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HISTOIRE
RELIGIEUX ET MILITAIRES»
4e l*un & de l'autre sexe, qui ont été établies jusqu'à présent -,
CONTENANT
LEUR ORIGINE, LEUR FONDATION,
leurs progrès , ies évenemens les plus considérables qui y font arrivés i
LA DECADENCE DES UNS ET LEUR SUPPRESSION;
l'agrandiíTemcnt des autres , par le moïen des différentes Reformes qui y
ont été introduites :
LES VIES DE LEURS FONDATEURS
& de leurs Reformateurs :
AVEC DES FIGURES QUI REPRESENTENT
ks differens habillemens de ces Ordres & de ces Congrégations.
TOME SEPTI ÌM fr
Cinquième Parde , qui comprend i^Ojâfes dè^ saint François , & autres _
qui ont des Règles- parxic avères.
M D C C,JC VIII. ;
A.FEC AP fia U A TION ET P RIFI LEGE DESA JÍAJEST-
<
1
TABLE
DES CHAPITRES
ORDRES RELIGIEUX*
ET DES CONGREGATIONS
C I N QU IEME PARTIE,
CONTENANT
Les Ordres de saint François , &: les autres qui ont
des Règles particulières.
Chapitre Premier.
■
4 Histoire dès Ordres Religieux,
Oudri dis mais François les encourageoit par ses discours & par les
Mine u k * exemP^es de sa patience.
II n'eut pas plutôt recouvre' fa liberté qu'il tomba malade,
d'une manière si violente qu'il se disposa à mourir,croïant sa
maladie mortelle. Ces premières afflictions commencèrent à
disposer son cœur à écouter la voix du Seigneur , à met
tre à profit les inspirations du Ciel ôc à connoître l'inutilité
& l'abus de ses vanités passées: cependant l'heure de son en
tière conversion n'étok pas encore venue : car quoi que l'on
remarquât quelque changement dans fa conduite , l'inclina-
tion qu'il avoit pour la vanité n'écoit pas entièrement éteinte
dans son cœurjmais la miséricorde qu'il avoit toujours euc
pour les pauvres, achevaceque l'affliction avoit commencé :
car aïant fait faire un habit fort propre , & lepremier jour
qu'il le mit s'en étant dépouillé en faveur d'un pauvre Gen
tilhomme fort mal vêtu , auquel il le donna pour l'amour de
Dieu , cette action de charité mit la consommation à l'ou-
vrage de sa conversion , par les nouvelles grâces qu'elle lui
attira , conformément à la promesse que Jésus Christ fait
dans son Evangile à ceux qui pratiqueront les actes de cette
héroïque vertu : ce que Dieu lui rìt connoître la nuit sui
vante par une vision dans laquelle il lui scmbloit voir un
Palais magnifique rempli d'armes marquées du Signe de la
Croix , qu'on l'assura être pour lui & pour ses soldats. Com
me il n'étoit pas encore assez éclairé pour pénétrer le vrai
sens de cette vision, il s'imagina qu'il ne s'agissoit que d'une
guerre temporelle. C'est pourquoi aïant appris que Gautier
Comte de Brienne en Champagne , gendre du feu Roi de
Sicile, Tancrede, & frère de Jean qui fut Roi de Jérusalem
quelques années après , étant assisté par le Pape Innocent
III. & par Philippe Auguste Roi de France,étoit entré avec
une grosse armée dans la Poùille > il alla pour lui offrir ses
services > mais il ne fut pas plutôt arrivé à Spolette , son
__ premier gîte , qu'il fut rappelle à Assise par une autre vision
où Dieu l 'avertit de ne pas préférer le pauvre au riche, ni le
Valet au Maître, & de n'en point servir d'autre que lui. 11
commença pour lors à comprendre que la milice , où il de-
voit s'engager , étoit toute spirituelle. Il revint donc chez
son pere,mais tout autre qu'il en étoit sorti : car il ne trouva
plus de délices que dans la solitude , se tenant retiré dans fa
Cinquième Partie , Chap. I. 5
maison,8c ne s'occupantqu'àla prière. 11 demandoit à Dieu Ordre dfs
avec beaucoup d'inítance qu'il lui fît connoître fa volonté, 6c minium*
il lui sembloit que la réponse du Cielétoit qu'il falloit qu'il
méprisât toutes les choies dumonde,8c qu'il travaillât forte
ment à se combattre 8c se vaincre soi-même. Un jour que
rempli de ces deux grandes maximes, il écoit à cheval dans
la plaine d' Aíïïfe , il eut à fa rencontre un Lépreux , dont la
vûë lui fit horreur. II a voit déja détourné ses yeux de dessus
un objet si hideux 8c íi dégoutant,lorfque fe souvenant qu'il
devoit travailler à íe vaincre lui-même , s'il vouloit être Sol
dat de Jésus- Christiil descendit de cheval, & alla embrasser
ce Lépreux malgré toute fa répugnance > 6c après lui avoir
fait une aumône considérable , il remonta à cheval ; mais il
fut étonné un moment après , lorsque tournant la tête pour
voir ce que faifoit ce pauvre misérable , il ne vit plus per
sonne , quoique la place fût découverte de tous côtés : ce
qui au lieu de l'eífraïer , lui donna une joïe intérieure, qui
l'encouragea à marcher dans la voie de la perfection où il
étoit entré, 8c dans laquelle il commençoit à jouir des con
solations des ames qui cherchent véritablement Dieu.
JL 'amour qu'il conçut pour la pauvreté 6c les humiliations
lui faifoit porter envie à l'état des pauvres 8c des plus misé
rables. 11 le fit paroître peu de tems après dans un voïage
de dévotion qu'il fit à Rome. Car après avoir visité le Tom
beau des saints Apôtres,aïant vu sortir de l'Eglise une grande
quantité de pauvres qui attendoient les effets de la miséri
corde des passans , il leur distribua tout l'argent qu'il avoit ,
se dépouilla de son habit pour le donner à celui qui parois-
soit le plus nud , prit ses haillons dont il se couvrit , 6c passa
le reste de la journée au milieu de ces pauvres avec beau
coup de satisfaction , de se voir revêtu d'un méchant habil
lement , plein d'ordure 8c de vermine , qu'il avoit pris en
échange de celui qu'il avoit donné à ce misérable.
Peu de tems après son retour à Assise se trouvant dans
l'Eglise de saint Damien , 8c priant avec beaucoup de fer
veur devant l'Image du Crucifix , il en sortit une voix , qui
lui dit : Va^ François^ répare ma Maison qui tombe en ruine.
Notre Saint ne comprenant pas que cette voix céleste lui
ordonnoit qu'il s'appliquât a l'édification 8c au salut des
ames , qui font la demeure de Dieu , 6c les Temples de
6 Histoire des Ordr.es Religieux,
Ordri des {'on Saint Esprit , & croïant que c'étoit cette Eglise de saint
F R EKf S _ . •' •II I " t-x
Mineurs. Damien, ( qui véritablement tomboit en ruine j que Dieu
vouloit qu'il réparât > il retourna chez son pere , prit des
étoffes , qu'il alla vendre à Foligny avec le cheval qui les
avoit portétíSi & en porta l'argent au Prêtre qui servoit cette
Eglise , le priant qu'il luisît la charité de le loger chez lui.
Le Prêtre , qui d'ailleurs êtoit fort pauvre , voulut bien le
recevoir , mais non pas son argent , craignant de íe faire des
affaires avec son pere. Ce refus ne découragea pas François,
qui jetta fa bourse fur une fenêtre, & paíTa quelques jours
avec ce bon Prêtre dans la prière , les veilles & les austéri
tés. Son pere n'en aïant point de nouvelles , s'informa de ce
qu'il étoit devenu , & aïant fçu qu'il étoit à saint Damien,
il y vint tout en colère , accompagné de gens pour prendre
ion fils , comme s'il eût été question de poursuivre un voleur.
Dieu qui prenoit la protection de François , le cacha aux
yeux de ce pere furieux , qui n'aïant point trouvé ce qu'il
cherchoit, s'en retourna à Assise , 8c François se retira dans
une caverne , où il demeura pendant quarante jours dans les
jeûnes & les larmes , exerçant fur son corps les austérités les
plus rigoureuses. Mais honteux de fa fuite qu'il regardoit
comme une lâcheté , il sortit de sa retraite déterminé à sup
porter pour l'amour de Dieu tout ce qu'on voudroit lut
faire souffrir. 11 parut dans les rues d'Assise , dans un équi
page si diffèrent de son premier état , qu'on le regarda com
me un fou. On lui jetta de la bouë & des pierres , & les en-
fans le pour fui voient avec de grandes huées. Son pere ac
courut au bruit de ces clameurs , qui rétentifloient par
toute la ville , & voïant que son fils étoit le jouet de toute la
populace , il le fit mener chez lui , où après lavoir chargé
de coups , il l'enferma dans une efpece de cachot , où il lui
fit souffrir toutes sortes d'outrages & de mauvais traite-
mens : mais étant obligé d'aller a la campagne , il en laissa
la garde à fa femme , qui étant persuadée des grandsdef-
feins que Dieu avoit fur son fils , lui donna la liberté.
François se retira aussi-tôt à l'Eglise de saint Damien.
Son pere à son retour l'y alla èncore trouver > mais notre
Saint ne s'enfuit pas comme la première fois , il se présenta
hardiment devant lui , & protesta qu'il éroit prêt à souffrir
toutes sortes de supplices , plutôt que de changer de réso
Ci nqui em e Parti e , Chap. I. 7
lution. L assurance du fils donna de l 'étonnement au pere, Orp* ces
qui voïant ses remontrances inutiles , se contenta de repren- mÎiÍéum*
dre son argent qui étoit encore sur la fenêtre, où François
l'avoit jette. Mais sçachant que ce jeune homme étoit natu
rellement porté à faire des aumônes, & qu'il avoit dessein de
réparer l'Eglise de saint Damien.craignant qu'il ne ruinât sa
famille par ces dépenses, il lui propoíà ou d'acquiescer à ses
volontés ou de renoncer à fa succession. François ne déli
béra point à choilîr le dernier , le pere indigné de ce procédé
qui lui sembloit trop injurieux , l'obligea ae lui rendre tout
ce qui lui restoit d'argent , & pour lui ôter toute espérance
de retour dans la possession de ses biens & de ses héritages ,
il voulut que ce renoncement fût général & accomjjaené
de formalités solemnelles. Ií le mena pour ce sujet a l'E-
vêque d' Assise qui voulut bien recevoir leur concordat.
François ne fut pas plutôt en présence du Prélat qu'il se dé
pouilla de tous ses habits jusqu'à la chemise , & les remit en
tre les mains de son pere , en lui disant , que jusques- là il l'a
voit appellé son pere j mais que dorénavant rien ne l'em-
pescheroit de rapporter cette qualité à Dieu seul, en qui
étoit tout son trésor & son espérance- On découvrit pour lors
qu'il portoit fur fa chair nuë un rudecilice, ce qui commen
ça à découvrir que Dieu seul , & l'amour de la pénitence
étoient le véritable & le seul motif d'un si grand détache
ment des biens de la fortune. L'Evêque touché d'admira
tion embrassant François , le couvrit du manteau qu'il avoit
fur ses épaules , & lui fit donner l'habit d'un païsan , qui se
trouvoitlà, François le reçut comme la première aumône qui
lui étoit faite en í'état de mandiant , où il vouloit demeurer
le reste de ses jours j il y fit une grande croix avec une pierre,
& le disposa même en cette forme , s'en revêtant avec satis
faction.
11 avoit pour lors vingt- cinq ans,& se voïant dégagé de *
tous les biens qui l'avoient retenu dans le siécle , il prit le
chemin de la solitude , afin de s'y appliquer uniquement à
l'acquisition des vertus qui font les véritables richesses &
consolations de Tarne : mais dans letems qu'il n'étoit occupé
que de la joïe que lui inspiroit l'esperance qu'il avoit d'y
trouver son bien aimé , dont il chantoit les louanges en Fran
çois i il tomba entre les mains de quelques voleurs qui ne
8 Histoire p es Qhd k es Religi eux ì
OrdrïeisIuì aïant rien trouvé , & n'aïant pu cirer d'autre raison de
MinivkV. lui , sinon qu'il étoit le héraut du grand Roi , le battirent
cruellement &c le jetterent dans une fosse pleine de neiges,
d'où étant sorti & louant Dieu de ce qu'il le trouvoit digne
de souffrir quelque chose pour son amour , il alla à Eugubio,
où un de ses anciens amis l'aïant reconnu lui donna un ha
bit d'Ermite fort court dont il se servit l'espace de deux ans
avec une ceinture de cuir:ce qui a fait croire aux Ermites de
saint Augustin ,<^u'il avoit d'abord suivi leur Institut ( ce
que nous avons refuté dans un autre endroit.) Le désir qu'il
avoir de réparer l'Eglise de saint Damien le rappella à Assisse
pour satisfaire à cet ordre > qu'il croioit avoir reçu du Ciel.
• 1 1 quêta suffisamment pour y fournir , 6c travailla lui- même
avec les maçons. 11 en repara encore une autre fous le titre
de saint Pierre , & entreprit la même choie à l'égard d'une
troisième dédiée sous le nom de Nôtre- Dame des Anges,qui
étoit entièrement abandonnée. Le lieu où se trouvoit cette
derniere s'appelloit la Portioncule,ainsi nommé à cause qu'il
faisoit une petite partie du bien que les Bénédictins du Mont
Soubaze possedoient, & étoit éloigné d'Assise d'environ une
demi- lieu ë. Ce lieu fut si agréable à saint François , qu'il ré
solut de s'y arrêter & d'y fîxer fa demeure , 8c il y jetta dans
la fuite les fondemens de son Ordre. Il vêcut seul en ce lieu
pendant deux ans. Un jour étant à la Messe il entendit cet
endroit del'Evangile , où Jesus-Christ recommandoit à ses
Disciples , qu'il envoïoit prêcher , de ne point avoir d'ar
gent &. de ne porter ni besace ni deux habits , ni chaussure ,
ni bâton > il le prit pour fa règle & voulut l'observer à la let
tre. II quitta pour sors fa ceinture de cuir pour prendre une
corde , & alla prêcher la pénitence avec tant de ferveur,
qu'il fit des conversions admirables. Quelques-uns de ceux
que Dieu toucha par ses discours , ne se contentant pas de
ce qu'il prescrivoit pour bien vivre dans l'état où l'on se
trouvoit, voulurent le suivre & s'attacher à lui asindel'imi-
ter plus parfaitement. Le premier fut le Bienheureux Ber
nard de Quintavalleriche Bourgeois d'Assise , qui admirant
dans ce saint Fondateur un si grand mépris du monde , as
sembla dans l'Eglise de saint Georges tous les pauvres , les
veuves & les orphelins , leur distribua tous ses biens, & s'é-
tant revêtu d'un habit pareil à celui de saint François , s'as
socia
Cinquième Partie , Chap. I. $
íbcîa à lui le 1 6. Mai i zo?. Sc c'est à ce tems-là que l'on rap- o
porte l'origine de l'Ordre des Mineurs. Le même jour Pierres
deCatanneChanoine d' Assise animé d'un zele de la gloire de
Dieu & d'un ardent désir de la penitence,imita Bernard de
Quintavalle : Gilles d' Assise , qui étoit un saint homme &
craignant Dieu , n'étoit point dans cette ville lorsque Ber
nard de Quintavalle & Pierre de Catanne renoncèrent ainsi,
généreusement au monde» mais à son retour sept jours après
aïant appris ce qui s'étoit passé en son absence , il en fut si
vivement touché qu'il voulut aussi les suivre. Saint François
les aïantlnstruits f ne voulut pas les laisser oisifs. II envoïa,
Bernard de Quintavalle &. Pierre de Catanne dans l'Emilie ,
pour instruire les peuples de l'importance du salut & de la
nécessité de la penitence,& pour lui il alla avec Gilles d'Assise
dans la Marche d' Ancone , où manquant de toutes choses ,
ils s'estimoient heureux d'avoir trouvé le trésor Evangéli
que. Quelques- uns les recevoient néanmoins avec beaucoup
de charité > mais U y en avoit d'autres qui se mocquoient de
la nouveauté de leur habillement , & les regardoient comme
des fous, ee qu'ils souffroient avec beaucoup de joie. Gilles
d'Assise témoigna même son chagrin à saint François de ce
qu'il y en avoit quelques- uns, qui leur faisoient des honneurs,
ce qu'il regardoit comme un affront pour une ame véritable
ment religieuse,qui ne devoit mettre toute fa gloire que dans
le mépris & les opprobres. Saint François fut bien aise de voir
que ses Disciples ne se glorifioient point des honneurs qu'on
leur faisoit , & que les opprobres qu'ils enduroient ne trouw
bloient point la tranquilité de leur ame & n'apportoient au
cun obstacle à la persévérance dans leur vocation.
Quoique ce saint Fondateur ne suivît pas dans les vérité*
Evangéliques qu'il prêchoit à ses peuples,la méthode & l'élo
quence ordinaire des Prédicateurs , il ne laissoit pas de faire
ae grands fruits par ses discours, qui quoique simples étoient
si animés de l'elprit divin , qu'il leur inspiroit l'amour de
Dieu & un ardent désir de la pénitence. En fin après avoir par
couru quelques villes ôt quelques bourgs de ces Provinces>
ces quatre hommes Apostoliques se retirèrent dans leur pau
vre chaumine , où en peu de jours ils eurent un cinquième
Gompagnon,qui fut leFrere Sabattin,donton ignore le pa is*
mais qui étoit un homme d'une éminente vertu. Erere Mo
Tame VU. B-
10 Histoïr e des Ordreí Religieux,
Ordri bis rique se joignit bien toc à euxj& Frère Jean de la Capella ou
f r t r ■ s fa Chapeau , fut le septie'me Disciple de saint François imais
11 rut dans 1 Ordre comme un autre J udas parmi les Apô
tres. C'étoit lui qui avoit foin de distribuer en commun aux
Frères ce qu'on leur donnoit par aumône pour leur subsi
stance» 11 fut souvent repris par saint François de ce qu'il
amaflbit au de là de ce qui étoit nécessaire, de ce qu'il avoic
trop d'attache aux biens & aux affaires temporelles , & une
trop grande familiarité avec les Séculiers 5 mais il ne voulut
point s'en corriger. Il fut le premier qui introduisit le relâ
chement dans l'Ordre j quelques-uns suivirent son exemple,
& introduisirent l'usage des chapeaux, ou plùtôtdes bonnets
ou aumusses pour couvrir la tête , qu'on appelle Capelle , se
lon le langage du païs.- ce qui fit donner à ce Religieux le
nom de fean de la Capella. Saint François lui prédit qu'il
auroit une maladie honteuse & une fin malheureuses & ri
expérimenta l'une 6c l'autre: car il fut tout couvert de lé-
f>re , & bien loin de souffrir ce mal patiemment , il entra dans
e désespoir &. s'étrangla.
Le nombre des Disciples de S.François étant donc augmen
té , il leur enseigna les moiens d'acquérir toutes les vertus ,
mais principalement celle de la pauvreté dont il s'efforçoic
de leur faire connoître le mérite , & de leur persuader la
pratique. C'est pourquoi il les conduisit par la ville d'Assse,
afin de demander l'aumône à toutes les portes , & qu'ils ap
prissent qu'ils n'auroient point d'autre patrimoine que ce que
la charité des personnes pieuses & dévotes leur procureroit.
Outre la honte qu'ils avoient de demander ainsi Paumône,ils
avoient encore à souffrir des paroles piquantes & des raille
ries ,les reproches de leurs parens , les insultes des enfans qui
leur jettoient dé la bouë , & les rebuts de plusieurs person
nes i mais Dieu qui outre la béatitude qu'il promet á ceux
qui souffriront les injures,les mépris & les persécutions pour
ion amour , prévient souvent cette récompense éternelle par
des bénédictions de douceur qu'il fait éprouver à ses Elus
dans le tems de leurs plus grandes amertumes , voulut par
un effet de fa miséricorde raire connoître à ces nouveaux
Disciples de la Croix quelle étoìt son attention à la patience
& au plaisir avec lesquels ils souffroient ces mépris , per
mettant qu'ils trouvassent des gens de bien qui par les libe
Cinquième Partie , Chap. I. n
ralités & les bons craitemens qu'ils leur fìrent,modererent la Ordre dis
rigueur de leur pauvreté , & adoucirent l'amertume des mé- m*n\u &**
pris & des humiliations qu'ils avoient endurées.
Le saint Fondateur voulant enluite les exercer parmi les
étrangers & les inconnus ,les mena dans la vallée de Rieti >
afin qu'ils pussent demander l'aumône avec plus de confian
ce de leur part , & moins de reproches & d'insultes de la part
de ceux ausquels ils s'adressoient. Pendant qu'il y demeura U
y eut plusieurs personnes qui attirées par fa réputation ( qui
commençoit déja à s'étendre) le venoient trouver pour être
instruites par lui des voies de la perfection, & profiter de ses
exemples. II y en eut un, entre les autres , qui ne se conten
tant pas de recevoir des instructions , voulut encore être re
çu au nombre de ses Disciples. Le Saint,après avoir augmen
té fa petite Société jusqu'au nombre de sept, retournai
Assise , oh il instruisit ses Disciples de tous les exercices de la
vie spirituelle,leur faisant de fréquens discours furie Roïau-
med#Dieu, le mépris du monde , l'abnegation de leur vo
lontés les mortifications du corps , afin de les mieux dis-
poíer à l'execution du dessein qu'il avoit de les envoïer dans
les quatre parties du monde, & afin de les prévenir fur toutes
les difficultés &les persécutions qu'ils auroientà souffrir de
la part du monde & du démon. Les exhortations de ce saint
Patriarche , animées du feu de l'amqur de Dieu,& soutenues
par un zele ardent du salut des ames , eurent fur le cœur de
ces Disciples de la Croix tout l'efFet qu'il en avoit espéré :
car un jour qu'il leur parloit de ces Missions , poussés d'une
sainte impatience , ils se prosternèrent à ses pieds , pour le
prier de ne plus différer l'accomplissement de les desirs3qu'ils
regardoient comme les signes assurés des victoires qu'ils se
flatoient de remporter sur les puissances de l'enfer : mais
comme il devoit être le premier à donner Texemple, il prit
un Compagnon , avec lequel il alla d'un côté,après leuravoir
accordé leur demande , en leur assignant d'autres endroits oìt
ils pussent annoncer la pénitence.
Saint François aïant emploie quelque tems à la' Mission
qu'il s'étoit proposée, retourna à Assise , où il lui vint encore
quatre nouveaux Disciples. Il souhaita revoir les autres six,,
qui étoient allés en differens païs , & ne pouvant leur faire
fçavoir fa volonté, faute de sçavoir où ils étoient, il pria Diei*
Bij
ii Histoire des Or.dr.es Religieux,
Ordre dïs de les réiinir ensemble > & en peu de tems il reconnut que fa,
LìneuL! Psiere étoic exaucée : car fans avoir été avertis,ils se trouvè
rent tous au même lieu & dans le même tems , comme saint
François l'avoit souhaité- Ce ne fut pas fans un grand éton
nement de.ces saints Religieux,qui admiroient en cela la Pro
vidence Divine» 8c le S. reçut beaucoup de satisfaction, lors
qu'ils lui racontèrent les travaux qu'ils avoient endurés dans
■ íeur voïage, & le fruit qu'ils avoient fait dans le salut des
ames. II commença pour lors àleur prescrire un Règlement de
vie, & leur ordonna de reciter pour chaque heure de I'Of-
fice trois Pater. II leur recommanda aulîì d'entendre la Messe
tous les jours , voulant que quand ils y assisteroient ils fus
sent plus appliqués à la contemplation des divins Mystères
qu'à la prière vocale. L'année suivante izio. ce saint Fon
dateur aì'ant assemblé ces onze Disciples , il leur dit qu'il
voïoitbien que Dieu vouloit augmenter leur Congrégation,
qu'ainsi il étoit à propos qu'ils se prescrivissent une manière
de vie uniforme , &. qu'ils la fissent approuver par le feuve-
rain Pontife. Ils agréèrent tous fa proposition , & lui dirent
qu'ils étoient prêts de se soumettre à la Règle qu'il leur pres-
criroit. II n'y avoit alors aucune obligation de demander
cette confirmation , Ôc il n'y avoit même aucun exemple que
l'on eût déja contraint quelque Ordre Religieux à la de
mander } mais saint François le voulut faire pour mieux af
fermir le sien , de peur qu'il ne lui arrivât de même qu'aux
Vaudois ,dont l'Institut avoit été rejetté par les Papes Lu-
cius & Innocent III. II écrivit donc la même année fa
Règle. Elle écoit divisée en vingt trois Chapitres , qui con-
tenoient vingt- sept préceptes , que les souverains Pontifes
ont declaré-obliger fous peine de péché mortel j & c'est de
ces vingt sept préceptes que les trois vœux ordinaires de
Religion, qui font communs à tous les autres Ordres , font
environnés comme de forts remparts qui défendent les Re
ligieux de cet Ordre de toutes sortes de transgressions.
Premièrement pour la défense de la pauvreté , saint François
rejette comme une peste dans son Ordre tout maniement
d'argent , soit par soi-même, soit par quelqu'autre personne
interposée. II prescrit la qualité, la quantité & la valeur des
habits. Une tunique avec un capuce , une autre fans capuce, „
.( si la nécessité le demande ) avec une corde ou ceinture > &
Cinquième Partie., Chap. I. ij
lin caleçon. C'est tout ce qu'il accorde pour vêtement àcha- Or»re de«
que Religieux , & il leur permet de rapiécer leurs robes avec M^tuas!
des sacs ou quelqu'autre étoffe vile. II leur défend d'aller à
cheval , ôc d'avoir des chaussures > 8í afin que cela puisse être
pratiqué exactement, & que la propriété ne se puisse intro
duire sous aucune apparence , il donne le foin aux Ministres
&aux Custodes de pourvoir à la nécessité des infirmes , à
l'habillement des Frères , & généralement il leur laisse le foin
de pourvoir à tous leurs besoins, autant que la pauvreté & la
charité le pourront permettre.
Pour conserver le précieux trésor de la chasteté , il dé
fend très rigoureusement les conversations avec les femmes,
l'entrée dans les Monastères de Religieuses i la délicatesse
dans les habits & le manger,les commodités dans leurs vola
ges,^ leur ordonne la nudité des pieds , les- jeûnes de tous
les Vendredis de Tannée, ceux depuis la Touffaints jusqu'à
Noël & depuis TEpiphanie jusqu'à Pâques, fans parler des
autres mortifications & pénitences capables de contribuer à
l'acquisition de cette vertu & de réprimer les ardeurs de la
concupiscence,leur recommandant aussi la pratique de Torai-
son ( que ce Saint veut que Ton préfère à Tétudedes Lettres
humaines ) principalement 1'Ofrîce Divin , dont U fait un
précepte tant pour les Clercs que pour les Frer.es Laïques.
Ce qu'il ordonne pour servir de remparts & de défenses à
l'obéïssance , c'est le renoncement à fa propre volonté pour
suivre aveuglément celle de ses Supérieurs fans apporter
aucune raison , fans réserve & sans aucune limitation dans
toutes les choses qui ne font point contraires à la Règle > Sc
afin d oter tous les scrupules que les Religieux pourroient
avoir au sujet de cette même Règle , il les renvoie aux Su
périeurs pour lever leurs doutes & mettre leur conscience en
repos. 11 y ajoute encore dix huit avis ou Instructions qui
n'obligent point à péché mortel, & qui regardent la manière
avec laquelle les Religieux se doivent comporter dans toutes
leurs conversations intérieures & extérieures , soit par rap-
{>ort à eux soit à l'egard du prochain, dans la Maison ou dans
es voïages , avec les Religieux ou avec les Séculiers. A ces
préceptes & à ces avis, il y joint encore douze conditions né
cessaires pour la réception des Novices, & six que l'on ap
pelle les libertés de la Règle, qui contient en substance ce que
B iij
14 Histo i re des Ordres Religieux,
Ordre des nous venons de dire .Les Diíciples de saint François l'aiant
m.iw'eurs! agréé, il alla avec eux à Rome trouver le Pape Innocent
III. qui ne l'écouta pas d'abord & qui le rejetta même avec
indignation s mais François fans se rebuter íe retira avec sa
troupe à PHôpital de saint Antoine & íe contenta de recom
mander son affaire à Dieu en qui il mettoit toute sa con
fiance. Ce ne fut pas en vain , car dès le lendemain le Pape
l'envoïa chercher & lui donna une audience favorable íur
un songe qu'il avoiteu la nuit, d'une palme qui étoit cruë à
ses pieds ôc qu'il avoit interprété en fa faveur , & fur ce
qu'il lui avoit semblé voir saint François soutenir l'Eglise de
Latran qui étoit prête à tomber. Le Pape fit examiner sa
Règle dans la Congrégation des Cardinaux & 1 approuva
de vive voix après que l'on eut levé les difficultés qu'on y
avoit trouvées t'ouchant cette grande pauvreté qu'il y preí-
crivoit & qu'on croioit presque impraticable. II leur ordonna
de prêcher par tout la pénitence, d'étendre la Foi Catholi
que de toutes parts, & fît faire de petites couronnes à tous les
Frères Laïcs qui accompagnoient le saint Fondateur , afin*
qu'ils fussent distingués davantage des Séculiers, & qu'ils
puílent aider les Prêtres dans les fonctions de leurs ministè
res. Wadingue dit qu'il y a encore despaïsou les Frères
Laïcs portent.de ces fortes de couronnes j mais elles ne font
plus en usage dans le reste de l' Ordre, parce que cette grâce
que leur avoit accordée ce^Pontife servit d'occasion dans la
fuite à quelques-uns de tomber dans l'orgiieil , & à leur en
fler le cœur en voulant se comparer aux Prêtres à qui ces»
couronnes appartiennent de droit.
Quoique saint François eût écrit fa Règle & l'eût fait ap
prouver parle Pape Innocent III. Pan izio. il n'avoit pas-
encore de Couvent formé & n'avoit demeuré jusqu'alors
avec ses Compagnons que dans une pauvre chaumine pro
che d'Assise. Aïant quitté la ville de Rome, & voulant
obéïr aux ordres du Pape qui lui avoit ordonné de précher
la pénitence, rl alla du côte de Spolettei & comme dans le
chemin , il s'entretenoit avec ses disciples des moïens de
mettre en pratique leur Règle , étant las & fatigués & touc
atténués par la faim , ils s'arréterent dans une solitude où ils
ne trouverert rien à manger j mais la Providence Divine,
«jui est attentive à fournir la nourriture nécessaire aux ani
Cinquième Parti e , Chap. I. *5
jnaiíx mêmes les plus vils & les plus méprisables , n'aban- Ordre dm
donna pas ses serviteurs dans leur besoin. Car un homme se L^Jw.tt
présenta a eux , qui leur donna un pain & disparut ausfi tôt,
ce qui les confirma dans la résolution qu'ils avoient prise ,
d'observer exactement la pauvreté.
Us arrivèrent à Orli , petite ville de l'état Ecclésiastique
sur les Frontières de Toscanne, du côté de Lombardie. ils
trouvèrent dans une plaine proche de cette vi'le une Egise
abandonnée, dans laquelle ils entrèrent pour faire leurs priè
res, & résolurent de demeurer quelques jours dans ce lieu,
jusqu'à ce que Dieu leur eût fait connoîere celui où il vou-
loit qu'ils fixassent leur demeurej ils ne furent pas oisifs pen
dant ce tems-là : car ils alloient continuellement à la vil e
pour y instruire le peuple , & y firent beaucoup de conver
sions. Le grand concours de monde qui les venoit trouver
troublant le repos de ces bons Religieux , obligea saint Fran
çois d'abandonner ce lieu , qui d ailleurs lui paroissoit trop
agréable. Il passa dans la vallée de Spolette , où après avoir
conféré avec ses compagnons , pour sçavoir s'il etoit p'us à
propos qu'ils restassent dans des lieux soliraires que dans
des villes , ils se mirent en prières pour connoître la volonté
de Dieu > ils furent exauces ; car Dieu manifesta à ce saint
Patriarche qu'ils étoient destinés à la conversion des ames.
l 's retournèrent à leur première chaumine proche d'Assise,
qui étoit si petite qu'ils ne pouvoient pas même s'y asséoir
tous , ni étendre leur corps etant couchés > mais comme il y
avoit plusieurs personnes qui demandoient d'entrer dans leur
compagnie, & que d'ai leurs ils n'avoient point d'Egliíe,
saint François chercha un lieu plus commode & plus ample
pour y recevoir ceux qui vouloient entrer dans Ion Ordre.
II s'adressa à l'Evêque & aux Chanoines d'Assise , pour les
prier de lui donner une Eglise > mais comme ils n'en avoienc
point qu'ils voulussent quitter, le Saint en demanda une aux
Bénédictins du Mont- Soubaze, qui lui accordèrent celle de"
Notre-Dame des Anges appellée de la Portioncule : il n'en
pouvoit pas avoir une qui lui fût plus agréable , puisqu'il
avoit toûjours eu beaucoup de dévotion pour cette Eglife
qu'il avoit autrefois réparée, &oùil avoit conçu les pre
miers desseins d'établir son Ordre. Saint François n'en vou
lut avoir que l'usage , afin que lui & ses enfans parussent
T
lé HlSTOTRE DES ORDRES R.E LIGlEtsX,
Ordrïbis écrangers fur la terre s & pour faire voir qu'elle ne lui ap-
MikéuL* partenoit pas , & qu'il ne la tenoic que de la libéralité des
Religieux Bénédictins de Soubaze , il leur envoïoit tous les
ans un panier plein de petits poissons que les Italiens appel
lent lajchi j & qui fe pêchent dans une rivière voisine , ce
^ue les Bénédictins recevoient agréablement , estimant plus
ce présent que tous leurs autres revenus , & ils envoïoient
aulîì de leur côté un vase plein d'huile àces pau vresReligieux.
Ce fut dans ce pauvre lieu que les fondemens de l' Ordre
des Mineurs furent jettés. C'est cette pauvre maison qui
en a produit tant de milliers d'autres 5 & de laquelle font
sortis tant d'illustres Martirs qui ont combattu pour le nom
de Jésus- Christ , & qui l'ont fait connoître par toutes les
Î>arties du monde, qui a donné tant de Docteurs & de Pré-
ats à l'Eglife , qu'ils ont édifiée par la sainteté de leur vie
& soutenue par la pureté de leur doctrine. Quoique saint
François eût dit plusieurs fois que cette petite maison lui
suffisoit, qu'il ne voulût pas qu'on l'augmentâtr& qu'il en
eût fait abbatre les couvertures qui lui avoient paru trop-
somptueuses , ellea néanmoins été tellement augmentée qu'il
y a ordinairement plus de deux cens Religieux qui y de
meurent de famille. L'on y voit encore la petite Chapelle de
Notre- Dame des Anges y qui est comme la Maison de Lau-
rette , au milieu d'une vaste & magnifique Eglise > qui est
un des plus beaux édifices de toute I'Italie,& quia été beau
coup embellie par les libéralités des GrandsDucs de Toscan-
ne. Vis- à vis de cette Eglise le Grand Duc Côme de Medicis
fit faire une belle fontaine pour la commodité des Pèlerins
qui y abordent de toutes parts , pour gagner l'indulgence
dont nous parlerons dans la fuite , & ce Prince y fit con
duire l'eaupar une aqueduc quiaplus d'une lieuë & demie
de longueur.
Saint François & fa petite troupe s'etant établis dans cette
maison- , ils reçurent la même année de nouveaux compa-
gnons , dont les principaux furent Léon , Etienne ,. Léo*
nard & Simon d'Assise , Massée, Junipere , Illuminé & urt
autre Simon de Colloaano. L'année suivante l'Ordre com
mença à s'étendre tant par les Couvents , que l'on donna à
ce saint Fondateur à Cortone , à Angheret', à Piscia , à
Pise» à saint Geminien & en d'autres lieux, que par Ifc
grandi
CiNQjJiEME Partie , Chap. I. iy
grand nombre de Disciples, qui le venoienc trouver de toutes °
parts , attirés par ses prédications , ou par celles des autres mikiuksì
Religieux , qu'il avoit envoïés en plusieurs endroits pour
l'instruction des peuples. Ce fut dans le Couvent de Cor-
tonne qu'il donna la même année l'habit à frère Helie , qui '
fut son íùccesseur dans le gouvernement de l'Ordre,mais
qui n'imita pas la sainteté de son Maître , comme nous di
rons dans la fuite. L'Ordre fit encore de grands progrès en
Italie , & dans d'autres Provinces. Le Saint entreprit le voïa-
ge d'Espagne , dans le dessein d'aller ensuite en Afrique , où
il esperoit trouver le martire parmi les Maures , ôí répandre
son íàng pour la Foi de Jésus - Christ. II fut reçu favora
blement d'Alphonse pere de Blanche , qui fut Reine de
France & mere de saint Loiiis. Ce Prince lui permit de fon
der un Couvent de son Ordre à Bur^os, & étant allé par
dévotion à saint Jacques de Compostelle , il y fit un autre éta
blissement & en obtint d'autres en plusieurs endroits de ce
Roïaume. D'Espagne il alla en Portugal d'où écant retour
né dans le même Roïaume , il y fit encore de nouveaux éta-
blissemens. Par tout où il paffoit il laissoit des marques du
pouvoir que Dieu lui avoit donné fur les maladies, fur les
démons , fur les animaux , & même fur le cœur de l'hom-
me , par les conversions extraordinaires qu'il faifoit. Mais
il ne put exécuter le dessein qu'il avoit pris d'aller annoncer
la Foi de Jefus-Christ aux Infidèles du Roïaume de Ma
roc > car il fut arrêté par une autre maladie, qui lui fit juger
que Dieu refervoit cette conquête à d'autres & qu'il le rap-
pelloit en Italie. Il y revint l'an i z 15. dès que fa santé le lui
permit, & toute sa route ne fut qu'une fuite de prodiges.
Etant arrivé au Couvent de Notre- Dame des Anges , il re-
primenda Pierre de Catane son Vicaire , de ce qu'il avoit
fait faire en son absence une nouvelle maison pour recevoir
les hôtes , & il la vouloit faire abbatre , disant que ceux
qui y venoient , dévoient auflì souffrir patiemment les in
commodités de la pauvreté > mais on lui fit tant d'instances
pour la laisser comme elle étoit, qu'il y consentit, Le Comte
Orlando de Catane lui aïant donné pendant son absence
le Mont Alverne , & les Religieux qui y demeuroient & quir
ì'étoient venu trouver pour le saluer à son retour , luiaïane
fait la description de ce lieu Solitaire y des douceurs & des
Toute FIL Ç
i8 Histoire des Ordres Religieux ,
Chapitre II.
«
i8 Histoire des Ord res Re li gieux,*
Or drï dis après saint François. Ce qu'il fit de mieux pendant tout Ië
MiAuj» tems qu'il gouverna l'Ordre , fut qu'il procura la canonisa
tion de ce saint Fondateur , que lePape Grégoire IX. fît avec
beaucoup de solemnité l'an 1218. & étendit son culte dans
toute l'Eglise,en fixant fa Fête au 4. Octobre, par une Bulle
qu'il publia l'an 1 130. On n'eut pas plutôt achevé la cérémo
nie de la canonisation,quel'on travailla aux fondcmens d'une
Egalise magnifique > qui devoit être dédiée en son honneur ,
pres des murs d'Assise. Le Pape voulut mettre la première
pierre , & donna de grosses sommes pour contribuer à cet
édifice , dont il donna le foin au Général Helie , qui par une
transgression manifeste à la Règle du saint Patriarche , fit
mettre des troncs dans cette Eglise, 6c faire une quête d'ar
gent dans toutes les Provinces. Nous verrons dans les Cha
pitres fuivans ,en parlant des Cefarins & des autres Réfor
mes, les troubles que cela causa dans l'Ordre, aussi bien que
le relâchement que quelques autres Généraux introduisi
rent dans la fuite. Nous nous contenterons de rapporter ici
en peu de mots letat présent de cet Ordre, qui s'est étendu
dans toutes les parties du monde, où nonobstant les Hérésies
dont l' Angleterre , l'Ecoíîe, l'Irlande, le Dannemarck ,1a
Suéde , la Hollande, & plusieurs autres Provinces , tant en
Allemagne que dans d'autres pais , ont été infectées , & où
l'Ordre de saint François a perdu une infinité de Monastè
res de l'un &. l'autre sexe, il ne laisse pas d'avoir encore plus
de sept mille Maisons d'Hommes, tant de l'Observance,
Déchaussés , Réformés , Recollets, Conventuels , Capucins,
que du Tiers Ordre, dans lesquels il y a plus de cent quinze
mille Religieux, & plus de neuf cens Monastères de Filles ,
tanc Clarisses & Urbanistes , que du Tiers Ordre, de la Con~
ception Sc. Annonciades , toutesfoûmises aux Supérieurs du
premier & du troisième Ordre , dans lesquels il y a plus de
vingt huit mille trois cens Religieuses : ce qui se connoît par
les Chapitres Généraux de ces différentes Congrégations ,
où l'on fait toujours le calcul des Maisons & des Religieux
& Religieuses , fans compter les Monastères de Filles , qui
font fous la Juridiction des Ordinaires des lieux où ils font
situés , & qui font aussi en très grand nombre.
Tout l'Ordre de saint François est divisé en plusieurs
branches, qui font les Religieux de l'Observance, les Dé
Cinquième Partie , Chap. II. 19
chaussés , Réformés , 6c Recoilets , qui se disencde I'Etroice Ordrî de»
Observance , les Conventuels & les Capucins, qui forment m?neu*s!
tous le premier Ordre, Les Clarisses , Urbanistes & Capuci
nes , qui font du second Ordre j & le troisième , qui n'avoit
été institué par saint François , que pour des Séculiers,com-
prend aussi des Religieux &í Religieuses , qui forment diffé
rentes Congrégations. Les Religieux du premier Ordre de
l'une & l'autre Observance sontdiviïes en Famille Cifmon-
taine & Ultramontaine. La Cismontaine comprend les Cou-
vensquisont en Italie,ceux d'Allemagne Superieure,l'Hon-
grie , la Pologne , & les autres qui font en Syrie , & dans la
Palestine. L' Ultramontaine est composée de Couvens de
France , d'Espagne , de l'Allemagne Inférieure , de Saxe ,
jusqu'au Continent, les Isles de la Mediterrannée , l'A-
frique , l'Asie & les Indes. L'une & l'autre Famille est
encore divisée en Provinces, Vicairies & Custodies. On
entend par Provinces l'union de certain nombre de Cou
vens fous un Chef , qui dépend du Général. On appelloit au
commencement de l'Ordre Vicairie, quelques Couvens unis
enfemble,qui,à cause de leur petit nombre ne pouvoient pas
joiiir de la Dignité & des prérogatives des Provinces. Sous
le Pape Eugène IV. les Congrégations Provinciales de
l'Obíervance , -quoique considérables par le grand nombre
des Couvens , n'avoient néanmoins que le titre de Vicairies*
parce qu'elles étoient subordonnées au Ministre Provincial
de la Communauté ou des Conventuels > & l'on appelloit
Ficaires Provinciaux , ceux qui étoient Supérieurs de ces
Congrégations , parce qu'ils étoient obligés de demander
leur confirmation au Provincial j mais elles ne laissoient pas
de joiiir des prérogatives des Provinces: ce qui dura jusqu'à
la Bulle d'Union de Léon X. dont nous parlerons dans la
fuite.
On appelloit auíïi Custodies au commencement de l'Ordre,
quelques Couvens qui faifoient partie d'une Province,qui,à
cause de sa trop grande étendue , ne pouvant pas être gou
vernée par les Provinciaux , étoit divisée en plusieurs Custo
dies, gouvernées par des Custodes , dépendans toujours
néanmoins du Provincial de cette Province, qui étoit obligé
d'y faire la visite tous les ans. Présentement les Custodies ont
succédé aux Vicairies : & celles qui ne dépendent d'aucun
30 Histoire des Ordres Religieux;
Orore Drs Provincial ,ibnt immédiatement sujettes au Général. Elles
Miméu»s tiennent leurs Chapitres en particulier , ont un Diffinitoire
Custodial, & se gouvernent d'elles- mêmes fous l'autorité
d'un Custode, &. les Préfectures font les Missions parmi les
Infidèles.
La Famille Cifmontaine a soixante- six Provinces , trois
Custodies > & six Préfectures > l' Ultramontaine a quatre-
vingt une Province, & plusieurs Custodies ; 6c toutes ces
Provinces 6c Custodies font soumises à un Général , qui
prend la qualité de Ministre Général de tout l'Ordre de saint
François. II a encore fous fa Jurifdiction.les Clarisses &L
Urbanistes, & les Religieux du Tiers- Ordre de S. Fran
çois , qui ont une Province en Portugal , deux en Espagne >
& quatre en France. Les Conventuels o"Bt un Général , qui
prend le titre de Maître Général des Frères Mineurs Con
ventuels j & les Capucins en ont aussi un, qui se dit Ministre
Général des Frères Mineurs Capucins. Les Religieux du
Tiers-Ordre en Italie, en ont aussi un particulier, que
ceux de Flandres reconnoissent pour Supérieur- Ceux d'Al
lemagne font peu connus , & font bande à part , la plupart
étant fournis aux Evêques.
