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Langages

Préparatifs d'un texte : La Fabrique du Pré de F. Ponge


M. Jacques Anis

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Anis Jacques. Préparatifs d'un texte : La Fabrique du Pré de F. Ponge. In: Langages, 17ᵉ année, n°69, 1983. Manuscrits-
Écriture. Production linguistique. pp. 73-83;

doi : 10.3406/lgge.1983.1144

http://www.persee.fr/doc/lgge_0458-726x_1983_num_17_69_1144

Document généré le 31/05/2016


Jacques AJNIS
Lycée Claude Bernard, Paris
Centre de Recherches Linguistiques,
Université de Paris-X, Nanterre

PRÉPARATIFS D'UN TEXTE :


LA FABRIQUE DU PRÉ DE F. PONGE

O. Préliminaires

Edité par A. Skira dans la collection Les sentiers de la création, La Fabrique du


Pré est un volume très particulier constitué de sept sections ou strates nettement
délimitées par divers procédés graphiques.
(1) Une photographie en double page représentant une verte vallée de montagne,
précédée de la légende : « De (depuis) la roche (jusqu'à) l'eau, le pré. »
(2) Les sentiers de la création (pp. 11-34) : 24 pages occupées par une réflexion
sur le titre de la collection et sur l'écriture, dans un dispositif spatial de journal
(fragments datés).
(3) LA FABRIQUE DU PRÉ (pp. 35-186) : « 91 feuillets reproduits ici en
fac-similé », datés et souvent localisés, manuscrits dans leur grande majorité,
entrecoupés d'images diverses (souvent des reproductions de tableaux), précédées à titre
de légendes de courtes formules extraites des feuillets.
(4) Le PRÉ (pp. 187-196) : pour la première fois le papier blanc glacé est
remplacé par un papier brun granuleux ; sur les dix pages, le texte proprement dit en
occupe sept ; le dispositif spatial n'est pas unifié : stiques (que nous désignerons par
.si), lignes normales (I), lignes ambiguës (a).
PP. I, II et III : st 1-64 ; P. IV : st 65-70 (en deux strophes), puis après une
interligne, une ligne de points de suspension et une autre interligne, s'ouvre une
longue parenthèse (1 1-17), qui continue P. V (1 18-30) ; elle y est suivie (après la même
triple démarcation) d'un segment ambigu un peu en retrait [al); viennent ensuite
l'habituelle triple démarcation, les st 71-72, une interligne, un segment ambigu de
trois lignes repoussé à droite et ouvert par un tiret (a 2). P. VI : st 73-80, une
interligne, un nouveau segment ambigu à tiret de deux lignes (a 3), une interligne, enfin st
89-94 en trois strophes ; P. VII st 95-102, un distique puis un sizain dont les quatre
derniers stiques sont repoussés à droite ; au-dessous, un trait puis les prénom et nom
de l'auteur.
(5) LA FABRIQUE DU PRÉ (pp. 197-266) : cent pages de papier vert granuleux
reproduisant (non- intégralement) les feuillets manuscrits.
(6) Voici pourquoi j'ai vécu (p. 267) : feuillet manuscrit daté et localisé reproduit
sur papier blanc glacé.
(7) TABLE DES ILLUSTRATIONS (pp. 268-271) : quatre pages de papier blanc
glacé.
Comme le montre déjà ce rapide coup d'œil, il s'agit d'écrits hétérogènes quant
au statut énonciatif, dont l'unité relève d'une intertextualité très spécifique : la
publication en volume fait de ce corpus une sorte de texte, chacun des éléments ne
pouvant rester intact tel qu'en lui-même. La présente étude linguistico-sémiotique est
centrée sur la section (3), constituée comme on l'a vu par la reproduction photogra-

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phique d'une partie des brouillons (rédigés pendant quatre années) du texte Le Pré
(pré-para en 1964 dans Tel Quel 18 au Seuil, paru en 1967 chez Gallimard in
Nouveau Recueil). Si ces documents nous donnent accès à la genèse du Pré, leur
publication les transforme en quasi-textes. Nous essayerons de ne pas édulcorer cette
ambivalence, en analysant d'abord un objet textuel autonome, dans sa polyphonie
manifestée par un espace graphique multi-dimensionnel, en esquissant ensuite l'étude
de deux racines du texte futur : paragrammatisme et intertextualité, en nous
interrogeant enfin sur les rapports complexes qui unissent le Pré à sa Fabrique, au sein
d'une écriture moderne (?).

