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TROISIÈME ET DERNIÈRE

ENCYCLOPÉDIE
THEOLOGIQUE, oU TRoISIÈME ET DERNIÈRE

SÉRIE DE DICTIONNAIRES SUR T0UTES LES PARTIES DE LA sCIENCE RELIGIEUSE,


orrRAMT EM FRANcAIs, ET PAR oRDRE ALPEABÉTIQUE,
LA PLUS CLAIRE, LA PLUS FACILE, LA PLUS COMMODE, LA PLUS VARIÉE
ET LA PLUS COMPLÈTE DES THÉOLOGIES.
CES DICTIONNAlRES SONT CEUX :

DE PHILosoPIIIE CATHoLIQUE, — D'ANTIPHILosoPHIsME, —


DU PARALLÈLE DEs DoCTRINES RELIGIEUSEs ET PIIILosoPIIIQUEs AVEC LA Foi CATHOI.tQUE, —
DU PROTEsTANTISME, — DES OBJECTIoNS POPULAIREs CONTRE LE CATHOLICIsME, —
DE CRITIQUE CHRÉTIENNE , — DE sCoLAsTIQUE, — DE PIIYs1o1.oGiE , —
bE TRADITIoN PATRIsTIQUE ET CoNCILIAIRÉ,— DE LA CIIAIRE CIIRÉTIENNE,— D'IIIsToIRE ECCLÉs1AsTIQUE, —
DEs MIssIoNs CATHoLIQUEs, — DEs ANTIQUITÉs BIBLIQUEs, — DEs BIENFAITs DU CHRIsTIANIsME, —
D'ESTHÉTIQUE CIIRÉTIENNE, — DE DIsCIPLINE ECCLÉS1AsTIQUE, — DES PAPES, — DES CARDINAUX, –
DE BIBI.10GRAPIIIE CATIIOI.IQUE, — DES MUSÉES RELIGIEUx ET PROFANEs, –
DEs ABBAYEs ET MoNASTÈRES CÉLÈBREs, -- D'oRFÉVRERIE CIIRÉTIENNE, — DE LÉGENDEs CIIRÉTIENNEs, --
DE CANTIQUEs CIIRÉTIENs, – D'ÉCoNoMIE CIIRÉTIENNE ET CIIARITABLE, –
BEs scIENCEs PoLITIQUEs ET soCIALEs, — DE LÉGIsLATIoN CoMPARÉE,— DE LA sAGEssE POPULAIRE, —
DES ERREURS ET SUPERST1T1ONS POPULAIRES , - DES LIVRES A 1'OCRY PIIES, – -

DE LEçoNs DE LITTÉRATURE CIIRETIENNE EN PRosE ET EN vERs, — DE MvTIIoLoGIE UNIvERsELLE,—


DE TECHNoLoGIE UNIVERSELLE. - DES CONTROvERSES IIISTORIQUEs, - DES ORIGINES DU CIIII1STIANISME, –
DEs sCIENCEs PIIYSIQUEs ET NA 1 URELLEs DANs L'ANTIQUITÉ, —
BEs HARM0NIEs DE LA RAIsoN, DE LA sCIENCE, DE LA LITTÉRATURE ET DE L'ART AvEC LA FoI cATHOLIQUE, -
DEs PRoPosITIoNs CATIIoLIQUES. — DE MYSTIQUE CHRÉTIENNE. - DE LINGUIsTIQUE. --
DES PREUVES DE lA DIVINITÉ DE JÉSUS CHRIST, – DES SAVANTS ET DES IGNORANTS,

Publication sans laquelle on ne saurait ni parler nt lire utilement n'importe dans quelle situation de la vie.
PUBLIÉE

PAR M. L'ABBÉ MIGNE,


ÉDITEUR DE ILA BIBLIoTHÈQUE UNIvERsELLE DU CLERGÉ,
0U

DEs CoURs coMPLETs sUR CHAQUE BRANGHE DE LA scIENCE ECCLÉsiAsTIQUE.


Paix : 6 ra. LE vol. PoUR LE soUsCRIPTEUR A LA coLLEcTIoN ENTIÈRE, 7 FR. ET MÊME 8 FR. BoUR LE souscRiPtEua
A TEL 0U TEL DlCTi0NNAlRE PARTlCULIER.

60 V0LUMES, PRIX : 560 FRANCS.

TomIE QUARANTE-CINQUIEME.
DICTIONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES.
1 voL. PRIx : 7 FRANcs.

TOME UNIQUE.

S'IMPRIME ET SE VEND CHEZ J.-P. MIGNE, ÉDITEUR,


AUX ATELIERS CATHOLIQUES, RUE D'AMBOISE, AU PETIT-MONTROUGE,
BARRIÈRE D'ENFER DE PARIs.

1ss°
DICTIONNAIRE
DES

ANT I Q UIT É S
BIBLIQUES J'

TRAITANT :

DE L'ARCHÉoLoGIE SACRÉE, DES MoNUMENTs HÉBRAïQUES DE ToUTEs LES ÉPoQUEs,


DE ToUTES LES LoCALITÉS CÉLÈBRES MENTIoNNÉEs DANs LEs LIvREs sAINTs,
DE L'IDENTIFICATION DEs NoMs MoDERNES AVEC LES NoMs ANTIQUES CITÉs DANs LA BIBLE
DE LA DESCRIPTION DES TERRES BIBLIQUES
ET EN PARTICULIER DU BASSIN DE LA MER MORTE ET DU JOURDAIN.

PA a ul. E. DE sAvu au.


Membre de l'Institut.

PUBLIE

PAR M. L'ABBÉ MIGNE,


ÉDITEUR DE LA BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE DU CLERGÉ,
OU

DES COURs coMPE.ETs sUR CHAQUE BRANCHE DE LA SCIENCE ECCLÉSIASTIQUE.

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TOME UNIQUE.
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PRIx : 7 FRANCs.

s'IMPRIME ET SE VEND CHEZ J.-P. MIGNE, ÉDITEUR,


AUX ATELIERS CATHOLIQUES, RUE D'AMBOISE, AU PETIT-MONTROUGE
BARRIÈRE D'ENFER DE PARIs.

1s59
Imprimerie MIGNE, au Petit-Montrouge.
PRÉFACE.

Peu de contrées dans l'ancien monde ont autant occupé les savants et fourni matière à
leurs investigations que celle de la Terre-Sainte. On compte par milliers les voyages en
Syrie et en Palestine, et cependant peu de pays sont encore aussi inconnus que les par
ties les plus intéressantes de cette contrée célèbre.
Il y a deux raisons évidentes de ce fait, en apparence contradictoires avec l'existence d'un
si grand nombre de descriptions de la Palestine.
La première, c'est que l'immense majorité des voyageurs a suivi invariablement le même
itinéraire. Et cet itinéraire, c'est de débarquer à Jaffa, de voir Jérusalem, Beit-lehm, Jéricho
et le lieu sur le Jourdain où fut baptisé le Sauveur; de suivre la route de Jérusalem à Naza
reth, de visiter le lac de Tibériade, et de là gagner Saint-Jean d'Acre et Beyrout, d'où l'on
s'embarque pour Constantinople ou pour l'Europe occidentale.
Ajoutons encore que, même en suivant cet itinéraire tracé par la routine, tout ce qui se
trouve en chemin est vu avec tant de négligence que j'ose affirmer qu'il n'y a pas peut-être
dix voyageurs en Europe qui soient montés sur le mont Ebal qui domine au nord la ville de
Naplouse.
La seconde raison, c'est que la partie éminemment curieuse de la Palestine, c'est-à-dire,
le bassin de la mer Morte et la Moabitide qui borde au levant cette mer étrange, aux souve
nirs mystérieux, ne peuvent être parcourus qu'avec des dangers de toute sorte et des frais
considérables. Ces deux difficultés ont arrêté sur ce point toutes les tentatives d'exploration.
En sorte que, à part quelques rares excursions dans les derniers vingt-cinq ans, toutes les
terres bibliques situées au levant de la mer Morte et du Jourdain, depuis Petra jusqu'au
pied de l'Anti-Liban, n'ont vu leur sol foulé que par un très-petit nombre de voyageurs.
Qu'on ne s'étonne donc pas de tant de doutes sur des points essentiels de la géographie
de la Bible.
Jusqu'au voyage de Châteaubriand, la Jérusalem antique n'était connue que par la Disser
tation de d'Anville, qui passe pour un chef-d'œuvre, et que l'illustre voyageur reproduit
dans son Itinéraire ; quel que soit le mérite de ce travail, d'Anville, n'ayant pas vu Jérusa
lem, ne l'ayant connue que par un plan défectueux, n'a pu produire une œuvre qui ne
laissât rien à désirer.
Les écrivains anglais sont venus et ont exploré le pays, et surtout la ville Sainte, avec
l'esprit de ténacité qu'on leur connaît. Les travaux de Robinson, de Williams, sont classés
parmi des œuvres de géographie biblique sérieuses. Mais trop souvent les systèmes bizarres
sont venus gâter les plus belles recherches. Il y a peu d'années, M. Fergusson écrivait un
gros livre pour placer le Golgotha devant la porte dorée du temple, changeant l'entrée du
lieu saint en un lieu d'exécution, et plaçant l'église du Saint-Sépulcre dans l'endroit même
de la grande mosquée d'Omar élevée sur l'emplacement du temple de Salomon.
Ajoutons à cela qu'un système singulier d'attribution d'ancienneté aux monuments hé
braïques avait prévalu en Europe. Tout ce que la sculpture, l'architecture avait pu laisser à
Jérusalem et dans la Palestine était imperturbablement attribué aux époques de décadence
de la domination grecque et romaine. On niait qu'il y eût un art hébraïque, des monuments
élevés par les Juifs avec des types qui fussent propres au génie de leur nation.
J'ai donc eu, dans mes explorations consciencieuses à travers les terres bibliques, à rectifier
les erreurs de toute sorte accumulées dans les écrits de mcs devanciers. J'ai dû naturelle
ment en faire justice. La cause de la vérité, celle de la religion y ont gagné.
J'ai recueilli les sympathies les plus honorables pour mon travail sur l'art hébraïque,
matière intéressante, et que j'ai traitée, le premier du moins, avec une certaine étendue.
DICTIoNN. DEs ANT1QU I7 És BIBLIQrEs. 1
#1 PREFACE. ' 12

On trouvera dans ce Dictionnaire mes articles sur l'art hébraïque divisés selon la méthode»
en ce cas, la plus naturelle, celle de suivre un à un chacun des saints Livres pour en tirer les
notions importantes d'art qu'il peut contenir.
Mes découvertes sur les villes maudites dont j'ai vu les ruines et dont j'ai constaté la
véritable position depuis Gomorrhe jusqu'à Tzoar, m'ont valu les critiques les plus amères.
J'ai subi le choc de ces critiques. J'y ai répondu, et mes identifications subsistent, malgré les
dénégations des hommes qui prétendaient, du recoin obscur de leur cabinet, mieux con
naître que moi une contrée que j'avais visitée avec une attention je ne dirai pas sérieuse,
mais passionnée.
La magnifique nécropole de Jérusalem, la plus curieuse que puissent offrir les villes
de l'ancien monde, prêtait matière aux plus intéressantes découvertes. Celles que j'ai
faites sont toutes consignées dans ce Dictionnaire, et je dois ajouter que j'ai laissé encore
ample moisson aux explorateurs futurs.
Une partie de mes travaux qui a aussi son importance pour les études bibliques, c est le
soin que j'ai eu de rendre à toutes les localités que j'ai visitées leur véritable nom si fré
quemment mutilé dans les traductions grecques et latines de la Bible. J'ai pu me convaincre
que les noms bibliques n'ont pas changé en Palestine : Endor, célèbre par sa pythonisse, est
toujours Endor. Mais cette lecture est un barbarisme. La véritable lecture est Aïn-Dour (la
fontaine de Dour). Il en est de même de Engaddi : c'est Aïn-Djedi, etc., etc.
Je livre donc tous ces résultats d'une étude consciencieuse sur les terres bibliques au
monde religieux et savant. J'ose dire que la plupart de ces questions étaient à peu près
complétement inconnues. Mes travaux sur le temple de Salomon, sur le temple du Gar
rizim, sur celui d'Azor, ville Kénâanéenne que j'ai décrite le premier, jettent un jour tout
nouveau sur cette partie de l'archéologie sacrée.
Puissent ces pages servir à encourager l'étude de ces contrées si intéressantes, et
à éclaircir les Livres saints dont j'ai été heureux de reconnaître partout l'admirable
exactitude !
DICTIONNAIRE
DES

ANTIQUITÉS BIBLIQUES
A
AADADAH, ADADA. -- C'est le nom d'une malade de se baigner sept fois dans le Jour
localité biblique † n'est mentionnée qu'une dain. C'est alors que Nâaman s'écria que les
rivières de Damas valaient bien celles d'Is
seule fois dans l'Ecriture sainte. Voici le pas
sage qui nous offre ce nom (Josué, xv ) : raël, , et qu'il avait eu tort de penser que le
— 20. Voilà l'héritage de la tribu des enfants prophète le guérirait en invoquant son Dieu.
de Juda, selon leurs familles. — 21. Les villes Il se retirait plein de dépit, lorsque les gens
depuis l'extrémité de la tribu des enfants de de sa suite lui firent comprendre qu'il ne ris
Judafurent jusqu'à la limite d'Edom, au sud, quait rien à tenter l'expérience, et qu'il re
Kabfel, et Aader et Iadjour. — 22. Et Kei
mah et Dimounah et Aadadah.
† peut-être plus tard de ne l'avoir pas
aite, Nâaman consentit à se plonger sept
J'ai eu le premier la satisfaction de signa fois dans les eaux du Jourdain, et sa chair
ler la position de cette localité biblique. Lors redevint comme la chair d'un jeune enfant,
u'en partant de la pointe nord du Djebel et il fut guéri. (Ibid., 14.)
§n (montagne de sel) on remonte l'Ouad Le nom de la rivière Abnah ne se présente
ez-Zouera tout entier, puis l'Ouad-et-Thae que cette seule fois dans les saintes Ecritures.
meh, ce qui fait un parcours d'environ 14 ou † de Tudèle, le Juif voyageur du xI°
15 kilomètres, on débouche sur le plateau siècle (Itinéraire, p. 96), parle des deux ri
le Kenâan ; et à gauche, à environ un kilo vières Abnah et Farfar. L'identification de ces
mètre de la route qui conduit aux ruines et deux rivières est assez incertaine. On sait que
à la grotte connue sous le nom de Er-Rmaï!, Damas est arrosée de la manière la plus splen
on aperçoit encore aujourd'hui des ruines dide par les eaux du Baradah, qui prend sa
sur le sommet d'une colline. Ces ruines por source dans l'Anti-Liban, vers le nord-ouest,
tent parmi les Arabes du pays le nom de et passe au milieu des ruines d'Abila, capitale
Qasr-Aadadah (le château d'Aadadah) ; ce de la Tétrarchie de Lysanias, aujourd'hui
nom de Qasr indique en ce point qu'il serait Souy-Ouady-Baradah ( le marché de la va]-
très-important de visiter, les restes d'un lée du Baradah) ; une autre petite rivière qui
édifice | important. Nul doute que ce ne traverse toute la plaine méridionale de Da
soit là que se trouve l'emplacement de la cité mas et qui descend également des flancs
biblique dont nous nous occupons, et qui de l'Anti-Liban, en traversant le joli village
était placée sur la , limite méridionale du d'Artouz, sert à l'irrigation de cette plaine
territoire de la tribu de Juda. Je recommande fertile : laquelle de ces deux rivières est le
cette localité importante aux voyageurs Farfar ? laquelle est l'Abnah? il est fort dif
futurs. ficile de le décider. Selon Gesenius, Farfar
ABANAH ou ABNAH. — Rivière. Nous li signifie le Rapide, et on a conclu de cette
sons dans la Bible, l V Rois, v, 12 : L'Abnah signification que le torrent qui se jette
et le Farfar, rivières de Damas, ne sont-ils dans le Baradah, et qui se nomme aujour
pas meilleurs que toutes les eaux d'Israël ? d'hui El-Feidjeh , c'est-à-dire le Coureur,
ne m'y laverai-je pas pour être net ? Ces paroles devait être le Fartar des saintes Ecritures.
sont prononcées par Nâaman, chef de l'ar En ce cas le Baradah pourrait être l'Abnah,
mée du roi d'Aram qui était atteint de la lè à moins que la rivière rapide dans laquelle
pre, et qu'unejeune prisonnière du pays d'Is se jette l'El-Feidjeh ne fût considérée elle
raël devenue la servante de sa femme enga même comme la véritable continuation du
geait à se rendre à Samarie, en lui donnant torrent rapide qui avait reçu le nom de Far
l'assurance que le prophète Elisée le guérirait far; dès lors l'Abnah ne serait autre que la
de son mal. Nâaman obtint du roi son maî rivière du sud, c'est-à-dire l'Ahouach qui va
tre une lettre d'introduction auprès de Joram, se perdre dans ce.joli lac, connu sous le
roi d'Israël, avec prière de lui procurer sa nom de Bahr-el-Merdj (mer des pâturages),
guérison. Eliséc fut consulté et ordonna au et situé à l'est de Damas. Il est bon d'ajouter
15 ABD DlCTIONNAlRE ABE 16

qu une glose marginale recueillie par les com avait été donnee aux Lévites. Jl est étrange du
mentateurs donne la variante Amanah ( la reste qu'elle ne soit pas mentionnée parmi les
ersistante), du nom de notre rivière. Tout villes † pas plus qu'Acco, devenue depuis
bien considéré, je regarde le Baradah comme Ptolémaïs et de nos jours Saint-Jean d'Acre,
étant probablement identifiable avec le Far que nous trouvons dans le Livre des Juges
far, et l'Ahouach avec l'Abnah. (I, 31) mentionnée comme une des villes des
faut-il conclure qu'il y a eu une
ABARIM. — Montagne.— Tel est le nom, · erreur de En
Asérites.
copiste dans la transmission des Li
signifiant passages, du pâté de montagnes qui et qu'il faut voir Abdoun dans
à † de l'embouchure du Jourdain, et à la Vres saints,
pointe nord-est de la mer Morte, limite le l'Abrou, que nous trouvons mentionné parmi
les villes des Asérites, dans le livre de Josué
ays des Ammonites. Dans le Deutéronome
xxxII, 49 ) cette montagne est mentionnée (xIx, 28)? Déjà l'illustre Reland a soupçonné
comme voisine de Jéricho ; et les trois som a légitimité de cette correction, mais je ne
mets des monts Nebou, Fesgah, et Fâour me permettrai pas pour ma part, de la pro
( Nebo, Pisgah, et Peor ) en font partie inté poser d'un manière formelle : d'autant plus
grale. C'est du sommet du mont Fesgah qu'il que rien ne prouve qu'il faille prononcer
fut donné à Moïse de voir la riche vallée du Abroun, au lieu de Abrin. On ignore absolu
Jourdain et la terre promise, dans laquelle il ment aujourd'hui quelle est la localité qui a
ne devait pas poser le pied. Sans doute c'est pris la place de l'Abdoun biblique ; mais ce
du sommet le plus élevé des monts Abarims, n'est pas à dire pour cela qu'on ne la retrou
Vera pas avec certitude quelque jour ; car
que le chef du peuple de Dieu dut.contem l'expérience nous a prouvé qu'avéc la con
pler le beau pays où coulaient le lait et le miel naissance exacte des textes sacrés, et de la
, et qu'il lui était interdit de mettre lui-même langue actuelle du pays, c'est-à-dire de l'a-
entre les mains des Israélites ; à ce compte le rabe,on parvenait assez aisément à retrouver
Fesgah ne saurait être autre chose que le
pic élevé, connu de nos jours sous le nom · n'ont dans la mémoire des habitants, des noms qui
de Djebel-Atarous, et qui domine d'une ma guère été altérés que par les traduc
nière notable la chaîne ammonitique à peu teurs de la Bible, peu familiarisés avec la pro
des idiomes sémitiques.
près à l'est de Jéricho ( Er-rihha ). Il est nonciation
ABEL, ABELAH, ABILA. — Noms de villes.
impossible, lorsqu'on étudie sur place l'oro - Le mot hébreu 52N signifie pâturage,
graphie de la Terre-Sainte, de ne pas empor · champ couvert d'herbe; il y a donc tout d'a-
ter ſa conviction que cette identification est bord de fortes présomptions en faveur des
inattaquable. Malheureusement il n'est pas identifications qui placeraient une des localités
aisé de pénétrer dans ces montagnes, et j'ai nommées Abel dans les saintes Ecritures, à
eu moi-même le regret de quitter ce beau pays de pâturages.
sans pouvoir parcourir les montagnes saintes proximité dans le nom desquelles
auxquelles se rattachent les faits les plus le mot Abel bibliques
Les villes
entre en composition, sont assez
importants de la conquête judaïque, c'est successi
nombreuses; nous allons les passer
à-dire la visite, la mort et l'enterrement de VeII1ent en reVue.
Moïse. Nul doute que les noms modernes que 1.Abelah, Abel-beit-mâakah, ou hemâa
l'on recueillerait parmi les nomades habitants kah. Nous avons à établir que ces deux noms
de ces montagnes ne fissent aisément recon désignent une seule et même ville ; mais oc
naître les trois sommets que j'ai mentionnés Cupons-nous d'abord de leur signification.
plus haut. Notons en passant, à propos du Beit-hemâakah veut dire maison de la com
mont Fesgah, qu'il existc justement en face pression. D'où vient ce nom?S'agit-il d'une
de la position assignée par l'Ecriture sainte compression morale ou physique?on l'ignore,
à cette montagne et dans la chaîne de Kenâan, et nous n'avons pas la prétention de tran
un mont élevé nommé Fechkhah, à proximité cher cette difficulté. Nous trouvons dans le
duquel les musulmans ont placé un oré II" Livre de Samuel ( c. xx) le récit de l'ex
tendu tOmbeau de Moïse.
pédition de Joab qui, après le meurtre d'A-
Notons enfin qu'Eusèbe et saint Jérôme ImaSSa, poursuivait Sebaâ-ben-Bekri. — Joab
affirment que de leur temps une portion de la passa par toutes les tribus d'Israèl jusqu'à
chaîne montueuse avoisinant Hesbon, avait Abelah et Biet-mâakah. (v. 14.) Notons d'a-
encore conservé le nom d'Abarim. bord que de la teneur de ce verset il résulte
ABDOUN. — Ville de la tribu d'Aser. — clairement qu'Abelah et Beit-maâkah étaient
Voici dans quels passages bibliques cette ville deux localités distinctes, mais assez voisines
est mentionnée : Et de la tribu d'Aser, Me pOur que de l'ensemble des deux dénomina
sal. avec ses pâturages, Abdoun avec ses pâtu réunies se soit formé le nom spécial de
rages. #ses terrains libres ; Abdoun avcc tions
xxI, 30.) Et de la tribu d'Aser, l'Abelah qui était près de Beit-mâakah. Le
Mesal avec Verset suivant nous apprend que Sebaâ-ben
ses terrains libres. (I Chron., vI, 59.) : Il Bekri fut assiégé par Joab dans Abelah-beit
s'ägit dans ces deux passages parallèles, des . hemdakah; que les assiégeants durent élever
villes attribuées aux Lévites. un agger aussi haut que les remparts de la
Quelle était dans le territoire de la tribu . yille, et que l'armée de Joab s'efforça de faire
d'Aser la position de cette ville ? était-elle au brèche dans l'enceinte ennemie. Ce fut alors
nord, au sud, sur la frontière, à l'intérieur ? qu'une femme enfermée dans la ville parut
Nous n'en savons absolument rien. Nous me sur la muraille et interpella Joab ; elle dit
pouvons aſliruner qu une chose, c'est qu'elle la parole qu'on disait autrefois, quand il
17 ABE DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. ABE 18

s'agissait de demander : Ils demanderont à Tell d'Abel-beit-mâakah. Nous aurions le


Abel, et ainsi ils finiront tout (v. 18). Ceci veut droit d'être étonnés de la présence de cette
probablement dire, Faites une proposition de mention sous forme de pure assertion, si nous
paix, et tout sera fini. On voit que dans ce ne retrouvions plus loin un passage qui con
verset le nom d'Abel est prononcé isolément; cerne les mêmes ruines. C'est dans le tome Il,
c'était donc le nom réel de la ville. Au verset page 428, que nous voyons les ruines de la lo
suivant la femme dit encore à Joab : Tu cherches calité biblique désignées de nouveau comme
à faire périr une ville, mère en Israël.Cette ex existant à Abil, près du † nommé Djesr-el
pression est bien connue aujourd'hui comme Rhadjar, pont sur lequel j'ai traversé le nahr
ayant exactement la même valeur que notre hasbayah, pour me rendre des ruines de Ha
mot métropole emprunté à l'idiome grec; car zor au Tell-el-Qadhi et à Banias. Dans ce
on connait des médailles d'Antiochus Epi Second passage les ruines sont désignées sous
phane, frappées à Laodicée avec la légende le nom d'Abil. Pas un mot de plus n'est dit
phénicienne : Li Ladakiah Omm-bikenâan, sur cette locaiité, et on a peine à le conce
c'est-à-dire , de Laodicée mère (ou métro voir, eu égard à sa célébrité. Du reste il ne faut
pole) en kenâan : Abel était donc une ville pas perdre de vue qu'il y a dans ce canton
véritablement importante. Quoi qu'il en soit, deux Abil: Abil-el-gamh,et Abil-el-haous dont
Joab demanda la tête de Sebâa-ben-Bekri ; le revérend Robinson a signalé l'existence en
· cette tête lui futjetée par-dessus lamuraille, et laissant prudemment dans le doute l'identifi
le siége fut immédiatement levé. Un verset du cation d'Abel-beit-mâakah avec l'une ou l'au
l" Livre des Rois (xv, 20) peut nous servir à tre de ces deux localités modernes. Si nous
fixer,jusqu'à un certain point,la portion de la remarquons que le mot significatif gamh (fro
Terre-Sainte dans laquellej il faut chercher ment), ressemble fort, à une inversion près,
Abel-beit-mâakah. Le voici : Ben-hadad (roi au nom antique nâakah, on est tenté de cher
d'Aram) écouta Assa (roi de Juda), et envoya cher , Abel-beit-mâakah sur l'emplacement
les chefs de son armée contre les villes d'Is actuel d'Abil-el-gamh; c'est là une question
raël, et il battit Ayoun, Dan, Abel-beit-mda qu'un examen attentif des lieux pourra seul
kah et tout (le pays de) Kenrout, dans toute trancher, et je le recommande expressément
la terre de Nephtali. — Il est clair, d'après la aux voyageurs futurs.
teneur de ce verset, que les localités nommées L'irruption de Ben-Hadad sur le territoire
Ayoun (les sources), Dan, et Abel-beit-mâa hébraïque est racontée de nouveau dans le
kah, devaient être assez voisines, et au nord Livre des Chroniques (II, xvI, 4j.Voici la teneur
du pays de Kenrout nommé plus tard pays de du verset en question : Ben-Hadad écouta
Gennesareth. Nous connaissons parfaitement Assa, et envoya lcs chefs de son armée contre
la position de Dan. (Voy. ce mot.) Cette ville les villes d'Israël; ils battirent Ayoun. Dan,
se trouvait, ainsi que je le ferai voir, au point Abel-maim, et tous les lieux de dépôt des
† se nomme aujourd'hui Tell-el-Qadhi (le villes de Nephtali.Il est bien clair que ce verset
ertre du Juge). Ayoun (les sources, pluriel parallèle à celui que nous avons , transcrit
de Ayn, source) est très-vraisemblablement lus haut établit ſa synonymie d'Abel, d'A-
un mot servant à désigner les sources par el-Beit-Mâakah, et d'Abel-Maïm , comme
excellence, c'est-à-dire celles du Jourdain : d'Abel-Maïm signifie Abel des eaux, et cette
resterait à savoir si, comme le dit l'historien dénomination convient à merveille à une lo
Josèphe, ces sources étaient celles de Banias calité placée sur les bords du Nahr-hasbayah,
(le Paneion des anciens, (Voy. ce mot), ou si et à proximité des sources nominales du Jour
à cette époque reculée la source du nahr dain placées par les Hébreux à Banias Ayoun)
hasbayah était regardée, ainsi que cela sem et au Tell-el-Qadhi (Dan).
ble parfaitement naturel, comme la principale Reland fait une curieuse remarque à propos
source du fleuve sacré. Toutefois comme Ba de Mâakah : c'est qu'il y avait une localité d ?
nias appartenait en réalité au territoire des ce nom dans le royaume de Basan, et que la
Israélités, tandis que les sources du nahr race de Mâakah ne fut point exterminée, mais
hasbayah étaient en dehors et appartenaient au continua d'habiter parmi les Israélites. (Jos.,
royaume d'Aram ou de Damas, il est possi xIII, 13.) Peut-être ajoute-t-il, le nom d'Abel
ble que les Hébreux aient tenu à regarder Beit-Mâakah vient-il de là, et cette ville fut
les sources du Jourdain comme leur ap elle le refuge de cette † Enfin Jo
partenant, et que Banias ait été réelle sèphe (Ant. Jud., VII, xI, " nOmme Celte
ment la localité qu'ils appelaient Ayoun ville 'A6s)gzzéz; et plus loin (Ant. Jud, VIII,
(les , sources); ceci expliquerait parfaite xII, 4 ) il nomme 'A6s))zv4 une , ville du
ment l'opinion du Juif Josèphe, qui place royaume des dix tribus, qui fut prise par le
la principale source du Jourdain à la grotte roi de Damas. Les textes positifs de l'Ecri
du Paneion. Où placer alors Abel-beit-mâa ture sainte démontrent jusqu'à l'évidence qu'il
kah, qui doit se trouver dans le voisinage de y a dans cette dernière dénomination une
Banias et du Tell-el-Qadhi ? Un voyageur corruption due à quelque inadvertance de co:
rècent, M. Van de Velde, nous fournit en piste. C'est très-certainement 'A6i)uzx»a u'il
quelque sorte la solution de cette question faut lire dans ce second passage, Comme dails
intéressante.A sa première course dans le le premier. - - - -

haut pays qui domine au nord la plaine du ABEL HE-SITHIM. — Abel des , Sithim
Bahr-el-houleh (lac Samachonite), M. Van (Sithim est le pluriel du nom d'un arbre ºui
de Velde (tome I, p. 169) nous dit qu'il aper ouvait être abondant sur ce point) était une
çut du haut de la montagne et à ses pieds le ocalité située dans la terre de Moab. non lcin
19 ABE DIC'11UNNA1lt l, ABE 20

de la mer Morte, puisque Josèphe place cette seyal. Je terminerai en disant queje ne doute
ville qu'il appelle "Aêi)a près de Julias et de as un seul instant qu'Abel-Hesithim ne soit
Basimoth (Beit-lasmout). Il est question dans a même ville que l'Abila de la Pérée. (Voyez
la Genèse (L, 11) d'une localité nommée Abel ce mot.) -

Misraïm, que plusieurs commentateurs consi ABEL-KERMIM, Abel des Vignes (kerm,
dèrent avec raison, je crois, comme étant la vigne, pluriel, kermim.) — Nous lisons dans
même qu'Abel-Hesithim. Voici le verset en les Juges (x1,33): Il (Jephté) les battit (les fils
question : Les Kenâanééens , habitants du d'Ammon) depuis Aroër jusque vers Minith,
pays, voyant le deuil(de Jacob) à Geran-Atad, vingt villes, et jusqu'à #ermim, (leur in
dirent : Voilà un grand deuil pour Misraim ſligeant) une très-grande défaite, etc. — ll
# c'est pourquoi on l'appela du nom résulte clairement du texte seul, ce me sem
d'Abel-Misraim, qui est au delà du Jourdain. ble, qu'Abel-Kermim était une place des
- Réland n'est pas de cet avis ; pour lui, Ammonites. Voici du reste qui le prouve
Abel-Misraïm était à l'occident du Jourdain, d'une manière explicite. Eusèbe, dans son
tandis qu'Abel-Hesithim était sur la rive Onomasticon, dit à propos d'Abel-Kermim
orientale. Josèphe dit que Moïse rassembla le qu'il existait encore de son temps une ville
peuple israélite au point où est maintenant la nommée Abel, riche en vignobles, et placée
ville d'Abila, lieu abondant en plantations de à six milles romains de Philadelphie, qui
palmiers, ºrov v5» r6)t; iativ'A6i)n (Ant.Jud.,IV, n'est autre que Rabbat-Ammon. Voilà une '
vIIl, 1), et qu'après sa mort Josué quitta Abila localité biblique de plus que les voyageurs,
pour se rendre sur les bords du Jourdain, qui qui voudront se donner la peine de la cher
était éloigné de 60 stades. Le stade étant de cher, retrouveront très-probablement et sans
185 mètres, c'est à 11 kilomètres à très-peu pelne.
près du Jourdain, qu'il faut chercher l'empla ABEL - MEHOULAH. (Abel-la-Forte.) —
cement de cette Abel. Le détail que Josèphe C'est le nom de la patrie du prophète Elisée.
donne dans le premier passage que je viens Voici les renseignements que l'Ecriture
de mentionner, et qui nous apprend que le †
VlI1e :
nous fournit sur le compte de cette
territoire de l'Abel en question était bien
planté de palmiers, nous démontre † Les trois cents trompettes retentirent, et
· tement, il est vrai) qu'il était dans la même l'Eternel fit tourner le glaive, l'un contre
† que Jéricho. Il est donc probable que
e voyageur qui recherchera cette localité im
l'autre, et ainsi dans tout le camp, et l'armce
s'enfuit jusqu'à Beitl-Heshitah (la maison de
portante, grâce aux renseignements que je l'arbre # près de Sararat, jusqu'à la
viens d'enregistrer, parviendra facilement à frontière d'Abel-Mehoulah, près de Thoubat.
en retrouver les traces et peut-être le nom (Jud., vII, 22.) Baâna-Ben-Akhiloud avait
même. Eusèbe dit de plus que cette Abel Tdanak et Megiddo et tout Beit-San, qui est
était auprès du mont Phagor; c'est une ex près de Sartanah, au-dessous de Jezraèl, de -
cellente indication qui doit servir à l'identi puis Beit-San jusqu'à Abel-Mehoulah, jus -
tication de cette montagne illustre. qu'au delà de Jokneâam, (I Rois, Iv, 12.)
Deux autres passages de l'Ecriture conticn Et , tu oindras Elisda Ben-Souſat, d'Abèl
nent encore le nom d'Abel-Hesithim. Comme Mehoulah, pour être prophète sous toi (après
il est important de les enregistrer, les voici : toi). (I Rois, xIx, 16.) De ces textes il résulte
— (Les Israélites) campèrent près du Jour qu'Abel-Mehoulah était dans le voisinage de
dain, depuis Biet Hiasmout jusqu'à Abel-He Beit-San, nommée depuis Scythopolis, et
sithim, dans les plaines de Moab. (Nomb., qui a repris aujourd'hui son antique nom,
xxxII, 49.) — Mon peuple, rappelle-toi donc mais un peu altéré, de Beysan. Eusèbe, à
ce qu'a prémédité # roi de Moab, et ce propos de cette localité dont il écrit le nom
que lui a répondu Balaam-ben-Bâour, depuis Bnºuzûz, dit que c'est un bourg situé dans
Hesithim jusqu'à Djeldjal, afin que tu recon la grande plaine du Jourdain, à 16 milles
naisses les bontés de Jéhovah. (Mich., vI, 5.) romains au sud de Scythopolis ou Beysan.
Il serait curieux de pouvoir préciser le nom Avis aux explorateurs futurs de la Terre
botanique de l'arbre qui porte le nom de sith, Sainte. Nul doute qu'ils ne retrouvent avec
au pluriel sithim. Saint Jérôme (Commentai un peu de soin les traces de la ville natale
res des prophéties de Michée) dit que c'est un du prophète Elisée.
arbre du désert, semblable à la spina alba ABEL - MISRAIM. (Voy. ABEL-HE-SITHIM.)
par la couleur et par les feuilles, mais non — J'ai pensé devoir adopter l'avis des'
par la taille, puisque c'est un très-grand arbre Exegètes qui d'Abel-he-Sithim, et d'Abel
dans lequel on peut couper de grandes pièces Misraïm, font une seule et même localité.Je
de bois d'une grande dureté, d'une légèreté dois néanmoins faire observer que saint Jé
et d'une beauté incroyables. Il ajoute dans un rôme, qui certes connaissait bien la Terre
second passage des Commentaires de Joël que Sainte, place Abel-Misraïm à l'occident du
cet arbre ne se rencontre, dans toute l'éten Jourdain, en ajoutant que celui-ci fut pos
due de l'empire romain, que dans le désert térieurement appelé Bethagla (Beit-Hadjlah);
d'Arabie. Ce renseignement n'est malheureu c'est évidemment ce témoignage on ne peut
sement pas suffisamment précis, et ce n'est plus respectable qui a décidé Reland à faire
que comme conjecture que je proposerais d'y de ces deux noms les appellations de deux
voir le mimosa, si commun sur les rives dé localités distinctes situées l'une à l'orieût,
sertes de la mer Morte, et qui n'est que le l'autre à l'occident du Jourdain. Toutefois,
- gommier conuu des Arabes sous le nom de pour lonner aux lecteurs tous les moyens de
2i ABI DES ANTIQUlTES BIBLlQUES. | ABl 2#

se décider en connaissance de cause je dois là une incorrection,et que c'est Abela qu'il faut
rappeler que le verset 11 du chapître 1 de lire sur la carte au lieu d'Arbela. S'il n'en est
la Genèse que j'ai reproduit en entier à pro pas ainsi, je ne saurais deviner où l'habile
pos , d'Abel-he-Sithim, nous apprend que géographe a trouvé l'indication d'une Arbela
Abel-Misraïm était dans le Djôuran-Aatad, en cette contrée .
c'est-à-dire dans l'aire, le lieu plandes épines. ABILA DE LYSANIAs ; Abila près du Liban.
Si tel est bien le sens du mot âatad, il y a — Abila était la métropole de la province
† raison de plus de croire que l'Abel d'Abilène. Cette province faisait partie de la
es arbres épineux est le même lieu que Tétrarchie de la Chalcide, qui fut possédée
l'Abel située dans l'aire des épines. Il me par Ptolémée fils de Mennaeus, et par son fils
suffira d'avoir indiqué ce rapprochement.
ABES. — Ville de la tribu d'Issakhar. —
l§ Celui-ci fit probablement de grands
travaux à Abila, puisque cette ville reçut le
Il n'est question de cette localité qu'une seule nom d'Abila de Lysanias (Géographie de Pto
fois dans toute l'Ecriture sainte. Voici le ver lémée, villes de la Cœlésyrie ). A Lysanias
set où elle se trouve mentionnée (Jos., xIx, succéda Zénodore dont la filiation n'était pas
17) : A Issakhhar échut le quatrième lot : au encore établie : nous allons voir qu'elle résulte
enfants d'Issakhhar, selon leur-famille.— 18. assez clairement d'une inscription d'Héliopo
Leurlimite fut à Jezraul, et Hiksalout, et Sou lis, et que ce Zénodore était réellement fils de
nem. 19. Et Heferim, et Saoun, et Ehaharat. Lysanias. Le long de la face intérieure du mur
-20. Et Herahit et Kesioun et Abes,— etc..... d'enceinte de Baalbek, et au pied de la bran
On ne connaît aucune localité moderne che faisant face au sud, on trouve plusieurs
dont le nom rappelle celui d'Abes. fragments d'une inscription grecque en carac
ABILA. — Trois villes distinctes de ce nom tères carrés, dont l'un a 1 m. 60 centimètres
et dont nous devrons nous occuper successi de largeur, et qui ont dû former jadis la frise
vement, sont mentionnées dans les écrivains d'un bel édifice funéraire. Ces fragments, au
anciens. La première était une ville de la nombre de trois, sont loin de fournir un texte
Batanée, la seconde était la métropole du complet, mais ils suffisent pour faire deviner
Tétrarque Lysanias, et la troisième était une la teneur de ce texte, les voici :
ville de la Pérée. Procédons par ordre. 1. - ETPAPXON KAI AYX...
ABILA DE LA BATANÉE. — Eusèbe,- dans — ANE0IIKEN.
son Onomasticon, au mot 'Aatap50 xzpvari». 2. — 0)'TATHP ZHNOAſ)Pſ2 AYX...
0Y'|OIX M1N.. HXXAPIN.
nous apprend qu'il y avait deux bourgades 5. — ..... OIX I'IOIX.
de ce nom dans la Batanée entre les villes d'A-
draa?'Aôapó»(1) et d'Abila. Cette dernière ville Boëch, sous le n° 4523 de son premier re
est très-probablement la même dont il dit que cueil, a publié ces fragments d'après Pococke,
c'est une ville illustre d'Arabie, surnommée qui note, dit-il, que les lettres de cette ins
la productrice de vin, distante de Gadara de cription sont carrées.Voici comment le savant
12 milles romains, comptés à l'orient de cette épigraphiste a cherché à reconstruire la mau
ville. Le nom qu'il lui donne étant'A€i)'Agri vaise copie de Pococke :
Mº, qui ne voit immédiatement que cette ('H ôeivx 7o5 ôetvoç (uvh, to5 ôetvo;) 6uYátrip,
ville n'est autre que l'Abel-Kermim de l'E- Zmvoô60ptp Au3(: p.) 3Xo'» x2t )u... otot; }1(vfi{ur); X30
criture sainte dont le nom a précisément la (tv) àvé0nxev.
même signification? (Voy. ce mot.) Puis Il ajoute : Zenodorus hic fortasse ex poste
qu'il en est ainsi, la position de cette ville est ris est Zenodori Tetrarchœ, qui conducta pre
pour ainsi dire déterminable géométrique tio Lysaniœ Tetrarchia, Traconitidem, Ba
ment sur la carte. En effet, des deux points taneam, Auranitidem, Paneadem tenebat, sed
connus comme Keit qui est Gadara, et Ham jussu Augusti solam Paneadem retinuit (2) :
mam qui a remplacé Rabbat - Ammon, nous mater defunctorum bis nupta videtur.
décrivons deux arcs de cercle ayant respecti Les fragments de cette inscription donnent
vement pour rayon des ouvertures de compas des renseignements plus positifs que ceux que
représentant douze et six milles romains : ces l'illustre Boëch a pu déduire de la copie dé
deux arcs nous fourniront deux points d'in fectueuse qu'il avait à sa disposition. Il me pa
tersection parmi lesquels le choix est forcé raît en résulter qu'une femme, dont le nom
par la raison que Abila était à l'orient de Gada est perdu, et qui était fille de...? éleva un
ra. C'est certainement cette Abila qui se trouve monument à Zénodore, fils de Lysanias le Té
titentionnée par Pline au nombre des villes de trarque, et à Lysanias ses fils. Josèphe nous
la Décapole. C'est encore elle dont parle Jo apprend que Zénodore obtint à prix d'argent
sephe, quand il raconte qu'Antiochus prit la tétrarchie de Lysanias; mais il ne nous dit
Gadara et Abila. (Ant. jud., XII, III, 3.) Je ne rien de la famille de ce Zénodore. Comme it
croisl pas qu'aucun voyageur moderne ait n'était guère probable que le premier venu
encore retrouvé les ruines de cette ville qui pût prendre à bail une tétrarchie, on pouvait
paraît avoir été importante. La belle carte de † que ce Zénodore assez riche pour
Zimmermann place au point convenable par a payer à l'empire, était par sa naissance,
la position de cette ville une localité qu'il tout naturellement en position de la deman
† Irbid et qu'il identifie avec une der.Cette supposition est aujourd'hui une cer
Arbela.Je suis bien tenté de croire qu'il y a titude, puisque Zénodore est fils du Tétrarque
!) Rºland prºpose pour ce nom la correction T283pow qui ne me parait pas suffisamment justifiée
Cf. JosEPH., .4 nt., XV, x,
(2)
23 ABI DICT10NNAIRE AB1 24

Lysanlas, et qu'il a un frère qui porte préciº dans ce Lysanias, celui dont nous nous som
sément le nom de Lysanias. Notre inscription mes occupé plus haut. Il y a donc une très
de Bâalbek a donc par cela même une très grande probabilité en faveur de l'opinion qui
grande valeur historique. Les fragments de admettrait que le lysanias, fils de Lysanias et
exte qui manquent encore sont sûrement frère de Zénodore mentionné dans l'inscrip
enfouis dans la maçonnerie de l'enceinte, et tion d'Heliopolis (Bâalbek), est précisément
quelque jour ils en sortiront, pour compléter le tétrarque d'Abilène dont parlé l'Evangile
un des monuments épigraphiques les plus de saint Luc. C'est très - vraisemblablement
importants. celui-là et non le premier Lysanias qui a
Il existe de rares monuments numismati donné son nom à la ville d'Abila.
ues de la dynastie de Lysanias. Je vais les Josèphe (Ant. Jud., XV,x, 1) nous raconte
écrire le plus brièvement possible. † Zénodore, devenu maître de la Tétrarchie
PToLÉMÉE FILs DE MENNAEUs. e Lysanias, commit contre la Damascene des
brigandages qui furent dénoncés par Hérode
Tête de Jupiter laurée, à droite ; dans le champ le Grand et réprimés par Varron. Zénodore,
une petite tête humaine en contremarque.
R. Aigle éployé volant et tenant une couronne dépouillé de ses Etats, s'empressa de porter
dans son bec ; au-dessous des deux lignes dans le devant Auguste des accusations contre Hé
champ (IITO)AEMAIOX (T)ETPAPX(HX). rode ; mais il ne fut point écouté. Un peu
Cuivre de petit module. Cabinet impérial de plus tard le Tétrarque étant venu à mourir,
France. — Tête de Jupiter laurée. Auguste donna à † sa tétrachie qui est
ñ. (IIT)0AEMAI(0E) TETPAPX(HE), deux guer VOisine à la fois de la Trachonitide et de la
riers, la lance à la main, debout au milieu d'nne Galilée. (Ant. Jud., XV, x, 3, et Bell. Jud., I,
couronne de laurier.
Xx, 4.) Nous voyons encore dans Josèphe
Cuivre de même module ; décrite par Mionnet
qui l'avait trouvée dans le cabinet Consinery. (Bell. Jud., II, vI, 3, et Ant. Jud., XVII, xI, 4),
— Tête de Jupiter laurée. qu'après la mort d'Hérode le Grand, et au
R. (Ttto)ep)AI(o;) XAAKIA(o;) (tetp)APX(nç). moment où Archélaüs fut créé par Auguste
Victoire couronnant un trophée. ethnarque de la Judée, Philippe son frère
Cuivie de même module, tirée également par reçut en partage de l'héritage paternel la
Mionnet, du cabinet Consinery. Batanée, la Trachonitide, l'Auranitide et
LYsANIAs. quelques portions de l'héritage de Zénodore
Tête ornée d'un bandeau, tournée à droite. Pas situées dans le voisinage de Jamnia (ville
de légende. Une contremarque dans le champ. de la Galilée supérieure) et dont le revenu
R. ArEANIor TETPAP(xou) KAI APXIEPEmE. était de cent talents.
Minerve debout portant sur la main droite , une Le passage de la Guerre des Juifs, renfer
Victoire, et s'appuyant de la gauche sur un bou mant l'énonciation de ce fait, contient le nom
clier. Cabinet impérial ; deux exemplaires. de Zénon, au lieu de 7énodore, que nous lisons
ZÉNoDoRE. dans le livre des Antiquités. Mais c'est là une
Tête de Zénodore tournée à gauche. En légende erreur manifeste de copiste, et le nom de
ZHNOAQPOY TETPAPXOY APXIE.PE0S. Zénodore doit être restitué dans l'un et l'autre
ñ N. KAI. (véov xaioapo;) L. AII2 (année 281).
Tête nue d'Octave. Cuivre de moyen module ; cabi
de ces deux passages † Quoi qu'il
en soit, une partie seulement de l'héritage
net impérial de France, un second exemplaire porte de Zénodore ayant été concédéé au tétrar
la date BIIX (282).
# Philippe, et Josèphe ne nous disant rien
Ptolémée, fils de Mennaeus, est mort en l'an u reste de cet héritage, nous sommes en
714 de la fondation de Rome, c'est-à-dire 38 droit, grâce à la présence du verset de l'Evan
ans avant l'ère chrétienne. Josèphe (Ant. Jud., gile de saint Luc ci dessus mentionné, de
z§ mourut à Antioche en l'an †
XIV, 7, 4) l'appelle ôvvzartwor» Xa)xiôoç. Son
petit fils,
que Lysanias frère de Zénodore, 8près
a mort d'Hérode le Grand, fut remis en pos
734 de la fondation de Rome. (18 avant J.-C.) session d'une partie des Etats qui avaient 2p
Son père Lysanias avait péri victime des em partenu à ses ancêtres. C'est là un fait qui me
bûches de Cléopâtre à qui Antoine donna , la parait aujourd'hui à peu près hors de doute.
Tétrarchie de Chalcidé. Cette reine ambi N'oublions pas que plus tard, Abila avec tout
tieuse n'étant morte qu'en 724 de la fonda le Liban fut donnée par l'empereur Claude
tion de Rome (28 avant J.-C.), Zénodore ne au roi Agrippa. (Ant. Jud., XIX, v, 1 et XX,
put rentrer en possession des Etats de ses vII, 1.) Maintenant que nous avons parlé des
pères qu'après cette époque. Nous venons de souverainsdel'Abilène, occupons-nous de leur
dire qu'il mourut en l'an 18 avant Jésus métropole, c'est-à-dire d'Abila même. Nous
Christ; Octave reçut le nom d'Auguste en l'an lisons dans l'Itinéraire d'Antonin (iter xLix, à
727 de la fondation de Rome. (25 avant J.-C.) Seriam Scythopoli Occora), les indications
Il cessa donc en cette année de porter le ti suivantes :
tre de néocaesar que lui donnent les monnaies Heliopoli.
de Zénodore. Donc ces monnaies de Zénodore Abila (alias Abyla)... xxxvni M.P.(plus minus)
ont été forcément frappées entre les années Damasco . . . . . • XVl1l.

28 et 25 avant Jésus-Christ. Le verset 1 du III" Nous trouvons encore dans le même docu
chapitre de l'Evangile de saint Luc nous ap - ment le tronçon suivant de route impériale :
prend que Lysanias était Tétrarque de l'A- lter LI, à Damasco Emesa (sic).
bilène dans l'année 15 du règne de Tibère. Abila (sive Abyla). .. xxxvIII.
Or l'an 15 de Tibère étant l'an 29 de l'ère lleliopoli . . . . . . XXXII,

chrétienne, il n'y a pas possibilité de voir Les chiſlres de ces deux fragments ttant
25 ABI DES ANTIQUITES BlBLlQUES. AGI 26
entièrement différents, l'une des deux séries ABNAH et FARFAR.) C'est une charmante ri
au moins est mauvaise, peut-être même le vière limpide, courante et poissonneuse, qui
sont-elles toutes les deux. alimente tous les aqueducs et tous les réser
La table de Peutinger nous fournit de son voirs de Damas. A partir de Doummar la
côté les mesures suivantes : (Ed. d. Fortia. route remonte le cours de la rivière, en en sti
cLxxvIII.) vant presque constamment la rive gauche, et
Eliopoli (al. Heliopoli) Agamamam ? après l'avoir traversée à Doummar même, il
Abi'a (al Abyla). . . .. xxx11. In. p. (plus minus). faut environ sept heures à cheval, et au pas
Damaspo (al. Damasco.) xviII. très-modéré, pour atteindre le village deSouq
el-Ouady-Baradah.
Si nous comparons ces chiffres à ceux que Avant d'y arriver, au bord du chemin et
nous venons d'extraire de l'Itinéraire d'Anto
nin, nous voyons que le chiffre xvIII compté
dans le lit d'un petit canal de dérivation qui
amène l'eaudu Baradah à un moulin, on aper
entre Damas et Abila, paraît deux fois, ainsi çoit des tronçons de colonnes et d'énor
que le chiffre xxxII, compté d'Abila à Hélio mes pierres de taille, dont la présence révèle
polis. Ce sont donc très-probablement ces immédiatement l'existence vers ces points
deux distances qui doivent être adoptées ; de monuments antiques d'une importance
elles ont du reste l'avantage d'être d'accord réelle. Une fois arrivé dans le village même,
avec les distances réelles qui séparent Damas on trouve un autre moulin, également ali
de Souq-el-Ouadi-Baradah, et le Souq de menté par une retenue du Baradah, dont le
Bâalbeck. Nul doute sur l'identification de lit est à une dizaine de mètres en contre-bas.
Bâalbeck avec Héliopolis : restera donc à faire Ce moulin a cela de remarquable qu'il est
voir qu'Abila de Lysanias a été remplacée par pour ainsi dire construit des débris d'un tem
Souq-el-Ouady-Baradah (le marché de la val † antique dont il a pris le plan, car le sou
lée de Baradah). assement et quelques bases de colonnes en
Ptolémée place Abila dans la Cœlésyrie et clavées dans la muraille de l'édifice moderne
au nord de Damas. C'est ce géographe qui sont encore à leur place primitive.
donne à cette ville le nom de 'A6i)z Avaxviou.
Enfin dans les actes du concile de Chalcédoine Au moment où je traversais Souq-el-Ouady
Baradah (14 mars 1851 ) le pié droit de la
(tome lV Concil. gener., p. 80) nous trouvons porte d'une maison du village contenait une
Inentionné immédiatement après Joseph, curieuse inscription chrétienne, aujourd'hui
évêque d'Héliopolis, Jordanes, évêque d'A- acquise et enlevée par mon ami M. de Sé
bila. C'est très - certainement de notre Abila
gur-Duperron, alors consul de France à Da
de Lysanias qu'il s'agit. mas, et déposée dans la maison du consulat,
Une ville de cette importance ne pouvait d'où elle ne tardera pas, je l'espère, à partir
manquer d'attirer l'attention des géographes,
qui devaient tenir à honneur d'en fixer la po pour venir au musée du Louvre. Voici cette
inscription :
sition d'une manière positive. Dans le recueil EIII TOY" ATI0TATOY
d'Itinéraires publié sous les auspices de M. le lſl ANNOY EIIICK AN-_--
marquis de Fortia, par M. Miller, M. le colo HlMſ)N TOY lEPAIIOA
nel Lapie identifie Abila avec une localité oEMBOAOC EIIAAK09_
nommée En-nabi-Abel. Mais ce nom ne peut EN M DECIQ TOY IIOE
appartenir qu'à un oualy musulman, et non ETOYS INA * TB 2: >7 :AN
aux ruines d'une ville. Je trouve sur la belle
8o
carte de Zimmermann, dans le voisinage du « Sous notre très-saint évêque Jean, l'en
vi'lage de Souq-el-Ouady-Baradah, une loca ceinte de la ville sainte a été aplanie dans
lité nommée Nabi-Abel, située au nord et à le mois de Daisios de l'année noE ( 875)
près d'une lieue de l'emplacement réel d'Abila. Indiction IB (12). »
Il est très-possible que le nom antique de Je suppose que l'ère dont nous trouvons
cette ville ait donné aux musulmans l'idée de
ici une date, est l'ère des Séleucides, auquel
nommer En-nabi-Abel un oualy placé dans
son voisinage, mais c'est là tout ce que je puis cas l'année indiquée correspondrait à l'an
563 de l'ère chrétienne. serait
Il diflicile en
accorder; car cet oualy n'est nullement sur la effet qu'il s'agît de l'ère chrétienne, puis
route antique de Damas à Bâalbek.Sisur cette qu'en 875, les Chrétiens avaient dû courber
route on trouve des ruines immenses d'une la tête sous la domination musulmane. On
ville à laquelle des inscriptions positives ap voit que cette inscription a l'avantage de
† le nom d'Abila, il n'y aura pas l'om
»re d'un doute à conserver sur la nécessité de nous faire connaître un évêque d'Abila, ct
reconnaitre dans ces ruines l'Abila de Lysa c'est une petite † puisque, ainsi que
nous l'avons dit plus haut, les monuments re
nias. C'est ce qui a lieu pour les ruines pla ligieux ne nous ont conservé la mémoire que
cées à Souq-el-Ouady-Baradah, ainsi que nous d'un seul évêque d'Abila, Jordanes, qui as
allons le faire voir.
sista au concile de Chalcédoine
Lorsqu'on sort de Damas pour traverser la Sur la rive gauche du Baradah, à la hauteur
chaîne de l'Anti Liban, et gagner Bâalbeck, du village même, on voit une belle culée de
on traverse d'abord le beau village de pont, de construction évidemment grecque
Salchieh, on s'engage dans une ravine taillée ou romaine. Les débris antiques se mon
dans le roc, puis, à travers un pays des plus trent partout dans le village et aux alentours.
tristes à voir, on atteint Doummar, petit vil De l'autre côté de la rivière en amont du
'age placé dans la vallée du Baradah. (I'oy. village s'étendcnt jusqu'au pic d'une monia
27 AB1 DlCTIONNAIRE ABI - 28

gne abrupte oes ruines considérables jon dix-huit centimètres de largeur que ces dal
ehées de fûts de colonnes et de pierres de les inclinées laissent libre sur le rebord du ca
taille appartenant évidemment à des monu nal ! cette corniche à pic est tracée au-dessus
ments d'une certaine importance. Tout le d'un précipice d'une vingtaine de mètres de
flanc de la montagne qui borne le site de la profondeur.
ville, est criblé de caves sépulcrales d'une Pour quitter la nécropole, sans passer sur
époque qui ne paraît pas extrêmement re cette dangereuse corniche, on peut entrer, à
culée, et que j'ai visitées avec tout le soin une cinquantaine de mètres en arrière de
que j'ai pu apporter à cetexamen, Je mention l'extrémité de l'aqueduc, et à quelques mè
IleTai, entre autres mOnuments de cette vaste tres plus haut, dans une grande coupure pra
nécropole, un petit fronton sous lequel sont tiquée dans le flanc de la montagne : c'est une
† deux grandes figures humaines, mal
eureusement dans un état de mutilation
tranchée taillée à pic dans le roc vif et qui
servit probablement au passage d'une route
très-avancé. En un autre point deux bustes antique. Les traces du travail humain s'y
également mutilés ont été ciselés dans le roc. montrent à chaque pas. Elle a quelques cen
En plusieurs points la surface du rocher a taines de mètres de longueur, et au delà,
été planée pour recevoir des inscriptions elle débouche sur des collines couvertes
dont j'ai retrouvé les suivantes : d'herbes et accidentées. En les escaladant,
. . .. A . . . on arrive à apercevoir le cours du Baradah,
. .APIOC. . et le pont nommé Djesr-es-Souq qui porte la
(Brisure du rocher) route de la rive droite sur la rive gauche de
la rivière. Ce pont est, pour ainsi dire, adossé
. . - M . . .
à une masse de rochers dans laquelle on
ETOY'C trouve, à une vingtaine de mètres au-dessus
HOV. . . . . de la route actuelle, une nouvelle tranchée
AI0WZEHP
. . .6)ACAN8 à parois très-soignées, assez longue, et large
(OVET0N. de 5 mètres seulement. Sur la paroi de gau
. . .. K. che sont taillées deux belles miches superpo
sées, dont l'inférieure contient un cippe en
dont la première ne peut plus présenter au forme d'autel, portant l'inscription suivante.
cun intérêt.
PR0 SALVTE
Les caves sépulcrales sont des chambres IMP AVG ANTON !
taillées dans la masse, contenant ordinaire NI ET VER] M V0
ment en saillie, des cuves de différentes hau l.VSIVS MAXIMVS
teurs et à rebords destinés à fixer les couver 7. LEG. XVl. F. F .
cles des tombes ; quelquefois de grands esca QVI OPERI IN
liers ont été taillés dans le roc, pour desservir STITIT V. S.
les caveaux funérairesauxquels ilsaboutissent. A droite de la niche inférieure est cise,é
Un de ces caveaux qui contient seize cuves de un cartouche contenant cette autre inscrip
sarcophages, présente à droite et à gauche de tion :
l'entrée deux petites baies qui apportent un lMP CAlES M AVREL ANTONINVS
peu dejour dans l'intérieur du caveau : enfin AVG ARMENIACVS ET
quelques cuves sont taillées à ciel ouvert, 1MP C Al,S L AVREL VERVS AVG AR
et en grandeur superposée, sur les faces hori MEN1ACVS VIAM FLVMlN1S
zontales du rocher. A côté du fronton dont V| ABRVPTAM INTER...
j'ai parlé plus haut, est un petit caveau sé M4)NTE RESTlTVERVNT PER
IVL VERVM LEG PR PR PROVlNC
pulcral auquel il se relie évidemment : celui-ci SYR ET AMICVM SVVM
ne contient que cinq tombes ; une à gauche,
au-dessus du sol de la chambre et dans une IMPENDlIS AV3lLENORVM.
grande niche en cul-de-four; deux au fond, La dernière ligne est rejetée en dehors
parallèlement au côté même, et juxtaposées du cartouche sur un § placé au - des
au-dessus du sol ; puis deux à droite et en sous. Quelques trous réguliers percés au
contre-bas, la première empiétant sur le sol dessous † niche supérieure et du grand
de la chambre, et la seconde suivant immé cartouche prouvent que desornements avaient
diatement sous un arceau. été fixés au rocher ; de quelle nature étaient
Dans le flanc de la montagne, et à l'extré ils ? il n'est pas possible aujourd'hui de le
mité ouest de la nécropole, est un beau canal deviner.
aqueduc, tranché dans le flanc du rocher, et A cent pas plus loin, s'ouvre dans la même
que l'on peut encore suivre sur une assez direction une seconde tranchée de la même
longue étendue; une portion de ce canal est largeur, mais beaucoup plus courte , taillée
recouverte de dalles énormes qui sont restées avec le même soin, et sur le flanc de laquelle
en place sur une étendue d'une quinzaine on retrouve les mêmes inscriptions, mais
de mètres ; l'espace ouvert qu'elles laissent coupées un peu différemment, et complé
au-dessous d'elles, est trop bas pour que l'on tant certains mots des deux premiers exem -
puisse y cheminer autrement qu'à plat ventre, laires.Je crois donc utile d'en reproduire
et comme il faudrait faire un détourimmense es variantes. L'inscription votive est en
our contourner ces masses de rochers, il core sur un cippe, mais celui - ci est en
aut, afin de gagner la nécropole, se décider à saillie , et sans encadrement en forme de ni
· passer sur une petite cor,:iche de quinze à che, En voici la forme :
AB| DES ANTIQUITES BlBLIQULS. ABR 3J

PR() SAI.VTI, La numismatique impériale nous offre un


1M1P AUG ANT0
NINI ET VER |
assez riche contingent de monnaies grecques
M VOLVSIVS
frappées à Abila. Comme il est assez difficile
MAX1MVS 7 de préciser, sans la connaissance exacte des
LEG. XVl. FF QVI provenances des médailles, la localité qui les
OPER lNSTlTlT. V. S. a vu frapper, il m'est, pour ainsi dire, impos
Un grand cartouche contient encore la
sible d'affirmer que telle monnaie appartient
à Abila de Lysanias, plutôt qu'à Abila de la
seconde inscription ; mais cette fois, la der Pérée. Voici l'indication des personnages im
nière ligne est comprise dans la colonnette. périaux dont on connaît jusqu'ici des mon
Jusqu'à la cinquième ligne le texte est iden naies émises par une ville syrienne du nom
tique ; cette cinquième ligne contient les d'Abila ou de Leucas, nom qui paraît avoir
ln0tS :
été donné en surnom à Abila de la Décapole.
V1 ABRVPTAM INTERClS0 Les numismatistes ont jusqu'ici classé à Leu
et à partir de la sixième ligne, les deux exem cas? de la Cœlésyrie des pièces † depuis
plaires restent identiques. le règne de Claude jusqu'à celui de Gordien
Le problème présenté par .'identification le Pieux, et à Abila Leucas de la Décapole,
des ruines existant à Souq-el-Ouady-Bara des pièces frappées depuis Faustine la Jeune,
dah se trouve aussi parfaitement résolu : femme de Marc-Aurèle, jusqu'à Elagabale. En
cette ville était Abila. Le Baradah, ou Far fin il existe des petites monnaies de cuivre au
far, sous le règne de Marc-Aurèle et de tonomes, c'est-à-dire émanant de l'autorité
Lucius Verus, avait emporté dans une crue locale et sans intervention d'une légend :
la route publique d'Abila. Les deux empe impériale, attribuées à Leucas. N'ayant pas
reurs en ordonnèrent la reconstruction , et toutes ces monnaies sous les yeux, il ne m'est
pour éviter un autre accident du même genre, pas possible de les distinguer par leur fabri
Julius Verus, légat et Propréteur de la pro que, et de les attribuer, avec apparence de
vince de Syrie, fit tailler la nouvelle route certitude, à l'une plutôt qu'à l'autre des deux
dans le rocher, bien au-dessus du lit du tor Abila. Dans le doute je préfère m'abstenir.
rent. Ce fut la seizième légion , commandée ABILA DE LA PÉRÉE (Voy. ABEL-HESITHIM).
ar Marcus Volusius Maximus qui, étant sous —Le nom de Pérée est donné par les écri
a direction de son chef, acheva les travaux vains de l'antiquité à toute la région placée à
dont les Abilènes firent tous les frais. Les l'est du Jourdain ; ce nom est tiré du mot
inscriptions rapportées ci-dessus ont donc : ioz» (au delà). Josèphe, en parlant de la ville
le mérite de fixer d'une manière certaine la qui nous occupe en ce moment, l'appelle ville
position d'Abila de Lysanias, et de nous rã; ripaizç, ou xztà ryv repxixv. Nous avons vu
fournir un excellent renseignement sur l'his qu'il la place près de Juliaset de Besimoth (Beit
toire de cette ville. lasmout). Inutile donc de répéter ici tout ce
Il nous reste à mentionner une dernière que nous avons dit en nous occupant d'Abel
inscription que j'ai découverte dans un champ llesithim. C'est probablement de cette ville
placé sur le flanc de la montagne qui fait qu'Etienne, dans ses Ethniques, dit : « Abila,
face à celle dans laquelle est creusée la ville placée près du Jourdain : il y a une autre
nécropole, et à près d'un kilomètres du Souq ville nommée Abila dans la Phénicie, et de
el-Ouady-Baradah , en venant de Damas. laquelle Diogènes, l'illustre sophiste, tirait
Elle est ciselée sur une belle tête à couron son origine. » Je ne m'explique pas comment
nement circulaire et à demi enterrée dans Reland présume qu'Abila de la Pérée n'exis
la terre labourée. La voici : on lit d'abord tait plus au temps d'Eusèbe et de saint Jé
dans une couronne : rôme, parce que ces deux illustres écrivains
ET())'X n'en font pas mention, et ne parlent que de
TqpYIIEP
BEPETE
deux Abila, celle de la Batanée qui § à

() Y'KII
douze milles romains à l'orient de Gadara, et
celle qui était entre Panias et Damas. Comme
et au-dessous : ANT0NIAXAA
ANH KOINTO )" il paraît plus que probable que cette Abila et
ANTONIO)' I'AI()Y'
Abel-Hesithim sont la même ville, Eusèbe et
I'A10 l' )'IO l' q)ABI AI E S. Jérôme, ayant parlé suffisamment de celle
MINO I KAA)'AlAN ci, sous le nom que lui donnait l'Ecriture sainte,
0) . on peut tout au plus, ce semble, s'étonner de
Enfin, à proximité du village actuel, et en ce qu'ils n'ont pas fait mention du nom que
contrç-bas de la route, se dirigeant sur Da nous lui trouvons appliqué dans Josèphe. .
mas, on voit dans les rochers des traces ABRAN, ville de la tribu d'Aser. — Nous
évidentes et nombreuses de constructions trouvons pour la première fois ce nom dans
antiques. le chapitre xIx de Josué à propos du terri
J'ai passé en revue tous les monuments toire donné en partage à la tribu d'Aser. L'é-
qu'il m'a été permis de voir dans les ruines crivain sacré dit que la limite de ce terri
d'Abila. Nul doute qu'une localité aussi im toire — 28.... aboutit à Caboul à gauche (à
portante ne réserve bien d'autres décou l'occident ; 29. vers Abran et Rahab et IIa
vertes encore au voyageur qui pourra con moun, et Kanah , jusqu'à Sidoun la Grande.
sacrer plus de temps que moi à l'étude de Le nom étant écrit Tay, sans voyelle
ces ruines illustres. exprimée, nous ne pouvons guere deviner
51 ABS DlCTl0NNAlRE Al3S 3,'R

quelle était la prononciation de ce nom anti par le vin, et que je vous dirai : Frappez Am
que ; car ſes massorètes n'ont réussi qu'à noun, vous le tuerez; ne craignez rien, puis
estropier tous les noms géographiques d'une que c'est moi qui vous l'ordonne, soyez forts
manière qui passe toute croyance. et soyez vaillants. — 29. Les serviteurs d'Ab
Le verset 30 du chapitre xxI de Josué, men salom firent à Amnoun comme Absalom avait
tionnant dans le territoire de la tribu d'Aser ordonné. Tous les fils du roi se levèrent, et
une localité nommée Abdoun, qui, avec ses étant montés chacun sur sa mule, ils s'enfui
pâturages est attribuée aux Lévites, quelques rent. — 30. Quand ils étaient encore en che
commentateurs, et entre autres Cahen, le sa min, le bruit en était venu à David, savoir :
vant traducteur de la Bible, paraissent dispo Absalom a tué tous les fils du roi, et il n'en est
sés à penser que le nom Abran est un nom pas resté un. — 31. Le roi se leva, déchira ses
corrompu, qu'il faudrait lire Abdoun. J'avoue vétements et se coucha par terre ; tous ses ser
viteurs se tenaient là les vétements déchirés.
queje ne suis pas disposé à admettre trop fa
cilement des erreurs de ce genre dans les tex — 32. Jounadab-Ben-Seneaah, frère de Da
tes bibliques. J'aime donc mieux penser vid, prit la parole et dit : Que mon maître ne
qu'il s'agit de deux villes différentes. Quant dise point qu'on a tué tous les jeunes gens fils
à la leçon Abdoun, elle ne saurait être dou du roi, car Amnoun seul est mort, parce que,
teuse, puisque, dans le livre des #. par l'ordre d'Absalom, cela a été résolu dès le
nous trouvons le verset suivant (I, vI, 59) : jour qu'il a fait violence à Thamar, sa sœur.
et de la tribu d'Aser, Mesal et ses terrains li -- 33. Et maintenant, que le roi ne prenne pas
la chose à cœur, cn disant : Tous les fils du roi
bres, Abdoun et ses terrains libres. (Il s'agit sont morts : car Amnoun seul est mort. —
des villes données aux Lévites.) Voy. ABDoUN.
37. Absalom prit la fuite et alla vers Tal
Ayant aperçu à environ une demi-lieue mai, fils d'Amihoud, roi de Gesour, et David
à droite de la route qui de Saint-Jean d'Aere était en deuil pour son fils, tous les jours. —
conduit à Nazareth, un gros village , nommé 38. Absalom ayant fui et s'étant rendu à Ge
Ebillin, et qui n'est très-probablement que le sour, y resta trois ans. — 39. Le roi David
siége de la seigneurie dont avait prisson nom était désireux de se rendre vers Absalom, car
le fameux sire Jean d'Ibelin, rédacteur des il s'était consolé d'Amnoun qui était mort.
Assises de Jérusalem, j'ai, dans une note Le chapitre xIv du II* livre de Samuel est
(Voyage autour de la mer Morte, t. I, p, 73), tOut entier consacré à nous raconter com
exprimé une hypothèse sur l'identité de ce ment Joab fils de Seriah s'y prit pour amener
village moderne et de l'Abran d'Aser, dont le David son maître à pardonner à Absalom. Le
nom pouvait en réalité se prononcer Abirin ; cœur du roi n'y était que trop disposé, et Joab
mais, bien qu'Ebillin soit situé dans le terri reçut l'ordre d'aller chercher le jeune prince
toire d'Aser , je suis fort tenté aujourd'hui à Gesour et de le ramener à Jérusalem. David
d'abandonner cette hypothèse, qui, il faut le refusa néanmoins de voir son fils. (xIv, 24.)
dire, n'a pas de grandes probabilités en sa — 25. Comme Absalom, il n'y avait pas de bel
faveur.
homme à vanter en Israël; depuis la plante
ABSALOM, fils de David. — Absalom est le des pieds, jusqu'au sommet de la téte, il n'y
troisième fils que David eut à Hébron. Il na avait pas de défaut en lui. — 26. Et quand
quit de Mâakah, fille de Talmey, roi de Ge il faisait couper sa chevelure, c'était d'année
sour. (I Chroniques, III, 2; II Samuel, III, 3.)
Absalom avait une sœur née de la même
ºſ#
en année qu'il se la faisait couper; il
couper parce qu'elle était trop lourde, les che
mère que lui, nommée Thamar, et pour la veux de sa tête pesaient 200 sicles au poids du
quelle Amnoun fils aîné de David conçut une roi. -- 27. Il naquit à Absalom trois fils et
† criminelle. (II Samuel, xIII, 1.) ll lui une fille dont le nom était Thamar, c'était une
it violence, après quoi il la chassa. Absalom, femme d'une belle figure. — 28. Absalom de
instruit de cet attentat, résolut d'en tirer ven meura deux ans entters à Jérusalem, sans voir
geance, et pour être plus sûr d'accomplir son la face du roi.
dessein, il se tut deux ans, pour laisser à Am Ce fut alors qu'Absalom, pour rentrer tout
noun le temps de se rassurer sur les suites de à fait en grâce, voulut recourir à Joab ; mais
sOn crime. (II Samuel, xIII, 23.) Au bout de Joab refusa par deux fois de paraître devant
deux ans Absalom eut les tondeurs à Bâal Absalom, qui pour l'y décider eut la singu
Hasour, qui était près d'Ephraïm. Absalom lière idée de faire mettre le feu à ses mois
inrita tous les fils du roi. — 24. Absalom vint sons. — 31. Joab se leva, vint vers Absalom,
vers le roi, et dit : Voici ton serviteur et les dans sa maison, et lui dit : Pourquoi tes ser
tondeurs; que le roi vienne avec ses scrviteurs viteurs ont-ils mis le feu à mon champ ? —
auprès de son serviteur. — 25. Le roi dit à 32. Absalom dit à Joab : Voici; je t'ai envoye
Absalom : Non, mon fils, il ne faut pas que dire : Viens ici, je veux t'envoyer vers le roi,
nous y allions tous, afin que nous ne te soyons pour lui dire : Pourquoi suis-je revenu de Ge
pas à charge. 1l le pressa, mais le roi ne voulut sour ? Il faudrait mieux que j'y fusse encore,
pas y aller et le bénit.—26. Absalom dit : Am et maintenant je veux voir la face du roi, et
noun mon frère n'ira-t-il pas avec nous ? Le s'il y a dc l'iniquité en moi, qu'il me fasse
roi lui dit : Pourquoi irait-il avec toi ? — 27. mourir. — 33. Joab vint vers le roi et le lui
Absalom le pressa, et il envoya avec lui Am annonça. Le roi appela Absalom, qui vint se
noun et tous les fils du roi. - 28. Absalom prosterner devant lui la face contre terre de
arait ordonné à ses serviteurs, saroir : Faites rant le roi, et le roi embrassa Absalom.
attention quand le cœur d'Amroun sera éqºyé Ce fut après cette réconciliation si désirée
55 ABS DEs ANTIQUITES BIBLIQUES. Al35 54

qu'Absa.om commença à concevoir la pensée battu. — 9. Absalom se rencontra devant les


criminelle de jeter son père à bas du trône, serviteurs de David; Absalom était monté sur
pour y monter à sa place. Laissons encore un mulet. Le mulet étant venu sous l'épaisseur
rler 1'écrivain sacré. (II Samuel, xv.) — des branches d'un grand chêne, la tête d'Absa
. Après cela Absalom se pourvut de chariots lom resta accrochée au chéne, et il resta sus
et de chevaux, et de cinquante hommes qui pendu entre le ciel et la terre, et le mulet qu'il
couraient devant ſui,- 2. Absalom se plaçait montait passa outre. — 10. Un homme ayant
de bon matin près du chemin vers la porte; vu cela l'annonça à Joab. Il dit : Voici, j'ai vu
alors quand un homme qui avait une contes Absalom pendu à un chêne. — Joab reprocha
tation venait vers le roi pour demander jus à cet homme d'avoir épargné le prince rebelle.
tice, Absalom l'appelait et disait : De quelle — 14. Il prit trois dards en sa main et les
ville es-tu ? Il disait : Ton se viteur est d une enfonça dans le cœur d'Absalom qui était en
des tribus d'Israël. — 3.Absalom lui disait : core vivant au milieu du chêne.— ſ# Puis dix
Vois, ta cause est bonne et juste, mais nul ne jeunes hommes porteurs des armes de Joab
t'écoute de la part du roi. - 4. Absalom di entourèrent Absalom , le ſ† et le
sait : Qui m'établira juge dans le pays ? Tout tuèrent. — 17. Ils prirent Absalom, le jetèrent
homme qui aurait une contestation sur un pro dans la forêt dans une grande fosse, et pla
cès viendrait vers moi, et je lui ferais justice. cèrent sur lui un très-grand monceau de pier
— 5. Quand alors un homme s'approchait pour res... —- 18. Absalom avait pris et dressé pour
s'incliner devant lui, il avançait la main, la lui de son vivant, un metzebet dans la vallée
pressait et l'embrassait. — 6. Absalom agis du roi : car, disait-il, je n'ai point de fils,
sait de cette manière avec tous ceux d'Israël, pour rappeler le souvenir de mon nom, et il
quand ils venaient vers le roi pour avoir jus avait appelé le metzebet par son nom : il fut
tice, et Absalom enlevait le cœur dcs gens d'Is appelé Main d'Absalom, jusqu'à ce jour Ainsi
raël. — 7. Ce fut au bout de quarante ans périt le fils rebelle, et cependant le cœur de
qu'Absalom dit au roi : Permets que j'aille son père n'en fut pas moins déchiré; lisez
m'acquitter de mon vœu que j'ai voué à l'Eter plutôt le verset suivant (II Samuel, xIx, 1) :
nel, #" 8.Car ton serviteur a voué un Le roi fut # monta à l'appartement place
vœu, pendant son séjour à Gesour, en Aram, au-dessus de la porte et pleura; et il disait
disant : Si l'Eternel me ramène à Jérusalem, je ainsi en marchant : Mon fils Absalom ! mon
servirai l' Eternel. — 9. Le roi lui dit : Va en fils ! mon fils Absalom ! que ne † mort à
paix. Il se leva et alla à Hébron. — 10. Ab ta place, Absalom, mon fils ! mon fils ! — Peu
salom envoya des explorateurs dans toutes après David repassait le Jourdain; tout Juda
les tribus d'Israèl et dit : Quand vous enten était accouru au-devant de lui, et il rentrait à
drez le son de la trompette, vous direz : Ab Jérusalem.
salom est devenu roi à Hébron. — 11. Deux J'ai reproduit tout à l'heure le verset du
cents hommes avaient suivi Absalom de Jérusa Livre de Samuel , qui nous révèle l'existence
lem; invités, ils allaient dans leur simplicité, d'un monument commémoratif élevé par l'or
ne sachant rien de la chose. — 12.Absalom dre d'Absalom. L'historien Josèphe en parle
envoya mander Akhitofel, le Djilanite, con également (Ant. Jud., V1I, x, 3) et nous ap
seiller de David, de sa ville de Djilah; pendant prend qu'Absalom fit dresser dans la vallée
qu'il offrait des sacrifices la conspiration de royale # r# xoû &ôt r# Ézai)t #) une statue de
vint puissante, et le peuple allait toujours en † blanche éloignée de deux stades de
"# auprès d'Absalon. érusalem, qu'il surnomme sa Main.
avid fut averti de ces menées coupables, J'ai donné avec de grands détails, à l'article
et sa première pensée fut de fuir : il laissa ses JÉRUsALEM (Nécropole de), une description
dix concubines au palais et quitta sa capitale. du curieux monument qui se trouve dans la
L'arche d'alliance le suivait, mais il la fit re vallée de Josaphat, dans le flanc du mont des
porter à Jérusalem par Sadouck le grand prê Oliviers, à peu de distance du lit du Ké
tre, et continua sa route. Au même moment dron, et qui porte le nom de tombeau d'Ab
Absalom entrait à Jérusalem. Son premier · salom. Je dois renvoyer à cette description,
acte fut de souiller la couche , paternelle. qui se lie mieux à l'étude de la curieuse
Douze mille hommes allèrent lancés à la nécropole de Jérusalem, qu'à un article spé
poursuite de David; mais un ami de David, cial sur Absalom. J'ai démontré que ce magni
Honsaï, conseilla à Absalom de réunir le peu · fique monument était une œuvre hébraïque,
ple, et de se mettre à sa tête pour poursuivre · de l'époque contemporaine de David. C'est
son père. Ce conseil avait pour but de donner un des travaux d'art les plus complets et les
nu roi fugitifle temps de mettre le Jourdain mieux conservés de l'ancienne Jérusalem,
entre les rebelles et lui. Des affidés coururent et je ne doute pas qu'il ne devienne comme
le prévenir du parti que l'usurpateur avait le point de départ que prendront toujours les
adopté, et il alla se réfugier au delà du Jour savants eonsciencieux qui voudront classer
•lain, dans la ville appelée Mekhanaïm (les avec méthode les monuments hébraïques.
deux camps , Absalom avec toute son armée le Quant au véritable tombeau d'Absalom,
suivait de près, et il alla camper dans le pays au tumulus de la forêt d'Ephraïm, sous
de Galaad. Bientôt eut lieu la bataille dans la lequel son corps fut enseveli, on ne saurait
forêt d'Ephraïm. (Pour Ephraïm voir Jud., trop recommander aux voyageurs qui explo
x11, 4; II Samuel, xvIII, 6.) Et David recom - reront la Terre-Sainte de mettre ce monument
manda aux chefs de son armée de veiller au important parmi ceux dont ils doivent désirer
salut d'Absalom. Celui-ci fut complétement de faire la découverte. Il doit se trouver
55 ABS . DICTIONNAIRE - ACC 56

aussi intact qu'au premier jour, les Orientaux Je n'ai pas besoin d'ajouter que , dans
ayant pour habitude de † toujours en cet essai de reconstruction de l'architec
passant quelque pierre sur de pareils tumulus ture hébraïque, je n'ai pas pour pensée de
qu'ils rencontrent. On comprend de quel in constituer le monument d'Absalom comme
térêt il serait pour la science, à l'aide un type unique et absolu, auquel les ar
d'une fouille peu coûteuse, de pouvoir re tistes salomoniens rapportèrent les plus im
trouver les restes du fils révolté de David, et portantes constructions du règne de ce
très-probablement ses armes , enterrées à grand roi.
côté de lui, honneur rendu de tout temps On peut donner à cet aperçu rapide une !
aux guerriers. ortée qu'il n'a pas. Mais je crois être dans
Le monument d'Absalom ayant par son e vrai en puisant aux caractères mêmes
architecture , et par la date historique de
sa construction, une grande importance
de cette œuvre merveilleusement conservée !
les caractères essentiels que l'art national !
·
dans l'étude de l'art hébraïque, il est tout avait combinés et dont il fit l'application à
naturel qu'on rapporte à l'étude de ce mo des monuments d'une plus grande étendue.
nument type les règles générales qui ont J'ai retrouvé et décrit des monuments hé
dû concourir à former tout l'ordre archi braïques dont les motifs s'écartent visible
tectural adopté par les Juifs. ment de ceux du monument d'Absalom. Je
Je ferai remarquer dès à présent le carac ne les crois pas moins d'une haute an
tère étrange que donne à ce monument la tiquité. On voit la liberté du génie chez
présence de la corniche égyptienne. Je dois les peuples anciens. L'art prenait toutes les
insister encore sur ce fait. Il m'a été possible formes, comme la poésie tous les rhythmes.
de constater l'existence de cette même cor C'est à la science à ne pas se tromper dans
niche à l'angle sud-est de l'enceinte salomo son étude, et à ne pas repousser par sys
nienne du temple.Je l'ai trouvée à la façade tème tout ce qui semble entrer diffici
du grand bazar au coton, façade dont nul
visiteur n'avait encore assigné le caractère
†"
téeS.
dans les classifications déjà adop

hébraïque et qui précédait évidemment un ACCAIN. — Cette ville est mentionnée


immense portique destiné à conduire au par Josué # 57) parmi les villes de la
temple , et que remplace le bazar actuel. tribu de Juda. Quant à la position qu'elle
La corniche égyptienne ne me paraît donc occupait, elle n'est pas connue. Doréna
as un hasard, une bizarrerie d'artiste dans vant, dans ce Dictionnaire des Antiquités
e monument d'Absalom. Je ne me hasarde bibliques, chaque fois qu'un nom se trou
# trop en avançant qu'elle entrait dans vera seul avec l'indication du livre biblique
a plupart des monuments juifs. On peut se où il est mentionné, il sera parfaitement
figurer ce que le temple, par exemple, devait compris que ce nom appartient à une localité
emprunter de caractère et de noblesse à cette sans importance et inconnue jusqu'à ce jour.
belle corniche qui donne aux édifices égyp ACCARON, ECRoN # JosÈPHE, An
tiens un aspect si imposant. tiq. V, II). — Cette ville fut la capitale d'une
La torsade qui se trouve dans les détails des cinq satrapies des Philistins.
du monument me paraîtaussiun des caractères Dans la descriptiQn du Livre de , Josué
adoptés dans l'architecture nationale. Il ( xIII, 3) Accaron est placée comme la ville
pourrait se faire que des fouilles autour du la plus septentrionale du pays des Philis
temple amenassent quelques fragments où tins : « Depuis le fleuve limoneux qui arrose
ce beau motif se trouverait reproduit. l'Egypte jusqu'aux frontières d'Accaron au
Le chapiteau , ionique , avec ses volutes nord : la terre de Kénâan, divisée entre les
me sembie aussi avoir été celui que les Hé cinq rois des Philistins, les Gazéens, les Azo
breux adoptèrent de préférence. Quoiqu'on tiens, les Ascalonites, les Géthéens et les
n'ait pas découvert encore, aux environs du AccarOnites. »
temple, de chapiteaux qui puissent indiquer Le même Livre de Josué (xv, 45 ) met
celui que les architectes de Salomon em Accaron avec ses bourgs et ses villages dans
ployèrent dans le temple et dans son palais le lot de la tribu de Juda , et (verset 11) in
appelé maison du Liban, il y a des passages dique les limites septentrionales de Juda au
de la Bible assez nombreux parlant de cor pays d'Accaron.
nes ou de volutes, pour qu'il soit permis Cependant au chapitre xIx ( vers. 43) il
de voir dans cette expression, que les com indique une ville d'Acron parmi celles de la
mentateurs n'ont pas comprise, l'indice vi tribu de Dan. Ce passage avait fait croire à
: ible de la forme du chapiteau alors le plus Eusèbe que Accaron appartenait aux Danites.
généralement adopté. Mais saint Jérôme rectifie Eusèbe : Ut ego
Une ornementation d'un caractère aussi arbitror, in tribu Juda.
gracieux que noble est le bouclier. Inu Il la place entre Azoth et Jamnia, mais un
tile de rappeler ici les passages rapportés peu vers le levant : ce qui est en effet la
ailleurs, servant à établir que le bouclier situation qui lui est donnée par les géogra
entrait parmi les motifs d'architecture. Quand phes. Saint Jérôme ajoute que plusieurs ont
on ne pouvait suspendre aux édifices de cru que Césarée, la Tour de Strabon, était
véritables boucliers d'or ou d'airain, l'art l'ancienne Accaron. Mais c'est une erreur
dut naturellement suivre son instinct habi † est inutile de réfuter, puisque Accaron,
tuel d'imitation et se reproduire dans les 'après le texte formel de Josué, fut donnée
métopes. en partage à la tribu de Juda.
57 AC(. DES AN i IQUlTES BIBLIQUES. ACC 58

Quant à l'Acron que le Livre de Josué at ville de Phénicie, qui s'appelle maintenant
tribue à la tribu de Dan, ne pourrait-on pas Ptolémaïs. On préténd que la forteresse de
dire que c'était une localité différente de Ptolémaïs fut appelée Aki, parce qu'Hercule,
l'Accaron chef-lieu de satrapie ? Il faut mordu par un serpent, y ayant trouvé sa
dire cependant qu'il y a un texte de Josèphe guérison, appela ainsi ce lieu, du mot &xeta0a
(Antiq. V, 1) qui indique que Accaron avait (être guéri). Etienne dans ses Ethniques, au
été cédée aux Danites. Mais il n'en continue mot Ptolémais, repete la même fable, qui pa
pas moins à la placer parmi les villes d° raît avoir eu généralement cours parmi les
Juda. (Antiq. V, II.) plus beaux esprits de la Grèce.Au mot Aki,
Les Accaronites refusèrent de recevoir il raconte qu'Hercule, piqué par un serpent,
dans leurs murailles l'arche d'alliance, qui fut averti par un oracle de se diriger vers
fut prise † les Philistins dans un combat l'orient jusqu'à ce qu'il rencontrât une ri
contre les Hébreux, à la vue des malheurs qui vière au bord de laquelle il trouverait la
avaient frappé les † où l'arche avait plante nommée colocasia, qui seule pouvait
séjourné. Ce fut après ce refus des Accaro érir sa blessure; qu'il arriva aux bords du
nites que les satrapes des Philistins consul euve Bélus, qui coule près de Ptolémaïs, et
tèrent leurs prêtres et leurs devins, qui leur u'il y trouva enfin l'herbe salutaire qu'il
conseillèrent de renvoyer l'arche aux Hé cherchait. Tout à l'heure je reviendrai sur le
breux avec un don † de cinq anus compte du Bélus.
d'or et de cinq rats également d'or, en sou Il n'y a pas l'ombre d'un doute à conserver
sur l'identité de Acco et de Ptolémaïs. Cette
venir de la maladie honteuse qui avait
frappé le peuple et des rats innombrables en ville, à ce que nous apprend Pline, fut érigée
qui avaient désolé le pays. (I Sam. v, 10 et colonie romaine par l'empereur Claude.
Les médailles impériales romaines à la lé
suiv.)
gende COL. PTOL. (Colonia Ptolemais) sont
Béelzébub avait son temple dans la capi assez nombreuses, quoique chaque espèce
tale des Accaronites. Ochosias, roi d'Israël, en particulier soit assez rare. On en connaît
tombé malade à Samarie, donna ordre qu'on dans les collections numismatiques, qui ont
allât consulter Béelzébub à Accaron pour été frappées dans cette ville depuis Claude
savoir s'il relèverait de cette maladie. Le
prophète Elie dit à ses messagers : « N'y a-t-il jusqu'à l'impératrice Salonica, femme de
† Il en existe de Claude, émises avant
pas un Dieu en Israël, pour que vous alliez l'établissement de la colonie, c'est-à-dire,
consulter le dieu d'Accaron ? allez dire au
roi qu'il ne descendra pas du lit où il est
† sont purement impériales. Acco, avant la
omination romaine, avait également frappé
monté. » (II Rois, I, 1 et suiv. ) Il serait im des monnaies autonomes avec le nom "Axn.
portant de découvrir les ruines de ce temple, Celles-ci sont extrêmement rares. Les plus
dont la construction est évidemment anté abondantes sont les statères d'or et les tétra
rieure à Samuel.
drachmes d'Alexandre le Grand, portant au
ACCO, "Axn, AKKA, PTOLEMAIS, SAINT revers dans le champ et devant la figure assise
JEAN D'ACRE. — Le nom primitif de cette de Jupiter, le nom phénicien d'Acco, et une
ville illustre ne se tºouve qu'une seule fois date en chiffres. -

dans les saintes Ecritures; voici le verset qui Je ne dois pas omettre de mentionner ici un
le contient : Aser n'expulsa pas les habitants type qui se présente assez fréquemment sur
d'Acco, ni les habitants de Sidon, ni ceux les monnaies coloniales de Ptolémaïs, et qui
d'Ahlab, ni ceux d'Akhzib, ni ceux de Khel nous rend compte jusqu'à un certain point de
buh, ni ceux d'Afeik, ni ceux de Rahab. (Jud., la position géographique de cette ville, On y
1, 31.) En revanche le nom de Ptolémaïs re voit Ptolémaïs personnifiée, représentée par
vient à chaque instant dans les Livres des une femme à tête tourrelée, assise sur un ro
Machabées. cher entouré par les eaux de la mer, et te
Le verset que je viens de citer prouve que nant de la main droite trois épis, emblème
Acco était située dans la circonscription du de la fertilité du sol sur lequel elle était bâtie :
terrain assigné à la tribu d'Aser. Il est à re rien de charmant effectivement comme la
marquer néanmoins, que, parmi les villes des riche plaine au bord de laquelle est situé
Asérites citées dans le Livre de Josué (xIx, † d'Acre, que la mer semble entou
24-30), il n'est nullement question d'Acco. Je rer de tous les autres côtés. Au pied de la
ne me charge pas d'expliquer cette omission figure de la ville paraît un fleuve personnifié
qui d'ailleurs ne tient peut-être qu'à ce fait en un homme qui nage, et ce fleuve n'est
consigné dans le Livre des Juges, que les autre que le Bélus Triste fleuve sans doute,
Asérites ne parvinrent pas à expulser les ha car c'est aujourd'hui un misérable ruisseau
bitants d'Acco. Quoi qu'il en soit, cette ville bourbeux nommé Nahr-el-Nâamen (la ri
est d'une haute antiquité, bien qu'elle n'of vière de la Renoncule). Cette charmante fleur
1re plus aujourd'hui de vestiges de sa splen serait-elle par hasard la colocasia qu'Hercule
deur première. venait chercher sur les bords du Bélus?. et la
Les Grecs, qui connaissaient le nom Phéni dénomination arabe que je viens d'enregistrer
cien de cette ville, grécisèrent ce nom en aurait-elle conservé un reflet de l'histoire à la
lui attribuant résolument une étymologie quelle est due l'étymologie grecque rapportée
grecque. Je rapporterai cette étymologie qui plus haut?Je suis assez porté à le croire.
n'est en vérité que ridicule. Nous lisons dans Saint-Jean-d'Acre, qui a pris la place de
le grand Etymôlogicon, au mot "Ax» : Aki, Ptolémaïs, est placé au bord septentrional
39 ACC DICTIONNAIRE ACC 40

d'un golfe charmant, sur le bºrd opposé du mentionne ici le tomneau ? Comme il ne l'a
quel s'élève Khaifa, l'ancienne Sycaminon, pas † Ine charge pas de le deviner.
· bâtie au pied du mont Carmel.Toute la plaine Quant à la nature vitrifiable du sable du
qui forme le territoire de Saint-Jean d'Acre Bélus, Pline (lib. xxxvI, c. 26, ed. v, c. 19 )
est encore d'une grande fertilité, et cultivée à en parle à deux reprises, et Tacite (Histor.,lib.
merveille. Un bel aqueduc construit par V ) s'exprime ainsi sur son comptè : Et Belus
Djezzar-Pacha, et venant des coteaux placés aminis Judaico mari illabitur, circa cujus os
au nord-est de la ville, y amène une eau ex collecta arenœ admisto nitro in vitrum er
cellente d'une distance de quelques kilomè coquuntur: modicum id littus, sed egerentibus
tres, en passant par un joli hameau nommé inexhaustum. Je terminerai ce qui est relatif
Baqadjeh, bâti auprès d'une vraie maison de au sable vitrifiable du Bélus en rappelant
campagne et d'un vrai jardin qui ont été une étymologie de ce nom Bélus proposée
créés jadis par Abd-Allah, pacha d'Acre. A Par Reland, et qui me paraît extrêmement
l'est de la ville, et à environ une heure et de probable. En grèc le verre s'appelle 5 ) , ou
mie de marche, sur la route de Galilée, qui ºººs, et entre ce mot et le noin Bélus il y a
passant par Safourich (l'ancienne Sepphoris), #Our ainsi dire identité.
cOnduit à Nazareth, on rencontre un imi Le verre de Phénicie avait une très grande
mense tertre artificiel, parfaitement rond, et célébrité dans l'antiquité, et l'Egypte, et la
connu aujourd'hui sous le nom de Tell Grèce aussi bien que la Phénicie elle-même
Keisan. Au pied du Tell, coule une petite ont enrichi les musées d'une foule de char
fontaine nommée Ayn-el-Tell (source du mants petits vases de verre émaillés, qui sont
Tertre). Il n'est pas possible de douter que aujourd'hui reconnus pour être de fabrication
| ce tertre considérable n'ait servi de base à un phénicienne, et formés très-probablement du
monument antique d'une grande importance, Sable du Bélus.
s'il n'a pas été un véritable tumulus élevé , Revenons à Ptolémaïs. Josèphe ne place
sur les restes mortels de quelque † per † Cette ville dans la Galilée, mais bien à
sonnage. Les Arabes affirment que l'on trouve 'ouest de la Galilée : ainsi il parle (Bell.Jud.,
des tronçons de colonne au sommet du Tell, II, xVIII, 9 ) d'une ville de Galilée nommée
et ce que je puis affirmer c'est que l'on voit Zabulon, qui sépare Ptolémaïs de la Galilée.
à la base de nombreux débris qui paraissent Or un voyageur qui a parcouru tout récem
parvenir d'un édifice important. Avis aUx ment le pays, M. Van de Velde, missionnaire
voyageurs futurs qui voudront étudier avec protestant, a reconnu dans le voisinage
plus de soin que je n'ai pu le faire le Tell immédiat de la voie antique, qui de la plaine
Keisan, quejen'ai vu qu'en enlongeantla base. de Saint-Jean d'Acre conduit à travers des
Josèphe (Bell. Jud., II, x, 2) parle d'un mo cºllines boisées au Nardj-el-Bathouf, au delà
nument placé au bord du fleuve Bélus, et qui duquel est située Safourich, une source nom
pourrait bien n'être autre chose que le Tell mée Ayn-Zabouloun, auprès de laquelle j'ai
Keisan. Voici le passage en question, que je dû passer moi-même sans la reconnaître, et
rapporterai in cxtenso, parce qu'il peint à qui tixe indubitablement la position de la Za
merveille la situation de Saint-Jean d'Acre.
bulon de Josèphe. C'était, dit l'historien, une
Il s'agit de Ptolémaïs : « Cette ville est voisine ville ornée de très-beaux édifices, construits
de la Galilée, située au bord de la mer, et avec autant de luxe que ceux de Tyr, de
bâtie dans une grande plaine. Elle est entou Sidon et de Béryte ;je ne doute pas mainte
rée de montagnes, à l'orient par la chaîne nant que les nombreux sarcophages antiques
de Galilée, qui en est éloignée de 60 stades que j'ai rencontrés sur ce point le long de
(11 kilomètres environ); au midi, par le la voie antique, n'aient été des sculptures ap
Carmel, qui en est distant de 120 stades (22ki partenant à la population de Zabouloun.

qu'on
au nord, par un mont très-élevé
el'Echelle des s, et qui est Le nom primitif de cette ville fut Acco, que
appell Tyrien
situé à # stades de la ville (18 à 19 kilomè Reland croit retrouver dans le prophète
tres). A deux stades de la ville (près de 400 mè Michée (I, 10) : N'annoncez point ceci dans
tres) coule une très-petite rivière (du temps de Geth, et ne pleurez point dans Acco. Les
Josèphe, le Bélus n'était donc comme aujour Grecs, comme nous l'avons dit, changèrent
ce nom en Acè, et y a outèrent celui de Pto
d'hui qu'un véritable ruisseau, Trorap à; r2vt &-
ragy à)iyo;) nommé Belaeus (Bm)ato;), sur les lémaïs. Cette ville (JosEPH., Antiq. l. XIII, c.
bords duquel se voit le monument de Memnon III), qui était possédée par Démétrius, fils de
(t à Mig o,o; M»nutiov), ayant auprès de lui un
Séleucus, fut livrée à § fils d'AntiO
lieu d'une étendue de § coudées, mais di chus Epiphane ; ensuite Alexandre, roi des
gne d'admiration. Celui-ci est rond et creux, Juifs, l'assiégea et la livra à Ptolémée; Ti
et il produit un sable propre à faire du verre, grane, roi d'Arménie, l'assiégea aussi : enfin
elle fut soumise à la domination des Ro
que beaucoup de navires viennent enlever,
mais qui se reproduit † en remplis mains ; Claudius la fit réparer et lui donna le
sant la place, comme si les vents se char surnom de Cœsarea. C'est ce que semble an
geaient de rapporter ce sable d'ailleurs, pour noncer une médaille sur laquelle on lit ces
être immédiatement transformé en verre. Ce mots : CoL-CAESAREA PToLEMAis (HARD., Num.
qui me paraît le plus curieux en ceci, c'est antiq., p. 142). Les Sarrasins s'en rendirent
que tout ce qui sort de verre de cet endroit maîtres et changèrent son nom de Ptolémaïs
merveilleux, redevient plus tard du sable en celui d'Acca ou Acra, qu'elle a conservé.
Elle est devenue célèbre par les croisades :
vulgaire. »-Qu'était le Mémnon dont Josèphe
41 ACH DES ANTIQUITES BIBLIQUES. ACH 42

les Chrétiens la reprirent sur les Sarrasins sur leur téte... — 10. L'Eternel dit à Josué :
en 1104. Saladin s'en rendit maître en 1187 : Lève-toi; pourquoi te prosternes-tu sur la face?
mais Philippe-Auguste, roi de France et #- — 11. Israël a péché ; ils ont manqué à mon
chard Cœur de Lion, roi d'Angleterre, l'assié alliance que je leur ai commundée, ils ont pris
èrent et la prirent à la vue de l'armée de de l'interdit, ils ont même volé, ils ont méme
§ qui faisait tous ses efforts pour la dissimulé, et ils l'ont mis dans leurs bagages,
— 12. Les enfants d'Israël ne pourront pas
défendre Les chevaliers de Saint-Jean de Jé
rusalem s'y maintinrent jusqu'à l'an 1291, résister à leurs ennemis, ils tourneront le dos
que cette ville repassa " au pouvoir des devant leurs ennemis; car ils sont devenus
mahométans. - interdits : je ne suis plus avec vous, si vous
Nous trouvons mentionnés dans les Actes ne détruisez l'interdit du milieu de vous, –
des conciles plusieurs évêques de Ptolémaïs. 14. Vous vous présenterez demain matin par
Ce sont, 1° Claros, qui assista au concile de tribus; alors la tribu # se
Césarée, vers l'année 198; 2° AEneas, qui fut présentera par familles, et la famille que l'E-
présent au concile deNicée en325;3 Nectabos, ternel atteindra se présentera par maisons, et
qui intervint en 381 au concile de Constanti la maison que l'Eternel atteindra se présen
nople; 4° Paul, † prit part aux travaux du tera par hommes.— 15. Celui qui sera atteint
concile de Chalcédoine en 451;5°et enfin, Jean, ayant de l'interdit sera brûlé par le feu, lui
et tout ce qui lui appartient; car il a trans
qui intervint, en 536, au concile de Jérusalem.
A quelques centaines de mètres des murailles gressé l'alliance de l'Eternel, il a commis une
de Saint-Jean d'Acre est une petite colline infamie en Israël. — 16. Josué se leva de
connue des habitants sous le nom de Mont bon matin et fit avancer Israèl par tribus, et
des Français. C'est là que le général Bona la tribu de Juda fut atteinte. Il fit avancer
parte mit en batterie les quelques pièces les familles de Juda ; la famille de Zerah fut
d'artillerie de †º qu'il avait amenées atteinte ; il fit avancer la famille de Zerah
d'Egypte pour faire le siége de Saint-Jean par individus et Zebdy fut atteint. — 18. Il fit
d'Acre. En 1840, cette ville fut affreusement avancer la maison par individus et alors fut
maltraitée par une flotte anglaise, et lorsque atteint Aakan-ben-Kermy-ben-Zebdy-ben
je la visitai en 1850, je pus constater, du haut Zerah, de la tribu de Juda. — 19. Alors Jo -
du couvent latin, les dégâts causés par le sué dit à Aakan : Mon fils, témoigne donc
bombardement dans la ville entière. Rien maintenant de l'honneur à l'Eternel, Dieu
n'avâit été réparé, et très-probablement d'Israèl, et fais-lui l'aveu (de ton crime). Dis
rien ne l'est encore. moi donc, qu'as-tu fait ? ne me le cache pas.
ACHOR, AAkoUR (VALLÉE D'). — Ce nom — 20. Aakan répondit à Josué, disant : C'est
signifie valleé de l' affliction, de ":y, mœ vrai, moi j'ai péchécontre l'Eternel, Dieu d Is
rore affecit, calamitatem intulit. Voici le fait raèl; j'ai fait ceci et cela.— 21.J'ai vu dans
qui fit donner ce nom à la vallée en question : le butin un beau manteau de chindar du
Lorsque Josué attaqua la ville de Jéricho, il poids de deux cents sicles d'argent, un lin
dit aux-Israélites (Josué, v1) : — 17. Que got d'or dupoids de cinquante sicles : j'en ai
la ville soit en interdit, elle et tout ce qui s'y eu envie, et je les ai pris. Ils sont enfouis dans
trouve, pour l'Eternel... — 18. Vous seulement la terre au milieu de ma tente; l'argent est
gardez-vous de l'interdit : vous pourriez être dessous. — 22. Josué envoya des messagers ;
interdits en prenant des objets interdits; vous ils coururent vers la tente : et c'était enfoui
placeriez le camp d'Iraèl en interdit, et vous dans sa tente, et l'argent dessous. — 23.
attireriez le malheur sur lui. — 19. Tout ar Ils le prirent du milieu de la tente, et l'ap
gent et or, les vases d'airain et de fer, tout portèrent à Josué et à tous les enfants d'Is
sera consacré à l'Eternel : que cela vienne raèl, et ils l'étalè.°ent devant l'Eternel. —
dans le trésor de l'Eternel. — 21. Ils mirent 24. Josué prit Aakan-ben-Zerah, ainsi que
en interdit tout ce qui se trouvait dans la l'argent, le manteau, le lingot d'or, ses fils,
ville : hommes, femmes, jeunes, vieux, jus ses filles, ses frères, ses bœufs, ses ânes, son
qu'aux bœufs, aux agneaux, aux ânes (tout menu bétail, sa tente, tout ce qui était à lui,
fut passé ) au fil de l'épée. — 24. Ils consu et tout Israël ( alla) avec lui; ils les firent
mèrent par le feu la ville et tout ce qui y monter vers la vallée d'Aakour. —25. Josué
était : ils mirent seulement l'argent, l'or, les dit : Combien tu nous as affligés ! que l'Eternel
vases d'airain et de fer au trésor de la mai t'afflige en ce jour ! Tout # l'assomma à
son de l'Eternel. (Chapitre v II) : — 1. Mais coups de pierres; on les "#
le feu, on
les enfants d'Israèl commirent une infraction les accabla de pierres. — 26. plaça sur
au sujet de l'interdit. Aakan-ben-Kermy-ben lui un grand monceau de pierres jusquà ce
Zebdy-ben-Zerah, de la tribu de Juda, prit jour : et l'Eternel revint de l'ardeur de sa
de l'interdit : la colère de l'Eternel s'enflamma colère : c'est pourquoi on donna à cet endroit
contre les enfants d'Israël. le nom de vallée d'Aakour ( existant )jusqu'à
Immédiatement après la destruction de ce jour. -

Jéricho, l'armée, sous les ordres de Josué, e récit tragique ne nous dit pas comment
tenta de s'emparer de la ville d'Aï, située près se fit l'espèce de tirage au sort qui désigna
de Beit-el. Mais elle fut battue et repoussée à la vengeance publique le coupable Aakan,
par les habitants. Alors — 6. Josué déchira mais il nous rend parfaitement compte de
ses vêtements, et se jeta la face contre terre l'origine du nom que porta désormais la
devant l'arche de t#. jusqu'au soir, lui vallée dans laquelle s'accomplit le terrible
et les anciens d'Israël ; ils mirent de la cendre châtiment d'Aakan. Cette vallée existait né
DICTION N. DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 2
45 ACR DlCT10NNAIRE ACR 44

cessairement , dans le voisinage de Jéricho : c'est que les anciens n'ont pas d'expression
cela résulte clairement du récit de l'Ecriture pour rendre nord-est, nord-ouest. Acra se
sainte, et du témoignage d'Eusèbe, qui dans trouvant en réalité au nord-est de Sion, Jo
son Onomasticon, au mot 'Euix 'Ax,p, place sèphe a dû se servir du terme seul de nord.
cette vallée , non loin de Djildjal et à proxi Les autres placent Acra au nord du temple,
mité de Jéricho, et constate (ainsi que son sur la haute colline qui se nomme Bezetha.
traducteur saint Jérôme ) que ce nom était Ceci est encore une erreur : la colline de
encore en usage de leur temps. Dans le Bezetha ne futentourée de murailles que très
livre de Josué (xv, 7) nous lisons encore tard. Le temple autrefois n'était pas entouré
à propos de lui et du territoire de Juda : La par la ville du côté du nord, Il n'y avait là
limite s'éleva de la vallée d'Aakour à Dabor, que des faubourgs, et Josèphe nous ap
et au nord elle se tourne vers Djildjal, qui rend formellement que la ville basse était
est en face de la hauteur d'Adoumim, qui est âtie sur Acra.
au sud du torrent; la limite passe vers les Pour avoir de la situation d'Acra une idée
eaux d'Ayn-Chems, et aboutit à Ayn-Radjal.— bien précise, il faut donner attention au
Tl est clair par la teneur de ce verset que la mot de Josèphe, que Sion et Acra, les deux
vallée d'Aakour servait précisément de limite collines sur lesquelles étaient bâties la ville
aux territoires de Juda et de Benjamin. En supérieure et la ville inférieure, étaient sépa
remontant d'Er-Riha à Naby-Daoud et à rées par une vallée. Or la seule vallée qui
Mar-Saba, pour regagner Jérusalem, on s'étende au levant, en dehors de la haute ville,
coupe une vallée qui s'appelle encore Ouad est celle des Fromagers, des Tyropœôn. Il
Dabor; nul doute que l'on ne retrouve encore faut remarquer ensuite que le temple, oc
auprès de cette vallée un Ouad-Aakour qui cupant une partie du mont Moriah, laissa
aura conservé son nom parmi les Arabes du entre la vallée des Fromagers et l'enceinte
pays.C'est une recherche que je recommande sacrée un espace de terrain assez vaste,
de la manière 1a plus expresse, aux voyageurs plus élevé autrefois qu'aujourd'hui, puisque
futurs, en leur donnant sans scrupule l'assu nous savons qu'il a été nivelé. C'est sur ce
rance qu'ils retrouveront le nom de cette vallée terrain, occupé aujourd'hui par le quartier
célèbre, et par conséquent, un point bien musulman de Jérusalem, entre le temple et
déterminé de la limite de Juda.
ACRA. — Dans les diverses descriptions la vallée des Fromagers, qu'il faut placer
Acra.
qui ont été faites du site de Jérusalem,
Acra joue un grand rôle, puisque une partie Nous avons pour donner raison à cette
de la ville a été bâtie sur le terrain qui identification ce fait capital, qu'une citadelle
portait ce nom. batie sur Acra dominait le temple, et permet
Prenons d'abord le texte original sur le tait d'observer tout ce que faisaient les sacriti
† tous les géographes, et particulièrement cateurs dans l'enceinte réservée. On démolit
'Anville, ont construit leur système sur la si cette citadelle, on abaissa le terrain. Donc
tuation de la Jérusalem antique. Josèphe Acra, sur laquelle était élevée cette citadeile,
dit (Bell. Jud. lib. VI, cap. vi) : « La ville touchait le temple du côté du couchant.
elle-même était bâtie sur deux collines se Que maintenant le versant oriental des
regardant l'une l'autre et séparées par une terrains qui font le prolongement du mont
vallée où cessaient les maisons. L'une de Sion, et qui s'étendent depuis le grand ba
ces collines, sur laquelle est assise la ville zar et l'église du Saint-Sépulcre, aient été
haute, est beaucoup plus élevée et occupe ajoutés à la ville basse, et que le sol qui
beaucoup plus de terrain, au point que, en était sans maisons ait augmenté l'étendue de
raison de sa force, on l'appelait la forteresse la ville de ce côté, c'est ce qui est à croire.
de David, et nous, nous l'appelons le haut Mais, dans la question † nous occupe, Acra
Forum. L'autre colline, qui est appelée Acra, n'est ni le plateau situé au nord de Sion, ni
est occupée par la ville basse, et est inclinée la haute colline de Bezetha, mais un terrain
en forme de croissant. » inférieur séparé de Sion par une vallée.
Rien de plus précis que cette description Voilà ce que dit Josèphe, voilà ce que
topographique ; et cependant demandez aux l'examen attentif des lieux permet d'affirmer
savants, aux géographes, aux voyageurs, où sur cette question intéressante.
est située Acra, vous recevrez des réponses Pour se donner donc une idée bien nette
contradictoires. de la Jérusalem primitive, il faut se figurer
Les uns placent Acra au nord de Sion, la ville haute, la forteresse de David bâtie sur
COIIlII16 § l'indiquer Josèphe. Et ceux-là le mont Sion, escarpée de toutes parts, ex
se trompent complétement. Les terrains si cepté du côté du nord, pù elle était défendue
tués au nord de Sion ne sont que le prolon par un vieux mur qui se reliait à la partie
gement du promontoire du mont Sion,. si # occidentale du temple, au point très-connu
puis m'exprimer ainsi pour donner de, l8 appelé le Mekemeh ou tribunal, l'ancien
clarté à ma pensée. Il n'y a pas de vallée Sanhédrin des Juifs. Cette ville haute, appe
entre le plateau supérieur et la colline de lée Acropole dans l'antiquité, se trouvait
Sion, ce qui est formellement indiqué par ainsi isolée de toutes parts. La vallée des
Josèphe. Fromagers la séparait ainsi du temple et du
Cette première opinion n'est donc nulle terrain appelé Acra.
ment soutenable. Ce qui a induit en erreur La ville basse, construite sur Acra, devait
ceux qui ont placé Acra au nord de Sion,
45 ACR DES ANTIQUITES BlBLIQUES. ACR 46
primitivement n'être qu'un faubourg. Plus une citadelle et un palais. Le sol élevé d'An
tard les maisons s'étendirent, et une enceinte tonia fut conservé pour protéger le temple,
dont la muraille, se dirigeant du midi au nord, parce qu'il donnait sur la campagne.Acra,
et partant de la citadelle à la porte Gennath,
embrassait Acra, la vallée, le coteau incliné
† était dans l'enceinte intérieure, dut dispa
I'aître.
du plateau septentrional qui s'étend au nord
du mont Sion, allait rejoindre l'angle nord ACRABATTAE, ACRABIM, ACRABATENE. —
ouest de l'enceinte du temple. Ce fut la se L'Acrabatène est la cinquième des toparchies
conde Jérusalem. L'enceinte dont je viens de que Pline (lib. v, cap. 14) mentionne comme
parler suivait la direction du grand bazar constituant la province de Judée. Josèphe
actuel, passait au pied des terrains du Gol (Bell. Jud., III, iII, 5) nomme 'Axpa6arrai, la
gotha, lieu des exécutions, s'avançait vers le métropole, la troisième des onze toparchies
nord jusqu'à la hauteur de l'angle nord-ouest judaïques, en comptant Jérusalem pour une :
de la forteresse qui dut toujours protéger le c'est bien évidemment la même dont il est
seul côté par lequel le temple était militai, question dans les deux passages parallèles.
rement accessible, et s'infléchissait au levant Voici maintenant les renseignements que
pour aller se joindre à cette citadelle. nous fournissent Eusèbe et son traducteur
Telle était Jérusalem au temps du Christ saint Jérôme sur les principales localités de
Ce ne fut que postérieurement que fut com cette région, qui s'étendait entre Néapolis(Na
mencée l'enceinte d'Agrippa, la troisième en † iha(Jéricho). Au mot'Axp«6ºsiv,
e premier place cette ville sur le chemin de
ceinte, qui enclava le Golgotha, une partie de ceux
la plaine au nord du Golgotha, et toute la qui partant de Néapolis, descendent à
colline de Bezetha. Les ruines de l'ancienne l'orient, vers le Jourdain et jéricho, par le
muraille, qui fut celle des croisades, subsis pays qui s'appelle 'Axpx6xtrrtvn (Acrabitène de
tent encore, et le fossé immense creusé pour saint Jérôme). Ce pays s'étendait au moins à
douze milles
romains à l'orient de Naplouse.
la protéger indique clairement le tracé de Edouma étaitune
cette enceinte. des villes de l'Acrabatène, car
Ce sont là les éléments essentiels de toute
au mot 'Eôoupiix, Eusèbe et saint Jérôme di
sent : « On montre de nosjours le village d'E-
identification sur les parties de terrain attri douma dans l'Acrabatène, à peu près à douze
buées à l'ancienne Jérusalem. Tout vient se
milles romains de Naplouse, et à l'orient de
grouper autour de ces points de repère tra cette ville. » Eusèbe place encore dans cette
cés en quelque sorte par la nature. Les dou toparchie la ville qu'il pelle
tes qui peuvent subsister dès lors ne tombent douze milles, et toujours àa l'orient,'lºvè;.
de Na
à
ue sur des détails d'une importance secon louse.Enfin, laville de Silo (actuellementSei
aire.
oun) est encore placée parEusèbe dansl'Acra
Mais ce que je tiens à détruire dans batène, et à dix milles romains de Naplouse.
l'opinion, c'est la possibilité de faire de la Josèphe en plusieurs passages mentionne
colline de Bezetha, s'élevant au nord du tem la toparchie de l'Acrabatène, qui fut envahie
ple, la colline basse portant le nom d'Acra, par Vespasien. (Bell. Jud., # Ix, 9.) Ainsi
sur laquelle fut construite la ville infé nous lisons dans les Antiq. Jud., (XII, vIII,
T1GUlTe.
1) que Judas Machabée étant entré dans l'A-
Je ferai du reste cette réflexion, qui a quel crabatène, y attaqua et y défit les Iduméens
que importance, que, par ce mot colline, les descendants d'Esaü. Il nous apprend que
anciens entendent toute élévation de terrain, Jean, fils d'Ananias, fut préposé par les Juifs
de même que le mot vallée signifie pour eux insurgés à la Gophnitèque et à l'Acrabatène.
toute dépression du sol. (Bell. Jud., II, xx, 4.) Simon, fils de Gioras,
Nous savons parfaitement que la petite qui fut un des ardents défenseurs de Jérusa
colline d'Acra fut rasée, que ses matériaux lem contre Titus, était toparque de l'Acraba
servirent à combler la vallée abrupte des Ty tène ; ayant été dépouillé de cette toparchie
ropœôn. Comment † ce fait d'his par le grand prêtre Ananie, il alla d'abord
toire à la vaste et belle colline qui se dresse chercher un refuge auprès des bandits ras
au nord du temple ? semblés à Massada, et revint de là à Jérusa
Pour peu qu'on veuille bien étudier latopo lem. (Bell. Jud., IV, Ix, 3.
graphie du mont Moriah, que Salomon fit ni Il est clair que l'Acrabatène avait pris
veler pour dresser l'aire du temple, il est fa son nom d'Akrabba, sa métropole. Celle-cise
cile de comprendre que le prolongement nommait aussi Akrabine, ainsi que le cons
incliné de la montagne vers le nord, dut tate Eusèbe,
former au nord et au couchant une petite

comme que nous l'avons dit
lus haut, place cette ville à neuf milles à
hauteur abrupte s'élevant au-dessus du ni 'orient de Néapolis, sur la route du Jour
vellement de l'enceinte. Acra n'a pas pu dain et de Jéricho. Ce nom d'Akrabine signi
être autre chose que ces terrains laissés à fie les scorpions : il est donc probable que
leur hauteur naturelle, lors du nivellement ces insectes venimeux pullulaient en ce pays,
du terrain destiné au temple et à ses longues auquel ils avaient mérité son nom. Il en était
galeries. La destruction de la forteresse d'A- de même de la Montée-des-Scorpions Talaât
cra, parce qu'elle dominait le temple, expli Akrabine), qui se trouvait à la limite méridio
que tout. L'angle nord-ouest subsista avec nale de latribude Juda, et quin'est que l'Ouad
son rocher dominant le templc. Ce fut là que ez-Zouara de nos jours. # u vérifier par
se , dressa la tour superbe que le roi Hérode moi-même que cettemontée méritait toujours
embellit avec passion, et dônt il fit à la fois le nom quiluiest donné dans l'Ecriture sainte.
47 · ADA DICTI0NNAIRE ADA '48

A M. Van de Velde, missionnaire protestant toujours sur le flanc des collines qui bornent
hollandais, revient l'honneur d'avoir visité la à l'est la plaine de Jezraël, ou d'Esdrailon, un
g† importante d'Akrabah, que MM.
Schultz et Barth avaient retrouvée avant lui.
assez gros village qui porte le nom de Roum
maneh (le lieu aux Grenades) : comme il est
Il dit s'y être arrêté après une journée de assez près de l'emplacement actuel de
marche, en quittant Naplouse et se dirigeant
vers le Rhôr ou vallée du Jourdain. C'est un
† connu de nos jours sous le nom
d'El-Ledjoun, il y a toute apparence que e'est
grand et beau village, situé à quarante minu bien là que se trouvait la viIle "§
tes de marche du village de Ianoun (la 'Ixvò d'Hadad-Roummon.Cette ville d'Hadad-Roum
d'Eusèbe, sans doute), qu'on voit sur le flanc mon fut appelée plus tard Maximianopolis.
nord de l'Ouad-Makhfourieh, et à proximité Nous lisons en effet dans saint Jérôme, Com
duquél sont placées les ruines de pétits villa mentaire du chapitre xII de Zacharie : « Adad
ges nommés aujourd'hui Kefil ou Kifl, Iou Remmon (nom à la place duquel les Septante
rich et Erfaï, ce dernier placé en face d'Akra écrivent 'Poóvec) est une ville située près de
bah, et près d'un oualy musulman nommé Jezraël, qui fut jadis appelée de ce nom, et
§ (VAN DE VELDE, t. XI, p. 304.) porte aujourd'hui celui de Maximianopolis,
ADAD - RIMMON, ADAD - RoUMMoN, MA dans la plaine de Mageddon. » L'illustre Père de
xIMIANoPoLIs. — Nous lisons dans le pro l'Eglise, pour éviter toute équivoque sur la
phète Zacharie (xII, 11): En ce jour le deuil sera ville qui porta plus tard le nom de Maximia
grand à Jérusalem, cogyne le deuil de Hada nopolis, a eu soin, dans son Commentaire du
drimmom , dans la Vallée de Magedoun chapitre r" du prophète Osée, d'écrire que
(Megiddo). Quel est l'événement auquel le Jezraël était près de Maximianopolis, ce qui
prophète fait allusion en ce passage ? Les applique bien ce nom à Adad-Roummon.
commentateurs sont loin d'être d'accord sur n évêque de Maximianopolis assistait au
ce point. Parmi les Juifs, , Kimhi et Aben concile de Nicée et à celui de Jérusalem de
Esra déclarent ne pas savoir de quoi il s'a-l'année 536. Notons que dans l'Itinéraire de
git ; le Paraphraste çhaldéen dit : Comme laParis à Jérusalem, Maximianopolis est placée
laintesur Akhab fils d'Omrique Hadadrimon à seize milles romains de Césarée, et à dix
ben-Tobrimmon a tué, et comme la plainte seulement de Jezraël qu'il appelle Esdraela.
sur Josias fils d'Ammon que Pharaon le Boi Il est clair que c'est cette forme corrompue
teux a tué dans la vallée de Megiddo. De la qui a valu à la magnifique plaine que domine
sorte Hadadrimmon serait le nom du roi de Jezraël, aujourd'hui Zerayn, le nom de plaine
Syrie qui a tué Akhab. (I Rois, xxH, 3, et d'Esdraélon. Cette plaine n'est plus connue
II Chroniques, xvIII,33.) Rosenmuller se dé aujourd'hui parmi les habitants du pays que
clare non satisfait de cette explication, car sous la dénomination de Merdj-ebni-Aamer.
la plainte en question aurait nécessairement Très-probablement il est arrivé pour Adad
† et non son meurtrier pour objet. Cahen Roummon, ce qui est arrivé à Beit-son, qui,
imite Kimhi et Aben-Esra et déclare ignorer après avoir porté pendant toute la durée de
comme eux à quel événement le prophète la domination romaine, le nom de Scythopo
fait allusion Pour ma part, je ne vois ici que lis, a quitté ce nom pour reprendre celui de
l'embarras du choix qui m'arrête. En effet Beyson, qu'elle porte encore actuellement.
· nous savons d'abord que Josias fut percé Ainsi Adad-Roummon après s'être appelée
d'une flèche à la bataille de Megiddo, livrée Maximianopolis, est redevenue pour les habi
par les Juifs à l'armée égyptienne que com tants du pays Roummaneh.
mandait en persomne le Pharaon Néchao ; ADAM, ADoM. — C'est le nom d'une loca
on le rapporta à Jérusalem, où il mourut bien lité très-importante que nous ne trouvons
tôt des suites de sa blessure. Ensuite, lors du mentionnée qu'une seule fois dans l'Ecriture
massacre de la famille d'Akhab par Jehu, sainte. Voici le passage qui contient cette
Akhazias, roi de Juda, qui était à Jezraël au mention. (Josué, III.)— 13. Alors, quand les
près de Joram, roi d'Israël, s'enfuit après le plantes des pieds des Cohemrim, porteurs de
meurtre de Joram, fut atteint et mourut à l'arche de r# maître de toute la terre,
Megiddo. Voici le passage † qui rap se seront posées dans les eaux du Jourdain,
porte ce fait. (II Rois, Ix.)- 27. Okhozias, roi les eaux du Jourdain seront divisées ; les eaux
de Juda, ayant vu cela, s'enfuit par le che qui descendent d'en haut s'arrêteront comme
min de la maison du jardin. Jehu le pour · une digue.— 14. Il advint que lorsque le
suivit et dit : Frappez aussi celui-ci ! (Et on de # de ses tentes pour passer le Jour
frappa) sur son char dans la montée de Djour, dain, les Cohemim porteurs de l'arche d'al
qui est près de Jeblâam; et il s'enfuit à Madj liance étaient devant le peuple;- 15. et à l'ar
don, et il mourut là. — 28. Ses serviteurs le rivée des portcurs de l'arche au Jourdain,
transportèrent à Jérusalem, et ils l'enseveli quand les pieds des Cohemim porteurs de l'ar
rent dans son sépulcre auprès de ses pères, che étaient enfoncés dans le bord de l'eau
dans la ville de David.Je laisse à mes lecteurs ( le Jourdain coulait à pleins bords tout le
le soin de décider auquel de ces deux événe temps de la moisson); — 16. alors l'eau
ments tragiquesse rapporte le passage du pro descendant d'en haut s'arrêta (comme) une
phète Zacharie parlant d'Hadad-Rimmon. . †
- seule d'Adam, la ville qui(est)
La forme de ce nom signifie, je crois, le " du côt de Sarthan; et celle qui descendait
grand nombre de grenades, Rimmon étant vers la mer de la plaine (la mer Salée) fut
une mauvaise transcription du mot Roummon complétement séparée, et le peuple traversa
qui a positivement le sens de grenade.Il existe en face de Jéricho. — 17. Les Cohemim por
40 ADA DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. ADA 50

teurs de l'arche d'alliance de l'Eternel, s'ar Pentapole ; voici le verset où il en est question
rétèrent à sec sur le sol ferme, au milieu du (xxIx,22) : Soufre et sel, tout le pays brûlé,
Jourdain, tandis que tout Israël passait à sec, ne pouvant être ensemencé, ne produisant rien,
jusqu'à ce que toute la nation eut fini de pas et aucune herbe ne poussant sur lui, comme la
ser le Jourdain. subversion de Sodome et de Gomorrhe, d'A-
H est rendu clair par la teneur du verset 16 damah et de Seboïm, que l'Eternel a renversés
cité ci-dessus, que la ville d'Adam oud'Adom en sa colère et en son ardeur. Enfin le pro
était dans le voisinage de Sarthan, et par phète Osée parle encore d'Adamah en ces
conséquent assez loin au nord et en avant termes (xI, † Que ferai-je de toi, Ephraim?
de Jéricho, ville en face de laquelle s'effectua te tuerai-je, Israël ? ferai-je de toi comme
le passage à pied sec du Jourdain. d'Adamah ? te réduirai-je comme Séboim ?
Le nom Adam ou Adom, la rouge, était dû Mon cœur se tourne en moi ; toute ma com
très-probablement à l'aspect dusol sur lequcl passion s'enflamme.
cette ville était assise. H serait donc curieux Le dernier verset du chapitre xv d'Isaïe a
de retrouver le terrain d'argile rougeâtre qui donné lieu à une supposition assez curieuse
a fait naître cette dénomination, et d'autant sur la ville d'Adamah. Voici ce verset (9):
plus curieux, qu'on retrouverait probable Les eaux de Deimoun sont pleines de sang :
ment du même coup le point où Salomon j'amènerai sur Deimoun de nouveaux mal
fit couler les ornements d'airain destinés au heurs: je lance le lion c©tre les fuyardsdeMoab,.
service du temple. Nous savons effectivement et contre (les restes de sa terre ou d'Adamah).
de science certaine que cette opération eut Le texte hébraïque se prête parfaitement à
lieu dans la plaine duJourdain,entre Soccouth cette dernière interprétation; en effet, il y
et Sarthan. Avis aux explorateurs futurs de la est question des fuyards de Moab, sur lesquels
plaine du Jourdain. le lion sera envoyé, et au lieu de dire, et sur
ADAMAH, ADMAH, ville de la Pentapole. les restes de leur terre, nous lisons : nº"UX !
- Adamah est une des cinq villes qui péri DTN , et sur les restcs de sa terre, ce qui
rent par une juste punition du Ciel lors de la est en désaccord grammatical palpable, si on
destruction de Sodome et de Gomorrhe. Voici ne traduit pas et sur les restes - d'Adamah.
les passages de l'Ecriture sainte dans les D'ailleurs le mot DTN serait très-convenable
quels nOuS trOuvOns cette ville mentionnée ment et très justement remplacé parV.-N,
(Genèse, xIv):— 1. Il arriva dans le temps en ce passage.Je n'hésite pas, tout bien con
d'Amraphel, roi de Shinâar, d'Ariouk, roi sidéré, à me réunir à l'opinion de ceux qui
d' Elasar, de Kadr-l'Eumr, roi d'Ailam, et de concluent de ce verset qu'Adamah, si elle fut
Tedaal, roi des Djouim ; — 2. ils firent la détruite lors de la ruine de Sodome, fut plus
guerre contre Berâa, roi de Sodome et contre tard relevée , si sa destruction ne fut pas
Bersda, roi de Gomorrhe, et contre Chinab, même partielle. Notons en passant que la
roi d'Adamah, et contre Chemaber, roi de Se mention de cette ville arrive dans ce verset
boim, et contre le roi de Belâa, qui est Zôar. après la mention des fuyards de Moab, et que
- 3. Tous ceux-ci se joignirent dans la vallée par conséquent cette ville devait être en
de Sedim, qui est la mer Salée. 4. Pendant dehors de la Moabitide. En un autre passage
douze ans, ils furent soumis à Kadr-l'Eumr où il est question de ces mêmes fuyards, la
et dans la treizième année ils se révoltèrent. ville qui est aussitôt nômmée est Zoar; il y
- 8. Alors le roi de Sodome, et le roi de Go avait donc quelque lieu de supposer à priori
morrhe, le roi d'Adamah, le roi de Seboim, qu'Adamah était dans le voisinage de Z6ar.
et le roi de Belâa, qui est le roi de Zôar, sor Voici le verset qui parle de Zoar (Isaïe, xv,
tirent et se mirent en ordre de bataille contre 5) : Mon cœur se lamente au sujet de Moab :
eux dans la vallée de Sedim.—Ils furent battus ses fuyards errent jusqu'à Zoar, veau de trois
à plate couture, et dans la bataille, Loth, ans, etc.
qui avait pris parti pour ses voisins, car il Je pense avoirdéterminé l'emplacementd'A--
habitait Sodome (12), fut fait prisonnier. damah, et je dois entrer dans quelques détails
Il dut sa délivrance à son oncle Abraham. Ce à ce sujet.Le 23 janvier 1853, à sept heures
fut après cet événement qu'eut lieu la cata du matin, et après avoir passé la nuit dans
strophe qui détruisit la Pentapole, et dans la l'Ouad-ez-Zouera, au point nommé En-Nodjd
quelle la ville d'Adamah fut enveloppée. La (l'éminence de terrain) qui se trouve dans une
Genèse ne parle, à propos de ce grand désas sorte de cul-de-sac de rochersà droite de l'Ouad,
tre, que de Sodome et de Gomorrhe (xIx): — je remontais dans toute sa longueur la montée
24.Jéhovah fit pleuvoir sur Sodome et Gomor des Scorpions (Talâat-Akrabine de la Bible,
rhe du #º et du feu qui venait de Jého Ouad-ez-Zonera des Arabes de nos jours); en
rah, du ciel. — 25. Il bouleversa ces villes assant au milieu des ruines intéressantes de
et tout le circuit, tous les habitants de ces aZoara supérieure (Zouera-el-Fougah), à huit
villes, ainsi que la végétation de la terre. Le heures quarante minutes, j'entrai dans un
même livre saint(x, 19) parle encore d'Adamah nouvel ouad assez rétréci qui porte le nom
à propos des limites de la terre de Kenâan. d'Ouad-et-Thaemeh, et qui court à l'ouest
Voici le verset en question : Les limites des quelquesdegrés nord. Pendant sept à huit mi
Kâneanéens furent depuis Sidon, en venant nutes on traverse une petite plaine large de
vers Djerar, jusqu'à Gaza, en tirant vers So quatre cents mètres au plus, dominée de par
dome, Gomorrhe, Adamah et Seboim, jusqu'à tout par des collines de sable; l'ouad devient
Lisda. Le Deutéronome seul nous apprend alors une véritable ravine fort étroite et en
qu'Adamah périt dans la catastrophé de la caissée, dans laquelle la route marche au
51 ADA DlCTIONNAIRE ADA R2

nord-nord-ouest. J'ai cru y reconnaître de contact des Arabes du pays, dont ils doivent
belles coulées de lave. A d§
mille mètres attendre toutes les lumières qui pourront les
à gauche se montre le sommet d'une haute guider avec sûreté dans ces recherches.
montagne, et l'on débouche bientôt sur un ADAMAH, ADAMI. — Nous lisons dans Jo
petit plateau de deux cent cinquante mètres sué (xIx), à prº# des limites du territoire
de diamètre environ. Peu à peu la route se de Nephtali;- 35. Les villes fortes étaient :
redresse en remontant toujours dans l'Ouad Hesoudim-Sour (peut-être bien, comme ont
et-Thaemeh, dont la direction est alors nord lules Septante, † Ont
ouest.A gauche de la route vient une ligne traduit.... TE» Tuei»» rópoe), et Hamat, Rakat,
de vallées éloignées de trente à quarante et Keneret. — 36. Et Adamah, et Haramah
mètres, tandis que les collines de droite sont (Hormah de saint Jérôme), et Hazour. Où
en moyenne à une centaine de mètres de dis était cette Adamah de Nephtali? il est bien
tance du sentier battu. Un peu plus loin, le difficile de le dire.
ravin se rétrécit encore, et l'on rencontre Dans le verset 33, qui précède, nous li
dans les roches de belles et larges infiltrations sons : Leur limite (des mêmes Nephtalites)
violettes, jaunes et vertes, dues probablement allait de Khalef, à partir du chêne de Sâa
à la présence de sels de cuivre et de manga nanim, par Adami-Henagb et Jebnael, jus
nèse qui ont pénétré les masses calcaires. qu'à Lekoum, et aboutissait au Jourdain. La
Enfin on arrive, aprèſ une marche totale de localité nommée ici Adami-Henagb (Adami de
deux heures vingt-trois minutes, à une pe la trouée, de la tranchée, du passage coupé à
tite montée assez roide, entre deux roches travers les rochers) est-elle la même que l'A-
violettes, à l'apparence rôtie, et qui ne lui damah qui est cité quelques instants plus
laissent guère que quelques mètres de lar tard parmi les villes fortes de Nephtali? celle
geur. Ce point étrange et sur lequel il n'est ci avait-elle pour but de défendre et de fer
guère possible de méconnaître une action mer l'Henagb, ou passage qui conduisait dans
volcanique violente, se nomme Souq-et-Thae le haut pays? Je le soupçonne, sans oser me
meh (le marché d'Et-Thaemeh). Cette fois, le permettre de l'affirmer, d'autant plus qu'un
nom d'Et-Thaemeh, qui frappe mes oreilles passage de la Gemara de Jérusalem, déjà cité
depuis plus d'une demi-heure, me cause un par Reland (au mot Adami), avertit les lec
étonnement asseznaturel.Jeme hâte doncd'in teurs de la Bible que les deux mots "rTN
† mes deux guides, les scheikhs Abou ap>n forment deux noms distincts, et que
Daouk et Hamdan, qui me racontent tous les Adami fut appelée plus tard !ºrt Damin et
deux qu'en ce point exista jadis le marché Henagb, Tziadatha. La traduction des Sep
d'une ville détruite par le feu du ciel et par tante semble leur donner raison, car elle
la vengeance d'Allah. Cette ville s'appelait Et transcrit ces deux mots'Appi xxi Na6ox ou'Aeaai
Thaemeh, et nous sommes sur l'emplacement xxi N«6i6 (suivant quelques manuscrits), de
de son marché public. D'Et-Thaemeh à Ada même qu'au verset 36 ils écrivent 'Apuai0 à
meh ou Adamah, il n'y a pas si loin, que je ne la place de Adami. Il y a si près du daleth
sois biententé de me croire sur le site § au rech, quant à la forme matérielle de ces
des villes de la Pentapole maudite. Y a-t-il
sur les coteaux voisins des décombres de cette
lettres, que les † peuvent parfaitement
avoir eu raison d'adopter ces transcriptions.
ville ? je l'ignore, bien que mes guides me l'af Remarquons toutefois que le passage du
firment ; quant à le vérifier moi-même, en Talmud semble donner raison à la leçon
terré comme je l'étais entre deuxrochers éle Adami. Il a de plus l'avantage de nous §
vés, il ne m'a pas été possible de le faire. Ce gérer une identification assez plausible de la
ue je dois dire, c'est qu'avant et après le Damin qui a, suivant les talmudistes, pris la
ouq-et-Thaemeh, je n'ai absolument rien vu lace de Adami. A dix kilomètres à l'est de
qui pût me permettre de soupçonner l'exis aint-Jean d'Acre se voit, aux limites de la
tence d'une ville antique en ces lieux si pro
fondément bouleversés.
† un très-fortvillage nommé aujourd'hui
amoun, et placé au sommet d'une colline.
Je viens de copier à peu près textuellement Là est bien le territoire de Nephtali, et je
les notes de mon journal de voyage, et je ne propose sans scrupule de considérer la mo
puis que recommander à ceux qui me sui derne Damoun comme étant la Damin des
vront sur le même terrain, et qui l'aborderont talmudistes et l'Adami du Livre de Josué. Je
avec un but un peu plus honorable que celui ne vois, je l'avoue, aucune bonne raison de
de certain voyageur récent qui n'a parcouru rejeter cette identification importante.
ces lieux que poussé par dés gens désireux M. Van de Velde (t. I, l'. 286) a traversé le
d'acquérir un moyen de dire à cinq hommes village de Damoun, qu'il appelle un ancien
de cœur, et sincères avant tout, sur l'affir village avec des voûtes remarquables, et qu'il
mation d'un homme de mauvaise foi, , qu'ils identifie sans façon à l'aide de la note textuelle
avaient forgé à plaisir des contes à dormir suivante : Dimna (Josué, xxI, 35). Dimnah
debout ;# ne puis, dis-je, que leur recom était de la tribu de Zabulon, et le territoire de
mander de parcourir avec soin et d'explorer Zabulon ne s'est certainement jamais étendu
plus minutieusement que je n'ai pu le faire jusqu'à Damoun. D'ailleurs le verset en ques
moi-même, ce coin de terrain où d'illustres tion mentionne Dimnah avec des pâturages,
découvertes leursont réservées.A coup sûr, ils et Damoun placé sur le sommet d'une col
me remercieront du conseil; mais, pour Dieu, line, n'avait guère de pâturages dans ses dé
qu'ils ne négligent absolument rien pour se pendances.
mettre à mème d'utiliser complétement le ADAMMIM, ADoUMMIM, — Nous trouvons ce
53 AD W DES ANTlQUlTES BIBLlQUES. ADA 54

nom de lieu deux fois dans l'Ecriture sainte. Ouad-Abou-Kebdah; et à cette colline se re
La première mention en est faite dans le pas lie presque aussitôt un monticule très-consi
sage suivant (Josué, xv, 7) : La limite (du dérable, sur lequel est assise une ruine assez
territoire de Juda) s'élève de la vallée d'Aa vaste nommée Khan-el-Hatrourouel-Khan-el
kour vers Dabor, et au nord elle se tourne Ahmar (le Khan rouge): Presque aussitôt on
vers Hedjeldjal, qui est en face de la montée arrive à une crète au delà de laquelle com
d'Adammim, qui est au sud du torrent; la li mence la véritable descente vers la plaine du
mite passe vers les eaux d'Ayn-Chems, et se Jourdain.
termine à l'Ayn-Radjol. Je retrouve le Khan-el-Ahmar , désigné
Plus loin, dans le même Livre de Josué sous le nom de la Tour-Rouge, dans le jour
(xvIII), nous trouvons la même montée men nal d'un pèlerin du xIv° siècle, dans un re
tionnée ainsi qu'il suit dans la description de cueil littéraire publié à Metz, sous le nom de
lalimiteduterritoire de Benjamin,limitequiest Revue d'Austrasie (III" volume, année 1838).
fixée en sens inverse de celle que nous ve Voici le passage où je trouve cette précieuse
nons de voir assignée au territoire de Juda. mention : Relation d'un voyage de Metz à
Je transcris : — 16. La limite descendait vers Jérusalem entrepris, en 1395, par quatre che
l'extrémité de la montagne qui est devant la valiers messins : « Nous allâmes, la première
vallée de Ben-Hinnom, qui est dans laplaine des journée, coucher à onze lieues (?) en une
Rephaim, au nord, descendait dans la vallée de ville (?) où il y a un bon logis pour héberger
Ben-Hinnom qui est d côtéde Jebousi, au sud, les gens étrangers. Elle est proche d'une
et (allait) de là vers l'Ayn-Radjol. — 17: Se di montagne sur laquelle est un château qui a
rigeant en partant, vers le nord elle aboutis nom la Tour-Rouge. Le dimanche après mi
sait à l'Ayn-Chems, et elle aboutissait à Djeli nuit (20 octobre) nous quittâmes ladite au
lout, qui est en face de la montée d'Adamim, berge,etallâmes,jusqu'à environ quatre lieues,
et elle descendait à la pierre de Bohan, du fils à une petite tour qui se dit la Tour de Jéri
de Réouben. cho. » Un second passage qui se lit un peu
Comme dans ces deux passages nous ne plus loin me semble inadmissible ; le voici :
trouvons mentionnée qu'une Mâaleh, montée « De Béthanie nous allâmes gîter au cazale
ou côte, il n'est pas possible de dire si le nom de la Tour-Rouge, d'où nous partîmes le
d'Adammim était exclusivement affecté à une lundi moult grand matin pour retourner à
route montueuse ou à une localité à laquelle Jérusalem. » Ou les deux noms ont été inter
aboutissait la montée. Ce qui est important à vertis dans ce passage, ou au lieu de Béthanie
constater, c'est que saint Jérôme mentionne, il faut lire Jéricho. Quoi qu'il en soit, au xIv"
dans le voisinage de Jéricho, un endroit qui siècle, le Khan de la Tour-Rouge, le Kan-el
portait encore de son temps le nom de Male Ahmar recevait les voyageurs; aujourd'hui il
domim, qui signifiait la montée rouge, et qui est parfaitement désert et ruiné, et personne
devait ce nom au sang qui y était fréquem n'a la moindre envie de s'y arrêter.
ment versé par les brigands qui l'infestaient. Si nous remarquons maintenant la filiation
Cet endroit dangereux se trouvait sur la route des noms qu'a portés cet endroit célèbre,
qui conduit de § à Jéricho, et l'on y nous serons forcés d'admettre que le Khan
avait établi un petit poste militaire pour don el-Ahmar désigne d'une manière certaine la
ner un peu de sécurité aux voyageurs. Il osition du point culminant de la montée
semble fort probable que la parabole du bon 'Adammim. En effet, dans le Livre de Josué,
Samaritain, racontée par Notre-Seigneur Jé cette montée est nommée Mâaleh-Adoumiine
sus-Christ (Luc. x, 30 et suiv.), a trait à une (montée rouge, montée sanglante). Au v° siè--
aventure arrivée en cet endroit. cle, du vivant de saint Jérôme, elle s'appelle
On conçoit tout l'intérêt qui s'attache à encore Maledomim, la montée rouge, et un,
l'identification d'une localité pareille, et je poste militaire, une tour, un bordj, comme
me réjouis de pouvoir l'offrir à mes lecteurs disent les Arabes, y est établi pour la sécu
avec une probabilité qui équivaut à la certi rité des voyageurs. Au xIv° siècle ce lieu
tude. Voici donc ce que j'ai consigné dans s'appelle encore la Tour-Rouge, et il y a un
mes notes en levant la carte du terrain qui cazale où l'on hébergeles voyageurs. En 1851,
traverse la route de Jérusalem à Jéricho. A j'ai passé à côté des ruines de ce cazal, qui
un peu plus de dix kilomètres de la fontaine s'appellent El-Khan-el-Ahmar, le khan rouge ;
placée au bas de Béthanie, et connue sous le il y a donc identité parfaite; et le même lieu
nom de fontaine des Apôtres, se trouve une a gardé le même nom à travers une bien lon
colline que franchit la voie antique, et sur la gue suite de siècles.
quelle se voit une ruine de peu d'importance, Ceci posé, reprenons le verset 7 du cha
qui est nommée Thour-ed-Dabor (la mon pitre xv de Josué : La limite (du territoire
tagne de Dabor). On descend ensuite directe de Juda) s'élève de la vallée 'd'Aakour vers
ment à l'est vers un petit oualy ruiné, nommé Dabor, et au nord elle se tourne uers. Hed--
Cobr-el-Khoukh. A partir de ce point, une jeldjal, qui est en ſace de la montée d'Adou
série de plateaux, montant insensiblement et mim, qui est au sud du torrent; la limite
sur lesquels paraissent fréquemment des tra passe vers les eaux d'Ayn-Chems, et se terminc
ces de la voie antique, nous mène à un puits à l'Ayn-Radjol.
nommé Bir-el-Khan, auprès duquel se voient La vallée d'Aakour (Voy. ce mot) doit se
† débris peu importants et un tron retrouver et se retrouvera infailliblement sur
çon de colonnes. A gauche de la route est une les premières pentes qui viennent aboutir au
colline basse qui masquc une vallée nommée Rhôr-Djahir, ct qui garnissent le flanc septen
55 ADA DICTI0NNAIRE M, DI 56

trional du Djebel-Fechkhah. Là j'ai retrouvé tournera au midt vers la montée des Scor
l'Ouad-Dabor, qui rappelle inévitablement le pions(Akrabim), et passera jusqu'à Sin, et ses
nom d'un des points par lesquels passait la débouchés seront du côté du midi : à Kades
limite. De là cette limite tournait au nord, et Barnca ; elle sortira aussi à Aser-Adar, et
se dirigeait vers Hedjildjal (le Gilgal, ou Gal passera jusqu'à Aasman. — 5. La frontière
gal des traductions de la Bible), qui est en tournera de Aasman jusqu'autorrent d'Egypte
face de la montée d'Adoumim. La montée et aboutira à la mer. — Le mOt "m"XT er
ainsi nommée était donc entre Jéricho et le signifie enclos, lieu muni d'une enceinte.Ce
Khan-el-Ahmar, et non pas entre Jérusalem passage suffit à lui seul pour nous démontrer
et ce khan. D'un autre côté, Djeldjal ou Gilgal † la localité biblique nommée Ader ( mN )
devait être forcément sur les premiers ma tait située sur la limite extrême sud du ter
melons placés en avant du point où la route ritoire de Juda. -

antique entre dans la montagne pour devenir Dans le Livre de Josué (xv) nous lisons
le Mâalch-Adoumim, encore : — 3. Leur limite (de la tribu de Juda)
Gilgal était donc fort probablement la lo part vers le midi de la montée d'Akrabim,
calité dont les ruines sont de nos jours ap passe jusqu'à Sin et monte au midi de Kades
pelées Kakoun par les Arabes, Le verset dit Barnca, passe par Hesrona, et monte vers
que ſa montée d'Adoumim est au sud du tor Adar puis tourne vers Hekerkaâh.-Il est clair
rent ; rien de plus exact, car cette montée que ce verset est en quelque sorte la contre
court au sud, et à peu près parallèlement au
Nahr-el-Kelt, le Kerith de l'Ecriture, torrent
† de celui que nous avons rapporté tout
l'heure. Comme le verset suivant est ainsi
qui arrose la plaine de Jéricho, et que j'ai vu conçu : — 4. « Passe par Aasmoun et s'étend
couler à pleins bords pendant le mois de jusqu'au torrent d'Egypte : la limite se ter
† comme un gavé des Pyrénées. La mine à la mer, » etc., il devient évident qu'il
imite passe ensuite à l'Ayn-Chems (la source faut chercher la position de l'Ader biblique
du Soleil), et se termine à l'Ayn-Radjol. Nous entre Kades-Barnea(localité aujourd'hui iden
examinerons plus tard, en nous occupant de tifiée avec toute certitude ) et El-Arich, où se
ces deux sources, s'il ne faut pas identifier jette à la mer le cours d'eau nommé torrent
l'Ayn-Chems avec la fontaine des Apôtres, d'Egypte dans l'Ecriture sainte.Je ne doute
Bir-el-Haoud des Arabes, et l'Ayn Radjol pas que ce nom ne se soit conservé dans lamé
avec le Bir-Eyoub ou fontaine de Néhémie, moire des habitants du pays, et que des re
Remarquons enfin qu'il est parfaitement cherches bien dirigées ne fassent retrouver
F† de se rendre compte sur place de ce point important de la limite du territoire
'espèce de pointe que fait vers le sud de Jé assigné à la tribu de Juda dans le partage de
richo la limite des territoires de Juda et de la Terre promise.
Benjamin, Le Djebel-Fechkhah , forme une Quelques personnes ont pensé que la localité
pointe très-sensible, le Ras-Fechkhah, qui se nommée Atêr ("ns) dans le verset 7 du cha
détache de la chaîne de Kenâan , pour s'a- pitre xIx de Josué parmi les villes du terri
vancer dans le Rhôr ou plaine de Jérich9. Il toire de Siméon, était la même que l'Ader dont
† donc une petite plaine carrée de deux nous nous occcupons; mais la différence d'or
ieues environ de profondeur, et qui est thographe desdeux nomsrend cette hypothèse
limitée à l'ouest par la chaîne même que inadmissible, à mon avis. ( Voy. ATHER.)
franchit la route dé Jérusalem, c'est-à-dire la ADASA, ADAso. — Il est fait mention
Mâaleh-Adoumim, et au sud par les pentes d'Adasa dans le I" Livre des Machabées
nord du Djebel-Fechkhah. Cette petite plaine † 39). Judas Machabée , campa à Adasa
est en quelque sorte une dépendance du orsque Nicanor était campé à Beit-Choron ;
territoire de Jéricho. Il n'y avait donc pas et au verset 45 du même chapitre , il est dit
trop de possibilité de trouver à travers une que l'armée juive victorieuse poursuivit l'en
limite naturelle, et par conséquent stable. Le nemi depuis Adasa jusqu'à Gadara pendant
législateur a eu la sage pensée de suivre la le chemin d'une journée, viam unius diei ,
limite que lui donnait la pente des monta ce qui donne une position assez précise
gnes, et c'est ainsi que la frontière, après our Adasa. Josèphe (Antiq. Jud. , XII.17)
s'être dirigée au sud jusqu'au flanc du Dje ui donne le nom d''Aô«v5, et ailleurs (Bell,
bel-Fechkhah, et avoir le long de ce fleuve Jud. I, 1), il l'appelle 'Axéôoax.
atteint le point nommé Dahor, est revenue au ADITHAIM. — Nous lisons dans le Livre
nord vers Gilgal ou Djeldjal, pour suivre en de Josué (xv), dans l'énumération des villes
suite le tracé de la route de Jérusalem. C'est appartenant à la tribu de Juda, les versets
là un point qui me paraît aujourd'hui acquis suivants : — 33. Dans la plaine Estaoul , et
à la science." Serâah, et Asnah, — 34. Et Zanouah et Ayg
ADAR, ADDAR.—Nous lisons dans les Nom djenim, # et Heaynim, — 35 Ya
bres (c. xxxIv): —1. L'Eternel parla à Moyse, mout et Adoulam, Soukah et Aazkah, -
savoir : 2. Ordonne aux enfants d'Israèl, et 36. Et Sâarim et Aaditim, et Hedjederah
dis-leur : Comme vous arrivez au pays de Ke et Djederataim , quatorze villes avec leurs
nâan,voici le pays qui vous écherra en partage, places ouvertes. :
le pays de Kenâan selon ses limites, —3. Vous On ignore entièrement jusqu'ici , quelle
aurez pour côté méridional, depuis le désert peut être la position de cette localité bibli
de Sin, près d'Edom, et pour la frontière du que. Eusèbe mentionne deux bourgs du
côté du midi vous aurez depuis l'extrémité de nom d'Aditha ou d'Adatha , dont l'un se
la vmer Salée à l'orient -- 4. La frontière trouvait de son temps auprès de Gaza, ct
57 AD0 DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. AD0 58
l'autre † de Lydda ; il est fort pro Avant d'en rechercher la position probable,
bable que l'une de ces deux bourgades a pris ie vais rapporter tous les passages bibliques
la place de l'Adithim de l'Ecriture sainte ; où il est fait mention de cette ville importante,
et en ce cas c'est à celle qui se trouvait du moins historiquement parlant. Le premier
auprès de Gaza qu'il faudrait, je pense, don est extrait de la Genèse (xxxvIII) : — 1. Il
ner la préférence. C'est encore là une ques arriva en ce temps-là, et Juda (fils de Jaeob)
tion de † biblique que quelque descendit d'auprès de ses frères, et il s'établit
voyageur intelligent tranchera infailliblement près d'un homme d'Adoullam (! ), et son
tôt ou tard. nom était Herâh. —2. Juda y vit la fille d'un
ADJELIM. Voici ce que je trouve sur Adje Kenaanéen nommé Souaâ, et il la prit (pour
lim dans mes notes de voyage : femme), etc. Au verset 20, qui suit, cet ami
J'ai dit tout à l'heure que les ruines au de Juda, l'Adoullamite, est encore cité. Dans
milieu desquelles nous campons, m'ont été le Livre de Josué (xII), nous trouvons dans
désignées sous le nôm de Kharbet-el-Hafayeh ; l'énumération des rois du pays de Kenâan
mais je dois faire observer que les Bédouins vaincus par Josué : — 15.Le roi de Lebnah,
qui nous entourent les appellent indistinc un; le roi d'Adoullam, un. C'était donc une
tement de ce nom ou de celui de Kharbet ville assez importante, lors de l'invasion
Adjerrah ou El-Djerrah , que nous avons israélite dans la Terre promise, pour avoir un
trouvé appliqué aux ruines rencontrées par malek particulier. -

nous pendant toute la journée. . D'ailleurs Nous trouvons dans le même livre, au cna
nous sommes sur le flanc du Djebel-Adjer pitre xv, parmi les villes appartenant à la
rah; cela est incontestable , puisque tous les tribu de Juda : — 33. Dans la plaine, Estaoul,
Bédouins sont d'accord sur ce point. Est-il et Seraâh et Esnah, — 34. Et Zaouah, et
possible de deviner quelle est la localité an Ayn-Djenim, Teffouah et Heâynim, — 35.Jar
tique cachée sous le nom d'Adjerrah ? Je mout et Adoullam, Souekah et Aazekah, etc.
n'ose me flatter d'y avoir réussi, et cepen Adoullam était donc une ville située sur le
dant je ne puis me dispenser de faire con plateau de Juda.
naître l'hypothèse que m'a suggérée une cer Dans le I" Livre de Samuel (chap. xxII),.
taine ressemblance de nom. nous lisons : — 1 David s'en alla de là (de
Nous lisons dans Josèphe (Ant. Jud., chez Akich, roi de Djeth #) et se saut'a
XIV, I , 4) que parmi les douze villes enle dans la caverne d'Adoullam; ses frères ct
vées aux Arabes par Alexandre Jannoeus , toute la maison de son père l'ayant appris,
Pèr9 de Hyrcan, se trouvaient Agalla, Me descendirent là vers lui. — 3. David s'en alla
daba et HoFQnaïm. Or Medaba et Horonaïm de là à Masfah de Moab, et il dit au roi de
étaient certainemeut des villes de la Moa Moab, etc. Au chapitre xxIII, nous voyons
bitide, ainsi que l'attestent Isaïe et Jérémie. ue David avait fait, pour ainsi dire, son lieu
(Isaie, xv, 2, 5; Jérémie, XLVIII, 2, 3, 5). † résidence habituelle de la caverne d'A-
Agalla pouvait donc, je dirai même plus, doullam.Voici le verset qui nous donne cette
devait être également de la Moabitide. Dès notion : — 13. Trois des trente chefs descen
lors, de Agalla à Adjerrah il y a si peu loin, dirent : ils vinrent, au temps de la moisson,
que je crois très-permis , de retrouver les dans la caverne d'Adoullam : la troupe des
ruines de l'Agalla de Josèphe dans l'Adjerrah Philistins campait dans la vallée des Rephaim.
des Arabes d'aujourd'hui. Remarquons d'ail Nous retrouvons ce verset reproduit pour
leurs que le prophète Isaïe, en parlant de la ainsi dire mot à mot au I" Livre des Chroni
ruine de Moab, dit : « Car les cris environ ques (chap. #) : — Trois des trente chefs des
nent les frontières de Moab, le gémissement cendirent sur le rocher auprès de David, dans
en retentit jusqu'à Adjelim , (>ºcN), etc. » la caverne d'Adoullam ; le camp des Philistins
Adjelim était donc vers la frontière de la était dressé dans la vallée des Rephaim.
Moabitide. Reland a déjà émis l'opinion que Cette ville fut agrandie, à ce qu'il paraît,
eet Adjelim devait être l'Agalla de Josèphe, par le roi Roboam. Voici le passage biblique
et je n'hésite pas à me ranger à cette # uinous l'apprend(II Chron.xI) :-5 Roboam
nion. Il est vrai qu'Eusèbe place Agallim # érusalem, et bâtit des villes en Juda.
('Aya))stp), qui est évidemment le même lieu, — 6 Il bâtit Beit-lehm, Eitam et Tekoah. —
vers le sud et à huit milles romains d'Areo 7. Beit-Sour, Souèkou et Adoullam, etc.
polis ou Rabbat-Moab, et cette double in Le prophète Michée mentionne Adoullam
dication ne peut convenir aux ruines d'Adjer dans le verset suivant : - I, 15. Habitants de
rah, que sous le rapport de la distance ; car Marsah ! je t'amène encore un héritier. Il
les ruines d'Adjerrah, qu'on les prenne au viendra jusqu'à Adoullam , gloire d'Israèl. —
bas ou au sommet de l'Ouad-Adjerrah, sont Nous pouvôns conclure de ce verset que le
resque exactement à l'ouest d'Aréopolis. séjour de David dans la grotte d'Adoullam en
e n'en persiste pas moins à chercher l'Ad aurait fait une localité illustre. J'aime mieux
jelim de l'Ecriture et l'"Aya)« de Josèphe y voir cela que croire que la ville elle-même
dans l'Adjerrah des Arabes , parce que d'Adoullam pouvait être appelée, à cause de
'A7a))sig d'Eusèbe, placée par lui au sud d'A- son importance, gloire d'Israël.
reopolis, n'eût pas été le moins du monde Enfin Néhémie (xI) nous fournit encore un
sur la frontière de la Moabitide, ainsi que le passage où il est question d'Adoullam. Le
veut le texte d'Isaïe. voici : — 25. Quant aux bourgs dans leurs
ADOULLAM.—Ce nom est porté pour une champs, des fils de Juda demeuraient à .
Vocalité placée vers le sud de la Terre promise. Kiriath-Ar bad et dans ses dépendances... — .
59 AD0 DiCTI0NNAIRE AD0 60

