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PLAN I/VII
A - La pré-assurance
B - Nécessités du commerce maritime
C - Transformation économique et sociale
1 - Concentration des patrimoines
2 - Elargissement du domaine de la
responsabilité civile
II - NAISSANCE DE L'ASSURANCE
A - Assurance terrestre
B - Assurance vie
CHAPITRE II : LA MAITRISE DES RISQUES
1 - Biens matériels
2 - Valeurs incorporelles
3 - Pertes d'exploitation
B - EVENEMENTS GENERATEURS DE
DOMMAGES AUX BIENS
1 - Nature des dommages
2 - Conséquences financières de dommages
aux biens
C - RISQUES DE RESPONSABILITE CIVILE DE
L'ENTREPRISE
1 - Du fait de son exploitation
a - A l'égard de ses salariés (faute
inexecusable)
b - A l'égard des tiers (nuisances ...)
c - Responsabilité des dirigeants
TITRE I
INTRODUCTION
Elle est donc utile tant à la protection des biens et des personnes du particulier
qu'à la prise de risque liée à la nécessité d'entreprendre pour l'entreprise. Elle
accompagne donc le développement économique.
L'élaboration d'un tel contrat est donc une opération complexe, puisqu'elle
portera sur la détermination du risque assuré, les conditions et les limitations
de garantie, le montant de la prime, et l'étendue des obligations de l'assureur
en cas de sinistre, complexité qui va nécessiter une protection particulière
du consentement des cocontractants.
De plus, l'existence du contrat d'assurance va "intéresser" des tiers, tels que les
créanciers de l'assuré ou les victimes de ce dernier.
LA NOTION D'ASSURANCE
Elle repose sur l'idée de mutualisation des risques et de solidarité pour faire face
aux aléas de toute nature.
I - EVOLUTION HISTORIQUE
A - LA PRE-ASSURANCE
1.
Mais cette pratique fut interdite, comme usuraire, par Grégoire IX en 1227.
C'est dans le domaine des risques maritimes qu'est donc apparue la notion
d'assurance moderne, comme l'attestent les lois Rhodiennes du VIIIe siècle, le statut
de Marseille de 1256, ou les Statuts Maritimes de Venise de 1255.
Un des plus anciens contrats a été conclu à Gènes en 1347 et était destiné à garantir
le navire Clara pour un transport de marchandises jusqu'à Majorque.
2.
Assurance sur un bateau déterminé jusqu'au port de Rouen, portant sur des
marchandises débarquées au Havre ou Barfleur, et retransportées sur
embarcations plus légères jusqu'à Rouen.
Assurance sur un navire dont le nom est encore inconnu lors de la
souscription du contrat, à charge de dénoncer le nom du vaisseau à bref délai
à l'assureur.
Le XIXe siècle voit une transformation importante des structures sociales due à
l'expansion économique.
De même, en a-t-il été du risque des entreprises en plein essor, exposées à la perte
de leurs bâtiments, outils de production, stock et marchandises du fait d'un aléa,
mais aussi à une dette de responsabilité à l'égard de leurs salariés ou de tiers.
II - NAISSANCE DE L'ASSURANCE
A - ASSURANCE TERRESTRE
1.
Il détruira les 13.000 maisons de 60.000 des 70.000 habitants de la ville, sur plus de
400 rues et 175 hectares.
La légende prétend qu'une des rares maisons épargnées était une taverne exploitée
par un certain Edward Lloyd, à Tower Street, qui eu l'idée de créer un office
d'assurance couvrant les risques les plus variés, et qui deviendra avec le temps la
plus grande organisation mondiale d'assurance : la Lloyd's de Londres.
Il s'agit d'une "bourse", créée par le "Lloyd's Act de 1871", composée de personnes
physiques "names" ou morales.
En réalité, si les spécialistes s'accordent pour convenir que si cette institution est bien née dans une taverne, c'est en 1662, soit 4 ans
avant le grand incendie de Londres, qu'un certain Edward Lloyd a voulu assurer les fruits et les revenus de la pêche...
2.
En France, il faudra attendre l'année 1717 pour voir se créer à Paris le "Bureau des
Incendiés", organisme municipal qui présente d'avantage le visage d'une caisse de
secours que d'un organisme d'assurance.
Aux XVIIIe siècle, des caisses diocésaines sont fondées dans des grandes villes
dans un but d'entraide et de bienfaisance, et trouvent leurs ressources dans des
quêtes bi annuelles.
La Révolution les transformera en Caisses départementales, telles que la "Caisse
départementale des Incendiés des Ardennes"....
B - ASSURANCE VIE
1.
En revanche, l'assurance sur la vie a eu, en France, des débuts plus difficiles
puisqu'elle passait pour "immorale" dans la mesure où le décès de l'assuré était
susceptible de procurer un avantage matériel à un tiers. Elle apparaissait également
"dangereuse" pour l'assuré, dans la mesure où elle pouvait donner un intérêt au
bénéficiaire de l'indemnité de "hâter le trépas de l'assuré".
En effet, la loi Le Chapelier du 14 juin 1791 prohibe tout groupement ayant pour but
la défense de "prétendus intérêts communs", et c'est ainsi qu'un décret du 24 Août
1793 a supprimé les Compagnies pratiquant des opérations d'assurance vie.
Ceci n'empêchait pas Napoléon lui même de souscrire une assurance vie auprès du
Lloyd's de Londres en 1813.
Ce n'est qu'en 1818 qu'un arrêt du Conseil d'Etat finit par autoriser durablement
l'assurance-décès.
2.
3.
4.
C'est ainsi que la jurisprudence considère que toute clause ambigüe ou équivoque
d'un contrat d'assurance doit nécessairement s'interpréter contre l'assureur.
CHAPITRE II
De ce fait, la réparation des dommages causés aux biens ou aux personnes était
assumée de façon collective par le groupe.
La réalisation du risque était vécue par la communauté comme relevant de la
"fatalité" qu'il pouvait tenter de conjurer par des pratiques magiques ou religieuses.
Mais on peut penser que quel que soit le degré d'évolution technique et économique,
l'Etre humain restera toujours menacé dans son intégrité physique et patrimoniale
par les risques incompressibles de l'aléa : maladie, catastrophes naturelles...
L'important est donc que chaque individu soit protégé contre les conséquences
économiques de l'aléa, notamment lorsque lui-même, où ses ayants droits, se
voient privés de revenus à la suite d'un sinistre.
Pour le rendre supportable, le poids de l'indemnisation doit être réparti sur la plus
grande mutualité possible.
Enfin, les assureurs modernes ont mis au point des GARANTIES ACCIDENTS DE
LA VIE (G.A.V.) pour faire face à des aléas qui ne seraient pris en charge par aucun
autre système d'indemnisation.
Ainsi, plutôt que de verser inutilement des capitaux qui peuvent être dilapidés ou
affectés à d'autres fins que la réparation du dommage, la réparation en nature est
particulièrement adaptés à la prise en charge dans le temps de dommages corporels
lourds, nécessitant l'aide de tierces personnes dans le temps : risque de dépendance
: le "5e risque"...
Incendie, explosions,
Risques (domestiques) divers : Dégâts des eaux, Bris de glace, Vol,
vandalisme (automobile, mobilier, objets précieux..)
Les œuvres d'art peuvent être couverts par la "multirisque habitation" mais
d'une façon plafonnée : il vaut mieux un contrat spécifique pour être
intégralement garanti.
1.
2.
3.
4.
Il peut rencontrer des "aléas" qui obligent l'assureur non pas à lui verser une
indemnisation, mais à accomplir immédiatement des prestations déterminées.
L'assuré peut se trouver confronté à des situations qui nécessitent une aide urgente
et une assistance immédiate.
Ce sera le cas :
d'un voyageur dans un pays lointain, qu'il faut secourir, rapatrier d'urgence, ou
soigner dans une contrée éloignée, ou qui a perdu ses papiers.
D'un automobiliste en panne, qu'il faut remorquer, héberger et fournir un
véhicule de remplacement
D'un particulier, qui a perdu ses clefs, ou sa carte de crédit...
Dans toutes ces situations de détresse, les assureurs proposent des garanties
d'assistance spécifiques (Erope Assistance...) ou souvent accesssoires à des
contrats d'assurance automobile ou multirisques habitation...
Usurpation d'identité
A.
Il peut convenir que l'assureur s'engage, dans ce cas, à lui donner ou faire donner
des avis et des conseils en matière juridique : assurance Protection Juridique.
Est une opération d'assurance de protection juridique toute opération consistant,
moyennant le paiement d'une prime ou d'une cotisation préalablement convenue, à
prendre en charge des frais de procédure ou à fournir des services découlant de la
couverture d'assurance, en cas de différend ou de litige opposant l'assuré à un tiers,
en vue notamment de défendre ou représenter en demande l'assuré dans une
procédure civile, pénale, administrative ou autre ou contre une réclamation dont il est
l'objet ou d'obtenir réparation à l'amiable du dommage subi : (L 127-1 et ss du Code
des Ass.)
B.
Elle permet non seulement de garantir les frais de défense, mais également de
recours à l'encontre d'une autre personne dans le cadre d'un sinistre garanti.
Elle peut bénéficier aux personnes présentes dans un véhicule, si celles-ci sont
également victimes de dommages corporels ou matériels.
L'assureur prend alors en charge les frais et les honoraires d’avocat ou d'experts
ainsi que de procédure devant une juridiction civile ou pénale, en fonction des
plafonds et des montants définis dans le contrat d’assurance.
C.
Une telle clause, qui n'a pour but que de protéger les intérêts d'un assureur
appelé à supporter la condamnation mise à la charge de son assuré, n'est que
facultative pour lui.
De plus,l'article L 113-17 du Code des Assurances, dispose que l'assureur qui
prend en charge la direction du procès dirigé contre son assuré est censé
renoncé à ses exceptions de garantie : vrai piège pour l'assureur.
Dès lors que le Cahier des Charges comporte des "dispositions exorbitantes de droit
public", l'exécution des contrats d'assurance relève désormais des Juridictions
administratives.
Propriétaire d'immeubles...
Responsable de l'entretien de la voirie, des réseaux d'eau, des services de
secours (pompiers...), élagage des arbres, etc...
Organisateur de fêtes et de manifestations sportives
Services destinés aux enfants : centres aérés, colonies de vacances
Dommages subis par les bénévoles ou collaborateurs occasionnels
Accident survenu à un élu dans l'exercice de ses fonctions
Stations d'épuration, collecte des ordures ménagères...
CHAPITRE III
LES RISQUES DE L'ENTREPRISE
1 Interruption d'activités
2 Cyber-risques - Rupture de la supply-chain
3 Incendie - Explosion
4 Evolutions législatives - Risques juridiques
5 Catastrophes naturelles
6 Evolutions et fluctuations de marchés
7 Risque produit
8 Nouvelles technologies
9 Atteintes à la réputation et à l'image
10 Malveillance, vol, fraude
1 - BIENS MATERIELS
2 - VALEURS INCORPORELLES
3 - PERTES D'EXPLOITATION
Le risque le plus important qui pèse sur les entreprises, n'est pas un
dommage matériel, mais les conséquences financières de celui-ci, à savoir la
difficulté ou l'impossibilité de continuer son exploitation du fait d'un sinistre
affectant sa capacité de production.
Il est donc indispensable que toute garantie d'un sinistre matériel soit
automatiquement assortie d'une garantie de la perte d'exploitation
consécutive, sous la forme d'une indemnisation qui permettra à l'entreprise de
maintenir sa capacité financière pendant une période donnée.
Un sinistre petua voir des répercussions sur le Chiffre d'affaires de l'entreprise qui
doit pourtant faire face à des charges fixes : amortissements, impôts et taxes, loyers,
rémunérations du personnel, intérêts d'emprunts, etc.
Article L 4122-1 : Conformément aux instructions qui lui sont données par
l'employeur, dans les conditions prévues au règlement intérieur pour les entreprises
tenues d'en élaborer un, il incombe à chaque travailleur de prendre soin, en fonction
de sa formation et selon ses possibilités, de sa santé et de sa sécurité ainsi que de
celles des autres personnes concernées par ses actes ou ses omissions au travail.
1.
La Jurisprudence estime que si une telle clause est valable entre les
cocontractants professionnels proprement dits,
2.
C'est le cas :
L'OPERATION D'ASSURANCE
II/VII
Dernière mise à jour : 8 Novembre 2017
PLAN II/VII
Coassurance
Réassurance
Les Pools
I - ASSURANCES DE DOMMAGE
A - Assurance de chose
B - Assurance de responsabilité
II - PRINCIPE INDEMNITAIRE
II - LE CONTROLE DE L'ETAT
A - Contrôle administratif
B - Contrôle financier : A.C.P.R.
C - Comité Consultatif du Secteur Financier
(CCSF)
SECTION III - LE CONTROLE JURIDICTIONNEL
I - CONTROLE DES CLAUSES ABUSIVES
II -INTERPRETATION DES CONTRATS
CHAPITRE III - CARACTERES DU CONTRAT D' ASSURANCE
I - CONTRAT CONSENSUEL
A - Pour l'assureur
B - Pour l'assuré
IV - CONTRAT ALEATOIRE
V - CONTRAT A TITRE ONEREUX
VI - CONTRAT D'ADHESION
A - Contrats type
B - Adhésion de l'assuré
C - Obligation de conseil de l'assureur
D - Compétence de l'assuré
VII - CONTRAT DE BONNE FOI
INTRODUCTION
1. DEFINITION TECHNIQUE:
L'assurance est l'opération par laquelle un assureur organise en mutualité
une multitude d'assurés exposés à la réalisation de risques déterminés,
et indemnise ceux d'entre eux qui subissent un sinistre grâce à la masse
commune des primes collectées.
2. DEFINITION JURIDIQUE:
L'assurance est le contrat par lequel une partie, dénommée le
souscripteur se fait promettre par une autre partie, dénommée
l'assureur, une prestation en cas de réalisation d'un risque, moyennant
le paiement d'un prix appelé prime ou cotisation.
3. DEFINITION ECONOMIQUE
Il s'agit d'un produit souvent commercialisé par les entreprises d'assurance
aux consommateurs et aux professionnels, sous la forme d'un "package" de
garanties.
Il s'agit d'un produit purement juridique, puisqu'il n'est constitué que des
seules obligations incombant tant à l'assureur qu'à l'assuré matérialisées
dans un contrat.
Sachant que selon le principe indemnitaire, lequel est d'ordre public aux
termes de l' article L 121-1 du Code des Assurances, s'oppose à ce que
l'indemnité due par l'assureur puisse excéder le montant des dommages et
soit une source d'enrichissement pour l'assuré, en matière d'assurance de
dommage.
CHAPITRE I
LE MECANISME DE L'ASSURANCE
Chapitre II - Réglementation du contrat d'assurance
Chapitre III - Caractères du contrat d'assurance
Les risques aggravés sont, soit refusés, soit acceptés moyennant surprime (on a vu les
dispositions restrictives de la loi Evin en matière de Prévoyance Complémentaires).
On sait cependant :
en assurance de dommage :
que l'assureur ne peut refuser d'assurer les (mauvais) risques dans certains
domaines d'assurances obligatoires (automobile, médical...), moyennant la
fixation de la prime par un Bureau de Tarification.
en assurance de personne :
Que l'assureur ne peut refuser de garantir les salariés bénéficiant d'une police
d'assurance groupe obligatoire souscrite par une entreprise, pour des affections
préexistantes à leur adhésion (A.2 de la Loi Evin du 31 Décembre 1989).
B - ASSURANCE DE GROUPE
Est un contrat d'assurance de groupe le contrat souscrit par une personne morale
ou un chef d'entreprise en vue de l'adhésion d'un ensemble de personnes répondant
à des conditions définies au contrat, pour la couverture des risques dépendant de la
vie humaine, des risques portant atteinte à l'intégrité de la personne ou liés à la
maternité, des risques d'incapacité de travail ou d'invalidité ou des risques de
dommage.
Exemples :
1 - Coassurance
2 - Réassurance
1 - COASSURANCE
Le Code des Assurances ne vise que la coassurance communautaire (a.L 352-1 Code
des Assurances), sauf dans le domaine maritime où l'article L 172-30 du Code des
Assurances dispose que : Si un même risque a été couvert par plusieurs assureurs,
chacun n'est tenu, sans solidarité avec les autres, que dans la proportion de la
somme par lui assurée, laquelle constitue la limite de son engagement.
Elle est très souvent utilisée dans la pratique des assurances, et notamment pour
garantir les risques d'une certaine importance, tels qu'industriels.
Elle permet ainsi à un assureur de couvrir d'accepter la couverture d'un risque que ses
capacités ne lui auraient jamais accepté d'assumer seul.
En pratique, la coassurance est réalisée par le biais d'un contrat d'assurance unique,
appelé communément "police collective", souvent "à quittance unique", sur lequel
s'engage partiellemnt chaque co-assureur.
Chacun peut donner à l'un d'eux, dénommé l'apériteur, le mandat d'évaluer le risque,
de souscrire le contrat pour son compte, de percevoir les primes, de régler les sinistres,
voire de le représenter en justice.
Il peut engager sa responsabilité à l'égard de ses mandants, s'il commet une faute dans
sa gestion.
En principe, il n'y a pas de solidarité entre les coassureurs, comme il l'est rappelé
dans l'exemplaire de la Police remise au souscripteur.
Mais, dans certains cas, la coassurance peut être solidaire, chacun des coassureurs
pouvant être alors tenu pour l'intégralité du sinistre à l'égard du bénéficiaire.
En principe, l'apériteur qui n'est investi que d'un simple mandat de gestion, sans
solidarité entre les assureurs, doit introduire son recours à l'encontre des autres dans le
délai de prescription biennale de l'article L 114-1 du Code des assurances ,
2 - REASSURANCE
1.
Selon l'article L 310-1-1 du Code des Assurances, la réassurance est l'activité d'un
organisme ... qui consiste à accepter des risques d'assurance cédés, soit par une
entreprise d'assurance ou par une autre entreprise de réassurance, soit par les mutuelles
ou unions ..., soit par les institutions de prévoyance ... soit par tout membre de
l'association des souscripteurs dénommée "Lloyd's" .
L'article L 111-3 du Code des Assurances dispose que dans tous les cas où
l'assureur se réassure contre les risques qu'il a assurés ... il reste seul responsable
vis-à-vis de l'assuré".
Et c'est pourquoi, n'étant pas soumis aux règles du Code des Assurances, les
réassureurs font "la pluie et le beau temps" sur le marché de l'assurance, lequel est très
vulnérable à la réalisation de sinistres importants, tels que les attentats du 11
septembre 2001, les catastrophes aériennes, les sinistres climatiques et naturels, ou un
changement de Jurisprudence en matière de responsabilité civile (Arrêt Perruche...)
Effrayer les réassureurs, c'est interdire aux assureurs de couvrir certains risques
émergents.
Enfin, la réassurance est très sensible aux risques "juridiques" découlant de l'évolution
de la jurisprudence en matière, notamment de responsabilité civile.
2.
Elle peut être "facultative" lorqu'elle porte sur une affaire précise, et un risque
potentiellement important, sur lequel le réassureur accepte de prendre un pourcentage.
Elle diffère de la coassurance, dans la mesure où l'assuré n'a aucun lien de droit
avec le réassureur qu'il ne connait pas.
Mais la réassurance résulte, le plus souvent d'un partage d'affaire entre la cédante et
le réassureur, concrétisé par la conclusion d'un Traité de réassurance.
Celui-ci porte non pas sur un risque isolé, mais sur un volume d'affaires. C'est
pourquoi, elle a vocation à garantir l'assureur contre le risque présenté par la prise en
charge de sinistres trop importants par rapport à ses capacités financières.
Mais il existe également des Traités non obligatoires où les engagements des
réassureurs ne sont pas proportionels à des sinistres déterminés.
Dans tous les cas, il faut comprendre qu'à l'occasion de nombreux sinistres, les
assureurs doivent non seulement rendre des comptes à leurs assurés, mais également à
leurs coassureurs ou leurs réassureurs.
3 - LES POOLS
Ils permettent de couvrir des risques qui ne seraient normalement pas pris en charge
par des réassureurs.
Le fait que les Compagnies d'assurance reçoivent un agrément branche par branche,
s'oppose à ce qu'on puisse imposer à un assureur la garantie d'un risque obligatoire
autre que celui relevant des branches pour lesquelles il est agréé.
II - GESTION EN REPARTITION
Les assurés, groupés au sein d'une mutualité versent des primes à l'assureur qui les
place dans une caisse commune.
Il les répartit ensuite en fin d'exercice, entre ceux des assurés qui ont été victimes de
sinistres, en prélevant au passage une rémunération.
Cette gestion porte sur les risques courant d'une période annuelle, avec tacite
reconduction, avec une probabilité de réalisation constante : ex. : incendie,
accidents de véhicule, dommages aux biens, responsabilité civile... (risques visés aux
paragraphes 1 à 17 de l'article R 321-1 du Code des Assurances).
L'assureur fait donc fructifier les primes encaissées par des placements financiers, dont
les intérêts vont bénéficier à l'assuré lors de la réalisation du risque garanti.
Chaque Compagnie d'assurance est tenue d'affecter une partie des primes encaissées à
la constitution de provisions techniques (a. R 331-6 du Code des Assurances)
destinée à garantir ses engagements financiers .
I - ASSURANCES DE DOMMAGE
A - Assurances de chose
B - Assurances de responsabilité
A - ASSURANCES DE CHOSE
Incendie,
Bris de machine,
Avaries subies par marchandises transportées
Vol, vandalisme
Dégâts d'eau, bris de glaces...
Catastrophes naturelles
Tous Risques Chantier (T.R.C.) - TRME...
Dommages à l'ouvrage
II - PRINCIPE INDEMNITAIRE
Article L 121-1 du Code des Assurances :
L'assurance relative aux biens est un contrat d'indemnité : l'indemnité due par
l'assureur à l'assuré ne peut dépasser le montant de la valeur de la chose assurée
au moment du sinistre.
Il peut être stipulé que l'assuré reste obligatoirement son propre assureur pour une
somme ou une quotité déterminée ou qu'il supporte une déduction fixée d'avannce
sur l'indemnité du sinistre (franchise), ou au delà d'un certain montant (plafond).
SURASSURANCE :
ASSURANCES CUMULATIVES :
Toutefois, si l'auteur de cet incendie est un tiers identifié, tel qu'un plombier
avec son chalumeau, ou un électricien, l'assureur sera légalement subrogé
dans les droits et actions de son assuré pour exercer un recours à l'encontre
du responsable, à concurrence de l'indemnité versée.
Mais dans ce dernier cas, l'assureur est subrogé de plein dans les droits
de la victime qu'il désintéresse, et non dans celui de son assuré, ce qui lui
évite d'avoir à lui faire régulariser une subrogation conventionnelle.
Toutefois, l'article L 121-12 du Code des Assurances ne fait pas partie des
dispositions ne pouvant être modifiées par convention, prévue à l'article L 111-
2 du Code des Assurances. Il serait donc possible d'y renoncer
conventionnellement dans la mesure où cette disposition ne donne aux parties
qu'une "simple faculté".
d'une part, lorsqu'il effectue un geste commercial sans y être tenu par
son contrat d'assurance.
d'autre part, lorsqu'il veut exercer un recours contre un tiers
responsable, en se prévalant des droits de la victime du dommage,
notamment pour ne pas se voir opposer une clause de limitation ou de
renonciation à recours qui serait opposable à son assuré.
enfin, lorsqu'il veut lui-même exercer une action directe contre
l'assureur du tiers responsable, dans la mesure une telle "action
directe" est réservée à la victime directe du dommage, où à la
personne suborogée dans ses droits.
Ex. :
C'est ainsi que, selon la loi Badinter du 5 Juillet 1985, l'assureur d'un véhicule
impliqué dans un accident doit procéder à l'indemnisation des victimes.
Cass. Civ. I, 2 juin 1987, n°85-17379 ; RGAT 1987, p.408, note J.Bigot - Cass. Civ. I, 10 mai 1989,
n°87-15.694 ; RGAT 1989, p.559, note J.Bigot.
Le montant des indemnités peut donc se cumuler, avec celles dues par un autre
assureur, ou avec un recours en totalité du dommage, à l'encontre du responsable du
dommage.
IV - EXCEPTION : CARACTERE INDEMNITAIRE
Mais, si l'article L 131-1 du Code des Assurances dispose que les sommes assurées
sont fixées par le contrat, il n'interdit pas la stipulation d'une prestation
proportionnelle au dommage effectivement subi.
L'article L 131-2, al.2, du Code des Assurances, ajouté par la loi du 16 Juillet 1992,
dispose désormais que :
Toutefois, dans les contrats garantissant des préjudices résultant d'une atteinte à la
personne, l'assureur peut être subrogé dans les droits du contractant ou des ayants
droit contre le tiers responsable, pour le remboursement des prestations à caractère
indemnitaire prévues au contrat.
Il n'y a donc pas de recours possible dans ce cas, notamment dans le cas d'une
garantie de ressources.
Seules les prestations énumérées ci-après versées à la victime d'un dommage résultant
des atteintes à sa personne ouvrent droit à un recours contre la personne tenue à
réparation ou son assureur :
Risque automobile
Dommages causés à autrui du fait d'un quasi-délit :
o Par sa faute : A. 1240 et 1241 du Code Civil : Tout fait de l'homme...
Imprudence, négligence, inattention, maladresse...
o Par le fait des choses qu'on a sous sa garde (A. 1142, al. 1 CC)à
o Par le fait des personnes dont on doit répondre (1242 al.1),
responsabilité générale du fait d'autrui : Enfants A. 1242, al.4,
préposés (1242, al. 5)
o Animaux : A. 1243,
o Ruine des bâtiments : A. 1244...
o Risques de l'entreprise à l'égard de ses clients : R.C. contractuelle
après livraison : 1231-1 CC, 1641 et ss..., 1792 CC et ss.
o Risques d'entreprise à l'égard des tiers : R.C. exploitation : pollution,
atteintes à l'environnement, risques industriels, produits défectueux
(1245 et ss CC).
Dommages causés aux tiers du fait de la mauvaise exécution d'un contrat :
Responsabilité contractuelle : A. 1231-1 du Code Civil.
2.
La jurisprudence a donc investi la victime d'un droit d'action directe, qui naît au
moment de la survenance de son dommage, à l'encontre de l'assureur de son
responsable, dans la limite des stipulations du contrat d'assurance, en conférant à la
victime un droit de créance exclusif sur le montant de l'indemnité d'assurance à la
charge de l'assureur.
3.
Ceci explique que la loi ait institué des obligations d'assurances dans de nombreux
domaines de risques relatifs à :
4.
Celui-ci doit donc faire en sorte que cette obligation puisse être remplie par tous les
usagers, malgré le refus des assureurs.
automobile
construction
catastrophes naturelles
remontées mécaniques
médical
le refus d'assurer se déduit du silence gardé par l'assureur pendant plus de quinze jours
après réception de la demande de souscription (90 jours pour la construction).
Un BUREAU CENTRAL DE TARIFICATION (B.C.T.) peut alors être saisi par le
candidat à l'assurance auquel la garantie a été refusée.
CHAPITRE II
LA REGLEMENTATION DU CONTRAT
D'ASSURANCE
Le mécanisme de l'assurance peut avoir des effets pervers, notamment en encourageant la
négligence des assurés se sachant garantis.
C'est pourquoi, des règles communautaires et internes ont été instituées afin de déroger aux
règles du droit commun.
Or, compte tenu de son intérêt général, l'institution d'assurance est soumis à une
réglementation plus ou moins contraignantes selon les Etats.
Il exister plus d'une vingtaine de Directives en matière d'assurance, notamment dans les
domaine de la réassurance, risque automobile, liberté d'établissement en assurance
dommage, des intermédiaires d'assurance, coassurance, assurance vie, assistance
touristique, déchets dangereux, R.C. produits, protection juridique et crédit caution.
qui ont posé le principe de la liberté d'établissement selon lequel aucun Etat-membre ne
peut maintenir dans sa législation nationale des dispositions discriminatoires à
l'encontre des entreprises d'assurance des autres Etat-membres.
II - DIRECTIVES SUBSEQUENTES
Distinction fondamentale entre les Directives VIE et NON-VIE.
Distinction (reprise dans l'article L 111-6 du Code des assurances), mais de peu de
portée pratique, entre :
Grands risques :
Tous véhicules, marchandises transportées, crédit et caution relatif à une activité
professionnelle.
Risques de masse
Ces Directives prévoient des dispositions similaires qui ont pour objet de réaliser
l'harmonisation des législations pour parvenir à une reconnaissance mutuelle des
agréments et des systèmes de contrôle, qui permettent :
Il n'y a donc plus d'agrément nécessaire de la part de l'Etat d'accueil qui peut cependant
édicter des règles plus restrictives que celles prévue par la Directive en ce qui concerne
l'agrément de ses propres nationaux.
L'Etat-Membre d'origine peut cependant édicter des règles plus strictes à l'égard des
entreprises d'assurances agréées par ses propres autorités compétentes.
En ce qui concerne les capitaux, les Directives font expressément référence à la Directive
du 24 Juin 1988 sur les mouvements de capitaux pour interdire à l'Etat-membre
d'origine d'exiger des entreprises d'assurance qu'elles placent les actifs représentatifs de
leurs provisions techniques dans des catégories d'actifs déterminées.
Elle complète la liste des éléments susceptibles d'être utilisés pour constituer la marge de
solvabilité exigée par la Directive de 1973.
Le particulier doit être informé par l'entreprise d'assurance de la loi qui sera applicable
au contrat ainsi que des dispositions relatives à l'examen des "plaintes" des preneurs
d'assurances au sujet du contrat.
Aucun Etat membre ne peut faire obstacle à la commercialisation sur son territoire des
produits d'assurances offerts dans la Communauté, pour autant que ces produits ne
soient pas contraires aux dispositions légales "d'intérêt général" applicables dans le pays
d'accueil et d'origine, lesquelles ne doivent pas avoir de caractère discriminatoire.
Dans les Etats-membres où l'assurance maladie privée se substitue à la sécurité sociale, il est
nécessaire de garantir que les preneurs d'assurance ont un accès effectif à l'assurance,
indépendamment de leur âge et de leur état de santé, par une absence de restriction
d'adhésion, suivant une tarification uniforme par type de contrat et une couverture à vie.
Il peut être exigé des entreprises d'assurance maladie de proposer des contrats types alignés
sur les régimes légaux de sécurité sociale et pour lesquels la prime soit égale ou inférieure à
un maximum prescrit, avec participation à des systèmes de compensation de pertes, la base
technique pouvant être analogue à celle de l'assurance vie.
En matière de R.C. automobile, la succursale doit disposer de structures adéquates pour gérer
et régler les sinistres et représenter l'entreprise d'assurance devant les juridictions et les
autorités.
Des sanctions doivent être applicables aux entreprises d'assurance qui ne se conforment pas
aux dispositions d'"intérêt général" qui le concernent.
Le régime fiscal de l'Etat-membre sur lequel le risque est situé est de nature à remédier aux
distorsions de concurrence entre les Etats qui ne soumettent les opérations d'assurance à
aucune forme d'imposition indirecte, et ceux, majoritaires, qui leur appliquent des taxes.
Il y a donc lieu à application du régime fiscal, ainsi que d'autres formes de contributions
prévues par l'Etat-membre où l'engagement est pris en matière d'assurance sur la vie,
ou le risque est situé en matière d'assurance de dommage.
Les Etats-membres doivent établir les modalités destinées à assurer la perception de ces taxes
et contributions.
Egalité de traitement entre tous les créanciers d'assurance, sans distinction quant à la
nationalité de ces créanciers et quelle que soit la modalité de souscription de l'engagement.
C'est la loi du 13 Juillet 1930 qui a institué les règles relatives au contrat d'assurance, dont la
plupart sont d'ordre public.
Cette loi couvre les assurances dites terrestres (par opposition aux maritimes) et aériennes,
et non les assurances maritimes ou fluviales.
Sur le territoire français, le contrat d'assurance est soumis à la loi française, sauf si les parties
en ont décidé autrement.
Législative
Réglementaire
Arrêtés
Il convient donc de se reporter aux trois parties pour avoir une vue d'ensemble d'une même
disposition.
De nombreux textes législatifs sont venus modifier les règles du Code des Assurances, parmi
lesquelles :
II - LE CONTROLE DE L'ETAT
A - Contrôle administratif
B - Contrôle financier
C -Conseil National des Assurances
A - CONTROLE ADMINISTRATIF
Les entreprises d'assurances sont réglementées par le livre III du Code des Assurances
et soumises au contrôle administratif et financier de l'Autorité de Contrôle Prudentiel et
de Résolution (A.C.P.R.)issue, en 2010, de la fusion de la Commission Bancaire et de la
Commission de Contrôle des Assurances et des Mutuelles (ACAM).
Cet agrément administratif est également indispensable pour les assureurs étrangers
garantissant les risques de masse (intéressant les simples consommateurs) en Libre
Prestation de Service.
Ils ne doivent faire qu'une simple déclaration à l'autorité de contrôle pour les Grands
Risques (assurances concernant - les risques corps et responsabilité afférents aux
véhicules ferroviaires, aériens, lacustres et fluviaux, - Marchandises Transportées, -
Crédit et caution, à condition que le souscripteur exerce une activité industrielle,
commerciale ou libérale et que l'assurance soit en rapport avec cette activité).
B - CONTROLE FINANCIER
Les dettes des assureurs envers les assurés sont également garantis par des provisions
techniques qui doivent faire l'objet de placements
L'A.C.P.R. veille au respect, par les entreprises d'assurance, des dispositions législatives
et réglementaires relative à l'assurance et aux conditions de leur solvabilité.
En vertu de la loi LSF n°2003-706 du 1er Août 2003, le Comité Consultatif du Secteur
Financier (FNSF) a remplacé le Conseil national du crédit et du titre (CNCT) , ainsi que
le Conseil national des assurances (CNA) et sa Commission consultative. Son champ de
compétence s'étend à l'ensemble du secteur financier : les établissements de crédit, les
entreprises d'assurance, y compris les courtiers et agents généraux, et les entreprises
d'investissement, quelles que soient les clientèles concernées, particuliers ou entreprises.
Le droit commun garde une place prépondérante dans la solution des problèmes
juridiques posés par le contrat d'assurance.
La jurisprudence est très dense en matière d'assurance qui fait l'objet d'un abondant
contentieux.
L' Article L 212-1 du Code de la Consommation, tel que modifié par Ordonnance
n°2016-131 du 10 février 2016 dispose que :
Un décret pris dans les mêmes conditions, détermine une liste de clauses
présumées abusives ; en cas de litige concernant un contrat comportant une telle
clause, le professionnel doit apporter la preuve du caractère non abusif de la
clause litigieuse. (Clauses grises) Ces dispositions sont applicables des conditions
générales préétablies, notamment dans des contrats d'assurance
Si ces recommandations n'ont aucune force obligatoire, elles peuvent faire présumer
"abusives" certaines clauses figurant dans les contrats.
2.
La Cour de Cassation a reconnu très tôt aux Juges le pouvoir d'annuler, de leur propre
autorité et sans avoir à s'appuyer sur un décret, les clauses abusives :
Cass. Civ. I, 14 mai 1991, 89-20999 ; D.1991, p.449, note J.Ghestin
Dans un arrêt du 28 Mars 1991, (R.G.A.T. 1991, p.900) la Cour d'Appel de LYON a déclaré
abusive, par application de l'article 35 de la loi du 10 Janvier 1978, la clause d'un
contrat d'assurance invalidité subordonnant l'application de la garantie à la
constatation médicale de l'invalidité pendant la durée du contrat.
Elle a estimé qu'une telle clause était de nature à faire résilier son contrat à l'assureur
qui avait connaissance d'une atteinte corporelle susceptible d'entraîner une invalidité, ce
qui lui conférait un avantage manifestement excessif et constituait un abus de puissance
économique.
Le contrat d'assuyrance restera donc applicable dans toutes ses dispositions autres que
celles jugées abusives, s'il peut subsister sans lesdites clauses.
Toutefois, dans les contrats d'assurance concernant des consommateurs, selon l'article L
133-2 du Code de la Consommation les conventions s'interprètent en cas de doute dans
le sens le plus favorable au consommateur ou au non-professionnel : Cass. Civ. II, 1er
juin 2011, 09-75552 - 10-10843
Il est possible également au juge de prononcer la nullité d'une clause comme contraire à
l'ordre public.
C'est ainsi qu'en ce qui concerne la période d'application de la garantie, la Cour de Cassation a condamné
les clauses "Claim's made" sur le fondement de l'absence de la cause autrefois prévue dans les conditions
de validité d'un contrat :
Par 7 arrêts de principe en date du 19 Décembre 1990 (RGAT 1991, p.155, note J.Bigot) , la
Première Chambre Civile de la Cour de Cassation a décidé :
Le versement de primes pour la période qui se situe entre la prise d'effet du contrat et son expiration
a pour contrepartie nécessaire la garantie des dommages qui trouvent leur origine dans un fait qui
s'est produit pendant cette période; la stipulation de la police selon laquelle le dommage n'est garanti
que si la réclamation de la victime, en tout état de cause nécessaire à la mise en œuvre de l'assurance
de responsabilité, a été formulée au cours de la période de validité du contrat abouti à priver l'assuré
du bénéfice de l'assurance en raison d'un fait qui ne lui est pas imputable et à créer un avantage
illicite, comme dépourvu de cause, au profit du seul assureur, qui aurait alors perçu les primes sans
contrepartie.
Une telle solution réaffirmée de manière constante par la Cour de Cassation désorganisait
profondément le mécanisme technique de l'assurance et de la réassurance.
C'est pourquoi, la loi du 1er Août 2003, applicable à compter du 1er novembre 2003, a permis aux
assureurs de convenir de contrats d'assurance en "base réclamation" pour les risques de responsabilité
des professionnels et des personnes morales, à condition de prévoir une garantie subséquente de 5 ans.
Voir : Sur la période de garantie du contrat d'assurance depuis la loi du 1er Août 2003
Enfin, il convient de rappeler que l'action en nullité relative ou absolue est enfermée
dans le délai de prescription de 5 ans de l'article 2224 du Code Civil.
CHAPITRE III
Il devient parfait dès la rencontre des volontés de l'assureur et de l'assuré : Cass. Civ. II, 14
Juin 2007, 06-15955 ; RC et Ass. 2007, Com. n°290.
Enfin, l'article L 111-4 du Code des Assurances, dispose que "l'autorité administrative
peut imposer l'usage de clauses type de contrats".
Toutes les stipulations d'une police restreignant le champ de garantie par rapport aux
clauses-type sont réputées non écrites.
L'Article L 111-2 du Code des Assurances, dispose que "Ne peuvent être
modifiées par convention les prescriptions des titres Ier, II, III et IV du présent
livre , sauf celles qui donnent aux parties une simple faculté et qui sont
contenues dans les articles :
C'est ainsi que la prescription biennale de l'article L 114-1 du Code des Assurances
n'est opposable à l'assuré que si elle est rappelée dans la Police, avec les moyens de
l'interrompre.
A - POUR L'ASSUREUR :
Les pertes et les dommages occasionnés par des cas fortuits ou causés par la
faute de l'assuré sont à la charge de l'assureur, sauf exclusion formelle et limitée
contenue dans la police.
L'article L 113-5 du Code des Assurances dispose que l'assureur doit exécuter la
prestation prévue au contrat dans le délai convenu. Il ne peut être engagé au delà.
B - POUR L'ASSURE :
il doit déclarer, en cours de contrat, les circonstances nouvelles qui ont pour
conséquence soit d'aggraver les risques, soit d'en créer de nouveaux et rendent de
ce fait inexactes ou caduques les réponses faites à l'assureur, notamment dans le
formulaire précité, dans un délai de 15 jours.
Aux termes de l'article L 113-2, 1°, du Code des Assurances, l'assuré est obligé de
payer la prime aux époques convenues.
L'article L 113-2, 4°, du Code des Assurances, oblige l'assuré à donner avis à
l'assureur, dès qu'il en a eu connaissance et au plus tard dans le délai fixé par
le contrat, de tout sinistre de nature à entraîner la garantie de l'assureur, sous
peine de déchéance de garantie.
