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D I R I G É E PA R F R A N Ç O I S D A N I E L LO U , G I L B E R T D E T E R S S A C & Y V E S S C H WA R T Z
L'analyse du travail,
ruptures et évolutions
Régis Ouvrier-Bonnaz et Annie Weill-Fassina
(coordinateurs)
Groupe de recherche et d'étude sur l'histoire
du travail et de l'orientation (GRESHTO)
www.octares.com
André Ombredane (1898 - 1958)
Jean-Marie Faverge (1912 - 1988)
L’analyse du travail
Ruptures et Evolutions
CRTD - CNAM
Maquette et couverture : F. Daniellou,
avec l'aide de C. Gasbarri, G.N. Impressions – 31430 Villematier
Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous
pays. La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part
que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non desti-
nées à une utilisation collective » et d’autre part que les analyses et les courtes citations dans un
but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle,
faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (ali-
néa 1er de l’article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit,
constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
Yves Clot
Professeur titulaire de la chaire de Psychologie du travail
Equipe de Psychologie du travail et de Clinique de l’activité, Centre de
Recherche sur le Travail et le Développement (CRTD) – Conservatoire
National des Arts et Métiers
yves.clot@cnam.fr
Xavier Cuny
Professeur honoraire titulaire de chaire au CNAM
Groupe de Recherche et d’Etude sur l’Histoire du Travail et de l’Orientation
(GRESHTO), Centre de Recherche sur le Travail et le Développement (CRTD)
– Conservatoire National des Arts et Métiers
x.cuny@free.fr
Gabriel Fernandez
Chercheur associé
Equipe de Psychologie du travail et de Clinique de l’activité, Centre de
Recherche sur le Travail et le Développement (CRTD) – Conservatoire
National des Arts et Métiers
fernandez@cnam.fr
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Guy Karnas
Professeur des Universités émérite
Université Libre de Bruxelles – Belgique
guy.karnas@ulb.ac.be
Anne Lancry
Professeur des Universités émérite
Equipe Psychologie de l’Orientation, Groupe de Recherche et d’Etude sur
l’Histoire du Travail et de l’Orientation (GRESHTO), Centre de Recherche
sur le Travail et le Développement (CRTD) – Conservatoire National des Arts
et Métiers
anne.lancry@cnam.fr
Marianne Lacomblez
lacomb@fpce.up.pt
Jacques Leplat
Directeur honoraire de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes
Groupe de Recherche et d’Etude sur l’Histoire du Travail et de l’Orientation
(GRESHTO), Centre de Recherche sur le Travail et le Développement (CRTD)
– Conservatoire National des Arts et Métiers
jacques.leplat@wanadoo.fr
Régis Ouvrier-Bonnaz
regis.ouvrier_bonnaz@cnam.fr
Catherine Teiger
moufcat@gmail.com
Annie Weill-Fassina
weill.fassina@orange.fr
4
5
Sommaire
1. Ce centre est créé le 1er décembre 1939 par transformation du Centre d’Etude du Travail
(CET), association fondée le 8 avril 1938 et agréée par le ministère du Travail le 9 avril 1938
avec pour responsables scientifiques Henri Laugier (1888-1973) et J.-M. Lahy (1872-1943).
2. Une circulaire du Commissaire Général à la Jeunesse du 10 mars 1944 aux Délégués-Com-
missaires Régionaux de la Jeunesse précise : « est sélectionneur toute personne qui a assisté à
une session de Formation de Sélectionneurs d’une durée variant de quatre à six semaines dans une
école technique du Commissariat Général à la Jeunesse, soit le Centre des Cadres Professionnels, 14
rue Dareau, Paris, ou l’école de Formation de Moniteurs Professionnels de Belle Ombre, à Clermont-
Ferrand » (Service du Travail des Jeunes – Bureau de la Formation et de l’Orientation Profes-
sionnelle - n° 7640 - n° G1 de circulaire 609).
3. La méthode choisie est inspirée largement de la méthode Carrard. Voir l’analyse que
B. Bonnet (1999) fait de cette méthode dans La formation professionnelle des adultes, p. 67-84.
10
4. Ce secrétariat est instauré par le décret du 9 décembre 1940 et placé sous la tutelle du Secré-
tariat Général à la Jeunesse.
11
5. Fiche Français libre (2010) Un français libre parmi 51811, André Morali-Daninos. Les fran-
çais libres de juin 40 à Juillet 1943 http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=86387
6. Voir sur ce sujet l'article de Ouvrier-Bonnaz (2014).
13
l’ouvrage Les inadaptés scolaires (1936b) qui rend compte des travaux
empiriques conduits en appui sur cette approche, il constate que
« pendant longtemps, la discrimination des aptitudes s’est inspirée d’un point
de vue sensualiste et associationniste » et que « l’on a abusé des distinctions
entre types visuels, auditifs, moteurs, verbo-moteurs ... » (1936 b, p. 82).
Pour lui, « une aptitude est essentiellement fonction du niveau évolutif des
conduites que l’individu est capable de mettre en œuvre, dans l’un ou l’autre
des domaines sensoriels et praxiques […] ces conduites évolutives de niveau
différent viennent s’intégrer dans les conduites d’adaptation de l’adulte, cette
intégration pouvant être caractérisée par un cycle d’élaboration extemporanée
où se retrouvent les divers stades évolutifs, et par l’emploi des conduites de
détour » (idem, p. 82). Il définit l’aptitude par « la capacité de mettre en
jeu, avec le minimum de rapidité nécessaire, le type évolutif de conduite qui
est le plus adéquat aux exigences de la tâche, ou, à son défaut, des conduites
de détour qui suffisent à assurer un rendement-seuil » (idem, p. 82). Il attire
notre attention sur la nécessité de faire une distinction entre ce qui est
demandé dans la réalisation de la tâche dont la mesure de l’aptitude est
censée rendre compte et l’activité mise en œuvre par l’individu. Celui-
ci, en situation de réaliser une tâche qu’elle soit scolaire ou profession-
nelle, peut adopter des conduites d’économie ou de détours. Dans cette
distinction apparaît déjà la différenciation opérée vingt ans plus tard
entre le quoi et le comment du travail. Tous les ingrédients utilisés par
Ombredane pour écrire en 1955 l’introduction de L’Analyse du travail
sont déjà présents. Ce travail critique est repris à son retour du Brésil
dans un article Organisons la psychotechnique paru en 1946.
tion » (1946, p. 564). Ce travail d’organisation à vocation à s’inscrire dans le cadre des travaux
de la commission créée par Maurice Thorez, vice-président du Vonseil, chargé de la réforme
administrative ayant pour but l’harmonisation de l’activité des différents ministères.
18
L’étude conduite par Faverge et Baud porte sur la valeur des appré-
ciations fondées sur l’observation du comportement propre à la méthode
Carrard pendant le passage des tests. Soixante-douze stagiaires candi-
dats à l’entrée en formation ont été examinés, chacun par deux psycho-
logues opérant séparément et donnant une note (+) ou (-) lors de la
passation de quatre tests choisis dans une batterie de huit épreuves
appareillées quatre à quatre pour dix variables complexes directement
9. Pour plus de détails sur la biographie et la carrière de Faverge, on peut se reporter à l’article
de Jacques Leplat et à l’hommage qui lui est rendu par Guy Karnas et Pierre Salengros dans
le numéro jubilaire du Travail humain qui lui est consacré en 1982 (Tome 45, n°1, p. 5-12). Cet
hommage est suivi de la liste des publications de Faverge.
19
Dès lors, comme l’avait souhaité Ombredane dès 1946, une refonte
de la formation des psychotechniciens s’impose pour accompagner cette
évolution, elle sera initiée dans un premier temps au CERP. En France,
contrairement à ce qui s’est passé entre les deux guerres en Angleterre,
en Allemagne ou aux Etats-Unis, il n’y pas eu de création d’une véri-
table profession de psychotechnicien, à l’exception du diplôme délivré
par l’Institut de psychologie de l’Université de Paris créé en 1921 par
Henri Piéron (1881-1964), des cours dispensés à l’Institut d’Orientation
Professionnelle et au CNAM dans le cadre de la chaire de physiologie
du travail, d’hygiène industrielle et d’orientation professionnelle créés
en 1928. Cet état de fait, dû en grande partie au fait que la psychotech-
nique en France se développe d’abord en dehors des entreprises dans
des laboratoires souvent organisés sous l’égide des pouvoirs publics,
confère une responsabilité particulière au CERP. Le premier stage
de formation de psychotechnicien est organisé par le CERP en 1949
10. Faverge (1972) remarque cependant « que malgré tout, la validité des pronostics avancés à cette
époque par cette méthode n’était pas négligeable (de l’ordre de .40) ; il semble qu’un niveau général
d’intelligence concrète était correctement appréhendé » (p. 168).
