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Mémoire
Présenté pour l’obtention du diplôme de
MAGISTÈRE
Spécialité : Français
Option : Sciences du langage
Thème
Langues
et
Marché du Travail en Algérie
cas de la SONELGAZ
Directeur de recherche
Dr Salah KHENNOUR
Á mes frères
Á mes sœurs
Monsieur BENSACI Mohamed Othman, Chef service formation, pour son aide précieuse, sa
générosité, et sa disponibilité.
Monsieur BADOUI Abdelwahaab, directeur de l’école Premier Novembre, pour son soutien,
son encouragement et surtout pour sa patience.
Amel, l’amie qui m’a soutenu et encouragé, j’ai bénéficié de son aide généreuse et de son
savoir. Merci.
Je ne saurais oublier de remercier Ishaak et la petite Maroi, qui n’ont épargné aucun effort
pour la saisie de ce mémoire, surtout aux derniers moments, les plus durs de ce travail.
Résumé
Cette recherche se propose d’étudier le rapport entre langues et marché du travail en Algérie. Nous avons
interrogé le concept de la langue du travail partant de l’entreprise de la SONELGAZ.
Notre propos a été de mettre en relation deux notions distincts l’un appartenant au champ linguistique, l’autre à
celui de l’économie.
Le premier chapitre articule la langue et le travail. Le deuxième chapitre, à caractère purement économique,
analyse la situation du marché du travail algérien. Le troisième chapitre, de sa part, traite la politique linguistique
dans les entreprises algériennes. Enfin, le quatrième et le dernier chapitre propose une enquête , par observation
et entretiens semis- directifs, sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ, il vise à déterminer la langue du
travail et les critères qui président dans le choix de cette langue, ainsi que le rôle et l’influence de cette dernière
sur le marché du travail en Algérie.
Les résultats obtenus montrent que les choix linguistiques dans les entreprises économiques algériennes ne sont
pas formalisés, ni centralisés. Cependant, le français domine le marché du travail et reste la principale langue du
travail dans le secteur de l’économie.
L’étude révèle aussi, comment la langue devient un élément central dans le maintien d’un emploi.
Mots- clefs : Langue, marché du travail, politique linguistique, entreprise, économie, travail.
Summary
This research will examine the relationship between language and labour market in Algeria. We questioned the
concept of language work of the company SONELGAZ.
Our intention was to link two separate concept one belonging to linguistic field, other than the economy.
The first chapter articulates language and work. The second chapter, purely economic analysis of the labour
market situation in Algeria.
The third chapter, on its part, treats the language policy in the Algerian enterprises. Finally, the fourth and last
chapter provides an investigation by observation and interviews seeding policy on the linguistic practices
SONELGAZ, it aims to determine the language of work and the criterias governing the choice of this language
and the role and infact of This finaly on the labour market in Algeria.
The results show that the language choices in our economic enterprises are not formalized , not centralized.
However, the french dominates the labour market and remains the main language of work in a sector of the
economy. The study also reveals that language becomes a central element in maintaining a job.
Key words: Language, labour market, language policy, enterprise, economy, work.
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TABLE DES MATIERES
Introduction générale :
L’Algérie traverse depuis 1990 à ce jour, une phase de transition et connaît des
mutations qui influencent les différents domaines et niveaux de la vie.
Elle doit, donc, faire face aux nouvelles situations générées par le changement lié aux
transformations, économiques, technologiques et organisationnelles.
L’adaptation à ces nouvelles logiques pose de sérieux problème dans les différents
domaines, notamment les domaines culturels et linguistiques.
La question linguistique est de nos jours l’un des principaux enjeux mondiaux, elle
demeure centrale dans la mesure où elle renvoie à des problèmes essentiels qui touchent
aux différents domaines de la vie, à savoir les domaines : politiques, économiques et
sociaux auxquels l’Algérie doit faire face.
Dans un tel contexte, et face à ces mutations mondiales qui ont influencé
l’environnement interne et externe de l’individu, nous nous sommes intéressés à
l’environnement externe de l’individu et avons pris comme exemple le travail, en tant
que situation sociale au sein de laquelle une question primordiale nous préoccupe: la
langue du travail.
1
Introduction générale
Une première est d’origine personnelle; celle d’une chercheuse d’emploi en découvrant
que trouver un poste de travail est tributaire de la maîtrise de plusieurs langues.
Une deuxième réside dans la nécessité de faire une étude peu habituelle et d’actualité.
En effet, l’usage de la langue dans les sciences et les institutions est souvent abordé, par
contre son usage en rapport avec le travail est rare.
La troisième motivation, c’est pour combler un manque. Si les études allant dans ce
sens ne sont pas nombreuses, en général, elles sont quasi inexistantes en Algérie, le fait
qu’aucune recherche de ce type, à notre connaissance, n’est réalisée en Algérie, tout
champ de recherche est au départ peu exploré.
Ces différentes raisons nous ont paru suffisantes, en premier lieu, pour fonder une
problématique.
C’est pourquoi, a nous constaté que la langue, en tant que telle, peut influencer certains
variables au travail comme l’employabilité ou la rémunération et, à ce titre, le marché
du travail est directement concerné.
Si nous prenons la situation de l’Algérie, cette question peut engendrer des enjeux et des
problèmes, car la situation linguistique dans ce pays se caractérise par sa richesse et sa
2
Introduction générale
Dans le cadre de notre mémoire, nous allons évoquer la situation de l’Algérie. Dès lors,
notre préoccupation est d’une part de déterminer la langue du travail et les critères qui
président dans le choix de cette langue et voir si le choix de cette langue est en
adéquation avec la politique linguistique algérienne ou obéit-il à d’autres critères
économiques, politiques et sociaux ? D’autre part, s’interroger sur l’influence et le rôle
de cette langue sur le marché du travail en Algérie.
Dans le cadre de cette recherche, la langue du travail constitue le fil conducteur des
autres thèmes fondamentaux. Alors, les comportements langagiers des travailleurs dans
les milieux de travail permettent de nous éclairer sur la manière dont se fait le choix et
la gestion des langues dans les situations du travail, notamment dans les entreprises.
1-Le français reste la langue du travail dans le secteur économique en Algérie y compris
à la SONELGAZ.
3
Introduction générale
documentation riche qui traite cette question sur le plan théorique. En parallèle nous
établirons une enquête de terrain, en nous appuyant sur la méthode « éthno-
sociolinguistique »1 de Philippe BLANCHET. Il s’agit, en effet, d’une enquête
hypothético déductive qualitative basée sur l’observation, celle-ci reste la méthode la
plus efficace pour prendre conscience de la réalité effective du terrain.
Notre deuxième instrument de recherche est l’entretien semi-directif, c’est un outil qui
permet de collecter des informations efficaces en relation avec le thème de recherche.
Pour notre cas, il s’agit d’une série de questions auprès des responsables concernés par
la langue et la prise de décision au niveau d’une entreprise.
En tenant de répondre à notre problématique, nous avons jugé utile de répartir notre
travail en quatre chapitres.
Notre étude serait incomplète si nous n’aborderions pas, dans le quatrième chapitre une
étude de terrain à savoir une «Enquête sur les pratiques linguistiques à la
SONELGAZ».
1
BLANCHET PH, La linguistique de terrain, (Méthode et théorie une approche éthno-
sociolinguistique), édition PUR, Paris, 2000, p. 22.
4
Introduction générale
Cette dernière partie fera ressortir un grand intérêt à notre étude, celui de déceler les
principaux déterminants du choix linguistique qui prévaut actuellement dans l’entreprise
algérienne.
Après l’analyse des résultats obtenus, nous avons tissé quelques pistes de réflexion afin
d’élargir la recherche. Notre conclusion sera suivie d’une annexe qui contient notre
corpus et quelques documents supplémentaires.
5
Chapitre 1 langue et travail
Introduction
Notre recherche se situe dans le cadre des études qui portent sur la variation
sociolinguistique et plus particulièrement sur la politique linguistique algérienne vis- à
vis du monde de travail.
A cet effet, il conviendrait dans ce premier chapitre de bien définir les concepts et les
bases théoriques de notre thème de recherche
Dans ce chapitre intitulé "langue et travail", nous allons, dans un premier temps, décrire
le langage en situation de travail, en nous appuyons sur des recherches menées dans le
réseau «langage et travail»1
Finalement, nous clôturons le chapitre par une analyse des enjeux économiques de la
langue.
Qu'il s'agisse d'un service public ou privé, toute organisation professionnelle est
réalisée à différents niveaux, et constituée d'une façon ou d'une autre d'un ordre
hiérarchique et d'une forme d'enchaînement et de coordination.
Cette hiérarchie, entreprend des relations humaines et professionnelles assurées par des
communications grâce à un outil qui est la langue. D’ailleurs, l’information
représente une matière première et devient de plus un outil stratégique. En effet,
1
Le réseau pluridisciplinaire «Langage &Travail» a été créé en 1986. Son domaine de réflexion et de
recherche est les pratiques langagières en situation de travail, les communications orales et écrites, le
langage envisagé comme activité.
IL s’agit d’une composition interdisciplinaire qui conjoint sciences du travail et sciences du langage :
sociolinguistes, sociologues, psychologues, ergonomes, chercheurs en communication et en sciences de
la gestion, site : www.langage.travail.crg.polytechnique.fr/projet.htm - 20k
6
Chapitre 1 langue et travail
l’efficacité d’une organisation repose sur son système de communication grâce auquel
elle informe ses membres et s’informe. 1
Or, «communiquer dans le travail est une activité complexe, riche de sens, qui met en
jeu des rapports de connaissances, des identités professionnelles, des valeurs, des
modes sociaux et des langages»2.
En effet, au travail le langage n’est pas un simple véhicule des messages, il est l'une
des ressources indispensables pour la collaboration interne et la coordination de l'action
voire un outil l'exécution des tâches.
En se basant sur des références théoriques, nous tenterons dans ce chapitre d'analyser la
communication écrite et orale dans les situations du travail et d'étudier le rôle et le
statut du langage dans le travail.
Tant de choses ont été dites et écrites sur le caractère primordial d'un système efficace
de communication au sein des organisations.
1
CHALLE O, Enseigner le français de spécialité, Economica, Paris, 2002, p.113.
2
LACOSTE M, « Peut – on travailler sans communiquer », in BORZEIX Annis,
FRAENKEL
Beatrice, (Coord.), langage et travail (communication, cognition, action), CNRS
éditions, Paris, 2001, p.22.
3
GELLERMAN S.W. Les relations humaines dans la vie de l’entreprise, Organisation, Paris, 1967, P.
79.
7
Chapitre 1 langue et travail
Il convient également de mentionner que, ces dernières années le champ des relations
entre travail et communication a été considérablement renouvelé. En effet, plusieurs
chercheurs dans ce domaine notamment ceux qui sont issus du réseau « langage et
travail » s'interrogent sur cette double relation: comment la communication influence-
t-elle les situations du travail et comment les situations du travail agissent-elles comme
contraintes ou ressources de la communication?
Les nouvelles recherches affirment que
«La communication est indispensable à la réalisation de l'ensemble des
activités du travail, à la construction d'une activité collective, à la recherche
des compromis. En général à l'organisation globale du travail (aménagement
des horaires, des règles, des réunions, des outil……)1
Ceci nous amène à dire, qu'on ne peut guère travailler sans une vie sociale et collective.
Nous conclurons de cette brève analyse que la communication peut être un indicateur
de l’activité du travail. Mais est-ce que l'inverse est juste, c'est-à-dire, est-ce que le
travail peut- il éclairer des réflexions concernant la communication ?
L'observation du champ du travail, nous amène à confirmer que celui-ci donne une
grande importance aux interactions quotidiennes, En effet, la conception
«interactionniste»2 a été largement développée par les spécialistes de ce domaine.
Pour cette raison, le travail est un bon exemple des liens entre communication et
activité, il mêle souvent des activités matérielles comme le geste et le toucher à la
parole. Ainsi pour l'explication et la résolution de certains problèmes, on fait appel au
langage, donc à la communication qui participe de sa part à la construction et à la
transmission des connaissances, et par conséquent, le travail est un lieu favorable pour
étudier les liens entre communication et cognition.
1
LACOSTE M, Op. Cit, p. 50.
2
Pour comprendre cette notion, consulter, DE NUCHEZE V et CALLETTA J- M, guide terminologique
pour l’analyse des discours (Lexique des approches pragmatiques du langage), Peter Lang Bern, 2002,
p. 66.
8
Chapitre 1 langue et travail
Enfin, nous pouvons en résumé, conclure que le monde du travail demeure le lieu
privilégié pour la compréhension de la communication et pour l'application de ses
dimensions technique, sociale, cognitive et symbolique.
Une autre fonction nous paraît capitale, celle de la dimension collective et sociale de la
communication.
En effet, la communication garantit la transmission des connaissances d'une équipe à
une autre, d'une personne à une autre voire d'une génération à une autre, elle est
fondamentale pour la circulation des consignes, des ordres, des instructions et des
1
LACOSTE M, Op. Cit, p. 53.
2
Idem, p. 23.
9
Chapitre 1 langue et travail
Par ailleurs, toute communication exige un langage, celui-ci est mobilisé pour la
compréhension des savoirs, la résolution des problèmes, ainsi que la prise des
décisions.
1-1-1-1-L'écrit au travail
De même, il a distingué deux types de documents: ceux qui sont destinés au public
(grand public, associés, clients, les insertions publicitaires, les petites annonces
d'emploi, le livret d'accueil) et ceux qui sont destinés à un usage interne2 (documents
de gestion, règlement intérieur, circulaire, fiches, tableaux d'affichage, note de service,
périodiques internes)
Á ce titre, il est à souligner que ces dernières années on s'est intéressé à l'écrit. Il est
devenu l'objet d'étude privilégié, ceci revient bien entendu à son rôle fondamental dans
1
FRAENKEL B « La résistible ascension de l’écrit sur le travail », in BORZEIX A, FRAENKEL B
(Coord), Op. Cit, p. 113.
2
Sur ce thème de la communication interne et externe dans le travail, voir BEAUDICHON J, La
communication, Armand Colin, Paris, pp. 140 - 155.
10
Chapitre 1 langue et travail
Les échanges verbaux en situation de travail ont été étudiés selon plusieurs points de
vue.
De son coté, la linguistique grâce à la théorie des« actes de langage» souligne le fait
que le langage outre ses fonctions d'expression de la pensée, avait aussi le pouvoir de
changer la réalité externe. Donc, le langage participe intrinsèquement à l'activité.
1
FRAENKEL B, Op. Cit, p. 125
2
LEHNISCH J- p, La communication en entreprise [1985], PU F, Que sais- Je, Paris, 5°Ed, 2003, p. 67.
11
Chapitre 1 langue et travail
En effet, certains activités de travail font appel à des activités langagières, où le langage
serait au cœur de ces tâches, à ce sens on parle des «échanges opérationnels » qui sont
des échanges dépendants de l'action, matériel. En générale ces échanges comportent des
instructions, des requêtes, des évaluatifs; c'est le cas par exemple de l'entretien d'une
infirmière à un malade.
-Il est extrêmement important de dire que toute organisation du travail est en fait un
corps complexe dont chaque élément exerce une influence plus ou moins directe et
subtile sur tout les autres.
-Le travail est un lieu de vie et de communication interculturelle, bien entendu, dans les
milieux de travail se rencontrent des personnes appartenant à des cultures différentes,
ce qui influe sur le système interne de communication.
-La communication dans l'entreprise a aussi bien une finalité sociale qu'une finalité
économique, en effet, selon la conception Japonaise «Mieux on communique et plus la
décision sera correctement et efficacement appliquée »2
1
GROSJEAN M, « Verbal et non verbal dans le langage au travail » in, BORZEIX A, FRAENKEL B
(Coord), Op, Cit, p. 149.
