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UNIVERSITE KASDI MERBAH – OUARGLA N° d’ordre :

Faculté des Lettres et Sciences Humaines N° de série :

Département des Langues Etrangères

Mémoire
Présenté pour l’obtention du diplôme de

MAGISTÈRE
Spécialité : Français
Option : Sciences du langage

Par : CHERFAOUI Fatma Zohra

Thème

Langues
et
Marché du Travail en Algérie
cas de la SONELGAZ

Directeur de recherche
Dr Salah KHENNOUR

Soutenu publiquement le : 25/06/2008

Devant le jury composé de :

Dr. Bachir BENSALAH M.C Université de Biskra Président


Dr. Salah KHENNOUR M.C Université de Ouargla Rapporteur
Dr. Samir ABDELHAMID M.C Université de Batna Examinateur
Dr. Djamel KADIK M.C Centre Universitaire de Média Examinateur
Dédicace

Á la mémoire de mon petit frère Yacine

Á mes chers parents ; à qui je présente ma reconnaissance éternelle et ma profonde


gratitude pour les sacrifices qu’ils ont supporté pour mon éducation et ma formation.

Á mes frères

Á mes sœurs

Á tous mes amis


Remerciements

Mes sincères remerciements vont principalement à mon directeur de mémoire, Monsieur


KHENNOUR Salah pour son encadrement, son attention et sa patience, je le remercie pour sa
confiance en mes capacités, ainsi que pour sa politesse et son soutien moral. Qu’il trouve ici
l’expression de ma gratitude et de mon profond respect.

Je remercie tout le personnel de l’entreprise SONELGAZ Ouargla 1 pour l’accueil chaleureux


et l’ambiance du travail, en particulier :

Monsieur BENSACI Mohamed Othman, Chef service formation, pour son aide précieuse, sa
générosité, et sa disponibilité.

Monsieur ZEROUAL, chef division ressources humaines, pour sa collaboration.

Je tiens également à remercier :

Monsieur BADOUI Abdelwahaab, directeur de l’école Premier Novembre, pour son soutien,
son encouragement et surtout pour sa patience.

Amel, l’amie qui m’a soutenu et encouragé, j’ai bénéficié de son aide généreuse et de son
savoir. Merci.

Souad, ma sœur, elle a toujours su trouver le temps de me conseiller, de me lire, de me


corriger. Merci d’éclairer mon chemin.

Je ne saurais oublier de remercier Ishaak et la petite Maroi, qui n’ont épargné aucun effort
pour la saisie de ce mémoire, surtout aux derniers moments, les plus durs de ce travail.
Résumé
Cette recherche se propose d’étudier le rapport entre langues et marché du travail en Algérie. Nous avons
interrogé le concept de la langue du travail partant de l’entreprise de la SONELGAZ.
Notre propos a été de mettre en relation deux notions distincts l’un appartenant au champ linguistique, l’autre à
celui de l’économie.
Le premier chapitre articule la langue et le travail. Le deuxième chapitre, à caractère purement économique,
analyse la situation du marché du travail algérien. Le troisième chapitre, de sa part, traite la politique linguistique
dans les entreprises algériennes. Enfin, le quatrième et le dernier chapitre propose une enquête , par observation
et entretiens semis- directifs, sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ, il vise à déterminer la langue du
travail et les critères qui président dans le choix de cette langue, ainsi que le rôle et l’influence de cette dernière
sur le marché du travail en Algérie.
Les résultats obtenus montrent que les choix linguistiques dans les entreprises économiques algériennes ne sont
pas formalisés, ni centralisés. Cependant, le français domine le marché du travail et reste la principale langue du
travail dans le secteur de l’économie.
L’étude révèle aussi, comment la langue devient un élément central dans le maintien d’un emploi.
Mots- clefs : Langue, marché du travail, politique linguistique, entreprise, économie, travail.

Summary
This research will examine the relationship between language and labour market in Algeria. We questioned the
concept of language work of the company SONELGAZ.
Our intention was to link two separate concept one belonging to linguistic field, other than the economy.
The first chapter articulates language and work. The second chapter, purely economic analysis of the labour
market situation in Algeria.
The third chapter, on its part, treats the language policy in the Algerian enterprises. Finally, the fourth and last
chapter provides an investigation by observation and interviews seeding policy on the linguistic practices
SONELGAZ, it aims to determine the language of work and the criterias governing the choice of this language
and the role and infact of This finaly on the labour market in Algeria.
The results show that the language choices in our economic enterprises are not formalized , not centralized.
However, the french dominates the labour market and remains the main language of work in a sector of the
economy. The study also reveals that language becomes a central element in maintaining a job.
Key words: Language, labour market, language policy, enterprise, economy, work.

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TABLE DES MATIERES

Introduction générale ……………………………………………...………… 1


Chapitre 1 : Langue et travail
Introduction…………………………………………………..………...…… 6
1-1 Langage et communication au travail ………………………………… 6
1-1-1 Communication et travail ………………………..……………… 7
1-1-1-1 L'écrit au travail………………….……………………… 10
1-1-1-2 Les interactions orales au travail……………………… 11
1-1-2 Activité de langage et activité de travail ……………………….. 13
1-2 Variation et domaine de travail………………………………………..… 17
1-2-1 Plurilinguisme au travail ……………………………..………… 18
1-2-2 Le travail de la diversité à la variation linguistique…………….. 21
1-3 Langue et enjeux économiques ……………………………….……… 23
1-3-1 L'économie de la langue………………………………………… 24
1-3-2 Langue et activités économiques……………………………… 27
1-3-2-1 Langues et activité économique dans les entreprises…… 28
1-3-2-2 Langue et relations économiques………………………. 29
Conclusion……………………………………………………………………. 31
Chapitre 2: Le marché du travail en Algérie
Introduction……………….………………………………………………..… 32
2-1 Définitions et concepts……………….………………………………… 32
2-1-1 Définition du travail……………….…………………………..… 32
2-1-2 Définition du marché du travail……………….………………… 33
2-1-3 Les facteurs influant sur le marché du travail ………………….. 34
2-1-4 Les différentes approches d'analyse du marché du travail …….. 36
2-2 La situation du marché du travail en Algérie…………………………… 37
2-2-1 Les réformes économiques et leurs effets sur la situation de 37
l'emploi en Algérie……………………………………………………
2-2-1-1 Les réformes économiques en Algérie………………….. 38
2-2-1-2 La situation d'emploi en Algérie…………………… 42
2-2-2 Le chômage en Algérie et dynamique de création de l'emploi 43
2-2-2-1 Le chômage en Algérie…….……….………………… 43
2-2-2-2 Dynamique de création d'emploi ………………… 45
2-3 Mondialisation et marché du travail en Algérie………………………. 48
2-3-1 Mondialisation et monde du travail…………………………. 49
2-3-2 Les effets de la mondialisation sur le marché du travail en 51
Algérie……………………………………………………
Conclusion…………………………………………………………………… 53
Chapitre 3: Entreprise et politique linguistique en Algérie
Introduction……………………….………………………………………… 55
3-1 La situation linguistique des entreprises.………………………………… 56
3-1-1 L’entreprise .…………………………………………………… 56
3-1-2 Les déterminants de la situation linguistique dans les 57
entreprises.
3-1-2-1 Le phénomène de la mondialisation……………………. 57
3-1-2-2 Les technologies de l’information et des 58
communications…………………………………………………
3-2 La politique linguistique en Algérie………………………………… 59
3 -2-1 Qu’est ce que la politique linguistique ? ……………………. 59
3-2-2 Les langues en présence en Algérie………………………….. 62
3-2-3 La question linguistique comme enjeu politique en Algérie….. 65
3-2-4 Politique d’arabisation………………………………………. 66
3-2-4-1 Arabisation et marché du travail en Algérie ……… 67
3-2-4-2 Arabisation des entreprises algériennes
(l’expérience de la SONELGAZ)……………………….... 68
3-3 La formation linguistique dans les entreprises………………………….. 72
3-3-1 La formation linguistique:un partenariat triangulaire…………… 73
3-3-2 Organiser la stratégie linguistique professionnelle……………… 75
3-3-2-1 Audit linguistique……….………………...………...… 75
3-3-2-2 Ingénierie pédagogique ………………...…………...… 76
3-3-3-3 Evaluation………………...…………...……………… 78
Conclusion………………...…………...…………...…………........……… 79
Chapitre 4 : Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ
Introduction………...……………………………………...…………...…… 81
4-1 Cadre général de l’enquête ……………………...…………...……..… 83
4-1-1 Caractéristiques générales de l’entreprise ……………………. 83
4-1-2 SONELGAZ et marché du travail en Algérie ……………….. 87
4-2 Recueil des données……………………...………………………...…… 88
4-2-1 Les usages linguistiques à la SONELGAZ …………………. 89
4-2-1-1 Langues et types de communication à la SONELGAZ. 89
4-2-1-2 Langues et recrutement à la SONELGAZ …………… 94
4-2-2 Entretiens…………………………………………………….. 95
4-2-2-1 Présentation des entretiens……………….………… 96
4-3 Analyse et traitement des données ……………………………………… 98
4-3-1 Répartition des usages linguistiques dans l’entreprise ……….. 98
4-3-2 Formation du personnel ……………………………………… 100
4-3-3 Langues et recrutement à la SONELGAZ………………….. 101
4-3-4 Politique linguistique de la SONELGAZ…………………… 102
4-4 Synthèse…………………………………………………………….…… 104
Conclusion…………………………………………………………….….… 106
Conclusion générale………………………………………………….……. 108
Bibliographie …………………………………….……………………….… 111
Annexes
Introduction générale

Introduction générale :

L’Algérie traverse depuis 1990 à ce jour, une phase de transition et connaît des
mutations qui influencent les différents domaines et niveaux de la vie.

Elle doit, donc, faire face aux nouvelles situations générées par le changement lié aux
transformations, économiques, technologiques et organisationnelles.

L’adaptation à ces nouvelles logiques pose de sérieux problème dans les différents
domaines, notamment les domaines culturels et linguistiques.

Notre réflexion s’intéresse aux incidences socio- culturelles, particulièrement dans le


domaine linguistique, et ce dans leur rapport à l’insertion de notre pays dans l’économie
mondiale.

La question linguistique est de nos jours l’un des principaux enjeux mondiaux, elle
demeure centrale dans la mesure où elle renvoie à des problèmes essentiels qui touchent
aux différents domaines de la vie, à savoir les domaines : politiques, économiques et
sociaux auxquels l’Algérie doit faire face.

Dans un tel contexte, et face à ces mutations mondiales qui ont influencé
l’environnement interne et externe de l’individu, nous nous sommes intéressés à
l’environnement externe de l’individu et avons pris comme exemple le travail, en tant
que situation sociale au sein de laquelle une question primordiale nous préoccupe: la
langue du travail.

Notre travail s’inscrit donc dans une perspective sociolinguistique, et particulièrement


dans le domaine de la politique linguistique des entreprises. Il vise à étudier le rapport
entre Langue et Marché du Travail.

Nous avons interrogé le concept de la langue du travail en partant de l’entreprise de


production. Notre propos a été de mettre en relation deux notions distinctes l’une
appartenant au champ linguistique, l’autre à celui de l’économie, où la linguistique et

1
Introduction générale

l’économie sont devenues tellement liées et se rencontrent dans un champ nouveau :


« l’économie de la langue ».

Il tend, donc à articuler la langue et la productivité économique, en donnant une


préoccupation particulière au marché du travail en Algérie.

Le choix de ce sujet en tant qu’une initiation à la recherche en sciences du langage


provient d’une triple motivation

Une première est d’origine personnelle; celle d’une chercheuse d’emploi en découvrant
que trouver un poste de travail est tributaire de la maîtrise de plusieurs langues.

Une deuxième réside dans la nécessité de faire une étude peu habituelle et d’actualité.
En effet, l’usage de la langue dans les sciences et les institutions est souvent abordé, par
contre son usage en rapport avec le travail est rare.

La troisième motivation, c’est pour combler un manque. Si les études allant dans ce
sens ne sont pas nombreuses, en général, elles sont quasi inexistantes en Algérie, le fait
qu’aucune recherche de ce type, à notre connaissance, n’est réalisée en Algérie, tout
champ de recherche est au départ peu exploré.

Ces différentes raisons nous ont paru suffisantes, en premier lieu, pour fonder une
problématique.

IL est à remarquer que, ces dernières années, les transformations socio-économiques


ainsi que la mondialisation et les nouvelles technologies de l’information ont transformé
la nature du travail et ont fait du langage un instrument important du travail. La langue
devient ainsi une composante intrinsèque dans les activités du travail.

C’est pourquoi, a nous constaté que la langue, en tant que telle, peut influencer certains
variables au travail comme l’employabilité ou la rémunération et, à ce titre, le marché
du travail est directement concerné.

Si nous prenons la situation de l’Algérie, cette question peut engendrer des enjeux et des
problèmes, car la situation linguistique dans ce pays se caractérise par sa richesse et sa

2
Introduction générale

complexité, d’abord le conflit arabophone/ francophone, ensuite l’émergence de


plusieurs langues qui tentent de se positionner telles que l’anglais comme symbole de
modernité et le tamazight comme symbole identitaire et culturel.

Dans le cadre de notre mémoire, nous allons évoquer la situation de l’Algérie. Dès lors,
notre préoccupation est d’une part de déterminer la langue du travail et les critères qui
président dans le choix de cette langue et voir si le choix de cette langue est en
adéquation avec la politique linguistique algérienne ou obéit-il à d’autres critères
économiques, politiques et sociaux ? D’autre part, s’interroger sur l’influence et le rôle
de cette langue sur le marché du travail en Algérie.

Cela génère un certain nombre de questions :

- Quelle langue pour le marché du travail en Algérie ?


- Quels sont les déterminants de la situation linguistique dans le travail en
Algérie ?
- y a-t-il une adéquation entre la langue du travail et la politique
linguistique algérienne?

Dans le cadre de cette recherche, la langue du travail constitue le fil conducteur des
autres thèmes fondamentaux. Alors, les comportements langagiers des travailleurs dans
les milieux de travail permettent de nous éclairer sur la manière dont se fait le choix et
la gestion des langues dans les situations du travail, notamment dans les entreprises.

Pour cela, nous avons formulé les hypothèses suivantes :

1-Le français reste la langue du travail dans le secteur économique en Algérie y compris
à la SONELGAZ.

.2-Les pratiques linguistiques à la SONELGAZ sont centralisées.

3-Les compétences linguistiques favorisent l'insertion et le maintien en poste.

Dans cette optique, et afin de vérifier les hypothèses stipulées et éventuellement


répondre à la problématique posée, nous nous sommes basés sur l’utilisation d’une

3
Introduction générale

documentation riche qui traite cette question sur le plan théorique. En parallèle nous
établirons une enquête de terrain, en nous appuyant sur la méthode « éthno-
sociolinguistique »1 de Philippe BLANCHET. Il s’agit, en effet, d’une enquête
hypothético déductive qualitative basée sur l’observation, celle-ci reste la méthode la
plus efficace pour prendre conscience de la réalité effective du terrain.

Notre deuxième instrument de recherche est l’entretien semi-directif, c’est un outil qui
permet de collecter des informations efficaces en relation avec le thème de recherche.
Pour notre cas, il s’agit d’une série de questions auprès des responsables concernés par
la langue et la prise de décision au niveau d’une entreprise.

Notre choix de l’entreprise porte sur la société nationale de l’électricité et du gaz la


SONELGAZ, nous l’avons choisi par l’importance du secteur de son activité, sa taille,
ainsi que sa vocation internationale.

En tenant de répondre à notre problématique, nous avons jugé utile de répartir notre
travail en quatre chapitres.

Le premier s’intéresse à l’articulation langue/travail, il aborde la problématique de la


communication et la variation linguistique dans les situations de travail.

Le deuxième chapitre sera consacré au : «Marché du travail en Algérie». Il propose une


analyse approfondie de la situation du marché du travail en Algérie.

«Entreprise et politique linguistique en Algérie» sera l’objet du troisième chapitre qui


sera centré sur la politique et la formation linguistique dans les entreprises algériennes.

Notre étude serait incomplète si nous n’aborderions pas, dans le quatrième chapitre une
étude de terrain à savoir une «Enquête sur les pratiques linguistiques à la
SONELGAZ».

1
BLANCHET PH, La linguistique de terrain, (Méthode et théorie une approche éthno-
sociolinguistique), édition PUR, Paris, 2000, p. 22.

4
Introduction générale

Cette dernière partie fera ressortir un grand intérêt à notre étude, celui de déceler les
principaux déterminants du choix linguistique qui prévaut actuellement dans l’entreprise
algérienne.

Après l’analyse des résultats obtenus, nous avons tissé quelques pistes de réflexion afin
d’élargir la recherche. Notre conclusion sera suivie d’une annexe qui contient notre
corpus et quelques documents supplémentaires.

5
Chapitre 1 langue et travail

Introduction

Notre recherche se situe dans le cadre des études qui portent sur la variation
sociolinguistique et plus particulièrement sur la politique linguistique algérienne vis- à
vis du monde de travail.

A cet effet, il conviendrait dans ce premier chapitre de bien définir les concepts et les
bases théoriques de notre thème de recherche

Dans ce chapitre intitulé "langue et travail", nous allons, dans un premier temps, décrire
le langage en situation de travail, en nous appuyons sur des recherches menées dans le
réseau «langage et travail»1

Dans un deuxième temps, nous discuterons le phénomène de la variation dans le


contexte de travail en abordant "variation et domaine de travail"

Finalement, nous clôturons le chapitre par une analyse des enjeux économiques de la
langue.

1-1 Langage et communication au travail

Qu'il s'agisse d'un service public ou privé, toute organisation professionnelle est
réalisée à différents niveaux, et constituée d'une façon ou d'une autre d'un ordre
hiérarchique et d'une forme d'enchaînement et de coordination.

Cette hiérarchie, entreprend des relations humaines et professionnelles assurées par des
communications grâce à un outil qui est la langue. D’ailleurs, l’information
représente une matière première et devient de plus un outil stratégique. En effet,

1
Le réseau pluridisciplinaire «Langage &Travail» a été créé en 1986. Son domaine de réflexion et de
recherche est les pratiques langagières en situation de travail, les communications orales et écrites, le
langage envisagé comme activité.
IL s’agit d’une composition interdisciplinaire qui conjoint sciences du travail et sciences du langage :
sociolinguistes, sociologues, psychologues, ergonomes, chercheurs en communication et en sciences de
la gestion, site : www.langage.travail.crg.polytechnique.fr/projet.htm - 20k

6
Chapitre 1 langue et travail

l’efficacité d’une organisation repose sur son système de communication grâce auquel
elle informe ses membres et s’informe. 1

Or, «communiquer dans le travail est une activité complexe, riche de sens, qui met en
jeu des rapports de connaissances, des identités professionnelles, des valeurs, des
modes sociaux et des langages»2.

En effet, au travail le langage n’est pas un simple véhicule des messages, il est l'une
des ressources indispensables pour la collaboration interne et la coordination de l'action
voire un outil l'exécution des tâches.

En se basant sur des références théoriques, nous tenterons dans ce chapitre d'analyser la
communication écrite et orale dans les situations du travail et d'étudier le rôle et le
statut du langage dans le travail.

1-1-1 communication et travail

Tant de choses ont été dites et écrites sur le caractère primordial d'un système efficace
de communication au sein des organisations.

Malheureusement, «la communication est toujours un phénomène extrêmement


important; fréquemment mal compris»3, elle reste un processus difficile, qui ne connaît
que des réussites partielles.

Au travail, la communication est un outil majeur de régulation sociale entre et au sein


des groupes humains, ainsi que le véhicule par excellence de la transmission des
savoirs.

1
CHALLE O, Enseigner le français de spécialité, Economica, Paris, 2002, p.113.
2
LACOSTE M, « Peut – on travailler sans communiquer », in BORZEIX Annis,
FRAENKEL
Beatrice, (Coord.), langage et travail (communication, cognition, action), CNRS
éditions, Paris, 2001, p.22.
3
GELLERMAN S.W. Les relations humaines dans la vie de l’entreprise, Organisation, Paris, 1967, P.
79.

7
Chapitre 1 langue et travail

Il convient également de mentionner que, ces dernières années le champ des relations
entre travail et communication a été considérablement renouvelé. En effet, plusieurs
chercheurs dans ce domaine notamment ceux qui sont issus du réseau « langage et
travail » s'interrogent sur cette double relation: comment la communication influence-
t-elle les situations du travail et comment les situations du travail agissent-elles comme
contraintes ou ressources de la communication?
Les nouvelles recherches affirment que
«La communication est indispensable à la réalisation de l'ensemble des
activités du travail, à la construction d'une activité collective, à la recherche
des compromis. En général à l'organisation globale du travail (aménagement
des horaires, des règles, des réunions, des outil……)1
Ceci nous amène à dire, qu'on ne peut guère travailler sans une vie sociale et collective.

Nous conclurons de cette brève analyse que la communication peut être un indicateur
de l’activité du travail. Mais est-ce que l'inverse est juste, c'est-à-dire, est-ce que le
travail peut- il éclairer des réflexions concernant la communication ?
L'observation du champ du travail, nous amène à confirmer que celui-ci donne une
grande importance aux interactions quotidiennes, En effet, la conception
«interactionniste»2 a été largement développée par les spécialistes de ce domaine.
Pour cette raison, le travail est un bon exemple des liens entre communication et
activité, il mêle souvent des activités matérielles comme le geste et le toucher à la
parole. Ainsi pour l'explication et la résolution de certains problèmes, on fait appel au
langage, donc à la communication qui participe de sa part à la construction et à la
transmission des connaissances, et par conséquent, le travail est un lieu favorable pour
étudier les liens entre communication et cognition.

De même, vu les nouvelles formes de contrôle, de rationalisation et du langage, le


travail offre à la communication un rôle symbolique de gestion des organisations.

1
LACOSTE M, Op. Cit, p. 50.
2
Pour comprendre cette notion, consulter, DE NUCHEZE V et CALLETTA J- M, guide terminologique
pour l’analyse des discours (Lexique des approches pragmatiques du langage), Peter Lang Bern, 2002,
p. 66.

8
Chapitre 1 langue et travail

Enfin, nous pouvons en résumé, conclure que le monde du travail demeure le lieu
privilégié pour la compréhension de la communication et pour l'application de ses
dimensions technique, sociale, cognitive et symbolique.

Il convient de rappeler, au terme de cette analyse, que cette relation entre


communication et travail se vérifie à travers «les nouvelles théories de la
communication et de la sociologie du travail, dont l'objectif sera de prouver si le
travail est un analyseur de la communication comme la communication est un
analyseur du travail»1. Or, dans notre travail, nous ne voulons pas trop s'étaler sur cette
question, du fait que notre but de recherche se limite à la communication et à ses effets
sur le travail.

Les fonctions de la communication au travail

D'après Michel LACOSTE spécialiste en science de la communication, les


communications remplissent des fonctions essentielles au travail.
Elles peuvent servir à la répartition des activités :
Il est bien évident que chaque division du travail nécessite des ajustements et des
négociations. Egalement les communications servent à la construction et à la
transmission des informations: au cours du travail, on assiste à un échange
d'informations, celui-ci assure la coordination et l'harmonisation des activités et des
services.
On peut dire ainsi, que «la communication est indispensable à l'évaluation du travail»2
Grâce à un système hiérarchique de communication, les organisations professionnelles
peuvent contrôler, vérifier et évaluer le bon déroulement des activités.

Une autre fonction nous paraît capitale, celle de la dimension collective et sociale de la
communication.
En effet, la communication garantit la transmission des connaissances d'une équipe à
une autre, d'une personne à une autre voire d'une génération à une autre, elle est
fondamentale pour la circulation des consignes, des ordres, des instructions et des

1
LACOSTE M, Op. Cit, p. 53.
2
Idem, p. 23.

9
Chapitre 1 langue et travail

recommandations. Ce qui représente un avantage pour le développement des relations


mutuelles et des interactions quotidiennes, ainsi elle favorise les différents rapports de
pouvoir, de coopération et de solidarité.

Par ailleurs, toute communication exige un langage, celui-ci est mobilisé pour la
compréhension des savoirs, la résolution des problèmes, ainsi que la prise des
décisions.

En gros, les fonctions de la communication au travail peuvent se résumer comme suit :

-La communication participe à l'action, à la gestion des connaissances, à la


structuration des collectifs et en général à l'organisation globale du travail.

1-1-1-1-L'écrit au travail

Dans les milieux de travail, on distingue plusieurs réseaux de communication, l'écrit


reste le vecteur essentiel et important de ces réseaux.

Qu’appelle –t-on « écrit de travail » ?

D'après FRAENKEL, spécialiste en science de la communication, cette expression peut


désigner « un ensemble de documents émanant d'une entreprise, plus largement de
toute organisation productive publique ou privée »1.

De même, il a distingué deux types de documents: ceux qui sont destinés au public
(grand public, associés, clients, les insertions publicitaires, les petites annonces
d'emploi, le livret d'accueil) et ceux qui sont destinés à un usage interne2 (documents
de gestion, règlement intérieur, circulaire, fiches, tableaux d'affichage, note de service,
périodiques internes)

Á ce titre, il est à souligner que ces dernières années on s'est intéressé à l'écrit. Il est
devenu l'objet d'étude privilégié, ceci revient bien entendu à son rôle fondamental dans

1
FRAENKEL B « La résistible ascension de l’écrit sur le travail », in BORZEIX A, FRAENKEL B
(Coord), Op. Cit, p. 113.
2
Sur ce thème de la communication interne et externe dans le travail, voir BEAUDICHON J, La
communication, Armand Colin, Paris, pp. 140 - 155.

10
Chapitre 1 langue et travail

la structuration psychique et cognitive des individus ainsi que dans l'organisation et


l'évolution des sociétés. En effet, dans les organisations professionnelles telles que les
entreprises, l'individu sera évalué en fonction de sa capacité à produire tel ou tel écrit.
D'ailleurs «celui qui possède plus de compétences à l'écrit soit un capital linguistique
plus important»1.

Cependant, malgré cette reconnaissance de l'écrit au travail, on remarque qu'il est


dévalué par apport aux écrits académiques ou littéraires.

1-1-1-2-Les interactions orales au travail


L'interaction orale occupe une partie importante dans les relations interpersonnelles au
milieu de travail. En effet,
«La parole est un vecteur essentiel au sein de la communication
professionnelle .Dans le cadre des entreprises, la parole représente un
signe de pouvoir, il est souvent pratiqué par ceux qui ont un certain
pouvoir: directeurs, chefs de service, leaders, syndicaux, etc»2.
De même, la réunion s'est également révélée efficace pour les pratiques des interactions
orales, il s'agit d'un système de communication efficace qui joue un rôle primordial
dans la prise de décisions, la motivation des personnes ainsi que la diffusion de
l'information.
Pour notre travail, l'intérêt de notre recherche consistera à analyser ces pratiques orales
en situation du travail et ce, afin de révéler le rôle des interactions dans
l'accomplissement des activités de travail.

A ce sujet, Michèle GROSJEAN affirme que:

Les échanges verbaux en situation de travail ont été étudiés selon plusieurs points de
vue.

De son coté, la linguistique grâce à la théorie des« actes de langage» souligne le fait
que le langage outre ses fonctions d'expression de la pensée, avait aussi le pouvoir de
changer la réalité externe. Donc, le langage participe intrinsèquement à l'activité.

1
FRAENKEL B, Op. Cit, p. 125
2
LEHNISCH J- p, La communication en entreprise [1985], PU F, Que sais- Je, Paris, 5°Ed, 2003, p. 67.

11
Chapitre 1 langue et travail

En effet, certains activités de travail font appel à des activités langagières, où le langage
serait au cœur de ces tâches, à ce sens on parle des «échanges opérationnels » qui sont
des échanges dépendants de l'action, matériel. En générale ces échanges comportent des
instructions, des requêtes, des évaluatifs; c'est le cas par exemple de l'entretien d'une
infirmière à un malade.

Toutefois, il est à signaler que

« le principe d'analyse des échanges en situations de travail dépend d'une


grande partie au cadre et à la nature du travail; s'agit- il d'un travail
essentiellement communicationnel, ou simplement des actions physiques, des
actions sur des machines et des personnes, c'est un travail de face-à-face ou à
distance?»1

Avant de clôturer cette rapide évocation de la communication dans les situations de


travail, il convient de faire quelques remarques:

-Il est extrêmement important de dire que toute organisation du travail est en fait un
corps complexe dont chaque élément exerce une influence plus ou moins directe et
subtile sur tout les autres.

-Le travail est un lieu de vie et de communication interculturelle, bien entendu, dans les
milieux de travail se rencontrent des personnes appartenant à des cultures différentes,
ce qui influe sur le système interne de communication.

-La communication dans l'entreprise a aussi bien une finalité sociale qu'une finalité
économique, en effet, selon la conception Japonaise «Mieux on communique et plus la
décision sera correctement et efficacement appliquée »2

1
GROSJEAN M, « Verbal et non verbal dans le langage au travail » in, BORZEIX A, FRAENKEL B
(Coord), Op, Cit, p. 149.
2
LEHNISCH j P, Op. Cit, p. 122.

12
Chapitre 1 langue et travail

1-1-2 Activité de langage et activité de travail1.

Depuis une dizaine d'années, l'évolution des modes de production et la nature des biens
produits, ainsi que l'informatisation et l'automatisation ont transformé la nature du
travail, bien entendu, on donne beaucoup d'intérêt à l'homme, à son intervention au
travail, à son activité intellectuelle, son intelligence et par conséquence à sa pensé et à
son langage. En effet, ces dernières années le statut du langage au travail a trop
changé. Le langage est devenu un instrument important de travail, ceci fait émerger un
ensemble d'interrogations sur l'usage de ce langage au travail, sur l'intérêt de sa
reconnaissance à l'analyse de travail ainsi que sur les effets et les incidences de cette
reconnaissance sur les pratiques professionnelles des salariés et le monde de travail
notamment le système de production et de l'emploi. 2

Pour cela, tenter de définir le langage au travail n'est guère aisé; nous sommes en face
d’une notion complexe qui varie selon les différentes acceptions.

Selon la linguistique générale, le langage désigne :

«Une fonction caractéristique de l'espèce humain qui réside dans sa faculté innée de
communiquer. Le langage détermine les conditions d'existence de la langue »3.

Cependant, comment qualifier l'acception du langage au travail ?

Alors, il est important d'avoir à l'esprit le sens du langage au travail selon différentes
perspectives, cela nous amènera à opérer un choix et à limiter le champ dans lequel
nous traiterons cette notion.

Pour notre part, nous voulons étudier la dimension langagière au travail dans une
perspective purement sociologique. De ce fait, nous analyserons les pratiques
langagières en situation de travail telles que les entreprises et ce, afin d'identifier la

1
Le titre de ce sous titre est directement inspiré de l’article de BOUTTET , « Activité de langage et
activité de travail », Mulitudes WEB, 1993, http//multiudes.Samiz dat.net/spip.php?article639.
2
Réseau « Langage & travail », Op.Cit.
3
NEVEU F, Dictionnaire des sciences du langage, Armand Colin, Paris, 2004, p. 173.

13
Chapitre 1 langue et travail

place et le rôle de cette dimension comme critère de choix et de sélection dans le


monde de l'emploi et sur le marché du travail en Algérie.

Ceci, nous conduira à une démarche sociolinguistique.

Par ailleurs, nous pensons que chaque acception du langage au travail renvoie à un
champ d'étude particulier et nous pouvons designer la dimension langagière des
activités de travail de plusieurs façons selon la référence disciplinaire privilégiée ; les
sociologues parlent d' «l'interaction verbale», les ergonomes « verbalisation», les
sociolinguistes «pratiques langagières», les pragmaticiens d'«acte de langage» et bien
entendu «la communication» comme point commun pour toutes les disciplines1.