20
11. Voir à ce sujet la thèse de Thomas Le Biannic (2005), Les ingénieurs des âmes. Savoirs aca-
démiques, professionnalisation et pratiques des psychologues du travail de l’entre deux guerres à nos
jours. Thèse pour le doctorat de sociologie. Université d’Aix-Marseille II.
12. Le diplôme d’Etat de psychotechnicien comprend trois étapes, un certificat d’étude psy-
chotechnique (CEP) préparé en une année, un stage d’un an dans un service psychotechnique
d’entreprise agréé par la Direction de l’Enseignement Technique du ministère de l’Education
nationale, un travail personnel sous forme de thèse présenté devant un jury. Entre 1953 et
1970, une soixantaine de DE complet sont délivrés et environ 400 CEP (Archives du CNAM
4CC/1et 2).
21
le comprendre, sont souvent peu importantes, quel que soit l’intérêt que nous
ayons mis à les noter, parce que la nature du travail change ensuite et qu’elles
ne correspondent qu’à un moment très vite évanoui de l’apprentissage »
(idem, p. 3). Ainsi de la tâche qui consiste à monter un mur de briques :
« un beau jour… nous avons constaté que nous posions bien et rapidement
nos briques, et que nous avions mis de côté toutes les recommandations,
nous contentant de placer notre brique franchement en l’orientant grâce à
une visée dans le coin de droite, formé par l’arête verticale de notre brique
et l’arête horizontale de la brique de rang inférieur ». Faverge en déduit
que la réussite de l’activité de visée n’est pas liée à la possession d’une
aptitude spécifique, mais à une compétence acquise progressivement
qui consiste à placer son œil au bon endroit. Dans la même cohérence,
il prend en fin d’article (idem, p. 8) l’exemple d’une tâche de soudage
pour montrer les dangers d’une analyse sommaire qui conduirait à une
identification erronée de la difficulté critique de l’activité. Pour Clot et
Leplat (2005, p. 296), Faverge semble bien avoir été l’un des premiers
à voir « l’intérêt de la méthode clinique dans l’analyse du mode d’acquisition
de l’expérience et dans l’analyse des compétences tacites ou incorporées ». De
la prise en compte de cette signification liée à la résolution de la tâche,
Faverge tire un constat : aucune activité n’est semblable à une autre.
Cette diversité induit le choix de l’angle d’observation et de l’approche
méthodologique.
vera également des échos dans les tentatives d’Alain Wisner (1985) avec
quelques collaborateurs (1997) pour développer l’Anthropotechnologie
en s’interrogeant sur les possibilités, les conditions et les résultats de
transferts de technologie à la fois du point de vue économique, social et
humain. Nous avons nous-mêmes décrit, dans le domaine ferroviaire,
sur trois décades, comment l’enchaînement des interactions entre chan-
gements des orientations de la société, des règles de l’organisation de
l’entreprise, du système technique, introduisaient des modifications
de tâches et d’activités au poste de conduite et dans la vie personnelle
des conducteurs et comment cela pouvait devenir sources de conflits
d’objectifs et de mal-être au travail (Weill-Fassina & Valot, 1998). Ces
dernières années, à un moment où l’intensification du travail, les
changements techniques et organisationnels sont reconnus comme
« facteurs de risques psychosociaux », il serait pertinent de repenser
à observer concrètement la dynamique des organisations vivantes et
leurs effets sur les travailleurs. C’est bien la question sociale du travail
qui a été posée par Faverge et reste posée avec acuité.
les ont conduits à considérer « les bons signaux », ceux qui permet-
traient d’orienter ou de guider le geste pertinent aux exigences de la
production. Dans cette ligne, Karine Chassaing (2012), par exemple, a
mis en évidence la diversité des indices en interaction dans la situation
de travail dont un maçon apprend à tenir compte pour développer une
gestuelle adaptée aux multiples exigences du lissage du béton.
Dr André Ombredane
13 Article paru en 1946 dans la Revue Française du Travail, 7, 552-565. Revue qui a pris le titre
de Revue Française des Affaires Sociales. Reproduit avec l’autorisation de la revue.
40
Quels hommes doit-on choisir pour leur confier la conduite d’un train
ou d’un avion où quelque incapacité, quelque négligence, met en un
instant la vie de tous en danger ?
nant qu’il ait pu arriver à des rendements très élevés. Son expérience la plus
connue dans ce genre de travaux a porté sur les vérificatrices des billes de
bicyclettes : il augmenta le salaire de celles qui triaient le plus de billes tout en
commettant le moins d’erreurs, diminua le salaire des vérificatrices moyennes
et congédia les mauvaises, simplement parce qu’elles ne possédaient pas les
qualités exigées de perception et d’action réflexe. Bien qu’elles fussent, comme
le dit Taylor lui-même "parmi les plus intelligentes, les plus travailleuses et les
plus consciencieuses". Cette dernière constatation suffit à démontrer l’insuffi-
sance scientifique et morale de ce système de sélection : on prive de travail des
sujets de premier ordre, sans avoir cherché à découvrir leurs capacités et à les
mettre en valeur ».
J’ai parlé aussi de « pièges » dans les solutions qu’on s’efforce d’ap-
porter au conflit entre le souci d’adapter l’homme au travail et le souci
d’adapter le travail a l’homme. Le système des « primes » au rende-
ment est de cet ordre, et je sais des professions dans lesquelles la prime
compte pour 50 % dans le salaire normal. Dans son livre publié en 1914,
un américain ingénieux, Dill Scott, recommande des procédés, destinés
à développer « l’amour de l’ouvrier pour son travail » qui sont en tous
points comparables aux procédés humoristiques qu’imagine Aldous
Huxley dans son roman Le meilleur des mondes. Élimination discrète des
ouvriers qui, travaillant aux pièces, se contentent de gagner ce dont ils
ont besoin pour leur entretien, installation des meilleurs ouvriers de
telle sorte qu’ils soient vus par tous les autres, création de primes au
rendement, affichage du rendement journalier de l’ouvrier, concours
parmi les ouvriers avec prix, concours entre ateliers, etc. Il est parti-
culièrement intéressant que des mesures telles que l’assainissement
des salles de travail, l’élimination des bruits inutiles, l’installation de
douches, de salles de lecture, de places de sport, sont envisagées par
Dill Scott sous le seul angle de « l’augmentation du rendement de l’ouvrier
en garantissant si possible la paix sociale à l’intérieur de l’usine ».
J’ai dit tout l’arbitraire qu’on introduit dans les tests quand on
prétend tester séparément telle ou telle fonction psychologique ; j’ai dit
l’inconvénient qu’il y a à se contenter du premier rendement d’un test,
exprimé par un chiffre, sans se soucier de transformer le test d’apti-
tude en test d’éducabilité ; j’ai dit comment le caractère avec ses compo-
santes multiples influe sur le rendement des tests d’aptitude ; j’ai dit
qu’il convenait de tester non pas des fonctions psychologiques mais des
individus. D’où l’intérêt qu’il y a à noter la manière dont un sujet réagit
à un test, la nature des erreurs qu’il a commises, les changements qu’il
manifeste dans ses méthodes de travail, la rapidité avec laquelle il est
parvenu à mettre en œuvre la méthode qui lui a permis de réussir, mais
ces notations ne doivent en aucun cas être laissées au libre jugement de
l’examinateur, elles doivent être assurées par la structure même du test,
elles doivent ressortir d’un protocole d’enregistrement objectif des résultats.
Par exemple, dans le test du tourneur, au lieu de se borner à une appré-
ciation faite « de chic » du comportement, on étudiera les variations
du tracé après avoir déterminé, sur un grand nombre de cas, à quels
ordres de comportement correspondent ces variations. Evidemment
nous aurons là des indications beaucoup plus profitables que celles qui
sont fournies par le compteur totalisateur des écarts, dans le dispositif
classique où le crayon est remplacé par un stylet de contact électrique.
Mais ces indications profitables auront été recueillies par un procédé
objectif qui ne diffère en rien des procédés de la Psychotechnique clas-
sique.
Jacques Leplat
1. Une histoire
Dans cette partie, nous évoquerons le contexte général dans lequel
est né ce livre, le contexte plus particulier dans lequel il a été composé,
enfin, les suites qui lui ont été données.
Le contexte général
L’analyse du travail est une activité qui n’a pas attendu de devenir
elle-même un objet d’étude pour exister. On en a un petit aperçu dans
l’introduction du livre de Laville (1976) sur l’ergonomie. On s’arrêtera
ici à l’analyse du travail telle qu’elle était conçue dans la psychologie
appliquée de l’époque. Une formulation en a été donnée par Lahy et
Pacaud (1948) (cadre 1). Cette conception avait été mise en œuvre par
Lahy, puis Pacaud, notamment dans le cadre de la sélection profession-
nelle et plus précisément pour l’élaboration des tests, instruments de
cette sélection.
