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SCHÉMAS EXPLICATIFS
Sommaire
OBSERVATIONS GÉNÉRALES
ET FONCTIONNEMENT PRATIQUE DE
LA CONVENTION
Index des matières
TEXTE DE LA CONVENTION
Index des décisions citées
BIBLIOGRAPHIE
Sommaire
AVANT-PROPOS
ABRÉVIATIONS
SCHÉMAS EXPLICATIFS
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
AVANT-PROPOS
La dernière version de ce Manuel ayant été publiée en 1992, une nouvelle édition était
devenue indispensable en vue de refléter l’évolution de la Convention, notamment à la
lumière de l’utilisation des technologies modernes, et de répondre de façon adéquate
aux questions soulevées par la pratique au cours de ces dernières années. Ce travail
s’est finalement traduit par une refonte complète du Manuel qui poursuit un double
objectif : (i) offrir à la fois des réponses pratiques et directes aux questions les plus
élémentaires rencontrées lors de l’application quotidienne de la Convention et (ii)
fournir des commentaires plus approfondis au sujet de questions précises soulevées au
fil des ans par la Convention.
La version provisoire de cette nouvelle édition avait fait l’objet d’un examen approfondi
de la part des experts (représentants gouvernementaux, y compris d’Autorités
centrales, praticiens, etc.), réunis en Commission spéciale en octobre / novembre 2003
pour examiner le fonctionnement pratique de la Convention Notification (ainsi que des
Conventions Obtention des Preuves et Apostille). La nouvelle édition du Manuel a ainsi
pu bénéficier des discussions et des résultats de la Commission spéciale de 2003 ainsi
que des commentaires envoyés par les Etats parties et de leurs réponses au
Questionnaire soumis par le Bureau Permanent préalablement à la réunion de la
Commission spéciale. Le Bureau Permanent remercie une nouvelle fois les Etats de leur
collaboration, notamment pour l’envoi de copies de décisions rendues en application de
la Convention. Ces renseignements ont grandement contribué à la richesse des
informations pratiques fournies dans le Manuel. Aussi, invitons-nous les Etats parties et
les praticiens à continuer de partager avec le Bureau Permanent tout enseignement
pertinent tiré de la pratique de la Convention.
Cette nouvelle édition a été préparée par M. Christophe Bernasconi, Premier secrétaire,
responsable des travaux relatifs à la Convention Notification, en collaboration avec
Mme Laurence Thébault (collaboratrice, puis consultante juridique au Bureau
AVANT-PROPOS 8
Cette troisième édition du Manuel a fait l’objet d’une mise à jour continue jusqu’au 1er
janvier 2006**. Il est conseillé aux lecteurs de consulter régulièrement le site Internet
de la HCCH pour des renseignements pratiques complémentaires et mises à jour au
sujet de la Convention. Les lecteurs sont aussi vivement invités à vérifier les derniers
développements de la pratique et de la jurisprudence auprès d’experts appropriés
(experts gouvernementaux, praticiens, avocats, huissiers, etc.).
* Nous tenons également à remercier les personnes suivantes pour leurs contributions
respectives à la préparation de cette nouvelle édition du Manuel : Florestan Bellinzona
(juge suppléant, Monaco, alors en détachement au Bureau Permanent), Alisa R.
Brodkowitz (Rogers & Fleck, alors stagiaire au Bureau Permanent), Danielle Gauthey
Ladner (Office fédéral de la Justice, Suisse), Glenn P. Hendrix (associé, Arnall Golden
Gregory), Charles T. Kotuby Jr. (Jones Day, alors stagiaire au Bureau Permanent), et Cara
LaForge (Legal Language Services).
** Parmi les derniers développements importants pris en considération dans cette édition du
Manuel figurent un nouveau décret français de décembre 2005, ayant pour effet de
supprimer la notification au parquet dans les rapports avec les autres Etats parties à la
Convention, et la proposition d’un nouveau règlement modifiant le Règlement (CE) 1348/
2000, présentée par la Commission européenne le 11 juillet 2005.
9
ABRÉVIATIONS
N.Y. App. Div. 2d New York Supreme Court, Appellate Division, 2d Department
Dept. (Etats-Unis)
N.Y. City Civ. Ct. New York City Civil Court (Etats-Unis)
N.Y.S.2d West’s New York Supplement (Second Series)
(Etats-Unis)
NCPC Nouveau Code de procédure civile (France ; Luxembourg)
Nev. Nevada Reports (Etats-Unis)
NILR Netherlands International Law Review (Pays-Bas)
NIPR Nederlandse tijdschrift voor internationaal privaatrecht
(Pays-Bas)
NJ Super. Ct. New Jersey Superior Court (Etats-Unis)
NJ Nederlandse Jurisprudentie (Pays-Bas)
NJW Neue Juristische Wochenzeitung (Allemagne)
NJW-CoR Neue Juristische Wochenzeitung – Computerrecht
(Allemagne)
NYLJ New York Law Journal (Etats-Unis)
OGH Oberster Gerichtshof (Autriche)
OLG Oberlandesgericht (Cour d’appel, Allemagne)
P.2d; P.3d Pacific Reporter (Etats-Unis)
Pace L. Rev. Pace Law Review (Etats-Unis)
Para. Paragraphe(s)
RabelsZ Zeitschrift für ausländisches und internationales Privatrecht
(Allemagne)
Rb Rechtbank (Tribunal de première instance, Pays-Bas)
RCADI Recueil des cours de l’Académie de droit international de La
Haye (Pays-Bas)
RDIPP Rivista di diritto internazionale privato e processuale (Italie)
Rec. Recueil de jurisprudence de la Cour de Justice des
communautés Européennes (Union européenne)
REJB Répertoire Électronique de Jurisprudence du Barreau
(Québec, Canada)
Rev. crit. d.i.p. Revue critique de droit international privé (France)
Rev. dr. Unif. Revue de Droit Uniforme (Unidroit)
Rev. Esp. d.i. Revista Española de Derecho Internacional (Espagne)
ABRÉVIATIONS 14
Une liste complète et mise à jour des Etats contractants à la Convention est
disponible sur le site Internet de la HCCH à l’adresse < www.hcch.net >.
La Convention utilise l’expression « Etat contractant » dans de nombreuses
dispositions mais avec des significations variées. Le présent Manuel opère une
distinction entre les expressions « Etat contractant » et « Etat partie ». Selon l’article
FOIRE AUX QUESTIONS (FAQ) 21
2(1)(f) de la Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités, l’expression « Etat
contractant » désigne un Etat qui a consenti à être lié par une Convention, que ladite
Convention soit entrée en vigueur ou non ; cela doit être distingué du terme « partie »
qui, en vertu de l’article 2(1)(g) de la Convention de Vienne, vise un Etat qui a consenti
à être lié par une Convention et pour lequel ladite Convention est en vigueur.
Pour que la Convention soit applicable, les conditions suivantes doivent être
réunies :
1)Un acte doit être transmis d’un Etat partie à la Convention vers un autre Etat
partie pour y être signifié ou notifié (sur les termes « signifié » et « notifié », voir les
para. 46 et s.). Le droit de l’Etat d’origine (loi du for) détermine s’il y a lieu de
transmettre un acte à l’étranger aux fins de notification ou de signification dans l’autre
Etat (la Convention est dite « non obligatoire », voir les para. 26 et s.).
2)Une adresse pour le destinataire de l’acte est connue (lorsque l’adresse du
destinataire de l’acte est inconnue, voir les para. 71 et s.).
3)L’acte à notifier est un acte judiciaire ou extrajudiciaire (voir les para. 65 et s.).
4)L’acte à notifier porte sur une matière civile et / ou commerciale (voir les para.
49 et s.).
Dès lors que toutes ces conditions sont remplies, les voies de transmission
prévues par la Convention s’appliquent impérativement (la Convention est dite «
exclusive », voir le para. 44), sauf dans le cas d’une voie dérogatoire (voir les para. 49
et s.).
6. Des voies de transmission autres que celles prévues par la Convention peuvent-
elles être utilisées ?
Les Etats parties peuvent prévoir d’autres voies de transmission que celles
prévues par la Convention (voies dérogatoires). Il existe deux types de voies
dérogatoires : celles prévues dans un accord bilatéral ou multilatéral conclu entre Etats
contractants (art. 11, 24 et 25 ; voir les para. 237 et s. et les para. 289 et s.) et celles
prévues par la loi interne de l’Etat de destination (art. 19 ; voir les para. 242 et s.).
Une formule modèle est annexée au texte de la Convention (cette formule est
reproduite à l’Annexe 2 de ce Manuel; voir les commentaires aux para. 107 et s). La
formule modèle contient trois parties : une Demande de notification (qui est envoyée à
l’Autorité centrale de l’Etat requis), une Attestation (qui est reproduite au verso de la
Demande et qui confirme si l’acte a bien été notifié ou non), et une formule intitulée «
Eléments essentiels de l’acte » (à remettre au destinataire).
En outre, la Quatorzième session de la Conférence de La Haye a recommandé
que les Eléments essentiels soient précédés d’un avertissement relatant la nature
juridique, l’objet et les effets du document à notifier (l’avertissement est reproduit à
l’Annexe 3).
autre autorité compétente que l’Etat requis aura désignée à cet effet. Cette Attestation
est envoyée directement au requérant. Lorsque ce n’est ni l’Autorité centrale ni une
autorité judiciaire qui a rempli l’Attestation (par ex. si elle a été remplie par un huissier
de justice), le requérant peut demander que l’Attestation soit visée par l’une de ces
autorités (art. 6(3)). La partie Eléments essentiels de l’acte à notifier doit être remplie
par l’autorité expéditrice et remise au destinataire avec l’acte à notifier. Elle doit en
outre être accompagnée d’un avertissement (sur la façon de remplir la formule modèle,
voir les para. 107 et s. ainsi que les instructions établies par M. Möller, reproduites dans
l’Annexe 4).
15. Les actes à notifier doivent-ils êtres traduits dans l’une des langues de l’Etat
requis ?
sens. A défaut, il peut être utile de contacter l’Autorité centrale de l’Etat requis à cette
fin.
18. Que se passe-t-il en cas de refus par le destinataire de la simple remise de l’acte
?
La Convention prévoit deux cas dans lesquels l’Autorité centrale peut refuser
d’exécuter la demande : le refus provisoire lorsque l’Autorité centrale estime que la
demande ne satisfait pas aux conditions formelles et matérielles posées par la
Convention (art. 4) ; le refus définitif lorsque l’Autorité centrale considère que
l’exécution de la notification aurait pour effet de porter atteinte à la souveraineté ou à
la sécurité de l’Etat requis (art. 13). Pour plus de détails, voir les paragraphes 171 et s.
Les Etats parties ne doivent pas facturer les services qu’ils rendent en vertu de la
Convention (art. 12(1)). Aussi les services rendus par l’Autorité centrale ne peuvent-ils
donner lieu à aucun paiement ou remboursement de frais. Néanmoins, l’article 12(2)
prévoit que le requérant est tenu de payer ou rembourser les frais occasionnés par
l’intervention d’un officier ministériel ou d’une autre personne compétente ou par
l’emploi d’une forme spéciale. Une Autorité centrale peut exiger que ces frais soient
payés d’avance. Il est donc conseillé de contacter l’Autorité centrale préalablement à
l’envoi de la demande de notification afin d’éviter tout retard inutile dans l’exécution de
la demande lié au défaut de paiement accompagnant celle-ci. Pour plus de détails, voir
les paragraphes 150 et s.
FOIRE AUX QUESTIONS (FAQ) 28
23. La formule modèle annexée à la Convention doit-elle aussi être utilisée pour les
voies de transmission alternatives ?
effectuées par le biais des voies alternatives prévues par la Convention. En outre, la
pratique consistant, dans certains Etats, à renvoyer l’Attestation au requérant même
lorsque la transmission a été effectuée par le biais d’une voie alternative en vertu des
articles 10(b) et (c), doit être approuvée.
24. Les actes à notifier doivent-ils être traduits dans la langue de l’Etat de
destination ?
26. Est-il possible d’envoyer les actes à notifier directement au destinataire par voie
postale ?
En vertu de l’article 10(a), la notification des actes judiciaires peut être effectuée
en envoyant les actes directement au destinataire à l’étranger, lorsque les deux
conditions suivantes sont réunies :
1)les conditions prévues par la loi de l’Etat d’origine (lex fori) pour que la
notification par voie postale soit valable, sont satisfaites, et
2)l’Etat de destination ne s’est pas opposé à l’utilisation de cette voie de
transmission (les déclarations d’opposition faites par les Etats parties peuvent être
consultées sur le site Internet de la HCCH à l’adresse < www.hcch.net >).
FOIRE AUX QUESTIONS (FAQ) 30
Il ne fait aucun doute que la référence à la voie postale comprend les envois de
lettres par poste, les envois recommandés et les envois avec avis de réception (sur
l’utilisation du courrier électronique, voir les para. 259 et s.).
Pour une analyse plus détaillée de la notification par voie postale, voir les
paragraphes 195 et s. ; pour une analyse complète du terme « send » dans la version
anglaise de l’article 10(a) plus particulièrement, voir les paragraphes 213 et s.
Il s’agit d’une voie de transmission par laquelle toute personne intéressée à une
instance judiciaire (art. 10(c)) ou tout officier ministériel, fonctionnaire ou autre
personne compétents de l’Etat d’origine (art. 10(b)) peut s’adresser directement à un
officier ministériel, fonctionnaire ou autre personne compétents de l’Etat de destination
pour procéder à la notification des actes. Ce dernier mode permet notamment la
transmission des actes à signifier d’un huissier de justice à un autre huissier de justice.
Un Etat peut cependant s’opposer à l’utilisation de ces voies de transmission (les
déclarations d’opposition faites par les Etats parties peuvent être consultées sur le site
Internet de la HCCH à l’adresse < www.hcch.net >). Pour plus de détails sur cette voie
de transmission, voir les paragraphes 229 et s.
29. Dans quels cas la protection prévue à l’article 15 (sursis à statuer) s’applique-t-
elle ?
L’article 15(1) s’applique dans les cas où un acte introductif d’instance ou un acte
équivalent a dû être transmis à l’étranger aux fins de signification ou notification, en
vertu des dispositions de la Convention, et que le défendeur ne comparaît pas. Pour
davantage de précisions sur le sursis à statuer, voir les paragraphes 275 et s.
En vertu de l’article 15(1), le juge est tenu de surseoir à statuer aussi longtemps
qu’il n’est pas établi que :
1)l’acte a été notifié conformément au droit de l’Etat requis (ou, dans le cas
d’une voie alternative de transmission, l’Etat de destination) ou a été effectivement
remis au défendeur ou à son domicile selon un autre procédé prévu par la Convention,
et
2)dans chacune des ces éventualités, la notification ou la remise a eu lieu en
temps utile pour que le défendeur ait pu se défendre.
Oui, le juge peut statuer par défaut nonobstant le fait que les conditions visées à
la question précédente sont réunies, mais seulement si :
1)l’Etat contractant a fait une déclaration en ce sens (voir le tableau des
déclarations faites en vertu de l’art. 15(2) sur le site Internet de la HCCH à l’adresse <
www.hcch.net >) ;
2)l’acte a été transmis selon un des modes prévus par la Convention ;
3)nonobstant toutes diligences utiles auprès des autorités compétentes de l’Etat
requis (ou, en cas de voie alternative de transmission, l’Etat de destination), aucune
attestation n’a pu être obtenue ; et
FOIRE AUX QUESTIONS (FAQ) 32
4)un délai que le juge appréciera et qui sera d’au moins six mois s’est écoulé
depuis la date d’envoi de l’acte (art. 15(2)).
Ces conditions sont cumulatives.
déclarations faites par chaque Etat sont disponibles sur le site Internet de la HCCH à
l’adresse < www.hcch.net >.
Ces conditions sont cumulatives.
35. La protection du défendeur prévue aux articles 15 et 16 joue-t-elle quelle que soit
la voie de transmission utilisée ?
Ces deux dispositions s’appliquent quelle que soit la voie de transmission, prévue
par la Convention, utilisée (c.-à-d. la voie principale ou une des voies alternatives de
transmission), à l’exception des voies dérogatoires (voir le Schéma explicatif 2, après
la FAQ).
34
SCHÉMAS EXPLICATIFS
ÉTAT REQUÉRANT
FONCTIONNEMENT DE LA VOIE DE TRANSMISSION PRINCIPALE
[para. 82 et s.]
à l’Autorité centrale
Demande de traduction
de l’Etat requis
[para. 82]
Envoi de l’Attestation
qui exécutera la demande de notification ou la fera exécuter soit (art. 5)
[para. 127]
selon les formes prescrites selon la forme particulière par simple remise au
par la législation de demandée par le requérant, pourvu destinataire qui accepte
ÉTAT REQUIS
l’Etat requis pour la que celle-ci ne soit pas incompatible l’acte volontairement
notification des actes avec la loi de l’Etat requis art. 5(2)
art. 5(1)(a) art. 5(1)(b) [para. 134]
[para. 128] [para. 131]
L’Autorité centrale peut demander que l’acte soit rédigé ou traduit dans la
langue ou une des langues officielles de l’Etat requis
art. 5(3)
[para. 136]
Voie diplomatique ou Voie Voie diplomatique Communication directe Communication directe Voie postale Voies
consulaire directe, consulaire indirecte, si des entre officiers ministériels entre une personne art. 10(a) dérogatoires
sans contrainte indirecte circonstances fonctionnaires ou autres intéressée et des [para. 195]
ÉTAT D’ORIGINE
La protection
Ministère de la instaurée par les
Justice (facultatif) articles 15 et 16 ne
s’applique pas à ces
Officier ministériel, deux modes de
Autorité désignée par fonctionnaire, ou autre transmission
l’Etat de destination à personne compétents de
cette fin l’Etat de destination
L’acte a été notifié ou signifié selon les formes prescrites L’acte a effectivement été remis au défendeur ou à sa
par la législation de l’Etat requis (ou, en cas de voie demeure selon un autre procédé prévu
alternative de transmission, l’Etat de destination) par la Convention
et et
l’acte a été transmis selon une des méthodes prévues par la Convention
un délai que le juge appréciera, mais qui sera d’au moins six mois, s’est
écoulé depuis la date d’envoi de l’acte
le défendeur, sans faute de sa part, n’a pas eu connaissance en temps utile dudit
acte pour se défendre, et de la décision en temps utile pour exercer un recours
OBSERVATIONS GÉNÉRALES
ET FONCTIONNEMENT PRATIQUE
DE LA CONVENTION
TABLE DES MATIÈRES 40
(5) Conclusion
e) Voie postale et exigence de traduction ?
D. La notification par le biais d’officiers ministériels, fonctionnaires ou
autres personnes compétents de l’Etat requis
a) La communication directe entre « officiers ministériels, fonc-
tionnaires ou autres personnes compétents » (par ex. entre
huissiers, art. 10(b))
(1) En général
(2) Position du Royaume-Uni (lettre du 11 septembre 1980)
b) La communication directe entre une personne intéressée à
une instance judiciaire et un officier ministériel, fonctionnaire
ou autre personne compétents (par ex. un huissier,
art. 10(c))
c) Exemples de transmissions valables en vertu des
articles 10(b) et 10(c)
d) Exemples de transmissions non valables en vertu des
articles 10(b) et 10(c)
3. Les voies dérogatoires
A. Accords additionnels entre Etats contractants (art. 11)
B. Rapports avec les accords additionnels aux Conventions de 1905
et 1954 (art. 24) et avec d’autres accords (art. 25)
C. Dérogation unilatérale à la Convention (art. 19)
4. L’utilisation des technologies modernes
A. Introduction : la table ronde de Genève de 1999 et la Commission
spéciale de 2003
B. Communication entre autorités de l’Etat requérant et autorités de
l’Etat requis
a) La transmission de la demande de notification
TABLE DES MATIÈRES 45
1. Remarques liminaires
4. Il sied de souligner qu’en vertu de son article 23, la Convention de 1965 préserve
l’article 23 de la Convention de 1905 ainsi que l’article 24 de celle de 1954. Ces
dispositions concernent l’assistance judiciaire, matière qui n’est pas visée expressément
par la Convention de 1965, mais qui par la suite a fait l’objet d’une autre Convention, à
savoir la Convention du 25 octobre 1980 tendant à faciliter l’accès international à la
justice (Convention Accès à la justice). Cette dernière Convention remplace, dans les
rapports entre les Etats qui l’ont ratifiée ou y ont adhéré (voir les observations à la note
de bas de page 6) et qui sont parties à l’une et / ou l’autre des Conventions de 1905 et
1954, les articles 17 à 24 de la Convention de 1905, et les articles 17 à 26 de la
Convention de 19548. Il s’ensuit qu’en matière d’assistance judiciaire, dans les rapports
entre Etats parties à l’une ou l’autre des Conventions de 1905 ou de 1954, ces derniers
instruments s’appliquent, à moins que les deux Etats en question ne soient parties à la
Convention de 1980.
5. Enfin, notons encore que si des accords additionnels aux Conventions de 1905 et
de 1954 ont été conclus par des Etats qui sont aussi parties à la Convention Notification,
ces accords doivent être considérés applicables à la Convention de 1965, à moins que
les Etats n’en conviennent autrement (art. 24 de la Convention Notification ; voir les
para. 238 et s.).
7. La plupart des Etats parties aux Conventions de 1905 et 1954 ont ratifié la Convention de
1965 ou y ont adhéré. En ce qui concerne les Etats parties à la Convention de 1905, seule
l’Islande n’a adhéré ni à la Convention de 1954 ni à la Convention de 1965 ; la Convention
de 1905 s’applique donc encore aux rapports entre l’Islande et les autres Etats parties à
cet instrument. En ce qui concerne les Etats parties à la Convention de 1954, le nombre
d’entre eux n’ayant pas ratifié ou adhéré à la Convention de 1965 est un peu plus élevé.
Ainsi, la Convention de 1954 déploie encore ses effets dans les rapports entre l’Arménie,
l’Autriche, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, l’Ex-République yougoslave de Macédoine, le
Kirghizistan, le Liban, le Maroc, l’Ouzbékistan, la République de Moldova, le Saint-siège, la
Serbie et Monténégro et le Suriname, ainsi qu’entre les Etats susmentionnés et les autres
Etats qui, bien que devenus parties à la Convention de 1965, sont encore parties à la
Convention de 1954 (par ex. la Fédération de Russie, la Suisse ou la Région administrative
spéciale de Macao (Chine)). Pour plus de détails et une mise à jour régulière de l’état des
Conventions de 1905, 1954 et 1965, voir le site Internet de la HCCH.
8. Art. 22 de la Convention Accès à la justice. Pour plus de détails et une mise à jour
régulière de l’état de cette Convention, voir le site Internet de la HCCH.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 50
l’art. 684 du NCPC) ou en affichant un avis dans les locaux du tribunal saisi (comme
c’est le cas en Italie, voir l’art. 142(1) du CPC)11. Même si la notification au parquet est
suivie d’une transmission de l’acte (ou, selon le système, d’une copie de l’acte) au
destinataire à l’étranger, il n’en demeure pas moins que la notification est valablement
complétée avec le dépôt de l’acte dans l’Etat du for – ainsi, au moment de la notification
au parquet, le destinataire ne peut pas prendre connaissance de l’acte en question. Il
n’est donc guère étonnant que la notification au parquet et, plus particulièrement, les
effets néfastes qui peuvent en découler pour un défendeur à l’étranger, aient occupé
une place importante lors des négociations de la Convention Notification. Cela étant dit,
la Convention n’a pas pour but de modifier les règles matérielles relatives à la
notification applicables dans les Etats parties12; elle ne fait pas non plus courir les délais
prévus par les droits de procédure nationaux13. L’objectif principal de la Convention
est d’établir un système de transmission des actes aux fins de signification ou
notification à l’étranger14. La Convention ne supprime donc pas la notification au
11. Voir, entre autres, Rapport explicatif, op. cit. (note de bas de page 9), p. 364-365 ;
T. Bischof, Die Zustellung im internationalen Rechtsverkehr in Zivil- und Handelssachen,
Zürich, Schulthess, 1997, p. 89 et s. avec de nombreuses autres références ;
O. Capatina, « L’entraide judiciaire », RCADI 1983, I (Tome 179 de la collection), p. 331-
332 ; H. Schack, « Einheitliche und zwingende Regeln der internationalen Zustellung », in
R. Schütze, éd., Einheit und Vielfalt des Rechts, Festschrift für Reinhold Geimer zum
65. Geburtstag, Munich, 2002, p. 932.
12. Dans ce sens, Rb Rotterdam (Pays-Bas), 25 mars 1992, NJ 1993, p. 44, Sturge et al. c.
Naatra Rotterdam BV ; pour la France, Cass. Ch. Civ. 1, 9 novembre 1993, Arrêt
No 1388, Milleman c. U Lee Johnson INC, qui rappelle cependant à juste titre les règles
procédurales de l’art. 15 de la Convention ; pour le Luxembourg, voir Schimpf c. Helaba
Luxembourg, Landesbank Hessen-Thueringen, International, CA du Luxembourg, 21
février 2001, No 24191. Voir aussi H. Schack, « Transnational Service of Process: A Call
for Uniform and Mandatory Rules », Rev. dr. Unif. 2001, vol. 4, N° 6, p. 827 et s.
13. Rapport explicatif, op. cit. (note de bas de page 9), p. 365 ; G.A.L. Droz, Compétence
judiciaire et effets des jugements dans le Marché Commun (Etude de la Convention de
Bruxelles du 27 septembre 1968), Paris, Librairie Dalloz, 1972, Nos 275-277 ; Cour
Supérieure de Justice de Luxembourg, 21 janvier 1981 ; Cour de cassation française,
16 décembre 1980, Rev. crit. d.i.p. 1981, p. 708, note G.A.L. Droz. Voir aussi le
para. 155.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 53
parquet (d’ailleurs, si tel était le cas, les art. 15 et 16 n’auraient pas été nécessaires),
mais vise à protéger un défendeur des effets potentiellement néfastes d’un tel système.
9. Or il va de soi que la protection offerte par les articles 15 et 16 ne peut opérer que
si la Convention est applicable, ce qui n’est le cas que lorsqu’un acte doit être transmis
à l’étranger pour y être signifié ou notifié (voir l’art. 1 et les para. 24 et s.). Aussi les
objectifs de la Convention ne peuvent-ils être pleinement satisfaits que si la loi du for
exige elle-même que l’acte soit transmis à l’étranger aux fins de signification ou
notification. Les récents développements observés en France illustrent parfaitement ce
constat. En effet, par un important décret du 28 décembre 200515, le régime français
de la signification et de la notification à l’égard d’un destinataire à l’étranger a été
considérablement modifié. L’une des principales modifications apportées par ce décret
est la suppression de la notification au parquet en rapport avec tout autre Etat partie à
la Convention Notification. En vertu de ce nouveau régime, les actes sont désormais
directement transmis par les autorités compétentes (soit les huissiers de justice, soit les
greffes de la juridiction concernée, selon les cas) à l’étranger, et ce, conformément aux
voies de transmission prévues par la Convention, y compris les éventuelles déclarations
faites par l’Etat requis ou de destination. Ainsi, dans tous les cas, la notification ou la
signification doit avoir lieu internationalement, soit dans l’Etat requis ou de destination,
et non plus, fictivement, au parquet, en France16. Quarante ans après l’adoption de la
Convention, ces nouveaux développements prennent pleinement compte des objectifs
14. Cependant, deux voies de transmission prévues par la Convention peuvent, le cas
échéant, inclure la notification des actes au destinataire final : les voies diplomatique et
consulaire directes (voir le para. 189) et la voie postale (voir les para. 195 et s.). Pour
toutes les autres voies de transmission prévues par la Convention, une étape
supplémentaire, non régie par la Convention, est nécessaire pour notifier l’acte au
destinataire final (cette étape implique généralement l’Autorité centrale de l’Etat requis ou
un officier judiciaire, fonctionnaire ou autre personne compétents de l’Etat de
destination).
15. Décret No 2005-1678 du 28 décembre 2005 relatif à la procédure civile, à certaines
procédures d’exécution et à la procédure de changement de nom, JORF du 29 décembre
2005, p. 67 et s. Date d’entrée en vigueur du décret : le 1er mars 2006.
16. Voir la Circulaire du Ministère de la Justice relative aux notifications internationales des
actes judiciaires et extrajudiciaires en matière civile et commerciale disponible à l'adresse
Internet suivante < http://www.justice.gouv.fr/applications/int/pays/ >.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 54
visés par la Convention (y compris les art. 15 et 16) et constituent donc un progrès
indéniable et considérable17.
10. Compte tenu de l’exigence d’une transmission de l’acte à l’étranger aux fins de
signification ou notification et du respect des voies prévues par la Convention, il paraît
toutefois surprenant que le nouveau régime français ait maintenu l’exigence d’une
formalité additionnelle appliquée sous l’ancien régime. En vertu de cette formalité,
l’huissier de justice ou le greffe en question doit envoyer au destinataire à l’étranger, le
même jour (ou, au plus tard, le premier jour ouvrable suivant) et par courrier
recommandé avec accusé de réception, une copie authentifiée de l’acte à notifier
(art. 686 du NCPC). Si, cette formalité permettait d’atténuer les effets néfastes d’une
notification au parquet sous l’ancien régime, elle n’a guère de justification dans le cadre
du nouveau système. En effet, compte tenue du fait que la notification au parquet a été
supprimée en rapport avec tout autre Etat partie à la Convention, que la transmission
de l’acte doit se faire selon une des voies prévues par la Convention et que les autorités
de l’Etat requis ou de destination procèdent à la notification en vertu de leurs propres
lois internes, cet envoi effectué par l’huissier de justice ou le greffe français n’a plus
vraiment de raison d’être. En outre, la nature de cette formalité soulève des
interrogations. Le NCPC prévoit en effet que l’exigence de l’envoi de la copie par voie
postale à l’étranger est prescrite sous peine de nullité de la notification18; or, dans le
nouveau régime, la notification est effectuée à l’étranger et selon les modalités établies
par la loi étrangère. La loi française semble par conséquent imposer une condition de
validité à une notification effectuée en vertu d’une loi étrangère. Quoi qu’il en soit, le
droit français considère que cette formalité n’est destinée qu’à informer le destinataire
de la mise en œuvre du processus de notification et qu’elle n’est en aucun cas
assimilable à une notification par voie postale directe. En d’autres termes, en vertu du
droit français, l’envoi de la copie de l’acte par voie postale peut se faire nonobstant une
éventuelle opposition de l’Etat de destination à l’utilisation de la voie postale sur son
territoire19.
11. La même conclusion s’applique dans le cadre d’une notification à un Secrétaire
d’Etat ou à un autre représentant aux fins de notification (agent for service),
une méthode fréquemment utilisée aux Etats-Unis : si, en vertu de la loi du for, il n’y
a pas lieu de transmettre un acte judiciaire ou extrajudiciaire aux fins de notification à
l’étranger, la Convention ne s’applique pas ; en revanche, si la notification au Secrétaire
d’Etat ou à un autre représentant aux fins de notification n’est complète et parfaite
qu’avec la transmission d’un acte (ou d’une copie de celui-ci) au destinataire à
l’étranger, alors, la Convention s’applique20.
12. Enfin, les deux premiers objectifs énumérés ci-dessus sont expressément repris
dans le Préambule de la Convention. Il convient de garder ces objectifs à l’esprit lors de
l’interprétation des dispositions de celle-ci21.
19. Voir la Circulaire citée supra à la note de bas de page 16. C’est aussi pourquoi l’art. 686
du NCPC précise que la copie de l’acte doit indiquer de manière très apparente qu’elle en
constitue une simple copie afin de distinguer l’envoi de la copie de la transmission de
l’acte à notifier lui-même.
20. Pour une discussion détaillée des décisions rendues par les tribunaux des Etats-Unis sur la
Convention, voir les para. 28 et s. (sur la célèbre décision Schlunk), le para. 38 et le
para. 39 qui souligne une différence majeure entre la notification au parquet et la
notification à un représentant ; la notification à un représentant n’est, en effet, admissible
que si un lien suffisamment étroit entre le représentant et le destinataire étranger de
l’acte est établi.
21. Art. 31 de la Convention de Vienne sur le droit des traités du 23 mai 1969, qui reprend un
principe du droit international public coutumier, voir notamment M.N. Shaw, International
Law, 4e éd., Cambridge, Cambridge University Press, 1997, p. 655-656.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 56
de La Haye22. Pour un Etat adhérent, la Convention n’entre en vigueur que si aucun Etat
ayant ratifié la Convention auparavant ne s’oppose à l’adhésion23. Ce « droit de veto »
doit être manifesté dans un délai de six mois. Il est à souligner que ce droit n’a jamais
été utilisé en pratique.
14. Il ne fait aucun doute que ce caractère « ouvert » de la Convention a grandement
contribué à son rayonnement mondial, puisqu’à cette date plus de la moitié des Etats
parties à la Convention y ont adhéré. Parmi ces Etats figurent notamment le Canada, la
Chine, la Corée, le Koweït, la Fédération de Russie, plusieurs Etats de l’Europe de l’Est
ou encore le Mexique et le Venezuela. Ainsi, le nombre de cultures juridiques et de
parties géographiques du globe différentes, représentées par les Etats parties, est
beaucoup plus élevé dans le cadre de la Convention de 1965 qu’il ne l’était pour les
Conventions de 1905 et de 1954.
22. Les Etats suivants étaient représentés lors de la Dixième session de la Conférence de
La Haye : l’Autriche, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, les Etats-Unis, la Finlande, la
France, la Grèce, l’Irlande, Israël, l’Italie, le Japon, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-
Bas, le Portugal, la République Arabe Unie, la République fédérale d’Allemagne, le
Royaume-Uni, la Suède, la Suisse, la Turquie et la Yougoslavie, voir « Sessions
diplomatiques de la Conférence de La Haye de droit international privé, 1893-1993 », in
Actes et documents de la Dix-septième session (10 au 29 mai 1993), Tome I, Deuxième
partie, Centenaire, La Haye, Editions SDU, 1995, p. 68.
23. Art. 28(2) - en d’autres termes, il suffit d’un seul veto pour empêcher l’entrée en vigueur
de la Convention pour l’Etat qui désirait y adhérer.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 57
32. Voir In re Schwinn Bicycle Co., 190 B.R. 599 (Bankr. N.D. Ill. 1995). Sur le statut de
Taiwan, voir la résolution 2758 (XXVIème session) adoptée par l’Assemblée générale des
Nations Unies, le 25 octobre 1971, et disponible à l’adresse Internet suivante : < http:/
/www.un.org/french/documents/ga/res/26/fres26.htm >.
33. Les déclarations concernées sont disponibles sur le site Internet de la HCCH. Sur
l’application de la Convention dans la Région administrative spéciale de Hong Kong
(Chine), voir Zhang Xian Chu., « The Extraterritorial Service of Judicial Documents from
Hong Kong », Hong Kong L.J. 1998, vol. 28, p. 356.
34. Rb ‘s Gravenhage, 22 décembre 1993, NIPR 1995, p. 418, Owel c. Staat der Nederlanden.
En 1983, la partie de Chypre détenue par les turques s’est auto proclamée « République
turque de Chypre du Nord » mais celle-ci n’est reconnue que par la seule Turquie. Le
dernier cycle de pourparlers de deux ans, dirigé par les Nations Unies – entre les
dirigeants des communautés chypriotes grecques et chypriotes turques, en vue de
parvenir à un accord en faveur de la réunification de l’île divisée – ont pris fin lorsque les
chypriotes grecques ont rejeté le plan de règlement des Nations Unies lors du référendum
d’avril 2004.
35. Dreyfus c. Tusculum, CA Québec, 15 juin 1998, No 500-09-005600-978, Lebel, Robert &
Zerbisias JJ., p. 28 ; REJB 1998-06805 (C.A.) ; A.C.W.S. 1999, 3d, p. 244. Demande
d’autorisation d’appel à la Cour suprême rejetée, NE°26843, 18 mars 1999.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 60
198536, avant même que le Canada ne ratifie la Convention le 1er mai 1989, mais,
comme le souligne la Cour d’appel du Québec, le législateur québécois n’a pas introduit
« […] pour autant, les règles relatives aux différents modes de signification que contient
[la Convention de 1965] »37. En d’autres termes, la Convention n’est, présentement,
pas pleinement opérationnelle au Québec. La situation est, cependant, en voie d’être
modifiée puisque le Code de procédure civile du Québec est en cours de révision et que
le Comité sur la réforme du Code recommande explicitement d’insérer des dispositions
spécifiques dans le nouveau Code afin d’intégrer, au droit positif québécois, les
différents modes de signification prévues dans la Convention 38 . L’on peut donc
39. Voir la Circulaire du Ministère de la Justice français citée supra à la note de bas de
page 16.
40. Le Bailliage de Guernesey comprend, outre Guernesey, un certain nombre d’îles :
Alderney, Herm, Jethou, Lihou, Sark. De plus, comme l’Ile de Brecqhou fait politiquement
partie de Sark, la Convention s’applique aussi à Brecqhou.
