t-E s p rit d A n c ô n e ,
désertée d e p u is q u a r a n te ans (H ü n te m a n n , B uli. Franc., I, 48 9); m ais c e u x d e B o lo g n e se
disent en 1426 U n ite u rs (R ip o ll, 11,669).
" • B alu ze, V ita e p a p a ru m A v in io n e n s iu m , éd. G. M o lla t, Paris, 1916, I, 238 : A r m e n i fu e r u n t
delati a q u ib u sd a m fra trib u s q u i in Ytalia v o c a n tu r fratres A rm en i, q u i d ic ti fra tres d ic u n t se esse
conversos et recte s e n tire de ca th o lic a fide.
Ilv R egestu m C le m e n tis V, V II, 8610.
120 Fontes, V I I I. 57, § 7 6 . Cf. aussi IX , 11, et supra, p. 198. - L ' A r m é n ie n P ie r re , n é en
G ran de-A rm én ie, est r e b a p tis é sous c o n d itio n , et la r c h e v ê q u e d e G ê n e s est c h a r g é d e lu i
don n er la c o n fir m a t io n et les o r d r e s sacrés {B e n o it X I I , Lettres closes et patentes, n ° 6 9 2 6 ; 8
juin 1338).
121 Ils y a v a ie n t un é v ê q u e et, à F am a gou ste, d e p a u vres c le r c s a rm é n ie n s a v a ie n t fo n d é
ur» m on a stère, S a in te -M a rie -la -V e rte , q u e Jean X X I I p rit sous sa p r o t e c tio n ( F on tes, V II, 2
n° 7 ). En 1334, 1’é v è q u e G e o r g e s N o re g h e s , q u i a va it été p o u rv u d e son s iè g e d e v è q u e d e s
A rm éniens d e C h y p r e p a r l'a r c h e v ê q u e d e N ic o s ie , re n o n c e à se p r é v a lo ir d e c e t t e p r o v is io n
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200 LA PAPAUTÉ ET LES M IS S IO N S D O R IE N T AU M O Y E N AGE
e t d e m a n d e à r e c e v o ir , so u s c o n d it io n , le b a p t ê m e et 1 'O rd re s e lo n la fo r m e de 1’Eglise
r o m a in e , et se fa it c o n s a c r e r p a r d é lé g a t io n d u p a p e , p o u r m ie u x m a r q u e r sa soumission au
S ie g e A p o s t o liq u e ( F o n te s , IX , 41 ). C e s t là, s e m b le -t-il, un ca s e x c e p tio n n e l. - II existait égale
m e n t un é v é q u e d e s A r m é n ie n s d e C a ffa et, e n 1342, C lé m e n t V I d o n n e un é v ê q u e aux Armé
n ie n s d e P é r a ( F o n te s , IX , 4).
122 W . H. R ü d t d e C o lle n b e r g , T h e R u p e n id e s , H e th u m id e s a n d Lu sign a n s. The Structure oi
th e A n n e n o -C ilic ia n dynasties, L is b o n n e , 1963 (C a lo u s t e G u lb e n k ia n fo u n d a tio n armenian
lib r a r y )
m II s u ff it d e c i t e r le n o m d H a y to n , q u i p r é s e n t a un p r o j e t d e c r o is a d e à Clément V.
124 L e 7 a o ü t 1307, un m a n d e m e n t d e la C h a m b r e a p o s t o liq u e à B ic c io dei Francesc
1 'in vita it a fa ir e v e r s e m e n t d e s d r o it s (n o t a m m e n t d e d é p o u ille s ) q u e le Saint-Siège a f f e c t a it
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L A R C H ID IO C É S E DE SULTANIEH 201
ks en Arménie par les Bardi pour le compte de Benoit X II (1336) dans Mél. Ecole franç Rome
I936, p. 287; J. Richard, Documents chypriotes des archives du Vatican, Paris, 1962 p 34 49
(Bibl. arck et hist. de l'inst. fr. de Beyrouth, 73); etc. "
,M Supra, p. 51-53.
124 Tournebize, Hist polit. et religieuse de 1’Arménie, I, p. 309-310; Documents arméniens I
P LXX et 465. ’ ’
127 Tournebize, p. 311; Supra, p. 159. Etienne Orbélian a inséré dans son Histoire de la
tounu le texte de la lettre par laquelle son maitre, le vartabed Isaíe Nòeci, dénonçait les
ecrets du concile de Sis (Vanden Oudenrijn, Linguae haicanae scriptores, p 21-22) C
decrets furent rcpris en 1316 par un autre concile, réuni à Adana. - En ce qui concerne Jér^
®a em, la situation resta complexe, le nouveau catholicos (alias patriarche arménien de Jéru
ocan n eu u y u am o ü an M fcM
202 LA PAPA UTÉ ET L E S M I S S I O N S D O R I E N T AU M O Y E N AGE
n° , 2 4 ) " • f Mollat
151 D o cu m e n ts arm éniens, II, p. 487-488. S u r la m is s io n d e R a y m o n d E tienne, cl. ’
Jean X X I I , n ° 8202 (R ip o ll, II, 142; Fontes, V II, 2, n ° 15). - L es é c o le s latin es en Arm enie nous
r e s t e n t in c o n n u e s : cf. L o e n e r tz , La société, p. 188. T o u te fo is , en 1346, il est question ^
A r m é n ie n (s u iv a n t le r ite r o m a in ), Harabetus, q u i a v a it c o n fié ses fils Jean et Raym on
é c o lâ t r e s la tin s d e T a rs e , e t q u i o b t in t p o u r e u x d e s b é n é fic e s ( F o n te s , IX , 86).
L e c h a p it r e g é n é r a l a u to r is e c e tte a n n é e là la c r é a tio n d ’u n e m a ison « e n Arm
(R e ic h e r t , Acta capit. gener. O . P , II, p. 172); il s a g it b ie n du r o y a u m e d e C ilic ie, car cette
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L A R C H I D I O C É S E DE SULT A NIEH 203
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U4 ^ PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN-AGE
3 Cf. P. P e llio t, Z a c h a rie de S ain t-T h a d d ée et Z a c h a rie S éfêd in ia n , dan s R evue de 1'histoin
des re ltg to n s , C X X I, 1942-1943. p. 151-154 (à p r o p o s d e la v is ite q u e fit Jou rdain Cathala de
S e v e r a c à c e t a r c h e v ê q u e ). Z a c h a rie S é fê d in ia n é ta it a lo r s c a th o lic o s du siège d Aghiàmar
(d o n t les r e la tio n s a v e c le s iè g e d e Sis s 'é ta ie n t a m é lio r é e s d e p u is q u e le catholicos Gré
g o ir e V I I a v a it le v é 1 e x c o m m u n ic a tio n t r a d itio n n e lle d e son riva l, a va n t 1307: Tournebize
p 307-308). Un t r o is iè m e c a th o lic o s é ta it c e lu i d e s A lb a n ie n s o u A gh ou an s. p eu p le origineUe-
m e n t d is tin c t d e s A rm é n ie n s . - Q u an t à Z a c h a rie d e S a in t-T h a d d é e . alias Z aq a ria Manouelian
Q o r q o r e t z i, il p o r t a it le titre d e 1’a r c h e v ê c h é d ’A rd az.
158 F on tes, V II, 2, n ° 47 (15 o c t o b r e 1321) et 54 (22 n o v e m b r e ); idem dans BulL Francisc.
éd. E u b e l, V, 440 et 451.
,M I b i d , n ° 52.
140 Ib id e m , n ° 55 (cf. a u ssi G. F e d a lto , La chiesa latina, p. 490-491). A 1’ex c e p tio n des deux
c a t h o lic o i d A g h tã m a r et d e s A gh ou an s, titr é s a rc h ie p is c o p i, tou s les p ré la ts destinataires de
c e t t e le t t r e so n t d its e p is co p i, et o c c u p e n t d e s s iè g e s situ és d a n s la h a u te v a llé e de 1’Euphrate,
le s b a ssin s d e s lacs d e V an , S e v a n et O u rm ia , la v a llé e d e l’A ra xe. C e son t Zacharie d^rgií
(A rg e à , s u r le la c d e Van, auj. E r c is ); Jean d e N o ra v a n s (N o r a v a n k , e n S io u n ie - cf. Etienne
O r b é lia n , d a n s so n H is to ire de S io u n ie , éd . J. S a in t-M a rtin , M é m o ire s , II, p. 169); Etienne Thai-
s a ir (q u i s e r a it E t ie n n e O r b é lia n lu i-m ê m e , d é s ig n é p a r son p a tro n y m e , T e rsa íd j, et non par le
n o m d e s o n s iè g e , T a th e v , m é t r o p o le d e la S io u n ie - m a is sans d o u te était-il m ort depuis
1309); J a c q u e s d e S a n c to B a r th o lo m e o (A g h p a g , p r è s d e S e lm a s - il est d é s ig n é com m e évêque
d e S e lm a s d a n s les a c te s du c o n c ile d A d a n a , e n 1314); Z a c h a r ie d e N a c h io a n (N akhidjevan);
T h a d d é e d e P a ta v ia m (s o it P a k a ra n , p r è s d ’A k h a lk a la k i, s o it P a k a va n , à 1’ou est de Dofcubava-
z it ); N e r s è s d e V u a n a v a n iz (V a n é v a n , au s u d -o u e s t d u la c d e S e v a n ); S abas de Acpada (Hagh
p a d , e n t r e le K u r e t le la c d e S e v a n ); les é v è q u e s d A sta ra t (A s h d a ra g , p r o v in c e de Pakrevan .
s e lo n S a in t-M a r tin , M é m o ire s , I, p. 438), C a r n i (K a r n i, p r è s d e D v in ; ib id , p. 41), Arzeron (Erz
r u m ). P a p e rt (B a ib u r t ), A rzen gu (E r z in c a n ), Cars ( K a r s ) e t P itr ia c o en q u i M. G érard D e d e >a n .
q u e n o u s r e m e r c io n s d e l a i d e q u il a b ie n v o u lu n o u s a p p o r t e r p o u r ces identifications, p1"^
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L 'A R C H ID IO C Ê S E DE SU LT A N IE H 205
pose d e r e c o n n a it r e le c o u v e n t d e P e tr o s k a , au c a n to n d e H a b a n d , q u e c it e E t ie n n e O r b é lia n .
La m ê m e m is s io n e m p o r t a it u n e le t t r e du 16 o c t o b r e 1321 p o u r Is a i vartah ed, c ’e s t- à - d ir e
pou r le c é lè b r e Is á ie N á e c i, q u i v é c u t d e 1284 à 1338 d an s le m o n a s t è r e d e G a y le - t s o r d o n t il
fit le c e n t r e d e s é t u d e s a r m é n ie n n e s (J. M e c e r ia n , H is to ire et in s litu tio n s de 1 'E glise a r m é
nienne, p. 289-290; L in g u a e h a ic a n a e s crip to re s , p. 21-22). II a p p a r a it q u e le s c o n t a c t s p r é c é -
d e m m e n t é t a b lis a v e c 1 'a r c h e v ê q u e d e S a in t-T h a d d é e et les r e lig ie u x d e Z o r z o r a v a ie n t p e r -
mis d e b ie n c o n n a it r e la s itu a tio n e n G r a n d e -A r m é n ie .
141 E u b e l, B u l i fra n cis c., V, p. 213, n ° 7. S u r Jean d e Z o r z o r et ses t r a d u c tio n s , c f. L in g u a e
haicanae s crip to re s , p. 181. - L e c o u v e n t d e Z o r z o r ( C o r c o r ) a é t é id e n t ifié p a r d e n o m b r e u x
auteurs a v e c le c é lè b r e c o u v e n t d e S a in t-T h a d d é e , s itu é au S u d -O u e s t d e M a k u . C e t t e id e n ti-
fica tion est lo in d e t r e a s s u ré e , et le D r J.-M. T h ie r r y , d o n t o n c o n n a it le s t r a v a u x su r le s
anciens m o n a s tè r e s d u V a s p u r a k a n , a b ie n v o u lu n ou s d ir e q u il p r o p o s e p o u r Z o r z o r un s ite
plus s e p te n tr io n a l, d a n s la v a llé e d u Z a n g m a r tch a i. L i d e n t i f i c a t io n d e Z o r z o r a v e c K e ç u k -
le « K i s s o u k » q u e T a v e m i e r ( V oy a ges en Perse, I, 4) p la c e « a u x fr o n t iè r e s d u C o u r d is t a n e t d e
1’A s s y r ie », au lie u d u m a r t y r e d e s a p ô t r e s B a r t h é lé m y et M a th ie u , e t q u e P. B e d ik ( C e h il
sutun, V ie n n e . 1678, p. 383-384) a p p e lle G h ezu gh , le K e ju t d e la c a r t e d e H . B. F. L y n c h . A r m ê
nia. T ra veis a n d studies, L o n d o n . 1901, I, o ú il e s t r e p r é s e n t é im m é d ia t e m e n t à 1’o u e s t d e
M aku - a é té p r o p o s é e p a r le P. V a n d e n O u d e n r ijn ( L in g u a e h a ic a n a e scr., p. 29 e t 4 5 ).
142 L e lo c u m fr a n c is c a in d e C a ra cle s ia est c it é d a n s le D e lo c is (G o lu b o v ic h , II, 7 2 ) e t le s
F ran ciscain s se fla t t a ie n t d a v o i r r a m e n é à 1’u n io n le p r im a t d e G r a n d e - A r m é n ie , Z a c h a r ie ,
c o m m e ils 1 'avaien t fa it e n 1288 p o u r le r o i d A r m é n i e , ses p r é la ts et s o n p e u p le {ib id ., 73; c f.
D ocu m en ts a rm ., II, p. 620). N o t o n s q u e n 1314, t r o is r e lig ie u x (A n t o in e d e M ila n , F r a n ç o is d e
P e tr io lo et M o n a ld o d 'A n c ô n e ) a v a ie n t é té m a r t y r is é s p a r le s M u s u lm a n s à E r z in c a n , d a n s d e s
c o n d itio n s q u i fir e n t 1 'a d m ira tio n d e s A r m é n ie n s (ib id ., 69 et s u i v . ) : u n p r é t r e a r m é n ie n é ta it
leu r socius.
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208 LA PAPAUTÉ ET LES MIS SIONS D OR IENT AU M O Y E N AGE
unissait le siège à le g lise gênoise de 1'Aias (2 juillet 1320). puis séparait les
deux siè g e s '55. Cette séparation résultait de la décision du pape de creer cn
Arm énie deux nouveaux sièges épiscopaux, cette lois destinés tant aux
Latins q u ’aux Arméniens, sans doute en tenant com pte de la ícalite dc
1’Union. En 1322, le com te de Gorhigos, O s h i n '50, avait d e m a n d e à Jean
X X I I d e r i g e r sa ville en siège épiscopal, et le pape avait alors coniic au
patriarche de Jérusalem le soin d e n q u ê t e r sur cette d e m a n d e ; il semble
que la décision fut prise en 1328, v raise m b la b lem e n t à la requète de
1’ancien évêque arm én ien de Caffa, devenu D om inicain, Thaddée, qui
devint après le m ois de m ars 1328 ep is co p u s C u rq u en sis. O r c est le 17 octo-
bre 1328 q u e le pap e érigea 1’Aias en cité épiscopale, en désignant pour
o c c u p e r ce siège un Franciscain, Nicolas, qu il donnait p o u r é v ê q u e A n n ettis
et L a tin is d e g e n tib u s in c iv ita te et d io ce s i A y a c ie n s is ^ 1. II était précise que
N icolas serait suffragant du catholicos d A rm énie; la situation etait proba*
blem en t identique en ce qui concerne T h a d d ée ,58. En érigeant ces sièges,
Jean X X I I agissait dans le royau m e d ’Arm énie c o m m e il I aurait lait en
Occident; m ais il rom pait avec la tradition qui, partout en Orient latin,
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L A R C H I D I O C È S E DE S U L T A N IE H 209
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21 0 LA PAPAUTÉ ET LES M IS S IO N S D O R IE N T AU M O Y E N -A G E
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L A R C H ID IO C Ê S E DE S U L T A N IE H 211
168 S u p ra , p. 198-199.
,M Schaefer, D ie A u s g a b e n d e r a p o s to lic h e n K a m m e r , p. 114 (cf. aussi 139, 241).
