Le livre d’heures Ms 2101 du Palacio Real et

l’enluminure à Paris à la fin du xve siècle

Samuel Gras

Le livre d’heures Ms 2101 du Palacio Real se com-

pose d’un calendrier, des péricopes évangéliques
suivis de quatre prières à Marie, des Heures de la
Vierge, de la Croix, du Saint-Esprit, des Psaumes
suivis des litanies, de l’Office des morts et de suf-
frages1. Des indices liturgiques font penser que le
manuscrit était destiné à un commanditaire pari-
sien. En effet, les heures de la Vierge suivent
l’usage de Paris et le calendrier fête des saints par-
ticulièrement vénérés dans la capitale : saint Leu,
évêque de Sens, est célébré au côté de saint Gilles
le 1er septembre, et les saints Denis et Marcel sont
rubriqués aux 9 octobre et 3 novembre. Sainte Ge-
neviève, patronne de Paris, jouit d’une attention
spécifique et confirme l’ancrage parisien du livre
d’heures. Elle est mentionnée de couleur or dans le
calendrier au 3 janvier (f. 1) [fig. 1], apparaît en
première position dans les litanies (f. 82) et bénéfi-
cie d’un suffrage (f. 119).
Peu d’informations nous sont parvenues sur son
histoire et ses possesseurs successifs. Des inscrip-
tions (des devises ?) apparaissent sur un phylactère
enlacé autour d’un tronc dans les marges de deux

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 Fig. 1 Atelier du Maître de Jacques de Besançon
(François le Barbier fils ?), Paris, Janvier, vers 1490,
Livre d’heures à l’usage de Paris. Madrid, Real Biblioteca,
Ms 2101, f. 1r
feuillets du texte des Matines des Heures de la
Vierge (f. 26r-v) mais, si elles font sens, elles sont
pour l’heure indéchiffrables2. D’après une note en
français du xviiie siècle, rédigée sur papier et collée
sur le contreplat supérieur, le manuscrit était en pos-
session de M. de Jullienne (1686-1766) jusqu’à une
vente datée par l’auteur de 17273. Le livre d’heures
est de façon certaine dans les collections de la
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f­ amille royale espagnole au début du xixe siècle
d’après l’ex-libris des princes d’Espagne collé sous
la note manuscrite et par les deux sceaux tamponnés
au verso du premier feuillet4. Le manuscrit fut pro-
bablement acquis durant l’assignation à résidence
des princes d’Espagne, de 1808 à 1814, au château
de Valençay (Berry), de nombreux achats ayant été
effectués à cette époque5.
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 Des enluminures et une décoration
secondaire de grand prix
La profusion des images peintes dans le manuscrit
et la richesse de la décoration secondaire nous in-
diquent que le commanditaire a accordé un intérêt
considérable à l’illustration de son livre d’heures.
Soucieux de la qualité de sa réalisation, il a enrichi
le manuscrit de miniatures de grand prix, exécutées,
nous le verrons, par plusieurs enlumineurs issus des
ateliers parisiens les plus renommés de l’époque. Au
recto des feuillets du calendrier, six anges placés
dans des niches sont peints sur la marge supérieure,
l’occupation du mois et le signe du zodiaque dans la
marge gouttière et la marge inférieure [fig. 1]. L’es-
pace entre ces petites miniatures est illustré par des
saints ou des fêtes religieuses célébrées au cours du
mois. Dans les marges de couture, peu visibles, l’or-
nemaniste a pris soin de peindre une baguette déco-
rative rouge et bleue ornée de traits ornementaux
couleur or. Sur les versos des feuillets, la marge gout-
tière est peinte d’une série de trois saints placés dans
des niches reliées par un cadre serti de pierres et de
gemmes. Les feuillets des deux premiers offices des
Heures de la Vierge (f. 24v et 39v) et ceux introdui-
sant les Heures de la Croix (f. 66v), du Saint-Esprit Fig. 2 Collaborateur du Maître de la Chronique
(f. 69v), les Psaumes de la pénitence (f. 72v) et l’Of- Scandaleuse, Paris, Le Christ Enfant cueillant des fleurs
accompagné de trois anges et de trois saintes, vers 1490,
fice des morts (f. 84v) sont consacrés à une peinture
Livre d’heures à l’usage de Paris. Madrid, Real Biblioteca,
occupant la totalité de la page, sans initiale et sans Ms 2101, f. 24v
ligne de texte [fig. 2, 4, 5 et 9].L’Annonciation, qui
introduit la prière Ave virgo gloriosa venerabilis
(f. 22v), occupe tout l’espace de la justification avec
quatre marges peintes de pensées en grisaille où 56, 58v et 63) débutent par une miniature occupant
seules les fleurs sont en couleur [fig. 6]. L’ensemble la moitié de la justification avec un arrondi sur la par-
est agrémenté de phylactères à la devise « IHS » et tie supérieure, au-dessus d’une initiale ornée de cinq
« Maria » et de deux drôleries, le tout sur un fond or. lignes et de dix lignes de texte [fig. 3].Les péricopes
Le péricope de saint Jean (f. 13) et les Heures de la des saints Luc, Matthieu et Marc (f. 14v, 15v et 16v)
Vierge allant de Prime à Complies (f. 46v, 50v, 53v, sont mis en valeur par une petite miniature carrée