41. Le Royaume-Uni avait aussi étendu la Convention à d’autres territoires qui, depuis, ont
obtenu leur indépendance. Certains de ces Etats devenus indépendants ont soit déclaré
qu’ils se considéraient liés par la Convention, soit adhéré à la Convention : Antigua-et-
Barbuda, Saint-Vincent-et-Grenadines et les Seychelles. Aussi, la Convention est-
elle en vigueur dans ces Etats. Les Etats suivants n’ont cependant pas déclaré être liés par
la Convention et n’y ont pas adhéré (dès lors, la Convention n’est pas en vigueur pour ces
Etats) : le Honduras britannique (aujourd’hui Belize), Fidji, les Iles Gilbert et les Iles de la
Ligne (aujourd’hui Kiribati), Saint Christophe et Nevis (aujourd’hui Saint-Kitts-et-
Nevis), Sainte-Lucie, les Iles Salomon britanniques (aujourd’hui Iles Salomon) et les
Iles Ellice (aujourd’hui Tuvalu).
42. Pour plus de détails sur toutes ces extensions, voir le site Internet de la HCCH.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 62
43. Voir T. Bischof, op. cit. (note de bas de page 11), p. 246-247 ; B. Ristau, International
Judicial Assistance (Civil and Commercial), Washington, D.C., International Law Institute,
Georgetown University Law Centre, 2000 Revision, (vol. I, partie IV), p. 154-156.
44. La notification d’une « dagvaarding » (acte introductif d’instance) néerlandaise aux Etats-
Unis d’Amérique doit être faite conformément à la Convention : HR, 3 octobre 1997, NJ
1998, p. 887, VS c. Delsman.
45. Ohntrup c. Kurumu, 1992 U.S. Dist. LEXIS 271 (E.D. Pa. 1992), voir à cet égard B. Ristau,
op. cit. (note de bas de page 43), p. 155-156.
46. Voir notamment T. Bischof, op. cit. (note de bas de page 11), p. 247.
47. O. Capatina, op. cit. (note de bas de page 11), p. 330.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 63
B. « [D]ans tous les cas où un acte […] doit être transmis à l’étranger »
24. En vertu de l’article 1(1), « la Convention est applicable […] dans tous les cas où
un acte […] doit être transmis à l’étranger pour y être signifié ou notifié ». La
Convention ne précise cependant pas dans quels cas il y a lieu de transmettre un acte
à l’étranger. Cette difficulté soulève deux questions distinctes. D’une part, quelle est
la loi qui détermine si un document doit être transmis à l’étranger pour y être notifié :
la Convention elle-même, la loi du for ou toute autre loi ? D’autre part, si, en vertu de
la loi applicable, un acte doit effectivement être transmis à l’étranger pour y être notifié,
les voies de transmission que prévoit la Convention, doivent-elles nécessairement être
appliquées ? Ces deux questions coïncident avec deux étapes différentes qu’il y a lieu
de distinguer en examinant l’applicabilité de la Convention. Aussi, ces deux questions
seront-elles considérées séparément et dans l’ordre chronologique dans lequel elles
surviennent. Mais auparavant, il sied de clarifier la terminologie à utiliser.
a) Terminologie
25. Lorsqu’elle aborde les questions soulevées ci-dessus, la doctrine utilise souvent
une terminologie confuse et incohérente, qui soit ne parvient pas à distinguer
correctement les deux étapes de l’analyse de l’applicabilité de la Convention, soit utilise
des termes différents pour désigner une seule et même étape. Il en résulte très souvent
un manque de clarté quant à la signification d’expressions telles que la Convention est
‘obligatoire’ ou ‘non obligatoire’, ‘exclusive’ ou ‘non exclusive’, ou quant au rapport
entre la Convention et le droit national ou local. Pour éviter davantage de confusion, ce
Manuel suggère d’utiliser la terminologie suivante :
- la question de savoir quelle loi détermine si un acte doit être transmis à
l’étranger aux fins de notification et, plus particulièrement, si cette matière
relève de la Convention elle-même ou du droit du for, revient à déterminer si
la Convention est de caractère obligatoire ou non ;
48. T. Bischof, op. cit. (note de bas de page 11), p. 247, note 45.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 64
- si, en vertu de la loi pertinente, un acte doit être transmis à l’étranger aux
fins de notification, la question de savoir si les voies de transmission que la
Convention prévoit sont les seules voies de transmission disponibles revient
à déterminer si la Convention est de caractère exclusif ou non.
49. HR, 27 juin 1986, NJ 1987, p. 764, RvdW 1986, p. 144, Segers and Rufa BV c. Mabanaft
GmbH.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 65
50. 486 U.S. 694 ; 108 S.Ct. 2104 ; ILM 1988, p. 1093, avec annotations in AJIL 1988,
p. 816 ; IPRax 1989, p. 313 [ci-après dénommée l’affaire ou la décision Schlunk].
51. Ibid., 700 [traduction du Bureau Permanent et nous soulignons].
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 66
l’étranger, mais fixe, au contraire, certaines limites – certes pas clairement définies – à
ce pouvoir.
31. Il est important de préciser que la décision Schlunk n’autorise pas les demandeurs
à avoir recours à une notification selon la loi de l’état comme moyen de circonvenir aux
exigences de la Convention. De plus, elle ne peut être comprise comme établissant un
principe général en vertu duquel une notification à une filiale aux Etats-Unis serait
toujours valable à l’encontre d’une société mère étrangère. Schlunk reconnaît
simplement que « lorsque, selon le droit du for, la filiale locale est réputée être un
représentant [agent] de la société mère, alors la notification à la société mère peut-être
effectuée localement, éliminant ainsi la nécessité de transmettre les actes à l’étranger.
Dans un tel cas, si aucun acte ne doit être transmis à l’étranger, alors la Convention, en
vertu de ses termes exprès, ne s’applique pas. »53
52. Selon la Cour, « [l]orsque la notification à un représentant local (domestic agent) est
valable et parfaite en vertu à la fois de la loi de l’état et de la clause de Due Process, nos
investigations prennent fin et la Convention n’est pas davantage prise en considération.
[…] La seule transmission à laquelle la Convention s’applique est la transmission à
l’étranger lorsqu’elle est exigée en tant qu’étape nécessaire à la notification. En outre,
contrairement à l’argument de VWAG, la clause de Due Process n’exige pas la
transmission officielle à l’étranger des actes chaque fois qu’il y a lieu de notifier une
personne de nationalité étrangère» [traduction du Bureau Permanent] (ibid., 707).
53. U.S. District Court for the Eastern District de l’état de Louisiane dans Blades c. Ill. Cent.
R.R., 2003 U.S. Dist. LEXIS 3823 (E.D. La. 2003) [traduction du Bureau Permanent].
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 67
désignée à cet effet. Car un pareil mode de signification peut ne pas réaliser les
objectifs de la Convention, qui vise à assurer que le défendeur soit informé en temps
utile de la procédure engagée contre lui »54.
33. Certains experts ont exprimé des regrets au sujet du résultat de la décision
Schlunk, à savoir la non application de la Convention. La Commission était néanmoins
d’avis que l’incidence pratique de cette décision sur la jurisprudence ultérieure serait
probablement assez limitée.
54. Conférence de La Haye de droit international privé, « Rapport sur les travaux de la
Commission spéciale d’avril 1989 sur le fonctionnement des Conventions de La Haye du
15 novembre 1965 relative à la signification et la notification à l’étranger des actes
judiciaires et extrajudiciaires en matière civile ou commerciale et du 18 mars 1970 sur
l’obtention des preuves à l’étranger en matière civile ou commerciale », p. 8, (disponible
sur le site Internet de la HCCH ; ce Rapport a également été publié dans ILM 1989,
p. 1561) [ci-après « Rapport de la Commission spéciale de 1989 »].
55. Rapport de la Commission spéciale de 1964, op. cit. (note de bas de page 24), p. 81
[nous soulignons].
56. « Procès-verbal No 3 », Proposition Puhan, in ibid., p. 167 [nous soulignons]. Cette
proposition a été suivie par une intervention dans le même sens de M. Loeff.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 68
36. Le Rapporteur a également souligné une nouvelle fois que « l’on doit laisser à l’Etat
requérant le soin de définir quand l’acte doit être notifié à l’étranger »57.
61. Par ex. Weinstein c. Volkswagen of America, 1989 U.S. Dist. LEXIS 3809 (E.D. N.Y.
1989) ; McClenon c. Nissan Motor Corp., 726 F.Supp. 822, 1989 U.S. Dist. LEXIS 15072
(N.D. Fla. 1989) ; Raffa c. Nissan Motor Co., 141 F.R.D. 45, 1991 U.S. Dist. LEXIS 20273
(E.D. Pa. 1991) ; Borschow Hosp. & Medical Supplies, Inc. c. Burdick-Siemens Corp., 143
F.R.D. 472, 1992 U.S. Dist. LEXIS 15669 (D.P.R. 1992) ; Hunt's Pier Assocs. c. Conklin (In
re Hunt's Pier Assocs.), 156 B.R. 464, 1993 Bankr. LEXIS 989, 27 Fed. R. Serv. 3d
(Callaghan) 165 (Bankr. E.D. Pa. 1993) ; Golub c. Isuzu Motors, 924 F.Supp. 324 (D.
Mass. 1996) ; Bowers c. Wurzburg, 519 S.E.2d. 148 (W. Va. 1999) ; Schiffer c. Mazda
Motor Corp., 192 F.R.D. 335, 2000 U.S. Dist. LEXIS 6020 (N.D. Ga. 2000) ; Broad c.
Mannesmann Anlagenbau, A.G., 141 Wn.2d 670, 10 P.3d 371, 2000 Wash. LEXIS 599
(2000) ; Denlinger c. Chinadotcom Corp., 110 Cal. App. 4th 1396, 2 Cal. Rptr. 3d 530,
2003 Cal. App. LEXIS 1161, 2003 Cal. Daily Op. Service 6738, 2003 D.A.R. 8518 (Cal.
App. 6th Dist. 2003) ; Uppendahl c. Am. Honda Motor Co., 291 F.Supp.2d 531, 2003 U.S.
Dist. LEXIS 20717 (W.D. Ky. 2003) ; Cupp c. Alberto-Culver USA, Inc., 2004 U.S. Dist.
LEXIS 4182 (W.D. Tenn. 2004).
62. Quinn c. Keinicke, 700 A.2d 147 (Del. Super. Ct. 1996), (154).
63. Ibid.
64. Ibid.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 70
65. Randolph c. Hendry, 50 F.Supp.2d 572 (S.D. W. Va. 1999) (575) ; la disposition
concernée est § 56-3-31. Voir aussi Davies c. Jobs and Adverts Online, 94 F.Supp. 719
(E.D. Va. 2000).
66. Paradigm Entertainment c. Video Systems, 2000 U.S. Dist. LEXIS (N.D. Tex.
2000) [traduction du Bureau Permanent]; § 17.044(a)(1) et (b). Voir aussi Kim c. Frank
Mohn A/S, 909 F.Supp. 474, 1995 U.S. Dist. LEXIS 19154 (S.D. Tex. 1995) ; Alternative
Delivery Solutions c. R.R. Donnelley & Sons Co., 2005 U.S. Dist. LEXIS 15949 (W.D. Tex.
2005).
67. Voir aussi Dupont de Nemours c. Rhodia, 197 F.R.D. 112, (123) où la cour indique
qu’« [e]n vertu du § 3104(d) du ‘long arm statute’ (loi attributive de compétence
étendue) du Delaware, la notification est parfaite seulement si le demandeur envoie ‘par
courrier recommandé au défendeur non-résident […] un avis consistant en une copie de la
procédure et de la plainte notifiées auprès du Secrétaire d’Etat […]’ ». La cour en conclut
que la disposition exige nécessairement une transmission à l’étranger et implique donc la
Convention. De même dans Hayes c. Cucuz, 271 F.Supp.2d 1007 (E.D. Mich. 2003)
(1009), la cour a jugé que les demandeurs n’avaient pas valablement notifié les actes au
défendeur allemand « lorsqu’ils avaient notifié un représentant de société résidant au
Delaware ; le droit du Delaware régissant la notification exige aussi l’envoi au défendeur
d’une copie des actes notifiés, ce qui nécessite de satisfaire à la Convention [de
La Haye] ; or [les demandeurs] n’avaient pas agi en ce sens ».
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 71
68. Voir par ex. Kawasaki c. Guam, 1990 WL 320758 (D. Guam 1990); Apollo Technologies
Corp. c. Centrosphere Industrial Corp., 805 F.Supp. 1157, 1992 U.S. Dist. LEXIS 16291
(D. N.J. 1992), (1189) ; Daewoo Motor Am., Inc. c. Dongbu Fire Ins. Co., 289 F.Supp.2d
1127, 2001 U.S. Dist. LEXIS 25600 (C.D. Cal. 2001) ; Eto c. Muranaka, 57 P.3d 413
(Haw. 2002).
69. L’art. 4(h)(1) des FRCP autorise la notification à une société étrangère lorsque la
notification peut être effectuée aux Etats-Unis auprès d’un « employé, gérant ou directeur
[de cette société] ou […] tout autre agent habilité, en vertu d’une désignation ou de la loi,
à recevoir des notifications d’actes ». Cela signifie qu’une société étrangère peut-être
amenée à être notifiée aux Etats-Unis, à la condition que la notification puisse être
effectuée auprès d’un employé ou dirigeant de cette société, situé aux Etats-Unis. Si
aucune autre transmission subséquente n’est exigée, la Convention ne s’applique pas.
70. Sur la notification au parquet, voir les para. 8-10.
71. Chung c. Tarom, S.A., et al., 990 F.Supp. 581 (N.D. Ill. 1998).
72. 990 F.Supp. 584, n. 2 [traduction du Bureau Permanent]. La même conclusion a été
adoptée, par ex. dans Melia c. Les Grands Chais de France, 135 F.R.D. 28 (D.R.I. 1991) ;
Sheets c. Yamaha Motor Corporation, 891 F.2d 533 (5th Cir. 1990) ; dans le même sens,
Rhodes c. J.P. Sauer & Sohn, Inc., 2000 U.S. Dist. LEXIS 7311 (W.D. La 2000).
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 72
son alter ego aux fins de notification. Rappelant la règle générale, selon laquelle la seule
existence d’une relation mère-filiale est insuffisante à établir le lien étroit nécessaire
pour que la filiale puisse être considérée comme la représentante de la société mère aux
fins de la notification, le Tribunal détermina finalement que la société mère française
exerçait un contrôle insuffisant pour permettre de considérer la filiale comme sa
représentante ou son alter ego. Le Tribunal conclut que la Convention Notification
devait être appliquée73. Dans d’autres cas, en revanche, les tribunaux de diverses
juridictions des Etats-Unis ont considéré qu’il y avait bien un lien de « représentante »
ou d’ « alter ego » entre une société mère étrangère et sa filiale basée aux Etats-Unis,
de manière à permettre à la filiale aux Etats-Unis de se voir notifier un acte pour le
compte de sa société mère étrangère74. De même, des tribunaux américains ont aussi
estimé que dans certaines circonstances, des sociétés mères américaines pouvaient se
voir notifier des actes pour le compte de leurs filiales étrangères75.
73. 990 F.Supp. (584-587). Voir aussi McClenon c. Nissan Motor Corp., 726 F.Supp. 822,
1989 U.S. Dist. LEXIS 15072 (N.D. Fla. 1989); Fleming c. Yamaha Motor Co., 774 F.Supp.
992 (W.D. Va. 1991), considérant que la notification d’actes à une filiale locale était
inappropriée en l’absence de preuves suffisantes démontrant que la société mère et la
filiale n’avaient pas maintenu des identités sociétaires distinctes ; Blades c. Ill. Cent. R.R.,
2003 U.S. Dist. LEXIS 3823 (E.D. La. 2003), statuant que les demandeurs n’avaient pas
apporté de preuve suggérant que la société mère et sa filiale « avaient fait quoi que ce
soit qui les aurait privé de leur distinction juridique qui leur est, par ailleurs, conférée ».
Voir aussi International Cultural Property Society c. Walter de Gruyter & Co., 2000 U.S.
Dist. LEXIS 9447 (S.D. N.Y. 2000), posant les conditions dans lesquelles une succursale
(branch office) peut être considérée comme la représentante aux fins de notification
d’une société étrangère. Dans cette dernière affaire, la cour jugea que le demandeur
n’avait pas satisfait à la charge qui lui incombait d’alléguer suffisamment de faits
permettant d’établir un commencement de preuve à l’effet que la succursale new-yorkaise
du défendeur était la représentante générale à New York de la société mère étrangère ou
était contrôlée à un point tel par la société mère étrangère qu’elle n’en constituait qu’un
« simple département » (mere department). Par conséquent, la notification auprès de la
succursale new-yorkaise a été jugée insuffisante pour effectuer une notification à la
société mère en Allemagne. Puisque la notification ne pouvait pas être effectuée, ni être
parfaite en vertu de la loi de l’état, la Cour en conclut qu’une transmission aux fins de
notification à l’étranger était exigée et que la Convention Notification était alors
applicable.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 73
74. Voir par ex. King c. Perry & Sylva Machinery Co., 766 F.Supp. 638, 640 (N.D. Ill. 1991),
estimant que la notification à une société japonaise avait été accomplie par voie de
notification à sa filiale aux Etats-Unis en raison du fait que la filiale américaine était
réputée être la représentante involontaire « involuntary agent » de sa société mère
étrangère ; United States c. International Brotherhood of Teamsters, 945 F.Supp. 609
(S.D. N.Y 1996), reconnaissant les deux théories de la « représentation » et de l’ « alter
ego » relatives à la notification, mais refusant d’exercer sa compétence au motif que le
demandeur n’avait pas présenté de preuves suffisantes à l’appui de l’une de ces théories.
Voir aussi, New York Marine Managers Inc. c. Ektrans International Transport & Trade,
716 F.Supp. 783 (S.D. N.Y. 1989) ; Doty c. Magnum Research Inc., 994 F.Supp. 894
(N.D. Ohio 1997); Sankaran c. Club Med, Inc., 1998 U.S. Dist. LEXIS 11750 (S.D. N.Y.
1998).
75. Voir par ex. Acapalon Corp. c. Ralston Purina Co., 1991 Mo. App. LEXIS 1322 (Mo. Ct.
App. 1991).
76. Cette déclaration a la teneur suivante: « La Suisse estime que la Convention s’applique de
manière exclusive entre les Etats contractants. Elle considère en particulier que des actes
dont le destinataire effectif est domicilié à l’étranger ne sauraient êtres notifiés ou
signifiés à une entité juridique non autorisée à les recevoir dans le pays où ils ont été
dressés sans déroger notamment aux art. 1 et 15 alinéa 1, lettre b ». La signification et la
portée juridique de cette « réserve » ont été mises en doute par la doctrine suisse, voir
notamment T. Bischof, op. cit. (note de bas de page 11), p. 191 et s.
77. « Brief for the United States as Amicus Curiae supporting respondent », Addenda A-D, in
Schlunk, op. cit. (note de bas de page 50), in 108 S.Ct. 2104. Le Royaume-Uni, la France
et le Japon étaient intervenus de façon similaire auprès de la Cour suprême des Etats-
Unis.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 74
déclaré que la Convention s’applique seulement lorsque le droit national exige une
notification à l’étranger (caractère non obligatoire de la Convention)79.
41. Ce bref aperçu de la pratique des Etats parties semble confirmer, à quelques
exceptions près, le caractère non obligatoire de la Convention. Cette approche avait
expressément été admise par la Commission spéciale de 1989 et a été confirmée par la
Commission spéciale de 2003 80 . Rien n’indique que la Convention ait moins été
appliquée à la suite des décisions Schlunk et Mabanaft. Concernant les Etats-Unis plus
particulièrement, il semble que, tout en suivant l’approche adoptée dans la décision
Schlunk, la plupart des décisions relatées aient conduit à l’application de la Convention.
(5) Exigence d’une procédure légale régulière (due process) – validité d’une
clause de notification excluant l’application de la Convention ?
42. Afin d’évaluer la validité d’une notification, les tribunaux américains examinent
aussi si cette notification a été effectuée conformément au « due process », c’est-à-dire
si elle a été effectuée de manière « à informer, dans un temps raisonnable au vu de
78. Drucksache des Bundestags No 8/217 du 22 mars 1977, p. 41. Cet avis semble partagé
par G. Geimer, Neuordnung des internationalen Zustellungsrechts, Vorschläge für eine
neue Zustellungskonvention, Berlin, Duncker und Humblot, 1999, p. 180. Dans le sens du
caractère non obligatoire de la Convention, voir aussi H. Schack, op cit. (note de bas de
page 12), p. 827.
79. BVerfG, 7 décembre 1994, NJW 1995, p. 649 ; RIW 1995, p. 320 (note Morisse, p. 370) ;
IPRax 1996, p. 112 (note Tomuschat, p. 83) ; EuZW 1995, p. 218 (note Kronke, p. 221) ;
JZ 1995, p. 716 (note Stadler, p. 218) ; EWiR 1995, p. 161 (note G. Geimer) ; IPRspr.
1994, No 160b. Voir aussi OLG Munich, 30 décembre 1986, affaire numéro 7 W 3138/86,
NJW 1987, p. 3086
80. « Conclusions et Recommandations adoptées par la Commission spéciale sur le
fonctionnement pratique des Conventions Apostille, Obtention des preuves et Notification
(28 octobre au 4 novembre 2003) », extraits dans l’Annexe 6 (le texte complet est
disponible sur le site Internet de la HCCH), [ci-après « Conclusions et Recommandations
de la Commission spéciale de 2003 »], No 73. En particulier : « Rappelant les conclusions
et recommandations de 1989, la CS confirme l’opinion prédominante selon laquelle la
Convention a un caractère non obligatoire […] ». La Commission spéciale de 2003 a aussi
souligné l’importance fondamentale de l’art. 15 dont l’objectif est d’assurer que le
défendeur est effectivement informé en temps utile pour organiser sa défense (No 74).
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 75
toutes les circonstances du cas d’espèce, les parties intéressées à l’action et de leur
permettre de présenter leurs objections »81. C’est à la lumière des critères posés par le
droit de l’état ainsi que par la condition d’une procédure légale régulière (due process)
que la District Court de l’état de Pennsylvanie a examiné la validité d’une clause de
notification incluse dans un contrat de cautionnement, en vertu de laquelle la
notification adressée à deux garants en Allemagne est valablement effectuée à une
adresse en Pennsylvanie, même si aucun avis de cette notification ne parvient ensuite
aux garants 8 2 . La District Court jugea que les garants allemands avaient
contractuellement désigné un représentant local aux fins de notification. Le Tribunal
conclut que « puisque la notification à l’adresse d’Indianapolis telle que prévue par
l’accord de garantie est acceptable en vertu de la loi de Pennsylvanie et compatible avec
la clause de Due Process, la Convention Notification de La Haye n’est pas concernée »
[traduction du Bureau Permanent]83.
43. Alors que la décision ci-dessus doit être interprétée à la lumière de la décision
Schlunk, elle pose aussi indirectement la question de savoir si les parties à un contrat
peuvent convenir d’exclure l’application de la Convention et d’établir leur propre régime
de notification. Dans des systèmes de droit civil, une telle approche paraîtrait très
81. Ce critère a été formulé dans l’arrêt de principe de la Cour suprême des Etats-Unis,
Mullane c. Central Hanover Bank & Trust Co, 339 U.S. 306, 70 S.Ct. 652 (1950)
[traduction du Bureau Permanent].
82. Pittsburgh National Bank c. Kassir, 153 F.R.D. 580 (W.D. Pa 1994). Les garants allemands
ont convenu de la clause suivante : « Toute action juridique ou procédure relative à cet
Accord de Garantie à l’encontre du Garant peut être portée, au choix de la Banque, devant
une Cour fédérale ou un tribunal d’état dans ou de l’état de Pennsylvanie et par exécution
et remise de cet Accord de Garantie, le Garant soussigné accepte, pour lui-même et à
l’égard de ses biens, de façon générale et inconditionnelle, la compétence non exclusive
des cours susmentionnées ; et il autorise, par la présente, la notification de toute action
juridique ou procédure entreprise devant de tels tribunaux relative à cet engagement à
[l’adresse suivante], et accepte que si un tel représentant aux fins de notification
(« process agent ») échoue dans sa mission de porter à la connaissance du Garant une
telle notification de procédure, cet échec ne puisse compromettre ou affecter la validité
d’une telle notification ou de tout jugement rendu sur la base de cette notification. »
[Traduction du Bureau Permanent].
83. 153 F.R.D. 583.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 76
surprenante, puisque les règles de procédure (telles que celles sur la notification) ne
sont pas à la disposition des parties à un contrat ; cela est d’autant plus vrai dans les
systèmes de droit où la notification est considérée comme un acte de souveraineté. En
d’autres termes, si la loi du for prescrit une notification à l’étranger – et déclenche ainsi
l’applicabilité de la Convention – les parties ne peuvent pas en décider autrement. Lors
de la Commission spéciale de 2003, plusieurs experts ont confirmé que de tels
arrangements ne seraient pas permis dans leur Etat ; d’autres ont cependant indiqué
que l’exécution d’un jugement rendu à la suite d’une notification effectuée selon ces
arrangements ne serait pas pour autant nécessairement refusée84.
Convention « ne réduit pas la transmission des actes de procédure aux seuls modes qui
y sont expressément décrits ». La Convention ne ferait qu’identifier des circuits formels
de communication « sans pour autant limiter la liberté des individus de signifier
individuellement des procédures judiciaires »89.
86. Cela est particulièrement vrai aux Etats-Unis, où la question a été examinée au regard de
la clause de suprématie de l’art. VI de la Constitution américaine : dans l’affaire Kadota c.
Hosogai (608 P.2d. 68, Ariz. Ct. App. 1980), une Cour d’appel de l’Arizona a jugé qu’en
vertu de la clause de suprématie, la Convention prévaut sur les méthodes de notification
prévues par le droit des états et qui dérogent à celle-ci. Dans le célèbre arrêt
Volkswagenwerk Aktiengesellschaft c. Schlunk, op. cit. (note de bas de page 50), la Cour
suprême des Etats-Unis a confirmé que la Convention s’applique de façon exclusive (en
utilisant toutefois le terme « mandatory », plutôt que de parler des « exclusive means for
service ») et donc prévaut sur le droit de procédure fédéral ou des états dans tous les cas
où elle est applicable. Voir encore Vorhees c. Fischer & Krecke, 697 F.2d 574 (4th Cir.
1983) qui précise que la Convention est « self-executing » et donc égale en rang aux
actes du Congrès ; Gebr. Eikhoff Maschinenfabrik c. Starcher, 328 S.E.2d. 492 (W. Va.
1985) ; Kreimerman c. Casa Veerkamp, 22 F.3d 634 (5th Cir. 1994).
87. T. Bischof, op. cit. (note de bas de page 11), p. 251, qui parle toutefois du caractère
« obligatoire » de la Convention ; B. Ristau, op. cit. (note de bas de page 43), p. 160.
88. Conclusions et Recommandations de la Commission spéciale de 2003, op. cit. (note de
bas de page 80), No 73.
89. CA Québec, 15 juin 1998, S.A. Louis Dreyfus & Cie c. Holding Tusculum BV, citée
supra (note de bas de page 35). Toutefois, lors des discussions de la Commission spéciale
de 2003, le caractère particulier des circonstances de l’affaire a été souligné ; sur ces
circonstances voir notamment le para. 269.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 78
90. Voir par ex. la décision Schlunk de la Cour suprême des Etats-Unis, op. cit. (note de bas
de page 50), 701.
91. Voir, cependant, l’art. 17 qui traite de la « signification » ou « notification » des actes
extrajudiciaires. Les actes extrajudiciaires ne sont pas directement liés à un litige et ne
portent pas la procédure à la connaissance du défendeur ; mais la loi du for peut exiger
que des actes extrajudiciaires soient remis formellement au destinataire (auquel cas la
Convention peut s’appliquer, voir les para. 65 et s.)
92. Voir par ex. P. Volken, Die internationale Rechtshilfe in Zivilsachen, Zurich 1996, p. 61.
93. Lors des négociations, la proposition d’un délégué allemand d’utiliser seulement le terme
de « signifier » se heurta à l’opposition des délégations espagnole et portugaise. En effet,
ces deux pays ne connaissaient pas la signification. Le compromis proposé par la Belgique
fut de réunir les deux notions (Actes et documents de la Dixième session (1964),
Tome III, Notification, p. 159). Depuis, le Portugal a introduit la notion de signification
dans son droit de procédure.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 79
a) Remarques liminaires
49. La Convention est applicable « en matière civile ou commerciale ». Ces termes, qui
délimitent le champ d’application matériel de la Convention, ne sont pas définis dans la
Convention. Les mêmes termes figurent dans plusieurs autres Conventions de La Haye,
notamment dans les Conventions relatives à la procédure civile de 1905 et de 1954 ainsi
que dans la Convention du 18 mars 1970 sur l’obtention des preuves à l’étranger en
matière civile ou commerciale (ci-après la « Convention Preuves »). Il est intéressant
de noter que ces termes identiques sont interprétés plus strictement dans la pratique
de la Convention Preuves que dans celle relative à la Convention Notification. Cette
différenciation s’explique par le fait que l’exécution d’une commission rogatoire à
l’étranger est souvent plus lourde de conséquences que la notification d’un acte dans un
autre pays. Plus généralement, l’entraide en matière d’obtention des preuves est un
domaine plus sensible parce qu’elle implique une coopération accrue et qu’elle touche
en partie au droit de procédure national96. Une comparaison de la jurisprudence rendue
en application de ces deux Conventions conserve néanmoins tout son intérêt.
50. D’autres instruments internationaux multilatéraux ou bilatéraux font également
référence à la notion de matière civile ou commerciale. On peut ainsi citer la Convention
européenne de sauvegarde des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales du
4 novembre 1950 (CEDH) (qui dans son art. 6(1) parle de « droits et obligations de
caractère civil »), la Convention américaine relative aux Droits de l’Homme du
94. Le droit écossais connaît cependant la distinction entre signification et notification. Pour
plus de détails, voir R.J. Graveson, « The Tenth Session of the Hague Conference on
Private International Law », ICLQ 1965, p. 528.
95. Aussi, sauf indication contraire, dans ce Manuel, le mot « notification » est-il utilisé
dans un sens large qui comprend non seulement la signification mais aussi toutes
les autres formes de notification.
96. Voir T. Bischof, op. cit. (note de bas de page 11), p. 46, et les références indiquées à la
note 104.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 80
22 novembre 1969 (qui dans son art. 8(1) parle de « droits et obligations en matière
civile ») et, dans le domaine plus spécifique du droit international privé, le Règlement
du Conseil européen No 44/2001 du 22 décembre 2000 concernant la compétence
judiciaire et l’exécution des décisions en matière civile et commerciale (qui comme son
prédécesseur, la Convention de Bruxelles de 1968, utilise les termes de « matières
civiles et commerciales ») et le Règlement européen (CE) No 1348/2000 relatif à la
signification et à la notification dans les Etats membres des actes judiciaires et
extrajudiciaires en matière civile et commerciale (qui utilise l’expression « en matière
civile et commerciale » ; sur ce Règlement, voir aussi les para. 297 et s).
L’interprétation que fait la Cour de justice des Communautés européennes de cette
notion sera examinée plus précisément, ultérieurement (voir le para. 61). La notion est
aussi utilisée dans la Convention de La Haye sur les accords d’élection de for97.
les Etats de droit civil, il est coutume d’exclure des matières civiles ou commerciales, le
droit pénal, le droit fiscal et le droit administratif. Enfin, dans le système interpersonnel
égyptien, les matières de statut personnel ne sont pas considérées comme des matières
civiles. De profondes divergences sont également apparues quant à la question de
savoir selon quelle loi le contenu de ces matières devait être déterminé, les uns se
référant au droit de l’Etat requérant (Etat d’origine), les autres au droit de l’Etat requis
(Etat de destination).
52. Les experts ont constaté que, dans la pratique, les Autorités centrales se montrent
d’un très grand libéralisme et sont prêtes, dans l’idée de rendre service au destinataire
des actes, à notifier des actes qu’elles ne seraient pas obligées de notifier en vertu de
la Convention. La plupart des Autorités centrales refusent seulement de notifier, ou faire
notifier un acte, dans les affaires relevant du droit pénal ou fiscal. Forts de cette
constatation et réalisant qu’il ne leur était pas possible de recommander une solution
uniforme acceptable pour tous les Etats, les experts se sont bornés à former le vœu que
la Convention soit appliquée de la manière la plus libérale possible quant à son champ
d’application matériel.
99. HR, 21 février 1986, NJ 1987, p. 149, RvdW 1986, p. 50 ; traduction anglaise dans ILM
1989, p. 1578.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 82
100. House of Lords, 16 février 1989, All E.R. 1989, p. 745, ILM 1989, p. 693.
101. Voir le Rapport de la Commission spéciale de 1989, op. cit. (note de bas de page 54),
para. 7-10.
102. OLG Munich, 9 mai 1989, partiellement publiée dans RIW 1989, p. 483 ; annotation
IPRax 1990, p. 157 (Stürner / Stadler). Une traduction en langue anglaise de la décision
entière par B. Ristau a été publiée dans ILM 1989, p. 1570.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 83
56. A cet égard, il convient de rappeler que l’interprétation « autonome » des traités
est prévue par l’article 31 de la Convention de Vienne sur le droit des traités du 23 mai
1969 et constitue aussi un principe de droit coutumier international. Depuis cette
dernière Commission spéciale, quelques tribunaux se sont prononcés sur cette
question.
d) La pratique actuelle
57. La tendance libérale amorcée par l’Oberlandesgericht de Munich (Allemagne)
en 1989 s’est confirmée. Le même Tribunal a jugé en 1992 qu’une action intentée
devant un tribunal des Etats-Unis ayant pour objet une demande en dommages et
103. Rapport de la Commission spéciale de 1989, op. cit. (note de bas de page 54), p. 27
[nous soulignons].
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 84
104. OLG Munich, 15 juillet 1992, IPRax 1993, p. 309 et les références de doctrine et
jurisprudence citées.
105. OLG Celle, 14 juin 1996, décision reçue de l’Autorité centrale allemande.
106. Dans une affaire qui ne concernait toutefois pas l’application de la Convention, un tribunal
bâlois a qualifié de matière civile un jugement portant condamnation du défendeur à
s’acquitter de dommages et intérêts punitifs, BJM 1991, p. 31.
107. Tribunal cantonal du canton de Fribourg, 10 février 1999, décision reçue de l’Autorité
centrale (voir aussi la note de bas de page 111). Il semble cependant que cette décision
se fonde plus sur la jurisprudence du Tribunal fédéral suisse qui considère que les
procédures de poursuites pour dettes et faillite, qui ont pour base des prétentions civiles,
tombent sous la notion de matière civile ou commerciale, que véritablement sur une
interprétation autonome de la Convention. A noter que le Message du Conseil fédéral
suisse du 8 septembre 1993 concernant la ratification de la Convention Notification
préconise une interprétation autonome de la Convention, conformément à l’art. 31 de la
Convention de Vienne de 1969 sur le droit des traités et à la recommandation de la
Commission spéciale de 1989.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 85
59. La Cour suprême des Pays-Bas (Hoge Raad) est arrivée à la même conclusion
et a jugé que le droit de la faillite relevait du champ d’application matériel de la
Convention. La conclusion de l’avocat général, à laquelle les considérants de cet arrêt
renvoient expressément, s’appuie sur une interprétation autonome de la
Convention108.
60. On peut conclure de ce bref aperçu de la jurisprudence récente que la
recommandation de la Commission spéciale paraît avoir été entendue. Les juges et les
Autorités centrales des Etats parties semblent faire le plus souvent une interprétation
autonome, ou du moins libérale, de la notion de « civile ou commerciale ». Cette
pratique doit certainement être encouragée.
61. On rappellera à cet égard que plusieurs tribunaux supranationaux se sont efforcés
de donner une interprétation « autonome » des traités relevant de leur compétence.
Par exemple, la Cour de justice des Communautés européennes, interprétant
l’expression « matière civile et commerciale » contenue dans la Convention de Bruxelles
(aujourd’hui remplacée par le Règlement du Conseil No 44/2001 du 22 décembre 2000)
s’est prononcée comme suit :
« 1. Pour l’interprétation de la notion de « matière civile et commerciale »
aux fins de l’application de la Convention du 27 septembre 1968
concernant la compétence judiciaire et l’exécution en matière civile et
commerciale, notamment de son titre III, il convient de se référer non
au droit d’un quelconque des Etats concernés, mais, d’une part, aux
objectifs et au système de la convention et, d’autre part, aux principes
généraux qui se dégagent de l’ensemble des systèmes de droit
nationaux.
2. Est exclue du champ d’application de la convention une décision rendue
dans le litige opposant une autorité publique à une personne privée, où
l’autorité publique a agi dans l’exercice de ces fonctions »109.
conditions prévus par la présente Convention ». Il est toutefois à noter que les
dispositions de la Convention ne sont pas toutes applicables par analogie aux actes
extrajudiciaires. Plus importants encore, les articles 15 et 16 de la Convention ne visent
que les procédures judiciaires.