1. La polyphonie des 91 feuillets


Le brouillon est avant tout un fatras, une mosaïque textuelle, un entrelacs de
discours hétérogènes. C'est le discours du sujet vivant- écrivant qui scande et organise le
feuillet ou la suite de feuillets, qui met en place le cadre où s'entrecroisent des textes.
Certains sont « extérieurs » : discours du lexicographe (au premier chef Littré),
citations diverses d'écrivains, fragments de conversations, références à des sémiotiques
non linguistiques (musique et arts graphiques), etc. Mais l'intertextualité joue
souvent entre les textes de F. Ponge lui-même : fragments du texte futur, gloses,
commentaires sur l'écriture... C'est en ce sens que nous parlerons de polyphonie : si ces
écrits sont produits par un scripteur unique, plusieurs énonciateurs y sont
représentés ; et cela non seulement quand le discours d'autrui est rapporté (plus ou moins
explicitement), mais aussi quand l'auteur tient différents types de discours,
démultiplication du sujet facilitée par les caractéristiques spatio-temporelles de l'écrit — on
peut lire ensemble des énoncés stratifiés dans le temps.
L'énonciateur qui commande aux autres, celui que l'on pourrait nommer — selon
le procédé traditionnel en pragmatique — Je o, a soin d'affirmer son emprise, en
inscrivant dans le coin gauche de chaque feuillet un hic et nunc scriptural. La
datation, et le plus souvent la localisation sont précisées avec la plus grande minutie :
« 23 février 63 (10 heures du soir) » (p. 99) ou « Paris, nuit du 16 au 17 décembre
1960 » (p. 73) 2. Les adjonctions ultérieures seront dûment signalées : par exemple
sur le « 25 novembre 62 (III) » (p. 91) :
au matin, au soleil
« Arrangé le 1er janvier 1963 dans mon bureau du Mas des Vergers. »
Garder les traces du travail et du cheminement de l'écrivain semble un souci
obsédant.
La conception du texte est d'ailleurs explicitement enracinée dans l'histoire
personnelle de F. P. Depuis la lettre du 11/10/60 (reproduite en dactylographie p. 37)
où il est écrit : « Je l'ai conçu au Chambon sur Lignon, cet été, non loin de Chante-
grenouille », de nombreuses allusions sont faites à cette réalité biographique et
certains feuillets développent amplement cet ancrage, comme N. 11-12/11/63 (107) et
surtout N. 21-22/6/64-II (126) :
« Nous sommes (en 1960, une des années fastes de ma vie) nous sommes donc,
Odette et moi, retournés au Chambon où voici plus de trente ans nous nous étions connus
(...). Je sus immédiatement que cette vision demeurerait telle, intacte dans ma mémoire. Et
donc qu'il me faudrait essayer de la dire (...) pour essayer d'en conserver la jouissance
présomptive et de la perpétuer, de la communiquer. »

1 . Nous utilisons ici à notre manière — peut être avec trop de désinvolture et d'extension — un
terme utilisé par M. Bakhtine pour caractériser « un genre romanesque fondamentalement
nouveau » où les personnages sont « sujets de leur propre discours », à égalité avec l'auteur (1970,
p. 33 et passim) et par O. Ducrot pour désigner — en opposition avec le discours rapporté — la
mise en scène distanciée de renonciation d'autrui (1980, pp. 44 sqq.).
2. Nous utiliserons en règle générale une notation simplifiée du type : 23/2/63 (99) ou N. 16-
17/12/60 (73).

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C'est cependant le drame de la création, le récit qu'on pourrait dire « graphogra-
phique », qui est le plus largement évoqué. Il culmine à certains moments, comme
dans cette crise — qui aboutira d'ailleurs à un nouveau départ : « 23 février 63
(10 heures du soir) » (p. 99) :
découragé et comme Rien
« Me voici ce soir tout à fait perdu. Ça ne va plus. Je m'aperçois que je ne
sais plus écrire (je veux dire tenir un stylo). Mes lunettes aussi me semblent
insupportables. »
Sur un mode moins dramatique, F. P. situe, explique, commente, évalue ce qu'il
écrit. Cette démarche s'applique aussi bien à ses propres textes qu'aux textes
étrangers. Ainsi tout au long des cinq feuillets du 16/10/60 se livre-t-il à des appréciations
sur les données du lexicographe (pp. 47-48 et 52-54) ; ailleurs (12/10/60 (46)) il glose
sur l'expression rimbaldienne « le clavecin des prés » que lui a rappelée son ami
Ph. S. :
« Pourquoi cela est-il juste ? Parce qu'en effet le pré sonne comme un clavecin,
par opposition avec
entre les orgues de la forêt voisine (et des roches) et la mélodie continue,
l'archet (?) du ruisseau (ou de l'eau). Que signifie clavecin ? cela signifie : clavier (étendu)
pincement de ou
sur plusieurs octaves) de notes variées, dont le timbre est plutôt grêle, percussion sur
des cordes minces (herbe), éclatements comme des sonneries petites et sans pédales, brèves :
un peu comme une musique de boîte à musique : tigettes et fleurettes, champ varié (du
grave à l'aigu... »
L'auteur, surtout, ne cesse de commenter sa propre production, d'en marquer les
étapes, d'en qualifier les résultats : il écrit en marge : « Ceci peut être aisément
développé, précisé, « prouvé » » (16/10/60-IV (53)) ; ou il exprime un jugement nuancé :
« assez bon (quoiqu'il y manque tout rythme) » (27/1/63-1 (92)).
Nous devons cependant noter dès maintenant que les notations métatextuelles
tiendront une grande place dans le texte futur et que cette ressemblance entre
l'œuvre et ses brouillons devra être questionnée plus loin. On trouvera par exemple
(P. II/p. 190, st 26-27) :
« Pourquoi, dès notre issue en surplomb sur la page,
Dans ce seul paragraphe, tous ces scrupules ? »