Le Général de tout l'Ordre de saint François, est à l'al-
ternative de la Famille Cifmontaine ou de l' Ultramontaine,
& depuis un tems considérable on choisit toujours un sujet
du Roi d'Eípagne. Comme la R'egleniles Statuts de l'Or
dre , ne marquent point le tems que doit durer son Office,
les premiers Généraux lexerçoient jusqu'à leur mort , à
moins qu'ils n'y renonçassent volontairement comme firent
les Bienheureux Jean Parent & Jean de Parme , ou malgré
eux comme firent Raimond Gaufredy , par ordre de Boni-
face VIII. & Gilles Delphino. II y en a même qui ont été
déposés , comme Helie de Cortonne , Crefcenza Esius , Mi
chel de Cefene , Antoine de Massa , Raimond de Cottignola
& Paul Pifoti j mais en ôtant à ce dernier le gouvernement
de l'Ordre,on lui laissa le titre de Général. Le Pape Jules 1 K
qui avoit été pendant vingt- six ans Protecteur de l'Ordre
avant que de monter au Souverain Pontificat, voïantque
l'Office de Général qui étoit à vie apportoit un préjudice
considérable à l'Ordre, le réduisit à six ans feulement, dans
le sixième Chapitre Généralissime qui se tint à Rome l'aai
Cinquième Parti e , Chap. II. 3t
150^. après la renonciation forcée de Gilles Delohino.Rai- or
mond de Cottignola fut é u pour le premier General pour
six ans conformément à cette réduction de Jules 1 1. Pie V.
par une Bulle de Tan 1 571. ordonna que les Généraux exer-
ceroicnt leur Office pendant huit ans , mais Sixte V. Tan
1587. le réunie à six ans , comme il avoit été ordonné par
Jules 1 1. Si le Général meurt avant que d'avoir fini ce tems,
ou qu'il soit élevé à quelque dignité de l'Eglise , on lui sub
stitue un Vicaire Général qui est élu par les Pères Discrets
perpétuels de POrdre , qui sont ceux qui ont exercé l' Office
ae Général ou qui ont été Vicaires Généraux pendant deux
ans , s'ils font présens dans l'une ôc l'autre famille c'est-à-
dire Cismontaine ou Ultramontaine , ne devant point être
appellés s'ils font absens 5 dans la Famille Cismontaine on
doit appeller à l'élection le Procureur Général , le Commis
saire Général en Cour de Rome , le Procureur Général des
Réformés , tous les Diffiniteurs Généraux Cismontains , 6c
les Ultramontains qui se trouvent au lieu de l'élection auíïï-
bien que le Provincial , le Vicaire ou Commissaire de la Pro
vince dans laquelle se fait l'élection , & dans la Famille Ul
tramontaine , le Vicaire Général est élu par le Commissaire
Général des Indes , les Diffiniteurs Généraux de la nation
seulement où se fait l'élection , & les autres s'ils font présens
avec six des Provinciaux les plus proches. Si le Général
avant que de mourir n'a pas fini son premier Triennal , ou
qu'il donne sa renonciation , ou qu'il soit déposé > ou qu'il
íoit élevé à quelque dignité de l'Eglise , le Vicaire Général
qui lui succède ne peut pas gouverner l'Ordre jusqu'au pre
mier Chapitre Général , mais il doit assembler les vœux so-
lemnels de fa Famille & procéder à l'élection non d'un Vi
caire, mais d'un Ministre Général. Qiie-si le Général meurt
avant que d'avoir fini son second Triennal , le Vicaire Gé
néral qui lui est substitué doit finir ce qui restoit de ce
Triennal,& il ne peut être de nouveau élu Général qu'après
seize ans de vacance. Ce qui a toûjours été observé jusqu'en
lan 1700. que le Reverendiísime Pere Jean de Las Torres ,
fut élu Général dans le Chapitre qui se tint à Rome . Ce Gé
néral étantmort l'an i7oi.on lui substitua le Reverendissime
Pere Alfonse de Biezma pour lors Commissaire Général des
Indes 3 qui fut confirmé en qualité de Général par le Pape
Histoire des Ordres Religieux ,
ORDRïms Clément XI. Mais à la fin du second Triennal , n'aïant prx
MjniuLS ^a""e ten*r ^e Chapitre Général à cause de la guerre dont
l'Europe a été affligée depuis l'an 1700. il fut d'abord conti-"
• nué dans son Office pour deux ans par le même Clément X L
par un Bref de l'an 1706. & enfin jusqu'à ta conclusion de la
paix par un autre Bref de l'an 1707. Mais écant mort en
17 16. & les mêmes raisons qui ont empêché l' Assemblée
d'un Chapitre Général depuis 1700. subsistant encore par
les prétentions de PEmpereur Charles V I . fur les Roïaumes
d'Espagne nonobstant la juste possession de Philippe V. le
Reverendissime Pere Joseph de Garcia lui fut substitué par
l'éleotion qui en fut faite selon la pratique de l'Ordreen
semblables cas , ce qui a été confirmé par un Bref de Clé
ment X I. en vertu duquel il jpiiit de tous les droits & de 1*
qualité de Générak
On élit aussi dans les Chapitres Généraux un Commissaire
Général pour la famille dont le Général n'a point été tiré >
pour conserver la paix entre les Religieux de l'une & l'autre
Observance , on décréta dans le Chapitre Général tenu à
Rome en 1664. que le Commissaire Général fera pris à Pal-
*ernative d'entre les Observans 8í les; Réformés, & qu'ils
auroient également des Diffiniteurs Générauxïce qui fut ap
prouvé par le Pape Alexandre VI I. II a le même pouvoir
dans fa famiHe que le Général dans tout l'Ordre , excepté
qu'il ne peut nommer aux Offices dont la-nomination appar
tient de droit au Général. IL peut même faire valoir son au
torité en-présence du Général , excepté dans les Provinces
que le Général s'est réservées. Son Office ne dure que pen
sant un Triennal. Le Général pou voie autrefois, quand bon
lui sembloit.ne pas Assembler de Chapitre, pour en élire un,
autre , & il lui étoit permis de faire élire un Vice- Commis
saire jusqu'au premier Chapitre Général, par les Pères Dis
crets de la famille dont le Commissaire Général étoit tiré.
Dans le Chapitre Général de Rome de l'an 1676. on y fit un
Décret par lequel le Commissaire Générai aussi-bien que les
D4fEniteurs,■ Généraux de la même Famille , exerceroit son
Office depuis un Chapitre Général jusqu'à l'autre) mais In
nocent XI. ne voulut pas approuver ce Décret & mêmele
révoqua par une Bulle , aïanr donné ordre au Général de
tenir un Chapitre poux l'éiedion d'un Commissaire Général:
Ainûi
Cinquième Partie, Chap. II. 35
Ainsi en venu de la Bulle de ce Pontife , après que le Com- Ordri dk$
missaire Général a fini son Triennal , les vocaux de saFa- L*^*^
mille en élisent un autre , à moins que la tenue du Chapitre
ne soit empêchée par la guerre , auquel cas le Général peut
continuer le Commissaire jusqu'à ce que le Chapitre se
puisse tenir > ou bien il peut de ion autorité en nommer un
autre de la même Famille. Ce Commissaire après sonTrien-
nalest Discret perpétuel dans la même Famille, & ne peuc
être de nouveau élu Commissaire Général ou Ministre Gé
néral qu'après avoir vaqué seize ans , à moins qu'il n'en soit
dispensé par le saint Siège.
Les principaux Offices de TOrdre à la nomination du Gé
néral , font ceux de Commissaire des Indes résidant à la
Cour du Roi d'Espagne , le Commissaire en Cour de Rome
& le Procureur Général de la Régulière Observance qui
étoit autrefois commun pour tous Tes Religieux de l'une &
l'autre Observance > mais les Réformés d'Italie en obtinrent
un du Pape Clément VIII. l'an 1603. II fut d'abord institué
par les Généraux > mais par un Bref d'Urbain V 1 1 1. de l'an
i6$i. il est présentement à la nomination du Cardinal Pro
tecteur. L'an 1633. on accorda aux François un Agent en
Cour de Rome , mais ils ont aussi obtenu un Procureur Gé
néral l'an 1704. 11 n'y a néanmoins que le Procureut Gé
néral de l' Observance qui ait place dans les Chapelles Papal-
les. Le Général nomme auffi le Gardien du Couvent du
Mont de Sion à Jérusalem ou du saint Sepulchre , lequel
est Commissaire & Nonce Apostolique dans la Terre-
Sainte & a droit de se servir d'ornemens Pontificaux. Le
Couvent d' Araceli à Rome , & le Grand Couvent des Cor
deliers de Paris sont auffi soumis immédiatement au Géné
ral , auífi-bien quel'hospice des Pénitenciers de la Basilique
de saint Jean de Latran à Rome qui sont des Religieux Ré
formés j le Couvent de saint Pierre In- mont- Orio de la mê
me ville où l'on enseigne les Langues Orienuies , le Gar
dien de Constantinople qui est Commissaire fur Tes Couvens
de Chio de Smyrne & quelques autres du Levant, les pau
vres Clarisses de Madrid , & de Vienne en Autriche , le*
Urbanistes du célébreMonastere du saint Sacrement de Na
ples , & celles de sainte Marie Egyptienne de la même ville*
L'Ordre de saint François a donné à l'Eglise quatre Papes
Tome VU. E
34 Histoir e des Ordr es Relisieux ,
Oudre »is qui sonc Nicolas I V. Alexandre V. Sixte IV. & Sixte V.
Muítûxs! 45- Cardinaux,un nombreinfini de Patriarches,d'Archevê-
ques,& d'Evêques & deux Electeurs du saint Empire,tant de
personnes illustres par leur science & par la sainteté de leur
vie, qu'il est presque impoíîìbled'en faire le détail , non plus
que des Missionnaires que cet Ordre a produits dans les sié
cles passés , qui se sont étendus dans tant de païs differens
que l'on peut dire qu'ils ont fait entendre leur voix par toute
la terre, 8c qu'ils ont porté la parole de Dieu jusqu'à ses ex
trémités les plus reculées , fans parler de ceux qui font en
core présentement occupés dans les quatre parties du monde
à la conversion des Infidèles, Hérétiques & Schifmatiques.
II se glorifie d'avoir quarante six Martyrs qui ont été mis au
Catalogue des Saints & dont on faitl'Office dans tout l'Or-
dre : il y en a dix- sept qui ont été canonisés fous le titre de
Confcsseursj plusieurs autres à qui l'Eglife a donné le nom
de Bienheureux & dont elle a permis de faire l'Oflîce: l'an
i6z8. dans le Chapitre Général qui se tint à Rome , l'on en
comptoit quatre vingts dont on poursuivoit la canonization,
, & ce nombre est augmenté depuis ce tems-là jusqu'à cent
quatre,ausquelsonpourroitencoreajouterplus de deux mille
autres personnes de l'un & l'autre sexe qui ont répandu
leur sang pour le nom de Jésus- Christ , ou qui ont mérité
d'être regardés comme Saints par la pureté de leur vie , la
rigueur de leur pénitence & le don des miracles. Sans parler
de saint Bonaventure qui a mérité le titre de Docteur Se-
raphique , de saint Antoine de Padouë.de saint Bernardin de
Sienne , de saint Jean Capistran , & de S. Louis Evêque de
Toulouse , qui ont fait un des plus beaux ornemens de ce
même Ordre , qui se glorifie d'avoir eu aussi Alexandre de
Halés maître de saint Bonaventure,& Jean Duns surnommé
Scot ( à cauíe qu'il étoit Ecossois ) auquel on a donné le
nom de Docteur subtil , pour avoir défendu avec autant de
force que d'érudition la vérité de l'Immaculée Conception
de la sainte Vierge que l' Ordre prit pour Patrone sous ce
titre , dans le Chapitre Général qui se tint à Tolède l'an
1645. Nous irions trop loin si nous voulions parler de tous
les célèbres Ecrivains qui en font sortis. Wadingue en a
donné un Catalogue qui contient un volume in folio & dont
le nombre a été bien augmenté depuis l'an 1650. qu'il fut im
Cinquième Partie , Chap. II 35
primé à Rome. Les personnes qui ont été emploïées par les Ordredis
Souverains Pontifes Ôcles Princes de l'Europe dans les Le- m*n\um
gâtions ôc les affaires importantes font auífi en trop grand
nombre pour en faire un détail. Le PapeGregoire IX. donna
ordre à Haimon Général de l'Ordre , de réformer le Bré
viaire ôc le Missel Romain ôc les corrections qu'il y fit ne fu
rent pas feulement reçuës dans l'Ordre de laint François >
mais elles le furent aussi dans toute l'Eglife. Clément VII.
donna ordre aussi au Cardinal Quignonez qui avoit été Gé
néral du même Ordre de compoíer un Bréviaire particulier
pour les personnes de fa Cour , qui fut approuvé par son
successeur Paul III. & imprimé pour la première fois à
Rome en 1555- La commodité de ce Bréviaire qui étoit fort
court , 8c diíposéde telle sorte qu'on lisoit l"Ecriture- Sainte
pendant toute Tannée & le Pseautier entier chaque semaine»
fît que plusieurs personnes voulurent s'en servir, il n'y avoit
que les Prêtres ôcles Clercs Séculiers qui le pussent réciter,
& encore avec une permission particulière du saint Siège , ce
qui dura jusqu'à la réformation du Bréviaire Romain faite
l'an 1568. par ordre de Pie V. qui supprima tous les autres
Bréviaires, spécialement celui du Cardinal Quignonez,dont
il y avoit eu un très grand nombre d'éditions , mais joutes
falsifiées a la réserve des trois premières qui font très rares.
Outre la Bible d'Alcala en Langue Latine , Grecque , Hé
braïque 5c Chaldaïque , que le Cardinal Ximenés fit faire
à ses dépens 5 on lui est aussi obligé de nous avoir conservé
l'ancien OfEceMozarabique dont les exemplaires font deve
nus très rares , principalement le Missel , quoiqu'il en eût
fait tirer un très grand nombre d'Exemplaires.
Le véritable habillement de saint François , consistoit en
une robe de méchant drap de couleur de cendre , avec un
capuce pointu attaché à la même robe faite en forme de sac*
comme on le peut voir dans l'estampe qui est au commence
ment de ce Tome. Ses premiers discipîesétoient aussi habil
lés de la même manière. De toutes les Congrégations qui
subsistent encore sous le nom de Frères Mineurs , comme
Observants , Déchaussés , Reformés , Recollets , Conven
tuels & Capucins , il n'y a que l' habit de ces derniers qui
approche le plus de celui de saint François , ils ont feule
ment élargi 6c alongé le capuce , par la forme piramidale
3^ Histoire des Ordres Religieux;
Ordrï des qu'ils lui ont donnée- La pauvreté de cet habillement ne tas-
Meneurs Pas long-tems à être altérée par la vanité du Pere Helie>
qui aïant pris un habit plus ample en fut repris par faine
François, d'une manière autant severe qu'elle étoit humi
liante : car ce saint Fondateur le lui aïant demandé s'en re
vêtit , & après s'être promené avec ostentation en présence
de ses freres,du nombre desquels étoit ce premier infracteur
delapauvretéjille dépouilla & le jetta par terre avec indigna
tion, en disant que les bâtards de l'Ordre étoient ainsi ha
billés. Saint Bonaventure dans le Chapitre Général de Nar-
bonnel'an 1166. fit du changement dans l'habillement , pre
mièrement , afin que les Religieux fuíTent distingués des
bergers , & secondement pour ôter un abus que quelques-
uns avoient introduit , qui étoit de porter des capuces am
ples qui ne pouvant pas bien couvrir leur tête,les obligeoient
à y ajoûter des aumusses j c'est pourquoi il ordonna que les
capuces íeroient ronds , attachés à une espece de mozette
auísi ronde pardevant, qui se terminoit en pointe par der
rière. La différence qu'il pouvoit y avoir entre ces íortes de
capuces , & ceux queportoient les bergers de ce tems-là;
c'est que les capuces des bergers étoient pointus & longs, &
ceux que saint Bonaventure fit prendre à ses Religieux
étoient ronds ôc courts 5 mais les uns & les autres avoient des
mozettes, & il y a bien de l'apparence que les bergers les por-
toient encore de cette forme fur la fin du quatorzième siécle
& le commencemt ducinquiémej car j'ai veudes Heures en
velin , qui étoient àl'usagedu Cardinal Jean d'Armagnac,
mort l'an 1 409. où entre les mignatures qui y font , il y a un
berger représenté avec un capuce pointu & une mozette,
comme on peut voir dans la figure que nous avons fait gra
ver. II y a bien de l'apparence que cette forme d'habille
ment qui fut ordonnée dans le Chapitre de Narbonne , ne
fut pas introduite tout d'un coup dans l'Ordre, puisque dans
la Mosaïque que le Pape Nicolas IV. fit faire dans la Basi
lique de saint Jean de Latran,saint François y est représenté,
avec un capuce long & pointu , assez semblable à celui des
Capucins , qui ont toujours fait tant d'estime de la décou
verte qu'ils avoient faite de ce capuce long & pointu , qu'ils
ont souvent intenté procès aux autres Congrégations de
l'Orcire , au sujet de l'habillement , particulièrement aux
cLll tc-mj de J sJ^ranccnj- 2
d*J><rMyf.
r
-
Chapitre III.
Chapitre IV.
■
Ctnqijume Partie , Chap. IV. 45
tenu Tannée précédente à Assiíe , après que le Cardinal f r e r e s
Matthieu d'Aquas Spartas cut enfin renoncé au gouver- oTtm«s.
nement de l'Ordre . leur donna la liberté j voïant qu'ils
n'avoient été persécutés que pour avoir pris la défense de la
{)auvreié & de TObservance Reguliere,pour laquelle il étoit
ui même fort zélé: & pour faire voir l 'estime qu'il faisoit de
Pierre de Macerata j il lenvoïa avec quelques autres Reli
gieux au Roi d'Arménie , qui lui en avoit demandé.
Ce fut fous le gouvernement de ce Général, que quelques
Religieux del'Ordre,poussés d'un íaint zele après l'elevation
deCeleûin V. au souverain Pontificat, voulant mener une
vie plus austère & retirée,s'adresserent à ce Pontife,qui avoit
toujours eu de l'inclination pour la vie Eremitique , & lui
demandèrent permission de vivre aussi dans la solitude,& d'y
pratiquer à la lettre la Règle de saint François. Us députè
rent vers fa Sainteté les Pères Libérât & Pierre de Macerata,
qui étoit de retour de son voïage d'Arménie > & le Pape qui
etoit à Aquila,leur accorda l'an 1194. ce qu'ils dtman ioient,
dans le delir d'une plus grande perfection j & afin qu'ils ne
fussent pas inquiétés par leurs Supérieurs, il leur ordonna de
quitter le nom de Frères Mineurs , & de prendre celui de
fautres Ermites CelefimSt & d'obéir au Pere Libérât comme
à leur Supérieur. '
Ceux qui gouvernoient l'Ordre furent fort fâchés de cette
séparation i mais ils n'osèrent inquiéter ces pauvres Ermites
jusqu'à ce que le Pape Celestin aïant abdiqué la même an
née le Pontificat , Boniface VIII. futmis à fa place. Pour
lors ils commencèrent à chercher les moïens de faire rentrer
dans l'obéïssance de l'Ordre , les Ermites Celestins j qui
craignant les effets de leurs poursuites , se retirèrent en
Grcce où. ils demeurèrent quelque tems dans une iíle de
l' Achaïe. Le Pape cependant nomma Raimond Gaufredi à
l'Evêché de Padoue j mais le refus qu'il fit de l'accepter,ne
se croïant pas capable de soutenir un si grand fardeau , irrita
tellement Boniface qu'après qu'il lui eut fait réponse que
puisqu'il ne se sentoit pas assez de forces pour gouverner un
Evêché il n'étoit pas capable non plus de gouverner l'Ordre
de saint François , il le déposa de son Office & aïant convo
qué le Chapitre Général a Agnanie pour le iz. Juin de I'an-
nép i Jean de Muro y fut élu Général : sa pieté 6c son
F iij
46 Histoire des Ordres Religieux ,
pai'trts zele pour les Observances Régulières lui firent entreprendre
CelÈsijns ^a Réforme de l'Ordre: ce qui luiauroit peut-être réussi, si
aïant été fait Cardinal en 1301. il n'eut éie emploïé dans des
négociations & des affaires importantes qui demandant toute
son application , empêchèrent PefFet des bonnes intentions
qu'il avoit de faire vivre les Religieux dans une exade pau
vreté & une parfaite Observance des Règles dont il vouloit
faire renaître le premier esprit dans tout l'Ordre que le Pape
avoit laissé fous fa conduite jusqu'au premier Chapitre
nonobstant la dignité à laquelle il l'avoit élevé.
Avant qu'il fut revêtu de cette même dignité , il avoic
convoqué un Chapitre Général à Gennes dans lequel les
Pères de la Province de la Romagne tirent tant de bruit con
tre ceux qui se disoient Ermites Celestins » qu'on y résolut de
supplier le Pape de révoquer le privilège qu'ilsavoient obte
nu de Ceiestin V.ce qui fut execucéjmais la réponsede Boni-
face ( selon le sentiment de quelques uns ) n'aïant pas été
favorable à ceux qui lui en faisoient la demande , puisqu'il
les taxa d'être moins zélés & moins fidèles observateurs de
la Règle que ceux contre lesquels ils se récrioient mal à pro
pos 5 confus de la mauvaise réussite de leur entreprise & réso
lus à quelque prix que ce fut Je détruire ceux qui par leur
régularité faisoient honte à leur relâchement , ils résolurent
de suggérer ( quoique faussement ) à ce Pontife que ceux
qui prenoient le nom de Celestins , cabaloient contre lui 6c
vouloient faire voir qu'il n'écoit pas parvenu au Pontificat
par des voies légitimes. 11 n'en fallut pas davantage à Boni-
face pour se déclarer ennemi des Ermites Celestins } c'est
pourquoi sans examiner la vérité de cette accusation, il or
donna au Patriarche de Constantinople & aux Archevêques
d'Athènes & de Patras d'informer contre eux & de les ré
duire à l'obéïssance des Supérieurs de l'Ordre.
Celui d'Athènes commanda à Thomas Sola Seigneur de
Fifle où ils demeuroient,de les en chasser , ce qu'il exécuta
dans un tems de famine & íì fâcheux par rapport à la misère
dont les peuples écoient accablés,que ces pauvres Religieux
furent exposés à souffrir de grands maux dans leurs voïages
fur tout lorsqu'il passèrent sur les terres des Latins qui les re-
ga^doient comme des Schématiques. Ils furent un peu
mieux traúés fur les terres des Grecs , ou ils demeurèrent
Cinquième Paktie , Chap. ÎV. 47
pendant deux ans assez tranquilles > mais le Patriarche de *auvri*
Constantinople étant revenu de Venise , les excommunia Ciustin*
deux fois parce qu'ils ne se soumettoient pas aux Supérieurs
de l'Ordre , ce qui a cusa de grands troubles entre eux &í
les Religieux de la Vicairie d'Orientj mais ces saints Soli
taires ne manquoient pas de Protecteurs , qui connoissant
leur innocence & leur vertu, les consoloient dans leur afflic
tion. L'Archevêquo de Patras s'interessoit particulièrement
Îiour eux, & ce procédé violent qu'on exerçoit à leur égard,
ui fit concevoir une grande indignation & un grand mépris
pour ceux qui les persecutoient si injustement.
Au commencement de ces troubles saint Jacques du Mont
& saint Thomas de Tolentin qui étoient du nombre de ces
Ermites aïant demeuré quelque tems en Arménie fans rien
sçavoir de ce qui se passoit à leur sujet, retournèrent en Ita
lie 8c reconnurent le Général auquel ils exposèrent le fruit
qu'il y avoit à faire en ces quartiers-là pour le salut des ames,
si on y envoïoit des Missionnaires zélés 8c fervens. Le Géné
ral content de leur soumission 8c éJifié de Pardeur qu'ils té-
moignoient pour l'augmentation du Roïaume de Dieu 8c la
propagation de l'Evangile,leur permit de retourner en Orient
pour prêcher aux Infidèles , avec Frère Conrardd'OfFstda
8c douze Compagnons à leur choix. Etant arrivé à Negre-
pont,8c aïant appris la persécution que l'on avoit suscitée aux
Ermites Celestins , Frère Jacques du Mont , comme Supe-
rieur desMissionnaires,entreprit d'accommoder ce differendj
& traita cette affaire avec tant de prudenceque les Pères de
la Romagne consentirent que tous ces Ermites le reconnus
sent pour Supérieur sous la dépendance du Général. Jean de
Murano,qui,quoique déja nommé au Cardinalat,gouvernoit
encore l'Ordre en qualité de Général conformément à l'obli-
gation que le Pape lui en avoit imposée, n'y voulut pas con
sentir : ce qui obligea le Frère Liberat,qui étoit le principal
de ces Solitaires.de revenir en Italie pour faire connoîtreau
Pape que c'étoit à tort qu'on les calomnioit,8c o^ue lui & ses
Frères avoient toujours été fidèles à l' Eglise a laquelle ils
étoient très attachés comme ses véritables enfans. II aborda
l'an 1303. avec quelques-uns de Tes compagnons à un port
de la Poiiille j où ils obtinrent d'André de Segna une petite
demeure dans un désert qui lui appartcnoit.
4? Histoire des Ordres Religieux,
s Le Cardinal. Jean de Muro s'étant démis du gouverne
ment de l'Ordredans le Chapitre Général qu'il assemblai
Assise l'an 1304. on y élut pour Général Gonzalves de Val-
bonne en Galice , qui, quoique fort zélé pour la pauvreté ,
les Observances & la pureté de la Règle qu'il s'efforça de
conserver en renouvellant & confirmant les décrets que ses
prédécesseurs avoient faits à ce sujet , se laissa tellement pré
venir contre les Ermites Celestins , fur lesquels il lui lem-
bloit n'avoir pas assez d'autorité , qu'il chercha tous les
moïens & toutes les occasions de les persécuter, fous prétexte
qu'ils étoient Hérétiques & Schismatiques : c'est pourquoi,
après avoir tenu un Chapitre Général a Toulouse Van 1307-
ou se trouvèrent neufcens quatre vingt dix Reli»ieux,il pria
Charles II.. Roi de Naples d'écrire à Frère Thomas d'A-
versaDominicain & Inquisiteur de la Foi dans cet Etat pour
Pobliger d'agir contre le Frère Libérât & ses. compagnons.
Cet Inquisiteur les interrogeas les aïant trouvés innocens,
leur conseilla de le suivre pour éviter la persécution de leurs
ennemis. Comme ils passoient par devant le petit hospice qui
leur avoit été donné par André de Se^na , il s'éleva un fu
rieux orage avec des tonneres &. des éclairs qui effraïerent
F Inquisiteur. Il crut que le CielVarmoit pour prendre la
défense de ces saints Religieux : c'est pourquoi il voulut les-
renvoïer , craignant que Dieu ne voulût venger fur fa per
sonne l'in jure qu'on leurfaisoitj mais Frère Libérât lui die
qu'ils vouloient le suivre & subir l'examen le plus rigoureux
pour être purgés des calomnies atroces que l'on avoit inven
tées contre eux,afín que leurs ennemis ne les insultassent plus
& ne les traduisissent plus aux Tribunaux des Princes,com-
me coupables des crimes dont ils étoient innocens.
Ils vinrent donc avec ['Inquisiteur jusqu'à Anciano ,où
ils demeurèrent quelque tems fous fa protection , dans un
petit hospice > mais les Religieux de l'Ordre qui avoient un
Couvent au même lieu redemandèrent Frère Libérât com
me un apostat qui avoit fui de chez eux fans aucune per
mission de ses Supérieurs , regardant comme nuls les privilè
ges qu'il avoit obtenus - du Pape Celestin V. qui selon eux
avaient été révoqués par Boniface VIII. L' Inquisiteur em-
barassé de cette réclamation conseilla au Frère Libérât d'aller
irouver le Pape qui étoit pour lors Clément V- & de ne point
revenir
Cinqjjieme Partie , Chap. IV. 49
revenir qu'il ne fût muni de quelques Lettres de recomman- Pau vkïi
dation de fa Sainteté, ou du moins de quelques Cardinaux» celhtiw*,
afin de se délivrer de la persécution. Frère Libérât suivit son
avis & partit avec un Compagnon > mais comme il étoit en
chemin pour venir trouver le Pape en France , il tomba ma
lades s'étant fait porter au Couvent de saint Ange Della-
venna, il y mourut après un an de maladie qu'il souffrit avec
beaucoup de résignation à la volonté de Dieu.
Les autres Religieux qui étoient restés dans le Roïaume
de Naples,frustrés de l'eíperance qu'ils avoient conçue du
Frère Libérât dont la mort leur fit perdre courage,necroïant
pas être en fureté dans ce Roïaume où le Roi s'étoit déclaré
ouvertement contre eux à]la sollicitation desFreres Mineurs-,
prirent la résolution de se retirer. Mais l' Inquisiteur gagné
par les ennemis de ces Ermites leur ordonna de restersles fit
citer de nouveau devant lui, & mêlant leur cause avec ceíle
de quelques Hérétiques que l'on appelloit de saint Onuphre
& de la Secte des Apôcres , fans aucune distinction il les
condamna comme Hérétiques & Schismatiques , menaçant
de censures Ecclésiastiques ceux qui les protegeoient & leur
donnoient asile. Le Seigneur de Segna qui les avoit établis
fur ses terres fut fort indigné de cette Sentence , & écrivit
à l'Inquisiteur qu'il ne devoit pas agir avec tant de passion
contre des personnes qui étoient innocentes des crimes donc
on les accusoit j mais les Lettres de ce Seigneur ne firent
qu'aigrir Fesprit de l'Inquisiteur qui fit conduire sous seure
carde ces Ermites Celestins dans la ville de Trivento , oui
étant arrivés , il les fit jetter dans une prison obscure. Ils y
restèrent pendant quinze jours > après lesquels l'Inquisiteur
voïant que L'Evêque & les principaux de la ville , n'approu-
voient pas un traitement si indigne , il les transfera dans urt
autre lieu où il les fit tourmenter pendant cinq mois, jusqu'à
ce qu'enfin deux de ces Ermites aïant avoué par foiblesJse.'
& par les douleurs qu'ils souffrirent dans la torture, qu'ils
étoient véritablement Schismatiques & Hérétiques , quoi
qu'ils se rétractassent étant en liberté > il tes condamna tous à
ctre foiietés tous nuds par les rues de Naples, & à être ban
nis du Roïaume. Mais Dieu qui est juste & qui se reserve
la vengeance de ['innocence opprimée,punit l' Auteur de cette?
Sentencejcar il mourut peu de tenos après ^confessant haut^
TsmeFIÍ, G
50 Histoire des Ordr.es Religieux;
F r e * i s ment ^on iDjuftice & l'innocence de ces saints Religieux.
MtNEunt Ceux qui échaperent aux tourmens ( car il y en eut quel-
ÍTr^a ques-uns qui en moururent ) allèrent en France pour se pré-
tion di senter au Pape & faire connoître l#ur innocence j lorsqu'ils
ne et DE«y turent arrives , Us ie joignirent a d autres Religieux zèles
Si'ìrituïls qUj fe feparoient du corps de l'Ordre , parce qu'on y trans
gressent ouvertement la pauvreté , ce qui donna occasion à
deux partis qui divisèrent l'Ordre , l'un qu'on nomma des
Spirituels & l'autre de la Communauté , comme nous dirons
dans le Chapitre suivant.
Luc. Wading. Annal. Minorum. Tom. II. & III. Pominic.
de Gubernatis , orbis Seraphicus.
Chapitre V.
<-
1
Chapitre VII.
1
Cinquième Partie, Chap. VII. 67
Congrégation , & corrigeroitles défauts qui s'y pourroient Conôrk.
trouver j il finissoit fa Requête en disant, que quoiqu'il fût EDS*
indigne à cause de íes péchés d'obtenir la grâce qu'il deman- °± Majoa-
doit,ce seroit néanmoins une chose irîdignedela lui refuser, Q"UE*
& que comme le chemin où il desiroit qu'on le conduisît pour
arriver à la perfection chrétienne , procedoit du saint Esprit j
aussi ce seroit un elFet de l'esprit malin de l'empêcher d'y en
trer. Si on me refuse ce que je demande , adjoutoit il , que
reste- il ? que le Ciel entende ce que je dis , & que la terre
reçoive les paroles qui sortent de ma bouche j le Pape aïant
fait examiner dans un Consistoire cette Requête arrogante ,
on lui refusa ce qu'il demandoit d'une manière si peu conve
nable à l'esprit de la Règle qu'il vouloit embrasser.
Philippe de Majorque ne se rebuta pas pour cela , il per
sista toujours dans fa résolution d'observer avec ses Com
pagnons la Règle de saint François à la lettre , &. s'étanc
attiré par fa vie austère en apparence , l'estime de plusieurs
personnes , il obtint la protection de Robert Roi de Sicile,
qui écrivit en fa faveur l'an 1 340. au Pape Benoît X 1 1. suc
cesseur de Jean XXII. pour le prier d'accorder cette grâce
à Philippe de Majorque j mais le Pape le refusa encore
comme avoit fait son prédécesseur , &. fit connoître au Roi de
Sicile qu'il ne pouvoit accorder une chose qui avoit été re
fusée dans un Consistoire après y avoir été examinée & après
une meure délibération j que cela pouroit avoir des suites ÔC
causer de nouveaux troubles dans l'Ordre de saint François,
où les Religieux observoient la Règle avec les déclarations
que ses prédécesseurs y avoient faites : que d'accorder àPhi-
lippe de Majorque d'observer cette Règle à la lettre & sans
les déclarations, ce seroit introduire dans l'Eglife un cinquiè
me Ordre de Religieux Mandians,que les Frères Mineurs
& les Religieux des autres Ordres qui ne seroient pas con
tens de leurs Supérieurs & qui ne voudroient pas se sou
mettre à leur correction , entreroient pour l 'éviter dans ce
nouvel Ordre ; & enfin il lui fit connoître que Philippe de
Majorque étoitdela Secte des Beghards , qu'il étoit un des
plus grands défenseurs de leurs erreurs , qu'il les avoit prê
chées publiquement quoiqu'elles eussent été condamnées par
le saint Siége,& qu'il ne ecssoit de déclamer contre lacon-
duitede Jean XXII. & le saint Siégej que c'étoit un rebelle,
68 Histoire des Obidr.es Religieux,
Reforme & qu'il n'avoit donné jusqu'alors aucun signe de repentir;
vaN Ainsi cette Congrégation n'eut aucun lieu.
Lits et de Luc Wading , Tom. III. Annal. Mtnor. Dominic de Gu-
T»?lSvòL. bernatis , Orb. Scraphsc. Tom. I. Ub. 5. cap. $. §. I.
urrí. . . ^
Chapitre V I I I.
Chapitre I X.
Chapitre X.
Chapitre XI.
Chapitre XII.
Chapitre XIII..
de id Puebla.
Chaïitre XVII.
Chapitre XVII L
Chapitre XIX.
9
ì
■ - 0
-
Cinquième Partie , Chap. XX. 137
áans toutes les armées que le Roi a euës , tant en Allemagne F»«»««
qu'en Flandres & en Hollande, en qualité d'Aumônier deUENEL,RE-
ía. Majesté > ils présentèrent une supplique au Pape Inno-
cent XI. pour qu'il leur permît d'aller a cheval, & de se de Saint
servir de toutes les commodités dont ils auroient besoin sans £-A*
enfreindre la Règle 5 cé que ce Pontife leur accorda par un tara-
Bref de Tan 1685. Les RecoIIets de la même Province pas
sèrent dans le Canada l'an 16 15. oh ils ont quelques Çou-
vens. Ils entreprirent une autre mission l'an 1660. pour l'ifle
de Madagascar , mais fans aucun effet, par la disgrâce qui
arriva au vaisseau sur lequel les Religieux destinés à cette
entreprise s'étoientembarqués,qui après un longcombat avec
des Corsaires d'Alger , fauta enfin en l'air par le boulet d'un
canon de ces Infidèles, qui aïant mis le feu aux poudres ,
ruina tous les projets de cette miífion en faisant perdre la
vie du corps à ces zélés Missionnaires dansletems qu'ils ne
songeoient qu'à procurer celle de l'ameàcespauvrespeuples,
qui étoient ensevelis dans la mort du péché & de l'idolatrie.
Les RecoIIets tant de France que de Flandres, ont présen
tement douze Provinces, &une Custodieen Lorraine.
Dominic de Gubernatis , Ord. Seraphic. Tom. II. Charles
Rapine, Hifioire Générale de V origine , & progrès des Frères
Mineurs Recollets. Hyacintele Fevre, Hifioire Chronologique
de la Province des RecoIIets de Paris,
Chapitre XX.
Chapitre XXL
■
*
156 Histoire, des Ordres Religieux, .
' F r e r 1 1 les Provinces d'Aquitaine & de S. Loiiis,où on leur ôta píu-?
con v en* sieurs Couvens. Les Conventuels qui ne pouvoient s'opposer
tuìis. à l'éxecution de cette Bulle, ne laissèrent pas de tenter s'ils
nc pourroient pas la faire révoquer par le Pape Clément
Vil. qui avoit succédé à Léon X.en íe plaignant à sa Sain
teté de la manière avec laquelle on l'éxecutoit , espérant par
cemoïen le mettre dans leurs intérêts. Ce Pontife n'approu
va pas les violences que l'on avoit exercées pour les faire
sortir de leurs maisons; mais ihne leur fut pas pour cela plus
favorable : au contraire à la recommandation de la Duches
se d'Angoulême, Regente du Roïaume pendant l'absence
de François Premier , & de la Duchesse d'Alençon sœur
de ce Prince , U confirma par une Bulle du 3. Novem
bre 1525- les Observans dans la possession des Couvens qui
avoient appartenus aux Conventuels. Jean Pisotti Général
de l'Ordre de saint François , étant venu faire ses vi
sites en France l'an 1^31. fut sollicité par le Roi , de reduire
toute la Province d'Aquitaine sous Ion obéissance , & à la
régulière Observance : ce qu'il exécuta. Quoiqu'il eût pris
toutes les précautions nécessaires pour ne rien faire contre la
Bulle de Concorde de Léon X. on ne laissa pas de porter des
plaintes à Clément VU. de ce qu'il avoit violé cette Bulle.
Ce Pape lui écrivit fortement fur ce sujet , & lui ordonna
de ne rien faire qui pût troubler la paix & l'union 3 mais il
se justifia si bien que tous les sujets de plaintes que l'on avoit
faites contre lui , retombèrent fur ses accusateurs , & qu'il
fut même nommé Commissaire Apostolique , avec Pierre de
Verduzzano pour réformer les Couvens de l'Ordre: ils fi
rent en vertu de cette commission un Concordat avec Jac
ques d' Anconne , Vicaire Apostolique des Conventuels de
France , par lequel ils convinrent que leurs difFerens ne se-
roient point portés aux Tribunaux Séculiers; & que la Pro
vince d'Aquitaine seroit entièrement incorporée dans l'Ob-
servance : ce qui fut ratifié par le Chapitre Général de
l'Ordre de saint François qui se tint à Nice l'an ' 1 ^35- sous
le Général Vincent Lunelle , & fut aussi confirmé par Paul
III. par un Bref du 4. Septembre 1538. & dans le même
Chapitre l'on ordonna que les Conventuels ne seroientplus
reçus dans le grand Couvent de Paris pour étudier. Enfin ils
perdirent peu à peu presque tous les Couvens qu'ils avoienx
Cin<iuiemb Par.tie, Chap. XXII. 157
en France où il ne leur en est resté qu'environ cinquante en frère»
Bourgogne ,en Dauphine , en Provence, en Guienne, dans q£n'u"
le Languedoc , qui forment trois Provinces différentes. Ils tuels.
ontaulïi perdu tous les Couvens qu'ils avoient en Flandres ,
& avant que l'Heresie eût été introduite dans le Danne-
marck , l'Observance avoit déja été reçue dans la plupart
de leurs Maisons. Ils ont été plus heureux en Italie&en Al
lemagne ou ils en ont conservé un très grand nombre. Leur
Congrégation est présentement composée de trente- six Pro
vinces , dont celles d'Angleterre , d'Irlande , de Saxe , de
Dannemarc , & de Terre- Sainte ne font que titulaires , elle
consiste environ en mille Couvens , & quinze mille Reli
gieux. Entre les Provinces il y en a quelques unes qui font
peu considérables , comme celle de Romanie qui n'a que
trois Couvens, celle de Liège, qui n'en a aussi que trois, I O-
rientale , où il n'y en a quedeux, & celle de Transilvanie où
il n'y en a qu'un.
Tout l'avantage dont les Conventuels peuvent se glorifier
dans l'Ordre de saint François, c'est de posséder le corps de
ce saint Patriarche dans leur Couvent d'Assise, aussi bien
que celui de saint Antoine de Padoue , dans la même ville
de Padouë. Les dispenses qu'ils ont obtenues des Souve
rains Pontifes pour pouvoir posséder des fonds & des reve
nus & fe relâcher par ce moïen de l'exaste Observance de
la Règle , n'ont point empêché qu'il n'y ait eu parmi eux des
personnes recommandables par la sainteté de leur vie, com
me le Cardinal Elie de Bourdoùille Evêque de Perigueux,
ensuite Archevêque de Tours,qui mourut l'an 1484. Jac
ques d'Ancone, qui après avoir été Général fut fait Evêque
par Paul III. Jacques de Politio de Calatagirone, , Jérôme
Pa lanterio Evêque de Vaison , Philippe Gezualdo Evê
que de la Charité en Calabre,&. quelques autres dont on a
poursuivi la Béatification. 11 y en a eu aussi un grand nom
bre que leur science & leur mérite ont fait élever aux pre
mières dignités de l'Eglise. Outre les Archevêques 6c Evê
ques tirés de leurs corps, ils ont eu quelques Cardinaux de
puis le Pontificat d'Eugène I V. dont le dernier a été Lau
rent Brancacede Lauria , qui après avoir exercé toutes les
Charges de son Ordre , & avoir enseigné la Théologie dans
te Collège de la Sapience à Rome , rut fait Consulteur du
158 Histoire des Ordres Religieux,
Îi*h V$ ^nt 0^ce & ^e ^a Congrégation de l'Index , Examina-
Convin- teur Synodal, Examinateur des Evê<^ues,Préfet des études
tuïls. ^âas ja Congrégation de la Propagation de la Foi , premier
Garde de la Bibliothèque Vaticane , & enfin Cardinal est
1681. par le Pape Innocent XI. qui le fit ensuite Bibliothe-
quaire de la même Bibliothèque. Les Papes Sixte I V- &C
SixteV. étoient auífi Religieux Convemuels.
Ils ont encore conservé en plusieurs lieux , les Offices
d'Inquisiteurs que les Religieux del Ordre de saint Fran
çois exerçoient avant la séparation de cet Ordre. C'est pour
quoi ils ont trois Inquisiteurs , l'un à Florence , l'autre à
Sienne,& l'autre à ! ise, un Vicaire du saint Office à Livour-
r.e, nommé par l' Inquisition de Rome &. indépendant des
Inquisiteurs de Florence,de Sienne & de Pise. 1 1s ont aussi,
sept Inquisiteurs dans l'Etat de Venise qui sont députés par
le saint Siège. Ils sont occupés aux Missions de la Moldavie,
de la Transit vanie & du Roïaume de Hongrie , & reçon-
noissent pour Préfet Apostolique le Provincial qui fait sa de
meure à Constantinople, & est souvent Vicaire du Patriar
che pour les Latins. Leur Procureur Général en Cour de
Rome ne laisse pas d'avoir place dans les Chapelles Papales,
quoique celui des Observans s'y trouve aussi : il y prêche
devant le I ape & les Cardinaux le second Dimanche de l'A-
vent. Ils ont aussi toujours un des leurs qui est Consulteur
du saint Office. Ils ont des Chaires de Théologie dans les
Universités de Bologne, de Padouë , dePavie, de Rome,
de Perouse , de Macerata , de Turin , de Ferrare & d'Ur-
bin, & de célèbres Collèges à Rome , à Bologne, à Assise, à
Padouë , à Naples, à Melida & à Prague. Enfin ils ensei
gnent à Rome l'Histoire Ecclésiastique dans le Collège de la
Sapience, & ils y ont une Chaire de Théologie positive t
mais ils ne les possèdent pas de droit. Leur habillement con
siste en une robe de serge grise serrée d'une petite corde
blanche, avec un petit capuce attaché à une grande mozette
ronde pardevant , se terminant en pointe par derrière , êc
quand ils sortent , ils ont un chapeau gris. Ils ont les mêmes
armes que celles de tout l'Ordre de saint François.
Dominic de Gubernatis , Orb. Seraphic. Tom. 77. Mb.
Fortunat. Hospitel , Antiqui- riras Francijcana » ôí Gabriel
Faber, Specul. Francise. Religion,
i.
Cinqijieme Partie, Chap. XXIII. 159
fRERg|
M;niu rs
Chapitre XXIII. S.0*?»".
TIMLS RE_
fokml's.
Des Frères Aíineurs Conventuels Reformés
Chapitre XXIV.
1
ií8 Histoire des Ordr.es Religieux ,
iniis menacé qu'il iroit trouver Matthieu fans son obedience,iIfut
cÁpbuÌm. m*s en priíon,d'où il sortit néanmoins quelques jours après.
II avoit aussi un frère dans l'Ordre appellé Raphaël , qui
n'étoit que Laïc qui voulut se joindre à lui. Sur le refus da
Provincial , ils s'adressèrent au Général qui étoit pour lors
François Quignonez qui fut ensuite Cardinal. 11 approuva
kur dessein 8c leur conseilla djactendre encore un peu de
tems j mais ceux-ci impatiens de l'executer , eurent recours
au Cardinal Protecteur qui leur témoigna aussi approuver
leur zele, & leur dit que la volonté du Pape étoit que les af
faires qui concernoient la Réforme fussent gérées par les
Supérieurs- Les deux frères encore plus impatiens fur cette
réponse , résolurent à quelque prix que ce fût devoir ua
capuce semblable à celui de Matthieu de Bassi , ils en firent
faire chacun un , l'attacherent à leur r-obe & sortirent secrè
tement du Monastère pour aller trouver Matthieu de Bassi ,
t avec lequel ils eurent plusieurs Conférences. Louis de Foí-
sembrun fut d'avis qu'ils allassent tous trois trouver la Du-
cheíle de Camerin pour lui demander des Lettres de recom
mandation auprès du Pape. Ce dessein fut approuvé, la Du
chesse leur en donna, & Loiiis de Fossembrun avec son frère
allèrent à Rome & demandèrent àClement V 1 1 .qu'il lui plût
confirmer par un Bref Apostolique l'ancienne forme de l'ha»-
bitde S. François qu'il avoit accordée de vive voix à Mat
thieu de Bassi,& qu'il leur permît aussi de le porter. Le Pape
aïant égard à la recommandation de la Duchesse de Came -
rino les reçut favorablement & les envoïa au Cardinal Pueio
Grand Penitencierqui leurfit expédier unBref de laPeniten-
cerie au mois de Juin 1516. par lequel il permit à Matthieu
deBassi,Loiiis 8í Raphaël deFossembrun pour le repos de leur
esprit , de se retirer dans quelque Ermitage pour y vivre en
Ermites & de conserver toujours leur habit , après en avoir
demandé la permission à leur Supérieur > encore bien qu'il ne
la leur accordât pas. Louis & Raphaël présentèrent ce Bref
au Provincial de la Marche d'Ancone , qui bien loin d'y
avoir égard , alla à Rome pour le faire révoquer } mais ne
l'aïant pû obtenir,il demanda un autre Bref à la Penhencerie
pour procéder contre quelques Apostats, ce qui lui fut ac-
cordéjôc en vertu de ce Bref qu'il n'avoit postulé que dans
L'intention de s'en servir contre Louis de Fossembrun & ícn
frère
Cinquième Partie , Chap. XXIV. 169
frere,il chercha tous les moïens pour se saisir d'eux j mais ils f r b r h s
évicerent ses poursuites & se retirèrent dans l' Ermitage des ci"*","
Grottes proche Massacio,chez les Camaldules , qui les reçu
rent avec beaucoup de charité'. Le Provincial sçachant qu'ils
y étoient , envoïa des Archers qui se saisirent de Loiiis de
Fossembrun ; mais en aïant appelle au Légat du Pape dans
la Marche d'Anconne , il y fut conduit & mis en liberté par
ce Prélat , après qu'il eut vû le Bref qu'ils avoient obtenu
de la Penitencerie. Le Provincial continuant toujours ses
poursuites , les deux frères allèrent dans un autre Ermitage
de Camaldules, où on vint encore pour se saisir d'eux > mais
ils se sauvèrent &: se retirèrent lan 1 517. sur une petite mon
tagne proche Fossembrun ,où ils furent visités quelque tems
après par Matthieu de Bassi 8c un autre Compagnon qui
s'étoit joint à lui. Ils furent tous quatre d'avis que pour se
mettre à l'abri de la persécution de ce Provincial , ils auroient
encore recours à la Duchesse de Camerinopour obtenir par
son crédit une Bulle en leur faveur qui les íoumettroit à l'o-
béïssance des Conventuels. Mais comme c'étoit dans le tems
que la ville de Rome fut prise 8í saccagée par les troupes de
l'Empereur Charles V. qui retinrent même le Pape prison
nier dans le château saint Ange , n'y aïant pas moïen dans un
tems si fâcheux de poursuivre leur dessein , la Duchesse pria
le Duc de Camerino son mari d'accorder à ces bons Ermites
une demeure dans son Palais , pour les mettre à l'abri des
poursuites du Provincial, qui écrivit plusieurs fois inutile
ment au Duc & à la Duchesse pour les prier de ne leur point
donner de retraite > & enfin par leur crédit ils furent reçus
fous l'obéïssance des Conventuels en qualité de Frères Ermi -
tes Mineurs lan 1517. mais comme ilfalloiten avoir la con
firmation de Rome, Loiiis & Raphaël de Fossembrun y re
tournèrent Tannée suivantej & le Pape par une Bulle du 13.