29. Et dans Ayn-Roummoun, et dans Serâah, lieu de la région montueuse du territoire de


et dans 1armouth. — 30. Zanouah, Adoullam Juda, et certainement l'Adoullam biblique ne
et leurs bourgs, Lakich et ses champs, Eaze pouvait être située en cet endroit. N'oublions
kah et ses dépendances; et ils campèrent de pas, d'ailleurs, que nous avions affaire à des
puis Biar-Sebâa jusqu'à la vallée de Hinnom. Arabes nomades, qui promènent leur nom
Josèphe, racontant l'histoire de David, parle dans des pays assez étendus. Eusèbe nºus
de la caverne d'Adoullam en ces termes (Ant. apprend qu'Adoullam était une grande bour
Jud., VI, xII, 31) : Kai iv r# rpôs 'Aôou))épan gade placée à dix milles d'Eleuthéropolis,
ré)ts arn)ai» ôtxtpi6»v (x. r. ).). La même vers l'orient ;... saint Jérôme écrit à douze
localité est citée par l'historien des Juifs milles. Reland fait observer avec toute raison
(Ant. Jud., VIII, x, 1), sous le nom d''oôo))àp, que la ville mentionnée par Josué, parmi
parmi les villes [rebâties par Roboam. Il est celles de la tribu de Juda qui sont situées
évident qu'il y a dans cette différence d'or dans la plaine, ne pourrait que très-diſficile
thographe l'indice d'une inexactitude de co ment être confondue avec la ville qu'Eusèbe
piste. La même forme Odollam se retrouve lace à l'orient et à dix milles d'Eleuthéropo
pourtant au II° Livre des Machabées (xII, 38). # parce que ce point si nettement précisé
se trouve nécessairement dans les montagnes,
Si nous remarquons maintenant que dans
les différents passages rappQrtés ci-dessus, et non dans la plaine de Juda. Y a-t-il eu
Adoullam est placée une fois entre Harmouth deux localités distinctes du nom d'Adoullam?
et Souckoh (Soccho des traductions), et une Cela paraît vraisemblable. Il serait fort cu
autre fois à côté de Soccho, nous devons rieux, en ce cas, que l'une des deux eût
supposer que ces deux localités étaient assez existé vers le lieu où nous avons rencontré
voisines sur le terrain. D'un autre côté, les Arabes de la tribu des Adoullam, et que
Eusèbe nous apprend qu'Adoullam était, de la vaste grotted'Er-R'maïlfût la grotte où David
son temps, une grosse bourgade placée à dix s'était réfugié, et de laquelle il se rendit au
milles romains à l'orient d'Eleuthéropolis. près du roi de Moab, afin de lui demander
Nous avons réuni tout ce que nous avons, asile pour sa famille. Malheureusement, ce
jusqu'ici, de véritables renseignements sur la SOnt l# de ces hypothèses dont il est impossi
position de cette ville; mais, pour nous en ble de démontrer la justesse, et qui sont peut
servir, il faut avant tout avoir retrouvé l'iden être à cent lieues de la vérité.
tification d'Eleuthéropolis. Or la moderne La belle carte de Zimmermann porte, au
Beit-Djibrin est incontestablement sur l'em point même où nous avons rencontré les
placement d'Eleuthéropolis : c'est donc à Adoullam, le nom de Dhullam. Sans aucun
dix milles environ à l'orient de Beit-Djibrin doute, ce sont les mêmes Arabes dont nous
† faut chercher Adoullam et sa grotte cé avons eu le plaisir de voir en passant beau
TG. coup trop d'échantillons. Mais quelle est la
Cette ouverture de compas nous reporte véritable orthographe de leur nom ? Jusqu'à
forcément un peu au sud de Beit-Lehm et du plus ample informé, je me permettrai de te
Kalaat-eb-Bourak, c'est-à-dire des vasques de nir à celle que j'ai déduite de mes conversa
Salomon. Nous allons voir tout à l'heure tions sur place avec les Djahalin, dont le ter
qu'un voyageur récent, M. Van de Velde, a ritoire touche à celui des Adoullam.
très-probablement retrouvé la fameuse ca Aujourd'hui que j'ai bien étudié la ques
verne d'Adoullam, dans une course faite aux tion, cartes et compas en main, j'abandonne
vasques de Salomon et au Mont des Français sans hésiter mon hypothèse hasardée sur le
(Djebel-Fureïdis, montagne du † compte de la caverne d'Er-R'maïl. Il n'est
emplacement certain d'Herodium et de la † possible que ce soit la grotte d'Adoul
sépulture d'Hérode le Grand. Mais avant de am; il n'y avait probablement pas deux lo
rapporter le passage du livre de M. Van de calités bibliques du nom d'Adoullam, et la
Velde qui constate cette decouverte, je dois seule se trouvait réellement où la plaçaient Eu
extraire de mon propre ouvrage et rappeler sèbe et saint Jérôme, à dix ou douze milles
un passage sur le compte duquel il est abso romains à l'est d'Eleuthéropolis ou Beit -
lument nécessaire † e je revienne d'une ma Djibrin, c'est-à-dire au sud du Djebel-Furei
nière † (T. Il, p. 95.) Il est question dis, et dans le voisinage immédiat de la val
d'une bande d'Arabes qui avaient essayé de lée connue aujourd'hui sous le nom d'Ouad
nous attaquer entre l'Oued-ez-Zuerah et Kereïtoun. Il est bon de noter en passant que
Djenbah, et qui étaient de la tribu des Adoul la carte de Zimmermann porte en ce point
lam. Je transcris : même, et écrit en assez gros caractères, le
Les Arabes qui avaient nourri quelques nom Odolla, non suivi d'explication , mais
instants l'espoir de nous faire un mauvais que je trouve fort significatif. Passons actuel
parti appartenaient à une tribu qui porte le lement aux observations faites sur place par
nom d'Adoullam , nom antique que nous M. Van de Velde. Ce jeune voyageur, rencon
trouvons mentionné dans la Bible, exactement trant au nord de Beit-Djibrin et à douze ki
sous la même forme (e'rix). Adoullam était lomètres, ou trois lieues, des grottes impor
une ville de la tribu de Juda (Josué, xv, 35), tantes au lieu nommé Deïr-Doubban, n'hésite
située dans la plaine. Que les Arabes que pas à mettre de côté le témoignage d'Eusèbe
nous avons rencontrés aient tiré leur nom de et de saint Jérôme, qui placent Adoullam à
la cité biblique, cela ne saurait faire pour dix ou douze milles romains à l'est d'Eleuthé
moi l'ombre d'un doute; mais au point où ils ropolis ou Beit-Djibrin, pour retrouver cette
se sont présentés à nous, nous étions au mi grotte illustre à Deïr-Doubban, en déclarant
G1 AELl DES ANTIQUITES BIBLIQUES. AETH 62

que ces deux écrivains, et, depuis eux, Robin quelle se mit Simon Barkaokab, l'empereur
son, qui a visité Deïr-Boubban avant lui, se Adrien expulsa définitivement les Juifs de
sont mépris sur la véritable position et sur Jérusalem , et il leur enleva jusqu'au nom
le nom primitif de cette localité. † II, de leur ville sainte. Transformée en colonie
romaine sous le nom de Colonia AElia Ca
p. 155 et suiv.) Malheureusement la théorie
de M. Van de Velde ne supporte pas l'exa pitolina, Jérusalem cessa d'être la capitale
men, et s'il n'a pas eu le mérite facile de re d'un peuple, et vit frapper dans sa nou
connaître la grotte d'Adoullam où elle était velle enceinte une série de monnaies de cui
en réalité, il a eu du moins celui de la dé vre aux effigies impériales, dont l'existence
crire et de l'indiquer aux explorateurs mieux seule prouve que le gouvernement romain ne
avisés. Il signale dans le voisinage de Djebel tenait plus aucun compte des susceptibilités
Fureïdis (Herodium, Mont des Français), et religieuses et des antipathies de la race qu'il
entre ce point et les ruines de la Tekoah bi avait condamnée à l'exil † sinon à
blique, une localité ruinée, nommée Omm l'anéantissement. Le nom d'AElia paraît avoir
Nakous, ou El-Khareïtoun, placée au-dessus été d'un usage général pendant plusieurs
d'une ouad abrupte, l'Ouad-Khareïtoun, dans siècles, car, d'une part, l'Itinéraire du pèlerin
les flancs duquel sont percées de vastes grot de Bordeaux, rédigé en 333 de notre ère,
tes qui, suivant les Arabes, se prolongent jus mentionne Jérusalem sous le nom d'AElia, et
qu'à Hébron. (Tom. II, p. 33 et suiv.) Pour il existe des monnaies arabes de cuivre avec
M. Wan de Velde, c'est là le lieu de la scène effigie d'un khalife, frappées très-vraisembla
étrange qui se passa entre Saül et David. Mal
heureusement les récits bibliques ne se prê
blement peu d'années # la conquête de
Jérusalem par le khalife Omar, et sur les
tent pas le moins du monde à cette identifi elles on lit : Ailia Fralesthein, c'est-à-dire
cation , tandis qu'ils concourent admirable lia de Palestine. Ces monnaies se trou
ment à démontrer que là est la fameuse vent le plus fréquemment à Jérusalem
grotte d'Adoullam , refuge de David, et, de même. Il n'y a donc pas de doute à
puis, du premier des Machabées, lors de sa conserver sur la légitimité de leur lecture et
révolte contrel'autorité macédonienne.Je n'ai de leur attribution.Au reste, je ne pense pas
pas besoin d'insister sur ce point, car les tex devoir séparer de l'histoire de Jérusalem ce
tes parlent d'eux-mêmes. qui concerne cette ville devenue colonie ro
ADOUN.—C'est le nom d'une localité de la maine sous le nom d'AElia ; je renvoie donc
Chaldée dans laquelle vivait une partie des le lecteur au mot JÉRUSALEM, sous lequel il
Juifs captifs qui revinrent à Jérusalem avec Es trouvera réunis tous les renseignements ar
dras après l'accomplissement des soixante-dix chéologiques qui m'ont paru dignes de lui
années de captivité.Voici le passage biblique être offerts.
dans lequel il est fait mention de cette ville, MENON. — L'évangéliste saint Jean dit (III,
(n Esdras) : — 59. Et voici ceux qui montè 23) que saint Jean-Baptiste baptisait iv Aiv»»
rent de Tell-Malehh, Tell-Kharsa, Keroub, rès de Saleim. Eusèbe met cette localité à
Adoun, Amer; ils ne purent indiquer leurs uit milles de Scythopolis, vers le midi, au
maisons originaires, ni leur descendance, s'ils près de Saleim et du Jourdain. Il est bien évi
étaient d'Israël. dent que AEnon n'est qu'un nom pluriel, une
Le Livre de Néhémie (vII) nous donne un traduction du mot hébreu Aynim (fontaines).
verset parallèle à celui † je viens d'extraire C'est comme s'il avait dit : Jean baptisait
d'Esdras, et par conséquent une seconde dans des sources près de Saleim. On a donc
mention d'Adoun ; voici ce verset : 61. Et eu tort de faire de AEnon une localité habitée.
voici ceux qui remontèrent de Tell-Malehh, AETHIOPIE, ETHIoPIE. — Les Livres saints
de Tell-Kharsah, Keroub, Adoun et Amer; font mention de deux contrées du nom d'E-
ils ne purent indiquer la maison de leur père, thiopie : l'une, l'Ethiopie d'Afrique, vôisine
ni leur extraction, s'ils étaient d'Israël. de l'Egypte : c'est celle dont parle le plus ra
La prononciation réelle du nom de cette rement la Bible : l'autre, l'Ethiopie d'Asie, si
ville nous est donnée par le verset de Néhémie tuée dans le nord de la Perse.
où le nom en question est écrit ITIN, Adoun, Le fleuve Gehon, que Moïse, dans la Genèse
tandis qu'au verset d'Esdras il est écrit sim (H, 13) fait passer dans l'Ethiopie, est un fleuve
plement Tºt, Adn. du Taurus, et Moïse, qui avait habité l'Egypte,
Il parait, d'après la teneur de ces versets, et qui devait connaître aussi parfaitement le
que les gens qu'ils concernent étaient des exi nom de l'Ethiopie africaine, puisque le livre
lés appartenant aux dix tribus d'Israël emme des Nombres lui donne pour femme une Ethio
nées en captivité par Salmanazar. pienne (xII, 1), n'eût pas commis la faute
AELAM, MELAMIrEs. — Un passage de grossière de faire passer par l'Ethiopie d'Afri
Daniel (vH, 2) place la ville de Suze dans le † le fleuve dont il met la source avec celle
ays d'AElam. † autre côté, la Genèse fait e l'Euphrate, du Phison et du Tigre, dans le
ſadr-l'Eumr roi d'AElam. (Gen. xIv, 1, 9.) Paradis terrestre. Ce fait prouve combien il
Il y aurait donc eu deux pays d'AElam ; importe d'avoir des notions précises sur la
car il est peu probable qu'un roi de Perse fût valeur des dénominations des livres bibliques.
venu se joindre à trois autres petits rois des L'Ethiopie d'Asie, formait la limite septen
bords de la mer Morte pour faire la guerre trionale des vastes Etats de l'empire assyrien
au roi de Sodome. au temps de sa plus grºnde puissance. Elle
AELIA. — Après la sanglante répression de est nommée plusieurs fois dans ce sens au
la dernière révolte judaïque, à la tête de la Livre d'Esther (I, 1 ; vIII, 9 ; xvI, l).
65 AIIE DICTIONNAIRE Af0 61

L'Ethiopie d'Afrique est aussi mentionnée xxxvIII):-22. Beselal-ben-Aouri-ben-Khour,


dans la Bible. On la joint alors à l'Egypte et à de la tribu de Juda, exécuta tout ce que l'E-
la Libye : AEthiopia et Libya. (Ezech., xxv, 5); ternel avait ordonné à Moise. — 23. Et avec
AEth. fortitudo ejus et AEgyp. (Nahum., III, 9.) lui Aheliab-ben-Akhisamek, de la tribu de
· AGARENIENS, AGARÉENs.— Ces peuples Dan, artisan, artiste et brodeur, en laine
sont mentionnés dans la Bible comme descen bleue, en écarlate, en cramoisi et en fin lin.
dants d'Agar, mère d'Ismaël. C'est plutôt une Voilà tout ce que nous trouvons dans l'Ecri
dénomination générale que le nom propre ture sainte sur le compte de ce personnage.
d'un peuple, comme les Moabites, par exem AI.—L'une des localités les plus célèbres de
ple. Du reste, la Genèse donne une magni la Terre-Sainte. Elle était située pres de Beit
fique place à la généalogie d'Ismael et des El. Beit-El était au couchant et Aï au levant, dit
douze tribus sorties de lui, et par conséquent la Genèse (xII, 8). (Voy. BEIT-EL.)
parentes et rivales des douze tribus des en AIALON, AYALON, ALUs , ALoUs. — Cette
fants de Jacob. ville, de la tribu de Dan, est mentionnée dans
AHALAH. — Ville de la tribu d'Aser, qui Josué (xxI, 24). Saint Epiphane l'appelle
fut épargnée parles Israélites, et dont il est fait 'Ia)&, Josèphe 'HMòg, et Eusèbe Anºu. Eu
mention au Livre des Juges (I, 31). Elle est sèbe, dans son Onomasticon, dit qu'il y avait
placée auprès de Sidon, d'Akka, d'Achzib; par de son temps un village d'Aialon situé à trois
conséquent dans le voisinage de la petite milles au levant de Beit-El, près de Gabaa et
plaine de la Phénicie, et certainement dans les de Rama.
montagnes où les Israélites étaient puissants. Or l'Aialon de la tribu de Dan ne pouvait
AHAVA. — Ahava, fleuve de la Babylonie, être près de Beit-El.
est mentionné trois fois dans le I" livre d'Es Mais saint Jérôme tranche la question en
dras (vIII, 15, 21, 31). C'était probablement disant que l'Aialon de Dan est près de Nico
un des affluents de † si ce n'est pas le polis, au second mille quand on se rend à
nom donné par Esdras à l'Euphrate lui-même, AElia. Il nomme ce bourg Alus. Il y avait donc :
qu'il ne cite jamais par ce nom d'Euphrate. 1° Aialon près de Beit-El; 2° Aialon près de
AHELIAB-BEN-AKHISAMEK.-—Nom propre Ir-Semes (Nicopolis).
d'homme. Ce nom est celui d'un artiste émi AIATH.— Nom de lieu inconnu cité par
nent, puisquel'homme qui le portait fut choisi Isaïe (x, 28).
par Moïse † coopérer à la construction AILA, AILATH.—Il y a eu une Aïla de Syrie
du tabernacle. Il est parlé trois fois d'Aheliab qui ne doit pas être confondue avec Ailath,
dans l'Ecriture sainte, et je ne puis mieux située sur la mer Rouge et reconstruite par
faire que de transcrire les passages qui con le roi Ozias; car comment donner le nom
tiennent son pomet qui se commentent d'eux d'Aïla de Syrie à une ville qui est compléte
mêmes. (Exode xxxII): - 1. L'Eternel parla ment éloignée de la contrée que l'on désigne
ainsi à Moise et dit : — 2. Regarde,j'ai appelé d'ordinaire sous le nom de Syrie ?
notamment Beselal-ben-Aouri-ben-Khour, de Il est beaucoup plus probable que cette
la tribu de Juda .— 3. Je l'ai rempli de l'es Ailath était la ville de Kadr-l'Eumr, roi des
prit de Dieu, en industrie, en intelligence, en AElamites. (II Rois, xvI, 6 ; I Rois, Ix, 26.)
science pour toute sorte d'ouvrages ; — 4. (Voy. AELAM.)
Pour faire des inventions; pour travailler en Aïla ou Ailath d'Idumée est appelée Ei)avi,
or, en argent et en airain; — 5. Dans la sculp par Josèphe (Antiq,VIII, m), et 'inaº (Antiq.,
ture des pierres, pour les monter, et dans la IX, xII). Il l'appelle aussi 'E) & et l'attribue
menuiserie ; pour faire toute sorte d'ouvra à la III° Palestine. C'était autrefois un port
ges. — 6. Mais je lui ai adjoint Ahéliab-ben célèbre d'où l'on s'embarquait pour navi
Akhisamek, de la tribu #,et j'ai mis de
l'industrie dans le cœur de tout homme intel
guer vers l'Inde. Au temps de saint Jérôme,
cette ville, qu'il nomme Ahila, avait une lé
ligent, afin qu'ils fassent tout ce que je t'ai gion romainequi y tenait garnison. Eusèbe
commandé, etc., etc. la place à dix milles de Petra et à 380 stades
Il est rendu évident par le passage suivant de la mer Morte. David et Salomon s'en ren
ue Beselal et Aheliab furent les chefs dirent maîtres. (II Samuel, VIII, 4 ; II Chron.
'une véritable école d'artistes. Dieului a donné vIII, 17. ) Les Iduméens parvinrent à l'affran
le talent d'enseigner , à lui ( Beselal ) et chir ensuite de la dominination des rois de
à Aheliab-ben-Akhisamek, de la tribu de Dan. Juda. Mais Azarias en fit de nouveau la con
{ Exode,xxxvI,1
Exode, xxxv, 34. ) Nous lisons encore
et † et Aheliab, et
quête. Si on confondait Aïla de Syrie ( II
Rois, xvI, 6) avec Aïla d'Idumée, il faudrait
tous les hommes habiles auxquels l'Eternel ajouter que Rezin, roi de Syrie, s'en empara
avait donné de la sagesse et de la raison pour et la rendit aux Iduméens. Saint Epiphane
savoir faire tout l'ouvrage du service du sanc dit que MElon (Aïla) était un des trois ports
tuaire, firent tout ce que l'Eternel avait com de la mer Rouge.
mandé, etc., etc. Du reste, l'Ecriture nous ap On trouve plusieurs noms d'évêques d'Aila
prend, implicitement, il est vrai, que ce fut dans la souscription des conciles, notamment
Beselal qui construisit l'arche d'alliance dans celle du concile de Nicée, et du concile
( Exode, xxxvII, 1), et en général tout ce qui de Constantinople de 536.
pour le service de l'Eternel était en ma | AION, AYoN. —Ville de la tribu de Nephtali,
lière dure, tandis que son collègue Aheliab dont il est fait mention ( J Rois, xv, 20 ; II
fabriquait des étoffes précieuses. Voici le pas Rois, xv,29), comme ayant été une première
sage qui me paraît le prouver. ( Erode, fois prise par Ben-Adad, roi de Syrie, et une .
65 AIN DFS ANTIQUITES BlBLlQUES. AIN 66

seconde fois par Téglathphalasar, quien trans


tale. Il est clair qu'Etienne n'en savait pas
porta tous les habitants en Assyrie. davantage, puisqu'il place Engadda près de
Sodome, et que Sodome en réalité est à plus
AIN-DJEDI, ENGADDI. — Commençons par de dix lieues d'Aïn-Diedi.
rassembler tous les passages de l'Ecriture qui
concernent ce lieu illustre. Il en est fait men Josèphe, qui connaissait parfaitement cette
tion pour la première fois dans le Livre de ville, qu'il appelle indifféremment 'E77«ôi, 'E,-
Josué (xv). Voici le passage où son nom se yaôôl et 'E7yaôi, la place à trois cents stades
trouve inséré. Il s'agit des villes appartenant de Jérusalem, et près de la mer Morte. (Ant.
à la tribu de Juda : — 61. Dans le désert Jud., IX.) C'était, dit-il (Bell. Jud., III, n), le
Beit-H'darbah, Medin et Sekakoh, — 62. Et siége de l'une des onze toparchies de la ju
Henisan et Ayr-Henulehh, et Ain-Djedi, six dée. Enfin il raconte(Bell. Jud., v, 3) que les
villes avec leurs hameaux. Dans le I" Livre sicaires réfugiés à Massada, sous les ordres
de Samuel, nous lisons (chap. xxIv) : —1. Da du brave Eléazar, s'en emparèrent et la mi
vid monta de là et s'établit dans les lieux forts rent à sac, peu de temps avant la prise de
d'Ain-Djedi. — 2. Et quand Saül fut revenu leur forteresse par Flavius Sylva.
(de la campagne) contre les Philistins, on lui Pline, qui l'appelle Engadda (l. v, 17), dit
annonça, savoir : Voici que David est dans le qu'elle était située au-dessous de la contrée
désert d'Ain-Djedi. habitée par les Esséniens, et qu'elle était re
Dans les Chroniques se trouve le passage marquable par sa fertilité et par ses bosquets
suivant (II, xx) : - 1. Ce fut après cela que les de palmiers. Enfin Eusèbe (ad vocem En
fils de Moab et les fils d'Amnon, et avec eux une gaddi) affirme que l'opobalsamum venait de
cette ville.
partie des Ammonites, vinrent contre Josaphat
pour la guerre. —2. On vint annoncer à Jo Tout à l'heure, à propos d'un verset du
saphat, savoir : Une multitude considérable Cantique des cantiques, j'ai nommé le Kifer ;
vient contre toi d'au delà de la mer, d'Aram, il est bon d'en dire un mot. Les Hébreux ap
et voici qu'ils sont à Hasasoun-Tamar, qui est pelaient ainsi l'arbrisseau qui produit le hen
Ain-Djedi. né des Arabes, sorte de teinture employée
par les femmes arabes et turques, pour se
Dans le Cantique des cantiques nous lisons teindre les ongles en rouge. Cet arbrisseau
(1) : — 14. Mon bien-aimé est pour moi une existe-t-il encore à Aïn-Djedi? Je ne sais.
grappe de Kiſer, dans les vignes d'Ain-Djedi, Ce qui est certain, c'est que je ne l'y ai pas
Enfin, dans Ezéchiel (xIvII), on lit : — 10. plus trouvé que les vignobles dont Cahen, le
Et il arrivera que les pècheurs s'y tiendront savant traducteur de la Bible, affirme que
depuis Ain-Djedi jusqu'à Ain-Adjelim pour l'existence s'est prolongée jusqu'au milieu du
étendre des filets : il y aura des poissons de siècle dernier.
toute espèce, comme les poissons de la grande Passons à la description actuelle du site
mer, en très-grande abondance. d'Aïn-Djedi. On y descend des hauts plateaux
Nous venons de voir dans un des versets de Kenâan par un chemin incroyable nom
cités plus haut (Chr. xx, 2) que Aïn-Djedi mé † (le trou d'Ain-Djedij, et
portait aussi le nom de Hasasoun-Tamar, qui est certes bien nommé. C'est une des
nous devons donc rechercher également dans cente très-rapide, par laquelle on saute plutôt
l'Ecriture tous les passages où il en est ques qu'on ne passe de rocher en rocher, en ren
tion sous ce nom primitif. contrant par ci par là des squelettes de cha
| Nous lisons dans la Genèse (xIv) : — 7. Puis meau ou de cheval. Ce sont les restes des
ils retournèrent et vinrent à Ain-Mesſat qui victimes du Nakb-Aïn-Djedi; ces malheureuses
est Kades, et ils saccagèrent tout le pays du bêtes se sont cassé quelque membre en faisant
peuple amalécite, ainsi celui du peuple une fausse enjambée, et force a été de les
amorrhéen, qui habitait Hasasoun-Tamar. laisser là en pâture aux vautours, aux cor
Ce nom d'Hasasoun-Tamar ne se trouve beaux, aux chakals et aux † Ce che
plus ailleurs. Commençons par donner les si min, à peu près impraticable, est le seul qui
ifications des deux noms successifs de cette conduise aujourd'hui à Aïn-Djedi. Quelques
ocalité. Le premier signifie : ville ou caba minutes après que l'on a atteint le terrain
nes des Palmes, et le second : source du Bouc. plat, on se trouve au milieu du plus splen
Nous verrons tout à l'heure que ces deux dide bouquet d'arbres que l'on puisse imagi
noms sont restés dans la mémoire des Ara ner. Ce sont des gommiers (scyal des Ara
bes nomades qui habitent ce pays. bes), des asclepia, des solanum gigantesques,
L'existence d'Aïn-Djedi comme ville paraît des althea et des roseaux immenses, formant
s'être prolongée assez tard ; car Etienne, un fourré inextricable et entourant une déli
dans ses Ethniques, l'appelle Engadda, et dit cieuse oasis où gazouille une foule de petits
que c'est un grand bourg situé près de So oiseaux. A deux pas coule une source magni
dome d'Arabie. fique, dont l'eau est chaude, mais d'une lim
Saint Jérôme, dans son Commentaire du pidité et d'un goût exquis. De cette source,
verset d'Ezéchiel cité plus haut, dit que qui est des plus abondantes, s'échappent de
Engallim (Aïn-Adjlim) est au commencement jolis petits ruisseaux qui se perdent sous une
de la mer Morte, là où le Jourdain s'y jette, végétation luxuriante, mais en général héris
et qu'Engaddi est au point où la mer Morte sée d'énormes épines qui ne permettent pas
finit. Ceci est tellement inexact, que ce pas d'y pénétrer. De beaux fruits, que l'on ne
sage seul suffit pour prouver que saint Jé cueille pas sans se déchirer affreusement les
rôme n'a pas même visité la côte occiden doigts, se montrent partout. C'est l'orange de
67 AlN DICTI0NNAlRE AlN 68

Sodome (le Bortoukan-Sdoum des Bédouins), deux cents mètres à peu près en contre-bas A
fruit du calotropis procera, que les Arabes nom trois cents mètres en avant du moulin ruiné,
ment Ocher. Ce fruit a l'apparence d'un cédrat on coupe le lit à sec d'un torrent qui va
de taille médiocre; quand il n'est pas mûr, sa § la mer Morte. Du bord de ce ravin
pulpe verte, qui n'est qu'une mince enveloppe on voit toute la plage inférieure couverte de
destinée à protéger les graines, s'éraille faci verdure. C'est un véritable jardin. Sûr cette
lement, et laisse alors échapper des gou place, les ruines sont nombreuses, mais elles
telettes d'un suc laiteux et épais semblable à ont toujours le même caractère, et elles sem
celui des euphorbes. Quand ce fruit est mûr, blent n'être que les débris de véritables hut
au contraire, il devient brun et cassant, et il tes. Des murs de clôture sur le plateau infé
s'ouvre facilement sous la moindre pression rieur, et des murs de soutènement en très
pour laisser sortir une foule de petites grai grosses pierres, recoupant en tout sens le re
nes plates et noirâtres surmontées de pana vers du coteau qui conduit par de nombreux
ches soyeux d'une blancheur éclatante. La zigzags à ce plateau, voilà quelles sont les rui
famille de cet arbre a la même apparenee et nes d'Aïn-Djedi, de l'Engaddi biblique.
la même consistance que celle du magnolia. Une fois arrivé sur ce plateau, on est à peu
Les fibres soyeuses de ce fruit curieux sont près au niveau de la mer Morte, et la
utilisées par les Bédouins, qui les tissent pour plage couverte de décombres a en ce point
en faire des mèches de fusil. Je ne doute pas une largeur de quatre cents mètres.Au sud, et
que ce ne soit la nature de ce fruit qui a donné à environ deux mille huit cents mètres de la
lieu à la fable de ces beaux fruits de Sodome source d'Aïn-Djedi, la route passe entre deux
dont parle Josèphe, et qui, avec l'apparence monticules couverts de ruines. Sur celui dè
la plus appétissante, s'évanouissaient en cen droite (à trois cents mètres du chemin), on
dre et en fumée, dès qu'on y portait la main. distingue un édifice carré que les Arabes
Un autre fruit encore peut revendiquer appellent El-Qasr (le palais). A partir de ce
l'honneur d'être la fameuse pomme de Sodo point la plage s'élargit rapidement, et forme
me, si souvent mentionnée par les écrivains un véritable delta qui recouvre l'embouchure
qui n'ont jamais mis le pied dans ce pays : de l'Ouad-el-Arcidjeh, qui s'ouvre dans le
c'est le fruit d'un superbe solanum épineux flanc de la montagne. Au delà du monticule
à fleurs larges et roses (solanum coagulans sur lequel se trouve placé le Qasr ruiné, la
des botanistes); il est parfaitement rond, et lage n'a guère que sept cents mètres de
passe en mûrissant du vert glauque au jaune argeur; au delà du lit de l'Ouad-el-Arcidjeh,
doré. Il a la taille d'une† pomme d'api, elle en a au moins mille.
et, quand il est arrivé à parfaite maturité, Le lit du torrent, en débouchant de l'Ouad
une pression médiocre des doigts en fait el-Arcidjeh, est à cinq cents mètres duQasr. Il
échapper des milliers de petites graines noi est dominé au sud par un large monticule cou
res, assez semblables à celles du pavot. Ce pé à pic par le torrent, et couvert de ruines
sont probablement ces graines que les poëtes semblables à celles que j'ai décrites plus haut.
ont prises pour de la cendre. Au reste, quel Ce plateau a une étendue d'environ cent cin
ques , voyageurs prétendent qu'il n'est pas quante mètres de largeur. Pendant dix minu
rare de voir ce fruit attaqué par une mouche tes encore, c'est-à-dire sur une étendue d'un
hyménoptère du genre Tentrhedo, dontlalarve kilomètre de plus, on traverse un ravin qui
se nourrit dans l'intérieur des † qu'elle débouche entre deux mamelons assez hauts
dévore, et qui se trouvent remplacées par une † en précèdent plusieurs autres contigus, et
poussière noirâtre qui n'est que la masse des ont la chaîne s'élève jusqu'à la montagne
excréments rejetés par cette larve pendant qui forme le flanc droit de l'Ouad-el-Arcid
toute la durée de son développement. Comme jeh. C'est au bord de ce ravin que cessent de
je n'ai pu vérifier moi-même ce fait curieux, se montrer les décombres de la ville antique,
je n'en parle ici que sur la foi d'autrui. et il est évident qu'elle ne s'est jamais éten
Un peu au sud de la belle source d'Aïn due au delà : au reste, tout compté, on voit
Djedi, se trouvent les ruines d'un moulin que la ville d'Aïn-Djedi ou Engaddi s'étendait
arabe qu'elle a jadis alimenté. A l'est sont au sud de la source sur une longueur de cinq
deux monceaux de grosses pierres, situés à kilomètres, et sur une largeur moyenne de
quelques dizaines de mètres l'un de l'autre, quatre cents mètres. Il est vrai que les mai
et qui marquent certainement la place de sons n'étaient pas contiguës comme dans nos
deux édifices importants tels que des tours. villes modernes, et que chacune d'elles avait
Le chemin qui conduit de la source vers un enclos et un jardin. On peut s'expliquer,
la plage de Sebbeh #" Masada), c'est-à-dire en considérant ces maisons , la véritable im
vers la pointe sud de la mer Morte et vers portance qu'avait la ville qui avait mérité
Sodome, passe devant le petit moulin ruiné d'être le chef-lieu d'une des toparchies jui
quej'ai mèntionné il n'y a qu'un instant. Une V0S.
porte ogivale y donne accès, et un aqueduc · On a vu que les habitations et les jardins
en pierre, aujourd'hui rompu, y portait l'eau s'étendaient jusqu'à la limite extrême de la
de la source sur une de ces turbines barba plage. Il ne faut pas plus que cette simple
res qui se rencontrent dans tous les moulins observation pour mettre à néant les fables
arabes. En ce point le pied de la montagne ridicules qui ont été si souvent répétées sur
est à une centaine de mètres au plus, à droite les prétendues exhalaisons meurtrières du
du voyageur, et le bord de la mer Morte à lac Asphaltite. - - - -

environ six cents IIIètres à sa gauche, et à fRevenons maintenant au nom primitif,


69 AIN DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. AIN 7

Hasasoun-Tamar. Nous avons rapporté plus Aïn-el-Rhoueyr à Aïn-Djedi rencontre l'Ouad


haut le verset 7 du chapitre xIv de la Genèse, Hasasa à environ 22 kilomètres du premier
# nomme Hasasoun-Tamar comme capitale point, et à 15 ou 16 seulement du second.
u peuple amorrhéen. Ce nom ne se retrouve On peut lire dans le voyage du révérend
plus, ainsi que nous l'avons dit, que dans les Robinson quelques détails fort intéressants
Chroniques, où il est identifié positivement sur Aïn-Djedi qu'il a décrit avec sa précision
avec celui d'Aïn-Djedi (II Chron. xx, 2). et sa véracité habituelles.
Comme le fait à propos duquel le nom de AIN-DOUR, ENDOR.— Commençons par
cette ville est rappelé, est contemporain du rassembler les † es de la sainte Ecriture,
roi Josaphat, tandis que nous le trouvons dans lesquels il est fait mention de cette lo
remplacé † celui d'Ain-Djedi, dans des pas calité. Nous lisons dans Josué (xvII) : - 11.
sages où il s'agit de David, et par conséquent Manassé eut sur (le territoire de) Issakhar,
de faits plus anciens, il paraît certain que les et sur (celui d')Aser, Beit-San et ses hameaux,
deux dénominations s'employaient indiffé et Ieblâam et ses hameaux, et les habitants ?
remInent.
de Dor (3) (nNT) et leurs ? hameaux, et les ha
Il y a une très-curieuse conclusion à tirer bitants d'Ain-Dour (nT) et leurs ? hameaux, et
de la comparaison du texte de la Genèse et les habitants de Tâanak et leurs ? hameaux,
des passages relatifs à la catastrophe de la et les habitants de Madjedon et leurs ? ha
Pentapole. Hasasoun-Tamar ou Aïn-Djedi meaux, trois contrées ( ou, comme traduisent
existait et était la capitale des Amorrhéens les Septante, rà tpito» riie Napt6é, le tiers de la
avant cette catastrophe, puisque nous lisons région de Naphetha, nE-n nwºw )—12.Les
aux versets qui suivent immédiatement celui
qui contient la mention de cette ville : — 8. fils de Manassé ne purent conquérir ces villes,
Alors le roi de Sodome et le roi de Gomorrhe, car le Kenâanéen voulut rester dans le pays.
le roi d'Adamah, le roi de Seboim et le roi — 13. Et lorsque les enfants d'Israël furent
de Bela, qui est Zoar, sortirent et se mirent devenus plus forts, ils rendirent le Kendanéen
en ordre de bataille contre eux dans la vallée tributaire; mais quant à l'expulser, ils ne le
de Sidim.—9. Kadr-l'Eumer, roi d'Ailam, et purent pas.
Tedâal, roi de Djouim, et Amrafel, roi de Se Voici le second passage, qui a une grande
nâar, et Ariouk, roi d'Elasar; quatre rois con valeur historique, en même temps qu'il est
tre cinq. Puisque Hasasoun-Tamar et Aïn-Dje dramatique au possible. (I Samuel, xxvIII) :
—3. Samuel était mort : tout Israèl en avait
di, qui sont une seule et même localité, n'ont
rien eu à souffrir de l'événement qui détrui fait le deuil, et l'avait enseveli près de Ra
sit les villes coupables, il est tout simple d'en mah, près de sa ville. Saül avait ôté du pays
les about et les iedâanim. — 4. Les Philistins
conclure que les territoires seuls de ces villes
furent dévastés, et que ceux d'autres villes s'étant assemblés, vinrent, et ils campèrent à
comme Aïn-Djedi, bien que situées au fond Sounam. Saiil assembla tout Israël, et ils cam
de la même vallée et à très-faible distance pèrent à Djibâa. — 5. Saül ayant vu le camp
des localités condamnées, ne participèrent des Philistins, eut peur, et son cœur fut fort
en rien au désastre de leurs voisines. J'en # — 6. Saiil consulta l'Eternel, mais
conclûs encore que Hasasoun-Tamar ou Ain ieu ne lui répondit rien, ni par les songes,
Djedi était dejà placée surles bords mêmes du ni par les voyants, ni par les prophètes. — 7.
Saiil dit à ses serviteurs : Cherchez-moi une
lac Asphaltite, à portée de la magnifique
source qui enrichit encore ce lieu béni, et femme maîtresse (dans l'art) d'Ab : j'irai
# n'a pas plus tari, comme celles de la So vers elle, et je l'interrogerai. Les serviteurs
omitide, que celle de Maïet-Embarrehg, † lui dirent : Il y a une femme maîtresse dans
n'est qu'à trois lieues de Sodome même. On l'art d'Ab, à Ain-Dour. — 8. Saiil se déguisa
voit donc clairement que le châtiment, de et prit d'autres vêtements; il s'en alla, lui et
quelque nature qu'il ait été, n'était exercé deux hommes avec lui, et ils vinrent de nuit
que partiellement. auprès de la femme; il dit : Devine pour moi,
Revenons encore une fois au nom de Ha je te prie, par (l'art) d'Ab, et fais monter
sasoun. Dans le haut pays qui sépare l'Aïn-el vers moi celui que je te dirai. —9. La femme
Rhoueyr de l'Aïn-Djedi, se trouve une contrée lui dit : Tu sais bien ce qu'a fait Saiil, qui a
que les Arabes appellent Belad-Hasasa, et exterminé dans le pays les about et les iedâa
qui prend son nom d'un ouad très-escarpé nim : et pourquoi tends-tu des # d ma
et † l'Ouad-Hasasa qui coupe vie, pour me faire mourir ? — 10. Saiil lui
tout le plateau et va déboucher près d'Aïn jura par l'Eternel, disant : Par la vie de
Djedi. Il n'est donc pas possible qu'il n'y ait l'Eternel, il ne t'arrivera aucun mal à cause
pas une liaison très-étroite entre le nom bibli de cela.—11. La femme dit : Qui veux-tu que
que et celui que porte encore le pays., On je te fasse monter ? Il répondit : Fais-moi
† juger par ce seul fait de la manière dont monter Samuel. — 12. La femme, voyant Sa
es noms primitifs se transmettent de géné muel, cria à haute voix et dit à Saül : Pour
ration en génération, dans la Terre-Sainte.Au ſº m'as-tu trompée, puisque tu es Saül ? —
reste, le chemin par lequel on se rend de 4. Le roi lui dit : Ne crains rien; or qu'as-tu
vu ? La femme dit à Saiil : J'ai vu un dieu
(5) Dans l'énumération des rois vaincus par Josué, roi de Hasar, se trouvaient les rois des campagnes
nous lisons (Josué xII) : —25. Le roi de Dour ( TTx ), de Dour, à l'occident. J'ai de la peine à croire que
en ſace de Dour, un; le roi des Goim, à Djeldjul, un. Dar et Dour soient la même chose.
— Nous lisons encore que parmi les alliés d · Jabin,
71 AIN DICTi0NNAIRE AKA 72

qui montait de la terre. -14. Il lui dit : Quel de la montagne de Te)6oös placée en face des
cst son aspect ? Elle dit : Un homme vieux Philistins campés dans la plaine non loin de
monte; il est enveloppé d'un manteau. Saiil Sounè ("Eyytara zoóvnç rô)tºç iv t# rs3iº)
reconnut que c'était Samuel : il s'inclina la On voit qu'Aïn-Dour ne devait pas être très
face contre terre et se prosterna. — 15. Sa éloignée du camp de Saül, puisqu'il put s'y
muel dit à Saül : Pourquoi m'as-tu troublé en rendre et en revenir dans la même nuit.
me faisant monter ? Saiil dit : Je suis très Du temps d'Eusèbe, un grand bourg de ce
inquiet : les Philistins me combattent, et Dieu nom existait dans le voisinage du mont Thabor,
s'est retiré de moi. Il ne m'a plus répondu, et à quatre milles romains de distance vers lesud
ni par les prophètes, ni par les songes : je (ad vocem 'Asvôòp). Au mot 'Hvôòp il en re
t'ai alors appelé pour que tu me ſasses con parle pour dire que ce lieu est proche de
naître ce que je dois faire. — 16. Samuel dit : Nalu, dans les environs de Scythopolis. Saint
Et pourquoime consultes-tu, puisque l'Eternel Jérôme l'appelle Endor Jesraelis (au mot
se retire de toi, et qu'il est devenu ton en Aphec), comme le fait Eusèbe lui-même (au
nemi ?— 17. L'Eternel a fait selon ce qu'il a même mot : Aevôòp , à»'Itapai)).
dit par moi : l'Eternel a arraché le royaume Enfin nous lisons encore dans Saint Jérôme,
d'entre tes mains, et l'a donné à ton prochain (lettre 44, Ad Marcellam ) : Apparebit oppi
à David; — 18. Parce que tu n'as pas obéi à dum Naim... videbitur et Hermoniim (c'est
l'Eternel,et que tu n'as point exécutél'ardeurde le Djebel-ed-Dahy), et torrens Endor, in quo
sa colère contre Amalck : c'est pourquoi Dieu superatur Sisara.
t'a fait ceci en ce jour. — 19. L'Eternel livrera Cette réunion de renseignements est plus
aussi Israël avec toi entre les mains des Phi que suffisante pour nous aire retrouver la
listins, et toi et tes fils, (vous serez) avec moi. véritable position d'Aïn-Dour. Voici ce que
L'Eternel livrera aussi le camp dans les mains j'ai consigné dans mes notes de voyages : En
des Philistins. — 20. Saül tomba aussitôt à traversant la plaine d'Israël ou d'Esdraelon
terre de toute sa hauteur, et fut fort effrayé (Merdj-ebni-Aamer), nous passons en vue du
des paroles de Samuel ; il n'avait plus de village de Nayn ( Natg ) placé à une lieue en
force en lui, car il n'avait rien mangé de tout viron à notre gauche et au pied de Djebel-ed
ce journi de toute la nuit.—21.!La femme vint Dahy. Plus loin dans la même direction, est
près de Saül, et voyant qu'il était très-effrayé, Aïn-Dour, l'Endor des traducteurs de l'Ecri
elle lui dit : Ta servante a obéi à ta voix ; j'ai ture. On le voit, le nom antique de cette loca
mis ma vie en jeu, et j'ai obéi aux ordres que lité fameuse s'est transmis intact d'âge en âge
tu m'as donnés. — 22. Et maintenant écoute j"# I1OU1S.
donc, toi aussi, la voix de ta servante : je vais . Van de Velde qui a visité Aïn-Dour(t. II,
mettre devant toi un morceau de pain ; mange, p. 282 et suiv.), nous apprend qu'il lui a fallu
et tu auras de la # pour t'en retourner cheminer pendant une bonne heure pour de
par ton chemin. — 23. Il refusa et dit : Je ne Nayn se rendre à Ayn-Dour que les hauteurs
mangerai pas. Ses serviteurs et la femme interposées empêchent de voir du point de
aussi le pressèrent tant qu'il obéit à leur voix. départ. Ayn-Dour est un village plus considé
Il se leva de terre et s'assit sur un lit. — rable que Naïn et placé comme celui-ci sur
24.La femme avait dans la maison un veau le flanc de la montagne, et au nord-est. On
engraissé : elle se hâta de le tuer, puis elle y voit dans les rochers de grandes cavernes
prit de la ſ# la pétrit, et en cuisit des naturelles. Voilà tout ce que le voyageur mis
pains non levés.—25. Elle les présenta devant sionnaire nous apprend. Il était difficile de
Saiil, et devant ses serviteurs; ils mangèrent, fournir à ses lecteurs des renseignements
se levèrent, et s'en allèrent dans cette nuit. plus insignifiants. Je ne puis contester l'im
— Chacun sait comment Saül et ses fils péri possibilité de voir Aïn-Dour de Naïn ; mais
rent dans le combat qui eut lieu le lendemain ce que je puis assurer, c'est que de la plaine
sur la montagne de Djelbôa. (I Samuel, xxxI, on voit à merveille les deux villages, qui pa
1 et suiv.) raissent bien moins éloignés l'un de l'autre
Enfin nous lisons dans les Psaumes que ne le prétend M. Van de Velde.
( LxxxII) : —10. Fais-leur comme Madian à AKAD. — C'est le nom d'une des plus an
Sisara, comme à Jabin, près du torrent de ciennes villes de la Chaldée, que nous ne
Kisoun. — 11. Ils ont été détruits près d'Ain trouvons mentionné que dans le passage sui
Dour, ils y sont devenus de l'engrais pour sa vant de l'Ecriture sainte (Genèse, x) : — 8. Et
terre. Nous trouvons assurément ici un sOu Couch eut pour fils Nemrud, qui commença
venir de la défaite terrible qui est longue d'être puissant sur la terre. —9. Il fut un vi
ment racontée dans le Livre des Juges (Iv goureux chasseur devant l'Eternel. — 10.Son
et v) ; et il a l'avantage de préciser le point empire commença par Babel, Arek, Akad, et
même où se livra la bataille. Ce fut évidem Kalneh, au pays de Chinâar.
ment tout proche d'Aïn-Dour. Maintenant que le déchiffrement des écri
Voyons maintenant quels sont les rensei tures cunéiformes est un fait accompli, et que
gnements plus récents que nous avons à con notamment l'écriture assyrienne ou chal
sulter pour déterminer la position d'Aïn déenne ne tardera pas à n'avoir plus de se
Dour. Josèphe en parle une seule fois (Ant. crets pour les philologues, il y a tout lieu de
Jud., VI, xIv,2), en racontant le fait biblique croire que l'identification des quatre villes dé
que je viens de reproduire in extenso. L'his signées dans ce verset sera bientôt effectuée,
torien des Juifs en place le théâtre 'E» Tró)st celle de Babel ne présentant plus dès aujour
'E»3&pº, qu'il met dans son récit à proximité d'hui aucune difficulté.
75 AKH DEs ANTIQUITES BIBLIQUES. AKZ 74

Les Septante écrivent Archad ("Apxzô) le forte de Sour; revient vers Hossa, et aboutit
nom de cette ville, et l'on a pensé en consé à la mer par la contrée d'Akhzib.
quence qu'il fallait chercher la trace de ce
nom dans celui du fleuve Argades, mentionné De la teneur de ce passage important, qui
fait une distinction très-claire entre Akhsaf et
par Ctésias, qui le fait couler dans la Sittacène,
contrée placée entre la Babylonie et la Su Akhzib, il paraît bien probable que ces deux
siane.Au confluent de l'Argades et du Tigre dénominations désignent deux localités dis
se trouve la ville de Sitace, et cette ville tinctes; et cependant on pourrait être tenté de
† par conséquent avoir pris la place de croire que les deux noms s'appliquent à la
'Akad biblique; mais Ctésiphon, placéesur les même ville, qui# plus tard Ecdippa,
rives du Tigre et dans le voisinage, aurait et qui n'est que l'Akhzib ou Ez-zib de nos
aussi † droits à revendiquer le même jours (Voy. ce mot). Ce quine saurait être dou
honneur. Plusieurs , géographes anglais, et teux, c'est que la version grecque des Sep
notamment Ainsworth, placent le site d'Akad tante transcrit l'un et l'autre nom par un seul
sur lalrive occidentale du Tigre, à six milles de et même mot,'Açip. Je ne me permettrai pas
Baghdad, aux ruines nommées aujourd'hui de trancher cette question, que de beaucoup
Akerkouf. Il faut cependant ne pas perdre de plus habiles que moi, et Reland entre autres,
vue que saint Jérôme (traduction avec Com se sont abstenus de décider. Quoi qu'il en
mentaires de la sainte Ecriture), d'accord en soit, il restera toujours assez étrange que le
territoire de la même tribu ait contenu deux
cela avec les Targoum de Jérusalem et de Jo
nathan, identifie Akad avec Nisibis, ville anti villes dont les noms bibliques sont si voisins.
que située au nord de la Mésopotamie, vers les AKHZIB.— Localité de la tribu de Juda,
frontières de l'Arménie. Il n'y a, contre cette mentionnée au verset 44 du chapitre xv de
opinion si respectable, à objecter que la grande Josué, comme formant un groupe de la plaine
distance qui séparerait Akad des autres villes de Juda, avec les huit autres villes de Lebnah,
de l'empire primitif de Nimroud, et notam Aater, Aasam , Jeftah, Asnah, Nesib, Kâclali
ment de Babylone, qui se trouve, sans aucune et Merasâh.
espèce de doute possible, à Hillah.(Voy. BA AKRA. -- Nom d'u ne colline de Jérusalem.
BYLoNE.) Enfin, dans le Talmud de Babylone (Voy. JÉRUSALEM.)
(traité Yoma ), Akad est identifiée avec le Kas
kar des géographes arabes, qui est le pays AKZIB, ECDIPPA, Ez-ZIB et AKHzIB.—La pre
de Ouaset, entre Koufah et Basrah. La forme mière mentionque nous trouvons de cette ville
du nom d'Akad, dans les inscriptions cunéi dans les saintes Ecritures, est renfermée dans
formes étudiées par M. Oppert, est Ak-ka-dii. le verset suivant, concernant les limites du ter
ritoire de la tribu d'Aser : « La limite revient
Ce groupe est fréquemment remplacé, ainsi
que M. Botta l'a reconnu le premier, par vers Herama (saint Jérôme lit Hormah), et jus
un autre groupe, qui est certainement l'équi qu'à la ville forte de Sour(Tyr, sans doute Pa
valent du premier, mais qui à coup sûr ne laetyr), revient vers Hossah, et elle aboutit à la
saurait se lire Akkad. Peut-être bien y au mer par la contrée'd'Akzib.» (Josué, xIx, 29.) ll
rait-il sous ce curieux groupe une forme est certain, quoique cette ville ait été attri
Primitive du nom Kaskar, qui aurait pu se buée à la tribu d'Aser, que celle-ci ne put en
Prononcer Kaskasr ? Mais ceci n'est qu'une † les Kenâanéens ; voici le passage sa
pure supposition. cré qui en fait foi : « Aser n'expulsa pas les
habitants d'Acco, ni les habitants de Sidoun,
AKHLAB. — C'est le nom d'une ville située ni ceux d'Akhlab, ni ceux d'Akhzib, ni ceux
dans la circonscription du territoire des Asrié de Khelba , ni ceux d'Afeïk, ni ceux de
tes, qui ne purent en chasser les habitants, Rokhob. » (Juges, 1, 31.) Cette ville biblique a
ainsi que le constate le verset suivant : Aser été remplacée par la ville moderne qui porte
n'expulsa pas les habitants d'Acco, ni les aujourd'hui le nom d'Akhzib et d'Ez-zib, et
habitants de Sidoun, ni ceux d'Akhlab, d'Akh que je n'ai aperçue malheureusement que de
zib, de Khelba, d'Afeik et de Rokhob. (Juges, loin, en regagnant la route de Saint-Jean
I, 31.) On ignore encore où se trouve l'èmpla d'Acre, après avoir passé la nuit dans le bourg
cement de cette localité biblique. d'Ebbassa. Ez-zib, vue à distance, m'a fait
l'effet d'un gros village arabe, bâti sur un
AKHSAF. — Ville de la tribu d'Aser. Nous monticule assez bas situé au bord de la mer,
lisons dans Josué (xII) :-7. Et voici les rois du et par lequel passe la voie antique qui longe
pays qu'ont battusJosué et les enfants d'Israël, la côte phénicienne. L'une des formes moder
en deçà du Jourdain, à l'occident... — 20. Le nes du nom est, on le voit, identique avec la
roi de Samroun-Meraoun, un; le roi †ſ forme biblique du nom primitif. Il est incon
un.--C'est ce roi qui était entré dans une al testable que l'Akhzib moderne est la r6)t; t &»
liance offensive et défensive contre les Israé Exôirro» de Scylax, l'"Ex,irr»» de Josèphe,
lites, avec Iabin, roi de Hazor (Josué, xI, 1). l'oppidum Ecdippa de Pline, et la Mutatio
Plus loin, dans le même livre sacré, à ce
point où il est question de la délimitation du
† ou simple relai # d'Ecdippa,
mentionné dans l'Itinéraire de Paris à Jéru
territoire d'Aser, nous lisons (xIx) : — 24. Le salem, écrit en 333 de J.-C. Cet Itinéraire
cinquième lot fut # la tribu des fils d'Aser, lace Ecdippa à douze milles romains d'A-
selon leurs ſamilles. — 25. Leur limite fut exandroscheni, ou campement d'Alexandre,
Khelkat, et Hali, et Bathn, et Akhsaf.....-.La localité remplacée de nos jours par des ruines
limite revient vers Horama et jusqu'à la ville qui portent le nom d'Eskenderoun. Il m'a été
DICTIoNN. DEs ANTIQUITÉs BIBLIQUEs. - 3
75 AMA I)ICTIONNAIRE AMM 76

possible de m'assurer que la distance fixée reviennent ensuite dresser de nouveau leurs
ainsi était suffisamment exacte. Josèphe pré tentes dans le pays dont on les a chassés. La
cise très-nettement la position d'Ecdippa en montagne des Amalékites dont il est fait men
l'appelant xºpiov rap«0z)äaatov. (Bell. Jud., tion au Livre des Juges (vII, 15), est prcba
I, xIII, 4.) L'historien des Juifs n'en parle que blement le groupe des montagnes de Pétra.
cette seule fois. -

AMATHUS.—Il y avait au delà du Jourdain


Suivant Eusèbe et saint Jérôme, Ecdippa une ville que Josèphe appelle 'Apté6ove, viHe
est éloignée d'Acco de neuf milles romains,
tandis que l'Itinéraire de Jérusalem la place à forte. (Antiq., xm, 21.) Elle fut détruite par
douze milles de cette ville ; mais le premier Alexandre Jannée; elle fut relevée ensuite, et
chiffre me paraît plus exact. Cette ville était devint une des cinq villes de la Palestine qui
la limite extrême du territoire restitué aux eurent un sanhédrin : Jérusalem, Jéricho,
Juifs à leur retour de la captivité de Babylone. Gadara, Sepphoris.
Reland conjecture avec beaucoup de raison
Un passage de la Gemara de Jérusalem, cité
par Reland, dit que pour le voyageur qui se que cette Amathus pourrait bien être la même
rend d'Acco à Akhzib, tout ce qui est à la que Ramoth-Galaad, car Josèphe appelle la
même ville d'Amatha Bétaramaton, qui garde
• droite de sa route, c'est-à-dire vers l'orient, bien son nom d'Amathus.
est soumis à la loi judaïque de la dîme et de
l'année sabbatique, tandis qu'il n'en est plus AMMA, AAMAN.—Ville chananéenne nom
· de même de ce qui est à gauche de la route. mée par Josué (xIx, 30).
Nous lisons dans Josèphe (Ant. Jud., V, 1, 22) AMMAUS. — Ville forte construite par Jo
que le territoire des Asérites contenait la nathan (I Machab., Ix, 50), probablement
· ville d'Arce ("Apxn), nommée aussi 'Exôirovç. Emmaüs. Reland donne ce nom aux bains de
· C'est là évidemment notre ville d'Ecdippa. Tibériade.
Enfin Josèphe en parle encore une fois en di AMMON , AMMONITEs. — I.es Ammonites
sant que Banacates tenait le territoire mari ont tiré leur nom de Ben-Ammi, fils de Loth.
time d'Arce pour Salomon. (Ant. Jud., VIII, Les Livres saints parlent fréquemment des
II, 1.) Il paraît certain que ce passage de Jo fils d'Ammon; mais Ammon lui-même n'est
sèphe doit être rapproché du verset biblique mentionné que sous le nom de Ben-Ammi (le
suivant : « Baana-ben-Khousi (fut préposé) à fils de mon peuple ) dans le texte primitif de
Aser et Alouth (les hauteurs?). (IIIRois, Iv, 16.) la Genèse. Les Septante ont ajouté ,e nom
Il est clair que du nom Baana-ben-Khousi s'est d'Ammon, et ils ont été suivis par la Vulgate ;
· formé le nom corrompu Banacates. C'est en mais ensuite le nom de fils d'Ammon est si
fin à cette ville que fait allusion Etienne dans souvent répété, qu'il est permis de croire
S8S # quand il parle d'Arcè ou Arcae, que le nom d'Ammon fut donné au fils de
ville de Phénicie mentionnée par Josèphe Loth, en même temps que celui de Ben-Ammi,
dans le livre V des Antiquités judaiques. si l'on ne préférait † dire que l'un n'est
ALIMIS. — Ville de la tribu de Gad, citée qu'une corruption de l'autre.
dans le 1" Livre des Machabées (v, 26). Cette Les Ammonites occupèrent, sur la rive
localité n'est pas connue. gauche du Jourdain, le plateau supérieur des
ALMATH, AALMoUN.— Ville de la tribu de montagnes qui ne sont qu'un prolongement
Benjamin attribuée aux Lévites. Elle est indi de l'Anti-Liban, et forment dans cette partie
quée dans le voisinage d'Anathoth. la chaîne Arabique. Ils étaient séparés du
AMAAD, EMED. — Elle est indiquée dans Jourdain par les tribus de Ruben et de Gad,

'Aser.
(xIx, 26), parmi les villes de la tribu et par la demi-tribu de Manassé.
Les Israélites, à leur entrée dans la Terre
AMAM.—Ville attribuée à la tribu de Juda. romise, ne furent pas autorisés à combattre
es Ammonites; il y a même dans ie Deuté
(Josué, xv, 26.) Elle était située dans la partie ronome (II, 29) un texte précieux qui consti
méridionale.
tue les droits de ce peuple à l'autonomie :
AMANA. — Colline du Liban dans la tribu Tu t'approcheras des frontières des enfants
de Manassé. (Cant. Iv, 8.) d'Ammon; mais prends garde de les combattre
AMALEK, AMALÉKITEs. — Les Amalékites et de jamais leur livrer de bataille, car je ne
descendaient d'Amalek, petit - fils d'Esaü. te donnerai rien de la terre des enfants d'Am
Leur pays s'étendait au midi de la mer Morte mon, parce que je l'ai donnée en possession
vers les montagnes de Pétra, et Eusèbe pré aux enfants de Loth. Ce qui n'est pas moins
tend qu'ils avaient tout le pays jusqu'à Aïla intéressant, c'est que le verset qui suit nous
et à la mer Rouge. apprend † le pays où s'établirent les des
Ces † parents des Hébreux par cendants de Loth avait été habité autrefois
Esaü, étaient leurs plus cruels ennemis, et par les géants, que les Ammonites appellent
Zomzommim : Peuple grand et nombreux, de
étaient aussi pour les Hébreux l'objet d'une
haine profonde. Les Juifs ont fait la guerre
haute taille comme les Enacim † géants),
aux Amalékites jusqu'au temps du roi Ezé que Dieu a détruits pour établir les Ammo
chias. Ce fut une guerre d'extermination. Il nites à leur place.
est probable que ces habitants du désert Cependant David ne respecta pas cette au
faisaient comme font aujourd'hui les Arabes, tonomie, car il les soumit à sa domination.
lorsque, se trouvant trop faibles, ils fuient (II Samuel, xII, 31.)
dans les solitudes qui s'étendent à l'orient, et La capitale de leur pays fut Rabbath-Am
77 - ANE DES ANTlQUlTES BIBLIQUES. ARA '18

mon, que Josèphe écrit Pa6a6à et 'Apa6a8á. ANGE. — Montagne citée dans le Livre dc
C'est la même ville que Philadelphie. Judith (II, 12), située en Cilicie. -

AMONA, HAMoUNAH. — Nom donné par .ANIM, AANIM.—Ville de la tribu de Juda,


Ezéchiel (xxxIx, 16) à une ville de la tribu citée par Josué (xv, 50). Eusèbe †
de Ruben, qui ne se trouve mentionnée nulle 'Avaiov, et dit qu'elle n'est pas éloignée d'une
part ailleurs;
AMORRHÉENS.—Les Amorrhéens sont les
autre grande "§ située à neuf milles
au midi d'Hébron.
descendants d'Emori, un des fils de Chanaan.
Ils habitaient Hasason-Tamar, qui est Aïn ANTIPATRIS. — Ville située entre Joppé
Djedi (Engaddi) et autour de Hébron, ainsi et Césarée. Saint Paul fut conduit à Antipa
que la vallée d'Escol. Jacob, dans la Genèse tris, pour être mené de là à Césarée. (Act.
(xLvIII, 22), mentionne un champ près de xxIII, 31. — Voy. CAPHARSABA.)
Sichem, dont il s'est emparé sur un Amor Antipatris fut bâtie par Hérode le Grand.
rhéen, à l'aide de son épée et de son arc. Ce On a † à tort que cette ville était sur le
fut ce champ qu'il donna à Joseph, et dans bord de la mer. Josèphe écrit qu'on avait
lequel plus tard les ossements de celui-ci construit un fossé de Joppé à Antipatris pour
furent déposés. arrêter l'invasion des ennemis. Ce texte tran
Il y avait aussi des Amorrhéens au delà du che la question.
Jourdain, au nord du torrent de l'Arnon, qui Du reste, le nom antique de Capharsaba
est indiqué comme la limite des Moabites et s'est parfaitement conservé. Le nom arabe
des Amorrhéens. (Nombres, xxI, 13.) moderne est Kefr-Saba.Elle touche aux mon
D'après le même livre biblique (xxxII, 39), tagnes de Judée, et la belle plaine qui est
les Amorrhéens ont habité le pays situé au au-dessous est la plaine de Saron.
delà du torrent de Jabok. Voilà pourquoi APADNO,AFADNI.—Ce fut là que mourut An
Sehon et Og, rois de Basan, sont appelés
rois des Amorrhéens. (Josué , Ix, 10.) Josèphe tiochus Epiphane. Cette localité est mentionnéc
les nomme 'Agoègaiovc et dit que leur contrée par Daniel (xI, 45). Elle se rapporte assez à la
ville de Perse Abadân. — Théodoret et saint
était une péninsule fermée du côté de l'oc
cident par le Jourdain, du côté du midi par Jérôme pensent que la localité indiquée par
Daniel est en Palestine. Théodoret la nomme
l'Arnon, et du côté du nord par le torrent
de Jabok. (Ant., Iv, 5.) Ce fut le pays qui fut Apadanon et saint Jérôme Apadno. Ce der
donné aux deux tribus de Ruben et de Gad, nier la place près d'Emmaüs. L'opinion la
et à la demi-tribu de Manassé. plus vraisemblable est que le prophète parle
de l'Abadân de Perse.
Il n'y a donc pas de doute pour l'exacti APAMÉE.—Ville de Syrie sur l'Oronte. (Ju
tude de cette identification.
dith, III, 14.)
AMTHAR, HEMTAR. — Ville de la tribu de
Zabulon, mentionnée par Josué (xIx, 13). APHARA, AAFRAH. — Ville de la tribu de
ANA ? — Est mentionné dans le II" Livre
Benjamin. (Josué, xvIII, 23.)
des Rois, xvIII,43; xIx, 13, ainsi que dans Isaïe, APHEC, AFIK. — Il y a plusieurs villes de
C6 I1OIIl.
xxxvII, 13.Quelques-uns pensent que c'est le
nom d'une idole ; d'autres que c'est le nom 1°Aphec, ville des Kenaânéens, mentionnée
d'une ville. par Josué parmi les villes dont les rois fu
ANAB, AANEB † — Montagne etville rent défaits.
de la tribu de Juda. (Josué, xI, #! Eusèbe Cette ville d'Aphec peut parfaitement s'i-
place cette localité à Beto-Annab, à quatre dentifier avec Aphec de Josué (xIx,30), indi
milles au levant de Diospolis. Saint Jérôme uée dans l'héritage de la tribu d'Aser. —
dit que la distance est de huit milles et l'ap
pelle Beth-Annabam. Ce fut une des villes
† auprès d'Aïn-Dour (Endor) , et du
Thabor. (I Samuel, xxIx, 1.) 3° Aphec dans la
rimitives de la terre de Chanaan, bâtie par tribu de Juda. #
Samuel, Iv, 2.) Josèphe l'ap
es enfants d'Enac, les géants Enacim. elle "Apprzx. 4° Aphec, Apheca, auprès de
ANAKHARATH.—Ville attribuée par Josué Hippos, selon Eusèbe. Et # est indiqué
(xIx, 19) à la tribu d'Issachar. dans le voisinage de Tibériade.
ANANIA , AANANIEH. - Ville citée dans APOLLONIA. — Il n'y a pas le moindre
Esdras (xI, 32) avec Anathoh et Nob, par con doute sur l'identification d'Apollonia. Les rui
séquent de la tribu de Benjamin. nes antiques d'Arsouf,situées près de la mer,
ANATHOTH, AANAToUT. —Cette ville est à l'embouchure du Nahr-Arsouf conviennent
célèbre pour avoir été la patrie de Jérémie. parfaitement à l'antique Apollonia, située en
Elle était de la tribu de Benjamin, et appar tre Joppé et Césarée. Ptolémée et l'Anonyme
tenait aux Lévites. Elle était à la distance de de Ravenne mettent ces trois villes dans
trois milles de Jérusalem. Elle se retrouve l'ordre suivant : Cœsarea, Apollonia, Joppis.
encore aujourd'hui dans le nom d'Anata. Et la carte de Pentinger
poin où se trouvent
† Apollonias
les ruines d'Ar
Josèphe la place à vingt stades de Jérusa 8lUl
lem, c'est-à-dire à deux milles et demi. S0Ul

ANEM, AANEM. — Ville de la tribu d'Issa ARA. — Ville d'Assyrie. Ce fut dans cette
char, qui est très-probablement la même ville que furent transportées par Phul et par
qu'Engannim. Teglat-Felasar, rois d'Assyrie, les tribus de
79 ARA DlCTI0NNAlRE ARB 80

Ruben et de Gad, et la demi-tribu de Ma mont Sepher, mentionné dans les Nombres


nassé. Situées au delà du Jourdain, ces deux ( xxxIn, 24 ).
tribus devaient tomber entre les mains des ARADON. — Localité mentionnée dans lo
Assyriens. Le Jourdain était une limite natu I" Livre des Machabées (xv, 23). Proba
relle qui protégeait les autres tribus.(I Chron. blement ARADUs.
ARAM. — C'est le nom hébreu de la Syrie.
ARAB. — Ville de la tribu de Juda. (Josué, Lorsque Isaac appela Jacob et lui dit de ne
xv, 22.) pas prendre de femme parmi les filles de
ARABA, AARABA.—Ville de la tribu de Ben Chanaan, il ajouta : Mais allez en Padan
jamin. (Josué, xvIII, 18.) C'est la même que Aram, dans la maison de Bathuel, père de
Beth-Araba. votre mère. et épousez une des filles de Laban
ARABIE. ARABEs. — L'Arabie fut d'abord votre oncle. (Gen. xxvII.) La Vulgate a traduit
habitée par les enfants de Cham. Plus tard les Padan-Aram par ces mots : Mesopotamia
Syriœ. Le vrai nom de Padan-Aram serait
enfants qu'Abraham avait eus d'Agar et de celui-ci : La Syrie cultivée, par opposition
Cethura s'y établirent. Ce sont là les ancêtres
des Arabes actuels. On sait que la généalogie à la partie méridionale, qui est un désert.
de Mohammed remonte assez exactement jus Balaam dit, en parlant de Balac, roi de Moab :
Il m'a tiré d'Aram. (Nombres xxIII, 7. )
qu'à Ismaël Il y avait cependant une ville du nom d'A-
L'Arabie a trois divisions : L'Arabie Pé
ram située à l'orient du Jourdain, qui échut
trée, l'Arabie Déserte et l'Arabie Heureuse. en partage à la demi-tribu de Manassé ; il
La dénomination d'Arabe n'est pas ancienne faut remarquer que la Syrie porte encore au
dans les Livres saints. Ce n'est qu'à partir du jourd'hui le nom d'Aram.
1" Livre des Rois que l'Arabie se trouve men ARAMA. — Ville de la tribu d'Aser. Le
tionnée.Elle n'est pas nommée dans les livres I" Livre des Rois fait mention d'Arami
plus anciens. parmi les villes auquelles David envoya en
Ces peuples sont divisés aujourd'hui en présent une partie du butin qu'il avait fait à
deux classes, les Arabes nomades ou Bedaoui Siceleg. (xxx, 20.) Je serais tenté d'iden
Bédouins), et les Arabes fixés dans les villes. tifier cette ville antique avec les ruines que
es Arabes errants ont conservé l'existence # trouvées au midi d'Hébron et que les Ara
d'Abraham et d'Ismaël, les pères de leur race. es appellent Er-R'mail.Cequime confirmerait
Il ne faut pas oublier que, dans la Genèse, les dans cette pensée, c'est un passage d'Eusèbe
enfants d'Ismaël ont leur part des bénédic (ad vocem 'Âpag à) qui dit : Arama estun bourg
tions du patriarche illustre, qui a été le père situé au quatrième milliaire à partir de Malatha,
de tant de nations. Et comme si ce nombre laquelle est certainement la Mouladah de Jo
douze était un nombre mystérieux, de même sué (xv, 26 ) et au vingtième à partir d'Hé
que les enfants de Jacob forment douze tri bron. Commeles distances coïncident,je don
bus, les fils d'Ismaël forment aussi douze tri nerais cette position aux ruines modernes
bus, ayant leurs princes ou ducs. d'Er-R'mail.
Voici les noms des chefs de ces douze tri ARARAT. — L'arche (Genèse, vIII, 4) s'ar
bus : rêta sur les montagnes d'Ararat. La Vulgate a
très-bien traduit : Super montes Armeniae, et
NABAioTH MAssA non super montes Ararat, pour qu'on pense
' CÉDAR HADAR
ADBÉEL THÉMA
que ce mot Ararat est le nom même de l'Ar
MABsAM JETHUR
ménie, et nullement le nom des montagnes
où l'arche s'arrêta.
MAsMA NAPHIs
DUMA CEDMA. Il est fait mention de la terre d'Ararat dans
Isaïe (xxxvII, 38) et dans Jérémie (LI, 27) :
Et le passage de la Genèse qui donne cette ce qui confirme que le mot Ararat n'est pas
· généalogie se termine par ces paroles : un nom de montagne.
« Ismaël habita depuis Hevilah (sur l'Eu ARARI, HARARI. — Ville prétendue de la
phrate)jusqu'à Sour, qui regarde † te. »
tribu de Juda.(IISamuel, xxIiI, 11.)'Harari est
Cette vaste contrée est encore aujourd'hui le un nom commun qui signifie montagnard. ll
· pays arabe proprement dit. |
n'y a pas eu de ville de ce nom. -

ARACH, AREK.— Ville fondée par Nimroud ABRATE. — Ville de la tribu d'Issachar qui
selon la Genèse (x , 10) dans la terre de Sen fut prise par Simon Machabée. (I Mach.
naar. On la place communément au confluent v, 23.)
du Tigre et de l'Euphrate. Il y a une autre ARBEE, KIRIATH-ARBAN. — Voy. HÉBRoN.
ville du nom de ARACH patrie de Chusaï, ami ARBELA , ARBELLE. — Cette ville était
ct conseiller de David. ( II Samuel, xv, 32. ) dans la Galilée supérieure, et de la tribu de
On place celle-ci dans le Liban et saint Jérômé Nephthali. Elle était à peu de distance de
assure que c'est Edesse. l'ancienne Sepphoris. Eusèbe, au mot'Ap6n)à,
ARAD, AARED.-Cité chanaéenne dont le roi place cette ville dans la plaine d'Edrelon à
fut vaincu et mis à mort par les Israélites. neuf milles de Legio. Le même Eusèbe place
(Nombres, xxxIII, 40.) Cette ville était voisine une autre Arbela auprès de Pella, au delà du
du désert de Cades et servait de limite à la tri Jourdain. La carte de Carl Ritter place cette
bu de Juda, à vingt milles au midi d'Hébron Arbela au lieu occupé par la moderne Irbid.
ARADA. — Lieu dans le désert près du Josèphe raconte (Antiq., xIv, 17) que, près
8l ARE
DES ANTIQUITES BlBLIQUES. ARI 82
d'Arbèle, des voleurs qui habitaient vaincus
des ca n'est, sans aucun doute, autre chose qu'un
vernes d'un accès difficileavaient été
lieu de campement. Le nom d'Atad, comme
par Hérode. localité, ne se trouve jamais dans la Bible :
ARBI. - Ville prétendue de la tribu de l† qu'il est parlé de l'Atad (Psal. LvIII,
Benjamin. (II Samuel, xxIII, 35.) Arbi est un 0), les Septante traduisent par ėägvo».
ethnique et signifie : celui d'Arab.
ARCHELAIS.— Cette ville est placée par AREBBA, RABBAH ou HERABBAH. — Ville de
Ptolémée entre les villes de la Judée.Josèphe la tribu de Juda. (Josué, xv, 60). -

# xvII,, 15) dit que c'est un bourg ARED0. —Ville de la tribu de Dan. (Josué,
fondé par Archélaüs près de Phasaëlis. Sur la xIx, 46.)
carte de Peutinger elle est marquée entre ARGOB ( RADJIB ). — Argob était une con
Jéricho et Scythopolis, sous le nom de Arché trée du royaume , de Og, roi de Basan, qui
laïde., La carte de Carl Ritter l'indique au tomba en partage à la demi-tribu de Manassé.
nord de Jéricho, au village arabe El-Mousha (Deut. III, 4, 13, 14. ) Ce nom est conservé
rah, dans la plaine du Jourdain sur la route dans le nom moderne de Radjib.
de Jéricho à Bethléem. Il est probable que ARIE.— Localité dans le voisinage d'Ar
c'est par erreur que le texte latin des Actes gob. (II Rois, xv, 25.) Les deux noms Har
du concile de Chalcédoine porte le nom d'un djlb et Harieh semblent plutôt des noms
Ahtiochus, évêque d'Archélaïs de Palestine d'hommes. (Voy. le verset cité.)
(t. IV Conc.gen., 80), puisque le texte grec ARIEL. — Ezéchiel ( xLIII, 15, 16) nomme
mentionne "Apxns et que jamais Archélaïs n'a ainsi la partie supérieure de l'autel des sacri
été placée parmi les villes épiscopales de la fices. Isaïe (xxIx, 1, 2, 7) donne ce nom à la
Palestine.
ville de Jérusalem elle-même : Malheur à
ARCHI, HARKI. — Ville ou région au delà Ariel, Ariel ville qui a été assiégée par Da
du Jourdain, mentionnée par Josué dans le vid. — Ariel signifie lumière ou vision de
territoire de la demie-tribu de Manassé
(xvI, 2). Dieu, lion de Dieu, puissant lion.
AREA ATAD. — Nous lisons dans la Ge ARIMATHIE. Cette ville n'est mentionnéu
nèse que Joseph, accompagné de ses frères et que dans le Nouveau Testâment ; elle est
des grands de l'Egypte, vint conduire à la ca écrite 'Appiaſaix, dans saint Luc ( xxIII, 51 );
verne de Malhpélah, près d'Hébron, le corps Suidas l'écrit 'Aptua%éu. Eusèbe dit que c'est
embaumé de Jacob. Le texte ajoute : Ils vin la même ville que 'Povp1à, ce qui est une er
rent à l'Aire d'Atad, qui est située au delà du reur. Et au mot 'Appia0èu ait pz (Ramathaïm
Jourdain ; ils y célébrèrent les funérailles Sophim), il dit que cette Armathem est encore
pendant sept jours avec beaucoup de pleurs Arimathie, patrie de Joseph, qui ensevelit le
et de grands cris (L, 10). Saint Jérôme place Sauveur dans son propre sépulcre. Il faut
ce lieu d'Atad à trois milles de Jérichô et à éclaircir cette question intéressante et bien
deux milles du Jourdain, dans un lieu appelé préciser quelle est la véritable Arimathie.
Bethagla. Voyons d'abord saint Jérôme. Il place Ari
Or il est de toute impossibilité que, venant mathie, patrie de Joseph, près de Lydda ou
d'Egypte pour se rendre à Hébron, Joseph Diospolis. C'est donc la Ramla moderne,
soit allé non-seulemeut au delà du Jourdain, qui est à quelques kilomètres de l'ancienne
mais encore auprès de ce fleuve. Car Hébron Lydda.
est précisément sur le chemin de l'Egypte au Cette identification donnée par saint Jé
Jourdain. rôme, qui habitait le pays, a une grande va
D'une autre part, Beit-Adjlah est en deçà leur, et semble l'emporter surcelle que donne
duJourdain près de Jéricho et nulleraent au Eusèbe. Car la Ramathaïm-Sophim est indi
delà. Il faut conclure : 1° que l'indication quée dans le I" livre de Samuel ( I, 1 ) dans
de saint Jérôme n'est pas soutenable; 2° que les montagnes d'Ephraïm qui sont au nord de
l'expression au delà du Jourdain est une note Jérusalem, autour de Beit-El. Toutefois quel
marginale à tort insérée dans le texte ; à ue précieuse que soit l'affirmation de saint
moins, ce qui est plus probable, que le texte † sur Arimathie, elle laisse toujours en
original ne portât: « en deçà du Jourdain : » ce doute quel fut le nom hébraïque de cette lo
qui serait très-juste et indiquerait une posi calité. Il ne l'identifie à aucun nom biblique.
tion par rapport à l'Egypte. Il y a une Rouma de la tribu de Juda qui
C'est encore une de ces preuves nombreu
est placée par le livre de Josué dans les mon
ses des notes marginales introduites dans le
tagnes, et qui peut convenir à cette Arima
thie.
texte, qui j2ttent souvent de la confusion sur Phocas, dans la description des lieux saints,
les indications bibliques. Comment compren dit que de Jérusalem on va à Armathem, où
dre † Joseph, venant d'Egypte, fût aller
naquit le prophète Samuel; de là à Emmaüs,
faire le deuil de son père au delà du Jourdain, de là à Ramplea qui est évidemment la Ramla
pour revenir ensuite à Mambré? moderne ( le u dans la prononciation grecque
Il faut savoir aussi que le terme d'Atad si devant une liquide, attire le r).
gnifie l'arbuste épineux appelé rhamnus. Il U résulterait de ces données positives que
serait donc plus simple de traduire ainsi : Armathem ou Ramathaïm est distincte de
« Etant arrivés dans une plaine plantée de Ramla. Or faut-il regarder comme une er
rhamnus, ils y célébrèrent.. etc. Cette localité reur l'opinion d'Eusèbe, qui place à Rama
85 AR0 DiCTIONNAIRE ART 84

thaïm l'Arimathie patrie de Joseph, ou bien bath des Ammonites. La position de cette
s'en tenir à celle de saint Jérôme, qui fait de dernière n'est pas connue.
Ramla la patrie de Joseph?
ARPHAD, ARFAD. — Ville de Syrie, men
Nous avons à choisir ici entre deux autori
tionnée dans le II" Livre des rois (xvIII, 34).
tés très-graves Reland fait remarquer que
saint Jérôme étant sur les lieux a rectifié ART JUDAIQUE. — J'ai groupé sous ce
heureusement plusieurs des identifications titre , Art judaique, toutes les remarques
d'Eusèbe. Mais ici l'affirmation de Saint Jé isolées que j'ai pu faire dans l'étude des Li
rôme a contre elle que l'Arimathie qu'il place vres saints et dans mon voyage en Palestine,
près de Lydda ne peut se rapporter absolu sur les arts d'un peuple qu'on avait cru
ment à aucune localité biblique: le fait est ca jusqu'à ce moment le simple imitateur des
pital. Et comme la vraie Ramathaïm se trouve arts des peuples voisins.
un peu plus haut que Lydda, vers lamonta L'art judaïque n'existe pas ; il n'a jamais
gne, il pourrait très-bien se faire que saint existé : voilà deux mavimes archéologiques
Jérôme eût reçu un mauvais renseignement, qu'ona depuis longtemps érigées en axiomes,
et eût rectifié à tort la bonne leçon déjà don qu'on a proclamées , répétées sur tous
née par Eusèbe. les tons, tant et si bien que l'on a fini par
En raisonnant dans cesens, Ramathaïm se admettre généralement qu'il n'y avait pas
rait la vraie Arimathie patrie de Joseph. Et lieu de suspecter leur valeur, et qu'elles im
c'est bien plus vraisemblable. pliquaient un jugement définitif et sans ap
ARMAGEDDON , ARMAGEDoN. (Vulg.) — pel. Aujourd'hui que j'ai complétement
Saint Jean dans son Apocalypse dit que les changé d'avis sur ce point de doctrine, j'a-
esprits des démons assemblèrent les rois en voue très-humblement qu'en partant pour la
un lieu appelé en hébreu Armagédon ( que Judée j'étais parfaitement convaincu que je
l'oninterprète l'anathème de la troupe des bri ne trouverais plus dans ce pays la moindre
gands) [Apoc. xvI, 16]. La Vulgate met au trace des édifices qui durent y être cons
futur ce que le texte grec met au passé ; mais truits pendant la domination de la dynastie
la leçon est la même pour le mot propre de David , ni même de ceux qui s'élevèrent
'Appzytôôºv. Or dans la Bible il n'y a pas de beaucoup plus tard, sous les princes asmo
localité de ce nom : seulement il est fait men néens et hérodiens. J'arrivai donc à Jérusa
tion plusieurs fois d'une ville chananéenne lem avec une conviction toute faite sur l'âge
de Mageddo. Le prophète Zacharie parle des des débris antiques que j'y pourrais rencon
gémissements d'Adad-Remmondans la plaine trer, et je m'apprêtai, non sans un vif regret,
de Mageddon. Il est probable que l'Armaged à ne retrouver sur l'emplacement de la Jé
don de saint Jean est une réminiscence de la rusalem biblique que des vestiges romains,
plaine de Mageddon de Zacharie. chrétiens ou musulmans.
ARMOAB. — Voy. MoABITIDE. Je connaissais, il est vrai, 1 existence d'un
ARMON. — Nom indiqué dans le prophète pan de mur faisant partie de l'enceinte sa
#
Iv,
et qui se prend pour l'Arménie. (Amos, crée du temple, aujourd'hui remplacé par la
mosquée d'Omar, et que les Juifs considé
raient comme le seul débris subsistant en
ARNON. — L'Arnon est 1 un des princi
paux torrents du versant occidental de la core de l'enceinte du temple de Salomon.Je
chaîne Arabique † se jette dans la mer savais que les malheureux Israélites réfugiés
Morte. Il servait de limite aux Moabites et à Jérusalem venaient le vendredi soir baiser,
aux Amorrhéens. Il séparait également les en les mouillant de leurs larmes, les pierres
Moabites de la tribu † Ruben. La vallée vénérables de cette muraille , dont les mu
sulmans avaient consenti à ne pas leur in
dans laquelle il se précipite dans la mer est terdire l'approche. Mais j'avais entendu émet
très-étroite et très-abrupte et doit rappeler tre tant de doutes sur l'authenticité d'origine
l'échancrure, à travers les montagnes de
Jéricho, où coule le Nahr-el-Kelt. Les Arabes de ce mur, que moi-même j'avais fini par
le nomment Moudjeb. croire fermement , avant de l'avoir vu, qu'il
ne pouvait être tout au plus qu'un fragment
AROER (ARAIR). — Ville moabite située de § hérodienne du temple. On voit
sur les bords de l'Arnon, et au milieu du dans quelles dispositions d'esprit j'allais en
fleuve, dit le texte de Josué (xII, 1 , 2). Elle treprendre l'étude de ce qui restait debout
fut primitivement occupée par les Om de la Jérusalem antique. Cette opinion pré
II0lII].
conçue, ce parti pris de tout moderniser, ne
Cette ville doit être distincte d'une au purent tenir devant l'évidence qui venait à
tre Aroër , bâtie par la tribu de Gad. Le chaque pas les heurter et les battre en brè
texte des Nombres est formel (xxxII, 34). che. En moins de deux jours, je dus m'a-
Or cette ville ne pouvait pas être la même vouer que les maîtres sur la parole desquels
que l'Aroër sur l'Arnon, puisque l'Arnon j'avais été si longtemps prêt à jurer, m'a-
était la limite méridionale de la tribu de vaient entièrement fourvoyé, et que tout ce
Ruben , et que la tribu de Gad était au nord
de la tribu de Ruben. Il y a donc à consta #ueJérusalem
j'avais appris de loin sur les monuments
devait être bien vite mis au
ter : 1° l'Aroër des Moabites situé sur l'Ar rebut par moi, si je voulais me charger de
non, et qui garde encore pour nom Araïr ; recueiflir une moisson archéologique d'au
2 l'Aroér de Gad qui doit être près de Ra tant plus richc que mes devanciers l'avaient
83 ART DES ANTIQUlTES BlBLlQUES. ART 86

laissée toute entière sur pied, par un dédain d'époques importantes indiquées par les Li
que je ne pourrai jamais m'expliquer. vres saints.
# suis loin de leur en faire un re Voici l'ordre que j'ai suivi :
proche ! La théorie routinière de cabinet, si Avec les cinq livres de Moïse, j'ai toute
elle m'a trompé quelque temps, m'a large l'époque primitive jusqu'à l'arrivée des Is
ment indemnisé en me réservant les plus cu † dans le pays de Kénâan. C'est la ma
rieuses découvertes. Je lui dois donc une vive tière de cet article.
reconnaissance. La suite de mes recherches sur l'art ju
Du moment où il me fut démontré que j'a- daïque se trouvera aux mots suivants :
vais en quantité des débris réellement judaï JosUÉ, pour l'époque qui suit immédia
ques à interroger, je commençai à voir s'o- tement Moïse. (Voy. JosUÉ.)
blitérer petit à petit dans ma pensée le mal JUGEs, pour le temps qui s'écoula depuis
heureux axiome sur la foi duquel j'avais vécu Josué jusqu'à Samuel. (Voy. JUGES.)
jusque-là, dans l'intime conviction que la
nation juive n'avait jamais cultivé les arts, et SAMUEL pour le temps qui précède David
qu'elle avait passé sans laisser de traces de et Salomon. (Voy. †
sa vie de nation concrète. Et puis les notes RoIs et PARALIPoMÈNEs, pour le règne de
et les croquis s'accumulant dans mon porte David, de Salomon et de ses successeurs.
feuille, j'arrivai, de la même manière qu'un (Voy. RoIs et PARALIPoMÈNEs.)
enfant apprend à connaître enfin toutes les PRoPHÈTEs, pour le temps où vécurent les
lettres de l'alphabet , à acquérir la certi rophètes et le retour de la captivité. ( Voy.
tude, preuves en main, que non-seulement RoPHÈTEs.)
l'axiome en question était faux, mais que la
mation judaïque avait # les arts à un MACHABÉEs, pour l'époque de la restaura
tion faite par les Ammonéens. ( Voy. MACHA
tfès-haut degré de perfection. C'est ce que BÉEs.)
je vais m'efforcer d'établir en rassemblant
assez de faits probants, je l'espère, pour que PRINCEs IDUMÉENs. pour le règne d'Hérode
mes lecteurs en viennent à partager ma con et de ses successeurs jusqu'à la destruction
viction. Je ferai donc l'énumération de tous complète de l'autonomie judaïque. ( Voy.
les monuments judaïques dont il m'a été PRINCEs IDUMÉENs.)
permis d'étudier les restes, et l'on verra Commençons par les livres de Moïse.
très-probablement avec un étonnement que I. — GENÈSE.
† té le premier à ressentir, combien la
La première ville.— Toubal-Kain.— Babel.— Loth.
iste en est grande, et combien surtout elle
est suffisante pour démontrer la valeur de -- Sodome et Gomorrhe. — Les sépultures de
la thèse que j'entreprends aujourd'hui de Kénâan. - Les bijoux de Rébecca. — Les puits
soutenir, en opposition avec tous mes de †
C010.
Judée. — La momification du corps de Ja
vanciers.
Avant de traiter la question au point de Le dépouillement de la Genèse ne nous
vue purement judaïque, il ne m'est pas pos fournit pas de nombreux documents sur les
sible de ne † passer en revue certains arts pratiqués à l'époque des patriarches,
faits primordiaux dont l'ensemble doit me soit par eux-mêmes, soit par les peuplades
servir de départ. J'entends par là les rensei dont ils furent les contemporains. Quelques
gnements, aussi succincts que je pourrai les uns même de ces documents impliquent des
donner, sur les arts des populations abo difficultés dont je dois m'interdire de cher
rigènes que la † judaïque fit passer cher la solution, parce que cette recherche
m'entraînerait infailliblement bien loin du
sous le joug, quand elle ne réussit pas à les
anéantir. cadre que je me suis tracé. Je me contenterai
J'examinerai donc successivement tous les donc d'énumérer les renseignements que je
faits artistiques que nous fournit l'Ecriture rencontrerai,
immédiates.
et d'en tirer les conséquences
sainte, dans les livres relatifs aux temps qui
précédèrent l'établissement définitif d'Israël Nous lisons dans la Genèse (Iv, 17) que
sur la rive droite du Jourdain.Je passerai Kaïn, fils aîné d'Adam , bâtit une ville à
ensuite en revue les documents de même laquelle il donna le nom de son fils Henouk.
nature que me fourniront les livres de Josué, De quelque nature, de quelque étendue qu'ait
des Juges et de Samuel; puis je m'occuperai été cette ville, il n'en résulte pas moins de la
de l'époque comprise entre l'installation à teneur du verset en question, lorsqu'il est
Jérusalem de la dynastie de David et la cap ris à la lettre, que dès la seconde génération
tivité des soixante-dix années. a race humaine construisit des demeures
J'aurai ensuite à parler de la reconstruc groupées de façon à présenter l'aspect d'une
tion du temple opérée par les Juifs de Baby † et dont § reçut un nom parti
lone, avec § des rois achemé CUlIl0I'.

nides. J'arriverai enfin aux temps des dy Le sixième descendant du premier homme
nasties asmonéenne et hérodienne, qui me est Lamek. Celui-ci eut deux femmes, nom
conduiront jùsqu'à la destruction définitive mées Ada et Tzila. De la première naquit
de la nationalité judaïque. Yabal, père des pasteurs vivant sous la tente,
Ce travail me fournira une série d'articles et § qui fut le premier de ceux qui
que j'ai divisés en autant de parties qu'il y a jouerent du psaltérion et de la cit'hare. J'a
87 ART DICTIONNAIRE ART 88

dopte ici la traduction des Septante, parce loppement opéré déjà depuis bien des siè
que les deux noms hébraïques des instru · cles (xII). Incontestablement , le patriarche
ments désignés ne nous apprennent rien sur dut s'initier le plus possible aux arts qui lui
leur nature. Quoi qu'il en soit, il résulte claire étaient essentiellement utiles, même dans la
ment de la teneur de ce verset (Iv, 21 ), qu'à vie nomade.
la sixième génération la race humaine avait. Du vivant de ce patriarche (xIv) eut lieu
déjà conçu la création des instruments de la guerre des quatre rois du Nord : Amraphel,
Imusique. Ariouk, Kadir-le-Eumr, et Tedâal, contre
De Tzila naquit Toubal-Kain, qui travailla les rois de la Pentapole : Berâa, de Sodome ;
Bersâa, de Gomorrhe ; Chenab, d'Adamah ;
tout instrument de cuivre et de fer (Iv, 22).
La portée de cette assertion biblique est Semaber, de Seboïm, et le roi de Belâa ou
énorme. On comprend en effet tout ce qu'il a Zouâr. La Pentapole fut assujettie et soumise
fallu d'intelligence, développée et éclairée par à payer un tribut; pendant douze années rien
ne fut changé dans son état, mais à la trei
l expérience, pour arriver à la réduction du zième elle se révolta. Une bataille eut lieu
fer
#etdes
du instruments
cuivre. L'énoncé de ce simple fait
de fer et de cuivre ont dans la vallée de Sedim (des champs); les
té fabriqués par Toubal-Kaïn, entraîne for rois de la Pentapole furent battus, et leurs
cément, rigoureusement avec lui la conviction villes furent pillées par les vainqueurs. Loth
que ce Toubal-Kaïn, ou, si on l'aime mieux, avait été fait prisonnier et enlevé de Sodome ;
la race que représente ce personnage bibli Abraham, à la nouvelle du malheur qui frap
que, possédait une instruction industrielle pait son parent, prit les armes avec tous les
qui ne peut exister qu'avec le concours simul siens, au nombre de trois cent dix-huit, et
tané de l'art et de la science la plus précise. suivit l'ennemi jusque auprès de Dan, c'est-à-
dire jusqu'aux sources du Jourdain ;, là il
Lorsque après le déluge les descendants de l'atteignit; pendant la nuit il l'attaqua, le mit
Noé voulurent construire la tour de Babel,
Voyons, se dirent-ils, faisons des briques et
en déroute et le poursuivit † près de
Damas : Loth fut délivré, et le butin enlevé
cuisons-les au ſ# La brique leur servit de
dans la Pentapole fut repris. Au retour d'A-
ierre, et l'argile leur servit de mortier (xI, braham, le roi de Sodome vint au-devant de
3). L'idée de se servir de briques cuites au lui pour lui rendre des actions de grâces.
feu, que l'on relie avec du mortier, est encore Leur entrevue eut lieu dans la vallée de
une de ces idées complexes qui impliquent Souah, qui est la vallée Royale (celle-ci n'est
un art singulièrement développé. Il s'agit en que la vallée de Josaphat). Maleki-Seddik,
effet de suppléer au manque de † peut roi de Salem (Jérusalem), y assista et fit
être aussi de s'affranchir du poids des maté apporter du pain et du vin. Maleki-Seddik
riaux à employer, poids qui, s'il entre pour était prêtre du Dieu suprême, et il bénit
beaucoup dans la stabilité des constructions, Abraham. Ce passage est extrêmement cu
présente le grave inconvénient d'en pouvoir rieux, en ce qu'il nous prouve que le pays de
amener l'écrasement. Que faire alors? com Kénâan était déjà couvert de villes à cette
ment résoudre ce double problème? Exacte époque reculée, mais de villes qui apparte
ment comme il est résolu de nos jours, dans naient chacune à un scheikh ou à un malek
les pays comme la Hollande, par exemple, particulier.
où la pierre de taille fait complétement dé La Genèse (xIx ) nous raconte ensuite la
faut. Tout le monde comprendra, je le crois, catastrophe de la Pentapole; je ne reprodui
que l'emploi de la brique et du mortier, avec rai pas ici le récit de cet événement, que j'ai
tous les procédés nécessaires de moulage et très-longuement discuté ailleurs, et je me
de cuisson, nécessite la préexistence d'un bornerai à mentionner quelques circons
art qui sait depuis longtemps discuter et tances qui, de loin il est vrai, se rattachent
inVenter.
au sujet que je traite. Lorsque les anges se
† Abraham quitta la Mésopotamie † devant Sodome, Loth était assis
pour aller se fixer dans la contrée qui devait la porte de la ville. Cette expression semble
devenir la terre de sa postérité, cette contrée prouver que Sodome avait une enceinte et
était occupée † les Kénâanéens. Le pa une porte, et cependant l'inspection des
triarche vint dresser ses tentes auprès de vastes ruines de la ville maudite m'a paru
l'une de leurs villes, Sikem, qui était située démontrer qu'elle était complétement ou
dans le pays le plus riant. Il y bâtit un autel verte. Au reste, l'expression dont se sert
à Jéhovah (xII, 6, 7). Il en bâtit un autre, peu l'écrivain sacré est sâar, qui signifie au pro
de temps après, lorsqu'il eut transporté son pre fente, et par extension, une sorte de forum
camp près de Louzah, qui fut plus tard nom ou d'emplacement où se tenaient les assem
mée Beit-El (xII, 8). Abraham bâtissait donc blées.Aussi au verset 8, où il est dit que Loth
des autels en l'honneur de l'Eternel ; la sortit de sa maison pour haranguer le peuple,
construction d'un autel implique encore for et ferma la porte derrière lui, le mot employé
cément l'idée d'un art quelconque ; mais cette est-il tout différent ; c'est le mot daleth, qui
fois le fait est si vaguement énoncé, que nous signifie à la lettre : porte qui ferme l'entrée
ne pouvons rien en déduire de positif. d'une maison. Les maisons de Sodome
Pendant une famine Abraham dut chercher avaient donc des portes tournantes qui se
un refuge en Egypte, où il trouva, avec fermaient et s'ouvraient à volonté. Loth se
l'abondance, les plus merveilleux exemples plaint de ce que ses concitoyens veulent
du développement de tous les arts, déve maltraiter des hommes qui sont venus à
89 ART DES ANTIQUlTES BlBLlQUES. ART 9)

l'ombre de son toit (littéralement, de sa char rir quelques notions précises sur ſa nature
pente, de sa poutre); concluons-en encore des édifices qui constituaient la ville. Ainsi
que les maisons de Sodome avaient des toits j'ai levé avec soin le plan d'une vaste cons
en charpente. truction placée à la pointe sud de Gomorrhe
Ainsi que je l'ai dit tout à l'heure, j'ai vu, auprès de l'Ayn-Fechkhah (c'est, celle qui
de mes yeux vu, et tous mes compagnons de porte spécialement le nom de Kharbet-el
voyage ont vu avec moi, les décombres im Iahoud). Voyez la description que j'en donne
article GoMoRRHE.
menses des deux villes maudites, Sodome et
Gomorrhe. Comme je n'ai fait que longer Je n'essayerai pas de deviner quelle a été
l'emplacement de la première de ces deux la destination de cette bizarre constructiOn,
villes, je ne puis en dire qu'une seule chose, arce que je veux avant tout ne pas mettre
c'est qu'elle n'offre maintenant que des amas e pied sur le terrain dangereux des hypo
de décombres méconnaissables, parmi les thèses.
† j'ai reconnu bon nombre d'arasements A deux kilomètres environ au nord de cette
e murailles en grosses pierres non taillées. ruine, la route que j'ai suivie coupe un fossé
A une centaine de mètres à l'est des décom de clôture très-apparent et très-reconnais
bres et au bord même de la mer Morte, qui sable, qui a cinq mètres de largeur. Il se
en ce point ne présente qu'un immense bas retourne brusquement en se dirigeant au
fond qui a pris la place d'une partie de la nord-est, et cette branche est revêtue de
vallée de Sedim, est un amas de grosses murs en pierres non taillées. A douze cents
pierres rongées par le temps, et qui semblent mètres plus loin, un mur très-long forme la
avoir constitué jadis une espèce de tour continuation du fossé d'enceinte que je viens
ronde, dont les ruines se nomment aujour de signaler; à deux mille cinq cents mètres
d'hui Redjom-el-Mezorhel (le monceau de plus loin, on longe une allée de pierres, for
décoInbres). Peut-être fut-ce une sorte d'ou mée, comme celles de Karnac, de blocs bruts
vrage avancé servant à la défense de la ville, fichés en terre. Enfin, après avoir encore
mais je ne voudrais pas l'aſfirmer. Les décom parcouru un kilomètre, le chemin suit préci
bres de Sodome, que les Arabes du pays sément une portion bien conservée de l'allée
nomment Kharbet-Esdoum (les ruines de en pierres. A trois cents mètres au delà, les
Sodome), occupent tout le flanc septentrional ruines disparaissent, et l'on est arrivé à la
de la montagne de sel ( Djebel-el-Meleh ou limite des constructions qui ont fait partie
Djebel-Esdoum), et le soulèvement de cette de Gomorrhe. Le fossé et le mur de clôture
montagne de sel, s'opérant en même temps dont j'ai reconnu les traces formaient évidem
que le niveau de la vallée de Sédim s'abais ment l'enceinte de la ville proprement dite.
sait de quelques mètres, de façon à permet Tous les décombres qui se trouvent en deçà
tre aux flots du lac Asphaltite de l'envahir et au delà appartenaient à des suburbia.
† toujours, rend parfaitement compte de Quant à la nature des constructions,. elle est
â destruction instantanée de la ville. Il ne de la plus complète barbarie; je n'ai pas pu,
faut donc voir iei que les effets d'un phéno 8Ul † de ces ruines immenses, apercevoir
mène volcanique dont la colère céleste se une seule pierre taillée, un seul tesson de
servit pour exercer.sa terrible vengeance. poterie; mais je ne doute pas que des recher
Si je ne puis rien dire de plus précis sur ches patientes, faites sur place, en s'aidant
les ruines de Sodome et sur la nature des même de quelques fouilles, ne missent au
constructions de cette ville, aux restes de jour des fragments appartenant à l'époque où
laquelle Strabon donne soixante stades de la Pentapole fut renversée.
circonférence, je serai plus heureux en par Un îlot placé à la pointe de la mer Morte,
lant de Gomorrhe, dont j'ai reconnu les ruines et séparé de la rive par un bas-fond que nous
sur une longueur de près de six kilomètres, avons traversé à cheval, est couvert de décom
vers l'extrémité septentrionale de la rive bres analogues. Cet îlot se nomme chez les
ouest du lac Asphaltite, et à trois lieues envi Arabes Redjom-Louth (le monceau de Loth) ;
ron d'Er-Riha ou Jéricho; ces ruines com à l'époque des basses eaux il doit laisser voir
mencent au sud de l Ayn-Fechkhah, et elles une plus grande étendue de terrain couvert
rtent différents noms, tels que Kharbet-el de ruines, et je présume que c'est l'existence
ahoud, Kharbet-Fechkhah, et enfin Kharbet de cet îlot qui aura donné lieu à la tradition
Oumran ou Goumran. On m'a contesté l'iden recueillie et répétée pa° tant de voyageurs,
tité de ces ruines immenses avec celles de la touchant les ruines des villes maudites, que
Gomorrhe biblique, et à cela j'ai répondu l'on peut apercevoir sous l'eau et qui quel
que j'attendrais, pour changer d'avis, que quefois se montrent à sec.
l'on voulût bien me dire quelle peut être la Quoi qu'il en soit, l'examen des ruines de
ville postérieure à Gomorrhe, placée au bord Gomorrhe et de Sodome nous démontre qu'à
de la mer Morte, ayant une étendue aussi l'époque d'Abraham de très-grandes villes,
considérable et portant précisément le nom construites comme le sont encore les viHes
de Oumran ou de Goumran. J'attends tou de l'Orient, c'est-à-dire en matériaux bruts et
jours la réponse, et je suppose que je l'atten de petite dimension, existaient dans la terre
drai longtemps encore. de Kénâan. Parmi les maisons ou plutôt
Comme j'ai campé au milieu de ces ruines, les cabanes qui constituaient les villes, se
que j'ai d'ailleurs traversées dans toute leur voyaient parfois des édifices comportant des
longueur, j'ai pu les étudier à loisir et acqué murs en blocs très-considérables, mais non
91 AlRT DlCT10NNAIRE ART 92

teillés et assez semblables aux murs que les etit bouton d'or garni d'une pierre qui est
srchéologues nomment cyclopéens. réquemment une turquoise; ce bouton, du
Poursuivons maintenant notre recherche reste, a la taille d'un petit bouton de chemise
dans la Genèse. Au chapitre xxII, verset 6, tel que nous les portons. -

nous lisons qu'Abraham, au moment où il Le même chapitre (verset 53) parle encore
allait sacrifier son fils Isaac par l'ordre de d'objets d'or et d'argent et de vêtements que
l'Eternel, avait donné à porter à l'enfant le le serviteur d'Abraham offrit à Rébecca. Le
couteau qui devait servir à l'égorger. De quel mot keli dont il se sert a la signification la
métal était ce couteau? l'Ecriture ne le dit plus vague quant à la nature de ces objets,
pas, mais peu importe. Ce que nous savons puisqu'il veut dire à la lettre des objets finis,
de Toubal Kaïn nous laisse le choix entre le
fer et le cuivre.
# aussi les lexiques donnent-ils au mot
eli les sens multiples de meubles, de vase,
Lorsque Sara mourut à Hébron, Abraham, vêtement, instrument de musique , armes.
ui était nouveau venu dans le pays, deman Contentons-nous de tirer de ce passage l'en
a aux fils de Khet, c'est-à-dire aux habitants, seignement précis que nous lui devons, à sa
qu'ils lui fissent la cession d'un sépulcre où il voir, qu'Abraham envoyait en présent à sa
pût déposer le corps de sa femme : Aucun de future belle-fille des bijoux bien travaillés
nous, lui répondirent-ils, ne te refusera son d'or et d'argent, et des étoffes probablement
sépulcre pour enterrer ton mort (xxIII, 6). précieuses. Donc, il y avait alors en Kénâan
Abraham insista pour qu'un caveau lui fût des artistes capables de les fabriquer, et cela
concédé en toute † et il acheta au me suffit quant à présent.
prix de 400 sicles d'argent, ayant cours chez Les chapitres xxvI et xxIx de la Genèse
ſe marchand, le champ qui contenait le ca nous parlent de puits taillés dans le rocher,
veau nommé makfelah (le caveau double). et dont l'orifice était fermé par de lourdes
L'un et l'autre restèrent à Abraham comme pierres qu'il fallait écarter afin de puiser l'eau
une propriété sépulcrale venant des fils de dont on avait besoin pour abreuver les bes
Khet (16-18). De ce curieux passage il résulte tiaux. J'ai souvent rencontré des puits anti
incontestablement que les Kénâanéens avaient ques de ce genre dans la Judée; mais les plus
la coutume de se creuser de leur vivant des remarquables que j'aie vus sont ceux qui se
grottes sépulcrales dans les rochers, pour eux trouvent sur le flanc droit du Merdj-es-Sabal,
et pour les leurs. Ce mode d'inhumation fut à environ deux lieues de Kafr-Kenna, sur la
adopté, ainsi que nous le verrons plus tard, rOute de Nazareth à Tibériade. Ce sont de
par les Juifs devenus les maîtres du pays. Il très-grandes citernes, ayant un orifice qua
est même fort possible qu'ils aient chassé les drangulaire à rebord, destiné à recevoir un
Kénâanéens de leurs sépulcres pour se les couvercle qui s'y encastrait; d'autres puits ou
approprier à eux-mêmes. C'est là une ques Orifices de citernes sont ronds et à fleur du
tion que nous examinerons plus tard. roc. On voit de beaux exemples de ceux-ci
L'entrevue du serviteur d'Abraham et de aux Biar-Daoud près le Beit-Lehm et dans les
Rébecca (xxIv) nous révèle des faits artisti environs de Hébron. Quelquefois, des auges
ques assez importants à noter.Ainsi (y 22) la SOnt creusées dans le roc même ;d'autres fois,
jeune fille reçoit en présent un ornement de ce sont des cuves de sarcophages antiques
nez pesant un demi-sicle, deux bracelets pe qui servent d'auges, comme à Nazareth, à Er
sant dix sicles, et ces bijoux sont en or. Il reyneh, à Kafr-Kenna, à Zerayn, l'ancienne
existait donc déjà dans le pays de Kénâan, à Jezraël, et en une foule d'autres lieux.
l'époque où vécut Abraham, des bijoutiers Nous voici encore en face d'un passage ex
assez habiles pour forger des bracelets et des trêmement curieux. Lorsque Jacob partit fur
ornements de nez. Quelques mots à propos tivement avec ses deux femmes de chez La
de ceux-ci. Les Septante ont traduit le mot ban, son beau-père, Rachel déroba les idoles
nezem, † est le nom du bijou en question, de son père (xxxI, 19). Celui-ci courut après
par pendant d'oreille. Le verset 47 du même les fugitifs, et quand il les eut rejoints, il dit
chapitre eût dû les prémunir contre un pareil à Jacob : Pourquoi as-tu agi ainsi ? Je t'aurais
contre-sens, puisque dans ce verset le servi renvoyé avec joie, avec des chants, au son du
teur d'Abraham raconte à Bethouel, père de tympanon (touf) et de la cithare (kenour) (27).
Rébecca, et à Laban son frère, qu'il a mis un Pourquoi m'as-tu encore dérobé mes dieux ?
nezem au nez de la jeune fille et des bracelets † Jacob se disculpa, et autorisa , Laban à
à ses mains.Je conçois du reste que ceux qui ouiller dans ses bagages. Rachel, alors, prit
ne connaissent, en fait de modes féminines, les idoles, et les ayant mises dans le bât d'un
que celles de nos pays, aient été fort empê chameau, elle s'assit dessus, et prétexta une
chés de comprendre ce que peut être un or indisposition pour ne pas se lever devant son
nement de nez ; aussi les plus avisés, comme père (34-35). Laban ne retrouva donc pas les
Cahen par exemple, ont-ils traduit nezem par idoles que sa fille lui avait enlevées, et il fit
boucle, en supposant qu'on se passait un an définitivement alliance avec son gendre. Un
neau dans une narine, comme on se passe monceau de pierres fut érigé en mémoire de
des anneaux en pendants d'oreille. Il suffit cet événement; et Jacob, qui était né dans le
d'avoir vu les femmes du peuple à Damas et pays de Kénâan, lui donna le nom de Djel
dans les villages environnants, pour compren Aad (monceau témoin), tandis que Laban, qui
dre à merveille ce dont il s'agit; car toutes à était de la Mésopotamie, l'appela en chaldéen
peu près portent incrusté dans une narine un Idjer-si-Hedouta (le monument du témoigna
95 ART DES ANTIQUITES BIBLIQUES. ART 94

ge). Il # avait donc, dès lors, une différence † de plus que tous portaient des cannes
entre les idiomes hébraïque et chaldaïque. têtes ciselées. Le cachet était appendu au
Lorsque Jacob fut de retour à Beit-El et collier. lehouda, fils de Jacob, établi dans le
s'y fut établi, après le pillage de Sikem par † de Kénâan, y avait donc conservé les
abitudes des Chaldéens.
ses fils, il bâtit un autel à Jéhovah. Avant de
quitter Sikem, il s'était fait remettre par ceux Je n'ai plus à sigpaler qu'un seul fait que
qui étaient à son service tous les dieux étran me fournit la Genèse, c'est celui de la momi
gers qu'ils avaient ap ortés avec eux, ainsi fication de Jacob, après sa mort arrivée en
que les anneaux qu'ils avaient aux oreilles Egypte, auprès de son fils Joseph, qui y était
† 4). Pour nous rendre compte de ce devenu tout-puissant (L, 3) : Quarante jours se
ait, ne perdons pas de vue que tous les ser passèrent ainsi, car autant de jours étaient
viteurs de Jacob avaient été pris par lui en employés par les embaumeurs, et les Egyptiens
Mésopotamie, et que, puisque son beau-père le pleurèrent soixante-dix jours. Hérodote,
Laban était païen, il devait en être de même
de tous les habitants du pays au milieu du qui décrit les opérations de l'embaumement
et les cérémonies funéraires pratiquées en
quel il vivait. Il n'est plus aussi facile de s'ex Egypte, les fait durer soixante-dix jours. Pro
pliquer pourquoi Jacob se fit également re bablement, il y avait encore de son temps,
mettre les boucles d'oreilles de ses serviteurs, comme au temps de Jacob, quarante jours
à moins que celles-ci n'aient eu quelques ſi pour l'embaumement et trente jours de dcuil
gures, quelques ornements relatifs au culte de plus, avant que la momie fût descendue
chaldéen. Le tout fut enterré au pied d'un dans le sépulcre qui lui était destiné Quoi
chêne, près de Sikem. qu'il en soit, il est certain que le corps de Ja
De ceci, nous ne pouvons rien conclure cob fut momifié suivant la mode égyptienne,
pour ce qu'étaient les arts pratiqués dans le et porté ensuite au caveau de Makfelah, près
pays de Kénâan, mais bien pour ce qu'ils de Hébron.
étaient en Mésopotamie. Chacun y avait ses Joseph mourut en Egypte à l'âge de cent
idoles portatives, et les hommes portaient des dix ans. On l'embauma et on le mit dans un
endants d'oreilles. Ce dernier détail est par cercueil en Misraim. Nous savons §
le corps
aitement d'accord avec ce que nous montrent de Joseph fut plus tard transporté dans le pays
tous les monuments de la sculpture assyrien de Kénâan. J'ai noté ces deux exemples cer
ne. Les boucles d'oreilles que portent les tains de momification pratiquée sur des corps
personnages ont toutes des figures d'ani de patriarches, parce que, plus tard, nous
maux; et il n'en fallait pas plus pour que de aurons à rendre compte de certains détails re
semblables ornements fussent en horreur aux
latifs aux inhumations judaïques.
patriarches, si déjà le germe de la loi mosaïque Je ne crois pas avoir laissé échapper un seul
était dans leur cœur et dans leur esprit. des passages de la Genèse dans lesquels, de
Nous allons encore reconnaître une trace près ou de loin, il soit question d'un fait se
de l'influence assyrienne, ou pour parler plus rattachant aux arts manuels ou aux sciences.
exactement, chaldéenne, dans un fait que Ma moisson a été bien pauvre, sans doute,
nous révèle le chapitre xxxvIII de la Genèse. mais elle suffit néanmoins pour établir l'exis
Iehouda (Juda), fils de Jacob, avait donné Ta tence des arts dans le pays de Kénâan, fort
mar pour femme à son fils aîné Aâr; celui-ci longtemps avant la venue du peuple d'Israël
étant mort, Onan, frère puîné d'Aâr, fut obligé au sortir de l'Egypte. Nous allons maintenant
d'épouser sa belle-sœur, et, par parenthèse, poursuivre notre examen des Livres saints, et
ceci est un nouvel indice frappant de la pré nous nous contenterons, après le dépouille
existence de la loi dont Moïse ne fut que le ment artistique de la Genèse, de constater que
rédacteur fort longtemps après. Onan mourut le pays de Kénôan, à l'époque des patriarches,
à son tour, et lehouda dit à sa belle-fille : était placé entre deux contrées où les arts
Reste veuve dans la maison de ton père jusqu'à étaient déjà développés d'une manière ex
ce que Schela, mon fils, soit grand (xxxvIII, traordinaire; c'est à savoir : au nord, la Mé
11). Quand ce temps fut venu, le mariage de sopotamie, et au sud, l'Egypte. Bien donc que
Schela avec Tamar ne s'effectuant point, celle nous n'en ayons que des demi-preuves obte
ci se voila, se fit passer pour une prostituée, nues par induction, nous pouvons, je crois,
et parvint à entraîner son beau-père Iehouda, admettre que la double influence des arts
auquel elle demanda, comme gage du salaire chaldéen et égyptien devait s'exercer sur la
qu'il lui promettait, son cachet, son collier et race kénâanéenne, quelque sauvage qu'elle
son bâton. Les Septante traduisent le mot ſa fût, et à tout le moins en ce qui concernait
til par collier, et ils ont probablement raison. les arts utiles à la vie.
Quant au cachet (khatem), il n'y a pas de Jusqu'ici nous n'avons absolument rien dit
doute possible sur le sens de ce mot. Il s'a- de l'art phénicien, qui vivait de sa vie propre,
gissait très-certainement de l'un de ces ca parce que la Genèse ne nous a fourni aucun
chets ou cylindres gravés (4) que les Chaldéens document relatif à ce pays et que je ne veux
portaient au cou, et dont Hérodote nous dit procéder que les saintes Ecritures à la main,
que chaque homme avait le sien, en nous ap c'est-à-dire interroger ces Ecritures, en sui
(4) Cela est si vrai que l'on connaît des cylindres sc lit tres-couramment : Khatem (cachet) de N..
assyriens qui, en outre de leur légende assyrienne, fils dc N.
portent une légende en caractères phéniciens, qui
95 ART DlCTIONNAlRE ART 96

vant un ordre scrupuleusement chronolo d'une extreme simplicité. Un autel de terre»


gique. d'abord; puis, si on lui bâtit un autel de pier
Nous allons donc passer maintenant à res, il veut qu'il soit composé de pierres bru
l'Exode. tes et que le ciseau n'aura pas touchées. L'em
II. — ExoDE. · ploi dû ciseau et la taille des pierres étaient
donc parfaitement connus des Israélites à leur
Prohibition des images et des idoles par la loi sortie d'Egypte. Nul doute aujourd'hui pour
juive.— Influence artistique des Egyptiens. -Les personne sur ce fait que les Egyptiens, au
keroubim ou chérubins. - Le chandelier à sept moment du départ des Israélites, étaient en
branches. — Le tabernacle. - Beslal et Ahaliab.
— Le veau d'or.
possession, depuis une longue suite de siècles,
de méthodes artistiques qui avaient produit
Il faut poursuivre la lecture de l'Exode jus et qui produisaient éncore des merveilles, Où
qu'au vingtième chapitre pour trouver le pre en étaient les nations dont le territoire allait
mier document artistique que ce livre nous être envahi par la postérité d'Abraham et de
ait conservé. Lorsque Moïse eut reçu les or Jacob ? c'est ce que l'Exode va nous appren
dres de Dieu sur le Sinaï, il redescendit au dre de la manière la pº précise. Dieu, par
près du peuple et lui transmit les préceptes lant à Moïse, lui dit (# (xxIII, 23) : Lorsqe ^
qui lui avaient été dictés; le premier fut le mon ange marchera devant toi et t'amènera
suivant(xx): 3. Tu n'auras point d'autres dieux auprès de l'Amori, du Kheti, du Ferezi, du
devant ma face. — 4. Tu ne feras point d'i- Kénâani, du Haoui et du Yeboussi, que j'ex
mage sculptée; aucune image, soit de ce qui terminerai, — 24. tu ne te prosterneras pas
est en haut, au ciel, soit de ce qui est en bas, devant leurs dieux, tu ne les serviras pas, et
sur la terre, ni de ce qui est dans les eaux, tu ne feras pas leurs actions; détruis-les plu
sous la terre. — 5. Tu ne te prosterneras pas tôt, et brise entièrement leurs statues.
devant elles ; tu ne les serviras pas, etc. Les Israélites étaient donc placés dans le
Cette prohibition de l'Eternel fut, à très désert entre un peuple florissant placé au sud,
peu d'infractions près, observée par les Juifs les Egyptiens, qui avaient des arts extrême
dans la suite des siècles, et c'est à elle qu'il ment développés, et entre plusieurs autres
faut imputer l'oubli absolu dans lequel l'art peuples placés au nord, qui rendaient un
judaïque est resté jusqu'ici, dans tous les tra culte à des statues de dieux imaginaires,
vaux destinés à tracer l'histoire de l'art en gé mais enfin à des statues qu'ils savaient sculp
néral parmi les différentes races humaines. ter. Est-il possible que dans de semblables
Nous verrons toutefois, en avançant dans no conditions de position, les Israélites aient
tre étude artistique des Livres saints, que systématiquement repoussé l'invasion parmi
quelques infractions, déjà signalées tout à eux de toute espèce de formule artistique? Je
l'heure, ont été commises par l'ordre même soutiens hardiment que non, et d'autant plus
de Jéhovah, par Moïse d'abord et par Salomon hardiment que sur ce point, ainsi que nous
ensuite. Il en résulterait, ce me semble, que allons le voir, les textes sacrés eux-mêmes
l'interdiction prononcée par Dieu sur le Sinaï me donnent complétement raison.
ne concernait en réalité que les images aux Au chapitre xxv commence une série d'or
quelles un culte serait adressé, et que c'est dres divins qui nous fournissent des rensei
par une généralisation exagérée que la loi gnements tout à fait péremptoires. Je vais les
juive a fini par condamner et interdire la re grouper, et la conclusion forcée qui en dé
production de tous les êtres animés. coulera d'elle-même, c'est que parmi les Is
Au verset 23 du même chapitre commen raélites, au moment même où ils étaient réunis
cent certaines injonctions dont nous devons au pied du mont Sinaï, après leur sortie d'E-
encore tirer parti. C'est toujours l'Eternel qui gypte, les arts étaient précisément à la hau
parle à Moïse et qui lui dit : 23. Vous ne vous teur des arts de leurs anciens maîtres. Voyons
ferez ni dieux d'argent, ni dieux d'or. — 24. donc ce que Jéhovah † à Moïse, lors
C'est un autel de terre que tu me feras. - 25. qu'il lui enseigna tous les détails du culte qu'il
Si tu me fais un autel de pierres, ne les dispose exigeait de son peuple : 2-7. Chacun des en
pas taillées; car si tu levais le ciseau dessus, fants d'Israël doit fournir volontairement,
tu le profanerais. - 26. Tu ne monteras point pour la construction de l'arche et du taberna
à mon autel par des gradins, pour que ta nu cle, de l'or, de l'argent et du cuivre, de la laine
dité n'y soit pas découverte, bleue, pourpre et cramoisie; du fil de lin et
L'interdiction de faire des idoles d'or et des poils de chèvre, des peaux de bélier teintes
d'argent, ne † avoir de sens pour le en rouge, et enfin des pierres précieuses pro
peuple auquel elle s'adressait, qu'à la condi pres à être enchâssées. Vient alors la descrip
tion qu'il était en état de se faire ces idoles tion de l'arche : 10. Ce sera une caisse de bois
d'or et d'argent, et qu'il pouvait être tenté - de Sethim, de deux coudées et demie de lon
quelque jour de l'essayer. Les idoles de ce gueur, d'une coudée et demie de largeur, et
genre avaient été perpétuellement sous les d'une coudée et demie de hauteur : elle sera
yeux des Juifs, pendant leur séjour prolongé couverte d'or pur en dedans et en dehors, et
en Egypte; ce n'était donc pas une création elle sera garnie d'un couronnement d'or alen
subite et spontanée d'idoles métalliques, mais tour; quatre anneaux d'or placés aux quatre
bien une imitation assez naturelle, que l'Eter angles et sur les côtés, seront destinés à rece
nel entendait défendre. voir des barres de support en bois et couvertes
On le voit, le culte que Jéhovah fonde est d'or, qui y resteront à poste fixe. Un couvercle
(5) La même défense est formulée de nouveau au chapitre xxxIv, verset 15 et suivants.
97 ART DES ANTIQUITES BIBLIQU ES. ART 98

d'or pur fermera la caisse. Voici maintenant en face de son frère. Voici donc un point
ce que sera ce couvercle : —18. Tu feras deux déjà hors de doute, je crois, c'est que les ke
keroubim (chérubins) d'or, tu les feras au †" avaient un visage d'homme et des
marteau, repoussés des deux bouts du couver 8lll0S.
cle. — 20. Lcs deux keroubim étendront les Poursuivant notre recherche dans le second
ailes en haut, couvrant de leurs ailes le cou Livre de Samuel (xxII , 11), nous lisons :
vercle, les faces tournées l'une vers l'autre ; Monté sur un keroub, il (Jéhovah) prit son
les faces des keroubim seront vers le cou vol, et partit sur les ailes du vent. Cette ima
vercle. ge, quelque poétique qu'elle soit, ne laisse
Des passages queje viens de rapporter ré pas moins deviner que le keroub avait un corps
sulte d'abord indubitablement qu'il y avait de quadrupède, puisqu'il était analogue à ce
parmi les fils d'Israël des notions très-précises lui d'une monture quelconque.
sur la métallurgie, la filature de la laine, du Dans le debir ou sanctuaire du temple, Salo
lin et du poil de chèvre, la teinture des étoffes mon (II Rois, vI, 23 et suiv.) fit sculpter deux
et des peaux tannées, la taille des pierres keroubim en bois d'olivier, ayant chacun dix
dures, et enfin la sculpture métallique en re coudées de hauteur. Les ailes de ces keroubim
poussé; tout ceci implique très-certainement avaient cinq coudées de longueur, et comme
un art bien avancé, et je ne crains pas de me il y avait dix coudées de l'extrémité d'une
tromper en l'affirmant. Mais ce n'est pas tout aile à l'autre, il s'ensuit que ces ailes étaient
encore : nous déduisons de là une première déployées. Salomon fit placer les keroubim au
infraction réelle à la loi judaïque, généralisée dedans de la chambre du debir, dans le fond,
et étendue dans la suite aux images de tous et leurs ailes furent étendues. L'une d'elles tou
les êtres vivants. La présence des keroubim chait à la muraille, et l'aile du second keroub
que Jéhovah commande de sculpter sur le touchait à la muraille opposée ; leurs ailes se
couvercle.de l'arche, me paraît prouver irré joignirent dans le milieu de la chambre, aile
fragablement que l'interdiction divine, ainsi à aile (27).
que je l'ai dit tout à l'heure, ne portait abso Cette description est bien obscure sans au
lument d'abord que sur les images destinées cun doute, et pourtant il en découle encore
à devenir des idoles, c'est-à-dire à recevoir certaines conséquences forcées. Le keroub
un culte. avait dix coudées de haut et des ailes de cinq
Pouvons-nous deviner ce qu'étaient les ke coudées seulement; il avait donc un corps, et
roubim ou chérubins, c'est-à-dire quelle for par suite les chérubins dont l'image paraît si
me était affectée à la représentation de ces souvent dans les sculptures et les peintures
génies célestes? c'est ce que nous allons exa religieuses, ne sont pas le moins du monde
miner; malheureusement nous ne pourrons des chérubins ; ce sont de petits êtres fantas
constater qu'une seule chose, c'est que le tiques qui devraient disparaître de l'iconogra
vaste champ des hypothèses restera toujours phie chrétienne.
ouvert, et qu'on ne pourra jamais faire que Le même Livre des Rois (II, vIII, 6 et 7) nous
des hypothèses sur le compte des keroubim. fournit encore un assez précieux renseigne
Commençons par dire que le nom de keroubim ment. Voici les deux versets en question :
n'est que le pluriel de keroub. En syriaque 6. Les cohenim portèrent l'arche de l'alliance
kerouba signifie fort, puissant; et le sens de de l'Eternel en son lieu, dans le debir, à l'in
ce mot est probablement déduit d'une allusion térieur de la chambre, c'est le Très-Saint, sous
au bœuf, car la racine keraba signifie labou les ailes des keroubim. — 7. Car les keroubim
rer. L'illustre commentateur ROsenmüller étendaient les ailes sur l'endroit où était l'ar
† que Moïse avait pris l'idée de ses kerou che ; les keroubim couvraient l'arche et ses
im dans les sanctuaires égyptiens, où l'image barres par-dessus. De ce nouveau passage il
du lion symbolisait la force et la majesté; résulte clairement que les deux keroubim du
celle du bœuf, la force, la constance et la fer sanctuaire avaient les ailes ouvertes et éten
meté; celle d'un homme, l'humanité, la dou dues, et que l'une d'elles touchant la muraille
ceur; celie d'un aigle, l'énergie et la subli de côté du debir, l'autre aile venait, en rejoi
mité. Ce n'est pas ici le lieu de discuter le plus gnant l'aile opposée de l'autre keroub, former
ou moins de justesse de ces explications des . une espèce de toit sous lequel les cohenim ou
quatre symboles que je viens de citer. Il est prêtres déposaient l'arche d'alliance. -

certain qu'il y a dans ces explications quelque Nous savons de plus que le modèle des
chose de vrai. Interrogeons maintenant les keroubim du sanctuaire avait été remis par
† bibliques dans lesquels il est possi David à son fils Salomon. (I Chroniques,
le d'entrevoir, même à travers l'obscurité de xxvIII, 18.)
la rédaction, quelque trait descriptif des ke Le second Livre des Chroniques (III, 10 et
roubim. suivants) nous fournit encore quelques ren
Les versets 20 et 22 du chapitre xxv de seignements trè•i-précieux. Les voici : 10. Il
l'Exode nous apprennent, ainsi que nous l'a- it dans la chambre du Saint des saints deux
vons vu tout à l'heure , que les keroubim eroubim, ouvrage de sculpture, et on les re
avaient une face et des ailes. De quelle nature vêtit d'or. — 11. Quant aux ailes des kerou
était cette face? très-probablement humaine ; bim, dont la longueur était de vingt coudées,
cela résulte des expressions mêmes qui sont l'aile de l'un, de cinq coudées, # (Ill 77?t17"
employées dans le texte sacré. Leurs visages, de la chambre, et l'autre aile, de cinq coudées,
# dit, seront tournés l'un en face de touchait à l'aile de l'autre keroub. — 12. JEt
'autre; le mot à mot rigoureux est : homme l'aile de l'autre keroub, de cinq coudées, tou
99 AltT · DICTI0NNAIRE ART 100

chait au mur de la chambre, et l'autre aile, de Au chapitre xLI Ezéchiel, décrivant le tem
cinq coudées, était jointe à l'aile de l'autre ke ple qu'il voit de son extase prophétique, s'ex
roub. — 13. Les ailes de ces keroubim, éten prime ainsi : 18. Et chaque keroub avait deux
dues, avaient vingt coudées; ils étaient debout visages : — 19. Un visage d'homme vers la
sur leurs pieds, et leur figure était tournée palme de ce côté, et une face de lion vers la
vers la chambre. -
palme du côté opposé, étaient adaptés tout
Ce dernier verset est extrêmement impor autour du tem p
tant, parce qu'il met hors de doute le fait Nouvelle différence, puisque cette fois les
que les keroubim avaient un corps,puisqu'ils keroubim ont deux faces, l'une d'homme et
se tiennent debout sur les pieds. Quant au l'autre de lion. -

sens dans lequel était tournée leur figure, Tels sont tous les renseignements que nous
puisqu'ils étaient placés au fond du Saint des donne l'Ecriture sainte sur les keroubim ou
saints, l'expression : Leurs visages étaient chérubins. ll me paraît en résulter que ceux
tournés vers la chambre, est parfaitement na qui étaient sculptés dans le Saint des saints,
turelle et juste. au temple de Salomon, avaient une face
Tout le monde a lu la vision étrange du d'homme, un corps de taureau et des ailes.
prophète Ezéchiel (Yehazkel); je vais en ex Il serait difficile de ne pas être surpris de l'é-
traire quelques passages qui concernent les tonnante ressemblance qu'il y a entre ces
keroubim (x) : 5.Et le bruit des ailes des kerou êtres symboliques et les taureaux ailés à face
bim fut cntendu jusqu'à la cour extérieure. humaine que nous ont rendus les ruines de
comme la voix du Dieu puissant lorsqu'il Ninive. Pour ma part, je ne doute pas que les
parle. — 7. Le keroub étendit vers le feu la keroubim des Hébreux n'aient été semblables
main qui était dans l'intervalle des keroubim ; aux taureaux symboliques des Assyriens. Je
il en prit et le donna dans la main de l'homme livre cette hypothèse aux réflexions des ar
vétu de lin, qui le prit et sortit. — 8. On vit chéologues et des personnes qui font une
sur les keroubim la forme d'une main humaine étude sérieuse des saintes Ecritures.
sous leurs ailes. Ce dernier verset prouve im Je ne puis toutefois terminer ce qui regarde
pkcitement que la présence de cette main n'é- les chérubins sans citer les deux seuls passa
tait qu'une vision, et déjà Kimhi, l'illustre ges dans lesquels l'historien des Juifs, Fla
commentateur de la Bible, a tiré cette conclu vius Josèphe, qui était Juif lui-même, parle
sion. Ce passage ne nous apprend donc rien des chérubins. Les voici : « Sur le couvercle
de plus sur la forme des keroubim. étaient deux effigies (rpéa tvroi); les Hébreux
14. Chacun avait quatre faces : la face de les nomment des keroub (xepov6sic); ce sont
l'un était une face de keroub; la face du se des êtres ailés (cº« reti»à), ayant une forme
cond une face d'homme, le troisième avait une telle qu'aucun mortel n'en a jamais vu de
face de lion; et le quatrième une face d'aigle. vivants.Mais Moïse dit en avoir vu de sculptés
Si nous nous rappelons la composition du sur le trône de Dieu. » (Ant. Jud., III, v, 6.)
groupe des quatre êtres symboliques donnée « Dans le sanctuaire, qui avait vingt coudées
au verset 10 du chapitre I" d'Ezéchiel, nous de largeur et vingt coudées de longueur, il
sommes forcément conduits à conclure de la (Salomon) consacra deux keroub entière
teneur du verset 14 que je viens de transcrire, ment revêtus d'or, ayant chacun cinq coudées
que le keroub est un bœuf. En effet, établis de haut (8). Chacun d'eux avait deux ailes
sons le parallélisme : au chapitre I", la hayah étendues d'une longueur de cinq coudées. Il
# vivant) que le prophète voit a quatre les avait placés assez près l'un de l'autre
aces, une d'homme, une de lion, une de pour qu'ils pussent toucher de l'une de leurs
bœufet une d'aigle. Au verset 14 du chapi ailes, le premier, le mur méridional, et le se
tre x,nous voyons citées une face de keroub, cond, le mur septentrional, tandis que leurs
une face d'homme, une de lion et une d'ai deux autres ailes, se rejoignant, couvraient
gle : et de plus, pour † n'y ait pas , de
doute sur l'identité des deux visions, Ezéchiel
l'arche, placée au milieu de l'intervalle qui
séparait les deux keroub.Quant à ce qu'étaient
a soin de dire dans le verset suivant : 15. Les ces keroub, personne ne peut ni le dire,
Xeroubim se levèrcnt ; c'était le hayah (l'étre ni #e le conjecturer. » (Ant. Jud., VIII,
vivant) que j'avais vu près du ſleuve Khabour III, 3.)
(6). Le keroub et le bœuf sont donc identiques On voit que Josèphe n'était pas plus
dans l'esprit du prophète Ezéchiel. Au reste, sûr que nous-mêmes de la forme donnée aux
le hayah et le keroub, identiques pour Ezé keroubim, et qu'il n'avait sur leur compte
chiel ne le sont plus du tout avec les keroubim d'autres renseignements que ceux que nous
placés dans le Saint des saints, puisqu'aux trOuvOns dans la sainte Bible. Je demande au
versets 20 et 21 Ezéchiel ajoute : ... Et je sus lecteur pardon de cette digression un peu lon
que c'étaient des keroubim. -- 21.Chacun avait gue, et je reviens au plus vite à l'analyse artis
quatre faces, et chacun avait quatre ailes et tique de l'Exode.
une forme de main d'homme sous leurs ai-' Après la description de l'arche d'alliance
les (7). vient celle de la table sacrée, qui doit être re
(6) Le fleuve Khabour n'a pas changé de nom. (7) ll est inutile, je pense, de faire remarquer
Ezéchiel a eu sa première vision pendant la capti l'identité qu'il y a entre les faces désignées par le
vité, c'est-à-dire en Assyrie, et nous trouvons le prophète et celle des êtres symbolisant les quatre
Khabour affluent de l'Euphrate qui va se jeter dans évangélistes.
ce fleuve à Karkemich, aujourd'hui Kai kesia ou (8) Nous avons vu que le texte sacrê leur donne
Abou-Psera, Voyez la carte publiée par M. Layard. dix coudées de hauteur, c'est-à-dire le double.
101 ART DES ANTIQUITES.BIBLlQUES. ART 102

vêtue d'or comme l'arche ; puis l'énuméra universel en Syrie, et l'on retrouve dans cha
tion des vases, des cuillers et des tubes de pu que maison la fidèle reproduction des lampes
rification, pour faire les libations : le tout doit sacrées du candélabre # sept branches.
être fait d'or pur, ainsi que le chandelier à Nous rencontrons au chapitre xxvI la des
sept branches, dont voici la description (xxv, cription des étoffes précieuses qui doivent
31 et suiv.): Il sera façonné au marteau; sa être employées à garnir et orner le taber
base, son fût, ses calices, ses pommeaux et ses nacle. Nous allons en parler brièvement
fleurs seront repoussés. Six branches sorti
ront de ses côtés, trois à droite, trois à gau
# en ne notant que les passages indispensa
6S.
che du fût ; chaque branche sera ornée de « Tu feras pour le tabernacle, dit Jéhovah
trois calices en forme d'amande, d'un pommeau à Moïse (xxvI, 1), dix tapis de fin lin tordu,en
et d'une fleur. Le fût lui même aura quatre ca
lices en forme d'amande; ses pommeaux et
fil bleu, rouge et jaune; tu # (parsemés)
de keroubim,entravail d'artiste (de tisserand).
ses fleurs (ce pluriel me paraît incompréhen Il serait difficile de ne pas reconnaître ici un
sible), ses branches seront entées deux à deux échantillon de ces broderies faites à la navette,
sur un pommeau. Enfin, les pommeaux et leurs avec des fils de différentes couleurs, tissées
branches seront repoussés du candélabre, qui avec art, et dont les toiles antiques de mo
sera fait d'une seule pièce d'or pur façonnée mies nous présentent assez fréquemment des
au marteat4. exemples. C'était là le genre de iravail nommé
Commençons par constater que le fait de ar les anciens opus polymitarium. Hérodote
cet accouplement deux par deux des six t. III,cap. xLvII) nous apprend que ce genre
branches extérieures du chandelier sacré, de tissage était très-répandu en Egypte ; il
prouve jusqu'à l'évidence que ce chandelier nous est donc permis de conclure que ſes Hé
avait ses six branches rangées circulairement breux, enquittantce pays, avaientemportéavec
autour du fût, et non comprises dans un seul eux la notion précise d'un art dont Moïse pres
et même plan, ainsi que l'on représente cons crivait immédiatement l'application. On voit
tamment le chandelier à sept branches.Je tout ce qu'entraîne avec lui l'art du tisserand.
ne connais que deux images antiques de ce Pour tisser il faut une machine assez compli
candélabre historique : la première existe sur quée, et pour constuire une machine de ce
l'arc de triomphe de Titus, et la seconde sur enre, il faut une intelligence artistique déjà
une pierre que j'ai retrouvée à Thabarieh. ort développée.
Mais nous devons nous hâter de constater Le verset7 du même chapitre prescrit la fa
que ces deux monuments ne peuvent abso brication de tapis de poil de chèvre destinés
lument nous rappeler que les formes duchan à servir de toit au tabernacle. J'ai déjà cons
delier à sept branches déposé dans le temple taté plus haut le fait, familier aux Hébreux,
d'Hérode, et qu'il n'y a rien d'extraordinaire du tissage en poil de chèvre, aussi bien que
à ce que les prescriptions de l'Exode aient celui de la préparation des peaux de béſier
été modifiées plus tard, peut-être parce qu'el teintes en rouge destinées (suivant le ver
les n'étaient plus très-clairement comprises. set 14) à former le toit de la tente.
Ce †
est certain, c'est que ce candélabre, tel Le verset 31 décrit le voile qui doit former
qu'il est figuré sur l'arc de Titus, ne ressem la séparation entre le Saint et le Saint des
ble pas le moins du monde à celui qui est saints. Il doit être de laine bleue, rouge et
décrit dans l'Exode, et que celui que j'ai re jaune, et de fin lin tordu. Il sera aussi par
trouvé à Thabarieh diffère tout autant de ce semé de figures de keroubim. Le tissage des
lui de l'arc de Titus. étoffes de laine était donc aussi avancé que
Heureusement peu importe la forme rigou celui des étoffes de lin. Enfin le verset †
reusement exacte de cette œuvre d'art, car le décrivant la portière qui doit être suspendue
texte sacré à lui seul suffit | our nous faire à l'entrée de la tente, précise que ce sera un
apprécier tout ce qu'il fallait d'extrême habi ouvrage de brodeur (rakem). Voilà donc une
leté pour construire d'une seule piece et au nouvelle profession artistique dont l'existence
marteau un candélabre pareil à celui qu'il parmi les Israélites nous est révélée.
décrit, et cela nonobstant la ductilité du métal L'autel, dont la description est donnée au
employé. chapitre xxvII, sera de cinq coudées de lon
ous venons de voir comment devait être gueur, de cinq coudées de largeur et de trois
le corps du candélabre. Nous allons passer coudées de hauteur. ll sera en bois, revêtu
maintenant à la description de ses accessoires d'airain. Il portera quatre cornes également
indispensables.Dieu prescrit à Moïse de faire couvertes d'airain, une à chaque coin. Tous
faire aussi les sept lampes du candélabre les ustensiles accessoires, tels que pots pour
(xxv, 37), avec leurs pincettes et leurs , cen enlever les cendres, râcloires, bassins, four
driers d'or pur. Il résulte clairement de ce chettes,encensoirs, etc., etc., seront en airain.
dernier passage que les lampes à construire Enfin, dans la description du parvis, il est
ne faisaient pas corps avec le candélabre qui dit que ses colonnes seront revêtues d'argent
était destiné à les supporter. Il en résulte de (17), et qu'elles auront des bases d'airain
plus que le nom de chandelier à sept bran Nous sommes donc en mesure d'affirmer
ches est un nom parfaitement impropre, que les Hébreux savaient très-bien travailler
puisqu'il devait supporter des lampes brûlant les métaux.
des mèches et que devait alimenter de l'huile Au chapitre xxvIII il est donné une très-lon
(xxvII, 20). Au reste, l'usage des lampes de ce gue description des vêtements sacerdotaux
genre, avec pincettes et cendrier, est encore et des ornements qui en faisaient partie. Les
1)5 AIRT DlCTIONNAlRE ART 10

versets 9 à 11 contiennent la prescription sui dit que Jéhovah a donné à ces deux artistes
vante : Tu prendras deux pierres de Soham le talent d'enseigner. Aussi trouvons-nous au
et tu y graveras les noms des enfants d'Israël, verset 1 du.chapitre suivant (xxxvI) la men
ouvrage de lapidaire, graveur de cachet : tu tion des hommes habiles qui avaient reçu les
les disposeras enchâssées dans des chatons d'or. leçons de ces deux maîtres.
Il y avait donc parmi les enfants d'Israël des Pendant que Moïse était sur le sommet du
lapidaires, des graveurs de cachets et des Sinaï à recevoir les ordres de Jéhovah
joailliers capables de sertir les pierres gravées (xxxII, 1), le peuple s'ameuta contre Aharon ;
dans des chatons d'or. Je passe, pour abréger ils lui dirent : Viens, fais-nous des dieux qui
la description, au pectoral du souverain pon marchent devant nous; car ce Moise, l'homme
tife : ce pectoral devait porter quatre rangs qui nous a fait sortir de la terre d'Egypte,
superposés de trois pierres précieuses, sym nous ne savons ce qui lui est arrivé. - 2.A-
bolisant chacune l'un des fils d'lsraël. Les haron leur répondit : Défaites les anneaux
versets 17, 18, 19 et 20 donnent les noms hé d'or qui sont aux oreilles de vos femmes, de
braiques de ces différentes gemmes, dont l'i- vos fils et de vos filles,, et apportez-les-moi.
dentification est bien diſficile à établir. Mais — 3. Tout le peuple se défit des anneaux d'or
chacune de ces pierres devait porter, en gra qui étaient portés aux oreilles,et ils les appor
vure de cachet, le nom de la tribu ou du tèrent à Aharon. — 4. Il lesprit de leurs mains
fils d'Israël qu'elle représentait dans l'en et les forma en sculpture, et fit un veau en
semble. fonte. Ils dirent : Israèl ! vois tes dieux qui
Le verset 36 du même chapitre xxvIII con t'ont fait monter de la terre d'Egypte; - 5.
tient une particularité nouvelle qu'il importe Et Aharon l'adora, et il bâtit un autel devant
de noter. ll est question du diadème d'or des lui.
tiné au grand prêtre, et sur lequel seront Evidemment ce veau d'or n'était que , l'i-
écrits, en gravure de cachet, les mots : Qodes mage de l'un des bœufs sacrés égyptiens,Apis
l'Iahouh, Saint à Jéhovah. Il y avait donc dès et Mnevis. Les Israélites, familiarisés avec le
lors parmi les Israélites non-seulement des culte de ces idoles, ne firent aucune difficulté
graveurs sur pierre dure et sur métal, mais d'adorer le veau d'or que Aharon lui-même
encore, ce qui est aussi important à consta leur avait fabriqué avec leurs bijoux.Je me
ter, une écriture intelligible pour tout le contenterai de conclure de ce récit un seul
monde, et dont, par conséquent, l'usage de fait curieux, c'est qu'ilfallait que l'art fût bien
vait être répandu, c'est-à-dire déjà ancien. répandu dans la nation, pour qu'Aharon. lui
Il est encore question au chapitre xxx de même pût, en très-peu de temps, des bijºux
l'autel aux parfums et d'un bassin en airain d'or en suffisante quantité lui étant livrés,ſon
pour les ablutions; mais les renseignements dre un veau d'or semblable à ceux que l'on
que l'Ecriture nous fournit sur leur compte adorait en Egypte. - - - -

ne nous apprennent rien que nous ne sa Vient ensuite le récit du châtiment infligé
cbions déjà, sur l'état artistique du peuple par Moïse au peuple israélite, pour ce retour
d lsraël. En revanche, le chapitre xxxI va nous passager à l'idolâtrie, et celui de la fabrication
révéler quelques faits importants. Lisons : et de la consécration de tous les objets du
1. L'Eternel parla ainsi à Moise, et dit : — culte. Ainsi se termine le livre de l'Exode : et
2. Regarde, j'ai # son nom Beslal nous voyons que bien des passages de ce li
## # e la tribu de Iehouda vre nous ont déjà révélé chez les Juifs une
(Juda). — 3. Je l'ai rempli de l'esprit de Dieu, habileté artistique incontestable.
en industrie, en intelligence, en science pour
toute sorte d'ouvrages,— 4. Pour faire des in III. - LÉVITIQUE.
ventions, pour travailler en or, en argent et Pierres tombales. —luail'eS.
Les hamonim. — Les sanc
en airain, — 5. Dans la sculpture des pierres,
pour les monter, et dans la menuiserie, pour Nous devions naturellement nous atten
faire toute sorte d'ouvrages. — 6. Mais je lui dre à trouver bien peu de renseignements
ai adjoint Ahaliab-Ben-Akhisamek, de la tribu nouveaux dans le Lévitique, qui n'est,
de Dan, et j'ai mis de l'industrie dans le cœur à vrai dire, qu'un exposé de la loi civile
de tout homme intelligent, afin qu'ils fassent et religieuse des Israélites. Nous y avons
tout ce que je t'ai commandé. néanmoins rencontré quelques points dignes
On voit que le texte sacré est formel; l'é- d'être notés en passant : les voici: Le ver
cole artistique judaïque était déjà nombreuse set 1" du chapitre xxvI est ainsi conçu : Ne
à la sortie d'Egypte, et ces deux artistes qui vous faites point d'idoles, ne vous élevez point
en étaient les chefs se nommaient Beslal, de d'images sculptées ni de cippes. Ne souffrez
la tribu de Juda, et Ahaliab, de la tribu de oint dans votre pays de pierre figurée, devant
Dan. Au chapitre xxxv nous retrouvons nos aquelle on se prosterne ; car moi, l'Eternel,
deux artistes Beslal et Ahaliab avec l'énumé je suis votre Dieu. Le mot que, d'accord avec
ration de leurs talents; mais cette fois quel le savant Cahen, je rends par idole, signifie
ques additions sont faites à la liste des arts littéralement chose vaine. Je crois que les
dans lesquels ils étaient experts. Ainsi, aux cippes dont il s'agit sont des cippes funé
versets 33 et 35. il est question de la taille raires, parce que le mot Matzebet, que Cahen
des pierres à enchâsser, et de la sulpture en traduit simplement stèle. se retrouve sur un
bois, de la broderie en laine bleue, rouge, nombre d'épitaphes phéniciennes gravées
jaune et en lin, et du tissage; mais ce qui ést sur des pierres tombales, qui portent préci
plus important, c'est que Moïse, au verset 34, sément le nom de matzebet.
105 ART DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. ART 106

