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NUNTIT

Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002

(TAB. l-XV)

Nicolas GRIMAL et Emad ADLY

Mit dieser Folge geht der Berieht liber die "Fouilles et travaux en Égypte et
au Soudan" in neue Hande uber. Volle 52 Jahre lang, von Or 19 (1950) bis 70

(2001), hat Prof Jean Leelant diese von ibm gesebaffene Rubrik unserer Zeitsebrift
betreut, 1985-98 in Zusammenarbeit mit Frau Gisèle Clerc, seit 1999 mit Frau Anne
Minault-Gout. Wir danken Prof Leclant und semen Mitarbeitern und Mitarbeiterin-
nen fUr dieses halbe Jahrbundert zuverlàssiger und uncrmudlicher Arbeit, die den
ubernimmt Prof Nicolas Grimal
Agyptologen der ganzen Welt zugute kam. Jetzt
vom Collège de France die Verantwortung für diesen Bericht; wir freuen uns
darûber, daB dank seines Engagements diese wichtige Rubrik von Orientalia
Mitarbeitern viel Erfolg.
fortgefiihrt werden kann, und wUnschen ibm und semen

Die Herausgeber von Orientalia

Les principes qui ont jusqu'à présent régi cette revue archéologique ont été,
naturellement, conservés', de même que le classement des sites, avec, toutefois

Les abréviations des périodiques et séries sont celles indiquées dans Lexzkon o'er Agyptolo-
gie, Band VII (1992) p. xiv ss.; on y ajoutera:
ACE Report American Center in Egypt, Report, Le Caire.
ADAJ Annual of the Department of Antiquities in Jordan.
AegLev Agypten und Levante, Vienne.
AERAGRAM Newsletter of the Ancient Egypt Research Associates.
AOB Analecta Orientalia Belgica, Bruxelles.
AZA NIA AZANIA, British Institute in Eastern Africa, Nairobi, Kenia.
BMSAES British Museum Studies in Ancient Egypt and Sudan:
(http : //www.thebritishmuscum.ac.uk/cgyptian/bmsaes)
CAT Cahiers des Annales Islamologiques, IFAO, Le Caire.
CCE Cahiers de la céramique égyptienne, IFAO.
DE Discussions in Egyptology, Oxford.
EA Egyptian Archaeology: The Bulletin of the Egypt Exploration Society,
Londres.
EdE Etudes d'égyptologie, publiées par la chaire de civilisation pharaonique du
College de France, Paris 2002.
ET Etudes et Travaux (Travaux du centre d'archéologie méditerranéenne de
l'Académie polonaise des sciences), Varsovie.
EtudAlex Etudes alexandrines, IFAO.
EtudUrb Etudes urbaines, IFAO.
Nicolas Grimai et Emad Adly

quelques amodiations: des subdivisions par régions ont été introduites, en parti-
culier pour le delta, mais, dans le même temps, la numérotation continue des sites
a été maintenue, de façon à conserver une unité avec les chroniques précédentes.
Cette disposition devrait permettre de faire commodément référence aux cinquante
premières années, désormais consultables sur le site internet de la chaire de civili-
sation pharaonique du Collège de France'.
Autre point d'évolution: j'ai choisi de ne plus paraphraser des rapports déjà
publiés, de façon à privilégier une information plus récente, qui est celle que nos
collègues nous transmettent directement, et qui est, elle, donnée, dans la mesure du
possible, intégralement. Je renvoie donc systématiquement aux publications, tout en
continuant de donner un court résumé pour guider le lecteur, fut-il de quelques mots
seulement. J'ai également choisi de fournir l'information la plus récente possible,
comme nous le faisons déjà, Emad Adly et moi-même, pour les analyses de la
presse égyptienne dans le Bulletin d'information archéologique'. La revue de cette
année est donc quelque peu bâtarde, puisqu'elle tente de rendre compte des cam-
pagnes de 2001, de 2000 quand cela n'avait pas été dans Or 70 et que je disposais
de l'information, et, quand nous en connaissons les résultats, de 2002. J'ai essayé
de distinguer clairement les campagnes pour chaque site. L'échéance éditoriale de
la chronique étant le mois de juin, qui marque traditionnellement une coupure sur
beaucoup de chantiers, il m'a semblé possible de rendre ainsi plus actuelle l'infor-

Ftrst Central European Conference


K. Myiliwiec (éd.), Proceedings of the First Central European Conference
of Young Egyptologists. Egypt 1999: Perspectives of Research (Warsaw
Egyptological Studies 3; Warsaw University 2001).
Kemet Kemet. Die Zeitschrifl fir Agyptenfreunde.
KMT K.M.T., A Modern Journal of Ancient Egypt, San Francisco (USA).
Mine/Ta Minerva, Londres.
MNL Meroitic Newsletter, Paris.
PAM Polish Archaeology in the Mediterranean, Varsovie.
Polish Center Newsletter
Polish Center of Mediterranean Archaeology in Cairo, Warsaw University,
Newsletter.
Rapport JFAO 2001-2002
B. Matthieu, Rapport sur les travaux de l'Institut français d'archéologie
orientale en 2001-2002 présenté devant le conseil scientifique de l'Institut
français d'archéologie orientale le jeudi 27 juin 2002, aimablement
communiqué par J. Leclant.
Sahara Sahara: Preistoria e storia del Sahara.
SARS (Newsletter) The Sudan Archaeological Research Society (Newsletter), Londres.
Second Central European Conference
Second Central European Conference in Egyptology. Egypt 2001: Per-
spectives of Research, Warsaw 5-7 March 2001, Abstracts.
SFFT Newsletter Société française des fouilles de Tanis, Newsletter.
Sokar Sokar. Die Welt der Pyrarniden, Berlin.
Sudan & Nubia Sudan & Nubia: The Sudan Archaeological Research Society, Londres.
Vestnik Vestoik Drevnej Istorii, Moscou/St.-Péterbourg.

(www.egyptologues.net). Un service de correspondance est disponible sur le site: il peut


2

accueillir aussi bien les questions, demandes et commentaires que les rapports préliminaires que
nos collègues souhaitent voir figurer dans cette chronique. Seules les deux dernières années pa-
rues ne sont disponibles que dans Orientalia. L'approvisionnement futur de la base de donnée
sur le site se fera selon cette règle d'un décalage de deux ans.
'Également disponible sur le site (www.egyptologues.net).
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002

mation. Cette première livraison est bien imparfaite et comporte beaucoup de la-
cunes, du fait qu'il m'a fallu reprendre tous les dépouillements, il faut le re-
connaître sans d'autres moyens que ceux que me laissent mes autres activités. Que
l'on veuille bien me pardonner cet amateurisme! L'outil une fois constitué, les li-
vraisons suivantes seront, j'espère plus complètes.
Les dépouillements bibliographiques, enfin, qui sont l'un des points forts de
cette chronique, ont été poursuivis. Que le lecteur me pardonne les oublis qui ont
pu se glisser dans cette période de ((rodage», et ce malgré l'aide amicale du Pro-
fesseur Leclant, qui m'a fait bénéficier de ses dépouillements si précis! Je suis par-
ti du principe que les publications de 2000 et antérieures sont incluses dans la pré-
cédente livraison, me contentant de combler quelques manques lorsque ceux-ci me
sont apparus. Il y a certainement des oublis, que j'essaierai de combler dans la pro-
chaine chronique. Chacun de nous connaît la masse de publications qui paraît
chaque année: je serai toujours reconnaissant à ceux qui voudront bien, d'un rapide
courriel, me faire part de leurs remarques, critiques ou complements'! J'espère
pouvoir ainsi bientôt retrouver la qualité sans faille que le Prof Leclant a su main-
tenir si longtemps et me montrer digne de sa confiance.

I. Égypte

L Bibliographie générale: ajouter à la bibliographie: Roger S.


Bagnall, «Archaeological Work on Hellenistic and Roman Egypt, 1995-2000», AJA
105 (2001) 227-244; pour les inscriptions d'Égypte: J. Bingen, REG 114 (2001)
589-596.

Delta occidental

2. Zawiyet Umm el-Rakham: sur la campagne d'été 2000 de


l'Univerité de Liverpool: L. Giddy, EA 18 (2001) 28. Ajouter à la bibliographie:
Steven Snape, «Neb-Re and the heart of darkness: the latest discoveries from Za-

Je remercie les collègues qui ont bien voulu me faire parvenir un rapport: Matthew
Adams, Guillemette Andreu, Pascale Ballet, Barbara E. Barich, Michel Baud, Laurent Bavay,
Galina Belova, Catherine Berger, Charles Bonnet, Marie-Françoise Bnussac, Jean-Yves Carrez-
Maratray, A. & A. Castiglioni, Nadine Cherpion, Marek Chlodnicki, Frédéric Colin, Jean-Pierre
Corteggiani, Hélène Cuvigny, Pierre De Miroschedji. Jean-Yves Empereur, Rodolfo Fattovich,
Hanane Gaber, Claudio Gallazzi, Paolo Gallo, Francis Geus, E. Graefe, Brigitte Gratien, Chris-
tophe Grzymski. Tomasz Herbich. Colin Hope. Horst Jaritz, Friederike Jesse. Timothy Kendall,
Karin Kindermann, Eleonora Kormisheva, Audran Labrousse, François Larché, Jean Leclant,
Guy Lecuyot, JOrg Linstadter, G. Majcherek, Sylvie Marchand, Geoffrey T. Martin, Lynn Mes-
keIl, Anthony Mills, Karol Myiliwiec, Boyo Ockinga, David O'Connor, Adela Oppenheim, Ser-
gio Pemigotti, Maarten J. Raven, Claude Rilly, Alessandro Roccati, Georges Soukiassian, Hou-
rig Sourouzian, Jeffrey Spencer, Rainer Stadelmann, Eugen Strouhal, Hanna Szymañska, Pierre
Tallet, Roland Tefnin, Francesco Tiradritti, Inge Uytterhoeven, Dominique Valbelle, Michel Val-
loggia, Willem M. van Haarlem, Miroslav Verrier, Kent Weeks, Michel Wuttmann, Christiane
Ziegler. Je remercie également vivement tous les collègues qui ont bien voulu fournir les clichés
et plans qui illustrent les 15 planches jointes à ce rapport: Marie-Françoise Boussac, Willem
M. Van Haarlem et Tomasz Herbich, Dominique Valbelle, Jean-Yves Carrez-Maratray, Michel
Valloggia, Michel Baud, Catherine Berger-el Naggar et Audran Lahrousse, Matthew Adams,
Laurent Coulon, Hourig Sourouzian, Charles Bonnet.
Nicolas Grimai et Emad Adly

wiyet Umm eI-Rakham (Egypt)», Antiquity 75/287 (march 2001) 19-20; Susanna
Thomas, «Pigments at Umm el-Rakham», Grafma Newsletter 3-4 (1999-2000) 110-
118, 1 pi.

3. Marina el-Alamein: la mission de fouilles du Centre polonais


d'Archéologie méditerranéenne, dirigée par Wiktor A. Daszewski a effectué en
mars 1999 un mois de campagne'. L'objectif était essentiellement une prospection
géophysique de la nécropole située au sud-ouest de la ville et, en partie, dans la
6

ville elle-même et un sondage dans la nécropole'.


En mars 2000, les travaux se sont concentrés sur la nécropole et le centre de
la ville. On a trouvé, dans la tombe T 25, deux séries de deux autels superposés
dans la statigraphie, indiquant une certaine durée du culte funéraire. Deux autres
tombes (G 13 et T 27), dont la seconde a livré un squelette de femme entre 25 et
30 ans et celui d'un enfant de 4 à 6 ans, seraient à dater des l"-2' s. On a poursui-
vi le dégagement du grand mausolée de l'hypogée T 6, mettant au jour des latrines
dans le coin nord-est du bâtiment. Un autre grand mausolée (T 28) a été dégagé, à
environ 19 m de T 7; les traces de son pillage dans l'Antiquité étaient encore vi-
sibles: loculi éventrés, fragments divers... Au centre de la ville, on a dégagé un pa-
vement de voie au nord-est d'un bâtiment à plan basilical (H 4), se dirigeant vers
le sud depuis sans doute un portique à colonne, dont un sondage a révélé les
restes.
En mars 2001, les travaux ont été poursuivis sur la nécropole et dans la ville.
En T 27, on a terminé de dégager le loculus nord, et les restes humains qu'il
contenaient ont été étudiés. L'ensemble est daté par les bouteilles de verre et un
unguentarium en terre cuite du l s. En T 28, on a fouillé la seconde chambre fu-
néraire au nord de la cour ouverte. Entièrement remplie de sable, elle a révélé des
blocs de calcaire éparpillés le long du mur et deux corps, celui d'une femme et ce-
lui d'un homme. Une partie du mur présentait un replâtrage qui, une fois enlevé, a
donné accès à un vaste loculus recélant neuf corps allongés les uns à côté des
autres, tête tournée vers l'ouest: trois momies avec cartonnages, jadis dorés et dé-
corés de scènes funéraires, malheureusement très endommagés, les autres emmail-
lotés de résine. Le seul mobilier funéraire était une feuille d'or, retrouvée entre les
dents d'un adolescent momifié. La tombe G 13 a été finie de fouiller. Constituée
d'une tranchée faite dans le roc natif et recouverte de blocs recouverts de sable,
elle a livré le squelette d'une femme de 25 à 30 ans. Dans la ville, on a dégagé
l'espace fermé sur trois côtés de portiques à colonnes ioniennes, découvert lors de
la campagne précédente. Au nord et à l'est de cette place, trois escaliers mènent au
stylobate. Au sud, un seul escalier, au centre, y conduit. Ce portique sud, au
contraire des autres, est constitué de deux rangs de colonnes et est plus large. Il
s'ouvre en son centre sur une exèdre rectangulaire, pourvue de stalles. Le sol et les

Rapports aimablement communiqués par Wiktor A. Daszewski. Pour la campagne de res-


tauration de 1999: Or 70, 351.
6
Réalisée par Harald von der Osten (Service du Patrimoine, Stuttgart) et Tomasz Herbich
(CPAM).
Voir Wiktor A. Daszewski, PAM 11(2000) 39-46. Pour la campagne 2000: id., «Marina el-
Alamein Season 2000», PAM 12 (2001) 47-62; Stanisiaw Medeksza, «Marina el-Alamein
Conservation Work, 2000», ibid. 63-76.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002

murs etaient enduits et décorés. Quelques monnaies donnent une datation de la fin
du règne d'Auguste jusqu'à Hadrien.
En mars 2002, Wiktor A. Daszewski a dirigé une nouvelle mission du Centre
polonais d'Archéologie méditerranéenne'.

4. El Dab'a: sur la découverte de ce site: W. A. Daszewski et al.,


«Note on an Archteological Site near El Dab'a on the Northwestern Coast of
Egypt», PAM 12 (2001) 77-84.

5. Taposiris magna et Plinthine: les travaux ont associé, en


2000-200l, relevé topographique, sondages, étude architecturale, céramologique,
anthropologique et paléo environnementale, ainsi que des verreries hellénistiques 10.
a) Relevé topographique: le relevé général est aujourd'hui achevé,
du mur des Barbares à l'ouest de Taposiris jusqu'à la ville de Plinthine à l'est, de
la crête rocheuse (taenia), au nord, jusqu'au lac, au sud (Fig. 1). La campagne 2001
a permis de lancer le relevé systématique de la ville de Taposiris, en commençant
dans sa partie basse, aujourd'hui envasée mais qui était urbanisée dans l'Antiquité,
comme le montrent les nombreuses structures artisanales qui l'occupent en partie.
b) Recherches sur le système portuaire: l'exploration de la
zone portuaire a été étendue de Taposiris jusqu'à Plinthine. Des sondages ont été
effectués sur des bâtiments distribués de part et d'autre du chenal artificiel; ils sou-
lignent la durée de l'activité du port, attestée de la période hellénistique à l'Anti-
quité tardive, soit plus de neuf siècles. Les niveaux les plus tardifs (fin 7e s.
ap. J.-C.) ont été atteints sur la levée artificielle est-ouest, dans un entrepôt de plus
de 750 m2. Les phases les plus anciennes (époque hellénistique) sont attestées, à
Taposiris, de part et d'autre du chenal, à la sortie du bassin. Elles comprennent, sur
le quai nord, une série de boutiques de l'époque hellénistique, arasées au début de
l'époque impériale pour la construction d'un nouveau bâtiment. Ces pièces ont été
abandonnées de façon quelque peu soudaine, probablement vers la fin du 2e s. ou
le début du lee s. av. J.-C. Les sondages menés en 2001 à l'extrémité orientale de
cet ensemble ont révélé un niveau d'eau stagnante et d'inondation, postérieur â la
fin de l'époque hellénistique. Il semble donc que la zone ait été évacuée parce que
le niveau du lac s'était élevé.
De l'autre côté du chenal, sur la levée artificielle sud, on a dégagé un en-
semble très dense d'habitations et de boutiques, recouvert d'un épais remblai du
l s. av./P' s. apr. J.-C., ce qui conforterait l'idée de l'abandon de la zone à la fin
de l'époque hellénistique à la suite de la montée des eaux. Ensuite, le chenal fut
recreusé, ses berges rehaussées à l'aide des déblais. De nouvelles constructions,
plus importantes, s'alignant alors sur un nouvel axe, remplaçant les petites bou-
tiques. Certaines de ces constructions sont encore occupées à la période byzantine,
alors que les voies de circulation ne sont plus uniquement axées est-ouest, mais

D'après Polish Center Newsletter 8 (2002).


Rapport aimablement communiqué par Marie-Fraçoise Boussac. Pour les campagnes an-
térieures, voir Or 70 (2001) 351; M.-F. Boussac, «Deux villes en Maréotide. Taposiris et Pun-
thine», BSFE 150 (2001) 42 sq.
8 Sous la direction de M.-E Boussac, directeur de l'Institut
E-Courby. UNIR 5649 du Curs,
l'équipe était composée de Thomas Amoux, Patrice Georges et Hélène Silhouette (Afan), J. Gm-
ran (Cerege, Aix-en-Provence), Cécile Harlaut (doctorante, Centre d'Etudcs Alexandrines), Oli-
vier Callot et M.-D. Nenna (Institut E-Courby).
Nicolas Grimai et Emad Adly

aussi nord-sud. Pour vérifier ces hypothèses, six carottages ont été effectués en juil-
let 2001, d'une profondeur maximale de 10 m sous la surface du soi.
c) Site urbain de Taposiris: l'étude du système portuaire démontre
la vitalité du site jusqu'à la fin de l'Antiquité". En 2001, un relevé topographique
systématique de la ville a été entrepris, en attendant l'étude architecturale qui de-
vrait débuter en 2002. On pourra ainsi, pour la première fois, placer sur la carte les
bâtiments fouillés antérieurement, dont la «maison aux colonnes en forme de
coeur» dégagée par Breccia'2. En 2001, la partie basse de la ville, à l'ouest du «Pa-
lais du gouverneur», fouillé par une mission américaine en 1975, et tout autour du
bassin portuaire, a été relevée. Le pourtour du bassin portuaire dans l'Antiquité a
été précisé, ainsi qu'une zone d'ateliers (céramique et métallurgie). La découverte
de fours métallurgiques, probablement en batterie, donnera lieu à une fouille dès
2002.
d) Ville de Plinthine: la ville s'étend largement sur la pente sud de
la taenia, en contrebas d'un kôm, surtout à l'est: murs et éléments architecturaux
affleurent partout en surface. Le kôm nord est artificiel. Au sud, on a pu vérifier
l'emprise urbaine et repérer l'emplacement d'une habitation de plusieurs pièces,
fouillée partiellement par A. Adriani en 1939, à l'est d'un ouadi descendant vers le
lac '3. L'ensemble appartiendrait à la basse époque hellénistique, ce que devrait véri-
fier un sondage. La céramique confirme cette datation pour l'essentiel de la ville.
Elle est composée en majorité de vaisselle de fabrication locale, mais on trouve
également quelques importations, comme des vases à vernis noir ou des bols à re-
lief. Si quelques fragments sont datables du 3' s. av. J.-C., la très grande majorité
du matériel est attribuable à la fin de l'époque hellénistique et au début du Haut
Empire.
e) Nécropole de Plinthine: l'étude architecturale est pratiquement
achevée. Les données ont été comparées aux rares renseignements livrés par les
fouilles antérieures". L'ensemble permet déjà de retracer l'évolution historique et
sociale du site. Dés le 2' s., la nécropole change d'allure. On trouve encore de très
belles tombes familiales, mais elles sont inachevées. Le ramassage systématique
des tessons de surface confirme l'arrêt d'utilisation de la nécropole à la fin de l'é-
poque hellénistique, ou au tout début de l'époque impériale, au même moment que
la ville de Plinthine. Sans doute le site de Plinthine s'est-il effacé devant celui de
Taposiris, à l'occasion de la réorganisation du système portuaire et fiscal. Un hypo-
gée de la partie sud-ouest de la nécropole, portant trace de multiples remaniements
et inachevé a été étudié. Plusieurs loculi intacts, tous de l'époque hellénistique, ont
été ouverts. L'un d'entre eux abrite les restes d'un adulte de sexe féminin, en rela-
tion avec un dépôt de plusieurs objets, de la haute époque hellénistique, reposant
les uns contre les autres le long de la paroi droite: un miroir de bronze, une lampe
à huile à poucier, un canthare, une pyxis ou «salière», une petite cruche, deux am-
phoriskos et deux coupelles. La taille de la niche, comme la disposition des os, in-

Contra Grossmann, Antiquité tardive 8 (2000) 165-168, qui doute que la «Taposiris» de
Procope puisse être te site de Taposiris magna.
2
(MSS Breccia 73); L. Caramatti A. E. Breccia, Documenti sugli scavi e su! musea gre-
co-romano di Alessandria negli archivi egittologici deli 'ateneo pisano (tesi di laurea, 1994).
' Sans plus de précision: Annuario 3 (1940-1950) 158-159.
14
Campagnes de 1952 et 1954 du Service des Antiquités, restées pour l'essentiel inédites:
Rached Nouweir, La revue du Caire 33 (1954) 175.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002

diquent clairement qu'il ne s'agit pas là d'un dépôt primaire. L'étude anthropolo-
gique a permis notamment de découvrir dans deux loculi des squelettes portant des
masques de plâtre décoré. Par ailleurs, une investigation rapide a été menée sur les
vestiges du pressoir attenant à la nécropole, sur le côté nord. Elle a révélé la pré-
sence de céramiques hellénistiques uniquement, datables pour la plupart du 2' s. av.
J.-C., ce qui est là un fait nouveau, puisque la plupart des pressoirs retrouvés jus-
qu'à présent en Maréotide appartiennent à l'époque romaine.
f) Exploration des rives du lac Mariout: plusieurs sites por-
tuaires (Halys et Qoseir), munis de quais longs de 120 et 80 m, ont été repérés en
2000 à l'est de Plinthine et relevés et positionnés en 2001 (ils ne figurent pas sur
les cartes au 1:25000' de la région). Il font partie de la multitude d'établissements
qui prospéraient, aux dires des auteurs anciens, sur les rives du lac. Les nouveaux
sites repérés (et relevés) en 2001, à l'est de Plinthine (Saniat Nouah, Rahim),
confirment la densité de l'implantation urbaine dans la région, mais aussi sa diver-
sité: contrairement au site voisin de Qoseir, qui occupe une grande superficie, Ra-
him est un site mineur, un petit établissement agricole de la fin de l'époque ro-
maine, comportant de petits thermes privés, caractéristiques des villas tardives:
chambres de chauffe avec des dalles de 45 x 25 cm pour la chambre rectangulaire
située sur la butte; chambres se terminant en abside à l'ouest. Le mortier, les dalles
en tuiles sont comparables à ce que l'on trouve à Oum Zereio. En revanche, la
ville de Rahim ne comporte pas d'atelier de fabrication d'amphores.

6. Borg el-Arab: sur la découverte de octobre 2001 par le Conseil


suprême des Antiquités de deux hypogées ptolémaïques réutilisés à époque copte:
Kemet 11/1 (Janvier 2002) 86-87.

7. Hawwariyya: du 22 octobre au 30 novembre 2000, Hanna Szy-


maflska a dirigé la première mission du Musée archéologique de Cracovie sur le
site supposé de Marea'5, l'ancien port fluvial, situé à 45 km à l'ouest d'Alexandrie,
sur la rive méridionale du lac Mariout. Les vestiges du port et de la ville, qui date
des S'-8' s., explorée entre 1997 et 1981 par Fawzi el-Fakhami, sont encore très vi-
sibles. Environ 80 ha, soit l'ensemble de la zone urbaine, ont été mis sur le plan,
sur la base d'un carroyage par unités d'environ 168 m2. Sur un kôm situé à 400 m
au sud du lac, on a dégagé un petit bain public d'époque byzantine, avec, entre
autres, un hypocauste bien conservé. La fouille et les objets permettent de dater le
monument des 6'-7' s.
Du 13 août au 30 septembre 2001, la même équipe 16 s'est attachée à résoudre
la question difficile de l'identification du site: Marea pour les uns, Philoxenite, sta-
tion pour les pèlerins en route vers Abou Mena, fondé par l'empereur Anastase,
pour d'autres '7. De fait, aucune céramique antérieure au 6' n'a été trouvée. On a

Rapport aimablement communiqué par Hanna Szymañska; cf. Polish Center Newsletter 6
(2001); Hanna Szymaiiska - Krzysztof Babraj, «Marea report on the Activities in 2000», PAM 12
(2001) 35-46. Participaient aux travaux: KrzysztofBabraj (archéologue), dr. Grzegorz Majcherek
(céramologue), Dana Tarara (architecte), dr. Mieczyslaw Niepokólczycki (topographe), prof.
Ewa Wipszycka-Bravo (historien et papyrologue), Renata Kucharczyk (archéologue), Tomasz
Kalarus (photographe), Teresa Surkowska (conservateur) et Joanna Babnaj (dessinateur).
"Rapport aimablement communiqué par Hanna Szymaàska; cf. Polish Center Newsletter 8
(2002).
'7M. Rodziewicz, «Alexandria and District of Mareotis,>, dans: Graeco-Arabia 2. First In-
Nicolas Grimai et Emad Adiy

donc poursuivi le dégagement de l'installation thermale mise au jour lors de la pre-


mière campagne, qui s'est avérée définitivement divisée en deux partie, une pour
les hommes, l'autre pour les femmes. La céramique, les lampes et les monnaies en
confirment la datation des 6e7e s. Puis on note une réfection notable dans les dé-
buts de la période islamique, jusqu'au 8e s. On a également continué à relever les
vestiges apparents sur le site, en particulier des quatre quais sur le lac, dont l'état
montre que Marea est le port le mieux conservé d'Egypte. Le bâtiment en briques
cuites, mesurant environ 15 x 17 m et orienté nord-sud, est divisé en deux parties:
la méridionale pour les hommes et la septentrionale pour les femmes, avec une en-
trée séparée pour chaque section. On y a découvert deux sortes de chauffages:
deux hypocaustes et tuyaux en argile implantés dans les murs (tubulatio) pour la
circulation de l'air chaud. Les bassins demi-circulaires, profonds de 1,60-1,80 m,
installés près de murs extérieurs de chaque côté du bain, étaient pourvus de gra-
dins. Dans l'apodytorium, où le baigneur se déshabillait et se reposait après le
bain, on a mis au jour un labrum (un lavabo) sur un support de granite et alimenté
par le tuyau d'argile apportant de l'eau chaude directement depuis la chaudière po-
sée sur le four. Ce dernier était alimenté à partir de la pièce de sous-sol, qui servait
également pour les provisions de combustible, et qui se trouvait au-dessous de tepi-
darium. Les débris d'enduit peint de décors floraux mis au jour dans le tepidarium
démontrent que ses parois étaient richement décorées. L'eau de bassins s'écoulait
vers les canaux urbains dégagés pendant la deuxième campagne. Parmi les trou-
vailles les plus intéressantes on compte des fragments dc vitres de fenêtres fixés
dans le mortier.

8. Alexandrie
a) Centre d'études alexandrines: on ajoutera à la bibliographie
fournie avec le rapport de la campagne l999-2000': pour la campagne de 1988,
J.-Y. Empereur, BCH 123 (1999) 545-568, pour celle de 1999, id., BCH 124 (2000)
595-619; pour celle de 2000, B. Mathieu, BIFAO 101 (2001) 518-526; L. Giddy, EA
18 (2001) 28 et 29; pour celle de 2000-2001: L. Giddy, EA 19 (2001) 28 et 31;
Nassera Zaid, «Égypte: une nouvelle saison à Alexandrie», Archéologia 381
(septembre 2001) 40-47; Gilles Grévin - Paul Bailet, «Alexandrie: les rites de
crémation», ibid. 48-53; J.-Y. Empereur, «Découvertes récentes à Alexandrie»,
dans: Greek Archaeology without Frontiers (Athènes 2002) 13-20; A.-M. Guimier
Sorbet, «Nouvelles recherches sur les mosaïques d'Alexandrie», ibid. 21-28.
Durant la campagne 2001-2002, le Centre d'études alexandrines (UMS 1812
du Cnrs, soutenue par le ministère des Affaires étrangères) a mené quatre fouilles
de sauvetage urbain et deux fouilles sous-marines. Le dégagement du Patriarcat
grec orthodoxe, de l'ancien garage Lux (sur le site du Cesareum) et de la citerne
Gharaba (à l'ouest de la ville) ont progressé, tandis que d'autres citernes étaient
mises au jour dans l'enceinte de la citadelle Qaitbay. A ce dernier endroit, la

ternational Congress on Greek andArabic Studies (Athênes 1983) 199-216. - Ajouter à la biblio-
graphie: H. Szymañska - K. Babraj, «Marea. First Interim Report, 2000», PAM 12 (2001) 35-45;
K. Babraj - H. Szymaàska, «Marea am Maryut-See. Die ente Grabungssaison im Herbst 2000»,
Kernet 10/3 (2001) 65-69; cidem, «Ein Vorbericht liber die Forschungen der polnischen archàolo-
gischen Mission von 2001 in Mares», Kemet 11/2 (2001) 63-68; H. Szymañska - K. Babnaj,
«Marea. Second Report, 2001», PAM 13, sous presse.
Or 70, 352. n. 14.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002

fouille sous-marine a connu deux nouvelles campagnes qui ont porté, d'un côté, sur
les pièces d'architecture et de sculpture découvertes sous les blocs de béton mo-
derne enlevés en janvier 2001 et, de l'autre côté, sur les épaves de bateaux grecs et
romains, notamment avec une couverture par sonar latéral. Par ailleurs, un colloque
sur la numismatique alexandrine a été organisé en mars 2002 et de nouveaux vo-
lumes de la série des Etudes alexandrines sont sortis des presses de l'Ifao19.
(1) Qaitbay: en janvier 2001, ont pu enfin être enlevés les quelque
150 blocs de béton moderne (de 20 tonnes chacun) qui encombraient et occultaient
une partie du site sous-marin depuis 1993. Leur enlèvement a permis de mettre au
jour des centaines de blocs architecturaux et de sculpture dans une zone parti-
culièrement importante pour la compréhension de l'ensemble du site. L'équipe 21 a
pu bénéficier, grace au mécénat de France-Télécom, d'un instrument de topo-
graphie efficace, l'aquamètre. Cet appareil, composé d'une base et de pointeurs, en-
voie des signaux sonores dont il calcule la distance et l'angle, fournissant les coor-
données des nouveaux points. Les données sont ensuite versées dans l'ordinateur,
donnant une carte automatique d'une précision centrimétrique. Ce nouvel outil,
opéré par M. Seco Alvarez et M. Marqut, a permis d'augmenter considérablement
la cadence de la mise en oeuvre de la carte topographique dans la nouvelle zone
étudiée et donc de préparer le levage ultérieur des couches supérieures des blocs
qui s'y trouvent. D'autre part, le recours systématique au détecteur sous-marin de
métaux a permis de trouver une quantité accrue de scellements architecturaux en
fer, en bronze, en plomb et des combinaisons de ces métaux entre eux. Leur pré-
sence prouve qu'une partie des blocs étaient liés horizontalement et verticalement
par ces agrafes et ces goujons. Le fait que l'on n'ait pas procédé à la récupération
du métal, parfois encore en place dans les mortaises des blocs eux-mêmes, amène à
penser qu'une partie d'entre eux ont été immergés (à la suite d'un violent phéno-
mène naturel ?), alors qu'ils appartenaient à des monuments en place, et qu'il ne
s'agit pas de blocs déplacés d'un autre endroit de la ville. Cette étude est actuelle-
ment menée par M. el-Amouri qui a soutenu un DEA sur ce sujet et présentera ses
premiers résultats dans le volume Pharos 1.
I. Hairy a progressé avec succès dans sa reconstitution d'ensembles archi-
tecturaux à partir de l'étude des blocs immergés. Ainsi, elle a pu remonter gra-
phiquement une porte colossale composée de jambages et d'un linteau en granite
d'Assouan, reposant sur de grandes dalles en même matière. Le système de ferme-
ture est marqué par une contre-crapaudine dans l'une de ces dalles de sol. L'en-
semble mesure plus de 12 m de hauteur sous linteau. D'autres ensembles archi-
tecturaux ont été reconstitués et ils seront présentés dans le volume Pharos 1.
D'autre part, l'enlèvement des blocs de béton moderne a permis de retrouver
plusieurs fragments de statues colossales, notamment la main droite du colosse du
Ptolémée, qui est désormais érigé devant la Bibliotheca Alexandrina. Des fragments

D'après Rapport IFAO 2001-2002.


20Sous la direction de Jean-Yves Empereur, était dirigée sur le terrain par Isabelle Hairy, ar-
chitecte-archéologue, Mourad el-Amouri et Fabienne Boisseau, archéologues-plongeurs; elle
comprenait Marie Marquet, Frédéric Bourguignon, Sherin el-Sayed Ismail, Waêl Moustafa Ah-
med, archéologues-plongeurs, Myriam Seeo Alvarez, égyptologue-plongeuse, Stéphane Rous-
seau, architecte-archéologue et André Pelle, photographe-plongeur (Cnrs). Les moulages sous-
marins ont été dirigés par Carole Acquaviva, restauratrice, et E Boisseau. Le Conseil suprême
des Antiquités (CSA) était représenté par les inspecteurs Ahmed Choukry, Ossama el-Nahas,
Mohammed Aly et Ahmed Add, et la Marine égyptienne par l'officier Guihad Mahdi.
10 Nicolas Grima! et Emad Adly

de torse, de jambes montrent que ces statues ont été brisées au cours des siècles, le
dernier épisode datant de la pose des blocs de béton. St. Rousseau, architecte-
archéologue, reconstitue peu à cet ensemble de six statues, qui correspondent aux
six bases retrouvées sur le site sous-marin. Au terme de cette étude, on obtiendra
l'un des groupes les plus imposants de la sculpture d'époque hellénistique. On si-
gnalera enfin une inscription grecque datant du règne de Constantin et Licinius
(316-324 apt J.-C.) sur une base d'une statue qui, dit le texte, a été «redressée
avec succès».
(2) Épaves grecques et romaines: l'étude des épaves grecques
et romaines qui gisent au large du port oriental a été continuée par Robert Leffy,
l'effort portant cette année sur la cargaison d'un bateau provenant de Rhodes. Les
amphores vinaires sont datables avec précision dans le cours du 2' siècle, grâce aux
timbres que portent leurs anses. Certaines amphores étaient remplies de pommes de
pin pignon. Enfin, la prospection à la recherche d'autres épaves a été menée par
Georges Soukiassian (Ifao), Jean-François Mariotti et Jean Curnier, archéologues.
Cette entreprise a connu un développement nouveau grâce au concours d'un équipe
de géologues marins de l'Université de Patras qui a effectué une carte par sonar la-
téral. Plusieurs anomalies ont été repérées: elles feront l'objet des plongées de la
prochaine campagne sous-marine.
(3) Cesareum: la fouille de l'ancien garage Lux, située sur l'em-
placement de l'ancien Cesareum, a été poursuivie". La fouille de la nécropole si-
gnalée l'an dernier a pu être menée à son terme: un ensemble de plusieurs dizaines
d'inhumations, sépultures en fosse ou en caveau, individuelles ou collectives.
Quatre phases ont été distinguées. Le matériel associé, relativement pauvre, consis-
tait en une douzaine de monnaies, de rares bijoux (colliers de perles de verre, de
pierres semi-précieuses, de bagues de bronze), des flacons de verre, des os travail-
lés. Un premier examen pousse à fixer la deuxième phase au début du 7' siècle apr.
J.-C. Plusieurs croix sont gravées sur des blocs dressés sur chant. Il faut donc re-
monter la première date proposée et reconnaître un cimetière chrétien de l'Antiqui-
té tardive, sans doute lié à l'église qui s'est installée sur le site du Cesareum. Une
série de quatre citernes s'est installée dans la nécropole, coupant des sépultures.
Différentes phases sont en cours d'identification, avec structures visibles puis enter-
rées, liaison avec des bassins de fontaines, etc. Sous la nécropole, des collecteurs
de grande taille viennent d'être dégagés, ainsi que des cavités dans lesquelles
étaient installés des poteaux de bois et peut-être des plantations. Cette fouille de
sauvetage s'est achevée le 30 juin 2002.
(4) Citernes antiques: en 2002, le CEA a mené une nouvelle
campagne de fouilles sur le terrain confie par le Patriarche grec orthodoxe
d'Alexandrie 22, afin de démonter les citernes trouvées précédemment. Les citernes
étaient liées à des aires d'habitat, avec l'aménagement d'un réseau complexe de
bassins et. de canalisations correspondant sans doute à une activité artisanale néces-
sitant une large utilisation d'eau courante. Le mode de construction de ces bâti-

Dirigée successivement, durant la campagne 2002, par les archéologues Guillaume Hairy,
21

Frédéric Bourguignon, Philippe Cayn, Jean Siguoirt et Thibault Legrand, Jérôme Georges assu-
rant l'inventaire. Le CSA était représenté par les inspecteurs Émilie Nesaim Saad, Merwat Ahd
el-Salam, Bassem tbrahim Ibrahim et Inès Sobhi Mohammed.
Dirigée par Francis Choël et Marie Jacqucmin, archéologues. Le CSA était représenté par
22

les inspecteurs Nadia Mohamcd Kadr, Samiha Noshi Rafla et Hussem el-Miseri.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 11

ments a pu être mis en évidence, ainsi que leur durée d'utilisation et leur rapport
avec les structures antérieures sur lesquelles ils s'appuyaient. Sous le niveau de ces
citernes, le terrain présente un ensemble de structures de même direction, bâties
soit en gros blocs, soit en parpaings de petit module, sans doute d'époque romaine
(tardive ?), dont la fouille vient de commencer, à environ 2 m au-dessus de la
nappe phréatique ainsi que du rocher naturel.
Le dégagement de la citerne Al-Gharaba s'est continué pendant l'année
200223 à un rythme imposé par l'étroitesse des puits. Cette opération de déblaie-
ment demandera encore plusieurs mois avant que n'apparaissent entièrement les
structures de ce réservoir souterrain disposé sur deux étages de colonnes.
A la demande de Mohammed Abd el-Aziz, une série de sondages ont été en-
trepris dans l'enceinte du fort mamelouk de Qaitbay, à l'occasion des travaux de
restauration du monument. Ces fouilles" ont permis de mettre au jour une citerne
de grandes dimensions. Lié à une autre citerne voisine, destinée à alimenter la gar-
nison du château, ce réservoir souterrain n'a été qu'en partie dégagé, car il s'en-
fonce sous une rampe installée par Mohamed Ah. La toiture reposait sur quatre co-
lonnes de granite rose d'Assouan. Des chapiteaux antiques - notamment un beau
chapiteau corinthien - sont réutilisés comme bases des colonnes. D'autres son-
dages ont été pratiqués dans différents endroits de la forteresse, mettant en évi-
dence les onze phases d'aménagement du site depuis la période antique jusqu'à nos
jours. Un des sondages les plus remarquables a permis de dégager une série d'as-
sises de blocs hellénistiques au pied de la tour circulaire à l'est du donjon. Les ré-
sultats de ces travaux qui mettent en évidence la présence d'un bâtiment ptolé-
maïque sous le fort mamelouk seront publiés dans le volume Pharos I; ils ont été
présentés lors des troisièmes journées sur Alexandrie médiévale tenues au mois de
novembre 2002.
b) Aboukir: île de Nelson: la Mission archéologique italienne à
Alexandrie d'Égypte (MAIA - Université de Turin) a commencé les fouilles sur
l'île de Nelson en 199725. L'îlot se trouve en mer ouverte à quatre kilomètres au
nord du cap d'Aboukir, en face de l'ancienne ville de Canope et de son port Héra-
cleion, aujourd'hui submergé dans la baie d'Aboukir. En 1998 et 1999, un impor-
tant réseau hydraulique a été mis à jour dans la partie ouest de l'île26.
Les campagnes 2000 et 2001 ont révélé l'existence, sur le promontoire orien-
tal de l'île, de l'habitat d'une garnison militaire, qui fut bâti à la fin du 4' siècle av.
J.-C. et abandonné au début du 3'. II s'agit d'une trouvaille rare, étant donné qu'à
Alexandrie même, on ne connaît rien des maisons des premiers colons grecs. A
une vingtaine de mètres de l'habitat, sur le sommet du promontoire est, se trouvent
les restes d'un grand édifice monumental, bâti avec de gros blocs de calcaire (mo-
dule 100 x 50 X 50 cm): ce sont probablement les restes d'une puissante fortifica-
tion. Les vestiges trouvés sur l'île de Canope appartiennent donc à la seule installa-
tion militaire de haute époque hellénistique connue jusqu'à maintenant en Égypte.

23
Sous la direction d'Isabelle Hairy et Yves Guyard, architectes-archéologues.
24 Menées par Kathrin Maehinek, architecte-archéologue, assistée par Kareen Beveridge,
dessinatrice.
23
Rapport aimablement communiqué par Paolo Gallo.
26 Sur les
premiers résultats de ces fouilles voir Paolo Gallo, «The Peninsula and the Island
of Canopus: a History of Water and Sand)), dans: One Hundred Years in Egypt, Paths of Italian
Archaeology (Milan 2001) 130-149 = «La penisola e l'isola di Canopo: ana storia di sabbie e di
acque», dans: Cento anni in Egitto - percorsi dell'archeologia italiana (Milano 2001) 130-149.
12 Nicolas Grimai et Emad Adiy

De nombreux objets ont été retrouvés sur le lieu même où ils furent laissés lors de
l'abandon du site. De nombreuses armes - pointes de lances, balles de catapultes
en pierre etc. - montrent clairement la nature militaire du site. Une maison plus
importante, décorée d'enduits peints et incisés, a été retrouvée à l'ouest de l'habi-
tat: peut-être appartenait-elle au chef de la garnison. A l'intérieur, ont été trouvés
des projectiles de catapultes, des pointes de lances et un vase attique d'importation,
ce dernier datable vers 310 av. J.-C. Les timbres amphoriques ainsi que les céra-
miques importées permettent une datation assez précise du site. Son abandon
marque probablement la perte de son importance stratégique, sans doute à la suite
de la création du nouveau port d'Alexandrie, et à la fin des guerres entre Ptolémée
11, et les Diadoques pour la possession de la Méditerranée.
Des fouilles d'urgence ont mis en lumière le segment d'un collecteur souter-
rain d'eau aux parois recouvertes d'enduit hydraulique attenant à une citerne. Le
tunnel, haut de 2 m 20 et large de 80 cm à 1 m, s'enfonce au cour du promontoire
oriental sur environ 16 m. Sa fouille, qui n'a pas encore été achevée pour des rai-
sons de sécurité, sera reprise l'année prochaine. Le complexe hydraulique est da-
table de l'époque ptolémaïque ancienne, et appartient probablement à l'édifice mo-
numental situé au-dessus. Sur l'enduit, plusieurs insciptions grecques gravées ont
été repérées et étudiées.
Entre le 17e et le 18' siècles, ce tunnel souterrain a été utilisé aussi comme re-
fuge et comme cachette par les aventuriers et navigateurs de passage, qui ont laissé
leurs noms sur les parois, et parfois même leur portait. De nombreux graffitis, da-
tés entre 1798 et 1801, ont été laissés aussi par les marins de la flotte de Bonaparte
et par ceux de l'amiral Nelson, dont on a également retrouvé diverses sépultures,
attribuables à cette époque par la présence de matériel associé (bagues, fermoirs,
boutons d'uniformes militaires, balles de fusils.
Sur l'île se trouve aussi une nécropole de basse époque: un sondage effectué
dans la dépression de l'île divisant les promontoires oriental et occidental a mis en
lumière l'existence d'un tombeau hypogée à chambres, creusé entièrement dans la
tendre roche locale et contenant un grand sarcophage de style égyptien, taillé dans
un seul bloc de beau calcaire. A l'intérieur d'un loculus latéral, une autre momie a
été retrouvée encore en place, et, non loin encore, un sarcophage égyptien momi-
forme bivalve, ainsi que des oushebtis et des momies égyptiennes. Les corps em-
baumés étaient parés de masques de plâtre peint de bleu, d'or et de rouge, dont les
fragiles fragments se sont volatilisés sitôt dégagés. Des colliers faits de coquillages
perforés de diverses natures avaient été déposés sur les momies au moment de leur
ensevelissement. D'autres momies, mieux conservées, ont été recouvertes et proté-
gées en attendant leur fouille systématique.
Dans l'Antiquité, l'île était beaucop plus grande, mais, suite à des cata-
clysmes dont la nature exacte reste à déterminer, la mer a englouti la majeure par-
tie de sa superficie, de même que les cités voisines de Canope et Héracleion. Pour
cette raison, parallèlement aux fouilles terrestres, la MAIA a entrepris cette année
une première prospection sous-marine pour repérer la ligne de côte antique de l'île.
Carrières, amphores et autres objets manufacturés ont été relevés en grande quanti-
té et à une profondeur variant entre trois et cinq mètres; ils feront l'objet d'une
étude plus détaillée au cours de la prochaine campagne.
c) Kôm ed-Dikka: la mission du Centre Polonais d'Archéologie Mé-
diterranéenne de l'Université de Varsovie a poursuivi ses travaux du P' octobre au
31 décembre 2001 sous la direction de G. Majcherek pour l'équipe de fouille et de
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 13

W. Kolataj pour l'équipe de restauration 27. La campagne de cette année a visé en


et
priorité, dans l'optique d'une conservation à long terme, au travail archéologique
à l'aménagement dc la partie sud du site, afin de l'ouvrir au public. Dans les bains,
la voûte sur l'entrée de la zone de service souterraine a été en partie restaurée.
Dans la ville du Haut Empire qui se trouve entre les bains et les citernes, on a re-
mis en place deux colonnes de granite dans l'entrée d'une des salles de réception.
On a fait de même dans le portique du théâtre pour deux grandes colonnes, qui ont
été remises en place sur de nouvelles bases de calcaire. Afin de nettoyer ce même
ailleurs sur
portique, des fouilles ont été entreprises, mettant au jour comme partout
le site des tombes musulmanes des 11e_12e s. Les types de sépultures, comme les
objets associés, sont toujours du même type et témoignent de la vie économique
active d'Alexandrie dans le secteur méditerranéen à l'époque. On a également mis
au jour un auditorium du Bas Empire immédiatement au nord du théâtre; une sec-
tion du mur de fond du portique, de 26 m de haut, a été restaurée.
La campagne 2001/2002, sous la direction de G. Majcherek2<, qui a pris la
succession de W. Kolataj, s'est déroulée d'octobre 2001 à juin 2002. Les fouilles se
sont concentrées sur le portique, conditionnées dans leur avancement par celui des
travaux de restauration. Le dégagement du cimetière musulman s'est poursuivi, ain-
si que dc la vaste zone de déchets accumulés dès les 6e_7e s. sur la zone limitée par
le théâtre, le portique et les thermes, sur laquelle il s'est appuyé. Les tombes déga-
gées apportent, comme renseignements complémentaires à ceux fournis par la pré-
cédente campagne, la confirmation de deux étapes d'occupation du site, dont la
première se situe bien après la destruction du portique, probablement sous l'effet
d'un tremblement de terre au 81 s. Le cimetière une fois abandonné, le site est de-
venu une décharge publique. On a trouvé quelques stèles portant des versets du
Coran en Kufique, des tessons glaçurés égyptiens et importés, des verreries et des
fragments de lampes.
On a poursuivi, jusqu'à couvrir 60 m en tout, le nettoyage du mur de fond du
portique. On a terminé le dégagement de l'auditorium mis au jour la campagne
précédente, et on s'attend à en trouver d'autres au cours des prochains dégage-
ments le long du mur du fond. Ce sont probablement des lieux liés à un enseigne-
ment, mais dont on ne saurait encore dire s'il faut les associer aux structures
en
païennes ou chrétiennes. Deux colonnes de plus du théâtre ont été remises
26 m de du mur étaient restaurés, ainsi que, dans les
place, pendant que plus
thermes, trois voûtes des installations souterraines et celle du portique d'entrée.
«Les dieux
d) A hou kir: sur les travaux de 1'IEASM: Claude Guibal,
sortent des eaux, les égyptologues s'enflamment», Libération du 9-10 juin 2001;

D'après Polish Center Newsletter 6 (2001) et 8 (2002). Pour les campagnes antérieures:
27

Or 70, 354-355; W Kolataj, «Alexandria, Kom el-Dikka. Preservation Work, 1999/2000», PAM
12 (2001) 17-22; G. Majcherek, «Alexandria, Kom el-Dikka. Excavations, 1999/2000», ibid. 23-
34. - Ajouter à la bibliographie: Z. Kiss et al., Alexandrie, VII. Fouilles polonaises à Kôm el-
Dikka (Varsovie 2000).
Rapport aimablement communiqué par G. Majcherek. Les membres de l'équipe étaient
2<

R. Kucharczyk, I. Zych, G. Bukowska, M. Zuchowska, archéologues; W Kuczewski, W Weker,


E. Parandowska, restaurateurs; D. Tarara, architecte; E. Szpakowska, A. Niemirka, A. Iwanow-
ska, Lis, étudiants en archéologie, Le CSA était représenté par Ahmed Moussa et Mohammed cl-
Senussi.
14 Nicolas Grimai et Emad Adly

«Exclusif: Egypte, les premières photos d'Heracleion, la cité engloutie», Figaro


Magazine du 30 juin 2001; Robin Moger, «The Real Curse of the Pharaohs», Cai-
ro Times du 9 janvier 2002.
e) Bibliographie: on ajoutera à la bibliographie: M.-D. Nenna -
M. Seif el-Din, La vaisselle en faïence d'époque gréco-romaine (EtudAlex 4;
2000); J.-Y. Empereur M.-D. Nenna (éd.), Necropolis I (EtudAlex 5; 2001); M.
Volait (éd.), Le Caire Alexandrie. Architectures européennes 1850-1950
(EtudUrb 5; Le Caire 2001); E. Bernard, Inscriptions grecques d'Alexandrie ptolé-
maïque (BdE 133; 2001); Sally-Ann Ashton, «Cleopatra of Egypt», EA 18 (2001)
25-26; Ahmed Abd El-Fattah, «Two Monuments from Ancient Eleusis Site»,
Alexandrian Studies II in Honour of Mostafa El-Abbadi = BSSA 46 (2001) 79-86;
Anne-Marie Guimier Sorbet, «Tracés préparatoires pour le décor peint: quelques
exemples alexandrins», ibid. 127-136; Herwig Maehler, «Remarks on Some
Sculptures in Alexandria», ibid. 155-167; Catherine Metzger, «Tables d'Alexan-
drie», ibid. 169-178; Marie-Dominique Nenna, «Eventails, boîtes à fard et candé-
labres en faïence», ibid. 183-193; Hans-Christoph Noeske, «New Considerations
about an Old Alexandrian Hoard of Gold Coins and Jewelleiy», ibid. 195-218;
Shaheen Baheya, «Roman Black-end-white Mosaics from Alexandria», ibid. 237-
243; Stanwick, «Two Ptolemies in Alexandria», ibid. 51-58; Barbara Tkaczow,
«Topographie et architecture de l'ancienne Alexandrie. Nouvelles recherches et dé-
couvertes», ET 19 (2001) 329-336; J.-Y. Empereur, Alexandrina 2 (EtudAlex 6;
2002). Sur le survey de la côte préliminaire à l'extension de la corniche: Kernel
11/1 (janvier 2002) 87.

9. Kellia: on ajoutera à la bibliographie: N. H. Henein M. Wutt-


mann, Kellia, II. L'ermitage copte QR 195, 1. Archéologie et architecture (FIFAO
41; 2000), 2 vol.; Marguerite Rassart-Debergh, «Animaux dans la peinture kelliote
(&-8' siècles apr. J.-C.), dans: Ch. Cannuyer et al., L'animal dans les civilisations
orientales (AOB 14; 2001) 183-196,

10. Ou adi Nat r oun: sur la campagne 2000 dirigée par Karel Innemée
au Deir al-Suriani: L. Giddy, EA 18 (2001) 29.

11. Tell Abqa 'in: sur les fouilles de l'Université de Liverpool diri-
gées par Susanna Thomas en 2000-2001: L. Giddy, EA 19 (2001) 28.

12. Kôm Hamada: sur la découverte par l'Université de Damanhour


d'un temple consacré à Hathor datant de l'Ancien Empire et d'une nécropole d'é-
poque hyksôs: Kemet 11/1 (Janvier 2002) 86.

13. Naucratis: ajouter à la bibliographie: Albert Leonard Jr., Ancient


Naukratis. Excavations at a Greek Emporium in Egypt, 11. The Excavation at Kom
Hadid (AASOR 55; 2001); Ian Jenkins, «Archaic Kouroi in Naucratis: The Case
for Cypriot Origin», AJA 105 (2001) 163-180.

14. Abou Ghâlib: sur la reprise du matériel issu des fouilles


suédoises des années 30 de la ville du début du Moyen Empire: Tine Bagh, «Abu
Ghâlib, an Early Middle Kingdom Town in the Western Nile Delta: Renewed Work
on Materiel Excavated in the 1930s», MDAIK 58 (2002) 29-61 et pi. 7-9.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 15

Delta central

15. Bouto: ajouter à la bibliographie: Heike Wilde - Klaus Behnert,


«Salzherstellung im vor- und fràhdynastischen Agypten? Uberlegungen zur Funk-
tion der sogenannten Grubenkopfnàgel in Buto», MDAJK 58 (2002) 447-460 et
pl. 49-51; Anna Wodziñska, «Some Remarks on the So-called 'Meidum' Bowls
Found at Tell el-Fara'in-Buto», dans: First Central European Conference 169 sq.
a) Tell el-Fara'in: Pour la campagne 2000 de l'équipe du Deutsches
archäologisches Institut in Kairo dirigée par Ulrich Hartung: L. Giddy, EA 18
(2001) 29; 2001: L. Giddy, EA 19 (2001) 31; Martin Ziermann, «Tell el-Fara'in-
Buto. Bericht uber die Arbeiten am Gebàudekomplex der Schicht V und die Vorar-
beiten auf dem NordhUgel (site A)», MDAIK 58 (2002) 461-499 et p1. 52-54.
b) Ateliers céramiques: l'Egypt Exploration Society mit au jour
dans les années soixante d'importants ateliers de potiers de céramiques fines noires
et rouges, des périodes hellénistique et romaine29. Plusieurs prospections pédestres
effectuées en 1990, 1999 et 2000 par P. Ballet et A. Schmitt dans la partie nord du
site de Bouto/Tell al-Fara'in3° ont montré que les déchets d'ateliers s'étendent bien
au delà du modeste kôm fouillé par les Anglais. Il a donc paru opportun de re-
prende l'étude de ces ateliers, influencés par des modèles externes à l'Egypte, les
«vernis noir» grecs pour la période hellénistique, les céramiques fines à engobe
rouge pour la période romaine, et d'étendre le périmètre d'investigation à l'en-
semble de la zone septentrionale.
Deux missions préliminaires ont été menées du 9 au 20 mai et du 27 sep-
tembre au 15 octobre 2001 par l'Université de Poitiers, associée à PUNIR «Archéo-
logie et Archéométrie», Lyon». Ces deux interventions ont permis le relevé topo-
graphique de la zone septentrionale du Kôm A, effectué par N. Passera (topographe
vacataire, IFAO), et une prospection magnétique menée par T. Herbich (Institut
d'Archéologie et d'Ethnologie, Académie Polonaise des Sciences, Varsovie) assisté
du Dr Wielowiejski, sur un peu plus de 3 hectares.
Le plan topographique levé par l'Institut allemand dans la partie septentrio-
nale du Kôm A a ainsi été «habillé» et les 11 secteurs identifiés lors des pré-
cédentes prospections cartographiés. Il s'agit de zones caractérisées" principalement

29
D. Charlesworth, in: M. V Seton-Williams, «The Tell el-Fara'in Expedition, 1967», .JEA
53 (1967) 149-155; id., «Tell el Fara'in: The Industrial Site, 1968», .JEA 55 (1969) 23-30;
P. French, «A Preliminary Study of Pottery in Lower Egypt in the Late Dynastic and Ptolemaic
Egypt», CCE 3(1992) 90-93. La documentation des fouilles de PEES, qui concerne avant tout la
production des ateliers de la zone nord-est, est actuellement étudiée par R French et fera l'objet
d'une prochaine publication.
° P. Ballet - M. Vichy, «Artisanat de la c.éramique dans l'Egypte hellénistique et romaine.
Ateliers du Delta, d'Assouan et de Kharga», CCE 3(1992)109-111; R Ballet Th. von der way,
«Céramique romaine tardive et byzantine de la région de Bouto/Tell el-Fara'in (Delta)»,
MDAIK 49 (1993) 1-22; D. Faltings et al., «Zweiter Vorbericht uber die Arbeiten in Buto von
1996 bis 1999», MDAIK 56 (2000) t31-179, sp. p. 175-177 sur les ateliers hellénistiques et ro-
mains de Bouto.
Rapport aimablement communiqué par Pascale Ballet. La mission, composée de R Ballet,
3

chef de mission, E Béguin, J. Bourriau, R French, T. Herbich, S. Lacaze, A. Schmitt, A. Wielo-


wiej ski, a bénéficié d'une allocation de recherche accordée par le Ministère des Affaires étran-
gères (Direction de la Coopération scientifique et technique) avec l'appui scientifique et logis-
tique de l'Institut archéologique allemand (U. flartung, directeur de la concession de Bouto) et
de l'Institut français d'archéologie orientale.
16 Nicolas Grimai et Emad Adly

par la concentration de tessons représentatifs d'une période ou d'un faciès de pro-


duction, la présence de scories et des briques cuites et vitrifiées, de quelques arases
de fours et de surfaces rubéfiées; les murs de brique crue présents dans ce secteur
ont été également consignés et schématiquement relevés, dans la mesure où leur
état de conservation n'est pas toujours suffisant pour définir leur tracé exact.
La méthode de prospection par magnétométrie a été choisie, étant la mieux
adaptée à l'identification de fours de potiers et d'autres traces d'activités de pro-
duction céramique. En outre, la méthode magnétométrique est la seule permettant
d'enregistrer des vestiges d'architecture en brique crue dans un environnement argi-
leux 32. La grille du survey géophysique avait comme référence les points implantés
par le service topographique de l'Institut français d'archéologie orientale en mai
2001. Dans la partie ouest des pentes nord du Kôm A, des vestiges de production
céramique sont visibles: la carte magnétique révèle parfaitement les concentrations
de scories et de céramiques. En outre, un certain nombre d'anomalies, de forte
densité, suggèrent la présence d'au moins onze fours et de bâtiments. Sur les bor-
dures est des pentes du Kôm A et dans les zones basses sud et est du tell, une
vingtaine d'anomalies circulaires ont été identifiées comme des fours, groupés en
batterie, et parfois situés dans des secteurs dont la surface ne révèle aucune activité
apparente de production céramique ou de forte combustion. La prospection magné-
tique a également mis en évidence des traces de bâtiments. Les fours, révélés par
magnétométrie, sont situés sur les franges et les premières terrasses du Kôm A,
confirmant ainsi le résultat des prospections pédestres, et dépassent largement le
nombre attendu; d'autres unités sont également localisées dans la partie basse de la
zone archéologique, alors qu'aucun vestige n'apparaît en surface. L'extension du
quartier industriel de Bouto est donc plus importante qu'elle ne le semblait de
prime abord; il dépasse largement les limites du Kôm A actuellement visibles vers
le Nord et l'Est, atteignant même la bordure des terres cultivées.

16. Sais
a) Bibliographie: ajouter à la bibliographie: Mervat Seif el-Din,
«Bronze Hoards from Sais (Sa el-Haggar)» BSAA 46 (2001) 219-236.
b) EES: la campagne 2000-2001 de FEES s'est déroulée en deux temps:
du 3 août au 22 septembre 2000 et du 21 mars au 9 avril pour la mission dirigée
par Penny Wilson 33.
(1) Carrotages: 38 se sont ajoutés aux 16 effectués l'année pré-
cédente. Des sections horizontales ont été faites dans des zones de l'enclos nord et
du grand puits, ainsi que des recherches dans le village de Kawady et en des lieux
divers, incluant le secteur à l'ouest du grand puits (Birket Kebira) et la porte sud
de l'enclos nord. Les premières conclusions qui peuvent en être tirées sont un dé-
placement vers l'est de la branche du Nil, et que village de Kawady était à l'é-
poque romaine une zone occupée, peut-être un cimetière; le grand puits présente
une accumulation de 7 m sur une grande surface, peut-être contemporaine de la
plus ancienne céramique. Les canotages ont fait apparaître, enfin, des blocs de cal-

32À l'aide d'un gradiomètre FM 18 (Geoscan Research, Angleterre).


D'après le rapport annuel 2000/2001 de l'EES; pour les campagnes antérieures, voir
Or 70, 358-359; le rapport annuel de l'EES dans JEA 86 (2000) t-22. Ajouter à la bibliographie:
Penny Wilson, «Sais and its secrets», EA 18 (2001) 4-6; L. Giddy, ibid. 28; le rapport annuel de
l'EES dans JEA 87 (2001) 1-22.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 17

caire et de quartzite dans plusieurs endroits de la porte sud et à l'endroit où un sur-


vey de résistivité avait montré, en 1998, des bâtiments à 3 ou 4 m sous la surface
du sol.
(2) Kôm Reboua: un sondage de 10 X 10m a révélé, dans la partie
orientale, un mur de 5 m de large, contemporain ou peut-être juste postérieur à la
céramique du début de la période saïte qui l'accompagne. Dans les débris du mur,
on a trouvé des fragments de terres cuites votives figurant des cobras, Ouadjet ou
Renenoutet sans doute. A l'ouest du mur sont apparus des vestiges de constructions
éphémères, datables par le matériel du 7 s. av. J.-C. A l'est, se trouvaient des frag-
ments du mur principal, de la céramique, un petit fragment de statuette en calcaire,
un autre de table d'offrande en granite. On a trouvé un sol associé à la destruction
des bâtiments antérieurs, sous lequel se trouvaient des murs alignés obliquement,
dans les couches de destruction desquels sont apparus des vestiges de placage d'or
sur bois et cartonnage, et d'autres objets confirmant l'époque saïte pour le bâtiment
et une datation antérieure pour les structures en-dessous.
(3) Birket Kebira: un sondage effectué, jusqu'à la limite de la re-
montée d'eau, dans la partie occidentale du grand puits, comme suite à la dé-
couverte d'un tesson prédynastique dans le carrotage de 1999, à confirmé des
couches entre 1,5 et 3 m du sol, datable du Prédynastique et des premières dynas-
ties. Par comparaison avec le matériel de Bouto, le tesson dégagé à -7 m appartien-
drait à la culture Bouto-Maadi. Le tout confirme que l'implantation la plus an-
cienne du site devait se situer à la limite ouest du grand puits et s'étendre jusque
sous les maisons les plus à l'ouest du village actuel.
(4) Divers: des coupes ont été effectuées dans le grand puits et, à
Kôm Reboua, un survey de surface partiel et un projet de forage de six puits pro-
fonds a été conclu avec l'Université de Mansoura, de façon à étudier les branches
locales du Nil.
(5) Survey magnétométrique: Penny Wilson et Duncan Hale ont
profité de l'époque de la récolte agricole pour analyser l'intérieur de l'enclos nord
et ses alentours. Sur les quelque 9 ha étudiés, et en tenant compte de ce que le re-
pérage ne dépasse pas 4 m de profondeur, on peut déjà dire que des structures ap-
paraissent dans l'enclos, dans l'espace qui sépare les deux partie de Kôm Reboua,
sur la partie ouest du site vers la piste; un bâtiment en pierre de 20 m2, avec peut-
être à côté des éléments en granite se trouve au nord-est du grand puits; la partie
nord de ce dernier recèle, au niveau de la fondation du tenple saïte ou en-dessous,
un autre puits34.

17. Tell Mutubis: Penny Wilson a entrepris, du 10 au 15 avril 2000,


la cartographie et un premier relevé archéologique du site". Couvrant approxima-
tivement 280 X 180 m, il s'élève à 12 m; le tell est couvert de tessons, accompa-
gnés de verre, monnaies, fragments de calcaire, granite rouge et tuf volcanique et
de restes organiques. La partie nord est gagnée par l'eau; les vestiges d'un rempart
en brique crue apparaissent encore à l'ouest. Au sud apparaissent des vestiges de
deux structures de brique, dont l'une, une citerne en brique cuite et mortier rose, a
peut-être été dégagée par des fouilles antérieures. Au sud, des structures appa-

Voir également: L. Giddy, EA 19 (2001) 29.


D'après le rapport annuel 2000/2001 de l'EES; L. Giddy, EA 19 (2001) 29; le rapport an-
nuel de I'EES dans JEA 87 (2001) 1-22.

Orientalia - 2
18 Nicolas Grimai et Emad Adly

missent, ainsi qu'une colonne en brique de 3 m de haut; des fragments de calcaire


et de granite rouge travaillés semblent avoir été dégagés récemment. Le matériel
céramique de surface semble dater du Bas Empire.

18. Samanoud: ajouter à la bibliographie: Neal A. Spencer, «Sama-


nud: the Urban Context», JEA 87 (2001) 23-32.

19. Q u es na: sur la nécropole: Farouk Gomaà - El-Sayed Flegazy, Die


neuentdeckte Nekropole von Athribis (AuAT 48; 2001); Elsayed Hegazi, «Quesna:
New Site in the Delta Yields Burials», Kemet 13/1 (2002) 30-35.

20. Tell Atrib: ajouter à la bibliographie: Karol Myliwiec, «Ein


fruhptolemàisches Königsbiidnis aus Athribis (Nildelta)», MDAI Athenische Ab-
teilung 112 (1997) 307-315 et pl. 42-44; id., «Isis, Hathor ou Cléopatre? - à pro-
pos d'une figurine trouvée à Tell Atrib», ET 19 (2001) 264-275.