Toutefois, lorsqu'elle est prévue par une clause du contrat, la la déchéance pour
déclaration tardive ne peut être opposée à l'assuré que si l'assureur établit que
ce retard lui a occasionné un préjudice.
De plus, elle ne peut être opposée dans tous les cas où le retard est dû à un cas
fortuit ou de force majeure.
IV - CARACTERE ALEATOIRE
Selon l'article 1108, al.2, du Code Civil , un contrat est aléatoire lorsque les parties
acceptent de faire dépendre les effets du contrat, quant aux avantages et aux
pertes qui en résulteront, d'un événement incertain.
L'article L 113-1 du Code des assurances qui est d'ordre public, dispose d'ailleurs
expressément que l'assureur ne répond que des "cas fortuit" ou des
conséquences dommageables de la faute simple de l'assuré, à condition que celle-
ci ne soit pas volontaire.
Voir :
"L'aléa en droit des assurances : état des lieux et perspectives", par Sabine Bertolaso,Revue générale du
droit des assurances, 01 avril 2009 n° 2009-02, P. 431
Dossier : Aléa et Contrat d'assurance : actes du colloque Cour de Cassation du 31 Janvier 2014 ; RC et
Ass. 2014, mars 2014, p.7.
L'aléa existe dès lors qu'au moment de la formation du contrat les parties ne
peuvent apprécier l'avantage qu'elles en retireront parce que celui-ci dépend d'un
évènement incertain.
Cass. Civ. III, 4 Juillet 2007, 06-13275
Voir F.Lesage :"La disparition de l'aléa en cours de contrat", La Tribune de l'Assurance, Juin 2005, p.19.
Les pertes et les dommages occasionnés par des cas fortuits ou causés par la
faute de l'assuré sont à la charge de l'assureur, sauf exclusion formelle et limitée
contenue dans la police.
Toutefois, l'assureur ne répond pas des pertes et des dommages provenant d'une
faute intentionnelle ou dolosive de l'assuré. (Absence d'aléa)
C'est ainsi qu'en matière d'assurance de chose l'assureur ne prendra pas en charge
les sinistres "volontaires," tel que la destruction d'un bien assuré véhicule, ou
incendie d'un batîment, dans le but de toucher une indemnité.
C'est ainsi, qu'en attribuant un marché à une entreprise, le Maître d'Ouvrage avait
eu nécessairement conscience de l'illégalité encourue qui était flagrante en l'état de
l'irrecevabilité énoncée dans le règlement édicté par elle, que force est de constater
qu'elle a commis une faute intentionnelle en ayant accepté la proposition
irrecevable de la société Bouygues.
Cass. Civ. II, 22 septembre 2005, 04-17232 ; Revue générale du droit des assurances, 01 octobre 2005 n° 2005-
4, P. 907, note J. Kullmann.
Le plus souvent, cette exigence est portée au contrat sous forme d'une clause
d'exclusion de risque de la manière suivante : "Sont exclus de la garantie les
dommages non aléatoires, tels que ceux qui découlent invitablement de la nature
du travail et de ses modalités d'exécution...".
Ainsi, la clause qui exclut de la garantie "les dommages causés par la faute
intentionnelle ou dolosive ou qui sont imputables à l'inobservation volontaire ou
inexcusable des règles de l'art ou des consignes de sécurité définies dans les
documents techniques édités par les organismes compétents à caractère officiel ou
les organismes professionnels" est suffisamment formelle et limitée pour que
l'assuré puisse en comprendre la portée
Cass. Civ. I, 30 octobre 1995, 93-17848
Dans la mesure où même une condition de garantie peut être qualifiée d'exclusion
indirecte de risque, celle-ci devra être rédigée en caractères apparents, et il
appartiendra toujours à l'assureur de rapporter la preuve de l'absence de
caractère aléatoire du risque, lequel sera apprécié souverainement par le Juge.
Cass. Civ. I, 20 juin 2000, 98-11212 ; RGDA 2000, p.1049, note J.Kullman.
Le caractère aléatoire peut poser problème dans les contrats d'assurance vie, c'est
à dire garantissant le paiement d'une indemnité à une date donnée (retraite),
lesquels peuvent être assimilés à des contrats de capitalisation.
V - CARACTERE ONEREUX
Il ne pourrait alors que se faire subroger conventionnellement dans les droits de la victime
qu'il indemnise, en respectant les formalités de l'article 1250 du Code Civil (subrogation
expresse, en même temps que le paiement...)
Ces types de contrat, sont d'ailleurs soumis au contrôle formel de l'administration et tombent
sous le coup de la loi réprimant les clauses abusives.
B - Adhésion de l'assuré
Normalement, c'est l'assureur qui propose un type de contrat à son futur assuré, lequel est
libre ou non de l'accepter.
Mais une négociation reste cependant possible, notamment en ce qui concerne les franchises,
plafonds, taux de prime ou les conditions de garantie.
Il résulte de l'article 1152 du Code Civil que "dans le doute,la convention s'interprète contre
celui qui a stipulé, et en faveur de celui qui a contracté l'obligation".
Toutefois, en ce qui concerne les grandes entreprises, les Polices d'assurance sont souvent
négociées par l'intermédiaires des Courtiers, qui établissent parfois eux-mêmes les contrats.
Dans tous les cas, c'est à l'assuré de rechercher quel est le type de contrat qui répond le mieux
à ses besoins spécifiques, et il peut avoir intérêt à se faire conseiller par des professionnels qui
connaissent bien le marché de l'assurance : intermédiaires tels agents généraux, courtiers.
Comme tout professionnel, l'assureur est cependant tenu d'une obligation de prudence et de
diligence lors de la conclusion des contrats (notion d'avant-contrat spécifique du contrat de
vente), ainsi que d'une obligation de conseil.
L'assureur doit s'informer des besoins spécifiques du client, et lui proposer une couverture
adaptée :
Ainsi, l' assureur devra conseiller une garantie couvrant sa responsabilité en cas de
dommages causés à l'occasion dans les divers aspects de son activité professionnelle.
Ex. :
Une entreprise commercialisant des meubles de salle de bains, devra également se voir
proposer une garantie concernant les conséquences de travaux de raccordement de
plomberie, qui relèvent normalement d'une autre activité.
Il doit notamment s'assurer lors de la conclusion d'un contrat automobile que le permis
de conduire d'un étranger est bien valable pour la conduite d'un véhicule automobile
en France.
La faute commise par l'assureur dans son devoir d'information et de conseil, engage sa
responsabilité contractuelle à l'égard de l'assuré, permettant à ce dernier d'obtenir réparation
du préjudice que cette faute lui causerait, notamment du fait d'un défaut d'assurance, sur le
fondement de l'article 1147 du Code Civil.
Le montant des dommages et intérêts auquel peut prétendre l'assuré peut correspondre au
montant de l'indemnisation dont la faute de l'assureur l'a privée.
Les parties doivent donc coopérer loyalement dans la mise en œuvre du contrat : 1103 et 1104
du Code Civil.
L' assureur est tenu d'une obligation de conseil tout au long de la vie du contrat, et
notamment lors de la souscription du contrat.
Il doit faire preuve de loyauté, en conseillant à son client des garanties adaptées, et en
l'informant clairement sur les clauses et conditions du contrat.
Manoeuvres dilatoires : (Cass. Civ. I, 19/01/1988, RGAT 1988, p.479, note J.Bigot),
Absence de réaction à l'approche de l'expiration de la prescription biennale : (Cass. Civ.
I, 6/12/1994 ; RGAT 1995 1995, p.57 note J.Kullman).
L'assureur doit attirer l'attention de son assuré sur la nécessité de souscrire une
assurance complète, alors que l'exclusion de garantie contenue dans la police recelait
un piège indécelable pour l'assuré :
(Cass. Civ. I, 6/01/1994, RGAT 1994 1986, note L.Mayaux).
D'une manière générale, les juges estiment que la résistance de l'assureur à honorer ses
engagements devient abusive lorsque l'assureur maintient son refus de régler alors qu'il détient
tous les éléments selon lesquels le sinistre est effectivement couvert par le contrat.
C'est souverainement qu'après avoir analysé les différentes opérations auxquelles s'est
livré chacun des experts, a souverainement estimé, qu'aucun désaccord n'existait entre
eux, que la nomination d'un troisième expert était inutile et que, par son refus de
verser un acompte et son comportement dilatoire, l'assureur avait aggravé les
dommages et provoqué la perte totale du fonds assuré.
En sens contraire :
L'arrêt attaqué ayant constaté que l'assureur avait eu connaissance, après la mise en
oeuvre de la procédure d'expertise amiable, de certaines circonstances de l'incendie
du garage de l'assuré, l'autorisant à dénier sa garantie pour faute intentionnelle, a pu
en déduire qu'il n'avait, en s'opposant au paiement de l'indemnité d'assurance,
commis aucune faute en relation avec les préjudices nés de la mise en liquidation
judiciaire de l'entreprise dont l'assuré demandait réparation.
Cass. Civ. I, 14 mars 2000, 97-20048 ; RGDA 2000, p.497, note J.Kullmann.
Toutefois, l'abus du droit de l'assureur de se défendre en justice, après avoir refusé d'exécuter
son contrat, n'est susceptible d'engager sa responsabilité sur le fondement de l'article 1382 du
Code Civil, que si son comportement fautif est caractérisé.
Cass. Civ. II, 30 juin 2004, 02-19758 ; R.C. et Ass. 2004, n°282 et 314.
Voir : S.Corone, "La responsabilité de l'assureur dans l'exécution des contrats", L'Argus de
l'Assurance, n°6937, p.40.
L'assuré doit respecter les conditions de garantie prévues dans la police d'assurance
(mesures de prévention, utilisation de moyens de protection…) faute de quoi il
s'expose à une non garantie (Art. 1134 du Code Civil).
Aux termes de l'article L 113-1 du Code des Assurances, les conséquences de la faute
intentionnelle de l'assuré sont légalement inassurables, ce qui est un principe d'ordre
public (L l13-1 C. Ass).
3 - A l'occasion du sinistre :
L'assuré devra faire preuve de bonne foi dans la déclaration de sinistre (prise de mesures de
sauvegardes, préservation des recours de l'assureur, respect du délai de déclaration du sinistre,
accomplissement des formalités prévues au contrat, établissement d'un état de pertes ...), faute
de quoi il s'expose à unedéchéance de garantie.
Nullités :
Déchéances de garantie (si prévue dans la POlice) : Surévaluation frauduleuse des pertes
Escroquerie à l'assurance : manoeuvres frauduleuses de nature à se faire payer une
indemnité (Art. 313-1 du Code Pénal)
Conformément à l'article 1353, al.2 du Code Civil, c'est à l'assureur qui entend s'exonérer de
son obligation de garantie, en invoquant une nullité ou une déchéance, de rapporter la preuve
de la mauvaise foi de son assuré, la bonne foi étant toujours présumée.
Conformément à l'article 9 du Code de Procédure Civile, s'agissant d'un fait juridique, la
preuve de la mauvaise foi peut être rapportée par tous moyens.
Dans le cas de sinistres "douteux" les assureurs peuvent demander à cette association
d'effectuer des enquêtes "officieuses" dont le résultat peut donner des indications permettant
d'établir une fraude.
Selon une étude d'ACCENTURE de 2010, la fraude pourrait représenter environ 5% des
primes encaissées en IARD. 10% des dommages déclarés pourraient être frauduleux, et moins
de 20% de ces cas de fraude seraient effectivement détectés.
A - SOCIETES COMMERCIALES
III - L'ASSURE
I - LA POLICE D'ASSURANCE
A - CONTENU DE LA POLICE
B - DOCUMENTS CONTRACTUELS
1 - Conditions générales
2 - Conditions particulières
3 - Conventions spéciales
4 - Intercalaires
5 - Avenants
C - INTERPRETATION DE LA POLICE
II - LA NOTE DE COUVERTURE
A - CIRCONSTANCES EXCEPTIONNELLES
B - MODALITES DE LA RESILIATION
B - CONDITIONS DE GARANTIE
C - INFORMATION DE L'ASSURE
Le produit d'assurance est vendu par les entreprises d'assurances sous la forme d'un
contrat, soumis au principe des articles 1101 et suivants du Code Civil, passé
généralement entre un assureur et un assuré. Il est le plus souvent diffusés par des
intermédiaires : agents généraux ou courtiers.
Il s'agit d'un "produit" commercial complexe, qui repose sur la promesse faite par
l'assureur d'accomplir de bonne foi les prestations prévues par la Police en cas de
réalisation d'un risque déterminé. Toutefois, une telle garantie est assortie de
conditions et de limitations qu'il appartient à l'assuré de bien connaître.
Voir : Luc Mayaux "Qu'est-ce qu'un contrat d'assurance ? " Extrait de l'ouvrage "Les grandes
questions du droit des assurances", préface de J. Bigot, LGDJ 2011", RGDA, 2011, 629.
Il conviendra d'envisager :
I - l'assureur
II - le souscripteur du contrat
III - l'assuré
IV - les tiers bénéficiaires
I - L'ASSUREUR
A - L'entreprise d'assurance
B - Forme juridique de l'entreprise d'assurance
A - ENTREPRISE D'ASSURANCE
C'est la partie au contrat qui s'engage à exécuter une prestation à l'assuré en
cas de réalisation du risque faisant l'objet du contrat.
Les entreprises d'assurance sont désormais des sociétés privées, qui peuvent avoir
la forme commerciale, ou civile, sous forme de mutuelle.
L'usage veut que la prise de qualité d'apériteur, acceptée par tous, donne à
l'assureur ainsi désigné qualité pour introduire les actions et y défendre, et d'une
manière générale, représenter le groupe des assureurs.
L'Argus de l'Assurance, Dossiers Juridiques, n°6979, 26 mai 2006, p.1, note G.Defrance.
1 - SOCIETES COMMERCIALES
Les Compagnies commerciales d'assurances, telles que : AXA, GENERALI,
GROUPAMA, ALLIANZ, AVIVA, LA MONDIALE, AIG, CHUBB, XL INSURANCE...
sont nécessairement des sociétés anonymes, réglementées par le livre III du Code
des Assurances.
Les sociétés d'assurance mutuelles ont un objet non commercial. Elles sont
constituées pour assurer les risques apportés par leurs sociétaires.
Ces sociétés fonctionnent sans capital social, dans des conditions fixées, pour
l'ensemble des catégories mentionnées à l'article L. 322-26-4, par décret en
Conseil d'Etat.
Il existe des Mutuelles qui diffusent leur produits sans intermédiaires, et peuvent,
de ce fait, afficher des tarifs très compétitifs : MACIF, MATMUT, GMF, MAAF,
MAIF...
Il existe même de micro-mutuelles, telles que celle des marins du Port de Sète,
entièrement réassurées.
1 - L'intermédiation
2 - Les agents généraux
3 - Les courtiers d'assurance
4 - Le rôle d'information et de conseil des intermédiaires d'assurance
1 - L'INTERMEDIATION
Définition :
Conditions :
Ce document doit fournir aux clients des informations sur le produit qui soient faciles
à lire, à comprendre et à comparer, et doit utiliser un modèle, une structure et un
format communs n'excédant pas trois pages.
Enfin, son Article 15 prévoit un règlement extrajudiciaire des litiges avec des
procédures appropriées et efficaces, indépendantes et impartiales de réclamation et
de recours extrajudiciaires aux fins du règlement des litiges entre clients et
distributeurs de produits d’assurance.
Voir : Jean Bigot :"L'intermédiation en assurance : les nouvelles règles du jeu", JCP 2006, G, I, 189 -
P.G. Marly "L'obligation d'information des intermédiaires d'assurance" : Revue Lamy Droit Civil,
Septembre 2006, p.14 - D.Langé "Les intermédiaires d'assurance à l'heure du marché unique : la
réforme de l'intermédiation en assurance", RGDA 2006, 859 - J.Roussel "Le nouveau droit de
l'intermédiation en assurance. Conformité à la directive ?", RGDA 2007, p.305.
Les agents généraux d'assurances sont soumis soit au statut des agents "I.A.R.D.",
soit au statut des agents "VIE" qui figurent dans l'annexe 5 du Code des Assurances.
Dans les mêmes conditions, l'agent général peut engager sa responsabilité envers
sa compagnie mandante en cas de faute professionnelle, notamment en cas de
délivrance ou d'un police ou d'une note de couverture irrégulière.
3 - LE COURTIER D'ASSURANCE
Le statut des courtiers :
Le courtier d'assurance a le statut de professionnel, exerçant sous forme de
commerçant indépendant ou de société commerciale : : GRAS SAVOYE, MARSH,
AON, DIOT, SIACI, VERLIGNUE, APRIL, VERSPIEREN, BESSE...
Les courtiers sont soumis aux dispositions des Usages du courtage d'assurance"
dans leurs relations avec les Compagnies.
Il existe des usages spécifiques dans certaines "places" financières et tertiaires, tels
que LYON, lesquels ont "inspiré" les usages nationaux : voir les Usages Lyonnais.
Pour les risques importants, les courtiers négocient les conditions des contrats
d'assurance avec l'assureur, et peuvent établir les Polices sur leur propre en-tête.
Il peut ainsi apparaître aux yeux des tiers, comme ayant lui même la qualité
d'assureur et court le risque de se trouver assigné, soit par le bénéficiaire d'une
assurance pour compte, soit par la victime exercant une action directe, en lieu et
place du véritable assureur.
Sauf abus de droit, l'assuré mandant peut révoquer discrétionnairement son courtier
mandataire, sous réserve de son caractère de mandat d'intérêt commun.
Il peut arriver que l'assureur confie à un courtier le mandat de délivrer des Notes
des Couverture et de recouvrer des primes, voire de gérer certains sinistres, et
devenir ainsi également le mandataire, au moins apparent, de l'assureur.
Ils ont élaboré un Code de conduite régissant leurs rapports avec les Courtiers
directs en ce qui concerne l'information due aux clients.
A noter que donne des consultations juridiques qui ne relèvent pas de son activité
principale au sens de l'article 59 de la loi n° 71-1130 du 31 décembre 1971, modifiée,
le courtier en assurances qui fournit, à titre habituel et rémunéré, aux victimes de
sinistres qui le mandatent à ces seules fins, un avis personnalisé sur les offres
transactionnelles des assureurs, en négocie le montant et, en cas d'échec de la
négociation, oriente les bénéficiaires de la consultation vers un avocat, dès lors que
ces prestations ne participent ni du suivi de l'exécution d'un contrat d'assurance
souscrit par son intermédiaire ni de travaux préparatoires à la conclusion d'un
nouveau contrat.
Il en est ainsi pour un courtier qui avait, à l'occasion d'une activité de "consultant en
règlement amiable de litiges d'assurance", assuré le suivi des dossiers
d'indemnisation de victimes d'accidents de la circulation, étrangères à son
portefeuille de clientèle, sans avoir reçu de mandat de gestion des sociétés
d'assurances tenues à garantie.
Cet intermédiaire doit donc procurer à son client toutes les informations nécessaires
lui permettant de choisir une couverture appropriée aux risques encourus, et doit
veiller à l'adaptation de la couverture de garantie aux risques particuliers de son
client.
C'est à l'assuré qu'il incombe de choisir en connaissance de cause s'il doit, ou non,
être garanti contre certains risques.
II - LE SOUSCRIPTEUR DU CONTRAT
D'ASSURANCE
1.
Selon l'article L 112-5 du Code des Assurances, la police d'assurance peut être à
personne dénommée, à ordre ou au porteur. Les polices à ordre se transmettent par
voie d'endossement, même en blanc.
Le présent article n'est toutefois applicable aux contrats d'assurance sur la vie, qui ne
peuvent être ni à ordre ni au porteur (article L. 132-6).
2.
III - L'ASSURE
L'assuré est la personne sur la tête ou sur les intérêts de laquelle repose une
assurance, c'est à dire celle qui est menacée par le risque couvert, soit dans sa
personne, soit dans son patrimoine.
La qualité d'assuré est donc bien spécifique et ne peut simplement être ramenée ni à
celle de partie au contrat, ni à celle de tiers bénéficiaires.
Il est vrai qu'une confusion est souvent commise entre le terme d'assuré et celui de
souscripteur, y compris dans certaines dispositions du Code des Assurances.
L'assurance pour compte repose sur la stipulation pour autrui des articles 1205 et
suivants du Code Civil.
1.
L'assurance pour compte est une technique fréquente.
L'assurance peut être contractée en vertu d'un mandat général ou spécial, ou même
sans mandat, pour le compte d'une personne déterminée. Dans ce dernier cas,
l'assurance profite à la personne pour le compte de laquelle elle a été conclue, alors
même que la ratification n'aurait lieu qu'après le sinistre.
La clause vaut tant au profit du souscripteur du contrat que comme stipulation pour
autrui au profit du bénéficiaire connu ou éventuel de ladite clause.
Les exceptions que l'assureur aurait pu lui opposer sont également opposables au
bénéficiaire de la police quel qu'il soit.
2.
L'assurance pour compte est souvent utilisée par les dépositaires de biens mobiliers
appartenant à autrui, notamment par les transporteurs, dans le cadre d'une police
spécifique "Marchandises transportées" de manière à garantir deux risques
concomitants, à savoir :
3.
4.
La technique de l'assurance pour compte est également utilisée dans les assurances
de personnes, notamment lorsqu'un employeur souscrit un contrat d'assurance de
prévoyance complémentaire au profit de ses salariés, ou une Banque pour le compte
de ses emprunteurs.
En matière d'assurance contre le décès, c'est bien évidemment un tiers qui bénéficie
de l'indemnité.
B - L'ASSURANCE DE GROUPE
L'Article L 141-1 du Code des Assurances dispose que :
Est un contrat d'assurance de groupe le contrat souscrit par une personne morale
ou un chef d'entreprise en vue de l'adhésion d'un ensemble de personnes
répondant à des conditions définies au contrat, pour la couverture des risques
dépendant de la durée de la vie humaine, des risques portant atteinte à
l'intégrité physique de la personne ou liés à la maternité, des risques
d'incapacité de travail ou d'invalidité ou du risque de chômage.
Des associations, telles que des groupements sportifs, peuvent souscrire de tels
régimes de prévoyance pour le compte de leurs adhérents.
L'assureur ne peut recourir contre le souscripteur que s'il établi avoir effectivement
rédigé une notice, et l'avoir adressée au souscripteur afin qu'il la remette à ses
adhérehts.
Cass. Civ. II, 15 mai 2008, 07-14354 ; Dalloz 2008, AJ 1481.
Les indemnités dues par suite d'assurance contre l'incendie, contre la grêle,
contre la mortalité du bétail ou les autres risques, sont attribuées, sans qu'il y
ait besoin de délégation expresse, aux créanciers privilégiés ou hypothécaires,
suivant leur rang.
Cette disposition permet donc à tous les créanciers inscrits sur un bien faisant l'objet
d'une assurance de chose, de percevoir directement le montant de l'indemnité due
par l'assureur.
Il en est de même des indemnités dues en cas de sinistre par le locataire ou par
le voisin, par application des articles 1733 et 1240 du Code civil.
L'assureur ne peut payer à un autre que le tiers lésé tout ou partie de la somme
due par lui, tant que ce tiers n'a pas été désintéressé, jusqu'à concurrence de
ladite somme, des conséquences pécuniaires du fait dommageable ayant
entraîné la responsabilité de l'assuré.
Dans un arrêt de principe du 14 Juin 1926 (D.P. 1927, I, 57, note Josserand; rapport
A.Colin - S.1927, I, 25, note Esmein) la Chambre Civile de la Cour de Cassation avait
posé le principe selon lequel :
Cette autonomie est telle qu'elle tente à inverser la finalité du contrat d'assurances
de responsabilité au profit de la victime qui, sans être partie au contrat, va en être le
principal bénéficiaire puisqu'elle lui permettra d'échapper à une éventuelle
insolvabilité du responsable assuré, et d'obtenir ainsi la réparation financière
de son dommage sans avoir à concourir avec les autres créanciers de l'assuré sur le
montant de l'indemnité.
Le contrat d'assurance est un contrat consensuel qui devient parfait par l'accord
des parties sur :
En pratique, l'assureur sera éclairé, d'une part, par la proposition d'assurance qui
lui est présentée par l'assuré, et d'autre part, par les questions qu'il sera amené à lui
poser dans un questionnaire.
Mais cette méthode était dangereuse pour l'assuré à qui l'assureur pouvait toujours
reprocher d'avoir omis un élément.
Désormais, c'est à l'assureur de "poser les bonnes questions" sur toutes les
circonstances de nature à lui faire apprécier les risques qu'il prend en charge, et il ne
peut se contenter d'une déclaration pré-imprimée
Il résulte des articles L. 112-3, alinéa 4, et L. 113-8 du code des assurances que
l'assureur ne peut se prévaloir de la réticence ou de la fausse déclaration
intentionnelle de l'assuré que si celles-ci procèdent des réponses qu'il a apportées
auxdites questions.
le juge peut donc prendre en compte, pour apprécier l'existence d'une fausse
déclaration, les déclarations faites par l'assuré à sa seule initiative lors de la
conclusion du contrat.
Cass. Civ. II, 4 février 2016, 15-13850 - Publié au bulletin - M.Obarbaud : "La preuve de la fausse
déclaration d'assurance", RC et Ass.2016, Etude 9 -
Il n'en reste pas moins que la mauvaise foi de l'assuré peut résulter de déclarations
spontanées faites par l'assuré, en dehors de tout questionaire.
Cass. Civ. II, 19 février 2009, 07-21655 ; RGDA 2009, 473, note L.Mayaux
L'assuré n'est donc pas tenu de répondre à une question qui ne lui est pas posée.
Cass. Civ. II, 15 février 2007, 05-20865 ; Dalloz 2007, p.1635, note D.Noguero : "Questionnaire fermé,
réticence dolosive et déclaration du risque du souscripteur d'assurance".
Cass. Civ. II, 17 Juin 2010, 09-67081 ; RGDA 2010, 1020, note A.Pélissier.
Cass. Civ. II, 19 février 2009, 07-21655 ; Dalloz 2009, 2788, note C. Mézen.
L'approbation d'une réponse pré-imprimée précise figurant dans la Police, et ne
nécessitant aucune interprétation, peut constituer de fausses déclarations
intentionnelles du souscripteur ayant eu pour effet de modifier l'appréciation par
l'assureur du risque pris en charge, de nature à entraîner la nullité de la Police sur le
fondement de l'article L 113-8 du Code des Assurances.
Cass. Civ. II, 28 Juin 2012, 11-20793 ; RC et Ass. 2012, Com. 326, note H. Groutel; RGDA 2013,
p.40, note J.Kullmann.
Cass. Crim. 10 Janvier 2012, 11-81647 ; L'Argus de l'Assurance 17/02/2012, p.9 - Tribune de
l'Assurance, Mai 2012, p.56 ; RGDA 2012, p.623, note J. Landel
Cass. Civ. II, 15 Septembre 2011, 10-19694 ; RGDA, 2012, 41, note J. Kullmann
Il résulte de l'article L. 113-2 2° du code des assurances que l'assuré est obligé de
répondre exactement aux questions précises posées par l'assureur,
notamment dans le formulaire de déclaration du risque par lequel celui-ci
l'interroge, lors de la conclusion du contrat, sur les circonstances qui sont de nature
à lui faire apprécier les risques qu'il prend en charge. Il résulte des articles L. 112-
3, alinéa 4, et L. 113-8 que l'assureur ne peut se prévaloir de la réticence ou de
la fausse déclaration intentionnelle de l'assuré que si celles-ci procèdent des
réponses qu'il a apportées auxdites questions.
Cass. Civ. II, 10 décembre 2015, 14-25046 14-29811 ; RC et Ass. 2016, Com.93, note H.Groutel
Toutefois, selon l'article L. 113-8 du code des assurances, le contrat d'assurance est
nul en cas de réticence ou de fausse déclaration intentionnelle de la part de l'assuré
et l'article L. 113-2 n'impose pas l'établissement d'un questionnaire préalable
écrit.
le juge peut prendre en compte, pour apprécier l'existence d'une fausse déclaration,
les déclarations faites par l'assuré à sa seule initiative lors de la conclusion du
contrat.
Cass. Civ.II, 4 février 2016, 15-13850 - Publié au bulletin - RC et Ass. 2016, Com. 167,note H.Groutel.
Après avoir constaté que M. X... reconnaissait l'existence d'une fausse déclaration
intentionnelle portant sur la personne du conducteur principal du véhicule lors
de la souscription du contrat, de sorte qu'elle n'avait pas à rechercher si cette
déclaration spontanée procédait d'une réponse à des questions précises posées par
l'assureur, et avoir retenu que cette fausse déclaration avait modifié l'opinion de
l'assureur sur le risque, la cour d'appel en a justement déduit que le contrat
d'assurance était nul ;
Cass. Civ. II, 3 mars 2016, 15-13500 Cass. Civ. II, 3 mars 2016, 15-13500
Lorsqu'il est constaté que M. X... avait apposé sa signature sous la mention " je
déclare que mon habitation n'est pas équipée d'un insert ou d'un poêle ", et
estimé dans l'exercice de son pouvoir souverain d'appréciation de ces termes et des
circonstances dans lesquelles cette déclaration était intervenue, que celle-ci avait été
nécessairement recueillie en réponse à une question précise, puis énoncé que
s'agissant de l'installation d'un insert, la nouveauté ou le risque qu'elle peut
représenter avait été envisagé par les parties lors de la souscription, pour en déduire
que M. X... était tenu, légalement et contractuellement, d'aviser l'assureur de ces
modifications survenues en cours de contrat.
Cass. Civ. II, 19 novembre 2015, 14-17010 - Dalloz 2016, 297, note D.Noguero - Cass. Civ. II, 3 Juillet
2014, 13-18760 Dallloz 2014, 1495 ; A.Pélissier : "La deuxième chambre civile souffle le chaud et le
froid sur les assureurs", RGDA 21014, 443 - En ce qui concerne l'éventualité d'un retrait de permis de
conduire pour perte de points attachés : Cass. Civ. II, 12 Juin 2014, 13-18936 ; RC et Ass. 2014,
Com. 320, note HG.
L'Article 1112-1 ajoute que celle des parties qui connaît une information dont
l'importance est déterminante pour le consentement de l'autre doit l'en informer dès
lors que, légitimement, cette dernière ignore cette information ou fait confiance à son
cocontractant.
Les documents remis au preneur d'assurance précisent la loi qui est applicable au
contrat si celle-ci n'est pas la loi française, les modalités d'examen des réclamations
qu'il peut formuler au sujet du contrat, y compris, le cas échéant, l'existence d'une
instance chargée en particulier de cet examen, sans préjudice pour lui d'intenter une
action en justice, ainsi que l'adresse du siège social, et le cas échéant , de la
succursale qui se propose d'accorder la couverture.
La remise de ces documents est constatée par une mention signée et datée par le
souscripteur apposée au bas de la police, par laquelle celui-ci reconnaît avoir reçu
au préalable ces documents et précisant la nature et la date de leur remise.
L'absence de cette information n'est pas sanctionnée par la nullité, mais nous parait
devoir être l'inopposabilité à l'assuré de toutes les conditions restrictives de
garantie qui n'auraient pas été portées à sa connaissance effective : exclusions
de risques, franchises, déchéances etc...
L'article L 124-5 du Code des Assurances , exige que le contrat reproduise ses
dispositions concernant l'application des garanties dans le temps soit par le fait
dommageable, soit par la réclamation..
L'article L 112-2 du Code des Assurances exige, de son côté, que, avant la
conclusion d'un contrat comportant des garanties de responsabilité, l'assureur
remette à l'assuré une fiche d'information décrivant le fonctionnement dans le
temps des garanties déclenchées par le fait dommageable, le fonctionnement dans
le temps des garanties déclenchées par la réclamation, ainsi que les conséquences
de la succession de contrats ayant des modes de déclenchement différents.
(Mais est interdite la prospection directe au moyen d'un automate d'appel, d'un
télécopieur ou d'un courrier électronique utilisant, sous quelque forme que ce soit, les
coordonnées d'une personne physique qui n'a pas exprimé son consentement
préalable à recevoir des prospections directes par ce moyen.) (Article L34-5 du Code
des Postes et télécommunications)
Aux termes de l'article L112-2-1 III du Code des Assurances : En temps utile avant la
conclusion à distance d'un contrat le souscripteur reçoit les informations suivantes :
L'assureur doit également indiquer, pour les contrats d'assurance vie les informations
mentionnées à l'article L. 132-5-1 du Code des Assurances, notamment le montant
maximal des frais qu'il peut prélever et, lorsque les garanties de ces contrats sont
exprimées en unités de compte, les caractéristiques principales de celles-ci. Dans ce
dernier cas, il doit en outre préciser qu'il ne s'engage que sur le nombre des unités
de compte et non sur leur valeur qui peut être sujette à des fluctuations à la hausse
comme à la baisse.
Faculté de renonciation
Toute personne physique ayant conclu à des fins qui n'entrent pas dans le cadre de
son activité commerciale ou professionnelle un contrat à distance dispose d'un délai
de quatorze jours calendaires révolus pour renoncer, sans avoir à justifier de
motif ni à supporter de pénalités. Ce délai commence à courir :
a) Soit à compter du jour où le contrat à distance est conclu ;
b) Soit à compter du jour où l'intéressé reçoit les conditions contractuelles et
les informations, conformément à l'article L. 222-6 du code de la
consommation, si cette dernière date est postérieure à celle mentionnée au a ;
2° Toutefois, en ce qui concerne les contrats d'assurance vie, le délai précité est
porté à trente jours calendaires révolus. Ce délai commence à courir :
Est un contrat d'assurance de groupe le contrat souscrit par une personne morale ou
un chef d'entreprise en vue de l'adhésion d'un ensemble de personnes répondant à
des conditions définies au contrat, pour la couverture :
de remettre à l'adhérent une notice établie par l'assureur qui définit les
garanties et leurs modalités d'entrée en vigueur ainsi que les formalités à
accomplir en cas de sinistre ;
d'informer par écrit les adhérents des modifications apportées à leurs droits et
obligations, trois mois au minimum avant la date prévue de leur entrée en
vigueur.
La preuve de la remise de la notice à l'adhérent et de l'information relative aux
modifications contractuelles incombe au souscripteur.
L'adhérent peut dénoncer son adhésion en raison de ces modifications.
Toutefois, la faculté de dénonciation n'est pas offerte à l'adhérent lorsque le
lien qui l'unit au souscripteur rend obligatoire l'adhésion au contrat.
L'exclusion ne peut intervenir qu'au terme d'un délai de quarante jours à compter de
l'envoi, par le souscripteur, d'une lettre recommandée de mise en demeure. Cette
lettre ne peut être envoyée que dix jours au plus tôt après la date à laquelle les
sommes dues doivent être payées.
Cette exclusion ne peut faire obstacle, le cas échéant, au versement des prestations
acquises en contrepartie des primes ou cotisations versées antérieurement par
l'assuré.
de remettre à l'adhérent une notice établie par l'assureur qui définit les
garanties et leurs modalités d'entrée en vigueur ainsi que les formalités à
accomplir en cas de sinistre ;
d'informer par écrit les adhérents des modifications apportées à leurs droits et
obligations, trois mois au minimum avant la date prévue de leur entrée en
vigueur.
Toutefois, la faculté de dénonciation n'est pas offerte à l'adhérent lorsque le lien qui
l'unit au souscripteur rend obligatoire l'adhésion au contrat.
Le souscripteur est, tant pour les adhésions au contrat que pour l'exécution de celui-
ci, réputé agir, à l'égard de l'adhérent, de l'assuré et du bénéficiaire, en tant que
mandataire de l'entreprise d'assurance auprès de laquelle le contrat a été
souscrit, à l'exception des actes dont l'adhérent a été préalablement informé que le
souscripteur n'a pas pouvoir pour les accomplir.
A noter que les entreprises d'assurance sur la vie sont autorisées à contracter, sous
la forme de contrats d'assurance de groupe. (Art. L142-1).
Toutefois, ces dernières dispositions ne s'appliquent pas aux contrats d'assurance en
cas de vie dont les prestations sont liées à la cessation d'activité professionnelle,
souscrits par une entreprise ou un groupe d'entreprises au profit de leurs salariés ou
par un groupement professionnel représentatif d'entreprises au profit des salariés de
celles-ci ou par une organisation représentative d'une profession non salariée ou
d'agents des collectivités publiques au profit de ses membres.
Il ne s'applique pas non plus aux contrats de groupe souscrits par un établissement
de crédit ou une société de financement, ayant pour objet la garantie de
remboursement d'un emprunt, lesquels sont régies par des lois spéciales ne sont pas
soumises aux dispositions du présent article.
Dans la mesure où des emprunteurs, au moment de leurs adhésions au contrat d'assurance groupe
souscrit par la Banque ne garantissant que les risques de décès, d'invalidité absolue et définitive,
d'incapacité de travail, mais non le risque de chômage, ont reçu une notice d'information, précisant
les conditions générales du contrat d'assurance proposé et le descriptif détaillé des garanties offertes,
ils ne peuvent rechercher la responsabilité de la Banque pour défaut d'information du fait de l'absence
de garantie chomage. Cass. Com., 3 mai 2006, 04-15517 ; L'Argus de l'Assurance, n°6981, p.55, Dossiers Juridiques, n°6983,
p.1, note Gérard Defrance
1 - NOTE D'INFORMATION
Un arrêté fixe les informations qui doivent figurer dans cette note, notamment en ce
qui concerne les garanties exprimées en unités de compte. (Article A132-5-2)
2° Une mention dont les termes sont fixés par arrêté du ministre chargé
de l'économie, précisant les modalités de renonciation.
2 -FACULTE DE RENONCIATION
La notice précise que les droits et obligations de l'adhérent peuvent être modifiés par
des avenants auxdits contrats. Les modalités d'adoption de ces avenants par le
souscripteur sont communiquées par ce dernier à l'adhérent.
1.
Dans les mêmes conditions, l'assuré a la possibilité de ne pas donner suite au projet
de contrat qui lui est proposé.
2.
L'article L 112-3 du Code des Assurances dispose que : "Le contrat d'assurance et
les informations transmises par l'assureur au souscripteur mentionnées dans
le présent code sont rédigés par écrit, en français, en caractère apparents".
Il en est ainsi pour toute addition ou modification du contrat primitif (Avenant).
Toute addition ou modification au contrat d'assurance primitif doit être constatée par
un avenant signé des parties, sauf en cas de modification proposée par l'assureur
d'un contrat complémentaire santé individuel ou collectif visant à le mettre en
conformité avec les règles de l'article L871-1 du Code de la Sécurité Sociale, laquelle
est réputée acceptée à défaut d'opposition du souscripteur. (Art.112-3, al.5, Code
des Ass.)
Si l'article L 112-4 dispose que les clauses des polices édictant des nullités,
déchéances ou exclusions ne sont valables que si elles sont mentionnées en
caractère très apparents, cette exigence ne s'applique pas aux clauses définissant
les conditions et les limitations des garanties contractuelles. Cass. Civ. II, 15 Mars 2007,
06-12104 ; RC et Ass. 2007, Com. 203, note H.Groutel.
Dans la plupart des contrats figure une clause selon laquelle la conclusion du contrat
est subordonnée à la signature de la police par l'assuré, voire au paiement de la
première prime.
L'article L 112-3, al.6 du Code des Assurancess précise d'ailleurs que, même avant
la délivrance de la police ou de l'avenant, l'assureur et l'assuré peuvent être engagés
l'un à l'égard de l'autre par la remise d'une note de couverture.
Cass. Civ. I, 14 Novembre 1995, 93-14.546, RGDA 1996, p.278, note J.Kullmann
3.
Voir article G.Neger : " de l'inefficience de la signature électronique (ou du moins de ce qu'on
vous présente comme tel", sur le site du Village de la Justice
Voir :
Elle relève par suite, comme l'action en garantie exercée, le cas échéant, par l'auteur
du dommage contre son assureur, de la compétence de la juridiction administrative,
dès lors que le contrat d'assurance présente le caractère d'un contrat administratif et
que le litige n'a pas été porté devant une juridiction judiciaire avant la date d'entrée
en vigueur de la loi du 11 décembre 2001.
Elle abroge le code des marchés publics, l'ordonnance n°2004-559 du 17 juin 2004
sur les contrats de partenariat et l'ordonnance n°2005-649 du 6 juin 2005 relative aux
marchés passés par certaines personnes publiques ou privées non soumises au
code des marchés publics.