Juillet 1518. approuva l'union qu'ils avoient faite avec les
Conventuels , & leur permit de porter un habit avec un ca-
puce quarré , de recevoir en leur compagnie toutes les per
sonnes qui voudroient prendre leur habit , de porter la barbe
\ longue & de demeurer dans des Ermitages , ou en d'autres
lieux, & d'y mener une vie austère & érémitique. Au retour
de ces deux frères à Camerino- la Bulle fut publiée par l'E-
vêque , & ainsi l'Ordre des Capucins,qui furent ainsi appel-
Tomcrih " T.
170= HlSTÔlR-E DES Or.DR.IS RELIGIEUX,
ï* m s $ lés à cause de leur capuce , commença lan 1518.
CáïE"iK* ^ y av°ltPr^S ^e Camerino une Chapelle dédiée à faine
' Christophle , à côté de laquelle étoit une petice maison où
demeuroic le Prêtre qui la desservoit. Ce fut là que Louis
de FoíTembrun & ses compagnons , s 'étant accommodés
avec ce Prêtre,établirent leur première demeure 3 mais com
me ce lieu étoit trop petit , & qu'ils recevoient tous les jours
de nouveaux compagnons qui vouloient embrasser leur vie
érémitique , la Duchesse de Camerino leur fit avoir un Cou
vent de l' Ordre de saint Jérôme , presque abandonné à Col-
menzono, éloigné d'environ une lieuë de Camerino. Cinq
Religieux de l'Observance s'associèrent d'abord à eux , &
il y eut plusieurs personnes qui renonçant aux vanités du
monde leur demandèrent aussi l'habit : de forte que lent*
nombre s'étant encore augmenté, Louis de Fossembrun fie
bâtir un autre petit Couvent à Mont-Melon , dans le terri
toire de Camerino. Le Grand nombre de conversions que
les Capucins faifoient par leurs prédications , & le secours
qu'ils rendirent au peuple dans la maladie contagieuse donc
l'Italie fut affligée la même année 1518. & qui emporta leur
principal Bienfacteur le Duc de Camerino , leur attira une
estime universelle. Leurs Couvens de Colmenzono & de
Mont- Melon ne furent pas encore fuffifans pour contenir
toutes les personnes qui se présentoientpour entrer dans leur
Congrégation ) c'est pourquoi Loiiis de Fossembrun à qui
la Bulle du Papeavoit été adressée & à son frère Raphaël,
sans qu'on y eût fait mention de Matthieu de Bassi , en bâtit
deux autres lan 15x9. l'un à Alvacina dans le territoire de
Fabriano , & l'autre à Fossembrun dans le Duché d'Urbin.
Ces Monastères se bâtissoient à peu de frais j il ne falloir ni
pierre>ni chaux,ni ciment >on secontentoit de bois &debouë,
& tout n'y ressentoit que la pauvreté : ainsi ces deux Cou
vens furent achevés en peu de tems. Louis de Fossembrun
assembla ensuite le premier Chapitre à Alvacina au mois
d'Avril , où se trouvèrent douze Pères choisis entre les au
tres , & Matthieu de Bassi y fut élu pour premier Général ,
selon ce que disent les Annales des Capucins j mais ce ne
fut qu'un Vicaire Général soumis au Général des Conven
tuels ; car dans les premières Constitutions dont nous allons
parler , H n'y est fait mention que des Vicaires Généraux,
Cinquième Partie, Chap. XXIV. 171
n'aïant commencé à avoir un Général que l'an 1 6 1 étant Friui
obligés de marcher aux Processions sous la Croix des Con- cÁ*vcuu!
ventuels dans les lieux où il y enavoit, & fous ceJle de la Pa
roisse dans les lieux où il ne se trouvoit point de Conven
tuels :ce qui dura jusqu'en l'an 1 6 1 7. qu'on leur permit d'al
ler sous leur croix particulière.
Matthieu de Bassi aïantdonc été élu Vicaire Général, on
dressa des Constitutions pour maintenir l'Observance Ré
gulière parmi les Capucins. Elles ordonnoient que l'on di-
roit l'Office D ivin fans notes ni chant, Matines à minuit,
selon l'ancienne coutume de l'Ordre,& les autres Heures se
lon le tems propre 5 que dans les lieux où il y auroit plu
sieurs Eglises , & où les Séculiers pourroient entendre faci
lement l'Office des ténèbres dans la Semaine- Sainte , les Ma
tines ne se diroient pas après Complies, mais à minuitjqu'on
ne diroit qu'une Messe tous les jours dans chaque Couvent,
à laquelle les autres Prêtres affisteroient , les Supérieurs ne
pouvant les obliger de la dire qu'aux Fêtes solemnelles , 8í
dans des tems de nécessité , & qu'ils ne recevroient aucune
rétribution pour ces Messes. L'on y marqua les heures de
l'Oraifon Mentale le matin &le soir , les jours qu'on devoit
prendre la discipline , & celles du silence. On ne dévoie
servir à table qu'une sorte de viande avec le potage , & les
jours de jeûne on y pouvoit ajouter une salade cuite ou
crue. Si quelque Frère vouloitse priver de viande ou|de vin,
les Supérieurs ne pouvoient pas l'empêcher , & ils ne pou-
voient pas non plus les empêcher de jeûner au delà de ce
qui étoit porté par la Règle , pourvû qu'ils le fissent fans
s'incommoder. 11 leur fut défendu par ces Constitutions de
quêter de la viande, des œufs & du fromage : que fi on leur
enoffroit volontairement , ils en pouvoient recevoir j mais
jamais en demander. Toutes provisions leur furent interdites,
& l'on bannit des caves , les muids , les tonneaux & autres
vaíes à mettre le vin j on leur défendit aussi d'entendre les
Confessions desSéculiers:on leur ordonna d'aller à pied dans
les voïages.L'ufage des calottes & des chapeaux leur fut ôté,
& ils ne dévoient jamais manger de viande les Mercredis.
On y recommanda la pauvreté dans lesornemens de l'Egli-
se : on y défendit l'or , l'argent & la foie j les pavillons des
Autels dévoient être simples & de laine , & les Calices d'é
Y ij
171 Histoire des OrdresKeligìeuxí
*** » tain. Les Vicaires Géne'raux , Provinciaux & Custodes
Capucin$. pouvoienc être confirmés dans leursOffices au tems desCha-
pitres,& s'ils ne s'en acquittoient pas bien, on les pouvoic dé
poser jmais le Vicaire Général ne pouvoit être confirmé que
tous les trois ans , & les Provinciaux tous les ans , auslì bien
que les Gardiens. «
Ces Constitutions ne furent publiées que Tannée suivante.
Elles furent changées en quelques choses & plus écenduës,
dans un Chapitre général qui se tint à Rome l'an 1536. Sc
enfin l'an 1575. elles furent augmentées de quelques Décrets
du Concile de Trente, Sc de quelques autres qui avoient été
faics par les Souverains Pontifes , & qui regardoienc la dis
cipline Kéguliere. Matthieu de Bassi, qui comme nous avons
dit, avoit été élu Vicaire Général dans le Chapitre où ces
premières Constitutions avoient été dressées , renonça deux
mois après à cette Charge , & on lui substitua Louis de Fos-
sembrun , qui alla à Rome pour avoir la confirmation de son
Eleclion. II obtint en cette ville un Couvent, qui fut celui de
Notre-Dame des Miracles , d'où Tannée íuivate ils furent
transférés à Sainte Euphemie , qu'ils abandonnèrent dans la
fuite pour s'établir dans un lieu plus commode. La même
année il envoïaà Naples des Religieux qui y firent un éta
blissements l'an 153Z. Louis & Bernardin de Rhe^gio, qui
quelque tems auparavant avoient eu permission d'établir
une nouvelle Réforme en Calabre , & avoient obtenu pour
cet effet quelques Couvens, les remirent entre les mains des
Capucins, dont ils prirent l'habit &: les Constitutions. Louis
de Rheggio eut encore en peu de tems fix autres maisons . &
aïant envoïé en Sicile Bernardin son frère pour y faire con-
noître la Réforme , il fit un établiílement à Messine , & peu
de tems après deux autres à Palerme > ce qui commença à
étendre cette Congrégation , qui en IÓ33. écablit encore de
nouveaux Couvens dans le Roïaume de Naples,& un autre
à Ferrare.
Le nombre des Capucins augmentant tous les jours à me
sure qu'ils augmentoient en Couvens , Louis de Fossembrun
Jeur Vicaire Général voulant encore dresser des Reglemens
pour mieux affermir cette Congrégation , fit venir a Rome
les principaux d'entr'eux > mais le Fape,qui avoit dessein de
supprimer cet Ordre , en aïant été averti , ordonna à tous les
Cinquième Partie , Chap. XXIV. 173
Capucins de sortir de cette Ville. Ils trouvèrent néanmoins j^**1 *
tant de protecteurs auprès de ce Pontife, qu'il changea deCiFuciNs*
sentiment , & les y fit revenir quelque tems avant fa mort. II
eut pour successeur Taul III. qui se montrant toujours fort
favorable à la Keforme , leur donna lieu de s'affermir da
vantage òí de faire de nouveaux progrès.
Les Capucins dont le Corps commençoit à être considé
rable, ne voulant pas perpétuer la Supériorité dans un même
sujet, sollicitoient Louis de Fossembrun d'assembler un Cha
pitre général 5 mais lui qui avoit envie de gouverner tou
jours, & quine vouloit point obéïr,nemanquoitpas déraisons
pour s'en dispenser. Cependant en aïant reçu ordre du Pape,
il ne put différer plus long- tems, & il envoïa des Lettres cir
culaires dans tous les Couvens : le Chapitre se tint à Rome
l'an M35. Louis de Fossembrun esperoit qu'il seroit con
tinué dans son Office > mais Bernardin d'Asti aïant été élu
•Vicaire Général, il se plaignit hautement de l'injustice qu'on
lui faisoit j il exagéra í'ingratitude des Capucins , qui, selon
lui, lui avoienttant d'obligations,que la moindre reconnois-
sance qu'il en pouvoit attendre, étoit d'être continué dans
son Office. Le Vicaire Général & les Diffiniteurs qui avoient
cté élus, s'assemblèrent & divisèrent la Congrégation en Pro
vinces : ils établirent des Provinciaux , disposèrent les fa
milles des'; Couvens , élurent des Gardiens & des Custodes ,
& firent des Reglemens pour le gouvernement. Mais Louis
de Fossembrun ne voulut point alfister à cette Assemblée, &
porta ses plaintes au Pape,auquel il demanda la convocation
d'un autre Chapitre général. LePape ordonna que l'on en cé
lébrât un autre. 11 se tint l'an 1536. en présence duCardinal
de Trani qui y présida de la part de sa Sainteté. MaisLoiiis
de Fossembrun n'y fut pas mieux traité, & Bernardin d'Asti
y fut élude nouveau Vicaire Général, avec les mêmes Dif
finiteurs : ce qui irrita si fort Loiiisde Fossembrun, que se
laissant emporter à sa passion , il dit tant d'invectives contre
l'Ordre, qu'il fut chassé du Chapitre par le Cardinal de
Trani , & Bernardin fut confirmé par le Pape : enfin Louis
de Fossembrun refusant de reconnoître le Vicaire Général,
& ne voulant point se soumettre à Pobéïssance , fut chassé
honteusement de l'Ordre par une Sentence que rendirent
les Supérieurs, & quifuteonfirméepar le Pape.
Y iij
174 Histoire des Or.dr.es Religieux.
r r e r is Matthieu de Baífi n'avoit gueres l'esprit plus soumis , ì\
CtfociK» aitnoit beaucoup l'indépendance,& n'avoit quitté le Vicariat
Général que pour avoir fa liberté. Ainsi étant venu auCou-
vent deRome l an 1 537.6c y aïant appris,selon Boverius, qu'il
y avoit une Bulle du Pape qui défendoit fous peine d'ex
communication à tous ceux qui ne demeuraient pas dans les
Monastères fournis au Vicaire Général des Capucins de por
ter le capucepiramidal ; quoiqu'il en fût l'inventeur , il n'he-
íìta point de couper la moitié du sien , & de secouer le joug
de l'obéïssance en quittant les Capucins , fous prétexte de
continuer fes prédications , conformément à la permission
qu'il en avoit reçue de Clément VII. ce qui, selon le même
Boverius, est un effet de la Divine Providence , qui l'a ainsi
permis afin qu'on ne crût pas qu'il fût le fondateur des Ca
pucins.
Bernardin d'Asti étoit encore Vicaire Général,aïant été
continué dans le Chapitre Général qui fe tint l'an 1538.
Etant tombé dangereusement malade,il fit assembler un autre
Chapitre Générai à Florence la même année, afin qu'on
pût lui donner un bon successeur , & l'élection tomba sur
Bernardin Ochin , qui étoit entré dans la Congrégation en
1534. f ce qui fait voir Terreur de ceux qui lui ont attribué
la fondation des Capucins.) il avoit pris d'abord l'habit chez
les Observans, d'où quelque tems après il apostasia, & se re
tira à Perouse , où il s'appliqua à l 'étude de la Médecine
pendant quelques années, après lesquelles touché de repen
tir , il retourna dans son Ordre, & reprit son habit qu'il
quitta encore peu de tems après pour entrer chez les Ca
pucins qui le reçurent avec joie , & l'élurent enfin Vicaire
Général. II gouverna l'Ordreavec tant de prudence , & fie
observer si exactement la Règle & la discipline Régulière,
qu'il fut élu une seconde fois l'an 1541. dans le Chapitre qui
fe tint à Naples. II se faisoit admirer par son éloquence , &
passoit pour le plus habile Prédicateur de son tems > mais il
n'avoit que de belles paroles & point de doctrine : car à
peine à voit- il appris le Latin j mais lorsqu'il parloit sa Lan
gue naturelle , il expliquoit ce qu'il íçavoit avec tant de
grâce & depolitesse, que la douceur & la pureté de son dis
cours ravifloient tous ses auditeurs. Ce n'étoit pas seule
ment le peuple qui le regardoit avec estime , les plus grands
Cinquième Pautïe , Chap. XXIV. 175
Seigneurs , & même les Princes souverains , le reveroienc frimi
comme un Saint , & lorsqu'il venoit chez eux , ils alloient^'^!^^
audevant de lui, 8t lui faisoient tous les honneurs imagina
bles. U ne s'étoit pas moins acquis de réputation parmi ses
Frères parle zele qu'il avoit pour l'Observance Régulière:
il en parloit si à propos & avec tant d'ardeur , & les dis
cours accompagnés de l'exemple qu'il en donnoitpar la pra
tique qu'il en faisoit, aussi bien que de toutes sortes de ver
tus , y engageoient tous les Religieux : mais cet homme
humble en apparence s'enfla de tous ces honneurs , 8c son
esprit naturellement inquiet , inconstant & ambitieux , eut
tant de complaifance^pour lui-même , & se remplit si fore
de son mérite & de íavertu , qu'il osa aspirer aux plus hau
tes Dignités de l'Eglise. Mais comme il vit que le Papen'é-
toit pas aussi persuadé que lui de sa vertu &dela grandeur
des services qu'il croioit avoir rendus à l'Eglise, il fut pi
qué de dépit , d'orgueil & de colère , & ne pouvant se conte
nir , il lâcha adroitement dans ses Sermons quelques paroles
qui tendoient à décrier ou diminuer l'autorite du Pape. Lors
qu'on en eut eu avis à Rome,il y fut citéjtnais se sentant cou-
Ïable , il ne voulut pas y aller,dans la crainte qu'on ne lui fîc
ubir la peine qu'il avoit meritéej&afin de (émettre entière
ment à couvert des poursuites que cette Cout auroit pu faire
contre lui , il ne trouva point de meilleur expédient que de
quitter son habit de Capucin pour en prendre un Séculier ,
& se réfugier l'an 1 541. à Genève , où il épousa une fille de
Luques qui l'avoit suivi 5 mais il en sortit peudetems après,
changeant aussi souvent de lieu que de créance: il courut
toute l'Allemagne & toute l' Angleterre , où dans le dessein de
se faire Chef de parti , il enseignoit la poligamieôc prêchoic
des nouveautés, qui bien loin de lui réussir, lui attirèrent tant
de mépris, que ne pouvant en soutenir la honte, il se retira en
Pologne , où il fut un peu plus considéré. II y semoit ses er
reurs , lorsque le Cardinal Commendon y arriva en qualité
de Nonce du Pape Pie I V. l'an 1561. Ce Prélat que l'on peuc
regarder avec justice comme un des premiers hommes de son
siécle , tant pour sa pénétration & son adresse dans le manie
ment des affaires , que pour son zele pour la Foi Catholique,
Pattaqua & obtint une Ordonnance du Senat,qui portoit que
tous les Hérétiques étrangers eussent à sortir du Roïaume :
175 Histoire dés Ordres Religieux ,
f r 1 r 1 1 ainsi Ochin fut obligé de sortir de Pologne , & étant chassé
Capucin!, detous côtés,il se retira enMoravieoù il mourut de peste dans
une extrême vieillesse , avec fa femme , deux filles & un fils
qu'il avoit. Boverius dans ses Annales desCapucins,dit néan-
moinsqu'il mourut àGeneve après avoir retracté ses erreurs,
lien faitmême unMartyncar ildit qu'Ochina l'articlede la
mort , aïant fait venir un Prêtre Catholique se confessa à
lui,abjura publiquement ses erreurs, & que les Magistrats de
Genève en aïant été avertis , le firent poignarder dans son lit.
.Mais l'on doit ajouter plus de foi à Gratiani Evêque d'Ame-
lia, qui avoit accompagné le Cardinal Commendon en Polo
gne, qui y avoit vû. Ochin , & qui di^qu'il mourut de peste
avec fa femme & ses enfans , dans un village de Moravie
après avoir été chassé de Pologne : & c'est de cet Auteur
que nous avons tiré ce que nous venons de rapporter de cet
Apostat.
L'Apostasie d'Ochin causa quelque préjudice aux Capu
cins. On apprehendoit que le Chef étant infecté d'heréíìe< ,
les membres ne s'en ressentissent : ils furent cités devant le
Pape pour rendre compte de leur foi, & l'on parloit même
* de supprimer leur Congrégation j mais le Pape après avoir
écouté les Supérieurs, les renvoïa dans leurs Couvens, & les
Capucins en furent quittes pour être interdits de la prédi
cation. Le Pape leur permit néanmoins de tenir un Chapitre
Général à Rome ,où ils élurent pour Vicaire Général Fran
çois de Jessi lan 1543. Deux ans après que la prédication
leur eut été interdite , ils furent rétablis dans cet Emploi >
mais le Pape voulut auparavant être convaincu de leurs
sentimens touchant la foi orthodoxe : c'est pourquoi il leur
fît proposer l'an 1 545. plusieurs articles auíquels ils furent
obligés de répondre :ces orages aïant été dissipés, leur Con
grégation s'étendit toujours de plus en plus , dans l' Italie
feulement : car Paul IÍI. l'an 1537. défendit aux Capucins
de s'établir au delà des Mons & d'y bâtir des Couvens y mais
l'an 1573. Charles IX. Roi de France aïant demandé des
Capucins au Pape Grégoire XIII. pour leur donner des
établissemens dans son Roïaume , ce Pontife révoqua le
Décret de Paul III. & leur permit de s'établir en France.
11s furent reçus cì'abordpar le Cardinal de Lorraine , qui
leur donna un petit Hospice au village de Picpus près Paris,
qu'ils
Cinquième Pautïê, Chàp. XXIV. 177
Qu'ils quittèrent -peu de tems après pour aller s'établir à r & ■ km
Meudon près dela même ville, & à quelque tems de là ils c^EU* «.
furent introduits dans cette Capitale du Roïaume , où on APU61N*'
leur donna dans la ruë saint Honoré un établissement , dont
ils ont fait un grand 8t spatieux Couvent , où il y a ordinai
rement plus de cent cinquante Religieux. Ils en eurent en
suite deux autres dans la même ville l'un au fauxbourg saint
Jacques , & l'autre au marais du Temple. Paul V. leur per
mit î'an 1606. de recevoir les Maisons qui leur seroient of
fertes en Espagne > lis passèrent même les Mers pour aller
travailler à la conversion des Infidèles , & leur Ordre est
devenu si considérable qu'il est présentement divisé en plus:
de cinquante Provinces , & trois Custodics où il y a près de
seize cens Couvents & vingt-cinq- mille Capucins , outre les:
Missions du Brésil , de Congo , de Barbarie , de Grèce , de
Syrie & d'Egypte. Cet Ordre étoit autrefois gouverné par
un Vicaire Général qui étoit obligé de demander la confir
mation de son élection au Général des Conventuels en con
séquence de la Bulle de Paul III. de l'an 15:36. par laquelle
ce Pontife les soumit à la visite & à la correctionde ce Géné
ral , & leur donna le titre de Capucins de l' Ordre des Frè
res Mineursj mais l'an 1615?. Paul V. les exem^de deman
der cette confirmation , donna le titre de Général à leur Vi
caire Général > les exemta d'aller aux Processions fous la
croix des Conventuels ou de la Paroisse , & leur permit d'y
aller fous leur propre croix: ils étoientappellés dans les com-
mencemens Ermites , mais ils ont obtenu plusieurs Bulles qui
. défendent qu'on leur donne ce nom.
Cette Congrégation a produit plusieurs personnes d'une
éminente vertu, & entre les autres le Bienheureux Félix de
Cantalice Frère Laïc a mérité par la sainteté de sa vie que
l'Eglise lui déférât un culte public , aïant été mis au nombre
des Bienheureux par le Pape Urbain VIII. l'an 1615. &
canonisé l'an 171t. par Clément XI. Quelques-uns ont été
élevés aux premières Dignités del'Eglise,comme le Pere An
toine Barberin frère du même Urbain VIII. qui lefit Car-
• dinal , Evêque de Senigalia • & Grand- Pénitencier y le
Pere Joseph le Clerc du Tremblai , Instituteur de la Con
grégation des Religieuíes du Calvaire , qui après avoir été
emploie en plusieursnegociations importantes par le Roi de
178 Histoire des Ord r es Religieux,
i* i * i » France Louis XI II. suc nommé au Cardinalat par ce Prince;
mineurs ma\s jj m0uruc avanc que le Pape eùt fait une promotion de
Capucins. çarcnnaux.5£iepere Cassini,qui joiiit présentement de cette
Dignité, à laquelle il aété élevé par Clément XI. qui gou
verne l'Eglise depuis 1700. qu'il fut élu souverain Pontife.
Entre les personnes qui ont préféré l'humilité & la pau
vreté des Capucins à l'eclat de leur naissance & aux avanta
ges de la fortune , l' Italie a vu Alfonse d'Est Duc de Mo-
denne & de Reggio,qui,après la mort de son épouse Isabelle,
fille de Charles Emmanuel de Savoye , prit l'habit de cec
Ordreà Munich l'an 1616. fous le nom de Frère Jean- Bap
tiste , & mourut dans le Couvent de Castelnuovo de Garu-
viana le 23. Mai 1644. Ilavoiteude fa femme entr'autres
enfans François d'Est qui lui succéda dans ses Etats , & le
Cardinal Renaud d'Est Evêque de Modenne que le Roi de
France Louis XIV. nomma à l'Evêché de Montpellier ôcà
la qualité de Protecteur de son Roïaume en Cour de Rome,
où il signala son zele dans l 'affaire des Corses fous Alexan
dre VII. & la France a vû Henri Duc de Joïeufe Comte
de Bouchage, Pair & Maréchal de France, Chevalier des
ordres du Roi , Grand- Maître de fa Garderobe,Gouverneur
des païs d'*^jou , Maine & Perche & ensuite de Langue
doc, qui ap^es s'être distingué dans les armées de fa Majesté,
se fit Capucin le 4. Septembre 1587. vingt- six jours après la
mort de fa femme Catherine de la Valette íœur du Duc
d'Efpernon,& fit profeflion fous le nom de Frère Ange. II
demeura dans cet Ordre jusqu'en 155*. que son frère le
Grand Prieur de Toulouse s'etant noie dans le Tarn après
le combat de Villemur , les Seigneurs de Languedoc l'obli-
gerent à se mettre à la tête de leurs crorpes pendant les trou
bles de la Ligue, fous prétexte de conserver la Religion Ca
tholique dans cette Province > & par le crédit de son frère
le Cardinal de Joïeufe , il obtint du Pape les dispenses néces
saires. Il maintint tant qu'il put son parti dans le Languedoc
dont il eut le gouvernement Sc'fut un des plus zélés partisans
de la Ligue. Enfin Pan 1556.il fit son accommodement avec
Henri IV. qui lui donna le bâton de Maréchal de France-
II avoit eu pour fruit du mariage qu'il avoit contracté avant
qu'il fût Capucin,HenrietteCatherineDuchesse de Joïeufe,
Comtesse de Bouchage. II la maria Pan 1555. avec Henri
Cinquième Partie , Chap. XXIV. 179
de Bourbon Duc de Montpensierj & après ce mariage, p R E r 1
touché par les larmes de fa mere Dame très dévote , 8c Wimu
pressé par les remords dé* fa conscience , il rentra chez les
Capucinsjou il vécut le reste de ses jours avec beaucoup de
pieté,& mourut à Rivoli près de Turin le xj. Septembre de
Tan 1608. âgé de quarante- six ans. Son corps fut porté à
Paris & enterré dans le Couvent de son Ordre de la ruë
saint Honoré,où l'on voit son tombeau de marbre noir de
vant le grand Autel. La Princesse de Montpensier fa fille
épousa Tan 1611. en secondes noces Charles de Lorraine
Duc de Guise, & mourut le 15. Février de l'an 1656. âgée
de soixante & onze ans: elle fut enterrée en habit de Capu
cine dans l'Eglife des Religieuses de cet Ordré à Paris.
Nous ne parlerons point de tous les célèbres Ecrivains'
que cet Ordre a produits j nous nous contenterons de dire'
que le Pere Yves de Paris a été un des plus grands orne-
mens de cet Ordre, où il entra après avoir brillé par son
éloquence pendant quelque tems dans le premier Parlement
de France en qualité d'Advocat , & qu'il travailla avec un
zele infatigable jusqu'à sa mort qujarriva l'an 1685. tam a ^a
conversion des Hérétiques dont il a purgé une Province
presque entière, qu'à la composition de plusieurs excellens
ouvrages qu'il nous a donnés,au ffi- bien que le Pere Bernar
din de Pequigni mort l'an 17 10. après avoir fini ses beaux
Commentaires fur les Epîtres de saint Paul: le Pere Atha-
naseMolé, frère de Matthieu Molé, Premier Président au
Parlement de Paris & Garde des Sceaux de France, qui tra
vailla aussi jusqu'à sa mort à la conversion des Hérétiques
& des pécheurs avec beaucoup de fruit,fans parler de beau
coup d'autres qui endifferens'païs, tant Hérétiques qu'Infi
dèles, continuent tous les jours à donner des marques de leur
zele pour le salut des ames & la gloire de Dieu. Le Pere Za
charie Boverius donna les Annales de cet Ordre en 173*.
mais Wading remarque qu'il s'est r>lus étudié à abaisser la
famille de l'Observance , qu'il n'a taché d'élever la Congré
gation des Capucins i c'est pourquoi ces Annales furent
censurées par un Décret de l' Inquisition de Rome aussi- tôt
qu'elles eurent veu le jour , aussi- bien que la traduction Ita
lienne qui en fut faite par le Pere Sanbenedètti i & la lecture
û-'en fut gerrnifì qu'en 1651. après qu'elles eurent étécorrU
1S0 Histoire desOrdr.es Religieux,
Kttionr. gées en plusieurs endroits. Le Pere Antoine Caluze en fit
' "nia.1 une traduction Françoise l'an 1675. & k Vere Marcel de
Pise donna l'an 1676. un volume de la continuation des mê
mes Annales.
Zachar. Bover. & Marcel de Pise , Annal. FF. Minor.
Capucinorum. Luc Wading , Annal. Minor. Tom. VIII. Do-
minic de Gubernatis , Orb. Seras hic. & Silvest. Maurolic.
Ma r. Océan, di. tutt.gl. Religioni. lib. 5.
Chapitre XXV.
<
i?8 Histoire des Ordres Religieux;
•MiCtARis" Pas Permettre qu'elles tombassent entre les mains deslnfide-
5m. les , que fa prière suc exaucée : car les Sarazins qui a voient
déja escaladé les murs du Monastère, furent tellement aveu
glés qu'ils en tombèrent avec précipitation, & donnèrent 1 &■
pouvante aux autres, qui par leur fuite laissèrent les servantes
de Dieu en paix.
La même Ville d' Assise étant une autrefois extrêmement
pressée par Vitald'Aversa , Capitaine de l'armée Impériale,
qui aïant ruiné tous les environs , & reduit toijte la campa
gne en une triste solitude, avoit juré qu'il ne retourneroit
f>oint qu'il n'eût emporté cette ville de force , où qu'il ne
'eût obligée à se rendre > la Sainte touchée de ce malheur
assembla toutes ses filles , & leur remontra que ce seroit une
grande ingratitude à elles si après avoir reçu tant de charités
des habitans d'Assise , elles n'emploïoient le secours de leurs
prières auprès de Dieu pour obtenir la délivrance de cette
ville. Elle fit apporter de la cendre s'en couvrit la tête la pre
mière , en couvrit aussi la têce à toutes les autres , & elles
répandirent tant de larmes devant le Seigneur , le priant de
regarder cette ville d'un œil de pitié & de miséricorde , que
la nuit même toute l'armée ennemie fut mise en déroute , &
Vital obligé de se retirer avec confusion , ne porta pas loin
le châtiment que meritoient les désastres qu'il avoit faits dans
le païs , aïant été puni d'une mort violente qui Penleva de
ce monde dans le tems qu'il s'y attendoit le moins. Enfin
le tems auquel Dieu avoit déterminé de recompenser les tra
vaux de cette sainte Pénitente s'approchant , il voulut en
core éprouver fa fidélité & fa constance dans son amour par
une longue Sc pénible maladie , pendant laquelle elle fut vi
sitée par Raimond Cardinal d'Ostie Protecteur de l'Ordre ,
qui lui administra le saint Viatique. Elle lui recommanda
toutes ses filles,& le pria défaire confirmer par le Pape avant
qu'elle mourût , la Règle telle qu'elle l'avoit reçue de saint
François : il lui promit d'en parler au Pape qui étoit pour
lors Innocent 1 V. & l'alh trouver pour cet effet à Perouse:
ce Pontife lui donna toute son autorité pour confirmer cette
Règle ,& voulut bien, à sa sollicitation , visiter cette Sainte >
qui lui demanda par grâce que la Règle de saint François pût
.être observée dans toute fa pureté dans tous les Monastères
. ,de Religieuses de son Ordre, & qu'il luiplût révoquer toutes
Cinquième Pautie, Chap. XXV. it$
:les modifications que Grégoire IX. y avoic apportées &qu'il
avoit lui-même autorisées > ce que le Pape lui accorda, &
par un Bref qu'il fit expédier le 15. Avril de Tannée 1153.
il défendit au Général des Frères Mineurs &à tous les autres
de contraindre les Religieuses Damianistes à l'observance
d'une autre Règle que celle qui avoit été donnée par saine
François , & donna commission au Cardinal Protecteur de
faire observer cette Règle dans les Monastères où elle avoit
d'abord été reçue. Quoique ce Cardinal eût confirmé cette
Re^le par autorité apostolique , comme nous l'avons dit ci-
deflus , la Sainte souhaita avoir une confirmation du Pape
même i ce qu'il lui accorda encore par un Bref du p. Août
de la même année. Après cette confirmation la Sainte ne íou-
haitant plus rien fur la terre , fit son testament, à l'imitation
de son Pere S. François , par lequel elle laissa à ses filles,non
des biens temporels , mais la pauvreté qu'elle avoit reçue de
lui , & qu'elle souhaitoit de transmettre à toute sa postérité
Religieuse comme le propre héritage de sonOrdre,& elle ren
dit soname à Dieu le 12. Août l'an 1253. étant âgée de 60 ans
ou environ , après en avoir passé 42. en Religion , dans la
pratique de toutes les vertus Chrétiennes & Religieuses , &
dans les exercices de la plus austère pénitence. Au bruit de
fa mort , tous les habitans d'Assise de tout sexe, de tout âge,
& de toute condition accoururent au Monastère en si gran
de foule,qu'il sembloit que la ville fût abandonnéeôc déserte:
Pair retentissoit de tous côtés des cris d'allégresse de ces
peuples qui publioient fa sainteté & ion grand pouvoir au
près de Dieu. Le Pape même en aïant eu la nouvelle . vinc
a Assise avec tous les Cardinaux , Prélats & Officiers de fa
Cour , pouraílìster à.ses funérailles. Les Religieux de saint
François furent appellés pour faire l'Office dans l'Eglise de
saint Damien 3 comme ils entonnoient celui des Mons , le
Pape les interrompit voulant que l'on chantât plûcôt l'Office
des Viergesjmais le Cardinal d'Ostie Protecteur de l'Ordre
remontra à la Sainteté qu'il ne falloit rien précipiter dans une
affaire de cette importance,en forte que l'on dit la Messe des
Morts , après laquelle le même Cardinal fie l'O raison Funè
bre de la Sainte , dont le corps fut ensuite porté à la ville
pour être déposé dans l'Eglise de saint Georges , que le Pape
Grégoire IX. lui avoit donnée,& où on avoit autíì porté d'à-
A a iij
ipo Histo i m des Ordris Religieux,
TeVcI" k°r<A ^e corPs ae k'nt François. Innocent IV. étant mort
xissh. fur la fin de Tannée suivante , & le Cardinal d' O stie lui aiant
succédé sous le nom d'Alexandre IV. elle fut mile au nom
bre des Saints parce Pontife, qui étant bien informé de tous
les miracles qui se faisoient tous les jours à son tombeau , fit
la cérémonie de sa canonisation avec toute la solemnité pos
sible , &. fixa sa Fête au i x, d'Août.
L'Ordre de sainte Claire, qui avoit fait beaucoup depro-
grès du vivant de cette sainte Fondatrice , en fit encore da
vantage après fa mort , puisque nonobstant le grand nombre
deMonasteres qui ont été ruinés dans tous les Etats infectés
de Thérésie , il ne laisse pas d'y en avoir encore près de neuf
cens ,qui font soumis aux Supérieurs de l'Ordre de saint
François , dans lesquels il y a plus de vingt- cinq mille Re
ligieuses , & presque un auííì grand nombre qui sont fous la
Jurifdiction des Ordinaires. Dans le Chapitre Général qui:
se tint à Pise l'an j 163. sous le Généralat de saint Bonaven
ture , on y prit la résolution de quitter la Direction de ces,
Religieuses , qui prétendoient pour lors que les services que
les Frères Mineurs leur rendoient étoient de droit , & que
ces Religieux étoient obligés de les gouverner. Le Pape
Urbain I V. qui regnoit pour lors , reçut la renonciation de
saint Bonaventure , & déclara que les Frères Mineurs n'é-
toient point obligés à la conduite des Religieuses Damianis-
tes } & afin de prévenir toutes les contestations qui pour-
roient survenir dans la fuite à ce sujet entre elles & les Reli
gieux , ce Pontife leur donna à chacun un Protecteur parti
culier, qui furent pour les Religieux le Cardinal Jean Ca-
jetanj & pour les Religieuses le Cardinal de Palestrine ,.
Etienne d'Hongrie." Mais ces deux Protecteurs , au lieu de
faire cesser ces difficultés , eurent contestation ensemble : car
le Protecteur des Religieuses demandoit pour elles l'assistan-
ce des Religieux , 6c le Protecteur des Religieux soutenoit
3u'ils ne dévoient point être engagés derechef à leur con-
uite ,y aïant renoncé avec le consentement du Pape : enfin
les affaires arrivèrent jusqu'au point que le Cardinal de
Palestrine se démit de la protection des Religieuses , qui fut
donnée au Protecteur des Religieux: ce qui Fut le seulmoïen
de les accommoder: car ce Prélat fe voïant également chargé
des uns & des autres , pria saint Bonaventure de vouloir r*
Cinqijieme Partie , Chap. XXV. i$i
prendre le soin & la direction des Sœurs qu'il avoit quittées: nIU0wirtl
ce que ceSaint ne pouvant refuser auProtecteur,qui écoit fort s h s ct a-
affectionné à l'Ordre , il le lui accordajmais à condition que &U4SÎ;
toutes les Religieuses donneroient une reconnoissance par
écrit que tous les services que les Religieux de son Ordre
leur rendroient , ne leur seroient point dûs par^usticei mais
que ce seroit seulement un effet de leur charité. Depuis ce
tems-là les Religieuses de sainte Claire demeurèrent immé
diatement soumises à l'autorité du Protecteur de l'Ordre de
saint François ; & elles étoient visitées par les Provinciaux
& les Frères Mineurs que ce Protecteur leur donnoit pour les
gouverner Sc diriger. Ce qui n'étant pas fort agréable aux
Religieux , ils firent plusieurs tentatives fous les Papes Bo
nifiée VIII. Jean XXII. BonifacelX. & Eugène IV.
pour être déchargés de cet embarras 5 mais toujours inutile
ment : car tous ces souverains Pontifes obligèrent le Général
&les Supérieurs de l'Ordre de se charger de la conduite de
ces Religieuses , qu'ils ne commencèrent à diriger volontiers
que lorsqueJules 1 1. les aïant exemtées de lajurifdiction im
médiate , & du gouvernement du Cardinal Protecteur , les
soumit entièrement au Général 8c aux Provinciaux des Frè
res Mineurs , ausquels il donna fur elles la même autorité
qu'Urbain IV. avoit donnée au Cardinal Protecteur de
l'Ordre.
Lorsque saint Bonaventure eut repris la direction de ces
Religieuses l'an 1264. à la prière du Cardinal Cajetan, Pro
tecteur de tout l'Ordre , auquel elles étoient soumises , com
me nous lavons dit ci- dessus , ce Prélat voïant que plusieurs
de ces Religieuses suivoient la Règle étroite de saint Fran
çois , d'autres celle du Pape Grégoire IX. quelques-unes la
Règle d'Innocent IV. ôt d'autres enfin celle d'Alexandre
I V. ôc qu'en conséquence de ces différentes Règles on les
appelloit les Recluses , les pauvres Dames , les Sœurs Mi
neures, les Damianistes , & les Clarisses , résolu de les. réu
nir toutes fous un même nom & fous une même Observan
ce, il obtint du Pape Urbain IV. qu'on les appelleroit tou
tes à l'avenir les Religieuses de l'Ordre de sainte Claire , &
qu'elles n'auroient auísi qu'une même Règle , qui quoique ■
tirée de l'ancienne,fût plus convenable à la foibleífe du sexe,
cc Pontife lui aïant donné pour cet effet tous les pouvoirs ne.
i$i Histoire des Or.i5reî Religieux,
EtN cessaires pour mitiger la premiereRegle,il s'en acquitta avec
Cla- tant de prudence , que celle qu'il composa fut non seulement;
approuvée de sa Sainteté , mais encore reçue presque dansv
tous les Monastères de Religieuses , excepté en Espagne &C
en Italie : il y eut quelques Communautés de cet Ordre quL
voulurent t^ijours vivre dans cette grande pauvreté dont
sainte Claire avoit fait profession , contormément à la Règle
que saint François lui avoit donnée , & qu'elle avoit raie
confirmer par le Pape Innocent I V. celles qui suivirent la
Règle d'Urbain IV. furent nommées Urbanises , du nom
de ce Pontife j & celles qui ne voulurent pas l'accepterr
retinrent le nom de Clarisses.
Sainte Colette aïant réformé cet Ordre en France & en
Flandres , comme nous avons dit ailleurs , fit observer la
Règle de saint François à la lettre dans les Monastères qui-
embrassèrent fa Réforme; Sc cette Sainte s'étant adressée l'an
1435. à Guillaume de Casai , Général de l'Ordre des Mi
neurs , pour avoir des éclaircissemens fur quelques difficul
tés qui se rencontroient dans cette Regle,ce Général dressa à
cet effet des Déclarations en forme de Constitutions , qui
furent publiées Tannée suivante, après avoir été examinées
dans le Concile de Baie par les Cardinaux Légats du Pape
Eugène IV. quiavoient présidé à ce Concile : elles con
tiennent seize Chapitres , dans le second desquels il est or
donné que les Soeurs feront leur profession en ces termes :
Je iV, voué & promets k Dieu , k la Bienheureuse Vierge , k
saint François yk sainte Claire , k tous les Saints , & k Fousr
Révérende Mtre , de garder tout le tems de ma vie la forma
de vie prescrite aux pauvres Sœurs de sainte Claire parsaint-
François k la même sainte Claire . approuvée par le Pape In
nocent IV. vivant en obédience ,sans propre , en chasteté , dr
gardant la clôture perpétuelle. Anciennement elles promet- 1
toient seulement d'observer toute leur vie la Règle des pau
vres Soeurs de saint Damien.
Saint Jean Capistran , étant Vicaire Général de l'Obser-
vanee, fit des Commentaires fur cette même Règle , & dé
clara qu'il y avoit cent trois préceptes qui obligeoient à péché:
mortel : mais le Pape Eugène I V. jugeant que cela étoit trop-
rigoureux pour des filles , déclara l'an 1447. qu'elles ne se
xoient point obligées , fous peine de péché. mortel , à aucune
point;
RelicfîeiweL Cíarùjc,
. i6 en Alan teait
Cinquième Partie , Chap. XXV. 1^3
point de leur Règle , sinon en ce qui concernoit les vœux Heuswm
, essentiels de pauvreté, d'obéïssance,de chasteté & de clôture, "Z,,^*
& ce qui regardoit l'élection & la déposition de l'Abbesse. 11
déclara auísi qu'elles ne seroient point obligées à d'autres
jeûnes qu'à ceux ausquels les Frères Mineurs étoient obli-
gés j qu'elles garderoient la même manière de vivre au tems
de Carême j & quant aux autres jeûnes, comme en ceux des
Quatre-Tems , des Vigiles des Apôtres, & autres sembla
bles , qu'elles observeroient la coûtume de l'Ordre, selon les
lieux & les païs où étoient situés leurs Monastères j & à cause
de la pauvreté de quelques Monastères , il leur permit aussi
de se servir dans leurs mets de graisse ôc de lard , & voulut
qu'elles portassent des soques ou sandales , & même des
chausses , lorsqu'elles en auroient besoin. 11 se trouva néan-
moins-plusieurs Monastères qui ne reçurent point ces dis
penses du jeûne , principalement ceux de la Réforme de la
Bienheureuse Colette , &. ceux que l'on appelle de Y Ave
Maria , dont il y en a un à Paris , où les Religieuses jeûnent
pendant toute Tannée > & vont le plus souvent nuds pieds
lans sandales.
Nous avons déjadit que le Pape Grégoire IX. dans les
Constitutions qu'il donna aux Religieuses Clarisses n'étant
encore que Cardinal j & que le Pape Innocent III. confir
ma fous le nom de Règle > ordonna qu'elles auroient deux
tuniques outre le manteau, avec un fcapulaire pour le tra
vail i mais saint François, parla Règle qu'il donna à sainte
Claire, leur accorde trois tuniques & un manteau , & ne parle
point de scapulaire. Il dit seulement qu'elles pourront avoir
un manteau pour le service & le travail, que quelques- uns
ont interprète devoir être un tablier , & d'autres un scapu
laire. C'est pourquoi quelques Religieuses de l'Ordre de
sainte Claire qui suiventia Règle de laint François, portent
des scapulaires , & d'autres n'en ont point. Quelques-unes
ont des robes de drap gris , d'autres de serge 5 les unes ont
des soques ou sandales , d'autres font toujours nuds pieds.
11 y en a qui portent des manteaux descendant jusqu'aux
talons, & d'autres fort cours , les unes & les autres ont leurs
robes ceintes d'une corde blanche à plusieurs nœuds. II y a;
encore de la différence dans la coëffure j les unes aïant des-
voiles noirs , les autres les aïant en forme de capuce.
154 Histoihe des Or.dr.es Religieux,
j- Nous ne parlerons point en particulier de toutes les Sain-'
A" tes & Bienheureuses que cet Ordre a produit. Les princi
pales après sainte Claire & sainte Colette } sont sainte Cathe
rine de Bologne>dont le corps s'est conservé jusqu'à présent
sans corruption j sainte Cunegonde, sainte Hedwige Reine
de Pologne , & la Bienheureuse Salomé Reine d'Hongrie.
Un grand nombre d'autres Princesses ont aussi foulé aux
pieds toutes les vanités du siécle pour se revêtir du pauvre
habit de saint François en entrant dans cet Ordre , comme
Catherine d'Autriche fille d'Albert Comte de Habsbourg,
Anne d'Autriche Reine de Pologne , Agnès fille de l'Empe-
reur Loiiis de Bavière , Blanche fille de saint Louis Roi de
France , une autre Blanche fille de Philippe le Bel aussi Roi
de France, Catherine fille de Frédéric Roi de Sicile, Con
stance fille de Mainfroi aussi Roi de Sicile , & plus de cent
cinquante autres
Luc Wading , Annal. Minor. Tom. I. II. & ///.Dominic.
de Gubernatis , Orb. Seraphic. Tom. II. Thomas Baron , Re
marquesfur la Règle des Sœurs Mineures Urbanistes > Félix
Covillens , les Réflexionsfur la Règle desainte Claire. Giry ÔC
Baillet, Vies des Saints ix. Août.
Chapitre XXVI.
Chapitre XXVII.
27.
