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59 Geographia Technica.

Numéro spécial, 2009

VENTS FORTS ET VENTS EXTREMES DANS LES PRINCIPALES


VILLES COTIERES DE LA TUNISIE : MISE AU POINT
METHODOLOGIQUE ET RESULTATS PRELIMINAIRES
H. BEN BOUBAKER, N. FEHRI
U.R. Biogéographie, Climatologie et dynamique Erosive
Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de Manouba. Tunisie
hboubaker@yahoo.fr ; fehri_n@yahoo.fr

Résumé :Les vents forts, redoutés par l’homme pour leur agressivité, représentent un facteur à risque. Souvent
mal définis, ils correspondent à une vitesse moyenne ≥15 m/s ou 20m/s en rafales. Sur les côtes de la Tunisie, ils
sont assez fréquents en hiver, en rapport avec les types de temps perturbés, associés surtout à une circulation
atmosphérique de nord et d’ouest en hiver. L’été, le risque de vents forts est plus faible, en raison de la
prédominance des types de temps calmes, associés à des situations anticycloniques plus fréquentes.
Mots clés : vent fort, vent extrême, rafale, risque, Tunisie.
Abstract: Strong and extreme winds in the principal coastal cities of Tunisia : methodology and
preliminary results. Strong winds, dreaded by the man for their aggressiveness, represents a factor at the risk.
Often badly defined, they correspond at a mean velocity ≥15 m/s or 20m/s in gusts. On the coasts of Tunisia, they
are rather frequent in winter, in connection with the types of weather, especially associated an atmospheric
circulation of north and west in winter. The summer, the risk of strong winds is weaker, because of the
prevalence of the calm types of weather, associated more frequent anticyclonic situations.
Key words: Strong wind, extreme wind, risk, gust, Tunisia

Introduction
Le vent représente un élément du climat parfois, agréable et bienfaisant quand il est associé à
certains types de temps chauds ou quand il fait dissiper les concentrations polluantes par exemple.
Mais, dès que sa force dépasse un certain seuil, il devient redouté par son effet stressant, dévastateur
ou contraignant pour certaines activités de plein air, telle que la navigation aérienne et maritime, la
pêche, la circulation routière, les cultures de plein champ,… Même la production d’énergie éolienne
s’estompe dès que le vent dépasse une certaine force. L’effet des vents forts de surface se manifeste
soit par leur action mécanique, soit par leur effet thermique, qui se matérialise essentiellement par une
action desséchante. Le paysage rural, surtout littoral, n’est-il pas décoré par des rideaux d’arbres,
abritant les parcelles de leur effet destructeur.
En Tunisie, les régions littorales, où la rugosité est plus faible qu’à l’intérieur des terres,
représentent le secteur le plus vulnérable à l’égard des vents forts. En effet, c’est autour des grandes
villes côtières que se localisent les principaux ports et aéroports du pays. Les artères principales de la
circulation terrestre (autoroutes et routes principales, chemins de fer) longent également le littoral,
reliant les grandes agglomérations urbaines, de l’extrême nord à l’extrême sud du pays (Tunis,
Tabarka, Bizerte, Nabeul, Sousse, Sfax, Gabes, Djerba,…). Par ailleurs, ces grandes villes représentent
les principaux centres de concentration des activités économiques (tourisme, activités tertiaires,
industrie, …) et de la population.
Les qualificatifs de vent fort, grand vent ou vent extrême sont d’usage courant, mais leur définition
n’est pas pour autant unanime et précise. Dans le présent travail, nous cherchons à :
- définir les vents forts de surface et proposer une typologie convenant à l’étude de ce risque ;
- étudier leur fréquence moyenne, interannuelle, saisonnière et mensuelle;
- analyser l’origine des vents forts et les facteurs aérodynamiques générateurs ;

59
Extrêmes climatiques : génèse, modélisation et impacts 60

1. Données et méthodes
1.1. Données
Pour analyser les vents forts de surface à l’échelle des différentes régions littorales du pays, nous
nous sommes référés aux 8 stations synoptiques fournissant des séries de données complètes,
homogènes et fiables (figure 1). Elles sont localisées dans les principales villes représentatives aussi
bien du rivage oriental que septentrional du pays. Deux autres stations (Nabeul et Mahdia) ont été
rejetées pour non conformité à ces normes.
Deux types de données ont été nécessaires pour une étude Figure 1. Carte de localisation
minutieuse des vents forts :
- la vitesse du vent moyen horaire mesurée à une hauteur Bizerte
10915
Tabarka
standard de 10 mètres au-dessus du sol. Etant donné que la 10201
10915
Tunis-C Kélibia
9676

vitesse du vent est très variable d’un instant à l’autre, en


raison de la succession très rapide de rafales et de plats, les Monastir
10470
bulletins météo fournissent la moyenne calculée sur les 10
minutes qui précèdent l’heure officielle du relevé. Sfax
10904