66. Les actes judiciaires au sens de la Convention sont les actes de la juridiction
contentieuse ou gracieuse, ou encore des actes d’exécution forcée111 . Les actes
judiciaires comprennent les actes introductifs d’instance112, la réponse du défendeur,
les décisions et jugements rendus par un membre d’une autorité judiciaire, mais aussi
les convocations des témoins et des experts à l’étranger, ainsi que les demandes de
production de pièces adressées aux parties, même s’il s’agit là d’ordonnances rendues
dans le cadre de la procédure probatoire. Il est parfois difficile de déterminer si une
convocation adressée à un tiers, par exemple un témoin se trouvant à l’étranger, est
soumise à la Convention Notification ou plutôt à la Convention Preuves. En cas de conflit
entre ces deux instruments, la Convention Preuves prévaut, parce qu’elle permet
d’assurer la protection du témoin.
67. Les actes extrajudiciaires se distinguent des actes judiciaires dans la mesure où ils
ne sont pas directement liés à un procès, et des actes purement privés du fait qu’ils
nécessitent l’intervention d’une « autorité ou d’un officier ministériel » selon les termes
de la Convention. Il existe de nombreux types d’actes extrajudiciaires. Sont ainsi des
actes extrajudiciaires au sens de l’article 17, les sommations de payer, les congés
donnés en matière de contrats de bail ou de travail, les protêts établis en matière de
lettre de change et effet de commerce, à la condition qu’ils émanent d’une autorité ou
d’un huissier. Les oppositions à mariage, les consentements à adoption, les
111. Ainsi, dans une décision du 10 février 1999, le Tribunal cantonal de Fribourg (Suisse) a
jugé qu’un acte de poursuite (en l’occurrence la signification d’un avis de saisie à un
débiteur domicilié en France) est considéré comme un acte judiciaire au sens de la
Convention, en tous cas lorsque la poursuite se rapporte à une créance de droit privé
(décision reçue de l’Autorité centrale, voir aussi la note de bas de page 107).
112. Le Oberlandesgericht de Munich (Allemagne) a jugé qu’une « cross-complaint »
américaine, c.-à-d. les conclusions prises par un défendeur contre un co-défendeur, est
assimilable à un acte introductif d’instance et doit donc être notifiée conformément à la
Convention, OLG Munich, 17 novembre 1994, RIW 1995, p. 1026.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 88
113. Conférence de La Haye de droit international privé, « Rapport sur les travaux de la
Commission spéciale sur le fonctionnement de la Convention du 15 novembre 1965
relative à la signification et la notification à l’étranger des actes judiciaires et
extrajudiciaires en matière civile ou commerciale (21 – 25 novembre 1977) », in Actes et
documents de la Quatorzième session (1980), Tome IV, Entraide judiciaire, La Haye,
Imprimerie Nationale, 1983, p. 380 (aussi disponible sur le site de la HCCH), p. 388 [ci-
après « Rapport de la Commission spéciale de 1977 »].
114. T. Bischof, op. cit. (note de bas de page 11), p. 263.
115. Chabert c. Bacquie, 14 mai 1997, 694 So.2d 805 (Fla. Dist. Ct. App. 1997).
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 89
elle encouragé les Autorités centrales à notifier les actes extrajudiciaires n’émanant pas
d’une autorité ou d’un officier ministériel, si ces actes sont d’un type qui, normalement,
devrait requérir l’intervention d’une autorité dans leurs pays.
a) Remarques liminaires
72. Lors des discussions de la Commission spéciale de 1977, il est apparu que la
pratique des Autorités centrales des Etats parties est très libérale lorsque l’adresse
indiquée dans la demande de notification est incomplète, inexacte ou fictive, ou en cas
de changement d’adresse. Dans ces cas, les Autorités centrales s’efforcent
généralement de retrouver l’adresse exacte du destinataire de l’acte avant d’invoquer
l’article 1(2) de la Convention pour refuser d’exécuter ou de faire exécuter la demande.
Sur le plan pratique, la Commission spéciale s’est ralliée à la suggestion de l’Expert du
Royaume-Uni de compléter la formule de demande par une mention additionnelle qui
indiquerait à qui l’Autorité centrale pourrait s’adresser pour obtenir un complément
d’information sur l’adresse du destinataire en cas de difficultés. Il est préférable en effet
de demander une information complémentaire plutôt que de renvoyer le dossier (voir
l’Annexe 3).
73. On a évoqué aussi le problème des notifications d’actes à des militaires
accomplissant leur service à l’étranger et dont l’adresse codée reste secrète. Dans ce
cas, il est suggéré que l’Autorité centrale de l’Etat requis confie l’acte pour notification
soit aux autorités militaires, soit au Consul résidant dans le pays étranger où le militaire
est stationné.
74. Lors de la réunion de la Commission spéciale, les experts ont souligné l’importance
de préciser le plus exactement possible le nom du destinataire, particulièrement lorsque
celui-ci est une personne morale, société, association ou fondation. Toute différence
entre le nom indiqué dans la requête et le nom officiel du destinataire risque de rendre
la notification impossible ou sans effets. Si une différence apparaît dans les noms
figurant dans l’acte à notifier et la demande de notification, il est recommandé de
prendre en considération le nom figurant dans l’acte à notifier.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 90
b) Pratiques nationales
75. Les tribunaux néerlandais se sont prononcés à plusieurs reprises sur la portée
de l’article 1(2) de la Convention. Dans un premier cas116, la Cour suprême (Hoge
Raad) a examiné si une adresse qui se révèle inexacte en appel faisait obstacle à
l’application de la Convention alors que l’intimé avait comparu en première instance
sans se prévaloir d’une quelconque irrégularité concernant son adresse. La Cour
suprême a jugé que lorsqu’une partie a de bonnes raisons de penser que le destinataire
d’un acte a son domicile ou sa résidence habituelle à une certaine adresse à l’étranger,
et que sur cette base, elle procède par la voie prévue par la Convention pour le notifier
à cette adresse, le simple fait que cette adresse s’avère par la suite incorrecte n’a pas
pour conséquence de rendre la Convention inapplicable. Le Hoge Raad tire argument de
l’article 15(2) qui prévoit la faculté pour le juge de statuer en l’absence de toute
attestation de notification au défendeur, pour autant que les conditions posées aux
lettres a) à c) de cette disposition sont remplies. Le Hoge Raad explique que le juge
peut, s’il l’estime approprié, ordonner d’autres mesures destinées à porter un acte à la
connaissance du défendeur avant de prononcer le défaut. Il peut s’agir, par exemple, de
la publication de l’acte dans un journal qui paraît au lieu de la dernière adresse connue
du défendeur.
76. Deux décisions ultérieures ont suivi le raisonnement développé dans ce cas. Le
Tribunal d’arrondissement d’Utrecht a prononcé un jugement par défaut contre un
défendeur, dont l’épouse avait refusé la simple remise de l’acte adressé à son mari à sa
dernière adresse connue en France, et avait indiqué ignorer où il se trouvait, celui-ci
s’étant absenté du domicile familial pour une durée indéterminée117. En l’espèce, le
Tribunal a estimé inutile d’essayer d’avertir le défendeur par d’autres moyens. Dans une
autre affaire, la Cour suprême (Hoge Raad) a confirmé que la Convention restait
applicable lorsque l’adresse du défendeur en Allemagne était connue lors de l’audience
préliminaire, mais qu’ensuite le pourvoi en cassation n’avait pas pu être notifié par
l’Autorité centrale allemande parce que le défendeur était parti sans laisser d’adresse.
Toutefois, avant de prononcer le défaut, le Hoge Raad a imparti un délai à la requérante
116. HR, 2 décembre 1988, NJ 1989, p. 374, RvdW 1988, p. 211, Charly Holding AG c. Giorgio
Gomelsky.
117. Rechtbank Utrecht, 6 décembre 1995, NJ 1996, p. 756, Van Zelm BV c. Martinus Bomas.
BUT ET CHAMP D’APPLICATION DE LA CONVENTION 91
pour faire publier la convocation dans un journal local à la dernière adresse de l’intimé
en Allemagne118.
77. Aux Etats-Unis aussi, la question de l’applicabilité de la Convention dans le cas où
l’adresse du destinataire est inconnue s’est posée. La lo i de procé du re
californienne 119 prévoit que la notification peut se faire par voie de publication dans
un quotidien lorsque l’adresse du destinataire de l’acte demeure inconnue pendant
toute la période de publication de la notification, bien que le demandeur ait déployé tous
les efforts que l’on pouvait attendre de lui (reasonable diligence) pour localiser le
destinataire. Dans ce cas, la Convention n’est pas applicable, puisqu’il n’y a pas lieu de
transmettre un acte à l’étranger (voir les para. 26 et s.). Dans Kott c. Superior Court
of Los Angeles Co.120, un tribunal californien a estimé que le demandeur n’avait pas
fait preuve de la diligence attendue pour trouver l’adresse du défendeur au Canada,
bien qu’il sût que celui-ci était un citoyen canadien. La notification par voie de
publication est donc refusée ; le demandeur doit procéder selon la Convention. En se
fondant sur les considérants développés dans Kott, un second tribunal californien a
conclu que la Convention n’était pas applicable dans un cas où l’adresse du destinataire
de l’acte est restée inconnue pendant toute la période de publication de la
notification121. Ce n’est qu’après l’expiration du délai de publication qu’il est apparu que
le défendeur résidait en Espagne122. Il ressort des deux décisions précitées que la loi
124. Le Bureau Permanent a organisé, en collaboration avec l’Université de Genève, une Table
ronde pour examiner les questions de droit international privé posées par le commerce
électronique et Internet. Cette Table ronde s’est tenue à Genève du 2 au 4 septembre
1999. Le rapport de la Table ronde est intégré au Document préliminaire No 7 d’avril 2000
à l’intention de la Commission spéciale sur les affaires générales et la politique de la
Conférence de mai 2000. Il est accessible sur le site Internet de la HCCH.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 94
81. La Convention prévoit une voie de transmission principale (voir les para. 82 et s.)
et plusieurs voies de transmission alternatives (voir les para. 183 et s.).
avéré d’une grande efficacité et constituer un progrès indéniable par rapport aux voies
de transmission diplomatiques et consulaires.
a) En général (art. 2)
83. L’Autorité centrale est une autorité réceptrice, chargée d’accueillir les demandes
de notification en provenance des Etats requérants et de les exécuter ou de les faire
exécuter ; l’expédition des demandes de notification à l’étranger à une autre Autorité
centrale n’est, en principe, pas de son ressort127. Cependant dans certains pays (par
ex. la Bulgarie, l’Egypte et la Finlande) ainsi que dans bon nombre de cantons
suisses 128, l’Autorité centrale remplit aussi la fonction d’autorité expéditrice au sens de
l’article 3. L’Autorité centrale est uniquement une autorité de transmission des actes au
destinataire ; elle ne saurait être assimilée à un représentant (agent) du défendeur,
auquel la notification peut être effectuée129.
84. Chaque Etat contractant désigne une Autorité centrale et décide des modalités de
son organisation (art. 2). Afin de garantir le bon fonctionnement de la Convention et sa
pleine efficacité, il est essentiel que chaque Etat contractant désigne une Autorité
centrale et la pourvoie du personnel approprié. En outre, les Etats contractants sont
priés de fournir au Bureau Permanent les coordonnées complètes (adresses postale et
127. Dans une affaire luxembourgeoise, un défendeur domicilié en Israël a invoqué la nullité
de la signification au motif qu’une copie de l’acte à signifier avait été remise au Parquet du
tribunal luxembourgeois saisi de l’affaire et non au Parquet Général près la Cour
Supérieure de Justice du Luxembourg, désigné comme Autorité centrale en vertu de
l’art. 2. La Cour d’appel saisie rejette le recours en indiquant que le Parquet Général a été
désigné en vertu de l’art. 2 de la Convention pour recevoir les actes en provenance d’Etats
parties pour y donner suite au Luxembourg et non pour recevoir les actes qui sont à
expédier à l’étranger : Cour d’appel (référé), 8 juillet 1997, Katz c. Recettes des
Contributions, Discount Bank et Etat du Grand-Duché de Luxembourg, décision transmise
au Bureau Permanent par l’Autorité centrale luxembourgeoise.
128. Voir la note de bas de page 137.
129. Broad c. Mannesmann Anlagenbau, A.G., 141 Wn.2d 670, 10 P.3d 371, 2000 Wash. LEXIS
599 (2000).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 96
130. Voir Conclusions et Recommandations de la Commission spéciale de 2003, op. cit. (note
de bas de page 80), Nos 50 et 51.
131. Par ex. le Bélarus, la Belgique, la Bulgarie, la Chine, Chypre, le Danemark, l’Egypte,
l’Estonie, la Fédération de Russie, la Finlande, la France, le Koweït, la Lettonie, la Lituanie,
la Norvège, le Pakistan, la Pologne, le Portugal, la République tchèque, la Slovénie, le Sri
Lanka, la Suède, l’Ukraine.
132. Par ex. la Barbade, l’Irlande, Israël, l’Italie, le Luxembourg, le Malawi, les Pays-Bas, les
Seychelles.
133. Par ex. l’Argentine, le Botswana, le Japon, le Mexique, la République de Corée, Saint-
Marin, le Royaume-Uni.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 97
d’autres Etats parties, notifier des documents et établir une Attestation conforme à la
formule modèle annexée à la Convention. Le champ d’action géographique de Process
Forwarding International s’étend aux territoires suivants : Etats-Unis, Guam, Samoa
américaines, Porto Rico, îles Vierges américaines et Iles Mariannes du Nord. Process
Forwarding International est tenue d’exécuter la notification et d’établir l’attestation à
renvoyer au requérant étranger dans un délai de six semaines à compter de la réception
de la demande134. La Commission spéciale de 2003 a expressément conclu que les
termes de la Convention n’empêchent pas les Autorités centrales de confier à une entité
de droit privé une partie des activités prévues par la Convention, tout en maintenant
son statut d’Autorité centrale et en demeurant l’ultime responsable pour les obligations
qui lui incombent en vertu de la Convention135.
88. Pour plus d’informations sur les Autorités centrales de chaque Etat partie (par ex.
leurs coordonnées), voir le site Internet de la HCCH.
134. Pour plus d’information à ce sujet, voir le texte de la communication soumise par les
Etats-Unis, disponible sur le site Internet de la HCCH.
135. Conclusions et Recommandations de la Commission spéciale de 2003, op. cit. (note de
bas de page 80), No 52. Sur la question des frais, voir les para. 150 et s.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 98
d) L’autorité expéditrice
136. Rapport explicatif, op. cit. (note de bas de page 9), p. 368 ; voir également ibid., p. 184-
186.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 99
95. La diversité des autorités ou officiers ministériels compétents pour émettre des
demandes de notification auprès d’une Autorité centrale est très grande. Dans la plupart
des Etats parties, il existe des autorités décentralisées, juridictions, procureurs,
greffiers, huissiers, process servers, etc. Dans certains Etats, tels que la Bulgarie,
l’Egypte et la Finlande, et dans certains cantons suisses137, les demandes transitent
systématiquement par l’Autorité centrale nationale, qui les envoie ensuite à l’étranger.
96. La réunion de la Commission spéciale tenue en 1977 a débattu de la possibilité
d’établir une liste des autorités expéditrices pour l’ensemble des Etats parties ; elle a
jugé qu’une telle liste serait utile, mais a également fait remarquer qu’elle serait
nécessairement descriptive et uniquement indicative 138 . Il est en effet difficile
d’imaginer qu’il soit possible d’établir un répertoire exhaustif et à jour énumérant
chacune des autorités expéditrices pour chaque Etat partie. En outre, la publication
d’une telle liste produirait des effets indésirables en pratique puisque cela encouragerait
le contrôle de la compétence d’une autorité expéditrice plus strictement que dans la
pratique actuelle (voir le para. 97). C’est dans ce contexte que la deuxième édition du
présent Manuel (publiée en 1992) avait proposé en Deuxième Partie (Transmission des
demandes de signification ou de notification par l’Autorité centrale) des renseignements
généraux concernant chaque Etat partie, comportant une description des autorités
compétentes selon l’article 3 pour adresser des demandes de notification à l’Autorité
centrale d’un autre Etat partie (voir Section B – Expédition des demandes de notification
à l’Autorité centrale d’un autre Etat contractant - de chacun des rapports nationaux).
Ces renseignements ne comportaient pas d’énumération de toutes les autorités ou tous
les officiers ministériels individuellement, mais visaient plutôt un groupe de personnes
ou organismes (par ex. « tous les greffiers des cours » ou « registraires locaux »).
Certains Etats tels que le Canada ont, par la suite, présenté ces renseignements sous
forme de « déclarations » au Dépositaire, et le Bureau Permanent les a mis à disposition
sur le site Internet de la HCCH. Seuls quelques autres Etats ont mis à disposition de tels
137. Il s’agit des cantons suivants : Appenzell Rhodes Intérieures, Fribourg, Grisons, Jura,
Neuchâtel, Schwyz, Tessin et Zurich ; voir Office fédéral de la justice, Département
fédéral de justice et police, Entraide judiciaire internationale en matière civile, Lignes
directrices, 3e éd., Berne, 2003 (mis à jour en juillet 2005), p. 7, disponible sur Internet
(< http://www.rhf.admin.ch/themen/rechtshilfe/wegl-ziv-f.pdf >).
138. Rapport de la Commission spéciale de 1977, op. cit. (note de bas de page 113).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 100
renseignements mis à jour pour diffusion sur le site Internet de la HCCH (par ex.
l’Irlande, la Fédération de Russie). Ces initiatives doivent être saluées car les
renseignements concernant les autorités expéditrices et leur compétence constituent un
aspect essentiel du bon fonctionnement pratique et efficace de la Convention
Notification. C’est pourquoi, la Commission spéciale de 2003 a invité les Etats parties à
fournir au Bureau Permanent des informations descriptives concernant les autorités
expéditrices afin de les placer sur le site Internet de la HCCH (voir le para. 98).
97. La discussion parmi les experts, lors de la réunion de la Commission spéciale de
1977, avait fait apparaître le fait que les Autorités centrales étaient très libérales et ne
contrôlaient pas systématiquement la compétence des autorités émettrices. La
Commission a montré que, mis à part quelques cas fantaisistes ou mal intentionnés,
une demande de notification adressée à l’étranger répondait à un besoin précis, et
qu’une telle demande pouvait être présumée se conformer au droit procédural du for.
De nombreux Etats ont confirmé cette approche dans leurs réponses au Questionnaire
de 2003139.
98. Ainsi, la Commission spéciale (CS) de 2003 s’est mise d’accord sur les points
suivants :
« 47. La CS rappelle qu’il appartient au droit de l’Etat requérant de déterminer la
compétence des autorités expéditrices (art. 3 ). En outre, la CS prend note des
informations fournies par de nombreux experts au sujet de la position des autorités
expéditrices et conclut que la plupart des problèmes pratiques ont été résolus.
48. La CS invite les Etats parties à fournir au Bureau Permanent les informations
relatives à leurs autorités expéditrices et leur compétence afin de les placer sur le site
de la Conférence de La Haye. La CS convient aussi que de telles informations
devraient être indiquées dans la Formule Modèle relative à la demande de
notification140.
143. Marschhauser c. The Travellers Indemnity Company, 145 F.R.D. 605 (S.D. Fla. 1992).
144. Voir aussi en ce sens, plus récemment, FRC International, Inc. c. Taifun
Feuerlöschgerätebau und Vertriebs Gmbh, 2002 WL 31086104, No 9, (N.D. Ohio 2002).
145. Holloway c. Arkansas, 435 U.S. 475 (1978).
146. [Traduction du Bureau Permanent] Greene c. Le Dorze, 1998 U.S. Dist. LEXIS 4093 (N.D.
Texas 1998). En effet, en vertu de l’art. 4(c)(2) des Federal Rules of Civil Procedure
(FRCP), toute personne âgée de 18 ans ou plus et qui n’est pas partie au litige peut
notifier une assignation.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 103
s’adresse directement aux Autorités centrales requises, ce qui est précisément ce que
la Convention cherche à éviter en spécifiant que la demande doit être expédiée par une
autorité ou un officier ministériel147. Il faut noter que dans l’affaire devant le Tribunal
texan, l’accent était mis non sur la compétence d’un particulier à expédier des
demandes en vertu de la Convention, mais sur celle d’un private process server. La
plupart des private process servers aux Etats-Unis se considèrent comme des officiers
qualifiés par les tribunaux, et non des particuliers, et qu’ils devraient donc pouvoir agir
en qualité de requérant sur les formules de demande de la Convention. D’autres private
process servers ont agi en supposant qu’ils n’étaient pas habilités à expédier des
demandes, et ont fait signer les formules de demande par l’avocat du demandeur148.
104. Dans leurs réponses au Questionnaire de 2003 (voir la note de bas de page 139), les
Etats-Unis ont indiqué que « les personnes et entités aux Etats-Unis, compétentes pour
transmettre les demandes de notification en vertu de l’article 3, comprennent tout
fonctionnaire judiciaire, tout avocat ou toute autre personne ou entité, autorisés selon
la réglementation de la cour ou du tribunal » [traduction du Bureau Permanent]. Dans
ce cadre, il est proposé que les demandes expédiées par des avocats ou private process
servers des Etats-Unis soient exécutées ; cela s’applique d’autant plus lorsque la
demande vise explicitement la loi ou la règle de procédure leur accordant cette
habilitation (dans ce cas, un avocat ou process server devra être considéré comme un
officier ministériel plutôt que comme une autorité). En outre, en cas de doute sur la
compétence, il convient de rappeler la Recommandation 49 de la Commission spéciale
de 2003 (voir les para. 98 et 99).
147. Rapport explicatif, op. cit. (note de bas de page 9), p. 15.
148. Quant aux marshals des Etats-Unis (qui sont des agents du Ministère de la Justice,
soumis à l’autorité et au contrôle de l’Attorney General des Etats-Unis), il convient de
noter que le Service des marshals des Etats-Unis n’a pas été impliqué dans la
transmission des demandes en vertu de la Convention de La Haye pour notification à
l’étranger ou la fourniture d’une assistance aux parties à cet égard depuis 1983, lorsque la
Loi 97-462 a modifié l’art. 4 des FRCP et autorisé les avocats à transmettre les demandes
de notification directement. Avec la délégation des activités de l’Autorité centrale à une
compagnie de notification privée (voir le para. 87), les marshals ne sont plus impliqués
dans le traitement des demandes reçues pour notification aux Etats-Unis non plus (voir
également le para. 129).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 104
149. Il convient d’ajouter que la demande de notification accompagnée des documents ne doit
pas être transmise à un particulier. La transmission doit se faire directement du requérant
vers l’Autorité centrale.
150. Dans l’affaire Northrup King Corp. c. COPSA, 51 F.3d 1383 (8th Circ., 1995), la Court of
Appeals confirme qu’une copie de l’acte est suffisante au regard de cette disposition.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 105
procédure ou textes de loi de l’Etat requérant habilitant cette autorité à expédier des
demandes de notification)151. Une telle information pourrait aisément être ajoutée dans
le cadre réservé à l’identité et l’adresse de l’autorité requérante.
114. Certaines critiques ont été émises par les huissiers de justice (notamment en
Belgique et aux Pays-Bas) à l’endroit de la formule modèle. En effet, selon eux, la
formule ne donne pas assez d’informations au destinataire étranger d’une demande en
paiement (ce qui concerne 90% des actes signifiés). Pour que le défendeur puisse
mieux se défendre, ou au contraire décider de s’acquitter du montant réclamé, la
formule devrait contenir des indications quant au montant dû, au lieu et au délai de
paiement, à la manière de se défendre et aux conséquences pour le défendeur en
l’absence de toute défense de sa part152.
153. Voir par ex. la décision du Tribunal fédéral suisse, rendue le 15 septembre 2003, X. SA
c. Y. AG, 4C.132/2003, p. 755, ATF 129 III 750, 756.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 108
154. Ibid. Dans cette affaire, la demande avait été envoyée en France (au Procureur de la
République concerné), mais au moins une partie des blancs avait été remplie en allemand.
Le Tribunal fédéral suisse conclut que la demande était défectueuse en la forme. La Cour
poursuivit, cependant, en statuant qu’un défaut formel de la demande ne conduit pas
nécessairement à une notification qui n’est pas valable dans l’Etat requis si l’Autorité
centrale concernée exécute la demande (ou la fait exécuter) malgré ce défaut formel. La
Cour fonda son raisonnement sur l’art. 4 de la Convention (voir la p. 756 de la décision),
qui requiert de l’Autorité centrale qu’elle « informe immédiatement le requérant en
précisant les griefs articulés à l’encontre de la demande » lorsque celle-ci ne respecte pas
les dispositions de la Convention (refus provisoire de la demande, voir les para. 172 et
173). Renvoyant à T. Bischof, op. cit. (note de bas de page 11), p. 279-280, la Cour
décida qu’une action intentée en vertu de l’art. 4 n’est appropriée que si les défauts
formels rendent l’exécution de la demande provisoirement impossible. D’après la Cour, tel
n’est pas le cas lorsque l’Autorité centrale comprend la demande malgré une erreur
commise quant à la langue utilisée pour remplir les blancs de la Formule modèle. En
exécutant la demande, l’Autorité centrale confirme qu’elle a compris la demande. La Cour
examina alors si la notification avait été valablement effectuée. Soulignant que la
notification avait été effectuée par simple remise, rendant ainsi la traduction des
documents non nécessaire, la Cour en déduisit que la notification avait été valablement
exécutée en France (voir la p. 756 de la décision).
155. Pour plus de détails sur la Recommandation adoptée par la Quatorzième session
(Annexe 3), voir le Rapport explicatif établi à ce sujet par M. Möller et reproduit à
l’Annexe 5
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 109
156. Voir par ex. la décision du Tribunal fédéral suisse, citée à la note de bas de page 153,
p. 755 ; voir aussi la décision de l’autorité de surveillance du canton de Schaffhouse
(Suisse) du 13 septembre 2002 (ABSH-2002-87_94) qui considère viciée la notification
d’un commandement de payer sans utilisation des formules modèles, notamment des
éléments essentiels de l’acte. En conséquence, l’autorité décide de restituer le délai
d’opposition fixé dans le commandement.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 110
123. Il existe deux problèmes potentiels concernant l’exigence que les actes notifiés
soient les actes « originaux ». Tout d’abord, l’original de l’acte ou des actes doit souvent
être déposé auprès du tribunal saisi ; dans tous ces systèmes, l’exigence imposée par
l’Autorité centrale destinataire crée donc une situation inextricable. En outre, l’exigence
du cachet et du timbre originaux de la juridiction émettrice sur les actes empêche la
transmission électronique des actes de l’autorité expéditrice à l’Autorité centrale de
l’Etat requis. La transmission électronique, qui est déjà largement utilisée, devrait être
encouragée car elle permet un gain de temps précieux. Or le système de transmission
électronique ne peut pas marcher si l’Etat requis exige des documents sur papier avec
des cachets et timbres originaux. L’exigence stricte de cachets et timbres originaux
empêche l’application de la théorie de l’équivalence fonctionnelle selon laquelle il suffit
qu’un document (numérisé) envoyé électroniquement soit susceptible d’être reproduit
sous une forme tangible (c.-à-d. imprimé) en toute occasion par la suite. Il s’ensuit que
le fait qu’une copie électronique de l’original puisse être reproduite (et faire apparaître
les cachets et timbres sur le document) dans l’Etat requis devrait être jugé suffisant.
Cependant, la transmission électronique doit satisfaire à certaines conditions
indispensables en vue d’assurer la non répudiation de la demande et des actes.
Notamment, la réalité de la transmission de la demande par une autorité expéditrice (et
non, par exemple, par un imposteur) doit être vérifiable de façon indépendante. En
outre, la demande doit être invalidée si, soit la formule de Demande, soit les actes, ont
été irrégulièrement modifiés au cours de la transmission.
125. Il ne revient pas à l’Autorité centrale de l’Etat requis de déterminer si un acte doit
être notifié ou quels actes doivent être notifiés – il ne fait aucun doute qu’il incombe à
la loi du for d’en décider (voir les para. 24 et s. et les para. 46 et s.).
126. Il arrive parfois qu’une Autorité centrale rejette des demandes de notification au
motif, par exemple, que des tentatives multiples de notification pour la même affaire
avec la même cote ne sont pas possibles, ou que pour le type de demande présentée
devant la juridiction de l’Etat requérant, la loi de l’Etat requis exige la notification de
certains autres actes. Cette pratique est erronée.
157. Il est à noter que la notification formelle peut entraîner l’exigence de traduction de l’acte
dans la langue ou une des langues officielles de l’Etat requis (voir les para. 136 et s.) et le
remboursement des frais (voir les para. 150 et s.).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 112
fonctionnaire qui agit selon les formes prescrites pour la notification des actes dressés
dans le pays. Aux Etats-Unis, selon le système en vigueur jusqu’en 2003, la première
tentative de notification était toujours effectuée par la poste ; en cas d’échec de cette
tentative, deux tentatives de notification à personne (impliquant les marshals) étaient
alors entreprises. Ainsi, la notification formelle n’était utilisée qu’en dernier ressort. En
vertu du nouveau système mis en place en 2003 (voir le para. 87), la notification
personnelle (impliquant un agent de notification (process server) professionnel) est la
méthode de notification privilégiée pour toutes les demandes. Les marshals ne sont
donc plus impliqués dans l’exécution des demandes de notification. Dans d’autres Etats
comme la France, la Belgique et les Pays-Bas, le recours à la notification formelle,
par l’intermédiaire des huissiers, n’intervient que lorsque le destinataire n’a pas accepté
l’acte volontairement 159 . Ceci peut conduire à l’inexécution de la demande de
notification, lorsque l’acte à notifier n’est pas traduit dans la langue de l’Etat requis et
que cet Etat a posé cette traduction comme condition à la notification formelle160.
130. La Convention ne contient aucune disposition sur la validité de la notification (voir,
cependant, les art. 15 et 16, et les commentaires aux para. 6 et s.). Il appartient donc
au tribunal de l’Etat requérant de déterminer si la notification a valablement été
effectuée selon le droit de l’Etat requis161 et de tirer les conséquences de l’échec de la
notification (par ex. nullité de l’assignation)162. Si la demande de notification a pu être
exécutée, l’Attestation a pour effet d’établir une présomption de validité de la
notification (voir le para. 170). Le Tribunal fédéral suisse a statué qu’une notification
158. Voir les informations recueillies par le Bureau Permanent auprès des Etats parties ayant
répondu au Questionnaire de 2003, disponibles sur le site Internet de la HCCH.
159. De même, dans la Région administrative spéciale de Macao (Chine), l’autre Autorité
(art. 18(1)) procède en premier lieu à une notification par courrier recommandé avec
accusé de réception qui, si elle échoue, est suivie d’une notification personnelle par un
officier judiciaire.
160. Voir par ex. une décision de la Cour d’appel de Paris, Chambre 21, section B, 29 janvier
1987, Vogel c. Mannesmann Kienzle GmbH, Juris-Data 022287.
161. Les tribunaux américains ont ainsi eu à déterminer si la notification avait valablement
été effectuée selon le droit du Nouveau-Brunswick au Canada (Brown c. Brookville
Transport Ltd., 1999 Conn. Super. LEXIS 519 (Conn. Super. Ct. 1999)) et le droit
allemand (Frederick c. Hydro Aluminium, 153 F.R.D. 120 (E.D. Mich. 1994)).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 113
valablement effectuée selon le droit de l’Etat requis doit être reconnue par tout Etat
partie163.
162. Voir notamment une décision de la Cour d’appel de Paris, Chambre 22 section A, 24
septembre 1985, Sté de droit britannique Bard International Ltd. c. Morison, Juris-Data
025625.
163. Décision datée du 15 juin 1999, publiée dans SJ 2000, p. 89, Crédit Commercial de France
(Suisse) SA c. X.
164. Rapport explicatif, op. cit. (note de bas de page 9), p. 369.
165. Rapport de la Commission spéciale de 1977, op. cit. (note de bas de page 113), p. 384.
166. Questionnaire de 2003, op. cit. (note de bas de page 139).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 114
la note de bas de page 159 et le texte accompagnant). Il est également admissible sur la
base de la Convention dans certains Etats dont le droit de procédure ne connaît pas ce
mode de notification (c’est notamment le cas par exemple en Chine continentale et
dans tous les cantons suisses)167. La personne qui remet l’acte à son destinataire est
souvent un fonctionnaire de police. Dans la plupart des cas, les destinataires acceptent
l’acte volontairement ou viennent le retirer au bureau de police, ce qui entraîne une
dispense de traduction des pièces à notifier (voir le para. 142) et la gratuité de
l’intervention. Un tribunal allemand a jugé que la remise de l’acte à la secrétaire de
la société défenderesse, en lieu et place de l’associé gérant, constituait une notification
par procuration (Ersatzzustellung) et, partant, ne pouvait être assimilée à une simple
remise168. Dans une décision plus récente, une autre cour allemande a décidé que la
simple remise pouvait être effectuée au destinataire en personne ou à son représentant
aux fins de notification (Zustellungsbevollmächtigter) qui accepte volontairement
l’acte169.
135. Le destinataire a toujours le droit de refuser la simple remise de l’acte. Dans ce
cas, l’Autorité centrale va soit tenter une notification formelle, soit renvoyer la demande
au requérant avec la mention qu’elle n’a pas pu être exécutée170. La notification
formelle dépend souvent de la traduction de l’acte dans la langue de l’Etat requis
(art. 5(3) ; sur les exigences de traduction voir les para. 136 et s.)171. A défaut d’une
telle traduction, la notification formelle risque d’être refusée par l’Autorité centrale et la
167. Dans les cantons suisses, l’Autorité centrale procédera à la remise simple dans les cas où
l’acte n’est pas rédigé ou traduit dans la langue de l’Autorité. Le destinataire de l’acte peut
refuser cette notification. Par ailleurs, une notification formelle est impossible en l’absence
de traduction. L’échec de la notification fera l’objet d’une mention sur l’Attestation
renvoyée à l’Autorité requérante. L’Autorité requise peut suggérer à l’Autorité requérante
de fournir une traduction de l’acte, qui lui permettra de procéder à une notification
formelle. Voir T. Bischof, op. cit. (note de bas de page 11), p. 286-287.
168. BGH 9e Zivilsenat, 20 septembre 1990, IPRspr 1990, No 200, p. 409-411.
169. OLG Düsseldorf, 12 mars 1999, 3 W 13/99, décision reçue de l’Autorité centrale
allemande.
170. Voir par ex. aux Pays-Bas, HR, 20 mai 1994, NJ 1994, p. 589, V. c. Raad voor de
Kinderbescherming te Rotterdam ; Rb Utrecht 6 décembre 1995, NJ 1996, p. 756, Van
Zelm BV c. Martinus Bomas ; HR, 31 mai 1996, NJ 1997, p. 29.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 115
171. Pour un cas où, malgré la traduction de l’acte, l’Autorité centrale n’a pas procédé à une
notification formelle après que le destinataire de l’acte en ait refusé la simple remise, voir
OLG Saarbrücken, 1er octobre 1993, IPRax 1995, p. 35.
172. Rapport explicatif, op. cit. (note de bas de page 9), p. 370 ; voir aussi T. Bischof, op. cit.
(note de bas de page 11), p. 305.
173. Taylor c. Uniden Corpn of America, 622 F.Supp. 1011 (D.C. Mo. 1985).
174. G. Born, International Civil Litigation in United States Courts, 3e éd., Boston, Kluwer Law
International, 1996, p. 802-803, ainsi qu’un dicta dans la décision Vazquez c. Sund Emba
AB, 548 N.Y.S.2d (A.D.2 dept. 1989).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 116
(b) 175 . De l’avis du Bureau Permanent, la seconde opinion est exacte. L’Autorité
centrale176 doit pouvoir demander la traduction de l’acte lorsqu’elle procède à la
notification selon une forme particulière demandée par le requérant : en effet, cette
forme particulière peut sembler surprenante pour le destinataire de l’acte. La protection
de ses intérêts justifie l’exigence de traduction dans ce cas.
140. En outre, dans les pays disposant de plusieurs langues officielles, il pourra devoir
être tenu compte de la langue prépondérante dans la région en cause177.
141. Enfin, il importe de souligner que les Etats parties peuvent déroger à l’article 5(3)
par accord entre eux (art. 20(b))178.
142. Comme l’article 5(3) renvoie uniquement à l’article 5(1) et non à l’article 5(2), il
s’ensuit qu’une simple remise conforme à l’article 5(2) n’exige la traduction ni de l’acte
ni des pièces jointes dans la langue de l’Etat requis. En ce sens la Cour de cassation
française a correctement décidé que :
« la formalité de la traduction n’est prévue que dans le cas où l’autorité requérante a
demandé de signifier l’acte dans la forme prescrite, pour l’exécution de significations
analogues, par la législation interne de l’autorité requise ou dans une forme spéciale,
et non dans le cas de la simple remise à l’intéressé »179.