Elle a été suivie par un décret n°2016-360 du 25 mars 2016 relatif aux marchés
publics, dont les disppositions sont applicables pour toutes les procédures
engagées à partir du 1er avril 2016.
La liberté d'accès
L'égalité de traitement entre les candidats
La transparence de la procédure
Voir sur le site de l'Argus de l'Assurance : Dossier "L'exécution du marché public d'assurance"
Cass. Civ. II, 1er Juin 2011, 10-19108 Voir note J.Bigot sur la preuve du contenu du contrat d'assurance, RGDA
2012, p.38.
L'Article L.112-2, 4e al, du Code des Assurances dispose que seule la police ou la note de
couverture constate l'engagement réciproque de l'assuré et de l'assureur.
L'Article L.112-3 exige que le contrat d'assurance et les informations transmises par l'assureur
au souscripteur sont rédigés par écrit, en français, en caractère apparents, mais ne prévoit pas
que la Police soit "signée"...
I - La Police d'assurance
II - Note de couverture
I - LA POLICE D'ASSURANCE
A - Contenu de la Police
B - Documents Contractuels
C - Principes d'interprétation de la Police par le Juge
A - CONTENU DE LA POLICE
1.
En ce qui concerrne les assurances de dommages non obligatoires, il résulte des articles L.
181-1 que Lorsque le risque est situé au sens de l'article L. 310-4 sur le territoire de la
République française et que le souscripteur y a sa résidence principale ou son siège de
direction, la loi applicable est la loi française, à l'exclusion de toute autre.
Toutefois, le choix par les parties d'une loi autre que la loi française ne peut, lorsque tous les
éléments du contrat sont localisés au moment de ce choix sur le territoire de la République
française, faire obstacle à l'application des dispositions législatives et réglementaires
auxquelles il ne peut être dérogé par contrat en application de l'article L. 111-2.
Ces dispositions ne peuvent faire obstacle aux dispositions d'ordre public de la loi françaises,
applicables quelle que soit la loi régissant le contrat.
Aux termes de l'Article L 112-4 du Code des Assurances, la police est datée du jour où elle
est établie et doit indiquer :
Ils doivent donc se détacher du reste du texte de la Police par une Typographie particulière :
couleur, grosseur des caractères, soulignement, encadré ...
2.
Selon l'article R. 112-1 du code des assurances, les polices d'assurance relevant des branches
1 à 17 de l'article R. 321-1 du même code doivent rappeler notamment les dispositions des
titres Ier et II, du livre Ier de la partie législative du code des assurances concernant la règle
proportionnelle lorsque celle-ci n'est pas applicable de plein droit, ou écartée par une
stipulation expresse, et prescription des actions dérivant du contrat d'assurance.
Il en résulte que l'assureur est tenu de rappeler dans le contrat d'assurance, sous peine
d'inopposabilité à l'assuré du délai de prescription édicté par l'article L. 114-1 de ce code,
les causes d'interruption de la prescription biennale prévues à l'article L. 114-2 du même code.
Le contrat d'assurance doit donc préciser également les causes ordinaires d'interruption de
la prescription.
Cass. Civ. II, 18 Avril 2013, 12-19519 ; Lamy Assurances, Mai 2013, p.8
Les polices des sociétés d'assurance mutuelles doivent constater la remise à l'adhérent du texte
entier des statuts de la société.
Les polices d'assurance contre les accidents du travail doivent rappeler les dispositions légales
relatives aux déclarations d'accidents et aux pénalités pouvant être encourues à ce sujet par les
employeurs.
B - DOCUMENTS CONTRACTUELS
Une Police d'assurance est un ensemble de documents qui se présente sous la forme
d'imprimés :
Conditions Générales
Conditions Particulières
et éventuellement :
Conditions Spéciales
Intercalaires
Avenant
1 - Conditions générales :
Cet imprimé comprend d'abord un ensemble de clauses communes à tous les contrats de
cette catégorie passés par l'assureur, et appelé Conditions Générales.
Il s'agit le plus souvent d'un document type, décrivant le fonctionnement général du Contrat
d'Assurance.
Selon l'Article 1119 du Code Civil : les Conditions Générales invoquées par une partie n'ont
effet à l'égard de l'autre que si elles ont été portées à la connaissance de celle-ci et si elle les a
acceptées.
Il appartient donc à l'assureur de rapporter la preuve que les Conditions Générales de la police
ont bien été remises au souscripteur, et que celui-ci en a bien eu connaissance.
Il ne suffit donc pas que les références des Conditions Générales soient mentionnées dans les
Conditions Particulières signées par l'assuré. Il faut que ces dernières portent également la
mention de ce que le souscripteur reconnaît que le texte de ces Conditions Générales lui a été
remis au moment de la souscription.
2 - Conditions particulières :
Elles sont complétées par les Conditions Particulières qui individualisent les dispositions du
contrat et comportent les indications exigées par la loi,notamment :
Les Conditions Particulières visent les références des documents annexes (Conditions
Générales ou spéciales) avec lesquels elles constituent la "police".
Selon l'Article 1119 du Code Civil, en cas de discordance entre des conditions générales et
des conditions particulières, les secondes l'emportent sur les premières.
C'est pourquoi, les Conditions Particulières d'un contrat d'assurance prévalent toujours
sur les Conditions Générales et les Conventions Spéciales, dans la mesure où elles
individualisent le risque assuré, et peuvent apporter des dérogations aux clauses
figurant dans les documents-type annexes..
Il résulte des articles L. 112-1 et suivants du code des assurances que le fait que l'assuré
apporte la preuve de l'existence d'un contrat d'assurance ne le dispense pas de l'obligation
d'apporter également la preuve littérale et suffisante du contenu de celui-ci.
Les Conditions Particulières signées par l'assureur et les documents auxquels elles font
expressément référence suffisent alors à établir la restriction de garantie invoquée par
l'assureur, et figurant très clairement en gras dans les garanties souscrites.
Cass. Civ. II, 11 déc. 2014, 13-25343 ; RGDA, 2015, P. 94, note A. Pélissier
3 - Conventions Spéciales
Pour les risques d'entreprise, les Conditions Particulières et Générales peuvent être assorties
de Conventions Spéciales, dans lesquelles les risques garantis sont précisés, décrits et
délimités de façon particulière : Responsabilité civile après livraison, Tous Risques Chantier,
garantie "Biens Confiés", Garantie "Vol"...
4 - Intercalaires
Il s'agit de clauses particulières qui sont insérées dans les divers documents composant la
Police, et dont l'assureur doit rapporter la preuve de l'acceptation du souscripteur, notamment
par la signature de ce dernier.
5 - Avenants
Enfin, toute modification à un contrat initial, survenant en cours d'exécution du contrat, doit
être constatée par un écrit, sous forme d'Avenant signé par le souscripteur et faisant partie
intégrante de la police.
Les avenants permettent de modifier le contenu d'un contrat d'assurance, sans avoir à le
refaire entièrement. Il est ainsi possible d'adjoindre ou d'enlever certains risques par rapport à
la garantie initiale, au fur et à mesure de l'évolution du contrat.
A noter que les attestations d'assurance ne peuvent prévaloir sur les stipulations contractuelles
de la police d'assurance : <i.Cass. Civ. II, 10 Mai 2007 ; 06-14543</i.
Voir, par exemple, pour l'assurance spatiale, sur le site de l'Argus de l'Assurance ou celui du Cabinet
d'avocats SELENE
Cette complexité nécessite l'intervention d'intermédiaires d'assurances, tels que les courtiers
spécialisés dans tel ou tel domaine de risque, capables d'auditer les besoins de leurs clients, de
proposer des solutions assurantielles adaptées et de rechercher des assureurs susceptible
d'accorder des garanties.
L'intervention des courtiers est donc fréquente dans les risques d'entreprise et professionnels.
Il peut s'agir alors de "contrats de gré à gré" dans la mesure où leurs stipulations sont
librement négociées entre les parties.
En revanche, en ce qui concerne les risques les plus courants pour les particuliers, si le rôle
des courtiers reste utile, les garanties sont surtout proposées au public par les assureurs sous
forme de "packages" de garantie. (Multirisques habitation...)
Or selon l'article 1190 du Code Civil, dans le doute, le contrat de gré à gré s'interprète contre
le créancier et en faveur du débiteur, et le contrat d'adhésion contre celui qui l'a proposé.
Par ailleurs, l'Article L 211-1 du Code de la Consommation, créé par Ordonnance n°2016-301
du 14 mars 2016, dispose que :"Les clauses des contrats proposés par les professionnels aux
consommateurs doivent être présentées et rédigées de façon claire et compréhensible. Elles
s'interprètent en cas de doute dans le sens le plus favorable au consommateur..."
La Jurisprudence fait une application constante de ces principes en estimant qu'une clause
ambiguë doit être interprétée dans le sens le plus favorable à l'assuré :
Cass. Civ. I, 21 janvier 2003, 00-13342 - 00.19001 ; Dalloz, Cahier de Droit des Affaires, 2003, 693,
Obs. V.Avena-Robardet. Dossiers Juridiques de l'Argus de l'Assurance, n°6823, p.5, note G.D. -
Cass. Civ. II, 13 Juillet 2006, 05-18104 ; Revue Lamy Droit Civil, Octobre 2006, n°2217 -
Cass. Civ. II, 1er Juin 2011, 09-72552 ; Dalloz 2011, 1612, note T. Ravel d'Esclapon
Cass. Civ. II, 1er Juin 2011, 10-10843 RGDA 2012, p.33, note J.Bigot -
Cass. Civ. II, 24 Novembre 2011, 10-25635 , l'Argus de l'Assurance, 9 Décembre 2011, p. 28
Cass. Civ. II, 13 Juillet 2006, 05-18104 ; L'Argus de l'Assurance, n°6992, p.53
Cass.Civ.II, 3 juillet 2014, 13-22418 : En présence de deux contrats d'assurance successifs, composant
un ensemble contractuel unique, mais contenant des stipulations divergentes dans le calcul de
prestations convenues, l'assuré doit bénéficier de la stipulation la plus favorable.
Voir : M.Lamoureux : "L'interprétation des contrats de consommation", Dalloz 2006, Cahier Droit des
Affaires, Chr. p.2848.
Le nouvel article 1190 du Code Civil, comme l'actuel L 211-1 du Code de la Consommation
font obligation au Juge d'interpréter le contrat ambiguë en faveur du consommateur ou
du non professionnel.
Il n'y a donc pas lieu à rechercher la commune volonté des parties, mais à sanction du
professionnel du fait de l'absence de clarté de la clause qu'il a rédigée.
D'où l'intérêt d'apporter un soin tout particulier à la rédaction des clauses des contrats
d'assurance, et ce d'autant plus que les assurés auront toujours intérêt d'en invoquer
l'obscurité…
Les assureurs ont fait beaucoup d'efforts dans la rédaction formelle de leurs Polices, lesquelles
sont subdivisées en en Chapitres et en Paragraphes accompagnés d'un sommaire, de titres et
d'un lexique détaillé. La présentation et la typographie sont le plus souvent soignées, utilisant
des couleurs, tableaux et shémas.
Il n'est reste pas moins que le contrat d'assurance reste un ensemble contractuel complexe, qui
nécessite une lecture et un examen attentif de la part d'un assuré souvent dépourvu de
connaissances juridiques.
La multiplicité des informations, à juste titre exigées par la loi, peut cependant "noyer" un
consommateur habitué à lire rapidement des documents publicitaire et commerciaux.
En même temps qu'il faut obliger le professionnel à un effort de présentation de ses
documents contractuels, et à un devoir d'explication orale au moment de la souscription du
contrat, il faut également inciter le consommateur à faire l'effort de lire et d'assimiler cette
information.
Aux termes de l' article L. 132-1 du Code de la consommation , dans les contrats conclus
entre professionnels et non-professionnels ou consommateurs, sont abusives les clauses qui
ont pour objet ou pour effet de créer, au détriment du non-professionnel ou du consommateur,
un déséquilibre significatif entre les droits et obligations des parties au contrat.
Le juge pourra annuler les clauses du contrat d'assurance qui lui paraissent abusives, à
l'égard des consommateurs ou des non professionnels.
L'appréciation d'un caractère abusif d'une clause ne dépend pas du caractère principal ou
accessoire de l'obligation contractuelle concernée.
Cass. Civ. I, 3 Mai 2006, 04-16698" ; Dalloz 2006, Jur. 2743, note Y.Dagorgne-Labbe - Voir : X.Lagarde
:"Qu'est-ce qu'une clause abusive ? Etude pratique.", JCP 2006, G, I, 110.
Une clause abusive est réputée "non écrite", mais laisse subsister le contrat.
Le contrat reste applicable dans toutes ses dispositions autres que celles jugées
abusives s'il peut subsister sans ces clauses.
De plus, l'al. 2 de l'Article 1184 du Code Civil dispose que "Le contrat est maintenu lorsque
la loi répute la clause non écrite, ou lorsque les fins de la règle méconnue exigent son
maintien".
II - LA NOTE DE COUVERTURE
Pour des raisons pratiques, la police n'est pas toujours rédigée immédiatement après la
conclusion du contrat, mais c'est à l'assuré, qui en revendique le bénéfice, de rapporter la
preuve de la garantie (a. 1353 du Code Civil).
En matière de circulation automobile, l'article R 211-14 du Code des Assurances , oblige tout conducteur d'un
véhicule d'être en mesure de présenter un document faisant présumer que l'obligation d'assurance a été satisfaite.
A défaut d'établissement immédiat de la Police, l'article R 211-5 oblige donc l'assureur à remettre à l'assuré un
justificatif de garantie.
Toutefois, ce documents justificatif n'est qu'une présomption mais implique pas une
obligation de garantie à la charge de l'assureur.
L'art. L 112-2 du Code des Assurances dispose que "seule la police ou la note de couverture
constate l'engagement réciproque des parties.
1.
En attendant la conclusion du contrat d'assurance, l'assureur peut remettre à l'assuré une note
de couverture, ou note de garantie qui constate l'existence d'une garantie provisoire,
pendant une certaine durée.
Elle est constituée de tout écrit, signé par l'assureur ou son représentant, et indiquant les
éléments essentiels permettant d'identifier l'assuré et le risque garanti, sans être assujetti à une
forme particulière.
La note de couverture n'est qu'un moyen de preuve provisoire et n'a plus d'objet lorsqu'elle
est remplacée par la police.
L'assureur peut également établir une Police Temporaire, dont l'expiration est fixée à une date
précise.
2.
3.
Le procédé de la note de couverture peut être dangereux pour l'assureur dans la mesure où
elle est nécessairement incomplète en ce qui concerne les conditions de garantie et les
exclusions de risque qui n'y sont pas mentionnées.
La jurisprudence estime que la mise en œuvre d'une note de couverture doit être faite par
référence aux Conditions Générales de la police type de l'assureur :
Cass. Civ. I, 7 Mars 1989, 87-10266 ; RGAT 1989, p.546, note H.Margeat et J.Landel
La Cour de Cassation laisse aux juges du fond le soin d'apprécier si l'assuré pouvait avoir eu
connaissance et accepté les limitations de garantie dont se prévaut l'assureur.
I - MODIFICATION CONVENTIONNELLE
Il peut être nécessaire de modifier le contenu du contrat d'assurances au cours de l'exécution
de celui-ci, afin de l'adapter aux évolutions du risque garanti.
Conformément à l'article 1102 du Code Civil, dans la plupart des cas cette modification est
effectuée conventionnellement entre l'assureur et le souscripteur moyennant une révision du
taux de prime.
Toutefois, la modification du risque résultant de la commune volonté des parties peut résulter
d'un échange de correspondances clair et précis, dont chacune des parties doit rapporter la
preuve.
II - MODIFICATION DU CONTRAT PAR LE SILENCE
DE L'ASSUREUR
En principe, le silence ne vaut pas acceptation, à moins qu'il n'en résulte autrement de la loi,
des usages, des relations d'affaires ou de circonstances particulières. (Article 1120 Code Civil)
Toutefois, l'Article L.112-2, al.5, du Code des Assurances prévoit qu'est considérée comme
acceptée la proposition, faite par lettre recommandée, de prolonger ou de modifier un
contrat ou de remettre en vigueur un contrat suspendu, si l'assureur ne refuse pas cette
proposition dans les 10 jours après qu'elle lui soit parvenue.
(Ces dispositions ne sont cependant pas applicables aux assurances sur la vie).
Cette disposition est particulièrement dangereuse par l'assureur, car le délai de 10 jours est
extrêmement court pour permettre au service concerné d'avoir connaissance de la demande de
modification, de l'examiner et de prendre parti sur celle-ci.
Le texte prévoit que le contrat peut d'abord être prolongé, notamment s'il a été souscrit pour
une durée fixe, sans clause de tacite reconduction.
De même, un contrat conventionnellement suspendu peut être remis en vigueur, mais cette
possibilité n'existe pas lorsque la garantie fait l'objet d'une suspension pour non paiement de
la prime.
Enfin, le texte prévoit plus généralement que le contrat peut être modifié.
Le problème se pose de savoir si cette modification doit entrer, ou non, dans le cadre de la
tarification initiale du contrat primitif.
Dans un arrêt du 11 Octobre 1994 (92-18271) (RGAT 1994, p.1122), la Première Chambre a
opéré un revirement de sa jurisprudence en ce qui concerne l'adjonction d'un nouveau
risque :
En conséquence, l'assuré ayant adressé à l'agent général une lettre recommandée demandant
l'extension au risque dégâts des eaux de la police incendie qui couvrait les locaux, et l'assureur
n'ayant pas refusé cette proposition dans les dix jours de la réception de cette lettre, le sinistre
de dégâts des eaux est garanti.
S'il s'agit du remplacement d'un bien par un autre, le silence vaut consentement :
Remplacement d'un véhicule par un autre : Cass. crim. 01 Mars 1990, 88-82445 ; RGAT 1990,
p.308, note H.Margeat et J.Landel.)
Remplacement d'un immeuble par un autre) Sauf le cas de l'assurance sur la vie, une
proposition, quelles que puissent en être la nature et la portée, de modifier un contrat,
faite par l'assuré, par lettre recommandée, à son assureur, constitue la modification
prévue par l'article L. 112 - 2, alinéa 5, du Code des assurances . Cass. Civ. II, 3 mai
2006, 04-13587 ; L'Argus de l'Assurance, Dossiers Juridiques, n°6983, 23 Juin 2006, p.6, note G.D.
En principe, toutes modifications d'un contrat d'assurances devraient faire l'objet d'un
Avenant soumis aux mêmes règles que la police avec laquelle il fait corps.
CHAPITRE V
LA DUREE DU CONTRAT D'ASSURANCE
1 - Mention de la durée
Selon l'article L 113-12 du Code des Assurances "la durée du contrat et les conditions de la
résiliation sont fixées par la police".
L'article L 112-4 dispose que "la police doit indiquer le moment à partir duquel le risque est
garanti et la durée de cette garantie".
Selon l'article A 113-1 Code des Assurances : "Les contrats d'assurance dont la durée est
supérieure à trois ans doivent comporter la clause suivante : "La durée du présent contrat
est rappelée par une mention en caractères très apparents figurant juste au-dessus de la
signature du souscripteur.
A défaut de cette mention, le souscripteur peut, nonobstant toute clause contraire, résilier le
contrat sans indemnité, chaque année à la date anniversaire de sa prise d'effet, moyennant
préavis d'un mois au moins".
En principe, les contrats d'assurance garantissant les particuliers sont conclus pour une durée
d'une année, éventuellement renouvelable par tacite reconduction à leur "date d'échéance" si
celle-ci est prévue dans la police.
2 - Tacite reconduction
L'article R 112-1 du Code des Assurances prévoit que "la police d'assurance doit
mentionner les conditions de la tacite reconduction si les parties ont décidé de la stipuler".
Dans le silence des parties, le contrat d'assurance se renouvelle alors automatiquement à
son échéance, ou à sa date "anniversaire".
La tacite reconduction ne s'applique pas aux contrats d’assurance-vie qui peuvent être
"viagers", c’est-à-dire conclus pour la durée de vie du souscripteur, ou d’une durée
déterminée, sans être toutefois inférieure à 8 ans en raison de la fiscalité.
Pour les contrats de prestations de services conclus pour une durée déterminée avec
une clause de reconduction tacite, le professionnel prestataire de services informe le
consommateur par écrit, par lettre nominative ou courrier électronique dédiés, au
plus tôt trois mois et au plus tard un mois avant le terme de la période autorisant le
rejet de la reconduction, de la possibilité de ne pas reconduire le contrat qu'il a
conclu avec une clause de reconduction tacite.
Lorsque cette information ne lui a pas été adressée conformément aux dispositions du
premier alinéa, le consommateur peut mettre gratuitement un terme au contrat, à tout
moment à compter de la date de reconduction.
Les avances effectuées après la dernière date de reconduction ou, s'agissant des
contrats à durée indéterminée, après la date de transformation du contrat initial à
durée déterminée, sont dans ce cas remboursées dans un délai de trente jours à
compter de la date de résiliation, déduction faite des sommes correspondant, jusqu'à
celle-ci, à l'exécution du contrat.
Les dispositions du présent article s'appliquent sans préjudice de celles qui soumettent
légalement certains contrats à des règles particulières en ce qui concerne
l'information du consommateur.
Cette information peut se faire par courrier simple, ou par tout autre moyen (mention sur la
facture, etc.).
Lorsque le professionnel n'a pas procédé au remboursement dans les conditions précitées les
sommes dues sont productives d'intérêts au taux légal. (A.241-3 C. Conso.)
En matière de contrat d'assurance, ce principe général a été codifiée dans l'article L. 113-15-1
du code des assurances, selon lequel :
Pour les contrats à tacite reconduction couvrant les personnes physiques en dehors de leurs
activités professionnelles, la date limite d'exercice par l'assuré du droit à dénonciation du
contrat doit être rappelée avec chaque avis d'échéance annuelle de prime ou de cotisation.
Lorsque cet avis lui est adressé moins de quinze jours avant cette date, ou lorsqu'il lui est
adressé après cette date, l'assuré est informé avec cet avis qu'il dispose d'un délai de vingt
jours suivant la date d'envoi de cet avis pour dénoncer la reconduction du contrat. Dans ce
cas, le délai de dénonciation court à partir de la date figurant sur le cachet de la poste.
Lorsque cette information ne lui a pas été adressée conformément aux dispositions du
premier alinéa, l'assuré peut mettre un terme au contrat, sans pénalités, à tout moment à
compter de la date de reconduction en envoyant une lettre recommandée à l'assureur. La
résiliation prend effet le lendemain de la date figurant sur le cachet de la poste.
Les dispositions du présent article ne s'appliquent ni aux assurances sur la vie, ni aux
assurances de groupe relevant de l'article L. 141-1.
Sont donc soumis à ces dispositions les contrats d'assurance à tacite reconduction garantissant
des personnes physiques en dehors de leurs activités professionnelles pour des assurances
non-vie.
En revanche ne sont pas concernés les contrats non tacitement reconductibles, les assurances
professionnelles, celles couvrant les personnes morales, les opérations collectives et
l'assurance sur la vie.
La tacite reconduction n'entraîne pas prorogation du contrat primitif, mais donne naissance à
un nouveau contrat aux clauses et conditions de l'ancien, même si des disositions
réglementaires entrées en vigueur avant la reconduction de la police peuvent être applicables à
cette reconduction : Cass. Civ. I, 2 décembre 2003, 00-19561
C'est pourquoi les contrats sont classiquement assortis de différentes clauses retardant la prise
d'effet du contrat à une date ultérieure :
Si le contrat est parfait dès l'échange des consentements, seule l'obligation de garantie de
l'assureur pouvant être différée dans le temps.
L'assureur peut néanmoins accepter de conférer une garantie immédiate, ce qu'il fait en
remettant une note de couverture au souscripteur dans l'attente de la régularisation de la
Police.
C'est toutefois à l'assuré d'apporter la preuve que le sinistre dontt il revendique la garantie s'est
produit ultérieurement à la prise d'effet du contrat.
Toutefois, l'assuré a le droit de résilier le contrat à l'expiration d'un délai d'un an,
en envoyant une lettre recommandée à l'assureur au moins deux mois avant la date
d'échéance.
Exceptions :
Le droit de résilier le contrat tous les ans doit être rappelé dans chaque police. Le délai de
résiliation court à partir de la date figurant sur le cachet de la poste.
Ces dispositions ne sont pas applicables aux assurances sur la vie, lesquelles sont résiliables à
tout moment.
Pour les contrats d'assurance couvrant les personnes physiques en dehors de leurs activités
professionnelles l'assuré peut, à l'expiration d'un délai d'un an à compter de la première
souscription, résilier sans frais ni pénalités les contrats et adhésions tacitement
reconductibles.
La résiliation prend effet un mois après que l'assureur en a reçu notification par
l'assuré, par lettre ou tout autre support durable.
Le droit de résiliation prévu au premier alinéa est mentionné dans chaque contrat d'assurance.
Il est en outre rappelé avec chaque avis d'échéance de prime ou de cotisation.
Lorsque le contrat est résilié dans les conditions prévues au premier alinéa, l'assuré n'est tenu
qu'au paiement de la partie de prime ou de cotisation correspondant à la période pendant
laquelle le risque est couvert, cette période étant calculée jusqu'à la date d'effet de la
résiliation. L'assureur est tenu de rembourser le solde à l'assuré dans un délai de trente jours à
compter de la date de résiliation. A défaut de remboursement dans ce délai, les sommes dues à
l'assuré produisent de plein droit intérêts au taux légal.
I.-Pour les contrats mentionnés à l'article R. 113-11, lorsque sont remplies les
conditions de résiliation prévues à l'article L. 113-15-2, l'assureur applique les
dispositions de cet article :
A - CIRCONSTANCES EXCEPTIONNELLES
L'article L.113-16 du Code des Assurances prévoit que :
changement de domicile ;
changement de situation matrimoniale ;
changement de régime matrimonial ;
changement de profession ;
retraite professionnelle ou cessation définitive d'activité professionnelle,
le contrat d'assurance peut être résilié par chacune des parties lorsqu'il a pour objet la
garantie de risques en relation directe avec la situation antérieure et qui ne se retrouvent
pas dans la situation nouvelle.
Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux assurances sur la vie.
B - MODALITES DE LA RESILIATION
1.
Aux termes de l'article L 113-16 du Code des Assurances la partie qui entend résilier un
contrat d'assurances pour circonstances exceptionnelles doit adresser à l'autre partie une lettre
recommandée avec demande d'avis de réception indiquant la nature et la date de
l'événement qu'elle invoque et donnant toutes précisions de nature à établir que la
résiliation est en relation directe avec l'événement survenu.
Selon l'alinéa 2 de l'article L.113-16, la résiliation du contrat ne peut intervenir que dans les
trois mois suivant la date de l'événement.
2.
La date de prise d'effet de la résiliation est fixée à un mois après que l'autre partie au contrat
en a reçu notification.
3.
4.
Dans tous les cas où l'assuré a la faculté de demander la résiliation, il peut le faire à son choix:
soit par une déclaration faite contre récépissé au siège social ou chez le représentant de
la société,
soit par acte extrajudiciaire, soit par lettre recommandée, soit par tout autre moyen
indiqué dans la police.
La lettre recommandée de résiliation doit parvenir à l'assureur avant le début du délai qui est
décompté par rapport à la date anniversaire de la prise d'effet du contrat de quantième en
quantième.
5.
Il convient de noter :
En principe, en utilisant le droit de résiliation prévu par la loi, l'assuré ne commet aucune
faute à l'égard de l'assureur qui ne peut prétendre à une indemnité.
Dans le cas où une police prévoit pour l'assureur la faculté de résilier le contrat après
sinistre, la résiliation ne peut prendre effet qu'à l'expiration d'un délai d'un mois à dater de
la notification à l'assuré.
Elle permet à l'assureur de se "dégager" d'un risque qui lui apparaît plus lourd qu'il ne l'avait
d'abord envisagé, et est abondamment utilisée.
Elle peut également intervenir à la suite d'un sinistre d'origine douteuse, où l'assureur suspecte
la mauvaise foi de l'assuré. (20% des sinistres seraient frauduleux).
Elle peut d'ailleurs être suivie de l'offre d'un nouveau contrat à des conditions plus onéreuses
ou restrictives.
La clause reste cependant valable, même si l'assuré n'est pas responsable du sinistre.
Mais, l'assureur qui, passé le délai d'un mois après qu'il a eu connaissance du sinistre, a
accepté le paiement d'une prime ou cotisation ou d'une fraction de prime ou cotisation
correspondant à une période d'assurance ayant débuté postérieurement au sinistre ne peut
plus se prévaloir de ce sinistre pour résilier le contrat.
Dans le cas prévu au premier alinéa ci-dessus, les polices doivent reconnaître à l'assuré le
droit, dans le délai d'un mois de la notification ou de la résiliation de la police sinistrée, de
résilier les autres contrats d'assurance qu'il peut avoir souscrits à l'assureur, la résiliation
prenant effet un mois à dater de la notification à l'assureur.
La faculté de résiliation ouverte à l'assureur et à l'assuré, par application des deux précédents
alinéas, comporte restitution par l'assureur des portions de primes ou cotisations
afférentes à la période pour laquelle les risques ne sont plus couverts.
2 - En matière d'assurance automobile
Toutefois, il résulte de l'article A 211.1.2 du Code des Assurances que la résiliation pour
sinistre n'est possible en matière d'assurance automobile qu'en cas :
Le souscripteur peut alors résilier, dans le délai d'un mois à compter de la notification de
cette résiliation, les autres contrats souscrits par lui auprès de l'assureur.
A noter que toute personne physique ou morale assujettie à une obligation d’assurance qui
s’est vu refuser la garantie par un assureur peut recourir au Bureau Centrat de Tarification
qui a pour rôle exclusif de fixer la prime moyennant laquelle l’entreprise d’assurance désignée
par l’assujetti est tenue de garantir le risque qui lui a été proposé.
Il peut alors résilier la police si cette prime n'est toujours pas payée dans un délai de 10
jours à compter de la suspension.
Cette résiliation n'est possible que si l'assureur a respecté la procédure prévu par le texte, à
savoir envoi d'une lettre recommandée après un délai de 10 jours de l'envoi de l'avis
d'échéance.
"I. - Nonobstant toute disposition légale ou toute clause contractuelle, aucune indivisibilité,
résiliation ou résolution d'un contrat en cours ne peut résulter du seul fait de l'ouverture
d'une procédure de sauvegarde", ce qui est également applicable en cas de redressement ou
de liquidation judiciaire de l'entreprise.
L'assureur doit donc continuer à remplir ses obligations de garantie malgré le défaut
d'exécution par l'assuré d'engagements antérieurs au jugement d'ouverture, et notamment le
défaut de paiement de la prime. Le défaut d'exécution de ces engagements n'ouvre droit au
profit de l'assureur qu'à déclaration au passif pour le paiement de la prime.
Eest interdite toute clause qui modifie les conditions de poursuite d'un contrat en cours en
diminuant les droits ou en aggravant les obligations du débiteur du seul fait de sa mise en
redressement judiciaire : Cass. Com., 14 janvier 2014, 12-22909
La résiliation pour défaut de paiement de primes de l'article L 113-3 du Code des Assurances,
ne pourra intervenir que pour les primes échues et impayées postérieurement au jugement,
puisque l'article L 622-7du Code de Commerce interdit toute action en justice de la part de
tous les créanciers dont la créance a son origine antérieurement au jugement.
Les assureurs doivent donc continuer à se montrer vigilant en cas de procédure collective
frappant leurs assurés, dans la mesure où celle-ci peut avoir pour effet de modifier le risque
assuré, notamment par suite de réorganisation, et utiliser éventuellement le droit de résiliation
périodique prévu dans la Police, voire la résiliation pour sinistre...
Il en est ainsi, en assurance de responsabilité, lorsque la mise en jeu de la garantie n'est pas
seulement fonction de la date du fait générateur du dommage, mais également de la
réclamation du tiers lésé, laquelle peut intervenir postérieurement à la résiliation du contrat.
Les assureurs, et notamment leurs réassureurs, ont toujours souhaiter pouvoir rattacher les
risques pris en charge à la durée du contrat, et ont eu tendance à ne prévoir la garantie que si
le fait dommageable et la réclamation de la victime avaient lieu pendant la durée de la Police
(clause Base Réclamation ou "Claim's made").
Cette clause est très dangereuse pour l'assuré dépourvu de garantie si la réclamation du tiers
est postérieure à l'expiration du contrat.
C'est pourquoi, par7 arrêts de principe du 19 Décembre 1990, la Cour de Cassation a tenté de
rétablir l'équilibre contractuel en posant le principe selon lequel "le versement de la prime
pour la période qui se situe entre la prise d'effet du contrat et son expiration a pour
contrepartie nécessaire la garantie des dommages qui trouvent leur origine dans un fait qui
s'est produit pendant cette période (garantie "Fait dommageable ou Fait générateur".
En effet, "cette clause aboutit à priver l'assuré du bénéfice de l'assurance en raison d'un fait
qui ne lui est pas imputable et à créer un avantage illicite comme dépourvu de cause au profit
du seul assureur qui aurait alors perçu des primes sans contrepartie".
Cass. Civ. I, 19 décembre 1990, 88-12863, 88-14756, 87-17586, 87-19588, 88-19441 - Civ. 3e, 26 nov. 2015, n°
14-25761
En laissant ainsi les assureurs à la merci d'une réclamation pouvant survenir de nombreuses
années après la fin de leur contrat, cette Juriprudence en a conduit certains à déserter des
risques sensibles, tel que le risque médical (suite à l'Arrêt Perruche).
C'est pourquoi, la loi du 4 mars 2002, en matière d'assurance du risque médical, puis celle du
1er Août 2003, pour l'ensemble des risques de responsabilite des professionnels et des
personnes morales ont institué des aménagements autorisant la clause "Base Réclamation", à
la condition que la Police prévoie une "garantie subséquente" d'un minimum de 5 ans.
Ce type de garantie est celui qui protège le mieux l'assuré contre les conséquences de sa
responsabilité civile, ainsi que la victime qui peut exercer son action directe au delà de
l'expiration du contrat d'assurance.
La garantie de l'assureur est due, dès que le fait dommageable est réalisé, dans la
mesure où la victime exerce son action directe dans le délai de prescription de droit
commun, et tant que l'assureur est exposé au recours de son assuré.
Cette garantie n'est nécessaire que si aucun précédent assureur ne garantissait la période
précédente.
De telles clauses étaient fréquemment insérées dans les polices d'assurance de responsabilité
professionnelle, notamment en cas de changement d'assureur.
Cass. Civ. I, 28 avril 1993, 91-16294 ; RGAT, 1993, 829, note J.Bigot, R.C. et ass. 1993, 245, obs. S.Bertolaso.
IV - CLAUSE DE RECLAMATION dite "CLAIM'S
MADE"
1. : Condition : Une réclamation pendant la durée de la Police
Techniquement, les statistiques et les calculs de probabilités sont effectués par les assureurs
sur la base de l'importance des risques encourus pour une période donnée et limitée, ce qui
sert au calcul de la prime, et à la constitution des provisions pour sinistres.
C'est pourquoi, afin de limiter l'application de leur police dans le temps, les assureurs de
responsabilité avaient l'habitude d'insérer dans leurs police une clause, dite "claim's made"
selon laquelle la garantie n'était due que si la réclamation du tiers victime intervenait
entre la prise d'effet et l'extinction du contrat d'assurance.
En l'absence de clause de reprise du passé par un nouvel assureur, l'assuré ne se trouve donc
pas garanti si la réalisation du dommage ou la réclamation du tiers n'intervient que
postérieurement à l'expiration de la période de garantie.
Afin d'éviter de tels découverts de garantie, la Cour de Cassation a condamné les clauses
"Claim's made" sur le fondement de l'absence de cause selon les étapes suivantes :
Cette clause était opposable à la victime : Cass. Civ. I, 3 Mars 1981, 79-15297 RGAT 1981,
p.541
2 - Inopposabilité à la victime
Par deux arrêts des 22 et 23 Janvier 1985, la Cour de Cassation a décidé que la clause
par laquelle la garantie n'était acquise que si la réclamation est présentée avant la
résiliation de la police devait être analysée comme une clause de "déchéance", et
comme telle inopposable au tiers lésé :
Cass. Civ. I, 23 janvier 1985, 83-15312 ; RGAT 1985, p.271, note J.BIgot - p.410, note G.Viney ;
Dalloz 1985, 216, note Y.J.
Nul doute que la même solution aurait pu être retenue en vertu de la théorie des
clauses abusives à l'égard des consommateurs.
Cass. Civ. I, 30 mars 1994, 92-15664 - 2 arrêts, R.C. et Ass. 1994, comm. 228 et 233
La Cour de Cassation a élargi cette solution au cas où la Police, sans prévoir de clause
"claim's made" limitait la garantie à une durée de deux ans après la livraison d'un
produit défectueux.
Par un Arrêt du 16 Décembre 1997, elle a ainsi considéré que "toute clause qui tend à
réduire la durée de la garantie de l'assureur à un temps inférieur à la durée de la
responsabilité de l'assuré est génératrice d'une obligation sans cause, et comme telle
illicite et réputée non écrite".
Cass. Civ. I, 16 décembre 1997, 94-17061 - 94-20060 ; JCP 1998, G, II, 10018, concl. Sargos; Dalloz
1998, jur. 287, note Y.Lambert-Faivre.
C.E., 29 Décembre 2000, 212338 - 215243 ; RGDA 2001, p.33 ; Dalloz 2001,1265, note Y.Lambert-
Faivre :"De la licéïté des obligations d'assurance réglementaires et des limitations de garantie dans le
temps et en montant".
Mais, en février 2002, les pouvoirs publics ont supprimé les clauses type autorisant
certains professionnels à fixer conventionnellement et librement la durée de la garantie
dans certaines assurances obligatoires :JCP 2002, G, actu. 264, note S.Bertolaso.
C'est ainsi qu'en matière de garantie dégâts des eaux, dont l'origine s'était étalée dans le
temps, avec succession d'assureurs, la Cour de Cassation met l'indemnisation du sinistre non
à l'assureur en risque au moment du fait générateur, mais à celui-ci qui l'était au moment de la
"manifestation" du dommage.
C'est dans ces conditions que l'article de la loi du 30 Décembre 2002, a institué l'insertion de
clauses "claim's made" dans les polices d'assurance du risque médical, en imposant une
garantie subséquente d'un minimum de 5 ans, ou 10 ans pour le dernier contrat :
Sans préjudice de l'application des clauses contractuelles stipulant une période de garantie
plus longue, tout contrat d'assurance de responsabilité civile garantissant les risques
mentionnés à l'article L. 1142-2 du code de la santé publique, conclu antérieurement à cette
date, garantit les sinistres dont la première réclamation est formulée postérieurement à cette
date et moins de cinq ans après l'expiration ou la résiliation de tout ou partie des garanties, si
ces sinistres sont imputables aux activités garanties à la date d'expiration ou de résiliation et
s'ils résultent d'un fait dommageable survenu pendant la période de validité du contrat.
Ces textes ont été codifiés dans l'article L 251-1 du Code des Assurances.
D'une façon générale La loi 2003-706 du 1er Août 2003, a autorisé le bénéfice de la clause
claim"s made pour toutes les polices de responsabilité civile des professionnels et des
personnes morales.
Seuls, les particuliers, personnes physiques, ne peuvent se voir proposer de telles clauses de
réclamation, étant toujours soumis au principe de la garantie du fait générateur, quelle que
soit la date de la réclamation.
Dans les assurances de responsabilité, l'assureur n'est tenu que si, à la suite du fait
dommageable prévu au contrat, une réclamation amiable ou judiciaire est faite à l'assuré
par le tiers lésé.
C'est ainsi que, par exemple, dans l'assurance spatiale, l'article L176-5 du Code des
Assurances dispose que l'assureur n'est tenu que si, à la suite d'un événement prévu au contrat, une
réclamation est faite à l'assuré par le tiers lésé ou, le cas échéant, par l'Etat en application de l'article 14 de la
loi n° 2008-518 du 3 juin 2008 relative aux opérations spatiales.