2
LEHNISCH j P, Op. Cit, p. 122.
12
Chapitre 1 langue et travail
Depuis une dizaine d'années, l'évolution des modes de production et la nature des biens
produits, ainsi que l'informatisation et l'automatisation ont transformé la nature du
travail, bien entendu, on donne beaucoup d'intérêt à l'homme, à son intervention au
travail, à son activité intellectuelle, son intelligence et par conséquence à sa pensé et à
son langage. En effet, ces dernières années le statut du langage au travail a trop
changé. Le langage est devenu un instrument important de travail, ceci fait émerger un
ensemble d'interrogations sur l'usage de ce langage au travail, sur l'intérêt de sa
reconnaissance à l'analyse de travail ainsi que sur les effets et les incidences de cette
reconnaissance sur les pratiques professionnelles des salariés et le monde de travail
notamment le système de production et de l'emploi. 2
Pour cela, tenter de définir le langage au travail n'est guère aisé; nous sommes en face
d’une notion complexe qui varie selon les différentes acceptions.
«Une fonction caractéristique de l'espèce humain qui réside dans sa faculté innée de
communiquer. Le langage détermine les conditions d'existence de la langue »3.
Alors, il est important d'avoir à l'esprit le sens du langage au travail selon différentes
perspectives, cela nous amènera à opérer un choix et à limiter le champ dans lequel
nous traiterons cette notion.
Pour notre part, nous voulons étudier la dimension langagière au travail dans une
perspective purement sociologique. De ce fait, nous analyserons les pratiques
langagières en situation de travail telles que les entreprises et ce, afin d'identifier la
1
Le titre de ce sous titre est directement inspiré de l’article de BOUTTET , « Activité de langage et
activité de travail », Mulitudes WEB, 1993, http//multiudes.Samiz dat.net/spip.php?article639.
2
Réseau « Langage & travail », Op.Cit.
3
NEVEU F, Dictionnaire des sciences du langage, Armand Colin, Paris, 2004, p. 173.
13
Chapitre 1 langue et travail
Par ailleurs, nous pensons que chaque acception du langage au travail renvoie à un
champ d'étude particulier et nous pouvons designer la dimension langagière des
activités de travail de plusieurs façons selon la référence disciplinaire privilégiée ; les
sociologues parlent d' «l'interaction verbale», les ergonomes « verbalisation», les
sociolinguistes «pratiques langagières», les pragmaticiens d'«acte de langage» et bien
entendu «la communication» comme point commun pour toutes les disciplines1.
Bref', nous pouvons admettre avec BORZEIX (2001) une seule définition à ce langage
qui dit, qui accompagne ou qui accomplit l'activité c'est bien « la part langagière du
travail»2
Cette réflexion de «la part langagière du travail » a été explorée par des chercheurs
issus de disciplines différentes: sociologues (BORZEIX, ZARIFAN), spécialistes des
sciences de la gestion comme GRIN; spécialistes des sciences de la communication
(FRAENKEL PENE et LACOSTE), spécialistes en psychologie du travail comme
GROSJEAN, ergonomes comme GARRIGOU, philosophes comme Joseph
SCHAWARTZ et bien entendu linguistes comme BOUTET, GARDIN et FAITA.
Ces chercheurs ont mis en place un réseau pluridisciplinaire: «langage et travail» et ce,
afin de mettre l'accent sur les relations entre travail et langage, entre l'analyse de
l'activité et le langage au travail.
1
BOREZEIX A, «Le travail et sa sociologie à l’épreuve du langage», In BORZEIX A, FERAENKEL B
(Coord), Op. Cit, p. 57.
2
Idem.
14
Chapitre 1 langue et travail
«Elle comprend le langage des mots, écrits ou oraux, ces énoncés qui font, qui
disent, qui réalisent le travail ou qui servent à le prescrire, à le formaliser, le
formater. Elle inclut aussi et par extension, le langage des corps, des gestes,
de la voix, des mimiques»1
IL ressort de cette définition que, l'acception du langage au travail est étroitement liée
à l'usage de celui-ci, et à la spécificité des règles et des méthodes que nous devons
adopter pour l'examiner.
Cette acception du langage partage une autre acception celle du travail. En effet le
réseau «langage et travail » analyse le travail de la manière suivante :
En tant qu'activité humaine, quel que soit son statut (publique ou privé, permanent ou
précaire, rémunéré ou pas), son secteur (agricole, industriel, artisanal), son niveau
hiérarchique (directeur, opérateur, manager) et quel que soit la nature de la tâche et le
métier correspondant (exécuter, encadrer, vendre, soigner, enseigner)
Précisons enfin, que notre ambition à l'instar du réseau «langage et travail» est
l'articulation entre les sciences du langage et les sciences sociales du travail. Cependant,
notre travail n'a pas pour objectif de ressasser des notions que les chercheurs ont
largement explicité, mais nous estimions nécessaire de contribuer à cette nouvelle
réflexion par une étude à la fois théorique et empirique sur le fonctionnement de la
langue sur le marché algérien du travail
Comme il a été déjà dit, un point qui nous paraît capital, c'est celui de déploiement du
langage dans l'ensemble de ses dimensions anthropologiques: instrumental, cognitive et
social, ce que nous allons essayer d'expliquer dans le sous-titre qui suit.
1
Ibid, p. 68.
15
Chapitre 1 langue et travail
Nous précisons avec BOUTET1 les différentes dimensions langagières qui peuvent se
manifester en situation du travail:
Dans toutes les activités du travail, le langage est considéré comme un véhicule et outil
de communication servant à transporter des messages au moyen d'un code commun qui
est la langue. Notons toutefois que, ces dernières années cette conception du langage a
été remise en cause et ce, pour plusieurs raisons :
-Parce qu il ignore l'implicite, le non dit le malentendu, l'interprétation,
l'incompréhension.
-Il ignore aussi les circonstances de l'émission et les conditions de la réception.
Désigne le fait que parler, mettre en mots sert aussi à penser, à organiser pour soi et
pour autrui des connaissances et de savoirs, dans ce contexte, on peut aussi évoquer la
notion de la «verbalisation au travail» ; c'est une approche très sollicitée aujourd'hui,
elle rend compte de l'engagement des sujets dans leurs paroles, sa forme privilégiée est
le raisonnement, la discussion, la résolution des problèmes, l'élaboration des normes et
des procédures.
La dimension sociale
1
BOUTET J et GARDIN B, «Une linguistique du travail », in BORZEIX A, FRAENKEL B (Coord),
Op. Cit, p. 103.
2
KERBARAT-ORECCHIONI C, Les actes de langage dans le discours (Théorie et fonctionnement),
Mitterrand H (sous dir), Nathan, Paris, 2001, p. 161.
16
Chapitre 1 langue et travail
Au terme de cette analyse sur l'activité du langage au travail, nous tenons à dire que
définir la pratique langagière au travail n'est pas chose aisée, elle suscite des enjeux et
des contraintes. D'abord la langue est 'imposée comme «un système arbitraire»2 et
extérieur aux sujets. Ensuite dire et exprimer le travail à autrui n'est nullement facile,
et encore plus sur un réfèrent qui génère peu de discours.
Nous avons affirmé précédemment que les langues jouent un rôle primordial dans le
travail. Bien entendu elles participent ainsi intrinsèquement à la réalisation de
l'ensemble de ses activités.
Cependant, malgré leur égalité les langues n'exercent pas les mêmes fonctions sociales
culturelles, communicationnelles et économiques.
« L'anglais est la première langue étrangère dans tous les systèmes éducatifs
et de manière générale, dans toute communication internationale non
3
seulement en Europe, mais dans le monde entier » .
Cette forte présence de l'anglais comme langue mondialement dominante oblige donc
1
BOUTET J et GARDIN B, Op.Cit.
2
DE SAUSSURE F, Cours de linguistique générale (Essai, Ouvrage Présenté par Dalila MORSLY),
Enag éditions, Alger, 1990, p. 110.
3
BREIDBACH, S, Le plurilinguisme, la citoyenneté démocratique en Europe et le rôle de l’anglais,
Conseil de l’Europe, Strasbourg, 2003, p. 19, www.coe.int/lang/fr.
17
Chapitre 1 langue et travail
De nos jours, on parle beaucoup de plurilinguisme ; ce sujet jouit d'un grand intérêt
pour le Conseil de l'Europe.
«Une pratique sociale (utilisation des deux langues dans un même espace
géographique), une compétence individuelle (maîtrise de deux langues différentes), ou
une démarche pédagogique (enseignement des disciplines différentes)». Ainsi, ce terme
renvoie à la « connaissance de plusieurs langues par un individu »1.
1
GOULIER F « Qu’entend- on par plurilinguisme ?» Les langues modernes, n° 618, 16 décembre 2006,
www.aplv-languesmodernes.org/.
2
BREIDBACH S, Op. Cit.
Idem, p. 8.
18
Chapitre 1 langue et travail
Le contexte opérationnel mentionné dans cette définition nous conduit vers un autre
champ où cette définition peut avoir lieu, c'est celui du domaine de travail, et plus
particulièrement des entreprises.
Plurilinguisme et entreprise
A ce sens, une croyance en une langue universelle fondée sur un principe d'économie,
se propose en «réduisant la diversité des variétés linguistiques, et en cherchant une
langue humaine unique par la quelle les deux partenaires se comprennent et aucun
malentendu n'aura lieu (ainsi l'anglais)»2. Au même temps, on ne peut pas nier, la
nécessité comme le souligne MOREAU (1997) 3d’«une grande tolérance vis-à-vis des
variations linguistiques»
1
LORENZA M, « Plurilinguisme au travail » Babylonia, n° 4, 21 Mars 2005,
www.babylonia.ti.ch/babyuo4mondadafr.htm.
2
BEACCO J.C, « Les idiologies linguistiques et plurilinguistiques », Le français dans le monde, n° 314,
Mars- Avril 2001, www.fdm.org/fle/article.
3
MOREAU M, Sociolinguistique: les concepts de base, collection Psychologie et sciences humaines,
Bruxelles: P. Mardaga, 1997, p. 132.
19
Chapitre 1 langue et travail
Pour ce faire, et pour traiter une telle problématique, il est nécessaire de suivre une
approche basée sur l'observation des activités quotidiennes des professionnels, des
experts et des partenaires au travail, comme dans le cas des réunions, des appels
téléphoniques, des échanges etc.
Et c'est pour ces raisons, les entreprises s'attachent à favoriser le plurilinguisme pour les
échanges au sein de leurs sociétés.
1
Observatoire Européenne du Plurilinguisme, un rapport officiel conclut à la nécessité économique du
plurilinguisme29-05-2007, http//plurilinguisme. Europ-avenir.com, la synthèse de l’étude est disponible
sur : http://ec.europa.eu/education/policies/lang/key/sudies.en.html.
2
Pour comprendre cette notion, consulter, DE NUCHEZE V et CALLETA J. M, Op. Cit., p. 197.
3
LORENZA M, Op. Cit.
4
Secrétariat de la politique linguistique, www.spl.gouv.qc.ca/secétariat/d_diversité lingustique-
AQEFLS.html
20
Chapitre 1 langue et travail
« Les pays dont le PNB est élevé sont le plus souvent monolingues cependant,
le PNB est moins élevé dans les pays multilingues comme ceux du tiers-
monde qui se caractérisent généralement par: la nom utilisation de la langue
standard, la multiplicité des dialectes et la variation sociolinguistique
(classes pauvre, classes riche….)»2.
Cette diversité linguistique au sein des entreprises, nous conduit à évoquer une autre
forme de diversité qui se manifeste à l'intérieure d'une même langue, celle de variation
linguistique.
1
BRIEN O, 1979, p. 83 cité par COULMAS F, « Langage and économie », 1992, trad de AWAAD, A
د6 Uوا ا «
ا R T», n° : 263, Novembre 2000, p. 146.
http://www.kenanaonline.com/mokharat/64175. (Traduction au français effectuée par nous)
2
Moreau M, Op. Cit, p. 133.
3
Voir supra Ch3.
21
Chapitre 1 langue et travail
« Toute langue vivante est une langue qui varie, dans le temps, selon la
région et aussi en fonction des conditions de la vie et des caractéristiques
sociales (âge, sexe catégorie sociale, réseau…..) De ses locuteurs et de celle
de ses interlocuteurs ainsi que la situation de communication»2
Ceci ne nous empêche pas de passer en revue les deux autres types.
1
GUY DUMAS M, La langue française en usage au Québec : un exemple éléquent de la diversité
linguistique, www.spl.gouv.qc/29 Avril 2005.
2
Idem.
3 GADET F, La variation linguistique norme / variation , in YAGUELBO M. «Grand livre de la langue
française», Seuil, Paris 2003, pp. 90-152, cité in variation linguistique.
www.unibg.it/dati/corsi/3039/18646-La%20variation%20linguistique.pdf -
22
Chapitre 1 langue et travail
En plus:
- sociolecte: variation liée à la position sociale.
- technolecte: variation liée à la profession ou à une spécialisation
• Variation diaphasique: ou situationnelle ou stylistique ou encore variation
individuelle. Une même personne quelle que soit son origine sociale, parle
différemment selon la situation de communication (contexte de communication, âge du
locuteur, support écrit ou orale….)
A ce stade, on ajoute les différents registres:
- registre soutenu (ou encore soigné, recherché, élaboré, …)
- registre standard (ou encore courant, commun, usuel …)
-registre familier (ou encore relâché, spontané, ordinaire ….)
-registre vulgaire.
Dans cette dernière section, nous nous interrogeons sur la façon dont la langue et
l'économie interagissent. Pour ce faire nous allons essayer d'analyser la relation entre
les activités linguistiques et les activités économiques afin de comprendre les enjeux
économiques de la langue. C’est d’ailleurs ce que souligne F. COULMAS, selon lui,
1
COULMAS F, Op. Cit, p. 153- 154.
23
Chapitre 1 langue et travail
• Quel est l'impact de la connaissance des langues étrangères sur les relations
économiques entre les pays?
Avant de présenter notre étude, nous jugeons utile de commencer par un aperçu
historique sur ce nouveau domaine de recherche c'est bien "L'économie de la langue "
1
MOREAU M, Op. Cit, p. 131.
2
Idem, p. 131-132.
3
GRIN, Langue et économie, le canada dans la mouvance internationale, 1999,
www.pch.gc.ca/angoff/perspectives / français/écono/index.htm/.
24
Chapitre 1 langue et travail
Selon GRIN (1999), L économie de la langue est un domaine de recherche qui est
actuellement, en Europe, en cours d'émergence. Son histoire remonte au milieu des
années 60.En effet, ce sont les chercheurs canadiens, puis américains, qui sont les
auteurs de la majeure partie de la littérature en économie de la langue.
Les premières études dans ce domaine étaient le fruit des questions sociales et
politiques, elles tournent beaucoup plus vers l'action en politique linguistique dans le
contexte européen, ainsi que l'influence que des variables économiques peuvent exercer
sur des enjeux linguistiques et l'inverse.
Quant à la deuxième génération, elle considère la langue comme élément du« capital
humain»1 où les compétences linguistiques pouvaient être interprétés comme d'autres
compétences au même titre que la scolarisation et l'expérience acquise au travail, c'est
un savoir faire qui permet à la personne d'en recevoir des bénéfices sur son travail et
pour cette raison les compétences linguistiques peuvent être une source d'avantage
économique.
Après ce bref survol historique, nous pouvons en résumé déduire que l'essentiel de la
littérature économique sur la langue porte sur le rôle que joue cette dernière (qu’il
s'agisse de la langue maternelle des individus, ou des compétences linguistiques en
langue nom maternelle) dans la détermination du revenu, ou dans l'explication des
différentiels de rémunération entre membres de communautés linguistiques distinctes.