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L’analyse du travail est la chose la plus longue et la plus difficile, car c’est
elle qui pose avec précision le problème scientifique. Prétendre pouvoir
résoudre un problème de cet ordre sans analyse préalable du travail revien-
drait à prescrire des médicaments à un malade sans l’avoir examiné ou
encore à vouloir perfectionner une machine sans connaître ni sa construc-
tion, ni son fonctionnement. […] Celui qui s’engage dans une étude de
cette sorte sans savoir où il va ne trouvera rien que par hasard, ce qui est la
négation même de la méthode scientifique.
Le contexte proche
14 Cette introduction a été reproduite dans le livre de J. Leplat (coordinateur), (1992), L’analyse
du travail en psychologie ergonomique, recueil de textes, Toulouse : Octarès Editions.
59
La composition du livre
Il ne s’agit pas ici de faire une analyse détaillée du livre, mais d’en
dégager quelques traits essentiels. L’introduction mérite tout à fait son
nom, car elle définit bien la perspective dans laquelle est finalisé et
organisé le livre et quelles sont les questions auxquelles il se propose
de répondre. On y voit, dès le début, soulignée une distinction fonda-
mentale qui constituera un des piliers de l’analyse du travail (cadre 2).
On aurait pu la retrouver, implicite, dans d’autres analyses, mais nulle
part explicitée avec autant de clarté. La suite de l’introduction apporte
un commentaire très précieux des différents chapitres.
Le chapitre VII rédigé par les deux auteurs commence par cette
phrase souvent reprise, « tout travail est un comportement acquis par
apprentissage et tenu de s’adapter aux exigences d’une tâche » (p. 138). Ce
chapitre est sans doute le plus original de l’ensemble. Il commence par
l’analyse des signaux du travail et se poursuit par une partie très riche
sur « la structure de l’ajustement à l’information des actions du travail »
(p. 162). Ensuite une partie traite du mécanisme des fautes et, enfin,
la dernière partie esquisse une typologie des exigences du travail.
Les deux derniers chapitres donnent des conseils et des exemples
répondant à la question : « Comment mener une analyse du travail ? » ;
ils indiquent comment celle-ci peut apporter des solutions aux types
d’interventions évoqués au premier chapitre.
Une suite très directe donnée par Faverge à cet ouvrage est le
chapitre qu’il a écrit en 1972 dans le Traité de Psychologie Appliquée de
Reuchlin. Ce long chapitre (55 pages) intitulé aussi L’analyse du travail
est introduit par un court historique de l’évolution du travail dont l’au-
teur a inféré quatre dimensions selon lesquelles pouvait s’opérer cette
analyse : en termes d’activité gestuelle, d’information, de régulation et
de processus de pensée. Pour chacune, il a proposé des modèles et des
méthodes d’analyse de manière très opérationnelle.
Dans la préface d’un livre collectif qu’il a dirigé sur L’ergonomie des
processus industriels (1966), il écrivait : « il nous a semblé que l’ergonomie
devait commencer par la chasse aux problèmes, c’est-à-dire par l’analyse
du travail qui débouche sur le diagnostic accompagné d’une évaluation des
déficiences » (p. 7).
Si l’analyse du travail n’a pas été créée par ces auteurs, ils auront, en
tout cas, contribué à sa diffusion en en montrant l’intérêt. Cette diffusion
s’est accompagnée d’une spécialisation selon la discipline privilégiée.
Ainsi, les ergonomes parlent d’analyse ergonomique du travail. Une
autre transformation s’est opérée avec l’apparition de la dénomination
analyse de l’activité. Les psychologues peuvent évoquer la définition de
Wallon (1946) : « le travail est une activité forcée » à la première page de
son livre Principes de psychologie appliquée. Première partie : la psychologie
du travail. La dénomination s’est généralisée aussi en ergonomie (sur ce
dernier cas, on pourra lire les commentaires de Guérin et al., 1997, p. 23
sqq.). Ce choix tient au fait que ce qui intéresse au premier chef les deux
disciplines mentionnées est le rôle de l’homme dans le travail. L’étude
de l’activité implique d’ailleurs celle de la tâche à laquelle elle répond,
c’est-à-dire des conditions qui définissent le travail.
L’accent mis sur ces composantes était nouveau pour l’époque, mais
reste toujours valable actuellement. Dans le texte, il apparaît surtout
par la place donnée à la notion de signal qu’on peut interpréter comme
la signification donné à un élément perçu. Les belles pages qui lui ont
été consacrées, notamment dans l’introduction, sont toujours utiles à
relire avec les recommandations qu’en dégage Ombredane pour l’ana-
lyste. On n’aura jamais fini d’exploiter cette propriété du signal souli-
gnée par cet auteur : « Le signal s’intègre dans un moment préparatoire et
anticipateur du comportement » (p. 8).
Celle-ci a été abordée à travers l’étude des critères. Elle est corréla-
tive de l’insistance mise à la définition préalable des buts de l’activité,
buts officiels et buts redéfinis par l’opérateur ou le groupe.
ouverte aux faits et aux acteurs. On peut illustrer cette attitude par une
anecdote rapportée par De Keyser :
J’ai revu ces travailleurs (après une visite de Faverge). Et ils m’affir-
maient tous :
« Voilà un homme intelligent !
- A quoi vous remarquez cela ?
- Parce que nous, on a l’habitude des visiteurs, même des professeurs d’uni-
versité, il en vient plein…
- « Alors, on fait un test.
- « On leur dit quelques trucs, mais pas tout… Et on attend. Si à ce mo-
ment-là ils font semblant de comprendre, on sait que ce sont des imbéciles.
Parce que ce n’est pas possible de comprendre seulement avec ça. Nous, il y
a vingt ans qu’on est ici, et on ne sait pas encore tout : alors eux qui sortent
de leurs laboratoires !
- Mais lui, votre type, … eh bien ! il n’avait pas l’air de comprendre du
tout ! »
Cadre 3. L’attitude d’un analyste (d’après De Keyser, 1982, p. 94).
Cet aperçu rapide est bien incomplet, mais j’espère en avoir assez dit
sur cet ouvrage pour justifier qu’il mérite de figurer parmi les grands
classiques de l’ergonomie comme de la psychologie du travail.
Jean-Marie Faverge en Amérique (1952) :
Préludes à L’Analyse du travail (1955)
Catherine Teiger
15. Selon Paula Cristofalo (2008), le ministère du Travail a organisé 55 Missions de Productivi-
té parmi les 209 qui ont été effectuées entre 1949 (date de la première) et 1952, période du plein
essor de ce dispositif qui se prolongera jusqu’en 1959, comptant alors environ 500 missions et
5000 personnes concernées de toutes origines sociales et professionnelles.
66
16. Selon l’historien américain Richard, F. Kuisel (1988), environ les deux tiers des missions
étudièrent les problèmes industriels, le tiers restant se consacrant presque exclusivement à
l’agriculture. Assez peu de voyages d’étude eurent pour objet le commerce de détail, l’arti-
sanat et les services. Chaque « Mission » était suivie d’un rapport officiel mi-propagande,
mi-compte-rendu factuel « traduit » ensuite dans un Cahier publié par la SADEP (Société auxi-
liaire de diffusion des éditions de productivité de l’AFAP-Agence Française pour l’Accrois-
sement de la Productivité) et diffusé à des milliers d’exemplaires. On peut faire l’hypothèse
que, dans le cas de cette publication-ci dans une revue scientifique, l’expression des « mission-
naires » est plus proche de leurs opinions réelles.
17. Sous-entendu : ce qui n’est pas le cas en France !
18. Les deux appellations semblent se valoir à l’époque, comme en témoigne le titre du XI°
Congrès international de Psychotechnique (Psychologie appliquée) tenu à Paris en 1953, dont il sera
question ci-après.
67
19. L’Institut de Psychologie est créé en 1920 alors que la licence de psychologie, détachée de
la philosophie, n’existe que depuis 1947, en partie grâce à Daniel Lagache qui, en 1945, rédige
un rapport pour le ministère de l’Instruction publique dans lequel il écrit : « Le besoin de psy-
chologues est plus pressant dans un pays comme la France qui, rompant avec le passé immédiat, cherche
à organiser rationnellement son avenir. »
20. A ce moment, seule l’Angleterre a formalisé la nouvelle discipline (née de la réunion de
psychologues, de physiologistes et d’ingénieurs et dénommée Ergonomics – par Hywell Mur-
rell – pour désigner « l’étude globale du travail humain »), en créant en 1949, l’Ergonomics Re-
search Society (devenue Ergonomics Society).
21. Cette affirmation ne s’avèrera pas tout à fait exacte, comme on le verra dans la suite du
texte.