2. L'espace graphique des 91 feuillets

Nous nous attacherons essentiellement à la partie manuscrite : les dactylographies


utilisent en effet un dispositif spatial peu différent de l'imprimé, à peine perturbé par
des annotations manuscrites marginales ; en revanche, le brouillon manuscrit est un
espace foisonnant, non linéaire, mobile et multi-dimensionnel ; la polyphonie y prend
forme et figure. La lecture doit intégrer de nombreux paramètres et reste souvept
ambiguë. À travers ce chaos, le lecteur (même s'il s'agit du scripteur lui-même) doit
être guidé, des signaux doivent lui permettre de distinguer le statut énonciatif de
chaque élément, ainsi que de reconstruire une linéarité langagière. On observera donc un
pullulement de ces marques qui relèvent du suprasegmental de l'écrit — ou de la
ponctuation au sens le plus élargi 3. On distinguera trois catégories de marques
graphiques — qui ne sont pas toutes discrètes et codifiées, pas toutes des signes : la
localisation, la graphie et la signalisation (ponctuations traditionnelles et autres).

3. Le numéro de Langue Française de 1980 dirigé par N. Catach sous le titre La ponctuation
témoigne de la richesse mais aussi de la diversité des recherches linguistiques actuelles,
particulièrement au niveau de la définition du champ ; nous avons été spécialement sensible aux
problématiques dégagées par N. Catach, C. Tournier et R. Laufer.
Tout texte s'organise sur la page en s'opposant à son dehors, verticalement et
horizontalement. Quand il s'agit d'un texte imprimé, on parle de la justification,
bornée en hauteur par le blanc de tête et le blanc de pied, en largeur par le petit fond et
le grand fond ; le principe est le même pour le manuscrit ; cependant, entre les
quatre espaces que l'on pourrait nommer marges, la routine — notamment scolaire —
privilégie la marge de gauche (obligatoire, à la différence de celle de droite). Dans le
brouillon, le texte de base, le centre est parasité (brouillé ! ) par sa périphérie. Des
fragments internes/externes sont insérés entre les lignes (axe vertical) ou dans les
marges (axe vertical/horizontal). Un segment que l'on veut ajouter peut être placé
au-dessus — ou au-dessous du texte de départ — (sans autre marque graphique) :
pourtant
« Beaucoup moins homogène qu'un
champ voulu. » (11/11/62-1 (82))
II faut aussi sans doute dans ce cas un léger décalage sur l'axe horizontal ; sinon
l'ajout tend à être lu comme variante, comme l'illustrera l'exemple suivant :
« notre nature
ainsi nous propose des prés. » (24/2/63/5 h. -III (105))
procure
Pour l'insertion en début de ligne, la marge de gauche est commode :
« Régiment en Parade...
L'herbe... » (28/6/64-II (143))
La glose occupe électivement la marge (de gauche ou de droite) :
la verte verticalité
« Au pré de l'abandon la verticalité la vertecalité de l'herbe nous ressuscite. »
la verte qualité
(24/2/63/5 h.-I (101))

Mais la localisation est un critère insuffisant : elle peut fort bien n'être que le produit
non-signifiant des contraintes matérielles et de la stratification chronologique du
travail d'écriture. La véritable place de certains éléments sera souvent indiquée par des
marques de positionnement (cf. infra).

Les caractéristiques matérielles de la graphie : grosseur/petitesse (de la lettre) et


épaisseur/finesse (du trait), outre leur « indiscrétion », peuvent difficilement être prises
en compte. Espace disponible et changements de plume les déterminent pour
l'essentiel. Ajoutons encore que le fac-similé monochrome escamote nuances et couleurs.
Enfin, nous ne disposons pas des outils épistémologiques pour analyser le vécu
psychologique qui s'investit dans la substance graphique.