Bref', nous pouvons admettre avec BORZEIX (2001) une seule définition à ce langage
qui dit, qui accompagne ou qui accomplit l'activité c'est bien « la part langagière du
travail»2

Cette réflexion de «la part langagière du travail » a été explorée par des chercheurs
issus de disciplines différentes: sociologues (BORZEIX, ZARIFAN), spécialistes des
sciences de la gestion comme GRIN; spécialistes des sciences de la communication
(FRAENKEL PENE et LACOSTE), spécialistes en psychologie du travail comme
GROSJEAN, ergonomes comme GARRIGOU, philosophes comme Joseph
SCHAWARTZ et bien entendu linguistes comme BOUTET, GARDIN et FAITA.

Ces chercheurs ont mis en place un réseau pluridisciplinaire: «langage et travail» et ce,
afin de mettre l'accent sur les relations entre travail et langage, entre l'analyse de
l'activité et le langage au travail.

Après ce survol, il est temps de donner une définition claire et précise.

Selon le sociologue BORZEIX, nous pouvons désigner l'acception du langage au travail


comme ainsi:

1
BOREZEIX A, «Le travail et sa sociologie à l’épreuve du langage», In BORZEIX A, FERAENKEL B
(Coord), Op. Cit, p. 57.
2
Idem.

14
Chapitre 1 langue et travail

«Elle comprend le langage des mots, écrits ou oraux, ces énoncés qui font, qui
disent, qui réalisent le travail ou qui servent à le prescrire, à le formaliser, le
formater. Elle inclut aussi et par extension, le langage des corps, des gestes,
de la voix, des mimiques»1

De plus, il considère le langage dans ses dimensions instrumentale, cognitive, et


collective comme une matière qui fonctionne selon le contexte de ce langage, de ses
formes et de son usage social.

IL ressort de cette définition que, l'acception du langage au travail est étroitement liée
à l'usage de celui-ci, et à la spécificité des règles et des méthodes que nous devons
adopter pour l'examiner.

Cette acception du langage partage une autre acception celle du travail. En effet le
réseau «langage et travail » analyse le travail de la manière suivante :

En tant qu'activité humaine, quel que soit son statut (publique ou privé, permanent ou
précaire, rémunéré ou pas), son secteur (agricole, industriel, artisanal), son niveau
hiérarchique (directeur, opérateur, manager) et quel que soit la nature de la tâche et le
métier correspondant (exécuter, encadrer, vendre, soigner, enseigner)

Précisons enfin, que notre ambition à l'instar du réseau «langage et travail» est
l'articulation entre les sciences du langage et les sciences sociales du travail. Cependant,
notre travail n'a pas pour objectif de ressasser des notions que les chercheurs ont
largement explicité, mais nous estimions nécessaire de contribuer à cette nouvelle
réflexion par une étude à la fois théorique et empirique sur le fonctionnement de la
langue sur le marché algérien du travail

Comme il a été déjà dit, un point qui nous paraît capital, c'est celui de déploiement du
langage dans l'ensemble de ses dimensions anthropologiques: instrumental, cognitive et
social, ce que nous allons essayer d'expliquer dans le sous-titre qui suit.

1
Ibid, p. 68.

15
Chapitre 1 langue et travail

Les dimensions du langage en situation du travail:

Nous précisons avec BOUTET1 les différentes dimensions langagières qui peuvent se
manifester en situation du travail:

-La dimension instrumentale

Dans toutes les activités du travail, le langage est considéré comme un véhicule et outil
de communication servant à transporter des messages au moyen d'un code commun qui
est la langue. Notons toutefois que, ces dernières années cette conception du langage a
été remise en cause et ce, pour plusieurs raisons :
-Parce qu il ignore l'implicite, le non dit le malentendu, l'interprétation,
l'incompréhension.
-Il ignore aussi les circonstances de l'émission et les conditions de la réception.

Dans notre travail, à l'instar de la sociologie du travail on s'intéresse au langage


socialisé ou «pratiques langagières», le langage n'est pas un simple moyen servant à
transporter l'information, mais il sert aussi à transmettre l'ordre et les procédures, à
démontrer, à porter un jugement, etc. Toutes ses opérations peuvent être appelées «
«acte de parole». Pour les effectuer, le locuteur a recours au langage»2.

-La dimension cognitive

Désigne le fait que parler, mettre en mots sert aussi à penser, à organiser pour soi et
pour autrui des connaissances et de savoirs, dans ce contexte, on peut aussi évoquer la
notion de la «verbalisation au travail» ; c'est une approche très sollicitée aujourd'hui,
elle rend compte de l'engagement des sujets dans leurs paroles, sa forme privilégiée est
le raisonnement, la discussion, la résolution des problèmes, l'élaboration des normes et
des procédures.

La dimension sociale

1
BOUTET J et GARDIN B, «Une linguistique du travail », in BORZEIX A, FRAENKEL B (Coord),
Op. Cit, p. 103.
2
KERBARAT-ORECCHIONI C, Les actes de langage dans le discours (Théorie et fonctionnement),
Mitterrand H (sous dir), Nathan, Paris, 2001, p. 161.

16
Chapitre 1 langue et travail

«Le langage est le vecteur principal de la construction des rapports


sociaux et de la sociabilité au travail, toutefois cette dimension reste
méconnue et invisible dans ce milieu»1.

Au terme de cette analyse sur l'activité du langage au travail, nous tenons à dire que
définir la pratique langagière au travail n'est pas chose aisée, elle suscite des enjeux et
des contraintes. D'abord la langue est 'imposée comme «un système arbitraire»2 et
extérieur aux sujets. Ensuite dire et exprimer le travail à autrui n'est nullement facile,
et encore plus sur un réfèrent qui génère peu de discours.

1-2 variation et domaine de travail

Nous avons affirmé précédemment que les langues jouent un rôle primordial dans le
travail. Bien entendu elles participent ainsi intrinsèquement à la réalisation de
l'ensemble de ses activités.

Cependant, malgré leur égalité les langues n'exercent pas les mêmes fonctions sociales
culturelles, communicationnelles et économiques.

Ainsi l'anglais, grâce à l'extension de son usage et la multiplicité de ses sphères


d'action, elle est devenue la langue mondiale et la langue du travail dans la plupart des
entreprises dans le monde.

« L'anglais est la première langue étrangère dans tous les systèmes éducatifs
et de manière générale, dans toute communication internationale non
3
seulement en Europe, mais dans le monde entier » .

Cette forte présence de l'anglais comme langue mondialement dominante oblige donc

plusieurs Etats à s'interroger, voire s'inquiéter de l'avenir et de la place de leurs langues


nationales que se soit sur le plan mondial ou territorial.

1
BOUTET J et GARDIN B, Op.Cit.
2
DE SAUSSURE F, Cours de linguistique générale (Essai, Ouvrage Présenté par Dalila MORSLY),
Enag éditions, Alger, 1990, p. 110.
3
BREIDBACH, S, Le plurilinguisme, la citoyenneté démocratique en Europe et le rôle de l’anglais,
Conseil de l’Europe, Strasbourg, 2003, p. 19, www.coe.int/lang/fr.

17
Chapitre 1 langue et travail

Dans tel contexte, comment peut- on travailler convenablement dans ce


plurilinguismelinguistique?

1-2-1 Plurilinguisme au travail

De nos jours, on parle beaucoup de plurilinguisme ; ce sujet jouit d'un grand intérêt
pour le Conseil de l'Europe.

Ce concept, d'après Francis GOULIER, Représentant National auprès de la division des


politiques linguistiques du conseil de l'Europe peut designer:

«Une pratique sociale (utilisation des deux langues dans un même espace
géographique), une compétence individuelle (maîtrise de deux langues différentes), ou
une démarche pédagogique (enseignement des disciplines différentes)». Ainsi, ce terme
renvoie à la « connaissance de plusieurs langues par un individu »1.

Dans le contexte européen, cette définition reflète l'importance accordée à la diversité


linguistique et culturelle en Europe. En effet, la promotion du plurilinguisme est
devenue, depuis quelques années, l'occupation majeure du Conseil de l'Europe

«La diversification linguistique demeure un objectif des politiques linguistiques des


institutions européens »2. D'ailleurs, en France la connaissance d'au moins deux langues
étrangères est devenue un objectif essentiel du système éducatif français. Il convient
néanmoins de faire remarquer qu'une ambiguïté et un flou entoure encore cette notion.
Au niveau opérationnel, le Conseil de l'Europe entend par plurilinguisme:

«L'aptitude de l'individu à puiser dans un répertoire de savoir faire et de


connaissance dans plusieurs langues pour faire face aux situations de
communication les plus variées»3

1
GOULIER F « Qu’entend- on par plurilinguisme ?» Les langues modernes, n° 618, 16 décembre 2006,
www.aplv-languesmodernes.org/.
2
BREIDBACH S, Op. Cit.
Idem, p. 8.

18
Chapitre 1 langue et travail

Le contexte opérationnel mentionné dans cette définition nous conduit vers un autre
champ où cette définition peut avoir lieu, c'est celui du domaine de travail, et plus
particulièrement des entreprises.

Plurilinguisme et entreprise

Dans un article LORENZA (2005) affirme que:

« L’internationalisation du travail, sa distribution dans des équipes


dispersées avec des membres de cultures linguistiques différentes en plus la
mobilité des experts et le développement de projets de collaboration
internationaux caractérisent la mondialisation du travail»1.

Cette évolution s'accompagne d'une réduction du nombre de langues utilisées pour


véhiculer les connaissances.

A ce sens, une croyance en une langue universelle fondée sur un principe d'économie,
se propose en «réduisant la diversité des variétés linguistiques, et en cherchant une
langue humaine unique par la quelle les deux partenaires se comprennent et aucun
malentendu n'aura lieu (ainsi l'anglais)»2. Au même temps, on ne peut pas nier, la
nécessité comme le souligne MOREAU (1997) 3d’«une grande tolérance vis-à-vis des
variations linguistiques»

Dans cette perspective, l'observatoire Européenne du plurilinguisme signale que :

« Si l'étude confirme l'importance de l'anglais en tant que langue


commerciale mondiale, d'autres langues sont largement utilisées en tant que
langues véhiculaires. Elle indique notamment que toute une série d'autres
langues sont nécessaires pour assurer le succès des relations commerciales.
Sont notamment citées au rang des langues les plus importantes les
principales langues européennes, comme l'allemand, le français et l'espagnol,

1
LORENZA M, « Plurilinguisme au travail » Babylonia, n° 4, 21 Mars 2005,
www.babylonia.ti.ch/babyuo4mondadafr.htm.
2
BEACCO J.C, « Les idiologies linguistiques et plurilinguistiques », Le français dans le monde, n° 314,
Mars- Avril 2001, www.fdm.org/fle/article.
3
MOREAU M, Sociolinguistique: les concepts de base, collection Psychologie et sciences humaines,
Bruxelles: P. Mardaga, 1997, p. 132.

19
Chapitre 1 langue et travail

mais également, de plus, d'autres langues du monde telles que le mandarin


l'arabe et le russe».»1

Pour ce faire, et pour traiter une telle problématique, il est nécessaire de suivre une
approche basée sur l'observation des activités quotidiennes des professionnels, des
experts et des partenaires au travail, comme dans le cas des réunions, des appels
téléphoniques, des échanges etc.

En général, se sont des solutions adoptées et configurées à savoir «l'analyse


conversationnelle» et la «linguistique interactionnelle »2 pour résoudre le problème de
collaboration dans un milieu de travail plurilingue.3

L'entreprise est souvent un milieu favorable de diversité linguistique, certaines


entreprises utilisent sur le plan administratif une langue, et une autre langue sur le plan
technique. D'ailleurs, une inégalité linguistique est remarquable d'un service à un autre
et d'un secteur à un autre comme celui de l'économie,où les études montrent que les
rapports techniques de travail, la documentation et la terminologie technique sont
généralement en langue étrangère.

Et c'est pour ces raisons, les entreprises s'attachent à favoriser le plurilinguisme pour les
échanges au sein de leurs sociétés.

En revanche, certes la compétence en langues vivantes et la connaissance des cultures


représentent des valeurs sûres au plan économique, mais « l'utilisation généralisée
comme langue de travail d'une langue autre que celle du pays pose des problèmes
d'une autres nature et échappe en fait à la rationalité économique»4 (La langue
française en usage au Québec, un exemple éloquent de la diversité linguistique)

1
Observatoire Européenne du Plurilinguisme, un rapport officiel conclut à la nécessité économique du
plurilinguisme29-05-2007, http//plurilinguisme. Europ-avenir.com, la synthèse de l’étude est disponible
sur : http://ec.europa.eu/education/policies/lang/key/sudies.en.html.
2
Pour comprendre cette notion, consulter, DE NUCHEZE V et CALLETA J. M, Op. Cit., p. 197.
3
LORENZA M, Op. Cit.
4
Secrétariat de la politique linguistique, www.spl.gouv.qc.ca/secétariat/d_diversité lingustique-
AQEFLS.html

20
Chapitre 1 langue et travail

A ce sujet, une étude indique que

«L’hétérogénéité linguistique a des effets, négatifs sur le développement


économique des pays, le plurilinguisme devient un entrave pour le commerce, les
1
activités du travail, la technologie et l'information d'une façon générale» .

Ainsi, FISHMAN (1968) et POOL (1972) révèlent que

« Les pays dont le PNB est élevé sont le plus souvent monolingues cependant,
le PNB est moins élevé dans les pays multilingues comme ceux du tiers-
monde qui se caractérisent généralement par: la nom utilisation de la langue
standard, la multiplicité des dialectes et la variation sociolinguistique
(classes pauvre, classes riche….)»2.

Cette diversité linguistique au sein des entreprises, nous conduit à évoquer une autre
forme de diversité qui se manifeste à l'intérieure d'une même langue, celle de variation
linguistique.

1-2-2 Le travail de la diversité à la variation linguistique

La question de la variation est pour nous au centre de notre travail de recherche. En


effet, la variation constitue l'un des points nodaux de la relation langue et travail.
De notre part, nous voulons tirer la relation entre ces deux notions, la variation et le
travail.
Nous avons pu démontrer dans les paragraphes précédents que, le travail est un lieu de
vie, de contact de langues et de diversité linguistique, Ainsi un terrain favorable pour
«l'aménagement linguistique».3 En effet, c'est au travail que la ou les langues se
changent et se transforment.

Il paraît pertinent de commencer par définir le concept de variation linguistique et ses


différents types. Par la suite, nous essaierons de l’articuler aux différentes situations du
travail.

1
BRIEN O, 1979, p. 83 cité par COULMAS F, « Langage and économie », 1992, trad de AWAAD, A
‫د‬6 U‫وا‬  ‫ا‬ «   ‫ا‬ R T», n° : 263, Novembre 2000, p. 146.
http://www.kenanaonline.com/mokharat/64175. (Traduction au français effectuée par nous)
2
Moreau M, Op. Cit, p. 133.
3
Voir supra Ch3.

21
Chapitre 1 langue et travail

Selon le secrétariat de la politique linguistique en Europe, « toute langue est un moyen


d'expression relativement flexible ».1. De là, on comprend que la langue se forge, elle
est en perpétuel changement. Mais comment et quelles sont les raisons et les causes de
ces variations?

D'abord, la variation est un phénomène inhérent à toute langue et la preuve de sa


vitalité, c'est Le fait qu'une même unité apparaisse selon des formes différentes

« Toute langue vivante est une langue qui varie, dans le temps, selon la
région et aussi en fonction des conditions de la vie et des caractéristiques
sociales (âge, sexe catégorie sociale, réseau…..) De ses locuteurs et de celle
de ses interlocuteurs ainsi que la situation de communication»2

Cela dit, que la variation est généralement associée à la géographie et au


développement historique. Toutefois dans notre travail, comme on le verra, nous ne
voulons pas traiter ni la variation en diachronie, ni la variation dialectale, car nous
voyons nettement que la variation linguistique dans le milieu de travail se déploie
essentiellement selon deux axes celui de la classe sociale ou variation diastratique et
celui de la situation ou variation diaphasique. Ce que nous expliquerons amplement
ultérieurement.

Ceci ne nous empêche pas de passer en revue les deux autres types.

Pour présenter les différents classements de la variation, nous adoptons la classification


faite par Françoise GADET,3 elle distingue:

• Variation diachronique: historique ou variation dans le temps


•Variation diatopique: spatiale ou régionale (dialectes, régiolectes)
•Variation diastratique: ou variation en fonction de classe sociale et démographique
(jeunes/ âgées, ruraux /urbains, professions différentes, niveaux d'études différents…)

1
GUY DUMAS M, La langue française en usage au Québec : un exemple éléquent de la diversité
linguistique, www.spl.gouv.qc/29 Avril 2005.
2
Idem.
3 GADET F, La variation linguistique norme / variation , in YAGUELBO M. «Grand livre de la langue
française», Seuil, Paris 2003, pp. 90-152, cité in variation linguistique.
www.unibg.it/dati/corsi/3039/18646-La%20variation%20linguistique.pdf -

22
Chapitre 1 langue et travail

En plus:
- sociolecte: variation liée à la position sociale.
- technolecte: variation liée à la profession ou à une spécialisation
• Variation diaphasique: ou situationnelle ou stylistique ou encore variation
individuelle. Une même personne quelle que soit son origine sociale, parle
différemment selon la situation de communication (contexte de communication, âge du
locuteur, support écrit ou orale….)
A ce stade, on ajoute les différents registres:
- registre soutenu (ou encore soigné, recherché, élaboré, …)
- registre standard (ou encore courant, commun, usuel …)
-registre familier (ou encore relâché, spontané, ordinaire ….)
-registre vulgaire.

1-3 Langue et enjeux économiques

Dans cette dernière section, nous nous interrogeons sur la façon dont la langue et
l'économie interagissent. Pour ce faire nous allons essayer d'analyser la relation entre
les activités linguistiques et les activités économiques afin de comprendre les enjeux
économiques de la langue. C’est d’ailleurs ce que souligne F. COULMAS, selon lui,

«Les nouvelles transformations de ces dernière années révèlent que la langue


devient un élément essentiel dans l'économie et elle joue un rôle capital dans
tous les domaines de l'économie à savoir: marketing; communication interne
dans les entreprises, développement de nouvelles productions, ceci revient du
fait que la langue est l'élément (n'est pas le seul) central de toute
communication[….], [d’ailleurs] tous les activités qui concernent le travail
et sa gestion se servent de la langue «la langue est le meilleurs instrument
d'accès à l'information, notamment en ce qui concerne les décisions
économiques (la rémunération, les processus de collaboration entre
l'entreprise et ses partenaires, les négociations, ….), d'une façon général la
réglementation et la gestion du travail dans l'objectif d'améliorer le système
de productivité de l'entreprise»1

1
COULMAS F, Op. Cit, p. 153- 154.

23
Chapitre 1 langue et travail

Alors, cette nouvelle approche des faits linguistiques et économiques


1
(«l'écolinguistique» , selon le néologisme de DE ROBILLARD (1989)) permet de
décrire le rapport qui existe entre les caractéristiques sociolinguistiques de certaines
communautés et leur production et leur développement. En effet, « à chaque stade de
développement économique correspondent donc des changements sociolinguistiques,
Inversement, des faits d'ordre linguistique ont parfois des répercussions importantes
dans le domaine économique »2.

Ceci nous amène à poser les questions suivantes:

• Quel est le rôle de la langue dans les activités économiques?

• À quel point la réalité économique d'un pays influe-t-elle sur sa situation


sociolinguistique?

• Quel est l'impact de la connaissance des langues étrangères sur les relations
économiques entre les pays?

C'est ce que nous essaierons de démontrer, en répondant à ces questions.

1-3-1 L'économie de la langue

Pour montrer le rôle de la langue en économie et étudier d'avantage la corrélation entre


les activités économiques et les activités linguistiques, nous nous retrouvons devant la
nécessité de recourir à certaines approches élaborées par d'autres chercheurs, à ce sujet
nous emprunterons " L économie de la langue" selon la conception de François GRIN 3
(1999)

Avant de présenter notre étude, nous jugeons utile de commencer par un aperçu
historique sur ce nouveau domaine de recherche c'est bien "L'économie de la langue "

1
MOREAU M, Op. Cit, p. 131.
2
Idem, p. 131-132.
3
GRIN, Langue et économie, le canada dans la mouvance internationale, 1999,
www.pch.gc.ca/angoff/perspectives / français/écono/index.htm/.

24
Chapitre 1 langue et travail

Selon GRIN (1999), L économie de la langue est un domaine de recherche qui est
actuellement, en Europe, en cours d'émergence. Son histoire remonte au milieu des
années 60.En effet, ce sont les chercheurs canadiens, puis américains, qui sont les
auteurs de la majeure partie de la littérature en économie de la langue.

Les premières études dans ce domaine étaient le fruit des questions sociales et
politiques, elles tournent beaucoup plus vers l'action en politique linguistique dans le
contexte européen, ainsi que l'influence que des variables économiques peuvent exercer
sur des enjeux linguistiques et l'inverse.

Trois générations ont marqué l'histoire de l'économie de la langue,la première avait


tendance à considérer la langue comme un attribut ethnique. En effet, l'appartenance
d'un individu à une communauté linguistique a des incidences en terme de
discrimination sur ses revenus, on cite le cas des Noirs et Blancs aux Etats- Unis, les
anglophones et les francophones au Canada.

Quant à la deuxième génération, elle considère la langue comme élément du« capital
humain»1 où les compétences linguistiques pouvaient être interprétés comme d'autres
compétences au même titre que la scolarisation et l'expérience acquise au travail, c'est
un savoir faire qui permet à la personne d'en recevoir des bénéfices sur son travail et
pour cette raison les compétences linguistiques peuvent être une source d'avantage
économique.

La troisième génération, en particulier depuis VAILLANCOUR (1980) envisage la


langue comme un ensemble d'attributs linguistiques qui exercent une influence sur le
statut socio- économique des acteurs.

Après ce bref survol historique, nous pouvons en résumé déduire que l'essentiel de la
littérature économique sur la langue porte sur le rôle que joue cette dernière (qu’il
s'agisse de la langue maternelle des individus, ou des compétences linguistiques en
langue nom maternelle) dans la détermination du revenu, ou dans l'explication des
différentiels de rémunération entre membres de communautés linguistiques distinctes.

1
Sur cette question, voir GRIN F et VAILLANCOURT F, « la langue comme capital humain », in
options politiques, juillet/Août/ 1997, pp. 69 – 72.

25
Chapitre 1 langue et travail

De là, nous pouvons dégager une définition adéquate pour notre domaine de recherche.

Comme nous l'avons mentionné ci-dessus, nous empruntons celle du GRIN (1999) qui
définit l'économie de la langue comme suit:

«L'économie de la langue relève du paradigme de l'économie théorique et


applique les concepts et les instruments usuels des sciences économiques
dans l'étude de relations où apparaissent des variables linguistiques, elle
s'intéresse particulièrement, mais pas exclusivement, aux relations dans les
quelles les variables traditionnellement économiques jouent également un
rôle»1

Partant du principe qu'en sciences économiques, on s'intéresse plus à la démarche selon


la quelle on aborde le sujet qu’au sujet lui même. A ce sens, l'application d'un
raisonnement économique à des questions linguistiques révèle de l'économie de la
langue.

De même, dans cette définition, l'économie de la langue peut aussi bien s'intéresser à
l'effet des variables linguistiques sur des variables économiques (par exemple, au rôle
que joue la langue dans la détermination des revenus) qu'a la relation inverse (par
exemple, à l'effet de l'intensification du commerce international sur la diffusion ou le
déclin des langues)

Remarquons par ailleurs que, l'économie de la langue demeure un domaine de


spécialisation en cour d’élaboration, marginal et en bordure de l'économie. De ce fait, le
travail de définition qui a précédé était un exercice nécessaire vu la nature du sujet. En
nous rapprochons maintenant de nos questions de départ, nous aborderons les
principaux axes de cette recherche.

Langue et revenu du travail

Ce volet de recherche, reste l'un des axes les plus importants de l'économie de la
langue. Il porte essentiellement sur le choix en matière de politique d'enseignement des
langues. Son idée de base est «la relation qui unit les attributs linguistiques et les

1
GRIN, Op. Cit, p. 13.

26
Chapitre 1 langue et travail

revenus du travail. En effet, l'appartenance à une communauté linguistique peut


entraîner un avantage ou désavantage salarial»1 et des différentiels de revenu.

Il ressort de ces disparités, des formes de discrimination notamment au niveau d'accès à


l'emploi .Bien entendu, un employeur préférera généralement un employé de son
groupe linguistique.

1-3-2 Langue et activités économiques2

Il s'agit dans cette catégorie d'associer la langue à certaines activités économiques à


savoir la production, la consommation et l'échange.

Dans cette perspective, de nombreuses études tentent de déterminer l'effet de


l'utilisation de la langue sur l'économie comme dans les activités commerciales, tel que
la publicité et les relations avec le consommateur, ces derniers, notamment les
bilingues, préfèrent souvent voir offrir des biens et des services dans leur propre langue.

Il se peut aussi, que dans certaines entreprises, la langue puisse représenter un critère de
choix. En effet dans des emplois particuliers, on demande des employés ayant certains
attributs linguistiques avec un niveau plus ou moins élevé de compétences
linguistiques. Ainsi les déficits langagiers chez les travailleurs émigrés deviennent une
source de gain pour leurs collègues bilingues, la non- maîtrise de la langue du pays
d'accueil ou plus particulièrement de la langue du marché du travail réduit les capacités
de l'individu à la concurrence, par contre, la dominance des outils langagiers suffisants
lui permet d'en tirer profit3 .

Passant du niveau «microéconomique» (au quel se situe l'essentiel de l'économie de la


langue) au niveau «macroéconomique» où certains chercheurs ont tenté d'établir un lien
entre le profil linguistique des travailleurs et le commerce extérieur.

1
GRIN, L’économie de la langue et de l’éducation dans la politique d’enseignement des langues,
Strasbourg : Conseil de l’Europe, 2002, p. 15, Cisad.adc.éducation.Fr/hcee/document/rapport.Grin,pdf.
2
Ce titre est inspiré de GRIN F, Op. Cit, P. 17.
3
COULMAS, Op. Cit, p. 82.

27
Chapitre 1 langue et travail

Ainsi ARCAND (1996) essaye d'analyser l'intégration de la langue comme facteur


explicatif des modèles économiques du développement et de croissance dans les pays
du tiers-monde1.

Afin que ces propos soient plus intelligibles, nous présenterons l'étude faite par
François GRIN sur les entreprises.

Cet auteur dans un chapitre intitulé «entreprises et langues étrangères »2 traite en


profondeur la relation entre la langue et les activités économiques dans les entreprises.

1-3-2-1 Langues et activité économique dans les entreprises

Nous rappelons encore une fois, que c'est au travail de GRIN que, nous devons cette
analyse.
Comme on l'a constaté précédemment, il existe de différentiels de revenu fondés sur les
compétences linguistiques, en effet la langue est devenue un facteur fondamental dans
l'analyse économique, c'est pourquoi les entreprises donne beaucoup d’intérêt à ce type
de compétences.
La maîtrise des langues étrangères est exigée par la plupart des entreprises.
Cependant, comment peut-on valoriser les compétences en langue étrangère dans les
entreprises?

Comme nous avons déjà affirmé, il existe une relation entre les compétences
linguistiques des travailleurs et les revenus issus de leur travail. De même, « la théorie
microéconomique considère que le salaire reflète la productivité»3, ce qui explique le
rôle de la langue comme facteur de productivité. En effet, Florian COULMAS (2000) a
déjà affirmé l'idée que la langue est un outil de production, toutefois, il faut distinguer
entre la nature de cet outil, autrement dit, ses aptitudes fonctionnels de s'approprier aux
nouvelles exigences de communication, et les compétences que la langue peut avoir
dans un milieu donné, comme le cas de l'anglais et de l'allemand dans le marché

1
GRIN 2002, Op. Cit, p. 18.
2
GRIN F, « Entreprise et langues étrangères », in l’enseignement des langues étrangères comme
politique publique, conseil de l’évaluation de l’école, n° 19, Ministère de l’éducation nationale, Paris,
2004, p. 46. (site, Op. Cit ).
3
Idem.

28
Chapitre 1 langue et travail

d’aujourd’hui1. Pour cela, on constate une discrimination salariale entre les employés
de langues maternelles différentes. Ainsi les entreprises « explorent des processus
d'appariement entre le profil linguistique de l'employé et les exigences linguistiques de
postes précis au sein de l'entreprise »2.

Après avoir révéler la capacité de la langue à changer la situation économique des pays
en évoquant l'économie de la langue, nous essaierons dans cette partie de montrer son
rôle dans les échanges économiques et commerciaux, en abordant langues et relations
économiques.

1-3-2-2-Langue et relations économiques

L'évolution rapide de nos jours bouleverse les modes de vie et du travail, la


communication est rapide grâce aux satellites, à l'informatique et aux moyens
électroniques. De plus les nouvelles technologies de l'information et de communication
(NTIC) sont présentés comme un vecteur majeur de changement social, organisationnel
et économique ; le facteur technologique ouvre la porte à de nouveaux partenariats
internationaux, interentreprises qui sont à la base du processus de mondialisation de
l'économie, celle-ci exige une formation culturelle et sociale vaste et profonde. Elle unit
et met en contact des gens de cultures différentes et de systèmes économiques distincts.
D'ailleurs, on sait que le monde d'aujourd'hui c'est le monde d'information et la langue
est une composante primordiale de l'information «la langue demeure le meilleure outil
de l'information et de communication»3.

De même, la nouvelle politique culturelle porte surtout sur la connaissance des langues
étrangères. A ce propos, le président de l'Institut Italien pour le commerce Extérieur, le
professeur Dante GRAZIOSI4 a bien soulevé cette question à l'occasion d'un colloque
axé sur l'importance de la connaissance des langues étrangères dans le but de faciliter
les relations économiques entre les pays. Il a pu montrer que la connaissance des

1
COULMAS, Op. Cit, p. 82-83.
2
SABOURIN (1985), cité par GRIN, 2005, Op. Cit, p. 46.
3
COULMAS, Op.Cit, p. 146.
4
GRAZIOSI D. « langue et relation économique », Les langues modernes, n°1 : 1975, pp. 48- 51, (site
Op. Cit ).

29
Chapitre 1 langue et travail

langues étrangères devient une nécessité incontestable pour les pays, ceci revient aux
raisons suivantes :

-D'abord, pour l'impact qu'il détient dans le développement des échanges internationaux
et dans l'expansion économique des différents pays.
-De même, pour son intérêt comme moyen de rapprocher les différentes nations et d'en
faciliter les échanges culturels, touristiques et économiques.
-Enfin, une connaissance réciproque des langues étrangères permet de simplifier les
contactes de toute sorte et d'avoir ainsi des contacts directs avec tous ceux qui
représentent la culture, la science et la technique.

Á cet égard, il est important de remarquer que la question de la connaissance des


langues étrangères a été souvent traitée comme un enjeu économique. En effet,
l'ouverture des marchés nationaux et la croissance des possibilités productives due aux
nouvelles technologies font des échanges commerciaux un élément indispensable pour
le développement de l'économie et la gestion industrielle des pays.

Ceci dit, il faudra donc considérer les relations économiques entre les pays comme une
nécessité. Alors, on se demande dans quelle mesure la connaissance des langues
étrangères favorise-t-elle la prospérité économique d'un pays?