1
Sur cette question, voir GRIN F et VAILLANCOURT F, « la langue comme capital humain », in
options politiques, juillet/Août/ 1997, pp. 69 – 72.
25
Chapitre 1 langue et travail
De là, nous pouvons dégager une définition adéquate pour notre domaine de recherche.
Comme nous l'avons mentionné ci-dessus, nous empruntons celle du GRIN (1999) qui
définit l'économie de la langue comme suit:
De même, dans cette définition, l'économie de la langue peut aussi bien s'intéresser à
l'effet des variables linguistiques sur des variables économiques (par exemple, au rôle
que joue la langue dans la détermination des revenus) qu'a la relation inverse (par
exemple, à l'effet de l'intensification du commerce international sur la diffusion ou le
déclin des langues)
Ce volet de recherche, reste l'un des axes les plus importants de l'économie de la
langue. Il porte essentiellement sur le choix en matière de politique d'enseignement des
langues. Son idée de base est «la relation qui unit les attributs linguistiques et les
1
GRIN, Op. Cit, p. 13.
26
Chapitre 1 langue et travail
Il se peut aussi, que dans certaines entreprises, la langue puisse représenter un critère de
choix. En effet dans des emplois particuliers, on demande des employés ayant certains
attributs linguistiques avec un niveau plus ou moins élevé de compétences
linguistiques. Ainsi les déficits langagiers chez les travailleurs émigrés deviennent une
source de gain pour leurs collègues bilingues, la non- maîtrise de la langue du pays
d'accueil ou plus particulièrement de la langue du marché du travail réduit les capacités
de l'individu à la concurrence, par contre, la dominance des outils langagiers suffisants
lui permet d'en tirer profit3 .
1
GRIN, L’économie de la langue et de l’éducation dans la politique d’enseignement des langues,
Strasbourg : Conseil de l’Europe, 2002, p. 15, Cisad.adc.éducation.Fr/hcee/document/rapport.Grin,pdf.
2
Ce titre est inspiré de GRIN F, Op. Cit, P. 17.
3
COULMAS, Op. Cit, p. 82.
27
Chapitre 1 langue et travail
Afin que ces propos soient plus intelligibles, nous présenterons l'étude faite par
François GRIN sur les entreprises.
Nous rappelons encore une fois, que c'est au travail de GRIN que, nous devons cette
analyse.
Comme on l'a constaté précédemment, il existe de différentiels de revenu fondés sur les
compétences linguistiques, en effet la langue est devenue un facteur fondamental dans
l'analyse économique, c'est pourquoi les entreprises donne beaucoup d’intérêt à ce type
de compétences.
La maîtrise des langues étrangères est exigée par la plupart des entreprises.
Cependant, comment peut-on valoriser les compétences en langue étrangère dans les
entreprises?
Comme nous avons déjà affirmé, il existe une relation entre les compétences
linguistiques des travailleurs et les revenus issus de leur travail. De même, « la théorie
microéconomique considère que le salaire reflète la productivité»3, ce qui explique le
rôle de la langue comme facteur de productivité. En effet, Florian COULMAS (2000) a
déjà affirmé l'idée que la langue est un outil de production, toutefois, il faut distinguer
entre la nature de cet outil, autrement dit, ses aptitudes fonctionnels de s'approprier aux
nouvelles exigences de communication, et les compétences que la langue peut avoir
dans un milieu donné, comme le cas de l'anglais et de l'allemand dans le marché
1
GRIN 2002, Op. Cit, p. 18.
2
GRIN F, « Entreprise et langues étrangères », in l’enseignement des langues étrangères comme
politique publique, conseil de l’évaluation de l’école, n° 19, Ministère de l’éducation nationale, Paris,
2004, p. 46. (site, Op. Cit ).
3
Idem.
28
Chapitre 1 langue et travail
d’aujourd’hui1. Pour cela, on constate une discrimination salariale entre les employés
de langues maternelles différentes. Ainsi les entreprises « explorent des processus
d'appariement entre le profil linguistique de l'employé et les exigences linguistiques de
postes précis au sein de l'entreprise »2.
Après avoir révéler la capacité de la langue à changer la situation économique des pays
en évoquant l'économie de la langue, nous essaierons dans cette partie de montrer son
rôle dans les échanges économiques et commerciaux, en abordant langues et relations
économiques.
De même, la nouvelle politique culturelle porte surtout sur la connaissance des langues
étrangères. A ce propos, le président de l'Institut Italien pour le commerce Extérieur, le
professeur Dante GRAZIOSI4 a bien soulevé cette question à l'occasion d'un colloque
axé sur l'importance de la connaissance des langues étrangères dans le but de faciliter
les relations économiques entre les pays. Il a pu montrer que la connaissance des
1
COULMAS, Op. Cit, p. 82-83.
2
SABOURIN (1985), cité par GRIN, 2005, Op. Cit, p. 46.
3
COULMAS, Op.Cit, p. 146.
4
GRAZIOSI D. « langue et relation économique », Les langues modernes, n°1 : 1975, pp. 48- 51, (site
Op. Cit ).
29
Chapitre 1 langue et travail
langues étrangères devient une nécessité incontestable pour les pays, ceci revient aux
raisons suivantes :
-D'abord, pour l'impact qu'il détient dans le développement des échanges internationaux
et dans l'expansion économique des différents pays.
-De même, pour son intérêt comme moyen de rapprocher les différentes nations et d'en
faciliter les échanges culturels, touristiques et économiques.
-Enfin, une connaissance réciproque des langues étrangères permet de simplifier les
contactes de toute sorte et d'avoir ainsi des contacts directs avec tous ceux qui
représentent la culture, la science et la technique.
Ceci dit, il faudra donc considérer les relations économiques entre les pays comme une
nécessité. Alors, on se demande dans quelle mesure la connaissance des langues
étrangères favorise-t-elle la prospérité économique d'un pays?
SPRINGER répond à cette question par le fait que, pour avoir une idée du marché dans
lequel on veut opérer, il faut d'abord en connaître les éléments, les réglementations et la
demande des marchés, ainsi que les systèmes commerciaux, les prix et la concurrence
existante. Tous ces éléments seront intelligibles si l'on utilise la langue du pays. On ne
fait que répéter le dicton selon lequel « pour bien vendre, il faut vendre dans la langue
du pays »1
1
Idem, p. 50.
2
Ibid, p. 51.
30
Chapitre 1 langue et travail
C'est pourquoi le facteur langue prend une grande dimension qui peut être mesurée en
termes de développement économique et qui correspond en effet à la croissance des
nations.
Conclusion
De tout ce qui précède, nous pouvons dire que connaître une seconde langue représente
une condition pour le succès économique, car chaque langue a son poids et ses
dimensions économiques ; même dans les sociétés plurilingues, la valeur des langues
se révèle dans le marché du travail. D'ailleurs, il est à remarquer que les forces du
travail sont trop influencées par les compétences linguistiques1.
Pour clôturer ce chapitre, nous tenons à conclure que «langue», et «travail» sont des
notions extrêmement mêlées. Et on ne peut pas traiter l'une sans évoquer l'autre. Car on
ne peut jamais «travailler sans parler, sans lire et sans écrire»2.
1
COULMAS, Op.Cit, p. 82.
2
BRORZEIX, FRAENKEL, (Coord), Op.Cit, 1er de couv.
31
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
Introduction
Dans ce chapitre, nous allons essayer d'examiner la situation et les tendances du marché
du travail en Algérie en relation avec les nouvelles transformations socio-économiques.
Pour ce faire, il convient d'analyser les facteurs qui ont servi à la régulation de ce
marché.
A cet effet, nous porterons notre attention sur trois déterminants essentiels, nous
procédons dans un premier temps à définir le cadre théorique qui nous permettra de
bien définir les concepts et les bases théoriques de cette question, et ensuite à mettre le
point sur l'état du marché du travail durant ces dernières années, en se concentrant sur
les réformes économiques et leurs effets sur la situation de l'emploi dans le pays, ainsi
que les conditions et les sources de création de l'emploi. Enfin, nous montrerons, dans
une dernière session, l'impact de la mondialisation sur le fonctionnement du marché du
travail algérien.
Si nous tenons à parler du marché du travail, il paraît intéressant d'accorder une place
particulière à la notion du "travail" car comprendre la situation du marché du travail
consiste d'abord à comprendre la situation du travail et des travailleurs qui « constituent
la première force économique et sociale de la nation : par leur masse dans la formation
sociale et par leur influence sur la production économique»2
1
REZOUALI A, «Marché du travail en Algérie, Le chômage, La précarité progresse», El Watan, 5
janvier 2006.
2
BOUTEFNOUCHET M, Les travailleurs en Algérie, ENAP⁄ ENAL, Alger, 1984, p.5.
32
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
L'esprit humain en particulier l'esprit économique donne une grande attention au travail,
car le travail est un outil pour la continuité de la vie, il joue un rôle primordial dans
l'appartenance de l'individu à une société, et constitue ainsi un élément important de la
situation économique du pays.
Dés lors, le travail est une notion complexe dont l'étude est à la fois du ressort de
l'économie, de la philosophie politique et du droit.
Il peut designer aussi« un facteur de production de l'économie. Il est fourni par des
employés en échange d'un salaire»3
Il faut ajouter que le travail varie selon son type et son objectif. En effet, il y a le travail
de la pensée et de l'innovation, mais, il y a aussi le travail à domicile, de régulation et
d'organisation. Cela dit, il existe plusieurs types de travail, nous pouvons citer le travail
salarié, le travail esclavage, le travail par équivalence, etc.4
1
CHALLALI F, Le rôle de la politique d’emploi dans le traitement du chômage en Algérie dans la
période 2001- 2004, Thèse de Magister, 2004-2005, université d’Alger, p. 9 – 10. (Traduction effectuée
par nous)
2
Encyclopédie, Micro soft ® Encarta ® 2007.
3
http://fr.wikitionary.org/wiki/travail.
4
CHALLALI, Op. Cit, p. 10.
33
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
Selon Encarta 2007, cette notion désigne:« secteur de l'économie où se négocient l'offre
et la demande de l'emploi»1
Le marché du travail est la pierre angulaire de la main-d'œuvre, Alors quels sont les
facteurs qu’ils l’influent?
Le marché du travail est influencé par tous les facteurs qui touchent principalement à
l'offre et à la demande de main-d'œuvre, parmi ces facteurs, on cite:
1
Encarta, Op. Cit.
2
http://fr.wikipedia.org/wiki/marchã(c)_du travail.
3
ELAYB A, Le chômage et la problématique de l’emploi dans le cadre du programme de la
réorganisation du statut, le cas de l’Algérie, Thèse de Magister, 2003-2004, Université d’Alger, pp. 35-
39
34
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
Le marché du travail est influencé par les relations entre les membres de la communauté
en terme de comportements et d'habitudes. Ces dernières ont un effet sur le travail
notamment sur la réduction des heures quotidiennes du travail, le prolongement des
congés annuels, la réduction de l'âge de la retraite, etc. ce qui oblige les entreprises à
augmenter le nombre des salariés et par conséquence à augmenter la demande des
forces de travail existantes sur le marché.
E- La technologie
35
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
dans différentes disciplines, et de cette façon elles répondent aux demandes et aux
souhaits des institutions, qui offrent de leur part les postes de travail demandés. Or, en
Algérie on remarque l'inadéquation entre le système de la formation et de l'emploi
Pour étudier le marché du travail, deux approches sont possibles, l'approche dite «micro
économique» et l'approche dite «macro économique». Selon un article de WIKIPEDIA
L'encyclopédie libre: 2
Les techniques «micro économique» étudient le rôle des individus sur le marché du
travail tandis que les techniques «macro économique» s'intéressent aux interactions
entre le marché du travail et les autres marchés (biens, monnaies, commerce extérieur).
Comment ces interactions influencent les variables macro économiques tels que le
niveau de chômage, taux de participation au marché du travail et le produit intérieur
brut (PIB)3
L'offre de travail
Elle concerne le travailleur qui offre un travail, cette offre est déterminée par le taux de
salaire, ainsi que la quantité d'heures maximum qu'un travailleur est prêt à offrir aux
employeurs pour une période de temps donnée.
1
FERFERA Y. « présentation » in FEROUKHI D, (Sous dir), La problématique de l’adéquation
formation - emploi Mode d’insertion et trajectoires professionnelles des diplômés des sciences exactes et
de la technologie, Cread, Alger, 2005, pp. 35-39.
2
WIKIPEDIA, «marché du travail», Op. Cit.
3
Pour comprendre cette abréviation voir annexe 8.
36
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
Demande de travail
L équilibre
Le volume du travail est déterminé par l'interaction entre deux éléments, la demande et
l'offre, et en cas d'égalité entre ces deux éléments, l'équilibre se réalise sur le marché du
travail.
Il convient d'abord de mentionner que cette section doit beaucoup à une étude faite par
l'organisation internationale du travail bureau de l'OIT 1 à Alger en 2003 intitulée:
1
Idem.
37
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
L'Algérie, un pays sans cesse remanié, a connu et connaît des mutations qui influent sur
les différents domaines et niveaux de la vie politique, économique et sociale.
La situation sociale, quant à elle, voit sa recomposition entraîner des inégalités de plus
en plus aiguës, le chômage n'a cessé d'augmenter depuis 1985, et le phénomène de
pauvreté devient une réalité observable3 .
Alors, il est à remarquer en gros que, l'Algérie vit depuis une quinzaine d'années une
période de transition avec des transformations politiques, économiques et sociales. En
effet, «le passage de l'économie dirigé à l'économie du marché à entraîner des
bouleversements dans toutes les sphères de la société et notamment dans le monde du
travail et les entreprises»4.
1
Ibid.
2
ECOTECHNICS, Activité et emploi en Algérie en 2004, Avril 2005, www.ecotechines_int.com
3
OIT à Alger, Le Marché du travail et emploi en Algérie, octobre 2003, p. 14, http://www.ilo.org.
4
IDDER- LAIB CH, Connaissance, reconnaissance du travail des cadres et stratégie d’action en phase
de transition économique et Sociale en Algérie, Thèse de doctorat, soutenue le 19 Novembre 2005,
Université d’Alger, p.13.
38
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
A cet égard, l'OIT 1distingue trois grandes phases dans la mise en place des réformes
économiques:
•La phase allant de 1980à 1994: la mise en œuvre de nombreuses réformes jetant les
bases institutionnelles d'une économie de marché.
Ces réformes ont concerné l'ensemble des institutions et les secteurs économiques:
-Le secteur privé : bénéficie de nouveaux codes d'investissement et des lois qui le
mettent au même pied d'égalité que le secteur public.
-Le commerce: considéré comme l'un des domaines capitaux dans ces réformes ;
plusieurs réformes ont été concrétisés dans ce domaine à savoir, la libéralisation du
commerce intérieur et extérieur à la faveur de la libéralisation des prix et la suppression
des monopoles d'importation et de distribution ainsi que l'abaissement du tarif douanier.
-L'agriculture: de son coté, connaît depuis les années 1980 une grande évolution,
notamment avec la libération des prix des produits agricoles, la privatisation des fermes
et enfin la décentralisation des investissements.
-Les entreprises publiques: voient, elles aussi, depuis les années 80 une restructuration
organique. En 1988, un nouveau mode de gestion caractérise l'ensemble de ces
entreprises, fondé sur leur autonomie, la suppression de la tutelle des ministères et la
1
OIT, Op. Cit, p.14.
39
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
En l'an 2001, c'est la mise en place des sociétés de gestion des participations (SGP)2.
Ceci nous amène à évoquer un autre domaine crucial dans ce processus de réforme, c'est
bien la privatisation des entreprises ; cette opération a laissé des résultats sensibles sur
le plan politique, social et notamment économique.