L'expression que les traducteurs rendent sacrees dans lesquelles leur culte s accomplis
par pierre ornée, ou d'ornement, a fortement sait. Nous n'avons rien à demander de plus
exercé la sagacité des commentateurs. Elle au Lévitique. Passons donc au livre sui
signifie à la lettre pierre-image ou pierre V8nt.
figure, et Mendelsohn y voit des pierres char IV. — NoMBREs.
gées de caractères hiéroglyphiques. Ce savant
Les bijoux des Madianites. — Les arts chez les
a probablement deviné juste, car en Egypte Kénâanéens. — Le serpent d'aurain.
les statues plus ou moins grandes, aussi bien
† les petites figures funéraires de faïence Nous allons encore tirer du Livre des Nom
maillée, que l'on trouve par milliers dans les bres les indications qui s'y trouvent clair
hypogées, ne sont connues du vulgaire que semées et qui, de près ou de loin, se re
sous le nom de mâsâkhit, qui est précisément lient à notre sujet ; nous n'aurons plus en
le mot hébraïque dont il s'agit de déterminer suite qu'à analyser de même le Deutéro
le sens rigoureux. Pour les Arabes d'Egypte, nome , pour avoir terminé l'étude artisti
le mot mâsâkhit signifie punis par la colère que du Pentateuque, c'est-à-dire pour avoir
divine, maudits (du radical sakhat, être en extrait de ce livre saint tout ce qui peut jeter
flammé de colère). quelque lumière sur l'état plus ou moins
Il n'est guère possible qu'une pareille iden avancé des arts chez les Juifs, lors de leur
tité d'expression, parmi des races sémitiques arrivée dans la terre promise, et chez les na
dont les idiomes sont de si proches parents, tions dont ils venaient prendre la place. Pour
ne décèle pas l'identité de la chose désignée. abréger, nous partagerons ces renseigne
N'oublions pas que les Hébreux venaient de ments en deux séries, la première contiendra
sortir d'Egypte, et qu'en ce pays leurs yeux les documents qui concernent l'art autochtone
s'étaient familiarisés avec des simulacres et des Kénâanéens ; dans la seconde seront
des idoles qu'ils avaient certainement appris groupés les faits artistiques purement judaï
à façonner, puisque l'Exode nous montre qU10S,
Les villes du pays de Kénâan étaient closes
avec quelle habileté et quelle promptitude
Aharon fit fondre en or une image de l'un et grandes (xIII, 28-29), ainsi que le rappor
des taureaux sacrés de l'Egypte, Apis ou Mné tèrent les explorateurs envoyés de Kades au
vis. D'un autre côté, puisque l'injonction con désert de Faran, pour aller reconnaître le pays
tenue dans ce même verset concerne des mâ des Kénâanéens. Ces espions, car il faut bien
sâkhit qu'il ne faut pas laisser subsister dans les appeler par leur nom, pénétrèrent jusqu'à
la terre devenue la demeure de la race hé Hébron (xIII, 23). Cette ville, dit le même
braïque, il est tout naturel d'en conclure qu'à verset, avait été bâtie sept ans avant Tzâan
leur arrivée sur cette terre, les Hébreux y trou d'Egypte. Les commentateurs, d'un accord
vèrent établies de ces idoles auxquelles on unanime, reconnaissent Tanis dans la ville
rendait un culte. ue désigne l'Ecriture Malheureusement
Le verset 30 du même chapitre nous four l'auteur du verset évidemment interpolé dont
nit un nouvel aperçu, que je crois très-pré il s'agit, a oublié de nous dire quand fut bâtie
cieux. Je détruirai vos hauts-lieux, y est-il Tanis, et par conséquent nous ne gagnons
dit, je couperai vos hamonim, etc, Le mot pas § à savoir qu'Hébron fut fon
Hamon est le nom de la divinité primordiale dée sept ans avant Tanis.
du culte punique, que nous devons naturelle Un passage très-précieux est celui qui con
ment identifier avec le culte phénicien, c'est tient la description de la part du butin fait par
à-dire avec celui de la race qui occupait la les Hébreux sur les Madiañites (xxxI,50), que
terre promise avant l'immigration hébraïque. les vainqueurs consacrèrent à l'Eternel.
Rien de plus fréquent en effet sur les cippes Voici comment ce passage est traduit par
votifs puniques que la mention du Baal-Ha Cahen : Nous présentions une offrande à l'E-
mon ; et comme parfois une effigie radiée, ternel, chacun ce qu'il a trouvé de joyaux d'or,
emblème évident du soleil, accompagne ces des jarretières, des bracelets, des anneaux,
dédicaces au Baal-Hamon, il est tout naturel des pendants d'oreilles et des colliers, etc. ;
de voir en lui le soleil divinisé, qui n'est que mais je suis convaincu que tous les bijoux dé
l'Amon-Ra des Egyptiens. Probablement ce signés dans le texte sacré n'ont pas été bien
nom sera formé du radical hamm, être échauffé reconnus par le savant traducteur. D'abord
ou réchauffer, d'où est venu le mot hamon, des jarretières supposent des bas, et jamais,
signifiant l'ardeur du soleil. que je sache, les peuples de l'antique Orient
Un curieux verset des Chroniques (II, n'ont porté de bas. Le mot hébraïque est
xxxIv, 4) nous donne au sujet des hamonim asaâdah, que les , Septante interprètent
un renseignement de plus. Il y est dit : On x)tô5vz (des bracelets).Le nom de ce bijou est,
démolit devant lui (le roi Josias) les autels des sans aucune espèce de doute, tiré du radical
Bâalim, et il brisa les hamonim qui étaient sâad, s'avancer, d'où s'est formé le substantif
dessus. Les hamonim étaient donc bien de vé sâah, pas. Dès lors c'est d'un ornement du
ritables idoles, placées au-dessus des autels pied ou de la jambe qu'il s'agit. On me per
destinés aux sacrifices. mettra d'y reconnaître ces larges anneaux
Enfin dans le verset , suivant (Lévitique métalliques que les femmes syriennes portent
xxvI, 31), il est question de sanctuaires : il en encore aujourd'hui à la cheville, et qui sont
résulte qu'à l'époque où les prescriptions du connus sous le nom de khalkhal. Ce sont donc
Lévitique ont été annoncées aux Hébreux, des bracelets de jambe, si l'on veut bien me
ceux-ci avaient des sanctuaires ou enceintes permettre cet étrange assemblage de mots.
4
DICTIoNN. DES ANTIQUITÉS BIBLIQUES.
407 ART DICTI0NNAIRE. AItT 108

Suivent les samin (Septante !,))iov, ornement nation et à transmettre au camp l'ordre du
de la main), véritables bracelets, dont le nom départ.
s'est formé de samad, se lier à, adhérer. En nfin, nous lisons (xxI, 9) que les Hébreux
troisième lieu sont mentionnés les thabâat, se trouvant campés dans un canton où pul
qui sont, à proprement parler, les anneaux lulaient 'des serpents très-dangereux, nom
cachets, detinés à former une empreinte (de més chéraf, et dans lesquels il faut reconnaî
thabâa, étre fixé). Les Septante traduisent ce tre le basilic ou urœus, insigne royal par
mot par ôazt )t» (bague) Puis les dadjil, dont excellence des Egyptiens, Moïse fit faire un
le nom signifie à la lettre un objet rond et serpent d'airain, sur lequel il suffisait de jeter
rien de plus. Il est assez naturel d'y voir des les yeux pour être guéri de la morsure de ce
pendants d'oreilles, avec le prophète Ezéchiel reptile venimeux. Concluons encore qu'il y
(xvi, 12) et non avec les Septante, un rsptôi avait parmi les Hébreux, dans le désert, des
giov, ornement à placer autour du bras droit. artistés en état de couler en airain l'image
Reste enfin le bijou nommé koumiz, que les d'un serpent. -

Lexiques traduisent par globules d'or ou col Voilà tout ce que nous trouvons dans le
liers, les commentateurs juifs par formes du Livre des Nombres. Passons au Deutéronome.
sein, et les Septante par iun)öztov, ornement V. DEUTÉRONOME.
de téte. Comme il est certain que les colliers
étaient des joyaux fort en usage, particuliè Les villes fortifiées. — Les achérim.— La sculpture,
l'écriture chez les Juifs.
rement à cette époque, je m'en tiens à ce
S42I]S. Nous trouvons au chapitre III, versets 4 et
Quelle que soit la valeur réelle des expli 5,† le royaume de Aôudj (Og), souverain
cations que j'adopte, il n'en demeure pas de la contrée d'Ardjob, ou de Basan, conte
moins démontré qu'avant la venue des Israé nait, en sus des villes ouvertes, soixante vil
lites, l'art de la bijouterie d'or était assez lar les closes de hautes murailles, de portes et
gement développé chez les Madianites pour de barrières.
que le prélèvement des bijoux offerts ainsi Les villes de la terre promise elles-mêmes,
à l'Eternel formât le poids très-considérable c'est-à-dire celles des Kénâanéens, sont ap
de seize mille sept cent cinquante sicles elées (vI, 10) des villes grandes et bonnes
d'or travaillé (xxxi, 52). C'est tout ce qu'il nfin le verset suivant mentionne des citernes
m'importait de constater. -
taillées dans le roc, et que les Hébreux doi
Voici ce que je trouve parmi les prescrip vent trouver dans le pays à conquérir
tions que Moïse fait aux Hébreux, au moment Les ordres divins transmis par Moïse au
où il va se séparer d'eux pour toujours : peuple juif lui prescrivent encore de détruire
Chassez de devant vous tous les habitants du tous les objets du culte qu'il trouvera établis
pays de Kénâan; détruisez toutes leurs idoles parmi les peuples de Kénâan. Leurs autels,
(leurs mâsâkhit); , anéantissez toutes leurs dit Moïse, vous les démolirez ; leurs cippes,
#º fondues, et démolissez tous leurs hauts vous les briserez ; vous dépecerez leurs ache
l6l40C. rim et vous jetterez leurs idoles au ſ#
(vII, 5.)
Les Kénâanéens adoraient donc des simu Remarquons en passant que, de la teneur de
lacres, des idoles métalliques modelées par ce verset, il résulte clairement que les Ké
des fôndeurs. Nous verrons un peu plus loin nâanéens n'avaient pas de temples propre
que ces images, probablementd'airain, étaient ment dits. Leurs acherim étaient probable
ordinairement revêtues d'ornements en or et ment des espèces de statues de divinités fé
en argent. Voilà tout ce qui, dans le Livre minines. Cette injonction se répète au chapi
des Nombres, concerne l'art des Kénâ tre xII, versets 2 et 3 ; en voici la teneur :
anéens. Détruisez entièrement tous les lieux où les
Les Hébreux n'avaient pas besoin d'ap nations desquelles vous hériterez ont serri
rendre de leurs ennemis l'art de travailler leurs dieux, sur les montagnes élevées et sur
les collines, et sous tout arbre touffu. Vous dé
es métaux, puisque nous voyons (vII, 84-85) molirez leurs autels, vous briserez leurs cip
† les nâssi d'Israël ou chefs de tribu, firent pes, vous brûlerez leurs acherim, et vous met
dédicace, au jour de la consécration de l'au trez en pièces les sculptures de leurs dieux,
tel, de douze vases d'argent pesant chacun etc. Il est assez curieux du reste de voir des
cent trente sicles, de douze bassins, également arbres isolés voués encore, dans la Syrie, à
d'argent, pesant chacun soixante-dix sicles, une sorte de culte étrange, qui consiste en
et enfin, de douze cuillers d'or pesant chacune ce que tout passant attache un chiffon aux
* dix sicles. L'identité de poids de ces vases et branches ou au feuillage de l'arbre consacré.
ustensiles consacrés semble impliquer leur J'en ai rencontré un de ce genre, qui était
identité de formes, ou tout au moins leur fa -
littéralement couvert de petits lambeaux
brication ad hoc. Puisque ce n'étaient point d'étoffes, à peu de distance de Djenin, sur la
des vases enlevés aux Egyptiens, les Hébreux route de Sanour. Cet arbre était appelé par
étaient parfaitement en état de ciseler eux
mêmes des vases dignes d'être destinés au
les habitants du pays Ommech-Cherayeh (la
culte de Jéhovah. mère de la loi).
Quant aux statues elles-mêmes, elles étaient
Au chapitre x, verset 2, nous trouvons en généralement revêtues d'or ou d'argent.
core mentionnées deux trompettes d'argent Ceci résulte pleinement de la teneur du ver
massif, que Moïse ordonna de fabriquer, pour set 25, chapitre vII, qui dit : Vous brûlerez
. qu'elles servissent au besoin à convoquer la les images sculptées de leurs dieux. Ne con
J09 ART DES ANTIQUITES BIBLIQUES. ASC 110

voitez pas l'argent ou l'or qui est sur elles, De quelle nature était cet autel à construire ?
afin de le prendre pour vous. Le texte même du Deutéronome va nous l'ap
Voilà tout ce qui, dans le Deutéronome, prendre (xxvII,2 à 8) : Ilarrivera un jour que
concerne l'histoire artistique antéjudaïque vous passerez le Jourdain, vers le pays que
du pays de Kénâan. Voyons maintenant l'Eternel ton Dieu te donne; tu t'élèveras de
ce qui se rattache à la nation juive elle grandes pierres et tu les enduiras d'un enduit,
Inême. - et tu écriras dessus toutes les paroles de
L'Eternel défend à son peuple de faire au cette doctrine-là, dès que tu auras passé, afin
cune sculpture qui soit la ressemblance de que tu arrives au pays que l'Eternel ton Dieu
uelque idole, la figure d'un mâle ou d'une te donne, pays où coulent le lait et le miel.....
# —la figure d'aucune bête qui soit sur - Il arrivera quand vous aurez passé le Jour
la terre, la figure d'aucun oiseau ailé qui vole dain, vous élèverez ces pierres que je vous
vers le ciel, la figure d'aucun reptile sur le commande, sur la montagne #E# et tu les
sol, la figure d'aucun poisson qui soit dans enduiras d'un enduit. — Tu bâtiras là un au
l'eau, au-dessous de la terre.(Iv, 16-18.) Cette tel à l'Eternel ton Dieu, un autel de pierres,
défense absolue, Jéhovah la renouvelle à tu ne lèveras pas le fer sur elles. - De pierres
plusieurs reprises aux Hébreux (23-25), et il entières tu bâtiras l'autel de l'Eternel ton
joint la menace, si cette défense est en Dieu.... — Tu écriras sur les pierres toutes
reinte par eux, de les disperser parmi les les paroles de cette doctrine-là, en les expri
peuples : Vous servirez là des dieux, ouvrage mant bien.
de la main des hommes, de bois et de pierre, Un peuplus loin nous aurons occasion de re
qui ne voient ni n'entendent, qui ne mangent Venirsurlecompte de cet autel du mont Ebal, et
ni ne sentent (qui n'ont pas d'odorat) (Iv, nousenparlcrons avec détails. Qu'il noussuffise
28.) Au chapitre suivant, versets 8 et 9, la ici de constater † l'autel à construire de
même prohibition reparaît dans les mêmes Vait être composé de pierres brutes et non
termes à peu près, mais avec cette particula souillées par le contact du fer. Quant aux
rité qu'elle est ainsi complétée : — Tu ne te grandes pierres, revêtues d'un enduit et sur
prosterneras pas devant elles (ces images lesquelles devaient être écrites toutes les
sculptées); tu ne les serviras pas, car je suis
l'Eternel ton Dieu, etc. J'ai déjà dit que la
† de la loi divine, il paraît pro
able qu'elles étaient distinctes des pierres
défense de sculpter ou de fondre des images brutes qui devaient constituer l'auteſ. Je le
d'êtres quelconques, ne concernait en réalité répète, nous reviendrons bientôt sur ce cu
que les images auxquelles ſes Juifs pourraient rieux sujet. Jusqu'ici il est bien clair que
être tentés de vouer un culte ; cela me sem l'autel à construire est un véritable autel de
ble résulter encore de cette injonction pré Sauvages,comparableaux dolmen et aux crom
cise que je viens de transcrire et qui a trait lech des Celtes.
au culte de ces images. Nous avons vu un Il ne me reste plus qu'un fait à noter à
peu plus haut Moïse faire fondre l'image d'un propos du Deutéronome ; il est relatif à un
serpent qu'il fallait contempler, afin d'être détail de construction.Je trouve donc la sin
† ri de la morsure du serpent cheraf. Ce gulière prescription que voici (xxII, 8 ) :
ait est probant, je crois, en faveur de la thèse Lorsque tu bâtiras une maison neuve, tu
que je soutiens ici. feras une balustrade autour de ton toit, et
Quoi qu'il en soit, de ce qu'il est défendu ainsi tu n'occasionneras pas d'effusion de sang
aux Juifs de ciseler ou de fondre des idoles, dans ta maison, si quelqu'un tombait de là.-
il est parfaitement logique de conclure qu'ils Dans les villes de Syrie seulement, ces ba
étaient très en état de les fondre ou de les lustrades, qui sont de véritables parapets,
sculpter. A quoi bon cette interdiction, s'ils n'ont pas cessé d'être employées. Dans les
eussent été incapables de l'enfreindre ? Villages, les terrasses n'en n'ont pas la moin
Chez les Juifs, dès ce moment, l'écriture dre apparence : elles sont absolument planes
était très-répandue et même très-vulgaire, et n'ont pas même de garde-fous.
puisque Moïse leur enjoint d'écrire les # Pour la suite de l'art Judaïque, voy. JosUÉ.
† qu'il leur transmet de la part de l'Eter ARUBOTH, ARBOUT. — Localité que l'on
nel, sur les poteaux de leurs maisons et sur suppose avoir été dans la tribu de Juda.
leurs portes. (xI, 20.) Autre usage dont les tra (I Rois., Iv, 10.)
ces se trouvent encore en Syrie. Il y a beau ASAN, AACHAN.—Ville de la tribu de Juda.
coup de maisons de Naplouse, par exemple, (Jos. xv, 42. ) Il y a un passage du pre
qui sont garnies d'inscriptions pieuses tra mier livre de Samuel qui parle (xxx, § )
cées au pinceau, et destinées à faire savoir de Chor-Asan, que la Vulgate traduit La
que tel habitant de la maison a accompli le cum Asan. Il n'est fait mention nulle part de
pèlerinage de la Mecque. lac dans le territoire de la tribu de Juda.
Nous avons vu tout à l'heure que Moïse, ASASON-THAMAR. — C'est Aïn-Djedi.
au nom de Jéhovah, prescrit la destruction — Voy. ce nom.
des acherim et des † des Kénâanéens. ASCALON, ASKELON, aujourd'hui AsKALAN.
Voici maintenant qu'il défend aux Israélites -- Ascalon était une des cinq grandes villes
de les imiter : Ne sois pas impie en plaçant des Philistins. Elle fut assignée à la tribu
des acherim, ou tout # auprès de l'autel de Juda, qui ainsi s'étendait à la Méditer
de l'Eternel ton Dieu, lequel tu te seras fait, ranée.
— et ne t'élève pas de cippe, que hait l'Eter Josèphe fait souvent mention de cette ville.
nel ton Dieu. (xvI, 21, 22.) Il dit qu'elle est située dans une plaine et
41 1 A S!, DlCTlONNAIRE ASS" 112

sur les bords de la mer. (Antiq., II.) Il la Aser avec la moderne Sivir entre Naplouse et
Beit-Sen.
place à 520 stades de Jérusalem.
L'oignon connu en France sous le nom ASIOH-GABER , EsIoN-GEBER , AASIOUN -
vulgaire d'échalotte, tire son nom d'Ascalon. DJEBER.— Esion-Geber fut le trente et unième
C'est l'oignon Ascalonite , cepa Ascalonia. campement des Israélites, après leur sortie
Strabon, Théophraste, Columelle et autres d'Egypte. (Num., xxxIII,35; Deut., II , 8.) Sa
font mention de cet oignon comme étant lomon (II Chron., vIII, 17) alla visiter Esion
originaire d'Ascalon. On peut lire sur cela Geber et Aïlath sur le bord de lamer Rouge dans
l'érudit Reland qui cite les passages de ces laterre d'Edom.Josaphat, roide Juda, et Ocho
auteurs. (RELAND, p. 588, 589. ) Ascalon sias, roi d'Israël, ayant fait alliance, construi
était célèbre chez les anciens pour ia bonté sirent une flotte à Esion-Geber; mais Eliéser
de son vin. prédit à Josaphat que, en punition de cette
On montrait à Ascalon du temps d'Origène alliance avec un roiimpie, ses naviresseraient
des puits merveilleux, que l'on disait avoir brisés et ne pourraient pas se rendre à
été creusés par Abraham. (ORIG., Contra Cel Tharsis.
sum, lib. III. ) Ce fait, comme nous l'établissons ailleurs,
Diodore de Sicile parle d'un lac près † que la ville de Tharsis, où les rois de
d'Ascalon où Derceto, la Vénus syrienne, uda envoyaient leur flotte devait être sur le
mère de Sémiramis, fut plongée et changée littoral de l'Afrique ou de l'Asie méridionale
en poisson. Du reste Ovide,dans ses Métamor et nullement sur celui de la Méditerranée.
phoses, cite à ce sujet l'étang de la Palestine. ASOR. — Voy. HAsoR.
Les Ascalonites non plus que les Tyriens ASPHAR. — Lac situé dans le désert de
ne mangeaient ni poissons ni colombes : les Thecoua où se retirèrent Jonathas et Simon,
poissons en souvenir de Derceto qu'il vau sonfrère, fuyant devant Bacchides. (I Mach.,
drait mieux écrire Targate, leur Vénus : les Ix, 33.) La ville de Thecoua est placée par
colombes, parce que Sémiramis avait été chan saint Jérôme à six milles au midi de Beit
gée en colombe. Lehm,et le désert de Thecoua s'étend au delà;
Reland donne sur ces usages † des le lac Asphar ne peut donc être que le lac
villes phéniciennes des détails intéressants. Asphaltite. — Voy. MER MoRTE.
(RELAND, pag. 593, 594.) ASSEDIM, HESEDIM. — Ville de la tribu de
ASEDOTH, ASEDEoT. — Asedoth était de la Nephtali. (Jos., xIx, 35.)
tribu de Ruben. Elle avaitappartenuauxAmor ASSIDÉENS. — Il est fait mention, dans les
rhéens. Josué indique sa position auprès de Machabées (I Mach. II, 42; vII, 13; II Mach.
Phasga. (Jos., xII, † Or le mont Phasga, du XIV, 6), d'une Synagogue d'Assidéens, que le
haut duquel Moïse vit la terre promise, est à texte biblique lui-même désigne comme étant
la hauteur de la rive septentrionale de la mer les plus vaillants d'Israël.
MlOrte. Quelques-uns, et notamment D. Calmet,ont -

ASEM , ASEMoNA, AAsMoUNAH.—Ville de la pensé que c'étaient les mêmes que les Essé
tribu de Juda. (Jos., xIx, 3 ; xv, 4. niens.Ce qui a portéàles confondre de la sorte,
ASENA, AASENA, AsNAH.— Ville de la tribu c'est que l'hébreu se sert du mot Assidéen
de Juda. (Jos., xv, 33.) pour désigner les justes et les saints ; mais
ASER, AsCHER. — La tribu d'Aser tirait c'est, selon moi, donner trop d'extension à
son nom d'Aser, huitième fils de Jacob. Il ce mot. Les Esséniens étaient les anachorètes
l'avait eu en Syrie de Zelpha, esclave de Lia. du judaïsme ; ils habitaient les solitudes,
La tribu d'Aser sortit d'Egypte avec quarante particulièrement celles du midi de la Pales
mille cinq cents combattants, non compris tine. Il serait difficile de voir en eux ces
les vieillards, les femmes et les enfants. Cette hommes d'armes, ces vaillants d'Israël qui
tribu eut en partage la partie septentrionale aidèrent les Machabées à affranchir leur pays,
de la Terre-Sainte, du côté du couchant. Elle Cette remarque seule tranche la question.
confrontait au levant à la tribu de Nephtali, ASSON. — Ville de l'Eolie près de la
au nord et au couchant à la Phénicie dont elle
Troade, dont il est fait mention dans les Actes
occupait les montagnes. La plaine et les bords des apôtres. (xx, 13.)
de la mer entre Tyr et p§ uoique du
ASSOUR, AssYRIENs. — Les Livres saints
partage de latribu,demeurèrentindépendants.
Au midi elle confrontait à la tribu de Zabu font fréquemment mention d'Assour. Les rois
lon. Les villes du nom d'Aser n'appartenaient d'Assour, dans leurs projets perpétuels de
pas à cette tribu. conquête, devaient constamment porter leurs
ASER-GADDA, KHAsER-DJEDAH.—Ville de regards vers l'occident qui leur servait de li
la tribu de Juda. (Jos. xv, 27.) Eusèbe la mites et chercher à envahir le pays jusqu'à
nOmme 'A aéo. la Méditerranée; cette position même faisant
#-#MACMETATH-La Vulgate met de la terre des Israélites un objet de convoi
Machmetath, et sépare Machmetath d'Aser. tise perpétuelle pour les rois d'Assyrie. De là
(Jos., XVII, 7.) Reland ne fait qu'une seule ces guerres continuelles qui ont fini par la
ville de ces deux noms. Elle était en face de captivité des douze tribus.
Sichem. Ezéchiel, grand dans ses images, repré
Eusèbe, dans son Onomasticon, au mot Sente ASSOur comme le cèdre du Liban.
'Agüe, dit que de son temps il existait une # Le prophète Zacharie avait annoncé
ville de ce nom sur la route de Néapolis à a destruction de cet empire. L'orgueil d'As
Hytopolis. La carte de Carl Ritter identifie sour sera humilié. (x, 11.) Il n'y a plus en
1 15 AUS DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. AYN 114

effet de ce pays qu'un souvenir, et de ses AVA, AoUH ?— Localité indiquée avec Se
cités que des ruines. phar-Vaïm. (II Rois, xVIII, 34.)
ASTEROTH - KARNAIM, AASTARoUT-KAR AVA,AoUAH?—Localité indiquée dans le II"
NAïM. — Nous lisons dans la Genèse : Cho
dorlahomor et les rois qui étaient avec lui
Livre des Rois. (xvII, 24.) Ptolémée place une
Avara parmi les villes de l'Arabie Pétrée.

XIV, 0.
Rephaim dans Astaroth-Carnaim. † †e du pays d'Edon. (Gen.
xxxvI, 35.) (Aïreh.)
Les Rephaïms étaient une des familles de AVOTH-IAIR, HoUT - lAYR. — Hout - Iayr
la race des géants, connus sous le nom de signifie les bourgs de Iair. Ce pays était
Enacim,Zomzim, Emim, qui habitaient la rive dans les montagnes de Galaad et tomba dans
orientale du Jourdain. Ces montagnards, à la le partage de Manassé. Salomon mit Ben
taille gigantesque, étaient les aborigènes de Gaber intendant de Ramotth-Galaad et de
la chaîne arabique.
Avoth-Iaïr. (I Rois, Iv, 13.)
Astaroth tomba en partage à la demi-tribu La moderne Aïreh est probablement l'an
de Manassé. Eusèbe la place à sixmilles de la cien pays de Iaïr. L'identification topogra
ville arabe d'Adraha, entre cette ville et Abila.
Je trouve un nom arabe de El-Tourrah entre phique convient.
AYN, AYN-ROUMAIOUN. — Ayn signi
†ºus
rOth.
villes qui pourrait convenir à Asta fie source en hébreu comme en arabe, et par
conséquent il semble qu'il n'ait pu être en
Quant à la déesse syrienne, Astaroth , réalité le nom d'une cité biblique, qu'à la
Astarté, elle est souvent nommée dans les
Livres saints, comme l'idole des Sidoniens,
condition d'être précédé de l'article he, ce qui
lui donnerait alors le sens, la source par ex
et toujours son nom se trouve placé à côté de cellence, et permettrait de l'appliquer à une
celui de Baal. Elle avait un temple à Bostra, localité quelconque munie d'une belle sour
aujourd'hui Bosrah. ce. Nous trouvons néanmoins dans l'Ecriture
, Eusèbe place un autre Carnaïm dans le voi
sainte deux passages où il semble qu'une
sinage de Jérusalem. bourgade soit désignée sous le nom d'AyIl.
ATACH, AATEK. — Nom de lieu de la tribu
de Juda. (I Rois, xxx, 30.)
Voici ces passages : Nous trouvons au chapi
tre xv de Josué l'énumération des villes de
ATAROTH, AATHARoUT.— Le nom biblique la tribu de Juda, et nous y trouvons : - 21
d'Atharoth, une des localités placées entre la Les villes depuis l'extrémité de la tribu des
frontière méridionale de la tribu d'Ephraïm et enfants de Juda † jusqu'à la limite
contre le territoire de celle de Benjamin (Jos. d'Edon, au sud, Cabsal, et Ader, et Iedjour...
xvI, 5 ; xvIII, 3; xvII, 7 ; xvI, 8), se retrouve 32. et Labaout, et Salahim et Ayn-el-Rou
dans le nom moderne d'Atara, située entre El maioun, toutes les villes avec leurs places
Birch et Jérusalem.
ouvertes, vingt-neuf. -

ATHAR, AATER. — Ville de la tribu de Dans les Chroniques (I, Iv) nous lisons en
Siméon. (Jos. xIx, 7.) core : — 27. Et Semây eut seize fils et siæ
ATHMATHA, KHAMTAK. — Ville de la tribu filles, et ses frères n'avaient pas beaucoup de
de Juda, indiquée par Josué dans le voisi fils; toutes leurs familles ne se multiplièrent
nage d'Hébron. (xv, 54.) pas au même point que ceux de Juda. (Il
ATTALIA.— Aujourd'hui Satalia, ville de s'agit de la tribu de Siméon) -- 28, Ils de:
Pamphylie, citée dans les Actes. (xIV, 24.) meurèrent à Biar-Sebaâ, et à Mouladah et à
AUGUSTOPOLIS ?— Il est fait mention d'une Hasar-Souâb
(9). — 31. A Beit-Merkaboul et
Augustopolis parmi les villes épiscopales de à Haser-Sousim, et à Beit-Beray, et à Sadrim.
la troisième Palestine. Un évêque de cette Voilà leurs villes jusqu'au temps du roi Darid.
ville souscrivit au concile d'Ephèse. Cette — 32. Et leurs villages (étaient) : Aytam et
identificatio n reste à établir. Ayn-Roumaioun, et Takou, et Aasen, cinq
AURAN, HAoURAN. — Le Hauran moderne villes.
se trouve exactement dans deux § du
prophète Ezéchiel.(xLvII,16,18.) Il parle de la Remarquons à propos de cesdeux passages :
plaine orientale du milieu du Hauran; ce qui Il y a une conjonction oua, º, entre les mots
est très-exact. Du reste, l'Auranitide fut une Ayn et Roumaioun dans le premier, et
des divisions de la Syrie. Reland la confond à cette conjonction n'existe plus dans le second
tort avec l'Iturée qui est plus au nord. verset cité. Mais là, en revanche, nous trou
Il est vrai que Josèphe appelle Auranitide vons indiqué le nombre total , cinq des villes
la contrée † comprénd l'Iturée et l'Aurani citées, et ce nombre ne peut être exact lu à
tide; mais les deux pays doivent être dis la condition qu'Ayn compte pour une ville et
tincts. Roumaïoun aussi. Nous serions donc très
AUSITIS. — Ce pays est indiqué par Jé §barrassés si nous ne trouvions dans Néhº :
rémie parmi ceux auxquels Dieu déclºre mie (xI) le verset suivant : - 29. Et des fils
qu'il fera boire du vinde sa colère. (xxv, 20.) de Juda (habitèrent) dans Ayn-Roumaioun et
On a pensé à tort que ce fut l'Idumée, puis dans Seraâh et dans Iarmout.Je ne consºryº
que l'Idumée est nommée dans le verset sui §c pas de doute réel sur la nécessité de
vant. On ignore donc quel pouvait être au faire deS mOtS -,ri, Ayn-Roumaioun, un
temps de Jérémie le roi de la terre d'Ausitis, seul nom de lòcalité , signifiant source de
l'Ausitide. grenadiers (malus punica). Ce qui acht:ve

(9) Haser veut dire villagc, hamcau (Tsn


115 A YN DJCT10NNAIRE AYN 116

pour moi de démontrer qu'il faut partout 33. Dans la plaine Estaoul, et Zeraâh et
Ayn-Roumaioun, c'est un passage du Livre de Asnah. — 34. Et Zenouahh, et Ayn-Djenim
Josué, que je vais citer en finissant (xIx) : # et Heaynim. — 35. Iermout et
— 2. Ils eurent (les fils de Siméon) dans Adoullam, Chouekah et Aazekah. - 36. Et
leur possession Biar-Sebâa , et Sebâa , et Sadrim et Aditaim et He-Djederah et Djede
Mouladah...—7.Ayn- Roumaioun, et Aater, et rataim : quatorze villes et leurs hameaux. --
Aasan, quatre villes avec leurs hameaux. Ce Si nous comptons les noms des villes inscrits
verset, bien loin de prouver en faveur de ma dans ces quatre versets, nous en trouvons
thèse, semblerait prouver qu'il faut décom quinze, tandis que le texte sacré n'en an
poser le nom Ayn-Roumaioun en deux noms nonce que quatorze. Il y a donc une erreur
de localités distinctes; mais les Septante ont de copiste ou de traducteur †
Heureusement, cette erreur n'est pas difficile
répondu d'avance à cette objection en insé
rant dans ce verset les mots zzi ox)22 qui à découvrir. Remarquons que dans le verset
complètent le nombre des quatre villes in 34, il n'y a pas de conjonction comme
diquées. partout ailleurs devant le nom Teffouah. I1
AYNIM, HAYNIM (les deux sources). — Au est donc permis de lire, en les réunissant,
mot AYN (Voy. ce mot) je crois avoir démon les mots Ayn-Djenim-Teffouah, ce qui nous
tré qu'il ne pouvait être cherché de ville por donne le sens, la source des jardins de Taf
tant ce mot pour nom, qu'à la condition ſ† Ce sens est d'autant plus naturel que
e mot Teflahh, Teffouahh, signifie en hébreu
qu'il serait précédé de l'article n, he. Je trou
ve la preuve de ce fait dans l'existence d'une comme aujourd'hui en arabe des pommes, de
localité biblique appartenant aux villes de la telle sorte que les Djenim-Teffouahh étaient
plaine de la tribu de Juda et qui est men de vrais vergers à fruits qui avaient donné
tionnée dans le verset que voici (Jos. xv, 34): leur nom au village qui en était orné
Et-Zenouahh, et Ayn-Djenim-Taffouah et Ajoutons à ceci un fait, qui pour nous
Haynim. Les transcripteurs ont rendu ce achève de démontrer la légitimité de cette
nom par Enam, et j'avoue que je ne puis leçon du texte sacré, c'est la multiplicité des
pas ne pas trouver cette transcription ridi localités bibliques dans les noms desquels ce
cule. Nous lisons dans la Genèse (xxxvIII): — mot de Teffouahh entre en composition ,
13. Il fut annoncé à Tamar, savoir : Voici ton comme Ayn-Teffouahh et Beit-Teffouahh.
beau-père qui monte à Temnat pour tondre Au reste, nous trouvons dans le voisinage
ses brebis. — 14. Elle quitta ses habits de d'El-Khalil ou Hébron (à moins de deux
reuvage, se couvrit d'un voile, s'enveloppa et lieues à l'ouest) une localité nommée encore
s'assit bº>'y rinEn qui est sur le chemin de de nos jours Teffouahh, et qui ne peut être
Temnat, etc. Les mots hébraïques que je que le Beit-Teffouahh de l'Ecriture (Jos. xv,
viens de transcrire sont fort embarrassants ; # puisqu'elle est nommée auprès de Kiriat
ils signifient littéralement, près de l'ouver Arbaâ, qui est Hébron (verset 54). Ce ne
ture des deux sources, et j'avoue que je suis peut être évidemment notre Ayn-Djenim
bien tenté d'adopter ce sens très-simple. Taffouahh qui est citée dans la même région
Cahen les traduit par, sur la voie publique, † Iermout et Chouïkah qui sont toutes les
tandis que les Septante les traduisent par , eux à quelques lieues au nord-ouest d'Hé
aux portes d'Einan; ils me donnent donc en bron. C'est donc de ce côté qu'il faudra né
† sorte raison. Rien, tout bien consi cessairement rechercher la localité biblique
déré, n'empèche de croire qu'à l'époque où en2°question.
ENGANNIM. — Nous lisons dans le Livre
vivaient les fils de Jacob, il n'y avait pas en
core auprès de ces deux sources une véritable de Josué (xIx) : — 17. A Issakhar échut le
ville qui ne s'éleva que plus tard et fit partie uatrième lot, aux enfants d'Issakhar, selon
du territoire de la tribu de Juda. J'ignore eurs familles. — 18. Leur lumite fut à lez
quel est le point du territoire de Juda où il raël, et à Heksalout et à Sounem. — 19. Et à
faut chercher les traces de cette localité bi Khafarim, et à Saoun, et à Anakharet. - 20.
blique, mais je ne doute pas qu'elle ne se Et à Hekabeit, et à Kesioun et à Abes. — 21.
retrouve quelque jour avec certitude. L'em Et à Ramet, et à Ayn-Djenim,et à Ayn-Kedah,
placement de Timnah est bien déterminé au et à Beit-Fases.
† il se trouve à une huitaine de Plus loin dans le même livre nous trouvOns
ieues à l'ouest de Jérusalem, au point nom l'énumération des villes sacerdotales attri
mé aujourd'hui Tibnah, qui est situé sur une buées dans le territoire de chaque tribu aux
hauteur, en avant de laquelle (c'est-à-dire, à Levites ; en voici un passage (xx1) : — 28.
moins d'une lieue à l'est) se trouve un point Et de la tribu d'Issakhar, Kesioun avec ses
nommé Ayn-ech-Schems (la source du soleil), pâturages, Daberout avec ses # -

qui pourrait probablement s'identifier avec 29. Iarmout, avec ses pâturages, Ayn-Djenim,
les sources du verset de la Genèse. — (Voy. avec ses pâturages : (en tout) quatre villes.
TIMNAH. Il ne peut, je crois, rester de doutes sur
AYN-DJENIM, ENGANNIM. — Deux loca l'identification de l'Ayn-Djennim de l'Ecri
lités différentes ayant porté ce nom, nous ture sainte avec la moderne Djenin qui se
allons nous occuper successivement de cha trouve sur les premières pentes de la chaîne
· cune d'elles. de collines qui borde à l'est la plaine de
l° AYN-DJENIM de la tribu de Juda. Nous Jezraél ou d'Esdraelon (le Merdj-ebni-Aâmer
lisons dans Josué (xv) l'énumération des des Arabes). Je copie mes notes de voyage :
v.iles appartenant au territoire de Juda. Rien dc plus charmant, en arrivant de Na
1 17 bAA DES ANTIQUITES BIBLIQUES. BAA 118

zareth, que Djenim. Devant nous sont des mieux payer les quelques piastres exigées par
bouquets de palmiers et des vergers enclos le khandji pour une nuit passée en commun
de bois de cactus, au-dessus desquels s'élan avec les chevaux et les bêtes de toute na
ce le minaret d'une mosquée; une source ture.
vive et très-abondante répand à profusion AXAPH. — Ville de la tribu d'Aser. (Jos.
l'eau la plus limpide dans les jardins et les xIx, 25.)
prairies d'alentour. Nous côtoyons quelques AZA. — Ville de la tribu d'Ephraïm. (I
instants le ruisseau qu'elle fournit, et nous Chron. vII, 28.)
entrons enfin dans Djenin au milieu de la AZANOTH-THABOR, AzANoUTH-TABoUR. —
foule des habitants accourus pour nous voir Ville de la tribu de Nephthali. (Jos. xIx, 34.)
de près... En attendant le dîner, j'ai fait une AZECA. — Ville de la tribu de Juda, men
promenade du côté de la mosquée, et j'ai ad tionnée plusieurs fois dans les Livres saints.
miré les orangers et les palmiers magnifiques Du temps de saint Jérôme, l'Azeca ancienne
qui l'entourent. La moderne Djenin, a pris la subsistait encore dans une Azeka qu'il place
place de Ginœa, dont Josèphe † Jud., III, entre AElia et Eleutheropolis. Le voisinage de
III, 4) fait une riante description qui de nos Socho et d'Adoullam suffit pour préciser la
jours est encore exacte de tout point.De l'an position d'Azeca.
cienne Ginoea, il ne reste que quelques fon
dations de murailles en §l
appareil, situées AZOT, EsDoD (Esdoud). — Azot fut une
auprès de la mosquée, et que les habitants des cinq grandes villes des Philistins. Saint
exploitent comme une carrière commode. Jérôme dit formellement qu'elle se nomme
La forme † e':2 pv du nom de la lo en hébreu Esdod, nom parfaitement conservé
dans l'Esdoud moderne.
calité biblique dont je 'm'occupe, et la pré
sence de la magnifique source de Djenin ne Elle avait un port sur la Méditerranée,
me laissent pas de doute sur l'identité de ces appelé Maïouma (Majuma, Mai»psv; tom. V
deux localités. oncil., pag. 192); ce qui formait deux villes
La route qui de Djenin se dirige vers Na séparées au point que la ville maritime a eu
plouse entre dans un vallon assez resserré son évêque distinct de l'Azot qui est dans
† présente presque partout des traces non les terres.
quivoques d'une antique voie pavée. De loin Josèphe dit que Azot était la limite de la
en loin, les rochers laissent voir quelques tribu de Dan, du côté du midi, et que ses
vestiges de travaux antiques. Ainsi, à la sor campagnes étaient fertiles en moissons, Hé
tie même de † , on gravit les marches rodote en parle comme d'une grande ville de
d'un escalier placé au fond d'une tour nom Syrie, et dit que Psammitikos l'assiégea pen
mée El-Bordj et placée à droite sur la hau dant vingt-neuf ans, et que c'est le plus long
teur qui domine la route. Enfin, à une lieue siége qu'aucune ville ait soutenu. (Lib. II ,
environ de Djenin, j'ai rencontré, à gauche cap. 157.) Strabon met les Azotiens parmi les
du chemin, un caveau sépulcral taillé dans † grandes nations qui sont mêlées aux
les flancs du rocher. Un khan assez vaste, yriens. Pline, en parlant de l'agricuiture de
mais d'une extrême malpropreté, sert à la Syrie, s'exprime ainsi (lib. xx,, cap. 5) :
Djenin de logis à tous les voyageurs qui ne Syria in hortis operosissima est, indeque pro
se soucient pas de bivouaquer, et qui aiment verbium Grœcis : « Multa Syrorum olera. »

B
BAAL. — Bâal était la grande divinité des #
-27.)
en latrines publiques. (II Rois, x,
Syriens, des Moabites et des autres peuples
de l'Asie occidentale. Les ruines du temple BAAL. — Les Chroniques (Iv, 33, et v, 23)
le plus célèbre qui lui ait été élevé existent mentionnent une ville du nom de Bâal, de la
encore à Bâalbeck, et ces ruines s'élèvent sur tribu de Siméon.
celles d'un édifice plus ancien encore, et BAALA, BAALAH.-Le Livre de Josué donne
qui doivent remonter aux premiers âges. le nom de Bâala à Kiriath-Iarim (xv,9,10, 1 l,
Bâal , c'est le soleil. Aussi les Israélites 29). C'est donc évidemment son nom antique.
construisaient-ils toujours les hauts-lieux de Reland pense qu'il y a plusieurs Bâala ou Bâla.
Bâal sur des éminences : AEdificaverunt ex En effet, Josué décrivant les villes de Juda
celsa Baal. (Jerem. xxxII, 35.) mentionne d'abord une Bâala, qu'il place en
Achab, roi d'Israél, construisit un temple de tre les villages du mont Ephrom et la mon
Bâal à Samarie : il y avait autour de ce temple tagne de Seir (9, 10), c'est-à-dire au midi.
un bois sacré. Ensuite (60) il mentionne Kiriath-Bâal,
Joram, son fils, enleva les statues de Bâal, autre ville située dans les montagnes centrales
que son père avait fait faire. de la tribu de Juda.
Un des passages les plus curieux du II" Éi Et la Vulgate met entre parenthèses (Haec
vre des Rois est celui où Jéhu attire à Sa est Cariathiarim , urbs silvarum). Y aurait-il
marie tous les prêtres de Bâal, sous prétexte eu deux villes, dans la même tribu , portant
d'une solennité, et les fait tous massacrer #able.
nom de Kiriath-Iarim ? C'est peu pro
dans le temple, qu'il fait raser ensuite et
-
119 BAA DICTIONNAIRE BAB 120

D'un autre côté, l'arche † avait été prise avancé dans le désert, fortifié par Salomon
par les Philistins, lorsqu'elle fut rendue aux our protéger les caravanes qui allaient faire
lsraélites, se rendit à Beit-Semes(Bethsames), e commerce dans la haute Mésopotamie.
aujourd'hui Aïn-Schems. De Beit-Semes elle BAAL-BERITH. — Il est fait mention de
fut portée à Kiriath-Iarim. Mais celle-ci de 70 sieles d'argent pris au temple de Baal
vait être la Kiriath-Iarim du centre de la Berith, dans le Livre des Juges (Ix, 4), et
tribu, voisine, par conséquent, des Bethsa donnés à Abiméleck pour lever des troupes
mites, et nullement la Bâala de la frontière et se faire nommer roi de Sichem. Les tem
méridionale. ples de Baal, comme celui du vrai Dieu,
Il faudrait conclure de ce fait que le nom avaient donc un trésor où étaient déposées
de Kiriath-Iarim a été ajouté marginalement des sommes envoyées en offrandes. Le texte
à celui de Bâala méridionale, et qu'il n'ap hébreu, parlant de l'idolâtrie des Israélites à
partient réellement qu'à Kiriath-Bâal. Josué cette époque, dit : Ils établirent sur eux
place une Bâla dans la tribu de Siméon. (xIx, Baal-Bérith. (vIII, 33.)
1.) Il mentionne aussi une montagne du BAALGAD, BAAL-DJED.-Josué (xI, 17 ; XII,
nom de Bâala sur les frontières de la tribu 7; xIII, 5) fait mention d'une Baalgad dans la
de Juda. (xv, 11
BAALAM. — Ville de la tribu de Manassé
p† du Liban et sous le mont Hermor, que
'on sait être cette magnifique hauteur de
attribuée aux Lévites. (I Chron.vI, 70.) l'Anti-Liban qui s'avance, couvert de neige ,
BAALATH, BAALET. — Ville de la tribu de comme un promontoire, sur la haute vallée
Dan.'(Jos. xIx, 44.) Josèphe place une Ba)i0 du Jourdain, et au pied duquel est Damas.
près de Gazara. (Antiq. Jud., VIII, u.) Cette Baalgad ne serait-elle pas la Baalath
BAALATH-BEER-RAMATH, BAALAT-BAR.— fortifiée par Salomon? — (Voy. BAAlATH.)
Ville des frontières de la tribu de Siméon.(Jos. BAAL-HASOR. — Ville de la tribu d'E
xIx, 8.) Il y a une Baalath mentionnée dans le hraïm, où Ammon, fils de David, fut tué par
I" Livre des Rois (Ix, 18),qui fut bâtie ou for es serviteurs d'Absalon, dans un festin que
tiſiée par Salomon.Le texte dit qu'il bâtit Baa ce dernier donna à ses frères. (II Samuel,
lath et Palmyre, dans le désert. Quelle est XIII.
cette Baalath? On a pensé que cette ville était ital-nenuos — Le Livre des Juges
la même que Bâalbek. Ce qui donnerait quel parle du mont Baal-Hermon. (Jud. III, 3.)
que vraisemblance à cette opinion, c'est que BAALIA, BAALIAH. — Nom de ville incon
le I" Livre des Rois ajoute (Ix, 19) qu'il bâtit nue, citée dans les Chroniques (II, XII, 5).
dans le Liban. D'autres ont pensé que Salo BAAL-MEON, BAAL-MAoUN. — Ville de la
mOn n'avait construit ni § en Syrie, ni tribu de Ruben. Elle fut bâtie par les Réou
la grande Palmyre dans le désert, entre Da bénites. Plus tard, les Moabites s'en emparè
mas et l'Euphrate, mais que Balaath et rent; car Ezéchiel (xxv, 3) la compte parmi
Palmyre étaient des villes construites sur les les villes moabites, et saint Jérôme, au mot de
frontières de la tribu de Nephthali, dont toute Beel-Meon, dit que c'était encore, de soIl
la partie septentrionale était dans le Liban. temps, un grand bourg de la Moabitide. Il le
Je ne me prononcerai pas d'une manière ab place, avec Eusèbe, à neuf milles d'Hésebon.
solue sur cette question difficile. La posses BAAL-PHARASIN , BAAL-FARSIM (Le sei
sion de Bâalbek, au centre même de la Syrie, neur des massacres). — C'est le champ de
celle de Palmyre, à une si grande distance de ataille, dans la vallée des Réphaïm, où
Jérusalem, s'expliquent difficilement. David défit les Philistins, (II Samuel, v, 20 ;
D'ailleurs, rien, dans les InontImerIls ae la I Chroniques, xIv, l1 ) -

partie antique de Bâalbek, ne présente l'ap BAAL-SALISAH, BAAL-SCHALISCHA.—Eusèbe


pareil salomonien; et si le grand roi avait fait et saint Jérôme nomment cette ville Beth
travailler à cette ville, il y aurait au moins Schalischa, et la placent à quinze milles de
quelques fragments d'architecture qui indi Diospolis. Saül, cherchant les ânesses de son
queraient de la parenté avec l'art judaïque. ère, passa les montagnes d'Ephraïm, et par
Je n'y ai rien trouvé de ce genre. S'il faut e pays de Salissa. Cette contrée se trouve
s'en rapporter aux descriptions de Palmyre, donc indiquée, par ce double renseignement,
il en est de même de cette ville. Ce sont là de dans le voisinage des monts d'Ephraïm : paI
graves raisons. Plus que cela, nous avons un conséquent, elle doit appartenir à la tribu de
document précis de la Bible qui nous donne C8 IlOII].
les noms des intendants des provinces, ou BAAL-THAMAR. — Voici une localité que
préfets établis par Salomon sur toute l'éten l'on écrit également Beit-Thamar. Selon Eu.
due de ses domaines, jusque dans le Homran. sèbe, elle est située près de Djebâa ( Gaba )
Or, s'il avait eu des possessions dans le centre dans la tribu dc Benjamin. Ce fut là que se
de la Syrie, il n'eût pas manqué d'y nommer livra la bataille des Israélites contre la tribu
des vice-rois ou intendants qui les eussent de Benjamin pour réclamer la dette de sang
gouvernées. † avaient refusée au sujet de la femme
Il est donc plus probable que les villes de u Lévite d'Ephraïm.( II Rois, Iv, 42.)
Qmath, Baalath, Palmyre, furent construites à BABEL. — Babel fut commencée dans la
la frontière septentrionale des Etats de Salo plaine de Sennâar, dit la Genèse (xI, 2, 9), ê!
mon. Si l'on pouvait rigoureusement excepter demeura inachevée; parce que le langage
l'une de ces villes, il faudrait dire que c'est des hommes étant confondu, il ne leur était
Palmyre, qui, par son éloignement même de pas possible de s'entendre. - •

la Syrie, pouvait très-bien être un poste Les découvertes récentes faites à Ninivº jvt
121 BAR DES ANTlQUlTES BlBLIQUES. BEE 122

tent un grand jour sur les monuments assy et Barad la fontaine où s'arrêta Agar fuyant
riens. Les ruines de Babel sont maintenant re sa maîtresse. (xvI, 14. )
trouvées. BARASA. — Ville de Moab mentionnée
BABYLONE. — Babylone est une des plus dans le I" Livre des Machabées. (v, 26. )
anciennes et des plus célèbres villes du monde. BASAN. — Basan était une vaste contrée
La Genèse la mentionne (x, 10 ) et lui donne entre le Jourdain, le torrent Iaboc et l'Her
our fondateur le fameux Nimroud, chasseur mon. Og, roi de Basan, était d'après la Bi
intrépide. La Genèse dit encore que ce même ble le dernier des descendants de la race
Nimroud bâtit Ninive, Resen et plusieurs au des géants qui avaient autrefois occupé ce
treS. pays : Cunctaque Basan vocatur terra gigan
Les interprètes modernes sont à peu près tum. (Deut. mII, 13.) Cette race avait dû s'étein
d'accord que ces fondations de villes doivent dre peu à peu. La demi-tribu de Manassé eut
être rapportées non pas à un seul homme, en partage le royaume de Basan. Edraï, une
mais à sa génération, à ses enfants. Ainsi, des villes importantes du royaume de Basan,
dans cet exemple, Nimroud voudrait dire : subsiste encore dans Edreï, à moins qu'on
Nimroud et ses descendants bâtirent les villes. ne préfère voir cette ville dans Edhra-Zara
Ontrouve dans saint Paul le nom de Babylo placée au centre du Hauran,
ne, employé pour désigner Rome. Etsaint Jean Isaïe parle des chênes de Basan. Il devait y
dans l'Apocalypse désigne également la capi avoir de belles forêts, si l'on juge par les jolis
tale de l'empire romain sous le nom de Ba bois que l'on traverse en allant de Saled à
bylone. Banias. La rive orientale du Jourdain devait
Les grandes guerres des Assyriens contre être boisée.
Israël, la longue captivité des tribus sur les BASCAMAN. — Ville de la tribu de Gad
bords de l'Euphrate ont mis des relations per où Tryphon massacra Jonathas et ses fils,
pétuelles entre cette ville et les Juifs. Aussi frère et neveux de Juda Machabée. ( IMach.
est-ce un des noms des grandes cités orien XIII, 23. )
tales le plus souvent reproduit dans les Li BASCATH. — Ville de Judée mentionnée
vres saints. Les prophètes surtout parlent par Josué. ( xv, 39. )
constamment de cette ville puissante, la per BASIOTHIA, BEzIoUTIAH. — Ville de la
sécutrice et l'ennemie acharnée de Jérusalem. tribu de Juda. ( Jos. xv, 28. )
On connaît le magnifique cantique des Is BATHUEL, BEToUEL. — Ville dc la tribu de
raélites dans leur exil : Nous nous sommes Siméon. ( I Chron. Iv , 30.)
assis sur les bords des fleuves de Babylone et BATHURIM. — Probablement BAHoUR M.
1l0t4S (I1'01lS pleuré. (Psal. cxxxvI.) — Jamais (Voy. ce # .
la poésie n'a rien produit de plus beau. BEELPHEGOR, BAAL-FAoUR.—Divinité que
Il faut lire dans les livres historiques de la les Moabites adoraient sur le mont Phégor.
Bible toute l'histoire de la captivité. Elle est C'est toujours le Baal oriental, le soleil.
pleine d'intérêt, et elle fait connaître la vie Les filles des Moabites étant venues pcr
politique de ces grands peuples de l'Orient. le conseil de Balaam dans le campement des
C'étaient constamment des guerres quidépeu Israélites au désert de Tsin, les invitèrent à
† des régions entières, et emmenaient leurs fêtes religieuses et les initièrent à Beel
es habitants en esclavage. Les Romains ne fi phegor.
rent pas autrement de Jérusalem après la des Le peuple se laissa entraîner, et la Bible
truction de la ville par Titus. dit : Israël fut initié à Beelphegor. ( Num.
BAHOURIM,BERoM.—Bahourim,ville située xxIII, 3. )
sur une montagne au delà de Béthanie en al · BEEL-SEPHON. — Montagne du désert sur
lant vers le Jourdain, dans la tribu de Benja les bords de la mer Rouge, où séjournèrent
min. ( II Sam. III, 16 .) les Israélites. ( Exod. xIv, 4.)
BALA. — Voy. SEGoR. BEELZEBUB, BAAL - SEFoUN ( Talm. vet. ,
BALA. — Voy. BAALA. BAAL-ZEBoUB, Le seigneur de la mouche). —
BALAAM.—Ville de la tribu de Manassé qui Ce Baal est encore le Baal oriental qui avait un
# º aux Lévites. ( II Chron. vI, temple à Ekvon ( Accaron). Parmi les grands
reproches adressés à Jésus par les Juifs était
BALAATH, BAALAT.— On compte trois Ba celui-ci, de chasser les esprits par Beelzébub
Iaath : l'une dans la tribu de Juda, l'autre dans prince des démons. Jésus daigna leur ré
la tribu de Dan, la dernière dans la tribu de ondre qu'il n'était pas possible que Beelzé
Siméon. ( Jos. xIx, 44 ; II Chron. vIII, 6. ) † se chassât lui-même. (Matth. xII, 24-30.)
BALOTH, BAALOUT. — Ville de la tribu de C'est un des traits de la grande puissance de
Juda. (Jos. xv, 24. ) l'instinct de superstition sur les peuples.
BAMOTH, BAMoUT. —Vallée, dans le pays BEER, BAR. - Josué cite une localité du
de Moab, où passèrent les Israélites. (Num. nom de Beer, qu'il appelle Baalath-Beer-Ra
xxI, 19, 20. math. § qui a vu El-Bireh près de Jé
BAMOTH-BAAL, BAMoUT-BAAL. — Ville de rusalem a pensé que c'était le Beer de l.E-
la tribu de Siméon. (Jos. xIII, 17.) criture ; mais il s'est trompé : cette dernière
BANE, BENI-BARAK. — Ville de la tribu de ville était de la tribu de Judas pendant que la
Dan. (Jos. xIx, 45.) El-Bireh moderne est au nord de Jérusalem.
BARACH. — Viile de la tribu de Dan. (Jos. BEEROTH.— Eusèbe place cette ville à sept
xIx, 45. ) milles de Nicopolis. Saint Jérôme corrigeant
BARAD. — La Genèse indique entre Cades Eusebe la placc à sept milles de Jérusalcm,
125 BEL DICTIONNAlRE BEL 124
exactement dans l'emplacement de l'El-Bireh duisaient à travers les montagnes. La version
moderne dont j'ai visité les ruines antiques latine écrit le nom de cette localité Baalmaim.
svec tant d'intérêt. Le savant Reland avait d'a- Au chapitre vII-3 du même livre, il est ques
bord accepté la rectification de saint Jérôme tion d'une Bs)0ig que Reland considère comme
et identifié Beeroth (Barout) avec l'El-Bireh la même, en conséquence de quoi il propose
moderne. Mais il est revenu sur sa première de lire dans les deux passages Bs)0ip ou, si
opinion et a cru définitivement que Beeroth l'on préfère, Bi)giv. L'ennemi pouvait s'ap
devait se trouver au septième mille sur la procher par la vallée du Jourdain, puisque
route de Jérusalem à Emmaüs ( Eleuthero Jéricho est l'une des villes auxquelles recom
polis ). Les raisons qu'il donne ne m'ont pas mandation est faite de se tenir sur ses gardes
convaincu, et je persiste avec saint Jérôme à et de fermer le passage aux Assyriens. En
placer Beerothà El-Bireh,par cetteraison puis tournant Jéricho, qui commandait la route
sante qu'il n'y aurait aucune localité hébraï ordinaire de cette ville à Jérusalem, une ar
ue du nom de Beer ou Bir qui pût s'identi mée d'envahissement pouvait aisément ga
ier avec l'El-Bireh moderne, et que les ruines gner le passage étroit et difficile, il est vrai,
importantes qui s'y trouvent indiquent net sur lequel sont assises les ruines considéra
tement une ancienne ville biblique COntem bles d'El-Melâeb, et cela devenait d'autant
† au moins de Salomon. L'appareil de plus pratiquable , qu'une route publique,
a grande piscine d'El-Bireh est maintenant le dont j'ai reconnu les restes évidents, occupait
même que celui de la piscine probatique à très-certainement les défilés qui précèdent
Jérusalem. El-Melâeb.Cette seule considération me porte
Il existe aujourd'hui à El-Bireh les ruines à rechercher dans El-Melâeb la Be)uiv du Li
encore imposantes d'une église latine. Ce fut vre de Judith. Ainsi que je l'ai dit plus haut,
à † selon les traditions chrétiennes, ce nom, grâce à la permutation toute natu
que la Vierge reconnut que l'Enfant Jésus relle de B en M et réciproquement, aura pu
n'était pºs avec elle ni avec personne de sa devenir Mt\6iv, et de là à Melâeb il y a si
parenté. près qu'il est tout simple de penser que les
BEHEMOTH. — Animal énorme décrit par Arabes ont transformé ce nom, dont ils ne
Job. (xL, 10.) Les uns pensent que c'est l'élé comprenaient M§ le sens, puisqu'il n'en
phant ; les autres l'hippopotame. Il mange le avait pas, en Malâeb, qui avait un sens qui
foin comme le bœuf; il va paître dans les leur était tout à fait familier.
montagnes, et les bêtes des champs viennent Je n'ajouterai plus qu'un mot au sujet du
jouer autour de lui. Ces expressions peuvent passage du Livre de Judith, c'est qu'il ré
s'appliquer à l'éléphant. Le verset suivant : Il sulte de la mesure prise par les Juifs envoyant
dort sous l'ombre dans le secret des roseaux et des émissaires à Beit-Horon et à Jéricho, que
dans les lieux humides, se rapporterait plutôt deux corps d'armée distincts menaçaient Jéru
à l'hippopotame. Du reste, ce passage de Job salem, en suivant, l'un la route par les pla
est d'une grande beauté, n'importe de quel teaux, et l'autre la route de la vallée du Jour
#º animal de la création il ait voulu par dain.Au reste, une semblable mesure était
8I'. commandée par la prudence pour un capi
Cette poésie hébraïque est d'une élévation taine qui tenait à ce que son armée trouvât
qu'on ne saurait trop admirer. sur son chemin les subsistances nécessaires.
BEL. — Divinité assyrienne. C'est évidem Jeter une multitude de soldats sur un seul et
ment la même que Baal. Les prophètes par même point à la fois, c'était ruiner le pays,
§ (Dan. xIv, †
lent aussi de en s'affamant ; diviser cette multitude en plu
BELMA. - Ce fut le campement d'Holo sieurs corps opérant simultanément par des
: herne près de Béthulie. (Judith. vII, 3.) routes différentes, c'était diviser les forces de
BELMEN. — Tertre dans les montagnes qui la défense, en subvenant à tous les besoins
avoisinent Jéricho. J'ai trouvé les ruines con de l'attaque. En résumé, les ruines placées à
sidérables d'une ville que les Arabes nom El-Melâeb sont incontestablement à cheval sur
ment El-Melâeb. Il serait d'un extrême inté une route antique qui, de la vallée du Jour
rêt de reconnaître la ville antique à laquelle dain, conduisait dans le haut pays à Jérusa
† ces ruines qui signifient le lieu lem. Le Livre de Judith nous parle d' une
où l'on joue ! Le sens de ce nom lui-même Belmen qui était certainement une place forte
donne immédiatement à penser que les Ara établie sur une route semblable, peu éloignée
bes, entendant appliquer à cette localité un de Jéricho; je propose donc de voir cette Bel
nom assez voisin d'un mot de leur langue, men dans les ruines d'El-Melâeb.
comportant un sens qui le rendait facile à gra BELUS. — Le fleuve du Bélus est une toute
ver dans leur mémoire, l'auront altéré, sans petite rivière qui prend sa source dans la par
scrupule, pour se l'assimiler. Voyons donc tie sud-ouest du Liban en face de Saint-Jean
s'il est possible de trouver quelque nom qui d'Acre. Il reçoit auprès de la ville deux au
puisse être rapproché de notre Melâeb. tres cours d'eau, dont le principal vient
Nous lisons dans Livre de Judith (Iv, 4)que de la grande plaine de Saint-Jean d'Acre que
les Juifs envoyèrent des émissaires à Beit l'on traverse en allant à Safourieh. Josèphe
Horon, à Belmen et à Jéricho, pour engager l'appelle Bm)s3:, et il le place à deux stades de
les habitants à mettre leurs villes en état de Ptolémaïs Pline consacre à ce fleuve un ar
défense, afin de fermer à l'ennemi, c'est-à- ticle très-important et que je dois discuter :
dire aux Assyriens conduits par Holopherne, Pars est Syriœ quœ Phœnice vocatur, ſini
l'8ccès de la Judée par les routes qui y con tima Judaeae intra montis Carmeli radices
125 BEN DES ANTIQUlTES BlBLIQUES. BEN 126

paludem habens quae vocatur Cendevia. Ex ea cessé de changer de maîtres et d'occupants ;


creditur nasci Belus amnis quinque mill. pass. on n'y trouve même plus d'ossements épars,
spatio tn mare perfluens juxta Ptolemaidem et de la ville des morts, les morts seuls ont
coloniam. Lentus huc cui'rit, insalubri potu, disparu, tandis que leurs demeures sont quel
sed cœremoniis sacer, limosus, vado profun quefois à peu près intactes. Il faut donc attri
dus. Nonnisi refusc mare arenas fatetur : buer aux Musulmans la violation des sépul
fluctibus enim volutatae nitescunt, detritis tures chrétiennes qui avaient été établies
sordibus. Tunc et marino creduntur astringi dans des tombes occupées, il y a tant de siè
morsu, non prius utiles.Quingentorum est pas cles, par les Hébreux et avant les Hébreux par
suum non amplius littoris spatium, idque les Jébuséens.
tantum multa per sœcula gignendo fuit vitro. Le caractère général des tombeaux de la
(PLIN., lib. xxxvI, c. 65, n. 26.) Et il ajoute vallée de Hinnom est extrêmement simple :
(lib. v, c. 19) : Rivus Pagida sive Belus vitri une porte carrée, et d'ordinaire assez basse,
fertiles arenas parvo littori miscens. donne accès dans une chambre sépulcrale,
Ajoutons à ces passages de Pline celui-ci contenant une ou plusieurs couchettes en
de Tacite (Hist., lib. v) : Et Belus amnis Ju arceau, un ou plusieurs fours à cercueil.
daico mari illabitur circa cujus conscitae are Souveñt d'autres chambres se relient à la pre
nœ admisto nitro in vitrum excoquuntur. Mo mière, et à voir le nombre des niches qu'elles
dicum id littus, sed egerentibus inexhaustum. contiennent, on est immédiatement conduit
Ces textes si intéressants constatent la pré à cette conclusion, que l'on se trouve dans
sence sur les rives et à l'embouchure du Bé des tombeaux de famille.
lus d'un sable broyé finement par les eaux de Les sépulcres les plus simples sont ceux
la mer qui a une grande facilité de vitrifica qui se rapprochent du Bal-el-Khalil , ceux
tion. Jusque-là ces caractères peuvent aussi qui couvrent la pointe de rocher qui domine
bien convenir au Bélus qui se jette dans la à la fois la vallée de Hinnom, la vallée de
mer près de Saint-Jean d'Acre, qu'au Kisson , Josaphat et l'Ouad-el-Ayn qui va rejoindre
qui s'y jette au pied du Carmel. Mais ce qui très - promptement l'Ouad-en-Nâr, sont en
ne convient nullement au Bélus, c'est la des général beaucoup plus vastes et plus soignés.
cription si détaillée de Pline qui met le fleuve Ceux-ci sont-ils plus anciens ou plus Inoder
fournissant ces sables précieux au pied du nes que les autres ? Je l'ignore, et je pense
Carmel. qu'il serait fort difficile de le préciser.
Quant au marais de Cendevia, il n'est indi Me voyant dans l'impossibilité de décrire
qué par aucun géographe, à moins que ce avec details toutes les caves sépulcrales que
ne soit le terrain bas et marécageux de la j'ai visitées en ce point, je me bornerai à en
plaine de Saint-Jean d'Acre. Je serais donc décrire quelques-unes, et seulement celles qui
tenté de regarder le Kisson comme le fleuve m'ont paru mériterune attention plus sérieuse.
situé au pied du Carmel fournissant les sa Le plus remarquable de tous ces tombeaux
bits à verre si célèbres de l'antiquité. est malheureusement en fort mauvais état
Reland fait remarquer que les talmudistes aujourd'hui, c'est celui qui est connu sous
appellent Piga ou Puga ce même fleuve que le nom de retraite des Apôtres, et qui fut,
Pline appelle Pagida. Il rappelle aussi que le pendant les croisades, transformé en une
verre en grec se nomme vt)ès et va)ès qui sorte d'ermitage où vécurent de pieux céno
ontbeaucoup de rapport avec le nom de Bélus. bites. Des peintures bysantines se voient en
Tout le sable du golfe de Saint-Jean d'Acre core au plafond du vestibule, aussi bien que
est probablement apte à la fabrication du dans les chambres qui suivent et qui sont
verre comme celui des bords du Bélus. Le assez humides. La paroi du fond du vestibule
Bélus est aujourd'hui appelé Nahr-Naman. a été violemment brisée, de sorte que la porte
BENEIAACAN. — C'est la vingt-huitième primitive a été remplacée par une baie plus
station des Israélites dans le désert. (Num. large; plus aisément franchissable sans doute,
xxxIII, 3l, 32. mais sans la moindre apparence de régularité.
BEN-ENNOM, BEN-HINNoM, GE-ENMoM (val Dans la paroi de gauche est taillée une sorte
lée des enfants de Hinnom).—Cette vallée cé de niche en arceau. Les chambres qui suivent
lebre est au midi de Jérusalem, et va s'u- ont toutes leurs parois entaillées de fours et
nir à angle droit à la vallée de Josaphat. Elle de couchettes à cercueil. Ce qui mérite dans
est encore aujourd'hui plantée de beaux ar ce sépulcre une attention toute spéciale, c'est
bres; mais le terrain est en général inculte. la frise qui surmonte l'entrée du vestibule ;
Je n'ai pas la prétention de décrire ici les c'est une frise dorique, offrant huit métopes
innombrables caves sépulcrales que l'on ren portant chacune un ornement différent, en
contre dans le flanc méridional de la vallée guise de patères, et séparées les unes des au
de Hinnom. Il faudrait un volume entier pour tres par des triglypties, qui peuvent plus
le faire. Certainement l'immense nécropole exactement être appelés des diglyphes, puis
dont on retrouve à chaque pas les traces qu'ils ne comportent que deux baguettes et
dans cette vallée, date de l'époque où les Jé deux gouttes seulement. Les deux métopes
buséens étaient maîtres du pays. Après eux, intermédiaires portent pour ornement deux
les Israélites ont confié les restes de leurs grappes de raisin, identiques de formes , une
pcres aux mèmes rochers, et les mêmes tom grappe principale est flanquée de deux grap
bes, devenues, plus tard encore, celles des ſ† qui retombent à droite et à gauche.
Chrétiens maitres de la ville, ont, depuis la es fleurons et des rosaces diverses garnis
destruction du royaume latin de Jérusalem, sent les autres métopes.
127 BEN DICTlONNAIRE BEN 12S

La tradition veut que cette cave sépulcrale de la moulure encadrant la baie, il y a deux
ait servi de refuge aux apôtres, après que le mètres cinquante centimètres. A un mètre
Christ eut été arrêté au jardin † Oliviers ; trente centimètres au-dessus du sol, la porte
mais rien absolument ne prouve que cette présente à droite une large entaille, et à gau
tradition mérite confiance. che à la même hauteur, trois autres entailles
Assez près et à l'ouest de ce tombeau, qui beaucoup plus petites, qui ont dû servir à la
clôture du monument.
est ouvert sur une plate-forme de rocher,
on rencontre une rampe assez rapide qui Au fonddu vestibule s'ouvreune porte carrée
conduit au fond d'une tranchée fort étroite, fort basse, conduisant dans deux Chambres
puisqu'elle n'a guère plus d'un mètre trente ui se suivent sur le même axe ; la dernière a
centimètres de largeur, encombrée de plantes eux mètres cinquante centimètres de profon
grimpantes, et aboutissant à une charmante deur, sur trois mètres de largeur.Au fond est
petite porte qui donne accès dans un caveau une couchette sépulcrale, surmontéed'un ar
sepulcral que je n'ai pu visiter en détail, à ceau d'un mètre quatre-vingts centimètres de
cause des difficultés que présente l'encom longueur.
brement de l'orifice. Un vestibule, en forme Une autre porte, à peu près semblable à
de niche, de trente centimètres de profon celle que je viens de décrire, en diffère en
deur et de soixante - treize centimètres de ce que ses piédroits sont verticaux. C'est la
largeur, est percé, au fond, d'une petite porte porte elle-même qui fait vestibule, d'un
de quarante-huit centimètres de largeur, et mètre de profondeur ; elle a un mètre quatre
en cintre un peu surbaissé. Le sommet de vingt-dix-sept centimètres de largeur, et elle
cette porte est distant de soixante-dix centi est encadrée d'une large moulure à cros
mètres du plafond du vestibule ; celui-ci est settes, de vingt-six centimètres de largeur
encadré par un cordon façonné en tore, et totale, formée d'un listel supérieur de six
qui fait, à droite et à gauche du sommet, deux centimètres de largeur, et d'un listel inférieur
crossettes en saillie de cinq centimètressur les de huit centimètres, séparés par une doucine
montants. Au-dessus du cordon à crossettes de douze centimètres de hauteur ; la saillie
se montre un petit fronton formé d'une dou des crossettes est de huit centimètres. Au
cine de neufcentimètres de largeur, dont toute fond de la baie, et à un mètre dix centimètres
la partie inférieure, de trois centimètres, man au-dessous du plafond, est une petite porte
que à la base du triangle. Celui-ci est garni encadrée par une plate-bande de dix cen
extérieurement d'un cordon plat de cinq cen timètres de largeur. Là des encastrements
timètres de largeur, rachetant, par un biseau irréguliers, pratiqués dans le roc au-dessus
de deux centimètres de largeur, la face du ro de la porte, ` témoignent que celle-ci a été
cher. La hauteur du tympan est de trente garnie d'une sorte d'avant-corps, dont il est
cinq centimètres, et la base a une largeur impossible de deviner la nature. . .
de soixante centimètres. Le sommet du fron Un des faits les plus curieux qui puisse se
tOn est garni d'une sorte de crête dont le consigner à propos des tombeaux de lavallée
dessin peut seul rendre compte. de Hinnom, c'est leur parfaite analogie, leur
identité, veux-je dire, avec les caves sépul
Cette petite porte, qui a une élégance crales de plusieurs nécropoles étrusques, et
réelle, devait être encadrée entre deux pilas entre autresde celle qui occupe toute la vallée
tres dont il ne subsiste qu'un seul, celui de de Castel-d'Asso, près de Civita-Vecchia. J'ai
droite. Le chapiteau de ce pilastre est assez comparé les magnifiques dessins recueillis
étrange. Au-dessous d'un petit tailloir, de six dans cette nécropole par mon ami, M. Albert
centimètres de hauteur, vient une sorte de Lenoir, et j'ai été frappé d'étonnement, en
doucine de neuf centimètres de hauteur, et retrOuVant l§ mêmes portes évasées à la
dont la courbe inférieure a dégénéré eI: ligne base, avec encadrement à crossettes, qui
droite.Au-dessous de celle-ci, trois filets plats distinguent les tombeaux de la vallée de Hin
d'un centimètre de largeur, et en retraite nom. Il serait difficile de voir, dans cette
l'un sur l'autre d'un centimètre, viennent se similitude, un simple effet du hasard, et là,
rattacher au corps du pilastre qui n'a guère sans aucun doute, existe la trace d'un fait
plus d'un centimètre de saillie sur la face du très-curieux de l'histoire des races humaines.
rocher. Enfin deux larges entailles, pratiquées J'ai remarqué à une autre entrée de sépul
dans les parois de la niche faisant fonction cre une petite fenêtre très-allongée, et en
de vestibule, ont servi nécessairement à ef forme de meurtrière arrondie au SOmmet,
fectuer la clôture du caveau sépulcral. garnie d'un cadre de même forme, le tout
Une autre entrée de sépulcre présente une ayant trente-cinq mètres de largeur. Cette
porte de deux mètres de largeur au sommet petite fenêtre , † était destinée à donner du
et de deux mètres dix centimètres à la base. jour au vestibuſe, porte, à droite et à gau
Une marche de quinze centimètres conduit che, quatre petits encadrements de barreaux,
au sol du vestibule, en avant duquel est ou probablement de fer,
sorte de grillage quiladevaient
devant former
baie. Je une
ne doute
verte une fosse dans le rocher, parallèlement
à la largeur de la porte. Celle-ci est ornée pas que cètte petite ouverture n'ait été pra
d'un encadrement à crossettes, formé de tiquée par quelque pieux cénobite qui aura
deux listels de sept centimètres de largeur, cherché un asile dans cette tombe. En effet,
reliés par une doucine de huit centimètres nous verrons un peu plus loin que les caves
de largeur. De la plate-forme de roc, sur sépulcrales de la vallée de Hinnom ont cu
laquelle est assise la porte, jusqu'au sommet souvent cette destination.
129 BEN DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. BEN 1.U.

Dans une muraille de rocner offrant des dire de la naissance même de la vallée. Là ce
traces de montants d'un très-bel encadrement, sont de simples portes carrées qui donnent ac
mais dont il ne reste que la base, j'ai trouvé un ces dans les chambres sépulcrales. Mais là, en
petit retrait en cul de four demi-circulaire, revanche, se présente assez fréquemment,
de deux mètres de diamètre, et offrant à l'in au-dessus des portes d'entrée, une inscrip
térieur, sur son pourtour, une banquette très tion composée des mots :
commode, de cinquante centimètres de lar + THC ATIAC CIQN.
geur. A environ un mètre à gauche de ce
retrait la muraille de rocher fait un retour Cette inscription a été commentée de bien
d'équerre, et présente immédiatement un des manières déjà. Les uns y ont vu un indice
second retrait de dimensions identiques avec de haute antiquité ; mais ceux-là n'ont tenu
le premier. C'étaient sans doute des endroits aucun compte de la forme des caractères
où l'on venait se reposer ou se réfugier, grecs employés, forme qui dénote une épo
soit contre le soleil, soit contre la pluie, que bien voisine de la fin de l'empire bysan
mais plus probablement contre le premier. tin, c'est-à-dire, très-probablement, celle du
Enfin j'ai encore remarqué dans les rochers royaume latin de Jérusalem. D'autres, et en
de la vallée de Hinnom une étrange con tête feu Schultz, ont supposé que cette ins
sole dont je vais donner la description, mais cription dénotait §t que les caves
que je ne saurais assigner à aucun usage sépulcrales, qui en sont munies, étaient des
probable. Dans un enfoncement assez pro Sortes de fosses communes, constituant un ci
fond, d'un mètre quatre-vingts centimètres metière qui appartenait à l'église du mont
de largeur, et entièrement taillé de main Sion, devenue aujourd'hui la mosquée d'Ed
d'homme, se voit une console d'un mètre de naby-Daoud. D'autres inscriptions plus spé
largeur et d'un mètre de saillie, venant ex cialeset plus développées, appliquées au-des
pirer contre le fond du roc, par une courbe sus de l'entrée de quelques caves de même
assez peu sentie, et portant à sa partie genre, ont paru indiquer aux mêmes anti
supérieure une large entaille rectangulaire, † que les caves † les portaient étaient
de trente centimètres de largeur, comprise es lieux particuliers de sépulture.
entre deux joues de trente-cinq centimètres Cette théorie est fort ingénieuse sans doute,
d'épaisseur chacune. A droite et à gauche mais elle croule d'elle-même en face d'une
de la console, la crête du rocher porte deux tombe qui porte, à la fois et dans le même
entailles ayant servi d'encastrement à des
poutrelles. Tout ce travail grossier aurait-il
corps d'inscription, le texte |† et le
texte général qui désignerait l'église de Sion.
été entrepris pour attacher une sorte de Je suis donc, je l'avoue, dans l'impossibilité
velarium, une simple tente contre les ardeurs d'admettre l'opinion de Schultz etj'aime mieux
du jour ? J'avoue que cela me paraît bien croire que dans la sainte Sion désignée, il
invraisemblable. S'il n'a pas été question là faut voir le paradis, c'est-à-dire le refuge des
de velarium, qu'a-t-on voulu faire ? Je serais élus dans la vie d'outre-tombe, dont la porte
bien enchanté qu'on voulût me l'apprendre. du caveau sépulcral était pour eux l'entrée.
Un peu en arrière des curieuses tombes Quoi qu'il en soit, je vais reproduire ici les
avec encadrement à crOssettes, se voit un deux seules inscriptions que j'ai rencontrées.
édifice ayant un toit en terrasse, et deux ou D'autres m'ont échappé, et je le regrette d'au
vertures donnant jour à l'intérieur; il est tant plus vivement, que les copies qui en ont
connu sous le nom de Haq-ed-Damm (le été publiées jusqu'ici laissent à peu près
prix du sang), et non, je crois, le champ du tout à désirer. Il est vrai que les traduations
sang. C'est là, dit-on, le champ qui fut acquis que l'on a données sont bien plus déplorables
des trente deniers qui avaient payé la tra encore que les copies. Le lecteur va en
hison de Judas. Ce qui est plus sûr, c'est que Juger.
cet endroit servait, à cpoque des croisades, Une cave sépulcrale, à laquelle on arrive
sous le nom corrompu de Chaudemar, à l'in par quelques marches grossièrement taillées
humation des pèlerins qui mouraient dans dans le rocher, porte, au-dessus de l'entrée,
les bôpitaux de Jérusalem. Impossible au l'inscription suivante :
jourd'hui de pénétrer dans ce monument,
dont le sol est à une dizaine de mètres en + MNHMAAIAb€
lºON0EKAAMAP0Y
contre-bas. Par les fenêtres dont j'ai parlé, Aqp0VTEPMANlKH
en distingue des caveaux funéraires et de C
très-belles arcades construites en pierres de
taille, parfaitement appareillées et d'apparence « Monumentréservé en particulier à Thecla,
romaine. Schultz a pensé que ce monu fille de Marulfe, allemande. » J'ignore ce que
ment sépulcral pourrait bien n'être que le peutêtre le sigma très-apparent rejeté au-des
tombeau du grand prêtre Ananus, dont parle sous et à droite de la dernière ligne.Voici main
Josèphe, à propos des lignes de circonval tenant les copies publiées jusqu'ici, par
lation de Titus. ( Bell. Jud., V, xIII, 2.) Wil Scholz (en 1822 ) et postérieurement par
liams admet cette identification, et je ne Kraflt.
saurais mieux faire que de l'adopter aussi. Scholz. Krafft.
J'ai dit plus haut déjà que, dans la vallée MNHMAAIAdb6 + MNHMA A'Adp6
de Hironom, les excavations funéraires étaient PON6)EKAAI'I'.P6 PON6)6 KAANAP0N
Inoins soignées, moins ornées, à mesure A b0'FTEPMANIKH Aq)0YI 6 PMANIKH
que l'on se rapprochait de l'ouest, c'est-à- + S C C
151 BEN DlCTlONNAIRE BEN 152

Voici la traduction que Krafft a jointe au atience nécessaire, je n'ai pu déchiffrer que
texte : « Ceci est le tombeau de dix hommes es mots suivants :
différents, d'Allemagne. » On conviendra sans + MNHMAAII....POTHI
difficulté, j'espère, que cette traduction est THC. TlACCIQN
d'une bouffonnerie transcendante : aussi C'est dans cette inscription, que je ne me
Villiams, qui la rapporte ( Holy city, vol. I charge pas, du reste, de compléter, que je
supplément, p. 58 ), en fait-il bonne † trouve un fait en opposition avec la théorie
Voici ses propres expressions: And all that I
can venture to assert positively Is, that either de Schultz (10). Celui-ci a publié une dernière
his decipherment, or his translation, or, mo inscription tirée de la même nécropole et qui
semble avoir échappé jusqu'ici à tout autre
|
re probably, both, are grossly erroneous. qu'à lui. La voici :
Krafft publie une seconde inscription que MNHMAAIA p€ PONTATOV6YTH
je n'ai pas vue et qu'il a trouvée dans la cave NOCONOMI0YTOYIIATPOC
sépulcrale nommée retraite des Apôtres. Je AT0C0Y.......
la reporterai d'après lui.
69HKHAI HT8MS Il me paraît très-probable que cette ins
Aqb6 S MONACTHPS cription tumulaire a été mal copiée, proba
06 KAAS T8BENAS blement à cause de son mauvais état de con
SEPAI T8TEUP servation. Je ne chercherai donc pas à la
T18 + reconstituer.
Voici la reconstruction et la traduction que J'ai maintenant passé en revue les faits les
Krafft donne de ce texte : plus intéressants qui se rattachent à la nécro
0HKH' AIA pEPQN ®EKA ANAPQN HTO YMENQ
ole de la vallée de Hinnom.Je me bornerai
MONAX THP10Y TOY BENAX TOY TEOPTI0Y : dire que les excavations sépulcrales qui la
constituent, après avoir primitivemeni été
« Tombeau de dix hommes différents, su taillées oour être des tombeaux , furent plus
périeurs du monastère de Benas, de Geor tard transformées en asile de pieux cénobites,
ges. » Je me permettrai de modifier cette qu'elles servirent à cet usage pendant plu
très-amusante traduction de la manière sui
sieurs siècles et que, plus tard encore, elles
vante : «Tombe réservée de Thécla, sainte hé reprirent leur destination première et furent
goumène du monastère de filles de Saint employées à la sépulture des Chrétiens de
Georges. » Est-ce la même Thécla que celle Jérusalem #)
de l'inscription rapportée plus haut ? Je ne BENJAMIN, BEN-IEMIN, tribu d'Israël. —
le pense pas : à moins que Krafft ne se soit Cette tribu tire son nom de Ben-Jamin, le
trompé, et que les deux inscriptions n'ap douzième et dernier des enfants de Jacob.On
partiennent, la première à la porte d'entrée, peut lire dans la Genèse l'histoire de ce fils
et la seconde à un four à cercueil du même dernier-né d'Israël.
caveau. Quoi qu'il en soit, il s'agit d'une tombe La tribu de Benjamin eut pour partage la
particulière : eiizn ôtayipova«, de Thécla, itpas contrée de la terre de Kénâan. Ses limites au
myovu ivn;, sainte supérieure du monastère levant étaient la mer Morte et le Jourdain, au
de filles (Deïr-el-Benat) de Saint-Georges. midi la tribu de Juda, sur les limites indiquées
Qùétait ce monastère sous le vocable de saint dans le Livre de Josué ; au nord la tribu d'E-
Georges ? Je l'ignore. On se rappelle qu'il phraïm, et au couchant la tribu de Dan. Jéru
a, près des vasques de Salomon, un Deir-el salem, l'ancienne Iebous, devenue la ville
Benat, ou couvent ruiné de filles, placé, par principale de tout le royaume d'Israël,se trou
conséquent, assez prèsdel-Khoudr, c'est-à-dire vait à la limite extrême de la tribu de Benja
monastère également ruiné de Saint-Georges. min, puisque la vallée de Hinnom, qui touche
Notre Thécla fut-elle supérieure de ce cou
le pied du mont Sion, sur lequel s'éleva la
vent, un peu éloigné de Jérusalem, il faut le cité de David , sert de limite à Juda et à
dire ? Je n'en sais rien.
Benjamin. On lit dans les Juges (xx, 1 et suiv.)
Krafft et, d'après lui, Villiams publient une la terrible vengeance que les enfants d'Israël
autre inscriptiou du même cimetière ; elle tirèrent sur les Benjamites de l'injure faite à
est ainsi conçue : un Lévite dont les habitants de Djebâa (Gabaa)
+ MNHMAAIA p€ POTHN avaient outragé la femme. Il est très-remar
Ap0Y'P0MIIXATIACCIQN.
quable que dans cette circonstance les usages
Et Krafft la traduit : Tombeau de différents modernes des tribus arabes furent exactement
hommes de Rome, appartenant à la sainte observées. Les Israélites s'adressèrent d'abord
Sion. Evidemment cette traduction n'a pas le à la tribu entière de Benjamin en disant :
Sens cOmmun. J'ai moi-même retrouvé cette Donnez-nous les hommes de Gabaa qui sont cou
inscription, et bien que j'y aie mis toute la pables de ce crime inſâme,afin qu'ils meurent et
(10) Faudrait-il, par hasard, lire - MNHMA AIA le niilieu du x11° siècle, dit : « Au midi de cette
q)EPON TH EKKAHXIA THX ATlAX XIQN? En ce
cas, l'opinion de Schultz, bien loin d'être en dés
source (Siloé) est le champ qui fut acheté par le
Messie pour la sépulture des étrangers. Non loin de
accord avec cette inscription, serait au contraire là sont un grand nombre de maisons creusées dans
démontrée par elle. le roc... et habitées par des cénobites. » Ainsi donc,
(11) Dès 600, les tombes de la vallée de Hinnom en 1150, c'est-à-dire pen lant la durée du royaume
étaient des ermitages, ou cellules de moines (Anto latin de Jérusalem, les tombeaux antiques de la
nius Placentinus UGoLINI. Thes., t.VII, p. Mccxvn.) vallée de llinnom servaient généralement à de pieux
- Edrisi, qui a écrit sa Géographie unirerselle vers reclus.
155 IBES DES ANTIQUITES LIBLIQUES. DET 154

que le mal soit banni d'Israèl. Les Benja assiégée par Antiochus , Eupator. Le II°
tnites refusent de satisfaire la vindicte pu Lirre des Machabées (xI, 5), place une cita
blique.lls deviennent complices du crime des | delle de ce nom à cinq stades de Jérusalem.
Gabaïtes, et toutes les tribus exigent d'eux la La tradition rapporte que c'est à la fontaine
dette du sang. On procède exactement de la de Beth-Sour que fut baptisé l'eunuque de la
même manière aujourd'hui entre les tribus reine Candace.
arabes, et lorsque je traversais la belle plaine BETE, BETHAH. — Ville de Adarzer , roi
d'Esdrelon, au pied du Thabor, je remar de Saba. (II Sam. vIII, 8.)
quai que le sol était marqué des traces d'une BETEN. — Ville de la tribu d'Aser. (Jos.
nombreuse cavalerie. J'appris que c'était un xIx, 25.)
village arabe qui venait de passer, de retour BETH-ACHARAM. — Ville de la tribu de
d'une expédition militaire contre un autre Juda. (II Esdr. III, 14.)
village pour demander satisfaction d'une dette BETHANAN, BEIT-HANIN ? — Ville indi
de sang. quée dans le I" Livre des Rois. (Iv, 9.)
BEON, BAAN.— Ville de la tribu de Ruben,
selon Eusèbe. (Num. xxxII, 3. BETHANATH, BEIT-AANET. — Ville de la
BERA, BARAH.—Ville de la tribu d'Ephraïm. tribu de Nephthali. (Jos. xIx, 38.) Eusèbe
lace au mot de Bethanath une ville du nom de
(Juges, Ix, 21.)
atanaia, située à quinze milles de Césarée ;
BEREA. — Ville que Eusèbe place à huit
milles au nord d'Eleutheropolis (Beit-Gibrin.)
et il dit qu'il † là des eaux salutaires.
Il y a une Bérée ville de Macédoine où saint Pour accepter la leçon proposée par Eusèbe,
remarque Reland, il'faudrait mettre Diocé
Paul et Silas prêchèrent l'Evangile avec beau sarée, au lieu de Césarée. Autrement Betha
coup de succès. (Act. xvII, 10.).
BEROTHA. — Ville de Galilée près de nath que nous savons de la tribu de Neph
Caidese. Ezéchiel en fait mention (xLvII, 10), †
tribu.
ne serait pas sur le territoire de cette
ainsi que l'historien Josèphe (Ant. Jud. V, 1.)
BERSCHEBA, BIR - SEBAA, BERsABEE. — BETHANlE Dour BETHABASA. — Il est fait
Disons de suite qu'il y a une Bersabée men mention dans la Vulgate d'une Béthanie au
tionnée souvent par Josèphe et qu'il écrit delà du Jourdain où saint Jean baptisait.
Bºpa«6ñ, Bapgo6i et Bapaa6ée. Il la place aux (Jean. 1,28.)
limites de la Galilée inférieure et de la Il y a longtemps que Suidas a fait une
Galilée , supérieure. (Bell. Jud. , III, II, correction sur ce texte de saint Jean, ainsi
II, xxv.) La Bersabée, si souvent citée dans gâté par quelques † Il n'y a jamais
les Livres saints qu'elle était devenue pro eu de Béthanie au delà du Jourdain. Le lieu
verbe pour indiquer l'étendue des tribus dont parle saint Jérôme, et où baptisait le
d'Israël de Dan à Bersabée , était située précurseur du Christ est Bethabara, qu'on
au midi de la tribu de Siméon. C'était en a pris pour Bethania.
eore une ville , importante au temps de Il serait important de faire cette correc
saint Jérôme, puisqu'il nous apprend que de tion, du moins par une note, aux éditions
son temps elle était devenue le chef lieu latines de l'évangéliste saint Jean. Les édi
d'une des présidences de la Palestine. tions grecques, notamment l'Elzevir de 1658
Guillaume de Tyr (Hist., l. xiv, c. 22) la d'Amsterdam, porte Bz6a62p3. Il est vrai que
place à douze milles d'Ascalon, et il dit que la foute avait éº commise par des exemplaires
de son temps elle s'appelait Beth-Gabril (la grecs que la Vulgate n'a fait que traduire.
maison de Gabriel) ; mais c'est une erreur de
Guillaume de Tyr. Cette position est trop oc BETHANIE. — Au leyant de Jérusalem et
eidentale par rapport à Hébron, — Bersabée au pied du mont des Oliviers est le village d'El
Aazarieh, partagé par la route qui conduit à
était au midi à vingt milles de Hébron. —Nous Jéricho.
pouvons certainement l'identifier avec la Bir
Seba,située dans l'Ouad-es-Seba qui fait suite A droite de la route sont quelques rares
à l'Ouad-el-Khaht, dans la direction méri habitations et un petit édifice religieux mu
dionale de Hébron. sulman ; à gauche, au milieu des maisons du
BESECATH, BAsKAT. —Ville de la tribu de village, paraît une tour carrée, exactement
Manassé. (II Rois, xxII, 1.) semblable, pour la construction, à la tour de
. BESOR, fleuve. — Le Bésor, situé sur les David. C'est donc, sans aucun doute, un mo
limites de la tribu de Siméon et de Juda, dans nument militaire qui date de l'époque des rois
de Juda .
la direction du levant au couchant, va se jeter
dans la Méditerranée, au-dessous de Ghazzeh El-Aazarieh, c'est incontestablement Bé
(Gaza); la vallée qu'il suit près de la mer thanie dont il est si fréquemment question
s'appelle l'Ouad-Scheniah. dans les saints Evangiles. Saint Jean (II, 18)
BESSAR, BEIT-SoUR, ville. — Beit-Sour, nous apprend que Béthanie était éloignée de
le Bessar de la Vulgate, est un village au nord quinze stades de Jérusalem, ce qui fait un
de Hébren, à peu de distance de Halhoul. Il peu moins de deux milles. Saint Marc (II, 1)
en est fait mention dans Josué. (xv, 58.) Il dit que Béthanie était située contre le mont
n'y a pas de doute sur cette identification. des Oliviers.Epiphanius (Adversus haereses,lib.
Beit-Sour était dans la tribu de Juda , dans 1) fait observér que l'antique voie publique,
la partie montagneuse. C'était une forteresse qui conduisait de Jéricho à Jérusalem, passait
qui défendait la Palestine du côté de l'Idumée. par Béthphagé, Béthanie et le mont des Oli
Josèphe qui la nomme Bn9ao5o dit qu'elle fut viers. L'Evangile de saint Luc nous dit très
135 BET F)lCTlONNAIRE BET - 156

positivement ( xxIv , 50 ) que : Le Christ la tribu de Benjamin, par familles, furent :


agant conduit ses disciples de Jérusalem à Jéricho,Beit-Hadjlah (nbin n'>) et Amik-Kaziz.
Béthanie, leury donna sa bénéduction, et que — D'après le nom arabe moderne de ce lieu
pendant qu'il les bénissait, il s'éleva vers le il est bien clair que le nom hébraïque n'a pas
ciel. Ce passage me paraît tout à fait con (ºté le moins du monde altéré. Quant à l'exis
cluant contre la tradition qui place si loin de tence d'une cité biblique auprès de l'Ayn
Béthanie le lieu où s'effectua l'ascension de Hadjlah, elle est, pour moi, démontrée par la
Notre-Seigneur. Reland a déjà relevé cette présence de gros cubes de mosaïque primitive,
erreur palpable, et il a eu parfaitement rai que j'y ai ramassés, et auxquels le savant Ro
son de le faire. Saint Jérôme, dans son Ono binsonn'a pas fait attention, puisqu'il déclare
masticon, dit que Béthanie est située à la qu'autour de la fontaine, il ne reste aucune
seconde borne milliaire à partir de Jérusa trace de localité antique, quoiqu'il soit démon
lem, et sur le flanc du mont des Oliviers, ce tré pour lui que là fut Beit-Hadjlab de l'Ecriture
qui est tout à fait exact. sainte. Cette ville biblique était sur la limite
C'est à Béthanie qu'eut lieu la résurrection de la tribu de Juda et de latribu de Benjamin,
de Lazare, et il est bien probable que le nom puisque nous lisons dans Josué †) : — 5...
moderne El-Aazarieh, du village de Béthanie, et la limite du côté du nord, depuis la langue
n'a jamais eu d'autre origine que le miracle de mer de l'extrémité du Jourdain. — 6. La
qui s'opéra, au vu et au su de tous les ha limite s'élève vers Beit-Hadjlah, passe au
bitants, sur le corps de Lazare. - nord de Beit-Hârbah, s'élève à la pierre de
Il n'est question qu'une seule fois de Bahan, fils de Réouben.
cette localité dans l'Ancien Testament. Et en
La limite méridionale de la tribu de Ben
core il s'agit seulement des Béthanites. Peut
être même des Béthamites. { Jud., II, 33.) jamin est ainsi décrite dans Josué (xv,19) :
Etaient-ils des habitants de Bethanoth dont — La limite passait du côté de Beit-Hadjlah,
il est question dans Josué? (xv, 59.) au nord; la limite aboutissait à la langue de
Et cependant Béthanie est certainnement malela mer Salée au nord, à l'extrémité méridio
du Jourdain : voilà la limite du sud. —
une localité hébraïque. La construction de Enfin, saint Jérôme , au mot Area-Alad,
sa tour remonte assurément à l'époque de
Salomon ou des rois de Juda ses successeurs. cite une Bethagla, qui était éloignée de Jé
richo de deux milles, et de trois milles du
BETHANOTH, BEIT-AANOUT. — Ville de la Jourdain. C'est très - certainement la cité
tribu de Juda. (Jos. xv, 59.)
BETHARABA, BEIT-HAARABAH. — Ville de biblique qui était bâtie autour de l'Ayn
la tribu de Benjamin sur la frontière de Juda. Hadjlah.
(Jos. xv, 6.) BETH-DAGON, BEIT-DADJAN.—Le Livre de
BETHARAN, BEIT-HERAM.— Ville bâtie par Josué place une localité de ce nom aux limites
la tribu de Judas. (Jos. xIII, 27. ) de la tribu d'Aser. (xIx, 27.) Les Machabées
BETH-ASMOTH, BEIT-ASMOUT ? — Localité nomment Beth-Dagon le temple de Dagon à
mentionnée dans Esdras. (vII, 28. ) Esdod (Azot), ce que signifie en effet le mot
BETHAVEN. — LOcalité de la tribu de Maison de Dagon. C'était la grande divinité
Benjamin où l'on adorait une idole. Le pro des Philistins, et ce Dagon était pour eux le
phète Osée dit : Les habitants de Samarie ont dieu du froment, le dieu des moissons, ce
adoré les vaches de Bethaven. (Ose. x, 5.) que signifie le mot Dagon.
L'emplacement le plus probable de ce lieu
s'était entre Jéricho et Bet-El. BETHEL, BEIT-EL (Beitin). — Beit-El est.
Josué et les Rois parlent de la solitude de une des villes antiques les plus souvent men
Bethaven. Josué place cette ville à l'orient tionnées dans les Livres saints. Il n'y a pas à
de Bet-El. (Jos. vii, 2.) mettre en doute que la localité moderne qui
BETHBERA, BEIT-BERAH. — Localité de la remplace ne soit Beitin.
la tribu d'Ephraïm près du Jourdain. (Jug. Quand on suit la route de Jérusalem à
vII-24.) C'était là que saint Jean - Bap - Naplouse, on passe sur des arasements de
tiste baptisait. (Joan. I, 28.) (Voy. BÉTHANIE murailles construites en blocs énormes, et
mis à tort dans la Vulgate pour Bethabara.) par conséquent d'une grande antiquité. L'ap
BETHBERAI, BEIT-BERAI.—Vilie de latribu arence actuelle de Beitin est aussi miséra
de Siméon. (I Chron. Iv, 31.) le que possible. Quelques cahutes délabrées
BETH-BESSEN, BEIT-BESSEN. — Lieu de la et inhabitées, † pans de murs d'une
#
IX, 0Z.
Benjamin dans le désert. (I Mach. église, placée à l'extrémité sud du village,
voilà tout ce qu'on aperçoit du chemin. Ce
BETHCHAR. — (Voy. BETHsUR.) chemin traverse un plateau fort étrange et
BETH-CHOGLAH, BEIT-HADJLAH. — A peu sur lequel se voient des roches affectant des
de distance du Jourdain, dans la direction formes si bizarres, que †
me suis très-sé
de Jéricho, est une belle fontaine entourée rieusement demandé si la nature seule les
de broussailles et d'arbres nains. C'est l'Ayn leur avait données. Quelques-unes de ces
Hadjlah. Là, sans aucun doute , exista la roches semblent façonnées comme des sortes
cité biblique nommée dans l'Ecriture Beit de champignons monstrueux, d'autres comme
† (Beth-Choglah des traductions de la des espèces de tribunes en plate-forme. J'ai
ible). quelque idée que si l'on étudiait à loisir cette
Beit-Hadjlah était une ville de la tribu de étrange localité, on.y trouverait assez prompº
Benjamin. (Jos. xvIII , 2l.) — Les villes de tement la preuve que la main de l'homme
157 BET DES ANTIQUITES BIBLIQUES. BET - 158

a passé par là : mais à quelle époque ? Dieu l'expédition où il soumit la Gophnitique et


le sait ! l'Acrabatène. (Bell. Jud., IV, Ix, 9 ) Ce
Le premier nom de cette ville fut Louz ou prince y laissa une garnison, avant de mar
Louzah (º et nºb), ainsi que nous l'apprend cher sur Jérusalem. Eusèbe nous dit que
la Genèse (xxvIII), 19). Elle était de la tribu Beit-el est au douzième mille , sur la route
d'Ephraïm , mais sur la frontière même de la qui conduit de Jérusalem à Sichem (ou Na
tribu de Benjamin (Josué, xvIII, 13.) — De louse), et cette mesure paraît très-exacte.
là la limite se dirigeait vers Louz, à côté 'Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem men
de Louz, vers le midi ; c'est Beth-el; la tionne cette ville sous le nom de Béthar.
limite descendait à Atarouth-Adar, sur la Voici le texte même : Inde (a Neapoli) mil
montagne qui est au sud de Beth-Horon l'in lia xxvIII, euntibus Hierusalem, in parte si
férieure. — Le Livre de Josué (xvI), décri nistra est villa quae dicitur Bethar ( alias
vant la limite septentrionale de Benjamin, Bethel); inde Hierusalem M. xII. On voit que
s'exprime ainsi : -- S'étendant de Beth-el à le pèlerin, qui d'ailleurs était contemporain
Louz (rmb bN-n'ap) et passant par la limite d'Eusèbe, compte comme celui-ci. Saint Jé
de l'Arki Atharout. — Ce dernier verset rôme enfin nous dit dans l'Onomasticon, au
semble très-nettement faire deux localités mot Agaï : Bethel. usque hodie parvus licet
distinctes de Louz et de Beth el , et cepen vicus ostenditur. Depuis lors il n'en est plus
dant la Genèse (xxvIII, 19) dit expressément : question dans les écrivains du moyen âge.
— Il (Jacob) nomma ce lieu Beth-el, et Louz Le Rév. Robinson, qui a bien étudié les
était à la vérité le nom ancien de la ville. — ruines de Beitin, est néanmoins convaincu
Rosenmüller a essayé de lever cette diffi que cette ville a recouvré une nouvelle exis
culté, en disant que le lieu où dormit Jacob, tence après le temps de saint Jérôme , et
et qu'il nomma Beit-el, était auprès de Louz, très - probablement à l'époque des Croi
et non à Louz même. Cela est possible, et sades.
j'aime mieux accepter cette interprétation BETH-EMEC, BEIT-HAAMIK. — Ville de la
que d'admettre dans le texte sacré une con tribu d'Aser. (Josué, xIx, 27.)
tradiction aussi flagrante. BETHER. — Montagnes de la tribu de
Le nom moderne Beitin, je dois le faire Benjamin ; le Livre des Cantiques (II, 17)
remarquer en passant, est identique avec le parle des petits des chevreaux sur les mon
nom ancien Beit-el à cause de la permuta tagnes de Bether.
tion, si fréquente pour les Arabes, du Lam BETH-GAMUL, BEIT-DJAMOUL. —Ville de la
en Noun et réciproquement. tribu de Ruben, dans le pays des Moabites.
C'est à Beit-el qu'eut lieu le célèbre songe (Jerem. xLvIII, 23.)
g† ue de Jacob. (Genèse , xxvIII, 19.) BETH-IESIMOTH, BEIT-IEsMoUT.—Ville de
5n aïeul Abraham avait campé à l'orient de la tribu de Ruben. (Josué, xIII, 20.)
Beit-el, sur la montagne, et il y avait déjà BETH-LE-RAOTH, BEIT-LERAoUT. — Ville
élévé un autel à Jéhovah. (Genèse xII, 8.) Beit de la tribu de Siméon. (Josué, xIx, 6.)
el fut un des lieux où Samuel allait, d'année BETHLEHEM , BEIT-LEHM. — Il y avait
en année, pour † le peuple d'Is dans la tribu de Zabulon une Beth-Lehm que
raël. (I Sam. vII, 16.) Jéroboam y fit placer un quelques-uns ont prise pour Béthulie. (Jo
veau d'or. #Rois, xII, 29.)Il institua la fête sué, xIx , 15.)
de cette idole, lui sacrifia lui-même, et établit BETHLEHEM , BEIT-LEHM. — Beit-Lehm
à Beit-el un collége de Cohenim (verset 32). est une des localités bibliques les plus inté
Un prophète vint alors et s'écria (l Rois, ressantes par leurs souvenirs. J'y arrivai le 5
xIII, 2 ) : Autel ! autel ! ainsi a dit l'E- janvier au soir, et dès le lendemain je me
ternel : Voici : un fils naîtra à la maison mis à étudier la contrée, aidé de mes compa
de David ; son nom sera Josias; il immo gnons de voyage.
lera sur toi les Cohenim des hauts lieux, qui Avant huit heures du matin nous étions à
font des encensements sur toi, et on brû la besogne. D'abord, nousnous sommes mis en
lera sur toi des ossements humains. — quête des monuments du voisinage. Un jeune
Jéroboam, étendant la main, voulut faire ar Arabe me signale une inscription en caractè
rêter le prophète , et sa main se dessécha res inconnus pour lui, et qui se trouve sur
immédiatement : mais à la prière du pro une grosse pierre voisine du tombeau de
phète, il ia recouvra. Ce fut ce même pro Rachel : ce sont deux kilomètres à faire pour
phète qui, malgré l'ordre exprès de Dieu , aller, et autant pour revenir; mais, chemin
ayant accepté le pain et l'eau d'un autre faisant, nous devons rencontrer les citernes
prophète qui demeurait à Beit-el, fut tué par antiques, nommées Biar - Daoud (les puits
un lion chemin faisant, lorsqu'il s'en retour de David), et rien que cela vaut la peine que
nait chez lui. (I Rois, xIII.) Nous lisons dans. nous fassions quelques pas en arrière. Gui
le l" Livre des Rois (xxIII, 15-16) comment dés par l'enfant qui connaît l'inscription en
la prophétie fut littéralement accomplie par question, nous partons. Le soleil est radieux,
le roi de Juda Josias. et bien qu'il ait gelé de façon que la route soit
Après la captivité, Beit-el fut repeuplée couverte de glace, il est impossible de trouver
par les Juifs revenus de Babylone. (Esdras, un temps plus favorable pour marcher.
II, 28; Néhémie, vII, 32, xI , 31.) Beit-el fut Nous nous arrêtons d'abord aux puits de
fortifiée par Bacchides, au temps des Ma David. Ils sont au nombre de trois, et taillés
chabées (I Mach. II, 50; Jos. , Ant. Jud., dans le roc vif. Nous levons le plan des ri
XIII, 1, 3), et prise par Vespasien, dans goles qui relient les orifices entre eux, ct
DICTIoNN. DEs ANTIQUITÉs BIBLiQUEs. 5
139 BET D1CT10NNAIRE BET 140

nous trouvons de nombreux petits cubes de † célébrer la grande solennité de Noël.


mosaïque qui nous démontrent que ces puits ous le vîmes pontifier avec les insignes
ont joui, dans l'antiquité, d'une certaine ré d un evêque, la mitre et la crosse. Le pa
utation. Pourquoi ce nom de Biar-Daoud ? triarche latin était en Europe.
† les considérer comme les puits où
trois braves soldats du saint roi vinrent lui
L'office du soir qui précède Noël fut
chanté dans l'église du couvent qui joint le
chercher de l'eau ? Je suis presque tenté de sanctuaire de la grande église.
le croire, quoique ces puits soient situés à Cette église est dédiée à sainte Catherine.
cinq ou six cents mètres de la Beit-Lehm Elle est petite et sans aucun intérêt. Les La
IIlOC16I'I1G. tins ont un escalier qui de là conduit à la
La fontaine actuelle de Beit-Lehm est bien chapelle souteraine de la Nativité. Ils peu
à la sortie même du village, tout près du vent encore s'y rendre par la chapelle laté
couvent et sur le penchant de la colline. Est rale du nord de la grande église (transsept),
ce là la citerne située à la porte de la ville, où se trouve une porte qui donne sur le cloî
et où les soldats de David vinrent puiser de tre des Latins, et dont ils ont la clef. Les La
l'eau ? c'est possible encore. Seulement je tins ne possèdent pas autre chose dans les
dois faire observer que le nom de Biar sanctuaires de Bethlehem. Ils ont encore une
Daoud semble rattacher aux citernes que porte qui donne entrée dans la grande nef,
nous visitons le fait curieux que je viens de que se sont réservée exclusivement les Grecs ;
rapporter. et les Latins peuvent passer par cette petite
Pendant qu'un de mes compagnons achève porte, et sortir par la grande porte de l'église.
de prendre toutes les mesures indispensables Nous assistâmes à cet office du soir. Lors
pour avoir un plan exact de ce monument, je qu'il fut terminé, on commença la procession
cours en hâte au tombeau de Rachel, alléché à la grotte de la Nativité. Il est d'usage que
que je suis par l'espérance de trouver une chaque pèlerin reçoive un cierge, dont
inscription peut-être curieuse, et à coup sûr l'extrémité est aplatie et porte l'empreinte
peu connue. Nous arrivons ainsi à l'aqueduc d'un sceau. Ces cierges deviennent un pré
antique qui conduit les eaux à Jérusalem, et cieux souvenir. Nous conservâmes les nôtres
sur l'un des blocs de recouvrement de eet avec soin, nous les avons apportés en Eu
aqueduc, connu des Arabes sous le nom de rope
Qanat-el-Tchouffar (*), on me montre un Les Peres distribueren. en même temps
seul mot, écrit en lettres de dix centimètres de petits livres latins, où se trouvent toutes
de hauteur, et du xII° siècle, à en juger par les prières des stations. Cette procession,
leur forme ; c'est le mot Strosi. Serait-ce le faite ainsi à la lueur des cierges, au chant
nom de quelque croisé italien, de l'un des
ancêtres de l'illustre famille florentine des
de quelques pauvres religieux et de jeunes
enfants de chœur, avec le pêle-mêle, dans
Strozzi?je ne me charge pas de le décider.
Puisque je suis là, autant profiter de l'oc
ces étroits souterrains, des p§étrangers
et des bons fidèles de Bethlehem, eut un
casion pour étudier la construction de l'aque grand charme pour moi. Ce n'était pas so
duc. Le canal, taillé dans des blocs enterrés, lennel dans le genre de nos cérémonies
est recouvert par d'autres blocs qui s'enche d'Occident ; mais il y avait de la grâce dans ce
vêtrent à l'aide de petits arceaux circulaires, laisser aller de la famille chrétienne parcou
alternativement en saillie et en creux, et de rant, avec le sentiment d'une piété fervente,
dix centimètres d'épaisseur. Les blocs ont un l'humble crypte qui fut le berceau de l'En
mètre de largeur, de quatre-vingt-cinq à fant-Dieu.
quatre - vingt - dix centimètres de hauteur, Je vais décrire ce précieux sanctuaire,
et le canal proprement dit a cinquante complétement creusé dans le rocher.
centimètres de largeur. On ne peut m'ap
prendre d'une manière bien précise où abou On y descend de deux côtés. Ces deux en
tit cet aqueduc. L'enfant qui m'accompagne trées ont dû donner autrefois la seule lueur
rétend qu'il relie les Bourak, c'est-à-dire les qui pût pénétrer dans cette caverne.
ameuses vasques de Salomon, à la ville de La petite abside, où se trouve l'étoile, est
Jérusalem où il apporte leurs eaux. Quoique le lieu où Marie mit au monde le divin En
dépouillé presque partout de son revêtement, fant. Et l'on voit à côté l'étable où l'Enfant
cet aqueduc conduit encore de l'eau très fut placé après sa naissance. Le reste de la
pure, que je vois puiser et boire à la main grotte se prolonge, formant une petite nef
par les passants. creusée dans le rocher, à la voûte de laquelle
J'entre ensuite dans !'enclos du tombeau sont suspendues un grand nombre de lam
de Rachel, et je n'y trouve qu'un petit oualy pes. De cette nef, un corridor étroit et tor
très-moderne blanchi à la chaux, et dont les tueux conduit à quatre cryptes, où se trou
murailles sont couvertes d'inscriptions tra | vent les tombeaux de saint Jérôme, de sainte
cées à la hâte par des visiteurs musulmans Paule, de sainte Eustochie sa fille, et de
ou juifs. Tout ceci vu, nous songeons à re saint Eusèbe, abbé. La dernière de ces
gagner le couvent. cryptes est celle où se retirait saint Jérôme
Nous avions reçu des Pères de Terre-Sainte pour traduire la Bible. Elle avait une ouver
un excellent accueil. Ils savaient notre arri ture à l'occident.
Yée à Jérusalem, et l'on s'empressa autour La grotte de la Nativité est fort petite. .
de nous. Le Révérendissime, qui est le su L'abside où est l'étoile a deux mètres onze
périeur des Pères, s'était rendu à Bethlehem centimètres de largeur.
(') C'est-à-dite, aqueduc des inſidéles.
141 BET DES ANTIQUITES BIBLIQUES. BET 142

L'étable, qui est de forme irrégulière, a caverne petite et irrégulière qu'on vénère
quatre mètres quarante-huit centimètres dans aujourd'hui sous la magnifique basilique de
sa plus grande longueur, et trois mètres seize Constantin.
centimètres dans sa largeur. S'il n'y a pas de doute possible sur le lieu
La grotte entière, en y comprenant la nef de la nativité, il n'en n'est pas de même du
depuis la petite abside, a seize mètres de lieu où se fit l'adoration des mages. La tra
longueur sur deux mètres soixante de lar dition veut que ce soit dans l'étable elle
geur. même.
La forme complétement irrégulière de cette Pour cela, il faut † Suppo
crypte est à mes yeux une preuve qu'on n'a ser que Marie, après la naissance de l'En
† touché au plan primitif. La place où la fant, ne quitta pas cette caverne, où la né .
ierge se trouvait a été creusée en demi cessité l'avait fait entrer pour avoir un abri.
coupole pour y placer l'autel. Quelques tra Or les mages ne vinrent à Bethlehem que
vaux de soutènement ont été exécutés. Une douze jours après la nativité; et le texte de
colonne qui supporte un arceau de voûte, l'Evangile dit que, Entrant dans la maison,
est évidemment du temps de la réparation. ils trouvèrent l'Enfant avec Marie sa mère :
Le pavé et les parois sont de marbre gris « Intrantes domum. » (Matth. II, 11.) D'autre
veiné de blanc. La voûte était autrefois en part, le cardinal Cajétan fait uue remarque
tièrement couverte de mosaïques, dont il ne importante. Lorsque les anges annoncent
subsiste plus rien. Le rocher des voûtes se aux bergers que le Sauveur est né dans la
voit partout, notamment à l'étable, où le ro ville de David, ils leur indiquent l'étable
cher forme plafond. comme le lieu où ils trouveront l'Enfant en
A part ces travaux, le monument se mon veloppé de langes. Ce lieu était donc connu
tre avec tous les caractères de son antiquité. des bergers comme étant la grotte ou l'éta
Nous avons dans les écrivains des premiers ble ouverte, placée hors de la ville; car il y
siècles quelques documents précieux sur la avait des étables dans les autres maisons, et
grotte de la Nativité, qu'ils appellent une l'indication de l'ange eût été insuffisante,
caverne, specus, spelunca. Le plus ancien de si ce mot n'eût pas tout appris aux ber
tous, le martyr saint Justin, atteste que gers.
« Joseph se retira dans une certaine ca J'ajouterai qu'il en est de même du mot
verne, voisine de la bourgade de Bethle logement ou hôtellerie dans lequel Marie et
hem (12). » Joseph ne trouvèrent pas de place (17). C'é-
Le texte d'Origène n'est pas moins pré tait l'hôtellerie publique, le khan de Bethle
cieux, parce qu'il constate, comme un fait hem, tel qu'il se voit dans toutes les villes
très-connu, que les habitants du pays qui de l'Orient, Jérusalem, Damas, etc. L'écri
n'ont pas embrassé le christianisme recon vain sacré parlant de la même manière de
naissent et disent eux-mêmes qu'un certain l'étable et de l'hôtellerie, il faut en conclure
Jésus, que les Chrétiens adorent, est né dans que la grotte était un lieu de refuge situé
cette même caverne que l'on montre à Beth hors de laville, où pouvaient se retirer les ber
lehem (13). gers et les troupeaux.
Au commencement du Iv* siècle, du temps Maintenant, y a-t-il quelque vraisem
d'Eusèbe, on montrait le champ où avait eu blance que Marie fût restée pendant douze
lieu l'enfantement de la Vierge, mot impor jours dans ce trou ténébreux, jusqu'à l'arri
tant, qui fixe hors de la ville le lieu de la na vée des mages?Joseph était-il tellement pau
tivité (14). vre qu'il ne pût se procurer un autre asile ?
Arrive ensuite le pèlerin de Bordeaux, de Le khan demeura-t-il encombré pendant
l'an 333, qui nous apprend que Constantin douze jours, au point que Marie n'y trouva
fit bâtir une basilique à Betlhehem (15). pas deplace? Quoique la tradition de l'adora
Enfin saint Jérôme, qui eut le bonheur de tion des mages dans la grotte soit constante
passer à Bethlehem ses plus belles années, et appuyée par le plus grand nombre d'auto
mentionne fréquemment la grotte sous le rités des Pères, surtout de saint Jérôme, il est
nom de caverne, specum Salvatoris, et une difficile de l'admettre. Saint Epiphane pense
fois sous le nom d'un trou creusé dans la que ce ne fut pas dans la grotte, mais dans
terre pour être le lieu où naîtrait le Créateur une autre maison que le Seigneur fut visité
des cieux (16). par les mages. (EPIPHAN. , Adv. harres.) C'est
Ces documents émanent d'écrivains graves, aussi l'opinion de Théophylacte et de quel
qui tous avaient vu ou habité la Palestine. ques commentateurs des Evangiles. - -

L'identité du lieu de la naissance du Sau A cette première difficulté résolue, se joint


veur est donc clairement établie, et c'est la une seconde au sujet de la crèche. Etait-elle
(12) « Nato autem tunc puero in Bethlehem, (14) Agrumque demonstrantes ubi Virgo enixa
quia Joseph in vico eo non habuit quo diverteret, in infantem posuit. » (Demonstr. evang., lib. vil,
specum quemdam, vico proximum, concessit. » Ce cap. 5.) - -

texte est précieux en raison de son antiquité. (15) « Ibi basilica facta est jussu Constantini. »
(15) « ln Bethleemspeluncamostenditubi illesitna (16) « Ecce in hoc parvo foramine cœlorum Con
tus. quodutique et in iliis locis percelebre est, ut apud ditor natus est. » (HIERoN., Epist. ad Marcellam.) .
eos quidem qui a fide sunt alieni fama et nomine (17) Reclinarit eum in prœsepio, quia non erat eis
circumfertur cadem in spelunca Jesum quemdam locus in diversorio. (Luc. 11, 7.)
quem Christiani adorant et demirantur genitum
0$$6º, »
145 BET DICTIONNAIRE BET 144

en pierre ? était-elle en bois? A Rome, dans rieure. Je vis l'encastrement qui la retenait
une chapelle de Sainte-Marie-Majeure, on dans un marbre blanc qui pave la petite ab
vénère une crèche en bois, qu'on dit être side. L'étoile avait quatorze rayons; au centre
celle de Bethlehem. Les écrivains de l'anti était une pierre de porphyre, entourée d'un
quité chrétienne qui ont parlé de cette crè cercle de lames d'argent, sur lequel étaient
che, le prœsepe proprement dit qui se place gravées ces lettres latines :
dans le † ieu de la crèche, ont dit HIC DE VIRGINE MARIA JESVS CHRISTVS NATVS EST.

qu'elle était de pierre, et c'est l'avis de Qua Quaresmius remarque que le pavé en mar
resmius, qui rappelle à cette occasion un bre blanc est un peu brisé. Il pense que les
beau passage de saint Jean Chrysostome. Frères ont voulu arrêter par ce moyen la
Dans un sermon sur la nativité, il se plaint cupidité des Turcs. L'étoile d'argent aurait
qu'on ait remplacé la crèche de terre par une été, ce me semble, une plus forte tentation.
crèche d'argent, regardant comme plus pré L'étoile a cinquante-cinq centimètres de
cieuse celle qu'on avait enlevée que celle longueur, et le cercle intérieur vingt et un
qu'on avait substituée par honneur (18). Et le centimètres.
bon gardien de Terre-Sainte ajoute ce que Au-dessus de l'étoile est une table de
nous répétons fréquemment nous-mêmes, marbre blanc servant d'autel. Une peinture,
hommes des temps modernes, qui comptons au fond de l'abside, représente la Vierge à
pour peu de chose dans les Lieux saints la genoux, les mains jointes, devant son nou
décoration et les enjolivements : « Saint Chry veau-né. Joseph contemple ; les anges chan
sostome trouvait plus gracieux et plus beau tent la gloire de Dieu ; les bergers adorent, et
de baiser cette crèche nue, que de la voir le bœuf et l'âne réchauffent de leur haleine
couverte d'une lame d'argent, parce que toute l'Enfant qui crie dans sa crèche. Ce sujet était
nue elle excite davantage la piété et la dé autrefois représenté en mosaïque.
votion (19). » - La chapelle de la Crèche est plus basse de
Il n'y a aujourd'hui qu'une voix pour dé trois degrés que le reste de la grotte.
plorer qu'on ait défiguré tant de monuments Remontons dans l'église haute. C'est un des
précieux par cette manie de les rendre plus beaux monuments du christianisme, et pro
beaux, de les décorer de marbre, de les cou - bablement le plus ancien qui ait été aussi
vrir de lames d'argent. Cela s'est fait dans intégralement conservé. A part les mosaïques
les Lieux saints dès les premiers temps. Le notablement endommagées qui la couvraient
saint Sépulcre se composait de deux cham tout entière, mais qui sont d'une époque
bres sépulcrales. Il n'y a plus que les débris moins reculée, vous avez une basilique cons
de la séconde. Mais ce ne sont pas les enne tantinienne, telle que l'Eglise les construisit
mis des Chrétiens qui ont détruit la première. après son triomphe sur le paganisme. Le mo
Saint Cyrille , évêque de Jérusalem, prêchant nument est complet : nef, transsept, absides,
dans la basilique de la Résurrection, nous baies, colonnes, rien n'a été changé. En sup
apprend que ce fut sainte Hélène elle-même, primant le mur construit par les Grecs pour
lôrsqu'elle éleva ce beau monument, qui fit clore le chœur et le séparer de la nef, dispo
disparaître la première chambre pour décorer sition inintelligente, mais qui est aussi prati
l'autre avec plus de richesse. quée dans nos églises, vous apercevez le
Ce qui reste aulourd'hui des roches sacrées monument dans toute sa magnificence. Nos
du Golgotha et du Sépulcre du Sauveur est pèlerins latins n'ont pas tari dans leurs justes
† considérable, tant les réparateurs, depuis éloges de cette grande basilique.
es architectes de sainte Hélène jusqu'à ceux Guillaume de Baldensel l'appelle une église
des derniers temps, en ont fait disparaître très- dévote et très-belle, et dit qu'il n'en a
de précieux fragments ! Mais il conviendrait, jamais vu de pareille dans le monde (20).
si les églises chrétiennes accomplissaient leur Adrichomius, dans son Théâtre de la Terre
· réunion et qu'il n'y eût plus à Jérusalem de Sainte, tient le même langage sur la splen
querelles de possession entre les commu deur et l'élégance de cet édifice (21).
nions diverses, qu'on mît à nu ces roches Et le Fr. Brochard du mont Sion assure qu'il
saintes, et qu'on les entourât de grilles de n'a jamais entendu personne lui avoir dit qu'il
bronze doré, qui les protégeraient contre le en existe une plus dévote dans l'univers en
pieux vandalisme des pèlerins. tier (22).
Je dois ajouter à ces détails sur le noble Bède et Adamnanus parlent comme eux.
sanctuaire de la Nativité, quelle était la forme Et je dois expliquer ici ce que ces écrivains
de l'étoile d'argent placée sous l'autel, dans ont entendu par une église dévote. Ils ont
le lieu même où se trouvait Marie. voulu dire : portant au sentiment religieux ;
Cette étoile d'argent fut dérobée par les ce que nos modernes appellent l'art chrétien.
Grecs, il y a peu d'années, un jour où les Le beau, pour eux, a donc été dans l'effet
Latins ne surveillaient pas la chapelle infé religieux produit par le monument. Or, je
(18) « Nos quasi pro honore tulimus luteum, et ret mihi, quod nunquam magis generosam ecclesiam
posuimus argentum · sed mihi pretiosius est quod vilerim in hoc n.undo. »
ablatum est. » -
(21) « Cujus quidem :e,lificii ea magnificentia est,
(19) « Cuique gratiosins et grandius erat ipsum splendor et elegantia, ut quod huic compares toto
nudum videre et osculari, quam argento opertum, terrarum orbe mon invenias. » tApud Quaresm.)
quia magis nudum ad devotionem et pietatem exci (22) « lta devotaum sicut Bethleemitanam. » (Apud
tabat. » (Elucid. Terr. sanct., t. II, pâg. 350.) Qitaresm.)
(20) « Devotissima et pulcherrima ecclesia appa
145 BET DES ANTIQUITES BIBLlQUES BET 146

suis parfaitement de l'avis de mes bons vieux Les murs de l'atrium correspondent aux
pèlerins. L'architecture de la basilique cons murs mêmes de la basilique. De là on entre
tantinienne à Bethlehem est un art très-re dans le vestibule. Il règne dans la largeur des
ligieux, très-chrétien. Et il faut que les théo nefs, mais divisé en trois compartiments. Ce
ries exagérées de l'école moderne sur l'in vestibule est nu, sans magnificence. Il n'a
comparable supériorité de l'art gothique aient rien qui puisse le faire comparer à celui de
fortement perverti le goût, pour que les Sainte-Sophie, qui, à lui seul , forme une
voyageurs voient maintenant avec indiffé immense · galerie. Une seule porte donne
rence cette précieuse basilique. entrée dans l'église. Elle est carrée, et déco
Pour moi, quelque merveilleuse qu'ait été à rée seulement d'une large corniche saillante,
mon regard l'apparition de Sainte-Sophie, je formée de plusieurs moulures superposées.
la lrouve, comme type d'art chrétien, bien Sainte-Sophie a conservé ce style, imité de
inférieure à la basilique de Bethlehem. l'antique. •

Elles sont inondées l'une et l'autre de lu La porte de bois tombe de vétusté. C'est un
mière, ce qui est l'idée génératrice de l'Eglise fragment antique tellement précieux, qu'il est
chrétienne, chasser les ténèbres du sanc peu probable qu'il en existe de semblable
tuaire, mettre la lumière à la place des om dans le monde chrétien. Deux inscriptions,
bres, et l'amour à la place de la terreur qui l'une arabe et l'autre arménienne, sont sculp
fabriqua les dieux (23). Elles entassent la tées sur les battants de cette porte. Quares
foule devant l'autel † la largeur des nefs, mius en donne la traduction. Elles consta
de telle sorte que la table mystique du sa tent que la porte a été faite en 624, et répa
crifice chrétien se trouve au centre de l'as rée ou embellie en 676 (25). -

semblée, partagée inégalement : le clergé, Ces années sont celles de l'ère arménienne,
moins nombreux, dans l'abside , la partie et elles correspondent au xII° siècle de l'ère
noble de l'église, du haut de laquelle l'evêque, chrétienne.
père de la famille chrétienne, préside, assis Cette porte, composée de deux battants, a
sur son siège , les fidèles, dans les nefs, sans deux mètres quarante-six centimètres de lar
distinction de places pour le rang et la for geur. Elle est travaillée avec beaucoup de
tune, si ce n'est pour les sexes, qui, en Orient, oût. Ce sont des ciselures d'un faire large et
ne se sont jamais mêlés dans les églises. § représentant des croix entourées d'a-
Mais l'idée primitive est à Bethlehem dans rabesques Malheureusement, vieillies de
2oute sa pureté. L'art est un traducteur fidèle ; tant de siècles, elles s'en vont en poussière.
il reflète comme un miroir la pensée reli Une réparation intelligente les conserverait
gieuse des temps où il a été conçu ; et déjà longtemps encore. -

à Sainte-Sophie l'esprit byzantin domine ; Une fois que vous avez franchi cette porte,
l'éclectisme se fait jour. On a compilé, ra véritable monument digne de vénération, la
lnassé, dans le sacré et le profane ; et pour nef de la basilique est devant vous. Quatre
les architectes de Justinien, on sent bien que rangs de colonnes la divisent en cinq nefs.
la basilique primitive est trop *simple ; lèur La nef centrale a neuf mètres trois centimè
christianisme s'est déjà paré. tres d'une colonne à l'autre. -

Quand les architectes chrétiens demanderont Les nefs collatérales sont égales en diamè
à l'homme qui a beaucoup comparé de monu tre, et elles ont trois mètres trente-huit cen
ments religieux, dans les deux grandes ré timètres de largeur. - - -

gions du vieux monde, †


est le style type Largeur totale de la nef, vingt-six mètres
qui rappelle le plus parfaitement l'idée chré quarante centimètres. Les colonnes placées
tienne, qui s'harmonise complétement avec la sur quatre rangs sont au nombre dix pour
donnée de l'Eglise constituée après l'âge chaque rang, et la longueur de la nef est de
apostolique, il leur dira : Prenez la basilique vingt-neuf mètres.
constantinienne à Bethlehem, et vous aurez Si l'on réfléchit que chaque colonne n a.
cet art type du christianisme. que soixante - six centimètres de diamètre,
La basilique de Bethlehem était précédée l'espace occupé par les colonnes sur la sur :
d'une cour carrée, l'atrium, probablement face de la nef se réduit à peu de chose, et il
décoré d'un rang de colonnes formant por reste une vaste enceinte pour les fidèles.
tique. Les murs de cet atrium existent encore Le bras de la croix ou transsept a trente
à fleur de sol, et le vieux plan de Quaresmius sept mètres de longueur. Il se termine circu
les indique très-exactement. Trois citernes lairement par deux absides de dimensions
pour les baptêmes, selon le rite de l'immer semblables à celles de l'abside principale ou
sion, sont au centre de l'atrium. Le pèlerin chevet de l'église. - - - -

de Bordeaux, contemporain de ces monu Depuis la nef jusqu'à l'abside il y avingt


ments, nous apprend que de pareilles citernes huit mètres quarante-six centimètres, ce qui
avaient été construites auprès de la basilique donne à l'édifice cinquante-sept mètres qua
du Saint-Sépulcre (24). rante-six centimètres de longueur totale.
*,

'25) Primus in orbe Geos fecit timor.... lnscription arménienne : Anno 676 accommodata :
(STATIUs, Thebaid., III, 621.) fuit porta sanctœ Mariœ opera patris Abraham é'! .
(24) « Balneum ubi infantes lavantur... » patris Aracheli, sub regno Erusam filii Etum Con
(25) lnscription arabe : Completa fuit ha c porta stantini : Christus Deus auxilietur animabus ipso
Dei aurilio diebus domini nostri regis omnipotentis rum. Amen. Le style de ces deux iuscriptions est
et magnifici in vigesimo prino mensis anni 624. d'une admirable simplicité.
147 BET DICTIONNAIRE 6ET 118
Pour ceux qui ne jugent pas un monu Je suis heureux d'avoir signalé aux intelli
ment d'après ses dimensions, mais par la gences élevées qui s'occupent du problème
simplicité du plan, la proportion des parties religieux, et qui savent la connexion de l'art
et l'harmonie de l'ensemble, la basilique de avec la religion elle-même, la noble basili
Bethlehem se présente avec un beau carac
tère architectural.
† de Bethlehem. Il semble que le berceau
u christianisme, avec sa grotte encore in
Quatre piles d'un extrême légèreté, ayant tacte et le majestueux édifice qui la couronne,
deux demi-colonnes engagées pour corres aient été providentiellement conservés à tra
pondre aux colonnes de la nef et des absides, vers tant de siècles, comme une perpétuelle
forment le centre du transsept ; chaque ab leçon donnée à l'humanité croyante. Ve
side est séparée de ces piles par deux colon nez chercher là le vrai et le beau : le vrai dans
nes : voilà tout le système de soutènement les pures croyances évangéliques qui ont fait
intérieur. la splendeur de l'Eglise primitive; le beau dans
· Total : quarante - six colonnes, et quatre la basilique lumineuse, simple et forte image
piles avec demi-colonnes. de l'Eglise impérissable, malgré les erreurs,
La nef centrale est beaucoup plus haute les luttes et la barbarie.
que les nefs latérales; et pour cela, les deux Je n'ai parlé encore que du plan de la ba
rangs intérieurs de colonnes supportent un silique de Bethlehem, il faut donner une
mur percé de onze fenêtres, qui double la attention sérieuse à son ornementation.
hauteur de la nef principale, et supporte la L'art antique ne laissa jamais à nu les mu
charpente. railles des édifices chrétiens. Elles furent
fl n'y a pas de voûte dans tout l'édifice. recouvertes de marbres et de mosaïques. La
On sait que les basiliques n'en avaient pas. tradition à Bethlehem, quelques parties de
Le regard de l'Européen est choqué de la vue ces revêtements de marbre, qui subsistaient
des poutres †soutiennent le toit. J'ignore
si iamais l'église a été lambrissée.
encore au commencement du xvII° siècle, les
clous qui avaient servi à les sceller et qu'on y
es trois absides sont éclairées chacune par voyait à cette époque, attestent que les murs
trois fenêtres. étaient plaqués de marbre partout où ne se
Ces fenêtres sont rigoureusement en plein trouvaient pas de tableaux en mosaïque (27).
cintre : elles sont sans archivoltes ni pilastres, Je n'ai pu découvrir aucun reste de ces
absolument sans ornement (26). marbres. Les Grecs, qui ont réparé le monu
Si l'on refléchit que les murs de cette belle ment, ont couvert les murs d'un crépi uni
basilique n'ont † mètre d'épaisseur, par forme. Ils ont heureusement épargné des
ce qu'ils n'ont à supporter qu'une légère fragments considérables de mosaïques qui
charpente ; et que par le système des quatre décoraient la nef centrale et les transsepts.
rangées de colonnes on a obtenu au regard Le fragment le mieux conservé et le plus
un effet magique, l'on conviendra que le pro intéressant des mosaïques de la nef est à
blème de l'architecture chrétienne a été ré droite en entrant, et occupe une étendue de
solu, il y a quinze siècles, par la création cinq mètres de long sur deux mètres soi
des basiliques. Cette belle croix latine, ter xante-six centimètres de hauteur. Voici sa
minée par trois absides ; cette vaste nef, où distribution.
pas un espace n'est emporté, comme dans Au-dessus de l'architrave qui porte sur les
tous les autres systèmes d'église, par des chapiteaux, règne une série de personnages
piliers massifs; où tout est léger, simple, qui sont les ancêtres du Christ. Ils sont re
commode ; où rien ne sent l'effort de l'art ; présentés depuis la ceinture, les mains nues,
où tout est si solide, que, malgré les tremble quelques-uns tenant des volumens, la tête nue
ments de terre qui ont si souvent dévasté la entourée de nimbes, les uns d'or, les autres
Palestine, la basilique de Bethlehem n'a pas d'argent ; ils portent la barbe : leur vêtement
vu une de ses colonnes perdre son aplomb, est une tunique et un manteau tombant des
parce qu'elles n'ont pas à supporter de poids épaules comme le machlah arabe. Leur nom,
énormes, voilà l'architecture chrétienne en caractères latins du xII° siècle, est écrit à
trouvée. -
côté de chacun d'eux. Il en reste sept : AzoR,
Si je faisais ici le devis du prix d'une basi SADoCH, ACHIM, ELIUD, ELEAZAR, MATHAN,
lique exactement semblable à celle de Bethle IACoB. Ce dernier fut le père de Joseph, époux
hem, avec ses cinquante colonnes de marbre, de la Vierge (28). -

surmontées de leurs beaux chapiteaux co Parmi ces figures, trois seulement sont bien
rinthiens, qui ont la croix grecque dans la conservées, Achim, Eliud et Jacob. Il ne reste
rose de leur tailloir, exécutée dans une de des autres que les couleurs du visage au mi
nos villes de France par un architecte intelli lieu du nimbe.
† on serait étonné du bas prix d'un aussi Telle est cette galerie des ancêtres du Sau
el édifice. -
V6UlI'.