170 Fontes, IX , 11 (2 o c t o b r e 1342).
171 C eci à p a r t ir d u 8 ja n v ie r 1340, sans d o u te lo rs d e l a r n v e e d e 1 a m b a s s a d e c it é e p lu s
lo>n. et ju s q u a u 6 d é c e m b r e . Il c o n tin u e e n s u ite à r e c e v o ir une p e n s io n - c o m m e le c t e u r
d arm én ien ? K. H. S c h a e fe r , art. cité, p. 112, 138, 157, 230, 262, 285.
,7Í Fontes VIII 60 il est p r é c is é q u e N e rs è s a v a it é té c o n s a c ré p a r d e s é v è q u e s c a th o li-
puis e n v o y é 'p o u r ê t r e c o n fir m é ad quendam vocatum ca th olicon residentem in m in o r i
Ses adversaires lui contes.ent le titre darchevèque de Malazgerd.
"> Daprès les lettres de provision de son successeur, Jean Dav.d. mome de Zorzor, qui
r« 'd a un certain temps en Curie (30 mai 1343; Fontes, IX, 18).
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212 LA PAPAUTÉ ET LES M IS S IO N S D O R I E N T AU M O Y E N -A G E
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L ARCHIDIOCÈSE Dfc SU1 TANIEH 2H
Cc long texte, assez con fus du re s t e '77, suscita im m édiatem ent une
(iposte du catholicos Jacques II, qui envoya au pape sa profession de f o i ,Tt.
panicl de Tabiiz, I un des a m b assa d eu rs, avait écrit lui-m êm e une
réponse179. q u * se m b le bien avoir servi de docum ent de travail au synode
que réunit en 1342 le n ou veau catholicos Mekhitar, ct qui rassemblait avec
les archevèques de Sis, Tarse, Anazarbe, Kayseri, K onva et Sivas de n o m
breux évèques, d es abbés, des archiprètres, des prètres et des maitres. Cette
réponse rcprenait article p a r article le libellu s des E rro re s itvpositae A m ie-
nis et les réfutait, en affirm ant que l’on avait considéré c o m m e la doctrine
commune à 1 Eglise a rm én ie n n e des opinions isolées, voire con dam n ées. et
que les agissem ents contraires à la discipline ecclésiastique étaient é ga le
ment des actes in dividuels et rép rouv és p ar 1'Eglise1d0. L union des Eglises
était un íait réel et accepté p a r t o u s 181. Et, p o u r faire connaitre ces conclu-
sions, une g ra n d e am bassad e, com prenan t un chevalier, G rég o ire de Sar-
giis, le lecteur du couvent franciscain de Sis, Daniel de Tabriz, et d eu x é v è
ques, Jean de M e d z q a r et Antoine de T ré b iz o n d e ,82, arriva à Avignon en
1344; elle y sé jou rn a j u s q u e n 1346183.
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214 LA PAPAUTÉ ET LE S M I S S I O N S D O R I E N T AU M O Y E N AGE
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L A R C H ID IO C Ê S E DE SULTA NIEH 215
,IWT rès lo n g te xte, d a n s F o n te s , IX, 192 (cf. aussi 190), du 19 s e p te m b r e 1351. Le c a th o li
cos avait r e c o n n u 1’E g lise d e R o m e c o m m e se u le ca th o liq u e, a yant la se u le vraie foi, le seul
baptêm e, le se u l a c c è s au s a l u t : on lui d e m a n d e s'il cro it q u ’il n ’y a pas de salut en d e h o rs
d e lle . II a v o u a it le p a p e c o m m e v ic a ire du C h rist et lui p ro m e tta it o b é is sa n c e , sa u f les d ro its
de son é g lise; o n lui d e m a n d e s ’il c o n s id è r e les p ro v in c e s s o u m ise s à 1'apótre T h a d d é e
c o m m e re le v a n t d e la ju r id ic t io n d e P ierre et de p r é c is e r c e q u ’il e n te n d par ju rid ic tio n du
Saint-Siège (a v e c un q u e s t i o n n a ir e très détaillé). Etc.
1,0 II y a v a it e u v in g t p o in ts su r le s q u e ls les légats avaien t a p p o r té d e s in s tr u c tio n e s .
C e t a it d é s o r m a is a u x p r é la ts c h y p r io t e s (p a tria rc h e d e Jérusalem , a r c h e v ê q u e d c N icosie,
é vêq u es d e P a p h o s et L im a s so l) q u e le p a p e s en r e m e tta it p o u r la suite d e s d iscu ssio n s.
191 F o n te s , X, 20 ( l cr o c t o b r e 1353) et 59 (18 ja n v ie r 1355); 1'a m b a ssa d e u r d es A rm é n ie n s
était un B o lo n a is : D ie A u s g a b e n , p. 522 (10 ja n v ie r 1353).
,M T o u r n e b iz e , p. 686. Cf. M. A. V a n d e n O u d en rijn , d a n s O r ie n s c h r is tia n u s , XLIII, 1959,
P 113-114.
,VJ Instr. m isc. 4594, f° 15, 16 v° (1361-1363). Un a u tre Uniteur, D o m in iq u e , fut p o u rv u le 26
avril 1363 d e 1 'a r c h e v ê c h é d e M a la z g e rd (E u b el, H ie r a r c h ia , I, p. 324; F o n te s , XI, 20 et 28); il
fut a u to r is é à e m m e n e r v in g t fr è r e s P r ê c h e u rs en G ra n d e-A rm én ie , le 8 o c t o b r e ( F o n te s ,
XI, 48).
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216 LA PAPAUTÉ ET LES M IS S IO N S D O R I E N T AU M O Y E N AGE
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L A R C H I D I O C Ê S E DE SU LTA N IE H
217
b) «A r m é n ie n s -U n is » e t F rè re s U n ite u rs
191 Illi de Armênia m in ori . . . sunt de ecclesia majoris Armenie (D oc. Arm., II, p. 592).
1,9 A c ó té d e 1'article d é jà ancien de Tournebize, Les Frères Uniteurs, d ans R evu e de
1'Orient chrétien, X X II, 1921-1922, p. 145-161, 249-279, p rennent place c e u x du P. M.-A V a n d en
Oudenrijn, The monastery of Aparan and the Armenian writer fra Mxifarit, d an s AFP, I, 1931,
P- 265-308; Bishops and archbishops of Naxivan, ibid, VI, 1936, p. 161-216 (à c o m p lé t e r p a r
R- Loenertz, E vêqu es dominicains des deux Armènies, ibid, X, 1940, p. 275-278); Uniteurs et
dominicains dArm énie, d a n s Oriens christianus, XL, 1956, p. 94-112; XLII, 1958, p. 110-133, et
XUII, 1959, p. 110-119; L e « S o u r Petrosi * . . . , cité plus loin; Das Offizium des hl. Dom inikus des
Bekenners im B revier der ostarmenischen Fratres Unitores, Rom e, 1935 (Institutum h isto ric u m
FF-PP., D is se rta tio n e s histo ricae, IV); Eine armenische Uebersetzung der Sum m a Theologica des
hl Thomas, d a n s D ivu s Thomas, 1930, n° 3, p. 245-278; Eine alte armenische Uebersetzung der
Tertia pars der theologischen Sum m a des hl. Thomas von Aqutno, B ern e, 1955; et su r to u t Lin-
%uae haicanae scripiores, d éjà cité, o ú figure un a p e rç u h istorique su r les Uniteurs.
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218 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D O R IENT AU M OYEN-AGE
restant très attaché aux traditions arm éniennes, qu il défendait contre les
influences latines 200 —, se mit en rapport, en 1328, avec 1 évêque de Maragha
Barth élem y da Poggio, lequel était un th éologien et un philosophe
c o n n u 201. B arth élem y vint à Qrnay, en 1330, à 1’occasion de la réunion d ’un
synode réuni dans ce couvent p o u r étu dier les doctrines latines; c est ce
synode qui p ro c la m a ce qu 'o n a appelé 1'Union de Q r n a y 202.
Le su périeu r de Q rnay et ses moines, com plètem en t acquis aux doctri-
nes latines, offrirent en 1331 leur m onastère à 1 'o rd re dominicain, dont plu-
sieurs prirent 1’habit. Et, sous 1'influence de B a rth é le m y da Poggio et d u n
autre évêqu e dom inicain, Jean de Florence, évêqu e de Tiflis, Qrnay devint
un centre d'études de théologie et de philosophie; les traductions d ouvra-
ges latins en arm én ien se multiplièrent, notam m ent sous la plum e de Bar
thélem y - qui m ourut dans ce couvent, en 1333 - : la Bible, le missel, le bré-
viaire dom inicain, la S u m m a c o n tra G en tile s de saint T h o m a s d Aquin et
b ie n d autres traités furent ainsi mis à la disposition des religieux armé
niens, qui découvraient avec enthousiasm e la richesse et la rigu eu r de rai-
son n em en t des philosophes et des théologiens d ’O c c id e n t 203.
Q rn a y n était pas le seul centre oú se développait une pareille activité
d e traduction - en Petite-Arménie, le v ê q u e dom in icain T h a d d é e et le futur
a rc h e v ê q u e franciscain de Séleucie, Pons, traduisaient en arm én ien l'un
l'office dom inicain, 1'autre le rituel latin, tandis qu e le prince B o h é m o n d de
L u sig n a n traduisait en latin le rituel arménien, dont D aniel de T abriz faisait
de sa part h o m m a g e au Saint-Siège en 1341204 m ais le caractère systéma-
tique de ces traductions mérite d'être souligné. Enfin un m a n u e l à 1’usage
200 Mais Isaíe nad m ettait pas les idées monophysites. On a vu que Jean XXII lui avait
adressé une profession de foi en 1321.
201 Un autre évêque latin, Barthélem y de Tabriz, avait déjà discuté avec le v ê q u e armé
nien de Tabriz, en 1321, et il en est question dans une lettre d’Isaie à cet evèque (L in gua e hai
ca n a e scr., p. 22).
202 U n ite u rs et d o m in ic a in s d 'A rm é n ie : étude des m em bres et des travaux du synode.
203 Cf. une lettre de Guillaume Saurat, lecteur franciscain à Maku, qui annonce à son cor
respondant qu'il «enlèvera Thomas du coeur» des Arméniens : Loenertz, La société, p. 191. Le
P. Van den Oudenrijn a relevé une parfaite identité entre les traductions en arménien altri-
buées à B arthélem y da Poggio et celles d o u v r a g e s latins en éthiopien attribuées au pseudo-
B arthélem y de Tivoli, évêque de Dongola ( L e v ê q u e d o m in ic a in fr. B a rth é le m y , fo n d a te u r sup-
p o s é d un c o u v e n t dans le T igré . dans Rassegna d i stu d i e tio p ic i, V, 1946. p. 7-16). Des colophons
datés de 1334, 1337, 1340, 1344, figurent dans les manuscrits conservés.
i04 G olubovich, IV, 333-334 : dans ce dern ier cas, il s’agissait sans doute de mettre à la dis
position du pape ce rituel pour faciliter 1’étud e des co n ve rg en ce s entre les deux liturgies
B o h ém o n d devait être peu après assassiné avec son frère, le roi Guy, en 1342.
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L AR CH ID IO C ÊSE DE SULTANIEH 219
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220 LA PAPAUTÉ KT LES M IS S IO N S D O R I E N T AU M O Y E N A M
210 Loenertz, La société, p. 143-147, a élu cid é les relations entre Uniteurs et Dominicains,
en e xp liq u an t le fait qu e Q rnay n était pas entré totalem en t dans 1’o rd re par ce que les Armé
niens ne p o u v a ien t r e n o n c e r ni à 1’usage de la viande, ni à la pro priété foncière, qumterdisait
la règle d o m in ica in e.
211 Ripoll, II, 246 (Fontes , X, 73). S u r les ra p p o rts e n tre Uniteurs et Dominicains, cf. les
r e m a r q u e s de Loenertz, La société, p. 146-150. En 1381, 1 electio n du g o u v e rn e u r est soumise à
c o n firm a tio n pa r le m aitre général, et 1’o rd re d es Uniteurs placé d ans la situation d une «pro
v in c e d o m in ic a in e» , c o m m e I a m o n tré le P. Loenertz.
212 Ripoll, II, 248 ( Fontes, X, 77). Supra, p. 198-199.
2,3 Fontes, XI, 4.
2M Fontes, IX, 18, 34, 63; la bulle est ad ressé au clergé, au peuple, aux suffragants.
215 Fontes, X, 15. La p ro m u lg a tio n de cette réserve est sans d o u te en rapport avec la pre
s e n c e à la C u rie d e d e u x m o in e s du d io c è se en question, qui b é n é fic ière n t d indults pontifi-
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L'ARCHI D IO C È S E DE S U LT A N IE H 221
caux ( F o n te s , X. 24); étaient-ils venus d em an der au pape d ’intervenir dans cette n o m in a tio n ?
Le siège dont il s a g i t est dit A p a m ie n s is (à lire A p a u n e n sis ? Les deux lectures sont po ssibles :
cf. Reg. Av. 122 f° 5 7v°-5 8 et Reg. Vat. 224 f° 89); on ne peut retenir 1’identification tradition-
nellc avec A p a m é e de Syrie. qui avait alors un archevêque titulaire, O rto lf d Alzenbruck,
lequel vivait au d io c e s e de Passau (Eubel, I, 94; Uhlirz, Q u e lle n z u r G e s c h ic h te d e r S ta d t W ie n ,
II, 1, p. 111 et 170). En effet, il s a g it bien d ’un siège résidentiel, la bulle de provision étant
complètee par les lettres habituelles au clergé, au chapitre, au peuple, aux vassaux du prélat,
ainsi qu au so u v era in du lieu, désigné com m e étant n o b ilis v ir K a r o c h , d o m in u s Asiae (que
nous n avons pu identifier avec certitude). Nous penchons donc p o u r re co n n aitre d an s cet
archevêché un siege ép isc o p a l arm énien qui nous est connu d a u t r e part, celui d Apahuniq,
canton situé d ans la vallée su p érieu re du Murad-su, au nord de M alazgerd (très p ro c h e par
conséquent du d io c è s e de Saint-Thaddée). - Le monastère Saint-Grégoire de G o lp est cité
dans un c o lo p h o n de 1450 sous le nom de K o lb alias Sukias-vank, avec le vo ca b le d e saint
Grégoire lll lu m i n a t e u r (nous d e v o n s cette indication au Dr Thierry). Son e m p la c e m e n t n e s t
pas connu, mais la bulle le place au d iocèse de Saint-Thaddée.
214 Le p r é d é c e s s e u r d e Cyriaque, Jean, est cité dans une d édicace de R ichard Fitz-Ralph à
Nersès de M alazgerd et à frère Jean, e le c to C la te n s i in A rm ê n ia m a jo r i ( O r ie n s c h n s tia n u s ,
X L ln 1959 p 1 10-119); le d io c è se M e s s in en s is oú se trouvait le m onastère a u q u el apparten ait
Cyriaque est sans d o u te celui de Misis plutôt que celui de Messine. Cf. notre article, La
papauté et les m is s io n s d O r ie n t a u M o y e n -A g e , cité supra, p. 181. Thom as, D om in icain a r m é
nien. appartenait-il au g ro u p e de Q rnay? II sem ble plutôt q u i l s a g is s e d u n A rm énien entré
dans l o rd re d es F rères Prècheurs. - L’identification traditionnelle de ce siège avec « Galaad,
en Transjordanie ou en Arabie P étrée-, dépendant d Alexandrie. vient d u n e notation de la
Chambre A po sto lique (O blig alio n es et Solutiones, t. XXXII, f» 1 17) oú C yriaque est dit e p is c o -
Pus G o la c e n s is in p a tr ia r c a tu A le x a n d rin o , tandis que Thom as est bien dit a r c h ie p is c o p u s G a la -
densis.
w Son c o m p a g n o n E le u lh è re d cven ait le prem ier g o u v e rn eu r des Frères Unileurs. T o u s
deux a u ra ie n . p è ri d a n s un naulrage, le 14 avril 1358 ( t . ngua* haicanat scrip,ores. p. 29).