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 de huit lignes de hauteur au début du texte et une
miniature dans la marge inférieure illustrant le pas-
sage de l’évangile. Enfin, les prières à la Vierge Ob-
secro te (f. 17v) et O intemerata (f. 20) et les suffrages
(f. 114 à 119v) ont également fait l’objet d’une atten-
tion particulière avec une miniature carrée de huit
lignes de hauteur, avec des bordures florales et des
animaux peints sur un fond or dans les marges su-
périeure, gouttière et inférieure.
Le lecteur l’aura compris, la variété et la richesse des
mises en page du Livre d’heures à l’usage de Paris du
Palacio Real soulignent l’aspect luxueux de la com-
mande. Il n’est en rien démenti par l’attention portée
à la décoration secondaire, bien au contraire. En effet,
dans les marges de l’Annonce aux bergers (f. 50v),
l’Adoration des Mages (f. 53v), la Présentation au
Temple (f. 56), la Fuite en Égypte (f. 58v) et dans celles
des feuillets qui suivent les miniatures débutant
chaque office (f. 25, 67, 70, 73 et 85), l’ornemaniste a
pris soin de peindre, sur un fond or, des bordures
­florales, parsemées d’acanthes alternant le bleu avec
le rouge, le rose saumon ou la « cuisse de nymphe », le
tout embelli d’insectes et d’animaux [fig. 3]. Les autres
feuillets de texte sont ornés, dans la marge gouttière,
de bordures florales composées d’acanthes bleu et
or, de fleurs en boutons ou écloses, de fruits mûrs ou
en fleurs et d’animaux sur un parterre de rinceaux fili-
formes et de boules d’or bruni. L’ornemaniste s’est
encore astreint à subdiviser les bordures en parties
cloisonnées afin d’alterner le fond or et le blanc du
parchemin. Ces compartiments dorés prennent des
formes de disques, de bandes en zigzag, de dents de
loup, de triangles, de losanges et d’autres formes poly-
gonales. Ce labeur colossal, qui demanda un investis-
sement considérable en heures de travail, est couronné
par une découverte surprenante : les motifs employés
sur le recto d’un feuillet ne sont pas repris par transpa-
58
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rence au verso, procédé qui permet habituellement à
l’ornemaniste de réaliser un gain de temps considé-
rable. La somptuosité des miniatures en pleine page et
la magnificence de la décoration secondaire soulignent
l’importance que le premier propriétaire octroyait à
son livre d’heures et éloignent définitivement ­l’ouvrage
d’une production commerciale en série.
Datation
D’après les encadrements végétaux de la décoration
secondaire et les petites initiales en camaïeu blanc,
le manuscrit peut être daté de la fin des années 1480,
voire du début des années 14906. Cette date présen-
terait le manuscrit comme l’un des plus anciens
livres d’heures connus dans l’œuvre de certains en-
lumineurs parisiens. En effet, le Livre d’heures à
l’usage de Paris du Palacio Real fournit d’intéres-
santes informations sur les relations artistiques
entre des membres de l’atelier du Maître de Jacques
de Besançon (François le Barbier fils ?) et d’autres
enlumineurs parisiens de l’époque, dont Jean
­Pichore, un tout jeune peintre promis à une longue et
riche carrière. Le manuscrit est également un témoi-
gnage passionnant dans la question des relations
entre les foyers artistiques parisien et tourangeau à
partir du dernier quart du xve siècle.
L’atelier du Maître de Jacques de Besançon
(François le Barbier fils ?)
La décoration secondaire du livre d’heures montre
toutes les caractéristiques de la production parisienne
du Maître de Jacques de Besançon (François le Bar-
bier fils ?), enlumineur parisien actif des années 1480
à la fin du siècle7. Les marges sont peintes d’acanthes
bleu et or, d’hybrides, d’insectes et d’oiseaux répartis
sur le blanc du parchemin et sur un fond or compar-
timenté sous différentes formes, typiques de son
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 Fig. 3 Collaborateur du
Maître de la Chronique
Scandaleuse, Paris,
Fuite en Égypte,
vers 1490, Livre d’heures
à l’usage de Paris.
Madrid, Real Biblioteca,
Ms 2101, f. 58v

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 Fig. 4 Collaborateur du Maître de la Chronique
Scandaleuse, Paris, Jésus parmi les docteurs,
vers 1490, Livre d’heures à l’usage de Paris.
Madrid, Real Biblioteca, Ms 2101, f. 39v
a­ telier8. À titre d’exemple, la demi-fleur de lis dans la
bordure du Couronnement de la Vierge (f. 63) se re-
trouve dans plusieurs manuscrits enluminés par le
peintre, à l’image de celles visibles dans les marges de
la miniature découpée d’un graduel et aujourd’hui
conservée au Louvre9. Le fond or tapissé de nerveuses
acanthes à deux couleurs et de plantes est un type de
décoration, là-encore, fort apprécié dans l’atelier du
Maître de Jacques de Besançon (François le Barbier
fils ?). L’influence de ce dernier ne se limite pas à l’or-
nementation des feuillets ; la mise en page originale
développée sur les feuillets du calendrier répond éga-
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Fig. 5 Jean Pichore (ou collaborateur), Paris,
Pentecôte, vers 1490, Livre d’heures à l’usage
de Paris. Madrid, Real Biblioteca,
Ms 2101, f. 69v
lement à l’esthétique en vigueur dans l’entourage du
peintre. Nous l’avons vu, les fêtes sont encadrées sur
les quatre côtés (recto) et dans la marge gouttière (ver-
so) par des saynètes reliées entre-elles par une struc-
ture architecturale à petites niches [fig. 1]. Ce disposi-
tif s’observe dans le calendrier d’un Livre d’heures à
l’usage de Sarum, aujourd’hui conservé à New York,
peint dans l’atelier du Maître de Jacques de Besançon
(François le Barbier fils ?)10. Le choix d’une bordure
spécifique pour la miniature de l’Annonciation
(f. 24v) renforce encore les liens aperçus ici avec le
milieu parisien des Barbier. En effet, l’utilisation de
60
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 la grisaille sur un fond or s’observe sur plusieurs feuil-
lets d’un Psautier parisien enluminé par le Maître de
Jacques de Besançon (François le Barbier fils ?) et le
Maître de Philippe de Gueldre (f. 26v et 29)11.
Le choix de présenter une miniature sans bordure
sur la totalité du feuillet, où la scène principale est
encadrée par des scènes latérales complémentaires,
est un autre élément de mise en page repris de l’ate-
lier du Maître de Jacques de Besançon (François le
Barbier fils ?)12. La recherche dans l’effet iconogra-
phique est poussée à son paroxysme dans certaines
miniatures où tout élément textuel a été banni de la
peinture [fig. 2, 4, 5 et 9]. La scène montrant Jésus
parmi les docteurs est complétée sur les extrémités
par des épisodes secondaires conférant un caractère
familier à l’histoire : on y voit Marie et Joseph cher-
cher leur fils, Joseph pointer son doigt vers le Temple
puis les époux ramener l’Enfant à la maison [fig. 4]. Il
n’est dès lors pas étonnant de retrouver parmi les en-
lumineurs à l’œuvre dans le Ms 2101 des suiveurs du
Maître de Jacques de Besançon (François le Barbier
fils ?). L’un d’entre eux a réalisé les miniatures du ca-
lendrier et le plus doué les quatre miniatures des pé-
ricopes. Ce disciple montre une allégeance certaine à
l’égard de son maître et fait probablement partie des
nombreux enlumineurs ayant travaillé — au moins Fig. 6 Collaborateur du Maître de la Chronique
un temps — dans son entourage. Scandaleuse, Paris, Annonciation, vers 1490, Livre
d’heures à l’usage de Paris. Madrid, Real Biblioteca,
Ms 2101, f. 22v
Un peintre parisien formé par le Maître
de la Chronique Scandaleuse
La main responsable de l’Annonciation (f. 22v) ne
répond pas à la technique picturale employée par le BnF13. La mise en page de l’Annonciation se rap-
Maître de Jacques de Besançon (François le Barbier proche de celle peinte quelques années plus tard dans
fils ?) et ses disciples [fig. 6]. Sans lui être formelle- un Livre d’heures à l’usage de Rome conservé à New
ment identique, elle trahit un style développé par le York attribuée à ce maître14. Le peintre en charge de
Maître de la Chronique Scandaleuse, enlumineur qui la miniature de l’Annonciation dans les Heures du
tire son nom du manuscrit Clairambaut 481 de la Palacio Real reprend la position de profil de Gabriel,

