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1) L' ANCIEN RÉGIME PENDANT LE XVIIIe SIÈCLE.

1º) Introduction aux concepts d'Ancien Régime et Société d'Ordres.


L'Ancien Régime est le nom donné au régime politique de l'histoire Européenne désignant
les deux siècles antérieurs à la Révolution Française (1789).
La société d'Ancien Régime est un mode d'organisation sociale qui a prévalu en Europe
du XVIe au XVIIIe siècle.
La population est alors divisée en trois ordres dont les fonctions sont hiérarchisées en
dignité : le clergé, la noblesse et le Tiers État (« société d'ordres »). Cette séparation repose
sur une idéologie et une tradition, non sur un critère de mérite personnel. La société d'Ancien
Régime est aussi une société coutumière et catholique.
Le système des ordres est déstabilisé par plusieurs évolutions : la dévalorisation du rôle de la
noblesse traditionnelle par le développement de l'autorité royale, la réussite matérielle des
couches supérieures du Tiers-État qui entendent participer davantage aux affaires publiques,
le repli de la foi religieuse par contraposition aux idées de l’illustration (sur tout dans le cas
français).
Il sera entre 1789 et 1848 quand les révolutions bourgeoises et libéraux vont mettre fin au
système des ordres et aux inégalités juridiques entre Européens, qui avec l'abolition des
privilèges, vont passer du statut de sujets à celui de citoyens.

2º) La Noblesse 3º) le Clergé 4º) Le Tiers-État.

La fonction principale des nobles est de Le clergé tient des assemblées générales et Le dernier ordre de la société (et le plus
s'occuper de la guerre, mais pendant le dispose de ses propres tribunaux. Il perçoit en important) d'Ancien Régime est formé de tous
XVIIIe, la nouvelle noblesse doit son statut à principe l'impôt des dîmes correspondant au ceux qui n'appartiennent ni au clergé, ni à la
la vente de charges par le roi. dixième des récoltes mais l'essentiel de ses noblesse et exercent des activités
Comme le clergé, la noblesse dispose de ressources vient de la rente foncière. économiques : agriculteurs, artisans et
privilèges : elle n'est pas assujettie à l'impôt Le clergé est chargé, du culte, de l'état civil, commerçants, c'est-à-dire les 9/10es. Comme
royal. Elle a le droit de porter l'épée et de l'organisation des fêtes (religieuses), de dans les autres ordres, sa condition est
pratiquer la chasse. Elle est jugée par des l'instruction publique, tant au niveau des extrêmement variée : certains bourgeois sont
tribunaux particuliers. Elle subsiste par la petites écoles que des universités ; il est aussi très riches et puissants. Le roturier ne pouvait
rente que paient les laboureurs. La noblesse chargé de toutes les fonctions d'assistance sortir de sa situation et être anobli qu'en
est soumise à des devoirs, elle doit verser son sociale et médicale. obtenant du roi des lettres de noblesse, ou en
sang. Elle a des places réservées dans l'armée La condition des membres du clergé est achetant des charges et des offices qui
et l'administration mais la plupart des extrêmement variée: les membres du haut conféraient la noblesse.
activités professionnelles lui sont refusées. clergé, (archevêquesi, les évêques, les abbés ), La situation financière de certains bourgeois
Tout noble qui ne respecte pas ces devoirs les grandes abbayes bénéficient souvent de enrichis dépassait parfois largement celle de
peut déroger et se voir déchu de sa condition. revenus importants. Souvent mais pas petits nobles. Parmi eux figurent des
Devenir noble demeure un idéal mais la forcément issus des rangs de la noblesse, ils commerçants et artisans qui travaillent dans
noblesse ne forme pas pour autant un corps sont nommés par le roi (France) ou par le leurs boutiques et ateliers et appartiennent à
organisé. Il y a une basse noblesse rurale non Pape (Espagne). une corporation. En ville vivent également de
cultivé, brute et avec des rentes modestes et On peut faire deux divisions, d'un côté nous nombreux ouvriers et domestiques. Le tiers
aussi une haute noblesse courtisane très riche avons le clergé régulier et séculière et d' un état trouve son origine dans la fonction de
et cultivée autour du roi. autre le haute clergé et bas clergé. « ceux qui travaillent »