-La création des marchés monétaires et financiers et la restructuration des dettes des
entreprises
Par ailleurs, nous pouvons observer avec Noureddine BOUKROUH, ancien ministre de
la participation et de la coordination des réformes, que la réforme économique menée
tout au long de cette période est inséparable de la réforme institutionnelle.
Aujourd'hui, l'Algérie est plus ouverte sur le monde comme le témoigne les
ordonnances signées en 2001 sur la privatisation, l'investissement et l'insertion dans le
1
voir annexe 8.
2
Idem
3
L’OIT, Op. Cit, pp. 10 -12.
4
BOUKROUH N, Les réformes économiques en Algérie, Actes du colloque du 18 octobre 2001, présidé
par Claude ESTIER, président du groupe Sénatorial d’amitié France-Algérie,
http//www.senat.fr/ga/ga37/ga374.htm/.
40
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
Quant à nous, ce qui nous intéresse de plus dans notre mémoire c'est le monde du
travail.
Le monde du travail en Algérie a connu des mutations favorables durant ces dernières
années, En effet depuis 1990, la législation du travail a instauré de profonds
changements, on cite le pluralisme syndical, la fixation des salaires, la
contractualisation de l'emploi et le licenciement de certains travailleurs.
Comme on peut ajouter les mesures adoptées par les entreprises publiques dans
l'objectif de prévoir la compression de ses effectifs (l'assurance chômage au profit des
travailleurs licenciés, l'autorisation de la retraite anticipée et la promotion de l'emploi
des jeunes)
En gros, les nouvelles phases de transformation ont mis sous le feu d'actualité les
notions suivantes: «précarité», «chômage», «licenciement», «restructuration»,
«flexibilité», «négociation», «compression » etc.
Ces mutations sont perceptibles à travers la situation actuelle de l'emploi qui traduit de
multiples modifications au niveau de la structure de la population et des comportements
d'activité des gens sociales telles que, la précarité, la prédominance de l'emploi
informel, l'expansion du travail des femmes (23٪de la population active), la mobilité
géographique et sectorielle des travailleurs, ainsi que la participation à la productivité
de la main-d'œuvre étrangère. Nous reviendrons sur ce point ultérieurement en abordant
la régulation du marché de l'emploi.
Plusieurs travaux ont été réalisés à ce propos. Toutefois la difficulté principale réside
dans «la faiblesse du système d'information statistique et de la discordance et la
dispersion des données»1.
1
Voir annexe 8.
41
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
Les derniers résultats diffusés par l'Office National des Statistiques étaient issus d'une
enquête auprès des mains-d'œuvre en Septembre 2003, cette étude donnait les résultats
suivants:
De là, on note un accroissement des personnes occupées avec une légère baisse des
chômeurs.
1
BENMOUFFOK K, L’évolution de l’emploi en Algérie, quelles tendances ?, Rapport signalé le 21
décembre 2006, http://www.gpn.org.
2
ECOTECHNICS, Op. Cit.
42
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
Cependant, on note un très fort recul d'occupation pour les secteurs productifs au profit
des services, en effet, le premier secteur d'activité reste les administrations publiques
occupant 1,5٪ millions de personnes, ensuite le commerce avec un million de personnes
suivi par les transports, les communications, les banques et assurances, le tourisme et
les services marchands. 1
De son cộté, le secteur économique public réduit ses effectifs contrairement au secteur
privé qui a connu une évolution remarquable durant cette décennie.
On note également le bon maintien de l'emploi agricole, le secteur agricole a connu lui
aussi une augmentation constante grâce à l'emploi des femmes et des enfants et une
moyenne d’âge très élevée (60 ans)
Alors, et à partir de tout ce que nous avons cité ci-dessus, nous pouvons constater que
globalement l'emploi a évolué dans tous les secteurs d'activités.
1
L’OIT, Op. Cit.
2
BLIDI A, «Taux de chômage, l’Algérie très mal classée», El Watan, Dimanche 2 Septembre 2007.
3
A P, Emploi précaire se généralise en Algérie, Mardi 26 Avril 2005, www.algérie.dz.com
43
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
Comme on l’a signalé plus haut, les modifications dans les activités des groupes socio-
professionnels traduisent un état de chômage de crise, ce dernier induit par les
licenciements économiques. Or des études faites à ce propos, montrent qu'il est difficile
de dresser un constat objectif du chômage dans cette période particulière de transition,
d'instabilité et d'une économie en mutation et en changement, d'ailleurs, depuis 1990, le
fonctionnement du marché du travail a trop changé.
Mais, on remarque que le taux de chômage connaît actuellement une nette tendance à la
baisse, conséquence de la relance économique.
Cette évolution de l'emploi, particulièrement chez les jeunes est le fruit des activités
économiques soutenues du pays et notamment la hausse des exportations énergétiques,
ainsi que le renforcement de différents dispositifs d'emploi ;1.8 millions emploi
nouveaux ont été créés depuis 2000 ; le gouvernement envisage de créer 2 millions
d'emplois d'ici 2009.
Alors, quelle politique adoptons-nous pour réduire le taux de chômage dans notre pays?
Et quels sont les mécanismes et les clés de la création d'emploi?
1
MEBTOUl A, «Le chômage en Algérie», El Watan , 6 Novembre 2007.
44
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
Il faut noter d’abord que les principales sources de création d'emploi en Algérie,
d’après l’OIT1 sont l'administration, le secteur public économique, le secteur privé et le
secteur informel.
• Les emplois directs et permanents créés au sein des différentes administrations et des
établissements publics.
• Les emplois directs et temporaires crées dans le cadre de programmes spécifiques tels
que le dispositif de promotion de l'emploi des jeunes.
• Les emplois indirects générés dans le secteur économique public et privé par les
besoins de fonctionnement des administrations et la réalisation des investissements
publics.
Nous allons détailler ci-après les capacités de création d'emploi dans ces secteurs
d'activités, notamment après le processus de réforme car celui-ci a provoqué une
particularité en matière d'emploi.
1
OIT, Op. Cit, pp.10-12.
45
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
- Le dispositif de promotion de l'emploi des jeunes qui a contribué au cours des dix
dernières années à atténuer la tension sur le marché du travail, doit continuer à
intervenir dans ce sens.
-Le secteur public économique, qui a en une dizaine d'années progressivement perdu sa
place prépondérante dans la structure de l'emploi et du PIB, ne semble pas également en
mesure, dans l'avenir, d'apporter une contribution décisive à la résorption du chômage ;
ses entreprises se trouvent en position de redressement problématique et dans l'attente
de leur privatisation.
-Le secteur privé qui dans le cadre des réformes économiques a connu un essor
remarquable en termes de création d'entreprise de valeur ajoutées et de projets
d'investissement apparaît comme l'élément déterminant dans la constitution de l'offre
d'emploi futur en Algérie. Dans tous les domaines d'activité (agriculture, industrie,
bâtiment et service) les mesures de libéralisation économique, les aides de l'Etat et le
dynamisme qui le caractérise tendent à assurer à ce secteur une place privilégiée dans la
création d'emplois durables à court et moyen terme.
-Le secteur informel, dont l'émergence remonte au début des années 80, en réponse aux
multiples rigidités du système d'organisation économique, a largement contribué à la
dédramatisation du chômage tout en oeuvrant à développer l'informatisation des
activités économiques. Phénomène dont la connaissance statistique économique et
sociale reste à approfondir, l'activité informelle en Algérie semble appelée à se
maintenir et à être prise en considération par toute politique de l'emploi.
1
Idem, p. 9.
46
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
Selon l'agence de l'emploi en Algérie (ANEM) (Septembre 2007) trois voies sont
empruntées par l'action publique :
Toutefois, la ne faiblit toujours pas sur la réalité de ces chiffres du chômage. En effet, le
fonds monétaire international (FMI), dans un rapport publié récemment en Septembre
1
Voir annexe 8.
2
Voir supra Ch4.
3
KAHINA F, «La pauvreté recule en Algérie» selon le CNES, Liberté, Samedi 17 Février 2007,
www.algerie-dz.com
47
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
De même, la plus part des postes d'emplois créés sont temporaires .Enfin, dans ces
recommandations, le FMI estime que «l'amélioration de la productivité à travers
l'encouragement de l'investissement et l'augmentation des salaires stimulerait la
croissance de l'emploi en Algérie».2
Dans cette session, nous allons essayer d'analyser les transformations du marché du
travail en Algérie face à la mondialisation.
1
BLIDI A, Op. Cit.
2
Idem.
3
KAHINA, Op. Cit.
48
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
Le nouvel ordre économique international, qui fut imposé par les Etats-Unis, dans les
années 80, sous le nom de« Mondialisation » a accumulé de multiples conséquences
1
MONIQUE S, Travail et mondialisation, www.ur003.ird.fr.
2
CEDIMES, Acte du colloque, Mondialisation et développement, 10-11 Septembre 2007, Annaba,
http://cedimes.com/index.php
3
SWAIM P et TORRES R, emploi et mondialisation, Septembre 2005, www.observateurocde.org/
49
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
d'augmenter la concurrence entre les travailleurs et même entre les pays»1. Ceci peut
stimuler des améliorations, et donner un meilleur rapport de force au patronat. De plus,
les entreprises ont le choix entre un grand nombre de travailleurs.
Nous pouvons constaté donc que la mondialisation a un impact direct et important sur
les marchés du travail, ceci exige un renouvellement des politiques publiques, qui
devraient s'attaquer beaucoup plus sérieusement aux questions de formation
professionnelle et contenue3.
1
HAREVEY P- A, Comment la mondialisation influence le monde du travail, ORIS, p. 20, www.iris-
recherche.qc.ca/docs/Miondialisation %20et 20travail.pdf.
2
Idem, p. 21-22.
3
CARDEBAT J- M, Mondialisation stratégie des entreprises et emploi, Le 25 Février 2003,
www.ifni.org
50
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
La future politique économique et sociale algérienne devra tenir compte des mutations
planétaires afin que nous puissions s'adapter à ce monde interdépendant, en perpétuel
mouvement et d'éviter notre marginalisation. De ce fait, il serait souhaitable de favoriser
le dialogue des civilisations et de fécondations des cultures, ainsi que la libre circulation
des biens et des personnes que nous ambitionnons à travers notre investissement.
Dans ce nouveau contexte mondial on n'exporte pas seulement leurs produits mais
également leurs idées, leurs méthodes marketing, leurs savoir-faire, leurs points de
vente et leurs publicités ce qui donne une nouvelle configuration du système juridique,
système financier et même du l'emploi. En effet, celui-ci se caractérise par un système
de formation et d'éducation performant évolutif et nécessite un niveau de qualification
très élevé, condition d'ailleurs de l'attrait de l'investissement direct étranger, on note
ainsi la disparition de quelques emplois comme les agents de maîtrises. C'est la fin des
1
SWAIM et TORRES, Op. Cit.
2
Extrait du message du président BOUTEFLIKA à l’occasion de la fête des travailleurs, Ministère des
affaires étrangères, info-expresse, Mai 2007, http:193.194.78.233 ⁄ma_fr⁄ stories.php ? topic= 03⁄ 05 15 ⁄
2188080
3
MEBTOUL A, « L’Algérie face aux mutations mondiales » La nouvelle République, Dimanche 18
Juillet 2004, Algérie-dz.com.
51
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
Devant cette phase de mutation mondiale, les Etats se déplacent pour la cohésion
sociale, et la lutte contre l'exclusion et la pauvreté et ceci par le développement de
certains investissements, administration, infrastructure, enseignement supérieur et
formation; éducation, santé, transport, mécanisme de redistribution, qui ont pour but
d'assurer les qualifications nécessaires à l'évolution de l'économie vers la performance
et la compétitivité dans un monde globalisé et sélectif1.
L'Algérie n'est pas un cas isolé, au cours de ces dernières décennies, l'activité
économique bénéficiera de conditions plus favorables du fait d'une croissance
maintenue depuis plusieurs années.
Ces avancées ont déjà concerné la fonction publique et elles concerneront l'organisation
et la flexibilité du marché du travail
En effet, on signale que le niveau de chômage a décru durant ces dernières années,il
était estimé à 12.3٪ en 2006, ainsi que, la promotion de relation du travail et la
prévoyance des conflits sociaux.
1
Message du président BOUTEFLIKA, Op. Cit.
52
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
Dans ce contexte, les entreprises veulent substituer de nouveaux emplois très qualifiés à
des anciens moins qualifiés, pour survivre dans un environnement qui est devenu plus
sélectif, les entreprises algériennes ont dû s'adapter, se réorganiser et innover les
restructurations et ont privilégié l'emploi d'une main- d'œuvre plus qualifiée, afin de
renforcer le niveau de qualification de leurs salariés.
Conclusion
A la suite de notre analyse du marché du travail en Algérie, nous pouvons conclure que
celui-ci reste marqué par le phénomène du chômage et de l'augmentation des activités
non officielles. Nous avons pu constater aussi , à l'occasion de cette analyse, que le
marché du travail en Algérie n'est pas conforme aux règles et aux mécanismes d'une
économie du marché mondiale.
D'abord, parce qu'il n'y a pas une adéquation entre la formation et le marché de l'emploi.
Ensuite, parce que les besoins de nos entreprises ne sont jamais clairement définis. Et
les compétences recherchées ne sont nullement identifiées.
Enfin, et sans avoir honte de le dire, le marché est incapable de prévoir les emplois de
demains.
53
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie
54
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
Introduction
En effet, chaque jour de nouvelles langues émergent avec force, mais l'anglais domine
très nettement, Que faire donc au travail? Choisir l'anglais la langue mondiale? Ou
préférer le multilinguisme? Et les langues nationales, comment peut-on les protéger?
Devant une telle situation, « l’Etat est devenu l’organisateur central du système éducatif
et des politiques linguistiques »2 comme l’indique Arnaud Sales, professeur et directeur
du département de la sociologie, université de Montréal à l’occasion du colloque
international sur les pratiques linguistiques dans les entreprises à vocation international.
En effet, La question linguistique constitue la préoccupation majeure des Etats, le
champ linguistique est en train de devenir important et gagner une reconnaissance
accrue.
1
PREVOST G, « Mal- langues » et globalisation, in BENGUERNA M et KADRI A (sous dir),
Mondialisation et enjeux politiques quelles langues pour le marché du travail en Algérie ? , Cread, Alger,
2001, p. 139.
2
SALES A, actes du colloque international sur, les pratiques linguistiques dans les entreprises à vocation
internationale, Secrétariat de la politique linguistique, 9-10 Juin 2003,
www.spl.gouv.qc.ca/secretariat/programme.htm/
55
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
Ensuite, nous analyserons la politique linguistique en Algérie pour, relever ,enfin, les
stratégies de la formation linguistique dans les entreprises.
3-1-1 L’entreprise
Il est aussi possible de distinguer les entreprises selon certains de leur caractère privé ou
public de l’agent qui contrôle le capital. S’il s’agit de l’Etat ou des collectivités
publiques, on parle alors d’entreprise publique. Le second critère de distinction est son
régime juridique.
«L’école des relations humaines et Fayol a défini quatre fonctions
principales dans l’entreprise : La fonction de direction, la fonction
logistique qui est en relation avec les fournisseurs, la fonction de
production et la fonction de distribution»3.
1
Encarta, Op. Cit.
2
LEHNISCH, Op. Cit, p. 3.
3
ENCYCLOPEDIE, Micro soft ® Encarta ® 2007.
56
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
Par ailleurs, partant du principe que l’entreprise est la cellule de base de la production
nationale, nous voulons mettre l’accent sur les principaux déterminants du choix
linguistique dans les entreprises et voir vers quelle tendance linguistique les entreprises
s’orientent-elles.
