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Dès l’été de l’an III, la convention Thermidorienne se déclare en guerre contre « les partisans
de la terreur » et contre les partisans des émigrés et de la royauté. Cette déclaration est à l’image de
la Constitution de l’an III proclamée le 23 septembre 1795 et donnant naissance au Directoire. En
effet la nouvelle République se donne pour but de « terminer la Révolution » en établissant un ordre
social sans insurrection et voulant civiliser la France, c’est-à-dire la « républicaniser ». Cette
« République des meilleurs », des propriétaires et conservatrice se veut anti-royaliste et contre la
« République sociale et démocratique ». Dès lors deux oppositions se forment contre cette
République qui exclue toute participation au jeu politique en dehors d’un « centre » qui se présente
comme modéré et garant de l’ordre public. L’historien Pierre Serna parle de ce centre comme d’un
« extrême centre » qui ne cesse de stigmatiser et d’amalgamer les forces politiques de gauche et de
droite tout en s’appuyant sur elles pour maintenir la République. Mais le Directoire est dépassé par
ces forces d’oppositions et par son propre système électoral qui joue contre le maintien de la
République. Ainsi on peut se demander comment le pourvoir directorial « d’extrême centre » fait il
face aux oppositions qui tentent de mettre fin à la République de de l’an III ? Dans un premier temps,
nous verrons que l’élimination de la « gauche » du jeu politique sous le premier Directoire contribue
au renforcement du royalisme. Puis le coup de force de 1797 de l’exécutif pour sauver le régime.
Enfin la stigmatisation de la gauche revenue dans le jeu politique et l’essoufflement de la République
sous le deuxième Directoire de 1797 à 1799.
La gauche se réorganise autour des néo-jacobins avec « L’union des Républicains » pour faire
face aux royalistes. « Les anciens terroristes » retournent ainsi aux charges pour remplacer les
royalistes épurés. De plus on a une libération de la parole à gauche. L’idéologie néo-jacobine en
pleine expansion mène à la victoire de la gauche aux élections de 1798 mais les élections sont
invalidées le 11 mai pour faire face à la poussée de la gauche constituant une menace pour la « La
République des meilleurs ». En effet, les députés néo-jacobins ont des revendications sociales : ils
réclament une plus juste répartition des impôts, une distribution des terres, une éducation primaire
pour tous et surtout, projettent d’introduire dans les assemblées primaires des citoyens pauvres
normalement exclus moyennant une contribution de trois journées de travail. Le mouvement néo-
jacobin s’oppose par ces mesures radicales aux fondements de la « République des meilleurs », c’est-
à-dire au régime censitaire entre autres. L’invalidation des élections correspond à une épuration de
la gauche par l’exclusion d’une centaine de députés.
Pour les élections de 1798, 437 députés sont à élire avec 140 places laissées vacantes par les
députés épurés le 4 septembre 1797. Pour faire face à la poussée néo-jacobine, les directeurs
préparent les élections de 1798 en faisant campagne contre les « anarchistes », contre « le royalisme
a bonnet rouge » remplaçant « le royalisme à cocarde de blanche ». De plus il est prévu que les
élections doivent être validées par la Convention et les directeurs élus par cette même Convention.
Les hommes de « l’extrême centre » essayent de parer au problème des élections – qui mettent « à
mal la République » - en mettant en place des sécurités légales pour empêcher la victoire de tous
ceux étant en dehors du centre politique. La politique du Directoire correspond en fait à une
politique de stigmatisation et d’amalgame permanente de ses adversaires. Ainsi il n’existe qu’un
champ politique valable, celui de l’extrême centre se présentant comme seul garant de l’ordre
public. Mais cette politique n’est pas durable à cause du renouvellement annuel par tiers des
assemblées et produit un essoufflement de la République qui ne peut soutenir ce système.
Pour prévoir les élections de 1799, le Directoire tente de rejouer sur les peurs en parlant du danger
de « l’hydre à deux têtes : l’infâme royalisme et le vil terroriste ». Mais la propagande ne tient pas et
les nouveaux élus regroupant des néo-jacobins mais aussi des royalistes et autres mécontents sont
majoritairement opposés au Directoire. Sieyes est élu directeur avec l’ambition de changer la
Constitution, mais il faut attendre 9 ans pour une réforme de la Constitution. Ce qui oblige au coup
d’Etat pour réformer. De plus, les conseils font pression pour le départ des directeurs attachés à la
Constitution de l’an III ; ceux-ci démissionnent le 18 juin 1799 face au coup d’état des conseils. Face à
l’essoufflement de la République un réel coup d’état s’impose pour réformer la Constitution.
La politique de « l’extrême centre » sous le Directoire a consisté à s’appuyer soit sur la droite
soit sur la gauche pour maintenir la République. Mais le système électoral du régime laisse les
oppositions s’exprimer dans le jeu légal et menacer « l’extrême centre ». Ainsi ce centre mène des
coups d’états systématiques pour éliminer les vainqueurs des élections, s’éloignant de sa position de
« modération ». Cette politique d’exception permanente est insoutenable pour la République et
débouche sur la suppression des élections et avec la confiscation totale du pouvoir pour l’exécutif
avec le coup d’Etat du 18 Brumaire exécuté par Napoléon Bonaparte.