SPRINGER répond à cette question par le fait que, pour avoir une idée du marché dans
lequel on veut opérer, il faut d'abord en connaître les éléments, les réglementations et la
demande des marchés, ainsi que les systèmes commerciaux, les prix et la concurrence
existante. Tous ces éléments seront intelligibles si l'on utilise la langue du pays. On ne
fait que répéter le dicton selon lequel « pour bien vendre, il faut vendre dans la langue
du pays »1

En outre, il fait marquer« l'importance des langues étrangères dans le déroulement de


toutes les formalités de douane, dans les offices de change, dans l'élaboration des
accords commerciaux au plan international.»2

1
Idem, p. 50.
2
Ibid, p. 51.

30
Chapitre 1 langue et travail

C'est pourquoi le facteur langue prend une grande dimension qui peut être mesurée en
termes de développement économique et qui correspond en effet à la croissance des
nations.

Conclusion

De tout ce qui précède, nous pouvons dire que connaître une seconde langue représente
une condition pour le succès économique, car chaque langue a son poids et ses
dimensions économiques ; même dans les sociétés plurilingues, la valeur des langues
se révèle dans le marché du travail. D'ailleurs, il est à remarquer que les forces du
travail sont trop influencées par les compétences linguistiques1.

Pour clôturer ce chapitre, nous tenons à conclure que «langue», et «travail» sont des
notions extrêmement mêlées. Et on ne peut pas traiter l'une sans évoquer l'autre. Car on
ne peut jamais «travailler sans parler, sans lire et sans écrire»2.

1
COULMAS, Op.Cit, p. 82.
2
BRORZEIX, FRAENKEL, (Coord), Op.Cit, 1er de couv.

31
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

Introduction

Evoquer le marché du travail en Algérie revient nécessairement à évoquer la situation


du travail et des travailleurs algériens notamment en terme de stabilité et de création
d’emploi. C'est à ces thèmes que nous tentons de mettre en évidence «la réalité du
marché du travail en Algérie»1.

Dans ce chapitre, nous allons essayer d'examiner la situation et les tendances du marché
du travail en Algérie en relation avec les nouvelles transformations socio-économiques.

Pour ce faire, il convient d'analyser les facteurs qui ont servi à la régulation de ce
marché.

A cet effet, nous porterons notre attention sur trois déterminants essentiels, nous
procédons dans un premier temps à définir le cadre théorique qui nous permettra de
bien définir les concepts et les bases théoriques de cette question, et ensuite à mettre le
point sur l'état du marché du travail durant ces dernières années, en se concentrant sur
les réformes économiques et leurs effets sur la situation de l'emploi dans le pays, ainsi
que les conditions et les sources de création de l'emploi. Enfin, nous montrerons, dans
une dernière session, l'impact de la mondialisation sur le fonctionnement du marché du
travail algérien.

2-1 Définitions et concepts

2-1-1 Définition du travail

Si nous tenons à parler du marché du travail, il paraît intéressant d'accorder une place
particulière à la notion du "travail" car comprendre la situation du marché du travail
consiste d'abord à comprendre la situation du travail et des travailleurs qui « constituent
la première force économique et sociale de la nation : par leur masse dans la formation
sociale et par leur influence sur la production économique»2

1
REZOUALI A, «Marché du travail en Algérie, Le chômage, La précarité progresse», El Watan, 5
janvier 2006.
2
BOUTEFNOUCHET M, Les travailleurs en Algérie, ENAP⁄ ENAL, Alger, 1984, p.5.

32
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

L'esprit humain en particulier l'esprit économique donne une grande attention au travail,
car le travail est un outil pour la continuité de la vie, il joue un rôle primordial dans
l'appartenance de l'individu à une société, et constitue ainsi un élément important de la
situation économique du pays.

Dés lors, le travail est une notion complexe dont l'étude est à la fois du ressort de
l'économie, de la philosophie politique et du droit.

Alors, il est nécessaire de commencer ce chapitre théorique par un retour au dictionnaire


pour signaler que la notion du travail peut designer d'une manière générale:

«L'effort humain soit intellectuel ou physique qui conduit à une prestation»1 .

En économie, ce terme signifie «l'activité faisant l'objet d'une rémunération»2 .

Il peut designer aussi« un facteur de production de l'économie. Il est fourni par des
employés en échange d'un salaire»3

Il faut ajouter que le travail varie selon son type et son objectif. En effet, il y a le travail
de la pensée et de l'innovation, mais, il y a aussi le travail à domicile, de régulation et
d'organisation. Cela dit, il existe plusieurs types de travail, nous pouvons citer le travail
salarié, le travail esclavage, le travail par équivalence, etc.4

2-1-2 Définition du marché du travail

Le marché du travail constitue le centre d'analyse pour l'étude du chômage et de


l'emploi où se rencontre les demandeurs et les offreurs du travail.

1
CHALLALI F, Le rôle de la politique d’emploi dans le traitement du chômage en Algérie dans la
période 2001- 2004, Thèse de Magister, 2004-2005, université d’Alger, p. 9 – 10. (Traduction effectuée
par nous)
2
Encyclopédie, Micro soft ® Encarta ® 2007.
3
http://fr.wikitionary.org/wiki/travail.
4
CHALLALI, Op. Cit, p. 10.

33
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

Selon Encarta 2007, cette notion désigne:« secteur de l'économie où se négocient l'offre
et la demande de l'emploi»1

En économie, Le marché du travail est:

« Le lieu de rencontre des travailleurs et des employeurs. Dans le cadre d'une


économie capitaliste, les «offreurs » de force de travail sont les travailleurs et les
2
«demandeurs» sont les employeurs » .

2-1-2 Les facteurs influant sur Le marché du travail3

Le marché du travail est la pierre angulaire de la main-d'œuvre, Alors quels sont les
facteurs qu’ils l’influent?

Le marché du travail est influencé par tous les facteurs qui touchent principalement à
l'offre et à la demande de main-d'œuvre, parmi ces facteurs, on cite:

A- Les facteurs géographiques

Ils concernent le lieu d'existence de la main-d'œuvre afin de déterminer les limites du


marché du travail à savoir, l'habitation du travailleur, le lieu des institutions qui offrent
le travail, la question d'hébergement et les services sociaux, etc.

B- les facteurs démographiques

La croissance démographique détermine la taille et la quantité de la main-d'œuvre qui


offre le travail dans le marché du travail, de cette façon elle constitue un véritable bilan
de force de travail dont ont besoin les institutions, et ceci concerne la population active,
autrement dit, la population en âge de travailler. La croissance démographique est
mesurée par:le taux de natalité et de mortalité, le taux de fécondité, le taux de
l'évolution du mariage et du divorce et la situation de l'immigration (interne et externe).

1
Encarta, Op. Cit.
2
http://fr.wikipedia.org/wiki/marchã(c)_du travail.
3
ELAYB A, Le chômage et la problématique de l’emploi dans le cadre du programme de la
réorganisation du statut, le cas de l’Algérie, Thèse de Magister, 2003-2004, Université d’Alger, pp. 35-
39

34
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

C-Le régime économique1

La situation de l'emploi est étroitement liée à la situation économique. En effet, la


prospérité économique aboutit souvent à l'épanouissement du mouvement économique
et à la croissance de la productivité et de l'emploi .Cependant, cette phase peut se
confronter à des crises économiques qui conduisent à des déséquilibres économiques
internes et externes, il est donc naturel que le système économique se trouve incapable
d'absorber tous les mains-d'oeuvre sauf les plus qualifiés scientifiquement et
professionnellement.

D-le régime social et culturel

Le marché du travail est influencé par les relations entre les membres de la communauté
en terme de comportements et d'habitudes. Ces dernières ont un effet sur le travail
notamment sur la réduction des heures quotidiennes du travail, le prolongement des
congés annuels, la réduction de l'âge de la retraite, etc. ce qui oblige les entreprises à
augmenter le nombre des salariés et par conséquence à augmenter la demande des
forces de travail existantes sur le marché.

E- La technologie

La technologie contribue à améliorer l'efficacité et la productivité des entreprises.


Cependant, les études montrent, que l'utilisation de la technologie a des effets négatifs
sur les travailleurs, où la machine prend la place du travailleur, ce qui conduit à
l'accumulation de l'offre de la main-d'œuvre sur le marché du travail, et par la suite des
changements au niveau de la demande, car l'utilisation de la machine et des
technologies exige une main-d'œuvre qualifiée et spécialisée tels que les ingénieurs, les
techniciens et les informaticiens, etc.

F-le système d'enseignement et de formation


Le système de l'éducation et de la formation joue un rôle capital dans le marché du
travail ; il couvre l'offre des forces de travail aussi bien quantitatif que qualitatif. Les
écoles, les institutions, les universités, les centres de formation forment des individus
1
Ibid.

35
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

dans différentes disciplines, et de cette façon elles répondent aux demandes et aux
souhaits des institutions, qui offrent de leur part les postes de travail demandés. Or, en
Algérie on remarque l'inadéquation entre le système de la formation et de l'emploi

« Un décalage croissant entre le nouveau schéma d'organisation de


l'économie algérienne et un modèle de fonctionnement de l'enseignement ne
répondant apparemment plus aux nouvelles exigences du marché du travail et
de la société»1 .

2-1-4 Les différentes approches d'analyse du marché du travail

Pour étudier le marché du travail, deux approches sont possibles, l'approche dite «micro
économique» et l'approche dite «macro économique». Selon un article de WIKIPEDIA
L'encyclopédie libre: 2
Les techniques «micro économique» étudient le rôle des individus sur le marché du
travail tandis que les techniques «macro économique» s'intéressent aux interactions
entre le marché du travail et les autres marchés (biens, monnaies, commerce extérieur).
Comment ces interactions influencent les variables macro économiques tels que le
niveau de chômage, taux de participation au marché du travail et le produit intérieur
brut (PIB)3

Il est important de ne pas confondre l'offre de travail et l'offre d'emploi. L'offre de


travail est définie par les travailleurs qui offrent leurs services aux entreprises qui en ont
besoin. En conséquence, l'offre de travail équivaut dans le langage courant à la demande
d'emploi, tandis que la demande de travail équivaut à l'offre d'emploi.

L'offre de travail

Elle concerne le travailleur qui offre un travail, cette offre est déterminée par le taux de
salaire, ainsi que la quantité d'heures maximum qu'un travailleur est prêt à offrir aux
employeurs pour une période de temps donnée.

1
FERFERA Y. « présentation » in FEROUKHI D, (Sous dir), La problématique de l’adéquation
formation - emploi Mode d’insertion et trajectoires professionnelles des diplômés des sciences exactes et
de la technologie, Cread, Alger, 2005, pp. 35-39.
2
WIKIPEDIA, «marché du travail», Op. Cit.
3
Pour comprendre cette abréviation voir annexe 8.

36
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

Demande de travail

La demande de travail est la demande de l'employeur des services de travail autrement


dit, c'est la quantité maximum du travail qu'un employeur est prêt à demander selon le
taux de rémunération. Elle dépend de la demande du marché des services produits par le
travailleur.

L équilibre

Le volume du travail est déterminé par l'interaction entre deux éléments, la demande et
l'offre, et en cas d'égalité entre ces deux éléments, l'équilibre se réalise sur le marché du
travail.

Offre = demande, et donc à un plein emploi parfait (absence de chômage).

2- 2 la situation du marché de travail en Algérie

Il convient d'abord de mentionner que cette section doit beaucoup à une étude faite par
l'organisation internationale du travail bureau de l'OIT 1 à Alger en 2003 intitulée:

« Marché du travail et emploi en Algérie: Elément pour une politique


nationale de l'emploi»

2-2-1 Les réformes économiques et leurs effets sur la situation de l'emploi en


Algérie

L'organisation du marché du travail constitue la base de toute politique d'emploi, car le


marché du travail représente un espace privilégié pour contrôler la mise en œuvre de
toutes les mesures adoptées.

Pour cela, il est souvent adopté à la nouvelle configuration de l'économie nationale et


soumis à l'influence de l'économie mondiale.

1
Idem.

37
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

Dans le contexte algérien, le concept de marché du travail a connu de nombreuses


transformations du fait des bouleversements et d'instabilité qui ont marqué la société
algérienne durant les années 1990, notamment avec les réformes économiques et les
conséquences du plan d'ajustement structurel (PAS)1. Ainsi et comme le suggère
l'ECOTECHNICS «le marché de travail est actuellement le lieu de profondes
transformations sous l'impulsion conjuguée de plusieurs tendances »2 nous allons plus
loin expliquer ces tendances en détail, comme l'arrivée massive des femmes sur le
marché du travail et la prédominance du secteur privé.

2-2-1-1 Les réformes économiques en Algérie

L'Algérie, un pays sans cesse remanié, a connu et connaît des mutations qui influent sur
les différents domaines et niveaux de la vie politique, économique et sociale.

Depuis l'indépendance plusieurs gouvernements se sont succédés. De 1990 à nos jours,


le pays a connu, sur plan politique une forte instabilité gouvernementale avec la
succession de 05 chefs d'Etats et sept gouvernements. D'ailleurs, le pays s'est trouvé
plongé dans une crise de violence après un grave mouvement terroriste.

La situation sociale, quant à elle, voit sa recomposition entraîner des inégalités de plus
en plus aiguës, le chômage n'a cessé d'augmenter depuis 1985, et le phénomène de
pauvreté devient une réalité observable3 .

Alors, il est à remarquer en gros que, l'Algérie vit depuis une quinzaine d'années une
période de transition avec des transformations politiques, économiques et sociales. En
effet, «le passage de l'économie dirigé à l'économie du marché à entraîner des
bouleversements dans toutes les sphères de la société et notamment dans le monde du
travail et les entreprises»4.

1
Ibid.
2
ECOTECHNICS, Activité et emploi en Algérie en 2004, Avril 2005, www.ecotechines_int.com
3
OIT à Alger, Le Marché du travail et emploi en Algérie, octobre 2003, p. 14, http://www.ilo.org.
4
IDDER- LAIB CH, Connaissance, reconnaissance du travail des cadres et stratégie d’action en phase
de transition économique et Sociale en Algérie, Thèse de doctorat, soutenue le 19 Novembre 2005,
Université d’Alger, p.13.

38
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

Ce changement est alimenté essentiellement par des transformations économiques et


technologiques, ceci a conduit les pouvoirs publics à prendre conscience de la nécessité
d'une stratégie de réformes et de mettre en place un plan de relance économique, ces
réformes impliquent une rupture économique, institutionnelle, et politique.

A cet égard, l'OIT 1distingue trois grandes phases dans la mise en place des réformes
économiques:

•La phase allant de 1980à 1994: la mise en œuvre de nombreuses réformes jetant les
bases institutionnelles d'une économie de marché.

• La phase de 1994 à 1997: la réalisation d'un plan d'ajustement structurel.

• La phase de 1997 à ce jour, le post- ajustement structurel.

Ces réformes ont concerné l'ensemble des institutions et les secteurs économiques:

-Le secteur privé : bénéficie de nouveaux codes d'investissement et des lois qui le
mettent au même pied d'égalité que le secteur public.

-Le commerce: considéré comme l'un des domaines capitaux dans ces réformes ;
plusieurs réformes ont été concrétisés dans ce domaine à savoir, la libéralisation du
commerce intérieur et extérieur à la faveur de la libéralisation des prix et la suppression
des monopoles d'importation et de distribution ainsi que l'abaissement du tarif douanier.

-L'agriculture: de son coté, connaît depuis les années 1980 une grande évolution,
notamment avec la libération des prix des produits agricoles, la privatisation des fermes
et enfin la décentralisation des investissements.

-Les entreprises publiques: voient, elles aussi, depuis les années 80 une restructuration
organique. En 1988, un nouveau mode de gestion caractérise l'ensemble de ces
entreprises, fondé sur leur autonomie, la suppression de la tutelle des ministères et la

1
OIT, Op. Cit, p.14.

39
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

régulation des investissements dans le cadre de plan à moyen terme de l'entreprise


(PMTE)1.

En l'an 2001, c'est la mise en place des sociétés de gestion des participations (SGP)2.

Ceci nous amène à évoquer un autre domaine crucial dans ce processus de réforme, c'est
bien la privatisation des entreprises ; cette opération a laissé des résultats sensibles sur
le plan politique, social et notamment économique.

De même, de nombreuses autres modifications ont été enregistrées au profit d'une


économie de marché ouvert, on cite entre autre dans la politique monétaire et le système
financier:

-L'économie conférée à la Banque centrale.

-La création des marchés monétaires et financiers et la restructuration des dettes des
entreprises

-La régulation des banques et le contrôle des changes.3

Par ailleurs, nous pouvons observer avec Noureddine BOUKROUH, ancien ministre de
la participation et de la coordination des réformes, que la réforme économique menée
tout au long de cette période est inséparable de la réforme institutionnelle.

En effet, on assiste notamment avec la construction du pluralisme politique à une


restauration totale de l'Etat républicain.4

Aujourd'hui, l'Algérie est plus ouverte sur le monde comme le témoigne les
ordonnances signées en 2001 sur la privatisation, l'investissement et l'insertion dans le

1
voir annexe 8.
2
Idem
3
L’OIT, Op. Cit, pp. 10 -12.
4
BOUKROUH N, Les réformes économiques en Algérie, Actes du colloque du 18 octobre 2001, présidé
par Claude ESTIER, président du groupe Sénatorial d’amitié France-Algérie,
http//www.senat.fr/ga/ga37/ga374.htm/.

40
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

processus de globalisation (L'accord d'association à l'Union Européenne et les


négociations pour l'adhésion à l'OMC ).1

Quant à nous, ce qui nous intéresse de plus dans notre mémoire c'est le monde du
travail.

Le monde du travail en Algérie a connu des mutations favorables durant ces dernières
années, En effet depuis 1990, la législation du travail a instauré de profonds
changements, on cite le pluralisme syndical, la fixation des salaires, la
contractualisation de l'emploi et le licenciement de certains travailleurs.

Comme on peut ajouter les mesures adoptées par les entreprises publiques dans
l'objectif de prévoir la compression de ses effectifs (l'assurance chômage au profit des
travailleurs licenciés, l'autorisation de la retraite anticipée et la promotion de l'emploi
des jeunes)

En gros, les nouvelles phases de transformation ont mis sous le feu d'actualité les
notions suivantes: «précarité», «chômage», «licenciement», «restructuration»,
«flexibilité», «négociation», «compression » etc.

Ces mutations sont perceptibles à travers la situation actuelle de l'emploi qui traduit de
multiples modifications au niveau de la structure de la population et des comportements
d'activité des gens sociales telles que, la précarité, la prédominance de l'emploi
informel, l'expansion du travail des femmes (23٪de la population active), la mobilité
géographique et sectorielle des travailleurs, ainsi que la participation à la productivité
de la main-d'œuvre étrangère. Nous reviendrons sur ce point ultérieurement en abordant
la régulation du marché de l'emploi.

Plusieurs travaux ont été réalisés à ce propos. Toutefois la difficulté principale réside
dans «la faiblesse du système d'information statistique et de la discordance et la
dispersion des données»1.

1
Voir annexe 8.

41
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

Les derniers résultats diffusés par l'Office National des Statistiques étaient issus d'une
enquête auprès des mains-d'œuvre en Septembre 2003, cette étude donnait les résultats
suivants:

La population est estimée en 2002 à 31.4 millions d'habitants avec un taux


d'accroissement qui passe de 2,5٪à1, 5٪ en 2000 et a apporté au pic les arrivants sur le
marché du travail particulièrement les femmes en 2001.

Rappelons également, que de profondes modifications ont été enregistrées au niveau de


la situation des différentes catégories sociales sur le marché de travail:

-l'émergence de l'emploi féminin,


-l'ampleur du chômage des jeunes,
-L'extension des chômages des diplômés,
-le retour des retraités sur le marché du travail,
-la réapparition du travail des enfants.

2-2-1-2 La situation de l'emploi en Algérie

L'offre d'emploi a connu au cours de la dernière décennie de profonds changements


notamment après le PAS responsable de pertes d'emploi et de gèle des recrutements
dans la fonction publique économique, et les mutations des structures de la plupart des
secteurs d'activités. En effet, une étude récente de l'ECOTECHNICS2 estime que sur
une population de 32.3 millions de personnes, la population active ( qui est la somme
des personnes occupées et des personnes en chômage) est évalué à 9.47 millions et que
7.80 millions d'habitants sont occupés.

De là, on note un accroissement des personnes occupées avec une légère baisse des
chômeurs.

1
BENMOUFFOK K, L’évolution de l’emploi en Algérie, quelles tendances ?, Rapport signalé le 21
décembre 2006, http://www.gpn.org.
2
ECOTECHNICS, Op. Cit.

42
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

Cette amélioration du niveau de l'emploi traduit les conséquences des réformes


économiques; notamment la libéralisation du commerce, la création des entreprises, les
investissements privés et la généralisation de l'emploi précaire….

Cependant, on note un très fort recul d'occupation pour les secteurs productifs au profit
des services, en effet, le premier secteur d'activité reste les administrations publiques
occupant 1,5٪ millions de personnes, ensuite le commerce avec un million de personnes
suivi par les transports, les communications, les banques et assurances, le tourisme et
les services marchands. 1

De son cộté, le secteur économique public réduit ses effectifs contrairement au secteur
privé qui a connu une évolution remarquable durant cette décennie.

On note également le bon maintien de l'emploi agricole, le secteur agricole a connu lui
aussi une augmentation constante grâce à l'emploi des femmes et des enfants et une
moyenne d’âge très élevée (60 ans)

Egalement, le FMI estime que le secteur «informel alimente de façon soutenue le


marché de travail algérien »2 .

A ce sens, les statistiques affirment que l'Algérie a enregistré un recul de la part du


salariat et une augmentation des indépendants où prédomine l'informelle (32٪en 2004)3
En outre, on signale, une augmentation rapide des emplois temporaires. Effectivement
la majorité des postes créés étaient des postes provisoires.

Alors, et à partir de tout ce que nous avons cité ci-dessus, nous pouvons constater que
globalement l'emploi a évolué dans tous les secteurs d'activités.

2-2-2 Le chômage en Algérie et dynamique de création de l'emploi

2-2-2-1 Le chômage en Algérie

1
L’OIT, Op. Cit.
2
BLIDI A, «Taux de chômage, l’Algérie très mal classée», El Watan, Dimanche 2 Septembre 2007.
3
A P, Emploi précaire se généralise en Algérie, Mardi 26 Avril 2005, www.algérie.dz.com

43
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

Comme on l’a signalé plus haut, les modifications dans les activités des groupes socio-
professionnels traduisent un état de chômage de crise, ce dernier induit par les
licenciements économiques. Or des études faites à ce propos, montrent qu'il est difficile
de dresser un constat objectif du chômage dans cette période particulière de transition,
d'instabilité et d'une économie en mutation et en changement, d'ailleurs, depuis 1990, le
fonctionnement du marché du travail a trop changé.

Mais, on remarque que le taux de chômage connaît actuellement une nette tendance à la
baisse, conséquence de la relance économique.

Cette question continue à attirer beaucoup l'attention, notamment des spécialistes de ce


domaine. Abdererahmane MEBTOUL, traite bien ce phénomène dans un article
fondamental publié à Elwatan le 6 Novembre 2007.L'auteur juge:

«D'une manière générale concernant ce problème complexe, force est de


constater que la propension du gouvernement à présenter des chiffres
attestant de l'amélioration nette et constante du niveau de vie des algériens et
de la baisse du taux de chômage est contredite tant par la réalité que par la
majorité des experts, cela est lié à l'effritement du système d'information et à
la définition du chômage qui est souvent ambiguë. Selon les données
officielles, le taux de chômage (l'officiel comptabilisant la sphère informelle)
a enregistré 29٪ en 2000, 27٪ en 2001, 23.7٪ en 2003, 17.7٪ en 2004, 15.3٪
en 2005 et enfin 12.3٪ en 2006.»1

Cette évolution de l'emploi, particulièrement chez les jeunes est le fruit des activités
économiques soutenues du pays et notamment la hausse des exportations énergétiques,
ainsi que le renforcement de différents dispositifs d'emploi ;1.8 millions emploi
nouveaux ont été créés depuis 2000 ; le gouvernement envisage de créer 2 millions
d'emplois d'ici 2009.

Alors, quelle politique adoptons-nous pour réduire le taux de chômage dans notre pays?
Et quels sont les mécanismes et les clés de la création d'emploi?

C'est à ces questions qui sera consacré le paragraphe qui suit.

1
MEBTOUl A, «Le chômage en Algérie», El Watan , 6 Novembre 2007.

44
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

2-2-2-2 Dynamique de création de l'emploi

Au dépit des progrès réalisés, l'Algérie reste un terrain inapproprié à la création


d'emplois suffisant et à l'investissement. Les statistiques de ces dernières années
prouvent que la majorité des algériens souffrent du chômage, des sous –emplois et du
travail peu rémunéré, alors elle a mis, alors au point un système destiné à régler ce
problème. Et pour dynamiser le secteur d'emploi, elle a appliqué un ensemble de
mesures

Il faut noter d’abord que les principales sources de création d'emploi en Algérie,
d’après l’OIT1 sont l'administration, le secteur public économique, le secteur privé et le
secteur informel.

L’Etat a adopté plusieurs dispositifs pour la création d’emploi comme :

• Les emplois directs et permanents créés au sein des différentes administrations et des
établissements publics.

• Les emplois directs et temporaires crées dans le cadre de programmes spécifiques tels
que le dispositif de promotion de l'emploi des jeunes.

• Les emplois indirects générés dans le secteur économique public et privé par les
besoins de fonctionnement des administrations et la réalisation des investissements
publics.

Nous allons détailler ci-après les capacités de création d'emploi dans ces secteurs
d'activités, notamment après le processus de réforme car celui-ci a provoqué une
particularité en matière d'emploi.

- L'administration qui a vu ses effectifs augmenter sensiblement en dix ans, ne peut


présenter dans l'avenir une offre d'emploi aussi importante, en raison des surplus qui la
caractérisent et de la réforme en cours de préparation qui doit la concerner.

1
OIT, Op. Cit, pp.10-12.

45
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

- Le dispositif de promotion de l'emploi des jeunes qui a contribué au cours des dix
dernières années à atténuer la tension sur le marché du travail, doit continuer à
intervenir dans ce sens.

-Le secteur public économique, qui a en une dizaine d'années progressivement perdu sa
place prépondérante dans la structure de l'emploi et du PIB, ne semble pas également en
mesure, dans l'avenir, d'apporter une contribution décisive à la résorption du chômage ;
ses entreprises se trouvent en position de redressement problématique et dans l'attente
de leur privatisation.

-Le secteur privé qui dans le cadre des réformes économiques a connu un essor
remarquable en termes de création d'entreprise de valeur ajoutées et de projets
d'investissement apparaît comme l'élément déterminant dans la constitution de l'offre
d'emploi futur en Algérie. Dans tous les domaines d'activité (agriculture, industrie,
bâtiment et service) les mesures de libéralisation économique, les aides de l'Etat et le
dynamisme qui le caractérise tendent à assurer à ce secteur une place privilégiée dans la
création d'emplois durables à court et moyen terme.

-Le secteur informel, dont l'émergence remonte au début des années 80, en réponse aux
multiples rigidités du système d'organisation économique, a largement contribué à la
dédramatisation du chômage tout en oeuvrant à développer l'informatisation des
activités économiques. Phénomène dont la connaissance statistique économique et
sociale reste à approfondir, l'activité informelle en Algérie semble appelée à se
maintenir et à être prise en considération par toute politique de l'emploi.

Enfin, le gouvernement a adopté en 2001 un plan de soutien à la relance économique


sur quatre ans, axé sur l'appui aux réformes, à la production agricole et halieutique, au
développement local et aux infrastructures. Selon les prévisions des autorités, l'impact
de ce programme d'envergure sur l'emploi est estimé à 600000 emplois permanents et
180000 emplois temporaires.1

1
Idem, p. 9.

46
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

Selon l'agence de l'emploi en Algérie (ANEM) (Septembre 2007) trois voies sont
empruntées par l'action publique :

-Par le recrutement de fonctionnaires.


-par le soutien au PME.1
- enfin par la création de 200,000 emplois grâce aux différents dispositifs d'aide à
l'emploi.
Dans la fonction publique, le nombre de fonctionnaires continue de progresser à travers:
la douane, la santé et l'éducation, ainsi que les grandes entreprises publiques, avec
comme premier employeur la SONELGAZ2
Dans le secteur des PME; près de 95.000 emplois ont été créés en 2006 grâce à
l'agence ANSEJ, ausssi la création de micro entreprise et la mise en application du
micro crédit.
Egalement, nous pouvons citer d’autres leviers d'action comme les aides à l'emploi, le
dispositif dit «d'intérêt général » (LAIG), les travaux d'utilité publique à haute utilité de
la main-d'œuvre (TUP-HIMO) et l'emploi salarié d'initiation locale (ESIL), tous
subventionnés par l'Etat. Enfin dernière mesure, le contrat pré-emploi (CPE) dont
bénéficient chaque année 50.000 étudiants.

Cette performance a permis de satisfaire toute demande nouvelle du travail et de réduire


le stock de chômeurs.

Ainsi, il convient de rappeler, que cette

« Importante baisse de taux de chômage en Algérie est due à la conjonction


entre l'augmentation de l'investissement dans la production et l'élévation du
niveau d'instruction et l'amélioration du capital humain qu'au volume de la
dépense publique»3.

Toutefois, la ne faiblit toujours pas sur la réalité de ces chiffres du chômage. En effet, le
fonds monétaire international (FMI), dans un rapport publié récemment en Septembre

1
Voir annexe 8.
2
Voir supra Ch4.
3
KAHINA F, «La pauvreté recule en Algérie» selon le CNES, Liberté, Samedi 17 Février 2007,
www.algerie-dz.com

47
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

2007 a tenté de diagnostiquer la situation du chômage en Algérie ; en s'interrogeant sur


la hausse du chômage en Algérie.

D'après le quotidien El Watan 1

Le responsable du département Afrique au sein de l'administration du FMI, KANGNI


Kpodar, émet des doutes sur l'efficience des différents mécanismes de création d'emploi
(ANSEJ, contrat pré emploi, les emplois salariés d'initiative locale ….) mis en place par
le gouvernement algérien «preuve que les programmes d'emploi publics aidé pour
abaisser le chômage ne sont pas clairs».

De même, la plus part des postes d'emplois créés sont temporaires .Enfin, dans ces
recommandations, le FMI estime que «l'amélioration de la productivité à travers
l'encouragement de l'investissement et l'augmentation des salaires stimulerait la
croissance de l'emploi en Algérie».2

D'ailleurs, il est à souligner que récemment, la question de l'emploi en Algérie demeure


une préoccupation majeure.

«Elle révèle l’urgente nécessité de mener à terme les réformes structurelles


et institutionnelles si l'Algérie veut réaliser une croissance forte et durable et
un niveau d'emploi plus élevé et bénéficier d'avantage des opportunités
offertes par la mondialisation».3

A ce propos, on se pose la question de savoir quel est l'impact de la mondialisation sur


la question de l'emploi en Algérie et sur le fonctionnement du marché du travail?

2-3 Mondialisation et marché du travail en Algérie

Dans cette session, nous allons essayer d'analyser les transformations du marché du
travail en Algérie face à la mondialisation.

1
BLIDI A, Op. Cit.
2
Idem.
3
KAHINA, Op. Cit.

48
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

Cette réflexion sur le marché du travail en Algérie dans un contexte de mondialisation,


nous conduit d'abord, à voir de quelle manière la mondialisation influe- t-elle sur le
monde du travail en général? Et par la suite, son impact sur le marché du travail
particulièrement en Algérie?