Gabes
- le vent maximum instantané : il s’agit de la vitesse 10923
Jerba
maximum du vent observée sur 0,5 secondes, par rafales. Leur 10920

vitesse peut dépasser celle du vent moyen de 50 %


(www.meteo.fr)
Ces données, traitées et gracieusement fournies par
l’Institut National de la Météorologie, couvrent une période Nb. Tot.
D'observations

trentenaire homogène pour toutes les stations, allant de 1977 à quotidiennes


10470

2006.

1.2. Méthodes
1.2.1. Etat des lieux et critiques
Il n’existe ni une définition consensuelle universelle des vents qualifiés de « forts » ni une
définition normalisée des vitesses de vent correspondantes. Cette absence de définition franche et
précise incombe aux problèmes suivants :
- d’abord, plusieurs échelles et unités de mesure de la force et de la vitesse du vent sont d’usage,
aussi bien en milieu marin que sur le contient. Toutefois, les fourchettes quantitatives correspondant
aux différentes qualifications sont assez variables selon les pays et les usages. L’échelle de Beaufort,
datant depuis 1806, repose sur l’observation de l’effet du vent sur le paysage, selon une grille qui va
de 0 à 12. L’échelle de mesure en nœuds, reposant sur l’observation des vagues, est plus précise, mais
elle est essentiellement utilisée par les marins. Quant aux instruments de mesure modernes, ils
mesurent la force du vent soit par m/s soit par km/h. Pour effectuer la correspondance entre ces
différentes unités de mesure (tableau 1), des arrondissements sont toujours nécessaires, d’où les
risques de perte de précision et de divergences d’un auteur à l’autre. En l’occurrence, la force 6 de
l’échelle Beaufort (hauteur des vagues de 3 à 4 m) correspond à une vitesse de 22 à 27 nœuds, soit
l’équivalent de 39 à 49 km/h ou 10,8 à 13,8m/s.
Correspondance entre les différentes unités de mesure de la vitesse du vent
Tableau 1.
m/s noeuds Km/heure
1 1,943 3,6
0,515 1 (= 1 mille/heure) 1,853
0,278 0,540 1
61 Geographia Technica. Numéro spécial, 2009

- Ensuite, la force du vent n’est pas appréciée de la même manière chez les marins et en milieu
terrestre. Si les marins se réfèrent aux mouvements des vagues pour apprécier la force des vents, les
terrestres se réfèrent à des phénomènes différents, tels les mouvements des feuilles et des branches
d’arbres. Etant donné que la rugosité est très différente entre les deux milieux, un vent soufflant à
même vitesse, n’est pas forcément apprécié de la même manière sur terre que sur mer;
- Enfin, les qualificatifs affectés aux différents vents, omettent souvent l’emploi des termes fort,
très fort, … L’usage courant fait appel à des qualificatifs peu précis pour pouvoir distinguer les vents
« forts » de ceux qui ne le sont pas. En l’occurrence, les nuances entre les termes de « vent frais »,
« grand frais », « coup de vent » ou « fort coup de vent » ne sont pas suffisamment explicites pour
identifier les vents forts.
En conséquence, les seuils à partir desquels un vent est désigné « fort » varient d’un auteur à
l’autre. Par exemple, l’échelle de Beaufort, divisée en 13 catégories de force, distingue entre les brises
et les vents. Les vitesses supérieures aux brises correspondent, sur terre, à un vent frais (force 6),
grand frais (force 7), coup de vent, (F8), fort coup de vent (F9), tempête (F10) et violente tempête
(F11).
Quant à Peguy Ch. P (1970), il retient le seuil de 11-14m/s pour définir un vent « fort » (tableau 2).
Il le qualifie de « violent » à partir de la vitesse 15 à 21 m/s et « très violent » à partir de 22m/s.

Echelles et qualificatifs des vents proposés par Peguy Ch. P. (1970)


Tableau 2.