21. Tell el-Balamun: la 11e campagne du British Museum s'est dé-


roulée du 14 au 22 avril 200136. Les travaux se sont concentrés sur la poursuite de
l'étude de l'enceinte ramesside du temple, dont une partie a été découverte lors des
deux dernières saisons, et des couches qui y sont associées. Les fouilles ont repris
à l'angle oriental, sur le sondage de 16 m de long entrepris dans l'épaisseur du mur
d'enceinte. On a ainsi mis au jour une occupation civile datant de la Troisième Pé-
riode Intermédiaire à l'extérieur. Ces maisons ont été systématiquement arasées,
sans doute à la XXVIC dynastie, au moment où le temple de Psammétique Il, s'est
développé. La stratigraphie a d'ailleurs montré que le mur, que l'on supposait ra-
messide, se développe au-dessus de ces maisons, laissant ainsi supposer à cet en-
droit une réfection de la Troisième Période Intermédiaire. Ce qui explique la
différence de niveau et de qualité de l'enceinte à cet endroit. En continuant la des-
cente, on a retrouvé le niveau ramesside sous la réparation de la Troisième Période
Intermédiaire, sous laquelle on a découvert des céramiques de la XXIe dynastie. Ce
qui confirme que, à cet endroit comme on l'avait constaté aussi pour l'angle ouest
en 1998-1999, l'enceinte était partiellement effrondrée à la XXP dynastie. Plus loin
au sud-ouest, on a retrouvé, environ à 30 m de l'angle dégagé en 1999-2000, dont
on sait maintenant qu'il fait partie de la reconstruction de la Troisième Période
Intermédiaire, une structure ramesside en briques, d'environ 7 m d'épaisseur, traver-
sée par deux drains parallèles couvrant environ 6,75 m, faits, l'un de blocs de calcaire
ménageant un conduit de 45 cm, l'autre de céramique, de 34 à 19 cm, qui devaient
permettre l'écoulement de l'eau à l'angle oriental. Le nettoyage d'un sondage
ouvert précédemment à l'ouest a permis de confirmer une largeur maximale de
14,70 m pour l'enceinte nord-est, avec 11,70 m contre l'aile sud-est du pylône du
temple. Soit la même chose que ce que l'on a trouvé en 1999 pour la partie
nord-ouest. A l'emplacement du pylône ramesside, divers dépôts secondaires ont
recouvert l'espace laissé libre par son démantèlement. En fin de saison, on a entre-
pris de sonder la zone située au bord du grands puits qui se trouve immédiatement
à l'ouest du petit temple de Nectanebo I. On a trouvé, juste en face du temple, les

Rapport aimablement communiqué par Jeffrey Spencer, qui était assisté de Patricia Spen-
36

cer. Pour la campagne précédente: Or 70, 360-361. - Ajouter à la bibliographie: Jeffrey Spen-
cer, «An elite cemetery at tell el-Balamun», EA 18 (2001) 18-20; L. Giddy, EA 19 (2001) 31.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 19

restes sur deux mètres de deux tranchées de fondation parallèles de 3,15 m de large
et situées à 1,57 m de l'axe. Elles permettent de supposer un bâtiment d'époque
ptolémaïque ajouté dans l'axe du temple.

22. M e n dès: le rapport préliminaire de la dixième campagne (2000)37


de fouilles menées par l'Université d'État de Pennsylvanie est publié dans The
Akhenaten Temple Project Newsletter September 2000/3, 1-4. Sur l'hypogée des
béliers dégagé en 1996 par l'équipe de D. B. Redford38, voir Susan Redford, «The
Mansion of the Sacred Rams)), The Akhenaten Temple Project Newsletter March
2000/1, 1-3. Ajouter à la bibliographie: L. Giddy, EA 18 (2001) 28.

23. Kôm al-Khilgan: cette mission franco-égyptienne prévue dans le


cadre du sauvetage des sites menacés du Delta s'est déroulée pour sa première
campagne du 25 mars 2002 au 1& mai 2002. L'objectif était d'effectuer des pros-
pections géomorphologiques sur le site de Kôm al-Khilgan et ses environs,
accompagnées de fouilles et d'une étude du matériel. L'Ifao a apporté à cette pre-
mière campagne un appui financier et logistique 39. Lors d'une visite sur le site, ef-
fectuée en fin de campagne, nous avons pu constater que l'un des principaux résul-
tats de cette année est la mise en évidence de deux périodes principales
d'occupations: prédynastique et époque hyksôs, avec des traces de présence beau-
coup moins marquées mais existantes pour le Moyen Empire.

24. Tell Tebilla: voir l'annonce des nouvelles fouilles sur le site de
la Troisième Période Intermédiaire dirigées par Gregory Mumford dans The Akh-
enaten Temple Project Newsletter March 2000/1, 3-4; un premier rapport prélimi-
naire: ibid. l-4; SSEA Newsletter septembre 2001, 2.

25. Tell el-Farkha: la campagne s'est deroulée du 20 février au 7


mai 2002 sous la direction de Marek Chlodnicki et Krzysztof M. Cialowicz40. Les
travaux se sont déroulés sur les trois tells du site. Sur le tell occidental, le travail
s'est concentré sur la même zone qu'en 2001, mais s'est attaché à des strates plus
anciennes. Les recherches se sont portées essentiellement sur des zones associées

37 Pour les rapports précédents: Or 70, 361.


38
Or 66, 234-235.
> D'après Rapport JFAO 2001-2002. Les participants étaient François Briois, archéologue,
Nathalie Buchez, céramologue-archéologue, Eric Crubézy, anthropologue-archéologue, Morgan
de Dapper, géologue, Christiane Hochstrasser-Petit, dessinatrice, Georges Larrouy, anthropo-
logue-biologiste, Béatrix Midant-Reynes, archéologue (chef de mission), Arnaud Saltré, Lue
Staniaszek, anthropologue-archéologue.
Rapport aimablement communiqué par Marek Chtodnicki. La mission comprenait
40

Krzystof Cichowski, Joanna Dçbowska, Maciej Jordeczka, Ryszard Kirkowski, Piotr Szejnoga
(responsables de chantier), Mariusz Jucha and Agnieszka Maczyàska (céramologues), Maria
Ablamowiez et Daniel Makowiecki (archéozoologues), Lucyna Kubiak-Martens (paléobota-
niste), Artur Rewekant (anthropologue), Maciej Pawlikowski (géologue) ainsi que des étudiants
en archéologie des universities de Poznaà et Cracow. Pour les campagnes precedents, voir Or 70,
361; Marek Chlodnicki et al., «Tell el-Farkha Seasons 1998-1999. Preliminary Report»,
MDAIK 58 (2002) 89-118; Mariusz Jucha, «Initial Results of Research on Predynastic and Early
Dynastic Pottery from Tell el-Farkha (1998-1999)», dans: First Central European Conference
39-46; Marek Chlodnicki - Krzyztof M. Ciatowicz, «Tell el-Farkha Interim Report, 2000», PAM
12 (2001) 85-98; K. M. Cialowiez M. Jucha, «Tell el-Farkha 1998-2000. Stratigraphy and
Chronology of the Western Tell», dans: Second Central European Conference, Abstracts 5-6.
20 Nicolas Grimai et Emad Adly

aux phases 4 et 3 de Tell el-Farkha, qui sont contemporaines de Nagada III. Le tra-
vail a commencé avec la poursuite de l'exploration de la zone du temple, sur la-
quelle un grand nombre d'objets a été trouvé, dont le plus important est une grande
palette de schiste ayant la forme d'un faucon. On a également travaillé sur ce que
l'on appelle la "résidence nagadienne", dont on a atteint le niveau cette année. Sa
plus grande partie était recouverte d'une épaisse couche de limon et des couches de
cendres blanches et noires. Il est évident que l'édifice fut incendié et ensuite recou-
vert par les eaux du Nil. On a trouvé des vestiges de beaucoup d'autres édifices, à
l'ouest, au nord et au sud de cet édifice. La plupart paraît associée à la première
occupation des Nagadiens, qui arrivèrent sur le site à la fin de Nagada lid ou au
début de Nagada III.
Les fouilles sur le tell central ont été poursuivies dans la tranchée fouillée en
2000. On a ainsi isolé un ensemble architectural constitué de petites pièces entou-
rant une cour, que l'on date de la phase 4 de Tell el-Farkha. On y a trouvé plus de
cinquante foyers et fours de différents types. Certains ont livré des céramiques en-
tières. On a également découvert les restes d'un silo à grain. La fouille de cette
zone a livré un abondant matériel, essentiellement céramique; mais aussi un atelier
de taille conservant des centaines de silex. L'ensemble montre qu'au début de l'é-
poque dynastique, le tell central servait comme zone de service du temple et de
l'espace résidentiel situés à l'ouest. On a ouvert un sondage sur la face sud du tell:
on n'y a trouvé que des vestiges de la plus ancienne culture de Basse-Égypte, no-
tamment des puits, des trous de poteaux et traces de culture. Deux tranchées ont
été ouvertes sur la partie orientale du tell, la première sur la frange sud, à l'endroit
où l'on avait repéré en 2001 un cimetière. On a dégagé complètement quatre
tombes et partiellement une cinquième: elles datent de Nagada lila/b à la dynastie
0/1. D'autres tombes, découvertes cette année, seront fouillées lors de la prochaine
campagne. Sur le versant est du tell, on a découvert un édifice arrondi de 8 m de
diamètre, et dont le sol était construit d'un caissonnage de briques d'argile et de
sable mélangé, dont les interstices étaient maçonnés d'argile. Cette structure est
peut-être à mettre en relation avec le rôle funéraire du tell.

Delta oriental

26. Tanis: la mission française de Tanis, dirigée par Philippe Brissaud


a poursuivi ses travaux du 2 octobre au 15 novembre 2000. La couverture aé-
rienne par cerf-volant du site a été poursuivie, ainsi que l'étude et la préservation
du kharib Sân, du temple de l'Est: SFFT Newsletter 24 (2000); Philippe Brissaud,
«Tanis, résultats récents: 1997-2000», BSFE 150 (2001) 26-41. La campagne 2001 a
été concentrée du 10 septembre au 30 décembre. Un accent particulier a été mis sur
la numérisation photographique, l'enregistrement documentaire et la couverture aé-
rienne du site. Dans le même temps, les travaux se sont poursuivis dans le temple
de l'est, l'angle sud-est du temple d'Amon et la zone des fours, située à l'ouest du
temple de Khonsou, dont la cour et la porte ont été également explorées: voir
SFFT Newsletter 25 (2002). La campagne de printemps 2002 s'est déroulée du 15
avril au 31 mai: voir SFFT Newsletter 26 (2002).

" Pour les


campagnes antérieures: Or 70, 362-363; L. Giddy, EA 18 (2001) 29.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 21

Ajouter à la bibliographie: José Lull, «A Scene from the Book of the Dead
Belonging to a Private Twenty-first Dynasty Tomb in Tanis (Tomb of Ankhef-
enimenou)», JEA 87 (2001) 180-186.

27. Qantir: sur le nettoyage, en 2000, par l'équipe du Pelizaeus-


Museum d'Hildesheim dirigée par Edgar Pusch, du puits construit en talatates jadis
découvert à Samana par Labib Habachi: EA 18 (2001) 10. - Sur le survey magné-
tométrique effectué la même année: L. Giddy, EA 18 (2001) 29.

28. Tell el-Dab'a: sur la campagne 2000: L. Giddy, EA 18 (2001)


29; - 2001 (ateliers associés au palais de la XVIII' dynastie, niveaux hyksôs):
SSEA Newsletter janvier 2002; L. Giddy, EA 19 (2001) 31.
Ajouter à la bibliographie: Manfred Bietak (éd.), The Synchronisation of Civi-
lisations in the Eastern Mediterranean in the Second Millenium B.C., Proceedings
of International Symposium at SchloB Haindorf, 15th-17th of November 1996, and
at the Austrian Academy, Vienna, llth-12th of May 1998 (DOAW 19; 2000);
Claude Vandersleyen, «Les peintures minoennes de Tell el-Dab'a (Avaris) et l'hy-
pothèse d'un mariage princier», Mélanges offerts à Edith Varga (Bulletin du Musée
hongrois des Beaux-Arts, Supplément 2001; Budapest) 461-474.

29. Minschat Abou Omar: ajouter à la bibliographie: Karla Kroe-


per - Dietrich Wildung, Minschat Abu Omar, II. Gràber 110-204 (Mainz 2000).

30. Tell Ibrahim Awad: la 12' campagne de fouilles de la mission


conjointe de la Netherland Foundation for Archaeological Research in Egypt, l'A-
cadémie russe des Sciences et l'Université d'Arkansas, a eu lieu d'avril à juin
2001, sous la direction de Willem M. van Haarlem42. Les travaux se sont concen-
trés sur la zone du temple et sur le cimetière adjacent. Le niveau de la gezira a pu
être atteint dans le temple, et, juste au-dessus, plusieurs murs de briques, parallèles,
mais à un niveau inférieur au dernier mur trouvé en 1999. On peut en déduire que
le temple original se trouvait en dehors de la zone fouillée, à l'emplacement d'une
orangeraie actuelle, tandis que le temple postérieur, lui, se trouve dans la zone de
fouille. A l'extérieur de ces murs, on a trouvé des sortes de cabanes, avec un foyer,
ainsi que d'autres foyers associés, dont on ne saurait dire s'ils ont servi à la cuisine
ou à la production de faïence ou de métal. On remarquera que l'on a trouvé de
telles installations dans le secteur prédynastique situé sur la partie occidentale du
tell. Sur le niveau le plus bas, on a trouvé, enfin, des traces d'installations tempo-
raires, que l'on pourra dater par la céramique. On a fouillé 17 nouvelles tombes du

Rapports 2001 et 2002 aimablement communiqués par W M. van Haarlem. L'équipe


42

comprenait, en 2001, Alexej Kroll, Doris Köther, archéologues; Jerome C. Rose, Melinda
J. King, anthropologues; Vincent Boele, restaurateur; Dieter Eigner, architecte-archéologue; Jor-
rit Kelder, photographe et dessinateur. - En 2002: Jorrit Kelder, photographe et dessinateur; Sa-
lima Ikram, égyptologue et zoologue. Pour la campagne 2000: Or 70, 366-367. Ajouter à la bi-
bliographie: Willem M. van Haarlem, «An Introduction to the Site of Tell Ibrahim Awad»,
AegLev 10 (2000) 13 sq.; id., «Tell Ibrahim Awad», EA 18 (2001) 33 sq.; Dieter Eigner, «Tell
Ibrahim Awad: Divine Residence from Dynasty O until Dynasty 11», AegLev 10 (2000) 17 sq.;
L. Giddy, EA 19 (2001) 31; T. A. Serkova, «Archaeological Discoveries in the Nile Delta», Vest-
nik 72/1 (2002) 22-25 (en russe); G. A. Belova - T. A. Serkova (éd.), Ancient Egyptian temple at
Tell Ibrahim Awad (Moscou 2002).
22 Nicolas Grimai et Emad Adly

cimetière de l'Ancien Empire, portant ainsi à 80 le total des sépultures dégagées.


Au contraire des tombes de la Première période intermédiaire, les tombes de l'An-
cien Empire (datées par une empreinte de sceau au nom d'Ouserkaf trouvée en
2000), présentent une architecture élaborée. Une partie de la zone d'habitat, anté-
rieure à l'Ancien Empire, a manifestement été occupée par des tombes, qui la
coupent. Dans ces maisons, on a trouvé, en particulier, une pièce qui a probable-
ment été une cuisine, d'après les restes de foyers, d'animaux, outils et céramiques.
La treizième campagne s'est tenue du 18 au 28 mai 2002. Le survey magné-
tique, ajourné la campagne précédente, à cause de l'état de santé de Tomasz Her-
bich, l'a été également cette année, cette fois-ci pour raisons financières. Pour ces
mêmes raisons, la campagne s'est limitée à l'étude et à la documentation. Ce qui a
permis d'achever la photographie, le dessin, le relevé et la restauration des objets
(poteries et ivoires essentiellement) précédemment dégagés, ainsi que l'étude des
vestiges animaux. L'analyse de la céramique de la Première période intermédiaire
et de l'Ancien Empire a été poursuive (Fig. 2 a, b, e).

31. Tell B eli m: une seconde visite, faite par Patricia et Jeffrey Spen-
cer en avril 2000 sur le site de Tell Belim43 a confirmé l'existence d'un temple aux
confins ouest du tertre, dans une zone menacée par l'extension des cultures.
Comme l'ensemble du site, qui l'est par l'installation dans la région de fermes de
pisciculture. Un relevé en plan du site a été effectué en septembre 2000 par posi-
tion de points. Les fondations du temple sont environ de 80 x 25 m et sont encore
visibles dans le coin nord-ouest, tandis que des blocs de basalte sont dispersés au
nord. On voit encore l'enceinte de brique crue, et une photo aérienne de la RAF
prise en 1935 en montre toute l'étendue, entamée aujourd'hui par les pêcheries. La
partie occidentale du temple, qui s'enfonce en pente douce dans l'eau, a servi de
cimetière, qui contient des sépultures en sarcophages de céramique ou en jarres,
comparables à celles de Tanis et Nebesha, et datant de l'époque ramesside à la
Troisième Période Intermédiaire. La céramique du tell révèle une occupation d'é-
poque romaine à l'est, dynastique à l'ouest. L'ensemble tend à confirmer l'identifi-
cation du site à Herakleopolis Parva.

32. Tell Tinnis: sur les sondages effectués par Alison Gaseoigne
dans les structures médiévales: L. Giddy, EA 19 (2001) 31.

33. Tell Madam: la première campagne de la mission de l'Université


d'Angers s'est déroulée du 17 juin au 10 juillet 2001 sous la direction de J.-Y. Car-
rezMaratrayu. Le site était connu du CSA mais ne figurait sur aucune carte. Des
relevés GPS permettent désormais de le localiser à 4 km à l'ouest/nord-ouest de
tell Belim, soit à mi-chemin de Tanis à l'ouest et du canal de Suez à l'est. Sa
faible élévation au milieu d'une zone marécageuse (Fig. 4), en cours d'aménage-
ment agricole, justifiait un survey d'urgence qui a mis en évidence plusieurs
contextes environnementaux: des zones basses de campagne antique ou de paléo-

'
D'après le rapport annuel 2000/2001 de 1'EES; pour la première campagne, voir Or 70,
367. Ajouter à la bibliographie: L. Giddy, EA 18 (2001) 28.
Rapport aimablement communiqué par Jean-Yves Carrez-Maratray. La mission compre-
44

nait aussi Nathalie Carcaud, géographe paléo-environnementaliste et François Comte, archéo-


logue. Inspecteur CSA, Hani Youssef.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 23

lagunes, une occupation urbaine, avec habitat et nécropole, datant de l'époque gré-
co-romaine, et d'importantes accumulations de déblais artisanaux, provenant très
vraisemblablement d'ateliers de verriers.

34. Tell e 1- Borg: sur le survey effectué par Jim Hoffmeier dans le
cadre de son projet «East frontier Archaeological Project):
L. Giddy, EA 19 (2001)
32g>.

35. Tell et-Herr: pour la troisième et dernière saison consécutive de-


puis 16 ans, le travail a été réparti entre la campagne de printemps et la campagne
d'automne 2OOV. La première portait sur les niveauK du 5' siècle, la seconde sur
les niveaux du 4° siècle. Durant la campagne de printemps, la Mission archéo-
logique égypto-suisse dirigée par le professeur Charles Bonnet a en outre dégagé,
étudié et restauré les églises du site de Tell el-Makhzan en collaboration avec l'é-
quipe de Tell el-Herr. La campagne a essentiellement consisté à fouiller jusqu'au
sol vierge le complexe A, situé dans l'angle sud-est de l'enceinte d'époque perse,
et à en amorcer l'étude. On a également achevé le dégagement du complexe pala-
tial du 4' siècle et de ses annexes, de fouiller un secteur intermédiaire entre le pa-
lais et les habitats étudiés au cours des premières campagnes et de contrôler les
liaisons stratigraphiques entre ces différents quartiers. Dans la partie ouest de la
fouille, diverses structures appartenant respectivement aux niveaux postérieurs à l'a-
rasement de la forteresse d'époque perse et aux niveaux contemporains de la forte-
resse du 4' siècle ont été mises au jour, relevées et partiellement déposées afin de
dégager la superficie totale du complexe. Une large étude stratigraphique permet-
tant de préciser les relations chronologiques de ces différents aménagements a été
conduite par François Pichet de Clairfontaine dans l'ensemble de la zone. La
fouille du complexe a mis en évidence un grand nombre de phases de construction
et d'occupation, Une partie d'entre elles sont contemporaines des enceintes de la
forteresse du 5° siècle. Les maçonneries les plus anciennes leur sont néanmoins an-
térieures. Il s'agit indubitablement d'un gros complexe de stockage tel qu'on en
rencontre dans les forteresses servant de bases logistiques aux armées et ex-
péditions à l'étranger. Une puissante fortification devait exister au sud du complexe
avant la création de l'enceinte, tandis qu'à l'ouest plusieurs murs extérieurs - dont

Ajouter à la bibliographie: N. Grimal, «La danse des peuples aux marches du royaume».
CRAIRL 2001, 1157-1180.
Rapport aimablement communiqué par D. Valbelle. La Mission dirigée par Dominique
46

Valbelle, professeur aux universités Charles-de-Gaulle - Lille III et Paris IV - Sorbonne, se


composait également, pour la partie française, de Charles Bonnet, professeur à l'Université de
Genève, François Fichet de Clairfontaine, conservateur en chef du Patrimoine, René-Pierre Dis-
saux, ingénieur au CNRS, François Delahaye, archéologue à l'Afan, Nathalie Favry (docteur en
égyptologie, Université de Lille III) et El-Sayed Mahfouz, maître de Conférence à l'Université
d'Assiout (doctorant en égyptologie, Université de Lille III), Catherine Defemez (docteur en
égyptologie, Université de Lille îîî et Ifao) et Delphine Dixneuf, doctorante (Université de Poi-
tiers), céramologues, Hassan Mohamed Ahmed, restaurateur (IFAO), ainsi que, pour la partie
égyptienne, Ahmed Rashad Amar, et Khaled Youssef, inspecteurs du Nord-Sinaï. Ont participé
également à la campagne d'automne Giorgio Nogara, archéologue, Louis Chaix, professeur d'ar-
chéozoologie à l'Université de Genève, Hala Barakat, paléobotaniste (Faculté des Sciences de
l'Université du Caire). Pour les campagnes précédentes, voir Or 70, 368-370. Ajouter à la bi-
bliographie: Dominique Valbelle, (<A First Persian Period Fortress at Tell el-Hem>, EA 18 (2001)
12-14: L. Giddy, EA 18 (2001) 29; 19 (2001) 31-32.
24 Nicolas Grimai et Emad Adly

une tour sont coupés lors de l'édification de celle-ci. Les annexes sont consti-
tuées de silos appuyés contre le mur de façade, au nord-est du complexe. De tels
dispositifs sont attestés par les maquettes de la Première Période Intermédiaire et
par les complexes de stockage du Nouvel Empire fouillés par le CSA à Tell el-
Rataba, dans le Ouadi Toumilat.
Les résultats obtenus au cours des précédentes campagnes ont permis de
commencer la description systématique des différentes composantes du complexe
palatial du 4e siècle av. J.-C. situé dans la partie nord-ouest du tell et de ses an-
nexes (Fig. 3). Les zones dégagées jusqu'à présent dans le secteur situé au
sud-ouest du palais proprement dit suggèrent qu'il s'agit d'une zone résidentielle,
reconstruite à plusieurs reprise. De la céramique domestique de très belle facture y
a été recueillie. La découverte, depuis plusieurs campagnes, d'étiquettes de jarres,
et d'autre sortes de mobilier inscrits en démotique, en grec et en araméen dans les
niveaux du 4e siècle et ultérieurs devrait enrichir notre connaissance des établisse-
ments correspondants, jusqu'ici essentiellement accessibles à partir de leurs vestiges
archéologiques et de la céramique qu'ils renfermaient.
" 36. Tell el-Makhzan: après une interruption d'un an, les recherches
ont repris à Tell el-Makhzan sous la direction de Charles Bonnet dans le cadre
d'une nouvelle organisation définie par Fathi Taiha, directeur de la Section Isla-
mique du Conseil Suprême des Antiquités pour le Nord-Sinai, avec la collaboration
du Dr. Mohamed Abd el-Samie, directeur du Centre archéologique du Sinai47. C'est
en effet une Mission égypto-suisse qui a désormais la charge d'établir une docu-
mentation détaillée du site et de mener des études ponctuelles destinées à mieux
comprende l'évolution des édifices de culte. Parallèlement et en étroite collabora-
tion avec la Mission, les inspecteurs de la Section Islamique du Conseil Suprême
des Antiquités poursuivent le dégagement d'une partie de l'ensemble architectural.
Un programme de restauration a également débuté, qui devrait permettre, par
étapes, de mettre en valeur ce haut lieu de pèlerinage.
Les fouilles se sont ainsi limitées en 2001 au nettoyage systématique des
structures de l'église et de ses abords immédiats. Il était clair que les vestiges au
nord et à l'ouest étaient directement associés au sanctuaire, aussi les décapages ont-
ils été un peu élargis. La première campagne de restauration a porté sur les amé-
nagements liturgiques de l'église nord. De puissants fondements en briques cuites
ont permis d'etayer les bases des barrières de la solea et du presbyterium. Quant au
béma, l'état de conservation des trois premiers degrés a permis de restituer l'éléva-
tion et, ainsi, de redonner à l'abside ses proportions initiales. Les travaux de
fouilles entrepris tout autour de l'atrium de l'église nord ont apporté d'utiles
compléments aux précédentes publications. Un vaste ensemble architectural a no-
tamment été dégagé; il semble appartenir à l'entrée principale du complexe reli-
gieux et servait sans doute à l'accueil des voyageurs et pèlerins.
On a nettoyé les structures de l'église méridionale; l'analyse des murs et le
dessin précis de chaque état des constructions ont permis de déterminer trois
grandes phases. Des études approfondies ont été menées dans l'église nord et un
plan général, avec l'atrium, a pu être réalisé. On a fouillé de manière plus dévelop-
pée le sous-sol du martyrium, où le matériel inventorié a fourni des datations du &

Rapport aimablement communiqué par Dominique Valbelle.


41
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 25

siècle. Le complexe partiellement visible autour de l'atrium apporte de nouvelles


données sur Tell el-Makhzan comme étape des grands pèlerinages du Sinai.

Sinaï

37. Divers: Kemet 11/2 (avril 2002) 89 se fait l'écho de la découverte


d'un temple consacré à Horns par une équipe égyptienne en février 2002.

38. Qal'at al-Guindi: la deuxième campagne de l'Ifao s'est déroulée


du 3 au 7 mars 200248. Le travail de relevé et de nettoyage qui avait débuté lors de
la précédente mission a pu être poursuivi. Par ailleurs, l'ensemble des prises de
vues destinées aux relevés photogrammétriques des structures en élévation de l'in-
térieur de l'enceinte a été réalisé. Les dessins des élévations de deux citernes, deux
magasins, de la grande mosquée et du mur de qibla du musaild seront réalisés en
France durant l'année en cours â partir de ces photogrammes. Ils seront complétés
sur le terrain lors de la prochaine campagne.
Cl. Piaton a entrepris cette année le relevé des structures en place du ham-
mam situé dans l'angle sud-est de la forteresse. Celui-ci occupe l'angle nord-est
d'un ensemble bâti de plan quasi cané d'environ 25 m de côté et au centre duquel
se trouve un oratoire privé: il est fort probable que ce complexe était la résidence
du gouverneur de la forteresse. En l'absence de fouille, l'affectation des pièces ne
peut être établie avec certitude. La présence de canalisations en terre cuite dans les
parois et de bassins dans le sol de deux des pièces voûtées permet cependant de les
identifier comme les salles principales du bain. Le mur ouest de l'une de ces
pièces est percé d'un trou cané de 10 em de côté par lequel arrivait probablement
la vapeur d'eau. L'existence de cette laison avec d'autres pièces permet de formu-
ler l'hypothèse d'une localisation des salles de service qui refermaient chaudière,
réservoir à vapeur et foyer à l'ouest des structures relevées cette année, c'est-à-dire
à proximité de l'entrée des citernes. R. Boutros a poursuivi cette année le nettoyage
du secteur des mosquées. Le travail a plus précisément porté sur le dégagement du
mur de qibla du ,nusallâ. Dans un premier temps, il est apparu que la banquette en
partie dégagée l'an dernier se prolongeait le long de ce mur. La plupart des blocs
qui composaient le mihrâb, encore en place au début du siècle, ont été retrouvés.
J.-O. Guilhot et Ph. Racinet ont entrepris l'étude du mur d'enceinte. Le tracé de
l'enceinte, de plus de 540 mètres linéaires, épouse les contours du plateau. L'en-
ceinte délimite un espace composé de deux parties principales. Au sud-ouest, un
vaste ensemble quadrangulaire (112 x 87 m) abrite tous les édifices majeurs repérés
à ce jour. La nature de la forteresse paraît exceptionnelle, notamment en comparai-
son avec celle de l'île de Graye, organisée selon une méthode en gradins et domi-
née par un ensemble fortifié resserre de type donjon. Qal'at al-Guindî fait partie du

D'après Rapport IFAO 2001-2002. Pour les débuts de ce programme, voir B. Mathieu,
48

BJFAO tot (2001) 558-560. L'équipe était composée de Jean-Michel Mouton, historien arabisant
(Univ. Paris IV - Sorbonne), chef de mission, Ramez W Boutros, architecte (tfao), Claudine Fia-
ton, architecte (ministère de la Culture), Philippe Racinet, historien archéologue (univ. de Picar-
die), Jean-Olivier Guilhot, archéologue (ministère de la Culture) et Édouard Dagher (univ. Paris
IV - Sorbonne). Le CSA était représenté par Muhammad Ah Muhammad, inspecteur. - Ajouter
à la bibliographic générale de la région: J.-M. Mouton (éd.), Le Sinai de la conquête arabe à nos
jours (CAI 21; 2001).
26 Nicolas Grimai et Emad Adly

groupe des fortifications lâches, sous la forme d'une vaste enceinte qui protège dif-
férentes installations, religieuses, résidentielles, militaires de type offensif (loge-
ment de garnison, magasins). C'est davantage une base de départ qu'un réduit dé-
fensif; les citernes s'expliquant par la concentration d'hommes et de bêtes. Ceci
pourrait expliquer l'absence de donjon, ou d'une structure équivalente, certes peu
nécessaire pour une forteresse royale sans seigneur résident, mais avec seulement
un capitaine. La modernité de la forteresse apparaît dans la complexité du système
de défense, qui combine plusieurs procédés. La présence, par endroits, d'un chemin
de ronde interne surmonté d'un chemin de ronde externe, rappelle la citadelle du
Caire. La qualité de la contruction est marquée par l'appareillage particulièrement
soigné des bâtiments principaux, mosquées comme enceinte. La présence de
constructions sommairement agencées (absence de mortier, appareillage irrégulier,
moellons simplement équarris) n'indique pas forcément l'existence d'une autre
grande période de travaux; il pourrait s'agir d'édifices utilitaires. L'ensemble paraît
avoir été très densément occupé, comme le montrent les nombreux niveaux de cir-
culation conservés, le nombre élevé des bâtiments (les mosquées, bien sûr, mais
aussi les logements pour les gens dc guerre et les pèlerins), ainsi que l'abondance
et la diversité de la céramique. Ces éléments sont-ils des indices d'une occupation
intensive sur une courte durée ou bien d'une utilisation régulière sur le temps long
de cette forteresse? L'approche historique semble privilégier la première hypothèse,
mais les réfections repérées sur la courtine et même sur une tour du flanc sud ainsi
que les couches d'enduit successives en de nombreux endroits plaideraient pour
une plus longue durée d'occupation.

39. 'Ayn Fogeya: pour la campagne jointe IRD-IFAO de 2001, voir


B. Mathieu, BJFAO 101, 569-570; L. Giddy, EA 19 (2001) 32.

40. Fayran: sur la campagne de 2000-2001 dc Peter Grossmann, sous


l'égide du Deutsches archàologisches Institut in Kairo: L. Giddy, EA 19 (2001) 28.

41. El - M ar k ha: sur la première cartographie satellitaire et le survey


de surface effectué en 2001: SSEA Newsletter janvier 2002.

Région du Caire

42. Héliopolis: dans le cadre d'une mission de l'Ifao49, S. Bickel


s'est consacrée en août 2001 à l'étude dc la tombe de Radjaa, grand pêtre d'Hélio-
polis au Moyen Empire. Les bloc inscrits subsistant de ce monument et la cuve de
sarcophage avaient été relevés au musée du Caire par P. Tallet et S. Bickel en 1998.
Le travail a porté essentiellement sur le long texte inscrit sur la paroi de dos qui
est une variante intéressante du dialogue entre le défunt et le passeur céleste. L'é-
tude d'autres parties du décor (formules et liste d'offrandes, frise d'objets) et de

D'après Rapport IFAO 2001-2002. Pour les débuts du projet, voir Or 70, 371-372; B. Ma-
thieu, BIFAO 101, 540. Participent actuellement à ce programme: le Pr. Essam al-Banna, doyen
de la Faculté de tourisme du Caire, Susanne Bickel, égyptologue (Pr. univ. de Fribourg et de
Bâle), Jean-Pierre Corteggiani, égyptologue (Ifao), Bemard Mathieu, égyptologue (Ifao), Frédé-
ric Scrvajcan, égyptologue (Jfao), et Pierre TalIct, égyptologue (MC. uoiv. Paris IV - Sorboone).
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 27

son contexte archéologique a pu être commencée. Un premier volume est en prépa-


ration, par les soins de Fr. Servajean, et issu de la thèse inédite du Pr. Essam ai-
Banna, consacrée aux témoignages de voyageurs arabes et occidentaux sur Héliopo-
lis et à la description du site telle qu'elle peut être établie à partir des résultats des
différentes fouilles.
Sur la découverte par le Conseil suprême des Antiquités de la tombe d'un di-
gnitaire de la XXVI' dynastie en novembre 2001: Keniet 11/1 (Janvier 2002) 86. -
Ajouter à la bibliographie: Wagdy Ramadan, «Trois vases canopes de Khâempct, le
gardien des portes à Héliopolis», GM 186 (2002) 99-106.

43. Matariya: sur la découverte d'une statue colossale de Ramsès II


au cours de travaux de construction: Kemet 10/4 (octobre 2001) 84. - Ajouter à la
bibliographie: Azza Farouk, «Eine private Totenstele der Spätzeit aus dem Magazin
in El-Matariyah-Ain-Shams», GM 187 (2002) 27-34.

44. Istabl Antar: la campagne du printemps 2001 de l'Ifao s'est atta-


chée à la fois à la suite du relevé topographique du site et à la fouille des niveaux
ommeyades et du grand enclos funéraire50. La campagne de 2002' n'a pas pu se
dérouler comme prévu, compte tenu des diverses dégradations observées sur le site,
qui se sont visiblement échelonnées sur plusieurs mois. Ainsi, au sud-ouest de la
concession, une habitation de plusieurs pièces a pu être construite en toute illégali-
té: elle a irrémédiablement détruit l'angle nord-ouest de la grande mosquée du Qa-
râfa, construite à la fin du 10' siècle par Taghrîd, mère du calife Al-'Azîz. Au nord,
un bâtiment allongé a lui-même été bâti sur l'emplacement de tombeaux du 8'
siècle fouillés il y a quelques années. La citerne de l'aqueduc abbasside (milieu
8e s.) a été visée la couverture établie pour la protéger, et pour éviter des accidents
(la profondeur est de près de 8 m), s'est effondrée sous le poids de pierres de
grande taille. Enfin à plusieurs endroits le mur de clôture du terrain a été detruit,
laissant ainsi libre accès à l'espace fouillé52.

45. Caire islamique: ajouter à la bibliographie: Maciej G. Witkow-


ski, «The Izara Friezes in the Sidlas of the Great Amir Qurqumas' Madrasa at Cai-
ro North Cemetery (No 162). Some Notes on a Margin of an Epigraphic Survey
(1998-1999)», ET 19 (2001) 337-354; Jerzy J. Kaina, «Cairo. Funerary Complex of
Amir Kebir Qurqumas: Restoration Project Progress Report, 2000», PAM 12 (2001);
Wolfgang Mayer - Giorgio Nogara - Philipp Speiser, «Archäologische Untersu-
chungen und Restaurierungsarbeiten an der Madrasa des Sultan an-Nasir Muham-
mad in Kairo», MDAIK 57 (2001) 219-138 et pl. 32-37.

46. Enceintes médiévales du Caire: associant l'université Paris


IV - Sorbonne (Marianne Barrucand) et l'Ifao, en coopération avec le CSA et l'A-
ga Khan Trust for Culture (représentés par Stéphano Bianca, directeur de l'Histori-
cal Cities Program et Mohammed Mikawi, responsable du projet de la muraille), ce
programme, consacré aux enceintes urbaines du Caire fatimide et ayyoubide a de-

Voir B. Mathieu, BIFAO 101, 555-557; L. Giddy, EA 19 (2001) 32.


' D'après Rapport IFAO 2001-2002.
Ajouter à la bibliographie: Roland-Pierre Gayraud, «The medieval aqueducts of Fustât»,
52

EA 19 (2001) 7-9.
28 Nicolas Grimai et Emad Adly

buté, du 23 septembre au 29 novembre 2001 553. La campagne de fouille 2001 avait


pour but d'évaluer le potentiel archéologique de I'Urban Plaza parking ou garage
Darassa. Les sondages stratigraphiques ont permis d'atteindre le substrat naturel, un
fin sable jaune recouvert d'une couche de gravillons. Par ailleurs, un niveau d'oc-
cupation fatimide a été mis au j our, qui revêt un intérêt majeur par la préservation
de ses vestiges et par sa localisation, entre la mosquée d'Al-Azhar et la muraille de
Saladin. On a dégagé les restes d'un cimetière mamelouk, scellé par un sol et des
fosses ottomanes, puis recouvert par des remblais modernes. Les sépultures, pré-
sentes sur toute l'emprise de la tranchée, sont orientées nord-sud, la face tournée
vers La Mecque. Il s'agit d'un véritable cimetière musulman composé d'un impor-
tant ensemble funéraire, limité par un mur et situé en pleine ville. Les sépultures
fouillées sont très simples, les individus étaient enterrrés en pleine terre, entourés
d'un simple linceul. Les niveaux d'occupation mamelouks sont attestés par la
pré-
sence de ce cimitière, délimité à l'est par un mur épais en parement calcaire. Le ci-
metière est encore en activité à l'époque ottomane, où il est mentionné sur une
carte de l'expédition d'Égypte.
Le Service des Antiquités égyptiennes a mis au jour un grand mur nord-sud
composé d'éléments architecturaux de réemploi, venant de monuments ayyoubides
ou mamelouks bahrites. Parallèle à l'enceinte ayyoubide, ce mur flit certainement
construit à la période des Mamelouks circassiens ou au début de la période otto-
mane. Mais une des problématiques reste de comprendre et de dater l'axe nord-sud
qu'il délimite; il ne délimite pas le cimetière puisque l'on trouve des corps in-
humés des côtés nord et sud. Il a connu plusieurs états différents 1098, 1117, 1115,
etc. Dans sa phase finale, il a été récupéré pour servir de semelle de fondation au
grand mur nord-sud traversant le centre de l'Urban Plaza Parking. Il est aussi plus
ancien que le réseau de canalisations, qui l'évitent et dont le collecteur vient se
fixer sur sa partie supérieure, marquée par un débord correspondant au niveau pré-
sumé de la rue et au commencement du mur postérieur posé par dessus.
On a sondé un second secteur, localisé à quelques mètres de la muraille
ayyoubide. Il a livré un exceptionnel ensemble architectural de l'époque fatimide.
Plusieurs foyers et fosses d'époque ottomane ont été aménagés au sommet d'un
gros massif de briques crues, fortement perturbés par les aménagements urbains
contemporains. Le massif de briques crues peut être daté de la période mamelouke.
Les niveaux ayyoubides ne sont pas encore bien reconnus sur l'emprise du site.
Seul le débord de la muraille correspond au sol d'utilisation et au début des fonda-
tions de la fortification. Ce débord est au même niveau qu'une terrasse de sable
aménagée dans l'espace intra muros. Cette terrasse de nivellement ayyoubide a re-
couvert des structures fatimides qui firent arasées préalablement. Un niveau d'oc-
cupation fatimide a été mis également en évidence. D'environ un mètre d'épaisseur,

D'après Rapport JFAO 2001-2002. Stéphane Pradines, archéologue arabisant (Ifao), a diri-
ge la fouille archéologique de la muraille ayyoubide; il était assisté de Yann Letho Duclot, ar-
chéologue- (Afao), Philippe Blanchard, archéologue (Alan), Julie Monchamp, céramologue (univ.
Paris IV Sorbonne), Mi Fourré, archéologue (univ. Paris t), Nicolas Passera, topographe. Le
CSA était représenté par Magdi Sulayman Ahmad, responsable du secteur d'At-Azhar, et Tarek
Uharib Zurrud, inspecteur. - Ajouter à la bibliographie: Désirée Heiden, «Pharaonisehe Bau-
materialien in der ayyubidischen Stadtbefestigung von Kairo. Projekt zur systematisehen Unter-
suehung altàgyptiseher Spolien in der mittelalterliehen Arehitektur Agyptens», MDAJK 57
(2001) 59-72 et pl. 17-18; ead., «Pharaooische Baumaterialien in der mittelalterlichen Stadt-
befestigung von Kairo», MDAJK 58 (2002) 257-276 et pl. 30-31.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 29

il contenait de la céramique en contexte stratigraphique et des éléments archi-


tecturaux attribués aux Il,-121 siècles. Les structures fatimides comprennent une
maison avec un sol en béton de chaux, délimité par des murs et murets en briques
cuites et crues. La partie nord de l'édifice s'ouvre sur une cour avec une fontaine
en excellent état de conservation, malgré les remaniements liés à la construction de
la muraille de Saladin. Le bassin est doté d'un canal d'arrivée d'eau sous pression
par un tube en céramique et d'une évacuation du trop-plein par un gros tube verti-
cal aménagé dans l'angle nord-est. Le canal d'évacuation délimite un terre-plein
d'argile compactée qui constituait la terre végétale d'un petit jardin. L'intérieur du
bassin est orné de niches, à arcs brisés et à arcs recticurvilignes. De très petits
fragments de stucs incisés et peints ont été découverts lors de la fouille du bassin.
La couche fatimide peut être datée entre 1092 et 1171, périodes de création des for-
tifications de Bach al-Gamali et de Saladin. Le secteur étudié se trouve exactement
entre ces deux enceintes urbaines, il correspond à 80 ans d'occupation en dehors
des murailles de la cité fatimide. Ce niveau fatimide tardif est fondé sur une zone
de sable vierge, et il n'y a aucune occupation antérieure, dans aucun des deux sec-
teurs. Par la suite, la muraille de Saladin a englobé ce quartier fatimide extra mu-
ros.

47. Abou Roach


a) Nécropole royale: la septième campagne de fouilles conduites par
l'Université de Genève, en coopération avec l'Institut français d'Archéologic orien-
tale et le Conseil suprême des Antiquités, dans le complexe funéraire du roi Ra-
djedef à Abou Roach, s'est déroulée du 11, avril au 3 mai 200l. Il s'agissait,
d'une part, de poursuivre les investigations menées autour de la pyramide pour
compléter le plan général des installations cultuelles et, d'autre part, de restaurer
quelques structures construites en brique crue, en vue de la future présentation du
site au public. Enfin, une série de mesures d'orientation du tétraèdre et de sa des-
cenderie furent effectuées pour être confrontées aux nouvelles propositions de Kate
Spence>5 relatives à l'alignement astronomique des pyramides et à leur éventuelle
incidence sur la chronologie de l'Ancien Empire.
Devant la face septentrionale de la pyramide, le dégagement de l'enceinte du
péribolc a été achevé jusqu'à l'emplacement de la porte aménagée au voisinage de
l'angle nord-est du tétraèdre. Il a été possible de reconstruire cette enceinte sur plu-
sieurs assises de même que les embrasures en brique de la porte nord-est.
La face méridionale de l'enclos est reliée à la cour centrale par l'intermé-
diaire d'une porte à deux battants, soutenus par des montants en brique. A l'inté-
rieur, le passage ouvrant sur un couloir qui divise l'espace en deux travées de bâti-
ments a été restauré, ainsi que la travée orientale des magasins contemporains de la

Rapport aimablement communiqué par Michel Valloggia; voir également Bernard Ma-
thieu, BIFAO 101 (2001) 453-460. La mission, patronnée par le Fonds national suisse de la re-
cherche scientifique, étau composée de S. Marchand, V Pichot, E. Aubourg, M. Baud, J. Ber-
naI, M. Chaouqi, C. Higy, A. Lecler A. Moser, E. Soutter ci M. Valloggia, chef de mission. Le
CSA étau représenté par Wafaa Ahmed Hassan et Elsaïd Abdelfattah Amein, inspecteurs déta-
chés auprès de la mission. Pour les campagnes précédentes, voir Or 70 (2001) 373-374. Ajouter à
la bibliographie: L. Giddy. EA 19 (2001) 32; Michel Valloggia, «Construction d'une pyramide:
l'exemple d'Abou Rawash», Dossiers d'archéologie 265 (2001) 46-54.
» «Ancient
Egyptian Chronology and the Astronomical Orientation of Pyramids», Nature
408 (2000) 320-324. Voir M. Valloggia - E. Aubourg - C. Higgy, Genavo 49 (2001) 235-250.
30 Nicolas Grimai et Emad Adly

IV, dynastie. Dans la partie méridionale de l'enclos, une empreinte de sceau frag-
mentaire, portant des éléments du protocole royal de Radjedef a confirmé la data-
tion des habitats attribués l'an dernier à cette même IV, dynastie. Réaménagé sous
la VIe dynastie, l'angle nord-est de l'enclos fut réservé à l'installation d'une cha-
pelle, munie d'un bassin à libations, dont on a retrouvé le dépôt de fondation.
Durant les travaux de la sixième campagne, trois sondages avaient été entre-
pris sur la base d'indices fournis par l'enquête de géophysique menée en 1999. Au
nord, l'excavation avait laissé apparaître le segment d'un parement de mur dressé.
Cette année, l'extension des travaux a montré que ce dispositif était adossé à la pa-
roi naturelle d'un banc de calcaire. Au niveau du sol rocheux, une série d'encoches
suggère la présence de poteaux, adossés à un mur de soutènement. Une telle instal-
lation pourrait avoir été utilisée lors de la démolition du complexe funéraire.
Dans la perspective de compléter le plan général des installations du
complexe, la fouille du secteur sud-est fut reprise à partir des anciennes limites
fixées par E. Chassinat, en 1901. La superficie dégagée cette année a révélé la pré-
sence de traces d'occupation de l'Ancien Empire, recouvertes par des installations
romaines. Ces dernières dessinent le plan d'un enclos limité sur trois de ses côtés
par des murs de granite et de calcaire. L'espace intérieur a livré, outre un ostracon
de quatre lignes en grec, le médaillon moulé d'une lampe à huile du P' siècle. Des
fragments d'amphores romaines du 2e siècle ont également été prélevés au voisi-
nage d'un foyer de charbons. A l'ouest, un sol d'argile était encadré d'un rang de
briques qui reproduisait le plan d'une petite entrée ouverte sur une pièce in-
complètement conservée. Plusieurs fragments d'amphores romaines suggèrent une
période d'occupation comprise entre le P' et le 3' siècle.
Au-dessous, les strates de l'Ancien Empire ont d'abord montré les traces ru-
béfiées d'un foyer; puis, sur un axe nord-sud, celles de seize alignements parallèles
de briques d'environ 2 m de long. Au nord, une autre structure, circulaire, conser-
vée sur la hauteur d'un seul rang de briques et ouverte à l'ouest, complétait cet
agencement qui semble correspondre à une aire de stockage, incluant un silo et une
batterie de greniers juxtaposés sur des socles communs.
Située à l'extrémité meridionale des aménagements cultuels de la face est de
la pyramide, l'empreinte de barque pouvait donner l'impression d'un élément ad-
ventice, ajouté à l'économie du complexe. Les dégagements entrepris durant cette
saison ont permis d'insérer ce dispositif dans l'ensemble du plan général. La fouille
de surface a mis au jour le tracé d'une enceinte qui longe la fosse sur le côté est.
Au-delà, la muraille se prolonge vers l'ouest, suivant un coude à l'équerre, puis,
vers le sud. Parmi les trouvailles du secteur, on mentionnera la découverte d'un té-
tradrachme de libère.
Cette année, un dégagement complet de la cavité de la barque fut mené à
bien. Le retrait d'une accumulation de sable a livré une image nouvelle de ce dis-
positif. Au-dessous d'une plate-forme taillée dans le calcaire et destinée à recevoir
les dalles de couverture de ce puits, la silhouette de cette barque dessine le plan
d'une nef élancée. Au fond de la fosse, le profil en long de la barque est incurvé et
montre une bande longitudinale épannée, sur laquelle les traces d'un axe peint en
rouge sont encore visibles. Dans sa partie septentrionale, cette surface a également
conservé quelques taches de mortier susceptibles d'indiquer la présence d'un re-
vêtement.
La destination de cette barque unique demeure actuellement obscure. Si l'u-
sage d'adjoindre un ou plusieurs bateaux à l'équipement funéraire d'un souverain,
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 31

d'une reine ou d'un dignitaire est connu, dés la I>" dynastie thinite, jusqu'au
Moyen Empire, pour refléter l'importance de cette composante dans les croyances
funéraires; il demeure malaisé, sur ce site, d'en établir la fonction. D'autant que, la
face méridionale de la pyramide n'a, jusqu'ici, fait l'objet d'aucune investigation.
L'an prochain, ces travaux seront poursuivis dans la perspective de compléter le re-
levé des aménagements du secteur.
Eric Aubourg et Christophe Higy ont procédé à une mesure de l'orientation
des faces de la pyramide et de sa descenderie, par rapport au Nord géographique.
La pyramide est décalée par rapport au Nord de 48 minutes d'arc vers l'Ouest, et
sa descenderie d'environ 20 à 30 minutes d'arc. Il apparaît donc que la pyramide
de Radjedef ne s'insère pas correctement dans la théorie de Kate Spence (elle au-
rait dû présenter un azimut compris entre celui de Chéops, -3', et Chephren, -6', au
lieu des -48' mesurées). Il semble utile de compléter la liste, partielle, des données
utilisées par Kate Spence et d'actualiser certaines mesures qu'elle utilise, afin de
réexaminer sa théorie et les conséquences de celle-ci sur la chronologie des pyra-
mides de cette époque.
La huitième saison de fouilles, engagée par l'Université de Genève, avec la
collaboration de l'Institut Français d'Archéologie Orientale et du Conseil Suprême
des Antiquités, dans le complexe funéraire du roi Radjedef, à Abou Roach, s'est
déroulée du 30 mars au 2 mai 200256.
Devant la face orientale de la pyramide, un nouveau dégagement de la cha-
pelle funéraire en brique a été entrepris. Dans son organisation générale, cette cha-
pelle, implantée entre la base de la pyramide, à l'ouest, et un mur d'enclos de la
cavité de barque, à l'est, se trouve située entre deux murs transversaux est-ouest.
L'accès au sanctuaire paraît avoir été divisé en trois travées. L'entrée s'ouvrait sur
une cour intérieure donnant accès à une pièce septentrionale et à une antichambre à
l'ouest. Son mur sud a conservé la présence d'une canalisation en calcaire, utilisée
pour évacuer les eaux de surface. Un parcours en chicane depuis l'antichambre
s'ouvrait sur un sanctuaire barlong, relié à une éventuelle «salle d'offrandes» au
nord. A l'est de celle-ci, un petit magasin pouvait accueillir des éléments mobiliers.
L'espace consacré au sanctuaire n'a, toutefois, livré aucun matériel. En revanche, la
«salle d'offrandes» contenait, au sol de l'angle nord-ouest, une empreinte de sceau
en argile. Ce cachet conserve une mention au nom de la pyramide: «Le directeur
du Firmament de Radjedef». La dépose des enduits, au bas des murs et leurs re-
tours sur les sols, fit apparaître l'existence de nombreux petits dépôts de vases mi-
niatures habituellement présents sur l'ensemble du site.
Complètement dégagée à l'issue des travaux de la campagne 2001, la cavité
de barque a, cette année, fait l'objet de relevés complets. Plan, profil en long et
coupes transversales donnent maintenant une idée plus précise de la nef qui avait
initialement pris place dans cette fosse.
Zone restée à l'écart d'investigations antérieures, la partie sud du complexe
funéraire offrait l'image d'un ensablement conséquent, dominé par un alignement

Rapport aimablement communiqué par Michel Valloggia. La mission, patronnée par le


56

Fonds national suisse de la recherche scientifique, était composée de S. Marchand, S. Ikram et


Abied Mahmoud Ahmed, J. Bemal, M. Chaouqi, E. Contesse, Haasan Mohammad Ahmed,
A. Lecler, A. Moser, M. Wuttmann et M. Valloggia, chef de mission. Le CSA fut représenté par
Manal Abd el-Montelb Mohammad, Sahar Mohammad Abu-Seif et Elsaïd Abdelfattah Amein,
inspecteurs.
32 Nicolas Grimai et Emad Adly

est-ouest de quatre cônes de déjections d'éclats de granite rose. Leur dépose au


moyen d'un engin de génie civil a rapidement permis d'atteindre le sommet conser-
vé du mur de l'enceinte sud. Son implantation à environ quinze coudées de la base
de la pyramide a ainsi déterminé la largeur du péribole méridional du complexe.
Le dégagement de cet espace a produit de la céramique d'Ancien Empire et divers
outils, tels que percuteurs globulaires et marteau en diorite. Parmi les couches dc
déblais, deux fragments statuaires inscrits, en quartzite rouge et en gneiss, conser-
vaient des traces de cartouches, attribuables au roi Radjedef.
Les fouilles, au sud-est de la pyramide, avaient permis l'an dernier de situer
la position de l'enceinte orientale édifiée au sud de la cavité de barque. La pour-
suite de sa mise au jour conduisit au dégagement de l'angle sud-est, qui se présen-
tait sous la forme d'un mur arrondi. Le retrait des éboulis, qui s'étaient accumulés
contre le parement intérieur de l'enceinte et qui contrastaient, dans le front de
fouille, avec des éléments de maçonnerie talutés, demeurés in situ, fit apparaître le
volume d'un massif appareillé en blocs de calcaire.
La superstructure de cette construction épouse un plan cané d'environ vingt
coudées de côté (10,50 m), actuellement conservée sur une hauteur de cinq assises
(environ 1,85-2,05 m). L'aménagement de murs, construits sur les diagonales du
cané de base et l'appareillage, en façade, d'assises verticales, bâties en gradins,
suggèrent le volume d'un tétraèdre. On observera cependant que le dégagement du
lit de fondation, posé à même le calcaire natif, n'a pas montré la présence d'une
engravure pour y assujettir un éventuel placage de revêtement. Dc surcroît, aucune
trace de ravalement n'a, pour l'istant, été relevée sur les assises conservées.
A l'échelle du complexe funéraire, on notera que cette pyramide satellite est
orientée aux points cardinaux, dans l'axe nord-sud du temple funéraire et qu'elle se
trouve construite à l'intérieur des enceintes du tétraêde royal.
En infrastructure, dans l'axe de la façade septentrionale, un puits a été taillé
dans le rocher. Son remblayage dissimulait un blocage de maçonnerie demeuré in si-
tu. Celui-ci fermait, partiellement, une entrée voûtée, creusée dans le calcaire du ge-
bel. Le dispositif intérieur, creusé en hypogée, comprend un couloir central nord-sud,
flanqué, à l'est, d'un caveau et de deux chambres a l'ouest (Fig. 5). L'appartement
présente un sol horizontal et une hauteur de plafond d'environ deux coudées. Mêlés
à des gravats, plusieurs éléments de décor ont été recueillis. Il s'agit, en l'occurence,
de morceaux de mortier, qui semblent avoir été initialement appliqués contre les
angles des parois du corridor d'entrée. Ces fragments ont conservé les empreintes de
clayonnages de roseaux qui avaient adhéré au plâtre frais. Dés lors, il n'est pas in-
concevable d'imaginer que des claies végétales aient partiellement tapissé les parois
de l'entrée de cet appartement. Cette ornementation n'est pas sans rappeler le décor
architectural des infrastructures du complexe funéraire de Djoser, à Saqqara.
Au sol du couloir, de nombreux lots de fragments de vaisselle en pierre et de
tessons de céramiques ont été prélevés en vue de leur restauration. A l'est, le ca-
veau contenait les fragments brisés d'une cuve et d'un couvercle de sarcophage.
Une niche, creusée à même le sol du couloir, au sud de la chambre funéraire, pour-
rait avoir servi de fosse pour le dépôt des vases canopes. Dans la chambre ouest,
un dépôt de céramiques, en terre cuite, réunissait de grandes jattes, des bols, des
coupes, des vases tronconiques, globulaires, des jarres et coupelles, à côté de vases
miniatures.
Si l'inventaire du mobilier découvert dans cette infrastructure est actuellement
prématuré, en raison des travaux de restauration à poursuivre, il n'en demeure pas
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 33

moins utile de signaler les éléments principaux de cet équipement funéraire: grand
plat creux, en albâtre, inscit sur sa paroi intérieure au nom de «l'Horus Medjedou,
le roi Khoufou», restauré; grand plat creux, en gneiss, restauré; sarcophage en cal-
caire fin, constitué d'une cuve et son couvercle, avec quatre tenons de préhension.
Le choix de la pierre à part, ce sarcophage est proche de celui, en albâtre, de la
reine Hetephérès I. En outre, le type d'emboîtement du couvercle sur sa cuve est
caractéristique de la IV' dynastie. S'y ajoutent: une grande jarre, à épaule et col re-
tourné avec son bouchon, en albâtre; deux bouchons de jarre, en albâtre; un lot de
trois lames sur silex marron et un éclat; un poids rectangulaire, aux angles et arêtes
arrondis, en basalte. Une insciption, gravée sur quatre lignes, comporte un signe
rond (dim), suivi de 9 X 10. L'ensemble de la céramique réunit actuellement vingt-
deux récipients reconstitués, typologiquement proches du matériel issu de la tombe
de la reine Hetephérès Pl.
Si la nouvelle structure satellite, construite à l'angle sud-est du complexe fu-
néraire de Radjedef, pouvait, initialement, suggérer la présence d'une pyramide
cultuelle, compte tenu de sa situation à l'intérieur de la première enceinte, son dis-
positif, en infrastructure, rappelle plutôt celui d'une sépulture privée. Ce que vient
confirmer le matériel mobilier recueilli. Le type du sarcophage découvert paraît
inspiré d'un cercueil féminin. La présence du nom de Chéops, sur une vaisselle
d'albâtre, invite à supposer une parenté directe avac l'éventuelle destinataire du
monument. On rappellera, cependent, l'absence totale de traces d'enterrement qui
pourraient trouver une explication dans l'état d'inachèvement du monument pré-
cédemment signalé.
Néanmoins, au niveau du complexe funéraire royal considéré dans sa globali-
té, l'édification de cette contruction satellite, jointe à celle des enceintes du monu-
ment, prouve, à l'évidence, que la pyramide du roi avait été achevée avant l'amé-
nagement de ces éléments adventices".
b) Nécropole royale «F»: en parallèle avec la fouille du complexe
funéraire de Rêdjédef conduite par l'université de Genève et l'Ifao, Michel Baud a
entrepris, au cours de la campagne 2001, de reprendre et compléter la cartographie
de la nécropole «F» du Gebel El-Madawara, dont la partie nord a été sondée par
P. Montet en 1913, puis dégagée par E Bisson de la Roque de 1922 à 1924, alors
que la partie méridionale, en partie dégagée par E. Chassinat au début du 20'
siècle, n'a jamais été publiée". Sur la base de la carte levée par 1'IGN en 1978, ii a
été procédé avec l'aide du service topographique de l'Ifao aux relevés nécessaires à
la contitution d'une nouvelle carte archéologique du site. L'examen des structures
visibles a d'emblée permis de rassembler, sur la totalité du site, divers critères fa-
vorables à une datation de la plupart des structures sous la IV, dynastie. C'est le
cas, en particulier, dans la partie sud de la nécropole, d'un grand mastaba fouillé
par Chassinat. L'étude de ces structures donnera des indications précieuses sur l'é-
volution architecturale entre Dahchour et Gîza en même tenps que sur l'occupation
de l'espace dans ces nécropoles.
Au cours de la campagne du printemps 2002, la carte archéologique du site a
été achevée dans ses grandes lignes (Fig. Les vingt mastabas de la zone sud-

"Voir également: Sokar 2002/4, 3.


D'après Bernard Mathieu, BIFAO 101. 460-461.
Rapport aimablement communiqué par Michel Baud. Cette carte a été réalisée avec la col-
laboration de Damien Laisney, topographe Ifao, Mohamed Gaber, technicien théodolite, et Nadia

Orientalia - 3
34 Nicolas Grimai et Emad Adly

ouest, qui se signaient essentiellement par des monticules de gravats percés de


puits, y ont été reportés, ainsi qu'un nombre équivalent de tombes de la partie
nord-est du site, fouillée en 1922-24 par E Bisson de la Roque, dont les plans ont
été recalés. Ce travail s'est poursuivi, aux marges du cimetière, par le relevé d'une
série de carrières de calcaire environnant le site, et dont une partie se trouve en re-
lation directe avec celui-ci. Plusieurs rampes d'acheminement des blocs, construites
en déchets de taille, ont été identifiées et relevées. Leur pente très accusée, de 20 à
33%, dépasse nettement les chiffres habituellement admis pour ces installations,
alors que la taille des blocs des mastabas, de 1 à 3 tonnes, voire plus, ne peut pas-
ser pour négligeable. La disposition des carrières livre en outre des informations de
premier plan sur l'organisation d'ensemble du travail en unités, fonctionnant en pa-
rallèle et comportant chacune son propre chemin de halage des blocs, rejoignant
une voie principale.
La collecte des critères de datation s'est poursuivie sur l'ensemble du cime-
tière. L'appareillage massif de la plupart des mastabas mis au jour par Bisson de la
Roque s'avère, d'emblée, typique des IV,-VI dynastie, de même que la simplicité
du plan de leurs chapelles. Deux nettoyages pratiqués dans la zone sud-ouest, sur
des tombes inédites déjà dégagées par Charles Kuentz en 1931, ont permis de fixer
plus précisément leur date au milieu de la Ive dynastie. Il est clair, désormais, qu'il
faut renoncer à l'interprétation de cet ensemble comme une nécropole de la se-
conde moitié de l'Ancien Empire, thèse en vigueur depuis des décennies.
Le premier monument, provisoirement baptisé F38, est un simple massif à
niches extérieures, y compris pour la chapelle principale. Cette caractéristique suffit
à le dater de la IV, dynastie, et l'on peut même s'étonner, pour une nécropole au
plus tôt contemporaine de Rêdjedef, de l'adoption d'une architecture caractéristique
du début de la dynastie. Dans un second temps, cependant, une vaste chapelle a été
adjointe au massif premier, masquant entièrement sa face sud.
Le second momument, F37, qui a mobilisé l'essentiel des forces cette saison, a
fourni des indices essentiels pour la datation du secteur (Fig. 7). Il s'agit d'un grand
mastaba d'environ 50 x 25 m, dont la chapelle sud a été entièrement dégagée à nou-
veau. Elle se compose de trois pièces barlongues de dimensions inégales, deux à
l'intérieur du massif, une à l'extérieur. La plus occidentale (3,60 x 1,25 m), la seule
construite en pierre, était entièrement parementée en calcaire fin de type Toura,
comme en attestent encore des bloc en place, localement jusqu'à la seconde assise.
Tout le mur ouest a été arraché par les récupérateurs de pierre, ainsi que le dallage,
tandis qu'il ne subsiste plus de l'entrée que des arasements. Une vingtaine de blocs
numérotés par Ch. Kuentz a été redécouverte dans une fosse-magasin; s'y ajoute un
nombre équivalent de fragments nouveaux, retrouvés dans les déblais environnant
cette pièce. Du nom du propriétaire, il ne reste malheureusement que le signe k/i pré-
servé sur un morceau de tambour. Aucun titre n'a été découvert, quoique les dimen-
sions de la tombe, équivalentes à celle du vizir Hémiounou à Gîza par exemple,
démontrent l'importance de ce personnage anonyme. Les deux autres pièces de la
chapelle sont en briques crues. La plus occidentale (4,20 x 3 m) a révélé trois sols
d'occupation successifs séparés par des remblais, témoins d'une histoire complexe
corroborée par la céramique, qui date majoritairement, mais pas exclusivement, de la

Fargette, élève ingénieur à l'École supérieure des Travaux publics. Voir également: M. Baud,
«Une nouvelle nécropole royale», Le Monde de la Bible 145 (sept-oct. 2002) 24; B. Amaud,
«La nécropole des petits-fils de Kheops», Sciences et Avenir (juillet 2002) 90-1.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 35

IV, dynastie". Diverses traces d'aménagements intérieurs ont été reconnues, cavités
(pour l'istallation de bassins et tables d'offrandes?) encadrées de murets en briques,
ainsi qu'un dispositif complexe d'évacuation des eaux lustrales. Parmi les indices de
datation les plus pertinents, les deux types principaux de briques se sont avérés iden-
tiques à ceux des bâtiments annexes de la pyramide voisine, qu'il s'agisse de la ma-
tière première, de la couleur ou des dimensions. L'association entre une pièce inté-
rieure en pierre, en forme de «L», et une ou plusieurs pièces extérieures en briques
étant en soi caractéristique de la IV, dynastie, il n'y a aucune raison de douter que
ce mastaba est strictement contemporain du règne de Rêdjedef et que, conformément
aux autres indices relevés sur l'ensemble de la nécropole, il s'agit bien du cimetière
royal de ce souverain, aussi distant soit-il de sa pyramide. Le mastaba F37, avec
deux pièces intérieures, documente en outre une étape méconnue du développement
de l'architecture funéraire d'élite sous la iv'
dynastie, qui ne sera pas sans consé-
quence sur la compréhension de l'histoire de la grande nécropole voisine de Gîza,
encore imparfaitement connue.

