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Logique propositionnelle

1 Introduction
La logique est à la base du raisonnement mathématique. Les règles de logique donnent un
sens précis aux énoncés mathématiques. La logique occupe aussi une place particulièrement
importante en informatique. Elle est appliquée, entre autres, dans la conception de circuits
informatiques, dans la construction de programmes, dans leur vérication, etc.
Il arrive parfois que notre raisonnement logique soit faux et que des erreurs en résultent. Il
est donc important de connaître les règles qui permettent de distinguer les raisonnements
valables de ceux qui ne le sont pas. Nous commencerons par la logique propositionnelle qui
vise à établir la véracité (ou l'inexactitude) de déclarations simples.

2 Propositions
Une proposition est une déclaration (ou un énoncé ou une armation) à laquelle on peut
attribuer une des deux valeurs logiques : vrai (que l'on notera V) ou faux (que l'on notera
F), mais pas les deux à la fois. On dit aussi qu'une proposition est une armation vériable
dans le sens où l'on peut lui attribuer une valeur de vérité unique : V ou F.
Les énoncés suivants sont des exemples de propositions :
1. Ottawa est la capitale fédérale du Canada.
2. Las Vegas est la capitale des États-Unis.
3. Aujourd'hui c'est mardi.
4. 1 + 1 = 2
5. 1 + 2 = 4
Les propositions 1, 3 ∗ et 4 sont vraies, alors que 2 et 5 sont fausses. Par contre les phrases
qui suivent ne sont pas des propositions :
1. Quelle heure est-il ?
2. Asseyez-vous.
3. Bonjour Monsieur.
4. x + 1 = 2
5. z = x + y
∗. Selon l'horaire de l'UQO pour la session d'automne 2010

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Les phrases 1, 2 et 3 ne sont pas des propositions car elles ne constituent pas des énoncés
auxquels ont peut associer une valeur de vérité. La phrase 4 n'est pas une proposition car
on n'a attribué aucune valeur à la variable x qui permettrait de décider si l'expression est
vraie ou fausse. De même, la phrase 5 n'est pas une proposition puisque aucune valeur n'a
été attribuée aux variables x, y et z . À noter qu'une armation comme :  Il existe des
êtres vivants sur d'autres planètes  est une proposition car on peut lui attribuer une des
valeurs logiques, même si on ne sait pas laquelle.
On peut utiliser des lettres pour désigner des propositions, de la même façon que l'on
utilise des lettres pour désigner des variables mathématiques. Les lettres habituellement
utilisées sont p, q, r, s, etc. (certains auteurs utilisent des majuscules). Par exemple, on
peut dire que p vaut pour la proposition  Ottawa est la capitale fédérale du Canada  et
q vaut  Aujourd'hui c'est mardi . Les variables p, q, r, etc., sont appelées des variables
propositionnelles (ou variables logiques) et leur valeur possible (V ou F) sont appelées des
constantes propositionnelles.
Une proposition qui ne peut pas être subdivisée est dite simple ou atomique. C'est le cas
de toutes les propositions introduites jusqu'ici. Par dénition, une proposition atomique est
une proposition qui consiste, exclusivement, en une seule variable propositionnelle ou une
seule constante propositionnelle.
La combinaison de deux ou plusieurs propositions atomiques forme ce qu'on appelle une
proposition composée. Par exemple :  Ottawa est la capitale fédérale du Canada et au-
jourd'hui c'est mardi  est une proposition composée.

3 Connecteurs logiques
Les propositions atomiques sont combinées en des propositions composées à l'aide d'opéra-
teurs logiques, appelés aussi des connecteurs logiques. Les principaux connecteurs sont :
 la négation ¬ (notée parfois ˜ )
 la conjonction ∧
 la disjonction inclusive ou simplement la disjonction ∨
 la disjonction exclusive ⊕
 l'implication ⇒ (notée parfois →)
 l'équivalence ⇔ (notée parfois ↔)
Le connecteur de négation est un connecteur unaire, c'est-à-dire qu'il produit une proposi-
tion à partir d'une seule proposition. les autres connecteurs sont des connecteurs binaires,
c'est-à-dire que chacun d'eux produit une proposition à partir de deux propositions.

4 Tables de vérité
Il est essentiel de savoir quelle est la valeur de la proposition résultant de l'application de ces
connecteurs logiques. Les tables qui suivent, appelées tables de vérité, donnent ces valeurs
logiques.
Par dénition, la table de vérité d'une proposition composée donne les valeurs de vérité de la
proposition composée pour toutes les valeurs de vérité que peuvent prendre les propositions
atomiques qui constituent la proposition composée.