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 placé en léger retrait à la droite de la Vierge. Genou au
sol, un sceptre fleurdelisé entouré d’un phylactère
dans la main gauche, il pointe vigoureusement son
bras et l’index droit vers Marie. Cette dernière, vue de
face au premier plan, est agenouillée et se retourne en
un geste de surprise vers l’archange. La miniature de
saint Michel (f. 114v) des Heures du Palacio Real
montre également des similitudes avec celle peinte
par le Maître de la Chronique Scandaleuse dans un
Livre d’heures à l’usage de Paris conservé dans une
collection privée15. De même format, le saint, aux ailes
violacées, revêtu d’une armure dorée, est vu à mi-
corps ; d’une torsion vigoureuse du buste vers la
gauche, il arme son bras droit armé d’une épée afin
de frapper un diable placé sur sa droite. Outre la mi-
niature de l’Annonciation, ce satellite du Maître de la
Chronique Scandaleuse semble encore avoir exécuté
plusieurs miniatures du cycle de la Vierge.

Singularités iconographiques du livre d’heures

Usuellement, les Matines sont introduites par une
miniature de l’Annonciation. Étonnamment, dans les
Heures du Palacio Real, cette dernière est placée en
tête d’une prière à la Vierge (f. 22v) et ne peut donc
plus servir à introduire Matines des Heures de la
Vierge. L’enlumineur lui a substitué l’image inhabi-
tuelle du Christ enfant accompagné d’anges cueillant
des fleurs sous le regard attentif de trois saintes
(f. 24v) [fig. 2]. La Visitation est délaissée au profit de
Jésus parmi les docteurs (f. 39v) [fig. 4], puis le cycle
traditionnel reprend, assez illogiquement, avec la Na-
tivité, l’Annonce aux bergers, l’Adoration des mages,
la Présentation au temple, la Fuite en Égypte et le
Couronnement de la Vierge. L’épisode de Jésus parmi
les docteurs ne se retrouve pas fréquemment dans le
cycle iconographique des Heures de la Vierge16. Ce
choix de mise en page apparaît dans deux Livre
Fig. 7 Jean Pichore (ou collaborateur),
Paris, Couronnement de la Vierge, fin du xve siècle,
Livre d’heures à l’usage de Rome. La Haye,
Koninklijke Bibliotheek, Ms 74 G 22, f. 110v
d’heures à l’usage de Rome, dans le premier, peint par
l’atelier de Jean Pichore, pour introduire l’heure de
Sexte17, et pour les Vêpres dans le second, où se
ressent l’influence de Jean Bourdichon et Jean Poyer18.
Nous allons le voir, les échos de cette miniature dans
un manuscrit parisien réalisé dans le cercle de ­Pichore
et dans le milieu tourangeau n’est probablement pas
un hasard.