(26) Je mesurai la largeur d'une des fenêtres la (28) Quaresmius prétend qu'outre le nimbe ces
térales : un mêtre vingt-cinq centimètres. personnages ont une couronne sur la tête. ll est
(27) « Laterales parietes ecclesiae ubi picturae non probable que ceux des ancêtres du Sauveur qui ont
erant olim, vestiebantur tabulis maranoreis albi vel régné sur Juda depuis David avaient reçu du mo
cinerei coloris,.... ut adhuc aliquae quae superfue saiste cet attribut, qu'il n'a pas donné aux aïeux
runt in superiori parte, et clavi quibus nectebantur immédiats de Joseph qui ne furent pas rois, les
eorum vel exsistentia signa indicant cum veteri seuls qui se voient maintenant sur la mosaïque.
traditione.1 (Elucid. Terr. sanet., tom. II, pag 645.)
149 BET
DES ANTIQUITES BIBLIQUES BET
Au-dessus s'élève une série d'arcades en IIPI 5 Tuo Yoo CYNIIPOCKYNOY
plein cintre, supportées par des colonnes MENONTE 5 CY'NA03A
groupées deux à deux, et séparées par des ZOMENON 5 ANE8EMA6)I
arabesques. Les colonnettes qui supportent CEN MAKEAONION EIIIE
les arcades sont chargées d'ornementations 5 AIIOAlNAPION
géométriques; leurs chapiteaux et leurs bases.
sont feuillagés, et les arcades sont couvertes « Le saint Synode de Constantinople de
d'enroulements aussi feuillagés. cent cinquante saints Pères, assemblé sous
Théodose le Grand contre Macédonius Pneu
Les arabesques entre chaque groupe de matomaque (29), blasphémant contre l'Esprit
deux arcades sont ainsi ordonnées : un vase
à anses et à cou étroit entouré de feuillages Saint, et Apollinaire disant que le Seigneur n'a
supporte des branchages en enroulement, pas pris une âme humaine, et le saint Synode
desquels sortent des tiges terminées par des a défini et confessé que l'Esprit-Saint pro
fruits. cède du Père, Seigneur et vivifiant, con
substantiel au Père et au Fils, est adoré avec
, Les arcades géminées sont du plus haut eux et glorifié avec eux, et a dit anathème à
intérêt pour l'art religieux. Chacune d'elle est Macédonius et à Apollinaire. »
remplie, Je ne donnerai pas le lambeau de l'inscrip
1º Dans le tympan de l'arcarde, , d'une tion du concile de Nicée que je pris également,
croix grecque fond d'or, de laquelle s'échap puisque Quaresmius l'avait relevée avec
pent quatre rayons d'argent sur un fond toutes les autres inscriptions de l'église,
d'azur; en 1626.
2° D'une longue inscription en caractères On comprend l'intérêt qui s'attache à des
greCS.;
inscriptions aussi anciennes. Nous sommes
3° Au-dessous de l'inscription, d'un pupitre heureux que Quaresmius les ait dérobées à
carré, dont le dessus est ºncliné, et dont la face l'oubli.
est ornée d'une croix grecque à fleurons,
dans un encadrement entouré d'une série de Ce qui est très-singulier, c'est que la partie
petites croix grecques.
opposée de la nef, qui a également une série
Un livre, l'Evangile, orné d'une croix grec
de conciles, ne consérve plus le même système
d'encadrement.
que, est placé sur le pupitre. A droite et à De ce côté, qui est 1e nord de l'église, au
gauche sont deux chandeliers portant un lieu des arcades géminées, ce sont des ta
cierge. On sait que dans les conciles le livre bleaux carrés, divisés par des arabesques;.
sacré était placé de la sorte sur un pupitre au
milieu de l'assemblée.
chacun de ces tableaux représente une église
de style byzantin, il n'en subsiste plus que
Or, les inscriptions oe chaque , groupe deux. Ces dessins d'églises du xII° siècle sont
d'arcades contienneut le résumé d'un des
infiniment précieux ; ne fussent-ils que de
grands conciles de l'Eglise. Le beau fragment l'imagination de l'artiste, et non pas, ce qui
que j'ai dessiné présente une double arcade pourrait être toutefois, la véritable forme des
complète avec son inscription entière. C'est églises où se tinrent les conciles, ils n'en se
celle du deuxième concile général de Cons raient pas moins d'une grande valeur. ll est
tantinople. Il † de plus une demi-ar robable que ce sont les dessins.d'églises
cade où se lit un fragment de l'inscription du es plus anciens que l'on possède. . -
concile de Nicée.
Le fragment qui subsiste au nord est plus.
Voici l'inscription du concile de Constanti étendu que celui du midi que je viens de dé
nople, que je parvins à lire intégralement, crire. Il a quatorze mètres de longueur. et ile
malgré l'élévation où elle se trouve, et la chute se développe au-dessous de quatre fenêtres
de quelques petits cubes de mosaïque qui de la nef.
forment les lettres. Elle servira à rectifier
Les deux tableaux représentent, l'un l'église.
celle que Quaresmius a publiée, laquelle d'Antioche, l'autre celle de Sardique. On lit
manque de l'avant-dernière ligne et omet au-dessus de la coupole centrale de chacuno
quelques lettres. d'elles :
l** ARCADE. H CAPAIKH
H ATIA CYNO AOC H EN (sARDIQUE)
KoNCTANTINorIIoAEI H ANTIOXIA
TtoN PN ATI0N llPtoN KATA
MAKEA0NIOY TOY IINE\'MA
(ANTIoCHE)
TOMAKOY TOY BAAC pHMHCAN L'église d'Antioche présente une façade
TOC EIC TO IINEYMA TO ATION ; AIIOAI composée de trois arcades, celle du milieu
NAPIOY TOY EIIIONTOC MH EI est plus large que les deux autres; elle est
AH bENAI TO KN NOY'N AN8Pto surmontée d'une corniche au-dessus de la
IHEINON CY'NH0POIC0I EIIl quelles'élève une coupole. De plus, au-dessus
6E0A0CIOY TOY METAAOY'- † chaque arcade latérale s'élève un pavillon
11° ARCADE. carré long percé d'une fenêtre à linteau carré,
toPICENAE H ATIA C)'N0 couronné par une large corniche ; un étage
AoC : oMoAoFICEN To octogone est au-dessus éclairé de fenêtres à
IINA T0 ATION TO EK TOY IIF0C
EKIIOPEYOMENON KY'PION
† cintre, surmonté d'un dôme non plus,
émisphérique comme la coupole centrale,,
ç XooOIIOION OMOOYCION Tto moins renflé au centre, et aigu par le haut.
(29) Qui combat le Saint-Esprit.
-
151 · BET DICTIONNA1RE BET 152

Une croix grecque dans un nimbe est au mais Quaresmius nous apprend que, du côté
centre de la grande arcade. du nord, il y avait d'un côté du pupitre un
L'inscription du concile était au-dessous; encensoir, et de l'autre un chandelier et
mais la mosaïque est tombée. une croix. Ces détails sont importants
Les deux portes latérales sont fermées par pour les peintres qui travaillent dans les
des draperies, † qui s'est conservé en églises.
Orient pour les églises chrétiennes et pour Le nu de la muraille au-dessus de la porte
les mosquées, ainsi que je l'ai vu à Sainte-So d'entrée était couvert d'un arbre prophéti
phie et à l'église latine de Saïda. † aussi en mosaïque. Sur chaque branche
L'église de Sardique a également trois ar e l'arbre était un prophète en pied, tenant à
cades à sa façade ; mais une corniche les la main des tablettes, sur lesquelles étaient
couvre toutes.Une coupole s'élève sur l'arcade écrits les passages les plus saillants des pro
centrale, mais soutenue par une base à pans † Au temps de Quaresmius, de nota
en glacis. Un pavillon surmonte les arcades les fragments de cette mosaïque subsistaient
latérales; mais ici sa fenêtre est en plein cin encore. Il mentionne Joël, Nahum, Balaam,
tre, et entourée de deux autres petites fenê dont les figures étaient entières, avec les ins
tres. Sur un de ses côtés s'élève un autre criptions correspondantes de leurs livres. Il
étage, terminé par un toit aigu, et éclairé de releva les passages d'Amos et de Michée, et
fenêtres carrées. La croix grecque, dans son les noms d'Ezéchiel et d'Isaïe, ce dernier
nimbe et rayonnante, est au centre de la écrit ainsi ;
rande arcade, comme dans l'église précé IHEIAS PPhA
(ºnte. (IsAIAs PRoPHETA).
Entre chaque fenêtre est un ange vêtu Toutes les légendes de l'arbre prophétique
d'une tunique qui lui tombe sur les pieds ; et de la série généalogique du Sauveur sont
deux grandes ailes partent de ses épaules : en latin ; toutes les légendes des conciles sont
l'une tombe longitudinalement derrière lul, en grec, excepté le dernier, celui de Nicée,
i'autre est dirigée transversalement, de ma qui est en langue latine.
nière qu'elle est couverte en parti par le nimbe On aime à voir, au temps de la domination
sur lequel est la tête de l'ange. des Latins, cet accord de l'Orient et de l'Occi
Telle est cette belle disposition des mosaï dent, qui respectent mutuellement leur lan
ques de la nef. gue liturgique.
Le côté nord contenait six conciles, Pour achever de décrire cette basilique,
dois dire un mot des belles colonnes de la
#
ainsi disposés en partant du chevet de l'é- nef. Elles reposent sur un socle carré de
glise :
ANCYRE, quatre-vingt-dix centimètres; leurs bases, qui
ANTIOCHE.
dnt quelque chose de l'ionique, ont vingt-cinq
SARDIQUE. centimètres de hauteur, et le fût a un mètre
GANGRES, quatre-vingt-dix-sept centimètres , de cir
LAODICÉE. conférence. Le chapiteau est corinthien.Mais
CARTHAGE. la rose du tailloir porte une croix grecque.
J'arrête ici les troplongs développements que
Entre Sardique et Gangres, le tableau re j'ai donnés sur ce monument; mais il est
présente, au lieu d'une église, une immense d'une telle importance dans l'art chrétien,
croix grecque entre des rinceaux que je ne pouvais pas m'empêcher de le faire
Je résume donc, en faveur des peintres, la connaître aux hommes intelligents qui s'oc
décoration murale de la nef, du côté du nord.
1° Un rang de personnages représentant cupent d'architecture religieuse. Il y a à Beth
les ancêtres du Christ au-dessus de l'archi lehem, au point de vue de l'architecture et
trave. Il n'en subsiste rien. de la décoration, des mbdèles qui seront tôt
2 Une série de tableaux dans l'ordre sui ou tard adoptés, en raison de leur beauté et
vant : le tableau d'une église et un groupe du peu de dépenses qu'ils coûteront à repro
duire. -

d'arabesques, excepté qu'au milieu, au lieu Une très-belle inscription grecque, mainte
d'un tableau, il y a une croix grecque, nant perdue, portait que ce travail avait été
3° Un ange ailé et nimbé, occupant le nu achevé par Ephrem, peintre et mosaïste, sous
entre chaque fenêtre. l'empiré du grand empereur Manuel Porphy
Les conciles qui étaient inscrits du côté du rogenète le Comnène, et au temps du grand
midi étaient, en partant du chevet de l'église, roi de Jérusalem le seigneur Amaury, et du
ceux de :
NICÉE. très-saint évêque de la sainte Bethlehem, le
CONSTANTINOPLE.
seigneur Raoulinet. - -

ÉPHÈSE. Cet artiste grec du temps des croisades


CHALCÉDoINE. avait-il fait toutes les mosaïques de la nef,
ou seulement les tableaux de l'abside et des
II° DE CONSTANTINOPLE.
III° DE CONSTANTINOPLE. transsepts? Je l'ignore. Cependant je penche
II° DE NICÉE. rais pour cette dernière opinion. Celles de la
nef seraient alors d'une époque plus reculée.
Ils occupaient sept arcades géminées, séparées BETHMAACHA, BEIT-MAAKAH, —Ville de la
par des groupes d'arabesques. tribu de Nephthali. (II Samuel, xx, 14:)
Dans les mosaïques que j'ai dessinées, je BETHMAHON, BÈIT-MAoUN. — Ville de la
n'ai vu que le pupitre et les deux chandeliers: tribu de Ruben. (Jérém. xLvIII, 23.)
155 BET DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. BET - 154

BETHMARCHABOTH, BEIT-HEMERKABoUT. pousse absolument celle qui ferait régner des


— Ville de la tribu de Siméon. (Josué, XIx, 5; portiques dans tous les sens, autour de la
I Chron. Iv, 31.) piscine. D'abord, il n'y en aurait eu que
BETHNEMRA, BEIT-NEMRAH. — Ville forti quatre; ensuite, la disposition du terrain, qui
fiée de la tribu de Gad. Cette localité se re m'est parfaitement connue, ne me permet pas
trouve encore aujourd'hui dans la Beit-Nim d'adopter ce sens.
rah moderne, située au delà du Jourdain, à Une raison selon moi péremptoire, c'est
eu de distance du fleuve, et au nord-est de que le portique placé autour de la piscine
éricho. aurait donné accès au temple du côté de la
BETHONIM. — Ville de la tribu de Gad. ville, pendant que ce fossé plein d'eau, quoi
que nécessaire aux usages du temple, lui ser
(Josué, xIII, 26.) vait º même temps de défense du côté du
BETHORON, BEIT-HoRoUN. — Il y a deux Il0I'(1,
Bethoron la Bethoron supérieure et la
BETH-SAIDA. — Cette ville est mentionnée
Bethoron inférieure. On est d'accord sur la
osition de ces deux villes. Elles étaient sur par les évangélistes parmi celles de Korozin
et de Capharnaüm auxquelles le Christ adres
es limites d'Ephraïm et de Benjamin. (Josué,
xvI, 5.) Les § la donnèrent aux se ses malédictions. Seulement, dans saint
Luc, le nom de cette ville est écrit Rn6gxiô4
Lévites. (Josué, xxI, 22.) Eusèbe les place à et dans saint Matthieu Bs0axiôäv. Cette der
douze milles de Jérusalem, sur la route de
nière forme nous fait connaître la significa
Nicopolis (Emmaüs). L'indication n'est pas tion de ce nom, dans lequel il faut chercher
très-exacte. Il faut remonter un peu plus au les deux mots Beit (maison), et Saïdous (pê
nord pour retrouver Bethoron, qui est sans che,Inºx de - x, chasser et pêcher). Beth
contredit la Beit-HoRoUN moderne.
Saïda avait donc reçu son nom de l'industrie
Josèphe cite souvent cette ville, qu'il écrit de ses habitants. C'était une ville, puisque
Ba10.»pò, Ba10»pà, Bathop6 .. (Bell. Jud., II, II, saint Jean (I, 45) et saint Luc (Ix, 10) ſui don
23; Antiq., XII, xvII.) nent le titre de ro)tç. Pourtant saint Marc
Au temps de saint Jérôme, Bethoron était (vIII, 22) l'appelle simplement bourg (i3 » tä;
une petité bourgade : Rama, et Bethoron, et xºpun;, hors du bourg, et tic ray xºpnv, dans le
reliquœ urbes nobiles a Salomone constructœ bourg). Du reste, cette double appellation
parvi viculi demonstrantur. (Comment. sur n'est pas particulière à Beth-Saïda, puisque
Sophon., chap. 1,) dans les Evangiles, Beit-Lehm elle-même est
BETHPHAGE, — Bethphagé était auprès de appelée tantôt ville, tantôt bourg. ( Jean, II,
la montagne des Oliviers, sur la croupe qui 4; vII, 42.) Un autre nom, encore plus in
sépare la montagne des Oliviers du mont du fime, est donné à Beth-Saïda, dans un com
Scandale, qui n'en est que le prolongement mentaire de saint Pierre, publié d'après le
vers le midi. -
manuscrit de Médicis, et inséré au tome V des
C'était une ville sacerdotale, comme son Acta Sanctorum mensis Junii. Ce passage cité
nom l'indique (la maison des mâchoires), ar Reland est ainsi conçu : « Pierre habitait
parce que la part qui revenait aux prêtres, a Galilée, qui est un pays de la Palestine.
dahs la victime, était la mâchoire. C'est pour Sa patrie était Beth-Saïda, petite ville de peu
cela que saint Jérôme
villam sacerdotalium
† Bethphage,
maxillarum, dans son
d'importance (uixpàv ts zai tÙt i)is ro)izvto»).
Les Evangiles nous apprennent encore que
Epitaphe de Paule. Il n'est jamais fait mention Beth-Saïda était au bord du lac de Genneza
de cette bourgade ou villa, qui touchait Jéru reth (Jean, xII, 21; Marc. vI, 45, vIII, 22), et
salem, dans les livres de l'Ancien Testament. sur la rive occidentale, puisque nous lisons,
C'est de Bethphagé que le Sauveur partit ti; t à ripav, xpò: Bn0aziôàv, « sur l'autre rive, vis
our faire son entrée triomphante à Jérusa à-vis Beth-Saïda, » dans le deuxième verset que
#elques jours avant la pâque. (Matth.
XXI, l .
je viens de citer, Epiphanius (Adv. hœres., lib.
II) nous dit que Capharnaum et Beth-Saïde
BETHPHALETH, BEIT-FALETH. — Ville de étaient deux villes peu éloignées l'une de l'au
la tribu de Juda. (II Esdras, xI, 25.) . tre, où uaxpàvö,to»tövrárov : oûro» r, ôtxa tiiuat .
BETHPHESES, BEIT-FAsEs. - Ville de la Josèphe nous parle d'une Beth-Saïda qui
tribu d'Issachar. (Josué, xIx, 21.) etait située dans † Gaulonitide et dans la té
BETHPHOGOR, BEIT-FAoUR. -- Ville de la trarchie de Philippe. Cette Beth-Saida, dit
tribu de Ruben. (Josué, xIII, 20.) l'historien des Juifs, était sur le bord du lac
BETH-SAIDA, BEzETHA.-C'est le nom que de Gennezareth : elle fut relevée et embellie
le traducteur de saint Jean donne à la piscine ar le tétrarque, qui lui donna le nom de Ju
Probatique, dans la Vulgate; mais le texte ias (Antiq. Jud., XVIII, II, 1), en l'honneur
grec porte Bn017ôa. Aujourd'hui, cette piscine de Julie, tille d'Auguste (zºunv ôè Bn0aat3à v,
est connue à § sous le nom de rpôç ) iuvn ôi tà Tºvvnaapirtôt ro)s »e rapaaxov
Bezetha Elle était entourée de cinq portiques. &;i »uz, etc.). Dans la Guerre des Juifs (lI, Ix,
Il est diſſicile de s'expliquer cette disposition, 1), §, rappelant le même fait, dit que
à moins de dire qu'à l'intérieur du temple un Julias fut fondée par le tétrarque Philippe,
immense portique, soutenu par quatre rangs dans la Gaulonitide du bord de la mer (zàv rã
de colonnès, servait à abriter les sacrificateurs xäro Tzv)zvztxä). Dans le même liyre ( Ill,
qui venaient laver les victimes dans l'immense x, 7), Josèphe nous apprend que le Jourdain
lac de Bezetha. Alors l'expression de l'évangé se jette dans le lac de Gennesar, pet à r 6)t»
liste aurait une explication naturelle. Je re 'Iov)t232 on a toujours traduit ces mots par :
155 - BET DICTIONNAIRE BET 156

« après la ville de Julias. » Mais ptr3 se prend dans laquelle on pouvait aisément le rejeter
souvent dans le sens de èrri, «i;, ôtä on peut lui et sa troupe. Il campait donc forcément
donc aussi bien traduire par : vers ou au sur la rive droite du Jourdain, et à un stade
près de. seulement de la ville. Des escarmouches ont
Maintenant une ville de la Gaulonitide pou lieu ; donc évidemment les deux parties bel
vait-elle être en même temps une ville de la ligérantes sont sur la même rive. Josèphe ar
Galilée, dont Hérode Antipas était le tétrar rive à son tour, pour appuyer les opérations
que ? Reland conclut que non, et que, par de Jérémie. Il dresse une embuscade dans la
conséquent, il † avoir primitivement quelle tombe l'ennemi qui le poursuit, lors
deux Beth-Saïda, dont l'une placée sur la rive qu'il simule la fuite, puis à son tour Josèphe
occidentale du lac, conserva son nom, et se revient à la charge et met les soldats de Sylla
trouve fréquemment mentionnée dans les en déroute. Et tout cela se serait passé sur les
Evangiles, et dont l'autre, placée sur la rive deux rives du Jourdain ? et des deux côtés on
orientale, perdit son ancien nom, en rece aurait exécuté des passages de rivière avec
vant celui de Julias, que lui imposa Philippe l'ennemi sur les épaules ? C'est tout simple
le tétrarque. Il est vrai, ajoute ce savant, ment impossible; militairement parlant, c'est
que quelques personnes supposent que la absurde. Dès lors, je me permets de conclure,
Galilée comprenait une partie de la Gaulo 1° que Julias était sur la rive droite du Jour
nitide. dain, 2° que Beth-Saïda-Julias est la Beth
Voyons s'il n'est pas possible de démon Saïda des Evangiles, 3° que les belles ruines
trer que Beth-Saïda-Julias fut en réalité sur de Tell-Houm sont bien les ruines de l'une
la rive occidentale, et par conséquent la mê et de l'autre. Robinson (t. lII, p. 308, note 2)
me que Beth-Saïda de l'Evangile. Commen cite deux passages des écrivains de l'anti
çons par dire qu'il paraît au moins improba quité qui semblent me donner tort. Je n'i-
ble que deux villes, portant exactement le gnore pas que Pline (Hist. nat., v, 15) dit :
même nom, aient été situées, pour ainsi dire, Jordanes in lacum se fundit amœnis circum
en contact l'une de l'autre, et sur les rives septum oppidis, ab oriente Juliade et Hippo,
opposées du Jourdain. D'une autre part, re a meridie Tarichea, etc., etc., et que saint
marquons qu'une partie de la Décapole, con Jérôme, dans son Commentaire de l'Evangile
tenant le territoire entier de Scythopolis (Bey de saint Matthieu # s'exprime ainsi : Phi
san), était certainement sur la rive droite du lippus... ex nomine filiœ ejus (Augusti)Julia
Jourdain, tandis que tout le reste de la pro dem trans.Jordanem exstruxit. Examinons ces
vince était sur la rive gauche. Dès lors il n'y deux assertions, qui, si elles étaient fondées,
a rien qui doive tout d'abord nous empêcher me donneraient tort. Pline, qui n'avait pas
d'admettre qu'une portion de la Gaulonitide visité le pays, peut parfaitement se tromper
ait été située sur la rive droite du Jourdain, pour Julias, comme il se trompe pour Tari
tandis que tout e reste de cette province cheae, et, précisément parce que Julias était
était sur la rive gauche. une ville § la Gaulonitide, l'avoir supposée à
Heureusement nous avons mieux que des l'orient du lac de Gennezareth... Quant à saint
hypothèses à faire valoir en faveur de l'opi Jérôme, la Julias dont il parle ainsi, est la
nion qui de Beth-Saïda-Julias fait la Beth Julias de Perée, celle à qui Hérode Antipas
Saïda des Evangiles. Josèphe nous fournit imposa ce nouveau nom, en lui faisant quit
des renseignements positifs, dans un récit ter celui de Betharmptha, ainsi que nous
que j'ai déjà analysé à propos de Caphar l'apprendJosèphe lui-même.(Ant. Jud., XVIII,
naüm, et que je suis obligé de reproduire en II, 1.) Celle-ci† aussi Livias, parce
artie, parce que de ce récit résulte, je crois, que la Julie dont elle reçut le nom était Julie
a démonstration absolue que Julias était sur Livie, femme d'Auguste. Cette ville était au
la rive droite du Jourdain. Lorsque Josèphe pied du mont Faour ou Fhogor, ainsi que
fit une chute de cheval, à la suite de laquelle nous l'apprend Eusèbe au mot toyé.p. Au reste,
on dut le transporter souffrant à Capharnaüm au témoignage de Pline on peut opposer un
d'abord, et à Taricheae, dans la nuit sui témoignage bien autrement concluant à mon
vante, il venait au secours de Julias, serrée avis : c'est celui du géographe Ptolémée, qui,
de près par Sylla, chef des troupes royales. dans la Galilée, donne les degrés de Sep
Sylla avait placé des postes qui occupaient phoris, de Capharcotia, de IvLIAs ! et de Ti
les routes de Kana et de Gamala, afin d'em CI'18lS.
pêcher les habitants de recevoir aucuns vi Une seule objection peut être élevée con
Vres venant des Galiléens. D'abord, si Julias tre les conséquences que j'ai déduites du ré
était sur la rive gauche du Jourdain, cette cit de Josèphe ; c'est que si Jérémie est venu
précaution, militairement parlant, était ab s'établir à un stade seulement de Julias, il ne
surde : on ne jette pas des postes de l'autre pouvait pas être près du Jourdain, puisque de
côté d'une rivière, on en garde le gué ou Tell-Houm il a fallu à Robinson une heure
les gués, s'il y en a plusieurs, et cela suffit. et demie de marche pour arriver au bord de
Sylla était campé à cinq stades seulement de la rivière A ceci je répondrai que l'expres
Julias, c'est-à-dire à environ un kilomètre. sion dont se sert Josèphe est simplement
Jérémie. envoyé par Josèphe au secours de Tr)ngiov ro5 'lopô2vov roragoü, et que cela peut
la place, va s'établir auprès du Jourdain et à parfaitement se traduire par : du côté du
un stade seulement de la ville. Jérémie était Jourdain, en admettant que Josèphe ait voulu
un homme de guerre ; il ne se serait donc pas seulement indiquer que Jérémie s'était placé
avisé de se porter de l'autre côté d'une rivière, entre la ville et la rivière. En résumé, je main
157 BET DES ANTIQUITES BIBLIQUES. BET . 158 ,
tiens avec une entière confiance l'identifica Du reste, le nom de Scythopolis n'est jamais
lion de la Beth-Saida-Julias avec la Beth donné à Bethsan dans les anciens livres bi
Saïda des Evangiles, et de celle-ci avec les bliques. Ce n'est que dans les Machabées que
ruines de Tell-Houm. se trouve ce nom, et encore sous forme ad
Le savant Robinson place l'antique Julias jective : les Scythopolitains. C'est Bethsan qui
dans les ruines de Et-Tell qui se trouvent au est constamment nommée.
delà du Jourdain, au-dessus de lamer de Tibé BETHSETTA. — Ville de la tribu de Manas
riade et à quelque distance dans les terres ; sé ºn assiégea les Madianites. (Juges,
mais trois objections, que je crois impossibles VII, Z3.
à détruire, me paraissent rendre cette identi BETHSIMOTH, BEIT-H'IEsMoUT. -- Ville de
fication inadmissible : 1°A Et-Tell il n'y a que la tribu de Ruben. (Nomb. xxxIII, 49.)
des ruines, pour ainsi dire, barbares, et pas BETHTIIAPHUA, BEIT-TEFFUAH. — Ville de
une seule trace d'édifice somptueux, comme la tribu de Juda. (Josué, xv, 53.
dut en contenir la Julias qui prit la place de BETHUL, BEToUL. — Ville e la tribu de
Beth-Saïda. 2° Et-Tell n'est pas au bord du lac Siméon. (Josué, xIx, 4.)
de Gennezareth ; il en est à plus d'une lieue BETHULIE. -- Patrie de Judith, et l'une des
au nord ; dès lors le nom de Beth-Saïda (mai villes célèbres du peuple de Dieu par le trait
son de la pêche) n'est plus applicable à cette de courage de cette jeune veuve qui SauVa
ville. 3 Enfin le récit du combat que Josèphe non-seulement sa ville, mais encore la Judée
livra à Sylla, sous les murs de Julias, ne peut tout entière. On connaît cette belle page de
dans aucun de ses détails s'appliquer à la l'histoire des Israélites, et ce serait faire un
ville antique qui occupe le site # t-Tell. Ces résumé inutile que de la rappeler. Il Vaut
trois objections d'ailleurs s'évanouissent d'el mieux, comme toujours, renvoyer au Livr0
les-mêmes, dès qu'il s'agit de la ville im saint lui-même.
mense dont les ruines imposantes se nom Maintenant, où placer Béthulie? -

ment aujourd'hui Tell-Houm. En définitive, je Autant elle a été célèbre, autant SOn IlOm
maintiens toutes les déterminations que j'ai est connu dans le monde chrétien † :
posées plus haut. autant le lieu où elle s'éleva est difficile à in
BETHSCHEAN , ſvn a, BETsAN (BEIsAN). diquer.
- Cette ville fut appelée Scythopolis. Lés gnes,Nousprès
savons
de laqu'elle
plaine était dans lesnon
d'Esdrelon, monta
loin
interprètes grecs(Juges, 1,27), au mot Batôgé ,
ajoutent : # iart xxv6ö» nó)tç. Le docte Reland de Do§ mais comme Dothaïn n'est pas
se refuse à croire que les Scythes soient jamais mieux connue que Béthulie, il reste que nous
venus à Bethsan, quoique Hérodote (lib. 1) ait - n'avons qu'un seul document précis, celui du
arlé d'une ancienne irruption des Scythes en voisinage de la plaine d'Esdrelon Cependant
alestine. il est précieux pour nous , car Béthulie étant,
Saint Jérôme dit qu'il y a une ville de So d'après le texte, sur une montagne, sa position
choth au delà du Jourdain, du côté de Scytho nous est indiquée par la chaîne du Thabor ºt
† Le nom de Scythopolis pourrait, selon du Petit-Hermon, qui défendent au levant la
eland, venir de cette ville de Sochot ou Su laine d'Esdrelon,et forment un rempart qu'il
choth.Mais ce sont là des raisons bien faibles, aut franchir lorsqu'on est parvenu à passer
Comment aurait-on combiné le mot hébreu le Jourdain.
de Suchoth avec le mot grec de ré)ts, surtout La position que les explorateurs de la Ter
lorsqu'on avait déjà le vrai nom, le nom hé re-Sainte doivent chercher leur est indiquée
braïque de Bethsan?Le raisonnement de Re ainsi. Par conséquent, c'est entre Beisân et
land ne peut pas se soutenir. D'un autre côté, Tibériade, vers les localités modernes de Au
l'autorité d'Hérodote sur un fait d'histoire tel lâm, de Tireh, qu'il faudra faire des recher
qu'une invasion de † aquelque poids. ches. C'est une partie de la terre la † lIneX
Les Gaulois ont bien fait une invasion dans plorée. Peu de voyageurs se hasardent dans
l'Asie Mineure. Le nom de Galatie est resté cette contrée. On suit d'ordinaire le chemin
comme preuve de l'occupation du pays par de Jérusalem à Tibériade par Naplouse et
ces peuples venus de si loin. Pourquoi une Nazareth.
invasion de Scythes n'aurait-elle pas eu lieu BETHZACARA.— Ville de la tribu de Juda.
en Palestine ? (I Mach., v1, 22.)
· Bethsan, la Beisân actuelle, est située au BETHZECHA, ville. — Cette localité est près
pied des montagnes de la Judée, à la naissance de Bethléem.
d'une plaine qui s'étend depuis la mer Morte Er-Bezeth n'est peut-être que le lieu où
jusqu'au lac de Tibériade, et que les écrivains
appellent Miya rtôiov. Cette plaine était fer Bacchides, parti de Jérusalem, vint campe :
tile en palmiers, probablement les mêmes que ou (1 Machab., vII, 19.)Son nom est écrit Bº#iº
Bnzai0. mais Josèphe écrit le nom de cette
ceux de Jéricho, si célèbres dans, l'antiquité. localité Bn9znºé (Ant. Jud., XII,xI, 1), et nous
Sozomène (Hist. lib. vIII, cap. 13) raconte apprend que Bacchides vint attaquer Judas
que des moines venus de Jérusalem s'établi
rent à Scythopolis, parce que la multitude des Machabée qui y était campé.
palmiers favorisait le travail de la construc BETSAMES. — On compte plusieurs villes
tion des corbeilles, qui était leur occupation du nom de Bethsames, dont la véritable leg
habituelle. ture est Beit-Schems. 1° Il y a une _ville
sacerdotale de ce nom dans la tribu de Juda.
, Scythopolis était renommée aussi pour son (Josué, xxi, 16 ) Elle est à dix milles au le
industrie du lin.
159 CAD UICTI0NNAIRE CAL 16)

vant d'Eleuthropolis, lorsqu'on va à Nicopolis, de Machma, que Jonathas, fils de Saül, esca
d'après Eusèbe. lada pour allei attaquer le poste des Philistins.
I.a localité arabe Ayn-Schems répond pour (J Sam. , xIv, 4.)
la situation et pour le nom à Beth-Schemesch. BOSOR. — Ville forte de Gilead. (I Mach.
Les habitants de Beth-Schemesch refusèrent v, 26, 28.) Josèphe distingue dans la Gileatide
de recevoir l'arche d'alliance lorsqu'elle fut Bosor de Bosorra. Il † a ensuite une Bosor,
ramenée par les Philistins. 2° Il y a un Beth ville de refuge et ville sacerdotale, sur les
#
I, 3.3.
dans la tribu de Nephtali. (Juges, frontières de l'Arabie, dont parle Josèphe.
(Antiq., IV, vII.)
La ville de Ir-Schemesch , d'après Re BOSTRA. — Cette ville est indiquée dans les
land, doit être distincte des deux villes que anciennes notices ecclésiastiques comme la
nous venons de mentionner.—(Voy. ce
BEZEC -- Adonibezec fut possesseur de
† métropole de l'Arabie, et dont on a des mé
dailles coloniales. C'est la Bosrah actuelle des
cette v lle kénâanéenne, qui échut ensuite à Arabes. Il y a de plus une Bostra d'Idumée
la tribu de Manassé. Eusèbe dit qu'il y eut (Jérémie, xLix, 13), et enfin une Bostra de la
deux villes de ce nom, assez voisines, à dix Moabitide (Jérémie, xLvIII, 24). Il ne faut pas
milles de Naplouse, quand on va à Baisân. s'étonner qu'il y ait plusieurs Bostra, ce nom
BOEN.— Pierre de Boën. (Voy. PIERREs signifiant lieu fortifié.
CoNsACRÉEs.) BUZ, BoUz. - Peuple de l'Idumée. (Jéré
B0SES. — Un des rochers escarpés en face mie, xxv, 23.)

C
CABTZEEL, CABsEEL, KEBsAL. —Ville fron Barne, lieu du désert , située à onze jour
tière de la tribu de Juda, du côté de l'Idumée. nées du Mont-Horeb. (Deut. I, 2.) C'est de là
(Josué, xv, 21.) que Moïse envoya ses explorateurs, , pour
Reland pense que c'est la même que Iecab parcourir la terre de Kénâan. lls revinrent
tzeel. (Nehem. xI, 25.) vers Moïse, au désert de Paran, vers Cadesch.
CABUL, CHABoUL, KABoUL. — Contrée de Aux Nombres (xxxIv, 4), on place Cadesch
à la frontière méridionale de la terre de Ke
la tribu d'Aser, qui reçut ce nom d'une ma
nière assez plaisante. Salomon, pour recon nâan. Mais jamais ce nom n'est indiqué com
naître au roi Hiram le service qu'il lui avait me celui d'une ville. C'est la remarque très
rendu en lui donnant des matériaux du Li intelligente de Reland, dont j'ai plus souvent
l'occasion de suivre les indications, que je n'ai
ban pour la construction du temple et de son celle de les contredire. Eusèbe, du reste ,
alais, lui fit don de vingt villes situées dans l'avait dit clairement : « Kaddes-Barne est un
e nord de son royaume, et attenantes aux
domaines de Hiram. Celui-ci trouva le cadeau désert qui s'étend jusqu'à Petra, ville de Pa
peu royal et peu digne d'un prince aussi ma lestine. » (Au mot Kaddès-Barne. ) Et saint
gnifique que Salomon.Aussi les refusa-t-il, Jérôme, dans son Commentaire sur la Ge
en seservant du mot Kaboul (ne plaisant pas), nèse, dit : Significat locum apud Petram
† indiquer son dédain d'une pareille of qui Fons judicii nominatur, id est Cadesch.
rande. La question est donc tranchée.
Le nom de Kaboul est donc resté depuis
4° Il y a une ville de Cadesch sur la fron
tière des Edomites, où les Israélites étant ar
cette époque à cette contrée. Et si on le rivés demandèrent au roi d'Edom de passer
trouve exprimé dans Josué, c'est évidemment sur ses terres pour se rendre dans Kenâan,
dans la glose marginale qui est entrée in ce qui leur fut refusé : Nous sommes, lui di
sensiblement dans le texte; ou bien dans
rent-ils, à Cadesch, ville située sur les fron
la correction géographique que le Livre de tières. (Nomb. xx, 16.) Et comme ils venaient
Josué peut avoir subie dans des temps pos du midi, cela place la ville de Cades , d'Edom
térieurs à Salomon. sur la frontière méridionale de l'Idumée.
CADEMOTH. — Ville de la tribu de Ruben, CAIPHE (MAIsoN DE). - Une tradition qu'il
qui fut donnée aux Lévites de la famille de est difficile de ne pas admettre place la mai
Mérari. (I Chron. vI,79.) Il y a aussi un désert son de Caïphe sur le mont Sion, à peu de
de Cademoth, d'où Moïse envoya des députés distance de la maison du disciple, où Jésus
à Seon, roi des Amorrhéens, avant d'entrer fit la Cène le jeudi avant sa mort. Cette mai
†) les terres de son domaine. (Deut. xI, son de Caïphe n'a pas de vestiges apparents
CADES, CADEsCH, KADEsCH. — Il y a plu d'antiquité hébraïque. Seulement, la pierre
sieurs villes et localités du nom de Cades : qui couvre l'autel est la pierre même qui
formait l'entrée du Saint - Sépulcre. (Voy.
1° Cades dans la tribu de Juda ; 2° Cades , Quaresmius, Eluc. Terr. sanct.
ville royale des Kénâanéens, qui est dans la
tribu de Nephtali, et était une ville sacerdo La maison de Caïphe est aujourd'hui un
tale et de refuge. Cette Kedesch est indiquée petit couvent qui appartient aux Arméniens.
sur la carte de Carl Ritter à peu de distance CALANO, CHALANNE, CuALANE, KALNEH :
au nord-ouest du lac Houleh . 3" Cadesch -- Nom biblique d'une ville de Perse, qui fut
161 CAN DES ANTIQUITES BIBLIQUES. · CAN 162

plus tard Séleucie ou Ctésiphon. (Genèse, ment s'amuser deux bonnes heures en route.
x, 10; Isaie, x, 9; Amos, vI, 2.) Revenons au texte de l'Evangile. Le lende
CAMON, KAMoUN. -- Localité dans le pays main du jour où le Christ se fut attaché
de Galaad, où fut enseveli Jaïr, juge d'Israél. comme disciples André, Simon, et Pierre,
(Juges,'x, 5.) il voulut aller en Galilée ( rã iraûptov 56i)nat»
CANA, KAFR-KENNA. — Cana est un des à 'Inaoü; i#s)6:î» sis ri» Ta)i)aix» , et il ren
lieux les plus célèbres dans l'histoire évan contra Philippe, qui était de Bethsaïda ;
gélique, par le premier miracle de Jésus. En COmme André et Pierre, celui-ci suivit Jésus
partant de Nazareth pour se rendre à Tibé Christ. Chemin faisant, Philippe rencontra Na
riade, on rencontre une localité antique qui thanaël qu'il décida à écôuter le Christ, et
porte le nom de Cafr-Kenna. C'est, selon à se joindre à lui. Le troisième jour (Jean,
moi, la Cana des évangélistes. II, 1 l une noce se célébrait à Kana de Gali
A l'entrée du Kafr-Kenna est une fontaine, lée ; la mère de Jésus était là, et Jésus et ses
dont l'auge est une assez belle cuve de sar disciples s'y arrêtèrent; c'est à cette noce
cophage antique, garnie de guirlandes et de que s'opéra le miracle du changement de l'eau
disques sur ses quatre faces. La présence de en vin, pour suppléer au vin qui manquait. ll
ce sarcophage suffit pour démontrer que y avait là six hydries ( cruches à eau ) cou
Kafr-Kenna a pris la place d'une localitéan chées à terre.Jésus commanda de les rémplir
tique. Arrivés au village, nous nous sommes d'eau, et la chose faite, de les porter à l'archi
empressés de mettre pied à terre et de visi triclinium. Il se trouva que l'eau était devenue
ter l'église grecque, qui passe pour avoir été du bon vin. De Kana Jésus se rendit à Caphar
construite en commémoration du miracle que naüm, indubitablement placée au bord du
fit Jésus-Christ lorsqu'il changea l'eau en vin. lac de Gennezareth. Or, je le demande, com
Ici se présente une grave question : Kafr mentJésus, quittant Nazareth pourse rendre à
Kenna est-il bien sur l'emplacement de la Capharnaüm, eût-il pu remonter quatre ou
Kana de l'Evangile?Pour ma part,je le crois, et cinq lieues au nord, tandis qu'il † évi
j'en vais donner tout à l'heure les raisons, bien demment prendre la route battue de Nazareth
que l'opinion contraire ait été soutenue, avec à Capharnaüm, route qui passait forcément
un très-grandtalent,par le Rév. Robinson, pour par Kafr-Kenna ? J'avoue que je ne veux pas
qui, d'instinct, toute tradition catholique, d'autre preuve que celle-là, pour identifier
qu'il appelle tradition monacale, est grave ce village avec la Kana de l'Evangile, et ce
ment suspecte. Du haut de la montagne que simpleraisonnement met à néant pour moil'ar
couronne l'oualy de Naby-Sayn ( que son gumentation séduisante du savant Robinson.
guide lui a désigné sous le nom de Naby-Is Quaresmius, qui connaissait parfaitement
mayl, nom que je dois croire erroné, puisque les deux localités de Kana-el-Djalil et de
Mohammed qui habite Nazareth, et qui est Kafr-Kenna ( qu'il appelle Sepher-Kenna )
musulman, n'a pas varié sur la forme de ce déclare pencher pour la seconde, bien qu'ii
nom ), on a signalé à Robinson, au nord et n'ose rejeter formellement la tradition qui
presque à l'horizon, une localité ruinée ap milite en faveur de la première. Mais il n'y
pelée Kana-el-Djalil. Ce nom lui a été traduit a rien d'étonnant à ce que deux localités peu
, ar Kana de Galilée, mais j'avoue que je ne éloignéesl'une de l'autre, et qui toutes les deux
saurais souscrire à cette traduction. Les mots portent un nom bien voisin de celui que por
de Kana de Galilée, bien que la Galilée s'ap tait le village où s'accomplit le premier mira
pelle réellement el-Djalil en arabe, ne se tra cle de Jésus-Christ, aient voulu à l'envi reven
duiraient pas régulièrement par Kana-el-Djalil. diquer l'honneur d'être ce vénérable village.
Ce dernier mot est un adjectif signifiant grand, Après les détails si précis que je viens
illustre. Je déclare donc en toute conscience, d'extraire de l'Evangile de saint Jean, j'avoue
que pour moi les mots arabes ne signifie que je ne puis admettre ce que Robinson dit
ront jamais que Kana l'illustre ou la grande ; de Kana-el-Djalil ( t. III, p.205 ): « Wich, like
et j'ai quelque idée que les Arabes seraient wise, is sufficiently near to Nazareth, to ac
du même avis que moi. Cette Kana ruinée est à cord with allthe circunstances of the history. »
l'est de Kafr-Menda, sur le revers nord de la Ce prétendu accord n'existe pas en réalité,
grande plaine d'El-Battouf, et à trois lieues car Jésus se rendait à pied avec sa mère, ses
environ au nord de Safourieh, ce qui la place disciples et ses cousins (oi à ôt)yol aùroü ), de
à quatre ou cinq lieues, au moins, au nord Nazareth à Capharnaüm, et il ne viendra à
ouest de Nazareth. Cette distance un peu l'idée de personne qu'il ait fait pour cela un
ſorte s'accorde-t-elle avec le récit de l'évan détour d'une dizaine de lieues.
gélistesaint Jean ? Je me permets d'en douter. Qu'une vieille tradition ait prétendu recon
J'ai exactement noté le temps que nous avons naître la Kana de l'Evangile dans Kana-el
mis à aller de Nazareth à Kafr-Kenna ; il nous Djalil, je suis loin de le nier; mais que ce soit
a fallu une heure et trente-cinq minutes, en seulement depuis le xv1° siècle, que la con
évitant les mauvais bas-fonds d'Er-Reyneh, venance monacale ait définitivement reconnu
c'est-à-dire en faisant quelques détours à tra Kafr-Kenna comme le site de l'Evangile ( Ro
vers champs,et en nous arrêtant uninstant près BiNsoN, loc. cit. ),je ne puis l'accorder. Qua
de ce premier village, puis devant El-Mechhad. resmius s'exprime ainsi, en faisant connaître
Ce temps correspond assez bien à trois milles les motifs de son choix : Posterior hœc sen
romains. Je ne saurais m'expliquer comment tentia mihi valde probabilis videtur( licet al
Durkhardt a pu mettre trois heures et demie teram rejicere non audeam), quoniam prori
à parcourir ce chemin. Hl a dû lorcé mior Nazareth... et quia potest adinrsnivi
163 CAN DlCTIONNA1RE CAN 164

memoria ecclesiœ constructœ in loco mira Kafr-Kenna. Au vIII° siècle, saint Willibald a
culi. trouvé à Kana une grande église, dans la
Quaresmius a écrit son livre de 1616 à 1620, quelle on montrait une des six hydries des
et Robinson laisse entendre que c'est sur la noces de Kana. Antonin le Martyr, vers la
foi seule de ce livre, que la tradition mo fin du vI° siècle, visita également Kana. Il ne
derne s'est reportée exclusivement sur Kafr
Kenna. C'est là une erreur. Bonifacius, au
† pas d'église; mais il dit y avoir vu deux
ydries, dans lesquelles le miracle se renou
milieu du siècle précédent, place Kana à trois vela pour lui. Voici ses propres expressions :
milles au nord de Nazareth, à proximité d'une Ex quibus hydriœ duœ ibi sunt. Implevi aqua
plaine large et fertile. Cette circonstance pa unam, et protuli ex ea vinum. (Itin. , $ 1.) Il
raît † mieux applicable à Kana-el est bien entendu que je ne voudrais pas me
Djalil, ajoute le Rév. Robinson. Il est bien vi porter garant de la vérité du fait.
vement à regretter que ce savant explorateur Saint Jérôme, dans l'Onomasticon, au mot
ait négligé, je ne saurais deviner pour quelle Kana, distingue deux localités de ce nom,
raison,de visiter Kafr-Kenna. En n'étudiant pas quoique ce ne soit pas l'avis de Reland, mais
cette place de visu, ne s'exposait-il pas à faire bien celui de beaucoup d'auteurs, parmi les
ce que ferait un juge qui voudrait condam quels il faut compter Cellarius. Voici les ex
ner quelqu'un sans l'entendre ? Robinson eût pressions de saint Jérôme : Cana usque ad
trouvé Kafr-Kenna dominant une magnifique Sidonem majorem : est quippe et altera minor,
laine, le Merdj-es-Sabal, ou Merdj-ed-Dahab ad cujus distinctionem mqjor haec dicitur. Fuit
† plaine d'or). Il me semble que ce nom est autem Cana in tribu Aser. Les mots Cana
assez significatif, pour montrer que Bonifa usque ad Sidonem majorem ne sont que la
cius pouvait à bon droit affirmer que Kana traduction littérale des quatre derniers mots
était au bord d'une large et fertile plaine. du verset 28 du chapitre xix de Josué (upº
Robinson eût aussi reconnu, sur place, (rnn lrny-Ty). Pour saint Jérôme, il ne pou
que Quaresmius avait également raison, en vait y avoir deux Sidon, car il eût parlé de la
affirmant qu'à Kafr-Kenna on peut trouver la petite. Où était-elle ? Jamais personne n'en a
mémoire d'une église construite sur le lieu dit un mot. Il s'agit donc bien réellement
même du miracle : une petite église fort moder de deux Kana, dont l'une s'appelait la Grande.
ne y est toujours debout, et elle est desservie Me permettra-t-on donc de voir cette Kana
par un prêtre du rit grec. Cette église con la-Grande dans Kana-el-Djalil, dont le nom
tient, encastrées grossièrement dans un banc signifie précisément cela ? Je l'espère.
de maçonnerie, deux énormes hydries de En résumé, j'adopte pleinement la tradi

pierre, que le prêtre comme étant
tion qui place la Kana de l'Evangile à Kafr
deux des six vases dans lesquels l'eau fut Kenna, parce que sonidentification avec Kana
changée en vin par Jésus-Christ. Je déclare
el-Djalil ne peut s'accorder, en aucune façon,
que les deux hydries, que le docteur Clarke avec le récit de l'Evangile de saint Jean
appelle des fragments de pots à eau, sont
entières et parfaitement antiques.Je n'aſſirme Après avoir visité l'église moderne, nous
pas qu'elles sont précisément celles du mi avons examiné les ruines de l'ancienne, qu'Is
racle, mais j'affirme qu'elles sont à tout le mayl appelait une mosquée, et de là le prêtre
moins contemporaines. grec qui nous accompagnait m'a fait remar
A côté de l'église moderne sont les ruines, quer, à droite de son église actuelle et de la
très-apparentes et très-reconnaissables, d'un mosquée, des amas de décombres qu'il m'a
édifice † datant de plusieurs siècles, désignés sous le nom de Beit-Semâoun
et qui, après la destruction du royaumela (maison deSimon). On se rappelle que l'un des
tin de Jérusalem, futtransformé probablement disciples de Jésus fut Simon le Kananéen,
en mosquée ; voilà ce dont je suis parfai ainsi nommé parce qu'il était de Kana. Un
tement certain et ce que j'affirme, sans crainte autre encore des disciples était de Kana, c'est
d'être jamais démenti. Or, ce n'est pas un Nathanaël, que l'on regarde comme étant le
chétif village comme Kafr-Kenna dans lequel même que Barthélemy.
une mosquée importante eût été construite, CANAAN, KENAAN, CHANAAN. — On pense
même à l'époque de la plus grande ferveur généralement que le nom de terre de Cha
musulmane. naan s'applique à tout le pays qui a été occupé
En remontant, nous trouvons encOre Adri par les douze tribus d'Israël, parce que Dieu
chomius ( fin du xvI° siècle ), Anselme en avait promis de donner le † de Chanaan
1507, et Breydenbach, en 1483, qui placent aux enfants d'Israël.(Exod.vi,4; Levit. xxv,38:
Kana à trois milles au nord de Sepphoris ; Psal. cv, 11.)Il est certain cependant que cette
ceux-là parlent évidemment de Kana-el-Dja dénomination ne s'étendait qu'à la contrée qui
lil. Marino-Sanuto, en 1321, assigne le même est au couchant du Jourdain, et que la OCCUl
† terre
site à la Kana de l'Evangile. Saevulf, en 1103, qui est au levant de ce fleuve,
, décrit Kana comme étant à six milles au nord ée par les tribus de Ruben et de Gad et par
de Nazareth, sur une colline, et il dit qu'il a demi-tribu de Manassé, n'a jamais été terre
n'en reste qu'un monastère nommé l'Archi de Chanaan. On lit dans les Nombres (xxxIII,
triclinium. Par compensation, Phocas, dans le 51), lorsque les Israélites campaient auprès du
même siècle, dit † parti d'Akka, il est Jourdain, en face de Jéricho : Vous irez bien
allé à Sepphoris, de là à Kana, et de là à Na tôt au delà du Jourdain, dans la terre de
zareth. Evidemment, la Kana qu'a visitée Chanaan.
Phocas n'est pas la Kana-el-Djalil, mais bien On lit encore (Josué, xxII, 11) que les Ilé
165 CAN DES ANTIQUITES BlBLlQUES. CAR 166

breux des trois tribus transjordanes avaient par Carl Ritter sur le chemin de la caravane
élevé un autel en face de la terre de Chanaan, de Damas à la Mecque.
—et cet autel était auprès du Jourdain. Ce qui CAPHARA, CAPHIRA, HE-KEFIRAH.— Bourg
est plus précis encore, c'est que lorsque les rès de Gabaon, dans la tribu de Benjamin.
tribus transjordanes, après avoir aidé à la Josué, xvIII, 26.
conquête de Chanaan, revinrent dans la région CAPHARSALAMA, KAFR-SELAMAH.—-Il est fait
ui leur avait été assignée, le livre de Josué mention de cette ville dans le I" Livre des Ma
it : Les fils de Ruben et de Gad, et la demi chabées (vII, 31). Adrichomius place cette ville
tribu de Manassé, partaient de Silo, qui est dans au delà du Jourdain, dans la demi-tribu de Ma
la terre de Chanaan, pour aller dans la terre nassé, et prétend même † ce fut la ville que
de Galuad, terre de leur possession. (Josué, Hérode restaura, et qu'il nomma Antipatris. .
xxII, 9.) Et au verset 32 du même chapitre, Reland pense qu'il faudrait lire Caphar-Ga
on dit que Phinées, fils d'Eléazar, revint de la mala, ou bien Caphar-Semelia. Cependant
terre de Galaad dans celle de Chanaan. il cite lui-même un passage de la Gemare
· Ces témoignages, que nous pourrions éten de Jérusalem qui nomme Caphar-Salam. Je
dre, sont formels. ne vois pas à quelle localité moderne ce nom
Il faut remarquer aussi que le nom de terre antique puisse se rapporter. Car pour Antipa
de Chanaan est donné, dans les Livres saints, tris, § identifié avec Caphar-Saba entre
au pays des Philistins où étaient situées Asca Apollonia et Jaffa, il serait absurde de la met
len, Gaza, Azot, Ekron et Gath, comme faisant tre avec Adrichomius dans la tribu de Ma
partie de la terre de Chanaan, du moins parce nassé.
ue beaucoup de Chananéens y demeuraient. CAPHETETHA. -- Partie de la muraille de
Il en est de même de la Phénicie, dont les Jérusalem rebâtie par Jonathas, et nommée
habitants, Tyriens, Sidoniens et autres, étaient Caphetetha dans le I" Livre des Machabées
appelés Chananéens. C'est ainsi que la femme ( xII, 37). Il serait intéressant de retrouver
dont parlent les évangélistes, et qu'a guérie cette partie de la muraille ainsi nommée. Mais
le Sauveur, est appelée par saint Matthieu je ne vois dans aucune description des murs
(xv, 22) Ka «vaia, pendant que saint Marc de la ville rien qui rappelle ce nom antique.
l'appelle xvpopotviag« Et Josué (v, 1) men Là, comme pour beaucoup d'autres appella
tionne les rois de Chanaan, que les Septante tions intéressantes, il n'y a qu'à dire le mot :
traduisent par ot Éaa Asie rã: Potvixºç. je ne sais pas. -

Ce nom de Chanaan se retrouve dans le mot CAPHTORIM, KEFTARIM. — Anciens peuples


xya, qu'on donnait à la Phénicie : et Sancho de la race de Mesraïm, parents des Philistins,
niathon, cité par Eusèbe (Prépar. évang., liv. cités dans la Genèse (x, 14) et dans le I" Li
x1), dit que le frère de Kna fut le premier vre des Chroniques (I, 12). On sait que tous ces
qui porta le nom de Phénicien : 'Aôi)pòç X»ä mots en im sont des terminaisons plurielles.
toÙ rpéorov p et ovou«a6ivro; 4 oivtxo;. -
CARCAA. — Lieu indiqué sur les frontières
A cette signification générale,tirée des Livres #idionales de la tribu de Juda. (Josué, xv,
saints eux-mêmes, il faut ajouter, au point
de vue ethnographique, cette restriction im CARIATH, KIRIAT. -- Ville de la tribu de
portante, que ne semble pas avoir faite le Benjamin. (Josué, xvIII, 28.) -

docte Reland, que si la terre promise aux CARIATHAIM, KIRIATAIM. — Selon saint Jé
Israélites est indiquée par le nom de terre de rôme, c'était de son temps un bourg florissant
Chanaan, ce nom est aussi fréquemment em habité par des Chrétiens auprès de Médaba d'A-
ployé dans son sens restreint, c'est-à-dire rabie, qu'il nomme Coriatha, et queje retrouve
appliqué aux seuls descendants de Chanaan, dans le Coreiath moderne, à peu de distance
fils de Cham, et placé à côté des noms des des eaux chaudes deCallirhoë,qui est également
autres peuples indigènes, comme les Hévéens, voisine de Medaba. ll y a une ville de ce nom
les Gergéséens, etc. dans la tribu de Nephtali qui fut donnée aux
C'est ainsi que les rois de France étaient Lévites, et dont la position n'est pas trouvée
GI1COTG.
reges Francorum, et que sous cette dénomi
nation se trouvaient des peuples qui ne te CARIATHBAAL, CARIATHIARIM,KIRIAT-BAAL.
naient en rien par le sang à la race Franque. -- Ce fut là que l'arche d'alliance fut déposée,
Ce mot de Chananéen est aussi synonyme de dans la maison d'Aminadab, jusqu'à ce que
David la ramena à Jérusalem.
marchand : La femme sage vend des ceintures Cariath - Baal est mentionnée dans Josué
au Chananéen. (Prov. xxI, 24.)
(xv, 60 ; xvIII, 14). Cette ville était dans la
Du reste, malgré l'ordre de Dieu d'extermi tribu de Juda, et le nom de Ciriath-Iarim,
ner les races chananéennes, il en subsista qui lui fut donné, signifie : ville des forêts.
toujours jusqu'aux derniers temps. Cette re (Voy. aussi BAALA.)
marque peut s'appliquer à tous les pays, où CARIATHSEPHER, CARIATHSENA, KIRIAT-SE
les races primitives attachées puissamment FER,DABIR.-Cette ville est mentionnée dansJo
au sol parviennent, malgré la conquête, à s'y sué, avec cette circonstance intéressante, que
perpétuer. Calabpromit sa fille Axa à celuiquiferait esiége
CANATH, KENATH, CANATHA. — Ville de la de Cariath-Sepher et s'en rendrait maître. Le
tIibu de Manassé, dans la Trachonitide, non vainqueurfut Othoniel.(xv, # Le nom de cette
loin de Bostra. Nobe l'ayant prise, lui donna ville signifie : ville des lettres, Il y avait proba
le nom de Naboth. La Kenath antique se re blement quelque grande école hébraïque à Ca
trouve dans le Kanaouath moderne, placé riath-Sepher; quelques-uns même, dont l'i
467 CAS DICTIONNAIRE CES 168

magination est assez féconde, ont pensé que contre pour former un immense lac. Je n'en
les Chananéens déposaient là les grandes archi persisterais pas moins à chercher la Chasbin
ves depuis le déluge. -
des Machabées entre Jammia et Karak.
CARIE.—Province de l'Asie Mineure, men CATHETH, KATHAT. — Ville de la tribu de
tionnée une seule fois dans la Bible. (I Mach. Zabulon. (Josué, xIx, 15.)
xII, 23. CEDEMOTH, CEDIMOTH, KEDMAT. —Ville de
#orn, KÉRIAT.— Ville de la Moabitide. la tribu de Ruben. (Josué, xIII, 18.)
Elle est indiquée dans Jérémie (XLVIII, 24). CEDMONEENS, KEDMoNIM.— Peuples nom
Elle est aussi nommée dans Amos (II, 2). Je més dans la Genèse, avec les Cinéens, les Cé
soupçonne fort que c'est la même ville que néréens (xv, 19), mais dont l'identificatioii
Kariath, et qu'il faut les édentifier toutes les n'est pas faite. Dans le Targum de Jérusalem,
deux avec Kareiath, que je trouve dans la il est dit que ce sont les fils de l'Orient.
carte de Carl Ritter auprès des eaux chau CEELATHA , KAHLATAH. — Dix-neuvième
des de Callirhoë. station des Hébreux dans le désert. Ce fut
CARITH, KERIT.—Torrent qui se jette dans là que Coré, Dathan et Abiron, subirent le
le Jourdain D'après la carte de Carl Ritter, le châtiment de leur révolte. (Nomb. xxxIII, 22.)
Nahr-el-Kelt s'appellerait également Krith. CEILA, KEïLA. — Ceïla était dans la tribu
C'est sur les bords de ce torrent que séjourna de Juda. Josèphe l'écrit Ki))a. Eusèbe la
quelque temps le prophète Elie. — Voy. KE nomme 2n)à, et il la place à huit milles d'E-
RITII. leuthéropolis. Le tombeau du prophète Mi.
CARNAIM, KoRNAIM. — On pense que cette chée était à Ber-Athsathia, loin de Keïla de
ville, située dans le pays de Gilead et dans la dix stades. La ville de Keïla étant assiégée par
tribu de Manassé, est la même que Astaroth les Philistins, David alla à son secours
Carnaïm, et que le Carnion du II" Livre des et la délivra. Saül. pensant que David était
Machabées (xII, 21). dans Keïla, se hâta de s'y rendre pour s'empa
CARTHA, KARTAH.—Ville de la tribu de Za rer de David; mais celui-ci avait pris la fuite
bulon, que Josué donna aux Lévites (xxI, 34). avec six cents hommes. (Voy. Samuel, xxIII,
CARTHAN, KARTAN.—Ville de la tribu de Ne 1 et suiv.
phtali, devenue ville de refuge. (Jos., xxI, 32.) CENEZEENS, KINÉzÉENs, KENIziM.—Peuples
CASALOTH, CAZALOTH, KSALoUT.-Voy. KE aborigènes nommés dans la Genèse avec les
SULLOTH. » autres peuples du pays de Kenâan. On com
CASBON, CASPHoN. -- Ville de la tribu de prend que ces noms étaient quelquefois ceux
Gad. (I Machab. v, 36.) des plus petites peuplades. Par conséquent, il
CASDIM. — Nom hébreu des Chaldéens. est à peu près impossible, sans des indications
(Voy. CHALDÉE.) spéciales du Livre sacré lui-même, d'indiquer
CASIS, AANIK-KAsIs. — Vallée de la tribu 8VeC quelque précision le pays qu'ils ont
de Benjamin. (Josué, xvIII, 21.) La Bible de Occupé.
Vence porte DAsIs. Les Grecs les nomment Ksvt katot.
CASPHIN. — Ville très-forte, mentionnée CENl, CINÉENs, KENIM. — Le J" Livre deSa
dans le II° Livre des Machabées, habitée par muel parle des incursions que faisait David sur
différentes races. Les Casphiniens forts de le territoire des Keni.On pense que ce sont les
leurs murailles et des vivres qu'ils avaient, Cinéens ou Kénéens, peuples aborigènes qui
accablaient d'injures Judas Machabée. Il fit descendaient de Kin. (Nombres, xxIv, 22.)
le siége dela ville, et il y eut un si grand car Ces peuples habitaient le midi de la mer
nage des habitants, qu'un étang voisin de la Morte jusqu'à Pétra. Ils ne furent pas com
ville, qui avait deux stades de largeur, parut pris dans l'extermination, parce qu'ils étaient
se gonfler du sang des habitants tués dans de la même contrée que les Madianites, parmi
la prise de cette ville. lesquels avait § Moïse lorsqu'il gardait
Il serait intéressant d'identifier avec quel les iroupeaux de Jéthro, son beau-père.
que localité moderne cette ville forte, CERETHl, KERETHI. — Peuples d'origine
située près d'un lac de deux stades de largeur. philistine et que David prit avec lui avec les
Judas Machabée venait de Joppé et de Jam Phelethi pour lui servir de garde.(II Samuel,
mia. De là il lit le siége de Casphin. Puisque la vIII. 8; xv, 18.
ville était entourée d'un lac, l'auteur sacré fait CESAREE. — Il y a deux villes de ce nom
mention des ponts de la ville. Elle était dans en Palestine : l'une sur le bord de la Médj
une contrée basse comme le pays des Philis terranée entre Jaffa et la pointe du Carmel,
tins sur les bords de la mer. De Casphin il alla l'autre aux sources du Jourdain qui s'appelle
à Characha, ville qui était à sept cent cin Banias.
quante stades de Casphin. Ce serait donc La Césarée maritime avait autrefois le nom
entre , Jammia et Characha qu'il faudrait de Tour de Straton.
chercher Casphin , ou Casbin ; car Re Les Latins pour distinguer cette Césarée des
land cite le nom en grec, qu'il écrit Xa76 @. autres, disent Césarée de Palestine. Le nom
Maintenant faudrait-il voir la Karak moderne de Césarée fut donné à cette ville par Hérode
dans le Characha des Machabées ? Alors les le Grand en l'honneur d'Auguste.
sept cent cinquante stades, qui donneraient On peut lire dans Josèphe la description
environ cent cinquante kilomètres, porte des magnificences de Césarée. Il est souvent
raient vers Eleuthéropolis, au couchant d'Hé question de Césarée dans le Nouveau Testa
bron, sur la frontière des Phiiistins, mais ment. Saint Pierre vint à Césarée; saint Paul
dans un pays élévé, où peu d'eau se ren y passa souvent.
169 CES DES ANTlQUlTES BIBLIQUES. CES 170

Césaree fut une colonie romaine érigée par n'a guère que deux † de profondeur),
Vespasien en même temps qu'AElia Capitoli nous allons mettre pied à terre sur une sorte
na. Beaucoup de Juifs et de Samaritains s'é- de petite place, garnie de véritables maisons,
taient établis à Césarée maritime. A plusieurs dont l'uné, placée au sud, nous sert d asile.
reprises ils essayèrent de chasser les Chré C'est une grange dont le sol est un peu en
tiens et firent contre eux des séditions sancontre-bas du terrain, qui nous sert pour au

ésarée.
Il existe beaucoup de monnaies de jourd'hui de salon, de salle à manger et de
chambre à coucher. Partout, autour de nous,
H existe encore des ruines immenses de paraissentdesarbres magnifiques quidominent
cette Césarée. Saint Louis en avait fait cons toutes les habitations du village, et qui don
truire les remparts qui subsistent encore dans nent à celui-ci l'aspect d'un village européen.
certaines parties. Les fossés sont intacts. Mon premier soin a été de courir à la
Mais la ville est complétement inhabitée. Les grotte de Pan. Il n'est pas très-facile d'y arri
troupeaux des villages arabes situés sur la ver, à travers les enclos de jardins, les vergers
montagne voisine viennent paître sur ces et les amas de fiente de vache qui en garnis
ruines. sent les approches. Quelques huttes de fellah
On a le nom de plusieurs évêques de Cé sont adossées aurocher dans lequel est percée
sarée qui ont souscrit à des conciles. ( Voy. cette grotte naturelle. C'est de là que sort en
RELAND, pag. 676, 677.) bouillonnant une source admirable qui forme
Quant à la Césarée de Philippe, la Banias immédiatement le large ruisseau de Banias.
moderne, je puis en parler en détail, parce Le fond de la grotte s'est éboulé par suite
que je l'ai visitée avec le plus vif intérêt; je d'un tremblement de terre (probablement ce
reproduirai donc ici le passage de monVoyage lui du 1" janvier 1837), et il est impossible
dans les terres bibliques, qui donnera au lec d'y descendre sans s'exposer à entrer jusqu'au
teur une idée de la jolie position de cette ville ventre dans la bouse de vache. Sur les parois
immédiatement au pied de l'Hermon, une des extérieures de la grotte sont ou plutôt §
grandes hauteurs de l'Anti-Liban qui s'avance gravées quelques belles inscriptions votives,
sur la plaine et paraît couvert de neiges pen qui constatent parfaitement que c'est bien là
dant plusieurs mois de l'année. Je prendrai la grotte de Pan. Des niches élégamment ci
ma description au moment où je passai le selées surmontent ces inscriptions, et elles
Tell-el-Qadhi, masse imposante sur laquelle Ont été sans doute destinées à recevoir
s'éleva le temple du veau d'or de Jéroboam des statuettes consacrées à Pan et aux nym
et # j'eus le regret de ne pas visiter. phes du lieu.
ne fois que l'on a dépassé le Tell-el Après avoir copié tout ce qui peut se lire
Qadhi, on traverse une plaine assez large et encore de ces précieuses inscriptions qui,
qui est plantée de très-beaux arbres. On se malheureusement, semblent avoir été mar
sent heureux à l'aspect de ce pays couvert, telées à dessein, à une époque très-reculée,
dont la nature contraste si fortement avec celle et vraisemblablement à l'invasion du chris
de toutes les régions méridionalesdela Syrie.Il tianisme en ce pays, nous revenons au gîte
semble que l'on soit, en réalité, à des milliers avec notre butin. Sur la place même où nous
de lieues des déserts de Kenâan. Une fois cette avons pris ce gîte, se voit la maison du scheikh
jolie plaine franchie, on entre dans la mon qui domine toutes les autres, et qui est bâtie
tagne, sur le flanc de laquelle se trouve Ba sur des fondations très-antiques, car les pier
nias, c'est-à-dire que l'on commence à gravir res qui forment le parement extérieur de
les premières pentes du Djebel-ech-Cheikh ou celle-ci, sont de très-gros blocs en bossage,
de l'Anti-Liban. Rien de frais, rien de gra tout à fait analogues à ceux |! constituent,
cieux comme la route que l'on suit ; elle res à Jérusalem, l'appareil auquel j'ai appliqué,
semble, à vrai dire, à une belle allée de parc. pour abréger, le nom d'appareil salomonien.
Bientôt on atteint le sommet du premier Nous allons rechercher maintenant tous
coteau, bien planté de bois, et au milieu des les documents sacrés et profanes relatifs à
arbres on rencontre des ruines et des tronçons Dan, à Paneas et à Daphné, afin d'en tirer, si
de colonne couchés sur le sol. Ces ruines se la chose est possible, des indices suffisants
nomment Enkeil. Elles ont un aspect qui ne pour fixer la position de chacune de ces lo
permet pas de se méprendre sur leur origine calités ; commençons par Dan.
véritable, et elles représentent certainement Cette ville portait un nom tout différent
une localité gréco-romaine ; Enkeil d'ailleurs avant de tomber au pouvoir des fils de Dan.
est si près de Banias, que très-certainement Voici, à ce sujet, ce que nous apprennent les
c'était une partie de la ville elle-même. De là saintes Ecritures : — La limite de Dan s'é-
on descend un peu et l'on arrive enfin à Ba tendait à partir de ces villes. Les fils de Dan
nias, mauvais petit village arabe, dont le montèrent et combattirent contre Lesem, la
sol est couvert partout de ruines et de débris prirent et la passèrent au l# du glaive : ils
de l'époque romaine. Un magnifique cours en prirent possession, s'y établiren:, et ils don
d'eau coupe le village, ou mieux, le longe à nèrent à Lesem le nom de Dan, du nom de
l'ouest. Deux petits ponts antiques sont éta Dan, leur père. (Jos. xIx, 47.) Il est évi
blis sur ce ruisseau qui coule entre des murs dent que ce verset est une interpolation, pos
de quai, antiques aussi, mais fort délabrés. térieure au temps de Josué et de la réparti
Ce ruisseau, c'est celui qui sort de la grotte tion des territoires aux tribus, puisque le fait
de Pan, c'est, en un mot, le véritable Jourdain. lui-même n'arriva que sous la domination
Après avoir traversé le ruisseau à gué (il des Juges. (Jud. xvIII.) Les fils de Dan,
DICTIoNN. DEs ANTIQUITÉS BIBLIQUES. 6
171 CES DlCTlONNAlRE CES l72

peu satisfaits des possessions qui leur avaient dans les Etats de Baasa, et prit Ayoun, Dan,
été départies par le sort, envoyèrent cinq Abel-beit-Mâakah et tout Kenrout, dans toute
espions battre le , pays et chercher une la terre de Nephtali (I Rois, xv, 20.) Le mê
meilleure contrée dont ils pussent †: me fait est raconté dans les Chroniques (II,
rer. — Ceux-ci vinrent à Leis, pays en sécu xvI, 4), seulement les noms des villes prises
rité, comme les Sidoniens, tranquille, rassuré, par l'armée de Ben-Hadad sont différents.
vivant sans trouble, avec un héritier du pou Les voici : Ayoun, Dan, Abel-Maïm et toutes
voir, éloigné des Sidoniens et n'ayant rien à les demeures des villes de Nephtali.
démêler avec personne (y 7.) — Les espions - Dans Jérémie, nous trouvons le passage
revinrent en hâte dans leur tribu et pressèrent suivant (Iv, 15): — Car une voix venant de
leurs frères de marcher à la conquête de Leis. Dan annonce l'cnnemi, et du haut de la
— C'est un peuple qui est en sécurité, leur montagne d'Ephraim, elle annonce un mal
dirent-ils ; l# est très-spacieux, rien n'y heur. - Cette belle expression signifie seu
manque de ce qui est nécessaire dans un pays. lement que, de l'extrême frontière du nord
(y #ºSix cents hommes armés de la tribu vient l'annonce de l'agression qui menace
partirent pour aller à la conquête de Leis Jérusalem et qui vient du nord. (y 6.) Il est
( y 11.)- A Leis, ils vinrent sur un peu évidemment question de l'invasion des Assy
ple paisible et en sécurité, ils en passèrent les riens. La même image est répétée (vIII, #
habitants au fil de l'épée, et ils brûlèrent la dans le passage où le prophète dit : — De
ville par le feu. (y 27.) — Nul libérateur, i)§ on § le ronflement de ses coursiers.
car elle était éloignée de Sidon : ils n'avaient de Au bruit des hennissements de ses chevaux,
rapport avec personne. Elle était dans la toute la terre tremble; ils viennent et dévorent
valiée, vers Beit- Rehoub. Ils rebâtirent la le pays avec ce qui y est,la ville et ses habitants.
ville et s'y établirent. (y 28.)— Ils appelèrent oilà tous les renseignements que nous
le nom de la ville, Dan, du nom de leur père, fournissent, à ma connaissance, les Ecritu
Dan, qui était né à Israël : mais Leis était res, sur le compte de la ville de Dan. Voyons
auparavant le nom de la ville.(y 29.) maintenant ce que nous en apprend Josèphe.
oici donc un fait bien établi . jusqu'à l'é- Cet illustre historien raconte (Ant. Jud., V,
poque des Juges, Dan s'appela Leis ou Lesem. III, 1) l'expédition des Danites allant à la
§ voyons cependant que lorsque Abra conquête d'un nouveau pays. Les cinq ex
bram poursuivit les rois qui avaient attaqué plorateurs envoyés par eux, leur firent con
la Pentapole et fait Lot prisonnier, il pous naître une terre bonne et fertile, située à
sa jusqu'à Dan. (Gen. xIv, 14.) Il est probable un jour de marche de Sidon, auprès de la
qu'en ce point, le texte de Moïse aura été Libangrande plaine (zarà rà piya raôiov), proche du
altéré dans la suite des temps, le nom Dan et des sources du † Jourdain. Les
avant été substitué à celui de Leis, afin que Danites s'y rendirent et fondèrent une ville
lè récit parût plus claire et plus intelligible; qu'ils appelèrent Dan, du nom du chef de
Dan était à § septentrionale de la leur tribu.
terre promise, car nous lisons dans le Deu Dans un autre passage (Ant. Jud., VIII,
téronome (xxxIv) : — 1. L'Eternel lui fit vnI, 4), Josèphe raconte le fait de l'éta
voir (à Moise) tout le pays et le Djelâad, jus blissement des veaux d'or coulés par l'ordre
qu'à Dan. Il faut nécessairemeut faire ici la de Jéroboam, l'un à Beit-El et l'autre à
même observation qu'à propos du verset de Dan, : àv #repov ôè iv Aävn (# ôè iart rpôç rais
la Genèse, sur l'emploi primitif du nom de rn7ais roü gtxpeü 'Hopô&vou).
Dan. Cette position septentrionale extrême Voyons maintenant ce que Josèphe nous
de Dan par rapport à la terre promise, ré apprend des sources du Jourdain. Nous li
sulte également de beaucoup d'autres passages sons, à propos de l'expédition d'Abraham à
bibliques. (II Samuel, III, 10: XVII, 11 , xxiv, la poursuite des rois qui avaient attaqué la
2 et f5; I Rois, Iv, 25; I Chron. xxI, 2; Pentapole, qu'il les atteignit à Danos, qui
II Chron. xxx, 5.) - - -
était le nom de l'autre source du Jourdain,
Lorsque le schisme des dix tribus eut été Trspi Aavov (o5ro yàp # irip« roû 'Iopô&vov Trpoaa
consommé, après la mort de Salomon, Jé 7ope ösrat rnyſi). (Ant. Jud., I, x, 1.) Nous li
roboam, roi d'Israël, voulut séparer à tout sons encore dans la Guerre des Juifs (JV, 1,
jamais ses sujets de ceux du roi de Juda. (I 1), que le lac Samachonite étend ses marais
Rois xII.) En conséquence - 28. Le roi jusqu'au lieu nommé Daphné (uéxpt Aäyvng
ayant consulté, fit deux veaux d'or, et dit aux xopiou), lieu fertile et délicieux, où sont des
Israélites : C'est assez aller à Jérusalem ! SOUlTCGS # grossissant le petit Jourdain au
voici tes dieux, Israël, qui t'ont fait venir d'E- dessous du temple de la Vache d'or, le pous
gypte. — 29. il en mit un à Beit-El, et plaça sent dans le grand Jourdain (xxi nn'yà: ixovroç,
i'autre à Dan. -- 30. Cette chose fut une oc «t rpi ;ovazt rõ» uixpàv xx)oûutvov 'lopô&vn» ûrrà
casion de péché : le peuple alla devant l'un rô» tñs xpuaiis Boô; vxô», rpoartéurovatr# usyā)º).
(des veaux d'or)jusqu'à Dan (30). Pour Josèphe, la véritable source du
A l'instigation d'Assa, roi de Juda, Ben Jourdain était au lac Phiala, situé dans la
Hadad, roi d'Aram, déclara la guerre à Baasa, Trachonitide, c'est-à-dire à cent vingt stades
roi d'Israël. Son armée fit donc irruption de Césarée (Banias), à droite et non loin de
(50) Il est encore fait mention de ce veau d'ºr maroun et qui disent : Vire ton Dieu, Dan , et vit'e
placé à Dan, dans le ll" Livre des Rois (s, 29). Le le chemin de Bir-Scbäa, tomberont ct ne se relèvcront
prophète Amos y fait manifesteinent allusion, quand plus.
il dit (viu, 4) : Ceux qui jurent par le crime de Sa
173 CES DES ANTIQUlTES BIBLlQUES. CES 174

la route. Le Panéion n'était que la source catalogue des villesde cette partie de la Syrie.
apparente de ce fleuve; mais le Jourdain Concluons : Paneas, aujourd'hui Banias,
venait seulement y déboucher, en partant Cœsarea Philippi et Néronias, c'est tout un
du lac Phiala, et en s'y rendant par un canal (32). Dan est ſa ville ruinée que l'on rencon
souterrain. Ce Panéïon † on croyait, tre sur le plateau situé au delà du Nahr
dans l'ancien temps, que le Jourdain sortait, Hasbayah, lorsqu'on a passé la rivière, sur le
avait vu sa beauté naturelle relevée encore Djesr-el-Rhadjar. Enfin, le Tell-el-Qadhi est
par la munificence royale, et Agrippa avait l'emplacement du tenmple où Jéroboam avait
#ºyº de grandes richesses à l'embellir. † un de ses veaux d'or, du temple de la
C'est à partir de cet antre que commence ache d'or mentionné par Josèphe. Les rui
le cours manifeste du Jourdain. Tous les dé nes de Dan sont contiguës, et probablement
tails que je viens de rappeler sont la fidèle le Tell-el-Qadhi fut travaillé de main d'hom
reproduction de ceux que donne Josèphe. me, pour servir d'assiette au temple de Jé
(Bell. Jud., III, x, 7.) roboam.
Josèphe nous apprend encore (Ibid.,I, xxI, Il s'agit maintenant de vérifier si ces con
# qu'Hérode fit bâtir un temple de marbre clusions s'accordent avec les témoignages
blanc, dédié à Auguste, auprès des sources des écrivains anciens, autres que Josèphe. Je
du Jourdain. Cet endroit se nomme Panéïon. me dispenserai de rapporter tous les passa
Là, une montagne élève son sommet à une ges qui constatent que Paneas, Caesarea Phi
hauteur immense, et, au pied, s'ouvre une lippi et Néronias sont la même ville, parce
caverne obscure, dans laquelle existe un †
ue c'est un n'est pas sujet à question.
† abrupt, plein d'eau et d'une profon
eur inconnue, car aucune sonde n'en peut
† ist., vII, 3) dit que Paneas
portait d'abord le nom de Dan, qu'elle s'ap
atteindre le fond. Des grottes placées à l'ex pela ensuite Caesarea Philippi, et enfin Pa
térieur et à la racine même de la montagne, neas, à cause de la statue de Pan que les
† des sources abondantes, et c'est de gentils y placèrent. Théodoret (Quœst. 110
à que sort le Jourdain, ainsi que le croient in Gen.) dit aussi que Paneas et Laïs sont la
beaucoup de personnes (31). même ville. Enfin Benjamin de Tudèle dit en
Il est encore question de la source du core que Paneas est Dan. Voilà sur quelles
Jourdain dans Josèphe. (Ant., Jud., V, I, 22.) autorités on a voulu quelquefois identifier
C'est dans le passage où il parle de la distri Dan et Banias.
bution des lots de terres conquises attribués Eusèbe, dans l'Onomasticon, au mot gn6aa
aux tribus. — Nephtali, dit-il, eut jusqu'au pais, parle de Dan qui est près de Paneas, et
mont Liban, et jusqu'aux sources du.Jour au mot Aàv il dit que c'est un bourg placé au
dain, qui sortent du pied même de cette quatrième mille, à partir de Paneas, sur la
montagne. route de Tyr. Il y a environ cinq kilomètres
Paneas, la Banias moderne, était le nom de Banias aux ruines placées à l'ouest du
de la ville située auprès des sources du Jour Tell-el-Qadhi; c'est donc bien là que sont les
dain, que Philippe agrandit et embellit, en ruines de la Dan biblique, dont dépendait le
lui donnant le nom de Césarée. Paneas de Tell-el-Qadhi. Les ruines qui sont autour
vint ainsi la Cœsarea Philippi. (Ant. Jud., d'el-Khan sont à douze ou treize kilomètres
XVIII, II ; Bell. Jud., II, Ix, 1.) Plus tard, le de Banias ; il serait donc absurde d'y cher
roi Agrippa le Jeune ayant considérablement cher les ruines de Dan.
augmenté l'importance de Césarée de Philip Un mot encore sur l'histoire de Banias.
# lui #º le nom de Néronias.(Ant. Jud., Lorsque le Christ y vint, il y guérit miracu
, LX, 4. leusement une femme qui allait périr d'un
Résumons maintenant ce que nous apprend flux de sang. Celle-ci éleva devant la porte
Josèphe. La principale source du Jourdain de sa maison une statue de son sauveur.
sort du Panéion, c'est-à-dire de la grotte de Julien l'Apostat la fit renverser et remplacer
Banias. Une seconde source de ce fleuve se par sa propre statue. Ce sont les Annales de
nommait Danos. Des sources viennent grossir
ie # Jourdain au lieu nommé Daphné,
Glycas et la † de Théophanes,
qui nous ont conservé la mémoire de ce fait.
au-dessous du temple de la Vache d'or, et se Je dois aussi parler du château-franc de
jettent avec lui dans le grand Jourdain. Pour Banias ; il est sur la route de Damas. Cette
Josèphe, le grand Jourdain vient du Panéïon, route, pendant quelques heures, à partir de
et le petit vient des sources de Daphné. Mais Banias, traverse un pays ravissant. Elle com
il y a évidemment ici une erreur de copiste à mence au pont même que nous étions venus
corriger dans le texte : au lieu de Aäyvn;, visiter le matin. Là, on tourne à l'est et on
c'est Aävns qu'il faut lire, et il s'agit indubi longe, à droite, le cours d'eau qui vient de la
tablement de Dan; en effet, la présence d'un source la plus éloignée du Jourdain, et à
lieu nommé le temple de la Vache d'or, n'in gauche, à proximité § Banias, des prés plan
dique-t-elle pas jusqu'à l'évidence l'empla tés de grands arbres, sous lesquels nous
cement de Dan, où Jéroboam établit un tem avons retrouvé le scheikh, à qui nous avons
ple dans lequel fut installé un de ses deux ainsi pu faire nos adieux. Le ruisseau coule
veaux d'or?Daphné est donc un lieu à biffer du au fond d'un petit vallon frais et bien boisé,
(51) Ces détails sont à peu près identiquement † âge Tonopyrgos et Belinas. (Voy. RELAND,
reproduits dans les Antiquités Judaiques. (XV, x, 5.) Pal., p. 919, ad vocem Paneas.)
52) Cette même ville s'cst aussi appelée au
175 CHA DICTI0NNAIRE ClIR 175

qui s'étend jusqu'à plus d'une lieue à l'est de y adans les Livres saintstrès-peuae documents
Banias. Nous finissons par quitter le bord du sur cette partie de la géogra hie primitive après
ravin, et nous appuyons alors un peu au nord, la dispersion.Cependant le fait de la possession
pour contourner le pied de la montagne, au du pays de Kénâan par les petits-fils de Cham
sommet de laquelle se trouve la forteresse est une preuve que cette race s'étendit tou
imposante qui se nomme Qalâat-Banias.C'est jours vers le midi, qu'elle habita, par consé
une forteresse en ruines et qui de loin sem uent l'Arabie, l'Egypte, de là l'Afrique,°pen
ble dater de l'époque des croisades. La mon ant que la racesémitique eut l'Asie centrale et
tagne dont elle couronne le sommet, est fort orientale, et la race japhétique le nordet l'Eu
élevée et verdoyante. Au sommet, toutefois, rope. Quelque peu explicite que soit sur ce
ce sont des herbages seuls qui lui donnent point l'indication biblique, elle est extrême
cet aspect, car les arbres cessent de se mon ment précieuse, puisque c'est le seul docu
trer sur ses flancs, au delà des deux tiers de ment ancien que nous ayons sur la dispersion
des races.
leur hauteur. Les habitants de Banias assu
rent que la citadelle (le Qalâat) a été bâtie CHAMAAM,KIMHAM.—Ce fut un domaine près
avec les débris antiques de la ville, et que l'on de Beit-Lehm que David donna au fils de Ber
sellaï qui l'avait suivi en exil lorsque le mâl
voit plusieurs tarikhs dans les murailles. La heureux roi # au désert devant Absalon.
chose est fort possible; maiss'y trouve-t-il une
seule inscription antique ? Voilà ce que j'i- (Jerem. XLI, 17.)
gnore et ce que je n'ai pas été vérifier.(Voyage CHAMOS,KAMoUs. — Salomon fit ériger un
dans les terres bibliques, t. II, p. 547 et suiv). temple à Chamos, divinité des Moabites, sur la
CESELETH-THABOR,KsALoUT-THABoUR.— montagne qui est en face de Jérusalem; une
Voy. KEssULLOTH. destrois hauteurs qui forment le mont Olivet et
CESIL, KESIL.— Ville de la tribu de Juda. quiest connu sous le nom de mont du Scandale
Josué, xv, 30. Les Moabites sont aussi appelés dans les
CESION, KECHIoUN.—Je serais disposé à voir prophètes peuples de Chamos. Saint Jérôme
dans la localité moderne de Kachanec, ruines pense que ce ChaInos était le même que
qui se trouvent à une heure et demie de distance Beel-Phegor, le Baal oriental. Il est bien
de Kafr-Kenna, la Kachioun (Cesion) qui ap évident que chaque nation donnait à sa divi
artenait à la tribu d'Issakhar. # XIX, nité des noms divers en raison des attributs
0 ; xxI, 28.) Cette même localité est encore sous lesquels elle étaitinvoquée. Nous l'avons
désignée dans le verset 28 du chapitre xxI du vu pour Dagon, divinité des blés, des mois
même livre, avec l'indication suivante : Ka sons : Baals le soleil, etc.
chioun avec ses pâturages : ceci convient par CHARACA, KARAKAH. — Ville assiégée par
faitement à la position des ruines de Kacha Judas Machabée.Très-probablement Karack
mec ; mais alors il faudrait reporter jusque-là Moal.(II Mach. xII, 17.)
les limites de la tribu d'Issakhar, et ne pas CHARAN, HARAN,HARRAN.—Ville de la Mé
tenir compte de l'analogie du nom de village sopotamie où habita Abraham après sa sortie
lºup et du nom , Tºt, de la rivière Kison de la Chaldée avec son père et toute sa famille.
ui'coule vers le Carmel, dans la plaine Elle est indiquée sur un des confluents de
'Esdraeion ou de Jezraël. Il est vrai que le l'Euphrate.
texte de Josué ne semble pas le moins du Laban demeurait à Haran lorsque Jacob
monde placer Kachioun près du Carmel ; par le conseil de son père, au lieu d'épouser
bien au contraire. une Kenaânéenne comme son frère Esaü, vint
CETHEENS, CHÉTÉENs, HÉTHÉENs. — Ce chercher une de ses parentes dans le #º 's de
sont les enfants de Cheth, fils de Kénâan, ses pères. ( Gen. xxvII, 43 ; xxvIII, 10.}
† conséquent une des grandes peuplades CHARRAN. — Théophile, patriarche d'An
enâanéennes. (En hébreu ºnn, Chittei; en tioche, mentionne une ville de Palestine du
grec xstrxio1.) Ils habitaient spécialement la nom de Charran. (RELAND, pag. 705. )
contrée montagneuse d'Hébron.Car nous lisons CHASPIA — Lieu fortifié mentionné dans
dans la Genèse que Abraham s'inclina devant le I" Livre d'Esdras. (vIII, 17|.)
le peuple de ce pays, c'est -à-dire des fils de CHEBBON, KEBoUN. — Ville de la tribu de
Cheth et qu'il acheta d'eux le champ de Mac Juda. (Jos. xv, 40 )
pela. (xxIII, 20.) CHELMON. — C'est une localité en face
CETHIM, KETHIM. — Nom biblique des îles d'Esdrelon, où Holopherne avait placé son
de la Méditerranée et de l'Europe orientale. armée pour faire le siége de Béthulie.
Alexandre, dit le 1" Livre des Machabées (1, 1), CHENE. — Nom de ville indiquée dans
venait de la terre de Céthim, pour indiquér Ezéchiel. (xxvII, 23.)
qu'il venait de la Macédoine. CHESLON, KsALoUN. — Ville de la tribu de
CETHLIS, KETLIs. — Ville de la tribu de Juda. (Jos. xv, 10 .)
Juda. (Jos. xv, 40.) CHOBAR, KABoUR. — Rivière qui se jette
CETRON. — Ville de la tribu de Zabulon. dans l'Euphrate, et qui est souvent citée par
(Jud. I, 30.) Ezéchiel. ( I, 1, 3; III, 15, etc. )
CHALE,KABAH.—Ville d'Assyrie qui eut pour CHORREENS.— Voy. HoRRHÉENs.
fondateur Nemrod, selon la Genèse (x, 11). CHR0N0L0GIE.
CHALI, HALI ou KHALI. Ville de la tribu
d'Aser. (Jos. xIx,25. CHRoNoLoGIE DES EMPIREs DE NINIvE, DE BA
CHAM.-La terre de Cham mentionnée dans BYLONE ET D'ECBATANE, DANs sES RAPPoRTs
les Livres saints est prise pour l'Egypte, mais il AVEC LA BIBLE
177 CIlR DES ANTIQUITES BIBLIQUES. Chl, 178
ART. I. - Examen critique de tous les (lS royaume de Juda.— Règne de Cyrus. -Nabonnid
C6S et Darius le Mède.
sages de l'Ecriture sainte relatifs
trois empires. Il est un premier point indispensable à ré
Le terrain que je me propose d'aborder est gler, c'est la fixation de quelque date déter !
loin d'être vierge : nombre de savants ont minée, à laquelle, une fois qu'elle sera bien
cherché de leur mieux à coordonner les ma fixée, nous rattacherons ou du moins nous
tériaux que l'antiquité nous a légués, et qui nous efforcerons de rattacher toutes les autres
concernent les empires de Babylone, de Ni d'une manière satisfaisante. Nous avons donné
nive et d'Ecbatane. Quelques points ont été la préférence à la date de la délivrance des
éclaircis par eux ; d'autres ont été prudem Juifs captifs, en vertu de l'acte d'émaneipation
ment laissés de côté, parce que leur interven § Cyrus, devenu maître de leur
tion devenait plus qu'inutile. Il reste donc sort, parce qu'elle nous fournit la limite su
beaucoup à faire encore, et la science histo périeure du cadre que nous nous sommes
rique aurait quelque chose à gagner si une tracé. Les chronologistes sont généralement
semblable question était traitée franchement, d'accord pour fixe la date de cet acte répa
sans dissimuler aucune des difficultés qu'elle rateur à l'année 536 avant Jésus-Christ. Nous
présente, et sans éluder la discussion im adopterons donc cette base unique de tous
partiale des témoignages discordants qui les calculs que nous allons essayer d'établir
offrent quelque caractère d'authenticité.Nous et nous nous hâtons de déclarer que cette
allons essayer de le faire. date concorde avec les dates astronomiques
Les sources auxquelles il nous est permis qui fixent à l'année 747 le commencement de
de puiser, sont jusqu'ici : l'ère de Nabonassar
L'Ecriture sainte, quelques fragments de Il est clair qu'une semblable concession n'a
Bérose, de Mégasthènes, de Castor et d'Alexan u être faite que par le souverain, et que les
dre Polyhistor, etc. ; le Canon de Ptolémée, § autorisés à quitter Babylone pour re
les écrits de Diodore, les écrits d'Hérodote, tourner dans leur pays, ont reçu cette auto
de Josèphe,de Moïse de Khorène, d'Eusèbe, et risation de celui qui seul avait le droit de
de Georges le Syncelle. l'octroyer. Cyrus, en 536, était donc souverain
Dans un avenir prochain, il faut l'espérer, de fait à Babylone.
les nombreux textes assyriens des palais Nous lisons dans Daniel, ch. v, 30 et 31 :
de Van , de Khorsabad, de Nimroud et La même nuit (la nuit du festin), Balthasar,
de Koïoundjouk,n'auront plus de secrets pour roi des Chaldéens, fut tué; — Et Darius,
nous, et là se trouveront incontestablement Mède, lui succéda au trône, âgé de 62 ans.
d'innombrables documents, qui serviront à CHAP. Ix, 1. L'an 1" de Darius, fils d'Assué
reconstituer nettement une bonne partie des rus, du sang des Mèdes, lequel réqna sur les
annales assyriennes. En attendantcetheureux Chaldéens, etc.
moment, il est toujours permis de commen CHAP. x, 1. L'an 3 de Cyrus, roi des Perses,
cer l'étude comparative des textes fournis par la parole (de Dieu ) fut révélée à Daniel, sur
les auteurs indiqués plus haut. nommé Baltasar (33).
Avant tout, nous devons protester de notre De l'ensemble dé ces versets, il résulte
profond respect pour l'Ecriture sainte ; nous 1° qu'à Balthasar a succédé immédiatement un
† faire voir, à très-peu d'exceptions
près, que les assertions historiques qui s'y
prince nommé Darius le Mède; 2 que ce Da
rius avait alors 62 ans; 3° que Darius était fils
rencontrent sont parfaitement concordantes d'Assuérus, Mède d'origine; 4°que Cyrus, après
entre elles, et † ne concordent pas Darius, est monté sur le trône de Chaldée.
moins bien avec les écrits profanes, auxquels Reportons-nous maintenant au Canon des
confiance doît être donnée. Quand des discor rois de Chaldée, document inappréciable ,
dances apparentes ou réellesse manifesteront, parce que son exactitude basée sur des calculs
nous nous bornerons à les enregistrer en astronomiques ne saurait par conséquent être
regrettant notre insuffisance, toutes les fois révoquée en doute. Nous y lisons immédia
e celle-ci nous interdira la satisfaction de tement avant Cyrus, le nom de Nabonadius,
émontrerl'infaillibilité des Saintes-Ecritures. qui a régné 17 ans (34).
NCus entrerons donc en matière sans plus Rappelons-nous maintenant que l'ère de
Nabonassar commence le 26 février747, et en
ample préambule. faisant la somme des années de règne four
1 etermination des limites chronologiques fixes nies par le Canon de Ptolémée, y compris les
entre lesquelles se trouvent compris les faits deux interrègnes signalés dans ce canon
à discuter dans ce mémoire. — Date de la déli
nous allons rechercher s'il y a coïncidence
vrance des Juifs après la captivité de 70 ans.
— Canon des rois de Chaldée conservé par Pto complète des deux dates de la première an
lémée, et sa vérification rigoureuse. — Dates née de Nabonassar et de célle de Cyrus. (35)
extrêmes des 70 ans de la captivité des Juifs. — Le nombre d'années écoulées entre ces deux
Dates du siége de Jérusaleuu ct de la ruine du avénements est de 209 , de 747 ans, ôtant
(55) Dans le chapitre 1", 21, nous lisons : Fuit (54) Je prends la liste du manuscrit 2599 de la
autem Daniel usque ad annum primum Cyri regis. bibliothèque Impériale, manuscrit qui a servi à la
l1 y a ici une contradiction qui :ious semble expli ublication de l'Almageste de Ptolémée. Voir cette
quer une faute de copie da» 1a teneur du verset 21 † de Ptolémée publiée sur le même nia
du chapitre 1", car si Daniel n'a vécu que jusqu'à nuscrit par M. l'abbé Halma, in-4, , Paris, 1819
l'année première du règne de Cyrus, il n'a pu rece (55) Prenons la copie de Georges le Syncelle et
voir de révélation divine dans l'amnée 5° de ce règnc. faisons-lui subir le même contrôle. Cette liste ore
179 CHR DICTIONNAIRE CHR 180

209, il nous reste 538. Il y a donc coincidence était la cinquième annee de la captivité du roi
complète dans cette copie du Canon de Pto Joachin. — (Ezech. I, 1, 2
lémée. Nous pouvons d'ailleurs la vérifier Donc le 5 du quatrième mois d'une certaine
par parcelles, et nous y parviendrons a l'aide année trentième, commence la cinquième an
des éclipses de lune observées par les Chal née qui a suivi la captivité de Joachin.
déens (36). Les trois plus anciennes ont été A quoi rapporter cette trentième année ?
observées dans les années 1 et 2 du règne de Nécessairement à une ère nouvelle. Joachin
Mardokempad, 27° et 28° de Nabonassar. Ces ou Jéchonias fut pris en 599 ; la cinquième
éclipses calculées rigoureusement tombent au de sa captivité commence donc avec l'année
19 mars 721 ; au 8 mars et au 1" septembre 594, et la quatrième avec l'année 595; ajou
720. Les chiffres des 4 premiers règnes four tant à ce nombre le chiffre 30, pour reconnaî
nis par le Canon de Ptolémée (copie du ma tre l'événement sur lequel tombe la date ob
nuscrit de Paris)sont rigoureusement exacts, tenue ainsi, nous trouvons le chiffre 525, qui
puisque la 1" et la 2° année de Mardokem nous reporte juste à l'événement de Nabo
pad tombent sur les années 721 et 720. polassar. C'est donc une ère nouvelle com
Nous connaissons encore une éclipse de la mençant à l'événement de Nabopolassar, dont
5 année de Nabopolassar, 127" de Nabonas la trentième année coïncidait avec la quatriè
sar, laquelle eut lieu dans la nuit du 22 avril me et cinquième année de la captivité de
621 ; l'avénement de Nabopolassar eut donc Joachin. Or, nous lisons dans le II" Livre des
lieu vers 626. La somme des années des rè rois ( xxIv, 12) : Le roi de Babylone prit
gnes antérieurs à celui de Nabopolassar four Joachin la huitième année de son règne
nis par le manuscrit de Paris nous amène à La trentième de Nabopolassar est donc
625, et comme nous devons tenir compte des † de 4 ans, ou un peu plus, à la
uitième de Nabuchodonosor : c'est ainsi la
années forcémentincomplètes, réparties entre
ces différents règnes, nous pouvons considé douzième de Nabuchodonosor. Si donc, de
rer cette concordance comme très-réelle. 30, nous retranchons 12, il nous reste 18 ;
Jusqu'à Nabopolassar donc, l'exactitude du Nabopolassar aurait donc régné 18 ans et
Canon est vérifiée. quelques mois. Mais d'un autre côté, les té
Enfin, nous avons une éclipse du 16 juillet moignages de l'Ecriture nous suffisent pour
523, qui appartient à la 7°année de Cambyse, reconnaître que Nabuchodonosor a régné
225° de Nabonassar. La somme des règnes du deux ans en commun avec son père (37):
Canon de Ptolémée nous fournit jusqu'à la Celui-ci a donc eu un règne effectif de
7° année de Cambyse, le chiffre § qui, re 20 ans et quelques mois, ce qui justifie plei
tranché de 747, nous donnerait la date 522, nement le chiffre 21 , représentant, dans le
qui est exacte. Canon de Ptolémée, la durée du règne de
Nous pourrons donc nous appuyer, sans Nabopolassar. D'ailleurs, on sait que dans les
aucun scrupule, sur les dates fournies par le canons royaux de ce genre toute année com
Canon de Ptolémée. En voici, du reste, une mencée est comptée comme année pleine.
vérification de plus : Nous avons dit plus haut que l'exactitude
Nous lisons dans Ezéchiel : du Canon de Ptolémée est justifiée par les
En la trentième année, le cinquième jour calculs d'éclipses, en ce qui concerne l'année
du quatrième mois, lorsque j'étais au mi 747, à §
commencent le règne et l'ère
lieu des captifs, près du fleuve Khobar, les de Nabonassar. Il ne sera pas hors de propos
cieux furent ouverts, et je vis les visions de maintenant de vérifier la date précise de la
Dieu, — le cinquième jour du mois, lequel délivrance des Juifs, date qui a dû suivre la
sente deux séries de chiffres, grâce à certaines du il reçut alors le nom de Baltasar, et dans l'année 2°
rées de règne évaluées de deux manières différentes. du règne de Nabuchodonosor, il fut chargé d'expli
La 1" nous donne une somme égale à 226, ce qui uer au roi le songe qu'il avait fait. (Dan. II, 1.)
fournirait la date 521 pour l'avénemeut de Cyrus ; n anno 2° regni Nabuchodonosor, vidit Nabuchodo
cette date est forcément inexacte. La 2° nous donne nosor somnium, et conterritus est spiritus ejus, et
220, d'où nous arrivons à la date 527 pour l'avéne somnium ejus fugit ab eo. C'est donc environ de 4 à
ment de Cyrus ; nouvelle date erronée. 5 ans après la captivité de Daniel qu'il faudrait
(56) On sait que ces observations astronomiques compter la 2° année de Nabuchodonosor. Pour ac
recueillies par les Chaldéens furent envoyées à corder ces deux dates, il faut nécessairement ad
Aristote par Callisthènes, et qu'elles dataient de mettre que pendant deux ans Nabopolassar s'associa
1905 ans avant la prise de Babylone par Alexandre, son fils Nabuchodonosor ; enfin nous lisons dans
c'est-à-dire de 2200 ans avant l'ère chrétienne. les Rois (Il, xxv, 27) que Joachin était depuis 37
(57) Suivant Jérémie, Nabuchodonosor vint pour ans à Babylone lorsque Evilmerodach lui succéda
la première fois devant Jérusalem dans la 1r° année et délivra Joachin. Factum est vero in anno trigesimo
de son règne, 4º de Joakim (xxv, 1) : Verbum quod septimo transmigrationis Joachin regis Juda, mense
factum est ad Jeremiam de omni populo Juda , in duodecime, vigesima septima die mensis, sublevavit
anno 4° Joakim filii Jozia regis Juda: ipse est annus Evilmerodach, rex Babylonis, anno quo regnare cœ
primus Nabuchodonosor regis Babylonis. D'un autre pisset, caput Joachin, regis Juda, de carcere. Joa
côté, Daniel emmené en captivité par lui, dit chin, ayant été pris dans la 8° année de Nabucho
(Dan. l, 1) : Anno tertio regni Joakim regis Juda, donosor, nous aurions8 à ajouter à 57 pour la durée
venit Nabuchodonosor rex Babylonis in Jerusalem et du règne de Nabuchodonosor, ce qui ferait 45 ans.
obsedit eam. Il y a ici un petit désaccord portant Le Canon n'en porte que 45 ; donc il faut, de ces
sur une annêe seulement, désaccord assez insigni 45 années, en défalquer 2, qui sont celles du règne
fiant d'ailleurs pour qu'il soit à peu près inutile en commun avec son père. D'ailleurs Bérose, cité
d'en rechercher le motif. Daniel resta 5 ans en par Josèphe, dit quelque chosc de cettc associa
captivité à Babylone avant d'être présenté au roi ; llOIl.
181 CHR DES ANTIQUITES BIBLlQUES. CHR 182

prise de Babylone par Cyrus, promoteur de des captifs dans leur pays, avec :e moment
ce grand acte de réparation. Nous aurons où la liberté leur fut rendue par un édit qui
alors déterminé rigoureusement deux points put et dut même n'être pas immédiatement
à peu près extrêmes du cadre chronologique exécuté, mais bien avec quelque lenteur -

qui renferme les événements historiques sur L'historien Josèphe parle d'une manière
l'époque réelle desquels nous désirons jeter fort nette des 70 ans de servitude ; voici ce
le plus de lumière possible. qu'il en dit : « Mais le roi de Babylone, lors
Si, dans l'Ecriture sainte, nous trouvons des qu'il eut emmené les deux tribus, ne leur
† nombreux qui constatent la durée de substitua aucune nation. D'où il advint que
a captivité de Babylone, il n'en est plus de pendant 70 ans toute la Judée, avec Jérusalem
même quand il s'agit de constater la date pré et son temple, resta complétement abandon
cise de la délivrance des Juifs; nous ne pou née. De là résulte aussi que le temps qui s'é-
vons donc arriver à cette date que par le tâ coula entre la captivité des dix tribus et la dé
tonnement. Nous allons essayer de le faire. portation des deux tribus fut de 130 ans, 6
Rappelons-nous d'abord les _passages qui mois et deux jours. » (Antiq. Jud., X, Ix, 7.)
mentionnent explicitement les 70 années de Vérifions ces nouveaux chiffres. L'année de la
captivité. Dans Jérémie nous lisons : Le Sei ruine de Samarie est bien déterminée, ainsi
gneur dit ceci : Quand 70 ans auront été ac que nous le verrons plus tard : c'est l'année
complis à Babylone, je vous visiterai, et je 721; 130 ans et demi après cet événement,
susciterai sur vous ma parole favorable, que commença la servitude des deux tribus. Ce
je vous ramènerai en ce lieu. (Jérém. xxIx, 10.) chiffre nous reporte à l'année 591. Or celle
— Et encore : Toute terre sera désolée et dé ci représente en partie la 18 et la 1º année
serte, et toutes ces nations serviront le roi de du règne de Nabuchodonosor, et l'Ecriture
Babylone pendant 70 ans. (Jérém. xxv, 11.) nous apprend surabondamment que le der
Voici le texte du verset suivant : mNb>> nºm nier siége de Jérusalem, siége qui dura 18
EN: Nyºn un ºvn baa T cºy TEEN rcu = yav mois et consomma la ruine du royaume de
mccvb nN ncwn ermv> y-N by Ey nN mm Juda, commença dans la 18 année de Nabu
chodonosor. Josèphe est donc parfaitement
C'est-à-dire : Lorsque ces 70 années seront Ebºy d'accord avec l'Ecriture sainte.
accomplies, je puniraile roi de Babel, et ce peu Voici les passages de l'Ecriture relatifs à
le, dit Jéhovah, de leurs iniquités, ainsi que cet événement. Le siége commença la 18 an
e pays des Casdim, et j'en ferai une solitude née de Nabuchodonosor; en effet, Jérémie
éternelle.
Enfin, les Chroniques parlent de la cap
dit : Parole qui fut adressée à Jérémie par le
tivité, qui dura 70 ans; le verset 20 est pré
Seigneur, l'an 10° de Sédécias, roi de Juda ;
lequel est le 18° de Nabuchodonosor. - Alors
cis, en voici la fin : TºcTv Er=y5 r:25 r vnn l'armée du roi de Babylone assiégeait Jérusa
p-e nn p et ils serviront d'esclaves à lui (Na lem, etc., etc. (Jérém. xxxII, 1, 2.) La ville et
buchodonosor) et à ses cºfants jusqu'à l'avé le temple furent brûlés dans l'année 19° de
nement du royaume de Perse.(IIChron.xxxvI, Nabuchodonosor, car Jérémie nous dit en
17 seqq.) core : La 9° année de Sédécias, roi de Juda, au
La captivité a donc cessé à l'avénement de 10° mois, Nabuchodonosor vint avec toute son
la nouvelle dynastie. Les 70 ans de captivité armée devant Jérusalem, et ils en formèrent
† par Jérémie sont rappelés au verset
le siége. — Or, l'an 11° de Sédécias, au 5°
1. Enfin le verset 22 commence par les mots :
mois, le 5 jour, la ville fut ouverte. (Jérém.
et l'an premier de c-e Tºre v-,5 nriN ncuran xxxIx, 1, 2.) Josèphe dit que le siége dura
Cyrus, roi de Perse... etc., etc. Vient ensuite 18 mois ; du 10° mois de l'année 9 de Sédé
la teneur de l'édit de délivrance. La promul cias, au 5° mois de l'année 11 , il y a effecti
† de cet acte n'a pu évidemment avoir vement 18 mois.
ieu au commencement de la conquête; le Ces deux dates sont aussi précisées par
conquérant avait autre chose à faire d'abord ; d'autres passages de l'Ecriture; ainsi, dans
nous admettrons donc qu'il ne l'a accordé Jérémie † 4-7 et 12), nous lisons encore
qu'en 537. ue ce fut dans la 9° année de Sédécias, le 10
Remontons maintenant de l'année 537 à 70 u 10 mois, que commença l'investissement
ans en arrière, nous tombons sur la date 607. de Jérusalem, que le siége dura jusqu'au 9 du
C'est la 4" année du règne de Joakim, roi de 4° mois de la 11° année de Sédécias, et que
Juda, 1" de Nabuchodonosor, époque précise ce jour-là, les Chaldéens † dans la
du premier siége de Jérusalem. J'ai déjà fait ville, tandis que le roi Sédécias et ses servi
remarquer dans une note que Daniel, qui fut teurs cherchaient à fuir.Ce fut un peu plus
emmené en captivité à la suite de cette pre tard, c'est-à-dire le 10 du mois suivant (5° de
mière expédition, dit la 3° année de Joakim ; la 11° année de Sédécias, 19° de Nabuchodo
tandis que Jérémie avance que c'est à l'année nosor), que Nabuzardan, général de l'armée
4" de Joakim qu'il faut rapporter le siége de chaldéenne, fit mettre le feu à la ville et au
Jérusalem par Nabuchodonosor(Jérém.xxv,1.) temple. -

Quoi qu'il en soit, les 70 ans de captivité Enfin, dans le II° Livre des Rois, nous li
sont certainement compris entre les années sons (xxv, 1-4, 7-9 et suiv.) que ce fut dans
537 et 607. Les chronologistes ont adopté la l'année 9 de Sédécias, le 10 du 10" mois, que
date 536 pour celle de la délivrance des Juifs. l'investissement de Jérusalem commença : que
Je pense qu'il y a ici une légère erreur, et le siége dura jusqu'au 9 d'un mois, qui n'est
qu'on a confondu le retour et l'établissement pas précisé, de la 11 année de Sédécias, que
#

183 CllR DICTI0NNAlRE CllR 184

la ville, une fois envahie par les assiégeants, pays natal à Babylone). » Rien de plus pré
Sédécias et les siens cherchèrent à fuir , qu'il cis que ce texte : la dernière année des 70
fut poursuivi, pris et amené devant Nabucho ans de servitude annoncés par les prophètes,
donosor; que ce roi fit mettre à mort devant était pour les Juifs eux-mêmes la 1" du règne
lui ses enfants et ses proches, lui fit crever de Cyrus. Ajoutant donc à 538 le nombre 70,
les yeux, et le fit amener chargé de chaînes à nous retombons encore sur l'année 608, dans
Babylone; que Nabuzardan entra dans Jéru laquelle eut lieu le premier siége de Jérusa
salem le 7 du 5 mois de l'année 11 de Sédé lem par Nabuchodonosor, dans la 1" année
cias (19° de Nabuchodonosor), et mit le feu à de son règne. Tout à l'heure nous avons dit
la ville et au temple. que les 70 ans étaient nécessairement compris
Remarquons en passant qu'il faut de toute entre les années 607 et 537. Cela tient à ce
nécessité reconnaître quelques légères erreurs que le 1" mois d'une année de Cyrus n'a pu
de copistes dans ces différentes dates, de l'in coïncider avec le 1" mois d'une année Julien
vestissement, de la prise et de l'incendie de ne, et que, par conséquent, la 1" année de
Jérusalem. Fn effet, pour la 1", Jérémie, au Cyrus est représentée en partie par l'année
chap. xxIx, ne parle que du 10° mois de l'an 538 et en partie par l'année 537.
née 9 de Sédécias; au chap. LII, il fixe la Un peu §
plus loin Josèphe dit que Cyrus fut
même date au 10 du mois en question. Cette conduit à les Juifs captifs, par la
date est incontestable, puisqu'elle est concor lecture des prophéties qu'Isaïe avait laissées
dante avec celle que fournit le chap. xxv du 210 ans auparavant; puis quelques lignes
II° Livre des Rois. plus loin nous lisons encore : « Isaïe prédit cet
La date de la prise de Jérusalem, fixée dans événement 140 ans avant la destruction du
le chap. LII de Jérémie, au 9 du 4 mois de temple. » Voyons si ces dates sont bonnes.
''année 11 de Sédécias, est confondue dans le Isaïe (ch. 1, v. 1) a prophétisé sous Ozias,
chap. xxIx du même prophète, avec la date Joatham, Achaz et Ezéchias, rois de Juda. Ces
de l'incendie. Dans le II° Livre des Rois, il quatre règnes occupent le temps écoulé entre
s'agit bien encore du 9° jour, mais ce jour 810 et 698. Il en faut conclure que les plus
& ppartient à un mois indéterminé de l'an anciennes prophéties d'Isaïe appartiennent à
née 11. la fin du règne d'Ozias. Car de 758, dernière
Enfin, la date de l'incendie de Jérusalem et année d'Ozias, à 698 dernière d'Ezéchias, il y
du temple, est donnée par Jérémie, au 5 du a 60 ans, et cet intervalle représente une car
5° mois de l'année 11 de Sédécias, dans le rière de prophète suffisamment développée
† xxIx : puis au 10 du même mois dans si l'on ne veut pas dépasser les bornes de la
le chap. LII; tandis que dans les Rois (ch. xxv, probabilité.
du II° livre), cet événement est fixé au 7 du Josèphe nous dit qu'Isaïe a prédit la servi
5° mois de l'année 11 de Sédécias. tude et la délivrance des Juifs 210 ans avant
Toutes ces discordances sont trop peu im la réalisation de cet événement. Si de 537,
portantes pour que nous nous y arrêtions année de la délivrance, nous remontons 210
plus longtemps. Nous nous bornerons à faire ans en arrière, nous tombons sur la date 747,
observer que les Juifs jeûnent le 9 du mois,
en commémoration de la prise de Jérusalem,
† est la 9° année de Joatham, année pen
ant laquelle effectivement Isaïe a pu pro
jet que ce fait est concluant en faveur de la phétiser.
date fournie par Jérémie (ch. LII), et par le Redescendant maintenant de l'année 747 à
II° Livre des Rois (ch. xxv). Qu'enfin, l'his 140 ans plus tard, nous devrions retrouver la
torien Josèphe donne aussi pour date de l'in date de la destruction du temple; or nous
vestissement de Jérusalem, le 10 du 10° mois Obtenons ainsi l'année 607. Cette année est
de l'an 9 de Sédécias, et pour date de la prise bien celle où Nabuchodonosor a rendu Joakim
de la ville le 9 du 4° mois de l'an 11 ; de telle tributaire, après son premier siége de Jérusa
sorte qu'il ne peut plus y avoir de doutes lem, mais ce n'est pas du tout l'année où le
réels sur la valeur de ces j§dates. Quant à temple a été brûlé, car ce désastre se rapporte
celle de l'entrée de Nabuzardan et de l'incen à la 19° de Nabuchodonosor (588).
die du temple, nous trouvons dans Josèphe Si l'on cherche à se rendre compte de ce
une nouvelle discordance, puisque cet histo chiffre de Josèphe, deux explications se pré
rien place l'événement en question au 1" du sentent : ou bien Josèphe parle par inadver
5° mois de l'an 11 de Sédécias. Des quatre da tance d'une autre prophétie d'Isaïe rédigée
tes, toutes différentes, que nous trouvons pour vers 728, avant-dernière année du règne d'A-
l'incendie du temple, nous ne pouvons guère chaz, ou bien, ce que je suis plus tenté de
conclure qu'une chose : c'est que cet événe croire, Josèphe, en écrivant, a par mégarde
ment a eu lieu dans les dix premiers jours du confondu l'incendie du temple avec la pre
5" mois de l'an 11 de Sédécias. mière année des 70 années d'exil des deux
Revenons à la fixation des 70 années de tribus. En effet, cette première année, ainsi
servitude, à l'aide des textes de Josèphe. que nous l'avons vu, tombe réellement en l'an
Le liv. XI, chap. I, commence par les mots 607. Je vois du reste dans ce dernier calcul,
Suivants : T, ôi rpºtº irit.rñ: Kûpov Baai)si«; une bonne présomption de plus en faveur du
(ro5ro ô'mv i6ôopnzoatôv à?' #c iuipas usravaarã système qui place les 70 ans de captivité en
vat rôv )zà» ñpôv ix rñ; oixsixs sic Ba6u)öva av»- tre 607 et #
#rsaiv) « Dans la 1" année du règne de Cyrus Quoi qu'il en soit, tous les témoignages les
(cette année était la 70" à partir du jour où il lus authentiques concourent à établir que
arriva à notre peuple d'être transporté de son es limites supérieure et inférieure de ces 70
185 CHR DES ANTIQUITES BIBLIQUES. CIIR 186

années sont bien réellement celles que je tième année du règne de Nabonnid, Cyrus vint
viens de rappeler (38). Nous adopterons donc attaquer Babylone, et que s'en étant emparé,
formellement ces deux chiffres importants. il se contenta d'exiler en Kermanie le prince
Tout ceci posé, remontons la série continue chaldéen qui y termina ses jours. .
des événements, en nous rappelant que dé Un passage de Megasthènes cité d'après
sormais nous pouvons avoir une confiance Abydène par Eusèbe, dit exactement la même
leine et entière dans les chiffres du Canon de chose. (Ibid., c. 41.) Remarquons bien qu'il
olémée, et en discutant tous les passages n'est pas plus question d'un Darius, roi des
historiques qui sont entre nos mains. Mèdes, dans l'un que dans l'autre de ces deux
Cyrus prit Babylone en 538, et il succéda fragments. -

immédiatement à un prince nommé par Pto Voyons ce que nous disent les autres écri
lémée , Nabonadios, dernier souverain de vains profanes :
l'empire chaldéen proprement dit. Son règne Hérodote (liv. I, chap. 107) nous apprend
à § dura 9 ans, c'est-à-dire de 5§ que Cyaxare eut pour fils et successeur As
529. Fixons quelques autres dates qui se rap tyages, dont la fille Mandane épousa Cambyse.
# au règne et à la vie de ce conquérant. De ce mariage naquit Cyrus. (Ch. 108.) Astya
e Livre de Daniel nous parle peurde Cyrus. ges, après un règne de 35 ans, se vit déclarer
J'ai déjà rappelé le verset 21 du ch. I, qui dit : la guerre par Cyrus, qui le fit prisonnier et le
Daniel vécut jusqu'à l'an 1" du roi Cyrus ; détrôna. † Mèdes avaient dominé sur la
et le verset 1 du ch. x, qui dit : La 3° année haute Asie pendant 128 ans, non compris un
de Cyrus, roi des Perses, la parole fut révélee espace de 28 années, à prendre sur le règne
à Daniel, surnommé Baltassar, etc., etc. J'ai de 40 ans de Cyaxare, pendant lesquels les
fait observer que l'un des deux versets exclut Scythes furent maîtres de la Médie. (Chap. 107
nécessairement l'exactitude de transcription et 128.) Le roi de Babylone, contre lequel
de l'autre, mais ceci est fort peu important, marcha Cyrus et qui fut détrôné par lui, s'ap
uisque ces dates ne nous apprennent abso pelait Labynetos, de même que son père; il
ument rien. était fils d'une reine nommé Nitocris, sous le
Après avoir raconté le festin de Baltassar et règne de laquelle les Mèdes prirent Ninive.
ses suites, Daniel termine par les deux versets §. 184 et 188.) - -

suivants : La même nuit, fut tué Baltassar, roi Diodore résume à très-grands traits le récit
des Chaldéens, — et Darius, le Mède, lui suc ue Ctésias, contemporain d'Artaxerce, avait
céda au royaume, âgé de 62 ans. (Dan. v, ait de l'histoire des Mèdes depuis l'établisse
ment de leur monarchie jusqu'à la défaite de
Josèphe (livre X, ch. x) rapporte que le roi leur roi par Cyrus. Il nous dit qu'Aspadas, fils
Baltassar, nommé Naboandel par les Babylo d'Astibaras, qui régna 40 ans et mourut de
niens, se vit déclarer la guerre par Cyrus, roi vieillesse à Ecbatane, fut vaincu par Cyrus. .
des Perses, ligué contre lui avec Darius, roi Xénophon, dans l'espèce de roman histori
des Mèdes. Il raconte ensuite l'histoire du fes que qu'il a composé sur l'éducation de Cyrus,
tin et de la vision de Baltassar; la terreur de nous a raconté des faits qu'il importe de rap
ce monarque; l'intervention de sa grand'mère † ici, pour voir s'ils peuvent supporter
qui lui conseille de consulter Daniel, et de 'examen de la critique sérieuse.
lui demander l'explication des trois mots † Cyrus vint à la cour de son grand-père As
la main mystérieuse a tracés sur la muraille ; tyages à l'âge de 12 ans, avec Mandane sa
viennent ensuite les assertions suivantes : Peu mère ; après y avoir fait un séjour de 4 ans,
de temps après, il fut pris lui-même (Baltassar) il revint en Perse, et il n'entra qu'un an plus
et la ville aussi, par l'armée que Cyrus, roi tard dans la classe des adolescents, où l'on
des Perses, avait conduite contre lui. Car, était admis à 16 ou 17 ans. Il resta dix ans en
c'est sous le règne de Baltassar, qu'eut lieu la tiers parmi les adolescents, ensuite de quoi il
fut, à l'âge de 25 ans, classé parmi les hommes
prise de Babylone, après qu'il eut gardé la
couronne pendant 17 ans. Darius, qui, avec faits. Ce fut très-peu de temps après ce mo
l'aide de son cousin Cyrus, ruina l'empire des ment que la guerre éclata entre le roi d'Assy
Chaldéens, était dans sa soixante-deuxième rie et le roi des Mèdes. Cyrus accourut au se
année, quand il prit Babylone. Ce Darius était cours des Mèdes avec une armée persane,
fils d'Astyages, et 1l était connu sous un autre qu'il parvint, au bout d'un ou deux ans, à
nom parmi les Grecs. Il emmena Daniel le rendre formidable. A Astyages succéda Cya
prophète avec lui en Médie, et le combla xare, frère de Mandane et oncle de Cyrus ;
d'honneurs. Il en fit enfin l'un des trois satra celui-ci avait 27 ans à peu près lorsqu'il com
pes qui furent préposés aux 360 satrapies de mença la guerre contre les Assyriens, guerre
son empire. dans laquelle périt le roi d'Assyrie, auquel
D'un autre côté Bérose, dans un fragment succéda son fils. Ce prince, exécré de ses stl
conservé par Eusèbe (Prépar. évang., liv. xIx, jets, vit bientôt surgir contre lui une conspi
chap. 40), nous apprend que dans la dix-sep ration à laquelle prirent part les pius hauts
(58) Nous lisons dans Baruch , chap. v1, 2 : In ce verset une expression qui implique une licei.ce
gressi itaque in Babylonem, eritis ibi annis plurtmis poétique un peu forte ; 70 ans ne représentent pas
et temporibus longis, usque ad generationes septem, sept générations; et il y a tant de passages des
post hoc autem educam vos inde cum pace. Ces mots saintes Ecritures où ce nombre de 70 années est
se trouvent dans la lettre de Jérémie aux captifs clairement énoncé que force est de ne pas tenir
transportés à Babylone. Il y a cvidemment dans compte des sept génératiuns de Ba1u h.
187 CIIR DlCTIONNAIRE CHR 188

personnages de la cour de Babylone. Les suc ce propos, Fréret ajoute que tous les chrono
cès de Cyrus, à la tête des Perses et des Mè logistes modernes ont regardé comme parfai
des, excitèrent la jalousie et la crainte de tement assurée cette date de l'avénement de
Cyaxare, et Cyrus eut grand'peine , à faire Cyrus au trône des Mèdes. Nous aurons tout
oublier à son oncle la méfiance qu'il lui avait à l'heure à la vérifier.
témoignée.Avant d'entrer en campagne contre Reste enfin Georges Le Syncelle.Nous lisons
les Assyriens, Cyrus avait exigé de Tigranes dans sa Chronographie que, Labosaroch étant
l'envoi de secours militaires qu'il devait au mort, ceux qui avaient conspiré contre lui of
roi des Mèdes, par suite de traités anté frirent à l'unanimité la couronne à l'un des
rieurS, etc., etc. conjurés, Nabonnid, fils d'Assuérus, appelé
Moyse de Khorène (livre 1) nous fournit aussi Darius ou Astyages (Na6ovviô» (40) r,
quelques renseignements qui ont besoin d'un Aaaevip », Aapti» xx)ovuiv » r# xal 'Agruay :);
contrôle sévère. Dicran, neuvième roi d'Ar Que, dans la dix-septième année de ce
·ménie,établi après la révolte d'Arbaces contre prince, Cyrus venu de Perse à la tête d'une
Sardanapale, aida Cyrus à renverser l'empire puissante armée, s'empara de toutes les pro
des Mèdes. Ce Dicran était lié avec Astyages, vinces de l'empire, et gagna une première ba
roi des Mèdes, par des traités et par une al taille sur Astyages; que celui-ci courut alors
liance; car sa sœur, Dicranouhi, avait été don s'enfermer dans Babylone, qu'il avait fait en
née en mariage à Astyages (ch. 24). Une ceindre de fortes murailles construites en bri
étroite amitié unissait Dicran et Cyrus ; Astya ques cuites reliées par du bitume; qu'il y fut
ges en prit de l'ombrage (ch. 25), et ce fut assiégé, que la ville fut prise et démantelée,
† mieux perdre Dicran qu'il lui demanda et que le vainqueur, usant de clémence en
vers le vaincu, se contenta de l'exiler en Ker
a main de sa sœur (ch. 28). Astyages voulut manie.
alors profiter de cette alliance pour tendre
des embûches au prince arménien. La reine Le Syncelle ajoute ensuite : « Eusèbe rap
des Mèdes dévoila à son frère la perfidie d'As porte qu'Astyages monta sur le trône dès le
tyages, et la guerre éclata; cette guerre dura temps de Sédécias, dans l'année douzième du
cinq mois entiers, au bout desquels Astyages règne de Nabuchodonosor, et qu'il conserva
périt de la main même de Dicran. la couronne, jusqu'à la cinquième année de
Enfin, le Canon de Ptolémée nous apprend Nériglissor, puis, après sa dernière année, il
que Cyrus mourut en 529; or il avait alors compte la première du règne de Cyrus, dans
soixante-dix ans et il avait régné trente ans, # #ºse
?0l (|.
qu'il a rédigé. » (Le Syncelle,
-

ainsi que nous l'apprend Cicéron, d'après Di


non, auteur d'une Histoire des Perses, écrite Dans sa liste à lui, Georges Le Syncelle
avant le règne d'Alexandre le Grand. Voici classe au huitième rang parmi les rois des
textuellement ce curieux passage de Cicéron : Mèdes Astyages-Darius, qui régna trente
huit ans.
« Qu'ai-je besoin de raconter comment les
mages, au rapport de Dinon, dans son His Il ajoute : « De Nabonassar à la première
toire de Perse, interprétèrent un songe de amnée de Darius, autrement dit Astyages, le
Cyrus? Ce prince, dit-il, avâit songé que, compte des mathématiciens fournit 175 ans. »
voyant le soleil à ses pieds, il avait inutile Enfin il termine en disant que Nabonnid, der
| ment essayé par trois fois de le saisir avec nier roi des Mèdes, nommé par eux Astyages,
les mains, et que le soleil, roulant toujours, et le même que Darius, fils d'Assuérus, dans
lui avait échappé. Les mages, qui étaient les la vingt-unième année de son règne et après
sages et les docteurs de la Perse, lui dirent avoir vaincu Evilmerodach , mit à mort le
ue, de ce qu'il avait étendu la main par trois Chaldéen Neriglesar, surnommé Baltassar
ois pour saisir le soleil, il résultait qu'il ré (lbid., p. 231).
gnerait trente ans : ce qui eut lieu, en effet, Voilà ce que nous fournissent de documents
car il mourut à l'âge de soixante-dix ans, et les auteurs anciens : est-il facile de les coor
il en avait quarante quand il commença à ré donner ? Non, sans doute, car jamais question
gner (39). » historique n'a été plus embrouillée par ceux
Eusèbe (Prépar. évang., liv. x, ch. 10) nous là mêmes qui ont prétendu l'éclaircir : nous
apprend, ainsi que Fréret l'a # constaté allons nous en convaincre.
dans son important Mémoire sur la chrono Groupons donc les renseignements qui
logie assyrienne, que tous les chronologistes viennent d'être rapportés, et voyons jusqu'à
et tous les historiens, Polybe, Castor, Thallus, quel point ils sont d'accord entre eux. Pour
Diodore, Plégon, etc., s'accordent à mettre le cela faire nous sommes dans l'obligation de
commencement du règne de Cyrus sur les construire un tableau synoptique facile à con
Mèdes la première année de la cinquante sulter et duquel peuvent et doivent ressortir
cinquième olympiade (560 avant J.-C.), et, à quelques vérités.
(59) « Quid ego, quæ Magi Cyro illi principi in contigit : nam ad septuagesimum pervenit, cum xL
terpretati sunt, ex Dinonis Persicis (libris) profe †
c. 25.
" regnare cœpisset. » (De divinatione, l. 1,
1an ? Nam cum dormienti ei sol ad pcdes visus
esset, ter eum scribit frustra appetivisse manibus, (40) Il y a ici une faute de copiste ; sans aucun
cum se convolvens sol elaberetur, et abiret : ei Ma. doute, c'est tip 'A7aounpou qu'il faut lire, car évi
gos dixisse (quod genus sapientum et doctorum demment cette phrase n'a été écrite par le Syncelle
habebatur in Persis) ex triplici appetitione solis, xxx qu'en souvenir du tcxte de Daniel. (Le Syncelle,
annos Cyrum regnaturum esse, portcndi. Quod ita p, 226.)
2 D0CUMENTS
FOURNIS
PAR
AUTEURS
ANCIENS
ROIS
SUR
LES
D'ASSYRIE.
EcR1TURE- BERosE
ET DIODORE CANON
CICERON MOYSE EUsEBE
D'A-
Htºpo
MÉGAsTHè-
SAINTE. D'APRÈs XENOPHON. D'APRÈs JOSEPHE DE

PRÈs
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191 CIIR DICTIONNAIRE CHR 192

Comparons maintenant les faits inscrits dans un seul et même personnage, à savoir le 8" roi
ce tableau, ou pour parler plus exactement, des Mèdes. De Nabonassar à la première année
les assertions des auteurs. d'Astyages, les calculsastronomiques trouvent
— Cyrus se rend maître de Babylone, et 175 ans. Dans la21" année de son règne, Na
bonnidtue Nériglissor, autrement dit Baltasar.
ainsi que nous l'avons établi, cet événement
mémorable a lieu dans l'année 638. — A la (GEoRGEs LE SYNCELLE).
rise de Babylone, le trône est occupé par Un fait principal domine , tous les autres :
#§ qui est tué dans la nuit même ºu suivant les uns, après la chute de l'empire
festin. Darius le Mède, fils d'Assuérus, succède chaldéen, c'est le roi des Mèdes qui est
à Baltasar à l'âge de 62 ans. (DANIEL.)- Bal monté sur le trône de Babylone; suivant les
tasar, le Naboandel des Chaldéens, est pris autres, c'est Cyrus lui-même. Il s'agit avant
peu de temps après la nuit du festin; les as tout d'éclaircir ce point historique; nous
saillants sont Darius, fils d'Astyages, roi des passerons ensuite à certains faits de détail
Mèdes, qui a soixante-deux ans alors,et Cyrus. qui ne manquent pas d'intérêt.
(JosÈPHÉ.)— Nabonnid, dernier roi chaldéen, Et d'abord, Cyrus est mort à soixante-dix
est détrôné par Cyrus, après un règne de dix ans, suivant Cicéron, et en 529, d'après le
sept ans. Celui-ci se contente de l'exiler en Canon de Ptolémée ; il est donc forcément né
Kermanie. (BÉPosE et MÉGASTHÈNEs.)— Cyrus en 599; il a commencé à régner à 40 ans,
détrône Labynit, roi de Babylone, fils de La c'est-à-dire en 559. Cicéron, sur ce point, est
bynit et de Nitocris. Astyages, roi des Mièdes, fort net, et le témoignage de Dinon, l'histo
fils et successeur de Cyaxare, dont le règne rien spécial qu'il invoque, est parfaitement
avait été de quarante ans, est père de Man digne de confiance.
dane, mère de Cyrus; il est détrôné et fait Voyons maintenant si le roman historique
prisonnier par Cyrus, son petit-fils, après de Xénophon nous offre des faits vraisembla
avoir régné trente-cinq ans. (HÉRoDoTE.) bles. Cyrus est venu à la cour de son grand
— Cyrus devient roi des Mèdes, après avoir père Astyages à l'âge de 12 ans, c'est-à-dire
vaincu et détrôné Aspadas, fils d'Astibaras, vers 587 ; il y passe 4 ans et ne revient en
dont le règne avait été de quarante ans, et qui Perse que vers 583, à 25 ans il entre dans la
était mort de vieillesse à Ecbatane.(CTÉSIAs et classe des hommes faits (574). Une ou deux
BIoDoRE.). années après, une guerre devenant imminente
— Cyrus est le petit-fils d'Astyages, roi des entre les Chaldéens et les Mèdes, Cyrus lève
Mèdes, dont la fille, Mandane, avait épousé une armée pour aller au secours des Mèdes.
Cambyse ; à Astyages qui meurt dans un âge Supposons que ce soit vers 572. Le jeune con
avancé, succède Cyaxare, oncle de Cyrus. La quérant s'occupe avec ardeur de l'organisa
guerre éclate entre les Chaldéens et les Mèdes. tion de cette armée, qu'il parvient à discipli
Cyrus lève une armée de Perses, et vient au ner et à instruire de façon à la rendre formi
secours de son oncle. Il est vainqueur; le roi dable. Un pareil résultat ne s'obtient pas en
de Babylone périt dans un combat, et les suc un jour, quelques années ont dû être em
cès militaires de Cyrus sont tels que le roi des ployées à l'atteindre ; mais il ne nous est pas
Mèdes, son oncle, en prend de l'ombrage. possible de rien préciser à cet égard. La
C'est vers l'âge de vingt-sept ou de vingt-huit guerre une fois commencée, Cyrus marche de
ans que Cyrus entre en campagne, avec une victoire en victoire. Le roi de Babylone meurt
armée combinée de Perses et de Mèdes. (XÉ sur le champ de bataille, et son fils lui suc
NoPHON.) cède. C'est un prince indigne du trône, et
— A Nabonadios, qui règne 17 ans, succède contre lequel les grands du royaume se ré
Cyrus, qui règne 9 ans et meurten 529.(Canon voltent. Quel peut être ce roi de Babylone?
de PToLÉMÉE.) ll n'y en aurait évidemment qu'unseul, auquel
— Cyrus monte sur le trône à 40 ans, tous les faits pussent s'appliquer tant bien que
et meurt à l'âge de 70 ans. (CICÉRoN d'après mal ; c'est Nériglissor, mort en 555, et dont
DINoN.) le fils, Laborosoarchod n'a régné que 9 mois,
Astyages, roi des Mèdes, est tué dans une après lesquels il a péri sous le poignard des
bataille, après une guerre de cinq mois, par conjurés recrutés parmi les grands de l'Etat.
son beau-frère Dicran, roi d'Arménie. Dicran Au dire de Xénophon, la mort de ce dernier
vient en aide à Cyrus, pour renverser l'em roi n'était pas encore un fait accompli, lors
pire des Mèdes. (MoYsE DE KHoRÈNE.) que Cyrus eut l'occasion de se plaindre à son
— Astyages monte sur le trône dans la oncle, le roi des Mèdes, de la manière plus que
12° année de Nabuchodonosor, et règne jus froide avec laquelle il le traitait, pour le ré
qu'à la 5° année de Nériglissor. Après lui compenser des services qu'il lui avait rendus.
vient immédiatement Cyrus, qui COIllIllCIlC0 Une réconciliation apparente eut lieu en ce
à régner la 1" année de la 55° olympiade moment, mais elle ne put être que de courte
(560). (EUsÈBE.) durée. Les causes d'inimitié placées tout en
— † l'assassinat de Labosaroch, les tières dans l'enthousiasme et l'affection dé
conjurés donnent la couronne à l'un des leurs, vouée de l'armée des Mèdes pour son jeune
Nabonnid, fils d'Assuérus, nommé aussi Da général, ne pouvaient disparaître et s'éteindre
rius et Astyages ; dans la 17° année de celui •ar ordre. De là une haine que le roi des
ci, Cyrus l'attaque, le défait en rase cam lèdes ne craignit pas de formuler en aetes,
pagne, l'assiége dans Babylone, le fait qui entraînèrent sa ruine. Ici nous rentrons
prisonnier, le détrône et l'exile en Ker sur le terrain solide de l'histoire. Cvrus fit la
manie. Astyages , Darius, Nabonnid, sont guerre au roi des Mèdes,son oncle; † détrôna
197 CHIR DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. CIIR 104

et le fit prisonnier. Hérodote, Ctésias et d'a- et Cyrus n'aurait pu venir à 12 ans à la cour
près lui Diodore, sont unanimes sur ce point, de son grand-père, puisque Cyrus est né en
qui demeure bien acquis. 599, et qu'Astyages aurait commencé à régner
Quant à ce que dit Moyse de Khorène, que en 600, c'est-à-dire un an avant la naissance
son héros royal Dicran a tué de sa propre de son neveu.
main le roi des Mèdes, Astyages, dans une ba · Georges Le Syncelle dit que les mathémati
taille, je me permettrai de n'en rien croire ; ciens trouvent 175 ans entre Nabonassar et
c'est problement une fable de plus, au milieu la première année d'Astyages.Or la première
des mille fables débitées par l'historien armé de Nabonassar est 747, et la première d'Astya
nien. Mais que Dicran ou Tigranes , que ge tomberait en vertu de ce calcul, sur l'année
Xénophon nous apprend lui-même avoir été 572. Le Syncelle dit ensuite que dans la vingt
lié à Cyrus par les liens de la plus tendre et unième du règne d'Astyages, Nabonnid
amitié, ait aidé celui-ci dans la guerre contre tua Nériglissor : la vingt et unième du règne
le roi des Mèdes, je le crois, d'autant plus d'Astyages serait ainsi 551 : c'est impossible,
volontiers que Dicran était vassal de ce monar car nous savons de science certaine par le
ue, et qu'il devait avoir à cœur de profiter Canon de Ptolémée que la mort de Nériglis
'une si belle occasion de secouer le joug SOr tombe sur l'année 555; en remontant à
qui pesait sur lui. Sur ce point donc, Moyse l'aide de ces dernières dates, nous aurons
de Khorène a très-probablement enregistré un pour première d'Astyages, l'année 575, date
fait vrai. assez rapprochée de la date 572, déduite de
Ici se présente une difficulté. Si l'histoire la première opération.
racontée par Xénophon de la mort d'un roi Examinons un peu maintenant quelques
d'Assyrieguerroyant contre Cyrus et Astyages, chiffres qui nous sont fournis par l'Ecriture
était vraie, ce roi, nous l'avons déjà dit, ne et par les profanes.
pourrait être que Nériglissor, mort en 555. Cyrus est né en 599, de Mandane, fille de
Or, les chiffres si leureusement conser l'avant-dernier roi des Mèdes (41). Celle-ci
vés par Cicéron prouvent qu'en 559 As en le mettant au monde, devait avoir à peu
tyages fut battu et détrôné par son neveu près 20 ans; elle était donc née vers 619.
Cyrus. Je ne me charge pas d'expliquer Son frère qui devint roi, naquit vraisembla
ee fait, dans lequel je ne vois d'ailleurs qu'un blement très-peu d'années avant ou après
bon argument † plus contre la valeur histo 619. Mettons trois ans par exemple, ce der
rique de la Cyropédie. nier roi serait donc né soit vers 616 ,
Eusèbe nous dit qu'Astyages monta sur le soit vers 622. Dans le premier cas, en
trône dans la douzième année de Nabucho 538, il aurait eu 74 ans, et dans le second 78.
donosor, et qu'il régna jusqu'à la cinquième Ce simple fait démontre, à mon sens, que
année de Nériglissor : d'après le Canon de le dernier roi des Mèdes ne peut être confondu
Ptolémée, la douzième de Nabuchodonosor avec le Mède Darius, fils d'Assuérus, qui monta
tombe en 595 ou 594, la cinquième de Néri sur le trône de Babylone à l'âge de 62 ans,
glissor en 555. Il y a là juste quarante ans après la chute de Baltasar, au dire de Daniel.
d'intervalle, et ces quarante années sont la du Daniel a-t-il dit † part que celui qu'il
rée du règne de l'avant-dernier roi des Mèdes, appelle Darius le Mède, fils d'Assuérus, fût
grand-père de Cyrus. Le fils de ce roi, oncle le roi des Mèdes ? Point. Il se borne à dire
de Cyrus, n'a régné que 35 ans, d'après le u'à Balthasar succéda Darius le Mède, fils
témoignage d'Hérodote, et nous vérifierons 'Assuérus, et pour monter sur le trône, ce
tout à l'heure cette assertion. trône dutlui être offert, car l'expression, 5-p
Eusèbe n'en place pas moins Cyrus immé dont se sert l'écrivain sacré ne s'entend que
diatement apres cet Astyages, dans son Canon d'une chose offerte et qu'on accepte.
des rois des Mèdes. Nous pouvons donc affir Scaliger, dont personne n'oserait, je pense,
IIleT † a commis ici une véritable confu révoquer en doute l'érudition profonde, et la
sion de personnes. D'après lui, Cyrus aurait sage critique, Scaliger (Emendatio temp.,
commencé à régner la première année de la proleg., 34) avait bien deviné que le Darius
† olympiade , c'est-à-dire de Daniel ne pouvait être un roi des Mèdes.
en 560 ; or 560 est tout au plus la première Pour lui ce Darius n'est qu'un Mède établi à
année de Nériglissor, et non la cinquième. Babylone, l'un des conjurés qui donnèrent la
D'ailleurs, si Astyages n'avait régné que qua mort à Laborosoarchod; pour lui, enfin,
rante ans, son règne aurait commencé en 600, le Nabonnid de Mégasthènes et de Bérose,
(41) Un curieux passage d'Elien (llist. des ani aventure paraît fabuleuse, conclut Elien, j'ajouterai
maux. liv. x11, ch. 20) parle d'un Sevochor, roi de encore un fait à l'appui ; c'est que le Perse Ache
Babylone, auquel les Chaldéens avaient prédit que menès , par lequel commença l'illustration des
l'enfant né de sa fille lui enlèverait la couronne ; Perses, fut mourri par un aigle.
aussitôt il entoura celle-ci d'une surveillance rigou Il est impossible de ne pas reconnaître dans le
reuse, qui n'atteignit pas le but qu'il s'était pro récit d'Elien une copie incorrecte de la fable racon
posé. La princesse séquestrée n'en devint pas moins tée par Hérodote à propos de l'enfance de Cyrus
mére, et mit au monde le fils d'un inconnu. L'enfant, (chap. 107 et suivants). Nous ne nous arrêterons
jeté par-dessus les murailles de la forteresse où la pas à relever toutes les similitudes et toutes les
fille du roi était prisonnière, fut enlevé par un aigle, dissemblances des deux versions, nous nous bor
† le mit sur son dos , et le déposa doucement nerons à faire observer que les commentateurs qui
comme D. Calmet ont cru reconnaître Tiglath-fela
ans un jardin. Le jardinier touché de la beauté de
1'enfant en prit soin et l'éleva sous le nom dé Gil sar dans le Gilglam (al. Thilgame) d'Elien, ont com
glam. Cet enfant régna sur les Perses. - Si cette mis une erreur impardonnable.
105 CHR DICTIONNAlRE CHR 196

n'est autre chose que le Darius de Daniel. à la cour d'Ecbatane; d'ailleurs, s'il n'est pas
Je n'ai pas la prétention d'imposer aux au impossible de voir un oncle ou un beau
tres ma croyance personnelle, mais je ne père du même âge que son neveu, ou de son
crains pas de dire que la réalité de cette gendre, c'est du moins chose rare: donc l'Art
identifièation me paraît un fait patent et irré de vérifier les dates est complétement dans le
fragable. faux sur ce point.
Maintenant pourquoi a-t-on fait dire à ART. II. — Discussion des différentes listes
Daniel ce qu'il n'a pas voulu dire, et pour connues des rois des Mèdes. — Canon royal
quoi a-t-on imaginé cette fable du règne médique rectifié. — Origine probable de la
à Babylone d'un roi des Mèdes après la syllabe ar, initiale fréquente des noms des
chute de Nabonnid ? Cela tient simplement, rois mèdes. — Signification et valeur réelle
je crois, à la trop grande confiance que l'on a du nom Astyages. — Etude du canon des rois
accordée sur ce point àl'historien Flavius Jo de Babylone.—Nabou-nahed prédécesseur de
sèphe. Josèphe a confondu en une seule les Cyrus. — Son identification avec Darius le
deux révolutions qui ont terminé les règnes Mède. — Labbou-sarakh.
de Baltasar et de Nabonnid, qu'il appelle Na Comme le cadre que je me suis tracé com
boandel: Josèphe a dit que Cyrus et Darius fils prend l'empire des Mèdes, je vais présenter
d'Astyages, roi des Mèdes, avaient attaqué dans un nouveau tableau synoptique les dif
Baltasar, et l'avaient fait prisonnier peu de férents catalogues de rois mèdes, tels qu'ils
temps après le fameux festin dans lequel les nous sont fournis par les auteurs anciens et
vases sacrés du temple de Jérusalem avaient modernes.
été profanés. Il a ajouté que Dariusavait alors On le voit, Hérodote, Ctésias, Diodore,
soixante-deux ans, mais il s'est bien gardé de Moyse de Khorène, Eusèbe et Gorges le Syn
arler de la mort de Baltasar dans la nuit du
celle, sont d'accord quant aux deux derniers
estin même.Qu'en conclure? Que Josèphe, qui rois Mèdes qui ont précédé Cyrus. Dom Cal
savait son Daniel, a cherché tant bien que mal met, les auteurs de l'Art de vérifier les dates,
à coordonner les faits qu'il y trouvait inscrits et la plupart des commentateurs de la Bible
avec ceux qui lui étaient parvenus d'autre (comme Rosenmüller), ont seuls inscrit dans
part. Il était notoire pour lui que Nabonnid leur catalogue un Cyaxare II, qui n'a jamais
exilé au su de tous en Kermanie, après la prise existé que dans leur imagination, et qu'ils
de Babylone, n'avait pas été tué dans la nuit ont été alors obligés de confondre, pour se
du festin. Il changeait donc l'assertion de tirer d'embarras, avec le Darius le Mède de
Daniel sur ce point.
Daniel, avec le Labynit d'Hérodote, et même
Une fois Nabonnid confondu avec Baltasar, avec le Baltasar de Daniel. Les témoignages
Nabonnid devenait contemporain du der d'Hérodote, de Ctésias, de Cicéron et d'Eu
nier roi des Mèdes, de race mède, et Da sèbe, étaient néanmoins bien suffisants pour
rius le Mède de Daniel se confondait dans
faire rejeter comme fantastique l'introduc
son esprit avec Astyages. De là toute la tion dans le Canon des rois des Mèdes d'un
confusion qui a rendu si obscurs les faits en roi qui m'a jamais existé.
question. Si maintenant, nous coordonnons entre
Georges Le Syncelle qui n'avait pas la même eux les résultats concordants fournis par les
raison pour se tromper, raconte exactement auteurs qui méritent une confiance entière,
les faits qui ont accompagné la chute de Labo nous obtenons la série suivante pour les der
saroch (ou Laborosoarchod), mais il fait du roi niers rois des Mèdes.
des Mèdes Astyages, du Darius de Daniel, et
du Nabonnid de Mégasthènes, de Bérose et de Déjocès (HÉRoDoTE), Deïokes (MoisE de KHoRÈNE),
Ptolémée un seul et même personnage, et Diœcès (SYNCELLE), règne 55 ans, bâtit Ecbatane,
qui plus est, l'un des conjurés auteurs du mort en 687. Artikas et Artée (CTÉsIAs et Dio
DORE)?
meurtre de Labosaroch. Cela n'est pas soute
nable, et cependant des hommes comme Phaortès (HÉRoDoTE), Aphraartès (SYNCELLE ),
Aphraxad (ECRITURE , Artynes et Arbiane ?(CTÉ
les auteurs de l'Art de vérifier les dates, ont slAs et DioDoRE) ? règne 22 ans, mort devant
admis des faits aussi inconciliables avec les Ninive en 634.
témoignages les plus dignes de respect et de Astyages (XÉNoPHoN), Kyakhs (MoïsE DE KHoRENE),
foi. Ainsi, pour eux, avant Cyrus régnait sur Astibaras (CTÉsiAs et DioDoRE), Cyaxare (XÉNo
les Mèdes un Cyaxare II, fils d'Astyages, nommé PHoN), règne 40 ans, assiége Ninive avant 625. .
à volonté Darius le Mède, Assuérus et Arta Les Scyth s attaquent la Médie et en restent mai
xercès, lequel après avoir vécu soixante-qua tres plusieurs années. Mort de vieillesse à Ecba
lane en 594.
tre ans et régné vingt-quatre ans sur les Mèdes, Astyages (HÉRoDoTE), Aspadas (CTÉsIAs et DioDoRE),
jouit deux années du grand empire, c'est-à- a pour sœurs 1° Mandane, femme de Cambyse ;
dire de l'empire des Mèdes et des Chaldéens, 2° Amyit, femme de Nabuchodonosor, roi de Ba
après la chute de Nabonnid (538 à 536). — bylone, d'où Fouil-mérodach.
Suivant eux encore, en 536, Cyrus lui succéda Règne 55 ans, vaincu et détrôné par Cyrus en
et il avait épousé la fille de ce Cyaxare. Cet 560 ou 559.
âge de soixante-quatre ans à lui seul fait crou Cyrus, né en 599 de Cambyse et de Mandane, fille de
ler toutlereste, car étant mort en 536, Cyaxare Cyaxare, devenu roi des Mèdes en 560 ou en 559.
fût né en 600 ; or, un an après, Cyrus avait un Roi du grand empire, après la prise de Babylone,
en 558, mort en 529.
an aussi. Xénophon nous dit, avec toute ap
parence de raison, que son oncle Cyaxare Avant , Déjocès, c'est-à-dire à partir du
était un homme fait déjà, lorsque Cyrus vint point où le secours d'Hérodote nous fait dé
197 CHR DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. C1IR 198

faut, nous trouvons les trois listes différen Que faire des,rois Arbiane, Artée et Arty
teS : nes qui, dans le Canon de Ctésias, suivent
CTÉsIAs. MoïsE DE LE SYNCELLE Artycas, qui se trouve dans Ctésias?Moïse de
KHoRÈNE. ET EUSÈBE. Khorène, et Le Syncelle?Je l'ignore. Remar
Arbacès 28ans. Varbakès. Arbacès 28 ans.
† néanmoins qu'il est presque permis
e supposer qu'il y a là quelque interpolation
Maudacès 50
Sosarmus 30
Modakès.
>
Maudacès 20
Sosarmus 50
due à une faute de copiste. En effet, selon
Artycas 50 Artykès. Artycas 50
Diodore, copiant Ctésias, Artycas a régné 50
ans, Arbyanes 22, Artée 40 et Artynes 22;
CATALoGUE DEs Rois MÈDEs D'APRÈs LEs DIvERs HIsToRIENs.