2-3-1 Mondialisation et monde du travail

Le nouvel ordre économique international, qui fut imposé par les Etats-Unis, dans les
années 80, sous le nom de« Mondialisation » a accumulé de multiples conséquences

«L'extension à l'ensemble du monde d'un capitalisme partiellement libéré de


la tutelle des Etats et dominé par les logiques de financiarisation de
l'économie; le renforcement de normes globales dans différents domaines:
1
Economie, politique, morale, santé, droit»

Alors, et comme l'affirme l'institut CEDIMES, «le monde transforme, en devenant


spacialement homogène et uniforme mais également socialement multiforme,
économiquement complexe et politiquement, difficilement gérable»2
L'un des effets de la mondialisation est la transmission rapide de nouvelles idées et de
l'information sur les pratiques de travail.

En ce qui nous concerne, c'est la question des conséquences de la mondialisation qui


nous préoccupe le plus.

La mondialisation se définit comme: «des échanges internationaux et de


l'investissement direct étranger (IDE) »3

Cette ouverture des frontières et l'accroissement des échanges augmentent la


concurrence entre les salariées. D'après une récente étude faite par l'institut de recherche
et d'information socio – économique, «le principal impact de la mondialisation et

1
MONIQUE S, Travail et mondialisation, www.ur003.ird.fr.
2
CEDIMES, Acte du colloque, Mondialisation et développement, 10-11 Septembre 2007, Annaba,
http://cedimes.com/index.php
3
SWAIM P et TORRES R, emploi et mondialisation, Septembre 2005, www.observateurocde.org/

49
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

d'augmenter la concurrence entre les travailleurs et même entre les pays»1. Ceci peut
stimuler des améliorations, et donner un meilleur rapport de force au patronat. De plus,
les entreprises ont le choix entre un grand nombre de travailleurs.

On peut encore ajouter un autre facteur qui contribue grandement à l'augmentation de la


concurrence c'est celui de l'internalisation de la production. En effet, aujourd'hui, il
devient facile pour les entreprises de délocaliser leur production vers les différents pays
du monde. Cette augmentation de la compétition exerce une forte pression à la baisse
sur les conditions de travail des salariés, au nom de la mondialisation, les
gouvernements font tout pour plaire aux entreprises et aux investisseurs, tout en
réduisant les règlements et les normes qui protégent les travailleurs, dans les pays
développés, cette forte compétition entraîne une précarisation de l'emploi et une
dégringolade des conditions de travail, notamment pour les travailleurs peu qualifiés.
Ceci se manifeste par, le chômage, les pertes d'emplois et la hausse d'inégalité salariale.
En effet, nous assistons surtout avec l'évolution des technologies et la robotisation à la
polarisation du marché du travail, ceux qui ont des qualifications voient leurs salaires
monter, alors que les autres doivent se contenter de maigres gains2. Pour cela, les
entreprises adoptent de nouvelles stratégies de réduction des coûts et de différenciation
de leur offre, elles se spécialisent sur des tâches intensives en travail qualifie (création,
marketing commercialisation, etc.), donc, elles s'orientent systématiquement vers les
travailleurs qualifiés.

Nous pouvons constaté donc que la mondialisation a un impact direct et important sur
les marchés du travail, ceci exige un renouvellement des politiques publiques, qui
devraient s'attaquer beaucoup plus sérieusement aux questions de formation
professionnelle et contenue3.

Il convient néanmoins de mentionner qu'en dépit des impacts négatifs de la


mondialisation sur les travailleurs, il faut reconnaître que l'accroissement des échanges

1
HAREVEY P- A, Comment la mondialisation influence le monde du travail, ORIS, p. 20, www.iris-
recherche.qc.ca/docs/Miondialisation %20et 20travail.pdf.
2
Idem, p. 21-22.
3
CARDEBAT J- M, Mondialisation stratégie des entreprises et emploi, Le 25 Février 2003,
www.ifni.org

50
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

et des investissements internationaux entraîne une nette amélioration des niveaux de


vie.« La mondialisation ouvre également de nouveaux marchés et crée des emplois»1

2-3-2 Les effets de la mondialisation sur le marché du travail en Algérie

«Le développement économique et social de notre pays est un impératif


primordial qui repose sur l'ensemble de nos travailleurs qui contribuent à la
construction d'un système économique structuré et solide, orienté vers
l'économie moderne»2

C’est d’ailleurs, ce que souligne explicitement Abderrahmane MEBTOUL3, selon lui :

La future politique économique et sociale algérienne devra tenir compte des mutations
planétaires afin que nous puissions s'adapter à ce monde interdépendant, en perpétuel
mouvement et d'éviter notre marginalisation. De ce fait, il serait souhaitable de favoriser
le dialogue des civilisations et de fécondations des cultures, ainsi que la libre circulation
des biens et des personnes que nous ambitionnons à travers notre investissement.

La notion de globalisation concerne un certain stade de développement des échanges de


biens et de services, d'intégration des marchés financiers et d'extension de la multi-
nationalisation des appareils productifs et de diffusion de la technologie.

Dans ce nouveau contexte mondial on n'exporte pas seulement leurs produits mais
également leurs idées, leurs méthodes marketing, leurs savoir-faire, leurs points de
vente et leurs publicités ce qui donne une nouvelle configuration du système juridique,
système financier et même du l'emploi. En effet, celui-ci se caractérise par un système
de formation et d'éducation performant évolutif et nécessite un niveau de qualification
très élevé, condition d'ailleurs de l'attrait de l'investissement direct étranger, on note
ainsi la disparition de quelques emplois comme les agents de maîtrises. C'est la fin des

1
SWAIM et TORRES, Op. Cit.
2
Extrait du message du président BOUTEFLIKA à l’occasion de la fête des travailleurs, Ministère des
affaires étrangères, info-expresse, Mai 2007, http:193.194.78.233 ⁄ma_fr⁄ stories.php ? topic= 03⁄ 05 15 ⁄
2188080
3
MEBTOUL A, « L’Algérie face aux mutations mondiales » La nouvelle République, Dimanche 18
Juillet 2004, Algérie-dz.com.

51
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

emplois rentes et la généralisation de l'emploi temporaire, et donc une flexibilité du


marché du travail

Devant cette phase de mutation mondiale, les Etats se déplacent pour la cohésion
sociale, et la lutte contre l'exclusion et la pauvreté et ceci par le développement de
certains investissements, administration, infrastructure, enseignement supérieur et
formation; éducation, santé, transport, mécanisme de redistribution, qui ont pour but
d'assurer les qualifications nécessaires à l'évolution de l'économie vers la performance
et la compétitivité dans un monde globalisé et sélectif1.

L'Algérie n'est pas un cas isolé, au cours de ces dernières décennies, l'activité
économique bénéficiera de conditions plus favorables du fait d'une croissance
maintenue depuis plusieurs années.

L'entreprise (en tant que siège de l'activité économique et de l'emploi) bénéficie de sa


part de ce contexte général favorable, ainsi la facilité mise en place en matière
d'encouragement à l'investissement et au crédit bancaire, la simplification des
procédures de la fiscalité notamment dans le domaine de création et de développement
de la micro entreprise et de la PME.

Ces avancées ont déjà concerné la fonction publique et elles concerneront l'organisation
et la flexibilité du marché du travail

En effet, on signale que le niveau de chômage a décru durant ces dernières années,il
était estimé à 12.3٪ en 2006, ainsi que, la promotion de relation du travail et la
prévoyance des conflits sociaux.

En dépit de ce progrès, au cours de la décennie écoulée, les besoins en travail non


qualifié ont baissé de façon rapide. En effet, cette évolution est traduite par une baisse
de salaires des personnes peu qualifiées et une montée des inégalités des salaires.

1
Message du président BOUTEFLIKA, Op. Cit.

52
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

Pour de nombreux économistes, c'est la diffusion des technologies de l'information et


l'ouverture de nouveaux marchés qui sont en cause, notamment en Europe et aux Etats-
Unis.

Dans ce contexte, les entreprises veulent substituer de nouveaux emplois très qualifiés à
des anciens moins qualifiés, pour survivre dans un environnement qui est devenu plus
sélectif, les entreprises algériennes ont dû s'adapter, se réorganiser et innover les
restructurations et ont privilégié l'emploi d'une main- d'œuvre plus qualifiée, afin de
renforcer le niveau de qualification de leurs salariés.

Conclusion

A la suite de notre analyse du marché du travail en Algérie, nous pouvons conclure que
celui-ci reste marqué par le phénomène du chômage et de l'augmentation des activités
non officielles. Nous avons pu constater aussi , à l'occasion de cette analyse, que le
marché du travail en Algérie n'est pas conforme aux règles et aux mécanismes d'une
économie du marché mondiale.

D'abord, parce qu'il n'y a pas une adéquation entre la formation et le marché de l'emploi.

Ensuite, parce que les besoins de nos entreprises ne sont jamais clairement définis. Et
les compétences recherchées ne sont nullement identifiées.

Enfin, et sans avoir honte de le dire, le marché est incapable de prévoir les emplois de
demains.

A partir de tout ce que nous avons conclu ci-dessus, il paraît nécessaire de :

-Initier le changement par la qualité dans notre contexte algérien.


-Innover dans l'organisation et le fonctionnement de notre marché du travail.
-Trouver des solutions, à nos problèmes, en suivant la pensée moderne de la
mondialisation.
Cela consisterait à :

53
Chapitre 2 Le marché du travail en Algérie

- Adopter une démarche globale de conception et de mise en œuvre d'une politique


nationale de l'emploi.
- Renforcer les efforts afin de répondre aux besoins annuels d'emploi.

-Créer une capacité d'étude et de formation, en appui aux acteurs de la politique


nationale de l'emploi.

54
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

Introduction

Les entreprises vivent aujourd'hui dans un environnement de plus rapide et en


perpétuel changement, qui exige de l’innovation et de l’invention de nouvelles manières
de travailler.

De sa part, «La globalisation provoque l'émergence d'un marché des langues


professionnelles définies par leurs efficacités économiques»1.

En effet, chaque jour de nouvelles langues émergent avec force, mais l'anglais domine
très nettement, Que faire donc au travail? Choisir l'anglais la langue mondiale? Ou
préférer le multilinguisme? Et les langues nationales, comment peut-on les protéger?

Devant une telle situation, « l’Etat est devenu l’organisateur central du système éducatif
et des politiques linguistiques »2 comme l’indique Arnaud Sales, professeur et directeur
du département de la sociologie, université de Montréal à l’occasion du colloque
international sur les pratiques linguistiques dans les entreprises à vocation international.
En effet, La question linguistique constitue la préoccupation majeure des Etats, le
champ linguistique est en train de devenir important et gagner une reconnaissance
accrue.

Nous présenterons dans ce chapitre la perspective d’une linguistique appliquée aux


situations du travail plus particulièrement aux entreprises économiques. Toutefois, il
n’est pas possible de présenter ici des concepts économiques et leurs conséquences sur
le choix des langues. On se contentera de mettre en évidence la relation qui doit être
faite entre la politique linguistique et le monde du travail et de savoir quelles langues
utiliser au travail? Pour quelle raison ? Et dans quel objectif ?

Partant du constat que, l’entreprise est le lieu privilégié et le meilleur d’observation


pour apprécier l’efficacité d’une politique linguistique. Nous traiterons, dans ce chapitre

1
PREVOST G, « Mal- langues » et globalisation, in BENGUERNA M et KADRI A (sous dir),
Mondialisation et enjeux politiques quelles langues pour le marché du travail en Algérie ? , Cread, Alger,
2001, p. 139.
2
SALES A, actes du colloque international sur, les pratiques linguistiques dans les entreprises à vocation
internationale, Secrétariat de la politique linguistique, 9-10 Juin 2003,
www.spl.gouv.qc.ca/secretariat/programme.htm/

55
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

le processus de la politique linguistique au quel sont soumises les entreprises


algériennes, en abordant : entreprise et politique linguistique en Algérie

Dans un premier temps, nous présenterons la situation linguistique des entreprises.

Ensuite, nous analyserons la politique linguistique en Algérie pour, relever ,enfin, les
stratégies de la formation linguistique dans les entreprises.

3-1 La situation linguistique des entreprises.

3-1-1 L’entreprise

L’entreprise est un concept socioéconomique «désignant un groupe humain dont le but


est la vente de sa production»1. Il s’agit d’une «microsociété à l’intérieur des
dimensions nationales et internationales»2.

La dénomination d’entreprise recouvre une grande diversité, tant en ce qui concerne la


taille, l’activité le mode de fonctionnement que la fonction juridique.

Il est aussi possible de distinguer les entreprises selon certains de leur caractère privé ou
public de l’agent qui contrôle le capital. S’il s’agit de l’Etat ou des collectivités
publiques, on parle alors d’entreprise publique. Le second critère de distinction est son
régime juridique.
«L’école des relations humaines et Fayol a défini quatre fonctions
principales dans l’entreprise : La fonction de direction, la fonction
logistique qui est en relation avec les fournisseurs, la fonction de
production et la fonction de distribution»3.

De même, l’entreprise demeure un lieu où s’exercent toutes sortes d’échanges, de


communication voire, de conflits et de tensions.

Ceci révèle la présence obligatoire d’une fonction de communication, celle-ci étant


entendue comme globale, réunissant l’externe et l’interne.

1
Encarta, Op. Cit.
2
LEHNISCH, Op. Cit, p. 3.
3
ENCYCLOPEDIE, Micro soft ® Encarta ® 2007.

56
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

La communication dans l’entreprise est stratégique et vitale. Elle est au «carrefour de


plusieurs questions fondamentales»1. Cependant notre propos n’est pas ici d’entrer dans
les détails de la question de la communication dans l’entreprise largement évoquée dans
le premier chapitre. Néanmoins, nous pouvons citer LEHNISH qui traite cette question
en profondeur dans son remarquable ouvrage « la communication dans l’entreprise »

Par ailleurs, partant du principe que l’entreprise est la cellule de base de la production
nationale, nous voulons mettre l’accent sur les principaux déterminants du choix
linguistique dans les entreprises et voir vers quelle tendance linguistique les entreprises
s’orientent-elles.

3-1-2 Les déterminants de la situation linguistique dans les entreprises

Généralement, dans tous les pays du monde, la situation linguistique des entreprises est
déterminée par plusieurs facteurs. En effet, une étude effectuée par Pierre
BOUCHARD2 sur la situation linguistique des entreprises québécoises a décelé que, de
façon générale, le contexte économique, social et linguistique des entreprises est
influencé par le phénomène de la mondialisation, la démocratisation des technologies de
l’information et des communications, ainsi par autres facteurs psychosociologiques,
sociolinguistiques et organisationnels.

3-1-2-1 Le phénomène de la mondialisation

La mondialisation explique au moins en partie certaines transformations observées au


sein des entreprises, qui ne sont pas sans incidences sur leur situation linguistique. En
effet, les entreprises sont de plus en plus ouvertes sur le monde, la diversification de
leurs produits et services vont modifier certainement la dynamique linguistique au sein
de ces milieux de travail.

1
LEHNISCH, Op. Cit, p. 9.
2
BOUCHARD P, « La langue de travail une situation qui progresse mais toujours d’une certaine
précarité », Revue d’aménagement linguistique, Automne, 2002, p. 87,
www.olf.gouv.qc.ca/ressources/bibliotheque/ouvrages/amenagement_hs/ral01charte_bouchard_vf11.pdf

57
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

De même, l’internationalisation du travail prend de l’ampleur. En effet, on assiste de


plus en plus à l’élargissement du recrutement de professionnels à l’échelle du globe, ce
qui favorise l’utilisation de la langue de la puissance économique hégémonique.

3-1-2-2 Les technologies de l’information et des communications :

L’entreprise d’aujourd’hui a été et sera ainsi sûrement appelée à se transformer


considérablement. En effet, l’information a maintenant gagné presque l’ensemble des
entreprises. En plus, la circulation de l’information, a pu grâce à l’Internet, faire fi des
frontières connues et respectées jusqu'à tout récemment grâce à ces progrès
technologiques et à l’explosion des communications, d’importantes stratégies de
partenariat et d’alliance elles ont été ou seront mises en place.

D’ailleurs, ces conditions ne peuvent que favoriser l’échange y compris linguistique


entre les entreprises à travers le monde.

Toujours, et dans le même contexte de la langue de travail dans les entreprises, Pierre
BOUCHARD a pu déduire qu’il existe d’autres facteurs explicatifs des pratiques
linguistiques des entreprises. Ces facteurs sont propres aux caractéristiques des
entreprises telles que la localisation du siège social. La dimension internationale, la
langue des propriétaires, les comportements linguistiques du personnel et d’autres.
Ainsi, la situation linguistique des entreprise et les changements qui peuvent y survenir
peuvent, pour une part importante être expliqués par la langue des dirigeants
(propriétaires ou administrateurs), qui ont le pouvoir de donner des orientations
politiques nécessaires et qui, compte tenu de leurs référents linguistiques, ont le pouvoir
de ralentir ou favoriser l’usage linguistique au sein de l’entreprise1.

D’autres facteurs explicatifs de la situation linguistique des entreprises peuvent y


survenir tels que, les facteurs psychosociologiques, sociolinguistiques et
organisationnels «les facteurs socio psychologiques renvoient à la compétence
linguistique et à la psychologie de la communication bilingue ou multilingue»2.

1
Idem, P. 88.
2
BOUHRIS et COLL, 2000, Cité par BOUCHARD, Op. Cit, p. 89.

58
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

Les facteurs sociolinguistiques, pour leur part, comportent entre autres les normes
situationnelles et le statut des langues dans l’entreprise et dans les régions multilingues.

«Le comportement langagier, […] dépend des normes sociales, […] et des
facteurs situationnels assez ponctuels tels que le sujet de conversation, le
cadre et les objectifs de l’échange et l’origine linguistique ou nationale des
interlocuteurs»1.

En ce qui nous concerne de plus prés, c’est notre contexte algérien.

De ce fait, nous jugeons utile d’éclairer cette étude par une enquête qui sera réalisée
auprès des entreprises algériennes.

Cette enquête vise à établir un constat de la situation linguistique de nos entreprises


partant de la société nationale de l’électricité et du gaz (la SONELGAZ), et par la suite
identifier la langue du travail en Algérie. Nous exposerons les résultats de notre enquête
en détail au chapitre 4.

Mais avant cela, il convient de parler un peu de la politique linguistique algérienne.

3-2 La politique linguistique en Algérie.

3-2-3 Qu’est ce que la politique linguistique ?

«La politique linguistique» ou « l’aménagement linguistique» est le champ de


recherche théorique et empirique le plus concerné par la réglementation des langues
dans une situation de plurilinguisme.

Commençons par préciser, que pour notre part, nous ne ferons pas de différence entre
politique et aménagement linguistique car, comme dit GRIN, «la distinction entre ces
deux termes n’est pas stable»2.

1
Idem, p. 90.
2
GRIN F, « Politique Linguistique, politique publique et langues étrangères », L’enseignement des
langues étrangères comme politique publique, conseil de l’évaluation de l’école, n°:19, Ministère de
l’éducation nationale, Paris, 2005, p. 19.

59
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

La coexistence de groupes linguistiques sur un même territoire géographique est une


réalité sociale qui pose des problèmes de plus graves.

Aujourd’hui l’accroissement du plurilinguisme et de la diversité linguistique obligent


les collectivités et les Etats à intervenir par des politiques et des lois linguistiques pour
tenter d’aménager les relations entre les groupes linguistiques en présence au sein d’un
territoire géographique.

A ce sens, Christiane LOUBIER définit l’intervention sociolinguistique comme :

« Ensemble des pratiques d’aménagement linguistique exercées par tout


acteur social (institutionnel ou individuel) en vue d’influencer délibrement
1
l’évolution d’une situation sociolinguistique donnée »

On comprend de là que toute intervention sociale utilise des moyens pour changer les
usages linguistiques d’une société ou d’un peuple dans un objectif d’influencer et
d’orienter les choix linguistiques.

Il est à remarqué ainsi que, l’intervention sociale n’est pas exclusive à l’Etat, il est
possible qu’une entreprise, une association ait une stratégie linguistique.
Toutefois, il est important de bien distinguer les acteurs, car ils n’ont pas tous les
mêmes objectifs.2

De ce fait, une politique linguistique se réfère selon Christiane LOUBIER à


l’« ensemble des orientations implicites ou explicites, prises par une autorité politique,
ou par d’autres acteurs sociaux, ayant pour but ou pour effet de régir l’usage des
langues au sein d’espace social donné »3

Quant à Calvet (1993) cité par Ahmed BOUKOUS, professeur à l’université Mohamed
V, RABAT, définit la politique linguistique comme :

1
LOUBIER C, « Fondement de l’aménagement linguistique l’aménagement linguistique », Office de la
langue française, p. 4, www.olf.gouv.qc.cq/ressources sociolinguistique/aménagement/loubier2.pdf.
2
GRIN, Op. Cit, p. 22.
3
LOUBIER, Op. Cit.

60
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

« L’ensemble des choix conscients qui régissent les rapports langue (S) structure sociale, menée
sur tout par l’Etat, elle a pour effet de créer les conditions de la promotion et de l’expansion de
certaines langues et corrélativement les conditions d’exclusion et de régression d’autres
1
langues »

En complément de ces pertinentes définitions, s’ajoute celle du Martin BOUDOIN


(1998) 2 lorsqu’il dit :

« L’aménagement linguistique est le domaine qui étudie la réglementation des langues par des
Etats ou des organismes officiels. Il comporte deux volets : La réglementation du code
(Académie française et l’office de la langue française du Québec par exemple » et la gestion du
statut des langues dans l’Etat (langues officielles et nationales»

A ce propos, KLOSS (1969) fait la distinction entre l’aménagement du statut et


l’aménagement du corpus. Dans ce dernier cas, il s’agit d’intervention sur la langue
elle-même, adoption d’un alphabet, réforme orthographique, développement du
néologisme, etc. (…).Toutefois, il fait observer que « le travail sur le corpus
linguistique est rarement effectué pour lui-même, c’est plutôt un instrument de
l’intervention sur le statut »3

A l’issue de ce survol de définitions, nous constatons que ce travail de signification était


un nécessaire exercice d’éclaircissement et de rigueur, vu la nature ambiguë du sujet.

En nous rapprochant maintenant de notre contexte, nous nous posons la question


suivante :

Qu’en est-il de la situation linguistique en l’Algérie ?

Pour aborder la politique linguistique en Algérie, il serait d’abord nécessaire de décrire


l’état du marché linguistique (BOURDIEU 1982)4 afin de voir :

1
CALVET L-J, Cité par BOUKOUS A «La politique linguistique au Marco, enjeux et ambivalences »
www.bibliotheque.refer.org/livre61/l6101.pdf.
2
BOUDOIN M, Wikipedia, encyclopédie libre, politique linguistique, 23 Août 2007
www.auf.org/docs/1/pol-ling-educ-2003-07.pdf.
3
GRIN, Op. Cit, p. 21.
4
MOREAU M, Op. Cit.

61
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

Quelles sont les langues en présence? Quel est leur statut? Et quelles sont leurs
fonctions sociolinguistiques ?

3-2-2- Les langues en présence en Algérie1


La situation sociolinguistique de l’Algérie se caractérise par la complexité, par la
coexistence de plusieurs langues ou variétés linguistiques, qui sont : l’arabe avec ses
deux variétés, l’arabe standard dit classique et l’arabe dialectal, le berbère, appelé
tamazight, enfin le français. C’est d’ailleurs ce que signale Gilbert GRAND
GUILLAUME, quant il dit :
«La société algérienne est pluraliste : dans ses régions, dans ses langues, dans ses
conceptions du rapport au passé, à l’avenir, dans ses représentations de l’occident ou
du monde arabe»2

-L'arabe classique

C'est «la première par le nombre de ses locuteurs et son extension géographique dans
le monde arabe »3, considéré principalement comme la langue du coran et de l'islam,
elle est essentiellement écrite4

- L'arabe dialectal

C'est la langue maternelle de la majorité de la population, la langue de la première


socialisation et de la vie quotidienne, elle est essentiellement orale et différente selon les
régions5.

-Le berbère ou tamazight

1
Sur le même sujet, on pourra consulter, CHERRAD- BENCHERF Y et al, Le français en Algérie
lexique et dynamique des langues, Duculot, Paris, 2002, pp. 31 – 36.
2
GRANDGUILLAUME G, «Le Maghreb confronté à l’islamisme», Le monde diplomatique, Février,
1997, http://www.mond-diplomatique.fr/abo/.
3
TALEB IBRAHIMI K, Les algériens et leur (s) langue (s) élément pour une approche
sociolinguistique de la société algérienne, Edition El hikma, Alger, 1997.
4
GRANDGUILLAUME G, « Entre langues écrites (arabe, français) et langues parlées (arabe,
berbères) », Secrétariat e Communication, 12 Juin 2006, www.ac-mayotte.fr/spip.php?rubrique82 - 33k.
5
TALEB IBRAHIMI K, Op. Cit, p. 22.

62
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

C'est la langue maternelle d'une minorité de la population, les principaux dialectes


berbères sont: Le kabyle (Kabylie), le Chaouia (Aurès), le M'zabi (M'zab) ainsi que le
parler targui, les touaregs du Hoggar. Ils sont essentiellement oraux, ils n'ont jamais été
codifiés ni uniformisés souvent victimes d'une domination et d'une marginalisation
certaines1.

Toutefois, nous assistons ces dernières années à des tentatives de revalorisation des
parlers et de la culture berbérophone.

- Les langues étrangères :

L'Algérie par sa situation géographique et son histoire mouvementée était en relation


avec les étrangers à des degrés et des moments divers, relations qui ont permis le
contact des langues, sans entrer dans les détails historiques, nous pouvons citer
l'espagnol (L'Ouest Algérien) et l'Italie (L'Est du pays), et le français, cette langue jouit
d'un statut particulier dans la société algérienne voire dans la société maghrébine.
Comme le rapporte et le souligne belle et bien Khoula TALEB IBRAHIMI dans son
ouvrage "Les algériens et leurs (s) langue (s), indiquant notamment :

«Le français langue imposée au peuple algérien par le fer et le sang par une violence
rarement égalée dans l'histoire de l'humanité et constitué un des élément fondamentaux
de la France vis- à -vis de l'Algérie»2. En Effet, pendant la période coloniale et dés
1830, la France en vue de parfaire la conquête du pays, a mené des opérations de
désarabisation et de francisation par la destruction des mosquées et zaouïas (structures
et institutions de l’enseignement de l’arabe), celle-ci est bannie de son pays, totalement
déclassé et remplacé par l’arabe dialectal, de l’autre côté, d’autres mesures visent à
imposer le français et à détruire la société algérienne ainsi, la déformation des
patronymes arabes, la francisation des noms des localités et des villes, l’introduction de
l’école françaises.

Paradoxalement, après l’indépendance, le français ne trouve plus sa place en Algérie,


notamment avec l’application de l’école fondamentale totalement arabisée.

1
Idem, p. 34.
2
Ibid, p. 35.

63
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

Actuellement, le français, n’est pratiquement plus enseigné que comme une langue
étrangère, au même titre que l’anglais, l’allemand ou l’espagnol1. Cependant,

«Il est toujours défini comme langue étrangère à ″statut privilégié″, conserve
une place importante dans les médias, la production écrite (scientifique et
littéraire), dans le monde de l’économie et de la technologie (où son usage
domine largement celui de la langue arabe) »2.

Quant à l’anglais, ces dernières années, cette langue commence à occuper une place
importante dans notre société algérienne du fait que

«Aujourd’hui, nous vivons l’époque de la mondialisation avec tout ce qu’elle


implique c'est-à-dire que nous sommes dans la communication rapide
3
mondiale par l’avènement d’Internet et du commerce international» .

Il semblerait donc que l’utilisation d’une langue comme l’anglais, la première langue du
monde, devient nécessaire et peut révéler d’une démarche mondialiste

Il est important de remarquer que ces langues se distinguent des points de vue de leurs
histoires, de leurs structures, de leurs degrés d’usage et de leurs fonctions
sociolinguistiques. Elles ont des fonctions distinctes:

L’arabe dialectal et le berbère sont des langues maternelles, l’arabe classique constitue
la langue officielle, le français est une langue étrangère, elle représente comme déjà
mentionné la langue du travail dans l’enseignement technique et scientifique.
En outre, dans les pratiques langagières des locuteurs, ces langues sont en rapport de
diglossie, la plus évidente est la diglossie arabe dans laquelle l’arabe standard constitue
la variété haute, elle bénéficie du prestige que lui confère son statut en tant que langue
officielle des institutions étatiques, l’arabe dialectal est une langue non standardisée
mais il représente la langue la plus largement employée par les algériens dans les

1
Ibid, p. 40.
2
. MORSLY D, «La situation sociolinguistique et le poids symbolique du français en Algérie» in
Rapport sur : Dynamiques sociolinguistiques (scolaires et extra scolaires) de l’apprentissage et de
l’usage de français dans un cadre bi- ou plurilingue (langue de migrants, langues locales) sur les axes
Ouest- africain et franco-africain, AUF, p 8, www.sdl.auf.org/IMG/doc/AUF_Reseau_Sociolingu_1.
der.doc.
3
GHRISS M «Du plurilinguisme linguistique au lendemain de l’indépendance et de l’Algérianité»,
Quotidien d’Oran, 10 Avril 2007.

64
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

situations de communications orale. Le berbère est un vernaculaire régional, employé


surtout dans les régions rurales, il présente la variété surdominée sur le marché
linguistique. Le français constitue la première langue étrangère, il occupe toujours des
positions importantes, notamment dans l’enseignement supérieur.

Le statut conféré à ces différentes langues, ainsi que les usages sociaux et leurs
fonctions sociolinguistiques, leur assignent des valeurs sociales et symboliques inégales.
Si telle est la réalité sociolinguistique, dans quelle mesure est-elle conçue et gérée par la
politique linguistique algérienne ?

3-2-3 La question linguistique comme enjeu politique :

Les 132 années de domination coloniale et d’asservissement qu’a connue l’Algérie ont
forcément laissé des séquelles assez profondes.

Après l’indépendance, l’Algérie se retrouve, après une longue période de destruction,


devant des énormes problèmes de réorganisation sociale, politique, économique,
culturelle et linguistique.

Dans ce domaine d’aménagement et dès l’indépendance, l’Etat algérien décide de mener


une politique linguistique largement étudiée par le grand linguiste algérien, Khaoula
TALEB IBRAHIMI, « volontariste » et « dirigiste »1, cette dernière est considérée
comme une référence scientifique spécialiste de la réalité linguistique du pays.

Cependant, cette politique a échouée du fait des diverses déséquilibres d’ordre


essentiellement idéologique, notamment le conflit arabophones, francophones. En effet
après l’indépendance, la problématique linguistique en Algérie a obéi à une gestion
politique, cette dernière veut satisfaire des intérêts politiques en permettant à des
groupes sociaux de partager le pouvoir (les espaces culturel, éducatif et économique).
Cette politique a favorisé le clivage linguistique2.

Effectivement, les élites algériennes se subdivisent ainsi :

1
TALEB IBRAHIMI K, Op. Cit, p. 189.
2
BENGUERNA M, « cadres techniques et langues fragments d’une problématique », in BENGUERNA
M et KADRI A ( sous dir), Op. Cit, p. 96.

65
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

Le premier groupe des élites représente les arabophones, dont la langue arabe est leur
outil de travail et d’expression, formés à Zitouna et Elazhar, issus d’une culture
prisonnière par le retour à la religion et à la grammaire arabe traditionnelle. Ces
intellectuels, après la libération du pays, ont investi le domaine éducatif et culturel, la
justice et la religion.
Le second groupe des élites c’est celui des francophones, leur outil de travail et
d’expression est la langue française dans laquelle sont formés. Ils ont un attachement
aux valeurs fondamentales de la culture française, ils développent une relation étroite et
intime avec la pensée occidentale (source de modernisation et de développement).
Ils ont« la haute main sur l’appareil économique du pays»1 .

En réalité, les deux comportements culturels des deux élites culturelles contribuent à les
opposer.