(L'article L.124.1.1 Code des Assurances issu de la loi du 1er août 2003) qualifie de sinistre
de responsabilité civile :
La garantie est, selon le choix des parties, déclenchée soit par le fait
dommageable, soit par la réclamation.
Un décret en Conseil d'Etat peut également imposer l'un de ces modes de déclenchement pour
d'autres garanties.
CONDITIONS DE LA GARANTIE :
Garantie base "fait dommageable" (L 124-5, al.3) :
Couvre l'assuré contre les conséquences pécuniaires des sinistres, dès que le fait
dommageable survient entre la prise d'effet initiale de la garantie et sa date de
résiliation ou d'expiration.
L'assureur ne couvre pas l'assuré s'il établit que l'assuré avait connaissance du
fait dommageable à la date de la souscription de la garantie. (Exclusion du
"passé connu">
Lorsqu'un même sinistre est susceptible de mettre en jeu les garanties apportées par
plusieurs contrats successifs, la garantie déclenchée par le fait dommageable, ayant
pris effet après le 1er novembre 2003, est appliquée en priorité.
Il ne peut y avoir assurance cumulative dans les conditions prévues par l'article L
121-4 du Code des Assurances , en ce que :
C. INFORMATION DE L'ASSURE
1. Avant la conclusion d'un contrat comportant des garanties de responsabilité, ou avant la
première reconduction après le 1er novembre 2003, l'assureur doit remettre à l'assuré une
fiche d'information décrivant (article L 112-2 Code des Assurances):
Il faut que l'assurance porte sur une chose déterminée dont la propriété est transmise.
Toutefois, il peut s'agir d'une assurance de responsabilité, lorsque celle-ci est liée à un bien
déterminé.
Exemples:
Le transfert de propriété peut intervenir entre vif, ou à cause de mort, à titre onéreux ou
gratuit: vente, donation, apport en société...
Il peut porter sur des biens corporels ou incorporels : fonds de commerce, bail...
L'article L 121-10 ne distingue pas selon le mode d'alinéation de la chose assurée et s'applique
de plein droit à la transmission du contrat d'assurance accessoirement à la cession d'un actif
dans le cadre d'une procédure de redressement judiciaire, les dispositions de l'article L 621-
88 du Code de Commerce étant sans application.
Cass. Civ. II, 13 juillet 2005, 03-12533 ; Dalloz 2005, IR, p.2337.
Les dispositions de l'article L 121-10 ne distinguent pas selon le mode d'aliénation de la chose
assurée, et s'appliquent donc dans l'hypothèse d'une cession judiciaire.
Il en est ainsi pour une société d'assurance titulaire d'un contrat d'assurance "multirisques
industriels" mise en redressement judiciaire, cédée dans le cadre d'un plan de cession.
Cass. Com., 4 Octobre 2005, 04-14985 ; voir : M.Asselain "Incidences de la cession judiciaire d'une entreprise
sur le contrat d'assurance"", RC et Ass. 2006, Etude n°1.
L'assureur pourra néanmoins opposer à l'acquéreur toutes les exceptions qu'il aurait pu
opposer au vendeur, notamment nullité de la police, règle proportionnelle de taux de prime
suspension de la garantie, compensation de primes etc...
Par ailleurs, l'acquéreur doit exécuter toutes les obligations dont l'assuré était tenu vis à vis de
l'assureur en vertu du contrat: déclaration des aggravations de risques.
En cas d'aliénation de la chose assurée, celui qui aliène reste tenu vis à vis de l'assureur au
paiement des primes échues, mais il est libéré même comme garant, des primes à échoir, à
partir du moment où il a informé l'assureur de l'aliénation par lettre recommandée.
Tant que l'aliénateur n'a pas informé l'assureur de l'aliénation par lettre recommandée,
il reste caution solidaire et tenu au paiement des primes, sauf s'il parvient à établir que
l'assureur avait eu connaissance de l'aliénation par un autre moyen.
L'assureur ne peut demander une indemnité supérieure à une prime annuelle si l'héritier ou
l'acquéreur opte pour la résiliation du contrat.
A défaut de remise en vigueur du contrat par accord des parties ou de résiliation par l'une
d'elles, la résiliation intervient de plein droit à l'expiration d'un délai de six mois à compter
de l'aliénation.
Le texte précise que l'assuré doit informer l'assureur, par lettre recommandée de la date
d'aliénation.
Aux termes de l'alinéa 3 de l'article L 121-11 il ne peut être prévu le paiement d'une
indemnité à l'assureur dans ces cas de résiliation.
CHAPITRE I
LE RISQUE ASSURE
Dernière mise à jour :
Chapitre II : La prime
Chapitre III : Le réglement du sinistre
PLAN - IV/VII
I - L'OBJET DE LA GARANTIE
A - EN ASSURANCE DE CHOSE
B - EN ASSURANCE DE RESPONSABILITE
A - PLAFONDS
B - FRANCHISES
SECTION II - LES CONDITIONS DE GARANTIE
I - DEFINITION DES CONDITIONS DE GARANTIE
II - LA PREUVE DE LA REUNION DES CONDITIONS DE
GARANTIE
I - EXCLUSIONS LEGALES
A - EXCLUSION LEGALE DES RISQUES DE
GUERRE
1 - DOMMAGES AUX BIENS
a - GUERRE ETRANGERE
b - GUERRE CIVILE, EMEUTE,
MOUVEMENTS POPULAIRES
c - EXCEPTIONS : GARANTIE DES
ATTENTATS AUX BIENS
2 - DOMMAGES AUX PERSONNES
a - RISQUE DE GUERRE
b - VICTIMES D'ATTENTATS
TERRORISTES
1 - CHAMP D'APPLICATION
DE LA GARANTIE
2 - LE FONDS DE
GARANTIE-ATTENTATS
B - EXCLUSION LEGALE DE LA FAUTE
INTENTIONNELLE OU DOLOSIVE
a - LA FAUTE INTENTIONNELLE DANS
LES ASSURANCES DE DOMMAGES
1 - DANS LES CONTRATS
D'ASSURANCES DE CHOSE
2 - DANS LES CONTRATS
D'ASSURANCE DE
RESPONSABILITE
Absence de garantie du
dommage intentionnel causé à
autrui par l'assuré
Garantie de la faute
intentionnelle des personnes
dont l'assuré doit répondre
ATTEINTES A LA PERSONNE
ATTEINTES AUX BIENS : VOLS,
ESCROQUERIES ET ABUS DE
CONFIANCE
3 - VICTIMES INDEMNISEES
4 - PROCEDURE D'INDEMNISATION
II - LES EXCLUSIONS CONVENTIONNELLES DE RISQUE
A - DEFINITION DE L'EXCLUSION DE RISQUE
a - L'OBJET DE L'EXCLUSION DE RISQUE
b - DISTINCTION ENTRE EXCLUSION
DIRECTE ET EXCLUSION INDIRECTE
c - CONDITIONS DE VALIDITE DE LA
CLAUSE D'EXCLUSION DE RISQUE
1 - L'EXCLUSION DOIT ETRE
FORMELLE
2 - L'EXCLUSION DOIT ETRE
LIMITEE
LE RISQUE ASSURE
Section I - La nature du risque garanti
Section II - Les conditions de garantie
Section III - Les exclusions de risque
1.
De plus, les éléments caractéristiques du risque, tels que la nature des dommages
prévisibles, et la probabilité du fait générateur, devront être bien connus de
l'assureur, de manière à lui permettre de se forger une opinion sur le risque à
garantir, de l'évaluer et de décider ou non de le faire supporter par la mutualité.
2.
Le risque assuré doit être défini de la manière la plus précise possible, afin qu'il n'y
ait pas d'ambiguité sur la prestation due par l'assureur, en ce qui concerne l'objet, le
fait générateur, le montant des garanties, et la période d'application de la garantie en
matière d'assurance de responsabilité.
I - L'OBJET DE LA GARANTIE
A - En assurance de chose
B - En assurance de responsabilité
C - En assurance de personnes
A - EN ASSURANCE DE CHOSE
Pertes matérielles :
B - EN ASSURANCE DE RESPONSABILITE
o La société d'animation musicale et de sonorisation qui installe un chapiteau : Cass. Civ. II, 15
Septembre 2011, 10-23931 ; RGDA 2012, p.123, note L. Mayaux.
o L'aviateur qui effectue un vol non prévu dans la garantie : Cass. Civ. II, 5 Juin 2008, 05-
18126
o L'avocat qui fait un intermédiaire de placement : Cass. Civ. II, 2 Juin 2005, 04-13468 et 04-
16981; RGDA 2005, p.696, note L. Mayaux
o L'expert comptable qui effectue des prestations juridiques, alors que la Police ne vise que les
seules activités d'ordre comptable : Cass. Civ. I, 17 février 1998, 95-18947 Dossier Juridiques
et technique de l'Argus du 24 avril 1998, VI, note GD
o Le négociant qui a déclaré une activité de "négoce de produits du sol, engrais, grais pailles,
fourrages, légumes secs" pour une activité de récolte : Cass. Civ. I, 4 juillet 2000, 98-10977 ;
RGDA 2000, p.899, note L.Fondallosa.
o L'activité déclarée de déménageur, pour un dommage survenu lors d'une activité de
manutention de matériaux sur un chantier de construction : Cass. Civ. I, 27 juin 1995, 92-
10355 ; RGAT 1995, p.442, note J.Kullmann
o L'activité de plâtrerie pour une activité déclarée de fumisterie Cass. Civ. III,
17 décembre 2003, 01-12291 (
o L'activité de couvreur, pour des dommages causés par une activité déclarée de
maçon : Cass. Civ. III, 8 Novembre 2006, 04-18145 ; RGDA 2007, 118, note M.Perier; RC et Ass. 2007, Com. n°70
o L'activité d'aménagement de magasins, pour des dommages causés par une
activité de couverture et de plomberie : Cass. Civ. I, 29 avril 1997, 95-10187 ; RGDA
1997, P.1045, note J.P. Karila
o L'activité déclarée de couverture et zinguerie, pour un sinistre survenu à
l'occasion d'une activité de charpente : Cass. Civ. III, 17 décembre 2003, 01-12291 ;
JCP 2004, G, 10091, Note A.Pimbert ; Pour une activité de couvreur : Cass. Civ. III, 8
Novembre 2008, 04-18145
o Le traitement contre les termites, pour un sinistre survenu à l'occasion de
l'activité déclarée de travaux de bâtiment relevant des activités de la catégorie
B indiquées dans une liste annexée et excluant les travaux curatifs de
charpente : Cass. Civ. III, 28 septembre 2005, 04-14472 ; Dalloz 2005, IR, p.2703.
Le respect de la condition d'activité garantie est donc essentielle pour la mise en jeu
du contrat d'assurance.
ainsi que :
C - EN ASSURANCE DE PERSONNES
En assurance de chose, il est soumis au principe indemnitaire de l'article L121-1 du Code des
Assurances, et correspond :
En assurance de responsabilité :
Mais le versement de ces indemnités, est le le plus souvent contractuellement limité par des :
Plafonds de garantie
et des franchises
B - PLAFONDS DE GARANTIE
Les assurances de chose garantissent les biens assurés à concurrence de la valeur de la chose,
soit généralement en valeur vénale, ou de remplacement, parfois en valeur à neuf (incendie
d'immeuble) moyennant une condition de reconstruction dans un certain délai.
C'est pourquoi, les Polices sont souvent assorties de "plafonds de garantie" souvent illimités,
en matière de dommages corporels, et toujours limités en ce qui concerne les dommages
matériels ou immatériels prévisibles : 1.220.000 euros minimum en matière de responsabilité
civile automobile (Art. A211-1-3 C.Ass), même si les assureurs proposent des garanties bien
supérieures.
Les plafonds de garanties sont convenus de gré à gré entre les parties au contrat en fonction
des risques prévisibles, et conditionnent le montant de la prime.
Le montant des garanties est fixé dans le "Tableau de garantie" annexé aux Conditions
Particulières de la Police, et est opposable à l'assuré, ainsi qu'aux tiers bénéficiaires, tels que
la victime agissant par voie d'action directe.
Toutefois, ces plafonds de garantie ne devront pas contrevenir aux "clauses types" des
assurances obligatoires (circulation, construction...
C - FRANCHISES
Il s'agit d'un montant forfaitaire, ou stipulé sous forme de pourcentage du dommage, qui
est déduit du montant de l'indemnité due par l'assureur et que l'assuré conserve à sa
charge.
Les franchises ont pour effet de "moraliser" le risque, en "intéressant" l'assuré à la non
réalisation d'un risque, et en l'incitant à prendre les précautions nécessaires pour l'éviter.
Mais elles permettent surtout à l'assureur de se dégager du poids économique d'une
"mulittude" de petits sinistres, inférieurs au montant de la franchise, et d'économiser
également de coûteux frais de gestion.
Les franchises sont opposables aux tiers bénéficiaires, sous réserve de réglementations
particulières en matière d'assurance obligatoire de bâtiment, et de circulation.
Exemples :
Cass. Civ. II, 16 janvier 2014, 12-29659 ; RGDA 2014, 169, note M.Asselain : "Les conditions de prise
en charge du risque de dépendance".
De son côté, l'assuré peut avoir intérêt à accepter des conditions de garantie, de manière à
faire baisser le montant de la prime.
Ces clauses peuvent être aménagées librement, mais doivent être prévues de manière
expresse, claire et précise dans la police, afin que l'assuré sache exactement quelles sont ses
obligations.
De plus, il résulte de l'article 9 du Code de Procédure Civile qu'il appartient à chaque partie
de prouver, conformément à la loi, les faits nécessaires au soutien de ses prétentions.
C'est donc toujours à l'assuré de rapporter la preuve que le sinistre s'est réalisé dans les
conditions de garantie prévues par la police.
C'est ainsi que si un sinistre intervient en temps de guerre, l'assuré devra prouver que l'état de
guerre est étranger à celui-ci.
Une condition de garantie peut donc se révéler défavorable à l'assuré, dans la mesure où celui-
ci peut se trouver dans l'incapacité pratique de rapporter la preuve (Impossibilité de rapporter
la preuve de la mise en fonction d'un système d'alarme d'un camion dérobé sur le territoire
étranger).
Sur l'application d'une clause syndicale "vol" : Cass. Civ. II, 19 mai 2016, 15-14179
Il en sera ainsi lors que la condition de garantie sera rédigée de façon à exclure des risques qui
devraient être légitimement couverts.
Cette qualification relève de l'appréciation souveraine des Juges du fond.
Certains risques sont exclus de la garantie par la loi, comme pouvant relever de la solidarité
nationale (guerre..) ou faisant obstacle au principe aléatoire (faute intentionnelle...)
Mais la plupart des exclusions de risques sont classiquement insérées dans les polices afin de
restreindre et de délimiter le risque garanti, et notamment celles rédigées sous la formulation
de garantie " TOUS RISQUES SAUF… "
Les pertes et les dommages occasionnés par des cas fortuits ou causés par la faute de
l'assuré sont à la charge de l'assureur, sauf exclusion formelle et limitée contenue dans la
police.
La faute simple, voire lourde, de l'assuré est donc assurable, sauf si elle a un caractère dolosif.
La faute intentionnelle au sens de l'article L 113-1 du Code des Assurances , est celle qui
caractérise la volonté de l'assuré de causer le dommage tel qu'il est survenu.
Il ne suffit donc pas que l'assuré ait créé le risque qui s'est réalisé, ou ait commis une faute
lourde ou grave à l'origine du sinistre pour faire échec à l'application de la garantie
Responsabilité civile.
Cass. Civ. III, 13 juillet 2016, 15-20512 15-24654 - Cass. Civ. III, 1er juillet 2015, 14-10210 14-11971 14-
13403 14-17230 - Cass. Civ. III, 1er juillet 2015 14-19826 14-5003
A la différence des Conditions de garantie, dont la réunion est nécessaire pour déclencher la
prestation de l'assureur, le risque est également délimité par des clauses qui excluent ou
restreignent la garantie de l'assureur, si le sinistre intervient dans des conditions
formellement et limitativement prévues par le contrat.
Le dernier alinéa de l'article L 112-4 du Code des Assurances précise que les clauses des
polices édictant des nullités, des déchéances ou des exclusions ne sont valables que si elles
sont mentionnées en caractères très apparents.
I - EXCLUSIONS LEGALES
Il existe deux séries d'exclusions légales de risques :
a - Guerre étrangère
b - Guerre civile, émeute, mouvement populaire
c - Exceptions : garantie des attentats
L'article L 121-8 du Code des Assurances dispose que l'assureur ne répond pas des
pertes et dommages occasionnés, soit par la guerre étrangère, soit par la guerre
civile, soit par des émeutes ou mouvements populaires, sauf convention contraire.
Ce principe, qui peut fait l'objet d'une dérogation conventionnelle, est appliqué dans la
plupart des contrats.
En effet, les dommages causés par une guerre étrangère excèdent les risques
normalement pris en charge par la mutualité des assurés, et excèdent les capacités des
assureurs. Ils devront être pris en charge par une législation spéciale au titre de la
solidarité nationale : (Dommages de guerre).
Si certains risques peuvent être garantis par des assureurs classiques, c’est l’Etat qui
intervient pour fournir la garantie des risques de guerre via la Caisse Centrale de
Réassurance (CCR) qui a pour objet de garantir les risques exceptionnels tels que les
risques de guerre, les catastrophes naturelles, etc…
a - GUERRE ETRANGERE
Lorsque ces risques ne sont pas couverts par le contrat, l'assuré doit prouver que le
sinistre résulte d'un fait autre que le fait de guerre étrangère.
Ainsi, en cas de guerre étrangère, il appartient à l'assuré d'établir par tout moyen qu'il
n'y a pas de lien de causalité entre le dommage et le fait de guerre : (ex. Absence
d'hostilité dans la région du sinistre)
o Guerre civile : état d'hostilité générale entre citoyens d'une même nation.
o Emeute : mouvement séditieux accompagné de violences et dirigé contre
l'autorité en vue d'obtenir des revendications politiques ou sociales.
o Mouvement populaire : tout mouvement spontané ou concerté du'une foule
désordonnée causant des dommages.
o AVANT 1983 :
Dès 1976, les assureurs ont proposé d'étendre leur garantie, moyennant
surprime, aux dommages d'incendie et d'explosion résultant d'émeutes, de
mouvements populaires et d'actes de terrorisme et de sabotage commis dans le
cadre d'actions concertées de terrorisme et de sabotage.
o DEPUIS 1983 :
o EXTENSION CONVENTIONNELLE DE LA GARANTIE DES
ATTENTATS AUX BIENS
A dater du 1er Mars 1983, les Pouvoirs Publics ont demandé aux assureurs de
proposer l'extension de leur garantie incendie, multirisques habitation ou
automobile, aux dommages matériels directs résultant d'incendie ou
d'explosion provoqués par des attentats, émeutes, mouvements populaires,
actes de terrorisme ou sabotage concerté.
En outre, si l'assuré est couvert contre les pertes d'exploitation, cette garantie
est étendue aux dommages causés par les attentats et les actes de terrorisme,
dans les conditions prévues au contrat.
La décontamination des déblais ainsi que leur confinement ne rentrent pas dans
le champ d'application de cette garantie.
a - Risque de guerre
b - Attentats
a - RISQUE DE GUERRE
La loi du 31 Décembre 1989 a abrogé toute disposition restrictive de garantie des asssurances
de personnes en cas de guerre.
o 25 Juillet 1995 : Explosion d'une bombe composée d'une bouteille de gaz dans
une rame du RER à la station Saint Michel : 7 morts et 117 blessés.
o 7 Septembre 1995 : Explosion d'une voiture piégée devant une école Juive de
Villeurbanne : 14 blessés, dont 1 grave.
o 7 Janvier 2015 : Fusilllade de Charlie Hebdo : 12 morts.
o 13 novembre 2015 : Fusillade dans la salle de spectacle du Bataclan et dans
plusieurs rues des 10e et 11e arrondissements de Paris, occasionnant le décès
de plus de 90 personnes.
o 14 Juillet 2016 : Attentat de Nice : 84 morts, 202 blessés...
o Voir "Chronologie des attentats terroristes en France" sur Wikipedia
a) - VICTIMES :
les personnes de nationalité française victimes à l'étranger de ces mêmes actes ainsi que
leurs ayants droit, quelle que soit leur nationalité, sont indemnisés dans les conditions
définies aux articles L. 422-1 à L. 422-3.
La réparation peut être refusée ou son montant réduit à raison de la faute de la victime.
b) - REPARATION INTEGRALE DES SEULS DOMMAGES CORPORELS
(L'indemnisation des dommages matériels relève de la seule garantie d'assurance obligatoire des contrats
d'assurance de biens).
La réparation intégrale des dommages résultant d'une atteinte à la personne est assurée
par l'intermédiaire du fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d'autres
infractions. (FGTI) (Article L422-1 Code des Assurances)
Ce fonds, doté de la personnalité civile, est alimenté par un prélèvement sur les contrats
d'assurance de biens.
Il est subrogé dans les droits que possède la victime contre la personne responsable du
dommage.
c) - PROCEDURE D'INDEMNISATION :
En outre, toute personne qui s'estime victime d'un acte de terrorisme peut saisir directement le
fonds de garantie.
Le fonds de garantie assiste les victimes dans la constitution de leur dossier d'indemnisation.
Il les informe de toutes les pièces justificatives et renseignements à fournir, qui comprennent
notamment l'indication :
1° Des demandes de réparation ou d'indemnité présentées par ailleurs et, en particulier, des
actions en dommages et intérêts qui ont été engagées ainsi que des sommes qui leur ont été
versées en réparation du préjudice ;
2° Le cas échéant, des organismes publics ou privés dont elles relèvent ou auprès desquels
elles sont assurées et qui sont susceptibles de les indemniser de tout ou partie du préjudice
subi.
Les associations qui ont pour but de défendre les victimes d'infraction peuvent se constituer
partie civile en cas d'acte de terrorisme sous réserve que l'action publique ait été mise en
mouvement par le Ministère Public ou la victime (Art. 2-9 du Code de Procédure Pénale).
Le fonds de garantie est tenu, dans un délai d'un mois à compter de la demande qui lui est
faite, de verser une ou plusieurs provisions à la victime qui a subi une atteinte à sa personne
ou, en cas de décès de la victime, à ses ayants droit, sans préjudice du droit pour ces victimes
de saisir le juge des référés.
Le fonds de garantie est tenu de présenter à toute victime une offre d'indemnisation dans un
délai de trois mois à compter du jour où il reçoit de celle-ci la justification de ses
préjudices. Cette disposition est également applicable en cas d'aggravation du dommage.
(Article L 422-3 Code des Assurances)
Les victimes des dommages disposent, dans le délai de dix ans à compter de la consolidation
de leur dommage corporel, prévu à l'article 2226 du code civil, du droit d'action en justice
contre le fonds de garantie.
d) - STATUT DES VICTIMES
Les victimes d'actes de terrorisme peuvent bénéficier des droits et avantages accordés
aux victimes civiles de guerre par le Code des Pensions Militaires d'invalidité. Il leur
appartient d'adresser une demande à la Direction Interdépartementale des anciens
combattants de leur domicile.
Les enfants devenus orphelins à la suite d'attentats terroristes peuvent, dans certaines
conditions, être admis au statut de pupille de la nation, en saisissant le Tribunal de
Grande Instance de leur domicile pour solliciter l'adoption par la Nation.
Si l'assureur répond de la faute simple de l'assuré, c'est à dire de la faute comise sans
intention de causer le dommage, il ne saurait couvrir celui intentionnellement causé
par l'assuré.
Les pertes et les dommages occasionnés par des cas fortuits ou causés par la faute
de l'assuré sont à la charge de l'assureur, sauf exclusion formelle et limitée
contenue dans la police.
Toutefois, l'assureur ne répond pas des pertes et dommages provenant d'une faute
intentionnelle ou dolosive de l'assuré.
C'est la volonté consciente de provoquer le dommage qui est exclue, et non
l'imprudence ou la faute de l'assuré, même si cette dernière est très lourde.
La suppression de l'aléa par la seule volonté de l'assuré n'implique pas une telle faute
intentionnelle ou dolosive.
Cass. Civ. II, 12 Septembre 2013, 12-24650 ; Bull. civ. II, n° 168 ; RCA 2013, n° 11, étude 8, D.
Bakouche ; Gaz. Pal. 2013, n° 318, p. 18, obs. M. Mekki ; n° 337, p. 22, obs. B. Cerveau ; JCP G 2014,
383, note A. Pélissier. Adde J. Kullmann, « L’assuré fautif : après le faisant et le malfaisant, le risque-
tout » : RGDA, janv. 2014, p. 8. 6 Cass. Civ. II, 16 Juin 2011, 10-21474 et 10-23559 RC et Ass. 2011,
Com. 340, note H. Groutel.
Ainsi, est formelle et limitée une clause qui exclut la garantie de l'assureur pour « les
conséquences pécuniaires résultant d'un retard apporté dans la fourniture d'un
produit, matériel ou prestation de service, ou de la non-fourniture de ceux-ci,
sauf lorsque le retard ou la non-fourniture résulte : d'un événement aléatoire
indépendant de la volonté de l'assuré et ne mettant pas en cause la qualité de son
organisation ; de l'indisponibilité de l'ingénieur chargé du projet lorsque cette
indisponibilité est due à un accident, maladie ou au décès de celui-ci ; d'une
erreur ou omission commise dans les différentes opérations ou tâches nécessaires
à l'exécution de la prestation »
Son assureur de responsabilité civile a donc été condamné à garantir les dommages
causés à ces autres véhicules, au motif que l'assureur ne rapportait pas la preuve de ce
que son assurée avait eu également l'intention de causer ces dommages "tels qu'ils
étaient survenus".
Cass. Civ. II, 29 Juin 2017, 16-12154 ; RC et Ass. 2017, Com 293, note H.Groutel
La négligence inacceptable d'une agence immobilière qui s'était abstenue d'exercer son
devoir de conseil à l'égard d'acheteurs, avec la simple conscience qu'elle faisait courir
un risque à ces derniers, exclut le caractère intentionnel ou dolosif du manquement de
nature à faire échec à la garantie responsabilité civile de l'agence assurée.
Cass. Civ. II, 12 janvier 2017, 16-10.042 La faute intentionnelle au sens de l'article L 113-1
du Code des Assurances, est celle qui caractérise la volonté de l'assuré de causer le
dommage tel qu'il est survenu.
Il ne suffit donc pas que l'assuré ait créé le risque qui s'est réalisé, ou ait commis une
faute lourde ou grave à l'origine du sinistre pour faire échec à l'application de la
garantie RC.
Cass. Civ. III, 13 juillet 2016, 15-20512 15-24654 - Cass. Civ. III, 1er juillet 2015, 14-10210 14-11971
14-13403 14-17230 - Cass. Civ. III, 1er juillet 2015 14-19826 14-5003
S'il existe une clause d'exclusion conventionnelle de garantie, il n'est pas établi qu'un
assuré, du seul fait qu'il ait poussé une victime blessée dans sa chute, avait pour but de
porter atteinte à son intégrité physique, alors qu'il avait pu agir par peur.
Cass. Civ. II, 6 février 2014, 13-10160 , M.Asselain : "La faute intentionnelle exclusive de garantie :
retour à une conception unitaire", RGDA 2014, 214 ; J.Kullmann : "L'assuré fautif : après le faisan et
le malfaisant, le risque tout", RGDA 2014, 8.
Cass. Civ. II, 6 février 2014, 13-10160 , RC et Ass. 2014, Com.174,note H.Groutel.
Ainsi les conséquences de la destruction volontaire d’un véhicule par le feu est exclue
en tant que faute intentionnelle, mais pas celles de dommages collatéraux causés par la
propagation involontaire de l’incendie à un bâtiment devant lequel le véhicule est
stationné.
Cass. Civ. II, 12 Septembre 2013, 12-24650 ; D.Bakouche : "La faute dolosive exclusive de garantie",
Dalloz 2013, Etude 8 ; R.C. et Ass. 2013, Com. 360
Un assuré a posé des traverses de bois comportant des zones "aubieuses" apparentes,
dont elle s'était plainte auprès de son fournisseur de la mauvaise qualité, et ne pouvait
ignorer dés l'approvisionnement des madriers et donc lors de leur mise en oeuvre,
qu'ils étaient défectueux et que exposés à la pluie et aux embruns ils se dégraderaient à
terme de façon inéluctable.
Cela n'est cependant pas suffisant pour caractériser la volonté de l'assuré de causer le
dommage tel qu'il s'est produit et de retirer au contrat d'assurance son caractère
aléatoire.
Cass. Civ. III, 29 mai 2013, 12-20215 ; RC et Ass. 2013, 280 ; N.Le Rudulier "Assurance : Dinstiction
du fait volontaire et de la faute intentionnelle", JCP N, 2013, 1094
La faute intentionnelle qui exclut la garantie de l'assureur est celle qui suppose la
volonté de causer le dommage et pas seulement d'en créer le risque.
Cass. Civ. II, 22 février 2013, 12-12813 : Bull. civ. II, n° 44 ; RGDA 2013, p. 586, note A. Pélissier ;
RCA 2013, comm. 197, note D. Bakouche ; RDC 2013, p. 1435, note F. Leduc - Voir également : Cass.
Civ. II, 16 Janvier 2004, 12-27484 ; L. Mayaux :"Faute intentionnelle dolosive ou frauduleuse : l'art
d'ajouter du flou au flou", RGDA, 2014, 147.
La faute intentionnelle qui exclut la garantie de l'assureur est celle qui suppose la
volonté de causer le dommage et pas seulement d'en créer le risque
Cass. Civ. II, 28 février 2013, 12-12813 ; RC et Ass. 2013, Com. 197, note D.Bakouche - Voir
également : Cass. Civ. II, 16 Janvier 2004, 12-27484 ; L. Mayaux :"Faute intentionnelle dolosive ou
frauduleuse : l'art d'ajouter du flou au flou", RGDA, 2014, 147.
Les dommages par incendie intentionnellement déclenchés par L'assuré, qu'ils aient
été voulus par leur auteur qui les a ainsi causés, ou qu'ils soient la conséquence
involontaire pour leur auteur qui les a ainsi provoqués, étaient dans les termes clairs et
précis d'une clause formelle et limitée exclus de la garantie de l'assureur, dont
l'étendue avait été librement arrêtée par les parties dans le respect des dispositions
légales.
Cass. Civ. II, 18 Octobre 2012, 11-23900 ; Tribune de l'Assurance, Janvier 2013, p.48, note G. Le
Nestour Drelon ; RGDA 2013, p.63, note Kullmann.
L'article L. 113-1 du code des assurances dispense l'assureur de répondre "des pertes
et dommages provenant d'une faute intentionnelle ou dolosive de l'assuré", et non pas
d'une faute volontaire.
Cass. Civ. II, 18 Octobre 2012, 11-13084 ; Tribune de l'Assurance, Janvier 2013, p.48, note G. Le
Nestour Drelon.
Elle n'est donc pas constituée si, du fait des agissements de l'assuré, le contrat
d'assurance a seulement perdu son caractère aléatoire...
Cass. Com., 20 Novembre 2012, 11-27033 ; Tribune de l'Assurance, Février 2013, p.60,note G. Le
Nestour Drelon ; RGDA 2013, 2013, p.65, note J.Kullmann
Cass. Civ. III, 11 Juillet 2012, 11-16414 (Inadaptation de fondations) - Cass. Civ. III, 11 Juillet 2012,
10-28535, 10-28616, 11-10995 (Violation d'une règle d'urbanisme) ; RC et Ass. 2012, Com. 286,note
H. Groutel ; Dalloz 2012, p. 2544, note V.G. ; RGDA 3013, p.56, note JP Karila.
La faute intentionnelle, prohibée par l'article L 113-1 du Code des Assurances, résulte,
en matière de risques professionnels, de :
Cass. Civ. II, 30 Juin 2012, 10-23004 ; RC et Ass. 2012, Com. 256 ; RC et Ass. 2012, Com. 256 (Syndic
ayant souscrit une police d'assurance dans des conditions de mauvaise foi telles que sa nullité était
encourue).
Cass. Civ. II, 14 Juin 2012, 11-17367 ; RC et Ass. 2012, Com. 256. (Dirigeant ayant eu la volonté
délibérée de fournir au public des informations trompeuse afin de mieux en négocier la cession) - Voir :
RC et Ass. 2012, Etude 6, H. Groutel : "Quand la deuxième chambre civile repeint (mal !) la façade de
la faute intentionnelle".
La faute lourde, reste un risque assurable dans la mesure où elle n’implique chez son
auteur aucune intention dommageable, mais une imprudence ou une négligence
caractérisée, laquelle pourrait d'ailleurs faire l'objet d'une exclusion dans la police, à
condition d'^tre formelle et limitée.
Cass. Civ. III, 7 Octobre 2008, 07-17969 ; RGDA 2008, 913, note J.Kullmann
L'assuré doit donc avoir recherché le dommage, tel qu'il est survenu.
L'appréciation par les juges du fond du caractère intentionnel d'une faute qui, au sens
de l'article L. 113-1, alinéa 2, du code des assurances, implique la volonté de son
auteur de créer le dommage tel qu'il est survenu, est souveraine et échappe au contrôle
de la Cour de cassation.
Il en est ainsi lorsqu'un vendeur vend en connaissance de cause une chose qu'il sait
non conforme aux engagements souscrits.
Cass. Civ. II, 20 mars 2008, 07-10499 ; RGDA 2008, 326, note J.Kullmann
Cass. Civ. II, 13 Juillet 2006 , 05-13968 ; L'Argus de l'Assurance, n°699, p.53, note.
Cass. Civ. II, 24 mai 2006, 05-13547 ; L'Argus de l'Assurance, n°6990, p.54
Mais la Cour de Dijon estime, de son côté, que le fait d'allumer volontairement un
fauteuil allait immanquablement entraîner l'incendie de l'appartement, et supprimait
tout aléa : CA Dijon, B, 11 Mai 2006, n°05/00570 ; L'Argus de l'Assurance, n°6992, p.54, note
G.Defrance.
Exemples :
1.
Par arrêt devenu irrévocable, l'incendiaire avait été condamné à des sanctions
pénales pour incendie volontaire de l'immeuble et que le demandeur, partie civile
avait obtenu une indemnisation, ce dont il résulte qu'il avait été définitivement jugé
que la faute génératrice du dommage causé au demandeur était intentionnelle".
Au sens de l'article L 113-1, al.2, du Code des Assurances, la faute intentionnelle qui
exclut la garantie de l'assureur est celle qui suppose la volonté de causer le
dommage tel qu'il est survenu et pas seulement d'en créer le risque.
2.
"L'appréciation par les juges du fond du caractère intentionnel d'une faute qui, au
sens de l'article L 113-1, al.2, du Code des Assurances, implique la volonté de son
auteur de créer le dommage tel q'uil est survenu, est souveraine et échappe au
contrôle de la Cour de Cassation"
Cass. Civ. II, 18 mars 2004, 03-11.573 La faute intentionnelle comporte un élément
frauduleux, et par son caractère volontaire, supprime le caractère aléatoire du risque
en le rendant légalement inassurable.
En droit commun :
Exemples:
3.
Mais ses conséquences ne sont plus assurables lorsqu'elle témoigne d'un élément
intentionnel : homicide ou coups et blessures volontaires, incendie volontaire,
destruction du bien d'autrui.
Par ailleurs, une assurance garantissant les conséquences civiles de l'exercice illégal
d'activités professionnelles est nulle, comme contraire à l'ordre public :
Cass. Civ. I, 5 Mai 1993, RGAT 1993, p.897, note J.Kullmann - Chiropracteur.
4.
l'assureur est garant des pertes et dommages causés par des personnes dont l'assuré
est civilement responsable en vertu de l'article 1384 du Code Civil, quelles que
soient la nature et la gravité des fautes de ces personnes.
1 - Caractère d'ordre public
L'assureur doit donc couvrir les fautes intentionnelles commises par toutes les
personnes dont l'assuré doit répondre : enfants, préposés, membres d'association...
Cass. Civ. I, 26 Novembre 1991, RGAT 1992, p.169, note R.Bout.
La faute d'une personne dont doit répondre l'assuré, correspond, pour ce dernier, à un
véritable risque qui conserve un caractère aléatoire à son égard.
Ce principe ne porte pas atteinte à la liberté des parties dans la détermination du risque
assuré : les exclusions de garantie sont en principe applicables également aux
personnes dont l'assuré doit répondre.
Cette condition de fait accidentel ne permet pas de refuser la garantie du vol commis
par un enfant :
Cass. Civ. I, 24 Mars 1992, RGAT 1992, p.347, note J.Kullmann - Cass. Civ. I, 4 Novembre 1992,
RGAT 1993, p.144,note F.Vincent.
Lorsque le contrat exclut un risque déterminé, tel que la conduite automobile, cette
exclusion est valable, quelle que soit la personne qui cause le dommage.
Exemples :
Le contrat exclut tout risque de responsabilité de l'assuré du fait des personnes dont il
est civilement responsable : cette clause est valable.
1 - Le suicide de l'assuré
2 - Le meurtre de l'assuré par le bénéficiaire
L'article L 132-7 Code des Assurances, modifié par la loi du 2 juillet 1998, et du 3
décembre 2001, dispose désormais que :
L'assurance en cas de décès est de nul effet si l'assuré se donne volontairement la mort
au cours de la première année du contrat.
Les dispositions du premier alinéa ne sont pas applicables aux contrats mentionnés à
l'article L. 141-1 souscrits par les organismes mentionnés au dernier alinéa de l'article
L. 141-6.
L'assurance en cas de décès doit couvrir dès la souscription, dans la limite d'un
plafond qui sera défini par décret, les contrats mentionnés à l'article L. 141-1 souscrits
par les organismes mentionnés à la dernière phrase du dernier alinéa de l'article L.
141-6 , pour garantir le remboursement d'un prêt contracté pour financer l'acquisition
du logement principal de l'assuré.
1.
ex.:
- Absorption de barbituriques peut être due à une erreur accidentelle (décès de Marilyn
Monroe)
- Certains accidents de la circulation "inexplicables".
- Nettoyages d'armes à feu...
2.
En pratique le suicide volontaire sera prouvé si une lettre et laissée, ou par les
circonstances du décès (pendaison...).
Le suicide est donc garanti après le délai de un an, mais les parties au contrat
peuvent convenir d'exclure conventionnellement le risque de suicide conscient ou
inconscient de la garantie.
Voir : J.Kullmann, "Suicide et assurance : une déjà vieille notion, mais un tout nouveau régime",
RGDA 2002, p.907.
Toutefois, il doit s'agir d'un homicide volontaire, et non d'un homicide involontaire, ou
de coups ayant entraîné la mort sans intention de la donner.
Les infractions intentionnelles, qui sont souvent les plus graves, ne peuvent, par nature, jamais
être garanties par une police d'assurance, compte tenu des dispositions impératives de l'article
L 113-1 du Code des Assurances, notamment en cas d'atteinte volontaire à l'intégrité de la
personne humaine…
L'indemnisation par l'Etat n'était, dans tous les cas, que subsidiaire et n'intervenait
que si la personne lésée ne pouvait obtenir, à un titre quelconque, une réparation ou
une indemnisation effective et suffisante.
Le montant de l'indemnité accordée n'était pas lié à celle effectuée en droit commun
par le juge répressif.
Toute personne ayant subi un préjudice résultant de faits volontaires ou non qui présentent le
caractère matériel d'une infraction peut obtenir la réparation intégrale des dommages qui
résultent des atteintes à la personne, lorsque sont réunies les conditions suivantes :
2° Ces faits :
- soit ont entraîné la mort, une incapacité permanente ou une incapacité totale de travail
personnel égale ou supérieure à un mois ;
- soit sont prévus et réprimés par les articles 222-22 à 222-30, 224-1 A à 224-1 C, 225-4-1 à
225-4-5, 225-5 à 225-10, 225-14-1 et 225-14-2 et 227-25 à 227-27 du code pénal ;
3° La personne lésée est de nationalité française ou les faits ont été commis sur le territoire
national.
La réparation peut être refusée ou son montant réduit à raison de la faute de la victime.