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222 PAPAUTÉ FT LFS MISSIONS IVOKIFNT Al MOYI S M .l
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L 'A R C H ID IO C È S E DE SU LTA N IE H 223
i i i n m u i—
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224 LA PAPAUTÉ ET LES M IS SIO NS D O R I E N T AU M O YEN-AG E
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L A R C H I D I O C È S E D E S U L T A N IE H 225
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CINQUIÈME PARTIE
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La création, p a r C lé m e n t V et Jean X X I I, des provinces de K h a n b a liq
et de Sultanieh avait institué d eu x h iérarchies épiscopales con çues respec*
tivement pour a s s u re r la vie des fid eliu m novella e pla n la tion es dans
1’em pire des M o n g o l s d u N o r d et d u Cathay et dans 1'empire des M o n g o ls
de Perse a u q u e l étaient adjointes les partes m erid ion a les qui b o rd a ie n t
1’Océan Indien. L e s d e u x p ro v in c e s s’organisèrent sur des m o d è le s assez
différents; il est vrai q u e les questions q u e u r e n t à a ffron te r les archevê-
ques, les évèq u es, et les m issio n n aires étaient n otablem en t différentes. T a n
dis q u e n E x t rê m e -O rie n t les Alains d ép o rté s p ar les M o n g o ls form a ie n t un
solide n o y a u à la n o u v e lle chrétienté, qui n a v a it pas trouvé de terrain
d en ten te av ec 1'Eglise c h a ld é e n n e locale, les D om in icain s et Franciscains
du P ro c h e -O rie n t avaient trouvé en face d'eux une chrétienté a rm é n ie n n e
que la d é c o u v e r t e d e la p en sée latine jeta vite dans une ferm en tation d ’o u
sortirent d es te n d a n c e s diverses. P a r contre, les M o n g o ls q u e l'on avait
espéré c o n v e r t ir au X I I I e siècle se révélèrent bientôt inaccessibles à la p r é
dication c h ré tie n n e , n o n sans qu e des résultats spectaculaires aient été
acquis avan t 1350 d a n s les khanats de Q ip c aq et de Djagataí.
II n'en reste p as m o in s q u e ces d eu x provinces, d u n b o u t à 1’autre, res-
tèrent m is s io n n a ire s en ce sens qu e les sièges des a rch e v êc h és et des évê-
chés avaient été im p la n té s dan s des Etats qui n'étaient pas g o u v e rn é s p a r
des Chrétiens, ou du m o in s p a r des Chrétiens en u n io n avec 1'Eglise
rom âin c ’ les c o u v e n ts q u i form a ie n t 1assise de ces p ro v in c e s se vou aien t
essentiellem ent à la p ré d ic a tio n p arm i les infidèles, o u p a rm i les schism ati-
ques, et à la d e s se rte sp irituelle de c o m m u n a u té s de néop hytes; m ê m e si
un p eu p a r to u t d e s c o lo n ie s latines, constituées de m a rc h a n d s surtout,
a pportaien t l e u r a p p u i a u x re ligieu x qui leur assuraient un m in im u m de vie
spirituelle.
L a situation allait être b e a u c o u p plus c o m p le x e d an s un e r é g io n qui
s é m a n c ip a p ro g re s s iv e m e n t, m a is assez vite, d u c o n tro le m o n g o l . les rives
de la M e r N o i r e et le C aucase. Ici, les m issions se p ro lo n g è re n t p lu s tard
q u a ille u r s - elles e u re n t à s o u ffrir d e 1'invasion de T a m e rla n , m ais elles y
survécurent Et s u r les rives d e la M e r N oire, 1'union des E glises p r o c la m é e
I - L E S P R O V I N C E S D E V O S P R O , SA R A I E T M A T R E G A .
L E S M IS S IO N S D A N S LE S PAYS D E LA M E R N O IR E
ET D E LA M E R C A S P IE N N E
a ) La p r o v in c e de V o s p r o et les évêch és de la M e r N o ir e
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L E S M IS S IO N S D E LA M E R N O I R E E T D L C A U C A S E 231
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236 LA PAPAUTÉ ET LES M IS SIO NS D OR IENT AU M O Y E N AGE
L 'é v êc h é d isp aru t sans d o u te au plus tard lors de la prise de Samsún par les
O ttom an s, en 140125. Plus à 1'ouest, 1'antique Amastris, devenu S a lm a s tro
eut é g a le m e n t des é v è q u e s 26: on voit en co re citer en 1450 le v ê q u e Salntas-
tre n s is qui perdit son siège lo rsq u e les T u rcs s'em p a ré ren t dc la ville
en 146127.
S u r la côte o c c id e n ta le d e la M e r N o ire , enfin, on voit paraitre des évè
q u e s de L ic o s t o m o (p r è s de Kilia, à 1 'em bou ch u re d u D a n u b e , o ú les G ê n o is
a v a ie n t u n c o n su la t d è s 1332), de Vicina, su r le D a n u b e , de C eta tea -A lb a
(A k k e r m a n ), d e V a m a . Un D om in icain , T h o m a s W a ley s, e p is co p u s Lycosto-
m en s is, est cité en A n g le t e r r e à la date de 136 2 28. U n Franciscain, Louis,
e p is c o p u s V ic in e n s is , est p ré se n t au sacre d 'u n autre é v ê q u e à Cracovie, en
1371 29 - ce q u i ne sau rait s u r p r e n d r e q u a n d on con n ait les rap p orts de la
P o l o g n e a v e c les p a y s de la M e r N o ire . Le siège de V a rn a , peut-être attribué
à u n D o m i n i c a in , Jean, a u x ilia ire de 1'évêque d e Liège (1360) - rem placé en
1393 p a r u n a u t r e D o m in ic a in , N ic o la s Steynacker, W e ih b is c h o f à P a s s a u -
fut e f f e c t iv e m e n t o c c u p é p a r un frè r e B o n if a c e de S u rd is , d e Caffa, electus
e t p r e c o n iz a t u s e p is c o p u s V a m e n s is , tran sféré en 1394 a u siège de S o ld a y a 30.
Quant à Akkerm an (M o n c a s t r o ), cette ville située à l’e m b o u c h u r e du
D n i e s t r d o n n e s o n n o m à p lu s ie u rs é v è q u e s A lb ic a s tre n s e s qui, en 1391,
1414, etc., e x e r c e n t les fo n c tio n s po n tific a le s d a n s les d io c è s e s a lle m a n d s 31.
p e r ió d ic a , I, 1935, p. 257-267.
26 L a l i s t e d ’ E u b e l , H ie r a r c h ia , I, 431, n e c o m p r e n d d e 1399 à 1425 q u e d e s non-résiden-
tiels; en 1430 a p p a r a i t le F r a n c i s c a i n M a r c d e P é r a . M a is , e n 1429, le d i o c è s e d e S alm astro
r e ç o i t la v i s i t e d u n c o l l e c t e u r ; le s é v è q u e s r é s i d e n t i e l s e x i s t e r a i e n t d o n c , in c o n n u s des servi-
ces de R om e.
27 V i g n a , C o d d ip l., II, 2, p. 134, 700.
21 E u b e l , H ie r a r c h ia , I, 290, c o n f o n d c e t é v ê c h é a v e c c e l u i d e L a m b r e n s is e t y v o i t L w o w
( L e m b e r g ) , p a r c e q u u n T h o m a s , e p is c o p u s L a m b e r g e n s is , é t a i t à L o n d r e s e n 1362. Cf. Stubbs,
R e g is t r u m s a cru m a n g lic a n u m , app. V. - S u r la l o c a l i s a t i o n de L i c o s t o m o . cf. G o lu b o v ic h ,
II, 558.
19 E u b e l , I, 189. . .
10 E u b e l , I, 5 1 6 e t 522 ( V a r n e n s is e t V e r n e n s is ) ; A V i g n a , C o d ic e d ip l., II, 2, 721. •
n e r t z , L a s o c ié té , p. 120. • .
31 C f. G . B r a t i a n u , R e c h e r c h e s s u r V ic in a e t C e ta te a -A lb a . C e t t e v i l l e , a p p e l é e aussi
tro (e t n o n M a v r o c a s t r o : cf. A tla n te id r o g r a f ic o , p. 2 4 7 ), e s t l e B i a l g o r o d d e s R u t h e " ^ olé te
E u b e l , I, 8 0 ( e t 2 * é d . s u b v e r b o A lb ic a s t r e n .) e t s u p ra , p. 95 n. L e F r a n c i s c a i n A n g e e p
y a v a i t é t é t u é p a r l e s B u l g a r e s a v a n t 1323.
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LES M ISSIO N S DE LA M I;.R N O IRE ET DU CAUCASE
237
P 162).
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238 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN AGE
est évident que, dans une ville oú ne s’exerçait pas une domination musul-
mane, le prosélytisme chrétien pouvait s’exercer à 1’endroit des infidèles, et
le zèle des catholiques p o u r l'union trouver un é c h o 16. En particulier. les
esclaves am enés des pays paiens, m usulm ans ou schismatiques représen-
taient un catéchuménat d a c c è s relativement aisé, et à un m oindre degré,
les autres villes présentaient les m èm es possibilités d évangélisation. En ce
qui con cern e les esclaves, dont le bassin de la M e r N o ire fournissait
1'Egypte et bien d'autres marchés, nous avons vu que 1'évêque de Savasto
poli dép lorait en 1330 de voir livrer tant de chrétiens aux Sarrasins; dans
les com p toirs gênois, il sem ble que les évèques se soient fait reconnaitre
des prérogatives qui limitaient cette possibilité : les esclaves qui venaient se
ré fu g ie r dans les com ptoirs en question étaient rem is aux prélats qui, s'ils
acceptaient d 'e m b ra s s e r la foi catholique, les faisaient rem ettre en liberté,
interdisant de vendre à des non-catholiques, ou d u m oins à des non-chré-
tiens, les esclaves chrétiens. Ceci allait j u s q u a u droit de visiter les navires
partant p o u r l'Egypte ou la Turquie, de façon à e m p ê c h e r le départ desdits
esclaves. O n sait en tout cas com bien de Russes, Tcherk esses ou autres
chrétiens ont été vendus à Alexandrie ou dans d ’autres pays m usulm ans:
cela fait d o u te r de 1'efficacité com plète de ces m e s u r e s 37.
. Ainsi, u ne activité d apostolat aup rès des infidèles ou des schismati
q u e s 38 reste-t-elle possible; elle est cependant liée à 1'exercice des fonctions
d o r d i n a i r e d 'u n diocèse latin, m êm e si ce diocèse p o ssède relativement
p e u de ressortissants de rite latin, c o m m e ce fut le cas p o u r la plupart de
ces villes.
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LES M ISSIONS DE I.A MER NOIRE F.T DU CAUCASE 239
14
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240 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D O RIENT AU MOYEN AGE
186, 196. . .
46 L / é v é q u e g r e c , q u i a u ra it é t é i m p o s é à ses c o r e l i g i o n n a i r e s m a l g r é leu rs constitutions.
m e u r t en 1468; les p r o t e c t e u r s d e m a n d e n t au x c o n s u ls e t à l e v ê q u e latin d e faire élire son
s u c c e s s e u r , q u e le p a p e r e v ê t i r a d e sa d ig n it é . B e s s a r io n r e c o m m a n d e l a rc h e v ê q u e d Ama
sée, P a c ô m e , q u i m e u r t e n r o u t e (1470). S ix t e I V fin it p a r n o m m e r N i c o la s d e Caffa eveque
F u lle n s is - c e s t - à - d i r e d e P h o u llo i, a u t r e v i l l e d e C r i m é e - a v e c j u r i d i c t i o n sur les Grecs <-
S o l d a y a et d e C a f f a : V ig n a , C o d dipl., II, 1, p. 554, 564, 581, 689, 836, 873.
47 I o r g a , N o te s et extra its, II I, p. 62; V ig n a , C o d d ip l., I, p. 365, 369-378, 816, 893. u
te n e n s d e J a c q u e s est in v it é à c e q u e c u m r e lig io s is illis G re c is et A rm e n is ita hum a ne se
u t n u l l u s . . . q u e r e la m d e fe n e possit. S u r le s é v è q u e s d e S o ld a y a , V ig n a , I, p. 347; de im -
II, 1, p. 676.
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LES M ISS IO N S DE LA M ER N O IRE ET DU CAUCASE 241
b) L'archevêché de Sarai
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242 LA PAPAUTÉ ET LES M ISSIONS [>'OKIENT AU MOYEN-AGE
,0 F o n te s , X , 135; G o l u b o v i c h , V, p. 92.
51 F o n te s , X , 146 ( B u lla r iu m fra n c is c a n u m , éd . E u b e l, V I, 825).
52 O n p o u r r a i t s u p p o s e r q u e la b u lle d é f i n i s s a n t le s li m i t e s d e la p r o v i n c e , n a pas éte
c o n s e r v é e ; m a is les d i f f i c u l t é s q u i i n t e r v i n r e n t a v e c 1 'a r c h e v ê q u e d e M a t r e g a , en raison de ce
que le s é v è q u e s ig n o ra ien t d e q u i ils é t a i e n t le s s u ffr a g a n ts , p a r a is s e n t in d iq u e r q u e t
n a v a i t pas e x is t é .
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LES M ISSIO N S DE LA M ER N O IR E ET DU CAUCASE 243
5J La S a r a i d e B a t u se t r o u v a i t s u r le c o u r s i n f é r i e u r d e la V o l g a , e n a m o n t d 'A s t r a k h a n ;
celle d e B à r k à ( l a « N o u v e l l e S a r a i » , à 1 'e m p l a c e m e n t d e la v i l l e d e T s a r e v ) b e a u c o u p p lu s
haut sur le c o u r s d u f l e u v e , n o n l o i n d e T s a r i t s y n ( V o l g o g r a d ) . C e s t la N o u v e l l e S a r a i q u i fu t
le siège d e s m i s s i o n s f r a n c i s c a i n e s . C f. B . S p u l e r , D ie G o ld e n e H o rd e , p. 266-270, et s u p ra ,
P 95. n. 114.
' 4 La R u s s ie se t r o u v a i t en d e h o r s d e la p r o v i n c e d e S a r a i c o m m e d e c e l l e d e K h a n b a l i q
° u du d i o c è s e d e C a f f a : 1 'é v ê c h é d e K i e v , f o n d é e n 1320, n e r e l e v a i t p a s d e s m é t r o p o l e s d e
Tartarie.
” Golubovich, V, 193.
56 G o l u b o v i c h , V, p. 109-110; E u b e l , B u li. F ra n c is c ., V I, 922 a, (20 n o v e m b r e 1364).
57 Fontes, X I , 9-10 (1 9 j a n v i e r 1363).
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244 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN AGE
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I
G o l u b o v i c h , V, p. 301.
64II n e s t p a s c e r t a i n , d a i l l e u r s , q u e n 1362 C a f f a a it fa it p a r t i e d e la p r o v i n c e d e S a r a i;
1évêq u e n o m m é e n 1358 n e m o u r u t q u e n 1376, e t sa s u c c e s s i o n fu t r é g l é e p a r un t r a n s f e r t
(Fedalto, op. cit., p. 4 5 0 - 4 5 1 ): c e c i n o u s e m p ê c h e d e s a v o i r si les b u l l e s fu r e n t c o m m u n i q u é e s
à Sarai.
65 E u b e l, H ie r a r c h ia , s. v. T a n e n (c f . R e g e s te n z u r G e s c h ic h t e . . . C on sta n z. 6648). II e s t év i-
demrnent t o u j o u r s p o s s i b l e q u u n s iè g e , n o n - r é s i d e n t i e l , a it é t é p o u r v u d u n t i t u l a i r e d a n s
•gnorance d e d é c i s i o n s a n t é r i e u r e s .
** L e v ê c h é d e la T a n a r e l é v e d i r e c t e m e n t d u S a in t - S iè g e e n 1425 ( E u b e l, B u li. F ra n c is c .,
1656 et 1664), c e q u i s e m b l e b i e n c o n f i r m e r la d i s p a r i t i o n d e l a r c h e v è c h é d e Sarai.
47 Fontes, X I I I , 71.
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246 LA PAPAUTÉ ET LES M ISSIONS D O R IE N T AU M O YEN AGE
jusqu a la disparition du com ptoir, qui avail rcpris vic aprcs Ics dévasia
tions de T a m e r la n 68.