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p ¬p
V F La négation d'une proposition vraie est fausse et la négation d'une pro-
F V position fausse est vraie. ¬p se lit  non p .
p q p∧q
V V V
V F F La conjonction de deux propositions est vraie si elles sont toutes les
F V F deux vraies et elle est fausse si au moins une des deux propositions
F F F est fausse. p ∧ q se lit  p et q .
p q p∨q
V V V
V F V La disjonction (ou disjonction inclusive) de deux propositions est
F V V vraie si au moins une des deux propositions est vraie et elle est
F F F fausse si toutes les deux sont fausses. p ∨ q se lit  p ou q .
p q p⊕q
V V F
V F V La disjonction exclusive de deux propositions est vraie si seule une
F V V des deux propositions est vraie mais pas les deux et elle est fausse si
F F F toutes les deux sont fausses ou toutes les deux sont vraies. p ⊕ q se
lit  p ou exclusif q .
p q p⇒q
V V V
V F F L'implication est vraie si l'hypothèse p est vraie et la conclusion q
F V V est vraie ou bien si l'hypothèse est fausse, la conclusion étant quel-
F F V conque. L'implication est fausse si l'hypothèse est vraie et la conclu-
sion fausse. p ⇒ q se lit  p implique q  ou  si p alors q . (On
utilise aussi les termes prémisse et conséquence au lieu d'hypothèse
et conclusion.)
p q p⇔q
V V V
V F F L'équivalence (ou biconditionnelle) est vraie si les deux côtés ont les
F V F mêmes valeurs logiques et elle est fausse si les deux côtés ont des
F F V valeurs logiques diérentes. p ⇔ q se lit  p est équivalent à q .

Exemple 1 Soit p la proposition ”2 > 1”, q la proposition ”1 + 1 = 3” et r la proposition


 Washington DC est la capitale des États-Unis . Alors :
p∧r est vraie car p et r sont vraies ;
q∨r est vraie car r est vraie ;
p⊕r est fausse car p et r sont vraies ;
q⇒r est vraie car q est fausse ;
p⇒q est fausse car est p est vraie et q est fausse ;
q⇔r est fausse car q et r ont des valeurs logiques diérentes.
La valeur logique d'une proposition composée peut être calculée à partir des valeurs des
propositions simples, à l'aide des tables de vérité. On utilise les parenthèses pour spécier
l'ordre de traitement des divers opérateurs logiques d'une proposition composée. On calcule

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d'abord les valeurs des parties qui se trouvent dans les parenthèses les plus à l'intérieur,
comme dans le cas des expressions algébriques.
Exemple 2 Supposons que p et q soient vraies et que r et s soient fausses (ces variables
propositionnelles n'ont rien à voir avec celles de l'exemple précédent). Calculer la
valeur logique de la proposition composée :
   
(p ∧ q) ⇒ (¬q) ⇔ (r ∧ s) ∨ p ⇒ (q ⇒ s) (*)
Réponse On a :
   
(p ∧ q) ⇒ (¬q) ⇔ (r ∧ s) ∨ p ⇒ (q ⇒ s)
| {z } | {z } | {z } |{z} | {z }
V F V F
F | {z }
| {z }
V F
| {z }
V
| {z }
V

donc la proposition (*) est vraie.


À noter que l'opérateur de négation est prioritaire sur tous les autres connecteurs logiques
ce qui permet parfois de réduire le nombre de parenthèses.
Exemple 3 La conjonction de (non p) et q, c'est-à-dire (¬p) ∧ q , peut simplement s'écrire
¬p ∧ q et ne doit pas être confondue avec la négation de la conjonction de p et q qui
elle s'écrit ¬(p ∧ q).
La logique propositionnelle étudie donc les schémas de propositions composées où les pro-
positions simples sont remplacées par des variables logiques p, q, r, etc. , auxquelles on
peut attribuer des valeurs logiques. La valeur logique d'une proposition composée peut être
calculée dès que l'on donne des valeurs aux variables logiques qui ont font partie.
Exemple 4 Considérons la proposition (p ⇒ q) ∧ (q ⇒ p).
Si l'on attribue les valeurs V à p et F à q, la valeur de cette proposition est F, mais
si l'on attribue la valeur F à p et à q, la valeur de cette proposition est V.

5 Réciproque et contraposée
Considérons la proposition composée p ⇒ q . La proposition q ⇒ p est appelée la réciproque
de p ⇒ q . La proposition ¬q ⇒ ¬p est appelée la contraposée de p ⇒ q .
Exemple Considérons l'implication  Si nous sommes mardi alors nous avons le cours
MAT1153 . Trouver la réciproque et la contraposée de cette implication.
Réponse Remplaçons  nous sommes mardi  par p et  nous avons le cours MAT1153 
par q. La réciproque est donc q ⇒ p c'est à dire  Si nous avons le cours MAT1153
alors nous sommes mardi  et la contraposée est ¬q ⇒ ¬p c'est à dire  si nous n'avons
pas le cours MAT1153 alors nous ne sommes pas mardi .
Pourquoi avons nous traduit des phrases du langage courant en propositions logiques ?
Souvent le langage naturel est ambigu. La traduction de phrases en expressions logiques
permet d'éliminer cette ambiguïté (à noter que l'on doit alors faire un certain nombre
de suppositions quant à la signication de la phrase). Une fois ces phrases traduites en
propositions logiques, on peut alors analyser leur valeur de vérité, les manipuler et appliquer
les règles d'inférence abordées ultérieurement dans ce cours.