1 - atteintes à la personne
2 - Atteintes aux biens
1 - ATTEINTES A LA PERSONNE
Toute personne qui, victime d'un vol, d'une escroquerie, d'un abus de confiance, d'une
extorsion de fonds ou d'une destruction, d'une dégradation ou d'une détérioration d'un bien lui
appartenant, ne peut obtenir à un titre quelconque une réparation ou une indemnisation
effective et suffisante de son préjudice, et se trouve de ce fait dans une situation matérielle ou
psychologique grave, peut obtenir une indemnité dans les conditions prévues par les articles
706-3 (3° et dernier alinéa) à 706-12, lorsque ses ressources sont inférieures au plafond prévu
par l'article 4 de la loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 relative à l'aide juridique pour bénéficier
de l'aide juridictionnelle partielle, compte tenu, le cas échéant, de ses charges de famille.
Ces dispositions sont aussi applicables aux personnes mentionnées à l'article 706-3 qui,
victimes d'une atteinte à la personne prévue par cet article, ne peuvent à ce titre prétendre à la
réparation intégrale de leur préjudice, les faits générateurs de celui-ci ayant entraîné une
incapacité totale de travail inférieure à un mois.
b - VICTIMES INDEMNISEES
L'indemnité est allouée par une commission, la CIVI, instituée dans le ressort de chaque
tribunal de grande instance. Cette commission a le caractère d'une juridiction civile qui se
prononce en premier ressort.
La demande d'indemnité, accompagnée des pièces justificatives, est transmise sans délai par
le greffe de la commission d'indemnisation au fonds de garantie des victimes des actes de
terrorisme et autres infractions.
Celui-ci est tenu, dans un délai de deux mois à compter de la réception, de présenter à la
victime une offre d'indemnisation. Le refus d'offre d'indemnisation par le fonds de garantie
doit être motivé. Ces dispositions sont également applicables en cas d'aggravation du
préjudice.
Lorsque le préjudice n'est pas en état d'être liquidé et que le fonds de garantie ne conteste pas
le droit à indemnisation, il peut, en tout état de la procédure, verser une provision à la victime.
Le fonds de garantie tient le président de la commission d'indemnisation immédiatement
informé.
Lorsque des poursuites pénales ont été engagées, la décision de la commission peut intervenir
avant qu'il ait été statué sur l'action publique.
Il résulte de l'article L 113-1 Code des Assurances que les pertes et les dommages
occasionnés par des cas fortuits ou causés par la faute de l'assuré sont à la charge de
l'assureur ... sauf exclusion formelle et limitée contenue dans la police.
De telles clauses qui sont dictées par l'assureur, et restreignent ses obligations
de garanties pourraient être considérées, dans certains cas, comme abusives
dans la mesure où elle révèlerait un abus de puissance économique de
l'assureur, et lui confèrerait un avantage excessif.
Les évènements garantis sont définis dans la police de manière positive, par des
conditions de garanties.
On peut distinguer:
ex. :
S'il prend soin de compléter la condition positive par une clause d'exclusion
directe claire et nette, la solution est évidente : le fait de ne pas respecter la
condition mise à la garantie entraîne la non assurance.
o L'exclusion directe de risque est celle qui est expressément visée dans la
police.
Tout ce qui n'est pas précisément prévu dans la garantie est non assuré ou est
exclu indirectement, il s'agit d'une exclusion indirecte :
Dès lors que cette clause n'est pas limitée et ne marque pas l'exclusion
de façon apparente, l'assureur ne peut s'en prévaloir pour refuser sa
garantie.
Cass. Civ. II, 9 Juillet 2009, 08-13780 ; RC et Ass. 2009, Com. 337, note H.Groutel.
1) - EXCLUSIONS DIRECTES
"Les clauses édictant des nullités, des déchéances ou des exclusions ne sont
valables que si elles sont mentionnées en caractères très apparents".
Est formelle est limitée la clause d'un contrat d'asurance excluant la garantie de
l'assureur pour "les conséquences pécuniaires résultant d'un retard apporté dans
la fourniture d'un produit, matériel ou prestation de service, ou de la non-
fourniture de ceux-ci, sauf lorsque le retard ou la non-fourniture résulte : d'un
événement aléatoire indépendant de la volonté de l'assuré et ne mettant pas en
cause la qualité de son organisation ; de l'indisponibilité de l'ingénieur chargé
du projet lorsque cette indisponibilité est due à un accident, maladie ou au
décès de celui-ci ; d'une erreur ou omission commise dans les différentes
opérations ou tâches nécessaires à l'exécution de la prestation";
2) - EXCLUSIONS INDIRECTES :
L'exclusion de risque ne doit pas avoir pour effet de priver de son efficacité
la garantie contractuelle pour le risque concerné :
Cass.Civ I, 3 Juillet 1990, R.G.A.T. 1990, 888 : à propos d'une pompe à chaleur défectueuse,
Obs. R.Bout.
La jurisprudence se montre très méfiante envers les clauses ayant pour effet
de limiter la garantie:
F.Chapuisat, "La méfiance de la Jurisprudence et du Législateur à l'égard des clauses
d'exclusion de risques", R.G.A.T. 1983, p.5.
Cass. Civ. I, 6 janvier 1993, 89-20.730 - Cass. Civ. I, 16 mars 1994, 94-14.729 -
Cass. Civ. I, 16 janvier 1996, 92-20.433 :
Cass. Civ. I, 21 janvier 1997, 95-11.590, R.C. et Ass. 1997, Com. n°139 - Cass. Civ. I,
18 avril 2000, 98-11.143 - Cass. Civ. I, 7 novembre 2000, 97-19.132, JCP, G, 2001,
IV, n°1000; Cass. Civ. I, 21 novembre 2000, 98-12.872, JCP G, 2001, IV, 1098 -
Cass. Civ. I, 13 février 2001, 98-12.473
Il faut donc examiner au cas par cas, comment est rédigée la clause, et
les Juges du fond restent libres d'apprécier le caractère limité de la
clause.
Conformément à l'article 1353, al. 1, du Code Civil, c'est à l'assuré, qui réclame
l'exécution du contrat d'assurance, de rapporter la preuve que les conditions de fait
ouvrant droit à la garantie sont réunies.
Conformément à l'alinéa 2 du même article, une fois établi que le sinistre entre bien
dans les conditions de garantie du contrat, c'est à l'assureur qui invoque une
exclusion de risque de "démontrer la réunion des conditions de fait de cette
exclusion" pour se prétendre libérer de son obligation de garantie.
En revanche, les clauses d'exclusions de risques non formelles ni limitées doivent être
déclarées non écrites, et dans tous les cas inopposables à l'assuré ou à la victime.
A - LE TAUX DE PRIME
1 - Fréquence des sinistres
2 - Coût moyen des sinistres
II - ASSIETTE DE LA PRIME
I - LE DEBITEUR DE LA PRIME
II - LA DATE DE PAIEMENT
III - LE LIEU DU PAIEMENT
IV - MODE DE PAIEMENT
A - Paiement comptant ou échelonné
B - Paiement par compensation
V - L'IMPUTATION DU PAIEMENT
SECTION III - LES SANCTIONS DU DEFAUT DE PAIEMENT
I - MISE EN DEMEURE
A - Forme
B - Effets
II - LA SUSPENSION DE LA GARANTIE
III - LA RESILIATION DU CONTRAT POUR DEFAUT DE
PAIEMENT DE PRIME
IV - LES SANCTIONS DU DEFAUT DE PAIEMENT EN
CAS D'ASSURANCE VIE
La masse des primes collectées par l'assureur constitue le "pot commun" qui permet de
couvrir le montant des sinistres subis par ses assurés.
On l'appelle aussi cotisation dans les Mutuelles (où l'on appelle l'assuré le sociétaire).
La prime "commerciale" due par l'assuré est constituée par la "prime pure" augmentée des
"chargements".
La prime pure ou technique correspond à la partie de la prime collectée par l'assureur qui va
être placée dans un "pot commun" afin de procéder au réglement des sinistres. Elle est
fonction d'un "taux de prime", et de l'assiette des capitaux assurés, selon la formule suivante
:
Le taux de prime, ainsi que la valeur des capitaux assurés correspondent à l'importance du
risque à garantir, telle qu'elle résulte, notamment, des déclarations faites par l'assuré au
moment de la souscription du contrat.
A - DETERMINATION DU TAUX DE PRIME
La détermination du taux de prime est déterminé par des actuaires en fonction de la fréquence
et du coût moyen des sinistres, sur des bases mathématiques et statistiques.
Elle est déterminée selon le calcul des probabilités, par référence au recensement statistique
d'évènements passés groupés en risques homogènes de même nature.
En ce qui concerne le risque incendie, on peut penser, par exemple, qu'un incendie va affecter
15 maisons sur 10.000 sur une année.
C'est ainsi que la prime concernant une opération de lancement d'un satellite pourra
correspondre à une part importante de sa valeur, de l'ordre d'un tiers, voire de la moitié,
lorsque celle-ci est conduite avec un nouveau lanceur, insuffisamment qualifié.
En revanche, la valeur de la prime est considérablement réduite lors d'un vol routinier, avec
un lanceur dont la fiabilité est éprouvée (Ariane IV...)
En divisant le coût total des sinistres par leur nombre, on arrive à un coût moyen pour un
exercice donné.
Ainsi,
sur quinze maisons incendiées, 4 peuvent être détruites en totalité, 5 à moitié et 6 pour
une faible part, de sorte qu'en moyenne le coût du sinistre peut être évalué, par
exemple, à 60% des capitaux assurés.
pour une valeur assurée de 1.000 E, le coût moyen du sinistre sera de 1.000 E x 60% =
600 E.
Dans l'exemple précité, le taux de prime sera de 15/10.000 x 600 = 0,9 pour 1.000 E assurés.
Si le risque a été inexactement déclaré par l'assuré, le taux de prime n'aura pas été ajusté
au risque à garantir.
En cas de preuve de mauvaise foi dans la déclaration du risque, la résiliation du contrat est
encourue sur le fondement de l'article L 113-8 du Code des Assurances.
En revanche, en cas d'absence de preuve de mauvaise foi l'article L 113-9, al.3, du Code des
Assurances prévoit que l'indemnité due après un sinistre sera réduite en proportion du
taux des primes payées par rapport au taux des primes qui auraient été dues si les risques
avaient été complètement et exactement déclarés".
Par la suite, elle loue son ancien local commercial à un commerçant pour y
pratiquer une activite aggravée de pizzéria, en omettant d'en informer
l'assureur de son immeuble.
Celui-ci est fortement endommagé par une explosion de gaz, qui occasionne
180.000 Euros de dommages.
Un assuré omet de déclarer, sans mauvaise foi, que le bâtiment qu'il souhaite
faire assurer contre l'incendie est construit en bois.
II - ASSIETTE DE LA PRIME
L'assiette de la prime varie selon que le bien assuré a une valeur déterminable, qu'il s'agisse
d'une assurance de responsabilité dont le montant du sinistre potentiel est indéterminé, ou
une assurance de personnes dont la prime est fonction des capitaux assurés.
Dans les exemples précédents la prime pure d'une maison normale de 200.000 Euros, au taux
de 0,9 pour 1.000 sera de 180 Euros par an.
Si le bâtiment est en bois, la sinistralité pourra être de 20 sinistres par an pour 10.000
maisons.
Le coût moyen des sinistres pourra être de 70% des capitaux assurés.
Pour une valeur assurée de 200.000 Euros, le montant de la prime pure sera de 1,4 * 200 =
280 Euros.
Il est prévu lors de la souscription du contrat des variations de la valeur du risque au cours de
son exécution.
On appelle "police flottante ouverte" ou "police d'abonnement" le contrat d'assurance portant
sur des objets qui peuvent être constamment modifiés au cours du contrat, et qu'on appelle des
"existences variables".
Cette technique est souvent utilisée en matière de risque "marchandises transportées", ou pour
garantir le parc automobile des transporteurs.
L'assuré doit alors fournir une déclaration périodique de ces existences variables, qu'on
appelle "déclaration d'aliment".
Enfin, les parties au contrat d'assurance peuvent convenir d'un compte courant entre les
primes dues par l'assuré et le montant des indemnités dues par l'assureur, un tel
mécanisme étant couramment utilisé en matière d'assurance transport.
La prime est fonction de la nature et de l'importance des risques garantis, lesquels sont
très variables selon qu'il s'agisse d'une entreprise ou de particuliers.
Nature de l'activité exercée : la sinistralité d'un plombier est différente de celle d'un
couvreur.
Si valeur d'assurance déterminée (ex.: bien confié à un dépositaire, marchandise...) on
peut procéder comme en matière d'assurance de biens : la règle proportionnelle de
capitaux est alors applicable.
Importance de l'activité : prime assise sur le chiffre d'affaire de l'entreprise, sur le
nombre de lits d'une clinique ou le nombre des membres d'une association.
Si responsabilité est illimitée, possibilité de fixer des plafonds de garanties qui
constituent la limite de l'engagement de l'assureur.
La prime peut également être déterminée en fonction des coûts moyens des sinistre
établis selon la méthode statistique (ex.: Assurance chef de famille).
La prime est directement fonction du montant forfaitaire des capitaux assurés, ainsi que
des risques particuliers auxquels se trouvent exposés l'assurés, notamment du fait de son âge,
de son état de santé ou de son exposition particulière à certains risques.
A - LE CHARGEMENT COMMERCIAL
Le total de ces différentes charges peut atteindre près de 30 % en assurance dommage et plus
de 13% en assurance vie.
B - CHARGEMENT FISCAL
Taxe unique calculée sur la prime, mais dont le taux varie selon la branche d'assurance, de
l'ordre de :
Sans préjudice d'une harmonisation ultérieure, tout contrat d'assurance est exclusivement
soumis aux impôts indirects et taxes parafiscales grevant les primes d'assurance dans l'Etat
membre de l'engagement, c'est à dire celui où le preneur a sa résidence habituelle ou, si le
preneur est une personne morale, l'Etat membre où est situé l'établissement de cette personne
morale auquel le contrat se rapporte.
Cass. Com., 7 Juin 2006, 04-15.281 ; Dalloz 2006, IR 1770 (Article 44, paragraphe 2, de la Directive
92/96/CEE du Conseil, du 10 novembre 1992, portant coordination des dispositions législatives, réglementaires
et administratives concernant l'assurance directe sur la vie et modifiant les Directives 79/267/CEE et
90/619/CEE (troisième directive assurance-vie)
Si l'assuré n'y donne pas suite ou refuse ce nouveau montant dans le délai de 30 jours,
l'assureur peut résilier le contrat au terme de ce délai, à condition d'avoir informé l'assuré de
cette faculté de résiliation dans sa proposition, en caractères apparents.
Si l'assureur n'y consent pas, l'assuré peut dénoncer le contrat. La résiliation prend alors effet
trente jours après la dénonciation.
L'assureur doit alors rembourser à l'assuré la portion de prime afférente à la période pendant
laquelle le risque n'a pas couru.
L'article L 113-2 du Code des Assurances oblige l'assuré au paiement de la prime aux
époques convenues.
Toutefois, l'assureur n'a pas d'action pour exiger le paiement des primes d'assurance vie (L
132-20).
I - LE DEBITEUR DE LA PRIME
Le débiteur de la prime est en principe l'assuré.
C'est le souscripteur, et non forcément l'assuré, notamment dans les assurances pour compte,
ou l'assurance sur la vie sur la tête d'un tiers.
Selon l'article L 415-3 du Code Rural, le paiement des primes d'assurances contre l'incendie
des bâtiments loués est à la charge exclusive du propriétaire.
II - LA DATE DE PAIEMENT.
En principe au début de la période garantie.
Payable par périodes annuelles.
La prime annuelle peut être fractionnée.
Cet avis d'échéance est envoyé par lettre simple, pour ne pas alourdir le coût du recouvrement
des primes.
Le problème se pose lorsque l'assuré nie avoir reçu cet avis d'échéance, mais la doctrine et la
jurisprudence n'empêchent pas l'assureur de mettre en œuvre la procédure de suspension et de
résiliation de l'article L 113-3.
Dans certains cas, la prime peut être payable au domicile du courtier de l'assuré), sauf dans
certains cas d'infirmité ou de vieillesse (R 113-5 Code des Assurances) où elle est en principe
quérable au domicile de l'assuré.
En tout état de cause,la prime devient toujours portable au domicile de l'assureu en cas de
procédure de suspension de la garantie prévue par l'article L 113-3 du Code des Assurances.
IV - MODE DE PAIEMENT
A - Paiement comptant ou échelonné
B - Paiement par compensation
Elle peut être due en une seule fois, ou fractionnée, voire faire l'objet de prélèvements
automatiques.
Les modalités de paiement de la prime sont en principe libres, l'assuré devant pouvoir
apporter la preuve de sa libération dans les conditions prévues par l'article 1353, al.2 du
Code Civil.
En cas de paiement par chèque, la garantie est due par l'assureur dès la remise du chèque,
sous condition résolutoire de non encaissement si le chèque n'est pas payé.
Toutefois, il peut être important pour l'assuré de pouvoir rapporter la preuve qu'il a bien
envoyé un chèque avant, notamment, l'expiration d'un délai de résiliation.
Le paiement peut également intervenir par compensation avec les indemnités éventuellement
dues par l'assureur ensuite d'un sinistre, dans les conditions prévues par les articles 1289 et
suivants du Code Civil.
Ce paiement par compensation est souvent la règle en matière de prime calculée sur le chiffre
d'affaires, où un ajustement annuel est prévu en fonction des primes dues par l'assuré et les
indemnités dont est redevable l'assureur.
A noter toutefois que l'assureur ne pourra invoquer cette compensation à l'égard de la victime
exercant l'action directe à son encontre, et devra lui régler la totalité de l'indemnité due, sans
pouvoir retenir le montant de la prime impayée par l'assuré.
En effet, l'assureur et la victime ne sont pas respectivement débiteurs l'un envers l'autre.
V - L'IMPUTATION DU PAIEMENT.
Si l'assuré est redevable de plusieurs primes, afférentes à plusieurs contrats ditincts, et paye
sans préciser son imputation, on doit suivre les règles de l'article 1256 du Code Civil, et
affecter le paiement de la prime sur celle que l'assuré avait le plus d'intérêt à acquitter.
En cas de plusieurs polices distinctes l'assuré doit, en principe, dire sur laquelle il entend
imputer son paiement.
A défaut, ce paiement est effectué sur la police dont il avait le plus intérèt à régler la
prime, notamment si la garantie était subordonnée au paiement de celle ci.
I - Mise en demeure
II - Suspension de la garantie
III - Résiliation du contrat
Les solutions du droit commun ne sont pas applicables, car les conséquences en seraient trop
graves pour l'assuré en découvert de garantie.
L'assureur ne peut donc invoquer l'exception d'inexécution ou non adimpleti contractus pour
se soustraire à son obligation de garantie.
Il ne peut pas davantage invoquer la résolution du contrat sur le fondement de l'article 1184
du Code Civil.
Il le pourrait encore moins en assurance vie, où l'assureur est dépourvu d'action pour exiger le
paiement des primes.
A défaut de paiement d'une prime, ou d'une fraction de prime, dans les dix jours de son
échéance, et indépendamment du droit pour l'assureur de poursuivre l'exécution du contrat
en justice, la garantie ne peut être suspendue que trente jours après la mise en demeure de
l'assuré.
L'assureur a le droit de résilier le contrat dix jours après l'expiration du délai de trente
jours précité.
Le contrat non résilié reprend pour l'avenir ses effets, à midi, le lendemain du jour où ont
été payées à l'assureur ou au mandataire désigné par lui à cet effet, la prime arriérée ou, en
cas de fractionnement de la prime annuelle, les fractions de prime ayant fait l'objet de la
mise en demeure et celles venues à l'échéance pendant la période de suspension, ainsi que,
éventuellement, les frais de poursuites et de recouvrement.
Toute clause réduisant les délais fixés par les dispositions précédentes ou dispensant
l'assureur de la mise en demeure est nulle.
L'entreprise d'assurance ou de capitalisation n'a pas d'action pour exiger le paiement des
primes.
Lorsqu'une prime ou fraction de prime n'est pas payée dans les dix jours de son échéance,
l'assureur adresse au contractant une lettre recommandée par laquelle il l'informe qu'à
l'expiration d'un délai de quarante jours à dater de l'envoi de cette lettre le défaut de paiement,
à l'assureur ou au mandataire désigné par lui, de la prime ou fraction de prime échue ainsi que
des primes éventuellement venues à échéance au cours dudit délai, entraîne soit la résiliation
du contrat en cas d'inexistence ou d'insuffisance de la valeur de rachat, soit la réduction du
contrat.
I - MISE EN DEMEURE
La mise en demeure doit être distinguée de l'avis d'échéance qui doit avoir été préalablement
envoyé.
Elle n'est utile que si l'assureur envisage de suspendre et de résilier le contrat, mais n'est pas
un préalable nécessaire à la procédure en recouvrement des primes.
1.
Doit être adressée par lettre recommandée simple adressée à l'assuré, ou à la personne
chargée du paiement des primes, à leur dernier domicile connu de l'assureur.
Si leur domicile est hors de France, elle doit être accompagnée d'une demande d'avis
de réception.
Les frais de cette mise en demeure demeurent à la charge de l'assureur.
2.
Même si ces formalités ont été supprimées, la formulation de la mise en demeure doit être de
nature à attirer l'attention de l‘assuré sur les conséquences précises du non-paiement intégral
de la prime et sur l'intention de l'assureur de procéder à la résiliation, alors qu'il n'appartient
pas à l'assuré de se renseigner sur cette intention.
Cass. Civ. II, 20 Décembre 2007, 06-21455 ; R.C. et Ass. 2008, Com. 1,note H. Groutel.
3.
Le Code prévoit que cette mise en demeure résulte de l'envoi d'une lettre recommandée à
l'assuré ou à la personne chargée du paiement des primes au dernier domicile connu de
l'assureur.
La Jurisprudence considère qu'une lettre recommandée simple suffit, mais )à défaut
d'accusé de réception, elle ne sera pas interruptive de prescription.
II - LA SUSPENSION DE LA GARANTIE
La garantie est suspendue trente jours après l'envoi de la mise en demeure, le jour de
l'envoi n'étant pas compté.
La suspension de garantie est opposable à tous, y compris aux tiers victimes dans l'assurance
automobile (R 211-13,2e).
à midi le lendemain du jour où ont été payées à l'assureur, ou à son mandataire, les
primes arriérées
en cas de prime fractionnée, on doit considérer que la suspension de garantie prend fin
à l'expiration de la période annuelle, ce qui est d'ailleurs une solution absurde.
En pratique, l'assureur peut suspendre sa garantie, et résilier la police dans la même lettre
recommandée de mise en demeure (R 113-2).
La résiliation ne prend effet que si la prime, ou fraction de prime, n'a pas été payée
avant l'expiration du délai de 40 jours suivant l'envoi de la lettre recommandée de mise
en demeure.
Toutefois, lorsqu'une nouvelle lettre recommandée est adressée à l'assuré après l'expiration de
ce délai de quarante jours, la résiliation prend effet à compter de la date d'envoi de cette
nouvelle lettre, à condition que la prime ou fraction de prime n'ait pas été payée avant ladite
lettre.
L'encaissement sans réserve d'un prime impayée, après la résiliation de la Police pour défaut
de paiement de prime, ne constitue pas une renonciation à se prévaloir de cette résiliation.
Cass. Crim. 16 Mai 2006, 05-80.974 ; Dalloz 2006, IR p.1631
Toutefois, le défaut de paiement des primes d'assurance vie peut entraîner la résiliation du
contrat, ou sa réduction dans les conditions prévues par l'article L 132-20 du Code des
Assurances :
Lorsqu'une prime ou fraction de prime n'est pas payée dans les dix jours de son
échéance, l'assureur adresse au contractant une lettre recommandée par laquelle
l'informe qu'à l'expiration d'un délai de quarante jours à dater de l'envoi de cette
lettre, le défaut de paiement, à l'assureur ou au mandataire désigné par lui, de la prime
ou fraction de prime échue, ainsi que des primes éventuellement venues à échéance au
cours dudit délai, entraîne soit la résiliation du contrat en cas d'inexistence ou
d'insuffisance de la valeur de rachat, soit la réduction du contrat".
Le défaut de paiement d'une cotisation due au titre d'un contrat de capitalisation ne peut voir
pour sanction que la suspension ou la résiliation pure et simple du contrat et, dans ce
dernier cas, la mise à la disposition du porteur de la valeur de rachat que ledit contrat a
éventuellement acquise.
I - DEFINITION DU SINISTRE
A - Notion générale
B - En assurance de responsabilité
II - LA PREUVE DU SINISTRE
SECTION II - LES OBLIGATIONS DE L'ASSURE APRES LE SINISTRE
I - OBLIGATIONS LEGALES DE DECLARATION DU SINISTRE
II - OBLIGATIONS CONVENTIONNELLES
III - SANCTION : LA DECHEANCE
A - Définition
B - Effets et opposabilité de la déchéance
SECTION III - LES OBLIGATIONS DE L'ASSUREUR EN CAS DE SINISTRE
I - NATURE DE LA PRESTATION
II - PREUVE DE L'OBLIGATION DE L'ASSUREUR
A - Preuve à la charge de l'assuré
B - L'Expertise
III - FIXATION DE L'INDEMNITE EN CAS DE SINISTRE TOTAL
A - Assurances de personnes
B - Assurances de dommages
C - Procédures légales de réglement
a - Procédure d'offre en cas d'accident de la circulation
1 - Délais de l'offre :
2 - Sanctions de l'absence d'offre
b - Procédure de réglement du sinistre " DOMMAGES
OUVRAGE "
IV - LA FIXATION DE L'INDEMNITE EN CAS DE SINISTRE PARTIEL
SECTION IV - LA LIMITATION LEGALE DE L'INDEMNITE EN CAS
D'ASSURANCES EXCESSIVES
I - SURASSURANCE EN MATIERE D'ASSURANCE DE CHOSE
A - Surassurance frauduleuse
B - Surassurance non frauduleuse
II - ASSURANCES CUMULATIVES
I - SOUS ASSURANCE
A - PRINCIPE : application de la règle proportionnelle de capitaux
B - Conventions contraires
II - LES DECOUVERTS ET FRANCHISES
A - Découvert obligatoire
B - Franchises
III - COMPENSATION DE L'INDEMNITE AVEC LES PRIMES DUES
CHAPITRE III
LE REGLEMENT DU SINISTRE
I - DEFINITION DU SINISTRE
A - NOTION GENERALE DE SINISTRE
Le sinistre est constitué par réalisation de l'évènement prévu par la Police d'assurance et
entraînant la mise en jeu de la garantie.
Il se décompose en :
Les pertes et les dommages occasionnés par des cas fortuits ou causés par la faute
de l'assuré sont à la charge de l'assureur, sauf exclusion fomelle et limitée contenue
dans la police.
Dans les assurances de responsabilité, l'assureur n'est tenu que si, à la suite du fait
dommageable prévu au contrat, une réclamation amiable ou judiciaire est faite à l'assuré
par le tiers lésé.
Article L 124-1-1 du Code des Assurances (inséré par la loi n°2003-706 du 1 août 2003) :
La garantie est, selon le choix des parties, déclenchée soit par le fait dommageable, soit par
la réclamation (du tiers lésé).
II - LA PREUVE DU SINISTRE
Le sinistre est un fait juridique, dont la preuve peut, selon l'article 9 du Code de Procédure
Civile, être rapportée par tout moyen.
L'assureur ne saurait donc imposer des modalités particulières de preuves (Existence
d'effraction en matière de vol...)
L'assuré doit donner avis à l'assureur, dès qu'il en a eu connaissance, et au plus tard dans
le délai fixé par le contrat, de tout sinistre de nature à entraîner la garantie de l'assureur.
Ce délai minimal est ramené à deux jours ouvrés en cas de vol et à 24 Heures en cas de
mortalité de bétail.
Les délais ci-dessus peuvent être prolongés d'un comun accord entre les parties
contractantes.
Lorsqu'elle est prévue par une clause du contrat, la déchéance pour déclaration tardive ne
peut être opposée à l'assuré que si l'assureur établit que le retard dans la déclaration lui a
causé un préjudice.
Elle ne peut être opposée dans tous les cas où le retard est dû à un cas fortuit ou de force
majeure.
En effet, l'assureur doit être informé rapidement afin de prendre les mesures nécessaires afin
de vérifier, et de limiter l'étendue du sinistre.
S'agissant d'un fait juridique, aucune forme n'est imposée à cette déclaration, mais l'assuré
doit pouvoir en rapporter la preuve, conformément à l'article 9 du NCPC.
Enfin, aucune forme particulière n'est imposée pour la déclaration du sinistre, laquelle peut
avoir lieu par tout moyen : mail, téléphone, courrier, sachant qu'il sera prudent pour l'assuré
de pouvoir rapporter la preuve d'un accusé de réception par l'assureur.
II - OBLIGATIONS CONVENTIONNELLES
Les obligations mises à la charge de l'assuré après la réalisation du sinistre doivent être
expressément mentionnées dans le contrat d'assurance, et acceptées librement entre les
parties, telles que :
L'assureur peut être déchargé, en tout ou partie, de sa responsabilité envers l'assuré, quand
la subrogation ne peut plus, par le fait de l'assuré, s'opérer en faveur de l'assureur.
Il en en ainsi, notamment, lorsque l'assuré a consenti, sans accord de son assureur, une
renonciation à recours à l'encontre du responsable de son dommage, ou a laissé prescrire son
action en réparation à l'encontre de ce dernier.
A - DEFINITION DE LA DECHEANCE
La sanction de la déchéance n'est donc encourue que pour une cause postérieure à la
réalisation du sinistre, et comme telle inopposable à la victime dont le droit est "cristallisé" au
moment de celle-ci.
B - CONDITIONS DE LA DECHEANCE
1 - Conditions formelles
2 - Conditions liées au retard de déclaration du sinistre
1 - CONDITIONS FORMELLES
Selon l'article L 112-4 du Code des Assurances , les clauses des polices édictant des nullités,
des déchéances ou des exclusions ne sont valables que si elles sont mentionnées en
caractères très apparents.
Elle ne concerne que les fautes commises par l'assuré postérieurement au sinistre.
Toutefois, le terme de "déchéance" est parfois utilisé improprement par certaines dispositions
du Code des Assurances pour "exclusion de risque".
Les clauses générales frappant de déchéance l'assuré en cas de violation des lois ou
des réglements, à moins que cette violation ne constitue un crime ou un délit
intentionnel (à rapprocher de L 113-1).
Toutes clauses frappant de déchéance l'assuré à raison du simple retard apporté par
lui à la déclaration du sinistre aux autorités ou à des productions de pièces, sans
préjudice du droit pour l'assureur de réclamer une indemnité proportionnée au
dommages que ce retard lui a causé.
En effet, la loi Evin du 31 Décembre 1989 a modifié l'article L 113-2 du Code des Assurances
de la façon suivante :
Lorsqu'elle est prévue par une clause du contrat, la déchéance pour déclaration
tardive...ne peut être opposée à l'assuré que si l'assureur établit que le retard dans la
déclaration lui a causé un préjudice.
Ce retard doit, notamment, priver l'assureur d'une chance d'être libéré de tout ou partie
de son obligation d'indemnisation, notamment en exerçant un recours contre un tiers
responsable, ou de prévenir l'aggravation du sinistre en prenant en temps utile les
mesures nécessaires.
Cass. Civ. I, 4 Juin 2014, 12-26549 ; RGDA 2014, 387, note M.Asselain - Cass. Civ. I, 7 janvier 1997,
94-21.869 ; RGDA 1999, 616, note A.Favre-Rochex
Il sera le plus souvent difficile à l'assureur de rapporter une telle preuve, car, en pratique, le
fait qu'une déclaration de sinistre ne préjudie pas à l'assureur, sauf si des constatations ou
mesures urgentes s'imposaient pour limiter les conséquences dommageables du sinistre.
Il en est notamment ainsi lorsque l'assuré n'avise pas son assureur d'une assignation en justice,
et le prive de la possibilité d'organiser une défense efficace.
Les clauses de déchéance pour déclaration tardive ne sont pas applicables lorsque l'assuré
justifie qu'il a été mis, par suite d'un cas fortuit ou de force majeure, dans l'impossibilité de
faire sa déclaration dans le délai prévu (L 113-2 4e).
Dans tous les cas, le contrat demeure valable, seul le sinistre est concerné par la sanction.
Preuve de la déchéance :
Conformément à l'article 1353 al.2 du Code Civil, c'est à l'assureur qui se prétend
libéré d'une partie de son obligation de garantie de rapporter la preuve de la faute de
l'assuré.
Renonciation implicite :
S'il connaissait l'existence d'un cas de déchéance, l'assureur peut également être
présumé avoir renoncé à invoquer la sanction, à défaut de réserves à l'occasion de :
C'est pourquoi l'assureur aura toujours intérêt à faire des réserves sur le principe et le
montant de sa garantie, notamment s'il demeure tenu de régler le sinistre au tiers
victime.
Opposabilité de la déchéance :
La déchéance est non seulement opposable à l'assuré souscripteur lui même, mais
encore aux bénéficiaires d'une stipulation pour autrui, notamment en cas
d'assurance pour compte, ou pour le bénéficiaire de l'indemnité en cas de décès.
Inopposabilité de la déchéance :
...
Les polices d'assurance contre les accidents du travail doivent spécifier que
l'assureur ne peut opposer aucune déchéance aux victimes ou à leurs ayants
droit.
Les clauses de déchéance, sanctionnant une faute commise par l'assuré postérieurement au
sinistre, sont donc inopposables :
I - Nature de la prestation
II - Preuve de l'obligation de l'assureur
I - NATURE DE LA PRESTATION
Il résulte de l'article L 113-5 du Code des Assurances, aux termes duquel "l'assureur doit
exécuter dans le délai convenu la prestation déterminée par le contrat, et ne peut être tenu
au delà ".
Mais l'assureur peut être débiteur d'autres obligations, notamment des obligations de faire,
telles que :
pourvoir, à ses frais, à la défense pénale ou civile ou de son assuré après un sinistre
mettant en jeu la garantie du contrat : défense-recours, protection juridique...
effectuer une mesure d'assistance : dépannage, rapatriement, recherche de fuites, perte
de clés...
reconstitution de médias ou d'archives après un sinistre...
La détermination du montant de l'indemnité due par l'assureur est en principe fixée de gré à
gré entre l'assuré et son assureur.
Dans tous les cas, c'est à l'assuré de rapporter la preuve de l'existence de son dommage.
En cas de difficulté, la détermination de l'indmemnité due pourra être apportée par une
expertise amiable ou judiciaire.
1.
Mais il peut s'agir également d'une obligation de faire : assistance, Protection Juridique...
2.
Il résulte de l'article 1353, al.1 du Code Civil que c'est à celui qui en revendique le bénéfice de
la garantie, de rapporter la preuve de la dette d'indemnité de l'assureur à son égard.
La preuve du sinistre, fait juridique, peut être rapportée par tout moyen : (Article 9 Code de
Procédure Civile)
3.
Dès lors que le bénéficiaire de la garantie apporte cette preuve, c'est à l'assureur qui entend se
dégager, de rapporter la preuve de sa libération, en établissant l'existence d'une exclusion
directe ou indirecte de risque (Article 1353, al.2 du Code Civil
Par ailleurs, il est de Juriprudence constante que la décision judiciaire condamnant l'assuré à
raison de sa responsabilité constitue, pour l'assureur de responsabilité, la réalisation tant
dans son principe que dans son étendue, du risque couvert et lui est, dès lors, opposable, à
moins de fraude à son encontre :
Cass. Civ. III, 18 février 2016, 14-29200 - Cass. Civ. I, 29 oct. 2014, 13-23506 ; RGDA 2015, 39, note
P.Asselain – Cass. Civ. I, 23 Octobre 2013, 12-20102 (Juridiction étrangère) - Cass. Civ. II, 12 mai 2005, 04-
12638 - Cass. Civ. 12 Juin 1968, 66-11076 - 65-14399 ; Dalloz 1969, Jur. 279, note A.Besson ; JCP 1969, II,
15584, Conc. Lindon
B - L'EXPERTISE
1 - Expertise amiable
2 - Expertise judiciaire
Elle peut même être imposée par le contrat dans certains risques, tels que celui d'incendie, ou
l'assurance "dommages-ouvrage".
Dans tous les cas, la désignation amiable d'Expert amiable interrompt la prescription
biennale (A. L 114-2 du Code des Assurances). Mais cette presciption repart pour deux ans
après cette désignation, et n'est pas suspendue pendant la durée des opérations de
l'Expert.
1 - EXPERTISE AMIABLE
Lorsque le sinistre est d'une certaine importance, l'assureur peut confier à un Expert la
mission d'établir un "Rapport de Reconnaissance" qui lui donnera tous les éléments
nécessaires afin de déterminer les causes du sinistre, de chiffrer le montant de l'indemnité et
d'envisager un éventuel recours à l'encontre de l'auteur du dommage.
Le recours à l'expertise amiable est prévu dès l'Ordonnance sur la Marine de 1631, prévoyant
que les assureurs peuvent faire examiner le navire ou les marchandises par des personnes
ayant les connaissances nécessaires pour estimer les dommages. On les appelle encore
aujourd'hui "Commissaire d'Avarie".
A la fin du XIXe naquit la distinction entre "Experts des sociétés d'assurances" et "Experts
d'Assuré".
Experts incendie
Experts Construction
Experts en automobile
Médecins Experts
Il s'agit, dans tous les cas, de professionnels indépendants, inscrits sur une liste
professionnelle, et astreint à une Déontologie.
Les Experts amiables ont pour mission de constater les dommages, en rechercher l'origine et
les causes, en évaluer le montant, et rechercher si les conditions d'application du contrat
d'assurance sont réunis.
Ils sont chargé de fixer contradictoirement le montant des dommages avec l'assuré, ou
éventuellement l'Expert de ce dernier.
Ils sont également chargés d'exercer des recours amiables à l'encontre de l'auteur du
dommage et de son assureur en respectant un formalisme contradictoire.
2 - EXPERTISE JUDICIAIRE
Il résulte de l'article 145 du Code de Procédure Civile que s'il existe un motif légitime de
conserver ou d'établir avant tout procès la preuve de faits dont pourrait dépendre la solution
d'un litige, les mesures d'instruction légalement admissibles peuvent être ordonnées à la
demande de tout intéressé, sur requête ou en référé.
Il en est ainsi lorsque l'expertise amiable n'a pas permis aux parties de se mettre d'accord sur
les conditions ou le montant d'un sinistre.
L'expertise judiciaire est également utilisée lorsque la responsabilité d'un tiers est
susceptible d'être engagée du fait d'un sinistre, permettant à l'assureur d'envisager d'exercer
son recours subrogatoire à l'encontre de ce tiers.
Le juge peut commettre toute personne de son choix pour l'éclairer par des constatations, par
une consultation ou par une expertise sur une question de fait qui requiert les lumières d'un
technicien.
Il est commis par le Juge avec une mission précise, qu'il doit accomplir dans un délai
déterminé, sous réserve de prorogation.
Si besoin est, il peut se faire assister d'un "sapiteur", qui est un autre Expert choisi dans une
discipline différente de la sienne.
L'Expert accompli sa mission sous la surveillance du Juge qui l'a désigné, et à qui il peut
faire part des difficultés qu'il rencontrerait dans l'exercice de sa mission.
Mais le Tribunal n'est pas lié par les Conclusions du rapport déposé, et peut avoir une
appréciation différente.
A - ASSURANCES DE PERSONNES
Dans les assurances de personnes, la somme assurée peut être forfaitaire, telle que
déterminée par le contrat.
C'est ainsi que dans le cas d'une assurance-Vie ou Invalidité, l'assureur versera au bénéficiaire
le capital prévu au contrat, soit en totalité, soit selon le pourcentage d'invalidité de l'assuré.
Mais l'article L 131-2, alinéa 2, prévoit que cette prestation peut avoir un caractère
"indemnitaire" permettant alors à l'assureur de bénéficier d'une subrogation :
Il s'agit de prestations directement fonction du préjudice subi par l'assuré, tel que
proportionnnelle à une perte de rémunération pendant un arrêt de travail, ou une perte
d'emploi.
B - ASSURANCES DE DOMMAGES
1.