II existait encore une custodie de Sarai en 1401, et une vicairie dc Tar
tarie A qu ilon aire en 1410. Et on peut sans d o ute r e tro u v e r un évêché, mis
sionnaire sans contestation celui-là, dont la création pouvait remonter au
temps de 1'archevêque de Sarai, dans un siège a u q u e l était prom u cn 1434
un prêtre de L w ó w , Pierre de L o m bertz, p o u r s u c c é d c r à un évêque du
nom de Jean : Pierre est dit e p is co p u s te rra e S a rm a ta ru in in AstrahanM
Astrakhan était effectivement le siège d un e résid en c e franciscaine, attcstée
en 1373 et 1390; la ville s'était rap id e m en t relevée a p rè s le sac dc 1395 et
avait re m p la c é S ara i c o m m e place de c o m m e r c e - elle devait être une des
p re m iè re s à voir réap paraitre les m ission naires c a th o liq u e s au X V I I C sic-
cie - , avant de deve n ir à la fin du X V e siècle la capitale d ’un khanat tartare
auton om e. La présence d'un évêqu e latin à A strakh an tém oignerait dune
lo n gu e survie des chrétientés im plantées dans la rég io n de la Volga infé-
rieu re p a r les m issionnaires latins et peut-être des efforts de larchevêque
C o sm e p o u r d o n n e r plus de vigu e u r aux m issions dan s la province dc
S a r a i 70.
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i
I
L.ES MISSIONS DE LA MER NOIR E ET DU CAUCASE 247
Matrega, la nouvelle province ne devait pas se m o d eler sur une form ation
oütique - ni m êm e avoir, c o m m e celle de Vospro, le support des com p-
rnirs fréquentés par les Occidentaux.
La zone dévolue à la nouvelle province était constituée par ces régions,
aU n o r d du Caucase, 011 vivent des peuples apparentés, mais parlant des
lang ue s différentes et attachés à des religions différentes. Dans le K ou ba n ,
d o m i n a i e n t les Ziques, q u i l est parfois difficile de distinguer des Tcherkes-
seS7i Voisins des Alains, dont les séparait la steppe, et s etendant j u s q u a u
D a g h e s t a n que peuplaient les Kaítak, tribu lesghienne en cours de tartarisa-
tion72, les Ziques avaient été convertis au christianisme sous sa form e
byzantine, mais - si l'on en croit les Latins - la négligence des G re c s les
avait laissés r e t o m b e r dan s l idolâtrie, et 1’Islam faisait des p ro g rè s sensi
bles parmi e u x 73. II existait cependant des évêchés grecs : la Ziquie form ait
un diocèse dont le chef-lieu avait été Matrega, qui avait longtem ps été une
ville byzantine; au X I V e siècle, la Ziquie et Matrega avaient ch acun e leu r
métropolite74.
Quant aux Latins, ils avaient pris pied sur la côte du K o u b a n d ’assez
bonne heure. Les M o n g o ls avaient soumis la Ziquie avant 1240; ils sem blen t
avoir inféodé M a tre g a à une famille gênoise, bien en c o u r a u p rè s des II-
Khans de Perse, les Ghizolfi, dont un m embre, Buscarei de Gisolf, avait été
envoyé p ar 1'Il-Khan en Eu rope, et qui figuraient parmi les p rin cipau x com -
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248 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN-AGE
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LES M ISSIONS DE LA MER NOIRE ET DU CAUCASE 249
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250 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D'ORIENT AU MOYEN-AGE
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LES M ISSIO N S DE LA MER N O IR E ET DU CAUCASE
251
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2 52 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D O RIENT AL MOYEN AGE
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LES M ISSIONS DB I A Ml-H NOIRE ET DU CAUCASE 253
à ses propres tiaií* dan s ccttc ville une maison qu il destinait à un autre
f r a n c i s c a i n , G e o ig c s G ib t Icttts, et deux autres Frères qu il devait choisir
pour les em m enei pièch ei dans les monts C a sp ie n s97. A sa mort, un autre
F ra n cisca in , A m b io is e Scipion, fut envoyé « p o u r le salut des chrétiens
habitant ceitaines íeg io n s voisines des Monts Caspiens, sous la dom in ation
des Tartares», au m ilieu des inlidèles, des hérétiques et des schismati-
ques 98 (1421).
Un troisième siège épiscopal, celui de Tarki, était occup é en 1370 p ar le
Lazare qui est cité à p r o p o s de l eglise de la Tana; son n o m peut é v o q u e r
une origine indigène — un Lesghien ou un Zique p ro m u à 1’épiscopat, ou
bien confirm é dans sa prélature par l archevêque latin En 1433, un c e r
tain Corneille, m ission naire revenant des Monts Caspiens, oü un très n o m
breux peuple chrétien risquait de devier de la foi, faute de prédicateurs,
selon les term es e m p lo y é s p ar E ugène IV, était n o m m é ep is co p u s A tra ch ita -
nus et se voyait autoriser à re m m e n e r avec lui ju s q u ’à vingt Frères
Mineurs99.
D ’autres départs nous sont s ig n a lé s : en 1392, les Franciscains R o g e r
dAngleterre et A m b r o is e dc Sienne signalaient 1’im portan ce des effectifs
des chrétiens dans les monts Caspiens, oü on comptait près de dix m ille
convertis, et la rareté des m is s io n n a ire s : ils se voyaient autorisés à e m m e -
ner dans la vicairie de Tartarie Aquilonaire vingt-quatre de leurs con frè-
res'00. Et, en 1422, signalant la disparition de la plupart des m ission naires
dans les M o n ts Caspiens, oü existaient plusieurs couvents franciscains, le
Frère François Spinola, un Gênois, et son confrère D o m in iq u e B a rth é le m y
de Caffa recevaient 1’autorisation de prendre en Italie qu aran te religieux,
prêtres ou convers, p o u r les e m m e n e r avec e u x 101.
Entre ces deux dates, la région avait connu les attaques de T a m e rla n :
plusieurs cités et leurs églises avaient été brülées, de n o m b r e u x fidèles
1,7 Le Q u ien , O rie n s ch ris tia n u s , III, 1109: E m eri, ep iscop u s C am ocensis, est a u t o r is é à
em m en er un f r è r e d e so n o r d r e . C e t t e m e n t io n est m ise en d o u t e p a r G. F e d a lt o , La chiesa,
P-461. Jean, e p is c o p u s C o m u c h e n s is o u C h o n iu n c e n s is '. Fontes, X I I I , 1, 81, G o lu b o v ic h , V, 331.
Cet é v ê q u e se t r o u v a i t à G ê n e s , le 9 m a i 1400, p o u r la c o n s é c r a t io n d e 1é v ê q u e d e C h io
(Gênova, A r c h i v i o n o t a r ile , A n t o n i o F o g lie tta , 2, II, f° 3 6 v°). Sa p r o m o t i o n est c e r t a i n e m e n t
antérieure).
VK Eubel, B u li F ra n cis c., V II, 1508. L e p a p e c o n fé r a it aux c h r é t ie n s d e la r é g i o n u n e indul-
gence p lé n iè r e in a r t ic u lo m o rtis .
R a yn a ldu s, A n n a le s e ccles ia s tici, IX , p. 160 (29 ju ille t 1433).
IU(J Eubel, B u l i F ra n cis c., V I I , 101.
,0' IbicL, 1530. C e s r e lig ie u x ne s o n t pas u n iq u e m e n t d e s tin é s aux m o n t s C aspien s, m a is
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254 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D O RIE N T AU MOYEN-AGE
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LES M ISSIO N S DE LA M ER N O IR E ET DU CAUCASE 255
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256 LA PAPAUTÉ ET LES M ISSIO NS D O R IE N T AU M OYEN AGE
II - LA F IN D E S M IS S IO N S M É D IÉ V A L E S
a ) L es m is s io n s au d é b u t d u X V e siè cle
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LES M ISSIO N S DE LA M ER NO IRE ET DU CAUCASE 257
1,0 Cf. s u p ra , p. 183. On notera qu e ces m issions ont été ignorées de M. Tamarati dans son
Église g é o r g ie n n e des o r ig in e s à n o s jo u rs .
m i Jorga, N o ,e s e , e x tra i,s , d ans R e v O r. lat., IV., p. 245. Cf. L. Petech. ar,. c,L. P-569-570.
112 Silvestre de Sacy, M é m o ir e s u r u n e c o r r e s p o n d a n c e in é d ite de T a m e rla n a vec C h a rles V I,
dans M ém . AcacL In s c r., VI, 1822, p. 470 et suiv.
M ,H. M oranvillé, M é m o ir e s u r T a m e rla n et sa c o u r , dans B i b i E c. C h a rle s , t. L V , 1894,
P 462. François S s a th ru est-il identique à François de Tabriz, précon.sé en 1398 pour le siège
de Nakhidj evan?
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258 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D O RIE N T AU MOYEN AGE
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LES M ISS IO N S DE LA M E R N O IR E ET DU CAUCASE 259
é v i d e m m e n t d e s S p i r it u e ls , c e s « p s e u d o - r e l i g i e u x » q u e d é n o n c e C l é m e n t VI, d a n s sa l e t t r e I n
amara t r a h im u r a d r e s s é e a u x a r c h e v ê q u e s et é v è q u e s d e G r a n d e - A r m é n i e , d e P e r s e et d e s
autres p a ys d ' O r i e n t e t d ' O u t r e m e r (29 m a i 1344) c o m m e s a t t a q u a n t a u x c h r é t i e n s r e v e n u s à
I Union en n ia n t la l é g i t i m i t é d e s p a p e s C l é m e n t V, Jean X X I I , et B e n o i t X I I , e t en r é p a n d a n t
d autres e r r e u r s ( F o n te s , I X , 42). L a c o n s e r v a t i o n m o i n s a t t e n t i v e d e s b u lle s p o n t i f i c a l e s au
temps du G r a n d S c h i s m e n o u s e m p ê c h e d e s a v o i r si les p a r tis a n s d e l'u n o u l a u t r e p a p e p r o -
voqu aient aussi d u s c a n d a l e p a r m i les A r m é n i e n s o u a u t r e s r e u n iti p a r d e s p r o p o s d u m ê m e
genre.
" * Des e n v o y é s d u P r ê t r e J ea n s e r a i e n t v e n u s à la C u r i e e n 1351 ( G o l u b o v i c h , II, 152, cf.
aussi Le D e gestis t r iu m re g u m d e Jean d e H i l d e s h e i m , ibid., V, 59). L e 16 j u i l le t 1402, un
a m b a s sa d e u r d u P r ê t r e Jean, s e i g n e u r d e 1’I n d e , a p p o r t e d e s p r é s e n t s à V e n i s e ( I o r g a . N o te s
e' extraits, I, p. 320). .
I,v L e p a p e d e m a n d e q u o n lui f a c i l i t e le r e t o u r : N o te s e t extra its. II, p. 301.
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260 LA PAPAUTÉ ET LES M ISSIONS D O RIE N T AU M O YEN AGE
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LES M ISSIO N S DE LA MER N O IR E ET DU CAUCASE 261
124 Supra, p. 206 n. Nous savons du moins que Jérôme. archevêque de Maku, s etait alors
séparé de 1'Eglise romaine, ct les liens étroits de 1’archevêque avec Saint-Thaddée font suppo-
scr que celui-ci avait adopté la même attitude. Zorzor fournit encore au XVIIC siècle un pro
vincial a la congrégation des Uniteurs (Tournebize, Les Frères Uniteurs, p. 263 et 269).
I2' Loenertz, Lu société des frères Pérégrinants de 1374 à 1475, dans A F P, XLV, 1975, p. 125
et 133-145. Le rétablissement de la Société est dúe à 1’évèque de Caffa, Jérôme Panissari.
12,1Oú les contacts avec les Arméniens se maintiennent jusquà la chute de la ville.
127 Golubovich, III, 68.
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262 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D O R IE N T AU MOYEN AGE
I2H M ario Esposito, Itinerarium Symonis Semeonis ab Hybernia ad Terram Sanctam, Dublin
1960 (Scriptores latini Hyberniae, IV, p. 90). Le v o y a g e du F ra n cisca in irlandais date de 1328
1329.
,2y Esposito, op. cit., p. 86, 96-98. Le pape s e f f o r ç a it d e n c o u r a g e r le rach at des captifs:
ainsi Jean X X II autorise-t-il l'envoi d e m a rc h a n d is e s en E g y p te à c e tte fin (1317 : Mollat,
Jean X X I I , 5742).
11(1 Wach, hii sunt canes et porei vilissimi, qui non credunt Machotnetuni esse prohetam Dei et
nuntium, sed ipsum in suis predicationibus superstitiosis continue blasphemant et ad hec alios
inducant. (p. 48).
111 Ch. K o h ler, Deux projets de croisade, d a n s Mélanges p ou r servir à Ihistoire de l'Orient
latin, p. 553.
1,2 Cf. le cas du c h e v a lie r h o n g ro is T h o m a s, rénégat, r a m e n é à la foi p a r le F ra n c isc a in
N icolas de M o n te c o rv in o lors d un v o y a g e à Jérusalem , m a rty ris é en E g y p te a v e c des F ra n cis
c a in s a p rè s a v o ir a b ju ré p u b l i q u e m e n t : G o lu b o v ic h , V, 73 (1358).
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LES M ISSIO N S DE LA MER N O IR E ET DU CAUCASE 263
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264 LA PAPAUTÉ ET LES M ISSIO N S D O R IF N T AU M O YEN AGE
138 S u p ra , p. 133.
IW L a c r o i s a d e d e P i e r r e l er d e C h y p r e e n t r a i n e la f e r m e t u r e d u c o u v e n t et la m o r t de
d o u z e f r a n c i s c a i n s d a n s les p r i s o n s d e D a m a s : G o l u b o v i c h , V, 113-116. Cf. aussi A h m e d Dar-
rag, L 'E g y p te s o u s le rè g n e de Barsbay, 825-841 / 1422-1438, D a m a s 1961, p. 269-286 (Institut
f r a n ç a i s d e D a m a s ).
140 C e s c o n v e r s i o n s e t a b j u r a t i o n s p e u v e n t d a i l l e u r s a v o i r é t é d is c r è t e s , c a r les co n v e rtis
g a g n a i e n t C h y p r e o ú ils p o u v a i e n t d é c l a r e r p u b l i q u e m e n t l e u r f o i : p a r e x e m p l e Suriano. II
tr a iia to d i T e rra S a n ta e d e W O rie n te d i fra te F r a n c e s c o S u r ia n o , éd . G o l u b o v i c h , M ila n 1900,
p. 161. - L i s t e d e s m a r t y r s f r a n c i s c a in s , d o n t p l u s i e u r s m a r t y r i s é s à J é r u s a l e m : M o n u m e n ta
fra n c is c a n a , é d . B r e w e r , p. 526-528; cf. P. D u r r i e u , P r o c è s -v e r b a l d u m a rty re de q u a tre Frères
M in e u r s e n 1391, d a n s A rc h iv e s de i O r i e n t la tin , I, 1881, p. 539-546.
141 C e c i sa n s p r é j u d i c e d e s c o n f l i t s q u e s u s c ita it la p o s s e s s i o n d e s L i e u x S a in t s : les rap-
p o r t s e n t r e L a t i n s e t G é o r g i e n s s e n t r o u v è r e n t e n v e n i m é s et S u r ia n o , r o m p a n t a vec 1 habi-
t u e l l e b i e n v e i l l a n c e d e s p r e m i e r s e n v e r s les s e c o n d s , les t r a i t e d e p e s s im i h e r e tic i ( Trattato,
p. 74).