48. Gîza: ajouter à la bibliographie: M. Lehner, AERAGRAM 5/1 (Fall


2001) l-2 et 6-10 (secteur nord et mur d'enceinte); 5/2 (Spring 2002) 6-15
(complexe de Menkaourê; sphinx); Karl W. Butzer, AERAGRAM 5/1 (Fall 2001)
3-5 (paléo-environnement).
a) Pyramides: sur la restauration de Mykérinos et des salles intérieures
de la grande pyramide: Kernel 11/1 (Janvier 2002) 86-87. - Ajouter à la biblio-
graphie: Salah El-Naggar, «Le port funéraire de Khéopsx', Dossiers d'archéologie
265 (2001) 122-131; R. Bauval, «Carbon-14 Dating in the Giza Pyramids?», DE 49
(2001) 5-22; J. Potter, «The Great Pyramid: the Tangent of the South Shaft, Kings'
Chamber», ibid. 43-52 (= GM 183 [2001] 87-92); G. Priskin, «The Dimensions of
the Second Pyramid», ibid. 53-70; Peter Jánosi, «Bemerkungen zur Entstehung,
Lage und Datierung der Nekropolenfelder von Giza unter Cheops», Sokar 2002/4,
4-9; Michael Haase, «Offene Fragen der Pyramidenforschung. Interview mit Dr.
Peter Jánosi», ibid. 22-29; Yvonne J. Markowitz, «Egypt in the Age of the Pyra-
mids. Highlights from the Harvard University-Museum of Fine Arts, Boston Ex-
pedition», Minerva 13/3 (2002) 12-19; Giancarlo Negro, «Some 'Cabalistic' In-
scriptions around the Great Pyramid's original entrance. Dating the most ancient
Libyco-Berber inscriptions», Sahara 13 (2001-2002) 148-165, 33 fig.
b) Hypogées de la nécropole orientale: du 10 mars au 24 mai
2001, la campagne de la mission russe du Centre Golenishe Université d'État
russe des Sciences humaines, sous la direction d'Eleonora Kormysheva61, a mené
des travaux 62 dans le secteur sud-est de la nécropole Est de Gîza. On a continué le

60
Le matériel a été en partie examiné par Sylvie Marchand (Ifao).
Rapport aimablement communiqué par E. Kormysheva. Pour les campagnes précédentes,
61

cf. Or 66 (1977) 253; Or 67 (1998) 343-344;, Or 68 (1999) 345-346, Or 69 (2000) 234.


62
Avec la collaboration de l'Institut des Etudes Orientales, Académie des Sciences de Rus-
sie et l'Université de Moscou (faculté d'Histoire), dans le cadre du programme d'État russe Inté-
gration. Ont participé à cette campagne: M. Tchegodaev, O. Tomashevitch (égyptologue),
M. Lemiesz (archéologue); M. Wissa (archéologue-géologue), Serguei Vorobjev (postgraduate),
Serguei Vetochov (architecte), Olga Lechitskaya (assistante), Svetlana Levchenkova (étudiante en
céramologie, sous la direction de Sylvie Marchand). Les investigations topographiques étaient
gracieusement faites par J. Domer. Le CSA était représenté par Osama Hamed Youssef, inspec-
teur à Gîza.
36 Nicolas Grimai et Emad Adiy

relevé des murs sud et est de la chapelle de la tombe de Khâfraânkh. Une nouvelle
copie des deux épisodes des murs sud et est de la chapelle a" été bien avancée.
Deux secteurs jouxtant l'hypogée G 7948 ont été dégagés. Au sud on a trouvé
deux constructions en forme de petite chapelle dans le rocher, et des constructions
de brique crue, ainsi que 3 autres puits creusés dans le rocher. Des constructions en
brique crue ont été également dégagées dans ce secteur. 91 pièces types ont été dis-
tinguées. La plupart des assemblages sont datés de la IV' dynastie. Le reste des po-
teries de l'Ancien Empire sont datés de la fin de la IV' dynastie. La datation préli-
minaire des constructions en briques de ce secteur pourrait remonter à la période
de la VP dynastie.
e) Nécropole des ouvriers: sur les 30 tombes mises au jour par
l'équipe du Conseil suprême des Antiquités en 2001: L. Giddy, EA 19 (2001) 28.
d) Tombeaux de Kaiemânkh et Seshemnefer I: sur le nouveau
relevé entrepris en 2001 et la publication prévue par Naguib Kanawati: L. Giddy,
EA 19 (2001) 28.
e) Giza Plateau Mapping Project: la mission américaine a repris
ses travaux en octobre et novembre 2001,51 dans le secteur des quartiers d'habita-
tion, sous la direction de M. Lehner, étendant la fouille à l'ouest, à l'est et au nord
du secteur dégagé lors de la première campagne, portant ainsi à 2 ha la zone étu-
diée. 25 m de plus de la voie principale ont été mis au jour, ainsi que plusieurs
tranchées faites lors de l'enlèvement de sable pour la constrution du périphérique
en 1990, lesquelles tranchées ont détruit des couches archéologiques. Vers l'ouest
ont été dégagé des structures du même type que celles trouvées par Abdel-Aziz Sa-
leh dans les années 70 au sud-est de la pyramide de Menkaourê: des zones d'ate-
liers de travail, entre autres, d'albâtre et de cuivre. L'interprétation de la relation du
site, au nord-ouest,, avec le reste du plateau de Gîza a été retardée par la fouille de
tombes de Basse Époque, très nombreuses à cet endroit.
f) Kôm Turn an: le centre d'études égyptologiques de l'Académie russe
des Sciences a entrepris, en coopération avec SPC «Geotechnology» (Moscou), un
survey topographique, géologique et géologique du 17 novembre au 9 décembre
2001, sous la derection de Galina BelovaM. Le relevé, effectué en utilisant GPS,
prospection géoélectrique, géomagnétique et radar, a couvert une zone de 80 X
100 m dans la partie centrale occidentale du kôm. Les structures qui sont apparues
pourraient être celles d'un habitat, comprenant un vaste édifice. L'accumulation
historique est évaluée à 12 m. Un modèle en trois dimensions du site sera construit
sur la base de ces relevés. Un carroyage de 10 x 10 m a été implanté sur l'en-
semble des sites de Kôrn Tuman, Tell Azizia et Kôm Dawbadi en vue de fouilles.
L'ensemble des élements visibles en surface a été relevé. A l'angle sud-est de Kôm
Tuman, des blocs de calcaire, dont certains décorés, et des fragments de vaisselle
cultuelle suggèrement la présence d'un temple. Sur la partie centrale du kôm, les
vestiges décrits par D. Jeffreys sont toujours visibles. Deux autres amas de blocs

63
Voir AERAGRAM4/2 (Spring 2001); L. Giddy, EA 19(2001)28. Pour les campagnes pré-
cédentes: Or 70, 375-376; L. Giddy, EA 18 (2001) 29. - Ajouter à la bibliographie: Anna Wod-
ziñska, «Giza Plateau Mapping Project - Pottery Preliminary Report», dans: Second Central
European Conference, Abstracts 14.
Rapport aimablement communiqué par G. Belova. L'équipe était composée de Ragab
64

Turkey Shehata, inspecteur du CSA; Sergei V Ivanov, égyptologue et photographe; Sergei


B. Sokolov, Alexander Pelevine, géologues; Modin Igor, Michail J. Katz, géophysiciens; Andrey
Gidaspov, géomorphologue; Oleg Pomogaev, topographe; Irma Nofal, dessinatrice.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 37

de calcaire à 200 m au sud et à l'est ont été repérés. Une autre accumulation se re-
marque le long du fossé qui borde le kôm à l'est et dont les bords sont marqués
par des murs en brique crue. Lui-même recèle de nombreaux fragments archi-
tectoniques, surtout au nord. Une route, large de 1,8 m, traverse la partie centrale
du kôm. reliant la porte orientale au palais d'Apriès. Deux fours métallurgiques ont
été découverts sur la partie centrale et nord-ouest du kôm. Les trouvailles suggèrent
la présence d'ateliers de céramique et de faïence et confirme celle d'un atelier de
travail de l'albâtre, jadis signalé par Petrie. L'essentiel des pièces date de l'époque
gréco-romaine, y compris quelques figurines de terre cuite; sauf une tête royale
inachevée en calcaire, datant de la XXVIO dynastie. A noter enfin la présence d'un
modèle votif de barque en calcaire, qui ne se rencontre que sur des sites de l'An-
cien Empire, ainsi que d'un jeu de senet en calcaire.

49. Abousir
a) Institut d'Egyptologie de l'Université de Prague: au
cours de la saison 2000-2001, la mission tchèque de l'Institut d'égyptologie de l'U-
niversité Charles a poursuivi les travaux de dégagement dans le secteur de la tombe
du vizir Qar, de la VI, dynastie". Au sud de celle-ci, a été dégagé la tombe d'Inti,
inspecteur des prêtes funéraires du complexe de la pyramide de Téty. L'ensemble
de cette tombe, y compris la chambre funéraire, a été pillé dès l'Antiquité. Une
partie du matérial funéraire d'Inti a toutefois pu être retrouvée, ainsi que sa fausse
porte et un beau fragment de relief décoré provenant de la chapelle. La restauration
de la tombe a été entreprise et sera poursuivie la saison prochaine. De même, la
restauration des reliefs de la tombe de Qar a été poursuivie.
En face du puits saïto-perse de Ioufaa, un ensemble de structures destinées au
culte funéraire de ce dernier a été dégagé. On a également fouillé, dans un puits
annexe au sud de la tombe de Ioufâa, la sépulture d'une femme, nommée Imakh-
er(et)resnet, qui était peut-être une parente de Iouraa. La restauration des fins re-
liefs de la chambre funéraire de ce dernier a été poursuivie.
Dans le même temps, la consolidation de l'infrastructure de la pyramide
«Lepsius No 24» a été menée à bien et une fouille ouverte dans la petite pyramide
«Lepsius 25» adjacente.
- Bretislav Vachala, «The
b) Bibliographie: ajouter: Miroslav Barta
tomb of Hetepi at Abu Sir South», EA 19 (2001) 33-35; E. Strouhal, «The Relation
of Iufaa to Persons Found beside his Shaft-Tomb at Abusir», dans: Abusir and
Saqqara in the Year 2001 = ArOr 70 (2002) n° 3; Dusan Magdolen, «Some Notes
on One Graffito from the Mastaba of Ptahshepses at Abusir», GM 182 (2001) 87-
96; Olivia Zorn, «Sahure in Berlin. Teile einer Pyramidenanlage des Alten Reiches
im Agyptischen Museum», So/car 2002/4, 34-41; Miroslav Barta, «The Czech Insti-
tute's Ten Years of Excavations at Abusir South», Kemet 13/1 (2002) 18-29.

50. Saqqara
a) Bibliographie: ajouter à la bibliographie: Kamil O. Kuraskïewicz,
«Two Fragments of the False-door Fram of Ny-Pepy from West Saqqara», ET 19
(2001) 127-134; Teodozja Izabela Rzeuska, «The Pottery from the Funerary Complex

Rapport aimablement communiqué par Miroslav Verner. Pour les rapports précédents,
65

voir Or 70 (2001) 377. Voir également SSEA Newsletter janvier 2002; L. Giddy, EA 18 (2001)
29-30; 19 (2001) 28.
38 Nicolas Grimai et Emad Adly

of Vizier Merefnebef (West Saqqara). The Evidence of a Burial and Cult of the Dead
in the Old Kingdom», dans: First Central European Conference 157-168.
b) EES: ajouter à la bibliographie: G. T. Martin et al., The Tombs of
Three Memphite Officials: Ramose, Khay and Pabes (EES Excavation Memoir 68;
Londres 2001); Jaap Ggoudsmit - Douglas Brandon-Jones, ((Evidence from the Ba-
boon Catacomb in North Saqqara for a West Mediterranean Monkey Trade Route
to Ptolemaic Alexandria», JEA 86 (2000) 111-120; Donald M. Bailey, ((Lamps from
the Sacred Animal Necropolis, North Saqqara and the Monastery of Apa Antinos»,
JEA 87 (2001) 119-134.
c) Université Waseda de Tokio: sur la découverte par l'équipe de
l'Université de Waseda de statues cultuelles de Chéops datant de la XXVIC dynas-
tie: Kemet 11/1 (Janvier 2002) 86. Sur la campagne 2000: L. Giddy, EA 18 (2001)
28; - 2001: SSEA Newsletter janvier 2002.
d) Nécropoles de la pyramide de Téty: la campagne de 2001 de
l'Université de Pennsylvanie dans la nécropole nord, dirigée par David Silverman66,
a permis de vérifier que le corridor exploré dans les tombeaux de Sekweskhet et
Sahathoripy date bien du Moyen Empire et appartiennent à ces deux chambres. Des
sépultures ont été aménagées au Nouvel Empire et après à l'est comme à l'ouest,
et le corridor s'est trouvé jonché de restes divers qui lui sont postérieurs. Le corri-
dor est orienté sud-nord, à l'opposé de celui de Ihy et Hetep et mesure environ
50 m (plus du double de ses prédécesseurs). Le puits original a donc problablement
été découvert. Reste à trouver la chapelle.
Dans le secteur occidental, l'équipe dirigée par Naguib Kanawati a terminé en
2001 le relevé des tombes de Shepsipouptah, Merynebty, Hell et Iries, le vidage
des puits et des chambres. Anne MeFarlane a, elle, travaillé dans la tombe de
Kaemheset67.
e) MAFB: la campagne d'automne 2001 s'est tenue du 6 octobre au 22
novembre". Dans la tombe de Maïa (Bub 1.20), la fouille du niveau -1 a pu être
entièrement terminée. Ce niveau a été réutilisé au moins à deux reprises: d'abord
pour des inhumations humaines, vraisemblablement d'époque tardive (au moins une
quarantaine de personnes, avec souvent des sarcophages en état moyen), puis des
chats et d'autres animaux en très grande quantité, avec tout un materiél associé,
parfois de grande qualité (époque tardive et/ou ptolémaïque). Mais, jusqu'à présent,
à part un fragment de canope à son nom trouvé à l'extérieur et deux ou trois objets
ou fragments qui pourraient dater du Nouvel Empire, aucune trace de l'inhumation
de Maïa n'a été retrouvée. De nombreux autres animaux ont pu être également
identifiés, en particulier, au cours de la fouille du niveau -1, un squelette très

Rapport aimablement communiqué par David Silverman. - Ajouter à la bibliographie:


66

Beata Platek, «The Development of the Teti Pyramid Necropolis (3rd42h Dynasty). Perspectives
of the Research», dans: First Central European Conference 105-114; N. Kanawati - M. Abdel
Razik, The Teti Pyramid Cemetery at Saqqara, 3. The Tomb of Heqi (ACE Report 3; 2000);
D. Silverman, fARCE 37 (2000) 1-13.
67
L. Giddy, EA 19 (2001) 28.
Rapport aimablement transmis par J. Leclant. Pour la campagne 1999-2000: Or 70, 379-
68

380. Pour la campagne 2000: L. Giddy, EA 18 (2001) 30. Sur la statue de Ramsès II et d'Hathor
de la tombe de Netjerouimès: Kemet 10/4 (octobre 2001) 84. Voir également: Alain Zivie, «L'in-
croyable découverte. Grâce à l'égyptologue Alain Zivie la déesse Hathor surgit des sables de
Saqqarah», Le Figaro magazine du 7 avril 2001; L. Giddy, EA 19 (2001) 32.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 39

bien conservé de lionne, qui avait visiblement été momifiée. Dans la tombe semi-
rupestre du grand intendant et ambassadeur royal Neteherouymes (ou Nem-
tyouymes? - Bub 1.16), on a continué à extraire la maçonnerie tardive de la
chambre rupestre progressivement découverte depuis le printemps 2000. La chambre
est désormais entièrement dégagée. Les reliefs et inscriptions qui ornent ses parois
sont très bien conservés, avec souvent leurs couleurs. Quant à la statue taillée dans le
rocher de la vache Hathor surmontant un pharaon (Ramsès II?), elle a pu être extra-
ite de sa gangue grâce au travail minutieux des restaurateurs. Un puits a été repéré,
mais il pourrait s'agir d'un puits antérieur. On ignore donc encore tout des parties
proprement funéraires de cette tombe. D'autre part, l'étude des inscriptions de la
tombe a permis de constater que Netcherouymes (ou Nemtyouymes), que l'on soup-
çonnait d'avoir été un ambassadeur de Ramsès II, celui-là même qui a mené la négo-
ciation de paix avec les Hittites (traité de l'an 21), aimait à rappeler qu'il était aussi
nommé (surnommé?) Pa-rekh-ân. Or, ce nom, sous la forme Parakhnawa ou Pirakh-
nawa, est souvent mentionné dans les archives hittites comme celui du principal
messager égyptien, l'homme des missions délicates et politico-diplomatiques. Pour
confirmer l'identification, on a pu relever la mention du titre «messager royal vers
tous les pays étrangers» sur l'une des inscriptions de la chambre rupestre. Des in-
dices très sûrs permettent d'identifier l'un des carriers de Deir el-Médineh, Khabekh-
net (TT 2), comme étroitement associé à cette tombe (dont il flit peut-être le maître
d'oeuvre). Le travail d'étude s'est poursuivi dans la tombe «des artistes» (Bub 1.19)
qui s'avère être celle d'artistes de premier plan, dont le peintre Thoutmes, auteurs de
remarquables tombes thébaines. Les relevés ont été collationnés avec le dessinateur.
De plus, une spécialiste des peintures des grottes ornées a pratiqué un relevé détaillé
des parois par photographie infrarouge. On a également poursuivi l'étude et le dé-
gagement extérieur de la tombe de Penrenout (Bub î. 2D), découverte en 1996 elle
aussi. Celle-ci a pris pour modèle, à bien des égards, la tombe de l'ambassadeur
(1.16) et, même si elle est beaucoup moins bien conservée, elle présente le même ca-
ractère d'hémispéos, avec la présence également d'une grande vache Hathor taillée
dans le rocher. A l'extérieur, des éléments de la chapelle construite ont été dé-
couverts. Il se confirme, grâce à de nouvelles inscriptions, que Penrenout a été un
important dignitaire du règne de Merenptah. Comme Parakhnawa donc, il a dû parta-
ger son temps entre les trois grandes villes de cette époque, Thèbes, Memphis et Pi-
Ramsés, mais c'est à Memphis qu'il a choisi de se faire enterrer.
Des raisons d'abord techniques (réaménagement des masses de déblais qui
menaçaient de tomber sur le site déjà dégagé et poursuite de l'étude de la chapelle
de Penrenout, 1.21) ont permis de mettre au jour de nouvelles entrées de tombes
(Bub. 1.22-1.26 ?) à l'ouest de la falaise, malheureusement très dégradées du fait
des écoulements d'eau du rest-house il y a deux ou trois décennies. Le réaménage-
ment des déblais a cependant permis de repérer une nouvelle tombe mi-construite,
mi-rupestre (Bub 1.27 ?), qu'on n'a fait qu'entrevoir (elle est encore largement
prise dans les déblais). Il s'agit d'une tombe totalement «amarnienne» ou «ato-
niennex', dont le propriétaire, dénommé sans doute Râiay, semble avoir été «scribe
du trésor du temple d'Aton à Memphis» mais il est vraisemblablement déjà connu
sous un autre nom. Du point de vue historique donc, mais aussi artistique (mélange
de reliefs et de peintures remarquables, styles mêlés, etc.), il s'agit là d'une nou-
velle découverte aux suites sans aucun doute fort importantes.
f) Centre Polonais d'Archéologie Méditerranéenne de l'U-
niversité de Varsovie: la mission archéologique du Centre d'Archéologie
40 Nicolas Grimai et Emad Adly

Méditerranéenne de l'Université de Varsovie, en coopération avec le Conseil Su-


prême des Antiquités a continué ses travaux à Saqqara, du 7 Octobre au 22 no-
vembre 200169. Le but principal des travaux était la continuation de la conservation
des reliefs et peintures dans la chapelle funéraire du vizir Meref-nebeL ainsi que
des objets trouvés lors des campagnes passées, surtout le harpon en bois et son
étui. Les fouilles se sont concentrées dans deux secteurs.
Le secteur oriental (I/I) qui s'étend entre le mur d'enceinte de la pyramide de
Netjerikhet et le mastaba de Peh-en-Ptah, découvert en 1999. On a dégagé une par-
tie du mur d'enceinte, qui marque la limite orientale de la fouille. La partie déga-
gée est longue de 21 m. Elle comprend un large noyau construit de blocs de cal-
caire local (le même type de pierre de couleur grisâtre qu'on utilisa pour la
construction de la pyramide même), et d'un revêtement de calcaire blanc provenant
sans doute de Toura. La distance entre les faces occidentales du noyau et du revête-
ment est de 2,40 m, et l'espace entre les deux, aujourd'hui rempli de sable, dans
lequel gisent des blocs tombés du revêtement, devait être vide à l'origine. Le mur
de revêtement a la même forme que dans les autres parties de l'enceinte. Il est mu-
ni de «bastions» rectangulaires qui se trouvent à 4,18 m les uns des autres. Les di-
mensions de chaque bastion sont identiques: 3,14 m (N-S) x 2,37 m (E-O). Cha-
cune des trois parois de chaque bastion est modelée «à redans», c'est à dire avec
deux niches verticales dans chaque face. On a dégagé trois bastions, le bastion sep-
tentrional, le mieux conservé, préservant sept couches de pierres, et ayant la hau-
teur de 1,7 m. Les pierres provenant des couches supérieures de cette construction
gisaient dispersées de chaque côté du mur. La hauteur du noyau, dont on a seule-
ment dégagé la face occidentale, est 3,20 m. La partie occidentale du mur d'en-
ceinte ne repose pas sur un plateau naturel, mais sur un fondement construit de
pierres (calcaire de bonne qualité) de dimensions et formes diverses. Il y a environ
cinq couches de pierres qui ne reposent pas, non plus, sur le roc, mais sur une

Rapport aimablement communiqué par Karol Myiliwiec; cf. Polish Center Newsletter 8
69

(2002); K. Myliwiec, «Sakkara 2000», Archeologia sywa 1/16 (2001) 13-15; id., «New Myste-
ries from Sakkara», Egypt Revealed March/April 2001, 22-31; le rapport enfin, publié dans PAM
12 (2001) 107-148 (K. M9sliwiec, «Excavations, 2000»; Zbigniew Godziejewski, «Conservation
Work, 1999»; Salima Ikram, «Preliminary Zooarchaeological Report, 2000»; Kamil Kurasz-
kiewiez, «Remarks on Corridor 1»; Teodozja Izabela Rzeuska, «The Pottery, 2000»). - Pour les
missions antérieures: Or 70, 380-382. - Membres de la mission: prof dr. Karol Myiliwiec, di-
recteur de la mission, prof dr. Maria Kaczmarek, anthropologue, dr. Kamil Omar Kuraszkiewicz,
égyptologue, Teodozja Rzeuska, égyptologue-céramologue, Agnieszka Kowalska, égyptologue,
Malgorzata Radomska et Krzysztof Dymkowski, archéologues; Zbigniew Godziejewski, Anna
Ktosowska, Teresa Lurkowska, conservateurs; Maciej Jawornieki, photographe, Mariola Or-
zechowska, dessinatrice et Slawomir Malinowski, documentaliste. Le CSA a été représenté par
l'inspecteur de la mission, Salah Mohamed El-Assy. - Ajouter à la bibliographie: K. Myiliwiee,
«La découverte d'un vizir», Pour la Science 270 (avril 2000) 34-41; L. Giddy, EA 18 (2001) 28;
Karol Myiliwiec - Kamil Kuraszkiewicz, «Two More Old Kingdom Priestesses of Hathor in
Saqqara», dans: Les civilisations du bassin méditerranéen (Instytut Archéologii UJ 2000) 145-
153; Salima Ikram et a!., «The Unusual Old Kingdom Deposit from West Saqqara», dans:
Second Central European Conference, Abstracts 9; Agnieszka E. Kowalska, «Fragments of
Models of Daily Life from the Old Kingdom Necropolis in West Saqqara», ibid. 10;
K. O Kuraszkiewicz - T. I. Rzeuska, ((White Means Wabet. Some Remarks on the Old Kingdom
White Painted False Door Stelae and Pottery from West Saqqara», ibid. 10-It; K. Myiliwiec,
«Polish-Egyptian Excavations at Saqqara in the Year 2000», ibid. 11; T. I. Rzeuska, «Some Re-
marks on 'False' Shafts at West Saqqara», ibid. 13.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 41

couche de petites pierres gisant dans une substance de couleur rouge-brunâtre.


Cette couche, épaisse de 0,45 m, est traversée et surmontée par des couches de
«dakka» jaunâtre, plus minces. La couche «rouge», se trouvant directement sur le
rocher, a la même structure que des formations géologiques fréquentes dans le dé-
sert de la région de Saqqara. La hauteur du profil entre le rocher et le sommet du
soubassement est de 1,75 m.
Le secteur fouillé, dans cette campagne, du côte ouest du mur d'enceinte est
large (N-S) de 23 m. Il se divise en une partie méridionale, que constitue la plate-
forme tardive, construite en briques crues sur une couche de sable pur, et une sep-
tentrionale, comprenant des tombeaux des nobles de l'Ancien Empire, et située â
un niveau d'env. 2,20 m plus bas que la surface de la plate-forme. A sa limite
orientale, la plate-forme jouxtait le mur d'enceinte. La limite occidentale de la
plate-forme est détruite, donc inconnue, et son extension méridionale demeurera in-
connue du fait de la présence d'un bâtiment moderne. Le bord septentrional de la
plate-forme est marqué par un mur en briques crues, revêtu d'un mortier jaunâtre
de limon contenant beaucoup de sable, petites pierres et morceaux de céramique.
Haut de 0,86 m, ce mur est arrondi au sommet. Faute de céramique ou autre maté-
riel datable dans la couche de sable qui surmontait la plate-forme, la date de celle-
ci demeure inconnue. Sur le plan stratigraphique, elle semble appartenir à une péri-
ode proche de l'époque ptolémaïque. Dans la partie septentrionale du secteur, les
couches de l'Ancien Empire contiennent les restes d'un mastaba, construit tout prés
du mur d'enceinte. Le profil (E-O) laissé entre le puits du mastaba et le soubasse-
ment du mur d'enceinte de la pyramide démontre clairement plusieurs (au moins
trois) phases d'utilisation, correspondant aux couches successives qui contiennent
des débris de constructions en briques crues, toujours de couleur noirâtre. Vu que
la plus profonde de ces couches entre sous la «couche rouge», sur laquelle repose
le mur d'enceinte de la pyramide, il se peut que la plus ancienne de ces construc-
tions précède de quelque peu même la construction du complexe funéraire de Ne-
tjerikhet.
Quelques fragments de blocs calcaires gisent encore dans les deux couches de
briques de date postérieure. C'est sans doute à la dernière phase d'utilisation (la
couche la plus haute) qu'il faut attribuer le fragment d'un montant en calcaire, por-
tant deux colonnes d'une inscription hiéroglyphique. La partie basse du montant
n'étant pas conservée, on ignore le nom du défunt.
Il reste très peu de la superstructure en briques crues de ce tombeau. Par
contre, un grand amas de briques provenant de cette construction gisait à l'intérieur
du puits, surtout dans la partie supérieure, avec de la céramique de l'Ancien
Empire.
Le puits (2,04 m [E-O] x 2,07 m [N-S] à son rebord) a 9,50 m de profondeur.
Sa partie inférieure contient, à 6,60 m, un «col» ayant 1 m d'épaisseur. Un trou
(1,10 x 1,10 m) creusé dans le coin sud-ouest de celui-ci mène plus profondément,
vers l'entrée de la chambre funéraire aménagée du côté est du puits. La chambre a
5,20 m de longueur (N-S), 2,98 m de largeur (E-O) et 1,90 m de hauteur. Parallèle-
ment à sa paroi orientale, on a creusé, dans le parquet, une cavité rectangulaire
jouant le rôle de sarcophage. Ses parois sont munies de dalles de calcaire blanc.
Une dalle de ce type préservée partiellement et brisée en plusieurs fragments
constituait le couvercle du «sarcophage». Quelques fragments d'ossements hu-
mains, dispersés autour du «sarcophage», sont les seules traces laissées par les vo-
leurs.
42 Nicolas Grima! et Emad Adly

Le secteur occidental (Fi et une partie de secteur F) a été soumis aux travaux
de nettoyage et à des fouilles limitées, ayant pour but l'examen détaillé du voisi-
nage le plus proche du mastaba du vizir, ainsi que la rectification des contours du
sondage oblong traversant le terrain fouillé dans la direction E-O. On a constaté la
présence de deux mastabas alignés (N-S) avec celui de Meref-nebef. Du côté nord
de celui-ci, on a dégagé le mur sud d'un mastaba qui s'annonce plus grand que les
tombeaux découverts sur le chantier jusqu'à présent, alors qu'un mur pareil, à
peine conservé, du côté sud du tombeau de Meref-nebef, fait visiblement corps
avec le puits n° 27, qui avait été exploré dans les campagnes précédentes. En net-
toyant la place devant la «chapelle orientale» du vizir (c'est-à-dire devant la paroi
orientale de son mastaba), on a distingué trois niveaux d'utilisation, dont le plus
ancien, correspondant à la construction du mastaba, porte des taches rouges, té-
moignages des feux rituels.
Dans les couches successives du secteur F1, on a trouvé une quarantaine de
momies et squelettes datant des derniers siècles avant notre ère. Deux d'entre eux
gisaient à l'intérieur des sarcophages en bois ayant un masque sculpté. C'est dans
ce contexe qu'on a trouvé un fragment calcaire sculpté qui appartient à une stèle
portant le nom d'Horus de Netjerikhet, qu'on a pu relier à un autre fragment, trou-
vé an 1999 dans le même secteur.
Deux groupes d'objets été étudiés par des spécialistes: les corps humains et la
céramique. On a complété les relevés de plusieurs puits dégagés lors des cam-
pagnes précédentes. On a restauré et reconstruit les objets céramiques trouvés dans
le tombeau de Kar, dans le voisinage de la pyramide d'Ounas, y compris quatre
tables d'offrandes à décor peint.
g) Musée du Louvre: la mission archéologique du Louvre à Saqqara
s'est déroulée du 18 octobre au 16 novembre 2000, sous la direction de Christiane
Ziegler, assistée de Jean-Pierre Adam et Guillemette Andreu70. L'exploration du
complexe du mastaba d'Akhethetep, au nord de la chaussée d'Ounas, s'est poursui-
vie. Elle a porté en particulier sur le puits et le caveau, qui a été entièrement vidé.
Il contenait, outre le sarcophage et le couvercle d'un autre sarcophage (tous deux
Ancien Empire) déjà vus en 1999, quelques éléments du mobilier funéraire d'Akhet-
hetep: vases d'albâtre et de schiste, bijou en or. Des observations sur le transport
des sarcophages dans le caveau, accessible par un puits carré de 2,16 x 2,16 m et
profond de 22 m ont pu être faites par J.-P. Adam tandis que les marques sur les
pierres ont été étudiées par M. Etienne. Les limites du mastaba E 17, situé entre la
chaussée d'Ounas et la paroi sud du mastaba d'Akhethetep ont été dégagées: il s'a-
git d'une construction de dimensions modestes: 12,65 x 5 m. Le puits n'a pas été
trouvé. La chapelle, mise au jour en 1995/1996, a été rouverte et ses parois inté-
rieures nord et est ont fait l'objet de restaurations. La fouille s'est étendue vers le
nord-est et a permis d'atteindre, sous les niveaux coptes, les couches d'inhumations
pré-ptolémaïques et ptolémaïques. 25 sarcophages ont été mis au jour, posés à
même le sable. Orientés la tête à l'ouest, ces sarcophages sont d'une facture mo-

Rapport aimablement communiqué par C. Ziegler et Guillemette Andreu. Participaient


également au chantier: C. Bridonneau (chargée d'études documentaires), L. Miche! (archéo-
logue, dessinatrice), C. Décamps (photographe), M. Etkme (conservateur), E Janot (égypto-
logue, anthropologue), G. Lecuyot (archéologue, céramologue), M-E de Rozières (restauratrice)
et les représentants du CSA: S. el-Assy et M. Hindawy, inspecteurs. Pour les campagnes pré-
cédentes: Or 70, 382. Ajouter à la bibliographie: L. Giddy, EA 18 (2001) 30.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 43

deste (bois et terre crue modelée sur le visage, ornés de décor polychrome som-
maire) et se révèlent d'une grande fragilité. L'étude des squelettes (F. Janot) a
montré que la population enterrée là était jeune. Le travail sur la céramique s'est
poursuivi" et un dépôt de jarres et de matériel d'embaumement ont été fouillés.
Les travaux se sont poursuivis, du 22 octobre au 15 novembre 2001, sous la
direction dc Christiane Ziegler, assistée de Jean-Pierre Adam et Guillemette An-
dreu72. Le mastaba E 17, situé entre la chaussée d'Ounas et la paroi sud du masta-
ba d'Akhethetep, a fait l'objet d'une couverture photographique complète et d'un
relevé en dessin du décor sculpté pour la publication. La fouille s'est étendue vers
le nord-est et a permis d'atteindre, sous les couches d'inhumations pré-ptolé-
maïques et ptolémaïques dégagées en 2000, le niveau Ancien Empire. Au nord de
la chapelle découverte en 1993, est apparue une nouvelle chapelle, inachevée. Une
courte formule d'offrandes était peinte en bleu sur 1er mur intérieur ouest. Deux
tables d'offrandes ont été mises au jour. Devant le mur extérieur est de cette cha-
pelle ont été dégagées 19 entrées de puits carrés (environ 1 x 1 m), sans organisa-
tion apparente. Seul trois puits ont été vidés; l'un d'eux contenait une sépulture dé-
posée dans un cercueil de roseaux avec un chevet.
h) Saqqara Survey Project: sur la campagne 2000 du National Mu-
seum of Scotland dirigée par Ian Mathieson: L. Giddy, EA 18 (2001) 3Ø73
j) Conseil suprême des Antiquités: sur la fouille en 2000 par
Khaled Mahmoud du Mastaba de Nyâkhnysout, dignitaire de Djedkarê Isesi: L.
Giddy, EA 18 (2001) 28. Rapport: Khaled Mahmoud, «Preliminary Report on the
Tomb of Ny-ankh-nesut at Saqqara: 1st Season of Excavation», GM 186 (2002) 75-
88. - Ajouter à la bibliographie: Anthony Leahy - Ian Mathieson, «The Tomb of
Nyanldmesut (Re)discovered», JEA 87 (2001) 33-42.
Sur la découverte par le Conseil Suprême de Antiquités de la tombe de Qar,
médecin de la cour sous la Vie dynastie, ainsi que d'un lot de bronzes de la XXVI'
dynastie: Kemet 11/1 (Janvirer 2002) 86.
j) Rijksmuseum van Oudheden (RMO) et Université de
Leiden (UL): dans la nécropole du Nouvel Empire, les activités de la mis-
sion conjointe du Rijksmuseum van Oudheden (RMO) et de l'Université de Leiden
(UL) se sont poursuivies du 14 janvier au 28 février 2001, sous la direction de
M. J. Raven et R. van Walsem74. On a exploré cette année le secteur à l'est de la

Voir G. Lecuyot, «La céramique du mastaba d'Akhethetep à Saqqara; observations préli-


minaires», CEE 6 (2000) 235-260.
Rapport aimablement communiqué par G. Andreu. Participaient également au chantier:
72

C. Bridonneau (chargée d'études documentaires), C. Décamps (photographe), E Janot (égypto-


logue, anthropologue), G. Lecuyot (archéologue, céramologue), M-E de Rozières (restauratrice)
et les représentants du CSA: Mona el-Cheirbini et M. Ezzat Cherif, placés sous l'autorité de
M. Adel Hussein, directeur du site de Saqqara. On trouvera des éléments bibliographiques ré-
cents dans: C. Ziegler, «Recherches sur Saqqara au musée du Louvre, bilan et perspectives»,
Abusir and Saqqara in the Year 2000 ArOr 68 (2000) 48-53; J.-Adam et C. Ziegler, «La mis-
sion archéologique du Louvre à Saqqara», Dossiers d'archéologie 265 (juillet-août 2001) 102-
111; Guy Lecuyot, «Recent Louvre Excavations at Sakkara», KMT 12/2 (2001) 33-41; E Janot et
al., «La mission archéologique du Louvre à Saqqara: une nécropole d'époque tardive dans le
secteur du mastaba d'Akhethetep», BIFAO 101 (2001) 249-292. Consulter également:
(www.culture.gouv.fr/culture/arcnat/saqqara/fr).
' Pour les
campagnes précédentes: Or 70, 383.
Rapport aimablement communiqué par M. J. Raven et R. van Walsem. L'équipe compre-
71

nait également: Barbara G. Aston et Amanda Dunsmore (céramologues), Eugen Strouhal (an-
thropologue), Willem Beex (conducteur de fouilles), Anneke de Kemp et Peter Jan Bomhof (pho-
44 Nicolas Grimai et Emad Adly

tombe d'Horemheb. C'est ainsi qu'a pu être localisé le mastaba H9 de Mariette",


qui appartient à Meryneith (Merytyneith/Mery!Meryrê), «grand des voyants d'Aton,
scribe du temple d'Aton en Akhetaton et Memphis, gardien du temple d'Aton, pre-
mier prophète de Neith». La superstructure de la tombe, de 18 x 10,25 m, est en
brique crue revêtue de calcaire. L'entrée, à l'est, devait avoir l'aspect d'un pylône;
la partie méridionale comporte une stèle cintrée au nom du «premier prophète de la
Lune» Hatiay, dont il ne subsiste du pendant nord que la base. Rien ne subsiste de
la décoration du vestibule menant à la tombe, sauf deux panneaux dc calcaire mon-
trant le défunt entrant ou sortant de la tombe. Deux petites chapelles flanquent le
vestibule; quelques fragments de leur décoration subsistent. La partie centrale de la
tombe est constituée d'un cour de 9,2 x 9,3 m, comportant un péristyle dc 12 co-
lonnes, hautes de 2,3 m, dont seules cinq (plus une demi-colonne engagée dans le
mur nord) ont été conservées. Tous les murs de la cour ont encore une bonne par-
tie dc leur revêtement de calcaire. La décoration du mur est n'a jamais été effec-
tuée, tandis que le mur nord a été décoré à nouveau par Hatiay. On y voit le rite
de l'ouverture de la bouche pour Meryneith et son épouse Inyuia, suivi d'un
groupe de dieux et déesses, dc scènes d'orfèvrerie, boucherie et d'une barque
royale. Le mur sud conserve des fragments des funérailles et d'un grenier, sans
doute celui du temple d'Aton de Memphis. Le mur ouest, enfin, présente les scènes
d'offrandes au défunt et à son épouse. Derrière la cour se trouvent trois chapelles
cultuelles. Celle du centre est revêtue de calcaire (scène d'orfèvrerie), d'un pave-
ment, comme le reste de la tombe, et de deux colonnes. Les deux chapelles laté-
rales ont un toit à rouleaux et des peintures sur enduit, ainsi qu'un sol en terne. On
a trouvé dans la chapelle sud-ouest une statue intacte de Meryncith et Inyuia en
place.
La 28e campagne dc la mission conjointe du Rijksmuseum van Oudheden
(RNO) et dc l'Université de Leiden (UL) a eu lieu du 14 janvier au 28 février
2002, sous la direction de M. J. Raven et R. van Walsem76. On a poursuivi la
fouille de la tombe de Meryncith, en dégageant d'abord les extérieurs de celle-ci
sur environ 3 m de large. Cette opération a mis au jour d'autres chapelles ad-
jacentes et des puits. On a également atteint, à l'ouest, les restes de la base du py-
ramidion couvrant jadis la chapelle de Meryneith; à l'est, une avant-cour d'au
moins 12 m d'est en ouest est apparue; le démontage de structures postérieures a
fourni nombre de blocs réemployés du tombeau dc Meryncith. L'infrastructure, ra-
pidement explorée la campagne précédente, a pu être dégagée. Très complexe, elle
peut-être reconstituée, par ordre chronologique, ainsi: un premier complexe à la He
dynastic, comprenant un puits central avec caveau et entouré de quatre galeries
pourvues dc niches latérales, a dû être une sépulture royale. A la XVIIP dynastic,
Mcryncith agrandit le puits et ajoute une nouvelle chambre funéraire, dans laquelle
on a retrouvé divers restes. A la Basse Epoque, de nouvelles chambres et de nou-
veau corridors coupent l'ensemble, ainsi qu'un puits conduisant à un étage encore

tographes), Peter van Birgelen et Frederik Macs (assistants de fouille), Geoffrey T. Martin. Pour
la campagne de 2000: Or 70, 383-384. Ajouter à la bibliographic: L. Giddy, EA 19 (2001) 28.
" PM 111 2 (1981) 666.
76 Rapport aimablement communiqué par M. J. Raven et R. van Walsem. L'équipe compre-
nait également: Barbara G. Aston et Amanda Dunsmorc (céramnloguea), Eugen Strouhal (an-
thropologue), Willem Beex (conducteur de fouilles), Dorothea Schutz (dessinatrice), Anneke de
Kemp et Peter Jan Bomhof (photographes), Christian Green et Heleen Wilbrink (assistants de
fouille), Jos van der Vin (numismate), Rob. J. Demarée (hiératisant).
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 45

inférieur. Tout le complexe est rempli d'une masse de momies endommagées et de


sarcophages en bois détériorés. La date est confirmée par la céramique, les perles
cylindriques et deux pointes de lances.
On a entrepris le relevé des reliefs et peintures, ainsi que l'étude des inscrip-
tions hiératiques et démotiques trouvées en 2001-2002. L'étude de la céramique des
campagnes précédentes a été poursuive, et E. Strouhal a étudié le matériel trouvé
en 2000 dans le puits 99/I, soit 76 individus. 246 tétradrachmes d'argent datés des
années 10 à 22 de Ptolémée XII fournissent une datation assurée.
-
k) Pyramide d'Ounas: ajouter à la bibliographie: A. Labrousse
Ahmed Moussa (t) La chaussée du complexe funéraire du roi Ounas (BdE 134;
2002). Sur la découverte d'une tête d'Ounas par le Conseil suprême des Antiquités
dans son temple d'accueil: Kemet 10/4 (octobre 2001) 84.
1) Nécropole de la pyramide d'Ounas: Naguib Kanawati a repris
l'étude des tombes jadis fouillées par Selim Hassan: Tjetu, ly, Hermeru, Iyenhor,
Niânkhpepy, qui datent toutes du règne de Pépy Pr77.
m) Nécropole de la famille royale de Pépy P': la mission ar-
chéologique française de Saqqara a travaillé sur le site de Saqqara du 3 février au
26 avril 200178. L'objectif de la campagne était de dégager la face nord de la pyra-
mide de l'épouse royale Ankhenespépy II, repérée lors de la campagne 2000, de
fouiller la totalité de l'appartement funéraire et de collecter les divers fragments de
Textes des Pyramides gravés jadis sur ses parois. Parallèlement l'étude des Textes
des Pyramides de Téti et de Mérenrê J" devait être poursuivie. La campagne s'est
achevée avec la découverte remarquable de près de 1000 fragments du corpus des
Textes des Pyramides de la reine-mère Ankhenespépy II.
(1) Le complexe funéraire de la reine-mère Ankhenespé-
py II: la fouille du temple funéraire de la reine-mère Ankhenespépy II a por-
té cette saison sur les derniers magasins de la cour situés devant la façade nord de
la pyramide (Fig. 9). Ces magasins sont répartis en quatre groupes de cinq et dis-
posés en deux ensembles équivalents de part et d'autre d'un couloir d'orientation,
est-ouest. Au fond du magasin de l'Est du groupe sud-ouest, dans une lacune du

L. Giddy, EA 19 (2001) 28.


Rapport aimablement communiqué par Audran Labrousse. Dirigée par Audran Labrousse,
78

elle comprenait Bemard Mathieu, égyptologue, Catherine Berger el-Naggar, épigraphistes; Vas-
sil Dobrev, assistant; Marie-Noèle Fraisse-Alvim, secondée par Monica Caselles-Barriac, infor-
maticiens; Isabelle Pierre-Croisiau, égyptologue-dessinatrice; Elise Bene, Nadine Guilhou, Pier-
rette Jeanmougin-Pero (architecte DESA), Nathalie Lienhard, Paul Niel, Frédéric Payraudeau,
dessinateurs; Anne Gout, chargée de l'étude de la vaisselle de pierre; Jean-François Gout, photo-
graphe, et Michel Wuttmann, restaurateur, attachés à l'Ifao. Le CSA était représenté par Adel
Hussein, directeur du site de Saqqara, et Sami el-Hussein, inspecteur en chef de Saqqara-Sud;
pour le site de la nécropole de la famille royale de Pépy I", par Khaled M. Mahmoud, inspecteur
en chef des magasins de Saqqara, Abdel Hamid Mohamed Rayan et Aïman Gamal, inspecteurs;
pour le magasin de Téti (no 22 de Saqqara) par l'inspecteur Azzat Cherif. Pour les campagnes
précédentes, voir Or 70, 384-387. On ajoutera à la bibliographie: A. Labrousse, Architecture des
pyramides à textes, II (BdE 131; 2000); J. Leclant - A. Labrousse, «Les reines Ankhnespépy II
et III (fin de l'Ancien Empire): campagnes 1999 et 2000 de la MAFS», CRAJBL 2001, 367-384;
C. Berger-el Naggar et al., Les textes de la pyramide de Pépy I". Edition, description et analyse
(MIFAO 118/1-2; 2001); Anne-Marie Romero, «L'impossible généalogie des pharaons», Le Fi-
garo du 12 mars 2001; «Ankhnespépy II ressuscitée», Le Monde de la Bible 135 (juin 200»;
L. Giddy, EA 19 (2001) 28; Audran Labrousse, «Les pyramides de reines à Saqqara», Dossier
d'archéologie 265 (2001) 112-121; Jean Leclant - Audran Labrousse, «Die Ausgrabungen in der
Nekropole der Koniginnen Pepis I. in Sakkara von 1988-1998», Sokar 2002/4, 10-14.
46 Nicolas Grimai et Emad Adly

dallage dépecé par les carriers, des fragments de trois feuilles d'or avec un décor
au repoussé ont été recueillis (All 0867). Ces feuilles évoquent des plaquettes de
bois décorées de thèmes royaux, recouvertes dc toile stuquée modelée en léger re-
lief et revêtue d'une feuille d'or, découvertes autrefois dans les temples funéraires
de Téti et Pépy II.
Le parement de la face nord de la pyramide est détruit jusqu'au premier gra-
din de la construction. Une trace conservée sur quelques dalles pourrait cependant
permettre de préciser l'emplacement de la chapelle nord et de fixer ainsi la largeur
du péribole nord à 14 coudées (7,34 m). La descenderie de l'appartement funéraire
s'ouvre à environ 5 m de la base de la pyramide; elle est située à près de 1,34 m
en avant de la façade de la chapelle nord. Les deux derniers bouchons de la des-
cenderie, qui forment le seuil de la porte de la chapelle, sont encore en place.
L'angle nord-ouest de la construction et quelques traces sur les dallages permettent
de restituer le plan de la chapelle. Elle mesurait 4,19 m (8 coudées) de largeur est-
ouest (sans les tores d'angle) pour une saillie de 3,69 m (7 coudées) depuis la base
de la pyramide. Un important fragment de la corniche à gorge, d'une épaisseur
d'une coudée, a été recueilli. Dans l'angle nord-ouest dc la pièce, un trait incisé à
0,76 m du dallage fixe la hauteur des tableaux de décoration. La décoration du sof-
fite de la chapelle était peinte, sans relief, comme en témoigne un fragment de
quinconce d'étoiles à cinq branches d'un cadrat de 8,2 cm (MI 0896). Dix frag-
ments des tableaux des parois ont été recueillis, gravés en léger relief sans trace de
peinture, provenant essentiellement de la paroi ouest: six éléments de la pancarte-
menu (MI 0850 + 0876, All 0859 à 0861 et All 0897), auxquels on peut ajouter
un fragment très érodé de quatre registres superposés de vases (All 0898) qui ont
dû être situés derrière la reine, un fragment de deux registres de porteurs d'of-
frandes (All 0886) et des amoncellements d'offrandes (AIl 0858 et AIl 0863).
Construite en forme de T, la cuve de construction de l'appartement funéraire
ouvre au centre du gradin nord qui présente une pente de 82 gr. Elle présente deux
décrochements rentrants qui correspondent chacun à une surélévation. Elle est
construite, sur une hauteur de 2,10 m depuis le dallage, avec des parois verticales.
Après un petit retrait d'une vingtaine de cm, les parois se poursuivent avec une
pente de 92 gr des côtés ouest et sud. Du côté nord, le mur de la cuve est rempla-
cé par des pierres d'appuis. A la hauteur de 3,77 m, soit celle de la base de la
cuve d'accès, la construction présente partout un lit d'attende qui reçoit la troi-
sième surélévation mais sans retrait cette fois-ci. Dans les angles nord-ouest et
nord-est, un joint de rupture dans la maçonnerie de la troisième surélévation
épouse, à 45 degrés, les diagonales de la pyramide. Ce procédé que l'on retrouve à
la pyramide de Ankhenespépy III devait permettre des vérifications d'angles et de
dimensions pendant le chantier.
Si l'accès à l'appartement funéraire reste à fouiller, le caveau et son «serdab»
ont été entièrement dégagés et restaurés (Fig. 8). A l'exception de l'angle nord-
ouest formé d'une assise imposante haute de 1,17 m, profonde d'environ 1,60 m, il
ne subsiste rien des parois du caveau. On peut cependent évaluer sa longueur à 14
coudées, sa largeur à 6. Un bloc appartenant au sommet d'une paroi décorée de
textes des pyramides présente à son sommet un petit retour horizontal en enduit, ce
qui prouve que la chambre funéraire était couverte par un plafond. Un fragment de
soffite décoré d'étoiles peintes en blanc sur fond noir a été recueilli dans les dé-
combres. Dans l'angle nord-est du caveau, l'arrivée du couloir est détruite jusqu'à
la herse encore en place dans sa glissière. Ces éléments sont en granite. La herse
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 47

mesure 1,70 m de hauteur pour une épaisseur de 0,56 m. La section du couloir au


niveau de la glissière est de 1,40 m de largeur pour une hauteur de 1,36 m. Au
centre de la paroi est devait s'ouvrir le passage du «serdab». La pièce est presque
totalement détruite, à l'exception de sa paroi sud et d'un bloc de la dernière assise
de son angle nord-est. Ces vestiges permettent de lui attribuer une longueur nord-
sud de 10 coudées, une largeur est-ouest dc 4 et une hauteur de 5 coudées. Lors de
la campagne 2000, les inscriptions des faces nord et est de la cuve ainsi que celle
du couvercle de sarcophage avaient été relevées. Le dégagement complet du sarco-
phage n'a fourni aucune autre inscription: les faces sud et ouest sont anépigraphes.
La cuve à canopes en granite à été retrouvée, basculée et vidée de son contenu,
près du sarcophage. Elle a été replacée au sud-est du sarcophage comme dans l'ap-
partement funéraire de la reine Neit.
Aux 209 fragments de Textes des Pyramides découverts en 2000, s'ajoutent
désormais les 980 fragments et blocs découverts cette saison (Fig. 10 a), soit un to-
tal de 1189 éléments. Le plus gros bloc, gravé d'une partie de la liste d'offrandes,
appartient à la paroi nord tout en constituant une partie du linteau au débouché du
couloir. -
(2) La pyramide de l'épouse royale Ankhenespépy III:
dans le caveau de l'épouse royale Ankhenespépy III, fille de Mérenrê I et épouse
de Pépy II, les vestiges de la ligne de légende courant tout autour des parois ont
été replacés à leur emplacement d'origine ainsi que les éléments de «façades de
palais» qui bordaient la cuve du sarcophage (Fig. 10 c). Trente fragments d'inscrip-
tions ont ainsi pu se joindre aux deux gros blocs conservés en place.
(3) La pyramide de Mérenrê I": le programme de restauration
des textes de l'appartement funéraire de la pyramide de Mérenrê J a porté, cette
saison, sur les jambages du passage entre la chambre funéraire et l'antichambre. Le
passage restitué présente une largeur égale à sa profondeur, soit 1,41 m; sa hauteur
est de 1,71 m. Isabelle Pierre-Croisiau a travaillé cette saison dans la réserve des
Textes des pyramides de la pyramide de Mérenrê I" pour préparer les restaurations
à venir avec un puzzle sur papier des parois restant à restaurer, essentiellement les
longs murs nord et sud de la chambre funéraire et de l'antichambre.
(4) Magasins: un projet de restauration, qui devrait débuter dans les
deux ans, a été établi pour les longs murs nord et sud du caveau et de l'anti-
chambre de l'appartement funéraire du roi Téti. Les fragments des Textes des Pyra-
mides appartenant à ces parois avaient été recueillis dans les ruines de l'apparte-
ment funéraire lors des dégagements de J.-Ph Lauer et J. Sainte Fare Garnot, en
1951 puis en 1956. Supervisé par B. Mathieu, un inventaire complet des fragments
des Textes des Pyramides de Téti entreposés dans le magasin n° 22 a été entrepris
avec l'aide de l'inspecteur Azzat Cherif. Elise Bène et Nadine Guilhou ont dessiné
et étudié tous les fragments, qui ont été photographiés ensuite par Jean-François
Gout. Une seconde campagne dans le magasin de Téti est prévue en 2002.
Dans les réserves de la Mission archéologique française de Saqqara, Nathalie
Lienhard a étudié la céramique recueillie lors d'une campagne précédente dans la
pyramide satellite de l'épouse royale Inenek/Inti; Anne Gout a analysé la vaisselle
de pierre trouvée dans le caveau de la pyramide de la reine-mère Ankhenespépy II.
J.-Fr. Gout a continué l'enregistrement photographique du matériel archéologique
découvert par la mission. L'inventaire informatique de l'ensemble de la collection
archéologique conservée dans les réserves de la mission à été terminé par Marie-
Noëlle Fraisse-Alvim, assistée par Mônica Caselles-Barriac et Khaled M. Mah-
48 Nicolas Grimai et Emad Adiy

moud, inspecteur en chef des magasins de Saqqara. Cet inventaire à été remis au
directeur du site, Adel Hussein.
En février 2002, Vassil Dobre archéologue (Ifao), et Claudine Piaton, ar-
chitecte, ont effectué des relevés photogrammétriques des faces nord et ouest de la
pyramide de Pépy afin de compléter le plan du monument, nécessaire à la publica-
tion des inscriptions des bâtisseurs. Jean-François Gout, photographe (Ifao), a ef-
fectué des relevés photographiques sur le terrain et a terminé l'enregistrement des
blocs inscrits des Textes des Pyramides de la reine Ankhesenpépy II. Bernard Ma-
thieu, égyptologue (Ifao), a poursuivi l'étude de ces blocs en vue de la reconstitu-
tion des parois; une bonne partie ont été dessinés cette année par Elise Bène (doc-
torante univ. Montpellier III), avec un matériel mis à sa disposition par l'Ifao.
Anne Minault-Gout, égyptologue (Cnrs, chercheur associé Ifao), a étudié la vais-
selle en pierre du monument funéraire de Ankhesenpépy II (Fig. 10 b), dont plu-
sieurs dessins ont été réalisés par Khaled Zaza, dessinateur (Ifao). En collaboration
avec des restaurateurs du Service des Antiquités, Abeid Mahmoud Hamed, restau-
rateur (Ifao), a effectué le nettoyage, en magasin, des concrétions salines accumu-
lées à la surface de blocs inscrits dégagés par la Mafs durant les deux saisons
précédentes, et assuré nettoyage, consolidation et restauration du mobilier archéo-
logique en terre crue.
n) Complexes funéraires d'Ouserkaf et Néferhétepès: ajou-
ter à la bibliographie: A. Labrousse - J.-Ph. Lauer (t) Les complexes d'Ouserkqf
et de Néferhétepès (BdE 130/1-2; 2000).
o) Complexe funéraire de Djedkarê-Isési: la deuxième cam-
pagne de dégagement conduite par l'Ifao au complexe funéraire du roi Djedkarê-
Isési à Saqqara-Sud, s'est déroulée du l au 17 avril (à l'intérieur de la pyramide),
et du 11, au 28 avril 2002 (à l'extérieur de la pyramide)". A l'intérieur de la pyra-
mide, A. Labrousse, assisté de P. Perrot, a presque complété le plan architectural de
l'appartement funéraire, à l'exception de la partie inférieure de la descenderie, cou-
verte par des déblais. Après la consolidation du plafond de cette partie de la des-
cenderie, prévue pour la saison prochaine, on peut envisager le dégagement de ces
déblais. Les multiples fragments du sarcophage de Djedkarê-Isési ont été regroupés
et déposés à l'emplacement initial du sarcophage. A l'extérieur de la pyramide, la
consolidation des blocs des gradins internes a été poursuivie sur la face nord, afin
de préparer le nettoyage des gradins et des blocs d'appui. Les déblais accumulés au
cours de la saison 2001 ont été enlevés et évacués loin du plateau du complexe fu-
néraire. De nombreux tessons de poterie ont été recueillis, ainsi que des vases et
des coupelles miniatures complètes, des fragments de vaisselle en albâtre, du sarco-
phage du roi, des fragments de granite, une meule en granite, un fragment de relief
portant des étoiles et deux ostraca dont les inscriptions sont presque totalement ef-
facées. Les déblais de l'ouverture de la pyramide en 1986 ont été également éva-
cués, ainsi qu'une partie de l'importante accumulation des déblais des fouilles de
1979, provenant du temple funéraire du roi. Au cours de la consolidation des blocs

D'après Rapport IFAO 2001-2002.


D'après Rapport IFAO 2001-2002. Pour les débuts de ce programme, voir B. Mathieu,
80

BIFAO 101, 545-546. L'équipe, placée sous la direction de Bernard Mathieu, égyptologue (Ifao),
comprenait Audran Labrousse, architecte archéologue (Cnrs, chef de mission), Vassil Dobrev, ar-
chéologue égyptologue (Ifao) et Pierrette Perot, architecte. Le CSA était représenté par Moha-
med Youssef, inspecteur, Mahrouz el-Sanadidi, assistant-inspecteur.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 49

d'appui situés au-dessus de la descenderie de la pyramide a été trouvé, placé entre


deux pierres, le petit squelette d'un enfant de bas âge. La date de cet enterrement
improvisé est difficile à préciser.
p) Tabbet al-Guech: les travaux sur le terrain se sont déroulés du 15
septembre au 17 octobre 2001 (carte archéologique), du 20 octobre au 14 novembre
2001 (Tabbet al-Guech), puis du 1" au 11 décembre 2001 (magasin du CSA)8L
Pendant la saison 2001, le travail sur la carte archéologique s'est concentré
autour des complexes funéraires de Djedkarê-Isési, Mérenrê, Pépy II, Chepseskaf et
Aba, ainsi que dans le ouadi Tafia. 375 ha de terrain sont désormais couverts, ce
qui représente environ 4/5' du projet initial. Les tessons de poterie et les objets re-
cueillis dans les sondages effectués au cours de la saison 2000 à Tabbet al-Guech
signalaient une occupation du site pendant la Basse Époque, mais aussi pendant les
périodes ptolémaïque, copte et romaine. La présence d'un nombre important de tes-
sons de l'Ancien Empire laissait supposer que le site était déjà en fonction au
cours du 3' millénaire av. J.-C. Le sondage D de la saison 2000 ayant révélé
l'angle nord-est d'un mur en briques crues épais d'environ 60 cm, il a été décidé
de rechercher, pendant la saison 2001, ses dimensions, afin de permettre de
comprende sa fonction. Ce mur semble faire partie de la superstructure d'un puits
saïte qui se trouverait au centre de cet espace clos.
Trois squelettes presque complets avec la tête tournée vers l'Ouest ont été
trouvés, directement posé sur le sable, et deux autres sous une accumulation de
briques crues, plus ou mois organisées, formant ainsi de petites tombes rectangu-
laires (environ 2 m de longueur sur 1 m de largeur); des ossements bouleversés
d'au moins trois autres corps ont été aussi mis au jour; six sarcophages anthro-
poïdes en bois, placés directement dans le sable, sans superstructure, datables de la
Basse Époque. Les couvercles de trois sarcophages (Tb 16, 18, 19) sont décorés, au
moyen de peinture blanche et jaune, d'éléments figuratifs typiques de cette époque:
collier et scarabée ailé au milieu, six génies funéraires sur les côtés. Ils portent
aussi des textes religieux, inscrits en colonnes. Les objets découverts sont datables
d'une période comprise entre la XXVII, et la XXX' dynastie.
La présence, parmi les tessons de poterie de la Basse Époque trouvés autour
du supposé puits saïte, de tessons de l'Ancien Empire (quelques fragments de Meï-
doum Bowls par exemple), permet d'envisager l'existence de structures plus an-
ciennes. En dégageant un petit puits (1 x 1 m) creusé dans le gebel, vraisemblable-
ment à la Basse Époque, on a atteint une chambre décorée d'une tombe rupestre
attribuable à la fin de l'Ancien Empire. Le décor est gravé et peint sur des dalles
en calcaire blanc de Toura placées contre les parois de la montagne. Le propriétaire
de la tombe, un dénommé Haou-néfer, représenté avec son épouse Khouit, porte le
titre de prêtre de la pyramide de Pépy I'. Compte tenu de l'état précaire des objets
trouvés au cours de la saison 2001, un travail important de restauration a été effec-
tué au magasin du CSA par Abeid Mahmoud Hamed, qui a principalement concen-

D'après Rapport IFAO 2001-2002. Pour les débuts de ce programme, voir B. Mathieu,
BJFAO 101, 544-545. L'équipe était composée de Abeid Mahmoud Hamed, restaurateur (Ifao),
Catherine Defernez, céramologue (Ifao), Vassil Dobrev, archéologue-égyptologue (Ifao, chef de
chantier). Jean-François Gout, photographe (Ifao), Salima Ikram, égyptologue spécialiste des
momies (AUC), et Damien Laisney, topographe (Ifao). Le CSA était représenté par Ahmed Ga-
ber, inspecteur, Mohamed Abd el-Moneim et Yasser Hassan, assistants-inspecteurs. Pour la cam-
pagne 2000: L. Giddy, EA 18 (2001) 30.

Orientalia - 4
50 Nicolas Grimai et Emad Adly

tré ses efforts sur la consolidation des sarcophages anthropoïdes. Une étude d'iden-
tification des occupants des sarcophages a été entreprise par S. Ikram, qui a égale-
ment procédé à de nombreux examens des momies, dont certains aux rayons X.
Les tessons de poteries recueillis au cours des saisons 2000 et 2001 ont fait l'objet
d'une étude préliminaire, effectuée dans le magasin du CSA par C. Deferncz.
cij M a sta b a de Ti: Nathalie Beaux-Grimal, chercheur associé égypto-
logue (Ifao), prépare la publication de la paléographie du tombeau de Ti à Saq-
qara, menée en collaboration avec P. Laferrière, dessinateur (Jfao) et E. Majerus-
Janosi, dessinatrice. Les dernières vérifications ont été effectuées in situ à
l'automne 2002.

51. Memphis
a) Egypt Exploration Society: la campagne 2000 de l'EES s'est
déroulée du 20 août au 15 décembre et s'est concentrée sur quatre points princi-
paux 82.
(I) Kô m He lu 1: l'atelier de faïence d'époque ptolémaïque et romaine,
déjà partiellement fouillé en 1900 par F1. Petrie, a été à nouveau étudié par Paul
Nicholson. Un premier sondage, effectué aux confins sud de l'ancien camp mili-
taire, a livré un puissant mur et de la céramique comparable à celle découverte
par Petrie, mais pas de fours. Une deuxieme, plus au sud-ouest, n'a pas livré non
plus de fours, mais de grandes quantités de céramique industrielles et, en parti-
culier, des moules à faïence. Un troisième sondage, au sud, enfin, a livré un mur
et un pavage en briques cuites par l'usage, dont on peut supposer qu'ils servaient
de base aux fours, accumulés par l'usage. Celle campagne permettra, enfin, de
mettre de l'ordre dans la reconstitution proposée de ces ateliers, pour laquelle il
semble avoir mélangé données de Memphis et d'Amarna, qu'il avait fouillée peu
avant".
(2) Escarpement oriental du plateau de Saqqara: le survey
entrepris l'an dernier" a été poursuivi en direction d'Abousir et Abou Gourob,
dans la zone que recouvre rapidement l'urbanisation actuelle, et qui passe tradi-
tionnellement pour avoir été une zone lacustre, voire liée aux activités portuaires
des temples funéraires, en tout cas inondée par la crue. Les canotages effectués
sous le niveau du sol du temple de Niouserrê donnent une accumulation de plus
de 4 m de sable éolien, tandis que d'autres, effectués au milieu de l'emplacement
du lac récent, n'ont donné qu'l m de sédiments, sur plusieurs de sable. Celui-ci
devait présenter, dans les premières dynasties, un aspect similaire à celui de la
zone dans laquelle Ail Radwan a fouillé le cimetière de la V dynastie, au nord
de Niousenê.
(3) Blocs d'Amenhotep III: ultime révision des blocs remployés
par Ramsès II dans la chapelle de Ptah et restaurations de reliefs victimes de van-

82
D'aprcs le rapport annuel 2000/200t de l'EES; pour les campagnes antérieures, voir
Or 70, 388-389; le rapport annuel de PEES dans JEA 86 (2000) 1-22. - Ajouter à la biblio-
graphie: le rapport annuel de PEES dans JEA 87 (2001) l-22.
83
Ajouter à la bibliographie: Paul Nicholson, «Faience production at Kom Helul, Mem-
phis»,84 EA 18 (2001) 15-17; L. Giddy, EA 18 (2001) 28.
Voir David Jeffreys, «High and dry? Survey of the Memphite escarpment», EA 19 (2001)
15-16.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 51

dalisme: une représentation en creux de la barque de Sokar, une frise, en relief, de


vautours et de faucon accompagnant le cartouche d'Amenhotep III.
(4) Céramique du Moyen Empire: saison finale d'étude.
b) Bibliographie: ajouter à la bibliographie: Kemet 11/2 (Avril 2002)
5-46, où tout un dossier est consacré à Memphis et à ses nécropoles. Sur la restitu-
tion d'un relief représentant l'allaitement de Séthi I" par Hathor: SSEA Newsletter
septembre 2001.

52. Dahchour
a) Universités Waseda et Université de Toka: sur les fouilles
en 2000-2001 au tombeau d'Ipay et ses relations avec Ipy, le scribe royal enterré à
Amarna: L. Giddy, EA 19 (2001) 28.
b) Complexe funéraire de Sésostris III: la onzième campagne
de l'expédition du Metropolitan Museum of Art de New York dans le complexe fu-
néraire de Sésostris II a eu lieu du 10 septembre au 12 décembre 200l. La fouille
du mastaba de Khnoumhotep, haut personnage de la cour et peut-être parent du no-
marque de Beni Hassan, situé dans la nécropole nord, dégagé en 1894 par de Mor-
gan, a été reprise, afin de replacer de nombreux blocs épars retrouvés ces dernières
années dans et autour de l'ancienne maison de fouilles. De nouveaux blocs ont été
découverts, et, en particulier, suffisamment des assises pour permettre la reconstitu-
tion du plan de l'edifice, dont la façade, irrégulière était constituée de bastions et
de redans, avec des fausses portes, entourées de montants et de linteaux. Une ins-
ciption funéraire monumentale courait sur le sommet de l'édifice. Par ailleurs, les
montants des fausses portes ont livré d'intéressants textes historiques, hélas! frag-
mentés en centaines de petits fragments, actuellement étudiés par James Allen
(MMA). Une éventuelle reconstruction du mastaba est à l'étude.
En 1995, de grands blocs inscrits avaient été découverts le long de la face
nord du mastaba de Nebit, et mis en attente de reconstitution. Ce projet a été mené
à bien par Gunther Heindl et Dieter Arnold: reconstituer sur toute sa hauteur origi-
nale, soit 4,20 m, la partie nord du mastaba et placer les blocs inscrits sur une nou-
velle base. Cette restitution permet d'avoir ainsi un des rares exemples de mastaba
de la XII dynastie, comprenant la niche nord du mur oriental, reconstituée, elle
aussi, dans sa hauteur originale et couverte d'un nouveau linteau. Le tout a été re-
couvert d'une structure légère, reposant sur des piliers et destinée à protéger le mo-
nument, construite par la société cairote Mamdouh Habashi, sous la supervision du
Prof. Wolfgang Mayer.
Adela Oppenheim a inclus dans les assemblages des éléments décoratifs du
temple de la pyramide auxquels elle procède les nombreux fragments mis au jour
en 2001 parmi les débris recouvrant les sépultures postérieures au Nouvel Empire,
et datant pour la plupart des périodes ptolémaïque et romaine. Le dégagement de
ces dernières a été poursuivi au nord-est du temple de la pyramide. Cette nécropole
s'est développée sur les débris du temple et de la pyramide, de l'angle nord-est de
cette dernière vers le sud-est. Une centaine de tombes ont été fouillées et étudiées
au cours de la campagne. Elles ont livré de nombreux renseignement anthropolo-
giques, mais aussi beaucoup de petites stèles funéraires inscrites en grec.