Généralement, dans tous les pays du monde, la situation linguistique des entreprises est
déterminée par plusieurs facteurs. En effet, une étude effectuée par Pierre
BOUCHARD2 sur la situation linguistique des entreprises québécoises a décelé que, de
façon générale, le contexte économique, social et linguistique des entreprises est
influencé par le phénomène de la mondialisation, la démocratisation des technologies de
l’information et des communications, ainsi par autres facteurs psychosociologiques,
sociolinguistiques et organisationnels.
1
LEHNISCH, Op. Cit, p. 9.
2
BOUCHARD P, « La langue de travail une situation qui progresse mais toujours d’une certaine
précarité », Revue d’aménagement linguistique, Automne, 2002, p. 87,
www.olf.gouv.qc.ca/ressources/bibliotheque/ouvrages/amenagement_hs/ral01charte_bouchard_vf11.pdf
57
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
Toujours, et dans le même contexte de la langue de travail dans les entreprises, Pierre
BOUCHARD a pu déduire qu’il existe d’autres facteurs explicatifs des pratiques
linguistiques des entreprises. Ces facteurs sont propres aux caractéristiques des
entreprises telles que la localisation du siège social. La dimension internationale, la
langue des propriétaires, les comportements linguistiques du personnel et d’autres.
Ainsi, la situation linguistique des entreprise et les changements qui peuvent y survenir
peuvent, pour une part importante être expliqués par la langue des dirigeants
(propriétaires ou administrateurs), qui ont le pouvoir de donner des orientations
politiques nécessaires et qui, compte tenu de leurs référents linguistiques, ont le pouvoir
de ralentir ou favoriser l’usage linguistique au sein de l’entreprise1.
1
Idem, P. 88.
2
BOUHRIS et COLL, 2000, Cité par BOUCHARD, Op. Cit, p. 89.
58
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
Les facteurs sociolinguistiques, pour leur part, comportent entre autres les normes
situationnelles et le statut des langues dans l’entreprise et dans les régions multilingues.
«Le comportement langagier, […] dépend des normes sociales, […] et des
facteurs situationnels assez ponctuels tels que le sujet de conversation, le
cadre et les objectifs de l’échange et l’origine linguistique ou nationale des
interlocuteurs»1.
De ce fait, nous jugeons utile d’éclairer cette étude par une enquête qui sera réalisée
auprès des entreprises algériennes.
Commençons par préciser, que pour notre part, nous ne ferons pas de différence entre
politique et aménagement linguistique car, comme dit GRIN, «la distinction entre ces
deux termes n’est pas stable»2.
1
Idem, p. 90.
2
GRIN F, « Politique Linguistique, politique publique et langues étrangères », L’enseignement des
langues étrangères comme politique publique, conseil de l’évaluation de l’école, n°:19, Ministère de
l’éducation nationale, Paris, 2005, p. 19.
59
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
On comprend de là que toute intervention sociale utilise des moyens pour changer les
usages linguistiques d’une société ou d’un peuple dans un objectif d’influencer et
d’orienter les choix linguistiques.
Il est à remarqué ainsi que, l’intervention sociale n’est pas exclusive à l’Etat, il est
possible qu’une entreprise, une association ait une stratégie linguistique.
Toutefois, il est important de bien distinguer les acteurs, car ils n’ont pas tous les
mêmes objectifs.2
Quant à Calvet (1993) cité par Ahmed BOUKOUS, professeur à l’université Mohamed
V, RABAT, définit la politique linguistique comme :
1
LOUBIER C, « Fondement de l’aménagement linguistique l’aménagement linguistique », Office de la
langue française, p. 4, www.olf.gouv.qc.cq/ressources sociolinguistique/aménagement/loubier2.pdf.
2
GRIN, Op. Cit, p. 22.
3
LOUBIER, Op. Cit.
60
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
« L’ensemble des choix conscients qui régissent les rapports langue (S) structure sociale, menée
sur tout par l’Etat, elle a pour effet de créer les conditions de la promotion et de l’expansion de
certaines langues et corrélativement les conditions d’exclusion et de régression d’autres
1
langues »
« L’aménagement linguistique est le domaine qui étudie la réglementation des langues par des
Etats ou des organismes officiels. Il comporte deux volets : La réglementation du code
(Académie française et l’office de la langue française du Québec par exemple » et la gestion du
statut des langues dans l’Etat (langues officielles et nationales»
1
CALVET L-J, Cité par BOUKOUS A «La politique linguistique au Marco, enjeux et ambivalences »
www.bibliotheque.refer.org/livre61/l6101.pdf.
2
BOUDOIN M, Wikipedia, encyclopédie libre, politique linguistique, 23 Août 2007
www.auf.org/docs/1/pol-ling-educ-2003-07.pdf.
3
GRIN, Op. Cit, p. 21.
4
MOREAU M, Op. Cit.
61
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
Quelles sont les langues en présence? Quel est leur statut? Et quelles sont leurs
fonctions sociolinguistiques ?
-L'arabe classique
C'est «la première par le nombre de ses locuteurs et son extension géographique dans
le monde arabe »3, considéré principalement comme la langue du coran et de l'islam,
elle est essentiellement écrite4
- L'arabe dialectal
1
Sur le même sujet, on pourra consulter, CHERRAD- BENCHERF Y et al, Le français en Algérie
lexique et dynamique des langues, Duculot, Paris, 2002, pp. 31 – 36.
2
GRANDGUILLAUME G, «Le Maghreb confronté à l’islamisme», Le monde diplomatique, Février,
1997, http://www.mond-diplomatique.fr/abo/.
3
TALEB IBRAHIMI K, Les algériens et leur (s) langue (s) élément pour une approche
sociolinguistique de la société algérienne, Edition El hikma, Alger, 1997.
4
GRANDGUILLAUME G, « Entre langues écrites (arabe, français) et langues parlées (arabe,
berbères) », Secrétariat e Communication, 12 Juin 2006, www.ac-mayotte.fr/spip.php?rubrique82 - 33k.
5
TALEB IBRAHIMI K, Op. Cit, p. 22.
62
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
Toutefois, nous assistons ces dernières années à des tentatives de revalorisation des
parlers et de la culture berbérophone.
«Le français langue imposée au peuple algérien par le fer et le sang par une violence
rarement égalée dans l'histoire de l'humanité et constitué un des élément fondamentaux
de la France vis- à -vis de l'Algérie»2. En Effet, pendant la période coloniale et dés
1830, la France en vue de parfaire la conquête du pays, a mené des opérations de
désarabisation et de francisation par la destruction des mosquées et zaouïas (structures
et institutions de l’enseignement de l’arabe), celle-ci est bannie de son pays, totalement
déclassé et remplacé par l’arabe dialectal, de l’autre côté, d’autres mesures visent à
imposer le français et à détruire la société algérienne ainsi, la déformation des
patronymes arabes, la francisation des noms des localités et des villes, l’introduction de
l’école françaises.
1
Idem, p. 34.
2
Ibid, p. 35.
63
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
Actuellement, le français, n’est pratiquement plus enseigné que comme une langue
étrangère, au même titre que l’anglais, l’allemand ou l’espagnol1. Cependant,
«Il est toujours défini comme langue étrangère à ″statut privilégié″, conserve
une place importante dans les médias, la production écrite (scientifique et
littéraire), dans le monde de l’économie et de la technologie (où son usage
domine largement celui de la langue arabe) »2.
Quant à l’anglais, ces dernières années, cette langue commence à occuper une place
importante dans notre société algérienne du fait que
Il semblerait donc que l’utilisation d’une langue comme l’anglais, la première langue du
monde, devient nécessaire et peut révéler d’une démarche mondialiste
Il est important de remarquer que ces langues se distinguent des points de vue de leurs
histoires, de leurs structures, de leurs degrés d’usage et de leurs fonctions
sociolinguistiques. Elles ont des fonctions distinctes:
L’arabe dialectal et le berbère sont des langues maternelles, l’arabe classique constitue
la langue officielle, le français est une langue étrangère, elle représente comme déjà
mentionné la langue du travail dans l’enseignement technique et scientifique.
En outre, dans les pratiques langagières des locuteurs, ces langues sont en rapport de
diglossie, la plus évidente est la diglossie arabe dans laquelle l’arabe standard constitue
la variété haute, elle bénéficie du prestige que lui confère son statut en tant que langue
officielle des institutions étatiques, l’arabe dialectal est une langue non standardisée
mais il représente la langue la plus largement employée par les algériens dans les
1
Ibid, p. 40.
2
. MORSLY D, «La situation sociolinguistique et le poids symbolique du français en Algérie» in
Rapport sur : Dynamiques sociolinguistiques (scolaires et extra scolaires) de l’apprentissage et de
l’usage de français dans un cadre bi- ou plurilingue (langue de migrants, langues locales) sur les axes
Ouest- africain et franco-africain, AUF, p 8, www.sdl.auf.org/IMG/doc/AUF_Reseau_Sociolingu_1.
der.doc.
3
GHRISS M «Du plurilinguisme linguistique au lendemain de l’indépendance et de l’Algérianité»,
Quotidien d’Oran, 10 Avril 2007.
64
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
Le statut conféré à ces différentes langues, ainsi que les usages sociaux et leurs
fonctions sociolinguistiques, leur assignent des valeurs sociales et symboliques inégales.
Si telle est la réalité sociolinguistique, dans quelle mesure est-elle conçue et gérée par la
politique linguistique algérienne ?
Les 132 années de domination coloniale et d’asservissement qu’a connue l’Algérie ont
forcément laissé des séquelles assez profondes.
1
TALEB IBRAHIMI K, Op. Cit, p. 189.
2
BENGUERNA M, « cadres techniques et langues fragments d’une problématique », in BENGUERNA
M et KADRI A ( sous dir), Op. Cit, p. 96.
65
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
Le premier groupe des élites représente les arabophones, dont la langue arabe est leur
outil de travail et d’expression, formés à Zitouna et Elazhar, issus d’une culture
prisonnière par le retour à la religion et à la grammaire arabe traditionnelle. Ces
intellectuels, après la libération du pays, ont investi le domaine éducatif et culturel, la
justice et la religion.
Le second groupe des élites c’est celui des francophones, leur outil de travail et
d’expression est la langue française dans laquelle sont formés. Ils ont un attachement
aux valeurs fondamentales de la culture française, ils développent une relation étroite et
intime avec la pensée occidentale (source de modernisation et de développement).
Ils ont« la haute main sur l’appareil économique du pays»1 .
En réalité, les deux comportements culturels des deux élites culturelles contribuent à les
opposer.
Par ailleurs, dans les années 80 un autre clivage fait déclenché, c’est celui qui «sépare
l’arabe des langues maternelles, et particulièrement des langues berbères (dont le
kabyle est l’expression la plus connue)»2
Depuis 1962, l’Etat algérien a opté pour l’arabe en tant que langue officielle du pays,
conformément à cette promulgation, l’arabe était imposé comme l’unique langue
légitime du travail dans les différentes institutions notamment dans le système éducatif,
l’administration et l’environnement public.
1
TALEB IBRAHIMI K, Op. Cit, p. 226.
2
GRANDGUILLAUME G, « Les enjeux d’une politique linguistique » L’interpénétration des cultures
dans le Bassin occidental de la Méditerranée, Actes du Colloque de l’Association, Mémoire de la
Méditerranée Sorbonne, 14 Novembre 2001, Editeur : Mémoire de la Méditerranée, Paris, 2003, p.99-
110, www. grandguillaume.free.fr
66
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
Sans prendre les détails des mesures prises dans la mise en œuvre de cette réforme
linguistique, nous présentons quelques repères chronologiques du déroulement du
processus de l’arabisation jusqu’en 1998, tout en reprenant la chronologie synthétique
adopté par Khoula TALEB IBRAHIMI dans son extraordinaire ouvrage « les algériens
et leur (s) langue (s) » 1 (voir annexe 3)
Il convient de faire remarquer qu’au dépit de ces efforts d’arabisation, cette dernière
n’est appliquée que partiellement dans l’administration, l’enseignement et le média.
«Le français reste la principal langue du travail»,2 aussi bien dans l’enseignement
supérieur que dans les secteurs économiques, ainsi que dans les secteurs privés à
l’exception des secteurs de la justice et de l’Etat civil.
Par ailleurs, il est à remarquer qu'un un décalage important existe toujours entre le
monde de la formation totalement arabisé et le monde du travail qui fonctionne
majoritairement en langue étrangère surtout le français et dernièrement, il s’ouvre sur
d’autres langues à savoir : l’anglais, l’allemand et l’espagnol.
De ce fait, nous allons juger indispensable d’évoquer les conséquences de l’arabisation
sur le monde du travail.
1
Pour plus de détails sur le processus d’arabisation, consulter, TALEB-IBRAHIM K, Op. Cit, pp. 190 –
209.
2
TALEB IBRAHIMI K, « Quelques considérations sur la politique linguistique de l’Algérie », in
BENGUERNA M et KADRI A (sous dir), Op. Cit, p. 87.
67
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
En effet, le conflit entre ces deux tendances a été très grave dans les années 80 lorsque
les étudiants arabophones ont déclenché une grève à propos de leur
recrutement dans le secteur économique où la majorité des activités fonctionnaient en
français. Donc le problème dépasse le champ linguistique pour toucher le champ de la
formation et de l’emploi.
Pour cette raison, on voit les arabophones qui arrivent à se faire recruter dans les
entreprises industrielles, soit ils développent eux même des stratégies individuelles pour
l’apprentissage du français, soit les entreprises organisent des formations
professionnelles pour le perfectionnement de la langue française.
A cet égard, les responsables de ces entreprises déclarent souvent « l’arabisation des
secteurs économiques n’a jamais été voulue sérieusement » et « les procédures de
gestion et de production demeurait fermées pour la langue arabe »2.
Cela dit que les francophones ont dominé totalement le secteur économique et ne vont
jamais accepter la présence des arabophones dans leur espace d’activité.
L’histoire de l’arabisation en Algérie révèle que la langue du travail est placée au cœur
de la politique linguistique. En effet, des décisions importantes ont été prises pour
l’arabisation du monde de travail.
Dans cette perspective, nous allons parler de la langue du travail en abordant le thème
de l’arabisation des milieux de travail, en particulier, les administrations et les
entreprises du secteur économique souvent négligés par nos chercheurs algérien.
1
GRANDGUILLAUME G, Secrétariat et Communication, Op. Cit.
2
BENGUERNA M, Op. Cit, p. 99.
3
Voir annex 1.
68
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
Dans ce contexte d’arabisation des entreprises, l’expérience qui nous préoccupe dans
notre travail de mémoire c’est celle de la SONELGAZ.
1
Idem.
2
Ibid.
3
Voir annexe 2
4
BELKAHLA M, «Quelle langue pour le monde du travail : le cas de la SONELGAZ», in
BENGUERNA M, KADRI A (sous dir), Op. Cit, p. 144.
69
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
Les activités concernées par l’arabisation étaient celles qui avaient une relation avec
l’environnement externe comme les activités orientées vers la clientèle, le public, les
communications et l’information ainsi que les activités juridiques.
•Arabisation de la formation : 1
Elle dispose donc de trois centres de formation situés à Blida, Ben Aknoun et Ain Mlila.
Il faut souligner que la formation au niveau de ces centres était assurée en langue
française jusque vers les années 1985 où l’entreprise a mis en place un plan pour
arabiser la formation, ce plan consiste à :
1
Idem, p. 149.
70
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
problème celui des jeunes candidats formés en arabe, ils doivent alors apprendre le
français pour pouvoir utiliser les documents techniques qui existent uniquement en
français, ainsi communiquer avec leurs collègues les plus anciens totalement francisés.
Dans ce contexte et compte tenue des enjeux économiques auxquels l’entreprise doit
faire face pour assurer sa place dans le monde, la connaissance de l’anglais est rendue
obligatoire pour toutes les nouvelles recrues.