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LES M IS S IO N S DE LA M E R N O IR E ET DU CAUCASE 265
b) Le c o n c i l e de F lo r e n c e e t le s c o m m is s a ir e s a p o s to liq u e s
L i m p la n t a t i o n f r a n c is c a i n e a u x L i e u x S ain ts - q u i n e s'était p a s a c c o m -
pagnée d e la m is e en p la c e d u n é p is c o p a t, inutile en r a is o n d e s c a r a c t è r e s
prop re s a u x c t a b l is s e m e n t s latins d e Syrie, de P a le stin e et d 'E g y p t e , et ju r i-
d iq u e m e n t p e u c o n c e v a b l e p u is q u 'il existait un p a t r i a r c h e d e J é r u s a le m ,
des é v è q u e s d e B e t h l é e m et d e B e y r o u t h , tous vivan t au lo in - a llait se
révéler p r é c i e u s e a u m o m e n t o ú s 'o u v ra it u n e n o u v e lle p é r i o d e d e This-
toire d e s m is s io n s . O n sait c o m m e n t le p a p e E u g è n e I V a v a it été a m e n é à
c o n c e v o ir le c o n c ile , r é u n i p o u r la r é f o r m e d e l E g lis e d O c c i d e n t , c o m m e
un c o n c ile g é n é r a l a yan t e n tre a u t r e s p o u r objet, et p o u r o b j e t p r i n c i p a l,
1U n ion d e s E g lis e s . D e s n é ce ssité s p r o p r e s à 1’e m p i r e b y z a n tin et à ses r a p
ports a v e c 1’E g li s e d e R o m e a va ie n t ici j o u é u n r ô le e sse n tie l. M a i s n o u s
nous a t t a c h e r o n s s e u le m e n t a u x n é g o c ia t io n s qu i fu re n t m e n é e s en v u e d e
1’U n ion d e s E g lis e s , a u t o u r d u c o n c ile d e F lo re n c e , a v e c les a u t r e s E g li s e s
orientales. E l le s r e p r é s e n t e n t en effet la d e r n iè r e g r a n d e p é r i o d e d e s m i s
sions m é d i é v a l e s , tou t e n faisant r e v iv re les e n t r e p r is e s m e n é e s , n o t a m
ment lo rs d e la r é u n i o n d e s c o n c ile s d e L y o n I et L y o n II, p a r les p a p e s d u
X I I I e s i è c l e ,44.
E u g è n e IV, en a c c o r d a v e c les P è r e s de B â le , avait e s s a y é d è s 1433 d e
faire p a r v e n i r ses le ttre s au c a t h o lic o s a r m é n ie n , C o n s ta n tin V I. M a i s c e s t
un F ra n c is c a in , J a c q u e s d e s P rim a d iz i d e B o l o g n e , q u i j o u a ici le r ô le e s se n -
'úks d a n s l’i l e . .
144 L ' U n i o n d e s E g l i s e s , d a n s s o n e n s e m b l e , a é t é é t u d i é e p a r le P. G. H o f m a n n . S. J., D ie
E m ig u n g d e r a r m e n is c h e n K i r c h e m il d e r k a th o lis c h e n K ir c h e a u f d e m K o n z i l v o n F l o r e m , d a n s
O rie n ta l,a c h r is t ia n a p e r ió d ic a , V. 1939. p. 151-185; - K o p te n u n d A e th io p e n a u f d e m K o n z i l v o n
F lo re n z. i b id V III 1942 p. 5-39. N o u s n e I e t u d i e r o n s pas e n t a n t q u e t e lle .
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266 LA PAPAUTÉ ET LES M ISSIO NS D O RIE N T AU M O YEN AGE
de célébrer plusieurs fêtes à la même date que les Latins, r e c o n n a i s s a i e n t la dualité des natu
res du Christ, et 1’invocation de la Trinité dans la formule du baptême.
149 Constantin VI était mort et remplacé par Grégoire IX.
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LES M IS S IO N S DE IJ\ M ER N O IR E ET DU CAUCASE 267
,,;o Iorga, N otes et extraits, III, p. 55, 66, 67, 72. Le p a tria rc h e c o n fir m e d é s o r m a is le c h o ix
de l'évèque a r m é n ie n d e C a ffa ; il a son légat à C affa : Vigna, Cod. dipl., II, 2, p. 30-31, 101, 118,
186 (à 1’o c c a s io n d u n e d o u b le é le ctio n , les p r o te c te u r s p ré c isen t qu e les ag en ts de G ê n e s
n ont d autre p o u v o i r q u e d e faire e x é c u t e r les m a n d e m e n ts d u patriarch e).
151 Sd islaus O b e rty n s k i, D ie Florentiner Union des polnischen Armenier, d an s Orientalia
christiana periódica, t. X X X V I , 1, 1934.
152 Fr. T o u rn e b iz e , Arm énie (d a n s Dict. hist. et géogr. eccl.) a d m e t qu e c e fut G ré g o ire IX
Moussabékiantz, c a t h o lic o s d e Sis, qui d o n n a en 1450 son a d h é sio n à 1 U nion, m ais G ré g o ire
était mort en 1446; se lo n G. H o fm a n n , art. cité, c e s t le c a th o lic o s d e V a g h a rs c h a p a t - alors
Grégoire X — q u i avait agi en c e se n s —. T h o m a s d e M e d z o p h (m o rt en 1446) ra p p o rte la nais-
sance du c a th o lic a t d ’E ts c h m ia d z in en lui d o n n a n t un se n s n e tte m e n t a n ti-c h a lcé d o n ien ,
dautres fa c te u rs o nt jo u é .
,SJ H un tem an n , op. cit., I, 792-793 (il d e v in t p lu s tard v ic a ire g é n é r a l de 1'O b serva n ce en
Italie).
G. H o fm an n , Pdpstliche Gesandtschaften, p. 63-64 (13 o c t o b r e 1439).
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268 LA PAPAUTÉ ET LES M ISSIO N S D O R IE N T AU M O Y E N AGE
S a in ts 155, se vit investir, égalem ent en 1439, des fonctions de com missaiif
ap o sto liq u e dans les partes Orientales, 1’Inde, 1’Ethiopie, 1’Egypte et à Jérusa
lem. II était spécialem ent chargé par Eugène IV de travailler à r é a lis e r
1’U n io n entre 1’Eglise latine et les églises orientales séparées de Rome; i|
partait p o u r le couvent de B e yrou th muni de lettres p o u r Thomas, « e m p e-
re u r des I n d e s », Jean, « e m p e r e u r des E th io p ie n s » et p o u r les C o p te s 156.
A lbe rt prit sans d oute des contacts à Beyrouth, mais sans se rendre à
Jérusalem ; il se rendit directem ent en Egypte. O n a dit que, lors de son
sé jo u r au Caire, il avait été m enacé de mort, soit p o u r avoir prèché trop
h ard im en t, soit p arce qu e les M am e lü k s veillaient à e m p ê c h e r les contacts
entre O c cid e n tau x et E t h io p ie n s 157, et qu il avait faliu le racheter à prix
d a r g e n t ; q u e son v oyage s’était ensuite poursuivi par Jérusalem d'oú il
aurait v o u lu atteindre 1’O céan Indien p a r 1’Asie m in eu re et la Perse. Une
é tu d e récen te a d é m o n tré qu'il n'avait pas quitté le Caire, oü le patriarche
copte, p e u d é s ire u x sans doute de voir les Latins traiter directem ent avec
1'Eglise d 'E t h io p ie qui relevait en principe de son autorité, le dissuada de
p a s s e r outre, se c h argean t d 'in fo r m e r lui-m êm e les E thiop ien s de la procla-
m a tio n d u d é c re t d U n io n avec les G recs - a u q u e l le patriarche melkite
d ’A le x a n d r ie d o n n a lui-m êm e son adhésion. A lbert repartit p o u r 1'Italie
av ec un e n v o y é d u p atriarch e copte, 1'abbé André, qui a d h é ra au décret
d 'U n i o n avec les Coptes, le 4 février 1442. Et ce serait p a r une autre voie
q u e 1’a b b é é th io p ie n de Jérusalem, N ic o d èm e , aurait été incité à se rendre à
F lo r e n c e o ü il p artic ip a à ces n é g o c ia tio n s 158.
A lb e r t était s u r le point de re p artir p o u r 1'Ethiopie, de façon à obtenir
1'adhésion d e s autorités religieuses de ce pays au d écret Cantate D o m in o ; on
le voit q u a lifié d e n u n ciu s in pa rtib u s o rie n ta lib u s le 3 ja n v ie r 1443, avec
m is s io n d a s s i s t e r Jacques des Prim ad izi d an s la r é fo r m e des couvents de
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LES M IS S IO N S DE LA M E R N O IR E ET DU CAUCASE 269
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270 LA PAPAUTÉ ET LES M ISSIO NS D O R IE N T AU MOYEN-AGE
R e n a t o L e f è v r e , R o m a e la c o m u n it à e tio p ic a d i C ip r o n e i s e c o li X V e X V I , d a n s Rassegna di
s tu d i e t io p ic i, I, 1941, p. 71-86 ( l e c o u v e n t S a i n t - S a u v e u r d e N i c o s i e , d é p e n d a n t d u m o n a s t è r e
é t h i o p i e n d e J é r u s a l e m , se m e t e n 1456 s o u s la p r o t e c t i o n d u S i è g e A p o s t o l i q u e p o u r échap-
p e r a u x v e x a t i o n s q u e lui a u r a ie n t i n f l i g é e s d e s C o p t e s d e C h y p r e , h o s t i l e s à 1’ U n io n ; son
p r i e u r , Pa u l, fu t c h a r g é d e m i s s i o n p a r R o m e a u p r è s d u r o i d ' E t h i o p i e ) .
162 C e e i l a is s e s u p p o s e r q u e le p a t r i a r c h e a v a i t é t é d i r e c t e m e n t a p p r o c h é p a r les r e lig ie u x
d e B e y r o u t h , A l b e r t d e S a r t e a n o n e t a n t p a s p a s s é p a r le L ib a n , t a n d i s q u e les é v ê q u e s o r i e n
t a u x d e C h y p r e f u r e n t p r e s s e n t i s p a r les L a t i n s d e C h y p r e .
141 L e O u i e n , O r ie n s c h ris tia n u s , I I I , 54-65; H . L a m m e n s , F r è r e G r y p h o n et le L ib a n a u X V ‘
s iè cle , d a n s R e v u e d e 1 'O rie n t c h ré tie n , IV , 1899, p. 68 e t suiv.
164 H u n t e m a n n , B u li. F ra n c is ., I, 501; W a d d i n g , A n n a le s M in o r u m , X I , p. 99, 164. E n 1444.
A n t o i n e é t a i t e n v o y é e n S a x e (ib id ., X I , p. 215).
165 H u n t e m a n n . B u li. F ra n c is ., I, 785, 826; A n n a le s M in o r u m , X I , p. 215. II est b i e n p r é c is e
q u e 1’a u t o r i t é d e P i e r r e n e s’é t e n d p a s s u r le s L i e u x S a in ts . Q u a n t a u t e r m e d e p a rte s o rie n ta -
les, il n e d é s i g n e e n fa it r i e n d e p r é c i s : en 1445, l o r s q u e le m i n i s t r e g é n é r a l n o m m e d e u x
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LES M ISSIO N S DE LA MER N O IRE ET DU CAUCASE 271
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272 LA PAPAUTÉ ET LES M ISSIO N S D O R IE N T AU M OYEN-AGE
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LES M ISSIO N S DE LA MER N O IRE ET DU CAUCASE 273
c) Les d e rn iè re s m is s io n s m é d ié v a le s
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274 LA PAPAUTÉ E T LES M ISSIO N S D O R IE N T AU M O YE N AGE
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LES M ISSIO N S DE LA MER N O IRE ET DU CAUCASE
dans 1 In de ct en E th io p ie : N ic o la s V a p p r o u v e ce projet et le u r a c c o r d e
dispense d u je ü n e et d e 1’abstin en ce. Calixte III va plus loin, a c cro issa n t le
nom bre d e s m ission n aires, le u r c on fian t de n o u v e lle s tâches, le u r d o n n a n t
des m oyen s fin a n c ie rs (11 m ai 1455), avant de r a m e n e r le n o m b r e d e s c o m
pagnons de L o u is à qu atre, le 10 ja n v ie r 1456,78.
Lo uis et son c o n f r è r e B a r t h é le m y d e F o l i g n o 179 se r e n d e n t en O rie n t,
ou ils v o u la ie n t d e m a n d e r à C o n sta n tin Z a r a Y a q o b so n a id e c o n t r e les
Turcs; mais, ayant r e n c o n t r é en E g y p te d e s re lig ie u x éth iop ie n s, ils les
ramènent avec eux, n o n sans a v o ir visité en Perse et en G é o r g i e les « c h r é
tiens qu on a p p e lle F r a n c s » 180. C alixte III T e n c o u r a g e à r e p a r t ir p o u r 1 I n d e
et p o u r 1 E th iop ie , o ú n o tre F ran ciscain en visa g e de r e c r u t e r d e s F r è r e s et
de fo n d e r d e s m o n a stè re s, avec 1’a id e de s r e lig ie u x é th io p ie n s. M a i s L o u i s
ne devait p a s r é a lis e r son p r o j e t : so n activité va se c o n c e n t r e r s u r les p a v s
caucasiens. Pie II, ayant p ris c o n n a is s a n c e des p rote sta tio n s d e fid é lité é m a -
nant des p a t r ia r c h e s d ’A n tio c h e (m elkite, m a ro n ite ), d e s c a t h o lic o s d A r m é -
nie, de G é o rg ie , des C h a ld é e n s, des deux p a tria rc h e s d ’A le x a n d r i e , de
1’e m p e r e u r d e T r é b i z o n d e et des rois de G é o r g i e et de P e r s e — c ’e s t -à -d ire
de Q w a r q w a r é II d A k h a l z i k h é et de G e o r g e s V I I I d l m é r é t h i e — q u e L o u i s
avait r a p p o r t é e s d e sa m issio n d e 1456-1457, le r e n v o ie a u x O r i e n t a u x a v e c
le titre d e n o n c e a p o s t o liq u e en O rie n t (o c t o b r e 145 8 )181.
Le p a p e en visageait, d a n s ses lettres, u n e c o o p é r a t i o n m ilit a ir e a v e c le
souverain t u r c o m a n d u M o u t o n -B la n c , U z u n H a ssa n , et a v e c le m p e re u r
d Ethiopie, c o n t r e les T u r c s et les M a m e l ü k s 182. M a is, l o r s q u e L o u is de
B o lo g n e revient, à la fin d e 1460, c ’est en c o m p a g n i e d ' a m b a s s a d e u r s d e
l e m p e r e u r d e T r é b i z o n d e , d e s d e u x rois g é o rg ie n s , d ’U z u n H a s s a n et d ' u n
ém ir d 'A r m é n ie , d o n t q u e lq u e s -u n s au m o in s 1'avaient a c c o m p a g n é à tra-
vers la T a rta rie , la H o n g r i e et 1'Allem agne - le u r p a s s a g e à la c o u r i m p é -
riale, en o c t o b r e 1460, avait fait g r a n d e im p r e s s io n - P ie II, trè s f a v o r a b l e -
ment im p r e s s io n n é , lui c o n f é r a le titre d e p a t r ia r c h e d 'A n t i o c h e et le s f o n c
tions de légat a p o s t o l i q u e a u p r è s d e s p r in c e s d ' O r i e n t 183. L o u i s r e p r i t a u s s i-
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276 LA PAPAUTÉ ET LES M ISSIO N S D O R IE N T All M O YE N AGE
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LES M ISSIONS DE LA MER NO IRE ET DU CAUCASE 277
san avait confiées à un médecin juif en vue de conclure des alliances avec
les Occidentaux contre les O tto m an s186. Mais Contarini, ulcéré de ce que
Louis le quitta à Tiflis le 6 aoüt 1475 pour entreprendre seul le voyage à tra
vers la Russie et la Tartarie, le regarde com m e un im p o s te u r,87.
Quoi qu il en soit de son rôle diplomatique, Louis de B o lo g n e se pré-
s e n t a i t dès 1457 com m e le porte-parole des « F r a n c h i» qui, en terre d'Asie,
suivaient le rite romain et qui souhaitaient faire de lui leur prélat.
Calixte III envisageait favorablem ent cette dem ande; Pie II, en 1458, se
co n te n ta it de l e faire son nonce. Mais, lorsqu'il revient, il apporte une n o u
velle requète dem andant que lui fut conféré le titre de patriarche - titre
qui, soit dit en passant, parait déjà lui avoir été donné en Orient, si on en
croit ses dires, et les lettres q u i l apportait avec lui.