La signalisation est donc le facteur organisateur le plus important. Nous nous


attarderons peu sur les signes de ponctuation traditionnels, employés
systématiquement, sans divergence avec la forme. Nous nous contenterons de faire un sort à la
marque qui est à la fois la plus énonciative et la plus ambiguë quant à renonciation :
la parenthèse. Celle-ci peut en effet introduire (sans que la discrimination soit
tranchée, d'où la relativité des exemples qui vont suivre) un segment interne au texte,
élément supplémentaire ou accessoire : « ...où le tissu végétal est le plus uni (quoique
le plus divisé)... » (après 10/5/61 (74)) ; un segment interne/externe, variante :
«... notre nature (...) propose (procure)... » (24/2/63/5 h-III (105)) ; un segment
externe, meta- ou intertextuel :
« Le pré sonne (musique, clavecin, Josquin des prez). » (27/1/63-II (93)) ;
«... son régiment (voir ce mot au Littré)... »
ou plus loin, sur le même feuillet (24/2/63/5 h-II (104)) :
«... l'organisme des prés (au sens où l'organisme est le même que les orgues)... »

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Proches de la ponctuation stricto sensu par leur caractère traditionnel et codifié,
on trouve la majuscule et la capitale, ainsi que le soulignage (simple ou double), qui
opèrent la mise en relief — emphatisation et/ou thématisation. Sur ce point, le mot
pré est évidemment soumis à un traitement spécifique, car il apparaît en haut de la
page comme titre, assorti d'une grande variété de marquages : graphie plus grosse ou
grasse, majuscule pour le p ou (plus rarement) capitalisation de l'ensemble du
segment « LE PRÉ » (également encadré : 22/6/64-1 (130)), soulignage rapproché ou
distant :
« Le Pré
» (10/11/62-1 (75)).
simple ou double, ou encore encadré total ou partiel. L'alternance « nature »/
« Nature » présente la particularité d'être souvent directement sémantique : ainsi in
N. 12-13/11/63-11 (111) « notre nature » et « la iVature » s'opposent-elles comme le
particulier à l'universel. Revenons maintenant à des effets plus routiniers ; à
l'intérieur du texte, le soulignage indique l'importance d'un mot ou d'un groupe :
« La renaissance en finesse des
forêts, la verte incarnation
(du lac du torrent du ruisseau)
de la pluie. » (10/11/62-1 (75))
Mais le soulignage — comme l'italique de l'imprimé — correspond parfois à un
décrochage énonciatif, il a une vocation meta- /intertextuelle (on l'a d'ailleurs vu
affecté au titre). Le mot visé en tant que tel — en mention — est souligné ; c'est le
cas dans cet exemple pris dans de larges développements lexicographiques (on
remarquera que le mot titre est marqué d'un double soulignage) (16/10/60-IV (53)) :
« Mais revenons à mon intuition, rapprochant les trois mots : pré, près et prêt.
Et je m'en servirai pour préciser mon pré. »
Ajoutons qu'il est rare que le soulignage ne porte pas quelque suggestion métalinguis-
tique et métatextuelle, qu'il n'invite pas le lecteur à donner à l'expression concernée
une interprétation forte (faisant appel à l'étymologie, à la polysémie ou au contexte) ;
la mobilisation de toutes les valeurs de « reconnaissance » est signalée de cette façon
in 28/6/64-1 (142).
Nous entrons maintenant dans une « forêt de symboles » ; beaucoup nous sont
familiers (bien que leur apprentissage ne soit méthodique à aucun niveau de
l'institution scolaire), ce qui ne garantit pas leur univocité ; d'autres semblent idiosyncrasi-
ques. Nous leur attribuons trois fonctions — qui ne sont évidemment pas exclusives
les unes des autres — : emphase/thématisation (cf. supra), délimitation/démarcation,
positionnement. Nous avons déjà commencé à mettre en place ( ! ) cette dernière
notion : la localisation étant souvent déterminée par les contingences
spatiotemporelles, des marques graphiques indiqueront que le segment A doit être inséré
au lieu X du texte, que le segment В doit être lu comme la glose ou le commentaire
du passage Y.
La fonction démarcative est fort bien illustrée par la croix de St- André,
quelquefois réalisée (sans doute au fil de la plume) comme une sorte d'alpha, parfois
multipliée : six croix alignées par exemple (24/2/63-5 h-III (105)) ou dix croix organisées
en triangle dont la pointe est dirigée vers le bas (4, 3, 2, 1 croix placées les unes sous
les autres, 16/10/60-111 (52)).
L'association entre la délimitation et l'emphase est évidente quand il s'agit des
diverses formes graphiques qui permettent d'« entourer » un segment : celui-ci est
ainsi séparé et mis en évidence. On peut établir une très grossière dichotomie entre
« encadrés » (de forme quasi- rectangulaire) et « cerclages » (courbes diverses :
ovales, bulles, nuages...). L'emphase peut dominer, et un segment entouré est comme
souligné (23/7/64-1 (168), Hors- Texte -1-) ; mais il peut s'agir simplement de
désigner un segment, par exemple pour le commenter, et on peut parler de valeur pré-
positionnante, une marque de positionnement reliant ensuite élément commenté et
commentaire (23/2/63-1 (99), H. -T. -7-). On peut s'interroger sur la fonction du
cerclage, quand il porte sur un élément isolé en marge — positionné d'ailleurs par
simple localisation (24/2/63/5 h-II (104), H. -T. -2-) ; cette marque met peut-être en
valeur le décrochage énonciatif (référence intertextuelle). On peut citer enfin des
marques emphatiques marginales (qui semblent propres à l'auteur), la première qui
ressemble au dièse (10/11/62-II (77), H. -T. -3-), la seconde au phi ou — plus
bizarrement — au deleatur (24/2/63/8 h (106), H.-T. -4-).
Des marques délimitatives classiques comme l'accolade ou le trait vertical droit ou
courbe doivent souvent être complétées et ont un caractère pré-positionnant.
Le positionnement est indiqué par le signe d'insertion traditionnel (becquet),
souvent réduit à sa branche de droite (22/6/64-II (134), H.-T. -5-) ; par le signe
d'interversion ; et surtout par divers types de fléchages : flèche simple, flèche double,
simple trait (éventuellement complété par des astérisques, des croix, etc.). Ces marques
peuvent aussi bien servir à l'insertion (N. 14-15/12/60-1 (63), H.-T. -6-) qu'à la
relation intertextuelle ou métatextuelle (23/2/63-1 (99), H.-T. -7-).
D'un point de vue global, il est à noter que ces diverses marques graphiques
fonctionnent dans l'écrasante majorité des cas sur un plan strictement linguistico-textuel ;
on ne trouve qu'un tout petit nombre d'exemples de fonctionnement iconique-
mimétique ; ainsi m 25/11/62-1 (89) quand « Rectangle de tapis » est suivi d'un
rectangle encadrant les épithètes « Limité, unique avenant » et que l'expression «
Plateau du déjeuner » est cerclée d'une sorte de plateau.
Notre description ne prétend naturellement pas à l'exhaustivité. Il reste
cependant à citer la marque typique du brouillon... la rature, dont la diversité (du simple
trait au pâté annihilant) défie l'analyse et qui, maîtresse de l'ambiguïté, instaure un
jeu de cache-cache textuel.