Principe indemnitaire :
Il résulte de l'article L 121-1, al.1, du Code des Assurances que :
L'assurance relative aux biens est un contrat d'indemnité : l'indemnité due par l'assureur à
l'assuré ne peut pas dépasser le montant de la chose assurée au moment du sinistre.
2.
Montant de l'indemnité :
Conformément à l'article 1353, al.1, du Code Civil , c'est à l'assuré de rapporter la preuve de
la valeur de la chose sinistrée et de l'étendue de son dommage, laquelle constitue le
montant maxima de l'indemnité due par l'assureur.
L'assurance en "valeur agréée" évite les contestations sur la valeur de la chose assurée,
notamment en cas de perte totale, lorsque l'assurance porte sur des corps certains, tels une
oeuvre d'art.
Généralement, le montant du dommage est fixé d'un commun accord entre l'assuré et
l'assureur.
La T.V.A. récupérable peut être déduite de l'indemnité due par l'assureur, si l'assuré la
récupère.
Le bien endommagé doit être évalué en valeur à neuf, auquel on attribue un coefficient de
vétusté.
4.
5.
Par ailleurs, l'assureur peut être redevable d'intérêts moratoires, au taux légal, depuis le jour
à compter duquel il a été mis en demeure de payer.
En matière d'accident de la circulation, l'article L 211-9 du Code des Assurances prévoit que :
Quelle que soit la nature du dommage, dans le cas où la responsabilité n'est pas contestée et
où le dommage a été entièrement quantifié, l'assureur qui garantit la responsabilité civile du
fait d'un véhicule terrestre à moteur est tenu de présenter à la victime une offre d'indemnité
motivée dans des délais déterminés.
Lorsque la responsabilité est rejetée ou n'est pas clairement établie, ou lorsque le dommage
n'a pas été entièrement quantifié, l'assureur doit, dans ces mêmes délais, donner une réponse
motivée aux éléments invoqués dans la demande.
En cas de pluralité de véhicules, et s'il y a plusieurs assureurs, l'offre est faite par l'assureur
mandaté par les autres.
a - Délais de l'offre
b - Sanctions de l'absence d'offre
a - Délais de l'offre :
Principe :
L'offre doit être faite par l'assureur dans le délai de trois mois à compter de la demande
d'indemnisation qui lui est présentée.
Une offre d'indemnité doit être faite à la victime qui a subi une atteinte à sa personne
dans le délai maximum de huit mois à compter de l'accident.
En cas de décès de la victime, l'offre est faite à ses héritiers et, s'il y a lieu, à son
conjoint.
L'offre comprend alors tous les éléments indemnisables du préjudice, y compris les
éléments relatifs aux dommages aux biens lorsqu'ils n'ont pas fait l'objet d'un
règlement préalable.
Cette offre peut avoir un caractère provisionnel lorsque l'assureur n'a pas, dans les
trois mois de l'accident, été informé de la consolidation de l'état de la victime.
L'offre définitive d'indemnisation doit alors être faite dans un délai de cinq mois
suivant la date à laquelle l'assureur a été informé de cette consolidation.
L'article 211-13 du Code des Assurances prévoit que lorsque l'offre n'a pas été faite dans les
délais précités, le montant de l'indemnité offerte par l'assureur ou allouée par le juge à la
victime produit intérêt de plein droit au double du taux de l'intérêt légal à compter de
l'expiration du délai et jusqu'au jour de l'offre ou du jugement devenu définitif.
La sanction cesse :
Cette sanction a un caractère automatique, mais peut être réduite par le Juge en raison de
circonstances non imputables à l'assureur.
En cas de transaction l'article L 211-17 du Code des. Assurances disppose que l'indemnité
doit être versée dans le délai de un mois à compter de l'expiration du délai de rétractation
de quinze jours, faute de quoi les sommes non versées produisent de plein droit intérêt au
taux légal majoré de moitié pendant deux mois, puis à l'expiration de ces deux mois, au
double du taux légal.
En cas de condamnation résultant d'une décision de justice exécutoire, (L211-18) même
par provision :
Taux de l'intérêt est majoré de 50% à l'expiration d'un délai de deux mois,
Doublé à l'expiration d'un délai de quatre mois à compter du jour de la décision de
justice, lorsque celle-ci est contradictoire, et dans les autres cas, du jour de la
notification de la décision.
L'article 242-1 du Code des Assurances met à la charge de tout Maître d'ouvrage de bâtiment
l'obligation d'une police d'assurance garantissant, en dehors de toute recherche de
responsabilité, le paiement des travaux de réparation relevant des garanties légales.
En cas de difficultés " exceptionnelles ", l'assuré peut demander l'accord de l'assuré
pour proroger le délai précité à 135 jours.
En cas d'acceptation, par l'assuré, de l'offre qui lui est faite, le règlement doit
intervenir dans un délai de 15 jours.
Lorsque l'assureur ne respecte pas les délais précités, ou formule une offre insuffisante,
L'assuré peut, après l'avoir notifié à l'assureur, engager les dépenses nécessaires à la
réparation des dommages,
L'indemnité à la charge de l'assureur étant alors majorée de plein droit d'un intérêt
égal au double du taux d'intérêt légal.
L'ssuré peut demander au Juge des Référés le paiement d'une provision
correspondant au montant de ces dépenses, à condition d'avoir respecté la procédure
de déclaration de sinistre.
L'évaluation de l'indemnité pose parfois un problème lorsque la chose assurée n'a été que
partiellement sinistrée, telle qu'une maison partiellement détruite par un incendie, une œuvre
d'art détériorée par un dégât des eaux, ou un véhicule automobile endommagé à l'occasion
d'un accident de la circulation.
A - SURASSURANCE FRAUDULEUSE
Il s'agit essentiellement de l'hypothèse d'un assuré qui, croyant réaliser une opération
avantageuse, fait assurer une chose pour une valeur déclarée bien supérieure à sa valeur
réelle en cas de sinistre.
Cette violation du principe indemnitaire est de nature à favoriser les sinistres frauduleux.
C'est pourquoi la loi permet à l'assureur d'invoquer la nullité du contrat et de demander des
dommages intérêts correspondant au préjudice qui lui a été causé, à condition de rapporter
la preuve de mauvaise foi de l'assuré dans la détermination de la valeur déclarée, dans le
but de réaliser un profit illicite..
Dans la mesure où la nullité du contrat est prononcée, l'assureur peut également exercer une
action en répétition des indemnités antérieurement versées pour de précédents sinistres.
S'il n'y a eu ni dol ni fraude, le contrat est valable, mais seulement jusqu'à
concurrence de la valeur réelle des objets assurés.
Le principe indemnitaire est ainsi sauvegardé, soit que l'assuré ait été de bonne foi, soit que
la mauvaise foi n'ait pas pu être prouvée par l'assureur.
Toutefois, le texte précise que l'assureur n'a pas droit aux primes pour l'excédent, et que
seules les primes échues lui restent définitivement acquises, ainsi que la prime de l'année
courante quant elle est à terme échu.
L'assureur conserve donc les primes échues et la prime en cours à son taux initial, mais la
prime sera réduite pour l'avenir.
L'assuré peut donc se prévaloir de cette disposition pour obtenir une diminution de
prime s'il constate une diminution de valeur de la chose assurée en cours de contrat.
De plus, il arrive fréquemment que des biens assurés neufs diminuent progressivement de
valeur par vétusté (automobiles, ordinateurs...).
II - ASSURANCES CUMULATIVES
A - Conditions du cumul
B - Obligation d'information
C - Nullité en cas de mauvaise foi de l'assuré
D - Le réglement des assurances cumulatives
Celui qui est assuré auprès de plusieurs assureurs par plusieurs polices, pour un
même intérêt, contre un même risque, doit donner immédiatement à chaque
assureur connaissance des autres assureurs.
Quant elles sont contractées sans fraude, chacune d'elles produit ses effets dans les
limites des garanties du contrat, et dans le respect des dispositions de l'article L 121-
1, quelle que soit la date à laquelle l'assurance aura été souscrite. Dans ces limites,
le bénéficiaire du contrat peut obtenir l'indemnisation de ses dommages en
s'adressant à l'assureur de son choix.
Dans les rapports entre assureurs, la contribution de chacun d'eux est déterminée
en appliquant au montant du dommage le rapport existant entre l'indemnité qu'il
aurait versée s'il avait été seul et le montant cumulé des indemnités qui auraient été
à la charge de chaque assureur s'il avait été seul.
N'ont donc pas de caractère cumulatif, les garanties soucrites par le bénéficiaire d'une assurance, et par un tiers,
portant sur le même intérêt et le même risque (tel que dans l'assurance T.R.C. : pour les polices souscrites par le
Maître de l'Ouvrage, et garantissant la responsabilité des différents constructeurs).
Après leur condamnation par la Jurisprudence, la Loi du 1er Août 2003 a autorisé les
assureurs à proposer des contrats en base réclamation (Claim's made), à condition :
que la police garantisse toute réclamation présentée par la victime pour des faits
dommageables survenus antéieurement à l'expiration de la Police,
et dans un délai d'un minimum de cinq années après celle-ci.
Dans la mesure où l'assuré était précédemment garanti sur la base du "fait dommageable", il
peut y avoir cumul d'assurance entre les deux garanties successives.
C'est pourquoi, la loi du 1er Août 2003 à prévu, dans l'article L 121-4 d Code des Assurances
:
Lorsqu'un même sinistre est susceptible de mettre en jeu les garanties apportées par
plusieurs contrats successifs, la garantie déclenchée par le fait dommageable ayant
pris effet postérieurement à la prise d'effet de la loi nº 2003-706 du 1er août 2003 de
sécurité financière est appelée en priorité, sans qu'il soit fait application des
quatrième et cinquième alinéas de l'article L. 121-4.
Ne resteront donc cumulatifs, que les contrats "fait dommageables" souscrits avant le 3
Novembre 2003, date d'application de la loi du 1er Août 2003, avec des contrats "base
réclamation" souscrits ultérieurement.
Assurance en lignes
Il ne s'agit donc pas d'assurances cumulatives au sens de l'article L 121-4 du Code des
Assurances, puisqu'il ne peut y avoir d'enrichissement de l'assuré, lequel sait à quel assureur il
peut s'adresser.
Elles ne peuvent donc donner lieu à une répartition proportionnelle entre les assureurs.
Il n'existe aucun cumul d'assurance lorsqu'a été souscrit, pour le compte d'une société filiale,
une assurance de second rang venant en complément et après épuisement des garanties et
franchises des polices souscrites par cette même société pour son propre compte :
Cass. Civ. III, 15 Mars 2006, 04-20228 ; RC et Ass. 2006, 207
A défaut de subsidiarité, notamment lorsque les deux polices garantissent le même risque,
dans les mêmes conditions, elles restent cumulatives :
Cass. Civ. II, 9 Juillet 2009, 07-21855 et 07-22071, note H.Groutel "Clauses de subsidiarité de second rang" ,
RC et Ass. 2009, 304.
Il s'agit d'un mécanisme très fréquent mis en oeuvre dans les programmes d'assurance
internationaux, en cas de souscription d'une police par une société mère pour le compte de sa
filiale , et celle souscrite par cette filale pour son propre compte, et ce d'autant plus qu'il n'y a
pas alors identité de souscripteur.
B - OBLIGATION D'INFORMATION.
Celui qui est assuré auprès de plusieurs assureurs par plusieurs polices, pour un
même intérêt, contre un même risque, doit donner immédiatement à chaque
assureur connaissance des autres assureurs.
L'assurance étant régie par le principe indemnitaire, on ne voit pas ce qui pourrait pousser un
assuré à souscrire, en connaissance de cause plusieurs polices pour le même risque, ce qui ne
peut qu'aggraver inutilement la charge des primes.
Le cumul d'assurance est donc souvent le fruit d'une négligence ou d'une mauvaise gestion de
l'assuré qui connaît mal le contenu des garanties déjà souscrites:
Exemples :
Société mère qui assure ses filiales, lesquelles sont totalement et partiellement
assurées par ailleurs.
Père de famille qui assure l'appartement de son fils étudiant qui l'assure de son côté.
Propriétaire d'une marchandise transportée qui l'assure, alors que celle-ci a déjà été
assurée à son profit par le transporteur.
Bénéficiaire d'une assurance pour compte, qui ignore la garantie souscrite par un tiers
à son profit.
C'est pourquoi il est très rare, en pratique, que l'assuré déclare ses assurances cumulatives.
Toutefois, le cumul d'assurance, pourrait également être utilisé comme un moyen de tenter
d'obtenir plusieurs fois l'indemnité pour un même sinistre.
Quand plusieurs assurances contre un même risque sont contractées de manière dolosive ou
frauduleuse, les sanctions prévues à l'article L 121-3 (surassurance), premier alinéa, sont
applicables :
En pratique, la mauvaise foi sera prouvée lorsque l'assuré aura déclaré le sinistre à plusieurs
assureurs, en réclamant à chacun d'eux la totalité de l'indemnité, sans en informer les autres.
Là encore, les assureurs pourront invoquer cette mauvaise foi, lorsque l'intention de réaliser
un profit illicite sera établie.
Mais les assureurs peuvent rester dans l'ignorance du règlement du sinistre par d'autres
assureurs...
Quand elles sont contractées sans fraude, chacune d'elles produit ses effets dans les
limites des garanties du contrat et dans le respect des dispositions de l'article L 121-
1, quelle que soit la date à laquelle l'assurance aura été souscrite.
Dans ces limites, le bénéficiaire du contrat peut obtenir l'indemnisation de ses dommages en
s'adressant à l'assureur de son choix.
Le fait que l'assuré ne s'adresse qu'à un seul assureur laisse en principe présumer sa bonne foi,
sauf dans le cas où un autre assureur aurait pu lui opposer une compensation de prime.
Dans les rapports entre assureurs, la contribution de chacun d'eux est déterminée
en appliquant au montant du dommage le rapport existant entre l'indemnité qu'il
aurait versée s'il avait été seul et le montant cumulé des indemnités qui auraient été
à la charge de chaque assureur s'il avait été seul.
Dans les rapports entre assureurs, la contribution de chacun d'eux est déterminée en
proportion du montant de leur garantie.
Depuis l'arrêt du 21 Novembre 2000, la Jurisprudence estime que des Polices ne peuvent être
cumulatives, au sens de l'article L 121-4 du Code des Assurances, que si elles ont été
souscrites par le même souscripteur :
Dans la mesure où il existe deux polices n'ayant pas le même souscripteur, elles n'ont aucun
caractère cumulatif, de sorte que les dispositions du cinquième alinéa de l'article L 121-4,
relatives au recours entre assureurs, ne sont en principe pas applicables.
Il s'agit donc d'assurances multiples qui recouvrent toutes les hypothèses dans lesquelles un
même risque se trouve garanti par plusieurs contrats d'assurances, auprès d'un même assureur
ou, plus souvent, d'assureurs différents.
Celles-ci sont donc soumises au principe indemnitaire de l'article L 121-1, lequel est d'ordre
public, et s'oppose à ce que l'assuré perçoive une indemnisation supérieure au préjudice
effectif.
On peut, par exemple, envisager le cas d'un propriétaire qui souscrit une garantie d'assurance de dommages
auprès d'un assureur, destiné à garantir le bien loué contre le risque d'incendie.
De son côté, son locataire peut avoir souscrit une garantie d'assurance pour le compte de son propriétaire,
destinée à garantir le même risque, sachant que, dans ce cas, une telle assurance a pour effet de garantir la
responsabilité de l'assuré, du fait de l'incendie.
Il ne fait aucun doute que le propriétaire, qui dispose d'une double garantie d'assurance, peut s'adresser à
l'assureur de son choix, mais ne pourra recevoir qu'une seule et unique indemnisation correspondant au montant
de son dommage.
S'il s'adresse à son propre assureur, celui-ci sera contractuellement obligé de garantir le sinistre.
Toutefois, dans le cadre de sa subrogation légale l'assureur du propriétaire a la possibilité de se retourner contre
l'assureur du locataire responsable, dans le cadre de sa garantie responsabilité civile, pour obtenir le
remboursement de la totalité de l'indemnité versée.
De son côté, le propriétaire, en sa qualité de tiers lésé, peut également demander la totalité de l'indemnisation à
l'assureur du locataire, lequel devra s'exécuter.
On peut alors estimer que les obligations entre les deux assureurs ont été contractées
"solidairement".
Selon l'article 1313 du Code Civil, la solidarité entre les débiteurs oblige chacun d'eux à toute
la dette. Le paiement fait par l'un d'eux les libère tous envers le créancier. Le créancier peut
demander le paiement au débiteur solidaire de son choix. Les poursuites exercées contre l'un
des débiteurs solidaires n'empêchent pas le créancier d'en exercer de pareilles contre les
autres.
L'Article 1317 dispose que, entre eux, les codébiteurs solidaires ne contribuent à la dette que
chacun pour sa part et que celui qui a payé au-delà de sa part dispose d'un recours contre les
autres à proportion de leur propre part.
Saisis d'un recours en garantie de la part d'un des co-obligés, le Juge est donc tenu de statuer
sur la contribution à la dette de chacun des co-obligés condamné in solidum :
Cass. Civ. III, 28 Mai 2008, 06-20403 ; Dalloz 2008, 1622, Obs. Rouquet.
Cette solution est conforme à celle de l'article 1303 du Code Civil, prohibant l'enrichissement
injustifié d'un assureur ayant perçu des primes sans en assumer la contrepartie.
Cass. Civ., 7 Juin 1977, 76-10143, Bull. Civ. I, 266 - Cass. Civ., I, 12 novembre 1987, 85-17383 ; Bull. Civ. I,
290
Il en résulte qu'en définitive, la solution sera identique à celle existant en matière d'assurances
cumulatives, et que les deux assureurs devront participer, en fonction de leurs engagements
réciproques, à l'indemnisation du sinistre.
I - SOUS ASSURANCE
A - Principe : Application de la règle proportionnelle de capitaux
B - Possibilité de Conventions contraires
Il reste ainsi son propre assureur pour une partie de la valeur de la chose assurée.
Il s'agit de l'expression de la liberté contractuelle des parties, laquelle ne peut être considérée
comme une fraude.
Dès lors, il n'y a pas lieu à application de la sanction de la règle proportionnelle de taux de
prime (L 113-9) , qui ne concerne que la fausse déclaration du risque, en l'absence de
mauvaise foi du souscripteur.
La sous-assurance peut également être le fruit d'une erreur dans la déclaration de la valeur du
risque assuré, ou d'une augmentation de cette valeur avec le temps, sans que l'assuré ait pensé
à adapter le montant de ses garanties en conséquence.
S'il résulte des estimations que la valeur de la chose assurée excède au jour du
sinistre la somme garantie, l'assuré est considéré comme restant son propre
assureur pour l'excédent, et supporte, en conséquence, une part proportionnelle du
dommage, sauf convention contraire.
ex: Si le bien a une valeur de 15.000 E, mais qu'il ait été déclaré pour une valeur de 10.000 E,
la garantie de l'assureur est limitée à la somme assurée de 10.000 E.
Ex. : Dans l'exemple précédent, si le bien n'a été détruit qu'à concurrence de moitié, le
dommage est de 7.500 E.
B - CONVENTIONS CONTRAIRES.
L'application de la règle proportionnelle est souvent ressentie comme une sanction par
l'assuré qui se voit insuffisamment garanti.
Le principe indemnitaire n'étant pas affecté par cette règle, il est possible d'apporter dans le
contrat divers aménagements permettant d'éviter les effets de la sous assurance:
Lorsqu'une même police garantit plusieurs objets distincts, la règle proportionnelle joue, en
principe, article par article.
Toutefois, il est possible de prévoir dans la police une clause de réversibilité, ou report
d'excédent, au terme de laquelle l'excédent constaté sur les objets qui peuvent être
surassurés peut être reporté sur ceux qui sont sous assurés.
exemple: 2 objets :
L'effet de la clause a pour effet de transférer au deuxième objet la surassurance constaté sur le
premier, évitant ainsi la sous assurance de ce dernier.
2 - LA CLAUSE DE TOLERANCE.
Le contrat peut prévoir que l'assureur renonce à invoquer purement et simplement la sous-
assurance.
L'assureur peut renoncer également à invoquer une sous assurance qui n'excéderait pas
une proportion déterminée, par exemple 10 ou 20 %. Il s'agit d'une clause fréquente dans les
contrats d'assurance de chose.
Après sinistre, l'assureur peut aussi renoncer à invoquer la sous assurance, pour des raisons
commerciales, lorsqu'elle est minime.
Pour lutter contre l'érosion monétaire, le risque assuré est affecté d'un indice de base, tel que
l'indice du coût de la construction en matière d'assurance incendie, au jour de la conclusion du
contrat.
Lorsqu'il y plusieurs biens assurés, la police fixe un capital global, représentant le montant
maximal des dommages que pourrait causer un seul sinistre.
L'assuré obtient ainsi une garantie totale à concurrence de la somme assurée, alors que la
totalité des "existences" représente des capitaux bien supérieurs.
Il est constaté qu'un sinistre incendie ne peut, en fait, occasionner des dommags
supérieurs à 800.000 Euros.
Il peuvent également convenir d'une clause dite de "reconstitution de prime" aux termes de
laquelle, si le total des indemnités payées en une seule année d'assurance ne saurait excéder la
somme assurée, l'assuré peut conserver la garantie initiale en payant une prime
complémentaire.
Enfin, dans l'assurance au premier risque absolu la prime peut n'être fixée que d'après le
simple capital garanti, sans déclaration d'existences, avec abandon de la règle proportionnelle
de capitaux.
Couramment utilisées pour l'assurance des stocks ou d'une flotte de véhicules (Police
"flotte").
A - DECOUVERT OBLIGATOIRE
Cette clause oblige l'assuré à conserver à sa charge une part du dommage fixée,
correspondant soit à un pourcentage du dommage, soit à un capital forfaitaire.
Elle a pour objet de "moraliser" l'assurance, et de faire en sorte d'obliger l'assuré à faire
preuve de vigilance pour prévenir la réalisation du risque.
Parce qu'il est obligatoire, ce découvert doit rester effectivement à la charge de l'assuré à qui
le contrat interdit de souscrire une garantie complémentaire.
Toutefois, dans ce dernier cas, le texte précise que ce découvert n'est pas opposable aux
tiers bénéficiaires.
B - FRANCHISES
1 - la franchise simple selon laquelle l'assureur ne prend pas en charge les sinistres inférieurs
à un montant déterminé.
Ne sont donc pas garantis tous les petits sinistres qui ont pour effet d'alourdir les coûts de
gestion des assureurs.
Elle a cependant l'inconvénient d'inciter l'assuré à majorer le coùt des sinistres, voire de le
pousser à les aggraver.
2 - la franchise absolue, est une somme ou un pourcentage qui est déduit systématiquement
de tous les sinistres.
La franchise se distingue du découvert dans la mesure ou elle peut parfois être "rachetable"
moyennant surprime.
En principe, les franchises sont opposables aux tiers et aux victimes exerçant l'action
directe, sauf en matière d'assurance obligatoire de construction ou du risque
automobile.
Dans ces deux derniers cas, l'assureur peut cependant récupérer sa franchise auprès de
l'assuré.
Elle s'opère, sous réserve d'être invoquée, à due concurrence, à la date où ses conditions se
trouvent réunies. .
C'est ainsi que la jurisprudence admet que l'assureur puisse compenser les indemnités
dont il est redevable avec les primes qui lui restent dues par l'assuré.
La jurisprudence admettait également que cette compensation soit opposable à tous les
bénéficiaires, y compris les tiers victimes exerçant l'action directe.
2.
Toutefois, dans un arrêt de principe du 31 mars 1993, la Première Chambre Civile de la Cour
de Cassation a opéré un revirement de jurisprudence, en affirmant que :
Cass. Civ. I, 31 mars 1993, 91-13637 ; RGAT 1993, R.C. et Ass. 1993, chr. N°18
Cass. Civ. II, 1er Juin 2011, 28 Avril 2011, 10-15181 ; RGDA 2012, p.46, note A. Pélissier
L'abus du droit de l'assureur de se défendre en justice, après avoir refusé d'exécuter son
contrat, n'est susceptible d'engager sa responsabilité sur le fondement de l'article 1240 du
Code Civil, que si son comportement fautif est caractérisé :
Cass. Civ. II, 30 juin 2004, 02-19758 ; R.C. et Ass. 2004, n°282 et 314.
L'assureur devra donc toujours avoir une "bonne raison" pour différer son réglement. Celle-ci
peut résulter d'investigations de son Expert laissant présager que la garantie n'est pas due,
notamment si le caractère volontaire du sinistre est évoqué. Toutefois, l'assureur ne peut se
faire justice lui-même, et a intérêt à solliciter sans attendre une mesure d'expertise judiciaire,
sur le fondement de l'article 145 du Code de Procédure Civil, afin de démontrer sa "bonne
foi".
CHAPITRE IV
LA SUBROGATION DE L'ASSUREUR
APRES PAIEMENT DE L'INDEMNITE
A noter toutefois, que l'article L 121-12 du Code des Assurances ne fait pas partie des
dispositions qui ne peuvent être modifiées par convention visées limitativement à l'article L
111-2. Les parties peuvent donc y renoncer.
Ce recours subrogatoire peut être exercé contre toute personne responsable, y compris l'Etat.
Cass. Civ. II, 12 mai 2010, 08-21966 ; RGDA 2010, 696, note S. Abravanel-Joly
Cette possibilité de recours, jouera d'ailleurs un rôle dans la détermination de la prime,
puisque, dans certains cas, l'assureur pourra récupérer tout ou partie de l'indemnité versée du
fait du sinistre.
C'est ainsi que, par exemple, lorsqu'il aura indemnisé son assuré :
Dans ces cas, l'assureur devra pouvoir agir en qualité de subrogé dans les droits et actions
de son assuré, lequel peut d'ailleurs être considéré comme la victime du dommage.
L'assureur de responsabilité, qui a désinteressé une victime, peut avoir intérêt à se prévaloir
des droits et actions de la victime, plutôt que de ceux de son assuré :
L'assureur de dommage, y compris celui de la victime, pourra, selon les cas, et selon son
intérèt, invoquer la subrogation dans les droits de l'assuré qui lui est reconnu par le
Code des Assurances, ou dans ceux de la victime, sur le fondement du droit commun :
Cass. Civ. II, 8 Juillet 2010, 09-69202 ; RGDA 2010, 1038, note A. Pélissier.
Voir : C.Charbonneau et L.Lefebvre "Le recours subrogatoire conféré à l'assureur de personnes à l'encontre par
l'effet de la loi", Revue Lamy Droit Civil, Février 2008, p.13, n°2846 ; H.Margeat, RGAT, 1993, 251.
Enfin, il résulte de l'article 1346-3 du Code Civil que La subrogation ne peut nuire au
créancier lorsqu'il n'a été payé qu'en partie ; en ce cas, il peut exercer ses droits, pour ce
qui lui reste dû, par préférence à celui dont il n'a reçu qu'un paiement partiel :
Par ailleurs, il est équitable que le véritable auteur du dommage, ou son assureur, n'échappe
pas à son obligation d'indemnisation dont il doit conserver la charge finale.
C'est pourquoi, bien que l'assureur ait perçu des primes en contrepartie de son obligation de
garantie, la loi de 1930 a reconnu à l'assureur une subrogation dans les droits de son assuré
qu'il a indemnisé, afin de lui permettre, et à lui seul, de recourir contre le tiers responsable.
C'est pourquoi, très tôt, les polices avaient inséré des clauses de subrogation conventionnelles
au profit de l'assureur après paiement de l'indemnité.
La loi de 1930 a consacré cette pratique, et il résulte de l'article L 121-12 du Code des
Assurances que :
l'assureur qui a payé l'indemnité d'assurance est subrogé, jusqu'à concurrence de cette
indemnité, dans les droits et actions de l'assuré contre les tiers qui, par leur fait, ont causé
le dommage ayant donné lieu à la responsabilité de l'assureur.
La subrogation de L. 121-12 du code des assurances peut donc bénéficier à l'assureur dès lors
que son assuré n'est pas le seul auteur du dommage :
Cass. Com., 29 septembre 2015, 14-14533 14-14953 ; RGDA 2015, 547, note A.Pélissier
La subrogation légale dans les droits de l'assuré intervient de plein droit au moment du
règlement de l'indemnité.
C'est le paiement de l'indemnité qui donne naissance à la subrogation légale dans les droits de
l'assuré.
Il suffit donc à l'assureur de prouver son paiement par tout moyen : accusé de réception de
l'assuré, quittance, voire même justificatifs de débits bancaires...
B - L'INDEMNITE DOIT ETRE PAYEE EN VERTU DU CONTRAT
D'ASSURANCE.
Il peut arriver que l'assureur paye, à titre commercial, ou par erreur, une indemnité sans que
celle ci soit effectivement due en vertu des clauses et conditions de son contrat d'assurance,
notamment si le sinistre n'est pas garanti par le contrat.
A défaut, le tiers responsable peut contester la recevabilité du recours introduit contre lui,
même si la garantie a été estimée aquise par une convention entre cet assureur et l'asssuré :
Cass. Com., 16 décembre 2014, 13-23342 ; RGDA 03 février 2015 n° 2, P. 89, note A.Pélissier ; RC et Ass.
2015, Com. 108, note H.Groutel ; RGDA 2015, 89, note A.Pélissier ; S.Abravanel-Jolly : "Recevabilité du
recours subrogatoire de l’assureur de choses contre le responsable et son assureur : qualité du responsable
pour contester" : www.actuassurance.com, revue 39, janvier 2015 - Cass. Civ. I, 18 février 2003, 00-10380 ;
RGDA 2003, p.477, note F. Vincent.
Cass. Civ. I, 23 septembre 2003, 01-13.924 ; RGDA 2004, p.412, note J.Kullmann.
L'assureur a pu n'indemniser que partiellement son assuré, soit que le montant de sa garantie
soit plafonnée dans la police, soit qu'il y ait eu application d'une clause de découvert ou de
franchise, soit qu'il y ait eu sanction de réduction proportionnelle de prime de l'article L 113-9
ou de capitaux de L 121-5 (sous-assurance).
Dès lors, l'assuré conserve son recours contre le tiers responsable pour la partie de son
dommage non pris en charge par son assureur.
L'assureur et l'assuré peuvent donc exercer conjointement leur recours contre ce tiers
responsable, et le problème se pose de savoir qui doit supporter l'insolvabilité partielle du
tiers, si celui ci ne peut supporter la totalité de la charge du sinistre.
En vertu de l'article 1346-3 du Code Civil et de l'adage "on ne subroge pas contre soi même",
on doit admettre que l'assuré doit être payé par préférence à l'assureur qui lui a promis sa
garantie, en cas de d'insolvabilité partielle de l'auteur du dommage.
La subrogation permet donc à l'assureur d'agir contre le tiers responsable pour obtenir le
remboursement de l'indemnité versée, dans les mêmes conditions qu'aurait pu le faire
l'assuré.
Elle n'a donc d'intérêt que si une action en responsabilité est envisageable à l'encontre du tiers
responsable du dommage.
L'assureur peut donc se voir opposer le partage de responsabilité entre l'assuré victime et le
tiers responsable, et ne peut, dans ce cas, que recourir partiellement contre ce dernier.
2.
3.
Un problème s'est longtemps posé devant les juridictions pénales, où l'assureur subrogé n'était
pas admis à se constituer partie civile car il n'avait pas souffert personnellement du
dommage, puisque le versement de l'indemnité ne trouvait pas sa cause dans l'infraction
poursuivie, mais dans le contrat d'assurance, et avait pour contrepartie le versement des
primes.
4.
5.
La Cour de Cassation avait estimé que les intérêts moratoires que pouvait exiger l'assureur
subrogé à l'encontre du tiers responsable, couraient à compter de la régularisation de la
quittance subrogatoire :
Cass. Ass. Plèn. 7 Février 1986, 84-15189 ; RGAT 1988, p.340, note J.Bigot; D.1986, jur., p.293,note
A.Bénabent; D.1987,som. P.185, obs. H.Groutel - Cass. Civ. I, 26 Février 1991, 88-10189 ; RGAT 1991, p.315,
note R.Maurice - Cass. Com., 21 Février 1995, 93-11159 ; RGAT 1995, p.320, note F.Vincent.
Cette solution, difficilement justifiable sur le plan juridique, avait l'intérêt de pousser les
assureurs à payer rapidement...
Après avoir condamné à des amendes civiles, les auteurs de pourvois contre cette solution, la
Cour de Cassation a opéré un revirement de jurisprudence, en estimant qu'il résulte de
l'actuel article 1231-6 1153 du Code Civil que le point de départ des intérêts moratoire
ne peut courir qu'à compter de la mise en demeure :
Cass. Civ. I, 7 mai 2002, 99-13.458 ; Dalloz 2002, I.R. 1729 - Cass. Civ. III, 24 Janvier 2007, 06-13028 - 06-14253 ; Dalloz 2007, Chr. p.1299
Si, par son fait, l'assuré ne permet pas à la subrogation de s'opérer au profit de son assureur,
celui ci se trouve déchargé, par le deuxième alinéa de l'article L 121-12 du Code des
Assurances, de toute obligation de garantie.
Ce sera également le cas si l'assuré, par son fait, laisse s'éteindre par prescription l'action en
responsabilité dont il disposait à l'égard du véritable responsable des dommages.
Ainsi, si l'assuré omet de prendre des réserves sur la lettre de voiture ou n'interrompt pas le
délai de prescription annale, privant ainsi l'assureur de sa possibilité de recours, il ne pourra
demander à celui-ci le paiement de l'indemnité correspondant au sinistre :
Rappelons qu'en vertu de l'article 2314 du Code Civil , la caution est déchargée,lorsque la subrogation aux
droits, hypothèques et provilètes du créancier, ne peut plus, par le fait de ce créancier, s'opérer en faveur de la
caution.
La subrogation légale ne peut être exercée que contre "les tiers qui, par leur fait, ont causé le
dommage ayant donné lieu à la responsabilité de l'assureur".
Dès lors, cette subrogation ne peut être exercée contre un assureur Dommages-Ouvrage, sauf
subrogation conventionnelle.
Elle ne peut l'être également contre le détenteur de bonne foi d'un véhicule volé :
Cass. Civ. I, 19 Janvier 1994, 91-21631 ; D.1994, p.144 ; RGAT 1994, p.527, note L.Mayaux.
1.
l'assureur n'a aucun recours contre les enfants, descendants, ascendants, allés en ligne
directe, préposés, employés, ouvriers ou domestiques, et généralement tout personne vivant
habituellement au foyer de l'assuré, sauf le cas de malveillance commise par une de ces
personnes.
Il s'agit d'une disposition d'ordre public, qui semble applicable également à la subrogation
conventionnelle.
En effet, l'assuré est le plus souvent civilement responsable de ces personnes, et il ne faut pas
que l'assureur prive d'effet la garantie en agissant contre celle ci :
L'article L 121-2 du Code des Assurances dispose d'ailleurs que l'assureur est garant des
pertes et dommages causés par des personnes dont l'assuré est civilement responsable.
Ces règles sont d'ordre public, mais les parties au contrat ont la possibilité de prévoir une
clause selon laquelle l'assureur garantit non seulement les biens de l'assuré, mais également la
responsabilité éventuelle d'un tiers qui peut les endommager, en renonçant à exercer contre lui
son recours subrogatoire.
2.
Cette règle ne joue pas en cas de malveillance des personnes visées. Toutefois, l'assureur ne
peut alors conserver son recours que contre l'auteur de cette malveillance, mais non contre
l'assuré qui peut en être civilement responsable.
C'est ainsi que l'assureur d'un propriétaire ou d'un locataire peut s'interdire, dans le contrat
d'assurance, de recourir contre son locataire ou son propriétaire, et de leur assureur.
3.
Cass. Civ. I, 12 Juillet 2007, 06-12624 ; Dalloz 2007, 2908, Note S.Porchy-Simon : "La portée de l'immunité
civile du préposé à la lumière des recours entre assureurs" - Cass. Civ. I, 8 Décembre 1993, 90-18148 ; RGAT
1994, p. 120, note F.Vincent - Resp. Civ. et ass. 1994, chr. n°3 - D.1994, jur. p.235, note B.Beignier.
4.
La stipulation selon laquelle des assurés conservent la qualité de tiers entre eux n'a aucune
incidence sur leur qualité d'assuré pour compte, envers lesquels l'assuré ne peut exercer aucun
recours :
Cass. Civ. II, 7 Juillet 2011, 10-21958 ; RGDA 2012, p.53,note A. Pélissier.
La subrogation a lieu par le seul effet de la loi au profit de celui qui, y ayant un intérêt
légitime, paie dès lors que son paiement libère envers le créancier celui sur qui doit peser la
charge définitive de tout ou partie de la dette.
L'assuré qui est contraint de désintéresser son assuré à la suite d'un dommage qui lui est causé
par un tiers responsable, pourrait invoquer les règles de l'article 1346, pour fonder son
recours, sans que cela lui apporte d'avantage particulier par rapport à sa subrogation "légale".
En revanche, il peut être intéressant pour lui d'invoquer cette subrogation "de plein droit"
dans les droits de la victime qu'il a désintéressée, et non la subrogation légale dans les droits
de son assuré.
La seule condition, est que l'assureur justifie d'un "intérêt légitime" en payant en vertu de son
contrat d'assurance, qu'il devra donc produire en Justice, en cas de contestation.
L'assureur devra être très prudent dans ses règlements fait à titre "commercial", sans y être
tenu par son contrat, en exigeant de se faire subroger conventionnellement dans les droits du
bénéficiaire de l'indemnité.
En effet, celui qui, sans être subrogé, acquitte une dette dont il sait n'être pas tenu et qui ne
démontre pas que la cause dont procédait ce paiement impliquait l'obligation du débiteur
de lui rembourser la somme ainsi versée, ne peut ni agir à cette fin, ni se prévaloir d'un
dommage juridiquement réparable :
Cass. Civ. I, 30 mars 2004, 01-11355 ; V.Forray : "Paiement pour autrui et responsabilité. Quel recours, quel
dommage ?" Revue Lamy Droit Civil, Avril 2005 - Voir également : Cass. Civ. II, 6 Octobre 2011, 10-20193 ;
Tribune de l'Assurance, Décembre 2011, p.53
II - SUBROGATION "CONVENTIONNELLE" DE
L'ARTICLE 1346-1 DU CODE CIVIL
Toutefois, ces mode de subrogations ne font pas obstacle à ce que l'assureur se fasse subroger
conventionnellement dans les droits de l'assuré ou du tiers victime qu'il désintéresse, sur le
fondement de l'actuel article 1346-1 du Code Civil, selon lequel :
Elle doit être consentie en même temps que le paiement, à moins que, dans un acte
antérieur, le subrogeant n'ait manifesté la volonté que son cocontractant lui soit
subrogé lors du paiement. La concomitance de la subrogation et du paiement peut
être prouvée par tous moyens.
Cass. Civ. I, 29 avril 2003, 00-13861 ; RGDA 2003, p.479, note F. Vincent.
L'assureur qui a payé l'indemnité d'assurance dispose contre les tiers qui, par leur fait, ont
causé le dommage ayant donné lieu à la responsabilité de l'assureur, non seulement de la
subrogation légale de l'article L. 121-12 du code des assurances, mais aussi du droit
d'invoquer la subrogation conventionnelle dans les droits de son assuré, prévue par l'article
1250 du code civil, résultant de la volonté expresse de ce dernier, manifestée
concomitamment ou antérieurement au paiement reçu de l'assureur, sans avoir à établir que ce
règlement a été fait en exécution de son obligation contractuelle de garantie : Cass. civ. II, 17
novembre 2016, 15-25409 ; RC et Ass. 2017, Com.61, note HG - Cass. Civ. I, 2 juin 1987, n°85-17379 ; RGAT
1987, p.408, note J.Bigot - Cass. Civ. I, 10 mai 1989, n°87-15694 ; RGAT 1989, p.559, note J.Bigot.
Pour se faire subroger conventionnellement dans les droits de la personne qu'il indemnise,
l'assureur devra donc respecter les conditions strictement prévues par l'article 1346-1 du Code
Civil, à savoir :
Cass. Com., 3 Mars 1992, 90-17249, RGAT 1993, p.295, note P.Rémy.