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 Fig. 8 Jean Pichore (ou collaborateur),
Paris, Couronnement de la Vierge,
vers 1490, Livre d’heures à l’usage
de Paris. Madrid, Real Biblioteca,
Ms 2101, f. 63r
Jean Pichore
Plusieurs miniatures font supposer la présence d’un
autre peintre destiné à mener une brillante carrière
au début du xvie siècle. En effet, certaines mises en
page du Livre d’heures à l’usage de Paris se retrouvent
dans le travail de Jean Pichore 19. Des parallèles
peuvent notamment s’établir avec un Livre d’heures
à l’usage de Rome enluminé à Paris, durant les années
1490, dans l’entourage de ce peintre20. Les suffrages
reprennent la formule d’une miniature carrée où le
saint est vu à mi-corps. Les enluminures de l’Annon-
ciation, du Couronnement de la Vierge, de la Trinité,
de saint Jean Baptiste et des saintes Barbe et Gene-
63
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viève (La Haye, f. 43, 110v, 194v, 196, 203v et 204v)
montrent une proximité iconographique et parfois
stylistique avec les Heures du Palacio Real (f. 22v, 63,
114, 115, 118r-v). Les deux miniatures du Couronne-
ment de la Vierge (La Haye, f. 110v et Palacio Real,
f. 63) sont représentées selon un modèle commun où
la Vierge agenouillée devant Dieu, assis sur un trône, la
bénit. Elle est couronnée par un ange devant une as-
semblée de chérubins [fig. 7 et 8]. L’utilisation de ces
mises en page dans l’atelier du peintre parisien est
surprenante mais indéniable et ne peut s’expliquer
que par une étroite relation entre les enlumineurs
ayant réalisé ces deux manuscrits.
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 La Crucifixion (Palacio Real, f. 66v) se compare à
celle peinte par un proche de Jean Pichore (f. 116)
dans les Heures dites de Charles Quint conservées à la
BNE de Madrid21 [fig. 9 et 10]. Mise à part la dispari-
tion des deux larrons dans la version du Palacio Real,
un grand nombre d’éléments sont communs entre les
deux enluminures. L’enlumineur répartit deux
groupes de personnages isocéphales autour de la
croix, avec la Vierge et saint Jean à la droite du Christ
et le centurion, en armure dorée, devant un groupe de
soldats aux lances longilignes sur la gauche. Le mo-
dèle du Crucifié est très proche d’une image à l’autre,
avec un Christ à l’anatomie détaillée où l’abdomen est
creusé et le périzonium tombant sur un côté. La tech-
nique picturale montre également une approche si-
milaire. L’horizon bas et le rendu de la perspective
atmosphérique, où les couleurs naturelles du premier
plan font peu à peu place à des dégradés de tons bleus
blanchissant sur le lointain, inscrivent les miniatures
dans la même lignée22.
Les correspondances se renforcent avec la Pente-
côte (Ms 2101, f. 69v) dont on retrouve plusieurs dé-
clinaisons dans des miniatures peintes dans l’atelier
de Jean Pichore23. Celle exécutée dans un Livre d’heures
à l’usage de Rome aujourd’hui conservé à Chantilly est,
à cet égard, symptomatique de ces affinités24. Les deux
miniatures présentent le même type de mise en page
où la scène principale est enrichie, dans les marges de
couture et inférieure, de petites scènes satellites dispo-
sées dans une structure architecturale à comparti-
ments. La Pentecôte se déroule dans une salle d’appa-
rat au plan circulaire et au décor Renaissance. Les
personnages sont rassemblés sur un côté de la pièce,
agenouillés en prières face à la colombe du Saint-­
Esprit. Un apôtre (saint Pierre ?), un genou au sol et
mains en prières, occupe l’espace du premier plan,
devant Marie et le reste du groupe. Un détail dans le
64
09_AIB_Gras2101 v5.indd 64
traitement des draperies souligne un peu plus les cor-
respondances entre les deux miniatures : l’inhabituel
pli en zigzag dessiné sur le vêtement de l’apôtre mis
au premier plan dans la miniature de Chantilly se re-
trouve sur celui placé au second plan des Heures du
Palacio Real25. Un dernier point de comparaison entre
les Heures du Palacio Real et le milieu de Pichore doit
ici être dressé avec la miniature de l’Adoration des
Mages (f. 53v). En effet, le Mage agenouillé au sol
adopte une position surprenante : il a le dos courbé et
les bras tendus en totale extension pour offrir son pré-
sent, ce qui le maintient à bonne distance de l’Enfant.
Ce dessin se retrouve au moins à deux reprises dans
des Livre d’heures à l’usage de Rome probablement
réalisés dans le cercle de Pichore26.
Les ressemblances décelées avec l’œuvre de Jean
Pichore peuvent-elles s’expliquer par la présence du
parisien dans les Heures du Palacio Real ? Son style
caractérise fortement la technique picturale de plu-
sieurs miniatures et il est possible d’envisager son
intervention dans celles introduisant les prières Ob-
secro te (f. 17v) et O intemerata (f. 20) et dans la
Trinité des suffrages (f. 114). Il faut peut-être élargir
sa participation à d’autres miniatures du livre
d’heures, celles des Heures de la Vierge — ayant été
réalisées en collaboration avec le satellite du Maître
de la Chronique Scandaleuse — et des suffrages, ou
bien accepter l’idée qu’un ou plusieurs disciples
soient déjà parvenus à assimiler en profondeur sa
technique dès la fin du xve siècle. Sa présence dans
le Livre d’heures à l’usage de Paris du Palacio Real
nous offre un des témoignages les plus précoces de
son travail. Le style maniéré du peintre (Jean Pi-
chore ?) dans les miniatures de saint Michel (f. 114v)
et de saint Jean Baptiste (f. 115) pourrait encore in-
diquer qu’il s’est inspiré d’un modèle de Jean Poyer,
peintre tourangeau de la suite de Fouquet. Or, le
6/7/16 15:31
 Fig. 9 Jean Pichore (ou collaborateur), Paris, Crucifixion, Fig. 10 Jean Pichore (ou collaborateur), Paris, Crucifixion,
vers 1490, Livre d’heures à l’usage de Paris. Madrid, fin du xve siècle, Heures dites de Charles Quint. Madrid,
Real Biblioteca, Ms 2101, f. 66v Biblioteca Nacional de España, Vitr/24/3, f. 116r