68
Nous avons donc choisi de borner une période d’une dizaine d’an-
nées centrée autour de 1955, l’année de parution de L’Analyse du travail
d’A. Ombredane et J.-M. Faverge qui nous occupe ici – par l’année
1952 d’un côté, année de la Mission Psychotechnique et par l’année 1961
de l’autre, date de la création de l’IEA et de la réunion décisionnelle
de la création de la « branche francophone » qui sera fondée en 1963
sous le nom de SELF. On considère parfois que le point de départ de
l’ergonomie dite francophone est sa création officielle en 1963, il n’en
est rien ; c’est au contraire l’aboutissement de tout un travail concep-
tuel et méthodologique qui a profité de diverses opportunités pour se
constituer peu à peu comme un courant de recherches et de pratiques
22. Cf. Faverge, 1950a et, pour plus de détails sur les enjeux et partis pris de cette période,
Teiger et Lacomblez, 2013.
69
23. Cet objectif ne fait pas l’unanimité : la Confédération Générale du Travail-CGT, en particu-
lier, s’oppose à l’importation des méthodes américaines, cette « entreprise de catéchisation de
la classe ouvrière » (Brucy, 2001).
24. Pour plus de détails, voir Tanguy, 2001.
70
25. Pierre Goguelin (1922-2003). Entré à l’Ecole Navale en 1942 et diplômé de l’Institut de Psy-
chologie de Paris en 1947, il quitte la Marine Nationale en 1948 pour commencer une carrière
professionnelle privée et publique. Psychosociologue conseil à EDF-GDF de 1947 à 1976 et à
la RATP de 1973 à 1980. Chargé d’enseignement à l’Institut de Psychologie de l’Université de
Paris de 1953 à 1975, chef de travaux vacataire et chargé de cours de 1949 à 1976 au CNAM, il
est nommé professeur titulaire de la Chaire de Psychologie du Travail (1976-1989). Il a égale-
ment assuré des enseignements à l’Institut National d’Orientation Professionnelle (1965-1974)
et à l’Université Paris 10 Nanterre (1980-1989).
71
« Sur les 6 facteurs les plus importants figurent d’une part les méthodes
(amélioration des postes de travail, simplification), le matériel et l’équipe-
ment, la manutention, qui ressortissent aux facteurs techniques – encore
que l’amélioration des méthodes résulte à peu près uniquement d’une atti-
tude psychologique – et, d’autre part, la formation et l’information du
personnel, les relations humaines en général, le bénéfice de la producti-
vité pour le personnel qui ressortissent aux facteurs humains » (op. cit.
p. 15-16).
lier […] ; il ne sera adopté par [les techniciens] que le jour où lui-
même sera devenu un peu technicien et usera de méthodes et d’un
langage analogue aux leurs ;
2. Les évolutions
2.1. L’avant Mission Psychotechnique
2.1.1 L’année 1952 au CERP, la Mission Emploi de Frédéric Simon :
« la formation professionnelle, un impératif catégorique ! »
Ces années cinquante montrent, comme on l’a dit, une grande effer-
vescence dont le CERP est un des acteurs, durant l’année 1952 parti-
culièrement. Début 1952, avant la Mission Psychotechnique, le premier
numéro de la nouvelle formule du Bulletin du CERP paraît avec un
Avant-propos de Frédéric Simon26 (1952, p. II-IV), rédigé depuis New
York où il dirige, à ce moment, sur la demande du ministère du Travail
et de la Sécurité sociale, une Mission de Productivité consacrée à l’étude
de l’organisation et du fonctionnement des Services de l’Emploi aux
Etats-Unis. Ceci qui l’amène avec ses collègues – mandatés les uns
par le gouvernement, les autres par les organisations patronales et
ouvrières – à parcourir « l’est de ce pays, de Washington à la Louisiane et de
la Nouvelle-Orléans à Detroit et la frontière canadienne ». En présentant ce
premier Bulletin du CERP, il évoque les changements dans l’orientation
du CERP : dégagement des tâches administratives et accent mis davan-
tage sur l’exploitation des résultats obtenus par les Centres de Sélec-
tion de la FPA, l’élaboration d’une doctrine et la dimension recherche
pour une meilleure formation du personnel de ces Centres. Il signale
avoir été « frappé par l’importance donnée, dans les Services américains
de l’Emploi, à la formation professionnelle du personnel, qui se traduit au
plan quantitatif, par 5 % du temps hebdomadaire de travail, soit 2 heures par
semaine au moins ». Mais il suggère pudiquement qu’il ne s’agit peut-
être, là, que d’un « palliatif sans doute indispensable » à des conditions de
travail désastreuses :
26. Frédéric Simon est alors directeur à l’Association Nationale Interprofessionnelle pour la
Formation Rationnelle de la Main-d’œuvre-ANIFRMO dont dépend le CERP ; il sera directeur
de l’AFPA-Association pour la Formation Professionnelle des Adultes créée en 1966 suite à la
FPA-Formation Professionnelle Accélérée, créée en 1936 pour le reclassement des chômeurs.
74
formation du personnel dans les affaires privées comme dans les services
publics, paraît être un impératif catégorique : c’est sans doute le plus grand
dénominateur commun des Etats-Unis d’Amérique avec l’accent donné
aux relations publiques qui unissent l’entreprise et les bénéficiaires de son
activité, et le soin apporté aux relations humaines dans l’entreprise. C’est
là un palliatif sans doute indispensable aux conditions de travail que font
peser sur l’homme de métier, la mécanisation présente et l’extrême division
des tâches : une civilisation mécanique ne se rendra digne de poursuivre
son évolution que dans la mesure où elle saura substituer à l’intérêt de
l’homme pour sa tâche quotidienne, intérêt souvent déjà disparu dans une
industrie hautement diversifiée, un intérêt plus large qui ne peut s’appuyer
que sur une connaissance approfondie des buts généraux et des moyens
d’action de l’entreprise. »
27. Anagramme de Gilbreth, Franck et Lilian (1917), les inventeurs de la méthode des therbligs.
76
nos briques […] grâce à une visée dans le coin de droite formé par
l’arête verticale de notre brique et l’arête horizontale de la brique
de rang inférieur » (op. cit p. 3). Des phénomènes analogues
se produisant pour d’autres apprentissages (lecture, dactylo-
graphie etc.), l’auteur poursuit : « Des structures apparaissent
ainsi au cours de l’apprentissage et il serait absurde de ne pas
les reconnaître ou de les détruire dans l’analyse psychotechnique
du travail ». Une des conclusions méthodologiques en est
que l’on doit être prudent dans l’extrapolation à partir des
observations faites par des chercheurs lors de tout auto-
apprentissage « d’un métier pour le comprendre » parce que « la
nature du travail change ensuite et elles ne correspondent qu’à un
moment très vite évanoui de l’apprentissage » (op. cit p. 3).
28. Pour plus de détails sur cette méthode de formation en entreprise, voir Faverge, Browaeys
& Leplat (1956).
77
« Nous en avons conclu que nous avions encore une fois été victime de cette
notion, enracinée en nous, d’aptitude, aptitude à effectuer des mouvements
fins de la main gauche, qui ne représente rien en dehors de la signification
de la tâche proposée » (op. cit. p. 8).
J.-M. Faverge nous donne, ici, modestement, une bonne leçon sur la
difficulté à changer de paradigme !
29. Selon R. F. Kuisel (1988), il semblerait que nombre des « missionnaires » français aux USA
aient manifesté ce type d’ambivalence : fascination et méfiance devant les nouvelles valeurs de
cette « société de consommation ».
78
cipalement sur les rapports et les communications entre les postes » (avec le
Yale Labor and Management Center de Yale University et R.M. Stogdill
de l’Université de l’Etat d’Ohio), ce qui montre que :
J.-M. Faverge est donc assez critique sur l’emploi de méthodes très
sophistiquées mathématiquement et manipulant d’énormes quantités
de données — telle la « liste du Dr. Thorndike » —, mais qui, pour lui,
reposent sur des bases fragiles (enquêteurs non professionnels, emploi
de termes « empruntés à la psychologie des facultés et au langage des apti-
tudes »). Il s’interroge donc :
« Le lecteur averti du danger de l’emploi de tels termes pourra être inquiet
et même sceptique sur la valeur d’études conduites à partir de telles bases
[…] N’y-a-t-il pas là une démarche qui choque un esprit scientifique ? Il
en est de même pour l’Analyse des opérations de « travail réel » des
contremaîtres du Dr. Wallace, qui recueille durant ses 15 mois d’enquête,
4000 situations où le contremaître a agi, qu’il faut classer et évaluer » (op.
cit. p. 58).
Il conclut :
« La méthode […] n’est pas sans danger et l’interprétation des résultats est
difficile […] ; dans un souci d’objectivité et par réaction contre les juge-
ments et les langages d’aptitudes, on ne veut recueillir que des données ob-
81
30. Voir Entretien avec Jacques Leplat par M. Pottier et A. Laville (2002) retranscrit en partie dans
le film de Ch. Lascaux (2012) Histoires d’Ergonomie – le temps des pionniers. Toulouse : Octarès.