A cet effet, un dispositif d’apprentissage de l’anglais destiné aux nouvelles recrues a été
défini et mis en place au niveau des trois centres de formations de la SONELGAZ. De
même, cette formation a touché également les cadres responsables dont leurs activités
professionnelles demandent l’utilisation de l’anglais.
1
Voir annexe 1.
71
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
Enfin, il est à rappeler que le passage d’une langue de travail à une autre n’est guère
facile, et ne peut se concrétiser simplement par une terminologie ou un lexique à
arabiser, une langue véhicule des idées, des cultures et des expériences1.
Comme nous avons déjà constaté, les branches professionnelles deviennent l'espace clé
pour la politique linguistique des Etats. La prise en compte de la langue aux sein de la
formation continue en entreprise «devient un aspect fondamental de la politique
linguistique des entreprises»2 et comme faisant partie intégrante de leurs stratégies de
développement et d'ouverture sur le monde. Dans cette session, nous essaierons
d'aborder la formation linguistique dans les entreprises tout en répondant aux questions
suivantes:
Quelle est la place accordée à la langue dans un contexte professionnel ? Autrement dit,
est-ce que les compétences linguistiques sont reconnues comme des véritables
compétences professionnelles?
Quels sont les enjeux en maîtrise de la langue en milieu professionnel pour les salariés
et pour les entreprises ?
Quels sont les besoins de la formation linguistique et quelles stratégies adaptent les
entreprises pour répondre à ces besoins?
Ce sont quelques questions qui nous viennent à l'esprit et qui vont guider notre
réflexion.
Il est claire que le monde du travail est souvent flexible, mouvant, transitoire et
demande énormément de compétences. En dehors des compétences techniques, les
compétences langagières se trouvent au centre des situations de travail. En effet, la
1
Ibid, p. 153.
2
EXAVIER N, «Apprendre le français dans un contexte professionnel», Séminaire de réflexion, centre
national d’étude pédagogique, 2-3 Juin 2006,
www.dglf.culture.gouv.fr/publications/seminaire_francais_professionnel_juin_2006.pdf
72
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
En effet, «au 21eme siècle les langues vont acquérir une importante place. La maîtrise
de plusieurs formes de communication orale et écrite est exigée sur le marché du travail
et conditionne l'accès à l'emploi, à la culture et à la vie sociale »2. Ainsi, le
développement du secteur des services fait des langues de véritable acteur de
l'économie. L'analyse du marché du travail révèle une forte exigence linguistique,
plusieurs postes exigent une compétence en langues étrangères. Aujourd'hui, il devient
indispensable pour tout cadre, manager, technicien, entrepreneur quelque soit sa
fonction et son domaine d'activité de parler, et de savoir maîtriser parfaitement une
langue étrangère. Cependant, «pourquoi le demandeur a-t-il besoin d'apprendre une
langue? Quels usage va –t-il amené à faire de cette langue? Quelles compétences doit-il
acquérir à cet effet ? Quel savoir doit –il maîtriser»3.
1
GAREMYNCK J, La maîtrise de la langue française en milieu professionnel: Quels enjeux pour les
salariés et les entreprises ? actes du colloque du juin 2005, Direction de la population et des migrations,
Notes et documentation, n° 53 Octobre 2005, p. 32,
www.dglf.culture.gouv.fr/maitrise_langue/Actes_colloque0806051.pdf
2
Discours du Premier ministre intitulé, Quelle politique pour le français et le plurilinguisme, à l’occasion
de l’installation du conseil supérieur de la langue française, 16 novembre 1999,
www.dglf.culture.gouv.fr/politique-langue/politique-langue.htm - 11k
3
SPRINGER C, «Langue et entreprise: la question de l’identification des besoins langagiers des
organisations professionnelles», Les langues modernes, n° 1, Paris 1975, p. 38.
73
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
À cela, Philippe CARRE met en plus le rôle du formateur. Selon lui toute formation
linguistique professionnelle passera par l'examen du rôle des trois acteurs: entreprise,
apprenant, formateur.
D'abord, C'est l'entreprise qui organise une stratégie linguistique, elle fixe le cadre,
détermine les règles du jeu et clarifie les enjeux de la formation tout en déclinant ses
objectifs d'évolution internationale.
Enfin, C'est le rôle de l'apprenant, celui-ci, doit prendre en charge son apprentissage, par
une attitude d'autoformation1.
Pour ce qui est de la formation linguistique, nous retiendrons 05 raisons dominantes qui
correspondent à autant de bénéfices anticipés de la formation :
1-Amélioration des performances de travail dans son poste actuel (mission à l'étranger,
responsabilité nouvelle…)
2-Strategies de perfectionnement à moyen terme (changement de poste, promotion…)
3-Adaptation aux objectifs de l'entreprise (développement international)
4-Acquisition d'une culture générale, professionnelle et ou personnelle
5-Interêt pour l'étude d'une langue étrangère en soi2.
1
CARRE M, Organiser l’apprentissage des langues étrangères, Organisation, Paris, 1991, p. 62-63.
2
Idem, p. 182.
74
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
Pour traiter cette question, CARRE nous propose une procédure en trois temps:
3-3-2-Audit linguistique:
Il s'agit ici de sélectionner les candidats à la formation elle touche les salariés dont la
fonction implique l'usage d'une langue étrangère dans le cadre de leur travail.
1
SUPELEC – formation contenu, «Audit linguistique dans l’entreprise», le 13 mars 2007,
www.supelec.fr/fc/ruénvenue.htm/.
2
CARRE, Op.Cit, p. 76 – 78.
75
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
C'est une opération qui consiste à mesurer l'écart de compétences entre le requis et
l'acquis.
Il consiste à fixer les priorités et à déterminer les objectifs de formation par le biais du
référentiel de compétences linguistiques, ce dernier permettra aux décisionnaires de la
formation d'étudier les priorités en terme de catégorie de personnel à former, et les
objectifs en terme de niveaux à atteindre, ainsi que le budget consacré à ce projet.
D'une façon générale, il fournit à l'ensemble des partenaires de la formation linguistique
professionnelle une référence unique permettant la bonne gestion de la formation
linguistique.
1
Idem, p. 80-81.
76
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
Cette étape comportera trois phases: d'abord, des entretiens individuels préliminaires,
ensuite analyse de l'offre, enfin, l’étude de faisabilité du projet.
Il est à noter que cette démarche, permet ainsi de déterminer le profil de l'apprenant ce
qui permettra d'affiner les différents objectifs pédagogiques.
Avant de finaliser un dispositif adapté, il est nécessaire de mettre au point l'offre qui
répond aux besoins de la formation.
Dans tous les cas, il faut veuillez au bon choix des intervenants et voir si ces
organismes de formation sont dirigés par des pédagogues ou des commerçants, Et quels
sont les niveaux de qualification et le statut des formateurs, et quels équipement,
techniques et supports utilisent-ils ?
1
Ibid.
77
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
3-3-3-3 Evaluation2
L'évaluation formative:
Il s'agit d'intégrer dans le cours du processus de formation des temps de contrôle des
acquis comme les minis-tests, les contrôles d'auto-évaluation, l'examen blanc,etc.
Ce type d'évaluation n'aura pas pour la finalité de juger ou sanctionner l'apprenant, mais
l'aider dans son parcours pédagogique en lui fournissant un feed-back sur ses efforts.
L'évaluation sommative:
Il s'agit ici de conclure le procès pédagogique par une analyse et un contrôle final des
acquis en utilisant des outils de l'évaluation plus sophistiqués.
L'évaluation fonctionnelle:
1
Ibid, p. 83.
2
Ibid, p. 84.
78
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
En somme, il est important de rappeler que pour organiser une formation linguistique
professionnelle, il faut d'abord analyser les compétences dans l'entreprise afin de
déterminer le déficit et de mettre au point un cahier de charge contenant les objectifs de
la formation.
Ensuite, la contraction d'un dispositif pédagogique précédé par une analyser des
conditions individuelles d'engagement dans la formation ainsi que les conditions de
faisabilité de projet.
Enfin, une étape d'évaluation est obligatoire au terme de chaque processus de formation,
permettait la régulation et le contrôle des acquis.
L'ensemble de ces démarches reposent sur la formalisation des compétences actuelles et
attendues à travers un document commun à l'ensemble des partenaires, le référentiel de
compétences linguistiques2.
Conclusion
La conclusion la plus importante que nous puissions tirer, à la suite de notre analyse de
la politique Linguistique dans les entreprises algériennes, que celle –ci reste ambiguë du
fait qu'elle ne développe pas une stratégie claire avec des objectifs définis, d'ailleurs,
depuis toujours, cette politique reste dépendantes des objectifs des politiciens, elle est
souvent critiquée pour sa valorisation excessive de la langue arabe , la seule langue
officielle au détriment du tamazight et de l’arabe dialectal. Alors, que faut-il faire?
Il faut d'abord, avoir une vision ouverte sur le monde, à la fois rationnel et pragmatique.
Il faut ensuite une politique linguistique qui met le monde de la formation et le monde
du travail en adéquation. Enfin pour qu'une politique linguistique réalise ses objectifs
1
Ibid, p. 86-88.
2
Pour plus d’information sur la formation linguistique dans les milieux professionnels, consulter la
superbe étude réalisée par la Direction de la Population et des Migrations (DPM), DE FERRARI M (sous
dir), «Développer la formation linguistique au titre de la formation professionnelle continue en
entreprise»,in Migrations études, n°133, janvier 2006, www.cohesionsociale.gov.fr Rubrique Migration
et Intégration.
79
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie
notamment l'imposition de la langue légitime, elle doit se doter des expertises, des outils
et des moyens d'action sur les langues en présence.
Nous allons développer ces points avec plus de précision, dans le chapitre suivant, en
présentant la politique et les pratiques linguistiques dans l'entreprise de la SONELGAZ.
80
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
Introduction
Pour bien comprendre cette problématique, nous avons voulu effectuer une enquête sur
les pratiques linguistiques dans les entreprises algériennes.
En ce qui nous concerne, nous nous sommes principalement intéressé au rapport qui lie
choix linguistique et situation de travail.
1
Pour comprendre cette abréviation, voir annexe 8.
2
BLANCHET Ph, Op. Cit, p. 22.
81
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
Quant aux observations directes, il convient de mentionner qu’elles n’ont pas une valeur
statistique. Elles visent à décrire la situation linguistique de l’entreprise, en identifiant la
langue du travail et en déterminant les principaux critères qui président dans le choix de
cette langue.
-Quels sont les critères qui président dans le choix linguistique dans cette l’entreprise ?
Pour ce faire, nous avons assisté à des situations de travail variées, ce qui nous a
permis d’avoir une vue panoramique de la situation linguistique de l’entreprise.
De même, tout au long de cette étude nous avons pris des notes d’observation pour
compléter les données recueillies sur les comportements langagiers des salariés.
Par ailleurs, nous avons recouru à des entretiens semi- directifs avec les acteurs
concernés ; par les langues et la prise de décisions dans l’entreprise, à savoir le chef de
la division des ressources humaines et le chef de la service formation au niveau de
l’entreprise. Ceci nous a permis d’obtenir des informations sur les pratiques
linguistiques observées et éventuellement répondre aux questions posées ci-dessus.
82
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
Nous commençons d’abord à décrire le cadre général au sein du quel nous avons situé
notre enquête
A- Histoire et évolution
Juin 1947, électricité et gaz d'Algérie (EGA) est crée suite à la nationalisation des
différentes entreprises algériennes d'électricité et du gaz.
1
Voir annexe 9 pour pouvoir consulter les documentations de l’entreprise.
2
Consulter site : www.sonelgaz.dz
83
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
Après l'indépendance, EGA est prise en charge par l'Etat algérien ; le départ massif du
personnel français ne l’a pas l'épargné. En quelques années et grâce à un formidable
effort de formation, l’encadrement et le personnel algérien assurent effectivement le
fonctionnement de l’établissement.
1
Voir Décret n°6959 du 28 Juillet 1969 parue dans le journal officiel du 1erAoût 1969.
2
Voir Décret n°02-195 du premier Juillet 2002 parue dans le journal officiel de la république algérienne
n°39.
84
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
1
www.sonelgaz.dz
85
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
Ses nouveaux statuts lui confèrent la possibilité d’intervenir dans d’autres segments
d’activités présentant un intérêt pour l’entreprise et notamment dans le domaine de la
commercialisation de l’électricité et du gaz à l’étranger.
Aussi, l’entreprise concentre tous ses efforts dans la formation continue pour suivre
l’évolution des métiers, implanter et assurer le développement des capacités
managériales de l’encadrement et prépare la relève, afin de pouvoir prendre en charge
les projets de développement des infrastructures, des réseaux et du volet commercial.
La formation est assurée au recrutement et tout au long de la vie professionnelle, par le
biais de la formation spécialisée et le perfectionnement dans des institutions externes ou
dans ses propres centres de formation de Blida et de Ain M’lila, qui disposent de 400
places pédagogiques chacun et qui dispensent des formations techniques afférentes aux
métiers de l’électricité et du gaz, ainsi que le centre de Ben Aknoun d’une capacité de
200 places, spécialisé dans l’enseignement de la gestion adaptée aux procédures de
l’entreprise.
Les ressources et moyens de SONELGAZ en matière de formation, à savoir : des
formateurs expérimentés, des ateliers, laboratoires et salles spécialisées et des
1
Ibid
86
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
équipements audiovisuels, lui ont conféré une riche expérience, qu’elle exploite pour
son personnel, et qui lui ont valu d’être sollicitée pour la formation d’équipes venues de
pays maghrébins et africains.
SONELGAZ est considérée comme l’un des plus gros employeurs du paysage industriel
du pays.
Selon les statistiques de 2006, elle emploie plus de 47000 travailleurs entre permanents
et contractuels.
Fin 2006, la répartition de l’effectif global des filiales métiers par catégorie
socioprofessionnelle se présente comme suit : 27,2 % de cadres, 20,2 % d’agents
d’exécution et 52,6 % d’agents de maîtrise. Les derniers mouvements d’effectifs ont
entraîné un rajeunissement du personnel de l’entreprise, avec 51 % du personnel de ces
filiales qui ont moins de 40 ans1.
1
Consulter site, Op. Cit.
87
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
d'emploi pour les jeunes universitaires, trois programmes ont été tracés. Ils concernent
la distribution et le stockage du gaz butane, la réalisation de stations-service et le
transport des carburants au niveau des wilayas du Sud. Suite à ces programmes, 138
micros entreprises, réparties sur 26 wilayas, seront lancées.
En général, les seuls domaines de l’électricité et du gaz ont permis, la création, en 2004,
de 10 325 postes d’emploi, contre 3185 seulement en 1999. « Il y a une croissance de
22,4% ». Le secteur de l’énergie compte également faciliter la tâche des jeunes désirant
de créer leurs propres micros entreprises par le système de l’appel d’offres1
L’ambition de SONELGAZ est de devenir plus compétitif pour pouvoir faire face à la
concurrence qui se profile et compter, à terme, parmi les cinq meilleurs opérateurs du
secteur dans le bassin méditerranéen.
En ce qui nous concerne, notre enquête porte sur la direction régionale de SONELGAZ
Ouargla 01 dont l’activité principale est la distribution.
Groupe
socioprofessionnel Cadre Maîtrise Exécution
Nombre 64 165 51
1
MAKEDHI M, « SONALGAZ 9000 agents recrutés », El Watan, 5 Juillet 2005.
2
Pour plus de détail voir organigramme officiel de l’entreprise, Annexe 4.
88
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
Dans cette partie, nous nous interrogeons sur l’usage des langues à la SONELGAZ.
Quelles langues les travailleurs de la SONELGAZ utilisent-ils dans les rapports
quotidiens du travail, dans les documents qui circulent, la tenue des réunions, ainsi que
les décisions de recrutement et de promotion ?