HERODOTE. DIODORE MOISE GEORGES ART DE VÉRIFIER D0M CALMET


LE SYNCELLE (Dict. de la Bible.)
D'APRÈs CTÉsIAs. DE KHoRÈNE. ET EUSÈBE. LES DATES. AVEC LES DATES

QU'IL ADOPTE.
Arbacès, 28 Varbakès. Arbacès, 28

Maudacès, 50 Modakès. Maudacès, 20

Sosarmus, 50 . . Sosarmus, 50
Artycas, 50 Artikès. Artykas, 350

Déjocès règne 55 Arbianes, 22 Déiokês. Diœces, 54 Déjocès, 45 Déjocès, 55. 710


ans ; 657.
bâtit Ecbatane.
Phraortes,22 ans; Artée, 40 Phraortès. Aphraartes, 51 Phraortes, 45 Phraortes,22.657
périt devant Ni
nive. Fonde ou em
bellit Ecbatane.
Cyaxare, 40 ans ; Artynes, 22 Kyakhs. Cyaxare, 52 Cyaxare, 60 Cyaxare ou Astya
Pendant qu'il ges, 40. 655
assiége Ninive, 595.
viennent les Astibaras, 40 Aztahak. Il a pour fille
Scythes qui sont Amyit et Man
les maîtres pen dane, mariées à
dant 28 ans. Il Nabuchodonosor
bat les Scythes, et à Cambyse.
et prendNinive.
Astyages, 55 ans; Aspadas vaincu Astyages ou Astyages, 55 Astyages, Assué
détrôné par et détrôné par Darius le
Mède,
58 Cyaxare
Darius le
"] rus.55.595-560.
24 Darius le Mède ou
Mède, Cyaxare (Xéno
phon), ou As
tyages (Dan.
texte grec),560
558.
Cyrus (42). Cyrus. Cyrus. Cyrus (45). Cyrus. Cyrus (44).

dans Le Syncelle, Artycas a régné 30 ans seu qui doit avoir régné 40 ans, a un nom assez
lement; l'un au moins des deux chiffres 50 semblable à la dernière partie de Phraortès,
ou 30, relatifs au règne de cet Artycas, est Aphraartès ou Arphaxad, qui a régné 22 ans
donc forcément faux. Si d'aventure ce chif seulement d'après Hérodote et 51 d'après Le
fre était 40, nous aurions tout lieu de nous Syncelle. On pourrait également revendiquer
étonner de voir 4 rois dont les noms, Artycas une certaine ressemblance de nom, en faveur
et Artée, Arbyanes et Artynes, ont quelque de l'assimilation d'Arbyanes qui a régné 22
analogie de forme, à peine déguisée par des ans d'après Ctésias, et d'Aphraartès qui en a
copistes maladroits, régner, précisément, les régné 51, suivant Le Syncelle. On voit donc
deux premiers 40 ans chacun, et les deux ue rien n'est plus difficile que d'opérer le
derniers 22 ans chacun. Cette considération épart du bon et du mauvais dans l'analyse
seule me conduit à proposer la radiation de de ces différentes listes, si discordantes.
l'un des deux couples. D'un autre côté, Artée Aussi n'est-ce pour ainsi dire que d'instinct
(42) Les Mèdes règnent sur la Haute-Asie 128 150 ans avant Cyrus, selon Hérodote, 57 ans après
ans, non compris 28 ans de la domination des Scy l'expédition d'Arbaces ; et il ne s'aperçoit pas qu'il
thes, à prendre sur les 40 années du règne de a juste les 150 ans qu'il cherche entre le 1" de
Cyaxare. (HÉRoDoTE.) l§ et le 1" de Darius. A l'article Mède, il sé
(45) De Nabonassar à la première année d'As pare Astyages de Darius le Mède ; à l'article
tyages, le calcul des mathématiciens place 175 ans. Astyages Il, il ne voit en cux qu'un seul et même
(GEoRGEs LE SYNCELLE.) - personnagc.
(14) D. Calnet place l'avéncmcnt dc Dejocès
199 CllR DICTIONNAIRE CHIR 200

quej'adopte, en difinitive, la rédaction sui des rois Mèdes, dont il † l'histoire,


vante pour le Canon des rois des Mèdes. c'est à partir de ce règne seulemeut que nous
CANON DES ROIS MÈDES. devons faire la somme des règnes successifs.
1. — 788 à 760. Or nous trouvons ainsi 150 ans, et ce chiffre
Arbacès (CT.). Varbakès Moïs. KH.). Arbacès (SYN
ne diffère que de 6 unités des chiffres fournis
CELLE). par l'observation d'Hérodote.
règne 28 ans. D'une autre part Le Syncelle nous dit que
2. — 760 à 740. de Nabonassar à la première année d'Astyages,
Maudacès (CT., ET SYNC.). Modakès Moï. KH.). le calcul astronomique fournit 175 ans. Cette
règne 20 ans (45).
5. — 740 à 710.
Sosarmus (CTÉs. ET SYNC.), manquant dans MoisE
DE KH.
première année d'Astyages tombe en 595. La
première de Nabonassar en 747 ; entre ces
deux années il y a 142 ans seulement. Mais
si, au lieu de prendre les deux premières an
|
règne 50 ans.
4. — 710 à 657. nées du règne de Nabonassar et d'Astyages,
Artycas (CTÉs., ET SYNC.). Artykès (Moïs. DE KH ). nous prenons les deux dernières, nous jus
Artycas et Artée. (CTEs). tifions bien mieux que par l'emploi de la pre
Déjocès (llÉRoDoTE). Déiokès (MoïsE). Diœcès (SYN mière année de Nabonassar, l'expression : il
CELLE). y a tant d'années de Nabonassar à telle année
règne 55 ans. de tel autre règne ; et ce choix a tout au
5. — 657 à 655. moins le mérite de nous fournir une date réel
Pi raortès (IIÉRoD., MoisE). Aphraartès (SYNCELLE). lement importante, à savoir celle du passage
Arbyanès et Artynès (CTÉs., DioD).
règne 22 ans. de la couronne des Mèdes sur la tête de Cyrus,
6. — 655 à 595. ou, pour † plus exactement, de la des
Cyaxare (HÉRoD., SYNC.). † (XÉNoPH.). Astl truction définitive de la puissance des Mèdes;
baras (CTÉ. ET DioD.). Kyakhs (MoïsE). tandis que rien n'établit la nécessité de bien
règne 40 ans. fixer la première année d'Astyages. Or la der
7. — 595 à 560. nière année de Nabonassar est 733 ; la der
Astyages (HÉR., SYNc.). Aspadas ou Apandas (CTÉ. nière d'Astyages est 559, et entre ces deux
ET DioD.). Aztahak (MoïsE DE KHoR.) années il y a 174 ans, et peut-être quelques
règne 55 ans.
8. — 560 ou 559 à 529. mois, ce qui justifie pleinement le calcul in
Cyrus. diqué par le Syncelle, tout en fournissant un
règne 50 ans. bon argument de plus en faveur de notre Ca
non des rois mèdes.
Je dois ajouter de plus † je crois ferme Remarquons de plus que D. Calmet place
ment, toujours guidé par l'analogie des noms l'avénement de Déjocès 150 ans avant Cyrus,
et la durée des règnes, que Artycas et Déjo d'après Hérodote, c'est son expression. Ce
cès sont un seul et même roi, et que Moïse chiffre est juste, car Cyrus étant monté sur le
de Khorène, en copiant sur Ctésias, au lieu trône des Mèdes en 559, la 159° année anté
de transcrire le nom de Sosarmus, qu'il a rieure tombe en 709, et notre canon des rois
omis et que nous trouvons dans Diodore et Mèdes nous reporte effectivement à 710 pour
dans Le Syncelle, aura d'Artycas, appelé l'avénement de Déjocès.
Doéjcès par les Grecs, fait deux personnages Une chose nous frappe dans la liste des
différents, dont il avait besoin pour avoir 8 rois des Mèdes, c'est la fréquence de la syl
rois mèdes, comme les a Le Syncelle. labe Ar placée en tête des noms propres de
Ceci posé, reprenons l'examen de quelques ces rois ; faut-il y voir un titre, une appel
chiffres fournis par les auteurs et dont j'ai lation honorifique quelconque ? Je suis bien
parlé. Et d'abord, rappelons-nousqu'Hérodote tenté de le croire. Nous avons, en effet, les
avance que les Mèdes avaient été maîtres de cinq noms Arbaces, Artycas, Arbianes, Artée,
la Haute-Asie pendant 128 ans, non comprisles Artynes, qui commencent ainsi : et comme
28 ans d'invasion des Scythes, sous le règne nous avons été conduits à assimiler l'Artycas
de Cyaxare, lorsque l'empire leur échappa de Ctésias, au Dioecès du Syncelle ; Déjocès
pour passer entre les mains des Perses. Nous d'Hérodote,au Déïokes de Moïse de Khorène, il
avons vu déjà que Cyrus devint, par la dé semble assez naturel de reconnaître dans ces
faite d'Astyages,roi des Mèdes, en 560 ou 559. différents noms un seul et même nom affecté
Remontons en arrière de 128 ans plus 28 pour ou débarrassé de cette syllabe Ar ; Tykas et
l'invasion scythe, c'est-à-dire de 156 ans : Déïokes sont, en effet, bien rapprochés.
nOus tombons sur le chiffre de 716 ou 715. On peut de plus quant aux noms Phraor
Si maintenant nous faisons la somme des tès, Aphraartès, Arphaxad, Arbiane, et Ar
règnes de nos rois des Mèdes tels que nous tynes, démêler de la même manière une es
venons de régler les durées de ces règnes, pèce de ressemblance.Les trois premiers,Phra
nous trouvons 228 ans, ce qui nous reporte ortès, Aphraartès et Arphaxad, ont été déjà
à l'année 787 ou 788 pour l'époque de la ré rapprochés avec adresse dans une dissertation
volte d'Arbaces le Mède contre Sardanapale. de D. Calmet, insérée dans l'édition de 1749
Observons maintenant que, puisque Héro de la Bible de Vence ( Dissert. sur l'hist. de
dote ne fait partir que de Déjocès la dynastie Judith : Sainte Bible, édit. 1749, t. V, p.340
(45) J'adopte le chiffre 20 d'Eusèbe et du Svn haut de quatre règnes alternatifs de 28 ans, de 50 ans.
celle plutôt que le chiffre 50 de Diodore, précisé de 50 ans et de 50 aIus. -

ment à cause de l'invraisemblance déjà signalée plus


201 ClIR DES ANTIQUlTES BlBLlQUES. CHR 202

et suiv.), dissertation où l'auteur met con considérations suffisamment développées


venablement en lumière l'analogie de ces † haut , nous n'y reviendrons donc pas ici.
deux noms, fondée sur l'équivalence d'un 'ailleurs, nous l'avons dit une fois pour
mot médique Artal, qui signifiait grand, puis toutes, le Canon de Ptolémée nous fournit
sant, au dire d'Hérodote, et du mot hébraïque des chiffres dont l'exactitude mathématique ne
Tv, qui a le même sens, ce qui le conduit à saurait être contestée.
proposer pour forme primitive du nom en Quel était le roi que l'invasion de Cyrus a
question, Arbakarta, dont la traduction hé détrôné ? Nabonadios, qui a régné 17 ans,
braïque devient Arbakched, bien voisin de la nous répond le Canon de Ptolémée. Cherchons
forme biblique mv---N. Il , est plus difficile, donc ce que nous fournissent de documents
je l'avoue, de découvrir la liaison qui peut surce Nabonadiostouteslessources historiques
exister entre ces noms et les noms différents et sacrées et profanes. -

Arbyanes et Artynes, qui me semblent dési Daniel, nous l'avons déjà dit, cite un règne
gner un seul et même personnage. - entre celui de son Baltasar et celui de Cyrus ;
Un autre fait mérite toute notre attention, c'est celui de Darius, fils d'Ahasverus, de la
c'est l'emploi du nom Astyages, donné in race des Mèdes, qui monta sur le trône à 62ans,
différemment aux deux derniers rois de la dy après le meurtre de Baltasar. Nous avons vu
nastie mède. Je ne serais pas étonné de voir, ce que l'on a imaginé pour expliquer cet
dans cette appellation, un véritable titre royal avénement d'un Mède au trône de Babylone.
plutôt qu'un nom propre d'individu, et voici Puisque le texte de Daniel a pu fournir aux
sur quelle considération j'appuierais cette commentateurs le moyen de commettre une
opinion. erreur chronologique, c'est que ce texte n'est
Moïse de Khorène (liv. I", ch. 30 ;trad. de pas suffisamment explicite, et qu'il n'a pas
M. Levaillant de Florival ) prétend que ce été destiné à venir en aide aux chronolo
nom signifie dragon : je ne suis pas le moins gistes futurs.
du monde disposé à l'admettre. En arménien, Ayons donc recours aux auteurs profanes.
le mot Astuadz signifie Dieu, et je crois que Josèphe, à qui revient de droit le reproche
là est tout le secret de cette dénomination des d'avoir tellement embrouillé les faits, qu'il
rois mèdes; je sais bien que la forme armé est bien diſficile aujourd'hui de démêler la vé
nienne du nom d'Astyages, donnée par le mê rité, Josèphe dit sans hésiter, qu'après la mort
me écrivain, est Aztakak ; mais le livre mê de Labosordach, fils de Niglissar, dont le rè
me de Moïse de Khorène me paraît fournir gne ne fut que de 9 mois, la royauté passa à
un bon argument en faveur de l'hypothèse Baltasar, qui est appelé Naboandel par les
que je propose. En effet, dans le ch. xxIx, Babyloniens. C'est à lui que Cyrus et Darius,
où il est question des tentatives faites par rois des Mèdes, déclarèrent la guerre. C'es.
Astyages pour amener sa femme Dikranouhi lui qui eut, dans un festin, la vision que Daniel
à servir ses projets contre son beau-frère Di fut chargé d'expliquer : il fut pris lui-même
kran, il lui dit : « Il arrivera d'abord que je à la prise de la ville par les troupes de Cy
mourrai, et qu'ensuite Zarouhi (c'est le nom rus, après avoir régné dix-sept ans.
de la reine, femme de † régnera sur On le voit, il # a pas de doute possible
les Arik, et occupera la place des déesses. » sur l'identité du Nabonadios de Ptolémée et du
Voici le texte : Yev Zastuadzou heiats unyel Naboandel de Josèphe, mais l'identité de ce
Stieghi. On ne comprend pas bien ce que peut Naboandel avec le Baltasar de l'Ecriture sainte
signifier ce membre de phrase : et occupera la est insoutenable. En effet, le Baltasar, au dire
place des déesses, si l'on n'admet pas que le de Daniel, a été tué dans la nuit même de
titre dieu et déesse était le véritable titre ho son festin, Naboandel a été fait prisonnier
norifiquedessouverains mèdes des deux sexes ; par Cyrus; voilà tout ce qu'en ose dire Josè
quelque chose, en un mot, comme le titre phe. Ce qui le fait hésiter, c'est la certitude
royal Pharaon , soleil, donné à tous les que son Naboandel n'est pas mort à la prise
rois d'Egypte indifféremment. Or, précisé de Babylone, que Baltasar est mort dans la
ment dans ce passage, c'est le mot Zastua nuit même du festin, enfin, que Darius le Mè
dzou qui est employé. J'en conclus que le de a régné sur Babylone après Baltasar. Tous
titre de Dieu, que nous trouvons employé ces faits étaient facilement explicables sans
par exception comme surnom d'autres sou l'intervention d'un roi mède du nom de Da
verains de l'Orient, comme, par exemple, rius ; tandis que ce roi une fois inventé, il n'y
Phraate le Dieu, roi des Parthes, l'était de avait plus moyen de se tirerd'embarras qu'en
règle pour tous les rois mèdes. Dès lors, il entassant hypothèses sur hypothèses.
n'y † rien d'inexplicable dans l'emploidu Nous allons maintenant reprendre la thèse
nom d'Astyages pour les deux rois différents ue Scaliger a si énergiquement développée
qui ont terminé la dynastie médique. ns son Emendatio temporum, et nous nous
Maintenant que, par une opération anti abstiendrons de toute discussion qui devien
cipée, nous venons de reconstruire le Canon drait oiseuse en face des textes les plus expli
des rois mèdes, nous allons reprendre l'em cites.
pire de Babylone et en établir l'histoire chro Hérodote parle brièvement de l'empire de
nologique, en remontant des faits les plus ré Babylone. Deux reines, dit-il, doivent être
cents aux faits les plus anciens. comptées parmiles souverains de cet empire:
Babylone fut prise par Cyrus dans l'année la première, qui a précédé l'autre de cinq
638 , c'est une date que nous avons établie générations , s'appelait Sémiramis ( lib. I,
déjà en basant notre opinion sur diverses cap. 184 ); la deuxième s'appelait Nitocris.
D.CTIoNN. DES ANTIQUITÉs BIBI IQUEs. 7
205 Clllt DlCTlONNAIRE CI1R 204

Ce fut sous son règne que les Mèdes prirent Nabonadios ; car ils disent que Nabonadios
Ninive. (Ibid., cap. 186. ) -
Labynet-Naboandel est Baltazar, fils d'Evil
Ce fut sous le fils de cette reine que Cy mérodach et de Nitocris, et qu'il régna de
rus fit marcher ses troupes ; il s'appelait La 554 à 538.
bynetos de même que son père, et il était roi Réunissons maintenant les faits certains
d'Assyrie. (Ibid., cap. 188. ) qui concernent le règne de Nabonad ou Na
bonnid.
Nous verrons, un peu plus loin, ce qu'il y Il était Mède de race, et fils d'Ahasverus
a de possible et d'impossible dans les faits
énoncés par Hérodote, et que je , viens de (DANIEL ).
rapporter. Eusèbe nousa conservé deux frag Hérodote nous dit que son père s'appe
ments d'une extrême importance, en ce qu'ils lait Labynète comme lui, et sa mère Nitocris.
jettent un jour absolu sur la question rela Nabonnid peut avoir été un surnom commun
tive au Nabonadios du Canon de Ptolémée ; au père et au fils ; quant au nom de Nito
voici ce que nous apprennent ces deux pré cris, c'est certainement le nom d'une femme
cieux passages (le premier est extrait du livre égyptienne que Ahasverus aurait épousée.
de Bérose ) : Remarquons toutefois que cette généalogie
du Labynète d'Hérodote peut fort bien être
« Celui-ci (Chabaessarach ), fils de Neri controuvée; elle est en désaccord avec celle
lissor, ayant été renversé, l'empire fut dé
# d'un commun accord par les conjurés que Daniel nous donne, et à laquelle je me
range sans hésitation.
à un certain Nabonnid, habitant de Babylone, Revenons aux faits.
qui avait trempé dans le même complot Ce Nabonnidou Darius le Mède,fils d'Ahasverus,
fut lui qui fit élever les magnifiques murailles trempa dans la conjuration qui renversa le fils
de † baignées par les eaux du fleuve; ces
de Nériglissor, dont il n'était en aucune façon
murailles furent construites en briques cuites le parent. Il avait soixante-deux ans lors de
reliées entre elles par du bitume. Dans la dix cet événement, et il régna tranquillement pen
septième année de son règne, Cyrus vint l'at dant dix-sept ans, embellissant sa capitale et
taquer. Nabonnid marcha au-devant de l'en faisant construire ces merveilleux remparts
nemi ; il fut battu et mis en fuite; il se réfu ui devaient la défendre sur les rives du fleuve.
gia à Borsippe, mais il fut bientôt obligé de Il avait donc soixante-dix-neufans lorsque
se rendre à Cyrus, qui le traita d'ailleurs Cyrus s'empara de Babylone. . Le grand
avec humanité et se contenta de le faire sor âge de Nabonnid explique parfaitement la
tir de Babylone, en lui assignant la Caramanie générosité de Cyrus, qui se contenta de l'exi
pour le lieu de son exil. Nabonnid y termina ler en Caramanie, A quoi bon le faire pé
tranquillement ses jours. » (Prépar. évang. , rir ? l'inexorable loi de la nature ne devait
liv. 1x, chap. 40.) elle pas se charger bien prochainement de
Le § est extrait du livre d'Abydène,
délivrer le vainqueur de cêlui qu'il avait
qui cite lui-même l'historien Mégasthènes. vaincu ? Nabonnid mourut dans son exil.
« Labassoarasch périt dans une conjuration De tous ces faits il est aisé de conclure les
tramée contre lui. Les conjurés donnèrent dates suivantes :
alors la couronne à Nabannidoch, qui n'avait Darius-Nabonnid, fils d'Ahasverus, naît en 617.
absolument aucun lien de parenté avec le Il conspire et est porté sur le trône par les con
roi détrôné. Plus tard Cyrus, après s'être em jurés en 555.
aré de Babylone, concéda à ce Nabannidoch Il est détrôné par Cyrus en 558.
8 y de la Caramanie (Ibid. , chap. ll meurt en exil en Caramanie.

Il ne nous reste plus qu'à rechercher


Bérose et Mégasthènes sont trop bien d'ac quelle doit être la forme véritable du nom de
cord sur les faits † rapportent, pour ce prince, écrit de tant de manières diffé
† soit possible de révoquer ces faits en rentes : Nabonadios, Nabonnidos, Naboan
oute. Il ressort donc pleinement de là que del, Nabannidoch, Labynit.
ie Baltasar de Daniel ne peut pas le moins du Il serait difficile de ne pas reconnaître
monde être assimilé au roi qui s'est appelé comme premier composant de ce nom, le
Nabonad, Nabonnid, Naboandel, Labynète, nom divin Nabou qui se trouve compris dans
ou Nabannidoch ; car celui-ci est mort tran tant d'autres noms assyriens. La dernière par
quillement dans la province que Cyrus, son tie du nom doit nécessairement, à en juger
vainqueur, lui avait généreusement concédée, ar tous les noms connus de compositionana
ct Baltasar est mort de mort violente. Nabon ogue, comporter un radical qui exprime un
nid a précédé Cyrus, dit le Canon de Ptolé attribut, ou un bienfait du dieu Nabou, ou
mée ; Darius le Mède a précédé Cyrus, dit un rapport quelconque entre le dieu et le
lDaniel ;il a régné après Balthasar : Nabonnid personnage dans le nom duquel entre le nom
et Darius le Mède sont donc un seul et même de ce dieu.
ersonnage. Nabonnid, qui est Darius le Nous avons les radicaux Tt fluxit, il s'est
Mède, est mort en Caramanie où l'avait exilé écoulé, liberalisfuit,Tri, eminens,pulcherfuit,
Cyrus, devenu, en 638, maître de Babylone. dont le second me paraît devoir être consi
Ce Dariusne peut donc pas être un Cyaxare II, déré comme le véritable élément du nom de
roi des Mèdes, qui aurait été beau-père de roi Babylonien. Ce nom, qui signifiait : Na
Cyrus, comme l'avance l'Art de vérifier les bou est éminent ou beau,se prononçait Nabou
tes. Du reste, les auteurs de ce recueil ne nahed : c'est donc là la forme que je propose
sont pas plus heureux en ce qui concerne d'adopter définitivement pour le nom ba
$C5 CHR DES ANTlQUl'l ES BIBLlQUES. CIlIt 200,

bylonien du dernier roi de Babylone, forme son fils, et que nous les servions durant de
dont je ne m'écarterai plus. longs jours, et que nous trouvions grâce en
Passons au prédécesseur de Nabounahed. leur présence.
Daniel cite avant Darius le Mède, Baltazar Voilà donc un témoignage de plus en fa
ou plutôt Balsatzer, -xNv"a ou nyu Nºn. C'est veur de la filiation de Belsatzer et de Nabucho
devant ce prince, et au milieu des joies d'un donosor.
festin, à I'issue duquel il devait perdre la Dans la Bible de Vence ( éd. 1749 ), le ver
vie, † parurentsurla muraille ces trois mots set 11, que je viens de copier, est accom
mystérieux, mane, theqel, pharès, que Daniel, pagné de la note suivante :
surnommé lui-même Balsatzer lorsqu'il entra « Nabuchodonosor eut pour fils et succes
au service des rois chaldéens, fut chargé seur immédiat, Evilmérodach. On croit qu'il
d'expliquer à son maître. Ce Balsatzer était était alors disgracié, et #
Baltassar ici
du sang royal, nous en trouvons l'assurance nommé était son fils. » ( T. V, p. 30, édit.
en maint passage des saintes Ecritures.Ainsi Calmet. )
nous lisons : De tout ce qui précède, nous sommes en
Le roi Baltazar donna un grand festin à mesure déjà d'affirmer que Balsatzer ne peut
mille de ses grands, et chacun buvait selon être le Laborosoardoch des écrivains pro
son âge.— Et comme déjà il était ivre, il fanes, † celui-ci n'a régné que neuf
commanda que les vases d'or et d'argent que mois, et que le Balsatzer de Daniel a tout au
Nabuchodonosor, son père, avait enlevés du moins régné trois ans Nous pouvons affir
temple qui était à Jérusalem, fussent appor mer de plus que Balsatzer est fils de Nabu
tés, afin que le roi, ses grands, ses femmes et chodonosor.
ses concubines pussent y boire..... Après l'ap Nous chercherons tout à l'heure quel peut
arition des trois mots, la reine entra dans et doit être ce prince (46).
a salle du festin et dit au roi : Il est un homme Reprenons les versets 30 et 31 du chapitre v
dans ton royaume qui a en soi l'esprit des dieux de Daniel, mais reprenons-les dans le texte
saints, et durant tous les jours de ton père, la † et non plus dans la traduction de la
science et la sagesse furent trouvées en lui; car ulgate. Nous voyons alors que le verset 30
le roi Nabuchodonosor, ton père, l'établit de la Vulgate est le dernier du chapitre v, et
prince des mages, des enchanteurs, des Chal que le verset 31 de la Vulgate est devenu le
déens, et des devins : ton père, dis-je, ô roi..... l" du chapitre v1; il n'y a donc plus de liaison
Daniel fut donc amené devant le roi, et le roi immédiate entre ces deux versets, que voici :
lui parla et lui dit : Es-tu Daniel, un des en »rmv2 N>5p -yNwºa 5 eT Nºxa ra (30, ch. v):
fants de la captivité de Juda, que le roi mon Et la même nuit, Balsatzer, roi de Chaldée,
père a amenés de la Judée ?.... Daniel dans fut tué.
sa réponse lui dit : O roi, le Dieu souverain Ici le chapitre est clos. - Puis commence
donna à Nabuchodonosor, ton père, la royauté le chap. vI, v. 1 : -a> Nr-52 527 Nrm En-rn
et la † la gloire et l'honneur.... Trrn Trw Tx : Et Dariaouch le Mède re
Toi aussi, Baltasar son fils, tu n'as point hu çut l'empire à l'âge de 62 ans.
milié ton cœur, lorsque tu savais toutes ces Evidemment l'ensemble de ces deux ver
choses. (Dan. v, 1, 2, 11, 13, 18, 22. ) sets, disposés ainsi, ne comporte plus le moins
De toutes ces citations, ne semble-t-il pas du monde, comme dans la Vulgate, l'idée de
résulter fort nettement que Balsatzer était fils succession immédiate de Darius le Mède à
de Nabuchodonosor ? Balsatzer. Rien, absolument rien, ne prouve
D'un autre côté, nous lisons, au chap. vIII, qu'il n'a pu y avoir un règne intermédiaire
1 et 2 : En la troisième année du règne du entre les règnes de ces deux princes. Nous
roi Baltassar, une vision m'apparut. Moi Da profiterons un peu plus loin de cette obser
niel, après ce que j'avais vu au commencement, vation pour trouver la véritable identifica
je vis en ma vision, quand j'étais au château tion du Balsatzer de Daniel avec un des rois
de Suses, qui est en la région d'Elam, je vis du Canon de Ptolémée.
en ma vision que j'étais sur la porte d'Ulai. Ce que nous pouvons affirmer dès à pré
Balsatzer a donc régné tout au moins trois sent, c'est que le Laborosoardoch des profa
ans ; c'est là un fait qu'il n'est paspossible de nes n'est, pas plus que Nabounahed, le Bal
révoquer en doute. satzer de Daniel.
Enfin, dans Baruch ( I, l, 2, 1 l, 12), nous Passons maintenant à l'appréciation des
lisons : Paroles qu'écrivit Baruch... en la cin documents historiques fournis par les écri
quième année, dans le septième jour du mois, vains profanes sur le
immédiat de Nabounahed.
#º du prédécesseur
au temps que les Chaldéens prirent Jérusalem
et la livrèrent aux flammes.... Et priez pour Bérose, dans le fragment conservé par Eu
la vie de Nabuchodonosor, roi de Baby sèbe,dit que Chabaessarach (Xafauaaapazos)fils
lone, et pour la vie de Baltassar son fils, afin de Nériglissor,, lui succéda, et ne régna que
que leurs jours soient comme des jours du ciel neuf mois, au bout desquels il fut secrète
sur la terre; et pourque le Seigneur nous donne tement assassiné par ses officiers.
la force et qu'il éclaire nos yeux, afin que Mégasthènes dit de même qu'à Nériglissor
nous vivions sous l'ombre de Nabuchodonosor, succédason fils Labassoarasch(Ax6xaaoápx7xoc)
roi de Babylone, et sous l'ombre de Baltasar qui périt assassiné.
(46 Scaliger a évidemment commis une erreur à cause de ces trois années de règne qui appartien
en assimilant Laborosoardoch à Balsatzer, toujours nent incontestablement au Balsatzer de Daniel.
207 CHR DICTIONNAIRE CHR 203

Le Canon de Ptolémée ne fait nulle mention nombreuses nations et de qrands rois lui seront
de ce prince, qui n'a pas régné une année soumis. (Jérém., xxvII, ,67.)
entière, et son règne éphémère est nécessai Nous devons maintenant nous occuper
rement englobé dans celui de son père Néri du prédécesseur de Labousarach, que l'on
kasolassar, lequel se trouve immédiatement nomme communément Nériglissar, et nous
placé avant Nabonadios. .. - --
allons examiner s'il est le Balsatzer de la Bible.
Josèphe se contente de dire qu'à Nériglis ART. III. — Règne de Nériglissor. — Exa
sor succéda son fils Labosordach, qui ne ré men des documents fournis par les auteurs
gna que neuf mois. Voici ses propres pa profanes.— Il règne quatre ans, de 559 à 555.
roles :
Met' aòtòv ôè et; tòv uiòv aÙto5.Aa6ogôpôayov
— Son vrai nom est Nergel-Saratzer. — Rec
àçtxvsitat tic 32Gt)eiaç ñ ôtaôoYh, xal piva; Ttoth tification de la Vulgate dans la traduction
de deux versets de Jérémie.
o2ga Trap' aöttp toùç Tt3vtaç èvvéa, te)eutñgavtoç
aÙtoÙ peta62fvet Tt pb; Ra)tágapov tby xa)oûpisvov Passons au prédécesseur de Labbousarakh.
Na6o3vôn)ov Ttapà toïç Ba6u)tovtot;. (Antiq. Jud., Une première question se présente ici :
X, x1, 2.)
'en effet, nous avons encore à reconnaître
Le Syncelle dit qu'à Nériglissor succéda son le Belsatzer de l'Ecriture, lequel a régné au
fils Labosaroch, qui ne régna que 9 mois et moins trois ans, ainsi que le constate un pas
fut tué à cause de sa cruauté.
sage déjà cité de Daniel, et nous devrons
De toutes ces citations, il résulte qu'avant discuter l'identité de ce prince avec le pré
Nabounahed a régné pendant 9 mois sur les décesseur de Labbousarakh.Commençons par
Babyloniens un prince nommé Labosaroch, rassembler les documents que nous possédons.
Labosordach, Chabaessarach, ou Labassoa Le Canon de Ptolémée nous dOnne avant
rasch, dont le Canon de Ptolémée ne fait pas Nabounahed (nous avons vu qu'il omet
mention à cause de la brièveté de son règne. Labbousarakh, parce que celui-ci n'a pas
Ce règne a donc été compris en partie dans les régné un an entier) Nerikasolassar (Nmp tzxgo
années 556 et 555. Nous admettons donc le
résumé suivant: )âaaapo;) qui a régné quatre ans, de 559 à 555.
Le Syncelle, qui a transcrit le Canon de Pto
- Labosaroch, fils de Neriglissar, règne neuf mois lémée, nous donne, pour le nom du roi qui
et périt dans une conjuration en 555. nous occupe, les variantes suivantes :
Cherchons maintenant, comme pour Nabou Nnpnyxao)&aapo;, Neregasolasaros ;
nahed, à nous rendre compte de la forme N1pny)iaapos, Nireglesaros;
probable du nom de ce prince si diversement B&)rza xp, Baltasar.
transcrit. Il lui attribue de plus cinq ans de règne
Il est fort à croire que ce nom se compose de Le fragment de Bérose conservé par Eu
deux éléments distincts : le premier formé des sèbe nous apprend qu'Eouilmalouroukh futun
deux premières syllabes; le second, de tout le
reste du nom. Que faut-il voir dans le premier
mauvais roi qui, † deux années de règne,
fut renversé et tué par son beau-frère Néri
groupe, Labo, Chaba ou Laba ? J'ai d'abord glisor, qui régna quatre ans.
été tenté d'y rechercher le nom divin Nabou, Mégasthènes ( dans le fragment que nous
si fréquent dans la formation des noms pro devons à Eusèbe ) se contente de dire que
pres assyriens; mais la constance de l'ortho Nériglisar, beau-frère d'Eouilmalouroukh, le
graphe Labo(46*)m'afait renoncerà cette idée. tua et monta sur le trône à sa place.
Labo, 27, signifie très-régulièrement : Son Josèphe dit que « après la mort d'Abila
cœur, son âme, son intelligence, sa ſ# IT-D marOdakh, fils et successeur de Nabuchodo
signifie : Il s'est répandu au loin, il est abon nosor, son fils Niglisar lui succéda, et qu'il ré
dant ; d'où n-p, abondance. Le nom de notre gna quarante ans. » Ceci peut nous donner une
avant-dernier roi de Babylone, écrit Labou idée de la confiance que nous devons accor
sarakh, signifie donc, son cœur est grand, der à quelques-unes des assertions de l'his
pour,celui dont le cœur est grand, c'est-à-dire torien Josèphe. Rien n'est mieux établi,
Magnanime. De la forme Labousarakh recti chronologiquement parlant, que la durée du
fiée, à la forme Labosaroch, conservée par le règne de Nériglisar, beau-frère, et non fils,
Syncelle, il y a si près, que je crois naturel d'Eouilmeradakh. Ce règne n'a été que de
d'avoir confiance dans l'orthographe définitive quatre ans ; le Canon de Ptolémée le prouve,
que j'adopte pour ne plus m'en écarter. et Josèphe dit résolument qu'il a été dix fois
Labousarakh était le petit-fils de Nabucho plus long. Mais il faut rendre à chacun ce
donosor, puisque son père, Nériglisssor, était qui lui appartient, et c'est sans doute à un
le gendré de ce monarque: c'est donc à lui copiste maladroit que nous devons attribuer
que doit s'appliquer la prophétie suivante de l'emploi du mot quarante, au lieu du mot
Jérémie : Et maintenant j'ai donné toutes ces quatre.Voici du reste le texte de Josèphe :
terres aux mains de Nabuchodonosor, roi Te)euthaavtoç ôè 'A6t)apapooôäyou pietà étn ôx
de Babylone, mon serviteur : et de plus, je lui . ttoxaſôexa vñç 6aat)efaç, # ö Ttatç aÙtoÙ
ai donné les animaux des champs pour le ser thv àpyhv Trapa)ag6ävet xai xatagzàov aùthv #tn
t'ir. —Et toutes les nations le serviront, lui #ºº xata3tpéçst
XI, Z.
tòv 3tov. (Antiq. jud., X,
et son fils, et le fils de son fils, jusqu'à ce que
vienne le temps de sa terre et de lui-même, et de Enfin Georges le Syncelle rapporte qu'Eri
(46') Une seule fois, le nom a pour initiale un x : mais d'un x à un ), pour un copiste maladroit, il v a
bien près.
209 CHR DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. CI1lt 21()

lad-Merodakh fut tué par son beau-frère, accession au trône qu'à une usurpation cri
Niriglesar (Niety)ágapo;) qui régna quatre ans. minelle ; il n'est pas possible d'en douter.
Il ajoute : « $ſ§ est Baltasar, fils ou D'ailleurs, si Nériglissor eût été le Belsatzer
beau-fils de Nabuchodonosor, lequel, ayant des saintes Ecritures, comment eût-on pu,
profané les vases sacrés de la maison du Sei ainsi que le constate la parole de Baruch, en
gneur, fut, selon la prophétie de Daniel, velopper le souverain et son gendre dans
privé de la couronne et mis à mort par As les mêmes vœux et les mêmes hommages, et
tyages. » cela au détriment de l'héritier légitime Evil
Il ne nous reste plus qu'à enregistrer l'o- mérodach ? Je sais bien que, pour éluder
pinion des auteurs de l'Art de vérifier les da cette objection, on a admis que le fils du roi
tes, qui, ainsi que nous l'avons déjà dit et régnant fut un instant disgracié par son père,
démontré, assimilent à tort Nabounahed au et remplacé par son beau-frère, ou même
Belsatzer de Daniel. Ils reconnaissent que par son fils, dans l'affection de Nabuchodo
Nériglissar ou Neregalasolasar, beau-frère nosor. C'est là une hypothèse peu vraisembla
d'Evilmérodach, fut le chef des conjurés qui ble, précisément parce qu'elle est trop com
renversèrent celui-ci du trône ; mais ils ajou mode pour arranger les choses. Donc le Bel
tent, 1° que ce fut contre lui que marcha satzer de Daniel n'est pas plus †i
Cyrus, après avoir mis deux années à dres que Labbousarakh, ou que Nabounahed , il
ser son armée ; 2° que Nériglissar périt dans n'y a plus dès lors à hésiter, et le surnom de
cette guerre. Belsatzer revient forcément à Evilmérodach.
On voit que ces savants chronologistes Nous verrons tout à l'heure, en nous Occu
n'ont pas voulu cette fois négliger les asser pant de celui-ci, que cette hypothèse ne pré
tions de Xénophon, et qu'ils ont admis sente rien que de très-vaisemblable.
comme vraies ses assertions, en ce qui con Résumons maintenant le règne de Néri
cerne la mort du roi d'Assyrie, contre lequel glissor.
Cyrus fit sa première campagne.Voyons d'a- Nériglissor, gendre de Nabuchodonosor, tue son
bord si ce fait peut soutenir un examen im beau-frère Evilmérodach et monte sur le trône à
partial. sa place en b59. Il meurt en 555, après un règnc
Nériglissor est mort, d'après le Canon de de 4 ans.
Ptolémée, en 555. Quel âge avait alors Cyrus ?
Puisqu'il est né en 559, il avait quarante Cherchons maintenant la forme probable
du nom de ce roi, nous avons les variantes
uatre ans ; Astyages ayant régné de 595 à SuivanteS :
560, il n'occupait plus le trône, puisque d'a-
près le même récit de Xénophon, la première Nnptxxgo)áaaapoç, Nerikasolassaros ;
campagne de Cyrus dut avoir lieu lorsque Nnonyaao)aaaoos, Neregasolasaros;
ce prince avait un peu moins de trente ans, Ntpty)riaapo;, Niriglesaros ;
:'est-à-dire, vers 569 ; or, en cette année, Nty)iaapoç, Niglisaros.
Nabuchodonosor était sur le trône, et il y a Or, de même que nous avons reconnu le
lus, tout le règne d'Astyages s'est passé pen nom divin Nabou dans beaucoup de noms
dant le règne de Nabuchodonosor, à un an assyriens, nous retrouvons ici un nouveau
† pendant lequel régna Evilmérodach. nom divin : celui de Nerghel (dieu des Cu
vous n'avons donc aucun fonds à faire sur théens), qui pouvait de même servir à la
les récits de la Cyropédie. composition des noms propres. Nous trou
Hâtons-nous de conclure de tout ce qui vons, en effet, dans Jérémie, le verset suivant :
précède que Nériglissor n'a point été ſué Tous les princes du roi de Babylone entrè
dans une bataille contre Cyrus, et que ce qui, rent et s'établirent en la porte du milieu : Né
dans le récit de Xénophon, concerne la mort regel, Sérezer, Sémégarnabou, Sarsachim,
d'un roi d'Assyrie qui aurait succombé les Rabsarès, Nérégel, Serezer, Rebmag, et tous
armes à la main, est certainement controuvé. les autres princes du roi de Babylone. Et plus
loin : Nabuzardan, chef de la milice, Nabuzes
Nous ne savons absolument rien sur la fin de ban, Rabsarès, Nérégel, Séréser, Rebmag et
Nériglissor, et nous ne pouvons affirmer tous les autres # du roi de Babylone.
† chose, c'est qu'il était beau-frère (Jérém , xxxIx, 3,13.)
Evilmérodach, au meurtre duquel il prit Si nous en croyions la version fournie pour
-

part, et qu'il resta quatre ans sur le trône


de Babylone après son fratricide. ces deux versets par la Vulgate, version que
Le Syncelle avance que Nériglissor n'est jeueviens de transcrire, nous devrions penser
ce nom de Nergel était un nom propre
autre que le Belsatzer de l'Ecriture, et que
'homme aussi bien que de divinité; mais il
tout ce que Daniel raconte de Belsatzer doit est très-clair que la traduction que je viens
s'appliquer à Nériglissor.Où le chronographe de reproduire contient des contre-sens. Voici
† son opinion ? Je l'ignore. Est-elle
le texte original de ces deux versets :
plausible ? c'est ce qu'il n'est pas du tout fa
cile de décider ; pour ma part, je me refuse -- Tnn-yva au -22-ºz - v -- Na"
encore à croire que Nériglissor soit Belsatzer. -yN-u-2-2 bº-c-a- = >c-v n:--xºo -x8Tv
J'ai rapporté les nombreux passages de Da ---- 2 -vn-Nu-º21 22-a-
miel et de Baruch qui démontrent jusqu'à
l'évidence que Belsatzer était le propre fils C'est-à-dire : « Tous les princes du roi de
de Nabuchodonosor. Nériglissor, au dire po Babylone vinrent et occupèrent la porte du
sitif de Bérose et de Mégasthènes, n'était que milieu : Nergal Scheratser, , Semgarnabou,
le gendre de ce monarque, et il ne dut son Sarsechim, chef des eunuques,Nergal Scherat
1.1 CHR DICTI0NNAIRE CIIR 212

ser, chef des mages, et tous les autres prin qu'une énumération de trois personnages,
ces du roi de Babel. » rºv ui sont : Nabouzarudan, chef des chaouchs,
e-c-2- Pºran = rEe-a- riN-mns 77
labouchezban, chef des eunuques, et Nergel
R# •2- ->7 ac-a- -yN-mvb2n2 saratzer, chef des mages. Il semblerait natu
rel de conclure de la teneur de ce verset,
C'est-à-dire : « Nabouzaradan, capitaine que toutversetanalogue, comme le troisième,
des gardes, Nabou Schazban, chef des eunu par exemple, doit également contenir une
ques, et Nergal Scharetzer, chef des mages, énumération de personnages, dont les noms
ct tous les chefs du roi de Babel, envoyè seraient suivis du titre de leur emploi.
rent, » etc., etc. (Bible, trad. Cahen, t. X, Voyons maintenant si cela se vérifie
p. 147, 149.) quand il s'agit de ce verset 3. Nous y retrou
S'il est facile de reconnaître l'incorrection vons bien mentionné au dernier rang Nerghel
palpable de la Vulgate en ce qui concerne la saratzer, Rab-mag, chef des mages; mais
traduction et même la transcription de ces tous les autres personnages semblent diffé
deux versets, il l'est beaucoup moins de dé rents. Reprenons donc cette énumération, en
terminer le sens rigoureux qu'ils compor mettant à part le chef des mages.
tent, et de distinguer les mots qui sont des Nous lisons, t='>p-U n>--r-p -yN-vºx-3
noms propres de ceux qui sont de simples b7-b-bºn
qualifications ; toute la difficulté tient à l'ab Nous trouvons dans le verset 13, que le
sence de la copule dans le verset 3.! nom du Rab-saris ou chef des eunuques est
Nous allons essayer néanmoins de fixer Nabouchezban ; par conséquent le mot qui
quelques points. précède ici le titre pº-c-an ne peut être le
§ le titre de bºrny--- Rab-Thoba nom du titulaire ; mettOns donc encore à
khim, donné à NabJuzaradan, non-seulement part le mot Rab-saris. Le mot qui vient en
dans l'un des versets qui , nous occupent, suite est Sarsakim. Il est difficile de se dé
mais encore dans le verset 11 du même cha fendre du désir de chercher dans ce mot un
pitre, nous met en mesure de considérer titre véritable, à cause de la terminaison du
comme des titres de fonctions tous les mots
pluriel. Or Sarsakim signifie prince des Saks,
composés, dont le premier élément sera, et l'on sait que c'est là la véritable forme du
comme ici, le mot ºn Rab, maître, chef. nom des Scythes.
Quant à l'explication de capitaine des gardes, Passons au mot précédent, Semgar-Nabou ;
elle n'est pas assez précise. Le radical rap deux explications ont été données : suivant
veut dire tuer, mettre à mort; d'où le substan les uns, ce composé signifie esclave de Nabou,
tif rap, bourreau. Nabouzaradan était donc, et suivant les autres le glaive de Nabou.
à proprement parler, le maître-bourreau du Quelle que soit celle de ces deux explications
souverain, et ses fonctions étaient tout aussi qui soit la véritable, le nom précédent est
relevées, tout aussi respectées, que le sont Nerghel-saratzer, c'est-à-dire | précisément
encore en Orient celles des bach-chaouch,
le nom du Rab-mag. Est-il vraisemblable
les rab-thobakhim de nos jours. que de deux personnages portant le même
Nous voyons, du reste, dans le Targum nom, l'un seulement ait été désigné spécia
Jonathan, que cet habile commentateur ne lement par le titre de son office ? Je ne le
s'était pas mépris sur le sens du titre t'rnte an pense pas. Il est bien clair que Nerghel-sa
de Nabouzaradan. Il le rend sans hésitation ratzer était un nom fort répandu, puisque,
par N mp an, le maitre des tueurs. Quant sur moins de six personnages cités, deux le
aux deux autres titres : --:' et bº-b-i", portent. Je conclurais donc assez volontiers
Jonathan les croyait si clairs, qu'il s'est con que le mot Semgar-Nabou n'est autre chose
tenté de les écrire en deux mots chacun, et qu'un titre sacerdotal individualisant le pre
sans même employer de trait d'union pour mier Nerghel-saratzer. En définitive, je pro
relier ces deux mots. pose de traduire ainsi qu'il suit les deux
Ceci posé, dans l'un et l'autre des versets versets dont je viens de m'occuper dans cette
que nous analysons, se trouve mentionné le digression (49) :
personnage suivant, 2ca- "yN-tv 52-5, Ner « Et tous les princes du roi de Babel vinrent
gal-saratzer, Rab-mag, maître ou chef des et s'établirent à la porte du milieu, Nergel-Sa
mages. Il n'y a donc pasdedoutesur le compte ratzer, le Semgar-Nabou (l'esclave ou le glaive
de celui-ci. - -
de Nabou), le prince des Saks, le chef des
Deux autres personnages sont inscrits au eunuques,Nerghel-Saratzer,le chef des mages,
verset 13; ce sont 1° Nabouzaradan (47), maî et tout le reste des princes du roi de Babel.
tre boureau, ou chef des chaouch; et Nabou Et Nabouzaradan le maître-chaouch, et Na
chezban (48), Rab-saris, ou chef des eunu bouchezban le chef des eunuques, et Nerghel
Il .est clair que notre verset 13 ne contient
qll6ºS Saratzer, le chef des mages, et tous les chefs
du roi de Babel envoyèrent, » ete., etc.

(47)Note de Cahen : , TiNnrE: signifie, selon Si du chaldéen :Ttº ; selon d'autres, adorateur de Nebo. »
monis, Nebo est le maitre'de la lumière. - TT"T nx Je n'hésite # à adopter la leçon qui voit dans ce
jTN , Je l'avoue, cette construction du nom en nom l'idée Nabou-libérateur.
question ne me satisfait pas pleinement, mais je - (49) Je ne saurais regretter la longueur d'une
n'essayerai pas de proposer une autre explication. digression qui concerne le véritable sens à recon
(48) A propos de ce nom, Cahen donne la note nai re dans deux passages des saintes Ecritures,
s :ivante : « Selon Simonis, Ncbo cst la délirrance,
2.5 CHR bES ANTIQUITES BlBLIQUES. CIIR 214

Il est temps maintenant de revenir au nom erreur de plus de l'historien Josèphe. Quant
de roi, qui nous a entraîné dans la discussion au règne de dix-huit ans qu'il lui attribue, il
ui précède. Il ne me paraît pas possible de est aussi vrai que le règne de quarante ans
§ de la forme de ce nom pour lequel de son fils Nerghel-saratzer. Nous avons
je propose formellement l'orthographe Ner dit plusieurs fois déjà que nous devions ac
† byN-ur-5x-u, ce nom signifiant cepter avec une entière confiance les asser
ERGHEL, prince du feu. Remontons main tions du Canon de Ptolémée, qui donne
tenant au règne précédent. seulement deux années de durée au règne
Règne d'Evilmérodach. — Documents four de ce prince.
nis par la Bible — Son vrai nom , est Le manuscrit2399 de la bibliothèque Natio
Evouil-Merodakh. — Preuves qu'il est le Bal nale écrit son nom'I))oapzôôzgor, et Georges le
tasar de la Bible. — Explication de ce sur Syncelle l'écrit'I))ovapoöôagoe, en donnant, du
nom. — Il règne trois ans, de 561 à 559. reste, la variante 'E6iôwv-gspoôéx, qu'il a prise
Le Canon de Ptolémée nous donne pour je ne sais où. Ajoutons que le chronographe
prédécesseur de Nerghel-saratzer, un roi attribue trois ans de règne à ce prince. Nous
nommé 'I))oapoöôauo; lequel occupa le trône VerTOnS un † plus bas, et à son rang, ce
de Babylone pendant deux années seulement, que le Syncelle dit de son règne.
de 561 à 559. Bérose, ainsi que nous l'apprenons par le
Cet Illoaroudam est le successeur immédiat fragment qu'Eusèbe nous a conservé, dit
de Nabokolassar, qui régna quarante-trois ans, † la mort de Nabuchodonosor, son
et qui est incontéstablement le Nabuchodo ils Evilmalourouchos lui succéda , qu'il fut
nosor de l'Ecriture. Voyons donc à rassem un mauvais roi, et qu'après deux ans de
bler, comme nous l'avons fait jusqu'ici pour règne (É«aiAivaac irm 3'), il fut tué par sonbeau
ses successeurs, tous les documents histori frère, Nerghel-saratzer.
ues, sacrés et profanes, qui concernent cet Mégasthènes n'en dit rien de plus.
Illoaroudam. Enfin Georges le Syncelle rapporte, d'après
Nous lisons dans le II* Livre des Rois (xxv Alexandre Polyhistor et Abydène, qu'Evilad
27) : En la trente-septième année de la cap mérodach, fils de Nabuchodonosor, lui suc
tivité de Joachim, roi de Judée, le vingt-sep céda, et ne régna que deux ans. Il ajoute à
tième jour du douzième mois, Evilmérodach, tort que Josèphe dit la même chose, d'après
roi de Babylone, fit sortir de prison Joa les mêmes autorités, puisque nous avons vu
chim. que Josèphe attribue dix-huit ans de règne
Les versets suivants nous apprennent à son Abilamarodachos.
qu'Evilmérodach ne se contenta pas de faire De tout ceci il résulte, 1° que le prédéces
sortir le roi captif de sa prison, mais qu'il seur de Nerghel-saratzer régna au moins
l'admit à sa table, et qu'il lui rendit, pour deux ans, et très-probablement quelques
ainsi dire, tous les honneurs attribués à la mois d'une troisième année, de 561 à #
royauté. 2º Qu'il rendit, à son avénement, la liberté
Dans Jérémie (LII, 31) nous lisons de même :à Jéchonias ou Joakin, roi de Juda, lorsqu'il
La trente-septième année après que Joachin, y avait trente-huit ans moins deux ou trois
roi de Juda, eut été transféré à Babylone, le jours accomplis, depuis la transmigration de
vingt-cinquième jour du douzième mois, Evil CG I'Ol .
mérodach, roi de Babylone, éleva Joachin Si donc à cinq cent soixante et un nous
roi de Juda, et le fit sortir de sa prison. ajoutons trente-huit, nous obtenons la date
, Les faits inscrits dans les deux versets que † de la prise de Joakin ou Jéchonias.
je viens de citer sont identiques, on le voit, ette date est donc l'année 599, et nous en,
à une date près; dans l'un, en effet, il s'agit vérifierons plus tard l'exactitude rigoureuse.
du 25 du douzième mois, dans l'autre, du Quelle est la véritable forme du nom de
27 de ce douzième mois. Il y a plus, les ex notre roi babylonien?
pressions, à de très-faibles nuances près qui Dans la Bible (Rois et Jérémie), nous avons
peuvent parfaitement être du fait d'un copiste, trouvé deux passages où ce nom est correcte
sont identiques aussi ; nous avons donc deux ment écrit : pTc 9 N, Eouil - mérodach. 5 N
textes qui se contrôlent et dont les points et 5N signifient prior.fuit, validus, potens
concordants peuvent et doivent être ad fuit, d'où princeps, et 5ºN robur, vis. 5ºN si
mis avec toute confiance. gnifie donc puissant, fort : Mérodakh est le
Tels sont, du reste, les deux seuls passages nom d'une † des Babyloniens; le nom
de l'Ecriture relatifs à Evilmérodach. du fils de Nabuchodonosor signifierait donc :
Josèphe (Antiq. Jud., X, xI, n. 2) rap le puissant mérodakh. Quoi qu'il en soit,
porte qu'après la mort de Nabuchodonosor, l'orthographe que j'adopte sans hésiter est
son fils 'A6i)auapºôaxos (bialamarodachos ) celle de l'Ecriture, c'est-à-dire la suivante :
lui succéda. Le nouveau roi de Babylone, à Eouil - Mérodakh. Il n'est pas difficile, du
son avénement, délivra de prison le roi de reste, de reconnaître ce nom, plus ou moins
Juda Jéchonias. Abilamarodach étant mort altéré, dans les leçons étranges que nous de
après avoir régné dix-huit ans, eut pour vons d'une part à l'habitude des Grecs d'es
successeur son fils Nerghel-Saratzer. Josèphe, tropier tous les noms des personnages bar -
se servant de la désignation 'A6i)xuxp%ôaxo; à bares, et de l'autre à la maladresse des copis
rais «ûro5(Naºouxoôovo7épo»),ondoit enconclure tes. Il est inutile de grouper ici ces leçons
que, pour lui, Evilmérodach monta fort fautives, qu'il est temps d'abandonner une
jeune sur le trône de son père : c'est là une fois pour toutes.
215 C[IR DICTI0NNAIRE CHR - 216

Nous avons fait voir jusqu'à présent que de conclure de tous ces rapprochem.ents que
pas un seul des rois de Babylone, énumérés le Belsatzer de Daniel n'est autre que l'Eouil
dans le Canon de Ptolémée, de Cyrus à Eouil mérodackh des Rois et de Jérémie.
mérodakh, ne pouvait être identifié avec le Il nous reste à rendre compte, si faire se
Belsatzer de Daniel. Nous allons essayer de peut, de l'emploi des deux noms pour dési
montrer maintenant que ce Belsatzer ne peut gner un seul et même prince. Je crois que
être qu'Eouil-mérodach. Il en résultera que l'explication de ce fait est tout entière dans la
tous les écrivains anciens et modernes, qui fréquence de l'emploi du surnom de Belsatzer
ont plus ou moins habilement proposé une à Babylone. Ce surnom, une fois donné à
autre assimilation, devront être considérés Eouil-mérodakh , aura pu devenir beaucoup.
comme ayant fait fausse route. plus usuel que le nom propre lui-même, qui
J'ai cité plus haut les passages de Baruch était plus long à prononcer. Il faut attribuer
qui constatent que des prières ont été adres à cette seule cause, à mon avis, le silence ab
sées au Ciel pour la vie et la gloire de Nabu solu de Daniel sur le compte d'Eouil-méro
chodonosor et de son fils Belsatzer. Le dakh, dont il n'a pas une seule fois écrit le
verset 2 nous apprend que Baruch a écrit : nom. Serait-il possible que Daniel, le fami
« En la 5° année, dans le 7" jour du mois, lier, le favori de Nabuchonosor, ai4 pu se
temps où les Chaldéens prirent Jérusalem et tromper sur le degré de parenté qui unissait
la livrèrent aux flammes. »
ce monarque à son successeur Belsatzer ,
C'est en 588 que Jérusalem fut brûlée; on quand cette parenté était celle de père à fils ?
comptait alors la dix-neuvième année de Na Baruch se serait donc trompé aussi ? Ou bien
buchonosor, qui a régné quarante-trois ans. Bérose et Mégasthènes se seraient entendus
C'est donc en 584 que des prières étaient pour énoncer la même fable? Tous les faits
faites pour la conservation des jours de Na
buchodonosor et de son fils Belsatzer. C'est
relatifs à l'histoire des †premiers rois
de Babylone ont donc été embrouillés à plai
en 561 qu'Eouil-mérodakh est monté sur le sir, tandis que tous se coordonnent avec fa
trône; si donc Eouil-mérodakh et Belsatzter cilité et s'expliquent sans le moindre embar
ne sont qu'un seul et même personnage, ras, si l'on admet , ainsi que je propose for
comme je n'en doute pas, l'expression à rais mellement de le faire, que Belsatzer et
employée par Josèphe est aussi impropre Eouil-mérodakh sont un seul et même prin
que possible, puisqu'en admettant même ce. Quant à la fréquence du nom Belsatser,
qu'Eouil-mérodach fût né précisément dans elle nous est nettement indiquée † Daniel
l'année des prières rappelées par Baruch, il lui-même. L'écrivain sacré, ou plutôt celui
aurait eu, à tout le moins, vingt-trois ans à son qui a écrit sous son nom (50), nous dit en
avénement.
effet (ch. 1, 7) : -

Daniel n'est pas moins explicite que Baruch -yNvcºi bN :T5 tuyºn nº-v tºcº-cn - v cnº cu »
Our constater que Belsatzer était le véritable
ls de Nabuchodonosor. Tous les passages de Le chef des eunuques leur donna des noms,
et il donna à Daniel le nom de Beltesatzer
son livre qui établissent ce fait n'ont pas
besoin d'être répétés ici, non plus que le (Septante B«)rzaap). Voici ce que dit Cahen
verset 1 du ch. vIII, où il est parlé d'une 3° du sens de ce nom (Notes à Dan., p. 2, v. 7).
année du règne de Belsatzer. A ces différen « Lasignification est prince de Bel; ou, com
tes notions se réduit tout ce que nous savons me dit Saadia, -yN urc bn, Bel a caché, con
du règne de Belsatzer. servé le trésor. » Il y a encore d'autres signi
Résumons donc :
fications de ce nom. #
RosENMULLER.) Il
est bon, du reste, d'observer qu'au chap. v
1° Belsatzer a régné 5 ans.Eouilmérodach a régné 5 (vers. 1), le nom de roi est écrit -yN552 ;
ans, selon le Canon de Ptolémée, copié par le néanmoins Cahen dit en note ; Belschaçar,
Syncelle ; 2 ans seulement, selon la copie du ma même signification que Belteschaçar. (Voir
nuscrit de Paris. — Belsatzer et Eouil-mérodakh
chap. I, v. 7.)
peuvent donc être un seul et même individu. Nous avons donc les trois formes suivan
2° Belsatzer était le propre fils de Nabuchodonosor.
- A Eouil-mérodakh seul peut s'appliquer cette tes du surnom en question :
filiation directe. -yNun-ba
3° Belsatzer est mort de mort violente, dans la nuit -yvNba
même de son festin où furent profanés les vases -xNv5a
sacrés de Jérusalem. — Eouil-mérodakh fut as
sassiné dans une révelution de palais, soulevée Je l'avoue,il ne m'est pas plus facile de recon
par son beau-frère Nerghel-sarather. naître dans ce mot composé le sens : Prtnce de
Bel, que le sens : Bela caché le trésor.L'un vaut
On comprend qu'un prince menacé par un l'autre, à mon avis, c'est-à-dire que je rejette
complot dans lequel il doit périr, mais dont il ces deux explications sans la moindre hési
ignore l'existe2ce, songe à donner des fes tation. D'abord la finale -yN, que l'on traduit
tins; un roi assiégé dans sa capitale n'a garde d'un accord unanime par du feu dans le com
d'y penser, dans la nuit même où la place posé,-yN-uv, prince du Feu, doit comporterici
doit être envahie par l'ennemi. Hâtons-nous
ch. 1, où il est dit : « Or, Daniel vécut jusqu'à l'an
(50) Il est bien clair qu'un homme qui donne la 1" du roi Cyrus, » a été interpolé, ou Daniel n'est
date de sa mort ne peut être pris pour l'auteur du pas l'auteur de l'écrit qui porte son nom.
livre où il donne cette date. Ou bien le verset 21,
217 CHR DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. CHR 218

le même sens, puisque l'orthographe reste la mois, vingt-cinq jours environ après la prise
même. Quant au premier composant, qui se de Joakim. Or, tous les calculs, sans excep
présente sous les formes vºya, vN52 et wc a, tion, s'accordent à rapporter à l'année 559 la
je ne me charge pas de l'expliquer.Je me bor prise de Joakim; ce qui remet, comme cela
nerai à dire que le schin uv me semble ici devait être, la mort de Nabuchodonosor à
jouer le rôle de quelque particule de flexion l'année 561.
indice du génitif; en ce sens, le v que nous Ce sont Bérose et Mégasthènes qui nous
connaissons bien comme équivalent de mvN, disent positivement que Nabuchodonosor
qui relatif, serait complétement comparable au mourut de maladie, après un règne de qua
*t chaldéen, qui est tout à la fois le qui relatif rante-trois ans.
et la note du génitif. De nºn consumptus est, De plus, Mégasthènes, au témoignage de
vient ab, 25 et nbi consumptio, et l'idée de Josèphe, exaltait outre mesure la valeur de
consumer est si étroitement liée à l'idée de Nabuchodonosor, dans son III° livre des His
feu, que je soupçonne, mais sans chercher en toires indiennes; car il le mettait au-dessus
aucune façon à l'expliquer, la présence de d'Hercule lui-même.
ces deux idées dans notre nom Belsatzer. Du reste, Josèphe cite les sources où il a
Nous nous occuperons, dans l'article suivant puisé les renseignements qu'il a coordonnés
du règne si important de Nabuchodonosor. sur la vie de Nabuchodonosor : ce sont les
écrits de Mégasthènes, de Dioclès, historien
Art. IV. — Règne de Nabuchodonosor. — des Perses, et de Philostrate, historien des
Examen des documents fournis par la Bi Indiens et des Phéniciens.
ble. — Concordance des rèqnes de Nabucho
. Passons maintenant à l'énumération des
donosor et des rois juifs : il règne de 604 à documents chronologiques que nous fournit
602 avec son père, et de 604 à 561 seul, l'Ecriture sainte sur † règne de Nabuchodo
c'est-à-dire quarante-cinq ou quarante IlOSOI'.
trois ans. — Examen des documents four Dans le II° Livre des Rois (xxIv, 1), nous
nis par Josèphe. - Temps que dura la fo lisons :
lie de ce roi. — Son vrai nom est Nabou
cadr-alzer. Dans son temps, Nabuchodonosor, roi de
Babylone, monta, et Joakim lui fut assujetti
Nous voici arrivés à l'un des règnes les durant trois ans ; et il se révolta de nouveau
plus importants, celui du grand Nabuchodo contre lui.
nosor. Cette fois, les documents ne nous fe Joakim étant mort, Joachin son fils lui suc
ront pas défaut, et nous aurons largement à céda ; il était âgé de dix-huit ans, et il ne ré
puiser aux sources sacrées et profanes. gna que trois ans sur Jérusalem (y, 8) (51).
Commençons donc par mettre en ordre les En ce temps-là, les serviteurs de Nabucho
matériaux que nous sommes en mesure donosor, roi de Babylon e, montèrent à Jéru
d'utiliser. - salem ; — et Nabuchodonosor, roi de Babylone,
Pour procéder avec plus de méthode, nous vint aussi avec ses serviteurs, pour assiéger
classerons les faits relatifs à chacun des évé la ville. (II Rois, xxIv, 1, 10, 11.)
nements de ce règne, par ordre chronologi Joachin, se sentant incapable de résister,
e.-Fixons toutefois l'avénement et la mort se rendit à Nabuchodonosor, entre les mains
e Nabuchodonosor. duquel il se remit avec sa mère, ses servi
Le Canon de Ptolémée donne quarante teurs, ses capitaines et ses eunuques.
troisans de règne à Nabokolassar, lequel est •-5-5 n:cv nºva 52a +2 nN nEn
appelé par Georges le Syncelle, dans sa # Et le roi de Babel le prit dans la huitième
de ce même Canon, Naboupalasar, le même année de son règne ; et il établit Mathanias,
que Nabouchodonosor (Nx6ovra)za épov ro5 vai son oncle, à sa place, et il lui donna le nom
Nx6ovxoôov6aop). de Sédécias. (Ibid., 16, 17.) Sédécias avait
Eouil-mérodakh, ainsi que nous l'avons vingt-huit ans à son avénement, et il régna
établi, ayant commencé à régner en 561, c'est onze ans à Jérusalem.
en 561 qu'une maladie a enlevé Nabuchodo Dans les Paralipomènes ou Chroniques,
nosor, et c'est en 604 que son règne a com nous lisons : Contre lui(Joakim) monta Nabu
mencé. chodonosor, roi des Chaldéens, qui l'emmena
J'ai # plus haut les versets 27 du ch. chargé de chaînes à Babylone. ( II Parcl.
xxv du IV° Livre des Rois, et 31 du ch. LII xxxvI, 6.)
de Jérémie, qui fixent l'avénement d'Eouil Ce fut dans cette expédition que Nabucho
mérodakh à trente-sept ans, onze mois, vingt donosor s'empara des vases sacrés de Jérusa
cinq ou vingt-sept jours après la prise de Jé lem, qu'il emporta à Babylone (y. 7).
chonias ou Joakim, roi de Juda. Nécessaire Jérémie nous fournit bon nombre de ren
seignements chronologiques; , les voici, à
ment , l'avénement d'Eouil - mérodakh a
coïncidé avec la mort de Nabuchodonosor; l'exception de ceux que j'ai déjà cités plus
celui-ci est donc mort trente-sept ans, onze haut, tels que ch. xxxiI, v. 1 et 2; ch. xxxIx,
(51) Voici le texte pour la durée de son règne et = ern - un cºza p2rm = :w -rev-E
pour son âge : t= un a T - = - r-vyn
EvTn nc'e cºca Prn ruu n-vy uzv-E Je ne me charge pas d'expliquer ces divergºs
de rédaction ; ce qui est certain, c'est que le Livre
E v-a - - des Rois calcule juste, et qu'il doit y avoir une faute
D'un autre côté, nous lisons lans les Paralipo de copie et une transposition dans le verset dº*
ménes, liv. 11, ch. xxxvI, v. 9 : Paralipomènes.
219 CHR DICT10NNAIRE C11R 220

v. 1, 2, 3 et suivants; ch. LII, v. 4, 5 et dans l'intervalle des onze ans, compris entre
suiv : ces deux années extrêmes, qu'il faut placer
Parole qui fut adressée à Jérémie par le Cette † campagne, et tout au moins
Seigneur lorsque le roi Sédécias envoya vers avant 603.Voilà une première détermination,
lui. disant : Interroge pour nous le Seigneur, mais encore assez vague ; heureusement, Da
parce que Nabuchodonosor, roi de Babylone, niel nous vient en aide pour fixer la date
combat contre nous, etc. (ch. xxI, 1, 2). — dont nous avons besoin. C'est, dit-il, dans la
Parole qui fut adressée à Jérémie sur tout le troisième année du règne de Joakim que Na
peuple de Juda, en la quatrième année de buchodonosor vint assiéger Jérusalem; c'est
Joakim, fils de Josias, roi de Juda : c'est la donc en 607 ou 606 que ce siége eut lieu ;
première année de Nabuchodonosor, roi de c'est, de plus, en 604 ou 603 que Joakim se
Babylone (xxv, 1). — Et le roi Sédécias, fils révolta contre la domination chaldéenne. Na
de Josias, régna à la place de Jéchonias, fils buchodonosor revint à la charge, et s'empara
de Joakim, parce que Nabuchodonosor, roi de de la personne de Joakim, qui fut chargé de
Babylone, l'établit roi dans la terre de Juda chaînes et transporté à Babylone : les vases
(xxxvnI, 1). — Paroles du Seigneur au prophè sacrés du temple de Jérusalem furent enlevés
te Jérémie... En Egypte, contre l'armée de par le vainqueur dans cette expédition.
Pharaon Néchao, roi d'Egypte, qui était au Joakim étant mort en 599, Joachin ou Jé
près du fleuve Euphrate à Charchémis, et que | chonias, son fils, lui succéda à l'âge de dix
Nabuchodonosor, roi de Babylone, frappa en huit ans. Il ne régna que trois mois à Jérusa
la quatrième année de Joachim, fils de Josias, lem. A peine était - il sur le trône que
roi de Juda, xLvI, 2). — Voici ce que dit le Nabuchodonosor se présenta de nouveau
Scigneur : Je livrerai le Pharaon Ephrée, roi sous les murs de Jérusalem à la tête d'une
d'Egypte, aux mains de ses ennemis et aux † armée. Joachin, se sentant incapa
mains de ceux qui demandent sa vie, comme le de résister au monarque chaldéen, prit
j'ai livré Sédécias, roi de Juda, aux mains de le parti de se remettre entre ses mains. Le
Nabuchodonosor, roi de Babylone, son enne vainqueur le fit † à Babylone, en
mi, qui en voulait à sa vie (xLIv, 30). mettant sur le trône, à sa place, Mathanias,
Dans Ezéchiel, nous lisons : Et la parole frère de Joakim et oncle de Joachin. Celui-ci
du Seigneur me fut adressée la neuvième an reçut de son maître le nom de Sédécias vrEx
née, le dixième mois et le † di ou nºpty (la justice de Jéhovah, ou plutôt
sant : Fils de l'homme, écris pour toi le nom de Jéhovah est juste). Ceci eut donc lieu en 599
ce jour, dans lequel le roi de Babylone a été L'auteur nous dit, dans le Livre des Rois, que
# contre Jérusalem (xxIv, 1, 2). — Et il la prise de Joachin eut lieu dans la huitième
année du règne de Nabuchodonosor. Cette
arriva, la onzième année, le premier jour du
mois, que le Seigneur me parla, disant : Fils huitième année, si 604 est la première du
de l'homme, parce que Tyr a dit de Jérusalem : règne, tomberait sur la date 597 : il y aurait
AE les sont brisées les portes des peuples : elle donc ici une erreur de deux ans. Mais nous
s'est tournée vers moi ;je serai remplie, elle est ferons voir, plus bas, que cette erreur n'est
déserte... Le Seigneur a dit : Voilà que j'em qu'apparente, et qu'en réalité, Nabuchodono
mènerai du nord contre Tyr Nabuchodonosor, sor ayant régné pendant deux années en so
roi de Babylone, roi des rois, avec des che ciété de son père Nabopolassar, c'est à par
vaux, des chariots, des cavaliers, des batail tir de 607 ou 606 que nous devons comp
lons, et un grand peuple, etc. (xxvI, 1, 2, 7.) ter la huitième de Nabuchodonosor : ce qui
— Dans la dixième année, le dixième mois et nous ramène à 599, si nous prenons le pre
le onzième jour du mois, la parole du Sei mier chiffre, et à 598 seulement, si c'est le
gneur me fut adressée, disant : Fils de l'hom second. Comme il n'y a pas de doute sur
me, tourne ton visage contre le Pharaon, roi l'année dans laquelle se trouve compris le
d'Egypte,et tu prophétiseras sur lui et sur toute règne de Joachin, nous sommes conduits à
l'Egypte, etc. (xxIx, 1, 2.) admettre que la première année de Nabu
Enfin, dans | Daniel, nous lisons : L'an #ºonoºr a réellement commencé en
troisième du règne de Joakim, roi de Juda,
Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint à Jé Sédécias, qui avait vingt-huit ans à son avé
rusalem et l'assiégea(1, 1). — En la deuxième †º régna onze ans, c'est-à-dire de 599
année du règne de Nabuchodonosor, Nabucho
donosor vit un songe, et son esprit fut troublé, Jérémie nous fournit une précieuse confir
et le sommeil s'éloigna de lui (II, 1). mation de dates (xxv, 1), car il nous dit que
Reprenons maintenant un à un ces précieux la quatrième de Joakim est la première de
passages, et déduisons-en les faits certains Nabuchodonosor. Le règne de Joakim ayant
qu'ils révèlent, en les coordonnant avec les commencé en 610, la quatrième année de son
années extrêmes, 604 et 561, du règne de Na règne a pu commencer en 607, et nous re
buchodonosor. -
trouvons ainsi la date précise de la première
Nabuchodonosor, dans une première cam année de Nabuchodonosor.
pagne, asservit le roi de Juda Joakim, et Le Pharaon Néchao fut défait à Charché
†! trois années consécutives, celui-ci mis, sur les rives de l'Euphrate, dans la
ui fut soumis, Tay, dit le texte original. quatrième de Joakim : , c'est donc en 607
Après ces trois années, Joakim s'efforça de qu'eut lieu cette célèbre défaite. La neuvième
secouer le joug des Chaldéens. année de la captivité de Joachin, le dixième
Joakim, ayant régné de 610 à 599, c'est mois et le dixième jour, est le jour même
221 CIIR DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. CHR 222

où Nabuehodonosorinvestit Jérusalem ("-po brèche fut pratiquée dans la onzième de Sé


• N, s'est appuyé, a mis la main sur Jé décias, le quatrième mois, le cinquième jour.
rusalem). Joachin ayant été pris en 599, c'est Nabouzaradan mit le feu au temple et au pa
en 590 que Nabuchodonosor a commencé le lais dans la onzième de Sédécias, le cinquiè
siége de Jérusalem. me mois, le dixième jour, cette année coïnci
Dans la onzième année, le † du pre dant avec la dix-neuvième de Nabuchodono
SOl'.
mier mois, Jérusalem étant déjà ruinée,Tyr
se réjouit de sa chute, et Ezéchiel reçut de La neuvième de Sédécias tombe sur 590.
Dieu l'ordre de prophétiser contre Tyr. C'est C'est la date déjà trouvée pour l'investisse
donc en 588 qu'Ezéchiel prophétisa contre ment de Jérusalem.
Tyr, et, en 588, Jérusalem avait déjà suc La onzième de Sédécias tombe sur 588, qui
combé. est également la dix-neuvième de Nabucho
Dans la dixième année, le dixième mois, le donosor.
onzième jour, Ezéchiel reçut du Ciel l'ordre Toutes ces dates se vérifient donc et se
de prophétiser contre le Pharaon, et d'an contrôlent mutuellement.
noncer les malheurs qui allaient fondre sur Enfin, il reste un curieux passage de Jéré
l'Egypte. C'est là la contre-partie de la pro mie, dont il n'est pas permis de ne pas tenir
hétie de Jérémie contre le Pharaon Ephrée compte. C'est celui dans lequel le prophète
xLIv, 30), prophétie dans laquelle le Sei énumère les captifs emmenés à Babylone à plu
eur dit qu'il livrera le Pharaon Ephrée sieurs reprises successives.Le premier convoi
† à Nabuchodonosor, comme il lui a de § fut emmené dans la septième de
livré Sédécias. Nabuchodonosor; c'est en 599, lorsque le roi
Ezéchiel prophétisa donc contre Apriès en Joachin fut pris lui-même. Le deuxième dans
589, et Jérémie un peu
ruine de Sédécias en 588.
plus tard et après la la dix-huitième de Nabuchodonosor, c'est-à-
dire en 589 ou 588, date de la prise de Jéru
Suivant Daniel, dans la huitième année de salem, et le troisième dans la vingt-troisième
son règne, Nabuchodonosor fit un rêve qui de Nabuchodonosor, lorsque Nabouzaradan
le terrifia, mais dont il ne put se rappeler les le fit partir † Babylone; cette vingt-troi
détails. Daniel le lui expliqua. Ici se présente sième de Nabuchodonosor tombe sur l'année
une difficulté. La deuxième de Nabuchodo 585, à laquelle ne se rattache pas d'autre fait
nosor est 604 ; or Daniel dit positivement de guerre important.
† fut emmené en captivité après le siége Maintenant que nous avons examiné suc
e Jérusalem, qui eut lieu dans la troisième cessivement tous les passages relatifs à Nabu
année de Joakim, c'est-à-dire à la fin de 607. chodonosor, extraits des saintes Ecritures,
Il fut soumis à une éducation chaldéenne de nous allons examiner de même les renseigne
trois ans (y 5), au bout desquels il fut pré ments fournis par les écrivains profanes.
†º à Nabuchodonosor. Ce fut donc en Dans cette discussion, nous donnerons natu
rellement le premier rang à l'historien Jose
Le chapitre II de Daniel commence par le phe, bien que ce rang ne lui appartienne pas,
verset suivant : Et dans la deuxième année de si nous devions classer les auteurs par ordre
Nabuchodonosor, celui-ci eut des songes; son d'ancienneté.
esprit fut troublé, et c'en fut fait de son som Josèphe (Antiq. Jud., X, vI) nous dit que
meil. Or ce fut Daniel qui fut chargé de lui dans la quatrième année du règne de Joakim
rappeler et de lui expliquer le songe qui l'a- (1»zxtuoç),Nabuchodonosor monta sur le trône
vait effrayé ; comme, d'un autre côté, Jéré de § et se porta avec une puissantear
mie nous montre que 607 est la première de mée vers Charchémis, ville située sur les bords
Nabuchodonosor, la deuxième de son règne de l'Euphrate, afin de déclarer la guerre au
serait donc 606, et ce ne peut être qu'en #ºi Pharaon Néchao, qui était alors maître de
au plus tôt que Daniel fut présenté au mo toute la Syrie. Néchao accourut au-devant
marque. Toute la diſficulté est dans le fait de Nabuchodonosor, et son armée essuya une
que Nabuchodonosor régna deux ans en so défaite, après laquelle Nabuchodonosor ayant
ciété avec son père, lequel mourut en 604 ; passé l'Euphrate, soumit toute la Syrie jus
donc la première année du règne de Nabu qu'à Peluze, à l'exception de la Judée.
chodonosor est comptée par Jérémie à partir Dans la quatrième année de son règne
de son accession au trône en 607, du vivant (huitième année de Joakim), Nabuchodono
de Nabopolassar, tandis que Daniel, en indi sor tourna son armée contre les Juifs, dont
quant la deuxième année de Nabuchodono le roi fut sommé de lui payer un tribut, s'il
sor, ne tient plus compte de ces deux années ne voulait voir porter la guerre dans ses
de règne en société, ce qui place en réalité Etats. Joakim paya ce tribut pendant trois
le songe de Nabuchodonosor en 602. années consécutives; mais au bout de ce
Jérémie (xxxII, verset 1 et 2) nous dit que temps, il crut que la guerre allait éclater en
la dixième année de Sédécias coïncide avec tre les Babyloniens et les E2yptiens, et que
la dix-huitième de Nabuchodonosor. Effec l'occasion de s'affranchir du joug de Nabu
tivement, la dixième de Sédécias tombe sur chodonosor était arrivée. Ses prévisions fu
l'année 589, et la dix-huitième de Nabucho rent trompées; les Egyptiens ne firent aucu
donosor tombe également sur 589. ne démonstration hostile, et Jérémie se mit à
Le même prophète nous dit que Nabucho prophétiser tous les maux qui allaient fondre
donosor vint assiéger Jérusalem dans la neu sur la Judée. Il annonça la prise de Jérusalem
vième de Sédécias, le dixième mois, ct que la et la captivité de Joakim (n. 2). Bientôt,effec
225 CHR D{CTIONNAIRE CIIR 224

- tivement, Nabuchodonosor entra à Jérusalem huitième année de Nabuchodonosor (n. 5) ;


sans coup férir. Joakim et tous ses officiers Sédécias, à qui l'on avait crevé les yeux,
furent mis à mort; le cadavre du roi fut jeté mourut dans les fers (n. 7) à Babylone, ce
hors des murailles et laissé sans sépulture ; qui vérifie les prophéties de Jérémie et d'E-
3,000 captifs furent emmenés à Babylone, zéchiel.
parmi lesquels se trouvait Ezéchiel encore en La cinquième année après la ruine de Jé
fant.Ainsi finit Joakim, qui avait vécu trente rusalem (vingt-troisième année de Nabucho
six ans et régné onze ans. Son fils Joachin donosor), le roi de Babylone rentra en cam
('Ioaxivoç) lui succéda sur le trône et régna pagne contre la Cœlé-Syrie ; de là, il marcha
trois mois et dix jours (n. 3). -
sur l'Egypte, dont il défit et tua le roi (Ix,7).
Bientôt Nabuchodonosor reparut et mit le Jérusalem et toute la Judée demeurèrent
siége devant Jérusalem. Le roi, pour éviter désertes pendant soixante-dix ans, et le temps
les désastres que cette agression ne pouvait qui s'écoula entre la captivité et la déporta
manquer d'attirer sur son royaume, s'em tion des dix tribus, par Salmanasar, et la dé
ressa de se soumettre au conquérant, entre portation des deux tribus, par Nabuchodo
es mains duquel il remit comme otages sa nosor, fut de 130 années six mois et dix
mère et ses cousins; mais le traité conclu fut jours.
presque aussitôt rompu qu'accepté; Joachin Ce fut deux ans après la défaite des Egyp
fut pris et enlevé avec 10,832 de ses sujets; tiens que le roi Nabuchodonosor eut le songe
son oncle Sédécias fut mis sur le trône par qui lui fut expliqué par Daniel (x).
Nabuchodonosor (ch. vII). ' Nabuchodonosor mourut après avoir régné
Alors parurent les prophéties d'Ezéchiel et quarante-trois ans (xI).
de Jérémie annonçant la ruine de Sédécias. Bérose , auteur d'Histoires chaldaiques
Le premier prédit qu'il ne verrait pas Baby (ajoute Josèphe), raconte que Nabopolassar
lone, et le second qu'il y serait emmené en ayant appris la défection du satrape d'Egyp
captivité. te, de Cœlé-Syrie et de Phénicie,confia à son
Sédécias resta pendant huit années fidèle fils Nabuchodonosor, encore jeune, la direc
aux traités qui lui avaient été imposés par tion d'une partie de ses armées et le chargea
Nabuchodonosor. Mais, au bout de ce temps, de conduire la guerre, parce qu'il ne se sen
il y manqua sans doute, car le roi de Baby tait plus en état de faire face à de pareils
lone vint l'attaquer. Les Egyptiens marchè événements.
rent à son secours, et Nabuchodonosor aban Nabuchodonosor fut vainqueur partout, et
donna le siége de Jérusalem pour courir ce fut pendant son expédition que Nabopolassar
au-devant de ses nouveaux ennemis. Ceux-ci mourut, après vingt et un ans de règne. Nabu
furent bientôt atteints, battus et refoulés. chodonosor, informé de la mort de son père,
Ce fut alors qu'on vit Jérémie et les faux laissa à ses généraux la conduite de l'armée
rophètes se disputer sur les événements et regagna directement Babylone. Ce fut lui
uturs, ceux-ci avançant que Sédécias était qui fit entourer Babylqne de plus fortes mu
sauvé, et que le roi de Babylone aurait trop à railles, et qui fit construire les fameux jardins
faire à s'occuper des Egyptiens pour songer à suspendus, pour complaire à sa femme, qui
reprendre le siége de Jérusalem. De son côté, était Mède de naissance.
Jérémie prédit la prompte défaite des Egyp Josèphe rapporte aussi l'opinion de Mé
tiens, la reprise du siége de Jérusalem, la † gasthènes, qui, dans son III" livre des Histoi
mine, le pillage, l'incendie du temple, la des res indiennes , place Nabuchodonosor au
truction de la ville et la servitude qui devait dessus d'Hercule, et raconte qu'il sQumit
durer soixante-dix ans, après lesquels Baby une grande partie de la Libye et de l'Ibérie ;
lone elle-même étant tombée au pouvoir des il cite encore, comme source où il a puisé,
Perses et des Mèdes, les Juifs pourraient le II° livre de l'Histoire des Perses de Dioclès,
rentrer à Jérusalem. et les Histoires indiennes et phéniciennes de
Effectivement, la cinquante-neuvième an Philostrate,qui rapportent que Nabuchodono
née de Sédécias, le dixième jour du dixième sor tint pendant treize années la ville de Tyr
· Inois, le siége recommença. Ce siége dura #sº, pendant que Ithobal était roi de
dix-huit mois et la ville fut prise le 9 du qua yr.
trième mois de la onzième année de Sédécias, Reprenons maintenant la discussion ri
vers le milieu de la nuit. Nabuchodonosor †use de tous les faits énoncés par Jo
était alors à Rablatha, et ce furent ses géné SG [)Il0 .
raux qui se rendirent maîtres de Jérusalem. §uchodonosor monte sur le trône dans
Ces généraux, que Josèphe nomme, étaient la quatrième année de Joakim, et aussitôt
Nmpys) i«po;, 'A éuuxvtoç, Xspéyapos, Na6oaapts et † il défait à Charchémis le Pharaon Né
'Exap&u bapte # chao. Joahim étant monté sur le trône en
Nabouzaradan, qui était resté à la tête de la 610, la quatrième année de son règne doit
ville conquise, brûla le temple, le premier du se trouver comprise dans les années 607 et
cinquième mois de l'an 11 de Sédécias, dix 606. Nous avons montré, à l'aide de l'Ecri
(52) ll est curieux de rapprocher de ces noms si se douter qu'il y a là Nergel-saratzer, le Semgar
évidemment altérés, ceux plus altérés encore que Naoou, le Sar-sakim, le Rab saris, Nergel-sarat ter,
leur substitue la version des Septante : les voici le Rab-mag ? Et cependant cc sont bien les mêmes
(ch. xLvI, v. 5) : MapYavā7ap, xat Xap12Y09, xx\ Nx noms, qui ont été aussi outrageusement cstropiés.
foua ipstº, NzYäpYaç, N23éppa6ap30. Qui pourrait
225 CIIR DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. CIIR 226

ture, que c'est bien à l'année 607 qu'il faut donosor qui se rendirent maîtres de Jérusa
rapporter ces différents faits : il y a donc ici lem, ces noms paraissent bien altérés, si nous
coïncidence parfaite. les comparons à ceux que nous trouvons
Dans la quatrième année de Nabuchodono dans l'Ecriture sainte. Ces noms sont, ainsi
sor, huitième de Joakim, le roi de Juda est que nous l'avons dit plus haut- : Nergel
soumis à payer un tribut annuel. Cette année saratzer, Semgar-Nabou (le glaive de Nabou),
tombe en 603, et l'Ecriture nous montre que Sar-sakim (le prince des Sakes), Rab-saris
c'est réellement en 607 que Joakim a été sou (le chef des eunuques), Nergel-saratzer, Rab
mis au tribut. Josèphe s'est donc trompé sur mag (le chef des mages).
ce point. Evidemment, le Nn2ys)ézoos est le Nergel
Joakim, poursuit Josèphe, resta trois ans saratzer de l'Ecriture; le nom 'Azéugayro, ne
soumis, après lesquels il se révolta. Jérémie ressemble à aucun de ceux de l'Ecriture, et
prophétisa sa ruine et la captivité du roi. Effec enfin les trois noms qui le suivent, xsuiyaeos,
tivement, Nabuchodonosor s'empara bientôt Naººaapts, 'Exapáu lapt;, doivent très-proba
de Jérusalem, et Joakim fut mis à mort. blement se couper tout autrement que ne l'a
En admettant avec Josèphe qu'en 603 seu fait le scribe, et de telle sorte que segéyaeos
lement Joakim se serait soumis à Nabuchodo Nz% forme le même nom que Semgar-Nabou ;
nosor, et que sa soumission aurait duré trois $apt;"Ezz, Sar-sakim; et Pág ,apt;, Rab-saris.
ans, après lesquels Jérusalem aurait été prise, Il n'y a plus d'assimilation à faire qu'entre
cet événement aurait eu lieu en 600 ou 599, 'Apſugavros et Rab-mag, et elle n'est pas im
et Joakim aurait été mis à mort en cette probable, à voir les altérations que je viens
année. Le fait est possible : c'est bien en 599 de signaler.
que Joakim a été renversé; mais l'Ecriture dit Jérusalem et le temple furent brûlés, ajoute
qu'il a été † de fers et conduit à Baby † dans l'an onze de Sédécias, dix
lone en captivité. Néanmoins, ce qui est cer huitième de Nabuchodonosor. Ces chiffres
tain, c'est que jamais l'Ecriture ne parle que sont d'accord avec ceux que nous avons déjà
des années de captivité de Joakim quand elle · déduits de l'Ecriture.
veut rapporter un événement à la captivité La cinquième année après la ruine de
du roi de Juda. Nous avons déjà vu plusieurs Jérusalem coïncide avee la vingt-troisième de
exemples de ce fait. - Nabuchodonosor : c'est donc l'année 584 ou
Josèphe dit que trois mille captifs furent 583, et plus certainement celle-ci, qui est
emmenés dans cette occasion. Jérémie, qui l'année de l'expédition de Nabuchodonosor
nous parle du premier départ des captifs, dit en Cœlé-Syrie et en Egypte. Dans cette expé
qu'ils furent pris et emmenés avec Joakim, dition, le roi d'Egypte perdit la vie; mais
au nombre de trois mille vingt-trois; c'est nOus devons faire observer que ce fait n'est
évidemment du même fait que veut parler établi que par l'assertion de Josèphe.
Josèphe. Ezéchiel se trouvait parmi eux, Entre la captivité des dix tribus, sous Sal
ajoute Josèphe, et il était encore enfant. Or, manasar, et celle des deux dernières tribus,
d'après ce qu'Ezéchiel nous dit lui-même, sa sous Nabuchodonosor, il y a cent trente ans,
première prophétie date de la cinquième six mois et dix jours. Or nous établirons plus
année à partir de la captivité de Joakim. Il loin que c'est en 721 que Salmanasar prit
aurait donc prophétisé au sortir de l'enfance. Samarie : de 721 à 588, il y a, en chiffres
Cela est bien peu vraisemblable. -
ronds, cent trente-trois ans : il y a donc, dans
Josèphe est encore hors du vrai quand il le calcul en apparence si précis de Josèphe,
dit que Joakim, après avoir donné sa mère et une erreur de deux ans et demi à peu près.
ses proches en otage à Nabuchodonosor, ne Du reste, une erreur aussi faible, dê quélque
tarda pas à attirer de nouveau sur sa tête la côté qu'elle soit, n'est pas d'une grande im
colère du Babylonien. L'année n'était pas portance.
écoulée, dit-il. Outre que ce fait ne concorde L'historien juif dit que ce fut deux ans
pas avec l'Ecriture, il ne s'accorde pas mieux après la défaite des Egyptiens que Nabucho
avec ce que Josèphe dit un peu plus haut lui donosor eut le songe que Daniel lui expliqua.
même, que Joakim n'a régné que trois mois Il est évident que cette défaite des Egyptiens
et dix jours. doit s'entendre de celle qu'ils essuyèrent à
Sédécias ne se Knit en rébellion contre Charchémis en 607. Ce songe devrait donc
Nabuchodonosor que dans la huitième année ainsi être rapporté à l'an 605; et c'est en réa
de son règne, et ce fut alors que Nabuchodo lité, au dire du Livre de Daniel, en 602 que
nosor vint assiéger Jérusalem. C'est en 590, Daniel fut appelé à calmer les inquiétudes du
d'après ce que nous avons établi, que le siége roi de Babylone : il y a donc là une nouvelle
commença. Josèphe est donc assez exacte méprise de Josèphe. Daniel dit que ce songe
ment d'accord avec l'Ecriture, † selon eut lieu dans la deuxième année du règne de
lui, ce siége aurait commencé en 591. Cette Nabuchodonosor; mais, ainsi que nous l'a-
différence, d'ailleurs, tient évidemment à vons reconnu, Daniel fait abstraction des
l'époque de l'année à laquelle commençaient deux années de règne en commun de Nabu
les années du règne de Sédécias. J'ai déjà chodonosor avec son père, Nabopolassar; et
discuté la date de la prise de Jérusalem, à comme la première année de ce règne en
propos du calcul des soixante-dix années commun fut signalée par la défaite d Car
de la captivité; je n'y reviendrai donc plus chémis, Josèphe, trompé † le chiffre 2
lCl. donné par Daniel, a rapporté la date du songe
Quant aux noms des généraux de Nabucho à un événement marquant, au lieu de le rap
227 CllR DICTiONNAIRE CHR 228

portcr au commencement réel du règne. Ce donne, qu'il ajoute le mot dit-on à l'énoncia
Gui, du reste, prouve bien que Josèphe a tion du fait.
Suivi le calcul de Daniel, c'est qu'il ne donne Dans le deuxième passage que j'ai men
† quarante-trois ans de règne à Nabucho tionné, il dit que Sennacherib vivait quatre
onosor, tandis que ce règne a été réelle vingts ans, plus ou moins, avant le règne de
ment de quarante-cinq ans; ajoutons, du Nabuchodonesor. Le mot plus ou moins, dont
reste, que Nabuchodonosor eut deux songes il se sert, est heureusement assez élastique
expliqués par Daniel, au dire de celui-ci. pour couvrir l'inexactitude des chiffres. C'est
Nous vérifierons un peu plus loin si le second en 713, comme nous l'établirons plus tard,
eut lieu deux ans après l'expédition d'Egypte, qu'apparaît Sennacherib, pour disparaître
c'est-à-dire en 581. resque aussitôt de la scène du monde sous
Philostrate , ainsi † nous le dit Josèphe, es coups de ses propres fils : de 613 à 607,
a consigné dans ses écrits que Nabuchodono première année de Nabuchodonosor, il y a
sor fit subir à la ville de Tyr un siége de cent six ans. Les faits rapportés par Moïse de
treize années, que soutint le roi phénicien Khorène ne peuvent donc nous être d'aucun
Ithobal. Il est important de fixer autant que secours, chronologiquement parlant.
possible la véritable époque à laquelle se Eusèbe (Prépar. évangél., liv. Ix, ch. 41),
sont passés ces événements, c'est-à-dire les citant comme Josèphe des passages de Bérose
limites supérieures et inférieures du laps de et des historiens anciens, se borne à donner
temps dans ſequel ces treize années doivent les renseignements déjà consignés par Josè
être intercalées. Nous lisons dans Ezéchiel † sur la mort de Nabopolassar, pendant
(xxvI, 1, 2) : Et il arriva, la onzième année, le 'expédition d'Egypte, dirigée par Nabucho
· premier jour du mois, que le Seigneur me donosor. Celui-ci, en apprenant son accession
parla, disant : Fils de l'homme, parce que au trône, se hâte de régler les affaires de
Tyr a dit de Jérusalem : Ah ! les portes des l'Egypte, de la Judée, de la Phénicie, de la
peuples sont fermées; elle s'est tournée vers Syrie et des contrées limitrophes de l'Egypte.
moi; je serai remplie; elle sera déserte. Il laisse la conduite de l'armée à ses fidèles;
Cette onzième année, c'est naturellement il leur confie la garde des prisonniers et re
celle du règne de Sédécias, dans laquelle gagne Babylone, öù il meurt de maladie après
Jérusalem fut prise, c'est-à-dire 588. Ce mois un long règne de quarante-trois ans.
est le cinquième, ainsi que nous l'avons éta On voit que Bérose et, après lui, Josèphe,
bli plus haut. C'est donc à l'an 588 qu'il faut ont fait comme Daniel, et n'ont pas compté à
classer la prophétie d'Ezéchiel, touchant le Nabuchodonosor ses deux années de règne
siége et la ruine de Tyr; c'est donc postérieu en société avec son père.
rement à 588 qu'eut lieu l'investissement de Abydène, d'après Mégasthènes, attribuait,
Tyr. D'un autre côté, c'est antérieurement à au dire d'Eusèbe, les embellissements de
561 qu'il faut placer la prise de cette ville. Babylone à Nabuchodonosor.
Nous verrons plus tard à préciser plus parti Georges le Syncelle, qui a copié Eusèbe,
culièrement ces dates, et nous nous borne cite naturellement le même passage tiré de
rons à dire que les auteurs de l'Art de véri Bérose, et il ajoute que c'ust à lui, et non à
fier les dates placent en 585 l'attaque de Tyr. Sémiramis, qu'il faut attribuer les embellisse
Poursuivons l'examen des documents histori ments de Babylone. Il rapporte de plus la
ques à notre disposition. bataille de Carchémis sur l'Euphrate, où périt
Moïse de Khorène ne dit que peu de mots le Pharaon Nechao, à la deuxième année du
de Nabuchodonosor. Dans le livre I", ch. 21, règne de Nabuchodonosor. Après cette vic
nous lisons : toire, le conquérant babylonien alla s'empa
« Notre premier prince, couronné par Var rer de la personne de Joakim; il était aſors
bace (Arbace, fondateur de la dynastie mède), dans la troisième année de son règne. Joakim
, fut Barouïr, fils de Sgaïorti, lequel eut pour se soumit à Nabuchodonosor, et lui resta seu
successeur Hratchia (sous lui, dit-on, vivait lement trois ans fidèle.
Nabuchodonosor, roi de Babylone, qui fit les Enfin, le Syncelle cite les passages déjà
Juifs captifs). » Au chapitre 23, nous lisons tirés, par Josèphe, de Mégasthènes et de Phi
encore : « En effet, quatre-vingts ans, plus ou lostrate.
moins, avant le règne de Nabuchodonosor, Somme toute, le Syncelle ne nous apprend
vivait Sennecherim, roi d'Assyrie; Senneche absolument rien de neuf, et les chiffres qu'il
rim, qui assiégea Jérusalem sous Ezéchias, donne sont manifestement inexacts. Nous au
prince des Juifs.Ayant tué leur père, les fils rions fini avec Nabuchodonosor, s'il ne nous
de Sennecherim, Atramèle et Sanassar, vin restait à examiner le fait bizarre qui a déjà
rent se réfugier chez nous. » exercé la sagacité de tant de commentateurs :
Examinons ces différentes assertions sous je veux parler, on le devine aisément, de la
le point de vue chronologique. Selon nous, folie dans laquelle tomba le roi de Babylone,
Varbace le Mède a régné de 788 à 760; le et sous l'empire de laquelle il vécut, dit-on,
règne de Hratchia n'a guère pu commencer pendant quelques années. Daniel et Josèphe,
(u'ºveº celui de Maudacès, successeur de voilà les deux seules sources où nous puis
Varbace en 760; et quelque long qu'ait été ce sions puiser des renseignements sur ce fait
règne, il n'est pas possible §ï ait pu coïn curieux, mais évidemment fort simple tout à
cider avec celui de Nabuchodonosor, qui a la fois. Voyons donc ce que ces deux écri
occupé le trône de 607 à 561.Au reste, Moïse vains nous apprennent à ce sujet.
de Khorène est si peu sûr du chiffre qu'il Le chapitre Iv de Daniel contient le récit
229 ClIR DES ANTIQUITES BIBLIQUES. CIIR 250

fait par Nabuchodonosor lui-même du songe se réduit à un accès de fièvre chaude qui aura
qui l'avait frappé, de l'explication que lui en duré sept jours, comme on peut le conclure
avait donnée Daniel, surnommé Baltheschasar, de la teneur du verset 31, cité plus haut. Du
et de l'accomplissement de ce songe. Le ver reste, Nabuchodonosor était à la tête de son
set 13 donne le texte de la sentence pronon armée pendant ces deux années 589 et 588 :
cée contre lui, sentence qui lui annonce que il ne pouvait donc devenir fou en se prome
son cœur d'homme sera changé, qu'il lui sera nant dans son palais de Babylone.
donné un cœur de bête, et que sept temps (53) Nous avons vu que Josèphe parle d'un
seront changés sur lui. songe de Nabuchodonosor, expliqué par Da
Le verset 22 contient l'explication de la niel en 581. Ce songe ne peut donc pas être
sentence donnée par Daniel : Tu seras celui qui a précédé la maladie du roi, si les
repoussé des hommes; avec les animaux des Septante ont compté † puisque celui-ci
champs sera ta demeure; tu mangeras de devait être rapporté à l'année 589.
l'herbe comme les taureaux; la rosée du ciel Voyons maintenant ce que dit Josèphe (54) :
t'humectera, et sept temps passeront sur toi « Peu après, le roi eut une autre vision dans
jusqu'à ce que tu saches que le Très-Haut laquelle il lui sembla qu'il tombait du trône
domine sur l'empire des hommes et qu'il le au rang des bêtes, pour passer sept années
donne à qui il lui plaît... Ton royaume te res dans la solitude, et retrouver ensuite son
tera dès que tu reconnaîtras que le Ciel gou royaume. Les mages ne pouvant lui expliquer
verne. (y 22, 23.) ce songe, ce fut encore Daniel qui s'en char
Nous lisons ensuite : gea; et, de fait, Nabuchodonosor passa les
Tout cela arriva au roi Nabuchodonosor. sept années prédites hors de la société des
Au bout de douze mois, comme il se promenait hommes. Personne n'ayant osé usurper la
dans le palais royal, à Babel, le roi commença couronne pendant ce temps, le roi finit par
et dit : † as là Babel, la grande, que invoquer Dieu, qui lui rendit la raison et le
j'ai bâtie pour le siége du royaume, par ma fit remonter sur son trône ». Josèphe sentait
grande force et pour la gloire de ma magnifi bien que cette histoire devait trouver peu de
cence ? La parole était encore dans la bouche croyance, car il la termine en protestant de
du roi qu'une voix tomba du ciel, et lui dit : la bonne foi avec laquelle il s'est astreint à
Roi Nabuchodonosor, ton royaume te sera traduire, sans rien ajouter ni retrancher, les
enlevé, etc., etc. Au même instant, la parole livres anciens des Hébreux.
s'accomplit sur Nabuchodonosor : il fut re Le temps de la démence de Nabuchodono
poussé des hommes,il mangea de l'herbe comme sor se trouve fixé, dans le récit de Josèphe, à
les taureaux, son corps fut humecté de la rosée sept années entières; nous nous bornerons à
du ciel, etc., etc. constater que le texte de Daniel ne parle
31. Et au bout des jours (Nºcº rxpº), moi nulle part de sept années, mais bien de sept
Nabuchodonosor, je # les yeux vers le temps. C'est donc à Josèphe que nous devons
ciel, et ma raison me revint (= n by y7:r) la détermination du nombre d'années pen
[littéralement : Mon intelligence sur moi re dant lesquelles dura la folie de Nabuchodo
rint,] etc. En ce temps, la raison me revint ; IlOSOI°.

la dignité de mon royaume, ma magnificence, Eusèbe, citant, à propos de Nabuchodono


ma splendeur me revinrent; mes conseillers et sor, l'Histoire des Assyriens d'Abydène, rap
mes grands me recherchèrent; je fus rétabli porte que celui-ci, toujours d'après Mégas
dans mon royaume, et une plus grande puis thènes, raconte que, au dire des Chaldéens.
sance me fut accordee. (y 25-33.) Nabuchodonosor, étant un jour monté sur
Voilà cé que dit le Livre de Daniel; et nous son palais, eut tout à coup une inspiration, et
n'avons qu'une constatation de plus à faire, prononça l'oracle qui suit : « Moi, Nabucho
c'est que la version des Septante fait com donosor, ô Babyloniens! je vous prédis une
mencer le premier verset de ce quatrième calamité imminente, que ni les prières de
chapitre par les mots : "Erovs àz roxaôexºt v Bélus, mon aïeul, ni celles de la reine Beltis,
vã: #zai)iizs... Naffouzoôovöaop s#rev. Dans la ne pourront détourner. Il viendra de la Perse
dix-huitième année de son règne, Nabuchodo un mulet qui, avec l'aide de vos démons,
nosor dit... nous imposera un joug pesant. La cause de
La dix-huitième année de Nabuchodonosor ce malheur sera aussi un Mède, autrefois l'or
tombe sur 589. Si donc les Septante ont gueil des Assyriens; plût à Dieu qu'avant de
raison, c'est en 589 que Nabuchodonosor eut traiter ainsi mes concitoyens, il pérît dans le
son rêve; et douze mois plus tard, c'est-à- gouffre de Charybde ou dans tout autre....
dire en 588, il fut frappé de démence. Or, en Pour moi, avant qu'il ait un dessein si impie,
ces années mêmes eurent lieu le siége et la puissé-je avoir un sort plus heureux ! » Après
prise de Jérusalem, sous la conduite de Nabu avoir ainsi prophétisé, Nabuchodonosor dis
chodonosor : donc, ou les Septante se sont parut du milieu des hommes (EUsÈBE, Pré
trompés, ou la démence du roi de Babylone par. évangél., liv. Ix, c. 41, p.348.) :
(55) Voici ce que dit Cahen à propos de ces 7 phes précédents racontent l'histoire du premier songe
temps : l': Ty nyeun, ces 7 temps, on ne dit pas si oublié par le roi, et qui lui fut remis en mémoire
ce sont 'des jours, des seinaines, des mois ou des et expliqué par Daniel, puis de la fameuse statue
années. On sait que le nombre 7 est un nombre d'or que Daniel et ses compagnons ne voulurent
sacré. (Note au verset 15 du ch. iv de Daniel.) pas adorer, ce qui leur valut d'être jetes dans la
(54) Antiq. judaiq., X, x, 6. Les deux paragra iournaise d'où ils sortirent miraculeusement.
251 CHR DlCTlONNAI1{E CHR 252
Ce récit d'Abydène devient parfaitement Je viens de dire que, sous la seconde forme
invraisemblable, grâce à la mention du gouffre usitée à Bistioun, le nom peut s'expliquer ;
de Charybde qu'il met dans la bouche du roi c'est donc celle-là que j'adopte pour ne plus
de Babylone ; il offre néanmoins quelque m'en départir, et je propose l'orthographe
analogie avec le récit de Daniel, quant au définitive : Nabou-cadr-atzer.
fait de la prédiction royale, accomplie par la ART. V. —Règne de Nabopolassar.—Détails
démence dans laquelle tomba Nabuchodo donnés par les historiens profanes.—Ruine de
IlOSOI'.
Ninive en 625.— Commencement du règne de
Hâtons-nous de quitter ce sujet, sur † Nabobolassar, son vainqueur. — Il régna 21
tant de dissertations futiles ont été entassées, ans, de 625 à 604 avant J.-C. — son vrai nom
et bornons-nous à constater que Nabuchodo est Nabou-pala-atzer.
nosor eut très-probablement un accès de fiè Arrivons maintenant au règne de Nabo
vre chaude qui dura peu de temps, sept jours polassar.
peut-être, et non pas sept années, comme le L'Ecriture ne nous dit rien nominativement
dit Josèphe. Lorsque la période aiguë de la du prédécesseur et père de Nabou-cadr-atzer;
maladie eut cessé, la fièvre tomba, et avec heureusement Josèphe nous a conservé un
elle le délire; Nabuchodonosor se retrouva précieux fragment § Bérose qui nous donne
tout naturellement sur son trône, qui eût été quelques renseignements sur ce prince.
évidemment occupé par son fils si son alié
nation mentale eût duré sept années, puisque « Nabopolassar, père de Nabuchodonosor,
dès 584, ainsi que nous I'apprend Baruch, dit-il, ayant appris la défection du satrape
Balsatzer, fils de Nabuchodonosor, tenait déjà qui était à la tête de l'Egypte, de la Cœlé-Syrie
une place auprès de son père, telle que des et de la Phénicie, ne se sentit pas en état de
prières et des vœux étaient adressés au Ciel supporter à lui seul le fardeau des affaires, et
transmettant à son fils, qui était encore jeune,
en commun pour le père et pour le fils.
Il nous reste à rechercher, comme nous l'a-
llIl6 † sa puissance, il l'envoya contre le
rebelle. Nabuchodonosor le battit et fit ren
vons fait jusqu'ici, la véritable forme du nom
de Nabuchodonosor. Ce nom se trouve dans trer dans le devoir les provinces qu'il avait
l'Ecriture sous les formes suivantes : Soulevées.Cependant il arriva que son père,
"YN57>':: Nabopolassar, mourut de maladie §
"y:T:' i:
-yN-T>'::
† # régné 21 ans, » etc. (Ant. judaiq.
X, XI. l .
Les textes grecs nous offrent les variantessui Le Canon de Ptolémée donne de même 21
VanteS : ans de règne au prédécesseur de Nabou
No6oxo)áaaapo; (PToLÉMÉE, Ms. de Paris.) cadr-atzer, qu'il appelle N«6oro))éaaapo; et
N«6ourra)äa apos (Id., copie du Syncelle.) Nx6orra)égapoç (SYNCELLE).
Na6ovxoôovboop (JosÈPHE.) Georges le Syncelle s'exprime ainsi sur le
Evidemment, la forme de ce nom tel qu'il compte de Nabopolassar :
se trouve dans le Syncelle est altérée; celle « Alexandre Pol † dit-il, nous apprend
que nous a transmiseJosèphe est sensiblement † demanda et obtint pour son fils Nabucho
identique avec celle que nous trouvons dans onosor la main d'Aroitis,, fille d'Astyages,
f Ecriture ; nous pouvons, nous devons donc Satrape de la Médie. Ce Nabopolassar, mis à
tenir à celle-là. Toutefois, je ne me charge la tête de ses troupes par Sarac (ou Sardana
† d'expliquer le sens de ce nom , si c'était pale), roi des Chaldéens, s'en servit contre
a variante Naboucadratzer qui dût prévaloir, Sarac lui-même et contre la ville de Ninive.
on pourrait y trouver NABoU, puissance ou Sarac, épouvanté à l'approche du rebelle, mit
force du feu. le feu à son propre palais et périt dans les
Je suis d'autant plus disposé à admettre flammes. Nabopolassar, père de Nabuchodo
cette leçon comme la seule véritable, que ce nosor, s'empara de la sorte de l'empire des
nom se trouve écrit Nabokhodrosor dans Chaldéens et de Babylone. (LE SYNCELLE, Chro
le texte persépolitain de la fameuse inscription nographie, p. 210, B.)
trilingue de † Voici à quel propos : Ici se présente un fait qu'il est important de
Darius, fils d'Hystaspes, raconte tous ses hauts discuter à fond.
faits, et il dit qu'un Babylonien, nommé Na Si Alexandre Polyhistor a dit vrai, le père
titabirus, fils d'OEna... s'étant emparé de la de Nabou-cadr-atzer prend Ninive sur Sarac,
couronne, en se donnant faussement pour qui, pour ne pas tomber entre les mains du
Nabokhodrosor, fils de Nabonide, il envoya vainqueur, met le feu à son palais et périt
une armée contre lui. Natitabirus fut battu, dans les flammes.
d'abord sur les bords du Tigre, puis sur les Voilà donc Ninive qui succombe devant
bords de l'Euphrate, et enfin dans Babylone, Nabopolassar. D'un autre côté,Hérodote nous
qui fut assiégée et prise. Le faux Nabokho dit que Cyaxare, roi des Mèdes, prit Ninive
drosor fut mis à mort. La même inscription et soumit l'Assyrie, à l'exception du pays
nous apprend qu'un peu plus tard, et pendant de Babylone. Il ajoute que Ninive fut prise
que Darius était en Perse ou en Médie, un sous le règne de Nitocris, mère de Labynite.
nouvel imposteur arménien, nommé Aracces, Voir HÉRoDoTE, l. I, ch. 106 et 188.
se fit passer pour Nabokhodrosor, fils de Na Enfin Diodore raconte (Bibl. hist. l. II, c. 23
bonide, et releva l'étendard de la révolte. Peu et suiv.) que le dernier roi d'Assyrie fut Sarda
après il fut tué, et la Babylonie rentra dans le napale, qu'il éclata contre lui une rébellion
devoir. -
des Mèdes, dont le chef était Arbaces, et des
25.5 C[!R DES ANTIQUITES BlBLIQUEs. CIIR 25

Babyloniens dont le chef était Belesis; que Donc le Pharaon Nechao, qui fut battu en
d'abord Sardanapale battit trois fois de suite 607 par Nabou-cadr-atzer sur les bords
les révoltés, mais qu'ayant été mis en déroute de l'Euphrate, à Carchémis, se mit en cam
dans une quatrième bataille où commandait pagne contre les Mèdes et les Babyloniens,
son beau-frère Saloemen, il courut s'enfermer ui avaient renversé l'empire assyrien. Cet
dans les murailles de Ninive; que se voyant vénement est donc antérieur à 607.
sur le point d'être pris par ses ennemis, il se Or, de 713 à 607, il y a quatre-vingt-seize
fit brûler dans son palais avec tous ses trésors. ans : il ne s'agit donc pas du même événe
Alors Arbaces devint roi des Mèdes, Ninive ment, et les deux révolutions subies par Ninive
fut détruite de fond en comble, et l'empire sont séparées l'une de l'autre par trois quarts
assyrien s'éteignit. Justin dit la même chose de siècle environ.
(Histor. epit., l. t, c. 3.) « Cyaxare, nous dit Hérodote (liv. 1, c. 106),
Voilà donc en présence deux destructions prit Ninive, après avoir, pendant vingt-huit
de Ninive dans des circonstances identiques : ans, guerroyé contre les Scythes qui l'avaient
de part et d'autre c'est um roi Sardanapale qui forcé de lever le siége. »
périt dans l'incendie de son palais allumé de Or Cyaxare a régné de 635 à 595 ; ce n'est
de ses propres mains, pour se soustraire à donc pas de lui qu'il s'agit dans la première
ses ennemis qui, de part et d'autre encore, révolution mentionnée par Josèphe.
sont les chefs des Babyloniens et des Mèdes : Arbaces, au contraire, a régné sur les Mèdes
Belesis et Arbaces dans le récit de Diodore ; de 788 à 760, et il y a assez loin de 768 à 713
Astyages et Nabopolassar dans celui d'Ale pour que nous hésitions à appliquer à la ré
xandre Polyhistor. volte d'Arbaces le fait rapporté par Josèpbe.
Nous commençons par déclarer que nous ne Cyaxare, au dire d'Hérodote, aurait pris
saurions admettre la répétition si précise des Ninive plus tard que la vingt-huitième année
mêmes événements pour la même ville et le de son règne.
même empire. Si d'ailleurs Ninive avait été Cyaxare a régné de 635 à 595. La vingt
détruite de fond en comble par Belesis et huitième année de ce règne est donc en 6Û3:
Arbaces, il était difficile qu'elle le fût de nou mais Josèphe, en parlant de l'expédition de
veau , par Nabopolassar et Astyages , nous Nechao, qui eut lieu en 607, nous dit qu'elle
n'hésitons donc pas à le dire, il y a là confu fut dirigée contre les Mèdes et les Babyloniens
sion évidente des faits. Un seul et même évé qui avaient renversé la puissance assyrienne ;
nement, qui avait dû frapper les esprits à cause Hérodote s'est donc probablement trompé,
de sa grandeur terrible, aura été attribué à Le récit d'Alexandre Polyhistor nous apprend
deux époques différentes. Voilà tout le secret d'ailleurs que Nabopolassar, satrape de Ba
de cette invraisemblable répétition du suicide bylonie et père de Nabou-cadr-atzer, s'allia
de deux Sardanapale. avec Astyages, roi des Mèdes ( et ici nous
Efforçons-nous donc de tirer au clair l'his trouvons encore une fois le nom générique
toire embrouillée de la ruine réelle de Ninive. Astyages substitué au vrai nom Cyaxare du
Voyons ce que ncus dit Josèphe : roi des Mèdes ), pour renverser Sarac, et que
« Vers ce temps, il arriva que l'émpire des As les rebelles alliés prirent Ninive; il semble
syriens fut renversé † Mèdes...; or, le clair que la date de leur victoire est donnée
roi des Babyloniens, nommé Baladas, ayant ar la première année du règne de Nabopo
envoyé à Ezéchias des vieillards avec des prè assar. Dans le Canon de Ptolémée, Nabopo
sents, le pria de devenir son allié et son ami: » lassar ayant régné de 625 à 604, il en résulte
'Ev toÛttp tp yoôvto gové6n tnv :öv 'A77ooſoov que c'est réellement en 625, c'est-à-dire dans
à oyfiv Û7:ò #.. # # töv # la dixième année du règne de Cyaxare qu'eut
vitº 32ot)e ;. B2)332; 5vouz, tégy2; Ttp); tbw lieu la révolution qui renversa Sarac, pour
'E,extav Ttgé76et; ôöpz zopiiaavz2:, gºg.playów té
aòtòv etvat 7:2peză)st x2 # ixov (Ant Jud., l. X,
†º Nabopolassar sur le trône de Baby
OIl G.
c. II, n. 2). De tout ceci il semble enfin résulter que
Ainsi donc Josèphe place la ruine de l'em les vingt-huit ans de domination des §
pire assyrien par les Mèdes vers l'époque où en Asie doivent être notablement réduits (à
Mérodak-Baladan envoya une ambassade à huit par exemple), ou mieux, répartis sur deux
Ezéchias. règnes, celui de Cyaxare et celui de son pré
Nous montrerons que ce fait eut lieu en décesseur Phraortès. De 625 à 607, il y a dix
713, ou 712. C'est donc à une époque voisine huit ans, et nous devons penser que Nechao
de 713, suivant Josèphe, que les Mèdes s'em n'a pas eu la pensée de réprimer l'usurpation
† de Ninive. Nous examinerons tout à armée des Babyloniens et des Mèdes, mais
'heure cette date importante. bien de faire mieux qu'une protestation inutile
Le même historien Josèphe s'exprime ainsi : et de marcher au-devant de l'orage qui devait
« Nechao, roi des Egyptiens, ayant ras bientôt fondre sur son empire. -

semblé des troupes, se dirigea vers le fleuve Résumons : Nabopolassar et Cyaxare réu
d'Euphrate pour faire la guerre aux Mèdes et nirent leurs forces pour renverser définiti
aux Babyloniens qui avaient renversé l'em vement l'empire assyrien de Ninive, qui s'é-
pire des Assyriens : » tait relevé de ses ruines. En625 ils accompli
Negaõ ö röv AiYutzſtoy 327i)e5; àysip2; gtp2 rent leur projet, et de simple satrape à la
vtàv èrº tòv E , pātrv #)zae Roz2gbv, Mićoo; zo solde duroi des Chaldéens, Nabopolassardevint
Megºzov xal zoo; , B26u)ovioo; oî chv 'A7aupiov roi chaldéen de Babylone. Et maintenant est
x2té)uaav àpy#v.(Antiq. Jud., X, v, 1.) ce le Sarac qui fut renversé en 625 ? est-ce la
DICTIoNN. DEs ANTIQUITÉs BIBLIQUEs,
235 CHR | DICTIONNAIRE CHR 25F

Sardanapale qui fut renversé parArbaces et Be Les auteurs de l'Art de vérifier les dates se
lesis, qui se brûla dans son propre palais ? Il sont rangés à cette opinion, car ils placent
est difficile de le dire. Pour nous, nous croyons sous l'année 647 Chinaladan, nommé aussi
que c'est Sarac, présisément parce que la Sarac et Sardanapale, fils de Chaosduchin, qui
mort du Sardanapale de Diodore fut, à ce qu'il fut battu par Nabou-pala-atzer et Cyaxare,
dit, suivie de la destruction complète de Ni roi des Mèdes, et qui se brûla dans son palais
nive. Or cette ville n'avait pas été rasée, il avec ses femmes et ses trésors en 625, com
s'en faut, avant 625, puisqu'il fallait alors la me l'avait fait le premier Sardanapale.Avec
réunion d'une armée rebelle et d'une nation lui périt Ninive.
ennemie tout entière pour venir à bout de la Quelle doit être la vraie forme du nom de
dynastie qui y régnait. Sa ruine de fond en ce roi? quel est d'ailleurs son véritable nom ?
comble, arrivée comme conséquence de la Est-ce Sarac, est-ce Sardanapale ? est-ce Ki
mort du roi Sardanapale, n'eut donc lieu nilanadan, ou Kiniladan, ou Kiniladal, ou Chi
qu'en 625, et Alexandre Polyhistor a dit vrai : naladan ? La question vaut bien la peine
son Sarac et le Sardanapale de Diodore, d'après qu'on la discute ; mais où trouver les élè
Ctésias, ne sont probablement qu'un seul et ments de discussion ? Jusqu'ici ils nous man
même personnage † occupait le trône de quent, mais nous devons espérer que les
Ninive, lorsque ce trône fut abattu pour ne textes cunéiformes, extraits du sol de l'As
plus se relever. syrie, nous les fourniront bientôt ; quoi
Nabopolassar est doncmonté par usurpation 'il en soit, Fréret (Mémoires de l'académie
sur le trône en 625. es Inscriptions et belles-lettres, t. V, 1722
Au bout de vingt-unans de règne, c'est-à-dire 23 et 24) pense que le nom de Sardanapale,
en 604, il est mort de maladie. Deux ans avant,il par cela même qu'il a été donné évidem
avait associé son fils Nabou-cadr-atzer à la ment à plusieurs personnages, n'était qu'une
puissance suprême. épithète honorifique ; puis le savant aca
Quelle est la véritable forme du nom de ce démicien ajoute que cette épithète signi
monarque ? C'est ce que nous allons cher fiait prince donné du ciel (55), en langue as
cher. Elle semble tout à fait analogue à, celle syrienne ou chaldéenne (p. 397). Il est vrai
du nom de son fils Nabou-cadr-atzer. NbE si
gnifie mirabile, miraculum, et vir admirabilis.
que † pages plus haut, voulant iden
tifierl'Assaradinus du Canon à un Sardanapale,
Le nom écrit -xN Nºe 2: signifierait Nabou, mi en repoussant de toutes ses forces l'iden
racle du feu, ou l'être admirable du feu. tification avec l'Assarhaddon de l'Ecriture,
L'orthographe à adopter définitivement nous il dit que le nom Assarhaddon ou Assordan,
paraît donc être Nabou-pala-atzer. suivant la prononciation † augmenté
Passons au règne précédent : du mot Chaldéen pal, phal ou phala, qui si
Règne de Sardanapale. — Documents fournis gnifie grand, illustre, forme tout justement
par les auteurs profanes. — Il a régné vingt le nom Sardanapale [ en Chaldéen, Nbe si
deux ans, de 647 à 625. —Ses divers noms. — gnifie miracle, ou homme admirable, mais
Son vrai nom est Kin-âl-adan. non pas grand, illustre ). Fréret oublie de
Le Canon de Ptolémée Dlace avant Nabou.. nous dire à laquelle des deux formations
† un roi nommé Ktvi) xvzôzv6s (Kini il croit ; il oublie plus malheureusement en
anadanos, Ms de Paris, 2399), ktvi)aô«)o; core de décomposer ce nom en mots Chal
( Kiniladalos ), ou Kt. )&ôavo; (Kiniladanos, déens qui puissent signifier prince donné du
Copie de Georges le Syncelle). ciel, car j'ai fait de vains efforts pour re
uivant le manuscrit de Paris, dont nous trouver ce sens si précis dans les éléments
avons pu vérifier la correction, grâce aux cal du nom en question ;. je retrouve bien sar
culs d'éclipses de lune, le règne de ce person pour prince, mais voilà tout ; le composant
† vingt-deux ans, c'est-à-dire de 746 Dan ou Adan, san ou asan, me paraît un vé
à625. La copie de George le Syncelle ne lui ac ritable nom ; pala pour phala N E une épi
corde à tort que quatorze ans de règne. thète signifiant homme admirable, laquelle
Nous avons vu qu'un fragment d'Alexandre peut très-bien comporter l'article N ou n. La
Polyhistor, conservé par le Syncelle, nous vraie forme orthographique du nom en ques
apprend que le dernier des rois de Ninive se tion serait, dans ce cas, Sar dan ou san, et
nommait Sarac; que Nobopolassar, satrape de signifierait : le roi Dan ou San, l'admirable.
Babylone, ayant fait alliance avec le roi des Un fait passé inaperçu jusqu'ici paraît venir
Mèdes, nommé à tort Astyages au lieude Cya à l'appui de cette décomposition. Sardanapale
xare, vint l'assiéger dans Ninive sa capitale, est nommé par Eusèbe, par Jules Africain
et que ce Sarac mit lui-même le feu à son et par George le Syncelle, eóvoç Ko»zö)spos,
palais et périt dans l'incendie. par Suidas Kövo; Kovxö)spo;. Georges le Syn
Ce fut évidemment à partir de cette victoire celle précise en disant : « Thonos, surnommé
sur Sarac que Nabou-pala-atzer devint roi de Konkoleros, Sardanapale des Grecs (Chro
Babylone, nous l'avons déjà dit ; donc cette nographie, p. 168, B ). » J'ignore à quelle
victoire eut lieu en 625, donc aussi le Sarac source ces divers écrivains ont puisé ce ren
d'Alexandre Polyhistor ne saurait être un seignement, mais ils sont si bien d'accord
autre personnage que le Kilinadan, ou Ki pour s'en servir, que nous pouvons bien nous
nîlanadan de Ptolémée. en servir aussi. eövo; était donc le nom de
(55) Les auteurs de L'Art de vérifier les dates déen prince descendudu ciel, et ils ajoutent : c'est
disent de même que Sardanapale signifie en chal Inoins un nom propre qu'une épithète honorable.
237 CHR DES ANTIQUITES BIBLIQUES. ClIR 258

Sardanapale.De eóvos, prononcé à la grecque, néral des armées de Kin-âl-adan ; donc, avant
et abstraction faite dé la désinence obligée, 625 la puissance ninivite, si elle avait étéjadis
à Dan ou San, que je regardais tout à l'heure abaissée, était redevenue assez grande pour
comme le véritable nom chaldéen, il y a si absorber la puissance babylonienne. Nous
près, qu'on me pardonnera de prendre acte constaterons un peu plus haut que les deux
de cette ressemblance pour appuyer l'expli capitales, Ninive et Babylone, se disputèrent
cation que j'ai proposée un peu plus haut. pendant de longues années une prédominance
Quant au surnom Kovzö)tpos, j'avoue hum qu'elles s'arrachèrent tour à tour en payant
blement que je n'en connais pas le sens. chaque révolution et chaque victoire d'un peu
Ceci posé, nous ne pouvons admettre que plus d'affaiblissement et en préparant ainsi
le nom Sardan-apala soit une simple épi l'asservissement et la chute de celle des deux
thète honorifique, c'est un nom propre ac
puissancesjalouses qui parvint à ruiner l'autre;
coutré d'épithètes honorifiques ; voilà, nous mais n'anticipons pas.
le pensons, la réalité. Quant au nom du roi Etablissement de l'empire chaldéen à Ni
dont nous nous occupons, nous n'avons plus nive. - Règne de Saosdouchin — Date pré
à choisir qu'entre Sarac et Kinalanadan, cieuse pour la chronologie égyptienne. — Saos
ou Kinaladan, ou Kiniladal : je suis assez douchin règne vingt ans, de 667 à 647 avant
†à croire que le véritable nom est ce Jésus-Christ.—Coordination des faits racontés
ui que nous a conservé le Canon de Pto dans le Livre de Judith. — Synchronisme
lémée, et que l'autre n'est qu'un surnom remarquable qui en prouve la véracité. — Le
ou un titre; c'est ainsi que bien que le sur trai nom du roi chaldéen est Saos-dou-khin.
nOm Balsatzer du fils de Nabou-cadr-atzer A partir de Khin-âl-adan et en remontant
ait prévalu parmi les Grecs sur le véritable dans la suite des temps nous allons trouver
nom Eouil-mérodach, c'est pourtant ce der établi dans Ninive l'empire chaldéen dont
nier nom que le Canon de Ptolémée nous nous avons vu jusqu'ici le siége à Babylone,
a transmis ; Sarac serait donc de la sorte les deux Etats n'ent font plus qu'un, et le roi
un simple titre. Ce qui corrobore singu de Ninive place à Babylone un satrape qui obéit
lièrement cette opinion, c'est l'existence du à ses ordres.
mot chaldéen, pluriel l'>-p Sarakin, prin Avant de passer au règne du prédécesseur
cipes, praefecti, dont le singulier est pré de Khin-âl-adan, nous devons constater une
cisément notre Sarac, "cT. date précieuse de plus pour la chronologie
Maintenant que signifie le nom qui nous égyptienne.
est transmis par le Canon de Ptolémée, il est Nous lisons dans le l1* Livre des Rois (xxIII,
assez difficile de le dire, et par conséquent de 29) : De son temps (de Josias) le pharaon Ne
revenir à la véritable forme orthographique chao, roi d'Egypte, monta contre le roi d'Assour
de ce nom. Nous avons trouvé trois variantes : vers le fleuve Euphrate; le roi Josias alla au-de
Kinilanadan, Kiniladan et Kiniladal : dans vant delui,mais quandille vit,ille tua à Magued
deux variantes sur trois le nom se termine do. Joachas, fils de Josias, âgé de vingt-trois
par dan, c'est donc cette terminaison que nous ans, remplaça sur le trône son père, mais il
devons adopter de préférence; nous avons ne régna que trois mois à Jérusalem (56).
ainsi la forme Kiniladan qui nous paraît VERs. 33. Le pharaon Nechao le fit lier à
avoir une physionomie sémitique plus vrai Ribla, dans le pays de Hemath, afin qu'il ne
semblable que la forme Kinilanadan. Avec régnât plus à Jérusalem.
cette forme nous pouvons retrouver dans VERs. 34.Le pharaon Nechao établit pour
notre nom les mots TN 5s pn grâce, faveur roi Eliakim, fils de Josias, à la place de Jo
§ Ad§ ou encoré Tts ºs r, prières sur sias, son père, et changea son nom en celui de
Adan; nous ne proposons ces deux explica Joakim et il prit Joachas qui fut emmené en
tions qu'avec une extrême réserve et sans y at Egypte où il mourut.(Ch. xxv, et xxvI.)
tacher plus d'importance qu'elles ne le mé Les Paralipomènes racontentles mêmes faits.
ritent. Quoi qu'il en soit, nous adoptons De cela nous devons conclure que, sous Joa
pour le nom qu'a porté le roi détrôné et rem kin, le royaume de Juda ne fit que changer
placé par le satrape Nabou-pal-atzer, la de dominateur; jusqu'alors les rois de Jéru
forme définitive Kin-dl-Adan. Disons en salem étaient renversés et changés à plaisir
assant que la présence du nom Adan dans par les Pharaons. L'année 610 vit poindre un
e surnom composé que nous avons essayé orage que le Pharaon voulut en vain détourner;
d'analyser semblerait donner gain de cause Josias périten cherchant à se soustraire aujoug
à Alexandre Polyhistor, qui appelle Sar égyptien ; mais après trois ans de lutte, en
danapale le roi de Ninive renversé par Na 607, Nechao fut battu par Nabou-cadr-atzer.
bou-pala-atzer. et les Juifs changèrent de maître bon gré
Kin-âl-adan était roi de Ninive ; Nabou malgré. - -

pala-atzer était satrape de Babylone et gé Récapitulons les dates : Le règne de Joakim


(56) Josèphe, liv. X, ch. v, n. 2, dit que Joachas tous les deux aient eu non-seulement le même sert,
régna 5 mois et 10 jours ; plus loin il dit également mais aient été à point nommé, au bout de 5 mois et
que Joachim a régné 5 mois et 10 jours. Cette 10 jours, chargés de fers, ceci me semble peu vrai
coincidence si parfaite de durée est, avouons-le, semblable. Josèphe, qui confond sans grand scru
très-peu vraisemblable ; que chacnn des deux rois pule les hommes et les dates, a commis évidemment
eaptifs, l'un des Assyriens, l'autre des Egyptiens, ici une confusion de ce genre.
ail régné environ 5 mois, c'est possible ; mais que
239 CHR DlCTI0NNAlRE CHR 2 40
a commencé en 610 ; les trois mois de règne l'Art de vérifier les dates placent en 673
de Joachas sont également placés en 610, la captivité de Manassé.
ainsi que la mort de Josias tué à Magueddo Pendant tout son règne, Saosdoukhin a été
par une flèche égyptienne. Donc, en 610, le roi d'Assyrie, c'est-à-dire qu'il a été à la fois
pharaon Nechao était tout-puissant en Sy souverain de Ninive et de Babylone. C'est là
I'16 . aussi l'avis des auteurs de l'Art de vérifier les
Revenons au prédécesseur de Khin - âl dates, qui ajoutent que Saosdoukhin n'est
adan . -
autre que le Nabuchodonosor du Livre de
Le Canon de Ptolémée nomme ce prince Judith ; qu'il eut guerre avec Phraortes, et
2xo7 ôouxivoç (Saosdouchinos, Ms. de Paris), que l'année qui précéda sa mort il fut battu
Zaogôoúzios (Saosdouchios), et Èão; Aoûxtos et assiégé dans Ninive par Cyaxare.
(Saos Douchios). (GEoRGEs LE SYNCELLE). Maintenant que nous avons fixé les limites
Suivant le manuscrit de Paris, qui, je ne des règnes de chacun des monarques de la
saurais trop le répéter, est , le plus correct, dynastie mède, nous pouvons vérifier si les
ce règne a duré vingt ans, c'est-à-dire de 667 déductions de l'Art de vérifier les dates sont
à 647, et ce sont là des chiffres que nous adop appuyées sur quelque base solide.
tons. Suivant la liste reproduite par le Syn Hérodote dit que Phraortes, roi des Mèdes,
celle, ce règne n'aurait duré que neuf ans. périt après un règne de vingt-deux ans,
C'est là une des nuille erreurs du chrono dans une expédition contre Ninive. Il ajoute
graphe. -
qu'alors les Assyriens, c'est-à-dire les Nini
Ici se présente un fait que l'Ecriture ne Vites, étaient isolés, abandonnés de tous
précise pas suffisamment, quant au nom du leurs alliés, mais néanmoins encore puissants
monarque assyrien qu'il concerne ; il s'agit et florissants. (Liv. I, ch. 102.) Cyaxare,
de la défaite et de la captivité du roi de Juda fils de Phraortes, succéda à son père, et
Manassès. s'empressa de le venger en déclarant laguerre
Nous lisons dans le II* Livre aes Chro au roi de Ninive. Il était occupé au siége de
niques (xxIII,, 11) : C'est pourquoi Dieu em cette ville lorsque les Scythes firent irruption
mène sur eux les princes de l'armée du roi des dans son empire (Ch. 103.) Cyaxare réussit
Assyriens, qui prirent Manassès, lui mirent à s'affranchir de cette suprématie des bar
les ſers aux pieds et aux mains, et l'emmenè bares. Une fois libre, il reprit le siége de
rent à Babylone. Ninive et se rendit maître de cette ville.
Or Manassé(Ibid.,1) ayant régné cinquante Toute l'Assyrie lui fut bientôt soumise, à
cinq ans, à partir de l'âge de 12 ans, son l'exception de la Babyionie. Il mourut après
successeur Amon, deux ans seulement entre un règne de quarante ans, dans lesquels sont
Manassé et Josias tué à Magueddo en 610 compris les vingt-huit ans que dura la domi
(1bid.,21), et enfin Josias ayant régné trente nation des Scythes. (Ch. 106.)
un ans (II Chron. xxxIv, 1), il s'ensuit que le Examinons ces dates : Phraortes mourut en
règne de Manassé a occupé les années pla 635; c'était donc à Khin-âl-adan, qu'il avait
cées entre les dates extrêmes 643 et 698. affaire. Lorsque Cyaxare monta sur le trône
C'est donc entre ces limites qu'il faut cher des Mèdes, en 635, Saosdoukin était mort
eher le roi d'Assyrie, auteur de la défaite de depuis deux ans, Cyaxare n'a donc pu assié
Manassé. ger Saosdoukin dans Ninive, ainsi que le
Le même chapitre du II" Livre des Chro rétendent les auteurs de l'Art de vérifier
niques (versets 12 et † apprend que es dates. Ce n'est, par conséquent, qu'au roi
le roi captif invoqua Jéhovah dans sa dé Khin-âl-adan que Cyaxare fit la guerre. Cya
tresse, que sa prière fut exaucée et qu'il lui xare, brûlant du désir de venger la mort de
fut permis de revenir à Jérusalem. son père, dut rentrer en campagne aussitôt
A en juger par la teneur du chapitre en qu'il eut pris les rênes de l'Etat. Dès 634 il
Jºouvait être occupé au siége de Ninive. Les
question, ce serait vers le milieu de son rè Scythes
gne que Manassé aurait subi sa défaite et sa vinrent détourner sa colère en l'at
captivité. tirant sur eux-mêmes, pendant huit ans, et
ans le Livre II" des Rois, tous les détails non pendant vingt-huit ans, comme l'a fait
de ce fait manquent absolument ; il est dit dire quelque copiste maladroit à Hérodote;
seulement au verset 17 du chapitre xxI que il guerroya contre eux avant de réussir à
les faits et gestes de Manassé sont écrits dans les reſouler hors de ses Etats, ce qui eut lieu
le Livre des faits du temps des rois de Juda. en 626. Aussitôt libre, il reprit la guerre con
Malheureusement ce livre précieux, men tre Khin-âl-adan. Pour assurer le succès de
tionné si fréquemment dans les saintes Ecri ses armes, il sut acheter la défection du
tures, n'est pas parvenu jusqu'à nous. Satrape de Babylone Nabou-pala-atzer, en lui
Josèphe (Antiq. Jud., X, III, 2) raconte les promettant un trône : avec cette alliance Cya
x8re vint facilement à bout de Ninive. Khin
mêmes faits, mais sans fixer l'époque de âl-adan ne pouvait ignorer le sort que lui ré
son règne à laquelle il fut fait prisonnier $ervait le vainqueur; il n'y avait plus pour
par les Assyriens. Si c'est vers le milieu de
son règne que cela est arrivé, c'est vers l'an lui de défense possible ; il aima mieux pé
rir dans l'incendie de son palais, en anéan
née 671 qu'il faut classer cet événement. Or, tissant les richesses que convoitaient le roi
en 671, Saosdoukhin n'était pas encore sur
des Mèdes et le perfide satrape
le trône qu'occupait son père Asarhaddon; que de tomber entre les mains dede Babylone,
ses ennemis
nous verrons plus loin que les auteurs de Cette alliance de Cyaxare et de Nabou-pala
241 CH1R DES ANTIQUITES BIBLIQUES. CilR 242

atzer explique d'ailleurs très-simplement l'as ritable forme du nom de Saosdoukin : nous
sertion d'Hérodote qui nous dit qu'à la Baby avons consigné les trois variantes :
lonie près, toute l'Assyrie tomba au pouvoir Xzoa3ouxivoç ( Saosdouchinos),
du roi des Mèdes ; Ninive périt avec Khin xaoa ôoºzios (Saosdouchios ),
âl-adan en 625. Xaoç Aoûxtoç ( Saos Douchios ).
Voyons maintenant si, au milieu de tous La dernière de ces variantes prouve que le
ces faits qui paraissent convenablement clas nom se compose de deux parties, dont la
sés entre eux, il est possible de coordoner les première est sans doute le nom propre et la
faits qui sont consignés dans le Livre de Ju seconde un surnom. S'il en est ainsi, ce sur
dith. Faisons observer toutefois que les com nom dont la forme probable est Aovz pourrait
mentateurs chrétiens ne sont pas unanimes se lire ſºn 7, et signifier : splendeur de la
pour accorder à ce livre la confiance entière # de la beauté, pour le resplendissant de
que l'on doit à l'Ecriture sainte, Fréret sou eauté. Le mot TT jouerait ici un rôle tout à
tient que, puisque l'autorité de ce livre est fait analogue à celui que joue le mot arabe
controversée et qu'on l'a souvent considé zou si fréquemment employé dans la forma
ré comme un ouvrage purement allégorique, tion des surnoms, tels par exemple que celui
on ne peut s'en servir pour établir aucun fait de zou'l-iemineyn, † qui fut don
né à un célèbre visir de la cour abasside de
historique. Voyons si ce jugement sévère
doit rigoureusement être appliqué au livre en Baghdad.
question. Quant au mot Saos, comporte-t-il une ter
Voici ce que nous lisons dans le Livre de minaison grecque? cela est fort douteux, vu
l'état concret du nom dans deux variantes sur
Judith ( ch. , ) : — 1. Arphaxad, roi des Mè
des, avait soumis plusieurs nations à son em trois. Notre savant confrère et ami, M. Félix
pire, et lui-même éleva une ville très-puis Lajard a, dans son intéressant Mémoire sur le
sante, qu'il appela Ecbatane. - 5. Or, en la culte du Cyprès, tiré un grand parti d'un fait
cinquième année de son règne, Nabuchodono de l'histoire d'Anouschavan, fils d'Ara II et
sor, roi des Assyriens, qui régnait dans Ni petit-fils d'Ara le Beau, roi d'Arménie, vaincu
nive, la grande ville, combattit contre Arpha par Sémiramis, suivant le récit du syrien Mar
acgd et le vainquit. abbas-Gadina, conservé par Moïse de Chorè
Après sa victoire sur Arphaxad, Nabou me. « Ce prince fut, » dit-il, « surnommé Sos
cadr-atzer somme tous les peuples ses voisins qui en arménien signifie cyprès, parce qu'il
de se soumettre à sa loi ; tous repoussent le avait été sacré au pied des cyprès jadis plan
joug qu'on veut leur imposer, et se liguent tés par Armenag, fils de Haïk, chef de la pre
çontre le roi d'Assyrie. mière dynastie des rois d'Arménie, à Armavir,
Ch. II, y. 1. — Dans la treizième année du l'antique capitale de l'Arménie. »
roi Nabuchodonosor, le vingt-deuxième jour Le nom Saos-dou-khin signifierait le gra
du premier mois, en la maison de Nabucho cieux cyprès, et nous adoptons pleinement
donosor, roi des Assyriens, il fut dit qu'il cette explication.
Nous conserverons donc au nom entier la
se défendrait.
forme Saos-dou-khin. Le règne de ce prince
Ce fut alors que la conduite de la guerre reste vide, et nous ne connaissons aucun évé
fut confiée à Holopherne, qui vint périr sous nement important à y rapporter; passons
les murailles de Béthulie, des mains de l'hé donc au règne de son prédécesseur.
roïque Judith. -
ART. VI.— Règne d'Assaradon.— Interrègne
Examinons tousces passages : L'Arphaxad du, de huit ans, de 680 à 688. — Ses causes.—
Lirre de Judith n'est autre que le Phraortes Renseignements fournis par l'Ecriture sur
d'Hérodote, cela a été établi bien avant nous, et Assaradon et par Josèphe. — Il est le même
nous n'avons pu que reproduire !'argumenta que l'Asidin de Babylone. — Sa vraie pro
tion à l'aide de laquelle cette identification a été nonciation est Asar-hadon. -

constatée. Or Phraortes est mort en 635. Le Na Le prédécesseur de Saos-dou-khin porte


buchodonosor, qui l'a vaincu et qui l'a fait dans le Canon de Ptolémée le nom 'Azat tô- '.
périr, était dans la douzième année de son »òs (Asaridinos, Ms. de Paris, 2399), ou d'Iax
règne ; c'est Khin-âl-adan qui a vaincu pt»âtvös, (Isarindinos, copie conservée par
Phraortes. Khin-âl-adan est monté sur le trône GEoRGEs le Syncelle) ; dans toutes les copies
en 647. De 647 à 635, il y a tout justement le nombre de ses années de règne est de treize.
les douze ans dont parle le Livre de Judith. Saos-douk-hin étant monté sur le trône en
Encore une coïncidence qui ne peut être un 667, c'est en 680 qu'Asaridin ou Isarindin a
simple effet du hasard. Hâtons-nous de con pris la couronne. Son avénement avait été
clure de là que les faits historiques consignés récédé d'un interrègne de huit ans pendant
dans le Livre de Judith sont tout aussi dignes esquels le trône de Babylone resta vacant.
de foi que ceux que nous tirons des autres Cet interrègne a donc commencé en 688 et
livres de l'Ecriture. Concluons, en outre, que n'a fini qu'en 680. Nous allons chercher à
le Khin-âl-adan du Canon de Ptolémée a nous rendre compte des causes qui ont pu
porté également le nom de Nabou-cadr-atzer, amener un interrègne aussi long.
et que c'est par une erreur que l'Art de véri Mais d'abord commençons par rassembler,
fier les dates identifie le Nabuchodonosor du pour les discuter un à un, tous les passages
Livre de Judith avecle Saos-dou-khin du Ca de l'Ecriture qui concernent directement le
non de Ptolémée. roi de Ninive Asarhaddon, fils de Senna
Il ne nous reste plus qu'à chercher la vé kherib, et ceux que les commentateurs ont
245 CHR DICTI0NNAIRE CHR 244

essayé de lui rattacher, en supposant que ce par deux personnages distincts qui néan
monarque avait été désigné par les histo moins portaient le même nom : cela n'est pas
riens sacrés sous plusieurs noms entièrement impossible sans doute, mais il n'y a rien de
différents. bien vraisemblable.
Nous lisons dans le II* Livre des Rois Josèphe, grâce à un fragment de Bérose
(ch. xIx).—37.Sennacherib, roi des Assyriens, 'il cite, est un peu pſus précis sur le compte
s'en retourna et établit sa demeure à Ninive.— es événements qui suivirent la mort de
37. Et lorsqu'il adorait Nesroch, son dieu, ses Sennakhérib. Il nous apprend (Antiq. Ju
deux fils, Adramelech et Saraser le fappèrent daic. X, 1, 5), que peu de temps après son
du glaive et s'enfuirent dans le pays d'Armé retour à Ninive, le roi d'Assyrie fut victime
nie, et Asarhaddon, son fils, régna à sa place. d'un complot tramé par ses deux fils aînés
Les versets 37 et 38 du chapitre xxxvII Adramelech et Saraser; qu'il fut inhumé dans
d'Isaie répètent à peu près mot pour mot son propre temple qu'on † Arasca(57);
ee que contiennent les deux versets précé que les deux assassins, chassés par la po
dents; seulement au lieu de dans le pays pulation indignée de leur parricide, furent
d'Arménie, nous lisons : dans le pays d'A- contraints de se réfugier en Arménie, et que
7"araf. le successeur de Sennakhérib ut Assara
Le chapitre xxxII du II° Livre des Chro choddas ( Aazup «zôôôz;). De ce passage il ré
niques (verset 21 ) dit seulement de Sen sulte évidemment qu'après le meurtre de
nakhérib : Et il retourna honteusement en Sennakhérib il y eut à Ninive une révolution
son royaume, et lorsqu'il fut entré dans le qui chassa les meurtriers et qui fit passer la
temple de son dieu, ses enfants, qui étaient couronne sur la tête de leur frère puîné
sortis de lui, le frappèrent du glaive. Asarhaddon. Si celui-ci n'avait alors que
Enfin nous lisons dans le Livre de Tobie vingt ou vingt-cinq ans, ce qui est très-pos
(I, 24), que Sennakhérib fut tué par ses fils sible, son règne de quarante-six ans n'a rien
quarante-cinq jours après son retour à Ni que de très-vraisemblable. Il serait donc le
nive : Après quarante-cinq jours les fils du même personnage que l'Asaridin ou Isarindin,
roi tuèrent leur père. roi de Babylone.
Ajoutons à ces passages un verset d'Esdras Voyons maintenant ce que nous révèle au
dont nous nous occuperons un peu phus tard. premier coup d'œil le Canon de Ptolémée
Et voilà tout ce qui, dans l'Ecriture, touche † il s'agit † le laps de temps
de près ou de loin le roi Asarhaddon. Ce coulé entre la révolution qui suivit la mort
prince était fils de Sennakhérib; ses deux de Sennakhérib et l'avénement d'Isarindin,
frères, Adramelech et Sarazer, assassinèrent c'est-à-dire entre les années 713 et 680.
leur père dans le temple de Nesroch , le Nous l'avons déjà dit, le règne de ce prince
quarante-cinquième jour après son entrée à fut † d'un interrègne de huit ans, pré
Ninive, au retour de l'expédition fatale dans cédé lui-même de quatre règnes successifs
laquelle il avait perdu presque toute son ar qui durèrent quatre ans, un an, six ans et
mée. Les meurtriers furent alors obligés de trois ans, puis d'un autre interrègne de deux
chercher un refuge en Arménie dans le pays ans, puis enfin d'un règne de cinq ans ;
d'Ararat, et la couronne resta à Asarhaddon. c'est-à-dire qu'en trente - trois ans nous
Hors de ces faits l'Ecriture ne nous donne trouvons cinq règnes, deux interrègnes en
pas un seul renseignement précis sur le rè tremêlés, plus quatre ans du règne du Mé
gne d'Asarhaddon. rodak-Baladan de l'Ecriture.
Remarquons en passant que l'expédition Personne , nous le croyons, ne sera tenté
de Sennakhérib eut lieu dans la quatorzieme de reconnaître dans une semblable série de
année du règne d'Ezéchias, ainsi que nous règnes et d'interrègnes le moindre indice
le constaterons amplement un peu plus loin. d'une successibilité légitime. Il est au con
Cette quatorzième année tombe en 713; c'est traire de toute évidence qu'un pays qui a
donc en 713 ou 712 que Sennakhérib fut présenté de pareils changements de gouver
assassiné par ses deux fils Adramelech et nement, en si grand nombre et en si peu
Saraser et qu'Asarhaddon, frère de ceux-ci, d'années, a été un pays à l'état permanent de
EmOnta sur le trône. révolution pendant une trentaine d'années :
Comme il s'agit d'établir l'identité du roi ue le roi de Ninive Assarhaddon ait profité
de Ninive, Asarhaddon, avec le roi de Baby 'une crise anarchique qui durait depuis huit
lone, Asaridin ou Isarindin, il importe de années pour s'emparer de la Babylonie, rien
bien fixer les dates. Celui-ci a régné à Ba n'est plus naturel et plus vraisemblable; il ne
bylone de 680 à 667. Asarhaddon a dû com fallait pour réussir, dans une semblable en
mencer à régner à Ninive en 713; or de 713 à treprise , que de l'adresse et de l'énergie. Il
667 il n'y a que quarante-six ans, et iln'y a ab n'était pas nécessaire pour cela d'être un grand
solument rién d'extraordinaire à ce qu'un sou
Veraln 8lit # quarante-six ans le trône ;
conquérant, comme le suppose à tort Fréret,
† ne veut pas admettre qu'il y ait identité
en revanche, il serait bien plus étrange que e personne entre l'Assarhaddon de l'Ecriture
les deux trônes de Ninive'et de Babylone et l'Assaradin du Canon de Ptolémée. Du
eussent été occupés presque en même temps reste l'argumentation à l'aide de laquelle

(57) Ce mot Arasca ne contiendrait-il pas par le rensºignement fourni par Josèphe sur le lieu où
ard le mot AVcsroch, altéré? S'il en était ainsi, Sennakhérib fut enterré serait peu digne de foi.
245 CHR DES ANTIQUITEs BIBLIQUES. { HR 246

Fréretconteste cette identification est fort peu est si vrai que les Mèdes seuls ne purent rien
persuasive : on va en juger. contre elle, et qu'ils ne réussirent à renverser
De ce que Mérodach-Baladan, roi de Baby le colosse ninivite qu'en escomptant la trahi
lone, envoya, dit-il, une ambassade à Ezé son du satrape de Babylone. Cette trahison
chias après la retraite de Sennakhérib, ou d'ailleurs implique forcément, ainsi que nous
même durant son expédition, on doit con venons de le dire tout à l'heure, une conquête
clure que le roi de Babylone était indépen antérieure de Babylone par un roi assyrien
dant du roi de Ninive. de Ninive. Ce roi, c'est Assarhaddon que les
Qui songe à le nier? Il est bien certain que astronomes chaldéens de Babylone ont ins
depuis l'usurpation de Nabonassar les deux crit au canon de leurs rois, en ne lui attri
royaumes de Ninive et de Babylone vivaient buant pour règne que les années pendant les
côte à côte mais sans dépendance l'un de quelles il est resté maître de leur ville après
l'autre, et très-probablement en état perma en avoir opéré la conquête. On voit qu'il
nent, sinon d'hostilité du moins de méfiance n'est pas difficile de combattre les raisonne
et d'inimitié mutuelle. Les souverains de Ni ments de Fréret sur ce point; mais le savant
nive en effet devaient se considérer comme académicien tenait à faire de l'Assarhaddon de
les héritiers légitimes de la puissance assy l'Ecriture un Sardanapale, fils d'Anakynda
rienne ; pour eux les rois de Babylone, hé rax, dont l'armée d'Alexandre vit le tombeau
ritiers de la puissance usurpée par Nabonas en Cilicie près d'Anchiale peu de jours avant ,
sar, ne pouvaient être que des usurpateurs et la bataille d'Issus. Après le meurtre de Sen
des rebelles qui avaient lésé leurs droits. Il nakhérib , suivant Fréret , la guerre civile
est donc tout naturel qu'au moment où une éclata ; les deux frères, meurtriers de leur
révolution venait de faire périr le souverain père, furent expulsés de Ninive et la cou
Ninivite sous le poignard de ses propres fils, ronne fut placée sur la tête de leur jeune
Mérodach-Baladan, roi de Babylone, proposât frère Assarhaddon ; puis le parti opposé .
aü roi de Juda une alliance offensive et défen l'emportant à son tour, Assarhaddon s'en alla
sive en lui offrant son amitié; car c'était le en exil, où il mourut dans un âge très-avancé.
moyen le plus simple de se créer un auxi Ici encore, Fréret oublie de nous expliquer
liaire† croyait puissant contre un ennemi pourquoi les partisans d'Adramelech et de
détesté, qu'une affreuse révolution venait Sarasèr, lorsqu'ils furent parvenus à renver,
d'affaiblir et d'ébranler. Sans doute le roi de ser la faction d'Assarhaddon, ne songèrent
Babylone était indépendant du roi de Ninive; pas à rappeler de leur exil les deux princes
mais en quoi cela prouve-t-il qu'Assarhaddon, pour lesquels ils avaient combattu , et pour
roi de Ninive, ne sût pas profiter à son tour quoi ils imaginèrent de mettre sur le trône un
des révolutions qui assaillirent coup sur coup Ninus II, dont on ne P† préciser l'origine.
la Babylonie pendant trente années , pour en Tout ceci est appuyé sur un fragment de
effectuer la cônquête ? Je ne saurais le devi l'historien Castor, conservé par le Syncelle,
ner. Mérodach-Baladan eut le premier l'idée et dans lequel il est question d'un Sardana
de s'emparer de Ninive où régnait Assarhad pale prédécesseur de ce Ninus II, que Fréret
don, et ce fut au contraire Assarhaddon qui désire identifier avec Assarhaddon. Disons-le
réussit à s'emparer de Babylone lorsque nettement, toute cette théorie qui n'a pas
celle-ci eut été tiraillée et fatiguée par des se trouvé grâce devant les auteurs de l'Art de
cousses successives; il n'y a rien là que de vérifier les dates, ne doit pas plus nous tou
très-vraisemblable. D'ailleurs , pour qu'en cher, et il n'est pas possible de révoquer en
625 Nabou-pal-atzer devînt roi de Babylone, doute la réalité de la conquête de Babylone
de satrape qu'il était à la solde du roi de Ni opérée en 686 par Assarhaddon, fils de Sen
nive Khin-âl-adan , il fallait bien que Ninive nakhérib; de telle sorte que cet Assarhaddon
fût redevenue maîtresse de Babylone posté qui ne régna que treize ans à Babylone (de
rieurement à Mérodach-Baladan, roi indépen 680 à 667), doit être considéré comme ayant
dant de Babylone; qui donc reprit Babylone, occupé longtemps avant le trône de Ninive,
si ce n'est Assarhaddon ? et cela depuis la mort de son père Sen
Fréret ajoute que si le R. P. de Tournemine nakhérib, assassiné par ses deux fils aînés '
fait un conquérantd'Assarhaddon, c'estàtort, Adramelech et Saraser.
car, à partir de la mort de Sennakhérib , il C'est ici le lieu de revenir sur l'expédition
n'est plus fait mention de Ninive dans l'his guerrière dans laquelle le roi de Juda, Ma
toire des Juifs, d'où il faut conclure que c'était nassé, fut fait prisonnier. Rappclons-nous la
une puissance éteinte ; ce qui le prouve d'ail teneur du verset 11 du chapitre xxxIII du
leurs, suivant lui, c'est que les historiens pro livre II des Chroniques; il y est dit que
fanes montrent que Ninive n'était plus en les généraux de l'armée du roi d'Assyrie se
état de s'opposer aux Mèdes ni aux Babylo saisirent de la personne de Manassé, et
niens. Ceci n'est pas juste, car Fréret oublie qu'après l'avoir chargé de ſers, ils l'emme
la défaite sanglante d'Arphaxad constatée par nèrent à Babylone. -

le Livre de Judith aussi bien que par Hérodote C'est une armée du roi d'Assyrie , c'est-à-
qui s'est borné à modifier le nom du roi des dire de Ninive, qui entre en campagne, c'est
Mèdes en l'appelant Phraortes et qui a eu à Babylone que le captif est conduit par les
bien soin de constater en termes explicites vainqueurs : donc Babylone était alors au
† la Ninive ruinée, isolée et abandonnée † du roi d'Assyrie; cela est logique.
de ses anciens alliés, était pourtant encore la abylone est tombée sous la domination as
capitale d'un Etat puissant et redoutable. Cela syrienne en 680; c'est donc postérieurement
º,