­ arisien a connu l’œuvre de son éminent collègue,

p Tours et Paris
tirant notamment profit de certaines compositions Ainsi, la Fuite en Égypte (f. 58v) montre la sainte
des Heures Briçonnet et des Heures dites de Marie famille avec Joseph portant l’enfant dans ses bras,
d’Angleterre 27. Les Heures du Palacio Real per- suivi de la Vierge et d’une servante [fig. 3]. Cette
mettent d’ailleurs d’enrichir la question relative aux scène peut être rapprochée de plusieurs miniatures
contacts artistiques qui se sont établis entre le mi- tourangelles dont la plus ancienne actuellement
lieu tourangeau et celui de Jean Pichore. En effet, connue est celle des Heures de Bourbon-Vendôme,
plusieurs mises en page montrent très clairement manuscrit enluminé dans les années 1470 par le
une forte culture tourangelle. maître éponyme, le Maître du Boccace de Munich et

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09_AIB_Gras2101 v5.indd 65 6/7/16 15:31


Fig. 11 Maître des Heures de Bourbon-Vendôme, Tours,
Le retour de la Fuite en Égypte, vers 1475-1480, Heures
de François de Bourbon-Vendôme. Paris, Bibliothèque
de l’Arsenal, Ms 417, f. 46r
Jean Bourdichon, trois des meilleurs disciples de
Jean Fouquet28 [fig. 11]. La composition apparaît
dans de nombreux manuscrits de la vallée de la
Loire, dont l’un fut enluminé par le Maître de Jean
Charpentier, plagiaire invétéré de Jean Fouquet ou
encore dans le Livre d’heures Ladore de Jean Poyer29.
La magnifique Bethsabée au bain (f. 72v) trouve
également son origine dans la vallée de la Loire30
[fig. 12]. La représentation de la jeune fille nue, se
66
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prélassant de façon sensuelle dans une source d’eau
ou un bain, est un thème iconographique qui a connu
une large diffusion à partir du milieu tourangeau. Un
prototype, aujourd’hui perdu mais connu par
quelques miniatures peintes par ses disciples, a pro-
bablement été inventé par Jean Fouquet. Jean Bour-
dichon offre une formule éloquente de la Bethsabée
au bain dans les Heures de Louis XII ; le succès de
cette image ne se démentira pas et la miniature fera
école dans le val de Loire et dans bien d’autres ré-
gions, notamment à Paris dans l’atelier de Jean Pi-
chore [fig. 13]. La similitude de l’enluminure réalisée
par Jean Bourdichon avec celle des Heures du Palacio
Real est troublante. Au premier plan, montrée nue,
Bethsabée se baigne dans une source d’eau où les
reflets sont marqués par la couleur argent. À l’ar-
rière-plan, le roi David observe la jeune femme par
l’une des fenêtres de son palais. La volupté de la
jeune fille est accentuée par les longs cheveux dé-
noués, dont l’éclat est rendu par des touches d’or,
tombant délicatement dans son dos, par la main ca-
ressant la surface de l’eau et par le galbe de son corps.
Le Maître de Jacques de Besançon (François
le Barbier fils ?), Jean Pichore et le Maître
de la Chronique Scandaleuse
Le manuscrit Ms 2101 du Palacio Real, enluminé
dans les dernières années du xve siècle, vient enri-
chir les recherches en cours sur la production pari-
sienne de cette époque. La présence de plusieurs
mains dans le manuscrit permet de porter un regard
supplémentaire sur les collaborations profession-
nelles entre pairs dans la capitale. Elles montrent
que des membres appartenant à des ateliers pari-
siens de grande importance ou destinés à le devenir,
celui du Maître de Jacques de Besançon (François le
Barbier fils ?), de Jean Pichore et du Maître de la
6/7/16 15:31
 Chronique Scandaleuse, ont occasionnellement été
amenés à coopérer pour certaines commandes pres-
tigieuses. Plusieurs manuscrits et imprimés confir-
ment les liens, suggérés ici, entre les enlumineurs
parisiens à l’œuvre dans le livre d’heures du Palacio
Real. En 1993, Isabelle Delaunay remarquait déjà
dans plusieurs manuscrits la présence de peintres
proches du Maître des triomphes de Pétrarque, col-
laborateur de Jean Pichore, d’un peintre formé par
le Maître de Jacques de Besançon (François le Bar-
bier fils ?) et d’une main « E » aujourd’hui identifiée
comme le Maître de la Chronique Scandaleuse31. La
même année, Nicole Reynaud précisait que les
Heures dites de Charles Quint – dont nous avons vu
la parenté pour la miniature de la Crucifixion avec
celles des Heures du Palacio Real – où interviennent
le Maître de la Chronique scandaleuse et le touran-
geau Jean Poyer, forment « comme un florilège de
l’enluminure parisienne autour de 1500 »32. Les
Heures de Denise Poncher sont à cet égard confon-
dantes car elles furent enluminées par le Maître de
Jacques de Besançon (François le Barbier fils ?), le
Maître de la Chronique scandaleuse et Jean Pichore
(ainsi que le Maître du cardinal de Bourbon)33. La
présence du premier d’entre eux souligne la longé-
vité et le succès des Barbier, triade parisienne ayant

Fig. 12 Jean Pichore (ou collaborateur), Paris,

Bethsabée au bain, vers 1490, Livre d’heures
à l’usage de Paris. Madrid, Real Biblioteca,
Ms 2101, f. 72v

Fig. 13 Jean Bourdichon, Tours, Bethsabée

au bain, vers 1498-1499, Heures de Louis XII.
Malibu, Getty Museum, Ms. 79, recto