Qualificatifs Vitesse en Vitesse en km/h Echelle de


m/s Beaufort
Faibles 2à4 7 à 15 2à3
Modérés 5à7 16 à 25 4
Assez forts 8 à 10 26 à 36 5
Forts 11 à 14 37 à 50 6à7
Violents 15 à 21 51 à 73 8à9
Très violents Plus de 22 Plus de 75 10 à 12

Se référant aux normes physiologiques de confort humain, Besancenot JP. (1990) admet le seuil
12m/s comme limite supérieure de confort par grande chaleur, au-delà de laquelle l’effet mécanique
du vent sur le corps devient « passablement faitgant et il s’y ajoute des effets neuro-végétatifs
déplaisants » (Besancenot, 1990). Par temps froid, ce seuil est réduit à 10m/s pour convenir à
« l’extrême sensibilité du troisième âge aux vents forts » susceptibles non seulement de développer
l’irritabilité et de diminuer la sociabilité, mais aussi de déclencher des accidents cardiaques ou
cérébro-vasculaires (Idem). Alouane (2002), utilise un seuil plus bas (9-12m/s) pour qualifier un vent
fort en Tunisie. Il est très fort si sa vitesse va de 13 à 16 m/s. Au-dessus, c’est la tempête.
Pour la Méditerranée, d’autres auteurs (Besson et al, 1996) proposent le seuil d’un vent à vitesse
≥16m/s. Quant au « Meteorological office » britannique, (1962), il admet une force ≥ 6 de Beaufort
(soit 11,3m/s), comme limite inférieure des vents forts.
Météofrance (www.meteo.fr) parle de Grand vent, « dont la force excède celle des brises ». Ce
grand vent correspond à un « vent fort » , très fort ou (en mer) violent, de force au moins égale à 7,
ce qui correspond à une vitesse supérieure ou égale à 28 noeuds ou 50 km/h (=14,4 m/S = 28 noeuds).

61
Extrêmes climatiques : génèse, modélisation et impacts 62

Typologie des vents selon Météofrance (www.meteo.fr).


Tableau 3.
Qualificatif Vitesse Force de l’échelle Vitesse Vitesse
en noeuds Beaufort correspondante en correspondante en m/s
km/h
vent faible 0à6 0à2 1 - 3,1
vent modéré 7 à 21 3à5 13 - 39 3,6 – 10,8
vent assez fort 22 à 27 6 40,7 – 50,1 11,3-14
vent fort 28 à 40 7 et 8 51,8 – 74,1 14,4-20,6
très fort 41 à 47 9 76 – 87,1 21,1-24,2
violent > à 47 10 et plus > 87,1 > 24,2

Cette définition, largement convergente avec celle de Peguy, nous semble suffisamment explicite.
Elle est adéquate avec le seuil d’alerte de 30 nœuds (=15,4m/s = 55,5 km/h), adopté par l’Institut
National de la Météorologie en Tunisie (INM) pour les marins (ce qui correspond à environ ≥ 16m/s
(= 31,1 nœuds ou 57,6 km/h).
Enfin, toutes ces définitions des catégories du vent se réfèrent au vent moyen, calculé sur 10
minutes. Par exemple, la vitesse du vent annoncé dans un bulletin météo à 15 h est le résultat de la
moyenne calculée sur les 10 minutes précédentes. Par contre les vents de rafale, exprimés par le vent
maximum instantané, sont quasiment ignorés par ces différentes typologies, se contentant souvent de
signaler que la vitesse de ces vents de rafale peut atteindre jusqu’à 50% de celle des vents moyens. Or,
ces vents instantanés, bien qu’ils ne soient pas représentatifs de la vitesse observée avant et après
l’heure de leur enregistrement, peuvent être d’une efficacité telle qu’ils risquent de renverser une
barque ou une voiture, de déraciner un arbre, de tordre des poteaux … Nous jugeons alors qu’ils
méritent d’être considérés dans la définition d’un jour ou d’un épisode à vent fort. En Tunisie par
exemple, les bulletins d’alerte météo de l’INM jugent les vents de rafale comme étant à risque dès que
leur vitesse excède d’environ 10 nœuds celle du vent moyen (source orale de l’INM). En France, les
assureurs retiennent le seuil de 100 km/h (= 54 nœuds = 27,8 m/s) en vitesse de vent instantané
(intégré sur 0,5 s) pour indemniser les dégâts dus au vent. Là aussi, il est admis que le rapport entre
vent instantané et vent moyen sur 10 minutes est de l'ordre de 1,6 à 1,9
(http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosclim/biblio/pigb15/08_evolution.htm). D’autres auteurs se
contentent de mentionner que l’écart de vitesse entre les deux dépasse 50%.
1.2.2. Typologie des vents forts
Compte tenu des difficultés et de la diversité des définitions évoquées plus haut, nous jugeons que
les vents forts, susceptibles de représenter un aléa, correspondent à ceux dont la vitesse est supérieure
à un seuil variant entre 14 et 16 m/s, soit l’équivalent de 30 nœuds ou de la force 7 de Beaufort. Par
commodité et pour rester dans la fourchette des normes méditerranéennes et tunisiennes, nous retenons
donc délibérément la vitesse de 15m/s pour le vent moyen et 20m/s pour le vent maximum instantané,
soufflant en rafale. La vitesse du vent exprimée en m/s, étant la plus fine, servira d’unité de référence.
A partir de cette limite, l’agression du vent subie par l’organisme devient certaine, qu’il fasse
chaud ou froid. Les risques liés à l’effet du vent deviennent également certains, aussi bien pour le
paysage naturel que pour l’organisme humain. La mer devient très forte. Sur terre, un piéton peine à
marcher contre le vent et les arbres en entier sont agités. Les effets mécaniques du vent, en
l’occurrence érosifs, s’intensifient. Même le seuil optimum de fonctionnement des éoliennes
(environ13 m/s) se trouve franchi.
En somme, nous retenons la typologie suivante des vents pour la Tunisie (tableau 4). Dans la
présente étude, nous focalisons sur les trois derniers types de vents forts :
63 Geographia Technica. Numéro spécial, 2009