Cinquième Partie , Chap. XXVII. 107
Crucifix à saint Marcel alla quêter par la ville pour le bâti- itELimw-
ment de leur Eglise & du Monastère qui est sous le titre du se"u,*TO-
saint Sacrement. Cette Confrairie a toujours contribué de
puis ce tems-la à leur subsistance. Le Cardinal Baroniua
aïant fondé à Rome une Maison pour retirer de pauvres
filles orphelines, proche l'Eglise de sainte Euphemie, où il y
avoit autrefois un Monastère de Religieuses de l' Ordre de
saint François qui depuis a été apDellé le Conservatoire de
sainte Euphemie , fit auífi bâtir à coté un Monastère de Ca
pucines auquel il joignit une Eglise dédiée à saint Urbain ,
afin que ces orphelines qui voudroient être Religieuses fus
sent reçues fans dot dans ce Monastère. On fit sortir quel
ques Religieuses de celui du saint Sacrement, ausquelles se
joignirent quelques-unes de ces orphelines qui commencè
rent cet établissement & y firent profession : ces fondations
furent approuvées Tan 1600. parle PapeClement VIII. &
confirmées par Grégoire XV. Les orphelines de sainte Eu
phemie sont élevées dans leur Conservatoire sous la dire
ction de quelques femmes pieuses. Outre le travail manuel
auquel on les occupe , elles disent tous les jours en commun
à voix haute certaines prières : il y en a toujours deux qui
tour à tour prient pendant une demie heure devant le saint
Sacrement , & onze qui tous les soirs prennent la discipline
dans l'Eglise. Elles font habillées de serge noire : leur robe
est ceinte d'une corde blanche comme les Religieuses de saint
François, & elles ont un voile blanc pour couvrir leur tête.
Saint Charles Borromée Archevêque de Milan & Cardinal
fonda aussi deux autres Couvens de Capucines à Milan; mais
ils ne font pas fous la direction des Capucins. Un autre
.établissement se fit à Paris l'an 1606. Loùile de Lorraine
veuved'Henri III. Roi de France & de Pologne , aïant en
tendu parler des Capucines qui étoient en Italie, voulut
aussi en fonder un Monastère en France. Elle cn écrivit au
Pape Clément VIII. qui lui promir de favoriser son dessein ;
& parce qu'elle souhakoit que les Capucins en eussent la
direction , elle écrivit encore au Pape pour le prier de leur
commander de prendre ces filles fous leur conduite. Mais
dans le tems que cette Princesse voioit que ses désir > alíoient
être accomplis , elle mourut l'an 1601. & ordonna par son
Testament que l'on cmploïât vingt-mille écus pour la con-
io8 Histoire des Ordr.es Religieux.
struction de ce Monastère qu'elle choisit pour le lieu de í*
sépulture.
Philippe- Emmanuel de Lorraine , Duc de Mercœur »
frère de cette Princesse, fut son héritier universel ; mais ce
Prince après avoir remporté plusieurs victoires fur les
Turcs contre lesquels il combattoit pour lors en Hongrie*
étant mort à Nuremberg l'an 160*. lans pouvoir exécuter ^
les dernieres volontés de la Reine fa sœur , la Duehtsse de
Mercoeur qui étoit une Dame d'une grande pieté voulanc
suppléer à ion défaut,demanda au Roi Henri 1 V. son agré
ment pour cette fondation. Non seulement ce Prince lui ac
corda une demande si juste & si pieuse par les Lettres Pa
tentes qui lui en furent expédiées & vérifiées en Parlement
en i6oi- mais encore il écrivit au Pape , afin que fa Sainteté
donnât les permissions nécessaires pour cet établissement. Le
saint Pere accorda un Bref l'an 1603. tel que la Princesse le
demandoit , 6c ce Pontife par le même Bref ordonna aux
Capucins de prendre la conduite des Capucines que l'onéta-
bliroit à Paris.
La Duchesse de Mercœur aïanr reçu ce Bref chercha
un lieu propre à Paris pour bâtir ce Monastère, & comme elle
fou hahoit qu'il fût proche le Couvent des Capucins , elle
achetâ l'Hotel de Rerz appellé l'Hôtel du Peron. , situé dans
la rue saint Honoré , & vis-à-vis les Capucins. Les fonde-
mens du Monastère y furent jettés l'an 1604. & pendant que
l'on travailloìt à cet édifice, la Princesse, en vertu du Bref du
Pape qui lui permettoit d'admettre à l'habit de Novice avec
l'agrément des Capucins les filles qui voudroient embrasser
cette Réforme , en choisit douze qu'elle mit dans une Mal-
son qu'elle avoit à la Raquette au faux bourg saint Antoine ,
où elle fit accommoder en forme de Couvent un corps de
logis séparé: onleury donna l'habit de l'Ordre le 14. Juillet
1604. lçavoir une robe & une tunique de gros drap avec
un voile blanc, comme si elles eussent été Novices, excepté
qu'elles ne prirent point la corde , le manteau ni les sandales ,
& qu'on ne leur coupa point les cheveux : quelque tems
après elles y furent visitées par le Cardinal Boufalo Nonce
du Pape.
Ces douze filles aïant été éprouvées & exercées dans toutes
les pratiques de la Règle pendant l'efpace de deux ans, au
bout:
Cinquième Partie , Chap. XXVII. 10*
bout desquels le Couvent qu'on leur préparoit à la ruë saint reuoieu.
Honoré tut achevé , le Provincial des Capucins & le Peres^J'APU''
Ange de Joïeuse pour lors Gardien , allèrent le 14. Juillet0
1606. à la Roquette pour sçavoir û elles persistoient dans>
leur vocation , ÒL voïant que leur zele 3c leur ferveur n e-
toient point diminués , ils les admirent au Noviciat , leurs-
cheveux leur furent coupés, & on changea leur nom du mon
de en ceux de douze Saints dont on leur en donna un à cha
cune pour leur servir de Protecteur auprès de Dieu. Madame
de Mercœur qui n'avoit rien épargne pour le nouveau Mo
nastère , dont la dépense excedoic de beaucoup la somme que
la Reine Loiiise avoit ordonnée par son Testament, voïant.
que toutes choses étoient en état pour y recevoir les nouvel
les Religieuses , les fit venir dans des caroíTes à l'Hôtel de
Mercœur qui étoit proche leur Couvent , où étant arrivées
fur les deux heures après minuit» elles y restèrent jusque sur
les huit heures du matin ,que les Capucins au nombre de
quatre-vingt les allèrent quérir en procession pour les con
duire dans leur Eglise,où le Cardinal de Retz assisté de l'E-
vêque de Paris son neveu les attendoit à l'Autel revêtu de
ses ornemens Pontificaux. II y avoit auprès de lui douze
Couronnes d'épines préparées pour mettre fur la tête des^
douze Novices qui dévoient ce jour- là prendre poílession du-
titre &du nom de Filles de la Passion. Après quelques priè
res ce Prélat leur mit ces Couronnes fur la tête , & la Du
chesse de Mercœur présenta à chacune des Princesses qui
assistoient à la cérémonie , une Religieuse pour la conduire
jusqu'au nouveau Monastère. Les Capucins continuèrent à
marcher en procession > les Religieuses les suivoient,& après
elles le Cardinal de Retz accompagné du Provincial & du-
Père Ange de Joïeuse. La Messe fut célébrée solemnellement.
par ce Prélat, & après la prédication qui fut faice par le Pere:
Ange , les Religieuses furent introduites dans Je Cloître.
Ce même jour on apporta de Lorraine le cœur du Duc de
Mercœur qui fut mis dans la nouvelle Eglise ,où le corps de
la Reine Loiiise de Lorraine fut aussi transporté du-Mona-
steredes Religieuses de sainte Claire de la ville de Moulins*
où il avoit été en dépôt depuis fa mort. Peu de tems après-
que ces Religieuses Capucines eurent pris possession de cette
Maison , on en reçut d'autres, & les douze premières firent
Tome VIL D-d
riio Histoire des Ordres Religieux,
Relicisu- profession le ti. Juillet de Tannée suivante 1607.
cin£ì*PU ^ Y eut encore un nouve^ établissement de Capucines à
Marseille Pan 1615. dont la Baronne d'Alemagne Marthe
d'Oraison fut Fondatrice. Elle étoit fille de François Mar
quis d'Oraison , d'une Maison illustre en Provence » & fut
mariée à l'âge de seize ans au Baron d'Alemagn e, qui aì'ant
été tué en duel > la laissa veuve deux ans après leur mariage,
dont elle eut une fille qui fut mariée dans la fuite au Mar
quis des Arts. Cetce jeune veuve se retira après la mort de
son mari à Riez, ok elle s'appliqua à bien régler ses mœurs,
à vivre dans une grande modestie , renonçant peu à peu à
l'usage de la soye Sc des habits somptueux j & à secourir le
• prochain dans tous ses besoins spirituels & corporels. Non
contente de pratiquer la charité envers les pauvres,elle crut
qu'il étoit de son devoir d'inspirer de bonne heure à sa fille
des scntimens de compassion pour les misérables. C'est pour
quoi aïant fait venir une petite orpheline dans une de ses
Terres appellée Falemcs , elle la dépouilla elle-même de ses
pauvres haillons en fa présence , & la revêtit d'un habit de
cette jeune Demoiselle , afin qu'elle apprît à se dépouiller
elle-même pour revêtir Jésus- Christ dans ses membres. Elle
alloit consoler les pauvres malades & les servir dans leurs
maisons > & quand on leurportoit le saint Viatique dans les
lieux les plus éloignés , elle l'accompagnoit à pied , quoiqu'il
y eût quelquefois une grande lieuë , fans que les plus mau
vais tems fussent capables de la rebuter dans ce saint exer
cice. Dans un séjour de trois mois qu'elle fit à Cisteron , elle
scrvoit tous les jours les pauvres à l'H ôpital , où. fa charité
attira toutes les Dames de la ville , qui à son exemple com
mencèrent à rendre à ces pauvres affligés tous les devoirs
d'une charité véritablement chrétienne , dans lesquels qette
sainte veuve continua de s'exercer dans tous les endroits où
elle demeura. Enfin elle forma le dessein de bâtir en quelque
bonne ville de Provence un Couvent de Capucines pour
s'y retirer quand elle auroit marié fa fille. Les habitans de
Toulon l'aïant sçu , la prièrent de faire cet établissement
flans leur ville s mais le lieu qu'ils lui offrirent ne se trouvant
pas commode 1 elle le fit à Marseille l'an 161*. aïant emploïé
plus de cent-mille- livres à la construction de ce Monastère,
ou , après avoir marié fa fille au Marquis des Arts , elle se
V
Cinquième Pxktib , Chap. XXVII. ttr
renferma & prie l'habit de Novice avec douze ou quinze Riuniv
Demoiselles,qui furent toutes instruites de la vie Religieuse 'ES c*pt'*
par trois Capucines que l'on fit venir exprès de Paris pour °IN"'
Chapitre XXVIII.
\
Cinquième Partie ,Chaï. XXIX. nv
8c sa sœur la B. Isabelle de France 3 Bela Roi d'Hongrie > ©jttww
sainte Elizabeth sa sœur , femme du Lantgrave de Tunngej ^'''j
sainte Elizabeth Reine de Portugal, & plusieurs autresPrin- s. f*a*-
ces , Ducs , Marquis , Comtes, Barons & Gentilshommes, ÍOtt*
N
Cinquième Partie , Chap. XXIX. izj
cire que ce Pontifè avoit donné à tous les Evêques de ne orisine
point souffrir lesHeretiquesBegghards ou Béguins dans leurs £° Tieri
Diocèses. Mais le Pape informé de la haine & des mauvais s. fran-
deíTeins que l'on avoic contre les Tierciaires au sujet de ces î0IS-
noms , donna une Bulle Pan 13 15). par laquelle ilrecomman-
doit à tous les Prélats de l'Eglise , tous ceux qui faisoienc
profession du Tiers Ordre de saint François , les assurant
qu'ils n'étoient pas compris dans la condamnation des Fra-
ticelles , Begghards & Béguins , qui étoient des vagabonds
qui n'avoient aucuneRegle que celle que leur prescrivoit l'a-
mour de la liberté 6c de l'indépendance , & il écrivit depuis
aux Evêques de Toulon, de Cambrai & de Paris qu'il n'en-
tendoit pas comprendre dans ses censures, ces hommes qu'on
appelloit Béguins , ni ces femmes qu'on appelloit Béguines^
qui faisant véritablement profession de la troisième Règle
de saint François , vivoient avec édification fous la conduite
des Prélats Ecclésiastiques & des Supérieurs de l'Ordre.
Ces deux Bulles jointes à un témoignage si authentique
aïant pleinement justifié les Tiertiaires de saint François ,
des calomnies qu'on leur avoit imposées , leur Ordre ht de
nouveaux progrés. Un grand nombre de souverains Ponti
fes en le confirmant derechef, lui accordèrent plusieurs pri
vilèges- Le nombre des Saints & des Saintes qu'il a produits
depuis le commencement de son origine est très considéra
ble > il se glorifie d'avoir eu entre les autres saint Louis Roi
de France , saint Elzear Comte d'Arien en Provence , & sa
femme sainte Delphine , saint Ive , saint Roch , saint Con
rad , sainte Elizabeth de Hongrie , une autre sainte EHza-
beth Reine de Portugal , sainte Brigitte Princesse de Sucde,
sainte Françoise Dame Romaine , sainte Viridiene , sainte
Luce , sainte Angele de Corbare , sainte Rose de Viterbe,
sainte Humiliane , le B. Luciuá , & la B. Colette de Corbie»
dont tout l'Ordre de saint François célèbre les Fêtes , avec
des Offices particuliers.
Les personnes illustres , tant par la grandeur de leur nais
sance, que parla rareté deleur mérite qui ont aussi embrafle
cet Ordre , sont en trop grand nombre pour donner ici tous
leurs noms. Nous nous contenterons , pour faire voir com
bien il a été honoré par la distinction de ses Sectateurs , de
rapporter le témoignage du Cardinal de Trejo , qui écri
Ì14 Histoire dis Ordres Religieux,
o*teiNi vant au P. Wading Tan i6zi. lui die, qu'après les grâces &
Oao*"»Ncs faveurs qu'il avoic reçues du Ciel par Finterceffion de S.
s. Tg.An. François, il n'étoit entré dans le troisième Ordre qu'à Fimi-
,0 s' tation de saint Louis Roi de France , de sainte Elizabeth
Chapitre XXX.
Chapitre XXXI.
Chapitre
Cinqtjieme Par-tte, Chap. XXXII. 241
. Religieux
D U TlERs
Chapitre XXXII.
ÇOIS DI|
Des Religieux Penitens du Tiers Ordre de saint François Congr*-
✓ I I CATIONS Dt
de U Régulière Observance des Congrégations de Sicile , p^"^"
í/e Dalmatie>& d'Lflrie, présentement unies à celle de " Dl*-
Lombardie.
Chapitre XXXV.
Chapitre XXXVI.
ÇOI S EM
Des Religieux Penitens du Tiers Ordre de saint François portuoai.
de la, Régulière Observance en Portugal.
Chapitre XXXVII.
^8
Cinqtjieme Pab.tie,Chap. XXXVIII. 187
—— ■ r „ Origwh
Chapitre XXXVIII. om.srs d'J
Tit ks Or.
De ì'origine des Religieuses du Tiers Ordre de faint'Fran- °.R fran-
fois y avec la Vie de sainte Elisabeth de Hongrie,veuve s 0 1 *•
i
ClKQJTliMB PAHT1Ê, CHÁ*. XXXVIII. 1JJ ,
tines. Les unes suivent la Règle de Nicolas IV. d'aucres o*t«rN*
celle de Léon X. La plupart font habillées de gris. Les unes
ont des scapulaires , d'autres n'en portent point. II y en a BU T'£»1*
auífi qui font habillées de blanc , d'autres de noir & d'autre* s.R f*an-
debleu. Nous parlerons de quelques unes de ces Religieu- s0"-
ses plus particulièrement dans les Chapitres suivans , ôc
cous donnons la figure d'une des anciennes Religieuses
Hospitalières de cet Ordre qu'on nornmoit de lu CeSe , qui
étoient habillées de gris, & portoient des manteaux noirs
lorsqu'elles sortoient. Comme la Règle défend de porter des
habits tout- à fait blancs ou tout à fait noirs ,ces Hospita
lières de la Ceîle des Monastères de saint Orner , Hesdin ,
Abbeville & Montreùil eurent du scrupule de porter des
manteaux noirs , quoiqu'elles en eussent eu permission du
Pape Sixte IV. Elles s'adressèrent l'an 1489. au Pape Inno
cent VIII. qui leva leur scrupule &. confirma la permission
que son prédécesseur leur avoit donnée de porter ces man
teaux noirs-qui les couvroient depuis la tête jusqu'aux pieds,
& ne portoient point de scapulaire non plus que certaine*
Hospitalières dont nous avons fait aussi graver l'habille-
ment, & qu'on appelloit les Soeurs de la Fatílt , à cause des
grands manteaux qu'elles portoient aussi , au haut desquels '
il y avoit un rond de chaperon qui couvroit leur visage
pour n'être point vûcs du peuple : elles alloient servir les
malades dans leurs maisons, & avoient foin des pestiférés :
leur habillement étoit gris.
Vincent. Bellovacensis//£.îo.Speculi. í/^.Ci36.S. Anton.
3 part.H/Jì.Tittd. 19. t- i. Wading , Annal. Minorum. T. 1.
An». 1x18. n. 84. S. Bonavent. Scrm. de S. Elifab. Conrad,
de Maspurg , Epifi. ad Tapant. Gregor. IX. de Vita S. Elisa
beth. Joan Mar. Vernon , Annal. 3. Ord. S. Franci^cì. Franc
Bordon , CbromUg. FF. & Soror}. Ord. S. Frcncijcu
O © Lij
*J4 Histoire desOrdres Religieux >
Oxkjini .
»ïí RtLI-
«««« Chaïitr e XXXI X-
» W Tl£RI
s.rdfran.t Des Religieuses du Tiers Ordre de saint François vivant
C H A P I T K E X L. ZÍJ™
S. Fran-
Des Religieuses Hospitalières du Tiers Ordre de S. François
dites les Sœurs Grises.
Chapitre XLI.
32
Cinquième Partie, Chap. XLI. 311
<:ette Réforme , qui nonobstant cec ordre ont néanmoins R.hlioîbu.
abandonné quelques- uns de ces Monastères , & n'ont pas tÌfrs or"
voulu le charger de la conduite de quelques autres , qui íont pR*NDï S-
ceux de Lion , l'un fous le titre de Sainte Elisabeth , dans la 01 Çl"b.
place de Bellecourt , un autre au Fauxbourg de Vaize , obse*yam
fous le titre , des deux Amants, & l'autre nommé les Colinet- ce.
tes. Les autres dont ils n'ont pas voulu s'embarasser , font si
tués à Roiiane , à Marseille, à Gray , à Dole , & à Mont-
Ferrand j il n'y en a présentement que cinq qui sont soumis
à la jurifdiction de l'Ordre, sçavoir ceux de Paris > Nancy,
Salins , Arbois , & Lions- Lesaunier.
Les Observances de ces Religieuses font presque les mê
mes que celles des Religieux de la même Reforme. Ce qu'el
les ont de particulier , c'est qu'elles dorment dans des lin
ceuls de serge- Elles peuvent porter des chaussons & des
chaussettes de laine , depuis la Fête de saint François jus
qu'au premier jour de Mai. Elles élisent leurs Supérieures
dans les visites que les Provinciaux ou leurs Commissaires
font tous les ans- de leurs Monastères. Elles ont deux heu
res de travail manuel tous les jours. Elles ne vont aux grilles
qu'accompagnées de quelques Religieuses, & il leur est dé
fendu de parler les toiles tirées & ouvertes & le voile levé,
íìnon avec la permission de la Supérieure qui la doit accor
der rarement. Les jeûnes & abstinences , les heures du si
lence ôcdes Offices, 6c tous les autres exercices, tant de dé
votion que de mortification pratiqués par les Religieux.leur
font communs. Leur habillement est aussi semblable à celui
des Religieux , excepté qu'elles ont un scapulaire j & pour
couvrir leur tête les Sœurs du Choeur ont un grand voile
noir d'étamine, de cinq pieds de long & de trois & demi de
largeur , avec un plus petit de toile blanche 3 "les Novices &
Sœurs Converses ont un grand voile blanc, & les unes & les
autres, c'est à-dire , tant les Professes que les Novices ou
Sœurs Converses portent des sandales de bois ' ou de cuir.
Les Religieuses des trois Monastères de Lion & de celui
de Roiiane ont des Constitutions particulières qui furentap-
prouvées par le Cardinal Alfonse Louis de Richelieu, Ar
chevêque de Lion,& grand Aumônier de France. Ces Reli
gieuses différent des autres Réformées,en ce qu'elles portent
des habits de serge en été, & de drap en hiver,ôí qu'elles font
3ii Histoire des Ordr.es Religieux,
*,t,GU"ú toujours chaussées. Elles ont des chemises detoile,& elles peu*.
TitRs Or- vent manger de la viande rôtie le soir:ce qui n'est pas permis.
François' aux autres non plus -qu'aux Religieux , excepté sept ou huit
oh l'e fois l'année.Elles ne font élection de leurs Supérieures & des
Obsirtan autres Officières que tous les trois ans- Les anciennes qui
•*• ont soixante ans ne disent plus de coulpes , & les Soeurs
Converses font deux ans de Noviciat. Elles se reconnoissent
toujours néanmoins filles de la Réforme j car par leurs Con
stitutions , àl'endroit où il est parlé dur vœu d'observer les
Commandemens de Dieu , il est dit , qu'elles suivront la
déclaration faite au Chapitre Général des Pères du même
Ordre , tenu au Couvent de Picpus l'an 1 615. où présidoient
les Commissaires Apostoliques , dans lequel Chapitre il fut
ordonné que par la transgression d'un Commandement dç
Dieu , l'on ne commettoit point deux péchés mortels , mais
un seulement , & qu'elles suivroient aussi la déclaration
faite dans le même Chapitre, touchant les transgressions da
la Règle & des Constitutions, qui est que ce vœu obligeíeu-
lement à péché mortel lorsque la pénitence à été requise;
Quant aux Mères Françoise , òc Claire Françoise de Besan
çon leurs Fondatrices, la première mourut le 4. Avril 1615»
dans le Monastereyie Salins , & fa fille dans celui de sainte
Elisabeth à Paris le premier jour d'Avril 1637. Schooner
beck s'est trompé.lorlqu'il die que ces Religieuses reçoivena
toutes sortes de filles , tant honnêtes que mal- honnêtes , qui
font résolu ës de faire pénitence de leurs péchés. Leur Rè
gle leur défend au contraire de recevoir des personnes qui
n'auroient pas une bonne réputation. Ce qui a pu tromper ces
Auteur , c'est le nom de Pénitentes que l'on donne à ces Re
ligieuses , mais ce nom leur est commun avec toutes les au
tres personnes qui font profession de la troisième Règle de
íaint François que l'on nomme de la Pénitence..
Joann. Mar. Vernon. Annal 3. Ord. S: Francise/'. Schoo»
nebeck , Description des Ordres des femmes &filles Religieuses
£.64. Mémoires ManuscritSy&Confiitutions des Religieuses dm
Tiers Ordre de l'Etroite, observance.
Chap:
« Cinquième Partie ,Chap. XLII. 313
. , Rfligiîu-
Chapitri
CrNQjJiEME Partie , Chap. XLHI. yir
. HslSFITA-
Chapitre X L I 1 1.
*
Cinquième Partie , Chap. XLIII yif
Pestimede l'Administrateur de cet Hôpital , auquelil vou- hospitaw
lut par un plus grand désir de perfection soumettre ía vo- l,fRS » «r
lomé en lui obéissant comme à Ion Supérieur. Non con- Brb*d" $!
tant décela commençant à se déeoûxer entièrement du mon- Fka'Vî5»-
de n voulut en quitter non leulement les maximes, mais meme les Ohn-
l'habit , se revêtant d'une robe de couleur minime , & enfinS""'*
de Phabit du Tiers Ordre de saint François qu'il prit quel-
que tems après, 6c fous l'un & l'autre de ces habillemens il
portoit un rude cilice , qu'Une quitta point pendant tout le
tems qu'il vécut. II passa ainsi douze ans au service de cet
Hôpital: on ne parloit à Madrid que defes vertus, & il y eut
{>lusieurs personnes qui vinrent àl'Hôpical de la Cour dans
e dessein d'imiter son zeleêc son assiduité à servir les pau
vres malades. Quelques uns de ces imitateurs de son zele 5c
de fa charité lui aïant demandé avec instance de les recevoir
pour Disciples ôc de leur donner un habit pareil à celui qu'il
portoit, il rorma le dessein d'établir fa Congrégation y étant
porté par l' Administrateur de l'Hôpital qui en avoitun très
grand désir. Mais comme le Roiétoit Protecteur de cet Hô
pital , Bernardin ne voulut pas exécuter son dessein sans
en avoir eu la permission de ce Prince. Philippe II. regnoit
pour lors , & comme cc grand Roi joignoit à les autres ver
tus celle d'une grande pieté , il accorda la demande de Ber
nardin 8c lui permit de donner l'habit à ceux qui feprésen-
teroient pour le recevoir. Ce zélé Fondateur muni de cette-
permission , demanda aussi le consentement de l'Archevê-
que de Tolede,qui lui aïant été accordé il donna l'an 1567*.
l'habit de sa Congrégation à six jeunes gens. Le premier
qui le reçut fut Jean de Mata natif de Suen- Major , qui
mourut en odeur de sainteté. Le second fut Jean de Men-
doça de Segovie,qui après avoir servi les pauvres malades
fous fa conduite pendant quelque tems , entrachez les Dé
chaussés de l'Ordre de saint François, & mourut Gardien
du Couvent de Medina del Campo. Le troisième se nom-
moit Jean de Montés de Madrid qui entra quelque tems
après dans l'Ordre des Minimes. Le quatrième Pierre de
Hurtado de Cuença qui entra dans la Compagnie de Jésus
& souffrit le martyre au Japon. Le cinquième Jean de Gar
das qui entra dans la même Société 5 & le sixième nommé
Jean de Dieu , qui mourut dans fà Congrégation , que plu>
5x4 Histoire des Ordr.es Religieux ,
Ho^pita sieurs autres ausquels il donna l'habit augmentèrent encore:
Tii w Or" ensorte que la même anne'e il eut vingt Disciples. L'habit
tri des. qu'il leur donna consistoit en une robe de drap de couleur
jpptm"' brune & un manteau de même à la manière de celui des Ec-
Us Obr»- clesiastiques. Leur robe écoit serrée d'une ceinture de cuir.
Ils avoient des chemises de serge & portoient -des chapeaux
noirs quand ils sortoient j mais dans la Maison ils avoient
de petits bonnets noirs. ,
Ce Fondateur se voïant un nombre suffisant de Disciples
leur distribua à chacun les Offices de la Maison , voulant
qu'ils obéissent en toutes choses à l' Administrateur, & qu'ils
ne s'emploïassent qu'au service des pauvres. Ils avoient les
heures marquées pour faire l'Oraison , se rendant pour cet
effet à l'Oratoire quand ils avoient donné aux malades ce
dont ils avoient besoin. Bernardin étoit le premier à leur
donner l'exemple. Cette charité qu'ils exerçoient envers les
malades tant de jour que de nuit jointe à tous les autres
exercices de pieté & de mortification qu'ils pratiquoienc,,
leur attira une si grande estime , que tout le monde leur ap-
portoit comme à l'envi : ce qui aïant considérablement au
gmenté les revenus de l'Hôpital , le pieux Fondateur qui ne
cherchoit pas à s'enrichir aux dépens des pauvres , mais au
contraire qui les servoit par une charité .désintéressée , au
gmenta à proportion des revenus le nombre des Infirmiers, .
afin que les malades en fussent mieux servis & plus soula
gés dans leurs maux. II en reçut encore vingt Tannée sui
vante 1568. ce qui le détermina à demander la confirmation
de sa Congrégation , qu'il obtint en 1565?. de M. Caraffa
Archevêque de Damas, & Nonce du Pape en Espagne.
La réputation de ces nouveaux Hospitaliers se répandant
çar toute l'Espagne , il y eut plusieurs villes qui en voulu
rent avoir. La première qui en demanda fut celle de Bur-
í^os , où ils entrèrent dans l'Hôpital rvoïal , ensuite ils furent
établis à Guadalaxara , Murcie , Najara , Belmonte , & en
d'autres lieux.
Bernardin aïant compassion des pauvres malades qui sor
toient des Hôpitaux encore foibles , persuada au Roi d'en
fonder un pour les convalescens dans la ville de Madrid : ce
que ce Prince fit l'an 1 569. 6c comme les fondcmens en fu
ient jettes le jour de sainte Anne , on donna p jur ce sujet le
Cinquième Partie , Chap. XL1II. 315
nom de cette Sainte à cet Hôpital. 1 J y av jit pour lors à Ma Ho»ftA-
<irid dix huit Hôpitaux j mais comme ìx plupart n'avoient iJM*s £ •
Î>as suffisamment de revends pour l'entretien des malades, mie de s.'
e Roi voulant supprimer une partie de ces Hôpitaux & unir Î^Te'î '
leurs revenus à ceux que l'on conserveroit , 8c aïant obtenu '*» 0^*-
pour cette suppression la permission du Pape Grégoire i0ns°
XIII. l'an 158 1. l'Hôpital des Convalescens fut du nombre
des supprimés & fut uni à FHôpital Général, dont on donna
U conduite à Bernardin d'Obregon &à ses Infirmiers. Com
me on en unit encore d'autres à cet Hôpital , ce saint Fonda- <■
teur eut de quoi exercer davantage sa charité par le grand
nombre de malades qui s'y trouva, 6c Dieu fit voir combien
elle lui étoit agréable en pourvoïant miraculeusement à leur
subsistance en plusieurs rencontres où les revenus n etoient
pas encore suíììsans pour tous ceux qui y étoient reçus tous
les jours.
La Congrégation des pauvres Infirmiers augmentant tous
les jours , Bernardin d'Obregon voulut raffermir en obli
geant ces Infirmiers à faire les vœux de chasteté , de pau
vreté , d'hospitalité , & d'obéissance aux Ordinaires des
lieux où ils seroient établis. II proposa son dessein au Roi &
au Cardinal Archevêque de Tolède Dom Gaspard de Gui-
roga , qui l'aïant approuvé , commit son grand Vicaire à
Madrid pour faire les informations de vie & de moeurs de
ces pauvres Infirmiers, & recevoir ensuite leurs voeux. Ce
grand Vicaire aïant fait ces informations & n'aïant trouvé
quedes sujets d'édification dans la conduite de ces Hospita
liers , en rendit un bon témoignage à son Eminence, & reçut
Jeurs vœux fous la troisième Règle de saint François le 6.
Décembre 1 585». leur donna à tous un habit tel qu'on le
portoit déja dans la Congrégation , & permit au Fondateur
de recevoir les vœux de ceux qui seprésenteroientà l'avenir
après les avoir éprouvés pendant deux ans.
Le Cardinal de Tolède leur fonda ensuite un Hôpital
dans fa ville Archiépiscopale l'an x 550. Celle de Talavera,
Pampelune , Sarragoíle , Valladolid , Medina del Campo,&
quelques autres les demandèrent aussi. La ville de Lisbonne
enPortugal fit des instances auprès du Roi d'Espagne pour
obliger Bernardin d'Obregon de venir réformer les Hôpi
taux de cette ville. II y alla l'an 1 591. avec douze de ses la-
Ssiij
516 Histoi re D es Ordres Religieux ,
Hospita firmiers , ausquels on confia le foin de l'Hôpital de tous le*
TuriOr- Saints. 11 en donna aussi d'autres pour plusieurs Hôpitaux
bre de s. de ce Roïaume , & fonda une Maison de filles orphelines
appel»1'! ' «lans la même ville de Lisbonne , où on lui suscita de gran-
Us Obn- des persécutions qu'il souffrit avec une patience admi-
*"* rable.
11 demeuroit dans PHôpital de tous les Saints , lorsque
pour donner la derniere forme à sa Congrégation , il voulut
lui prescrire des Reglemens par écrit > mais comme ses occu
pations auprès des malades ne lui en auroient pas donné le
loisir , il pria le Roi d'Espagne de lui permettre de sortir de
eet Hôpital , & il se retira au Monastère de Nôtre- Dame de
Lumière de l'Ordre de Christ , où il écrivit les Constitu
tions qui furent achevées lan 1594-
De Lisbonne il alla demeurer à l'Hôpital d'Evora,doù il
revint en Espagne pour assister le Roi dans fa derniere mala
die , & après la mort de ce Prince,qui arriva l'an 155)8. le 13,
Septembre à l'Escurial , il retourna à l'Hôpital Général
de Madrid , où il fut reçu avec beaucoup de joie des Frères
qui avoient été privés de fa présence pendant près de six ans f
mais leur joïe se changea bien- tôt après en tristtsse par la
perte qu'ils firent de ce saint Instituteur qui mourut le 6»
Août 1595).
Ces pauvres Infirmiers firent encore après fa mort d'au
tres établiíTemens & paíTerent dans les Indes. 11s eurent
aussi un Hôpital en Flandres dans la ville de Malines. Quel
ques autres períonnes s'étant revêtues de leur habit pour
avoir plus aiíement des aumônes , à cause de l'estime que
l'on avoit pour eux , ils obtinrent du Pape Paul V. l'an
1605. la permission de porter une grande croix noire furie-
côté gauche tant de leur robe que de leur manteau, afin d'être
par ce moïen distingué de ceux dont nous venons de parler:
nous avons dit ci- devant quel étoit cet habillement.
Dominic de Gubernatis , Orb. Seraphic. Tom. 1. Joseph»
Michieli , Teforo múitar de C ivaleria antiquo y moderne &
Francise. Herrera y Maldonado , Vida y Virtudes del Sieruêt
dcDios Bernardino de Obregon.
1
CiNQjJiEMfi Partib, Chap. XLIV. 317
■ CONtfMU-
DATION
Chapitre XLIV. nSi F*>RT*
du Tins
Ordri dh
De la Congrégation des Frères Penitens du Tiers Ordre de s. fxan
faim François , appelles communément les Bons-Fieux. p - 1 Ct
les
LA Congrégation des Bons- Fieux commença à Arman-
tieres,petite ville deFlandre surlaLis Tan 1615. par cinq
Artisans fort pieux dont le plus ancien se nom moit Henri
Pringuel natif de cette ville, ils a voient fait plusieurs ten
tatives pour entrer dans la Congrégation des Capucinsi
mais n'aïant pas pû y être reçus , le Pere Ange de Nivelle
Religieux de cet Ordre & leur Directeur, leur conseilla de
s'unir ensemble & de vivre en commun. Ils suivirent ce con
seil & formèrent une petite Communauté dans une Maison
qui appartenoit à cet Henri Pringuel proche le Couvent
des Capucins , & ils y vécurent d'abord fous la conduite de
ce même Pere Ange , selon les Réglemens qu'il leur pres
crivit. II y en avoit trois qui s'occupoient pendant la se
maine à faire des draps , un autre enseignoit la Jeunesse,
apprenant à lire & à écrire aux enfans , & le cinquième fai-
soit des galons de soïe , & les Fêtes & les Dimanches ils as-
sistoient à tous les Offices qui se disoient à la Paroisse. Leur
habillement étoit noir & n'étoit pas distingué de celui des
Séculiers , ils vécurent ainsi jusqu'en l'an 1616. qu'aïant
embrassé la troisième Règle de saint François , ils prirent
un habit régulier consistant en une robe ou tunique de drap
gris , liée d'une grosse corde blanche > avec un manteau
de lamême couleur que .'habit. Ils se mirent sous la di
rection du Provincial des RecoUets de la Province de saint
André, &du Directeur du Tiers Ordre du Couvent d'Asi.
ras > ôc ils furent ainsi soumis aux Recollets jusqu'en l'an
1670. que voïant qu'ils les abandonnoiem> ne faisant plus
de visites chez eux & ne les aífistans plus de leurs conseils ,
ils soumirent leur Congrégation aux Evêques des lieux où,
étoient situées leurs Maisons. Elle n'étoit pour lors composée
que de deux qui étoient celle d'Armentieres dans le Diocèse
d'Asras , & celle de l'Iste , dans le Diocèse de Tournai ,
qui avoit été commencée l'an 1664. & les Evêques de ces
deux Diocèses approuvèrent leurs Constitutions. Cette Con-
318 Histoire des Ordres Religieux ,
Congre- gregation fut augmentée Tan 1679. par un autre établisse*
desFrerjs men£ qu'ils firent à saint Venant au Diocèse de saint Orner,
uu Tiîrs dont lEvêque approuva aussi leurs Constitutions. Le Roi
safran' de France Louis XIV. à la sollicitation du Marquis de
ço 1 s, ap Louvois,leur donna la direction de ses Hôpitaux de terre &c
hi Bons- de Marine à DunKerque , Bergue , & Ypres. Ainsi leur
Fitux.^ Congrégation est composée présentement de sept Maisons
& Hôpitaux j ou plutôt de sept familles selon leur manière
de parler.
Tous les trois ans ils tiennent un Chapitre en l'une de
ces familles à l'alternative. Lorsque le tems du Chapitre
approche ils s'adressent à l'Evêque dans le Diocèse duquel
est située la Maison où se doit tenir le Chapitre , afin qu'il
nomme une personne pour y présider en ion nom : ce qui
tom' e ordinairement sur un de ses Grands- Vicaires , ou le
Doïen de la Chrétienté , que nous appelions en ces quar
tiers , Doïen Rural. Dans ce Chapitre ils élisent les Supé
rieurs de chaque Famille , les Vicaires & Conseillers : cha
que famille à un Supérieur , un Vicaire & trois Conseillers.
Le Supérieur est maître dans fa famille pendant trois ans,&
chaque famille a aussi un Directeur Ecclésiastique de la
Î>art de l'Evêque pour y faire la visite , auquel on a recours
orsqu'il arrive quelques difficultés. Dans les Chapitres
Triennaux & dans une Congrégation qui se tient tous les
ans on rend les comptes de chaque famille , des mises ,
achats & acquisitions. Le tout est en commun, & les familles
se soulagent les unes les autres , y aïant beaucoup d'union
entre elles. Ces Bons Fieuxont rarement recours aux Supe-
rieurs Majeurs , chaque Supérieur tâchant de gouverner
fa famille en paix & avec toute la charité possible. Le peuple
a toujours appelle ces Tiertiaires , Bons-Fieux ou Bons-
Fils.
11s suivent la Règle de Léon X. excepté qu'ils commen
cent leur A vent à la Toussaints,quoique par cette Règle les
Tiertiaires de saint François ne doivent commencer leur
Avent qu'à la Fête de saiut Martin. Ils ne portent point de
linge , couchent tout vêtus fur des paillasses , prennent trois
fois la Discipline toutes les semaines , mangent à terre les
veilles des Fêtes de Noël , de la Pentecôte , de PAssomp-
ùon de Nostre- Dame 8c tous les Vendredis de Mars , après
avoir
Cinquième Partie , Chap. XLV. $ip
avoir encore pris la Discipline ces jôurs-là. Tous les jours société
ils se levenc à quatre heures & recitent en commun rOfficeMA^°N^
de la Vierge. Ils travaillent depuis la Messe jusqu'au dîner , y'* * 1
& depuis midi jusqu'à deux heures qu'ils disent Vêpres &. n * i d
Complies , après leíquels ils se remettent au travail jusqu'à^"*"
cinq heures qu'ils vont au Réfectoire. Depuis fix heures '
ils travaillent encore jusqu'à huit qu'ils font la prière du
soir en commun & se retirent ensuite dans leurs cellules.
Dans quelques unes de leurs Maisons ils tiennent des Eco
les pour enseigner à lire & à écrire aux enfans. Ils prennent
des Pensionnaires , sçavoir déjeunes gens que l'on met chez
eux en correction, & d'autres qui ont p^rdu l'esprit. Et
leurs autres Maisons servent d'Hôpitaux. Ils vont auífi
dans les Maisons des Séculiers où ils sont appel'és pour
avoir foin des malades. Voici la Formule de leurs vœux.
Au nom de Nojlre Seigneursesus-Chrifi , de la Vierge Marie,
de saint joseph , de saint Michel Archange & de tous les An
ges , des Satnts Apôtres , de nojlre Pere saint François, de suint
Louis Patron du Tiers Ordre , de tous les Saints & Saintes de
Paradis, moi N. de ma pure & franche volonté', fais voeu d'o
béissance , pauvreté & chasteté k vous mon Pere , & d'obéir
au saint Pere le Pape de Rome & n ses successeurs canonique-
mcntèlus, ejr au Supérieur de cette Congrégation pour toute ma
vie ,fans pouvoir quitter ou me retirer de ladite Congrégation
fans permission du Reverendisfme Evêque du lieu ou je aemeu-
reraiy ou de ses Vicaires Généraux.
Mémoires envoies par les Bons- Pieux de Vljle en Flandre ,
& Içs Confit tutions de cette Congrégation imprimées en i6>8.
Chapitre XLV.
Chapitre XLVII.
Chapitre XLVIII.
Chapitre XLIX.
J
Chevalier d& ÍÛJ^dre, d& la CaizcepùoTi
49
Cinquième Partie, Chap. XLIX. 357
protection de laine Michel Archange & de saint Basile, or- Chatà^
donnant que le Grand- Maître seroit élu dans un Chapitre lí^sdrdïi
Géne'ral*, & que trois mois api òs son élection il seroit tenu de laCon.
d'en demander la confirmation au saint Siège : qu'il pou voit o'SPTL'° ste
assigner un lieu convenable pour être le Couvent & Chef de vu&ge.
l'Ordre : qu'il pou voit fixer le nombre des Chevaliers & des
Officiers : que ce Grand Maître & les Chevaliers íeroient'
obligés de porter l'habit de l'Ordre : que chacun d'eux don-
neroit à fa réception deux cens écus d'or pour son passage *
qu'il feroit un Noviciat dans quelque Maison Régulière de
l'Ordre , & qu'ensuite outre les vœux de chasteté conjugale
& de pauvreté selon les Statuts de l'Ordre , U feroit profes
sion de foi & serment de fidélité au saint Siège & au Pape ,
avec promesse que toutes les fois qu'on lui ordonneroit ou
que l'occasion se prefenteroit , il seroit obligé de combattre
les Infidèles & les Hérétiques. Ce même Pontife permit au
Grand Maître de recevoir des Chevaliers nobles ou de fa
mille honorable mariés ou non mariés, fans même en excep
te* ceux qui après la mort de leur première femme feroient
passés à de secondes noces avec des filles ou des veuves i &
consentit qu'ils eussent des pensions fur des Bénéfices jus
qu'à la somme de trois cens écus Romains. II donna aussi
pouvoir au Grand- Maître & au Chapitre Général de faire
des Statuts &. Constitutions qui dévoient être observés in
violablement tant par les Chevaliers que par les Frères Re
ligieux de cet Ordrej& comme ce Chapitre Général, pour
de justes causes, ne pouvoit se tenir qu'à la Pentecôte de
Fan 1615. il donna pouvoir aussi au Duc de Nevers,en atten
dant ce cems là, d'établir un Conseil de douze Chevaliers
dans les Districts d'Orient , du Midi , de l'Occident & du
Septentrion , pour gouverner l'Ordre & faire les Reglemens
qu'ils jugeroient à propos. Enfin il exemta cet Ordre de la
jurisdiction de tous Primats , Patriarches , Archevêques ,
Evêques&Ordinaires des lieux, & le soumit immédiatement
au saint Siège.
Le même Urbain VIII. par une autre Bulle du 14. No
vembre 1614. permit au Grand-Maître de recevoir dans
cet Ordre les Patriarches , Archevêques , Evêques , Au
diteurs de Rote , Clercs de la Chambre Apostolique , Pro
tonotaires, Référendaires de l'une & l'autre Signature, &au-
Y y iij
55S Histo i re d es 0 rdres Religieux ,
Chiva- tres Prélats de la Cour Romaine, pourvu qu'ils eussent exer-
.l'ordrV c^ ^eurs Oftìces pendant deux ans , les dispensant en ce ca*
de la Con- de Tannée de Noviciat j 6c il voulut qu'ils eussent voix active
de\a ste& passive, dans les Chapitres Généraux, & qu'ils eussent
Viirge, |es mêmes privilèges dont les autres Chevaliers joiiissoient.
11 donna encore une autre Bulle Tannée suivante le io.Mai,
par laquelle il prorogeoitpour un an à compter du jour dela
Pentecôte , la convocation du Chapitre Général qui nepou-
voit se tenir cette année à Rome à cause des guerres qu'il y
avoiten Europe. Pendant ce tems là le Conseil suprême de
T Ordre que ce Pontife avoit établi à Rome avoit dressé des
Constitutions que ce Pape confirma encore , à la prière du
Duc de Nevers,par une Bulle du 14. du même mois i6iy
elles furent imprimées à Rome la même année, & aïant été
traduites en François par T Abbé de Maroles , elles furent
aussi imprimées à Paris Tannée suivante.
Conformément à ces Constitutions , TEtendart Général
de l'Ordredevoit être blanc , & avoir d'un côté TImage de
leíus crucifié & au dessous un Mont de Calvaire , à côté
droit du Crucifix la sainte Vierge compatissant aux dou
leurs de son fils,& à gauche TArchange saint Michel ger
çant de sa main gauche avec une lance en forme de croix ,
le dragon renversé sous ses pieds & tenant à la droite une
épée ou ces parolles dévoient être écrites,^/.? ut Deus : de
l'autre côté de TEtendart il devoit y avoir une grande croix
bleuë semblable à celle que portoit le Grand- Maître , au
milieu de laquelle il devoit y avoir une image de la sainte
Vierge convenable au Mystère de sa Conception .entourée
d'un soleil , aïant la lune sous ses pieds , ôc portant fur fa
tête une couronne entourée d'étoiles. L'Image de saint Fran
çois avec ses Stigmates , devoit être au côté droit de ce le de
la sainte Vierge, & à la gauche saint Basile habillé à la façon
des Patriarches Grecs.
Les Chevaliers porroient au coî une croix émaillée de
bleu,oùd'un côté étoit Timage de la Conception de la sainte
Vierge entourée d'un cordon de saint François, & del'autre
P Image de saint Michel , tel qu'il étoit représenté dan*
TEtendart , & cette croix étoit attachée à un cordon bleu
tissu d'or. Ils portoient outre cela fur leurs manteaux une
croix pareille,au milieu de laquelle étoit TImage de la sains
Cinqjji eme Parti E , Chat. XLIX. 359
Vierge entourée du cordon de saint François. Entre les an- Chsva-
gles de la croix , il y avoic comme de petites langues de feu "ÓVdrb*
d'où sortoit uri*foudreou une pointe de dard. Les Compa- delaCon-
gnons d'armes portoient une croix de velours au milieu de 0""° "te
laquelle il y avoit l'Image de la sainte Vierge , avec une bor- VlERSï«
dure d'or.