84
Parmi tous les lieux visités par cette Mission Psychotechnique, nous
retiendrons la Johns Hopkins University31 dans laquelle travaille
Alphonse Chapanis (35 ans alors), un des pères fondateurs de l’ergo-
nomie (on le surnommera plus tard « le Dieu le père des Human Factors
et de l’Ergonomie »). Il restera en contact avec les futurs ergonomes fran-
çais dont il recevra une autre délégation en 1956, la « Mission 335 ou
L’adaptation de l’homme au travail », celle qui est plus directement liée à
la création de l’IEA et de la SELF et que nous évoquerons plus loin. En
1956 encore, il publiera dans la Revue de Psychologie Appliquée, un article
sur L’adaptation de la machine à l’homme. L’étude des relations homme-
machine dans lequel, en guise d’explication aux lecteurs sur ce que sont
les Human factors in Engineering Design, il cite « l’excellent article » de
J.-M. Faverge – Human Engineering – publié de retour de la Mission
Psychotechnique de 1952 dans la même Revue de Psychologie Appliquée
(1954), article dont nous venons de parler ici. Enfin, il est l’un des
auteurs de l’ouvrage rapporté par J.-M. Faverge et analysé par J. Leplat
comme on va le voir ci-après.
mis là-dedans avec une certaine peine, parce qu’il était question d’oscillos-
copes, de choses comme ça, je n’avais jamais vu ça, c’était vraiment un
autre monde32. Ce qui serait intéressant, c’est d’avoir ce chapitre qu’il a
écrit sur l’Human Engineering33, parce qu’on ne savait pas encore ce
qu’était l’ergonomie, ce n’était pas encore passé dans la langue. » (Leplat,
in Pottier & Laville, 2002).
32. Rappelons que longtemps la psychologie n’a été qu’une branche de la philosophie et qu’elle
ne s’est autonomisée à l’université qu’en 1947 avec la création de la licence puis, en 1958, du
doctorat de 3e cycle.
33. Il s’agit bien de l’article de J.-M. Faverge (1954b) présenté ici.
88
« Mais cette recherche des optima, si elle est nécessaire, reste insuffi-
sante. Nous avons vu en effet que, pratiquement, ce sont des solutions de
compromis qui doivent être adoptées34. Aussi au-delà des optima, faut-il
chercher à déterminer des fonctions. Celles-ci permettront de définir, dans
des conditions qui ne sont pas idéales, l’efficacité que l’on peut attendre
d’un dispositif. »
34. A ces phrases de J. Leplat fait écho la sentence réaliste de l’équipe d’Ivar Oddone (1977),
25 ans plus tard : « L’étendue du pensable est extrêmement réduite par l’étroitesse du possible ! »
89
à vaincre les difficultés d’utilisation des machines (ce qui est un des buts de
l’apprentissage), on essaie d’éliminer ces difficultés elles-mêmes. Quant à
celles qui persistent, on en a une idée plus claire qui permet de les surmonter
plus facilement » (op. cit. p. 535).
35. Pour plus de précisions sur ces méthodes de formation en entreprise, voir Faverge, Bro-
waeys & Leplat (1956).
36. Pour plus de détails sur cette histoire, voir Teiger & Lacomblez, 2013.
37. Ouvrage coordonné par C.T. Morgan, A. Chapanis, J.S. Cook, & M.W. Lund.
38. La Navy accepta la responsabilité de la coordination confiée au Dr. H., A. Imus de l’Office
de la Recherche Navale.
90
aux conditions de travail que font peser sur l’homme de métier la méca-
nisation présente et l’extrême division des tâches » (Simon, 1952 : III) ;
« J’ai gardé très vif le souvenir d’une matinée où, devant les problèmes
des démouleurs de sucre que lui soumettait Houyoux (1952), M. Faverge
en est venu à l’idée qu’un schéma de Shannon rendrait l’expression des
données expérimentales plus facile. Au Séminaire d’analyse du travail de
l’Université de Bruxelles, il a consacré ses conférences de 1953 et 1954 à
l’analyse du travail en termes du langage des communications. L’intérêt
ne lui a pas été ménagé par un auditoire d’élite dans lequel se trouvaient,
à côté des "jeunes”, des collègues de l’Université, des médecins du travail,
des psychotechniciens, et des ingénieurs en fonction dans divers milieux
industriels, particulièrement dans celui des Sucreries tirlemontoises
(Belgique : Brabant) dont l’accueil compréhensif nous a beaucoup aidés.
J’espère que les perspectives développées dans le présent ouvrage, quelque
imparfaite que soit encore leur élaboration, retiendront l’attention de ceux
39. Le travail de recherche des « traces » de cette « mission » dans l’œuvre des autres partici-
pants n’a pas été fait.
40. En 1959, J.-M. Faverge remplacera A. Ombredane décédé en 1958, laissant la direction du
CERP à J. Leplat.
93
« [qui] rumine librement ses soucis et ses joies et freine et repart machi-
nalement sans précipitation ni retard à l’appel des signaux. Il serait bien en
peine de dire s’il a fait ou non attention. Ce dont il est normalement assuré,
c’est qu’il a respecté les signaux » (op. cit. p. 6).
(Faverge : 19-39)
1a) Ch 1. § IV: Problèmes d’aménagement idem (64-66)
du travail : Exemples d’études sur sauf § tour
l’aviation (32-34) : altimètre gradué
1b) Ch 1. § IV. Analyse du travail et idem (72-73)
aménagement du travail : 5 étapes (34-
38)
Ch. V. Critiques de méthodes communément adoptées dans l’analyse du tra-
vail
(Faverge : 98-112)
96
(Faverge : 113-137)
C) Ch. VI. Le langage des communications mention de la
(Faverge : 113-137) théorie (57)
Ch. VII. L’analyse du travail en termes du langage des communications
(Faverge : 197-222)
E) Ch. VIII. § L’utilisation d‘appareils idem (63)
d’enregistrement (212) : l’utilisation du
cinéma
Ch. IX. Conséquences normatives de l’analyse du travail
(Faverge : 222-234) :
3a) Ch. IX. § L’aménagement du travail Renvoi fait à
(226) cet article en
général
3b) § Règles pour l’aménagement du idem (67)
travail (226-227) ; §1. Règles pour faciliter
la prise de l’information : redondance…
et encore :
41. On en trouvera un exemple chez Grisez (1956), à propos d’une méthode de formation en
matière de sécurité.
99
42. Cette « mission » était composée de sept membres envoyés par l’Allemagne, l’Autriche,
la France, l’Italie, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume Uni, d’un représentant des syndicats
libres européens d’1 secrétaire de mission de l’Agence Européenne de Productivité et d’un
conseiller, H. S. Belding, professeur de climatologie physiologique à l’université de Pittsburgh
qui avait fait le tour des pays européens pour recueillir les questions et préparer le programme.
43. Dans le cadre du « Projet 335 dont le but final est une conférence internationale tripartite com-
prenant des savants, des employeurs et des travailleurs », le Congrès de Zurich, en 1959, sur L’adap-
tation du travail à l’homme visait bien à rassembler tous les interlocuteurs concernés par cette
question.
44. Outre J.-M. Faverge et J. Leplat, les membres sont Simon Bouisset, le Dr. Gillon, Bernard
100
Conclusion
On voit qu’à la fin des années cinquante, début des années soixante,
il est quasiment inconcevable pour les « pères et mères fondateurs-
trices » de l’ergonomie que l’on puisse construire des connaissances
et faire de la recherche hors du laboratoire, directement à partir de
données du terrain. La grande question est toujours celle du « transfert
des connaissances scientifiques au monde de l’industrie » posée en 1959 par
l’ingénieur psychologue anglais K.F.H. Murrell, rapporteur général de
la Mission du projet 335 :
Metz, Jean Scherrer, Alain Wisner et deux représentants étrangers : Georges Coppée (Bel-
gique) et Etienne Grandjean (Suisse).
45. Ce thème sera abordé quelques années plus tard, lors de trois manifestations scientifiques :
un débat organisé par la Section de psychologie expérimentale de la Société française de Psy-
chologie en mars 1975 (Psychologie Française, 1976, t. 21 n°4) ; un séminaire des équipes de la
IIIe Section de l’EPHE La recherche psychologique en laboratoire et sur le terrain (Le Travail humain,
n° 2/1978, t. 41), et dans un numéro spécial du Bulletin de Psychologie sur la Psychologie du
Travail, coordonné par J. Leplat en 1979-80.