Rapport aimablement communiqué par Dieter Arnold. Pour les rapports antérieurs, voir
Or 70 (2001) 389; L. Giddy, EA 18 (2001) 30.
52 Nicolas Grimai et Emad Adly

Les recherches sur les fondations de la pyramide on été poursuivies, au nord


du temple. La fouille a mis au jour, outre les soutènements en brique attendus un
grand nombre de blocs provenant aussi bien des lits supérieurs qu'inférieurs des
fondations. Étant donné le caractère exceptionnel de ces fondations ainsi rendues
apparentes, il a été décidé de les laisser visibles. Le site a donc été protégé par une
enceinte et les lits de briques recouverts de briques modernes, réalisées au module
du Moyen Empire. Le dégagement des débris des façades a livré de précieuses in-
dications de construction et marques de carriers.
e) Institut archéologique allemand du Caire:
(I) Pyramides: sur la campagne de mesures effectuée en 2001 par le
Deutsches archäologisches Institut in Kairo sous la direction de Rainer Stadelmann:
L. Giddy, EA 19 (2001) 32.
(2) Nécropole civile e t habitat: sur la première campagne me-
née sur le mastaba d'Ipi et les tombes voisines, ainsi que sur les villes de pyra-
mides, voir le rapport présenté par Nicole Alexanian et Stephan Johannes Seidl-
mayer, «Die Residenznekropole von Dahschur. Erster Grabungsbericht», MDAIK 58
(2002) 1-28 et pi. l-6. Ajouter à la bibliographie: L. Giddy, EA 18 (2001) 30; Ste-
phan J. Seidimayer, «Recent Excavations at Dahshurx', dans: Second Central Euro-
pean Conference, Abstracts 13-14.

53. Maadi: sur la poursuite des fouilles de l'époque conjointe du


Conseil suprême des Antiquités et du Deutsches archäologisches Institut in Kairo
en 2001, sous la direction d'Ulrich Hartung: L. Giddy, EA 19 (2001) 28.

54. H é lou â n: sur la campagne menée par Christiana Köhler en 2000-


2001 dans six tombes de la P à la 3e dynastie: L. Giddy, EA 19 (2001) 28. - Ajou-
ter à la bibliographie: Alejandro Jimenez-Serrano, «Horns Ka and the Cemetery of
Helwan», GM 180 (2001) 81-88; E. Christiana Kôhler - Edwin C. M. van den
Brink, «Four Jars with Incised Serekh-Signs from Helwan Recently Retrieved from
the Cairo Museum)), GM 187 (2002) 59-82.

F a you m

55. Hawara: en mars 2002 la Katholieke Universiteit Leuven (Bel-


gique) a mené une prospection archéologique à Hawara86, dans le cadre du projet
de topographie historique du Fayoum pour la période ptolémaïque et romaine dirigé
par le professeur Willy Clarysse (section: histoire ancienne), et soutenu par le
Conseil de Recherche de la K. U. Leuven. L'objet en est un inventaire des villages
de cette époque dans l'ensemble du Fayoum. Pour chaque village, on recueille des

Rapport aimablement communique par Inge Uytterhoeven, chef de chantier. Le Conseil


86

suprême des Antiquités était représenté par Ayman Mohammad Sedik el-Hakim et Ashraf Sobhy
Rezkalla. L'équipe était composée d'Annie Cottry (photographe), Katrien Cousserier (archéo-
logue), Bart Demarsin (archéologue), Lieven Loots (archéologue), Sylvie Marchand (Ifao, céra-
mologue), Veerle Muyldermans (archéologue), Ilona Reguiski (égyptologue) et Katrien Slechten
(archéologue). - Ajouter à la bibliographie: I. Uytterhoeven, «Hawara (Fayum): Tombs and
Houses on the Surface. A Preliminary Report of the K. U. Leuven Site Survey)), Ricerche di
Egittologia 3 (2001) 45-84; Elisa Fiore-Märochetti, «Inscribed Blocks from Tomb Chapels at
Hawara», JEA 86 (2000) 43-50.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 53

informations sur la topographie, la toponymie, l'administration, la religion, la popu-


lation, ..., à partir de toutes les sources antiques. Le travail de chantier se concentre
sur les vestiges architecturaux, la céramique et les objets collectés en surface. En
l'absence d'un plan topographique général d'Hawara, il a été procédé au relevé au
théodolite des structures les mieux conservées. On a également procédé à un ra-
massage céramique sur plusieurs zones représentatives liées à ces structures, de fa-
con à constituer un catalogue de formes et de fabrications de céramiques, afin
d'obtenir une vue générale diachronique des productions locales et importées à Ha-
wara. On s'est attaché plus particulièrement à la zone nord et nord-est de la pyra-
mide où Fi. Petrie a fouillé en 1888-1889 et 1910-1911 et a découvert la plupart de
ses portraits de momies célèbres. La plus grande partie des murs en briques crues
identifiés par Petrie comme tombes de la nécropole romaine, a été mesurée. Au
nord-ouest de la pyramide, la basilique a été examinée, ainsi que le quartier domes-
tique byzantin situé dans la zone de l'église. Sur la limite nord-ouest du site ar-
chéologique des structures ptolémaïques, ayant probablement une fonction domes-
tique, ont été relevées. Cette zone a beaucoup souffert des activités destructrices
des sebakhin. Les structures en briques crues (de maisons?) de la zone la plus au
nord du site, datant probablement de la période ptolémaïque, ont été également
analysées. Elles ont vraisemblablement été réutilisées plus tard comme tombes
(tombes «coptes» de Petrie?).
Dans le temps limité de la prospection, les chapelles de crocodiles de Petrie,
situées à la limite nord-est d'Hawara ont été examinées superficiellement. D'autres
vestiges architecturaux ont été mesurés au sud de la pyramide dans la zone du La-
byrinthe, sectionnée au siècle dernier en deux zones inégales par le canal Bahr Ab-
dullah Wahbi. Des structures régulières, entre le 2e et le 3e siècle avant J.-C. et le
6e siècle après J.-C. et situées sur le flanc ouest, ont été étudiées. Il est frappant
qu'une petite partie seulement des structures mesurées par Lepsius en 1841 soit en-
core visible à ce jour. La position des murs en briques crues de la période tardive
ou ptolémaïque au-dessus du Labyrinthe, détruit et datant du Moyen Empire, est
très intéressante dans le cadre de l'évolution historique et fonctionnelle de ce bâti-
ment qui formait un ensemble avec la pyramide d'Hawara et fonctionnait comme
centre cultuel et comme cimetière important dans l'Antiquité. Les résultats obtenus
seront confrontés avec l'information des autres sources pendant l'étude du site qui
est encore en progrès.

56. Q a s r e s - Sag ha: voir le rapport du survey magnétique effectué en


1999: Tomasz Herbich, PAM 12 (2001) 181-184.

57. Dimè: la mission archéologique conjointe des unversités de Bologne


et Lecce a tenu sa seconde campagne de survey à Soknopaiou Nesos/Dimè, dirigée
par S. Pernigotti et M. Capasso87 du 5 au 17 février 2002. On a poursuivi le relevé
systématique des structures situées au sud et au sud-ouest du temenos du temple
principal: relevé au sol, mise en fichiers informatiques des structures et photo-
grammétrie. Le relevé en place est effectué à l'aide d'une station totale, qui utilise

Rapport aimable communiqué par Sergio Pernigotti. La mission était composée de Sandro
87

De Maria, Gabrielle Bitelli, Paola Davoli, conducteur de fouilles, Luca Vittuari, Enrico Giogi,
Giuseppe Lepore, Matteo Sasselli. On ajoutera à la bibliographie classique: P. Davoli, L 'archeo-
logia urbana ne! Fayyum di età ellenistica e romana (Naples 1998) 40-71.
54 Nicolas Grimai et Emad Adiy

comme base celui réalisé par l'Université de Michigan en 1931 et 1932. Les photo-
graphies des monuments comme les prises de vue aériennes, réalisées à l'aide d'un
cerf-volant, sont effectuées à la fois sur support argentique et numérique, de façon
à être intégrées, avec l'ensemble des données, dans un SIG.

58. Kôm Umm el-Atl: du 9 octobre au 10 novembre 2000, la mis-


sion conjointe des universités de Bologne et de Lecce a mené sa huitième cam-
pagne de fouilles sur le site de l'ancienne Bakchias, sous la direction de S. Pemi-
gotti et de M. Capasso8<. On a poursuivi le dégagement de la partie en avant du
temple principal, entrepris en 1996, sur les fondations du grand temple de pierre,
dont la fouille avait commencé la campagne précédente. La mise en évidence
d'aussi imposantes structures ne laisse pas de surprendre, dans la mesure où l'on
supposait à cet endroit seulement la présence du temple en brique crue dédié à
Soknobkonneus, fouillé en 1896 par Grenfell et Hunt. Une datation de l'édifice du
1" au 2' siècle apr. J.-C. est probable. Le relevé topographique de l'ensemble a été
mené à bien, en ayant recours en particulier à la photographie numérique par cerf-
volant. La restauration des structures dégagées a également été poursuivie.
Au cours de la neuvième campagne, qui s'est tenue du lr au 31 octobre 2001,
les dégagements ont définitivement confirmé que l'on a affaire à un sanctuaire en
pierre d'époque romaine. De nouvelles structures en grès ont été dégagées vers le
nord; le fond de l'édifice de culte, sanctuaire ou autre, a été atteint, ainsi que le
mur de brique crue fermant au nord sa fondation. Les travaux de cette année ont
permis la mise au jour de trois des quatre trous de fondation placés aux angles du
temple, le quatrième, celui de l'angle occidental ayant été détruit par des pillards.
De nouveaux éléments de décors, fragments architectoniques et ostraca ont été mis
au jour.
En fin de campagne, on a dégagé la fondation de la porte en calcaire du
temple en brique crue de Soknobkonneus et une partie du dromos de grès qui y
conduit, révélant une structure de grès quadrangulaire antérieure à la fondation du
temple en pierre. Le relevé topographique a été achevé et les travaux de restaura-
tion dans la zone cultuelle poursuivis.

59. Medinet Madi: pour la campagne de 2000: L. Giddy, EA 18


(2001) 30. - Ajouter à la bibliographie: Kernet 11/2 (Avril 2002) 89; Edda Bre-
sciani, «Le temple double de Sobek à Medinet Madi», Dossiers d'archéologie 256
(2001) 132-141.

Rapport aimablement communiqué par S. Pernigotti. Les deux missions étaient compo-
88

sées, en 2000, de Paola Davoli, conducteur des fouilles, Annalisa Besso, céramologue, Gabriele
Bitelli, Enrico Giorgi, Luca Vittuari, topographes, Antonella Cazzato, Flavia Ippolito, Natascia
Pellé, papyrologues, Mima Cola, Federica Grilli, Marco Mengoli, assistantes de fouilles; en
2001, de Paola Davoli, Federica Boschi, Angela Cervi, dessinatrices, Enrico Giorgi, Matteo Sa-
selli, Cristian Tassinari, topographes, Flavia Ippolito, Natascia Pellé, papyrologues, Marco Men-
goli, assistant de fouilles. Pour les campagnes précédentes, voir Or 70, 393-394; S. Pernigotti
- M. Carpasso - P. Davoli, Bakchias, VI. Rapporto preliminare della Campagna di Scavo 1998
(Pise et Rome 1999); Bakchias, VII. Rapporto preliminare della Campagna di Scavo 1999 (Imo-
la 2000); eidem, Bakchias, VIII. Rapporta preliminare della Campagna di Scavo 2000 (Imola
2001); S. Pernigotti, «Une Statua Egiziana da Bakchias», dans: Les civilisations du bassin mé-
diterranéen (Instytut Archéologli UJ 2001); L. Giddy, EA 18 (2001) 30.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 55

60. Tebtynis: pour la campagne 2001 des fouilles conjointes de l'Ins-


titut de Papyrologie de l'Université de Milan et de l'Institut français d'archéologie
orientale89, voir B. Mathieu, BIFAO 101, 547-554. La quatorzième campagne de la
mission conjointe de l'Ifao et de l'Université de Milan s'est tenue à Umm-el-
Breigât du 4 septembre au 4 novembre 200190. L'exploration archéologique s'est
déroulée à l'est des maisons dégagées en 2000, de part et d'autre du dromos du
temple de Soknebtynis. A cet endroit, la Mission Archéologique Italienne avait dé-
couvert, en 1931, des constructions qui ont été interprétées comme étant des deip-
neteria, c'est-à-dire des salles de banquet. L'architecture de ces bâtiments à ciel
ouvert, de plan rectangulaire, aux trois côtés occupés par de larges banquettes sur-
élevées, en fait plutôt des tribunes d'où les fidèles assistaient aux processions. Les
Italiens n'avaient dégagés ces bâtiments que jusqu'au niveau du sol d'occupation.
En poussant la fouille jusqu'au sol naturel il a été possible de constater que les
trois tribunes étudiées cette aimée ne recouvraient aucune construction antérieure.
Les trois édifices datant de la fin du règne de Trajan, force est d'admettre que de
l'époque hellénistique au début du 2e s. apr. J.-C., les abords du dromos étaient
libres de toute construction. Avec son dallage en pierre de 14 m de largeur, flanqué
de sphinx, de lions et d'autels, et ses deux allées d'arbres de part et d'autre, il avait
alors une largeur totale d'environ 35 m. La fouille effectuée au contact du dallage
a par ailleurs permis de mettre en évidence l'existence de trois périodes d'amé-
nagement du dromos ayant précédé celle de l'époque de Trajan, la plus ancienne
étant contemporaine de la construction du temple de Soknebtynis, la seconde re-
montant au 2' s. av. J.-C. et la troisième correspondant à l'époque d'Auguste. Par
contre, aucune trace de voie antérieure à l'arrivée des Ptolémées n'a été retrouvée,
le dromos du début du 3e s. av. J.-C. reposant directement sur le sable naturel. La
conclusion que l'on peut en tirer, c'est que le temple du village d'époque pharao-
nique n'occupait pas la même position que le temple élevé sous Ptolémée fer et
Ptolémée II, celui-ci ayant été construit dans le cadre d'une extension du village
sur des terrains déserts ou ne comptant que quelques bâtiments isolés. La fouille du
dépotoir situé au sud du village s'est poursuivie et a permis la découverte d'un
nombre important d'ostraca et de dipinti, grecs ou démotiques, et de quelques cen-
taines de papyrus hiératiques, grecs et surtout démotiques, provenant pour la plu-
part des archives du temple. La quasi totalité de ce matériel écrit date des 3e et
2' s. av. J.-C., quelques documents en démotique remontant au 4e s. av. J.-C.

61. Deir el-Naqlun: la mission de l'Institut polonais d'Archéologie


méditerranéenne, dirigée par Wlodzimierz Godlewski, s'est tenue du 15 septembre

89 Pour les précédents rapports, voir Or 69, 253-255; 70, 394-396; L. Giddy, EA 18 (2001)
30; voir également désormais: Claudio Gallazzi, «I layon a Umm el-Breigât (Tebtynis), gli scavi
1997-1999», Acme 55/1 (Milano 2002) 3-31, 11 fig. Ajouter également à la bibliographie le pre-
mier volume de la publication finale: Claudio Gallazzi - Gisèle Hadji-Minaglou, La reprise des
fouilles et le quartier de la chapelle d'Isis-Thermouthis, Tebtvnis I (Le Caire 2000). - Ajouter à
la bibliographie: A. Jones, «More Astronomical Tables from Tebtunis», ZPE 134 (2001) 211-220.
Rapport aimablement communiqué par Claudio Gallazzi. Les participants à la quator-
90

zième campagne ont été les suivants: Claudio Gallazzi, Gisèle Hadji-Minaglou, Philippe Colom-
bert, Nikos Litinas (papyrologue), Lucio del Corso (paléographe), Andrew Monson (égypto-
logue), Sylvie Marchand, Anna Poludnikiewic, Gregory Marouard (céramologue), Stéphanie
Prost (architecte), Elia Pinakoulaki (archéologue), Khaled Zaza, Mohamed cl Chawaki, Marie-
Dominique Nenna, Marie-Françoise Boussac.
56 Nicolas Grimai et Emad Adly

au 30 octobre 2000°'. Le travail s'est concentré sur le bâtiment conventuel associé


à la tour dont les fondations avaient été précédemment dégagées. Cet édificee, dé-
truit par un incendie au début du 10e s. a servi ensuite de base à une église, aux
11e_12e s. On a fouillé une centaine de tombes dans le cimetière adjacent, à l'ouest
de l'église. Elles s'ajoutent aux 134 découvertes en 1986 et 1997-1998. Les défunts
étaient, pour certains placés dans des cercueils en palmier, pour d'autres sous des
nattes, enveloppés d'un suaire, décoré parfois de motifs et de textes arabes à la ma-
nière des tiraz, caractéristiques de l'époque fatimide, et accompagnés souvent d'une
bouteille et de quelques bijoux. Ce cimetière abritait la population chrétienne, dans
le temps de vie de l'église, mais peut-être aussi au-delà.
Du 28 août au 3 octobre 200192, les fouilles ont été poursuivies à l'est du mo-
nastère actuel, en direction du gebel, sur ce même cimetière fatimide. Sous les
tombes, on a dégagé un bâtiment de 12 x 8 m, qui devait faire partie du complexe
monastique, et dont l'existence est estimée du 6' au 10' s., date à laquelle il a été
détruit, comme le confirment tessons, verreries et monnaies trouvées. Une église a
été ensuite construite, vers la fin du même siècle, sur les ruines, à côté d'un
complexe d'habitation, où l'on a retrouvé en 1997 les archives, en arabe, d'un cer-
tain Giorgi Bifam. Un cimetière s'est agrégé au 11' autour de l'église et a été en
service jusqu'au 14', peut-être plus tard, la sépulture la plus récente ayant été faite
à l'intérieur même de l'église. On a également trouvé un cimetière antérieur, datant
des 6'-7' s., au sud-ouest du monastère, auquel sont associés des fragments de lin-
ceuls et d'inscriptions en grec.
L'équipe de restauration a travaillé sur les fresques de l'église de l'Archange
Gabriel: la dépose, dans la niche centrale de l'abside, d'une Vierge à l'enfant en
majesté, datée de 1020, a révélé une peinture mieux conservée encore dessous.
Celle-ci présente deux états: le premier, original, est une Croix victorieuse, qui date
probablement du 9' s., contemporaine donc de la construction de l'église. Ensuite,
peut-être au 10' s. une demi-figure du Christ jeune a été ajoutée, juste au-dessus
des bras de la croix. Cette composition se retrouve sur les gourdes des pèlerins pa-
lestiniens de Monza, et d'autres bijoux et peintures.

62. Fayum Survey Project: sur la campagne de 2000, dirigée Spar


Dirk Obbink et Comelia Roemer à Kôm Aliun: L. Giddy, EA 18 (2001) 28-29.

63. Widam el-Faras: sur la campagne dirigée par Elizabeth Bloxam


au primtemps 2001 aux carrières de basalte au nord du lac Moeris: L. Giddy, EA
19 (2001) 32.

64.
El-Herageh: ajouter à la bibliographie: Wolfram Grajetzki, «Die
Nekropole von el-Harageh in der 1. Zwischenzeit», SAK 29 (2001) 55-60.

D'après Polish Center Newsletter 6 (2001); W Godlewski, «Naqiun. Excavations, 2000»,


PAM 12 (2001) 149-161; T. Górecki, «The Pottery», ibid. 162-167; M. Mossakowska-Gaubert,
«Récipients en verre provenant des tombeaux datés du XE au XIII' siècle. Remarques prélimi-
naires (saison 2000)», ibid. 168-172; K. Piasecki, «Skulls from Naqiun», ibid. 173-180. Pour les
campagnes précédentes: Or 70, 396-397.
D'après Polish Center Newsletter 8 (2002).
91
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 57

Moyenne-Égypte

65. E h n as y a e!- M e din a: pour la campagne 2000 sur le cimetière


d'Herakleopolis Magna dirigée par Maria del Carmen Perez-Die: L. Giddy, EA 18
(2001) 30.; Maria del Carmen Pérez Die, «Fouilles à Ehnasya el-Medina (Herakleo-
polis Magna). Travaux et résultant récents», BSFE 150 (2001) 6-25.

66. To un a e 1- G e bel: ajouter à la bibliographie le compte rendu de


D. Kessler, Die Paviankultkammer CGC 2 (HAB 43; 1998) par Gloria Rosati, Or
70, 149. Sur la mission conjointe, au printemps 2001, dirigée par Abdel-Halim Nur
al-Din et Dieter Kessler dans le cimetière des animaux: L. Giddy, EA 19 (2001) 32.

67. Zawiyet Sultan: sur la campagne 2000 de l'Inspectorat de Mi-


nieh et des universités de Cambridge et Sheffield dans les mastabas de l'Ancien
Empire de Zawiyet el-Meitin: L. Giddy, EA 18 (2001) 30.

68. Akoris: sur la reprise des fouilles à Akoris par l'Institut d'Histoire
et d'Anthropologie de l'Université de Tsukuba, voir le rapport préliminaire publié
par Hiroyuki Kawanishi et Sumiyo Tsujimura, Preliminary Report Akoris 2000
(University of Tsukuba, Nakanishi Printing, Tsukuba 2001).

69. Antinoé: ajouter à la bibliographie: Marguerite Rassart-Debergh,


«Peintures et textiles d'Antinoë. Quelques parallèles», dans: A. Barbet (éd.), La
peinture funéraire antique (Paris 2001) 309-311 et pl. LXI-LXII.

70. B a o u î t: dans le cadre de la convention signée entre le musée du


Louvre et l'Ifao pour le développement d'un nouveau programme de recherche sur
le site de Baouît, une première mission, placée sous la responsabilité de Dominique
Bénazeth, coptologue (musée du Louvre), s'est déroulée en juin 2002. 93

71. Tell el-Amarna


a) Egypt Exploration Society: la campagne 2000-2001 de FEES
s'est déroulée du 5 mars au 9 avril 2001, sous la direction de Barry Kemp94. Les
céramiques conservées depuis 1984 dans la tombe royale et les dépôts des tombes
27 et 28 ont été apportés à la maison de fouille. Trois petits dépotoirs ont été iden-
tifiés dans la vallée secondaire, relevés et photographiés avant dépose. Du coup,
une couverture photographique aérienne de la zone de la vallée royale a été réali-
sée. A la demande de Marc Gabolde, un éparpillement de tessons a été laissé au
sol pour ses propres recherches. Le survey dans les confins désertiques du site a
été poursuivi par deux ensembles de carrières. La première, proche de Sheikh Said,
fait face au Nil. Elle a livré des marques de carriers, ainsi que le célèbre plan de
construction, lui aussi en rouge. L'ensemble a été relevé. Le second groupe se

D'après Rapport IFAO 2001-2002.


D'après le rapport annuel 2000/2001 de l'EES; pour les campagnes antérieures, voir
Or 70, 399-401; le rapport annuel de l'EES dans JEA 86 (2000) 1-22. Ajouter à la bibliographie:
L. Giddy, EA 18 (2001) 28; 19 (2001) 29; Mahmoud Hamza - Barry Kemp, «Report on a Large
House at Amarna, Discovered near the Village of el-Hagg Qandil», JEA 86 (2000) 161-164; le
rapport annuel de l'EES dans JEA 87 (2001) 1-22.
58 Nicolas Grimai et Emad Adly

trouve derrière les contreforts nord. L'inscription au nom de Tiy vue par Petrie a
disparu. Un plan détaillé de la carrière a été fait, ainsi qu'une copie d'un ensemble
de marques rouges portées sur le plafond. Elle est entourée d'une myriade de pe-
tites carrières. On en a commencé le relevé, ainsi que des galeries au sommet de
l'escarpement qui domine la plaine d'Amarna; une couverture aérienne a également
été faite. Le relevé par GPS a été poursuivi dans les tombes du nord; on a, en par-
ticulier, ajouté les structures dominant la tombe de Panehesy, qui font probable-
ment partie de la réutilisation postérieure de celle-ci comme église; puis, un survey
des pistes a été effectué vers l'ouest, ainsi que des autels du désert, accompagné de
relevés et nettoyages. On a découvert un cimetière s'étendant vers le désert au sud
de la tombe de Panehesy. Manifestement d'époque amamienne; il s'agit peut-être
de sépultures de gens du peuple. Les restaurations sur le site se sont concentrées
sur le palais nord et dans le petit temple d'Aton. Une fouille partielle d'une zone
laissée intacte lors des fouilles de 1996 à 2000 a été effectuée, afin de compléter le
plan de la publication. On a poursuivi l'étude de la faune et de la flore, ainsi que
de la céramique amarnienne, mais aussi celle de l'église de Kôm cl-Nana et Za-
weyet Sultan. Le catalogue des fragments et blocs épars accumulés, livrant, entre
autres, un groupe acéphale d'Akhenaton et Néfertiti en granite noir, de nombreux
fragments de colosses d'Akheneton en granite rouge.
b) Amarna glass project: pour la campagne 1999-2000: JEA 86
(2000) 1-22.
c) Bibliographie: ajouter à la bibliographie: James Harrell, «Ancient
quarries near Amarnax., FA 19 (2001) 36-38.

72. Akhmin: ajouter à la bibliographie: Yahia El-Masry, «New Evi-


dence for Building Activity of Akhenaten in Akhmim», MDAIK 58 (2002) 391-198
et p1. 40-41.

73. A t h r ibis (II): Yahia el-Masry, «More Recent Excavations at


Athribis in Upper Egypt», MDAIK 57 (2001) 205-218 et pl. 29-31.

Haute-Égypte

74. Abydos
a) El - M a h Sn a: sur le survey et la reprise des fouilles par David An-
derson en 2000: L. Giddy, EA 18 (2001) 30.
b) U mm e 1- Q a a b: sur la campagne 2000 du Deutsches archàologisches
Institut in Kairo, conduite par Gunther Dreyer: L. Giddy, FA 18 (2001) 30. Sur la
campagne du printemps 2001: L. Giddy, EA 19 (2001) 32.
Ajouter à la bibliographie: Ulrich Hartung, Imporikeramik aus dem Friedhof
U in Abydos (Umm el-Qaab) und die Beziehung Agyptens zu Vorderasien im 4.
Jahrtausend vor Chr., Umm el-Qaab II (Mayence 2001); Stan Hendrichx - Stijn
Bielen - Pau De Paepe, «Excavating in the Museum: The Stone Vessel Fragments
from the Royal Tombs at Umm el-Qaab in the Egyptian Collection of the Royal
Museum for Art and History at Brussels», MDAIK 57 (2001) 73-108 et p1. 18-20;
Thomas D. Gilroy et al., «A Checklist of Sherds with Potmarks from Petrie's Exca-
vations in the Royal Necropolis at Umm el-Ga'ab, Abydos», GM 182 (2001) 31-58;
Jana Jones, «The Textiles at Abydos: New Evidences», MDAIK 58 (2002) 323-340
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 59

et p1. 33-35; Josef Wegner, «The Town of Wah-sut at South Abydos: 1999 Ex-
cavation», MDAIK 57 (2001) 281-308 et pi. 47-48; Eva-Maria Engel, «Tombs of
the 11, Dynasty at Abydos and Saqqara: Different Types or Variations of a
Theme?», dans: Second Central European Conference, Abstracts 7.
e) University of Pennsylvania Museum, Yale University,
Institute of Fine Arts New York University: l'expédition jointe du
Musée de l'Université de Pennsylvanie, de l'Université de Yale et de I'Institute of
Fine Arts et de l'Université de New York, placée sous la direction de William Kel-
ly Simpson et David O'Connor, a été conduite sur le terrain par Matthew Adams,
de novembre 2001 à janvier 2002.
Le but poursuivi est double: étudier et, lorsque cela est nécessaire, poursuivre
et compléter la fouille des enceintes funéraires royales déjà découvertes dans le ci-
metière nord d'Abydos, identifier et dégager les autres enceintes funéraires royales,
dont on sait qu'elles existent, mais qui n'ont pas encore été localisées. Ces en-
ceintes ont été édifiées pour des rois de la le et de la II' dynastie, et peut-être pour
d'autres, plus anciens, qui ont été enterrés à Umm el-Qaab, 1,4 km au sud des en-
ceintes. Ce sont ces sépultures et ces enceintes qui constituent, ensemble, les
complexes funéraires de ces souverains des premiers temps. Dans le même temps,
l'expédition s'attache à la documentation systématique, ainsi qu'à la consolidation
et à la restauration architecturale de la seule enceinte encore debout, celle du roi
Khâsekhemouy, aujourd'hui appelée Shunet el-Zebib.
Cette saison a donné d'importants résultats. Tout d'abord, le survey magné-
tique mené par Tomas Herbich a révélé une enceinte royale jusque-là inconnue et
bien conservée, qui a pu être partiellement fouillée (Fig. 11 et 12). Il faudra plus
d'analyse pour affiner la datation, mais la céramique récoltée donne déjà le début
de la première dynastie, voire plus tôt. Cette enceinte de briques se trouve au nord-
ouest de celle de Djer, retrouvée en 1988, et présente un plan très semblable à celui
des autres enceintes de la le dynastie connues. Beaucoup plus petite, avec 32,9 sur
22,2 m, elle possède des murs relativement épais, de 2,69 à 2,75 m, avec un dispo-
sitif simple de niches sur ses faces, à l'exception du mur nord-est (l'est local), qui
présente une suite régulière de trois niches simples alternant avec une, unique, mais
plus profonde et plus complexe: une configuration qui se trouve dans d'autres en-
ceintes abydéniennes. Cette nouvelle enceinte dispose de portes à proximité de ses
angles nord et est, la seconde étant percée, de façon atypique, dans le mur nord-
est, plutôt que dans le mur nord-ouest. Comme dans d'autres enceintes de la I'
dynastie, la porte de l'angle nord a été bloquée très tôt après sa construction et
transformée en une niche profonde. La porte orientale semble être restée en service
pendant le temps, apparemment court, d'utilisation de l'enceinte.
Cette porte orientale donne accès à une chambre pourvue d'un toit, derrière
laquelle se trouve une imposante chapelle en brique crue. Cette chapelle, de 6,95
sur 6,5 m, s'ouvre au nord-est et est pourvue d'une antichambre et d'une petite
salle cultuelle. Cette dernière a été identifiée par ce qui est apparu être
d'abondants reliefs de libations sur une banquette de brique édifiée contre le mur

''
Rapport aimablement communiqué par Matthew Adams. Cette expédition bénéficie d'un
financement de la United Agency for International Development, fourni dans le cadre de l'Egyp-
tian Antiquities Project de I'ARCE. Pour les campagnes précédentes, voir Or 70, 403; pour la
campagne 2000: L. Giddy, EA 18 (2001) 29 et 30. Pour la campagne du printemps 2001: L. Gid-
dy, EA 19 (2001) 32.
60 Nicolas Grimai et Emad Adly

nord-est. Une troisième chambre, qui occupait la moitié méridionale de la cha-


pelle, n'avait apparemment pas d'accès; ses murs étaient revêtus d'un enduit
d'argile, tandis que ceux des autres pièces l'étaient d'un plâtre blanc portant des
traces de peintures rouge.
Bien que coupé par des sépultures postérieures, cet enclos n'avait pas été tou-
ché par les fouilleurs précédents. On peut déduire de sa stratigraphie bien préservée
qu'il a été rasé de bonne heure, probablement au moment où l'enclos du succes-
seur a été construit. D'autres signes montrent que ce devait être systématiquement
le cas pour tous les enclos abydéniens, avec, pour seule exception, celui de Khâ-
sekhemouy, qui se trouve être le dernier de la série.
Les fouilles dans l'enclos de Djer ont également fourni des résultats appré-
ciables. Le plus important est que sa chapelle intérieure a été localisée et que l'on
a pu établir ses dimensions (environ 9,25 sur 11,5 m), bien que son plan intérieur
soit perdu. On a également intégralement fouillé la porte du coin nord; certaines
tombes secondaires de Djer, ainsi qu'une chapelle placée au-dessus, fouillée par Pe-
trie, ont été à nouveau dégagées et étudiées.
On a également fouillé dans les enceintes de la fin de la 11, dynastie de Perib-
sen et Khâsekhemouy. Dans la seconde, on a fouillé intégralement l'architecture
compliquée de la porte nord (découverte en 1988), et défini le coin ouest de l'en-
ceinte. Dans l'enceinte de Khâsekhemouy, on a poursuivi le dégagement systéma-
tique de tous les éléments d'architecture enfouis, dans l'optique d'une documenta-
tion et d'une étude architecturale exhaustive, préparatoires à la restauration
complète du monument. Le travail a été complété par la mise en place de struc-
tures temporaires, destinées à étayer des zones en danger; on a également installé
un grand nombre d'échafaudages, en prévison des travaux de stabilisation archi-
tecturale et de restauration prévus pour la campagne 2002-2003.
On a dégagé les faces extérieures, jusqu'ici non touchées, de toute la lon-
gueur du mur d'enceinte sud-ouest et d'une bonne partie du mur sud-est. Le coin
sud du mur d'enceinte a disparu, mais il reste encore de 1,5 à 2 m de haut de la
plupart du reste. On a pu confirmer l'existence de portes sud-est. et sud-ouest si-
gnalées par les précédents fouilleurs. On a également recueilli d'importantes infor-
mations sur la réoccupation des lieux par une communauté chrétienne (<copte»
entre le Bas-Empire et l'époque byzantine, qui était déjà connue par les installa-
tions, très ruinées mais encore visibles, taillées dans le mur d'enceinte. Construites
en partie dans et contre le mur d'enceinte sud-ouest, se trouvent une série de struc-
tures de cette époque, certaines étonnamment bien préservées. Elle comportent une
suite de six pièces, dont la plus vaste possédait un siège surélevé, construit contre
le mur nord-ouest et des banquettes basses à la base des autres murs. La comparai-
son avec les structures existant aujourd'hui laisse supposer un lieu de réunions ré-
gulières des membres de la communauté. Plus tard, la pièce a été élargie et le
siège surélevé transformé en plateforme de repos. On a également découvert le
long du mur d'enceinte trois cuisines, dont deux très bien préservées; l'une dispo-
sait de deux fourneaux, constitués de deux grands vases inclus dans un banc de
brique et de mouna. Une troisième, qui présentait la même disposition, était très
endommagée.
On a relevé et effectué la documentation, au cours de cette saison, dans toute
la zone, de nombreux vestiges postérieurs à l'époque thinite: chapelles en brique
crue du Moyen Empire, avec leurs puits, sépultures de surface du Nouvel Empire,
tombes voûtées tardives. A proximité de l'enceinte découverte cette année, se
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 61

trouvent des puits carres, probablement postérieurs au Nouvel Empire, contenant


des sépultures de bovins.
Le survey magnétique évoqué plus haut a considérablement augmenté la
connaissance du site. Il utilise un gradiomètre Geoscan Research FM18 fluxgate.
Une zone de 2 ha a été ainsi prospectée, selon une grille de 0,50 sur 0,50 m. Il a
révélé la présence d'une série de structures enterrées, qui se manifestent par une
forte augmentation de l'intensité magnétique (de l'ordre de lOnT). Bon nombre de
types différents de structures sont repérables, y compris, à la limite sud de la zone
du survey, la nouvelle enceinte royale, dont la présence a été confirmée par la
fouille. On a également décelé des masses épaisses de vestiges, qui, d'après leur
apparence, doivent être des chapelles de surface et des puits, probablement pour la
plupart du Moyen Empire, ainsi que des tombes voûtées, sans doute de Basse
Epoque.

75. Dendara: la mission à Dendara96 a été organisée en deux cam-


pagnes du 13 octobre au 10 novembre 2001 et du 28 février au 15 mars 2002.
a) Mission épigraphique: S. Cauvile a procédé aux vérifications de
détail des inscriptions, qui ne pouvaient se faire sur photos; Y. Hamed a vérifié
elle-même les tableaux de la paroi ouest qu'elle avait achevés; les photographies
sont numérisées et prêtes à être imprimées. Les tableaux les plus endommagés ont
été à nouveau vérifiés. L'ensemble des colonnes du pronaos du temple d'Hathor a
été photographié. Tous les textes du plafond ont été copiés, dont le plafond «lu-
naire», le plus riche en inscriptions. Les grands textes ont été vérifiés: instructions
aux prêtres, listes des noms de la ville, liste des noms de dieux, textes parallèles à
ceux qui encadrent la chapelle d'I-tathor, hymne à Imhotep. Les longs développe-
ments portés sur les piliers d'angle et l'encadrement de la porte intérieure sont
consacrés aux grandes fetes d'Hathor: 20 thot, 5 paophi, Nouvelle Lune d'epiphi et
hymne à Sekhmet pour le 1" thot. La copie et l'étude générale sont terminées et se-
ront publiées d'ici quelques mois.
La quasi-totalité du temple d'Isis est désormais nettoyée. Les scènes du sanc-
tuaire qui n'avaient pas été nettoyées l'an dernier ont été photographiées. Ces pho-
tos sont déjà numérisées et l'ensemble des inscriptions du temple est copié, vérifié,
et prêt pour l'impression.
b) Etudes architecturales: la finalisation, pour publication, du rele-
vé général du temple d'Hathor à l'échelle 1/506 a été complétée en reportant sur
tous les documents les niveaux d'altitude disponibles dans les fichiers de points to-
pographiques. L'harmonisation du rendu des différents plans et élévations, au ni-

D'après Rapport JFAO 2001-2002 Pour les campagnes précédentes, voir Or 70, 404-406;
B. Mathieu, 81MO 101, 530-537; L. Giddy, EA 18 (2001) 30. D'après le rapport aimablement
communiqué par Sylvie Cauville pour la mission épigraphique.
97
Y ont pris part Hassan Ibrahim el-Amir, restaurateur (Ifao), Joanna Borowska, archéo-
logue (Cpam), Ramez W Boutros, architecte (Ifao), Sylvie Cauville, égyptologue (Cnrs),
Vincent Chaigneau, architecte, Magdaleana Gorkowka, archéologue (Cpam), Yousreya Hamed,
dessinatrice (tfao), Damien Laisocy, topographe (Ifao), Alain Lecler, photographe (Ifao), Pierre
Laferrière, dessinateur (tfao), François Leclère, égyptologue, Adam Lukaszewicz, papyrologue
(Cpam), Abeid Mahmoud Ahmed, restaurateur (Ifao), Sylvie Marchand, céramologue (Ifao), Na-
dine Möller, céramotogue, Claire Newton, archéo-botaniste (Cnrs, UNIR 5059, Montpellier II),
François Thièbaut, architecte, Héléna Zacharias, dessinatrice, Khaled Zaza, dessinateur (Ifao),
Pierre Zignani, architecte (Ifao).
62 Nicolas Grimai et Emad Adly

veau des détails mais aussi des trames et des échelles, a encore été vérifiée et
achevée. La documentation de détails architecturaux (kiosque en toiture, gar-
gouilles, colonnes et chapiteaux composites) a été également préparée selon les
mêmes codes graphiques. L'ensemble de ces données est en cours de numérisation.
La comparaison des mesures métriques avec les inscriptions dédicatoires du
temple montre la précision du dimensionnement antique. La géométrie de l'édifice
se révèle dans les alignements, les parallélismes, les perpendiculaires et des super-
positions de plans. Les indications iconographiques relatives à la hauteur des es-
paces sont, elles, quasi-inexistantes. Il convient de remarquer que la structure du
temple a été affectée par des phénomènes de tassements entraînant de légères dé-
formations. Les conséquences de telles altérations, au demeurant peu visibles, sont
cependant trop importantes pour l'étude d'une conception spatiale dont on sait
qu'elle fait intervenir des relations tridimensionnelles avec des projections géomé-
triques dont les points d'incidences sont distants de plusieurs mètres. Pour détermi-
ner les dimensions des élévations retenues dans la conception, on a donc comparé
les différences de hauteur entre les salles. Au niveau de tous les espaces mitoyens,
les différences d'altitudes entre les niveaux des assises de réglage puis ceux de ré-
férence des plafonds ont d'abord été définies en multiple de la coudée utilisée, se-
lon une progression du sanctuaire vers l'extérieur. Ces valeurs, hautes et basses,
confrontées aux mesures relatives sur les hauteurs des espaces ont permis d'isoler
par recoupement les cotes antiques de l'élévation des différents espaces. Cette pré-
cision de la hauteur des espaces permet notamment l'achèvement de l'étude de la
relation entre les ouvertures et les pièces qu'elles éclairent.
Le programme d'étude de la basilique, mené par R. W. Boutros, s'est poursui-
vi par trois sondages à l'intérieur de l'église".
c) Fouilles franco-polonaises des «quartiers civils»: la sai-
son de fouilles a duré du 28 janvier au 28 février 2002. Les travaux ont été pour-
suivis dans l'un des deux secteurs explorés les trois années précédentes dans la
plaine située à l'est du temenos d'Hathor, dans une zone de quartiers artisanaux de
la Première Période intermédiaire. Les fouilles se sont concentrées dans le secteur
de la boulangerie découverte et partiellement fouillée de 1999 à 2001, sans que
l'aire de dégagement n'ait été agrandie. La fouille s'est poursuivie en profondeur
dans les sols de pièces repérées au cours des trois précédentes campagnes, notam-
ment la série de pièces au sud et au sud-est du secteur dégagé, où le sol sableux
naturel a été atteint.
La partie ouest du secteur de fouille, dont la surface conservée avait été déga-
gée en 2000, a commencé à être fouillée cette année. Plusieurs niveaux de sol ont
été mis au jour sous un niveau général de destruction. Vers le sud, une sorte de si-
lo en quart de cercle et couvert d'un dôme a été mis au jour. Bien que son niveau
de base soit proche des premières phases de l'édifice, il a clairement été bâti au
fond d'une fosse recoupant les niveaux de destruction des dernières phases de la
Première Période intermédiaire. La céramique encore présente dans le remplissage
indique une datation Moyen Empire. Ce «silo» était donc enterré et correspond à

Voir également: L. Giddy, EA 19 (2001) 29.


Y ont participé J. Borowska, M. Gorkowska, FL Leclère, responsable de la fouille, A. Lu-
kaszewiez, S. Marchand, N. Môller, Cl. Newton, Khaled Zaza. Voir également: Polish Center
Newsletter 8 (2002).
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 63

un niveau d'occupation plus élevé dont les sols n'existent plus. Il s'ajoute aux rares
traces de la dernière phase d'occupation visible, détectées lors des précédentes
campagnes, et qui subsistaient à l'état de lambeaux.
A l'est de ce secteur, vers le centre du secteur dégagé, il a été possible de re-
pérer ce qui a dû être l'accès principal de l'édifice, au moins dans les premières
phases d'occupation, du côté ouest de la façade nord. Cet accès était pourvu d'un
seuil fait de larges blocs de calcaire et de galets.
d) Restauration: durant la campagne de printemps, l'équipe du labora-
toire de restauration de l'Ifao a achevé le nettoyage du sanctuaire d'Isis selon la
méthode de travail utilisée les années précédentes.
b) Bibliographie: ajouter à la bibliographie: Sylvie Cauville, Dendara
XI/1-2 (2000); ead., Dendara IV, traduction (OLA 101; 2001); cad., Le fonds hiéro-
glyphique au temps de Cléopâtre (Paris 2001); Pierre Zignani - Damien Laisney,
«Cartographie de Dendera, remarques sur l'urbanisme du site», BIFAO 101 (2001)
415-448.

76. Coptos: ajouter à la bibliographie: Autour de Coptos. Actes du


colloque organisé au Musée des Beaux-Arts de Lyon (17-18 mars 2000) (Topoi
Supplément 3; Lyon 2002).

77. Nagada: ajouter à la bibliographie: Jochem KahI et al., «Die


Funde aus dem 'Menesgrab' in Naqada: em Zwischenbericht», MDAIK 57 (2001)
171-186 et p1. 27-28.

78. Chenhour: la Mission belge à Chenhour a connu une saison 2001


très productive. A l'extérieur du temple d'Isis, on a dégagé un complexe cohérent,
de deux maisons à l'ouest du bâtiment et de cours attenantes au nord. Les maisons
comprenaient des celliers voûtés dans le soubassement. Ces maisons étaient habi-
tées entre 450 et 700 après J.-C. La trouvaille d'un gaddous rempli de perles en
améthyste, cornaline, et autres matières, et de deux conteneurs en bronze était re-
marquable. D'autres structures coptes, dont la date remonte au début du 5' siècle,
ont été fouillées dans le grand vestibule. L'escalier du temple a aussi été dégagé.
Ici aussi, plusieurs objets en bronze, dont une partie appartient au matériel de culte
du temple, ont été trouvés. La découverte la plus surprenante a été la double colon-
nade qui se trouve à l'ouest du temple. Celle-ci joint le portique nord du bâtiment,
dont on avait déjà soupçonné l'existence. Il est probable qu'une autre colonnade se
trouvait à l'est du temple. Suivant cette hypothèse, le temple serait périptère, et
constituerait donc le seul exemple d'un tel monument qui semble être connu de
l'Egypte gréco-romaine. Probablement, ces colonnades, qui ont été bâties après le
règne de Tibère, constituent une fusion entre modèles architecturaux égyptiennes et
classiques. L'infrastructure du contre-temple était partiellement conservée. La
fausse porte semble avoir été flanquée de deux installations, dont les supports sont
encore en place. Entre ceux-ci, se trouvent trois bassins à libation, dont un a la
forme d'un lac sacré en miniature. Les fouilles ont dégagé plusieurs reliefs de la
plus haute qualité sur la façade ouest. La plupart des scènes des parois est et ouest,
et certaines scènes de la paroi nord ont été copiées. Les textes de la paroi est ont
aussi été dessinés, et le fac-similé de ceux de la paroi ouest est en progrès. Il est
prévu que le relevé de la décoration des parois extérieures soit achevé pendant la
mission de novembre 2001.
64 Nicolas Grimai et Emad Adly

79. Karnak-Nord
a) Trésor de Thoutmosis Il,: la mission de l'Ifao à Karnak-Nord,
de novembre 2001 à février 2002, s'est consacrée à l'étude et la préparation de la
publication de la céramique provenant de la fouille du Trésor et à l'étude hydro-
graphique de la région dc Karnak-Nord"". Au cours de leur mission, rendue pos-
sible sur place grâce à une collaboration du Cfeetk et de l'Ifao, les géologues
A. Graham et J. Bunbury ont procédé à plusieurs forages du soul-sol au nord de
Kanak-Nord. Les premières observations permettent de supposer une modification
hydrographique et environnementale à Kanak-Nord à partir du Moyen Empire ou
de la Deuxième Période intermédiaire. Les carottes extraites par les deux géologues
ont amené avec elles à la surface nombre de fragments de céramique de très petite
taille qu'il fallait identifier pour aider à dater les strates traversées par les forages.
Ce travail long et minutieux a pu être achevé par H. Jacquet-Gordon avec l'aide
d'I. Hein.
b) Temples de l'enceinte de Montou: le dossier des dessins réa-
lisés au cours de la mission en 1998 de Vincent Rondot et Lue Gabolde, égypto-
logues, a été réexaminé par Pierre Laferrière, dessinateur (Ifao), et V. Rondot. Des
mises au point ont été jugées nécessaires sur nombre de dessins des temples de
Maât et de Harpré. Sur les dessins des blocs réemployés du site, des regroupements
ont été faits et nécessitent des ajustements de dessins précédemment exécutés.
e) Bibliographie: on ajoutera: S. H. Aufrère, Le propylône dAmon-
Rê-Montou à Karnak-Nord (MIFAO 117; 2000).

80. Karnak: les travaux du Centre franco-égyptien d'étude des temples


de Kanak ont porté, au cours de la campagne 2001-2002102, sur les points
suivants:
a) Travaux documentaires: 50.000 documents photographiques sont
désormais enregistrés dans la base de données du CFEETK. Il reste encore 10.000
documents à traiter dont 6.000 diapositives qui n'ont jusqu'à présent jamais été

D'après Rapport JFAO 2001-2002. Pour les campagnes antérieures, voir Or 70, 407;
111

B. Mathieu, BIPA O 101, 541. Les participants étaient Jean Jacquet, architecte (chef de mission),
Helen Jacquet-Gordon, égyptologue -céramologue, Irmgard Heim, céramologue (univ. de
Vienne), Khaled Zaza, dessinateur (Ifao). Angus Graham, archéologue (University College,
Londres), et Judith Bunbury, géologue (Cambridge University). - Ajouter à la bibliographie:
J. Jacquet, Karnak-Nord IX (FIFAO 44; 2001).
102 Voir Or 70, 407-414; L. Giddy, PA 18 (2001) 30; PA 19 (2001) 29. Six membres du
Conseil Suprême des Antiquités collaborent actuellement avec les sept membres permanents du
CNRS et les directeurs du Centre, pour guider les travaux de sept boursiers et quatre coopérants
militaires. Les travaux du temple emploient une centaine d'ouvriers. Des équipes de travail ont
été constituées sous la responsabilité des membres permanents du CFEETK: Nicolas Grimal et
François Larché ont supervisé les travaux des archéologues Aurélia Masson, Marie Millet, Ma-
rie-Delphine Martellière, Laurent Vallières, Jean-François Jet. François Larché et Franck Burgos
contrôlent les travaux des tailleurs de pierre, Damien Remiot, Yvan Vigouroux et Gabriel Jeze-
quel. Pascal Maritaux encadre les travaux des restauratrices Marine Nicolas, Emmanuelle Paris,
Edwige Bussi, Hélène Delaunay, Catherine Pille. Jean-François Carlotti est responsable des rele-
vés topographiques et d'architecture effectués par Pascal Rieth et Laurent Baqué. Alain Arnau-
diès dirige les travaux documentaires de Magdi Louiz, et Christophe Chalimon. Antoine Chéné
est assisté de Gauthier Bancel. Lue Gabole contrôle la mise au net des dessins d'épigraphie ef-
fectués par Héléna Zacharias et Camille Courier de Méré. Secondée par Elen Fouad, Maryvonne
Hubert a la charge des budgets CNRS et MAE. Elle gère également la maison des hôtes et ac-
cueille les missionnaires.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 65

analysées. Il reste enfin à saisir les différents cahiers d'inventaire et de fouilles ain-
si que les dossiers documentaires laissés par les intervenants depuis 1967. Trois
années de saisie seront probablement nécessaires mais, à l'issue de cet enregistre-
ment, tous les documents conservés dans la salle de documentation seront numéri-
sés et alors consultables depuis la base de données "Karnak".
Les archives suivantes ont été constituées: le fonds laissé par Henri Chevrier
a été entièrement enregistré et intégré aux archives. De nombreux clichés, restés
sans légende, seront documentés au cours des prochaines années; le fonds Gaddis,
qui concerne l'Égypte des année 1910 à 1930 a été entièrement enregistré et intégré
aux archives du Centre. Les travaux de restauration des blocs en calcaire du musée
de plein air ont permis d'entreprendre la documentation photographique de plus de
500 blocs et de plus de 1.000 clichés. Les différentes phases de documentation des
objets du cheikh Labib ont permis l'enregistrement de 15.000 objets qui n'ont mal-
heureusement pu être tous photographiés. Magdi Louiz procède actuellement au dé-
pouillement des archives photographiques pour documenter ces objets dans la base
de données du "cheikh Labib". Les années 1984-1991 sont en cours de docu-
mentation. Les cinq premiers volumes ont été indexés. Cet index est en cours d'é-
laboration et se poursuivra sur les trois prochaines années pour couvrir l'ensemble
des dix Cahiers de Karnak.
Dans le même temps, les premiers travaux de constitution d'un système d'in-
formation géographique (SIG) ont été entrepris: après un tri, 700 plans d'architec-
ture et de topographie ont été numérisés, ce qui assure la sauvegarde des données
sur un support de type CD. Les fichiers numérisés ont ensuite été intégrés dans une
base de données qui permet de rechercher un plan en fonction de ses caractéris-
tiques: auteur, type, localisation selon la nomenclature Azim, etc. Publié, en effet,
en 1998 par Michel Azim, un premier plan numérisé couvre seulement les deux
axes du temple alors qu'un plan complet, dessiné par Jean-François Carlotti à l'é-
chelle du 1/500', n'existe que sur papier. Les différentes étapes de l'information du
plan général ont été effectuées par Pascal Rieth en coordonnées, dans le quadrillage
du temple. Un modèle théorique de la base de données de référence aux plans a été
realisé en collaboration avec les différents intervenants. Il décrit l'ensemble des en-
tités cartographiques (blocs épars, entités architecturales, secteurs, banquettes...)
avec leurs relations et les liens avec la base de données Karnak existante (photo-
graphies, bibliographies). Ce travail en est encore à la phase d'acquisition de
données.
Avec l'aide du Ministère de la Culture de Lettonie, Bruno Deslandes, archi-
tecte expert auprès de l'UNESCO, a mis en oeuvre une mission topographique
lettone pour effectuer le relevé photogrammétrique des 7' et 8' pylônes en
février 2002. Le traitement des données est en cours, effectué à Riga par une
équipe de topographes et d'architectes, placée sous la direction de Bruno Des-
landes.
Les montages d'images numériques, de haute définition et sans déformation,
des parois décorées ont été effectués sur les monuments i'°: le mur reliant
le 8' au 10' pylône; le mur des Annales de Touthmosis III et la porte en diorite de
la chapelle Rouge ont fait l'objet d'un montage en couleur; deux des parois des

03
Travaux réalisés, sous la direction d'Antoine Chéné, par Gauthier Bancel, Dowwi, Ezzat
et Mohamed Saïdi.

Orientalia - 5
66 Nicolas Grimai et Emad Adly

salles Sokariennes; les faces des obélisques de Thoutmosis P' et d'Hatshepsout ont
été restituées photographiquement sans déformation, à l'échelle 1/10 et 1/15; le
temple de l'Est et le reposoir de barque de Thoutmosis III du Lac sont actuelle-
ment en cours de montage. Dans le même temps, environ 2660 prises de vues ont
été effectuées dans le temple.
b) Conservation et restauration: de nombreux blocs en calcaire
provenant du 3' pylône et de la "cour de la cachette" (monuments de Sésostris P',
Amenhotep P', Thoutmosis II et Hatshepsout) sont posés sur des banquettes à l'en-
trée du musée en plein air. Leur sauvetage se poursuit depuis trois ans. On a égale-
ment repris la restauration des fragments décorés provenant des catacombes osi-
riennes. Les deux derniers blocs en granite du socle du colosse de Ramsès II ont
été remis à leur place contre le môle ouest du 9' pylône. Pascal Maritaux a effectué
en mai des consolidations et des collages des fragments de statues en grès, diorite
ou calcaire conservées au Cheikh Labib et étudiées par Hourig Sourouzian. En par-
ticulier, les fragments seront collés aux quatre statues en grès, au nom de Thout-
mosis I", qui ont été découvertes en 1999 dans les niches du 4' pylône.
e) Fouilles et reconstitution de monuments
(1) La chapelle Rouge: les enduits colorés ont été achevés à l'au-
tomne. La consolidation de certains blocs ainsi que le nettoyage par micro-sablage
des débordements d'enduits sur le bord des blocs seront complétés sur le vestibule,
le mur extérieur ouest et les deux façades ainsi qu'une petite partie du sanctuaire.
Contrairement à la décision de la commission franco-égyptienne, la décoration des
redans n'a pas été gravée sur les nouveaux blocs en granite qui complètent la par-
tic inférieure de la première assise. Le dallage en grès a été complété tout autour
de la chapelle.
(2) Sondages dans le palais de Maât: le nettoyage du sol des
salles nord d'Hatshcpsout a fait apparaître un dallage en grès partiellement conservé.
Dans les salles n° 1 à 5, cc dallage est curieusement décoré en relief d'un motif répé-
titif gravé en lignes successives, motif qui a déjà été identifié, gravé en creux sur une
des dalles en quartzite du sanctuaire de la chapelle Rouge. Comme l'indique la céra-
mique collectée entre les dalles, la destruction du dallage date de la fin de l'époque
romaine et du début de l'époque copte. Il est probable qu'à l'abandon du culte païen,
les nouveaux habitants du temple, curieux de savoir ce que cachait ce sol décoré, ont
fracassé certaines dalles dont ils ont remblayés l'emplacement avec leurs fragments
mêlés à de nombreux fragments de statues. Deux gros fragments de têtes royales
coiffés de némès ont ainsi été découverts, l'un en grauwacke est probablement Thou-
moside, et l'autre en calcaire dur date du Moyen-Empire. De multiples éclats de
même matière proviennent probablement dc la destruction de ces statues. De nom-
breux fragments en diorite des jambages et du linteau de la porte de la salle 6 ont
aussi été identifiés, ainsi que de nombreux éclats en calcite provenant d'un élément
difficilement identifiable et anépigraphe. Il faut aussi noter la présence de petits
fragments en calcaire moulurés qui sont jointifs avec les éléments d'un édicule, en-
treposés sur la banquette plus au nord. De style dorique, cet édicule à fronton semble
être un objet d'importation, ce qui est confirmé par la nature du calcaire inconnu à
Kanak ainsi que par les traces de gradine.
La disparition de certaines dalles décorées permet d'accéder à la fondation du
podium du palais dc Maât. Ce podium est constitué d'au moins trois assises super-
posés, composées de gros blocs en grès. Les deux dernières assises dont celle dé-
corée, sont hautes de 80 cm. Sur la face externe des murs du Palais, cette assise
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 67

décorée correspond à la première assise en débord. Le seuil en granite de la porte


de la salle 6 a été volontairement débité au moment de la destruction du sol déco-
ré, comme le montrent les traces de coins éclateurs. Les deux fragments manquants
ayant été retrouvés devant le seuil, son débitage n'était pas lié à la réutilisation de
la diorite mais vraisemblablement à la recherche d'un éventuel dépôt de fondation
placé sous le seuil. Il faut remarquer la destruction volontaire d'un coin du bloc en
grès sur lequel repose le seuil. Le nettoyage a permis d'observer les deux seuils en
diorite des salles 6 et 7 ainsi que celui en granite de la porte de la chapelle Rouge,
réutilisée par Thoutmosis III dans le mur des Annales. Tous moins épais que l'as-
sise du sol, ils ont été encastrés dans cette assise grâce à une découpe adaptée à
leur hauteur. Un épais enduit rougeâtre a été remarqué sous le seuil en granite, pro-
bablement du plâtre mélangé à de la poudre de pierre.
Pour vérifier que les trois assises superposées composant la fondation du po-
dium des salles Nord existent bien sous toute la surface du palais de Maât, des net-
toyages ont été effectués le long de la chapelle de Philippe Arrhidée. L'extrémité
ouest du déambulatoire nord est aujourd'hui occupée par la chapelle d'Amon Ka-
moutef. L'assise supérieure du podium a ici disparu au moment de l'aménagement
de Philippe Arrhidée. Le nettoyage du sol a d'abord fait apparaître l'assise inter-
médiaire et puis, entre les joints des blocs et 80 cm plus bas, la première assise
également composée de gros blocs en grès dont la hauteur est inconnue. Cette as-
sise intermédiaire se poursuit jusqu'à la façade ouest du palais de Maât où elle
supporte la première assise en débord. Adossé à l'ouest de la façade et dans le pro-
longement de cette assise intermédiaire, un dallage fait de gros blocs de grès par-
tiellement conservés a été dégagé jusqu'au 6' pylône et entre le mur nord des
Annales et le passage axial. Le nettoyage de l'emplacement des blocs disparus a
permis de constater que, dans la partie centrale, une plateforme est composée de
trois assises en grès mais de moindre hauteur que celles du podium. Les deux as-
sises inférieures sont construites de très grands, blocs, dont les joints sont croisés
comme dans la fondation d'un obélisque. L'assise supérieure est faite de plus petits
blocs aux joints fermés et dont le lit d'attente bien horizontal est parfaitement rava-
lé. Cette assise constitue clairement un dallage, dans lequel est enchâssé le socle en
granite du pilier héraldique. De forme irrégulière, ce socle est encastré dans l'assise
intermédiaire de la plateforme. Il pénètre également d'au moins 30 cm sous le po-
dium construit par Thoutmosis III pour soutenir le vestibule périptère qu'il a placé
devant sa propre chapelle en granite. Construit au-dessus du bord du socle, le pé-
riptère ne peut ainsi qu'être postérieur au pilier héraldique. Bien contemporaine du
podium, la plateforme a été construite pour supporter les piliers héraldiques comme
l'indique sa fondation. Le dallage de grès a été installé par Hatshepsout devant
l'entrée du palais de Maât. Le dallage qui entoure la plateforme est fait d'une
unique assise de blocs en grès, qui repose par l'intermédiaire d'une mince couche
de sable et de déblais sur un radier composé d'au moins trois à cinq assises en
briques crues. Les sondages entrepris entre les dalles, ainsi que la céramique dé-
couverte dans le remblai sous-jacent ont permis de dater ce radier du Moyen-
Empire. La fosse de fondation de la plateforme a été creusée dans le radier et le
remblai Moyen-Empire. L'étroite tranchée séparant la berme de la fosse des deux
premières assises est remplie de sable. A l'ouest, juste devant le pilier héraldique
nord, le radier est composé d'un mur large de 2 coudées et d'un dallage de briques
crues qui reposent sur une couche d'éclats de grès. Les dalles sont liées les unes
aux autres par un astucieux système de petites crossettes taillées au sommet de
68 Nicolas Grimai et Emad Adly

leurs joints verticaux. Cet assemblage renforcé rend les blocs parfaitement soli-
daires de ceux du dallage de la plateforme. En particulier, une encoche en angle
droit est taillée dans la dalle qui s'encastre autour de l'angle de la plateforme. Ce
dallage date de la construction du 6e pylône, puisqu'il s'encastre sous la première
assise du môle nord. L'étroit espace dégagé à l'ouest, entre la façade de la chapelle
de Philippe Arrhidée et le portique périptère de Thoutmosis III, permet de
comprendre la façon dont les constructeurs ptolémaïques ont fondé la chapelle. En
enlevant les blocs gênants du podium ajouté par Thoutmosis III, ils ont remis au
jour le dallage de la plateforme d'Hatshepsout tout en conservant le pourtour du
périptère. Probablement pour une question de niveau, la première assise en granite
ne repose pas directement sur le dallage mais sur une mince assise de dalles de
grès. Un bloc du podium ajouté par Thoutmosis III a même été retaillé en angle
droit pour permettre l'encastrement du bloc de granite d'angle. Ce détail est aussi
bien visible côté nord où la suppression d'une ancienne restauration en briques a
mis au jour l'arrière du bloc de granite d'angle qui repose également sur le dallage
de la plateforme d'Hatshepsout par l'intermédiaire d'un mince bloc de grès. Un
bloc bien ravalé qui appartient à la première assise en débord de la façade du Pa-
lais a également été dégagé. Comme la chapelle en granite s'y adosse, il est pos-
sible d'avancer que le podium d'Hatshepsout ne possédait pas d'avancée en façade
sur laquelle aurait pu reposer la chapelle Rouge. L'alignement de ce bloc avec la
première assise en débord aussi bien au nord qu'au sud permet d'établir l'aligne-
ment de la façade de la chapelle avec la façade ouest du Palais de Maât.
(3) La cour à portique de Thoutmosis IV: les tailleurs de
pierre ont remis en place 30 piliers devant les parois reconstruites dans le musée en
pleir air. Les chapiteaux disparus ont été remplacés par de nouveaux, sculptés dans
des blocs de grès. Les architraves sont en cours de pose. La construction des piliers
a nécessité la conservation de nombreux blocs.
(4) Fouille dans la cour entre les 8e et 9' pylônes: Charles
Van Sicien a effectué trois campagnes'°4, au cours desquelles il a poursuivi le net-
toyage des structures en briques crues qu'il avait découvertes l'année dernière au
sud-ouest de la cour. Le niveau supérieur de la zone fouillée est composé d'un mé-
lange bien compact de briques, de tuiles, de plâtre et de débris. Ce niveau a pro-
bablement servi de soi à un grenier en plein air (chouna). Près du bord nord de la
fouille se trouve un bloc de granite encadré de blocs en grès et qui formait
probablement la base d'un moulin circulaire ou d'une meule. De date incertaine,
probablement début copte, cette meule est peut-être contemporaine du bâtiment
autrefois construit contre la face sud du e pylône. Le niveau inférieur de la zone
fouillée est marqué par un série de vestiges que les monnaies et la céramique
permet de dater entre le milieu et la fin du 4e siècle de notre ère. Des fosses à
plantation entourées de briques ont été régulièrement creusées sur un alignement
qui, bien que perpendiculaire à la face du & pylône, n'est pas parallèle à
l'ancienne voie. A l'extrémité sud de la zone fouillée, les vestiges d'une habitation
ont été trouvés en association avec un puits, des drains, des fosses de stockage, un
grenier et des fosses à ordures.