Donc, au lendemain de l’indépendance, nous avons assisté à deux fractions de pouvoir,


un groupe s’oriente vers l’étranger pour développer l’économie et l’industrie du pays ,
un autre groupe se préoccupe des problèmes culturels en premier lieu la restauration de
l’arabe dans la société algérienne grâce au processus d’arabisation, c’est ce que nous
allons développer dans le sous titre qui suit.

Par ailleurs, dans les années 80 un autre clivage fait déclenché, c’est celui qui «sépare
l’arabe des langues maternelles, et particulièrement des langues berbères (dont le
kabyle est l’expression la plus connue)»2

3-2-4 Politique d’arabisation :

Depuis 1962, l’Etat algérien a opté pour l’arabe en tant que langue officielle du pays,
conformément à cette promulgation, l’arabe était imposé comme l’unique langue
légitime du travail dans les différentes institutions notamment dans le système éducatif,
l’administration et l’environnement public.

1
TALEB IBRAHIMI K, Op. Cit, p. 226.
2
GRANDGUILLAUME G, « Les enjeux d’une politique linguistique » L’interpénétration des cultures
dans le Bassin occidental de la Méditerranée, Actes du Colloque de l’Association, Mémoire de la
Méditerranée Sorbonne, 14 Novembre 2001, Editeur : Mémoire de la Méditerranée, Paris, 2003, p.99-
110, www. grandguillaume.free.fr

66
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

Sans prendre les détails des mesures prises dans la mise en œuvre de cette réforme
linguistique, nous présentons quelques repères chronologiques du déroulement du
processus de l’arabisation jusqu’en 1998, tout en reprenant la chronologie synthétique
adopté par Khoula TALEB IBRAHIMI dans son extraordinaire ouvrage « les algériens
et leur (s) langue (s) » 1 (voir annexe 3)

Il convient de faire remarquer qu’au dépit de ces efforts d’arabisation, cette dernière
n’est appliquée que partiellement dans l’administration, l’enseignement et le média.

«Le français reste la principal langue du travail»,2 aussi bien dans l’enseignement
supérieur que dans les secteurs économiques, ainsi que dans les secteurs privés à
l’exception des secteurs de la justice et de l’Etat civil.

Par ailleurs, il est à remarquer qu'un un décalage important existe toujours entre le
monde de la formation totalement arabisé et le monde du travail qui fonctionne
majoritairement en langue étrangère surtout le français et dernièrement, il s’ouvre sur
d’autres langues à savoir : l’anglais, l’allemand et l’espagnol.
De ce fait, nous allons juger indispensable d’évoquer les conséquences de l’arabisation
sur le monde du travail.

3-2-4-1 Arabisation et marché du travail en Algérie.

Comme nous avons mentionnée ci-dessus, la question de l’arabisation à profondément


divisé la société algérienne dès 1962 et jusqu'à ce jour, comme l’explique bien Gilbert
GRANGUILLAUME dans un colloque sur le bilinguisme et l’interculturalité lorsqu’il
dit « les décisions relatives à l’arabisation seront souvent des décisions politiques
prises face à un adversaire sans soucis des conditions préalables nécessaire (…) », il
ajoute :

« Il y a deux tendances, une tendance pour l’arabisation et une tendance pour le


bilinguisme »1

1
Pour plus de détails sur le processus d’arabisation, consulter, TALEB-IBRAHIM K, Op. Cit, pp. 190 –
209.
2
TALEB IBRAHIMI K, « Quelques considérations sur la politique linguistique de l’Algérie », in
BENGUERNA M et KADRI A (sous dir), Op. Cit, p. 87.

67
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

En effet, le conflit entre ces deux tendances a été très grave dans les années 80 lorsque
les étudiants arabophones ont déclenché une grève à propos de leur
recrutement dans le secteur économique où la majorité des activités fonctionnaient en
français. Donc le problème dépasse le champ linguistique pour toucher le champ de la
formation et de l’emploi.

Pour cette raison, on voit les arabophones qui arrivent à se faire recruter dans les
entreprises industrielles, soit ils développent eux même des stratégies individuelles pour
l’apprentissage du français, soit les entreprises organisent des formations
professionnelles pour le perfectionnement de la langue française.

A cet égard, les responsables de ces entreprises déclarent souvent « l’arabisation des
secteurs économiques n’a jamais été voulue sérieusement » et « les procédures de
gestion et de production demeurait fermées pour la langue arabe »2.

Cela dit que les francophones ont dominé totalement le secteur économique et ne vont
jamais accepter la présence des arabophones dans leur espace d’activité.

3-2-4-2 Arabisation des entreprises algériennes (l’expérience de la SONELGAZ)

L’histoire de l’arabisation en Algérie révèle que la langue du travail est placée au cœur
de la politique linguistique. En effet, des décisions importantes ont été prises pour
l’arabisation du monde de travail.

Dans cette perspective, nous allons parler de la langue du travail en abordant le thème
de l’arabisation des milieux de travail, en particulier, les administrations et les
entreprises du secteur économique souvent négligés par nos chercheurs algérien.

En effet, depuis la loi : N° : 91-05 du 16 janvier 19913 l’administration a du passer à


l’arabe. Il est fait désormais obligation à toutes les administrations publiques, les

1
GRANDGUILLAUME G, Secrétariat et Communication, Op. Cit.
2
BENGUERNA M, Op. Cit, p. 99.
3
Voir annex 1.

68
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

instances, les entreprises et les associations de tous genre d’utiliser exclusivement la


langue arabe dans leurs activités en matière de gestion et de relation publiques (art, 4).1

De plus l’article 82 précise que « les concours professionnels et les examens de


recrutement pour l’accès à l’emploi dans les administrations et les entreprises doivent
se dérouler en langue arabe », l’article 11 de l’ordonnance N° :96-30 du 21 décembre
19963 ordonne que « les échanges et les correspondances de toute les administrations,
entreprises et associations, quelle que soit leur nature, doivent être en langue arabe»

Dans ce contexte d’arabisation des entreprises, l’expérience qui nous préoccupe dans
notre travail de mémoire c’est celle de la SONELGAZ.

D’emblée, il est important de préciser que la présentation de cette expérience doit


beaucoup à l’intervention de Malika BELKEHLA, conseillère en formation au
ministère de l’Energie, intitulée « quelle langue pour le monde du travail : le cas de la
SONELGAZ » à l’occasion de la journée d’étude organisée le 05 avril 2001 au Cread-
Alger, l’auteur signal que « l’arabisation du monde du travail, s’est toujours posée en
terme de volonté politique imposée, sans que les conditions de son application ne soient
identifiées, discutées et prises en compte »4

Il ajoute que, pour SONELGAZ, cette opération se manifeste par :

• La mise en place d’un comité de généralisation de l’utilisation de la langue


nationale (GLUN) : ce comité consiste à :

-Définir les stratégies de l’arabisation des activités et des personnels.


-Assurer l’interface avec le ministère de la tutelle.

1
Idem.
2
Ibid.
3
Voir annexe 2
4
BELKAHLA M, «Quelle langue pour le monde du travail : le cas de la SONELGAZ», in
BENGUERNA M, KADRI A (sous dir), Op. Cit, p. 144.

69
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

Les activités concernées par l’arabisation étaient celles qui avaient une relation avec
l’environnement externe comme les activités orientées vers la clientèle, le public, les
communications et l’information ainsi que les activités juridiques.

L’arabisation vise les objectifs suivants : :

- Elaborer un lexique traduit en arabe de tous les termes importants.


- Arabiser l’ensemble des documents souvent à communiquer avec le milieu externe.
- Arabiser le personnel non encore arabisé.

En revanche, et malgré ses efforts d’arabisation engagés par l’entreprise, le travail


continue d’être exercé en français. Donc, l’arabisation de l’entreprise reste une question
complexe et ne se limite pas seulement à un travail de traduction et d’apprentissage de
l’arabe.

•Arabisation de la formation : 1

SONELGAZ dispose d’un système de formation important, elle a toujours inscrit la


formation comme axe stratégique dans sa politique de développement.

Elle dispose donc de trois centres de formation situés à Blida, Ben Aknoun et Ain Mlila.

Il faut souligner que la formation au niveau de ces centres était assurée en langue
française jusque vers les années 1985 où l’entreprise a mis en place un plan pour
arabiser la formation, ce plan consiste à :

- Arabiser les formateurs qui ne maîtrisent pas la langue arabe.


- Traduire les supports pédagogiques et les documents d’enseignement.
- Acquérir des ouvrages techniques en arabe.

Au dépit de tous ces efforts, l’entreprise se trouve devant la nécessité de continuer à


travailler en français notamment dans les activités techniques, pour cette raison elle a
opté réellement pour le bilinguisme arabe / français, à ce moment se pose un autre

1
Idem, p. 149.

70
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

problème celui des jeunes candidats formés en arabe, ils doivent alors apprendre le
français pour pouvoir utiliser les documents techniques qui existent uniquement en
français, ainsi communiquer avec leurs collègues les plus anciens totalement francisés.

En 1996, la promulgation du décret1 renforçant la généralisation de l’utilisation de la


langue arabe et une punition en cas de non respect de la loi, cette généralisation touche
les secteurs où le français est encore la langue de travail majoritaire comme la vie
économique et l’université pour les matières scientifiques.

Dans cette période, de mondialisation et de libéralisation de l’économie, l’entreprise est


plus autonome, d’ailleurs, la question de l’arabisation et le conflit arabe / français n’est
plus posé c’est plutôt la maîtrise de l’anglais qui retient l’attention des responsables de
la formation au niveau de l’entreprise.

Dans ce contexte et compte tenue des enjeux économiques auxquels l’entreprise doit
faire face pour assurer sa place dans le monde, la connaissance de l’anglais est rendue
obligatoire pour toutes les nouvelles recrues.
A cet effet, un dispositif d’apprentissage de l’anglais destiné aux nouvelles recrues a été
défini et mis en place au niveau des trois centres de formations de la SONELGAZ. De
même, cette formation a touché également les cadres responsables dont leurs activités
professionnelles demandent l’utilisation de l’anglais.

Pour terminer, il ressort de l’expérience de la SONELGAZ en matière d’arabisation


que :
Cette expérience n’a pas été conçue en tenant compte du contexte socio-économique
réel, et des moyens de sa mise en place.

Cependant, l’entreprise a fait un excellent travail d’adaptation entre un environnement


interne totalement francisé, et un autre externe, national de plus en plus arabisé et un
autre environnement international multilingue.

1
Voir annexe 1.

71
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

Enfin, il est à rappeler que le passage d’une langue de travail à une autre n’est guère
facile, et ne peut se concrétiser simplement par une terminologie ou un lexique à
arabiser, une langue véhicule des idées, des cultures et des expériences1.

3-3- La formation linguistique dans les entreprises

Comme nous avons déjà constaté, les branches professionnelles deviennent l'espace clé
pour la politique linguistique des Etats. La prise en compte de la langue aux sein de la
formation continue en entreprise «devient un aspect fondamental de la politique
linguistique des entreprises»2 et comme faisant partie intégrante de leurs stratégies de
développement et d'ouverture sur le monde. Dans cette session, nous essaierons
d'aborder la formation linguistique dans les entreprises tout en répondant aux questions
suivantes:

Quelle est la place accordée à la langue dans un contexte professionnel ? Autrement dit,
est-ce que les compétences linguistiques sont reconnues comme des véritables
compétences professionnelles?

Quels sont les enjeux en maîtrise de la langue en milieu professionnel pour les salariés
et pour les entreprises ?

Quels sont les besoins de la formation linguistique et quelles stratégies adaptent les
entreprises pour répondre à ces besoins?

Ce sont quelques questions qui nous viennent à l'esprit et qui vont guider notre
réflexion.

Il est claire que le monde du travail est souvent flexible, mouvant, transitoire et
demande énormément de compétences. En dehors des compétences techniques, les
compétences langagières se trouvent au centre des situations de travail. En effet, la

1
Ibid, p. 153.
2
EXAVIER N, «Apprendre le français dans un contexte professionnel», Séminaire de réflexion, centre
national d’étude pédagogique, 2-3 Juin 2006,
www.dglf.culture.gouv.fr/publications/seminaire_francais_professionnel_juin_2006.pdf

72
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

langue est désormais un facteur essentiel d'inclusion et d'exclusion des salariés.


D'ailleurs, la formation linguistique devient fondamentale au sein de la formation
contenue en entreprise, «la maîtrise de la langue soit considérée comme une
compétence professionnelle»1 et un atout aussi bien pour le salarié que pour l'entreprise.

En effet, «au 21eme siècle les langues vont acquérir une importante place. La maîtrise
de plusieurs formes de communication orale et écrite est exigée sur le marché du travail
et conditionne l'accès à l'emploi, à la culture et à la vie sociale »2. Ainsi, le
développement du secteur des services fait des langues de véritable acteur de
l'économie. L'analyse du marché du travail révèle une forte exigence linguistique,
plusieurs postes exigent une compétence en langues étrangères. Aujourd'hui, il devient
indispensable pour tout cadre, manager, technicien, entrepreneur quelque soit sa
fonction et son domaine d'activité de parler, et de savoir maîtriser parfaitement une
langue étrangère. Cependant, «pourquoi le demandeur a-t-il besoin d'apprendre une
langue? Quels usage va –t-il amené à faire de cette langue? Quelles compétences doit-il
acquérir à cet effet ? Quel savoir doit –il maîtriser»3.

3-3-1 La formation linguistique; un partenariat triangulaire:

Les entreprises, et a vue les nécessités professionnelles, investissent dans la


qualification linguistique de leurs personnels. Elles devront assurer une formation
linguistique efficiente, pour que cette formation porte ses fruits, un partenariat entre
l'apprenant et son entreprise est nécessaire. Ce qui permettra à chaque individu, de
développer ses compétences en associant un projet professionnel et un projet
d'entreprise.

1
GAREMYNCK J, La maîtrise de la langue française en milieu professionnel: Quels enjeux pour les
salariés et les entreprises ? actes du colloque du juin 2005, Direction de la population et des migrations,
Notes et documentation, n° 53 Octobre 2005, p. 32,
www.dglf.culture.gouv.fr/maitrise_langue/Actes_colloque0806051.pdf
2
Discours du Premier ministre intitulé, Quelle politique pour le français et le plurilinguisme, à l’occasion
de l’installation du conseil supérieur de la langue française, 16 novembre 1999,
www.dglf.culture.gouv.fr/politique-langue/politique-langue.htm - 11k
3
SPRINGER C, «Langue et entreprise: la question de l’identification des besoins langagiers des
organisations professionnelles», Les langues modernes, n° 1, Paris 1975, p. 38.

73
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

À cela, Philippe CARRE met en plus le rôle du formateur. Selon lui toute formation
linguistique professionnelle passera par l'examen du rôle des trois acteurs: entreprise,
apprenant, formateur.

D'abord, C'est l'entreprise qui organise une stratégie linguistique, elle fixe le cadre,
détermine les règles du jeu et clarifie les enjeux de la formation tout en déclinant ses
objectifs d'évolution internationale.

Ensuite, c’est le formateur qui anime et gère l'environnement de la formation en


réunissant et en articulant les ressources matérielles et humaines.

Enfin, C'est le rôle de l'apprenant, celui-ci, doit prendre en charge son apprentissage, par
une attitude d'autoformation1.

À ce sens, il ajoute, «Les raisons d'apprendre sont variées, en effet de nombreuses


échelles de motivation ont été élaborées pour essayer d'approcher les raisons de
l'engagement de l'adulte en formation.

Pour ce qui est de la formation linguistique, nous retiendrons 05 raisons dominantes qui
correspondent à autant de bénéfices anticipés de la formation :

1-Amélioration des performances de travail dans son poste actuel (mission à l'étranger,
responsabilité nouvelle…)
2-Strategies de perfectionnement à moyen terme (changement de poste, promotion…)
3-Adaptation aux objectifs de l'entreprise (développement international)
4-Acquisition d'une culture générale, professionnelle et ou personnelle
5-Interêt pour l'étude d'une langue étrangère en soi2.

1
CARRE M, Organiser l’apprentissage des langues étrangères, Organisation, Paris, 1991, p. 62-63.
2
Idem, p. 182.

74
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

3-3-2 Organiser la stratégie linguistique professionnelle

L'apprentissage d'une langue étrangère au milieu professionnel révèle d'une


problématique pédagogique complexe qui fait appel à un partenariat entre les différents
participants: directions opérationnelles, responsable de formation etstagiaires.

Pour traiter cette question, CARRE nous propose une procédure en trois temps:

- Une étape de l'audit linguistique.

- Une étape d'ingénierie pédagogique.

-Une étape d'évaluation.

3-3-2-Audit linguistique:

L'audit linguistique permet d'évaluer les compétences linguistiques du personnel dans


l'entreprise et de déterminer de façon précise les besoins réels en formation en fonction
des objectifs professionnels1.

Elle s'effectue en 05 étapes:2

1-Détermination du public cible:

Il s'agit ici de sélectionner les candidats à la formation elle touche les salariés dont la
fonction implique l'usage d'une langue étrangère dans le cadre de leur travail.

2- Détermination des profils de compétences requises par le (s) poste (s):

Il s'agira d'analyser les postes retenus au cours de l'étape précédente. On cherche à


connaître:
-Le registre de communication visé (écrit, oral)

1
SUPELEC – formation contenu, «Audit linguistique dans l’entreprise», le 13 mars 2007,
www.supelec.fr/fc/ruénvenue.htm/.
2
CARRE, Op.Cit, p. 76 – 78.

75
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

-Le niveau de compétences nécessaires dans chaque registre (minimal, qualifier,


spécialisé)
-La fréquence d'usage de la langue.

3-détermination des profils de compétences acquises par le titulaire.

On définit ici le déficit de compétences entre l'objectif visé et le niveau actuel de


compétences des titulaires sélectionnés. Cette opération se déroulera à l'aide des tests
de compétence qui s'effectuent en deux temps:
-Des tests collectifs de compétence auditive, de grammaire et structures, de vocabulaire
général et spécialisé.
-Des entretiens individuels. Les tests et l'entretien sont établis en fonction d'une grille
d'évaluation précise qui permet de dresser un bilan fiable des compétences linguistiques
dans l'entreprise selon 5 niveaux.

4-Détermination du déficit de compétence:

C'est une opération qui consiste à mesurer l'écart de compétences entre le requis et
l'acquis.

5-Etablissement du cahier des charges:

Il consiste à fixer les priorités et à déterminer les objectifs de formation par le biais du
référentiel de compétences linguistiques, ce dernier permettra aux décisionnaires de la
formation d'étudier les priorités en terme de catégorie de personnel à former, et les
objectifs en terme de niveaux à atteindre, ainsi que le budget consacré à ce projet.
D'une façon générale, il fournit à l'ensemble des partenaires de la formation linguistique
professionnelle une référence unique permettant la bonne gestion de la formation
linguistique.

3-3-2-2 Ingénierie pédagogique1

C'est une étape qui vise la construction d'un dispositif pédagogique.

1
Idem, p. 80-81.

76
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

Cette étape comportera trois phases: d'abord, des entretiens individuels préliminaires,
ensuite analyse de l'offre, enfin, l’étude de faisabilité du projet.

-Entretiens individuels préliminaires:

Elle s'intéresse aux projets individuels de la formation linguistique. En effet, les


entreprises organisent des rencontres et des dialogues pour discuter les différents
paramètres de l'engagement du candidat dans sa formation : motivation, objectifs
personnels, disponibilité, style d'apprentissage.

Il est à noter que cette démarche, permet ainsi de déterminer le profil de l'apprenant ce
qui permettra d'affiner les différents objectifs pédagogiques.

-Analyse de l'offre de formation:

Avant de finaliser un dispositif adapté, il est nécessaire de mettre au point l'offre qui
répond aux besoins de la formation.

De ce fait, on peut envisager trois cas1:

•Soit elle dispose des ressources de formation en interne.

•Soit elle a recours à l'offre externe.

•Soit elle effectue un mélange ente les deux.

Dans tous les cas, il faut veuillez au bon choix des intervenants et voir si ces
organismes de formation sont dirigés par des pédagogues ou des commerçants, Et quels
sont les niveaux de qualification et le statut des formateurs, et quels équipement,
techniques et supports utilisent-ils ?

1
Ibid.

77
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

-L'étude de faisabilité du projet:1

Les responsables de la formation doivent déterminer les conditions de faisabilité du


projet à savoir: locaux, budget, ressources pédagogique.

3-3-3-3 Evaluation2

La question de l'évaluation dans le domaine de la formation linguistique est mesurée


grâce à la satisfaction des stagiaires et à l'administration des tests plus au moins
élaborés.

Quant au contrôle des acquis, il en existe de multiples instruments et différents moyens,


selon l'objectif de l'évaluation. D'après Carré (1991) la pratique de formation
linguistique professionnelle appelle trois niveaux d'évaluation correspondant à trois
objectifs différenciés.

L'évaluation formative:

Il s'agit d'intégrer dans le cours du processus de formation des temps de contrôle des
acquis comme les minis-tests, les contrôles d'auto-évaluation, l'examen blanc,etc.
Ce type d'évaluation n'aura pas pour la finalité de juger ou sanctionner l'apprenant, mais
l'aider dans son parcours pédagogique en lui fournissant un feed-back sur ses efforts.

L'évaluation sommative:

Il s'agit ici de conclure le procès pédagogique par une analyse et un contrôle final des
acquis en utilisant des outils de l'évaluation plus sophistiqués.

L'évaluation fonctionnelle:

En général, l'objectif visé de toute formation professionnelle est l'accroissement des


compétences des salariés en situation de travail et non pas la satisfaction personnelle ou

1
Ibid, p. 83.
2
Ibid, p. 84.

78
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

l'obtention d'une bonne note à l'examen. Cette évaluation cherche à analyser le


changement de la performance de l'apprenant sur son poste de travail à travers
l'observation, l'accompagnement, et la formation -action 1

En somme, il est important de rappeler que pour organiser une formation linguistique
professionnelle, il faut d'abord analyser les compétences dans l'entreprise afin de
déterminer le déficit et de mettre au point un cahier de charge contenant les objectifs de
la formation.
Ensuite, la contraction d'un dispositif pédagogique précédé par une analyser des
conditions individuelles d'engagement dans la formation ainsi que les conditions de
faisabilité de projet.
Enfin, une étape d'évaluation est obligatoire au terme de chaque processus de formation,
permettait la régulation et le contrôle des acquis.
L'ensemble de ces démarches reposent sur la formalisation des compétences actuelles et
attendues à travers un document commun à l'ensemble des partenaires, le référentiel de
compétences linguistiques2.

Conclusion

La conclusion la plus importante que nous puissions tirer, à la suite de notre analyse de
la politique Linguistique dans les entreprises algériennes, que celle –ci reste ambiguë du
fait qu'elle ne développe pas une stratégie claire avec des objectifs définis, d'ailleurs,
depuis toujours, cette politique reste dépendantes des objectifs des politiciens, elle est
souvent critiquée pour sa valorisation excessive de la langue arabe , la seule langue
officielle au détriment du tamazight et de l’arabe dialectal. Alors, que faut-il faire?

Il faut d'abord, avoir une vision ouverte sur le monde, à la fois rationnel et pragmatique.
Il faut ensuite une politique linguistique qui met le monde de la formation et le monde
du travail en adéquation. Enfin pour qu'une politique linguistique réalise ses objectifs

1
Ibid, p. 86-88.
2
Pour plus d’information sur la formation linguistique dans les milieux professionnels, consulter la
superbe étude réalisée par la Direction de la Population et des Migrations (DPM), DE FERRARI M (sous
dir), «Développer la formation linguistique au titre de la formation professionnelle continue en
entreprise»,in Migrations études, n°133, janvier 2006, www.cohesionsociale.gov.fr Rubrique Migration
et Intégration.

79
Chapitre 3 Entreprise et politique linguistique en Algérie

notamment l'imposition de la langue légitime, elle doit se doter des expertises, des outils
et des moyens d'action sur les langues en présence.

Nous allons développer ces points avec plus de précision, dans le chapitre suivant, en
présentant la politique et les pratiques linguistiques dans l'entreprise de la SONELGAZ.

80
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

Introduction

Compte tenu du contexte théorique, la question linguistique est d’actualité dans le


monde du travail. Qu’il s’agisse des échanges externes ou des rapports internes. Toute
activité du travail impose des rapports et des modes de communications complexes
entre les différents acteurs sociaux.

De ce fait, et face à la mondialisation de l’économie, les entreprises, y compris les


algériennes, doivent communiquer le plus efficacement possible avec leurs clients, et
leurs partenaires à travers le monde. Il est donc nécessaire d’adopter une pratique
linguistique efficiente qui permettra à nos entreprises de mieux s’adapter au marché
mondial et à la concurrence internationale.

Pour bien comprendre cette problématique, nous avons voulu effectuer une enquête sur
les pratiques linguistiques dans les entreprises algériennes.

Notre choix de l’entreprise porte sur la société nationale de l’électricité et du gaz la


1
SONELGAZ de Ouargla, nous l’avons choisie pour son secteur d’activité, sa taille
ainsi que la place qu’elle occupe dans son secteur et sa vocation internationale.

L’enquête menée auprès de la SONELGAZ est inspirée de l’approche «ethno-


sociolinguistique» de Phillippe BLANCHET, plus précisément de la méthode dite
«hypothético-déductive» à tendance qualitative, cette méthode consiste à
«Proposer au départ de la recherche, à titre d’hypothèse, une réponse à une
question, et valider ou invalider cette réponse en la confrontant par
expérimentation en situation contrôlée, à des données sélectionnées»2.

En ce qui nous concerne, nous nous sommes principalement intéressé au rapport qui lie
choix linguistique et situation de travail.

Cette enquête a été réalisée sur la base d’entretiens de face à face.

1
Pour comprendre cette abréviation, voir annexe 8.
2
BLANCHET Ph, Op. Cit, p. 22.

81
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

Quant aux observations directes, il convient de mentionner qu’elles n’ont pas une valeur
statistique. Elles visent à décrire la situation linguistique de l’entreprise, en identifiant la
langue du travail et en déterminant les principaux critères qui président dans le choix de
cette langue.

Cette enquête tentera de répondre aux questions suivantes.

-Quelles sont les langues pratiquées dans l’entreprise de la SONELGAZ ?

-Quels sont les critères qui président dans le choix linguistique dans cette l’entreprise ?

- SONELGAZ développe- t-elle une politique linguistique au sein de ses services ?

- Quelle est la langue du travail de l’entreprise et comment influe-t-elle sur le marché du


travail en Algérie ?

Pour pouvoir répondre à ces questions, il convient d’observer la situation de ces


pratiques. Cela nous a paru la façon la plus sûre pour obtenir des réponses fiables.

Pour ce faire, nous avons assisté à des situations de travail variées, ce qui nous a
permis d’avoir une vue panoramique de la situation linguistique de l’entreprise.

De même, tout au long de cette étude nous avons pris des notes d’observation pour
compléter les données recueillies sur les comportements langagiers des salariés.

Par ailleurs, nous avons recouru à des entretiens semi- directifs avec les acteurs
concernés ; par les langues et la prise de décisions dans l’entreprise, à savoir le chef de
la division des ressources humaines et le chef de la service formation au niveau de
l’entreprise. Ceci nous a permis d’obtenir des informations sur les pratiques
linguistiques observées et éventuellement répondre aux questions posées ci-dessus.

82
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

De même, cette enquête a été complétée par une consultation approfondie de la


documentation écrite de l’entreprise ; nous avons choisi d’analyser les affichages
internes, les notes de services et les correspondances de l’entreprise (courriers, fax,…)1

La dernière étape de notre enquête consiste à analyser et à commenter les données


recueillies. Pour ce faire, nous avons opté pour un commentaire à la fois descriptif et
analytique. La phase analytique conduit nécessairement à une synthèse qui met l’accent
sur la globalité du cas examiné.

Nous commençons d’abord à décrire le cadre général au sein du quel nous avons situé
notre enquête

4-1 Cadre général de l’enquête

4-1-1- Caractéristiques générales de l’entreprise

SONELGAZ est une entreprise algérienne appartenant à un secteur économique


spécialisée dans la production, le transport et la distribution de l’électricité et du gaz.

Créée en Algérie, l'entreprise est progressivement développée pour devenir aujourd'hui


un groupe industriel international, composé de 29 filiales et emploie plus de 47000
travailleurs.2

A- Histoire et évolution

Dés la fin de la deuxième guerre mondiale, le gouvernement français a adopté une


politique de développement économique et social en Algérie, et s’est doté d'outils pour
la réalisation de son programme qui est essentiellement tourné vers l'économie
coloniale.

Juin 1947, électricité et gaz d'Algérie (EGA) est crée suite à la nationalisation des
différentes entreprises algériennes d'électricité et du gaz.

1
Voir annexe 9 pour pouvoir consulter les documentations de l’entreprise.
2
Consulter site : www.sonelgaz.dz

83
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

Après l'indépendance, EGA est prise en charge par l'Etat algérien ; le départ massif du
personnel français ne l’a pas l'épargné. En quelques années et grâce à un formidable
effort de formation, l’encadrement et le personnel algérien assurent effectivement le
fonctionnement de l’établissement.

En 19691, EGA devient SONELGAZ, Société Nationale de L’électricité et du Gaz ; une


grande entreprise dont le personnel avoisine les 6000 agents.

La transformation de la société avait pour objectif de conférer à l’entreprise les


capacités organisationnelles et gestionnaires pour accompagner et soutenir le
développement économique du pays.

La restructuration des entreprises a engendré en 1983 la naissance de six (06) filiales


travaux spécialisées; il s'agit de:

-KAHRIF pour l’électrification


-KAHRAKIB - Infrastructures et installation électrique
-KANAGAZ - Réalisation des réseaux gaz
-INERGA - Génie Civil
-ETTERKIB – Montage industriel
-AMC - Fabrication des compteurs et des appareils de mesure et de contrôle

C’est grâce à ces filiales que SONELGAZ dispose actuellement d’infrastructures


électrique et gazières répondant aux besoins du développement économique et social du
pays.

En 1991, SONELGAZ devient Etablissement Public à caractère industriel


et commercial (EPIC)

En 20022, l’établissement devient une Société par action (SPA).

1
Voir Décret n°6959 du 28 Juillet 1969 parue dans le journal officiel du 1erAoût 1969.
2
Voir Décret n°02-195 du premier Juillet 2002 parue dans le journal officiel de la république algérienne
n°39.

84
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

Cette promotion donne à la SONELGAZ la possibilité d’élargir ses activités à d’autres


domaines relevant du secteur de l’énergie, et prendre aussi des participations dans
d'autres sociétés et d’intervenir hors des frontières de l’Algérie.
Cela annonce l’évolution de 2004 où SONELGAZ devient un groupe ou holding.
A cette évolution, SONELGAZ se restructure en filiales chargées de ses activités de
base:
-SONELGAZ Production Electricité (SPE)
-Gestionnaire Réseau Transport Electricité (GRTE)
-Gestionnaire Réseau Transport Gaz (GRTG)

En 2006, la fonction distribution est structurée en quatre filiales :


-Alger
-Région Centre
-Région Est
-Région Ouest

Au delà de cette évolution, la mission essentielle de SONELGAZ demeure


l’élargissement de ses activités et l’amélioration de sa gestion économique.

B- Les activités de la SONELGAZ1

SONELGAZ est composée de trois branches d'activités: la production, le transport, la


distribution et la commercialisation de l’électricité et du gaz, tant en Algérie qu'à
l'étranger

-Activité production: c'est l'activité consistant à transformer l'énergie calorifique ou


hydraulique en énergie mécanique puis électrique.
-Activité transport: cette activité englobe le transport électricité et le transport gaz.
-Activité distribution électricité: consiste à alimenter l'ensemble des petits clients
industriels et les abonnés domestiques, et assure l'alimentation des trios grandes
catégories à savoir: les clients industriels, les clients de moyenne importance, les
ménages et artisans.