Ceux qui vouloient être admis dans l'Ordre pouvoient
recevoir 1 habit des mains des Instituteurs de l'Ordre ou du
Conseil suprême établi à Rome dans le Palais de Latran,ou
de ceux à qui le Pape en avoit accordé le pouvoir 5 mais
quand le Chapitre Général auroitététenu,& que le Grand-
Maître auroitété élu , l'autorité devoit lui appartenir ou de
donner l'habit lui-même,ou de commettre à cet effet d'autres
personnes. En attendant que ce Chapitre Général se tînt les
Instituteurs pouvoient en leurs Détroits ou Distrids assem
bler un Conseil de douze Chevaliers , dont quatre dévoient
êtreEcclesiastiques & les huit autres Laïques: lequel Conseil
avoit droit de nommer deux Chevaliers de Justice pour
examiner les preuves de noblesse des Précendans > & quand
les preuves avoient été admises dans ce Conseil particulier,
on devoit les envoïer au Conseil suprême établi à Rome
avec l'argent du passage. II falloit au moins être noble de
quatre races , tant du côté paternel que maternel. Ceux
néanmoins que leur propre vertu ou que celles de leurs an
cêtres avoient élevés à la Dignité de Prince , ou de Général
d'Armée de l'Empereur ou d'un Roi , étoient exceptés de
cette Loi. Les personnes nobles du côté paternel seule
ment ne laissoient pas d'être admises avec dispense du
Gra. d- Maître & le consentement du Pape. On ne laissoic
pas aussi d'en recevoir quoiqu'ils ne fussent point nobles ,
pourvu qu'ils eussent rendu service à l'Ordre ou fondé
quelque Commanderie. Aucun bâtard n'y pouvoit être
reçu , à moins qu'il ne fût fils d'Empereur , de Roi , ou de
Prince qui eût pour Vassaux des Marquis & des Comtes. H
falloit avoir au moins douze ans accomplis > mais on ne pou
voit faire profession avant seize ans. Personne ne pouvoit
être aussi reçu, soit parmi les Ecclésiastiques , soit parmi les
Laïques > s'il ne joùissoit au moins de deux cens écus d'or
de revenu par an, excepté les Compagnons d'armes ausquels
suffisoit d'avoir cent écus d'or de revenu. Les Ecclesiasti-
360 Histoire des Oadr.es Religieux ,
Cheva ques qui vouloient porter la croix au col ou fur le manteau»
Ì'ordre * parvenir aux Dignités de rOrdre,comrae de Prieurs ou
de laCon Commandeurs, écoient obligés de faire des preuves de no-
de A ste blesse , & de païer leur passage comme les autres Cheva-
Viirgï. Ijers. Les Compagnons d'armes donnoient seulement des at
testations de vie & de mœurs & qu'ils sortoient de parens
honêtes 5 ils ne païoient que la moitié du passage.
En attendant que l'Ordre eût des Eglises particulières ,
celui que l'on avoit reçu ne pouvoit être revécu de l'habit
que dans un Couvent où l'on observoit la Règle de saint
François. Le Superieur,après avoir beni l'habit selon la cou
tume, le présentoit au Chevalier qui avoit reçu commission
de le donner au postulant j & quand il l'avoic vêtu du man
teau de l'Ordre , il lui mettoit le baudrier & 1 epée , lui faî-
soit attacher les éperons , & en l'embraíTant il lui disoit :
Je vous reçois en ï Ordre & Religion de la Milice Chrétien'
ne , érigée Jous le Titre de la Conception de la Bienheureuse
Vierge Marie toiìjours vierge Immaculée , &fous la protection
de la même Vierge , de saint Michel Archange , de saint Fran
çois & desaint Basile i- afin que la Sainte-Trinité vous préserve
far leurs interce(Jions,& vous fortifie pour avancer la gloire de
son nom ■> procurer la paix des Chrétiens dr les délivrer de la
captivité des infidèles. .
II lui mettoit ensuite la Croix au cou , où il la portoit at
tachée à un ruban blanc jusqu'à sa Profeffion,& il étoitaullì
vécu d'une robe blanche. 1 1 demeuroit trois jours dans le Mo
nastère où la cérémonie avoit été faite, pour y vaquer aux
exercices del'Oraison & à des œuvres pieuses. L'année de
probation étant finie, il faisoit une retraite de quinze jours,
ou au moins de huit, pour se préparer à recevoir plus digne
ment les Sacremens de Pénitence & d'Euchariste , & il fai
soit ensuite Profession entre les mains du Supérieur du Mo
nastère en présence du Chevalier qui en ávoitreçu commis
sion. Voici la formule des Vœux.
Moi N. Je voue & promets k Dieu tout-puiffant ,k la Bien
heureuse Vierge Marie y k saint Michel Archange, k saint
François , k saint Basile, k tous les Saints , & au Grand-Mat-
t:re,qjf'avec ï aide de Dieu ( en toutes les choses qui concernent
nôtre Ordre suivant les Statuts , ) je rendrai tout le tems de.
via vie obéissance au Supérieur qui me fera ordonné par la
Religion
Cinquième Parti e,Chap. XLIX. 361
Aelìgìon de laMtlice Chrétienne érigée Jous le titre de la Bien- C H.g va-
heureufe Vierge Marie Immaculée, & queje garderai la cha- J/oror",*
fiete' conjugale & le vœu de -pauvreté aux chojes qui jonî du iulaCon-
même Ordre. Je jure & promets de combattre par terre <jr par l a'sth
mer contre les Infidèles & les ennemis de la sainte Eglise Ro- Vierob,
maint , lorsqu'il me Jera commandé par le Grand-Maître^
pourveu que je rien jois point empêchépar des causes légitimes
de quelque notable intérêtsouriesujet d* une Charge publique
ou de maladie,lefquelles causesje déclarerai auGraná-Maître:
je promets aujji que» tant qu'il me fera possible & que sen
auray les moiens ,je m'employerai a la propagation de la foi
Catholique , au recouvrement de la Terre-Sainte , à une juste
paix entre les Princes & les peuples Chrétiens , à leur déli
vrance du joug des Infidèles & à la défense & augmentation
de cette jainte Milice >t& queje maintiendrai toujours la vé
rité de la Conception Immaculée de la Vierge Marie , & en
cela & en toutes choses je procurerai la gloire de la très sainte
Mere de Dieu , selon l' opinion de l'Eglije Romaine.
Après avoir prononcé ses vœux on le revêtoit du manteau
bleu avec le ruban de même couleur tissu d'or , auquel étoic
attachée la Croix qu'il devoit porter au cou. On lui mettoit
l'épée au côté > on lui attachoit les éperons, & il donnoit deux
cens écus d'or pour son passage, conformément à la Bulle du
Pape.
Les Chevaliers Ecclésiastiques prononçoient leurs vœux
en cette manìere : Moi N. je promets en i'honneur de Dieu
tout-putffantide la Bienheureuse Vierge Marie , de saint Mi
chel Archange , de saint François & de saint Basile , que je
rendrai toute l'ajfijtance qu'il mefera pojjible auGrand- Maître
de la Milice Chrétienne , érigée feus le titre de la Conception
de la Bienheureuse Vierge Marie Immaculée , lequel j honore
ra) & refpcíìeray toujours , comme aussi les autres Supérieurs
de cette Religion , en tout ce qui concernera le Règlement de
cette Milice ,fa conservation > l 'accroissement deses biens spi
rituels & temporels , suivant les Constitutions de Ï Ordre &
autant que j'en aurai le pouvoir , je procureray par toutes
fortes de moiens légitimes , la propagation de la sot Catholi
que , le recouvrement de la Terre- S aime , une juste paix entre
les Princes & les Peuples Chrétiens , & leur délivrance de
l'opprefjion des Infidèles, Je maintiendrai toujours la vérité
jomeru. zz
tft Histoire des Or.dr.es Religieux,
Cntik- fa l'Immaculée Conception de la Mcre de Dieu, & en cel&
i'Orore & en toutes autres choies » je procureray & soutiendrai Ja
^q°n' gloire t selon l 'opinion de la sainte Eglise Romaine.
pe la Sri Les Chevaliers dévoient communier aux Fêtes de la Na-
Yukce. jjvité de Nôtre Seigneur , de la Pentecôte , de l' Assomp
tion de la sainte Vierge , de l' Invention & Exaltation de la
sainte Croix , de saint Michel Archange au mois de Septem
bre, de saint François &de saint Basile, comme aussi toutes
les fois qu'ils dévoient aller à la guerre. Ils recitoient tous
les jours cinq fois l'Oraison Dominicale , en l'honneur ôc en
mémoire des cinq plaies de Notre Seigneur, & cinq fois la
salutation Angélique pour rendre l'honneur qui est deu à
la sainte Vierge. Ils dévoient aussi reciter chaque jour ou
pour le moins lesDimanches & lcsFêtes,les Litanies & l'Of-
íìce de la sainte Vierge , & quand ilsavoient dit cinq fois le
Pater-, ils disoient pour les Deffunts le Pscaume De profundis
Scie Salve Regtna, & ceux qui ne les sçavoient pas, recitoient
trois Pater & trois Ave. Lorsqu'ils n'étoient point occupés à
la guerre, ils dévoient s'exercer aux oeuvres de charité,com-
me visiter les malades , secourir les prisonniers , racheter les
captifs, defïendre les veuves & les orphelins,donner l'aumô-
ne aux pauvres , accompagner le saint Sacrement lorsqu'on
le portoit aux malades , & qu'ils le rencontroient dans leur
chemin , entendre tous les jours la Messe , assister aux Ser
mons & à d'autres semblables exercices.
Le Conseil suprême établi à Rome par authorité Aposto
lique devoit se tenir le Mardi de chaque semaine. Le Grand
Maître ne devoit exercer son office que pendant six ans & il
pouvoit être élu fans distinction de païs , étant choisi à l'al-
ternative dans l'un des quatre détroits ou districts quicom-
posoient l'Ordre, sçavoir d'Orient, d'Occident, de Midi, &
de Septentrion. Mais cet Ordren'a pas subsisté long tems.
Luc Wading, Annal. Minor.Tom. r///.Dominic de Gu-
bernatis , Orb. Seraph. Tom. II. Mercure François , Tom. V.
Articles de la fondation de ï Ordre à" Milice des Chevaliers
institués par les Sieurs Petrignans •> dr Us Constitutions des
Chevaliers de ï Ordre de la Conception,imprimées k Paris en
1616.
Cinquième Partie ,Chap. L.
________________________________________________ CoMïRA-
" TÏRN1TE*
C r DES StIO«
HAPITR.E Jw. MATF* Dl
S. Fram-
De l'Archiconsraternité des Stigmates de saint François. Ç0IS,i
!
Cinqjjieme Partie , Chap. LI. 375
Comte rétourna victorieux en son château de Squilace. A o s d m
son retour il offrit à saint Bruno tous les biens qui lui appar- DÏS Ch*k«
tenoient dans le Territoire de Squilace > mais l'amourde la™*"*'
{uuvreté empêcha le Saint de profiter davantage des libera-
ités de ce Prince.
Ce saint Fondateur se voïant suffisammentpourvût par les
libéralités du Comte Ro^er , de ce qui étoit nécessaire pour
l'entretien de son Monastère, ne s'appliqua plus qu'à l'acqui-
íition des biens spirituels de la grâce , dont il tâcka d'enri
chir les ames de ses Disciples. II faisoit régner dans fa Mai
son le même esprit d'humilité , de de'cachement , de retraite
& de mortification , qu'il avoit établi dans celle de la Char- x
treuse , qui nonobstant la prudence & la sagesse de ceux qui
la gouvernoient , ne laissoit pas d'avoir recours aux lumiè
res & aux sages conseils de ce saint Fondateur , dans les dif
ficultés qui Turvenoient tant pour le spirituel que pour le
temporel. Enfin le tems étant arrivé auquel Dieu vouloir ré
compenser les travaux de çe saint Fondateur, il lui envoïa
une maladie sur la fin du mois de Septembre de l'an 1 1 01.
Lorsque Bruno sentit les approches de la mort , il fit assem
bler íes Religieux autour de son lit, & fit devant eux comme
une confession publique de toute sa vie > &. ensuite il leur dé
clara ses sentimens fur tous les mystères de la Religion,pro-
testant qu'il les croioit avec une roi pure & inébranlable. II
s'étendit plus au long fur celui de l'Eucharistie, à cause du
trouble que l'opinion de Berenger avoit cauíé de son tems
parmi les Fidèles j & le Dimanche suivant , qui étoit le sixiè
me jour du mois d'Octobre, il rendit son ame à Dieu,n'aïant
pas encore atteint l'âgede cinquante ans.
Son corps fut enterré honorablement par ses Religieux
dans l'Eglisc de saint Etienne , derrière le grand Autel. Dieu
fit paroître sa sainteté par un grand nombre de miracles ,
dont un des plus remarquables fut celui d'une fontaine qui
commença à paroître auprès de son tombeau , & dont l'eau
salutaire rendoit la santé aux malades. Après la mort de ce
saint Fondateur , le Monastère de Calabre ne persévéra gué- •
res dans fa première ferveur j son éloignement de la grande
Chartreuse fut cause qu'on ne put y veiller , ni J envoïer
commodément des Visiteurs : ce qui le fit tomber dans un
•tel relâchement , qu'on le donna aux Religieux de l'Ordre
Sb b ij
380 Histoire Des Ordres Religieux;
Ordre de Cîteaux , qui en sortirent dans la fuite pour faire pïa>
tmux"* ce * ceu* de Flore ou de Fleury s mais le Pape Léon X.
le rendit en 15 13. aux Chartreux , jugeant qu'il étoit plus
convenable qu'ils fussent les dépositaires du corps de leur
saint Fondateur , que les Religieux d'un autre Ordre , &
qu'il n'étoit pas juste qu'une si célèbre Congrégation fût
privée du lieu où étoit ce sacré dépôt pour les déreglemens
de quelques particuliers,qui en perdant leurPere & leur Fon
dateur avoient abandonné son esprit & son zele , & avoienc
été la cause de la perte de ce Monastère. Jusques- là on avoit
négligé fa mémoire, & on ne lui avoit rendu aucun culte
Religieux , au moins en Calabre , quoiqu'on fût persuadé
de sa sainteté. Les autres Chartreuses qui avoient conservé
son esprit avec son Institut, avoient eu plus de foin de lui
rendre des honneurs , mais il sembloit qu'elles n'osassent pas
1 le faire publiquement. Léon X. en fut tellement touché,que
fans faire aucune information des miracles de saint Bruno ,
n'aïant égard qu'aux actions saintes de fa vie, il ordonna
en 1514- que l'on feroit solemnellement sa Fête tous les ans
le six Octobre dans toutes les Maisons des Chartreux , avec
Office propre , & qu'on en feroit encore mémoire dans l'Of-
fìcede tous les jours. 11 permit de dresser des Autels, de
bâtir des Eglises en son nom , & de l'invoquer par toute la
Chrétienté. Après une canonisation si célébre,les Chartreux
de saint Etienne in Bosco en Calabre , levèrent de terre le
corps de saint Bruno pour l'exposer à la vénération publi
que. L'Abbé de saint Ruf fit la cérémonie de la Transla
tion , & il fut déposé sous le grand Autel j mais pour la satis
faction des peuples , on sépara le Chef qu'on mit dans un
Reliquaire fort riche , & l'on distribua en cette occasion de
ses Reliques en plusieurs lieux. Le Prieur de la Chartreuse
de Naples , qui agissoit dans toute cette affaire comme Com
missaire du Pape , envoïa à la grande Chartreuse en Dau-
phiné , une partie de la mâchoire inferiewre,avec deux dents.
Le Prieur de la Chartreuse de Bologne, qui s'étoit trouvé à
la Translation, aïant eu permission du Pape de tirer encore
d'autres parties du Chef, en envoïa au Prieur de la Char
treuse de Fribourg en Brisga\v,qui les distribua en plusieurs
Chartreuses du haut Rhin, où Plnstitut de faine Bruno s'é
toit beaucoup multiplié. Celle de Cologne en eut austl une
Cinquième Partie , Chap. LII. 381
çcrtVn, aussi bien que celle de Paris. Le Pape Grégoire 0,"<
XV. étendit la Fête de ce Saint au delà de l'Ordre des tre^x**"
Chartreux j il fît inférer son Office dans le Bréviaire Ro
main sous le Rit Semidouble. Clément X. ordonna qu'il se-
roit Double. L'Histoire du Docteur ressuscité , auquel on
avoit donné le nom de Raimond Diocres, en fut retranché par
Urbain VIII. comme nous Pavons déja dit au commence
ment de ce Chapitre.
Innocent Masson , Annal. Ord. Carthuf. Carol. Joseph ,
MorJlio.Tkeat.Chronolog.Ord. Carthuf. Petr.Orland.cT7/»».
Carthuf. Camil. Tutin. Prospectus Hifi. Ord. Carthuf &
Chronicon Monafierii S. Sthephani in nemtre. Jacques Cor-
bin , Histoire sacrée de l' Ordre des Chartreux. Juan de Mada-
t\zg3.,Vida de Jan Bruno. Opéra ejufd. fantfi.Laurent.Surius,
Fit, SS. Tom. VI. Baillée & Giry , Vies des Saints , 6.
Octobre.
Chapitre L I I.
Eee iij
409 Histoire des Ordres Religieux,
RrtiGiEUX
G k A N D- ---
MOM TAINS
Chapitre L I V.
1
414 Histoire desOrdres Religieux,
religieux y coururent sans perdre de tems : ils bâtiret à peu de frais
montaÏns une Chapelle & de petites cellules , après quoi ils retournè
rent à Muret > où ils avoient laissé quelques- uns des leurs
pour garder le corps de leur Bienheureux Pere, dont s'étanc
chargés , ils revinrent dans le désert de Grandmont , & l'en-
terrerent sous le marchepied de l'Autel de leur nouvelle
Chapelle. Cette translation du Corps de saint Etienne , & la
transmigration de cette sainte famille , se firent le Juin de
la même année 1 1 14.
A près la mort de Pierre de Limoges , qui arriva l'an 113p.
on élut à fa place Pierre de saint Christophle, qui ne gou
verna ce Monastère que jusqu'en l'an 1141. qu'il mourut:
on lui donna pour successeur Etienne de Lisiac , qui réduisit
par écrit la Règle de l'Ordre , sur ce que l'on avoit entendu
dire ou vû faire au saint Fondateur. Jusques- là on n 'avoit
presque connu que par conjecture les austérités extraordi
naires de la pénitence & de la pauvreté deces saints Solitaires
& de leur Chef > mais lorsque l'on vit cette Règle écrite , on
cessa de s'étonner pourquoi le nombre de ces Religieux pé-
nitens étoit fi petit. Sous le gouvernement de cet Etienne de
Lisiac, Dieu répandit tant de bénédictions fur cet Ordre ,
qu'en moins de trente ans l'on fonda plus de soixante Mai
sons en divers lieux , principalement dans l'Aquitaine , qui
comprenoit le Limosin j dans l 'Anjou & dans la Normandie,
qui appartenoient pour lors à l'Angleterre , dont les Rois fi
rent de grands biens à cet Ordre , qui prit le surnom de
Granàmont , à cause qu'on soúmettoit à ce Monastère , qui
avoit titre dePrieuré,tous ceux que l'on bâtissoit, ausquels
on donnoit le nom de Celles j de même qu'on donnoit celui
de Bons- Hommes aux Religieux de cet Ordre , comme il pa-
roîc par les Actes des donations de ce tems-U , dans les
quels les Bienfaicteurs déclarent qu'ils donnent à Dieu, à la
sainte Vierge, au Prieur, & aux Frères ou Bons-Hommes
de Grandmont.
Le premier Monastère de cet Ordre qui fut bâti en France
fut celui de Vincennes près Paris , fondé par le Roi Louis
VII. l'an 1 164. il a toujours été l'une des principales Mai
sons del'Ordre ,tant qu'ilen a été en possession. JeanXXIL
l 'érigea en Prieuré. Le Correcteur étoit le premier Visiteur
de l'Abbaïe de Grandmont Chef d'Ordre, & confirmoic
Cinquième Partie , Chap. LIV. 415
aussi 1 élection de l'Abbé , avec les Prieurs de Bois rayer, du RrtI0IE
Pui- Chevrier & Deffends > &lorsquele Roi Loiiis XI.eutGuAND
institué l'Ordre de saint Michel , il voulut que le Prieur de MOr,TAl1
ce Monastère de Vincennes fùt Chancelier né de cet Or
dre militaire > ce qui fit qu'il fut bien- tôt en commende. Le
Cardinal de Lorraine fut le premier Commendataire , Ga
briel le Veneur aussi Cardinal lui succéda , & après lui
Michel detìiiverni Chancelierde France , quifut aussi le
premier Chancelier de l'Ordre du saint Esprit & en même
tems Chancelier de celui de saint Michel. Enfin l'an 1584.
le Roi Henri III. donna ce Couvent à des Religieux de
l'Ordre de saint Jérôme, qui le cédèrent Tannée suivante
aux Minimes qui en font encore en possession > & le Roi ,
pour dédommager lesReligieux de Grandmont, leur donna
en échange le Collège de Mignon à Paris,qui porte présen
tement le nom de Collège de Grandmont.
Dans les commencemens de cet Ordre le nombre des
Frères Con vers étoit plus grand que celui des Prêtres & des
Clercs:ce qui causa souvent de la division entre eux: les Con-
vers poussèrent même si avant leur insolence qu'ils retinrent
en prison Guillaume de Treynac sixième Prieur de Grand
mont . & voulurent le déposer. Ce différend dura près de
trois ans, &. ne fut terminé que par le Pape Innocent III.
son prédécesseur Lucius 111. avoit déja commis cette af
faire aux foins de l'Evêque de Chartres , & Je l'Abbé de
saint Victor à Paris, qui rétablirent Guillaume de Treynac.
Ce Prieur mourut l'an 1188. & eut pour successeur Gérard
Ithier qui poursuivit la canonisation de saint Etienne Fon
dateur de cet Ordre. Urbain III. en avoit déja instruit le
procès à la sollicitation du Roi d'Angleterre & de quelques
Seigneurs François i mais ce fut Clément III. qui publia
la Bulle de fa canonization l'an 1 185?. & la cérémonie s'en
fit à Grandmont la même année par le Cardinal de saint
Marc Légat du Pape, accompagné de vingt- huit Prélats du
Roïaume. Le même Pape , confirma en 11 88. la Re. Ie de
cet Ordre qui avoit déja été approuvée par ses prédéces
seurs Adrien IV. en 1156. Alexandre III. en 1174 Lu
cius III. en & Urbain III. en 1186. Celestin III. y
fit quelque changement en 119.1. aussi bien que ses succes
seurs Innocent III. en 1101. Honorius III. en 121 8. &
4i6 Histoire des Or.dr.es Religieux ,
Religieux Grégoire IX.en n34.Mais Innocent IV. en 1145. y fit plus
Grand- de chaneemens que les autres j car il en retrancha plusieurs
MON TAINS. —, . » * _, r , • ,. . r „ ,
Chapitres. Clément Y. y ht encore quelques additions & des
changemens vers l'an 1305). aussi bien que Jean XXI I.
Nous avons dit qué sous Guillaume de Treynac les Frè
res Convers avoient commencé à mettre la division dans
l'Ordre,s'étant soulevés contre les Clercs , & que même ils
mirent en prison ce Prieur , à cause qu'il prenoit leur parti 3
Casurem qui fut élu en izi6. souffrit au/fi de leur part une
autre persécution , parce qu'il prenoit encore le parti des
Clercs j mais il réduisit fi bien les Convers qui exerçoient
l'Office de Correcteur aussi bien que les Clercs , qu'il leur
donna l'exclufion pour toutes les íuperiorités des Maiíons
de l'Ordre. Ce Prieur , après avoir gouverné l'Ordre pen
dant douze ans .renonça à son Office, & Helie Arnaudi suc
misen fa place en 1218'. Sous son gouvernement le Pape Gré
goire IX. ordonna que deux Religieux de l'Ordredes Char
treux & autant de celui de Cîteaux se trouveroient pendant
trois ans consécutifs aux Chapitres Généraux qui se tien-
droienr à Grandmont, & qu'ils feroient dans cet Ordre telle
Réforme qu'ils jugeroient à propos fans quel'onpûx appelle*
de leurs Ordonnances. Les Religieux aïant dénonce Ieux
Prieur au íaint Siège comme coupable de plusieurs crimes
qu'on lui imputoit , le Pape nomma l'Evêque de Poitiers,
les Abbés de Savigni & un autre de l'Ordre de Cîteaux, &
les Prieurs de Ligetz & de Glandiere de l'Ordre des Char
treux, pour Commissaires Apostoliques. Ceux ciaïant exa
miné cette affaire,prononcercnt contre lui une Sentence de
déposition fous peine d'excommunication ,s'iLs'ingeroit dans
le gouvernement de l'Ordre > mais le jour qu'on devoit lui
signifier la Sentence , il fit enfermer l'Evêque & les autres
Commissaires, & alla à Rome trouver le Pape qui Penvoïa
à l'Abbé de saint Laurent extra muros pour être absous de
l'excommunication qu'il- avoit encourue pour être venu à
Rome fans fa permission i & comme il pourfuivoit son ré
tablissement il mourut dans la même ville en 1*45.
Après fa déposition Jean de Laigle fut mis à fa place.aïanc
été élu dans un Chapitre Général qui se tint à Vincennes,
dans lequel on publia les Statuts & les Reglemens qui avoient
' été faits par les Comjmissaires Apostoliques pour la Réforme
de
r F^li^isuac,deVOrdre de Grrccn dmcmt
cih hairut ordinaire dans ta Meuscm , „ „„ '
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I
Chapitre L V.
Des Religieux Reformés de l'Ordre de Grandmont , ap»
pelles de /'Etroite Observance yavec la Vie du Rêve"
rend P ère Charles Fremont leur Reformateur.-
L'Ordre de Grandmont setant beaucoup relâché de
son ancienne Observance , comme on a vu. dans le
Chapitre précédent, Dom Charles Fremont, Religieux de
cet Ordre » fut inspiré de Dieu pour la rétablir. 11 naquit à
Tours l'an 16 10. de parens distingués parmi les Bourgeois
de cette ville , St prit l-'habit de cet Ordre à l'âge de dix- huit
ans. II fit son Noviciat avec une exactitude qui alloitau de
là de ce qu'on pouvois désirer de lui j 8c étant sur le point
de faire profession , U s'y prépara par un renouvellement de
ferveur , bien résolu d'observer après la prononciation de
ses vœux la Règle primitive dont l'inobscrvance lui étoit
íout- à- fait sensible : ce qu'il exécuta en effet comme il l'avoíc
résolu : car à peine fut- il engagé dans cet état de pénitence,
qu'il s'étudia à en pratiquer secrètement toutes les austéri
tés , principalement l'abstinence de la viande. Quelque soin'
qu'il eût de se cacher aux yeux des hommes , l'ennemi du
genre humain,jaloux de fa sainteté , fit en sorte qu'on les dé
couvrit, 6c que Ton mit des empêchemens à son zele > mais
Fremont n'en avança pas moins dans le chemin de la perfe-
ct ion,par fa parfaite soumission aux ordres de ses Supérieurs,
_ te par la pratique de plusieurs autres vertus Ôc mortificai-
tions, qu'il substitua a la place de cette inobservance, élir-
dant ainsi tous les efforts de l'ennemi de son salut. Tous les
iours il servoic cinq ou six Messes , avec une modestie angé
lique après qu'il eut reçu la Prêtrise , Dom Georges
Barni , qui fut élu Général en 163 y le fit Prieur de l'Abbaïe
Cinquième Partie , Chap. LV. 423
de Grandmont. Jl s'acquitta de cet Emploi au contente- k-e.ljcieux
ment de tous les Religieux > mais voïant qu'il ne pouvoit m*nta"in«
en ce poste entreprendre la Reforme , quioccupoit son esprit atíul<-M£'s
cuit & jour , il demanda permission au Général de venir à
Paris , íous prétexte d'y étudier en Théologie, espérant qu'il
trouveroit dans cette grande ville quelque moïen de réussir
dans son entreprise. 11 obtint cette permission , & le Général
le fit Prieur du Collège de Grandmont , où en effet il étudia
en Théologie, jusqu'à ce qu'enfin se croïant suffisamment
versé dans cette science pour remplir son ministère , il de-
• manda au Général la permission de se retirer en quelque
Maison de l'Ordre ,pour y observer à la lettre la Règle que
le Pape Innocent I V. avoit mitigée, & qui est regardée dans
l'Ordre comme la Règle primitive. Ce Général, bien loin de
lui accorder fa demande,s'y opposa fortement» mais Charles
qui n'avoit souhaité aller à Paris que dans l'esperance d'y
trouver quelque protection qui lui pût faire surmonter les
obstacles qu'il se doutoit bien qu'il trouveroit à l'execution
de son dessein , & principalement le refus de ion Abbé, dont
il étoit presque certain , s'adressa au Cardinal de Richelieu ,
qui lui fit obtenir ce qu'il íouhaitoit : en forte qu'il commen
ça fa Reforme le 4. Août 1641. nonobstant l'opposition de
ce même Abbé , qui lui donna enfin une obédience pour se
retirer dans le Prieuré d'EpoiíTe près de Dijon , avec Dom
Joseph Boboul., Religieux du même Ordre, qui fut le pre
mier qui embrassa la Reforme. Cette Maison qui avoit été
fondée l'an 1 185. par Odon Duc de Bourgogne , étoit pres
que ruinée j mais ces Religieux y menèrent une vie si sainte
& si pénitente , que leur réputation s'étant étendue par toute
la Bourgogne, cette Maison changea en peu de tems de face,
par la libéralité <le ceux qui étoient lesjtémoins de leurs vertus
& de leurs austérités. 1 1 seroit difficile d'exprimer ce que ces
Religieux eurent à souffrir de lapart de ceux de l'Observance
mitigée , & particulièrement le Pere Charles Fremont > mais
ce saint Religieux ne fit paroître qu'une patience & une dou
ceur admirable , pardonnant de bon cœur les entreprises de
quelques Religieux mal intentionnés contre fa personne.
Mais dans le tems que les hommes s'efforçoient de le persé
cuter & de renverser ses desseins, Dieu benissoit son travail:
car sa Réforme fut augmentée en 1650. par une nouvelle
4M- Histoire des Ordres Religieux ,
Rtugieux Maison , dont les fondemens furent jettes le 14. Mars dans
uontÏÎu^ yl^e ^e Thiers en Auvergne,où S. Etienne,Fondatcur de
Rï r o k. cet Ordre avoit pris naissance. Cette Maison fut bâtie par le*
S* libéralités des habitá'ns,à cause de la dévotion qu'ils^ortoient
à ce saint Fondateur , dont lesparens étoient Vicomtes de ce
lieu. Le Roi Louis XIV. par les Lettres Patentes qu'il ac
corda pour cet établissement, permit à ces Religieux Réfor
més de recevoir des Novices dans cette Maison. Cette même
Réforme fut introduite en 1668. dans le Couvent de Chava-
non au Diocèse de Clermont j dans celui de saint Michel de
Grandmont au Diocèse de Lodêve en 1 6 75» • dans celui do
Loùie au Diocèse de Chartres en 1681. dans celui de Vieux-
pont au Diocèse de Sens en 1683. & dans l'Abbaïe de Ma-,
cherets au Diocèse de Troïes en 1687.
Ce fut dans la Maison de Thiers , qui est la plus considé
rable de cette Etroite Observance, quoiqu'elle ne soit pas la
plus riche , que Dom Charles Fremont dressa les Statuts
propres à cette Réforme & à l'Obíervance de la Règle y
qu'il vouloit rétablir dans fa pureté. Les points principaux»
& ausquels tous les autres le reduisent , sont l'assiduitó
à POfixce & à l'Oraison , ausquels on emploie plus de huit
heures par jour. L'abstinence de la viande tant au dedans
Îju'au dehors de la Maison , excepté dans les maladies „
elon la Règle modifiée par Innocent I V. les jeûnes de près-
de huit mois Tannée, Pu sage des viandes quadragesimales ,
depuis la Fête de tous les Saints jusqu'à Noël , & depuis la.
Septuagefime jusqu'à Pâques j & la solitude , les Religieux
ne sortant que très rarement jamais pour voir leurs pa-
rens & leur rendre visite»
La Communauté de la Maison de Thiers,où le Pere Fre
mont fai soit sa résidence ordinaire, etoit si bien réglée , que
coute la Province édifiée de la sainteté de ces Religieux , ne
pouvoit s'empêcher de donner des louanges & des bénédi
ctions à ce saint Reformateur, qui y exerça pendant trente
ans l 'Office de Supérieur , animant les inférieurs , & les au
tres Religieux de la Reforme par ses exemples & ses exhor
tations à maintenir cette Reforme. Enfin dans ses dernieres,
années , il étoit si rempli de la pensée de sa derniere sin , que
pour s'y disposer plus particulièrement , quoique toute fa vie
eût été une préparation presque continuelle à la mort : on \&
Cinquième Partie , Chap. LV. 41$
vit plus assidu à l'oraison & à ses autres exercices de pieté & Relighux
de mortification. Ne se contentant pas des instructions qu'il £Ôn?aims
avoit faites à ses Religieux , il voulut encore leur en donner Rmoru'u.
par écrit, en composant un Livre de pieté qu'il leur adressa,
dans lequel,entre autres avis qu'il leur donne pour bien rem
plir les devoirs de leur solitude , il les exhorte à être dans
une continuelle méditation des Mystères de la Trinité & de
Jésus- Christ en fa vie cachée à Nazareth y Mystère qui le
ravissoit , & qu'il disoit souvent devoir être un objet parti
culier aux Religieux de la Reforme de Grandmont, qui par
leur état pauvre t caché , humble , pénitent , & uniquement •
attaché à Dieu,devoient représenter celui de Jésus- Christ à
Nazareth , souhaitant qu'ils y fussent fans cesse unis. Enfin
il inspire dans ce Livre une dévotion singulière à la sainte
Famille de Jésus, Marie & Joseph, pour laquelle il avoit
une si grande dévotion ô£ un amour si parfait,qu'ilen faisoic.
les délices de son ame : ce qu'il conserva jusqu'à la fin de sa,
vie , qu'il termina dans la prière & l'oraison , & avec une.
parfaite soumission à la volonté de Dieu en 1689. étant âgé
de près de 79. ans. Sa mort aïant été divulguée dans la ville
de Thiers , il y eut une si grande foule de peuple qui accou
rut au Monastère , que l'on rompoit tout pour le voir & pour
en approcher.
Cette Reforme s'est maintenue jusqu'à présent dans les
Maisons où elle fut introduite du vivant du Reformateur i
mais depuis fa mort elle n'a fait aucun progrès : avant que
toutes ces Maisons fussent réformées , elles étoienten désor
dre • il n'y avoit dans chacune qu'un ou deux Religieux,qui
y vivtoient à leur liberté , fans aucune régularité , & fans cé
lébrer l'Office divin.. Présentement il y a au moins dans cha
cune de ces Maisons huit ou dix Religieux , & même dans
quelques-unes iL y en a jusqu'à vingt. Les Religieux de cette
étroite Observance dépendent du Général , reçoivent de lui
leurs Obédiences > & ne font point de Corps séparé.
Ils ont été long- tems en possession.de toutes les Maisons
dont nous venons de parler,sans qu'on les inquiétât > mail
T Abbé de Macherets qui les avoit appellés dans son Abbaïe
en 1687. k repentant de les avoir fait venir , voulut les en
chasser, sous prétexte qu'ils y avoient été introduits fans Let-
aees Patentes du Roi, contre 1'Edit.de fa Majesté du mois de
ïameFU. Hhh>
4*6 Histo iKi des Ordres Religieux ,
RfLiGiiux Juin 1671. qui défend aux Réformés de s'introduire dans
a NiMts. Monastères fans Lettres Patentes i mais par un Arrêt du
Conseil d'Etat du 17. Juin 1700. le Roi confirma & autorisa
cet établissement , permettant aux Réformés d'y vivre ea
Communauté Religieuse sous la Jurisdiòlion de leur Géné
ral , suivant leur institution i sa Majesté aïant reconnu que
cette Réforme n'étoit en aucune manière contraire à son
Edit de l'an 1671. dont les motifs ne regardent que les Mo
nastères indépendans,& qu'on assujettit à un nouveau Chef,
& que l'inconvenient auquel elle avoit voulu remédier par le
même Edit, regarde seulement les nouvelles Congrégations
Exemtes , & les établissemens nouveaux des Maisons Reli
gieufes. L'Abbaïe de Macherets étoit autrefois Prieuré,
rut érigée en Abbaïe par le Pape Innocent X. en 1650. C
Religieux Réformés ont pris l 'ancien habillement de l'Or-
dre , qui consistoit en une robe de drap noir , avec un scapu
laire , auquel est attaché un capuce , qui se termine en pointe»
austi de couleur noire , avec une ceinture de cuir.
Mémoires Manuscrits.
Chapitre LVI.
isasu- JlíarUe^uc
6ì
Cinquième Partie , Chap. LVI. 417
nuel du cilice 3 & la grande pauvreté des antres , leurs voïa- reuoucx
ges à l' Apostolique, & la nudité des pieds. On ne peut pas MlNIM"-
nier néanmoins que ce vœu de la vie Quadragesimale ne
rende leurOrdre fort austère, & ne les assujettisse à une mor
tification continuelle > mais qu'ils surpassent en cela tous les
Religieux , c'est ce qu'on ne peut leur accorder fans faire
tort à plusieurs saints Instituts & Réformes, qui font la
bonne odeur de Jésus- Christ , & ausquels on ne peut dispu
ter une pénitence beaucoup plus austère que n'est celle des
Minimes.
Cet Ordre a eu pour Fondateur saint François de Paule,
ainsi appellé du lieu de fa naissance dans la Calabre Cité
rieure au Roïaume de Naples. II vint au monde vers l'an
141 6. ses parens l'aïant obtenu de Dieu par l'interceísion
de saint François d'Assise auquel ils firent vœu ÔC dont ils
lui donnèrent le nom par reconnoissance : son pere se nom-
moit Jacques Martorille,& fa mere Vienne de Fufcado,qui
eut une íœur nommée Brigitte mariée à Antoine d'Alesso,
son cousin germain, dont deux enfans vinrent en France,Pun
desquels Pierre d'Alesso se fit Religieux dans l'Ordre des
Minimes , & l'autre Antoine d'Alesto épousa Jacqueline ou
Jaquette Molandrin. De ce mariage vint Jean d'Alesso qui
de la sœur de l'Evêque d'Orléans , Mathurin de la Saus
saie , mere de l'Evêque Jean de Morvilliers Garde des
Sceaux de France , eut Michelle , mariée à Nicolas le Clerc
de Courcellej Anne, femme d'Olivier le F ebvre d'Ormesson,
François ,qui épousa Marie de Vigni j André qui épousa
Marie de Longùeil > Magdelaine femme de Pierre Chaillou,
qui tous ont eu des descendans , qui quoique fort recom-
mandables par leur probité & les grandes Charges ausquel-
les ils ont été élevés en France , le font tenus plus honorés
d'être petits neveux de saint François de Paule , que de la
qualité de Présidens , de Conseillers d'Etat, de Maîtres des
Requêtes & autres semblables qu'ils ont portés: c'est pours
quoi le PereClaudedu Vivier Religieux Minime aïant écrit
en ì6io. que saint François de Paule étoit fils unique, ils en
firent des plaintes au Général de cet Ordre , qui ordonna
au Pere du Vivier de se retracter > & le Pere Chapat écri
vit ensuite pour prouver que saint François de Paule avoic
cu une sœur mariée à André d'Alesso. .
. Hhh ij *
428 Histoire des Ordres Religieux,
Religieux Ce Saint qui.avoit été reçu du Ciel par ses parens , étant
regarde par eux comme un dépôt qui leur etoit confie, ils 1 e-
leverent dans tous les exercices de dévotion capables de le
rendre agréable aux yeux de Dieu auquel,en conséquence
de leur vœu,ils se croioient obligés de le restituer. Comme
il se trouva porté de lui-même à la pieté , son éducation leur
coûta peu j car dès son enfance il aima la solitude » l'absti-
tience & la prière 5 il n'eut point d'autres maîtres qu'eux jus
qu'à l'âge de treize ans qu'ils crurent qu'il étoit tems d ac
complir le vœu qu'ils avoient fait pour la naissance & qu'ils
avoient renouvellé depuis pour fa conservation : pour lors
ils le donnèrent aux Religieux de saint François qui le reçu
rent dans leur Couvent de saint Marc ville Episeopale de
la même Province. Ce fut- là que le jeune François animé
par les bons exemples de ces saints Religieux , & prévenu
des grâces du Ciel, commença cette vie austère qu'il prati
qua jusqu'àla mort. 11 surpassa en peu detems les Religieux
les plus robustes & les plus fervens dans Texaste Obser
vance de la Règle > il s'interdit dès lors l'usage du linge , &
s'abstint de manger de la viande quoiqu'on en mangeât
dans cette Maison selon l'usage des Mineurs ausquels elle
n'est pas défendue parleur Règle. II y passa un an fans
faire profession , & aïant écé rendu à ses parens , ils le menè
rent ensuite en divers pèlerinages, à Assise , à Nôtre-Dame
des Anges , à Laurette & à Rome , visitant les plus célèbres
Monastères de leur route , & les lieux qui étoient les plus
fréquentés par la dévotion des Fidèles. Etant retournés, à
Paule , François se recira en un endroit solitaire éloigné de
la ville de cinq-cens pas, où. ses parens qui avoient consenti à
sa, retraite procurèrent sa subsistance pendant quelque tems
afin qu'étant dispensé de la peine d'en aller chercher , H pue
vaquer aux exercices de la retraite sans^listraclion. Mais
ce lieu qui appartenoit à -ses parens ne lui semblant pas assez
éloigné pour éviter la conversation des hommes , à cause
des visites fréquentes qu'il y recevoit , il ne s'y arrêta pas
long tems ,& cherchant une solitude plus écartée, il alla se
cacher daiìs le coin d'un rocher , où il trouva moïen de se
creuser une loge. Quoiqu'il eût à peine quinze ans lorsqu'il
s'y renferma , il n'eut pas besoin de la conduite d'aucun maî
tre pour régler sa vie dans la pénitence & les exercices spiri-
Cinqu i e tijs Partie , Chap. LVI.
tuels. II n'avoic poinc d'autre lie que la pierre même du roc , Reugiïux
Eoint d'autres alimens que les herbes & les racines d'un petit •vllN1ME*-
ois voisin , ou ce que lui fournifloit la charité de ceux qui
le visitoient en ce lieu. II portok un rudecilice fous un habh
fort vil , & menoit une vie semblable à ce' le des Solitaires de
la Thebaïde.
Sa réputation se répandit bien tôt dans toute la Calabre ,
plusieurs personnes voulurent être les témoins & les imita
teurs de ses vertus, &í il ne pât résister aux instances qu'on
lui fit d'en recevoir quelques- uns & d'en prendre la con
duite , quoiqu'il ne fût âgé que de dix neuf ans. Ce fut lan
1435. qu'il commença d'avoir des Disciples avec lesquels il
sortit de cette solitude pour retourner auprès de Paule dans
un lieu qui appartenoit à ses parens, où il jetta les fondemens
de son Ordre. Ils y bâtirent des cellules avec une Chapelle
où ils chantoient ensemble les louanges de Dieui& comme
cette Chapelle étoit apparemment dédiée á saint François
d'Aífise , on leur donna le nom àì Ermites de saint François.
Ils vécurent ensemble près de dix ans 3 mais les habitans
de Paterne ville .située auísi dans la Calabre proche Cariati
& du Diqcêlede Cozensa , souhaitant avoir part à la béné
diction que cés saints Solitaires attiroient fur les habitans de
Paule,supplierent le Saint devenir chez eux,& s'offrirent de
lui donner un lieu pour y bâtir un Couvent. Paul de Rendac
Gentilhomme de cette ville , qu'il avoit reçu au nombre de
ses enfans , joignit ses prières à celles de ses compatriottes
pour le faire consentira leur accorder cette grâce. II se ren
dit enfin à leurs instances, & aïant pris quelques autres Re
ligieux avec lui , il vint établir íà seconde Colonie à Paterne
en «444. Le nombre de ses Disciples augmentant avec les
charités des personnes de pieté qui contribuoient au soutien
de son nouvel Institut , il prit la résolution en 1451. de bâtir
à Paule,avec la permission de Pyrrhus son Evêque, un Mo
nastère d'une juste étendue & une Eglise plus spatieufe. En
quoi il fut aidé par saint François d'Aífise qui lui apparut
dans le tems qu'il commençoit cet édifice , & lui fit prendre
de nouveaux alignemens. La même année 1453. il fit un
troisième établissement à Spezano le Grand , auifi du Dio
cèse de Cozensa , & jetta encore les fondemens d'un nou
veau Couvent à Cortone en 1460.
Hhh iij
430 Histoi r. e i>es Ordres Re ligieux,
Rïligieui Le Saint vifitoit ces Cou vens allant de l'un à l'autre tant
Minimes. pQUr i'avancement de leurs édifices que pour le gouverne
ment de ses Religieux qui n'avoient point encore d'autres
Règles que celles qu'il leur donnoit de vive voix avec les
exemples de fa vie : mais il fut obligé de les quitter pour un
tems , le bruit de ses vertus & de ses miracles s'étoit telle
ment répandu en Sicile , qu'il n'y avoit point de ville dans
toute cette 1 île qui ne souhaitât avec ardeur jouir de ía pré
sence i sur tout les habitans de Milazzo le demandoient avec
instance & lui envoïerent des Députés pour le prier de venir
établir chez eux une Communauté. A insi après avoir donné
ses ordres pour le gouvernement de ses Maisons de Calabre,
il partit en 1464. avec deux de ses Religieux pour aller en
Sicile où il arriva heureusement à la faveur de son manteau
qu'il étendit sur la Mer & qui lui servit de vaisseau & à ses
deux Compagnons, à la honte & au grand étonnement de
quelques mariniers qui voïant fa grande pauvreté lui a voient
refuíe le passage dans leurs barques. Etant donc abordé en
Sicile il alla à Milazzo où il fut reçu comme un Ange des
cendu du Ciel , & où on lui bâtit en peu de tems un Cou
vent qui fut le premier de son Ordre en ce Roïaume , & qui
donna bien tôt naissance à d'autres qu'on y fonda. Le saint
Fondateur après y avoir demeuré près de quatre ans,retour-
na en 1 468. en Calabre où il assista les pauvres dans une ex
trême famine qui affligeoit toute cette Province, & peu de
tems après il fut invité d'aller commencer un nouveau Mo
nastère de son Ordre à Carigliano dans le Diocèse de Rof-
sane.