101
46. Recherches destinées à utiliser les fonds prévus par l’article 55 du traité de la CECA.
47. Pour plus de détails, voir Teiger & Lacomblez, 2013.
102
« J’ai vu Faverge arpenter les usines, avec sur le visage une telle stupeur
et une telle ingénuité qu’à la moindre question les travailleurs le prenaient
en sympathie, et lui expliquaient patiemment, comme à un enfant, non
pas le processus, mais leur processus, leur machine, leur monde. Et, en les
écoutant, Faverge avait des étincelles dans les yeux… Cette face cachée
des choses, qui attirait Faverge, c’était aussi l’extraordinaire créativité
des travailleurs et des formes subtiles de transgression. C’était les yeux
brillants qu’il parlait de catachrèse – cette utilisation informelle d’un outil
formel, ce détournement de la règle établie – comme signe de l’ingéniosité
des travailleurs. »
Marianne Lacomblez
48. Emportés, sans en avoir vraiment conscience, par des « tentatives multiples pour présenter le
comportementalisme comme un simulacre de théorie » – tentatives qui ont, en vérité, contribué à
justifier d’avance une psychologie qui disait s’y opposer et, dans ce contexte, s’est autorisée à
« forcer la porte ». Rendre justice à Watson « ce serait sans doute obliger les auteurs qui se prévalent
de le contredire à mieux expliciter leurs fondements » (Rolle, 1997, p. 232 et 233).
105
49. « Nul n’a autant que [Faverge] aimé la scène humaine, nul n’a été autant que lui fasciné par le spec-
tacle de ceux qui, se jetant dans le feu de l’action et de la discussion, se mettaient à découvert, se livraient
et se dévoilaient, nul n’a su mieux que lui, trouver dans ces débordements matière à critique, peut-être,
mais surtout, de quoi alimenter, guider sa propre analyse. » (De Keyser, 1982, p. 93)
109
Soulignons toutefois ici que, pour Faverge et ceux qui ont intégré
ses enseignements et son équipe, en particulier, l’échange entre opéra-
teurs et analystes du travail se devait d’être construit dans une confron-
tation de savoirs sans hiérarchisation prédéfinie. La posture allait ainsi
au-delà du néo-behaviorisme et on peut dire aujourd’hui qu’elle était
d’avant-garde. C’est assurément ce qui est sous-jacent à la participation
de plusieurs étudiants et chercheurs de Faverge à des actions de forma-
110
Guy Karnas
51. Pour ce qui a trait à l’analyse des données, je me réfère ici principalement à des écrits de
Faverge datant de 1973, 1974, et 1975.
113
52. Les travaux dirigés par Faverge à cette époque et dans les années précédentes montrent
l’importance pour lui de compléter l’analyse du travail (« clinique ») par une analyse quan-
titative, statistique – ou par une modélisation mathématique – susceptible de consolider les
analyses cliniques préalables, les données de l’observation (voir par exemple Faverge et al.,
1966 ou Karnas, 1970).
114
53. Même si, comme je le conçois, cette dernière option peut (doit) être discutée.
116
54. Ceci est par ailleurs « légitimé » tantôt par le passage au « sujet type » (au travers de
l’analyse typologique), tantôt par l’affirmation de la pertinence de considérer le sujet dans son
individualité (cf. ce que propose aussi en général l’analyse du travail classique).
117
55. La distance est calculée sur base de l’ensemble J pour les éléments i de I, et inversement. Il
faut noter que, comme évoqué plus haut, cela implique que les données analysées sont « sup-
posées » définies sur une échelle intervalle. Cette hypothèse est forte mais on notera qu’elle
doit être assumée dans toute application de la statistique paramétrique (ou de méthodes ba-
sées sur des paramètres qui en sont issus ; comme c’est le cas de l’analyse factorielle classique
118
par exemple).
56. Pour une présentation mathématique, on se reportera par exemple à Faverge, 1975 b.
119
En guise de conclusion.
Dans cette contribution, j’ai tenté de vous convaincre de l’existence
d’une communauté (ou continuité) de préoccupation entre l’analyse du
travail proposée par Ombredane et Faverge d’une part, et l’analyse des
données proposée par Faverge d’autre part. Pour me résumer, il me
paraît évident qu’une telle communauté existe dans la mesure où l’on
peut affirmer que dans ces deux approches l’« analyse » est comprise
121
Annexe
Les losanges représentent les incidents à évaluer, les triangles, les catégo-
ries d’opérateurs.
Deuxième partie
« L’analyse du travail »,
Jean-Marie Faverge
57. Article paru en 1954 dans la Revue de Psychologie appliquée, 4, 1, 55-63. Revue qui ne paraît
plus. Pour comprendre le contexte de la rédaction de cet article, voir l'article supra de C. Teiger.
126
déjà été atteint. D’autre part, il est possible que le passage de l'analyse
du travail aux hypothèses du testing par l’intermédiaire des aptitudes
ait été la source d’échecs et de désillusions. Nous avons eu quelques
échos de ces échecs.
On désire non pas des informations sur un poste de travail tel qu’il
est organisé dans une entreprise mais sur une fonction en général au
niveau inter-entreprise. On veut décrire une sorte de « moyenne ».
Dans l’exemple dont nous allons parler, il s’agira de la fonction de
contremaître de production en général. On trouve le souci d’obtenir
des renseignements utilisables pour une large application. Ce souci a
peut-être pour origine les divergences constatées et même les contra-
dictions résultant d’études partielles, peut-être aussi l’intérêt commer-
cial d’une plus vaste diffusion.
a) La liste du Dr Thorndike
Voici ce qui a été fait dans l’étude de Thorndike : les 130 rubriques
ayant été choisies, on demande à des gens de la profession de remplir
le canevas. Ceci a été fait pour 150 postes de travail de l’Armée de l’Air.
On calcule ensuite les 8 385 coeffficients d’intercorrélation. L’exploita-
tion statistique de cette matrice monumentale est en cours.
130
Ajoutons encore une réserve : les canevas ont été remplis non pas
par des psychologues industriels après étude du poste, mais par des
gens de métier, n’ayant pas étudié la psychologie. On sait que, dans de
telles conditions, la moisson de renseignements comporte surtout des
lieux communs et des idées toutes faites, des opinions influencées par
un souci de prestige projeté sur son propre métier, des interprétations
personnelles du langage des aptitudes, des conceptions livresques et
non pas réelles de l’activité dans la situation de travail.
1) Dactylographier.
2) Copier et collationner.
3) Communiquer des renseignements.
4) Préparer le travail et le diriger.
5) Remplir des imprimés.
6) Faire et expédier des paquets.
7) Travail de routine.
8) Calculer.
On conçoit comment un travail de bureau peut être décrit au moyen
de ces composantes.
6) Qui donne les règles, les standards et les normes de travail, quelles
sont ces règles pour chaque poste ?
par observation des gens qui travaillent et entretien avec eux. Il ne s’agit
pas, en effet, de recueillir les informations des bureaux de direction. Il
faut savoir ce qui se passe réellement ; l’expérience montre que c’est, en
général, très différent de ce que croit la direction ou les bureaux des
méthodes. C’est l’étude de l’organisation réelle qui permet de diagnos-
tiquer ce qui ne va pas dans le « comportement de l’organisation ».
d) Quelques techniques
Anne Lancry-Hoestlandt
ce qui peut l’aider à parvenir à une meilleure qualité de travail. Mais est-on
sûr que la prise en compte de ce seul critère suffise à améliorer la situation ?
A certains âges et chez certains enfants et adolescents, la différence perçue et
ressentie entre son corps et le corps de l’autre peut être vécue comme margi-
nalisante par rapport au groupe de pairs de référence, ce qui est affective-
ment coûteux et va nécessiter une mobilisation d’énergie importante pour
réduire ce décalage. Attribuer d’autorité un mobilier adapté aux caractéris-
tiques anthropométriques peut avoir comme signification psychologique
pour certains élèves de marquer publiquement leur différence d’une manière
qui sera vécue négativement. Le confort physiologique et les bonnes condi-
tions de perception peuvent s’accompagner d’un inconfort voire d’un malaise
psychologique qui rendra l’élève indisponible pour le travail. Ceci ne signifie
pas qu’il ne faille rien faire, puisque de toutes façons cela ne conviendra pas à
tout le monde, mais cela démontre l’intérêt de prendre en compte les aspects
psychologiques tant dans la phase d’investigation que dans celle d’interven-
tion c’est-à-dire de concrétisation des propositions d’aménagement.
élèves, de même que les résultats et les gains58. Les aléas ou imprévus,
les évènements vécus négativement et les dysfonctionnements présen-
tent aussi des variations inter et intra-individuelles qui peuvent de ce
fait être perçues par l’enseignant comme pouvant surgir à tout moment.
58. Les gains désignent ce que l’élève a acquis ou est en train d’acquérir pour l’ensemble des
compétences cognitives et conatives mises en jeu, et non seulement le strict résultat d’une
tâche évaluée par l’enseignant
146
Figure 3 : Schéma récapitulatif des relations entre tâche, activité et opérateur d’après
Karnas (1987). Ajouts en italique et traits pointillés (Lancry-Hoestlandt, 2000)
L’élève doit en outre ne pas oublier les actions en cours s’il est inter-
rompu, tout en suivant le déroulement du travail affiché par l’ensei-
gnant. Ceci sous-entend un modèle de l’élève de la part de l’enseignant.