3. Construction du texte
Le fonctionnement paragrammatique 4 constitue l'épine dorsale du Pré. Il n'est
rien là qui puisse surprendre, nous sommes au cœur de la démarche pongienne, au
sein d'une dialectique des noms et des choses, ainsi analysée par l'auteur lui-même
dans la première partie de la Fabrique (p. 22) :
« ...Le mouvement d'émotion) qui se fait en nous (qu'elles suscitent en nous) et qui nous les
fait à la fois re-connaître comme semblables à leur nom et connaître (avec surprise) c'est-à-
dire découvrir comme différentes de leur nom, qui nous fait, par conséquent, désirer les
nommer mieux se « traduit », en fait, par une attention redoublée à leur nom, qui serait
tout simplement à rendre à sa signification première (ou complète), afin de le rapprocher à
nouveau de la chose conçue dans son épaisseur et sa différence véritables : celles qui la
caractérisaient quand elle fut nommée pour la première fois, celles qui provoquèrent le
besoin, le désir de la nommer. »
L'accumulation de lexemes commençant par [pr]-« pr » ou [pre]/[pr8]-« pré/è/ê »,
la répétition insistante de « pré », ne correspondent nullement à une ornementation
ou à un jeu gratuit : le mot pré contient la vérité du pré, écrire-lire « pré », c'est
procéder localement à la « lecture d'un texte du Monde » (ibid.). Le travail va donc

4. Nous utilisons cette notion dans une acception aussi saussurienne que possible ; on sait que
le maître genevois emploie concurremment « hypogramme », « anagramme » et « paragramme »,
etc. ; le choix entre ces deux derniers termes — que nous confessons déterminé surtout par des
raisons « ludo- textuelles » qui apparaîtront plus loin — s'appuie également sur quelques lignes d'un
cahier (in J. Starobinski (1971), p. 31) : « Anagramme, par opposition à Paragramme, sera
réservé au cas où l'auteur se plaît à masser en un petit espace, comme celui d'un mot ou deux, tous
les éléments du mot-thème... ».