En revanche, dans la mesure où l'assureur est tenu in solidum avec son assuré à
indemniser un bénéficiaire, l'article 1346 du Code Civil, l'investit automatiquement
d'une subrogation "de plein droit", dans les droits du créancier, à concurrence du
montant de l'indemnité versée.
Cass. Civ. I, 21 Février 2006, 04-15651 ; Dalloz 2006, Jur. 1873, note I.Gallmeister - P.Casson : "Du
concours de l'assuré et de l'assureur subrogé", Dalloz 2015, Chronique p.91
la subrogation ne pouvant nuire au créancier lorsqu'il n'a été indemnisé qu'en partie,
l'assuré peut exercer ses droits contre le responsable de son dommage, pour ce qui lui
reste dû, par préférence à son assureur dont il n'a reçu qu'un payement partiel :
Dès lors, les intérêts ne lui sont dus qu'à compter de la mise en demeure du débiteur :
Cass. Com., 15 Septembre 2009, 08-16504 ; RC et Ass. 2009, Com. 374, note - Cass. Com., 5 Décembre 2006, 04-18621 ; Dalloz 2007,
Act. p.82, note J.Speroni - Cass. Civ. II, 7 mai 2002, 99-13458 ; RGDA 2002, 711, note L.Mayaux
A noter qu'une partie assignée en justice est en droit d'en appeler une autre en garantie
des condamnations qui pourraient être prononcées contre elle, une telle action ne
supposant pas que l'appelant en garantie ait déjà indemnisé le demandeur initial tandis
qu'est recevable l'action engagée par l'assureur avant l'expiration du délai de forclusion
décennale, bien qu'il n'ait pas eu, au moment de la délivrance de son assignation, la
qualité de subrogé dans les droits de son assuré dès lors qu'il a payé l'indemnité due à
ce dernier avant que le juge du fond n'ait statué : Cass. Civ., III, 7 avr. 2015, 14-12212 ;
RGDA 2015, 293, note JP Karila.
Titre IV
Chapitre I - LE CONTENTIEUX DU
CONTRAT D'ASSURANCE
II - COMPETENCE TERRITORIALE
II - DUREE DE LA PRESCRIPTION
1 - Principe
2 - Actions dérivant du contrat d'assurance
3 - L'Action directe de la victime non soumise à la
prescription biennale
4 - Droit invoqué par voie d'exception non soumis
à la prescription biennale
III - LE CALCUL DU DELAI DE DEUX ANS
A - POINT DE DEPART DE LA
PRESCRIPTION BIENNALE
1 - En cas de sinistre
2 - En cas de déclaration irrégulière du
risque par l'assuré
3 - En cas de recours d'un tiers
4 - En matière d'assurance pour compte
5 - En matière d'assurance groupe
emprunteur
6- En matière d'assurance de personne
B - SUSPENSION ET INTERRUPTION DE LA
PRESCRIPTION
IV - RENONCIATION A LA PRESCRIPTION
V - FAUTES LIEES A LA PRESCRIPTION
VI - ABSENCE D'INTERVERSION
A - Exceptions de garantie
B - Contenu des exceptions de garantie
IV - Réserves de garantie
A - Ignorance de l'exception
B - Exception de garantie partielle
Le contentieux judiciaire n'est pas le seul mode de réglement des conflits en matière de droit
des assurances, parmi lesquels figurent les modes amiables (MARD) : la conciliation, la
médiation, la procédure participative. Il existe également des procédures d'arbitrage.
Une infime partie des contrats d'assurance connaît des difficultés qui nécessitent
l'intervention des tribunaux, notamment en cas de contestation sur l'application des garanties.
C'est souvent dans le contentieux de la responsabiité que l'assureur est le plus souvent
assigné par la victime exerçant son action directe, au côté de son assuré.
CHAPITRE I
I - COMPETENCE D'ATTRIBUTION
A - Compétence de droit commun
B - Compétence limitée des juridictions pénales
C - Compétence des Juridictions Administratives pour les marchés publics
L'entreprise d'assurance peut être soit une Société commerciale, soit une société mutuelle, de
nature civile.
La société mutuelle ne peut être attraite que devant la juridiction civile, même, en
principe, si elle fait l'objet d'un appel en garantie.
Cette solution conforme au Droit Commun n'est cependant pas sans inconvénient en pratique, dans la
mesure où l'assuré commerçant ayant été assigné devant une Juridiction commerciale ou administrative,
cette dernière ne sera, en principe, pas compétente pour statuer sur l'appel en garantie contre son
assureur non commerçant, ou sur l'action directe de la victime.
Elle est encore plus gênante, en matière de référé-expertise, lorsque l'Expert aura été désigné, une
première fois, par une Juridiction commerciale ou administrative. L'assureur non commerçant ne pourra
alors pas être mis en cause dans cette procédure d'expertise, ce qui va obliger à l'assigner devant le
Tribunal de Grande Instance, lequel devra confier la même mission au même Expert, dans le cadre
d'une deuxième mesure d'expertise.
Il serait souhaitable qu'une évolution jurisprudentielle permette d'éviter cette double désignation dans la
même affaire, en permettant notamment, d'attraire dans tous les cas l'assureur devant la Juridiction
ayant ordonné la mesure d'expertse initiale.
La société commerciale peut être attraite également devant la juridiction civile par un
assuré non commerçant, ou devant le Tribunal de Commerce par un assuré
commerçant.
Depuis 1983, les assureurs ont la possibilité d'intervenir ou d'être mis en cause devant la
juridiction pénale lorsque l'assuré est poursuivi pour une infraction d'homicide ou de
blessures involontaires.
Il en est de même pour la victime lorsque le dommage qu'elle a subi peut être
garanti par un contrat d'assurance. Ces renseignements sont consignés dans les
procès-verbaux d'audition.
Lorsque des poursuites pénales sont exercées, les assureurs appelés à garantir le
dommage sont admis à intervenir et peuvent être appelés ou mis en cause devant la
juridiction repressive.
Cette intervention ou cette mise en cause peut intervenir pour la première fois en appel.
Dix jours au moins avant l'audience, la mise en cause de l'assureur est faite par
toute partie qui y a intérêt au moyen d'un acte d'huissier ou d'une lettre
recommandée, avec demande d'avis de réception , qui mentionne la nature des
poursuites engagées, l'identité du prévenu, de la partie civile et, le cas échéant, de la
personne civilement responsable, le numéro des polices d'assurance, le montant de
la demande en réparation ou, à défaut, la nature et l'étendue du dommage, ainsi
que le tribunal saisi, le lieu, la date et l'heure de l'audience.
Dans les cas prévus par les articles 388-1 et 388-2, l'exception fondée sur une cause
de nullité ou sur une clause du contrat d'assurance et tendant à mettre l'assureur
hors de cause est, à peine de forclusion, présentée par celui-ci avant toute défense
au fond.
Elle n'est recevable que si elle est de nature à exonérer totalement l'assureur de son
obligation de garantie à l'égard des tiers.
L'assureur mis en cause dans les conditions prévues par l'article 388-2 qui
n'intervient pas au procès pénal est réputé renoncer à toute exception ; toutefois, s'il
est établi que le dommage n'est pas garanti par l'assureur prétendu, celui-ci est mis
hors de cause par le tribunal .
A peine de de forclusion, l'exception de l'assureur doit être présentée avant toute défense au
fond, au début de l'audience, et si possible par Conclusions de l'Avocat.
Néanmoins, si l'assureur régulièrement mis en cause n'a pas comparu en première instance, il
peut néanmoins interjeter appel du Jugement qui l'a condamné, et de présenter, alors, avant
toute défense au fond, une exeception de nullité de son contrat :
Seules les exceptions de non garantie totale du fait dommageable peuvent être soulevées par
l'assureur.
Cass. Crim., 25 février 1997, n°96-81164, RGDA 1997, p.912, note J.Beauchard
Cass. Crim., 19 Octobre 2010, 10-80166 ; RC et Ass. 2010, Com. 84, note H. Groutel.
L'assureur de la victime d'une infraction qui a versé à son assuré une avance sur
l'indemnisation de son préjudice corporel est admis à exercer le recours qui lui est accordé par
l'article 33, al.3 de de la loi du 5 Juillet 1985 devant le Juge Pénal, sur le fondement de
l'article 388-1 du Code de Procédure Pénale :
Cass. Crim., 13 Février 2007, 05-87317 ; RC et Ass. 2007, Com. 174, note H.Groutel
L'action directe du tiers lésé contre l'assureur est distincte de son action en responsabilité, et si
ces deux actions tendent l'une et l'autre à la réparation du préjudice subi par la victime,
l'action directe ne poursuit que l'obligation de réparer qui pèse sur l'assureur, laquelle est une
obligation de droit privé :
Tribunal des Conflits, 3 Mars 1969, n°1924 ; RGAT 1969, 351, Conc. Kahn - Tribunal des Conflits, 13
novembre 2000, n°3204 ; RGDA 2001, 159, note F. Vincent - Tribunal des Conflits, 4 mars 2002, n°3265 tt 3279
Même si ce principe est critiqué, il en résulte que les victimes doivent d'abord faire
reconnaître la responsabilité de l'assuré devant la Juridiction administrative, si celle-ci relève
de cette juridiction, puis engager leur action directe devant le Juge Judiciaire qui doit surseoir
à statuer :
Selon la loi des 16-24 août 1790, ensemble les articles L. 124-1 et L. 124-3 du code des
assurances, le juge judiciaire des référés, saisi d'une demande de provision dirigée contre un
assureur à raison d'un dommage dont le contentieux relève de la compétence du juge
administratif, est tenu, lorsque l'assureur ne reconnaît pas la responsabilité de son assuré, de
surseoir à statuer jusqu'à ce que la juridiction administrative se soit prononcée sur cette
responsabilité :
Cass. Civ. II, 15 Septembre 2011, 10-20663 ; RGDA 2012, p.154, note R.Schultz
2.
Si le décret du 27 février 1998 a soumis les contrats d'assurance conclus par des personnes
publiques au Code des Marchés publics, il n'en reste pas moins que la loi MURCEF n°200-
1186 du 11 Décembre 2001 dispose désormais que "les marchés passés en application du
Code des Marchés Publics ont le caractère de contrats administratifs".
Il en résulte que n'ont pas le caractère administratif les contrats d'assurance passés avant
l'entrée en vigueur de la loi :
Cass. Civ. I, 23 Février 2011, 09-15272 ; Tribune de l'Assurance, Mai 2001, p.58.
Le contentieux relatif aux contrats d'assurance conclus à la suite d'une procédure de passation
de marché public, obligatoire au delà d'un seuil de 90.000 Euros, relève de la compétence des
Juridictions administratives, lesquelles doivent appliquer le Code des Assurances, dans la
mesure où ce dernier est d'origine législative, contrairement au Code des Marchés Publics,
d'origine réglementaire :
Toutefois, l'assureur peut agir dans tous les cas, en qualité de subrogé dans les droits de son
assuré ou d'une victime, afin d'exercer un recours contre le responsable du dommage qu'il a
indemnisé, si celui-ci relève de la juridiction administrative, notamment en matière de
dommage de travaux public.
Enfin, il résulte de la loi des 16-24 août 1790 que le juge judiciaire, saisi de l'action directe
d'un tiers payeur, n'est pas autorisé à se prononcer sur la responsabilité de l'assuré et le
montant de la créance d'indemnisation lorsque cette responsabilité relève de la compétence de
la juridiction administrative.
Ce qui est le cas, aux termes de l'article 15 de l'ordonnance n° 2005-1087 du 1er septembre
2005, de la responsabilité de l'Etablissement Français du Sang pour les actions introduites
après l'entrée en vigueur de cette ordonnance.
Cass. Civ. II, 10 Septembre 2015, 14-22023 ; GP 15/12/2015, note D.Noguero - Dalloz 2016, 1167, Pano. M.B.
II - COMPETENCE TERRITORIALE
A - Principe : Tribunal du domicile de l'assuré
B - Exceptions
En matière d'assurance terrestre (et non d'assurance crédit) l'article R 114-1 Code des
Assurances dispose que:
Dans toutes les instances relatives à la fixation et au règlement des indemnités dues, le
défendeur (assureur ou assuré) est assigné devant le tribunal du domicile de l'assuré, de
quelque espèce d'assurance qu'il s'agisse, sauf en matière d'immeubles ou de meubles par
nature, auquel cas le défendeur est assigné devant le tribunal de la situation des objets
assurés.
Ces dispositions ont pour objet d'éviter l'encombrement des juridictions du siège social des
assureurs, et notamment des juridictions parisiennes, en même temps qu'elle "rend service" à
l'assuré en rendant son action plus commode.
Cass. Civ. I, 10 mai 2006, 02-20272 et 02-20273 ; L'Argus de l'Assurance, Dossiers Jurisques, n°6983, 23 Juin
2006,p.3,note G.D.
B - EXCEPTIONS
Toutefois, s'il s'agit d'assurances contre les accidents de toute nature, l'assuré peut
assigner l'assureur devant le tribunal du lieu où s'est produit le fait dommageable.
Cass. Civ. I, 14 Décembre 1983, 82-13385 ; RGAT 1984, p.405 - CA Paris, 5 Novembre 1985, RGAT
1986, note J.Bigot.
Une Compagnie d'assurance peut être assignée non seulement au lieu de son siège
social, mais également devant la Juridiction du ressort dans lequel elle dispose d'une
succursale ou d'une agence ayant pouvoir de la représenter à l'égard des tiers, dès lors
que l'affaire se rapporte à son activité, ou que le fait générateur de responsabilité s'est
produit dans ce ressort :
Cass. Civ. II, 6 Avril 2006 ; 04-17849 ; Dalloz 2006, IR, p.1185.
5 - assurance crédit :
Droit commun.
CA PARIS, 10 Juillet 1976, G.P. 1976, 2, jur. p.588, note H.Margeat et A.Favre-Rochex.
Compte tenu de son caractère d'ordre public, il ne peut être dérogé à ces règles par une
clause attributive de juridiction, sauf entre commerçants.
Ces dispositions sont applicables au bénéficiaire d'une assurance pour compte, lequel a
la qualité d'assuré.
Aux termes de l'article 2219 du Code Civil, La prescription extinctive est un mode
d'extinction d'un droit résultant de l'inaction de son titulaire pendant un certain laps de
temps.
L’article 2223 du code civil prévoit que les dispositions du code civil consacrées à la
prescription extinctive ne font pas obstacle à l’application des règles spéciales prévues par
d’autres lois.
La loi du 13 juillet 1930 relative au contrat d’assurance qui a instauré la prescription biennale
en matière de droit des assurances pour mettre fin à la pratique consistant à introduire dans les
contrats d’assurance un délai de six mois pour l’action en règlement des sinistres.
Il appartient donc à l'assuré d'être extrèmement vigilant pour interrompre cette prescription en
temps utile, sous peine de perdre le bénéfice de la garantie, ce qui peut également engager la
responsabilité professionnelle de ses Conseils éventuels (Courtiers, Avocats...)
La prescription est une fin de non recevoir (a.122 du CPC) à une action judiciaire, qui peut être
soulevée à tous les stades de la procédure (a.123 du CPC), et notamment pour la première fois
en appel, mais non devant la Cour de Cassation, à moins que la partie qui n'aurait pas opposé
le moyen de prescription ne doive, par les circonstances, être présumée y avoir renoncé (A.
2248 du Code Civil).
Les Juges ne peuvent pas suppléer d'office le moyen résultant de la prescription ( (A. 2247 du
Code Civil ).
Voir : A.Astegiano-La Rizza : "L'assurance et la réforme de la prescription en matière civile
(Loi n°2008-561 du 17 Juin 2008) , RGDA 2008, 834.
Toutes actions dérivant d'un contrat d'assurance sont prescrites par deux ans à
compter de l'événement qui y donne naissance.
La prescription est portée à dix ans dans les contrats d'assurance sur la vie
lorsque le bénéficiaire est une personne distincte du souscripteur et, dans
les contrats d'assurance contre les accidents atteignant les personnes,
lorsque les bénéficiaires sont les ayants droit de l'assuré décédé.
Pour les contrats d'assurance sur la vie, nonobstant les dispositions du 2°,
les actions du bénéficiaire sont prescrites au plus tard trente ans à compter
du décès de l'assuré.
Article L 114-2 du Code des Assurances :
Voir P.Sargos : "La doctrine jurisprudentielle de la Cour de cassation relative à la prescription en droit des
assurances" - Revue Générale du Droit des Assurances, 01 juillet 1996 n° 1996-3, p. 545.
Aux termes de l'article R. 112-1, al.2, du code des assurances, les polices d'assurance relevant
des branches 1 à 17 de l'article R. 321-1 doivent rappeler les dispositions des titres Ier et II du
livre Ier de la partie législative du code des assurances concernant la prescription des actions
dérivant du contrat d'assurance.
Voir : Dalloz 2006, Pano. Droit des Assurances, p.1787.
Il en résulte que l'assureur est tenu de rappeler dans le contrat d'assurance, sous peine
d'inopposabilité à l'assuré du délai de prescription édicté par l'article L. 114-1 du code des
assurances, les causes d'interruption de la prescription biennale prévues à l'article L. 114-2
du même code :
Cass. Civ. II, 3 Septembre 2009, 08-13094 ; RC et Ass. 2009, 311, note H.Groutel
Cass. Civ. II, 2 juin 2005, 03-11871 ; Bull. 2005, II, n° 141 ; RGDA 2005, p.619, note J.Kullmann; RC et Ass.
2005, Etude 11, H.Groutel.
Doivent ainsi figurer dans le contrat, sous peine d’inopposabilité à l’assuré du délai de
prescription édicté par l’article L. 114-1 de ce code, non seulement l’indication du délai de
prescription mais également celles :
Cass. Civ. II, 28 avril 2011, 10-16403, Bull. 2011, II, no 92),
des causes d’interruption de celle-ci prévues par l’article L. 114-2 du code des
assurances :
Cass. Civ. III, 16 novembre 2011, 10-25246, Bull. 2011, III, 195
Cass. Civ. II, 18 avril 2013, 12-19519, Bull. 2013, II, no 83).
Le contrat doit également rappeler que, quand l'action de l'assuré contre l‘assureur a
pour cause le recours d'un tiers, le délai de la prescription court du jour où ce tiers a
exercé une action en justice contre l'assuré ou a été indemnisé par ce dernier :
L'assureur est donc tenu de rappeler dans le contrat d'assurance, sous peine d'inopposabilité à
l'assuré du délai, les différents points de départ du délai de la prescription biennale prévus par
l'article L. 114-1 du code des assurances.
La fin de non recevoir tirée de la prescription biennale n'est donc opposable à l'assuré
que si les dispositions légales et réglementaires relatives au point de départ et aux causes
d'interruption de la prescription biennale de l'article L 114-1 du Code des Assurances
sont rappelées intégralement dans le contrat d'assurance :
Cass. Civ. II, 23 novembre 2017, 16-26671 - Cass. Civ. II, 10 Décembre 2015, 14-28012 ; RC et Ass. 2016,
Com.25, note HG - Cass. Civ. II, 22 octobre 2015, 14-21292 - Voir : L.Houdart, "La mention des causes
d'interruption de la prescription dans les contrats d'assurance", GP 15/12/2015, p.9. Cette exigence s'impose
également à l'assureur de deuxième ligne, qui ne peut se borner à un renvoi à la Police de première ligne, quelle
que soit la qualité de l'assuré - Cass. Civ. II, 22 octobre 2015, 14-21909 ; D.Noguero ; "Clause de renvoi pour
l'information sur la prescrition et la déchéance, et questionss claires et précises sur la déclaraton du risque",
GP 15/12/2015, p.13 - Cass. Civ. II, 10 Novembre 2005, 04-15041 ; RC et Ass. 2006, Com. 42, note H.Groutel -
Cass. Civ. II, 25 Juin 2009, 08-14254
Même si l'article R 112-1 du Code des Assurances, ne vise pas la branche d'assurance
à laquelle appartient l'assurance-vie, l'obligation d'information incombant à
l'assureure-vie s'inscrit dans le devoir général d'information de l'assureur qui lui
impose de porter à la connaissance des assurés une disposition qui est commune à tous
les contrats d'assurance, telle que la prescription.
Dès lors, l'inobservation des dispositions de l'article R. 112-1 du code des assurances,
prescrivant le rappel des dispositions légales concernant la prescription des actions
dérivant du contrat d'assurance, est sanctionnée par l'inopposabilité à l'assuré du délai
de prescription édicté par l'article L. 114-1 du même code :
A noter qu'un contrat de capitalisation n'est pas un contrat d'assurance en tant que tel
soumis aux dispositions spéciales de l'article L. 114-1 du code des assurances relatives
à la prescription :
L'exercice d'une action en nullité d'un contrat d'assurance-vie pour insanité d'esprit
du souscripteur, par des personnes n'agissant pas en qualité de bénéficiaires du contrat,
ne dérive pas du contrat d'assurance, et reste donc soumis à la prescription
quinquennale :
II - DUREE DE LA PRESCRIPTION
Les assureurs avaient l'habitude d'insérer dans leurs contrats une clause soumettant les actions
judiciaires nées du contrat à une prescription extrêmement courte.
C'est pourquoi, la loi du 13 Juillet 1930 a unifié le délai de prescription dans l'intérêt de
l'assuré :
Dans les contrats d'assurance sur la vie, lorsque le bénéficiaire est une personne
distincte du souscripteur
Dans les contrats contre les accidents atteignant les personnes, lorsque les
bénéficiaires sont les ayants droit de l'assuré décédé.
Selon l'Article L 114-3 du Code des Assurances Par dérogation à l'article 2254 du code civil,
les parties au contrat d'assurance ne peuvent, même d'un commun accord, ni modifier la
durée de la prescription, ni ajouter aux causes de suspension ou d'interruption de celle-ci".
Mais aussi :
o l’action en nullité pour dol d’un accord transactionnel conclu entre l’assuré et
l’assureur, qui ne dérive pas du contrat d’assurance (Cass. Civ. II, 16 janvier 2014,
13-10134 ; Bull. 2014, II, no 10),
o de l’action en répétition de l’indu, quelle que soit la source du paiement indu
(Cass. Civ. II, 4 juillet 2013, 12-17427, Bull. 2013, II, no 150),
o la demande en nullité de l'accord de réglement conclu à la suite d'un sinistre
étant fondé sur un dol de l'assureur, et non sur les stipulations du contrat
d'assurance, la prescription biennale n'est pas applicable :
Cass. Civ., II, 16 Janvier 2014, 13-10134 ; RGDA 2014, 150,note A.Pélissier.
Cass. Civ. II, 6 Février 2014, 13-0540 et 13-10745 ; RGDA 2014, 154, note J.Kullmann ; RC
et Ass. 2014, Com., note H.Groutel.
Du fait de son autonomie, l'action du tiers victime exerçant son action directe
contre l'assureur du responsable n'est pas soumise à la prescription biennale,
mais est calquée sur le délai de prescription applicable à son action principale
contre le tiers responsable.
En effet, elle trouve son fondement dans le droit de la victime à réparation de son
préjudice, et devrait normalement se prescrire dans le même délai que l'action de la
victime contre le responsable.
Cass. Civ. I, 9 mai 1996, 94-14560 ; RGDA 1996, 705, note J.Kullmann - Cass. Civ. III, 26 novembre
2003, 01-11245 ; Dossiers Juridiques Argus, n°6866, p.6, note G.D.; R.C. et Ass. 2004, n°50.
S'il ne le fait pas dans ce délai, il ne peut plus revendiquer la garantie de son assureur
en raison de l'acquisition de la prescription.
Dès lors, lL'action de la victime contre l'assureur de responsabilité, qui trouve son
fondement dans le droit de la victime à réparation de son préjudice, se prescrit par le
même délai que son action contre le responsable et ne peut être exercée contre
l'assureur, au-delà de ce délai, que tant que celui-ci reste exposé au recours de son
assuré :
Cass. Civ. II, 13 septembre 2007, 06-16868 ; Bull. 2007, II, no 214 - Cass. Civ. I, 11 juin 2003, 99-
20574
Il en est ainsi lorsqu'une telle assignation a été délivrée à "l'entreprise X..." dépourvue de toute
existence juridique, au lieu de Monsieur X... exerçant sous l'enseigne "Entreprise X...".
Cass. Civ. I, 4 novembre 2003, 02-16269, R.C. et Ass. 2004, n°52, note H.Groutel.
Cass. Civ. II, 10 Novembre 2005, 04-15041 ; RC et Ass. 2006, Com. n°42, note H.Groutel - Cass. Civ.
II, 18 septembre 2003, 01-17584
La prescription biennale édictée par l'article L 114-1 du Code des Assurances n'atteint
que l'action dérivant du contrat d'assurance et ne peut être étendue au moyen de
défense opposé à une telle action.
Mais le défendeur peut résister, par voie d'exception, à une demande d'exécution du
contrat d'assurance en soulevant la nullité de celui-ci, même plus de deux années après
que cette nullité eut pu être demandée par voie d'action. Cass. Civ. III, 14 Février 2007, 05-
21987 ; RC et Ass. 2007, Com.140, note G.Courtieu - Cass. Civ. I, 23 Juin 1993, 90-10112 ; RGAT
1993, p.774, note H.Margeat - Cass. Civ. I, 11 Janvier 1989, 87-17025 ; RGAT 1989, p.322, note
H.Margeat et J.Landel
Cass. Civ. II, 15 Mars 2007, 06-11509 ; RC et Ass. 2007, Com. n°201, note H.Groutel.
Cass. Civ. II, 11 décembre 2014, 13-26416 ; RC et Ass. 2015, Com. 78, note H.Groutel
On ne compte pas le jour du point de départ (dies a quo) mais le "dies ad quem".
A - POINT DE DEPART DE LA PRESCRIPTION BIENNALE
2 - EN CAS DE SINISTRE
S'applique pour la mise en jeu des articles L 113-8 et L 113-9 du Code des Assurances, mais
l'exception de nullité survit à l'action.
Cass. Civ. III, 14 Février 2007, 05-21987 ; RC et Ass. 2007, Com.140, note G.Courtieu - Cass. Civ. I, 23 Juin
1993, 90-10112 ; RGAT 1993, p.774, note H.Margeat - Cass. Civ. I, 11 Janvier 1989, 87-17025 ; RGAT 1989,
p.322, note H.Margeat et J.Landel
Une telle action en justice peut être constituée par une assignation en référé, y compris pour
une simple désignation d'Expert sur le fondement de l'article 145 du Code de Procédure
Civile, afin de déterminer l'origine et les causes d'un sinistre ou d'en chiffrer le montant :
Cass. Civ. I, 18 Juin 1996, 94-14985 ; RGDA 1996, p.624, note Maurice, et P.884, note L.Mayaux - Cass. Civ.
II, 3 Septembre 2009, 08-18092 ; RC et Ass. 2009, Com.341, note H.Mayaux.
Toutefois, il résulte des dispositions combinées des articles 1346 du Code Civil, et L 124-3 du
Code des Assurances que celui qui est subrogé dans les droits de la victime d'un dommage ne
dispose que des actions bénéficiant à celle-ci de sorte que son action contre l'assureur du
responsable est soumise à la prescription applicable à l'action directe de la victime.
La saisine par une victime d'accident du travail de la tentative de conciliation prévue par
l'article L 452-4 du Code de la Sécurité Sociale en matière de reconnaissance de faute
inexcusable, ne saurait constituer une "action en justice", au sens de l'article L 114-1, al.3 du
Code des Assurances, et ne fait donc pas courir la prescription biennale de l'employeur à
l'encontre de son assureur.
Cass. Civ. II, 24 juin 2004, 02-19056 ; R.C. et Ass. 2004, n°312.
Cass. Civ. II, 8 Octobre 2009, 08-17151 ; RC et Ass. 2009, Com. 375.
Mais le point de départ de cette prescription peut être fixé à la date de l'assignation de la
victime contre son employeur devant le Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale, laquelle
vaut action en Justice :
Cass. Civ. II, 7 Avril 2005, 04-12128 ; RC et Ass. 2005, com.203, note H.Groutel.
Le problème se pose de savoir si l'assuré, assigné par un tiers, et qui n'interrompt pas la
prescription biennale à l'égard de son assureur de responsabilité, s'expose à devoir rembourser
à ce dernier le montant de l'indemnisaton que ce dernier aura dû verser à la victime exerçant
son action directe postérieurement à l'expiration du délai de prescription biennale, laquelle lui
est inopposable.
Cette "déchéance" résultant de la prescription biennale n'autorise pas l'asureur à exercer son
recours contre son assuré dans la mesure où le paiement par l'assureur de l'indemnité au tiers
victime exerçant son action directe est fondé sur les obligations nées du contrat d'assurance,
auquel l'assureur ne peut se soustraire :
Cass. Civ. II, 17 Février 2005, 04-11215 ; Dalloz 2005, IR 665 ; RC et Ass. 2005, 141,note H.Groutel ; RGDA
2005, 439, note JP Karila
Enfin, dans la mesure où l'assureur avait fait connaître son refus de garantie antérieurement à
l'action en justice intentée par un tiers contre l'assuré à la suite d'un sinistre, le point de départ
de la prescription biennale opposable à l'assuré doit être fixé à la date à laquelle l'assurer avait
fait connaître son refus de garantie.
Cass. Civ. II, 6 février 2014, 13-13870 (En matière d'assurance emprunteur)
Mais rappelons que la prescription biennale n'est pas opposable à la victime exerçant une
action directre à l'encontre de l'assureur du responsable...
Cass. Civ., 15 Mars 2007, 05-20856 ; RGDA 2007, 590, note J.Kullmann
Cass. Civ. II, 13 Octobre 2005, 04-15746 ; L'Argus de l'assurance, n°6951, note - Cass. Civ. I, 27 mars
2001, 98-15940 et 98-20595 ; RGDA 2001, 354, note J.Kullmann - Cass. Civ. II, 29 mars 2006,04-
19719 ; Tribune de l'Assurance, Cahiers de Jurisprudence, 2006, n°103, p.IV, note C.Kleitz
Cass. Civ. II, 6 mars 2014, 13-11642 ; RGDA 2014, 283, note A.Pélissier
Cass. Civ. II, 26 Octobre 2006, 05-15504 et 05-12732 ; RC et Ass. 2007, Com. 32 et 36
La prescription biennale ne peut être suspendue que par des circonstances mettant la partie
qui en invoque la suspension dans l'impossibilité d'agir :
Cass. Civ. II, 12 Juillet 2007, 06-20548 ; RC et Ass. 2007, Com. n°293
Cass. Civ. II, 16 Novembre 2006, 05-18287 ; RGDA 2007, p.331, note M.Bruschi)
Selon l'article 2241 du Code Civil La demande en justice, même en référé, interrompt
le délai de prescription ainsi que le délai de forclusion.
Cass. Civ. II, 25 Juin 2009, 08-14243 ; RC et Ass. 2009, 309, note H.Groutel - Voir également : Cass.
Civ. III, 4 Juin 1997, 95-18845, RC et Ass. 1997, 365
Cass. Civ. II, 22 mai 2014, 13-17821, 13-19500 ; RGDA 2014, 406, note R.Schultz
Cass. Civ. I, 4 Décembre 2001, 98-17457; RGDA 2002, 72, note J.Bigot.
Toutefois, lorsque l'apériteurr a reçu mandat de représenter les autres coassureurs, tant
activement que passivement, dans toutes les obligations du contrat et, notamment dans
celle de régler les sinistres, il est tenu de régler la totalité de l'indemnité due,
nonobstant l'absence de solidarité entre assureurs.
Cass. Civ. I, 14 novembre 2001, 99-10029 RGDA 2002, 54, Note J.Bigot.
Cass. Civ. I, 22 Novembre 1989, RGAT 1990, p.70, note H.Margeat et J.Landel.
Aux termes de l'article 2239 du Code Civil, la prescription est également suspendue
lorsque le juge fait droit à une demande de mesure d'instruction présentée avant
tout procès, notamment sur le fondement de l'article 145 du Code de Procédure
Civile.
Le délai de prescription recommence à courir, pour une durée qui ne peut être
inférieure à six mois, à compter du jour où la mesure a été exécutée, en principe à
la date du dépôt du rapport d'expertise.
Les articles L. 114-1, L. 114-2 et L. 114-3 du code des assurances ne font pas obstacle
à l'application de l'article 2239 du code civil.
Cass. Civ. II, 19 mai 2016, 15-19792 ; Publié au bulletin - Dalloz 2016, 1133
L'extension de la mission de l'expert s'analyse comme une nouvelle désignation. Il en
est ainsi en ce qui concerne les ordonnances de référé rendant communes à d'autres
parties des opérations d'expertise précédemment ordonnées en référé.
Cass. Civ. II, 3 Septembre 2009, 08-18068 ; RC et Ass. 2009, 340, note H.groutel.
Cass. Civ. I, 21 octobre 2003, 01-01614 ; RGDA 2003, p.703, note J.Kullmann.
Ainsi, un assureur, à qui aucune déclaration de sinistre n'est adressée, n'est pas appelé en cause dans le
référé-expertise diligenté contre son assuré. L'assuré appelle en cause cet assureur dans les opérations
d'expertise plus de deux ans après l'assignation.
Sa demande est prescrite sur le fondement de l'article L 114-1 du Code des Assurances :
Cass. Civ. III, 3 Décembre 23013, 11-24332 ; RGDA 2014, 106, note R.Schultz.
Mais, on sait que cette prescription n'est pas opposable au tiers lésé agissant par voie
d'action directe à l'encontre de l'assureur : Cass. Civ. I, 9 Mai 1996, 94-14560
Et que l'assureur n'a pas de recours contre son assuré pour obtenir le remboursement
de ce qu'il aura dû verser à ce tiers lésé, nonobstant la prescription :
Enfin, la désignation d'un expert par une partie à l'effet de la représenter à l'occasion
d'une expertise judiciaire en cours, n'interrompt pas la prescription biennale.
Cass. Civ. II, 5 Juin 2008, 07-18287 ; RGDA 2008, 644, note M.Bruschi.
Selon l'article 2238 du Code Civil, la prescription est suspendue à compter du jour où,
après la survenance d'un litige, les parties conviennent de recourir à la médiation ou à
la conciliation ou, à défaut d'accord écrit, à compter du jour de la première réunion de
médiation ou de conciliation.
Le délai de prescription recommence à courir, pour une durée qui ne peut être
inférieure à six mois, à compter de la date à laquelle soit l'une des parties ou les deux,
soit le médiateur ou le conciliateur déclarent que la médiation ou la conciliation est
terminée. En cas de convention de procédure participative, le délai de prescription
recommence à courir à compter du terme de la convention, pour une durée qui ne peut
être inférieure à six mois.
L'envoi d'une lettre simple même s'il en est accusé réception par l'assureur, ne peut
avoir l'effet interruptif prévu par l'article L 114-2 du Code des assurances.
Cass. Civ. I, 28 Avril 1993, 90-18642 ; R.C. et ass. 1993, n°244, obs. S.Bertolaso.
Une simple lettre ne suffit donc pas, même si l'autre partie reconnaît l'avoir reçue.
La Cour de Cassation considère qu'un envoi par Chronopost n'équivaut pas à une
L.R.A.R... :
Cass. Civ. II, 14 octobre 2004, 03-04153 ; Dalloz 2004, Cahier de Droit des Affaires, p.2855.
Cass. Civ. II, 22 septembre 2005, 04-18173 ; Dalloz 2005, IR, p.2480 - Cass. Civ. II, 22 février 2007,
06-16230 ; RC et Ass. 2007, Com. n°141, note H.Groutel.
Selon l'article 2235 du Code Civil La prescription biennale ne court pas ou est
supendue contre les mineurs non émancipés et le majeurs en tutelle
Cass. Civ. II, 8 juillet 2004, 03-13114 ; R.C. et Ass. 2004, n°313.
Impossibilité d'agir :
La prescription peut également être suspendue en cas d'impossibilité d'agir, soit par
force majeure, soit du fait de l'ignorance de l'existence du contrat, dont l'assuré doit
apporter la preuve :
Le fait par l'assureur de se prévaloir du droit que lui confère l'assuré dans le
contrat d'assurance de diriger le procès intenté à celui-ci par la victime, suspend,
tant que dure cette direction, le cours de la prescription édictée par l'article L
114-1 du Code des Assurances.
Cass. Civ. II, 28 février 2013, 12-12813 - Cass. Civ. I, 3 Novembre 1988, 86-19.592; RGAT 1989,
p.111, note R.Bout - Cass. Civ. I, 2 Juillet 1991, 88-17.530; RGAT 1991, p.835, note Margeat et
Landel.
IV - RENONCIATION A LA PRESCRIPTION
Seule une prescription acquise est susceptible de renonciation (Art. 2250 C.Civil et suivants):
Cass. Civ. I, 20 Octobre 1992, 89-13733 ; RGAT 1993, p.80, note H.Margeat.
Cette renonciation doit résulter d'actes non équivoques quant à la volonté de renoncer,
relevant de l'appréciation souveraine des Juges de fond.
F.Chapuisat : la renonciation de l'assureur aux prérogatives du Code des Assurances, RGAT 1993, p.483 -
Cass. Civ. II, 3 Septembre 2009, 08-18068 ; RC et Ass. 2009, Com. 340, note H.Groutel.
En revanche, le simple refus de garantie de l'assureur ne peut être considéré comme une
renonciation à soulever la prescription :
Cass. Civ. III, 12 avril 2012, 10-27725 - Cass. Civ. II, 15 Mai 2008, 07-14258 ; RGDA 2008, 646, note
M.Bruschi.
La reconnaissance, même partielle, que l'assureur fait du droit de son assuré contre lequel il
prescrivait, entraîne pour la totalité de la créance, un effet interruptif de prescription qui ne
peut se fractionner :
Cass. Civ. II, 16 Novembre 2006, 05-18287 ; RC et Ass. 2007, Com. n°73, note H.Groutel
Cette renonciation à la prescription acquise ne fait pas courir un nouveau délai de prescription
:
Cass. Civ. II, 3 juillet 2014, 13-17449 ; RGDA 2014, 441, note M.Bruschi - Cass. Civ. II, 16 Novembre 2006, 05-
16082 ; RC et Ass. 2007, Com. n°74, note H.Groutel
V - FAUTES LIEES A LA PRESCRIPTION
En principe, l'assureur n'est pas tenu envers l'assuré, surtout s'il est représenté par un courtier,
d'une obligation particulière d'information relative au risque d'expiration du délai biennal de
prescription :
Néanmoins, les Juges peuvent retenir une faute, en cas de déloyauté de l'assureur :
Voir Dossier de l'Argus de l'assurance : "La responsabilité de l'assureur dans l'exécution des contrats".
L'assureur qui garde un "silence malicieux" dans le but d'échapper au paiement grâce à la
prescription et que les correspondances qu'il avait avec son assuré ont " endormi sa vigilance
" sur les formalités légales qui lui incombaient commet une manquement à son "obligation de
loyauté dans la mise en oeuvre du processus d'indemnisation" après la survenance d'un
sinistre, qui constitue une faute contractuelle dont il doit réparation.
Informé par son expert que la prescription devait intervenir de manière imminente, l'assureur
ne réagit pas auprès de son assuré qui correspondait directement avec l'Expert :
Cass. Civ. I, 6 Décembre 1994, 912-19072 ; RGAT 1995, p.57, note J.Kullmann.
Fraude :
Assureur ayant fait savoir à son assurée qu'il ne pouvait répondre à sa demande, tant que
l'information pénale ouverte à la suite du décès de son mari ne serait pas clôturée, constituant
une " manoeuvre " qui n'avait eu pour but que de laisser courir la prescription biennale en
abusant l'assurée afin de la dissuader d'agir en justice :
Cass. Civ. I, 28 Octobre 1991, 88-14410 ; R.C. et ass. 1991, n°434, obs. H.Groutel; RTDC 1992, p.588.
Dans ces cas, l'assureur engage sa responsabilité civile contractuelle envers son assuré envers
lequel il est tenu d'une obligation de conseil et de loyauté, qu'il doit exécuter de bonne foi.
L'action en nullité pour dol d'un accord transactionnel conclu entre les parties au contrat
d'assurance, et qui ne dérive pas du contrat d'assurance, n'est pas soumise à la prescription
biennale de l'article L. 114-1 du code des assurances
Cass. Civ. II, 16 Janvier 2014, 13-10134 ; RGDA 2014, 150, note A.Pélissier
Cass. Civ. II, 6 février 2014, 13-10540, 13-10745 ; RGDA 2014, 154, note J.Kullmann : "De l'unicité de la faute
de l'assureur à la dualité des responsabilités et des prescriptions".