Pie II donna suite à cette requète par une bulle du 9 janvier 1461188; il
lui interdisait toutefois, nous dit-il dans ses Comm entarii, de p rendre le titre
patriarcal avant son retour à Rome, les bulles étant provisoirem ent laissées
en garde à un cardinal, de façon à ce que l’on püt déterm iner exactement le
ressort du patriarcat en question189. Louis ne s en para pas m oins du titre
de «patriarche eslu par toutes les nations d 'O rien t» (de m êm e qu'il n hési-
tait pas à conférer un titre de comte palatin à l'un de ses com pagnons, ni à
donner des dispenses). A son retour à Rome, Pie II le tança vertement et
refusa de lui faire donner ses bulles, sans toutefois lui refuser 1'argent de
son voyage de r e t o u r : à Venise, Louis se faisait ordon ner prêtre et, selon
Pie II, recevait la consécration épiscopale. Et, malgré ce pape, il continua à
se dire patriarche d'Antioche, com m e nous 1’attestent aussi bien les d o c u
ments relatifs à 1'ambassade de 1473 que le récit de Contarini.
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278 LA PAPAUTÉ ET LES M ISSIONS D O R IE N T AU MOYEN-AGE
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CONCLUSION
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L h isto ire d es m is s io n s latin e s d a n s l'Asie m é d i é v a le et d a n s les p a r t ie s
de 1'Afrique qui a p p a r t ie n n e n t a u m o n d e o r ie n ta l n e n o u s est c o n n u e q u 'à
travers des s o u rc e s très fr a g m e n t a ir e s . D e s p a n s en tiers d e cette h is t o ir e
nous restent in co n n u s, d è s lo r s q u e les re g istre s p o n t ific a u x re ste n t m u ets.
Grâce à ces registres, il n o u s est p o s s ib le d e su iv re les d e s tin é e s d e s siè g e s
épiscopaux; g râc e a u x textes a rm é n ie n s , d e re fa ir e 1'histoire d e s F r è r e s U n i
teurs. Mais, lo r s q u e la P a p a u t é n ’a p a s e u à in terven ir, n o u s r e s t o n s d a n s
1’ignorance. Q u e d e v in re n t, a p r è s 1330, les m is sio n s d e 1’I n d e d u S u d et d e
Transoxiane? Q u e lle fut la p é n é tra tio n d e s m is s io n n a ir e s d a n s les p r o v i n
ces de Sarai et d e M a t r e g a ? Q u e ls é v ê c h é s y fu re n t érigés, et c o m b i e n d é v ê -
ques se su cc éd è re n t-ils s u r ces sièges? A u tan t d e q u e s tio n s a u x q u e l l e s n o u s
ne pouvon s r é p o n d r e q u 'e n r a s s e m b la n t d es é lé m e n ts très d i s p e r s é s et
insuffisants à n o u s i n f o r m e r c o m p lè te m e n t .
L o r s q u u n o u v r a g e c o m m e les A n n a les o m n iu m te m p o ru m d e P ie t r o
Ranzano fait état d u t é m o ig n a g e , s u r l'E x trè m e -O rie n t, d 'u n D o m i n i c a i n d u
nom de B la ise le G ên o is, q u i y a u ra it v é c u entre 1334 et 1365, f o r c e n o u s est
d avouer qu e rie n ne n o u s p e r m e t d e ra tta ch e r ce p e r s o n n a g e à d e s é v è n e -
ments a u tre m e n t c o n n u s 1. Et cet e x e m p le p o u r r a it être r a p p r o c h é d e b i e n
d autre s.
II nous faut d o n c a d m e t t r e q u e les m is s io n s m é d i é v a l e s o n t e u p l u s
i #•
u im portance e n c o re q u e les d o c u m e n t s q u i n o u s sont p a r v e n u s n o u s p e r
mettent de 1’im a g in e r. T e l m o m e n t d e le u r histoire, c o m m e la p é n é t r a t io n
des doctrines latines en G é o r g i e à la fin d u X I V e et a u d é b u t d u X V e siècle,
nous reste p r a t iq u e m e n t in c o n n u : o r les ré su lta ts d e cette p é n é t r a t io n
apparaissent c o m m e su ffisan ts p o u r n o u s p e r m e t t r e d e s u p p o s e r q u e n o u s
avons là une d e s p a g e s n o t a b le s d e 1'histoire m is s io n n a ire .
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282 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN AGE
Cet aveu d ’ignorance doit nuancer les conclusions que nous pouvons
avancer à la fin de notre enquête. II est malheureusement probable que
nous n’aurons jamais le moyen de faire progresser nos connaissances, à
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LES M ISSIONS M Ê D IÊ V A L E S : SUCCÊS OU ÊCHEC? 283
a d r e s s e r la c o n f e s s i o n d e fo i du c o n c i l e d e F l o r e n c e , a fin q u e la G é o r g i e s u iv e la v r a i e f o i
U a m a r a t i , L e g lis e g é o rg ie n n e , p. 460-463).
’ C e t t e année-la, p a r e x e m p l e , le p a p e p o u r v o i t à la fo is au x s iè g e s d e T a b r iz . M a r a g h a et
N a k h id je v a n , et les D o m i n i c a i n s se d é c i d e n t à r é t a b l i r la S o cie ta s P e r e g r in a n tm m .
* G. F e d a lt o , Ixi chieaa, p. 475 : « I a p estilen za dei 1348 s e g n a v a un a r r e s t o , se n o n la
rovina, d e l l e m is s io n i dell'A.sia o c c i d e n t a l e ».
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284 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN-AGE
d e f a ç o n p a r t i c u l i è r e m e n t s p e c t a c u l a i r e p a r la m o r t a l i t é ; certes, Jean de
L e o m i n s t e r est v e n u a p p o r t e r à A v i g n o n de s n o u v e l l e s fort a l a r m a n t e s des
p o s t e s d e m i s s i o n d o m i n i c a i n s d e la p r o v i n c e d e S u lt a n ie h - et nous nous
s o m m e s d e m a n d é si la p e s t e n a v a i t pas aussi é t é i e s p o n s a b l e du silence
qui se fait sur 1 'a rc h e v êq u e e n v o y é à K h a n b a l i q p o u r r e m p l a c e r M o n te c o r-
v in o . N e a n m o i n s , d è s 1349, A v i g n o n p o u r v o i t au r e m p l a c e m e n t d e s év èq ue s
d é f u n t s d ans la p r o v i n c e d e S u l t a n i e h ; Jean d e M a r i g n o l l i et ses c o m p a
g n o n s o n t tenu la p l a c e v i d e d e 1’a r c h e v ê q u e au C a t h a y , et c est en 1349 que
se c r é e u n e n o u v e l l e p r o v i n c e , c e l l e d e M a t r e g a . A c c i d e n t sérieu x, certes, la
P es t e N o i r e n ’a pas dú a r r ê t e r r é e l l e m e n t 1 e f f o r t m i s s i o n n a i i e - m ê m e si
les v i d e s c r e u s é s dans les c o u v e n t s o c c i d e n t a u x o n t pu r e n d i e p i o b l c m a t i -
q u e le r e m p l a c e m e n t d e s m i s s i o n n a i r e s
Jean I I I d e S u l t a n i e h i n c r i m i n a i t , à p r o p o s d e la m i s s i o n du Cathay,
1’i n d i f f é r e n c e du S a in t- S iè g e à 1’é g a r d d e s a p p e l s d e s c h i é t i e n s d e cette
c o n t r é e 5, et Dietrich de Nyem, lui faisant écho, rend les d é s o r d r e s du
G r a n d S c h i s m e d ’O c c i d e n t r e s p o n s a b l e s du d é s i n t é r è t d o n t s o u f f i e n t les
m i s s i o n s a u p r è s d e s i n f i d è l e s 6. M a i s n o u s a v o n s r e n c o n t r é d e s t é m o i g n a g e s
d e 1 i n t e r ê t q u e p a p e d e R o m e et p a p e d ’A v i g n o n o n t m a r q u é p o u r les mis
sions, sans nous dissimuler pour autant que les préoccupations qu ils
a v a i e n t d a u t r e c ò t é o n t pu n u ir e à celles-ci. C e q u i est plus p r o b a b l e , c e s t
q u e le S c h i s m e a m is fin à u ne t e n t a t i v e d o r g a n i s a t i o n d un s e r v i c e cha rgé
d e s m i s s i o n s à la Curie. Jules G a y a r e l e v é la c o n f e c t i o n d un r e g i s t r e spé-
cialem ent c o n s a c r é aux i n f i d è l e s à la c h a n c e l l e r i e d ’U r b a i n V 7; et G r é
g o i r e X I a in st itu é la c o m m i s s i o n d ’e x p e r t s d o n t n o u s a v o n s parlé, pour
résoudre les difficultés que rencontraient les m issionnaires. Avec le
S c h i s m e , o n n e r e t r o u v e plus t r a c e ni d un s o u c i d e c o n s t i t u e r d e s dossiers
p r o p r e s aux q u e s t i o n s m is s i o n n a i r e s , ni d e c o n f i e r c e l l e s - c i à un g r o u p e
d ’é v é q u e s et d e t h é o l o g i e n s . N é a n m o i n s les O r d r e s , q u i o n t to u t spéciale-
m e n t c h a r g e d e s miss ion s, o n t réussi à m a i n t e n i r l e u r s o r g a n i s m e s m i s s i o n
naires. C e s t m ê m e à c e m o m e n t q u e les F r a n c i s c a i n s ont, semble-t-il, modi-
f ié leurs c a d r e s t r a d i t i o n n e l s e n cr éa n t, e u x aussi, u n e Societas fratrum pere
g rin a n tiu m i m i t é e d e T e x e m p l e d o m i n i c a i n , q u i p o u v a i t p e u t- ê tr e, dans une
c e r t a i n e m e s u r e , p a l l i e r les i n c o n v é n i e n t s s u s ci té s p a r le S c h i s m e .
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LES M ISS IO N S M É D IÉ V A L E S : SUCCÈS OU ÊCHEC? 285
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28 6 LA PAPAUTÉ ET LES M ISSIONS D 'O RIENT AU MOYEN-AGE
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LES M ISSIO N S M É D IÉ V A LE S : SUCCÊS OU ÊCHEC? 287
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288 LA PAPAUTÉ ET LES M ISSIO NS D O R IE N T AU MOYEN-AGE
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LES M ISSIO N S M Ê D IÊ V A LE S: SUCCÊS OU ÊCHEC? 28*)
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290 LA PAPAUTÉ ET LES MISSIONS D ORIENT AU MOYEN-AGE
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291
LES M ISSIONS MÉDIÉVALES : SUCCÈS OU ÊCHEC?
70 A n o t e r q u e , d a n s 1'Eglise g r e c q u e d e s X I I I e et X I V e siècles, la m u l t i p l i c a t i o n d e s m é t r o -
poies a u t o c é p h a l e s t é m o i g n e e l l e aussi d e 1’a f f a i b l i s s e m e n t d e 1’in s t it u t i o n d e la p r o v i n c e
t c c lé s ia s t iq u e .
21 Cl. Ch. S c h e f f e r , Les voyages de L u d o v ic o d i V a rlh e m a , P a ris 1888. ( R e c u e il de vo y a ge s et
d ocu m en ts p o u r s e r v ir à ih i s t o ir e de la g é o g ra p h ie , I X ) , p. 195-196. A Q u ilo n , V a r t h e m a t r o u v e
«a u lc u n s c r e s t i e n s d e c e u l x d e S a in c t T h o m a s . . . Ils n o u s d i s o y e n t q u e , d e t r o is ans u n e
*°ys, il le u r v ie n t u n g p r e s t r e d e B a b i l o y n e p o u r le s b a p t i s e r » . Cf. s u r to u t J. D a u v il lie r , L es
P ro v m c e s c h a ld é e n n e s • d e l e x l é r i e u r » au M o y e n -A g e , p assim .
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292 LA PAPAUTÉ ET LES M ISSIONS D O R IE N T AU M O YEN AGE
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LES MISSIONS M Ê D IÊV ALES: SUCCÊS OU ÊCHEC? 293
sans trop de peine les messagers pontificaux auprès des chefs des Eglises.
laissaient subsister de profondes divergences. Ricoldo de M ontecroce a
défini une attitude très souple : si la foi doit être unique, les rites peuvent
différer. Mais les rites sont la traduction des dogmes dans la liturgie. Aussi,
dès les pourparlers pour 1'Union arménienne qui s'engagent à la fin du X I I e
siècle, Rome commence-t-elle à dem ander la modification de certains usa
ges, soit parce qu ils maintiennent des clivages choquants (à propos, par
exemple, de la date des fêtes), soit parce qu'ils sont entachés de telle ou
telle signification non orthodoxe (notamment 1'usage de ne pas mettre
d eau dans le vin du calice ne trahit-il pas la volonté de ne pas adh érer à la
doctrine chalcédonienne sur les deux natures du Christ?).
Les Latins ont été ainsi amenés, par les exigences d une unité réelle-
ment vécue, à des prises de position qui peuvent apparaitre excessives,
encore qu elles ne leur aient pas été propres. Le renouvellement du b a p
tême reçu dans une autre confession, que les Nestoriens voulaient im poser
aux Grecs, au témoignage de Rubrouck, et aux Alains, du temps de Monte-
corvino, et que certains Byzantins voulaient de leur côté im poser aux
Arméniens, résultait d u n doute pesant à la fois sur la forme du b a p t ê m e 22
et sur la doctrine christologique sous-jacente à celle-ci. Que ce « r e b a p -
tème» fut maladroit, même lorsquil était donné sous condition, la chose
est certaine; que cette pratique fut le résultat d'une aspiration à 1’authenti-
cité de la foi vécue en commun, c est également chose certaine. Mais il est
évident que la recherche de 1'Union des Eglises, comportant en m êm e
temps le refus de transiger avec le dogme reçu du Christ et défini par la tra-
dition, n etait pas chose aisée.
II n'était pas aisé non plus de définir 1'appartenance des Chrétiens
orientaux ramenés à 1'union avec Rome. Pouvait-on les laisser dans leur
communauté, lorsque les chefs de celle-ci, le clergé local, les autres fidèles,
ne renonçaient pas aux affirmations dogmatiques et aux pratiques liturgi-
ques contraires à l’Union? Si la réponse était négative, ils ne pouvaient que
fejoindre les néophytes arrachés à l'« infidélité» dans des communautés
catholiques séparées de leurs communautés d o r i g in e . ..
II est inutile d ’insister sur ces difficultés. Une doctrine missionnaire
plus élaborée, des recherches cecuméniques mieux éclairées, sont loin de
les avoir toutes résolues.
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29 4 LA PAPAUTÉ ET LES M ISSIO N S D O R IE N T AU MOYEN-AGE
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LES M ISSIONS M É D IÉ V A LE S: SUCCÈS OU ÉCHEC? 295
O O U I II IL.VJ kJ J W U I I lv-/V/UI II I U I
296 LA PAPAUTÉ ET LES M ISSIO N S D O R IE N T AU M O YEN-AG E
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297
em pire TURQUIE
de nicee
500 1000 km
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LES ROUTES SUIVIES PAR LES OCCIDENTAUX DANS LEM PIRE MONCOL A LA FIN DU XHJ' ET AU DEBUT DU XIV' SIÈCLE
299
la p r o v in c e de su lta n ie h
x J U U I II IV / U k-/ y W t _ JI I l v J V _ . U I II I V y l
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▲ Aimaligh
• Hami
( partie orientale )
A Évêché et couvent
A C o u ven t probable
0 500 1000 km
>— --------------- ------------------------- >
K arakorum
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Bolgar
M O R D V ES
500 km
r Saraitchik
i
i
t La Tana
Mo nca st ro
#
I # Maierid Bolac
i ZíQ U IE
G R A N D t
ABKH A Z it
M ONTS
T A R T A R IL
CASPIENS
G E O R G IE _ n * les loca dT béne. des MonCs Caspiens nt figurem pu
• Tiflis
V lieu* dc dépoitation oú
V I C A I R l t DE T A R T A R I E
LES STATIONS MISSIONNAIRES FRANCISCAINES DANS LA VIÇARIA TARTARIAE ORIENTALIS AU XIV- SIÈCLE
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IN D E X N O M INUM
N 'o n t pas été retenu s dans cette liste, des nom s qui reviennent c o n tin u e ’
M o n g o l s , M u s u lm a n s , D o m in ic a in s , F ra n c isc a in s .
