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Sommaire
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1 Biographie
2 Ouvrages de Robert Mandrou
3 Source
4 Liens internes
5 Notes et références
Biographie[modifier]
Acteur original du renouvellement de l'histoire des années 1960-1980, il est l'un des
derniers disciples de Lucien Febvre qui lui confie le secrétariat de rédaction des Annales en
1954, fonction qu'il assure jusqu'à la rupture avec Fernand Braudel (1962) auquel
l'opposèrent tant le tempérament que l'orientation à donner aux Annales tout en préservant
l'héritage de Lucien Febvre.
Agrégé d'histoire en 1950, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (1957),
professeur à l'université de Nanterre (1968), la maladie le contraint à une retraite anticipée
(1980) et il meurt quelques semaines après Philippe Ariès avec lequel il avait codirigé la
collection « Civilisations et mentalités » chez Plon.
Issu d'un milieu modeste, sa mère est couturière, son père cheminot, il fut particulièrement
marqué par la Seconde Guerre mondiale qui le contraint à partir au service du travail
obligatoire, d'abord comme ouvrier, puis comme bûcheron dans le Harz. Malgré ces
circonstances dramatiques, il reste attaché à l'Allemagne et devient un des rares spécialistes
français bons connaisseurs des sources et de l'historiographie allemandes. Sa thèse
complémentaire est d'ailleurs consacrée aux Fugger, propriétaires fonciers en Souabe
(1969) et il est le fondateur de la Mission historique française à Göttingen (1977).
Fidèle aux intuitions et aux projets de Lucien Febvre, cet « inlassable pionnier » qui
possède « la lumineuse rigueur d'un maître »1 lance très tôt sa réflexion sur le champ peu
exploré des « psychologies collectives ». Sa magistrale Introduction à la France moderne,
essai de psychologie historique 1500-1640 (1961) a fait date et se pose en exemple de
démarche critique pour aborder le penser et le sentir des sociétés précédant les
bouleversements de la révolution industrielle. Ce maître ouvrage pose le problème d'une
histoire « des sensibilités » ou « des mentalités » abordée également, mais de façon
différente, par Philippe Ariès puis François Lebrun, Jean-Louis Flandrin, Michel Vovelle et
Robert Muchembled et qu'on élargit depuis une décennie en l'englobant dans une histoire
« culturelle » qualifiée plus récemment encore d'histoire des « représentations ». La même
démarche préside à l'analyse de La Bibliothèque bleue de Troyes (1964) qui le conduit à se
pencher sur les sensibilités populaires et la définition, hautement controversée, de « la
culture populaire aux XVIIe et XVIIIe siècles ».
Sa thèse, publiée sous le titre Magistrats et sorciers en France au XVIIe siècle. Une analyse
de psychologie historique (Plon, 1968), prolonge cette histoire des mentalités à laquelle il
donne une problématique nouvelle. Mais la poursuite d'une incursion déjà suggérée par
Lucien Febvre vers l'anthropologie historique n'est pas le seul centre d'intérêt de Robert
Mandrou. On lui doit également, avec Georges Duby, une Histoire de la civilisation
française (1958, revue par Jean-François Sirinelli, Pocket, 1998), quatre fois rééditée en dix
ans et publiée en neuf langues dont l'anglais (New York, 1964 et Londres, 1965), le
polonais (1965 pour la première édition), l'espagnol (México, 1966) et l'italien (1968).
Une mise au point s'impose sur les tensions qu'il eut avec Fernand Braudel à propos de
l'héritage intellectuel de Lucien Febvre. D'une part, la publication d'Honneur et Patrie en
1996 par Thérèse Charmasson et Brigitte Mazon a mis un terme à la méchante rumeur qui
accusait Robert Mandrou de l'avoir pris et perdu : le manuscrit de Lucien Febvre fut
retrouvé dans des archives de Fernand Braudel transportées en 1966 au château de
Tocqueville. Par ailleurs, Jean Lecuir, dans sa Genèse de l'introduction à la France
moderne (postface à la quatrième édition, p. 422-467) a rendu justice à la rigueur de Robert
Mandrou. Ce dernier avait voulu faire de ce livre un ultime hommage à la mémoire de
Lucien Febvre ; il fut soutenu en cela par madame Febvre qui lui avait communiqué les
fiches et ébauches disponibles dans les papiers de son mari, pouvant lui être utiles. Ce livre,
qu'il rédigea en totalité et nourri de ses propres recherches, devait être, dans leur esprit,
cosigné Lucien Febvre-Robert Mandrou, comme le fut L'apparition du livre d'Henri-Jean
Martin. S'il ne le fut pas, ce fut parce que Fernand Braudel s'y opposa tant auprès de Robert
Mandrou que de madame Febvre. Robert Mandrou s'inclina en signant ce livre de son seul
nom, mais en le dédicaçant « À Lucien Febvre, en totale fidélité ». Peu après la publication
du livre, Robert Mandrou se vit retirer sans ménagement le secrétariat des Annales par
Fernand Braudel.
Sur la biographie de Robert Mandrou, on pourra, pour plus de détails, lire : Histoire
sociale, sensibilités collectives et mentalités. Mélanges Robert Mandrou, PUF, 1986 (en
particulier « Robert Mandrou. L'itinéraire d'un historien européen » par Philippe Joutard et
Jean Lecuir, p. 9-20, avec la bibliographie de ses œuvres par Françoise Parent-Lardeur
(p.21-31) ; « En hommage à Robert Mandrou », n° 18-19 d'avril-octobre 1997, des Cahiers
du Centre de recherches historiques, M. Cottret, Ph. Joutard, J. Lecuir, postface à la
quatrième édition de l'Introduction à la France moderne, Albin Michel, 1998, p. 421-639 ;
François Lebrun, « Magistrats et sorciers de Robert Mandrou », L'Histoire, n° 273, février
2003, p. 98.