5º) Les mobilités et les relations sociales


Les trois ordres de l'Ancien Régime ne sont pas fermés. Les couches les plus
modestes de la population peuvent entrer dans le clergé et profiter de ses
privilèges : le clergé est ouvert aux autres ordres, à condition d'avoir la vocation et
d'adopter la chasteté. Les bourgeois cherchent à imiter le mode de vie de la
noblesse. Certaines charges municipales permettent leur intégration dans la
noblesse dite de « cloche ». En achetant des charges d'officier, ils s'élèvent au rang
de la noblesse de robe. Les droits féodaux sont moins bien acceptés par les
paysans car les seigneurs ne jouent plus leur ancien rôle de protecteurs. Dans les
villes, la bourgeoisie cherche à mettre le « prolétariat » à sa merci. Une population
avec des tensions en croissance, est davantage portée à la contestation politique.
6º) L' Absolutisme. 7º) Le Despotisme Éclairé.

L'absolutisme est un concept lié aux régimes politiques centraux, et monarchiques, Le despotisme éclairé est une doctrine politique
qui fait référence à l’affaiblissement des contrepoids (parlementaires, traditionnels ou absolutiste mais issue des idées des philosophes du
constitutionnels) . L'absolutisme est lié aux périodes de centralisation politique et siècle des lumières, (Voltaire, D'Alembert) qui
militaire caractérisées par la consolidation de la souveraineté territoriale des États, combine la détente du pouvoir absolut avec une
d'importants changements d'ordre militaire, l'affaiblissement du droit coutumier, la volonté progressiste. Sa devise est « Tout par le
montée du mercantilisme, ainsi qu'une importance accrue du rôle de la cour et surtout peuple mais rien par le peuple » (Joseph II
du roi dont la sacralité ne se porte plus simplement sur la fonction mais sur la d'Autriche). On trouve parmi les monarques
personne physique. éclairés : Charles III d'Espagne, Catherine II de
À partir du XVe siècle, l'absolutisme réduit graduellement la fragmentation de la Russie, Frédéric II de Prusse, Gustave III de Suède.
souveraineté politique caractérisant leMoyen Âge ; il atteint son apogée à la suite de Joseph II d'Autriche ou Louis XV de France.
la guerre de Trente Ans. Il amorcera alors son déclin aux XVIIe etXVIIIe siècles, à la L’action des despotes éclairés est parfois qualifiée de
suite des révolutions anglaise et française qui instaurent des contre-pouvoirs de type moderne, pour leur inspiration philosophique et les
parlementaire. réformes qu’ils mettent en place. Cependant la
L’absolutisme, ou monarchie absolue, est donc : « un type de régime politique dans structure même du pouvoir politique et de la société
lequel le Roi, concentre en ses mains tous les pouvoirs, gouverne sans aucun n'est pas modifiée par ces régimes, qui se rapprochent
contrôle ». Comme catégorie, le mot « absolutisme » a été inventé longtemps après le ainsi des autres absolutismes de l’époque. Ils mettent
système de pouvoir qu'il est censé définir. au service de l’ordre établi les idées philosophiques
L'apparition de la bureaucratie et la centralisation politique conférèrent à la cour qui leur sont contemporaines.
royale, un rôle particulier dans la domestication de la noblesse et la suppression des Les souverains éclairés se présentent comme les
institutions locaux du Moyen-âge. premiers serviteurs de l’État, et leurs décisions ne
En France, Louis XIV a réussi à mettre en place cette forme d'absolutisme, en sont donc pas le fruit d’une volonté despotique, mais
développant une conception qualifiée par la suite de monarchie absolue de droit divin. l’incarnation de la raison.
8º) Le Mercantilisme. 9º) La Guerre des Sept Ans.