D e s a b r é v i a t i o n s o n t é t é a d o p t é e s p o u r le s m o t s les plu s u su els :
r., p o u r r e lig ie u x ,
év., pour évêque,
arch., p o u r a r c h e v ê q u e ,
patr., p o u r p a t r ia r c h e ,
cath., p o u r c a t h o lic o s .
L e s n o m s d e lie u x , é t a n t g é n é r a l e m e n t id e n t i f i é s d a n s le t e x t e o u e n n o t e , n e s o n t p a s
a c c o m p a g n é s ic i d e l é m e n t s d e lo c a li s a t i o n .
108, 145 A k k e rm a n : v o i r M o n c a s t r o
A b d allah , arch. E d e s s e : 271 Alains, A l a n i e : 5, 27, 29, 30, 65, 81, 139, 149,
A b k h a z e s : 179, 237, 238 153, 154, 161. 183, 184, 187, 188, 231, 237,
— , p é le r in in d ie n : 259 A lb an ie n s o u A g h o u a n s : 5, 51; - c a t h o l i c o s ;
A c r e : 34, 35, 38, 42, 43, 58, 84. 104, 107, 110 Albors ( m o n t s ) : 186
A l d o b r a n d o d e F lo r e n c e , r . : 107
A d a m d e M ars h , r . : 65
A d a n a ( c o n c i l e s ) : 201, 204 A l e p : 39, 40, 45; - arch. s y r ie n : 99, - s u lta n :
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306 INDEX NOMINUM
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307
INDEX N O M IN U M
B B e r d ib à g , kh an m o n g o l : 161
B é r a n g e r d e L a n d o r r e , m a it r e g é n é r a l d e s
D o m in ic a in s : 94, 126, 127, 130, 132, 138
Baalbek (é m i r d e) : 45 B e r n a r d , ca rd in a l, év. A l b i : 212
Babaron, château : 49, 207 — , r., c o m p a g n o n d ’O d o r i c : 155, 191
Bagdad : 197, 110, 115, 177, 182, 256; - Khalife — d e Caffa, év. M o n t s C a s p ie n s : 252
de : 44. 76, 99, 142 — , r., en C h in e ( ? ) : 155
Baibars, sultan d ’Egyp te : 43, 84, 101, 103 B e r n a r d d e Guardiola, év. D e h i k e r k a n : 177,
Baíburt, é v ê c h é a r m é n ie n : 204 182
Bàidú, Il- K h a n : 104, 106 — G uille , r . : 113
Baiju, c h e f m o n g o l : 71, 72, 73, 81, 87, 98 — M o r e t , év. S a v a s t o p o l i : 175, 178
Bâle ( c o n c ile d e ) : 265 — le P é le r in (s a in t ) : 39
B a n d in o M arzi. r . : 162 — , év. S iv a s : 176, 182
B a r Andréas, th é o lo g ie n : 12 B e r n a r d in d e P la is a n c e , év. S iv a s ( ? ) : 175,
Baraq, c h r é t ie n m o n g o l : 175 176, 182
B a r b a r o (G io s o fa t), v én itie n : 246, 254 B e r t h o l d V o li, év. S a v a s t o p o l i : 179
B a rç a u m a (alias R a b b a n Ç a u m a ) : 105, 108, B e r t r a n d C o lle t , év. T i f l i s : 177, 185
109, 110, 136 — d e Toulouse, r . : 151
B a rga d in d e M etz, a v e n t u r ie r : 150 Bertuccius, arch. M aku : 206
Bàrkà, khan m o n g o l : 69, 77, 89, 91, 92, 95, Bessarion (le card in al) : 240
156, 160 B e th lé em , c o u v e n t : 263, 264, 265, 269
Barrarius ( m o n t ) : 172, 178 B e y r o u t h : 36; - c o u v e n t : 263, 265, 268, 270
B a r th é le m y A b b aglia ti, év. T a b r i z ; 175, 176 B ic c io d ei Franceschi, b a n q u i e r : 200
— d e C r é m o n e , r . : 79, 81 Blaise le Gênois, r . : 281
— d e F o lign o , r . : 275 B la n c h e de Castille, rein e d e F r a n c e : 44
— da P o g g io , év. M a ra g h a : 175, 177, 178, 194, B o g o s : v o i r Paul
217, 218, 222 B o h é m o n d I d ’A n tio c h e : 7; - V I d 'A n t i o c h e :
— d e T ab riz, arch. T a rs e : 208 68, 99, 100
— d e T ivo li, év. D o n g o la ( ? ) : 218 — d e Lusignan, p rin c e a r m é n ie n : 218
Basile, A n gla is : 83 B o la c , lieu d e d é p o r t a t io n : 81
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308 INDEX N O M IN U M
c, c à 34, 54, 65, 68, 91, 139, 160, 161, 274; - évê
c h é d e s - : 24, 25, 26, 31, 88. 141
C o m p o s t e l l e ( p é l e r i n a g e ) : 259, 260
Caffa : 89, 93, 94, 119, 135, 138, 156 à 159, 161, C o n r a d F la d e r , év. A rg io n e n s is : 193
182, 223, 230, 232, 235 à 240, 246, 285: - c o u — d e P re g re n tia , év. C a ffa : 165
vent d o m in ic a in : 130, 131, 132, 156, 161, — d e Saxe, r . : 184
174, 222, 261, 273; - couvents fra n c isc a in s : — , év. T a n a : 245
90, 94, 95, 129, 161, 237, 252, 266, 273; - cus C o n s ta n t in I, cath. d ’A r m é n i e : 52; - I I: 53; -
tod ie : 241; - évèch és et é v è q u e s : 158, 159, I I I : 202, 206; - V I : 265, 266, 267
160, 165, 166, 193, 200, 222, 223, 230 à 240, — II, r o i d A r m é n i e : 213, 214; - I I I : 216
245, 253, 258, 266, 267, 277 — C r e m a n e n s o u C a rs illy , c h e v a l i e r : 214
Cagatai, fils d e Gengis-Khan : 186 — , e m p e r e u r d ’E t h i o p i e : v o i r Z a r a Y a'qob
Cagri, cou ve n t arm én ien : 223 — III, roi d e G é o r g ie : 282
le Caire : 40, 41, 262, 264, 268; v o ir Egypte — , év. M a m is tra : 208
Canaries ( í l e s ) : 289 C o n sta n tin o p le : 60, 79, 89, 91, 231, 241; - cus
Canksi, khan m o n g o l : 163, 164, 189 to d ie : 171, 269; - patriarches grecs: 179,
Carlin o de Grassis, év. Alm aligh : 162, 163 183, 2 3 1 ; - p atriarch es latins : 232, 233, 235
C a r m e s : 122 C o n ta rin i ( A m b r o is e ), V é n itien : 276, 277
C a rp i : 170, 171, 185 la C o p a : 230, 249
Casale Fasioli : 199 Copan, c h e f m o n g o l : 175
C asim ir IV, r o i de P o lo g n e : 267, 276 C o p t e s : 5, 9, 57, 261, 262, 268
Caspien n e ( m e r ) : 33, 76, 80, 251, 254 C o r é e ( r o i d e ) : 152
Caspiens ( m o n t s ) : 135, 184, 186, 253; - é v ê C o rm a q a n , c h e f m o n g o l : 87, 98
ché et é v è q u e s : 244, 252 C o rn e ille , év. T a r k i : 263
Castille (r o i d e ) : 258 C o r o n (é v. d e ) : 214; v o i r Christope
C a th a y : 146 à 156, 162, 165, 166, 172, 190, C o s m e d e Z iquie, arch. S a ra i: 154, 233, 241.
242, 256, 269, 272, 278; - v i c a i r i e : 129, 13s! 243, 244, 245, 249, 250, 252
152, 154, 162, 163, 165, 186 C o ih u lo to g a , c h r é t ie n m o n g o l : 106, 175
C é r a s o n le (auj. G i r e s u n ) : 230 C r o a t ie : 185
C h ald é en s : v o ir N e s t o r ie n s C r im é e : v o i r A r m é n ie n s , Khazarie, Qipéaq
Charles d e France, arch. K h a n b a liq : 155, 156 C u lm , é v ê c h é : 13, 14
Chine : 75, 114, 125, 222, 286; - v o ir C ath ay C u n m ta g e ria , r é g io n : 250, 251
C h io : 135, 253; - c o u v e n t ; 130, 174
C y r ia q u e , arch. K h i l a t : 221
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IND EX N O M IN U M 309
D r u s e s : 270 — , év . T r é b i z o n d e : 233
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310 IN D E X N O M IN U M
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311
IN D E X N O M I N U M
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312 IND EX N O M IN U M
I g n a c e II, patr. d e s J a co b ite s; 57 à 59, 60, 61, — , év. Sivas : 176, 182
75 — , d c V a lle Aretza, év. M o n t s C a s p i e n s : 252
— arch. J é r u s a l e m : 11, 12 — Vassali, e n v o y é m o n g o l : 85, 109
lllu m in a tu s d e R ieti, r . : 37 — d e V itry , év. A c r e : 34, 41, 43
Ilio n i, fa m i l l e g é n o is e : v o i r D o m in iq u e Jaffa, c o u v e n t : 38
In d e , I n d i e n s : 39, 65. 114, 115, 139, 146, 148, Jahouk, c o u v e n t : 223
149, 151, 152, 156, 172, 182, 190, 191, 192, J a m c a i: v o ir Yan g-tch éou
195, 259, 260, 269, 271, 272, 275; - r o i c h r é Jean, arch. i n d ie n : 7
tien : 260, 269 — , r. a r m é n i e n : 211
Isâ, d i g n i t a i r e c h r é t ie n au S e rv ice m o n g o l : — , c le r c a r m é n ie n , « c h a p e l a i n » d e S a r t a q :
85, 102 77, 78, 88
Isaac II 1’A n g e , e m p e r e u r d e B y z a n c e : 248 — , patr. d ’A l e x a n d r i e : 16
Is a ie N c e c i, v a r t a b e d : 201, 202, 217, 218 — , arch. A p a h u n iq ( ? ) : 220
I s n a r d , r é g e n t du c o l l è g e d ’A v ig n o n : 137 — d e B o n a s t r o , r . : 105
I s o l le P isan : v o i r Z o l o — d e C a la b r e , r . : 269
iS o y a b h , a rc h . N is ib e : 59, 60, 75 — d e C a r c a s s o n n e , r . : 76
I t a l ie n s ( m a r c h a n d s ) : 93, 94, 97, 239; v o i r — C le n k o k , p é n i t e n c i e r a p o s t o l i q u e : 137
a u ssi G ê n e s , Pise, V e n is e — d e C o ri, a rch . S u l t a n i e h : 134, 174, 180,
I w a n é , b a r o n g é o r g i e n : 54 181, 194
— D a v id d e Z o r z o r , a rc h . E d e s s e : 198, 209,
212, 220
— , e m p e r e u r d es É th io p ie n s (?) : 268
— d e F lo r e n c e , év. T i f l i s : 180, 184, 185, 186,
218, 222
— d e F r a n c e , év. T a b r i z : 136
— d e Gallo, r . : 133
— , d e G a ille fo n ta in e, év. N a k h id je v a n : 193,
J a c o b ite s alias S yrie n s : 5, 10, 11, 35, 36, 48, 221
57, 58. 65, 112, 118, 119, 139, 189, 195, 196, — Gibeleti. év. K u m u k : 252, 253
271; - m a p h r ia n : 177, 195 ( v o i r Jean, G r é — . m a p h ria n d es J a c o b ite s : 59
g o ir e , S a lib a ); p a t r i a r c h e : 145, 182 ( v o i r — , patr. des J a c o b ites : 58
A th an ase, Denys, Ig n a c e ) — d e J o in ville : 40
J acqu es d'A rles-sur-T ech , r.: 111, 113 — K a d o r , r . : 206
— , II, c a t h o lic o s d es A r m é n i e n s : 207, 210, — , arch. K h i l a t : 221
211, 213, 215, 224 — d e L e o m in s te r , r . : 181
— d e C a m e r in o , r . : 184, 203 — d e L u m b e l lo , arch. S u lta n ie h : 174, 181
— C a m p o r a , év. C a ffa : 240 — , év. M aieria : 250
— d e F lo r e n c e , év. Z a y to n : 152, 154, 242 — d e M a n d e v ille , v o y a g e u r : 150, 295
— , év. G a b a n : 203 — d e M a r ig n o lli. r . : 132, 136, 139, 153, 154,
— d e G o lp , v a r t a b e d : 223 163, 164, 192
— d 'Ir la n d e , r . : 191 — X, patr. d e s M a r o n i t e s : 270
— d e la M a r c h e (s ain t), r . : 133, 134 — , év. M e d z q a r : 213, 214, 224
— d e N ic o s ie , év. S ivas : 176 d e M o n t e c o r v i n o , arch. K h a n b a l i q : 52, 53,
— d e P is to ie , r . : 161 56, 86, 103, 109, 112 à 115, 132, 145 à 154,
— d e P o n t e c o r v o , év. L u cu ce n sis : 249, 251 165, 192
— d e s P r im a d iz i, r . : 265, 266, 267, 268, 273 — . év. N a k h id j e v a n : 193, 224
— , év. Q u il o n ; 192 — d e P la n c a r p in , r . : 59, 70 à 73, 78, 88, 99,
— d c R ussan, r . : 44, 55 138
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INDEX NOMINUM 313
l a t i n : 42, 53, 99, 103, 196, 208, 215, 265 K h w a r e z m , K h w a r e z m i e n s : 54, 75, 187, 188
(v o ir Aym ar, Thom as A g n i); - couvent K i e v : 15, 16, 22, 23, 67, 71, 88, 124, 243
J o h a n c a , r . : 96 K õ r g is , r o i d e s O n g ü t : 146, 147
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314 INDEX NOM INUM
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INDEX NOM INUM 315
M o l d a v i e : 285 — de M o n te c o r v in o , r . : 262
M õ n g k á , khan m o n g o l : 68, 74, 76, 79 à 82, 84, — Steynacker, év. Varna : 236
— de Troja. év. Tana : 245
92, 99, 108
— dc Vicence, r . : 84
M õ n g k à - T e m ü r , khan m o n g o l : 93
N ic o lo de' Conti, v o y a g eu r : 286, 292
M o n t a g n e N o ir e , c e n t r e m o n a s t iq u e : 10, 36,
N icop olis, a r c h e v ê c h é : 198
197
— , crois ad e de : 258
M o r a v i e : 13
Nicosie, c o u v e n t : 128; - a r c h e v ê q u e : 199,
M o r d v e s : 27, 28, 93
215, 239; - m onastère é th io p ie n : 270
M o s s o u l : 1 10, 112, 256; - M o s s o u l it a in s : 65,
Nik, a rc h ev êc h é : 224
139, 142; - v o i r aussi Jacob ites (m a p h r ia n )
N isibe : v o ir Isoyabh
M u k h a k h : v o i r M ich a h a
Nogai, ch e f m o n g o l : 88, 90, 91
M y tilèn e , a r c h e v ê c h é : 193
Noravan k, é v ê c h é a rm énien : 204
N o r v è g e : 109
N o s a i r i s : 34, 36
N Nubie, N ubiens : 5. 36, 65, 114, 139 ( v o i r Don-
gola )
N a k h id je va n : 78. 185. 192, 193, 221; - é v ê c h é
et é v ê q u e : 181, 183, 192, 193, 204, 221 à
223, 261, 286
o, õ
N arjot de T o u c y , c h e v a lie r : 31
N a sca rin i. c h r é tie n s d es In d e s : 192
O berto de Pasam orte. marchand de Plai-
N aza re th : 263
s a n c e : 94
N e h ron ( é v ê q u e d e ) : 216
Oddoinus, év. A n e n o m e n s is : 193
Nersès, r. a r m é n ie n : 266
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IN D E X N O M I N U M
316
O írat, trib u m o n g o l e : 106 51, 55. 57, 58, 68, 84, 91, 124 141- x i
Olgaitü , khan m o n g o l : 104, 120, 143 84, 85, 102, 124; - X I : 124. 131 ’ l 33
O liv ie r de Paderbon , éc o lâ tre de C o l o g n e : 136, 181, 193, 194, 222, 223, 263; - X l l ’- 2S«’
274 ’
34, 35, 36
O lo n -S ü m e , r é s i d e n c e d e s Õ n g ü t : 147 - H o n o r i u s I I I : 50, 51, 54, 55, 79, 141
O m o d e i , arch. T a r s e : 207 - I n n o c e n t I I I : 33, 37, 39, 40, 43, 49 50 51
Õngü t, p e u p le turc : 75, 106, 108, 146, 147 53, 59, 270; - I V : 31, 45,48, 52, 58, 59,60 65
( v o i r K ó r g is , Sa ra) 66, 68, 70, 71, 77, 127, 134, 140, 142; - VI -
O rgen íz, v i l l e n o n i d e n t . : 254 133, 173, 198, 205, 220, 241, 242, 258
O rie n ta lis p ro v ín c ia , O rie n ta le s p a rte s : 20, - Jean X X I : 85; - X X I I : 106, 134, 152. 158
114, 129, 134, 266, 268, 270, 271, 275, 290 166, 173, 174, 175, 176, 179, 180, 182, 183,
O rie n ta lis (vic a irie de T a rta rie): 128, 129, 187, 188, 191, 194, 195, 196, 201. 202. 204,
130, 170, 184, 2 3 7 , 258 205, 207, 208, 210, 218, 231. 239. 258, 259,
Oshin, r o i d ’A r m é n i e : 52, 201, 202, 203 - N i c o l a s I I I : 32, 41, 85. 86, 88. 103, 141, 143,
— , c o m t e d c G o r g h i g o s : 208 144; - I V : 52, 55, 86, 103, 104, 105, 112, 115,
O t t o m a n s ( T u r c s ) : 275, 276, 277, 285, 292 134, 145, 238; - V : 246, 275
248, 259, 263, 274; - V I I : 181, 185, 252, 258, 266, 267; - é v ê q u e latin : 232, 233,
264 P e r e g r i n o d e C a s t e llo , év. Z a y t o n : 148, -
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INDEX NOMINDM 317
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318 IN D E X N O M I N U M
Russes, Russie, R u th è n e s : 6, 15, 16, 22, 23, S e lm a s : 107. 115, 170, 175. 177, 206, 219.