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6 Tautologie et contradiction
Une proposition composée qui a la valeur V pour toutes les valeurs des propositions simples
(variables logiques) qui en font partie, s'appelle une tautologie.
Pour vérier qu'une proposition est une tautologie, il faut essayer toutes les possibilités
pour les valeurs des variables et constater que la valeur de la proposition composée reste
toujours V. Puisque chaque variable a deux valeurs possibles, si une proposition contient
n variables logiques, il s'ensuit qu'il faut essayer 2n possibilités. Dans l'exemple ci-dessous
cette vérication est présentée à l'aide d'une table de vérité qui inclut les propositions
intermédiaires pour rendre le calcul plus clair.
Exemple Vérier que la proposition suivante est une tautologie :

(*) (p ⇒ (q ∧ r)) ⇔ ((p ⇒ q) ∧ (p ⇒ r))

p q r q∧r p⇒q p⇒r p ⇒ (q ∧ r) (p ⇒ q) ∧ (p ⇒ r) (*)


V V V V V V V V V
V V F F V F F F V
V F V F F V F F V
V F F F F F F F V
F V V V V V V V V
F V F F V V V V V
F F V F V V V V V
F F F F V V V V V

La valeur de (*) est toujours V, donc c'est une tautologie.


Le contraire d'une tautologie est appelée une contradiction. Une proposition composée qui
a la valeur F pour toutes les valeurs des variables logiques qui en font partie s'appelle donc
une contradiction.
Remarque Il est clair que la négation d'une tautologie est une contradiction et la négation
d'une contradiction est une tautologie.
Une proposition logique qui n'est ni une tautologie ni une contradiction est appelée
une contingence.
Les théorèmes qui suivent présentent une liste de tautologies importantes. Les démonstra-
tions, à l'aide des tables de vérité, sont laissées en exercice.
Théorème 1 Les propositions suivantes sont des tautologies (0 dénote une contradiction
quelconque ; 1 est une tautologie quelconque).
(p ∨ q) ⇔ (q ∨ p) Commutativité

((p ∨ q) ∨ r) ⇔ (p ∨ (q ∨ r)) Associativité

(p ∨ (q ∧ r)) ⇔ ((p ∨ q) ∧ (p ∨ r)) Distributivité de la disjonction sur la conjonction

(p ∨ 0) ⇔ p Identité

(p ∨ 1) ⇔ 1 Domination

(p ∨ p) ⇔ p Idempotence

(p ∨ (¬p)) ⇔ 1 Complément

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(p ∧ q) ⇔ (q ∧ p) Commutativité

((p ∧ q) ∧ r) ⇔ (p ∧ (q ∧ r)) Associativité

(p ∧ (q ∨ r)) ⇔ ((p ∧ q) ∨ (p ∧ r)) Distributivité de la conjonction sur la disjonction

(p ∧ 1) ⇔ p Identité

(p ∧ 0) ⇔ 0 Domination

(p ∧ p) ⇔ p Idempotence

(p ∧ (¬p)) ⇔ 0 Complément

Théorème 2 Les propositions suivantes sont des tautologies :


¬(p ∨ q) ⇔ ¬p ∧ ¬q Loi de De Morgan
¬(p ∧ q) ⇔ ¬p ∨ ¬q Loi de De Morgan
(p ⇒ q) ⇔ (¬p ∨ q)
(p ⇔ q) ⇔ ((p ⇒ q) ∧ (q ⇒ p)) Dénition de l'équivalence
(¬(¬p)) ⇔ p Loi de la double négation
Le théorème 2 permet d'exprimer tous les connecteurs logiques à l'aide de la négation et de
la disjonction (inclusive). En eet, si deux propositions A et B sont logiquement équivalentes
(c'est-à-dire A⇔B est une tautologie), leurs valeurs logiques sont les mêmes pour toutes les
valeurs des variables logiques, donc on peut substituer A par B (et B par A) dans chaque
proposition composée sans en changer la valeur. Il s'ensuit facilement de la seconde loi de
De Morgan que la proposition :
(p ∧ q) ⇔ ¬(¬p ∨ ¬q) est une tautologie.
Donc on ne change pas la valeur d'une proposition composée en y remplaçant :
p∧q par ¬(¬p ∨ ¬q)
p⇒q par ¬p ∨ q
p⇔q par (p ⇒ q) ∧ (q ⇒ p) et cette proposition à son tour par
¬(¬(¬p ∨ q)) ∨ ¬(¬q ∨ p))
Exemple Exprimer la proposition suivante en n'employant que les connecteurs ¬ et ∨ :
((p ⇒ q) ∧ ¬r) ⇒ ((p ∨ q) ∧ r)

Cette proposition est équivalente à :


(¬(¬p ∨ q) ∨ r) ∨ (¬(¬(p ∨ q) ∨ ¬r))
La loi de la double négation a été employée pour remplacer ¬(¬ A) par A. Substituer un
énoncé à un autre énoncé ayant la même valeur de vérité constitue une opération importante
de tout raisonnement mathématique.

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