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commencer par une exploration du mot, en extension et en compréhension, en
concentration et en expansion, démarche globale qui s'actualisera dans plusieurs
directions de recherche : analyse grapho-phonique, intertextualité, lexicographie.
Une fois reçu le choc initial de la chose vue à l'été 1960 (cf. notre § 1), l'auteur
va droit au mot « pré », dans sa matérialité même : « I, é, é, i », écrit-il énigmati-
quement sur le feuillet dactylographié du 11/10/60 (37), pour commenter cette
notation sur le feuillet manuscrit de la même date (40) :
« Et le mot bref, singulier, à l'accent aigu.
Point et accent : herbe (...) l'accent aigu est ici équivalent au point sur l'i (...) sur l'herbe
mouillée il y a point (de rosée) sur l'i (...). Différence entre la gouttelette liquide — point
sur l'i — et la virgule de l'herbe... »
On voit que cette « attention redoublée » au mot débouche sur une véritable iconisa-
tion. F. P. y reviendra souvent, par exemple le 1 6/1 0/60- V (54) : « Bref (en étendue
et en hauteur) et vert ; d'un vert aigu. Survolé (de son accent aigu) ». Dans le texte
définitif, les st 82-87 (P. VI-p. 194) développent ainsi ce thème :
« L'oiseau qui le survole en sens inverse de l'écriture
Nous rappelle au concret, et sa contradiction,
Accentuant du pré la note différentielle
Quant à tels près ou prêt, et au prai de prairie,
Sonne brève et aiguë comme une déchirure
Dans le ciel trop serein des significations. »
Aux racines du texte, à égalité avec cette vision du mot, on trouve une citation
qui sera répétée à satiété des premiers aux derniers feuillets (on la trouve encore in
17/7/64-IV (159)), la formule virgilienne (second hémistiche du v. 111 — le dernier
— de la IIIe Bucolique) : « Sat prata biberunt ». Elle sera largement exploitée et fera
l'objet de traductions poétiques : Ponge en extrait d'abord le mot « imbibé » qu'il
flèche vers « imprégné » sur le feuillet du 11/10/60 (40) cité plus haut — où l'auteur
insistait sur la rosée ; cette formule semble sur la même page servir de relais à une
intertextualité non-linguistique : « Pré de Chagall (L'abreuvoir) (de la vache et de
l'âne) II y a à boire et à manger... » Un peu plus tard sera dégagé (avec virtuosité et
humour) le « biberon » (N. 14-15/12/60 (63)). Là encore apparaît un rôle de
carrefour intertextuel: en effet deux autres citations vont être ainsi nouées au texte virgi-
lien, « bouteilles » d'A. du Bouchet et « le clavecin des prés » de Rimbaud (référence
soufflée par un ami et développée si abondamment, notamment comme nous l'avons
vu au § 1 m 12/10/60 (46)) : » « ...biberons (ce ne serait pas alors un clavecin mais
une espèce de xylophone)... » (N. 14-15/12/60) et surtout, très amplement, dans une
page de synthèse des citations (N. 15-16/12/60-1 (69)) :
« Ces bouteilles sont évidemment des bouteilles à lait, c'est-à-dire (quasi) des biberons... La
musique des bouteilles ressemble à celle des prés... La musique des biberons dansant dans
la casserole (en aluminium) du bain-marie... Quelle jolie musique fait Dans le bain-marie
des prés tressautant la danse des biberons de l'herbe Quelle jolie musique font au retour les
camions des livreurs de bouteilles... »
On trouve également une traduction globale de l'énoncé de Virgile, énoncée pour
la première fois le 16/10/60-1 (47) et reprise encore le 17/7/64-IV ; « la saturation
des prés ». Il reste cependant un paradoxe : on ne retrouvera pratiquement rien de
tout ce travail dans Le Pré, sinon dans la grande parenthèse l'expression «
métamorphose de l'eau » (P. IV-p. 192). C'est le moment de signaler qu'à une exception près,
toute référence intertextuelle explicite sera effacée. Cette exception est intéressante à
commenter : elle n'est pas littéraire, on la trouve au début de cette même parenthèse
(ibid.) : « ...dans la manière de l'interminable séquence de clavecin solo du
cinquième concerto brandebourgeois... » II s'agit ici d'un avatar du clavecin rimbaldien
renforcé d'ailleurs par l'évocation du musicien « Josquin des prez », cette
constellation apparaissant dès le 12/10/60. On pourrait faire une seconde exception : la
formule du st 53 « Crase de paratus, selon les étymologistes latins » (P. III-p. 191).