25, 29, 30, 36, 59. 60, 61, 65, 67, 68, 71, 75. S e m p a d , c o n n é t a b l e d 'A r m é n ie : 49 7 (,
78, 81, 88, 96, 139, 160, 161, 237, 238, 243; - S e r b i e ( c o m t c s s e d e ) : 135
couvents d o m in ic a in s : 131; - vicairie fran- S e r g e (S a r k is ), m o i n e a r m é n ie n : 81. 84 92
ciscaine : 129, 130, 137, 254, 258 (le m o i n e ) , p e r s o n n a g e légendaire • 82
Russudan, reine de G é orgie : 54, 55 84,92 ’ '
— , e n v o y é m o n g o l : 73
— d 'A p r a k o u n ik , v a r t a b e d : 222, 223
— , a rch e v ê q u e arm énien, puis patr. de Jéru
- s salem : 201
— de Sis, c h a n c e lie r d ’Arm énie : 203
Sabadin, e n v o yé m o n g o l : 105, 110 — , v a rta b ed : 266
Sahap, ville d 'A rm én ie : 211 Seth d 'A rm én ie, vartab ed : 223
Saint-Thaddée, m o n a s t è r e : 175, 204, 205, Setzulet, c o n t r é e : 254
206, 221, 261; - a r c h e v ê q u e : 193, 195, 212 Shahinsháh, b a ro n g é o rgie n : 55
( v o i r aussi M ak u ); v o ir Zacharie S h em a kh a (A z e r b e ija n ) : 251, 255
Saliba, m aphrian des Jacobites : 58 Siam : 286
— , m arch and d ’Acre : 58 S ib é rie : 96
— , p éle rin indien : 259 Sicile (r o i d e) : 77, 101; v o ir R obert
S alim b ene, c h r o n i q u e u r : 85 Sidon, c o u v e n t : 38
Salmastro, ville et é vê c h é : 116, 219, 234, 236, Sigism ond, roi d e H o n g rie : 274
237, 246 S im é o n Bech, év. E rze ro u m : 210
S alo m o n , c h rétien nestorien : 105, 108 — R a b b a n -a ta , d i g n i t a i r e c h a l d é e n : 59, 71,
S am a rk an d : 73, 93, 186; - é v ê c h é : 183, 187, 74, 75
188, 189 ( v o i r T h o m a s M ancasola) Simisso, c o u v e n t et é v ê c h é : 171, 189, 230,
S anche d e Boleyna, r . : 113 235. 236, 237
Sara A ra u ’ul, princesse õ n g ü t : 106, 146 S im on d e Saint-Quentin, r.: 51, 55, 72, 73,
S a r a i : 90, 91, 92 à 97, 128, 156 à 162, 188, 189, 108
243; - a r c h e v ê c h é : 159, 165, 241 à 246, 255 — , Semeonis, v o y a g e u r : 262
( v o i r C o s m e ); - c u s to d ie : 129, 241, 243, S i n a i : 264, 272
246, 254; - é v ê q u e s grecs et arm én ie n s : S in o p e : 89, 230, 237, 239
v o ir Etienne, Paul, T h é o g n o s te S ira -o rd o : 73, 80
Saraicik : 93, 163 Sis : 170, 177, 211, 223; - a r c h e v ê q u e : 49, 212,
Sardenay, sanctuaire : 36 213; - c o u v e n t : 213; - syn od es et conciles:
S a r k i s : v o ir S erge 50, 62, 201, 213, 216, 233, 266
S arm ates ( t e r r e d e s ) : v o i r Astrakhan S is ia n : 71, 73
Sartaq, p rin c e m o n g o l : 77 à 81, 87, 88 S iv a s : 110, 115, 116, 128, 145, 176, 183, 223; -
S avasto p oli, é v ê c h é : 178, 179, 182, 183, 184, a r c h e v ê q u e ; 213
230, 232, 238, 239 S m y r n e : 232, 358; - a r c h e v ê c h é : 235; - évê
Saxi ou Saqsin : 21, 29 c h é : 174, 179, 182, 185
Scacatai, c h e f m o n g o l : 79 Societas P e reg rin a n tiu m : 129 à 132, 172, 173,
S c h ilt b e r g e r (Johann), v o y a g e u r : 207, 222, 174, 180, 181, 187, 220, 222, 239, 261
223, 240, 246, 254 S o c o t o r a : 6, 114, 170, 190
S cy th es : 139 S ô f â l a : 190
S éb a s te d e Palestine (?), é v ê c h é : 176; - v o ir S o g d i e n s : 188
Sivas S olagay, p r in c e g é o r g i e n : 184
S é le u c ie (S e le fk é ), a r c h e v ê c h é : 209 (v o ir S o ld a y a ( S o g d a í a ) : 30, 88, 89, 90, 93, 94, 160,
P on s) 230, 235 à 240, 246
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INDEX NO M INUM 319
S o lg a t : 89, 90. 95. 156, 160, 230, 237; • arche- T e m ü r , khan m o n g o l : 146
v ê q u e s : 91, 159, 235 ( v o i r A rakiel, E tie n n e ) T e n d u c , c o n t r é e : 146, 147
S o ro n iu s , p r i n c e c o m a n : 31 T e r r e Sainte, p r o v i n c e d o m in ic a in e : 78. 117.
Sou/dal (d u c d e ) : 27, 28, 31 203, 215, 224, 239, 258. 265; - v ic a i r ie fran-
S p ir it u e ls : 176, 180, 206, 258 c i s c a i n e : 52. 115, 128. 224. 264
S ud eiisis, siè g e r c le v a n t dc S u lla n ieh ( ? ) : 182 T e u t o n i q u e s : 14, 15
S u ffr e d in , m c d e c i n : 105 T h a d d é e , év. C affa et G o rh ig o s : 158, 159.
S u lta n ie h : 175, 182, 223; - a r c h e v è c h é s et 165, 198, 208, 218, 224, 234
arch evèqu es: 169 à 183, 186, 190, 192 à Th àn a (m a r t y r s d e ) : 151, 183, 190. 191
195, 212, 230, 232, 244, 256, 261; - c o u v e n ts : T h é o d o r e , év. d A l a n i e : 149, 231
170, 195 — , patr. c o p t e : 40
Suse ( a r c h e v ê q u e d e ) : 16 — , r. é th io p ie n : 275
Syba, é v ê c h é : 249, 251 — , arch. S é leu cie : 209
S y r ie : 57, 99, 100, 120; - v o i r T e r r e Sainte — , v o ir aussi T h o r o s
S y r ie n s : v o i r M e lk it e s , Jacob ites (le n o m de T h e o d o r o ( M a n g u p ) : 89, 232
S y r ie n s e n t r e en u sage à la p la ce d e ce T h é o d u le , a v e n t u r ie r : 83
d e r n i e r t e r m e au c o u r s du X I V ' - siè cle) T h é o g n o s te , év. S a r a i : 91
T h éo ria n o s, th e o lo g ie n : 213
Th ess a lo n iq u e : 171 ( v o i r A n to in e )
T Theya, localité non i d e n t . : 206
T h ierry . év. des C om a n s : 24, 25
T a b r iz : 71, 78, 98, 107, 112, 115, 116, 145, 170, — de N yem . éc riva in : 284
171, 175, 176, 177, 186, 223, 276; - c o u v en t Thodotelia, princesse m o n g o l e : 167
fra n cis ca in , c u s t o d ie et v i c a i r i e : 129, 171, Thogay, c h e f alain : 153
184, 194, 195; - é v é c h é et é v ê q u e : 180 à T h o m a s (t o m b e a u dc 1 'a p ô t r e ): 39, 190
183, 193; - p r ie u r d o m in ic a in : 147 — , é v . : 149
193, 230, 232, 234, 238, 243. 244, 245, 249, — d ’E thiopie, p é lerin : 259
— de H o n g rie, c h e v a lie r : 262
250, 253, 254
Tarki, c o u v e n t et é v ê c h é : 243, 250, 252. 253 — , « e m p e r e u r des I n d e s » : 268
25
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320 INDEX NOM INUM
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POSTFACE
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322 PO STFAC E
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323
POSTFACE
ten des Kõlner Domscholasticus Oliver (+ 1227), Ibid., p. 86-102. Les actes
du colloque tenu à Assise, publiés sous le titre Espanzione dei Franciscanesi
m o tra Oriente e Occidente nel secolo 13., Assise 1979), réunissent des articles
de F. Gabrieli, K. Elm, D. Bigalli et M. Batllori, envisageant les attitudes de
saint François, de Roger Bacon, de Raymond Lulle. Sur ce dernier, cf. aussi
S. G a r c ia s P a l o u , R am on L lu ll y el Islam, Palma 1981.
Les missions dans 1’Europe du Nord, premier terrain dexpérience m is
sionnaire, ont continué à retenir 1’attention. Relevons S. T r a e g e r , « B e m o ,
O. Cist., Apostei der Obodriten (1158-1191), dans Cistercienser C hronik, 86,
1989, p. 6-16; Studien über die Anfànge der M ission in Livland, ed. M. Hell-
mann, Sigm aringen 1989 ( Vortràge und Forschungen, 37); 1edition p ar T. Ja-
sinski de lettres inédites de Grégoire IX et Innocent IV sur la mission de
Prusse ( Zapiski Historyczne, 53, 1988, p. 57-67 et 54, 1989, p. 79-82), ainsi
que les chapitres de J. Kloczkowski dans le tome VI de \Histoire du ch ris tia
nisme.
S u r les missions dominicaines, un important travail, reprenant et
complétant les études du P. Loenertz, va incessamment paraitre : Cl. D e l a -
c r o ix -B e s n i e r , Les D om in ica in s et la chrétienté grecque aux X IV e et X V e siècle
(thèse soutenue en 1994 devant 1’Université de Paris X -Nanterre).
U n d o m a in e sest particulièrement enrichi : celui de 1'histoire des églises
orientales. N o u s avons cherché à en donner un tableau d e n s e m b le dans
YH istoire du C hristianism e, VI, p. 209-249; G. Fedalto en a traité dan s Le
chiese d ’O rien te, vol. I, Da G iustiniano alia caduta di C o n s ta n tin o p o li , M ilan
1984 (réim pr. 1991) ( C om plem enti alia Storia delia Chiesa diretta da H u b ert Je-
d in ); on doit au m êm e auteur, qui avait publié en 1976-1981 La chiesa latina in
Oriente, V erona, 3 vol., une H ierarchia ecclesiastica orientalis, P adoue 1988, 2
vol.; et au regretté P. J.M. Fiey, P o u r un «O rie n s christianus n o v u s », B e y
routh, 1993. O n dispose également de C. Detlef G. Müller, G eschich te der
orientalen N a zion a lk irch e n , Gõttingen 1981 ( Die K irchen in ihren G esch ich te).
On utilisera aussi le bon livre de Peter K a w e r a u , O stkirchengeschichte , L o u -
vain 1982-1983, 2 vol, à compléter par W . De Vries, « D ie Patriarchen d e r
nichtkatholischen syrischen K irch en », dans O stkirchliche Studien, 33, 1984,
p. 2-45.
B e a u c o u p d'inform ations sur les églises de nte grec et de langue sy
riaque ou a ra b e dans J. N a s r a l l a h , H istoire du m ou vem en t littéraire dans l e
glise m elch ite du Ve au X X e siècle, vol. 3, 2 /1250-1516), Paris 1981. L a chrétien
té de N u b ie , pratiquem en t absente de notre ouvrage, est m ieux con nu e du
fait des découvertes archeologiques recentes . cf. G. V a n t i n i , I l cris tia n e s im o
nella N u b ia a n tica V é ro n e 1985 (M u seu m C om b on ia n u m , 39). P o u r 1'Eglise
éthiopienne, on r e c o u r t à Tadesse T a m r a t , C hurch and State in E th io p ia .
1270-1527 O x fo rd 1972. Relevons ici que le mouvement réform ateur de la
«m a iso n d 'E w o s t a t e w o s », qui prit naissance au X I V ' siècle, ne parait pas
avoir subi d m f l u e n c e occidentale, sauf peut-être très indirectement p a r la
voie de 1’A rm én ie , et celà en dépit de la présence b.en attestee de Latins en
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324 POSTFACE
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POSTFACE
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326 PO STFAC E
Jean R ic h a r d
M ars 1997
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TABLE DES MATIÈRES
A v a n t -p r o p o s ................................................................................................... ^
S o u rc es et b i b l i o g r a p h i e ............................................................................. ^
Liste des o u v ra g e s u tilisé s...........................................................................
IN T R O D U C T IO N
P R E M I È R E P A R T IE
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328 T A B LE D ES M A TIÈR ES
D E U X IÈ M E PARTIE
T R O I S I È M E PARTIE
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T A B L E D ES MAT1ÈRES 329
b) L e rôle de la p a p a u t é , 131.
Légats et inquisiteurs, 131; - la demande de missionnaires,
1ebauche d ’une centralisations, 134.
cjLes o r i g i n e s d un é p i s c o p a t m i s
sionnaire; 137.
Les privilèges, 138; - les premières désignations épiscopa-
les, 141.
Q U A T R IÈ M E PARTIE
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330 TA B LE DES M A TIÈ R E S
C IN Q U IÈ M E PARTIE
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T A B LE D E S MAT1ÈRES 331
b) L e c o n c il e de F l o r e n c e et les c o m
missaires apostoliques, 265.
Les négociations avec les Arméniens, 265; - la mission
d A lbert de Sarteano, 267; - Ethiopiens, M aro n ite s et
Syriens, 269.
C O N C L U S IO N
C A R T ES
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£\T,
iÁ
A c h e v é d ’imprimer
en février 1998
sur les presses de la
Scuola T ip ogr afi ca S. P io X
V ia degli Etruschi 7
1 - 00185 R o m a
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PUBLICATÍONS
DE L’ÉCOLE FRANÇA1SE
DE ROME
Piazza Navona 62
00186 Roma (Italie)
Hlustration de la couverture :
L e p a pe B en o it X I I reçoit des am b assa-
d e u r s du g r a n d K h a n venus lui d e m a n d e r
un a r c h e v ê q u e p o u r le siê g e de K h a n b a l iq
(1 3 3 8 ). B ib l. N at. de France, m s.
franç. 2810, f« 133.
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J0UUBOSLUBQ Áq P0UUBOS