Un modèle est construit à partir, entre autres, des représentations. Il
intègre plusieurs catégories de représentations. Une représentation
à elle seule ne permet pas d’expliquer la planification d’actions. Le
152
des difficultés offertes par la tâche et, d’autre part, des dispositions comporte-
mentales dans lesquelles se trouve l’homme chaque fois qu’il aborde la tâche,
donc d’une part, un facteur structural lié à l’objet et d’autre part un facteur
dispositionnel lié à l’homme. » Cette réflexion issue d’analyses du travail
en milieux industriels s’applique tout autant au milieu scolaire. Les
exigences de la tâche sont plus ou moins comprises ou accessibles
pour l’élève et ses conditions d’exercice plus ou moins facilitantes.
De même, pour l’élève, les dispositions à l’action ou plus exactement
à cette action attendue d’apprentissage sont sujettes à de nombreuses
variations inter et intra individuelles. En continuant et rapprochant ces
analyses des études sur la fiabilité technique de sytèmes de production,
Faverge (1970) a exposé, dans un article qui a fait date, son approche
de la fiabilité humaine dans les sytèmes de production, allant jusqu’à
expliquer le rôle de l’homme en tant qu’agent de fiabilité ou d’infia-
bilité du processus industriel. Nous avons repris cette approche pour
l’appliquer en milieu scolaire et apporter un éclairage nouveau dans la
compréhension de certains écueils et dysfonctionnements du système
scolaire.
Conclusion
Cette présentation, évidemment non exhaustive, souligne que
chacun des aspects évoqués peut agir sur la fiabilité de la situation
scolaire. Mais l’acteur (enseignant ou élève) de la situation n’est à cet
égard pas neutre, et il peut lui-même compenser, par sa conduite, un
indicateur négatif (selon son âge et ses facilités). Un enfant mal assis,
trop longtemps, dans un milieu trop bruyant et mal éclairé, peut mani-
fester une implication à une tâche même très complexe (construction
d’une maquette par exemple) qui le rend capable de supporter les
conditions défavorables beaucoup plus longtemps que pour une tâche
pour laquelle son rôle et le sens final de la tâche ne sont pas compris.
Ces possibilités de régulations individuelles ne doivent cependant pas
faire oublier l’importance des actions et optimisations dépendant des
régulations systémiques.
Xavier Cuny
d’un travail » (p. 169) il semble bien que leur propos soit de l’ordre de
l’image visant à décrire un phénomène de succession de signaux dont
l’arrangement dépend étroitement de la structure de la tâche exécutée.
entrer. Au début il ne voit sur cet écran que des taches plus ou moins
lumineuses et colorées. Ce n’est qu’après beaucoup d’indications d’un
contremaître et d’un collègue qu’il structure peu à peu cet ensemble
de taches pour y discerner l’équipement intérieur du four et y situer et
reconnaître les produits qui s’y trouvent. On pourra parler de forma-
tion, mais en quoi consiste celle-ci ? Essentiellement, estimons-nous, en
ce que l’on peut nommer une sémiotisation progressive des tâches, pièces
du patchwork d’abord perçu sur l’écran. Dans ce cas on ne parlera plus
avec Ombredane et Faverge de signaux, mais plus proprement peut-
être de groupement d’indices dont l’ensemble des éléments constitue
un système sémiotique.
Gestes, action et analyse du travail
Gabriel Fernandez
1. La situation de travail
Ces derniers sont donc des blanchisseurs. L’établissement indus-
triel est spécialisé dans le linge hospitalier : linge de lit, chemises des
malades, vêtements des soignants. Les opérateurs sont, pour la plupart,
des agents titulaires de la fonction publique hospitalière. La blanchis-
serie est composée de deux usines, dont l’une est sise dans l’emprise
d’un groupe hospitalier parisien. Le travail est le même dans les deux
usines. Ce sont quarante à cinquante tonnes de linge qui sont blanchies
et livrées chaque jour par approximativement quatre cents agents de
production, ligne hiérarchique d’atelier comprise.
Tableau 2
2. L’action de prévention
C’est dans ce contexte que le service de santé au travail (un médecin
du travail et deux infirmières du travail) a été sollicité. Le CHSCT
souhaitait savoir sur quels paramètres des conditions de travail faire
porter prioritairement l’effort avec une très forte contrainte : maintenir
le niveau de production à effectif constant.
Nous avons appelé ces plans celui du mouvement, celui des auto-
matismes et celui du geste, par analogie avec le modèle de l’activité de
Leontiev (1984) qui distingue respectivement l’activité, les opérations
et l’action. Le choix lexical adopté pour désigner ces plans distincts
n’est pas exempt de défauts. Les mots « geste » et « mouvement » sont
en effet très souvent utilisés comme des synonymes en physiologie,
biomécanique, neurologie, psychoneurologie ou psychomotricité. En
psychologie, Meyerson (2000) distingue le geste du mouvement, mais
dans une acception toute différente de la nôtre. Par ailleurs, le mot
« automatisme » est sémantiquement proche de « réflexe », « routine »
ou « machinal ». Pour notre part, nous utilisons ce mot pour désigner
le résultat du processus d’automatisation du geste que décrit Berns-
tein (1996), résultat dont les propriétés sont éloignées de la répétition à
l’identique. Nous avons donc à préciser le contenu de ces notions.
174
Mais les contractions posturales sont aussi saisies par les compo-
santes neurovégétatives des réactions émotionnelles, se résolvant
par là en attitude signifiante en lien avec des sentiments faisant suite
aux émotions. Il y a là une véritable lutte entre tendances affectives et
contraintes gravitationnelles pour s’emparer du tonus musculaire.
Pour Wallon, ces liens structuraux sont seconds au regard des rela-
tions fonctionnelles à l’origine de la fonction générale d’automatisme.
Ainsi, la formation d’un automatisme résulte de la substitution progres-
sive aux images les plus objectives d’autres plus personnelles car, avec
l’exercice et la répétition, le sujet entre dans « l’esprit du mouvement »,
pour reprendre la terminologie de l’auteur. Parlant de l’enfant, il note
qu’ainsi il « se fait cheval, locomotive ou singe, et c’est en se laissant posséder
tour à tour par les êtres sur lesquels il éprouve le besoin d’accommoder ses
attitudes qu’il complète son éducation motrice », montrant ainsi les liens
intimes entre les dimensions psychique et physiologique.
Le contexte est défini, selon Leplat (2000), par les ressources et les
contraintes externes au sujet autant que par celles qui lui sont internes.
Au nombre de ces dernières, celles qui sont de nature affective jouent
un rôle décisif. Damasio (2010) a montré qu’au plan physiologique, le
support de l’activité cérébrale associée à tout acte perceptivo-moteur
est l’assemblée de plusieurs groupes neuronaux. Les noyaux sous-
corticaux et les cortex impliqués dans les réactions neurovégétatives et
les sentiments d’émotions participent toujours à cette assemblée. Leur
activité possède une valeur biologique s’exprimant par la libération de
molécules chimiques provoquant le déclenchement d’émotions. Dans
le contexte de l’activité cérébrale, la valeur biologique guide l’exécution
de l’acte moteur. Au plan psychologique, le sentiment est la percep-
tion consciente d’un état organique plus l’idée qui l’accompagne. Le
geste est orienté par le but conscient de l’action et contrôlé par le senti-
ment qu’il contribue à générer, lequel se résout en affect au niveau du
mouvement.
Le geste passe ainsi d’un plan à l’autre selon que le sujet est en
recherche d’efficience ou de sens. L’efficience est en rapport avec le
développement des automatismes, tandis que le sens est lié à la diver-
sité des contextes d’exécution, c’est-à-dire, des mouvements à chaque
fois différents. Le passage du geste d’un plan à l’autre est l’opéra-
teur principal de son développement, notamment du fait qu’avec ces
passages ce sont aussi les émotions, les sentiments et les affects qui
participent à cette dynamique que nous cherchons à exploiter en auto-
confrontation croisée.
Les indices sont calculés sur la totalité des tracés normalisés de chaque
agent. On utilise ensuite la moyenne arithmétique de chaque indice.
4.2.1 Le RMS
Figure 2
effet, l’objectivation que nous avons présentée ici, bien que rigoureu-
sement construite, n’est pas conforme aux exigences de la production
de connaissances à caractère scientifique. Elle a d’emblée été pensée
comme un artéfact susceptible de devenir un instrument de l’activité
d’analyse du travail des agents de la blanchisserie. C’est au mieux un
instrument de l’action de prévention des TMS qu’a proposée le service
de santé au travail, pour favoriser le dialogue gestuel.