143. La Commission spéciale de 2003 a observé qu’une large majorité d’Etats parties
n’exige pas de traduction pour la notification par simple remise180.
175. T. Bischof, op. cit. (note de bas de page 11), p. 305 in fine ; voir aussi D. McClean,
International co-operation in civil and criminal matters, Oxford, Oxford University Press,
2002, p. 31, note 75 et texte accompagnant.
176. Il appartient bien à l’Autorité centrale de demander une traduction, et non à la partie
destinataire : voir CA Liège, 26 mai 1992, Pasicrisie belge 1992, II, 73.
177. Par ex. le flamand à Anvers (OLG Hamm, 27 février 1985, 20 U 222/84, IPRax 1986,
p. 104).
178. Par ex. l’application de la Convention franco-suédoise d’entraide judiciaire du 7 mars 1965
affecte le champ d’application de l’exigence de traduction imposée par la Suède. Dans ce
cas, la notification d’un document rédigé en français a été jugée valable selon l’accord
bilatéral, en dépit de la déclaration générale de la Suède à l’égard de l’art. 5(3) de la
Convention. CA Paris, Chambre 5 Section A, 25 février 1987, Cie. Union et Phénix
espagnol c. Skandia Transport, Juris-Data 023490.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 117
179. Cour de cassation française, Ch. Civ. 1, 25 avril 1974, Richard Ott c. S.A. Montalev,
Clunet 1975, p. 547. Voir dans le même sens, CA Paris, 1re chambre, section C, 17 juin
1994, Direction générale d’exploitation des aéroports de l’Etat d’Ankara c. Julien Roche,
No Répertoire général 92.24984 ; CA Colmar, Ch. Civ. 2, 25 février 1994, Fessmann
GmbH c. Réorganisation Modernisation de l’industrie alimentaire, Juris-Data 044246. Voir
aussi en ce sens la décision du Tribunal fédéral suisse, reflétée dans la note de bas de
page 154 ; OLG Saarbrücken (Allemagne), 5e Zivilsenat, 15 juin 1992, RIW 1993,
p. 418-420 ; Arrondissementsrechtsbank Middelburg (Pays-Bas), 4 juin 1984, NIPR
1984, p. 329 ; Tribunal de Relaçao (Porto) (Portugal), 8 novembre 1994, CJ Ano XIX,
t. V, 1994, 208.
180. Conclusions et Recommandations de la Commission spéciale de 2003, op. cit. (note de
bas de page 80), No 66.
181. Dans ce sens, Heredia c. Transport SAS, 2000 U.S. Dist. LEXIS 4094 (S.D. N.Y. 2000).
182. Conclusions et Recommandations de la Commission spéciale de 2003, op. cit. (note de
bas de page 80), No 65.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 118
malgré tout de supprimer cette flexibilité en privant leurs Autorités centrales de tout
pouvoir d’appréciation, reviennent, en réalité, à l’ancien système, plus rigide. Dans
certains cas, l’exigence d’une traduction obligatoire ne se justifie guère et peut même
constituer un obstacle à une entraide efficace et rapide. Tel serait le cas, par exemple,
de l’exigence d’une traduction en allemand d’un acte introductif d’instance ou d’un
jugement en espagnol devant être notifié à un mexicain qui a passé toute sa vie au
Mexique mais qui vient de s’installer à Berlin ou Zurich et qui est clairement plus à l’aise
avec la langue espagnole qu’avec la langue allemande184. De nombreuses variations de
cet exemple et couvrant des situations similaires peuvent être envisagées (notamment
nous pourrions imaginer un acte rédigé en anglais mais traduit en chinois, à notifier à
un américain venant de s’installer à Shanghai).
183. Par ex. l’Allemagne (voir à ce sujet : OLG Düsseldorf, 3e Zivilsenat, 2 septembre 1998,
IPRax 2000, p. 289-291), l’Argentine, le Botswana, la Bulgarie, le Canada, la Chine
(Région administrative spéciale de Macao uniquement), la Fédération de Russie,
la Grèce, la Hongrie, le Luxembourg, le Mexique, le Royaume-Uni, la Suède, la
Suisse (seulement pour les cas où le destinataire n’accepte pas volontairement un
document) et le Venezuela. Pour des décisions dans lesquelles une notification a été
jugée non valable pour ne pas avoir respecté l’exigence allemande, voir Vorhees c. Fischer
& Krecke, 697 F.2d 574 (4th Cir. 1983) ; Harris c. Browning-Ferris Industries Chemical
Services, Inc, 100 F.R.D 775 (M.D. La. 1984) ; Cipolla c. Picard Porsche Audi Inc., 496
A.2d 130 (R.I. 1985) ; Brown c. Bellaplast Maschinenbau, 104 FRD 585 (E.D. Pa. 1985) ;
Isabelle Lancray SA c. Peters und Sickert KG (BGH, 20 septembre 1990 (IX ZB 1/88)),
NJW 1991, p. 641, Asser 5/358 ; Pennsylvania Orthopedic Association c. Mercedes-Benz
AG, 160 F.R.D. 58 (E.D. Pa. 1995). Dans plusieurs de ces cas, la notification a non
seulement été jugée non valable en raison de l’absence de traduction mais aussi parce
qu’elle avait été effectuée par le biais de la voie postale plutôt que par le biais de la voie
principale de l’Autorité centrale (l’Allemagne s’est opposée à l’utilisation de la voie postale,
voir le para. 204).
184. En vertu de l’art. 8(1) du Règlement européen relatif à la signification et la notification
(voir les para. 297 et s.), le destinataire peut refuser de recevoir l’acte à notifier si celui-ci
est dans une langue autre que la langue officielle de l’Etat membre requis (ou, s’il existe
plusieurs langues officielles dans cet Etat membre, la langue officielle ou l’une des langues
officielles du lieu où il doit être procédé à la notification ou signification) ou la langue de
l’Etat membre d’origine qui est comprise du destinataire. Voir la note de bas de page et le
texte l’accompagnant.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 119
146. De toute manière, en faisant une déclaration pour laquelle la Convention ne fournit
aucune base explicite, ces Etats, qui privent leurs Autorités centrales du pouvoir
discrétionnaire offert par la Convention, imposent une charge supplémentaire aux
requérants étrangers. Cela est d’autant plus frappant que les Eléments essentiels de
l’acte à notifier, qui constituent une partie de la Formule modèle annexée à la
Convention et qui doit être complétée soit dans la langue de l’Etat requis soit en français
et / ou anglais (voir le para. 118), devraient fournir à l’Autorité centrale toutes les
informations pertinentes nécessaires pour examiner la nature et l’objet de l’acte et pour
évaluer si l’exécution de la demande est de nature à porter atteinte à sa souveraineté
ou à sa sécurité (art. 13, voir le para. 174).
147. Il convient de noter qu’un grand nombre d’Etats ayant répondu au Questionnaire
de 2003185 a indiqué exiger la traduction des actes à notifier. D’autres (par ex. Israël)
n’exigent pas la traduction de l’acte lui-même, pourvu que les Eléments essentiels de
l’acte soient rédigés dans la langue indiquée. Si une traduction est exigée, une
juridiction au moins a jugé que la totalité de l’acte doit être traduite, y compris tout
élément joint traité par la loi de l’Etat d’origine comme une partie essentielle de
l’acte186. D’autres Etats procèdent selon le cas d’espèce. Certaines Autorités centrales
sont apparemment disposées à notifier des actes dans toute langue que le destinataire
est susceptible de comprendre187 ; un acte bref adressé à une entreprise commerciale
en anglais ou une langue semblable à celle de l’Etat requis (par ex. un acte en norvégien
pour une notification en Suède) sera admis, mais pas un acte volumineux adressé à un
particulier dans une langue relativement « obscure » 1 8 8 . Dans la Région
administrative spéciale de Hong Kong (Chine), en vertu de la disposition 3(1) des
Rules of the High Court, la traduction des documents est exigée, sauf si une cour ou un
tribunal étranger certifie que le destinataire comprend la langue utilisée.
148. En France, l’article 688-6 du NCPC dispose que l’acte est notifié dans la langue de
l’Etat d’origine mais si le destinataire ne connaît pas la langue dans laquelle l’acte est
établi, il peut en refuser la notification et demander que celui-ci soit traduit ou
accompagné d’une traduction en langue française (aux frais de la partie demandant la
notification). Concernant les actes à notifier à l’étranger, les tribunaux français se
sont prononcés à de nombreuses reprises sur les conséquences d’une absence de
traduction dans la langue de l’Etat requis d’actes en français. Un tribunal a ainsi reconnu
la validité d’une assignation française effectuée en Allemagne aux motifs que le défaut
de traduction n’avait pas pu porter préjudice aux droits de la défense dès lors que le
défendeur avait constitué avocat en temps utile et qu’il avait été gérant d’une société
en France, ce qui impliquait une connaissance suffisante de la langue française. Le
Tribunal a estimé que l’exigence de traduction n’est qu’une faculté dont rien n’indiquait
en l’espèce qu’elle devait être mise en œuvre189. Quelques années plus tard, le même
Tribunal a estimé que la Convention n’imposait aucune obligation de traduction. Par
conséquent, la notification en Allemagne d’un acte rédigé en français était valable
(l’arrêt ne précise cependant pas s’il a été procédé à une simple remise ou à une
notification formelle)190. Un autre tribunal a indiqué qu’en vertu de l’article 5 de la
Convention, les assignations françaises qui n’avaient pas été traduites dans la langue
des destinataires (en l’occurrence une société allemande et une société turque)
encouraient la nullité lorsque l’absence de traduction avait porté préjudice aux droits du
défendeur191.
(3) Recommandations
149. La Commission spéciale de 2003 a souligné l’importance de respecter les diverses
exigences de traduction prévues par les droits nationaux des Etats parties192. Dans ce
189. CA Colmar, Ch. Civ. 1, 30 mai 1984, Weber c. Sarl Alwelis, Juris-Data 040920 ; suivant le
même raisonnement pour une notification en Italie, CA Poitiers, Ch. Civ. 2, 30 octobre
1991, Delvis International c. Seric, Juris-Data 050388.
190. CA Colmar, Ch. Civ. 2, 18 janvier 1991, Sté Lorch Weingut Weinkellerei GmbH c. Sté Geyl
et Bastian SA, Juris-Data 043183.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 121
cadre, il peut-être proposé, tout d’abord, qu’à moins que le requérant n’ait une bonne
raison de penser que la notification par simple remise sera acceptée ou que le
destinataire est susceptible de comprendre la langue du document, il devrait en
fournir une traduction. Dans le cas contraire, il y a un risque de retard pendant que
l’Autorité centrale rend compte de l’échec de la simple remise et demande une
traduction du document193. Même en l’absence d’une exigence formelle de traduction,
la fourniture d’une traduction pourra être souhaitable. Il existe une jurisprudence aux
Etats-Unis selon laquelle la notification à une personne ne comprenant pas la langue
des actes en cause n’est pas conforme aux exigences d’une procédure légale régulière
(due process). S’il est vrai que cette question a été développée dans une affaire à
laquelle la Convention ne s’appliquait pas 194 , cela a été repris dans des affaires
ultérieures relevant de la Convention, mais jugé mal fondé dans les faits195. Là encore,
il sied de souligner l’importance du formulaire sur les Eléments essentiels de l’acte à
notifier.
191. En effet, d’après la Cour d’appel de Paris, s’agissant d'une nullité pour vice de forme, la
nullité ne saurait être prononcée en l’absence de tout grief. Or, en l'espèce, l'intéressé a
comparu devant la juridiction d'un Etat qui n’est pas le sien, a pris connaissance des
éléments du litige au point d'être à même de conclure et faire plaider. Selon la Cour, il ne
justifie donc d'aucun grief ; la nullité des assignations n’est pas prononcée. CA Paris,
Chambre 5 section B, 19 mars 1998, Delos c. Sté Yunsa, Juris-Data 021646.
192. A cette fin, la Commission spéciale a invité les Etats parties à fournir au Bureau
Permanent toute information pertinente relative à l’étendue des exigences de traduction
pour l’exécution des demandes en vertu de l’art. 5 ; Conclusions et Recommandations de
la Commission spéciale de 2003, op. cit. (note de bas de page 80), Nos 67-68.
193. Voir D. McClean, op. cit. (note de bas de page 175), p. 32-33.
194. Julen c. Larsen, 25 Cal. App. 3d 325 (1972).
195. Shoei Kako Co Ltd c. Superior Court for the City and County of San Francisco, 33 C.A.3d
808, 109 Cal, Rptr, 402 (Cal. App. 1973), où le défendeur japonais comprenait l’anglais ;
voir également Tribunal de District de Tokyo, 26 mars 1990, résumé dans
M. Sumampouw, Les nouvelles Conventions de La Haye – leur application par les juges
nationaux, vol. V, La Haye, Martinus Nijhoff Publishers, 1996, p. 362. Voir aussi une
décision espagnole constatant que l’absence de traduction des documents à notifier et de
la demande de notification porte atteinte aux droits de la défense : Audiencia Provincial de
Alicante, 5e section, 8 octobre 1997, AC 1997-2443.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 122
des marshals197)198. L’avantage de ces systèmes (montant fixe ou forfait) est leur
transparence pour les requérants étrangers199.
153. Il résulte de l’article 12(2)(b), qu’en cas de notification selon une forme particulière
demandée par le requérant en vertu de l’article 5(1)(b), les frais afférents à la
notification doivent être remboursés par le requérant, que celle-ci ait donné lieu, ou
non, à l’intervention d’un officier ministériel ou d’une personne compétente. Ainsi, en
France, pour l’intervention d’un huissier de justice sur demande expresse du
requérant, un tarif fixe est prévu.
154. Lors de la Commission spéciale de 2003 plusieurs délégations (par ex. la Chine
(pour la Région administrative spéciale de Hong Kong) ou encore la Finlande, la
Lituanie ou le Luxembourg) ont indiqué ne pas exiger le remboursement des frais liés
à la notification. En outre, des accords bilatéraux ont pu être conclus entre certains
Etats afin de dispenser les requérants du remboursement de ces frais lorsque la
notification concerne une affaire à caractère particulier, tel que le recouvrement
d’aliments d’enfants200.
197. Au Japon, un montant fixe est prévu, différent selon que le marshal effectue la
notification pendant les heures de travail ou non, et auquel doivent être ajoutés les frais
de transport du marshal (montant fixe par kilomètre parcouru).
198. Dans ces hypothèses, le remboursement des frais doit très souvent accompagner la
demande de notification.
199. Il est intéressant de noter que l’art. 11 du Règlement européen 1348/2000 (voir les
para. 297 et s.) reproduit littéralement l’art. 12 de la Convention de La Haye. Cependant
le Rapport de la Commission européenne en 2004 (voir la note de bas de page 37)
indique que l'application de cette disposition n'est pas satisfaisante, principalement en
raison du fait que, dans certains Etats membres, les frais facturés pour la signification ou
la notification d'un acte sont très élevés (plus de 150 euros) et manquent de transparence
(puisque les montants ne sont pas connus d’avance du requérant). Par conséquent, la
Commission propose que les frais occasionnés par l'intervention d'un officier ministériel ou
d'une personne compétente selon la loi de l'Etat membre requis doivent correspondre à un
droit forfaitaire, dont le montant est fixé à l'avance par cet Etat membre et qui respecte
les principes de proportionnalité et de non-discrimination. Les Etats membres devraient
communiquer le montant de ces frais à la Commission.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 124
200. Ainsi, les Etats-Unis ont indiqué avoir conclu des accords bilatéraux avec plusieurs Etats
afin de permettre aux requérants d’adresser leur demande de notification directement aux
agences d’états traitant des aliments d’enfants.
201. Voir sur le recto de la Formule de Demande (reproduit dans l’Annexe 2) le texte sous les
cadres identifiant le requérant et l’autorité destinataire. Il convient aussi de noter qu’en
vertu de l’art. 6(2) de la Convention, l’Attestation (c.-à-d. le verso de la formule) doit
relater la date de l’exécution.
202. La date de la notification au destinataire est indiquée dans l’Attestation, qui se trouve au
verso de la formule modèle de demande.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 125
défendeur avait toujours intérêt à être informé des procédures intentées contre lui à
l’étranger. C’est pourquoi la Commission a décidé de recommander que, même si le
délai de comparution prévu dans l’acte est passé, l’acte soit toujours notifié sauf si
l’autorité requérante ne spécifie expressément le contraire. La Commission s’est ralliée
à la suggestion de l’Expert du Royaume-Uni selon laquelle la Formule de Demande
pourrait, le cas échéant, être complétée par une mention qui précise que l’acte doit être
notifié avant une certaine date et qu’en cas d’impossibilité, l’acte devra être renvoyé à
l’autorité requérante ou devra tout de même être notifié dans les délais les plus brefs.
S’agissant du délai d’appel ou de recours, l’article 16 offre une certaine protection au
défendeur qui peut se faire relever de la forclusion résultant de l’expiration des délais
de recours (voir les para. 286 et s.).
157. D’une façon générale, la Convention a permis de réduire considérablement les
délais d’exécution des demandes de notification transmises depuis l’étranger. Il
demeure néanmoins des cas dans lesquels ces délais sont encore trop longs (parfois
plus d’un an)203. Dans leurs réponses au Questionnaire de 2003, certains Etats comme
le Canada (pour le Québec), la Finlande, le Koweït, le Luxembourg ou la Suisse ont
indiqué des délais d’exécution inférieurs ou égaux à un mois, voire, dans certains
cas exceptionnels, de seulement quelques jours. En revanche, de longs délais dans
l’exécution de la demande de notification peuvent à leur tour entraîner des retards
considérables dans la procédure devant le juge du for et ainsi entrer en conflit avec le
principe de célérité des procédures, qui est garanti au plus haut niveau par bon nombre
de traités de protection des droits de l’Homme204. En Europe, la Cour européenne des
Droits de l’Homme a jugé que « le caractère raisonnable de la durée d’une procédure
s’apprécie suivant les circonstances de la cause et eu égard aux critères consacrés par
203. Voir D. McClean, op. cit. (note de bas de page 175), p. 34, note 90 et texte
accompagnant, qui renvoie à une affaire italo-américaine (Quaranta c. Merlini, 237 Cal,
Rptr, 179 (Cal. App. 1987)) dans laquelle trois tentatives de notification d’actes au
défendeur en Italie ont été effectuées, en essayant trois adresses différentes et deux
noms différents ; dans chaque cas, le défendeur n’a pu être localisé ou avait déjà
déménagé. D. McClean fait remarquer que même entre les Etats-Unis et l’Angleterre, en
l’absence de problèmes de langue pouvant soulever des difficultés, la notification par
l’intermédiaire du système des Autorités centrales peut prendre plus de 180 jours (visant
ITEL Container International Corp c. Atlanttrafik Express Service Ltd, 686 F.Supp. 438
(S.D. N.Y. 1988)).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 126
e) La date de la notification
158. La situation se complique encore lorsque le requérant a transmis un acte pour
notification à l’étranger en utilisant deux voies différentes (par ex. transmission par
l’Autorité centrale et par la voie postale) et qu’il en résulte que l’acte a été notifié au
défendeur à deux reprises à des moments différents. Quel est alors le moment à
prendre en considération, par exemple pour déterminer si le délai pour former un appel
a été respecté ? Selon la Cour de cassation belge207, dans un tel cas, le délai d’appel
204. L’art. 6(1) de la CEDH garantit que toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue
dans un délai raisonnable. La Convention américaine relative aux droits de l’Homme
signée à San José le 22 novembre 1969 prévoit de façon similaire à l’art. 8(1) que « toute
personne a droit à ce que sa cause soit entendue avec les garanties voulues dans un délai
raisonnable […] ». La Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples du 27 juin
1981 garantit aussi dans son art. 7 que « toute personne a droit à ce que sa cause soit
entendue. Ce droit comprend : […] (d) le droit d’être jugé dans un délai raisonnable
[…] ».
205. Affaire X. c. France, 31 mars 1992, A No 234-C, para. 32 et les références citées.
206. L.E. Pettiti, E. Decaux & P.E. Imbert, La Convention européenne des Droits de l’Homme,
Paris, Economica, 1995, p. 268.
207. Arrêt du 4 novembre 1993, Pasicrisie belge, 1993, 1re partie, p. 927.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 127
208. Arrêts des 9 mai 1990 et du 3 mars 1993, voir à ce sujet R. Perrot, « Jurisprudence
française en matière de droit judiciaire privé », « B. Procédure de l’instance : Jugements
et voies de recours. Voies d’exécution et mesures conservatoires », RTD civ., 1993,
p. 651-653, sous « Voies de recours. Délai : point de départ en cas de notifications
successives ».
209. Certaines lois de procédure nationales aménagent des exceptions à cette règle lorsque
l’acte doit être transmis à l’étranger ; voir par exemple l’art. 4(m) des FRCP aux Etats-
Unis et pour une application de cette disposition, Frederick c. Hydro Aluminium, 153
F.R.D. 120 (E.D. Mich. 1994) ; Pennsylvania Orthopedic Association c. Mercedes-Benz AG,
160 F.R.D. 58 (E.D. Pa. 1995).
210. Au Royaume-Uni : Court of Session, Outer House, 20 mars 1996, John Caygill c. Stena
Offshore AS ; aux Etats-Unis : Robillard c. Asahi Chemical Industry Co., 1995 Conn.
Super. LEXIS 3109 (Conn. Sup. Ct. 1995) ; Broad c. Mannesmann Anlagenbau, A.G., 141
Wn.2d 670, 10 P.3d 371, 2000 Wash. LEXIS 599 (2000).
211. Aux Etats-Unis : Prom c. Sumitomo Rubber Industries, 592 N.W.2d 657 (Wis. Ct. App.
1999). Dans ce cas, le demandeur avait essayé, en vain, de tirer argument du délai de six
mois prévu à l’art. 15(2)(b), qui devait prévaloir sur le droit national, pour sauver sa
notification qui avait été effectuée sept jours après l’expiration du délai de soixante jours
posé par la loi du Wisconsin.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 128
était impraticable pour chaque acte de procédure en raison des délais interminables
qu’elle implique212. Les tribunaux belges et luxembourgeois ont résolu le problème
en faveur du demandeur en jugeant que selon les droits belges et luxembourgeois, la
signification est réputée parfaite dès l’accomplissement des formalités prévues par leur
droit interne ; il n’y a pas à tenir compte de la remise effective de l’acte à son
destinataire résidant à l’étranger pour apprécier si ledit acte a été signifié dans le délai
légal213.
a) Commentaires généraux
163. L’Autorité centrale de l’Etat requis ou toute autre autorité que l’Etat aura désignée
à cette fin établit une Attestation conforme à la formule modèle annexée à la
Convention (art. 6(1) ; voir aussi les para. 115 et 116). Cette autre autorité désignée ne
doit pas forcément être une autorité judiciaire214 ; mais, dans tous les cas, cette autre
autorité doit avoir été désignée comme autorité compétente pour remplir l’Attestation.
En vertu de l’article 21(1)(b), une telle désignation doit être communiquée au
Dépositaire, à savoir le Ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas, et peut être
faite soit au moment du dépôt de l’instrument de ratification ou d’adhésion, soit
ultérieurement. Dans le souci de réduire les délais de transmission, un certain nombre
d’Etats (par ex. le Canada, la Norvège, les Pays-Bas ou la Suisse) ont désigné soit
l’autorité ou la personne qui notifie effectivement l’acte, soit une autorité judiciaire de
l’arrondissement dans lequel la notification a été effectuée comme autorité compétente
pour établir l’Attestation. Il convient toutefois de souligner que lorsque ce n’est ni
l’Autorité centrale ni une autorité judiciaire qui a rempli l’Attestation, le requérant peut
demander que l’Attestation soit visée par l’une de ces autorités (art. 6(3)).
164. La Convention établit clairement que l’Attestation doit être directement adressée
au requérant (c.-à-d. à l’autorité requérante ou à l’officier ministériel de l’Etat d’où
émane l’acte, voir à cet égard l’art. 6(4)). En pratique, l’Attestation est parfois remise à
l’Autorité centrale de l’Etat requis qui, à son tour, la remet au requérant. Dans cette
dernière hypothèse, l’Autorité centrale ajoute souvent son visa sur l’Attestation,
notamment dans le cas où le requérant l’aurait demandé par avance (voir l’art. 6(3)).
165. Lorsque le requérant indiqué sur la Formule de Demande est un avocat
(attorney) des Etats-Unis, certaines Autorités centrales refusent apparemment de
retourner l’Attestation à ce requérant directement. Au lieu de cela, elles retournent
l’Attestation par la voie diplomatique au consulat ou à l’ambassade la plus proche de la
juridiction du for, qui à son tour transmet l’Attestation par courrier au greffier de la
juridiction aux Etats-Unis. Le problème qui résulte de cette pratique est que les
214. Rapport explicatif, op. cit. (note de bas de page 9), p. 370. On le déduit aussi
indirectement de l’art. 6(3).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 131
greffiers, qui ne sont pas accoutumés à recevoir par courrier des documents étrangers
non réclamés, les jettent ou les perdent souvent. Le Bureau Permanent a connaissance
de plusieurs affaires dans lesquelles des Attestations ont été ainsi « perdues ». Cette
pratique doit donc être désapprouvée.
166. La Convention ne précise pas comment l’Attestation doit être adressée au
requérant. Par conséquent, la voie postale, et même le courrier électronique ou la
télécopie, sont admissibles (sur l’utilisation des technologies modernes pour la
transmission de l’Attestation, voir le para. 258).
c) Effet de l’Attestation
170. L’Attestation crée une présomption réfragable de régularité de la notification qui
permet de poursuivre la procédure devant le tribunal étranger. Cette présomption est
aussi importante dans le cadre de la reconnaissance et de l’exécution d’un jugement par
défaut rendu en application de l’article 15(2) de la Convention. Elle ne permet toutefois
pas de réparer une notification qui, selon le droit de l’Etat requis, n’est pas valable217.
216. Greene c. Le Dorze, 1998 U.S. Dist. LEXIS 4093 (N.D. Tex. 1998).
217. BGH, 9e Zivilsenat, 18 février 1993, IPRax 1993, p. 396.
218. OLG Düsseldorf, 3e Zivilsenat, 19 février 1992, NJW 1992, p. 3110-3112. Voir cependant
les para. 124 et s.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 133
219. Voir aussi la décision du Tribunal fédéral suisse, citée dans les notes de bas de
page 153 et 154.
220. Rapport explicatif, op. cit. (note de bas de page 9), p. 375.
221. Les mêmes termes figurent dans les Conventions de La Haye du premier mars 1954
relative à la procédure civile (art. 11(3)) et du 18 mars 1970 sur l’obtention des preuves à
l’étranger en matière civile ou commerciale (art. 12(1)(b)).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 134
175. Par le passé, quelques tribunaux allemands s’étaient fondés sur cette
disposition pour refuser de notifier à des défendeurs en Allemagne des demandes de
« punitive damages » américaines, qu’ils considéraient comme contraires à l’ordre
public223. Cependant, depuis, plusieurs décisions acceptant la notification de demandes
de « punitive damages » 224 ou « treble damages » 225 ont été rendues en
Allemagne (voir aussi le para. 54). Ces décisions confirment à juste titre que les motifs
de refus de l’article 13(1) ne sont pas identiques à l’ordre public tel qu’il est formulé
dans le cadre de la reconnaissance et de l’exécution des jugements étrangers, et qu’ils
posent des conditions plus strictes que celui-ci226.
176. Récemment, deux litiges impliquant des demandes d’octroi en dommages et
intérêts punitifs (punitive damages) ont été portés, respectivement, devant la Cour
fédérale constitutionnelle (Bundesverfassungsgericht) et la Cour suprême
fédérale (Bundesgerichtshof). Ces deux affaires ouvrent à nouveau le débat relatif à
l’applicabilité de la Convention Notification à une demande de notification d’une
réclamation de punitive damages. Dans la première affaire, très médiatisée, la société
allemande Bertelsmann est poursuivie dans une procédure de class action (action
collective) s’élevant à dix-sept milliards de dollars de dommages-intérêts, après s’être
engagée financièrement auprès de Napster, un fournisseur permettant des échanges
gratuits de fichiers musicaux sur Internet, lui-même poursuivi pour violation des droits
d’auteur227. L’assignation a été transférée à l’Autorité centrale pour la Rhénanie-du-
Nord-Westphalie (Nordrhein-Westfalen), c’est-à-dire l’Oberlandesgericht de
Düsseldorf, par une demande datée du 11 mars 2003. Par une décision en date du
20 mars 2003, l’OLG de Düsseldorf (agissant en tant qu’Autorité centrale) a admis la
demande de notification, qui a alors été exécutée et déclarée conforme. Puis, sur appel
de cette décision, l’OLG de Düsseldorf (agissant cette fois en qualité de Cour d’appel) a,
dans un jugement en date du 11 juillet 2003, confirmé la décision de l’Autorité centrale.
Suite à un recours constitutionnel (Verfassungsbeschwerde) déposé par Bertelsmann, le
Bundesverfassungsgericht, dans un arrêt en date du 25 juillet 2003, a, quant à lui,
suspendu, à titre provisoire, l’exécution de la décision de l’OLG de Düsseldorf pour une
première période de six mois. Le Bundesverfassungsgericht déclara en effet que
l’argument constitutionnel méritait d’être examiné228. Le délai de six mois fut alors
renouvelé à plusieurs reprises, jusqu’en novembre 2005, date du retrait par Bertelsman
de sa demande de recours. Par conséquent, la suspension temporaire fut révoquée et
la Cour constitutionnelle n’a pas eu à se prononcer sur le fond du recours de
Bertelsmann 229 . Le 16 décembre 2005, une Attestation de notification fut émise,
confirmant la notification faite à Bertelsmann le 9 décembre 2005 (suite à une nouvelle
exécution de la demande initiale). Pendant ce temps, aux Etats-Unis, la procédure s’est
poursuivie et est toujours en cours.
177. Le recours de Bertelsmann reposait sur l’article 13 de la Convention et l’allégation
selon laquelle l’action collective entreprise par les plaignants américains, réclamant des
dommages-intérêts excessifs, portait atteinte à la souveraineté de l’Etat allemand.
Bertelsmann arguait, notamment, qu’en raison du montant excessif de la demande et
de l’étendue de sa médiatisation, la seule notification de la plainte portait atteinte aux
droits constitutionnels du défendeur. En outre, le refus d’exécuter la demande de
notification en vertu de l’article 13 constituait, selon lui, le seul moyen dont disposait
227. La décision la plus récente dans ce litige très complexe a été rendue par la District Court
du Northern District de Californie aux Etats-Unis (action collective - « class action
certification »), voir Jerry Leiber, et al. c. Bertelsmann AG, 2005 WL 1287611 (N.D. Cal.).
Il convient de noter que Napster est, aujourd’hui, de nouveau actif en tant que site légal
de chargement de musique payante.
228. Voir les commentaires de B. Hess « Transatlantischer Rechtsverkehr heute: Von der
Kooperation zum Konflikt? », JZ 2003, p. 923 et s.
229. Voir « Bertelsmann zieht Klage zurück », Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ),
12 novembre 2005, p. 14.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 136
l’Allemagne pour protéger les droits fondamentaux et principes juridiques garantis par
la Constitution allemande et auxquels un procès devant un jury américain
contreviendrait230.
178. A l’encontre de cet argumentaire, le Président de l’OLG de Düsseldorf avait
justement indiqué que la notification d’une demande de dommages-intérêts même
exorbitants est possible en vertu de la Convention de La Haye, et que l’éventualité de
l’octroi de dommages-intérêts élevés ne contrevient pas aux droits fondamentaux du
défendeur. En effet, l’exécution de la notification n’engendre pas la confiscation des
biens de la société en Allemagne, le dénouement du litige initié n’étant pas connu à ce
stade de la procédure, toute saisie éventuelle des biens en Allemagne pourra toujours
être empêchée ultérieurement, lors de la procédure d’exécution. Le Président de la Cour
souligne en outre que l’objectif poursuivi par la Convention de La Haye est compromis
toutes les fois où une autorité étrangère entreprend, lors de la phase de notification au
défendeur d’une poursuite judiciaire, un examen détaillé des réparations réclamées,
sous couvert de l’ordre public. Un tel examen par l’Autorité centrale peut en effet
engendrer des délais excessifs affectant de façon significative l’assistance judiciaire
mutuelle. Enfin, la Convention de La Haye ne devrait pas être appliquée de manière à
offrir la possibilité à l’Etat requis d’entraver le cours d’une affaire pendante en
appliquant sa propre interprétation231.
230. A l’appui de son allégation, Bertelsmann avance, entre autres, que l’objectif véritable
d’une telle action collective est de nuire à la réputation du défendeur. Selon Bertelsmann,
les sommes réclamées dépassant largement le montant des biens du défendeur, la
pression économique engendrée par la simple notification de ces plaintes aurait des
conséquences considérables sur le défendeur lui-même, les employés allemands de la
société et l’Etat allemand ; le principe de proportionnalité entre la faute commise et les
réparations dues ainsi que la liberté reconnue par la Constitution allemande d’exercer son
activité professionnelle ne sont pas respectés. Il dénonce en outre la complexité et le coût
liés à l’obtention de preuves dans le cadre d’une action collective où par définition, les
demandeurs ne sont pas identifiés.
231. Le Président de l’OLG Düsseldorf observe, par ailleurs, que le refus d’exécuter la demande
de notification ne protégerait pas Bertelsmann de toute poursuite aux Etats-Unis puisque
la plainte avait été notifiée avec succès auprès de deux des filiales de Bertelsmann situées
aux Etats-Unis. Il observe aussi que l’utilisation de demandes de réparations
disproportionnées ajoutées à une couverture médiatique d’envergure visant à encourager
un règlement amiable n’est pas étrangère à la pratique juridique allemande.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 137
179. Il est regrettable que la Cour fédérale constitutionnelle allemande ne se soit pas
prononcée dans cette affaire avant que Bertelsmann ne retire sa demande. Le fait que
le Bundesverfassungsgericht ait accepté de suspendre temporairement l’exécution de la
décision de l’OLG de Düsseldorf fait, en effet, planer des doutes considérables quant à
la continuité de sa position de 1994232. Seule une décision sur le fond aurait permis de
clarifier cette question et de lever ces doutes. En effet, dans l’attente de la décision de
la Cour constitutionnelle sur le fond, plusieurs Autorités centrales allemandes ont
suspendu l’exécution de demandes de notifications afférentes à des procédures
américaines d’envergure. Le grand retard engendré dans le procès Bertelsmann a sans
doute affecté le fonctionnement pratique de la Convention en Allemagne. Une autre
affaire importante, toujours pendante devant la Cour suprême fédérale
(Bundesgerichtshof)233, confirmera, espérons-le, l’interprétation restrictive, et juste,
de l’article 13. Ce second litige porte aussi sur une demande de punitive damages. Bien
que le montant de la demande soit bien supérieur à celui en jeu dans l’affaire
Bertelsmann, l’intérêt médiatique pour cette seconde affaire est, assez curieusement,
beaucoup moins élevé que pour la précédente. Dans cette nouvelle affaire, le défendeur
est une grande entreprise pharmaceutique allemande. L’Autorité centrale de la
Rhénanie-Palatinat (Rheinland-Pfalz) a exécuté la demande de notification mais, en
appel, l’Oberlandesgericht de Koblenz a suspendu l’exécution et renvoyé la question au
Bundesgerichtshof. Aussi, dans l’intérêt du bon fonctionnement de la Convention
Notification, est-il espéré que le Bundesgerichtshof confirmera l’interprétation
restrictive de l’article 13 qui avait été adoptée par la Cour constitutionnelle en 1994.
180. Dans une autre instance, le Tribunal de Düsseldorf a rendu une décision selon
laquelle la notification en Allemagne d’une « antisuit injunction » anglaise, qui
interdit à une partie à un procès pendant en Allemagne de poursuivre ce procès et / ou
de commencer d’autres procédures dans ce pays, était à même de porter atteinte à la
souveraineté de l’Allemagne et devait par conséquent être refusée par l’Autorité
centrale allemande selon l’article 13(1)234. Malgré ces quelques exceptions, il convient
de souligner que les refus d’exécution de demandes de notification pour atteinte à la
souveraineté ou à la sécurité de l’Etat requis restent très rares. Les exemples donnés
lors de la Commission spéciale de 1977 sont de nature exceptionnelle (par ex. procès
dirigé à l’étranger contre un magistrat national pour dommages provoqués dans
l’exercice du pouvoir judiciaire, citation à comparaître devant un tribunal étranger
adressée au souverain national).
181. L’article 13(2) renforce l’interprétation très stricte des motifs de refus d’exécution
de l’article 13(1) en confirmant que les autorités de l’Etat requis n’ont pas à examiner la
compétence du tribunal étranger. L’exception d’incompétence du tribunal doit être
soulevée devant ce dernier et non dans le cadre de la notification à l’étranger. Il en est
de même pour les exceptions de litispendance et de chose jugée.