'° Du 21 octobre au 22 novembre 2001, du 6 janvier au 13 février et du 13 avril au 20 juin


2002. Ajouter à la bibliographie: Kernel 10/4 (octobre 2001) 84.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 69

À l'ouest des fosses à plantations et au nord de l'habitation, une structure


voûtée en briques cuites, peut-être installée au milieu d'un jardin, semble être une
petite tombe bien qu'aucun reste humain n'y ait été découvert. Sous la voûte, des
ossements animaux, des fragments de nombreuses amphores et une grande quantité
de céramique brisée sont peut-être les restes d'un banquet funéraire.
La cour entre les deux pylônes a été réaménagée vers la fin du règne de Pto-
lémée I (283 avant notre ère). La voie dallée fut réparée. Après le comblement des
trous et des vestiges de fours creusées dans la cour, sa surface a été damée avec
des fragments de calcaire et des poteries cassées. Une série de fosses à plantation
où les grandes (2 m) alternant avec les petites (1 m) a été creusée parallèlement à
la voie. La nature de leur remplissage a permis de la différencier de la terre ou de
la brique crue dans laquelle elles ont été creusées. Les impressions calcifiées de
troncs et de racines d'arbres dont la nature n'a pas été identifiée, y ont été souvent
remarquées. Environ 12 arbres et 11 buissons ont été comptés le long du côté ouest
de la voie alors que le côté est n'a toujours pas été examiné.
La fondation abandonnée d'une vaste structure (11 X 16 m) à l'utilisation in-
connue a été creusée dans l'axe perpendiculaire de la cour, devant la porte ouest.
Un dépôt de fondation au nom de Ptolémée I" y fut découvert l'an passé. Les
bords est et nord furent dégagés cette année.
Un très grand four à bronze a été construit à l'emplacement probable du repo-
soir de barque de Sésostris I (découvert dans le remplissage du 9' pylône). De
date tardive, le four a été comblé durant la période ptolémaïque. Au nord et à
l'ouest du four se trouvent deux cavités dans lesquelles du bronze en fusion était
coulé dans des moules utilisant probablement la technique de la cire perdue.
Sur l'extrémité nord de la fouille, un espace a été dégagé entre un long mur
orienté est-ouest et ce qui semble être un gros massif (pylône?) de briques crues
datant probablement du Moyen-Empire. La céramique trouvée dans le remplissage
de cet espace semble dater le mur du début de la XVIII' dynastie. Il est peut-être
lié à un portique qui autrefois se trouvait à côté du pylône méridional. Le mur et
le pylône adjacent en briques crues furent démontés et remplacés par un simple
mur placé plus au sud. D'après les textes, ce déplacement a été effectué par
Thoutmosis III, ce que semble confirmer la céramique. Sa face nord n'est pas en-
core dégagée.
Au sud de la zone fouillée, les parties placées le long de l'axe supposé du re-
posoir de Sésostris I" ont été examinées. En partant vers l'ouest à partir de la voie,
une série de niveaux placés le long de l'axe date de la seconde période inter-
médiaire. Ils sont en partie flanqués de constructions contemporaines, alors que les
abords du reposoir semblent avoir été laissés intacts. Avec le temps, le niveau du
sol à l'est du reposoir s'est élevé, alors que celui du reposoir est resté constant
comme s'il était en pierre. Au moment de sa construction, sous Sésostris I", le re-
posoir était posé sur une plateforme surélevée qui, au début de la XVIII' dynastie,
s'est retrouvée enfoncée dans une dépression. Bien que les fondations en pierre du
reposoir aient été volées, il est possible de localiser une partie de la plateforme en
briques crues sur laquelle il reposait. Juste au sud de l'axe, un grand puits profond
d'au moins 3 m a probablement été creusé en relation avec le four à bronze. Il a
ensuite été comblé au cours de l'aménagement ptolémaïque. Sa fouille a permis de
faire apparaître, en coupe, la côté de la plateforme du reposoir. La montée de la
nappe phréatique n'a pas permis d'atteindre sa base, mais sa largeur et sa longueur
pourront être mesurées. L'emplacement exact et l'altitude probable du reposoir sont
70 Nicolas Grima! et Emad Ad!y

autant d'indices sur ce qui a dû être l'angle sud-ouest de !'enceinte de Karnak


entre !e règne de Sésostris J et la fin de la XVIIP dynastie.
(5) La zone osirienne
a) Les "Catacombes osiriennes" de Pto!émée IV: le travail
de reconstitution de la décoration des catacombes osiriennes a été poursuivi par
Laurent Coulon au cours de deux missions"'. Le travail a porté essentiellement sur
la poursuite de la reconstitution du couloir sud, le mieux conservé. L'ensemble
constitué par la représentation de 77 dieux gardiens de Pharbaïthos a été partielle-
ment complété et la totalité des données le concernant est désormais relevée et
enregistrée. Les dessins ont par ailleurs été poursuivis par Rachid Migalla. Les re-
constitutions ont progressé également pour ce qui concerne la décoration se trou-
vant entre les niches de ce couloir. Grâce aux vestiges de décors encore en place
au moment de la découverte, il est possible de replacer de manière assurée dans le
bâtiment certains assemblages. Un remontage virtuel de ces ensembles a été réalisé.
Malgré son caractère très fragmentaire, l'un des textes courant sur le bandeau entre
les niches du premier et du second niveau a pu être identifié comme étant un
hymne à Osiris coptite. Parallèlement, l'enregistrement, dans une base de données
des clichés réalisés par Daniel Le Fur pour les fragments épars ramassés avant
1993 a été réalisé par les soins de Magdi Louiz. Cette base permet maintenant une
recherche systématique dans cet ensemble, pour lequel aucun critère de localisation
n'est applicable. L'enregistrement devrait être poursuivi pour l'ensemble des frag-
ments non encore replacés.
b) La chapelle d'Osiris Ounnefer Neb-djefaou: la deuxième
campagne de fouilles"' s'est déroulée sur trois secteurs (Fig. 13 a et b):
a) la partie nord du parvis de la chapelle, le long du chemin du Ptah: re-
couverts par des déblais récents, des blocs épars cachaient une structure d'époque
tardive placée dans l'angle formé par le chemin de Ptah et le talus bordant l'accès
à la chapelle au nord. Elle s'apparente à un empilement de blocs, de dimensions
variables, disposés «en escalier». Cet empilement soutient un dispositif de canalisa-
tion amenant l'eau probablement d'un puits en briques cuites qui est visible à quel-
ques mètres au nord. Sans doute romain tardif, l'ensemble de ces aménagements en
bordure de la route de Ptah, et dont certains avaient déjà été remarqués plus au
sud, a été fortement perturbé par les dégagements modernes. Le support de la cana-
lisation est construit de blocs en remplois dont l'un a pu être extrait: il s'agit d'un
fragment de linteau au nom d'Amasis, d'Ankhnesnéferibrê et d'Osiris Ounnefer
Neb Djéfaou, ce qui laisse postuler l'existence d'une avant-porte pour la chapelle,
qui aurait été démontée à l'époque tardive.
l) La zone au nord du naos de la chapelle: les nombreux blocs et tam-
bours de colonnes stockés à cet endroit par G. Legrain ont été déplacés sur les
banquettes de briques aménagées autour de la chapelle éthiopienne voisine. Des
éléments d'un dallage en grès ont été découverts en bordure du naos, à l'instar de
ce qui avait déjà été dégagé au sud, mais d'une superficie supérieure. Les fonda-
tions du mur en briques crues entourant l'ensemble de l'édifice ont pu être délimi-
tées dans ce secteur.

Du 1er octobre au 31 octobre 2000 et du 21 mars au 30 avril 2001.


105

Du 27 octobre au 6 décembre 2001. Dirigée par Laurent Coulon, l'équipe était composée
ISO

de Catherine Defemez, Pierre Zignani, Elsa Rickal et Laurent Valliéres.


Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 71

'y) L'arrière de la chapelle, dans la zone surplombant l'édifice immé-


diatement à l'ouest:
La fouille a mis au jour les murs d'un bâtiment de dimensions importantes,
dont seule une partie a pu être dégagée. L'arase de ces murs a laissé apparaître un
certain nombre de particularités constructives: un appareillage utilisant des planches
de bois pour «armer» les assises de briques crues, ainsi que l'emploi d'orthostates à
la base des murs. Un niveau d'occupation sur ruines est apparu directement sous le
niveau de sol actuel. L'étude du matériel céramique donne une première estimation
de la date entre la XXVP et la XXXC dynastie, mais il pourrait s'agir plus précisé-
ment d'une occupation d'époque perse. En attendant la poursuite de la fouille qui
permettra d'obtenir les niveaux de sol correspondant à l'aménagement du bâtiment,
l'hypothèse d'un aménagement du bâtiment à l'époque saïte peut être envisagée.
Le relevé et l'étude architecturale de la chapelle ont été poursuivis par Pierre
Zignani. L'étude de la céramique menée par Catherine Defemez s'est attachée à
poser les bases d'une typologie de la céramique thébaine de la Basse Époque, en
l'absence d'études antérieures concernant notamment la céramique d'époque perse.
Les relevés épigraphiques ont été mis au net par Rachid Migalla. Les dessins des
éléments en place de la chapelle sont terminés et ceux des blocs épars sont en voie
d'achèvement. Une opération de restauration des blocs les plus menacés par l'aré-
nisation a été menée par Pascal Maritaux. Le relevé photographique de la fouille a
été réalisé par Gauthier Bancel.
(6) Sondage de part et d'autre de l'enceinte dite de
Tho u t mosi s III: des fouilles de sauvetage avaient été entreprises par Jean
Lauffray, dans les années 70, dans le cadre de la construction de la tribune du
spectacle «Son et Lumière» à l'est du Lac Sacré. Dans le but d'affiner les résultats
obtenus lors des recherches précédentes, deux sondages ont été réalisés de part et
d'autre de l'enceinte dite de Thoutmosis îII. Ces travaux permettent d'établir une
stratigraphie dans ce secteur, de dater cette enceinte et de mieux connaître les li-
mites du temenos avant la construction de l'enceinte de Nectanebo.
a) Sondage réalisé à l'ouest de l'enceinte: les maisons
des prêtres: daté de la XXP dynastie par Claude Traunecker grâce aux ins-
criptions d'un linteau et de piédroits appartenant à la maison d'Ankhefenkhonsou
(maison I), ce quartier des prêtres pose cependant un problème chronologique. En
effet, le céramologue D. Aston a estimé la majeure partie du matériel céramique
publié des XXV'-XXVIP dynasties. Il est peu probable que des maisons en briques
crues aient été utilisées pendant près de cinq siècles sans avoir subi maintes restau-
rations et transformations. Un sondage de 9 m sur 12,50 m, réalisé dans la conti-
nuité des fouilles précédentes, a été mené du 3. 10. 2002 au 13. 12. 2002. Le plan
de la septième maison du quartier des prêtres a été dégagé. La fouille a révélé un
premier niveau qui, d'après le matériel céramique, provient de la période copte. Il
est conservé uniquement en fondation, et, il a quelque peu perturbé la stratigraphie
de la maison, recoupant murs et niveaux antérieurs. Une couche d'incendie parti-
culièrement importante et un sol brûlé couvraient l'espace situé entre l'arrière de la
maison et l'enceinte. Ce niveau a livré un matériel abondant (statuette représentant
un hippopotame, gourde du Nouvel An en faïence, vases en calcite, perles, amu-
lettes, pesons, céramiques...), caractéristique de la fin de la période saïte. La pré-
sence de nombreuses amphores de stockage témoigne de la destination de réserve
de cet espace à une époque postérieure à l'occupation de ces maisons par les
prêtres. En poursuivant les fouilles, un autre niveau architectural a été atteint, sans
72 Nicolas Grimai et Emad Adly

que l'on ait eu le temps de l'associer à un niveau de sol. La fouille de la maison


elle-même a montré que celle-ci a été abandonnée et peu à peu remplie de déchets
(briques crues et rubéfiées, vaisselle cassée, os...). Le matériel provenant de cette
couche d'abandon fournit maintes formes entières de céramiques datant de la Troi-
sième Période Intermédiaire jusqu'au début de la XXVP dynastie, céramique mal
connue dans la région thébaine. Pour l'instant, un seul niveau de sol a été atteint. Il
sera daté par l'étude en cours du matériel.
b) Sondage réalisé à l'est de l'enceinte: les installations
antérieures à la construction de l'enceinte: lors des fouilles de
sauvetage de Jean Lauffray, quatre niveaux d'installations antérieurs à la construc-
tion de l'enceinte dite de Thoutmosis III furent identifiés. Le matériel a été enre-
gistré sur des fiches suiveuses d'objet, aujourd'hui conservées dans la documenta-
tion du CFEETK. Préalablement au sondage effectué en 2001-2001, au moyen de
ces fiches, une première évaluation de la céramique égyptienne a pu être établie
grâce à la collaboration de Sylvie Marchand et d'Anne Seiler. Les exemplaires ré-
pertoriés s'échelonnent de la fin de la XP dynastie â la fin de la Seconde Période
Intermédiaire. Mais ces fiches n'apportent que peu de renseignements sur l'apparte-
nance des objets à un niveau d'architecture, de sol, d'abandon,... Un sondage de
7 m sur 4 m a permis de reconnaître différentes phases d'occupations antérieures à
la construction de l'enceinte dite de Thoutmosis III. Pour le moment, deux niveaux
ont été relevés. Le premier date de la fin de la XVIP et du début de la XVIIP dy-
nasties et le second de la XIIP dynastie. Le premier conserve des vestiges assez
frustes, tandis que le second a livré un aménagement. Il s'agit du sol d'un silo pro-
tégé par deux murets, orientés nord-sud et est-ouest. Le sol du silo, circulaire, est
formé d'une paroi de briques de chant dont l'intérieur est dallé de briques plus ou
moins alignées; cette structure permettait ainsi d'isoler les grains des rongeurs. L'é-
lévation non conservée est celle d'un silo à dôme, comportant au sommet une ou-
verture pour le remplir et une autre ménagée sur la paroi pour prélever le grain.
L'aire autour du silo était certainement dévolue à la fabrication du pain. En effet,
le long du muret nord-sud, se trouvaient des meules et broyons en pierre alors que
le long du muret est-ouest il s'agissait de fragments de moules à pain. Cette archi-
tecture et cette fonction démontrent la destination domestique des installations si-
tuées à l'est de l'enceinte de Thoutmosis III. Elles révèlent aussi un autre aspect de
la vie autour du temple d'Amon avant le Nouvel Empire, lorsqu'il occupait une
surface plus réduite.
c) Recherches sur l'enceinte dite de Thoutmosis III: lors
de l'agrandissement du temenos du temple, une enceinte flit élevée; elle est tradi-
tionnellement dite de Thoutmosis III. L'état actuel des recherches montre qu'elle a
subi plusieurs ajouts. Sa datation, toujours imprécise, est cependant bien postérieure
au premier niveau d'installation, puisque sa tranchée de fondation coupe le niveau
de la fin de la XVIP et du début de la XVIIP dynasties. Les fouilles ont permis de
réaménager l'enceinte: remplissage des tranchées creusées dans l'enceinte lors de la
construction de la tribune du «Son et Lumière», grâce aux remblais de fouilles, et
parallèlement restauration du parement dc l'enceinte. La construction d'un magasin
dans l'espace situé entre l'arasement de l'enceinte et la tribune est proposée pour
ranger le matériel céramique extrait des fouilles menées dans ce secteur.
(7) Fouille préalable à la reconstruction de la chapelle
en calcite d'Amenhotep II: la reconstruction de la chapelle en calcite
d'Amenhotep II, publiée par Charles Van Siclen, a été programmée dans la partie
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 73

orientale du Musée en plein air. Un sondage préalable à l'installation des fonda-


tions a été ouvert °7. Les résultats permettront de compléter les informations concer-
nant l'occupation humaine autour du Temple d'Amon-Rê. La fouille a été conduite
en deux temps: un sondage correspondant à l'emprise au sol de la chapelle a été
ouvert sur une surface 25 m2 et une profondeur d'environ 1,50 m. Après l'appari-
tion des premiers murs, un dégagement extensif de surface sur quelques mètres a
permis de compléter leur relevé.
Le sol actuel du secteur (+76,56 m) a été dégagé par Henri Chevrier. Juste en
dessous sont apparus des murs de brique crue qui délimitent un ensemble de pièces
dans la moitié nord et est du sondage. Un mur de brique crue d'une largeur de
1,30 m (ou deux murs étroits accolés) sépare ces pièces d'une zone extérieure qui a
servi de poubelle. Les céramiques trouvées dans la poubelle aussi bien que sur les
sols en terre successifs des pièces sont caractéristiques de l'époque «saïte» (en fait,
entre la XXVI' et XX)è Dynastie), tout comme les nombreux fragments de figu-
rines féminines en terre cuite, dites «concubines». Un récipient en alliage cuivreux
a été également retrouvé dans des remblais situés sous un sol. De nombreux élé-
ments en bois (brûlés ou simplement fossilisés) qui ont été mis au jour permettent
de préciser les techniques de construction de l'époque saïte: l'assise placée au ni-
veau du sol des pièces est constituée de briques crues et de poutres en bois de sec-
tion carrée (5 cm) qui longent la base du parement intérieur des murs. Cette assise,
qui repose sur une assise constituée uniquement de briques crues, supporte l'éléva-
tion du mur, construite également en briques crues. Un seuil de porte est ensuite
formé de deux planches en bois (60 x 10 x 5 cm) qui sont intercalées entre deux
jambages en calcaire, qui eux-mêmes reposent sur une autre planche. La succession
des sols constitués de terre rapportée, la mise au jour de zones rubéfiées sur les
sols et d'un foyer délimité par des briques crues et l'absence d'objets caractéris-
tiques laissent penser que ces pièces sont celles d'une habitation domestique. Sous
cette première phase architecturale et sous des remblais constitués de limon, de tes-
sons et de fragments de blocs de calcaire cassés et remployés apparaissent d'autres
murs, aux orientations légèrement décalées par rapport à ceux situés au-dessus. La
céramique associée à ces murs est aussi d'époque saïte.
La fondation a été construite et le transport des deux très grands blocs qui ont
été réutilisés comme stèles, par Ramsès II, dans le temple de Mout est à l'étude.
L'un est brisé en deux gros fragments, qui sont en bon état, alors que le second, tou-
jours couché contre le sol, est en train de se dégrader. Les blocs seront consolidés
sur place avant de les transporter dans le Musée en plein air, où ils seront assemblés
avec les fragments qui sont regroupés sur une banquette du Musée en plein air.
(8) Etude sur le paysage et l'hydrologie antique à Kar-
nak: des carottages ont été effectués autour du temple de Montou'°8, dans
l'intention de tester une méthode d'enquête sur le paysage et l'hydrologie antique à
Kamak. La relation terre-eau est essentielle à une compréhension complète du site.
A l'aide d'une tarière manuelle, des carottes géologiques ont été extraites de trois
sites de la zone au Nord de Kamak.
Les dépôts et la pente indiquent un courant venant de l'est, ce qui suggère
que le site primitif de Karnak a pu être une île. Cette île aurait été reliée à la terre

07
Le 5. 1. 02 par Jean-François Jet.
Du 3 au 23 février 2002 et en collaboration avec l'Ifao et le CFEETK, par Judith Bunbu-
108

ry et Angus Graham.
74 Nicolas Grimai et Emad Adly

peu après la seconde période intermédiaire. Les observations montrent deux péri-
odes d'ajout de terre, par des apports latéraux, au site de Karnak. La première péri-
ode se situerait aux alentours de l'époque de l'établissement du Nouvel-Empire
alors que la seconde serait antérieure au dromos et au quai nord. Les unités géolo-
giques montrent un environnement changeant dans la zone de Karnak-nord du
Moyen-Empire à la seconde période intermédiaire et jusqu'à aujourd'hui.
d) Etudes fondées sur le relevé architecturai et épigra-
phique
(1) Le «Palais de Maât» et la zone centrale du temple:
les études épigraphique et architecturale des salles centrales du temple d'Amon-Rê et
du Palais de Maàt d'Hatshepsout sont en cours de réalisation. Nicolas GrimaI pour-
suit l'étude du texte des Annales de Thoutmosis III en vue de sa publication. Il a éga-
lement entrepris l'étude de la liste de peuples qui décore la façade occidentale du 6'
pylône, dans le cadre d'une recherche d'ensemble sur les listes géographiques. Il a
consacré une campagne cet hiver au relevé systématique de ces listes, localisées dans
l'enceinte d'Amon-Rê, mais aussi dans l'ensemble des monuments thébains. Devant
le sanctuaire de la barque, Helena Zacharias a dessiné une scène de Thoutmosis III
qui est gravée sur le mur prolongeant vers le sud le pilier d'angle du vestibule de
Thoutmosis III. Ce relief, est en grande partie recouvert par un mur de Séthi II. Ca-
mille Courrier de Méré a continué le relevé des huit chapelles de la cour nord du &
pylône, dont elle a compléte le fac-similé et entrepris les dessins de publication. Elle
a effectué le relevé des décors, datant de la Troisième période intermédiaire, gravés
sur le mur ouest des salles nord d'Hatshepsout ainsi que sur le revers du mur nord
des Annales de Thoutmosis III. Jean-François Carlotti a dirigé l'étude architecturale
du monument, qui comporte deux plans et vingt-cinq coupes, répartis en treize
planches. Ce travail, réalisé par les différents architectes et topographes boursiers, a
été complété cette année par Vincent Chaigneau, Pascal Rieth et Laurent Baqué. Les
dessins de restitution et la rédaction de l'étude seront entrepris dès l'automne 2002.
Cette partie du temple d'Amon, la plus complexe de l'ensemble, n'a jamais fait l'ob-
jet d'étude particulière depuis celle publiée en 1962 par Paul Barguet. L'étude des
blocs en calcaire d'Amenhotep 11, à Karnak, réalisée par Catherine Graindorge, s'ins-
crit dans le cadre de ce projet, puisque les monuments d'Amenhotep I sont un des
chaînons manquants de l'histoire architecturale du cour du temple.
Atlas des obélisques de Karnak: à partir des 850 relevés en
fac-similé tirés au 1/10e, auxquels s'ajoutent ceux de quelques blocs épars récem-
ment identifiés et dessinés par Camille Courier de Méré, Lue Gabolde a effectué
des assemblages provisoires pour les obélisques suivants: nord de Thoutmosis PC
devant le 4e pylône, nord et sud de Thoutmosis III devant le 4e pylône, nord et
ouest d'Hatshepsout, ouest et est du 7e pylône. Marie-Geneviève Froidevaux à
l'IRAA de Vineennes a continué la campagne de vectorisation des dessins à partir
des fac-similés numérisés. Antoine Chéné a effectué l'assemblage numérique des
photographies des obélisques en place de Thoutmosis J et d'Hatshepsout. Ces as-
semblages serviront de fond à la vectorisation des dessins des décors. Ils illustre-
ront également la publication. Le GRCAO de l'Université de Montréal doit redres-
ser les assemblages en se calant sur une trame de points topographiques 101.

Ajouter à la bibliographie: Dariusz Niedziolka, ((Were Queen Elatshepsut's Eastern Obe-


109

lisks at Kamak Erected Twice?)), dans: Second Central European Conference, Abstracts Il-12.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 75

(2) Monuments mineurs de Sésostris 1er: Lue Gabolde a étu-


dié les monuments mineurs de Karnak au nom de Sésostris Ter: un grand autel so-
laire (87CL338+344+398-+429+92CL344+645+94CL1108), des fragments divers, re-
levés près du 10e pylône et dans la cour séparant le 7e du 8e pylône, etc.
(3) Le temple d'"Amon-qui-écoute-les-prières" de Ram-
s ès TI: l'étude épigraphique entreprise par Laetitia Gallet, dans le cadre de sa
thèse de doctorat, est achevée, et l'auteur prépare sa publication. En 1998, l'étude
architecturale a été confiée à Jean-François Carlotti. Elle comporte un relevé de l'é-
tat des lieux, dont un plan, vingt-six coupes et trois élévations, répartis en neuf
planches. Les hypothèses de restitution permettront de montrer le temple à l'époque
ramesside et à l'époque ptolémaïque.
(4) Les chapelles reposoirs de Thoutmosis III: l'étude ar-
chitecturale, iconographique et épigraphique du reposoir en granite, antérieur à
celui de Philippe Arrhidée, est un cours par Emmanuelle Arnaudiès dans le cadre
de sa thèse sur les reposoirs de barque de Thoutmosis III. Les nouvelles données
procurées par les fouilles de François Larché dans le secteur ont permis d'affiner
l'étude de l'aspect et des cotes du reposoir en fonction des corrélations existant
entre celui-ci et les éléments adjacents: les piliers héraldiques (dont le relevé épi-
graphique avait été effectué en 1994 par Emmanuelle Arnaudiès), le périptère en
grès du reposoir qui seront étudiés et intégrés dans l'étude du reposoir en
granite.
L'étude du reposoir en calcite du lac Sacré est en cours. La couverture photo-
graphique du reposoir et de son périptère a été confiée à Gauthier Bancel, qui de-
vrait effectuer le montage des façades, et en particulier celui du texte de la façade
est du périptère.
Emmanuelle Arnaudiès a repris l'étude de la porte en granite du 71 pylône,
commencée par Emmanuel Lurin. Le dossier de E. Lurin se composait des relevés
de la porte, sans les montages, et des fiches documentées et des fac-similés de
347 blocs épars composant cette porte, relevés en majeure partie sur les ban-
quettes de la zone sud-ouest (45 blocs relevés et documentés appartiennent à
l'architrave replacée par l'étude de E. Arnaudiès sur les piliers héraldiques). Un
montage complet du grand texte de la face ouest du passage a été effectué et par-
tiellement encré, mais sans les blocs épars. Il faudra le compléter avec ceux-ci et
l'encrer en totalité.
(5) Les monuments d'Amenhotep Icr: depuis 1986, Catherine
Graindorge étudie les 1400 blocs, découverts en remploi dans les fondations du 3e
pylône ainsi que dans la cour de la Cachette et à Karnak-Nord. Son manuscrit du
volume I sur les textes doit être achevé à l'automne 2002. Il lui restera ensuite à
corriger les volumes II (Planches) et III (Paléographie). Jean-François Carlotti étu-
die les différentes possibilités d'assemblages entre les monuments à partir des resti-
tutions épigraphiques des blocs.
(6) Les murs reliant le 8e au 10e pylône: Helena Zachanas a
encré les réductions des fac-similés des murs latéraux des deux cours placées entre
les 81, 9e et 10e pylônes. Ces murs ont été construits par Horemheb avec de nom-
breux remplois de talatates.
(7) Blocs épars d'Amenhotep III provenant du grenier
d'Amon et d'une représentation de fête-sed: les blocs provenant
du grenier d'Amon ont été dessinés par Helena Zacharias. Susanne Bickel a entre-
pris l'étude de la reconstitution du grenier et son interprétation.
76 Nicolas Grimai et Emad Adiy

(8) Salle hypostyle: Peter Brand a remplacé, à la direction de ce


projet, William Murnane, décédé en novembre 2000110.
(9) Le sanctuaire adossé de Thoutmosis III et le mur pé-
ribole de Thoutmosis III - Ramsès II: commencée en 1997, l'étude
épigraphique du monument, entreprise par Jean Winand et Dimitri Laboury, a
continué du 27 janvier au 10 février par l'inventaire des bloc épars. Tous les blocs
rangés sur les banquettes sud, entre le mur d'enceinte et le lac Sacré, ont été pho-
tographiés et catalogués. Leur prochaine mission sera consacrée à l'inventaire des
blocs rangés sur les banquettes orientales ainsi que de ceux entreposés à l'intérieur
du monument de Taharqa du Lac. Confiée à Jean-François Carlotti à l'automne
1999, l'étude architecturale comporte déjà un relevé de l'état des lieux, en vue
d'une restitution de l'édifice sous les règnes de Thoutmosis III et de Ramsès II.
(10) La statuaire du magasin "Cheikh Labib": Hourig Sou-
rouzian poursuit son étude de l'ensemble des statues et dc leurs fragments entrepo-
sés dans le magasin du Cheikh Labib, et en particulier de ceux provenant de l'an-
nexe.
e) Bibliographie: à propos d'un outil en silex trouvé en surface à
l'ouest du temple de Ptah, voir D. Hopp, Kernet 11/2 (Avril 2002) 69-70. - Ajouter
à la bibliographie: Laurent Coulon, «Un serviteur du sanctuaire de Chentayt à Kar-
nak. La statue Caire JE 37134», BIFAO 101 (2001) 137-152; Michel Azim, «Un
monument de Karnak oublié: la porte centrale de la Ouadjyt», RdE 52 (2001) 7-27.
Le fragment du temple ptolémaïque de l'Est publié par Laetitia Gallet, «A propos
d'un bas-relief ptolémaïque: le bloc Berlin Inv. 2116», BIFAO 101 (2001) 183-196;
sur l'autel solaire de l'Akhmenou: H. Ernst, «Em Weihgeschenk Thutmosis' III. an
Amun-Re. Der Sonnenaltar im Re-Heiligtum im Achmenu zu Karnak», ZAS 128
(2001) 1-6; Albert Bumet, «Égypte: la chapelle Rouge de Karnak», Archéologia
376 (mars 2001) 30-39.

81. Karnak, enceinte de Mout: sur l'annonce de la coopération


entre les équipes de Richard Fazzini et de Betsy Brian à partir de 2001: EA 19
(2001) 9. Sur la première campagne, consacrée aux installations kouchites et ptolé-
maïques du porche: L. Giddy, EA 19 (2001) 29.

82. Louqsor
a) Conseil suprême des Antiquités: sur la découverte d'une sta-
tue de Mout et une stèle de Ramsès III, voir Kemet 11/2 (2002) 90.
b) Epigraphic Survey de Chicago: sur la question des remontées
d'eau dans le temple de Louqsor: W. Raymond Johnson, «Luxor's Ground Water
Problems», EA 19 (2001) 10. Sur la campagne 2000-2001: L. Giddy, EA 19 (2001)
29.

83. Routes du désert de Thèbes: sur la campagne 2000-2001 de


Debbie et John Darnell: L. Giddy, EA 19 (2001) 29.

Voir SSEA Newsletter janvier 2002 pour un rapport succinct de la campagne 2001; Peter
110

Brand, «Rescue epigraphy in the Hypostyle Hall at Karnak», EA 19 (2001) 11-13; L. Giddy, EA
19 (2001) 29; William J. Mumane, «A Forest of Columns: the Karnak Great Hypostyle Hall Pro-
ject», KMT 12/3 (2001) 50-59.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 77

84. Sites chrétiens et arabes de la rive droite: la prospection


ethnoarchéologique des sites chrétiens et musulmans sur la rive orientale du Nil,
entre Qena et Tôd, menée par Ramez W. Boutros, architecte (Ifao), et Christian Dé-
coubert, arabisant (Cnrs, EHESS), a été repoussée à l'automne 2002".

85. Rive gauche thébaine


a) Bibliographie: ajouter à la bibliographie: Takao Kikuchi, «Die
Thebanische Nekropole der 21. Dynastie - Zum Wandel der Nekropole und zum
Totenglauben der Agypter», MDAIK 58 (2002) 343-372; Corinna Rossi,
«Dimensions and Slope in the Nineteenth and Twentieth Dynasty Royal Tombs»,
JEA 87 (2001) 73-80.
b) KV 5: le Theban Mapping Project a travaillé, sous la direction de
Kent Weeks, du 15 janvier au 16 mars 2001112. 29 nouvelles cartes et panneaux ont
pu être mis en place dans la Vallée des Rois et un guide en arabe a été préparé.
Dans KV 5, les travaux d'ingénierie ont été achevés dans la chambre 3 et la salle a
piliers, dont les 16 piliers ont été reconstruits, les murs et les peintures préservés.
La salle 6 a également été dégagée, révélant environ 50 jarres alimentaires et am-
phores, qui ont été reconstituées. Les dégagements ont été poursuivis dans le corri-
dor 20, qui s'avère être une réplique du 12. Ce qui revient à dire que KV 5
comporte au moins 150 pièces. On a fixé la décoration de la chambre 3 et du corri-
dor 7. On a également nettoyé le montage autour de l'entrée de KV 5, pour garan-
tir l'entrée de la tombe de la montée des eaux.
e) KV 7: sur l'étude technique conduite par la société Solétanche à la
demande de l'équipe du Louvre: L. Giddy, EA 19 (2001) 29. Pour les campagnes
1999-2000, voir le rapport de C. Leblanc, Memnonia 11(2000) 91-116 et pl. XIV-
XVII; A. Guillaume, «Prospection micro-gravimétrique dans la tombe de Ramsès
II (KV 7). Vallée des Rois. Louqsor. Égypte», ibid. 71-90.
d) Amarna Royal Tombs Project: KV 56 et KV 9: la 4' cam-
pagne de l'équipe dirigée par G. T. Martin s'est déroulée du 22 janvier au 3 mars
2002". Les travaux ont porté sur trois points: les sites A et B et la tombe KV 56.
Le site A se trouve à droite de l'entrée du grand ouadi qui conduit à la tombe de
Touthmosis III. Il a été dégagé, en partie au moins, par V. Loret en 1898 au mo-
ment de la découverte de la tombe de Touthmosis III et de quelques autres, non
décorées. Dégagé, mais non sondé. L'endroit comprend une grande face de rocher,
sur laquelle sont gravés des graffitis (dont celui du fameux Boutehamon de la XX'-
XXI' dynastie). On n'y a trouvé ni puits, ni escalier, mais sans doute l'explication
de l'anomalie reperée lors du survey géophysique de 2000: des vestiges d'installa-

Voir B. Mathieu, BIFAO 101, 558.


112 Rapport aimablement communiqué par Kent Weeks. Pour la campagne 1999-2000: Or 70,
416-417. Ajouter à la bibliographie: L. Giddy, EA 19 (2001) 29.
Rapport aimablement communiqué par G. T. Martin. L'équipe était composée de Mohsen
111

Kamel, Andrew Lewsey, Paul Sussman, Yumiko Ueno, Ana Tavares, archéologues; Edward
Johnson, photographe et restaurateur; David Morcom, photographe; Catherine Roehrig, docu-
mentaliste; Mary Anne Muray, archéobotaniste; Ezz ed-Din Kamal représentait le CSA. Pour la
campagne de 1999: Or 70, 417-418; pour 2000: L. Giddy, EA 18 (2001) 30; pour 2001: Kemet
li/i (Janvier 2002) 86; pour les campagnes 1998-2001: Peter A. Clayton, «The Amarna Royal
Tomb Project in the Valley of the Kings, 1998-2001», Minerva 13/1 (2002) 31-34. Ajouter à la bi-
bliographie, sur le projet de reconstitution partielle de la cité d'Amama et de KV 55 à Malgata:
SSEA Newsletter septembre 2001.
78 Nicolas Grima! et Emad Adly

tions recouverts par les gravats du dégagement de 1898. Toute !a zone a été déga-
gée. Elle a livré nombre d'ostraca et un petit dépôt comprenant, entre autres, des
objets destinés à une tombe royale. Les site B jouxte, à droite, l'entrée de la tombe
de Ramsès III. Sur le lieu de l'anomalie repérée en 2000, on a fait un sondage,
jusqu'à atteindre le so! natif, à 5,7 m de profondeur. Celui-ci a livré des traces
d'occupation par les ouvriers de la nécropole, les gardes: céramiques, outils, etc.
On a découvert, taillée dans le rocher au-dessus du côté gauche du sondage, une
niche de 53 X 38 X 26 cm, décorée de représentations d'Horus, Amon et autres di-
vinités. Une petite stèle votive y est encore fixée. Dédiée à Meret-Seger, manifeste-
ment par un fonctionnaire de la Place de Vérité. On a terminé le redégagement et
le relevé de KV 56. On a trouvé dans la fouille du puits et de l'entrée de la
chambre funéraire des fragments de feuilles d'or et quelques éléments du collier
d'or qui est au Musée du Caire. Tous les matériaux sont désormais rassemblés pour
la publication de la tombe.
e) KV 10: sur la campagne 2000-2001 conduite par Otto Schaden à la
tombe d'Amenmesse: L. Giddy, EA 19 (2001) 29.
f) K V 1 8 e t 47: sur la restauration par le Conseil suprême des Anti-
quités et le Musée du Louvre de la tombe de Merenptah: Kernet 10/4 (octobre
2001) 85. Sur la campagne 2000-2001 d'Elina Paulin-Grothe à l'est du tombeau de
Ramsès X (KV 18): L. Giddy, EA 19 (2001) 29; Elina Paulin-Grothe - Thomas
Schneider, «New Workmen's Huts in the Valley of the Kings», EA 19 (2001) 4-6.
g) KV 22: sur la campagne 2000-2001 au tombeau d'Amenhotep III de
l'équipe de l'Université Waseda, dirigée par Sakuji Yoshimura et Jiro Korido:
L. Giddy, EA 19 (2001) 29.
- Shin
h) KV 66: ajouter à la bibliographie générale: Neville Agnew
Maekawa, «La conservation de la tombe de Néfertari», Pour la Science 270 (mars
2000) 42-47.
i) Dra Abou el-Naga: sur la campagne 2000 de l'équipe associée du
Deutsches archäologisches Institut in Kairo et de ULCA dans la tombe de Ramses-
nakht: L. Giddy, EA 18 (2001) 30.
Sur les travaux du Deutsches archàologisches Institut in Kairo, dirigés par
D. Polz dans la pyramide d'Antef: Kernel 10/4 (octobre 2001) 84. Sur la mise au
jour par la même équipe du tombeau de Téti, fonctionnaire d'Antef: Kernel 10/4
(octobre 2001) 84u4. Voir encore: David Sharp, «German Excavators Find 17th Dy-
nasty Royal Tomb at Dra Abu e! Naga», KIvIT 12/3 (2001) 8-17.
j) IT 148 et 233: la mission de l'Université Macquarie, dirigée par
B. Ockinga s'est tenue en janvier-février et novembre-décembre 2000". L'étude
épigraphique a apporté de nombreux éléments nouveaux sur le propriétaire de la
tombe et le programme décoratif de celle-ci, permettant ainsi de corriger et d'aug-
menter les données recueillies dans le Porter-Moss. Il est ainsi apparu que la tombe
n'etait pas destinée uniquement à Saroy, mais aussi à son assistant, Amenhotep dit
Houi, lui aussi «scribe royal de la table d'offrandes du Seigneur des Deux Terres».
On a également terminé la fouille des cours intérieure et extérieure jusqu'au niveau
des fondations. Cette fouille a permis la mise au jour de nombreux fragments de
statues de calcaire et d'oushebtis aux noms des deux bénéficiaires de la tombe. Les

Ajouter à !a bibliographie: L. Giddy, EA 19 (2001) 29.


114

Rapport aimablement communiqué par B. Ockinga. Pour la campagne 1999-2000: Or 70,


111

420-421; L. Giddy, EA 18 (2001) 30; EA 19 (2001) 29.


Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 79

couches coptes associées au four à pain ont livré des ostraca et des papyri. Dans la
chapelle centrale de la tombe, on a mis en évidence un dispositif cultuel constitué
d'une banquette flanquée de deux structures de briques, également enduites, et dé-
corées de scènes du rituel d'ouverture de la bouche, qui devaient servir de support
pour une table d'offrandes. La chambre sud s'est avérée être l'entrée des apparte-
ments funéraires, entrée à laquelle on accédait par un escalier, qui a été dégagé lui
aussi. On a pu reconstituer en partie le sarcophage, en grès rouge, de Saroy, dont
les morceaux étaient éparpillés dans la tombe.
On a dégagé le large hall de la tombe de la XVIII' dynastie découverte la sai-
son précédente dans l'angle sud-ouest de la cour de TT 233. Sols et parois sont to-
talement détruits, interdisant toute identification du propriétaire. Seul élément de
datation: des fragments d'oushebtis de la XVIII'-XIX' dynastie, au nom du «scribe
de la table du Seigneur des Deux Terres» Ky-Nefer - nom rencontré sur d'autres
oushebtis trouvés dans TT 233. On a poursuivi en novembre-décembre la fouille de
la première tombe; on a trouvé quelques fragments de décoration dans le hall voû-
té, mais toujours pas le nom du propriétaire de la tombe. Ce hall possède deux
niches: une dans le mur ouest et l'autre à son extrémité sud. De l'angle sud-ouest
part un corridor à l'ouest, qui conduit à un passage en pente orienté nord-sud, qui
tourne vers l'est après 6 m. Il n'a pas été possible d'en continuer l'exploration au
cours de cette campagne. En attendant d'en savoir plus, il semble aujourd'hui que
la tombe originale date de la XVIII' dynastie, avant celle de Saroy, puisqu'elle a
été réutilisée à l'époque ramesside et à la Troisième Période Intermédiaire.
k) El-Khokha: sur la mission de l'Université Loránd Eötvös, dirigée
par Ernô Gaal en 2000 dans les tombes de Menkheperrê-seneb/Bakenamon (Kamp
59) et Amenhotep (Kamp 61): L. Giddy, EA 18 (2001) 30.
I) Gourna: carrières: sur l'étude des graffiti des carrières de calcaire
situées à Gourna, au débouché de la route de la valle des Rois, voir Shin-ichi Ni-
shimoto - Sakuji Yoshimura - Jiro Kondo, «Hieratic Inscriptions from the Quarry
at Qurna: an Interim Report», BMSAES 1 (2002) 20-31 116.
m) G our na: blocs épars: voir Janusz Karkowski - Mohammed el-
Bialy, «New Find of Decorated Blocks in Gurna», PAM 12 (2001) 237-248.
n) Gourna: Séthi Icr: sur la campagne 2000: L. Giddy, EA 18 (2001)
30. - Ajouter à la bibliographie: Rainer Stadelmann, Der Totentempel Sethos' in
Qurna (Deutsches archäologisches Institut in Kairo - Conseil suprême des Anti-
quités; Le Caire 2001).
o) Deir el-Bahari: ajouter à la bibliographie: Christina Riggs, «Ro-
man Mummy Masks from Deir el-Bahri», JEA 86 (2000) 121-144.
(1) Temple de Montouhotep: ajouter à la bibliographie: Betty
Winkelman, «The Mortuary Complex at Deir el Bahari of Nebhepetre Montuho-
tep», KMT 12/3 (2001) 36-49.
(2) Temple de Touthmosis III: pour le rapport de la campagne
2000: Joanna Aksamit - Tafal Czerner, PAM 12 (2001) 215-220.
Ajouter à la bibliographie: Joanna Aksamit, «The temple of Tuthmosis III at
Deir el-Bahari», EA 18 (2001) 21-24; Teodozia I. Rzeuska, «Pottery from the
temple of Tuthmosis III at Deir cl Bahar», ET 19 (2001) 299-328.

' Consultable:
(http://www.thebritishmuseum.ac.uk/egyptian/bmsaes/issuel/
nishimoto.html).
80 Nicolas Grimai et Emad Adly

Le revelé de la chapelle d'Hathor du temple de Thoutmosis III, dont l'étude


architecturale est assurée par Ramez W. Boutros (Ifao), est en cours de publication.
(3) Temple d'Hatshepsout: ajouter à la bibliographie: Janusz Kar-
kowski, «Pharaoh in the Heb-Sed Robe in Hatshepsut's Temple at Deir el Bahari»,
ET 19 (2001) 81-112; Zbigniew E. Szafrañski, Queen Hatshepsut and her Temple
3500 years later (Le Caire 2001).
(a) Mission franco-polonaise: le revelé de la chapelle d'Hathor du
temple d'Hatshepsout, assuré par Nathalie Beaux-GrimaI, égyptologue (chercheur
associé Ifao), et Janusz Karkowski, égyptologue (Cpam), est désormais presque
achevé. Les planches du volume I (sanctuaire de la barque et sanctuaire), corrigées,
on été encrées par Elisabeth Majerus-Janosi, dessinatrice, et celles des volumes II
et III (vestibule) sont en cours de correction et d'encrage"'.
(b) Mission é g y pt o - polonaise: la campagne de restauration de
l'Institut polonais d'archéologie méditerranéenne dans le temple d'Hatshepsout
s'est déroulée, sous la direction de Miroslaw Barwik, du 15 novembre 2001 à la fin
de mars 2002118. Étant donné l'ouverture au public de la troisième terrasse, la mis-
sion s'est concentrée sur la restauration du «complexe solaire». On a pu remettre
en place et restaurer les blocs d'une bonne partie de la cour et reconstituer une
partie du mur de séparation entre le vestibule et de l'autel. On a également re-
construit le mur nord de la cour et consolidé le toit de la chapelle d'Anubis.
(e) Mission «de la falaise»: la mission polono-égyptienne"' a
continué, d'octobre à décembre 2000 ses recherches archéologiques dans la mon-
tagne thébaine au-dessus des temples d'Hatshepsout et Thoutmosis III. Trois types
de travaux sont à distinguer. Une découverte importante de la saison dernière a été
celle de l'un des plus gros graffiti thébains de Boutehamon (65 cm de longueur et
53,5 cm de hauteur), situé environ 5 m au-dessus de puits de la cachette royale. Il
fournit une preuve de l'existence du tombeau au commencement de la XXF' dynas-
tie, peut-être comme lieu d'enterrement du grand prêtre Masaharta et de sa soeur, la
divine adoratrice Maâtkare (leurs cercueils ont été trouvés intacts dans la Cachette).
Plus de 250 graffiti nouveaux ont été relevés: hiéroglyphiques, hiératiques (y
compris sept graffiti de Boutehamon), démotiques, coptes, grecques, dessins, et
graffiti dits «techniques» (une catégorie nouvelle comprenant des ébauches tech-
niques et des mesures effectuées en jouant sur l'arrangement conventionnel des
lignes). Le résultat le plus important de la saison 2000 a été la découverte de trois
graffiti hiéroglyphiques portant le nom Merenrê dans le cartouche. Ces graffiti, les
plus anciens de ce genre à Thèbes, confirment l'activité des rois de la VI dynastie
à Deir el-Bahari. Leur position, dans une niche située quelques mètres seulement
du temple d'Hatshepsout, semble impliquer l'existence d'une construction (un sanc-
tuaire?), enlevée ensuite pendant les travaux de construction du temple d'Hat-
shepsout. Enfin, les résultats obtenus en 2000 sur un ressaut rocheux situé 100 m

D'après Rapport IFAO 2001-2002; cf. Polish Center Newsletter 8 (2002). Pour les cam-
111

pagnes précédentes, voir B. Mathieu, BIFAO 101, 527.


D'après Polish Center Newsletter 8 (2002); pour les missions antérieures: Or 70, 421-
IS

422; L. Giddy, EA 19 (2001) 29; Zbigniew E. Szafraàski, PAM 12 (2001) 185-205; Rajmund
W. Gazda, ibid. 206-214.
Dirigée par Prof. Andrzej Niwiñski de l'Université de Varsovie, et Prof Shafia Bedier de
111

l'Université Am Shams au Caire. Rapport aimablement communiqué par A. Niwiñski. Pour la


première mission, de 1999, voir Or 70, 422. Ajouter à la bibliographie: L. Giddy, EA 18 (2001)
30. Pour la mission 2000: A. Niwiàski et al., PAM 12 (2001) 221-236.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 81

au-dessus du temple d'Hatshepsout confirment l'existence probable d'un tombeau


encore inexploré. Outre les signes qu'en donnent la situation topographique du ter-
rain dans l'axe de Kamak, des traces de préparation d'une voie pour y transporter
de gros objets, les graffiti portant le nom de Boutehamon, des traces de nettoyage
des surfaces rocheuses de fragments décomposés à l'air, l'existence d'un tunnel de
voleurs, la saison dernière a fourni de nouvelles indications en ce sens: trois nou-
veaux tunnels de voleurs entourant le terrain en question, une grande quantité d'é-
clats de calcaire, provenant sans doute de quelques travaux dans le voisinage, un
pommeau de poignard en bronze, reproduisant trait pour trait le modèle des poi-
gnards rituels royaux de Kamose et Ahotep. Cet objet, provenant sans doute d'un
tombeau pillé du début de la XVIIF dynastie, amène à prendre à nouveau en consi-
dération l'hypothèse de J. Cem9 d'une localisation du tombeau d'Amenhotep 11, à
Deir el-Bahari. Les coordonnées topographiques du Papyrus Abbott semblent cor-
respondre très bien à cet endroit. Il est possible qu'une tombe pillée de la XVIIP
dynastie ait été réutilisée au temps de Boutehamon pour quelqu'un d'important
(Hérihor?). La zone fouillée a été complètement recouverte par un éboulement, sur-
venu peut-être sous la XXI' dynastie, qui rend la progression des fouilles difficile
et plus lente que prévu.
La mission de 2001 avait pour objectif, à la fois de nettoyer la falaise des élé-
ments dangereux susceptibles de tomber et de poursuivre les recherches sur les
graffitis et la zone précédemment dégagée '20. La position des graffitis repérés lors
des campagnes précédentes a été reportée sur un plan au 1/100e, selon les normes
du projet d'étude des Graffiti de la montagne thébaine. Parallèlement, on a entre-
pris le repérage des graffitis de Boutehamon: 7 ont été découverts, qui s'ajoutent
aux 130 déjà identifiés par Spiegelberg, Carter et Cem', dont plus de la moitié se
trouve dans la Vallée des Rois. Un survey a été ainsi entrepris, dans l'intention de
vérifier le contexte de ces inscriptions. Il a concerné la vallée de la cachette royale,
celles d'Hékanakht, de Montouhotep Seânkhkarê, de l'aigle, du dolmen, de la
corde, des trois puits, les ouadis Siqqet Taqa ez-Zeid, Qubannet el-Giround, el-
Gharby. De nouveaux graffitis ont été découverts, dont deux du roi de la XVII' dy-
nastie Antef Noubkheperrê, découverts à proximité de la cachette royale, à quelque
5 m au-dessus du niveau actuel du sol.
Parallèment, on a procédé à des études géologiques concernant les profils
géologiques et la tectonique du site, ainsi qu'à des prélèvements botaniques.
p) Ramesseum: pour la campagne 2000: L. Giddy, EA 18 (2001) 31.
Ajouter à la bibliographie: Chr. Leblanc, «Récentes recherches et mesures de conser-
vation dans le temple des Millions d'Années de Ramsès II à Thèbes-Ouest», Bulletin
de l Association angevine et nantaise d Égyptologie Isis 7 (2000) 7-17; H. Guichard
- M. Kalos, «Une extension de la nécropole de la Troisième Période Intermédiaire
au nord du Ramesseum», Memnonia 11(2000) 47-69 et p1. V-XIII; G. Lecuyot, «Le
sanctuaire du Ramesseum. Campagnes de fouilles 1997-1999», ibid. 117-130 et
pl. XVIII-XXV; M. Nelson - M. Kalos, «Concessions funéraires du Moyen Empire

Rapport aimablement communiqué par A. Niwuiski. La mission a eu lieu du 21 octobre


20

au 13 décembre, sous la direction des mêmes; l'équipe était composée de Siawomir Rzepka, Mo-
nika Sadowska et Katarzyna Tempczyk, géologues, Prof Dr. Maciej Pawlikowski, Krzysztof Ca-
baiski and Michal Radzikowski, archéobotanistes, Aldona Bieniek, Dr. Elzbieta Gajewska, Hen-
ryk Bigos, Magdalena Laskowicz, Piotr Piotrowski et Janusz Mendel. L'inspecteur Yasser Yous-
sif Abmed représentait le CSA.

Orientalia - 6
82 Nicolas Grimai et Emad Adly

découvertes au nord-ouest du Ramesseum», ibid. 131-152 et pi. XXVI-XXXIV; Ho-


sam Refai, «Die Säulen- und Pfeilerdekoration des Ramesseums», ibid. 153-167;
M. de Saintilan, «Des cuisines de plein air localisées dans le secteur de la chapelle
dite 'de la Reine Blanche'», ibid. 169-178 et p1. XXXV-XXVIII.
q) Gourna: temple de Merenphah: la seizième campagne de l'Ins-
titut suisse de Recherches architecturales sur l'ancienne Égypte au temple de Me-
renptah s'est déroulée du 19 janvier au 28 mars 2001 121.
Le relevé, dessin et photographies, des blocs statuaires remployés a été poursui-
vi, en vue de leur publication, en particulier des chacals de grès. L'étude des frag-
ments architectoniques d'Hatshepsout remployés par Merenptah a été menée à bien.
Un inventaire exhaustif des fragments a été fait. Dans le même temps, certains mo-
numents provenant de la fouille ont été remis sur le site depuis le magasin, en vue de
l'ouverture du musée de site, dont la préparation a été poursuivie. La reconstruction
du mur d'enceinte a été poursuivie. On a continué la restauration de la salle à piliers
qui servait d'accès aux pièces de la section A. De même, on a indiqué l'emplace-
ment des colonnes, des piliers et de la salle du trône dans la salle d'audience du pa-
lais. On a procédé à divers travaux de protection et d'aménagement sur l'ensemble
du temple, et transféré dans le lapidarium les blocs d'Amenhotep III remployés.
Du 21 janvier au 4 avril 2002, la dix-septième campagne a poursuivi les
mêmes objectifs, jusqu'à l'inaguration du nouveau musée de site le 4 avril 112 .
r) Kôm el-Heitan: la mission des Colosses de Memnon et du temple
d'Amenhotep III a repris ses travaux pour la sauvegarde du site de Kôm el-Heitan,
avec deux campagnes 123 (la première, de décembre 2000 à avril 2001 et la seconde
de janvier à mars 2002). L'équipe est composée de membres de pays européens et
dirigée par Hourig Sourouzian, membre correspondant de l'Institut archéologique
allemand, Le Caire-Berlin. Pendant la première campagne, les travaux ont continué
dans la cour à péristyle, avec la reprise du dégagement du portique occidental et
la découverte du dallage original dans la partie ouest de la cour, où d'énormes
dalles de grès sont en grande partie conservées. Des centaines de morceaux de grès
décorés en creux ou en bas relief, provenant des murs et des colonnes des por-
tiques ont été recueillis et documentés. La fouille a également révélé de nombreux
fragments et éclats de statues royales en quartzite et en granite rouge, ainsi que des
morceaux de statues divines en granite noir, dont une belle tête de la déesse Sekh-
met. Ces vestiges étaient soit éparpillés dans les portiques à la suite de débitages
anciens ou d'incendies récents, soit amoncelés dans des remblais, suite à des
fouilles ou sondages antérieurs. L'étude de ces documents est en cours, ainsi que le
projet de remontage des statues.

Rapports aimablement communiqué par Horst Jaritz. Pour les campagnes précédentes:
21

Or 70, 424-425; L. Giddy, EA 18 (2001) 31; Horst Jaritz et al., «Der Totentempel des Merenptah
in Quma, 5. Grabungsbericht», MDAIK 57 (2001) 141-170 et pi. 21-26.
122
Voir Horst Jaritz, (<The Museum of the Mortuary Temple of Merenptah», EA 19 (2001)
20-24;23 L. Giddy, ibid. 29.
Rapport aimablement communiqué par Hourig Sourouzian. Poor les campagnes pré-
cédentes: Or 70, 425; L. Giddy, EA 18 (2001) 31; FA 19 (2001) 29; ibid. p. 10. Ajouter à la bi-
bliographie: Hourig Sourouzian, CRAIBL 2000,1021-1038; Rainer Stadclmann - Hourig Sourou-
zian, «Der Totentempel Amenophis' III. in Theben. Grabungen und Restaurierung am Kôm el-
Hettân», MDAIK 57 (2001) 271-280 et pi. 43-46. Sur les découvertes statuaires et la perspective
de création d'un musée lapidaire de plein air: SSEA Newsletter septembre 2001. Parmi les articles
de presse: Anne-Marie Romero, dans Le Figaro du 23 avril 2002; Le Figaro 20-21 avril 2002.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 83

Les travaux de la deuxième campagne titrent menés dans trois secteurs parti-
culiers. Premièrement, la fouille de la grande cour à péristyle fut reprise, avec le
dégagement d'une nouvelle partie du dallage et des portiques qui l'entouraient. La
moitié nord du portique occidental est entièrement dégagée, livrant de nouveaux
fragments de colosses d'Amenhotep III en quartzite et granite rouge, ainsi que des
morceaux de granite noir, dont un très beau fragment de visage provenant d'une
statue divine. Dans le portique nord, on a dégagé un beau torse de granite du dieu
Amon, une tête colossale du roi au visage endommagé, ainsi que des blocs de grès
inscrits, faisant partie d'architraves et de murs. Du portique oriental proviennent de
nombreuses parties de statues royales en quartzite, dont une paire de pieds monu-
mentale et la base d'une seconde. Les découvertes les plus sensationnelles furent
faites aux abords du second pylôle du temple. Ce secteur comprenait des monu-
ments éparpillés, en grande partie recouverts de remblais et de limon du Nil. L'é-
quipe a d'abord sauvé du sol boueux où il s'était enfoncé depuis sa dernière men-
tion, un groupe statuaire en calcaire dur représentant le roi assis parmi les divinités
Sekhmet, Amon et Amonet. Ce monument flit soulevé à l'aide d'une grue et posé
sur un niveau plus élevé. Après un premier nettoyage, la sculpture a fait l'objet
d'une étude pour restauration. Au sud de ce groupe, se trouvaient de grands blocs
informes de quartzite, qui avaient été identifiés comme les vestiges d'un colosse
royal assis, de quelque douze de mètres de hauteur, mais n'avaient jamais été déga-
gés. La fouille a mis au jour la tête et des parties du torse du colosse tombé sur le
flanc droit (Fig. 14). Toute la partie droite enfouie dans le sol est complète, malgré
les nombreuses fissures qui la traversent. Le socle est décoré dans sa moitié droite
(sud), de représentations de captifs nubiens. Après avoir étayé le monument à l'aide
de madriers de bois, deux sondages pratiqués derrière la jambe du roi ont révélé la
tête et les jambes d'une statue de reine qui flanque le trône du colosse, à droite.
Plus au sud, le dégagement d'un autre bloc de quartzite dont on ne voyait qu'une
infime partie en surface a révélé le bras droit et le pagne d'un second colosse sem-
blable au premier et tombé dans la même direction (sud-est). Ces deux monuments
ont été recouverts de sable, afin de les préserver jusqu'à la reprise des travaux et
en attendant de réunir de nouveaux fonds pour leur sauvegarde.
Parallèlement aux fouilles, un troisième secteur du chantier, dirigé par Rainer
Stadelmann, était voué à la conservation des Colosses de Menmon qui ont été net-
toyés par la société Karcher et consolidés grâce à une bourse de la fondation Ernst-
Siemens Kunst-Stiftung et les produits offerts par la société Chemicals and
Technologies for Polymers. Autour du colosse sud, on a dégagé des blocs inédits
appartenant au socle et à la statue. Un morceau décoré se raccorde au trône et un
second, inscrit, se rattache au socle. Ces blocs furent documentés et rangés derrière
le socle du colosse en attendant leur remise en place.
s) D e i r e 1- M é dîna: la mission, placée sous la responsabilité de Na-
dine Cherpion, archiviste (Ifao), s'est déroulée cette année en deux temps, en sep-
tembre-octobre 2001 et de janvier à mars 2002124. En septembre-octobre 2001,

D'après Rapport IFAO 2001-2002. Pour les campagnes précédentes, voir Or 70, 425-426;
124

B. Mathieu, BIFAO lot, 527-330. - Ajouter à la bibliographie: L. Giddy, EA 18 (2001) 31;


J. Cem9, A Cotn,nuottv of Worloneo of Thebes in the Romesside Period (BdE 50, 2' éd. aug-
mentée; 2001); G. Bouvier, Catalogue des étiquettes de jarres hiératiques inédites de l Institut
d'égyptologie de Strasbourg, fasc. 2 (DFIFAO 36; 2000), 3 (DFIFAO 37; 2000) et 4 (DFIFAO
40; 2001).
84 Nicolas Grimai et Emad Adly

Laure Bazin, égyptologue (doctorante univ. Montpellier III), et Banane Gaber,


égyptologue (doctorante univ. Strasbourg II), ont procédé à l'enregistrement et au
déménagement d'une partie des fragments en calcaire (stèles, huisseries, parois de
tombes) contenus dans les magasins de fouilles de Deir ai-Médina vers les nou-
veaux magasins du Conseil suprême des Antiquités, situés derrière l'ancienne mai-
son de Howard Carter. La totalité du magasin 3 (soit 750 fragments) a pu ainsi être
transférée, ainsi qu'une partie du magasin 4 (430 fragments), transfert précédé d'o-
pérations de restauration et de conditionnement par les soins de Hassân el-Amir,
restaurateur (Ifao). L'inventaire des fragments transférés a été remis au CSA; un
double en est déposé aux service des Archives de l'Ifao.
De janvier à mars 2002 se sont déroulés les travaux suivants. Sara Demichelis
et Francis Janot ont commencé les relevés de la tombe n° 10 de Kasa et Penbouy
en vue de sa publication. Hanane Gaber a pousuivi relevés et verifications dans les
tombes nos 218 (Amennakht), 219 (Nebenmâat) et 220 (Khâmeteri), en vue, égale-
ment, de leur publication; elle a également procédé au tri et au classement des 138
fragments provenant des caveaux de ces trois tombes, et qui étaient entreposés dans
l'angle nord-ouest du caveau de Khâmeteri. Laïla Menassa, dessinatrice (Ifao), a
effectué plusieurs relevés dans la tombe n° 218 d'Amennakht, terminé les relevés
de la tombe n° 9 d'Amenmose et vérifié les dessins qu'elle avait réalisés dans la
tombe n° 359 d'Inherkhâouy. Agnès Cabrol, égyptologue (univ. Lille III), a
commencé l'étude de la tombe n° 2 de Khâbekhnet en vue de sa publication. Na-
dine Cherpion, égyptologue (Ifao), chef de chantier, a procédé à d'ultimes vérifica-
tions dans la tombe n° 359 d'Inhcrkhouy, dont le manuscrit de la publication, réali-
sée en collaboration avec Jean-Pierre Corteggiani, égyptologue (Ifao), est presque
achevé. Laurent Bavay, céramologue, et Benjamin Stewart, dessinateur, ont poursui-
vi le classement et l'étude de la céramique conservée dans les magasins nos 28 et
29 de Deir al-Médîna. Enfin, Anne Boud'hors et Chantal Heurtel, coptisantes, ont
étudié les ostraca coptes de Qumat Maray conservé dans les «magasins Carter», en
vue de leur publication.
Ajouter à la bibliographie du site: J. Toivari-Viitala, Women at Deir al-Medi-
na. A Study of the Status and Roles of the Female inhabitants in the Workmen's
Community During the Ramesside Period (Leyde 2001); Doha M. Mostafa, ((Re-
marks on the Architectural Development in the Necropolis of Deir cl-Medina»,
Memnonia 11(2000) 209-225 et p1. LII-LIV.
t) Medinet Habou: pour la campagne épigraphique 2000 de l'Oriental
Institute, Chicago Univ. sous la direction de W. Raymond Johnson et les travaux
dans le temple de Touthmosis III: L. Giddy, EA 18 (2001) 31. Pour la campagne de
2001: L. Giddy, EA 19 (2001) 30.
u) Qasr el-Agoûz: dirigée par Claude Traunecker, professeur à l'U-
niversité Marc Bloch (Strasbourg II), la mission, hébergée dans la maison de l'Ifao
à Deir al-Médina, s'est déroulée du 2 avril au 18 avril 2002125.

D'après Rapport JFAO 2001-2002. Pour les débuts de ce programme, voir B. Mathieu,
25

BJFAO 101, 542-543. Elle était composée de Cl. Traunecker, responsable du programme épi-
graphique, Annie Schweitzer, égyptologue et archéologue, responsable du programme archéo-
logique, Laetitia Martzolff, Pierre Zignani, architecte, responsable du programme architectural,
Damien Laisney, topographe et Youri Volokhine, égyptologue, membre scientifique. Le CSA
était représenté sur le terrain par Mohammed Said, inspecteur en chef, et Mahmoud Mohammed
Moussa, inspecteur.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 85

La première campagne d'avril 2001 avait permis de reconnaître la présence


d'aménagements tardifs dans l'antichambre et la salle des offrandes et de dégager
les restes de dallages anciens dans le sanctuaire. L'équipe épigraphique avait
presque achevé la première copie des textes du saint des saints et l'équipe d'ar-
chitecture largement avancé l'enregistrement des données du relevé du monument.
Des essais de restauration et de nettoyage des parois avaient été entrepris.
Une étude détaillée des parois de la salle des offrandes a permis de déceler
les traces d'une occupation copte avec la très probable transformation de cette salle
en église. Ces traces consistent en élément ténus, il est vrai, mais certains, de pein-
ture oblitérant en partie le décor du second registre de la salle, côté nord. Au pre-
mier registre, on devine les traces d'un système de niches alternées qui attestent de
la transformation de cette partie de l'édifice en lieu de culte. Les engravures qui
affectent les montants nord des portes de la salle des offrandes et du sanctuaire
sont les traces de l'iconostase. Dans cette approche du monument, le saint des
saints, percé de deux portes post-pharaoniques, a sans doute joué le rôle de narthex
avec ses accès décalés par rapport à l'axe de culte. Une très courte inscription
copte, découverte sur un enduit d'une des niches de l'ancienne église, confirme
cette analyse des vestiges. Les couches stériles et perturbées du pronaos et en par-
tie de son parvis ont été évacuées. En attendant un dégagement plus complexe, les
sols ont été protégés et régularisés par une couche de gravier. On espérait trouver
les fondations du déambulatoire qui normalement devait s'accrocher aux débords
latéraux du pronaos. A été nettoyée à cet effet toute la zone située au sud du
temple, entre l'édificie et le mur d'enceinte actuel. Une série complexe de sols ont
été découverts très proches de la surface. Ces sols divers sont établis à un niveau
légèrement plus éléve que les seuils du temple. Pour l'instant, il est difficile de les
dater. Ils consistent essentiellement en trois éléments: des aménagements en briques
cuites à l'extrémité est de la zone; un beau dallage de pierre dans la partie cen-
trale. Ce dallage est fait d'éléments remployés (dont un linteau de porte) et garde
les traces d'une porte dont le passage serait est-ouest. Enfin, à la hauteur de l'angle
sud-ouest du temple, un grand mur de brique, parallèle au temple et qui semble
passer sous les structures précédentes. Un dégagement de surface de l'étroit couloir
actuel entre la face ouest du temple et le mur d'enceinte moderne a permis de
pointer le retour du mur de terre sud ainsi qu'une porte et peut-être une extension
perpendiculaire se dirigeant vers l'esplanade ouest du temple. Un sondage mené
dans la partie sud de la troisième salle du temple, dans un important manque du
dallage, destiné à l'examen des fondations de l'édifice, a permis trois constats:
I. Les fondations sont très faibles et constituées d'une seule assise de blocs, posée
sur un lit de sable exceptionnellement important; 2. Cette zone a déjà été fouillée
par la mission de l'Université de Pennsylvanie en 1947 (objets modernes retrouvés
dans le fond du sondage); 3. Au cours du sondage pratiqué il y a vint-huit ans,
une grande structure en brique, massive et orientée comme le temple d'Evergète II,
très probablement plus ancienne que lui, a été découverte et en partie entaillée; elle
a été dégagée à nouveau et relevée. L'équipe architecturale a effectué un cours sé-
jour avec son matériel. La technique de relevé combine la prise de points avec le
théodolite électronique, avec calcul par ordinateur, et la reproduction sur table tra-
çante. Le dessin final est effectué sur place. En se fondant sur les données acquises
au cours de la campagne précédente, P Zignani et D. Laisney ont complété certains
relevés et réalisé une coupe de l'édifice au niveau du saint des saints (paroi est,
face est de la salle). L'équipe épigraphique a achevé la première copie du temple.
86 Nicolas Grimai et Emad Adly

La numérotation définitive des scènes (au nombre de 150) a été fixée. Une couver-
ture photographique du sanctuaire a été réalisée, afin d'engager la première cam-
révélée
pagne de dessins. La copie du décor peint de la salle des offrandes s'est
particulièrement laborieuse, en raison de l'état des surfaces, souvent maculées, sur-
tout dans la moitié nord, par des occupations anciennes et les enduits de l'époque
copte.
Ces travaux ont permis de confirmer les premières hypothèses avancées quant
aux fonction du monument. Aucune trace d'un usage oraculaire ou de culte de hé-
ros ou de défunt divinisé comme le supposait D. Mallet; en revanche, plusieurs in-
dices nouveaux viennent renforcer l'hypothèse d'un édifice ancré dans les célébra-
tions décadaires ptolémaïques, en particulier dans le cadre d'une visite royale,
réelle ou virtuelle.
y) Cheikh abd-el Gourna: TT 29 et 96: la campagne de la mis-
sion archéologique de l'Université Libre de Bruxelles dans la nécropole thébaine
s'est tenue du 4 au 15 février 2001 sous la direction de Roland Tefnin'26. Dans la
tombe d'Amenemopet (TT 29), on a procédé au dégagement de la chambre funé-
raire apparue en fin de fouilles lors de la campagne précédente. Celle-ci a été en-
tièrement pillée dans l'Antiquité et le tombeau devait être ouvert, accessible, jus-
le puits. Les
qu'à l'époque byzantine, comme en témoigne la poterie trouvée dans
accumulations dégagées dans la chambre montrent, après le pillage de la première
occupation, qui date de la XVIIIe dynastie, une réutilisation à époque saïte, puis un
remplissage final au moment de la réoccupation des lieux à l'époque byzantine.
Parmi les objets probablement de la tombe originale, on note un modèle de vase en
bois au nom de Menkheper, «chef des prêtres de Montou», dont on avait déjà trou-
vé trace auparavant. A la XXVIe dynastie appartiennent un vase utilisé pour l'em-
baumement et des fragments de sarcophages, ainsi que les restes calcinés de trois
adultes et d'un enfant. On a également poursuivi l'étude stratigraphique de la cour
entreprise lors des campagnes précédentes. Le premier niveau, le plus récent, a fini
de livrer des cônes funéraires, provenant parfois de l'autre bout de la nécropole,
comme ceux aux noms de Senenmout ou Moutirdis. Dans les couches byzantines
une centaine de nouveaux ostraca coptes se sont ajoutés aux quelques 150 de la
même archive du moine Frange déjà trouves"'. Exactement au centre de la cour,
sous les couches les plus anciennes, et dans l'axe de la porte de la chapelle, un
quatrième puits est apparu. Il donne accès à une chambre funéraire, ménagée un
mètre sous la surface, qui était vide. Le puits était empli de débris de momies, de
fragments de plafonds décorés de la XVIIIe dynastie, probablement tombés depuis
le niveau de TT 95, de céramiques coptes et d'une monnaie médievale. De la cha-
pelle elle-même, on a restauré le volume initial.
On a également dégagé la cour en avant de TT 96 (Sennefer), dans le mur
sud de laquelle on a nettoyé une petite pièce d'époque pharaonique. On a poursuivi
l'étude et la restauration des peintures de TT 29.