1
www.sonelgaz.dz

85
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

Quant à la distribution du gaz, elle assure la satisfaction au même catégories de clients


que la précédente.

Ajoutant aussi que la SONELGAZ a toujours joué un rôle prépondérant dans le


développement économique et social du pays. Sa contribution dans la concrétisation de
la politique énergétique nationale sont à la mesure des importants programmes de
réalisation en matière d’électrification rurale et de distribution publique du gaz, qui ont
permis de hisser le taux de couverture en électricité à plus de 97% et le taux de
pénétration du gaz à plus de 37 %.1

Ses nouveaux statuts lui confèrent la possibilité d’intervenir dans d’autres segments
d’activités présentant un intérêt pour l’entreprise et notamment dans le domaine de la
commercialisation de l’électricité et du gaz à l’étranger.

Soulignons aussi que la SONELGAZ veille toujours à la formation de son personnels,


et œuvre pour l’amélioration permanente de sa qualification. Son entrée dans l’ère de la
compétition économique implique un besoin en compétences encore plus important, tant
dans le domaine technique que dans ceux de la gestion et du management.

Aussi, l’entreprise concentre tous ses efforts dans la formation continue pour suivre
l’évolution des métiers, implanter et assurer le développement des capacités
managériales de l’encadrement et prépare la relève, afin de pouvoir prendre en charge
les projets de développement des infrastructures, des réseaux et du volet commercial.
La formation est assurée au recrutement et tout au long de la vie professionnelle, par le
biais de la formation spécialisée et le perfectionnement dans des institutions externes ou
dans ses propres centres de formation de Blida et de Ain M’lila, qui disposent de 400
places pédagogiques chacun et qui dispensent des formations techniques afférentes aux
métiers de l’électricité et du gaz, ainsi que le centre de Ben Aknoun d’une capacité de
200 places, spécialisé dans l’enseignement de la gestion adaptée aux procédures de
l’entreprise.
Les ressources et moyens de SONELGAZ en matière de formation, à savoir : des
formateurs expérimentés, des ateliers, laboratoires et salles spécialisées et des

1
Ibid

86
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

équipements audiovisuels, lui ont conféré une riche expérience, qu’elle exploite pour
son personnel, et qui lui ont valu d’être sollicitée pour la formation d’équipes venues de
pays maghrébins et africains.

4-1-2 SONELGAZ et marché du travail en Algérie

SONELGAZ est considérée comme l’un des plus gros employeurs du paysage industriel
du pays.

Selon les statistiques de 2006, elle emploie plus de 47000 travailleurs entre permanents
et contractuels.

En termes de répartition de la ressource humaine par secteur d’activité ; ce sont les


filiales métiers qui présentent le plus important nombre de personnel, de l’ordre de
20646, suivies des filiales travaux avec 3404 agents, puis des filiales périphériques
(2 747 agents), le reste étant concentré au niveau de la maison mère.

Ces chiffres évoluent en harmonie avec le développement de SONELGAZ.

Fin 2006, la répartition de l’effectif global des filiales métiers par catégorie
socioprofessionnelle se présente comme suit : 27,2 % de cadres, 20,2 % d’agents
d’exécution et 52,6 % d’agents de maîtrise. Les derniers mouvements d’effectifs ont
entraîné un rajeunissement du personnel de l’entreprise, avec 51 % du personnel de ces
filiales qui ont moins de 40 ans1.

La restructuration de SONELGAZ par le passage à l’autonomie de 4 filiales


distribution, leur redonnera l’initiative et permettra l’amélioration de l’accueil des
citoyens.

Pour cela, et dans le cadre de l’amélioration de la qualité des services et de la politique


de rapprochement de SONELGAZ de ses clients, elle prévoit le renforcement de ses
structures par le recrutement de jeunes diplômés. En effet, à partir de 2006 l’entreprise a
envisagé de recruter près de 9000 agents, elle offre donc des occasions importantes

1
Consulter site, Op. Cit.

87
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

d'emploi pour les jeunes universitaires, trois programmes ont été tracés. Ils concernent
la distribution et le stockage du gaz butane, la réalisation de stations-service et le
transport des carburants au niveau des wilayas du Sud. Suite à ces programmes, 138
micros entreprises, réparties sur 26 wilayas, seront lancées.

En général, les seuls domaines de l’électricité et du gaz ont permis, la création, en 2004,
de 10 325 postes d’emploi, contre 3185 seulement en 1999. « Il y a une croissance de
22,4% ». Le secteur de l’énergie compte également faciliter la tâche des jeunes désirant
de créer leurs propres micros entreprises par le système de l’appel d’offres1

L’ambition de SONELGAZ est de devenir plus compétitif pour pouvoir faire face à la
concurrence qui se profile et compter, à terme, parmi les cinq meilleurs opérateurs du
secteur dans le bassin méditerranéen.

4-2 Recueil des données

En ce qui nous concerne, notre enquête porte sur la direction régionale de SONELGAZ
Ouargla 01 dont l’activité principale est la distribution.

Le nouvel organigramme, appliquée depuis le 16 Mai 2005, montre que la direction


régionale de Ouargla 01 comprend 07 divisions, plus une subdivision des affaires
générales ; L’ensemble est sous la tutelle de la direction générale représentée par la
filiale Centre de Blida2.

Quant au personnel de l’entreprise, le responsable des ressources humaines affirme que


l’effectif total de SONELGAZ Ouargla 01, est de 280 employés répartit en groupe socio
professionnel comme suit :

Groupe
socioprofessionnel Cadre Maîtrise Exécution

Nombre 64 165 51

1
MAKEDHI M, « SONALGAZ 9000 agents recrutés », El Watan, 5 Juillet 2005.
2
Pour plus de détail voir organigramme officiel de l’entreprise, Annexe 4.

88
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

4-2-1 Les usages linguistiques à la SONELGAZ

Dans cette partie, nous nous interrogeons sur l’usage des langues à la SONELGAZ.
Quelles langues les travailleurs de la SONELGAZ utilisent-ils dans les rapports
quotidiens du travail, dans les documents qui circulent, la tenue des réunions, ainsi que
les décisions de recrutement et de promotion ?

Pour ce faire, nous jugeons nécessaire de décrire les différentes langues utilisées dans
les différentes situations de communication de travail. Alors nous allons examiner les
usages linguistiques dans les réunions, les rapports et les documents écrits. Ce qui nous
permettra de déterminer, dans un premier temps, les principaux critères des choix
linguistiques et dans un deuxième temps les besoins en langues de l’entreprise,
notamment à travers l’analyse d’offres d’emplois et les pratiques du recrutement.

4-2-1-1 Langues et types de communication à la SONELGAZ.

Afin de répondre aux questions posées ci-dessus, nous avons assisté à des situations de
travail variées, ceci nous a permis d’avoir un aperçu général de la situation linguistique
de l’entreprise, et de rédiger en parallèle notre journal d’observation (voir tableau 1)

Tableau 1 : Journal d’observation

Qui ? Cadres Maîtrises Secrétaire


Combien ? 10 05 01
Quand ? 28/01/2008 03/02/2008 09/02/2008
Où? La salle des réunions La cafétéria Le bureau
Avec qui ? Avec le directeur Entre eux Conversation
régional téléphonique avec
un client
Pour quoi Réunion du travail Echange Fixer un rendez-
faire ? interpersonnel vous de travail
Quelle Français Alternance Alternance français/
langue ? arabe algérien/ arabe algérien
français

À la lumière de notre observation, nous constatons que les communications de travail


comprennent à la fois des échanges familiers entre individus et des communications
spécifiques qui ont pour objet l’exécution des tâches de travail. Car, comme nous

89
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

l’avion déjà mentionné, le milieu de travail est aussi un milieu de vie dans lequel il y a
place pour des échanges humains.

Dans le cas de notre entreprise, concernant les langues utilisées, nous remarquons que
pour les travailleurs de la SONELGAZ c’est l’arabe algérien qui prédomine les
échanges interpersonnels. Parfois il se trouve alterné avec le français. Or, nous avons
remarqué que cette alternance dépend de plusieurs facteurs situationnels et sociaux tels
que l’origine sociale de l’employé, son âge et son expérience au travail, etc.

En effet, nous avons constaté que les travailleurs originaires du Nord du pays emploient
plus de mots français dans leurs pratiques orales que ceux du Sud.

Ainsi, les anciens produits de la période coloniale ont plus recours au français que les
jeûnes recrutés, issus d’un système éducatif arabisé.

Il se peut aussi que le choix linguistique soit lié au désir d’affirmer l’identité
linguistique et culturelle vis- à- vis de ceux de la majorité. Á SONELGAZ, on
enregistre une minorité de travailleurs qui parle le berbère (Ouargli et M’Zabi).

Quant aux autres langues étrangères, apparemment il n’y a pas de place pour l’anglais ni
pour les autres langues dans les échanges oraux des travailleurs.

En somme, on peut dire que les langues maternelles dominent les communications
interpersonnelles à SONELGAZ. En revanche, dés que nous passons à des activités
spécifiques de lecture ou de rédaction, nous remarquons que ces langues ne jouent plus
le même rôle, et c’est le français qui domine (voir tableau 2).

Tableau 2 : Langues utilisées par objectif de communication

Objectif de communication Langues utilisées


Communication familière arabe algérien (souvent)
(interpersonnelle) berbère (peu souvent)
Français (parfois)
Communication fonctionnelle Français (toujours)
(spécifique)

90
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

D’un autre côté, nous avons remarqué que, pour ces communications spécifiques du
travail, la langue utilisée varie selon les situations. Nous allons étudier le choix
linguistique des travailleurs sous l’angle de certains types de variations à savoir :
-Le type de tâche exercée.
-Le type de message.
-le type de profil d’instruction du travailleur.

L’observation révèle l’utilisation de l’arabe dans quelques cas de relations externes de


l’entreprise comme les activités destinées aux clients ou fournisseurs et surtout au
public. Quant aux autres activités qui portent sur les rapports internes, comme la
rédaction des textes internes, la lecture des notes, la participation dans les réunions,
c’est le français qui règne toujours (voir tableau 3).

Tableau 3 : Langues utilisées par activités de communication

Activités de communication Langues utilisées


Rédiger des textes pour l’extérieur. Français (souvent).

Arabe standard (parfois).


Rédiger des textes pour l’intérieur. Français (toujours).

parler à des gens de l’extérieur. Alternance arabe algérien /


français.

parler entre collègues. Alternance français/ arabe algérien

.
Lire des textes internes. Français (toujours).
Lire des textes venant de l’extérieur. Français (souvent).

Arabe standard (parfois).


En tenant compte de l’importance de la communication interne dans notre
problématique, nous allons essayer d’analyser en détail l’usage des langues dans les
activités internes. Nous remarquons que sur le plan de l’écrit, les travailleurs n’utilisent
que le français.
Une consultation approfondie des documents écrits de l’entreprise nous a paru
indispensable dans ce cas.

91
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

À cet effet, nous avons recueilli une documentation provenant de services variés (des
donnés statistiques, notes, demandes d’emploi, attestations de travail, factures,
formulaires, pamphlets publicitaires, dépliants, …etc.) (Voir annexe 9)

Nous avons enregistré une forte dominance du français dans ces documents.

Concernant les correspondances de l’entreprise notamment le fax qui reste le moyen de


préférence dans l’entreprise et le courrier (traductionnel ou électronique), on note que la
plupart des messages sont rédigés en français, même dans le cas où le destinataire est
étranger, l’anglais n’est pas choisi pour les correspondances avec les non francophones.

Sur le plan des activités orales, les travailleurs alternent l’arabe et le français, nous
pouvons citer le cas de téléphone qui reste le mode de communication orale le plus
utilisé, il nécessite souvent une bonne, voire très bonne maîtrise en langues étrangères, à
la SONELGAZ dans la plupart des conversations téléphoniques c’est le français qui
prime généralement sur les autres langues y compris l’arabe. Pour les réunions, nous
avons deux cas de figure.
Dans le cas des réunions générales, les travailleurs alternent le français et l’arabe.
Cependant, dans les réunions spécifiques qui rassemblent les dirigeants et les cadres, le
français règne.

Au regard de ces constatations, et comme nous le montre, le tableau suivant, nous


pouvons conclure que c’est le type de communication qui se prête le plus à l’usage de
la langue au sein de l’entreprise. (Voir tableau 4)

Tableau 4 : Langues utilisées par tâche de travail

Tâche de travail Langues utilisées


Tâche orale Alternance Français/ arabe
algérien

Tâche écrite Français (toujours)

Le tableau ci-dessus, nous montre q’ à l’écrit le français domine toujours et à l’oral c’est
l’alternance arabe/ français.

92
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

Partant de ce constat et sachant qu’au sein de notre entreprise trois groupes socio
professionnels s’organisent à savoir : les cadres, les agents de maîtrises et les agents
d’exécution. L’observation relève, que généralement les exécutions accomplissent que
des tâches orales ou manuelles. Tandis que les maîtrises et les cadres réalisent, le plus
souvent des tâches essentiellement écrites.

Dès lors, et par voie de conséquence, il ressort que, les cadres emploient souvent le
français dans leur travail ainsi que les maîtrises, notamment, ceux qui accomplissent des
activités techniques de conception et de contrôle, emploient uniquement le français.
Quant aux exécutions, c’est l’arabe qui prédomine dans la plupart des cas (voir tableau
5).

Tableau 5 : Langues utilisées par catégories socio professionnelles

Catégories socio professionnelles Langues utilisées


Cadres Français (souvent)
Maîtrises Français (toujours)
Exécutions Arabe (toujours)

Au terme de notre observation, nous pouvons dire que la communication à la


SONELGAZ est conçue dans deux langues : le français et l’arabe, le choix de telle ou
telle langue varie selon les situations de communication et dépend de certains critères à
savoir :

-Type d’objectif de communication,

-type de tâche,

- type de message,

- type de profil d’employé,

En outre, nous voulons attirer l’attention sur un aspect qui nous a interpellé, lors de
notre étude, nous avons remarqué que la question de la langue au niveau de la
SONELGAZ n’a aucune importance, et elle est évoquée que par les services de
ressources humaines lors des recrutements et des programmes de formation. C’est pour

93
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

cette raison, nous avons jugé nécessaire d’élaborer le problème des langues et de
recrutement à la SONELGAZ, c’est ce que nous tâcherons de le faire dans le sous titre
qui suit.

4-2-1-2 Langues et recrutement à la SONELGAZ

Ces dernières années, la langue devient une condition majeure pour toute personne en
quête d’emploi.

En effet, lors de décision d’engagement ou de promotion, la langue joue un rôle


primordial. La connaissance des langues étrangères serait une des conditions requises
pour tenir un emploi. Une grande importance est attribuée, avant tout, aux
connaissances linguistiques (orales et écrites), l’absence de ces connaissances
linguistiques représente un handicap.

En analysant les offres d’emploi de la SONELGAZ, on constate que les besoins de


l’entreprise en matière linguistique ne sont pas toujours mentionnés, du fait que pour
certaines fonctions comme les postes du commercial et d’encadrement, la maîtrise de
plusieurs langues étrangères est implicite.

En outre, parmi les offres exigeant une bonne connaissance des langues étrangères, on
note les emplois qui sont liés directement ou indirectement aux processus de production,
l’anglais, le plus souvent, est exigé pour les cadres de gestion, d’administration, de
finance et de comptabilité1.

Les travailleurs déclarent, que la nature de leur travail leur oblige à connaître au moins
deux langues étrangères. Le français, la langue la plus pratiquée à la SONELGAZ. Et
bien entendu, l’anglais, la première langue au monde exigé et demandé par le marché.

C’est la raison pour laquelle, l’entreprise cherche souvent des candidats possédants une
pratique courante ou une bonne maîtrise des langues citées ci-dessus. En outre, il est à

1
Pour une bonne illustration, voir annexe 5.

94
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

signaler que la demande de l’entreprise est trop influencée par le marché. Elle dépend
de la langue des pays avec lesquels l’entreprise est en relation.

Cependant, on remarque que, quelle que soit la langue du client, c’est le français qui
domine, souvent, le travail à la SONELGAZ, et les résultats d’enquête montrent que le
français pèse plus lourd que les autres langues, non seulement à la SONELGAZ mais
sur tout le marché du travail en Algérie.

Le problème se pose notamment entre le français et l’arabe. En effet, «en comparant la


langue à l’entrée dans la carrière du travail et les exigences linguistiques des
entreprises, on trouve que l’offre et la demande ne se conjuguent pas»1. Les
compétences linguistiques des nouveaux recrutés, issus d’une université arabisée, ne
coïncident pas avec les exigences d’un marché du travail totalement francisé. Ces
arabophones se sont retrouvés beaucoup plus désavantagés que les francophones. On
peut comprendre dès lors, que chez les demandeurs d’emploi dans le secteur de
l’économie, le français est une condition implicite de travail, d’ailleurs, pour faire
carrière dans le secteur économique en Algérie, il faut maîtriser le français ; c’est la
réalité de notre marché du travail.

4-1-2 Entretiens

Après la description de la situation linguistique de l’entreprise, nous cherchons dans


cette phase à récolter d’autres données, afin de les croiser avec les données précédentes
et pourvoir par la suite répondre aux questions posées.

Pour ce faire, nous avons effectué des entretiens avec les responsables concernés par
les langues au niveau de l’entreprise de la SONELGAZ à savoir, le directeur de la
division ressources humaines et le chef service formation de la direction régionale
Ouargla1. Les entretiens d’une heure et demi, nous ont permis de prélever des
informations et des éléments de réflexion très riches en relation avec notre thème de
recherche.

1
Gouvernement du Québec, livre I la Langue du travail , la situation du français dans les activités de
travail et de consommation des québécois, arrêté en conseil N° 3541, Québec, 1972, p.104.

95
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

4-1-2-1 Présentation des entretiens

Les deux entretiens comportent une série de questions ouvertes, elles sont classées à
partir de quatre grands thèmes qui sont les suivants.

• Répartition des usages linguistiques dans l’entreprise

L’entretien commence par une question concernant les langues en présence dans
l’entreprise. Elle nous permet de détecter les langues utilisées dans l’entreprise.

Le degré de la maîtrise de ces langues est mesuré à partir de la question N° 2.

La question N° 3 s’intéresse aux effets négatifs de la non maîtrise de la langue sur les
activités du travail.

La question N°4 permet de savoir, si les usages linguistiques sont imposés, ou s’il s’agit
d’un choix personnel. Elle permet de relever les critères qui président dans le choix de
la langue et par la suite faire une typologie des choix linguistiques dans l’entreprise.

La question N° 5 permet de connaître l’influence des facteurs sociaux sur les attitudes
linguistiques des travailleurs, notamment l’appartenance à une communauté ou à une
région bien déterminée.

Quant aux questions N° 6, 7, 8, et 9, nous permettent de mesurer l’impact de la


mondialisation ainsi que ses effets sur les usages linguistiques dans l’entreprise et
comment peut –elle orienter, voire modifier ces usages.

• Formation du personnel

La question N° 1 nous permet de savoir si l’entreprise prend en considération la


maîtrise de la langue comme compétence professionnelle ou non.

Quant à la question N° 2, elle consiste à mesurer le budget réel accordé à la formation


linguistique au sein de la formation professionnelle dans l’entreprise.

96
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

La question N° 2 nous permet d’identifier les besoins en formation linguistique dans


l’entreprise.

• Langue et recrutement à la SONELGAZ

La question N° 1 s’est intéressée à la place et au poids de l’entreprise de la


SONELGAZ dans le marché du travail en Algérie.

La question N° 2 nous permet de constater si la langue est un critère de sélection dans


le recrutement ou non.

La question N° 3 nous montre l’importance de la connaissance de plusieurs langues


pour le maintien d’un poste de travail.

Quant à la question N° 4, elle nous indique, également, l’importance de la langue pour


faire carrière dans le travail.

La question N° 5 concerne encore l’articulation langue ⁄ emploi, elle permet de vérifier


si la langue est un moyen pour avoir un emploi

La question N° 6 quant à elle permet d’établir la relation langue- développement de


l’entreprise, comporte certains nombre de propos sur la «barrière linguistique» au
travail et comment peut-elle influencer sur le marché du travail en Algérie

Les questions 7et 8 permettent de voir comment le marché nous impose actuellement
l’anglais comme unique langue du travail.

• Politique linguistique de la SONELGAZ

La question N° 1 nous permet de connaître le statut de la langue arabe et les autres


langues maternelles dans l’entreprise.

La question N° 2 est une question qui consiste à vérifier si la SONELGAZ a une


politique linguistique.

97
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

La question N° 3 concerne la langue du travail. Cette dernière question résume le tout.


Elle permet de préciser la langue réelle du travail.

Quant à la question N° 4, elle permet de connaître s’il y a une adéquation entre cette
langue du travail (question N° 3) et les nouvelles exigences du marché.

4-3 Analyse et traitement des données

Après l’enregistrement et la transcription1 des données, nous aboutissons maintenant à


la phase la plus fine de notre démarche, celle de l’analyse de ces données.

Il convient de préciser que nous avons opté pour une analyse qualitative thématique,
celle-ci s’avère la plus appropriée à notre enquête. Cependant, nous n’allons pas
évoquer toutes les réponses mais, les plus pertinentes, celles qui touchent à notre thème.

4-3-1 Répartition des usages linguistiques dans l’entreprise

Conformément à nos observations de départ, les entretiens effectués auprès des


responsables des ressources humaines confirment l’existence de quatre (04) langues :
Le français, l’arabe, le tamazight, et l’anglais. Or, l’utilisation de ces dernières varie
selon certains paramètres par exemple, pour l’organisation interne de l’entreprise :

A l’écrit : les travailleurs utilisent souvent le français dans la plupart des services : cas
des rapports, procès verbaux, notes de services, courriers, etc. Sauf le service de la
justice où l’arabe est utilisé voire imposé à 100%.

Cependant à l’oral, ils alternent français et arabe algérien. Cette alternance varie selon
les situations du travail, selon les interlocuteurs et leur niveau hiérarchique et selon
l’objectif de la communication. En effet, entre fonctionnaires, le choix dépend des
catégories car ceci revient à la fonction et au niveau des employés de chaque groupe
socioprofessionnel dans l’entreprise. En effet, et comme nous l'avons signalé au
paravent, le niveau de formation diffère d'une catégorie à une autre. Cette spécificité se
répercute sur les compétences langagières de chaque groupe socioprofessionnel, qui

1
Pour la transcription des entretiens, voir annexe 7.

98
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

exige l'utilisation d'une langue et non pas une autre. Citons comme exemple, pour la
catégorie des cadres, le niveau demandé est soit un niveau d’ingénieur ou de licencier,
parallèlement et au sein de cette même catégorie, il existe des employés qui ont pu
accéder à cette catégorie par une promotion à l'ancienneté.

Quant à la catégorie des maîtrises, il s'agit de recruter ceux qui ont le niveau de 3ème
année secondaire et qui ont subi une formation technique dans l'un des trois centres de
formation évoqués.
De même, la tâche destinée au personnel d'un même groupe, peut influencer le choix de
la langue utilisée. En effet et si nous prenons le cas de la catégorie exécution, la tâche
d'une secrétaire de direction exige de sa part une compétence écrite et orale en langue.
Alors que la tâche d'un agent d'exécution qui travail sur le terrain, ne nécessite pas
obligatoirement la maîtrise des langues.

Toujours, et dans le cas de l’oral, une minorité de fonctionnaires alterne le français au


berbère.

Quant à la communication externe destinée à la clientèle et aux partenaires, l’arabe


algérien enregistre souvent une forte présence par apport aux autres langues.

Il ressort de ceci, que la fréquence d’utilisation du français est très élèvée à la


SONELGAZ, par contre, nous remarquons qu’il est minoritaire pour l’anglais. Donc,
nous pouvons, à la suite de nos responsables, dire que l’anglais occupe une place
marginale, voire inexistante à la SONELGAZ.

Cependant, nous voyons que le faite de ne pas utiliser l’anglais empêche l’accès aux
nouvelles technologies et peut même entraver le développement de l’entreprise.

Or, nous avons constaté que même les nouvelles technologies notamment l’usage de
l’Internet, favorisent l’usage du français à la SONELGAZ.

D'après les rapports de notre interlocuteur, le français occupe une place


prépondérante dans le travail de la SONELGAZ. En effet, les nouveaux recrutés sont
censés être capables d'utiliser un minimum de français. Cependant, ces derniers sont

99
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

issus d'un système éducatif arabisé, et rencontrent des difficultés en s'adaptant au


nouveau milieu du travail, par le fait que, toute la documentation technique, ainsi que
les règles et les procédures de travail existent en français dans les différents services de
l'entreprise. La discordance entre la langue de l'enseignement (arabe) et la langue du
travail (français), soulève la question linguistique au milieu professionnel qui, d'après
notre interlocuteur, reste négligée au sein de la SONELGAZ, du fait que les dirigeants
de l’entreprise considèrent que la langue n’est pas un handicap ou une barrière pour
leurs activités.

Par contre, les dernières recherches à ce sujet, confirment que la non maîtrise de la
langue peut avoir des conséquences négatives sur tous les plans y compris le plan
technique et le plan commercial, dans la mesure où, une bonne maîtrise de la langue de
travail favorise la progression de l’entreprise.

4-3-2 Formation du personnel

Compte tenu du budget maigre consacré à la formation linguistique, selon les dires de
Mr le directeur des ressources humaines, et d’après le responsable de la formation au
niveau de l’entreprise1 nous pouvons constater que la maîtrise de la langue n’est pas
encore reconnue comme compétence professionnelle à la SONELGAZ. En effet,
l’apprentissage de la langue n’est pas suffisamment ancré dans le plan des dispositifs de
la formation professionnelle de l’entreprise.

Par ailleurs, la formation doit être adaptée en fonction de l’usage professionnel


quotidien de chaque employé. En revanche, et vu que la maîtrise du français est un des
paramètres fondamentaux dans la performance de l’entreprise, la SONELGAZ
n’organise pas de formation de perfectionnement en français, par contre elle le fait pour
l’anglais, cette expérience avec l’anglais n’a pas réussi, à quoi sert de faire apprendre à
l’employé une langue dont il n’a pas besoin dans son travail quotidien ?

1
Voir annexe 7.

100
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

Nous pouvons expliquer cela par le fait que ce sont les intérêts de la société ainsi que la
politique linguistique de l’Etat algérien qui exigent et orientent la formation linguistique
dans l’entreprise.

À ce titre, un autre point attire notre attention, c’est celui de l’inégalité devant la
formation. En effet, on remarque que cette dernière n’a pas touché tout le personnel de
l’entreprise. Et elle se contente aux cadres qui bénéficient le plus souvent de cours
particuliers en anglais.

4-3-3 Langues et recrutement à la SONELGAZ

D’après les réponses de nos interlocuteurs, la langue n’est pas un critère exigé dans le
recrutement, ni une condition pour la promotion et la carrière à la SONELGAZ « la
langue n’est pas condition pour la carrière ou la promotion, il y a d’autres
composantes professionnelles et politiques plus importante qu’elle »1. Mais, les
responsables préfèrent souvent recruter des employés possédant des compétences dans
la langue du travail (le français à la SONELGAZ), ceci confirme notre hypothèse que la
langue est un bon moyen pour avoir un emploi.

À ce propos, il est évident que l’absence de la maîtrise de la langue entraîne une


performance et un rendement moindre aussi bien pour le travailleur que pour
l’entreprise. L’expérience montre que l’employé sera facilement licencié et il aura du
mal à retrouver un poste de travail.

Dans notre situation, nous constatons la dominance du français sur l’entreprise voire sur
le marché du travail algérien.

Cependant, le constat le plus manifesté pour notre entreprise, en particulier et les


entreprises du secteur économique en général, porte sur le fait, qu’il n’y a pas un
équilibre et une adéquation entre l’offre qui représente les préférences linguistiques des
travailleurs, on vise l’arabe bien évidemment, notamment pour les nouveaux arrivés au
marché du travail, et la demande qui présente les exigences linguistiques des

1
voir annexe 7.

101
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

entreprises, pour SONELGAZ c’est le français et d’un autre côté, les besoins
linguistiques du marché qui imposent l’anglais, que faire donc ?

D’après nos interlocuteurs, les employés sont conscients des exigences linguistiques du
marché du travail algérien, cependant, on remarque que tout leur entourage leur impose
le français comme langue du travail.

On comprend de cela que, le champ linguistique dans l’entreprise de la SONELGAZ est


fortement soumis aux contraintes du terrain et du marché.

Partant de ces constations, on peut déceler la relation d’interdépendance entre le


marché du travail et les pratiques linguistiques. En effet, en Algérie, le marché du
travail exerce sur les pratiques langagières une influence accrue et de l’autre côté, les
pratiques linguistiques ont fortement influencé le marché du travail.

4-3-4 Politique linguistique de la SONELGAZ

Quelle est la politique linguistique de la SONELGAZ ?

Question sur la quelle nous avons finalement centré nos interrogations.

Le fait marquant que nous avons pu constater est que le français est la langue du travail
à l’écrit et même à l’orale à la SONELGAZ. En parallèle, ce que nous a surpris c’est
bien le statut de l’arabe, en effet, nous avons constaté que l’arabe recule et peut même
s’effacer complètement au profit du français « il se limite à certains communications
externes /./ mais hmmm en tout /…/ on peut dire qu’il est en recule par rapport au
français »1.

À cet effet, le responsable de la formation a reconnu l’inconfort de cette situation « mais


j’aurais bien aimé travailler dans ma langue, pourquoi pas l’arabe ! »2. Pour notre part,
nous disons que le vrai inconfort réside dans le décalage entre la politique linguistique
algérienne qui favorise la langue arabe et les politiciens francophones qui veulent garder

1
Voir annexe 7.
2
Voir annexe 7.

102
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

la langue française en tant que principale et unique langue du travail dans le secteur
économique en Algérie.

Par ailleurs, il est à noter que ce recule de l’arabe n’a rien susciter comme réaction de la
part des travailleurs, ces derniers, ne manifestent aucun regret de travailler en français/./,
au contraire, est un avantage pour eux de travailler en français « c’est un avantage de
travailler en français /./ sans complexe /./ et d’ailleurs, je n’ai pas honte de dire ça ! le
français c’est notre langue ::: c’est un « butin de guerre»1 .

Ces travailleurs ont des représentations négatives envers l’arabe, effectivement,, leurs
comportements linguistiques reflètent leurs représentations. Accepter que l’arabe ne soit
pas la langue des sciences, ni de celle de la technologie et de l’économie concourt
certainement à son appauvrissement « […] mais pas l’arabe /./ […] elle ne convient
pas au travail ! [ma toslohſ] ».

Et c’est le même cas pour les langues maternelles qui restent limités aux échanges
interpersonnels.

Or, les dirigeants que nous avons rencontré confirment que SONELGAZ n’a pas une
politique. Le français est un héritage historique, SONELGAZ est francisée depuis
1947.Quant à l’anglais, il est souhaitable à l’heure de la mondialisation de s’ouvrir à
l’international et au monde en adaptant l’anglais comme langue des affaires et des
échanges. Cela montre bien que le choix linguistique à la SONELGAZ n’est pas
centralisé et sa politique résulte d’un choix pragmatique.

Que doit faire l'entreprise donc devant ce conflit linguistique ? Recule de l'arabe langue
nationale de l’Etat, dévalorisation des langues maternelles, prépondérance du français ?
Et ouverture sur le monde ?

Nous pensons que le plurilinguisme avec une certaine valorisation de l'arabe peut offrir
un meilleur équilibre et une bonne adaptation avec le marché.