67

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 fourni le marché parisien pendant presque un
­demi-siècle34. Si l’enlumineur prolonge des mises en
page et une ornementation bien ancrées dans la tra-
dition du xve siècle, le livre d’heures du Palacio Real
montre qu’il a su s’entourer de peintres influents sur
le marché parisien. Le manuscrit contient également
des miniatures du tout jeune Jean Pichore, entouré
semble-t-il de collaborateurs ayant assimilé sa pein-
ture. La présence d’un collaborateur du Maître de la
Chronique Scandaleuse dans les Heures du Palacio
Real n’est pas pour surprendre car ce dernier fait
carrière à Paris à compter des années 1490 au début
des années 1510. S’il enlumine des incunables pour
le libraire parisien Antoine Vérard, il travaille égale-
ment pour le roi de France Louis XII et la reine Anne
de Bretagne, ce qui présuppose de fréquents voyages
  1 Je remercie vivement M. François Avril d’avoir échangé ses im-
pressions sur ce manuscrit. Ses remarques enrichissent consi-
dérablement cet article. Pour une notice codicologique du ma-
nuscrit, voir Catálogo de la Real Biblioteca. Tomo IX.
Manuscritos, vol. II, Madrid : Patrimonio Nacional, 1996,
p. 423‑427. Disponible en ligne sur le site de la Real Biblioteca
<http://realbiblioteca.patrimonionacional.es/cgi-bin/koha/opac-
main.pl>, taper II/2101 dans l’onglet de recherche. Ce manuscrit
fait également partie d’une étude à paraître de Josefina Planas
et Javier Docampo, Horae : libros de horas en bibliotecas espa-
ñolas, Madrid : Orbis Medievalis, 2016, sous presse.
  2 On peut lire sur les entrelacs du premier phylactère « IVRA »,
« PSN » et « GV » et, sur le second, « VATN », « SLP », « I », « A »
et « V ». Je remercie vivement Mme Patricia Stirnemann d’avoir
partagé son sentiment sur ces inscriptions.
  3 Ce manuscript vient du Cabinet de Mr. de Julienne et acheté à sa
vente 1727. Il s’agit probablement de M. Jean de Jullienne (1686-
1766), manufacturier et directeur de la teinturerie des Gobelins,
célèbre amateur d’art, collectionneur et notamment mécène du
peintre Antoine Watteau. Toutefois, on peut s’interroger sur la
date de 1727 proposée par l’auteur dans l’inscription manuscri-
te. En effet, une vente importante des biens de M. de Jullienne
68
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vers Blois et la vallée de la Loire35. Les choix dans les
mises en page de l’enlumineur montrent d’ailleurs
qu’il connaît la peinture de Jean Poyer et, à ce titre,
il se présente lui aussi comme un relai entre ces
deux centres de production d’enluminures. Car le
Livre d’heures à l’usage de Paris s’ajoute aux docu-
ments relatifs à la question des liens établis entre le
milieu tourangeau et celui de la capitale à la fin
du xve siècle. Les miniatures de la Fuite en Égypte
(f. 58v) et de Bethsabée au bain (f. 78v) soulignent la
perméabilité de foyers distincts et éloignés mais
dont les frontières n’ont pas été hermétiques. Là en-
core, depuis 1993, les observations tendent à prou-
ver que la diffusion d’images prisées du milieu tou-
rangeau s’est probablement accompagnée
d’échanges humains36.
eut lieu le 30 mars 1767 ; voir Pierre Remy et Claude-François
Julliot, Catalogue raisonné des tableaux, desseins & estampes, et
autres effets curieux, après le décès de M. de Jullienne, Écuyer,
Chevalier de Saint-Michel, Paris : Vente, 1767 (aucun manuscrit
n’est référencé dans le catalogue de vente).
  4 Ex-libris « De LL. AA. RR. Les Princes d’Espagne » sous les armoi­
ries royales. On peut également lire, tamponnés dans la marge gou-
ttière du feuillet 1v, un premier sceau avec les initiales « F. C. A. »
entourées de l’inscription « Propriété des trois » sous une
­couronne royale et un second sceau, « P.F.C. » entouré du tirso et
de la palme, faisant référence à Fernando, Carlos (María Isidro)
et (Francisco de Paula) Antonio de Bourbon. Sur la lecture des
sceaux de la couronne, voir Antonio L. Bouza, El ex-libris, tratado
general. Su historia en la corona española, Madrid : Patrimonio
Nacional, 1990, notamment p. 115-119 et Fig. 119-120.
  5 Je remercie vivement Mme María Luisa López-Vidriero Abelló
d’avoir apporté des précisions sur ces marques de propriétés.
  6 Courriel de M. François Avril daté du 15 septembre 2015.
  7 Sur l’enlumineur ; voir en dernier lieu Mathieu Deldicque,
« L’enluminure à Paris à la fin du xve siècle : Maître François, le
Maître de Jacques de Besançon et Jacques de Besançon identi-
fiés ? », Revue de l’art, 183, 1 (2014), p. 9-18.
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   8 Sur cette question; voir Paul Durrieu, Un grand enlumineur pa-
risien au XVe siècle : Jacques de Besançon et son œuvre, Paris : H.
Champion, 1892.
  9 Feuillet de la Nativité, Paris, musée du Louvre, Département des
Arts graphiques, RF 29080, décennie 1480 (?) ; voir Les enlumi-
nures du Louvre. Moyen Âge et Renaissance, catalogue raisonné
sous la direction scientifique de François Avril, Nicole Reynaud