126
Rapport aimablement communiqué par Roland Tefnin et Laurent Bavay. L'équipe était
composée de: Laurent Bavay, archéologue-céramologue; Dimitri Laboury, archéologue-épi-
graphiste: Ariane Vaneigem, dessinatrice; Benjamin Stewart, Eugène Warmenbol, archéologues;
Pierre Tallet, égyptologue; Claire Newton, paléobotaniste; Catheline Périer d'Ieteren; Aude Ans-
siiloux, Christine Bertrand, Sophie Duberson. Livine Huart, Françoise Rosier, Hugues Tavier,
Linda van Dijck, restaurateurs. Pour la campagne précédente: Or 70, 427-428. Ajouter à la bi-
bliographie: L. Giddy, EA 19 (2001) 29.
127
Étudiés par Anne Boud'hors et Chantai Heurtel.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 87

w) T T 3 2: la campagne dirigée par le Professeur László Kákosy a duré


du 22 février au 9 avril 20011". Les travaux ont été concentrés sur deux chantiers
autour de la tombe de Djéhoutymès (TT 32). D'abord dans une tombe creusée dans
le roc à l'est du pylône d'entrée de la cour extérieure de Ti' 32, dont l'exploration
a commencé en 1996. Les travaux, interrompus par la suite, ont repris en 2001.
Deux nouvelles salles ont été déblayées, ainsi qu'un puits avec une chambre laté-
rale. Deux dépôts d'oushebtis en terre cuite ont été mis au jour: le premier conte-
nait 187 figurines intactes et un fragment, tandis que le deuxième était composé de
95 pièces. Une tête d'homme inachevée en grès (H.: 9,7 cm) fist également dé-
couverte: elle devait peut-être servir de modèle de sculpteur. La définition de la
date exacte de la tombe fait problème: la deuxième moitié de la Troisième Période
Intermédiaire semble actuellement la plus probable. Les travaux sur le deuxième
chantier on été concentrés sur la partie inexplorée de la «tombe corridor 1»I29. On a
découvert l'entrée originale, dont l'accès fut construit en briques crues. Tout près
de l'entrée, des fragments de papyrus contenant des bribes de textes coptes et dé-
motiques ont été mis au jour.
x) T T 37 e t 404: la mission archéologique du Musée de Milan dirigée
par Francesco Tiradritti a poursuivi ses travaux dans les tombeaux de Harwa et Ak-
himneru du 4 au 10 avril, puis du 23 octobre au 14 décembre 2000'°. Lors de la
courte campagne d'avril, des comparaisons on été établies avec la tombe de Mon-
touemhat et une cavité creusée dans le roc découverte. Celle-ci a été explorée en
octobre, ainsi que le sommet de l'escalier conduisant à la tombe. De même, les
fouilles ont été poursuivies dans la cour, où le travail avait été commencé en 1999.
Le puits YA a été entièrement dégagé des débris qui l'encombraient, de façon a
être utilisé comme magasin pour les céramiques. Les sols de la pièce XA et du
puits Yl ont également été nettoyés.
y) T T 65 : pour la mission 2000 dirigée par Thomas Bacs et le dégage-
ment du bâtiment copte de l'avant cour de TT 65: L. Giddy, FiA 18 (2001) 30's'.
z) T T 89 e t 120: sur la reprise de la fouille de la tombe d'Anen à
Gouma en 2000 par Lyla Pinch Brock (ROM): L. Giddy, EA 18 (2001) 30-31"'.
aa) T T 92: Betsy Bryan et l'équipe de l'Université Johns Hopkins ont
achevé en 2000-2001 l'étude des ossements et petits objets de la tombe de Souem-
niout'33.
bb) T T 99: la mission de l'Université de Cambridge, sous la direction
de Nigel Strudwick, s'est déroulée du 23 septembre au 22 octobre 2000'. L'ob-

25 Rapports aimablement communiqués par Làszlô Kâkosy. La mission comprenait, en


2001: Gabor Schreiber, égyptologue; Zsolt Vasaros, architecte; Janos Karpati, archéologue. Pour
la campagne 2000: Or 70. 429. Ajouter à la bibliographie: L. Giddy, EA 19 (2001) 29.
29 Cf. Archaeologica Hung. 46 (1994) 21-31 et 47 (1995) 3-10 (époque ptolémaïque).
130
Rapport aimablement communiqué par Franccsco Tiradritti. L'équipe était constituée dc:
Silvia Einaudi, Beatrice Galgano, Mariam Ayad, égyptologues; Anne Seiler, céramologue; Fran-
co Lovera, photographe; Giacomo Tiradritti. Pour la campagne dc 1999: Or 70, 429-431. Ajouter
à la bibliographie: L. Giddy, EA 18 (2001) 30.
'' Pour les
précédentes: Or 70, 431.
132 Pour les campagnes
campagnes précédentes: Or 70, 431.
133 L.
134 Giddy, FiA 19 (2001) 29.
Rapports aimablement communiqués par Nigel Strudwick. Y participaient également, en
2001: Helen Strudwiek; Julie Dawson, Bridget Leach, restauratrices; John Taylor, spécialiste des
sarcophages; Pamela Rose, Gilian Pykc, Amanda Dunsmorc, céramologues; Anthony Middlcton,
photographe. - En 2002: Helen Strudwick; Julie Dawson; Pamela Rose; Gilian Pyke; Heike
88 Nicolas Grimai et Emad Adly

jectif de la misson était de compléter l'étude systématique des objets et d'en ache-
ver la restauration, ainsi que de visiter, pour comparaison, d'autres tombes. La mis-
sion de 2001 s'est tenue du 30 septembre au 29 octobre. Le travail documentaire a
été mené à son terme et on a examiné trois nouvelles tombes, toujours aux fins de
comparaison"'.
cc) T T 13 4 e t 1 3 5: pour la mission 2000 de l'institut V Loret, dirigée
par J.-CI. Goyon: L. Giddy, EA 18 (2001) 3l'°.
dd) TT 183: sur les campagnes 1998-2000: Karl Joachim Seyfried,
«FUnfter Vorbericht Uber Arbeiten des Agyptologischen Instituts der Universitàt
Heidelberg in thebanischen Gràbern der Ramessidenzeit», MDAIK 58 (2002) 413-
424 et pi. 43-44.
ce) T T 184: sur la campagne de 2001, dirigée par Zoltan Fabian:
L. Giddy, EA 19 (2001) 32.
ff) TT 188: pour la campagne 2000 de l'Université de Toronto sous la
direction de Susan Redford dans la tombe de Parennefer à 1'Assasif'37, voir le rap-
port préliminaire publié dans The Akhenaten Temple Project Newsletter Decembrer
2000/4, 1-3; L. Giddy, EA 18 (2001) 29.
gg) T T 49, T T 25, T T 46: le dégagement de ces tombes a été entre-
pris dans le cadre de la fouille de celle de Parennefer: voir ci-dessus. TT 49 est
d'époque ramesside, TT 25 (Amenemheb) également; TT 46, située sur les contre-
forts de Khokha appartient à un dignitaire d'Amenhotep III, Ramosé, apparemment
lié à la «maison de l'Aton».
hh) T T 49: pour la mission germano-argentine de restauration et conser-
vation de la tombe de Neferhotep: Susanne Brinkmann - Birte Graue - Christina
Verbeek, Kemet 11/1 (Janvier 2002) 62-66.
ii) TT 196: la mission de l'Université de Munster dirigée par E. Grmfe
a poursuivi ses travaux en 200l'< par le vidage des deux puits et de la chambre
mis au jour la campagne précédente. Il est apparu qu'ils ont été pillés dans l'Anti-
quité et que les pillards ont emporté les grands côtés des sarcophages. On a trouvé
des reste d'un ou plusieurs matériels funéraires datant du Moyen Empire, de la
Deuxième période intermédiaire, et du début de la XVIIIC dynastie: un ostracon in-
tact portant une «lettre aux morts» et la statuette en bois d'une porteuse d'of-
frandes. On a pu établir que 194 personnes ont été ensevelies dans la tombe en
tout. Sur l'entrée, on a retrouvé un dépôt d'au moins 34 vases rouges, tous percés

Behlmer, coptologue; April Farmer, spécialiste des textiles; Evan York, assistant de fouille; An-
thony Middleton. Pour la campagne de 1999: Or 70, 431-432. - Voir (www.newton.cam.ac.uk/
egypt/tt99/report0O); Nigel Strudwick, «The Tomb of Senneferi at Thebes», EA 18 (2001) 7-9:
L. Giddy, ibid. 31; Nigel Strudwick. «The Theban Tomb of Senneferi (TT 99). An Overview of
Work Undertaken from 1992 to 1999», Memnonia 11(2000) 241-266 et pl. LV-LVIII.
' Voir www.newton.carn.ac.uk/egypt/tt99/report01); Pamela Rose, «Pottery from the
tomb of Senneferi (TT 99)s, EA 19 (2001) 17-18.
136
Pour les campagnes précédentes: Or 70, 432; Michèle Chermette, «La tombe de Tjaoue-
nany (IT 134) à Thèbes. Rapport préliminaire 1996-1998», Me,nnonia 11(2000)181-190 et
pl. XXXIX-XLI. - Ajouter à la bibliographie: C. Leblanc, «Quelques suggestions pour la pro-
tection et la conservation du patrimoine pharaonique, à Thèbes-Ouest», ibid. 191-199 et p1. XLII-
XLVII; M. Maher-Taha, «Les relevés documentaires du CEDAE et la mise en oeuvre du projet
Nécropole de Thèbes-Ouest'», ibid. 201-208 et pl. XLVIII-LI.
' Pour les campagnes précédentes: Or 69, 207.
Rapport aimablement communiqué par E. Graefe. Pour les campagnes précédentes:
111

Or 70, 433-434; Ajouter à la bibliographie: L. Giddy, EA 19 (2001) 29.


Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 89

pour être rendus inutilisables et placés sur un lit de branches et de feuilles. Ce


pourrait être la première attestation archéologique du bris des vases rouges, re-
présentés sur les reliefs memphites de la fin de la XVIIF' dynastie. En fin de cam-
pagne, on a pu dégager de l'extérieur la seconde entrée; elle était précédée par un
dromos de brique, que l'on n'a pu suivre que sur 3 m.

86. Tôd: La quatrième campagne de relevés épigraphiques dans le


temple de Tôd, placée sous la responsabilité de Christophe Thiers, égyptologue
(Jfao), s'est déroulée du 5 au 30 janvier 2002'. Le relevé du temple étant désor-
mais achevé, l'objectif principal de cette mission était de débuter l'étude des blocs
épars, seuls les blocs ptolémaïques et romains appartenant aux dernières phases de
construction et de décoration du temple étant pris en compte. La grande majorité
de ces blocs sont en grès, mais on rencontre quelques remplois de calcaire du
temple du Moyen Empire. Ce travail a été facilité par l'utilisation du cahier d'in-
ventaire de E Bisson de la Roque conservé aux archives de l'Ifao et par un inven-
taire préliminaire effectué lors des missions successives du musée du Louvre, ai-
mablement mis à disposition par Geneviève Pierrat-Bonnefois, conservateur. A la
poursuite systématique de la numérotation du Louvre, il a été préféré une identifi-
cation des blocs selon l'inventaire Bisson. On s'est également attaché à poursuivre
l'equivalence entre cet inventaire et celui du Louvre tel qu'il a été noté ponctuelle-
ment dans les cahiers du musée. Une centaine de blocs a été inventoriée et dessi-
née en fac-similé sur film plastique. Khaled Zaza a effectué des relevés de dalles
de plafond. Les tirages de films plastiques ont été effectués au Cfeetk, sous la
super1ision d'Antoine Chéné (Cnrs). Plusieurs raccords ont pu être établis et la
provenance de certains blocs a pu être déterminée, sans qu'il y ait toutefois de
raccords directs avec les parois du temple. Durant cette mission, quatre banquettes
x 10 m ont été construites avec de la toile bitumée:) et une de
Çisolation partie
blocs a pu ainsi y être installée. On a ainsi pu réunir un ensemble appartenant à un
montant de porte en granite au nom de Sésostris le'. On a également achevé le
relevé photographique du temple.

87. Adaïma: la treizième campagne de fouille d'Adaïma s'est déroulée


du 6 novembre au 15 décembre 2001°. Elle a porté sur
a) l'habitat: les travaux de terrain de 2001 visaient à poursuivre l'ex-
ploration de l'ensemble 7000, à exploiter la documentation photographique produite

D'après Rapport JFAO 2001-2002. Pour les campagnes précédentes, voir Or 70, 434,
B. Mathieu, BIFAO 101, 554. Y ont participé également Jean-François Gout, photographe (lfao),
Hassan el-Amir, restaurateur (lfao) et Khaled Zaza, dessinateur (Ifao). Le CSA était représenté
par Ramadan al-Nubi, inspecteur du temple de Tôd. Ajouter à la bibliographie: St. Gerke,
«Amenophis Il. oder Eje? Em Mauerfragment aus et-Tôd», Kemet 11/1 (janvier 2002) 93.
D'après Rapport IFAO 2001-2002. Les participants étaient Béatrix Midant-Reynes (chef
de chantier), Eric Crubezy, Luc Staniaszek et Sylvie Duschesne, anthropologues, Nathalie Bu-
chez, archéologue-céramologue, François Briois, archéologue lithicien. Aime Emery-Barbier, pa-
lynologue, Morgan De Dapper, géologue, Christiane Hochstrasser-Petit, dessinatrice, Daniel
Parent, topographe, Christine Lorre, Daniel Gérard, archéologues, Alain Lecler, photographe
(Ifao), Marie Millet, archéologue (Cfeetk), et David Seve, informaticien. Le CSA était représenté
par MM. Abd el-Hadi Mahmoud Mohamed et Yahia Bary-Abd el-Razeq. Pour les campagnes
précédentes, voir Or 70, 435-436; L. Giddy, EA 18 (2001) 32; B. Mathieu, BJFAO 101 (2001)
461-492.
90 Nicolas Grimai et Emad Adly

par la prospection aérienne de novembre 2000, et à pousuivre l'identification des


unités sédimentologiques et la reconstruction du paléo-environnement.
Trois nouveaux carrés de 10 m de côté ont été ouverts cette année. Chaque
secteur fouillé apporte une lumière différente et compleméntaire sur l'historire de
l'occupation de cette zone spécifique. Les Prédynastiques se sont installés sur le
site au moment où, le climat marquant une avancée aride, l'eau cesse de couler et
les rigoles et galeries qu'elle avait creusées s'ensablent progressivement. Tirant
alors parti des phénomènes géologiques, ils ont creusé des fosses par enlèvement
de galets, fosses dans lesquelles des feux ont été faits, comme le montrent les gros
galets dont la surface a été rougie et éclatée sous l'action d'une forte chaleur. Ail-
leurs, et concurremment avec la phase d'ensablement du site, ils s'installent sur le
secteur cendreux, comme le montre en particulier l'analyse des céramiques attestant
une occupation domestique, avec un matériel non brûlée, donc déconnecté de l'as-
pect fonctionnel originel, lié au feu. Cette phase d'ensablement constitue un événe-
ment climatique majeur de l'époque prédynastique, en vue de la datation duquel
des prélèvements ont été effectués. Une zone de 200 m2 a été ouverte, dans la-
quelle apparaissent des structures archéologiques sous la forme d'un grand ovale
cendreux. Cette zone brune, riche en matériel et structures archéologiques se dis-
tingue nettement du sable blanc environnant. Le matériel, très dense, présente de
fortes similitudes avec l'ensemble «1001 et extensions» qui avait fait l'objet de six
campagnes de fouille entre 1990 et 1996 et dont la publication est aujourd'hui dis-
ponible. Mais le grand intérêt de cette nouvelle zone est que, contrairement à 1001
où les faits archéologiques se trouvaient compactés sur 50 à 70 cm d'épaisseur
pour près de 500 ans d'occupation, les installations semblent y correspondre à une
période beaucoup plus courte, ce qui serait donc susceptible d'apporter des infor-
mations d'une grande précision.
Le mobilier céramique de l'habitat a permis de définir, pour la première fois,
les caractères propres à un ensemble céramique domestique de la fin de la période
prédynastique, plus précisément daté Nagada IIIB-IIIC1: à partir d'un échantillon
de 2286 tessons (bords, fonds et panses décorées) comportant un minumun d'élé-
ments résiduels appartenant au Nagada II (2%).
On a poursuivi l'étude du matériel lithique et prospecté dans les fonds de
ouadis les importants dépôts d'alluvions localisés entre les villages de Hanadi et de
Mi'allah, dans la région d'Esna. Les industries lithiques traitées proviennent
presque exclusivement de l'habitat. Les tombes n'ont pratiquement pas livré de
pièces taillées en silex jusqu'à présent. Toutes les séries étudiées à ce jour montrent
que les ressources locales de matières premières sont fortement mises à contribu-
tion pour la réalisation d'un outillage du fonds commun à base de burins, de grat-
toirs, de perçoirs, de denticulés sur éclats et sur lames et d'un outillage plus
grossier sur galets et éclats de galets. Les pièces bifaciales très élaborées et les seg-
ments de lames régulières, qui ont servi de supports aux armatures de faucilles,
correspondent manifestement à des objets manufacturés introduits sur le site sous la
forme de produits finis.
L'étude du paléo-environnement a été poursuivie: la plus grande partie des
observations de 2001 était focalisée sur la plaine d'Adaïma et sur la zone de la Né-
cropole du Bas.
On a également ouvert un programme de datation par OSL (Optically Stimu-
lated Luminescence): «OSL-Dating of Late Pleistocene and Holocene Ouadi-
sediments on the Archaeological Site of El-Adaima (Nubia - Egypt)». Cette nou-
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 91

velle technique de datation très prometteuse est fondée sur la mesure de la lu-
minescence rémanente de graines de quartz. Les quartz sont excités vers un ni-
veau énergétique maximal par la lumière du soleil lors de leur sédimentation. Une
fois couverts par des nouveaux sédiments, ils sont mis à l'abri de la lumière et
leur niveau énergétique commence à se dégrader d'une façon régulière. La lu-
minescence rémanente devient alors une mesure pour le temps écoulé depuis la
sédimentation. La méthode OSL est très intéressante pour le site d'Adaïma, parce
qu'elle permet de dater des sédiments qui sont dépourvus de matière organique
comme les dépôts de ouadis et les sables éoliens. Les limites de temps mesurés
vont jusqu'à 500.000 ans et dépassent donc largement les 50.000 ans de la mé-
thode de datation classique au 14G; cela permet de dater des sédiments dont l'âge
va jusqu'au Quaternaire Moyen.
b) L e cimetière de l'Est: la campagne de fouille sur la nécropole a
permis de cerner finement le cimetière d'enfants de l'Est et d'en programmer la
fin de l'exploration. 85 tombes ont été totalement exploitées, avec les techniques
les plus fines possibles (micro-aspiration, restauration sur place, etc.), adaptées à
l'étude de l'ADN. L'ensemble a été traité informatiquement et enregistré par
tombe. Les prélèvements ont été effectués, le mobilier archéologique a été enre-
gistré et a fait l'objet des premières études.
Le cimetière est organisé suivant un parallélogramme dont la longueur est
plus ou moins orientée sud-est/nord, avec, d'une façon générale, les tombes les
plus anciennes au sud-est et les plus récentes au nord. L'hypothèse des dernières
années était qu'il y avait peut-être deux cimetières: l'un correspondant aux pre-
mières dynasties, au nord, l'autre à la fin Nagada II au sud, dont les limites n'e-
taient pas connues. La fouille de cette année a montré qu'il s'agissait d'un même
ensemble funéraire, dont les limites sud-est, sud et nord sont reconnues et dont
l'histoire peut désormais être reconstituée.
A partir de diverses données envisagées dans la publication sous presse, on
pensait que la nécropole de l'Ouest se terminait un peu avant le ouadi et que ce
dernier marquait donc la limite naturelle entre les deux ensembles funéraires: ci-
metières de l'Est et de l'Ouest. Or, lors d'un sondage à visée géologique, M. de
Dapper a répéré une tombe profonde. Cette tombe est datée de Nagada III. Elle
s'intègre parfaitement à celles reconnues jusqu'en 1996 sur la nécropole de
l'Ouest.
Certains éléments apportent de nouveaux éléments sur les pratiques funéraires:
un individu recouvert d'une peau, plaquée de boue. Le panier de boue a été conser-
vé en négatif devant les pieds. Un vase du type Wavy Handled est déposé à la tête,
et un collier de perles a été retrouvé devant le front, partiellement sous le crâne.
Dans le cimetière de l'Est, les tombes sont toujours creusées dans la sable, le li-
mon ou la sable rouge; les enfants sont inhumés en jarre, en natte ou dans un pa-
nier. Cette année, 44% des tombes ont fourni des colliers et des bracelets aux
avant-bras ou aux chevilles. Ils sont en perles d'ivoire (?), en coquillages ou même
en cuivre. Certains sont portés, d'autres sont déposés en offrande. Deux palettes
ont été également trouvées (S.664, S.677). L'estimation de la mortalité à partir de
la classe l-4 ans montre un recrutement proche d'une mortalité naturelle, pour une
espérance de vie à la naissance de 25 ans.
e) Bibliographie: B. Midant-Reynes et al., Adaïma, I. Économie et
habitat (FIFAO; Le Caire 2002); Eric Crubézy - Thierry Janin - Béatrix Midant-
Reynes, Adaïma, II. La nécropole prédynastique (FIFAO; Le Caire 2002).
92 Nicolas Grimai et Emad Adly

88. El Kab: ajouter à la bibliographie: Piotr Laskowski, «A Note on


the Building Activity of Thutmosis III in Elkab», dans: First Central European
Conference 81-84; id., Nekhen News 13 (2001).

89. Hierakonpolis: sur le site prédynastique en général, ajouter à la


bibliographie: Renée Friedman, «Hope at Hierakonpolis», EA 19 (2001) 14; J. Bud-
ka, Kemet 10/4 (octobre 2001) 22-26; Renée Friedman, «Nubian at Hierakonpolis.
Excavations in the Nubian Cemeteries», Sudan & Nubia 5 (2001) 29-38; Jana
Jones, «The Textiles from the Pan Grave Cemetery», ibid. 38-39; Salima Ikram,
«The Zooarchaeological Report», ibid. 39; Serena Giuliani, «Pottery from the Nu-
bian Cemeteries», ibid. 40-45; Farouk Gomaa, «Sàrge und andere Funde aus der
Nekropole der Falkenstadt», MDAIK 57 (2001) 35-58 et p1. 9-16; Helen White-
house, «A Decorated Knife Handle from the 'Main Doposit' at Hierakonpolis»,
MDAIK 58 (2002) 425-447 et pl. 45-48.
Sur la campagne du Petrie Museum of Egyptian Archœology et de 1 'Universi-
ty of California, Berkeley/British Museum de 2000, dirigée par Barbara Adams:
L. Giddy, EA 18 (2001) 32. Sur celle de 2001, dirigée par Renée Friedman: L. Gid-
dy, FA 19 (2001) 30; Barbara Adams, «Decorated sherds from renewed excavating
at Locality Y, Hierakonpolis», Cahiers caribéens d'egyptologie 3-4 (février-mars
2002) 5-27, 9 fig.

90. Marie Girgis: ajouter à la bibliographie: N. H. Henein, Mari


Girgis, Village de Haute-Égypte (BdE 94, 2e éd. 2001, augmenté de deux nouveaux
témoignages).

91. El-Hosh: ajouter à la bibliographie: Dirk Huyge, «Hilltops, Silts,


and Petroglyphs: The Fish Hunters of El-Hosh (Upper Egypt)», Bulletin des Mu-
sées royaux d'Art & d'Histoire 69 (1998) 97-113; D. Huyge et al., «Dating Egypt's
oldest 'art': AMS '4C age determinations of rock varnishes covering petroglyphs at
El-Hosh (Upper Egypt)», Antiquity 75 (2001) 68-72.

92. Assouan: à propos des expériences modernes sur la syénite: Denys


A. Stocks, ((Testing ancient Egyptian granite-working methods in Aswan, Upper
Egypt), Antiquity 75/287 (march 2001) 89-93; Klaus Richter, «Altagyptische Hart-
gesteinbearbeitung durch Sägen. Experimente von Denys A. Stocks in Assuan. Eine
Zusammenfassung», So/car 2002/4, 30-31. - Ajouter à la bibliographie: Dariusz
Niedziolka, ((Some Remarks on the Graffito of Senenmut at Aswan», dans: First
Central European Conference 85-104.
a) Syène: sur l'ouverture de travaux au temple d'Isis par une équipe
égypto-suisse dirigée par Cornelius von Pilgrim en 2000: L. Giddy, EA 18 (2001)
32. Sur les travaux de 2001: L. Giddy, EA 19 (2001) 30.
b) Eléphantine : sur la mission conjointe du Deutsches archàologisches
Institut in Kairo et de l'Institut suisse d'architecture en 2000: L. Giddy, EA 18
(2001) 32''. Pour la campagne de 2001: L. Giddy, EA 19 (2001) 30. Pour les cam-
pagnes 1999-2001: Günter Dreyer et al., «Stadt und Tempel von Elephantine, 28./
29./30. Grabungsbericht», MDAIK 58 (2002) 157-226 et pi. 17-29. - Ajouter à la

141
Pour les campagnes précédentes: Or 70, 439-441.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 93

bibliographic: Cornelius von Pilgrim, «Stratigraphie d'un temple: le temple de


Khnoum à Éléphantine du Nouvel Empire à la Période Ptolémaïque», BASTE 151
(2001) 35-53; Ewa Laskowska-Kusztal, «Arensnouphis sur une stèle d'Éléphan-
tine», ET 19 (2001) 135-144; Detlef Franke, «Drei neue Stelen des Mittleren
Reiehes von Elephantine», MDAIK 57 (2001) 15-34 et p1. 4-8; Edith Bernhauer,
«Details zur Rekonstruktion der Hathorpfeïler vom Satet-Tempel auf der Insel Ele-
phantine», MDAIK 58 (2002) 85-88. et pl. 12; Thomas Hikade, «Die lithischen In-
dustrien des Alten Reiches auf Elephantine», ibid. 305-322 et pl. 32.
e) Séhel: la mission épigraphique qui s'est déroulée du 3 au 30 mars
2002 a permis de mettre un terme au programme initié en 1990 et interrompu de-
puis 1992142. Les premières missions (1990-1992) avaient pris comme point de dé-
part la publication de Jaques de Morgan, qui regroupe 232 inscriptions. Quelque
300 textes inédits avaient été découverts, datant pour la plupart de l'Ancien Empire
et, dans une moindre mesure, du Nouvel Empire. Chacun de ces graffites avait été
photographié, copié et, le plus souvent, reproduit en fac-similé. Cette année, toutes
les copies ont été vérifiées in situ. Au cours de ces vérifications, une vingtaine de
nouvelles inscriptions ont été découvertes, la plupart datées de l'Ancien Empire et
fort mal gravées; la roche est à peine éraflée et le texte n'apparaît qu'à certaines
heures, bénéficiant d'un éclairage particulier. Il s'agit dans la plupart des cas de
textes inachevés qui donnent les titres d'individus dont le nom n'a pas été gravé ou
reste trop lacuneux pour être lisible. Une belle inscription du Nouvel Empire, en
revanche, a été trouvée au sommet de la colline nommée «Husseintogog», sur un
rocher tombé, face contre terre. En dégageant le sable et quelques pierres, on a pu
la photographier et en faire un fac-similé. Elle montre deux personnages faisant le
geste dc l'adoration; l'un d'eux est le prêtre oudeb du domaine de Khnoum Amen-
emheb, sans doute déjà mentionné par une inscription peu éloignée (J. de Morgan
224). Plus d'une centaine de fac-similés a été réalisée, en grande partie par Khaled
Zaza. La grande majorité de ces textes date de l'Ancien Empire. Un fac-similé de
la «Stèle de la Famine» a également été fait. D. Laisney et son assistant, Moham-
med Gaber, ont établi le plan topographique de l'extrémité sud de l'île qui re-
groupe les collines où sont gravées les inscriptions. Partant de la carte publiée par
J. de Morgan et des cartes au 2500e de l'Egyptian Survey Authority, il a pu carto-
graphier les reliefs, quelques points précis du village et situer la totalité des ins-
criptions. Il a, pour ce faire, attribué un point à chacune des quelque 530 inscrip-
tions. Grâce aux indications fournies par M. Oussama Abdel Meguid, directeur du
musée de la Nubie, deux anciennes maisons nubiennes du village ont pu être si-
tuées sur le plan. De plus, la totalité des inscriptions a été orientée par rapport au
nord. A été signalée au service des Antiquités d'Assouan la disparition de l'inscrip-
tion de Morgan n' 177, encore en place lors de la mission de 1992.

93. Philae: ajouter à la bibliographie: D. Inconnu-Bocquillon, Le mythe


de la Déesse Lointaine à Philae (BdE 132; 2001); Shafia Bedier, «Eine unveröffent-
lichte Mekes-Szene aus Philae: Berliner Photo 281», BSAA 46 (2001) 103-111.

D'après Rapport IFAO 2001-2002. Pour les débuts de ce programme, voir B. Mathieu,
142

BIFAO lOt, 546. Les participants étaient Annie Gasse, égyptologue (Cnrs), chef de mission, Da-
mien Laisney, topographe (Ifao), Alain Lecler, photographe (Ifao), Vincent Rondot, égyptologue
(Cnrs), et Khated Zaza, dessinateur (Ifao).
94 Nicolas Grimai et Emad Adly

Désert occidental

94. Siwa: l'IFAO associé à i'IRD a procédé à des vérifications topo-


graphiques sur les inscription de Siga en 2000'.
Sur les travaux de restauration du temple d'Aghurmi conduits par le Deut-
sches archàologisches Institut in Kairo en 2000 sous la direction de Kuhlmann:
L. Giddy, EA 18 (2001) 29.
Ajouter à la bibliographie: Klaus Kuhlmann, ((Gleanings from the Texts in
the Sanctuary of Amun at Aghurmi (Siwa Oasis)», MDAIK 57 (2001) 187-204.

95. Bahariya:
a) El - H a r ra: sur la campagne menée en 2001 par G. Castel et P. Tallet
(IFAO), avec publication des graffitis: Georges Castel - Pierre Tallet, «Les inscrip-
tions d'El-Harra, oasis de Bahareya», BIFAO 101 (2001) 99-136.
b) Qaret el-Toub
(1) Campagne 2001: la deuxième campagne de la mission jointe de
l'Instituf français d'archéologie orientale et de l'Université Marc Bloch s'est dérou-
lée du 10 avril au 9 mai 2001'. Les sondages de 2000 à Qaret el-Toub s'étaient at-
tachés à préciser la nature et la structure générale du site, en commençant par en
définir l'orientation et les limites; les travaux avaient essentiellement porté sur la
courtine et sur la porte du fort. Une première série de séquences stratigraphiques
avait été établie. Le première partie de la campagne de 2001 a consisté à exploiter
le terrain ainsi préparé, notamment dans le secteur de la porte où la fouille avait
jusqu'alors porté sur la moitié de l'espace,, et dans la pièce PCE 203 dont les ni-
veaux anciens avaient été laissés en place. A ce stade, l'espace intérieur du fort, où
le profil du terrain révélait la présence d'un habitat, était toujours inexploré. Dans
la seconde partie de la campagne 2001, l'étude de certains bâtiments intérieurs a
donc été commencée. La prospection générale entreprise en 2000 a également été
continuée en 2001, tandis que de nouveaux ramassages ont précisé les éléments de
datation obtenus sur certains sites déjà visités. Dans le fort, la position de deux
nouvelles tours a été déterminée. La fouille de la seconde moitié du porche d'en-
trée a permis d'affiner la séquence stratigraphique et la datation de la destruction
du fort et de sa réoccupation: la réoccupation du site, après la destruction partielle
ou totale des structures militaires, pourrait avoir pris place au tournant des époques
byzantine et arabe, peut-être à l'occasion du changement de régime politique. En
outre, cinq nouveaux fragments de l'inscription latine découverte en 2000 sont ap-
parus dans la seconde moitié de la couche de recharge, permettant désormais de

141 B. Mathieu, BIFAO lOi, 570; L. Giddy, EA 18 (2001) 32.


Rapport aimablement communiqué par Frédéric Colin. Pour le rapport de la première
144

campagne, voir Or 70 (2001) 442-443; L. Giddy, BA 18 (2001) 29. Ont participé à la mission
(chercheurs et techniciens) Frédéric Colin (ESA 7044 Strasbourg), Emad Adiy, arabisant (Ifao),
Georges Castel, architecte-archéologue (Ifao), Fabrice Charlier, archéologue-céramologue (vaca-
taire Ifao), Luc Delvaux, archéologue (IPHO), Catherine Duvette, architecte-archéologue (Cors),
Hassan Ibrahim El-Amir, restaurateur (Ifao), Jean-Luc Fissoio, égyptologue (ESA 7044 Stras-
bourg), Mohamed Ibrahim Mohamed, photographe (Ifao), Françoise Labrique, égyptologue
(UMR 6048 - ISTA Besançon), Maria Mossakowska-Gaubert, spécialiste du verre (Ifao), Marie-
Dominique Nenna, spécialiste du verre et de la faïence (Cnrs), Nicolas Passera, topographe
(Ifao), Sylvie Marchand, céramoiogue (Ifao), Younis Ahmed Mohammadeyn, restaurateur (Ifao),
Khaled Zaza, dessinateur (Ifao).
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 95

reconstituer la quasi-totalité du texte d'origine. Il s'agit du troisième exemple d'une


série de dédicaces de fondation de forts stéréotypées, toutes exécutées par Dioclé-
tien la même année (en 288), vers le début de son règne. La construction avait été
destinée au casernement d'une ala de cavalerie et dédiée «à Jupiter, à Hercule et à
la Victoire» personnifiée, par des souverains qualifiés de invictissimi principes nos-
tri totius orbis restitutores. Quaret el-Toub constitue donc aussi la marque impo-
sante de la propagande impériale dès les premières années de la dyarchie, alors que
Dioclétien vient de se proclamer Iovius et Maximien, Herculeus. Enfin, le renforce-
ment des défenses du Sahara nord-oriental venait à point en 288, car depuis 258, à
l'image des autres zones exposées de l'empire en cette seconde moitié du siècle,
les attaques de tribus libyennes se multiplient dans la région Oxyrhynchos-Fayoum-
Marmarique.
La fouille de la pièce PCE 203, qui avait été arrêtée au niveau du silo trans-
formant l'espace en lieu de stockage, a livré un important dépôt monétaire de plus
de 130 pièces. Leur corrosion importante empêche le déchiffrement, mais onze
d'entre elles ont déjà pu être restaurées et on peut espérer qu'un tiers, au plus, du
lot sera précisément identifiable; le nombre absolu de pièces devrait néanmoins
fournir un ancrage chronologique précieux.
Le niveau de réoccupation du fort est situé juste sous la surface actuelle du
sol, en sorte que l'érosion et l'activité des sebakhin l'ont largement perturbé. On a
dégagé le niveau supérieur d'un secteur où des arases de mur apparaissaient en sur-
face et où une photographie aérienne prise en 1955 trahissait la présence de bâti-
ments. Il est apparu que la plupart de ces murs sont posés directement sur la partie
supérieure d'une couche de destruction/remblai qui paraît semblable à l'épaisse
couche révélée par les sondages du secteur 2. On a ainsi pu constater que l'habitat
réinvestissant l'espace à partir du début de l'époque arabe s'étend vers l'intérieur
du fort.
Plusieurs facteurs ont invité à ouvrir un nouveau sondage à l'intérieur de la
courtine ouest, face à l'entrée du fort. La présence possible, comme dans d'autres
forts, de bâtiments sacrés (chapelle des signa) ou administratifs (principia) impor-
tants, que le relief du sol semblait indiquer, ainsi qu'une concentration importante
de fragments de briques cuites - matériaux caractéristiques de constructions soi-
gnées - et de fragments de verre.
On a ainsi mis au jour un grand bâtiment, qui se développe en trois pièces
successives. Seules ont été dégagées les pièces situées les plus à l'ouest (c'est-à-
dire les pièces du fond par rapport à l'axe principal de circulation) (PCE 401 et
402). Un simple balayage de surface a permis de repérer les limites de la troisième
pièce (la plus orientale), dont on étudiera ultérieurement les caractéristiques. Le bâ-
timent n'est pas appuyé sur la courtine, mais un espace de 1,50 m l'en sépare. Le
couloir ainsi créé permet l'accès à un escalier desservant le haut de la courtine et
la tour centrale repérée cette année.
Après dégagement des structures superficielles, deux sondages profonds ont
fourni 37 ostraca et fragments d'ostraca grecs et coptes et éclairé l'histoire et la
chronologie du bâtiment. Les murs de la pièce PCE 402 sont posés directement sur
le rocher, sans tranchée de fondation. La partie inférieure du bâtiment était consti-
tuée d'un caisson (3,60 x 3,50 m) entièrement rempli par des gravats sur 1 m d'é-
paisseur. Dans le fond du caisson on a observé un espace de circulation formé au
moment de la construction; sa surface comportait, imprimées dans la mouna, des
traces dc pieds et de manipulation d'outils ou de matériaux. Le premier sol d'habi-
96 Nicolas Grimai et Emad Adiy

tat du bâtiment, installé sur le sommet du caisson, était donc surélevé par rapport
au soi naturel. Ce sol était constitué d'un dallage de briques cuites - dont prove-
naient les nombreux fragments observés à la surface du soi actuel. D'après le ma-
tériel contenu dans le remplissage du caisson, et dans l'état présent de notre
connaissance des marqueurs chronologiques constitués par la céramique trouvée â
Qaret el-Toub, la construction du bâtiment ne paraît pas antérieure au 51 siècle, et
ne serait donc pas contemporaine de la fondation initiale du fort.
Les ostraca grecs et coptes ont tous été trouvés dans la couche d'abandon
de ce premier sol; comme on pouvait s'y attendre d'après la datation, l'anthro-
ponymie des personnages mentionnés dans ces quelques documents dénote un
milieu largement christianisé (Joseph, Johannés, Isak, Israèl, Mina). Une liste de
noms d'hommes, peut-être un mémorandum, est introduite par un titre intéres-
sant, quoique laconique: rroc2: (par opposition â Kw4,nH, par exemple).
Cette allusion difficile à interpréter précisément pourrait se référer à un habitat
- que l'on aimerait
important établi à proximité du fort; dans cette hypothèse
confirmer grâce à une mention plus explicite -' il pourrait s'agir de Psôbthis,
l'antique stnTpo$no2\: -inC n:Kpott fri' xoa4cew (Oxy. III
485.14-16 M. Chr. 246) dont on soupçonne l présence dans les environs
d'El-Qasr.
Au-dessus de la couche d'abandon recouvrant le dallage était établi un
deuxième sol, en terre battue, sur lequel étaient visibles les vestiges d'une cuisine:
deux kanun et une quantité importante de céréales torréfiées. La plupart des céra-
miques trouvées dans ce niveau de réoccupation appartiennent à des types nou-
veaux par rapport au répertoire rencontré jusqu'ici; leur identification est en cours.
Probablement à la suite d'un incendie (présence de briques crues de couverture ru-
béfiées dans une couche de destruction/remblai), l'espace est remblayé et un nou-
veau sol en terre battue est installé, scellant le matériel susmentionné. La couche
surmontant ce sol, en revanche, n'était pas scellée, mais en contact direct avec la
surface. Après la destruction finale de l'habitat, l'action des sebakhin, dont cer-
taines fosses sont descendues jusqu'au niveau du dallage en briques cuites, a per-
turbé la couche de surface, si bien qu'au matériel arabe des dernier états (7'-lO'
siècles) est mêlée de la céramique byzantine (5V6e siècles).
Enfin, le plan topographique de la nécropole, commencé en 1999, a été
complété. Lors d'une prospection de surface, le répertoire des formes de la XIIP
Pour cer-
dynastie au Nouvel Empire s'est augmenté de quelques formes nouvelles.
tains tessons, une datation de la Troisième Péroide intermédiaire ne saurait être ex-
clue.
Les céramiques découvertes cette saison en contexte ont complété le corpus
des productions locales pour ce secteur de l'oasis à l'époque romaine tardive: am-
phores de l'oasis, larges «siga», vases à eau en argile blanche locale («Tafia»),
- «Baba-
vaisselle de table (copies locales des sigillées traditionnelles égyptiennes
Red Ware» - et enfin vaisselle confectionnée dans le «Tafia» clair local
ryia Slip
à surface blanche décorée de motifs géométriques noirs et rouges. On signalera
également un fragment de figurine en faïence représentant une Vénus d'un type
connu à l'époque romaine.
Près de 120 fragments de verres différents proviennent des couches datées des
époques byzantine (5e6e s.) ou arabe (7-10' s.). Quelques verres toutefois peuvent
remonter au 4° s. Parmi les verres byzantins on peut distinguer: des verres à boire
annulaire
qui ont souvent les pieds décorés avec des traces d'outils: des bols à pied
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 97

parfois décorés de la même façon; un gobelet; des lampes coniques à terminaison


arrondie ou avec un bouton terminal; des lampes-bols avec des anses; quelques
types de rebords de flacon; et enfin, des vitres. Les verres des couches byzantines
sont assez souvent décorés avec des films de verre appliqués autour de leurs
panses, en spirale, ou en motif de «zigzag». Un fragment d'un bol probablement
sans pied, à rebord coupé et poli, montre une décoration gravée sur la surface ex-
térieure. On y voit une représentation d'un homme habillé d'une tunique sans
manche, agrafée aux épaules. Sous le rebord on peut déchiffrer quatre lettres
grecques, lisible «en miroir» par transparence au travers de l'objet:
Les fragments de l'époque arabe, moins nombreux que ceux de l'époque byzan-
tine, proviennent de verres à boire, de gobelets, de flacons ou de bouteilles de
genres différents. Ils sont parfois décorés avec des motifs géométriques pincés ou
gravés.
Sept graffiti hiéroglyphiques du Moyen Empire ont été repérés lors d'une
prospection dans un ouadi descendant du plateau vers la dépression de Bahariya,
près de l'entrée de cavités. Ces quelques textes, qui avaient été signalés, mais non
publiés, par Ahmed Fakhry (1972), et probablement positionnés sans grande préci-
sion sur une carte de Ball et Beadnell au début du siècle dernier, comprennent no-
tamment deux offrandes iitp-dî-nsw et les signatures d'un h?ty-' du nom de Héby.
Non loin de la porte romaine située à la lisière méridionale de Qasr el-Qadîm, on a
pu identifier les restes d'un important dépotoir de céramiques remontant à la
XXVIP dynastie à proximité d'un habitat d'époque perse. Celle observation est im-
portante pour la localisation encore hypothétique du chef-lieu antique, car celle-ci
était jusqu'ici fondée uniquement sur la présence de la porte romaine, ainsi que de
monuments et de dédicaces religieux (de la XXVI' dynastie et du P' siècle de notre
ère).
Le site de El-Khabata (El-Ijayz) a fait l'objet de nouveaux ramassages de
matériel. L'appartenance de l'habitat à l'époque romaine est confirmée (le2e siècle
avec un recouvrement possible avec le 3' siècle).
On a entrepris un premier examen du secteur de la nécropole surplombant
l'habitat, sur une des collines très caractéristiques de la région. La surprise a été
dans la présence de céramiques bien attestées à la XIII' dynastie, d'une part, et à
la XVIIP dynastie, d'autre part. La nécropole de El-Khataba et celle de Qaret
el-Toub semblent couvrir le même espace chronologique. Sur le site de Bir
el-Chawich, 3 secteurs ont été isolés, s'étageant du Haut Empire à l'époque
romaine tardive.
A une distance de 700 m environ vers le sud, un large espace d'habitat
ractérisé par une grande concentration de céramiques d'époque romaine tardive
a été découvert celle année. La présence de sigillées africaines (datées du mi-
lieu 5' siècle) et d'amphores d'origine africaine qui apparaissent à la fin du 4"
siècle (Africana II) offrent un cadre chronologique de départ pour ce nouveau
secteur. Une vaste barkhane divise en deux ce site implanté dans une zone très
sableuse.
Emad Adly a commencé le recensement des nombreuses tombes de cheikh
disséminées dans l'oasis; un premier contact a été pris avec des informateurs dans
la perspective de recueillir ultérieurement les traditions orales attachées a ces mo-
numents; ceux-ci ont été photographiés et leurs coordonnées enregistrées au moyen
d'un GPS, afin de fixer la géographie de ces lieux de piété rurale. La sépulture re-
connue la plus ancienne est celle d'un disciple de l'imam El-Shaf'y, qui vint s'ins-

Orientalia - 7
98 Nicolas Grimai et Emad Adly

taller dans l'oasis au 12e siècle et devint l'éponyme de l'actuel chef-lieu: le cheikh
«Bawiti».
(2) Campagne 2002: la troisième campagne s'est déroulée du 1"
avril au 2 mai 2002'. Les restaurateurs ont poursuivi le travail de restauration de
objets en métal et de la céramique découverts en 2001; en particulier, un lot de 125
pièces de monnaies de billon (dont certaines très fragmentaires) a été nettoyé et/ou
restauré dans le but de leur conservation et de leur étude prochaine; en comptant
les 11 pièces restaurées en 2001, cela porte à 136 le nombre de monnaies qui ont
déjà été traitées. Younis Ahmed Mohammadeyn et Françoise Labrique ont égale-
ment évalué les problèmes de restauration posés par les reliefs de la «deuxième
chapelle», à Mouftella.
Les efforts ont été concentrés cette année sur un ensemble complet, en partant
de la pièce 203 où avait été découvert en 2001 un trésor monétaire. Un bâtiment
relativement vaste a été ainsi mis au jour, comprenant 9 colonnes. La pièce 203
ouvre sur deux nouveaux espaces: au nord, sur une pièce de petites dimensions
(212), et à l'ouest sur un espace (214) plus complexe d'une soixantaine de mètres
carrés. Cet édifice se compose de plusieurs espaces étroitement associés les uns
aux autres. Des banquettes sont aménagées le long des parois et entre les six co-
lonnes qui assurent les franchissements intermédiaires. Les murs sont conservés sur
plus d'un mètre d'élévation. Des éléments des superstructures disparues ont été re-
levés lors de la fouille. Plusieurs couches d'enduits de sol et de parois ont été repé-
rées. L'essentiel de la construction est réalisé en brique crue. Des éléments en
pierre et en briques cuites interviennent ponctuellement; il s'agit de pièces de rem-
ploi. L'ouverture de la pièce 203 était encadrée par deux colonnes engagées, et par
deux petites marches reliant la pièce au vaste espace situé en contrebas. Différentes
phases d'aménagements et d'organisation de ces espaces entre eux ont été obser-
vées, mais leur chronologie relative et absolue doit encore être précisée. Un axe
est-ouest en détermine l'orientation: il oppose, à son extrémité ouest, un large seuil
donnant accès au bâtiment, et, à l'extrémité orientale, la pièce 203 creusée dans la

Rapport aimablement communiqué par Frédéric Colin. Ont participé à la mission, sous la
141

direction de Frédéric Colin (Université de Strasbourg II, UMR 7044), Mohammad Ayadi, inspec-
teur en chef (C SA), Emad Adly, arabisant (Ifao), Monica Caselles-Barriac (Université de Mont-
pellier), Lue Delvaux, archéologue (IPHO), Catherine Duvette, architecte-archéologue (Cnrs
FRE 2379), Hassan Ibrahim El-Amir, restaurateur (Ifao), Jean-Lue Fissolo, égyptologue (Univer-
sité de Strasbourg II, UMR 7044), Bastien Gissinger, archéologue (Université de Strasbourg II,
UMR 7044), Mohammad Ibrahim Mohammad, photographe (Ifao), Françoise Labrique, égypto-
logue (Université de Franche-Comté, UIvIR 6048), Anne Lebrun-Nelis (IPHO), Maria Mossa-
kowska-Gaubert, spécialiste du verre (Ifao), Sylvie Marchand, céramologue (Ifao), Younis
Ahmed Mohammadeyn, restaurateur (Ifao), Khaled Zaza, dessinateur (tfao). On ajoutera à la bi-
bliographie: Fr. Colin - D. Laisney - S. Marchand, <(Qaret el-Toub: un fort romain et une nécro-
pole pharaonique. Prospection archéologique dans l'oasis de Bahariya 1999», BJFAO 100 (2000)
145-192: B. Mathieu, «Travaux de l'Institut Français d'archéologie Orientale en 1999-2000»,
ibid. 479-486; Fr. Colin - Fr. Labrique, «Recherches archéologiques dans l'oasis de Bahariya
(t997-2000»>, Dialogues d'Histoire Ancienne 27/1 (2001) 159-192; B. Mathieu, (<Travaux de
l'Institut Français d'archéologie Orientale en 1999-2000», BIFAO lot (2001) 507-513; G. Castel
- P. Tallet, ((Les inscriptions de El-Harra, oasis de Bahareya», ibid. 99-136; Fr. Colin, «Un fort
romain dans le désert d'Fgyptex', Pour la Science 295 (2002) 76-82; Fr. Colin - Fr. Labrique,
«'Semenekh Oudjat' dans l'oasis de Bahariya», dans: Religions méditerranéennes et orientales
de l'Antiquité. Actes du colloque des 23-24 avril 1999, Le Caire 2002 (BdE 135) 45-78.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 99

courtine, dans laquelle avait été placé le dépôt de fondation. Cette piece 203 est su-
rélevée par rapport au reste du bâtiment, de même que les deux petites pièces qui
la jouxtent, disposées symétriquement de part et d'autre de l'axe central. La phy-
sionomie générale de l'ensemble et la présence des nombreuses banquettes au pied
des murs et des colonnes caractérisent cet espace comme un lieu de réunion; dans
l'état présent des dégagements et de l'étude, il serait encore prématuré de trancher
entre plusieurs hypothèses: s'agit-il d'un «lieu de réunion» de nature profane ou, à
proprement parler, d'une «ticicX cria»?
Immédiatement au nord de cet ensemble, la fouille a permis de découvrir
l'ouverture d'un puits, qui fut plusieurs fois recreusé au cours de son histoire. La
fouille de cette structure a été remise à l'année prochaine en même temps que l'ex-
ploration de ses relations possibles avec un autre point d'eau repéré à l'extérieur de
l'enceinte.
Au sud du bâtiment aux colonnes, à proximité immédiate de l'axe est-ouest
du fort, plusieurs structures construites partiellement en briques cuites, et recou-
vertes d'un enduit épais, ont été découvertes, notamment de grosses colonnes frag-
mentaires. Leur signification et leur rôle dans l'organisation générale du fort restent
à préciser. Un four de dimensions importantes, dissimulant en partie ces structures,
a aussi été mis au jour et laissé en place pour étude lors de la prochaine mission.
Enfin, dans une des pièces appuyées sur la courtine, au nord de la pièce 212,
plusieurs niveaux d'occupation ont été mis en évidence; datés de l'époque romaine
tardive à l'époque arabe, ils contiennent un abondant matériel céramique qui sera
particulièrement précieux pour la compréhension des réoccupations du site après
son abandon par l'armée romaine; ces niveaux n'avaient pas pu être clairement iso-
lés jusqu'ici. Les accès à cette zone ont subi plusieurs remaniements: bouchages ou
réaménagements des portes, nouvelles partitions des espaces, etc.
Dans cette zone a également été trouvé un nouveau fragment de la dédicace
de fondation latine du fort, qui confirme la restitution déjà proposée pour une des
lignes du texte très lacunaire.
Les fouilles réalisées sur le site du fort de Qaret el-Toub ont livré du matériel
céramique qui s'échelonne des 5e6e s. au 10e s. apr. J.-C. L'étude de la phase qui
correspond au & siècle semble maintenant devoir être privilégiée. Un travail reste à
faire pour affiner les phases chronologiques déjà proposées pour le fort de Qaret
el-Toub. On peut espérer obtenir au terme de la saison prochaine une séquence
sans hiatus qui inclurait clairement toutes les phases. La phase de la première moi-
tié du 7e siècle apr. J.-C. a été grandement privilégiée cette saison. Les couches da-
tées de cette période ont été retrouvées en grand nombre. Les céramiques des
phases les plus récentes ont été retrouvées dans quelques couches d'occupation et
souvent dans des niveaux de destruction proches de la surface. Le matériel du &'
siècle apt J.-C. n'a pas été clairement identifié; on reconnaît cependant des céra-
miques datées de cette période dans des couches mixtes. Les céramiques posté-
rieures sont plus faciles à isoler grâce à des productions très spécifiques qui ne
peuvent pas appartenir aux phases chronologiques précédentes (par exemple la cé-
ramique à glaçure qui n'apparaît qu'au 9e siècle).
Environ 60 fragments de verres différents ont été enregistrés. Ce matériel pro-
vient des couches datées sortout du 6e et parfois de la première moitié du 7e siècle.
Quelques verres peuvent être datés toutefois du 5e Certains fragments proviennent
également des 8'-lO' siècles. Presque tous les fragments étudiés cette année ont été
trouvés dans le secteur 2 du fort Qaret el-Toub.
100 Nicolas Grimai et Emad Adly

Parmi les verres du 6 s., ii y a quelques fragments de pieds de verres à boire


et de bols ou d'assiettes, presque toujours décorés avec des traces d'outil. Les re-
bords qui proviennent probablement des verres à boire sont arrondis. Les bois et les
assiettes avaient les rebords soit avec des lèvres prolongées, arrondies, à section
triangulaire, soit épaisses et tombantes à l'extérieur, soit ourlées. De la même
époque datent les fragments de lampes coniques à terminaison arrondie et avec un
bouton terminai rapporté. Des rebords coupés proviennent vraisemblablement des
lampes du premier type. On peut identifier aussi deux types de rebords de flacon et
quelques fragments de différents fonds de bouteille ou de flacon. A part deux frag-
ments, les verres qui peuvent être datés de l'époque byzantine n'ont pas de décora-
tion sur leurs panses. L'exception est un bol à lèvre coupée et polie. Son décor est
gravé et se compose de trois registres: un motif floral, un motif de croix et de
cercles qui alternent, et un motif géométrique de lignes qui se croisent. Un frag-
ment d'un récipient non identifié porte une décoration de fils de verre appliqués:
blanches, légèrement verdâtre, sur fond vert, transparent.
Les fragments de la phase suivante sont moins nombreux. Parmi les plus re-
marquables, on note un fond d'une bouteille ou flacon, légèrement rentrant, avec
des parois concaves, un rebord d'un récipient avec lèvre panachée à l'intérieur, un
rebord de flacon à lèvre évasée à l'extérieur et une légère cannelure à l'intérieur.
Parmi les fragments qu'on peut identifier comme provenant des dernières
phases se trouve un fragment d'un récipient dont la forme n'est pas identifiée,
soufflé dans un moule et ayant un décor "gaufré" avec un motif de nid d'abeilles.
Deux fragments de cols de flacon avec des étranglements appartiennent à la même
période.
On a aussi trouvé quelques perles en verre qui ne sont pas toujours faciles â
dater d'une manière précise, et un morceau d'un bracelet, probablement byzantin.
c) Q as r 'Alla m: le Qasr 'Allam est une vaste construction en briques
crues dont l'aspect particulièrement massif avait fait supposer à A. Fakhry qu'il
- cette intrerprétation fut reprise
s'agissait d'un fortin élevé par l'armée romaine
dans un ouvrage récent consacré à l'occupation romaine des oasis. En outre, une
tradition locale attribuait ce bâtiment à l'époque arabe, si bien que, sur le plan ad-
ministratif, sa conservation est du ressort de la section islamique et copte du
Conseil Suprême des Antiquités. Or un premier examen du matériel céramique ob-
servé en surface du site et dans la maçonnerie des murs avait réservé une surprise:
il remontait à une période située entre le & et le 4e siècle avant J.-C., soit long-
temps avant l'incorporation de l'Egypte dans l'empire romain. Les premiers son-
dages menés pendant six jours au cours de la campagne 2002 sur le «Qasr» et
dans les bâtiments voisins conduisent à transformer profondément la vision anté-
rieure du site et à formuler plusieurs conclusions importantes.
Un balayage de surface a révélé de nombreuses arases de murs apparues au
sud et à l'ouest du «Qasrx', dont le plan général est apparu avec plus de précision.
L'ensemble du bâtiment s'étend sur 40 m du nord au sud, et sur 28 m d'est en
ouest. Les limites des vingt-deux pièces le constituant ont pu être dessinées. De
tailles variables, ces pièces ou cellules - sont réparties selon leurs dimensions
en fonction d'un axe de symétrie nord-sud. Le niveau de conservation actuel des
murs, régulier sur l'ensemble de la structure, semble correspondre pour deux
d'entre elles au massif d'une voûte, partiellement ruinée, mais identifiable et sur la-
quelle ont peut encore circuler. Aucune communication des espaces intérieurs entre
eux ou avec l'extérieur n'a été repérée au niveau des arases. L'une des pièces a été
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 101

fouillée et s'est avérée effectivement aveugle. L'ensemble forme un bloc, apparem-


ment, compact, fini et hermétiquement clos sur l'extérieur, à moins qu'on n'y ac-
cède par le haut. Aucun signe de superstructures (positifs ou négatifs) au dessus du
niveau d'arase de la maçonneire et des massifs voûtés n'a été noté. Il n'est pour
l'instant pas possible, en l'absence de tels indices, de démontrer que ce monument
était un podium ou un soubassement.
Le «Qasr» commande la disposition d'un ensemble de bâtiments d'une tout
autre nature situé alentours sur 33 m d'est en ouest et 70 m du nord au sud, dont
ou peut avoir une première idée sous bénéfice de dégagements postérieurs. Les
arases s'organisent en quatre unités distinctes, clairement identifiables, étroitement
liées à la présence de l'édificie principal du site, dont elles reprennent l'orientation
générale et diverses caractéristiques constructives, mais dont certaines montrent un
fonctionnement autonome. Des espaces laissés libres entre ces unités permettent
leur desserte à partir de l'extérieur. L'étude des nombreux joints de reprise et d'ad-
jonction au niveau de leurs articulations permettra de les inscrire dans une chrono-
logie relative.
La disposition générale de la première unité, les formes et les dimensions par-
ticulières des espaces qui la constituent, leur distribution générale suggèrent, pour
l'instant, des espaces de services et de dessertes liés au fonctionnement du bâtiment
principal. Les amorces de deux escaliers longeant les limites sud et ouest de ce
dernier, et en desservant vraisemblablement le sommet, ont ainsi été repérés. Trois
autres unités s'appuient â l'est contre ce permier groupe d'espaces semi-péri-
phérique, constituant ainsi une seconde ligne bâtie. Au sud-est du Qasr, un premier
ensemble homogène réunit une douzaine de pièces hiérarchisées, espaces ouverts et
couverts, commandées les unes par les autres et conservées sur un demi-niveau
d'habitation. En remontant vers le nord parallèlement au Qasr, les limites d'un se-
cond bâtiment, nettement moins bien conservé que les deux autres sont repérables.
Une troisième unité, de plus grandes dimensions et conservée sur un niveau d'habi-
tation complet, termine cet alignement au nord-est du Qasr. Il s'agit là aussi d'un
ensemble homogène autonome.
Un sondage a été effectué dans une petite pièce du secteur 1. L'unique niveau
d'occupation de cette pièce, que rien ne permet de dater, était situé juste au-dessus
du rocher.
Un autre sondage a été effectué dans le secteur 2: dans les deux tiers méri-
dionaux d'une pièce située à l'est de la plate-forme. Sous la couche de destruction
se trouvait une poubelle correspondant à un état d'abandon et comprenant de nom-
breuses céramiques mêlées à des petites pierres et à des fragments concassés de
blocs de grès. L'étude de ce matériel est toujours en cours, mais il est déjà pos-
sible de suggérer une datation sous la XXVP dynastie. Cet espace ne contenait
qu'un seul niveau d'occupation, situé immédiatement au-dessus du rocher.
Un sondage perpendiculaire au mur nord de la plate-forme a permis d'obser-
ver la fondation de celle-ci: sur le rocher, sans tranchée, sur plusieurs assises dé-
bordantes; la première assise est composée de briques caractéristiques posées en
épi, comme dans la premiere pièce sondée, et étayée de cailloux et de nombreux
tessons. Les tessons déjà identifiés permettent de proposer une datation sous la
XXVP dynastie.
Un sondage limité, dans l'angle sud-ouest de la plate-forme, a livré quelques
vestiges d'un dépôt de fondation: de très petites perles en faïence bleue, deux pe-
tites briquettes verte et bleue et une plaquette en faïence verte anépigraphe.
102 Nicolas Grimai et Emad Adly

Un dernier sondage, enfin, a été implanté dans une des cellules sud de la
plate-forme. Sous le sable se trouvait une couche apportée de terre fine très
compacte; sa partie supérieure était recouverte d'importantes concrétions salines.
Dans cette couche a été dégagé (et laissé en place) un squelette disposé le long du
mur ouest, la tête dans l'angle sud-ouest; ce corps allongé en décubitus dorsal était
accompagné d'un vase, dont la fabrication ne saurait être postérieure au début de
l'époque ptolémaïque. Aucune trace de momification n'a été observée.
Le Qasr 'Allam n'est ni un fort romain (A. Fakbry), ni un site de l'époque
copte et islamique. Plutôt que d'assumer une fonction proprement militaire, le
«Qasr», constitué d'épais murs de briques crues formant un ensemble de cellules
aveugles, se rattache techniquement à une typologie de plates-formes («cellular
platforms») bien attestées à la Basse Epoque pharaonique sur des sites de la vallée
et du Delta. Les caractéristiques des structures, comme celles des plats et récipients
découverts, la grande surface occupée par les constructions, le nombre élevé de
pièces reliées les unes aux autres, la présence de l'imposante plate-forme, dont une
des cellules au moins avait peut-être une fonction de stockage, invitent à définir
provisoirement le site comme un «grand domaine», qui drainait vraisemblablement
une partie des activités économiques du nord de l'oasis à l'époque des son fonc-
tionnement. Parmi les questions qu'il conviendra d'étudier, on se demandera si les
structures observées appartiennent à un habitat essentiellement profane ou à un en-
semble cultuel; la recherche des accès à la plate-forme et l'étude de son articula-
tion avec les bâtiments voisins feront partie des priorités pour préciser sa fonction.
Enfin, on s'efforcera de déterminer quelles relations le site entretient avec le pay-
sage environnant, qui est fortement marqué par des vestiges d'irrigation ancienne
(points d'eau fossiles, réseaux de qanawat).
d) Mou ft ella: les constructions appelées «chapelles d'Amasis», à 'Ayn
el-Mouftella, ont été repérées par G. Steindorff en 1900 et dégagées en 1938 par
Ahmed Fakhry, qui en recopia un choix de textes, assorti de photographies et de
plans dans son ouvrage Bahria Oasis, vol. I (Le Caire 1942). La décoration des pa-
rois est du plus haut intérêt pour la reconstitution des cultes locaux de l'époque
saïte. Mais pour en faire une étude approfondie et en comprendre l'organisation, il
était nécessaire de disposer de l'ensemble des scènes. La tâche était d'autant plus
urgente que le monument, exposé à l'érosion éolienne jusqu'à récemment, s'était
dégradé depuis la parution de Bahria Oasis, les altérations casuelles affectant sur-
tout le sommet des murs. Aussi l'IFAO a-t-il obtenu en 2002 l'autorisation du Ser-
vice de Antiquités de faire les relevés épigraphiques du site"'.
Le travail a porté, dans un premier temps, sur ce que Ahmed Fakhiy désigna
comme la «deuxième chapelle)> (Bahria Oasis I, léO-ï64). Au stade actuel de l'en-
treprise, plusieurs observation générales peuvent être faites:
1. En dépit des dommages survenus depuis 1938, il a été possible d'améliorer
et de compléter la version des textes présentée par Fakhry. On découvre ainsi, par
exemple, d'intéressantes épithètes locales d'Osiris, ainsi que, sur les parois internes
sud et ouest, une inscription peinte en rouge sur le devanteau du pagne de l'offi-
ciant, reprenant les titres principaux de Djedkhonsouiouefânkh.