Le Mercantilisme est un courant de la pensée économique contemporaine de la La Guerre de Sept Ans (1756-1763) est le premier
colonisation du Nouveau Monde et du triomphe de la monarchie absolue . Les tenants conflit à pouvoir être qualifié de « guerre mondiale»
du mercantilisme prônent que le développement économique n'est plus dans la terre (il va se combattre sur quatre continents). Ses causes
(féodalisme) mais dans l'enrichissement des nations au moyen d' un commerce sont les rivalités commerciales, coloniales en Europe
extérieur convenablement organisé en vue de dégager un excédent de la balance et en Amérique entre la France , l' Espagne, la Russie,
commerciale. la Suède et l’Autriche d'un côté, versus l'Angleterre,
Les idées mercantilistes alimentent des conflits armés tout au long du XVII et XVIIIe la Prusse et le Portugal de l'autre.
siècles car la seule façon d'accroître la richesse d'un pays ne peut se faire qu'au La G.Bretagne, sortant victorieuse du conflit, tire
détriment d'un autre. De nombreuses guerres, dont les guerres franco-anglaises se profit de son empire colonial élargi pour essayer de
déclenchent sur la base d'un « nationalisme économique ». rembourser au mieux ses dettes . Ces augmentations
En France, Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des finances (1665-1683), est le (le Stamp Act sur les timbres ou le Tea Act sur le
principal instigateur des idées mercantilistes, ce qui conduit certains à parler commerce du thé) feront partie des étincelles qui
de colbertisme pour désigner le mercantilisme français. déclenchant la Rév. Américaine.
Une des conséquences du mercantilisme sera le commerce triangulaire, aussi La France de son côté, décide de financer sa dette par
appelé traite atlantique , lequel fut une traite négrière menée entre l'Europe, des emprunts mais vingt ans après les taux d’intérêts
l'Afrique et les Amériques, pour assurer la distribution d'esclaves noirs (12 millions) (plus l'intervention dans la Rév. Américaine) vont
aux colonies du Nouveau Monde et approvisionner l'Europe en produits de ces finir par vider les caisses. C'est pour cela que des
colonies pour fournir à l'Afrique des produits européens et américains. nouvelles levées d'impôts vont être décidées afin de
Il sera à partir des revenus obtenues par ce commerce que l' Europe pourra financier régler l'endettement. ces mesures, très mal perçues
la I Révolution Industrielle (S.XVIII), c'est pour cela que certains auteurs voient dans par la population, seront probablement l'un des sujets
le mercantilisme l'expression de l'émergence d'un système-monde capitaliste. de mécontentement qui mèneront à la Rév. Française.
10º) Le siècle des Lumières
Le siècle des Lumières est un mouvement littéraire et culturel lancé en Europe au XVIIIe siècle (1715-
1789), dont le but était de dépasser l'obscurantisme et de promouvoir les connaissances.
Des philosophes et des intellectuelles encourageaient la science par l’échange intellectuel, s’opposant à
la superstition, à l’intolérance et aux abus des Églises et des États. La philosophie di siècle des lumières
se caractérise par :
a) La réflexion politique marquée par la théorie contractuelle (Locke), b) Les progrès de l’esprit
critique à l’œuvre. c) Le Déisme, «religion naturelle» qui se vit par l'expérience individuelle et qui ne
repose pas sur une tradition écrite. Pour certains déistes, on peut avoir une relation avec Dieu mais elle
est directe (notamment par la contemplation). Il s'agit par conséquent d'une croyance individuelle et
irréligieuse. d) L’idée de tolérance dans une Europe marquée par les divisions religieuses. e) La
désacralisation de la monarchie. f) La primauté de l’esprit scientifique sur la Providence.