247 CHR DlCTIONNAIRE CHR 248

à cette époque que la captivité de Manassé a époques très-rapprochées , si ce sont deux


eu lieu. Nous avons pour date de cet événe ersonnages § Je dis cela, parce que
ment, choisi le milieu du règne de ce prince, es uns ont vu dans Sargoun, SalmanaSar,
ce qui nous donne 671 ; mais cette date n'est d'autres Sennakhérib, d'autres Assarhaddon,
sûrement pas exacte; elle ne le serait que par d'autres enfin, comme Gesenius, un prince
un pur hasard, puisqu'elle n'est déterminée distinct, prédécesseur de Sennakhérib.
u'au hasard. D'ailleurs les auteurs de l'Art Examinons ces différents systèmes : Sar
e vérifier les dates, je ne sais sur quelle au goun reçoit le titre de roi d'Assour, donc il
torité, placent en 673 la captivité de Manassé. était souverain ninivite. L'époque de la con
Je suppose qu'ils n'ont dû faire que ce que quête d'Aschdod ou Azot n'est pas malheu
j'ai fait moi-même, c'est-à-dire qu'ils ont reusement fixée par d'autres passages de
† à tâtons une date fixe vers l'époque pro
able où le fait s'est accompli.
l'Ecriture ; car si nous lisons dans Amos
c. I, 1 : Paroles d'Amos, qui fut un des pas
Passons à l'examen de deux passages im teurs de Thécué, et qui eut des visions con
portants de l'Ecriture, passages dans lesquels tre Israèl, au temps d'Osias, roi de Juda,
certains commentateurs ont cherché des faits et de Jéroboam, fils de Joas, roi d'Israël,
relatifs au règne d'Assarhaddon. Le premier deux années avant le tremblement de terre. :
et le plus important est le chapitre xx d'Hsaie; et plus loin, verset 8 : J'exterminerai l'ha
én voici la traduction : bitant d'Azot et le prince d'Ascalon ; j'appe
1. Dans l'année de l'arrivée de Tartan à santirai ma main sur Accaron : rien ne peut
Aschdod, lorsque Sargoun , roi d'Assour, nous garantirque cette prophétie sur Aschdod
l'envoya, qu'il assiégea Aschdod et la con concerne précisément la prise de cette ville,
quit : consommée par Tartan, général du roi Sar
2. En ce temps, Jéhovah parla par l'inter OUlIl.
médiaire d'Isaie , fils d'Amos , savoir : Va, $ Nous trouvons en effet dans Sophonie,c. I, 1 :.
détache le cilice de dessus tes reins et dé Parole de Jéhovah à Sophonie, fils de Chusi,
chausse de ton pied la sandale. Il fit ainsi, alla fils de Godolias, fils d'Amarias, fils d'Ezé
nu et déchaussé. chias, aux jours de Josias, fils d'Amon, roi
3. Jéhovah dit : Comme mon serviteur de Juda.
Isaie va nu et déchaussé trois ans, signe et Puis au chapitre II, vers. 4 : Car Gaza sera.
pronostic pour l'Egypte et l'Ethiopie : détruite, et Ascalon va devenir déserte, Azot
' , 4. Ainsi le roi d'Assour emmènera les cap sera emmenée captive en plein jour, et Acca
tiſs de l'Egypte et les exilés de l'Ethiopie, ron sera déracinée
jeunes gens et vieiilards, nus et déchaussés, Voyons qu'elles sont les dates de ces deux
les reins découverts, honte pour l'Egypte ! prophètes : Ozias a régné sur Juda de 810 à
5. On se désespère, l'on a honte de l'Ethio 758; Jéroboam a régné sur Israël de 825 à
pie, en qui l'on s'est confié, et de l'Egypte 784. C'est donc dans l'intervalle de 810 à 784
dont on s'est vanté. commun aux deux règnes, qu'Amos a pro
6. Les habitants de cette plage diront en ce phétisé ; la date de la prophétie n'est pas
jour : Voilà cc qu'est devenu l'objet de notre même précisée par les mots : Deux ans avant
confiance, où nous nous sommes # le tremblement de terre : car si Zacharie
avoir du secours pournous sauver devant le roi (xIv, 5) parle de ce tremblement de terre ar
d'Assour ! Comment échapperons-nous nous rivé sous le règne d'Ozias, il n'en fixe nulle
mêmes ? ment l'année. Je ne puis donc deviner sur
Quelle est cette année de la prise d'Asch quelle autorité une note que je trouve dans la
dod, par Tartan, général du roi d'Assyrie ? Bible de Sacy (éd. de 1759) marque que ce
Qui est ce Sargoun, roi d'Assyrie, qui ne se tremblement de terre arriva dans la vingt
trouve mentionné que là ? Voilà une double troisième année du règne d'Ozias. Tout ce
question qui a vivement préoccupé les com que nous pouvons affirmer, c'est qu'Amos a
mentateurs, et qui court le risque de rester prophétisé entre 840 et 784 :
longtemps sans solution définitive.Nous nous Passons à Sophonie : il a prophétisé sous
bornerons, pour notre compte, à réunir tous Josias, fils d'Amon, lequel a régné de 641 à
les renseignements possibles sur ce point, 610. Il y a donc au moins 143 ans entre les
mais nous nous garderons bien de trancher deux prophéties d'Amos et de Sophonie, et
la diſficulté. il est assez difficile de croire que la ruine
Remarquons d'abord que le général en d'Aschdod annoncée par les deux prophètes,
chef de l'armée de Sargoun est nommé Tar constitue un seul et même événement; c'est
tan, ſnºn. Or, dans le II° Livre des Rois par conséquent avec raison que j'avançais
(xviIi, 17), nous lisons:Le roi d'Assour (c'est tout à l'heure qu'il n'était pas possible de dé
Sennakhérib, ainsi que le constate le verset duire de leur narration de la prise d'Aschdod
13) envoya de Lachis, Tartan, le chef des eu une date même approximative pour l'expédi
nuques, le chef des Sakes, vers le roi Ezéchias tion de Sargoun.
à Jerusalem , avec une puissante armée , etc. Isaïe a prophétisé sous Osias, Joatham,
Ceci eut lieu vers 713. Achaz et Ezéchias, et ces quatre rois ont oc
Donc Tartan était général en chef de l'ar cupé le trône de Juda de 819 à 698; nous ne
mée de Sennakhérib, comme il était général pouvons donc absolument rien déduire de là
en chef de l'armée de Sargoun. On ne peut pour fixer l'époque de Sargoun, et nous ne
conclure de cela qu'une seule chose, c'est sommes en droit d'avancer q'une chose, c'est
quo Sargoun et Sennakhérib ont vécu à des que la prophétie contenue dans le chan. xx
249 CHR DES ANTIQUITES BlBLlQUES. CilR 250

d'Isaïe, est antérieure à 713, année dans la parmi les rois d'Assyrie, Sargoun qui oc
quelle Tartan vint de la part de Sennakhérib cupait le trône vers 716.
sommer Ezéchias de se rendre. Gesenius s'exprime ainsi sur le nom de ce
Le verset 3 nous apprend que par l'ordre de roi : « En persan on écrit... chef de la beauté;
Jéhovah, Isaïe parut trois ans nu et déchaus à la seconde syllabe on peut aussi comparer
sé, pour annoncer la défaite des Egyptiens et le sanscrit GoUNA, vertu, force, sagesse. »
des Ethiopiens; c'est en 713 que Sennakhé (BoHLEN. Observat. mss.) Puis il ajoute encore
rib marcha contre Tharaka leur roi. C'est en cette autre explication : AzER, ſeu, seigneur,
713 que Tartan fut chargé de reprocher à roi : de là roi du feu, c'est-à-dire honorant
Ezéchias la confiance qu'il avait mise dans le feu. » J'aime mieux me contenter de l'or
l'appui de Tharaka et de lui annoncer qu'il en thographe déjà consacrée Sar-goun, que d'ac
serait puni : ce serait donc au moins trois ans cepter ou d'appuyer l'une ou l'autre de ces
avant, c'est-à-dire en 7 16, qu'Isaïe aurait pro explications qui sont loin de me satisfaire.
phétisé. Dès lors Sargoun était roi d'Assyrie Il nous reste encore une question du même
en 716. Cette date, je me hâte de le dire, n'a genre à examiner; c'est celle qui concerne
rien de précis. Le seul point constaté, ce me le personnage nommé Asnaphar ou Asnafar.
semble, c'est que Sargoun ne peut être con Nous lisons dans le I" Livre d'Esdras (ch. Iv),
fondu avec Assarhaddon, qui n'a régné que que les ennemis de Juda et de † ayant
depuis le meurtre de Sennakhérib, son père, appris que les Juifs, au retour de la captivité,
c'est-à-dire depuis 712. rebâtissaient le temple, réclamèrent le droit
S'il est possible de démontrer ainsi qu'il de participer à cette reconstruction.
faut distinguer Sargoun d'Assarhaddon, il ne 2. Et s'approchant de Zorobabel, et des
l'est plus de faire voir de même que Sargoun princes, des vieillards, ils leur dirent : Bâtis
n'est ni Sennakhérib ni Salmanassar. C'est là sons ensemble, parce que, comme vous, nous
llIl º qui sera toujours contestable et con cherchons votre Dieu, à qui nous avons im -
tCSté.
molédesvictimes depuis les jours d'Assar-had
Je dois dire ici que j'ai souvent pensé que don, qui nous a conduits ici.
le Sargoun d'Isaïe pourrait bien être l'Arkéan Zorobabel et le peuple s'y refusèrent; alors
du Canon de Ptolémée ; mais Arkéan a régné les réclamants firent tous leurs efforts pour
cinq ans, de 709 à 704, et ces dates ne peuvent entraver l'édification du temple; ces dissen
s'accorder avec celle de 716 que nous venons sions durèrent jusqu'au règne d'Artakchachta
de déterminer tout à l'heure. D'ailleurs Ar (Artaxerxès Longue-Main). A cette époque,
kéan était roi de Babylone, et non roi d'As une supplique fut adressée au roi des rois
sour, et il n'y aucune apparence qu'un roi ba our obtenir qu'il forçât les Juifs de renoncer
bylonien, compris entre Mérodach-Baladan et à reconstruire Jérusalem Cette supplique
Assarhaddon, soit jamais parvenu à conquérir était écrite au nom des peuples transportés
l'empire ninivite. Nous avons montré qu'il y jadis dans le pays, et dont l'énumération rem
avait au contraire tout lieu de croire que depuis plit le verset 9. Le verset 10 est ainsi conçu :
Mérodach-Baladan, la puissance babylonienne Et les autres nations que le grand et glo
avait été constamment en décroissant, de ré rieux Asnaphar a transportées, et à qui il a
volution en révolution, jusqu'au jour où elle donné d'habiter en paix (59) les villes de Sa
fut assez exténuée pour qu'Assarhaddon pût marie, et toutes les contrées au delà du fleuve.
lui porter le dernier coup et absorber la Baby Dans le texte primitif nous lisons N"p" Nan
lonie dans le vaste empire assyrien. •E:cN : ce qui signifie Asnaphar, grand et ho
Quant à identifier Sargoun avec Salmanas moré. Ces titres sont-ils assez pompeux pour
sar, ou avec Sennakhérib (58), cela paraît désigner un roi d'Assyrie, en parlant à celui
bien diſficile. Ces trois noms sont parfaitement qui se trouvait sur leur trône?Nous nous per
différents, et il n'y a aucune bonne raison mettrons de n'en rien croire.
d'en appliquer deux quelconques à un seul D'ailleurs, au verset 2, quand on parle d'A-
et même prince. Nous nous rangeons donc, sarhaddon, on a le soin de le qualifier de roi
faute de mieux, à l'opinion de Gesenius, et d'Assyrie. L'absence de cé titre, quand il
nous croyons qu'en réalité Sargoun fut un roi s'agit d'Asnaphar ou d'Asanaphar, suffit, je
d'Assyrie, distinct de Salmanassar et de Sen crois, pour prouver que ce personnage n'a
nakhérib, dont le règne doit être intercalé été que le chef de l'émigration passée en Is
entre ceux de ces deux monarques. raél, par ordre de Salmanassar. Cahen a jugé
Sennakhérib était fils de Salmanassar, nous la question dans ce sens, car il se borne à dire :
le savons de science certaine; peut-être Sar « -e:pN, Asnaphar, nom d'un satrape.» (Nole
goun fut-il le fils aîné et le premier succes au verset 10 du chapitre Iv d'Esdras.)
seur de Salmanassar; alors il n'eut qu'un règne Ainsi tombent d'elles-mêmes, devant l'hy
de courte durée, et lorsque Sennakhérib mon pothèse la plus simple et la plus naturelle,
ta sur le trône, il put laisser aux mains de toutes les suppositions qui avaient été faites
Tartan l'autorité militaire que son frère aîné sur le compte d'Asnaphar. Ce n'est pas Salma
lui avait conférée. Nous admettrons donc, nassar, comme l'ont pensé quelques commen
(58) Cette dernière opinion est celle dcs auteurs devient alors le n final, indice presque assuré de la
de l'Art de vérifier les dates. présence d'un substantif féminin ? Cahen ajoute .
(59) Le sens de l'expressionºcy>1 traduit par in « D'autres prennent aussi ce mot p ur un nom de
pace, nous paraît laisser lbeaucoup à désirer. Les peuple ; nous proposons tout simplement de lire
rabbins ne sont pas d'accord eux-mêmes sur ce mot. n:y->" , et selon la concession qui leur fut faitc des
Cahen le lit commc, r>, ": ainsi, comme il suit. Que loualités à habiter. »
25l CI1R DICTIONNAIRF, CHR 252

tateurs, ni Assarhaddon, comme l'avancent les nom à physionomie arienne, que j'écrirai
auteurs de l'Art de vérifier les dates. Aparanadis.
Fréret, en proposant le premier ce rappro Le prédécesseur d'Aparanadis a régné trois
chement de personnages, en avait conclu ans, de 702 à 699. Il est nommé Bi)t6os (Bi
que tous les noms des souverains assyriens libos, Ms. de Paris), Bº)t0oç, Bi)n02s ou Bâ)n-
étaient différents pour les Chaldéens et pour Xoç (Georges le Syncelle). Comme il est fort
les Persans. Que les noms subissent des mo possible que ce nom ait eu la forme nN 5ya,
difications de prononciation en passant d'un Baal est avec lui, nous l'écrirons Bêl-ithou.
idiome dans un autre, il n'y a rien de plus Cette prononciation de la particule nN nous
naturel; mais qu'ils puissent être changés de est donnée par le premier vers punique du
cette façon que TTT-cN devienne -ExbN, nous Pœnulus de Plaute (It-alônim ou Alonouth,
aurons toujours beaucoup de peine à le etC.).
croire. Avant Bêl-ithou, le trône de Babylone est
Quant à la forme régulière du nom d'Asar resté vacant pendant deux années, de 704 à
hadoun, elle nous est fournie par l'Ecriture ; 702. Cet interrègne avait immédiatement
nous n'avons donc pas à nous en écarter, et suivi le règne d'un prince nommé 'Apxtxvàs
nous écrirons dorénavant Asar-hadoun, sans (Arkeanos) (Ms. de Paris et de George le
nous préoccuper de la signification de ce Syncelle), qui occupa cinq ans le trône,
nom ; nous nous bornerons à faire observer c'est-à-dire | de 709 à 704. Nous écrirons
que jrn signifie le jugement, et peut-être le son nom Arkean, sans chercher à l'expli
juge, le justicier. quer.
Règne de Mésisi-mérodeckh de 692 à 688 ART. VII. — Règne de Merodach-Baludan. --
avant J.-C. — Ireghé-bal, de 693 à 692, Sur la maladie d'Ezéchias.—Sur la défaite
— d'Aparanadis pendant six ans, de 699 à miraculeuse de Sennakhérib. — Merodach
692.—de Bélithon pendant trois ans, de 702 a régné douze ans de 721 à 709 avant Jé
d 999. — Interrègne de deux ans. — Règne sus-Christ. — Son vrai nom est Mérodach
d'Arkéan, cinq ans, de 709 à 704. Beladon.
A partir d'Asar-hadoun et jusqu'à Méro Nous voici parvenus à un point où l'Ecri
dach-Baladan, nous n'avons d'autres rensei ture sainte nous offrira encore de puissants
gnements sur l'empire de Babylone que secours pour établir la date des faits histori
ceux qui nous sont fournis par le Canon de † qui concernent les différents empires
Ptolémée. Heureusement ces renseignements ont nous avons entrepris d'éclaircir la chro
sont tout à fait dignes de confiance, et nous nologie.
pouvons les inscrire sans scrupule à notre Nouslisons dans le II* Livre des Rois (xx,12):
tableau chronologique. En ce temps-là, Berodach-Baladan fils de Bala
Avant Asar-hadoun, il y eut à Babylone dan, roi des Babyloniens, envoya des lettres
un interrègne de huit ans, au bout desquels et des présents à Ezéchias : car il avait ap
eut lieu l'asservissement de cette ville. Cet in pris qu'Ezéchias était malade.
terrègne a donc duré de 680 à 688. Le même fait se trouve consigné dans Isaie
Il avait suivi le règne d'un prince qui oc (xxxIx, 1) : En ce temps-là, Merodach-Bala
cupa le trône pendant quatre années, et que dan, fils de Baladan, roi de Babylone, en
le Canon appelle Msanatgzgôazà:, Mesisimos voya des lettres et des présents à Ezéchias :
dakos. (Mss. de Paris et copie de Georges le car il avait appris qu'il était malade et qu'il
Syncelle.) La fin de ce nom contient évidem avait recouvré la santé. -

ment le nom divin Mérodach; mais que si Il nous importe d'abord de fixer la date à
gnifie la première partie? nous l'ignorons. peu près certaine de la maladie d'Ezéchias,
Contentons-nous de rappeler qu'en égyptien † de là nous déduirons celle de l'am
Mec-éci signifierait fils d'Isis. Ce prince était assade envoyée par Mérodach-Baladan, Re
il fils d'une mère égyptienne ? Etait-il lui lisons le chap. xx du II" Livre des Rois, nous
même Egyptien? Voilà des questions qu'il y voyons qu'Ezéchias tomba très-dangereu
ne faut pas tenter de résoudre. Quoi qu'il en sement malade, et qu'Isaïe vint, au nom de
soit, nous écrirons Mesisi-merodakh, ét nous Dieu, lui annoncer sa mort prochaine.Alors
#erons son règne entre les années 692 et Ezéchias implora l'Eternel qui écouta sa prière
et lui fit savoir aussitôt, par le même Isaïe,
Avant lui le trône de Babylone fut occupé qu'il allait le guérir.
pendant un an (693-692), par un prince nom J'ajouterai quinze ans à tes jours, je te pré
Iné par le Canon 'P»yi6n)o;, Regebelos (Ms. serverai, ainsi que ta ville, de la main du roi
de Paris), ou'Iolyſ6a)os, 'Ipa7i6a)oe et 'Ipsyi6a)- d'Assour, etc., etc. (v. 6). Isaïe (loc. cit.) ré
2°s (Georges le Syncelle), du radical yin quie pète exactement la même chose. -

vit, vient la forme yx-n, quietum reddidit, Ce peu de paroles nous suffit pour établir
collocavit. Il est donc possible que la vraie la date de la maladie d'Ezéchias. Elle eut lieu
forme de ce nom soit bya (!)y:Tn, Baal lui quinze ans avant la mort de ce roi. De plus,
##ºnne le repos. Nous l'écrirons Ireghé cette maladie eut nécessairement lieu avant
la catastrophe qui frappa l'armée de Senna
Il a été précédé sur le trône par un khérib et qui sauva Jérusalem. -

prince nommé 'Arxp xváôto; (Aparanadios C'est dans la quatorzième année d'Ezéchias
Ms. de Paris), 'Argpz» 3 ao; (Georges le que Sennakhérib vint attaquer la Judée (l !
Syncelle), qui a régné six ans, de 699 à 693. Rois, xvIII, 13). Ezéchias se soumit à payer
Je renonce à chercher une explication de ce un tribut et se délivra provisoirement ainst
255 CHR DES ANTIQUITES BIBLIQUES. CHR 254

de son puissant ennemi, mais il fit au plus vite Saks de leur parler en langue araméenne,
un traité d'aillance offensive et défensive pour que leurs paroles ne pussent être com
avec les Egyptiens, et Sennakhérib revint à la rises de la opulation juive rassemblée sur
charge, la menace à la bouche. Il passa d'a- es murailles de la ville. Mais le chef assyrien,
bord en Judée pour aller , combattre Ta élevant la voix et parlant en langue judaïque,
rhaka, roi de Couch (u - rpn-n), puis interpella directement le peuple, lui annonça
il revint vers Jérusalem. Cé fut alors que que tout espoir de résistance était vain, que
la main de Dieu le frappa, et lui tua en une leur roi Ezéchias les trompait en leur pro
seule nuit cent quatre-vingt-cinq mille sol mettant le salut, et que le seul parti sage
dats. Après ce désastre Sennakhérib regagna qu'il leur restât à prendre était de se rendre
ignominieusement Ninive où il fut assassiné à discrétion, et d'attendre qu'il vînt les enle
très-peu de temps après. Tous ces détails ver pour les conduire dans un autre pays,
sont consignés au II° Livre des Rois et dans plus heureux que celui qu'ils habitaient. Le
Isaïe. Examinons-les sous le point de vue peuple ne répondit pas à ces étranges propo
chronologique. sitions, et les émissaires d'Ezéchias revinrent
Ezéchias est monté sur le trône à l'âge de auprès de leur maître pour lui apporter les
vingt-cinq ans, et il a régné v§t neuf 8IlS menaces des Assyriens. Ezéchias courut
à Jérusalem (Ibid., 2), de 727 à 743. La quin aussitôt au temple invoquer l'Eternel , et
zième année avant sa mort est l'année de sa s'efforça de désarmer sa colère.
maladie, selon la prophétie d'Isaïe; c'est donc C'est alors qu'Isaïe, inspiré de l'esprit de
en l'année 713 qu'eut lieu la maladie d'Ezé Dieu, envoya ces paroles solennelles à Ezé
chias. D'un autre côté, c'est dans la qua chias : N'aie pas peur des paroles par lesquel
torzième année d'Ezéchias que Sennakhérib les les valets du roi d'Assyrie ont blasphémé
le contraignit à lui payer un tribut, cette qua Dieu. Ce roi apprendra bientôt une nouvelle
torzième année est encore l'année 713. C'est qui le féra périr; il retournera dans son pays,
donc forcément dans l'intervalle d'une même et il périra par le glaive (xIx, 7). Les parle
année que se passèrent ces différents événe mentaires étaient retournés auprès de Senna
LnentS. khérib qui avait quitté Lakhich et qui assié
Voici comment je crois devoir les classer. geait Libna, pour lui rendre compte de leur
Ezéchias, dans la quatorzième année de son mission. Là ]e roi d'Assyrie apprit que le roi
règne, avait laissé percer quelques idées d'in d'Ethiopie Tarhaka marchait contre lui, et il
dépendance, comprimées par la terreur que se prépara à le combattre, après avoir renou
lui avait inspirée, huit ans avant, l'anéantis velé par lettres ses menaces à Ezéchias. Isaïe
sement du royaume d'Israël. Sennakhérib se § de nouveau, et prédit que le roi
mit aussitôt en campagne comme pour punir d'Assyrie , n'entrerait pas dans Jérusalem,
un vassal , dès lors, très-probablement, Ezé qu'il n'y lancerait pas une flèche, qu'il ne se
chias était en pouparlers avec le roi d'Egypte présenterait pas devant elle avec un bouclier,
et d'Ethiopie Tarahaka. A l'arrivée de l'ar et qu'il ne dresserait pas de remparts contre
mée assyrienne, Ezéchias dut se soumettre ; elle. Alors commença la campagne de Senna
il envoya dire au roi d'Assour : J'ai fait une khérib contre l'Egypte, et ce fut à ce moment
faute, retire-toi de moi; ce que tu m'imposeras, même qu'Ezéchias tomba dangereusement
je le paierai (xxvIII, 14). Un tribut de guerre malade, que l'Eternel lui accorda sa guéri
de 300 kikars d'argent et de 30 kikars d'or son et lui annonça, toujours † voix d'Isaïe,
fut imposé, et il fut payé grâce à la spoliation qu'il vivrait quinze ans de plus, et qu'il serait
du trésor du temple. Combien de temps dura sauvé avec sa capitale de la puissance assy
la soumission apparente d'Ezéchias? l'Ecri rienne.
ture ne le dit pas, mais elle en dit assez pour Tout ceci se passa sûrement en 713, c'est
nous apprendre qu'elle ne fut que de courte à-dire dans l'espace de quelques mois. Com
durée. Les négociations du roi de Juda avec bien de temps § l'expédition contre Tarr
le roi d'Egypte furent mal dissimulées, et le haka ? Nous l'ignorons, mais à coup sûr, elle
roi d'Assyrie rentra en campagne, décidé à dut prendre un peu de temps. L'Ecriture ne
marcher tout d'abord au plus pressé, et à en dit pas en quel lieu périt l'armée de Senna
finir avec la puissance à laquelle Ezéchias khérib, et de plus Hérodote et Josèphe nous
avait fait appel contre lui. L'armée de Senna ont conservé des documents contradictoires
khérib était arrêtée devant Lakhich, ville de sur ce fait.
la tribu de Juda. Tartan, le chef des eunu Les prêtres égyptiens racontèrent à Héro
ques et le chef des saks, qui commandait dote (liv. II, c. 14l) que Sethos, prêtre de
très - probabiement la cavalerie auxiliaire Vulcain, était roi d'Egypte, lorsque Senna
formée d'enfants de la race des Scythes, dès khérib, roi des Arabes et des Assyriens, vint
alors, comme sous Nabou-cadr-atzer, furent fondre sur ses Etats. Ses soldats l'abandon
envoyés en parlementaires devant les murs nèrent, il implora la protection de son Dieu,
de Jérusalem. Eliakin, fils d'Ezéchias, préposé qui lui promit en songe de le secourir. Ras
du palais, et Joas, fils d'Assaph, le chancelier, semblant en hâte une armée composée de
allèrent au devant des chefs assyriens avec marchands, d'artisans et de gens de la lie du
lesquels ils entamèrent un colloque en lan † le roi d'Egypte vint camper devant
gue hébraïque, dans lequel il leur fut aigre eluse, qui est la clef de l'Egypte, en face
ment reproché de machiner avec les Egyp de l'ennemi. Là, Vulcain envoya dans le camp
tiens une alliance qui allait les perdre. Les des Assyriens une innombrable multitude de
envoyés d'Ezéchias prièrent alors le chef des rats qui rongèrent en un m9ment carquois,
255 CHR DlCT10NNAlRE CHIv 256

arcs et courroies de boucliers, de telle sorte en 712. — Son véritable nom est San-khérib.
que le lendemain l'armée assyrienne, se trou- . Passons maintenant à un règne important,
vant désarinée, fut obligée de prendre la celui de Sennakhérib. Nous avons rapporté
fuite. Presque tous les soldats périrent dans plus haut tous les passages de l'Ecriture.
la retraite. sainte qui parlent de son assassinat. Complé
Suivant ce récit, ce serait en Egypte et de tons l'ensemble des textes sacrés relatifs à
vant Peluse que se passa le fait, quel qu'il l'histoire de ce prince.
soit, qui força § de se retirer. Nous lisons dans le II° livre des Rois
Dans tous les cas, il faut en conclure avec (xvIII, 13) : L'an 14 du règne d'Ezéchias,
Larcher, traducteur d'Hérodote, que Peluse Sennachérib, roi des Assyriens, attaqua toutes
n'est pas autre chose que la Libna de l'Ecriture. les villes fortifiées de Juda, et s'en empara.
Nous verrons un peu plus loin que Josè Ce fut alors qu'Ezéchias fut, ainsi que
phe, d'après Bérose, place cette effroyable nous l'avons dit, astreint à payer un tribut
scène de mort sous les murs de Jérusalem. énorme au roi d'Assyrie. Ou les villes assié
Nous reviendrons sur ce fait important. gées ouvrirent leurs portes au conquérant
Si Sennakhérib n'était encore qu'à Peluse, sans coup férir, ou la campagne dut être
c'est-à-dire qu'au début de sa campagne con assez longue, puisque toutes les places for
tre l'Egypte, la destruction miraculeuse de tes du royaume de Juda furent prises suc
son armée a pu avoir lieu en 713, ou plus pro cessivement. De ces deux hypothèses, nous
bablement en 712, pour ne pastrop resserrer avons déjà, par des appréciations de temps,
les événements. Sennakhérib, de retour à reconnu que la première seule était admis
Ninive, y périt très-peu de temps après ; c'est sible. Comme nous avons discuté et coordon
donc en 712 qu'il est mort assassiné, et qu'A- né tous les documents tirés de l'Ecriture
sar-hadoun est monté sur le trône de Ni sainte et relatifs à cette expédition de Senna
nive. Nous utiliserons cette date plus loin. khérib, il n'y a plus lieu d'y revenir ici.
Revenons à Mérodach-Baladan. -
Les Chroniques (II, xxxII) nous racontent
Nous venons de voir que l'Ecriture fixe à les mêmes faits en termes un peu plus pré
713 son ambassade vers Ezéchias. Passons cis que ceux du II" Livre des Rois, en ce qui
aux écrivains profanes. concerne certaines circonstances ; ainsi nous
,Josèphe (Ant. Jud., X, xI) se contente de lisons (v, 1): Sennakhérib, roi des Assy
dire qu'un roi de Babylone, nommé Baladas, riens, vint, et étant entré en Judée, il assié
envoya des ambassadeurs à Ezéchias, pour gea les villes fortifiées dans le dessein de
l'engager à conclure avec lui un traité d'ami s'en emparer... A la suite de ces faits, Sen
tié et de société; et il ajoute simplement au nakhérib, roi des Assyriens, envoya ses ser
paragraphe 2 du même chapitre, que Béro viteurs à Jérusalem ; car lui-même avec toute .
Se parle de ce Baladas. son armée assiégeait Lachis, etc.
Le Canon de Ptolémée nous donne pour Le roi d'Assyrie était donc bien arrêté par
prédécesseur d'Arkéan, un roi nommé Maoôo un siége en règle, et non simplement cam
ziuraôoç (Ms. de Paris), Mapôoziurzôoc ou Map pé en vue de la place de Lachis.
ôozeur&ôozo; (Mardokempados ou Mardokem J'ai tiré plus haut du récit des Chro
padocos, GEoRGES LE SYNCELLE). Ce prince a niques tout le parti que j'avais à en tirer
occupé le trône de Babylone pendant douze pour l'histoire de Sennakhérib.
ans, c'est-à-dire de 721 à 709. Il est donc La narration d'Isaie a également été pas
évident que le Mardokempad de Ptolémée est sée en revue.
le , même personnage que le Mérodakh-Ba Il ne me reste donc plus qu'à extraire du
ladan de l'Ecriture. Livre de Tobie tout ce qui a trait au roi
Nous avons discuté des le début de ce mé Sennakhérib. Nous y lisons (c. I) :
moire les éclipses de lune, qui fixent net 2. Tobie, ayant été emmené en captivité,
tement deux années du règne de Mérodakh sous Salmanassar, roi d'Assyrie, n'abandonna
Baladan; il est donc inutile d'y revenir ici, pas pour cela la voie de la vérité pendant la
autrement que pour rappeler que rien n'est captivité qu'il eut à subir. — 18. Après un
plus précis que les limites de ce règne. long espace de temps, le roi Salmanassar
Quant au nom réel de ce prince, l'Ecriture étant mort, Sennakhérib, son fils, régna à sa
nous offre deux variantes. Bérodakh-Bala place, et avait une grande haine pour les fils
dan et Mérodakh-Baladan, entre lesquelles il d'Israël.—21.Enfin,lorsque le roiSennakhérib
n'est pas permis d'hésiter, la seconde étant fut de retour, fuyant de la Judée, à cause de
évidemment la seule correcte, puisque nous la plaie dont Dieu le frappa pour ses blas
sºvons d'autre part que Mérodakh est le nom phèmes, dans sa colère il fit périr un grand
d'une divinité assyrienne. nombre des fils d'Israël, ct Tobie ensevelis
9n s'accorde à penser que le nom de Ba sait leurs corps.
ladan signifie Bél est son maitre. En ce cas, Instruit de ce fait, Sennakhérib donna l'or
Ce nom doit se prononcer Bél-adon. Nous dre de mettre Tobie à mort, mais celui-ci
écrirons donc ce nom avec l'orthographe Bél s'enſuit de Ninive et se cacha si bien qu'il sut
ºdon. L'Ecriture nous apprend que le père se soustraire au supplice qui lui était réservé.
de ce prince se nommait Bêl-adon comme Sa crainte ne fut pas de longue durée; car,
lui; nous en parlerons plus loin est-il dit au v. 25 : Après quarante-cinq jours,
ART. VIII. — Règne de Sennakhérib à Ninire. les fils du roi tuèrent leur père; ct Tobie re
- Extraits de l'Ecriture,-.-de Josèphe,—de tourna dans sa maison, et toute sa famille lui
Bérose, — de Moysc de Khorènc. Il meurt fut rendue. ;
257 CIllt DES AN'11QU11ES BlBLlQUES. CIIR 258

Nous voilà bien fixés sur le temps que dans son pays &rpaxtoç, sans avoir rien fait
Sennakhérib passa dans sa capitale, depuis Josèphe fait connaître la cause dé ce
son retour après la catastrophe de Peluse. prOmpt retour. Sennakhérib, dit-il, avait em .
Le quarante-cinquième Jour il tomba sous ployé beaucoup de temps au siége de Peluse ;
le poignard de ses propres fils, et ce tragi il en était venu néanmoins à parfaire les ou
que événement mit fin à la persécution des Vrages à l'aide desquels il pouvait tenter l'as
Juifs, puisqu'il fut permis à Tobie de quitter saut, lorsqu'il apprit que le roi d'Ethiopie .
son refuge et de rentrer dans ses foyers do Tharsicès (eapgtxns), à la tête d'une grande
mestiques. C'est donc en 712 que Sennakhé armée, accourait au secours des Egyptiens,
rib est mort, et que son fils Asar-Hadoun a avec le dessein de traverser le désert et d'en
pris la couronne, après l'expulsion de ses Vahir ainsi le territoire assyrien. Sennakhérib
deux frères aînés Adramélech et Saratzer. effrayé, s'empressa de lever le siége et de
Le verset 18 que nous avons transcrit plus dégager Peluse.
haut, exclut-il l'existence d'un règne inter Josèphe mentionne ensuite le récit d'Hé
médiaire à placer entre celui de Salmanassar rodote que nous avons nous-même rapporté
et celui de Sennakhérib? Je ne le pense pas. plus haut; mais il oppose à ce récit invrai
Le texte sacré se contente de dire que long Semblable celui de Bérose qui, après avoir
temps après la mort de Salmanassar, le trône raconté que Sennakhérib, roi d'Assyrie, fit la
d'Assyrie était occupé par son fils Sennakhérib. guerre à toute l'Asie et à l'Egypte, dit qu'au
Rien donc n'empêche d'admettre que Sen retour de son expédition en Egypte, il re
· nakhérib n'ait pas été le successeur immé trouva devant Jérusalem l'armée qu'il avait
Ciat de Salmanassar, et qu'il ait eu pour pré
confiée à Rabsacès, en proie à une maladie
décesseur sur le trône paternel un frère aîné
pestilentielle tellement violente que la pre
"du nom de Sargoun. Cette hypothèse, que mière nuit du siége, 185,000 périrent, oſſi
rien, absolument rien ne contrarie, a tout au ciers et soldats. Eperdu de douleur et d'épou
moins l'avantage de rendre toute sa valeur V8nte s§ s'enfuit avec le reste de
au précieux passage d'Isaie dans lequel se son armée et rentra en toute hâte à Ninive. .
trouve mentionnée l'expédition d'Aschdod, ll y était depuis peu de temps, lorsqu'il
ordonnée par Sar-goun et conduite parTartan. périt victime d'un complot tramé par ses deux
Passons actuellement à l'appréciation des fils aînés Adramelech et Saratzer. Il fut en
faits consignés par l'historien Josèphe. terré dans le temple nommé 'Ap47za. Les deux
Cet écrivain (liv. X, ch. 1) raconte tous les
princes parricides chassés par la nation indi
faits que nous avons vu consignés dans le gnée de leur crime, se réfugièrent en Armé
Il" Livre des Rois et dans Isaïe, seulement il nie, et Asarachoddas l'Aaaapazčôôzs) succéda
pense qu'une fois le tribut de 300 talents Sur le trône à Sennakhérib.
d'argent, et de 30 talents d'or imposé à Ezé Au chapitre suivant # Josèphe rapporte
chias et promis par celui-ci, le roi d'Assyrie que par suite de toutes les terreurs dont il
se mit aussitôt en campagne pour aller com avait été accablé coup sur coup, Ezéchias
battre les Egyptiens et les Ethiopiens, lais tomba dangereusement malade presque aus
sant sous le commandement de ('Pa !äxns Rab sitôt après la retraite de l'armée assyrienne,
sacès et de deux autres chefs nommés Tharata et qu'Isaïe lui prédit sa guérison miraculeuse.
et Anacharis (eapzrz et 'Aväx2pt;), une puis Ici Josèphe, s'il avait sous les yeux le livre
sante armée destinée à ruiner la puissance d'Isaïe, prouve une fois de plus qu'il ne l'en
judaïque (n° 2). Ezéchias, toujours au dire de tendait pas. Nous avons vu, en effet, que sa
Josèphe, fit supplier lsaïe d'intervenir , par guérison fut annoncée à Ezéchias en même
Ees prières auprès de l'Eternel, et le prophète temps que la délivrance des Assyriens. La
prédit la délivrance de Jérusalem et la mort maladie du roi fut donc forcément antérieure
violente de Sennakhérib. à la retraite de Sennakhérib.
Vient ensuite le récit très-exact de l'entre Tres-probablement d'ailleurs, la peste qui
vue des envoyés Assyriens et des parlemen ravagea l'armée assyrienne sévit aussi dans
taires juifs; seulement Josèphe ajoute de son Jérusalem, et le roi Ezéchias lui-même put
cru qu Isaïe prédit encore cette fois que le en être atteint. A juger de la cause par les
roi d'Assyrie périrait par le fer à son retour effets, on est tenté de croire que cette maladie
dans son pays. Nous avons vu que la seconde effroyable qui tua tant de monde en une seule
prophétie d'Isaïe ne contient aucun indice nuit, ne fut pas autre chose qu'une invasion
de cette mort violente prédite par lui la pre du choléra asiatique (60).
mière fois, et qu'il rassure seulement Ezé Nous ferons remarquer une fois de plus
chias sur les événements futurs. -
l'incorrection évidente avec laquelle les noms
Le paragraphe 4 de ce I" chapitre du livre X propres des chefs assyriens nous ont été
de Josèphe , est extrêmement important. transmis par Josèphe.Son Rabsacès ('Pz6azxic)
Il commence par raconter les circonstan n'est autre chose que le chef des Saks,
ces qui accompagnèrent l'arrivée de la lettre n>uy -- de l'Ecriture , eap & r« et 'Av&z2pts sont
de menaces † par Sennakhérib à Ezé tout aussi certainement Tartan et le Rab-sa
chias, puis il ajoute : que peu de temps après, ris, ou chef des eunuques.
leroi d'Assyrie dont l'incursion sur la terre d'E- Moïse de Khorène ne parle qu'une fois de
gypte avait eu un mauvais résultat, retourna Sennakhérib (Liv. l, ch. xxIII).Voici ce qu'il en
(60) ll est bon de remarquer que quel que fût le dite à l'avance par lsºie, ne fut pas moins miraeºº
moyen employé par Jéhovah pour sauver son peu leuse,
ple et détruire ses ennemis, cette délivrance pré
259 CIIR DICTI0NNAIRE C11R 260

dit :« En effet,quatre-vingtsans, plus ou moins, zavaxapt6o;. Nous n'hésitons pas à adopter la


avant le règne de Nabuchodonosor, vivait forme que nous donne la Bible ; c'est-à-dire
Sennecherim, roi d'Assyrie : Sennecherim qui San-khérib ou Sen-khérib, en voyant dans le
assiégea Jérusalem sous Ezéchias, prince des mot San ou Sen le véritable nom propre du
Juifs.Ayant tué leur père, les fils de Senne prince en question, le mot 2"n, Khérib, n'é-
cherim, Atramèle et Sannassar vinrent se ré tant qu'un surnom provenant du radical a-n,
fugier chez nous. » (Trad. de M. Levaillant il est désolé, dévasté, transitif il extermina,
de Florival.) d'où la forme nº-rin, il dépeupla, dévasta.
De 713 ou 712 à 607, première année de Na A notre avis donc, le nom de San-khérib si
bou-cadr-atzer, il y a 105 ans; les mots 80 ans, gnifiait San le dévastateur. C'est quelque
plus ou moins, dont s'est servi Moïse de Kho chose comme le surnom donné près dé douze
rène, pour donner l'intervalle entre Senna cents ans plus tard au roi des Huns. Quant
chérib et Nabou-cadr-atzer, étaient donc lar au nom San, peut-être était-il dans la langue
gement nécessaires. usuelle muni d'une prise de son prosthé
Les auteurs de l'Art de vérifier les dates tique, ce qui produisait alors un nom tel que
admettent que Sennakhérib est le même Asan : Mais c'est là une simple hypothèse sur
prince que le Sargoun d'Isaïe, qu'il eut guerre laquelle il ne serait pas prudent de s'arrêter
avec Ezéchias en 710, et avec Tarhaka, roi plus de temps qu'elle ne le mérite. Quoi qu'il
d'Ethiopie, accouru au secours des Juifs. Ils en soit, nous le répétons, nous nous en tien
ajoutent que Sennakhérib ravagea l'Egypte drons à l'orthographe San-khérib.
pendant trois ans. De tous ces faits, il n'y en Règne de Salmanassar à Ninive. — Détails
a pas un qui doive subsister en tant que fait fournispar l'Ecriture, — par Josèphe,— et
chronologique. par Ménandre.—Il règne de 728 jusqu'à 718.
Ainsi Sennakhérib n'est pas Sargoun ; c'est Nous avons dit plus haut tout ce qu'il y
en 713 que la guerre entre Ezéchias et contre avait à dire du roi d'Assyrie Sargoun; nous
Tarhaka a commencé; et c'est en 712 que n'avons donc pas à y revenir ici, et nous pou
Sennakhérib a péri. vons passer immédiatement au règne de Sal
Tout ceci découle forcément de l'étude des 17l (l7lClSS(lr.
saintes Ecritures, et nous ne pouvons deviner Cherchons dans l'Ecriture sainte les pas
où les auteurs de l'Art de vérifier les dates ont Sages qui le concernent. Nous lisons dans
puisé les renseignements si positifs qu'ils le 11° Livre des Rois (ch. xvII) :— 1. En la dou
donnent sur Sennakhérib. zième année d'Achas, roi de Juda, Osée (yvºn),
Gesenius, dans son Lexique, présente, au fils d'Ela, régna sur Israèl, à Samarie, pen
nom de Sennakhérib, quelques détails chro dant neuf ans. — 3. Salmanassar, roi des
nologiques, qui ne nous paraissent pas ad Assyriens, monta contre lui, et Osée fut as
missibles. Ainsi après avoir parlé de la perte servi à Salmanassar, roides Assyriens, et il lui
de son armée, il dit : « Il retourna dans sa envoyait des tributs.
patrie, où ensuite (l'an 969) il fut tué par ses Le roi d'Israël, comme le fit plus tard le roi
deux fils dans le temple de Nisroch. » de Juda, crut s'affranchir de la domination
Le témoignage d'un fragment retrouvé de aSSyrienne en se jetant dans les bras du roi
Bérose, est invoqué en faveur de cette asser d'Egypte, Soua (N p, Sabacon, roi d'Ethiopie).
tion, et il résulterait de ce fragment que Sen Il cessa de payer le tribut, et la guerre éclata,
nakhérib a survécu même longtemps à Méro guerre dans laquelle Osée fut fait prisonnier
dakh-bêl-adon. Rien que cela me ferait révo et chargé de fers (v. 4).
quer en doute l'authenticité du fragment en 5. Salmanassar ravagea toute la terre, et,
question. Le Livre de Tobie est suflisammcnt montant à Samarie, il l'assiégea pendant trois
explicite, j'imagine, quand il dit que Senna ans. — Or, en la neuvième année d'Osée, le
khérib fut assassiné par ses fils quarante-cinq roi des Assyriens prit Samarie, et transféra
jours après son retour à Ninive , et tous les les Israélites chez les Assyriens, etc.
fragments possibles de Bérose, apocryphes Au chapitre xVIII nous lisons encore :
ou non, ne prévaudront pas, pour moi du 9. En la quatrième année du roi Ezéchias,
moins, contre le témoignage de l'Ecriture. qui était la septième année d'Osée, fils d'Ela,
Beaucoup de savants se sont occupés de l'éty roi d'Israël, Salmanassar, roi des Assyriens,
mologie du nom de Sennakhérib, et voici celle vint à Samarie, l'assiégea, — 10. et la prit.
à laquelle Gesenius s'était arrêté en dernier C'est après trois ans, en la sixième année du
lieu : « Sur l'étymologie de ce nom, Bohlen roi Ezéehias, c'est-à-dire la neuvième année
(Obs. mss.)après avoir abandonné sa première d'Osée, roi d'Israël, que Samarie fut prise.
opinion (Symb. 26), émet une opinion très Nous n'avons pas d'autres passages de l'E-
plausible. Il pense qu'en sanscrit ce nom doit criture concernant Salmanassar, car c'est à
être écrit Senâgrib, c'est-à-dire vainqueur tort, nous le croyons du moins, qu'on a cru
des armées, ce qui répond au néo-persan. retrouver le même personnage désigné dans
Le radical sanscrit gribhati signifie bien le verset 14 du ch. x d'Osée ( v T-x-2-b.1
saisir, empoigner, mais vaincre, je ne le bNa-N n'a pcºv Tv>) : Et toutes les forteresses
pense pas. Le composé senâgribh signifierait seront dévastées comme Schalman a détruit
donc proprement celui qui saisit les armées. Beith-arbel.
Je doute fort que ce soit là le nom du roi Nous n'avons donc à discuter que les dates
assyrien.Ce nom qu'Hérodote écrit xsyazhpt6os, renfermées dans le passage que je viens d'ex
se trouve dans l'Ecriture sainte sous la forme traire du Livre des Rois.
San-khérib; enfin, Josèphe écrit ce nomaº-rcc, Achaz, roi de Juda, a régné de 742 à 727
261 CHR DES ANTIQUITES BIBLIQUES. UIIR 262

La douzième année de son règne tombe en lui succéda, Achaz avait eu ce fils à 16 ans.
730; c'est là la première année du règne Ceci nous paraît bien difficile à admettre, et
d'Osée, fils d'Ela, roi d'Israël ; celui-ci a nous sommes forcés de convenir une fois de
régné neuf ans; donc il est resté sur le trône plus que le vrai peut quelquefois n'être pas
de 730 à 721.C'est contre lui que Salmanassar, vraisemblable.
roi d'Assyrie, se mil en campagne ; Osée fut Le verset 1 du chap. xvIII du II Livre ,
obligé de reconnaître la suprématie assy des Rois, dont nous avons rappelé plus haut la !
rienne et de payer un tribut annuel à Salma teneur, identifie la 3° année d'Osée avec la
nassar. Comptant sur l'assistance du roi Sevek 1" d'Ezéchias, et cette identification est par
ou Sabakon, il refusa bientôt de payer, et la faitement juste puisqu'Osée est monté sur
guerre éclata. Osée fut fait prisonnier et Sa le trône en 730, êt Ezéchias en 727.
marie sa capitale fut assiégée par le vain Jusqu'ici nous n'avons pu préciser que l'an
queur. Le siége dura trois ans. Dans la neu née dans laquelle Salmanassar reprit la cam
vième année d'Osée, c'est-à-dire en 721, pagne contre Osée après la tentative d'affrar
Samarie succomba, et ses habitants furent chissement de celui-ci. Nous n'avons pas
transportés en Assyrie. mieux pu désigner l'époque à laquelle Sal
Le chapitre suivant (v. 9) place le commen manassar vint pour la première fois sur les
cement du siége de Samarie à la septième terres d'Israël, et réussit à imposer un tribut
année du règne d'Osée, quatrième du règne à Osée. Nous allons essayer tout au moins
d'Ezechias. de rétrécir les limites du temps dans lequel
Ezéchias ayant régné de 727 à 698, la cin ces événements se sont accomplis
quième année de son règne a pu commencer Nous lisons dans le II° Livre des Chro
en 723 ; la septième d'Osée est également niques (ch. xxIx, xxx, xxx1) les détails du
723 ; c'est donc bien de 723 qu'il s'agit. D'un rétablissement du culte de Jéhovah, ordonné
'autre côté le rapprochement de la date 723, par Ezéchias dès le jour de son avénement.
à laquelle le siége de Samarie a commencé Le temple fut purifié ; le corps des cohenipm
et de la date 721, à laquelle cette ville a été et des lévites rentra en fonctions et la célé -
prise, prouve que les trois années de siége bration de la pâque qui ne put avoir lieu au
signalées par l'Ecriture, n'ont pas été accom 1" mois du règne d'Ézéchias, parce que le
† et qu'on a compté trois années, parce que concours des fidèles à Jérusalem ne parais
a troisième année a été simplement entamée. sait pas suffisant, non plus que le nombre
Comme vérification surabondante, nous fe des cohenim et des lévites en fonctions, fut
rons remarquer que la date de la prise de remise au 2° mois.
Samarie fixée par le v. 10 du ch. xvII, à l'an C'est donc en 727 que cette pâque fut cé
née sixième d'Ezéchias, neuvième d'Osée, se lébrée si solennellement. Ezéchias y avait
trouve encore reportée à 721, Tous les ren fait convier par de nombreux messagers tout
seignements chronologiques fournis par l'E- le peuple d'Israël. Il les rappelait au culte du
criture concordent donc à merveille pour vrai Dieu, leur affirmant que c'était le seul
fixer les dates que nous venons d'établir. moyen de détourner la colère de Jéhovah et
Nous nous permettrons néanmoins quel d'obtenir de sa toute-puissance le retour
ques constatations de plus à propos des dates parmi eux de tous ceux †étaient en cap
relatives à Ezéchias, roi de Juda. tivité en Assyrie. Jéhovah, leur disait-il, re
Nous lisons dans le JI* Livre des Rois, ch. viendra vers le reste, qui parmi vous a échap
xvIII) : — 1. Dans la troisième année d'Osée, pé de la main des rois d'Aschour ( > 5p ">n
fils d'Ela, roi d'Israël, Ezéchias, fils d'Akhas, nºurN) (xxx,6). Ceci nous donne à penser que
roi de Juda, devint roi. — 2. Il était âgé de l'expédition de Salmanassar avait eu lieu déjà
vingt-cinq ans quand il devint roi, et il régna en 727. En effet le pluriel les rois implique
vingt-neuf ans à Jérusalem. — 3. Il fit ce qui à ce qu'il semble les invasions de deux rois
est droit aux yeux de l'Eternel, selon tout ee au moins, et l'Ecriture ne nous mentionne
e son père David avait fait. — 7. L'Eternel que Theglath-phalasar et Salmanassar; ainsi,
ut avec lui: partout où il allait, il prospérait ; très-probablement, dès la 1" année de son
il se révolta contre le roi d'Aschour, et ne lui règne, Osée fut soumis au tribut que lui im
fut point assujetti. posa, les armes à la main, le roi d'Assyrie.
D'un autre côté, nous lisons dans le même De plus, dès cette première invasion, des
Hvre (xvI, 2) : Achaz était âgé de vingt ans captifs, en assez grand nombre, furent em
quand il devint roi, et il régna seize ans à menés en Assyrie.
Jérusalem. L'appel d'Ezéchias fut peu écouté par les
Le II° Livre des Chroniques dit de même Israélites. Les tribus d'Issachar, de Manassé
(xxIx, 1) : Qu'Ezéchias devint roi à 25 ans et et de Zabulon étant seules venues à Jérusa
régna vingt-neuf ans, et qu'Achaz, âgé de lem pour la célébration de la Pâque, tous les
vingt ans quand il devint roi, régna seize ans. autres sujets d'Osée renvoyèrent avec des
Ces chiffres, si exactement répétés de part railleries les messagers du roi de Juda. Il est
et d'autre, semblent bien authentiques ; et donc probable qu'à|cette époqûe les Israélites
Cependant voyons ce qu'ils † s'étaient pliés au joug assyrien et si bien qu'ils
avaient abandonné le culte de leurs pères.
Ezéchias avait vingt-cinq ans lorsqu'il monta
sur le trône. Achaz, son père, en avait vingt Passons maintenant aux renseignements
à son avénement, et il a régné seize ans. Il que nous fournit le livre de Josèphe.
est donc mort à trente-six ans; et puisque Nous lisons au livre IX, ch. xIII, que Salma
son fils Ezéchias avait vingt-cinq ans lorsqu'il nassar, roi d'Assyrie, marcha contre Osée,
235 CIIR DICTIONNAIRE CIiR 264
roi d'Israël, qu'il le défit en bataille rangée, la Phénicie. En peu de temps il eut conclu
le soumit et le rendit tributaire. la paix avec toutes les populations phéni
La 4° année du règne d'Osée, dit Josèphe, ciennes, et il se retira. Dans cette circons
commença le règne d'Ezéchias. Nous avons tance, Sidon, Aceo, Tyr l'ancienne, et nom
cité un verset de l'Ecriture sainte, qui place bre d'autres villes se rendirenf au roi d'Assy
la 1" année d'Ezéchias en coïncidence avec rie ; mais les Tyriens ayant refusé de se sou
la troisième d'Osée. Ici donc Josèphe a com mettre à lui, il leur déclara de nouveau la
mis une légère erreur d'une année. L'histo guerre, en s'aidant d'une flotte de 60 vais
rien juif raconte ensuite la célébration de la seaux, et 800 rameurs tout équipés qui lui
Pâque solennelle qui eut lieu à Jérusalem par avaient été donnés par les Phéniciens.
la volonté d'Ezéchias, lequel, dès qu'il fut sur « La flotte tyrienne, forte seulement de
le trône, songea à rétablir dans tout son éclat 12 navires, alla au-devant de la flotte assy
le culte de Jéhovah. S'il faut en croire Josè rienne qu'elle détruisit presque entièrement.
phe, les envoyés d'Ezéchias en Israël furent Cette bataille navale fit grand honneur aux
non-seulement reçus avec irrévérence, mais marins tyriens. Revenant encore une fois à
encore mis à mort l Le roi d'Assyrie, ajoute la charge, le roi d'Assyrie fit garder et cou
Josèphe (ch. xIII, n° 3), envoya auprès d'E- per les cours d'eau et les aqueducs qui con
zéchias des ambassadeurs pour le sommer de duisaient dans la ville l'eau potable néces
lui payer le tribut annuel que lui payait son saire aux Tyriens. Ceux-ci furent réduits à
père, s'il ne voulait voir renverser sa puis creuser des puits dont ils burent l'eau pen
sance. Mais Ezéchias, soutenu par les paroles dant cinq années. Tels sont les renseigne
du prophète Isaïe, ne se laissa pas intimider ments que les Annales tyriennes fournissent
par les menaces du roi d'Assyrie. sur le compte de Salmanassar.
Ce roi ne peut être évidemment que Sal Il ne nous reste plus qu'à rechercher la
manassar, puisque la 1" expédition de Sal Véritable forme du nom de Salmanassar.
manassar contre Osée est certainement anté | La version grecque de Tobie écrit ce nom
rieure à l'avénement d'Ezéchias. L'injonction Enemessar, tandis que la Vulgate et la version
du roi d'Assyrie dut être portée à Ezéchias syriaque sont d'accord pour écrire Salmanasar.
dans l'année même de son avénement, c'est Le texte hébraïque écrit - D :> buy; nous con
à-dire en 727 ou 726. Sel'VerOns dOnc 'orthographe de Salman-asar.
· •s Josèphe (ch. xIv), poursuivant son récit, On trouve dans les Lexiques ce nom rendu
| uit dit que Salmanassar, instruit des projets d'al par les mots verecundus erga ignem (dévot
liance contre lui, du roi d'Israël avec Soa envers le feu). Mais nous adopterions diffi
(zo«;), roi d'Egypte, fit marcher ses troupes cilement cette version. Nous croyons donc
contre Samarie, dans la 7° année du règne que Salman était le véritable nom du mOnar
º | E
d'Osée. L'entrée de cette ville lui ayant été
| | # que assyrien, dont le titre royal était "DN, le
| # refusée, il en fit le siége, et réussit à s'en sar, le roi : d'où il résulte que son nom con
*# rendre maître dans la 9° année du règne servé par l'Ecriture, signifiait Salman le roi.
| #
d'Osée, 7° du règne d'Ezéchias, roi de Jérusa Nous avons mentionné déjà un passage de
lem. Ainsi finit le royaume d'Israél, dont la l'Ecriture (Osée, x, 14), où il est question de
p† fut transportée en Médie et en la défaite subie à Arbèle, par un personnage
erse. Le roi Osée fut emmené vivant parmi assyrien nommé Salman, et dans lequel les
les captifs. La 7° année du règne d'Osée est commentateurs ont cru retrouver notre Sal
bien 723. La 9°, par conséquent, est 721, et man-asar. Nous ne croyons pas cette identi
cette 9° année se trouve désignée comme la fication permise; rien d'ailleurs ne saurait la
7° d'Ezéchias. Ezéchias ayant commencé à suggérer que la ressemblance du nom Salman
régner en 727, la 7° année de son règne a avec le nom de Salman-asar; et l'omission du
' *,
commencé six ans plus tard, c'est-à-dire titre asar, ne nous semble pas un fait qu'il
| :, encore en 721. Tous les chiffres déduits de soit possible de considérer comme sans im
#! l'Ecriture sainte et de Josèphe sont donc portance : nous verrons d'ailleurs plus tard
parfaitement d'accord. -
quel peut être ce Salman du Livre d'Osée.
Nous devons à Josèphe (ch. xIv, n° 2) quel Les auteurs de l'Art de vérifier les dates
ques renseignements historiques, que nous rapportent à l'année 720 l'association d'Osée
ne trouvons que dans son livre. et de Soua (Sevek). Ils fixent de plus la mort
« Le roi d'Assyrie, dit-il, fit une invasion de Salmanasar à 712. Toute la discussion qui
armée dans toute la Syrie et en Phénicie ; précède réfute suffisamment cette opinion qui
aussi son nom se trouve-t-il inscrit dans les ne nous paraît pas soutenable en face de tous
Archives tyriennes, à cause de l'expédition les passages que nous avons extraits de l'Ecri
qu'il fit contre Tyr, lorsque Eloulacos régnait ture Sainte.
dans cette ville. »
Josèphe cite ensuite un passage de Ménan Règne des rois de Babylone. — Iloulaios règne
dre, auteur d'Annales et traducteur des Ar cinq ans, de 726 à 721. - Khinzer et Por,
chives tyriennes, qui dit : « qu'Eloulacos, cinq ans, entre 731 et 726. — Nabios deux
nommé Pyas, par les Tyriens, régna trente
ans, de 733 à 731.— Temps de révolutions.
six ans. Les Kittâiens ayant essayé de se Revenons maintenant de Ninive à Babylone.
soustraire à la domination tyrienne, Eloklaios Nous avons, à l'aide du Canon de Ptolé
envoya contre eux une flotte qui les fit ren mée et des observations d'éclipses de lune,
trer dans le devoir. Alors le roi d'Assyrie fixé la prmière année du règne de Mérodakh
marcha à son tour contre eux et cOntre tOute Béladon à l'année 721 .
265 C[!R DES ANTIQUITES BIBLIQUES. CHR 266
Ce prince était fils de Bêl-adon, comme lutions aient renverse les uns pour exalter
nous l'apprend l'Ecriture; c'est là un fait qu'il les autres. Si nous ajoutons à cette considéra
n'est pas possible de révoquer en doute, et tion cette autre considération que Mérodakh
cependant son prédécesseur immédiat porte Bêladon était fils de Bêladon, et que celui-ci
dans le Canon de Ptolémée, le nom d'Ilou n'est très-probablement, ainsi que nous le
laïos ('Iov)aïo;, Ms. de Paris et SYNCELLE,1))ov verrons, que Nabonassar, nous serons con
)at3:, variante du SYNCELLE). duits à penser qu'à la mort de Nabonassar,
Le prédécesseur de Merodakh-Bêladon ne son fils Mérodakh-Bêladon fut écarté pen
fut donc pas son père. lloulaïos a régné cinq dant douze ans du trône par une dynastie d'u-
ans, c'est-à-dire de 726 à 721. surpateurs composée des quatre princes, Na
Quelle est la forme véritable du nom de ce bi, Khinzer, Pyr et Iloulaï, après l'expulsion
prince? Il n'est pas facile de la deviner. desquels il rentra en possession de la cou
Nous avons vu plus haut qu'un fragment ronne qui lui avait été enlevée (61).
de Ménandre, conservé par Josèphe, donne Quittons maintenant Babylone pour reve
récisément le même nom à un roi de Tyr. nir à Ninive.
, Nous en pouvons conclure que ce nom por Règne des rois de Ninive.— Qui est Teglath
té par un prince phénicien devrait, comme phalasar ?— Son invasion en Syrie en 742.
tous les noms phéniciens, comporter une si — Son nom est Téglat-ſala-sar. — Autres
gnification puisée dans la langue phénicienne rois de Ninivc. — Phoul; son expédition en
ou hébraïque ; mais nous renoncerons pru Israël en 770.
demment à chercher cette signification. Nous Quelques passages de l'Ecriture sainte sont
nous contenterons d'écrire Iloulai. relatifs à un roi d'Assyrie plus ancien que Sal
Avant Iloulaï ont régné ensemble pendant manasar. Les voici :
cinq ans deux princes nommés Khinzer et Il Rois, xv, 27 : Dans la cinquante-deuxiè
Por ou Pyr (Ktvtnpô; vxi IIôpoç, Ms. de Paris et me année d'Azarias, roi de Judée, Phacée, fils
SYNCELLE, Ktv&npò; xxi IIû à éos, variante du de Roméliah, devint roi d'Israël à Samarie,
SYNCELLE). Ces deux princes furent-ils deux vingt ans... — 29. Du temps de Phacée, roi
frères ou deux associés? Il ne nous est pas d'Israël, Tiglath-Phalasar vint et prit Ayon et
possible encore de le décider; mais nous Abel-beth-Maacha, Janoé, Kedech, Atsor, Ga
pouvons espérer que les textes originaux as laad et la Galilée, tout le pays de Nephtali, et
syriens, fournis par les inscriptions cunéifor il transporta tous les habitants en Assyrie.
mes, nous l'apprendront un jour. Un peu plus loin (ch. xvI, v. 1) nous lisons
Quoi qu'il en soit, nous inscrirons entre encore : — 1.Dans la dix-septième année de
731 et 726 deux princes co-régnants appelés Phacée, fils de Roméliah, Akhaz, fils de Joa
Khinzer et Por ou Pyr. - than, roi de Judée, commença à régner. —
Enfin, avant Khinzer et Por ou Pyr, nous 5. Alors Ratzen, roi d'Aran, et Phacée, fils de
trouvons dans le Canon de Ptolémée un sou Roméliah, roi d'Israël, montèrent contre Jéru
verain nommé Nabios ou Nadios (Nā6to;, SYN salem à la guerre ; ils assiégèrent Akhaz, mais
CELLE, Näôtoç, Ms. de Paris), auquel reviennent ils ne purent combattre... — 7. Akhaz cnvoya
deux années de règne seulement. Dans le des messagers à Tiglath-Phalasar, roi d'As
Syncelle, ce chiffre n'est pas fixé d'une ma sour, pour lui dire : Je suis ton serviteur et
nière absolue, car le règne de Nabios est porté ton fils; monte et délivre-moi de la main du
à deux ans, puis à huit ans. Comme nous ne roi d'Aram et de la main du roi d'Israèl, qui
pouvons nous écarter de la copie du manus s'élèvent contre moi... — 8. Akhaz prit l'ar
crit de Paris, nous sommes assurés que le rè # et l'or qui se trouvait dans la maison de
'Eternel et dans les trésors de la maison
gne de ce prince a duré deux ans.
Quant à son nom, nous ne pouvons que royale, et l'envoya au roi d'Assour comme
proposer de lui conserver la forme Nz6t jus don... - 9. Le roi d'Assour y acquiesça et
qu'à ce que des faits nouveaux viennent éclair monta à Damas, la prit et en transporta
cir la question.Nabi a donc régné de 733 à 731. les habitants à Kyr, et fit mourir Ratzen. —
Avant lui vient immédiatement Nabonassar, 10. Le roi Achaz alla au-devant de Tiglath
chef de la dynastie chaldéenne de Babylone, Phalasar, roi d'Assour, à Damas, etc., etc.
dont nous nous occuperons un peu plus loin. Dans le II" Livre des Chroniques (ch.
Du fait que les règnes de Nabi, de Khinzer, xxvIII) nous lisons : — 16. En ce temps, le roi
de Pyr et d'Iloulai, ont pris ensemble douze Akhaz envoya vers les rois d'Assour pour leur
ans seulement, on peut conclure que ces rè demander des secours (62). — 20. Thelgath
gnes n'ont pas été exempts de traverses. Il Phalnasar, roi d'Assour, vint contre lui, le
n'est guère possible que quatre souverains se mit dans la gêne et ne l'assista pas (63). —
soient sucçédé endouze ans, sans que des révo 21. Car Akhaz avait dilapidé la maison de
(61) J'ignore où les auteurs de l'Art de vérifier les ad regem Assyriorum, est donc peu correcte. Est-ce
dates ont puisé les renseignements qui leur ont fourni le texte original, est-ce la Vulgate qui a tort ? ll ne
la liste suivante : 755 Nailius, 731 Chinzirus, fils ou m'appartient pas de le décider.
frère de Nadius, 728 Porus, 726 Jugée, 721 Mardo (65) voici le texte :-º2 -- Nºe nEºn nºv Neº
kem pére, très-probablement le Mérodach-Balladan
de l'Écriture : liste dans laquelle Chimzirus et Porus ºpn Nº 5-sºn-vN. LaVulgate traduit : Addurit
se sont succédé au lieu de régner en même temps. que contra eum Thelgath-Phalnasar, regem Assyrio
(62) Ceci est la traduction, rigoureuse du texte rum, qui et afflixit eum, et nullo resistente vastavit
que voici : Nºnn nya 5 -myº - TvN :ba-ºy nN — Il est, je pense, permis de déclarer qu'il y a là
llIl COIQtTE-SeIlS.
7 >n ; la traduction de la Vulgate qui porte
DICTIONN. DEs ANTIQUITÉS BIBLIQUES. 9
267 CIIR l)lCTIONNAIRE CHR 268

Jéhovah et la maison du roi et des princes, et titude de Juifs dans les places fortes ou dans
en avait donné au roi d'Assour, ce qui ne lui les campagnes, il s'en retourna à Damas avec
fut d'aucun secours. un riche butin. Le roi de Jérusalem, à la
Discutons ces passages. Le regne de Pha nouvelle que les Syriens s'étaient retirés, se
cée, roi d'Israël , commença la cinquante crut en mesure de faire tête aux forces du roi
deuxième d'Azarias, roi de Juda. Azarias ayant d'Israël. Il marcha donc contre lui avec son
régné de 810 à 759, c'est précisément l'année armée, et subit une effroyable défaite; car,
# qui est à la fois la cinquante-deuxième et dans une seule journée, 120,000 Juifs furent
égorgés par les §, dont le chef Zacha
la dernière d'Azarias, et la première de Pha
cée. Joatham et Phacée sont donc arrivés au rias tua de sa propre main Amasias, fils du
trône dans la même année, le premier à Sa roi Achaz, dans la bataille. Une foule de pri
marie, et le second à Jérusalem. sonniers de tout âge et de tout sexe fut en
Le règne d'Akhaz commença dans la dix suite emmenée à Samarie (n. 2). Ce fut alors
septième année de Phacée; nous devons donc u'Achaz, affaibli par cette défaite, envoya
placer l'avénement d'Achaz à l'année 743. es ambassadeurs au roi d'Assyrie Thégla
Lorsque ce prince succéda à son père Joa phalassar (esy)apa)à ga«po;), pour le supplier
tham, celui-ci était déjà en guerre avec Pha de contracter avec ſui un traité d'alliance of
cée, roi d'Israël, et avec Ratzen, roi d'Aram fensive et défensive contre les Israélites et les
ou d'Elam, car nous lisons dans le II* Livre Syriens, en promettant de lui payerune somme
des Rois (xv, 37) : En ce temps-là, l'Eternel considérable. De riches présents étaient por
commença à envoyer contre Juda, Ratzen, roi tés à l'avance par les ambassadeurs d'Achaz.
d'Aram , et Phacée , fils de Roméliah. — Théglath-Falasar s'empressa d'accepter les
38. Joatham se coucha avec ses pères, et fut en Offres du roi de Juda ; il se mit incontinent
seveli avec ses pères dans la ville de David, en campagne, battit les Syriens, prit Damas,
| !
son père, et Akhaz, son fils, régna à sa place. et mit # mort le roi de Syrie Arazès. Les ha
Akhaz trouva donc son royaume menacé par bitants de Damas furent transportés dans la
|| deux puissances ennemies. Se jeter entre les Médie supérieure, et une colonie assyrienne
i Hº !
bras des Assyriens était un moyen sûr de dé occupa leur ville.
- tourner l'orage; il n'hésita pas à provoquer Vint ensuite le tour des Israélites, dont le
l'intervention armée de Théglat-Phalasar, in pays fut ravagé. Une multitûde de captifs fut
| •| tervention qu'il paya grassement. Le roi d'As également transportée en Assyrie. Alors Achaz
# # syrie s'empressa desaisir cette occasion de con dépouilla le temple du Seigneur, il vida le
quérir le pays d'Aram et la Judée. Il se mit trésor royal, et vint à Damas offrir au vain
en campagne, prit Damas, capitale du roi queur le prix de son assistance ; puis il retour
| |
Ratzen, qui fut mis à mort, y reçut la soumis na dans sa capitale, où il continua à servir les
| # sion d'Akhaz, qui vint en personne lui rendre dieux des Syriens vaincus. Peu après, il fut
|ll º# hommage, et parcourut ensuite, le glaive à la
, la lui-même attaqué et battu par l'Assyrien, qui
! main, toute la Judée, dont une partie de la lui imposa son culte. Enfin Achaz mourut à
| population fut emmenée en captivité. trente-six ans, après un règne de seize années.
# #º
*-
Puisque le roi Akhaz trouva la guerre enta Ces faits sont d'accord avec l'Ecriture sainte,
mée, il dut probablement appeler le roi d'As où presque tous se trouvent consignés, soit
1 # syrie à son secours, peu de temps après son dans les Rois, soit dans les Chroniques.
pl - .
accession au trône. Nous pourrions donc fixer Toutefois nous devons faire observer que
*
# 1 , à l'année 742 l'entrée en campagne de Thé le siége de Jérusalem fut long, que Ratzen
lath-Falasar, la prise de Damas, la mort de eut le temps de ravager le pays, et de rega
athzen (64) et la dévastation de la Judée, si gner Damas avec son butin. Achaz, se croyant
nous n'avions pasd'autres renseignementsque délivré de l'un de ses ennemis, se mit en cam
ceux quinoussont fournis par l'Ecriture sainte. pagne contre Phacée, et essuya une cruelle
Voici maintenant ce que nous trouvons défaite.
dans Josèphe (Antiq. Jud., IX, xII) : Joatham Ce fut alors seulement qu'il appela Thé
mourut à quarante et un ans, après en avoir glath-Falasar. Or tous ces faits n'ont pu s'ac
† seize. Il eut pour successeur son fils complir, ce me semble, en moins d'une année :
Achaz, lequel imita l'exemple des rois d'Israël, c'est donc vers 742, au plus tôt, qu'eut lieu
et sacrifia aux faux dieux, immolant son pro l'invasion du roi d'Assyrie en Syrie et en Israël,
pre fils par le feu, suivant la coutume cha Le chapitre xI de Josèphe contient un pas
nanéenne. Il fut alors attaqué par Arazès, roi . sage relatif à la même expédition de Thé
de Damas, et par Phacée, roi des Israélites, glath-Falasar, et dont voici la substance.
qui s'étaient ligués contre lui. Ceux-ci le for Le roi d'Assyrie nommé Théglaphalasar,
cèrent à se retirer dans les murs de Jérusa étant entré en campagne contre les Israélites,
lem, où ils le tinrent longtemps assiégé sans soumit toute la terre Galadène , le pays au
pouvoir s'emparer de la place. delà du Jourdain, la Galilée, Cydiza et Azora,
Le roi de Syrie ayant pris Aïlath, ville située en emmena les habitants en captivité, et re
sur la mer Rouge, en fit massacrer les habi tourna dans son pays.
tants, qu'il remplaça par une colonie de Sy Evidemment nous avons ici une contre
riens. Puis, après avoir mis à mort une mul partie du vers. 29 du chapitre xv du II°
(64) Nous nous bornerons à faire remarquer que Falasar; ils n'avaient probablement pas lu le v. 9
les auteurs de l'Art de vérifier les dates, affirment du ch. xvI du Livre Il° des Rois.
que Ratzen se soumit volontairement à Théglath
269 CIIR DES ANTIQUITES BIBLIQUES. CHR 270

Livre des Rois; et Josèphe aura parlé une mêmes précédés d'un interrègne de douze
† fois, en s'occupant de Phacée , de ans. Le trône d'Israël était donc bien ébranlé
'expédition qu'il raconte encore en s'occu lorsque Manahem vint s'y asseoir, et les ré
pant d'Achaz. volutions successives dont le pays venait
Le nom de souverain de Ninive, dont nous d'être coup sur coup le théâtre, avaient dû
venons de nous occuper, est écrit de trois tout naturellement éveiller dans la pensée du
façons différentes dans les Livres saints : n5:n roi d'Assyrie l'envie de s'emparer du pays
rc E rban, -c2ºE nºn, -eN E. Josèphe l'écrit d'Israël. Il y a donc quelque raison d'admet
esy)aya)«aaap ;. C'est donc à la variante dans #).que l'expédition de Foul eut lieu vers 770
laquelle se trouve la forme nb.n, Téglath, que
nous devons donner la préférence. Voici comment Josèphe expose le même
Voici ce qu'en dit Cahen (nete au vers. 29 fait (liv. lX, ch. x1).
du chapitre xv du II" Livre des Rois) : Il raconte d'abord comment Manahem mit
« -cNºr n5:n Tiglatte-Pelisser ; au chapitre à mort Sellum , meurtrier et successeur d'A-
- xvI, vers. 7, ce nom est écrit -pºE n5:n; zarias. Manahem, chef de l'armée, était à
II Chron. ch. v, vers. 6 et 11 ; ch. XXVIII, Tharsa à l'époque de cet attentat. Il marcha
vers. 10, il y a -p: E. La première partie de sur-le-champ sur Samarie avec toutes ses
ce nom paraît, selon les meilleurs commenta troupes, défit l'armée de Sellum, qui périt
teurs, être Diglath, le Tigre. La seconde lui-même dans le combat. , Il prit alors la
partie signifie, d'après Gesenius, qui cite des couronne, et après s'être fait reconnaître roi
analogies, dominateur : ainsi le maître, le do d'Israël, il marcha sur Thapsa. Mais cette ville
minateur du Tigre. » lui ferma ses portes, et Manahem, pour se
Nous ne saurions admettre l'existence de venger de cet affront, se mit à ravager tout le
pareille inversion dans la composition d'un pays par le fer et par le feu : en même temps
nom propre. Nous aimons mieux regarder le il assiégea Thapsa, dont il se rendit maître, et
InOt #§ comme le nom du roi , et ne voir dont tous les habitants furent passés au fil de
qu'un titre ou surnom dans le composé "E, l'épée, sans distinction d'âge ni de sexe. Une
-oN, où entrent les deux mots N be, rir admi pareille barbarie eût été impardonnable en
rabilis, et -c prince : ce qui nous donne le vers des ennemis ; mais envers des compa
nom significatif, Tiglat le prince admirable. triotes, elle est abominable. Manahem, ayant
Nous adopterons donc l'orthographe défini signalé de la sorte le début de son règne,
tive. Tiglat-fala-sar. resta dix ans sur le trône, donnant tous les
Poursuivons l'étude des passages de l'Ecri exemples de la perversité et de la cruauté.
ture sainte relatifs aux rois de Ninive. Foul, roi des Assyriens, lui ayant déclaré la
Dans le II° Livre des Rois (ch. xv) nous guerre, il n'osa pas le recevoir les armes à la
lisons : — 17. Dans la trente-neuvième année main, et se débarrassa de l'ennemi en lui fai
d'Azarias, roi de Juda, Manahem, fils de sant compter pour prix de sa retraite la somme
Gadi, vint à régner sur Israël (et régna) dix énorme de 1000 talents d'argent. Pour par
ans à Samarie. — 18. Il fit ce qui est mal aux faire cette somme, chaque tête dut être impo
yeux de l'Eternel; il ne se détourna pas des sée de 50 drachmes. Après ces événements,
péchés de Jéroboam, fils de Nabat, qui avait il mourut à Samarie, laissant le trône à son
fait pécher Israël toute sa vie.— 19. Foul, roi fils Phacéias. Celui-ci, hérifier de la cruauté
d'Assyrie, vint contre le pays, et Manahem de son père,fut assassiné dans un festin par
donna à Foul 1000 kikars d'argent pour que Phacée, fils de Romélias ; ce Phacée,pendant
ses mains fussent avec lui pour l'affermisse un règne de vingt ans, fut comme ses deux
ment de la royauté en sa main. - 20... Le roi prédécesseurs un modèle d'impiété et d'ini
d'Assour s'en retourna, et ne s'arréta point au quité.Ce fut contre lui que marcha Théglapha
pays. lassar.
ka trente-neuvième année d'Azarias tom On † ce récit de Josèphe, s'il ajoute
bant en 771, Manahem a régné de 771 à 761. quelques détails à ceux que nous avons ex
Malheureusement rien ne précise dans ce pré traits de l'Ecriture, ne fixe pas plus rigoureu
cieux passage l'année de Manahem dans la sement la date de l'expédition de Foul con
quelle eut lieu l'expédition de Foul. Seule tre le royaume d'Israël. Quant à l'orthogra
ment nous devons faire observer que Mana phe que nous devons adopter pour ce nom,
hem demande au roi d'Assyrie d'affermir son elle nous est donnée par l'Ecriture sain
autorité royale, et cette demande, par sa na te, et nous ne nous en écarterons pas (66).
ture même, prouve qu'elle dut être faite au ART. IX. — Règne de Nabonassar.— Il règne
commencement du règne de Manahem. D'ail uatorze ans, de 747 à 733 avant J.-C. —
leurs l'accession de celui-ci au trône avait été 'où vient l'ère qui porte son nom. — Son
précédée de deux règnes fort courts : celui vrai nom est Nabou-Natzar. — Discussion
de Sellum, d'un mois ; celui de Zacharie, de sur le règne de Sardanapale, d'après
six mois; et ces deux règnes avaient été eux Diodore. — C'est le Khin-al-adan de l'E-

(65) Nous ne pouvons tirer aucun parti, chrono ils les conduisirent à Khalakh, à Khabour, à Hara,
logiquement pariant, du verset 26 du ch. v du 1" et au fleuve Gozan jusqu'à ce jour.
Livre des Chroniques qui est ainsi concu : Alors (66) Dans l'Art de vérifier les dates, Pul ou Phul
le Dieu d'Israël ercita l'esprit de Foul, roi d'Assour, est donné comme le chef d'une 2° dynastie assy
et l'esprit de Tiglath Pilnessar, roi d'Assour, qui ex rienne. Ful est le père de Tiglat-Falasar; il est
pulsèrent Ruben, Gad, et la demi-tribu de Manassé ; assimilé à Sardanapale Il, et Tiglat-Falasar à N1
271 CIIR DICTIONNAlRE CHR 272

criture. - Prophétie de Nahoum contre Si nous croyons Georges le Syncelle, qui


Ninive. — La rille de Nö-Amoun est Thè écrit le nom de ce prince N26ovágapoç, il au
bes. -- Ce qu'en disent Jérémie et Tobie. rait également porté le nom de Salmanasar ;
- Ninive fut détruite en 625 avant J.-C. — mais le chronographe oublie malheureuse
Témoignage d'Hérodote et de Ctésias. ment de nous dire où il a puisé ce renseigne
Il nous reste,pour avoir remplile cadre que ment, qui ne nous paraît pas digne d'une
nous nous étions proposé, à discuter les dates très-grande confiance.
du règne de Nabonassar, fondateur de la dy Nous sommes arrivés à la limite supérieure
nastie chaldéenne, dont le Canon nous a été du cadre que nous nous étions tracé , mais
conservé par Ptoiémée. ici se présente de nouveau la discussion
Nous y lisons que Nabonassar a régné qua d'un point historique extrêmement imoor
torze ans (la copie de George le Syncelle tant.
porte vingt-cinq ans, mais c'est une erreur), Chacun devine que nous voulons parler
c'est-à-dire de 747 à 733. Il est inutile de rap de l'histoire du roi de Ninive, Sardanapale,
eler ici que l'année dè l'avénement de Na racontée par Diodore, et que nous avons ap
l§ nous est donnée par divers calculs pliquée à Sarac-Khin-âl-Adan. Nous allons
d'éclipses de lune, et que par conséquent démontrer que l'Ecriture sainte nous offre des
cette date ne présente aucune espèce d'incer moyens d'induction en faveur de notre opi
titude. - IllOIl.
George le Syncelle nous apprend que les Commençons donc par enregistrer tous les
Chaldéens observèrent et notèrent avec le passages sacrés qui parlent de la grande catas
plus grand soin tous les phénomènes du cours trophe qui frappa Ninive.
des astres, à partir du règne de Nabonassar, et Plusieurs prophéties annoncèrent la ruine
que les mathématiciens grecs ont tiré grand de Ninive.La plus ancienne est celle de Jonas.
parti de ces observations précises. Suivant l'opinion du savant rabbin Abarbanel,
Il ajoute, d'après le témoignage d'Alexan Jonas a prophétisé du temps de Jéroboam, fils
dre et de Bérose, † Nabonassar,après avoir de Joas, lequel a régné de 825 à 784. Il tire
fait recueillir tous les faits historiques des rè cette induction sur l'époque de Jonas,
gnes antérieurs au sien, décréta qu'à l'avenir du verset 25 du chap. xIv du II" Livre des
l'énumération des rois de Chaldée ne com Rois.
mencerait qu'à lui, et qu'elle serait rattachée, Nahoum a également prophétisé contre Ni
par des calculs positifs, aux phénomènes nive, au temps de Manassé, fils d'Ezéchias,
célestes. comme il est dit dans le Seder olam, c'est-à-
dire de 698 à 643.
Telle est la raison pour laquelle le célè
bre Canon de Ptolémée commence à l'avé Voici un passage curieux du Commentaire
nement de Nabonassar, avéneInent qui eut d'Abarbanel sur les douze petits prophè
lieu en 747, ainsi que nous l'avons dit. teS :
George le Syncelle ajoute, du reste, que « Nahoum est appelé Elkoschi, non pas à
c'est à cette décision de Nabonassar qu'il faut cause de son pays et de sa ville, car dans Jo
attribuer l'impossibilité où se trouvent les sué il n'y a pas de ville du nom Elkosch, mais
chronographes de donner une liste des rois ce mot vient de vpº, qui signifie retard,
de Chaldée, autre que celle qui commence à empêchement, comme disent les grammairiens.
Nabonassar.
C'est pour cela qu'on appelle urp92 la pluie
L'Art de vérifier les dates fait de Nabonas
sar le fils de Bélésis, l'associé de la fameuse tardive. Déjà Jonatham le Chaldéen dit que
Nahoum a prophétisé sur Ninive, la même
conspiration d'Arbaces le Mède contre la puis prophétie qu'a prononcée sur elle Jonas, fils
sance Ninivite.
d'Amithaï, comme nous le verrons dans sa
Il y est dit, de plus, que la première an prophétie. Nahoum ayant fait cette prophétie
née de l'ère de Nabonassar commença le 26 #if).s»Jonas, il estappelé "urºs (Elköschi, tar
février 747.
Il nous reste à fixer l'orthographe du nom Dans le sommaire qu'Abarbanel donne de
de ce prince. Il est évident d'abord que ce la prophétie de Nahoum, il s'exprime ainsi :
hom comporte comme premier élément le « Annonce de la ruine de Ninive, métropole du
nom divin de Nabou. Quant à l'élément final, rOyaume d'Assour. Ruine de Sanherib, de ses
Je suis bien tenté d'y chercher le radical -y>, guerriers et de ses cavaliers, parce qu'ils
custodivit, tuitus est. De telle sorte que ce ont détruit les tribus d'Israël et leur pays. »
nom signifierait Nabou l'a protégé, pour Les événements prédits par Jonas et Na
celui que Nabou a protégé. Nous" avons donc houm à au moins quatre-vingt-six ans de dis
ainsi la forme régulière Nabou-natzar. tance (car il y a quatre-vingt-six ans d'inter
sus ll : de plus, Ful est classé comme successeur de la révolte de 1Belesis et d'Arbaces, serait précisé
immédiat du Sardanapale de Diodore et de Justin, ment celui qui aurait laissé usurper à Nabou-natzar
que l'on assimile à Empacnès, dernier roi de la le royaume de Babylone. Ce Nabou-natzar serait
l" dynastie assyrienne, dont la liste a été conservée probablement alors Belesis lui-même, ou peut-être
avec plus ou moins d'altération par Moïse de Kho le fils et successeur de Belesis. Alors Mérodakh
réme et par George le Syncelle. Bêladon, fils de Bêladon, serait réellement le t ,s
Enfin, dom Calmet, dans son Dictionnaire de la de Nabou-natzar, momentanément écarté du trône
Bible, dit qu'on suppose que Foul fut le père de
Sardanapale. S'il en était réellement ainsi, le Sar
† douze ans
tºll 121 .
par des usurpateurs , et rétailh
danapale roi d'Assyrie, dont il est question à propos
275 CIIR DES ANTIQUITES BlBLlQUES. ClIR 274
valle entre la dernière année de Jéroboam et
la première de Manassé), constituent-ils un
dues, j'en ferai ton tombeau, car tu es mé
prisé.
seul et même événement, comme le dit Abar Tous les commentateurs admettent que ce
banel?C'est ce qu'il importe de constater avant verset s'adresse au roi d'Assyrie, que menace
tout. Voyons donc si les textes peuvent nous la prophétie, et cela paraît évident. La fin du
fournir quelque lumière à ce sujet. Sardanapale de Diodore n'est-elle pas écrite
Et d'abord, la catastrophe annoncée par dans ce verset ?
Jonas est-elle arrivée ? Non. Le roi de Ninive Le chapitre II s'adresse d'abord au peuple
(TU : Tbc,Jonas, III, 6), averti des prédications de Dieu — 1. Célèbre, ô Juda, tes solennités,
menaçantes de Jonas, ordonna une pénitence acquitte tes vœux, car le pervers ne passera
générale de son peuple, et Jéhovah ne plus au milieu de toi, il est tout exterminé.
rappa pas le coup qu'il avait fait annon — 2. Le destructeur monte contre toi; garde
CeI'.
la forteresse, regarde le chemin, affermis tes
10. Dieu vit leurs œuvres, et qu'ils étaient reins, recueille bravement ta force. — 3. Car
revenus de leur mauvaise voie, et Dieu se re Jéhovah rétablit l'orgueil de Jacob comme
pentit du mal qu'il avait résolu de leur faire, l'orgueil d'Israèl : car les pillards les ont pil
et ne l'exécuta pas. lés, et ont coupé leurs ceps. — 4: Le bouclier
La ruine de Ninive prophétisée par Jonas de ses braves est rougi; les gens de guerre sont
n'a donc pas eu lieu. vétus de cramoisi, le char étincelle de fcu au
Voici un premier fait dont nous devons jour du combat : les dards sont empoisonnés.
prendre bonne note : — 5. Dans les rues, les chars s'élancent; ils
Passons à Nahoum. La version chaldéenne s'entre-choquent sur les places; leur aspect est
porte : « Fardeau du calice de malédiction comme des flambeaux, ils courent comme des
pour faire boire à Ninive, contre laquelle a éclairs. — 6. Il se souvient de ses hommes
d'abord prophétisé Jonas, fils d'Amithaï, pro puissants ; ils chancellent dans leur marche;
phète de Gathkhefer, sur quoi elle revint de ils se précipitent vers la muraille, la tortue
ses péchés; mais comme elle pécha encore, est préparée. — 7. Les portes des fleuves sont
Nahoum vint prophétiser contre elle. » ouvertes,et le temple s'évanouit. - 8. La reine
La prophétie de Nahoum portait donc sur est emmenée captive, et ses esclaves soupirent
Ninive florissante, et que nulle catastrophe comme le roucoulement des colombes, se frap
n'avait encore frappée. pent la poitrine. — 9. Et Ninive, depuis des
Voyons ce que † Nahoum (ch. I, v. 8) : jours, est comme un lac d'eau : roilà qu'ils
Mais avec une inondation qui passe, il ruinera fuient : arrêtez ! arrêtez ! mais nul ne se re
la place, et il chasse ses ennemis dans les té tourne. — 10. Pillez l'argent, pillez l'or, le
nèbres. trésor est infini; dépouillez-la de tout rase
N'y a-t-il pas là une prophétie évidente de précicux. — 11. Vidée ! et dévastée! ct dé
cette inondation fatale qui renversa les rem truite ! le cœur tombe en défaillance, les ge
parts de Ninive, et qui enleva toute chancº noux chancellent, la souffrance est dans tous
de salut au roi Sardanapale ? Je n'hésite pas à les reins, la face de tous se couvre de rides.
le croire.
Voyons ce que disent les versets suivants : Je n'ai pu résister au plaisir de citer ces
-r8. Que méditez-vous contre Jéhovah; il con
terribles images de dévastation, rendues en si
somme la ruine : il ne s'élèvera pas une secon
magnifiques paroles par le prophète ; on me
le pardonnera, j'espère.
de fois une tribulation. † second verset, celui qui dit : Le destruc
10. Car, entrelacés comme des ronces, ils teur monte contre lui, s'adresse, selon toute
sont consumés comme la paille entièrement apparence, à l'Assyrien. A partir du verset 4, il
sèche.
La parole du prophète est terrible. Jéhovah est encore question del'armée qui défendNini
ne s'y prendra pas à deux fois pour consom ve, puisque : Ses chars courent dans les rues
mer la ruine de la ville maudite; et l'in et s'entre-choquent sur les places : Ils courent
cendie consommera l'œuvre de l'inonda aux murailles, il est trop tard; la tortue est
tion, préparée, l'assaut commence : les fleures ont
eux-mêmes ouvert la brèche : le temple s'éra
12.Ainsi dit Jéhovah : Quoiqu'en sécurité nouit, et le pillage de la ville inondée com
et nombreux, ils seront abattus et dispa 7/le1l('6.
#ºnt je t'ai châtié, je ne te châtierai
Je le demande encore, est-il possible de
ptus.
La deuxième partie de ce verset , semble trouver une description plus explicite, plus
s'adresser à Israël; la cruelle do:mina poétique de la ruine de Sardanapale et de
tion assyrienne lui a été donnée comme Ninivé ? Concluons donc que la catastrophe
châtiment, et cette domination va être anéan prédite par Nahoum est bien la ruine de Ni
lle. nive accomplie par Nabou-pal-atzar et le roi
13. Et maintenant, je briserai son joug qui des Mèdes, Cyaxare, en 625.
pèse sur toi, et je délierai tes liens. Nous le répéterons encore,on ne détruit unº
Ce verset est l'explication assez précise, à ville florissante qu'à la condition qu'elle est
notre sens, de la phrase du verset précédent, debout et florissante au moment où la frappº
T : TyN N5 Tnx -
la ruine qui l'anéantit.Si donc, en,625, Ni
14 Jéhovah l'a ordonné sur toi ; ton nom nive a été détruite de fond en comble, c'es".
ne se transmettra plus; de la main de Dieu qu'aucun malheur de ce genre nc l'avait âcča.
je retrancherai les images taillées ou fon blée encore.
275 CHR DICTI0NNAIRE CHR 276

Au chap. III se présente un fait très-impor très-probablement de la chute même de la


tant à consigner. dynastie éthiopienne. Or, 525 étant la date
Le prophète s'adresse encore à Ninive, et de la prise de l'Egypte par Cambyse, nous
lui demande si elle est meilleure que N0-A- avons pour durée de la dynastie Saïte (26° dy
moun, TmoN N2 assise parmi les canaux, ayant nastie qui succéda à la dynastie éthiopienne),
de l'eau autour d'elle, dont le Nil est la force, selon Eusèbe, 163 ans; ce qui nous donne, en
qui a le Nil pour muraille ? faisant la somme, l'année 688 pour la
9. Couch # était sa force, et les chute de la dynastie éthiopienne, laquelle,
Egyptiens, les Ponts et les Loubim étaient ses selon l'Africain, a duré quarante ans, c'est-à-
soutiens. — 10. Elle aussi en exil est allée en dire de 728 à 688.
captivité.Ses enfants aussi sont brisés au coin Nahoum ayant prophétisé de 698 à 643, il
• de toutes les rues ; on a tiré sur ses plus illus
a • • a parfaitement pu parler d'un événement
:. tres, et tous ses grands ont été chargés de arrivé en 688, et nous sommes ainsi amenés à
·*, iº ! - fers. resserrer les limites du temps dans lequel
-

' !
-u
Quelle peut-être, d'abord, la ville qui porte † prophétie a été écrite entre 688 et
#f
: | tºi | |
º
le nom de Nô-Amoun ? Quel est l'événement
auquel il est fait allusion ? Ces deux ques Du reste, il semble assez naturel d'admettre
jº | n º - tions méritent bien qu'on s'y arrête un mo que l'événement dont le prophète invoque
4 , Inent. l'exemple s'est passé depuis peu, au moment
R
Quant à la première, je lis dans la note de où il en parle. Supposons que ce soit,en 687,
Rº* º º ##**
Cahen, au verset 8 (çh. III de Nahoum) : «Nô par exemple,et voyons ce qu'il en résulterait.
L ' " º! Amoun, appelée par les Grecs Diospolis; Nô, Nous avons un curieux passage de Josèphe
dit Wiener, ville forte et considérable d'E- ui dit, lorsqu'il vient de parler de Joathan,
† qui, du temps de notre prophète, avait ils § a régné de 759 à 743) :
• | a 5 té ravagée parun conquérant.Il y avait deux « Il y avait à cette époque un prophète nom
t *
#•: •# l'# |
-

villes de ce nom : l'une dans la haute Egypte, mé Nahoum, qui prophétisa la ruine de Ninive
Thèbes ; l'autre dans la basse Egypte.En note, et des Assyriens. »
, , * Josèphe donne ensuite la substance du livre
| :: r " --
Wiener ajoute : TnN est le nom du dieu égyp
- | :! | · l, tien Amoun. Ni, Nô signifie portion, partie ; même de Nahoum, et termine en disant :
|
| en copte, Nô signifie cordeau pour mesurer. « Tout ce qui avait été prédit ainsi sur Ninive
ta , l,! • | Dans Ezéchiel (xxx, 16), les Septante ren arriva cent quinze ans après. » (Antiq. jud.,
º | ea dent Nô par Atogrö)tç.Juste dit que Nô-Ammon IX, xI, 3.) — Or, si nous remontons de
signifie le lieu d'Ammon (N2 deNix demeurer). 625, année précise de la ruine de Ninive, à
Le Chaldéen l'appelle Alexandrie. La plupart 115 ans en arrière, nous tombons sur la date
des commentateurs modernes pensent néan 740, qui, au dire de Josèphe, serait la date de
moins qu'il s'agit de Thèbes. » la † de Nahoum. S'il en était ainsi,
pN, Amoun, est effectivement le nom du le Seder-Olam, qui fait prophétiser Nahoum
diéu égyptien. Na ou No ne signifie pas, que dans le règne de Manassé, c'est-à-dire de 698
je sache,portion, partie, et cette idée se rend à 643, se serait trompé de quarante-deux
en copte par To ou Toe ou Toi. Na est le ans. Nous aimons mieux admettre que c'est
pluriel de l'article possessif, de telle sorte que Josèphe qui en ce point, comme en tant
Na-Amoun signifierait exactement les choses d'autres, a fourni à ses lecteurs une date er
qui appartiennent à Amoun : mais nous n'a- ronée.
vons vu nulle part que Thèbes ait porté ce En définitive, nous admettons sans restric
IlOIIl. tion aucune que la prophétie de Nahoum
Probablement Juste a deviné juste quand il concerne la ruine de Ninive arrivée à la mort
a avancé que Nô-Ammon signifiait le lieu de Khin-al-Adan, en 625, et que ce prince
d'Ammon.En effet, TN> signifie habitavit,d'où n'est autre que le Sardanapale des his
TIN>, mansio, habitation, et, dans ce cas, nous toriens profanes, abstraction faite des dates
devons admettre que Nahoum s'est donné diverses auxquelles ceux-ci ont placé sa mort
la peine de traduire pour les Hébreux le vé tragique. -

ritable nom égyptien de Thèbes, qui était po Dans Jérémie (ch. L, v. 18), nous lisons :
sitivement Pimante Amoun, le lieu d'Amoun. C'est pourquoi, ainsi dit Jéhovah-Tsabaoth,
Il s'agit donc bien de Thèbes, et nous adop Dieu d'Israël : Voici ! je vais punir le roi de
• i , tons pleinement l'avis des commentateurs Babel et son pays, comme j'ai puni le roi d'As
- * | •
modernes. S0ll7".

Passons à la deuxième question. Quel Tout ce que nous pouvons inférer de ce


*: ii ; est ºnement auquel Nahoum fait allu verset, c'est qu'au moment où Jérémie l'écri
| K | SlOIl
+
vait, la destruetion de Ninive était accomplie .
-
# :- ;
º :
Puisque Nahoum a prophétisé entre les an Or, le chapitre L, prophétisant la ruine de Ba
· * t nées 898 et 643, c'est d'un événement anté bylone, a été, suivant l'opinion de Dahler,
# , a rieur à 643 qu'il s'agit. savant traducteur de Jérémie, écrit dans la
. | ,, Remarquons d'abord qu'il est dit que Couch quatrième année du règne de Sédécias, c'est
# ou l'Ethiopie était la force de Nö-Amoun ou à-dire en 595. Jérémie parlait donc alors
•-* !
de Thèbes, lorsque cette ville a été mise à † événement qui avait trente ans de
. !
*-
sec. I a dynastie éthiopienne était donc alors ate,
4 maîtresse de l'Egypte, puisque le nom des Au chapitre II, écrit vers l'an 13 de Josias,
1
•c"xp,des Egyptiens, ne passe qu'au deuxiè c'est-à-dire en 628, nous lisons, verset 18 :
#|, , ***
.
me rang Que résulte-t-il de cela ? Qu'il s'agit Et maintenant, qu'as-tu à aller en Égypte pour
|

i r'.
: 4 !

•| | | -
277 CIIR DES ANTIQUITES BIBLIQUES. CHR 2 .8

boire l'eau du Nil (Schikhor)? Qu'as-tu à les calculs pénibles qui pouvaient seuls leur
allèr à Assour pour boire l'eau de son fleuve ? fournir cette date, Petau ( De doctrina temp.)
Les commentateurs entendent, par ces pa établit † cette éclipse historique est eelle
roles, « rechercher l'alliance de l'Assyrie. » qui eut lieu le 9 juillet 597, vers 8 heures du
A cette époque, Ninive existait donc en matin, et qui fut d'un peu plus de 9 doigts.
core ? Cela ne contrarie en rien le fait que Un autre mathématicien, Lansberge ( Ura
nous avons établi de la ruine de Ninive en nométrie, p. 60), a fait voir qu'il y eut une
625, c'est-à-dire trois ans plus tard que cette éclipse totale de soleil visible en Lydie le 22
treizième année de Josias dans laquelle Jéré mai 587, à 4 heures 39 minutes du soir, et il
mie écrivit les mots que nous venons de rap a pensé que cette éclipse était celle qui ter
porter. mina la guerre de Lydie. Déjà Fréret a dé
Il ne nous reste plus qu'à mentionner, à claré que cette coïncidence ne pouvait être
propos de Ninive, ce que nous apprend le admise, et qu'elle était en opposition flagrante
Livre de Tobie. Le vieux Tobie prédit à son avec tous les calculs chronologiques déduits
fils en mourant la ruine de Ninive, et lui or des textes.
donna de s'éloigner de cette ville. Donc, à Nous sommes complétement d'accord avec
1'époque de sa mort, Ninive était encore puis lui pour repousser la théorie de Lansberge,
S8Ilte.
et nous n'hésitons pas à penser que l'éclipse
La version grecque, qui donne au jeune signalée † Thalès est bien celle qui eut lieu
Tobie une vie de 127 ans, dit, qu'avant de le 9 juillet 597. La guerre de Lydie ayant
mourir, il put voir la ruine de Ninive opérée commencé six ans plus tôt, nous en placerons
par Nabuchodonosor et Assuérus (Nabou le début à l'année 603.
pal-atzar et Cyaxare). Tobie n'avait pas be Hérodote ne dit pas un seul mot de l'his
soin de viyre 127 ans pour cela ; nous savons toire tragique de Sardanapale. Il se borne
en effet qu'il était déjà au monde à la prise (chap. 150) à parler en termes assez vagues.
de Samarie par Salmasar, et qu'il fut d'un roi d'Assyrie qui portait ce nom, et dont
avec sa famille transporté à Ninive. Or, les immenses trésors faillirent être pris par .
Samarie fut prise en 72l ; Ninive fut détruite des voleurs, à l'aide d'un conduit souterrain
en 625, et, entre ces deux dates, il n'y a que † avaient creusé pour arriver jusqu'à eux.
26 ans. ous ne pouvons de ce passage conclure .
La Vulgate ne donne à Tobie qu'une exi
stence de 99ans. Il peut donc avoir eu deux ou
† seule chose, c'est que, dès le temps,
'Hérodote, il était déjà question parmi les .
trois ans à la prise de Samarie, et avoir été vi Grecs d'un roi de Ninive nommé Sardanapale.
vant encore lorsque Ninive fut détruite. Il faut aussi conclure du silence d'Hérodote
Nous venons de constater que parmi les que la fin tragique de ce monarque n'était
textes sacrés, il n'y en a pas qui empêche depas alors considérée comme un événement
placer à l'an 625 la destruction de Ninive, et
aussi important que l'ont fait croire les récits .
que, de plus, il n'y en a pas un seul qui amplifiés des historiens postérieurs, puisque -
autorise à supposer que cette ville merveil le père de l'histoire a tout simplement négligé
leuse avait subi quelque grande catastrophe d'en parler, que ce soit avant Nabou-natzar,
avant celle de 625. † allons examiner ou seulement, comme nous le pensons, à la
très-brièvement les passages des auteurs pro prise de Ninive par Cyaxare, que cet événe
fanes relatifs au même événement. ment ait réellement eu lieu.
De tous, le plus ancien et le plus respec Ctésias, de Cnide, contemporain de Xéno--
table est Hérodote, qui est né en 481. Nous phon, fut fait prisonnier par Artaxercès, à la .
commençerons donc par lui. cour duquel il resta en qualité de médecin.
Si nous l'en croyons, il y avait 420 ans que ll eut alors à sa disposition les archives .
les Assyriens étaient maîtres de la haute Asie, royales de Perse, et il s'attacha à y puiser
lorsque les Mèdes se révoltèrent contre leur tous les matériaux d'une histoire assyrienne,
suprématie (liv. I, c. 95). Ils commencèrent de laquelle Diodore de Sicile a copié tout ce ,
par former un corps de nation se régissant qu'il nous apprend des souverains de Ninive,
par ses propres lois, et cet état de choses dura Voici en substance ce qui nous est donné
pendant un temps qui n'est pas connu. par Diodore comme provenant de cette sour
Déjocès fut leur premier roi. Après 53 ans ce ( Biblioth., liv. II, ch. 21).
de règne (c. 102), il laissa le trône à son Trente générations se sont écoulées de
fils Phraortès, qui périt dans une expédition Ninyas à Sardanapale, sous lequel l'empire
contre les Assyriens de Ninive, qui, bien que d'Assyrie passa aux Mèdes, après avoir sub
réduits à leurs propres ressources, formaient sisté plus de 1360 ans.
encore un Etat puissant. Nous commencerons par déclarer nette
Ce fut Cyaxare, fils et successeur de Phra ment que ce chiffre est inadmissible.Trente gé
ortès qui prit Ninive et soumit toute l'Assyrie, nérations ne peuvent occuper que 900 ans ;.
à l'exception de la Babylonie (c. 106). nous avons donc 460 ans de trop dans le
Cyaxare, après la conquête de Ninive, eut chiffre de Diodore.
† avec le roi de Lydie. Cette guerre Ninyas fut une sorte de roi fainéant, et ses
ura six ans, et fut arrêtée grâce à une éclipse 30 successeurs imitèrent exactement ce triste
de soleil qui avait été prédite par Thalès. Les exemple. Le vingtième successeur de Ninyas.
savants ont naturellement cherché à déter se nommait Teutanus. Il envoya une troupe
miner la date importante de cette éclipse, d'Assyriens au secours de Priam, sous la,
visible en Lydie, et ils n'ont pas reculé devant conduite de Memnon, fils de Tithon. -
279 CHR DICTIONNAlRE CHR 280

A cette époque, l'empire d'Assyrie florissait indépendant des Mèdes, et un roi indépen
depuis plus de 1000 ans. 1000 ans pour une dant de Babylone. Elle affaiblit Ninive, voilà
série de 20 rois successeurs l'un de l'autre, tout. En 625, ce fut une révolte soulevée en
c'est 50 ans par règne ; ce qui veut dire que core par un satrape de Babylone et par un
ce chiffre de 1000 ans est tout aussi peu ad roi Mède qui acheva la ruine de l'empire
missible que le premier. d'Assyrie, et qui détruisit Ninive. Dans celle
Admettons un instant que la guerre de ci périt le roi qui était surnommé Sardana
Troie eut lieu dans le xIII° siècle avant paſe, et l'on a si bien confondu ces deux
l'ère chrétienne (1282, Barthélemy, d'après événements si analogues dans leurs causes,
Fréret ; 1270, Larcher et Mentelle ; 1209, si dissemblables dans leurs effets, que pour
marbres de Paros cités par Gail dans son édi concilier les récits calqués l'un sur l'autre,
tion de Xénophon) : nous n'avons plus que de deux événements distants de trois siècles
10 générations de 30 ans, entre 1§ ar à peu près, on a admis que les mêmes faits
exemple, et le règne de Sardanapale : c'est † reproduits identiquement à deux
donc vers 950 qu'aurait régné le Sardanapale, reprises. Nous ne saurions assez protester
trentième successeur de Ninyas. Or, si nous contre la possibilité d'une semblable combi
faisons la somme de tous les règnes des sou naison d'événements. -

verains mèdes donnés par Diodore, d'après Nous avons parlé déjà deux fois du verset
Ctésias, de l'avénement de Cyrus à celui 14 du chapitre x d'Osée, qui dit : Toutes les
d'Arbaces, en comptant à Aspadas les 35 forteresses seront dévastées comme a été dé
qu'Hérodote lui assigne, nous troûvons une truit Schalman à Beth-Arbel.
somme de 317 ans, ce qui, de 560, avéne Ce verset eût fourni un argument de plus
ment de Cyrus, nous rapporte à 877 au lieu en faveur de notre système, s'il eût été écrit
de 950 que nous devrions trouver. Diodore après 625. Mais il n'en est rien ; le verset 1
ne mérite donc ici aucune confiance. du chapitre I" d'Osée porte que celui-ci a pro
Reprenons notre examen des assertions phétisé sous les rois de Juda Ozias, Joatham,
de Diodore. Achaz et Ezéchias, et sous les rois d'Israël
Sardanapale, dernier roi d'Assyrie, était le Jéroboam, fils de Joas. Or les † pre
trentième successeur de Ninyas (ch. 23). Une miers règnes occupent l'intervalle compris
rébellion éclate contre lui.A la tête des Mèdes entre 810 et 698. Le règne de Jéroboam a
révoltés est Arbaces; à la tête des Babyloniens duré depuis 825 jusqu'à 784. Le Salman, dont
Belesis ( ch. 24.) Trois fois de suite Sardana il est question dans Osée, ne peut donc être
ale défait les révoltés en bataille rangée (ch. beau-frère du Sardanapale, dernier roi de
5). Une quatrième bataille est perdue par le Ninive. Y a-t-il une méprise de plus, et la
roi d'Assyrie, qui laisse alors le commande révolte de Belesis et d'Arbaces n'a-t-elle dû
ment de son armée à Salaimène, son beau son succès qu'à une défaite essuyée à Arbèle
frère. Celui-ci est battu deux fois encore, et par un Salman, beau-frère du roi d'Assyrie ?
Sardanapale court s'enfermer dans Ninive # ne me permettrai pas d'avancer un fait aussi
(ch. 26 . hypothétique. -

Survient un débordement du fleuve qui ART. X. —- Accord des historiens profanes


renverse un énorme pan des murailles de avec le prophète Nahum sur la prise de Ni
Ninive. La défense devient impossible, et nive. — Castor. — Vellcius Paterculus. —
Sardanapale, pour ne pas tombér aux mains AEmilius Sura. — Moise de Khorène, dis
de ses ennemis, fait construire en hâte, au cussion de la liste de ses rois. - Sur les
milieu de son palais, un immense bûcher, trois Sardanapales. — Faits antérieurs à
auquel il met le feu lui-même, et qui consu l'an 770 relatifs à l'Assyrie. — Liste des
me lui, ses femmes et ses trésors. Ninive est rois d'Assyrie d'après Moise de Khorène
détruite de fond en comble, et l'empire d'As et le Syncelle. -

syrie est éteint (ch. 27). Nous venons de voir que ni le témoignage
Nous le demandons à tout lecteur sans d'Hérodote, ni celui de Diodore, ni celui
prévention, est-il possible de trouver rien de de Ctésias, ne contrarient notre système.
plus net que l'analogie de cette catastrophe Poursuivons l'examen des écrivains pro
racontée par Diodore d'après Ctésias, avec fanes.
celle qu'a prédite le propbète Nahoum ? Le Syncelle nous a conservé un fragment
Les expressions de Diodore sont précises. de Castor, qui vivait environ cent cinquante
Ce Sardanapale fut le dernier roi de Ninive ; ans avant l'ère chrétienne. -

à sa chute, Ninive fut détruite de fond en Celui-ci dit qu'en compulsant les anciens
cOmble. historiens, il a trouvé que de Ninus I" à
Donc, nous le répétons avec la conviction Ninus II, successeur de Sardanapale, il y a eu
la plus entière, toute cette histoire est celle un intervalle de douze cent quatre-vingts
de Khin-al-Adan, qui fut le dernier roi de ans. Ce Sardanapale ne peut être celui de
Ninive, et † périt victime d'une révolte Diodore et de Ctésias, puisqu'il a eu un suc
du Satrape de Babylonie, Nabou-fal-Atzer, cesseur nommé Ninus II. Alors qu'était-il ?
secondé par le roi des Mèdes, en 625. Nous désirons sincèrement que d'autres plus
Cela empêche-t-i, d'admettre qu'il y eut habiles le devinent; mais nous ne pensons
bien longtemps avant une première révolte pas devoir nous arrêter à ce témoignage.
des Babyloniens et des Mèdes réunis, sous les Velleius Paterculus affirme que la supré -
Ordres de Belesis ou d'Arbaces ? Nullement. matie des Assyriens sur la haute Asie a duré
Seulement, cette première révolte fit un roi mille soixante-dix ans, et que cette supré
281 CHR DES ANTIQUITES BIBLIQUES. CHR 282

matie a pris fin sept cent soixante-dix ans en 560 que Cyrus, l'ami de Dicran , détrôna
avant le consulat de Vinicius. et fit prisonnier Astyages.
Or ce personnage a été consul en l'an Fréret, très-embarrassé pour débrouiller
30 de Jésus-Christ, c'est donc en 740, pour tous les récits confus des anciens historiens,
Velleius Paterculus, que Sardanapale, trente s'est efforcé d'établir l'existence de trois rois
troisième successeur et descendant direct dede Ninive du nom de Sardanapale. Voici com
Ninus et de Sémiramis, a été détrôné et tué ment il les classe, et les dates qu'il rattache
par le Mède Pharnacès. à chacun d'eux :
En 740, Tiglat-fala-sar était tout-puissant 1° Le premier, ou le plus récent, est
à Ninive. L'assertion de Velleius Paterculus le Sardanapale Sarac, d'Alexandre Poly
n'est donc d'aucune valeur. histor.
AEmilius Sura, cité par Velleius Paterculus, Il fut le dernier roi d'Assyrie, et c'est lui
compte depuis Ninus jusqu'à la réduction de qu'Eusèbe et Jules l'Africain appellent
l'Assyrie en province romaine (ce qui eut Thonos Konkoleros , et Suidas Conos Konko
lieu sous le deuxième consulat de Cicéron, leros.
c'est-à-dire , en 63 avant Jésus-Christ) dix Il mit le feu à son propre palais , dans
neuf cent cinq ans, ce qui place la naissance lequel il fut brûlé lui-même lors de la des
de l'empire assyrien à dix-neuf cent soixante truction de Ninive, qui eut lieu en 608, mille
huit ans avant l'ère chrétienne. trois centsoixante ans après le commencement
Ce chiffre ne s'accorde en aucune manière de l'empire Assyrien.
avec celui que nous venons de rapporter 2° Le second est le Sardanapale dont parle
d'après Velleius, et il ne mérite pas plus de Castor, et qui fut le prédécesseur de Ni
confiance. nus II. Celui-ci ayant cessé de régner en 688,
Nous n'avons pas à revenir ici sur le récit c'est antérieurement à cette date qu'il faut
d'Alexandre Polyhistor, relatif à la fin du roi lacer ce Sardanapale, qui n'est d'autre que
Sarac, qu'il appelle Sardanapale. 'Asar-Addon de l'Ecriture , Asordan de la
C'est §t à l'aide de ce récit que version grecque des Septante. Il fut le fils
nous avons été mis sur la voie pour aban et le successeur de Sennakhérib, et par
donner complétement l'histoire d'un pre conséquent il monta sur le trône vers l'année
mier Sardanapale qui se serait brûlé dans 709 Ou 710.
son palais lors de la révolte de Belesis et Cette identification des personnages est
d'Arbaces. basée sur la ressemblance des noms aussi
Moïse de Khorène (liv. II, chap 21) dit que bien que sur la coïncidence des temps.
Barouïr, fils de Sgaiorti, roi d'Arménie, aida Asarhaddon fut détrôné par les partisans de
puissamment Varbace le Mède dans sa ré ses deux frères , Adramelech et Saratzer; il
volte contre Sardanapale. Voici ses propres se réfugia en Cilicie; il fortifia Tarse et An
expressions : chialé, et mourut dans un âge très-avancé,
« Ainsi Varbace, s'emparant des Etats de sans que le souvenir du trône, perdu par
Sardanapale, commande à l'Assyrie, à Ninive ; lui , pût troubler la sérénité de sa vie. C'est
mais il y établit des gouvernants et trans our lui que fut élevé le tombeau devant
porte aux Mèdes l'empire des Assyriens. equel passa l'armée d'Alexandre peu de
Moïse donne ensuite les deux listes paral jours avant la bataille d'Issus. Ce tombeau,
lèles de souverains : situé près de la ville d'Anchialé, qui servait de
1" roi des Mèdes : Notre l°" prince couronné par port à la ville de Tarse, a été mentionné
Varbace, fut : par Clitarque, Aristobule, Hellanicus et Ap
Varbace. Barouir, fils de Sgaiorti.
Maudacès. Hratchia. pollodore.
Artysias. Parnouas. Il porte l'épitaphe suivante, rapportée par
1) jocès. Badjouidj. Cléarque, disciple d'Aristote :
Phraortès. Gornag. Xapôzv47to))o; 'Avaxuv$apá;eto
Cyaxares. Pavan.
'AYYtä)nv Éôs !ge xat Tapaòv ptf iiuégn
Astyages. un autre Haigag. 'AXXà vÙv té0vrxzv.
Erouant, qui vécut peu. (Voy. Frag. hist. Graccorum, édit. Didot, t. II,
Dicrau. - - -

p.505.
Puis il ajoute : « Hratchia, sous lui, dit
on, vivait Nabuchodonosor, roi de Baby Les écrivains cités plus haut ajoutent à la
lone, qui fit les Juifs captifs. » teneur de cette épitaphe la phrase suivante :
Je dois me borner à faire observer que x ) ôi #évo; ia0is, ri.s. raike, (1bid., t. I, º 440,
ce passage , chronologiquement parlant, et dans le vol. d'Arrien, Fragm., p.21 )
ne peut supporter le moindre examen. , Ce qui fait confondre cette épitaphe avec
Le Barouïr qui , pour Moïse de Khorène, celle que portait le tombeau d'un Sardana
a si puissamment aidé Varbace le Mède pale qui était à Ninive même, et dont parle le
dans sa révolte contre Sardanapale, doit très poëte Phœnix. -

probablement être le même que le Belesis Ce Sardanapale, enterré à Anchialé, est


de Diodore et de Ctésias. celui dont parle Clitarque, et qui mourut
Quant à la contemporanéité prétendue de dans un âge fort avancé, ayant survécu long
Nabou-cadr-Atzer et de l'arménien Hratchia, temps à la perte de son royaume. .
elle est naturellement impossible. Car Eouil 3º Le troisième Sardanapale périt lors de
merodach , fils et successeur (le Nabou-cadr la révolte du Mède Arbaces ou l'harmacès,
At4er, est monté sur le trône en 56l ,et c'est selon Velleius Paterculus; il régnait à Niniv9
283 CHR DICTIONNAlRE CHR 284

en 898. C'est ce prince qui avait aux portes


de Ninive son tombeau sur lequel était écrite
† ainsi que nous l'avons déjà dit, a puisé
ans Ctésias tout ce qu'il dit sur l'empire d'As
une épitaphe ordurière. Le poëte Phœnix lui syrie, raconte (liv. II, chap. 1) que Ninus est
donne le nom de Ninus, et Amyntas, celui de le fondateur de Ninive; il épousa Sémiramis,
Sardanapale, d'après la tradition. en Bactriane, et en eut un fils, nommé Ni
Ces trois points, qui résument tout le Mé nyas. A la mort de Ninus, Sémiramis lui éleva
moire de Fréret, nous paraissent suffisam dans le palais même un tombeau de neuf sta
ment réfutés par toutes les considérations des de hauteur sur dix stades de largeur
que nous avons énumérées dans le cours de (1,700 m. sur 1,800 m. environ).
ce travail. Ninyas conspira contre la reine sa mère, et
Nous ne pouvons maintenant que présen celle-ci disparut.
ter d'une manière fort rapide les renseigne Diodore fait observer que, contrairement au
ments historiques qui nous sont fournis par récit de Ctésias, Athénée et d'autres historiens
l'Ecriture sainte et par les profanes, sur les disent que Sémiramis, d'abord concubine de
époques antérieures à l'année 770, dans la Ninus, se fit épouser par lui et réussit à le
quelle il est fait mention du roi d'Assyrie renverser pour régner à sa place (liv. II,
Foul. Nous serons d'autant plus bref que chap. 20).
nous ne nous sentons pas la force de dé Ninus fut un roi fainéant, et ses trente suc
brouiller un pareil chaos. cesseurs ne valurent pas mieux que lui. De
Voici ce que nous lisons dans la Genèse, Ninyas à Sardanapale, sous lequel †
au chap. x, v. 6 : Les enfants de Kham sont d'Assyrie passa aux Mèdes, il y a trente géné
Couch, Misraim, Foul et Kenaan. — 8. Et rations. L'empire assyrien avait subsisté plus
Couch eut pour fils Nemrod, qui commença de 1360 ans lorsqu'il fut renversé.
d'être puissant sur la terre. - 9. Il fut un Teutamus, vingtième successeur de Ninyas,
vigoureux chasseur devant l'Eternel ;... — était sur le trône, et l'Assyrie était florissante
10. Son empire commença par Babel, Erech, depuis plus de mille ans déjà lorsque ce prince
Akad et Calné, au pays de Schinar. — 11. envoya un secours aux Troyens, sous la con
De ce pays il sortit pour aller à Aschour, et duite de Memnon, fils de Tithon (chap. 21).
il y bâtit Ninive, Rebohoth et Kalakh. — Voici maintenant la liste des rois d'Assyrie
12. Ressen, entre Ninive et Kalakh, c'est la de l'ancienne dynastie, telle qu'elle nous a
plus grande ville. été conservée par Moïse de Khorène et par
L'expression du verset 11, - wN Ny (alla Georges le Syncelle.
à Aschour), laisse du doute sur le sens de
ces mots. Est-ce Nemrod qui est allé à As Cette liste, prise par eux à une même source
probablement, présente des discordances
chour, ou Aschour est-il un homme qui est nombreuses
allé fonder ces villes? Les commentateurs que la comparaison de leur copie
fera suffisamment ressortir. D'ailleurs, elle ne
sont d'autant plus divisés sur ce point que s'accorde pas plus avec le dire d'Hérodote
ie y. 22 du même chapitre dit : Les enfants u'avec ceux de Diodore. Nous renonçons
de Sem sont Elam, Aschour, Arfakchad, onc prudemment à la discuter. Contentons
Loud et Aram.
Il nous semble que le sens le plus naturel nous de faire observer que Moïse de Khorène
est celui †fait intervenir la race sémitiquedit que Sémiramis fut tuée par son fils Zamas
représentée par Aschour, sur le territoire sis, qui est le même que Ninyas, et que ce
occupé par la race Khamique, représentée par fut à l'époque de Ninyas que le patriarche
Abraham mourut. Il termine son catalogue
Nemroud.
des rois à Sardanapale, appelé Thonos Kon
Quoi qu'il en soit, l'Ecriture est suffisam koleros.
ment explicite pour établir que l'empire as
syrien fut fondé par Nemroud. LISTE DES ROIS D'ASSYRIE
Le chap. XIv nous apprend que du temps d'après
d'Abraham il y avait un roi de Schinar nom MoisE DE KHoRÈNE et GEoRGEs LE sYNcELLE (d'après Eusèbe
mé Amraphel (ºp-teN). et Jules l'Africain).
}. Au8 : chap. III des Juges nous lisons encore
La colère de l'Eternel s'alluma contre Belus
Ninus
règne 55 ans.
» 52 »
sraël ; il les rendit aux mains dc Kouschan Semiramis » 42 »
rischataim, roi d'Aram-naharaim (Mésopota Arius
Ninyas, ou Zamès
Arius
»
»
58
30
»
»
mie); les enfants d'Israël servirent Kous Aralius Aralius ) M 40 ;
chan-rischataim huit ans (pº pre). VOilà Sosares Manque
à quoi se bornent, à ma connaissance, tous Kseskser † ) $ # )

les renseignements historiques sur l'Assyrie, Galeus (Manque) (Manque)


Armamitreus Armanithres » 58 »
fournis par l'Ecriture, en ce qui concerne les Belochus Belochus » 55 »
temps antérieurs à Foub. Ces deux renseigne (Manque) Balœus » 52 »
ments sont rangés dans leur ordre d'ancien Altadus (Manque º#º
(Manque) Sethos p 52 »
neté relative. C'est tout ce que nous pouvons Mamithus Manithus » 50 »
essayer d'en déduire. Maschaleus Aschalius » 22 »
Hérodote (liv. I, chap. 95) dit que Ninus, Spharus Sphœrus » 28 »
fils de Belus, fonda l'empire d'Assyrie, et que Mamylus amylus » 50 »
cet empire subsista deux cent cinquante ans, Sparethus Sparthœus » 42 »
Scatades Ascatades » 58 »
jusqu'à la révolte des Mèdes, qui devinrent Amyntes Amyntes » 45 »
alors les maîtres de la haute Asie. Diodore, Belocllus Belochus » 25 »
285 CHR DES ANTIQUITES BIBLlQUES. ClIR S6
Balotores Baletores » 50 » 772. Zacharie règne 6 mois.
lamparites Lamprides » 50 » 771. Sellum règne 1 mois.
Sosares Sosares » 20 »
771. Manahem monte sur le trône.
l.ambares Lampraes » 50 » 770. Il paye à Foul, roi d'Assyrie, 1000 kikars
Panias Panyas » 45 »
Sosarmus Sosarmus » 22 » d'argent pour l'engager à l'affermir sur le trône.
Mitreus Mithrœus » 27 » 761. Phaceia, fils de Mahanem monte sur le trône.
Teutamus Teutain s ou Teutanes » 52 prise 759. Phacée monte sur le trône.
de Troie suivant Eusèbe. 743. 17e année de Phacée.
Teuteus Teutaeus » 44 »
(Manque) Arabelius » 42 »
742. Phacée s'unit à Ratzen, roi d'Elam, pour
id. Chalaus » 45 » marcher contre Achaz. Il est battu par Tiglat-fela
id. Anebas » 58 » sar. Une partie de la nation est conduite en exil à
id. Babius Kyr en Assyrie.
ou Teutanes II » 37 » 759 à 750. Interrègne. -

- Tithonus p" les Grecs 750. Osée. fils d'Ela, monte sur le trône.
Tineus Thinœus » 50 »
727.A cette époque, Osée est déjà tributaire du
Dercylus Dercylus » 40 » roi d'Assyrie Salman-asar. -

Eupalmus Empacnes » 58 »
724. Osée fait un traité avec Sabacon, roi d'E-
Laosthenis Laosthenes ſ> » 45 »
Ptitiadis Pertiades » 50 » thiopie.
Qphrates Ophratœus » 21 » 725. Le siége de Samarie est entrepris par Sal
Phratinis Ephecheres » 52 » Il)all-3Sſl I'.
Acrazanes Acragones » 42 » 721. Samarie est prise par Salman-asar. — Fin
Sardanapalus Thonus dit Concolerus » 15 » du règne d'Osée. — Fin du royaume d'lsraël. —
. .. Sardanapalos des Grecs. Translation des 10 tribus.
Depuis Ninyas, 54 rois Depuis Ninyas, 37 rois, Rois de Juda.
d'après Moise de Khorène. d'après le Syncelie. 878. Joas monte sur le trône.
Ces deux listes, d'ailleurs accréditées, à une 859. Amasias monte sur le trône.
époque fort ancienne déjà, sont bien voisines 810. Azarias monte sur le trône.
l'une de l'autre; mais § portent avec elles 771. 59e année d'Azarias.
761. 50e année d'Azarias.
quelques caractères qui dôivent les rendre 759. 52e année et derniète d'Azarias.
suspectes. Il est bien difficile d'admettre la 759. Joatham monte sur le trône.
succession immédiate de trente-six règnes, 742? Ralzen, roi d'Aram, et Phacée, roi d'Israël,
dont pas un seul n'aurait eu une durée de se liguent contre Joatham, et lui déclarent la guerre.
moins de vingt ans. De plus, ces listes con 745. Achaz monte sur le trône à la mort de son
tiennent des noms dont la physionomie, assez père Juatham.
peu rassurante, semble déceler une origine 742. Achaz, attaqué par Ratzen, roi d'Elant, et
douteuse. Notons en passant que nous n'y par Phacée, roi de Juda, appelle le roi d'Assyrie à
son secours, et se reconnaît son vassal; il lui paye
trouvons pas le nom de Thuras, du successeur un tribut.
donné à Ninus par Suidas, Jean Malalas et Ce 751. Achaz 'vient à Damas faire acte de soumis
drenus.
sion à Tiglat-fala-sar. Il lui obéit jusqu'à sa niort.
Fréret pense que le Catalogue d'Eusèbe, et 727. Ezéchias monte sur le trône, ct rétablit le
de Georges le Syncelle, doit avoir été copié culte de Jéhovah.
de celui qu'avait donné Ctésias. Mais il déclare 726. Venue des ambassadeurs de Salman-asar,
que ces deux chronographes sont accoutumés réclamant le payement d'un tribut annuel.
à se donner tant de licence et à faire tant et 715. Ezéchias paye un tribut au roi d'Assyrie ;
de si grands changements aux catalogues de puis se révolte. Il tombe malade, et il est guéri mi
raculeusement.
cette époque pour les ajuster à leur chrono 709. Ezéchias est sur,le trône.
logie, que l'on ne peut faire aucun fonds sur 698. Mort d'Ezéchias.
eux. D'ailleurs, ajoute-t-il, ils mettent un plus 698. Manassé monte sur le trône.
† de rois que ne le faisaient les 671 ? Manassé est pris par les Assyriens, emmené
crivains anciens. Toutefois il faut convenir, à Babylone, et rendu à la liberté quelque temps
ajoute Fréret, qu'à en juger par un passage après.
de l'historien Céphalon, malheureusement fort 645. Mort de Manassé.

altéré et copié par Eusèbe dans sa Chronique 643 à 641. Règne d'Ammon, Josias monte sur le
trône.
# d'où le Syncelle l'a transcrit, que la 655. Siége de Béthulie par Holopherne.
iste des rois d'Assyrie, tirée de Ctésias et ad 610. Josias est tué à Mageddo. Joachaz lui suc
mise du temps de Céphalon, ne différait guère cède : trois mois après il est détrôné et emmené en
de celle que nous avons dans Eusèbe et dans Egypte. — Joakim monte sur le trône.
Georges le Syncelle. Espérons que l'étude des 607. Joakim est soumis par Nabou-cadr-atzer. La
textes cunéiformes viendra tôt ou tard jeter captivité de 70 ans commence.
sur la liste des rois d'Assyrie une lumière 604. Joakim essaye de se soustraire à la domi
nation de Nabou-cadr-atzer. -

aussi vive que celle que la découverte de


Champollion a répandue sur le Canon de Ma 605? Il est fait prisonnier et conduit en captivité.
néthon, naguère si décrié et aujourd'hui si 599. Jéchonias-Joachin règne 5 mois et quel
complétement remis en honneur. ques jours. ll est détrôné ct fait captif par Nabou
cadr-atzer, qui lui substitue son oncle Mathanias,
SYNCHRONIsME HIsToRIQUE DEs RoIs.
Rois d'Israél,
"† il impose le nom de Sédécias.
décias règne 11 ans.
884. Jehu. 588. Jérusalem est prise et brûlée. - Fin du
856. Joachaz. rovaume de Juda. -

841. Joas. . Départ pour Babylone du dernier convoi de


825. Jéroboam II. captifs faits par Nabou-cadr-atzer.
810. Jéroboam Il est sur le trôIIc. 557. Cyrus déclare les Juifs libres. Les 70 ans de
784 à 772. Interrègne. captivité sont accomulis.
287 CIIlt DICTI0NNAIRE CHR 283

Rois d'Egypte. 680. Babylone tombe au pouvoir des Ninivites ;


724 ? Soûa (Sabacon, Sevek), roi d'Ethiopie, est fin de l'interrègne de 8 ans.
appelé, par Osée, roi d'Israël, à son secours contre Empire chaldéen formé de Ninivc et de Babylone
Salman-asar. réunies.
715. Tahraka, roi d'Ethiopie, marche au secours 680. Asar-hadoun, après avoir fait la conquête
ti , i "
| ' | .
dNEzéchias. Son armée s'avance jusqu'à Péluse. de Babylone, est roi de Ninive et de Babylone.
6f0, Nechao marche contre l'Assyrie. Josias 657. Mort d'Asar-hadoun.
cherche à s'aflranchir ; il est tué par un soldat de 657, Saos dou-khin monte sur le trône.
Nechao, qui lui substitue Joach3z, puis 5 mois après,
il | | | ' - ·| Joakim.
647. Mort de Saos-dou-khin.
647. Khin âl-adan (Nabou-cadr-atzer du livre de
,f l -
607. Le Pharaon Nechao est défait à Charchémis
par Nabou-cadr-atzer.
Judith) périt dans l'incendie de Ninive, en 625.
(Voir plus bas à Ninive.)
* a .. 589 Ezéchiel prophétise contre le Pharaon Ephrée 655. Khin âl-adan déclare la guerre à la Syrie,
• • • Apriès). et en confie la conduite à Holopherne
( 588. Le Pharaon Ephrée (Apriès) est encore sur 625. Le roi d'Assyrie est renversé. Ninive est dé
le trône.
truite de fond en comble; le roi Khin-âl-adan se
:•e " ' , 585, Le Pharaon est tué dans une guerre contre brûle dans son palais avec ses femmes et toutes ses
Nabou-cadr-atzer. richesses.
! , ! •|
#. l •
Rois de Ninive.
770. Foul fait invasion dans le royaume d'Israël.
Rois de Babylone. (Suite.)
| r, , l' #
625. Nabou-pal-atzer, satrape de Babylonie, ren
ll reçoit une forte contribution de guerre, et s'é-
loigne. verse la puissance ninivite. L'empire est transféré
· ·
#atiemº il y a eu un ou plusieurs rois de Ni à Babylone.
nire entre Foul et Tiglat-ſela-sar. Quelques com 641. 22 avril, éclipse de lune observée. -

u• • • i • mentateurs placent ici le Sardanapale renversé par 607. Nabou-cadr - atzer est associé au trône; it
ii
| º #ait
, ,, Belesis et Arbaces ; ceci est très-possible : Arbaces
n'ayant pas pris le titre de roi, il se peut que Belesis
assiége Jérusalem. -

604, Nabou-cadr-atzer se trouve seul roi par la


ur : 'ne se soit décidé qu'en 747 à se faire roi de nom, mort de Nabou-pal-atzer.
• || | - après l'avoir été de fait pendant plusieurs années. 605. Nabou-cadr-atzer prend Joakim et l'emmène
lº *
# 4 # , # 742. Tiglat-fela-sar est appelé par Achaz à son se chargé de fers. Il emporte les vases sacrés du
:# il cours; il entre en Syrie, prend Damas, et fait pou temple.
• -
" rir Ratzen, roi du pays; il attaque ensuite Phacée, 602. Songe de Nabou-cadr-atzer. . .
•r " *!
roi d'Israël, lui enlève la plupart de ses places 599. Nabou-cadr-atzer détrône et fait prisonnier
| | | • • fortes, dont les habitants sont transportés en Assy Joachim.
rie, à Kyr. 590. Nabou-cadr-atzer investit Jérusalem.
727. Salman-asar a déjà soumis à un tribut an 588. Nabou-cadr-atzer prend Jérusalem.
nuel Osée, roi d'Israël. 584. Un dernier convoi de Juifs captifs est emmené
725. Salman-asar commence le siége de Samarie, à Babylone par l'ordre de Nabouzar-adan.
après avoir ravagé le royaume d'lsraël. 585. Guerre de Nabou-cadr-atzer en Cœlé-Syrie
721. Salman-asar prend Samarie. Guerre contre et en Egypte.
Elouaios, roi de Tyr. Cette ville est assiégée 5 ans 561. Eouil-mérodakh , règne 2 ans et quelques
par les Assyriens. mois. C'est le Belsatzer de l'Ecriture. Il meurt vic
716. Sar-goun occupe le trône d'Assyrie; il time d'un complot tramé par son beau-frère.
s'empare d'Aschdod ou Azot. 559. Nerghel-saratzer, gendre de Nabou-cadr
715. San-khérib marche contre Ezéchias et contre atzer, tue son beau-frère et le remplace sur le trône
Tahraka. Il perd une partie de son armée devant qu'il occupe 4 ans.
Péluse, en une nuit. 556 et 555. Labou-sarakh, fils du précédent,
712. San-khérib est assassiné par ses deux fils règne 9 mois, et périt dans une conjuration tra
aînés à Ninive, 45 jours après son retour. Asar mée par ses officiers en haine de sa cruauté.
badoun monte sur le trône de Ninive. 555. Darius-Nabou-nahed, né en 617 fils d'Ahas
º '| , 709. Asar-hadoun est sur le trône. verus-Nabou-nahed ? et de Nitocris?Il est Mède d'o-
"- i º ºº
680. Asar-hadoun fait la conquête de Babylone. rigine ; détrôné par Cyrus, et exilé en Carmanie, où
s # Rois de Babylone. il termine ses jours.
• * 747. Nabou-Natzar prend le titre de roi : c'est 558. Cyrus prend Babylone.
la l" année de l'ère fameuse qui porte le nom de ce 557. ll rend la liberté aux Juifs.
- x : " .
prince. 529. Cambyse.
:# .

| -- *
[Bel-adon de l'Ecriture ? Belesis de Diodore et de Rois de Médie.
# : " i ai Ctesias. Barouir de Moise de Khorène.] 788. Arbaces est à la tête des Mè les. Varbakes
755. Nabi monte sur le trône, (Moise de Khor.).
* -- , |
' |' *, • - •. • 731. Khinzer, et Por ou Pyr, occupent le trône 760. Dernière année d'Arbace.
|>i - : simultanément. 760. Maudacès (Ctésias et le Syncel.), Modakès
726. lloulai monte sur le trône. (Moise de Khorène) monte sur le trône.
721. Merodakh-bel-adon monte sur le trône. 740. Sosarmus monte sur le trône et règne 50
a :AllS.
821. 19 Mars, éclipse de lune observée à Baby
lone. 510. Déjocès (Hérodote et Moïse de Khor.) suc
·
x - * º | *« ' 720. 8 mars et 1" septembre, éclipses de lune
cêtle à Sosarmus.
#
observées à Babylone. (Dioeces (Syncelle), Artycas (Ctésias, Syncelle,
•i ! * ,
- ,
715. Merodakh-bel-adon envoie une ambassade Moise de Khorène), Artée (Diodore c'est le 1e" roi

| |
r, t t : |
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ºu
à Ezéchias roi de Juda.
709. Fin du règne de Mérodakh-bel-adou.
mède pour llérodote).
657. Mort de Déjocès, Phraortès (Arphaxad du
, , : 709. Arkéan ; il règne 5 ans. livre de Judith) monte sur le trône. Aphaortès
##. , #e . " (Syncelle), Arbianès et Artinès (Ctésias et Diodore).
##! 704. lnterrègne de 2 ans.
702. Bêl-ithou ; il règne 5 ans. 655. Phraortès meurt vaincu par Khin-àl-adan.
l •-** 699. Aparanadis ; il règne 6 ans. Cyaxare lui succède.
-

, 695. lrighé bêl ; il règne 1 an. 654. Cyaxare assiége Ninive; les Scythes font ir
692. Mesisi-mérodakh; il règne 4 ans. ruption en Asie et la ravagent pendant 8 ans.
• • # . 1 : , ! .
65S. lnterrègne. 626. Les Scythes sont chassés de la Médie.
, | |:: |
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289 DAB DES ANTIQUITES BIBLIQUES. DAB 290

625. Cyaxare aide Nabou-pal-atzer dans sa ré pas de pont, il est passé à gué par les cara
volte contre Ninive. V8lIl0S.
C05. La guerre éclate entre les Mèdes et les Ly 1La carte de Carl Ritter trace exactement
diens.
son cours, et lui donne le nom de Nahr-el
597. 9 juillet. Eclipse de soleil qui termine la Moukatta. J'ai oublié de dire que ce fleuve,
guerre de Cyaxare contre les Lydiens. car il mérite ce nom, reçoit aussi les eaux
595. Mort de Cyaxare et avénement d'Astyages.
560 ou 559. Astyages est fait prisonnier et dé d'une autre plaine importante, quoique moins
trôné par Cyrus. spacieuse que celle de l'Esdrelon, de la
529. Mort de Cyrus. plaine de Safourieh. La rivière qui traverse
CHUB, KoUB. — Nom donné par Ezéchiel cette plaine et qui est l'affluent principal du
à un peuple inconnu (Ezéch. xxx, 5). Sym
Kisson est le § (le fleuve du .
I'01.
maque, selon saint Jérôme, suppose que c'est #. Lirre des Juges (v, 21) mentionne ce
un peuple d'Arabie. fleuve et lui donne le nom de Kedummim.
CHUN, KoUN. — Ville d'Adarezer, roi de Mais il est probable que ce mot veut dire seule
Soba. C'est la même que Béroth. (Voy. ce ment qui vient de l'orient.Alorsil faudrait tra
nom) (I Chron. xvIII, 8). duire ainsi le passage : le torrent de Kisson,
CHUTEENS, KoUTÉENs. — Colonie d'Assy le torrent oriental.
riens qui fut envoyée en Samarie pour rempla Il ne faut pas le confondre avec le Bélus qui
cerles Israélites emmenés en captivité. Le nom se jette comme le Kisson dans la baie de Saint
de leur idole était Nergel (II Rois, xvII, 30). Jean d'Acre, mais qui découle du nord, à l'op
CIBSAIM, KIBsEIM. — Ville de refuge, don posite du Kisson.
née aux Lévites, dans la tribu d'Ephraïm. Il faudrait donc † à notre fleuve ce
(Jos. xxI, 22.) que les écrivains ont dit des sables du Bélus,
CINA, KINAH. — Ville de la tribu de Juda qui sont exploités depuis les âges les plus
(Josué xv, 22). reculés pour la fabrication du verre. (Voy.
CISON, KIssoN. — Le Kisson est une des BÉLUs.
jolies rivières de la Palestine. Il prend sa Le Cisson est aussi nommé Torrent des
source au pied duThabor, du Petit-Hermon, Cadumim (Juges, v,21). C'est probablement le
et reçoit tous les courants d'eau de l'immense nom de quelque localité où passe le Cisson.
plaine d'Esdrelon. COELE-SYRIE, Koi)navpia.—Ce nom signifie
Dans la saison de pluies, cette plaine, bor la Syrie Creuse. Il a deux acceptions : pris
née au nord par les montagnes de Nazareth, dans son sens rigoureux, il veut dire cette
au levant par le Thabor et le Petit-Hermon, magnifique vallée qui sépare le Libande l'Anti
au sud et au couchant par la longue chaîne Liban, et qui s'appelle aujourd'hui le Beqda :
du Carmel tout couvert d'arbres, reçoit des dans un sens plus général, la Cœlé-Syrie
eaux abondantes qui arrivent par la pente comprend toute la partie méridionale de la
douce du terrain au Kisson. Parti du midi, il Syrie jusqu'à l'Egypte. Le Hauran est souvent
s'avance vers le nord, passe au pied du Car indiqué, par cette raison, comme faisant partie
mel, et va se jeter dans la Méditerranée, de la Cœlé-Syrie.
auprès de Kaïpha. Il est large et profond à Il n'en est fait mention dans les Livressaints
son embouchure ; cependant, comme il n'a qu'à partir des Machabées.

D
DABERETH (Debourieh), DoBRATH, DARA pour que ces deux localités doivent être sé
BITH, HEDABRAT. — Dabereth est mentionnée parées l'une de l'autre.
par Josué (xIx, 12) parmi les villes de la tribu DABIR. — Il y a deux Dabir : 1° Dabir ville
d'Issachar sur la frontière de la tribu de Zabu kénâanéenne qui appartint ensuite à la tribu
lon. Reland pense que c'est la même que la de Juda. C'est la même † Kiriath-Sernia.
Aă6tpa, située surleThabor et mentionnée par Othoniel s'en empara sur les géants Enacim,
Eusèbe dans l'Onomasticon. Il y a en effet au c'est-à-dire les enfants d'Enac. (Josué x, 38.)
jourd'hui au pied du Thabor un village arabe (Voy. , CARIATH-SÉPHER) ; —, 2° Dabir des
du nom de Debourieh, qui s'identifie parfaite Amorrhéens, qui † tard appartint à la
tribu de Gad. Il faut la chercher entre Hesebon
ment avec la Dabereth biblique. Seulement je
ne partage pas l'opinion de Reland, qui pense et Ramoth. -

avec Maundrei que ce lieu a pu donner son DABOR. — On rencontre sur la voie anti
nom au juge Debora. Dans les noms bibliques, que de Jérusalem à Jérichoune ruine qui s'ap
le nom personnel est toujours distinct du nom pelle Thour-ed-Dabor.
du pays. On dit bien Elie le Thesbite, mais Je pense que ce nom nous rappelle un nom
nous ne voyons pas que les noms d'hommes biblique qui se trouve mentionné dans le pas
soient empruntés aux localités Il ne faudrait sage suivant (Josué xv) : - 5. Et la limite (de
as confondre cette ville avec la A 26aoirrx de la tribu de Juda) du côté du nord, depuis la
osèphe, qui devait être, selon Reland, beau langue de mer de l'extrémité du Jourdain,
coup plus au midi. Malgré cette autorité, il — 6. La limites'élève vers Beit-Hadjlah, passe
n'y a pas si longue distance entre la Dabeira au nord de Beit-Hdarbah, s'élève à Ebn
duThabor et les limites indiquées par Josèphe, Bahan (la pierre de Bahan, fils de Raou-Bcn).
391 DAP DlCTlONNAIRE DlB 202

La limite s'elève. vers Dabor, d partir de la DAPHNE. — Lieu près d'Antioche (I1
vallée d'Akour.Je ne doute pas que la Dabor Mach. Iv, 33).
citée dans ce passage ne soit l'origine de la DAPHNIS. — La fontaine de Daphnis est
dénomination donnée aux ruines qui parais mentionnée dans les Nombres ( xxxIv, 11 )
sent au Thour-ed-Dabor, et à l'Ouad-ed-Da auprès de Rebla.J'ai conjecturé que le terme
bor, que nous rencontrerons. un peu plus de Daphnim n'était autre chose que celui de
loin. D'un autre côté, Strabon (liv. xvI) men Danim, et voulait dire la † de Dan.
tionne deux forts qui étaient situés dans les Elle est indiquée comme formant les limi
défilés qui conduisent à Jéricho, et qui furent tes de la Terre-Sainte vers l'orient au-dessus
du lac de Cénereth.
pris par Pompée, après la réduction de Jéru
salem. Il nomme ces forts Threx et Taurus, DATHEMAN.— Forteresse où se refugiè
et ce dernier pourrait très-bien n'être que rent les Israélites poursuivis par leurs en
notre Thour-ed-Dabor. - nemis sous les Machabées. On a pensé que
Cette ville de Dabor a porté plusieurs noms c'était la même que Bethonim. C'estune iden
à l'époque biblique : ainsi, nous lisons dans tification qui
§ n'est pas faite encore.
DE ). — Voy. ToMBEAU
Josué (xv, 19): — Kerit-Sanah, qui est Da DEDAVID DAVID.
bor; et dans le même chapitre (vers. 45) :
— Le nom de † ſ# autrefois Kérit-Se DAVID (ToUR DE). — Voy. ToUR DE DAvID.
pher. - Le premier de ces deux noms signi DEBBASETH. — Localité indiquée par Jo
fie ville où l'on inculque, où l'on répète (rcu' sué ( xIx, 11 ).
de pv pour rue); le second signifie ville du DEBERA, DABER. — Localité de la tribu
livre : les deux noms peuvent donc parfaite de Juda ( Josué xv, 7 ).
ment s'interpréter la ville des hommes let DEBLAHAIM, BEIT-DEBELATAïM. — Ville de
trés, et c'est ainsi, en effet, que les Sep Moab indiquée par Jérémie (xLvIII, 22).
tante ont rendu Kerit-Sanah par Ilö)ts ypzg DEBLATHA. — Désert dans la Moabitide
Pu CXT6a)W.
DALMANUTHA. — Il n'est fait de Dalma (Ezech. xvI, 14).
DECAPOLE. — Quelques-uns ont désigné
nutha qu'une seule mention dans les Livres sous ce nom les dix villes suivantes : Césarée
saints. C'est dans saint Marc (vIII, 10). Et de Philippe, Asor, Cedes Nephthalim, Se
encore l'évangéliste saint Matthieu donne het, Corozaïm, Capharnaüm , Bethsaïda,
t-il à la même localité le nom de Mageddo. otapata , Tibériade et Bethsan, la même
(Matth. xv, 39.) que Scythopolis. Le nom de Décapole ne se
BAMAS, DARMEsCHK, DIMACHK. - Les Ara trouve mentionné que dans le Nouveau Tes
bes nomment Damas Schâm. C'est la ville la tament. Josèphe la nomme seulement deux
† ancienne et la plus importante de la fois. Eusèbe et saint Jérôme appellent la Dé
T1G. capole dix villes au delà du Jourdain au
"§id s'en empara et la rendit tributaire ; tour d'Hippos, de Pella et de Gadara. Saint
mais ellesecoua le joug des rois d'Israël dans Epiphane ditlamême chose à peu près, en nom
les dernières années du règne de Salomon. mant Pella et la Basanitide qui est le Hauran
La position admirable de Damas, au pied du actuel.On voit qu'il y a loin du pays que tous
Liban, dans une plaine d'une grande fertilité, ces écrivains assignentlà la Décapole de l'énu
dut tenter constamment les envahisseurs. mération nécessairement fautive que j'ai don
Aussi fut-elle plusieurs fois prise par les Assy née plus haut.
riens ; plus tard par les Grecs et les Ro Je ferai seulement remarquer qu'en lui don
mains. nant Pella pour centre, elle se trouvait en
Il n'est fait mention de cette ville dans le deçà et au delà du Jourdain, ce qui paraît
Nouveau Testament qu'au sujet de saint Paul, conforme aux faits rapportés par les évan
qui se convertit sur la route de Jérusalem à gélistes.
Damas à peu de distance de la ville. DEDAN, DEDANIM, DADAN.—Localité de l'Idu
Cette ville est un peu déchue de son impor mée citée par les prophètes. (Jerem.xxv, 23.)
tance depuis qu'elle est tombée au pouvoir DELEAN, DILAN, DELAAN. — Ville de la tri
des Turcs. C'était sous la domination arabe bu de Juda. (Josué xv, 38.)
une des cités les plus florissantes de l'Orient. DENABA, DENHABAH. — Ville d'Idumée qui
DAMNA. — Il y a eu deux Damna : , 1° appartint à Balac fils de Beor, roi d'Edom .
DAMNA de la tribu de Juda, située dans les après lequel plusieurs pensent que régna Job.
montagnes ; 2° DAMNA dans la tribu de Za (Gen. xxxvI,32; I Chron. I, 43.)
bulon, accordée aux Lévites de la famille de DERBE. — Ville de Lycaonie où se réfugia
Merari. Ces deux villes sont à identifier avec saint Paul. (Act. xIv, 6.) -

des localités modernes (Josué, xv, 49). DESIAU, DEssAoU. — Forteresse mention
DAN, tribu. — La tribu de Dan était au née dans le II Lirre des Machabées (xiv, 16).
couchant de la tribu de Benjamin. Elle avait Il s'y livra une bataille entre les Juifs et Nica
pour limites au nord la tribu d'Ephraïm nor. Le nom grec est Asaazou.
et au midi les terres des Philistins. C'était DIBON, DIBoUN. — Ville fertile en pâtura
en étendue la tribu la plus petite : mais elle ges, de la tribu de Gad. Elle fut bâtie ou plutôt
avait l'avantage de joindre la grande mer du fortifiée par les enfants de Gad. Josué la cite
côté de Joppé. parmi les villes de la plaine.(Nombresxx1, 30 ;
DAN, † — Voy. CAESARÉE. Josué, xIII, 9.)—Isaïe cite les eaux de Dibon.—
DAPHCA, DAFKA.— Neuvième station des Is D'après Néhémie (xI, 25), il y avait une Dibon
raélites dans le désert. (Nombres, xxxIII, 12.) . dans la tribu de Juda. Saint Jérôme dit qu'on
235 ECC DES ANTIQUITES BlBLIQUES. ECC 29à

la nommait indifféremment Dibon ou Dimon. Les ruines de Dora forment un massif qua
DIBONGAD, DIBoUN-DJED. — Trente-neu drangulaire élevé de plusieurs mètres au
vième station des Israélites dans le désert dessus de la plaine. Des murailles phénicien
(Nombres xxxIII, 45). nes, une tour du temps des croisades dont
DIEVIENS. — Peuples nommés dans le I" un pan assez considérable s'élève encore au
Livre d'Esdras (Iv, 3) avec les Babyloniens. dessus du terrain sont les vestiges très-recon
DIMONA. — Probablement la même que Di naissables de cette ville.
bon. (Voy. ce mot.) Dora fut une ville épiscopale de la première
DJALAH. — Cette ville est près de Beit Palestine. Dora a sa nécropole fort intéres
Lehm. Beit-Djala n'est très-probablement que sante, comme toutes les villes phéniciennes
Djalah (nb2) mentionnée parmi les villes de la du littoral.
montagne, dans la tribu de Juda (Josué xv, DOTHAN, DoTHAIN, DoTHAIM. — Cette lo
51). A côté de Djalah le même verset men calité biblique doit être placée dans le voisi
tionne le village de Halin (ºn), que je suis nage de la grande plaine d'Esdrelon, et près
bien tenté d'identifier avec le village de Nah de l'ancienne Béthulie. Mais son identification
halin, si immédiatement voisin de Beit-Djala. précise est encore à faire.
DOCH. — Petite forteresse dont le I" Livre La carte de Carl Ritter place Dothaïn sur la
des Machabées fait mention (xvI, 15). gauche de la route lorsqu'on va de Sannour
DOMMIM. — Contrée de la tribu de Juda à Djennim. Je crois que c'est une erreur :
près de Socho et d'Azecha (I Rois, xvII, 1). Dothain était beaucoup plus à l'orient de
DOR, DoRA, DURA, DoURA. — Ville phéni Pjennim, ainsi que Béthulie — Ajoutons que
cienne sur le bord de la mer, entre d§ Dothaïn devait, comme Djennim, se trouver
et la pointe du Carmel. Elle tomba en partage près de la grande plaine, parce que les enfants
à la tribu de Manassé qui ne put jamais s'en de Jacob dans leur parcours nomade avec
emparer. Ses ruines se remarquent encore à leurs troupeaux s'y étaient établis. Il fallait la
deux kilomètres au nord du village arabe plaine pour les pâturages et les eaux pour les
de Tanthourah, dont le nom n'est qu'une abreuver.
corruption de celui de l'antique Dora.