Typologie des vents forts, moyens et extrêmes


Tableau 4.
Vent moyen (horaire) Vent maxi instantané (rafales)
m/s Noeuds Beaufort m/s

Faible 1–4 0-7 0-2 1-9


Modéré 5–9 10 - 18 3-4 10 – 14
Assez fort 10 – 19-29 5-6 15 - 19
14
vent fort 15 - 30 – 40 7à8 20 – 24
19
très fort 20 – 41 – 47 9 25 – 29
24
violent ≥ 25 > 47 10 et + ≥ 30

Deux grandes catégories de vent peuvent être alors retenues :


- les vents faibles à modérés : ils correspondent à des vitesses de vent moyen
inférieures à 15 m/s ou des rafales inférieures à 20 m/s.
- les vents forts à violents: ils sont de trois types :
o vent fort, correspondant à une vitesse de 15 à 19 m/s en vent moyen ou 20 à 24 m/s en
rafale.
o Vent très fort, correspondant à une vitesse de 20 à 24 m/s en vent moyen ou 25 à 29 m/s en
vent maxi instantané. En l’occurrence, les palettes des éoliennes sont automatiquement freinées
dans que la force du vent franchit ce seuil (dans le cas des éoliennes installées en Tunisie).
o Enfin, le vent violent, correspondant à l’échelle 10 de Beaufort qui signifie une tempête. Il
s’agit du vent soufflant à une vitesse moyenne supérieure ou égale à 25 m/s ou à 30m/s en rafale.
Partant de cette typologie, nous cherchons à identifier et catégoriser les « jours à vent fort ». Pour
ce faire, nous avons procédé de deux manières :
D’abord, nous avons privilégié le critère du vent maximum instantané comme indicateur unique de
définition d’un jour à vent fort, très fort ou violent, dès que cette vitesse atteint ou dépasse le seuil de
20m/s (=41 nœuds). Si on admet qu’une telle vitesse dépasse celle du vent « moyen » d’environ 10
noeuds, la vitesse de ce dernier serait supérieure à 30 nœuds (ou 15m/s), ce qui concorde avec la grille
proposée (tableau 4). Dans ce cas, un vent au moins « for » à tous les égards devrait avoir lieu pendant
un moment de la journée. Le critère du vent maximum instantané, outre sa manipulation facile, peut
être donc considéré comme représentatif à la fois du vent de rafale et du vent moyen horaire.
Ensuite, pour affiner la définition, nous avons considéré qu’un jour est qualifié à vent fort, très
fort ou violent dès que les deux critères de vent moyen et extrême sont réunis. Par exemple, pour
repérer un jour à vent fort, il faut qu’il ait enregistré une rafale de vitesse comprise entre 20 et 25 m/s
et qu’au moins une des mesures horaires du vent moyen appartienne à la fourchette 15 à 20 m/s.
Dans le cas où la vitesse du vent maximum instantané appartient à une catégorie supérieure à celle
du vent moyen, nous admettons le qualificatif de cette dernière, censée être plus représentative d’un
événement plus pérenne que celui d’une rafale de 0,5 seconde.
Cette méthode permet d’inventorier les jours de l’année en fonction de la force éolienne, tout en
combinant l’observation des vents moyens et des rafales. Elle permet également de simplifier la
réalité, puisqu’un jour x peut connaître des épisodes de calme et d’autres à vent soufflant à différentes