Pour ce faire, nous jugeons nécessaire de décrire les différentes langues utilisées dans
les différentes situations de communication de travail. Alors nous allons examiner les
usages linguistiques dans les réunions, les rapports et les documents écrits. Ce qui nous
permettra de déterminer, dans un premier temps, les principaux critères des choix
linguistiques et dans un deuxième temps les besoins en langues de l’entreprise,
notamment à travers l’analyse d’offres d’emplois et les pratiques du recrutement.
Afin de répondre aux questions posées ci-dessus, nous avons assisté à des situations de
travail variées, ceci nous a permis d’avoir un aperçu général de la situation linguistique
de l’entreprise, et de rédiger en parallèle notre journal d’observation (voir tableau 1)
89
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
l’avion déjà mentionné, le milieu de travail est aussi un milieu de vie dans lequel il y a
place pour des échanges humains.
Dans le cas de notre entreprise, concernant les langues utilisées, nous remarquons que
pour les travailleurs de la SONELGAZ c’est l’arabe algérien qui prédomine les
échanges interpersonnels. Parfois il se trouve alterné avec le français. Or, nous avons
remarqué que cette alternance dépend de plusieurs facteurs situationnels et sociaux tels
que l’origine sociale de l’employé, son âge et son expérience au travail, etc.
En effet, nous avons constaté que les travailleurs originaires du Nord du pays emploient
plus de mots français dans leurs pratiques orales que ceux du Sud.
Ainsi, les anciens produits de la période coloniale ont plus recours au français que les
jeûnes recrutés, issus d’un système éducatif arabisé.
Il se peut aussi que le choix linguistique soit lié au désir d’affirmer l’identité
linguistique et culturelle vis- à- vis de ceux de la majorité. Á SONELGAZ, on
enregistre une minorité de travailleurs qui parle le berbère (Ouargli et M’Zabi).
Quant aux autres langues étrangères, apparemment il n’y a pas de place pour l’anglais ni
pour les autres langues dans les échanges oraux des travailleurs.
En somme, on peut dire que les langues maternelles dominent les communications
interpersonnelles à SONELGAZ. En revanche, dés que nous passons à des activités
spécifiques de lecture ou de rédaction, nous remarquons que ces langues ne jouent plus
le même rôle, et c’est le français qui domine (voir tableau 2).
90
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
D’un autre côté, nous avons remarqué que, pour ces communications spécifiques du
travail, la langue utilisée varie selon les situations. Nous allons étudier le choix
linguistique des travailleurs sous l’angle de certains types de variations à savoir :
-Le type de tâche exercée.
-Le type de message.
-le type de profil d’instruction du travailleur.
.
Lire des textes internes. Français (toujours).
Lire des textes venant de l’extérieur. Français (souvent).
91
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
À cet effet, nous avons recueilli une documentation provenant de services variés (des
donnés statistiques, notes, demandes d’emploi, attestations de travail, factures,
formulaires, pamphlets publicitaires, dépliants, …etc.) (Voir annexe 9)
Nous avons enregistré une forte dominance du français dans ces documents.
Sur le plan des activités orales, les travailleurs alternent l’arabe et le français, nous
pouvons citer le cas de téléphone qui reste le mode de communication orale le plus
utilisé, il nécessite souvent une bonne, voire très bonne maîtrise en langues étrangères, à
la SONELGAZ dans la plupart des conversations téléphoniques c’est le français qui
prime généralement sur les autres langues y compris l’arabe. Pour les réunions, nous
avons deux cas de figure.
Dans le cas des réunions générales, les travailleurs alternent le français et l’arabe.
Cependant, dans les réunions spécifiques qui rassemblent les dirigeants et les cadres, le
français règne.
Le tableau ci-dessus, nous montre q’ à l’écrit le français domine toujours et à l’oral c’est
l’alternance arabe/ français.
92
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
Partant de ce constat et sachant qu’au sein de notre entreprise trois groupes socio
professionnels s’organisent à savoir : les cadres, les agents de maîtrises et les agents
d’exécution. L’observation relève, que généralement les exécutions accomplissent que
des tâches orales ou manuelles. Tandis que les maîtrises et les cadres réalisent, le plus
souvent des tâches essentiellement écrites.
Dès lors, et par voie de conséquence, il ressort que, les cadres emploient souvent le
français dans leur travail ainsi que les maîtrises, notamment, ceux qui accomplissent des
activités techniques de conception et de contrôle, emploient uniquement le français.
Quant aux exécutions, c’est l’arabe qui prédomine dans la plupart des cas (voir tableau
5).
-type de tâche,
- type de message,
En outre, nous voulons attirer l’attention sur un aspect qui nous a interpellé, lors de
notre étude, nous avons remarqué que la question de la langue au niveau de la
SONELGAZ n’a aucune importance, et elle est évoquée que par les services de
ressources humaines lors des recrutements et des programmes de formation. C’est pour
93
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
cette raison, nous avons jugé nécessaire d’élaborer le problème des langues et de
recrutement à la SONELGAZ, c’est ce que nous tâcherons de le faire dans le sous titre
qui suit.
Ces dernières années, la langue devient une condition majeure pour toute personne en
quête d’emploi.
En outre, parmi les offres exigeant une bonne connaissance des langues étrangères, on
note les emplois qui sont liés directement ou indirectement aux processus de production,
l’anglais, le plus souvent, est exigé pour les cadres de gestion, d’administration, de
finance et de comptabilité1.
Les travailleurs déclarent, que la nature de leur travail leur oblige à connaître au moins
deux langues étrangères. Le français, la langue la plus pratiquée à la SONELGAZ. Et
bien entendu, l’anglais, la première langue au monde exigé et demandé par le marché.
C’est la raison pour laquelle, l’entreprise cherche souvent des candidats possédants une
pratique courante ou une bonne maîtrise des langues citées ci-dessus. En outre, il est à
1
Pour une bonne illustration, voir annexe 5.
94
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
signaler que la demande de l’entreprise est trop influencée par le marché. Elle dépend
de la langue des pays avec lesquels l’entreprise est en relation.
Cependant, on remarque que, quelle que soit la langue du client, c’est le français qui
domine, souvent, le travail à la SONELGAZ, et les résultats d’enquête montrent que le
français pèse plus lourd que les autres langues, non seulement à la SONELGAZ mais
sur tout le marché du travail en Algérie.
4-1-2 Entretiens
Pour ce faire, nous avons effectué des entretiens avec les responsables concernés par
les langues au niveau de l’entreprise de la SONELGAZ à savoir, le directeur de la
division ressources humaines et le chef service formation de la direction régionale
Ouargla1. Les entretiens d’une heure et demi, nous ont permis de prélever des
informations et des éléments de réflexion très riches en relation avec notre thème de
recherche.
1
Gouvernement du Québec, livre I la Langue du travail , la situation du français dans les activités de
travail et de consommation des québécois, arrêté en conseil N° 3541, Québec, 1972, p.104.
95
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
Les deux entretiens comportent une série de questions ouvertes, elles sont classées à
partir de quatre grands thèmes qui sont les suivants.
L’entretien commence par une question concernant les langues en présence dans
l’entreprise. Elle nous permet de détecter les langues utilisées dans l’entreprise.
La question N° 3 s’intéresse aux effets négatifs de la non maîtrise de la langue sur les
activités du travail.
La question N°4 permet de savoir, si les usages linguistiques sont imposés, ou s’il s’agit
d’un choix personnel. Elle permet de relever les critères qui président dans le choix de
la langue et par la suite faire une typologie des choix linguistiques dans l’entreprise.
La question N° 5 permet de connaître l’influence des facteurs sociaux sur les attitudes
linguistiques des travailleurs, notamment l’appartenance à une communauté ou à une
région bien déterminée.
• Formation du personnel
96
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
Les questions 7et 8 permettent de voir comment le marché nous impose actuellement
l’anglais comme unique langue du travail.
97
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
Quant à la question N° 4, elle permet de connaître s’il y a une adéquation entre cette
langue du travail (question N° 3) et les nouvelles exigences du marché.
Il convient de préciser que nous avons opté pour une analyse qualitative thématique,
celle-ci s’avère la plus appropriée à notre enquête. Cependant, nous n’allons pas
évoquer toutes les réponses mais, les plus pertinentes, celles qui touchent à notre thème.
A l’écrit : les travailleurs utilisent souvent le français dans la plupart des services : cas
des rapports, procès verbaux, notes de services, courriers, etc. Sauf le service de la
justice où l’arabe est utilisé voire imposé à 100%.
Cependant à l’oral, ils alternent français et arabe algérien. Cette alternance varie selon
les situations du travail, selon les interlocuteurs et leur niveau hiérarchique et selon
l’objectif de la communication. En effet, entre fonctionnaires, le choix dépend des
catégories car ceci revient à la fonction et au niveau des employés de chaque groupe
socioprofessionnel dans l’entreprise. En effet, et comme nous l'avons signalé au
paravent, le niveau de formation diffère d'une catégorie à une autre. Cette spécificité se
répercute sur les compétences langagières de chaque groupe socioprofessionnel, qui
1
Pour la transcription des entretiens, voir annexe 7.
98
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
exige l'utilisation d'une langue et non pas une autre. Citons comme exemple, pour la
catégorie des cadres, le niveau demandé est soit un niveau d’ingénieur ou de licencier,
parallèlement et au sein de cette même catégorie, il existe des employés qui ont pu
accéder à cette catégorie par une promotion à l'ancienneté.
Quant à la catégorie des maîtrises, il s'agit de recruter ceux qui ont le niveau de 3ème
année secondaire et qui ont subi une formation technique dans l'un des trois centres de
formation évoqués.
De même, la tâche destinée au personnel d'un même groupe, peut influencer le choix de
la langue utilisée. En effet et si nous prenons le cas de la catégorie exécution, la tâche
d'une secrétaire de direction exige de sa part une compétence écrite et orale en langue.
Alors que la tâche d'un agent d'exécution qui travail sur le terrain, ne nécessite pas
obligatoirement la maîtrise des langues.
Cependant, nous voyons que le faite de ne pas utiliser l’anglais empêche l’accès aux
nouvelles technologies et peut même entraver le développement de l’entreprise.
Or, nous avons constaté que même les nouvelles technologies notamment l’usage de
l’Internet, favorisent l’usage du français à la SONELGAZ.
99
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
Par contre, les dernières recherches à ce sujet, confirment que la non maîtrise de la
langue peut avoir des conséquences négatives sur tous les plans y compris le plan
technique et le plan commercial, dans la mesure où, une bonne maîtrise de la langue de
travail favorise la progression de l’entreprise.
Compte tenu du budget maigre consacré à la formation linguistique, selon les dires de
Mr le directeur des ressources humaines, et d’après le responsable de la formation au
niveau de l’entreprise1 nous pouvons constater que la maîtrise de la langue n’est pas
encore reconnue comme compétence professionnelle à la SONELGAZ. En effet,
l’apprentissage de la langue n’est pas suffisamment ancré dans le plan des dispositifs de
la formation professionnelle de l’entreprise.
1
Voir annexe 7.
100
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
Nous pouvons expliquer cela par le fait que ce sont les intérêts de la société ainsi que la
politique linguistique de l’Etat algérien qui exigent et orientent la formation linguistique
dans l’entreprise.
À ce titre, un autre point attire notre attention, c’est celui de l’inégalité devant la
formation. En effet, on remarque que cette dernière n’a pas touché tout le personnel de
l’entreprise. Et elle se contente aux cadres qui bénéficient le plus souvent de cours
particuliers en anglais.
D’après les réponses de nos interlocuteurs, la langue n’est pas un critère exigé dans le
recrutement, ni une condition pour la promotion et la carrière à la SONELGAZ « la
langue n’est pas condition pour la carrière ou la promotion, il y a d’autres
composantes professionnelles et politiques plus importante qu’elle »1. Mais, les
responsables préfèrent souvent recruter des employés possédant des compétences dans
la langue du travail (le français à la SONELGAZ), ceci confirme notre hypothèse que la
langue est un bon moyen pour avoir un emploi.
Dans notre situation, nous constatons la dominance du français sur l’entreprise voire sur
le marché du travail algérien.
1
voir annexe 7.
101
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
entreprises, pour SONELGAZ c’est le français et d’un autre côté, les besoins
linguistiques du marché qui imposent l’anglais, que faire donc ?
D’après nos interlocuteurs, les employés sont conscients des exigences linguistiques du
marché du travail algérien, cependant, on remarque que tout leur entourage leur impose
le français comme langue du travail.
Le fait marquant que nous avons pu constater est que le français est la langue du travail
à l’écrit et même à l’orale à la SONELGAZ. En parallèle, ce que nous a surpris c’est
bien le statut de l’arabe, en effet, nous avons constaté que l’arabe recule et peut même
s’effacer complètement au profit du français « il se limite à certains communications
externes /./ mais hmmm en tout /…/ on peut dire qu’il est en recule par rapport au
français »1.
1
Voir annexe 7.
2
Voir annexe 7.
102
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
la langue française en tant que principale et unique langue du travail dans le secteur
économique en Algérie.
Par ailleurs, il est à noter que ce recule de l’arabe n’a rien susciter comme réaction de la
part des travailleurs, ces derniers, ne manifestent aucun regret de travailler en français/./,
au contraire, est un avantage pour eux de travailler en français « c’est un avantage de
travailler en français /./ sans complexe /./ et d’ailleurs, je n’ai pas honte de dire ça ! le
français c’est notre langue ::: c’est un « butin de guerre»1 .
Ces travailleurs ont des représentations négatives envers l’arabe, effectivement,, leurs
comportements linguistiques reflètent leurs représentations. Accepter que l’arabe ne soit
pas la langue des sciences, ni de celle de la technologie et de l’économie concourt
certainement à son appauvrissement « […] mais pas l’arabe /./ […] elle ne convient
pas au travail ! [ma toslohſ] ».
Et c’est le même cas pour les langues maternelles qui restent limités aux échanges
interpersonnels.
Or, les dirigeants que nous avons rencontré confirment que SONELGAZ n’a pas une
politique. Le français est un héritage historique, SONELGAZ est francisée depuis
1947.Quant à l’anglais, il est souhaitable à l’heure de la mondialisation de s’ouvrir à
l’international et au monde en adaptant l’anglais comme langue des affaires et des
échanges. Cela montre bien que le choix linguistique à la SONELGAZ n’est pas
centralisé et sa politique résulte d’un choix pragmatique.
Que doit faire l'entreprise donc devant ce conflit linguistique ? Recule de l'arabe langue
nationale de l’Etat, dévalorisation des langues maternelles, prépondérance du français ?
Et ouverture sur le monde ?
Nous pensons que le plurilinguisme avec une certaine valorisation de l'arabe peut offrir
un meilleur équilibre et une bonne adaptation avec le marché.
1
Voir annexe 7.
103
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
«La langue arabe est pour les Magrébins une référence d’identité […]. Elle
devrait être la source d’une conscience d’exister propre, de fierté de l’origine.
Méprisée dans la situation coloniale, dévalorisée par la comparaison
unilatérale au monde moderne, mal traitée dans une politique d’arabisation
politisée, elle a besoin aujourd’hui encore d’être reconnue et restaurée dans
la place qu’elle mérite.»1
4-4 Synthèse
Les informations recueillies par nos observations du départ et lors des entretiens
permettent de mettre en lumière quelques constats:
D'abord, en ce qui concerne le choix linguistique, les résultats obtenus confirment que
les choix linguistiques ne sont pas formalisés, ni centralisés et les critères qui orientent
ces choix sont:
1
GANDGUILLAUME G, « les enjeux politique linguistique », Op. Cit.