46 L'étude
épigraphique a été conduite par François Labrique, avec l'assistance de Monica
Casetles-Barriac.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 103

2. Les photographies de Fakhry ne recouvrent qu'une partie des parois, et plu-


sieurs d'entre elles sont peu lisibles dans l'édition, dans laquelle n'apparaît de sur-
croît aucun relevé d'image; les descriptions sont sommaires et incomplètes. Un
examen attentif de la décoration a permis de reconstituer des motifs originaux pas-
sés jusqu'ici inaperçus.
3. Pour appréhender la structure des monuments, il s'est avéré nécessaire de
faire également un croquis de position: Bahria Oasis propose des plans limités
strictement aux édifices décorés, dont les mesures et les indications d'orientation
doivent manifestement être corrigées. C'est ainsi que, par exemple, la deuxième
chapelle est en réalité orientée plein nord (Bahria Oasis I, 150: N-O) D'impor-
tantes constructions en briques et en pierres entourent ces chapelles, dont d'aucunes
constituent des éléments complémentaires, comprenant des montants décorés de
scènes d'offrandes et des colonnes.
e) Kô m al-Sheikh A h mad: on a procédé à un premier examen du
matériel présent à la surface du sol du Kôm al-Sheikh Ahmad, afin d'établir une
datation approximative du site; les amphores importées identifiées remontent glo-
balement au l"/2' siècle de notre ère; le reste des céramiques est essentiellement
représenté par de la vaisselle culinaire, correspondant à un site d'habitat. Le maté-
riel céramique examiné correspond au regroupement artificiel de matériel qui est
resté sur le site après des fouilles antérieures. Il n'y a donc aucun regroupement
possible à faire; aucune céramique n'est liée à un secteur particulier du site ou à
une structure identifiée en surface. Le faciès est identique à celui déjà identifié sur
les autres sites prospectés en 2000-01, qui sont également datés de l'époque ro-
maine (l'-2-3 siècle apr. phases 1 et/ou 2).
Frédéric Colin a procédé à la photographie et à collation d'une inscription
grecque inédite découverte en 1996 par le CSA sur le site et conservée à l'inspec-
torat de Bawiti. Le texte est un grand fragment d'une dédicace monumentale
consacrée sous le règne de Domitien (frappé par une damnatio memoriae) et
comportant une nouvelle attestation du préfet d'Egypte Mettius Rufus.
f) Conseil suprême des Antiquités: sur le résultat des saisons
1999-2001: L. Giddy, EA 19 (2001) 32. - Ajouter à la bibliographie: Zahi Hawass,
«The Discovery of the Temple and the Statue of the God Bes at Bahna Oasis»,
BSAA 46 (2001) 137-154.

96. Farafra: du 20 janvier au 19 février 2001, la mission de l'Unive-


risté de Rome La Sapienza147, dirigée par Barbara E. Barich'4<, a mené sa onzième
campagne dans l'oasis. L'essentiel des fouilles a été concentré sur le village de la
«Hidden Valley»; on a également procédé à un survey des diverses zones dans les
secteurs de Rajih et Bir el-Obeiyid.

Rapport aimablement communiqué par Barbara E. Barich. Pour les campagnes pré-
147

cédentes, voir Or 70 (2001) 444.


'< La mission était composée du Prof Dr. Fekri A. Hassan,
University College, London (pa-
léoenvironnement), Dr. Abdel Moneim Mahmoud, Université d'Ain Shams, Le Caire (étude géo-
morphologique de la dépression de Farafra), Dr. Giampaolo Zangirolami, Marina Gallinaro et
Giulio E Lucarini, Université de Rome «La Sapienza» (archéologues). Dr. Giulio Fratini et
Dr. Francesco Moriconi, de la société Acanthus (survey en 3D du bassin de la Hidden Valley),
Mohammed El-Serwi (intendance), Ahmed Shimie, de l'oasis de Baharya (guide). Le CSA était
représenté par Ragheb Abdel Hamed, inspecteur au bureau des Antiquités d'El-Kossya Anti-
quities (Assiout). Pour les campagnes précédentes: Or 70, 444-445; L. Giddy, EA 19 (2001) 30.
104 Nicolas Grimai et Emad Adly

a) «Hidden Valley»
(1) Fouille du village: elle a été étendue à la zone voisine de
celle sur laquelle les dégagements de 1999 avaient porté. L'occupation la plus an-
cienne se caractérise par de nombreux foyers associés à des structures et des restes
animaux, ainsi qu'à du materiel lithique, essentiellement des éclats, quelques bi-
faces et des meules. Trois niveaux sont ainsi superposés, séparés par des croûtes
argileuses, présentant des vestiges de foyers, qui forment, dans la couche la plus
tardive une structure circulaire, accompagné dc matériel archéologique très pauvre.
(2) Site N 27° 22' 47"IE 27° 45' 45": ce site prédynastique a
été repéré à proximité du camp de base de la mission. Il offre un abondant matériel
sur une zone dégagée: meules et dormants, silex, oeufs d'autruche. Quelques bi-
faces ont été prélevés (poignards, couteaux, racloirs et lames de haches).
(3) Site N 27° 22' 52"/E 27° 46' 05": découvert lors d'un
survey des collines avoisinantes, cet atelier du paléolithique moyen est associé à un
dépôt de travertin, témoignant d'une occupation durant la dernière phase inter-
glaciaire humide.
(4) Survey en 3D du bassin de la «Hidden Valley»: réalisé
par G. Fratini et E Moriconi, à l'aide d'une station totale équipée du programme
de restitution 3D «Rynoceros», il a permis également d'inclure les points de travail
de la campagne.
b) Sheikh el-Obeiyida: un survey de deux jours, réalisé par G. E
Lucarini et M. Gallinaro, a mis en évidence un gisement situé sur une vallée sus-
pendue, accrochée au bord du plateau septentrional et abritée du vent. De nom-
breuses traces témoignent de son occupation par les pasteurs: foyers et ossements
calcinés, outils lithiques, meules et dormants, oeufs d'autruche, et un tesson très fin,
d'une argile rouge et noire. Un sondage ponctuel y a ajouté un nombre important
de lames de silex, tant de débitage que sous forme d'outils (lames calcinées), ainsi
que de nombreux racloirs, le tout majoritairement en silex blond ou brun, mais aus-
si parfois en quartzite. On a préleve bon nombre de couteaux de style prédynas-
tique et de faucilles en lamelles, ces «doigts» qui ont donné son nom à la région.
On a repéré à proximité un gros tumulus de pierres, qui pourrait être une sépulture
de bovin, du type de celles trouvées dans la région de Nabta Playa. Cette structure
sera fouillée lors de la prochaine campagne.
c) Raj i h: cette zone est située dans la secteur oriental de la dépression
de Farafra, face au plateau oriental de la route qui conduit à Assiout. Dans les pre-
miers temps de la mission, un survey avait mis en évidence d'importantes concen-
trations d'outils et de poteries prédynastiques. Une datation par radiocarbone d'un
oeuf d'autruche avait donné une fourchette moyenne de 5380 av. J.-C., soit la pré-
sence possible de groupes de pasteurs du néolithique tardif, du type d'El-Nabta. Un
nouveau survey a confirmé ces résultats.
Au total, on peut avancer que la zone de Farafra a connu, entre 8000 et 6000
av. J.-C., plusieurs phases d'occupations, correspondant à un environnement plus
favorable qu'aujourd'hui: lacs temporaires nés d'abondantes pluies estivales et vé-
gétation naturelle (présence en particulier de sorgho) permettant une économie mix-
te agricole et pastorale, liée à la saison sèche, dont témoigne les traces abondantes
de chèvres et moutons. L'acmé de cette occupation se situe apparemment entre
7000-6500, mais la campagne de cette année fait remonter ses débuts au début du
8° millénaire: à peu près contemporains du proto-néolithique d'El-Nabta et du Ba-
shendi A à Dakhla. De ce point de vue, la découverte dans la zone du village d'une
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 105

hutte datant de 7500 av. J.-C. - l'un des plus anciens exemples connus du désert
occidental -, avec un matériel agricole et pastoral, est remarquable. Cette occupa-
tion semble durer jusque vers 5950 ± 70 av. J.-C., selon des mesures effectuées
cette année. Le parallèle avec les cultures contemporaines du Fayoum ou de Me-
rimde laisse peut-être apercevoir des mouvements migratoires vers l'ouest; dans le
même temps, les liens de la zone de Rajih avec Nabta Playa apparaissent de plus
en plus, mettant peut-être en évidence un mouvement venu du sud et suivant les ul-
times oscillations humides de l'holocène.

97. Dakhla
a) Balai: la campagne de cette année s'est déroulée du 21 décembre
2001 au 21 mars 2002'. Dans la zone sud-ouest du palais des gouverneurs du
règne de Pépy II, la dépose de la maison 5 et d'une partie de la maison 6 de la
phase post-incendie et la fouille du dépotoir sur lequel elles étaient fondées, ont
permis de dégager l'arase du mur d'enceinte premier du palais. Ces maisons appar-
tiennent, avec d'autres, situées immédiament au nord, à l'édification, après l'incen-
die, d'un quartier d'habitat de service sur le côté ouest de l'ancien couloir séparant
le palais de la hout ka, transformé en rue. La maison ouest, dans son dispositif pre-
mier, présente cinq pieces en enfilade et occupe une surface de 120 m2. Quatre
phases d'occupation indiquent une longue durée d'usage. Seule la moitié est de la
maison 8 a été fouillée. Un silo et une boulangerie transformés en réserves dans
l'avant-dernière phase d'occupation ont livré un abondant matériel céramique, utile
à la définition chronologique des phases post-incendie. La fouille de ces maisons
apporte des éléments de réponse à l'une des principales questions historiques, celle
de la nature et de la durée de l'occupation de la ville de 'Ayn-Asil à la Première
Période intermédiaire. Dans la même zone, les niveaux de la rue le long de laquelle
s'alignent les maisons ont été fouillés jusqu'au sol du niveau incendié du couloir
du palais. Un sondage sur l'ancienne fouille nord 3 a permis de confirmer que la
porte du mur d'enceinte du bâtiment ouvrait dès l'origine vers le nord (L. Giddy,
phase I). D'autre part, il paraît désormais très vraisemblable que le courant de la
phase II du bâtiment nord soit contemporain du palais de l'époque de Pépy II. Par
ailleurs, la restauration du naos du sanctuaire de ka de Médou-néfer a été achevée.
Des travaux de consolidation et de présentation ont été effectués sur la nécropole
de Quila' el-Dabba, en particulier la restitution du sol de la superstructure du
mastaba.

D'après Rapport IFAO 2001-2002. Avec la participation de Ayman Hussein, dessinateur


141

(Ifao), Baha el-Din Goma (CSA), Laurent Coulon, égyptologue (Ifao), Hassân Mohammed Ah-
med. restaurateur (Ifao), Alain Lecler, photographe (Ifao), Mohamed Chawqi, dessinateur (Ifao),
Laure Pantalacci, égyptologue (univ. Lyon II), Sanad Safina (CSA), Sayed Yamani (CSA), Daniel
Schaad, archéologue, Georges Soukiassian, archéologue, chef de chantier (Ifao), Michel Wutt-
mann, archéologue-restaurateur (Ifao), et Younis Ahmed Mohammedin, restaurateur (Ifao). Pour
les campagnes précédentes, voir Or 70, 445-446; B. Mathieu, BIFAO 101, 513-517; L. Giddy, EA
19 (2001) 30-31.
On ajoutera à la bibliographie: Martin Ziermann Christian Eder, «Zu den städtischen pri-
vaten Ka-Hausanlagen des spàten Alten Reiches in 'Ayn Asil», MDAIK 57 (2001) 309 sq. A re-
voir à la lecture de: G. Soukiassian M. Wuttmann - L. Pantalacci, Balat, VI. Le palais des
gouverneurs de l'époque de Pépy II (FIFAO 46; 2002); G. Castel - L. Pantalacci - N. Cherpion,
Balat, V Le mastaba de Khentika. Tombeau d'un gouverneur de l'Oasis à la fin de l'Ancien Em-
pire (FIFAO 40/1-2; 2001); Céline Boutantin, «Les figurines en terre cuite de la ville dc 'Ayn
Asil», BIFAO 101 (2001) 59-86.
106 Nicolas Grimai et Emad Adly

L. Pantalacci a travaillé cette année à Balat sur l'imposant dossier épi-


graphique issu du «sondage o» de janvier-février 2001: 272 empreintes de sceaux
279 documents hiératiques, dont 117 tablettes complètes ou presque complètes et
162 fragments. Il s'agit de la collection la plus importante trouvée dans la ville
depuis le début des fouilles. Ne pouvant être exhaustif, le travail de cette pre-
mière campagne d'étude s'est porté sur les pièces les mieux conservées, prélude
à l'étude des fragments en vue de raccords ou de remontages. Seulement 34 fac-
similés avaient pu être tracés l'an dernier. Durant cette mission, 72 nouveaux
fac-similes ont été réalisés, après un dernier nettoyage fin des signes gravés. Les
textes ainsi traités ont été transcrits en hiéroglyphes et sommairement analysés.
46 autres tablettes ont fait l'objet d'une transcription et d'une première étude.
L'intérêt de ces archives, déjà évident d'après leur quantité, tient également à
leur contenu. Comme on l'avait signalé l'an dernier, les séries trouvées dans les
différentes couches témoignent de la présence de scribes actifs et entraînés. Les
tablettes sont toutes utilisées plusieurs fois, avec des palimpsestes souvent par-
tiels. La mise en page ou en tableau des données joue sur l'alternance souple de
colonnes et de lignes, avec ou sans traits directeurs. Comme dans les autres col-
lections de la ville, les textes sont soit des lettres officielles ou «internes», soit
des comptabilités, soit des listes de personnel. Parmi les textes économiques, les
listes de grain, de produits de boulangerie brasserie, de sparteries/vanneries et
d'étoffes figurent en bonne place, comme dans le palais, mais mettent en jeu des
quantités nettement plus importantes. L'institution d'où émanent ces textes
semble avoir contrôlé, outre les denrées de base, d'autres produits rarement cités
dans les documents palatiaux: pièces de viande, peaux et produits de cuir, bois
d'oeuvre. Elle avait aussi à gérer un inportant cheptel, et les mentions de gros et
petit bétail sont fréquentes. Quelques-uns des textes bien conservés font état de
l'organisation de grands chantiers de construction: expédition pour aller chercher
du bois d'oeuvre, construction d'un bâtiment par diverses équipes, certaines recru-
tées hors de l'oasis, liste de porteurs avec leur tâche spécifique (6883). Tous ces
sujets donnent matière à l'usage d'un lexique très précis, voire technique, qui
n'est pas la moindre difficulté du déchiffrement. Du point de vue de l'histoire du
site, l'étude ce cette année a confirmé la présence, dans ces textes, de person-
nages actifs au palais au moment de l'incendie. Il est clair que ce dépôt, dans
les différentes strates fouillées, est contemporain du dernier fonctionnement du
palais. Autant que la teneur des documents, la mention de personnages impor-
tants de l'oasis (Shepesou-nesout, épouse du gouverneur) évoquent la proximité
de l'administration centrale. Le matériel sigillographique, très abondant,
comprend, outre les traditionnels scellés, plusieurs étiquettes pendentifs et ta-
blettes naviformes, diversité de supports qui témoigne d'une pratique étendue de
contrôle administratif Un premier survol de la collection s'est porté sur les em-
preintes de cylindres royaux. Parmi les cylindres qui ont été identifiés pour l'ins-
tant comme royaux, au moins trois étaient déjà connus au palais. De nouveaux
sceaux de Pépy F' et Pépy II ont été repérés, et seront recherchés dans les col-
lections antérieures. Du côté des sceaux privés, plusieurs estampilles étaient déjà
connues par les collections du palais pour avoir appartenu à de grands fonction-
naires.
b) Ezbet Bashendi: ajouter à la bibliographie: Sayed Yamani, «Ro-
man monumental tombs in Ezbet Bashendi», BIFAO 101 (2001) 393-414.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 107

e) Dakhleh Oasis Project: l'équipe dirigée par A. J. Mills a effec-


tuée sa 23' campagne, de novembre 2000 à février 2001150. Les recherches géolo-
giques se sont concentrées sur la question de l'approvisionnement en eau de la
zone. Des échantillons ont également été prélevés sur les acacias d'Oum el-Daba-
dib, supposés deux fois millénaires.
L'équipe du Prof. L. Krzyaniak (Musée archéologique de Poznañ) a terminé
le repérage des graffiti jadis étudiés par H. Winkler et découvert de nouveaux sites.
Parmi ceux-ci, certains, provisoirement datés de l'Ancien Empire, représentent du
bétail, des ânes, des chiens, des oryx, des lézards et une danseuse. D'autres, re-
montant à la Préhistoire, représentent une figure féminine, peut-être une divinité,
ainsi que des girafes et des antilopes"'.
On a également ajouté trois nouveaux postes d'observations aux onze déjà ré-
pertoriés sur les collines basses des confins orientaux de l'oasis. Datés de l'Ancien
Empire par le matériel, ils consistaient en une hutte de pierre. Ils assuraient la sur-
veillance des accès, probablement de Balat; on a également reconnu l'une de ces
voies jusqu'au pied de l'escarpement nord-est. La céramique trouvée indique un
usage à l'Ancien Empire et aux époques romaine et byzantine.
(1) Sheikh Muftah: l'étude de cette culture contemporaine des pre-
miers temps de l'occupation de l'oasis par les populations de la vallée a été pour-
suivie par M. McDonald (Univ. Calgary) sur un site voison de Teneida, où une
hutte de pierre a été dégagée, et sur un second, proche d'Ayn al-Gezareen, qui, lui,
n'a été occupé que pendant la période terminale. L'ensemble donne des éléments
qui laissent supposer une cohabitation pacifique, mais séparée, avec les occupants
de la vallée.
Le bâtiment en brique crue repéré l'année précédente à Ayn al-Gezareen a été
fouillé en partie. Ses murs, conservés sur 0,75 m de hauteur sont enduits de chaque
côté et décorés de bandes rouges et jaunes. La céramique permet de le dater de la
VI dynastie. Il s'agit d'un bâtiment probablement public, dont le plan double
évoque des ensembles culturels plus tardifs, sans qu'il soit possible de le rattacher
à un culte précis.
(2) Ismant el-Kharab: l'étude anthropologique des vestiges humains
de Kellis (175-400 apr. J.-C.) a été poursuivie au cours de la campagne 2000-2001
par le Prof. El Molto (Univ. Lakehead, Canada): un nouveau cas de lèpre a été
identifié. Colin Hope (Minash Univ.) a effectué une courte saison d'étude pour pu-
blication, travaillant sur certains des mausolées romains du 2 au 4 siècles apr.
J.-C. qui ont livré, entre autre matériel, un élégant cercueil décoré d'un scarabée
incrusté, en verre vert sombre et pourvu d'ailes en verre rouge. Un atelier et la
maison d'un forgeron ont également été fouillés.
La saison 2001-2002 à Ismant el-Kharab, dirigée par Colin Hope 152, a concen-
tré ses travaux sur la chapelle 1, le mammisi du temple principal et les salles ex-

50
Rapport aimablement communiqué par A. J. Mills. Pour les campagnes précédentes, voir
Or 70, 447. Ajouter à la bibliographie: (www.arts.monash.edu.au/dakhleh); L. Giddy, EA 19
(2001) 31.
1
Voir Lech Krzytuniak, «Dakhleh Oasis. Research on Petroglyphs, 2000», PAM 12 (2001)
249-258; Tomasz M. Herbich, «Dakhleh Oasis. Geophysical Research», ibid. 259-264.
Rapport aimablement communiqué par Colin Hope. - Ajouter à la bibliographie: T. de
152

Jong K. A. Worp, «More Greek Horoscopes from Kellis (Dakhleh Oasis)», ZPE 137 (2001)
203-214.
108 Nicolas Grimai et Emad Adly

térieures à la structure"'. Dans le mammisi, on a poursuivi le dégagement du mo-


nument et de son éboulement. On a ainsi mis au jour notamment des fragments
d'un buste de déesse en plâtre, des fragments de décors en plâtre, des papyri grecs,
des mini-codex en bois (4 et 3 pages) et une tablette de bois, tous écrits en grec.
Outre une décoration picturale classique, on remarque des scènes en style pharao-
nique: entre autres, une représentation de Toutou, le dieu principal du temple, sous
forme de sphinx sur un piédestal, associé à sept démons. A gauche de ce motif
central une divinité, en habits militaires, n'a pas été identifiée. On a poursuivi la
restauration des peintures dégagées dans les années 90.
(3) Mut el-Kharab: Colin Hope 154 a entrepris des fouilles sur le site
probable de la capitale de l'oasis au Nouvel Empire, dans la zone du temple consa-
cré à Seth, dont la partie principale est quasiment détruite. Seuls subsistent maga-
sins et quartiers administratifs. La fouille de 2000-2001 a mis en évidence, grâce à
trois sondages, des niveaux de l'Ancien Empire immédiatement sous le temple,
plusieurs blocs de grès évoquant un grand prêtre de Seth, plusieurs objets du Nou-
vel Empire et une grande plaque de grès sur laquelle est conservée une représenta-
tion de Psammétique Il, faisant offrande à Atoum et Rê-Horakhty'55.
L'équipe de Colin Hope a fouillé sur le site de Mut el-Kharab du 20 dé-
cembre 2001 au 22 janvier 200256. Cette seconde campagne s'est concentrée sur
l'emplacement du temple de Seth, déjà touché lors de la première campagne. On a
constaté la destruction totale du temple, ainsi que l'association de Seth, dieu de
l'oasis, et d'Amon-Rê, qui y recevait également un culte. En plus du bloc de
Psammétique I' signalé précédemment, une correction sur un bloc de la XXV' dy-
nastie (remplacement de l'animal séthien par un déterminatif anthropomorphe)
confirme ce temple comme lieu de provenance des deux stèles, de la XX? et de la
XXV', jadis achetées par Lyons. La fouille, enfin, montre que le temple a été
construit sur des couches datables de l'Ancien Empire, probablement antérieures
mêmes pour les plus anciennes à la VI' dynastie. On a fouillé entièrement la struc-
ture de brique crue accueillant le bloc de Psammétique P' de façon à fournir une
coupe nord-sud de la dépression, et une zone dans le coin sud-est du temenos a été
examinée. Enfin, deux tombes du cimetière situé au sud de ce même temenos ont
aussi été examinées et datées, par comparaison, de la XXVI' dynastie.
d) Amheida: en 2001 s'est déroulé, sous la direction de Lynn Meskell
(Prof. Columbia University), la deuxième campagne sur le site romain, qui pourrait
être l'antique Trimithis'57. Les objectifs de la saison étaient la réalisation d'une
carte complète du site, avec une attention particulière apportée à l'aire 1, de façon
à établir de futures stratégies de survey intensif, de ramassage, de fouille et de pré-
servation. Le survey général, effectué par relevés GPS a permis la mise en évi-

L'équipe était composée de Olaf Kaper, Laurence Blondaux, Helen Whitehouse, Klaas
A. Worp.
Rapport publié dans RACE 12 (2001), en même temps que celui de la fouille de Ismant cl-
154

Kharab.
' Voir O. Perdu, Recueil des inscriptions
royales soTtes, I. Psommétique M (EdE 1; Paris
2002) n° 31.
'56 Rapport aimablement communiqué par Colin Hope.
Rapport aimablement communiqué par Lynn Meskell. Pour le raport de la première cam-
pagne, voir Or 70 (2001) 448. Ajouter à la bibliographie: L. Giddy, EA 19 (2001) 31.
Dirigé par Michael Given (Glasgow University), assisté d'Angus Graham (UCL) et Aziz
111

Meshia (Colombus University).


Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 109

dence des vestiges en place et des structures archéologiques. Des niveaux d'étude
de l'activité humaine sur le site ont pu ainsi être définis, en particulier le noyau ur-
bain, la zone funéraire, ainsi qu'un important ensemble de fermes et de parcel-
laires. L'équipe, avec l'aide du Dr. Sally-Ann Ashton, céramologue (Petrie Mu-
seum), a mis en place une stratégie de collecte de surface, dont les résultats pour-
ront être intégrés dans la fouille qui suivra.
Un relevé de détail a été effectué, à l'aide d'une station totale, de la zone 1 et
des édifices qu'elle contient. Les restaurateurs Pamela Jerome et James Conlon
(Columbia University) ont effectué relevés et analyses préliminaires, de façon à
concevoir un plan de restauration. Quatre sondages, enfin, ont été réalisés par le
Dr. Jonathon Last (Hertforshire Archoelogical Trust), afin de préparer l'étude strati-
graphique
e) D e j r e 1- H a g a r: sur la restauration du temple: Kernel 11/2 (2002)
90.

98. Kharga
a) Hibis: sur la restauration du temple: Kernel 11/2 (2002) 90-91.
b) Douch: ajouter à la bibliographie des fouilles de l'Ifao: G. Wa-
gner (t) Les ostraca grecs de Douch V (DFIFAO 24/5; 2001).
c) Aïn-Manâwir: les travaux de la campagne 2001 se sont déroulés du
11 octobre au 28 décembre. La première phase a été consacrée à la poursuite de la
fouille à 'Ayn-Manâwir: fouille d'une nouvelle tranche de l'habitat d'époque perse
MMA, continuation de la fouille de la qanât MQ4, fin de la fouille des vestiges
préhistoriques ML1 et poursuite de l'étude du matériel qui en est issu, nouvelle
tranche de sondages dans le cadre de l'étude chronologique du réseau hydraulique;
des sondages d'évaluation à 'Ayn-Ziyâda; fin du relevé topographique général de
Tell Douch. La deuxième période (environ un mois) a vu le début de l'exploration
systématique des confins sud de l'oasis et l'analyse des données qui en sont issues.
Pendant toute la durée de la mission a été poursuivie l'étude de certaines collec-
tions du mobilier issu des fouilles antérieures on en cours: verre, ostraca démo-
tiques, statuaire métallique (achèvement de la restauration), céramique"'.
Tous les travaux de cette campagne sont la continuation de programmes en
cours: l'habitat MMA; la concentration lithique ML1; la fouille et l'étude de la qa-
nât MQ4; sondages pour préciser la chronologie du réseau hydraulique. Cette an-
née ont été examinés la qanât MQI4 (vérifications complémentaires), la qanât
MQ1O, et le parcellaire de la qanât MQ6. Sur la colline de 'Ayn-Ziyâda, les explo-
rations des années précédentes faisaient soupçonner la présence, au centre du flanc

111
Un descriptif du projet, en anglais et en arabe, est disponible à l'adresse suivante:
(http:I/www.learn.columbia.edu/amheida/).
"'D'après Rapport IFAO 2001-2002. Ont participé aux travaux de cette mission Michel
Wuttmann, archéologue et restaurateur, responsable de la mission (Ifao), Thierry Gonon, archéo-
logue, Christophe Thiers, égyptologue (Ifao), archéologue, Béatrix Midant-Reynes, archéologue
préhistorienne, François Briois, archéologue préhistorien, Sylvie Marchand, céramologue (Ifao),
Damien Laisney, topographe (Ifao), Youri Volokhine, égyptologue (Ifao), Marie-Dominique
Nenna, archéologue, Michel Chauveau, démotisant, Jean-François Gout, photographe (Ifao), Ay-
man Hussein, dessinateur (Ifao), Mohammed Chawqi, dessinateur (Ifao), Hassân el-Amir, restau-
rateur (Ifao), Hassân Mohammed, restaurateur (Ifao), Younis Ahmed, restaurateur (Ifao), Mo-
hammed Sayyed, restaurateur. Le CSA était représenté par l'inspecteur 'Ah el-Bakri. Pour les
campagnes précédentes: Or 70, 449-452; B. Mathieu, BIFAO 101, 492-507; L. Giddy, EA 18
(2001) 32.
110 Nicolas Grimai et Emad Adly

sud, d'une agglomération contemporaine des phases 1 et 2 de 'Ayn-Manâwir. Cette


supposition a pu être vérifiée cette année par un sondage.
Le dégagement de l'agglomération MMA a permis de mettre en évidence des
structures appartenant à l'habitat C, fouillé l'année dernière, et ayant été arasées
lors de l'installation de l'habitat postérieur.
L'étude de la concentration lithique ML1 a été également poursuivie. On a
également continué l'enregistrement systématique, poursuivi depuis 1999, du
nombre de pièces par carré d'un mètre de côté en fonction des classes d'objets
(éclats, lames, débris, nucléus, outils et restes d'oeufs d'autruche) en vue d'une ana-
lyse de la répartition des vestiges (courbes d'isodensité, distribution de pièces spé-
cifiques en silex et en oeufs d'autruche). A l'issue de la campagne 2001, la fouille
de la concentration ML1 a été achevée et l'étude du matériel, dans le but d'une pu-
blication monographique, a considérablement avancé. Cette opération a permis de
constituer un assemblage qui fera référence pour l'epipaléolithique de la zone des
oasis. Les parallèles avec les faciès déjà mis en évidence dans le Sahara oriental,
dans le secteur des oasis (Kharga, Dakhla), comme de la vallée (Elkabien) sug-
gèrent une position chronologique autour de 8000 B.P.
Le plan d'étude des parties terminales des différents réseaux d'adduction
d'eau connus sur le site, tel qu'il a été défini l'an dernier, a déterminé le pro-
gramme de sondages mené cette année: dernières vérifications sur le parcours aé-
rien de MQ14; étude des différentes branches de la qanât MQ1O, ouvrage parmi les
plus complexes du site; relevé topographique du parcellaire de MQ6.
Les explorations menées à 'Ayn-Ziyâda pendant l'automne 2000 avaient per-
mis d'identifier plusieurs secteurs d'habitat installés le long du flanc sud de la col-
line. A peu près en son centre, une zone de forme ovale, allongée selon la ligne de
plus grande pente se définit par une dispersion de mobilier caractéristique des sec-
teurs d'habitat. Cette petite agglomération a été aménagée le long de la partie termi-
nale d'une qanât dont l'un des derniers regards a pu être examiné dans les limites du
sondage. En bordure de plaine, au sud, les restes indurés du bassin de collecte et
contrôle des eaux issues de cet ouvrage ont été partiellement préservés par l'érosion.
Ils apparaissent dans le paysage comme un alignement de buttes témoins.
Cette année, la carte de Tell Douch a été achevée. L'échelle du 1/1000 a été
retenue pour réaliser ce levé, et le système local de coordonnées est celui utilisé à
'Ayn-Manâwir, afin d'uniformiser les données. L'ensemble du site s'étend sur une
surface de 110 ha. Par ailleurs, un réseau de huit stations, rattachées au système lo-
cal de coordonnées Tell Douch - 'Ayn-Manâwir a été implanté sur le site de 'Ayn-
Ziyâda. Il permettra de dresser le plan topographique de 'Ayn-Ziyâda au cours des
prochaines campagnes.
Environ 170 ostraca démotiques, complets ou fragmentaires ont été mis au
jour. Les documents entièrement lisibles sont en nombre modeste, mais la plupart
livrent au moins quelques renseignements exploitables. Les pharaons nommés dans
les protocoles des contrats se situent tous de la XXVIP à la XXXe dynastie: Ar-
taxerxès F, Darius II, Artaxerxès II, Psammétique V, Amyrtée, Néphérités, Achôris
et Nectanébo Jr, ces trois derniers étant mieux représentés que dans les précédentes
trouvailles; s'y ajoutent à présent deux ostraca de Psammouthis, le très éphémère
concurrent d'Achôris, ce qui permet d'avoir une séquence pratiquement complète.
On remarque une année 41 pour Artaxerxès, sans doute la dernière pour ce règne
en Égypte; un an 4, mois de Mèchir, pour Artaxerxés II (mai 401), date postérieure
de quelques mois à sa dernière attestation à Éléphantine (13 décembre 402); enfin
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 lii

un an 7 pour Achôris, alors que l'an 6 était la plus haute année connue pour ce
règne. Un examen approfondi des nombreux protocoles de ce dernier souverain li-
vrés par les ostraca de Manâwir devrait permettre de résoudre le problème de sa
chronologie, et sans doute de confirmer l'hypothèse émise par D. Devauchelle en
1983 d'une double numérotation de ses années de règne. La nouveauté historique la
plus inattendue est celle d'un contrat daté de «l'an 2, mois de Tybi, d'Inarôs, le
chef des rebelles». Il s'agit là de la première attestation dans un document égyptien
d'un personnage mentionné par pas moins de quatre historiens grecs (Hérodote,
Thucydide, Ctésias et Diodore) et dont le souvenir perdura en Égypte même, jus-
qu'à l'époque romaine, à travers tout un cycle de récits épiques. L'absence de de-
signation royale et l'attribution d'un titre aussi étonnant seront évidemment les su-
jets d'abondants commentaires. Une telle date doit être située vers 460 ou peu
après, se plaçant ainsi vers le milieu du «trou» chronologique entre la série quasi-
continue des contrats d'Artaxerxés qui débute en l'an 21 (444) et les trois ostraca
datés de Xerxés avec l'an 3 et l'an 6 (483 et 480). Pour le contenu de la docu-
mentation, la grande majorité des contrats est constituée de ventes ou de transac-
tions diverses en rapport avec des «jours d'eau». Ceux-ci sont parfois définis de
manière extrêment précise, surtout dans les deux ventes datées de Nectanébo I,
avec la mention des «voisins» et un formulaire particulier presque identique à celui
de «l'ostracon de Moscou» du même règne, ce qui permet à la fois de discerner
une évolution de ces formulaires et de poser l'hypothèse d'une possible origine
«manâwirite» pour l'ostracon russe. A côté des contrats de prêt de céréales, moins
informatifs, on trouve quelques types nouveaux de transaction: une vente d'une
«place dans le temple» (appartement de fonction), une promesse de dot (?), un ra-
rissime exemple d'une protestation publique (shar), d'autres encore moins facile-
ment identifiables. Pour la prosopographie, on retrouve la famille d'Harsiésé/Ou-
namenheb qui avait déjà illustré la trouvaille de 1995, ainsi que celle d'Hor/Horteb,
plus problématique en raison d'homonymies fréquentes. Enfin, il faut signaler un
certain nombre de reçus d'huile de ricin et ordres de livraison de céréales, types de
documents dont les précédentes campagnes avaient déjà livré de nombreux
exemples.
La rédaction du catalogue des verres de Douch a bien avancé avec la reprise
des chapitres consacrés au verre mosaïque et au verre gravé, la rédaction des cha-
pitres dédiés au verre moulé, au verre soufflé dans un moule et à certaines catégo-
ries fonctionnelles de verre soufflé, et enfin la révision des 160 dessins mis au
propre par Valérie Atef (CEA, Alexandrie). La mise au jour lors des rangements du
magasin d'études d'un nouveau lot de verres a conduit à l'inventaire et aux dessins
de plus de 150 exemplaires qui proviennent de la fouille de 1979. Le corpus des
verres de Douch avoisine dorénavant les 900 pièces. Ce lot a fourni entre autres
plus de quinze vases en verre mosaïque, avec des formes complètes importantes
pour la typo-chronologie de cette vaisselle maintenant fermement datée de l'époque
romaine tardive, deux fragments de verre gravé avec des courses d'animaux qui
proviennent du même atelier que le beau gobelet du contexte 89.469, ainsi qu'une
série de plaques d'incrustation appartenant à un meuble. La qualité de la vaisselle
en verre de Douch est tout à fait exceptionnelle et permet, combinée à l'étude de la
vaisselle de 'Ayn el-Turba et de Bagawât, confiée à M.-D. Nenna par le Metropoli-
tan Museum, d'apporter de nouvelles données sur tout une série de vases de luxe
de l'antiquité tardive et de préciser la typo-chronologie de la vaisselle commune du
4 siècle.
112 Nicolas Grimai et Emad Adiy

Les fouilles réalisées cette saison n'ont pas livré d'assemblages céramiques
exceptionnels, ou de type d'un intérêt particulier. Ils s'inscrivent dans la majorité
des cas dans l'occupation du 4' siècle. A 'Ayn-Ziyâda, en revanche, le sondage
réalisé sur la maison ZMA a livré un ensemble céramique réduit daté de la Phase
2. On y trouve un nombre anormalement élevé de céramiques produites dans la
vallée du Nil (pâte alluviale). Leurs formes n'avaient jamais été recensées jusqu'à
présent; on note par exemple la présence d'une poterie de type torche bien attestée
ailleurs en Égypte à la fin de la Basse Époque. La céramique recueillie dans la qa-
nât MQ1O ('Ayn-Manâwir) est très fragmentaire et peu variée dans ses formes.
La zone de l'oasis de Kharga prospectée cette saison est approximativement
contenue dans un rectangle mesurant 40 km dans la direction nord-sud et 15 km
dans la direction est-ouest. 59 sites y ont été identifiés. Elle est limitée, au nord par
la route reliant le village de Douch à celui de el-meks el-qibli et à l'ouest par la
route moderne du darb cl-' arbâ' in. Le regroupement des données laisse apparaître
qu'à tous les puits ou sources, mentionnés sur la carte de 1930 comme «'ayn rumâ-
niyya» ou «'ayn mardouma» sont associés des vestiges. Deux catégories de sites
échappent à cette logique 1. les nécropoles, pour des raisons évidentes; 2. une par-
tie des sites paléolithiques: on observe, presque partout, la présence diffuse de ma-
tériel lithique paléolithique en «bruit de fond». Les concentrations de mobilier
lithique et les ateliers de débitage sont néanmoins situés autour des sources arté-
siennes. La dépendance par rapport à l'approvisionnement en eau explique aussi
que beaucoup des sites examinés sont occupés à des périodes variées, de manière
discontinue. Globalement, la zone est occupée à toutes les périodes du paléoli-
thique, à l'épipaléolithique, au néolithique, au début des périodes historiques, pro-
bablement jusqu'à la fin de l'Ancien Empire. Elle semble désertée pendant tout le
deuxième et la première moitié du premier millénaire, puis on constate une pré-
sence humaine en apparence continue du 5' siècle av. J.-C. au 5' siècle ap. J.-C.
d) Ayn al-Labakha: ajouter à la publication: Adel Hussein, Le sanc-
tuaire rupestre de Piyris. Ayn al-Labakha (oasis de Kharga) (MIFAO 116; 2000).
e) Kharga Oasis Prehistoric Project: sur la constitution de ce
programme par M. R. Kleindienst et l'équipe du Dakhleh Oasis Project et sur les
deux premières campagnes de survey: SSEA Newsletter janvier 200261.

99. Désert libyque: depuis 1995, l'Institut Heinrich-Barth mène dans


le cadre du projet ACACIA («Arid Climate Adaptation and Cultural Innovation in
Africa») de l'Université de Cologne des recherches pluridisciplinaires dans le dé-
sert libyque d'Égypte. Les travaux, dirigés par Rudolph Kuper, sont centrés sur la
question de l'évolution culturelle et climatique des régions du plateau d'Abou-
Mouhariq, du Grand Erg d'Égypte, de la cuesta d'Abu Ballas et du Gilf Kebir.
L'objectif central du projet est l'établissement de l'histoire de l'environnement et
du climat à une échelle régionale et supra-régionale, de façon à répondre aux ques-
tions de l'origine et du procès du repeuplement du désert libyque au début de l'Ho-
locène ainsi que de ses bases économiques, de l'origine et du développement du
pastoralisme comme base de mode de vie actuelle en Afrique, et de l'importance

Ajouter à la bibliographie: L. Giddy, EA 19 (2001) 31.


111
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 113

de la désertification pour l'établissement et le développement de la culture égyp-


tienne '62.
a) Bi r Sahara: ajouter à la bibliographie: pour l'inscription araméenne
de l'entrée du Ouadi Sura, sur la piste de Baharya à Gilf Kebir: André Lemaire
Giancarlo Negro, Sahara 12 (2000) 170-174; M. C. Gatto, «Two Predynastic Potte-
ry Caches at Bir Sahara (Egyptian Western Desert)», Sahara 13 (2001-2002) 51-60,
10 fig. 163
b) Plateau d'Abou Mouhariq: entre l'automne 1998 et l'automne
2000, trois campagnes de fouille ont été conduites dans la région de Djara sur le
plateau d'Abou Mouhariq, sous la conduite de Karin Kindermann: sept zones dif-
férentes des sites Djara 90/1 et Djara 98/20 ont été dégagées. Il s'agit de sites
d'habitat à long terme. Les concentrations de pièces archéologiques en surface ainsi
que la situation géomorphologique et topographique des sites ont été relevés à
l'aide d'un programme de mesurage utilisant un tachéomètre. Les quantités impor-
tantes de matériel archéologique et les trouvailles archéozoologiques et archéo-
botaniques ainsi repérés serviront de base à une analyse plus précise de l'évolution
chronologique des inventaires archéologiques. Les fouilles ont mis au jour du maté-
riel datant essentiellement de l'Holocène, dont un important pourcentage de silex à
retouche faciale. Il a toutefois été difficile d'établir des «fossiles directeurs», vu les
structures apparentes et les dates données par le radiocarbone.
En automne 1999, une documentation systématique des gravures rupestres de
la grotte de Djara a été entreprise, en vue de procéder à une analyse précise de la
faune représentée et à une datation par comparaison stylistique. Des prospections
aux alentours des sites furent également menées, par exemple entre la région de
Djara et la vallée du Nil, pour obtenir plus d'informations sur les contacts supposés
avec la vallée du Nil. Très peu de sites archéologiques ont été décelés, ce qui s'ex-
plique très probablement par le caractère hostile d'un haut plateau presque totale-
ment couvert de hamada et une falaise fortement entaillés par des ouadis.
On a également procédé à des recherches géo-archéologiques couvrant une
section nord-sud le long du cordon dunaire d'Abou Mouhariq, afin d'obtenir des
informations sur le paléo-environnement ainsi que sur le nombre de sites archéo-
logiques situés au plateau. Seule la région de la falaise d'Abou Gerara, située entre
Djara et Dakhla, s'est révélée être une aire favorable à des activités d'occupation
humaine. Les rapports entre la topographie générale, les restes de playa, les formes

Rapport aimablement communiqué par Karin Kindermann et Jorg Linstàdter. Pour les ré-
62

sultats des travaux du projet on verra également E. ClaBen et al., «Djara 90/1 Felsbildhêhle
und Fundplatz eines holozänen Gunstraums der Nordost-Sahara (Agypten»>, Archàologisches
Korrespondenzblatt 31 (2001) 349-364, 6 fig.; K. Kindermann, «Djara: Prehistoric Links be-
tween the Desert and the Nile», Eighth International Congress of Egyptologists, Cairo 2000,
sous presse; R. Kuper, ((The Abu Ballas Trail: Pharaonic Advances into the Libyan Desert),
ibid.; R. Kuper, «By Donkey Train to Kufra? - How Mr. Men Went West), Antiquity 75 (2000)
801-802), 5 fig.; J. Linstädter, «Prehistoric land use systems in the Gilf Kebir», Eighth Inter-
national Congress of Egyptologists, Cairo 2000, sous presse; H. Riemer - R. Kuper, «'Clayton
rings': enigmatic ancient pottery in the Eastern Sahara», Sahara 12 (2000) 9t-100, 18 fig., 3
planches.; H. Riemer, «Regenfeld 96/1, Great Sand Sea and the question of settlement on whale-
back dunes», dans: L. Krzyaniak et al. (éd.), Recent Research into the Stone Age of North-
eastern Africa (Poznañ, Poznañ Archaeological Museum 2000) 21-31, 7 fig.; H. Riemer, «The
Re-conquest of the-Great Sand Sew), Eighth International Congress of Egyptologists, Cairo
2000, sous presse. Voir également plus loin.
63
Découvertes en 1973 par l'expédition de Fred Wendorf: Or 43, 206.

Orientalia - 8
114 Nicolas Grimai et Emad Adiy

et types de dunes constituant la dune d'Abou Mouhariq, le substrat géologique et


les perturbations tectoniques permettent de conclure, que la situation favorable de
la région de Djara résulte de conditions paléo-écologiques ainsi que d'une position
favorable pour la circulation au milieu des vastes plaines de hamada du plateau.
e) Gil f Kebi r: le Gilf Kebir est un plateau de grès situé à l'extrême
sud-ouest de l'Egypte. De nombreux ouadis traversent le massif sur son côté est.
Les travaux des campagnes de fouille de l'automne 1999 et de l'automne 2000, di-
rigés sur le terrain par Jorg Linstädter, se sont concentrés sur le Ouadi el-Bakht et
le Ouadi el-Maftuh, ainsi que sur les zones du plateau situées entre les deux oua-
dis. L'objectif des travaux sur le terrain d'accroître le nombre de données concer-
nant l'histoire de l'environnement et de l'occupation, ainsi que de répondre à des
questions de mobilité et d'exploitation du paysage par les groupes préhistoriques.
Des prospections furent ainsi menées, qui ont permis de découvrir plusieurs cen-
taines de sites archéologiques. Quelques-uns ont été fouillés et mesurés avec préci-
sion. Les résultats préliminaires indiquent déjà différentes formes d'occupation et
de mobilité au cours des différentes phases de l'occupation préhistorique.

Désert oriental

100. 'Ayn Sokhna: du 22 au 24 avril, puis du 27 mai au 2 juin


2001164, une mission jointe du Conseil suprême des Antiquités et de l'IFAO s'est
déroulée à Ayn Sokhna (Golfe de Suez). Le site, qui se trouve sur le bord de la
mer, au débouché de la piste la plus courte reliant la région du Caire au golfe de
Suez, a livré une importante série d'inscriptions rupestres qui s'échelonnent chro-
nologiquement entre le Moyen Empire et le début de la période arabe. Pour l'é-
poque pharaonique, on relève, notamment, une inscription datée de l'an 1 de Mon-
touhotep IV, qui accompagne une représentation royale et mentionne une expédition
de 3000 hommes «pour ramener le cuivre, et la turquoise, et tous les bons produits
du gebel». Les traces du passage d'expéditions similaires remontant aux règnes
d'Amenemhat 1er (an 7), Amenemhat III (an 2) et Amenhotep P' sont également dé-
celables. Ces documents semblent jalonner un itinéraire dont le but ultime serait les
mines de cuivre et de turquoise du Sinai, hypothèse qui semble corroborée par la
récurrence de noms de fonctionnaires déjà connus dans les inscriptions du Ouadi
Maghara et de Sérabit el-Khadim. Cependant, le site a pu connaître plusieurs
usages: des traces de réduction du cuivre y sont également observables et des ins-
tallations anciennes semblent liées à ces graffiti. Un premier rapport dressant la to-
pographie du site et établissant le texte des différentes insciptions a été remis pour
publication à l'IFAO.
En 2001, lors de la campagne d'étude et de relevé de ces inscriptions, des
zones de tessons et de scories à cuivre ont été observées, en contrebas des inscrip-
tions, entre le pied de la montagne et la route asphaltée. L'ensemble de ces zones
couvre une surface rectangulaire de 300 m de long (NW-SE) par 200 m de large

Rapport aimablement communiqué par Pierre Tallet. Sous la direction de Mahmoud Abd
164

el-Raziq, membre du Conseil suprême des Antiquités de l'Égypte, professeur à la faculté de tou-
risme de l'université du canal de Suez (Ismaïlia), ont participé à la mission Georges Castel, ar-
chéologue (Ifao), Pierre Tallet, égyptologue (Ifao), Victor Ghica, coptisant (Ifao), Nicolas Passe-
ra, topographe (Ifao), et Jean-François Gout, photographe (lfao).
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 115

(NE-SW)'65. Connaître la nature exacte de ces zones, leur étendue et leur période
d'occupation était l'objectif de la campagne 200266.
Une trentaine de dégagements et de sondages exécutés sur l'ensemble du ter-
rain ont montré que les zones situées au pied de la montagne étaient occupées par
des galeries de mines et des fours de réduction de cuivre, et celles situées prés de
la route, par un habitat auquel étaient associés des ateliers métallurgiques. Un bâti-
ment d'assez grande taille, proche du lieu d'extraction du minerai, a également été
dégagé sans que son état actuel de préservation ne permette, pour l'instant, de lui
attribuer une fonction précise. Cinq entrées de galerie ont été dégagées et deux ga-
leries, qui n'étaient pas complètement obstruées par les déblais, ont pu être explo-
rées. L'une d'elles a été en partie fouillée. Des fours de réduction du minerai
étaient situés aux abords des galeries. Les scories provenant des fours contiennent
de la magnétite, confirmant ainsi l'utilisation d'hématite comme flux pour faciliter
la réduction de la malachite, technologie déjà utilisée à l'époque thinite. Dès à
présent, les sondages stratigraphiques montrent deux périodes majeures d'occupa-
tion et d'exploitation minière avant leur abandon définitif. Le matériel céramique
exhumé au cours des dégagements et des sondages semble appartenir pour l'essen-
tiel à la phase de transition fin de la Première Période intermédiaire-début de la
XII' dynastie.
Les minéralisations de cuivre de 'Ayn Sokhna, au vu de l'étendue du site, de
l'importance des galeries, de la quantité des fours, du nombre des ateliers de
broyage et des habitations, étaient très concentrées et ont été intensivement exploi-
tées au cours de quelques campagnes. Après leur épuisement, sans doute rapide,
elles ont été abandonnées. Les galeries de mine ont par la suite servi d'abri à des
populations nomades, éleveurs de chèvres, autant que le montrent les demi-cercles
de pierre construits à l'entrée des galeries et leurs contenus: nombreux foyers do-
mestiques superposés et épaisses couches de déjections animales. Certaines de ces
galeries ont également servi de sépulture, peut-être dans un contexte chrétien, avant
que leurs entrées ne disparaissent définitivement, ensevelies sous les éboulis de la
montagne. Fait étonnant, les témoignages datant du Nouvel Empire font pour l'ins-
tant complètement défaut, alors que plusieurs inscriptions attestent d'une occupa-
tion à cette époque. L'exploitation des mines de cuivre de 'Ayn Sokhna date de
l'époque des inscriptions du Moyen Empire et justifie très certainement, en partie
au moins, leur présence à cet endroit. Cette activité minière n'explique pas, cepen-
dant, le volume anormalement élevé de la main d'oeuvre mentionnée par les textes
(3000, puis 4000 hommes), étant donné la taille somme toute modeste des minéra-
lisations. La poursuite des travaux dc fouille, ainsi que l'exploration de la région

65 Pour cette
campagne, voir B. Mathieu, BIFAO 101, 564 et ci-dessus; pour la première
mention de ces inscriptions: Or 70, 452.
D'après Rapport 1MO 2001-2002; cf Kemet 11/2 (Avril 2002) 89. La campagne 2002,
66

placée sous la direction du Pr. Mahmoud Abd cl-Raziq, égyptologue (univ. de Suez), a bénéficié
en 2002 d'un soutien scientifique et technique dc 1'Ifao. Y ont participé, du 24 janvier au 14 mars
2002, Gorges Castel, architecte de fouilles (Ifao), Pierre Tallet, égyptologue (univ. Paris IV -
Sorbonne), Catherine Defemez, céramologue (membre scientifique tfao), Victor Ghica, coptisant
(tfao), Gregory Marouard, céramologuc, Alain Lecler, photographe (tfao), et Gamal Nasr el-Din,
chef des ouvriers. Le CSA, bureau de Suez, était représenté par Sayed Mohamed Ebrahim, ins-
pecteur, et Add Farouk, secrétaire.
116 Nicolas Grimai et Emad Adly

environnante, permettront peut-être d'apporter sur ce dernier point des éléments de


réponse, le site ayant également pu servir dc plaque tournante en direction d'autres
lieux d'exploitation.

101. Couvents de la mer Rouge: ajouter à la bibliographie: Van


Moorsel (l), Le monastère de Saint-Paul près de la mer Rouge (MIFAO 120;
2002). Sur les travaux de conservation de Saint-Paul: L. Giddy, EA 18 (2001)
30; 19 (2001) 32.

102. Carrières: sur la campagne 2000 dirigée par James Harrel dans
les carrières romaines de metagabbre de Ouadi Umm Wikala, de granodiorite de
Ouadi el-Bakriya, et de metagrauwacke (pierre «de bekhen») du Ouadi Masaq el-
Baqar: L. Giddy, EA 18 (2001) 29; S. E. Sidebotham et al., «The Roman Quarry
and Installations in Ouadi Umm Wikala and Ouadi Semna», JEA 87 (2001) 135-
170. - Sur les carrières des premières dynasties de Gebel Manzal el-Seyl: James
A. Harrell V. Max Brown Masoud Salah Masoud, JEA 86 (2000) 33-42. -
Ajouter à la bibliographie du désert oriental: Rifaat A.-K. Osman - S. E. Sidebo-
tham, «Geomorphology and archaeology of the central Eastern desert of Egypt»,
Sahara 12 (2000) 7-30.

103. Mons Claudianus: ajouter à la bibliographie: H. Cuvigny,


Mons Claudianus. Ostraca graeca et latina III (DFIFAO 38; 2000); V. A. Maxfield
- D. P. S. Peacock, Mons Claudianus. Survey and Excavation, II. Excavations, Part
1 (FIFAO 43; 2001).

104. Ouadi Hammamat


a) Bibliographie: ajouter à la bibliographie: Klaus Koschel, «Alt-
àgyptische Steinexpeditionen. Felsinschriften in Ouadï Hammamat als Quellen pha-
raonischer Steinbruch-Grollunternehmungen», Antike Welt 2002/1, 51-64; H. Per-
driaud, «Le cas des neuf cents 'disparus' de la stèle de l'an 3 de Ramsès IV au
Ouâdi Hammamat», GM 186 (2002) 89-98.
b) Bir Umm Fawakhir: sur la campagne 2000-2001: L. Giddy, EA 19
(2001) 29.

105. Bir Minih: sur l'expédition 2000 de l'Université Eötvös Loránd,


dirigée par Ulrich Luft: L. Giddy, EA 18 (2001) 30; Ulrich Luft et al., «Preliminary
Report on the Fieldwork at Bir Minih, Arabian Desert», MDAIK 58 (2002) 373-390
et p1. 36-39.

106. Route de Coptos à Bérénice: ajouter à la bibliographie: Hé-


lène Cuvigny, «Un soldat de la cohors I Lusitanorum à Didymoi: du nouveau sur
l'inscription I. Kanaïs 59bis», BIFAO 101 (2001) 153-158; J. Brun, «Hoc/os Mvshor-
mitiké: l'équipement de la route de Coptos à la mer Rouge aux époques ptolé-
maïque et romaine», dans: Autour de Coptos. Actes du colloque organisé au Musée
des Beaux-Art de Lyon (17-18 mars 2000) (Topoi Supplément 3; Lyon 2000) 395-
414; M. Reddé, «La présence militaire romaine dans le désert Oriental», ibid. 385-
394.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 117

La campagne «Umm Balad» de 2001 s'est déroulée du 25 décembre 2001 au


22 janvier 2002'. Umm Balad est un praesidium au débouché d'un ouadi au fond
duquel, à 1,2 km de là, se trouvent deux carrières de granite romaines et le village
des ouvriers qui y travaillaient, composé d'un alignement de dix-sept cellules. Du
village descend une route, destinée au transport des blocs; elle se divise au niveau
du praesidium en deux rameaux qui rejoignent la piste de Qena à Hurghada, qui
était dans l'Antiquité la route de Kainè au Mons Porphyrites tout proche. Divers
bâtiments annexes entourent le fort: un petit sanctuaire de hauteur au nord-ouest;
une forge au nord; deux bâtiments au sud-est. La nécropole est à environ 300 m à
l'est. Comme d'habitude, le dépotoir s'est amoncelé devant la porte du fortin.
a) Le praesidium: Un plan du fortin a été levé et l'architecture d'en-
semble a été étudiée en détail; plusieurs sondages ont été effectués: à la porte,
dans la salle de la citerne et dans une salle de réunion. Le sondage de la porte a
mis au jour plusieurs fragments de l'inscription de fondation en latin. D'autres
fragments ont été trouvés dans le dépotoir, à l'intérieur du fort et même sur un sen-
tier dans la montagne: il est clair que l'inscription a été fracassée dès l'Antiquité.
Il en reste trop peu pour en restituer la date; détail curieux, elle était opistho-
graphe. La salle de la citerne est la plus grande du praesidium (12 X 10,5 m). Le
mur du fond, à l'ouest, est occupé par trois niches rectangulaires surélevées, où
l'on a observé des restes de badigeon au lait de chaux et des traces de culte (frag-
ment de statue en tête crue, brûle-parfum, offrandes végétales). La partie centrale
est occupée par une grande citerne d'environ 10 x 11 x 2,10 m, qu'alimentaient,
probablement de l'extérieur, par un petit bassin accolé au mur est de la pièce, les
onze askophoroi mentionnés dans l'ostracon inv. 31.
b) Le dépotoir: le dépôt principal correspond à un volume de l'ordre
de 80 m3. Pour l'essentiel, les strates sont constituées de paille pourrie et de gra-
viers. On ne décèle aucun arrêt dans l'accumulation des sédiments (couche de sable
éolien par exemple): il ne semble donc pas y avoir eu d'interruption dans l'occupa-
tion du fort. Par ailleurs, aucun niveau de cendres important n'a été mis en évi-
dence, uniquement des lentilles correspondant à des vidages de foyers. Cela signifie
probablement que le fort n'était pas équipé de thermes. En effet, tant à Didymoi
qu'à Maximianon, l'existence des thermes était marquée dans le dépotoir par d'é-
paisses couches de cendres et de charbons de bois.
e) La céramique: le mobilier céramique comprend des lampes, des
amphores et une abondante vaisselle, en quasi totalité de fabrication égyptienne.
Quelques tessons d'Eastern Sigillata représentent toutes les importations. Les
faïences bleues originaires de Memphis sont relativement courantes (autour de 1%).
Le reste de la vaisselle se répartit an trois lots principaux: a) la céramique des ate-
liers d'Assouan; b) la céramique de la zone Coptos-Médamoud, moins bien re-
présentée que sur la route Coptos-Myos Hormos, mais qui reste abondante; e) la
céramique à pâte alluviale: dans ce groupe hétérogène se distingue une série très
caractéristique de céramiques de cuisine à pâte réfractaire, bien épurée, très sonore,

D'après le rapport aimablement communiqué par Hélène Cuvigny et B. Mathieu, Rap-


67

port IFAO 2001-2002. Pour les campagnes précédentes, voir Or 70, 453-454; B. Mathieu, BIFAO
101, 538. Les membres de la mission étaient Hélène Cuvigny, papyrologue (chef de chantier),
Jean-Pierre Brun, archéologue, Miche! Reddé, archéologue, Isabelle Sachet, archéologue, Adam
Bülow-Jacobsen, papyrologue, Martine Leguiloux, archéozoologue, Khaled Zaza, dessinateur
(Ifao). La mission était financée conjointement par le ministère des Affaires étrangères et 1'Ifao.
118 Nicolas Grimai et Emad Adiy

à paroi relativement fine (faitouts, marmites). Les amphores sont presque toutes des
AE3, conteneurs vinaires égyptiens. Mais on trouve sporadiquement des amphores
à engobe rouge d'Assouan, des amphores à col cannelé et des Dressei 2/4 du Del-
ta, notamment d'Alexandrie. Parmi les importations, on note une amphorette de
type Agora F65 (Robinson 1959) originaire de la vallée du Méandre, une amphore
de Cilicie et une Dressel 24. Les amphores â huile sont représentées par une Dres-
sel 20 de Bétique et une Tripolitaine 1. Les lampes à huile appartiennent en quasi
totalité au type «à bossettes» connu au Mons Claudianus et dans les forts de la
route de Myos Hormos au 2e siècle. A l'intérieur du fort, les niveaux de
comblement de la salle de réunion ont livré un mobilier datable du 3' siècle de
notre ère.
d) L a faune: peu abondante par rapport aux trouvailles des fortins si-
tués sur les routes caravanières, elle reflète toutefois la spécialisation du site. Les
animaux domestiques sont les plus nombreux. Les petits ruminants, moutons et
chèvres, toujours abattus et consommés à l'âge adulte, apparaissent dans quelques
couches isolées. Les restes de porcs sont plus fréquents et, bien qu'en petit
nombre, ils sont présents de façon régulière, indiquant une consommation habi-
tuelle. Ces os appartiennent en général à de jeunes adultes (abattus entre deux et
trois ans), mais on relève quelques cochons de lait de trois mois environ. Les osse-
ments de plusieurs dromadaires ont été rejetés dans le dépotoir; ils portent presque
toujours des traces de découpe. Ils représentent une faible proportion en comparai-
son des restes d'équidés, notamment d'ânes, espèce la mieux représentée dans le
dépotoir. Rares sont les ânes morts jeunes: pour la plupart les ossements appar-
tiennent à des animaux réformés. Dans touts les cas, animaux âgés ou jeunes
adultes, ces ânes ont été dépecés, découpés en quartier et consommés. Peu de dro-
madaires, beaucoup d'ânes: c'est l'inverse de la situation rencontrée dans les dépo-
toirs des pistes caravanières du désert de Bérénice. On employait donc plus d'ânes
dans les carrières. Les ânes d'Umm Balad, cependant, accomplissaient leur travail
en silence: en effet, les ostraca en parlent beaucoup moins que des chameaux,
souvent mentionnés dans les lettres relatives à l'hydrophone.
Les objets en cuir sont rares et, comme sur tous les sites romains du désert
Oriental, ils se répartissent en deux grandes catégories: les chaussures et les outres,
auxquelles s'ajoute la gourde.
e) Les ostraca: plus de 500 ostraca ont été enregistrés. Ils ont livré le
nom du site, Kainè Latomia, «Nouvelle-Carrière»; c'est là du moins le toponyme
le plus fréquent sur les adresses des dipinti amphoriques (61 occurrences), où ce-
pendant revient souvent un autre toponyme, Domitianè (26 occurrences). On se de-
mande si Kainè Latomia n'est pas le nom du complexe carrières-village-praesi-
dium, tandis que Domitianè serait soit le seul praesidium, soit le seul village. Quoi
qu'il en soit, Domitiamè est trop fréquemment mentionné pour n'être qu'un site
voisin, à l'instar des autres toponymes du corpus: Sabelbi, où se trouve un hydreu-
ma qui ravitaillait apparemment Umm Balad; Prasou, un praesidium; Alabarchès,
où officiait l'architecte Sôkratès; le Porphyritès bien entendu; Melan Oros enfin, la
«montagne Noire», que l'on est tenté de rapprocher de Ptolémèe Geogr. 4.5.27.
Les ostraca montrent que le metallon n'a fonctionné que de l'an 9 à l'an 14 d'An-
tonin. Les types documentaires les mieux représentés sont les lettres et les dipinti
amphoriques. Parmi les lettres, on remarque deux groupes importants: la correspon-
dance adressée au centurion Julius Proculus et celle que reçoit l'architecte Hierôny-
mos. Les comptes et les listes de noms sont rares; parmi ces dernières, une seule
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 119

série s'impose, probablement des listes journalières de malades classés en familia


et pagani (sur cette distinction, voir O. Claud. III, introduction). Parmi les
membres de la fam i/ia, les noms sémitiques sont nombreux et sont à rapprocher de
plusieurs mentions du groupe des Ioudaioi, ce qui surprend quand on sait que les
Juifs avaient été physiquement éliminés d'Égypte après la grande révolte de 115-117
des damnati ad metal/a rescapés de la révolte de Bar Kochba ?

107. Région de Qoseir, Université de Southampton: sur la


campagne de printemps 2001 de l'équipe de David Peacock à Quseir el-Qadim: L.
Giddy, EA 19 (2001) 32. Pour les textiles: Archaeological Textiles Newsletter 33
(2001) 17.

108. Bérénice: pour les campagnes de 2000 et 2001168 des Universités


de Delawaere et Leyde, voir St. E. Sidebotham - W. Z. Wendrich, «Archaeological
fieldwork at the Ptolemaic-Roman port on the Read Sea coast of Egypt 1999-
2001», Sahara 13(2001-2002) 23-50, 54 fig; E C. Wild - J. Wild, «Sails from the
Roman port at Berenike, Egypt», Nautical Archaeology 30/2 (2001) 211-220; Ste-
ven E. Sidebotham - W Z. Wendrich, «Berenike: A Ptolemaic-Roman Port on the
ancient Maritime Spice and Incense Route», Minerva 13/3 (2002) 28-31; S. E.
Sidebotham - V Z. Wendrich, «Berenike, Roms Tor am Roten Meer nach Arabien
und Indien», Anti/ce Welt 2001/3, p. 251-264; pour les textiles: Archaeological Tex-
tiles Newsletter 33 (2001) 17; S. E. Sidebotham, «From Berenike to Koptos: Recent
Results of the Desert Route Survey», dans: Autour de Coptos. Actes du colloque
organisé au Musée des Beaux-Art de Lyon (17-18 mars 2000) (Topoi Supplément 3;
Lyon 2002) 415-438.

109. Ouadi Gawasis / Ouadi Gasus: l'Istituto Italiano per l'Afri-


ca e l'Oriente a effectué une reconnaissance archéologique de la région comprise
entre les deux ouadis et la côte de la mer Rouge du 4 au 10 mars 20011". Son ob-
jectif était de vérifier l'état de conservation des sites archéologiques de la région,
en particulier du port du Moyen Empire (Saouou), situé à Mersa Gawasis. On a
ainsi effectué un relevé géomorphologique sur le terrain en utilisant comme base
une photo Landsat 5 TM prise le 11, janvier 1987. Le site antique est en bon état, à
l'exception du secteur oriental, que les installations militaires ont perturbé. On si-
gnalera, entre autres, la présence d'une centaine de sépultures de type «Pan-
Grave», localisées donc pour la première fois hors de la vallée, qui ont réutilisé
des éléments du Moyen Empire. On en a également repéré au sud du Ouadi Gawa-
sis, ainsi que des traces d'activité lithique qui semblent proches du protodynastique
de la vallée. Les sites en terrasses au nord de Mersa Gawasis, ainsi que la station
romaine du Ouadi Gasus, sont également bien conservés. Ce bon état des sites en-
courage d'autant plus à y poursuivre des recherches que l'extension de la zone tou-
ristique depuis Safaga se fait menaçante.

168
Pour les campagnes antérieures: Or 70, 455; L. Giddy, EA 19 (2001) 30.
Rapport aimablement communiqué par Rodolfo Fattovich. Participaient également à l'ex-
69

pédition, qui associait l'Istituto Universitario Orientale de Naples, l'Université de Boston et


d'Ain Shams: Andrea Manzo, Cinzia Perlingieri, Kathryn A. Bard, Magaly Koch, Abdel Mo-
neim Mahmoud.
120 Nicolas Grimai et Emad Adly

Nubie égyptienne

110. Bibliographie: Petra Andrassy, «Zu einigen neuen Expeditions-


inschriften aus der nubisehen Ostwüste», GM 186 (2002) 7-16.

111. Gebei ei-Asr: sur les campagnes 1997-2000: Ian Swat et al.,
«Survey and excavation at the Gebei ei-Asr gneiss and quartzite quarries in Lower
Nubie (1997-2000)», Antiquity 75/287 (march 2001) 33-34; Ian Shaw, «Survey and
Excavation at the Gebei ei-Asr, gneiss and quartz quarries in Lower Nubia», Graf-
ma Newsletter 3-4 (1999-2000) 97-109.