et Dominique Cordellier, assistés de Laura Angelucci et Roberta
Serra, Paris : Hazan et Louvre Éditions, 2011, cat. 105, p. 206‑207.
10 Livre d’heures à l’usage de Sarum, New York, Pierpont Morgan
Library, M. 815, entre 1471-1485 ; en ligne sur le site de la Pier-
pont Morgan Library : <http://ica.themorgan.org/manuscript/
thumbs/147111>. De la même collection, voir également le Livre
d’heures, New York, Pierpont Morgan Library, Ms Heineman 5
(Atelier du Maître de Jacques de Besançon ?) : <http://ica.the-
morgan.org/manuscript/thumbs/76991>. Sur les manuscrits
voir John Plummer, assisté de Gregory Clark, The Last Flower­
ing. French Painting in Manuscripts 1420-1530 from American
Collections, New York et Londres : Pierpont Morgan Library et
Oxford University Press, 1982, cat. 90, p. 68-69 et cat. 93, p. 7 ‑72.
11 Psautier, New York, Pierpont Morgan Library, M. 934, vers 1495-
1498, <http://ica.themorgan.org/manuscript/thumbs/77003> ;
voir Plummer, 1982, cat. 91, p. 69-71. Signalons la présence au
feuillet 33v du compartiment formé de demi-fleurs de lis.
12 Le principe d’une scène principale enrichie par des saynètes
dans les marges se retrouve à Paris dès le début du xve siècle,
notamment dans l’atelier du Maître de Boucicaut. Les épisodes
secondaires sont tirés de récits bibliques vernaculaires qui bro-
dent sur la vie du Christ, telles les Méditations sur la vie du
Christ (Pseudo-Bonaventure) ou la Vie du Christ de Ludolphe de
Saxe).
13 Interpolation de la Chronique de Louis XI de Jean de Roye (dite
La Chronique scandaleuse) par Jean Le Clerc, Paris, BnF, Clai-
rambaut 481, vers 1502, enluminée pour Jean de Chabannes,
comte de Dammartin ; sur ce manuscrit, voir Jules Quicherat,
« Un manuscrit interpolé de la Chronique scandaleuse », Biblio-
thèque de l’École des Chartes, XVI (1855), p. 231-279. Sur le
peintre, voir Avril et Reynaud, 1993, p. 274-277.
14 Livre d’heures à l’usage de Rome, New York, Pierpont Morgan
Library, M. 290, f. 15, premier quart du xve siècle ; en ligne sur
le site de la Pierpont Morgan Library : <http://ica.themorgan.
org/manuscript/thumbs/77127>. Sur le manuscrit voir Plum-
mer, 1982, cat. 126, p. 98-99.
15 Livre d’heures à l’usage de Paris, collection particulière, Paris,
Hôtel Drouot, vente Pierre Bergé, 21 novembre 2007, lot 2,
f. 188, saint Michel, vers 1490-1495.
16 Cette scène est déjà représentée dans les Heures de Chrétienne
de France (à l’usage de Rouen) peintes par le Maître de l’Éche-
vinage de Rouen vers 1470-1475 (Paris, bibliothèque de l’Arse-
69
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nal, Ms 562), manuscrit dont le cycle des Heures de la Vierge
diffère également de la norme iconographique habituelle (cou-
rriel de M. François Avril). Sur le manuscrit ; voir Avril et Rey-
naud, 1993, cat. 91, p. 172.
17 Livre d’heures à l’usage de Rome, New York, Pierpont Morgan
Library, M. 7, f. 33, vers 1490-1500 ; en ligne sur le site de la
Pierpont Morgan Library : <http://ica.themorgan.org/manus-
cript/thumbs/76834>. Sur le manuscrit voir Caroline Zöhl,
Jean Pichore : Buchmaler, Graphiker und Verleger in Paris um
1500, Turnhout : Brepols, 2004, p. 47 et 187.
18 Livre d’heures à l’usage de Rome, New York, Pierpont Morgan
Library, M. 12, f. 21, vers 1500 ; en ligne sur le site de la Pierpont
Morgan Library : <http://ica.themorgan.org/manuscript/
thumbs/76842>. Sur le manuscrit voir Roger S. Wieck, Sandra
Hindman et Ariane Bergeron-Foote, Picturing Piety : The Book
of Hours, Paris et Chicago : Les Enluminures, catalogue 13, 2007,
p. 34 et 42.
19 Sur le peintre, voir Avril et Reynaud, 1993, p. 282-285 ; et Zöhl,
2004.
20 Livre d’heures à l’usage de Rome, La Haye, Koninklijke Biblio-
theek, Ms 74 G 22, fin du XVe siècle ; en ligne sur le site Medie-
val Illuminated Manuscripts de La Haye : <http://manuscripts.
kb.nl/search/simple/74+G+22>. sur le manuscrit voir A.S.
­Korteweg, Splendour, Gravity & Emotion. French Medieval Ma-
nuscripts in Dutch Collections, La Haye : Koninklijke Bibliotheek
et Museum Meermanno-Westreenianum, 2004, p. 9, 178, 180,
199-201 et p. 215n90, Fig. 147 et 171.
21 Heures dites de Charles Quint, Madrid, Biblioteca Nacional de
España, Vitr/24/3, f. 116 ; sur le manuscrit voir Anna Muntada
Torroellas et Elisa Varela Rodríguez, Libro de Horas de Carlos V :
Mss. vitr. 24.3 de la Biblioteca Nacional de Madrid, Madrid : Club
Bibliofilo Versol, 1999.
22 Mentionnons également la Crucifixion peinte dans un Livre
d’heures à l’usage de Rome, New York, Pierpont Morgan Libray,
M. 189, vers 1500, f. 76v ; ce manuscrit montrant une Pentecôte
(f. 81) également similaire à celle des Heures du Palacio Real. En
ligne sur le site de la Pierpont Morgan Library : <http://ica.
themorgan.org/manuscript/thumbs/77261>
23 Voir par exemple les trois Livre d’heures à l’usage de Rome, New
York, Pierpont Morgan Library, Ms W. 30, vers 1500-1510, f. 104
(<http://ica.themorgan.org/manuscript/thumbs/182318>) ;
M. 189 (note précédente), f. 81 et M. 12 (note 17), f. 39v, cette