Pour Gilbert GANDGUILLAUME

1
Voir annexe 7.

103
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

«La langue arabe est pour les Magrébins une référence d’identité […]. Elle
devrait être la source d’une conscience d’exister propre, de fierté de l’origine.
Méprisée dans la situation coloniale, dévalorisée par la comparaison
unilatérale au monde moderne, mal traitée dans une politique d’arabisation
politisée, elle a besoin aujourd’hui encore d’être reconnue et restaurée dans
la place qu’elle mérite.»1

Pour Salah KHENNOUR (Docteur chercheur en sciences du langage), il


devient dès lors essentiel de

«Positionner, en Algérie, la langue arabe dans le marché des langues


performantes, plus particulièrement de déterminer les principaux facteurs
favorisant son intégration économique internationale (non plus seulement
sous forme de reconnaissance politique et linguistique) et en lui donnant une
valeur et une légitimité que l’arabe est encore loin d’avoir, notamment dans
les secteurs de la production et de la recherche scientifique».2

4-4 Synthèse

Les informations recueillies par nos observations du départ et lors des entretiens
permettent de mettre en lumière quelques constats:

D'abord, en ce qui concerne le choix linguistique, les résultats obtenus confirment que
les choix linguistiques ne sont pas formalisés, ni centralisés et les critères qui orientent
ces choix sont:

- le type de messages échangés en fonction de l'organisation interne ou externe de


l'entreprise.

- le type de profil d'instruction des employés qui dépendent de la corrélation entre la


formation et les activités du travail.

1
GANDGUILLAUME G, « les enjeux politique linguistique », Op. Cit.
2
KHENNOUR S, Langues et Développement humain durable en Algérie, Thèse de doctorat, 2006,
Université de Provence Aix-Marseille 1, p.170.

104
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

- le type de tâches exercées au travail.

- le type d'objectif de la communication, s'il s'agit d'une communication interpersonnelle


ou fonctionnelle.

En second lieu, nous constatons que, le français est la principale langue du travail dans
les entreprises algériennes, elle garde une place prépondérante dans le secteur
économique et elle prime sur le marché du travail. Par contre l'arabe recule dans ce
secteur, et peut même disparaître au bénéfice du français, pareil pour les langues
maternelles, qui se trouvent dévalorisées et limitées à la communication familière. Cela
revient à la politique linguistique de l'Etat algérien. Cependant, les résultats de l'enquête
révèlent que les entreprises algériennes ne développent pas de politiques linguistiques
propres et précises.

Enfin, il faut noter que peu de personnes dans l’entreprise qui ressentent que, la langue
est un élément essentiel au travail, c’est pour cette raison, elle n’est pas intégrée dans le
plan de la formation de l’entreprise. On peut attribuer ce désintérêt à des causes
diverses, mais ; comme l’explique bien GRIN, il tient sans doute en bonne partie à
l’idée que la langue « ne change pas grand-chose»1 Or, les études montrent qu'avoir des
compétences en langues devient une nécessité absolue dans le contexte professionnel
actuel. Effectivement, dans les entreprises du secteur de l'économie en Algérie, la
langue devient un critère majeur, permettant de faire évoluer les salariées dans leur
carrière professionnel et représente un bon moyen d'accéder à l'emploi.

Mais, le problème de notre pays reste toujours l'inadéquation entre la langue du travail
et la langue d'enseignement et de formation.

1
GRIN F, « Langues et marché du travail: quelques réponses, beaucoup de questions », in BENGUERNA
M, KADRI A (sous dir), Mondialisation et enjeux linguistiques : quelles langues pour le marché du
travail en Algérie ?, Cread, Alger, p.168.

105
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

Conclusion

Arrivant au terme de cette étude exploratrice, on peut rappeler que plusieurs activités
ont été entreprises dans le cadre de cette enquête.

Pour commencer, une observation attentive des pratiques langagières des travailleurs
de l'entreprise de la SONELGAZ et un dépouillement des documents disponibles nous
ont permis de dresser un bilan de la situation linguistique de l'entreprise et d’élaborer
une typologie des choix linguistiques dans l’entreprise.

Ensuite, des entretiens ont été menées avec les responsables des ressources humaines,
ont apporté une richesse incontestable à l'enquête et ont permis de récolter une quantité
suffisante de données.

Enfin, après l'analyse qualitative des phénomènes observés et des réponses recueillies
lors des entretiens, une synthèse interprétative s'avère nécessaire pour finir.

À la lumière de toutes ces procédures, nous pouvons avancer les résultats suivants :

 La question de la langue ne fait pas partie des préoccupations des gestionnaires.

 La dominance relative du français sur le marché du travail en Algérie.

 Les choix linguistiques ne sont pas formalisés.

 Les entreprises algériennes n’ont pas une politique linguistique.

 Le décalage, entre le système éducatif et le marché du travail en Algérie en


matière d’enseignement des langues.

 L’inadéquation entre la politique linguistique algérienne et la langue du travail.

 La mondialisation et les nouvelles technologies favorisent l’utilisation du


français dans les entreprises.

106
Chapitre 4 Enquête sur les pratiques linguistiques à la SONELGAZ

 Les entreprises algériennes n’ont pas rompu avec la langue française.

Quant à la vérification des hypothèses, étape ultime de la recherche, nous pouvons dire
que les hypothèses que nous avons formulé au début, sont donc dans l’ensemble,
confirmées.

107
Conclusion générale

Conclusion générale

Au terme de cette étude, notre travail constitue une réflexion que nous venons de fournir
à propos d’une question d’actualité celle de la langue et sa relation avec le travail.

Partant du principe que la langue est une composante intrinsèque du travail et un facteur
principal dans la productivité économique, la présente recherche s’est intéressée à la
langue du travail, notion longtemps éloignée des préoccupations de nos chercheurs
linguistes, est aujourd’hui une question préoccupante en Algérie et dans le monde.

Dans le cadre de ce mémoire, nous avons étudié comment se fait le choix de la langue
du travail dans les entreprises algériennes du secteur économique, et dévoiler les enjeux
politiques, économiques et sociaux qui se rattachent à ce choix linguistique.

Parallèlement, nous nous sommes intéressés à détecter le rôle et l’influence de cette


langue sur le marché du travail en Algérie. Un sujet trop important et vaste, ce qui
justifie la difficulté de cerner tous ses contours.

Pour ce faire, nous avons élaboré quatre chapitres. Le premier a examiné le lien entre la
langue et le milieu de travail. Le deuxième, à caractère purement économique, vise à
décrire le marché du travail en Algérie pour pouvoir, par la suite, montrer comment la
langue peut être un moyen d’accès à l’emploi. Le troisième chapitre, pour sa part, porte
sur la politique linguistique des entreprises algériennes. Enfin, le quatrième et le dernier
chapitre s’intéressait aux pratiques linguistiques relativement à l’embauche, à la
formation du personnel et à l’exercice du travail dans la SONELGAZ.

Au niveau méthodologique, en tenant compte de l’importance de la langue dans la vie


professionnelle et économique, une identification et un classement des pratiques
linguistiques du personnel de l’entreprise de la SONELGAZ nous a paru essentiel à
aborder afin de vérifier les hypothèses évoquées. A cet effet, nous avons opté pour une
enquête du terrain par une approche «hypothético-déductive».1 Cette méthode nous a
conduit à construire notre objet de recherche "Le langage en situation de travail"

1
BLANCHET PH,Op.Cit.

108
Conclusion générale

ensuite à collecter des données par observation directe et l’utilisation des entretiens
semi- directifs, et enfin à l’interprétation et à la généralisation des résultats obtenus.

Sans répéter les premières conclusions que nous avons pu tirer de cette enquête, nous
voudrions mettre en exergue quelques points marquants :

 Le français domine le marché du travail en Algérie, il reste la principale langue


du travail dans le secteur de l’économie.
 De façon spécifique, il ressort de cette étude que les choix linguistiques dans
l’entreprise de la SONALGAZ ne sont pas centralisés, ni formalisés, ils dépendent du :

Type de message, type de tâche, type d’objectif de communication et type de profil


d’instruction de l’employé.

L’étude révèle aussi, l’influence accrue de la mondialisation sur les représentations et


les pratiques langagières des employés dans les situations du travail. Ceci est confirmé
par l’importance accordée, ces dernières années, aux compétences en anglais.1

 Pour ce qui concerne la politique linguistique de l’entreprise, le principal


constat qui se dégage est qu’en Algérie, les entreprises ne développent pas une politique
linguistique, d’ailleurs, les résultats montrent l’inadéquation entre la langue du travail et
la politique linguistique algérienne, ceci engendre un autre décalage celui de la langue
du travail et la langue d’enseignement, qui demeure inadaptée aux nouvelles exigences
du marché.
 Concernant la formation linguistique professionnelle, au dépit des progrès
considérables réalisés dans ce domaine, les compétences linguistiques demeurent peu
intégrées au plan de la formation professionnelle des entreprises.
 Cette recherche contribuera à mieux comprendre le rôle de la langue dans le
maintien d’un emploi, en effet, les résultats montrent que la langue est un élément, mais
n’est pas l’élément central pour l’insertion dans le marché du travail en Algérie.

Notre recherche présente, toutefois, quelques limites, nous lui reconnaissons quelques
difficultés inhérentes aux données beaucoup plus.
1
Voir annexe 5

109
Conclusion générale

La première difficulté rencontrée dans ce travail, réside dans le fait que la langue est un
concept difficile à mesurer.

Nous pouvons aussi soulever une autre contrainte, il n’a pas toujours été facile de
rencontrer les dirigeants de l’entreprise, au regard de l’intensité et l’importance de cette
question en Algérie, on s’attendrait à faire des analyses plus approfondies avec d’autres
responsables, notamment, les concernés par la politique linguistique en Algérie.

Enfin, au regard de la complexité du marché du travail en Algérie, il nous paraît donc


réducteur d’étudier la langue dans un seul secteur. Certes nous avons pris en modèle le
secteur le plus stratégique et encore une grande entreprise mais, une analyse pareille
dans les autres secteurs du travail comme le tourisme, l’hôpital, est souhaitable afin
d’avoir une idée globale sur la question.

De même nous souhaitons insister sur une analyse plus en détail de "l’écrit au travail"
qui reste flou que celle d’"écrit scolaire".

Toujours, dans la communication au travail, nous projetons une analyse


conversationnelle des situations du travail.

Selon notre vision, la principal perspective qui issue de ce mémoire est la mise en
œuvre d’une ingénierie pédagogique de formation.

Enfin, nous espérons que ce travail inspirera d’autres recherches.

110
Bibliographie

Bibliographie

I- Ouvrages

1. BEAUDICHON Janine, La communication, Armand Colin, Paris, 1990, pp. 140 -


155.

2. BELKAHLA Malika, «Quelle langue pour le monde du travail : le cas de la


SONELGAZ», in BENGUERNA Mohammed et KADRI Aissa (sous dir),
Mondialisation et enjeux politiques quelles langues pour le marché du travail en
Algérie ?, Cread, Alger, 2001, pp. 143-153.

3. BENGUERNA Mohammed, « Cadres techniques et langues fragments d’une


problématique », in BENGUERNA Mohammed et KADRI Aissa (sous dir),
Mondialisation et enjeux politiques quelles langues pour le marché du travail en
Algérie ?, Cread, Alger, 2001, pp. 95-100.

4. BLANCHET Philippe, La linguistique de terrain, (Méthode et théorie une approche


éthno- sociolinguistique), édition, PUR, Paris, 2000.

5. BOREZEIX Annis, «Le travail et sa sociologie à l’épreuve du langage», in


BORZEIX Annis, FRAENKEL Beatrice, (coord.), langage et travail (communication,
cognition, action), CNRS éditions, Paris, 2001, pp. 55-87.

6. BOUTEFNOUCHET Mostfa, Les travailleurs en Algérie, ENAP⁄ ENAL, Alger,


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7. BOUTET Josiane et GARDIN Bernard, «Une linguistique du travail », in BORZEIX


Annis, FRAENKEl Beatrice, (Coord.), langage et travail (communication, cognition,
action), CNRS éditions, Paris, 2001, pp. 89- 111.

8. CARRE Philippe, Organiser l’apprentissage des langues étrangères, Organisation,


Paris, 1991.

9. CHALLE Odile, Enseigner le français de spécialité, Economica, Paris, 2002.

10. CHERRAD- BENCHERF Yassmina, DERRADJI Yacine et al. Le français en


Algérie lexique de dynamique des langues, Duculot, Paris, 2002, pp. 31 – 36.

11. COULMAS Florean, « Langage and économie », 1992, trad de AWAAD Ahmed
‫د‬6 U‫وا‬  ‫ا‬ «   ‫ا‬ R T », n° : 263, Novembre 2000..
http://www.kenanaonline.com/mokharat/64175.

12. DE NUCHEZE Violaine & CALLETTA Gean - Marc (eds), guide terminologique
pour l’analyse des discours (Lexique des approches pragmatiques du langage), Peter
Lang Bern, 2002.

111
Bibliographie

13. DE SAUSSURE Ferdinand, Cours de linguistique générale (Essai, Ouvrage


Présenté par Dalila MORSLY), Enag éditions, Alger, 1990.

14. FEROUKHI Djamel, (Sous dir), La problématique de l’adéquation formation -


emploi Mode d’insertion et trajectoires professionnelles des diplômés des sciences
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15. FRAENKEL Beatrice « La résistible ascension de l’écrit sur le travail », in


BORZEIX Annis, FRAENKEL Beatrice, (Coord.), langage et travail (communication,
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16. GELLERMAN S.W. Les relations humaines dans la vie de l’entreprise,


Organisation, Paris, 1967.

17. Gouvernement du Québec, livre I la langue du travail , la situation du français dans


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Québec, 1972.

18. GRIN François, « Langues et marché du travail : quelques réponses, beaucoup de


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19. GROSJEAN Michelle, « Verbal et non verbal dans le langage au travail » in


BORZEIX Annis, FRAENKEL Beatrice, (Coord.), langage et travail (communication,
cognition, action), CNRS éditions, Paris, 2001, pp. 143-166.

20. KERBARAT-ORECCHIONI Catherine, Les actes de langage dans le discours


(Théorie et fonctionnement), Mitterrand H (sous dir), Nathan, Paris, 2001.

21. LACOSTE Michelle, « Peut – on travailler dons communiquer », in BORZEIX


Annis, FRAENKEL Beatrice, (Coord.), langage et travail (communication, cognition,
action), CNRS éditions, Paris, 2001, pp. 21-53.

22. LEHNISCH Jean-Pierre, La communication en entreprise [1985], PUF, Que sais-


Je, Paris, 5°Ed, 2003.

23. MOREAU, Marie-Louis, Sociolinguistique: les concepts de base, collection


Psychologie et sciences humaines, Bruxelles: P. Mardaga, 1997.

24. NEVEU Franck, Dictionnaire des sciences du langage, Armand Colin, Paris, 2004.

25. PREVOST Gerard, « Mal- langues » et globalisation, in, BENGUERNA


Mohammed, KADRI Aissa (sous dir), , Mondialisation et enjeux politiques quelles
langues pour le marché du travail en Algérie ?, Cread, Alger, 2001, pp.131-139.

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Bibliographie

26. TALEB IBRAHIMI khaoula, Les algériens et leur (s) langue (s) élément pour une
approche sociolinguistique de la société algérienne, Edition El hikma, Alger, 1997.

27. TALEB IBRAHIMI, Khaoula, « Quelques considérations sur la politique


linguistique de l’Algérie », in BENGUERNA Mohammed et KADRI Aissa (sous dir),
Mondialisation et enjeux politiques quelles langues pour le marché du travail en
Algérie ? , Cread, Alger, 2001, pp. 85-91.

II- Revues et quotidiens

1. BEACCO, Jean Claude, « Les idiologies linguistiques et plurilinguistiques », Le


français dans le monde, n° 314, Mars- Avril 2001, www.fdm.org/fle/aeticle.

2. BLIDI Amel, «Taux de chômage, l’Algérie très mal classée», El Wttan, dimanche 2
Septembre 2007.

3. BOUCHARD Pierre, « La langue de travail une situation qui progresse mais toujours
d’une certaine précarité », Revue d’aménagement linguistique, Automne, 2002, p. 87,
www.olf.gouv.qc.ca/ressources/bibliotheque/ouvrages/amenagement_hs/ral01charte_bo
uchard_vf11.pdf

4. GHRISS Mohamed «Du plurilinguisme linguistique au lendemain de l’indépendance


et de l’Algérianité», Quotidien d’Oran, 10 Avril 2007.

5. GOULIER Francis « Qu’entend- on par plurilinguisme ?» Les langues modernes, n°


618, 16 décembre 2006, www.aplv-langués modernes.org/.

6. GRAZIOSI Dante, « langue et relation économique », Les langues modernes, n°1,


Paris 1975, pp 48-51.

7. LORENZA Mondada, « Plurilinguisme au travail » Babylonia, n° 4, 21 Mars


2005,www.babylonia.ti.ch/babyuo4mondadafr.htm.

8. MAKEDHI Madjid, « SONALGAZ 9000 agents recrutés » El Watan, 5 Juillet 2005.

9. MEBTOUL Abderahmanne, « L’Algérie face aux mutations mondiales» La nouvelle


République, Dimanche 18 Juillet 2004, www.Algérie-dz.com

10. MEBTOUL Abderahmanne, «Le chômage en Algérie», El Watan 6 November


2007.

11. REZOUALI Akli, «Marché du travail en Algérie, Le chômage, La précarité


progresse», El Watan, 5 janvier 2006.

12. SPRINGER Claude, «Langue et entreprise: la question de l’identification des


besoins langagiers des organisations professionnelles», Les langues modernes, n° 1,
Paris 1975, pp. 37-44.

113
Bibliographie

III- Thèses :

1. CHALLALI Faresse, Le rôle de la politique d’emploi dans le traitement du chômage


en Algérie dans la période 2001- 2004, Thèse de Magister, 2004-2005, université
d’Alger.

2. ELAYB Abderahmane, Le chômage et la problématique de l’emploi dans le cadre


du programme de la réorganisation du statut le cas de l’Algérie, Thèse de Magister,
2003-2004, Université d’Alger.

3. IDDER-LAIB, Cherifa, Connaissance, reconnaissance du travail des cadres et


stratégie d’action en phase de transition économique et Sociale en Algérie, Thèse de
doctorat, soutenue le 19 Novembre 2005, Université d’Alger.

4. KHENNOUR Salah, Langues et Développement humain durable en Algérie, Thèse


de doctorat, soutenu le 07 Juillet 2007, Université de Provence Aix-Marseille.

IV-Références électroniques :

1. A.P, Emploi précaire se généralise en Algérie, Mardi 26 Avril 2005,


www.Algérie.dz.com

2. BENMOUFFOK K, L’évolution de l’emploi en Algérie, quelles tendances ?, Rapport


signalé le 21 décembre 2006, www.gpn.org.

3. BLANCHE-BENVENISTE Clair, Les conventions de transcription du GARS,


Université de Provence, http://www.hum.au.dk/romansk/fransk/parle/hla.htm

4. BOUDOIN Martin, Wikipedia, encyclopédie libre, politique linguistique, 23 Août


2007, www.auf.org/docs/1/pol-ling-educ-2003-07.pdf.

5. BOUKOUS Ahmed. La politique linguistique au Maroc, enjeux et ambivalences


www.bibliotheque.refer.org/livre61/l6101.pdf.

6. BOUKROUH Nouredinne, Les réformes économiques en Algérie, Actes du colloque


du 18 octobre 2001, présidé par Claude Estier, président du groupe Senatorial d’amitié
France-Algérie, http//www.senat.fr/ga/ga37/ga374.htm/.

7. BOUTEFLIKA Abdelaziz, Discours à l’occasion de la fête des travailleurs, Ministère


des affaires étrangères, Info-expresse, Mai 2007,
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8. BOUTTET Josiane, «Activité de langage et activité de travail », Multitudes WEB,


1993. http//multiudes.Samizdat.net/spip.php?article639.

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10. CARDEBAT Jean- Marie, Mondialisation, stratégie des entreprises et emploi, Le


25 Février 2003,
www.ifri.org/.../ifri/publications/notes_de_l_ifri_1032185688636/publi_P_publi_notes_
__1046424115844-63k-

11. CEDIMES, Acte du colloque, Mondialisation et développement, 10-11 Septembre


2007, Annaba, http://cedimes.com/index.php

12. Discours du Premier ministre, Quelle politique pour le français et le plurilinguisme,


à l’occasion de l’installation du conseil supérieur de la langue française, 16 novembre
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13. DUMAS M Guy, La langue française en usage au Quebec : un exemple éléquent de


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14. ECOTCHNICS, Activité et emploi en Algérie en 2004, Avril 2005,


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15. ENYCLOPEDIE, Micro soft ® Encarta ® 2007.

16. EXAVIER North, «Apprendre le français dans un contexte professionnel»,


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www.dglf.culture.gouv.fr/publications/seminaire_francais_professionnel_juin_2006.pdf

17. GADET F, La variation linguistique norme / variation, YAGUELBO M. «Grand


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www.unibg.it/dati/corsi/3039/18646-La%20variation%20linguistique.pdf

18. GAEREMYNCK Jean, La maîtrise de la langue française en milieu professionnel:


Quels enjeux pour les salariés et les entreprises ? Actes du colloque du juin 2005,
Direction de la population et des migrations, Notes et documentation, n° 53 Octobre
2005, www.dglf.culture.gouv.fr/maitrise_langue/Actes_colloque0806051.pdf

19. GRANDGUILLAUME Gilbert, «Le Maghreb confronté à l’islamisme», Le monde


diplomatique, Février, 1997, http://www.mond-diplomatique.fr/abo/.

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Colloque de l’Association, Mémoire de la Méditerranée Sorbonne, 14 Novembre 2001,
Editeur : Mémoire de la Méditerranée, Paris, 2003, www.grandguillaume.free.fr

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21. GRANDGUILLAUME Gilbert, « Entre langues écrites (arabe, français) et langues


parlées (arabe, berbères) », Secrétariat et communication, 12 Juin 2006, www.ac-
mayotte.fr/spip.php?rubrique82-33k.

22. GRIN François et VAILLANCOURT François, « la langue comme capital humain,


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www.unige.ch/eti/recherches/groupes/elf/publications/publications-membres/francois-
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23. GRIN François, Langue et économie, le canada dans la mouvance internationale,


1999,www.pch.gc.ca/angoff/perspectives / français/écono/index.htm/.

24. GRIN François, L’économie de la langue et de l’éducation dans la politique


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Cisad.adc.éduction.Fr/hcee/ document/rapport.Grin.pdf.

25. GRIN François, « Entreprise et langues étrangères », in l’enseignement des langues


étrangères comme politique publique, conseil de l’évaluation de l’école, n° 19,
Ministère de l’éducation nationale, Paris, 2005,
cisad.adc.education.fr/hcee/documents/rapport_Grin.pdf

26. GRIN, François, « Politique Linguistique, politique publique et langues


étrangères », in L’enseignement des langues étrangères comme politique publique,
conseil de l’évaluation de l’école, n°:19, Ministre de l’éducation nationale, Paris, 2005,
Cisad.adc.education.fr/hcee/documents/rapport_Grin.pdf

27. HAREVEY Pierre- Antoine, Comment la mondialisation influence le monde du


travail, ORIS, www.iris-recherche.qc.ca/docs/Miondialisation %20et20travail.pdf.

28. http://fr.Wikipedia.org/wiki/marchã(c)_du_travail.

29. http://fr.wikitionary.org/wiki/travail.

30. KAHINA F, «La pauvreté recule en Algérie» selon le CNES, Liberté, Samedi 17
Février 2007, www.algerie-dz.com

31. LOUBIER Cristiane, « Fondement de l’aménagement linguistique l’aménagement


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sociolinguistique/aménagement/loubier2.pdf.

32. MARIELA De Ferrari (sous dir), «Développer la formation linguistique au titre de


la formation professionnelle continue en entreprise», in Migrations études, n°133,
janvier 2006, Rubrique Migration et Intégration, www.cohesionsociale.gov.fr.

33. MONIQUE Selmi, Travail et mondialisation, www.ur003.ird.fr.

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Bibliographie

34. MORSLY Dalila, «La situation sociolinguistique et le poids symbolique du français


en Algérie» in Rapport sur : Dynamiques sociolinguistiques (scolaires et extra
scolaires) de l’apprentissage et de l’usage de français dans un cadre bi- ou plurilingue
(longue de migrants, langues locales) sur les axes Ouest- africain et franco-africain,
AUF, www.sdl.auf.org/IMG/doc/AUF_Reseau_Sociolingu_1_._der.doc ?

35. Observatoire Européenne du Plurilinguisme, un rapport officiel conclut à la


nécessité économique du plurilinguisme29-05-2007, [en ligne] http//plurilinguisme.
Europ-avenir.com, la synthèse de l’étude est disponible sur :
http://ec.europa.eu/education/policies/lang/key/sudies.en.html.

36. OIT à Alger, Le Marché du travail et emploi en Algérie, octobre 2003,


http/www.ilo.org.

37. RESEAU «Langage & Travail»,


www.langage.travail.crg.polytechnique.fr/projet.htm-20k

38. SALES Arnaud, Actes du colloque international sur, les pratiques linguistiques
dans les entreprises à vocation internationale, Secrétariat de la politique linguistique, 9-
10 Juin 2003,www.spl.gouv.qc.ca/secretariat/programme.htm/

39. Secrétariat de la Politique Linguistique,


www.spl.gouv.qc.ca/secétariat/d_diversitelinguistique-AQEFLS.html

40. SONELGAZ, www.sonelgaz.dz

41. SUPELEC – formation contenu, «Audit linguistique dans l’entreprise», le 13 mars


2007, www.supelec.fr/fc/ruénvenue.htm/

42. SWAIM Paul et TORRES Raymond, Emploi et mondialisation, Septembre 2005,


www.observateurocde.org/.

117
Annexe 1
Loi n° 91-05 du 16 janvier 1991: portant généralisation de l'utilisation
de la langue arabe

o
Loi n 05-91 datée du 30 jamadi second de l'année 1411, correspondant au 16 janvier
1991 et comprenant la généralisation de l'utilisation de la langue arabe

Chapitre I
DISPOSITIONS G‫ة‬N‫ة‬RALES
Article 1er
La présente loi a pour objet de fixer les règles générales de l’utilisation, la promotion et la protection de la langue arabe dans les différents
domaines de la vie nationale.
Article 2
1) La langue arabe est une composante de la personnalité nationale authentique et une constante de la nation.
2) Son usage traduit un aspect de souveraineté. Son utilisation est d’ordre public.
Article 3
1) Toutes les institutions doivent œuvrer à la promotion et à la protection de la langue arabe et veiller à sa pureté et à sa bonne utilisation.
2) Il est interdit de transcrire la langue arabe en caractères autres que les caractères arabes.
Chapitre II
DOMAINES D’APPLICATION
Article 4
Les administrations publiques, les institutions, les entreprises et les associations, quelle que soit leur nature, sont tenues d’utiliser la seule
langue arabe dans l’ensemble de leurs activités telles que la communication, la gestion administrative, financière, technique et artistique.
Article 5
1) Tous les documents officiels, les rapports, et les procès-verbaux des administrations publiques, des institutions, des entreprises et des
associations sont rédigés en langue arabe.
2) L’utilisation de toute langue étrangère dans les délibérations et débats des réunions officielles est interdite.
Article 6
1) Les actes sont rédigés exclusivement en langue arabe.
2) L’enregistrement et la publicité d’un acte sont interdits si cet acte est rédigé dans une langue autre que la langue arabe.
Article 7
1) Les requêtes, les consultations et les plaidoiries au sein des juridictions, sont en langue arabe.
2) Les décisions de justice et les jugements, les avis et les décisions du Conseil constitutionnel et de la Cour des comptes, sont rendus ou
établis dans la seule langue arabe.
Article 8
Les concours professionnels et les examens de recrutement pour l’accès à l’emploi dans les administrations et entreprises doivent se
dérouler en langue arabe.
Article 9
1) Les sessions et séminaires nationaux ainsi que les stages professionnels et de formation et les manifestations publiques se déroulent en
langue arabe.
2) Il peut être fait usage de langues étrangères de façon exceptionnelle et parallèlement à la langue arabe, lors des conférences,
rencontres et manifestations à caractère international.
Article 10
Sont établis exclusivement en langue arabe les sceaux, timbres et signes officiels spécifiques aux institutions, administrations publiques et
entreprises, quelle que soit leur nature.
Article 11
Toutes les correspondances des administrations, institutions et entreprises doivent être rédigées exclusivement en langue arabe.
Article 12
1) Les relations des administrations, institutions, entreprises et associations avec l’étranger ne s’effectuent en langue arabe.
2) Les traités et conventions sont conclus en langue arabe.
Article 13
Le Journal officiel de la République algérienne démocratique et populaire est édité exclusivement en langue arabe.
Article 14
Le Journal officiel des débats de l’Assemblée populaire nationale est édité exclusivement en langue arabe.
Article 15
L’enseignement, l’éducation et la formation dans tous les secteurs, dans tous les cycles et dans toutes les spécialités sont dispensés en
langue arabe, sous réserve des modalités d’enseignement des langues étrangères.
Article 16
1) Sous réserve des dispositions de l’article 13 de la Loi relative à l’information destinée aux citoyens, l'information doit être en langue
arabe.
2) L’information spécialisée ou destinée à l’étranger peut être en langues étrangères.
Article 17
Les films cinématographiques et/ou télévisuels ainsi que les émissions culturelles et scientifiques sont diffusés en langue arabe ou traduits
ou doublés.
Article 18
1) Sous réserve des dispositions de la loi relative à l’information, toutes les déclarations, interventions et conférences ainsi que toutes les
émissions télévisuelles se déroulent en langue arabe.
Annexe 2

Ordonnance n° 96-30 du 21 décembre 1996

Cette loi modifie et complète la loi n° 91-05 du 16 janvier 1991 portant généralisation de
l'utilisation de la langue arabe.

[...]
Article 11
1) Les échanges et les correspondances de toutes les administrations, entreprises et
associations, quelle que soit leur nature, doivent être en langue arabe.
2) Toutefois, les échanges des administrations et associations avec l'étranger doivent
s'effectuer selon ce qui est requis par les usages internationaux.
Article 12
Sous réserve de ce qui est requis par les usages internationaux, les traités et
conventions sont conclus en langue arabe.
Article 18
1) Toutes les déclarations, interventions, conférences et émissions télévisées doivent
être en langue arabe.
2) Elles doivent être traduites à l'arabe lorsqu'elles sont en langue étrangère.
Article 23
1) Un conseil supérieur de la langue arabe est institué et placé sous le patronage du
président de la République. Il est chargé notamment :
- du suivi de l'application des dispositions de la présente loi et de toutes les lois visant
la généralisation de l'utilisation de la langue arabe, sa protection, sa promotion et son
développement;
- de la coordination entre différentes instances supervisant l'opération de
généralisation de l'utilisation de la langue arabe, de sa promotion et de son
développement;
- de l'évaluation des travaux des instances chargées de la généralisation de
l'utilisation de la langue arabe, de sa promotion et de son développement;
- de l'appréciation de l'opportunité des délais relatifs à certaines spécialités de
l'enseignement supérieur, prévus à l'article 7 modifiant et complétant l'article 36,
alinéa 2;
- de la présentation d'un rapport annuel au président de la République sur l'opération
de généralisation de l'utilisation de la langue arabe.
2) D'autres prérogatives peuvent être prévues en vertu d'un décret présidentiel.
Article 32
1) Sera puni d'une amende de 1000 à 5000 DA quiconque signe un document rédigé
dans une autre langue que la langue arabe, pendant, ou à l'occasion de l'exercice de
ses fonctions officielles, sous réserve des dispositions des articles 2 et 3 modifiant et
complétant les articles 11 et 12 de la présente ordonnance.
2) En cas de récidive, l'amende est portée au double.
Article 36
Les dispositions de la présente ordonnance sont applicables dès sa promulgation
Annexe 3

Chronologie du processus de l’arabisation en Algérie jusqu’en 1998

-1962 Création de la chaîne de radiodiffusion en langue arabe.