2
KHENNOUR S, Langues et Développement humain durable en Algérie, Thèse de doctorat, 2006,
Université de Provence Aix-Marseille 1, p.170.
104
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
En second lieu, nous constatons que, le français est la principale langue du travail dans
les entreprises algériennes, elle garde une place prépondérante dans le secteur
économique et elle prime sur le marché du travail. Par contre l'arabe recule dans ce
secteur, et peut même disparaître au bénéfice du français, pareil pour les langues
maternelles, qui se trouvent dévalorisées et limitées à la communication familière. Cela
revient à la politique linguistique de l'Etat algérien. Cependant, les résultats de l'enquête
révèlent que les entreprises algériennes ne développent pas de politiques linguistiques
propres et précises.
Enfin, il faut noter que peu de personnes dans l’entreprise qui ressentent que, la langue
est un élément essentiel au travail, c’est pour cette raison, elle n’est pas intégrée dans le
plan de la formation de l’entreprise. On peut attribuer ce désintérêt à des causes
diverses, mais ; comme l’explique bien GRIN, il tient sans doute en bonne partie à
l’idée que la langue « ne change pas grand-chose»1 Or, les études montrent qu'avoir des
compétences en langues devient une nécessité absolue dans le contexte professionnel
actuel. Effectivement, dans les entreprises du secteur de l'économie en Algérie, la
langue devient un critère majeur, permettant de faire évoluer les salariées dans leur
carrière professionnel et représente un bon moyen d'accéder à l'emploi.
Mais, le problème de notre pays reste toujours l'inadéquation entre la langue du travail
et la langue d'enseignement et de formation.
1
GRIN F, « Langues et marché du travail: quelques réponses, beaucoup de questions », in BENGUERNA
M, KADRI A (sous dir), Mondialisation et enjeux linguistiques : quelles langues pour le marché du
travail en Algérie ?, Cread, Alger, p.168.
105
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
Conclusion
Arrivant au terme de cette étude exploratrice, on peut rappeler que plusieurs activités
ont été entreprises dans le cadre de cette enquête.
Pour commencer, une observation attentive des pratiques langagières des travailleurs
de l'entreprise de la SONELGAZ et un dépouillement des documents disponibles nous
ont permis de dresser un bilan de la situation linguistique de l'entreprise et d’élaborer
une typologie des choix linguistiques dans l’entreprise.
Ensuite, des entretiens ont été menées avec les responsables des ressources humaines,
ont apporté une richesse incontestable à l'enquête et ont permis de récolter une quantité
suffisante de données.
Enfin, après l'analyse qualitative des phénomènes observés et des réponses recueillies
lors des entretiens, une synthèse interprétative s'avère nécessaire pour finir.
À la lumière de toutes ces procédures, nous pouvons avancer les résultats suivants :
106
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
Quant à la vérification des hypothèses, étape ultime de la recherche, nous pouvons dire
que les hypothèses que nous avons formulé au début, sont donc dans l’ensemble,
confirmées.
107
Conclusion générale
Conclusion générale
Au terme de cette étude, notre travail constitue une réflexion que nous venons de fournir
à propos d’une question d’actualité celle de la langue et sa relation avec le travail.
Partant du principe que la langue est une composante intrinsèque du travail et un facteur
principal dans la productivité économique, la présente recherche s’est intéressée à la
langue du travail, notion longtemps éloignée des préoccupations de nos chercheurs
linguistes, est aujourd’hui une question préoccupante en Algérie et dans le monde.
Dans le cadre de ce mémoire, nous avons étudié comment se fait le choix de la langue
du travail dans les entreprises algériennes du secteur économique, et dévoiler les enjeux
politiques, économiques et sociaux qui se rattachent à ce choix linguistique.
Pour ce faire, nous avons élaboré quatre chapitres. Le premier a examiné le lien entre la
langue et le milieu de travail. Le deuxième, à caractère purement économique, vise à
décrire le marché du travail en Algérie pour pouvoir, par la suite, montrer comment la
langue peut être un moyen d’accès à l’emploi. Le troisième chapitre, pour sa part, porte
sur la politique linguistique des entreprises algériennes. Enfin, le quatrième et le dernier
chapitre s’intéressait aux pratiques linguistiques relativement à l’embauche, à la
formation du personnel et à l’exercice du travail dans la SONELGAZ.
1
BLANCHET PH,Op.Cit.
108
Conclusion générale
ensuite à collecter des données par observation directe et l’utilisation des entretiens
semi- directifs, et enfin à l’interprétation et à la généralisation des résultats obtenus.
Sans répéter les premières conclusions que nous avons pu tirer de cette enquête, nous
voudrions mettre en exergue quelques points marquants :
Notre recherche présente, toutefois, quelques limites, nous lui reconnaissons quelques
difficultés inhérentes aux données beaucoup plus.
1
Voir annexe 5
109
Conclusion générale
La première difficulté rencontrée dans ce travail, réside dans le fait que la langue est un
concept difficile à mesurer.
Nous pouvons aussi soulever une autre contrainte, il n’a pas toujours été facile de
rencontrer les dirigeants de l’entreprise, au regard de l’intensité et l’importance de cette
question en Algérie, on s’attendrait à faire des analyses plus approfondies avec d’autres
responsables, notamment, les concernés par la politique linguistique en Algérie.
De même nous souhaitons insister sur une analyse plus en détail de "l’écrit au travail"
qui reste flou que celle d’"écrit scolaire".
Selon notre vision, la principal perspective qui issue de ce mémoire est la mise en
œuvre d’une ingénierie pédagogique de formation.
110
Bibliographie
Bibliographie
I- Ouvrages
11. COULMAS Florean, « Langage and économie », 1992, trad de AWAAD Ahmed
د6 Uوا ا «
ا R T », n° : 263, Novembre 2000..
http://www.kenanaonline.com/mokharat/64175.
12. DE NUCHEZE Violaine & CALLETTA Gean - Marc (eds), guide terminologique
pour l’analyse des discours (Lexique des approches pragmatiques du langage), Peter
Lang Bern, 2002.
111
Bibliographie
24. NEVEU Franck, Dictionnaire des sciences du langage, Armand Colin, Paris, 2004.
112
Bibliographie
26. TALEB IBRAHIMI khaoula, Les algériens et leur (s) langue (s) élément pour une
approche sociolinguistique de la société algérienne, Edition El hikma, Alger, 1997.
2. BLIDI Amel, «Taux de chômage, l’Algérie très mal classée», El Wttan, dimanche 2
Septembre 2007.
3. BOUCHARD Pierre, « La langue de travail une situation qui progresse mais toujours
d’une certaine précarité », Revue d’aménagement linguistique, Automne, 2002, p. 87,
www.olf.gouv.qc.ca/ressources/bibliotheque/ouvrages/amenagement_hs/ral01charte_bo
uchard_vf11.pdf
113
Bibliographie
III- Thèses :
IV-Références électroniques :
114
Bibliographie
115
Bibliographie
28. http://fr.Wikipedia.org/wiki/marchã(c)_du_travail.
29. http://fr.wikitionary.org/wiki/travail.
30. KAHINA F, «La pauvreté recule en Algérie» selon le CNES, Liberté, Samedi 17
Février 2007, www.algerie-dz.com
116
Bibliographie
38. SALES Arnaud, Actes du colloque international sur, les pratiques linguistiques
dans les entreprises à vocation internationale, Secrétariat de la politique linguistique, 9-
10 Juin 2003,www.spl.gouv.qc.ca/secretariat/programme.htm/
117
Annexe 1
Loi n° 91-05 du 16 janvier 1991: portant généralisation de l'utilisation
de la langue arabe
o
Loi n 05-91 datée du 30 jamadi second de l'année 1411, correspondant au 16 janvier
1991 et comprenant la généralisation de l'utilisation de la langue arabe
Chapitre I
DISPOSITIONS GةNةRALES
Article 1er
La présente loi a pour objet de fixer les règles générales de l’utilisation, la promotion et la protection de la langue arabe dans les différents
domaines de la vie nationale.
Article 2
1) La langue arabe est une composante de la personnalité nationale authentique et une constante de la nation.
2) Son usage traduit un aspect de souveraineté. Son utilisation est d’ordre public.
Article 3
1) Toutes les institutions doivent œuvrer à la promotion et à la protection de la langue arabe et veiller à sa pureté et à sa bonne utilisation.
2) Il est interdit de transcrire la langue arabe en caractères autres que les caractères arabes.
Chapitre II
DOMAINES D’APPLICATION
Article 4
Les administrations publiques, les institutions, les entreprises et les associations, quelle que soit leur nature, sont tenues d’utiliser la seule
langue arabe dans l’ensemble de leurs activités telles que la communication, la gestion administrative, financière, technique et artistique.
Article 5
1) Tous les documents officiels, les rapports, et les procès-verbaux des administrations publiques, des institutions, des entreprises et des
associations sont rédigés en langue arabe.
2) L’utilisation de toute langue étrangère dans les délibérations et débats des réunions officielles est interdite.
Article 6
1) Les actes sont rédigés exclusivement en langue arabe.
2) L’enregistrement et la publicité d’un acte sont interdits si cet acte est rédigé dans une langue autre que la langue arabe.
Article 7
1) Les requêtes, les consultations et les plaidoiries au sein des juridictions, sont en langue arabe.
2) Les décisions de justice et les jugements, les avis et les décisions du Conseil constitutionnel et de la Cour des comptes, sont rendus ou
établis dans la seule langue arabe.
Article 8
Les concours professionnels et les examens de recrutement pour l’accès à l’emploi dans les administrations et entreprises doivent se
dérouler en langue arabe.
Article 9
1) Les sessions et séminaires nationaux ainsi que les stages professionnels et de formation et les manifestations publiques se déroulent en
langue arabe.
2) Il peut être fait usage de langues étrangères de façon exceptionnelle et parallèlement à la langue arabe, lors des conférences,
rencontres et manifestations à caractère international.
Article 10
Sont établis exclusivement en langue arabe les sceaux, timbres et signes officiels spécifiques aux institutions, administrations publiques et
entreprises, quelle que soit leur nature.
Article 11
Toutes les correspondances des administrations, institutions et entreprises doivent être rédigées exclusivement en langue arabe.
Article 12
1) Les relations des administrations, institutions, entreprises et associations avec l’étranger ne s’effectuent en langue arabe.
2) Les traités et conventions sont conclus en langue arabe.
Article 13
Le Journal officiel de la République algérienne démocratique et populaire est édité exclusivement en langue arabe.
Article 14
Le Journal officiel des débats de l’Assemblée populaire nationale est édité exclusivement en langue arabe.
Article 15
L’enseignement, l’éducation et la formation dans tous les secteurs, dans tous les cycles et dans toutes les spécialités sont dispensés en
langue arabe, sous réserve des modalités d’enseignement des langues étrangères.
Article 16
1) Sous réserve des dispositions de l’article 13 de la Loi relative à l’information destinée aux citoyens, l'information doit être en langue
arabe.
2) L’information spécialisée ou destinée à l’étranger peut être en langues étrangères.
Article 17
Les films cinématographiques et/ou télévisuels ainsi que les émissions culturelles et scientifiques sont diffusés en langue arabe ou traduits
ou doublés.
Article 18
1) Sous réserve des dispositions de la loi relative à l’information, toutes les déclarations, interventions et conférences ainsi que toutes les
émissions télévisuelles se déroulent en langue arabe.
Annexe 2
Cette loi modifie et complète la loi n° 91-05 du 16 janvier 1991 portant généralisation de
l'utilisation de la langue arabe.
[...]
Article 11
1) Les échanges et les correspondances de toutes les administrations, entreprises et
associations, quelle que soit leur nature, doivent être en langue arabe.
2) Toutefois, les échanges des administrations et associations avec l'étranger doivent
s'effectuer selon ce qui est requis par les usages internationaux.
Article 12
Sous réserve de ce qui est requis par les usages internationaux, les traités et
conventions sont conclus en langue arabe.
Article 18
1) Toutes les déclarations, interventions, conférences et émissions télévisées doivent
être en langue arabe.
2) Elles doivent être traduites à l'arabe lorsqu'elles sont en langue étrangère.
Article 23
1) Un conseil supérieur de la langue arabe est institué et placé sous le patronage du
président de la République. Il est chargé notamment :
- du suivi de l'application des dispositions de la présente loi et de toutes les lois visant
la généralisation de l'utilisation de la langue arabe, sa protection, sa promotion et son
développement;
- de la coordination entre différentes instances supervisant l'opération de
généralisation de l'utilisation de la langue arabe, de sa promotion et de son
développement;
- de l'évaluation des travaux des instances chargées de la généralisation de
l'utilisation de la langue arabe, de sa promotion et de son développement;
- de l'appréciation de l'opportunité des délais relatifs à certaines spécialités de
l'enseignement supérieur, prévus à l'article 7 modifiant et complétant l'article 36,
alinéa 2;
- de la présentation d'un rapport annuel au président de la République sur l'opération
de généralisation de l'utilisation de la langue arabe.
2) D'autres prérogatives peuvent être prévues en vertu d'un décret présidentiel.
Article 32
1) Sera puni d'une amende de 1000 à 5000 DA quiconque signe un document rédigé
dans une autre langue que la langue arabe, pendant, ou à l'occasion de l'exercice de
ses fonctions officielles, sous réserve des dispositions des articles 2 et 3 modifiant et
complétant les articles 11 et 12 de la présente ordonnance.
2) En cas de récidive, l'amende est portée au double.
Article 36
Les dispositions de la présente ordonnance sont applicables dès sa promulgation
Annexe 3
-1989 Parachèvement de l’arabisation totale de l’Ecole algérienne dans tous ses paliers.
-1991 Adoption par la dernière assemblée du parti unique, de la loi sur la GULN, qui
sera gelée par la direction collégiale du pays, le HCE c’est-à-dire Haut Comité d’Etat,
en 1992 puis de nouveau adoptée et promulguée le 5 juillet 1998 (même si, dans la
réalité des faits, elle ne sera jamais appliquée)
Annexe 4
DIRECTION REGIONALE
Chargé de la communication
Chargé de la sécurité
Guide d’entretien
• Formation du personnel :
1. Quel est le poids de votre entreprise dans le marché du travail algérien, autrement dit,
dans quelle mesure la SONELGAZ peut-elle être, un moyen ou une source de création
d’emploi ?
2. Quels sont les critères de sélection lors du recrutement et est-ce que la langue fait
partie de ces critères C-A-D, est ce que vous prenez en considération la maîtrise des
langues dans le recrutement ?
Oui, quelle langue ?
3. Est ce que vous excluez les candidats unilingues ?
4. Alors, on peut dire que la langue est un critère pour le recrutement est-elle aussi
condition pour la carrière et la promotion dans votre entreprise ?
5. La langue peut elle être un moyen pour avoir un emploi ?
6. est-ce que le développement de votre entreprise peut se faire sans tenir compte de la
langue ?
Le rôle de la langue est négligeable ?
Oui, Quelle langue ?
7. Est-ce que votre entreprise est concernée par l’ouverture économique et les échanges
commerciaux ?
8. Alors, vous êtes concerné par la généralisation mondiale de l’anglais ?
Convention de transcription
Les entretiens effectués auprès des responsables de notre entreprise consistent une
véritable base de donnés orale.
Notre seul problème réside dans la transcription orthographique adopté, car il n’existe
pas un mode de transcription universel. Nous nous appuyons pour cela, sur les
transcriptions de Claire BLANCHE-BENVENISTE1 et du groupe Aixois de Recherche
en Syntaxe (GARS).
Intonation montante :〉
Intonation descendante :〈
Interruption : /
1
BLANCHE- BENVENISTE C, les conventions de transcription du GARS , Université de Provence,
http://www.hum.au.dk/romansk/fransk/parle/hla.htm
Entretien 1
Abréviation et acronymes