E
EBN-AAZER. — Voy. PIERREs coNsAcRÉEs. che jusqu'à a Casa-Nuova, un bruit assez
ECBATANE. — Ce nom d'Ecbatane est cité semblable à un violent roulement se fit en
dans les Livres saints comme une ville de Mé tendre au loin, dans la direction de la Voie
# une montagne. (I Esdr. vI, 2 ; Tob. Douloureuse. — C'est une maison de plus qui
v, 8.) s'écroule, nous dit-on, et nous regagnâmes
tranquillement notre gîte, sans nous préoc
ECCE HOMO (ARCADE DE L'). — Pendant cuper autrement d'un accident qui, depuis
mes deux premiers séjours à Jérusalem,j'avais, quelques jours, s'était si souvent répété, que
on le pense bien, parcouru nombre de fois la nous étions en quelque sorte blasés sur l'émo
Voie Douloureuse (c'est la rue qui mène au tion naturelle qu'il eût dû nous inspirer.
Bab-Setty-Maryam), afin de gagner la vallée Le lendemain matin, en me rendant aux
de Josaphat, pour y étudier à loisir les mo tombeaux de la vallée pour y continuer mon
numents et les curieux débris qui y sont ac travail, je fus fort surpris de trouver la Voie
cumulés.J'avais étéune première fois singuliè . Douloureuse encombrée, sur une étendue
rement désappointé, lorsqu'on m'avait désigné d'une vingtaine de mètres, en deçà de l'arcade
l'arcade de † HomO, en me mOntrant
de l'Ecce Homo ; c'était toute la muraille
une porte au-dessous de laquelle passe la de gauche s'appuyant sur cette arcade, qui
voie publique. Cette porte, que je voyais sur avait été renversée la veille au soir, en entraî
montée de deux petites fenêtres carrées, de mant avec elle l'épaisse croûte de plâtre sous
structure évidemment récente, était rendue à laquelle l'arcade primitive avait été ensevelie
peu près ogivale par un replâtrage turc qui la Ainsi dégagée de son revêtement moderne,
couvrait entièrement. Cette fois donc je me cette arcade reprenait son véritable caractère,
croyais en droit de rejeter bien loin la tradi et un caractère auquel il n'était pas pos
tion chrétienne, et de m'inscrire en faux contre sible de se méprendre. J'étais en face d'une
l'identification de cette arcade, en appa belle porte en § cintre, datant très-certai
rence toute moderne, avec l'arcade de l'Ecce nement du haut empire, et construite en très
Homo.
bel appareil de blocs considérables, tout à fait
J'étais bien décidé à ne pas m'en occuper et semblables à ceux qui forment la muraille an
à n'en pas dire un seul mot, lorsque les pluies tique que l'on rencontre un peu au delà, tou
affreuses du commencement de février, pluies jours à gauche de la Voie Douloureuse,et sous
qui firent crouler une quarantaine de mai une longue voûte qui est percée en un point,
sons dans les différents quartiers de la ville, pour donner jour sur un petit cimetière mu
Ine mirent à même de revenir complétement sulman. Cette muraille, assez semblable d'ail
sur mon premier jugement. Un soir que nous leurs pour l'appareil à celle qui longe, près
avions bravé l'averse, pour aller passer quel du Saint-Sépulcre, l'ancien hôpital des cheva
ques heures auprès de notre ami † Botta, au liers du Temple, est considérée par la tra
moment où les Kaouas allumaient les falots dition comme une des murailles du palais de
avec lesquels ils devaient éclairer notre mar Pilate. Je ne veux pas examiner ici la valeur
295 EUC DICTIONNAIRE EDR · 296

de cette tradition, mais ce que je puis affirmer, n'>:, arc, très-probablement). Il est possible
c'est qu'une muraille semblable est d'une anti que l'arc en question, qui appartenait au pa
quité très-reculée. lais de Pilate, ait effectivement servi de tribune
Je reviens à l'arcade de l'Ecce Homo. La dans les occasions où le gouverneur rounain
porte romaine, dont l'existence venait de avait à haranguer le peuple. Quoi qu'il en
m'être révélée par un accident tout providen soit, je maintiens que l'arcade de l'Ecce homo
tiel, se rattachait donc au mur dit du palais est contemporaine des événements de la Pas
Sl0Il.
de Pilate, palais qui, au point où s'en voient
les restes, se trouvait évidemment en contact EDEMA. — Ville de la tribu de Nephthali.
avec la forteresse Antonia; dès lors la double (Jos. xIx, 36.)
tradition devenait pour moi très-plausible. EDEN. - Plusieurs Interprètes pensent que
De ce moment, je n'ai plus conservé de doutes l'Eden biblique était situé dans la plaine de
réels, et, à moins de démonstration contraire, Damas. Caïn étant parti d'Eden alla droit vers
je crois fermement aujourd'hui, et je conti l'orient, dans la terre de Nod (Gen. Iv, 16).
nuerai à croire que l'arcade de l'Ecce Homo a D'autres placent l'Eden dans l'Arménie, aux
légitimement reçu ce nom. sources de l'Euphrate et du Tigre, Cette
Comme je devais naturellement ne pas me indication est plus conforme au texte (Genèse
II, 8 et suiv.
laisser détourner de la besogne que j'avais EDER, AADER. — Ville de la tribu de Juda .
commencée, et comme le terme de notre
séjour à Jérusalem était arrivé, vu † I10l1S
(Josué, xv, 21).
EDOM, IDUMÉE, IDUMÉENs. — L'Idumée, ou
n'attendions plus qu'un rayon de soleil pour terre d'Edom, comme le mentionne fréquem
nOus remettre en route, mon ami, l'abbé Mi
ment le texte sacré, est une vaste contrée
chon, se chargea d'exécuter le levé de l'ar
cade de l'Ecce Homo, et c'est grâce à ses soins située au midi des douze tribus, et qui s'é-
que je puis aujourd'hui donner la descrip tend jusqu'à l'Egypte, ayant àl'orient l'Arabie
tion de cette porte si éminemment intéres pour frontière. Les Iduméens descendaient
Sante.
d'Esaü, fils d'Isaac et de Rébecca, et frère de
Jacob. Voyez dans la Genèse l'histoire si inté
Ainsi que je l'ai dit, c'est un arc en plein ressante de la vie de ce patriarche. • - - -

cintre de six mètres d'ouverture, et, par con L'Idumée ne fut complétement assujettie
séquent, décrit avec un rayon de trois mè que sous Salomon, qui étendit son empire
tres. Une archivolte simple, dont la moulure jusqu'à l'Egypte et à la mer Rouge. -

est d'un listel étroit, d'une large doucine et Origène dit que deson temps cette race avait
d'une plate-bande égale en largeur à la dou complétement disparu. Cette assertion au
cine, orne l'arcade et vient retomber sur une
rait besoin de preuves ; car il est rare que
corniche formée de deux listels séparés par les races ne persistent pas, même après plu
une doucine. L'éboulement avait démasqué sieurs conquêtes successives. -

une niche cintrée, pratiquée dans le piédroit, Saint Jérôme, en parlant de l'Idumée, dit que
ayant une hauteur de un mètre quarante cen ses habitants avaient leurs maisons dans des
timètres environ, et cinquante centimètres de cavernes, parce que c'est un pays méridio
largeur. Le cintre de cette niche repose sur nal et exposé à une trop forte chaleur. Les
deux amorces de corniche en console, du Arabes aujourd'hui, notamment ceux du vil
même profil que celle qui reçoit la retombée lage de Siloan, près de Jérusalem, habitent
du grand arc. Enfin, l'épaisseur de l'arcade, aussi dans des maisons creusées aux flancs
parallèlement à l'axe de la rue, est de deux des montagnes. Presque , toujours ce sont
mètres cinquante centimètres. La porte est,- d'anciennes nécropoles qui se changent ainsi
ainsi que je l'ai dit plus haut, couronnéed'une en villes de vivants. -

ignoble construction moderne, et toute la EDREI, ADRAA, EDRAï.— Edrai , était une
partie droite se trouve englobée dans les ville royale, l'une des habitations de Og, roi
murailles d'une petite église chrétienne aban de Basan. Ce fut là que la bataille lui fut li
donnée. ð la façade postérieure, mal
heureusement elle n'avait pas été dégagée par vrée par les Israélites, sous la conduite de
Moïse, et que ce prince de la race des géants
J'écroulement qui avait entraîné le revêtement fut mis à mort. Eusèbe place cette ville à vingt
extérieur de l'autre façade. milles de Bostra. Il la nomme aussi Adara.
Saint Jean, dans le chapitre xIx de son Evan Cette ville fut nommée, au temps de Guil
gile, en racontant la scène cruelle dont cette laume de Tyr, la ville de Bernard d'Etampes.
arcade a été le théâtre, dit simplement que Elle était suffragante de la métropole de Bos
Pilate se montra à l'extérieur (è#)0sv tä)tv tra. Plusieurs de ses évêques ont souscrit à
#o) avec le Christ pour dire à la foule : "I8e à divers conciles, notamment à celui de
āw0portoç : Ecce Homo (verset 5). Au verset Constantinople, qui est le second concile œcu
14, l'évangéliste se sert du mot Biga, tribune, ménique, et à celui de Chalcédoine de
pour désigner le lieu sur lequel le Christ fut 456.
conduit, la deuxième fois, par Pilate. qui, en Dans la table de Peutinger, Adraa est placé
le montrant aux Juifs, dans l'affreux êtat où entre Bostra et Capitolias, et Capitolias entre
l'avaient mis les tortures qu'il avait déjà en Adraa et Gadara.
durées, espérait éveiller en eux un mouve La carle de Carl Ritter donne assez exacte
ment de compassion. Cette tribune se trouvait ment les situations respectives de ces trois
à l'endroit nommé At0čatptoto; (le pavé en mo villes : l'Edrei antique est encore l'Edrei mo
sa que), et, en hébreu, Ya66a6i (de >a, pl. derne
297 ELY DES ANTIQUlTES BIBLlQUES. I.MM 208

On place une autre Edraï dans la même ré EMATH. - Je lis dans mes notes de voya
gion, mais beaucoup plus au nord. Carl Rit ge : Un peu plus loin, nous apercevons, à
ter la nomme sur sa carte Edhra-Zara. Je ne six kilomètres environ sur notre gauche, un
crains pas de trop m'avancer en disant qu'il mamelon que semble surmonter une vaste
n'y avait qu'une seule Edraï, dans le voisi ruine. Ismayl me dit que c'est le Qalaat-el
nage de Bostra. Hammam. Parmi les villes fortes de la tribu de
Une autre Edraï était dans la tribu de Neph Nephthali(Josué, xIx,35), est mentionnée Ha
thali. math (nNn), dans le voisinage de Kenret, qui
EGLON. —Ville royale des Kenaânéens, dont a donné son nom à la mer de Kenret, ou lâc
Josué mit à mort le roi nommé Dabir. Cette de Gennezareth, ou lac de Tibériade. Cette
ville échut à la tribu de Juda. (Josué, x, 3 et Hamath est probablement notre Kalaat-el
suiv. ) Elle doit être placée dans le voisinage Hammam. Une ville nommée Hamath-Dar
de Lachis et d'Hébron. Reland prétend que (-NT-ncn), est mentionnée (Josué, xxI, 32)
#ue a eu tort de la confondre avec Adol parmi les trois villes de la tribu de Nephthali
8IIl. assignées à la tribu de Lévi. Est-ce la mê
ELATH. — Elath et Esion-Gaber sont à l'ex me que la ville forte citée dans le partage de
trémité du golfe d'Akabah. C'était un port de Nephthali?Cahen lesuppose, malgré l'adjonc
mer. Les Hébreux y séjournèrent dans leur tion du surnom Dar, qui lui est assigné cette
longue marche à leur sortie d'Egypte. (Deut. fois. Pour ma part, je suis tenté de le croire
II, 8. ) — Voy. AiLA. aussi ; je n'ai pas malheureusement visité cette
ELEALE(EL-AL). —Ville des Amorrhéens, localité,qui paraît être excessivement curieu
dans le pays de Galaad. Elle fut rebâtie ou forti se, et dans laquelle Robinson, sur ce qu'en
fiée parlesenfants de Rubenauxquels elle échut ont dit Burkhardt, Irby et Mangles, reconnaît
en partage. Elle était encore considérable au les cavernes fortifiées, placées près d'Arbelâ,
temps de saint Jérôme, qui la place, avec Eu en Galilée, et dont Josèphe parle deux fois,
sèbe, au prennier mille de distance d'Hesebon. avec d'autant plus de précision, qu'il lesa mi
Le nom de Eleale est exactement conservé ses lui-même en état de défense. Il les ap
dans le nom moderne d'El-Al, qui doit être elle dans sa Vie (parag. 37)la grotte d'Arbè
même la véritable transcription. es ("ApÉn)o» azrm)ato»), et dans la Guerre des
ELEPH. -- Ville de la tribu de Benjamin. Juifs (lI, xx, 6),les grottes voisines du lac de
(Josué, xvIII, 28.) Gennesar (t à Trepi Tevvaaàp rºv )iuvnv arri)xta).
ELEUTHERE. -- Fleuve mentionné deux fois Le nom que Robinson applique à cette loca
dans le I" Livre des Machabées ( xI, 7 ; xII, lité est celui de Kalâat-ibn-Mâan ; ce nom dif
30. ) — C'est à tort qu'on l'a placé parmi les fère beaucoup de celui que m'a dicté Ismayl,
fleuves de la Terre-Sainte, entre Tyr et Si et après lui Mohammed. Mais, comme Robin
don. D'après un passage de Pline .( lib. v, son et ses devanciers sont d'accord pour pla
cap. 20), le fleuve Eleutheros doit être placé cer cette forteresse antique sur les flancs es
au nord de Tripoli, près de la ville d'Orthosia. carpés de l'Ouad-el-Hammam, il est possible
Ses eaux viennent du Liban.
ELIM. — Sixième station des Israélites
† tout le monde ait raison, bien que je
onne tout naturellement la préférence au
dans le désert. Il y avait là douze fontaines nom que j'ai recueilli Comme à Hattin, Ro
et soixante-dix palmiers. ( Exod. xv, 27 ; xvI, binson a pu recevoir l'indication des ruines
1 ; Nombres, xxIII, 9.) Elim s'identifie très très-apparentes placées près du Qalâat,et qui
bien avec une localité que les Arabes nom lui ont été nommées Irbid,l'identification qu'il
ment Hammâm-Farôn. propose me paraît extrêmement satisfaisante;
ELIM. — Isaïe mentionne (xv, 8) un puits en effet, l'Arbèles de la bataille d'Alexandre
d'Elim que l'on place dans la Moabitide. s'appelle aujourd'hui Irbil, et de Irbid à Irbil
ELISEE ( FoNTAINE D'). — Voy. JÉRICHo. il y a si près, que très-probablementl'Irbid de
EL MELECH. — Ville de la tribu d'Aser. Galilée nous donne le nom moderne d'une
( Josué, xIx, 26. antique Arbèles.
ELON. — Ville de la tribu de Dan. Elle est EMIM. — Les Emim furent une des races
nommée dans l'hébreu Elon-Beth-Anan ; mais aborigènes de la Moabitide. lls en furent
la Vulgate a fait deux villes, et a écrit : Et in chassés par les enfants de Moab. — Voy.
Elon, et in Bethanan. (I Rois, Iv, 9.) MoAB.
ELTECON. — Ville de la tribu de Juda.(Jo EMMAUS, HAMMAM. -- Il y a en Palestine
sué, xv, 59.) trois localités qui ont porté le nom d'Em
ELTHECE, ELTHECo. — Ville de la tribu de maüs, qui signifie bains, Hammâm. Suivons
Dan, qui fut ville de refuge, donnée aux Lé les avec ordre.
vites. (Josué, xIx, 44 ; xxI, 23.) 1° Emmaüs quifut plus tard nommée Nico
ELTHOLAD. — Ville que Josué décrit par polis. ll n'y a aucun doute sur son identifica
mi delles de la tribu de Juda. Il donne le tion: elle est située à moitié chemin de Ram
même nom à une ville de la tribu de SiInéon. leh à Jérusalem.
(Josué, xv, 30; xIx, 4.)Nous savons par l'exem Saint Jerôme raconte cOmment le nom de
ple de Cana, que deux localités de même nom Nicopolis lui fut donné: Julius Africanus, cu
peuvent être voisines, et se trouver dans la jus quinque De
même tribu.
# exstant volumina,
sub imperatore M. Aurelio Antonino qui
-

ELYMAIS. — Ville de Perse qui est la mê Macrino successerat, legationem pro instau
me que Persépolis. Elle n'est nommée qu'une ratione urbis Emmaus suscepit, qua posteq
seule fois dans la Bible. (I Machab. vI, l.) Nicopolis appellata est.
DICTIoNN. DEs ANTIQUITÉS BIBLIQUEs. 10
209 EMM D1CTIONNAIRE EPH 500
Théophane raconte le trait suivant sur la nous l'avons vu, est déjà donne par Josèphe
fontaine d'Emmaüs : pour Emmaüs. Faudrait-il rapprocher Nico
Il y a à Nicopolis de Palestine, qui autrefois polis de Jérusalem pour la mettre à soixante
s'appelait Emmaüs, une fontaine qui guérit stades, selon l'exigence du texte de saint Luc ?
les maladies des hommes et des bêtes. On Ne pourfait-on pas dire que les diverses dis
rapporte que notre Dieu et Seigneur Jésus tances donnéesparsaint Lue, par Josèphe, par
étant en voyage s'y lava les pieds.Le criminel les anciens itinéraires, ne sônt que des †
empereur Julien commanda que cette fon approximatifs, puisque je suis arrivé à réduire
taine fût comblée d'un amas de terre. de soixante-quatre stades le chiffre de cent
L'Itinéraire de saint Wilbald confond Em soixante-seize donné par l'ancien itinéraire ?
maüs (Nicopolis) avec le bourg d'Emmaüs En étendant le chiffre de saint Luc et celui de
mentionné par saint Luc. Josèphe, en diminuant, ce qui est rigoureuse
2° Emmaüs près de Tibériade. Ce sont des ment demandé, le chiffre énorme des vieux
eaux chaudes, dont il est parlé à l'article Tibé itinéraires, sur lesquels Reland a basé son
riade. — Voy. TIBÉRIADE. argumentation pour établir l'immense dis
tance de l'Emmaüs de saint Luc de l'Emmaüs
3° Emmaüs, placé par saint Luc (Luc. xxIv,
13) et par Josèphe (Antiq., lib. VII, cap. xxvI) Nicopolis, on arrive à une identification.Je
à soixante stades de Jérusalem. Ce lieu est propose celle-ci, évidemment avec quelque
célèbre par la rencontre qu'y firent deux dis doute. Mais deux motifs me paraissent puis
ciples du Sauveur ressuscité. sants. Saint Jérôme pouvait difficilement se
tromper sur l'Emmaüs évangélique. Si l'Em
Où placer maintenant l'Emmaüs de l'Evan
gile ? La question est difficile. Saint Jérôme mausévangélique n'eût pas été Nicopolis, la
lui-même, et la plupart des écrivains reli tradition chrétienne aurait indiqué une localité
gieux, l'ont placé à l'Emmaüs Nicopolis. Mais dans le voisinage de Jérusalem, pour rappe
Reland trouve à cette identification une diffi ler le fait évangélique de l'apparition duSau
culté tirée de l'Evangile lui-même : c'est que veur aux deux disciples.
l'Emmaüs de saint Luc est indiqué à soixante , EMMER, EMER. — Ville d'Assyrie, men
stades de Jérusalem par le texte lui-même, tionnée par Esdras. (I Esdr., II, 59.)
pendant que l'Emmaüs Nicopolis est à cent EMONA. — Ville de la tribu de Benjamin.
soixante-seize stades de Jérusalem, selon les (Josué, xvIII, 24.)
anciens itinéraires. Il ajoute que l'Emmaüs ENAIM. — J'ai discuté cette identification
de saint Luc est un bourg, xépin, pendant à l'article AYNIM. Malgré l'autorité d'Eusèbe,
qu'Emmaüs est toujours nommé une ville. qui faisait un bourg de Enaïm, j'ai pensé
Il dit encore que toutes les descriptions, et qu'il était plus rationnel de ne prendre le mot
en particulier celle de saint Jérôme, disent
qu'Emmaüs est dans la plaine au moins à
† pour un nom commun. ( Josué, xv
la naissance des montagnes. Or les soixante ENAN. — Ville servant de limites à la
stades de distance donnés par saint Luc con Terre-Sainte, au nord, du côté du Liban.
duisent au milieu des montagnes, et il faut
presque le double pour arriver à la plaine de (Nomb. xxxIv, 9.) -

Ramleh.Voilà les raisons de Reland, qui au ENGANNIN. — Voy. AYN-DJENIM. — Deux


raient une valeur sans réplique, si réellement localités de ce nom fort distinctes sont in
le chiffre de cent soixante-seize stades, ou diquées dans les Livres saints. L'une appar
vingt-deux milles romains, donnés par les tient à la tribu de Juda et l'autre à celle d'Is
· anciens itinéraires, étaient exacts. Or il n'en sachar. Je crois avoir identifié, sans qu'il y
est pas ainsi. ait possibilité de contester mes idées sur ce
Duvillage de Latroun ,village du bon Larron) point, l'Ayn-Djenim d'Issachar avec la Dje
où se voient les ruines d'Emmaüs Nicopolis, nin moderne, agréablement située à la nais
jusqu'à Jérusalem, je trouve quatorze milles sance de la vallée d'Esdraëlon, et qu'on
romains; ce qui me donne cent douze stades. trouve à l'entrée de cette plaine du côté de
Il|y a déjà une différence notable avec les Naplouse. Cette Djenin est connue de tous
cent soixante-seize stades des anciens itiné les voyageurs. -

raires. Mais il reste toujours cent douze ENGALLIM. — Engallim est placé par saint
stades, pendant que le récit évangélique ne Jérôme à l'endroit même où le Jourdain se
met que soixaute stades d'Emmaüs à Jérusa jette dans la mer Morte. (Ezech. xLvII, 10.) Il
lem. D'un autre côté, du temps de saint Jé y a là un gué fort dangereux.
rôme, Emmaüs, en raison du fait évangélique EN-HADDA. — Ville frontière de la tribu
de l'apparition duSauveur aux deux disciples, d'Issachar. (Josué,xIx, 21.)
devait être parfaitement connue. Comment ENNOM. — Voy. HINNoM.
l'aurait-il identifié avec Nicopolis, si ce n'eût
as été là l'opinion générale dans le pays? ENSCHEMESCH, ENSEMEs (Ayn-schems).
— Ce mot signifie fontaine du soleil. Cette
'autorité de saint Jérôme est ici bien puis fontaine était sur les frontières de Juda et de
sante. Et je serais disposé à voir l'Emmaüs de
saint Luc dans l'Emmaüs Nicopolis. Mainte Benjamin. (Josué, xvIII, 17.)
nant, comment concilier les soixante stades EPHA. — Région voisine des Madianites.
de l'auteur sacré avec les cent douze qui exis (Isaie, Lx, 6.)
tent réellement entre le village de Latroum et EPHRA. — Ville de la tribu de Manassé, et
Jérusalem?Le même chiffre desoixante stades, patrie et tombeau de Gédéon. On peut lire
501 . EpII DES ANTlQUlTES BlBLIQUES. EST 302

une scène biblique ravissante dans le Livre stérilité : c'est une erreur complète. Le désert
des Juges (vI, 11 et suiv.). où le Christ prêcha le sermon de la montagne,
EPHRAIM (TRIBU D'). — Cette tribu était
l'une des plus étendues de la Terre-Sainte.
et qu'on † pour cela le lieu des Béatitu
des, est d'une grande fertilité. J'y ai vu de
Elle àllait de la Méditerranéê au Jourdain, et l'herbe la plus belle et la plus haute. On
occupait un magnifique pays. Le centre était pourrait donc adopter l'Ephraïm mentionnée
montagneux. Elle avait la tribu de Benjamin par Eusèbe au nord de Jérusalem, qui, en
au midi, et celle de Mamassé au nord. Samarie, effet, n'est pas très-éloignée des montagnes
la rivale de Jérusalem, était dans cette tribu. abruptes qui forment le rebord occidental du
EPHRAIM (MoNTAGNEs D'). — Les monta bassin déprimé du Jourdain.Ce qui donnerait
gnes d'Ephraïm occupent le centre du pla encore quelque valeur à cette identification ,
teau de la Palestine. Mais celle de toutes qui c'est que l'Ephraïm dont nous parlons est à
avait spécialement ce mom est le Garizim, sur peu de distance de Silo, située, comme on
laquelle fut bâti le fameux temple des Samari sait, sur la route que le Sauveur a souvent
tains.Ces montagnes sont nues et stériles,et ne parcourue entre Capharnaüm, oùil demeurait,
ressemblentpasauCarmel,quiest partoutboisé. sur les bords du lac de Tibériade, et la ville de
EPHRATA, EPHRATHA. — Avant d'attein Jérusalem.
dre Beit-Lehm, en venant de Jérusalem, on EPHRON. — Ville d'Ephraïm (II Chron,
passe près du tombeau de Rachel. Le pays xIII, 19), qu'il faut très-probablement iden
que l'on traverse, et auquel Beit-Lehmsert en tifier avec Ephraïm, quoique saint Jérôme
quelque sorte de capitale, s'appelle Ephratha. Veuille que ce soit Sichem. On trouve dans les
Voilà pourquoi Beit-lehm est appelée par Machabées la mention importante d'un E
le prophète Michée, Beit-lehm-Ephratha, et phron que dut traverser Juda Machabée, re
ailleurs la ville elle-même porte ce nom venant de la Galaaditide, et qui, lui ayant ré
d'Ephratha. Et dans Ruth, on dit des deux sisté, fut prise d'assaut. Quelques-u::s la
enfants d'Elimelech : Ephratéens de Beit
lehm de Juda. (Ruth, 1, 2.)
# dans les environs de Scythcpolis,
lle n'est peut-être également que la même
Il est fort digne de remarque que les Sep Ephraïm dont nous avons déjà parlé.
tante placent le tombeau de Rachel au lieu
qu'ils nomment l'Hippodrome. J'ai remarqué
#.
xv, 52.
—Ville de la tribu de Juda. (Josué,
en effet que dans cet endroit ce terrain est ESDRELON, EspRAELA, JIzRÉEL (Zerin).—
taillé en forme de cirque, et il ne serait pas Ville de la tribu d'Issachar, dont le véritable
étonnant qu'il n'y eût eu là un hippodrome. nom est Jizréel (Josué, xIx,8), où se trouvait
Le terrain trop montagneux de Jérusalem le palais d'Achab. Les écrivains grecs ont
n'avait pas offert de place plus commode et traduit le mot hébreu Jizréel par 'E7ôp24)a, et
plus rapprochée de la ville. la vallée qu'elle touche s'est † a vallée
EPHREM, EPHRAïM. —Une ville d'Ephrem, des Esdraéliens, ou la vallée d'Esdrelon.Cette
e le texte grec écrit 'Erpzip, est citée deux vallée est une des plus belles de toute la
ois dans la § : 1° Dans le psaume LxvII, Terre-Sainte. Elle forme une vaste plaine
vers. 9, où elle est placée pour désigner les unie , d'un humus d'une grande richesse,
Ephraïmites. 2° Dans saint Jean (xI, 54), où il bornée au nordpar les montagnes de Nazareth,
est dit que Jésus se retira avec ses disciples au levant par le Thabor et la chaîne du petit
dans une ville du désert appelée Ephrem, où Hermon ; et au couchant et au midi par le
il demeura avec ses disciples. Carmel et ses prolongements. La ville de
Il serait important de trouver une bonne Jizréel s'identifie parfaitement avec la Zerin
identification avec une localité moderne de moderne, nous avons un passage fort inté
cette ville qui a donné l'hospitalité au Sauveur. ressant de Guillaume de Tyr (lib. xxII, 26) qui
La solitude où Jésus se retirait est le désert nous raconte que les croisés campèrent autour
qui s'étend de Jérusalem au Jourdain, et où d'une fontaine appelée Tubania qui sort du
se trouve la montagne de la Quarantaine. Eu pied du mont c# auprès d'une ancienne
sèbe fait d'Ephron et d'Ephraïm une même ville illustre nommée Jesrahel, et maintenant
ville, qu'il place à huit milles de Jérusalem, appelée vulgairement le petit Gerin (Zerin). Il
vers le nord. Saint Jérôme corrige le chiffre raconte que l'armée quitta cette fontaine, et
d'Eusèbe et désigne vingt milles. Mais ce ne † suivant son cours, il campa ensuite vers
peut être la ville d'Ephrem citée dans l'Evan ethsan. Il dit que ce ruisseau avait très-peu
gile. Cependant, si nous lisons plus attenti de poissons. Mais à une autre époque où Sa
vement le texte grec, nous y trouvons ceci : ladin campait dans le même endroit , le ruis
Jésus vint dans une contrée auprès du dé seau leur fournit assez de poissons pour nour
sert, à une ville appelée Ephraim (Al-Ephrem). rir l'armée entière.
(Jean, xI, 54.) La chaîne du petit Hermon et du Gelboé
Or il y a beaucoup de contrées de la Judée forme donc la division des eaux. La fontaine
qui ont de petits déserts, ce que nous † d'Esdraéla coule vers le Jourdain, et toutes
lons , en France , un communal , c'est-à-dire les eaux du versant opposé forment le Kisson,
un vaste espace non cultivé entre chaque seul déversoir de toute la grande plaine d'Es
commune, destiné aux troupeaux. Les Juifs, drelon.
peuples pasteurs, avaient aussi de ces grands ESNA. — Ville de Juda. (Josué, xv, 43.)
espaces inhabités, appelés déserts. On se fait ESTAOL, ESTHAOL. —Ville de la tribu de
même de ce mot une idée si fausse, que l'idée Juda attribuée à Dan. (Josué, xv, 38; xIx, 41.)
de désert s'unit dans notre esprit à celle de Eusèhe, au mot 'Aaºaº), la place entre Azot
503 FES DICTI0NNAIRE FES 504

et Ascalon, et au mot 'Ea0zoº), il dit qu'elle est ETHAM. — Troisième station des Israélites
à dix millesd'Eleuthéropolis, au nord,surle che dans le désert. ( Exod. xIII, 20.)
min de Nicopolis. Ces deux directions ne se ETHAN.—Le psaume LxxIII, 15, dit : Tu as
ressemblent guère : à moins qu'il n'y ait deux desséché les fleuves Ethan : c'est-à-dire, tu as
Estaol, ce qui est peu probable. Je ne trouve desséché les fleuves rapides. Ce n'est pas un
dans les localités modernes des environs nom de lieu.
d'Eleuthéropolis aucun nom qui puisse s'iden ETROTH. — Ville construite par les enfants
tifier avec celui d'Estaol. de Gad. ( Nombres, xxxII, 35.)
ESTHAMO, EsTHEMo. — Ville de la tribu de ETSEM.— Ville de latribu de Siméon. Le Li
Juda. (I Sam. xxx, 28; Josué, xv, 50, xxI, 14.) vre de Josué ( xIx, 3 ) mentionne parmi les
ETHAM, ETAM, ATHAR, ETHER. — Ville de villes assignées à la tribu deSiméon, et prises
la tribu de Siméon.Samson se réfugia à Etham, dans le territoire méridional de la tribu de
après avoir incendié les moissons, les vignes et Juda, une ville de Etsèm. J'ai trouvé une lo
les oliviers des Philistins. Ceux-ci se plaigni calité antique nommée par les Arabes He
rent aux habitants de la tribu de Juda, qu'ils sebeh. Serait-elle l'Etsèm biblique? Je laisse
tenaient tributaires, et les Israélites, de peur à de plus hardis à l'affirmer ; mais l'identi
d'une guerre d'extermination de leurs maîtres, fication me paraît raisonnable, à en juger
se réunirent au nombre de trois mille, et livrè par la situation des lieux.
rent Samson aux Philistins. (Juges, xv,8 et s.) EZEL. — Voy. PIERRES CONSACRÉES.

|F
FESGAH.— Il y a un problème très-curieux bou est la tête, le sommet du Fesgah qui est
de géographie qui regarde le mont Fesgah en face de Jéricho, à moins que le mot UrN"
de la Bible (n:bb). De tous les passages de n'ait été pris dans le sens de in fronte (vis-à-
l'Ecriture où il est question de cette montagne vis de). Si, ce dont je doute fort, cette inter
célèbre, il résulte qu'elle était dans le pays prétation était possible, notre texte devien
de Moab, et, par conséquent, sur la rive drait parfaitement clair, et le Fesgah de la
gauche ou orientale du Jourdain et du lac Bible ne serait autre que le Fechkhah des
Aspahltite.J'ai vainement interrogé les Arabes Arabes de nos jours.
Thâamera, les Djahalin et les Beni-Sakhar Le Deutéronome parle trois fois encore du
surtout, pour savoir s'ils connaissaient un Fesgah. Nous y lisons ( ch. III, 17) : — Et la
Djebel- Fesgah dans les contrées parcourues plaine, et le Jourdain, et la limite, depuis
par eux dans le voisinage d'Er-Riha. Ils ont Kenerout jusqu'à la mer de la plaine, la mer
été unanimes pour me répondre qu'il n'y Salée, sous Asedout du Fesgah, à l'orient.
avait qu'une seule montagne de ce nom, et - Il me paraît bien étrange que l'expression,
qu'elle était située précisément au-dessus de à l'orient (Ti"Tc), ait été † nécessaire,
Jéricho ; en un mot, que c'était le Djebel après la mention du Fesgah. Ne semble-t-il
Fechkhah, † projette au dehors de la chaîne † résulter de ce fait que, le Fesgah étant à
de Canâan, le cap nommé Ras-el-Fechkhah, 'occident, il a fallu exprimer très-explicite
sur le flanc nord duquel est située la source ment que le territoire de Raouben et de Gad
nommée Ayn-el- Fechkhah. était à l'orient, afin d'éviter une confusion
La ressemblance singulière qui existe entre possible ? Je laisse à de plus habiles à le dé
les deux noms de montagnes Fesgah et Fech cider. Quant à Asedout, Ounklousse explique
khah a dû naturellement me frapper, et je ce mot par Euºp (effusion). Cohen ajoute :
me suis demandé s'il n'était pas § « Ce sont les pieds des montagnes qui sem
qu'une mauvaise interprétation des textes blent se répandre, ou les torrents qui se pré
sacrés où le mont Fesgah est mentionné, eût cipitent du haut des montagnes. » Enfin, les
fait admettre, à tort, que cette montagne, au Septante ne traduisent pas le mot Asedout,
lieu d'être à droite de la vallée du Jourdain, tandis que la Vulgate le traduit par radices.
était dans la position précisément opposée. Le verset que nous venons de rapporter, à
Commençons par dire que, pour l'observateur l'examiner de près, prouve donc plutôt que
placé à Jéricho, deux sommets seuls se dis le Fesgah était à l'occident de la vallée du,
tinguent par une plus grande élévation, ou Jourdain.
par une position telle que tout le pays, au Le troisième passage du Deutéronome est
sud et au mord, en soit réellement visible : ce plus embarrassant,et pourtant il est loin d'être
sont, dans la chaîne moabitique, le Djebel aussi concluant qu'on serait tenté de le croire
Atarous (mont Nebo), et, dans la chaîne ca au premier abord. Le voici (ch. III, 27 ) :
nâanéenne, le mont Fechkhah. Monte au sommet ? du Fesgah (c'est Dieu qui
Ceci posé, examinons un à un tous les pas
sages des textes sacrés où il est question du
† à Moïse), lève tes yeux vers l'occident,
e septentrion, le midi et l'orient, et regarde
Fesgah. Nous avons d'abord le verset 1" de tes yeux, car tu ne passeras pas ce Jour
du chapitre xxxIv du Deutéronome, où il dain. - Le texte porte n:DET vNn nºv simple
est dit que Moïse monta des plaines de ment, et ce texte, sans la préposition 7N, après
Moab à la montagne de Nabou, au sommet le verbe ; , « monte, » présente une sorte de
du Fesgah qui est en face de Jéricho ( rnº monstruosité. nºv est un verbe essentielle
>eºv vsnceEn vNn as n5s). Des mots hé ment neutre, et qui ne saurait comporter de
breux eux-mêmes, il résulte que le mont Na régime direct.Si donc, cette fois encore, nous
505 FES DES ANTIQUITES BlBLlQUES. FES 506

admettions la possibilité de traduire le mot met d'une montagne, et ces deux mots, la
vNt isolé, par en face de, vis-à-vis de, notre vallée qui est au sommet du Fesgah, hurlent
verset deviendrait parfaitement clair. Si l'on de se trouver ensemble. Le sens, « la vallée
met de côté cette traduction, hypothétique, qui est en face du Fesgah, » serait certaine
je le veux bien, le texte demeure boiteux et ment plus naturel ; mais serait-il admissible?
obscur. Reste enfin , dans le Deutéronome, J'en doute fort, je le répète. - -- -

le passage suivant (ch. Iv, 49) : — Et toute Enfin, le dernier passage biblique où il soit
la plaine en deçà du Jourdain, à l'orient , question du Fesgah se trouve dans les Nom
jusqu'à la mer de cette plaine , sous Asedout bres ( xxxIII ). Balak, roi de Moab, veut que
du Fesqah. — Nous avons vu tout à l'heure Balaam maudisse les Israélites, et, pour cela :
ce qu'il fallait entendre par Asedout du Fes — 14. Il le conduisit dans la campagne de
gah ; remarquons que, cette fois encore, il est Soufim, vers le sommet du Fesgah. - Le texte
bien † s'agit de l'orient de la vallée porte cette fois nxeEnbN, et il peut, à la rigueur,
du Jourdain. Le dernier membre de la phrase se traduire : au sommet du Fesgah ; mais
signifie très-nettement, à la lettre : Et jusqu'à signifie versus, ad, erga, adversus, prope,
la mer de la † est) au pied du Fes
juxta, plus exactement que super, qui se rend
gah (sous Asedout du Fesgah). Ce verset ne proprement par 5y. Il serait donc très-naturel
rouve donc absolument rien en faveur de de traduire cette fois l'expression biblique
'opinion †place le Fesgah à l'orient de la par : adversus caput Fesgae, ce qui revien
vallée du Jourdain, et c'est précisément le drait très-nettement au sens, « en face du
contraire qui a lieu, puisqu'il a fallu faire mont Fesgah. » -

mention de l'orient ; en effet, il semble pro J'ai passé en revue tout ce qui, dans la Bi
bable que la phrase contient la mention d'un ble, concerne le mont Fesgah, et je n'ai pas
† géographique placé à l'occident, et dont cru devoir négliger un seul texte, parce que
a présence pourrait induire le lecteur en la position de cette montagne historique est
GI'reUlr. d'une extrême importance. De tous ces pas
Dans le Livre de Josué ( ch. # IlOUlS sages, un seul est décisif, et fixe à l'orient
trouvons la description du pays enlevé par du Jourdain la position du mont Fesgah ;
les Hébreux, combattant sous les ordres de tous les autres nous laissent dans le doute,
Moïse. — 3. Et la plaine jusqu'à la mer de et, je dirai plus, nous conduisent à croire que
Kenerout, à l'orient, et jusqu'à la mer de la le mont Fesgah était à l'occident. Je ne me
plaine (qui est) la mer Salée, à l'orient, (qui permettrai pas d'émettre une opinion précise
est) le chemin de Beit-Heyasmout et (qui est) sur ce point de géographie, et je me bornerai
rers le sud, au pied du Fesgah, (toujours à dire que, sur les rives de la mer Morte, près
sous Asedout du Fesgah, nxDEn nºTvN nrn). de Jéricho, il n'y a qu'une seule montagne qui
— Ne semble-t-il pas que cette † ait une position exceptionnelle qui ait dû la
que nous retrouvons constamment la même, faire remarquer de tout temps, c'estle[Djebel-el
soit une expression consacrée, une sorte de Fechkhah. Cette montagne forme un véritable
formule géographique ? Je suis bien tenté de redan, le Ras-el-Fechkhah, quise prolongefor
le croire, pour ma part. Du reste, cette fois tement en avant de la chaîne canaânéenne. En
encore, le verset que je viens de traduire ne fin, le sommet du Fechkhah est en face du som
eut servir à rien pour prouver que le mont met du Djebel-Atarous, ou mont Nabou, som
'esgah était à l'orient du Jourdain ; et com met qui est à une assez forte distance horizon
me le mot à l'orient est répété deux fois, j'en tale de la vallée du Jourdain et de la mer Morte.
conclus encore que la phrase mentionne Qu'il y ait une analogie frappante entre les
g† un point qui est à l'occident. deux noms Fesgah et Fechkhah, cela ne peut
'il n'en était pas ainsi, à quoi bon cette in faire question. Je ne saurais admettre que la
sistance à bien établir que le pays décrit est dénomination Fechkhah soit moderne, puis
à l'orient du Jourdain et de la mer Morte ?
Malheureusement il n'en est plus de même
† s'applique à des ruines contemporaines
e la Pentapole maudite; je ne pourrais donc
du verset 20, chapitre xII de Josué, où il est accorder qu'une seule chose, c'est qu'à l'orient
question des possessions territoriales de la de la plaine du Jourdain aussi bien qu'àl'occi
tribu de Raouben, possessions qui étaient dent,ily avaitun Djebel-Fesgah, ou Fechkhah,
bien positivement à l'orient de la vallée du Mais il est nécessaire de constater une fois de
Jourdain. — 20. Et Beit-Fâour, et Asedout † que les Arabes, etentre autres les Beni-Sa
du Fesgah, et Beit-Heyasmout. —De la teneur har, qui sont les maîtres de la contrée orientale
de ce verset, il résulte irréfragablement que où devrait se trouver le Fesgah de la Bible,sont
Beit-Fâour (Beth-Peor) et Asedout du Fesgah unanimes pour ne reconnaitred'autre monta
étaient dans la même contrée. Or, pour Beit gne de ce nom quele Djebel-Fechkhah. Voilà
Fâour, il n'y a pas l'ombre d'un doute à con donc, à mon très-grand regret, une curieuse
server: donc pour Asedout du Fesgah le doute question de géographie sacrée que je suis obli- *
devient bien difficile. gé de laisser dans le doute.
: Dans le Livre des Nombres, il est deux fois Eusèbe, au mot'Aºaetig, mentionne le mont
question du Fesgah. D'abord, au chapitre xxI : •2774, dans une phrase que saint Jérôme tra
- 20. Et de Bamout à la vallée qui est au ter duit de la manière suivante : Abarim....,
ritoire de Moab, au sommet du Fesgah, et qui dicitur autem et mons esse Nabau, in terra
a rue vers Hyesimoun. L'exprcssion hé Moab, contra Jericho, supra Jordanem, in
braique est encore n:cen U'N- ; or, il est bien supercilio Phasga. Ostcnditurque ascenden
clair qu'il n'y a pas de vallée ( N'>n ) au som tibus dc Libiade in Esbum, antiquo hodieque
507 GAB DlCTiONNAlRb, GAB 508

vocabulo juxta montem Phogor. Pour Eu dentales de la Judée centrale, il s'en suit
sèbe et saint Jérôme, donc, le mont Nabou, que les eaux ne sont pas retenues, et qu'elles
ou Atarous, est au sommet du Fesgah, et je s'écoulent rapidement à la mer, laissant leur
me contenterai de faire observer qu'il est as lit à sec une partie de l'année. Une autre cir
sez étrange de mettre le mont Nabou au som constance fait que le pays garde peu les eaux
met du mont Fesgah. pluviales, c'est que presque toutes les cou
FLEUVES. — Les Livres saints ne donnent ches géologiques du calcaire dont se com
en général le nom de fleuves qu'à des cours † ſa masse des montagnes de la Judée sont
d eau importants, tels que le Jourdain, orizontales. Les infiltrations qui ont eu lieu
l'Euphrate, le Tigre... Les autres rivières lors des grandes pluies sont bientôt taries
même se rendant à la mer sont indiquées par les veines horizontales du flanc abrupte
par le nom de torrent. Un seul fleuve d'une des montagnes, C'est même un spectacle
grande importance , qui traverse la Terre assez curieux en Palestine. Quelques jours
Sainte est le Jourdain. J'ai donné de ce après les pluies, les petites montagnes ar
fleuve une description détaillée. (Voy. JoUR rondies de la Judée, taillées par les anciens
DAIN.) Les autres cours d'eau partent de la Israélites en amphitéâtre, pour planter la
longue chaîne des montagnes qui traverse vigne et les figuiers sur une série de gra
le pays du nord au sud, et vont se jeter les dins, laissent voir les eaux suinter abon
uns dans la Méditerranée, les autres dans damment des fentes horizontales des ro
le Jourdain et la mer Morte. La rive gauche chers.
du Jourdain et de la mer Morte reçoivent Il n'en est pas de même de certaines fon
les eaux du versant occidental de la chaîne taines placées dans les bassins les plus pro
arabique, qui va se réunir au Liban par le fonds, telles que la fontaine d'Elisée, celle
Hauran. de Capharnaüm, etc., etc. Elles ont tou
On trouvera le cours de chacun de ces tor jours de l'eau, en raison même du niveau
rents à leur nom particulier. Comme les très-inférieur où elles se trouvent. Quant
montagnes de la Judée ne sont pas boisées, aux eaux du Jourdain, c'est la masse énorme
excepté le Carmel et quelques parties occi de l'Anti-Liban qui les fournit,

G
GAAS. — Montagne dans le territoire de d'accord avec saint Jérôme , chercher la mé
la tribu d'Ephraïm, où fut enterré Josué. tropole des Gibéonites à Djebâ.
(Josué, xxIv, 30.) On se rappelle la supercherie dont les Gi
GAAS. — Torrent qui coule du mont Gaas, béonites se servirent pour éluder les terribles
passe à Lydda, et va se jeter dans la Médi conséquences de la conquête judaïque (Josué,
terranée. ( II Samuel, xvIII, 30.) Ix) Les populations de Jéricho et d'Aï ve
GABA. —Ville près du Carmel. (Isaie, x, naient d'être exterminées; toute la race des
29.) —Voy. HEPHA. Cananéens était menacée du même sort, et
GABAA, DJEBAA. — Ville lévitique de la les Gibéonites, qui appartenaient à cette
tribu de Benjamin. Ce fut là qu'eut lieu le race, imaginèrent un moyen de se tirer de
crime horrible consommé sur la femme du cette cruelle position. Des envoyés choisis
Lévite. (Juges, xIx, 12 et suiv.) parmi les habitants de Gibeon, de Béeroth,
GABAA. — Ville de Juda. ( Josué, XV , de Képhira et de Kiriat-Yarim, vinrent trou
57, ) ver Josué : Nous ne sommes pas Cananéens,
GABAATH, GABAOTH. -- Ce n'est pas la lui dirent-ils, et nous demeurons si loin d'ici,
même ville que Gabaon et Gabâa. (Josué, que nos vêtements et nos chaussures se sont
xvIII, 28.) usés en route; voyez en quel état ils sont ;
GABAE. — Ville lévitique mentionnée par ils étaient neufs, quand nous sommes partis
Josué en même temps que Gabaon. (Josué, de notre pays. Voyez notre pain : il est sec
xxI, 17.) et moisi: il était tout frais quand nous l'a-
GABAON. — Saint Jérôme arle de la col vons emporté : Nous venons vous offrir l'al
line de Gabaon, située près El-Birch, l'an liance de notre peuple, qui n'a rien de com
cienne Beeroth. mun avec les Cananéens. Voulez-vous nous
Là, effectivement, est encore aujourd'hui rendre amitié pour amitié?Josué qui n'était
un village de Djebâ : est-ce l'ancien chef probablement pas très-bien informé de la
lieu des Gibéonites, la Gibéa du Livre des † des contrées qu'il avait à con
Juges, TN22, (xIx-13), nommée Djebaoun Txni quérir, Josué et le grand prêtre Eléazar se
dans le Livre de Josué (xx127)? Puisque saint laissèrent prendre à cette supercherie effron
Jérôme, qui connaissait sibien toute la Terre tée, bien digne de Bédouins. Le traité d'al
Sainte, place Gabaon près de Rama, cette liance fut juré, et les Gibéonites furent épar
identification ne me paraît pas douteuse. gnés pour le quart d'heure; ils furent même
La carte de Syrie , de Zimmermann, place sauvés, peu de temps après, par Josué , de
un village d'El-Djib à une lieue à l'ouest de Fattaque que le roi de Jérusalem et les rois
Khouraïb-er-Ram, et il y reconnaît la Gibeon du voisinage dirigèrent aussitôt contre eux,
de l'Ecriture,† distingue de Gibea. J'i- pour les punir d'avoir traité avec l'ennemi
commun. Josué, † au secours de ses
gnore si ce village d'El-Djib existe réelle
Dment, mais dans tous les cas , j'aime mieux, nouveaux alliés, fondit à l'improviste sur les
509 GAL DES ANTIQUITÈS BIBLIQUES. GAL 510

rois de Canaan, les mit en déroute et les ment qui doit subsister encore et dont la dé
poursuivit l'épée dans les reins, à travers les couverte serait précieuse pour l'archéologie,
vallées, jusqu'à Béthora, dit Josèphe. (Ant. de douze pierres énormes tirées du lit du
Jud,V, I, 17.) Un peu plus tard Saül, mal Jourdain. -

gré la foi promise , ravagea le pays des Gi On trouve entre Jéricho et le Jourdain
béonites, et leur fit tant de mal, que David, une ruine carrée qu'entourent des amas de
pour obéir aux prophètes qui le menaçaient décombres assez clair - semés. L'ensemble
de la colère céleste s'il ne donnait satisfac de | ces ruines se nomme Karbet-el-Mohar
tion à la nation que Saül avait traîtreusement fer. Robinson (Bibl. Researches, t. II, p.272),
frappée, se, vit obligé de leur livrer sept qui a traversé ces mêmes ruines, suppose
hommes de la famille de Saül, qu'ils deman qu'elles peuvent être celles de Gilgala, men
daient pour en faire à leur bon plaisir. Les tionnées par Eusèbe et par saint Jérôme ,
sept malheureux furent livrés et mis à mort comme étant à deux milles de Jéricho et à
par les Gibéonites. cinq milles du Jourdain.
GABATHON. — Ville de Dan, donnée aux
Lévites. (Josué, xxI, 23.) GALILEE , GALILÉENs. — On comprend
GABBATHA. — Voy. l'art. ECCE HoMo. sous le nom de Galilée toute la partie septen
GABEE. — Ville lévitique de la tribu de trionale de la Terre-Sainte occupée par les
Benjamin. (Josué, xvIII, † quatre tribus d'Aser, de Nephthali, de Zabu
GABIM. - Ce n'est point le nom d'une lon et d'Issachar. Josèphe (De bell. Jud., lib.
,ocalité, mais un nom commun qui veut dire III, cap. II) décrit ainsi la Galilée : « Il y a deux
lieu élevé. (Isaie, x, 31.) Galilées, l'une supérieure, l'autre inférieure;
GAD. - La tribu de Gad fut une des plus la Phénicie et la Syrie les bornent.Au cou
remarquables par sa valeur.Aussi elle se dis chant elle a pour limites le territoire de Pto
tingua dans la guerre de l'invasion. Elle eut lémaïs et le Carmel, qui autrefois était aux
I"our partage, au delà du Jourdain, la moitié Syriens et qui maintenant est de la Galilée.
du royaume des Amorrhéens. Cette tribu était Au Carmel est jointe Gaba (c'est Caïpha), la
limitée au nord par la demi-tribu de Manassé, ville des cavaliers, parce que le roi Hérode y
au midi par la tribu de Ruben, au couchant envoya une colonie de cavaliers qu'il avait
par le Jourdain et au levant par l'Arabie. congédiés. Au midi elle a pour frontières la
ººl
XII, 8.
— Ville de la tribu # Gad. (I Chron. Samaritide et Scythopolis, jusqu'au fleuve du
Jourdain. Au levant elle a Hippesse et Gadaris
GADER. — Ville kénaânéenne dont Josué ainsi que la Gaulanitide et ce sont là les limi
tua le roi. (Josué, xII, 13.) tes du royaume d'Agrippa. Elle a au nord le
GADEROTH. — Ville de la tribu de Juda. pays de Tyr et les frontières des Tyriens.
(II Chron. xxvIII, 18.) « Lalongueur de la Galilée inférieure est de
GADGAD. — Gadgad est une des stations puis Tibériade jusqu'à Zabulon, dont Ptolé
des Israélites dans le désert. Saint Jérôme dit maïs, placée sur les bords de la mer, est voi
† Gadgad est dans le désert et qu'on y trouve
eS tOrTentS.
sine. Sa largeur est depuis le bourg de Xaloth
qui est sitûé dans la grande plaine d'Esdre
GADOR, GEDoR. — Ville de la tribu de Ju lon, jusqu'à Bersabée. Et la largeur de la Ga
da #º à la tribu de Dan. (I Chron. hlée supérieure commence aussi au bourg de
IV, 39. Xaloth et s'étend jusqu'au bourg de Baca qui
GALAAD, GILEAD, GALHÈD.—La terre de Ga divise le territoire des Tyriens. Sa longueur
laad s'étendait au levant du Jourdain à partir s'étend depuis le bourg de Thella, près du
du grand Hermon, montagne de l'Anti-Liban. Jourdain, jusqu'à Méroth. Mais quoique ces
Selon les uns, ce fut Galaad, petit-fils de Ma deux régions soient si étendues et entourées
nassé, qui, ayant pris une ville située sur les d'un si grand nombre de nations étrangères,
montagnes, donna son nom à cette ville et à elles ont toujours résisté à tous les dangers
tout le pays. Selon la Genèse ce fut Jacob qui de la guerre. Car les Galiléens sont guerriers
à son retour du pays de Laban, son beau dès leur enfance et en tout temps nombreux,
père,, poursuivi par ce dernier se réconcilia et ce pays n'a jamais eu à redouter ni la pé
avec lui et en signe d'alliance appela un tu nurie d'hommes ni leur manque de courage.
mulus qu'ils avaient élevé ensemble Galaad, Leur sol est excellent et très-fertile, il y vient
ou mieux Galhêd, c'est-à-dire le monceau du toute sorte d'arbres, et elles excitent par cette
témoin. La contrée prit son nom de ce monu fertilité les hommes les moins attachés à l'a-
Inent. griculture. Enfin elles sont toutes cultivées
Ce pays devint le partage de la demi-tribu par leurs habitants, et aucune partie du sol
de Manassé : il est fertile, surtout en pâtu n'est abandonnée. Les villes y sont fréquentes
rages. et en raison de la richesse, il y a un grand
GALGAL. GALGALA. — Il y avait une Gal nombre de bourgs très-populeux, au point
gala près de Bethel. Josèphe (Antiq., VI, v) le que les plus petits ont au delà de quinze mille
dit formellement. Eusèbe et saint Jérôme le habitants. De telle sorte que si l'on peut dire
disent également. Il est douteux cependant ue la Galilée a moins d'étendue que le pays
ºlue cette Galgala ne soit pas la même que 'au delà du fleuve, cependant elle l'emporte
Galgala, Gilgol, voisine de Jéricho, où cam en force. L'une est toute cultivée, et abonde
† Israélites après avoir franchi le en toutes sortes de fruits; celle qui est au
ourdain Là Josué fit circoncire le peuple et delà du fleuve, quoique beaucoup plus éten
célébra la pâque. Ils y dressèrent un monu due, est pour la plupart montagneuse et dé
311 GAR DICTI0NNAIRE GAR 512

serte, et ne pouvant pas produire de bons au premier coup d'œil, il est clair que l'âge
fruits. » de cette enceinte ne saurait être postérieur à
A part l'exagération coutumière de Josèphe l'époque du haut empire. Ne serait-ce pas
ui porte la population des plus petits bourgs l'enceinte du temple que les Samaritains cons
§ Galilée à quinze mille habitants, cette des truisirent sur le Garizim, à l'imitation de celui
cription est exacte. de Jérusalem ? C'est ce que l'examen détaillé
Il faut ajouter que c'est de cette Galilée, de l'enceinte en question nous apprendra tout
† sortie le Christ, le Messie, le Sauveur à l'heure. Commençons par une visite rapide
u monde, et les apôtres qui ont porté l'Evan des ruines qui nous entourent ; nous déjeu
gile dans le monde connu des anciens. Aussi nerons ensuite, puis nous reviendrons étudier
le Christ fut-il appelé le Galiléen, et les Chré en détail ce curieux monument, que j'aurai
tiens par là même, appelés aussi Galiléens. certainement le plaisir de lever le premier.
GALLIM.—Cette ville est citée dans le I" Li Notre guide de Naplouse n'a pas manqué
vre de Samuel, xxv, 44. Reland la place dans la de nous dire, en arrivant devant ces ruines
tribu de Benjamin, à cause d'un passage d'Isaïe vénérables, que c'était le temple des Sama
qui mentionne Gallim avec plusieurs villes de ritains; mais, dans le doute où je suis encore
Benjamin. Saint Jérôme place ce village de aujourd'hui sur la foi qu'il professait, je
Gallim près d'Accaron. ne voudrais pas donner son assertion pour
GAMZO. — Ville située dans la tribu de Si lus déterminante qu'elle ne l'est en réa
méon. (II Chron. xxvIII, 18.) ité. Nous verrons d'ailleurs que le monu
GARIZIM. — Une excursion pleine d'intérêt ment parle parfaitement par lui-même , et
que j'ai faite, dans mon voyage, à la célèbre
qu'en l'étudiant avec toute l'attention qu'il
mérite, on ne tarde pas à être convaincu
montagne du Garizim, me permet d'en parler qu'il n'a été construit que pour servir à un
avec détail.
culte quelconqne.
Malgré un temps assez douteux, nous nous
étions décidés à faire ce pèlerinage scienti En longeant la grande face qui regarde
fique, qui devait m'amener à une précieuse l'ouest, on rencontre, un peu avant son ex
découverte. trémité méridionale, une sorte de plate
Nous partons, dans la matinée, de Naplouse. forme composée de grosses masses de pierre
Un grand jeune homme de la ville nous ac à contours irréguliers, encastrées les unes
compagne, et il n'est pas musulman. Est-il dans les autres, mais dont la surface paraît
chrétien? est-il samaritain? Je ne puis le dé avoir été aplanie. Sont-ce des blocs rappor
mêler, bien qu'à la nature des indications tés, est-ce le roc qui aflleure? C'est ce qu'il
u'il m'a données pendant notre excursion, est bien difficile de déciderau premier abord.
j'aie été conduit à penser qu'il était un des J'avoue cependant que les joints n'ont pasl'air
membres de cette étrange secte. de fissures naturelles, et qu'en y regardant de
A neuf heures et demie, nous montions à près,j'aiacquis pour mon compte la conviction
cheval, et, tournant la pointe ouest de la ville que là était un travail humain, qui, en ce cas,
de Naplouse, nous commencions à gravir un remontait, sans aucun doute, à une antiquité
large chemin qui conduit, à travers des ver très-reculée. Cette fois encore, la tradition
gers, dont en ce moment tous les arbres sont m'est venue en aide; car mon guide, m'arrêtant
couverts de fleurs, à une belle fontaine d'eau vis-à-vis de la plate-forme en question, me
vive, placée un peu au-dessus de la ville. De dit : — Ceci est la Haraquah , c'est-à-dire le
là on peut assez bien apprécier l'étendue ac lieu où les Samaritains '§ les victimes
tuelle de Naplouse, dont l'aspect général est offertesenholocauste, et qui sont égorgées en
charmant. un autre lieu que nous verrons tout à l'heure.
Une fois la fontaine passée, le chemin se Cette plate-forme s'appelle aussi el-Aacher
rétrécit de plus en plus, et il finit par dispa Belathat (les dix blocs de pierre). — Ce nom
raître tout à fait, lôrsque les vergers qui le singulier me donna l'éveil, et je pensai im
resserrent disparaissent eux-mêmes. On se médiatement aux dix tribus dissidentes , qui
trouve alors au bas d'un ravin assez large, ou avaient pu établir là un autel destiné aux
plutôt d'une gorge fortement inclinée, et qui holocaustes et formé de dix pierres , dont
s'élève directement à une hauteur de quelques chaque tribu aurait ainsi fourni la sienne,
cents pieds, c'est-à-dire jusqu'au plateau du Notre jeune guide ajouta et Mohammed, qui
Garizim. Nous mettons pied à terre, et, tirant nous accompagnait dans notre promenade,
nos chevaux par la bride, nous commençons nous répéta après lui que la plate - forme
de la Harakah était due à Seïdna-Souleiman
bravement notre ascension, qui n'est qu'en
nuyeuse. Au bout d'un quart d'heure, nous (à notre seigneur Salomon). Cela voulait - il
touchons enfin au plateau si désiré, et nousdire qu'elle était contemporaine de Salo
trouvons immédiatement une espèce de che mon ? C'est très - possible; car, si immédiate
min que longent des amas de décombres, et ment après le schisme , Jéroboam fit cons
qui, après cinq ou six cents mètres de par truire cet autel grossier, il est bien clair
cours au plus, nous amène en face de ruines qu'il peut passer pour contemporain de Sa
lomon.
tellement importantes, que j'étais bien loin de
m'attendre à une semblable bonne for Nous lisons dans le Deutéronome (xI) : -
tune. 29. Et quand l'Eternel, notre Dieu, t'aura fait
J'ai sous lès yeux une enceinte immense, venir au # où tu vas pour le posséder, tu
cônstruite en blocs d'un magnifique appareil; donneras la bénédiction sur la montagne de
5i3 GAR DES ANTIQUITES BIBLlQUES. GAR 514

Garizim, et la malédiction sur la montagne côtés de la vallée de Sichem, au fond de la


d'Ebal. Puis, plus loin (xxvII) : — 2. Il arri quelle s'accomplissait la cérémonie ?
vera un jour que vous passerez le Jourdain, Je dois avouer néanmoins que Josèphe
au pays que l'Eternel, ton Dieu, te donne : tu (Ant.jud., V, I, 19) raconte le fait comme
t'élèveras de grandes pierres, et tu les endui les §. Voici ce qu'il dit : « (Josué)
ras d'un enduit. —3.Et tu écriras dessus tou étant parti de là (de Seiloun), avec tout le
tes les paroles de cette doctrine-là...-4. Il ar peuple, pour Sichem, bâtit un autel au point
rivera, quand vous aurez passé le Jourdain, où Moïse avait ordonné de l'élever, et ayant
vous éleverez ces pierres que je vous commande, partagé l'armée en deux corps, il en plaça
sur la montagne d'Ebal, et tu les enduiras une moitié sur le mont Garazim, et l'autre
d'un enduit. — 5. Tu bâtiras là un autel à l'E- Inoitié sur le mont Gibal, où est l'autel, avec
ternel,'ton Dieu, un autel de pierres ; tu n'é- les Lévites et les prêtres. Lorsqu'ils eurent
leveras pas le fer sur elles. — 6. De pierres offert le sacrifice, proclamé les malédictions,
entières tu bâtiras l'cutel de l'Eternel, ton et écrit celles-ci sur l'autel, ils retournèrent
Dieu :,tu feras monter dessus des holocaustes à Seiloun. »
à l'Eternel, ton Dieu... — 11.Moise commanda Je suis bien tenté de croire, en le con
au peuple en ce jour, savoir : - 12. Ceux-ci cluant de l'impossibilité physique que j'ai
se tiendront sur la montagne de Garizim, pour signalée et qu'implique aussi le récit de Jo
bénir le peuple, quand vous aurez passé le sué, qu'au lieu de traduire, dans les passages
Jourdain : Siméon, Lévi, Juda, Issakhar, bibliques qui concernent cette importante
Joseph ct Benjamin. — 14. Et ceux-là se §e† réposition by par sur, il faut
tiendront, pour la malédiction, sur la monta COnStamment † rendre par contre, en face de,
gne d'Ebal : Ruben, Gad, Aser, Zabulon, ce qui n'est nullement contraire à la gram
Dan et Nephthali.—Viennentensuite les douze maire.
malédictions que devaient prononcer les Lé L'autel construit par l'ordre de Josué le fut
vites, et auxquelles tout le peuple répon sur le mont Ebal (-ay bna). Cela n'est pas
drait : Amen. Les bénédictions ne sont pas douteux; bien qu'il paraisse assez étrange
contenues dans le texte sacré. que l'autel destiné à offrir des sacrifices à
Le Talmud commente ainsi ce passage de l'Eternel ait été élevé sur la montagne mau
i'Ecriture : « Six tribus montèrent sur le mont dite, au lieu de l'être sur la montagne bénie.
Garizim et six sur le mont Ebal. Les Cohenim, Notre Haraqah n'a donc rien , à faire avec
les Lévites et l'arche étaient entre les deux l'autel du mont Ebal ; et probablement Jéro
montagnes; les Lévites s'etant tournés vers le boam, en abandonnant le culte qui avait fait
mont Garizim, récitèrent les bénédictions : établir ce premier autel , eut l'idée d'en
Béni soit celui qui ne fera pas d'idole, etc. construire un semblable sur le Garizim, sur
Le peuple répondait : Amen. S'étant ensuite le mont béni, et dès lors celui-ci put être
tournés vers la montagne d'Ebal, ils réci composé de dix pierres (Aacher-Belathat),
tèrent la malédiction , et on répondait : représentant chacune une des tribus dissi
Amen. » A cette explication je trouveune dif dentes; de même que le monument construit
ficulté. Du haut du Garizim, aussi bien que en commémoration du passage du Jourdain
du haut de l'Ebal, il est impossible de voir était composé de douze pierres, prises au
ce qui se passe au fond de la vallée de Si fond du fleuve, et représentant chacune une
chem ; il est bien plus impossible encore d'en des douze tribus d'Israél. (Josué, Iv , 7-9.)
tendre ce qu'on y crierait de toutes ses for Je reviens aux ruines qui se voient au som
ces. Comme l'Ecriture ne semble pas con met du Garizim. Au sud de la grande enceinte
firmer ces détails du récit des talmudistes, je et à soixante-quinze mètres du pied de celle
conclus qu'ils sont puérils, et je crois que les ci, versl'angle sud-est, se voit une plate-forme
deux cérémonies s'accomplirent dans la val de roc inclinée à l'ouest, et entourée d'arase
lée qui séparait les deux montagnes sacrées, ments de murailles qui ont dû la fermer. Cette
et de telle façon que chaque groupe de six p† n'a pas un contour régulier. Vers
tribus pût comprendre ce qui se passait, en 'est, elle présente une face rectiligne de onze
le voyant, et répondre amen à propos. mètres, une autre face de onze mètres regarde
Le Livre de Josué raconte comment fut le sud. De l'extrémité de celle-ci part une
exécuté l'ordre de Dieu après le passage du face de six mètres seulement, dirigée au
Jourdain (vIII) : —30. Alors Josué construisit nord-nord-ouest, et aboutissant à un orifice
un autel à l'Eternel, Dieu d'Israël, sur la mon qui ouvre sur une fosse profonde, ou sorte de
tagne d'Ebal. — 33. Et tout Israël, ses an )uits creusé dans le roc. L'orifice n'est qu'une
ciens, ses inspecteurs , ses juges, étaient pla arge fente, ayant un peu plus d'un mètre de
cés de chaque côté de l'arche, en face des Co longueur, et parallèle à la façade de la plate
henim, des Lévites porteurs de l'arche d'al forme qui regarde l'est.De l'extrémité de l'ori
liance de l'Eternel, l'étranger comme l'indi ſice, une courbe peu déterminée, d'une
gène : la moitié en face de la montagne de quinzaine de mètres, va rejoindre la première
Garizim, et la moitié en face de la montagne face mesurée. Il est aisé de VQir, au resté,
d'Ebal, comme avait autrefois ordonné Moise, que le plan primitif de la plate-forme était
serviteur de l'Eternel, de bénir le peuple UIl polygone formé de trois grands côtés,
d'Israël. — Ne semble-t-il pas évident, par erpendiculaires entre eux, de onze mètres de
la teneur de ce verset , que le peuple, bien ongueur, sur lesquels s'appuyaient deux pº
loin d'être divisé en deux parts, sur les deux tits côtés, de six mètres,aboutissant à l'ori
montagnes opposées, était rangé des deux fice du puits.
315 GAR DICTIONNAlRE - GAR 510

Cette plate-forme, que j'ai décrite avec tant faces opposées, soixante-quatre mètres cin
de minutie, c'est le véritable autel des Sama quante centimètres seulement, toujours avant
ritains. C'est sur elle que les victimes sont § compris. Ces avant-corps formaient
égorgées, et c'est dans le puits que j'ai signalé probablement des tours carrées. Sur le milieu
que s'écoule le sang du sacrifice. de la face sud est établi un avant-corps exac
A partir de là, on aperçoit les ruines d'une tement semblable à ceux des angles. Ila
ville qui dut être très-considérable. Il serait comme eux huit mètres de côté, et un mètre
extrêmement curieux d'étudier ces ruines à quatre-vingt-dix centimètres de saillie. Tous
loisir; nul doute que l'on n'y fît de précieuses les murs principaux ont un mètre trente-cinq
découvertes. Comme malheureusement mes centimètres d'épaisseur. La face occidentale
minutes étaient comptées, j'ai dû me borner n'a pas d'avant-corps en son milieu, et les
à en examiner quelques parties en toute hâte, avant-corps des angles font saillie sur elle.
et je regrette vivement de n'avoir pu faire La face orientale, au contraire, ne pré
plus.Je me bornerai à signaler un singulier sente aucune saillie des avant-corps. C'est
. édifice, construit sur le roc, à cent cinquante celui de l'angle nord-est qui a été occupé
mètres en avant de la plate-forme des sacrifi par une construction musulmane, et trans
ces. Ses murailles, formées de gros blocs, ont formé en oualy portant le nom d'Ech-cheikh
un mètre trente-cinq centimètres d'épaisseur. Rhanem.
C'est un carré de dix à douze mètres de côté, Au milieu de la face nord est pratiquée,
sur le côté nord duquel est appuyée une ab dans l'axe même de l'enceinte, une porte de
side elliptique de dix mètres de profondeur. cinq mètres quatre-vingt-dix , centimètres
Que pouvait être ce bâtiment? Je l'ignore. d'ouverture, qui avait, à l'extérieur, des pi
Peut-être ce fut une église ou une chapelle lastres carrés de un mètre quatre-vingts cen
chrétienne.
timètres de largeur, en saillie, autant qu'on en
Comme le temps était loin de s'embellir, peut juger par la base de celui de gauche
nous avons, après cette inspection sommaire, qui est resté en place. Cette porte a été rmu
pris le parti de déjeuner au plus vite, afin rée postérieurement, et l'arasement du mur de
d'avoir ensuite tout notre temps à donner à clôture est en place.A droite et à gauche de
l'étude et au levé de la grande enceinte. Nous cette grande porte d'entrée étaient, àl'inté
sommes donc venus nous installer sur le ga rieur, deux pavillons massifs formant loge, de
zon, contre l'angle nord-est de ce monument, cinq mètres quatre-vingt-dix centimètres de
au pied d'un petit oualy musulman qui porte côté, hors œuvre, et dont les murs ont égale
le nom de Ech-cheikh-Rhanem, et nous ment un mètre trente-cinq centimètres d'é-
nous sommes mis en devoir d'expédier ron paisseur. On retrouve à l'intérieur, appuyées
dement notre repas. De là, nous jouissions contre les murailles de l'enceinte, de nom
d'une vue magnifique. Nous avions au-des breuses chambres datant d'époques différen
sous de nous les pentes orientales du Gari tes, à en juger par la diversité d'épaisseur de
zim, et, au delà, l'extrémité orientale de leurs parois; dans les plus anciennes, qui sont
la vaste plaine de la Makhnah, qui n'est que † toutes appliquées contre la face sud,
la large vallée qui longe la route de Naplouse es murs ont également un mètre trente
à Jérusalem. A notre gauche, nous voyions le cinq centimètres d'épaisseur, et celles-là font
mont Ebal tout entier, et entre lui et nous se incontestablement partie du plan primitif de
trouvait la riante vallée de Sichem, dont nous l'édifice.
ne pouvions naturellement apercevoir le
ſond. Au centre de la plate-forme comprise dans
J'ai rarement fait un aussi mauvais déjeuner l'enceinte, était un édifice octogonal à l'inté
avec autant de plaisir. Nous étions dans le ra rieur, et dont l'entrée correspondait à l'entrée
vissement en pensant à notre découverte si rincipale de l'enceinte. Sur les côtés du po
inespérée, et nous eussions joui du beau spec ygoné adjacents à la face d'entrée, étaient
tacle que nous avions sous les yeux dans établies des sortes de chapelles, à deux absi
toute la plénitude de notre joie, si de larges dioles circulaires, placées aux extrémités ; la
gouttes de pluie n'étaient venues nous avertir orte de ces chapelles ouvrait à l'intérieur du
que la besogne qui nous restait à faire ne se àbâtiment
l'axe
octogonal. Les deux côtés parallèles
§ d'appuis à de grandes
rait pas commode à terminer.
Aussitôt notre déjeuner fini, nous nous absides circulaires. Les deux suivants compor
sommes bravement mis à l'œuvre, et, bien taient encore, autant qu'on peut le deviner
en construisant le plan général d'aprèsce qui
qu'interrompus à dix reprises par des averses reste
glacées qui nous chassaient dans l'oualy du de débris reconnaissables, des chapelles
Scheikh-Rhanem, où deux tailleurs de pierre à double absidiole, et enfin la face du fond,
faisaient quelques réparations à un escalier, parallèle à la face d'entrée, devait former un
nous avons réussi à lever tout ce curieux édi abside circulaire. Cette disposition alternative
fice. En voici les dispositions générales. est extrêmement curieuse, et elle a une sin
Le plan de l'enceinte principale est un qua gulière analogie avec le † que
tent le temple phénicien de Krendi,
†.
Malte,
drilatère garni, aux quatre angles, d'avant-corps
carrés en saillie de un mètre § et celui de la Giganteza, à GozzO.
centim. sur les faces; celles-ci ont des dimen Notre guide, en nous amenant sur la place
sions différentes. Ainsi, avant-corps compris, où était I'octogone que je viens de décrire
lesdeux côtéssudet nord ont soixante-dix-neuf brièvement, me dit : Ceci est la Qiblah des
mètres de dévelonpement, et les deux autres Samaritains (La qiblah est un lieu particulier
317 GAR DES ANTIQUITES BIBLIQUES. GAR 518

de prières, dans la mosquée de Jérusalem et murs cessent brusquement de paraître, à


dans celle de la Mecque.) quinze mètres à partir de la piscine.
A l'extérieur de la face du nord, une autre Dans le mur septentrional de la piscine, à
muraille d'enceinte, datant de la même épo sept mètres de l'angle nord-ouest, est prati
que, s'appuie contre l'avant-corps de l'angle
nord-ouest, et s'étend en ligne droite sur une
† une niche , parfaitement taillée, et qui
énote une grande habileté dans la science de
longueur de cinquante-deux mètres, non com la coupe des pierres. Peut-être était-ce un
pris l'avant-corps de l'enceinte principale au regard par , lequel le trop plein de la piscine
quel ce pan de mur se rattache. A son extré pouvait se déverser dans un puits placé à trois
mité opposée, est appliquée une tour quadran mètres à droite, et à quatre mètres de distance
gulaire, ayant cinq mètres soixante-dix cen de la niche.
timètres dans œuvre, sur ses côtés nord et Telle est la disposition générale de ce ma
sud , et seulement trois mètres quarante gnifique édifice, dans lequel je n'hésite pas à
centimètres sur les deux autres faees.A partir retrouver le temple des Samaritains, témple
de l'angle nord-est de cette tour, la muraille, dont je vais tout à l'heure rappeler l'histoire.
qui en continue la face nord s'étend parallè J'ai dit déjà que la face orientale de cette en
lement à la face d'entrée de l'enceinte princi ceinte était réellement à la crète du Garizim et
pale, sur une longueur de quarante et un mè dominait les escarpements plongeant dans la
tres; là est placée, en saillie d'un mètre qua Makhnah. A onze mètres en avant de la base
tre-vingt-dix centimètres, une tour carrée de de cette enceinte, paraissent les traces d'un
huit mètres quatre-vingts centimètres de côté. mur dont quelques blocs sont encore en place.
Au delà le mur de face reprend sur une lon Ils sont énormes et portent deux mètres d'é-
gueur , de vingt-deux mètres , cinquante paisseur. Il semble qu'un escalier ait été
centimètres ; puis il fait un coude brusque et appuyé à ce mur, et l'on en distingue encore
sé dirige, en couronnant les escarpements quatre ou cinq marches de cinquante centi
orientaux du plateau de la montagne, par une mètres de largeur. L'axe de cet escalier, s'il a
branche oblique de quarante-trois mètres, existé, aurait donc été, en ce point du moins,
sur le flancseptentrional de l'avant-corps con dirigé du sud au nord, et par conséquent il
tenant l'oualy du Scheikh-Rhanem, en lais serait venu du côté opposé à celui où se trouve
sant à l'angle nord-est de celui-ci une saillie Naplouse
d'un mètre quarante centimètres. Ai je besoin de dire tout ce que révéleraient
De l'angle sud-est de la tour carrée, placée de faits curieux des fouilles intelligentes
vers le milieu de lagrandebranche septentrio exécutées sur ce plateau, si elles étaient
male que je viens de décrire, partait un mur praticables.
oblique dont il ne reste que de faibles por Nous avions, on le devine, passé quelques
tions et qui se dirigeait, en se redressant à heures bien employées, à relever toutes les
l'est, vers la moitié de sa longueur, à peu mesures nécessaires. Une fois notre butin
rès perpendiculairement à la face nord de achevé, nous songeâmes à la retraite et nous
enceinte principale, et à quelques mètres à regagnâmes Naplouse sous une pluie battante,
gauche de la grande entrée. Du point où cette fort heureux d'avoir payé par un peu de fati
muraille faisait un angle pour se redresser, ue et beaucoup d'humidité, un fait archéo
partait un mur allant rejoindre la face orien ogique que j'avais le droit de considérer
tale de la deuxième enceinte, à cinq mètres comme de la plus grande importance.
au nordde l'oualy ech-Cheickh-Rhanem.Tous Au retour, j'étais tellement préoccupé des
les murs que je viens de désigner ont la même ruines que je venais de visiter, que j'envoyais
épaisseur d'un mètre trente-cinq centi Mattéo saluer de ma part le grand prêtre des
mètres. Samaritains et lui demander comment s'appe
Dans l'espace vide compris entre la face lait la ville ruinée qui avait existé sur ſe
nord de l'enceinte principale et la seconde sommet du Garizim. Il revint bientôt et me
enceinte extérieure, espace qu'oceupe en rapporta le nom que je voulais connaître, et
grande partie un cimetière musulman, et à que ni les musulmans ni lesChrétiens n'étaient
vingt-deux mètres en avant, c'est-à-dire au en mesure de nous donner. Ce nom était
nord de celui-ci, est une magnifique piscine, à Louzah ! Je pensai immédiatement à Beit-el,
sec aujourd'hui, de trente-cinq mètres de lon dont le nom primitif avait été Louz ou Lou
eur, sur un peu plus de dix-huit mètres de zah, etje me † à tort que le véritable
argeur; elle est elle-même bâtie en murailles Beit-el pourrait bien avoir existé sur le som
d'un mètre trente-cinq centimètres d'épais met du Garizim. J'ai conservé assez longtemps
seur. Cette piscine s'appuie contre le mur ce doute, qui s'est évanoui depuis mon retour,
Occidental §. ne muraille posté devant le fait suivant. Saint Jérôme, dans l'O-
rieure, dont il ne reste que les arasements, nomasticon, cite une Aov:2 placée près de Si
relie la face sud de la piscine à la face nord chem, à la troisième pierre milliaire à partir
de l'enceinte principale, à quatorze mètres en de Naplouse. C'était incontestablement ma
avant de l'angle nord-ouest de celle-ci. Ceſte ville ruinée du sommet de Garizim.
muraille avait un mètre dix centimètres d'é- Rappelons maintenant en quelques mots
paisseur. A treize mètres à gauche, c'est-à- l'histoire de Sichem et de Naplouse, puis nous
dire à l'est, sont les arasements de deux murs nous occuperons de celle de Garizim. Sichem
parallèles d'un mètre d'épaisseur, et laissant (c-v de l'Écriture sainte) a été remplacée par
entre eux un couloir d'un mètre vingt centi Neapolis, qui est devenue la Naboulis des
IDetres de largeur. Les traces de ces deux Arabes et la Naplouse des Francs; mais ces
513 GAR D1CT10NNAIRE GAR 520

deux villes n'étaient pas exactement au même monde ; ils pourraient bien s'assembler contre
point. ll n'y a pas de doute à conserver sur moi et me # per : alors ils me détruiront
ces deux faits. Ainsi S. Epiphane (Adv. hœre moi et ma maison. — Plus tard, Jacob ayant
ses, lib. III) et saint Jérôme (Epist. 86, Epit. assemblé ses enfants, pour leur prédire
Paulae) se servent de l'expression : Sichem, l'avenir de chacun, reprocha plus amèrement
† est maintenant nommée Neapolis. Eusèbe à ses deux fils, Siméon et Lévi, leur brutale
dans l'Onomasticon, dit positivement : Si colère ( Gen. xLIx ) : Que leur colère soit
chem, près de Néapolis, i» Sixipot;, r)ngiov maudite, car elle est violente, et leur fureur,
Ntzs rô)to; (ad vocem Tepsfi»0»y), et ailleurs car elle est # : je les diviserai en Ja
(ad vocem zvxig): On en montre la place dans cob, et je les disperserai en Israël
les faubourgs de Neapolis (Atixvvtzià réro; è» Longtemps après, lorsque Jacob habitait
Trpoaattiote Ne#e Trô\so;); enfin au mot Aouk&, près d'Hébron, ses fils étant allés conduire
Eusèbe dit : IIxp«x ttuivn Euxèg ärà 0" gap tiov ses troupeaux du côté de Sichem, y vendi
Nix TrºAsos. Elle est placée près de Sichem, au rent leur frère Joseph, qui était venu les re
neuvième mille à partir de Neapolis. Saint joindre près de Dothaïm. ( Gen. xxxvII, 17 )
Jérôme a corrigé ce passage qu'il traduit: ne caravane d'Ismaélites, se rendant en
« Juxta Sichem in tertio lapide Neapoleos » Egypte, acheta Joseph, et l'on sait à quel de
Peut-être cette première correction n'est-elle gré de puissance le fils de Jacob fut élevé
as suffisante encore, et faudrait-il lire 6' au dans ce pays. Lors de la conquête de la Terre
ieu de y dans le texte d'Eusèbe, ce qui serait promise, Josué, après le sac de Jéricho et de
† en rapport avec la véritable distance de Aï, vint, suivant l'ordre qu'en avait donné
ouzah à Naplouse, et ce qui expliquerait en Moïse, construire un autel sur le mont Ebal,
quelque sorte l'erreur du copiste, qui aura et faire proclamer les bénédictions et les ma
pris un B pour un e, bien plus aisément qu'un lédictions de l'Eternel, par le peuple d'Is
T, dont le tracé n'a aucun rapport avec le e. raël. J'ai dit combien il était singulier que
Quoi qu'il ensoit, il paraît clair que Sichem l'autel de Jéhovah eût été élevé sur la mon
n'était pas sur l'assiette actuelle de Naplouse, tagne de la Malédiction. Les Samaritains sont
et je suis assez disposé à supposer cette du même avis, car le texte samaritain du
ville antique à l'entrée même de la vallée de Pentateuque porte que l'autel de l'Eternel
Sichem, vers le point où sont placés par la dut être et fut construit sur le Garizim. En
tradition, le puits de la Samaritaine, le champ conséquence, ils accusent les Juifs d'avoir
de Jacob et le tombeau de Joseph. L'historien altéré sciemment le texte sacré en ce point,
Josèphe (Bell. Jud. IV, vIII, 1) nous apprend comme en beaucoupd'autres ; c'est donc bien
que de son temps Neapolis était nommée par légitimement à leurs yeux que la Barakah
les indigènes Mabortha. est l'autel élevé par l'ordre même de Josué,
En aucun endroit l'Ecriture ne dit expli lors de cette imposante cérémonie.
citement que Sichem était voisine des monts Sichem, sur la montagne d'Ephraïm (Jo
Garizim et Ebal ; seulement dans le Deutéro sué, xx, 7), fut une des trois villes de refuge
nome ( xI, 80 ), on voit que ces montagnes placées sur la rive droite du Jourdain. On
sont proches du Bocage de Mourah, et la sait que les deux autres étaient Kades et Ki
Genèse (xII, 16 ) nous dit : Abram traversa riath-Arbâa ou Hébron.
le pays jusqu'à la contrée de Sichem, jus Abimelek, fils naturel de Gédéon et d'uni
qu'au Bocage de Mourah : ce qui démontre concubine, saccagea la ville de Sichem, aprè;
implicitement le voisinage de Sichem et avoir assassiné, à Oprath, soixante-dix de ses
des deux montagnes saintes. Le patriarche frères.L'un d'eux, Joatham, ayant échappé au
Jacob, venant de Padan-Aram, arriva à Si carnage , reprocha aux Sichémites d'avoir
chem, y campa et acheta des fils de Hemour, pris Abimelek pour roi. — Il alla, se plaça
père de Sichem, la pièce de terre où il avait sur le sommet du mont Garizim, éleva la voix
dressé sa tente. ( Gen. xxxIII, 19. ) Dina, et les appelant, il dit : Ecoutez-moi, habi
fille du patriarche, fut enlevée par Sichem, fils tants de †. et Dieu vous écoutera aussi.
de Hemour, chef du pays. ( Gen. xxxIv, 2 et (Juges, Ix, 7.) Ce texte prouve à merveille
suiv. ) Hemour vint alors demander à Jacob † sommet du Garizim on était bien près
la main de Dina pour son fils, en lui offrant de Sichem, quand bien même il ne devrait
une alliance entre les deux races. Les fils de pas être pris à la lettre. -

Jacobacceptèrent, mais à condition qu'Hemour Josèphe raconte ce fait de la manière sui


et les siens se feraient circoncire. Ceux-ci y vante : « Joatham, montant sur le sommet du
consentirent, et le troisième jour, lorsque tous Garizim (qui domine la ville de Sichem) et
les hommes étaientsouffrants dessuites de l'o- élevant la voix afin de pouvoir être entendu,
# qu'ils avaientsubie, Siméon et Lévi, à le peuple fit silence pour l'écouter, » etc. Il
'insu de leur père, prirent leurs glaives, tom est bien évident que, pour Josèphe, Sichem
bèrent sur la ville qui était en sécurité, et tuè ne pouvait être dans la vallée et Joatham sur
rent tous les mâlés ( Gen. xxxiv, 25 ); puis le sommet du Garizim. Pour lui, Sichem était
ils pillèrent la ville, biens et bestiaux, et fi à portée de voix humaine de ce sommet ;
rent captifs les femmes et les enfants. Cette si Sichem n'était pas où sont les ruines
abominable infamie fut ainsi reprochée à ses de Louzah, je défie qu'on explique ce pas
fils par Jacob :—30. Jacob dit à Siméon et à sage et le passage correspondant de l'Ecri
Lévi : Vous m'avez affligé, en me mettant en ture sainte.
horreur aux yeux des habitants du pays, des Après la mort de Salomon, Roboam alla à
Kanâanéens et des Pherisim ! J'ai si peu de Sichem, car c'est à Sichem que s'était rcndu
521 GAR DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. ( AR 522

tout Israël pour l'établir roi (I Rois, xII, 1.) Là siné, son fils Alexandre prit la couronne et
eut lieu la rébellion des dix tribus. Roboam commença sa vie de conquérant, en s'empa
fut obligé de s'enfuir à Jérusalem, et Jéro rant de l'Ionie, de la Carie, de la Lydié et
boam fut nommé roi d'Israël. Les tribus de de la Pamphylie. (Ant. Jud., XI, vIII, #
Juda et de Benjamin restèrent seules fidèles à A Jérusalem, les membres du conseil s'in
Roboam. — Alors Jéroboam bâtit Sichem sur dignaient de voir Manassès , époux d'une
la montagne d'Ephraïm et y demeura. Il sor Persane, prendre part aux cérémonies reli
tit de là et bâtit Fenouel. (I Rois, xIII, 25.)— gieuses, dans lesquelles il devait assister le
Ne semble-t-il pas résulter de ce verset aussi grand prêtre, son frère. Ils en vinrent à exi
bien que de celui où il est question du dis ger de lui qu'il divorçât, ou qu'il renonçât à
cours de Joatham, frère d'Abimelek, que Si s'approcher de l'autcl. Yaddous, lui-même,
chem était réellement sur la montagne, et prenait parti pour le conseil contre Manassès.
non dans la vallée si creuse de Naplouse ? Je Celui-ci vint alors auprès de Sanaballète, son
laisse à de plus habiles à le décider, bien que beau-père : il lui peignit la situation fausse
je sois assez tenté de croire que la Sichem dans laquelle il se trouvait, et, tout en pro
primitive était † où sont aujourd'hui les
ruines de Louzah, au sommet du montGarizim.
testant de son amour pour sa femme, il lui
déclara qu'il ne voudrait pas, à cause d'elle,
Lorsque le roi d'Assyrie Salmanazar eut perdre ses droits au sacerdoce qui était la
emmené les dix tribus en captivité, les Cu plus grande des dignités, et qui devait res
théens envoyés de Perse pour les remplacer, ter dans sa famille. Sanaballète lui répondit
s'établirent autour de Sichem qui devint le que, s'il consentait à garder sa femme, non
centre de leur foi, si bien que Naplouse est seulement il lui conserverait le sacerdoce,
encore la métropole religieuse de leurs des mais qu'il lui ferait même obtenir le souverain
cendants. Les Cuthéens établis dans la Sama pontificat; il ajouta qu'il ferait, avec l'assen
rie, étant décimés par une peste, furent timent de Darius, bâtir sur le mont Garizim,
avertis par un oracle, qu'il n'y aurait de salut qui est la plus haute des montagnes de la Sa
à espérer pour eux, que s'ils rendaient un marie, un temple semblable à celui de Jéru
culte au Dieu souverain qui, avant leur venue, salem. Le satrape s'engageait, en outre, à
était adoré dans ce pays. Ils écrivirent en hâte laisser à son gendre la satrapie dont lui-mê
une supplique au roi d'Assyrie, pour qu'il me était investi. Manassès, touché par l'éclat
leur envoyât, d'entre les captifs transportés de ces promesses, conserva Nicaso pour fem
en Assyrie, quelques prêtres qui pussent les me, et comme beaucoup d'Israélites, et de
instruire dans le nouveau culte à adopter. prêtres même, étaient engagés dans des maria
Leur prière fut écoutée favorablement, et le gesinorthodoxes, de grandes dissensions surgi
rite samaritain du culte judaïque fut établi à rent dans Jérusalem, les uns tenant pour le
† de ce moment. (Jos., Ant. Jud., IX, grand prêtre Yaddous et ses adhérents, les au
XIV, 3.) tres pour Manassès et le satrape son beau-père.
Au retour de la captivité de Babylone et au (Ant. Jud., Xl, vIII. 2.)
moment de la reconstruction du temple de Sanaballète avait annoncé à Manassès qu'une
Jérusalem par Zorobabel, les Samaritains de fois Alexandre vaincu par Darius, le moment
mandèrent aux Juifs à participer à cette re serait opportun pour obtenir du roi des rois
construction, ce qui leur fut refusé formelle tout ce qu'il lui avait promis. Il attendait donc
ment. (I Esdr. Iv, 1 et suiv.) Ils firent alors la défaite des Macédoniens. Ce fut précisé
des démarches auprès des rois Achéménides, ment le contraire qui arriva. L'armée innom
pour entraver les projets de Zorobabel et des brable des Perses fut battue à plate couture,
uifs revenus dans leur pays. et Darius prit la fuite, laissant entre les mains
Leurs intrigues furent §ord couronnées du vainqueur sa mère, sa femme et ses en
d'un entier succès, et les travaux longtemps fants. Après ce succès, Alexandre fit une
interrompus ne furent repris que la deuxiè pointe en Syrie, força Damas et Sidon, et
me année du règne de Darius, mais menés vint assiéger Tyr ; de là, il manda au grand
cette fois à bonne fin. De ce moment, une prêtre Yaddous de lui envoyer des auxiliaires
inimitié complète régna entre les Samaritains et de lui payer le tribut qu'il avait jusque-là
et les Juifs. Aussi, lorsque l'empire Achémé payé au roi des Perses. Yaddous répondit
nide eut été renversé par Alexandre le Grand, qu'il s'était engagé par serment à ce que son
les Samaritains sollicitèrent du conquérant † ne porterait jamais les armes contre
l'autorisation de bâtir pour eux, sur le mont arius, et que, tant que celui-ci serait vivant,
Garizini, un temple, rival de celui de Jérusa il ne pouvait violer ſa foi jurée. Alexandre,
lem. Voici comment la chose est racontée furieux, lui fit dire alors que sitôt qu'il en au
par Josèphe. rait fini avec Tyr, il irait, à la tête de son ar
Après la mort du grand prêtre Jean,Yaddous mée, lui faire une visite à JérusaleIn, pour
son fils fut revêtu du souverain pontificat. lui apprendre à mieux choisir, une autre fois,
Yaddous avait un frère nommé Manassès. Le les gens avec lesquels il se lierait par un ser
Cuthéen Sanaballète, qui, par conséquent, ment inviolable. (Ant. Jud., XI, viII, 3.) .
avait une origine commune avec les Samari , Sept mois après, Tyr tombait au pouvoir
tains, et qui avait été investi par Darius de d'Alexandre ; après deux autres mois, Gaza
la† de Samarie, donna, par ambition, subissait le même sort, et le roi de Macédoine
sa fille Nicaso en mariage à Manassès. (Ant. paraissait devant les portes de Jérusalem.
Jud., XI, vII, 2.) Ce fut vers cette époque que Sanaballète, lorsque Alexandre commença
Philippe, roi de Macédoine, ayant été assas le siége de Tyr, comprit que le moment était
525 GAR DICTI0NNAIRE GAR 324

venu de trahir son maître, en tirant profit de empire eut été partagé entre ses généraux, le
sa trahison. Il se rendit au camp du roi de temple de Garizim continua à subsister, et la
Macédoine et lui fit sa soumission. Se voyant population des Sichémites à se recruter de
reçu avec satisfaction, il prit plus d'assurance tous les Juifs qui étaient chassés de Jérusa
encore et aborda le véritable but de sa dé lem, pour avoir mangé des mets impurs, pour
fection. Il dit au monarque qu'il avait pour avoir violé le Sabbat ou pour avoir commis
- † Manassès, frère de Yaddous, pontife # délit du même genre. (Ant. Jud., XI.
e Jérusalem; que Manassès avait, parmi les VIII, I.
Juifs, un grand parti d'hommes qui désiraient Longtemps après, lorsque Antiochus Epi
bâtir un autre temple, dans les terres soumi phane se fut, sans coup férir, emparé de Jé .
ses à sa domination, qu'il était très-important rusalem et l'eut mise deux fois au pillage (en
pour lui de donner son assentiment à ce pro 143 et en 145 de l'ère des Séleucides), les Sa
jet, parce que c'était diviser la nation juive et maritains, redoutant pour eux-mêmes un sort
par conséquent, la rendre plus aisée à gou semblable, adressèrent une supplique à An
verner. Alexandre se laissa convaincre et ac tiochus, pour lui exposer qu'ils n'étaient, et
corda à Sanaballète la permission que celui n'avaient jamais été Juifs, mais qu'ils étaient
ci demandait. Aussitôt le satrape se mit à Sidoniens d'origine ;que leurs ancêtres avaient
l'œuvre, et poussa les travaux en toute dili cru se débarrasser d'épidémies cruelles qui
gence; le temple , construit, Manassès fut les avaient frappés coup sur coup, en adop
investi du souverain pontificat. Sanaballète tant l'antique superstition du pays, telle que
mourut neuf mois après, au moment où la la célébration de la fête que les Juifs appel
ville de Gaza venait de succomber devant lent Sâbbat; qu'un temple anonyme ayant
l'armée d'Alexandre. (Ant. Jud., XI, vIII, 4.) été construit sur le mont que l'on appelle
Quand les Samaritains virent avec quelle Garizim, ils y offraient solennellement des
bonté les Juifs de Jérusalem avaient été trai sacrifices à un Dieu inconnu ; qu'en consé
tés par Alexandre, ils décidèrent qu'ils se fe uence, voulant adopter le culte des Grecs,
raient passer pour Juifs aux yeux du roi, afin ils suppliaient le roi de ne pas les confondre
de tirer parti, pour leur compte, de sa géné avec les Juifs, dans le juste châtiment des
rOsité et de sa bienveillance. Ces Samaritains crimes de ceux-ci, et de leur permettre de dé
avaient alors pour capitale Sichem, ville si dier leur temple à Jupiter Hellénien
tuée devant le montGarizimet peuplée par des Antiochus s'empressa de leur faire répon
Juifs apostats (untpóro)tv ràrt riv Xixtu« ixovrs;, dre qu'il leur accordait leur demande et qu'il
«rtu ivn rpoç rö Tapt#eiv ºpti). Ils avaient, en ef les autorisait à dédier leur temple à Jupiter
fet, pris depuis longtemps l'habitude de se dé Hellénien. Cette réponse était datée du 12 du
clarer Juifs, toutes les fois que les affaires de mois hécatombaeon de l'an 146 de l'ère des
la nation juive prenaient une tournure favo Séleucides. (Ant. Jud., XII, v, 5.)
rable, et de nier qu'ils eussent rien de com Le temple de Garizim n'eut que deux cents
mun avec elle, aussitôt que l'horizon judaïque ans d'existence. Jean Hyrcan s'empara de
se rembrunissait. Une députation samaritaine Sichem et du Garizim, et il soumit la nation
accourut donc, en grande pompe, au-devant des Cuthéens, qui exerçait son culte dans un
d'Alexandre, jusqu'auprès de Jérusalem, ame temple semblable à celui de Jérusalem, tem
nant le contingent d'auxiliaires que Sanabal ple qu'Alexandre le Grand avait autorisé Sa
lète envoyait au roi. Comme le monarque les naballète à construire, en faveur de son gen
remerciait de cette marque de soumission et dre Manassès, frère du grand prêtre Yaddous,
de déférence, les envoyés le supplièrent de ainsi que nous l'avons raconté plus haut. Il
visiter leur ville, et d'honorer leur temple de arriva donc que ce temple fut dévasté après
sa présence. Il leur promit de le faire aussi avoir duré deux cents ans. (Aht. Jud., XIII,
tôt qu'il serait revenu de l'expédition dans · Ix, 1.)
laquelle il allait s'engager. Les députés sa Nous sommes maintenant fixés sur l'époque
maritains parlèrent alors de l'exemption du de la construction, sur la durée et sur fa des
tribut, chaque septième année, et Alexandre truction du temple construit par les Samari
leur demanda qui ils étaient pour lui adresser tains sur le mont Garizim. La venue d'Alex
une semblable requête. — Nous sommes Hé andre devant Jérusalem eut lieu en 332 avant
breux, répondirent-ils, et on nous appelle les l'ère chrétienne; en 135 avant Jésus-Christ,
Sidoniens de Sichem. Alexandre insista : En Jean Hyrcan fut investi du souverain pontifi
fin, êtes-vous Juifs? leur dit-il. Et, comme ils cat; c'est au plus tôt vers la fin de la deuxiè
avouaient qu'ils ne l'étaient pas, — Ce que me année de son règne, c'est-à-dire en 132,
vous me demandez, ajouta-t-il, je ne l'ai ac # détruisit le temple du Garizim ; le calcul
cordé qu'aux Juifs. Cependant, quand je se e Josèphe, qui donne deux cents ans d'exis
rai de retour, et que je saurai mieux à quoi tence à ce temple, est donc parfaitement
m'en tenir sur votre compte, je verrai ce † juste. Antiochus Epiphane devint roi en 175
j'aurai à faire. Ce disant, il les congédia. avant Jésus-Christ ; c'est donc dans le voisi
Quant aux auxiliaires de Sanaballète, il leur nage de cette année que le temple du Gari
donna l'ordre de le suivre en Egypte, avec la zim fut consacré à Jupiter Hellénien.
prOmesse de leur distribuer des terres dans ce Passons maintenant aux époques les plus
pays. C'est ce qu'il fit en effet, † temps récentes. Les Samaritains, réfugiés sur le
après, en les chargeant de la garde de la Thé mont Garizim,& furent attaqués par l'ordro
baïde. (Ant. Jud., XI, vIII, 6.) de Vespasien. Cerealis, préfet de la cinquième
Lorsque après la mort d'Alexandre, son légion, avec six cents cavaliers et trois mille
325 GAR DES ANTlQUITES BIBLIQUES. GAR 326

fantassins, attendit que la soif eût abattu la mont Garizim. Enfin pour monter de Neapo
multitude † sur la montagne, car le temple du Garizim, le pèlerin nous ap
lis au
lieu manquait d'eau, et on était au fort des † qu'il y avait, de son temps, un esca
chaleurs de l'été. Le Garizim fut alors gravi ier de trois cents marches. Ce nombre,
par les Romains, et les Samaritains, sommés commençons par le dire, est ridicule et im
de se rendre, ayant refusé de déposer les ar possible, si le temple était au sommet, et il y
mes, furent passés au fil de l'épée, au nombre était en effet, ainsi que nous le verrons tout
de dix mille six cents. (Bell. Jud., III, vIII, à l'heure. Le Garizim a certainement une
32). Procope (De œdif. Just., lib. v, cap. 7) hauteur de cinq à six cents mètres au-dessus
raconte que, sous le règne de Zénon, les ha de l'assiette de Naplouse; dès lors il est bien
bitants de Neapolis assaillirent les Chrétiens évident que ce n'était plus par centaines
qui célébraient la fête de la Pentecôte, et qu'il fallait compter les marches de l'escalier
coupèrent les doigts des mains à l'évêque conduisant à ce temple. Je proposerais donc
Terebinthus, qu'ils trouvèrent distribuant la
de lire quinze cents au lieu de trois cents, et
communion aux fidèles. Le prélat se réfugia je suis convaincu que l'on se rapprocherait
auprès de l'empereur et implora son assis alors de la vérité.
tance. Zénon, pour punir un semblable mé Il n'est pas possible de conserver de doutes
fait, chassa les Samaritains du mont Garizim, sur l'existence de cet escalier gigantesque, et
et y fit bâtir une église de Sainte-Marie, qu'il voici pourquoi : On connaît de magnifiques
entoura d'une enceinte faite simplement en § impériales d'Antonin le Pieux, frap
piérres amoncelées. Une forte garnison fut pées à Neapolis, et qui représentent le mont
placée dans la ville d'en bas, mais dix hom Garizim avec son temple. Certainement ce
mes seulement furent préposés à la défense fi'était pas le temple détruit par Hyrcan, mais
du mur supérieur. Sous le règne d'Anastase, quelque temple du paganisme qui avait pris
les Samaritains gravirent la montagne † les la place du premier. Quiconque a vu Naplouse
escarpements qui n'étaient pas gardés, et il et le Garizim sera frappé de l'exactitude, pour
s'en emparèrent de vive force. Le préfet de ainsi dire minutieuse, de la vue que présen -
la province fit aussitôt saisir et mettre à mort tent ces rares et belles médailles. Or, le dé
ceux qui s'étaient rendus coupables de'cet at tail qui saute immédiatement aux yeux, c'est
tentat. Enfin l'empereur Justinien entoura l'existence d'un immense escalier qui monte
l'église du Garizim d'une autre muraille tout à directement de la ville basse au portique du
fait à l'abri d'un coup de main, et il fit rétablir temple. Celui-ci est muni d'une enceinte, à
cinq églises chrétiennes qui avaient été incen l'extrémité sud de laquelle se montre une
diées dans la ville. Ceci se passait en mai529. haute tour, et #
ne doute pas qu'il ne faille
(Cyrille de Scythopolis, Histoire de S. Saba.) y reconnaître ſa tour carrée qui était placée
Nous lisons dans l'Itinéraire de Bordeaux à au milieu de la face sud de l'antique enceinte
Jérusalem : Civitas Neapolis. Ibi est mons que j'ai décrite plus haut. De plus, la gorge
Agazaren : ibi dicunt Samaritani Abraham par laquelle je suis parvenu au sommet du
sacrificium obtulisse, et ascenduntur usque Garizim, est admirablement mise à sa place
ad summum montem gradus num. CCC. Inde sur la médaille, et le haut de cette gorge est
ad pedem montis ipsius locus est, cui nomen garni de deux tours dont j'aurais très-proba
est Sechim. Ibi positum est monumentum, ubi blament retrouvé les bases, si j'avais alors
conditus est Joseph, in villa quam dedit ei Ja connu ce détail. Quoi qu'il en soit, il est cer
cob pater ejus. Inde rapta est Dina filia Jacob tain que l'escalier dont parle le pèlerin de
a filiis Amorraeorum. Inde passus mille, locus Bordeaux, et qui existait dès le temps d'An
est cui nomen Sechar, unde descendit mulier tonin, existait encore en 333.
Samaritana, ad eumdem locum, ubi Jacob Le savant Robinson (Bibl. Res. in Palest.,
puteum fodit, ut de eo aqua impleret (sic), et t, HI, p. 124) s'exprime ainsi sur le compte
Dominus noster Jesus Christus cum ea locu des ruines que j'ai longuement décrites, ct
tus est : ubi sunt arbores platani quos planta que son guide samaritain lui avait nommées
1 it Jacob, et balneus qui de eo puteo lara el-Qalâat (le château) : « This was problably
fur. « the fortress, the ruins of which are still
Ce passage extrêmement curieux nous « seen upon the mountain, bearing every
fournit plusieurs sujets d'observation. Pour « mark of a romain origin. » Je ne saurais
le pèlerin, d'abord, Sichem (qu'il faut resti absolument partager cette opinion.Une for
tuer à la place de Sechim), et Sechar, sont teresse n'est forteresse qu'à la condition de
deux lieux différents. Mais cette distinction pouvoir être défendue ; c'est-à-dire d'être
n'est pas admissible : Sichem et Sechar étant construite dans un but de défense; or, je le
certainemnt la même localité (67). Le puits demande, comment défendre une muraille
de la Samaritaine et le tombeau de Joseph sont sans parapet, et contre laquelle s'appuient
très-près l'un de l'autre, et c'est à mille pas artout des appartements. Dans une sembla
de là que se trouve la Sechar, d'où était † citadelle, la garnison eût été réduite à se
descendue la Samaritaine venue au puits de croiser les bras, en laissant les assaillants
Jacob (Jean, Iv). Avec de semblables indica s'approoher des murs et faire brèche partout
tions, il est difficile de ne pas reconnaître où ils le voudraient, sansqu'elle pût en aucune
cette Sichar du pèlerin, dans le Louzah du façon s'y opposer. Je le déclare donc sans
(67) Voici ce que dit saint Jérôme à ce propos : Sichar, quæ nunc Neapoli appellatur. » (Epist. 85,
4Transivit Sicheun, non ut plerique errantes legunt, Epitaph. Paular.)
527 GAZ DICTI0NNAIRE CAZ 528

aueune espèce d'hésitation, cet immense mo ver aux Syriens. ( I Mach. xI, 61 ; xIII, 43.)
nument est bien certainement l'enceinte du Ayant été prise par Alexandre Jannée (JosÈ
temple bâti par Sanaballète, avec l'autorisa PHE, Antiq. , XIII, xxI), elle se releva plus
tion d'Alexandre le Grand ; et l'octogone, qui tard sous Titus, Adrien et ses successeurs.
était le sanctuaire, profané probablement par Elle fut restaurée sous Gabinius. (Ibid., XIV,
la statue de Jupiter Hellénien, aura été rasé x. ) Auguste la donna au roi Hérode. ( Ibid.,
par l'ordre d'Hyrcan, tandis que l'enceinte XV, xI. )
elle-même était traitée un peu moins rigOu Arrien, dans le second livre de l'Expédition
reuSement. - d'Alexandre, la décrit ainsi :
Je ne doute pas que quiconque examinera, Gaza est tout au plus à vingt stades ( 4 ki
sans parti pris d'avance, le plan de cet édifice, lomètres ) de la mer. On y arrive par des sâ
demeurera parfaitement convaincu que là n'a bles profonds, et la mer qui l'avoisine char
jamais été une construction militaire, mais rie beaucoup de sable. Gaza était une grande
ien une construction religieuse. Le temple ville située sur une éminence et entourée
de Sanaballète était bâti à l'instar de celui de d'une forte muraille. C'est la dernière des vil
Jérusalem, et effectivement on reconnaît une les habitées lorsqu'on va de Phénicie en
singulière analogie dans les dispositions gé Egypte : elle est placée à l'entrée du dé
nérales des deux plans. Ainsi, la grande pis Sert.
cine du temple du Garizim est placée exacte Le port de Gaza s'appelait Maiouma #
ment comme l'était, par † au temple Matºuas). Constantinen fit une ville et l'appela
Constantia, du nom de son fils. Julien devenu
de Jérusalem, la piscine Probatique, qu'il ne
faut pas, ainsi que je l'ai fait voir, confondre empereur lui ôta le nom de Constantia, et vou
avec la piscine actuellement nommée Birket lut que la ville s'appelât seulement Port de
Israïl, et qui n'est que la Bethesda de l'E- Gaza. Mais les empereurs qui lui succédèrent
vangile. lui rendirent le nom de Constantia et les droits
On me permettra, j'espère, de me féliciter de cité concédés par Constantin. Gaza était
d'avoir pu lever avec soin le plan du temple célèbre par ses vignobles et son bon vin.
samaritain, et de croire que la conquête de Ces vignobles étaient situés dans la région
ce plan curieux valait à elle seule le voyage sablonneuse et au flanc des coteaux qui se
pénible que j'ai entrepris. trouvent en avançant dans les terres. On
GATH, GETH. — Ville des Philistins, qui fut dit que Haschem, fils d'Abd-el-Menaat, un
épargnée par Josué, et dans laquelle il laissa des ancètres de Mohammed, a son tombeau
des hommes de la race des Enacim. (Josué, à Gaza.
xI, 22.) Les superstitions payennes durèrent a
GAULON, GoLoN, GAULoNITIDE. —Gaulon, Gaza jusqu'au Iv° siècle. Elle avait encore à
ville de la demi-tribu de Manassé, a donimé son cette époque huit temples consacrés aux
nom à une partie de la contrée orientale du dieux. Nous tirons ce renseignement de la
Jourdain. Elle s'étendait depuis le lac de Gé Vie de saint Porphyre, évêque de Gaza. (Act.
nézareth jusqu'aux sources du Jourdain. Gau Sanct., tom. V, p. 655 ) : Erant autem in ur
lon était une ville lévitique et de refuge. (Jo be simulacrorum publica templa octo, nempe,
sué, xx, 8. Solis, et Veneris et Apollinis, et Proserpinœ, et
GAVER.— Lieu dans latribu de Manassé, en Hecates, et quod dicebatur Hierion seu sacer
deçà du Jourdain, où périt le roi Ochosias. dotum et Fortunœ civitatis, quod vocabant
( II Rois, Ix, 27. ) tvxeio» et Marnion, quod dicebant esse Creti
GAZA, AzzA. — Gaza, une des grandes vil genœ Jovis, quod existimabant esse gloriosius
lcs des Philistins, dont il est fait mention fré omnibus templis quœ sunt ubique.
quemment dans la Bible, était située à l'ex Le Marnion était un temple rond entouré
trémité de la terre de Kénâan, et échut en d'un double portique. L'auteur cité donne
artage à la tribu de Juda. Les Kaphtorim, que sur ce monument un précieux détail : c'est
a Vulgate a traduits par les Cappadociens, fi que parmi les Chrétiens, lorsqu'on construi .
rent une invasion dans ce pays, et s'y établi sit une église, on voulut lui donner la forme
rent. La tribu de Juda ne put jamais s'en ren du Marnion; mais l'impératrice Eudoxie vou
dre maîtresse, parce que les géants Enacim lut que l'église eût la forme d'une croix, et
leur résistèrent. Le Livre de Josué dit formel elle fut exécutée sur ce plan. Elle fut or
lement qu'il épargna ceux de la tribu d'Enacim née de trente colonnes envoyées par Eudo
qui étaient dans les villes de Gaza, de Geth et xie. Et les marbres du Marnion détruits et
d'Azot, et dans lesquelles ils furent laissés. brûlés furent jetés sur la place publique pour
( Josué, xI, 22.) Plustard, les Philistins devin être foulés.
rent si puissants, qu'ils firent ceux de Juda Saint Jérôme dit que le temple de Marna à
tributaires. Et ce ne fut que sous David que Gaza avait été changé en églisé.
fut terminée la conquête du pays jusqu'à la Lisez (Jugc , VI, 26) l'histoire de Samson,
I06I".
† placé dans un temple dont la voûte
C'était la capitale d'une des cinq grandes tait soutenue par deux colonnes, ébranla
Satrapies des Philistins, et la deuxième ville ces colonnes, et en mourant sous ces dé
forte du côté de l'Egypte. combres entraîna la mort des Philistins.
Cette ville a suivi les vicissitudes des guer Les incrédules ont fait des objections sur
res qui ont si longtemps agité l'Orient. la possibilité de renverser un temple en
Alexandre le Grand s'en empara.Antiochus la ébranlant deux colonnes. Ils ont demandé si
détruisit. Les Asmonéens finirent par J'enle
un temple n'avait que deux colonnes. Les
529 U,ED DES ANTIQUITES BIBLIQUES, GEN 550

apologistes et les commentateurs, qui en gé comme Gedera parmi les villes de la plaine
néral doutent peu, n'ont pas manqué d'aflir de la tribu de Juda. (Josué, xv, 16.)
mer qu'il y avait des temples à deux colon GEDOR, DJEDoUR. - Gedor, ville antique
nes. Les uns et les autres ne pensaient pas à citée par Josué (xv, 58), coïncide avec l'em
la forme consacrée pour les temples antiques. placement actuel du village d'Ed-Déroueh ,
Le peuple n'entrait jamais dans le temple voisin de Halhout et de Beit-Sour, indiqués
proprement dit, le sanctuaire où était la sta par le même verset de Josué.
tue du dieu. Il se tenait dans l'atrium et Cette localité, autrefois, était dans la tribu
surtout sous les portiques qui entouraient de Juda.
l'enceinte sacrée et formaient réellement le GEENNOM.— Voy. JÉRUsALEM (Nécropole).
temple. Or ces portiques où se tenait le · GEHON. — Un des quatre fleuves du para
peuple, et où les Philistins amenèrent Sam dis terrestre (Gen. II, # ui arrose la terre
son pour se jouer de leur prisonnier, étaient de l'Ethiopie'asiatique, située dans le Caucase.
soutenus par des colonnes monolythes qu'un Il est fait mention dans l'Ecclésiastique du
homme d'une force prodigieuse comme Sam nom de Gehon : Comme Gehon au jour de la
son pouvait ébranler. Souvent ces portiques
étaient doubles et étaient soutenus au milieu
rendange. #. xxIv,37.) Ce serait abuser de
la latitude laissée aux commentateurs que de
par deux ou trois colonnes et formaient ainsi confondre ce Gehon, qui est le nom d'une
des salles spéciales. C'est dans une de ces piscine près de Jérusalem, avec le Gehon
salles que se trouva Samson. fleuve du paradis.
Ce qui rend mon explication si claire et si GENEZARETH. — Quand on arrive de Ti
précise, c'est qu'une grande multitude était bériade pour monter vers Safet, on rencontre
montée sur les terrasses Dour voir Samson. au delà d'el-Medjdel une petite plaine bien
S il eût été dans le temple proprement dit, arrosée, bien fertile et dont l'aspect est char
il n'eût pas été aperçu. Ce fut donc la chute mant. Cette plaine, qui se nomme aujourd'hui
d'une des salles attenantes aux portiques ou el-Rhoueyr, le petit Rhôr, le petit marais,
faisant partie de ces portiques sous laquellec'est la plaine que Josèphe décrit en l'appe
érit Samson. Or, en Orient, on rencontre lant Djénnesar, et dont il fait un délicieux
réquemment de ces colonnes monolythes, des tableau. Ce tableau a pu être d'une scrupu
portiques des anciens temples détruits. Leur leuse vérité, à en juger par l'état actuel du
petit diamètre indique logiquement qu'elles terrain, que la culture n'a pas abandonné,
devaient être placées à peu de distance, et que il est vrai , mais dont les habitants sont
Samson a pu en saisir deux assez facilement. trop clairsemés, pour qu'ils puissent en
GAZARA, GAzER, GADARA, GEZER. — Tous tirer tout le parti qu'on en tirait autrefois.
ces noms indiquent la même ville. Eusèbe, Dans sa description, Josèphe a inséré une
au mot Tätsp, nous apprend que cette ville phrase qui est bien précieuse. Voici cette
était à quatre milles au nord de † phrase : « Joignez à la douceur de l'air, le
Elle était de la tribu d'Ephraïm, sur la limite »ienfait d'une source très-abondante que les
de celle de Benjamin, entre Beth-Choron et la habitants du pays appellent Capharnaoum.
mer. Si l'indication d'Eusèbe est véritable, Quelques personnes ont cru que cette source
Nicopolis serait beaucoup plus au nord que était reliée au Nil, † qu'elle engendre
le village de Latroun , près duquel , les des poissons semblables au korakinos, qui
géographes la placent. Il y a au moins six à vit dans les marais, † d'Alexandrie. Cette
sept milles de la frontière de la tribu aux plaine a, sur la côte du lac qui porte le même
ruines de Nicopolis. Mais cela prouve une nom qu'elle, une longueur de trente stades
fois de plus que les distances données par et une largeur de vingt seulement (68). »
les anciens sont presque toujours approxi Concluons de ce passage, que la plaine que
matives. Josèphe appelle Tºvvnaàp, et qui n'est que
GEBBETHON, DJiBToUN.— Ville de la tribu notre el-Rhoueyr, parce qu'il n'y a pas, au
de Dan. (Josué, xIx, 44.) Josèphe l'appelle Ta bord du lac, d'autre plaine qui puisse lui dis
6x5º. Eusèbe mentionne sous ce nom une ville uter cet honneur, a donné son nom au lac
qu'il nomme T«61, qu'il place à seize milles de ui-même. Concluons-en de plus, que la Ca
. Césarée, et une autre ville du nom de Gabatha, pharnaüm des Evangiles se trouvait forcément
qu'il place près de Diocésarée auprès de la dans cette plaine, puisque du temps de Jo
grande plaine d'Esdrelon. De plus, il indique sèphe, c'est-à-dire † demi-siècle de dis
une Gabatha dans le pays de Daromas, une tance seulement, les habitants du pays appe
- autre dans Benjamin. laient Capharnaoum la source qui fertilisait
GEDERA. DJEDRAH.—Ville de la tribu de Ju la plaine de Gennesar.
. da, située dans la plaine. (Josué,xV, 35.) Eu aintenant, était-ce la source même qui
sèbe la place à peu de distange de Jérusalem, portait le nom de Capharnaoum?Evidemment
près de la vallée du Téréb, 2e. Il l'identifie non. Il serait absurde de supposer que l'on
avec Gadora. Mais Reland reliiarque avec rai eût donné à une source un nom propre com
son que tout ce pays n'est pas dans la plaine, mençant par le mot kaſr, village. Il serait
mais dans les montagnes. tout aussi absurde de † que Josèphe,
GEDEROTHAIM, DJEDRATEIM.—Ville placée qui apparemment savait sa langue maternelle,
(68) IIph; Yà0 :# vſ v àépºr» eûxp2aia xa\ Tnrſ xopzxivtp Ttagar)fato». Mixoç ôè to5 Ytopfou rapa
o:3g5ezat ... Yovºgotátn. Kapzgvaoug 2 )tnv ot 7: ive : xatà tbw aiYta)bv ti ; butovügou ) tuvr; tnt
t rtyºptot xa)oÛ7t. Taûtrv ;)é6z toÙ Neſ)oº ttvè; «:2ºo9: «pº3zortz za tºpo; ttxoa (Bell. Jud., IIl,
#223zy,ère\ Yevvä zip zztà ziv 'A)e;avôp#ow Atgvrv x, 8).
DICTIoNN. DEs ANTIQUITÉS BIBLIQUEs, - • 1l
#5l GEN -DICTI0NNAlRE GEN 352

uurait commis une semblable bévue sans village ruiné d'Abou-Chouched. Ce village
s'en douter. Sa phrase a donc été forcément, se trouve sur une colline qui se rattache à #
indubitablement tronquée, et ce qu'il a voulu chaîne qui borde à l'ouest la plaine de Gen
dire, c'est que cette belle source s'appelait nesar ou d'el-Rhoueyr, et elle s'avance vers
la source de Capharnaoum. Capharnaoum l'est, pour rétrécir notablement cette petite
était donc près de la source qui lui avait laine. Une quantité très-considérable de
emprunté son nom : donc la source une fois † de lave jonche tout le site d'Abou
trouvée, Capharnaüm doit être retrouvée Chouched, et un glacis, formé de blocs énor
aussi. Nous allons voir que cette conclusion mes de même nature et aussi bien conservé
toute logique se vérifie sur place, dès que que le glacis de pierres construit au bas du
l'on veut bien apporter un peu d'attention à château de Karak, garnit la base de la col
l'examen du terrain. line sur laquelle était le village. De celui-ci
Lorsqu'on a dépassé el-Medjdel depuis il ne reste que des pans de mur d'apparence
une dizaine de minutes, on traverse le Nahr, tout à fait moderne, mais au milieu desquels
qui sort de l'Ouad-el-Hammam, et l'on trouve est encore debout une tour carrée et voûtée,
un peu plus loin, à droite du chemin et au construite en beaux blocs d'appareil héro
milieu d'un épais fourré d'arbrisseaux, des dien ou romain du haut empire. Cette tour
plantes grimpantes et de hautes herbes, un est appliquée contre une muraille de cons
magnifique bassin rond, d'une construction truction plus récente.
extrêmement soignée. Le bord de ce bassin Au delà, vers le nord-est, les ruines, c'est
forme un massif de maçonnerie revêtu de à-dire les accumulations, sur le terrain, de
belles pierres de taille, et dont l'épaisseur blocs de lave provenant certainement d'édi
varie de cinq à six mètres. Le bassin a de fices antiques, continuent à se montrer jus
vingt à vingt-cinq mètres de diamètre, et qu'au bord d'une petite rivière d'eau pure
deux mètres de hauteur au-dessus du fond. et vive qu'on m'a nommée Nâhr-el-Aamoud,
L'eau qu'il contient, et dont la profondeur et qui descend de l'Ouad-el-Aamoud (vallée
n'est guère que de deux pieds au plus, est de la colonne). Au bord de ce large ruisseau,
très-belle et très-limpide. On y voit nager qui roule de belles eaux limpides, est un
une foule , de petits poissons très-vifs, moulin abandonné. Le rév. Robinson et M.
assez semblables pour la forme et la taille, Bertou ont, pour ce ruisseau, obtenu de
autant que j'en ai pu juger grosso modo, à leurs guides l'indication qu'il descendait de
de beaux goujons ou à des éperlans (69). A l'Ouad-er-Rabadyeh. Lequel des deux noms
l'ouest de ce superbe bassin, la plaine est est le bon ? Je l'ignore. Mais probablement
bornée par des coteaux jonchés de blocs de tous les deux sont admissibles, car le village
lave en innombrable quantité. Evidemment de Rabadyeh se trouve dans l'Ouad-el
ces blocs ne sont pas venus là tout seuls, et ils Aamoud. Dans la plaine, au-dessous des
sont, comme ceux de Taricheae, les restes des mêmes collines qui avoisinent Abou-Chou
constructions d'une ville antique. Seulement, ched, Robinson a rencontré, en se dirigeant
ils sont certainement plus gros que ceux de au nord-est, vers le Khan-Minieh, un fût de
Taricheae, etje n'hésite pas à croire que cetex colonne calcaire d'une vingtaine de pieds de
cès de dimensions dénote un excèsd'antiquité. longueur et de deux pieds de diamètre. Il sup
Il ne me paraît pas possible de douter de pose, avec raison, que l'Ouad-el-Aamoud
l'identité de la source que renferme le bas a reçu son nom de la présence de cette co
sin de pierre décrit tout à l'heure, et qui lonne, qui n'est certainement pas venue là
s'appelle aujourd'hui el-Ayn-el-Medaouarah toute seule, et que les Arabes n'ont proba
(la fontaine ronde), avec la source dont parle blement jamais eu l'idée d'amener en ce
Josèphe et qu'il appelle source de Caphar point. Cette colonne appartient donc aux
naoum. Celle-ci arrosait et fertilisait la plaine immenses ruines en blocs de lave, qui com
de Gennesar; l'autre arrose et fertilise tou mencent vis-à-vis l'Ayn-el-Medaouarah,et qui
jours la † de Gennesar, qui se nomme Il6 CeSSent † bout de l'Ouad-el-Aamoud.
aujourd'hui el-Rhoueyr; car l'eau s'échappe A quelle localité appartiennent ces ruines
du bassin † un large ruisseau, duquel on immenses.Celles qui sont dans le voisinage
pourrait très-aisément tirer des canaux d'irri immédiat de l'Ayn-el-Medaouarah, à Caphar
gation. La fontaine de Josèphe nourrissait une naüm, très-certainement. Mais Capharnaüm
foule de petits poissons; la fontaine ronde s'étendit-elle jusqu'à Abou-Chouched ? C'est
contient encore les descendants des pois Ce que je ne puis croire, vu la grandeur
sons dont la présence a été signalée par Jo d'une pareille ville. Il y a donc eu probable
sèphe. Nous sommes donc incontestablement ment au-dessus de la plaine de Gennesar
sur le territoire de Capharnaoum, lorsque deux villes qui se sont succédé; la plus an
nous sommes à l'Ayn-el-Medaouarah.Les rui cienne, placée au nord vers l'entrée de cette
nes aujourd'hui reconnaissables, dont les plaine fertile, aura occupé la colline d'Abou
blocs basaltiques jonchent les coteaux voi Chouched (le père Scorpion), qui en était la
Sins, sont donc, incontestablement aussi, clef, et c'était une place forte dont un glacis
les ruines de la Capharnaüm des Evangiles. de blocs de lave garantissait les abords. Cette
A partir de ce bassin remarquable, les rui Ville antique, je vais essayer, tout à l'heure,
nes ne cessent pas de se montrer jusqu'au de prouver que c'était Kenret. La seconde,
. (69) Ce hassin est tout à fait analogue aux bas tiliser la contrée, et à emmagasiner pour ainsi dire
ºins de Ras-el-Ayn près Sour, et comme eux il SºS CaUlX.
était destiné à envelopper la source qui devait fer
5 3 Gi.N DES ANTIQUITES BIBLIQUES. (.EN 5.

: contemporaine de Taricneae , construite Dio-Caesarea , et à Capharnaum. C'est S. Epi


comme elle, et avec les mêmes matériaux phane (Adv. hœres., lib. 1) qui rapporte ce fait,
qu'elle , était vers l'extrémité sud d'el en racontant que, jusqu'à cette époque, les
houeyr, et dans le voisinage immédiat de Juifs seuls avait eu le droit d'habiter cette
l'Ayn-el-Medaouarah, que Josèphe appelle ville. Reland fait observer, de plus, que S.Epi
Capharnaoum. - -
phane (Ibid., lib, m) semble croire que
Remarquons en passant § s1 Je ne me † n'était pas au bord de la mer.
trompe pas, sur la rive occidentale du lac de S. Epiphane était parfaitement dans le vrai, et
Gennezareth deux villes importantes étaient il avait raison de ne pas dire que cette ville
assises aux deux extrémités : Taricheae au fût baignée par les flots du lac de Gen
sud, Kenret au nord. Cette disposition de vil nezareth.
les importantes avait également lieu au bord Josèphe nous fournit encore un détail
occidental du lac Asphaltite, puisque Sodome extrêmement important sur cette ville, qu'il
était à la pointe sud et Gomorrhe à la pointe désigne cette fois sous un nom un peu diffé
nord de la côte. Nous verrons que le même rent.(Vit. Jos., 72.) Des troupes royales, sous
système d'établissements se reconnaît encore les ordres de Sylla, serraient de près Julias.
lorsqu'il s'agit du Bahr-el-Houleh. . Josèphe envoya au secours de la place deux
Revenons à Capharnaüm. Ce nom signifie mille hommes sous les ordres de Jérémie.
rillage de Nahoum DTT2 "E>. Cette ville était Celui-ci plaça son camp à un stade de Julias,
sur la limite des deux tribus de Zabulon du côté du Jourdain, et n'engagea pas de
ct de Nephtali, et au bord de la mer de combat sérieux avec l'ennemi. § vint
Galilée. ( Matth. Iv, 13.) Notre-Seigneur, alors en personne rejoindre Jérémie, avec
quittant Nazareth, vint y demeurer (Marc. trois mille hommes de plus. Il disposa, le
Ii, 1 ; Matth. loc. cit.), si bien que Caphar lendemain, une embuscade dans une vailée
naüm est appelée dans l'Evangile iôiz rº) s, cachée et assez rapprochée du camp ennemi,
la ville particulière de Jésus-Christ. C'était puis, en escarmouchant et en simulant la
une ville florissante (Matth. II, 23), et l'on y fuite, il provoqua une sortie, pendant la
descendait en venant de Kana (Jean, II, 12; quelle Sylla vint donner, tête baissée, au
Iv, 46) comme en venant de Nazareth. (Luc. milieu de l'embuscade qui lui était tendue.
Iv, 3l. En revenant avec les siens à la charge, Jo
N# lisons dans l'Evangile de saint Mat sèphe fut renversé avec son cheval qui s'é-
thieu (II, 23) cette terrible parole de Jésus tait † dans un endroit bourbeux. Dans
Christ, prononcée contre Capharnaüm : Et cette chute, il eut une foulure des articula
toi, Capharnaüm, qui t'es élevéejusqu'au ciel, tions de la main, et, lorsqu'on le releva, il
tu seras abaissée jusqu'aux enfers : Kzi a ) , fallut le transporter au bourg nommé Ke
Karipvzoöu, # i•c toü ºùpavoü Ü pº6siaz, ios #ôôv pharnomè (Kepzpvé un»). Les soldats de Jo
xara6t6zaſhian.La prophétie s'est bienponctuel sèphe, inquiets des suites de l'accident arrivé
lement accompſie , puisque ceux-là mêmes à leur général, cessèrent de poursuivre l'em
qui ont été à la recherche de ses ruines les ont nemi, et revinrent s'enquérir avec anxiété
méconnues, ainsi que l'a fait le rév. Robin de son état. Des chirurgiens furent appelés
son, qui, s'il avait étudié les vestiges de Tari et pansèrent le blessé, qui dut rester # pen
cheae, ne s'y serait certainement pas trompé. dant le reste de la journée, parce qu'il avait
Voici ce que cet ardent explorateur des un peu de fièvre; mais, pendant la nuit, il
antiquités § dit de ce qui, pour moi, fut transporté à Taricheae, avec l'assentiment
représente indubitablement Capharnaüm (t. des médecins.
III, p. 284) : I ascended it thereſore (sur les Eusèbe et saint Jérôme se sont contentés
coteaux couverts de blocs de lave, et qui de dire que Capharnaüm existait de leur
dominent à l'ouest l'ayn el-Medaouarah), ex temps sur les bords du lac.
cited with the eager hope of finding some trace Au vI° siècle, Antoninus le martyr parle
of a former site, which then I should hardly ainsi de cette ville : Deinde venimus in civi
have hesitated to consider as the remains of tatem Capharnaum , in domum Petri quœ
Capernaum ; but my hope endcd in disap modo est basilica. La maison de l'apôtre saint
pointment; a few stones hadindeedbeen throucn Pierre avait donc ététransformée en église. Au
rogether; but there ucas nothing uchich could vII° siècle, Adamnanus est plus explicite, à
indicate, that any town or village had ever
occupied the spot. Je suis très-heureux de #ropos de Capharnaüm ; voici , ce qu'il dit
locis sanctis, lib. II) : Qui ab Hierosoly
trouver dans ce passage un fait que je n'ai mis descendentes Capharnaum adire cupiunt,
† pris la peiné d'aller vérifier moi-même, ut Arculfus refert, per Tiberiadem via va
dunt recta. Deinde secus lacum Cinereth
a chose me paraissant, à priori, superflue.
Si quelques pierres ont été assemblées, cela uod est et mare Tiberiadis ct mare Galileae,
mesuffit amplement; les autres ont été désas ocumque superius memoratœ benedictianis
semblées , voilà tout. En résumé , Caphar perrium habent : a quo per marginem ejus
naüm, que Josèphe place là, y était indubi dem supra commemorati stagni non longo
tablement, et des blocs dispersés sont tout circuitu Capharnaum perveniunt maritimam,
ce qui reste de cette ville. -
in finibus Zabulon et Neptalim, quœ, ut Ar
Nous avons vu, à propos de Tibériade, que culfus refert, qui cam de monte ricino pro
l'empereur Constantin accorda à un Juif con sperit, murum non habens, angusto inter mon
verti, nommé Joseph, le droit de bâtir une tem et stagnum coartata spatio, per illam
, église chrétienne ans cette ville, ainsi qu'à maritimam oram longo tramite protenditur,
555 GEN DICTI0NNAIRE CFN 553

montem ab aquilonali plaga, lacum vero ab peu probable qu'on ait rejeté l'un pour adop
australi habens, ab occasu in ortum extensa di ter l'autre, tandis qu'il est tout naturel qu'a-
rigitur. J'avoue que cette description n'est pas † la fondation de la somptueuse Tibériade,
d'accord avec le site réel de Capharnaüm, 'appellation de cette ville se soit étendue
tel que je crois l'avoir déterminé en toute aux eaux dont elle était la reine. Je n'hésite
certitude; mais je m'en console en pensant donc pas, pour ma part, à regarder le nom
u'il serait absolument impossible de trouver, Gennezareth comme dérivé du nom primitif
† ce côté du lac, un site semblable à celui Kenret.
qui est dépeint. Le point seul où le Jourdain Il y a bien près de là à la conclusion que
entre dans le lac de Gennezareth satisferait Kenret avait également donné son nom à la
aux conditions d'orientation fixées par la riche plaine qui devint plus tard la plaine de
description d'Arculfe, et il n'y satisferait Gennesar, comme le lac de Kenret devint le
d'ailleurs que sur une longueur minime. Il lac de Gennesar. Au reste, ce qui démontre
y a donc évidemment eu confusion dans la ue je suis dans le vrai, c'est qu'à †
détermination de cette orientation qui doit † verset 2 du chapitre XI de Josué, où il est
être corrigée, en inclinant le tout à quarante dit dans le texte hébraïque : « Au midi de
cinq degrés à peu près. Kenrout, » le texte chaldéen porte : « Au
VenOns maintenant à Kenret. Parmi les midi de Ginousar : » pour le traduc
places fortes de la tribu de Nephtali, nous teur chaldéen, Kenrout et Gennesar, c'était
trouvons mentionnée Kenret, après Hamath la même chose. On me permettra de me
et Rakath. (Josué, xIx, 85.) Ainsi ces villes contenter de cette preuve d'identité.
étaient assez voisines. Si donc nous avons Concluons : Kenret était au nord de Ca
deviné juste à propos de Qalâat-el-Hammam, harnaüm, puisqu'elle était de la tribu de
ou Qalâat-el-Mâan, en l'identifiant avec Ha ephtali, et que Capharnaüm était sur la
math, Kenret devait être peu éloignée de frontière de Nephtali et de Zabulon. Kenret
cette place. Nous avons vu, d'après l'Evan était dans la plaine de Gennesar comme Ca
gile de saint Matthieu (Iv, 13), que Caphar pharnaüm. Cette plaine n'avait que trente sta
naüm était sur la limite des tribus de Zabulon
des de long, dit Josèphe, c'est-à-dire un peu
et de Nephtali : Kenret était donc indubita plus de six de nos kilomètres. Il en résulte
blement au nord de Capharnaüm. forcément que Capharnaüm et Kenret étaient
Kenret était a.ssi certainement au bord clu séparées d'environ une lieue kilométrique.
lac de Tibériade. Nous lisons en effét dans Maintenant, reportons-nous au terrain. A
Josué (xII, 2 et 3) que Sihoun, roi d'Amori, l'entrée de la plaine d'el-Rhoueyr se trouve
qui demeurait à Hesboun, dominait — de forcément Capharnaüm, auprès de la fon
puis Arâïr, qui est sur le bord du fleuve Ar taine à laquelle Josèphe donne ce nom ;
non, et le milieu du fleuve, et la moitié de Kenret était donc vers le point où se trouve
Galâadjusqu'au labok, fleuve qui est la limite le village d'Abou-Chouched, et, comme à
des enfants d'Ammon, et la plaine † la Abou-Chouched se montrent les restes non
mer de Kenrout à l'orient, jusqu'à la mer de équivoques d'une place forte de la plus
la plaine, la mer Salée à l'orient, sur le haute antiquité, je n'hésite pas à mettré en
chemin de Beit-Heyasmout, et vers le sud, ce point la Kenret ou Kenrout biblique.
sous Asedout du Fesgah. — La mer Salée Le rév. Robinson qui a parcouru avec
c'est le lac Asphaltite, la mer de Kenrout, soin toute cette portion de la côte, jusqu'au
c'est tout aussi certainement le lac de Tibé oint où le Jourdain verse ses eaux dans le
riade, ou de Gennezareth. Kenrout et Kenret ac de Gennezareth, a donné sur elle des dé
ne diffèrent qu'en ce que la voyelle ou a été tails du plus haut intérêt. Voici la substance
exprimée dans le verset 3 du chapitre xII de de son récit. Depuis le Khan-Minieh, aussi
Josué. Le lac Asphaltite s'appelait donc la bien que depuis la plaine d'el-Rhoueyr, la
mer de Kenrout, ou de Kenret, avant de côte a une direction générale au nord-est, et
s'appeler mer de Gennezareth. Cela est si les rochers élevés qui ferment la plaine au
vrai que, dans les Nombres (xxxIv), le lac nord, forment, au delà du Khan, un promon
est appelé mer de Kenret nu> E". Un lac toire qui avance jusque dans le lac. On peut
prend son nom d'une localité qui est sur ses passer au delà, par un sentier étroit et diffi
§ aussi notre lac s'est-il appelé lac de cile, taillé dans le roc, et qui contourne la
Cennezareth, de la petite plaine de Gennesar, pointe, à peu près au niveau de l'eau. Mais la
si justement vantée par † et qu'il bai route de Damas, à partir du Kan-Minieh, en
† au nord-ouest ; et, postérieurement, lac tre directement dans la montagne, pour al
e Tibériade, de la ville de Tibériade au pied ler, en franchissant celle-ci, rejoindre le
de laquelle il s'étend. Djesr-Benat-Yacoub, pont sur lequel les ca
Dans les Evangiles, le nom que Josèphe ravanes traversent le Jourdain. au sud du
écrit Gennesar (ce nom est déjà donné dans Bahr-el-Houleh.
le l" Livre des Machabées,xI, 67) etGennesa Après une marche de cinquante minutes,
ritis, devint Gennezareth. Incontestablement, Robinson se trouva de l'autre côté du Khan.
les deux plus anciens noms de ce lac sont : Quelques minutes de plus l'amenèrent à
le lac de Kenret ou de Kenrout, et le lac de l'Ayn-et-Tabighah. Là ést un petit village,
Gennezareth. Outre que ces deux noms ont et un magnifique , cours d'eau qui ali
une ressemblance de consonnance, assez mente encore une ou deux paires de meules.
étrange si elle n'était que fortuite, il semble Plusieurs autres moulins sont en ruine. Justé
557 GEN DES ANTlQUlTES BIBi.IQUES. GEN 55S

à l'est des moulins, et à droite du chemin est nombre de voyageurs ont visité Tell-Houm,
une fontaine entourée d'un mur circulaire en et ont toujours répété la même chose.
ierre, semblable aux bassins de l'Ayn-el En quittant Tell-Houm, Robinson traversa
arideh; cette fontaine se nomme Ayn une vallée humide, dans laquelle sont des
Eyoub. sources nommées Ayoum-el-Abbâsy. Au delà,
Quarante minutes plus tard, Robinson ar la côte s'élève doucement vers le nord, et
rivait aux ruines nommées Tell-Houm. Ces présente toujours un grand nombre de blocs
| ruines sont sur un monticule littéralement de lave. Vingt-cinq minutes après, notre voya
couvert de blocs de lave. Elles sont très-con geur passa devant un vallon nommé Ouad
sidérables, car elles ont au moins un demi el-Echcheh, duquel sort un petit ruisseau
mille de longueur, parallèlement à la côte, et qu'alimentent quelques sources placées dans
une largeur d'environ moitié. Elles consistent ce vallon. Enfin, après une heure et demie
en fondations et en murs écroulés, le tout de marche depuis Tell-Houm, il atteignit le
bord du Jourdain.
construit en blocs non taillés, à l'exception
de deux ruines : l'une est un édifice de petite De toutes ses observations, Robinson con
dimension, placé au bord de la plage, et qui clut, en définitive, que l'Ayn-et-Tineh est la
semble avoir été construit avec des pierres fontaine que Josèphe nomme Capharnaüm,
de taille, des colonnes et des pilastres prove et que le site de cette place importante est
nant de monuments plus anciens. Non loin au Khan-Minieh (70); mais, pour cela, il faut
de là se voient, gisant sur le sol, les restes † suppose, 1° que les pierres provenant
d'un monument qui, pour la grandeur, le e la destruction de la ville ônt été emportées
travail et l'ornementation, surpasse tout ce à Tabarieh, ce qui ne présente pas une mé
que Robinson avait vujusque-là en Palestine. diocre diſficulté, et, 2° que les poissons dont
Le savant explorateur a mesuré ce qui en parle Josèphe sont des poissons qui remon
reste, et il a trouvé cent cinq pieds de lon tent le lac même par le ruisseau que forme
gueur au mur septentrional et quatre-vingts l'Ayn-et-Tineh. Admettons que l'objection que
ieds au mur Occidental. Tout l'intérieur et présente tout d'abord l'absence de ruines
es alentours de l'édifice sont jonchés de fûts considérables au khan-Minieh, soit écartée
de colonnes de calcaire compacte, portant par l'hypothèse de Robinson; je demanderai
de très-beaux chapiteaux corinthiens, de frag alors où était Kenret, qui se trouvait forcé
ments d'entablements sculptés et de frises ment au bord du lac de Gennezareth, dans la
chargées d'ornements; les colonnes sont gros laine de Gennesar,etau nord de Capharnaüm?
ses, mais d'une hauteur médiocre. Une co usqu'à ce que cette difficulté soit résolue, je
lonne-double, avec chapiteaux et bases, le me permettrai de maintenir ce que j'ai avancé
tout taillé dans un même bloc, se trouve là, plus haut, à savoir, que les ruines de Caphar
et , Robinson fait remarquer, avec raison, naüm sont sur les collines, à l'ouest de l'Ayn
qu'elle est le pendant de la magnifique co el-Medaouarah, et que les ruines de Kenret
lonne-double de syenite, qui se voit dans les sont à Abou-Chouched.
ruines de la cathédrale de Tyr. Quelques Que deviennent alors les ruines du khan
blocs de grandes dimensions portent, sur un Minieh, et celles de Tell-Houm ? A quelles
de leurs côtés, des panneaux chargés d'orne localités appartiennent-elles ? C'est ce que je
ments que le temps a rendus méconnaissa vais essayer d'établir (71).
bles. Enfin la place où se trouve cette belle
ruine est désolée et morne, et les flots du lac Nous avons à retrouver sur la côte gali
léenne du lac de Gennezareth, c'est-à-dir2
viennent baigner les débris confusément en sur la côte occidentale, deux localités impor
tassés sur la rive.
tantes qui nous sont désignées par les Evan
Robinson ne s'étonne pas qu'on ait eu la giles, comme étant assez voisines de Caphar
pensée de faire de Tell-Houml'emplacement naüm : ce sont Bethsaida et Khorazin. Nous
de Capharnaüm. Nau et Pockoke, qui les pre avons vu que toute la partie sud de la plaine
miers ont signalé ce lieu intéressant, disent de Gennesar était occupée par Magdala, Ca
qu'il passe communément pour offrir , les harnaüm et Kenret ; c'est donc fort proba
ruines de Capharnaüm, et depuis eux, bon † au delà de Kenret et, par suite, du
(70) Quaresmius avait adopté la même conclu l'embouchure du Jourdain, le Scheriâa des Arabcs,
sion relativement au khan-Minieh. qui forme de vastes marais à droite et à gauche, et
(71) Voici ce que je lis dans le journal de M. J. de une petite île dans le milieu de sa largeur. Je mis
Bertou (loc. cit., p. 147): « A mille cinquante mètres ied à terre sur un sol tout volcanique qui ressemble
au delà du Wadi-Amoud, on trouve Khan-el-Minia, à de la lave réduite en poussière, comme ces riches
où N.-S. J.-C. délivra le Gadaréen du malin esprit, terrains qui sont sur les versants du Vésuve et dans
et le ſit passer dans un troupeau de pourceaux qui se l'ile d'Ischia. Sur la rive gauche du fleuve, je recon
précipitèrent du haut de la colline dans le lac. D'an nus les ruines d'une ville , probablement Julias ?
• iens aqueducs passent sous cette colline et condui Les Arabes les nomment el-Aaradje. A peu de dis
sent l'eau qui fait tourner les moulins de el-Tabagha, tance, sur les montagnes vers l'est, on m'indiqua
près desquels il y a une source d'eau thermale, d'autres débris de constructions nommés el-Mascha
Tannour-Ayoub. A deux mille cent mètres de la dieh et Koufer-Hareb ; puis ensuite Eukliah qui est
source thermale, on voit des ruines qui conservent sur la rive droite du fleuve et près de son embou
cncore le non de Kafernahoum. Deux mille cent chure. » Le nom de Julias, IOYAIAS, ne se serai -
mètres plus loin, d'autres ruines couvrent une grande il pas conservé dans le nom Eukliah, recueilli par
étendue de terrain ; leur nom est el-Ascheh-cl-Kebir. M. de Bertou ? Je suis bien tenté de le croire.
Enfin, à mille mètres de ce de nier point, on trouve
55 ) · GEN DICTIONNAIRE GER 540

village actuel d'Abou-Chouch9d, que nous Il y eut au concile de Chalcédoine un évê


devons chercher les traces de Khorazin et que de Gérare. Elle était sur la frontière de
de Bethsaïda. Commençons par la première Juda et de Siméon.
de ces deux villes, et voyons ce que nous en Sozomène fait mention d'un très-grand et
S8V0IlS. très-illustre monastère fondé auprès du tor
Dans l'Evangile de saint Matthieu (xI, 13) rent de Gérare.
et dans celui de saint Luc (x, 13) sont rap Les uns ont confondu Gérare avec Bersa
portées les malédictions que le Christ pro bée, d'autres avec Ascalon.
nonça contre Khorazin, Bethsaïda et Caphar Reland pense que les Gérériens mention
naüm. Le nom de Khorazin est orthographié nés dans le II° Livre des Machabées † 24)
Xoozgºv dans saint Luc, et Xopxgi» dans saint sont les habitants de Gérare. Géras, dit Sozo
Matthieu. Saint Jérôme nous apprend que mène, est une petite ville éloignée de Péluse
c'était une petite place de Galilée, située à de cinquante stades. Cette Géras de Sozo
deux milles (in secundo lapide) de Caphar mène ne peut pas être Gérare; il y a trop
naüm. Il est vrai qu'Eusèbe en compte douze loin de Péluse à Gérare pour que la distance
au lieu de deux. Mais saint Jérôme, en rap #nquante
Ul642.
stades puisse lui être appli
prochant de ce chiffre celui de la longueur
même du lac de Gennezareth, longueur qui GERASA, GERASÉNIENs. — Gerasa était une
ne dépasse pas douze milles, démontre qu'il des villes de la Décapole. Elle est mentionnée
y a forcément une erreur dans ce chiffre qu'il par Suidas comme une ville de la Cœlé-Syrie.
corrige, ainsi que je viens de le dire. Saint Saint Jérôme la place dans la Galaaditide :
Jérôme, dans son Commentaire d'Isaïe , dit Cunctam possidebit Arabiam quœ prius voca
encore : In littore maris Gennezareth sita batur # et nunc Gerasa.
fuisse Capharnaum, Tiberiada, Bethsaida et Origène prétend que la chute des porcs
Chorasain. Cette dernière localité était donc dans la mer, au pays des Géraséniens, ne doit
sur la côte. pas s'entendre comme ayant eu lieu à Gerasa,
Henri Ernst (Observationes variœ, Amstelo ville d'Arabie, attendu que Gerasa d'Arabie
dami, 1636, lib. II, cap. 6) pensait que ce nom est très-éloignée de la mer et du Jourdain; il
devait se décomposer en Xºpz, région, et #iv, prétend qu'il ne faut pas davantage attribuer
nom propre du lieu ; je suis bien tenté de ce fait de l'Evangile au pays des Gadaréniens,
croire que Ernst avait raison. Voici pourquoi : parce que Gadara a des eaux thermales, mais
Entre le khan-Minieh et la rive du lac, se nullement une mer ou un fleuve; mais il dit
trouve l'Ayn-et-Tineh (Robinson l'appelle qu'il faut lire Gergéséens, parce que Gergesa
Ayn-et-Tin). Autour de cette source sont des est une ville élevée sur un rocher à pic qui
ruines que Quaresmius et Robinson lui-même domine le lac de Tibériade.
pr nnent pour celles de Capharnaüm. Ces Pour expliquer ce passage d'Origène, il faut
ruines ont donc, bien que de loin je les aie remarquer avec Reland que le texte évangé
jugées fort peu considérables, des dimensions lique ne dit pas que Gadara soit sur le lac de
teſ , qu'on peut, sans se compromettre, Tibériade : il dit seulement, la région des
avancer qu'en ce point a existé un bourg Gadaréniens. Or il est positif que Gadara est
antique. Dès lors, je dis que ce bourg est Ko très-proche du lac de Gennezareth. Quant à
razin. En voici les raisons : Suivant saint Gerasa, il est parfaitement dans le vrai. Cette
Jérôme, Khorazin était à deux milles de Ca viſle est tout à fait dans l'intérieur des terres. .
pharnaüm ; cette mesure s'accorde avec la C'est la Djerasch moderne, et il y a une trop
distance qui sépare l'extrémité nord des rui grande distance entre cette ville d'Arabie et
nes de Capharnaüm, des ruines placées au le lac de Tibériade. Il faut donc adopter les
khan-Minieh et autour de l'Ayn-et-Tineh. Gadaréniens, dont le territoire touchait la
D'un autre côté, le nom Ayn-et-Tineh ou partie méridionale du lac.
Ayn-et-Tin (quelle que soit la vraie forme de Ammien Marcellin la mentionne avec Bostra
ce nom, il signifie toujours source du Figuier) et Philadelphie.
ne nous a-t-il pas conservé le vrai nom pri L'auteur de l'Histoire de Jérusalem insérée
mitif du lieu que les évangélistes appellent dans les Gesta Dei per Francos l'identifie
Xópx Ziv, la région, la contrée de Ziv ? En Hé - très-bien avec Jarras (Djerasch). Il l'indique
breu, Tx ou ps est le nom du palmier nain : comme une place forte à huit milles du
ne se ' pourrait-il pas très-bien que le nom Jourdain, et il dit que c'est l'ancienne Gerasa,
xép2 Ziv, signifiant contrée , du palmier dont les murailles sont bâties avec des pierres
nain, se soit transformé parmi les Arabes, en carrées énormes, près des montagnes de
Belad-et-Tin, d'abord; puis, qu'il ne soit plus Galaad; ce qui est d'une parfaite exactitude.
resté de traces de ce nom, que dans Ayn-et GERGESEENS, GIRGAsCHÉENs. — Girgaschi
Tin, appellation d'une source qui n'était pas fut un des fils de Kénâan, et les Girgaschéens,
sujette à périr, comme la ville qu'elle avoisi I'epvsaziot, devinrent une des tribus kénâa
nait ?Je livre avec une certaine confiance ces néennes. (Gen. x, 16.) Dans le Deutéronome
observations au lecteur, et je me permets de (xx, 2), ils ne sont pas comptés parmi les six
placer la Khorazin des Evangiles aux ruines nations kénâanéennes qui doivent être dé
que domine le khan-Minieh. truites par les Israélites; mais ils sont ajoutés
GERARE,GERAR. —Ville des Philistins entre dans la version grecque et dans le contexte
Ladesch et Sehour. (Gen. xx, 6.) Saint Jé hébreu-samaritain. Reland pense avec raison
rôme place cette ville à vingt-cinq milles au que les Gergéséniens, qui habitaient au delà
midi d'Eleutheropolis. de la mer de Tibériade, n'avaient aucune
3 il GET DES ANTlQUlTES BllBLIQUES. G0A 532

parenté avec cette tribu kénâanéenne. Il est je n'hésite donc pas à identifier Djeth-Hehe
difficile de préciser une région spéciale habi fer avec el-Mechhad.
tée par les Girgaschéens, le texte sacré ne GETH-REMMON, GATH-RIMMON,DJET-RoUM
donnant sur ce point aucun indice. MoUN.—Ville de latribude Dan.(Josué,xIx, 45.)
GERZI, DJEREzI. — Pays probablement de Au temps de saint Jérôme, c'était une localité
l'Idumée, où David faisait des incursions quand importante à dixmilles de Diospolis en allant à
il demeurait à Siceleg, que lui avait donnée Eleutheropolis. Il y avait aussi un Geth-Rem
le roi Achis. (I Samuel, xxvII, 8.) mon dans la demi-tribu de Manassé.(Josué, xxI,
GESSEN. — Terre de la basse Egypte, qui 25.) Celle-ci n'est pas mentionnée par Reland.
fut la demeure des Israélites; donnée par GETHSEMANI, GETHsEMANE ( Gethsema
Joseph à son père et à ses frères. (Gen. xLv, nieh ). — Gethsemanieh était une ville au
xLvI, xLvII.) ied du mont Olivet, où le Christ se retirait
öESSUR, DJEsoUR.—David dévasta le pays réquemment avec ses disciples. La grotte
des Geschouréens, dont il est faitmention dans où le Christ sua sa sueur de sang, est en
Josué (xIII, 3) et dans le l" Livre de Samuel core parfaitement conservée. C'était proba
(xxvII, 8). Ces Geschouréens sont cités dans blement un ancien sépulcre abandonné. Les
ces livres avec les Amalécites, et doivent avoir Chrétiens l'ont changé en chapelle et on y
formé une petite tribu alliée de ce peuple. Il célèbre les saints mystères.
y a une autre Geschour en Syrie, qui était On trouve dans un passage de la Chronique
ville royale (II Sam. xv, 8), dans laquelle se de Théophanes, année 683, qu'un kalife qui
réfugia Absalon, dont la mère était † d'un fit construire un temple à la Mecque ayant vou
lu enlever les colonnes de saint Gethsemane,
roi de Geschour. (II Samuel, III, 3.)
GETH-HEHEFER. — Entre Nazareth et
rñ; kyixs T18anuxväç, deux Chrétiens influents de
Kafr-Kenna on voit une colline arrondie au
Jérusalem l'en détournèrent et lui promirent
qu'à la place des colonnes de Getsemanieh
sommet, comme si elle eût été façonnée de l'empereur Justinien en enverrait d'autres, ce
main d'homme, et que recouvrent les ruines quifut exécuté. Il résulte de ce passage qu'une
d'un village nommé el-Mechhad. En arabe, basilique supportée par des colonnes avait été
ce mot signifie lieu d'assemblée, sépulcre, et construite à Gethsemanieh. Il n'en reste pas
par extension, édifice sacré placé sur un aujourd'hui de vestiges.
sépulcre, et enfin lieu de martyre. Ismayl, GIBLIENS. — Les Gibliens ou habitants de
† me donne ce nom, ne m'indique pas que Biblos en Phénicie, au pied du Liban, étaient
là existe, pour ses coreligionnaires, un des renommés pour leur habileté à travailler le
tombeaux du prophète Jonas, nommé Naby bois et la pierre. Salomon les employa à la
Younès. Quaresmius rapporte que la tradition construction du temple. (I Rois, v, 18.)
veut que ce village soit bâti sur la place de GIDEROTH, DJEDRoUT.—Ville de la tribu de
Geth-Hehefer, où était né Jonas. (II Rois, Juda. (Josué, xv, 41.
XIV, 25.) Cette localité était dans la tribu de GIHON. — Voy. JÉRUSALEM (Eaux).
Zabulon, car nous lisons dans Josué (xIx) :
— 12. Elle (la † revenait de Sared à l'o-
GILBOE, GELBoE, DJELBoUA. — Montagnes
célèbres dans l'Ecriture sainte. Josèphe écrit
rient, vers le lever du soleil, jusqu'à la limite I'ex6ovi et Ts)6oi (Antiq.Jud.,VI,xv.) C'est un
de Ksalout-Thabour, aboutissant à Hedabo prolongement du petit Hermon, qui lui-même
rat et montant à Vafiâ. — 13. Et de là elle tient au Thabor. Saint Jérôme place le mont
passait à l'orient, du côté oriental, vers Djeth Gilboé à six milles de Scythopolis (Beisân), et
Hehefer, vers Atah-Kesin, et elle aboutissait il dit qu'il y a là un grand bourg qu'il appelle
à Rimmoun, He-Matoar, He-Ndah. — Je suis Gelbus.
convaincu que la Ksalout-Thabour qui se Nous pouvons donc identifier avec le Djel
trouve sur la frontière de la tribu de Zabulon bôn moderne le Gelbus de saint Jérôme.
n'est pas autre chose que la Ksalout qui est On ne sait pas pourquoi saint Jérôme ap
citée au verset 18, qui suit, comme se trou † ces montagnes, Montes alienigenarum.
vant sur la frontière de la tribu d'Issakhar, eland pense que c'est à cause de la victoire
† ces deux tribus étaient évidemment
que les Philistins remportèrent auprès de ces
imitrophes. Quant à cette Ksalout, j'ai déjà montagnes sur l'armée de Saül. L'explication
dit ailleurs que ce n'est que le village ne satisfait pas.Je la donne telle quelle. .
moderne si voisin du mont Thabor, et qui se On connaît la belle imprécation de David :
nomme Iksâl. Tourâan aurait-il pris la place Montagnes de Gilboé, que la rosée ni la pluie
de Matoar, dont nous venons de rencontrer ne tombent pas sur vous ! (11 Samuel I, 21.)
le nom? C'est bien possible; mais je ne vou GILO, DJILAH. — Ville de la tribu de Juda.
drais pas avancer ce fait comme démontré; (Josué xv, 51.)
loin de là. GOATHA. — Ce mot est cité dans Jérémie
Saint Jérôme, dans sa Préface du prophète (xxxI, 39). Quelques-uns veulent yvoir le Gol
Jonas, s'exprime ainsi : Geth in secundo gotha.Jérémie trace une nouvelle ligne de rem
milliario, quœ hodie appellatur Diocœsarea, parts pour Jérusalem et dit qu'elle passera au
euntibus Tiberiadem, haud grandis est vicu iourde Goathaetsurla colline de Goreb.Le Gol
lus, ubi et sepulcrum ejus ostenditur. Ce pas gotha,quisetrouvait aunord, en dehors de Sion,
sage me paraît décisif : à el-Mechhad est un et la côlline de Goreb, qui pourrait être le
prétendu tombeau du prophète Jonas; le site quartier actuel de Bezetha, correspondraient
d'el-Mechhad est bien à peu près à la dis à ce passage et indiqueraient naturellement un
1ance de deux milles romains de Safourieh : agrandissement de la ville du côté du nord,
545 IHAB DICTIONNAIltE ltAl3 544

seul côté où elle pouvait se développer. Je me a eu très-probablement raison, et la place


pencherais donc à identifier le lieu du Goatha que ce verset assigne à Seboïm, entre Sodome
avec le Golgotha. et Lechâa, c'est-à-dire entre le Djebel-Esdoum
GOB. —. Dans le II* Livre de Samuel (xxI, et l'Ouad-Zerkah, me semble militer singu
18, 19 ) on lit qu'il y eut à Gob un combat en lièrement en faveur de la détermination que
tre les Israélites et les Philistins. Mais les j'ai faite des ruines deSeboïm au Talâa-Sebâan
Septante lisent Nob au lieu de Gob, Né,6, et Nob c'est-à-dire au pied des montagnes de Moab.
(Noub) estun nom de ville connue. Dans d'au Malheureusement, la teneur de ce même ver
tres exemplaires des Septante on lit I'40, qui set intervertit l'ordre naturel des villes de la
est le Gath et le Geth de l'Ecriture. Et Gath, Pentapole, telle que je crois fermement l'a-
on le sait, est une ville des Philistins. Il y a voir reconstituée,puisque laville de Gomorrhe
donc des probablités que la correction ৠse trouve intercalée entre Sodome et Adamah
Septante est bonne et que c'est Geth qu'il si voisine de Sodome, tandis que pour moi,
faudrait lire. Gomorrhe est à la pointe nord de la mer
GOMORRHE. — Lorsqu'on parcourt le Morte, c'est-à-dire à vingt-cinq lieues de So
bord nord-ouest de la mer Morte on dome et d'Adamah.
trouve de vastes ruines qui portent le nom de Ne serait-il pas possible de se rendre com
Karbet-Goumran ou Oumran. Commençons pte autrement de la teneur de ce verset, en
par signaler l'analogie bien étrange, si elle voyant dans les quatre noms Sodome et Go
n'est que fortuite, de ce nom et de celui de morrhe, Adamah et Seboïm, les points ex
la Gomorrhe que détruisit le feu du ciel, avec trêmes de deux lignes formant les frontières
Sodome et les autres villes coupables. Je dé de la terre des Canâanéens? Puisqu'il n'est
clare donc, sans aucune espèce d'hésitation, pas question de limiter cette terre par la côte
que les ruines nommées par les Arabes Kar du lac Asphaltite, n'est-il pas naturel demen
bet-el-Yahoud, Kharbet-Fechkhah et Kar tionner les deux cités qui occupaient les points
bet-Goumran, ruines qui n'en font qu'une extrêmes de cette côte ? Nous avons ainsi
et qui se prolongent sur une étendue de plus une délimitation beaucoup plus intelligible,
de six kilomètres, sans interruption, sont en puisque la ligne jusqu'à § s'étend la
réalité, pour moi, les ruines de la Gomorrhe possession des Canâanéens, n'est plus inter
biblique. Quelle ville autre qu'une ville con rompue, depuis Gomorrhe jusqu'à Sidon, à
temporaine de Gomorrhe, si ce n'est elle travers les terres, de Sidon à Gaza le long de
même, a pu exister au bord de la mer Morte, la Méditerranée, de Gaza à Sodome à travers
à une époque plus récente, et sans qu'il soit le continent, et de Sodome à Gomorrhe le
possible d'en retrouver la moindre trace, long de la mer Morte; puis à partir d'Ada
dans les écrits sacrés ou profanes. Jusqu'à mah, c'est-à-dire d'un point presque iden
ce qu'on m'ait édifié sur le compte de cette tique de position avecSodome, jusqu'à l'Ouad
ruine, qui a bien quelque importance, puis Zerkah-Mayn. En d'autres termes, la race de
† n'a pas moins d'une lieue et demie de Canâan, fils de Kham, occupa les deux bords
éveloppement, je prendrai la liberté de res de la mer Morte et tous le pays compris au
ter de mon avis, et d'engager les gens à qui sud d'une ligne partant de Sidon et aboutis
je dis : Là sont les ruines de Gomorrhe, — à sant à la pointe nord de la mer Morte, jus
aller vérifier sur place s'il est possible d'a- qu'à une autre ligne partant de Gaza et abou
voir et de soutenir une opinion différente tissant à la pointe sud de la mer Morte. Je
de celle que j'émets aujourd'hui. déclare ne pas tenir fortement à cette expli
La Genèse (ch. x, vers. 19) contient un pas cation d'un verset aussi diſficile à commen
sage qui paraît contredire l'identification que ter, mais je déclare aussi tenir d'une ma
je viens de proposer et que je maintiens néan nière absolue à l'identification de la Gomor
moins. Voici ce passage : -- Les limites des rhe biblique avec les ruines immenses aux
Canâanéens furent depuis Sidon, en venant † est encore attaché de nos jours le nom
e Kharbet-Goumran ou Oumran.
par Djerar, jusqu'à Gaza (my ) (72) ; en ve
nant vers Sodome, Gomore, Adamah et Seboim GOZAN. — Fleuve de Médie qui se jette
iusqu'à Lechâa. — Remarquons d'abord que dans la mer Caspienne. (I Chron. v, 26.)
de Lechâa saint Jérôme fait Callirhoë, point GUR-BAAL.— Gur-Baal est mentionnée dans
où se trouvaient de magnifiques sources mi le II° Livre des Chroniques (xxvI, 7). C'est une
nérales, et qui touche à l'Ouad-Zerkah, sur ville d'Arabie que saint Jérôme identifie avec
la rive orientale de la mer Morte, Saint Jérô Gerare. Les Septante l'identifient avec Pétra.