Cependant les actions prodigieuses qu'il faisoit detems en
tems faisant grand bruit par toute l'Italie , le Pape Paul 1 1.
voul
un
s en inrormat pleinement. L Archevêque, qui
la sainteté du ierviteur de Dieu , parla avantageusement de
lui à ce Prélat , & lui conseilla daller à Paule , afin de l'in-
terroger lui même, del'examiner & de ne rapporter au Pape
que ce qu'il auroit vû. Le Camerier le crut , & sans donner
avis de ion voïage, il se rendit au plutôt à Paule. Des qu'U
vit saint François , il voulut lui baiser les mains par respects
mais le Saint s'en défendit avec beaucoup d'humilité , lui
Cinc^ui em e Paktie ,Chap. LVI. 431
disant , qu'il étoitplus à propos qu'il lui rendît lui-même ce Rfugihtx
devoir comme à celui qui etoit honoré depuis trente trois MlNIMES-
ans de la dignité Sacerdotale 5 ce qui étant vrai surprit le
Camerier , qui voulant exécuter la commissiond'entretint de
sa vie 8c de celle de ses disciples , & commença à la taxer de
rigueur indiscrète & d'une singularité dangereuse ,surquoi
il s'étendit fort au long. Le Saint l'écouta tranquillement »
mais comme il s'agissoit de soutenir rétablissement de la vie
quadragesimale dont il avoit reçu l'Ordre du Ciel j il prit
des charbons ardens entre ses mains , 8c les tenant long-tems
fans se brûler , il dit au Prélat que puisqu'il voioit ce qu'il
faisoit par la vertu de Dieu , il ne devoit pas douter auífi
qu'étant assisté de cette vertu on ne pût supporter la vie la
plus austère 8c les plus grandes rigueurs de la pénitence. Le
Camerier effraie de ce prodige , voulut se jetter à ses pieds
pour lui demander excuse 8c recevoir sa bénédiction s mais
il en fut empêché par le Saint , qui lui demanda au contraire
la sienne , avec tant d'humilité que celui-ci , le quitta autant
édifié de la sainteté de ses discours 8c de fa proronde humi
lité , qu'étonné de ce qu'il lui avoit vû faire. II en informa
le Pape 8c toute la Cour Romaine : ce qui fut une grande
disposition aux grâces que le saint Siège accorda depuis à
l'Ordre des Minimes , mais principalement à celle de son ap
probation authentique qu'il reçut en 14.73. sous le Pontificat
de Sixte IV. qui avoit succédé à Paul II. Dès l'an 1471.
Pirrhus Archevêque de Cozensa avoit accordé à saint Fran
çois de Paule beaucoup de privilèges pour son Ordre dans
toute l'étenduëde son Diocèse , avec permission d'y faire de
nouveaux établissemens.Geoffroi Evêque de saint Maur exa
mina ces privilèges par ordre du Pape Sixte IV. l'an 1473.
8c fur le rapport qu'il en fit , ce Pontife approuva cet Ordre
fous le nom des Ermites de saint François. Le même Sixte
aïant examiné lui même ces privilèges , établit l'année sui
vante saint François de Paule Supérieur Général de fa Con
grégation qu'il exempta de la juridiction des Ordinaires.
La Bénédiction sensible que Dieu répandoit sur cet Ordre
qui s'augmentoit de jour en jour par les nouveaux établisse-
mens qu'on offroit à ce saint Fondateur , lui attiroit lamour
8c la vénération des peuples qui venoient à lui de toutes parts
comme au dépositaire des grâces Scdes faveurs célestes. Le fou
43i Histoire des Ordres Religieux ,
RtLiGiiux verain Pontife & tous les Prélats de Calabre n'étoient pas-
Mihimes. mojns perfuadés de fa sainteté qui le rendoit digne del'admi-
Chapitre LVIII.
Chapitre LIX.
Des Clercs Réguliers de la Société ou Compagnie deJésus,
avec la Vie de saint Ignace leur Fondateur.
ÏL s'est élevé de tems en tems des Hérésies dans l'Eglise,&
Dieu a toûjours suscité de saints Personnages remplis de
son Esprit pour les combattre & en arrêter h progrès , par
leurs Ecrits , leurs Prédications , & autres travaux Evangé
liques , & pour maintenir la Foi Catholique dans fa pureté.
Ainsi il a opposé saint Athanase aux Arriens, S. Augustin
aux Pélagiens & aux Manichéens , saint Cyrille aux Nesto-
riens , saint François & íàint Dominique aux Albigeois , &
enfin saint Ignace de Loyola & ses Compagnons aux Luthé
riens & aux Calvinistes. Un célèbre Ecrivain de la Vie de
ce Saint a remarqué que dans le tems que Luther soutint
publiquement son Apostasie dans la Diète de Wormes , 8c
que s'étant retiré dans la solitude d' Alstat , il composa un
Livre contre les Vœux Monastiques , qui fit une infinité
d'Apostats , saint Ignace se consacrait à Dieu dans l'Eglise
de Mont- Serrât, & écrivoit dans fa retraite de Manreze lei
Exercices Spirituels, qui servirent à former ion Ordre & à
repeupler tous les autres : que lorsque Calvin commença à
dogmatiser & i se faire des Disciples à Paris ; saint Ignace,
<jui y étoit venu étudier , assembla de son côté des Compa
gnons pour déclarer la guerre aux ennemis de la Foi j &
V
Cinquième Partie , Chap. LIX. 453
qu'enfin dans le tems qu'Henri VIII. íc fit nommer Chef Usiatu
de PEglise Anglicane , & qu'il ordonna sous peine de mort à
ses Sujets d'effacer le nom duPape de tous les papiers & de
tous les Livres qu'ils avoicnt entre les mains, saint Ignace
jetta les fondemens de son Ordre, qui fait profession parti
culière d'obéissance aux Souverains Pontifes , par rap
port aux Missions dans les païs étrangers.
Cc Saint naquit l'an 1491. au château de Loyola , dans
une partie de la Biscaye Espagnole , qui porte aujourd'hui
le nom de Guipuscoa , & fut le dernier d'onze enfans qu'eu
rent Dom Bertrand son pere , Seigneur d'Ognez & de
Loyola, & Martine Saëz de Balde. 11s l'éleverent dans les
sentimens que pouvoit leur inspirer l'amour du siécle. Son
pere le jugeant propre pour la Cour , l'y envoïa de bonne
heure, 8c le fit Page du Roi Catholique Ferdinand V. Mais
Ignace, qui avoit une passion ardente pour la gloire, se dé
goûta bien- tôt de la Cour,& suivant l'exemple de ses frères,
qui se signaloient dans l'armée de Naples , il voulut prendre
le parti des armes. II s'en déclara au Duc de Naiare Dom
Antonio Manrique son parent , & ami particulier de sa Mai
son , qui approuva son dessein. 11 lui fit apprendre ses exer
cices , s'appliqua lui même à le former , & le rendit en peu
de tems capable de servir son Prince dans íes armées. 11 se
signala dans fa première campagne au siège de Najaremcme,
petite ville située fur la frontière de Biscaye , dont la prise fut
attribuée en partie à sa bravoure. Quoique cette ville eut été
abandonnée au pillage, il ne voulut point y avoir de part,Sc
se contenta pour toute récompense , de la gloire d'avoir fait
une belle action 3 jugeant qu'il étoit indigne d'un grand cœur
de profiter de la disgrâce des malheureux. Sa conduite alors
n'étoit pas fort régulière. Plus occupé de la galanterie & de
la vanité , que de toute autre chose , il ne suivoit gueres dans
toutes ses actions que les fausses maximes du monde } & il
vêcut de la forte jusqu'à l'âge de vingt- neuf ans , que Dieu
lui ouvrit les veux.
Le moïen dont la Providence se servit pour lui toucher le
cœur , fut l'accident qui lui arriva » lorsque défendant en
1 51 1 . le château de Pampelune.capitale de la Navarre,contre
-les François qui Passiégeoient , il fut blessé d'un éclat de
pierre à la jambe droite, & d'un boulet de canon a la gauche,
Lll iij
454 HtSTO 1 KE D ES O HD R. ES R. B LIG I EUX >
dont elle fut cassée. Les Navarrois le voïant blessé perdirent
courage , &. se rendirent à discrétion ; mais les François usant
bien de la victoire, transportèrent Ignace.au quartier du
Général, où ils prirent foin de le faire panser y & quand sa
jambe eût été remise , & que l'état de sa plaie lui permit de
changer de lieu , ils le rirent porter en litière au château de
Loyola , qui n'est pas éloigné de Pampelune.
A peine y fut-U arrivé, qu'il sentit de grandes douleurs _
Les Chirurgiens qu'on appella jugèrent que les os de fa
jambe n etoient pas remis dans leur lìtuation naturelle , & lui
dirent , que pour les remettre , il lui falloit casser la jambe de
nouveau. Ignace les crut,& s etant mis pour cet effet entre
leurs mains, il ne fit paroître aucune foiblesse dans une si
cruelle opération. La douleur qu'il enressentit, lui causa une
fièvre íi violente , qu'elle le réduisit à l'extrémité. II reçut ses
Sacremens la veille de la Fête des Apôtres saint Pierre &
saint Paul , mais avec tant de foiblesse & d'abattement, qu'on,
ne crut pas qu'il pût passer la nuit. Saint Pierre la même nuit
lui apparut en songe , & le touchant de la main le guérit de la
fièvre : ensorte qu'à son réveil on trouva ses douleurs cessées,
ses forces revenues, & qu'il étoit hors de danger. Cette gué
rison miraculeuse ne lui fit pas perdre l'eiprit du monde. Sa
jambe, qu'on avoit cassée une seconde fois , ne fut pas íi
bien rétablie , qu'il n'y restât une difformité. C'étoit un os
qui avançpit trop au dessous du genoûil , & qui empechoit
que fa botte ne fut bien tirée. Comme il aimoit la bonne
grâce & la propreté , la vanité le porta à se faire scier cet os:
opération qui ne se fit pas fans d'extrêmes douleurs. Cela ne
lemoêcha pas de subir volontairement une nouvelle torture,
plútot que d'avoir rien de difforme en fa personne : car une
de ses cuisses s'étant retirée depuis fa blessure , & craignant
étrangement de paroître boiteux , il se fit tirer très violem
ment la jambe durant plusieurs jours avec une machine de-
fer j mais fa jambe droite demeura toujours plus courte que
l'autre.
Durant cette longue cure , Ignace qui étoit obligé de
garder le lit ou la chambre, avoit tout le tems des'ennuïer.
U demanda un Roman pour fe divertir j mais ne s'en trou
vant point dans la Maison , on lui apporta la vie de Jesus*-
C hriH & celles des Saints^ 11 les lût , précisément pour s'a»»
/
cJ ej%cítc
cbuu tut cmtre ftaJnH^nurjit dcJtscuscri jc ^
.. * 66
Cinquiem e Pàhtie , Chap. LTX. 457
'«favoir été cauíe de la disgrâce de ce pauvre homme, il lejEsum»s
déchargea du crime dont on l'accufoitjsans néanmoins vou
loir dire qui il étoit. Après cette avanture il poursuivit son
chemin vers Manreze , où il avoit résolu de se cacher , en
attendant que la peste cessât à Barcelonne , & que le port fût
ouvert , espérant y trouver quelque bâtiment sur lequel il
pût monter , pour commencer ion voïage de la Terre-
Sainte.-
Manreze est une petite ville à trois lieuës deMont- Serrât,
fameuíe aujourd'hui par la pénitence de S. Ignace,& par la
pieté des peuples qui y viennent de tous côtés en pèlerinage >
mais alorsde peu de consequence,n'aïant rien de considérable
qu'un Monastère del'Ordrede S.Dominique,& un Hôpital
Çour les- Pèlerins de les malades. Le Saint entra dans cet
iôpital , qu'on appelloit pour lors l'Hôpital de sainte Luce:
fort content de se voir aunombrv des pauvres , & en état de
faire pénitence fans être connu. II commença par jeûner
toute la semaine au pain & à l'eau, excepté le Dimanche
qu'il mangeoit un peu d'herbes cuites , encore y mettoit il de
là cendre. 11 ceignit ses reins d'une chaîne de fer, & prit un
cilice fous l'habillement de toile dont il étoit revêtu. J 1 pre-
noit la discipline trois fois le jour , do: moit peu & couchoit à
terre. Outre le Service divin, qu'il entendoit tous les jours
avec une pieté & une dévotion toute singulière , il faifoitfept
heures de prieres:il visicoit souvent l'Eglise de Nôrre Dame
de Villadordis , qui n'est qu'à une demi lieu ë de Manreze >
& dans ces petits pèlerinages il ajoûtoit d'ordinaire au ci iee
& à la chaî-ne de fer qu'il portoit , une ceinture de certaines •
herbes très piquantes.
Le Démon ne pouvant supporter cette ferveur , emplòïa'
tous ses efforts pour l'en détourner , en lui représentant la
dureté de sa pénitence , & la difficulté qu'il y avoit d'y per
sévérer , le désagrément d'êrre dans un Hôpital , la honte
qu'il y avoit pour un homme de fa qualité d'être toujours-'
avec des pauvres , 8í le grand profit qu'il feroit à laCour,où
par la régularité de fa conduite, & l 'exemple de ses vertus,,
servant de modelé aux Courtisans, il les attireroit insensible
ment au service de Jésus Christ , & à la pratique des verras;
Chrétiennes. C étoit prendre le nouveau Soldat cte Jésus-
.Christ par des endroits bien fenfibles j. mais aïant reeonm»
Jomc yrn. M mm.
458 Histoire desOr.dr.es Religieux,
la malice de l'Esprit tentateur , il repoussa ses suggestions paf
la pratique des vert us qui leur étoient opposées. Bien loin de
fuir les pauvres, il se familiarisa avec eux plus que jamais.
Non content de demeurer dans cet Hôpital, il s'attacha aux
malades les plus dégoutans j & au lieu de retourner à la
Cour , il reíolut de se cacher encore plus aux yeux des hom
mes. Cependant nonobstant toutes les diligences qu'il prit
pour réussir dans cette derniere reíòlution , le bruit courut
dans Manreze que ce Pèlerin qu'on ne connoissoit point étoit
un homme de qualité > qui faifoit pénitence. Ce que l'on
conjectura par la nouvelle qui s'y répandit de l'avanture du
pauvre de Mont- Serrât, auquel il avoit donné ses habits :
c'est pourquoi on commença à le regarder avec d'autres
yeux dans rHôpital & dans la ville. On le venoic voir par cu
riosité, & on l'admiroit d'autant plus,qu'on l'avoit traité avec
mépris. Le Saint s'en apperçut , &; prenant ce changement
pour un nouveau piège que le Démon lui tendoit , & qu'il
devoit éviter, il se retira pour cet effet dans unecaverne,qui
étoit au pied d'une montagne éloignée de six cens pas de la
ville. Peu de gens connoissoient cette caverne ,& personne
n'avoitosé y entrer, tant elle paroissoit affreuse j mais Ignace
jugeant que ce lieu en étoit d'autant plus propre à se cacher
aux yeux des hommes, perça les broílailles qui en fermoient
les avenues > & s'y étant coulé au travers des ronces , il y
établit fa demeure. L'horreur de ce lieu lui inspira un nou
vel esprit de pénitence , à laquelle il s'adonna avec tant de
rigueur , qu'on le trouva un jour évanoui à l'entrée de fa
caverne : ce qui aïant découvert le lieu de fa retraite , on le
ramena malgré lui à l'Hôpital de Manreze, où il fut attaqué
de nouveau par la tentation de changer le genre de vie au
stère qu'il avoit embrassé > mais une nevre maligne , dont il
fut attaqué si violemment que l'on desesperoit de sa vie , le
délivra de cette tentation , qui fut immédiatement suivie
d'une autre de présomption , qui le portoit à se regarder
comme un grand Saint. Il se délivra de celle-ci , en rappel-
lant dans fa mémoire les péchés de fa vie passée i mais il en
conçut tant d'horreur , qu'il tomba dans un état beaucoup
plus funeste , que celui dont il fortoir. A peine eut il recou
vré la santé du corps, qu'il perdit la tranquillité dont son
ame avoit joui depuis qu'il s'étoit donné à Dieu. Toutes les
Cinquième Partie , Chap. LX. 459
joies spirituelles qu'il avoit goûtées jusqu'alors& les consola- jisuitiì*
tions dont Dieu l'avoit favorisé , íe changèrent en amertu
me & en tristesse par les scrupules dont il se sentit accablé.
On eut beau lui défendre de s arrêter à ses doutes & d'écou
ter ses scrupules , tout cela ne servoit de rien. Plus il s'effor-
çoit de s'en dfíbarasser , plus íî^toit accablé d'inquiétudes >
& s'imaginant qu'il nerecevoit plus aucun- secours du Ciel ,
il crut que Dieu l'avoit délaissé & que fa damnation écoit
certaine. Dans cette pensée il fe trouva agité de plusieurs
mouvemens de désespoir , ausquels il auroit infailliblement
succombé , si Dieu par un effet de sa miséricorde ne l'eût
soutenu contre ces attaques de l'Esprit tentateur , qui ne
pouvant réiissir de ce côté- là , le tenta avec plus de succès du
côté de la présomption. Il lui persuada de ne prendre aucune
nourriture , jusqu'à ce qu'il eût recouvré la paix de son
ame. 11 jeûna effectivement sept jours entiers , lans boire ni
manger : il auroit même poussé ce jeûne plus loin , fi son
Confesseur, qui étoit un Religieux de l'Ordre de saint Do
minique » ne lui eût ordonné de l'interrompre. Enfin ses
troubles se calmèrent , & il ne fut pas seulement délivré de
tous ses scrupules , mais il obtint encore le don de guérir les
consciences scrupuleuses , & reçut diverses faveurs du CieU
qui le dédommagèrent du passe.
Jusques-là il ne s'étoit proposé dans toutes ses pratiques
de pieté , que fa perfection particulière j mais la Providence
qui le destinoit au Ministère Evangélique, & qui l'y avoit
d'abord préparé fans qu'il le fçût , par le mépris du monde
qu'elle lui avoit inspiré, par la retraite & la mortification, lui
donna d'autres vûes & d'autres desseins : elle lui inspira de
s'appliquer à la.eonverfion & à la sanctification des ames :
dans ce dessein, quelque chere que lui fût fa solitude, il en
sortit. Il corrigea ce que son extérieur avoit d'afTreux & de
rebutant , afin de ne pas éloigner ceux qu'il vouloir attirer
à Dieu. II modéra ses austérités , &. prit un habillement de
gros drap , modeste & propre. II parloit publiquement des
choses du Ciel t & pour se mieux faire entendre du peuple
qui l'environnoit, il montoit íur une pierre qu'on montre en
core aujourd'hui dans l'aneicn Hôpital de sainte Lucc
Quelques personnes furent si touchées de ses Exhortations,
qu'elles renoncèrent au siécle pour embrasser une vie péni
Mmm ij
■
■
'Cinquième Partie , Chap. LX. 463
fremier Juin 1 517. Ce Jugement lui rendant sa liberté , ne Jisuitk.
laissa pas de lui donner du chagrin. II fut ordonné en même
tems que lui &ses Compagnons prendroient ì'habillement
ordinaire des Ecoliers > & que n'étant pas Théologiens ,
ils s'abstiendroient d'expliquer au peuple les Mystères de la
Religion , jusqu'à ce qu'ils eussent étudié quatre ans en
Théologie.
Ignace peu satisfait de ce Jugement rendu par le Grand-
Vicaire d' Alcala , alla trouver l' Archevêque de Tolede,qui
lui conseilla de quitter cette Université , & d'aller étudier à
Salamanque, & ì'exhortant fortement à continuer ses fonc
tions de pieté envers le prochain , il lui promit fa protection.
Nôtre Saint y alla , & en attendant qu'il pût reprendre le
cours de ses études , il commença par travailler au salut des
ames avec d'autant plus de ferveur & de liberté, que fa Mis-
íìon sembloit être autorisée par l'Archevêque > mais on y
trouva encore à redire. 11 fut mis de rechef en prison avec
ses Compagnons ; & après y avoir été retenu pendant trois
semaines , ils furent renvoïés absous par une Sentence , qui
permettoit à Ignace d'instruire le peuple , à condition que
cans ses Catéchismes & dans ses Entretiens , il ne se mêle-
roit point de vouloir marquer la différence qu'il y a entre le
péché mortel & le péché véniel. Ignace surpris de ce dernier
article de la Sentence , vit bien que c'étoit un pié^e qu'on lui
tendoit , d'autant plus , qu'il sçut que ses ennemis l'avoient
fait mettre , afin d'avoir lieu de le chicaner & de lui faire
une querelle quand ils voudroient: c'est pourquoi persuadé
de leur malice,qui lui ôtoitles moïens de satisfaire ion zele,
il prit la resolution de quitter Salamanque , & même de sortir
de l'Espagne. II forma le dessein d'aller en France, pour con
tinuer, ou plutôt pour recommencer ses études dans l'Uni-
versité de Paris , qui étoit depuis long tems la plus célèbre
de l'Europe.
Ses Compagnons n'étant pas disposés à le suivre, il partit
seul sur la fin de Décembre , arriva à Paris au commence
ment de Février de lan 1 518. 8c se logea au quartier de l'U-
niversité avec des Ecoliers Espagnols- Pour mieux posséder
la Langue Latine , il reprit les Humanités au Collège de
Montaigu 5 mais aïant été volé par un de ses Compagnons ,
auquel il avoit confié une somme d'argent , que ses amis lui
464 Histoi he des Ordb.es Religieux,
Jìiuites a voient donnée en partant d'Espagne, pour la continuation'
de ses é.udes j il fut contraint de se retirer à saint Jacques de
l'Hôpital , où les Espagnols étoient reçus. II n'y avoit que le
couvert > & il falloit que pour vivre il mandiât son pain de-
porte en porte. Comme il demeuroit loin du Collège de
Montaigu , perdant du cerns à chercher des aumônes , il au-
roit bien voulu servir un des Professeurs > mais quelque di
ligence qu'il fit,il ne put jamais l'obtenir. Quoique samisere
fut grande , il ne laisioit pas d'exciter les gens de saconnois-
sance à faire la charité aux pauvres , ausquels il faisoit don
ner ce qu'il auroit pû demander pour lui. Ses paroles firent
tant d'impression fur l'esprit de trois Espagnols , qu'ils ven
dirent d'eux mêmes leurs meubles, & en donnèrent l'argent
aux pauvres , après quoi ils se retirèrent aussi à saint Jacques
de l'Hôpital , où ils vivoient d'aumônes comme lui.
Cette nouvelle Société rendit encore nôtre Saint suspect.
11 fut déféré àT Inquisiteur Matthieu Ory , Religieux de
Ordre de saint Dominique,& Prieur du grand Couvent de
la rue saint Jacques. ( Quoique le Tribunal de l' Inquisition
n'ait jamais été établi en France de la manière qu'il lest en
■ Espagne & en Italie, il y a eu néanmoins dans de certains
tems des Inquisiteurs délégués du Pape r pour y conserver la
fureté de la Foi , & tenir les peuples dans l'obéïssance de
Eglise j & cette qua'ké avoit été déférée à Matthieu Ory
par le Pape Clément VIL. à l'occasion des Hérésies d'Alle
magne .) Ctt Inquisiteur aïant donc pris connoissance de cette-
affaire , & aïant reconnu l'innocence d'Ignace par les per
quisitions qu'il fitj le renvoïa absous. Aïant étudié les Hu
manités près de dix huit mois au Collège de Montaigu, U
commença son cours de Philosophie au Collège de sainte
Barbe. Le Docteur Govea Espagnol , Principal de ce Col
lège , prévenu contre 1 gnace par les faux rapports qu'on lui
cn avoit fair, voulut d'abord l'en chasser > mais aïant exa
miné avec diligence la conduite de nôtre Saint , & n'y aïant
rien trouvé qui fût digne de repréhension , & qui ne méritât*
au contraire l'estime & l'approbation de tout le monde , lui-
fil satisfaction, publique devant tous les Ecoliers, & rendit
justice A fa vertu par l éloge qu'il ensir. Le Professeur Pegna,
qui avoit été la cause de cette prévention , roulant aussi repa
yer Tinjure qu'on lui avoit faite ». lui. donna pour Répétiteur
Cinquième Partie , Chap. LIX. 465
on Garçon fore capable, nommé Pierre le Févre , Savo'fard , j
qui demeuroit au même College,avec François Xavier,Gen-
tilhomme Navarrois , peu accommodé , & presque aussi pau-
rre que le Févre. Ignace se mit avec eux pour la commodiré
de ses études , & avança tellement par le foin que le Févre
prit de lui , qu'à la fin de son Cours , qui fut de trois ans 8c
demi , selon l'usage de ce tems là, il fut reçu Maître ès Ans,
& continua ensuite sa Théologie aux Jacobins. Ce fut alors-
que sentant croître en lui le zele pour le salut des ames , à
proportion qu'il avançoit dans la connoissance des Mystères
de la Foi , & des vérités Evangéliques , il forma le dessein
d'établir une Compagnie d'hommes Apostoliques , qui pus
sent l'aider à porter & étendre ce même zele jusqu'aux ex
trémités de la terre. Ne doutant point que le penchant qu'il
fe sentoit pour l'instruftioades peuples, &. la conversion des'
Infidèles , ne fût un secret mouvement de la grâce de Dieu,
qui le destinoit à un si noble emploi , & si cligne de l'ambi-
tion d'un véritable Chrétien , & ne comptant plus fur ses,
anciens Compagnons qu'il avoit laissés à Barcelonne , où ils
avoient pris differens partis , il s'en associa quelques- autres,
qui étoient de l' Université. Le premier qui se joignit à lui ,
fut ce Pierre le Févre , qui avoit été son Répétiteur : il ga
gna eníuite François Xavier , & peu de temps après il eut
quatre nouveaux Compagnons, qui furent Jacques Lainezr
d'Almazan , au Diocèse de Siguença j Alfonse Salmeron ,
d'auprès de Tolède j Nicolas Alfonse, surnommé Bohadïllà,
du lieu de sa naissance.village proche de Palenze.au Roïau-
jne de Léon j & Simon Rodriguez d'Azendo Gentilhomme
Portugais.
Quoique le choix deces six personnes parût venir de I*
main de Dieu j & qu'Ignace , persuadé de leur zele pour
l'agrandissement du Roïaume de Jésus- Christ , n'eût aucua
lieu de douter de leur fidélité & persévérance dans le dessein
qu'ils se proposoient : cependant se ressouvenant de Tincon-
ítance de ceux qui s 'étoient joints à, lui en Espagne, & faisane
réflexion sur la légèreté de l'esprit humain , il se persuada
que» quelque bonne que fût k volonté de ses nouveaux Dis
ciples , il étoir nécessaire de les fixer par dés engagemens in
dispensables. Le jour de l' Assomption de Notre Dame de
lían 1554. après les avoir préparé íur son dessein, il les mena.
ZomtVII. Nan-
4.66 HlSTOlRB DES OUDR-IS RlLlstlEUX ,
dans l'Eglise de l'Abbaïe de Montmartre près Paris : oh
Pierre le Févre , qui avoit été fait Prêtre depuis peu , leur
aïant dit la MeíTe & les aïant communiés dans la Chapelle
souterraine , ils firent tous sept ensemble , d'une voix haute
& distincte , vœu d'entreprendre le voïage de Jérusalem pour
la conversion des Infidèles du Levant > de quitter tout ce
qu'ils avoient au monde > hors ce qu'il leur faudroit pour
aller en Terre- Sainte i & en cas qu'ils ne pussent y entrer ,
ou y demeurer , de s'aller jetter aux pieds du Pape , pour lui
offrir leurs services , & aller fous ses ordres par tout où il
rou droit les envoïer.
|Comme il y en avoit parmi eux qui n'avoient pas fini
leur Théologie, il leur laissa continuer cette étude jusqu'au
15. Janvier 1557. & en les attendant , il travailla à arrêter le
cours & les désordres que causoient en France les nouvelles
Hérésies. II avoit coutume de se retirer , ou à Notre-Dame
des Champs , qui étoit le lieu où l'on a bâti depuis le Cou
vent des Carmélites du Fauxbourg saint Jacques j ou dans
les carrières de Montmartre , qui lui représentant ía caverne
de Manreza , l'exciterent à reprendre des exercices de péni
tence 5 mais ses nouvelles austérités aïant ruiné ses forces , le
réduisirent dans une langueur , qui ne lui permettoit pas
même de s'appliquer aux exercices de pieté. Comme les re
mèdes ne le íbulageoient pas , les Médecins lui persuadèrent
d'aller reprendre Pair de son pais. Il se détermina à ce voïage»
mais avant son départ qui fut au commencement de Janvier
del'an 1535. il convint avec ses Disciples qu'il iroit les atten
dre à Venise , & qu'ils partiroient lex}. Janvier 1537. pour
l'y venir trouver. Sa foiblesse ne lui permit pas de faire le
voïage à pied , il le fit fur un chev que ses Compagnons
lui achetèrent , & à peiné eut- il passé les Pyrénées & respiré
l'air de Guipuscoa , qu'il recouvra sa santé & sentit revenir
ses forces.
Pendant le séjour qu'il fit en Espagne , ses Compagnons
qu'il avoit laissés à Paris , poursuivirent leurs études. Le
Févre les gouvernoit en son absence & augmenta leur nom
bre de trois autres Théologiens ,dont le premier fut Claude
le Jai d'Annessi , Jean Codure & Paquier Broûet, tous deux
François , l'un du Diocèse d" A mbrun 8c l'autre du Diocèse
d'Amiens. Ces trois derniers firent à Montmartre le même
Ginqjjieme Paktie , Chap.!LIX. 467
fccu , que les autres y avoient fait & qu'ils firent encore je„,iTií..
pour la íecondefois. Ces neuf Disciples d Ignace , qui avec
lui firent les fondemens de la Compagnie de Jésus , étoient
tellement unis ensemble , que quoique differens & de nation
& d'humeur , ils sembloient néanmoins n'avoir qu'un cœur
& qu'une ame : ce qui étoit d'une grande consolation pour
ce saint Fondateur* Ignace , après avoir demeuré quaíi un
an en Espagne , en partit pour aller à Venise , où il arriva
sur la fin de Tannée 1535. S°n zele ne lui donna pas de relâ
che dans cette ville , où il ne fut pas plutôt entré , qu'il s'y
occupa à gagner des ames à Dieu > mais ce qui lui devoit at-
tirerîde l'estime , fut le sujet d'une nouvelle persécution. Elle
lui rut suscitée par les libertins , qui ne pouvant souffrir la
censure qu'il faisoit de leur vie , firent courir le bruit qu'I-
fmace étoit un Hérétique déguisé , qui après avoir infeclé
a France & l'Espagne , venoit gâter l' Italie. Dès que le
Saint sçut ce que l'on disoit publiquement de lui, il alla trou
ver Jérôme Veralli Nonce du Pape Paul III. vers la Répu
blique pour le prier de lui faire son procès , s'il étoit coupa
ble. Le nonce examina l'affaire avec son Assesseur , & ne
trouvant rien qui pût donner lieu aux bruits qui couroient» •
il porta en faveur du Saint une Sentence juridique , qui le
diículpoit de ces fausses accusations. Pierre Caraffe , qui
fut élevé au souverain Pontificat , íous le nom de Paul I V.
& qui auparavant d'Archevêque de Théate , s'étant fait
Compagnon de saint Gaétan de Tyennes , avoit été l'un
des Fondateurs de l'Ordre des Théatins , du nom de TAr-
chevêché qu'il quitta , ne contribua pas peu à confondre
ces calomnies,par l'estime & les liaisons qu'il eut avec Ignace
dans le séjour qu'il fit à Venise , où enfin il eut la consola
tion de voir ses Compagnons , plutôt qu'il ne Tefperoit&
qu'ils n'en étoient convenus. La guerre se rallumant plus
que jamais entre François I. Roi de France & l'Empereur
Charles V. par la mort de François Sforze Duc de Milan,
fur l'Etat duquel ces deux Princes avoient des prétentions,
au premier bruit que ces fidèles Disciples ^n eurent ils se
résolurent d'avancer leur voïage & de sortir du Roïaume,
avant que les passages fussent fermés. Ils partirent de Paris
le 15. Novembre de Tannée 1536. trois mois plutôt qu'ils
n'étaient convenus avec leur saint Fondateur , sans autre
Nnn ij-j,
468 Histoire des Ordres Religieux,
Juvtm. équipage qu'un bâton à la main & une petite valize sur I*
dos ,où chacun avoit íes écrits. Ils prirent leur chemin par
la Lorraine pour éviter la Provence , & arrivèrent à Venise
le 8. Janvier de l'an 1537. Ignace les reçut avec beaucoup
de joïe,& leur donna un autre Compagnon, nommé Jacques
Hozez , qui fut l'onziéme de la Compagnie. En attendant
qu'ils pussent aller ensemble recevoir la bénédiction du Pape,
pour le voïage de Jérusalem , le saint Fondateur les occupa
dans les Hôpitaux à instruire les ignorans , à servir les mala
des , à assister les mourans & à ensevelir les morts. 11s s'oc-
cuperent de la forte jusques vers la mi-Carême , que tous
partirent pour Rome > hors Ignace , qui ne jugea pas à pro
pos de paroître dans un lieu où fa présence eût pu faire tort
a ses Compagnons : car Caraffe que Paul III. avoit fait
Cardinal, sembloit alors fort contraire aux desseins du Saint,
soit par ressentiment de ce que lui & Hozez n'avoient pas
voulu entrer parmi les Théatins , où soit qu'il eût ajoûté foi
aux bruits qu'on avoit semés à Venise. Les Compagnons de
nôtre Saint etant arrivés à Rome , furent reçus si favorable
ment du Pape , que fur le récit qu'on lui avoit fait de leur
sçavoir & de leur pieté , non seulement il leur accorda ce
Íju'ils lui demandèrent j mais même après leur avoir donné
a bénédiction , il leur donna de l'argenc pour leur voïage, &
permit à ceux qui n'étoient pas Prêtres , du nombre desquels
étoit Ignace ,qui quoiqu'abfent fut compris dans cette per
mission , de recevoir les Ordres sacrés de quelques Evê
ques que ce fût>& accorda une dispense d'âge pour Alfonse
Salmeron , afin qu'il reçût l'Ordre de la Prêtrise avec les
autres dès qu'il entreroit dans fa vingtième année. Etánt re
tournés à Venise ils firent voeu de pauvreté Sc de chasteté
perpétuelle entre les mains du Nonce Varelti , 8c le jour de
la Nativité de saint Jean- Baptiste , ceux qui n'étoient pas
Prêtres , furent ordonnés par Vincent Nigulati Evêque
d'Arbe. La ligue , qui fut conclue dans ce tems-là entre
l'Empereur & la République contre le Turc , aïant rompu
le commerce du Levant,les empêcha de faire leur voïage de
Jérusalem : c'est pourquoi après être restés un an entier fur
les Terres de la République , comme ils s'y étoient obligés ,
& n'y aïant nulle apparence que la navigation fût libre de
long- tems , Ignace les rassembla tous à Vicenze : où il leur
ClNQTJIEME PaUTIE , CHAP. LÎX. 469
ÍSc entendre que puisque la porte de la Palestine leur étoitj SUI.
fermée , ils ne dévoient pas différer d'accomplir l'autre par
tie de leur vœu , qui étoit d'aller offrir leur service au Pape-
II fut résolu que le saintFondateur,leFévre & Lainez iroient
les premiers á Rome , pour exposer à sa Sainteté les inten
tions de toute la Compagnie. Avant que de se séparer , ils sc
prescrivirent une manière de vie uniforme & des Règles
qu'ils sobligerent de suivre. Comme on leur demandoit íou-
Teot qui ils étoient & quel étoit leur Institut , saint Ignace
leur dit qu'ils dévoient répondre , qu'ils étoient de la Com
pagnie de Jésus , puisqu'ils étoient unis ensemble pour com
battre les Hérésies & les vices fous la bannière de Jésus -
Christ. Le saint Fondateur,le Févre & Lainez arrivèrent à
Rome fur la fin de l'année 1537. 11s eurent dès les premiers
' jours audiance du Pape , qui recevant avec joïeleurs offres,
emploïa aussi tôt le Févre & Lainez là enseigner la Théolo
gie dans le Collège de la Sapience à Rome » & Ignace à la
réformation des mœurs par la voie des exercices spirituels &
des exhortations , qu'il faisoìt d'une manière si patétique 8c
si édifiante , qu'il y eut plusieurs personnes de grand mérite
qui se mirent sous fa conduite.
Pendant que ces trois hommes Apostoliques travailloient
fì utilement dans Rome, Xavier & Bobadilla s'emploïoient
dans Boulogne au salut des ames > le Jay St Rodriguez fai
saient le même dàns Ferrare» Broiiet ôc Salmeron dans Sien
ne j Codure & Hozez dans Padouë j mais ce dernier étant
mort quelque tems après , saint Ignace retrouva presque
aussi- tot un autre Compagnon, qui rut François Strada. Jus
qu'alors Ignace n'avoit point eu d'autre vue que celle de
travailler au salut des ames de concert avec ses Compagnons,
& cela fans aucun engagement particulier 5 mais Dieu qui
l'avoit destiné à être le Chef d'un Corps , qui devoit être si
utile à son Eglise, lui donna des notions plus distinctes de
l'Institut , dont il devoit être le Fondateurs une forte pen
sée de rétablir au plûtôt. lien communiqua avec le Févre
& Lainez , & manda les autres qui étoient dispersés en Ita
lie, afin que convenans avec eux ils pussent faire un établis
sement solide. A peine ces Ouvriers Evangéliques eurent- ils
reçu l'Ordre du Saint , qu'ils quittèrent tout pour se rendre
à Rome , où étant arrivés fur la fin du Carême de l'an 1538.
Nnn iij
'47° Histoire des Ordres Religieux,
Jnuiris. ils logèrent tous ensemble chez un Gentilhomme Romain
nommé £luïnno Gar;&c#/0,qu'lgnace avoit gagné à Dieu. Le
Saint leur aïant déclaré le motif pour lequel il les avoit faic
venir , ils l'approuverent & convinrent qu'il falloit ériger
leur Société en Religion j &que pour cela il falloit préparer
l'esprit du Pape , qui sembloit fort éloigné des nouveaux éta-
blissemens } mais comme le Pape partoitde Rome pour aller
à Nice , cette affaire fut retardée. En attendant le retour de
fa Sainteté , saint Ignace & ses Compagnons traitant sou
vent du projet de l' Institut , résolurent dans une de leurs
Assemblées , suivant les propositions du saint Fondateur ,
qu'outre les vœux de pauvreté & de chasteté, qu'ils avoient
faits à Venise , ils en reroient un d'obéissance perpétuelle à
leurs Supérieurs , & déterminèrent dans une autre que ceux
qui feroient profession dans leur Compagnie , ajoûteroient
aux trois vœux de pauvreté , de chasteté & d'obéïssance,un
vœu exprès d'aller par tout où le Vicaire de Jésus Christ,
les envoïeroit , pour travailler au íalut des ames , & d'y
aller fans viatique & en demandant l'aumône,s'il le jugeoita
propos. Ils eurent encore d'autres Conférences , & ils déter
minèrent que les Proses ne poffederoient rien ni en particu
lier , ni en commun j mais que dans les Universités onpour-
roit avoir des Collèges avec des revenus & des rentes , pour
la subsistance de ceux qui y étudieroient.
Au milieu de ces projets , il s'éleva contre eux une tem
pête , qui pensa renverser leur plan & leurs espérances , pour
avoir attaqué un Prédicateur célèbre accusé de Luthéranis
me. Celui ci eut l'adreste de rejetcer sur saint Ignace le soup
çon d'Hérésie , & gagna trois Espagnols, qui avoient un air
de sagesse & de probité tout propre à autoriser une calom
nie. 11 corrompit encore Michel Navarre , qui avoit été à
Paris Compagnon de François Xavier , & qui haïssoit saint
Ignace ,à cause qu'aïant voulu être de ses Disciples , il ne
l'en avoit pas jugé digne. Saint Ignace fut dénoncé devant
lè Gouverneur de Rome, comme un Hérétique & un Sor
cier , qui avoit été brûlé en effigie à Alcala , à Paris & à Ve
nise. Sur cette accusation le peuple se souleva contre lui &
ses Compagnons j mais leur innocence fut reconnue, & leurs
Accusateurs furent contraints de se dédire , & d'avouer
leurs impostures. Le Gouverneur,par ordre.du Pape,rendit
Cinquième Partie, Chap. LIX. 471
une Sentence, quicontenoit l'éloge des Accuse's , & les ju- Judith.
stifioit entièrement. Ils parurent de nouveau en public, &
recommencèrent leurs exercices de charité , tant en soula
geant les pauvres dans une famine , qui affligea dans cetems-
là la ville de Rome , qu'en les instruisant des devoirs du
Christianisme: ce qui leur attira l'estime du peuple,qui leur
donna autant de bénédictions , qu'il leur avoit souhaité de
mal au sujet des accusations susdites.
Saint Ignace crut qu'il devoit profiter d'une íì heureuse
conjoncture pour l'execution de son dessein. Aïant fait un
Abrégé de l' Institut , que lui & ses Compagnons avoient
concerté ensemble , il le présenta au Pape Paul 1 1 1. par l'en-
tremisedu Cardinal Gaspard Contarini. Le saint Pere reçut
cet Ecrit , & le donna auífi- tôt à examiner au Maître du
sacré Palais, Thomas Badia,quifut depuis Cardinal. Badia
le retint deux mois , après lesquels il le rendit à fa Sainteté ,
lui protestant "qu'il n'y trouvoit rien que de très louable > &
le Papel'aïant lù lui même, approuva de vive voix cet In
stitut. Ignace le pria de le confirmer authentic[uement »" mais
quoique ce souverain Pontife s'y sentît porte , il ne voulut
rien faire que par l'avis de trois Cardinaux,dont le premier,
qui fut chargé de l'affaire , se nommoit Barthelemi Guidic-
cioni. Cela n'empêcha pas, en attendant, que fa Sainteté ne
demandât à Ignace quelques-uns de ses Disciples pour ré
former pn Monastère de Religieuses qui étoit dans un grand
desordre, & qu'ellen'en destinât d'autres à d'autres Emplois
qui ne leur étoient pas moins honorables. Le Jay alla à Bre-
scia pour extirper l'Héréfie , que des Prédicateurs peu Ca
tholiques y avoient semée. Bobadilla fut envoie à l'isle d'is-
chia , vers les côtes de Naples , pour accorder les principaux
du pais , qui se haïssoient mortellement. Lainez & le Févre
accompagnèrent le Cardinal de Saint- Ange dans fa Léga
tion de Parme. Lainez resta à Plaifance,& le Févre demeura
à Parme : d'où il fut retiré ensuite pour aller à "Wormes as
sister à un Colloque qui se devoit tenir entre les Catholiques
& les Protestans. Enfin Rodriguez & Xavier partirent pour
les Indes, fur la demande que Jean III. Roi de Portugal
avoit fait de ces nouveaux Missionnaires.
II est difficile d'exprimer la joie que saint Ignace eut de
voir ses Compagnons engagés dans les emplois de l'Aposto-
47* Histoire des Ordh.es Religieux ;
jisoins. Ut j mais elle fut un peu troublée par les oppositions que ft*
rent les trois Cardinaux à son grand dessein. II continua ses
poursuites auprès du Pape avec plus de chaleur que jamais,
& redoubla íes prières auprès de Dieu avec d'autant plus de
confiance,que ne doutant point du succès de son entreprise,
il lui promit trois mille Messes , en reconnoissance & en ac
tion de grâces de cette faveur , qu'il esperoit obtenir de sa
divine Majesté. Son espérance ne fut pas trompée, Dieu
permit que les Hérésies qui se multiplioient en France, en
Allemagne 6c en Angleterre, & qui avoient même pénétré
jusqu'en Italie, faisant juger aux trois Cardinaux que cette
nouvelle Religion seroit nécessaire pour en arrêter le cours ,
les firent changer de sentimens. Le Pape approuvant les con
versions merveilleuses que faisoient les Disciples d'Ignace
dans les lieux où ils étoient emploies hors de Rome, se dé
termina enfin à confirmer le nouvel Institut : ce qu'il fie
par une Bulle du 17. Septembre de l'an 1540. donnant à ce
nouvel Ordre le nom de Compagnie de Jésus , & permettant
à saint 1 gnace & à ses Compagnons qu'il fixa au nombre de
soixante Profés , de dresser des Constitutions , telles qu'ils le
jugeroient à propos.
C H,A P I T R E L X.
Continuation de l'Histoire de la Compagnie de J*fus ,
de la Vie desaint Ignace de Loyola.
71
Cinqjjieme Paatie , Chap. LXI. 451
— — SU.
Chapitre LXI.
Q^qq iij
TABLE
m
'T AB L E.
Relâchement des Conventuels en- Es ral de l'Ordrê de saint François, 4-tf
pagne & en Portugal , i$i Désordre qu'il soussroit dans l'Ordre
Ils perdent presque itoutes leurs Mai de son tems, 41
sons , & comment , 15 } Les zélés en font des plaintes , se réti
PlusieursPapcs ordonnent qu'ils soient rent dans leurs maisons , Sc font eiïfio,
soumis à 1 Observance , /* mtsme. réunis au reste de l'Ordre par la ré
Leur Couvent de Lisbonne est réfor forme qu'y fit saint Bonaventure , la
mé par les Obfervâns , 154 mesme.
11s font transportés à Porto , & leur Il est déposé de son Généralat , com
Province en prend le nom, lamesme. ment & pourquoi , 4j
Leur Province est entièrement étein Cuflodie , de l'Ordre de saint François ;
te , ■ la mesmt. ce que c'étoit dans son commence-»
On leur accorde neuf Convens , dont ment , & ce que c est présentement >
ils font une Custodie, la mesme. 19. &smv.
Ils (ont entièrement abolis en Portu
gal , lamesme.
Ils perdent beaucoup de leurs Cou-
vens en France & en Allemagne, 15 j. D-Amianistis , Religieuses de sainte
Claire,. 1S4-
11s soot reduits à la régulière Obser On leur donne la Règle de S. Benoit ,
vance ,• Jf í & des Constitutions particulières , l»
Leur état présent , tant en France mesmt.
qu'en Flandres , en Italie 8c en Alle Ce qu'elles contiennent', la mesmt'.
magne, 157 ér Jitiv. Ce qui leur a fait donner le nom de
Ils possèdent le corps desaintFrançòis Damianiftts; la mesmt,
dans leur Couvent d Aífisc ,| & celui pétkauffés ( les ) d'Espagne , Réforme
de saint Antoine de Padoue dans la de l'Ordre de saint François , 110
même ville de Padoue 157 Son Fondateur , la mesme.
Personnes recommandables qu'ils ont Premier Couvent de cette Réforme ,
eu chez eux , la mesme &sitiv. u»
Offices dont ils jouissent , 1Ç8 Ils s'étendent en Portugal , la mesmt.
Miílions ausquelles ils sontoccu és,í* lis font persécutés par les Obfervâns,
mesme. ' "J
Çt/nventueU 'Réformés ,1e tems & le fojet Ils font soumis aux Obfervâns , &
de leur Réforme , itfo comment; la mesmt.
11s font inquiétés su sujet de leur éta- Ils sont chassés de leurs Couvens da
bliffement & de leur ^habillement , Roiaume de Castille ; la mesme.
161 Us se mettent fous l'obéïssance des
Ils obtiennent une Bulle de confirma Conventuels, 11f
tion , & ce qu'elle contient; la mtsme. Leur Congrégation est autorisée sous
Progrès de leur Réforme, la mesme. le nom-do Cafuct ou du saint Evan
Ils font encore inquiétés au sujet de gile , '* mesme,
leur habillement , 16 1 Us se retirent dans des solitudes; Ce
Ordonnance de Grégoire XIV. à'ce qui les y oblige , • i»S
sujet , la mesmt. lis rentrent dans tous leurs Couvens ,
Us font supprimés , & pourquoi , la & en bâtissent d autres , 116
mesmt. Ils tiennent leur premier Chapitre , 3r
11s se maintiennent dans quelques élisent un Provincial , /* mesme.