dernière miniature, de style pichoresque, reprenant, sur le man-
teau de l’apôtre vu au premier plan, le pli en zigzag qui s’observe
dans les Heures du Palacio Real et celles de la note suivante
(Chantilly, Ms 72).
24 Livre d’heures à l’usage de Rome aujourd’hui conservé à Chan-
tilly. Musée Condé, Ms 72, f. 48v, Pentecôte, vers 1503. Selon
François Avril, la reproduction du livre d’heures de Chantilly
6/7/16 15:31
 ne permet pas de croire qu’il s’agit de Jean Pichore, mais d’un
artiste parisien plus ou moins contemporain.
25 La Pentecôte du Palacio Real est également très proche de celle
exécutée par un artiste du cercle de Jean Pichore (f. 28) dans un
Livre d’heures à l’usage de Rome conservé à Vienne et, à titre
d’hypothèse, il serait intéressant de regrouper ces deux minia-
tures sous une même main : Livre d’heures à l’usage de Rome,
Vienne, Österreichische Nationalbibliothek (ÖNB), Cod. 1927,
vers 1500 ; sur le manuscrit voir Otto Pächt et Dagmar Thoss,
Die Illuminierten Handschriften der Österreichischen National-
bibliotek, 2, Französische Schule I, Texband, Vienne : Österrei-
chische Akademie der Wissenschaften, 4 volumes, 1974, v. I,
p. 53-81, Fig. 49-57 ; et Französische Schule I, Tafelband, Fig. 145-
161. Dans le même ordre d’idée, le Livre d’heures à l’usage de
Rome passé en vente chez Christie’s, Londres, 6 juin 2007,
lot 7399, présente des caractéristiques stylistiques assez fortes
avec ces deux manuscrits.
26 Livre d’heures à l’usage de Rome, New York, Pierpont Morgan
Library, M. 160, vers 1500-1510 et M. 62, vers 1500, f. 53v. En
ligne sur le site de la Pierpont Morgan Library : <http://ica.
themorgan.org/manuscript/thumbs/77079> et <http://ica.
themorgan.org/manuscript/thumbs/77017>.
27 Heures Briçonnet, Haarlem, Teylers Museum, Ms 78, vers 1485-
1490 et Heures dites de Marie d’Angleterre, Lyon, Bibliothèque
municipale, MS 1558, vers 1500-1505 ; sur les manuscrits, voir
Avril et Reynaud, 1993, cat. 169, p. 308-310 ; et cat. 173,
p. 314‑315.
28 Heures de François de Bourbon-Vendôme, Paris, Bibliothèque de
l’Arsenal, Ms 417, vers 1475-1480, f. 46 avec Le retour de la
Fuite en Égypte ; sur le manuscrit, voir Avril, 2003, cat. 39,
p. 345-349 ; et Tours 1500, Capitale des arts, catalogue d’exposi-
tion rédigé sous la direction de Béatrice de Chancel-Bardelot,
Pascale Charron, Pierre-Gilles Girault et Jean-Marie Guillouët,
Tours : Musée des Beaux-Arts et Paris : Somogy Éditions
d’art, 2012, cat. 60, p. 278-279 (notice de Pascale Charron).
29 Heures de Jean Charpentier, Angers, Bibliothèque municipale, ms.
2048, f. 41 ; sur le manuscrit voir Avril et Reynaud, 1993, cat. 159,
p. 289-290 ; et Tours 1500 …, 2012, cat. 28, p. 150-151 (notice de
70
09_AIB_Gras2101 v5.indd 70
Marc-Édouard Gautier) ; Livre d’heures Ladore, ­ancienne collec-
tion Tenschert, LM 5, f. 97v ; sur le manuscrit voir Mara Hofman,
Jean Poyer, Brepols : Turnhout, p. 18-19 et 172‑174.
30 Thomas Kren, « Looking at Louis XII’s Bathsheba », A master-
piece reconstructed : the Hours of Louis XII by Jean Bourdichon
Thomas Kren et Mark Evans (éd.), Los Angeles : J. Paul Getty
Museum et Londres : Victoria and Albert Museum, 2005,
p. 43‑61.
31 Isabelle Delaunay, « Les Heures d’Écouen du Musée national de
la Renaissance : Échanges entre manuscrits et imprimés autour
de 1500 », Revue du Louvre, 43, 4 (1993), p. 11-24.
32 Avril et Reynaud, 1993, p. 276 et 313.
33 Heures de Denise Poncher, Malibu, Getty Museum, Ms 109, vers
1500 ; sur le manuscrit voir Elizabeth Morrison, « Marriage,
Death, and the Power of Prayer : The Hours of Denise Poncher »,
Getty Research Journal, 6 (2014), p. 143-150 et fig. 1-5. Les études
récentes montrent que de plus en plus de manuscrits peuvent
être cités dans ces collaborations entre enlumineurs parisiens ;
voir, à titre d’exemples, Avril et Reynaud, 1993, cat. 150, p. 276 ;
Élisabeth Taburet-Delahaye, Geneviève Bresc-Bautier et Thierry
Crépin-Leblond, France 1500, entre Moyen Age et Renaissance,
2010, catalogue d’exposition, Paris, Galeries nationales, Grand
Palais, 6 octobre 2010 - 10 janvier 2011, Paris : Réunion des
Musées Nationaux, cat. 105 et 106, p. 232 et 235 et p. 275-276.
34 Sur cette famille d’enlumineurs dénommés les Maître de Jean
Rolin, Maître François et Maître de Jacques de Besançon et ré-
cemment identifiés à la famille Barbier ; voir en dernier lieu
Deldicque, 2014.
35 Le couronnement d’Anne de Bretagne en 1504 (André de la
­Vigne), Waddesdon Manor, Ms. 22.
36 Voir les observations formulées dans les catalogues des exposi-
tions France 1500 (cat. 105 à 112, p. 232-241) et Tours 1500 (voir
p. 130-131 et 285 et cat. 65, p. 286 ; cat. 80, p. 319 ; cat. 81, p. 320 ;
cat. 95, p. 340-341 ; cat. 99, p. 348-349 ; et cat. 100, p. 350-351).
Mentionnons également le Livre d’heures à l’usage de Rome,
collection particulière (Galerie les Enluminures, 2007, cat. 13,
lot 2), enluminé par le Maître de Jacques de Besançon et des
suiveurs de Jean Bourdichon et Jean Poyer.
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