Professional Documents
Culture Documents
Imaginez que vous soyez invité à manger chez votre belle famille, et votre belle
mère a consacré énormément de temps et d’efforts à cuisiner. Seulement voilà,
le gigot est à peine mangeable, et quand à la purée de pommes de terre, elle a à
peu près autant de goût qu’un morceau de platique. Alors que vous vous
réjouissez intérieurement d’être venu à bout de votre assiette, la piteuse
cuisinière vous demande : Vous en reprendrez bien un peu, mon petit Jean-
Louis ? (en plus, elle ne se rappelle même pas votre prénom).
Qu’allez vous lui répondre ? Non, merci, mais c’était infect, j’ai eu l’impression
de mastiquer du pneu. Je mangerai mieux ce soir. Ok, ça serait peut-être jouissif,
mais je pense que vous préférerez vous abstenir si vous souhaitez conserver de
bonnes relations avec votre partenaire. En fait, il est probable que vous
répondiez quelque chose comme Je vous remercie, c’était trés bon, mais je n’ai
plus faim.
Vous rappelez vous de la dernière fois que vous avez menti ? Même un tout petit
mensonge ? En fait, si vous y réfléchissez bien, votre dernière entorse à la vérité
ne date sans doute pas de si longtemps. Il n’y a pas à en avoir honte. Il faut
savoir que le mensonge est couramment utilisé dans la vie de tous les jours, car
il permet de mettre de l’huile dans les rouages sociaux. Je dirai même plus, le
mensonge est un ingrédient nécessaire à la vie en communauté.
La plupart des gens n’aiment pas se voir asséner une vérité brutale et
potentiellement blessante. C’est pourquoi la plupart des boniments que l’on
débite sont des pieux mensonges, destinés à ménager les susceptibilités, à ne pas
froisser les orgueils, à ne pas insulter ni offenser. Ces mensonges sont commis
pour la bonne cause, et font plus de bien que de mal.
Malheureusement, il y a également les mensonges malveillants, destinés à servir
l’intérêt de celui qui les profère. Duperies, escroqueries, arnaques, supercherie,
etc. appartiennent à cette catégorie. Ceux-là, il serait intéressant de savoir les
détecter pour s’en protéger.
Comment savoir si l’on vous ment ? Si vos enfants vous racontent des bobards ?
Si le type qui essaye de vous vendre sa voiture vous cache un défaut dans le
moteur ? Et bien ça alors, mais quelle coincidence (Saperlipopette, dirais-je) !
C’est justement ce dont je vais parler maintenant (la vie fait bien les choses) !
Il faut savoir que mentir n’est pas un acte anodin. En général, proférer un
mensonge provoque un certain malaise, voire du remord, et s’accompagne par
conséquent de signaux corporels caractéristiques plus ou moins prononcés selon
l’importance du mensonge, et l’entraînement du menteur. Pas besoin d’être un
détecteur de mensonge pour reconnaitre ceux qui “ne savent pas mentir”.
S’il est facile de contrôler ses paroles, par exemple en répétant son texte à
l’avance, il est plus complexe de maîtriser son langage corporel. Par conséquent,
les signaux de tromperie sont à rechercher dans le langage du corps, sur le
visage, dans les mouvements des mains et des pieds.
Avez vous déjà vu un enfant mentir ? Alors vous avez sûrement remarqué
qu’il était trés mauvais menteur, et facilement repérable. Les enfants qui
mentent ont souvent le réflexe de plaquer maladroitement la main sur la
bouche, et c’est un geste bien trop évident pour être crédible.
Les autres gestes d’autocontact utilisés par les menteurs, quoique moins
fréquemment, sont la main qui caresse le menton, qui passe dans les
cheveux, qui frotte la joue, et qui caresse l’oreille.
Les mains peuvent également être révélatrice d’un état de tension interne,
lorsqu’elles jouent avec un trousseau de clé dans un poche, ou lorsqu’elles
présentent une activité fébrile.
Ensuite, vous devez vous même être dans de bonnes conditions pour décrypter
sa gestuelle. Vous imaginez bien qu’on pourra vous raconter le plus grossier
mensonge en arborant les gesticulation les plus visibles, il y a peu de chances
que vous vous rendiez compte de quoi que ce soit si vous écoutez d’une oreille
distraite tout en regardant la télé (tiens, encore une raison de la balancer
(http://www.palsambleu.fr/2007/02/07/bazardez-vos-televiseurs/ )). Soyez disponible et attentif, en ayant
une vue globale sur le corps de votre interlocuteur. Ainsi, vous augmenterez vos
chances de repérer des signaux parasites.
Selon les cas, le discours du menteur sera plus ou moins bien préparé. Par
exemple, un mensonge complètement improvisé contiendra de nombreuses
lacunes, de la redondance, des oublis, des contradictions, etc. En revanche, un
mensonge longuement répété sera beaucoup plus crédible, et il vous faudra
parfois beaucoup de jugeotte pour démasquer la supercherie.
Sachez également repérer les explications trop préparées. Les menteurs ont
tendance à débiter tout le discours qu’ils avaient préparé sans même qu’on leur
ait rien demandé. Si votre conjoint se lance dans une longue diatribe pour
justifier un retard de quelques minutes, gardez-le à l’oeil.
Pour en profiter, demandez lui mine de rien de répéter une phrase qu’il a
prononcé quelques secondes avant. Vous pouvez par exemple jouer à
l’étourdi qui a oublié un détail “Attends, pardonne-moi, tu as bien dit à
l’instant que … ? Non, pour rien, c’était pour être sûr d’avoir bien
compris.”
Bien sûr, vous savez trés bien que Robert n’a pas appelé, simplement,
vous mettez le menteur dans l’embarras. Il va s’apercevoir qu’il a commis
une bourde, et s’empêtrera sûrement dans des explications tordues pour
expliquer l’incohérence de ses propos.
Quoi qu’il en soit, ne soyez jamais agressif et ne montrez jamais vos soupçons.
Le cas échéant, vous donneriez un prétexte au menteur pour couper court à la
conversation et vous accuser de jalousie, ou d’être “toujours sur son dos”. De
plus, imaginez que vous vous trompiez, et que votre interlocuteur soit de bonne
foi. Votre comportement soupçonneux pourrait être trés mal reçu.
Enfin, et ceci est un point trés important : prenez bien garde à ne pas sombrer
dans la paranoïa. Etre accusé de mensonge est quelque chose de trés blessant
lorsque l’on est sincère, et si vous passez votre temps à harceler vos
connaissances en doutant de leur sincérité, vous n’allez pas arranger votre vie
sociale.
Cet article n’est qu’un outil, et les connaissances qu’il contient ne doivent servir
qu’occasionnellement. En général, et sauf si vous avez de bonnes raisons, partez
du principe que votre interlocuteur est sincère. Dans le cas contraire, vous allez
interpréter chaque mouvement anodin comme un signal de tromperie et réagir, à
tort, en conséquence.
SOURCE/AUTEUR : http://www.palsambleu.fr/detecter-le-mensonge/
février 2009