Couvens du Roïaume de Naples , 163 Nouvelles difficultés' à ce sujet , & de
lis dressent de nouveaux Statuts pour quelle manière elles furent terminées,
le maintien de leur Réforme , la la mesme fr suiv.
mesmt. Ils sont incorporés dans ['Observance,
34 s font approuvés & confirmés par le & prennent le nom de Réformés ni-
saint S'ége , U mesmt Leur lu'odie est érigée en Provin
Us font entièrement supprimés , la ce fous le nom de saint Gabriel , la
mesme. mesmt.
Crtfitntt de Jesi ( le Pcrc) est élu Géné- Ils s'cublifsent dans le Mexique, & y
font
DES MA T I E R E S.
font de" grandes conversions , la Chacun présente par éc it ses raisons,
mesme. la mesnit.
Déchaussés du Tiers Ordre de saint Fran Reglemens faits par le Général en
çois, Réforme établie par le Perc Jac conséquence des plaintes de Gaufrvdi,
ques d'Eugubio , 141 ' íî
Elle est approuvée par le Pa pe , /* Les Toscans élisent un Général , tt lc
mtsme. tort que cela leur fit, la mtsmt.
Ses Religieux se rerirent à Martogna, Décisions du Concile Général de
proche Ta ville de Trapani , la me/me. Vienne au sujet de ces difFerens, $6.
On leur y bâtit un Couvent, & le nom Us sont termine i & comment , * la
de son Fondateur , l* mesme. mesme,
Situation de ce Couvent , la mesme. D'O ( M. ) Fondateur du Couvent de
On leur donne un Couvent dans la Franconville , première Maison du
ville de Trapani , & ce qui en fut la Tiers Ordre Ré forme en France , t/r.
cause , »4+ Drouïle la Blanche & Drouile la Noire ,
Exemple de détachement des biens de Monastères de Religieuses de l'Ordre
la Terre qu'ils y donnèrent , U mesme. deGrandmont, 41c
11s obtiennent la permission de tenir
un Chapitre , & d'élite un l'rovincial,
1» mesme.
Nom de celui qá'ils élurent pour pre ELisabeth ( Sainte ) Fondatrice des
mier Provincial , la mesme. Religieuses du Tiers O.dre de saint
Leur progrès , & le nom des princi François , 187
paux lieux ou ils ont des- Cou vens , Ses parens & la naissance, la mesme.
*4Í Sa charité envers les pauvres , &• ce
Delphino ( Gilles) est élu Général de que Dieu fit pour l'en recompenser ,
l'Ordre , 8j la mesme.
II tient un Chapitre Généralissime à Elle est demandée en mari âge, & con
Rome , & pourquoi , l* mesme r3» duite en Thuringe pour cet cric t , la
suiv. mesme.
II abuse le Pape , & est obligé de se Elle épouse Louis V. Lantgrave de
démettre de son Office , 90 Thuringe 188
Denis ( Saint ) première Province des Elle lui donne un successeur , & deux
Recollets en France , , ijï Princesses , /* mesme.
Son érection , la mesme. Elle se fait dia Tiers Ordre de S. Fran
Les Religieux de cette Province ob çois . 189
tiennent un établissement à Pátis , U Saint François lui envoie un prescrit ,
mesme. & la manière dont elle le reçoit , /*
Le Fondateur de cette Maison , /* mesme.
mesme. Ellefait vœu d'obéissance & de chaste
Elle est augmentée & amplifiée par té . & comment , la mesme:
quelques Bienfaiteurs , & leurs noms, Elfe fait bâtir un Hôpital , & ses autres
la mesme. Œuvres de charité envers les pauvres ,
Ils passent dans le Canada ,ou ils éta la mesme.
blissent quelques Cou vens , 137 Elle est faite Régente des Et us da
Ils entreprennent une Mission pour Prince son h poux , la mesme.
rifle d; Madagascar , la mesme. Elle app end la mort de ce Prince , Sc
Malheur qui empêche la réussite de est dépouillée de ses Etats , la mesme .
cette Mission , la mesme. Elle est chassée de (on Palais , & se re
J)ivi[ìon dans l'Ordre de Paint François , tire dans une étable , 190
& pourquoi, f \ . rjr précédent. Sa patience & fa constance dans ses
Raimond de Villeneuve , P. ovençal , disgrâces , la mesme.
Médecin du Roi de-Naples , emploie Elle est rétablie dans ses honneurs . Sc
le crédit de son Maître pour y remé elle les abandonne volontairement , la
dier , la mesme. mesme.
l'on tient plusieurs Conférences à ce Elle fait une profession solemnellc de
fcjet r Sc ce qui y fut résolu t pauvreté , •
Tomt yilr * S'sí
T AB L E
5a mort, Umtsme. très austère du Troisième Ordre , 141
Elisabeth ( Sainte ) Monastère de Reli II pafle chez les Capucins , & pour
gieuses Réformées du Tiets Ordre de quoi , /* mesme.
saint François à Salins, 308 II rentre chez les Obfervans , 4V ce quï
Ses Fondatrices, la mesmt. en fut la cause , ia mesmt.
Elisabeth ( Sainte ) Monastère de Reli U obtient la permission d'aller prêcher
gieuses Réformées du Tiers Ordre de l'tvangile aux Infidèles , 'm mesmt.
saint François à Pa is , 309 II établit une nouvelle Réforme da
Ses Fondateurs , 1* mesme. Troisième Ordre de saint François ,
Elisabeth ( Sainte ) Communauté de *4*
pauvres Demoiselles soumises à l'Qr- Lieu où il rétablit, Sc le nom que l'on
dre de saint François , 351 donna à ses Disciples , /* mesme.
Leur Fondateur, 351 Elle est approuvée , la mesmt.
EpoiJJe ( le Prieuré d' ) première Maison II fonde un Monastère de Religieuses,
de la Réforme desRcligieux de Grand' & comment , 143
mont, . '413 Nom de ce Monastère, la mesmt.
Son Fondateur , /* mtsme. II est mis en prison , Sc -excommunié ,
Et*t de l' Eglise te de l'Italie, dans le la mesmt.
douzième te treizième siécle , 1. ér Ce qui donne occasion à cela , 8c le
suivi succès de cette excommunication . I*
Secours que Dieu lui envoie ,1* nufmt. WK' mesme.
Etienne ( Saint ) m Bosco, Eglise & Mai *l\ est délivré de prison , /* mesme.
son de Chartreux en Calabrc, 378 Le Pape lui ordonne de retourner chez
Son Fondateur , & la grâce qu'il re- les Capucins . »45
• çrit en récompense de sa libéralité Euphemte ( Sainte )Conservatoire fondé
pour saint Bruno , /* mesmt fr suiv. à Rome pour les pauvres orphelines ,
Ce Monastère tombe dans le relâche X07/
ment , & ce qui en fut la cause , 379 Son Fondateur, la mesme.
II est donné aux Religieux deCîteaur, Exercices & usages de ces orphelines,
. & ensuite à ceux de Flore , 380 /* mesmt.
II est rendu aux Chaitreux par le Pape f
Léon X. la mesmt.
Etienne de Muret ( Saint ) Fondateur de F-í/'BífSceur de la )du Tiers Ordre de
l'Ordre de Grandmont , 408 saint François , 193
Sa nai (Tance te ses parens la mesme. Leurs occupations te exercices,/* mes
Son éducation Sc ses études, 409 me.
II va à Rome, 8c ce qu'il y fa t , U FarignMno ( Thomas de ) Général de
mesme. l'Ordre de saint François est desteré ra
H obtient du Pape la permission de vi Pape comme scfpect d'Heresic , y%
vre dans la solitude , lamesmt. 11 est suspendu de son Office , la mes
II retourne en France , & sc retire à me.
Muret , * 41» Il est justifié 8c remis dans son OŒce ,
Description de ce lien , & la manière la mesme* & suiv.
dont il s'y consacre â Dieu , l* mtsmt Florence , Ville de Toscane , embrasse le
Ses austérités & pénitences dans cette Tiers Ordre de saint François , & fait
solitude, 411. bâtir une maison pour ceux qui vou-
Ses prières Sc fa manière de les faire , loient quitter le monde , 116
la mesme. Les habirans de cette ville forment
II reçoit plusieurs Disciples, Si à quel . une Congréga .;on , la mesme.
les conditions , /* mesme. Us sondent un Hôpital pour les vieil-
Sa manière de les conduire , la mesmt lards 8c les malades , la mtsmt.
& suiv. Nom de cet Hôpital , 8c le lieu où il
11 est interrogé par deux Cardinaux , étoit bâti, la mesmt.
fur ce qu'il étoit, & la réponlc qu'il Nom qui sot donné à ces premiers
leur fit , 411 Tierciaires , la mesme.
Sa mon Sc le lieu de fa sépulture ,413 Les femmes forment aussi entre elles
Eu&ubio ( Jacques ) établit une Réforme une Congrégation , la mesmt.
DES MA T I E R E S.
fentanier Vaflal , Général de l'Ordre de 11 est délivré de fa prison , 61 cotn-
saint François , 69 •ment , U mesme.
Le tems & le lieu de son élection , /* II renonce a la succession de son Pere,
mefine. & ce qui l'y détermine, 7
Son amour pour les Reformés , & ce II est maltraité par des voleurs , com
qu'il leur accorde , la mefine. ment & pourquoi , la mesme frsuiv.
Jalousie des Observans à ce sujet, & ce Il repare plusieurs Eglises , & com
qu'elle produit , /* mefine. ment , 8
11 est fait Archevêque de Ravcnncs & Son obéissance pour TEvangile , I»
son- successeur , 7© mesme.
Fouquart ( la Mcre Gabrielle ) Fonda Ses premiers disciples , & commence
trice des Religieuses Minimes cnFran- ment de son Ordre , la mefine fr suiv.
ce , 447 H envoie deux de ses disciples pour in
Ses Parens , ta mejme. struire & prêcher les peuples , 9
Elle est mariée , ta mefine. II va lui-même avec un autre Prêtre
Elle reçoit l'habit du Tiers Ordre des dans un autre endroit , l* mefina
Minimes , la mesme. 11 enseigne à ses disciples l'exercicc des
Elle est reçue pour être Religieuse vertus , 8c particulièrement de la pau
du second Otdrc des Minimes , l* vreté , 10
mefine. Ce qu'ils eurent à souffrir dans le com
EePape Grégoire XV. érige fa mai mencement qu'ils demandèrent l'au-
son en Monastère , la mesme.- mône , la mefine.
Elle est établie Correctrice de son Mo M les disperse pour annoncer la péni
nastère t 44S tence , xz>
Sa mort , la mefine. II commence à leur prescrite un Rè
Fradellt ( André de ) Fondateur du Cou glement de vie, ì.ì.
vent de Ja Martogna , 101 II écrit sa Règle , 13
Situation de ce Couvent , la mesme. 11 fait approuver sa Règle, & les dif
François ( saint ) Patriarche de l'Ordre ficultés qu'il y trouve , 14
de ce nom , ». Les Frères Laks de son Ordre ob
Sa naissance miraculeuse & ses Pa tiennent la permission de porter la cou
rens , la mesme. ronne,! • la mesme.
Son nom de Baptême & l'origine de On leur ôte ce privilège , & pourquoi,
son nom de François , la mefine. la mesme.
Ses inclinations & les belles qualités H obtient Notre- Dame des Anges, ap-
dont il étoit doiié , t> y pellé ia Portioncule, • if
11 prend les armes & est fait prisonnier, Origine du nom Portioncule,/«me/w.
la mefine. Présent que saint Françoijfaisok aur
Action héroïque de miséricorde & ce Bénédictins à ce sujet , & celui qu'il
qu'elle lui mérita , 4 recevpit d'eu* , iS
Vision dont il est favorisé & l'inter- Progrès de son Ordre , la mtsme fr
pretation qu'il lui donne , la mesme. saiv.
11 prend de rechef les armes Sc le* On lui donne le Mont Alverne , 17. fr
quitte , comment , & pourquoi , 9 4 suiv.
11 rencontre un lépreux qu'il embrasse, Description que ses disciples 1 > s.mt
& pourquoi , f de ce lieu , la mefhe.
U change son habit arec celui d'un 11 va à Rome pour faire approuver sa-
pauvre, la mefine. Règle., ií-
tín Crucifix devant lequel il prie , lui 14 distribue des Missions à ses Frères,
parle, la mejme. i*
Ce qu'il fait pour exécuter Tordre II demande le Cardinal Hugolin pour
qu'il croit en recevoir , s Protecteur de >on Ordre , /* mefine.
tì se retire dans une caverne, & la ma- 11 part pour aller en Sirie & arriwe
niere dont il y vit , la mesme. au port d'Acre . ìpf
11 retourne à Assise oit il est traité com- II est battu par les Infidèles, & est con.
»t un fou , & mis dans un cachot , la duit au Sultan d'Egypte , & pourquoi,
mefine* ij. frjttiv,
TA BLE.
Sa conversation âvec le Sultan , & l'e- Son Ordre est approuvé par le Pape,
stune que ce Phnco conçut de hui la mtsmt.
10 Nom que ce Pontife lui donne dans ù,
Le Sultan lui donne permission de pré Bulle , la mtlme.
cher l'Evangilc dans tous ses Etats , Le íaint Fondateur est persécuté par
la mefine. son Prince, 431
U retourne en Italie , & pourquoi , Ce qui donne occasion à -cette perfe-
ta mefin*. tion , la mesme.
11 y indique quelques Chapitres Gé 11 va en France , & ce qui l'y oblige,
néraux , *i
U y décharge le Pere Helie du Vica Honneurs qui lui font rendus dans
riat Général , & pourquoi , la mtfint. son pailage a Naples & à Rome , l*
11 obtient un Privilège particulier pour mtfint.
son Ordre , & l'indulgence de la Por- Prédiction qu'il fit au Cardinal de la
tionculc , 11 Rouvcre, 434
Confirmations & privilège particulier Son arrivée en f rance , Sc le présent
de cette indulgence , l* mtfinc. que fit le Roi à celui qui lui en apporta
II retouche a fa Règle , & la fait la nouvelle , lamesmt.
confirmer par une Bulle qu'il obtient Sa réception dans ce Roïaume , la
à ce sujet, 13. dfsuiv. mtfint.
11 reçoit les Stigmates & comment , 11 assiste le Royi la mort , 435
14. & suiv. Considérations que leRoiCharlesV 111.
Témoignage du Pape Grégoire IX i avoit pour lui , Sc les bien* faits de ce
ce sujet , 1$ Prince , f* mesme.
Ses souffrances jusqu'à sa mort , & le 11 tient le Dauphin fur les Fons de Ba-
tems auquel elle arriva , xí tême. la mesme.
t Ses funérailles , 17 Le Roi lui donne quelques Couvent
ranfois des An%ts ( le Pere ) Général en f rance Sc un dans Rome, U mesme.
de l'Ordre de saint François , 11S Son Ordre s'établit en Espagne, 43s
II est fait Cardinal par le Pape Clé Nom du premier Couvent qu'on don
ment VII. U mtsmt. na à ses Religieux dans ce Roïaume,
r»tifois ( saint ) dt Paule Fondateur la mesme.
des Minimes , 417 Ils sont appelés les Frères de la vie-,
Sa naissance & ses Parens , U me[me. toire, Sc pourquoi , /* mejmt.
Ce qui lui fit donner le nom de Fran Son Ordre s établit cn Allemagne , Sc
çois , 6% pourquoi il est surnommé de comment , la mesme.
P«ule , la mejmt. II retouche fa Règle, eh fait une pour
Son éducation Sc ses bonnes qualités , les séculiers , Sc une pour les Reli
41» gieuses, & les fait confirmer , 437
U entre chez les Religieux de saint Sa mort & ses funérailles, 4)8- &
François , U mtfint. suiv.
11 sc retire dans la fol nuJe, /* mtfint Sa Canonisation , 439
. é'smv. Son Corps est brûlé par iesCalrinistes,
II reçoit des disciples & jette les Fon- • la mesme.
demensde son Ordre , 419 Franfoist de Jésus ( la Mere ) Fondatrice
U bâtit une Eglise à Paule , Sc fait de des Clarisses de la plut étroite Obser
nouveaux établissemens, Immtfine. vance , 113
II va en Sicile, & le miracle que Dieu Sa Famille, & le premier Monastère
fait en fa faveur pour lui faire passer la qu elle leur fit bâtir , lamesmt.
mer , 430 Franfoist dt Bilanfon, Fondatrice des
11 y bâtit quelquesMonasteres.I* mtfint Religieuses reformées du troisième
II retourne en Calabre où il bat, t d'au Ordre de saint François , 30*
tres Monastères ; la mtsmt. Sa naissance, la mesme.
Le Pape lui envoie un defcsCameriers Elle épouse M, de Reci , la mtfint.
& pourquoi , la mtfint. Ils ont de leur mariage une fille nom
Prodige que le Saint fit pour soutenir mée Odille, la mejmt.
rétablissement de son Ordre , 431 Elle obacot de sou maii. la peiœiiEoa
DES MATIERES.
■8e se retirer du monde avec s fi le ,
3° 7
Elles fondent nn Monastère, la mesme.
E'Ies reçoivent t 'habit ári TiersO "iic, GAhr'i tl-M arie ( le Pcre ) procure
& elles font leurs professions folc/n- l'agrandissement de l'Ordrc de
nelles, 308 l'Annonciade , 349
Elles quittent leur Monastère , & en Son ancien nom , St pourquoi on lui
■ bâtissent un autre dans Salins, la mes chançea , 345
• me. I) est chargé du gouvernement de cet
Leur mort, 3'» Ordre , & en est déclaré Supérieur
Franctmville sous Bais , première maison Général , 349
de la Reforme du Tiers Ordre de la II fait confirmer fa Règle , la mesme.
Congrégation de France , 371 Sa mert , la mesme*
Guillaume de Rofa fau la Dédicace Gallianx ( le Palais de ) premier éta
de l'Eglisc de ce Couvent , 171 blissement des Religieuses de la Con
Frédéric II. persécute le* Tierciaires , & ception , 33Í
pourquoi , in Gaufredy ( Raimond ; est élu Général,
il envoyé en eiil sainte Rose avec de l'Ordrc de S. Fra çoft, 44. fr suiv.
toute sa famille , & ce qui en fut la 11 délivre des Religieux zélés qui
cause , la mesme. avoient été mis en prison innocem
Vremont ( Dom Charles ) reformateur ment , 4î
de l'Ordrc de Grandmont , 411 11 en envoïe quelques- uns en Armé
Sa naissance & ses parens , la mesme. nie , & pourquoi , /* mtpne.
II se lait Religieux de cet Ordre , Im II est déposé , & pourquoi , 4c
mejme. Çentil Je Sfolette, successeur de Jean des
Ses pratiques & austérités , U mesme» Vallées , & Chef de fa Congrégation
11 est fait Prieur de l'Abbaïe dcG rand • après fa mort , 69
mont, U mesme. 11 augmente fa Congrégation , /»
II va à Paris , & pourquoi , 413 mesme.
II commence fa Reforn>e, íc se retire 11 est la cause de la destruction de sa
au Prieuré d'fcpoisse , /* mejme. Congrégation , 5c comment, 70. fr
Brogièide sa Reforme, U mesme fr suiv.
suiv. On exnmine sa conduite &cetlede ses
II en dresse les Statuts , 414 Religieux , la me/me fr su;v.
Ce qu'ils contiennent «n substance , U 11 est mis en prison avec deux de ses
mesme. Compagnons , & pourquoi , 71
La mort de ce reformateur , 41$ Geraud de Odonis , Général de l'Ordrc
Etat présent de cette Reforme, la mes de saint François , 68
me. Tems & lieu de son élection ,la mesme.
Procez qu'ils gagnent au sujet d'une II fait faire des Reglemens pour son
de leurs maisons qui leur est disputée, Ordre par le Pape Benoît XII. 1 la
la mesme frsuiv. # mesme.
frerets Hérétiques , & -leurs differens II donne occasion à la Réforme de
noms , 7Î fr suiv. Jean des Vallées, & comment , /*
Lieux ou ilsásemoient leur hérésie , & • mesme.
leurs pratiques & usages , 7 <S. II est fait Patriarche d'Antioche par
Leur condamnation , la mesme. le PapeClem.nt VI. (Sf
Insultes qu'ils faisoient aux Religieux Son successeur an Généralat , & son
de saint François , /* mesme fr suiv. amour pour la Réforme , la mesme.
Moïens dont on se servit pour arrester Ordres qu'il reçoit du Pape au sujet
leur insolence, 77 des grâces qu'il accordoit aux'Réfor-
ils (ont confondus par le frere Paulet , més , & pourquoi , la mes e»
& comment , la mesme. Giffon ( Léonard de ) Général de l'Or-
ils font chassés de la ville ,1* mesme fr dre de saint François , 7$
suiv. .Tems & lieu de son élection.í* mesme.
II favorise l'Observance , la mesme.
11 prend le parti de l' Antipape CJe-
Sssiij
T A B L E
arenrVH. 79 Le Pape Clément V.va à'Gcandraant;
11 est fait Cardinal par le même , /* &• ce qu'il y fait , 417
mesme. Ils obtieanent des dispenses pour l'a-
II fait élire un autre Général à sa bilinence,. 41S
place , l* mesme. Schisme de- cet Ordre , & de quelle
GilUi i'Assise , Troisième Disciple de" fnaniere il fut terminé, la mesm-.
saint François , 9 Le Monastère de Grandmont est érigé
CilUs ( Pierre ) Fondateur du premier en Abbaïe, - la mesme.
Couvent du Tiers Ordre Régulier en Droits 8c Privilèges accordés à l'Abbé
P rtugal , »«> de G randmont , la mesme.
Condi ( Jean-François de ) levé de terre Son premier «x dernier Abbé Corn-
le corps de U Bienheureuse isabelle roendataire, 41s
de France 107 Statuts de cet Ordre, & le tems auquel
60, x.*gues ( Louis de ) Fondateur des ils furent dressés , /* mesme & suiv*
Recollets en France , ' 134. Les premières Observances des Reli
11 leur donne le Couvent de Nevcrs , gieux de cet Ordrei 4lt
la mesme. Grandmont (Les Religieux Réformés de\
Goníales ( Sajnt ) du Tiers Ordre Sécu & leur Réformateur, 411
lier de faine François, Fondateur du Grandmont ( Religieuses de ) leur éta-
Couvent de Villarés , 1Í3 blillemcnt , leurs Maisons Sc leurs Ob
Gon&a'ves de Valbonne , est élu Gérerai servances , 4/m. érsuiv.
de 1 Ordre, 4S Gttadaloufe ( Jean de J Auteur de la
11 persécute les Frères Mineurs Celc- Réforme des Déchaussés en Espagne ,
ftins , pourquoi & comment,/«Wf/mí. 10•
Gosné , Monastère de Chartreuses , 403 Diffcrens noms donnés à fa Réforme,
Son Fondateur , Sc le tems de fa fon & pourquoi , la mesme.
dation , la mesme. llobrient un Bref du Pape pour réta
Çoxe ( Jtan ) Fondateur du Couvent de blissement de fa Réforme , 1u
Zcpperen ; 146 11 en obtient un second pour empê
Conditions aufquellesil leur donna le cher les mauvais desseins des Pères de
lieu où il cil bit i , la mejme. l'Obfervance contre f* Réforme , its,»
Grandmont ( Religieux de ) lesdifïèrcns On leur donne un Couvent , où il jette
sentiraens des Auteurs fur leur Règle les fondemens de fa- Réforme , Ue-
& fur le tems de leur établissement , mesme.
40 * On leur en donne d'autres,& il forme
Leur Fondateur Sc le lieu de leur éta fa Custodie fous le nom du saint Evan-
blissement , 40Í ,1e , la mejme.
11s se retirent à G randmont , & pour tend sa Réforme jusqu'en Portugal, ■
quoi , 41 3 la mejme.
Leur Règle est reduite par écrit ,41 + On.lui donne plusieurs Couvens dans
Progiès de cet Ordre ,8c les endroits ée Roïaume, Sc les lieux où ils étoient
où on lui donna des Maisons,'*» me me. situés, la mesme &suiv.
Leur premier Monastctc en France , Les Pères de {'Observance font leur
& son Fondateur ; la mejme. possible pour arrêter les progiès de la
Privilège & honneur du Correcteur de Réforme, 113
ceMonastere , la mesme & suiv. Chapitre Général assemblé à ce fujet ,
CeCouvent est donné à des Religieux * Sc ce qui y fut réglé , la mesme.
de saint Jérôme, Si enfin aux Mini, Ses Sectateurs font réunis sous.l obéis
mes ; 41; sance des Oblervans , & comment, la-
Division entre les1 Religieux de cet mesme.
Oxdre , âc ce qui en fut la cause , la On les chasse des Couvens qu'ils ont
mesme. en Caitille , Sc ils sc retirent en Portu
Approbations & confirmations de leur gal , /* mejm - & smiv.
Xirgte la mesme. II obtient un autre Bief du Pape en
Elections d émissions Sc dépositions de feveu de fa Réforme, 110
plusieurs upeiicuisdccctUrdre,4itf Sa mort , la mesme.
Gr Juiv. Gw&hcs ( le Bicnhcurewr ) cinquième
DES MA T I E R E S.
Général de -l'Ordre des Chartreux , fr suiv.
}8t II est déposé , & ce qui donne occa
II écri- Ic< premières Constitutions de sion à sa déposition , 41
l'Onrc tous le nom de Cnútu es de II veut tromper le Pape , comment 5c
la grande charireule , la mesme. pourquoi, la mesme.
Ce que contiennent ces Constitution*, Le ape l'en punit , & comment , U
/* mesmt fr suiv. mesme fr suiv.
Sa mort Sc son success.-ur lis si apostasie, 41
Guillaume Ptstel elt reçu dans lafompa- Henri IV\ le Roi yprotege lesRecolletí
gnie de Jésus , 47« Sc donne des ordres qui leur font
11 en est chaíTé Sc pourquoi , l* me'mt. avantageux. 13*
Ses grands talent* , /* mesme. Herman Pongiloup , Chef des Frérots,
Ses erreurs , U mesme fr suiv. ?S
Sa mon , 477 II est révéré, comme Saint après fa
Gnìllaume Farinier, Général de l'Ordre mort , 76
de saint François. 70 Ses impostures sont connues , & il est
II détruit la Réforme de Jean des Val condamné , Sc son caaavre brûlé , la
lées Sc de Gentil deSpolette , Sc com mesme.
ment , la mesmt fr suiv. Henorius IV. ( le Pape )accorde la Règle
U fait mettre en prison Gentil de S 10- de Longchamp aux Religieuses da
lette , Sc deux de ses Compagnons^ 1. Monastère de saint Silvestre à Rome,
toi
Hugolin ( le Cardinal ) est fait premier
Protecteur de l'Ordre de saint Fran
HAb'tlltmtnt de saint François, & de çois , ■ 18
ses Religieux , 3Ï II fait bâtir un Monastère de Cla
Changrmens qui furent apportés 1 cet risses à Pcrouse , 18$
habillement , comment Sc par qui , Hugtlin de Trinci , fait donner l'Ermi-
tage de Bruliano au Frerc Paulet , 7J
JJtlie ( le Pere ) est déchargé du Vicariat 11 contribue aux bâtimens du Mona
Général , *i stère , 7T
11 est remis dans cette Charge , & Hututs ( Saint ) Evíque de Grenoble ,
pourquoi , la mesmt. donne à saint Bruno Sc à ses Compa
Murmure qu'il fait contre saint Fran gnons le désert de Chartreuse , 37+
çois , Sc la réponse que le Saint lui fit , Vision qu'il avoit eu à ce sujet l*
11 mesme^
Prédiction du Saint à' son sujet; l*
• mesme.
11 est chargé du Gourernement de
"l'Ordre en qualité de Général 17 JAcsjUts du Mont y reconnoit le Géné
Son adresse pour être dispensé des au ral , Sc en obtient des Missionnaires ,
stérités de l'Ordre , /* mesmt. 47
II procure la canonisation de saint II part avec eux pour aller en Orient ,
François , " 18 la mesme.
II fait bâtir une Eglise magnifique à U accommode le différend desErmites
• son honneur, la mesme. Celestins avec les Pères de la Roma
11 est déposé , Sc ses fourberies , pour gne , <- la mesme.
éuc rétabli dans son Office , $8, fr Jacques ( Saint ) de Gand, Monastère de
suiv. Religieuses du Tiers Ordre de saint
II est élu de nouveau dans 1 Office de François, 313
Général , 39 La Mere Jeanne de Néerich s'y fait
Division de l'Ordre à ce sujet : l* Religieuse , /* mesme.
mesme. Elies s'opposent ì lá clôture , m- fr
Il est confirmé par le Pape , & pour suiv.
quoi , /* mesme. Elles la reçoivent , auífi bien que la
Sa mauvaise manière d'agir à l'égard Réforme , 310
de ceux qui aimoient l'Obíervancc, 39 Jean Capistran ( Saint ) est fait Vicaire
TA BL E
Géríéral des Obsetvans Cismon- III. litnttfmts
tains , 85 Jésus ( la Compagnie de ) Son commen
II renonce à ect Office , *7 cement , 441
Jean de la Capella r Disciple de saine Elle est divisée en Provinces, 478
François , 10 Jefm M trie desainte Hehnt ( la-Mcre )
Quel écoit son Office dans l'Ordre T la Reformatrice des Sœurs Grises de
x , mefmt, Mons , 30s
II est souvent repris de saint François, Sa famille 8c scs belles qualités , /*
& pourquoi , la mefmt. n.efmeï
Origine de son nom de la Capella , /* Sa mort , 8c les instructions qu'elle
mtsme. laissa à ses filles en mourant , la
Sa fin tragique', mefmt. mefmt.
Jeun de la "Pénitence (Saint) Monasteies Jésuites , leur commencement , 44 i ■ &
de R eligieuses du Tiers Ordre de saint 478
François, 3$i Leur Fondateur , 8c les círcon" anec»
Leur Fondateur , ' . litmtfm'- principales de fa vie, 41 *• & fuiv.
Lieux où' ils furent sondés , la mesm> Le premier Collège où'ilsoommcncc-
& fuiv. ren. à enseigner publiquement le»
Sujet pour lequel ils furent sondés , sciences , 478
11s prennent possession du Collège de
Privilège particulief que le Pape ac C lermont à Paris , 479
corde à ces. Monastères , la mefmt. Ils obtiennent des Lettres de réce
Jean de Mura , est élu Général de l'Or ption , 4c ce qu'elles comiennent , t*
dre des Mineurs , 8c comment , 4 f mefmt.
II e^élevé au Cardinalat , 46 Arrêts du Parlement à ce sujet , la
Jean de Símnceiio , est fait Comniffaire mefmt'.
Général de I Observance en Italie, 81 Décret des Docteurs de Sotbonnc à ce
Sa Congrégation est augmentée sous même sujet , 480
son Gouvernement , & il obtient la Effet que produisit ce Décret dans
permission de tenit des Chapitres , /» Paris , 481-
mefmt. Ils sont maltraités en rspagne > 8c cc
Jeun de Zamarraga ( le Pere ) est fait le qui les console dans leurs peines , la
premier Archevêque du Mexique, u8 mesme fr fuiv.
Jean des Pallées ( Réforme de ) Son éta- Ils font de grands progrès en Italie ,
blistcmenc, & ce qui y donna occa 48i
sion-, 68 Le Pape s'iriite contre eux , 8c pour
Lieu de la retraite de son Fondateur, quoi, U mtfmt.
& fa mort , mefme. 11s sont assujettis 1 l'Office Canonial ,
Progrès de cette Réforme , 69 8c ils en íontenmite dispensés par une
Noms des Couvens qui lui -forent don Bulle de Grégoire Xill. 48$
né*, lof mefine, I s obtiennent U permission de s'e ta-
Estons que l'on fait pour la détruire , bliren France, lamrfmt.
& ce qui empêcha pour lors leur réus I ls obtiennent plusieurs Collèges dans
site , 70 Rome , U mtf" t fr fuiv.
Elle est détruite Sc comment,!* mefmt LeurNoviciat.ít la formule des vœux
éffuiv. desProíez, 4s
7e*npe de saint Erasme ( Sœur ) Reli Leurs Constitutions 8c leur gouverne-
gieuse Recollectine-, 318 mens, 4*7- fr fuiv.
Son entrée en Religion & les d.ffi- Ecrivains , Ca dinaux , 8c Saints de
cultés qu'elle y trouva , la mefmt. cet Ordre , . 4^9-fr f r».
Son nom de famille, 0c celai*de son Jefuitejfes , leur Fondatrice , 491
époux, lamefire. Paul 111. leur donne la permission de
Jerimt d'Afieli est élu Général de l'Or s'établir, lamesme.
dre de saint François , 43 Elles sonr dirigées par saint Ignace.
II est revêtu de la dignité de Cardinal, la mtfmt.
U élu Page fous le nom de Nicolas Elles en font abandonnées , la mefmt.
Elles
DES MAT I E RE S.
Elle» sont supprimée», lamtsmt. II est suspect , & est déféré à l'Inqui-
Autres Jesuitesscs , leur commence ííteur , qui le renvoie absous , 464
ment , leur gouvernement & leur sup- Le Docteur Govealui tait satisfaction
preílïon , la mtsmt & suiv. , publique & pourquoi , la mtsmt.
^nact ( Siint ) Fondateur de la Compa Jl est reçu Maîtres ès Arts , 4,6%
gnie de Jésus , 45 1 11 s'associe te nouveaux Disciples , Sc
Sa naissance , son pais & ses pareni , leurs noms , la mtsmt.
453 11 fait avec eux le vceu d'aller à Jéru
Son perc l'envoi e à la Cour , & il est salem pour con-venir les infidèles du
fáit Page du Roi , la mtsmt. Levant, 4<>*
11 prend le parti des armes , & s'y si II retourne en Espagne , Sc cc qui l'y
gnale par quelques actions de bra oblige , '* mtsmt:
voure , la mtsmt. H retourne à Venise , où il est persé
II est blcííé aux deux jambes, donc cuté , & pourquoi , 4*7
l'une est cassée , te dans quetle occa Ses Compagnons le vont trouver à
sion , l* mtsmt. Venise , d'où ils panant -pour aller à
Générosité des François à sotr égard , Rome • 4S8
4s4 11 va lui même à Rome avec deux de
II est guéri miraculeusement , la ses Disciples , & le motif de ce volage,
mtsmt. 469
Différentes' opérations qu'il souffre Réponse qu'il leur ordonne de faire
pour contenter sa vanité , la mtsmt. lorsqu'on leur demanderoit leur nom
II prend la resolution de quitter le & leur Institut. la mtsmt.
moidc , 455 II assemble tous ses Disciples , prend
11 va en pèlerinage à Nôtte-Damc de avec eux des mesures poui érige, leur
Monr Serrât , /* mtsmt. Société en Religion , 470
S'a charitéte àa 1l 'égard
éga d'un pauvre , & U est accusé d'heresìe & de sortilège ,
le chagri n qu'elle lui donna, la mtsmt & de quelle manière il rut justifié de
fr suiv. ces accusations , la mtsmt. fr suiv.
It entre dans l'Hôpital de Manreze , Emplois honorables quelcPape donne
9c les austérités qu'il y pratique , 457 à ses Disciples , 471
11 surmonte plusieurs tentations du Son Institut est confirmé par le l'ape ,
D,: mon , & comment , la mtsmt. çr & le nom qu'il donne à cet Ordre , la
shiv. mtsmt.
Iscommence à prêcher , & compose Le Saint est élu General de sonOrdre,
son Livre des€xcrcices spirituels, 459 471 crsuiv.
fr suiv. Premier exercice de sa Charge , & ce
W s'embarque pour aller à Rome , & lui de tous les Supérieurs de son Or-
son arrivée dans cette ville, & puis die, 47j
après dacs celle de Naples , 460 Ses Disciples sont envoïés en diffetens
Miracle queDfeu fait en fa saveur dans endroits avec caractère , la mtsmt fr
cette derniere ville , la mtsmt. suiv
11 s'embarque pour aller en Terre- II obtient un Bref pour étendre son 1
Sainte , & arrive à Jérusalem, l* Ordre fans limitation , 474
mrsmt. Le Pape lui donne une Maison , 'dont
Son retout à Venise , & de là à Bar- I Eglise est bâtie par le Cardinal F ar-
celonne , 4(1 neíe , la mtsmt.
11 commenceses études , la mtsmt. II procure une rettaite dans Rome'
II fait quelques Disciples , la n.tsmt. pour les filles & femmes débauchées ,
11 convertit un Prélat , & les étranges qui voudroient se faire Religieuses ,1m
idées que le 'peuple a de lui, 461. mtsmt.
II est persécuté pour l'indiscretion de II en fait fonder une autre pour celles
deux Dévotes, la mtsmt frsuiv. qui voudroient seulement se retiter du
II est encore persécuté , comment & vice fans íe faire Religieuses , 475 >
pourquoi, 4«î' II en fait fonder une autre pour pré
II va â Paris pour y faire ses études ,. server les filles du libertinage , la'
la- m«smt, frsuivx- mtsmti ■
Tome VIL* Ttt
T A B L E.
Plusieurs villes des pais étrangers lui Nom qu'elle dpnneà ce Monastère,'*
demandent de ses Disciple*. & Jui of mesme.
frent des Collèges , la mesme. Elle écrit au Pape pour le prier de mo
II reçoit plusieurs Disciples d'un mé difier fa Règle , ij>>
rite distingué , & en renvoie tin.maì- Ce qui l'oblige à cela , U mesme.
fté les grands talents dont il étoit Le Pape lui accorde fa demande . f*
oiié , 47Í mesme.
Trois de ses Disciples vont au Con- Ce que contient cette seconde Règle ,
. cile de Trente , & fhonneur qu'ils y 199 & i*™.
font à leur Congrégation , 477 Elle se retire dans son Monastère ,
Sa mort & ses funérailles , ' 483 100
Infirmiers Min-mes ou Obrerûns ( les Sa mort , l*.me]mt.
Frères )du Tiers Ordre de saint Fran Sa béatification , U mtjme.
çois , 311 Son corps est levé de terre , 10s
leur Fondateur , & les particularités Sa Règle est demandée par plusieurs
de Ci vie , l* mesme &fitiv. Monastères, 101.érJiùv.
Les premiers Sectateurs de cet Ordre, Distcrence qu'il y a entre cette Règle
5*3 & la seconde que le Pape Urbain IV.
Leurs obligations , 314 accorda aux Clarisses , acr. & fuiv.
11s font leurs voeux , 31; Isabelle de Portugal envoie dans le Me
On leurdonne plusieurs établissemens, xique des Religieuses de S. François ,
la mesme.
11s passent dans les Indes , 316 On leur donne plusicursétablissemens,
11s obtiennent la pcrmiílìon de porter & on leur soumet de jeunes Indiennes»
une croix noire fur leur habit , & qui vivent en Communauté, la mesme.
pourquoi , _ l* mesme. J«/íj II. ( le Pape ) fait ion possible pour
Innocent IV. écrit à sainte isabelle , lytf réunir tout l'Ordie de saint Fiançois,
&suiv
Inquisition de France , ce que c'étoit au II oblige toutes líl Réformes particu
trefois, 4<*4 lières a s'unir aux Conventuels,ou aux
7v'mville ( Guillaume de ) Archevêque Obscrvans , U me^mt.
de Reims , fonde les Clarisses dans fa
ville Episcopale , 183
Isabelles Sainte) sa naissance & son édu
cation , iJt
Ses pri ques de pieté & de mortifica
tion , i> 6
On lui propose un mariage avant 1- fonOrdre obtient la permission de s'é
geux, ^ U mesme. tablir en Fiance , . 47s
Le Pape lui écrit à ce sujet , 197 Sa mon 8c son successeur , Ia nusme.
Elle icfuse ce parti ,*C elle est félici Lanx.1 ( le pere Jérôme ) auteur d'une
tée par le Pape , l* mesme. Reforme particulière de l'Ordre de
Ses austérités , l* mesme. saint François , Mo
Elle est asti gée de maladie", & la ma Pratiques 8c Observances de cette Re
nière dont elle les supporte, la mssme. forme , /* mesme.
■ Elle prvnd la resolution de se retirer Sa suppression , la mesme.
du monde , & ce qui l'y détermine , Léon X. convoque un Chapitre Gépéra-
198 liílîme de l'Ordre de saint F;aoçois,*
Elle fait barir un Monastère i Long- pourquoi, <4>
champ, lamefme. II lépare les Conventuels d'avec Iej
Elle fait composer une Règle par six Obícxvans, la mesme.
Docteurs de l'Ordre , la me/me. Ordonnance qu'il fit au sujet de 1 é e-
í\oms de ces su Docteurs , la mesme. ction du Général , U mesme.
Elle la fait confirmer par le Pape , la 11 fait assembler un autre Chapitre
.mesme Généralissime de l'Ordre de saint
Son Monastère est achevé , Sc elle y François, & pourquoi , 91
commence uneCommuuauté,U mtsmt Ce qui y fut réglé , f»
D E S M A T I E R E S.
' 11 én fait sortir le? Conventuel» , & miere Fondatrice des Capucines, *o3
les exclut de 1 élection du Général, 8c Sa famille de lc mérite de son époux ,
pourquoi , la mesme. la mesme fr Juiv.
11 détere cet honneur aux seuls Refor Elle est empoisonnée , la mesme.
més , la mejme. Elle est parfaitement guérie , te com
1 1 fait tine Bulle à ce sujet ,& ce qu'el ment , 104
le contient, la nusmt. Ce qu'elle fit en reconnoissance de cc
U béatifie isabelle de France, i*>o bienfait , la mesme fr fieiv.
iimbourg prerrtier établissement des Re Elle fonde un Hôpital pour les incu
ligieuses Recollectines , \\6 rables , Sc elle les sert cil* n ême , l*
Leur fondatrice , la mesme. me/me.
loand* y lieu où les Religieux du troi Elle sert lei pestiférés , toi
sième Ordre de saint François de Por Elle fait avoir une Eglise aux Capu
tugal bâtissent un Couvent , v64 cins , /* mesme.
11 est détruit par les Hollandois, & re Elle fait bâtir Ic Monastère de Notre
bâti parles Religieux , la mefint. Dame de Jérusalem , St ce qui l'y
LcrT.bur.lie ( les Religieux du Tiers Or excite , la mesme.
dre de saint François de la Congréga Elle se retire dan? ce Monastère , Sc
tion de ) leur commeneewent , 1,37 embrasse la troisième Règle de saint
Ils sont affermis par le PapeNicolasV. F rançois , /* mesme.
qui leur accorde une Bulle pour cela, Elle en est établie Abbesse perpétuelle,
l» rtesmi. 106
Ce que corrtienr cette Balle , la mes- Sa Communauté est mise sous la can-
«r. duite des Capucins , la mesme.
LEvêqu: d'Eugubio est chargé de l'e Elle persuade à ses filles de quitter la
xecutioa de cette Bnlle , la mesme. -troisième Règle de saint .François &
I ls tiennent leur prenver Chapitre Gé de prendre la Règle de sainte Claire,
néral , & ils y élisent un Vicaire Gé- la mesme,
néral , la mesme. Lonnrhxmp , A rcli imonaítere , lys
Us tiennent un Chapitre à Calisbu- Sa Fondatrice , la mesme.
tano , & ils y élisent leor premier Gé* Son nom ou titre , la mesme.
néral , la mesme. Louis XII. Roi de France demande au
Ils sont soúmis au Ministre Général Pape Alexandre VI. la dissolution de
des Frères Mineurs de l'Ob'ervance , son mariage , & raisons qu il apporte
/* mesme. pour cela, 341
Grégoire XIII. leur donne un Com Le Pape nomme des Commissaires
missaire ou Visiteur Apostolique , 8£ pour cela , & leurs noms , la mesme.
pourquoi , 138 Décision de cette affaire , la mesme.
Us font rétablis dans le! même état Louis XIII. ( le Roi ) Fondateur da
qu'ils étoient avant la suppression de Couvent des Recollcts de saint Ger-
leur Général , la mesme. ' main en Laye , en pose la première
lis font desStatutspartrculiers pour leur pierre, ijí
Congrégation ; U mesme. Louis XIV. ( le Roi ) établit les Recol
Etat passé & présent de cette Congré lets à Versailles, ijí
gation , a a:? Libéralités de ce Prince à leur égard ,
Maisons qu'ils ont dans Rome , U la mefint.
mesme. Ce mime Prince fait les Religieux de
Antiquité St prérogatives de celle de cette Reforme de la Province de saint
foint Cosme & de saint Da mien , la Denis , ses aumôniers d armées , 137
mesme. Louis de Fossembiun propagateur de la
Privilège des Religieux de ce Couvent Reforme de? Capucins, 167. fr suiv.
lorsqu'on porte la Crèche de Notre 11 est fait Vicaire Général de fa Con
Seigneur sur l'Autel de sainte Marie grégation , la mesme.
Majeure, la mesme. II obtient un Couvent dans Rome , Si
Bienheureux Si célèbres Ecrivains de un autre dans Naples, lamesme.
cette Congrégation , 139. frsuiv. 11 assemble -un Chapitre, & on lui
Lenga ( La Mcre Manc Laurence ; pre- substitue Bcmardin d'Asti, 173
T 1 1 ij
T A BLE
11 se plaint & est chassé du Chapitre, 11 se sauve de sa prison Sc retombe
& enfin de la Congrégation , la mts- dans son erreur, la mes- e.
me. 11 reconnoît fa faute , & entre chez
Lo'tìit D onnatGénéral de l'Ordre de saint les Conventuels, lamejme.
François, 79 Matthieu d Atjuas Sfartas est élu Géné
Tems, lieu & siu'et de son élection, U ral & est fait Cardinal , • 44
me[me. Dérèglement de l'Ordre pen iant son
11 est fait Cardinal par le Pape Urbain gouvernement , la mesme.
VI. la mesme. Zélés qui s'y opposèrent , lamejme*
Loùi/e de Lorraine Fondatrice des Capu Ils sont emprisonnés pour ce sujet , U
cines à Paris , 107 mesme.
Sa mort & son testament, Umesme éf Ifs recouvrent leur liberté , Sc com
fitiv. ment , la mesme & suiv.
Lucius & Bonne fa femme , prennent Quelques-uns sont cnvoïés en Arménie
l'habit du Tiers Ordre de saint Fran & pourquoi , 4(
çois , 117 Matthieu de Bajfy , Instituteur de la Re
Ce qu'ils étòient, St le lieu où ils de- forme des. Capucins , . . t<4. &Juiv.
, meuroient , /* mtfine & preced. Lieu de fa naissance , K$
Saint François leur donne Sc à tous.les 1 1 quitte les Observans Sc se fait un ha
Ticrciaiies fa troisième Règle,/» mes- bit semblable à celui qu'il volt dans un
me. tableau ou écoit représenté saint Fran
Ce qu'elle contient , la mesme frsuiv. çois , tS6
Elle est approuvée & confirmée par ll obtient du Pape la permission de le
plusieurs Papes , 119 porter , Sc pourquoi , 167
Preuves qu'elle a esté faite par saint Son premier Compagnon , la mtfine.