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Cela nous mène au troisième pilier du texte, l'investigation lexicographique. Où
trouver, mieux qu'au dictionnaire, la « signification première » du mot pré ? Très tôt en
effet (16/10/60-1 (47)), l'auteur annonce non sans solennité — en un trompettant
alexandrin :
« Voici le temps venu d'aller au dictionnaire. Littré. »
II est au départ déçu : « Rien de tout cela, ni les définitions, ni l'historique, ni
l'étymologie, ne me donne rien, ne me paraît le moins du monde intéressant, — en
raison certainement de l'ignorance où nous restons quant aux origines du latin pra-
tum. » (ibid.). Comme on le voit, la vérité est recherchée aux origines (selon
l'étymologie à' etymologie), dans cette Ur-Sprache qu'est le latin. Cependant le lexicographe
n'est pas invoqué comme une autorité incontestable, il est bien plutôt manipulé,
malmené au service d'une intuition première :
« Au dictionnaire nous devons étudier encore la proximité de pré à prêt et à près. Comme
déjà une phrase de Littré, à l'Étymologie de pré, nous y engage : « Les étymologistes latins
lg (pratum) regardent comme une syncope de paratům, la chose prête ; mais cette
etymologie, dit Littré, n'est soutenue ni par la forme, ni par le sens... » Ah pardon !... mais nous
allons revenir là-dessus. » (II (48)).
Puis sont mentionnées les etymologies de près — pressum (pressé) et de prêt (adjectif
et nom) — praestus (fourni) et l'auteur s'étonne avec une feinte naïveté :
« Ainsi nulle part on ne le rapproche de para tus : paré (préparé ?) (C'est bien étrange ! ). »
Cet étonnement est vite dépassé (III) :
« C'est pourtant de cette origine à mon avis possible (origine ? — du moins, parenté) que je
tire intuitivement, la raison de la proximité sonore (phonétique) de ces trois mots : pré,
près, prêt. »
Cette hypothèse l'amènera (IV) à « préciser (s)on pré », en des termes qui varieront
peu jusqu'aux futurs st 54-57 (III-191) :
(proche) ruisseau
« Près à la fois de la roche et du rû,
Des bois et de la rivière,
Prêt à paître ou à faucher, prêt
aussi à xxxxxx vous servir de lieu
de repos ou de promenade aisée,
Prêt de la Nature à l'homme
et aux bêtes (prêt fait volontiers par
la nature), prestation.
Lieu tout préparé
Paré de mille fleurs,
le pré... etc. ...»
L'auteur va compléter ce réseau paragrammatique par des éléments qui feront
apparaître le caractère « primordial » de la notion de pré (cf. dans la grande parenthèse) :
« Réduit à la valeur d'un préfixe (et même au préfixe des préfixes) mais du plus
précisément préfixe des préfixes... » (N. 14-15/12/60-1 (63)).
Plus tardivement :
« ...préfixe à tout, préfixe à tous les verbes, à toutes les actions (...). A la fois participe passé
(paratus, paratům) et préfixe des préfixes, préfixe universel » ;
et
présent
« C'est aussi à la fois le participe passé et le préfixe par excellence. Et il est aussi dans
présent. » (resp. N. 11-12/11/63 (107) et 1/5/64 (119)).
Tout cela est repris aux st 59-61.
On aura noté que la majeure partie du réseau paragrammatique est en place à la
fin de l'année 1960. « Pré préparé » est construit dès le 16 octobre et se développera

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vite (15/11/60-11 (60) en la formule « préparé par la nature », travaillée et
retravail ée dans les brouillons, leit-motiv du Pré :
st 22 (11-190) : « Notre nature nous a préparé(s) (à) un pré. »
st 56 (III) : « Préparé pour nous par la nature. »
st 79 (VI) : « Dès longtemps préparé pour nous par la nature. »
À partir de là se construit un développement — nourri de recherches sur la
Nature de Lucrèce et de Littré (13/11/63 (112-116)). On trouvera par exemple
(28/6/64-1 (142)), sous le titre « Fragment de la nature des choses : Le Pré » (!) :
« Parfois, notre nature — et je dirais bien par endroits —
Parfois notre nature — je veux dire
à la fois la nature sur notre planète et
ce que chaque jour à notre réveil nous
sommes —
prédisposé à un pré, nous le procure donc
Nous ayant préparé un pré nous
y prédispose. Nous ayant invité à un pré, nous le propose. (...)
Louons-en-la. »
Ce passage tardivement dédoublé donnera le début et la fin de ce qu'on peut
considérer comme le préambule du Pré (st 1-6 (I) et 18-22 (II)).
Dans les limites de cet article, nous n'avons pu montrer à quel degré le texte
s'engendrait à partir du mot pré, pris dans le trésor de la langue (« Pré-aux-clercs »,
« sur le pré » (du duel)), dans une démarche engrammatique, paragramma tique et
périgramma tique .

4. Du pré- texte au texte prêt

4.1. Je lis tes ratures : le(s} brouillon(s) comme texte(s)


Le brouillon est lisible, c'est un texte. Un sujet l'assume, l'origine en un temps et
lieu. Il l'unifie par un titre, construit des isotopies de contenu et d'expression,
orchestre une polyphonie dont il reste maître. Il fixe ces traces sur un espace graphique
dont la bi-dimensionnalité concrète accueille une linéarité langagière complétée par la
multidimensionnalité sémiotique.

Les brouillons tendent à se constituer en texte. Un sujet en marque la continuité


par l'homogénéité de l'espace graphique. L'inscription d'un même titre ou de ses
variantes, la récurrence des isotopies, la reprise et la variation organisée de formules
et de passages entiers ouvrent la possibilité d'une lecture globale (en dehors d'une
téléologie externe ? le débat reste ouvert ! ).