VI - ABSENCE D'INTERVERSION
Le délai de l'article L 114-1 du Code des Assurances s'apparentant à un délai préfixe, les
créances issues de condamnations judiciaire ne bénéficient pas de l'effet interversif de la
prescription trentenaires.
Il résulte des articles L. 111-2, L. 114-1 et L. 114-2 du Code des assurances que le délai de
prescription biennale pour les actions dérivant du contrat d'assurance a un caractère d'ordre
public exclusif de toute interversion de prescription.
Cass. Civ. I, 9 mai 1994, 92-18171; Bull.I n° 166 p. 123 - Voir également :
les dispositions de l'article L. 114-1 du Code des assurances sont exclusives de toute
interversion de prescription, alors même qu'une décision judiciaire a prononcé une
condamnation à garantie de l'assureur ; que s'il est exact que l'exécution d'un jugement ou
arrêt de condamnation ne relève pas, en raison de l'autorité qui s'y attache, d'un régime de
courte prescription, la prescription biennale s'applique aux actions engagées par la suite dès
lors qu'elles dérivent du contrat d'assurance.
Cass. Civ. I, 3 février 1998, 95-21.672 ; Bull.1998 I, n°39 p.26, Dalloz 1999, Som. p.223, note J.Berr.
Voir : R.Lichaber "Le point sur l'interversion des prescriptions en cas de condamnation en justice", Dalloz 2006,
Chr. p.254.
La dette de responsabilité étant en principe établie par une décision judiciaire opposable à
l'assureur, il importe que ce dernier ait la possibilité d'organiser la défense des intérêts de
son assuré devant la juridiction saisie par la victime, notamment en cas de négligence de ce
dernier, voire de collusion avec la victime.
Si elle est obligatoire pour l'assuré, elle a un caractère purement facultatif pour l'assureur qui
ne la mettra en oeuvre que si sa garantie est susceptible d'être amneée à jouer du fait d'un
sinistre de responsabilité.
Cette clause permet, notamment, à l'assureur de missionner lui-même l'avocat de son choix
pour assurer la défense des intrêts de son assuré, au nom de ce dernier.
Elle lui réserve également le droit de transiger en ce qui concerne l'indemnisation éventuelle
du tiers lésé.
Elle décharge ainsi l'assuré de tout "souci" concernant la procédure judiciaire diligentée à son
encontre, dont les frais et honoraires, notamment d'expertise, seront à la charge de l'assureur
sans limitation de plafond.
Si elle pose le problème du libre choix de l'avocat par l'assureur, ce mandat apparaît favorable
à l'assuré, en l'absence de conflit d'intérêt avec son assureur, dans la mesure où celui-ci prend
en charge toutes les conséquences dommageables d'un sinistre de responsabilité, dans les
limites de sa franchise et de son plafond de garantie.
Cette s'analyse juridiquement en un mandat donné par l'assuré à l'assureur dans l'intérêt
commun des deux parties, et qui a donc un caractère irrévocable.
Une telle clause apparaît "légitime" et ne pose aucune difficulté dans la mesure où c'est
effectivement l'assureur qui assumera non seulement les frais d'une procédure, mais
également la totalité des conséquences financières du procès en cours, dans le cadre de sa
garantie.
Dans le cas contraire, et afin d'éviter tout conflit d'intérêt avec l'assureur, la Jurisprudence
estimait que l'assureur qui prenait sans réserves la direction du procès en responsabilité dirigé
par un tiers lésé à l'encontre de son assuré était censé avoir renoncé à invoquer à son encontre
les exceptions dont il avait connaissance au moment de la prise de direction du procès, telles
que prescription, déchéance ou absence de garantie :
L'assureur ayant dirigé le procès d'un bout à l'autre, et eu ainsi connaissance dès
l'assignation au fond, de l'objet du litige, a renoncé d'une part, à se prévaloir du délai
de prescription..., ainsi que de la déchéance, d'autre part à soutenir que le risque
n'était, à aucun titre, garanti.
Le fait pour l'assureur d'avoir dirigé la procédure suivie contre l'assuré jusqu'au
jugement, en connaissance des circonstances qui excluaient la garantie et sans aviser
l'assuré de ses réserves, vaut renonciation à se prévaloir de l'exception de non-garantie.
A noter que la Clause de direction de procés, qui a un caractère facultatif et joue dans l'intérêt
de l'assureur, doit être distinguée de la garantie défense et recours, ou de la garantie de
protection juridique qui imposent contractuellement à l'assureur de procéder à la défense des
intérêts de son assuré.
Est une opération d'assurance de protection juridique toute opération consistant, moyennant le
paiement d'une prime ou d'une cotisation préalablement convenue, à prendre en charge des
frais de procédure ou à fournir des services découlant de la couverture d'assurance, en cas de
différend ou de litige opposant l'assuré à un tiers, en vue notamment de défendre ou
représenter en demande l'assuré dans une procédure civile, pénale, administrative ou autre ou
contre une réclamation dont il est l'objet ou d'obtenir réparation à l'amiable du dommage subi.
(Article L 127-1 du Code des Assurances).
L'Article L127-2-1 considére comme sinistre le refus qui est opposé à une réclamation dont
l'assuré est l'auteur ou le destinataire.
est un contrat distinct et autonome, assortie d'une prime spécifique (Art. L 127-2
C.Ass.)
Met à la charge de l'assureur une obligation de prendre en charge des frais de
procédure ou à fournir des services (Art. L 127-1 C.Ass.)
a un caractère obligatoire pour l'assureur.
est soumise au principe du libre choix de l'avocat par l'assuré (L 127-3 C. Ass.)
fait l'objet d'un plafond de garantie, en ce qui concerne les frais et honoraires d'une
procédure judiciaire.
prévoit une procédure de règlement amiable en cas de désaccord entre l'assureur et
l'assuré au sujet de mesures à prendre pour régler un différend. (Art. L127-4 C.Ass.)
Selon l'Article L 127-6 du Code des Assurances, les dispositions relatives à l'assurance de
protection juridique ne s'appliquent pas :
Elle permet la prise en charge des frais de défense de l'assuré, notamment lorsque celui-ci est
poursuivi pénalement, notamment après un accident de la circulation, ou lorsqu'il entend
exercer un recours à la suite d'un évènement garanti à titre principal, tel qu'un dégât des
eaux...
Elle peut être également requalifiée en clause de direction de procès, ce qui peut permettre à
l'assuré d'invoquer une renconciation à une exception de garantie, telle que la prescription :
Cass. Civ. II, 28 février 2013, 12-12813 : Voir note A.Astegiano-La Rissa sur Actuassurance
Selon l'article L 113-17 du Code des Assurances, l'assureur est censé avoir renoncé à ses
exceptions de garantie lorsqu'il prend la direction du procès dirigé contre son assuré, tout en
ayant eu connaissance, dès la première instance, d'une exception de garantie.
Il résulte de l'article L 113-17 du Code des Assurances que l'assureur n'est censé avoir
renoncé à se prévaloir des exceptions qu'il pouvait invoquer qu'à la double condition qu'il ait
dirigé le procès fait à son assuré en connaissance de ces exceptions et qu'il n'ait émis aucune
réserve : Cass. Civ. I, 23 Septembre 2003, 00-15201 ; Bull. Civ. I, n°187
Il en est ainsi pour l'assureur, qui avait assuré la direction du procès, ayant eu connaissance
dès la première instance d'une exception de non-garantie : Cass. Civ. III, 6 Décembre 2006, 05-
16826 ; RGDA 2007, 411, note JP Karila
En revanche, le fait pour un assureur de désigner un avocat pour défendre les intérêts de son
assuré n'est pas de nature, même lorsque les circonstances du sinistre sont connues, à
manifester sa volonté non équivoque de renoncer à se prévaloir d'une clause d'exclusion de
garantie, dès lors que l'assureur a désigné l'avocat, d'abord, à l'occasion d'une procédure de
référé tendant à ordonner une expertise, et que, s'il l'a désigné à nouveau après assignation
à jour fixe, c'est avant toute défense au fond qu'il a notifié à l'assuré son refus de
garantie et l'a invité à assumer seul sa défense : Cass. Civ. I, 3 octobre 1995, n° 93-15778, Bull. n°
336)
En cas de suspension de garantie pour défaut de paiement de prime : (Cass. Civ. II, 8
Septembre 2005, 04-15889)
une exclusion contractuelle de garantie : : Cass. 1ère civ., 10 avril 2008, 07-12796
une déchéance de garantie et une prescription : Cass. 1ère civ., 8 novembre 1989, n°
87-19085
une prescription biennale : Cass. 3ème civ., 3 novembre 1988, n° 86-19592, Bull.
n°296)
L'activité déclarée par l'assuré : Cass. Civ. III, 16 Mars 2004, 01-17450
S'agissant d'un mandat qui lui est confié par l'assuré, l'assureur devra veiller à le mettre en
mesure de pourvoir à sa défense, en l'avertissant aussitôt, et en lui remettant les éléments du
dossier qui pourraient lui être utiles.
Les dispositions de l'article L 113-17 du Code des Assurances ne sont pas limitées à la
défense au fond de l'assuré, mais concernent tout procès qui lui est intenté, fût-ce en référé,
dès lors que l'assureur en prend la direction, sans réserve, en toute connaissance des
exceptions qu'il peut invoquer :
Cass. Civ. I, 20 Mai 2000, 97-22495 ; Bull. Civ. I, 2000, n°135 - Cass. Civ. I, 16 Janvier 2001, 98-13457.
Les exceptions visées par l'article L. 113-17 du code des assurances, en ce qu'elles se
rapportent aux garanties souscrites, ne concernent ni la nature des risques souscrits, ni
le montant de la garantie :
Cass. Civ. III, 13 juillet 2017, 16-19821 (Caractère décennal de désordres) - Cass. Civ. III, 27 octobre 2016, 15-
25143 (Absence de couverture de la responsabilité contractuelle) ; Voir : note A.Astegiano-La Rizza,
Actuassurance n°48 - Cass. Civ. III, 29 janvier 2014, 12-27919 ; RGDA 2014, 172, note J.Kullmann (Absence de
caractère décennal de désordres)- Cass. Civ. III, 20 octobre 2010, n° 09-15093 (Absence de garantie de
dommages immatériels) - Cass. Civ. II, 19 novembre 2009, n° 08-19.477 (L'exclusion de garantie relative aux
accidents de la circulation concerne la nature du risque garanti).
Voir S.Corone : "L'action de la victime contre l'assureur de l'auteur du dommage", L'argus de l'Assurance" -
14/07/2006.
IV - RESERVES DE GARANTIE
A - Ignorance de l'exception de garantie
B - Exception de garantie partielle
Ces réserves devront donc être émises dès qu'il a reçu les éléments d'information lui donnant
connaissance d'une exception. Néanmoins, il doit toujours se montrer prudent au moment où
il décide de faire jouer la clause.
Ces réserves peuvent résulter d'une lettre recommandée avec accusé de réception adressée
si possible directement à l'assuré, ou à son courtier, par lequel l'assureur peut l'informer :
que le déroulement du procès fait apparaître que sa garantie n'est pas acquise.
qu'il entend donc renoncer à poursuivre la direction du procès.
Lorsqu'il prend la direction du procès, ou lors de son déroulement, l'assureur peut estimer que
sa garantie n'est que partiellement acquise, notamment du fait d'une limitation de garantie, et
il lui appartient de dissiper toute équivoque.
Dans la mesure où il n'y a pas désaccord avec l'assuré sur l'étendue de la garantie, l'assureur
peut diriger le procès, après avoir rappelé expressément à l'assuré ses limitations de garantie.
Dans tous les cas, les réserves émises par l'assureur doivent être précises. Trop générales,
elles ne peuvent pas être considérées comme une réelle volonté d’écarter la présomption de
renoncer : Cass. Civ. I, 30 janvier 1996, 93-20330.
V - POSSIBILITE D'INTERVENTION DE
L'ASSUREUR DANS LA PROCEDURE
Lorsque l'assureur se trouve en présence d'une clause d'exclusion de garantie inopposable à la
victime, telle qu'une déchéance, ou s'il a des raisons de présumer que sa garantie n'est pas
acquise, mais qu'il souhaite cependant participer, ou continuer à participer, de façon active au
procès et notamment aux opérations d'expertise judiciaire, il lui est possible d'intervenir
volontairement en son nom personnel dans la procédure (Articles 328 et suivants Code de
procédure Civile, sans assurer la défense de son assuré.
En effet, l'article 330 du Nouveau Code de Procédure Civile dispose que l'intervention
accessoire qui appuie les prétentions d'une partie (en l'espèce de l'assuré) est recevable si son
auteur (l'assureur) a intérêt, pour la conservation de ses droits, à soutenir cette partie.
L'assureur devra alors faire déposer des Conclusions à son seul nom, demandant qu'il lui soit
donné acte :
Il est évident que, dans ce dernier cas, les diligences de l'assureur iront dans le sens des
intérêts de son assuré en ce qui concerne la contestation de la responsabilité.
Dans la mesure où la victime n'aura pas seulement dirigé son action contre l'assuré, mais
également contre l'assureur de responsabilité de ce dernier, par voie d'action directe, l'assureur
qui entend contester sa garantie devra :
On rappellera également que la Jurisprudence considère que le fait par l'assureur d'user du
droit que lui confère l'assuré dans le contrat d'assurance de diriger le procès intenté à celui-ci
par la victime suspend, tant que dure cette direction, le cours de la prescription édictée par
l'article L. 114-1 du Code des assurances :
Cass. Civ. II, 8 Septembre 2008 , 04-15889 - Cass. Civ. 3 novembre 1988, 86-19592 - Voir : JB Payet-Godel -
A.Vaurs :"La direction du procès, le point de vue de l'assureur", Décideurs : Stratégie Finance Droit, n°84,
p.70.
Une clause de défense-recours peut être analysée en clause de direction de procès, et ainsi
emporter renonciation à l'exception de prescription biennale :
I - DROIT D'EXCLUSIVITE
Depuis des années, on assiste à un glissement progressif de la notion subjective de
responsabilité, qui sous entend l'idée d'une faute, à la notion objective de droit à
indemnisation, le terme de responsabilité n'étant même pas employé dans certains textes
fondamentaux, tels la loi Badinter du 5 Juillet 1985.
Cette nécessité de protection de la victime, a fait apparaître une science nouvelle, qualifiée de
"victimologie" qui étudie, du seul point de vue de la victime, son droit à réparation.
Dès lors, l'indemnité contractuellement due par l'assureur devrait normalement être versée à
l'assuré, afin de lui permettre de compenser la perte causée dans son patrimoine par sa dette
de responsabilité.
D'une part, le responsable de mauvaise foi pourrait conserver cette indemnité sans
pour autant désintéresser sa victime, et bénéficier ainsi du dommage qu'il a causé.
D'autre part, cette indemnité tomberait alors dans le patrimoine de l'assuré où elle
serait soumise à la loi du concours de l'ensemble des créanciers, lesquels
bénéficieraient injustement du dommage au détriment du lésé.
Par ailleurs, l'action oblique que l'article 1341-1 du Code Civil accorde au tiers lésé à
l'encontre de l'assureur de l'auteur du responsable serait d'une efficacité limitée dans la mesure
où celle-ci ne lui confèrerait aucune autonomie, ni exclusivité sur l'indemnité.
C'est pourquoi après que le législateur ait accordé, en 1913, à la victime un privilège sur
l'indemnité due par l'assureur, il était normal que la jurisprudence finisse par lui reconnaître
dans son arrêt de principe du 14 Juin 1926 un droit propre et exclusif sur cette indemnité.
La reconnaissance d'un droit d'action directe au profit de la victime est d'abord le fruit d'une
pure création prétorienne de la jurisprudence qui fonde cette action sur le contrat
d'assurance, le droit propre de la victime et la nécessité de sa protection.
Bien que puisant sa source et trouvant sa mesure dans le contrat d'assurance, qui en est le
support nécessaire, la Jurisprudence tend à en détacher le droit propre de la victime pour lui
faire acquérir une autonomie certaine.
Elle tend à conférer à un individu un droit d'action à l'encontre d'un tiers en dehors de
tout lien juridique.
L'égalité des créanciers trouve son fondement dans l'article 2093 du Code civil aux termes duquel "les
biens du débiteur sont le gage commun de ses créanciers et le prix s'en distribue entre eux par
contribution, à moins qu'il n'y ait entre les créanciers des causes légitimes de préférence".
Dès le début du vingtième siècle, la Cour de cassation a reconnu à la règle de l'égalité entre les
créanciers un caractère d'ordre public qui interdisait toute clause pouvant favoriser l'un d'eux.
Le 8e de l'article 2102 du Code Civil, institué par la loi de 1898 sur les accidents du travail,
dispose que : Sont privilégiées ... les créances nées d'un accident au profit des tiers lésés par
cet accident ou de leurs ayants droit, sur l'indemnité dont l'assureur de la responsabilité
civile se reconnaît ou a été judiciairement reconnu débiteur à raison de la convention
d'assurance.
L'article L 121-13 du Code des Assurances précise que "sont réservées aux victimes les
indemnités dues en cas de sinistre par le locataire ou par le voisin par application des articles
1733 et 1240 du Code Civil.
L'article 53 de la loi du 13 Juillet 1930, devenu l'actuel alinéa 2 de l'article L 124-3 du Code
des Assurances dispose, de façon générale, que :
L'assureur ne peut payer à un autre que le tiers lésé tout ou partie de la somme due par lui,
tant que ce tiers n'a pas été désintéressé, jusqu'à concurrence de ladite somme, des
conséquences pécuniaires du fait dommageable ayant entraîné la responsabilité.
Aux termes de l'article L 124-3, al.2, du Code des Assurances, le droit propre et exclusif ainsi
conféré à la victime du dommage sur l'indemnité d'assurance interdit à l'assureur de l'auteur
du dommage de procéder à un réglement quelconque entre les mains de tout autre que le tiers
lésé, tant que ce tiers n'a pas été désintéressé jusqu'à concurrence de ladite indemnité : Cass.
Civ. II, 26 Avril 2007 ; 06-14928 ; RC et Ass. 2007, Com. 226 et Etude n°12, H.Groutel
Mais si l'action de la victime d'un accident contre l'assureur est subordonnée à l'existence
d'une convention passée entre ce dernier et l'auteur de l'accident et ne peut s'exercer que
dans ses limites, elle trouve, en vertu de la loi, son fondement dans le droit à la réparation
du préjudice causé par l'accident dont l'assuré est reconnu responsable :
Cass. Civ., 28 mars 1939, RGAT 1939, p.235 ; DP 1939, I, p.68, note Picard - Voir également : Cass. Civ. I, 22
Juillet 1986, 85-10255, RGAT 1986, p.595, note G.Viney.
Dans la mesure où un bail prévoit une clause d'accession selon laquelle les travaux de transformation ou
d'amélioration faits par le preneur ne donneront lieu de la part du bailleur à une quelconque indemnité, et que
le preneur ne pourra en fin de jouissance reprendre aucune élément ou matériel qu'il aura incorporé au bien
loué, le bailleur a seul qualité pour exercer l'action directe à l'encontre de l'assureur de l'auteur du dommage
affectant ces biens : Cass. Civ. III, 4 Avril 2007, 06-11154 ; RC et Ass. 2007, Com. 225, note H.Groutel.
Le bénéficiaire d'une clause de réserve de propriété a seul qualité pour exercer l'action
directe à l'encontre de l'assureur de responsabilité de l'auteur du dommage affectant la chose
vendue : Cass. Com., 13 mars 2007, 05-17571 ; RC et Ass. 2007, Com. 229, note H.Groutel.
Enfin, la loi du 17 décembre 2007 a consacré de manière très nette ces principes en ajoutant
un alinéa 1 à l'article L 124-3 du Code des Assurances, selon lequel :
Le tiers lésé dispose d'un droit d'action directe à l'encontre de l'assureur garantissant la
responsabilité civile de la personne responsable.
Par arrêt du 16 février 1937, La Cour de Cassation a précisé que le droit d'action de la
victime ne peut porter que surl'indemnité telle qu'elle a été stipulée, définie et limitée par le
contrat d'assurance".
Par arrêt du 10 mars 1937, elle a précisé que le "droit du tiers contre l'assureur, bien
qu'ayant un caractère propre et direct, puise sa source et trouve sa mesure dans la
convention antérieurement conclue entre les parties" .
La validité de l'opération d'assurancce repose sur l'aléa, et dépend de la commune volonté des
parties au contrat, sous réserve des clauses-type imposées par la loi, notamment en matière
d'asurance obligatoire.
Le droit d'action directe est donc étroitement conditionné par les stipulations du contrat
concernant, notamment,la délimitation du risque assuré, les conditions de garantie, les
exclusions conventionnelles et légales de risque, telle la faute intentionnelle de l'assuré.
L'action directe est subordonnée au respect par l'assuré de ses obligations envers
l'assureur avant le sinistre, notamment lors de la souscription du contrat dans la déclaration
des risques ou de leur aggravation, le paiement des primes, et le respect des conditions de
mise en jeu du contrat.
La loi a créé au profit de la personne lésée par un accident un droit propre sur l'indemnité
dont, en vertu du contrat d'assurance, l'assureur est tenu envers l'assuré; ce droit, qui prend
naisance au jour de l'accident, ne saurait à dater de cet évènement, être affecté dans son
existence ni dans son objet par aucune cause de déchéance encourue personnellement par
l'assuré, pour inobservations des clauses de la police : Cass. Civ., 15 juin 1931.
C'est pourquoi, l'article R 124-1 du Code des Assurances dispose que les polices d'assurance
garantissant des risques de responsabilité civile doivent prévoir qu'en ce qui concerne
cette garantie aucune déchéance motivée par un manquement de l'assuré à ses
obligations commis postérieurement au sinistre ne sera opposable aux personnes lésées
ou à leurs ayants droit.
Cette autonomie peut permettre au tiers lésé de revendiquer une indemnisation de la part
de l'assureur de l'auteur du dommage, alors que ce tiers lésé ne pourrait faire valoir
aucun droit de créance à l'encontre de l'assuré responsable : notamment dans les cas
suivants : .
Cass. Civ. I, 31 mars 1993, n°91-13637 ; RGAT 1993, p.635, note J. Beauchard; R.C. et Ass. 1993,
n°18, H.Groutel :"La victime et la compensation : le revirement que l'on n'attendait plus" - Cass. Civ. I,
28 avril 1993, n°90.17727 ; Bull. Civ. II, n°148.
De la même façon, le tiers lésé dispose d'un droit d'action directe à l'encontre de
l'assureur du responsable, alors que cet assureur n'est tenu à aucune obligation de
garantie à l'égard de son assuré :
Du fait de l'autonomie de son action, la victime de dommages dispose ainsi de plus de droit
que celui dont dispose l'assuré envers son assureur.
L'assureur n'est plus seulement le garant du responsable assuré, il devient l'instrument actif
de la réparation. C'est ainsi que la loi Spinetta de 1978 , la loi Badinter du 5 Juillet 1985, et
la loi Kouchner du 4 mars 2002, obligent l'assureur sous peine de sanction à prendre
l'initiative de la réparation en présentant des offres d'indemnisation aux victimes dans des
délais déterminés.
Du fait de cette exclusivité, l'action directe n'est ouverte qu'aux tiers lésés, c'est à dire aux
victimes personnelles du dommage, ou aux personnes subrogées dans leurs droits : Cass.
Civ. I, 15 janvier 1991, 88-13810 ; RGAT, 1991, 405, note R.Bout.
Il en résulte qu'une personne qui n'a pas la qualité de victime, tel qu'un corresponsable du
dommage, ne peut exercer l'action directe contre l'assureur de l'auteur du dommage.
Son principe d'ordre public permet également au tiers lésé d'actionner l'assureur étranger
en cas de dommage causé sur le territoire français, cette action étant encore facilitée en ce
qui concerne les dommages causés dans un état membre en matière de circulation
internationale.
Cet article doit être interprété en ce sens qu’il permet, dans une situation telle que celle au
principal, l’exercice, par une personne lésée, d’une action directe contre l’assureur de la
personne devant réparation, lorsqu’une telle action est prévue par la loi applicable à
l’obligation non contractuelle, indépendamment de ce qui est prévu par la loi applicable
au contrat d’assurance choisie par les parties à ce contrat.
L'action directe ne doit pas être confondue avec l'action en garantie dont dispose un
coauteur et son assureur de responsabilité contre un autre coauteur et son assureur.
Cass. Civ. I, 21 janvier 1997, 94-19689 ; RGDA 1997, 542, note L.Mayaux ; RC et Ass. 1997, Chr. H.Groutel
:"Distinction de l'action directe et de l'action en garantie" - Cass. Com. 2 Février 1999, 96-17912 ; RGDA 1999,
677, note P.Rémy
Distinct de l'action directe prévue par l'article L. 124-3 du code des assurances, l'appel en
garantie exige la mise en cause de l'assuré pour que sa responsabilité soit établie.
La victime ne pouvait donc agir en justice contre l'assureur, qu'à condition de mettre en cause
l'assuré, sauf si cette mise en cause était impossible (procédure collective...) ou si l'assureur
avait reconnu la responsabilité de son assuré : Cass Civ. 13 décembre 1938
Mais par un revirement brutal, la Jurisprudence considère désormais que cette mise en cause
n'est plus nécessaire :
Cass. Civ. I, 7 novembre 2000, 97-22582, RGDA 20000, 1108, note J.Kullmann ; JCP G, 2001, 113,note J.Bigot
- Cass. Civ. II, 7 février 2013, 12-12875 - Cass. Civ. II, 27 avril 2017, 16-15525
Dans la mesure où la victime d'un dommage a un droit exclusif sur l'indemnité due par
l'assureur de l'auteur responsable du dommage, elle n'est pas tenue de se soumettre à la
procédure de vérification de sa créance pour faire reconnaître dans son principe et dans son
étendue la responsabilité de l'assuré en redressement ou en liquidation judiciaire et demander
paiement à l'assureur par voie d'action directe, sauf dans la mesure où elle prétendrait faire
valoir une créance de somme d'argent à l'encontre de l'assuré insuffisament assuré :
Cass. Civ. II, 15 mai 2008, 06-19737 - Ch.Mixte, 15 juin 1979, 77-14549
Il n'en demeure pas moins qu'il appartiendra toujours à la victime de rapporter la preuve de la
responsabilité de l'assuré et du quantum de son dommage, ce qui peut rendre nécessaire cette
mise en cause.
L'assuré pourra également contester, par la voie de la tierce opposition, le jugement qui
aurait reconnu sa responsabilité à son insu.
C'est pourquoi, il reste souvent prudent de mettre en cause l'assuré dans la procédure afin de
lui rendre le jugement opposable et éviter les difficultés ultérieures.
L'évolution du litige impliquant la mise en cause d'un tiers devant la cour d'appel, au sens de
l'article 555 du code de procédure civile, n'est caractérisée que par la révélation d'une
circonstance de fait ou de droit, née du jugement ou postérieur à celui-ci, modifiant les
données juridiques du litige.
Ayant justement retenu que l'action directe du tiers lésé contre l'assureur de responsabilité
étant une action autonome qui trouve son fondement dans le droit de ce tiers à réparation de
son préjudice, la victime pouvait, dès la première instance, assigner l'assureur de
responsabilité du responsable, la cour d'appel en a exactement déduit qu'un refus de garantie
opposé par ce dernier après le jugement n'avait pas pour effet de modifier les données
juridiques du litige et ne constituait pas une évolution de celui-ci impliquant la mise en cause
de cet assureur : font size=2> Cass. Civ. III, 15 Décembre 2010, 09-68894, RC et Ass. 2011,
Com. 157, note H.Groutel
Enfin, la victime d'un dommage a un droit exclusif sur l'indemnité due par l'assureur de
l'auteur responsable du dommage et n'est pas tenue, dès lors, de se soumettre à la procédure de
vérification de sa créance pour faire reconnaître dans son principe et dans son étendue la
responsabilité de l'assuré en redressement ou liquidation judiciaires et demander paiement à
l'assureur par voie d'action directe : Cass. Com., 16 Novembre 2010, 09-10492 ; RC et Ass. 2011, Com.
78, note H. Groutel.
L'action directe est recevable dès que le dommage est subi sur le territoire français.
Cass. Com. 5 Avril 2011, 09-16484 ; Tribune de l'Assurance, n°159, p.75
A - La compétence d'attribution
B - La compétence territoriale
A - LA COMPETENCE D'ATTRIBUTION.
La loi du 8 Juillet 1983 a permis la mise en cause de l'assureur au procès pénal, afin de lui
rendre opposable la décision à intervenir contre son assuré poursuivi pour une infraction de
coups et blessures ou d'homicide involontaire, ou faire mettre à sa charge une condamnation
"pour le compte de qui il appartiendra" en matière d'accident de la circulation.
Si l'action directe ouverte par l'article L 124-3 du Code des Assurances contre l'assureur de
l'auteur responsable du sinistre tend à la réparation du préjudice subi par la victime, elle
poursuit l'excécution de l'obligation de réparer qui pèse sur l'assureur en vertu du contrat
d'assurance. Elle relève par suite, comme l'action en garantie exercée, le cas échéant, par
l'auteur du dommage, contre son assureur, de la compétence de la juridiction
administrative, dès lors que le contrat d'assurance présente le caractère d'un contrat
administratif.
K Sonntag : "La Compétence du juge administratif au regard de l'action directe", RGDA, 2010, 251
Il résulte de la loi des 16-24 août 1790 que le juge judiciaire, saisi de l'action directe d'un tiers
payeur, n'est pas autorisé à se prononcer sur la responsabilité de l'assuré et le montant de la
créance d'indemnisation lorsque cette responsabilité relève de la compétence de la juridiction
administrative.
Ce qui est le cas, aux termes de l'article 15 de l'ordonnance n° 2005-1087 du 1er septembre
2005, de la responsabilité de l'Etablissement Français du Sang pour les actions introduites
après l'entrée en vigueur de cette ordonnance.
Cass. Civ. II, 10 Septembre 2015, 14-22023 , GP 15/12/2015, note D.Noguero - Dalloz 2016, 1167, Pano. M.B.
B - COMPETENCE TERRITORIALE.
L'autonomie du droit de la victime lui permet d'échapper aux règles du Code des Assurances
et aux stipulations du contrat d'assurance régissant la compétence territoriale, en lui donnant
la possibilité de se prévaloir également des règles du droit commun prévoyant notamment la
compétence du domicile de l'assureur défendeur.
La victime exerçant l'action directe peut se prévaloir soit des règles de l'article R. 114-1
du Code des assurances, impératives dans les seuls litiges entre assureur et assuré quand ils
ont trait à la fixation et au règlement de l'indemnité, soit des règles des articles 42 et suivants
du nouveau Code de procédure civile.
Cass. Civ. I, 30 Mai 2006, 04-13958 ; L'Argus de l'Assurance, n°6987, p.36, note ; RC et Ass. 2006, Com. 252
Même si l'assuré n'est pas mis en cause, la victime a donc la possibilité d'assigner l'assureur
devant le Tribunal du domicile de l'assuré responsable.
Cass. Civ. I, 11 mars 1986, 84-14979, RGAT 1986, p 354,note J.Bigot; Dalloz 1987, som. 183,note Berr et
Groutel.
l'action directe de la victime contre l'assureur de responsabilité, qui trouve son fondement
dans le droit de la victime à réparation de son préjudice, se prescrit par le même délai que
son action contre le responsable et ne peut être exercé contre l'assureur, au delà de ce
délai, que tant que celui-ci reste exposé au recours de son assuré.
Cass. Civ. II, 10 février 2011, 10-14148 - Cass. Civ. I, 9 mai 1996, 94-14560; RGDA 1996, 705 - Cass. Civ. III,
26 novembre 2003, 01-11245 ; Dossiers Juridiques Argus, n°6866, p.6, note G.D.; R.C. et Ass. 2004, n°50 -
Cass. Civ. I, 11 juin 2003, 99-20574 ; RGDA 2003, p.694, note M.Bruschi >
Exemple :
Cass. Civ. III, 26 novembre 2003, 01-11245 ; Dossiers Juridiques Argus, n°6866, p.6, note G.D.; R.C.
et Ass. 2004, n°50.
Cette règle est d'autant plus dangereuse que l'assignation en référé constitue une demande
judiciaire, au sens de l'article L 124-1 du Code des Assurances, qui marque donc le point de
départ de la presciption biennale en faveur de l'assureur.
Si l'assuré responsable n'agit pas dans le délai de prescription de son action principale, il ne
pourra plus exercer son action directe si la prescription biennale est acquise en faveur de
l'assuré responsable.
Enfin, si l'action de la victime contre l'assureur de responsabilité trouve son fondement dans le
droit de celle-ci à réparation de son préjudice et se prescrit par le même délai que l'action de la
victime contre le responsable, l'acte interruptif de prescription à l'égard de l'assureur est
sans effet sur le cours de la prescription de l'action de la victime contre l'assuré.
Cass. Civ. 12 Juin 1968, 66-11076 et 65-14399 ; Dalloz 1969, Jur. 279, note A.Besson ; JCP 1969, II, 15584,
Conc. Lindon.
La possibilité pour l’assureur d’invoquer l’inopposabilité lorsque l’instance suivie contre son
assurée lui était demeurée inconnue a été abandonnée en 1988 :
Cass. Civ. I, 15 mars 1988, 86-15783 - Cass. Civ. II, 12 mai 2005, 04-12638, Dalloz 2006, Pano. 1787 (En ce
qui concerne l'opposabilité d'une décision pénale)
Cass. 1ère civ., 29 oct. 2014, 13-23506 ; RGDA 2015, 39, note P.Asselain – Cass. Civ. I, 23 Octobre 2013, 12-
20102 (Juridiction étrangère)
La dette de responsabilité de l'assuré, acquise en son principe comme en son montant, est
opposable à l'assureur qui peut cependant contester le principe et l'étendue de sa garantie
au regard des stipulations de sa police.
Cass. Civ. III, 18 février 2016, 14-29200 - Cass. Civ. II, 10 Février 2004, 01-12863 ; RC et Ass. 2004, n°160
L'assureur partie à une instance, et malgré l'absence de condamnation à son encontre dans le
dispositif du Jugement, a donc un intérêt propre à interjeter appel d'une décision retenant la
responsabilité de son assuré, dans la mesure où celle-ci conditionne, au moins pour partie,
l'action directe suivie à son encontre.
Cass. Civ. III, 15 Décembre 2004, 03-17876 ; RC et Ass. 2005, Com. 114, note H.Groutel.
L'assureur qui a été dans l'ignorance du procès poursuivi contre l'assuré, et qui n'a pu diriger
le procès, n'est cependant pas totalement désarmé au cas où il serait actionné par voie d'action
directe, sur le fondement de cette décision qui lui est néanmoins opposable comme constituant
la réalisation du risque assuré.
En effet, l'article 583 du Nouveau Code de Procédure Civile permet à toute personne qui y
a intérêt de former tierce opposition à la condition qu'elle n'ait été ni partie ni représentée au
jugement qu'elle attaque. La jurisprudence estime que le fait d'avoir dirigé le procès de
l'assuré lui interdisait de former tierce opposition.
Cass. Com., 17 Novembre 2009, 08-12844 ; RC et Ass. 2010, Com. 55,note H. Groutel
Cette procédure, qui tend à ne rétracter et ne réformer le jugement attaqué, que sur les chefs
de préjudiciables au tiers opposant, mériterait d'être beaucoup plus souvent utilisée par les
assureurs.
Enfin, lorsque la décision a l'autorité de la chose jugée, notamment l'égard de l'assureur qui y
a été partie, on rappellera que l'article 593 du Code de Procédure Civile lui permet de former
un recours en révision, notamment en cas de collusion frauduleuse de l'assuré avec la victime.
A cet égard, une publicité des polices pourrait présenter un réel intérèt pratique.
Elle peut obtenir du juge la condamnation de l'assuré ou de l'assureur, voire d'un tiers, à
produire, sous astreinte, une copie du contrat d'assurance.
La preuve par écrit des stipulations du contrat d'assurance n'est exigée que dans les rapports
entre les parties au contrat et à l'égard de la victime.
Cass. Civ. I, 9 Mai 1996, 93-19807 ; RGGDA 1996, 596, note L.Mayaux
Le tiers lésé peut donc rapporter la preuve de l'existence de l'existence et du contenu par
tout moyen, et notamment par présomptions qui peuvent être déduites de l'attitude de
l'assureur.
Cass. Civ. I, 17 Juillet 1996, 94-16796 * ; RGDA 1996, 886, note L.Mayaux
Lorsque l'existence même du contrat n'est pas contestée par l'assureur du responsable,
la garantie est présumée dans tous les cas où l'assureur ne produit pas sa police :
Cass. Civ. I, 2 Juillet 1991, 88-18486 ; RGAT 1992, 161, note R.Bout - Cass. Civ. I, 22 avril 1992, 89-16034 ;
RGAT 1992, 594, note P.Rémy - Cass. Civ. III, 29 mai 2002, 01-00350 ; RGDA 2002, 949, note L.Mayaux -
Cass. Civ. III, 8 Juin 2010, 09-13482 ; RGDA 2010, 1010, note J.P. Karila
En cas de pluralité de victimes d'un même fait dommageable, celles-ci devront concourir
entre elles au marc le franc à concurrence du plafond de garantie.
Toutefois, en cas de concours entre la victime et son propre assureur subrogé, la jurisprudence
consacre le caractère prioritaire du droit à réparation, même en cas d'avance sur recours.
Selon l'article 1346-3 du Code Civil, la subrogation ne peut nuire au créancier lorsqu'il n'a été
payé qu'en partie ; en ce cas, il peut exercer ses droits, pour ce qui lui reste dû, par préférence
à celui dont il n'a reçu qu'un paiement partiel.
Enfin, le recours des tiers payeurs sur le montant de l'indemnité disponible ne devrait pas
davantage pénaliser la victime, puisque les prestations limitativement énumérées par la loi
Badinter et qui peuvent donner lieu à recours subrogatoire, ne peuvent priver la victime de la
réparation qui lui est due selon les règles du droit commun.
Néanmoins, en cas de pluralité de victimes d'un même fait dommageable, celles-ci devront
concourir entre elles au marc le franc sur l'indemnité disponible.
Enfin, la victime ne perd pas ses droits contre l'assuré responsable, celui-ci restant tenu in
solidum avec l'assureur au désintéressement, sauf en cas de renonciation à recours, qui sont
très fréquentes en droit des affaires ou de bail.
A noter que l'ouverture d'une action directe n'interdit pas au tiers lésé de rechercher la
responsabilité quasi-délictuelle de l'assureur du responsable auquel il reproche de lui avoir
causé un préjudice : Cass. Civ. II, 10 Mai 2007, 06-13269
Cass. Civ. I, 2 Juillet 2014, 13-19450 ; RGDA 2014, 428, note M.Asselain - Cass. Civ. I, 30 Avril 2014, 13-
10790 ; RGDA 2014, 331, note M.Asselain - Cass. Civ. II, 26 Avril 2007, 06-12225 ; RC et Ass. 2007, Com. 227
et Etude 12, H.groutel.
Rappelons que l'assureur qui a indemnisé son assuré sans y être tenu par son contrat ne
peut exercer de recours contre le tiers responsable sur le fondement de l'article L 121-12
du Code des Assurances. Il ne peut se prévaloir que de la subrogation conventionnelle de
l'article 1346 du Code Civil dans les droits de la victimes qu'il a indemnisée, si les conditions
de forme sont remplies (Subrogation expresse et concomitante).
Cass. Civ. II, 12 Juin 2014, 13-20064 ; RGDA 2014, 426, note M.Asselain
Enfin, l'action en répétition de l'indu n'appartient qu'à celui qui a effectué le paiement, à
ses cessionnaires ou subrogés ou encore à celui pour le compte et au nom duquel il a été fait.
L'assuré ne peut donc lui-même exercer cette action à l'encontre du tiers qui a reçu l'indemnité
d'assurance par erreur.
Cass. Civ. I, 20 Mars 2014, 13-10828 ; RGDA 2014, 216, note J.Kullmann.