François, * aio U va prêcher dans la marche d'An-
M conne , /* mesme.
Il va auCbapitre de la Province d'An-
MAlestine ( Françoise de Gaure de ) conne où il est mal reçu , & ce qui en
Fondatrice du premier Monastère fut cause , /* mesme.
des Religieuses Recollectines , 31* II est mit en prison., & ce qu'il tait
Lieu ou se fit cet établissement , Sc de pour obtenir la délivrance , la mes
quelle manière elle s'y détermina , l* me.
mesme. 1 1 en sort te songe à commencer fa Re
Marchant (le Père ) Fondateur des Re forme, 168
ligieuses Rcco'.lcctines , 310 11 fait de nouveaux disciples , Umes
Sa naissance & son pais , /* n.esme. me.
11 enseigne la Théologie , U mesme. Ils vont à Rome où ils obtiennent la
Les emplois & C barges qu'il eut dans permission de porter cette ancienne
son Ordre , l* mesme. forme de l'habit de saint François, U
Sa mon , mesme. mejme.
Martin ( le Pere ) de sainte Marie insti Ils se retirent dans l'Ermitage des
tuteur de la Reforme de Notre-Dame Grottes proche Massacio , Sc pour
d'Arabida, Ht quoi , 169
Martorna , second Couvent de la Refor Ils sont reçus fous l'obéissance des
me 3e Jacques d'Eugubio v 141 Conventuels en qualité de.Frer.cs Er
Son Fondateur Sc fa situât on , Umes mites Mineurs , la mejme.
me. M*sthieu de Saint François ( le Pere )
Mathias Je Tivoli , Auteur d'une Refor nommé à l'Evêché d'Angola , est eu
me particulière de 1 Ordre de S. Fran Proviucial des Religieux duTiers Or
çois, «i* dre de saint François en Portugal ,
Motifs qu'il eut en établissant fa Re 166
forme , U mesme. 11 est déclaré excommunié & cassé de
Ses sentimens Sc ceux de ses Compa son office , . la mesme.
gnons , me/me. II a recours à Rome on il est confirmé
11 est mis cn prison & se reconnoît, U dans fa Charge , U mesme.
mesme. Mnubert C Jean ; est fait Vicaire Qèti-
DES MA T X ERE S.
.íâl dts Observans Ultramontains, 8tf Italie, T*>
Le l aps lui donne pouvoir de convo M'ontils ( les ) premier Couvent des Mi
quer un Chapitre Si d'y faire des Sta nimes cn France , Si son Fondateur ,
tuts , «7 43*
Medicis ( la Reine Marie de ) se déclare Montorio ( saint Pierre .) Couvent de
Fondatiice du (Couvent des Recollées l'Ordre de saint François à Rome ,
de Paris., Si Protectrice de leur Re IM.
forme , * 13Í Ses Fondateurs , lu mesme,
Jtttlan dans le Fauflìgni Monastère je 11 cst_donné au bienheureux Amedéc,
Chartreuses,, & le tems de fa Fonda la -., esme-
tion , 403 Murer première Retraite de saint Etien
$1 trcœur ( la Dorhesse de ) fait bâtir ne Fondateur de l'Ordre de Crand-
le Couvent des Capucines à Patis, mont 40
108 Description de ce lieu, la mesme.
«Elle admet à l 'habit douze filles , ht Ge Monastère est abandonné par les
t.esme. disciples de saint Etienne, aprés fa
. Elle les fait-venir, à son Hôtel à Paris, mort & ce qui en fut la cause, 41;
109 Us se retirent à Grandmont.Sc la rrva-
Elle les met en possession de leur Cou . niere miraculeuse par laquelle ce lieu
vent , Im mefine. leur fut indiqué , la mefmt.
Cérémonies qui furent faites pour Ils y transpartent le Corps de saint
cela , la mesme. Etienne, 414
Mtrcœur( le coeur du Duc de ) est porté N
- dans l'fcglise de» Capucines , 10?
MiUíío , lieu ou fut bâci le premier NArbttmt ( Congrégation de ) son
Monastère des Minimes en Calabre , établissement , í«
+M * , ■430 Oppositions qui s'y trouvèrent , Sc
Minimts t leur Fondateur, 417 pourquoi , /* mesme.
Leur établissement en Calabre & en Neerich ( Jeanne de ) Fondatrice desRe-
Sicile, w.&fitiv. ligicuses Recollectines , .313
Leur établissement en France , & le Sa naissance .& ses parens , /« mesme.
premier Couvent qu'on leur y bâtit , Elle se fait Religieuse du Tiers Or
435 dre de saint François, la mesme.
Ils s'établissent en Espagne & en Alle Elle fait quelques tentatives pour éta
magne , 43* blir la clôture dans son Monastère.,
Leur nom est changé par le Pape , U 314
mefmt. Elle obtient pour cela un Ordre du
Minimes ( le Tiers Ordre des ) le tems Provincial des Rccollects , la mes
que fa Règle fut faite Sc approuvée , me.
. 449 Résistances & oppositions des Reli
Ce qu'elle contient , la mefmt fr suiv. gieuses à cet Ordie , 31 ï
-Formule des voeurde ce Tiers Ordre, Elle cède pour le bien de la paix , Sc se
4JO. fr suiv. défait de la supériorité , /* mefmt.
Etablissement des Religieuses de ce Les Religieuses exercent f» patience,
troisième Ordre , & leur suppression, la mesme.
4t» Elle obtient une maison pour rétablis
■Minimes (Religieuses) leur établissement sement de sa Reforme , }iS
Sc leur Fondateur., 44s Elle sort de Gand & va prendre pos
Noms de plusieurs établissemens qu'el session de cette nouvelle maison , 317
les firent dans la fuite en fcspagne,44< Elle en est faite Supérieure , la mtjmt.
fr suiv. Elle fait de nouveaux établissemens,
Elles sont établies en Sicde , Sc leur 318. fr suiv.
Fondateur , .447 Elle:quitte,Philippeville, & retourne
-Leur établissement en -France , & leur £ Limbourg , 3'9
-Fondatrice , la nesme. Sa mort , l* mesme.
JStíeltna( Etienne ) porte Pétrone Obser Neutres ( les ) Reforme de l'Ordre de
vance de l'Ordre de saint François en saint François , "a
Tcxiij
T A B L E
Pourquoi ils étoient appelles Neutres , Il est aggrandi Sc blti de pierre* , U
la mesme. mesmt.
Les principaux Chefs de cetee Rc fer On y bâtit à quelque distance quatre
me , la mtjme. Ermitages qui ferrent de retraite ans
Son abolition , /* mesmt. Religieux , la mesme.
Níff»í ( le Co'uvent de ) premier étá- L'Ordre qui s'observe pour aller dans
blissement de la Reforme des Recol ces Ermitages , & lés pratiques de
las , 134 ceux qui y sons, la mesme.
Leur premier Fondateur , /* mtfme. Ce Couvent est encore brûlé , la n es-
YTtgton (Couvent de Nigeon) fondé pour me.
les Minimes, fa fondation & le nom II est rebâti & comment , la rresme.
qu'on lui donna , 436
11s font exenus de tomes sortes de íub-
Í5des , 437
Leur première maison dans Rome.fon Otiregeb ( Bernardin éV ) Fonda-"
nom & son Fondateur , 43Í teur des pauvres infirmiers Mini'
Etat piéscnt de leur Ordre , 440 mes du Tiers Ordre de saint François,
Les pratiques & observances de cet 311
Ordre , Sc la formule des vœux , 441. Sa naissance Sc ses Parehs , la mesme.
frsuiv. II perd son pere Sc fa mère , /* mesme.
Ecrivains de cet Ordre , 444 II entre dans la maison de l'Evèqoe de
tìeli ( Chanoinesses de) soumises à l'Or- Sìguença , la mesme.
dre de saint François , 3fc» 1 1 prend le parti des armes , la même.
Leur Fondateur , la.mesme. II donne un soLfHet à un pauvre hom
Division iie ect te Communauté en u ois me , & pourquoi , 311-
Classes, 35 1 14 lui en demande pardon , Sc ce qui
Occupations & exercices des Reli l'y détermine , la même.
gieuses de chacune de ces Classes , U II s'adonne au service des malades, l*
mesmt. même.
Notre-Dame de BefhUem , Monastère de 11 prend l'habit ia Tiers Ordre de^
Religieuses du Tiers Ordre de saint saint François, la même, -
François , 3)1 II forme le dissein d'établir fa Con
Leur Fondateur, & ce qui le déter grégation , Sc cc qui l'y détermine.
mina à faire cette fondation , 353 î*3
}Jotre-Pame Je l* Snlce.la premier Cou II en obtient la permission de Philippe
vent Sc chef de la Reforme de Villa» 1 1. Roi d'Espagne , /* mime.
créiez , r* 94 L'Archevêquc de Tolède lut donne-
5a situation & description de ce lieu , son consentement la même.
96. fr fuiv. II doone l'habit de sa Congrégation
Sa fondation , & ce qui y dernna occa à frx jeunes gens Sc leurs noms , la mê
sion , la mesmt, me.
Origine de son nom de la Salccda , Augmentation de ses disciples , 314'
97 II obtient la confirmation de fa Con
Y)otrt-Dkme dts Anges , première Eglise grégation , /* mime.
de l'Ordre de saint François , If Plusieurs villes demandent de cesHos-
Redevance de certe Eglise aux Béné pitaliers , l* mesme fr suiv.
dictins , Sc pourquoi , \6 II persuade an Roi de fonder un Hô
E-at p:éscnt de cette Eglise & de ses pital pour les convalefcens , la mejmt
bátimens , la mesmr. C5* suiv.
Vo'r -D ame tses Anges , premier Cou On lui donne le soin de 1 HApiral Gé
rent de la Reforme de Jean Dcl'a néral , . 31s
Pueb a , 118 11 obligé ses disciples à faire quatre
Pauvreté de ce Couvert", la mime. vetux « la mesme.
II est brûlé , Se ensuite rebâti,;.» mime. 11 va en Portugal pour y reformer 1< f
Le Comte A soíse de Bellacazar s'y Hôpitaux de Lisbonne , %\<.frsun.
fait Religieux, & y meurt en odeur de 11 sondé une maison d'orphelines ,
íaiuteté , 119 3»«
DES MA T. I E R £ S.
ì! écrit ses Constitutions , l* misme. sanec des Conventuels , 81
11 assiste 1c Roi d'Espagne dans fa der Marc de Bou'ogne , Vicaire des Ob
niere m.ila lie , t* mesmt. servons Cifmontains y est appcllé
II retourne ì Madrid & y meurt, l* pour cet cffít , la rnefme.
mesmt. Sa f.-rineté suspend lcDecret duPipe 89
Observance, reforme, établie par le Bien- Plusieurs Potentats de l'turope s'y op
heurs-ux Paulet , 71 posent , la mcs/ne.
On lui donne quelques Couvens , Sc Mcn-.ces qu'ils so it à ce sujet,la mesmt
leurs noms , 74 Nombre des Provinces,Cultodies , Sc
Observance , son établissement , 74 Couvents d- ('Observance , 91
Le tems & le lieu auquel elle com Och'm( B-rnardin ) est élu Viciire Gé
mença , la mesmt. néral dei Capucins ,' 174
On lui donne le Couvent de Ferouse , Saprésomxior. Sc sa témérité , 17Í
& pourquoi , 77 11 quitte son habit Si se retire à Genè
•Son progrès , 79. fr suiv. ve , la rnefme.
Son établissement en France , 80 fr II fait son possible pour se faire Chef
suiv. départi, l* mtsme.
Les troubles dont elle fut agitée dans ìl sc retire en Pologne , Sc pourqi: >i ,
ce Roïaurhe , 81 la mrsme.
Décisions du Concile de Constance à •Le Cardinal Cammandrm le fait chas
ce sujet , /* mtsme. ser de Pologne , 8c il sc retire en Mo
Nicolas Rodolphe est nommé par le ravie , It mesme fr suiv.
■Concile de Constance Vicaire Géné- Sa mort, 15 6
tal, 83 Olive ( Pierre Jean ) Religieux de saint
11 préside à son premier Chapitre Gé-< François , son zele pour les Ob'ervan-
néral , Sc y fait des Rcgremcns , l* ces , {o. fr juiv.
mtsme. II est accusé d 'hérésie , & on examine
Les Conventuels renouvellent leurs ses ouvrages, 51
poursuites contie elle , & pourquoi , 11 se rétracte , l* mtsme.
l*me'me. Imprudence de ses disciples, la mesmt
.Elles font rendues inutiles par le Pape & ft*iv.
qui confirme un Décret du Concile , Sa mort , 51
/* me/me. Il est encore persécuté aprés fa mort,
On lui donne le Mont Alvernc , 84 la rnefme.
'Nouvelle jalousie Sc éloignement des fonce Carbonelle de Bottingat est
Conventuels contre elle , & pourquoi, persécuté à' son sujet , /* mejme fr
la mesmt- suiv.
On assemble un Chapitre Généralis Ses ouvrages font déclarés ortoioies
sime à ce su|et , U mtsme. parle Pape Sixte IV. 5}
Ce qui y fut proposé, Sc la réussite que Ordre desaint François , son origine , "ses
cela eut , 84. fr suiv. pregrès Sr son état présent, 9. Sc 18. fr
Elle est mise à couvert des entreprises Juiv,
des Conventuels , Sc comment , 8{ Ce que c'étoit que Vicarie dans le
Tems auquel elle eut des Vicaires Gé commencement de l'Ordre , & ce que
néraux , tant en France qu'en Italie , c'étoit que custodie , l* mesmt.
8i.fr Juiv. Pratiques de l'Ordre pourl'élection
Inobservance est divisée en deux fa du Général Sc des autres Officiers Gé
milles Sc leurs noms . 85 néraux , 30. fr suiv.
Les deux Vicaires Généraux de ces Officiers , dont la nomination appar
deux Familles , la misme. tient au Général , 3)
Décision fur l'autorité de ces Vicaires Couvents fournis immédiatement au
•Généraux , la mtsme. Général , l» mtsme.
L'Obscrvance est entièrement séparée Papes Sc Prélats que l'Ordre a donné
des Conventuels , par qui , Sc pour- à l'Eg'ise , . 34
qnoi , la me(me. Services que ce même Ordre a re dus
Le Pape Sixte IV. assemble un Con & rend encore ì ['Eglise, U mtsme.
sistoire pour U remetuc fous l'obéïs- Nombre de Saints , tant Martyrs que
T A B t E*.
Confesseurs, & Vierges de l'Ordre , l'Oíse'Vanti ,
Ik mtsme. Sâ naissance & ses parens , /* mesmt.
Hommes Illustres Ai cet Ordre, Sc les 11 se fait Religieux de saint François ,
Ouvrages qu'ils onc donnés au Public la mtsme.
34. fr suiv. Ce qui lui fit donner le nom iePaulee,
"*dre f Tiers Ordre de saint François ) la mesmtfr suiv.
son établissement ,. itf II se retire sur le mont Cefi, & y bâtit
Son progrès, xio Un fcrtifCouvcnt , /* mesme.
Personnes de distinction qui l'ont em 11 abandonne cecte solitude , & pour
brassé , /* mesmi fr suiv, quoi ,
Nombre dés Sectateurs de cet Ordré , On lui donne I'Ermitage de Brûlis
ni te comment , la mesme fr fi
Persécution contre eux à ce sujet , la II y jette les fondemens de; l'Obser-
mtsme. vance , 74
Ils sont accusés d'être rebelles àTE- Situation de ce lieuj la'mtsmt.
glise & hérétiques , »»* On lui donne 1c Couvent" de saint
Ce qui donna occasion à cette accusa François du Mont près de Pcroufe . Sc
tion , & à la persécution que l'on sus pourquoi , 7%. fr freeédent.
cite contre eux , Im mesme- Sa Congrégation se fortifie ,8c reçoit
Jean XXII. donne une Bulle en leur de nouveaux Privilèges , /* mesmt
faveur pour empêcher qu'ils ne soient Noms qu'on donnoit à fa Congréga
confondus avec les hérétiques de ce tion , lamesme.
nom , u.) Si mort , 79
Les principaux Saints 4c Saintes de cet Penìttns Nom des Religieux du Troisiè
Ordre , /* mtsme. me Ordre de saint François , xt(
Princes & Princesses & autres person Leur origine , la mesmt fr suiv.
nes illustres qui ont embrassé cet Or Différons sentimensdes Auteurs sûr le
dre , 114 tem's de leur commencement ', la
Différentes Congrégations de cet Or mesme fr suiv.
dre , **í Réfutation de quelques-uns de ces sen-
AutresOrdres ausquels celui-ci a don timens , & le temí auquel il commen
né naissance , Sc comment , 116 ça, 118
Orlando de Catane ( le Comte ) donne Antiquité de rétablissement de ces
l.S. François le Mont Alvcrne » 17 Rel igieux à Toulouse, 131
Autres preuves de l'antiquité de ces
Religieux", la mesme fr suiv.
Lès Privilèges qu'ils avoient obtenus
PAschase ( Jean ) Auteur de la Ré des Souverains Pontifes leur sont con
forme de ce nom , 148 firmés, íjf
Son premier Couvent , Sc le lieu où il Ceux de Flandres ont permission d'é
étoit situé , 149 lire un General , lamtsmt.
II obtient un Bref du Pape Paul III. Ceux d'Italie obtiennentplusieufsPri-
6c ce qu il contient , la mefmt. vilègcs, Scieur confirmation, /*
11 fait deux autres établiflemens , la mtsme
mtsme. Ptnittm du Tiers Ordre de S. François
Lè Couvent de Mazanette lui est (ot\* en Espagne , leurs anciennes Congré
mis, 1(0 gations , 8c où elles s'étendoienr, 1J4.
Sa mort ', la mtsme. Leur antiquité dans ces Roïaumes, 8c
Les Couvens dé fa Réforme sont éri ce qui là prouve , la mtsme fr suiv.
gés en Custodie , la mesmt. Téms auquel ils commencèrent à s'u
Vajses , lieu où se fit le premier établisse nir sous le gouvernement d'un seul
ment du.-Tien Ordre Régulier en Por Supérieur , ijf
tugal , 161 Leur Congrégation est jointe à une
"Punie, lieu- où fut bâti le premier Mona autre, la mesme.
stère des- Minimes en Calabre , 430 ' Les Supérieurs de l'Observance 8c dei
gauler de Foligni ( le Bienheureux ) In Conventuels les inquiètent , la mefmt.
stituteur de la Réforme appelle* d* Les Supérieurs du Tiers Ordre le*"
fonc
DES MA TI E RE S.
lotit condamner par une Sentence con Seconde construction de ce Couvent ,
tradictoire, la mesme. & description de sa magnificence , U
Leur General est confirmé par le Pape mesme & suiv.
Clément Vil. i5« Ils passent en Astique, où ils bátissnt
Les Reglcmens qui avoient été faits un Couvent , 1Í4
pour eux , font confirmés par le même Mouasteres de filles qui font fournis à
Pape , la mesme. leur Jurisdiction, /* mesme.
11s reçoivent ordre de faire, dans leur Tems auquel ils commencèrent à
premier Chapitre General trois Rè avoir des Diffiniteurs , i6f
gles , & pour qui , ; /* mesme. Les Obfervans excitent contre eur
Titre de !a première Règle, & ce qu'el Philippes II. Roi d'Espagne & de
le contient , la mesme & suiv. Portugal , la mesme,
Elle est confirmée par le Pape Gré Ce Prince nomme un Commissaire
goire XIII. 1Í9 pour faire, la visite chez eux , & la
Les Religieux de cette Cotgregatiou réussite que cela eut , la mesme.
font soumis au General de l'Obser- Ils commencent à élire un Commis
vance , lajnesme. saire nationnal, Sc ce qui leur fait don
Violences qui leur font faites par les ner ce privilège , • la mesme.
Pères de l'Observancc , /* mesme. Ils ont pour Commissaire & pour Vi
11s signifient auGencral qu'ils veulent siteur deux Capucins , & le trouble
se soustraire de sa Jurisdiction , \6o qu'ils causent dans leur Province ,
Ces differens font terminés ; & ils /.* mesme.
restent fournis au General de l'Ordie Troubles & divisions de quelques uns
la mesme de leurs Chapitres, 166
La couleur de leur habillement est Tems auquel ces Religieux commen
changée , & pourquoi , la mesme. cèrent à avoir pour Visiteurs des Reli
Penitensiu Tiers Ordre de S. François gieux de leur Ordre., ""lamesme.
en Portugal, leur établissement dans Emplois qu'ils ont eu , & ceux qu'ils
cc P.oïaume , 161 ont encore dans le Roïaume de Portu
, Ce qui y donne occasion , lamesme. gal , la mesme.
Privilège qui leur est accordé par une Prélats & Ecrivains qu'ils ont eu , la
Bulle de Grégoire IX. lamesme. mesme.
Lieu oiì se fit leur premier établifle Tems auquel furent dressées leurs
ment & premier Couvent , la mesme. premières Constitutions , & auquel
Nom de leur Fondateur , /* mesme. elles furent réformées, la mesmt.
Ils envoient leurs Novices dans la "Pénitent du Tiers Ordre de S. François
Province de Lion , & pourquoi , iffi. en France, leur établiflement Sc leur
suiv. progrès, . 167
On leur donne le nom de Bans-hom- Ancien état de cet Ordre en France, &
mes de Caria, & ce qui en est la cause, son antiquité; la mesme & suiv.
i6i Penitens du Tiers Ordre de saint Fran
11s font d'autres établiffemens , /* çois , de l'étrorte Observance en Fran
mesme. ce , 167
Ils obtiennent un Collège à Conim- Us sont établis à Franconville Jk us-
bre , & ion Fondateur , itfj Bois ,
Les Ecoliers abandonnent ce Collège, Le Fondateur de ce Couvent , /*
& pourquoi , Umesme. mesme.
Procès qu'ils ont an sujet de cc Col On leur donne un établissement à
lege , & comment il fut terminé , ft» Picpus , x7t
mesmt. La Fondatrice de ce Couvcn, Z*
On leur donne une Maiíbn proche les mesme.
murs de Lisbonne , lu mesme. Ils obtiennent le consentement de
Procès qu'iis ont.avec les Obfervans à 1 Archevêque de Paris, & les Lettres
ce sujet ,& comment il fut terminé, l* Patentes du Roi Louis XI II. ; U
mesme. mesmt.
Premier état de ce Couvent , U Ce même Prince pose la première
mesmt, pierre de leur Eglise , ta mesmt,
lomtVII. y uu
T A B L E
Us obtiennent un Bref du Pape pour Formule de I«urs vttor ; z*r
la réunion des anciens Monastères Ptnittns ( les ) du Tiers Ordre de saint
avec les nouveaux , 173 François en Allemagne , iíi
Ils font soumis parce même Bref au Mauvais état de leurs Couvens , & ce
Ceneral de l'Ordre des Mineurs , lu qu'on fait pour y remettre la Régula
mefme. rité, l* mefmt.
Leur premier Chapitre , íc l'élcction Personnes illustres qui s'emploient
qu'ils y firent d'un Provincial , /* pourcela, la mefmt.
mefmt. Etat ancien de li Province du Rhin T
Sceaux qui leurs furent prescrits par le & leur premier Général , *53
Président de ce Chapitre, U mefmt. Ce que rapportent quelques Auteure
Ordonnances qui y furent faites ea au sujet de quelques autres Provinces
leur faveur, la mefmt. d'Allemagne, aff- 6* fuiv.
Arrêts du Parlement de Rouen aulli Venittns grit ( les ) ancienne Société du
en leur faveur , 174. & suvi. Tiers Ordre de fainr François en
Ils font traversés par les anciens , U France, 330
mefme&fuìv. Soirétablissement, la mefmt.
On Ieur*donne le Couvent de T,ou- Personnes de distinction qui en é-
loufe , comment & pourquoi , X7f toient., 33 1
On leur offre plusieurs établissemens , Leurs Statuts & la Bibliothèque où ils
& ceux qu'ils acceptent , 176 se trouvent, l.% mefme. fyfuiv.
Leur Congrégation est divisée en qua Processions qu'ils faifoient , 8c le motif
tre Custodies , la mefmt. qu'ils avoient en cela , 331
Couvens qui composoient chaque Cu- Autres obligations qu'ils avoient , la
stodie , U mefmt mefme.
NomsSdes anciens Couvens que cette Leur Supérieur & principaux Offi
Congrégation poffede , l» mefmt. ciers , /* mefmt.
Leurs Couvens 'font séparés en deux Pratiques des femmes & des filles de
Provinces , 177 cette Société , 33)
Leurs Constitutions font approuvées Ptrtuft ( les habitans de ) font S Fran
par le General , & ensuite par le Pape, çois prisonnier , comment & pour
la mefme. quoi, $
Ils tiennent un Chapitre General, & y Patience de ce Saint dans fa captivité,
élisent un Vicaire Ceneral, 178 la mefmt.
Ils acceptent deux Hôpitaux , l'un Phi'ippt II. Roi d'Espagne & de Portu-
pour des hommes , l'autre pour des al , envoie un Commissaire pour vi
lemmes , la mefme. rer les Religieux du Troisième Or
Ils les abandonnent > & pourquoi, 17 S dre de saint François , & ce qui l'y ex
éffuiv. cita , 16^
Ils font inquiétés fur la validité de Témoignage avantageux que ce Visi
leurs voeux , 181 teur rend de ces Religieux , ' la
Sentences données fur ce fuieten leur mefme.
faveur , & confirmées par le Pape Philippe de Majorque (Congrégation de)
Urbain VIII. /* mefmt. Son érection, 66
Leurs nouveaux Statuts font approu Dessein de son Fondateur , la mefme.
vés parle Pipe Urbain VIII , XÎÌ. Supplique qu'il présente au Pape pour
Ils obtiennent plusieurs Maisons , U en obtenir ia permission Sc confirma
mefme. tion , la mefmt frfuiv.
Ils font établis dans Rome, l* mefme. Titre qu'il prend dans cette Suppli
11s font inquiètes après la mort de que , la mefmt.
leur Réformateur , cV pourquoi , 183 On lui refuse fa demande, & pour
Le Roi donne un Arrêt en leur faveur, quoi , 67
la mefme. II intéresse Robert Roi de Sicile pour
Stat présent de cette Congrégation , l'obtenir , mais inutilement, /» mefmt.
18+ Le Pape le refuse encore , & les rai
Les pr.it ques ic Obícrvancîs de ses sons de ce refus , /* mtjmt.
Religieux , 1* m:fme fr> fuiv. Vicpm , heu oá çct établi le principal
DES MA TIERES.
Couvent de la Reforme da Tien Or
dre de saint François en France , 171 R
Pierre de Catane , second Disciple de
saint François , 9 RAbiia ( Notre Dame de ) Réforme
Tix.x.i( Frideric ) donne commencement de l'Ordre de S. François en Portu
à l'Archiconfraternitédes Stigmates , gal, 14»
Son Instituteur , la mesme.
Tortioneule , première Eglire de l'Ordre Manicre de vivrt des Religieux de
de saint François, & d'où lui vient ce cette Réforme , i* mesme.
00m , 8 Rainaldi ou RainauiÇ Tom Guillaume)
Indulgence qui lui c st accordée & con Prieur de la grande Chartreuse , fait
firmée , n & suiv. de nouveaux Statuts pour l'Ordre, 389
Noms des Papes qui l'ont confirmée , Ce qu'Us contiennent au sujet des
U mesme fr futv~ rendus , la mesme.
Privilège particulier de cette Indul Recluses de ïEglise de saintPierre a Rome,
gence , 8c son extension , 1-3 M4
Pre'mol .Monastère de Chartreuses, 40} De quel Ordre elles étoient,/* mejme.
Sa Fondatrice, 8c le tems de fa fonda RecolleSmes , Religieuses Réformées du
tion , ta mesme. Troisième Ordre de saint François ,
Privilège particulier accordé à l'Ordre
de S. François , 1» Leur Fondatrice , la mesme.
Provins ( le Monastère de ) demande la Difficultés pour rétablissement de
Règle des Religieuses de Longchamp, cette Réforme , 314- dr'suiv
101 Leur Règle & leurs Constitutions ,
PuebU ( Jean de la ) Auteur de la Ré 317
forme de ce nom , 117 Approbation de leurs Constitutions ,
Sa qualité & celle de ses parens , /* /* mesme.
mesme. Leurs pratiques & Observances , /*
II se fait Religieux de l'Ordre des Er mesme.
mites de S. Jérôme , la mesme. Elles font les trois voeux de Religion ,
II se fait Religieux de S. François . 8c 8c y ajoutent celui de clôture , 318
reçoit l 'habit des mains du Pape Sixte Elles prennent le nom de RecolleBines,
IV. la mesme. 8c pourquoi , la mejme.
11 va en Espagne , où il prend par or Reiollets , Réforme de saint François en
dre du Pape la tutelle de son neveu , France, fa naissance ,& le lieu o û elle
la tnesme. commença, 13+
11 établit sa Réforme , sous le titre de Cette Réforme est confirmée , /*
Custodie au mont de Murcna , l» mesme.
mesme. Elle fait de nouveaux progrès , 13s
le premier Couvent de cette Réforme On érige ses Couvens en Custodies ,
est reduit en cendres , 8c comment, la & on en fait ensuite une Province , l*
mesme. mesme.
II est rebâti, U mesme. Reforme ( première ) de l'Ordre de saint
Austérité de ce Réformateur , /* François , & pourquoi , '7. & suiv.
mesme. Saint Antoine de Padouë a recours aa
Sa mort , 1.x mesme. Pape pour cc sujet , & fait déposer le
Son corps est trouvé tout entier foi- Général Helie , 3*
xante ans après fa mort , la mesme. Règle de saint François , le tems auquel
Pratiques de (cs Religieux, 119 elle fut faite , Sc cc qu'elle contient ,
ptrì ( Dom François du ) Général des 11. é>suiv.
Chartreux , tait la troisième compila Rendus , Convers ou Oblats , de l'Ordre
tion des Statuts , • 391 des Chartreux ; ce que c'étoit;& quels*
Cc qu'ils contiennent de particulier , étoient leurs Emplois, 388. frjuiv,-
/* mesme &suiv. Risormari , Religieux de l'étroite Obser
vance, de l'Ordre de saint François en'
Italie , 1 1.>
Les principaux Couvens où ils furçnî. .
T A BLE
établis , 130 le consentement de son mari ,
Les austérités qu'ils' y pratiquosent mesme.
dans le commencement de leur Ré La manière édifiante avec laquelle rl
forme . I* tnesme. lui accorda cette permission, la mesme.
Brefs & Ordonnances de plusieurs Son nom de Religion , la mesme.
Souverains Pontifes en leur faveur , Sien* de Mwen* , première retraite de
iji. fr'suiv. Jean de la Puebla , & lieu où il com
Rodolphe ( Nicolas ) est nommé premier mença sa Réforme , rS
Vicaire Général de l'Obscrvance par Siivi ( Béatrix de ) Fondatrice des Re
le Concile de Constance ' 8; ligieuses de la Conception de Notre-
II préside en cette qualité au premier Dame, 334
Chapitre qui se tint dans le Couvent Elle va en Castille , & comment , l*
de Bcrcore , U mesme. mesme.
Roger Comte de Sicile & de Calabre,ag- Ce qu'elle y souffre , & ce qui en est le
grandit l'Ermitage de saint Bruno, & sujet , lamesme.
lui fait bâtir une Eglise , 378 Elle est consolée par une apparition de
Récompense qu'il reçoit pour tous ses la sainte Vierge , la mesme.
bienfaits , l» tnesme fr suiv. Elle est délivrée de ses souffrances , te
II offre de grands biens à faine Bruno, va à Tolède , lu mesme.
379 Dieu lui envoie une autre révélation ;
Roiel ( Isabelle ) Fondatrice des pre pendant qu'elle est en chemin , 33?
mières Jesuitesses , 491 Elle se retire chez les Religieuses de
Elle en obtient la permission' du Pape saint Dominique , /* mesme.
Paul 111. lu mesme. La sainte Vierge lui apparoir , & lui
Saint Ignace prend la conduite de fa inspire de fonder son Ordre la me'mt.
petite Communauté, l» mesme. Elle prend possession d'un Palais pour
II l'ábandonne , & la fait supprimer , y établir son Qrdrc , la mesme.
lumesm;. Te ms -auquel il fut formé , Sc la kcgle
Rusconi ( Antoine de ) de Come , est élu qui lui fut donnée, 33Í
Général de l'Ordre de saint François , Elle est avertie de fa mort , & fait fa
8<f profession solemnellc , l* mesme.
Il est confirmé par le Pape , & pour Sa mort , /* mesme.
quoi , l* mesme. Lieu où son corps fut enterré . U
mesme.
Silvu ( Ferdinand de ) Comte de Ci-
fuentes , Fondateur du Couvent de
SAlette,-Monastère de Chartreuses, Notre-Dame de Béthléem des Reli
403 gieuses du Tiers Ordre de saint Fran
Ses Fondateurs , & le tems de fa fon çois , 351
dation , lu mesme. Jl fonde une-Communauté de pauvres
Sunche II. Roi de Portugal donne occa Demoiselles, qui font soumises à ces
sion à rétablissement du Troisième Religieuses, 3Í3
Ordre de S François dans son Roïau- çoccolanti ; origine de ce nom , 74
me , ìtfi S"nrs grises ( les ) Hospitalières du
S.tutt ( Madame Jeanne de } Fondatrice Tiers Ordre de saint François , 301
du Couvent de Picpus 171 Elles reçoivent des Statuts, & ce qu'ils
Schisme de l'Ordre de saint François , au contiennent , /* mesme.
sujet des Généraux , 78 frjuiv. Formule de leur profession, 303
Schisme de l'Eglife , & pourquoi , /.* Quelques-unes de ces Hospitalières
mesme frsuiv. embrassent la clôture , /* mesme.
Segnu ( André de ) donne une demeure Procès que quelques Maisons ont eu à
fur ses Terres aux Ermites Ce'cftins , ce sujet , la mesme fr suiv.
47 Saurs prises Wéfermies ( les ) font établie»
Sehingen [ Madame de ■ Jeanne de Cto- à Mons . 304
chio , se fait Religieuse du Tiers Or On les veut obliger à la clôture, & ce
dre de saint François , 318 quil'empêchc, \u mesme.
Difficulté qu clic cut pour en obtenii Leur habit cstchangé,&çommcnt,3c>$
DES MA T I E R E S.
Hies embrassent la clôture , & sont ré
formées , la mesme.
Solitaires de l'Institut .de saint Pierre
d'Alcantara , « 113 TArragon ( Province de ) son érec
Leur Fondateur & le lieu de leur fon tion 8c son premier Provinc al, Mx
dation , la mesme. Quelques uns de les Religieux font
Leurs pratiques & Observances , 114 emprisonnés , & d'autres chassez de
Spatiament , terme usité chez les Char leursjCouvens, & pourquoi , 131
treux , 81 ce qu'il signifie , 384 Taverna ( Monsieur ) Nonce du Pape
Sfirituels ( les ) íe séparent de la Com en fcfpagnc est rappelle du sa noncia
munauté de 1 Ordre , f8 ture, & relégué datiS soii Evêché , 8c
Ils s'emparent de qaclquesCouvens , pourquoi 131
la mesme, Termes mot usité chez les Chartreux , 8c
Les habitans de Narbonne te de Be- cequ'il signifie , 3?4
ziers les appuient , & pourquoi , la Thiers,lieu de la naissance de saint Etien
mesme. ne de Muret, Fondateur de l'Ordre de
Le Pape leur fait dire de se téiinir à Grandirions, 4&8
l'Ordre, la mesme & suiv. Oji y bâtit un- mai on pour les Reli
Rcponsc 8c résistance de ceux du gieux reformés de ect Ordre , 414
Languedoc , f9 Tiertiaires Reformées , leurs Fondattices,
llssont cités juridiquement par ordre 30«
du Pape j la mesme . Leur premier Couvent , 307
Ils vont à Avignon , & reçoivent un Elles tianfportent leur demeure à Sa
nouvel ordre de s'unir à l'Òrdrç , la lins, -la mefine.
mesme. Elles y font bâtir un nouveau Monas
On procède contre eux comme Héré tère , la mefine.
tiques , lamesr.e. Titre de ce Monastère , la mesme.
Articles de leur condamnation , U Llles son reçues & agrégées à la Coa
mesme fr suiv. grégation de France, 8c comment,
On en brûle quatre, &pourquoi , ío }09- & preced.
Sta uts ( anciens ) de l'Ordre des Char Elles font plusieurs établissemcns , U
treux j ce qu'ils renferment , & Ir ur m sme.
Compilateur, 388 Elles en font un à Paris , do.it le Roi
Outres Statuts de l'Ordre , leur Auteur , Louis XIII. & la Reine fa mere Marie
& le nom que l'on peut leur donner , de Mcdicis se déclarent Fondateurs ,
Ix mtfine.
Ce qui y est marqué au sujet des ren M. Charles Bouvet , Seigneur de Ro-
dus de l'Ordre ; '* mesme memont leur en fait bâiir un à Nancy,
Stigmates ( Archiconfraternité dei ) de 31a
la int François , $6i.érsniv. O11 leur donne des Constitutions , fie
Son Instituteur , .1% mesme. on les fait approuver , la mesme.
Son approbation par le Pape , & fa Couvents de ces Religieuses qui sont
première affemb'ec , /* mejme. restés fous la jurifdiction des Supe-
Ses statuts & fa confirmation , la rieurs de la Reforme , 511
mesme. Pratiques 8c Observances de ces Reli
On lui donne l'Eglise des Quarante gieuses , la mefine.
Martyrs la mesme. Pratiques & Observances de quelques
Grâces & Privilèges qui lui sont ac Monastères de cc même O dre , 31»
cords , 3-6 4 Torrigo , lieu où fut fondé le second Mo
Lcsqua'ités 8c conditions nécessaires nastère des Religieuses de la Concep
pour y être admis, la mesme.' tion , 338
£:s pratiques & exercices de pieté , Sa Fondatrice , larrefine.
la mesme. Tour ( Dom Bernard de la ) Général
des Chartreux fait la seconde compi
lation des Statuts , 3SS
Trinei (Hugolin de) Seigneur de Foligin
Fondateur des Religieuses du Tiets
y u u iij
T AB L E.
OteTre de S. François dans cette ville , rituels passe dans l'Ordre de saint Be
197 noît, 58--
Trinité du Mont , Couvent de Minimes à Vercetl,yKm\ti Monastère des Religieu
Rome son Fondateur , 43 j ses du Tiers Ordre de saint François
Trope ( la ) premier établissement de la Reformé , 307
reforme de Jacques d Eugubio , 141 Ses Fondatrices , /* mefmt.
V Vgolin de Plaisance est élu premier Gé
Valois ( la bienheureuse Jeanne de) néral de laCongrégation de Lombar-
Fondatrice des Religieuses del'An- die du troisième Ordre de saint Fran-*
nonciadc ou des* dix vertus de Nôtre- çois , 137
Dam-, 339 Vicarit de l'Ordre de saint François , ce
Sa naissance & son extraction, la mef- que c'étoit dans son commencement,
me.
5a dévotion dans fa jeunesse , & les VìUacrexd ( Pierre de ) instituteur de
oppositions qu'elle y trouva , /* mefmt la reforme de ce nom , $14-
àrsuiv. II quitte les Conventuels où il avoit
Grâce extraordinaire qu'elle reçoit de pris l'habit , * pourquoi , la mefmt.
Dieu, 340 Il se retire dans une grotte qu'il quite
Elle épouse le Duc d'Orlean» , 34 r pour aller fur le Mont Celia, & ce qui
Son mariage est déclaré nul , Sc elle l'y détermine , /* mefmt dr suiv.
est répudiée, la mtsmt &suiv- II y bâtit son premier Couvent , 9 f
Sa constance danî cette disgrâce, 341 M y reçoit le bienheureux Pierre Ré
Le Roi lui donne un appanage , la galât , '* mefmt.
msfme. On lui donne quelques Couvens, & il
Elle se retire à Bourges. lamefnit. fait de nouveaux établissemens, /* mef
La manière dont elle fut reçue dans mt.
cette Ville, la mefmt. II obtient du Concile de Constance
Elle prend la resolution d'établir son de faire observer la- première Kcgle de
Ordre , la misme. saint François , lamtfme.
Elle tombe malade , Sc ce qui en fut Pratiques, observances Sc pauvreté de
la cause, 343 ses Religieux" , /* m;fmt.
Elle forme sa Communauté , 344 Sa mort , 9*
Premiers exercices des filles qni com Sa Congrégation est incorporée api ès
mencèrent cetteCommunauté,!«»K/mr. fa mort dans celle de l'Obíervance, l»
Elle lem dresse une Règle , /* mefirie. mtjmt.
Ce que contient cette Règle,/* mefmt. Viïïtrés second Couvent des Pcnitens du
Elle obtient du Roi la permission de Tiers Ordre de S. François en Portu
bâtir un Couvent à Bourges , 343 gal , i«*
Elle obtient la confirmation de fa Re LeFondateur de'ceCouvent,/* mtsmt.
ferme en Cour de Rome , la mrsme. V'incennt s,.lieu oufut bâti le premierCou-
Elle donne commencement à son Or vent des Religieux de Grandmont en
dre', 346 France . 4'4
Elle donne à ses Religieuses un habit Le Fondateur de ce Couvent , /* mts
de différentes coulcuis , Sc les motifs mt.
qu'elle eut en cela , la mtsmt. Vincent Mufîart ( le Pere ) Reformateur
Elle fait ses vœux solemnels , /* mef du troisième Ordre de saint François
mt. en France ; 16%
Ses Religieuses prennent possession du Sa naissance Sc ses Parens , i<9
nouveau Monastère', 347 II reçoit l'Ordre de Soudiacre, Sc se
Sa mort , la mtsmt. fait Ermite , /* m'íme.
Ses obsèques & fa sépulture , 34* II entre dans desConfrairies du Tiers-
Les Calvinistes brûlent son Corps , Sc Ordre de laine François , Sc ce qui l'y
en jettent les cendres au vent,/* mtsmt. excite , /* mtsmt.
Prodige qui arrive à ce sujet,/* mefmt. II fait vœu de chasteté , la mefmt.
Poursuites faires en Cour de Rome Il sc joint avec un autre Ermite , Sc
pour sabeapfication , /* mtsmt. établit ía demeure dans la foret de
Vbtrtia de Casxl un des Chefs des spt- Scnar,, *7«
.DES MA T I E R E S.
31 change de demeure , & pourquoi , Uri/tin VIII. ( le Pape ) fait lever de
la me[me. terre le Corps de la Bienheureuse Isa
II reçoit quelques nouveaux disciples, belle, & la fait exposera la vénéra
Ix me I me & Jìiiv. tion du public , ioi
11 change encore de demeure ,•& Urbanistes , Religieuses de l'Ordie de
va dans l'Ermitage de saint Sulpice , sainte Caire , 195
17* Ce qui leur a sait donner ce nom , l*
11 le quite pour aller à Franconville mesme.
Sous Bois , où il jette lesfondemens de Leur Institutrice , la mesme.
de fa Congrégation , lamesme Ur,s»í ( Nicolas des ) Comte de Spo-
11 fait fa profession entre les mains du leto , Fondateur des Chanoinesses de
Père Jean le Brun , la me/me. No!i , 350
Elle est ratifiée par le Général del'Or- Ses motifs & intentions dans cette
dre , la mesme. fondation, 351
11 reçoit de nouvelles Lettres Patentes 11 leur dresse des Constitutions., la
de l'tvêquc de Beauvais, & pour mesme.
quoi, i?i ïl divise cette Communauté en trois
ïl fait un établissement à Paris dans Classes, & leur assigne ce qu'elles doi
un lieu appcllé l'icpu's , la mesme. vent faire , la mejme.
La Fondatrice de cc Couvent, /* mes X
me. Xlmenes , ( le Cardinal ) Fondateur
11 obtient le consentement de l'Ar- des Monastères de faim Jean de la
chevêque de Paris , & les Lettres Pa Pénitence des Religieuses 4u Tiers
tentes du Roi , la mesme. Ordre de saint François , $<i
11 est élu Provincial , 17,3 Il fonde & met fous leur conduite de»
11 est élu Vicaire Général de fa Con Communautez de pauvres Demoisel
grégation , 178 les, 3íx
Sa mort , . 183 Ce qu'il obtient du Pape en leur fa
'Virgo Veneta , livre composé par Jean veur , la mesme.
Postel , & cc qu'il contient , 477 Philippe II. Roi d'Espagne augmente
Vital d'Aversa , asfiege la ville d'Assise, le nombre de ces Demoiselles, la mes-
188 2 me.
II est obligé d'en lever le siège , & ZEpperen, ( Congrégation de ) du
comment, lamesme. troisième Ordre de S. François, 146
Vœux ( formules des ) des Religieux Fondation du premier Couvent de
du Tiers Ordre de saint François de cette Congrégation, & son Fondateur,
la Congrégation de Lombardie ,138 la mf/me.
ey suiv. Anciens Reg'emens pour les Reli
%Jriain IV. accorde la Reg'e de Long- gieux de cette Congrégation ,la mes-
champ, au Monastère de Provins,ioi me &suiv.
C 0 R R E C T I 0 S S.
P Age 18. ligne 17. projet, lise\ progrès, p. 31. lig. 19. les vœux folernnels , lise\
les vocaux, p. 31. lig. 6. réunit , Usez, remit, p. 47. lig. 3. ce qui à cusa ,listK ce
■qui causa, p. 47. lig. 30. Jean de Murano , lisez. Jean de Muro. p. ii-i'g. 40. ro-
■vincial d'Aragon , /(/^Provincial d'Aragon, p. 75». lig. 38. par la ferveur , lisez, par
la faveur, p. 91. lig. 4. cette demande, &, lise\8c cette demande, p. 113. lig. n. pour
y embrafler ,/<yè^pour embrasser, p. 140. lig. 14. relat , UseX Prélat, p. 141. hg. 39.
pendant ce tems-là dressa , lise\ pendant ce tems-là il dressa, p. 150. lig. 19. Frères
Si les, /i/í^Frcres Mineurs & les- p. 171. lig. 19. fuivatc , Usez. suivante, p. 181. Ug. 13.
Bénédictins , Use\ Bénédictines, p. 1S7. lig. 13. fat , lige\Î3\t. p. 193. lig. 13. Fance,
Zi/i^France. p. 17i.lig.40. & on off;it taux, Uje\tc on offrit aux. p. 185. iig.37.cp-
sece , Use\ espece. p. 316. lig. 19. donnetoit , /i/ê^donnoit. p. 331. lig. 8. confiater-
nité , /«/e^confraternité. p. 333. lig. 40. c petit, ltfe\cz petit, p. 40)>ì g. 6. à fon
dation, lisez, la fondation, p. 406. lig. 17. 1 76. lisez. 107V.
De rimprimerie de Je a n B a pt i s te Coignard»
Imprimeur ordinaire du Roi.
;
i
THB NEW YORK PUBLIC LIBRARY
RBFBRBNCB DEPARTMENT
form 41°
B'DMAY4 \»\*