4.2. Le soliscrit : le brouillon comme brouillon


Le brouillon est un écrit dont le destinateur et le destinataire se confondent. Cela
ne veut pas dire qu'il n'y ait pas dialogue : ici l'on se parle à soi-même, l'on
s'encourage ou se critique, on se démultiplie : « ...Mais faisons comme si je pouvais espérer
en une sorte de clarté victorieuse... » (15/1/64 (118)). Le soliscrit emprunte au
soliloque une des caractéristiques de l'oral : le contact immédiat. Il rompt ainsi avec un
trait essentiel de la communication scripturale : les faux départs, les erreurs ne sont
plus effacés (la rature conserve) ; l'élaboration, la fabrication du message sont
exhibés. Publié, un soliscrit littéraire devient un monologue démystifiant et provocant.

4.3. Essai d'un fragment, fragments d'un essai : le texte comme brouillon
Au cœur du Pré, isolée par des lignes de points de suspension, se trouve une

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parenthèse de trente lignes (PP. IV et V) dont nous citerons les formules énonciatives
d'ouverture et de clôture :
« (Ici doit intervenir un long passage, où (...) je tâcherai d'expliquer, je dis bien expliquer,
deux ou trois choses... Mais la perfection de ce passage pourrait me demander quelques années
encore. Quoi qu'il en soit...) »
Un passage livré à l'état de synopsis (le synopsis lui-même en queue-de-poisson ! ) et
un certain nombre d'allusions aux difficultés du travail donnent au texte une certaine
apparence de brouillon, compensée cependant par la spatialisation versuelle et
l'emploi de patrons syllabiques (12, 10 et 8). Nous savons bien que Ponge inachève
systématiquement ses œuvres : cf. ces titres du Nouveau Recueil de 67 Nouvelles
notes sur Fautrier crayonnées hâtivement après sa mort ou Ce petit plâtre inachevé à
la gloire de Fenosa en avril 1965. Or le texte ne peut que contrefaire le brouillon, en
un geste de pure fiction.

4.4. La fiction : le texte comme texte


L'écrit ne peut manifester directement son énonciation. Le Je ne peut être
identifié que par une signature ou un nom d'auteur ; surtout le temps de la production et
de la réception ne coïncident plus. Quand aux st 5 et 6, nous lisons (P. I-p. 189) :
« Voilà comme il en fut du pré que je veux dire,
Qui fera mon propos d'aujourd'hui. »
cet aujourd'hui ne peut être qu'un moment imaginaire qui subsume des années de
travail, des mois d'impression, plusieurs éditions, des heures de lecture dispersées
dans le temps. Aucun rapport avec la datation scrupuleuse des brouillons. Il s'agit
d'une écriture qui mime sa propre production :
« Préparons donc la page où puisse aujourd'hui naître
Une vérité qui soit verte. » (si 16-17, P. I)
Elle doit emprunter à la parole son immédiateté — ce qui explique peut-être les
termes de « parole » (st 9), « prononcer » (st 68, P. IV), « parler »'(si 69 et a 1, P. V),
etc. Quant au lieu, elle le projette à partir de sa propre matérialité, celle de la « page
brune » (st 15), qui se muera en pré, « fragment limité d'espace » (st 28, II), où
l'auteur s'alitera, mort de sa propre tombale inscription.

4.5. Le mille-feuille : la Fabrique comme livre-texte


Depuis Mallarmé, l'écrivain rêve de se ressaisir du Livre, d'en faire un
monument visitable en tout sens, un « mobile » (Butor), un « potentiel » (Queneau et
l'Oulipo), un théâtre total synthétisant tous les arts. Rendons hommage à un éditeur
qui œuvre dans ce sens, permettant par exemple à Francis Ponge de nous livrer
un texte brisé, un texte feuilleté, où s'exprime une esthétique du tout et du fragment,
de Vin- fini.

Bibliographie

AniS (J.), Essai d'analyse sémiotique de l'espace textuel dans un corpus « poétique »,
thèse de 3e cycle dact. Paris X-Nanterre.
BAKHTINE (M.). La poétique de Dostoïevski (trad, de I. Kolitcheff), Moscou 1963,
Seuil, Paris, 1970.
DUCROT (O.), « Analyse de textes et linguistique de renonciation », in Les mots du
discours de O. D. et al., Ed. de Minuit, Paris, 1980, pp. 7-56.
Langue française n° 45 (Larousse, fév. 1980), La ponctuation, dirigé par N. Catach.

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PONGE (F.), Méthodes, Gallimard, Paris, 1963.
PONGE (F.), Nouveau Recueil, Gallimard, Paris, 1967.
Starobinski (J.), Les mots sous les mots (Les anagrammes de Ferdinand de Saussure),
Gallimard, Paris, 1971.
Tel Quel n° 18 (Seuil, été 1964).

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