11º) Les Philosophes des Lumières. 12º) L' Encyclopédie

Charles Louis de Secondât, baron de Montesquieu, est un penseur politique, précurseur de la L’Encyclopédie ou Dictionnaire
sociologie ,philosophie et écrivain français des Lumières. Sociologue avant son temps, il utilise une raisonné des sciences, des arts et
méthode scientifique pour analyser la société. Dans les Lettres persanes, il met en évidence les défauts des métiers est une encyclopédie
de la société française. dans l'Esprit des Lois, sépare les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire). française, éditée de 1751 à 1772
Il souhaite qu'un « intermédiaire », c'est-à-dire un parlement, soit le représentant de la nation. sous la direction de Diderot et
François-Marie Arouet, dit Voltaire est un écrivain et philosophe français qui a marqué le XVIIIe siècle. D'Alembert et la première
Il dénonce en particulier la torture, l'esclavage et la peine de mort, dans son Dictionnaire Philosophique. encyclopédie du monde.
Pour lui, il faut organiser la vie sociale selon les vraies valeurs terrestres, c'est-à-dire la propriété et la Par la synthèse des connaissances
liberté humaine qui permettent le progrès. Il combat l'oppression intellectuelle et morale. Voltaire est du temps qu’elle contient, elle
favorable à une royauté éclairée, séparée de la religion; un pouvoir appuyé sur la bourgeoisie et garant représente un travail rédactionnel
du progrès matériel et de l'ordre social. Il est déiste : pour lui, Dieu est dans l'action pour le Bien. Sa et éditorial considérable pour
pensée est contre la foule des idées oppressives : il ne veut pas que la religion soit un système ou une l’époque. Enfin, au-delà des
théorie. Voltaire ne croit pas en une religion qui imposerait des rites, des dogmes ou des prêtres, savoirs qu’elle compile, le travail
religion qu'il critique ouvertement dans Candide. Il défend donc une religion de tolérance, « naturelle » . qu’elle représente et les finalités
Sa devise est « écrasons l'Infâme », c'est-à-dire la superstition et toutes les formes de fanatisme. qu'elle vise, en font un symbole de
Jean-Jacques Rousseau, est un écrivain, philosophie suisse. Ses livres et lettres lui valent des forts l’œuvre des Lumières et une arme
conflits avec l'Église catholique de Genève qui l'obligent à changer souvent de résidence. Il méprise la politique et à ce titre, l’objet de
société riche et corrompue. Pour lui, la société de son temps, inégalitaire, dénature l'homme (« l'homme nombreux rapports de force entre
est un loup pour l'homme »). Il a cependant des idées utopiques : il prône une éducation basée sur la les éditeurs, les rédacteurs, le
sensibilité naturelle de l'enfant, l'instinct de celui-ci devant le guider dans son évolution affective, pouvoir séculier et ecclésiastique.
intellectuelle et morale ( L'Emile ). Il a les idées plus démocratiques : dans Le Contrat social, il exprime L’Encyclopédie est représentative
ses principes politiques : autorité d'un peuple souverain qui peut changer ses lois et gouvernants. La loi a d'un nouveau rapport au savoir.
autorité et doit être l'expression de la volonté générale. Elle n'est acceptable que si elle est unanime et Elle « marque la fin d'une culture
garantit la liberté individuelle. Il rejette le despotisme et toute autorité d'un homme sur les autres. Il basée sur l'érudition. Elle permet à
pense que la croyance en Dieu est inscrite dans le cœur de l'homme et dans sa conscience que l'on doit un plus grand nombre de personnes
suivre pour connaître le bien et le mal. d'accéder au savoir

13º) Les conséquences du Siècle des Lumières.


Vers la fin du XVIIIe siècle, des changements importants se produisirent dans la pensée des
Lumières. Sous l'influence de Rousseau, le sentiment et l'émotion devinrent aussi respectables que
la raison . Dans les années 1770, les écrivains étendirent le champs de leurs critiques aux questions
politiques et économiques. La guerre de l'Indépendance américaine ne manqua pas de frapper les
esprits. Aux yeux des Européens, la déclaration d'Indépendance et la guerre révolutionnaire
représentaient, pour la première fois, la mise en œuvre des idées éclairées et encouragèrent les
mouvements politiques dirigés contre les régimes établis en Europe. Cette constitution d'Amérique
devient un modèle qui sera diffusé et admiré. Cela entraîne la remise en cause de l'absolutisme.
De l'avis général, le siècle des Lumières aboutit à la Révolution française de 1789. Comme elle
incarnait de nombreux idéaux des philosophes, la Révolution, dans ses phases de violence entre
1792 et 1794, discrédita provisoirement ces idéaux aux yeux de nombre de contemporains
européens. Pourtant, les Lumières léguèrent un héritage durable aux XIXe et XXe siècles. Le
XVIIIe siècle marqua le déclin de l'Église, ouvrit la voie au libéralisme politique et économique, et
suscita des changements démocratiques dans le monde occidental du XIXe siècle. Le siècle des
Lumières apparaît ainsi à la fois comme un mouvement intellectuel et une période historique
marquée par des événements décisifs.

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