5. Conclusion
C’est à dessein que nous ne mentionnons pas les résultats observés
après la mise en œuvre par le service de santé au travail de l’action de
prévention des TMS dans une blanchisserie industrielle. Nous voulions
seulement illustrer l’ambivalence des sentiments provoqués à la lecture
du livre d'Ombredane et Faverge. Il est des analyses du travail rappor-
tées dans le livre qui fait l’objet de ce colloque, à l’occasion desquelles
59. Si cette relation était linéaire, RMS et MPF seraient inversement proportionnels et les points
du graphique correspondants aux agents devraient alors se répartir selon une droite à pente
négative. Or, ce n’est visiblement pas le cas, ce qui signifie que cette relation est plus complexe
qu’une simple relation linéaire.
185
on lit des formulations laissant penser que ces analyses ont pour visée
l’élaboration de normes pour la sélection de la main-d’œuvre. On peut
le voir comme le tribut dû à l’esprit de l’époque.
Mais bien plus nombreuses sont les formules qui dans le livre
tournent le dos à cette tendance, montrant que l’analyse du travail,
pour se faire précise, doit viser un tout autre objectif. Ces formules sont
une critique du psychologisme consistant à réduire le sujet à des fonc-
tions psychologiques, permettant ainsi de voir que l’activité d’un sujet
au travail possède un empan allant bien au-delà de la simple exécution
d’une tâche. Les auteurs montrent de surcroît, sans le formuler de cette
façon, que c’est dans ce qui déborde la tâche que gisent les sources de
créativité au travail, donc de sa qualité.
Raison pour laquelle nous pensons que, soixante ans après sa publi-
cation, la lecture de L’Analyse du travail d'Ombredane et Faverge est
toujours stimulante pour les cliniciens du travail, quel que soit d’ail-
leurs leur discipline académique d’origine. Nous avons voulu montrer
ici comment nous avons fait de l’analyse du travail, en milieu industriel,
un moyen de prévention des TMS en rendant discutable l’objectivation
des traces de l’activité, reprenant une recommandation de Faverge sur
l’objectivité indiscutable de telles traces.
Le travail en tant qu’activité de récupération60
Jean-Marie Faverge
60. Article paru en 1979 dans le Bulletin de Psychologie, Tome XXXIII, 203-206. Reproduit avec
l’autorisation du Bulletin de Psychologie.
188
« Au moment où on fait une machine comme celle-là, on fait une machine
automatique. Ça fonctionne tout seul. Alors, dès le départ, consciemment
ou inconsciemment, on éjecte le problème de personnel. C’est une machine
automatique, il n’y aura personne. Donc ce n’est pas la peine d’y penser.
Et puis, on se rend compte que ce n’est pas si simple que ça, qu’au lieu
d’avoir une machine en une partie, il faut la couper en deux et avoir un
stock-tampon entre ces deux, parce que si l’on ne fait pas cela elle est tout
le temps en panne. Donc, il faudra bien mettre une personne au centre de
la machine et puis une deuxième parce qu’il y a un alimenteur automatique
qui ne fonctionne pas bien, puis une troisième parce qu’un organe n’est pas
fait tout de suite et viendra dans un an, et pour finir il y a 12 personnes
autour de la machine.
La surcharge de récupération
J.-L. Leblanchet (1975) a insisté sur la surcharge de travail causée
par les incidents : « Si un incident survient, l’activité de l’ouvrier doit se
compléter d’un effort supplémentaire pour atteindre son but utile. Cet effort
fait partie de son travail, s’il ne le faisait pas la production s’arrêterait. C’est
précisément ce qui distingue le travail d’un ouvrier, du travail mécanique de
la machine ».
Pour revenir enfin à mon point de départ, j’espère que cet exposé
aura contribué à montrer que l’analyse en les trois activités de produc-
tion, de prévention et de récupération est une forme qui peut être
féconde d’analyse psychologique du travail.
L’attrait de l’œuvre de J.M. Faverge
Yves Clot
Ce qui suit vise surtout à établir, par un voyage dans des textes,
l’équivocité de l’œuvre de J.-M. Faverge qui reste une source d’inspira-
tion si importante dans le moment d’histoire où se trouve actuellement
l’analyse psychologique du travail.
disposition est sans doute présente chez le conducteur novice, mais elle s’at-
ténue jusqu’à disparaître progressivement avec la routine. Le vieux conduc-
teur rumine librement ses soucis et ses joies et freine et repart machinalement,
sans précipitation ni retard à l’appel des signaux. Il serait bien en peine de
dire s’il a fait ou non attention. Ce dont il est normalement assuré c’est qu’il a
respecté les signaux. Il est facile de voir qu’on ne peut pas définir une exigence
permanente d’une tâche par une disposition réactionnelle de l’homme sujette à
de telles fluctuations et à un tel amortissement. Ce que la tâche exige ce n’est
pas de l’attention, mais le respect des signaux sous une forme optimale entre
certaines limites de tolérance, quelle que soit la disposition du conducteur qui
les a respectés. A partir de cette notion de respect des signaux, des spécifica-
tions doivent être introduites dans la définition que ce respect comporte » et
ils en fournissaient la longue liste (1955, p. 7).
2. Le pourquoi et le comment
Au bout du compte, c’est finalement à la conception et à la définition
de la tâche qu’il faut faire confiance comme source indirecte d’atten-
tion. Il vaut mieux éviter de regarder cette dernière comme un attribut
de la personne et seulement du point de vue de ses fonctions psycholo-
giques. En un sens, dans cette perspective, les sources de la conduite et
du comportement sont excentrées du côté de la situation. D’où l’une des
premières formulations dans L’Analyse du travail de la différence entre
tâche et activité, même si ce dernier mot n’y est pas : « Deux perspectives
sont à distinguer dès le départ dans une analyse du travail : celle du Quoi et
celle du Comment. Qu’est-ce qu’il y a à faire et comment les travailleurs que
l’on considère le font-ils ? D’une part, la perspective des exigences de la tâche
et d’autre part, celle des attitudes et séquences opérationnelles par lesquelles
les individus, observés répondent réellement à ces exigences » (1955, p. 55).
3. L’interprétation
Pourtant Faverge ne craint pas le paradoxe. D’un côté l’activité du
sujet semble contenue en puissance dans la tâche qu’il réalise. Mais de
l’autre, le travailleur est bien toujours à l’initiative. Et le clinicien du
travail retrouve beaucoup de ses préoccupations dans la manière dont
cet auteur se confronte à la pratique de l’analyse du travail. V. De Keyser
(1982) a donné un exemple de ce que nous voulons désigner ici, dans
l’hommage qu’elle a rendu à notre auteur : « Faverge, casqué, s’assied à
côté d’un travailleur. Il lui montre ce qui, de toute évidence, est une paire de
gants de protection, et s’informe : "Tiens, qu’est-ce que c’est ?" Incrédulité du
mineur qui se rassure bientôt : la mine naïve de Faverge – pour ne pas dire plus
– témoigne de sa bonne foi. Et le travailleur de lui expliquer longuement que
ce sont des gants de protection, mais qu’il ne les utilise pas car ils le gênent ;
que par contre, lorsqu’on arrive dans telle ou telle phase critique de la tâche,
il lui arrive de les porter. En quelques instants, la variabilité du processus de
travail a surgi, ses contraintes aussi, et le compromis entre les exigences de
production et de sécurité » (p. 93).
5. L’initiative
Si l’on jette maintenant un regard sur la fin de la trajectoire de
J.-M. Faverge, on se convainc tout à fait de son apport à une analyse du
travail méfiante à l’égard du fétichisme de l’observation des comporte-
ments. Dans son bel article sur Le travail comme activité de récupération,
il rappelle ses critiques contre le verbalisme du langage des aptitudes.
Mais le nouveau est là : pour lui il n’y a pas de production possible
sans l’initiative de « récupération » qui est au cœur du travail humain.
Récupérer une situation, n’est pas seulement réparer mais réguler,
« remettre sur ses rails un processus qui tendrait à dérailler » (1979, p. 203).
L’activité de récupération n’est justement pas définie entièrement par
la tâche : « elle dépend du travailleur, de sa conception du travail, de son style
et, déjà, de ce fait est au cœur de l’analyse psychologique » (ibid, p. 203). Elle
Le moins qu’on puisse dire est que la conception des rapports entre
tâche, activité et – dans notre vocabulaire – subjectivité est loin ici du
cognitivisme étroit par lequel on définit trop souvent la tradition que
Faverge a inaugurée. Au bout du compte, si on devait se demander
comment expliquer l’attrait que cette oeuvre exerce encore sur nous, on
pourrait peut-être dire que c’est en raison du fait qu’elle est inachevée.
Surtout au plan théorique. Au total on la trouvera robuste, composite et
inachevée. Mais les trois sont sans doute nécessaires pour susciter des
vocations. On sait que ce fut le cas et c’est peut-être le plus grand mérite
de J.-M. Faverge.
203
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