63
Extrêmes climatiques : génèse, modélisation et impacts 64

forces. Toutefois, elle fait abstraction de la persistance du vent à l’échelle de la journée, qui reste
possible par d’autres méthodes (vent moyen quotidien, cumul des vitesses horaires journalières, …).

2. Fréquence des vents forts


D’après la figure n°2, on peut déduire :
- la grande variabilité interannuelle, en termes de fréquence absolue d’occurrence des vents forts.
L’évolution est co-fluctuante entre les stations, particulièrement entre les stations du rivage nord. Les
pics des années 1988, 1991, 1994, 1999, 2003, … se retrouvent dans la plupart des stations.

50
45
40
35
Nb. j./an

30
25
20
15
10
5
0
1977

1979

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

1999

2001

2003

2005
Bizerte Gabes Jerba Kelibia
Monastir Sfax Tabarka Tunis-C

Figure 2. Variabilité du nombre de jours de vent fort/an (vent maxi instantané ≥20m/s) (1977-2006).

- une opposition assez nette apparaît entre le littoral septentrional et oriental. En particulier, la
station de Bizerte et celle de Tabarka, apparaissent comme les plus ventées de l’ensemble des régions
littorales. Quant au rivage oriental, il connaît une fréquence beaucoup plus faible de vents forts,
surtout au niveau des stations du golfe de Gabes (Gabès, Sfax et Jerba). Toutefois, le site péninsulaire
de Monastir lui affecte une vocation beaucoup plus ventée que le reste du littoral Est du pays.
Taux et nombre annuel moyen de jours à vent de rafale (vent maxi instantané ≥20m/s) (1977-2006)
Tableau 5.
Tabar Bi Tu Kéli Mon Sfa G Jerba
ka zerte nis-C bia astir x abès
% jours à vent 5,0 6, 4,8 2, 4,5 1,2 1, 2,8
fort 6 5 0
Nb moy. j/an 16,9 22 17, 7, 15,7 4,4 3, 10,2
,4 4 9 6

Le tableau n°5 confirme ce constat. En effet, le nombre annuel moyen de jours à vent fort dépasse
17 sur le littoral septentrional, avec un maximum de 22 à Bizerte. Cette moyenne descend à moins de
10j/an sur le littoral oriental, excepté Monastir. En termes de pourcentage, les statistiques sont plutôt
rassurantes, puisque le taux moyen de jours à vent fort en Tunisie littorale est limité entre 1 et 6,6%.
Pour affiner davantage la définition des jours à vent fort, nous avons pris en considération
simultanément les statistiques des rafales et celles du vent moyen horaire. Un jour est considéré à vent
fort si la vitesse du vent moyen horaire la plus élevée est ≥15m/s et celle du vent maximum instantané
journalière est ≥ 20m/s (tableau 6). Toutefois, cette méthode sous-estime l’effectif des jours à vent
fort, en éliminant les jours à fortes rafales ayant eu lieu entre les pointes des heures. En comparant les
résultats du tableau suivant à celles du précédent, le nombre moyen de jours à vent fort se réduit à
moins du 1/3.
65 Geographia Technica. Numéro spécial, 2009

Ces vents forts se produisent surtout en 3,5 Bizerte


3
hiver. Ils sont généralement associés à des

Nb. moy. j./mois


2,5 Tabarka
types de temps perturbés. En revanche, l’été 2
Tunis-C
étant marqué par la prédominance des 1,5
1 Monastir
situations anticycloniques (Henia L., 1998), 0,5
enregistre le taux le plus faible de jours à vent 0 Sfax

Janv.

Avril
Févr.