-1965 Début du processus d’arabisation de l’école.

-1968 Parution des textes portant sur l’arabisation de la fonction publique.

-1971 Proclamée par Houari Boumédiène « année de l’arabisation », elle voit la


promulgation des texte étendant le processus à tous les secteurs d’activité.

-1973 Création de la commission nationale d’arabisation.

- 1975 Première conférence sur l’arabisation.

-1976 Mise en place de l’Ecole Fondamentale.

-1979 Grève des étudiants arabisants, confrontés à des difficultés de recrutement.

-1980 Relance du processus avec l’adoption de la résolution sur la « généralisation de


l’utilisation de la langue nationale » ou GULN au Comité central du FLN de juin 1980
et la création du Haut conseil de la Langue Nationale.

-1984 Parachèvement de l’arabisation de l’enseignement des sciences humaines et


sociales à l’université.

-1989 Parachèvement de l’arabisation totale de l’Ecole algérienne dans tous ses paliers.

-1991 Adoption par la dernière assemblée du parti unique, de la loi sur la GULN, qui
sera gelée par la direction collégiale du pays, le HCE c’est-à-dire Haut Comité d’Etat,
en 1992 puis de nouveau adoptée et promulguée le 5 juillet 1998 (même si, dans la
réalité des faits, elle ne sera jamais appliquée)
Annexe 4

Organigramme officiel de la SONELGAZ, direction régionale Ouargla 01

DIRECTION REGIONALE

Chargé des affaires juridiques Secrétaire de coordination

Chargé de la communication

Chargé de la sécurité

Division Division Division Division


Exploitation Exploitation Etudes Relation
Electricité Gaz d’exécution et Commerciales
Travaux
(Elec et Gaz)

Division Division Division Subdivision


Gestion des Finances et Ressources Affaires
Systèmes Comptabilité Humaines Générales
Informatiques

Décision n° 474/DG du 16 mai 2005 portant Organisation de la DGDC


Annexe 5

Exemple des annonces de la SONLGAZ

Cahier d’appels à candidatures N° : 04 /RH-EXE du 14 mai2007


Conditions (suite):
APPEL A CANDIDATURE AEC/ N°01/ février 2006

La Direction Générale de l’AEC Spa lance un appel à candidatures pour le pourvoi du


poste de Président Directeur Général de sa filiale KAHRAMA spa sise à la zone
industrielle d’Arzew.
1- Conditions à la candidature :
• Diplôme universitaire : Ingénieur d’état (bac + 5) ou licencié (bac+4)
• Occupé un poste au minimum de chef de service ou de rang équivalent
• Expérience professionnelle d’un minimum de 08 années, avec 3 années dans un
poste de Manager (chef d’unité)
• Ne pas avoir eu de sanction professionnelle.
• Etre âgé de moins de 55 ans.
2- Processus d’évaluation et de sélection :
Le processus d’évaluation est constitué de deux phases :
• une phase de valorisation des candidatures par une grille, présentée au
paragraphe 3-1 ci-dessous
• Une phase d’évaluation par entretien avec les premiers candidats, menée par la
Commission d’Evaluation et portant sur les capacités des candidats à occuper le
poste.
3-1 Traitement des candidatures et classement aux fins du choix des candidats pour la
phase de l’entretien :
Les candidatures sont contrôlées par la Direction générale de AEC Spa, pour vérifier la
conformité des dossiers transmis.
Les candidatures conformes aux conditions énoncées dans le présent appel sont traitées,
dans une première phase, par une grille d’évaluation qui valorise les candidatures
reçues.
Cette grille d’évaluation se présente comme suit :
a) Le diplôme

Diplôme d’ingénieur d’état (Bac+10 semestre) 10 points


Diplôme de licence (BAC + 08 semestres 08 points
Formation en management 05 points
d’entreprise
utilisation de la langue anglaise 08 points
Post graduation (Master, DESS ou PGS…) 04 points
Annexe 6

Guide d’entretien

• Répartition des usages linguistiques dans l’entreprise :

1. Quelles sont les langues utilisées dans votre entreprise ?


2. Vos employés maîtrisent-ils plutôt l’arabe ou le français? Ou sont-ils bilingues ? Et
les autres langues ?
3. La non maîtrise de la langue influe-t-elle sur vos activités ?
4. Le choix de la langue repose t-il sur des directives centrales ? Si non
a. Quelle langue pour la communication orale et / ou écrite ?
b. Quelle langue pour la communication interne (réunion, affichage, courrier inter-
services...)
c. Quelle langue pour la communication externe, avec les clients, le public (fax,
courrier…)
5. L’utilisation de plus d‫׳‬une langue par la société de Ouargla, peut-elle entraîner un
plurilinguisme ?
6. Avez-vous un site Internet multilingue ?
7. Alors, l’Internet comme outil de communication et de recherche, a favorisé l’usage
de quelle langue dans votre entreprise ?
Le français〉 bien sûr !
8. Que représente pour vous la pratique du français ?
9. Est-ce que votre entreprise lui arrive t-elle à mener une négociation en anglais ?
10. Alors, il y a recours à la traduction au sein de votre entreprise ?

• Formation du personnel :

1. Avez-vous déjà organisé des formations au profit du personnel ? Si oui


Quels sont les domaines concernés par la formation ?
Quelles langues ? Quand ? Et combien ? Pourquoi l’anglais ?
2. Avez-vous un budget de formation linguistique ?
Oui, quel est son pourcentage par rapport au budget global ?
3. La formation linguistique est-elle destinée à tous les corps administratifs et services
de l’entreprise ?
Comment avez-vous identifié les employés qui ont besoin d’une formation
linguistique ?
4. Pensez-vous que votre entreprise aura besoin de renforcer ses connaissances
linguistiques ?
5. Votre entreprise a t-elle bénéficié de stages de formation en langues étrangère ?

• Langues et recrutement à la SONELGAZ :

1. Quel est le poids de votre entreprise dans le marché du travail algérien, autrement dit,
dans quelle mesure la SONELGAZ peut-elle être, un moyen ou une source de création
d’emploi ?
2. Quels sont les critères de sélection lors du recrutement et est-ce que la langue fait
partie de ces critères C-A-D, est ce que vous prenez en considération la maîtrise des
langues dans le recrutement ?
Oui, quelle langue ?
3. Est ce que vous excluez les candidats unilingues ?
4. Alors, on peut dire que la langue est un critère pour le recrutement est-elle aussi
condition pour la carrière et la promotion dans votre entreprise ?
5. La langue peut elle être un moyen pour avoir un emploi ?
6. est-ce que le développement de votre entreprise peut se faire sans tenir compte de la
langue ?
Le rôle de la langue est négligeable ?
Oui, Quelle langue ?
7. Est-ce que votre entreprise est concernée par l’ouverture économique et les échanges
commerciaux ?
8. Alors, vous êtes concerné par la généralisation mondiale de l’anglais ?

• La politique linguistique de la SONELGAZ :

1.Quelle est la place accordée à l’arabe standard dans votre entreprise ?


Et dans votre entreprise ?
Et concernant les langues maternelles (l’arabe algérien et le tamazight), quel est leur
statut dans l’entreprise ?
2. SONELGAZ a-t-elle une politique linguistique ?
3. En générale, quelle est la principale langue du travail de SONALGAZ ?
4. Cette langue, est-elle en adéquation avec les nouvelles exigences du marché ?
Annexe 7
Corpus des entretiens

Convention de transcription

Les entretiens effectués auprès des responsables de notre entreprise consistent une
véritable base de donnés orale.
Notre seul problème réside dans la transcription orthographique adopté, car il n’existe
pas un mode de transcription universel. Nous nous appuyons pour cela, sur les
transcriptions de Claire BLANCHE-BENVENISTE1 et du groupe Aixois de Recherche
en Syntaxe (GARS).

/./ Pause très courte

/../ Pause moyenne

/…/ Pause langue

Les chevauchements : les énoncés sont soulignés

Les hésitations : euh

Les onomatopées (doutes, acquiescements, régulateurs): hein, mmm

Accentuation d’une consonne, d’un mot, d’une partie de l’énoncé : en gras

Elision d’un son : ‘

Allongement vocalique :::: (selon la langueur)

Intonation montante :〉

Intonation descendante :〈

Interruption : /

Suite de syllabes incompréhensibles ou passage inaudible : ×××

Les remarques du transcripteur sont entre parenthèses : ( )

Les énoncés produit en langue arabe sont entre crochets : [ ]

1
BLANCHE- BENVENISTE C, les conventions de transcription du GARS , Université de Provence,
http://www.hum.au.dk/romansk/fransk/parle/hla.htm
Entretien 1

Chef service de la formation dans l’entreprise SONALGAZ Ouargla 1.

Date : 20/02/2008 Heure : 10h30 à 12h00 Jour : Mercredi,


Lieu : son bureau à l’entreprise.

• Répartition des usages linguistiques dans l’entreprise :


1. Quelles sont les langues utilisées dans votre entreprise ?
Les langues utilisées dans notre entreprise sont /../ le français /./ l’arabe /../ L’anglais
/…/ et même le berbère.
2. Vos employés maîtrisent-ils plutôt l’arabe ou le français? Ou sont-ils bilingues ?
Et les autres langues ?
La majorité de nos employés maîtrisent l’arabe /./ c’est normal ! C’est leur langue
maternelle /…/
Pour le français/./ il n’est pas bien maîtrisé /./ notamment par la catégorie exécution et
quelques maîtrises /./ les cadres ça va/../ la plupart possède de bonnes compétences en
français /./
********************************
Oui 〉 on peut dire que nos employés sont bilingues /./ ( je parle surtout des cadres)/./
pour les autres langues étrangères en particulier l’anglais /./ le niveau n’est pas du tout
acceptable /../ c’est ce que nous essayons de combler pour notre part .
3. La non maîtrise de la langue influe-t-elle sur vos activités ?
Bien sûr elle influe /./ la langue est un élément incontournable dans certaines activités
dans notre entreprise.
4. Le choix de la langue repose t-il sur des directives centrales ? Si non
a. Quelle langue pour la communication orale et / ou écrite ?
b. Quelle langue pour la communication interne( réunion, affichage, courrier inter-
services...)
c. Quelle langue pour la communication externe, avec les clients, le public ( fax,
courrier…)
Non 〉 pas du tout /. / le français est une réalité /./ il s’agit d’un patrimoine qui remonte
à 1947 /./ il s’hérite d’une génération à une autre /../ euh dans notre entreprise on
n’interdit et on n’impose l’utilisation d’aucune langue /…/
*********************
Pour la communication orale /./ arabe algérien/./ français /../
Pour la communication écrite /./ français/./ arabe standard /./ anglais /…/
**********************
Pour la communication interne /./ c’est le français qui domine.
Pour la communication externe /./ nous avons deux cas de figure /./ bon/../
ce que nous émettons vers l’extérieur est toujours en français euh /…/
ce que nous recevons de l’extérieur varie entre le français et l’arabe /./ tout déprendra
du client.
***********************
Tout dépend des clients /…/ mais c’est l’arabe algérien qui prime.

5. L’utilisation de plus d‫׳‬une langue par la société de Ouargla, peut-elle entraîner


un plurilinguisme ?
Non 〉 pas vraiment /./ si j’ai bien compris ××× la pluralité linguistique de notre région
n’a pas une influence sur notre langue du travail…
Elle peut avoir une influence sur la communication interpersonnelle.
6. Avez-vous un site Internet multilingue ?
Oui.
7. Alors, l’Internet comme outil de communication et de recherche, a favorisé
l’usage de quelle langue dans votre entreprise ?
Le français〉 bien sûr !
8. Que représente pour vous la pratique du français ?
Hmmm /…/ ce que nous intéresse dans notre travail est la réalisation des objectifs /./ la
langue française n’est qu’un outil de communication parmi d’autres.
Ettt /../ c’est vrai c’est un gain de travailler en français. mais j’aurais bien aimé
travailler dans ma langue /./ pourquoi pas l’arabe !!
9. Est-ce que votre entreprise lui arrive t-elle à mener une négociation en anglais ?
En anglais ? Oui /…/ mais c’est pas trop et dans ce cas là /./ nous avons recours à
l’interprétation.
10. Alors, il y a recours à la traduction au sein de votre entreprise ?
Comme j’ai déjà dit /./ c’est rare et très très peu / :::/
• Formation du personnel :
1. Avez-vous déjà organisé des formations au profit du personnel ? Si oui
Quels sont les domaines concernés par la formation ?
Quelles langues ? Quand ? Et combien ? Pourquoi l’anglais ?
Oui /./ SONELGAZ s’intéresse beaucoup à former ses employés /./ d’ailleurs /./ une
formation initiale est obligatoire pour chaque nouveau recruté quelque soit son niveau.
Les domaines concernés sont /…/ les domaines techniques /./ Electricité et Gaz /…/
La gestion /./ Management/./ Marketing/./ Comptabilité /../ pour les langues /../ notre
entreprise a eu une seule expérience en 2002 /./ Il s’agissait d’une formation imposée en
anglais/…/
**************************
Parce que l’anglais/./ est " le passeport de notre temps "/./ c’est la première langue
mondiale /./ la langue d’ouverture /./ la langue de la science et de la technologie.

2. Avez-vous un budget de formation linguistique ?


Oui, quel est son pourcentage par rapport au budget global ?
Il existe un budget consacré à la formation en langues /…/
Hmmm /…/ je n’ai pas maintenant son pourcentage exact /./ mais c’est un pourcentage
très faible para port au budget de la formation technique.
1. La formation linguistique est-elle destinée à tous les corps administratifs et
services de l’entreprise ?
Comment avez-vous identifié les employés qui ont besoin d’une formation
linguistique ?
La seul formation qu’a été organisée est citée ci-dessus /./ a été destinée uniquement
pour les cadres supérieur /./ mais /./ euh c’était prévu de la généraliser pour l’ensemble
du personnel de l’entreprise c.a.d /./ commençant par les cadres /./ puis les maîtrises et
elle va toucher même les exécutions /./ et comme le projet n’a pas été bien planifié /./
nous n’avons abouti à aucun résultat /./ faute de la démotivation des apprenants et la
mal répartition des horaires.
*********************
Selon leur incapacité à réaliser leurs tâches et qui se manifeste par des contraintes liées
à la langue.
4. Pensez-vous que votre entreprise aura besoin de renforcer ses connaissances
linguistiques ?
Oui〉 tout à fait /./ vu les ambitions de la SONAELGAZ d’être parmi les 05 premières
entreprises dans le bassin méditerranéen, on aura nécessairement besoin.
5. Votre entreprise a t-elle bénéficié de stages de formation en langues étrangère ?
C’est uniquement en langue anglaise /../ ce n’est pas du tout suffisant !
• Langues et recrutement à la SONELGAZ:
1. Quel est le poids de votre entreprise dans le marché du travail algérien,
autrement dit, dans quelle mesure la SONELGAZ peut-elle être, un moyen ou une
source de création d’emploi ?
SONELGAZ devient un grand employeur en ALGERIE notamment〉〉 après sa
restructuration /./ En effet chaque année /./ elle offre de nouvelles postes de travail et
encore il s’agit des postes directs et permanents
2. Quels sont les critères de sélection lors du recrutement et est-ce que la langue
fait partie de ces critères C-A-D, est ce que vous prenez en considération la
maîtrise des langues dans le recrutement ?
Oui, quelle langue ?
Ceci ne dépend pas de mon département /./ mais je peux répondre à cela /./ bon !
Comme vous le savez bien /./ il existe plusieurs critères de sélection à savoir le diplôme
/./ l’expérience et à mon avis la langue vient après /…/ au niveau de notre entreprise /./
euh on prend en compte la langue au moment de l’embauche /./ la preuve /./ on
demande généralement au candidats de mentionner dans leurs CV leurs niveaux de
maîtrise des langues étrangères et on privilégie un bon niveau en français

3. Est ce que vous excluez les candidats unilingues ?


Non〉 on n’exclut jamais les candidats unilingues /./ Nous avons un cas! euh mais /./ ça
reste un cas exceptionnel /…/ dans ce cas /./ soit /./ l’entreprise forme ces candidats à
l’usage d’autres langues soit le candidat lui-même prend en charge sa formation
linguistique
4. Alors, on peut dire que la langue est un critère pour le recrutement est-elle aussi
condition pour la carrière et la promotion dans votre entreprise ?
Non〉 euh selon ma vision /./ la langue n’est pas condition pour la carrière ou la
promotion il y a d’autres composantes professionnelles et politiques plus importantes
qu’elle mais elle aide quand même à faire carrière à la SONALGAZ
5. La langue peut elle être un moyen pour avoir un emploi ?
Tout à fait 〉.mais /./ toujours en compagnie avec d’autres critères bien sûr ::::
6. est-ce que le développement de votre entreprise peut se faire sans tenir compte
de la langue ?
Le rôle de la langue est négligeable ?
Oui, Quelle langue ?
Certes la langue est un élément incontournable au travail /./ mais ce n’est pas l’élément
central /./ l’entreprise se développe par la collaboration de plusieurs facteurs entre autres
la langue /…/ pour notre cas/./ c’est le français qui règne et substituer cette langue par
une autre langue peut engendrer un handicap sur notre activité
7. Est-ce que votre entreprise est concernée par l’ouverture économique et les
échanges commerciaux ?
C’est évident !
8. Alors, vous êtes concerné par la généralisation mondiale de l’anglais ?
Exactement〉 l’anglais nous a été imposé non seulement au travail mais dans tous les
domaines de la vie
• La politique linguistique de la SONELGAZ :
2.Quelle est la place accordée à l’arabe standard dans votre entreprise ?
L’arabe standard est censé être la langue officielle dans tous les secteurs étatiques
algériens /./ elle garde toujours son statut en tant que l’unique langue officielle en
Algérie et dans le monde arabe tout entier

Et dans votre entreprise ?


Dans notre entreprise /…/ il se limite à certaines communications externes/./ mais hmm
en tout /../ on peut dire /./ qu’il est en recule para port au français
Et concernant les langues maternelles (l’arabe algérien et le tamazight), quel est
leur statut dans l’entreprise ?
Ces langues /./ euh restent en deuxième position limitées à la communication
interpersonnelle
2-SONELGAZ a-t-elle une politique linguistique ?
Non〉 non encore une fois /./ on ne peut guère parler de politique linguistique à la
SONALGAZ /./ l’usage du français s’est imposé parce que /../
D’abord /./ vous savez que ce sont les français qui ont créé (en 1947) l’entreprise /./
Ensuite /./ les français sont les premiers et sont très qualifiés dans le domaine de
l’électricité et du gaz (EDF) /./
Enfin /./ la majorité de nos clients étrangers s’expriment en français /./ alors pour ces
raisons pratiques et historiques nous préférons cette langue /./ tout simplement !〉
3. En générale, quelle est la principale langue du travail de SONALGAZ ?
Le français /./ sur les plans internes et un peu l’arabe sur le plan externe
4. Cette langue, est-elle en adéquation avec les nouvelles exigences du marché ?
Hmm Non〉 sûrement non ::: mais ××× ça viendra le jour où cette langue sera
obligatoirement substituée par l’anglais
Merci d’avoir pris le temps de nous rencontrer aujourd’hui.
C’est moi qui vous remercie.
Entretien 2
Chef de la division ressources humaines dans l’entreprise SONALGAZ Ouargla
1.

Date : 23/02/2008 Heure : 10h30 à 12h00 Jour : Samedi,


Lieu : son bureau à l’entreprise.

• Répartition des usages linguistiques dans l’entreprise :


1. Quelles sont les langues utilisées dans votre entreprise ?
Au niveau de notre entreprise nous utilisons surtout le français /./ timidement l’arabe
dans les attestations du travail et certains documents du personnel /./ très peu :::
l’anglais strictement technique /…/
Et ici à Ouargla/./ nous avons aussi le berbère Ouargli et M’zabi
2. Vos employés maîtrisent-ils plutôt l’arabe ou le français ? ou sont-ils bilingues
et les autres langues ?
Voulez-vous des pourcentages ?
Bon /./ pour l’arabe /./ de par leurs scolarités arabisées /./de leur bon niveau lorsqu’ils
lisent ou ils rédigent un texte en arabe /../ je présume que les employés maîtrisent tous
l’arabe à l’exception de quelques travailleurs de l’ancienne génération qui manifestent
quelques difficultés à l’arabe.
××× pour le français /./ malgré que c’est la langue la plus utilisée dans notre entreprise
mais la majorité ne la maîtrise pas notamment les nouveaux recrutés ! Diplômés qu’ils
sont !!!
Les autres langues /…/ Eh bien ! moi personnellement je suis moyen en anglais /./ pour
l’ensemble ××× j’estime qu’il n’est pas maîtrisé et je pense c’est le cas des autres
langues étrangères
3. La non maîtrise de la langue influe-t-elle sur vos activités ?
Quelle langue ? Vous désignez la langue du travail /./
Ah oui〉 bien sûr elle influe énormément sur le travail /./ la langue est très :::
importante /./ elle véhicule le savoir /./ la technologie /./ la culture /…/ j’estime que
cette notion est très importante
4. Le choix de la langue repose t-il sur des directives centrales ? Si non
a. Quelle langue pour la communication orale et / ou écrite ?
b. Quelle langue pour la communication interne ( réunion, affichages, courrier
inter-services...)
c. Quelle langue pour la communication externe, avec les clients, le public ( fax,
courrier)
Non〉 il n’y a pas une note qui impose l’usage de telle ou telle langue mais à mon avis
××× je vois qu’elle est implicitement imposée /./ regardez ! /./ Tout est francisé /./ les
documents /../ les affichages/…/ donc, on est obligé d’utiliser cette langue/./ voyez !
********************
Communication orale /./ arabe algérien /./ français /./ berbère ×××
Communication écrite /./ français/../
********************
Communication interne /./ tout est en français
Communication externe /./ pour nous /../ c’est le français/./ toujours /./ sauf avec la
justice qui nous a imposé l’arabe
********************
D’une façon générale euh notre langue d’accueil est l’arabe algérien /./ puisque il est
compris par tout le monde
5. Avez-vous un site Internet multilingue ?
Multilingue ? Oui on a un site/./ mais je crois qu’il n’est pas multilingue
6. Alors, l’Internet comme outil de communication et de recherche a favorisé
l’usage de quelle langue dans votre entreprise ?
L’Internet convient à utiliser toujours le français
7. Que représente pour vous la pratique du français ?
Bonne question, hein! /./ ce que je peux répondre à cela /./ c’est que /../ c’est un
avantage de travailler en français /./ sans complexe /./ et d’ailleurs /./ je n’ai pas honte
de dire ça !
Le français c’est notre langue ::: c’est un « butin de guerre »
8. Est-ce que votre entreprise lui arrive –t-elle de mener une négociation en
anglais ?
Oui
• Formation du personnel :
1. Avez-vous déjà organisé des formations au profit du personnel ? si oui
Quels sont les domaines concernés par la formation ?
Quelles langues ? Quant ? Et combien ?
Pourquoi l’anglais ?
Ah Oui 〉 la formation a toujours /./ fait partie intégrante de nos pratiques en matière de
ressources humaines et de développement /./ elle concerne tous les domaines/../
Le domaine technique /./ bien évidemment l’électricité et le gaz /./
Le domaine de gestion /./ communication /./ marketing /./ management et
comptabilité/../
Les langues /../ en particulier l’anglais euh l’entreprise a organisé en 2002 une
formation en anglais /./ ça durée une année (deux heures, quatre fois par semaine) /../
J’avais envie d’une formation en français pour le secrétariat et les nouveaux recrutés
majoritairement arabisés /./ mais l’occasion ne s’est pas présentée /./
Dommage !
************************
L’anglais est la première langue du monde
2. la formation linguistique est-elle destinée à tous les corps administratifs et
services de l’entreprise ?
Comment avez-vous identifié les employés qui ont besoin d’une formation en
langue ?
La formation est destinée à tout le monde /./ commençant bien sûr par les cadres puis les
autres catégories /../
************************
Ça se voit ! /../ En tous les cas par /…/ leur incompétence à accomplir leurs activités /./
j’ai observé ça surtout chez les secrétaires et les nouveaux recrutés/…/ y compris les
ingénieurs et les licenciés /./ ils ont de grandes difficultés /./ quel que soit à l’oral ou à
l’écrit /./ c’est justement le problème
3. pensez vous que votre entreprise aura besoin de renforcer ses connaissances
linguistiques ?
Oui〉 effectivement〉 nous éprouvons de grands problèmes dans ce domaine /./ à
l’heure de la mondialisation des nouvelles technologies de l’informatique /…/ nous
devons être plus vigilants et nous devons maîtriser plusieurs langues pour réussir
4. votre entreprise a t-elle bénéficiée de stages de formation en langues
étrangères ?
Exactement〉 certains ingénieurs spécialisés et très qualifiés ont bénéficié de bourses à
d’autres pays étrangers pour des perfectionnements d’ordre technique /./
méthodologique et même linguistique
• Langues et recrutement à la SONELGAZ :
1. Quel est le poids de votre entreprise dans le marché du travail algérien ?
Autrement dit dans quelle mesure la SONALGAZ peut-elle être un moyen ou une
source de création d’emploi ?
Question fondamentale je trouve /./ nous participons d’une grande partie à la création
des postes de travail/./ SONALGAZ joue un rôle important dans le marché du travail en
Algérie /../
Bon /./ je vais essayer d’être plus précis /./ je vous donne des chiffres /./ par exemple
/…/ en 2007 uniquement au niveau de la DR de OUARGLA /./ nous avons recruté 45
agents et pour 2008 il est envisagé de recruter 24 autres
2. Quels sont les critères de sélection lors du recrutement et est-ce que la langue
fait partie de ces critères, autrement dit est- ce que vous prenez en considération la
maîtrise des langues dans le recrutement ?
Oui, Quelle langue ?
Formidable ! Cela semble intéressant /../
Je crois que /../ Nous connaissons tous les critères de sélection /./ au niveau de notre
entreprise nous exigeons généralement au candidat d’être diplômé /./ âgé de 24 à 36 ans
/./ dégagé de toute obligation militaire /./ en bonne santé /../ pour la langue /…/ euh
effectivement〉〉 on prend en considération la langue à l’embauche mais on l’exige pas
dans nos offres d’emploi à part l’anglais qui est mentionné pour les directeurs des
départements /./ en revanche /./ on préfère toujours la bonne maîtrise du français et
l’anglais. D’ailleurs depuis longtemps /./ la langue du concours et de l’entretien oral à la
SONALGAZ est toujours le français
3. est- ce que vous excluez les candidats unilingues ?
Non〉 non :::: absolument pas〉 il ne s’agit pas de les interdirent ou les exclurent /../
mais ils doivent se conformer aux conditions exigées /./ entre autre les exigences
linguistiques /../ ils subiront dorénavant une formation en langues
4. Alors on peut dire que la langue est un critère pour le recrutement, est-elle aussi
condition pour la carrière et la promotion dans votre entreprise ?
Ben, je ne dirais pas une condition /./ mais elle est nécessaire /./ très nécessaire ::: pour
la promotion et pour faire carrière à la SONELGAZ, je vous dis une chose /./
"Les gens qui maîtrisent la langue réussissent mieux à SONELGAZ" .
5. la langue peut-elle être un moyen pour avoir un emploi ?
À SONALGAZ ? /./ je dis vivement oui〉 puisque dans notre entreprise on a toujours
besoin des gens qui maîtrisent la langue
6. Est-ce que le développement de votre entreprise peut se faire sans tenir compte
de la langue ?
Le rôle de la langue est négligeable ?
Oui, quelle langue ?
Comme j’ai /./ déjà dit la langue a un rôle primordial dans tous les domaines de la vie y
compris le travail /./ elle véhicule /./ en effet /./ le savoir /./ la science /./ la technologie
et sans la langue /../ on ne peut pas se communiquer convenablement /./ donc on ne peut
pas travailler. Pour nous /./ c’est le français qui prime
7. Est- ce que votre entreprise est concernée par l’ouverture économique et les
échanges commerciaux ?
Ah Oui 〉 beaucoup concernée
8. Donc, vous êtes concerné par la généralisation mondiale de l’anglais ?
Oui〉〉 oui ::: on est très touché par cette ouverture mondiale /./ Et je prévois qu’on sera
plus tard obligé de travailler en anglais !
• La politique linguistique de la SONELGAZ:
1. Quelle est la place accordée à l’arabe standard dans votre entreprise ?
Eh, bien /./ l’arabe reste quand même la langue officielle de l’Etat /./ mais toujours en
deuxième position /./ après le français bien sûr !
Alors, voyez-vous que l’arabe recule au profit du français ?
Dans notre entreprise /./ Oui ! 〉
2. SONALGAZ a t-elle une politique linguistique ?
Cette question est très délicate /./ je peux répondre à cela par /… /
Selon notre vision /./ non /./ SONALGAZ n’a pas une politique claire et précise en
matière linguistique /./ mais vis-à-vis de l’anglais /./ on peut dire oui /../
Ces dernières années /./ l’apprentissage de l’anglais s’est imposée à l’ensemble du
personnel Ettt /./ je pense /./ C’est une façon efficace pour favoriser et soutenir l’usage
de cette langue dans notre entreprise /./ c’est ça la politique ! /./ voyez ×××
3. Quelle est la langue du travail de la SONALGAZ ?
Le français
4. Voyez-vous que cette langue est en adéquation avec les nouvelles exigences du
marché ?
On n’a pas le choix /…/ c’est une langue qui nous a été imposée par l’histoire /./
SONALGAZ travaille depuis 1947 en français et elle continuera à travailler ainsi /../
Mais vu l’ouverture économique de l’Algérie sur le monde /./ je croix que cette langue
ne va pas durer pour longtemps /../
Hmm a mon avis /./ substituer le français par l’anglais c’est un bénéfice aussi bien pour
l’entreprise que pour l’économie algérienne en générale /./ mais pas par l’arabe /./ pas
l’arabe! /../ Malgré c’est la langue de l’Islam et du coran /./ elle ne convient pas au
travail ! [m a toslohſ]
Merci d’avoir pris le temps de parler avec nous aujourd’hui.
Je vous en prie.
Annexe 8 :

Abréviation et acronymes

AIG : Activité d Intérêt Général


ANEM : Agence Nationale de l Emploi
ANSEJ : Agence Nationale de Soutien à l Emploi des Jeunes
APSI : Agence de Promotion et de Soutien des Investissements
BTPH : Bâtiments, Travaux Publics et Hydraulique
CNES : Conseil National Economique et Social
CPE : Contrat de Pré - Emploi
CREAD : Centre de Recherche en Economie Appliquée pour le Développement
ESIL : Emploi Salarié d'Initiative Locale
FMI : Fonds Monétaire International
IAIG : Indemnité pour Activité d intérêt Général
IDE : Investissements Directs Etrangers
OIT : Organisation Internationale du Travail
ONS : Office National des Statistiques
PAS : Programme d Ajustement Structurel
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PMTE : Plan à Moyen Terme de l Entreprise
SGP : Société de Gestion des Participations (de l Etat)
SONELGAZ : société nationale de l’électricité et du gaz
TUPHIMO : Travaux d Utilité Publique à Haute Intensité de Main - d Œuvre
Annexe 9
Documentation écrite de l’entreprise : (notes de services, fax, formulaire, attestation de
stage, demande d’emploi, pamphlet publicitaire, affichages internes)

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