182. Enfin, il convient de rappeler que l’exécution de la demande de notification ne
préjuge pas de la reconnaissance ou de l’exécution ultérieure par l’Etat requis de la
décision rendue dans l’Etat requérant à la suite de la notification235. Sur ce point, la
Commission spéciale (CS) de 2003 a d’ailleurs conclu comme suit :
« 78. La CS rappelle que la Convention n’aborde pas la question de la reconnaissance
et de l’exécution de jugements. En outre, les experts réaffirment la nécessité, pour
la Convention, de fonctionner de manière à soutenir les droits procéduraux du
défendeur. Notamment, la CS rappelle le principe selon lequel le défendeur devrait
être effectivement informé en temps utile pour organiser sa défense. Cela est
particulièrement notable lorsque dans l’Etat de destination la validité de la
notification est examinée. »
234. OLG Düsseldorf, 10 janvier 1996, IPRax 1997, p. 260, commenté par W. Hau,
« Zustellung ausländischer Prozessführungsverbote: Zwischen Verpflichtung zur
Rechtshilfe und Schutz inländischer Hoheitsrechte », IPRax 1997, p. 245.
235. Rapport explicatif, op. cit. (note de bas de page 9), p. 375-376. Pour une décision
judiciaire, voir par ex. Auto de la Audienca Provincial de Alicante, Section 4, 1er mars
2002, AC 2002\779 : au stade de la reconnaissance et de l’exécution d’un jugement, la
cour espagnole vérifie que la notification a permis au défendeur de préparer sa défense.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 139
236. Voir notamment le Rapport explicatif, op. cit. (note de bas de page 9), p. 372.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 140
Puisque l’acte n’est pas remis au destinataire par le Consul de l’Etat d’origine, mais
plutôt par une autorité de l’Etat de destination, cette voie de transmission est désignée
comme voie consulaire indirecte. Elle doit être distinguée de la voie consulaire
directe, dans laquelle le Consul de l’Etat d’origine remet lui-même l’acte à notifier au
destinataire.
188. La Convention de 1965 prévoit la voie consulaire directe et la voie consulaire
indirecte. Certains pays ont complètement abandonné ces voies dans les relations avec
les Etats parties à la Convention. D’autres ont encore recours à ces voies relativement
fréquemment.
239. La voie consulaire est la principale voie de transmission dans les Conventions de 1905 et
de 1954 relatives à la procédure civile.
240. Décision de la Cour constitutionnelle allemande, BVerwG, 20 mai 1999, NJW 2000,
p. 683-684 ; cette position avait déjà été prise par un tribunal suisse, le Tribunal
cantonal du Valais, Chambre civile, 1er septembre 1998, décision reçue de l’Autorité
centrale valaisanne.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 142
son territoire, ces voies peuvent seulement être suivies pour notifier des actes aux
ressortissants de l’Etat d’origine.
191. Un tribunal allemand a jugé que le requérant allemand qui choisit de faire
notifier un acte par la voie consulaire, en lieu et place de la voie de l’Autorité centrale,
supporte le fardeau de l’allégation et de la preuve que l’acte est bien parvenu au
destinataire243. Un autre tribunal allemand a statué que dans ce cas, l’acte ne doit
pas être rédigé ou traduit dans la langue de l’Etat de destination244. Ceci explique
que la voie consulaire directe est assez souvent utilisée pour les notifications adressées
aux nationaux de l’Etat d’origine.
241. Ainsi, au sein du système mis en place par la Convention, les voies diplomatique et
consulaire directes constituent des exceptions puisque la Convention traite principalement
de la seule transmission des actes. Dans le cas d’une transmission par la voie principale
(Autorité centrale), la notification des actes n’est pas régie par la Convention mais plutôt
par la loi de l’Etat requis ; dans le cas d’une transmission par l’une des voies alternatives
(autre que les voies diplomatique et consulaire directes ainsi que la voie postale (voir les
para. 195 et s.)), la notification des actes est régie par la loi de l’Etat de destination. La
notification des actes est aussi abordée par les art. 15 et 16 (voir les para. 274 et s.).
242. Se sont notamment opposés à l’usage de la voie diplomatique ou consulaire directe sur
leur territoire (voir la liste complète des Etats sur le site Internet de la HCCH): l’Allemagne
(aussi, une tentative de notification par la voie d’un Vice-Consul des Etats-Unis en
Allemagne a-t-elle été jugée non valable par un tribunal américain : Dr. Ing HCF
Porsche AG c. Superior Court for the County of Sacramento, 177 Cal, Rptr, 155 (Cal. Ct.
App. 1981)), la France (aussi un tribunal néerlandais a-t-il correctement jugé que le
Ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas avait agi conformément à la Convention en
refusant d’accepter un document destiné à être notifié par voie diplomatique à un
défendeur en France : Gerechtshof Den Bosch, 19 novembre 1980, NJ 1982, p. 416), le
Portugal (aussi l’exécution au Portugal d’un jugement canadien a-t-elle été correctement
refusée au motif que la notification des actes au destinataire portugais avait été accomplie
par le biais de l’Ambassadeur canadien au Portugal : Tribunal da Relaçao de Lisboa, 13
mai 1999). Sur la question de la réciprocité d’une opposition en général, voir les para. 206
et s. et concernant l’art. 8(1) plus particulièrement, voir la décision japonaise citée à la
note de bas de page 267.
243. OLG Hamm, 35e Zivilsenat, 30 septembre 1994, IPRax 1995, p. 255-256, note H. Kronke.
244. LG Berlin, 5 février 1997, confirmé par KG Berlin, 22 avril 1997, décisions reçues de
l’Autorité centrale.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 143
245. Pour connaître la position de chaque Etat partie sur ce point, veuillez consulter l’état
présent de la Convention disponible sur le site Internet de la HCCH.
246. T. Bischof, op. cit. (note de bas de page 45), p. 247, note 45.
247. Aux Etats-Unis, en vertu du Foreign Sovereign Immunities Act, lorsque la demande de
notification a été refusée par l’Autorité centrale de l’Etat requis en vertu de l’art. 13, une
note diplomatique est envoyée et la notification est considérée comme effective dès la
délivrance de la note, qu’elle ait été acceptée ou pas.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 144
194. Il est utile de rappeler que les avis des experts de la Commission spéciale de
novembre 1977 divergeaient quant à l’intérêt de la voie diplomatique indirecte : alors
que certains ont estimé que cette voie pouvait accélérer la transmission, d’autres ont
souligné qu’elle provoquait des retards importants.
248. Ainsi, au sein du système mis en place par la Convention, la voie postale constitue une
exception puisque la Convention traite principalement de la seule transmission des actes.
Dans le cas d’une transmission par la voie principale (Autorité centrale), la notification des
actes n’est pas régie par la Convention mais plutôt par la loi de l’Etat requis. Dans le cas
d’une transmission par l’une des voies alternatives (autre que la voie postale et les voies
diplomatique et consulaire directes (voir les para. 189 et s.)), la notification des actes est
régie par la loi de l’Etat de destination. La notification des actes est aussi abordée par les
art. 15 et 16 (voir les para. 274 et s.).
249. Les Conventions adoptées par l’Union Postale Universelle sont révisées très
régulièrement. La version la plus récente de la Convention Postale Universelle a été signée
à Bucarest en 2004 et est entrée en vigueur le 1er janvier 2006. Sur les Conventions
Postales Universelles, voir aussi les para. 259 et 260.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 145
250. Mezitis c. Mezitis, NYLJ, 21 novembre 1995, (25), col 5 (Sup. Ct. N.Y. County 1995)
251. EOI Corp. c. Medical Marketing Ltd., 172 F.R.D. 133, 142, n. 19 (D. N.J. 1997) ; Voir
aussi, R. Griggs Group Ltd. c. Filanto SpA, 920 F.Supp. 1100 (D. Nev. 1996) (une
notification par Federal Express est satisfaisante au regard de l’art. 10(a)) ; mais voir, In
re Cinar Corp. Securities Litigation, 186 F.Supp.2d 279, 304 (E.D. N.Y. 2002), (émettant
un doute, sans se prononcer, sur la question de savoir si un service de courrier
international constitue une forme de « voie postale » au sens de la Convention de
La Haye).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 146
200. La Commission spéciale de 2003 a d’ailleurs pris note de l’utilisation croissante des
services postaux privés pour la transmission rapide de documents dans des situations
professionnelles diverses et des rapports selon lesquels ces services postaux ont été
utilisés pour notifier un acte conformément à l’article 10(a) de la Convention. Elle en
conclut qu’aux fins de l’article 10(a), le recours à des services postaux privés est
équivalent au recours à la voie postale253.
b) Critères de validité
201. La notification par la voie de la poste en vertu de l’article 10(a) est valable si (i) la
notification par poste est admise par le droit de l’Etat d’origine et que toutes les
conditions imposées par ce droit pour la notification par poste sont remplies, et (ii) l’Etat
de destination ne s’est pas opposé à l’utilisation de l’article 10(a).
252. En outre, dans un grand nombre d’affaires ne relevant pas de la Convention de La Haye,
des tribunaux des Etats-Unis ont considéré qu’une notification par un service postal privé
constitue « une forme de voie postale » selon les termes de l’art. 4(f)(2)(C)(ii) des FRCP.
Voir, par ex. Power Integrations, Inc. c. System General Corp., 2004 U.S. Dist. LEXIS
25414 (N.D. Cal. 2004) (la notification à un défendeur taïwanais par Federal Express
remplit les conditions de l’art. 4(f)(2)(C)(ii) des FRCP ) ; Dee-K Enterprises, Inc. c.
Heveafil SDN, BHD, 174 F.R.D. 376 (E.D. Va. 1997) (la notification par DHL à un
défendeur indonésien remplit les conditions de l’art. 4(f)(2)(C)(ii) des FRCP). Mais voir,
Export-Import Bank c. Asia Pulp & Paper Co., Ltd., 2005 U.S. Dist. LEXIS 8902 (S.D. N.Y.
2005) (émettant un doute, sans se prononcer, sur la question de savoir si un service de
courrier international tel que DHL constitue une « forme de voie postale » au sens de
l’art. 4(f)(2)(C)(ii) des FRCP).
253. Conclusions et Recommandations de la Commission spéciale de 2003, op. cit. (note de
bas de page 80), No 56.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 147
transmission au regard de la loi du tribunal saisi : pour que la voie postale puisse être
utilisée il faut au départ que la loi du tribunal saisi le permette. » 254
203. Ainsi, la loi de procédure de l’Etat d’origine détermine si une notification par la voie
postale est admissible et, le cas échéant, à quelles conditions, la notification par la voie
postale doit être effectuée (par ex. uniquement par courrier recommandé avec avis de
réception). Par exemple, dans un cas de notification d’un acte introductif d’instance à
une défenderesse en France, la Cour suprême des Pays-Bas (Hoge Raad) a jugé que
l’envoi d’un courrier recommandé ne constitue une transmission directe par la voie
postale valable, au sens de l’article 10(a) de la Convention, que si ce courrier
recommandé a effectivement atteint le destinataire à l’étranger. En l’occurrence, le
défendeur n’ayant pas reçu le courrier envoyé par le demandeur néerlandais, l’acte
introductif d’instance n’avait pas valablement été notifié255.
254. Rapport de la Commission spéciale de 1964, op. cit. (note de bas de page 24), à la p. 90.
Voir aussi B. Ristau, op. cit. (note de bas de page 43), para. 4-3-5 ; T. Bischof, op. cit.
(note de bas de page 11), p. 269. Cela a été confirmé par des tribunaux français,
suisses et américains : voir notamment CA Paris, Chambre 1, section C, 14 janvier
1993, Nuance Mode c. Alberto Baroni Spa, Juris-Data 023584 ; Obergericht Basel-Land,
18 septembre 1995, SJZ 1996, p. 316 ; Prom c. Sumitomo Rubber Industries, 592
N.W.2d 657 (Wis. Ct. App. 1999) ; Randolph c. Hendry, 50 F.Supp.2d 572 (S.D. W. Va.
1999) ; Brockmeyer c. Marquis Publications, Ltd., No 02-56283 (9th Circ. 2004). Cette
dernière décision offre une description détaillée des exigences imposées en vertu de
l’art. 4(f) des FRCP pour la notification par la voie postale internationale : ainsi dans les
cas où l’art. 4(f) est applicable, la notification par voie postale internationale est autorisée
seulement si elle est envoyée par le greffier de la cour qui doit alors utiliser un envoi avec
accusé de réception (art. 4(f)(2)(C)(ii)), ou si elle est approuvée par la district Court
(art. 4(f)(3) en vertu duquel les tribunaux ont autorisé une variété de modes de
notification à l’étranger alternatifs, y compris, non seulement le courrier ordinaire et le
courrier électronique, mais aussi la publication et le télex ; voir les références citées dans
la décision Brockmeyer ; dans l’affaire Brockmeyer, les demandeurs ont omis d’effectuer
les étapes nécessaires à l’obtention de l’approbation préalable de la cour). Sur la décision
Brockmeyer, voir aussi le para. 218.
255. HR, 31 mai 1996, NJ 1997, p. 29.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 148
256. Voir par ex. Hui Suet Ying c. Sharp Corporation and Sharp-Roxy (Hong Kong) limited,
Court of First Instance de Hong Kong, 15 février 2000, HCPI 1997, 1269 : décision selon
laquelle en l’absence d’opposition du Japon à l’art. 10(a), la notification par voie postale à
un destinataire au Japon doit être considérée comme valable, bien qu’il ait été allégué que
ce mode de notification n’est pas reconnu au Japon. Cette décision peut être téléchargée
en version anglaise à l’adresse suivante : < http://www.hklii.hk/hk/jud/en/hkcfi/2000/
HCPI001269_1997.html >.
257. L’inadmissibilité de la notification par voie postale en Allemagne a été reconnue aux
Etats-Unis : Lyman Steel Corp c. Ferrostal Metals Corp, 747 F.Supp. 389 (N.D. Ohio,
1990) ; Pittsburgh National Bank c. Kassir, 153 F.R.D. 580 (W.D. Pa 1994) ; Rhodes c.
J.P. Sauer & Sohn, Inc, 2000 U.S. Dist. LEXIS 7311 (W.D. La. 2000) ; voir pour d’autres
références D. McClean, op. cit. (note de bas de page 175), p. 35, note 101 ; en France :
CA Reims, Ch. Civ. 1, 1re section, 25 novembre 1998, Dahlgren GmbH c. SA Socatrem,
Juris-Data 049772 ; CA Dijon, Ch. Civ. 1, 2e section, No Répertoire général 99/01730,
Société Jucker GMBK c. Société L.0.I Thermoprocess GMBH, et à Chypre : Cour suprême,
11 décembre 1995, Cyp. L.R. 1995, p. 1069. Voir aussi les décisions allemandes : OLG
Munich, 28 septembre 1988, IPRax 1990, p. 111 ; autres références dans D. McClean, op.
cit. (note de bas de page 175), p. 35, note 101.
258. L’opposition ne s’applique pas aux Régions administratives spéciales de Hong Kong et
Macao.
259. Voir Jenco c. Martech International (E.D. La. 1987) (non répertorié ; référence tirée de
D. McClean, op. cit. (note de bas de page 175), p. 35, note 102).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 149
205. Une opposition à la voie postale comme moyen de notification ne s’étend pas aux
situations dans lesquelles la voie postale est utilisée comme un simple complément à
une autre forme de notification. La Commission spéciale de 1977 a en effet estimé que,
dans un tel cas, l’utilisation de la voie postale ne devrait pas être considérée comme une
atteinte à la souveraineté de l’Etat de destination et devrait donc être admise
nonobstant une opposition faite en vertu de l’article 10(a) 261 . Une déclaration
d’opposition à l’utilisation de la voie postale s’applique en revanche lorsqu’une copie de
l’acte est envoyée par courrier au destinataire à l’étranger suite à une notification au
parquet. En effet, puisque la transmission à l’étranger fait partie intégrante de la
notification et est exigée par la loi du for, la Convention s’applique, ainsi que l’ensemble
des déclarations 262 . Le même raisonnement s’applique dans le cadre d’une
notification substituée (substituted service), connue dans certains états des Etats-
Unis : lorsque le droit procédural d’un état permet d’effectuer une notification
substituée (substituted service) au Secrétaire d’Etat, mais exige également du
demandeur qu’il envoie un avis directement au défendeur à l’étranger, la Convention
ainsi que l’ensemble des déclarations s’appliquent à cette transmission à l’étranger263.
260. L’inadmissibilité de la notification par voie postale en Suisse a notamment été reconnue
par la Court of first instance de Hong Kong : Continental Mak Limited c. Verkehrs-Club de
Schweiz, 31 octobre 2001.
261. Dans ce cas, seule la date de la notification formelle devrait être prise en compte aux fins
de l’art. 15 ; voir le Rapport de la Commission spéciale de 1977, op. cit. (note de bas de
page 113), p. 387.
262. Voir les para. 8 et s.
263. Voir Melia c. Les Grands Chais de France, 135 F.R.D. 28, 1990 U.S. Dist. LEXIS 12684
(D.R.I. 1990).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 150
Suisse, qui se sont toutes deux opposées à la notification sur leur territoire par voie
postale, peuvent-elles utiliser la voie postale pour notifier des actes à l’étranger ?
207. Il semblerait qu’en pratique, les réponses données à cette question varient. Elles
peuvent dépendre, d’une part, de l’approche adoptée par l’Etat d’origine « opposant »
(dans les exemples cités, l’Allemagne ou la Suisse) et, d’autre part, de l’approche
adoptée par l’Etat de destination, qui, par hypothèse, ne s’oppose pas à la voie de
transmission incriminée. Ainsi, l’Etat d’origine peut soutenir que sa propre déclaration
d’opposition (réserve) doit être comprise de manière « réciproque ». C’est ainsi qu’en
Allemagne, l’Oberlandesgericht de Düsseldorf a statué que l’objection allemande, en
vertu de laquelle « [u]ne signification ou notification selon l’article 10 de la Convention
n’aura pas lieu », doit s’interpréter de manière « réciproque » (allseitig), rappelant qu’il
s’agissait-là de la jurisprudence allemande majoritaire 264 . En vertu de cette
interprétation, des actes en provenance de l’Allemagne ne peuvent pas être transmis
par voie postale à l’étranger.
208. L’Etat de destination peut quant à lui invoquer le principe de la réciprocité de
l’opposition faite par l’Etat d’origine. Ainsi, dans l’exemple donné ci-dessus, l’Etat de
destination peut refuser les notifications par la voie postale émanant de l’Etat d’origine,
quand bien même il ne s’est pas opposé à ce mode de transmission. Le principe de la
réciprocité de l’opposition invoquée par l’Etat de destination peut se fonder sur l’équité
et la théorie traditionnelle du droit international public : si un Etat fait une réserve
prévue par un traité, il ne peut exiger des autres Etats parties le respect d’une
disposition ou d’une norme conventionnelle dont il refuse lui-même l’application265.
264. Voir OLG Düsseldorf, 3e Zivilsenat, 8 février 1999, ZfIR 1999, p. 324-326. Bien que le cas
d’espèce porte sur le mode de transmission par le biais d’un officier ministériel prévu par
l’art. 10(c) de la Convention (voir le para. 233), les développements de la Cour sur la
nature et les effets de l’opposition allemande aux modes de transmission prévus à l’art. 10
sont de caractère général et s’appliquent par conséquent aussi à la transmission par voie
postale.
265. Voir par ex. K. Ipsen, Völkerrrecht, 3e éd., Munich, Verlag C. H. Beck, 1990, para. 14,
notes 11 et s. ; A. Verdross & B. Simma, Universelles Völkerrecht: Theorie und Praxis, 3e
éd., Berlin, Duncker & Humblot, 1984, para. 733, note 5. Ce principe semble aussi
découler de l’art. 21 de la Convention de Vienne sur le droit des traités qui traite des
effets juridiques des réserves et des objections aux réserves.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 151
Mais ce principe n’est pas absolu et, dans une approche plus moderne, peut être nuancé
comme suit : alors qu’un Etat ayant fait la réserve ne saurait exiger des autres Etats
parties (n’ayant pas fait la même réserve) qu’ils appliquent le traité sans effet
réciproque, ces autres Etats ne sont nullement obligés d’appliquer la réciprocité266. En
d’autres termes, les autres Etats ont la faculté de lever la réciprocité267.
209. A cet égard, la démarche de la République slovaque, qui s’est opposée à la
notification par voie postale sur son territoire, paraît d’un intérêt particulier. La
République slovaque a en effet pris contact par la voie diplomatique avec d’autres Etats
parties pour leur demander de clarifier leur position, c’est-à-dire d’indiquer s’ils
invoqueraient la réciprocité de la réserve slovaque ou non. Les Etats parties qui ont
répondu à cette requête ont tous indiqué qu’ils n’invoqueraient pas la réciprocité de la
réserve slovaque. Parmi les autres Etats ayant déclaré s’opposer à la transmission par
voie postale, tous n’ont pas engagé les mêmes efforts pour contacter les autres Etats
parties, mais évitent néanmoins d’utiliser ce mode de transmission pour leurs envois à
l’étranger (c’est notamment le cas de la Suisse), à moins que l’Etat de destination ne
leur ait expressément communiqué son acceptation des notifications par voie postale
émanant de l’Etat d’origine opposant.
210. Dans le but de clarifier davantage la situation et d’améliorer le fonctionnement de
la Convention, une uniformisation de la pratique des Etats parties (d’origine et de
destination) semble souhaitable. La Commission spéciale de 2003 a permis de révéler
qu’une telle uniformisation était d’ores et déjà bien avancée268.
268. Voir Conclusions et Recommandations de la Commission spéciale de 2003, op. cit. (note
de bas de page 80), No 79.
269. Traduction du Bureau Permanent ; Conclusions et Recommandations de la Commission
spéciale de 2003, op. cit. (note de bas de page 80), No 57. Le Japon avait fait un premier
communiqué à cet égard lors de la Commission spéciale de 1989 - Pour un exemple de
refus de reconnaissance et d’exécution au Japon d’un jugement new-yorkais au motif que
la notification par voie postale et sans traduction d’une citation à comparaître à un
défendeur japonais n’est pas respectueuse des droits du défendeur, voir : Hachioji Branch
of Tokyo District Court, jugement, 8 décembre 1997.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 153
Dans cette affaire, la Cour a jugé que la décision d’un tribunal allemand doit être
reconnue par un tribunal des Etats-Unis, même si la notification au défendeur résidant
aux Etats-Unis a été faite par la poste (et même si l’Allemagne elle-même a élevé, en
application de l’art. 10(a), une objection formelle à l’acheminement des actes sur son
territoire par la voie postale). Cette conclusion repose sur une interprétation historique
et systématique de la Convention. L’utilisation du terme « send » au lieu de « serve » a
été mise sur le compte d’une inadvertance de rédaction272.
270. Dans le sens de Bankston - tribunaux fédéraux : Mommsen c. Toro Co, 108 F.R.D. 444
(S.D. Iowa 1985) ; Pochop c. Toyota Motor Corp. Ltd., 111 F.R.D. 464 (S.D. Miss. 1986) ;
Cooper c. Makita Electric Works Ltd., 117 F.R.D. 16 (D. Me. 1987) ; McClenon c. Nissan
Motor Corp., 726 F.Supp. 822, 1989 U.S. Dist. LEXIS 15072 (N.D. Fla. 1989) ; Wasden c.
Yamaha Motor Co. Ltd., 131 F.R.D. 206 (M.D. Fla. 1990) ; Raffa c. Nissan Motor Co., 141
F.R.D. 45, 1991 U.S. Dist. LEXIS 20273 (E.D. Pa. 1991) ; Gallagher c. Mazda Motor Corp.,
781 F.Supp. 1079 (E.D. Pa. 1992) ; Arco Electric Control Ltd. c. Core International, 794
F.Supp. 1144 (S.D. Fla. 1992) ; Anbe c. Kikuchi, 141 F.R.D. 498 (D. Haw. 1992) ; Mateo
c. M/S Kiso, 805 F.Supp. 792, 796 (N.D. Cal. 1992) ; Gonnuscio c. Seabrand Shipping,
908 F.Supp. 823 (D. Or. 1995) ; Golub c. Isuzu Motors, 924 F.Supp. 324 (D. Mass.
1996) ; Knapp c. Yamaha Motor Corporation, 60 F.Supp.2d 566 (S.D. W. Va. 1999) ;
Nuovo Pignone c. Storman Asia M/V, 310 F.3d 374, 384 (5th Cir. 2002) ; Uppendahl c.
Am. Honda Motor Co., 291 F.Supp.2d 531, 2003 U.S. Dist. LEXIS 20717 (W.D. Ky.
2003) ; Cupp c. Alberto-Culver USA, Inc., 2004 U.S. Dist. LEXIS 4182 (W.D. Tenn.
2004) - tribunaux d’états : Suzuki Motor Company c. Superior Court of San Bernardino
County, 200 Cal.App.3d 1476 (Cal. Ct. App. 1988) ; Frankenmuth Mutual Insurance
Company c. ACO Inc., 484 N.W.2d 718 (Mich. Ct. App. 1992) ; Zwerling c. Zwerling, 636
N.Y.S.2d 595 (N.Y. Sup. Ct. 1995) ; Meek c. Nova Steel Processing Inc., 706 N.E.2d 374
(Ohio Ct. App. 1997) ; Prom c. Sumitomo Rubber Industries, 592 N.W.2d 657 (Wis. Ct.
App. 1999).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 155
271. Ackermann c. Levine, 788 F.2d 830 (2nd Circ. 1986). Dans le sens d’Ackermann -
tribunaux fédéraux : Newport Components, Inc. c. NEC Home Electronics (USA), Inc.,
671 F.Supp. 1525 (C.D. Cal. 1987) ; Myers c. ASICS Corp., 711 F.Supp. 1001, 1007-08
(C.D. Cal. 1989) ; Borschow Hosp. & Medical Supplies, Inc. c. Burdick-Siemens Corp., 143
F.R.D. 472, 1992 U.S. Dist. LEXIS 15669 (D.P.R. 1992) ; Curcuruto c. Cheshire, 864
F.Supp. 1410 (S.D. Ga. 1994) ; R. Griggs Group, Ltd. c. Filanto Spa, 920 F.Supp. 1100
(D. Nev. 1996) indiquant (1105) que « [l]e placement d’un seul alinéa [alinéa a) de
l’art. 10] traitant de l’envoi d’actes non notifiés (‘nonservice documents’) au beau milieu
de quinze articles traitant de la notification des actes, serait incohérent avec la structure
de l’entière convention ». EOI Corp. c. Medical Marketing Ltd., 172 F.R.D. 133 (D. N.J.
1997) ; Eli Lilly c. Roussel Corp., 23 F.Supp.2d 460 (D. N.J. 1998) ; Trump Taj Mahal,
Assoc. c. Hotel Services, 183 F.R.D. 173 (D. N.J. 1998) ; WAWA Inc., c. Christensen, 44
Fed. R. Serv. 3d 589 (E.D. Pa. 1999) ; Zaboli c. Mazda Motor Corp., 1999 U.S. Dist. LEXIS
21756 (N.D. Ga. 1999) ; Randolph c. Hendry, 50 F.Supp.2d 572 (S.D. W. Va. 1999) qui
estime (577) que « si l’interprétation contraire devait être admise […] alors l’art. 10(a)
serait affreusement mal placé. En effet, il constituerait une disposition permettant
l’utilisation de la voie postale, mais ne fournirait aucune indication quant à la question de
la notification des actes à l’étranger – seule question que la Convention était censée
traiter ». Friede & Goldman c. Gotaverken Arendal Consultants, 2000 U.S. Dist. LEXIS
3319 (E.D. La. 2000) ; Heredia c. Transport S.A.S, 2000 U.S. Dist. LEXIS 4094 (S.D. N.Y.
2000) ; Paradigm Entertainment c. Video Systems, 2000 U.S. Dist. LEXIS (N.D. Tex.
2000) ; Schiffer c. Mazda Motor Corp., 192 F.R.D. 335, 2000 U.S. Dist. LEXIS 6020 (N.D.
Ga. 2000) ; Blades c. Ill. Cent. R.R., 2003 U.S. Dist. LEXIS 3823 (E.D. La. 2003) ;
Brockmeyer c. Marquis Publications, Ltd., No 02-56283 (9th Circ. 2004) (sur la décision
Brockmeyer, voir le para. 218) ; Papir c. Wurms, 02 Civ. 3273 (RCC), 2005 U.S. Dist.
LEXIS 2201, 2005 WL 372061 (S.D. N.Y. 2005) (sur la décision Papir, voir aussi le
para. 219) - tribunaux d’états : Nicholson c. Yamaha, 566 A.2d 135 (Md. Ct. Spec. App.
1989) ; Gapanovich c. Komori, 255 A.2d 607 (N.J. Super.Ct. 1992) ; Quinn c. Keinicke,
700 A.2d 147 (Del. Super. Ct. 1996) ; Denlinger c. Chinadotcom Corp., 110 Cal. App. 4th
1396, 2 Cal. Rptr. 3d 530, 2003 Cal. App. LEXIS 1161, 2003 Cal. Daily Op. Service 6738,
2003 D.A.R. 8518 (Cal. App. 6th Dist. 2003).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 156
272. B. Ristau, op. cit. (note de bas de page 43), p. 205. Pour plus de commentaires sur
Ackermann, voir le para. 220.
273. Rapport de la Commission spéciale de 1989, op. cit. (note de bas de page 54) ;
concernant la Commission spéciale de 2003, voir le para. 225.
274. Dans cette opinion, publiée dans ILM 1991, p. 260, le Legal Advisor indique qu’à son avis
le résultat auquel est arrivé le tribunal dans Bankston, à savoir que la Convention ne
permet pas la notification par la voie postale, n’est pas correct.
275. Il n’est pas possible ici de faire référence au grand nombre de décisions non américaines
soutenant expressément l’opinion selon laquelle l’art. 10(a) permet de notifier des actes.
Voir par ex. Noirhomme c. Walklate, Queen’s Bench Division, Londres, 15 avril 1991,
compte rendu dans The Times du 2 août 1991, p. 27 et les arrêts suivants, cités dans la
décision Brockmeyer c. Marquis Publications, Ltd. (développée au para. 218) : Cour de
justice des Communautés européennes (5e ch.) du 22 juin 1999, Srl. c. Italo
Fenocchio, C-412/97, E.C.R. 1999, I-3845 ; Alberta (Canada) Queens Bench, Integral
Energy & Envtl. Eng’g Ltd. c. Schenker of Canada Ltd., (2001) 293 A.R. 233, 2001 WL
454163 ; Cour d’appel de Thessaloniki (Grèce), R. c. Re Recognition of an Italian
Judgment, 2000 WL 33541696.
276. No 02-56283 (9th Circ. 2004), 383 F.3d 798 ; 2004 U.S. App. LEXIS 18349.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 157
premier lieu de la loi du for (voir le para. 202). Ensuite la Cour examina avec précaution
l’article 4(f) des FRCP et décida qu’en vertu de cette règle, la notification par voie
postale n’est valable que si l’acte a été envoyé par le greffier du tribunal en utilisant une
forme de voie postale requérant un accusé réception (art. 4(f)(2)(C)(ii)), ou si la
notification a été approuvée par la district court (art. 4(f)(3))277.
(5) Conclusion
221. L’analyse des décisions rendues par les tribunaux américains sur l’article 10(a)
permet de dégager trois catégories de décisions potentielles281 :
(1) la position Bankston : l’article 10(a) ne permet pas la notification par voie
postale ;
279. Voir Ackermann, op. cit. (note de bas de page 271), 840.
280. Voir ibid., 838, n7.
281. Cette conclusion a été initialement proposée par M. Glenn P. Hendrix (associé au
Département contentieux de Arnall Golden Gregory) lors d’une présentation à la
Conférence de la section droit international de l’ABA, au printemps 2005 à Washington.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 159
282. Conférence de La Haye de droit international privé, « Mémoire sur la notification des actes
judiciaires et extrajudiciaires à l’étranger », par G.A.L. Droz, in Actes et documents de la
Dixième session (1964), Tome III, Notification, La Haye, Imprimerie Nationale, 1965,
p. 12-13, 15-17.
283. Voir aussi D. McClean, op. cit. (note de bas de page 175), p. 37, selon qui les conclusions
développées dans Bankston sont « totalement injustifiées » (« wholly unjustified »).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 160
223. Il se peut que les descriptions aux points (2) et (3) ci-dessus ne constituent pas
réellement des « catégories » distinctes, mais plutôt des sous-ensembles d’une même
catégorie. Néanmoins, elles reflètent des approches différentes pouvant conduire à des
résultats différents dans des affaires particulières. Comme expliqué ci-dessus, ce
Manuel désapprouve les décisions Bankston et Papir et recommande le raisonnement
qui est sous-jacent dans Ackermann et clairement exprimé dans Brockmeyer : la
notification par voie postale est possible et efficace en vertu de l’article 10(a) sous
réserve de deux conditions cumulatives : (i) l’Etat de destination ne doit pas s’être
opposé à l’utilisation de cette méthode, et (ii) les conditions de validité d’une
notification par voie postale telles qu’imposées par la lex fori doivent être respectées.
Dans ce contexte, il est à espérer que le Second Circuit précisera que la notification par
la voie postale internationale est effectivement autorisée en vertu de
l’article 4(f)(2)(C)(ii), mais seulement à la condition que l’envoi soit traité et effectué
par le greffier (clerk) de la federal district court devant laquelle le procès est intenté.
224. A ce jour, la Cour suprême des Etats-Unis ne s’est pas encore prononcée sur
l’interprétation à donner à l’article 10(a).
225. La Commission spéciale qui s’est tenue en 2003 a réaffirmé sa position selon
laquelle le terme « send » (adresser) dans l’article 10(a), version anglaise, doit être
compris comme renvoyant à la « notification » (« service »), par la voie postale284.
(1) En général
229. L’article 10(b) prévoit la faculté pour les officiers ministériels, fonctionnaires et
autres personnes compétents de l’Etat d’origine, de faire procéder à des notifications
d’actes judiciaires directement par les soins des officiers ministériels, fonctionnaires ou
autres personnes compétents de l’Etat de destination. Chaque Etat partie peut déclarer
s’opposer à ce mode de transmission (art. 21(2)(a))289. Les déclarations d’opposition
des Etats parties figurent dans l’état de la Convention qui est disponible sur le site
Internet de la HCCH.
230. Le droit de l’Etat d’origine détermine qui sont, dans cet Etat, les officiers
ministériels, les fonctionnaires et autres personnes compétents pour transmettre une
demande de notification en vertu de l’article 10(b). De même, le droit de l’Etat de
destination détermine qui sont, dans cet Etat, les officiers ministériels, les
289. Seule la déclaration importe et non le contenu du droit interne d’un Etat. C’est donc à tort
qu’un tribunal des Etats-Unis a jugé que, pour savoir si un Etat partie s’oppose à une
voie de transmission donnée, il convient d’examiner le droit de procédure de cet Etat afin
de déterminer si la méthode de notification envisagée serait valable dans cet Etat : Hunt's
Pier Assocs. c. Conklin (In re Hunt's Pier Assocs.), 156 B.R. 464, 1993 Bankr. LEXIS 989,
27 Fed. R. Serv. 3d (Callaghan) 165 (Bankr. E.D. Pa. 1993). Suite à un examen du droit
de procédure de l’Ontario, le tribunal conclut que les modes de transmission prévus par
les art. 10(b) et (c) de la Convention ne sont pas admissibles et que par conséquent, le
Canada s’y oppose.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 163
290. Ainsi, doit être approuvée la décision de la Cour suprême du Portugal en date du
10 novembre 1993, qui, en se référant expressément à la Convention Notification et au
droit procédural portugais, a refusé de reconnaître une décision rendue par une cour
anglaise au motif que la notification par un avocat à une société portugaise n’avait pas été
accomplie par une personne compétente : Supremo Tribunal de Justiça, 10 novembre
1993, CJ (STJ) Ano1, t. III, 117.
291. L’art. IV du Protocole annexé à la Convention de Bruxelles prévoyait un tel système de
notification d’un huissier à un autre huissier entre Etats parties n’ayant pas formulé
d’objection contre un tel mode de notification. Ce Protocole n’a pas été repris par le
nouveau règlement européen (CE No 44/2001, du 22 décembre 2000, JOCE L12, 16
janvier 2001) qui a remplacé la Convention de Bruxelles.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 164
sur son territoire par un « solicitor » (avocat) admis à pratiquer dans la juridiction. Par
lettre du 11 septembre 1980 adressée au Bureau Permanent par le Foreign and
Commonwealth Office, le Gouvernement du Royaume-Uni a précisé que la déclaration
faite au moment de la ratification « n’empêche pas que toute personne dans un autre
Etat contractant, qui est intéressée à une instance judiciaire (y compris son avocat)
puisse procéder à des notifications au Royaume-Uni ‘directement’ par les soins d’une
personne compétente autre qu’un officier ministériel ou fonctionnaire, par ex. un
solicitor » 292 [traduction du Bureau Permanent]. Aussi, dans l’affaire Tax Lease
Underwriters c. Blackwall Green, un tribunal des Etats-Unis a-t-il admis la validité
d’une notification faite directement à un résident du Royaume-Uni par l’intermédiaire
d’un « solicitor » anglais293. Lors de la Commission spéciale d’avril 1989, la délégation
du Royaume-Uni a en fait marqué une préférence pour le recours à la notification
directe par l’intermédiaire de « solicitors » anglais à des destinataires résidant en
Angleterre et au Pays de Galles. Cette position a été réaffirmée lors de la Commission
spéciale de 2003294.