Nov.
Juin
Juill.
Mai

Août
Sept
Oct

Déc.
Mars
fort, aussi bien sur le littoral oriental que Jerba

septentrional.
Figure 3.Fréquence moyenne mensuelle des jours
à vent fort de rafale (moyenne 1977-2006)

Nombre annuel moyen de jours à vent fort (rafales ≥20m/s et vent moyen ≥15m/s) (1977-2006)
Tableau 6.
Bizerte Tunis-C Kélibia Tabarka Monastir Sfax Gabès Jerba
Nb. J. Moyen 5,4 4,8 0,3 2,9 6,0 0,7 0,2 3,6

Direction et origine des vents forts :

N N
% N % N %20 %25
30 NNW NNE NNW NNE
NNW 40 NNE NNW NNE 20
NW 15 NE NW NE
NW 30 NE NW 20 NE 15
10 WNW
20 WNW ENE WNW ENE 10 ENE
WNW ENE 10
10 5 5
W 0 E W 0 E W 0 E
W 0 E

WSW WSW WSW WSW ESE


ESE ESE ESE
SW SE SW SE SW SE
SW SE
SSW SSE SSW SSE SSW SSE
SSW SSE
S S S
S
20-25 m/s 26-30 m/s >=31 m/s 20-25 m/s 26-30 m/s >=31 m/s
20-25 m/s 26-30 m/s >=31 m/s 20-25 m/s 26-30 m/s >=31 m/s

a. Tabarka b.Tunis-Carthage c. Monastir d. Gabès


(nombre total jours = (nombre total jours = (nombre total jours = 471) (nombre total jours =
507) 23) 108)
Figures 4. Fréquence annuelle moyenne (1977-2006) des vents de rafales, forts, très forts et violents

Les roses de vent (figures 4 a, b, c et d) représentent la direction des vents forts observés dans
quelques stations littorales en Tunisie, mais font abstraction des calmes et des vents à vitesse ≤19m/s.
Un schéma presque identique se reproduit dans toutes les stations littorales. Les vents forts
proviennent quasi exclusivement de directions comprises entre l’ouest et le nord. A Monastir, les vents
forts sont plus tournés vers le nord. Certes, sa localisation au sud du golfe de Hammamet, et son site
péninsulaire assez dégagé, l’exposent aux flux qui se renforcent en logeant la côte (dans un sens
NNW/SSE), échappant à une rugosité plus élevée à l’intérieur des terres.
Les vents forts, tels qu’ils sont décrits plus haut, se produisent essentiellement par types de temps
perturbés, particulièrement fréquents en hiver (El Melki, 1996). En général, ils se produisent quand la
Tunisie se trouve dans une zone de contact entre 2 champs barométriques contrastés, avec un gradient
isobarique fort, véhiculant vers nos côtes un flux que se renforce à la merci d’une rugosité faible. Le
plus souvent, ces conditions surviennent par une circulation méridienne (exemple du 22 janvier 1981)
ou dans le cas de l’établissement d’un noyau de basse pression sur la Tunisie ou sur ses frontières
(exemple du 14 décembre 2005). Dans les deux cas, des vents forts à violents généralisés balayent le
pays, avec des rafales à haut risque, dépassant 30m/s sur nos côtes.

65
Extrêmes climatiques : génèse, modélisation et impacts 66

Figure 5. Situation du 22 janvier 1981 à Figure 6. Situation du 14 décembre 2005 à 00hTU


00hTU

Conclusion et perspectives
Les vents forts se définissent mieux par référence à la vitesse des rafales, qui traduisent mieux le
risque. En revanche, le vent moyen enregistré toutes les pointes des heures, est plus utile pour analyser
l’intensité et la persistance des vents forts. L’étude de ces vents mérite également d’être approfondie
par l’analyse de leurs répercussions sociétales, physiologiques, morphologiques et énergétiques.

Bibliographie :
Alouane T. (2002): Les ambiances climatiques dans les principales régions touristiques de la Tunisie,
Thèse de Doctorat (en arabe), Université de Tunis, FSHS, 470 p.
Besancenot JP. (1990): Climat et tourisme. Edit. Masson, 223 p.
Besson J., Hontarrède M., Macé R. et Mayençon R. (1996): Météo pratique en Méditerranée. Edit.
Nathan, 263p.
El Melki, (1996): Les masses d’air sur la Tunisie. Thèse de Doctorat, Université de Tunis, FSHS, 328
p.
Henia L. (1998): Les situations anticycloniques en Tunisie. Publications de l’AIC. Vol. 11, pp. 166-
173
Meteorolgical office, Grande Bretagne (1962): Weather in the Mediterranean, Vol. 1; Londres, 180 p.
Peguy Ch. P. (1970): Précis de climatologie. Edit Masson, 468 p.

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