112. Ouadi es-Seboua: ajouter à la bibliographie: B. Lurson, «La ty-


pologie des statuettes tenant un vase à onguent offertes par le roi dans les scenes
rituelles des du temples du Nouvel Empire. A propos de deux bas-reliefs du temple
de Ramsès II à Ouadi es-Seboua», ZAS 128 (2001) 65-70.

113. Qasr Ibrim: la campagne 2000-2001 de l'EES s'est déroulée du


26 janvier au 26 mars 2001, dans les magasins du Conseil suprême des Antiquités
de Shellal, sous la direction de Pamela Rose, où on a étudié le matériel céramique
méroïtique et napatéen et les échantillons botaniques mis au jour lors de la pré-
cédente campagne 170,

114. Ouadi Allaqi: sur la campagne 2001 de l'Institut français d'ar-


chéologie orientale et de l'IRD, dirigée par François Paris: L. Giddy, EA 19 (2001)
30.

II. Soudan

115. Bibliographie: ajouter à la bibliographie: sur la question des


équilibres politiques entre ethnies: Karola Zibelius-Chen, «Zur Problematik von
Herrschaft und Herrschaftsform im Mittleren Niltal vom 3. bis zum 1. Jt. y. Chr.»,
Der Antike Sudan 12 (2001) 20-34. Pour la période antérieure à l'islamisation dans
le Butana: Baldur Gabriel, «Präislamische Gräber und Fnedhöfe in der Butana (Su-
dan)», ibid. 34-64; David N. Edwards, «The Christianisation of Nubia: some ar-
chaeological pointers», Sudan & Nubia 5 (2001) 89-96. Sur les systèmes défensifs
médiévaux dans le sud Dongola: Bogdan Zurawski, «Makurian Defensive System
in the Southern Dongola Reach (6th-14th century)», ET 19 (2001) 355-385. Egale-
ment: Adam Eisa Khidir, Le mobilier et les coutumes funéraires kushites à l'é-
poque méroïtique (Meroitica 16; 1999); Angelika Lohvasser, Die koniglichen
Frauen im antiken Reich von Kusch (Meroitica 19; 2001); Thilo Rehren, «Meroe,
Iron and Africa», Der Antike Sudan 12 (2001) 102-109; Claude Carrier, «Poursuite
de la constitution du Répertoire d'Épigraphie Méroïtique (REM)», MNL 28 (2001)
1-8; id., «La stèle méroïtique d'Abratoye (Caire JE n" 90008)», ibid. 21-54; Mi-

170
D'après le rapport annuel 2000/2001 de l'EES; L. Giddy, EA 19 (2001) 29. Pour les cam-
pagnes antérieures, voir Or 70, 457-458; le rapport annuel de MES dans JEA 86 (2000) 1-22.
Ajouter à la bibliographie: le rapport annuel de l'EES dans JEA 87 (2001) 1-22.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 121

chael H. Zach, «Das sogenannte 'Meroitische Ostrakon REM 1230'», ibid. 67-70.
Voir la très commode liste des sites faisant l'objet d'une étude de terrain dressée
par le NCAM: SARS Newsletter Autumn 2001, 2; Spring 2002, 3.

116. Faras: ajouter à la bibliographie: Stefan Jakobielski, «Tentative d'i-


dentification de certaines peintures de Faras», ET 19 (2001) 59-80.

117. Deraheib: l'équipe d'Alfredo et Angelo Castiglioni a publié le


rapport des fouilles menées en 1998-1999 sur le site de Deraheib'71. Les sondages
engagés sur le sud du site urbain en 1997 ont été poursuivis en quatre endroits, ain-
si que sur le site supposé d'habitation des mineurs. Ainsi, l'occupation du site à
l'époque romaine été mise en évidence par le matériel dégagé, avec une présence
antérieure à ces constructions probable. Les sondages menés dans le «château»,
supposé, par hypothèse, situé à l'emplacement qui correspondrait au temple du plan
des mines d'or du papyrus de Turin, n'ont révélé qu'une occupation à l'époque
ptolémaïque, sans préjuger de périodes antérieures. Une prospection du secteur des
mines de quartz a également été entreprise. Là encore, l'essentiel de la docu-
mentation renvoie essentiellement à l'époque romaine et à l'époque médiévale pour
les derniers temps d'occupation.

118. Ouadi Howar: depuis 1995, le projet pluridisciplinaire ACACIA


(«Arid Climate, Adaptation and Cultural Innovation in Africa») de l'Université de
Cologne mène des recherches archéologiques et géologiques dans la région du
Ouadi Howar au nord-ouest du Soudan. L'objectif central du projet reste l'étude
des relations entre le changement de l'environnement, le système économique et
l'évolution culturelle au cours de l'Holocène. Le Ouadi Howar, un ancien affluent
du Nil, s'étend sur une longueur de 1050 km à travers les marges méridionales du
Sahara depuis sa source, au Tchad oriental, jusqu'à la vallée du Nil. Lien important
entre l'Afrique centrale et la vallée du Nil, cette région révèle un riche passé ar-
chéologique. Plusieurs campagnes de fouille dans le Ouadi Howar et les régions li-
mitrophes (le Djebel Tageru, l'Erg Ennedi et le Ouadi Hariq) ont permis de décou-
vrir plus de 1800 sites archéologiques qui permettent de tracer l'évolution culturelle
de cette partie du Sahara entre le 6' et le 2' millénaire av. J.-Chr.
De mi-octobre à mi-décembre 2001, la mission pluridisciplinaire du projet
ACACIA de l'Université de Cologne a effectué une nouvelle campagne de re-
cherche dans la région du Ouadi Howar'72. Du 21 octobre au 11 novembre 2001, les
travaux se sont concentrés dans la région du Ouadï Hariq, un système de vallées si-

' Aimablement
communiqué par les auteurs: A. et A. Castiglioni - E. Llopis - J. Bruant,
Berenice Panchrysos (Deraheib) (Centro Ricerche sul Deserto Orientale; Varese 2001) 91. L'i-
dentification de Deraheib à Berenice Panchrysos ne repose, jusqu'ici, sur aucune preuve directe.
Rapport aimablement communiqué par Friederike Jesse. Pour les saisons de fouilles me-
Ill

nées de 1995 à 1999, on verra Or 69 (2000) 166 et également: B. Keding, «Prehistoric Investiga-
tions in the Ouadi Howar Region: A Preliminary Report on the 1995-1996 Season», Kush 17
(1997) 33-46, 1 fig., 9 photos; id., «New data on the Holocene occupation of the Ouadi Howar
region (Eastern Sahara/Sudan) », dans: L. Krzyaniak et al. (éd.), Recent Research into the Stone
Age of Northeastern Africa (Poznañ, Poznañ Archaeological Museum 2000) 89-104, 9 fig.; Ph.
Hoelzmann et al., «Environmental change and archaeology: lake evolution and human occupa-
tion in the Eastern Sahara during the Holocene», Palaeogeography. Palaeoclimatology, Palaeo-
ecology 169 (2001) 193-217, 11 fig. - Voir également plus haut.
122 Nicolas Grimai et Emad Adly

tué dans le sud-est du Sahara, environ 200 km au sud de la région de Laqiya Ar-
bain. En 1999, le projet ACACIA avait déjà mené des fouilles dans la partie sud-
est du Ouadi Hariq (site S97/5 et site S97/7). Un profil géologique (S9718), qui re-
flète toute l'évolution climatique de l'Holocène, a été également documenté. Ces
premiers travaux ont démontré l'importance du Ouadi Harïq comme zone de
contact entre le Ouadi Howar au Sud et la région de Laqiya Arbain au Nord. Des
analyses archéozoologiques ont permis d'établir des liens avec la vallée du Nil nu-
bien.
Les travaux de l'année 2001, sous la conduite de Friederike Jesse, se sont
concentrés sur les parties nord-ouest du Ouadi Hariq, inconnues jusqu'à présent
d'un point de vue archéologique. 100 sites ont été repérés au cours de prospections
intensives"'. D'après la céramique, la plupart appartiennent au faciès à céramique
géométrique (environ 2200 à 1100 av. J.-C.) de la région du Ouadi Howar. Peu de
sites peuvent être attribués à des phases antérieures à l'Holocène, caractérisé par le
décor «Dotted Wavy Line» et le décor de type «Laqiya».
Quatre sites (SOI/1 et SOl/4) ont livré des fragments d'ossements de faune
d'une excellente conservation, entre autre de girafes, moutons, chèvres et espèces
bovines, ainsi que de multiples tessons de céramique à décor géométrique et des
pièces lithiques. Des foyers étaient encore visibles sous une couverture peu épaisse
de sable éolien. Les deux sites s'intègrent bien dans le faciès à céramique géomé-
trique, reposant sur un système économique fondé sur l'élevage du menu bétail
(mouton et chèvre) et des espèces bovines ainsi que sur la chasse. Une concentra-
tion de tessons de céramique à décor «rippled ware» (site SOI/2) a été également
fouillée, associée à des meules dormantes ainsi que quelques éclats et fragments
d'oeuf d'autruche. Le décor «rippled ware» est connu dans des contextes des 5' et
4' millénaires av. J.-Chr. dans la région de Laqiya Arbain et la vallée du Nil. Le
site SOl/2 permet donc, comme le petit nombre de site à céramique «Dotted Wavy
Line» et de type «Laqiya», un regard sur les phases plus anciennes de l'Holocène
dans Ouadi Hariq.
La fouille d'une petire assise en pierre (site SOI/3) a révélé une structure cir-
culaire construite en blocs gréseux placés verticalement qui représente probable-
ment un abreuvoir. Plusieurs structures semblables sont encore visibles à proximité.
Des traces d'un puits, éloigné d'à peu près 30 m des assises en pierre, plaide éga-
lement en faveur de la présence d'abreuvoirs. En revanche, des charbons de bois,
décelés au cours de la fouille, indiquent une réutilisation de la structure comme
foyer. Plusieurs espèces d'arbres ont pu être identifiés parmi les charbons de bois.
Du 17 novembre au 7 décembre 2001, Stefan Kropelin (géomorphologue), a
dirigé une prospection géo-archéologique de la région du Ouadi Howar'74. Diffé-
rents sites géologiques et archéologiques ont été repérés dans le Ouadi Howar infé-
rieur et moyen ainsi que dans les régions autour d'El-Atrun, le Ouadi Hariq et le
plateau du Djebel Abyad.

L'équipe comprenait également Hubert Berke (archéozoologue), Wolfgang Frank (tech-


171

nicien), Daniela Hoist (étudiante en Préhistoire), Mathias Lange (préhistorien) et Nadja Pöllath
(archéozoologue). Le National Corporation for Antiquities and Museum (NCAM) était représen-
té par Muawiya Ah El-Tayeb, le Geological Research Authority of the Sudan (GRAS) par Mo-
hammed El-Mubarak Hamed.
L'équipe comprenait également Wolfgang Frank (technicien). Friederike Jesse (préhisto-
111

rienne), Mathias Lange (préhistorien) et Nadja Pöllath (archéozoologue). Muawiya Ah El-Tayeb


représentait le NCAM.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 123

On notera la présence de gravures rupestres à proximité d'une forteresse dans


le Ouadi Howar inférieur, qui date probablement de l'époque méroïtique. Ces gra-
vures furent déjà repérées au cours de la première campagne de fouille du projet
ACACIA en 1995. Une documentation photographique systématique en a été réali-
sée. Les gravures ont été travaillées sur des blocs horizontaux de quartzite et
représentent pour la plupart des signes schématiques; l'une d'elles peut être inter-
prétée comme un signe ânkh. Quelques figures humaines, ainsi que des animaux
(probablement des espèces bovines et des gazelles), sont également visibles.
Le site SOI NP6 dans le Ouadi Howar inférieur a révélé plusieurs concentra-
tions de céramique et d'ossements. Parmi la céramique, des décors dc type «Leiter-
band», mais également de type «motif en arêtes de poisson» sont présents. Ce der-
nier, connu jusqu'à présent uniquement sur plusieurs des habitats dunaires typiques
du Ouadi Howar inférieur, trouve des parallèles dans la céramique Pré-Kerma et du
Groupe A de la vallée du Nil. Une étude détaillée de ce site, envisagée pour la
prochaine saison de fouilles, permettra certainement de mieux établir les relations
entre les décors «Leiterband», caractéristiques du 4' et 3e millénaire av. J.-C. dans
la région du Ouadi Howar, et le motif «en arêtes de poisson», ainsi que de mieux
comprendre les relations avec la vallée du Nil nubien.

119. B uhen: ajouter à la bibliographie: Benoît Lurson, «Symétrie axiale


et diagonale, 2: les scènes des piliers de la cour du temple d'Horus à Bouhenx.,
GM 182 (2001) 77-86.

120. Meinarti: ajouter à la bibliographie: William Y. Adams, The Late


Meroitic, Ballafla and Transitional Occupation (SARS; Londres 2000).

121. Kulubnarti: ajouter à la bibliographie: William Y. Adams et al.,


Kulubnarti, III. The Cemeteries (Londres 1999).

122. S aï: la mission, qui s'est déroulée du 17 janvier au 3 mars 2001 17%
a compté treize participants, dont trois anthropologues dc l'Université de Bordeaux,
deux préhistoriens de l'Université de Louvain, deux archéologues lillois, les
membres de la SFDAS, Mme Geus et un inspecteur de la NCAM. Le travail avait
pour but de terminer des opérations commencées quelques années plus tôt en vue
de leur publication. On a pu, entre autres, achever la fouille d'un cimetière d'en-
fants du Kerma Classique (ca. 1600 avant J.-C.) qui témoigne de comportements
d'une qualité rare vis-à-vis des foetus et des nouveaux-nés et établir la présence
d'ossements animaux dans une couche d'occupation vieille de 2.000 ans. D'autre
part, la découverte de nouveaux sites, entre autres d'une vaste nécropole des pre-
miers siècles de notre ère, a permis d'affiner la connaissance de l'occupation de
l'île et de son statut à l'époque historique.

123. Sedeinga: la Mission archéologique française de Sedeinga


(SEDAU: Sedeinga Archœological Unit)"' a travaillé sur le terrain du 20 novembre

Rapport aimablement communiqué par Francis Gens. Pour les campagnes précédentes:
'75

Or 70, 460-461.
Rapport aimablement communiqué par Caherine Berger-el Naggar. Ont participé cette
76

année à la Mission, dirigée par Catherine Berger-cl Naggar (CNRS-FRE 2186), Patrice Lenoble
124 Nicolas Grimai et Emad Adiy

au 17 décembre 2000. Les travaux ont porté sur les secteurs I et II de la nécropole,
où ont été poursuivies les fouilles. Dans le secteur I, un nouveau carré de 20 m de
côté a été dégagé à la suite de ceux ouverts depuis 1997, pour tenter de préciser la
chronologie de cette partie du cimetière. Quatorze descenderies ont été mises en
évidence (I T79 à I T93). Une seule, I T83, a pu être ouverte. En surface sub-
sistent des traces d'une pyramide de briques crues, flanquée à l'Est d'une chapelle.
L'accès à la tombe se trouvait au centre de la pyramide. La courte descenderie est-
ouest, très pentue, était comblée de sédiments extrêmement durs: au fond, trois
rangs superposés de briques crues ont été atteints, sans doute les vestiges de la
porte de la tombe, dont une partie au moins a dû être construite dans le prolonge-
ment de la descenderie, bien que très peu de briques crues aient été retrouvées.
Juste au sud-ouest, pris dans les sédiments indurés, un bol de bronze (I T83 cl) au
profil caractéristique a été repéré ainsi qu'une jarre noire (I T83 c2) globulaire à
col bas, au décor géométrique impressionné; ce type de bol et de jarre est connu,
en particulier à Méroé, au premier siècle avant notre ère. La poursuite du dégage-
ment a été reportée à la prochaine campagne, pendant laquelle on devrait achever
également la coupe ouest-est entreprise depuis 1977, en rejoignant les sépultures
fouillées autrefois par la mission dans ce secteur.
Dans le secteur II de la nécropole, une bande de 5 m (est-ouest) sur 15 m
(nord-sud) a été dégagée juste à l'Est de l'ensemble fouillé antérieurement, révé-
lant l'accès à six nouvelles tombes (II T163 à II T168). Le travail commencé en
1999 a été poursuivi et 29 tombes ont été examinées. Toutes sont creusées à
l'Ouest d'une descenderie plus ou moins longue d'axe est-ouest; les fosses, très
proches les unes des autres, sont loin de correspondre chacune à l'une des quel-
ques pyramides retrouvées en surface. La pyramide II T74 par exemple (construite
elle-même au-dessus de la pyramide II Tl50) n'abrite pas moins de cinq descen-
deries sur son côté Est (II T74, II T80, II TlSl, II Tl52 et II T153). Plusieurs
tombes d'enfant ont été repérées dans cette zone; en général il s'agit de fosses la-
térales, parfois aménagées dans le prolongement d'une longue descenderie. La
tombe II T132 abritait dans un cercueil de bois un bébé allongé sur le dos, tête à
l'ouest; aucun matériel n'y était associé. L'ensemble du secteur a été très sévère-
ment pillé dès l'Antiquité. Plusieurs sépultures pourtant gardaient encore en place
la trace de leurs portes. Dans certains cas, il s'agit de dalles de schistes noire
dressées au fond de la descenderie. La chambre funéraire, dans ce cas, était creu-
sée dans le rocher assez profondément pour abriter un corps étendu sur le dos
tête à l'Ouest. Mais à plusieurs reprises (II T112 par exemple), la partie excavée
est très courte et l'essentiel de la tombe est construit en brique au fond de la des-
cenderie (tombes en ciste décrites par A. Vila). Le plus souvent, on a observé des
traces du bois des cercueils, réduit à l'état de poudre sous l'action des termites;
parfois stuqués, des fragments ont encore conservé des restes de couleurs vives.

(DRAC-Nantes), Aminata Sackho (ATER au Collège de France) et Vincent Francigny (SFDAS-


Khartoum), archéologues; Claude Carrier, épigraphiste; Caroline Rocheleau (doctorante à l'U-
niversité de Toronto) et Hourig Sourouzian (chercheur associé à l'Institut archéologique alle-
mand du Cafte) ont participé temporairement aux travaux. Le Service des antiquités du Soudan
était représenté par Atif Selim. Pour les campagnes précédentes: Or 70, 461. - Ajouter à la bi-
bliographie: Claude Carrier, «Quelques inscriptions provenant du secteur II de la nécropole de
Sedeinga», MNL 28 (2001) 55-66.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 125

Tout le secteur a été l'objet de nombreuses réoccupations de tombes, la dernière


semblant dater de la fin de l'époque méroïtique (4e5e siècle de notre ère). La
tombe II T155 par exemple a livré trois petits flacons de verre dont l'un, violet à
décor de marbrures jaunes, est la réplique exacte d'une verrerie mise au jour à
Méroé dans un contexte du méroïtique final, ou d'une autre provenant de Firka
(au Sud de la 2e cataracte) et datée des environs du 5e siècle de notre ère. Déjà,
en 1999, dans cette zone, la tombe II T114 avait livré un matériel très caractéristique
de la fin de l'époque méroïtique. Mais la découverte la plus intéressante est sans
doute plus ancienne. La tombe II T163, complètement bouleversée et quasiment
vide d'ossements, a livré les restes d'un couvercle de cercueil écrasé sur le sol et
disloqué, en partie plaqué contre les parois nord et sud de la chambre. Le
couvercle de bois, qui présente nettement des traces de plâtrage, était recouvert de
bandes d'étoffes soigneusement collées et peintes de scènes égyptisantes où l'on
reconnaît, sous un large collier surmontant Isis accroupie protégeant l'ensemble, de
ses bras ailés, des vignettes du Livre des Morts. Traitées assez grossièrement, ces
scènes sont flanquées de théories de personnages momifiés, debout, ou encore de
processions d'hommes vêtus de pagne se tenant par la main. Aucun élément de la
tête ou des pieds n'a été repéré.
Parmi le matériel recueilli dans ce secteur, on notera encore un couronnement
de pyramide en grès, complet avec son tenon surmonté d'une boule et d'un épa-
nouissement en plumet, retrouvé, tombé sur place, fiché au cour des briques de la
pyramide II Tl41. Dans le secteur W, fouillé autrefois par la Mission Michela
S. Giorgini, on a entrepris des nettoyages pour faciliter les relevés de cet en-
semble de neuf tombes creusées à l'écart et renfermant un matériel d'une richesse
exceptionnelle, dont la publication reste à faire.
Claude Carrier, épigraphiste, a collationné l'ensemble des inscriptions méroï-
tiques découvertes à Sedeinga et conservées sur le site, préparant la publication de
celles encore inédites et vérifiant des lectures de certains documents déjà signalés.
Hourig Sourouzian a profité d'une mission à Soleb, consacrée à l'étude de la sta-
tuaire du pharaon Amenhotep III, pour venir étudier les restes de deux statues de
granite noir, découvertes à Sedeinga dans le temple de la reine Tiy: l'une figure,
debout dans l'attitude de la marche apparente, «la reine Tiy, aimée d'Amon qui ré-
side dans Hwt-Tiy (Sedeinga)x.; l'autre, qui représente une femme assise, est celle
de La grande magicienne «Ouret-hekaou, à la tête de la fondation d'Amenhotep
III: Kha-em-Maât (Soleb»>. Cette dernière, qui gisait à l'Est du temple, semblerait,
d'après H. Sourouzian, dater de la XXVC dynastie.

124. Zone de la 3" cataracte: ajouter à la bibliographie des graffiti


de la 3' cataracte: Kemet 11/2 (Avril 2002) 60-63. Sur les sites dc la zone: David
Edwards - Ah Osman, «New Kingdom and Kusbite Sites in the Third Cataract Re-
gion, Sudanese Nubiax., GM 182 (2001) 17-31.

125. Nauri: ajouter à la bibliographie: Dorian Q. Fuller David N.


Edwards, «Medieval Plant Economy in Middle Nubia: Preliminary Archacobotani-
cal Evidence from Nauri», Sudan & Nubia 5 (2001) 97-103.

126. Kerma: la 25e campagne de fouilles de la Mission suisse à Kerma


(État du Nord-Soudan) a débuté le 29 novembre 2000 et s'est terminée le 5 février

Otientalia - 9
126 Nicolas Grimai et Emad Adly

2001177. Le Directeur de la Section des fouilles archéologiques du Département des


Antiquités et des Musées nationaux du Soudan (NCAM), Salah Ed-Din Mohamed
Ahmed, a collaboré aux travaux scientifiques et administratifs; c'est également sous
sa responsabilité qu'ont été placés les travaux de restauration menés sur le site de
Doukki Gel. Durant 15 jours en décembre 2000, Yassin Mohamed Said a levé le
plan topographique de ce dernier site. Onze spécialistes suisses et français ont par-
ticipé avec compétence aux recherches dans leurs domaines respectifs. M. Honne-
ger a poursuivi son étude des établissements pré- et protohistoriques dans la nécro-
pole de Kerma et aux environs immédiats. Il a aussi conduit une prospection des
terrains situés à l'est des ensembles en cours de fouille. Dans la ville antique, les
investigations ont une nouvelle fois porté sur les systèmes de défense, notamment
au nord, où le front des fortifications successives s'étend sur une vaste surface. 35
fours ont été retrouvés à proximité. L'analyse des élévations de la deffufa occiden-
tale a permis d'observer le détail des chaînages de bois de ce massif de briques
crues. Dans la nécropole orientale, le dégagement des 4000 bucranes déposés au
sud d'une tombe princière du Kerma Moyen a été achevé. Quant au site de Doukki
Gel, il a réservé bien des surprises. L'excavation d'une partie d'un temple
d'Akhenaton a montré que son sanctuaire était édifié sur les restes d'un temple que
des dépôts de fondation datent du regne de Thoutmosis 1V. Les occupations
napatéenne et méroltique ont laissé des traces sur tout le site et l'enchevêtrement
des maçonneries rend l'étude particulièrement délicate. Un grand effort a été réalisé
pour la conservation et la restauration des mines; il est indispensable de mettre en
valeur le complexe architectural de Doukki Gel qui illustre de manière exemplaire
la continuité culturelle de ce territoire nubien.
La 26e campagne de fouilles a débuté le 29 novembre 2001 et s'est terminée le
5 février 2002. Les Raïs Gad Abdallah, Saleh Melieh, Abdelrazek Orner Nun et
Idriss Osman Idriss ont dirigé les 150 ouvriers répartis sur cinq chantiers. L'inspec-
teur du Département des Antiquités et des Musées nationaux du Soudan (NCAM),
Al Kazafi Youssif ls'Hag, a collaboré aux travaux de terrain et participé à la ges-
tion admistrative. Le programme d'étude des établissements et cimetières préhisto-
riques dans la nécropole et du côté oriental, aux limites du désert, s'est poursuivi
sous la direction de M. Honegger. Au nord-est de la ville antique ont été dégagés
les restes d'un poste fortifié arrondi, indépendant du système de défense. Il s'agit
d'une structure sans équivalent à ce jour, d'un caractère plus africain que nubien.
Une petite agglomération du Kerma Moyen (vers 2000 av. J.-C.) a été retrouvée au
sud de ce secteur, ainsi que quelques sépultures contemporaines. Le site de Doukki
Gel a livré une nouvelle information sur l'occupation du Nouvel Empire. Le dé-
gagement d'une allée cérémonielle (Fig. 15) a conduit vers les vestiges d'un palais
édifié sans doute à la XVIIP dynastie. La localisation exacte de deux dépôts de
fondation est venue compléter les analyses de la saison précédente et a permis d'at-
tribuer la construction du temple à Thoutmosis IV (Fig. 16 b). L'édifice subira une
violente destruction par Akhenaton (Fig. 16 a). Le puits méroïtique, fouillé sur 2
mètres de profondeur, il y a un an, s'enfonce à plus de 7 mètres dans une structure
plus ancienne. Les restaurations menées au cours des deux mois ont donné un cer-
tain relief aux boulangeries orientales et à plusieurs maisons du même quartier. Des

177 Rapports aimablement communiqués par Charles Bonnet. Pour les campagnes précé-
dentes: Or 70, 462-464. Ajouter à la bibliographie: Ch. Bonnet et al., Geneva 49(2001)197-234.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 127

consolidations ont renforcé le côté nord de la deffufa où les effondrements du mas-


sif sont alarmants.
Ajouter à la bibliographie: Margaret Judd, «Palaetrauma: a profile of personal
injury during the Kerma Period», Sudan & Nubia 5 (2001) 21-28.

127. Gism el-Arba: la campagne de I'ESA 8027 du Centre national


de la Recherche scientifique et de l'Universite de Lille III s'est déroulée du 24 dé-
cembre 2001 au 27 février 2002'. La concession, située dans la partie septentrio-
nale du Ouadi al-Khowi, dans le village de Kadruka, comporte de nombreuses ins-
tallations qu'a révelées la prospection. La dernière campagne a porté sur l'analyse
de la partie centrale de l'habitat 2, daté du Kerma classique et du début du Nouvel
Empire. Les bâtiments mis au jour précédemment étaient d'un type particulier et
inédit, inconnu jusqu'à présent dans la vallée du Nil à notre connaissance et néces-
sitaient une étude approfondie, comme le montrent les résultats de la dernière cam-
pagne. La recherche d'une éventuelle enceinte ou d'un système défensif a pour
l'instant été négative, malgré plusieurs sondages et décapages effectués le long de
la rive d'un bras ancien du Nil qui longe le site sur le côté occidental.
La fouille d'un bâtiment important en briques crues, la structure 68, située au
centre de l'établissement a été poursuivie; de 12,5 x 7,7 m de côté, il se compose
de quatre salles dallées de briques crues, réparties autour d'un vestibule central al-
longé de 3 m de large. On y accède par une entrée principale située dans le mur de
façade sud; celui-ci est doublé sur toute sa longueur par une rangée de briques fai-
sant office de mastaba. Le déblaiment de l'épais niveau de demolition incendiée
qui scellait l'occupation des pièces 2 et 3 a mis en évidence une importante
concentration de matériel. L'entrée de la pièce 4 était encadrée de deux bases de
grès, peut-être celles de colonnes. Les vestiges matériels mis au jour lors de cette
dernière campagne se caractérisent par une importante quantité de céramiques: de
grandes jarres de stockage dont l'une remplie de graines carbonisées, des poteries
de fabrication Kerma parmi lesquelles de nombreux beakers, des vases importés en
pâte calcaire. Une jarre globulaire de facture Kerma était enterrée dans l'angle sud-
ouest de la pièce 2; elle avait été calée par des fragments de meules et un vase à
parfum, en forme de gobelet, en pierre fine noire. Le matériel lithique est abon-
dant, essentiellement des outils polis, meules et polissoirs; une grande quantité de
branchages et des restes de planches carbonisées ont pu servir de supports. Des
perles en restes de coquille d'oeuf, de l'ocre jaune et des modèles de vases étaient
enfermés dans une concrétion creuse de grès ferrugineux placée dans une cachette.
De nouveaux vases à parfum en albâtre et un pommeau de dague en ivoire ont
également été découverts dans le vestibule, ainsi que le seul modèle de bovidé dé-
couvert in situ dans un niveau Kerma classique, des poinçons en os, un grand cauri
et des perles diverses.
Plusieurs structures en briques ont été dégagées à la périphérie: un bâtiment
proche des grandes unités de l'habitat 1 et de petits modules quadrangulaires.

Rapport aimablement communique par Brigitte Gratien. L'équipe était composée de Bri-
78

gitte Gratieo, directeur de la mission, Giorgio Nogara, Séverine Marchi, Olivier Thuriot, San-
drine Gniady, Cécilia Populaire, Dominique Girard; M. Muayya Ah el-Teib, inspecteur au Ser-
vice des Antiquités du Soudan, représentait le NCAM. Pour les campagnes précédentes: Or 70,
464-465.
128 Nicolas Grimai et Emad Adiy

Immédiatement au Sud, le vaste ensemble mis au jour lors de la campagne


précédente est aujourd'hui confirmé. Il s'agit d'un grand bâtiment, â l'aile orientale
très bien conservée, occupé et restauré à plusieurs reprises. Deux états de construc-
tions en briques crues disposées en carreaux et en boutisses ont été distingués,
composés de trois pièces quadrangulaires adjacentes; des traces de poutres carboni-
sées, ainsi que de nombreuses pierres, des fragments de meules pour la plupart,
d'une épaisseur constante de 6-7 cm, retrouvés dans les niveaux supérieurs de la
couche de démolition, nous permettent de proposer une reconstitution de la toiture,
très proche des couvertures des maisons contemporaines, soit un toit plat reposant
sur des poutres calées par des pierres plates de récupération.
Le troisième réaménagement du complexe voit l'installation de modules im-
portants à substructures de pierres, dans l'enceinte et à la périphérie immédiate du
bâtiment. Une importante structure à soubassement de pierres est installée dans
l'espace central, STR 69. L'architecture de pierres est faite de blocs régulièrement
espacés (50 cm en moyenne), d'un module dc 40 cm environ. Ces blocs aux alti-
tudes supérieures régulières ont servi de support à des sablières basses. Le niveau
des seuils permet de restituer le niveau de circulation à la base des blocs. Les
blocs, aux altitudes régulières, permettaient selon toute vraisemblance, de supporter
un plancher de bois dont des traces ont été relevées en coupe dans une structure si-
milaire. Un escalier de quelques marches en briques crues a alors été construit pour
accéder à ce niveau surélevé dont l'accès principal se situait du côté Sud. Tout ce
secteur a été détruit, comme le bâtiment 68, par un ou plusieurs incendies très vio-
lents qui ont fait éclater les pierres. Il est tentant de les mettre en relation avec
l'arrivée des troupes égyptiennes à la XVIII' dynastie. Le niveau du Nouvel Empire
n'a pas été fouillé durant cette campagne mais plusieurs amulettes, scarabées,
perles... de cette période on été découverts en surface, ainsi que plusieurs dizaines
de figurines animales (bovidés, ovi-caprinés, canidés, équidés).
Les caractéristiques structurelles, la quantité et la qualité du matériel archéo-
logique, font de la structure 68 un bâtiment exceptionnel, dont l'analyse permettra
de déterminer la fonction. Dans l'état actuel des découvertes, son importance est
indéniable. Le plan est original et la qualité de construction remarquable. L'habitat
2 de Gism el-Arba étant situé au bord d'un bras du Nil ancien, on pourrait y voir
un poste commercial, relais sur les routes du sud, complété par une résidence,
siège de l'administration, dont la structure 68 et les bâtiments originaux qui l'en-
tourent constitueraient le point central. La diversité du matériel, sa richesse, les
nombreuses importations égyptiennes de qualité, semblent le confirmer, bien que
l'on n'ait trouvé encore aucun matériau exotique africain significatif; les quelques
empreintes de sceaux de type égyptien et Kerma classique, et les scaraboides de
terre cuite récemment découverts appuient cette hypothèse.
Les phénomènes d'acculturation et les emprunts technologiques de Kerma à
l'Egypte sont visibles, essentiellement dans les modes de construction du dernier
niveau et dans les modifications des types de cuisson de la céramique. L'habitat 2
de Gism el-Arba profitait des échanges internationaux, au contraire de l'habitat 1 et
des autres villages de l'intérieur des terres. Pour la première fois a été dégagée une
architecture composite de type africain, avec soubassement de pierres, et élévation
de bois et terre ou briques crues.

128. K a w a: sur les travaux de la Sudan Archœological Research Society


à Kawa depuis 1997: Derek Welsby, «An early Kushite shrine at Kawa in northern
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 129

Sudan», EA 19 (2001) 25-27; id., «Kushite buildings at Kawa», BMSAES 1, 31-45;


Derek A. Welsby, «Excavations within the Pharaonic and Kushite site at Kawa and
in its hinterland, 2000-2001», Sudan & Nubia 5 (2001) 64-70.

129. Environ de Kawa: sur la première campagne du Centro Veneto


di Studi Classici e Orientali sur le site néolithique R12: Sandro Salvatori - Do-
natella Usai, «First Season of Excavation at Site R12, a Late Neolithic Cemetery in
the Northern Dongola Reach», Sudan & Nubia 5 (2001) 11-20; eidem, «First Sea-
son of Excavation at Site R12, a Late Neolithic Cemetery in the Northern Dongola
Reach (Kawa, Sudan)», Rivista di archeologia 25 (2001) 12-34, 23 fig. (35-56); Fe-
derica Crivellaro, «Human Skeletal Remains from R12, a Late Neolithic Cemetery
in the Northern Dongola Reach (Sudan): a Descriptive Anthropological Study»,
ibid. 57-61.

130. Hambukol et bassin de Letti: ajouter à la bibliographie:


K. Grzymski - J. Anderson, Hambukol Excavations 1986-1989 (Benben Publica-
tions, Mississauge 2001).
Du 7 au 19 novembre 2001, l'équipe du Royal Ontario Museum dirigée par
K. Grzymski a poursuivi ses investigations dans le bassin de Letti'79. Les travaux se
sont concentrés sur le site pré-napatéen ROM 204 où on a dégagé une zone de
86 m2. On a trouvé des traces d'habitat, avec une céramique à 95% locale et 5%
d'origine égyptienne. Deux datations au 14C suggèrent une datation entre 1000 et
850 av. J.-C.

131. Kadruka: sur les travaux menés de 1975 à 2000: Jacques Reinold,
«Kadruka and the Neolitithic in the Northern Dongola Reach», Sudan & Nubia 5
(2001) 2-10.

132. Old Dongola: sur les travaux de l'équipe de Julie Anderson: Ke-
met 10/4 (octobre 2001) 84-85.
La mission dirigée par Stefan Jakobielski a poursuivi ses travaux dans le mo-
nastère de la Sainte Trinité en janvier et février 2002'>°.
Ajouter à la bibliographie: Adam Lajtar, «Heb. 5. 4 in a Graffito in the West-
ern Annex of the Monastery on Kom H at Old Dongola», ET 19 (2001) 209-216;
Malgorzata Martens-Czarnecka, «Suggestions on Dating of some Murals from the
Monastery in Old Dongola», ibid. 217-236.

133. Région de Khartoum: plusieurs propositions d'intervention et


de sauvetage on été formulées par le directeur de la NCAM. La seule ayant donné
lieu à une inspection concerne un site proche de Khartoum, où ont été dégagés par
accident, il y quelques années, deux fragments importants d'une statue colossale en
granite du roi Aspelta (début du 6e siècle avant J.-C.), dont le règne marqua un
tournant important dans l'histoire de l'Etat Koushite. D'autres monuments du
même roi ayant été découverts jadis par Jean Vercoutter dans un secteur proche,

''
Rapport aimablement communiqué par K. Grzymski. L'équipe comprenait également:
J. Anderson, S. Lecointe et Nagla Abdin.
D'après Polish Center Newsletter 8 (2002). Pour le rapport 2000: Stefan Jakobielski,
111

PAM 12 (2001) 265-280.


130 Nicolas Grimai et Emad Adiy

une prospection et des sondages semblent souhaitables, d'autant qu'on ne dispose


pratiquement pas d'informations sur l'extension méridionale de la civilisation ur-
baine à cette époque et que la visite du site laisse présager la présence de struc-
tures de briques. Une localité voisine, marquée en surface par de petits monticules
couverts de briques stuquées, a également été visitée"'.
Au Sudan National Museum de Khartoum, Claude Rilly a effectué une mis-
sion du 22 décembre 2001 au Il janvier 2002'. Il s'agissait de dessiner et de pho-
tographier une trentaine de documents méroïtiques, conservés pour la plupart dans
les réserves du Musée de Khartoum, pour lesquels n'existait pas de reproduction de
qualité satisfaisante. A cette première série d'inscriptions se sont ajoutées plusieurs
dizaines de documents inédits. Grâce à la collaboration bienveillante des autorités
du Musée et de la Section Française de la NCAM dirigée par Francis Geus, c'est
en tout 70 objets qui ont été étudiés. On notera particulièrement une couverture
photographique complète et un fac-similé exhaustif de la stèle à quatre faces ins-
crites communément appelée "Obélisque de Méroé" (REM 1041), pour laquelle
n'existait pour l'heure que des reproductions très partielles et une translittération
fautive. La publication de cette inscription, datée de l'époque de la Candace Ama-
nishakheto, autour de début de l'ère chrétienne, devrait prende place dans la pro-
chaine livraison des Meroitic Newsletters (novembre 2002). Le revers d'une stèle
découverte au début du siècle dernier par Garstang à Méroé, et étudiée sommaire-
ment par Griffith (REM 0406), a fourni le cartouche lacunaire, mais reconnais-
sable, de la même reine Amanishakheto, ainsi que son nom de couronnement égyp-
tien, inconnu jusqu'ici, kheperrkarê. De nombreux ostraca inédits d'époque tardive
(3e/4e s. apt J.-C.) ont été également étudiés, fournissant quelques signes nouveaux
utilisés dans des compatibilités.

134. Banganarti: Bogdan Zurawski a entrepris en janvier 2002 la


fouille d'un bâtiment décoré de peintures murales dans le village de Banganarti, à
environ 10 km sud de Old Dongola'83.

135. Survey de la région Sud de Dongola: pour la campagne


2000, voir le rapport présenté par Bogdan Zurawski, PAM 12 (2001) 281-292.

136. Gebel Barkal: la 28, campagne de l'Université de Roma <(La


Sapienza», s'est déroulée, sous la direction d'A. Roccati, en février 2002184.
L'objectif premier de la campagne était l'étude, le relevé et la restauration des
trouvailles de la zone nord-ouest de B1500 et de la zone B2400, que l'on peut dé-
sormais considérer comme le quartier résidentiel des rois de Napata d'époque mé-
roïtique, dont l'acmé se situe sous le règne de Natakamani. On a également pris un
moulage de la grande statue de lion découverte à l'entrée sud du palais, ainsi que
d'une tablette méroïtique et d'une dalle de verre. Dans le palais de Natakamani

Rapport aimablement communiqué par Francis Geus.


SI

Rapport aimablement communiqué par Claude Rilly.


82

D'après Polish Center Newsletter 8 (2002).


IS)

Rapport aimablement communiqué par Alessandro Roccati. Ont participé également à la


84

mission: Barbara Russo, Martin Pittertschatscher, Sebastian Speiser, Loredana Sist, Carlo Cataldi
Tassoni, Flaminia Cruciani, Giacomo Lovera, Huda Mazgoub (INCAM). Pour la campagne 2000:
Or 70, 468-469.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 131

(B1500), on a mené à bien le dégagement du quart nord-est de la zone. On a pu


ainsi restaurer le tracé du bâtiment original et ses connexions avec les bâtiments
environnants. On a poursuivi les dégagements en B2400 et mis au jour, à mi-
chemin entre les deux ensembles B1500 et B2400, une structure importante
(B3200) en brique crue. On y a dégagé une pièce au plafond soutenu par deux co-
lonnes de grès, encore en place sur leur base sur une hauteur de 1 m, dont les murs
étaient décorés de peintures aux couleurs vives, sur lesquelles on devine encore un
serpent. Une ruelle séparait ce bâtiment d'un autre, au nord.
Sur la restitution au Soudan d'une statue de vive-roi de Kush provenant du
Gebel Barkal: SARS Newsletter Spring 2002, 4.

137. Zone de I a 41 Cataracte: sur le survey effectué fin 1999 par


le SARS dans la zone menacée par le projet de barrage de la 4c cataracte (Or 70,
469-470), voir désormais: Derel A. Welsby, «Der Armi-Kirbekan Survey (1999)»,
Der Antike Sudan 12 (2001) 110-120.

138. Kurgus: sur les campagnes de 1998 et 2000: Vivian Davies,


«Kurgus 2000: the Egyptian Inscriptions», Sudan & Nubia 5 (2001) 46-58; Isabella
Welsby Sjôström, «Excavations at Kurgus: The 2000 Season Results», ibid. 59-63.

139. Méroé: la campagne 2000-2001 de l'expédition du Royal Ontario


Museum dirigée par K. Grzymski et Ah Osman s'est déroulée en une série de
brèves interventions 185 du 29 septembre au 7 octobre 2000; un survey de surface a
été conduit, au cours duquel on a relevé inscriptions, reliefs et graffitis. Du 2 no-
vembre au 2 décembre 2000, on a exploré la cour M 271 dans le temple d'Amon,
mettant au jour des escaliers conduisant au pylône. On a dégagé la face orientale
de pylône nord des débris laissés par Garstang et exécuté un nouveau plan de la
cour. On a procédé à de nouvelles fouilles dans le secteur M7l2, dans la partie
orientale du site, mettant au jour un ensemble domestique d'époque méroïtique. Du
20 mars au 6 avril, on a terminé le relevé des objets et la restauration du pylône
nord.
La seconde campagne a eu lieu du 4 au 18 mars 2002 86 Elle s'est limitée au
relevé magnétométrique et au nettoyage du site. La prospection a révélé la présence
d'une importante structure de l'autre côté de la voie processionnelle, probablement
une extension du temple MJE 105; elle a permis de découvrir de nouveaux détails
du plan du palais M 750, et une rue large de 10 m. Enfin, dans la partie sud de la
cité royale, on a repéré une série régulière de cercles à proximité de la porte sud:
probablement une colonnade ou des trous d'arbres.
Ajouter à la bibliographie: Claude Carrier, «Un fragment d'amphore inscrite
provenant de Méroé et conservé à Bruxelles (E 3652)», MNL 28 (2001) 9-20;
Claude Rilly, «Approche comparative de la paléographie et de la chronologie

» Rapport aimablement communiqué par K. Grzymski. Ont également participé à ces inter-
vention: A. Blaszczyk, dessinatrice, Ah Mirghani, inspecteur; J. Anderson, C. Rocheleau, Ho-
weida Muhammad, Azhari Mustafa, Mahmoud Sohiman, inspecteur.
Rapport aimablement communiqué par K. Grzymski. Ont également participé à la mis-
86

sion: T. Herbich et Mohammed Abdeiwahab, géophysiciens; C. Rocheleau, archéologue; Moa-


wia Ahi, inspecteur.
132 Nicolas Grimai et Emad Adly

royale de Méroé», ibid. 71 sq.; D. N. Edwards, «Meroitic Ceramic Chronology:


Exploring the Meroe West Cemeteries)), AZANIA 34 (1999) 25-44, 7 fig.

140. El - H a s sa: du 20 novembre au 22 décembre 2000, une première


campagne a été menée par le Centre national de la Recherche scientifique associé à
la SFDAS, à la suite d'un survey effectué par Jaques Reinold et Vincent Rondot au
printemps 2000, sur les sites d'El-Hassa et Damboya, à 160 km au nord de Khar-
toum"'. Un relevé topographique de la ville, du temple d'Amon et des ateliers voi-
sins situés à El-Hassa a été réalisé, ainsi que, à Domboya, du palais royal et de
l'habitat associé.

141. Musawwarat es-Sufra: sur la campagne 1999 de la Sudan-


archäologische Gesellschaft zu Berlin: H.-U. Onasch, «Feldarbeiten des Seminars
für Sudanarchàologie und Agyptologie der Humboldt-Universität zu Berlin in Mu-
sawwarat es-Sufra. Fünfte Kampagne, Teil 1: 20. 02 - 31. 03. 1999», Der Anti/ce
Sudan 11(2001) 51-58. Pour la campagne 2000: Steffen Wenig, «Feldarbeiten des
Seminars fUr Sudanarchàologie und Agyptologie der Humboldt-Universitàt zu Ber-
lin in Musawwarat es-Sufra. Fünfte Hauptkampagne, leu 2: 10. 01 - 30. 03.
2000», ibid. 13-15; id., <Bericht Uber die Arbeiten der SAG im Jahre 2000 in
Musawwarat es-Sufra», Der Anti/ce Sudan 12 (2001) 12-19.
Ajouter à la bibliographie: Wolf, «Untersuchungen zur Baugeschichte an der
Nordseite der Zentralterrasse», Der Antike Sudan 11 (2001) 16-23; R. Mucha -
1h. Schreibner, «Untersuchungen in den Höfen 115, 116, 117 und 120 der Grol3en
Anlage von Musawwarat es-Sufra», ibid. 24-29; D. Eigner, «Architektursondagen
der Kampagne 2000 in Musawwarat et-Sufra», ibid. 30-33; R. Mucha, «Untersu-
chungen im Hof 521 der GroBen Anlage und im Komplex ID», ibid. 34-37; T. Kar-
berg, «Bericht über die Aufnahme der Steinmetzzeichen der Grol3en Anlage», ibid.
38-40; A. Dittrich, «Architekturblock aus der GroBen Anlage von Musawwarat es-
Sufra mit en face-Darstellung einer geflugelten Göttin», ibid. 58-61; J. Helmbold,
«Em kleiner 'Tempelschatz' - Das Fayencekàstchen aus Musawwarat es-Sufra»,
ibid. 62-72; D. Billig, «Die Trompete aus dem Statuentempel II D von Musaw-
warat es-Sufra», ibid. 72-79; mes Gerullat, «Zusammenfassender Bericht zur vor-
lbufigen Dokumentation der Keramikfunde der Ausgrabungskampagnen in den Jah-
ren 1960 bis 1968 in Musawwarat es-Sufra», Der Anti/ce Sudan 12 (2001) 64-79;
Ulrike Nowotnick, «Drei Architekturblöcke aus der Grossen Analage von Musaw-
warat es-Sufra mit figürlichen Darstellungen», ibid. 94-101; Malgorzata Daszkie-
wicz - Gerwulf Schneider, «Chemical and mineralogical-petrographic composition
of fabrics from Musawwarat es-Sufra, Sudan», ibid. 80-88; Martin Fitzenreiter, Die
kleine Anlage. Mit Beiträgen von A. Seiler und I. Geruilat (Musawwarat es-Sufra
II = Meroitica 17/1; 1999); David Edwads, A Meroitic Pottery Workshop at Musaw-
warat es-Sufra (Musawwarat es-Sufra III = Meroitica 17/2; 1999); Steffen Wenig,
«Musawwarat es-Sufra. Intrerpreting the Great Enclosure», Sudan & Nubia 5
(2001) 71-86; Dieter Eigner, «Notes on the 'non-sacred' parts of the Great Enclo-
sure», ibid. 86-88.

Rapport aimablement transmis par J. Leclant. L'équipe était composée de Vincent Ron-
87

dot (Cnrs). Patrice Lenoble (Ministère de la Culture), Jacques Belin, topographe (IGN); Moha-
med Farouk Abdel Rahman (NCAM); Abdel Moneim Ahmed Abdallah, Amira Abdel Rahim
Aly, Nada Babiker (Université dc Chendi).
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 133

142. Ouadi Awateb: en février et mars 2001, Bobrowski e!. M. Jor-


deczka (PAN Poznaà), ont exploré, dans le cadre de la mission de l'Agyptolo-
gisches Museum de Berlin à Naga'88, le milieu du secteur de Ouadi Awateb, entre
Gebel el-Naga et Gebel el-Kuhmndjar. Ils ont repéré environ 80 sites, dont 18 ont
été relevés. Ce sont des campements, des agglomérations, des cimetières, ainsi que
des gisements de surface, qui vont du Paléolithique à l'époque méroïtique. Ce sur-
vey doit être poursuivi en 2002.

143. Al - M e r a g h: à la suite de la découverte de la cité méroïtique


d'Al-Meragh en 1996, Timothy Kandali a entrepris, avec le NCAM et l'appui de la
Fondation Michela Schiff-Giorgini, la fouille du site et un survey de cette zone de
la Bayuda'89. Une première campagne a eu lieu en décembre 1999 et mars 2000,
puis en novembre 2000, avec une équipe renforcée. Elle a permis de réaliser un re-
levé général du site et des ramassages de surface. Quatre bâtiments principaux et
cinq secondaires sont apparus, orientés selon les points cardinaux, en brique crue,
mais pourvus de colonnes et d'huisseries en grès finement gravé. Ils constituent le
coeur d'un ensemble plus vaste, entièrement en brique crue. Un premier sondage
dans le bâtiment le plus au nord (AM 700) a permis de dégager deux salles au pla-
fond soutenu par des colonnes massives. L'ensemble est manifestement résidentiel.
Trois cimetières associés ont été explorés, et on a entrepris la fouille d'un tumulus,
qui s'est avéré intact. Le dégagement de la nécropole a montré que les tumulus se
sont développés au-dessus en utilisant les structures d'habitat méroïtiques. Le son-
dage effectué dans AM 700 avait révélé la présence de traces d'incendie. Celles-ci
se retrouvent dans le niveau antérieur à la nécropole, confirmant une durée de vie
assez courte de l'agglomération, problablement détruite par le feu et jamais re-
construite. On a fouillé une large maison double (AM 600), faite de deux habitats
accolés qui rappellent les maisons égyptiennes du Nouvel Empire. L'ensemble
donne l'impression d'avoir constitué un riche avant-poste kouchite, construit pro-
bablement en une seule fois, sur plan conçu à l'avance, afin de loger des fonction-
naires appelés à travailler dans la zone, et dont la durée n'a pas dû dépasser deux
générations. S'il en est bien ainsi, celle implantation ne doit pas être la seule, et le
pouvoir méroïtique doit avoir gouverné toute la zone du Ouadi Muqaddam, au
moins jusqu'à la destruction d'Al-Meragh. Un survey des sites du Ouadi Muqad-
dam a donc été réalisé. Il a permis la description des sites suivants: Tamtam; le
puits d'Al-Likhrit; la route entre Tamtam!Al-Likhrit et Umm Burra, le long de la-
quelle on a repéré un ensemble de tumulus et un tumulus isolé; les deux puits et
l'ensemble de tumulus d'Umm Burra; El-Hosh; la route entre El-Hosh et Heza-
miya; les tumulus de Jubal Hezamiya; le puits et l'ensemble de tumulus de Heza-
miya; la route entre Hezamya et Al-Meragh; les ensembles de tumulus d'Umm
Mereikh, Abu Dakka et Jebel el-Meragh; le site d'Al-Meragh; la route entre Al-
Meragh et Umm Tub; des graffitis dans des grottes du Jebel Jihara; le puits et les
tumulus de Wad el-Em; le puits et les tumulus de Umm Tub; la route entre Umm
Tub et Umm Jeggara et les tumulus qui la bordent; le puits d'Umm Jeggara; la
route entre Umm Jeggara et Korti; les tumulus de Gireid-Fuweika; le puits d'Ai-
Kohara; Korti.

D'après Polish Center Newsletter 8 (2002). Pour la campagne de 1999: Or 70, 472-473.
188

Rapport aimablement communiqué par Timothy Kendall.


189
134 Nicolas Grimai et Emad Adly

144. K a de r o: Lech Krzy±aniak (Musée archéologique de Poznafi) a


conduit, en novembre et décembre 2001, la quinzième campagne sur le site de Ka-
dero'90. Deux dépotoirs, restes d'une installation du 9 millénaire av. J.-C., ont été
sondés, livrant objets et restes végétaux et humains. Dans le cimitière néolithique,
12 nouvelles tombes ont été fouillées. On y a trouvé, entre autres, un instrument en
os décoré, qui pourrait être un instrument de musique. L'étude géomorphologique a
permis de découvrir un ancien bras du Nil, dont des sédiments ont été prélevés
pour étude.

145. Ouadi Ben Naga: Wad Ben Naga est l'un des sites majeurs de
la région centrale de l'empire méroïtique. Placé sur le Nil en aval de la sixième ca-
taracte, au débouché de plusieurs routes terrestres, il flit de toute évidence l'un des
maillons essentiels du commerce à longue distance pendant cette période (4e siècle
avant J.-C. - 4e siècle après J.-C.). Il flit aussi, si l'on en croit les fouilles qu'y di-
rigea Jean Vercoutter entre 1958 et 1960, une importante résidence royale. C'est là
aussi, dans les ruines d'un vaste temple qui n'est toujours pas fouillé, que flit dé-
couvert, au 19e siècle, un reposoir de barque sacrée qui permit le déchiffrement de
l'alphabet méroïtique. Or, le site est situé dans un secteur fertile et peuplé, près
d'une gare de chemin de fer, et, de ce fait, comme l'a confirmé une inspection
faite en 2000, il a souffert plus que tout autre dans la région de destructions répé-
tées, que la Direction des Antiquités a le plus grand mal à maîtriser. Comme les
fouilles de Jean Vercoutter le rattachent à l'école française, la NCAM envisage une
intervention, ne serait-ce que pour assurer la préservation des structures déjà fouil-
lées et sensibiliser la population locale"'.

III. Découvertes d'objets égyptiens et égyptisants hors d'Égypte

146. Grèce: ajouter à la bibliographie: P. Talloen, «The Egyptian


Connection. The Cult of Nilotic Deities at Sagalassos», Ancient Society 31 (2001)
289-328; les articles recueillis par Manfred Bietak (éd.), Archaische griechische
Tempe! und Altagypten (DOAW 21; 2001).

147. Gaza: découvert par hasard en 1998 à l'occasion des travaux de


contruction d'un complexe d'habitations, Tell es-Sakan est un établissement de plus
de 5 hectares situé à cinq kilomètres au sud de Gaza ville. Occupé entre ca. 3300
et ca. 2350 av. J.-C., c'est le seul site du Bronze ancien actuellement connu dans la
bande de Gaza 192. Pour assurer la sauvegarde du site menacé par la poursuite des

D'après Polish Center Newsletter 8 (2002). Pour la campagne de 1999: Or 70, 472-473.
Rapport aimablement communiqué par Francis Geus.
92
Rapport aimablement communiqué par Pierre deMiroschedji. Ont pris part aux travaux
en 1999, outre les deux directeurs: Guillaume Charloux (Ecole du Louvre), Mohanimad Ferouana
(Département des Antiquités de Gaza) et Sylvére Guiriec (École Normale Supérieure, Paris, et
Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem), archéologues; Estelle Comte, archi-
tecte-topographe; Ismaïl Ah, technicien de fouilles. - Sur les résultats de cette campagne de
fouilles préliminaires, voir de Miroschedji - M. Sadek, Orient Express 2000/1, 30-32; eidem,
«Tell es-Sakan», dans: J.-B. Humbert, (éd.), Gaza méditerranéenne. Histoire et archéologie en
Palestine (Paris 2000), 102-104; eidem, «Tell es-Sakan, un site du Bronze ancien découvert dans
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 135

travaux de construction, une campagne de fouilles préliminaires eut lieu en sep-


tembre 1999 grâce à un financement exceptionnel du Ministère des Affaires Etran-
géres. Des prospections et des sondages révélèrent alors les grands traits de la to-
pographie et de la stratigraphie de site, dont les dépôts archéologiques ont une
épaisseur de 9 mètres. Deux grandes phases d'occupation furent reconnues: la pre-
mière, représentée par les niveaux de base, correspond à un établissement égyptien
d'époque prédynastique, tandis que la seconde, illustrée par les niveaux moyens et
supérieurs, correspond à un établissement cananéen du 3e millénaire. L'intérêt
considérable de ces premiers résultats a déterminé la mise en place d'un pro-
gramme de fouilles franco-palestinien. La première campagne de fouilles s'est dé-
roulée du 15 août au 12 octobre 2000 sous l'égide du Centre National de la Re-
cherche Scientifique (UMR 7041, Nanterre) et du Département des Antiquités de
Gaza. Les travaux ont porté sur une superficie d'environ 1400 m2 et concerné trois
chantiers. Les niveaux d'occupation les plus anciens du site (A-9 à A-6) ont été at-
teints au chantier A, qui occupe le fond d'une vaste tranchée de fondation d'im-
meuble creusée en 1998. Les fouilles ont confirmé les indications de la campagne
préliminaire: ces quatre niveaux sont ceux d'un établissement égyptien datant de la
fin de l'époque prédynastique (Nagada IIIa(?)-IIIb). Les restes de construction en
brique crue, les nombreuses installations domestiques (fours, foyers, silos) qui leur
sont associées sont en effet typiques de la vallée du Nil vers 3200-3000 av. J.-C.,
de même que la quasi-totalité (90-95%) du mobilier archéologique, qui compte
même environ 25% de poteries importées d'Égypte. On signalera quelques serekhs
(malheureusement incomplets), des fragments de scellements portant des empreintes
de sceaux cylindres, un fragment d'une «étiquette» en ivoire, des couteaux de silex
égyptiens, etc. L'importance de Tell es-Sakan â cette époque est indiquée par une
découverte exeeptionelle: celle des fortifications du site, qui ont pu être étudiées en
plan et en coupe au fond de la tranchée de fondation d'immeuble où elles avaient
été arasées par les engins mécaniques. Trois puissantes murailles en brique crue
édifiées successivement ont été identifiées, dont les deux premières (A et B) ont
protégé l'établissement égyptien prédynastique, tandis que la troisième (C) a défen-
du la cité cananéenne du 3' millénaire. On a pu suivre l'évolution des fortifications
prédynastiques. Le rempart initial (Al) est fondé sur le sable vierge et pourrait da-
ter des niveaux A-9 ou, plus problablement, A-8; épais d'environ 1,50 m, il
comportait un ouvrage extérieur (bastion?) repéré en bordure de la paroi nord-ouest
de l'excavation Au niveau suivant (A-7), l'épaisseur du rempart a été plus que dou-
blée par l'adjonction du mur A2 contre sa face interne. Ces deux murs juxtaposés
constituent la Muraille A, épaisse de 3,55 m. Celle-ci ulterieurement été arasée et
un nouveau rempart (Muraille B), associé au niveau A-6, a été édifié environ 3 m
en avant du rempart précédent. Épais de 3,80 m et conservé sur une hauteur de
1,8 m, le nouveau rempart comportait à l'extérieur un ouvrage de nature encore in-
déterminée, tour ou bastion, auquel on accédait par une poterne large d'un mètre;
sa paroi externe était protégée par un glacis de terre d'environ 2 m de hauteur et
5 m de largeur. Cette Muraille B s'est effondrée d'un bloc vers l'intérieur de la
ville et ses briques encore appareillées se sont répandues horizontalement sur une
distance de plus de 8 m, scellant les structures du niveau A-6. Tell es-Sakan est

la région de Gaza», CR4 IBL 2000, 129-138 et 144, avec fig. (un tesson de poterie portant un se-
rekh inscrit au nom de Narmer (137, fig. 9) ?).
136 Nicolas Grimai et Emad Adly

l'un des plus anciens sites fortifiés actuellement connu en Égypte et en Palestine.
Sa découverte renouvelle nos connaissances sur les relations égypto-palestiniennes
à la fin du 4' millénaire. Il est fort possible que le site était à cette époque le
centre administratif des colonies égyptiennes établies au sud-ouest de Canaan.
L'établissement égyptien de Tell es-Sakan pourrait avoir été abandonné au début de
la I' dynastie. Les fouilles n'ont pas révélé jusqu'à présent de traces d'une occupa-
tion du Bronze ancien II (ca. 3000-2650). Le site a été réoccupé et puissamment
fortifié au Bronze ancien III (ca. 2650-2350), mais cette fois par des Cananéens.
Les fouilles n'ont pas, encore livré d'indication sur la nature des contacts qu'ils ont
pu entretenir avec l'Égypte de l'Ancien Empire.

148. Israel
a) Jérusalem: ajouter à la bibliographie: Baruch Brandel, «A Persian-
period Phoenician Glass-scaraboid from Cave 2 near the Holyland Hotel Jerusa-
lem», 'Atiqot 40 (2000) 25-31 et 4 fig.; sur cette fouille: Sarah Ben-Arieh, ibid. 1-
24.
b) Tel Megiddo: ajouter à la bibliographie: Evelin J. van der Steen,
«Megiddo in the Early Bronze Age», BiOr 58 (2001) col. 303-311.
e) Tel Mi q ne Ek ron: sur les thèmes égyptiens dans le matériel mé-
tallique de Tel Miqne-Ekron: Seymour Gitin-Amir Golani, «The Tell Miqne-Ekron
Silver Hoards: the Assyrian and Phoenician Connection)), dans: Hacksilber to
Coinage: New Insights into the Monetary History of the Near East and Greece.
Collection of Eight Papers Presented at the 99th Annual Meeting of the Archaeo-
logical Institute of America, Numismatic Studies 24 (2001) 27-48191.
d) Am Assawir: ajouter à la bibliographie: Eli Yannai - Eliot Braun,
«Anatolïan and Egyptian Imports from Late EB I at Am Assawir, Isrml», BASOR
321 (2001) 41-56.
e) Tel Yarmouth: sur les 11', 12' et 13' campagnes (1996-1999) de
l'expédition du Centre national de la Recherche scientifique (UMR 7041) et de l'u-
niversité hébraïque de Jérusalem, dirigée par Pierre de Miroschedji'94: Miroschedji,
«Fouilles à tel Yarmouth 1996-1999: la cachette aux bronzes égyptiens», CRAIBL
2000, 707-710.

149. Italie: ajouter à la bibliographie: N. Bonacasa, «Egypt and Sicily


in the Hellenistic Period», BSAA 46 (2001) 111-124. - Sur la mosaïque de Pré-
neste: Claude Traunecker, Ktema 25 (2000) 149-161, avec réf.

150. Jordanie: ajouter à la bibliographie: Alicia Meza, «Egyptian Art


in Jordan», JARCE 37 (2000) 199-212 et 22 fig. (renvoyant, entre autres, 208-209
et fig. 17, à: ead., «An Egyptian Statuette in Petra», ADAJ 37 [1993] 427-431).

151. Afghanistan: en 1998, sur l'antique site de Bactres, une dé-


couverte fortuite, dans un contexte de ruines portant des traces d'incendie, a livré
une statuette de bronze complètement calcinée d'un Harpocrate (haut. 23 cm).
Conservée dans une collection particulière, cette belle pièce a été publiée par

' Cf. Or 67, 436.


'' Pour les campagnes précédentes: Or 67, 436-437.
Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 137

C. Lecuyot, «Un Harpocrate bactrien», dans: Alexander 's Legacy in the East, Stu-
dies in honor of Paul Bernard = Bulletin of the Asia Institute 12 (1998) 113-119,
3 fig. Cette étude est enrichie de nombreuses références à d'autres documents pro-
venant de la vallée du Nil et d'Alexandrie retrouvés dans l'Asie centrale hellénisée
(deux bronzes d'Harpocrate de Begram et de Taxila, des découvertes dans le Fer-
ghana et dans le Xinjiang).

14, rue Saint-Guillaume


F-75007 Paris
e-mail: nicolas.grimal@college-de-France. fr
N. Grimai - E. Adiy, Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 TAB. 1(1)
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TAB. II (2 a-c) N. Grimai - E. Adiy, Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002

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Fig. 2 - Tell Ibrahim Awad:
a. Jane associée aux niveau contemporains du temple
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Fig. 3 - Tell el-Herr: reconstitution axonomique provisoire du complexe palatial.


TAB. IV (4) N. Grimai - E. Adly, Fouilles et travaux eu Égypte et au Soudan, 2000-2002

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N. Grimai - E. Adly, Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 TAB. V (5)
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TAB. VI (6) N. Grimai - E. Adly, Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002

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Fig. 6 - Abou Roach: plan topographique de la nécropole E
N. Grimai - E. Adly, Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 TAB. VII (7)

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Fig. 7 - Abou Roach, nécropole F, F37.


TAB. VIII (8) N. Grimai - E. Adly, Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002.
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N. Grimai - E. Adiy, Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 TAB. IX (9)

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SECTEUR FOUILLE EN 2001

Fig. 9 - Saqqara, nécropole de Pépy I: plan générai.


TAB. X (10 a-c) N. Grimai - E. Adly, Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002

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Fig. 10 - Saqqara, nécropole de Pépy F':


a. Dans les éboulis, fragments de la décoration de la chambre de la reine, passage des Textes
des Pyramides, gravés et peints;
b. Le nom du pharaon Pépy P', gravé sur des fragments de vase en calcite provenant de la
chambre funéraire de la reine Ankhenespépy II;
e. Reconstitution de la ligne d'inscription de la paroi Est de la chambre de la reine
Ankhenespépy III.
N. Grimai - E. Adly, Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 TAB. Xl (11)
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Fig. 12 - Abydos, cimetière nord: plan restitué des parties fouillées de la nouvelle enceinte.
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N. Grimai E. Adly, Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 TAB. XIII (13 a-b)

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Fig. 13 - Karnak, secteur de la chapelle d'Osiris Ounnefer Neb-djefaou:


a. Structure d'époque tardive, dans l'angle formé par le chemin de Ptah et le talus bordant l'accès à ta
chapelle;
b. Fragment de linteau au nom d'Amasis, d'Ankhnesnéferibrê et d'Osiris Ounnefer Neb Djéfaou.
TAB. XIV (14-15) N. Grimai - E. Adiy, Fouilles et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002

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Fig. 14 Kôm el-Heitan: colosse nord du lic pylône nord.

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Fig. 15 Kerma, DoLlkki Gel: une all-c proce nounelle et le palais du Nouvel Empire.
N. Grimai - E. Adiy, Fournies et travaux en Égypte et au Soudan, 2000-2002 TAB. XV (16 a-b)

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a. Vestiges des boulangeries et du temple d'Aton. À l'arrière-plan, le temple napato-méroïtique;
b. Dépôt de fondation de Thoutmosis IV

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