292. Un extrait de cette lettre est disponible sur le site Internet de la HCCH.
293. 106 F.R.D. 595 (E.D. Mo. 1985).
294. Conclusions et Recommandations de la Commission spéciale de 2003, op. cit. (note de
bas de page 80), No 58.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 165
295. Balcolm c. Hiller, 46 Cal. App. 4th 1758 (Cal. Ct. App. 1996) ; White c. Ratcliffe, 674
N.E.2d 906 (Ill. Ct. App. 1996).
296. Tribunal de commerce de Paris, 2 août 1989, La Belle Créole c. The GEMTEL Partnership.
297. United States c. Islip, 18 F.Supp.2d 1047 (Ct. Int’l Trade 1998). La Court of International
Trade des Etats-Unis a indiqué que des fonctionnaires et personnes compétentes ont été
impliquées des deux côtés de la frontière.
298. Koehler c. Dodwell, 152 F.3d 304 (4th Cir. 1998).
299. Vazquez c. Sund Emba AB, 548 N.Y.S.2d (A.D.2 dept. 1989). A noter que le fait que la
demande n’avait pas été traduite en suédois ne constituait pas un obstacle en l’espèce, le
tribunal jugeant que l’exigence de traduction est seulement applicable dans le cadre de la
notification par le biais de l’Autorité centrale.
300. Voir D. McClean, op. cit. (note de bas de page 175), p. 38, note 119 et texte
accompagnant, qui renvoie à la décision Tamari c. Bache & Co (Lebanon) SAL, 431
F.Supp. 1226 (N.D. Ill. 1977).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 166
236. La Convention permet aux Etats contractants de déroger à ses voies principale et
alternatives soit par accords entre eux (art. 11, 24 et 25), soit unilatéralement (art. 19).
Ces voies supplémentaires sont dénommées voies dérogatoires. Voir aussi le Schéma
explicatif 2 après la FAQ.
301. Kadota c. Hosogai, 608 P.2d 68 (Ariz. Ct. App. 1980). Cette approche a été confirmée par
la Cour suprême du Japon dans une décision du 28 avril 1998, dans une affaire où la Cour
avait à se prononcer sur la demande en reconnaissance et exécution d’une décision
émanant de la Cour de Hong Kong pour laquelle la notification avait été effectuée par le
biais d’un avocat japonais par remise directe aux défendeurs situés au Japon.
302. OLG Düsseldorf, 3e Zivilsenat, 8 février 1999, ZfIR 1999, p. 324-326 ; voir le para. 207.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 167
B. Rapports avec les accords additionnels aux Conventions de 1905 et 1954 (art. 24)
et avec d’autres accords (art. 25)
238. En vertu de l’article 24, les accords additionnels aux Conventions de La Haye de
1905 et 1954 sont considérés comme également applicables à la Convention de 1965,
à moins que les Etats parties intéressés n’en conviennent autrement.
239. En vertu de l’article 25, la présente Convention ne déroge pas aux Conventions
auxquelles les Etats parties sont ou seront Parties et qui contiennent des dispositions
sur les matières réglées par la présente Convention. Cette disposition tient donc compte
des accords bilatéraux ou multilatéraux existants et futurs.
240. Par le jeu des articles 24 et 25, les mécanismes de ces accords peuvent être
employés exclusivement ou alternativement avec ceux de la Convention dans les
relations entre les deux Etats concernés. Il convient de signaler à cet égard qu’une
opposition faite en vertu des articles 8 ou 10, par exemple contre la voie postale directe,
reste sans objet vis-à-vis d’un autre Etat partie avec lequel l’Etat opposé à la voie
postale a conclu un accord additionnel ou spécial permettant justement la transmission
par la poste.
241. Certains instruments multilatéraux, à savoir le Règlement européen relatif à la
signification et à la notification dans les Etats membres des actes judiciaires et
extrajudiciaires en matière civile et commerciale, la Convention interaméricaine sur les
commissions rogatoires (Interamerican Convention on Letters Rogatory) et le modèle
de Convention bilatérale proposé par l’Asian African Legal Consultative Organisation
(AALCO) seront brièvement évoqués plus loin (voir les para 289 et s.).
243. Cette disposition a été introduite dans la Convention à la demande des Etats-Unis
qui craignaient que les voies de transmission conventionnelles soient trop restrictives.
Ce sont d’ailleurs surtout les tribunaux américains qui ont appliqué l’article 19
jusqu’ici. L’interprétation de cette disposition, notamment du terme « permette », n’est
toutefois pas uniforme. Certains tribunaux, sur la base d’une interprétation stricte de
cette disposition, considèrent que seules sont permises les formes de transmission qui
sont expressément autorisées par l’Etat partie. D’autres estiment au contraire que
l’article 19 doit être interprété comme permettant n’importe quel mécanisme de
notification que le droit interne étranger n’interdit pas expressément303.
244. Dans de nombreux Etats parties, cette disposition est restée lettre morte, en
raison des objections que ces Etats ont élevées aux modes de transmission prévues par
la Convention.
303. Pour un exposé des deux interprétations possibles de cette disposition et un compte-
rendu de la doctrine et de la jurisprudence sur ce point, voir Banco Latino c. Lopez, 53
F.Supp.2d 1273 (S.D. Fla. 1999). Dans cette décision, le tribunal adopte l’approche
libérale et considère ainsi que la remise en mains propres d’un acte introductif d’instance
par un détective à un défendeur américain se trouvant en Espagne, constitue une
notification valable puisqu’elle n’est pas proscrite par le droit interne espagnol. Voir dans
le même sens, White c. Ratcliffe, 674 N.E.2d 906 (Ill. Ct. App. 1996).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 169
304. Ce Rapport, publié par le Bureau Permanent, a été intégré dans le Document préliminaire
No 7 d’avril 2000 à l’intention de la Commission spéciale sur les affaires générales et la
politique de la Conférence de mai 2000, « Les échanges de données informatisées,
Internet et le commerce électronique », établi par C. Kessedjian. Ce dernier est accessible
sur le site Internet de la HCCH.
305. Conclusions et Recommandations de la Commission spéciale de 2003, op. cit. (note de
bas de page 80), No 4.
306. Voir Conclusions et Recommandations de la Commission spéciale de 2003, op. cit. (note
de bas de page 80), No 4.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 170
307. La Table ronde de Genève avait quant à elle limité le champ de ses investigations à
l’utilisation du courrier électronique.
308. Conclusions et Recommandations de la Commission spéciale de 2003, op. cit. (note de
bas de page 80), No 59.
309. Conclusions et Recommandations de la Commission spéciale de 2003, op. cit. (note de
bas de page 80), No 62.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 171
310. Il est à noter que dans son art. 4, le Règlement européen relatif à la signification et à la
notification dans les Etats membres des actes judiciaires et extrajudiciaires en matière
civile et commerciale suit le même principe et ne prévoit pas de mode de communication
spécifique pour la transmission des actes, mais autorise « tout moyen approprié » pour
que l’acte soit transmis « dans les meilleurs délais » (voir les para. 297 et s.).
311. Voir Conclusions et Recommandations de la Commission spéciale de 2003, op. cit. (note
de bas de page 80), No 60.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 172
autres, que le message envoyé ne pourra pas être intercepté par autrui), l’intégralité du
message (assurer que le message ne sera pas tronqué en cours d’envoi), l’inaltérabilité
du message (assurer qu’aucun changement ne pourra être apporté au message par le
destinataire ou toute autre personne). La technique devrait également permettre
d’identifier de façon incontestable l’expéditeur du message. En outre, une trace
irréfutable de la date précise de l’envoi et de la réception du message devrait être
conservée. Enfin, pour être performante et efficace, la technologie devrait être
opérationnelle à tout moment (éviter les surcharges, appelées « Spam » ou
« pourriels » en langage technique).
254. En outre, l’utilisation des moyens de communication modernes implique que
l’adresse électronique et le numéro de télécopie des Autorités soient connus et
largement diffusés. C’est pourquoi la Commission spéciale de 2003 a rappelé aux Etats
l’importance de la communication au Bureau Permanent de ces informations et de leur
mise à jour régulière sur le site Internet de la Conférence312.
255. Les Etats parties ont aussi été interrogés sur l’utilité d’une version électronique des
formules modèles annexées à la Convention. L’ensemble des Etats ayant répondu au
Questionnaire de 2003313 s’est montré favorable à l’établissement d’une telle version
électronique tout en rappelant que la transmission par voie électronique de cette
formule modèle doit également répondre aux exigences de sécurité mentionnées ci-
dessus.
256. Par ailleurs, en vertu de l’article 3(2) de la Convention, toute demande de
notification doit être accompagnée de l’acte judiciaire « ou de sa copie, le tout en double
exemplaire ». Selon la Table ronde de Genève, il convient d’interpréter cette expression
de façon fonctionnelle lorsque la transmission se fait par voie électronique. Un
document transmis par voie électronique pouvant en général être reproduit (imprimé)
à tout moment et en nombre illimité, l’exigence d’une copie ou d’un double exemplaire
sera satisfaite par l’envoi d’un seul message. D’autres difficultés pratiques ont aussi été
évoquées lors de la Commission spéciale de 2003 314 , notamment lorsque les
législations nationales exigent que les actes transmis soient des originaux ou qu’ils
312. Voir Conclusions et Recommandations de la Commission spéciale de 2003, op. cit. (note
de bas de page 80), No 51.
313. Questionnaire de 2003, op. cit. (note de bas de page 139).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 173
portent un sceau ou timbre (voir les para. 120 et s.), ou encore lorsque le paiement
d’avance est requis. Néanmoins, plusieurs Etats ont d’ores et déjà indiqué accepter les
demandes de notification transmises par télécopie, sous condition, le plus souvent, de
l’envoi subséquent de l’original.
314. Sur un plan plus technique, des difficultés peuvent survenir dans des cas où des
documents électroniques sont rédigés dans une langue dont le logiciel de la personne
réceptrice ne reconnaît pas l’alphabet.
315. Voir Conclusions et Recommandations de la Commission spéciale de 2003, op. cit. (note
de bas de page 80), No 49.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 174
la personne à laquelle l’acte a été remis. Le cas échéant, l’Attestation précise le fait qui
aurait empêché l’exécution de la demande. Cette Attestation est directement adressée
au requérant. Au cas où cette Attestation lui serait adressée par voie électronique, la
question se pose de savoir si un tel document électronique peut être utilisé dans la
procédure d’origine pour prouver l’exécution conforme à la Convention de la demande
adressée à l’Autorité centrale de l’Etat requis. Cette question relève exclusivement des
règles relatives aux preuves applicables dans l’Etat du for. En outre, il résulte des
réponses obtenues au Questionnaire de 2003316, qu’à ce jour, les Etats acceptent très
rarement de recevoir ou d’envoyer les attestations par courrier électronique ou
télécopie. Tout au plus, lorsque l’urgence le justifie, certains Etats envoient-ils
l’Attestation remplie par télécopie, mais ils la font alors suivre de l’envoi de l’original par
courrier. La Commission spéciale a néanmoins identifié la transmission de l’attestation
d’exécution comme l’une des étapes pour lesquelles les moyens électroniques peuvent
être immédiatement explorés317.
318. Ainsi, le service postal français vient de mettre en place la lettre recommandée
électronique (LRE). En vertu de ce système, l’expéditeur envoie par courriel son message
à la poste via un service sécurisé. Le message est imprimé, mis sous pli et délivré au
destinataire qui est libre de l’accepter ou de le refuser. Il est intéressant de noter qu’un
expéditeur se trouvant hors de France est considéré comme étant un expéditeur situé en
France dès lors qu’il utilise le site Internet de la Poste française. En outre, la preuve
électronique du dépôt du message et de son contenu peut être imprimée par l’expéditeur,
la conservation des preuves électroniques est assurée par la Poste pour une durée de 3
ans (pour plus d’informations, voir le site de la Poste : < http://www.laposte.fr >). Depuis
peu, le département indien des postes offre un service similaire sous le nom de e-Post. En
vertu de ce système, l’expéditeur se rend avec son message sur papier auprès d’un
bureau de poste, où ce message est dactylographié et envoyé par courriel à un autre
bureau de poste. Là, le message électronique est imprimé, mis sous pli et délivré au
destinataire par le facteur. Ce système a rencontré un grand succès et ce marché est déjà
la proie d’opérateurs privés indiens qui reçoivent des courriers électroniques de l’étranger
pour les imprimer et les faire suivre ensuite par la poste indienne. Le United States Postal
Service et d’autres régies postales occidentales expérimentent également la transmission
électronique.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 176
D. Accomplissement de la notification
321. Quant aux avantages de la notification par courrier électronique, en particulier lorsque les
coordonnées du destinataire sont inconnues, voir R. Cantor, « Internet Service of Process:
A Constitutionally Adequate Alternative? », University of Chicago Law Review 1999,
p. 943-967. L’auteur conclut cependant que la notification d’actes par Internet ne satisfait
pas aux exigences de base des règles de procédure issues des Federal Rules, sauf dans
des circonstances très limitées où l’Internet satisfait aux exigences de base des règles
procédurales issues de la loi de l’état concerné régissant la notification.
322. Questionnaire de 2003, op. cit. (note de bas de page 139).
323. Pour davantage de détails sur les conditions qui doivent être satisfaites, voir le contenu
des para. 3.1 à 3.4, disponibles sur le site Internet du Department for
Constitutional Affairs, à l’adresse : < http://www.dca.gov.uk/civil/procrules_fin/
contents/practice_directions/pd_part06.htm#top >.
324. Voir D.A. Sokasits, « The Long Arm of Fax: Service of Process Using Fax Machines »,
Rutgers Computer & Tech. L.J. 1990, p. 531, qui plaide pour une utilisation généralisée
(au moins aux Etats-Unis) de la télécopie (fax) pour la notification.
325. Avant que la loi de procédure de l’état de New York ne soit amendée pour autoriser la
notification par fax, un tribunal new-yorkais avait considéré que la notification d’une
ordonnance de procédure par voie de fax à une partie résidant dans l’état était valable :
Calabrese c. Springer Personnel, 141 Misc.2d 566, 534 N.Y.S.2d 83 (N.Y. City Civ. Ct.
1988).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 178
que la réception par le destinataire326. Aussi, est-il souhaité que les Etats parties
tiennent le Bureau Permanent informé de l’évolution de leur droit interne sur ce point.
326. On peut citer aussi l’art. 117 du Code de procédure civil lituanien qui prévoit la
notification par voie de télécommunication à condition que le destinataire y ait consenti.
Le droit allemand autorise aussi dans certains cas l’utilisation des nouvelles technologies
sous réserve du consentement exprès du destinataire pour l’utilisation de ces technologies
et de la confirmation de la réception par celui-ci.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 179
327. Aux Etats-Unis, un résultat similaire pourrait être atteint à l’aide d’un « waiver of
service », par lequel un défendeur dispense le demandeur d’une notification (voir
l’art. 4(d) des FRCP). Au lieu de faire parvenir au défendeur une citation à comparaître, le
demandeur envoie au défendeur (par voie postale ou par tout autre moyen approprié) un
document intitulé « waiver of service ». Au moyen de ce document, dont la forme et le
contenu sont déterminés par la loi, le demandeur informe le défendeur qu’il a introduit
une action devant un tribunal spécifié. Le défendeur peut refuser ou accepter ce
document. S’il l’accepte, il doit retourner le formulaire au demandeur. Le délai est de
30 jours s’il a reçu le document aux Etats-Unis et de 60 jours s’il l’a reçu à l’étranger.
L’acceptation du waiver of service par le défendeur libère le demandeur de son obligation
de notifier une citation à comparaître au défendeur. L’acceptation du waiver of service ne
prive pas le défendeur de la possibilité de contester la compétence juridictionnelle du
tribunal. De plus, l’acceptation n’interrompt pas les délais de prescription et ne peut servir
de fondement à un jugement par défaut. Si le défendeur refuse d’accepter le waiver of
service, la citation à comparaître doit lui être notifiée par la voie normale. Dans des
affaires purement domestiques, le défendeur qui perd le procès et qui avait refusé le
waiver of service peut se voir imputer les frais liés à la notification. Cependant, cette
disposition particulière ne s’applique pas aux procès impliquant une partie étrangère. En
effet, la disposition visant à transférer les frais de notification au défendeur en cas de
refus par celui-ci du waiver of service, ne s’applique que si le défendeur et le demandeur
sont tous deux situés aux Etats-Unis. La commission de la Table ronde de Genève n’a pas
eu le temps d’examiner en détail les différents aspects du waiver of service. L’on peut
penser, cependant, que l’envoi de la demande de dispense de notification par voie
électronique est d’autant plus justifié qu’il ne s’agit pas en réalité d’un acte judiciaire,
mais d’une simple communication transmise au défendeur. Ce point de vue est appuyé
par la note sur l’art. 4(d) des FRCP de l’Advisory Committee : « Il est à espérer que,
compte tenu du fait que la transmission des formules d’avis et de waiver constitue un acte
privé non judiciaire, ne prétend pas effectuer une notification, et n’est pas accompagnée
d’une quelconque citation ou ordre émanant du tribunal, l’utilisation de la procédure ne
portera pas atteinte aux souverainetés étrangères, ni même à celles qui ont refusé de
donner leur assentiment à la notification formelle par voie postale ou qui se sont opposées
aux dispositions relatives à la notification par voie postale [« ‘service-by-mail’
provisions »] de l’ancienne règle. A moins que le destinataire n’y consente, la réception de
la demande en vertu de la règle révisée ne donne lieu à aucune obligation de répondre à
la poursuite judiciaire, ne fournit aucun motif de jugement par défaut, et n’a pas pour
effet de suspendre les réglementations restrictives dans ces Etats où le délai continue de
courir jusqu’à notification » [traduction du Bureau Permanent] (FRCP 4(d), Notes de
l’Advisory Committee, 1993, para. 20).
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 180
(courriel)
265. Le 11 avril 1996, le juge Newman de la Queen’s Bench Division of the Royal
Courts of Justice à Londres (Royaume-Uni), a accordé à des avocats londoniens
l’autorisation de notifier, par voie électronique, une ordonnance en dehors de la
juridiction de la Cour330. Cette affaire était survenue dans un cas urgent nécessitant
une injonction immédiate. Une série de messages électroniques avait été envoyée aux
bureaux des avocats faisant référence à l’un de leurs clients, un personnage hautement
médiatique. Les messages contenaient des menaces à l’encontre de ce client, de
diffuser sur Internet des textes et / ou images à caractère diffamatoire, indiquant que
ces menaces seraient mises à exécution dans un bref délai. Les avocats se sont alors
adressés au juge pour obtenir, par voie de mesures provisoires (injunction), une
interdiction de diffusion adressée au défendeur. Dans cette affaire, les avocats
disposaient de preuves laissant penser que le défendeur était en Europe (des
enveloppes envoyées par le défendeur au demandeur portaient un cachet de la poste
émanant d’un Etat européen). Néanmoins, aucune adresse de retour n’était fournie. Un
numéro de télécopie était disponible mais celui-ci provenait finalement d’un pays autre
que celui à partir duquel les menaces avaient été envoyées. Les seules adresses dont le
demandeur disposait étaient deux adresses de courrier électronique, que le défendeur
avait fournies pour leur permettre de communiquer entre eux. Ayant uniquement ces
deux adresses de courrier électronique, le demandeur disposait de peu d’options. Afin
de s’assurer un droit à réparation en cas de publication des documents diffamatoires sur
Internet, le demandeur devait obtenir une ordonnance qui, en vertu des Rules of the
Supreme Court (RSC) Order 65/1/2(2) (alors) pertinentes, devait être notifiée en
personne.
266. Une notification en personne était impossible en l’espèce puisque le défendeur
communiquait exclusivement par courrier électronique et qu’il n’avait fourni aucune
indication sur la façon de le joindre par des moyens traditionnels. De ce fait, les avocats
331. Internet America, Inc. c. Massey, 14 octobre 1996, No 96-10955C (Tex. Dallas County
Dist. Ct. 1996), décision citée dans la NJW-CoR 1996, p. 392.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 182
332. WAWA Inc., c. Christensen, 44 Fed. R. Serv. 3d 589 (E.D. Pa. 1999).
333. Rio Properties, Inc. c. Rio International Interlink, 284 F.3d 1007 (9th Circ. 2002). Voir
aussi en ce sens : Ryan c. Brunswick Corp., 2002 WL 1628933 (W.D. N.Y. 2002) ;
Broadfoot c. Diaz, 245 B.R. 713 (N.D. Ga. 713).
334. Sur cette question, voir notamment : Y.A. Tamayo, « Are You Being Served?: E-Mail and
Due Service of Process », S.C.L. Rev. 2000, p. 227.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 183
335. CA de Montréal, Québec, 15 juin 1998, S.A. Louis Dreyfus & Cie c. Holding Tusculum B.V,
citée supra (note de bas de page 37).
336. Sur l’absence de mesures de mise en oeuvre adaptées de la Convention au Québec, voir le
para. 20.
337. Voir la note de bas de page 89 et le texte accompagnant.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 184
270. Dans un litige opposant Molins plc, une société anglaise, à GD SpA, une société
italienne, cette dernière introduit une action en annulation du contrat de licence la liant
à Molins auprès d’un tribunal italien. GD SpA obtient l’autorisation du Tribunal italien de
notifier la demande, traduite en anglais, à Molins par télécopie. Parallèlement, Molins
entreprend une action en paiement contre GD SpA devant un juge anglais. Le juge
anglais doit se prononcer sur une éventuelle suspension de la procédure en Angleterre
pour cause de litispendance antérieure en Italie ; il doit donc déterminer quel juge (lui
ou son homologue italien) a été saisi en premier (art. 21 de la Convention de Bruxelles).
Pour cela, le juge anglais examine si la notification de la demande italienne effectuée
par télécopie à la société anglaise est valable au regard de la Convention Notification.
Le juge précise que la notification doit être conforme au droit de l’Etat de destination,
c’est-à-dire en l’espèce le droit anglais338. Sous certaines conditions strictes, les règles
de procédure anglaises autorisent en effet la notification par télécopie. Mais la simple
mention d’un numéro de télécopie sur le papier à en-tête de la société anglaise,
contrairement à l’indication d’une adresse postale, ne suffit pas pour présumer
l’acceptation par Molins de ce mode de notification. Il faut au contraire que le numéro
de télécopie soit communiqué par écrit et expressément aux fins de notification. Par
conséquent, la notification de la demande italienne à Molins n’est pas conforme à la loi
anglaise et donc à la Convention 339 . En appel, le Tribunal confirme le jugement
entrepris pour ce qui concerne la validité de la notification au regard de la Convention
et conclut que le tribunal saisi en premier est le Tribunal anglais340.
271. Les deux affaires susmentionnées suggèrent qu’une interprétation fonctionnelle et
évolutive de l’article 10(a) permet l’utilisation de la télécopie en vertu de cette
disposition. Il sied cependant de souligner que la notification en vertu de l’article 10(a)
n’est permise qu’à condition d’être autorisée tant en vertu de la loi de l’Etat d’origine
qu’en vertu de la loi de l’Etat de destination (voir les para. 202 et s.).
338. Sur les critères de validité de la notification en vertu de l’art. 10(a), voir les para. 201 et s.
339. Molins plc c. GD SpA, Chancery Division (Patent Court), 2 février 2000, publié dans The
Times, 1er mars 2000.
340. Molins plc c. GD SpA, Court of Appeal (Civil Division), 16 mars 2000, publié dans The
Times, 16 mars 2000.
VOIES DE TRANSMISSION PRÉVUES PAR LA CONVENTION 185
342. Rapport de la Commission spéciale de 1964, op. cit. (note de bas de page 24), p. 93. Voir
cependant A. Bucher, Droit international privé suisse, Tome I / 1, No 509, pour qui la
citation en appel ne constitue pas un acte équivalent au sens des art. 15 et 16.
PROTECTION DU DÉFENDEUR (ART. 15 ET 16) 187
343. Décision d’un tribunal allemand : OLG Munich, 17 novembre 1994, RIW 1995, p. 1026.
344. Dans une décision du 17 janvier 1990, Solal c. Semasep (inédit), la Cour de cassation
française (Ch. Civ. 3) a considéré que les principes de contradiction et de loyauté des
débats étaient respectés et que, par conséquent, le défendeur n’était pas fondé à
invoquer une violation de la Convention, étant donné qu’il avait adressé au juge des
courriers demandant le report de l’audience, démontrant par là-même qu’il avait
connaissance de celle-ci, ainsi qu’un mémoire d’appel.
345. Cass., Ch. Civ. 1, 19 mai 1981, Zavala c. Banque nationale de Paris, Rev. crit. d.i.p. 1982,
p. 564, note G.A.L. Droz.
346. CA Reims, Ch. Civ., 1re section, 25 novembre 1998, Dahlgren GmbH c. SA Socatrem,
Juris-Data 049772. L’ordonnance rendue en violation de l’art. 10(a) doit donc être
annulée : CA Dijon, Ch. Civ. 1, 2e section, No Répertoire général 99/01730, Société
Jucker GMBK c. Société L.0.I Thermoprocess GMBH.
PROTECTION DU DÉFENDEUR (ART. 15 ET 16) 188
b) … en temps utile
279. Deuxièmement, la notification ou la remise doit avoir eu lieu en temps utile. Le
juge du for dispose d’un large pouvoir d’appréciation pour déterminer si le défendeur a
eu assez de temps pour organiser sa défense. La Cour d’appel de Milan a ainsi jugé
qu’une période de 28 jours ne suffisait pas pour permettre à un défendeur finlandais de
comparaître et préparer sa défense devant un tribunal italien349. Le juge de l’exequatur
n’est toutefois pas lié par les constatations de fait du juge du fond sur ce point350.
280. Bien que l’article 15(1) oblige le juge à surseoir à statuer lorsque les conditions
énoncées sont remplies, les auteurs de la Convention étaient d’accord pour admettre
que le juge pourrait aussi « remettre l’affaire à une session ultérieure en accordant au
demandeur un délai nouveau dans lequel il pourra informer le défendeur du procès
intenté contre lui »351.
347. G.A.L Droz, note sous Cass., Ch. Civ. 1, 19 mai 1981, Zavala c. Banque nationale de
Paris, Rev. crit. d.i.p. 1982, p. 564.
348. Dans White c. Ratcliffe, 674 N.E.2d 906 (Ill. Ct. App. 1996), un tribunal américain
assimile un affidavit à l’attestation de notification au sens de cette disposition.
349. Alaska s.a.s. c. Amer Group Ltd – Koho, 14 juillet 1987, RDIPP, 1988, n° 3, p. 537.
350. CA Metz, Ch. Civ., 19 mars 1987, Mahou c. Simons, Juris-Data 041636. La Cour d’appel
de Metz accorde l’exequatur à un jugement néerlandais, considérant qu’un délai de plus
de quinze jours entre la citation à comparaître et le jour de l’audience est suffisant pour
permettre au défendeur d’assurer sa défense.
351. Rapport explicatif, op. cit. (note de bas de page 9), p. 377.
PROTECTION DU DÉFENDEUR (ART. 15 ET 16) 189
352. Voir T. Bischof, op. cit. (note de bas de page 11), p. 299 avec davantage de références.
353. Par ex. l’exequatur en France a ainsi été refusée à des jugements par défaut belges
rendus avant l’expiration du délai de six mois : Cass. Ch. Civ. 1, 16 décembre 1980,
Cristal France c. Soliver, Rev. crit. d.i.p. 1981, p. 713, note G.A.L. Droz ; CA Paris,
27 novembre 1986, Girault c. Denys, Juris-Data 027200.
PROTECTION DU DÉFENDEUR (ART. 15 ET 16) 190
286. L’article 16 donne au défendeur qui n’a pas comparu et contre lequel une décision
par défaut a été rendue la possibilité de demander au juge du for le relevé de la
354. Voir notamment la décision de la Cour suprême des Pays-Bas, HR, 27 juin 1986, NJ
1987, p. 764, RvdW 1986, p. 144, Segers and Rufa BV c. Mabanaft GmbH.
355. Rb Utrecht, 6 décembre 1995, NJ 1996, p. 756, Van Zelm BV c. Martinus Bomas. Il existe
néanmoins une ambivalence quant à savoir s’il s’agissait d’un cas où l’adresse était
inconnue et donc tombait en dehors du champ d’application de la Convention, voir les
para. 71 et s.
356. HR, 20 février 1998, NJ 1998, p. 619, Malenstein c. Heymen.
PROTECTION DU DÉFENDEUR (ART. 15 ET 16) 191
357. Aussi la protection prévue à l’art. 16 ne peut-elle bénéficier à un défendeur qui se serait
délibérément tenu à l’écart de la procédure ; en ce sens Audiencia Provincial de Huesca,
30 juin 1996, AC 1996/1448.
358. Certains Etats ont instauré un délai de plus d’un an, d’autres (par ex. la Suisse) n’ont pas
instauré de délai du tout. Dans ce dernier cas, le relevé de forclusion est possible à tout
moment, pourvu que la demande ait été formée dans un délai raisonnable après que le
défendeur ait eu connaissance de la décision.
359. HR, 15 juin 2000, NJ 2000, p. 642.
PROTECTION DU DÉFENDEUR (ART. 15 ET 16) 192
360. Cass., Ch. Civ., 3 juin 1986, Guigou c. SPRL Favel, Bulletin civil, 1986, 1, No 149 ; CA
Paris, Ch. Civ. 1, 5 octobre 1992, De Wouters d’Oplinter c. Janson, Recueil Dalloz 1993,
Informations rapides p. 38 ; CA Paris, Ch. Civ. 1, 25 mars 1994, Falcon Cement Company
Ltd c. Pharaon, Juris-Data 022544.
361. Rapport explicatif, op. cit. (note de bas de page 9), p. 377, citant P. Lagarde, « La
Dixième session de la Conférence de La Haye de droit international privé », Rev. crit.
d.i.p. 1965, p. 258.
INSTRUMENTS RÉGIONAUX 193
4. INSTRUMENTS RÉGIONAUX
A. Remarques générales
290. La Convention interaméricaine sur les commissions rogatoires a été signée à
Panama le 30 janvier 1975 dans le cadre de la première Conférence spécialisée
interaméricaine de droit international privé. Elle a été complétée par un Protocole
additionnel lors de la seconde Conférence spécialisée interaméricaine de droit
international privé à Montevideo en Uruguay, le 8 mai 1979362 . Cette Convention
interaméricaine traite de la transmission des actes aux fins de notification à l’étranger
ainsi que de l’obtention des preuves à l’étranger, mais les Etats parties peuvent exclure
l’obtention des preuves de son champ d’application par le biais d’une réserve (art. 2(b)
de la Convention).
291. Comme la Convention de La Haye, la Convention interaméricaine instaure des
Autorités centrales et prescrit l’usage de formules modèles. De manière générale, les
voies de transmission qu’elle prévoit sont similaires à celles qu’instaure la Convention
de La Haye. Contrairement à cette dernière, la Convention interaméricaine ne semble
en revanche pas être de caractère exclusif363 étant donné qu’elle se limite au dispositif
362. Pour le texte et l’état complet de cette Convention, voir le site Internet de l’Organisation
des Etats Américains (OEA) à l’adresse suivante : < http://www.oas.org > (texte en
anglais uniquement). Le texte anglais de la Convention est également reproduit dans ILM
1975, p. 339 ; le texte anglais du protocole additionnel est également reproduit dans ILM
1979, p. 1238. Les textes en français peuvent être obtenus auprès de l’OEA. Sur la
Convention interaméricaine en général, voir D. McClean, op. cit. (note de bas de
page 175), p. 65-71 ; L.A. Low, « International Judicial Assistance among the American
States – The Inter-American Conventions », Int’l Lawyer 1984, p. 705 ; voir aussi
G. Born, op. cit. (note de bas de page 174), p. 767 et 835 ; R.D. Kearney,
« Developments in Private International Law », AJIL 1987, p. 737.
INSTRUMENTS RÉGIONAUX 194
363. Pour des explications relatives à la terminologie utilisée à cet égard, voir les para. 25 et s.
364. Kreimerman c. Casa Veerkamp, 22 F.3d 634 (5th Circ. 1994), qui cependant n’examine
pas l’impact du Protocole sur cette question ; la décision contient en revanche une
comparaison entre la Convention interaméricaine et les Conventions de La Haye de 1965
et de 1970 ; voir aussi Laino c. Cuprum S.A. de C.V., 663 N.Y.S.2d 275, 235 A.D.2d 25
(N.Y. App. Div. 2d Dept. 1997), qui prend en considération le Protocole et renvoie en
outre à la décision Pizzabiocche c. Vinelli, 772 F. Supp. 1245, 1249 (M.D. Fla. 1991). Sur
la nature non exclusive de la Convention interaméricaine, voir aussi G. Born, op. cit. (note
de bas de page 174), p. 835.
365. D. McClean, op. cit. (note de bas de page 175), p. 69.
366. Bien évidemment, cela ne s’applique que s’ils décident d’utiliser la Convention
interaméricaine ; ils pourraient également utiliser la Convention de La Haye, en vertu de
laquelle tous les modes de transmission restent disponibles (sous réserve des déclarations
faites par un Etat) ; sur la relation entre la Convention interaméricaine et la Convention
de La Haye, voir les para. 293 et 294.
INSTRUMENTS RÉGIONAUX 195
367. Voir aussi le Rapport de la Commission spéciale de 1977, op. cit. (note de bas de
page 113), p. 389, qui, pour l’art. 25 en général, indique qu’il est admis dans « les Etats
contractants que les parties peuvent utiliser les voies prévues soit par la Convention [de
La Haye] soit par l’accord particulier. »
INSTRUMENTS RÉGIONAUX 196
368. Le texte de ce modèle de convention est disponible sur le site Internet de l’AALCO à
l’adresse Internet suivante : < http://www.aalco.org > (texte en anglais uniquement :
« Model for bilateral arrangements on mutual assistance for the service or process and the
taking of evidence abroad in civil or commercial matters »). Le modèle est suivi d’un texte
explicatif. Le texte anglais du modèle de convention est également publié dans ILM 1984,
p. 78. Pour un aperçu plus détaillé de la procédure de négociation et du contenu du
modèle de convention, voir D. McClean, op. cit. (note de bas de page 175), p. 51.
INSTRUMENTS RÉGIONAUX 197
A. Remarques générales
297. Le Règlement européen relatif à la signification et à la notification369 est entré en
vigueur le 31 mai 2001370. Il vise à améliorer et à accélérer la transmission et la
notification des actes judiciaires et extrajudiciaires dans les Etats membres de la
Communauté européenne371.
298. Le Règlement reprend de nombreuses dispositions de la Convention de La Haye de
1965, tout en y apportant quelques innovations372 :
a) Ayant comme principal objectif d’accélérer la transmission des actes aux fins
de notification, le Règlement instaure un système de décentralisation et de
transmission directe entre entités locales compétentes373. Pour ce faire,
chaque Etat membre désigne les officiers ministériels, autorités ou autres
personnes compétentes pour transmettre les actes (« entités d’origine »), de
même que les officiers ministériels, autorités ou autres personnes
compétents pour recevoir ces mêmes actes (« entités requises ») (art. 2
et 4)374. Toutefois, il sied de souligner qu’un système de transmission directe
entre entités locales est déjà prévu à l’article 10(b) de la Convention de
La Haye.
369. JOCE L 160 du 30 juin 2000, p. 37. Pour de plus amples informations sur le Règlement
relatif à la signification et à la notification, voir le site Internet d’Europa à l’adresse
suivante :< http://europa.eu.int/comm/justice_home/judicialatlascivil/html/
ds_information_fr.htm?countrySession=21& >.
370. Le Conseil de l’Union européenne a adopté ce Règlement en se fondant sur la compétence
que lui confèrent désormais les art. 61(c) et 65 du Traité instituant la Communauté
européenne (tel que modifié par le Traité d’Amsterdam) ; ce Règlement reprend
quasiment mot à mot le projet de convention de 1997 sur ce sujet qui n’est jamais entré
en vigueur. Le Règlement ne s’applique pas au Danemark ; voir le considérant (18) du
Règlement et les renvois qui y figurent.
INSTRUMENTS RÉGIONAUX 198
b) De plus, le Règlement prévoit qu’un Etat membre peut désigner soit une
seule entité d’origine et une seule entité requise, soit une seule entité
chargée des deux fonctions (art. 2(3)) ; cela revient ainsi à instaurer un
système équivalent au système des Autorités centrales prévu par la
Convention de La Haye.
c) En vertu du Règlement, une « entité centrale » chargée d’informer et d’aider
les entités locales en cas de difficultés doit également être désignée (art. 3).
d) Dans le même but de célérité, les actes doivent être transmis
« directement », « dans les meilleurs délais » et « par tout moyen approprié,
sous réserve que le contenu du document reçu soit fidèle et conforme à celui
371. Le 1er octobre 2004, la Commission européenne a adopté un Rapport sur l'application du
règlement (CE) No 1348/2000 (COM (2004) 603 final) s'appuyant sur les informations
recueillies lors d’une étude sur l’application du Règlement (le Rapport de cette étude est
disponible à l’adresse Internet suivante : < http://europa.eu.int/comm/justice_home/
doc_centre/civil/studies/doc/study_ec1348_2000_en.pdf > et lors des différentes étapes
d’une vaste procédure de consultation. Ce rapport conclut que depuis son entrée en
vigueur l’application du Règlement a, d'une manière générale, amélioré et accéléré la
transmission et la signification ou notification des actes entre les Etats membres mais que
l'application de certaines dispositions du Règlement n'est cependant pas entièrement
satisfaisante. La Commission a alors proposé, le 11 juillet 2005, un nouveau règlement
modifiant le Règlement (CE) No 1348/2000. Cette proposition a pour objectif d’améliorer
et d’accélérer encore la transmission des actes judiciaires et extrajudiciaires en matière
civile ou commerciale aux fins de signification ou de notification entre les Etats membres,
de simplifier l’application de certaines dispositions du Règlement et de renforcer la
sécurité juridique pour le requérant et pour le destinataire. En vue de réaliser ces
objectifs, la Commission propose de modifier le Règlement notamment à l’égard des
délais d’exécution de la signification ou notification (voir la note de bas de page 373), des
règles relatives au refus du destinataire d’accepter le document en cas d’absence de
traduction (notamment, le refus doit être exercé dans un délai d’une semaine ; voir aussi
la note de bas de page 376), de la double date (voir aussi la note de bas de page 378),
des frais (voir la note de bas de page 199), de la notification par voie postale (voir aussi
la note de bas de page 381), de la communication directe entre une personne intéressée
et un officier judiciaire, fonctionnaire ou autre personne compétents de l’Etat de
destination (voir aussi la note de bas de page 380). Pour de plus amples informations sur
cette proposition, voir le texte complet de la proposition ainsi que l’exposé des motifs
(Com (2005) 305 final/2).
INSTRUMENTS RÉGIONAUX 199
372. Pour des commentaires détaillés et des appréciations critiques de ce Règlement, voir
notamment : R. Dujardin, « L’efficacité des procédures judiciaires au sein de l’Union
européenne et les garanties des droits de la défense », in M.T. Caupain & G. de Leval,
eds., L’efficacité de la justice civile en Europe, Bruxelles, Larcier, 2000, p. 73 (avec
d’autres références) ; B. Hess, « Die Zustellung von Schriftstücken im europäischen
Justizraum », NJW 2001, p. 15; A.R. Markus, « Neue Entwicklungen bei der
internationalen Rechtshilfe in Zivil- und Handelssachen », SZW 2002, p. 65 ;
P. Meijknecht, « Service of Documents in the European Union: The Brussels Convention of
1997 », ERPL 1999, p. 445 ; J. Meyer, « Europäisches Übereinkommen über die
Zustellung gerichtlicher und aussergerichtlicher Schriftstücke in Zivil- und Handelssachen
in den Mitgliedstaaten der Europäischen Union », IPRax 1997, p. 401. Pour une discussion
sur l’expression « civile ou commerciale » utilisée dans le Règlement, voir M. Freudenthal
& R.H. van Ooik, « Betekenis ‘burgerlijke en handelszaken’ in Europese
rechtsmaatregelen », NIPR 2005, p. 381.
373. Si les délais nécessaires à la transmission et à la signification ou notification ont été
raccourcis, ceux-ci n'étant plus que de un à trois mois, la Commission européenne indique
dans l’exposé des motifs de sa proposition de 2005 visant à modifier le Règlement (voir la
note de bas de page 371) qu’il faut encore, dans certains cas, attendre jusqu'à six mois.
Pareils délais de transmission et de signification ou notification entre Etats membres étant
inacceptables dans un espace européen de justice en matière civile et commerciale, la
Commission propose d’introduire dans le Règlement une obligation de procéder à la
signification ou à la notification dans le mois suivant la réception de l’acte par l’entité
requise et de prévoir que l’entité requise doit informer l’entité d’origine immédiatement en
cas d’impossibilité de procéder à la signification ou à la notification.
374. Aux Pays-Bas, par exemple, les huissiers de justice ont été désignés comme entités
d’origine (art. 2 de la loi d’application du Règlement, voir P. Vlas, Burgerlijke
Rechtsvordering, Verdragen (éd. à feuilles mobiles), Deventer, Kluwer) ; sur ce point, voir
aussi R. Dujardin, op. cit. (note de bas de page 372), p. 74-75.
INSTRUMENTS RÉGIONAUX 200
375. La Cour de Justice des Communautés européennes (CJCE) a justement été saisie de cette
question précise dans une demande de décision préjudicielle soumise par la Cour suprême
des Pays-Bas (Hoge Raad) (décision datée du 8 novembre 2005, Affaire C-443/03, Götz
Leffler c. Berlin Chemie AG). La Cour jugea que les objectifs principaux poursuivis par le
Règlement, l’objet de certaines de ses dispositions (en particulier les art. 5, 6, 8 et 10) et
la nécessité d’une interprétation autonome justifient d’exclure la « nullité de l’acte »
lorsque celui-ci a été refusé par le destinataire conformément à l’art. 8(1). La Cour
confirme la possibilité pour l’expéditeur de remédier au refus du destinataire en envoyant
la traduction demandée. Elle précise qu’« à supposer qu’il ne puisse jamais être remédié à
ce refus, ceci porterait atteinte aux droits de l’expéditeur de manière telle que celui-ci ne
prendrait jamais le risque de signifier un acte non traduit, mettant ainsi en cause l’utilité
du règlement et, plus particulièrement, de ses dispositions relatives à la traduction des
actes, qui concourent à l’objectif d’assurer la rapidité de la transmission de ceux-ci ». La
Cour examine alors la question du délai et de la manière dont la traduction demandée doit
être portée à la connaissance du destinataire. La Cour statue que la traduction de l’acte
doit être envoyée selon les modalités prévues par le Règlement et « dans les meilleurs
délais », ajoutant que la date de la notification devrait être déterminée par analogie avec
le système de la double date (voir le texte principal ci-dessus, sous (f)). Enfin, la Cour
conclut que « [p]our résoudre les problèmes liés à la façon dont il convient de remédier à
l’absence de traduction, non prévus par le règlement n°1348/2000 tel qu’interprété par la
Cour, il appartient au juge national d’appliquer son droit procédural national tout en
veillant à assurer la pleine efficacité dudit règlement, dans le respect de sa finalité ». Pour
un commentaire de cette décision, voir M.V. Polak, « De ganse aarde is niet van enerlei
spraak en enerlei woorden : taalvereisten en herstelmogelijkheden bij de
grensoverschrijdende betekening van stukken », Ars Aequi janvier 2006, N° 1, p. 57 et s.
INSTRUMENTS RÉGIONAUX 202
376. Cependant, dans sa proposition de 2005 visant à modifier le Règlement (op. cit. (note de
bas de page 371)), la Commission européenne suggère de supprimer l’expression « de
l'Etat membre d'origine », étant donné qu’il suffit que le destinataire comprenne la langue
de l’acte, qu’il s’agisse ou non d’une langue de l’Etat membre d’origine. En outre, la
proposition précise également que les dispositions linguistiques de l’art. 8 s’appliquent
aussi à la notification par l’intermédiaire des services postaux.
377. Par ex. l’Espagne, la Finlande, l’Irlande, la Hongrie, la Lituanie, Malte, les Pays-Bas, la
Pologne, le Portugal, le Royaume-Uni, la Slovénie et la Suède.
378. Néanmoins, dans sa proposition de 2005 visant à modifier le Règlement (op. cit. note de
bas de page 371), la Commission européenne souligne que ces Etats membres disposent
en réalité de règles équivalentes afin de protéger les droits du requérant (prévoyant, par
exemple, que la saisine d’une juridiction interrompt la prescription). La Commission
propose donc de changer le para. 2 afin d’assurer que cette disposition ne s’applique que
dans les Etats membres ayant prévu le système de la double date dans leur législation
nationale. Dans ce contexte, il est aussi proposé de supprimer le para. 3 et le mécanisme
complexe des communications.
379. Voir à ce sujet les développements aux para. 160 et s.
380. A l’heure actuelle, plusieurs Etats membres se sont opposés aux demandes directes de
signification ou de notification. Cependant, la Commission européenne propose de
supprimer le para. 2 qui octroie la possibilité de s’opposer à cette voie de transmission. En
effet, selon la Commission, pour autant que les prérogatives des officiers ministériels,
fonctionnaires ou autres personnes compétentes soient respectées, rien ne justifie de
refuser aux personnes intéressées à une instance judiciaire la possibilité de faire procéder
à la signification ou à la notification directement (voir sa proposition de 2005,
op. cit. (note de bas de page 371)).
INSTRUMENTS RÉGIONAUX 203
381. Dans son rapport de 2004, op. cit. (note de bas de page 371), la Commission souligne
cependant qu’il est difficile de connaître les conditions applicables dans divers Etats
membres donnés. Par conséquent, la Commission propose de prévoir une condition
uniforme (lettre recommandée avec accusé de réception ou envoi équivalent). La
Commission indique d’ailleurs que cette condition qui est déjà applicable dans de
nombreux Etats membres, garantit, avec suffisamment de certitude, que le destinataire a
reçu l'acte et qu'il en existe une preuve. En outre, un amendement est aussi proposé en
vue de préciser que les dispositions linguistiques de l’art. 8 s’appliquent aussi à la
notification par l’intermédiaire des services postaux, et aux autres voies de transmission
et de notification ou signification. Pour de plus amples informations, voir la proposition de
la Commission, op. cit. (note de bas de page 371).
382. A ce dernier égard, il convient de noter que la plupart des décisions rendues auparavant
par les cours et tribunaux des Etats membres de l’Union européenne relèveraient
désormais du champ d’application du Règlement relatif à la signification et la notification
(voir le para. 299). Ces décisions passées demeurent néanmoins d’un intérêt certain pour
l’interprétation de la Convention ; celles-ci ont donc été maintenues dans la présente
édition du Manuel. Ces décisions antérieures sont évidemment aussi importantes pour la
jurisprudence que les Etats membres de l’Union européenne vont continuer à developper
en application de la Convention Notification.
INSTRUMENTS RÉGIONAUX 204
ANNEXES
ANNEXE 1
TEXTE DE LA CONVENTION
ANNEXE 2
ANNEXES PRÉVUES AUX ARTICLES 3, 5, 6, ET 7
FORMULES DE DEMANDE ET D’ATTESTATION
ANNEXE 3
RECOMMANDATION SUR LES INFORMATIONS DESTINÉES À
ACCOMPAGNER LES DOCUMENTS JUDICIAIRES ET
EXTRAJUDICIAIRES EN MATIÈRE CIVILE OU COMMERCIALE
TRANSMIS, SIGNIFIÉS OU NOTIFIÉS À L’ÉTRANGER ADOPTÉE PAR
LA QUATORZIÈME SESSION (25 OCTOBRE 1980)
ANNEXE 4
INSTRUCTIONS POUR REMPLIR LA FORMULE MODÈLE ÉTABLIES
PAR L’AUTEUR DU RAPPORT SUR LA RECOMMANDATION ADOPTÉE
PAR LA QUATORZIÈME SESSION, M. GUSTAF MÖLLER (FINLANDE)
ANNEXE 5
RAPPORT EXPLICATIF SUR LA RECOMMANDATION
ADOPTÉE PAR LA QUATORZIÈME SESSION,
ÉTABLI PAR M. GUSTAF MÖLLER
ANNEXE 6
CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
ADOPTÉES PAR LA COMMISSION SPÉCIALE DE 2003
206
ANNEXE 1
TEXTE DE LA CONVENTION
Article 1
CHAPITRE I – ACTES JUDICIAIRES
Article 2 Article 7 Article 12
Article 3 Article 8 Article 13
Article 4 Article 9 Article 14
Article 5 Article 10 Article 15
Article 6 Article 11 Article 16
CHAPITRE II – ACTES EXTRAJUDICIAIRES
Article 17
CHAPITRE III - DISPOSITIONS GÉNÉRALES
Article 18 Article 23 Article 28
Article 19 Article 24 Article 29
Article 20 Article 25 Article 30
Article 21 Article 26 Article 31
Article 22 Article 27
ANNEXE 1 207
Article 1
La présente Convention est applicable, en matière civile ou commerciale, dans tous les
cas où un acte judiciaire ou extrajudiciaire doit être transmis à l’étranger pour y être
signifié ou notifié.
La Convention ne s’applique pas lorsque l’adresse du destinataire de l’acte n’est pas
connue.
Article 2
Chaque Etat contractant désigne une Autorité centrale qui assume, conformément aux
articles 3 à 6, la charge de recevoir les demandes de signification ou de notification en
provenance d’un autre Etat contractant et d’y donner suite.
L’Autorité centrale est organisée selon les modalités prévues par l’Etat requis.
Article 3
L’autorité ou l’officier ministériel compétents selon les lois de l’Etat d’origine adresse à
l’Autorité centrale de l’Etat requis une demande conforme à la formule modèle annexée
ANNEXE 1 208
à la présente Convention, sans qu’il soit besoin de la légalisation des pièces ni d’une
autre formalité équivalente.
La demande doit être accompagnée de l’acte judiciaire ou de sa copie, le tout en double
exemplaire.
Article 4
Si l’Autorité centrale estime que les dispositions de la Convention n’ont pas été
respectées, elle en informe immédiatement le requérant en précisant les griefs
articulés à l’encontre de la demande.
Article 5
L’Autorité centrale de l’Etat requis procède ou fait procéder à la signification ou à la
notification de l’acte:
a) soit selon les formes prescrites par la législation de l’Etat requis pour la signification
ou la notification des actes dressés dans ce pays et qui sont destinés aux
personnes se trouvant sur son territoire,
b) soit selon la forme particulière demandée par le requérant, pourvu que celle-ci ne
soit pas incompatible avec la loi de l’Etat requis.
Sauf le cas prévu à l’alinéa premier, lettre b), l’acte peut toujours être remis au
destinataire qui l’accepte volontairement.
Si l’acte doit être signifié ou notifié conformément à l’alinéa premier, l’Autorité centrale
peut demander que l’acte soit rédigé ou traduit dans la langue ou une des langues
officielles de son pays.
La partie de la demande conforme à la formule modèle annexée à la présente
Convention, qui contient les éléments essentiels de l’acte, est remise au destinataire.
ANNEXE 1 209
Article 6
L’Autorité centrale de l’Etat requis ou toute autorité qu’il aura désignée à cette fin
établit une attestation conforme à la formule modèle annexée à la présente
Convention.
L’attestation relate l’exécution de la demande; elle indique la forme, le lieu et la date
de l’exécution ainsi que la personne à laquelle l’acte a été remis. Le cas échéant, elle
précise, le fait qui aurait empêché l’exécution.
Le requérant peut demander que l’attestation qui n’est pas établie par l’Autorité
centrale ou par une autorité judiciaire soit visée par l’une de ces autorités.
L’attestation est directement adressée au requérant.
Article 7
Les mentions imprimées dans la formule modèle annexée à la présente Convention
sont obligatoirement rédigées soit en langue française, soit en langue anglaise. Elles
peuvent, en outre, être rédigées dans la langue ou une des langues officielles de l’Etat
d’origine.
Les blancs correspondant à ces mentions sont remplis soit dans la langue de l’Etat
requis, soit en langue française, soit en langue anglaise.
Article 8
Chaque Etat contractant a la faculté de faire procéder directement, sans contrainte, par
les soins de ses agents diplomatiques ou consulaires, aux significations ou notifications
d’actes judiciaires aux personnes se trouvant à l’étranger.
Tout Etat peut déclarer s’opposer à l’usage de cette faculté sur son territoire, sauf si
l’acte doit être signifié ou notifié à un ressortissant de l’Etat d’origine.
ANNEXE 1 210
Article 9
Chaque Etat contractant a, de plus, la faculté d’utiliser la voie consulaire pour
transmettre, aux fins de signification ou de notification, des actes judiciaires aux
autorités d’un autre Etat contractant que celui-ci a désignées.
Si des circonstances exceptionnelles l’exigent, chaque Etat contractant a la faculté
d’utiliser, aux mêmes fins, la voie diplomatique.
Article 10
La présente Convention ne fait pas obstacle, sauf si l’Etat de destination déclare s’y
opposer:
a) à la faculté d’adresser directement, par la voie de la poste, des actes judiciaires
aux personnes se trouvant à l’étranger,
b) à la faculté, pour les officiers ministériels, fonctionnaires ou autres personnes
compétents de l’Etat d’origine, de faire procéder à des significations ou notifications
d’actes judiciaires directement par les soins des officiers ministériels,
fonctionnaires ou autres personnes compétents de l’Etat de destination,
c) à la faculté, pour toute personne intéressée à une instance judiciaire, de faire
procéder à des significations ou notifications d’actes judiciaires directement par les
soins des officiers ministériels, fonctionnaires ou autres personnes compétents de
l’Etat de destination.
Article 11
La présente Convention ne s’oppose pas à ce que des Etats contractants s’entendent
pour admettre, aux fins de signification ou de notification des actes judiciaires, d’autres
voies de transmission que celles prévues par les articles qui précèdent et notamment la
communication directe entre leurs autorités respectives.
ANNEXE 1 211
Article 12
Les significations ou notifications d’actes judiciaires en provenance d’un Etat
contractant ne peuvent donner lieu au paiement ou au remboursement de taxes ou de
frais pour les services de l’Etat requis.
Le requérant est tenu de payer ou de rembourser les frais occasionnés par:
a) l’intervention d’un officier ministériel ou d’une personne compétente selon la loi de
l’Etat de destination,
b) l’emploi d’une forme particulière.
Article 13
L’exécution d’une demande de signification ou de notification conforme aux
dispositions de la présente Convention ne peut être refusée que si l’Etat requis juge
que cette exécution est de nature à porter atteinte à sa souveraineté ou à sa sécurité.
L’exécution ne peut être refusée pour le seul motif que la loi de l’Etat requis revendique
la compétence judiciaire exclusive dans l’affaire en cause ou ne connaît pas de voie de
droit répondant à l’objet de la demande.
En cas de refus, l’Autorité centrale en informe immédiatement le requérant et indique
les motifs.
Article 14
Les difficultés qui s’élèveraient à l’occasion de la transmission, aux fins de signification
ou de notification, d’actes judiciaires seront réglées par la voie diplomatique.
Article 15
Lorsqu’un acte introductif d’instance ou un acte équivalent a dû être transmis à
l’étranger aux fins de signification ou de notification, selon les dispositions de la
présente Convention, et que le défendeur ne comparaît pas, le juge est tenu de
surseoir à statuer aussi longtemps qu’il n’est pas établi:
ANNEXE 1 212
a) ou bien que l’acte a été signifié ou notifié selon les formes prescrites par la
législation de l’Etat requis pour la signification ou la notification des actes dressés
dans ce pays et qui sont destinés aux personnes se trouvant sur son territoire,
b) ou bien que l’acte a été effectivement remis au défendeur ou à sa demeure selon
un autre procédé prévu par la présente Convention,
et que, dans chacune de ces éventualités, soit la signification ou la notification, soit la
remise a eu lieu en temps utile pour que le défendeur ait pu se défendre.
Chaque Etat contractant a la faculté de déclarer que ses juges, nonobstant les
dispositions de l’alinéa premier, peuvent statuer si les conditions suivantes sont
réunies, bien qu’aucune attestation constatant soit la signification ou la notification,
soit la remise, n’ait été reçue:
a) l’acte a été transmis selon un des modes prévus par la présente Convention,
b) un délai que le juge appréciera dans chaque cas particulier et qui sera d’au moins
six mois, s’est écoulé depuis la date d’envoi de l’acte,
c) nonobstant toutes diligences utiles auprès des autorités compétentes de l’Etat
requis, aucune attestation n’a pu être obtenue.
Le présent article ne fait pas obstacle à ce qu’en cas d’urgence, le juge ordonne toutes
mesures provisoires ou conservatoires.
Article 16
Lorsqu’un acte introductif d’instance ou un acte équivalent a dû être transmis à
l’étranger aux fins de signification ou de notification, selon les dispositions de la
présente Convention, et qu’une décision a été rendue contre un défendeur qui n’a pas
comparu, le juge a la faculté de relever ce défendeur de la forclusion résultant de
l’expiration des délais de recours, si les conditions suivantes sont réunies:
a) le défendeur, sans qu’il y ait eu faute de sa part, n’a pas eu connaissance en temps
utile dudit acte pour se défendre et de la décision pour exercer un recours,
b) les moyens du défendeur n’apparaissent pas dénués de tout fondement.
ANNEXE 1 213
La demande tendant au relevé de la forclusion est irrecevable si elle n’est pas formée
dans un délai raisonnable à partir du moment où le défendeur a eu connaissance de la
décision.
Chaque Etat contractant a la faculté de déclarer que cette demande est irrecevable si
elle est formée après l’expiration d’un délai qu’il précisera dans sa déclaration, pourvu
que ce délai ne soit pas inférieur à un an à compter du prononcé de la décision.
Le présent article ne s’applique pas aux décisions concernant l’état des personnes.
Article 17
Les actes extrajudiciaires émanant des autorités et officiers ministériels d’un Etat
contractant peuvent être transmis aux fins de signification ou de notification dans un
autre Etat contractant selon les modes et aux conditions prévus par la présente
Convention.
Article 18
Tout Etat contractant peut désigner, outre l’Autorité centrale, d’autres autorités dont il
détermine les compétences.
Toutefois, le requérant a toujours le droit de s’adresser directement à l’Autorité
centrale.
Les Etats fédéraux ont la faculté de désigner plusieurs Autorités centrales.
Article 19
La présente Convention ne s’oppose pas à ce que la loi interne d’un Etat contractant
permette d’autres formes de transmission non prévues dans les articles précédents,
ANNEXE 1 214
aux fins de signification ou de notification, sur son territoire, des actes venant de
l’étranger.
Article 20
La présente Convention ne s’oppose pas à ce que des Etats contractants s’entendent
pour déroger:
a) à l’article 3, alinéa 2, en ce qui concerne l’exigence du double exemplaire des
pièces transmises,
b) à l’article 5, alinéa 3, et à l’article 7, en ce qui concerne l’emploi des langues,
c) à l’article 5, alinéa 4,
d) à l’article 12, alinéa 2.
Article 21
Chaque Etat contractant notifiera au Ministère des Affaires Etrangères des Pays-Bas
soit au moment du dépôt de son instrument de ratification ou d’adhésion, soit
ultérieurement:
a) la désignation des autorités prévues aux articles 2 et 18,
b) la désignation de l’autorité compétente pour établir l’attestation prévue à l’article 6,
c) la désignation de l’autorité compétente pour recevoir les actes transmis par la voie
consulaire selon l’article 9.
Il notifiera, le cas échéant, dans les mêmes conditions:
a) son opposition à l’usage des voies de transmission prévues aux articles 8 et 10,
b) les déclarations prévues aux articles 15, alinéa 2, et 16, alinéa 3,
c) toute modification des désignations, opposition et déclarations mentionnées ci-
dessus.
ANNEXE 1 215
Article 22
La présente Convention remplacera dans les rapports entre les Etats qui l’auront
ratifiée, les articles 1 à 7 des Conventions relatives à la procédure civile,
respectivement signées à La Haye, le 17 juillet 1905 et le premier mars 1954, dans la
mesure où lesdits Etats sont Parties à l’une ou à l’autre de ces Conventions.
Article 23
La présente Convention ne porte pas atteinte à l’application de l’article 23 de la
Convention relative à la procédure civile, signée à La Haye, le 17 juillet 1905, ni de
l’article 24 de celle signée à La Haye, le premier mars 1954.
Ces articles ne sont toutefois applicables que s’il est fait usage de modes de
communication identiques à ceux prévus par lesdites Conventions.
Article 24
Les accords additionnels auxdites Conventions de 1905 et de 1954, conclus par les
Etats contractants, sont considérés comme également applicables à la présente
Convention à moins que les Etats intéressés n’en conviennent autrement.
Article 25
Sans préjudice de l’application des articles 22 et 24, la présente Convention ne déroge
pas aux Conventions auxquelles les Etats contractants sont ou seront Parties et qui
contiennent des dispositions sur les matières réglées par la présente Convention.
Article 26
La présente Convention est ouverte à la signature des Etats représentés à la Dixième
session de la Conférence de La Haye de droit international privé.
Elle sera ratifiée et les instruments de ratification seront déposés auprès du Ministère
des Affaires Etrangères des Pays-Bas.
ANNEXE 1 216
Article 27
La présente Convention entrera en vigueur le soixantième jour après le dépôt du
troisième instrument de ratification prévu par l’article 26, alinéa 2.
La Convention entrera en vigueur, pour chaque Etat signataire ratifiant
postérieurement, le soixantième jour après le dépôt de son instrument de ratification.
Article 28
Tout Etat non représenté à la Dixième session de la Conférence de La Haye de droit
international privé pourra adhérer à la présente Convention après son entrée en
vigueur en vertu de l’article 27, alinéa premier. L’instrument d’adhésion sera déposé
auprès du Ministère des Affaires Etrangères des Pays-Bas.
La Convention n’entrera en vigueur pour un tel Etat qu’à défaut d’opposition de la part
d’un Etat ayant ratifié la Convention avant ce dépôt, notifiée au Ministère des Affaires
Etrangères des Pays-Bas dans un délai de six mois à partir de la date à laquelle ce
Ministère lui aura notifié cette adhésion.
A défaut d’opposition, la Convention entrera en vigueur pour l’Etat adhérant le premier
jour du mois qui suit l’expiration du dernier des délais mentionnés à l’alinéa précédent.
Article 29
Tout Etat, au moment de la signature, de la ratification ou de l’adhésion, pourra
déclarer que la présente Convention s’étendra à l’ensemble des territoires qu’il
représente sur le plan international, ou à l’un ou plusieurs d’entre eux. Cette
déclaration aura effet au moment de l’entrée en vigueur de la Convention pour ledit
Etat.
Par la suite, toute extension de cette nature sera notifiée au Ministère des Affaires
Etrangères des Pays-Bas.
La Convention entrera en vigueur, pour les territoires visés par l’extension, le
soixantième jour après la notification mentionnée à l’alinéa précédent.
ANNEXE 1 217
Article 30
La présente Convention aura une durée de cinq ans à partir de la date de son entrée en
vigueur conformément à l’article 27, alinéa premier, même pour les Etats qui l’auront
ratifiée ou y auront adhéré postérieurement.
La Convention sera renouvelée tacitement de cinq en cinq ans, sauf dénonciation.
La dénonciation sera, au moins six mois avant l’expiration du délai de cinq ans, notifiée
au Ministère des Affaires Etrangères des Pays-Bas.
Elle pourra se limiter à certains des territoires auxquels s’applique la Convention.
La dénonciation n’aura d’effet qu’à l’égard de l’Etat qui l’aura notifiée. La Convention
restera en vigueur pour les autres Etats contractants.
Article 31
Le Ministère des Affaires Etrangères des Pays-Bas notifiera aux Etats visés à
l’article 26, ainsi qu’aux Etats qui auront adhéré conformément aux dispositions de
l’article 28 :
a) les signatures et ratifications visées à l’article 26;
b) la date à laquelle la présente Convention entrera en vigueur conformément aux
dispositions de l’article 27, alinéa premier;
c) les adhésions visées à l’article 28 et la date à laquelle elles auront effet;
d) les extensions visées à l’article 29 et la date à laquelle elles auront effet;
e) les désignations, opposition et déclarations mentionnées à l’article 21;
f) les dénonciations visées à l’article 30, alinéa 3.
En foi de quoi, les soussignés, dûment autorisés, ont signé la présente Convention.
Fait à La Haye, le 15 novembre 1965, en français et en anglais, les deux textes faisant
également foi, en un seul exemplaire, qui sera déposé dans les archives du
Gouvernement des Pays-Bas et dont une copie certifiée conforme sera remise, par la
ANNEXE 1 218
N.B. Le 25 octobre 1980 la Quatorzième session a adopté une Recommandation sur les
informations destinées à accompagner les documents judiciaires et extrajudiciaires en
matière civile ou commerciale transmis, signifiés ou notifiés à l’étranger (Actes et
documents de la Quatorzième session (1980), tome I, Matières diverses, pp. I-67;
idem, Tome IV, Entraide judiciaire, p. 339; Manuel pratique sur le fonctionnement de la
Convention de La Haye du 15 novembre 1965 relative à la signification et la notification
à l’étranger des actes judiciaires et extrajudiciaires en matière civile ou commerciale).
ANNEXE 2
ANNEXES PRÉVUES AUX ARTICLES 3, 5, 6, ET 7
FORMULES DE DEMANDE ET D’ATTESTATION
DEMANDE AUX FINS DE SIGNIFICATION OU DE NOTIFICATION À
L’ÉTRANGER D’UN ACTE JUDICIAIRE OU EXTRAJUDICIAIRE
Verso de la demande
ATTESTATION
2.que la demande n’a pas été exécutée, en raison des faits suivants*: __
______________________________________________________
______________________________________________________
Annexes
(article 5, alinéa 4)
ACTE JUDICIAIRE**
* Ce document est reproduit dans sa forme originale. Aussi, la terminologie utilisée dans ce
document demeure-t-elle inchangée et n’a pas été alignée sur la terminologie utilisée dans la
partie principale de ce Manuel (Observations générales et fonctionnement pratique de la
Convention).
ANNEXE 3
IMPORTANT
IMPORTANT
THE ENCLOSED DOCUMENT IS OF A LEGAL NATURE AND MAY AFFECT YOUR RIGHTS
AND OBLIGATIONS. THE ‘SUMMARY OF THE DOCUMENT TO BE SERVED’ WILL GIVE
YOU SOME INFORMATION ABOUT ITS NATURE AND PURPOSE. YOU SHOULD HOW-
EVER READ THE DOCUMENT ITSELF CAREFULLY. IT MAY BE NECESSARY TO SEEK
LEGAL ADVICE.
---
Il est recommandé que les mentions imprimées dans cette note soient rédigées en
langue française et en langue anglaise et le cas échéant, en outre, dans la langue ou
l’une des langues officielles de l’Etat d’origine de l’acte. Les blancs pourraient être
remplis soit dans la langue de l’Etat où le document doit être adressé, soit en langue
française, soit en langue anglaise.
It is recommended that the standard terms in the notice be written in English and
French and where appropriate also in the official language, or one of the official lan-
guages of the State in which the document originated. The blanks could be completed
either in the language of the State to which the documents is to be sent, or in English
or French.
---
ANNEXE 3
ANNEXE 4
INSTRUCTIONS POUR REMPLIR LA FORMULE MODÈLE ÉTABLIES PAR
L’AUTEUR DU RAPPORT SUR LA RECOMMANDATION ADOPTÉE PAR LA
QUATORZIÈME SESSION, M. GUSTAF MÖLLER (FINLANDE)
* Ce document est reproduit dans sa forme originale. Aussi, la terminologie utilisée dans ce
document demeure-t-elle inchangée et n’a pas été alignée sur la terminologie utilisée
dans la partie principale de ce Manuel (Observations générales et fonctionnement pratique
de la Convention).
ANNEXE 4 226
ANNEXE 5
RAPPORT EXPLICATIF SUR LA RECOMMANDATION
ADOPTÉE PAR LA QUATORZIÈME SESSION,
ÉTABLI PAR M. GUSTAF MÖLLER
I. Introduction [*]
1 La Recommandation qui fait l’objet du présent Rapport peut être considérée comme
le fruit d’une collaboration entre deux organisations internationales, le Conseil de
l’Europe1 et la Conférence de La Haye de droit international privé2.
2 Ce fut, en fait, au sein du Conseil de l’Europe3 que prit naissance l’idée d’une note
d’information destinée à accompagner tous les actes juridiques en matière civile et
commerciale transmis, signifiés ou notifiés à l’étranger. On pensait que cette note
aiderait la personne (ou l’organisme) à laquelle l’acte était destiné, tout d’abord à
connaître la nature juridique du document, ensuite à en comprendre la teneur et,
* Ce document est reproduit dans sa forme originale. Aussi, la terminologie utilisée dans ce
document demeure-t-elle inchangée et n’a pas été alignée sur la terminologie utilisée
dans la partie principale de ce Manuel (Observations générales et fonctionnement pratique
de la Convention).
1 Le 1er mai 1981 les Etats suivants étaient membres du Conseil de l’Europe : République
fédérale d’Allemagne, Autriche, Belgique, Chypre, Danemark, Espagne, France, Grèce,
Irlande, Islande, Italie, Liechtenstein, Luxembourg, Malte, Norvège, Pays-Bas, Portugal,
Royaume-Uni, Suède, Suisse et Turquie. [Pour une liste mise à jour des Etats membres du
Conseil de l’Europe, voir < http://www.coe.int/T/F/Com/A_propos_COE/Etats_membres/
default.asp >].
2 Le 1er mai 1981 les Etats suivants étaient membres de la Conférence de La Haye :
République fédérale d’Allemagne, Argentine, Australie, Autriche, Belgique, Canada,
Danemark, Egypte, Espagne, Etats-Unis, Finlande, France, Grèce, Irlande, Israël, Italie,
Japon, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Suède, Suisse,
Suriname, Tchécoslovaquie, Turquie, Venezuela, Yougoslavie. [Pour une liste mise à jour
des Etats membres de la HCCH, voir le site Internet de la HCCH].
3 Comité d’experts sur l’accès à la justice (appelé auparavant Comité d’experts sur les
obstacles économiques et autres en matière de procédure civile, notamment à l’étranger).
La Conférence de La Haye a participé en observateur aux travaux de ce Comité.
ANNEXE 5 230
troisièmement, à savoir quelle action elle pourrait, le cas échéant, entreprendre à son
sujet, ou quelles seraient les conséquences pour elle si elle ne faisait rien.
3 Cependant, le Comité d’experts du Conseil de l’Europe se rendit compte que, dans
une mesure plus limitée, une note de ce genre existait déjà au sujet de la transmission
des actes juridiques par les Autorités centrales, dans le système créé par la Convention
de La Haye du 15 novembre 1965 relative à la signification et la notification à
l’étranger des actes judiciaires et extrajudiciaires en matière civile ou commerciale,
que nous appellerons ci-après la « Convention sur la notification à l’étranger ».
C’est la raison pour laquelle le Conseil de l’Europe décida de soumettre la question à la
Conférence de La Haye, ce qui fut fait par une lettre du Secrétaire général du Conseil
de l’Europe en date du 13 octobre 1979, à laquelle était joint un Rapport détaillé. Et,
comme les Etats membres de la Conférence de La Haye et les Etats parties à la
Convention sur la signification à l’étranger couvrent géographiquement une étendue
plus vaste, on pouvait espérer que l’emploi de cette note d’information serait plus
fréquent et son efficacité plus grande.
4 Une Commission spéciale de la Conférence de La Haye a siégé du 14 au 18 avril
1980, pour étudier la proposition du Conseil de l’Europe. Elle adopta un Projet de
Recommandation à l’intention de la Quatorzième session de la Conférence de La Haye.
Le soussigné rédigea un Rapport sur la réunion tenue par la Commission spéciale
(Document préliminaire No 8 à l’intention de la Quatorzième session). Le 20 octobre
1980, après une dernière séance, la Quatorzième session de la Conférence de La Haye
établit le texte définitif d’une « Recommandation sur les informations destinées à
accompagner les documents judiciaires et extrajudiciaires en matière civile ou
commerciale transmis, signifiés ou notifiés à l’étranger ». Cette Recommandation a été
rédigée par la Commission II, dont M. Christof Böhmer, de la République fédérale
d’Allemagne, était le Président et M. Johannes Bangert, du Danemark, le Vice-
Président. Le soussigné en était le Rapporteur. Le texte préparé par la Commission fut
adopté, avec une légère amélioration de la version française, au cours de la Session
plénière du 24 octobre 1980. Le 25 octobre 1980, les délégués signèrent l’Acte final de
la Quatorzième session qui contient la Recommandation.
5 Le premier objet du présent Rapport est de décrire brièvement les travaux
préparatoires et les discussions finales qui aboutirent à l’adoption de la
ANNEXE 5 231
Recommandation. Cependant, le lecteur qui désirerait faire une étude plus approfondie
de ces textes devra se référer au Rapport sur la réunion de la Commission spéciale
(mentionné ci-dessus) ainsi qu’aux procès-verbaux et aux textes qui seront publiés
dans les Actes et documents de la Quatorzième session de la Conférence de La Haye de
droit international privé.
6 Ce présent Rapport offre, au surplus, quelques rapides commentaires sur la
Recommandation. Pour aider les personnes et les autorités qui seraient amenées à
remplir la formule modèle, il fut décidé que le Rapporteur fournirait aussi quelques
exemples et avancerait certaines instructions. On trouvera ces instructions ci-dessus
après le texte de la Recommandation. Ces commentaires et ces instructions reflètent
les opinions les plus souvent exprimées au cours de la Conférence ; en outre le
Rapporteur eut l’occasion d’avoir des entretiens très utiles sur ces questions avec M.
J.H.A. van Loon, Secrétaire au Bureau Permanent de la Conférence. Le Rapporteur
entend cependant assumer l’entière responsabilité des idées exprimées dans le présent
Rapport.
II. Objet général de la Recommandation
7 Le nombre d’actes judiciaires ou extrajudiciaires en matière civile ou commerciale
transmis, signifiés ou notifiés à l’étranger, s’est considérablement élevé et il semble en
accroissement constant. La notification à l’étranger de ces actes est prévue par la
Convention de La Haye de 1954 sur la procédure civile et la Convention de 1965 sur la
notification à l’étranger4. De plus, un vaste réseau de traités bilatéraux porte, d’une
façon ou d’une autre, sur la transmission des actes, que ce soit par l’intermédiaire des
autorités judiciaires ou administratives, par les voies consulaires ou diplomatiques, ou
directement à leur destinataire.
8 Quand la notification doit être effectuée par une autorité centrale, le destinataire
doit, en règle générale, être informé qu’il s’agit d’un acte juridique au sujet duquel il lui
appartient d’entreprendre une action. C’est pourquoi, nous l’avons dit plus haut, la
Convention sur la notification à l’étranger contient le modèle d’une note d’information
qui doit être remise au destinataire d’un acte transmis à l’étranger lorsque la
signification ou la notification est effectuée dans le cadre de cette Convention, par
l’intermédiaire des Autorités centrales créées en vertu de la Convention. Mais la plupart
des conventions, qu’elles soient multilatérales ou bilatérales, qui portent sur la
signification à l’étranger d’actes en matière civile ou commerciale, permettent la
notification de ces actes par d’autres voies. Un procédé fréquemment utilisé est la
transmission par les soins du service postal.
9 Quand la notification est effectuée par l’intermédiaire d’une autorité centrale ou
judiciaire, l’Etat dans lequel la notification doit être faite peut exiger que l’acte soit
traduit quand il n’est pas rédigé dans la langue de cet Etat. Il pourra donc être difficile
d’imposer efficacement l’observation de cette condition quand la transmission est faite
par voie postale.
10 Quand la transmission n’est pas effectuée par l’intermédiaire d’une autorité
centrale, le problème qui se pose au destinataire est de comprendre la nature de l’acte
qu’il reçoit et de savoir ce qui est exigé de lui : il lui appartient alors de consulter un
avocat ou un conseiller juridique, ou encore d’entreprendre lui-même une action.
11 Pour les raisons exposées plus haut, la Quatorzième session s’est rangée à l’opinion
du Conseil de l’Europe qui jugeait extrêmement souhaitable que tout acte juridique
concernant une matière civile ou commerciale, transmis, signifié ou notifié à l’étranger,
soit accompagné d’une note contenant des informations destinées à aider le
destinataire à comprendre la nature et l’objet de ce document.
ANNEXE 5 233
[5 Pour une liste mise à jour des Etats parties à cette Convention, voir le site Internet de la
HCCH.]
ANNEXE 5 234
ANNEXE 6
CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
ADOPTÉES PAR LA COMMISSION SPÉCIALE DE 2003
Conclusions et Recommandations
de la Commission spéciale sur le fonctionnement pratique des
Conventions Apostille, Obtention des preuves, Notification
[extraits*]
I. COMMENTAIRES GÉNÉRAUX
et de permettre aux Etats parties aux Conventions de bénéficier des avantages mutuels en
échangeant leurs expériences respectives dans la mise en œuvre des Conventions, ainsi que
de promouvoir les avantages des Conventions auprès des Etats non parties, la Commission
spéciale recommande que des réunions plus fréquentes soient organisées afin d’examiner le
fonctionnement pratique des Conventions Apostille, Obtention des preuves et Notification.
La Commission spéciale recommande que les réunions visant à examiner le fonctionnement
pratique de ces trois Conventions se tiennent tous les cinq ans, sous réserve de disposer des
ressources supplémentaires nécessaires. En outre, il convient d’envisager la possibilité
d’examiner le fonctionnement pratique de la Convention de La Haye du 25 octobre 1980
tendant à faciliter l’accès international à la justice.
4. La CS souligne que les Conventions Apostille, Obtention des preuves et Notification évoluent
dans un environnement sujet à des évolutions techniques significatives. Bien que ces
évolutions n’aient pu être anticipées à l’époque à laquelle ces trois Conventions ont été
adoptées, les nouvelles technologies constituent désormais une part intégrante de la société
actuelle et leur usage un élément de fait. A cet égard, la CS note que l’esprit et la lettre de
ces Conventions ne constituent pas un obstacle à l’utilisation des technologies modernes et
que leurs application et fonctionnement peuvent être davantage améliorés par l’utilisation
de telles techniques. L’atelier qui s’est tenu préalablement à la CS (le 27 octobre 2003) a
clairement révélé les avantages et possibilités offerts par l’utilisation des technologies
modernes dans les matières couvertes par les Conventions1.
[…]
1 L’atelier était organisé autour des présentations suivantes : MM. THOMAS GOTTWALD et PETER FRANK
(Ministère fédéral de la Justice, Autriche) : eJustice – Datahighway to Austrian Courts – Electronic
Legal Communication (ELC) – Transmission of Legal Documents ; Mme JULIE NIND (Ministère de la
Justice – Nouvelle-Zélande) : Taking of evidence by video link across Tasman ; Mme DORIE MCKENZIE
et M. JAMES MASON (Foreign and Commonwealth Office, Royaume-Uni) : The issuance of Apostilles by
the Foreign and Commonwealth Office ; MM OZIE STALLWORTH et KEVIN MENDELSON (National Notary
Association, Etats-Unis d’Amérique): enjoa – The Electronic Notary Journal of Official Acts.
[...]
ANNEXE 6 240
Autorités expéditrices
47. La CS rappelle qu’il appartient au droit de l’Etat requérant de déterminer la compétence des
autorités expéditrices (art. 3). En outre, la CS prend note des informations fournies par de
nombreux experts au sujet de la position des autorités expéditrices et conclut que la plupart
des problèmes pratiques ont été résolus.
48. La CS invite les Etats parties à fournir au Bureau Permanent les informations relatives à
leurs autorités expéditrices et leur compétence afin de les placer sur le site de la Conférence
de La Haye. La CS convient aussi que de telles informations devraient être indiquées dans la
Formule Modèle relative à la demande de notification3.
49. La CS recommande qu’en cas de doute quant à la compétence de l’autorité expéditrice, les
autorités de l’Etat requis devraient, plutôt que de rejeter la demande, rechercher une
confirmation de la compétence de cette autorité, soit en consultant le site Internet de la
Conférence, soit en engageant des contacts informels et rapides, y compris par courriel.
leurs Autorités centrales, en particulier pour les Etats qui ont désigné plus d’une Autorité
centrale ou d’autres autorités en vertu de l’article 18. La CS note l’importance de tenir à jour
de façon régulière ces informations sur le site Internet de la Conférence.
56. La CS prend note de l’utilisation croissante des services postaux privés pour la transmission
rapide de documents dans des situations professionnelles diverses et des rapports selon
lesquels ces services postaux ont été utilisés pour notifier un acte conformément à l’article
10(a) de la Convention. La CS en déduit que, pour les besoins de l’article 10(a), le recours à
des services postaux privés est équivalent au recours à la voie postale.
57. La CS prend note de la clarification apportée par la délégation japonaise à sa position à
l’égard de l’article 10(a) :
« Le Japon n’a pas déclaré s’opposer à l’envoi d’actes judiciaires, par la voie postale,
directement à des destinataires au Japon. Comme le représentant du Japon l’a clairement
exprimé lors de la Commission spéciale de 1989 sur le fonctionnement pratique des
Conventions Notification et Obtention des preuves, le Japon ne considère pas que
l’utilisation de la voie postale pour l’envoi d’actes judiciaires à des personnes au Japon
constitue une atteinte à sa souveraineté.
Néanmoins, comme le représentant l’a aussi indiqué, l’absence d’opposition formelle ne
signifie pas que l’envoi d’actes judiciaires par la voie postale à des destinataires au Japon
sera toujours considéré comme notification valable au Japon. En effet, l’envoi de documents
par une telle méthode ne constituerait pas une notification valable au Japon dans le cas où
les droits du destinataire n’auraient pas été respectés.» [traduction du Bureau Permanent]
58. La CS note que le Royaume-Uni a confirmé sa position, d’ores et déjà exprimée lors de la
Commission spéciale de 1989, selon laquelle, il indique sa préférence pour l’utilisation de la
notification directe par le biais des « solicitors » anglais à destination de résidents
d’Angleterre et du Pays de Galles.
61. Bien que les termes de la Convention ne traitent pas des procédures internes, il existe un
lien entre les systèmes de droits nationaux et le fonctionnement de la Convention.
62. Il peut cependant être conclu que la transmission internationale de documents dans le cadre
de la Convention peut et devrait être effectuée par le biais de méthodes utilisant les TI, y
compris le courriel ; cela est d’ores et déjà en cours et la CS recommande que les Etats
parties à la Convention explorent toutes les voies dans lesquelles ils peuvent utiliser, à cette
fin, les technologies modernes.
63. Dans ce contexte, la CS identifie diverses étapes pour lesquelles les moyens électroniques
peuvent être immédiatement explorés : la communication entre une partie requérante et
une autorité expéditrice, la communication entre une autorité expéditrice et une Autorité
centrale d’un Etat requis, et la transmission de l’attestation d’exécution par l’autorité
désignée.
64. La CS reconnaît en outre que dans de nombreux systèmes juridiques internes, les droits
procéduraux et les conditions technologiques ne permettent pas la notification par des
moyens électroniques, bien que dans certains systèmes l’utilisation du courriel ou fax soit
permise dans certaines circonstances, notamment lorsque l’autorité judiciaire l’autorise ou
que les parties l’acceptent à l’avance. Néanmoins, la CS reconnaît que, compte tenu du
rythme des développements technologiques, les problèmes existants pourront être
surmontés, favorisant ainsi une plus large utilisation de ces méthodes pour la notification.
Les Etats parties à la Convention sont ainsi encouragés à explorer les voies par lesquelles de
telles innovations peuvent être obtenues.
Exigences de traduction
65. La CS convient qu’aucune traduction n’est exigée, en vertu de la Convention, pour une
transmission conforme aux modes alternatifs prévus par la Convention ; la CS note
cependant que, dans des cas isolés, des exigences de traduction sont imposées par le droit
interne d’un Etat.
66. La CS note qu’une large majorité d’Etats parties n’exige pas de traduction pour la
notification par remise simple (art. 5(2)).
ANNEXE 6 244
67. En ce qui concerne l’exigence de traduction pour une notification en vertu de l’article 5(1), la
CS souligne en outre qu’il est important de respecter les diverses exigences prévues par les
droits nationaux des Etats parties.
68. La CS invite les Etats parties à fournir au Bureau Permanent toute information pertinente (y
compris les déclarations) relative à l’étendue des exigences de traduction pour l’exécution
des demandes en vertu de l’article 5. La CS invite également les Etats parties à transmettre
au Bureau Permanent les informations concernant les conséquences, dans leur droit interne,
du refus par le destinataire d’accepter la notification en vertu de la Convention, lorsqu’ils
agissent en tant qu’Etat requérant.
Champ d’application
69. Concernant la signification des termes « matières civile ou commerciale », la CS encourage
une large interprétation et réaffirme les conclusions suivantes adoptées en 1989 :
a.La Commission souhaite que l’expression « matière civile ou commerciale » reçoive une
interprétation autonome, sans qu’une référence exclusive ne soit faite soit à la loi de
l’Etat requérant, soit à la loi de l’Etat requis, soit aux deux cumulativement.
b.Dans la « zone grise » des matières qui se situent entre le droit privé et le droit public,
l’évolution historique devrait amener une ouverture plus large de la notion « civile ou
commerciale »; il est notamment admis que le droit de la faillite, le droit des
assurances et le droit du travail puissent tomber sous la notion « civile ou commerciale
».
70. En outre, la CS prend note du fait que si dans certains Etats les questions relatives aux
impôts ou taxes sont considérées comme couvertes par la Convention, dans d’autres Etats
cela n’est pas le cas.
71. La CS note que dans certains Etats parties, la Convention a été appliquée à des procédures
en relation avec le recouvrement de produits d’activité criminelles.
72. Enfin, la CS soutient que la définition de « civile ou commerciale » apparaissant dans
d’autres traités ne devrait pas être utilisée à des fins d’interprétation sans considérer l’objet
et le but de ces textes.
ANNEXE 6 245
Double date
75. La CS considère et rejette la proposition d’adoption par les Etats parties d’une
recommandation visant à mettre en place un système de double date, selon lequel les
intérêts du demandeur (ex. délais de prescription) et ceux du défendeur (ex. délai pour
répondre) sont protégés par l’assignation de dates différentes. La CS prend note que de
nombreux systèmes juridiques ont adopté des moyens efficaces pour protéger les intérêts
du demandeur sans tenir compte de la date réelle de la notification.
Exequatur
78. La CS rappelle que la Convention n’aborde pas la question de la reconnaissance et de
l’exécution de jugements. En outre, les experts réaffirment la nécessité, pour la Convention,
de fonctionner de manière à soutenir les droits procéduraux du défendeur. Notamment, la
ANNEXE 6 246
Réserves et réciprocités
79. La CS note que les Etats parties n’invoquent pas la réciprocité contre les autres Etats qui ont
fait des déclarations en vertu des articles 8 et 10.
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Imprimerie Nationale, 1965, p. 11.
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Permanent, Document préliminaire C de juin 1976, in Actes et documents de la Treizième
session (1976), Tome I, Matières diverses, La Haye, Imprimerie Nationale, 1978, p. 102.
-- Rapport sur les travaux de la Commission spéciale d’avril 1989 sur le fonctionnement des
Conventions de La Haye du 15 novembre 1965 relative à la signification et la notification à
l’étranger des actes judiciaires et extrajudiciaires en matière civile ou commerciale et du 18
mars 1970 sur l’obtention des preuves à l’étranger en matière civile ou commerciale
(disponible sur le site Internet de la HCCH).
-- Report of the Special Commission of April 1989, ILM 1989, vol. 28, p. 1556.
-- Conclusions sur les points les plus importants examinés par la Commission spéciale, in
RabelsZ 1990, p. 370.
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-- The Revolutionary Change in Service of Process Abroad in French Civil Procedure, Int’l Lawyer
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des Betriebs-Beraters 1965, vol. 9, p. 205.
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(en allemand uniquement) http://www.justiz.nrw.de
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Alberta Courts www.albertacourts.ab.ca/
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Lois et règlements de l’Ontario www.e-laws.gov.on.ca
Espagne
Ministère de la Justice
(en espagnol uniquement) www.mju.es
Etats-Unis d’Amérique
Département d’Etat des Etats-Unis www.state.gov
Process Forwarding International www.hagueservice.net
Département d’Etat des Etats-Unis
(Assistance Judiciaire Consulaire) http://travel.state.gov/
Fédération de Russie
Ministère des Affaires étrangères www.mid.ru
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(en russe seulement) www.minjust.ru
Chambre de commerce et de l’industrie www.tpprf.ru
Cour supérieure de commerce
(en russe seulement) www.arbitr.ru
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(Conventions de La Haye) www.foreignaffairs.gov.ie/
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Attorney General www.attorneygeneral.ie/
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Ministère des Affaires étrangères www.esteri.it
Luxembourg
Chambre nationale des huissiers de justice www.huissier.lu
Pays-Bas
Royal Dutch Organisation of Court Bailiffs www.kbvg.nl
Portugal
Direction générale des services judiciaires
(Autorité centrale – en portugais uniquement) www.dgaj.mj.pt
République slovaque
Ministère de la Justice
(en slovaque uniquement) www.justice.gov.sk
Suisse
Office fédéral de la Justice
(Entraide judiciaire internationale) www.rhf.admin.ch/themen/
rechtshilfe/index-rh-f.html
273
Décisions allemandes
Décisions autrichiennes
Décisions belges
Décisions canadiennes
Décisions chinoises (Hong Kong)
Décisions chypriotes
Décisions Cour de justice des Communautées européennes
Décisions Cour européenne des Droits de l’Homme
Décisions espagnoles
Décisions Etats-Unis d’Amérique
Décisions françaises
Décisions grecques
Décisions italiennes
Décisions japonaises
Décisions luxembourgeoises
Décisions néerlandaises
Décisions portugaises
Décisions Royaume-Uni
Décisions suisses
Index des décisions citées 274
Décisions allemandes
BGH, 9e Zivilsenat, 18 février 1993, IPRax 1993, p. 396 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
BGH, 9e Zivilsenat, 20 septembre 1990, IPRspr 1990, No 200, p. 409-411 . . . . 114
BVerfG, 7 décembre 1994 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74, 134
BVerfG, Bertelsmann, 25 juillet 2003 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
BVerwG, 20 mai 1999, NJW 2000, p. 683-684 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
Isabelle Lancray SA c. Peters und Sickert KG (BGH), 20 septembre 1990 (IX ZB 1/
88)), NJW 1991, p. 641, Asser 5/358 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
KG Berlin, 22 avril 1997 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
KG Berlin, 5 juillet 1994, IPRspr. 1994, p. 159 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
LG Berlin, 5 février 1997 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
OLG Celle, 14 juin 1996 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
OLG Celle, 14 juin 1996 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
OLG Cologne, 16 août 1988, RIW 1989, p. 814-815 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
OLG Düsseldorf (agissant en tant qu’Autorité centrale), Bertelsmann, 20 mars 2003
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
OLG Düsseldorf, 10 janvier 1996, IPRax 1997, p. 260 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
OLG Düsseldorf, 12 mars 1999, 3 W 13/99 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
OLG Düsseldorf, 3e Zivilsenat, 19 février 1992, NJW 1992, p. 3110-3112 . . . . . 132
OLG Düsseldorf, 3e Zivilsenat, 2 septembre 1998, IPRax 2000, p. 289-291 . . . 118
OLG Düsseldorf, 3e Zivilsenat, 8 février 1999, ZfIR 1999, p. 324-326 . . . . 150, 166
OLG Düsseldorf, Bertelsmann, 11 juillet 2003 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
OLG Frankfurt, 13 février 2001, RIW 2001, p. 464-467 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
OLG Hamm, 16 mars 1981 (2 U 182/80) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
OLG Hamm, 27 février 1985, 20 U 222/84, IPRax 1986, p. 104 . . . . . . . . . . . . . 116
OLG Hamm, 35e Zivilsenat, 30 septembre 1994, IPRax 1995, p. 255-256, note
H. Kronke . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
OLG Munich, 15 juillet 1992, IPRax 1993, p. 309 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
OLG Munich, 17 novembre 1994, RIW 1995, p. 1026 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87, 187
OLG Munich, 28 septembre 1988, IPRax 1990, p. 111 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
OLG Munich, 30 décembre 1986, affaire numéro 7 W 3138/86, NJW 1987,
p. 3086 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
OLG Munich, 9 mai 1989, RIW 1989, p. 483, IPRax 1990, p. 157 (Stürner / Stadler)
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
OLG Saarbrücken, 1er octobre 1993, IPRax 1995, p. 35 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
OLG Saarbrücken, 5e Zivilsenat, 15 juin 1992, RIW 1993, p. 418-420 . . . . . . . . 117
Décisions autrichiennes
OGH, 16 juin 1998, IPRax 1999, p. 260 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
Index des décisions citées 275
Décisions belges
Arrêt du 4 novembre 1993, Pasicrisie belge, 1993, 1re partie, p. 927 . . . . . . . . 126
CA Liège, 26 mai 1992, Pasicrisie belge 1992, II, 73 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
HD Plastics Ltd. c. SA Dematex, Cour de Liège (7e chambre), 9 mai 1995, JT 1996,
p. 82 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
Monnet c. Laurent, Civ. Namur (réf.), 3 mai 1996, JT 1996, p. 763 . . . . . . . . . . 128
Décisions canadiennes
Integral Energy & Envtl. Eng’g Ltd. c. Schenker of Canada Ltd., (2001) 293 A.R. 233,
2001 WL 454163 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
Option consommateurs c. Archer Daniels Midland Co, Cour supérieure du Québec, 26
janvier 2000, J.E. 2000-564 (C.S.) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
Richter & Associés inc. c. Stolzenberg, Cour supérieure du Québec, 4 novembre
1997, 500-05-002111-951100 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
S.A. Louis Dreyfus & Cie c. Holding Tusculum B.V., Cour d’appel de Québec, 15 juin
1998, No 500-09-005600-978, Lebel, Robert & Zerbisias JJ., p. 28, REJB
1998-06805 (C.A.), A.C.W.S. 1999, 3d, p. 244 . . . . . . . . . . . . . . . 59, 60, 183
Décisions chinoises (Hong Kong)
Continental Mak Limited c. Verkehrs-Club de Schweiz, Court of first fnstance, 31
octobre 2001 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
Hui Suet Ying c. Sharp Corporation and Sharp-Roxy (Hong Kong) limited, Court of
First Instance, 15 février 2000, HCPI 1997, 1269 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
Décisions chypriotes
Cour suprême, 11 décembre 1995, Cyp. L.R. 1995, p. 1069 . . . . . . . . . . . . . . . . 148
Décisions espagnoles
Audienca Provincial de Alicante, Section 4, 1er mars 2002, AC 200279 . . . . . . . 138
Audiencia Provincial de Alicante, Auto, 5e section, 8 octobre 1997,
AC 1997/2443 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
Audiencia Provincial de Huesca, Auto, 30 juin 1996, AC 1996/1448 . . . . . . . . . . 191
New York Marine Managers Inc. c. Ektrans International Transport & Trade, 716
F.Supp. 783 (S.D. N.Y. 1989) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
Newport Components, Inc. c. NEC Home Electronics (USA), Inc., 671 F.Supp. 1525
(C.D. Cal. 1987) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
Nicholson c. Yamaha, 566 A.2d 135 (Md. Ct. Spec. App. 1989) . . . . . . . . . . . . . . 155
Northrup King Corp. c. COPSA, 51 F.3d 1383 (8th Circ. 1995) . . . . . . . . . . . . . . 104
Nuovo Pignone c. Storman Asia M/V, 310 F.3d 374, 384 (5th Cir. 2002) . . . . . . 154
Ohntrup c. Kurumu, 1992 U.S. Dist. LEXIS 271 (E.D. Pa. 1992) . . . . . . . . . . . . . . 62
Papir c. Wurms, 02 Civ. 3273 (RCC), 2005 U.S. Dist. LEXIS 2201, 2005 WL 372061
(S.D. N.Y. 2005) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155, 157, 158, 159
Paradigm Entertainment c. Video Systems, 2000 U.S. Dist. LEXIS
(N.D. Tex. 2000) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70, 155
Pennsylvania Orthopedic Association c. Mercedes-Benz AG, 160 F.R.D. 58 (E.D. Pa.
1995) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118, 127
Pittsburgh National Bank c. Kassir, 153 F.R.D. 580 (W.D. Pa 1994) . . . . . . . 75, 148
Pizzabiocche c. Vinelli, 772 F. Supp. 1245, 1249 (M.D. Fla. 1991) . . . . . . . . . . . 194
Pochop c. Toyota Motor Corp. Ltd., 111 F.R.D. 464 (S.D. Miss. 1986) . . . . . . . . 154
Power Integrations, Inc. c. System General Corp., 2004 WL 2806168 (N.D. Cal.
2004) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
Prom c. Sumitomo Rubber Industries, 592 N.W.2d 657
(Wis. Ct. App. 1999) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127, 147, 154
Quaranta c. Merlini, 237 Cal Rptr 179 (Cal. App. 1987) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
Quinn c. Keinicke, 700 A.2d 147 (Del. Super. Ct. 1996) . . . . . . . . . . . . . . . . . 69, 155
R. Griggs Group, Ltd. c. Filanto Spa, 920 F.Supp. 1100 (D. Nev. 1996) . . . 145, 155
Raffa c. Nissan Motor Co., 141 F.R.D. 45, 1991 U.S. Dist. LEXIS 20273 (E.D. Pa.
1991) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69, 154
Randolph c. Hendry, 50 F.Supp.2d 572 (S.D. W. Va. 1999) . . . . . . . . . . . . . 147, 155
Rhodes c. J.P. Sauer & Sohn, Inc., 2000 U.S. Dist. LEXIS 7311
(W.D. La 2000) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71, 148
Rio Properties, Inc. c. Rio International Interlink, 284 F.3d 1007
(9th Cir. 2002) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
Robillard c. Asahi Chemical Industry Co., 1995 Conn. Super. LEXIS 3109 (Conn. Sup.
Ct. 1995) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
Ryan c. Brunswick Corp., 2002 WL 1628933 (W.D. N.Y. 2002) . . . . . . . . . . . . . . 182
Sandoval c. Honda Motor Co. Ltd, 527 A2d 564 (Pa. 1987) . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
Sankaran c. Club Med, Inc., 1998 U.S. Dist. LEXIS 11750 (S.D. N.Y. 1998) . . . . 73
Schiffer c. Mazda Motor Corp., 192 F.R.D. 335, 2000 U.S. Dist. LEXIS 6020 (N.D. Ga.
2000) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69, 155
Sheets c. Yamaha Motor Corporation, 891 F.2d 533 (5th Cir. 1990) . . . . . . . . . . . 71
Index des décisions citées 280
Shoei Kako Co Ltd c. Superior Court for the City and County of San Francisco, 33
C.A.3d 808, 109 Cal Rptr 402 (Cal. App. 1973) . . . . . . . . . . . . . . . . . 121, 161
Suzuki Motor Company c. Superior Court of San Bernardino County, 200 Cal.App.3d
1476 (Cal. Ct. App. 1988) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
Tax Lease Underwriters c. Blackwall Green, 106 F.R.D. 595 (E.D. Mo. 1985) . . . 164
Taylor c. Uniden Corpn of America, 622 F.Supp. 1011 (D.C. Mo. 1985) . . . . . . . 115
The People c. Tarradas, 58 Cal. App. 4th 120 (Cal. Ct. App. 1997) . . . . . . . . . . . . 91
Trump Taj Mahal, Assoc. c. Hotel Services, 183 F.R.D. 173 (D. N.J. 1998) . . . . 155
United States c. International Brotherhood of Teamsters, 945 F.Supp. 609 (S.D. N.Y
1996) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
United States c. Islip, 18 F.Supp.2d 1047 (Ct. Int’l. Trade 1998) . . . . . . . . . . . . 165
Uppendahl c. Am. Honda Motor Co., 291 F.Supp.2d 531, 2003 U.S. Dist. LEXIS
20717 (W.D. Ky. 2003) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69, 154
Vazquez c. Sund Emba AB, 548 N.Y.S.2d (A.D.2 dept. 1989) . . . . . . . . . . . 115, 165
Volkswagenwerk Aktiengesellschaft c. Schlunk, 486 U.S. 694, 108 S.Ct. 2104, ILM
1988, p. 1093, avec annotations in AJIL 1988, p. 816, IPRax 1989,
p. 313 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65, 66, 67, 68, 73, 74, 77, 153
Vorhees c. Fischer & Krecke GmbH, 697 F.2d 574 (4th Cir, 1983) . . . . . . . . 77, 118
Wasden c. Yamaha Motor Co. Ltd., 131 F.R.D. 206 (M.D. Fla. 1990) . . . . . . . . . 154
WAWA Inc., c. Christensen, 44 Fed. R. Serv. 3d 589 (E.D. Pa. 1999) . . . . . 155, 182
Weight c. Kawasaki Heavu Industry Industries Ltd, 597 F.Supp. 1082 (E.D.Va. 1984)
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
Weinstein c. Volkswagen of America1989 U.S. Dist. LEXIS 3809
(E.D. N.Y. 1989) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
White c. Ratcliffe, 674 N.E.2d 906 (Ill. Ct. App. 1996) . . . . . . . . . . . . . 165, 168, 188
Zaboli c. Mazda Motor Corp., 1999 U.S. Dist. LEXIS 21756 (N.D. Ga. 1999) . . . 155
Zwerling c. Zwerling, 636 N.Y.S.2d 595 (N.Y. Sup. Ct. 1995) . . . . . . . . . . . . . . . 154
Décisions françaises
CA Paris, 6 avril 1979, JT 1980, 156 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
Cass., 16 décembre 1980, Rev. crit. d.i.p. 1981, p. 708, note G.A.L. Droz . . . . . 52
Cie. Union et Phénix espagnol c. Skandia Transport, CA Paris, Chambre 5 Section A,
25 février 1987, Juris-Data 023490 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
Cristal France c. Soliver, Cass. Ch. Civ., 16 décembre 1980, Rev. crit. d.i.p. 1981,
p. 713, note G.A.L. Droz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
Dahlgren GmbH c. SA Socatrem, CA Reims, Ch. Civ. 1, 1re section, 25 novembre
1998, Juris-Data 049772 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148, 187
De Wouters d’Oplinter c. Janson, CA Paris, Ch. Civ. 1, 5 octobre 1992 . . . . . . . . 192
Delos c. Sté Yunsa, CA Paris, Chambre 5 section B, 19 mars 1998, Juris-Data
021646 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
Index des décisions citées 281
Décisions grecques
Cour d’appel de Thessaloniki, R. c. Re Recognition of an Italian Judgment, 2000 WL
33541696 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
Index des décisions citées 282
Décisions italiennes
Alaska s.a.s. c. Amer Group Ltd Koho, 14 juillet 1987, RDIPP, 1988, n° 3,
p. 537 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188
Décisions japonaises
Cour suprême, Jugement, 28 avril 1998 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
Hachioji Branch of Tokyo District Court, jugement, 8 décembre 1997 . . . . . . . . . 152
Tokyo District Court, jugement, 24 février 1998 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
Décisions luxembourgeoises
Faillite Breyer c. Sté Total Belgique, Cour Supérieure de Justice, 21 janvier 1981,
Rev. crit. d.i.p. 1981, p. 708, note G.A.L. Droz . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52, 128
Insinger de Beaufort c. Harm, Banque Populaire du Luxembourg et Stark, Cour
d’appel, 20 mars 2001, No 24934 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
Katz c. Recettes des Contributions, Discount Bank et Etat du Grand-Duché de
Luxembourg, Cour d’appel, 8 juillet 1997 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
Marty c. Basinco Group, Cour d’appel, 30 novembre 1999, No 22952 . . . . . . . . . 128
Schimpf c. Helaba Luxembourg, Landesbank Hessen-Thueringen, International, Cour
d’appel, 21 février 2001, No 24191 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52, 128
Décisions néerlandaises
Arcalon c. Ramar, HR, 21 février 1986, NJ 1987, p. 149, RvdW 1986, p. 50 . . . . 81
Arrondissementsrechtsbank Middelburg, 4 juin 1984, NIPR 1984, p. 329 . . . . . . 117
Charly Holding AG c. Giorgio Gomelsky, HR, 2 décembre 1988, NJ 1989, p. 374,
RvdW 1988, p. 211 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
Gerechtshof Den Bosch, 19 novembre 1980, NJ 1982, p. 416 . . . . . . . . . . . . . . . 142
HR, 15 juin 2000, NJ 2000, p. 642 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85, 191
HR, 31 mai 1996, NJ 1997, p. 29 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
HR, 31 mai 1996, NJ 1997, p. 29 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
Malenstein c. Heymen, HR, 20 février 1998, NJ 1998, p. 619 . . . . . . . . . . . . 91, 190
Nieuwersteeg c. Colonia Versicherungen AG, HR, 2 février 1996, NJ 1997, p. 26 68
Owel c. Staat der Nederlanden, Rb ’s Gravenhage, 22 décembre 1993, NIPR 1995,
p. 418 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Segers and Rufa BV c. Mabanaft GmbH, HR, 27 juin 1986, NJ 1987, p. 764, RvdW
1986, p. 144 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .58, 64, 66, 68, 74, 190
Sturge et al. c. Naatra Rotterdam BV, Rb Rotterdam 25 mars 1992, NJ 1993,
p. 44 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
V. c. Raad voor de Kinderbescherming te Rotterdam, HR, 20 mai 1994, NJ 1994,
p. 589 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
Index des décisions citées 283
Décisions portugaises
Supremo Tribunal de Justiça, 10 novembre 1993, CJ (STJ) Ano1, t. III, 117 . . . 163
Tribunal da Relaçao (Lisboa), 13 mai 1999 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
Tribunal de Relaçao (Porto), 8 novembre 1994, CJ Ano XIX, t. V, 1994, 208 . . . 117
Décisions Royaume-Uni
Décision du juge Newman de la Queen’s Bench Division of the Royal Courts of Justice
à Londres, le 11 avril 1996 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
John Caygill c. Stena Offshore AS, Court of Session, Outer House,
20 mars 1996 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
Molins plc c. GD SpA, Chancery Division (Patent Court), 2 février 2000 . . . . . . . 184
Molins plc c. GD SpA, Court of Appeal (Civil Division), 16 mars 2000 . . . . . . . . . 184
Noirhomme c. Walklate, Queen’s Bench Division, Londres, 15 avril 1991 . . . . . . 156
Re State of Norway’s Application, House of Lords, 16 février 1989, All E.R. 1989,
p. 745, ILM 1989, p. 693 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Décisions suisses
Autorité de surveillance des poursuites du canton de Schaffhouse,13
septembre 2002, ABSH-2002-87_94 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
Crédit Commercial de France (Suisse) SA c. X, Tribunal fédéral (TF) 15 juin 1999, SJ
2000, p. 89 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
Obergericht Basel-Land, 18 septembre 1995, SJZ 1996, p. 316 . . . . . . . . . 128, 147
Tribunal cantonal du canton de Fribourg, 10 février 1999 . . . . . . . . . . . . . . . . 84, 87
Tribunal cantonal du Valais, Chambre civile, 1er septembre 1998 . . . . . . . . . . . . 141
X. SA c. Y. AG, Tribunal fédéral, 15 septembre 2003, ATF 129 III 750, 4C.132/2003,
p. 755 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107, 108, 109, 117, 133
284
H J
Historique de la Convention 1 et s. Jugement rendu par défaut
Huissier de justice 48, 95, 231 Voir aussi Protection du défendeur
Autorité expéditrice 95, 231 Mesures provisoires et conservatoires
Communication directe 229 et s., 234 (art 15(3)) 285
Frais 152, 153 Prononcé du jugement (art 15(2)) 281 et s.
Officiers ministériels, fonctionnaires et Relevé de la forclusion (art 16) 286 et s.
autres personnes compétents 229, Sursis à statuer (art 15(1)) 275 et s.
232
Index des matières 290
M Notification au parquet
Matière civile ou commerciale 49, 64 Voir Parquet (notification au)
Acte de poursuite 58 Notification au Secrétaire d’Etat
Autres instruments internationaux faisant Voir Secrétaire d’Etat (notification
référence à cette notion 49, 50, 53, 61 au)
Commission spéciale de 1977 51 et s. Notification substituée (substituted
Commission spéciale de 1989 53 et s. service) 205, 266
Commission spéciale de 2003 63 Voir aussi Secrétaire d’Etat
Commission spéciale de 2004 64 (notification au)
Convention Preuves 49, 53
Dommages et intérêts punitifs (punitive Nouvelles technologies
damages) 54, 57 Voir Technologies modernes
Voir aussi Dommages-intérêts à titre (utilisation)
punitif (punitive damages)
Dommages-intérêts triples fixés par la loi
(treble damages) 57 O
Droit administratif 51
Droit de la faillite 53, 55, 59 Objectifs de la Convention 6 et s.
Droit du travail et des assurances 55 OEA (Convention de l’)
Droit fiscal 51, 55 Voir Convention Interaméricaine sur
Droit pénal 51 les commissions rogatoires
Droit public 51, 55
Interprétation libérale et autonome 55, 56, Officiers ministériels, fonctionnaires et
59, 64 autres personnes compétents
(notification par) 229-235
Matière civile ou commerciale (suite) Autorités expéditrices (application de la loi
Pratique actuelle 57 et s. du for) 230 et s.
Recouvrement de produits d’activités Autorités réceptrices (application de la loi
criminelles 64 de l’Etat de destination) 230 et s.
Refus d’exécution de la demande 124 Avocat 232, 234
Signification 48, 129, 229 et s., 233, 234 Communication directe entre ~ 229 et s.
Mesures provisoires ou conservatoires Communication directe entre personne
(art 15(3)) 285 intéressée à une instance judiciaire
et ~ 233, 234, 235
Douanier 234
Notaire 234
N Opposition 229, 233, 235
Notification Personne intéressée à une instance
Voir Signification ou notification judiciaire 233
Private process server 78, 234
Index des matières 291