| H|
HABOR, KHABoUR.—Ilest fait mention trois fleuve de Gozan (I Chron. v, 26); une secon
fois de Habordans l'histoire biblique.Une pre de fois (II Rois, xvII, 6), lorsque Salmaila
mière fois lorsque Téglat-Félasar transporta zar prend la ville de Samarie et en transporte
lestribus de Ruben et de Gad et la demi-tribu les habitants dans Hala et dans Habor,fleuves
de Manassé à Lahela, à Habor, et à Ara, et au de Gozan, villes des Mèdes.La Vulgate dit Jur
(72) Cette prononciation Gaza, du nom primitif cºn: , légitimc parfaitemcnt la transcription de Go
morah, du nom primitif "E>.
"-
345 IIAM DES ANT,QUlTES BlBLlQUES. IlAS 546

ta fluvum Gozan. Mais juxta n'est pas dans HAMMOTH-DOR. -- Ville donnée aux Lévi
l'hébreu. Et enfin (II Rois, xvIII, 11) le
même événement est raconté ainsi : Le roi
§ dans la tribu de Nephthali. (Josué xxI,
des Assyriens transporta Israël en Assyrie AMON, KHAMoUN.—Ville de la tribu d'Aser.
et les plaça dans Hala et Habor, fleuves de (Josué xIx, 28. )
Gozan, dans les villes des Mèdes. ll faut dé IIANATHON, HENATAN.—Il n'est fait qu'une
mêler dans l'obscurité de ces textes si Habor seule fois mention de cette ville de la tribu de
est une ville ou un fleuve. On remarquera Zabulon. (Josué xIx, 14.)
que dans ces textes le mot, fleuve de Gozan, HANES, KHANEs.—Ville citée par Isaïe (xxx,
est tantôt au singulier tantôt au pluriel. Puis 4), que saint Jérôme croit être la dernière ville
que le mot Gozan n'est pas un fleuve, parce d'Egypte du côté de l'AEthiopie.
qu'il est positif qu'il y a une terre de Gozan HAPHARAIM, CHAPHARAIM. — Ville de la
vers les sources du Tigre. tribu d'Issachar, qu'Eusèbe place à six milles
Gozan étant donc le nom de la contrée et au nord de Legio (El-Ledjoun) située elle
le mot de fleuve se trouvant dans le texte, même à l'extrémité sud-ouest de la grande
faut-il attribuer aux noms de Lahela,Habor et plaine d'Esdrelon.
Ara la qualité de fleuves ou bien celle de HARAD, KHARAD. — La fontaine de Charod
villes ? Je pencherais pour cette dernière in TTTT (Juges vII, 1 ) était près de Jizreel et
terprétation. Et le sens du texte, qui est confus sortait probablement du pied de la monta
dans les trois † serait celui-ci : Il les gne de Gelboé. J'insisterai peu à l'identifier
plaça dans Hala (ou Hehela) Habor et Ara, avec la fontaine de Zerin à Esdraëla.
villes des Mèdes, près du fleuve de Gozan. HARES, KHAREs.— Montagne de la tribu de
Le mot juxta employé par la Vulgate prouve Dan.(Juges, I, 35.) LesSeptante ajoutent : où se
que c'est ainsi que saint Jérôme a compris ce trouvent des ours et des renards.
passage. HARETH, KHARETH.— Forêt de la tribu de
Maintenant il peut très-bien se faire qu'il Juda où se refugia David lorsqu'il fuyait de
y eût une ville du nom de Chabor sur le vant Saül. (I Sam. xxII, 5.) Eusèbe parle d'une
fleuve Chabor ou Chobar, l'un des affluents de ville d'Arath à l'occident de Jérusalem.
l'Euphrate. Je ne trouve pas d'explication HARMA, HARMAH. — Ville de la tribu de
plus rationnelle de ce passage. Siméon où les Israélites furent défaits par les
HACHILA. — Colline de la tribu de Juda où Amalécites et les Kénâanéens. (Josué XV, 30.)
fut élevée la ville de Masada. (I Samuel,xxIII, HARODI, ARoRI, HARAD1.- On ignore quelle
19.) — Voy. MAsADA. était cette localité. (11 Sam. xxIII, †
HADASSA, ADASA. — Ville de la tribu de HAROSETH, HERASET-HEGoIM.-Ville de la
Juda. (Josué xv, 37.) C'est, sans aucun doute, tribu de Nephthali. La Vulgate traduit : Haro
l'Adasa de Josèphe.— Voy. ADASA. seth gentium. C'était la ville de Sisara, général
de Jabin, roi de Hasor.(Juges Iv, 2,13,16.)Cette
HADRACH ? — Pays mentionné par Zacha ville devait être dans le voisinage de Hasor.
rie (Ix, 1). On conjecture qu'il est dans les HASARSUAL. — Voy. HASERSUAL.
ehvirons de Damas. Ce serait plutôt Adraha, HASARSUSIM, HHASER-SoUsIM.-Ville de la
voisine de Bostra.
tribu de Siméon. ( I Chron. IV, 3l.)
HAI. — Ville royale des Amorrhéens que HASASOUN-TAMAR. — LesArabes nous ont
Josué brûla et dont il ne fit qu'un monceau montré sur les bords de la mer Morte près de
de ruines. Haï était près de Belhaven. Et Be Ayn-Djedy une contrée qu'ils appellent Belad
thaven avait Beit-El au couchant et Aï au Haçaça, dans une vallée 3ppelée Ouad-Haçaça.
levant. Aï est près de Beit-El. (Josué xII, 9). A quelle localité antique pouvons-nous rap
· Josèphe l'appelle 'At.z. Il y avait une ville du porter ce nom ?
nom de Haï mentionnée par Jérémie (xLIx, Consultons la Bible. Nous lisons dans la
30). Reland la place dans le pays d'Am Genèse (xIv, 7) : Puis ils retournèrent et vin
IIlOIl . rent à Ayn-Michfat qui est Kadech , , et ils
HALCATH, HELCATH, KHALKoT. — Ville de saccagèrent tout le pays du peuple amalécite,
la tribu d'Aser qui # différents noms, ainsi que celui du peuple amorrhéen, qui ha
bitait Hasasoun- Tamar.
Helcath, Hucac. (Josué xIx, 25.) -

HALHUL, HALHouL, ville. — Cette localité Nous lisons encore dans les Chroniques
biblique porte encore aujourd'hui le même (II, 4x, 1-2):— !, Ce ſut après cela que les fils
nom. C'est un village au midi de Beit de Moab et les fils d'Ammon et avec eux une
lehem. Halhoul est mentionnée dans Josué partie des Ammonites, vinrent contre Josa
(xv, 58) parmi les villes de la région monta phat pour la guerre. —2.On vint annoncer d
- gneuse de Juda : « Halhoul, Beit-Sour et Josaphat, savoir : Une multitude considérable
jedour. » Elle est appelée Elul dans l'Ono vient contre toi d'au delà de la mer, d'Aram,
masticon de saint Jérôme. Reland appelle ce et voici qu'ils sont à Hasasoun-Tamar, qui est
† bourg Alula. Il le place au nord de Hé Ayn-Djedy. - - - -

ron du côté de Jérusalem. Ayn Djedy a donc porté primitivement le


HAMATHEENS , CHAMATI. — Les Chama nom de Hasasoun-Tamar. Notre Belad
théens descendaient de Chamathi un des fils Haçaça est trop près d'Aïn-Djedy, où dé:
de Kénâan.Hs occupèrent le nord de la Terre bouche l'Ouad-Haçaça, pour qu'il n'v !
Sainte et la ville de Chammath était leur ca as une liaison tres-étroite entre le non
pitale. Cette Chammath est l'Emath ou Amath iblique et celui que porte encore le †
de la tribu de Nephthali. (Josué xIx, 35.) On peut juger par là de la manière dont les
347 11AZ DICTIONNAIRE HAZ 343

noms primitifs se transmettent, de génération deux mètres d'épaisseur, et sont formées


en génération, dans la Terre-Sainte q'énormes blocs bruts, reliés entre eux par
HASERIM, HAsEROTH, KHASEROUT. — Qua de petits blocs également bruts, s'encastrant
torzième station des Israélites dans le désert. dans les vides irréguliers que les aspérités
Ce fut là que Marie, sœur de Moïse, fut frap des grosses masses laissent entre elles. Sur le
pée de la lèpre. (Nomb. xI, 34.) milieu de chacune des longues faces sont des
Le Deutéronome donne au mot d'Haseroth saillies, d'un mètre aussi, et de six mètres de
une précieuse indication, c'est qu'il y a dans longueur, simulant des avant-corps comme
le pays une mine d'or abondante. (Deut. ceux des angles, et dont les portions qui en
faisaient des sortes de tours carrées fermées,
» HASERSUAL. — Ville de Juda cédée à Si manquent , à l'intérieur , aussi bien qu'aux
tours angulaires. Une série de murailles ont
méon. (Josué xv, 28.) laissé à l'intérieur leurs arasements, en ar
HASER-SUSA.—C'est évidemment le même rière des faces est et ouest. A l'extérieur de
que HAsARsUsIM. ( Voy. ce mot. ) cette dernière, se relient à l'édifice principal
HASSEMON, AsEMoNA, AASMEN.—Ville de la d'autres murs arasés, présentant des contours
tribu de Juda. (Nomb. xxxIv,4; Josué xv, 27.) bizarres, qu'une description ne pourrait faire
HAZOR, AsoR. — Après avoir passé le lac comprendre.A une faible distance, qui ne dé
Houlek, je m'engageai, pendant mon voyage, passe pas cent mètres, et vis-à-vis de la face
sur le flanc des collines verdoyantes qui for occidentale du khan, se trouve une enceinte
ment au nord le bassin de ce lac. Nous nous polygonale irrégulière, cyclopéenne comme
étions à peine élevés un peu plus, que nous celle du temple, quoique en appareil plus pe
commençons à voir les sommets des collines tit. Nous fûmes frappés † de
garnis de ruinesimmenses,d'édifices construits l'analogie étrange de cette disposition, avec
en gros blocs de lave. Il semble que l'on re celle du temple de Garizim et de la plate-for
connaisse les traces d'une enceinte qui cou me des sacrifices. Cette analogie est-elle for
ronnait la crête de ces collines. Des pans de tuite ? Je n'en crois rien.
murs sont encore en place, et en quelques On voit qu'il y a une ressemblance très
points paraissent de ces longues allées de grande entre l'ordonnance générale de cet
† fichées que j'avais déjà vues en Moa édifice et celle du † du Garizim. Je
itide et dans le pays de Kénâan. Ces ruines n'hésite donc pas un seul instant à voir dans
continuent de se montrer pendant un temps cette ruine, celle d'un édifice religieux, ap
infini. Les hautes collines que nous longeons,
partenant à l'antiquité la plus reculée. Les
cessent tout à coup de s'étendre de l'ouest à Arabes du village placé à l'est de ce monu
I'est, et tournent au nord ; elles forment alors ment, dans une † de bas-fond planté de
le flanc gauche d'une large vallée, ou, plus petits arbres, appellent la ruine que je viens
exactement, elles dominent une plaine ma de décrire El-Khan, mot par lequel on dési
melonnée, à travers laquelle nous cheminons gne, dans tout l'Orient, les espèces d'hôtelle
pour gagner Banias. La branche de collines ries où les caravanes s'arrêtent pour passer
dirigée au nord est, comme celle qui fait face la nuit.Ce village arabe placé près d'El-Khan,
au Bahr-el-Houleh, garnie, à la crête, de et dontj'ai négligé de recueillir le nom, ést
ruines immenses s'étendant à perte de vue. très-probablement celui que M. de Bertou
La plaine même, que nous traversons dès que appelle Ardh-ez-Zouk. Mais c'est là le nom
nous avons quitté le flanc du pâté de collines d'un pays et nullement celui d'un village.Je
couronnées de ruines, est littéralement cou
n'hésite donc pas à penser que celui-ci se
verte de blocs énormes de lave, n'offrant plus nomme es-Souq, le Marché, et non ez-Zouk,
aucune trace de travaiſ humain.
ce qui a une toute autre signification.
Ces pierres constituent les ruines d'une
ville immense. Nous avançons toujours, mais Quelle a été la ville immense dont nous
bientôt il me semble que j'aperçois, à une venons de parcourir les ruines, et à laquelle
centaine de mètres, à gauche du chemin et appartenait le temple dont nous avons relevé
vers le sommet d'un mamelon, quelque chose le plan? Très-probablement Hazor. C'est ce
qui ressemble fort à un pan de mur cyclo † je vais essayer de prouver. Rassemblons
péen, des temps les plus sauvages. J'y pousse 'abord ce que nous savons de Hazor, et re
mon cheval, je reconnais que je ne me suis cherchons tous les renseignements que nous
pas trompé; je jette un cri de joie et de fournissent l'Ecriture sainte et Josèphe.Nous
triomphe; c'étaient en effet les ruines d'un édi lisons dans Josué (xI, 1) que le roi de Hazor
fice immense de la plus haute antiquité. Nous (nºxn), à l'arrivée de Josué dans la terre pro
nous mîmes à l'instant à lever le plan de mise, se nommait Yabin. Au verset 2 il est
cette construction cyclopéenne. dit qu'il envoya des émissaires au roi du Nord,
Voici, en quelques mots, les principales au midi, vers Kenret, pour les engager à se
mesures que nous fournit le plan de l'édifice réunir à lui, contre l'ennemi commun. Hazor
que nous avons levé. C'est un carré peu ré était donc au nord de Kenret et du lac de
gulier, assez bien orienté d'ailleurs, et dont Gennezareth. Tous les rois convoqués (y 5)
les faces ont à peu près soixante mètres de se rassemblent près des eaux de Meroum
développement. Aux quatre angles, sont pla (c'est-à-dire près du lac Samakhonite). L'ar
cés des avant-corps carrés, de six à sept mée coalisée était si considérable (y " qu'elle
mètres de côté, en saillie d'un mètre sur les était comme le sable sur le bord de a mer ;
faces externes des murailles. Celles-ci ont elle comptait des chevaux et des cavaliers en
549 llAL DES ANTlQUlTES B.BLIQUES. HAZ' 550

très-grand nombre. Josué, à la tête du peu elle n'a ni portes, ni verrous, vivant d l'écart.
le d'Israël, les attaqua, près du lac Sama — 32. Leurs chameaux seront un butin, et la
honite, les battit et les poursuivit jusqu'à multitude de leurs troupeaux sera lirrée au
Sidon la Grande,jusqu'à Misrephoth-Maïm (?t pillage ;je les disperserai de tous côtés, les
et jusqu'à la vallée de Mesfah, à l'orien hommes à la barbe rasée, et j'amènerai leur
(versets 7 et 8 ). — Josué retourna vers ce ruine de tous côtés, dit Jéhovah.—33. Hazor
temps, prit Hazor et frappa son roi du glaive, deviendra le repaire des chakals, une solitude
car Hazor était autrefois le plus considérable pour toujours, personne n'y demeurera, et
de ces royaumes-là ( y 10). Ils frappèrent aucun homme n'y séjournera. — Enfin il est
tous les êtres qui y étaient, par le glaive, les question dans le I" Livre des Machabées
dévouant ; il n'y resta rien de ce qui respi # 67) d'une plaine d'Asor qui était en Ga
rait, et il brûla Hazor par le feu (verset #
Tous les autres rois coalisés virent leurs vil
ilée (IIiôto» 'Aa )p.)
Voyons maintenant ce que nous apprend
les conquises ; Hazor seule fut incendiée † †
Josèphe. Il
toire de la défaite de Sisera
Jud., VI, 1,) l'his
général
( versets 12 et 13 ). Le chapitre xII contient la
liste des rois qui furent défaits par Josué, et, d'Yabin,roi d'Asor# ette ville, dit-il,
au verset 9, nous lisons : Le roi de Hazor, était au-dessus du lac Samakhonite (xörn d'
un (73). †
ûripxeira rã; 2 : uixovit tôo; (74). Il avait
Dans l'énumération des villes fortes appar une armée de trois cent mille fantassins, de
tenant à la tribu de Nephtali, nous trouvons dhx mille cavaliers et de trois mille chars de
encore Hazor et Ayn-Azor. ( Josué, xIx , guerre. Tout cela était commandé par Sisera.
36, 37.) Comme Josèphe précise que Yabin, roi des
J'ai rapporté ce qui a trait au Yabin, roi Kenâanéens, était sorti d'Azor, ville placée
de Kenâan, qui régnait à Hazor, et dont Si sur le lac Samakhonite, il n'y a pas de doute
sera commandait l'armée. Il avait neuf cents à conserver sur l'identité de la Hazor brûlee
chariots de fer, et il opprima les Israélites par Josué,et de la Hazor que Barak et Deborah
pendant † années. Ses troupes furent dé détruisirent de fond en comble.
faites, près de Megiddo, par Barak et Debo Josèphe nous apprend que Salomon, après
rah, qui, ayant rassemblé autour d'eux, à avoir fortifié Jérusalem, fit construire trois
Kades, dix mille hommes de Zabulon et de villes qui peuvent être classées parmi les plus
Nephtali, vinrent attaquer Sisera et le batti fortes; ce sont : Asor ( Agopo»),Mageddo et Ga
rent. — La main des enfants d'Israël alla zara. Cette troisième était dans le pays des
toujours s'appesantissant sur Yabin, roi de Philistins. Le roi d'Egypte, beau-père de Sa
Kcndan, jusqu'à ce qu'ils eussent exterminé lomon, vint l'assiéger, s'en empara après un
Fabin, roi de Kenâan. (Juges Iv, 1, 24.) Le long siége, en extermina la population , la
verset 9, chapitre xII du 1" Livre de Samuel, rasa et en fit cadeau à sa fille, femme de Sa
mentionne ainsi le fait de la domination de lomon.(Ibid., VIII, vI, 1.) Rien ne prouve que
Yabin : Mais ils oublièrent (les Israélites) la Hazor bâtie par Salomon soit la même
l'Eternel, leur Dieu ; il les livra entre les que la capitale de Yabin, mais rien non plus
mains de Sisera, général de Hazor. ne prouve qu'elle soit différente.Peut-être
Nous lisons dans le I" Livre des Rois (Ix, Salomon, qui était maître de toute la Pales
15) que Salomon fit bâtir Hazor. Voici les tine, et de toute la terre de Kenâan, profita
† expressions du Livre sacré : — Voici t-il de la magnifique position militaire de
'occasion de la corvée que préleva le roi Sa Hazor, pour y établir une place forte capable
lomon, pour bâtir la maison de l'Eternel, et de fermer la vallée du Jourdain , du côté du
sa maison, Meloua et la muraille de Jérusa nord. La ville salomonienne peut donc très
lem, Hazor, Megiddo et Djezer. — Plus loin bien avoir été rebâtie sur une partie de l'em
( II Rois xv, 29 , nous voyons encore que du placement de la Hasor rasée à deux reprises,
temps de Fekah, roi d'Israél, Tiglath-Felasar, † Josué et par Barak. Enfin l expédition de
roi d'Assour, vint et prit Ayoun et Abel-Beit iglath-Felasar, dans laquelle les Assyriens
Mâakah, et Yenouh, et Kedes, et Hazor, et le prirent Kedes et Hazor (Köôtaav xai "Aaopa) ,
Galaad , et la Galilée , toute la terre de CSt #ºntée en peu de mots. (Ant. Jud., IX ,
Nephthali, et les transporta (les habitants) en XI, l .
ASsour. n maintenant et groupons les faits
Une des prophéties de Jérémie commence matériels dont la connaissance se déduit de
ainsi (xLIx, 28): Contre Kedar et les royau la comparaison de ces différents passages.
mes de Hazor, que Naboukadrasor, roi de Ba Hazor était la capitale de Yabin, principal roi
bel, a battus.—Voici ce qui concerne Hazor : de ſa terre de Kenâan. Ce devait être une
Fuyez, dispersez-vous. Naboukadrasor, roi ville immense, à en juger par la puissance de
de Babel. a formé un dessein contre vous, et son roi. Hazor était au-dessus (ou devant) du
a conçu sur rous un dessein ( verset 30). — lac Samakhonite, au nord, dit Robinson.Elle
31. Levez-vous, montez contre une nation fut brûlée par Josué, et sa population fut
tranquille, qui vit en sécurité, dit Jéhovah : exterminée. Cette ville continua de subsister,

(73) Nous n'avons pas à nous occuper ici des de Josèphe, le paraphrase ainsi : « Josephus ......
villes de la tribu de Juda, qui portaient le même laces that #) (Hazor) on the north of the lake
nom. (Voy. Josué, xv, vcrsets 25, 25, 27 et 28, et Samochonitis (t. lll, p. 556). » Je n'oserais traduire
Néhémie, xI, 55.) ainsi le mot û réozettat, bien que cettc vcrsion me
\7 i) Lc savant Robinson, rapportant ce passage convicnne à Incrvcillo
551 {IAZ DICTI0NNAIRE HAZ 352

puisqu'elle est comptée parmi les places for était innombrable. Une ville qui n'a ni por
tes de la tribu de Nephthali, avec une autre tes ni verroux, n'est pas et ne peut pas être
ville dont le nom est Ayn-Hazor. Longtemps la forteresse bâtie par Salomon. Celle-ci était
après et † la domination des Juges , plutôt une citadelſe, dépendante de la ville
un autre Yabin, roi de Hazor (qui était pro même. De tous ces faits, il me paraît que le
bablement un descendant du premier Yabin, nom de Hazor peut parfaitement s'appliquer
défait et tué par Josué), redevint assez puis aux ruines immenses que j'ai reconnues, à
sant pour tenir pendant vingt ans les Israé côté du village d'es-Souq et autour du monu
lites sous sa domination. Il avait une puis ment cyclopéen, que les Rhaouarna d'es
sante armée, dans laquelle on comptait neuf Souq appellent el-Khan. Site, étendue, ca
cents chariots de guerre en fer. Deborah et ractère, tout s'accorde parfaitement avec ce
Barak battirent l'armée de Sisera , dans les que l'Ecriture sainte nous apprend. Quant
champs de Megiddo, et les Hébreux finirent aux matériaux qui constituent ce que j'ai vu
par exterminer Yabin et sa † Du ré de ces ruines, je n'admettrai jamais qu'ils
cit biblique il résulte que les guerriers des aient pu appartenir à une ville bâtie par
tribus de Nephthali et de Zabulon, après s'être Salomon. L'édifice d'El-Khan est certaine
réunis à Kedès , vinrent fondre sur Sisera, ment bien antérieur à l'origine du royaume
qui était campé en pays conquis et qu'ils pri de Juda, Hazor fut définitivement détruite
rent ainsi à revers en lui coupant la retraite par Naboukadratzor, et la terrible prophétie
vers Hazor. L'Ecriture sainte ne dit rien de de Jérémie s'est accomplie à la lettre : Hazor
la destruction de Hazor par Barak , après la est devenue le repaire des chacals, une soli
défaite de Sisera. C'est Josèphe qui raconte tude pour toujours, personne n'y demeure et
que Yabin, après que son armée, forte de aucun homme n'y séjourne.
trcis cent mºi le fantassins, de dix mille cava Nous avons vu que la tribu de Nephthali
lhcrs et de trois cents chariots, eut été battue comptait parmi ses villes fortes Hyn-Hazor,
par Barak, fut attaqué lui-même et tué, quand en outre de Hazor. La carte de ZlImmermann
il sortit de la ville pour marcher au-devant † très-près de Kedes, au nord-est et à
des Israélites, et que Hazor fut détruite de 'ouest de la montagne au pied de laquelle
fond en comble. Probablement Josèphe a, par est situé l'Ayn-el-Belathat, une localité nom
mégarde, fait un seul événement des deux mée Azour. Ou bien c'est la Hazor de Salo
événements distincts qui concernent un roi mon, ou bien e'est l'Ayn-Hazor du Livre de
Yabin et la ville de Hazor. En effet, nous li Josué. Mais à coup sûr ce n'est pas la Hazor,
· sons dans son livre (Antiq. Jud., V, I, 17) , capitale de Yabin, que je n'hésite pas à re
# la nouvelle des premières conquêtes trouver autour du temple cyclopéen d'el
e Josué, les rois qui habitaient le Liban, et Khan, et sur les immenses coteaux qui do
qui étaient de la race de Kenâan, préparè minent, à l'ouest, la plaine accidentée où
· rent une expédition contre les Israélites. Les sont ces ruines.
Kenâanéens des plaines, ayant fait appel En quittant el-Khan, nous avons marché
aux Philistins, vinrent camper près de Bi assez longtemps, en cotoyant des ruines con
rotha (rpès Bipé,ºn) , ville de la Galilée supé tinues; puis les taches (si je puis m'exprimer
rieure, non loin de Kedesa (K1ôéanc). Ce lieu ainsi) de gros blocs de lave non taillés, se
est aussi sous la domination des Galiléens. sont séparées les unes des autres, ont fini par
L'armée entière comprenait trois cent mille devenir rares et par disparaître tout à fait.
fantassins, dix mille cavaliers et deux mille Nous avions franchi la limite extrême de la
chariots de guerre. Josué, après cinq jours ville cyclopéenne, que je propose positive
de marche, arriva en présence de cette ar ment de considérer comme la Hazor que
mée formidable et l'anéantit avec le seeours brûla d'abord Josué, et que Naboukadratsor
de Dieu. Il est clair, ce me semble, que la mit définitivement dans l'état où nous la
: épétition exacte des chiffres des fantassins et voyons. En général, vers cette limite de la
des cavaliers de l'armée des rois coalisés, in ville antique, dès qu'un mamelon un peu
dique une véritable confusion de faits et large se présente, on est à peu près sûr à
de dates commise par Josèphe.J'admets donc l'avance qu'il sera couvert de ces étranges
que Hazor ne fut réellement détruite que par décombres d'une cité de géants. J'avoue que
Josué, et que Barak ne fit que battre † sur place, la pensée m'est venue qu'une ville
de Yabin (75). Salomon fit construire une construite avec des matériaux d'une dimen
»lace forte nommée Hazor. Etait-elle sur sion pareille, ne pouvait avoir été que la de
'emplacement de l'ancienne Hazor ? Rien ne meure d'une race éteinte, du genre de celles
l'indique, Sous le règne de Fekah, roi d'Israël, des Anakim, des Emim et des Rephaïm, dont
Hazor fut prise par Tiglath- Felasar, avec nous trouvons la mention expresse dans les
tout le territoire de Nephthali, et ses habitants saintes Ecritures. Un de mes compagnons de
furent emmenés en captivité en Assyrie. En voyage renchérit encore sur cette idée, tant
fin , Naboukadratzor, roi de Babylone, dé il était frappé de l'énormité de ces ruines
truisit Hazor, qui n'avait ni portes ni ver extraordinaires. Il avait remarqué un fait,
roux, selon Jerémie, et dont la population réel d'ailleurs, c'est que partout où il y avait
(75) Si les textes de l'Ecriture sainte n'étaient ue c'est le même événement qui est attribué à deux
pas si positifs, pour mettre les deux Yabin, l'un à époques différentes, et raconté avec des détails par
l'époque de Josué, et l'autre après le juge Ahouad ticuliers à chacun des deux récits qui le concer
(Ehoud), c'est-à-dire à au moins deux cents ans ment. Mais c'est là une supposition que je serais
d'intervalle, on serait presque conduit à supposer loin d'admettre.
553 IIEB . Dºs ANTiQUiTEs BIBLIQUEs. I1ICI, 5:4
des creux, des fossés, des coupures quel aVOns Vue en entrant à Hebron est aussi
conques dans le terrain, les blocs étaient en mentionnée dans la Bible, car nous lisons
lus grand nombre et jetés, pour ainsi dire, (II Sam. Iv, 12) : — David commanda à ses
es uns sur les autres, comme s'ils avaient gens qui les tuèrent; ils leur coupèrent les
été entraînés par de fortes eaux. Il ne lui en mains et les pieds, et les pendirent près l'é-
fallut pas plus, † penser que peut-être tang qui est près d'Hebron (nar=n>-enby), et
nous avions visité les ruines d'une cité anté ils prirent la tête d'Is-Basath et l'enseveli
diluvienne. rent au sépulcre d'Abner, à Hebron. —. Une
Je me hâte de confesser que cette hypo piscine pareille à celle qui existe de nos
thèse ne me séduit pas. Je crois trouver ici jOurs, est incontestablement d'une très-haute
la capitale des Kenâanéens, capitale bâtie an antiquité.
térieurement à Moïse, et détruite par Nabou Hebron est nommé par Josèphe tantôt
kadratzor. C'est là une antiquité suffisam Xs6pòv, tantôt 'E6gòv, tantôt N«ºpò et Xtºpºvtx
ment respectable à mon avis. Du reste, si je röMr. Il dit que ce fut sur une montagne voi
vois dans la nature de ces ruines une raison sine de Hebron que Samson déposa les por
our leur assigner, à tout le moins, l'époque tes de Gaza. (Antiq. Jud., V, x.)Mais Reland
# Naboukadratsor comme limite inférieure pense qu'il faut lire Gabaon pour Hebron dans
d'existence, je n'en vois absolument aucune ce passage de Josèphe.
pour fixer la limite opposée, c'est-à-dire leur Le même Josèphe place à six stades de
origine première, que l'on peut remonter Hebron le fameux térébinthe qui était là de
aussi haut qu'on le voudra, dans les temps puis le commencement du monde. Tous les
historiques, sans risquer grandement de se écrivains ecclésiastiques parlent de ce téré
trOmDer. binthe. Eusèbe dit qu'on rendait un culte à
HEBRON. — Cette ville occupe le fond cet arbre en l'honneur des anges qui avaient
d'une assez large vallée, dont les coteaux apparu à Abraham. Sozomène le place à
sont garnis de beaux oliviers et de vignobles. deux mi'les de Hebron; saint Jérôme indique
A l'est, elle s'élève un peu sur le flanc de la la même distance. Socrate, dans son Histoire
colline, et c'est là qu'est placée la mosquée, (I, 18), dit que Constantin avait élevé une ba
inaccessible pour tout autre que pour un mu silique au chène de Membré, sous lequel
sulman, et dans laquelle est enfermé, à ce Abraham avait donné l'hospitalité aux anges.
que l'on dit, le fameux caveau de Makfelah Ce térébinthe si vénéré, même des païens,
où furent enterrés Sara et les patriarches était devenu l'occasion d'une foire célèbre
Abraham, Isaac et Jacob. Ce fut là qu'après la dernière destruction de
Quelques mots maintenant sur l'origine Jérusalem par Adrien, plusieurs milliers de
d'Hébron ; il en est assez souvent fait men Juifs furent mis en vente comme esclaves,
tion dans l'Ecriture sainte. Nous y lisons et ceux qui ne purent pas être vendus furent
(Gen. xxIII) : — 2 Sara mourut à Kiriath transportés en Egyple où ils périrent de faim
Arba, qui est Hebron, au pays de Canâan ; et de Inisère.
Abraham vint faire le deuil de Sara et la Eusthatius rapporte qu'on avait dressé un
pleurer.—19. Ensuite Abraham enterra Sa autel au pied de cet arbre pour y offrir des
ra, sa femme, dans la caverne de Makfelah, victimes. Il dit que l'opinion rapporte la
devant Mamra; là est Hebron dans le pays naissance de cet arbre à l'un des anges qui
de Canâan. — 20. Le champ, ainsi que la ca visita Abraham. L'ange avait planté son bâ
rerne qui s'y trouve, resta à Abraham comme ton dans la terre, et il en était né ce téré
une propriété sépulcrale venant des fils de binthe.
Heth. Les bocages de Mamra sont mention Le même Eustathius à écrit que c'était sous
nés dans un autre passage (Gen. xIII, 18) : — cet arbre que Laban avait enfoui ses idoles.
Abraham dressa ses tentes, vint et s'établit C'est une confusion que d'autres ont faite
dans le bocage de Mamra, # est près de avec lui. Ils n'ont fait qu'un seul arbre du
Hebron, et il y bâtit un autel à Jéhovah. — chêne d2 Moré près de Sichem, et de celui
De ces deux passages réunis, il résulte évi de Mamra près de Hebron.
demment, à mon sens, que le bocage de Je dois ajouter que Hebron a reçu des mu
Mamra était sur l'emplacement de la partie sulmans le nom d'el-Khalil (l'ami de Dieu) en
orientale de la ville actuelle d'Hebron. Enfin commémoration du patriarche Abraham qui
la vallée de Hebron prºn E2 ) est mention porte spécialement parmi eux le nom d'el
née au verset 14 du chapitre xxxvII de la Khalil.
Genèse. HEBRONA, AASBARNAH.—Trente et unième
Quant à l'antiquité de la ville d'Hebron, station des Israélites dans le désert. (Nomb.
elle est fixée par un passage biblique (Nomb. xxxIII, 34.)
kti, 22). — H§ avait été bâti sept ans HELAM, KHELAM. — Localité au delà du
dvant Tsâan d'Egypte.— Tsâan, c'est incon Jourdain, où David remporta sur les Syriens
testableInent Tanis; mais malheureusement une victoire signalée. (II Sam. x, 17.) -

ce texte ne nous indique pas quand Tanis fut


bâtie. Hebron fut donnée en #à Ka
,º KHELBA. — Ville d'Aser. (Juges 1,
leb, fils de Yafnah. (Josué xIv, 13, 14.) L'E- HELEPH, KHALEPH. —Ville de Nephthali.
criture nous apprend encore que Kiriath Les Septante !'écrivent Maleph; Eusèbe l'écrit
Arbâ, qui est Hebron, sur la montagne, fut Methlem, et saint Jérôme Meeleb. (Josué
choisie pour une des villes de refuge. (Josué xrx, 33.) -

xx, 7). Enfin la grande piscine que nous HELMON, LLBLATII-AïM. — Quarantième
355 HER DlCTIONNAIRE, HI.R 356
-

station des 1sraélites dans le désert. (Nomb. hommes qui étaient hachichés, c'est-à-dire
xxxIII, 46.) sous l'influence enivrante du hachich, ce qui
HELON, AYLoUN. -- Ville sacerdotale de la a donné lieu au mot d'assassins, par une tra
tribu de Juda. (I Chron. VI, 69.) duction fautive.
HELON. — Voy. AIALON. -

De même leur chef ne s'appelait pas le


HEMATH, HAMAT. — Ville de Syrie. ( I Vieux de la montagne, mais il habitait la
Chron. xvIII, 3.) -
montagne appelée la montagne du Scheikh,
HEPHA, CAïPHA, HIPHA, KEPHA. — Ville la montagne † Vieux.
située au pied du Carmel , du côté de Saint Le prolongement méridional de l'Hermon
Jean d'Acre et aux bords de la mer. On pense
forme la chaîne arabique qui se continue
que c'est la Geba de Josèphe, appelée aussi la jusqu'à
ville des cavaliers parce que Hérode y avait la mer Rouge. Le prolongement oc
envoyé une colonie de ses cavaliers mis à la cidental forme la chaîne de Galilée, qui va
re! raite. -
jusqu'à Tyr et Acre, et se prolonge ensuite
Elle s'appelle aujourd'hui Haïpha. Elle est † le Thabor, le petit Hermon, Gelboé, la
assez commerçante. ongue chaîne du Carmel jusqu'aux monta
C'était l'ancienne Sycaminos. Eusèbe la gnes de Judée qui s'affaissent vers Bir-Sebâa.
nomme 'Iāy16. On pêchait beaucoup sur sa HERMON (LE PETIT ). — Le petit Hermon
côte les petits coquillages qui fournissent la est au midi du Thabor, et est le prolonge
pourpre. -
ment de la chaîne. C'est lui qui s'avance le
Ce coquillage est petit, d'une extrême dé lus dans la plaine d'Esdrelon. C'est au petit
licatesse à son orifice, tellement qu'on a de ermon qu'il faut appliquer le passage du
la peine à en cueillir dont le rebord ne soit psaume cxxxIII", verset 3°, où il est fait men
légèrement ébréché. Il est de couleur bleue, de la rosée de l'Hermon qui descend sur la
et lorsque la mer en rejette sur le sable, l'é- montagne de Sion.
cume de l'animal mourant colore le sable en Il y a trop de distance entre l'Hermon et le
bleu. mont Sion de Jérusalem pour que la rosée de
En y joignant un acide la matière bleue de l'un s'étendît sur l'autre.
l'animal se tourne en pourpre. C'est le fa Reland avec sa sagacité habituelle nous
meux Murex qui donne la pourpre. donne l'explication de ce passage difficile.
Le géographe arabe Schérif-Ibn-Idri dit Il y avait au pied de l'Hermon une ville
que son port reçoit les plus grands navires et du nom de Séon ou Sion ( Josué xIx, 19. )
qu'elle est à trente milles d'Acco. La dis Saint Jérôme parle de cette ville de Séon
tance est évidemment exagérée. au pied du Thabor. Ce sont donc les ro
HERED, ARAD.—Ville Kénâanéenne.(Josué sées de l'Hermon venant rafraîchir les hau
xII, 14.) — Voy. ARADA. teurs de Séon auxquelles le Psalmiste a com
HERMA, KHARMAH. — Ville royale des paré les parfums qui tombaient de la barbe
Kénâanéens. (Josué xII, 14.) d'Aaron.
HERMON, CHERMoN. — Le Hermon n'est C'est évidemment du petit Hermon qu'il
pas distinct de l'Anti-Liban, il en fait partie. s'agit dans le psaume LxxxIx ( verset 13 ),
t:'est la magnifique montagne couverte de où il est dit : Le nord et le midi, tu les as
neige pendant plusieurs mois de l'année qui créés : Tabor et Hermontressaillent à ton nom.
domine Banias et la haute vallée du Jourdain. En hébreu le nom s'écrit: Torn; pour les Ara
C'est de l'Hermon que, selon saint Jérôme, bes chrétiens, le Djebel-ed-Dahy s'appelle
on portait à Tyr la glace dont on faisait usage aussi Haramoun. Le véritable Hermon est in
pendant l'été. Une vieille tradition prétendait contestablementle Djebel-ech-Cheikh, le pic le
que c'était sur cette montagne que , s'étaient † élévé de l'Anti-Liban ; et comme le Tha
réunis les anges descendus du ciel et épris or n'est nullement une très-haute montagne,
des charmes des filles des hommes. on ne voit pastrop pourquoi deux montagnes
Le Targum l'appelle le mont de la neige si différentes que #e Thabor et l'Anti-Liban se
de Césarée. Et l'interprète samaritain sur le raient mentionneés dans le même verset,
Deut. (Iv, 48), dit formellement : le mont de la quand ils ne limitent ni le nord ni le sud, ni
neige qui est Chermon. Il est aussi appelé l'orient ni l'occident, ce qu'il faudrait pour
#po, nénov, le mont de Panéas.Josèphe l'ap trouver dans ce verset la désignation des
pellesimplement le Panion,et dit que c'est une quatre points cardinaux. Si au contraire, il
· montagne d'uneimmense hauteur. ( De bell., s'agit de deux montagnes contiguës, comme
lib. I, cap. xvI.) le Thabor et le Djebel-ed-Dahy, la difficulté
Il est bien évident que la chaîne de l'Her disparaît, et l'on comprend que le poëte ait ac
mon ne s'arrête pas au pic superbe de Ba colé leurs deux noms dans une même phrase.
nias et qu'elle s'éténd au loin du côté de Da Ce qui est certain, du reste, c'est que, pour
mas; mais elle s'appelle alors de son nom saint Jérôme, le Djebel-ed-Dahy se nommait
générique l'Anti-Liban. Hermonim ; car voici ce qu'il dit dans sa let
C'est pour les Arabes le Djebel-ech-Cheikh, tre 44, Ad Marcellam : Apparebit oppidum
et c'était là qu'habitait ce célèbre Vieux de Naim.... videbitur et Hermonim et torrens
la montagne dont on a tant parlé dans l'histoire Endor in quo superatur Sisera. Evidemment,
des croisades, chef des assassins qui allaient il ne peut être question, dans ce passage, que
poignarderquiconque était désigné parleVieux du petit Hermon, ou Djebel-ed-Dahy. Au
de la montagne. reste, cette montagne présente une masse
Les séïdes du scheikh étaient de jeunes , verdoyante, mais sans un buisson ; elle est
557 lHOR DES ANTIQUITES BIBLIQUES. H()U 5',8

couverte d'herbages peu épais et ses flancs l.e Horeb est une des cimes de la chaîne
inférieurs sont assez bien cultivés. de montagnes nommées le Sinaï. Il faut
HESEBON, HEscHBoN, CHEsCHBoN. -- lire dans le texte sacré lui-même tous les
Cheschbon est une des villes dont il est fait événements qui se sont passés dans ces lieux
le plus souvent mentiondans les Livres saints. célèbres. Nos élucidations ont pour but d'é-
Elle est nommée 'Eggs6òv par Josèphe (An claircir les questions archéologiques et géo
tiq., XIII,xxH1), qui la place dans la Moabi graphiques, mais non de reproduire des faits
tide, quoiqu'elle ait été la ville de Sichon, Ou parfaitement connus, ou admirablement
roi des Amorrhéens. Mais après que les dix racontés dans le texte biblique : un résumé
tribus , eurent été emmenées captives en As en ôterait tout le chafme.
syrie, les Moabites s'en † ainsi que Le Horeb et le Sinaï sont à cinquante milles
de Nudaba et de toutes les villes du pays. de la mer Rouge. Ces deux montagnes, qui
Cheschbon fut donnée à la tribu de Ruben. n'en forment qu'une, se nomment aujourd'hui
( Josué xIII, 17. ) Pline parle des Arabes Es Djebel-Mousa (la montagne de Moïse).
bonites. Elle est appelée dans les souscrip HOREM, KHARAM. — Ville de Nephthali.
tions du concile de Chalcédoine r6)t; 'Ez6oû»- (Josué, xIx, 38.)
rº», ville des Esbonites. Eusèbe la place à HORMA, HARMA, HERAMAH. — Ville de la
vingt milles du Jourdain, en face de Jéricho. tribu de Siméon. (I Chron. Iv, 30.)
C'est l'Hesbân des Arabes. HORMA. — Ville d'Aser. (Josué, xIx, 29.)
HESER, DJEzER. — Ville mentionnée avec HORMA. — Les Israélites ayant vaincu le
Mageddo et Gazer. (I Rois, Ix, 15. ) roi d'Arad, appelèrent sa ville capitale Horma,
y a près d'Azot une Iasour moderne qui c'est-à-dire Anathème, parce qu'ils l'avaient
pourrait s'identiſier avec cette Heser. Mais vouée à une complète destruction.
il est plus probable que c'est Hasor, ville im Lorsque les peuples anciens vouaient une
portante dans le nord et la clef de la Pales ville à l'extermination, ils faisaient un sacri
tine quand on vient de Damas. fice. La ville, les habitants, leurs richesses,
HESMONA, KHAsMANAH. — Vingt-sixième tout devait être détruit, comme une victime
station des Israélites dans le désert. (Nomb. sur un autel. Tout ce qui était voué apparte
xxxIII, 9.) nait à Dieu, à qui on l'avait voué. C'était donc
HESRON, EsRoN. — Voy. HAsoR. un sacrilége d'en réserver quelque chose.
HETAHLON, HATLAN. — Voie antique qui Cela explique des faits qui, avec nos mœurs
allait de la mer à Sedada. C'est probablement adoucies par le christianisme, nous paraissent
la route de Sour à Damas. (Ezech. xLvII, 15.) d'horribles barbaries.
' HETTHIM, KHETIM.—Lorsque les fils de Jo HORRÉENS, CHoRRÉENs. — Les Horréens
seph assiégèrent Beit-El, ils demandèrent à un étaient les habitants primitifs de l'Idumée.
homme du pays qui sortait de la ville com Saint Jérôme dit que cé mot d'Horréens signi
ment ils pouvaienty pénétrer, lui promettant fie libres. Ces hommes représentaient denc
la vie sauve. Cet homme leur donna l'indi les Bédaoui modernes, qui sont les hommes
cation demandée, et, étant libre, il se ren libres de la solitude. (Gen. xxxvI, 20.)
dit dans la terre de Hetthim, et il y bâtit une HOSA, KHASAH.-Ville d'Aser.(Josué,xIx,29.)
ville qu'il appela Louza. C'était l'ancien nom HOULEH (LAC EL ), LAC MERoUM, LAC SAMAK
de Beit-El. (Juges I, 26.) HoNITE. - En descendant des hauteurs que
Saint Jérôme place une Louza près de Si nous avions suivies en partant de Japhet,
chem. Il y a aussi une Lousa dans l'Arabie nous arrivons à un joli petit lac bleu : c'est le
Pétrée. Il est plus probable que c'est de cette Bahr-el-Houleh. La plaine dans laquelle nous
dernière que parle le Livre des Juges. marchons alors doit être d'une fertilité mer
HEVEENS, CHIvÉENs.—.Les Hévéens, Eûafot, veilleuse; c'est une terre grasse et forte, à la
descendaient de Chivvi, un des fils de Kenâan. † la culture peut tout demander : c'est,
·Ils habitaient, près de l'Hermon, les parties u reste, ce qu'il est facile de deviner à la
septentrionales de la terre de Kénâan. splendeur de la végétation dont elle est tapis
eland les distingue des Avvim, qui habi sée. Le lac est très-peu large; il est bordé de
taient les environs de Gaza, et qui furent chaque côté par une forêt de magnifiques
vaincus par les Caphtorim. (Josué, xIII, 3.) roseaux du plus beau vert. Pendant que nóus
HEVILA, HEvILATH. — On place cette con cheminions, le jour a sensiblement baissé, et
trée auprès de la Bactriane. (Gen. II, 11.) . il est bien près de six heures quand nous
HODSI? (TATHIM-KHADICHI.) — Expression arrivons à e§ c'est-à-dire à la hau
que quelques-uns prennent pour un nom teur de la pointe nord du Bahr-el-Houleh.
commun, et nullement pour un nom de ville. Tout à l'heure nous avons été le jouet
Il est fait mention d'une terre d'Hodsi. (II d'une assez étrange illusion, qui n'avait pour
Sam. xxIv, 6.) tant que la cause la plus naturelle : de l'autre
HOLON, KHALAN. — Ville de Juda. (Josué, côté du lac, et sur le fond vert-foncé des
xxI, 15.) - roseaux, nous vîmes tout à coup s'avancer
HOR. — Montagne près de Petra, située sur rapidement une grande ligne ondulée, d'un
les frontières du pays d'Edom, où mourut blanc éclatant; elle était continue et ressem
Moïse. (Nombres, xx, 22.) blait, à s'y méprendre, à un énorme reptile.
HOREB. — Montagne, célèbre, où Dieu se Etait-ce le fantôme de l'un de ces monstres
manifesta à Moïse, lorsqu'il gardait les trou antédiluviens qui se traînaient à travers des
eaux de Jéthro, son beau-père, prêtre de mousses de trente pieds de haut, qui nous
adian. faisait l'honneur de reoaraître sur la terre.
559 lIUU f,iCTIONNAIRE lJOU 36\)

afin de nous causer une agréable surprise ? prend de me rapprocher du marais que mas
Nous nous arrêtâmes, tout étonnés, et re que, à deux cents mètres du bivouac, un épais
gardant de tous nos yeux, pour tâcher de fourré de roseaux, afin d'y chercher des in -
comprendre. Bientôt, une, deux, plusieurs sectes. J'y fais une chasse si abondante, que
solutions de continuité se laissent apercevoir, je ne résiste pas au plaisir de ramasser lon
et nous reconnûmes alors que nous avions à guement les trésors zoologiquesqueje rencon
faire à une bande d'oiseaux blancs, volant en tre; si bien que je retarde de plus d'une heure
ligne serrée, comme les canards. et demie † à, art de la caravane. Les ba
Nous voilà donc à el-Mellahad, et nous y gages prennent donc les devants, et ce n'est
trouvons une ou deux masures abandonnées qu'à force d'insistance, que l'on obtient de moi
qui ont servi ou servent peut-être encore de que je m'éloigne de ce terrain si riche, ento
moulin, et dans lesquelles l'eau d'un large et mologiquement parlant.
très-abondant ruisseau a élu domicile. ll se En quittant les deux gros arbres qui nous
rait difficile de nous loger là, et d'ailleurs nos avaient servi d'auberge pendant la nuit, nous
bagages ont disparu ; il nous faut donc les avons d'abord rencontré des ruines antiques,
suivre, bon gré, mal gré. Nous passons à gué nommées Kharbet-el-Aamoudieh. Auprès de
un véritable étang de quelques pieds de pro ces ruines est un tourbeh assez moderne, de
fondeur, formé par le ruisseau d'el-Mellahah, quelque saint en vénération parmi les musul
et nous commençons à maugréer fort, vu que mans. Les montagnes que nous longeons
la nuit arrive grand train, et que nous savons commencent à prendre ici un tout autre as
à merveille, et par expérience, ce à quoi on † que celui auquel nous sommes habitués.
est exposé en marchant la nuit dans ce bien es arbres assez nombreux les garnissent
heureux pays. par-ci par-là, et leur donnent une tournure
Nous arrivons enfin au campement que nos alpestre qui fait plaisir à voir.
† ont préparé pour la nuit, sous des ar Chemin faisant, nous mettons de temps en
res, à peu de distance du lac. temps pied à terre, pour chercher des insectes
lRevenons en arrière, et notons ce que j'ai sous les pierres; nous en trouvons de très
pu recueillir de renseignements topographi précieux sans doute, mais comme nous trou
ques, sur la route qui sépare el-Mellahah du vons sous les mêmes pierres beaucoup de
point où nous avons établi nos feux de bi superbes serpents † nous n'avions pas le
vouac, Après avoir traversé l'étang et le ruis moindre désir de déranger, nous ne gardons
seau d'el-Mellahah, nous avons passé devant pas longtemps notre ardeur entomologique.
l'Ayn-el-Belathat ( la source des grosses pier Je doute qu'il y ait au monde un lieu aussi
res). Cet ayn est bien nommé, car il est en généreusement doté de reptiles que l'Ardh
touré de blocs de pierre qui sont certainement el-Houleh. Heureusement ces vilaines bêtes
des débris de constructions. Là donc fut une sont encore un peu engourdies par l'hiver, et
† ville dans l'antiquité. Après l'Ayn-el nous pouvons prendre le plaisir de les tuer,
elatath or, passe devant l'embouchure d'un sans courir de danger réel. Mais que Coit être
ouad peu large, nommé Ouad-Harrah ( cet ce pays dans la saison chaude ? Certainement
ouad n'est pas désigné sur la carte de Zim on n'y peut pas faire dix pas, sans se trouver
mermann, mais le canton duquel il y débouche nez à nez avec un reptile.
est nommé Djebel-Haraouy ). A mi-côte, au Vers le point où la nature du terrain fan
delà de cet Ouad-Harrah, est placé un mi geux de l'Ardlh-el-Houleh commence, d'a-
sérable hameau. Il se nomme Besamoun. près l'avis de nos guides, à pouvoir nous
Au bas de la même colline sont étendues des porter, nous et nos chevaux, et va, par con
ruines considérables, qui † le nom de séquent, nous permettre de passer des colli
Kharbet-Besamoun. # e Bertou place nes Occidentales aux collines orientales de
Besannoun, qu'il appelle Basimoun, et les rui cette large vallée, nous traversons un long
nes qui l'avoisinent, à quatorze cent soixante village arabe formé de tentes et de huttes. Est
mètres au nord de l'Ayn-Blata (Ayn-el-Bela ce un village à poste fixe ? Je ne le crois pas ;
tath ). Plus loin, mais à une distance que je ce qui est certain, c'est que l'on n'a pu m'en
ne saurais fixer, même approximativement, donner le nom, et que, par conséquent, il y
doit se trouver une large vallée qui se nomme a lieu de penser que c'est un simple établis
Ouad-Arous. C'est au nord de cette vallée que sement passager, bien qu'il m'ait paru consi-,
nous avons campé, à deux ou trois cents mè dérable. A la sortie de ce village, nous avons
tres au pied des coteaux, et à peu près à la immédiatement tourné vers l'est, en suivant
même distance du marais proprement dit. une crête de petites collines, à gauche de
J'ai conservé le souvenir confus d'une citerne laquelle se trouve un village nommé el-Kha
antique que nous aurions aperçue tout à fait desa, dont nous longeons le territoire. En ce
à la chuté du jour, avant le point oû sont moment, nous tournons précisément le dos à
situées les , ruines de Besamoun et dans le une espèce de forteresse, située au sommet
voisinage de l'Ayn-el-Belatath, mais je suis d'une montagne, à environ une lieue de
aujourd'hui dans l'impossibilité de préciser la nous, et qui se nomme Kalâat-Hounin. Nous
place qu'elle occupe. traversons une petite plaine basse , bien
Nous ne tenions pas à rester plus que de cultivée, de quelques centaines de mètres de
raison, dans le lieu malsain où nous vénions largeur au plus, et qui, se trouvant coupée
de passer la nuit ; aussi étions-nous de très par une foule de petits fossés d'irrigation,
bonne heure prêts à nous mettre en route ; n'est pas très-facile à franchir. Nos chevaux
mais au moment de partir, la fantaisie me y entrent jusqu'aux genoux; mais xous y ar
561 IAP DES ANTIQUITES BIBLIQUES. | IAP 362

rivons enſin au pied d'un rideau de coteaux fond en comble (zz0s)o» si; #ôapºs riiv ró)tv.)
assez élevés, qui se dirige de l'ouest à l'est, De ces passages comparés , entre eux, il
et ferme en quelque sorte, au nord, le vaste résulte nécessairement que les eaux supé
bassin du Bahr-el-IIouleh. Nous montons de rieures et le lac Semakhonite sont la même
quelques mètres sur le flanc de ces collines chose.
verdoyantes, et de là, en regardant notre Josèphe donne indifféremment à ce lac le
dFoite, c'est-à-dire au sud, nous jouissons de nom de Semekhonite, ou Samakhonite ou
la vue entière de l'Ardh-el-Houleh des Sémékhonites. (Bell. Jud., IV, 1, 1.)On a
Quelques mots maintenant sur ce lac dont proposé deux † de ce nom. Les
# vais rappeler les différents noms. Nous uns ont cru qu'il vient de l'arabe Samak,
isons dans Josué (xI) : Qu'à l'appel de Yabin, qui signifie poisson : de sorte que le nom de
roi de Ilazor, plusieurs rois se réunirent pour lac des Sémékhonites signifierait : lac des
combattre les Hébreux, à leur arrivée dans le pêcheurs ou des poissonniers. D'autres, re
† de Kenâan. — 5.Tous ces rois fixèrent un marquant que le verbe Samaka signifie être
ieu de réunion, vinrent et campèrent en haut, être élevé, ont vu dans le nom en ques
senble près des eaux de Meroum (E"-p-º>), tion, la traduction pure et simple du nom
our combattre contre Israél. Ce nom de hébraïque Meroum. Je ne me permettrai pas
May-Meroum signifiait les eaux d'en haut, de me prononcer entre ces deux hy
les eaux supérieures. — 7. Josué t'int, et pothèses aussi admissibles l'une que l'autre,
toute l'armée avec lui, sur eux, près du camp bien que j'aie quelque préférence pour , la
de Meroum, subitement, et ils se précipitèrent

† à cause de la nature fangeuse des
sur eux. — Les rois coalisés battus bords de ce lac, nature †
dut toujours en
et poursuivis, l'épée dans les reins,.jus rendre l'approche assez difficile. Aujourd'hui
qu'auprès de Sidon, c'est-à-dire jusqu'à la le seul nom que porte ce petit lac, cst celui
mer de Phénicie. de †
Dans les Juges nous lisons (Iv, 2) : L'E- Josèphe nous apprend encore que la ville
ternel les livra (les enfants d'Israël) dans la de Séleucie était située sur les bords du lac
main de Yabin, roi de Kenâan , qui régnait à Samakhonite, et que les marais #
envi
Hazor. Le chef de son armée fut Sisera. — ronnent ce lac s'étendaient jusqu'à la région
Vient alors le récit de la bataille gagnée sur de Daphné. Voici le passage qui contient ce
les Kénâanéens par la prophétesse Déborah précieux renseignement. « Séleucie était si
et par Barak. Au verset 10 nous voyons que tuée auprès du ï de Sémékhonites -
Barak convoqua les tribus de Zabulon et de »s « âi rpà; ri Xe2 : xovtt 5v )ipvn. (II & ôi peut se
Nephthali à Kades (aujourd'hui Kedes), ville traduire indifféremment : auprès ou devant.)
située à la hauteur de la pointe nord du Ce lac vaseux étend ses marécages jusqu'au
Bahr-el-Houleh, et dans les montagnes, à quel pays de Daphné, pays délicieux et fertile,
ues lieues à l'occident du lac. Il est assez qui possède des sources qui, grossissant le
ifficile dès lors de comprendre comment la cours d'eau appelé le petit Jourdain, au-des
bataille eut lieu à Tâanek sur les eaux de sous du temple de la Vache d'or, le jettent
Megiddo (Juges, v, 19.) A partir de cette dans le grand. » (Bell. Jud., IV, I, 1.) Ce nom
bataille , — la main des enfants d'Israël alla de Daphné est-il correct? Reland en a douté
toujours en s'appesantissant sur Yabin , roi et a proposé de le remplacer par celui de
de Kenâan, jusqu'à ce qu'ils eurent exter Dan. J'adopte pleinement cette substitution
miné Yabin, roi de §— Josèphe ra qui me paraît nécessaire.
conte le même fait (Ant. Jud. , V, v et IIUS, UTz. — La terre de Outz fut la patrie
suiv. ), et il nous apprend que Yabin, sortant de Job. Les uns la placent en Idumée, d'après
de la ville d'Azor (qui est située sur le lac ce passage deJérémie : Filia Edom, quœ habitas
Semekhonite), avait une armée de trois cent in terra Hus (Thren. Iv, 21); mais Job ne se
mille fantassins, de dix mille cavaliers et de rait pas cité parmi les hommes de l'Orient s'il
trois mille chars. (OJtos yap i ; 'Aa%pou Tö)io ; eût été de l'ldumée. D'ailleurs, il est dit que
bºuºusvo; (a Jtn ô' vripxerrzi tiis X suexoviriôo; les Chaldéens et les Sabéens firent irruption
)ipvns, etc.) Après la défaite et la mort de sur ses domaines : il faut donc mettre le pays
Sisera, Barak marcha sur Azor. Yabin, accou de Outz beaucoup plus à l'orient.
rant au-devant de l'ennemi, fut tué, et après HUSATI. — Ville de Juda. (II Sam. xxI, 8.)
sa mort, sa ville capitale fut renversée de

I
IAPIIIA. — A peu de distance de Naza Après le sac de Jotapata, Trajan, préfet de
reth, est une Iafa dans laquelle il faut re la dixième légion, fut envoyé par Vespasien,
connaître la localité de Iaphia mentionnée à la tête de deux mille hommes d'infanterie
dans le Livre de Josué (xIx, 12), de la tribu et de mille cavaliers, pour investir et assiéger
de , Zabulon. C'est aujourd'hui un village Iafa, dont la population , exaltée par l'exem
arabe. Josèphe cite une 'Iav4 comme une le des Jotapaténiens, se croyant d'ailleurs à
des places qu'il fit entourer de murailles pour 'abri derrière une double enceinte de mu
résister à l'invasion romaine dont la Galilée railles, se préparait à une défense déses
était menacée. Vaine précaution, comme l'on pérée. Trop dè confiance les perdit : à la
Va voir. (B. Jud., III, vII, 31.) vue du petit corps de troupes qui venait les
DICTIoNN. DEs ANTIQUITÉs BIBLIQUEs. 12
565 '- JAB DICTlONNAlRE JAB 364

attaquer, ils n'hésitèrent pas à croire qu'ils terranée, du levant au couchant ;et du nord
l'écraseraient aisément. Ils se précipitèrent au sud, d'Alep à l'extrémité de la presqu'île
donc au-devant des Romains, lâchèrent pied arabique , entre le golfe Persique et la mer
presque aussitôt, et furent rejetés derrière Rouge.
leur première enceinte, où les légionnaires Ces peuples ont conservé les usages de la
pénétrèrent avec eux. Ceux qui étaient restés vie primitive. Les mœurs dépeintes dans la
dans la ville se hâtèrent d'en clore les portes; Bible sont exactement les mêmes : et lors
les Romains s'empressèrent d'en faire autant qu'on vit au milieu d'eux, l'illusion est telle
des portes extérieures, et douze mille Ga ment complète, qu'on se croirait transporté
liléens furent égorgés entre les deux rem de trois † ans dans les siècles passés.
parts, accablant d'imprécations leurs conci ISSACHAR. — On trouve dans Josué (xIx,
toyens, plus encore que l'ennemi qui les 17) les limites de cette tribu, qui, au levant,
frappait. Trajan voulant alors réserver à Ti touchait au Jourdain, au midi à la tribu de
tus l'honneur de prendre la ville, fit prévenir Manassé, au nord à celle de Zabulon, et au
Vespasien de l'état des choses et le pria d'en couchant à celle d'Aser. Josué assigne à
voyer son fils, pour achever le siége glo cette tribu seize villes.Josèphe (Ant., XVI, I)
rieux de Iafa. Titus partit avec cinq cents donne ainsi les limites d'Issachar : « Après
cavaliers et mille fantassins, et aussitôt qu'il les Manassites, le pays d'Issachar a pour li
fut arrivé , l'escalade commença. Les Gali mites, en longueur, le mont Carmel et le
- léens terrifiés ne firent qu'une très-faible Jourdain, et en largeur, le mont Stabourion
résistance, et tous périrent par le fer, sauf (le Thabor, l'Hermon et le Gelboe). »
les enfants et les femmes. La magnifique plaine d'Esdrelon, une
IDOLES prohibées, Voy. ExoDE ( Art ju des plus fertiles de la Palestine, forme la
daïque); — de Jéroboam, voy. PARALIPo partie basse du territoire de cette tribu.
MÈNEs, RoIs (Art judaïque) ; — fabrication, ISTEMO, EsTEMo. — Ville de Juda. (Josué,
voy. PROPHÈTEs (Art judaïque). xv, 50.) C'est la même que Esthamo. (Voy.
IDUMEE. — Voy. EDoM. ce mot ) ,
IIM, AYYM.—Ville de Juda. (Josué xv, 29.) ITURÉE. — L'Iturée est la même que
ISMAELITES. — La destinée des enfants l'Auranitide. Nous lisons dans l'écrivain sacré
d'Ismaël a été de former cette race arabe qui, (Luc. III, 1) : « Philippe fut tétrarque de l'I-
s'étendant dans le désert, a fini par redevenir turée et de la Trachonitide. » Josèphe, décri
la race dominante , et a supplanté dans la vant la tétrarchie de † , dit qu'il eut la
Palestine elle - même la race , privilégiée Batanée, laTrachonitide et l'Auranitide.(Ant.,
d'Isaac. On peut lire dans la Genèse (xvi, XIII, xIII.) Il répète, dans un autre passage, la
10, 12) les bénédictions que Dieu fit sur Is même phrase, et jamais il ne donne l'Iturée
maël, accomplies constamment dans la suite pour domaine à Philippe.Il mentionne cepen
des siecles. Dieu dit à Agar : Je multiplie dant ce pays(Ibid., † lorsqu'il dit qu'Aristo
rai ta race et elle ne pourra être comptée, à bule força les Ituréens à se circoncire. Re
cause de sa multitude. Il lui dit d'Ismaèl : land conclut du silence de Josèphe sur l'I-
Il lèvera la main contre tous , et tous lève turée, que ce pays est le même que l'Aurani
ront la main contre lui , et il dressera ses tide. Nous accepterons cette explication dans
tentes en face de tous ses frères ce sens que l'Iturée est une partie de l'Au
Ce sont ces hommes habitant sous des ranitide. Ce qui donne au texte de saint Luc
ientes dont la belle race s'est perpétuée libre sa valeur historique.
et fière dans la solitude. Les Arabes actuels Les Ituréens tirent leur origine de Ittur,
ont leurs généalogies par lesquelles ils re fils d'Ismaël. Ils sont mentionnés dans le I"
montent à Ismaël , fils d'Abraham et d'A- Livre des Chroniques (v, 19), comme ayant
gar. C'est de lui qu'ils tiennent la circon été attaqués par les trois tribus transjour
cision , à laquelle ils sont très-fidèles. Les daines.
enfants d'Ismaël, à l'exemple de ceux de Reland pense qu'il faut chercher la véri
Jacob , formèrent douze tribus. Il est très table position de l'Iturée au levant de ia
remarquable que Esaü, frère de Jacob, aussi demi-tribu de Manassé. D'autres la placent
déshérité dans les promesses, épousa la fille plus au nord et au pied de l'Anti-Liban.
d'Ismaël. (Pline, v, 23.) Saint Epiphane la rapproche
Les Arabes, descendants d'Ismaël, occu de la Moabitide. Mais Reland fait observer
pent aujourd'hui les vastes contrées qui s'é- avec raison † ces peuples, habitant sous
tendent depuis l'Euphrate jusqu'à la Médi des tentes, changeaient souvent de région

J
JABES, JABIS, JABEsCH, IABEs. — Jabes est L'histoire de Jabes Galaad est très-drama
au delà du Jourdain. tique. Selon notre usage, nous nous abstenons
Saint Jérôme la place à vingt milles de de la rapporter, pour ne pas confondre dans
Pella et à soixante de Gerasa. Mais Eusèbe ce Dictionnaire l'histoire avec la géographie.
n'avait mis que six milles de Jabes à Pella. Nous dirons cependant que les habitants de
Il faut donc s'en tenir à la correction de saint Jabes firent preuve d'une grande reconnais
Jérôme. — Du reste, la position de Jabes est sance à Saül, qui les avait délivrés de Nâas roi
indiquée parletorrent quiporte encore le nom d'Ammon. Les Philistins ayant pris les corpsde
de l'ancienne ville située dans l'Ouad Iabès. Saül et de ses fils, et les ayant suspendus aux
335 JAP DES ANTIQUITES BIBLIQUES. JElt 566

Inurailles de Bethsan, des hommes courageux d'Issachar donnée aux Lévites (Josué xxI, 29.)
deJabes marchèrent toute la nuit, vinrent enle JAREPHEL, YERFAL.— Ville de Benjamin.
ver les corps et les ensevelirent dans un bois (Josué xvIII, 27.)
de leur voisinage. (I Sam. xxxI, 2.) La ville JARlM, YAARIM. — Montagne boisée entre
était sur une montagne, et on la voyait en Baala et Bethsames. (Josué xv, 10). L'hébreu
' allant de Pella à Gerasa. Josèphe #pº la porte Har-Jarim. -

métropole de la Galaadène. (Ant. VI, v.) JASA, JAssA, YAHAs. — Ville de Ruben don
JABNIA, JAMNIA, JABNE, JEBNEEL, IAMNIA, née aux Lévites. (Nombres xxI, 23.)
YBNAH.—Jabne fut une ville des Philistins qui JASER, JAZER. — Ville de Ruben, la même
leur fut enlevée par le roi Ouzias, ainsi que que Jasa.
Gath et Azot (II Chron. xxvI, 6). JEABARIM, AYY - H'AABARIM. — Trente
Les Livres saints ne la mentionnent qu'une nuitième station des Israélites dans le dé
seule fois. Mais son noIn est cité fréquemment sert. (Nomb. xxI, 11.)
dans les historiens et les † GIl JEBLAAM, YEBLAAM. — Ville de Manassé
parle comme d'une ville opulente et livrée près de Majeddo, que les Israélites ne détrui
au commerce. Le Talmud la cite souvent sirent pas. (Josué xvII, 11.)
parce qu'elle a produit plusieurs Juifs sa JEBNAEL, JAMNIA, YEBNAL. — Il y avait
vants, et qu'elle eut, après la destruction de une Jamnia, mentionnée par Josèphe, dans
Jérusalem, une académie et un sanhédrin. Galilée. C'est sans doute cette Jebnael.(Josué
Strabon dit que, de son temps, ce pays xIx, 33.
était si peuplé que Jamnia et les habitations JEBNEEL. — Voy. JABNIA.
voisines pouvaient armer quarante mille hom JEBUS, JÉBUSÉENs.— Cette tribu Kénâané
mes. Pline distingue deux Jamnes, l'une au la haute enne avait pour ville forte la citadelle
bord de la mer, † dans les terres. Jam qui fut plus tard Jérusalem. Les Hébreux ne
nia était entre Diospolis et Azot. purent se rendre maîtres de Jébus, et ce ne fut
JAB0C, IABoc, JEBoc. — Le Jaboc, torrent qu'au temps de David qu'ils s'en emparèrent.
† l'on identifie aujourd'hui avec le torrent Il ne reste rien de la Jébus primitive, si
u Ouadi-Zourka, servait de limite aux Am ce n'est un escalier taillé dans le roc, au cou
monites, du côté du nord, comme le torrent chant du mont Sion, et qui très-probable
de l'Arnon servait de limite au nord aux Moa ment remonte au temps de la cité Jébuséenne.
bites. Il tombe dans le Jourdain, et ses eaux Je suis convaincu † parmi les tombeaux
viennent des montagnes de Djerâsch. de la nécropole de Jérusalem, il y en a beau
JACHANAN, YACHNAAM. — Ville située au coup qu'il faut rapporter à l'éooque Jébu
Carmel, et qui avait un roi au moment où S06 IlI16 .
Josué entra dans la terre de Kénâan. Le Livre JECMAAM, YEKMAAM.-Ville lévitique d'E-
ds Josué (xII, 22) nomme les trente-trois rois phraïm. (I Chron. vI, 68.)
des trente-trois villes † du pays. Ces JECNAM, JECHONAM, YAKNAAM. — Ville lé
rois étaient des scheiks de tribus, tels que le vitique de la tribu de Zabulon. (Josué xxI, 34;
pays les a encore depuis que le génie des xIx, 11.)
Arabes est revenu dominer la contrée et la JECTEHEL. — Nous lisons dans le II° Li
remettre dans la forme politique qu'elle eut vre des Rois (xIv, 8) : Amasias frappa Edon
aux temps des patriarches. dans la vallée des Salines, et il prit d'assaut
JACHIN. — Nom d'une des colonnes du Petra qu'il appela Jectehel, nom qu'elle porte
temple. — Voy. PARALIPoMÈNEs, RoIs (Art iu jusqu'à présent. La Vulgate n'a pas fait du mot
daïque). Petra le nom d'une ville, mais un simple nom
· JADASON. — Fleuve de l'Inde mentionné commun que les traducteurs traduisent par
dans Judith (I, 6). Les Septante, au lieu de forteresse. J'opinerais plutôt pour la pre
#º#
Jadason, mettent mière identification. Après avoir défait l'ar
#, YADJoUR. — Ville de Juda. (Josué, mée iduméenne dans la vallée des Salines, il
XV, ZI. était logique que le roi de Jérusalem achevât
i# HAoUT-YAIR.— Contrée dans la demi sa victoire par la prise de Petra la plus forte
tribu de Manassé. Plusieurs villes portaient ville de l'Idumée.
le nom de Jaïr qui s'en était emparé et leur JECTHEL, YECTAL. — Ville de Juda. (Jo
avait donné son nom, comme Havoth-Jaïr. sué xv, 38.)
(Nomb. xxxII, 41.) JEDALA.—Ville de Zabulon. (Josué xIx, 15.)
JANOE. — Ville d'Ephraïm. (Josué, xvI, 6.) JEGBAA, YADJBAH. - Ville de Gad, qui fut
JAPHETH. —Le Livre de Judith mentionné
une ville ou un pays du nom de Japhet, con fortifiée par les Gadites. (Nomb. xxxIi, 35.)
trée maritime selon la traduction grecque. JEPHLETI, H'YAFLETHi. — Localité sur la
Ce pays est placé par l'historien sacré entre limite d'Ephraïm et de Benjamin. (Josué
xvI, 3.)
la Ciſicie et le pays des Madianites; mais JEPHTA. — Ville de Juda (Josué xv, 43);
c'est une indication trop vague. Quant à y
voir le port de Joppé, l'explication est Josèphe l'appelle "la ro6ov.
absurde : si Holopherne eût été maître de JEPHTAHEL, JEPHTAEL.— Vallée entre Za
Joppé, il ne serait pas allé repasser le Jour bulon et Aser. (Josué xIx, 14, 27.)
JERAMEEL. — Pays du midi de la tribu de
-

dain pour faire le siége de Béthulie.


JAPHIE, YAPHIAA.—Ville de Zabulon.(Josué Juda. Pour tromperle roide Geth, chez lequel
xIx, 12.) - - il recevait l'hospitalité, David lui disait qu'il
JARAMOTH, RAMETH, YARMoUT. — Ville allait faIre du butin du côté de Jéraméel, pen
· 567 JER D1CTIONNAIRE · JER "568

dant qu'en réalité il faisait main basse sur les plutôt que vers le point où sont placés le Bordj:
villages des Amalécites, amis du roi de Geth. er-Riha et le village moderne que l'on prend
JERICHO. — Jéricho est une des villes bi pour Jéricho. Vers cette fontaine, en effet,
bliques les plus célèbres.Nous avons d'abord se voient des ruines qui portent le nom de
à rechercher l'emplacement probable de cet Tahouahin-es-Sakkar ( les moulins à sucre);
te importante cité. Son nom hébraïque s'écrit mais je ne les ai pas visitées, et, par con
TTº et nrºnº (Ierihou et Ierihah). Sous cette séquent, je ne me permettrai pas de discuter
dernière forme, il a la plus grande analogie leur âge probable. - -

avec le nOm moderne Er-Riha. La catas Josèphe parle souvent de Jéricho, qu'il
trophe qui frappa Jéricho est racontée en place à soixante stades du Jourdain. (Ant.
détail dans le chapitre v1 du Livre de Josué. Jud., IV, III, 3.) Il dit qu'entre Jérusalem et
Les Juifs étaient d'impitoyables conquérants, Jéricho il y a une vaste solitude; que Jéricho,
car ( verset 21 ) tout, dans la malheureuse après avoir été le siége de l'un des cinq sy
ville, hommes, femmes, jeunes, vieux, jus nodes, ou conventions juridiques; établis par
qu'aux bœufs, aux agneaux et aux ânes, fut Gabinius (Bell. Jud., I, VII, 5, et Ant. Jud.
passé au fil de l'épée. Une prostituée avec sa XIV, v, 4 ), devint une des onze toparchies
famille trouva seule grâce devant les vain de la Judée ( Bell. Jud., III, III, 5 ), et que
queurs, parce qu'elle avait donné asile à deux cette ville avait un hippodrome (Ibid. I, xxIII,
espions israélites, envoyés en secret pour re 6 ); que Jéricho est située dans une plaine,
connaître la place avant qu'elle ne fût at que domine une montagne nue et stérile qui
taquée (76). Josué fit alors un serment (Josué se relie, au nord, aux champs scythopolitains
VI, 26), disant : Maudit soit l'homme, devant (c'est-à-dire à la campagne de Beysan), et,
l'Eternel, qui se lèvera et rebâtira la ville de au sud, à la Sodomitide et au lac Asphal
Jéricho : que parson fils aîné, il jette les fon tite ( Ibid. IV, vIII, 2); que la plaine de Jé
dements, et que par son jeune #. il en mette richo est si admirablement fertile, et arrosée
les portes. — Cette malédiction n'arrêta pas ar une source si abondante, qu'elle peut,
les reconstructeurs de Jéricho, car nous li # bon droit, recevoir le nom de contrée di
sons (I Rois, VI, 35) : — Dans son temps(du Vine, 0siov xopiov ( Ibid. I, VI, 6 et V, III, 5 ) ;
roi Ahab), Hiel, de Beit-El, bâtit Jéricho enfin, que Jéricho est à cent cinquante stades
ar (la perte d')Abiram, son aîné, il en jeta de Jérusalem, et que tout l'intervalle qui sé
08 # et par (celle de) Sedjib, son pare ces deux villes est désert et rocailleux,
lus jeune fils, il en posa les portes ; se tandis que tout le pays qui sépare Jéricho
on la parole de l'Eternel, qu'il avait proférée du Jourdain et du lac Asphaltite est à peu
par Josué fils de Noun. près plat, mais néanmoins stérile. ( Ibid. IV,
Jéricho fut donc certainement reconstruite ; III, 3. )
aussi en trOuvOns-nous la mention un très Strabon ( lib. xvI ) fait mention de deux
grand nombre de fois dans les écrits sacrés forteresses qui étaient placées dans les dé
et † postérieurement au désastre filés qui conduisent à l'entrée de Jéricho,
qu'elle essuya à la venue des Israélites sur la nommées Threz et Taurus, et que Pompée
rive droite du Jourdain. Au reste, † détruisit. Josèphe parle également de for
dans le Livre de Josué lui-même ( xviII, 21 ), teresses qui auraient été assises autour de la
Jéricho se trouve classée parmi les villes du Ville ; ainsi, il cite une citadelle, nommée
partage de Benjamin, il est bien clair que la A«yé,v, placée au-dessus de Jéricho. (Ant. XIII,
ville ne fut pas rasée et effacée de la surface vIII, 1, et Bell. Jud. I, II, 3;) Le I" Livre
de la terre, comme le chapitre vI semblerait des Machabées (xvI, 15) parle d'une petite
le faire entendre.Je ne citerai qu'un seul pas forteresse dépendante de Jéricho, qui †
#º biblique pour prouver que Jéricho avait lait Aòx ou A©xo;. Or il existe au nord de Jé
été reconstruite à une époque fort reculée ; richo et de l'Ayn-es-Soulthan uneautresource
c'est celui où il est question du miracle par qu'avoisinent des ruines visitées par le doc
lequel le prophète Elisée rendit salubres les teur RObinson. Comme cette SOurce se nOm
eaux de la source de Jéricho. Nous lisons me Ayn-Douk, Robinson a conclu que les
( II Rois, II, 19) : Les gens de la ville dirent ruines auprès desquelles elle se trouve sont
à Elisée : Voici, maintenant le séjour de la celles de la forteresse où Simon Maccabée fut
ville est bon, comme mon seigneur voit, mais traîtreusement assassiné par son gendre PtO
les eaux sont mauvaises et la terre stérile, — lémée. (Cf IMach. xvI, 14, 15, et Bell. Jud. I,
20. Il dit : Apportez-moi un vase neuf et met XI. ) Mais comme pour Josèphe cette for
tez-y du sel, et ils le lui apportèrent. — 21. Il teresse est celle de Dagon, que je pense re
se, rendit à la source de l'eau et y jeta du trouver au Kharbet-Qaqoun, c'est-à-dire bien
sel, et il dit : Ainsi a ditl'Eternel : J'ai rendu loin de l'Ayn-Douk, il se peut qu'il y ait ici
ces eaux saines, il n'en proviendra plus ni confusion.
mort ni stérilité. — 22. Les eaux devinrent Enfin, Josèphe mentionne encore (Ant. XVI,
#ºines, jusqu'à ce jour, selon la parole qu'E- v, 2, et Bell. Jud. II, 18, 6 ) une forteresse,
lisée avait proférée. - Puisque le séjour de construite par Hérode au-dessus de Jéricho,
la, ville était bon, c'est qu'apparemment la et nommée Körpo;, que des séditieux prirent
ville avait été rebâtie avec soin. Ce passage, et rasèrent sous le règne d'Agrippa. Un 8u
de plus, semble prouver que la ville de Jéricho tre passage du même historien (Bell. Jud.
Se trouvait en réalité vers la fontaine d'Elisée, I, xxI, 4) parle de cette citadelle de Cyprus .
(76) Josèphe raconte le sac de Jéricho avec les mêmes détails.(Ant. Jud., V, I. 5-10 }
569 JER DES ANTIQUITES BIBLIQUES. JER 570

'E» leptxoi uita# Körpou roü ppoupiou xzi tö»- été les piscines ou citernes publiques, dont
rpotipo» Éäa )tiº» (AJéricho, entre la forteresse il fut important à toutes les époques d'as
de Cyprus et les premiers édifices royaux.) surer le § état. Chaque maison particulière
Cyprus était donc à l'extérieur de la ville. devait bien, comme aujourd'hui, avoir sa
§ au site de la ville de Jéricho. citerne privée ; mais il est évident que celles
Nous lisons dans Josèphe (Bell. Jud., IV, là ne pouvaient suffire, lorsque Jérusalem
vIII, 3) que, près de Jéricho, est une fontai était la capitale du royaume de Juda. Les
ne très-abondante, qui sert à l'irrigation de besoins du temple et des cavaliers d'une
la campagne ; que cette fontaine sort de terre armée permanente, quelque faible qu'elle fût,
près de la ville vieille (rap& t à» Tra)ztàv àvx nécessitaient l'existence de grands réservoirs
6aºgovaa rö)t») que Josué prit, la première, en d'eau, institués en dehors de ceux qui sub
entrant dans le pays de Canâan. Pour Josè venaient aux besoins de la vie domestique.
phe, cette fontaine est celle d'Elisée ; c'est Fontaine de la Vierge et piscine de Siloë,
donc avec raison que j'ai supposé qu'il fal A cinq cents mètres environ de l'angle
lait chercher le site de la Jéricho primitive sud-est du Haram-ech-chérif, on trouve, sur
vers les Tahouahin-es-Sakkar, c est-à-dire le flanc droit de la vallée de Josaphat, une
dans le voisinage immédiat de la fontaine source abondante qui sort d'un canal sou .
d' Elisée. Au reste, il était fort probable, terrain construit en blocs considérables. D'où
même sans que l'on eût un texte à l'appui part cette source ? Je l'ignore. L'opinion gé
de cette hypothèse, que la ville prise † - nérale est qu'elle vient du plateau du Moriah,
sué avait dû exister auprès d'une fontaine et qu'elle n'est que le cours d'eau qui des
aussi belle que celle d'Elisée, et non pas au servait le grand autel du temple. Comme il
Point où se trouvent aujourd'hui le chétif n'est pas possible aujourd'hui de s'en assu
village et le bordj d'-er-Riha, puisqu'il n'y a rer, mieux vaut se dispenser d'élever hypo
† d'autre eau à boire que celle du Nahr-el thèse sur hypothèse au sujet d'un fait aussi
elt, rivière que les chaleurs de l'été met Obscur. Un autre canal souterrain conduit
tent probablement à sec. ces eaux à la piscine de Siloë (rºun n:-n)
La Jéricho moderne n'est qu'un pauvre vil 77). Celle-ci est une piscine creusée dans.
lage. Le château arabe est une masse carrée e rOC et aSSeZ † son plan est à
sans intérêt pour l'art. peu près un parallélogramme à l'angle nord
Rien de plus malpropre, rien de plus dé ouest duquel débouche le canal que j'ai men
labré que | le Bordi-er-Riha. Cavaliers et tionné tout à l'heure.
chevaux y vivent pêlè-mêle, assez misérable Quelques fragments de colonne se remar
ment. La tour a un premier étage sans toit, quent dans la piscine, au fond de laquelle
duquel on monte, par un escalier, à une sorte conduit un escalier taillé dans le roc. L'un
de † régnant sur les quatre faces de ces tronçons de colonne est encore debout
de la tour, et à laquelle les murs extérieurs dans l'eau. Cette eau, qui est très-douceâtre
servent de parapet. Tout cela est horrible et peu agréable, bien qu'elle serve sans in
ment enfumé, disloqué et croulant. Quelque convénient à l'alimentation des fellah de Si
jour, la forteresse tombera sur le dos de la loam, ne coule pas toujours avec la même
garnison et l'écrasera d'un coup. intensité. Mais je crois que l'on a raconté
Cette garnison se compose d'une dizaine beaucoup de fables sur les prétendues inter
de cavaliers irréguliers dépendant du pacha mittences régulières de la fontaine. Son eau,
de Jérusalem. C'est le dernier poste à l'est quelle que soit sa valeur comme boisson, est
de Jérusalem où les Turcs aient des soldats. conduite habilement par les fellah dans les
JERIMUTH, JERIMOTH. — Saint Jérôme jardins potagers du fond de la vallée, jar
place cette ville à 14 milles d'Eleutheropolis dins que des irrigations bien entendues ren
et près d'Esthaol. Nous ne pouvons identi dent d'une fertilité charmante.
fier cette ville avec l'Yarmouk moderne qui Williams suppose † les colonnes qui se
se trouve en effet à cette distance au nord voient à la piscine de Siloësont les restes d'une
de Beit-Djibrin, l'ancienne Eleutheropolis. église qui la recouvrait. Je suis d'autant plus
Saint Jérôme cite l'Iarmoucha de son temps porté à croire que ce sont les débris d'une
oui est certainement l'Yarmouk actuel. sorte de portique qui la décora dans l'anti
Eusèbe place Jerimoth à 4 milles d'Eleu quité, que le pèlerin de Bordeaux s'exprime
theropolis : sur cela Reland se demande s'il ainsi sur le compte de cette piscine : Item
n'y aurait pas deux Jérimoth, l'une à 4 milles exeunti in Jerusalem, ut ascendas Sion, in
l'autre à 14 milles. Dumoment que nous avons parte sinistra, et deorsum in valle, juxta mu
une identification précise avec l'Yarmouk rum, est piscina quae diciturSiloa : habet qua
moderne, n'est-il pas plus simple de dire que le driporticum ; et alia piscina grandis #
chiffre des milles a été tronqué dans Eusèbe ? (quelle est celle-ci?Je l'ignore): hic fons sex
JERUEL, Yerou-El.—Désert des Iduméens diebus atque noctibus currit ; septima vero
près du mont Seir.(II Chron. xx, 16.) die est Sabbatum, in totum nec nocte nec die
JERUSALEM (FoNTAINEs; — PisCINEs; — currit. Enfin Benjamin de Tudèle parle à ses
MURAILLEs; - PoRTEs de). — De tous les mo †à propos de ces mêmes dé
numents de la Jérusalem antique, il est clair bris, d'un bel édifice élevé du temps de leurs
que ceux dont la conservation a dû éveiller ancêtres. Il ne peut donc être ici question
le plus vivement l'attention des habitants ont d'église.

(77) Néhémie, III, 15, et lsa, vIII, 6. Cc nom signifie : stagnum immissionis,
>

57 1 JER DICTlONNAIRE JER 572

Je déclare, du reste, que l'aspect de


ces colonnes me les avait fait considérer,
† de la muraille moderne qui a tres-pro
ablement remplacé la muraille antique; il est
tout d'abord, comme antérieures à la do donc certain, pour moi, que la scène que je
mination chrétienne en ce pays. viens de rappeler eut lieu en ce point, et que
Schultz pense que la piscine de Siloë est notre citerne antique n'est que l'étang su
l'étang de Salomon, ou du Roi J'ai, à propos périeur (rUpbyn n>-an) du verset 17 du cha
de l'enceinte du Haram, exprimé les doutes pitre xvIII du II° Livre des Rois.
que m'inspire cette identification. Nous lisons dans Isaïe (vII) : — 1. Ce fut au
Gihon, Citerne de la Porte d'Hérode, Portes temps de Akhas, fils de Jotham, fils d'Ozias,
d'Ephraim, de Djennath, des Poissons et roideJuda, que Rezyn, roi d'Aram, monta avec
des Chevaux. Fékah, fils de Remaliahou, roi d'lsraèl, vers
Jérusalem, pour lui faire la guerre, mais il ne
En sortant de la porte de Damas, et en lon put pas l'assiéger. — 2. On annonça à la mai
geant le pied des murailles, on trouve à une son de David, savoir : Aram se tient en Ephra
centaine de mètres, au plus, une immense im; son cœur fut agité, ainsi que le cœur de
citerne antique creusée dans le roc, et que son peuple, comme les arbres de la forêt sont
j'ai toujours vue parfaitement à sec, pendant agités par le vent. — 3. Jéhovah dit à Isaie :
mon séjour à Jérusalem. La tradition popu Sors donc au-devant d'Akhas, toi et Sar-Je
laire veut que cette citerne abandonnée ait soub, ton fils, à l'extrémité du conduit de l'é-
été jadis en communication avec le Haram. tang supérieur, sur la route du champ du Fou
Les mêmes contes parlent de bruitsouterrain lon. — Le point désigné dans ce passage est
d'eaux courantes, que l'on entendrait dans le encore le même. Le roi Akhas, dans son in
silence de la nuit, à côté de la porte de Damas. quiétude, devait aller aux nouvelles, du côté
Je me dispenserai de commenter toutes ces où se trouvait le territoire d'Ephraïm : la
belles histoires qui ressemblent tant soit peu porte de Damas n'est très-certainement que
à celles des mille et une Nuits, et je me la porte d'Ephraïm ainsi que l'a reconnu
bornerai prudemment à parler de ce que j'ai Schultz : il était donc difficile que la place
vu de mes yeux. assignée au prophète par Jéhovah fût mieux
Que cette vaste citerne, aujouB l'hui à choisie que celle qui lui était désignée, puis
moitié encombrée d'immondices, soit d'une qu'il était chargé de rassurer le roi de Juda,
antiquité très-reculée, cela n'est pas sujet à sortant de sa capitale, soit à la tête de trou
question. Mais quelle peut être cette citerne, pes, soit pour aller au-devant des nouvelles
et l'Ecriture en fait-elle mention? Je le crois de i'approche de ses ennemis.
et je vais essayer de le démontrer. Nous lisons Nous voilà donc déjà fixés sur l'identité de
dans le II° Livre des Rois (xvII): — 17. Le l'étang supérieur avec la vieille citerne de la
roi d'Assour envoya de Lakis, Tartan, le porte de Damas. Mais ce n'est pas tout encore,
chef des eunuques et le chef des Sakes, vers et je crois que cette citerne n'est pas autre
le roi Ezékhias, à Jérusalem, avec une puis chose que celle qui, dans l'Ecriture, porte le
sante armée. Ils montèrent et arruvèrent à nom de Gihon. Nous lisons dans le I" Livre
Jérusalem, et, étant montés et venus, ils se des Rois(1):—9.Adoniah(fils de David)fit tuer
placèrent auprès du conduit de l'étang supé des brcbns, des bœufs et des veaux gras, près
rieur, qui était sur la route du champ du de la pierre de Zahlet, qui était auprès d'Ayn
Foulon. — 18. Ils appelèrent le roi : et Elia Radjel; il invita tous ses frères, fils du roi.
kim, fils de Helkhias, qui était intendant du ainsi que tous les hommes de Juda, secrétaires
palais, et Sibna le scribe et Joah, fils d'Asaph du roi. — Adoniah voulait s'emparer de la
le chancelier, sortirent vers eux. — Alors eut couronne. David, instruit de ses manœuvres
lieu un colloque entre les chefs assyriens et et irrité de l'usurpation de son fils, fit venir
les officiers juifs qui étaient évidemment res Seddouk lc Cohène, Nathan le prophète, et
tés sur la muraille. Ce qui le prouve, c'est Benayahou, fils de Johad. — 33. Le roi leur
† les menaces du roi d'Assour furent pro dit : Prenez avec vous les serviteurs de votre
clamées assez haut † qu'elles pussent être maître, et faites monter Salomon, mon fils,
entendues du peuple assemblé sur les rem sur ma mule, et faites-le descendre vers Gihon.
parts. Les Juifs demandèrent alors que la — 34. Là, Seddouk le Cohène et Nathan le
conférence n'eût pas lieu en hébreu, afin prophète l'oindront pour roi sur Israël. Vous
que les assistants ne comprissent pas ce qui sonnerez de la trompette et vous direz : Vive
se dirait, et le chef des Sakes n'en cria que le roi Salomon ! — Les ordres de David furent
plus fort, afin que pas une de ses paroles exécutés. (Verset 38.) — 39. Seddouk le Co
ne fût perdue (78). hène prit une corne d'huile de la tente et oignit
Nous avons reconnu, à la porte de Damas, Salomon; on sonna de la trompette et tout le
des traces non équivoques de l'enceinte pri peuple cria : Vive Salomon !
mitive. Le champ du Foulon devait être très Adoniah et ses convives entendirent les fan
p† là où était le monument du fares et les cris de joie, au moment où leur
oulon, que Josèphe place incontestablement festin se terminait. Joab, étonné, s'écria :
à l'angle nord-est de l'enceinte d'Hérode D'où viennent ces bruits, et que se passe-t-il
Agrippa. La route du champ du Foulon était dans la cité? Il parlait encore, lorsque Jo
donc très-certainement celle qui, de la porte nathan, fils d'Abiathar le Cohène, arriva en
de Damas, passe entre notre citerne et lagrotte courant. Adoniah lui cria : Viens ici, brave ;
de Jérémie. Cette citerne est exactement au nous apportes-tu une bonne nouvelle? Jo
(78) Le même ſait est rapporté, à peu près dans les mêmcs termes, dans lsaie, xxxvI, I, 2 et suiv.
575 JER DES ANTIQUITES BlBLlQUES. JER 374

nathan se hâta de raeonter l'événement qui éleva, élevant considérablement, et il mit des
venait de s'accomplir, et, la terreur succédant officiers de l'armée dans toutes les villes fortes
aux joies de la fête, tous les convives se dis eJuda. — Je me suis servi déjà de ce verset
ersèrent ; Adoniah lui-même s'enfuit entoute si explicite, pour démontrer que le ternie
§ dans le temple, et, empoignant les cornes cité de David ne spécifie pas toujours la for
de l'autel, se mit dans cet asile sacré pour teresse du mont Sion. Le mur construit à l'oc
tous, à l'abri de la mort qu'il avait méritée. cident de Gihon est très-probablement celui
Rien de plus dramatique que le récit biblique dont il subsiste des traces à la base même de
de cet événement, récit † je me suis borné la porte de Damas. Une porte des Poissons
à analyser. Le verset 45 du même chapitre ne peut être qu'une porte par laquelle ar
est ainsi conçu, il fait partie du récit de Jo - rivaient, à Jérusalem, les poissons qui étaient
nathan : Seddouk le Cohène et Nathan le pro vendus sur ses marchés. Ces poissons venaient
phète l'ont oint (Salomon), près de Gihon : ils probablement d'un endroit où il y avait des
sont remontés de là tout joyeux, et la cité s'est † à pêcher, c'est-à-dire de la côte de la
émue : voilà la cause du bruit que vous avez Méditerranée. Cette porte des Poissons devait
entendu. donc être au point même de jonction de la
Josèphe raconte de même ce curieux évé muraille de Manassé, et de l'enceinte cons
nement (Ant. Jud., VII, xIv, 4); seulement truite par David et par Salomon, et que Jo
son récit nous fournit un précieux renseigne sèphe décrit sous le nom de première muraille.
Inent † Il nous apprend que le Le verset que je viens de commenter ne
festin préparé par l'ordre d'Adoniah fut servi parle de muraille, construite par Manassé,
hors de la ville, auprès de la fontaine qui est † l'occident de Gihon. Il ne construisit
dans le jardin du Roi; que David, instruit de onc rien à l'orient de cette piscine, et un
l'attentat de son fils Adoniah, donna sur-le passage deJosèphe, que j'ai déjà utilisé, rend,
champ l'ordre au Cohène Seddouk et à Bena † compte de cela. (De Bell. Jud.
hiah, capitaine des gardes, de prendre avec , vII, 2.) Lorsque Titus eut forcé la muraille
eux le prophète Nathan, et tout ce qu'il y avait d'Hérode Agrippa, il se trouva en face de la
de troupes autour du palais, de faire monter deuxième enceinte, défendue par Simonet part
sur la mule royale son fils Salomon, de le Jean. Celui-ci et sa troupe combattaient du.
conduire hors de la ville, à la fontaine qui haut de la tour Antonia et du portique sep
s'appelle Gihon(Tnòv), et de le proclamer roi, tentrional du temple, et devant le tombeau
après l'avoir oint de l'huile consacrée. d'Alexandre. Puisque la première enceinte
Voyons quelles sont les conséquences de ce une fois forcée, les assaillants se trouvaient
curieux passage : 1° la fontaine placée dans au pied de la tour Antonia et du portique
le jardin Royal paraît être le Bir-Eyoub; or septentrional du temple, c'est que ces deux.
cette même fontaine du festin, l'Ecrituresainte ortions de murailles défendues faisaient réel
l'appelle Ayn-Radjel : il y aurait donc iden ement partie de la deuxième enceinte de Jé
tité entre le Bir-Eyoub actuel et l'Ayn-Radjel rusalem : ceci est incontestable. Donc, d'un
des Ecritures. 2° La fontaine de Gihon était † voisin, et placé à l'est de la porte de
hors de la ville. Puisque Adoniah avait réuni amas, le mur descendait obliquement ve:s
ses partisans au sud de la ville, il est évident l'angle nord-ouest de l'enceinte du temple ;
que le roi David, pour éviter un conflit, dut c'est là une conclusion que je défie de con
envoyer accomplir la cérémonie du sacre de tester. Au reste, que dit Josèphe de cette
Salomon du côté précisément opposé. Donc deuxième enceinte? Justement ce que je viens
la fontaine de Gihon était vers le nord et au d'en dire. La seconde muraille commençait
delà de l'enceinte de la ville : nouvelle preuve à la porte dite des Jardins (ºv Tsvvä6 èz a)ov»),
en faveur de l'identité de la piscine de Gihon qui était percée dans la première muraille,
avec l'antique citerne de la porte de Damas. et entourant seulement la partie septentrio
Nous lisons dans le II"Livre des Chroniques nale † la ville probablement), s'étendait jus
# : — Vers. 30. Et lui, Ezékhias, boucha qu'à la tour Antonia. Il serait difficile, on en
a source supérieure des eaux de Gihon, conviendra, de dire plus nettement ce que je
et les dirigea en bas, vers l'occident de la dis moi-même. Je me permettrai, de plus,
ville de David. — Non-seulement ce verset d'avancer sans hésitation, que la porte des
ne contredit en rien l'identification de Gihon Poissons et la porte des Jardins étaient une
et de la citerne antique de la porte de Damas, Seule et même porte.
mais il a, de plus, l'avantage de donner une Le tracé de la deuxième muraille, donné
sorte de fondement raisonnable aux contes par Schultz, est donc tout à fait inadmissible,
† qui veulent qu'on entende, dans et toute la portion qui, de la porte ez-Zahary
e voisinage de cette citerne, un bruit d'eaux jusqu'à la porte Saint-Etienne, a été consi
souterraines. Sans doute, le motif d'Ezékhias, dérée par ſui comme faisant partie de l'en
en entreprenant cet énorme travail, fut de ceinte primitive des rois de Juda, doit en être
faire entrer à l'intérieur des murs de sa ca absolument retranchée. Williams a bien senti
pitale une source dont, en cas de siége, il eût que ce tracé de Schultz n'était pas d'accord
été déplorable de perdre l'eau. avec les textes, et il a eu certainement raison
Un peu plus loin, nous lisons encore (xxxIII): de prolonger l'enceinte antique jusqu'à la
- 14. Après cela, il (Manassès) bátit un mur orte condamnée, nommée Bab-ez-Zahary,
extérieur à la ville de David, vers l'occident 'avouerai cependant que je n'ai remarqué
de Gihon, dans la vallée, jusqu'à la porte des aucun débris apparent de l'enceinte priucitive.
Poissons, le continuant jusqu'à Ophel, qu'il sur toute cette portion du mur actuel.
575 JER DICT10NNAIRE JER 576

Schultz fait la porte des Poissons, de la aujourd'hui le tracé et les dénominations que
porte actuelle de Setty-Maryam ou de Saint je viens de déterminer comme les seuls ad
tienne; je crois avoir démontré que la porte missibles, sans qu'il s'élève de difficultés sé
jennath et la porte des Poissons ne sont pas rieuses contre ces déterminations.
différentes l'une de l'autre. Quant au Bab-ez On lit dans Jérémie (xxx1) :— 38. Il viendra
Zahary actuel, je ne doute pas que ce ne soit un temps, dit Jéhovah, où sera rebâtie cette
la porte angulaire de l'Ecriture sainte : c'est ville, depuis la tour de Hananéel, jusqu'à la
ce que j'espère démontrer en étudiant les porte de l'angle. — 39. Le cordeau sera tiré
textes qui en parlent. Nous lisons dans le encore plus loin, sur la colline de Djérab (c'é-
II° Livre des Rois (xIv) : — 13. Joas, roi d'Is tait l'un des grands de la cour de David), et se
raël, ayant pris Amasias, roi de Juda, fils de dirigera vers Djâat. — 40. Et toute la vallée
Joas, fils d'Okhozias, à Beit-Chems, vint à des Cadavres et des Cendres, et tous les champs
Jérusalem, et fit une brèche de quatre cents vers la vallée de Kedron, jusqu'à l'angle de la
coudées à la muraille de Jérusalem, depuis la porte des Chevaux, à l'orient, sera consacré
porte d'Ephraim jusqu'à la porte angulaire. à Jéhovah, rien n'en sera plus ni renversé, ni
— Le même fait est raconté dans le II° Livre détruit.
des Chroniques (xxv, 23), de la manière sui Il serait très-curieux de savoir où était la
vante : — Quant à Amasias, roi de Juda, fils tour de Hananéel; nous pouvons déjà présu
de Joas, fils de Joakhas (79),Joas, roi d'Israël, mer, d'après le texte de Jérémie, qu'elle était
le prit à Beit-Chems, et l'amena à Jérusalem ; à l'opposé de la porte angulaire. Cela se vé
et il fit abattre les murailles de Jérusalem, d(- rifie ailleurs, du reste. Ell'ectivement, nous
puis la porte d'Ephraim jusqu'à la porte de lisons dans Néhémie (xII) que, lors de la con
l'angle, quatre cents coudées. sécration des murailles, des deux chœurs,
Nous avons reconnu que la porte d'Ephra marchant en sens inverse, l'un passa, —38. Et
ïm n'est et ne peut être que la Bab-ech-Cham, sur la porte d'Ephraim (porte de Damas), et
porte de Damas; or la partie de la muraille la vieille porte et la porte des Poissons (porte
abattue † l'ordre de Joas, roi d'Israël, était Djennath), et la tour de Hananéel et la tour
fort probablement celle qui fermait la ville, des Cent (nNc7), et jusqu'à la porte des Brebis,
du côté par lequel une armée envahissante et ils s'urrétèrent à la porte de la Maison d'ar
pouvait venir de Samarie. Cette muraille, de rêt. — De là il résulte que la tour de Hana
quatre cents coudées, était donc au nord de la néel était plus au sud que la porte des Pois
ville, et ce devait être le front septentrional sons. Schultz place la tour Hananéel à l'angle
ui, de la porte de Damas, s'étendait jusqu'au nord-est de l'enceinte du temple, et la tour
ab-ez-Zahary. Comme il y a, entre ces deux des Cent (Mea) un peu plus au sud : cela me
portes, une distance de trois cent soixante araît tout à fait impossible. Je ne serais nul
mètres, à très-peu près, cette distance re ement étonné que la tour Hananéel ne fût
présente suffisamment bien les mille pieds identique avec la tour Hippicus, ou la tour
romains, équivalant au nombre rond de quatre de David. Ce serait une curieuse question de
cents coudées de brèche, indiqué par l'Ecri topographie hiérosolymitaine à étudier.
ture sainte. La Bab-ez-Zahary tient donc bien e prophète Zacharie (xIv, 10) cite bien la
réellement la place de la porte angulaire. tour de Hananéel, mais de façon à ne pas
Cette brèche fut réparée peu après par Ozias, permettre d'en rien conclure, pour la déter
car nous lisons (II Chron. xvi) : —9. Ozias mination de cette tOur.
bâtit des tours à Jérusalem sur la porte de Revenons à la prophétie de Jérémie, rap
l'angle, sur la porte de la Vallée, sur l'en portée un peu plus haut. Le verset 39 désigne
coignure, et les fortifia. — Il est évident, de la manière la plus claire un agrandisse
d'après ce verset, qu'Ozias, successeur d'A- ment futur de la cité sainte : « Le cordeau sera
masias, s'empressa de remettre sa capitale tiré encore plus loin, dit-il, jusqu'à la colline
en état de défense, et ferma, le mieux qu'il de Djérab, et se dirigera vers Djâat. » N'y a-t-il
put, la brèche énorme que le roi d'Israël pas dans ce verset la prévision de l'adjonction
avait ouverte dans son enceinte militaire. Le faite à la ville de Jérusalem, de tout le terrain
nom d'encoignure me paraît donné ici à toute montant qui se trouve actuellement au nord
la branche de muraille qui liait la porte an de la ville, et qui fut englobé dans l'enceinte
gulaire à l'angle nord-ouest du temple. Il d'Hérode † Cela me paraît évident.
semble en résulter que la porte de la Vallée, Dès lors, la colline de Djérab (que ce nom soit
au lieu d'être au point où est actuellement celui de l'un des capitaines de David, ou qu'il
la porte Saint-Etienne, était réellement au indique seulement la colline des Lépreux, de
fond du rentrant formé par le portique sep >-:, scabies, gale), doit être l'un, et probable
tentrional du temple et par là branche de ment le plus occidental, des trois sommets
muraille reconstruite par Ozias. De la sorte, des collines qui sont voisines des Qbour-el
la tour Antonia aurait pris plus tard la place Molouk, et enfermées dans la muraille d'A-
de la tour bâtie par Ozias sur la porte de la † Quant à Djâat, qui semble, par suite,
evoir se trouver vers l'extrémité orientale de
Vallée (80). Tout bien considéré, je regarde
(79) De ces deux passages combinés il résulte monéens, la forteresse nommée Baris , qu'Hérode
qu'Okhosias, roi de Juda, s'est appelé également augmenta, en lui donnant le nom d'Antonia, en l'hon
Joakhas. neur de son ami Antoine. Je soupçonne fort que dans
(80) Sur l'emplacement ac cette tour d'Ozias, fut le mot Baris il faut rechercher le mot arabe Bordj
probablement établic plus tard, par les princes As (tour, forteresse).
377 JER DES ANTIQUITES BIBLIQUES. JER 578
la nouvelle enceinte, c'est un lieu tout à fait qu'entouraient les chefs de l'Etat et le peu
inconnu aujourd'hui nya vient sans doute de ple en délire; elle entendit les trompettes
nyi, mugfr, et † l'endroit que désigne sonner de joyeuses fanfares, et tout lui fut
ce nom était-il un lieu où l'on faisait paître expliqué; elle déchira ses vêtements et s'é-
des troupeaux de bœufs. Mais abandonnons cria : Conjuration ! conjuration ! en se préci
bien vite le terrain dangereux des hypo pitant vers les soldats, parmi lesquels elle
thèses.
Le dernier verset de Jérémie me semble
espérait trouver †º appui. Faites-la
sortir des rangs, cria le grand prêtre aux
clair; la vallée des Cadavres et des Cendres, chefs des troupes, et que quiconque la suivra,
c'est évidemment la vallée de [Hinnom, avec périsse par le glaive ! La mort d'Athalie était
sa nécropole, et avec le souvenir du Tophet, décidée, mais Joad avait exigé qu'elle ne fût
Où tant de victimes avaient été brûlées en pas tuée dans l'enceinte du temple. A l'ordre
l'honneur de Molokh. Les expressions « Tous du grand prêtre, les soldats s'écartèrent, et
les champs vers la vallée du Kedron, jusqu'à Athalie épouvantée s'enfuit, espérant rega
l'angle de la porte des Chevaux, à l'orient, » † le palais. Sortir par le pont, était évi
désignent le terrain.aujourd'hui si bien culti emment impossible; il n'y avait donc de re
vé, qui, à partir du Bir-Eyoub, remonte au traite ouvertè que par la porte que la foule
nord, jusqu'à la partie méridionale de l'en n'encombrait pas, c'est-à-dire par la porte du
ceinte du temple. De ce verset il résulte que sud ; Athalie§ franchit ; elle revint dans la
la porte des Chevaux était dans un angle, à maison du roi par le chemin de l'entrée des
l'orient. Je suis bien tenté de croire que cette Chevaux, et fut tuée là (verset 16).—20. Tout
orte était au point où se trouve aujourd'hui le peuple du pays se réjouit, et la ville ſut en
e Bab-el-Morharbeh. Cette porte est bien, en repos ; mais ils avaient fait mourir Athalie
effet, dans une encoignure de l'enceinte pri par le glaive, dans la maison du roi.
mitive, elle est à l'orient, et les terrains culti Le meurtre de l'usurpatrice ne pouvait pas
vés, fertilisés par les eaux abondantes de la s'accomplir dans la maison de l'Eternel ; et
fontaine de Siloë, montent jusqu'au pied mê comme elle était abandonnée de tous, ceux
ne de cette porte. La porte des Chevaux était |! avaient juré sa mort n'avaient nul besoin
donc située très-près de l'enceinte du temple, e se presser, assurés qu'ils étaient de la re
et elle conduisait au palais; c'est ce que nous trouver au palais, et de lui faire expier là ses
allons vérifier, crimes odieux. Le récit de cet événement,
Nous trouvons dans le II* Livre des Rois donné dans le II° Livre des Chroniques (xxxIII),
(xI) le récit tragique de la mort d'Athalie; et est à très-peu près identique avec celui du
ce récit devant jeter quelque lumière sur la Livre des rois. -

position de la porte des Chevaux, je vais l'a- Josèphe (Ant. Jud., IX, vII, 3) raconte la
nalyser. Dans la septième année du règne mort d'Athalie (qu'il nomme Gotholie) d'une
d'Athalie, le grand prêtre Joad résolut d'en manière extrêmement vraisemblable, et beau
finir avec l'usurpatrice, et de remettre violem coup plus détaillée. Voici son récit : « Gotho
ment la couronne sur la tête de Joas, fils lie éntendant les acclamations et les ap lau
d'Okhozias, que Josabeth, fille de Joram et dissements qui partaient du temple, s'élança
sœur d'Okhozias, avait sauvé du massacre des hors du palais, suivie de ses gardes.Dès qu'elle
enfants royaux, et tenu caché pendant six fut arrivée à la porte du temple, les prêtres
années, dans l'enceinte du temple. Les chefs l'introduisirent, mais ses satellites furent re
militaires depuis longtemps gagnés à la cause poussés par des hommes armés que le grand
de l'enfant-roi, reçurent de Joad l'ordre de prêtre avait chargés de garder l'enceinte sa
se tenir prêts, de se rendre au temple, où ils crée. Gotholie apercevant un enfant ceint de
seraient armés, d'entourer le roi, et de tuer la couronne royale, debout sur une tribune,
sans merci quiconque essayerait de pénétrer déchira ses vêtements, et jetant un grand cri,
dans leurs rangs. Le temple fut ainsi rempli elle ordonna de tuer celui qui lui avait tendu
de conjurés, dont la troupe s'étendit sur ses un piége, et qui avait voulu lui arracher , la
flancs à droite et à gauche (verset # Joad fit royauté. Joad ('Ióôzo;) interpellant alors les
alors amener le fils d'Okhosias; il lui mit la centurions, leur commanda d'entraîner Go
couronne royale sur la tête, lui donna l'onction tholie dans la vallée du Kedron, et de l'y
sainte, et tous les assistants frappant des mettre à mort, pour ne pas souiller le temple
mains, crièrent d'une seule voix, Vive le roi ! ar le meurtre de cette femme criminelle. Il
Le palais n'était pas assez éloigné, pour qu'A- † donna, en outre, l'ordre de tuer quicon
thalie ne fût pas émue du bruit des acclama que tenterait de venir à son secours, Ceux-ci,
tions inusitées qui s'élevaient de l'enceinte saisissant Gotholie, la conduisirent à la porte
du temple. Elle s'y rendit en hâte, et trouva des Chevaux du roi, et l'y tuèrent. » Il sem
que le peuple y accourait en foule. L'affluence blerait résulter de ce texte, que la porte des
l'empêcha-t-elle de passer par le pont du Chevaux du roi était une porte de l'enceinte
Xystus, afin de pénétrer dans l'enclos sacré? du temple; mais je n'en crois rien. L'Ecriture
L'Ecriture ne le dit pas. Probablement elle ne sainte dit positivement qu'Athalie fut tuée
put y arriver que par la porte du sud (celle dans le palais, et contre cette assertion il n'y
qu'a remplacée la belle porte hérodienne, rui a pas d'objection admissible. Que le corps
née, qui se voit au-dessous d'El-Aksa), parce d'Athalie ait ensuite été jeté dans le lit du Ke
qu'évidemment de ce côté il ne devait v avoir dron, c'est très-possible, mais voilà tout ce
aucun encombrement. A son entrée dans le que nous pouvons déduire de l'assertion de
temple , Athalie vit Joas sur une tribunc Josèphe.
57) JER D]CTI0NNAIRE JER 580

Dans Néhémie (III) nous trouvons le verset Djeldjal (Guilgal) qui est en ſºce de la hauteur
suivant : — 28. Au-dessus de la porte des d'Adoumim, qui est au sud du torrent; la li
Chevaux, les Cohenim travaillèrent , chacun mite passe vers les eaux d'Ayn-Chems, et
vis-à-vis de sa maison. — Ce verset ne nous aboutit à Ayn-Radjel.—-8. Et la limite s'élève
apprend rien, quant à la position de la porte vers la vallée de Ben-Hinnom, au côté méri
des Chevaux, si ce n'est qu'elle était attenante dional de Jeboussi, c'est Jérusalem; la limite
aux logements des Cohenim ou prêtres, et s'élève vers le sommet de la montagne qui est
par conséquent bien voisine du temple. En derant la vallée de Hinnom, à l'occident, et
résumé, je propose d'identifier encore le Bab qui est à l'extrémité de la vallée des Rephaim,
el-Morharbeh avec la porte qui, dans l'Ecri au nord -

ture, est nommée porte des Chevaux. Si l'on s'en tient à la lettre de ce passage,
Résumons : la vieille citerne qui se voit à il semble plus naturel de chercher l'Ayn
droite de la porte de Damas n'est que celle Radjel à la petite source placée un peu en
où se réunissaient les eaux de la fontaine de avant de l'Ouad-en-Nâr. En effet, il semble
Gihon, qui fut détournée par Ezékhias. Ce fut que, puisque la limite,s'arrêtant à l'Ayn-Rad
à ce moment que la citerne fut condamnée. jel, s'élève ensuite vers la vallée de Hinnom,
C'est au bord de cette citerne que Salomon a c'est qu'après avoir suivi la limite toute natu
été sacré, et que les généraux assyriens de relle de l'Ouad-en-Nâr (le torrent du passage
Senakhérib vinrent sommer Jérusalem de se précédent), elle remonte la petite vallée où
rendre. est la fontaine, pour se diriger ensuite par la
Je n'ajouterai plus qu'un mot, c'est que vallée de Hinnom, et franchir enfin la hau
Medjr-ed-Dyn parle ainsi de cette citerne : A teur qui clôt au nord la vallée des Rephaïm,
l'opposé et au sud de Zahara (cimetière mu et à † la vallée de Hinnom. Notons en
sulman, placé au-dessus de la grotte de Jéré passant qu'il résulte forcément de la teneur du
mie), et au-dessous de la muraille septentrio † que je viens de transcrire, que Je
nale de la ville, est une grande excavation oussi ou Jérusalem était en dehors du terri
oblongue, nommée la grotte du Lin, que toire de Juda, et par conséquent dans le ter
quelques-uns disent s'étendre jusqu'au-des ritoire de Benjamin.
§ de la Sakhrah (roche de la mosquée d'O- Le même Livre de Josué, décrivant la limite
IIl8I'). méridionale de la tribu de Benjamin, s'expri
Ayn-Radjel. — Bir-Eyoub. — Puits de Né me ainsi (xvIII) : — 16. La limite descendant
hémie. vers l'extrémité de la montagne qui est devant
Nous avons fait plus haut le récit de la la vallée de Ben-Hinnom, et qui est dans la
tentative d'usurpation commise par Adoniah, plaine des Rephaim, au nord, descendait à la
fils de David, au détriment de son frère Sa vallée de Ben-Hinnom, à côté de Jeboussi, au
lomon; de ce récit semble découler la con sud, et de là vers l'Ayn-Radjel,— 17.S'éten
clusion que l'Ayn-Radjel des Ecritures n'est dant à partir du nord (reyp - Nnn, c'est-à-
autre chose que le Bir-Eyoub actuel. Il existe dire allant au sud), elle 'aboutissait à Ayn
cependant, à trois ou quatre cents mètres au Chems, etc., etc. Cette description de la li
sud du Bir-Eyoub, au fond d'une petite vallée mite du sud de Benjamin n'est autre chose
verdoyante, qui est le prolongement de la que la description, en sens inverse, de la li
vallée du Kedron et qui tourne brusquement mite nord du territoire de Juda; on y voit
à l'est, en prenant le nom d'Ouad-en-Nâr, † cette limite, après avoir longé la vallée
une charmante petite source d'eau vive qui e Hinnom, atteint l'Ayn-Radjel (Tn) et mar
fait bouillonner le sable, en vingt points # - che ensuite, du nord au sud, pour aller passer
nis dans un très-petit espace. Serait-ce par à l'Ayn-Chems. Ce second texte, commenté
hasard cette source qui s'appelait Ayn-Radjel? ar le tracé du terrain, semble donc tout à
Je l'ai cru souvent et je n'oserais encore le ait en faveur de l'identification du Bir-Eyoub
nier, mais alors le jardin du Roi se serait pro avec l'Ayn-Radjel.
longé un peu loin; puisque nous savons par Il n'y a plus qu'un seul passage de l'Ecri
la comparaison des textes de l'Ecriture sainte ture où il soit question de l'Ayn-Radjel; mal
et de Josèphe, que l'Ayn-Radjel se trouvait heureusement celui-là ne nous fournit aucun
dans le jardin du Roi. indice précis sur la position de cette source.
Schultz a identifié déjà le Bir-Eyoub avec Ce passage se trouve dans le II" Livre de Sa
l'Ayn-Radjel, et de là a découlé pour lui, muel, où nous lisons (xvII) : — 17. Jonathan
comme corollaire, la nécessité d'identifier les et Akhimâas se tenaient à Ayn-Radjel. , Une
roches abruptes qui dominent, à l'ouest, la servante alla et leur annonça (le dessein d'Ab
petite vallée où se trouve la source dont † salom),et ils allèrent en prévenir le roi David,
parlé tout à l'heure, avec la pierre de Zahlet. car ils ne pouvaient se montrer pour venir à
(I Rois, 1, 9.) Je ne puis qu'adopter, quoique la ville. — Ces deux hommes eussent été assez
en hésitant un peu, cette double identification mal cachés au Bir-Eyoub ; l'eussent-ils été
qui semble satisfaisante. mieux à la petite source placée un peu plus
. L'Ayn-Radjel (En-Rogel)joue un rôle assez loin ? Je ne sais, mais il me semble que oui.
important dans l'Ecriture sainte, pour que je On le voit, je reste dans le doute sur cette
doive rappeler ici les divers passages dans question topographique, que je ne vois pas la
lesquels il en est question. Nous lisons dans possibilité de résoudre d'une façon entière
Josué (xv) : - 7. La limite (du territoire de ment satisfaisante.
Juda) s'élève de la vallée d'Akour (Achor) à Le sens du nom d'Ayn-Radjel a préoccupé
· Dabor (Débir), et au nord elle se tourne rérs les commentateurs. Kim'hi dérive le noun
581 JER DES ANTiQUITES BIBLIQUES. JER 532

Radjel de xn (pied), et il dit que c'était à cette est une cave dont la porte a trois coudées de
fontaine qu'on foulait les étoffes. Si Kim'hi hauteur, et une et demie de largeur; un
a raison, la question est jugée : il n'y a pas . vent très-froid sort de cette cave. J'y entrai
assez d'eau ailleurs qu'au Bir-Eyoub, pour avec une petite bougie, et je trouvai une
que des fouleurs d'étoffes aient pu jamais y grotte toute en pierres. J'avançai, mais le vent
travailler. D'un autre côté, comment des fou qui en sortait, éteignit ma bougie. » Ce réeit,
lons eussent-ils été autorisés à exercer leur probablement exact, est extrêmement curieux.
industrie dans le jardin du Roi ? Nouvel em l est à présumer que le Bir Eyoub, la piscine
barras qui vient encore compliquer le pro de Siloë, la fontaine de la Vierge et la source
blème ;j'aime donc mieux avouer humblement de Gihon détournée par Ezékhias, sont reliées
Inon insuffisance, que proposer une solution entre elles par d'immenses canaux souter
douteuse. rains. Mais c'est là une question condamnée
A la fin de la saison des pluies, lorsque le vraisemblablement à ººster toujours sans so
Bir-Eyoub est bien rempli d'eau, il devient, lution. Williams, notons ceci en passant, a
ainsi que le § un but de pro constaté l'identité de l'eau de ces trois fon
menade très-suivie. I.es femmes de Jérusalem taines.
s'y rendent en foule dans l'après-midi, et les Je me permettrai de faire remarquer que, si
hommes y viennent de leur côté, boire le café le récit d'Ibn-Omar est véridique, ce que je
et funer des narghilehs que leur servent en suis tout disposé à croire, le Bir-Eyoub ne
plein air des § a§ul§. il semble saurait être l'Ayn-Radjel. Bir et Ayn sont deux
que tout ce monde, en habits de fête, se ré choses parfaitement différentes, et le nom
jouisse de ce qu'il ne risquera pas de mourir d'Ayn ne peut être régulièrement appliqué
de soif, pendant la saison chaude qui va com u'à la § source voisine de la tête de
IIleIlCeI'. l'Ouad-en-Nâr.
Le Bir-Fyoub est aussi nommé Puits de Le récit de Medjr-ed-Dyn est exact en ce
Néhémie, ou puits du Feu, mais il est certain qui concerne l'affluence extraordinaire de
que ces dénominations sont de fraîche date. l'eau au Bir-Eyoub pendant l'hiver. J'ai moi
Eiles ont été données au Bir-Eyoub, parce même été témoin du fait, et la vallée était en
que la tradition a prétendu que c'était dans ce moment arrosée par un joli ruisseau qui
ce puits que Néhémie avait retrouvé le feu sortait du † ou du moins de bien
sacré, caché par les prêtres , avant la près, C'est ce phénomène naturel que chaque
captivité. (II Mach., 1, 18-36.) D'où lui jour la foule allait admirer, comme je l'ai fait
est venu son nom de Bir-Eyoub? On n'en moi-même. Schultz aſſirme que ce n'est pas
sait rien. Il serait difficile de trouver quel du puits, mais bien du terrain même, que
que relation entre Job et cette piscine. l'eau s'écoule pendant ces jours d'abondance
Williams, s'appuyant sur l'autorité d'un itiné passagère. Je n'ai pas pu vérifier le fait
raire juif du xv° siècle, propose de rectifier Birket-es-Soulthan, aqueduc d'El-Bourak à
ce nom, en celui de Puits de Joab. Le Joab Jérusalem.
en question serait alors le fils de Serouïah, Au pied des escarpements ouest du mont
personnage important qui joua un grand rôle Sion, est taillée dans le roc la plus · immense
dans l'histoire d'Adoniah, dont il était le plus et la plus importante de toutes les piscines de
chaud partisan. On se rappelle que le festin Jérusalem , ` aujourd'hui malheureusement
d'Adoniah eut lieu auprès de l'Ayn-Radjel; de abandonnée, et complétement à sec, même
la présence de Joab à ce festin, est peut-être dans la saison des pluies. C'est le Birket-es
venu le nom du puits. Soulthan, vers l'extrémité nord duquel passe
Le Bir-Eyoub consiste en un puits profond un petit aqueduc de neuf arches ; c'était
taillé dans le roc, et recouvert d'une cons l'aqueduc qui amenait au Haram les eaux
truction en fort mauvais état. A droite se des vasques de Salomon, situées près du
trouve un bassin carré où l'eau, restant sta Qalaat-el-Bourak. Cet aqueduc longe le
gnante, est constamment couverte d'une cou chemin de Beit-Lehm, près du tombeau de
che épaisse de lemna (lentille d'eau). Les seuls Rachel, et les Arabes chrétiens le nomment
renseignements que nous avons sur la struc Qanât-el-Koufar (aqueduc des infidèles). J'ai
ture de ce puits, nous sont fournis par l'écri assez étudié la nature de cet aqueduc souter
vain musulman Medjr-ed-Dyn (mort en 1521), rain, pour être assuré qu'il ne saurait être de -
d'après les écrits d'un certain Ibn-Omar-Ibn construction romaine ; et je ne doute pas un
Mohammed-el Qasim. J'en transcrirai seule seul instant que toute la partie qui se voit sur
lIlent † assages : « Ce puits est en la route de Beit-Lhem, ne soit en réalité
tièrement formé de grosses pierres, dont l'œuvre des rois de Juda. Je dois dire néan
chacune a cinq coudées (drâa) de longueur moins que le savant Williams a donné d'assez
et deux de hauteur, plus ou moins. Je fus bonnes raisons (t. II, p. 497 et suiv.), pour
étonné de la taille de ces pierres et de la dif justifier l'attribution qu'il fait de cet aqueduc
ticulté qu'il y avait eu à les mettre en place. au procurateur Ponce Pilate, contre l'ad
L'eau est fraîche, et se trouve ordinairement ministration duquel un des griefs des Juifs fut
à une profondeur de quatre-vingts coudées; † avait ruiné le trésor, afin de construire
mais en hiver elle monte, sort du puits, inon es aqueducs qui amenaient l'eau à Jérusa
de la vallée et fait tourner un moulin. J'y suis lem, † distance de quatre cents stades.
descendu, avec les ouvriers chargés de le
ré Je croirai difficilement que le Qanât-el-Koufar
Darer. Je vis l'entrée de l'eau qui sort d'une puisse jamais être considéré comme de cons
grosse pierre de deux coudées † largeur , là truction romaine, et je suppose que Pilate
| 585 JER DlCT10NNAlRE JER 384

n'a fait que remettre l'aqueduc en bon état. Pourquoi les rois d'Assour viendraient-ils et
Une inscription arabe recueillie par Schultz, trouveraient-ils beaucoup d'eau ?— 5. Il prit
sur la portion de l'aqueduc qui traverse le courage et rebâtit le mur ruiné : il monta sur
Birket-es-Soulthan, nous apprend qu'il fut les tours et hors de l'autre mur, et fortifia
encore réparé par le soulthan mamlouk Bah Meloua, cité de David, et il fit beaucoup de
rite El-Malek-en-Naser-Mohammed, fils d'El projectiles et de boucliers. — 6. Il plaça dès
Malek el-Mansour-Kelaôun (693 à 741 de l'hé chefs militaires sur le peuple, et les réunit
gyre, 1294 1340 de J.-C.). Comme Arculfe, cité † de la ville, etc. Un peu plus loin, nous
par le R. Robinson, nous dit que vers 697 il isons encore :— 30. Et lui (Ezékhias) boucha
y avait, au même point, un pont de pierre la source supérieure des eaux de Gihon et
avec arches, qui traversait la vallée, je pense les dirigea en bas, vers l'occident de la ville
que c'était une portion de l'aqueduc de Pon de David. -

ce Pilate, qui fut remis en état par En Dans ces passages bibliques il y a plusieurs
Naser-Mohammed , et définitivement ruiné, oints à noter. Remarquons d'abord qu'Isaïe,
our ne plus être réparé sans doute, grâce à orsqu'il parle des brèches de la cité de Da
'incurie ottomane. vid, ne peut avoir en vue la seule forteresse de
Le Birket-es-Soulthan, qu'on l'identifie Sion, car ce serait absurde. Toutes les for
avec la piscine du Roi citée dans l'Ecriture, ou teresses de l'enceinte avaient un égal besoin
avec telle autre piscine biblique que l'on vou d'être réparées et closes. Ensuite Isaïe men
dra, n'en est pas moins très-certainement un tionne un étanginférieur, une citerne nouvelle
ouvrage d'une très-haute antiquité, et qu'il † le roi Ezékhias construit à l'intérieur
faut de toute nécessité faire remonter à l'é- es murailles, pour l'eau du vieil étang.
poque des rois de Juda : Guillaume de Tyr est La piscine qu'Ezékhias construisit à l'inté
exactement de cet avis. (VII, II, p. 747.) Le Li rieur des murailles, pour recevoir l'eau de la
vre de Néhémie désigne une piscine qu'il ap vieille piscine, c'est pour Schultz la citerne
pelle étang du Roi (II, 14); est-ce la même ? qui porte aujourd'hui le nom de Birket
La perpétuité des noms en ce pays, fait que Hammam-el-Batrak ( citerne des bains du pa
je suis bien tenté de le croire. triarche). Mais malheureusement cette pis
Schultz a conclu du verset 16 du chapitre III cine n'était nullement à l'intérieur de Jérusa
de Néhémie, que le Birket-es-Soulthan était lem, telle qu'elle existait sous le roi Ezé
l'étang nommé Assouyah. Voici le verset : khias. Williams voit la piscine inférieure, la
Après lui travailla Néhémie, fils d'Azbouk, †º du Roi, et enfin la piscine d'Ezé
chef du demi-district de Beth-Sour, jusqu'en hias, dans la piscine de Siloë. Je ne puis
face des tombeaux de David, et jusqu'à l'étang absolument souscrire à la fois à ces trois
ſait (nºvyn n>-an), et jusqu'à la maison des identifications : pour lui, comme pour moi,
héros. Comme jusqu'ici je n'ai rien pu tirer la piscine supérieure de Gihon est la vieille
du livre de Néhémie, je ne discuterai pas cette piscine de la porte de Damas. Je regarde
identification. ce point comme parfaitement démontré. En
Schultz attribue aussi au Birket-es-Soulthan quelque endroit, bien voisin de là, qu'ait
le titre d'étang inférieur, donné, dans plu été la source qui alimentait cette citerne,
sieurs passages de l'Ecriture, à une des pisci Ce sOnt les eaux de cette source et de
nes de Jérusalem. Ainsi Isaïe, s'adressant aux cette citerne qui ont été détournées par
habitants de Jérusalem, au moment où Ezé Ezékhias; cela est constant. Les Chroniques
khiasest menacé par Sankhérib, leur dit(xxII) : nous disent expressément que les eaux fu
— 9. Vous voyez les brèches de la ville de Da rent amenées en bas, vers l'occident de la
vid, car elles sont nombreuses. Vous rassem cité de David ; or le Birket-es-Soulthan seul
blez les eaux de l'étang inférieur. — 10. Vous est bien dans la position indiquée par le
· comptez les maisons de Jérusalem, et vous texte saeré. Je crois donc , que Schultz a
abattez les maisons, pour fortifier la muraille. eu raison de voir l'étang inférieur dans le
— 11. Vous faites un réservoir entre les murs, Birkhet-es-Soulthan.
pour l'eau du vieil étang. — Voyons dans le L'aqueduc qui conduit l'eau dans la ville,
Livre des Rois et dans les Chroniques la con et dont il est question dans le Livre des Rois,
tre-partie de ces paroles du prophète. pourrait bien n'être en réalité que le Qanât
Nous lisons dans le II° Livre des Rois (xx) : el-Koufar, qui amenait l'eau des Bourak et
— 20. Le récit des faits d'Ezékhias, tous ses des belles sources d'Etham. Ce qu'on ne
exploits, comment il fit l'étang et l'aqueduc par eut nier, c'est qu'il est aujourd'hui impossi
# il fit entrer les eaux dans la ville, (tout le de résoudre ce problème de l'histoire des
cela) est écrit dans le Livre des Rois de Juda. eaux de Jérusalem. Quel que soit le sys
— Dans le II° Livre des Chroniques, les mê tème de distribution que l'on adopte par hy
mes faits sont heureusement un peu plus dé pothèse, on ne tarde pas à se heurter contre
taillés.Voici ce que nous y lisons (xxxIII) : — un texte biblique, qui renverse immédiate
2. Ezékhias ayant vu que Sankhérib était venu, ment tout ce que l'on avait péniblement
| et que ) sa face était hostile contre Jérusa imaginé. On doit se contenter d'établir le plus
em, - 3. Fut d'avis, avec les principaux et possible de points incontestables, en laissant
avec ses braves, de boucher les sources des au temps et à de plus heureux, le soin d'é-
fontaines qui étaient hors de la ville : et ils claircir les points auxquels on a eu le mal
l'assistèrent. — 4. Beaucoup de monde s'as heur de ne rien comprendre.
sembla ; ils bouchèrent les fontaines et le Nous trouvons dans la description de la Jé
ruisseau qui coule à travers le pays, en disant: rusalem des croisades, le passage suivant,
58J JER DES ANTIQUITES BIBLIQUES. JÉR 586
concernant le Birket-es-Soulthan : « Quant on du Patriarche, là ou on recuilloit les eaues
avoit avalé le mont, si trouvoit-on 1 lai en la d'illec entour, pour abevrer les chevos. Pres
valée, que on apeloit le lai germain, que Ger de cil lai avoit un charnier que on apeloit le
mains le fist faire pour recueillir les eaues charnier du Lyon... et dessus ce charnier
qui descendoient des montagnes, quant il avoit l moustier ou on chantoit chascun jour
pluvoit, et là abuvroit-on les chevaux de la près d'illeques. » — C'est probablement l'é-
cité. D'aultre part la valée, à main senestre, glise que mentionne ce passage, église con
près d'illec, avoit le charnier que on apeloit Sacrée peut-être sous le vocable de saint Ba
Chaudemar. » — Cette description de la posi bilas, qui aura donné son nom au Birket-Ma
tion relative du lai germain et de Chaudémar, millah, Chez les Arabes de Syrie, en effet,
ou Haq-ed-Damm, ne permet pas de conserver l'M et le B permutent avec une extrême fré
de doute sur l'identité du Birket-es Soulthan quence , c'est ainsi que parmi eux le nom
avec le lai germain. Il en est aussi question Àlàalbek est plus souvent appliqué à l'antique
dans une pièce datée de 1177, et qui se trouve lléli9polis, que celui de Bâalbek. Voici ce que
dans le cartulaire du Saint-Sépulcre, publié dit Medjr-ed-Dyn à propos de ce nom : « Le
avec les Assises de Jérusalem (l, II, n. 46). nom Mamillah semble être une altération de
Voici le passage qui en contient la mention : la phrase ma min Allah (ce qui vient de Dieu),
Vinea quam dominus et pater meus... Rcx ou, ainsi que d'autres le pensent, de Bab
Amalricus, donavit ecclesia montis Syon, Qullah (porte de Dieu). Les Juifs appellent ce
pro lacu germani, qui communis est usibus lieu Beit-Mello, et les Chrétiens Babila. Le
universae civitatis, » etc. nom ordinaire est Mamillah. »
Une tradition moderne, qui ne mérite pas J'ai dit que le Birket-Hammam-el-Batrak
qu'on s'y arrête, place au Birket-es-Soulthan était relié par un aqueduc au Birket-Mamil
le bain de Betsabée. Comme l'Ecriture dit lah; nous allons voir maintenant ce que nous
positivement †º se baignait, lorsque Da Savons de cctte piscine. On ignore absolument
à quelle époque elle a été construite; le doc
vid l'aperçut de sa terrasse, il est bien clair
que cette tradition doit être rejetée. teur Schultz, en comparant les textes, a cru
Birket-Mamillah, Birket-II::mmam
y retrouver la piscine d'Ezékhias, et en même
el-Batrak. temps § de Josèphe : malheureu
Sement ces deux identifications sont inadmis
En sortant de Jérusalem par la porte d'He sibles, et c'est ce que je vais établir. La pis
Dron, on aperçoit, a quelques centaines de cine d'Ezékhias devait être entre les murail
mètres à l'ouest-nord-ouest, dans une petite les, telles qu'elles existaient sous le règne
† basse qui forme la tête de la vallée de d'Ezékhias ; l'Ecriture sainte est positive sur
Ce point. Or il n'en est pas ainsi du Birket
et
Iinnom, qui est occupée par un cimetière
musulman, une large citerne alimentée par Hammam-el-Batrak : donc cette piscine ne
l'eau des pluies, et connue sous le nom de † être la piscine d'Ezékhias proprement
lte.
Birket-Mamillah. Cette piscine est en commu
nication, par un aqueduc qui paraît en quel Josèphe ne parle qu'une fois de l'Amygua
ques points du chemin conduisant à la ville, lon, et il le fait dans le passage suivant (Bell.
avec une autre piscine placée à l'intérieur de Jud., V, XI, 4) : « Les Romains, qui avaient
celle-ci, près du couvènt des Franciscains, commencé leurs ouvrages d'attaque (z%gzta,
et connue sous le nom de Birket-Hammam aggeres , monceaux de terre, élevés pour
el-Batrak (Etang des Bains du Patriarche). hausser les béliers et les machines de guerre,
La seule mention bien positive du Birket et pour amener les assaillants le plus près
Mamillah, que nous trouvions dans les écrits possible des remparts attaqués) le 12 du mois
des auteurs de l'antiquité, est la suivante : d'artemisios, les terminèrent à peine le 29 de
Josèphe, en décrivant les approches de Titus ce mois, ayant employé à ce travail dix-sept
et de son armée contre la place (Bell.Jud., V, jours entiers, sans interruption. Quatre très
III, 2), nous dit que le terrain fut aplani par grands ouvrages s'étaient élevés en même
les légions romaines, depuis le Scopus jus temps : le premier, dirigé contre la forteresse
qu'aux tombeaux d'Hérode, qui sont situés de Antonia, avait été construit par la cinquième
vant la piscine, nommée piscine des Serpents. légion, vers le milieu de la piscine qui se
Schultz a très-bien reconnu que cette piscine nomme Sthroution ; le second, entrepris par
des Serpents ne pouvait être que le Birket la douzième légion, n'était distant du premier
Mamillah, et je partage complétement cette que d'environ vingt coudées (moins de vingt
opinion. mètres). La dixième légion, qui travaillait
Néhémie (II, 13) mentionne une fontaine loin de là, était occupée vers la partie nord
du Serpent (j'inn jºy), et comme il serait as de la ville, près de la piscine qui se nomme
sez étonnant qu'à deux époques aussi peu l'Amygdalon (l'amande). A environ trente
éloignées que celles de Néhémie et de Josè cOudées de là, la quinzième légion construi
phe, deux piscines ou fontaines différentes sit son agger vers le tombeau du grand prêtre
eussent porté le même nom, je suis assez (Sans doute du grand prêtre Jean.—Il est bien
disposé à voir la fontaine du Serpent et la clair que ce précieux | assage, qui semble
piscine des Serpents au Birket-Mamillah. avoir échappé à Schultz, rend complétement
Voici comment parle de cette piscine l'au inadmissible l'identification de l'Amygdalon
teur de la description de la Jérusalem des et du Birket-Hammam-el-Batrak. Ce passage
croisades : « Dehors la porte avoit 1 lai par me paraît décisif en faveur de l'identification
devers soleil couchant, que on apeloit le lai de l'Amygoalon avec la vieille piscine aban
587 JER DICTI()NNAlRE JER 388

donnée taillée dans le roc, et qui se voit à dire en moellons piqués de petit échantillon,
droite en sortant de la porte de Damas, au tout à fait analogue aux parements de cons
pied même des murailles de la ville. Il me truction romaine. Derrière ce revêtement, qui
araît clair que les Romains attaquaient par a croulé en maintendroit, on aperçoit un ap
es deux flancs le saillant occupé jadis par la pareil tout différent. Celui-ci se compose
porte d'Ephraïm, et aujourd'hui par la porte d'assises régulières de grosses pierres de taille
de Damas. Quiconque a vu Jérusalem, sait carrées, de cinquante centimètres de côté, et
combien est encaissé le chemin de service qui dont les joints sont formés de petites pierres.
aboutit au seuil même de cette porte : il me On se rappelle que j'ai déjà signalé ce mode
sera permis, je pense, de voir dans les tertres de construction aux piscines d'el-Bireh, et
énormes qui flanquent cette voie, et qui sont dans quelques édifices de Masada. Je regarde
évidemment formés de terres rapportées, les donc cette maçonnerie comme contempo
restes des deux aggeres dirigés vers ce point, raine à tout le moins d'Hérode le Grand.
par les ingénieurs de Titus. Les terres amon Voyons maintenant ce que les auteurs nous
celées à cet effet ont pu se tasser avec le disent de cette piscine.
temps, mais nul ne s'étant avisé de raser les Nous lisons dans la description de Jérusa
collines factices qu'elles formaient, elles sont lem au temps des croisades : « En cele fon
restées tout naturellement en place, et flan taine (celle qui ne coule pas, et qui est située
quent encore aujourd'hui le point d'attaque près de Bab-Setty-Maryam) au temps de
si bien fixé par le récit de Josèphe. Jhesu-Crist descendoit li anges, et mouvoit li
Birkèt-Hammam-Setty-Maryam ; Birket-el aues, et li premiers malades qui y descendoit
IIidjah. après, estoit garis de s'enfermeté. Cele fon
Je ne parlerai que pour mémoire de ces taine avoit v. porches ou les malades gisaient
deux petites citernès, qui sont placées à l'ex si come on dit. »
térieur de l'enceinte actuelle de Jérusalem. Guillaume de Tyr (vIII, Iv, p. 749) s'ex
La première, au pied de la muraille même, à prime ainsi : Usque hodie piscina Probatica
gauche de la porte de Setty-Maryam, et la se reputatur, in qua olim immolatitiœ lavaban
conde à une centaine de pas à gauche de tur hostiœ.
l'angle nord-est de l'enceinte actuelle. Voici Dans les Gesta Francorum expugnantium
ce que nous trouvons dans la description de Hierosolymam (Ed. de Bougars,p. 573), nous
la Jérusalem des croisades : « Pres de la porte lisons que devant l'église Sainte-Anne, se
de Josaphat, à main senestre, avoit une abeïe voit la citerne de Bethesda : Veteris piscinœ
de nonnains, si avoit à nom Saincte-Anne. restigia retinens, quinque porticus habens...
Devant cele abeïe avoit une fontaine que on ad quam nunc per porticum unam desccndi
apeloit la fontaine dessous la pecine. Cele tur, et reperitur aqua ibi gustu amara.
fontaine ne quert point, ains estoit desure. » Brocardus s'exprime ainsi (Descr. Terr.
Cette fontaine, qui ne court pas, mais qui est sanct. apud Canisii Thes., vol. IV, p. 18) :
placée au-dessus de l'issue de l'eau, existe Intrantibus portam Vallis (81), ad sinistram
toujours à la même place, entre les murs de occurrit, juxta viam, Probatica piscina; ad
l'église de Sainte-Anne et le Birket-Israïl, à dextram vero contra eam, via intermedia, est
quelques pas en deçà de la porte de Setty piscina grandis valde, quœ dicebatur piscina
Maryam. Elle est toujours à sec, et l'on n'y interior; hanc fecit Ezekhias.
voit pas plus d'eau maintenant, qu'il n'y en Saint Jérôme, dans sa traduction de l'Ono
avait au moment où fut rédigée la description masticon d'Eusèbe, s'exprime ainsi : Bethesda,
dont je viens de transcrire un passage. piscina in Jerusalem, quœ vocabatur mp26a
Bethesda. — Piscina probatica. — Birket ttxñ, et a nobis interpretari potest pecualis ;
Israil. — Strouthion. harc quinque quondam porticus habuit, osten
Nous voici enfin arrivés à l'une des plus dunturque gemini lacus, quorum unus hyber
importantes piscines de la cité sainte, et, cette nis pluviis adimpleri solet; alter mirum in
fois, nous né manquerons pas de renseigne modum rubens, quasi cruentis aquis antiqui
ments pour en découvrir l'origine. A l'angle in se operis signa testatur. Nam hostias in eo
nOrd-est du Haram-ech-cherif, se voit une larari a sacerdotibus solitas ferunt, unde et
immense piscine, très-profonde, encombrée nomen II po6xt txi accepit.
d'immondices, et que les habitants de Jéru Le pèlerin de Bordeaux raconte que : Sunt
salem connaissent sous le nom de Birket in Jerusalem piscinae magnae duae, ad latus
lsraïl. Nous allons chercher à remonter, à templi, id est una ad dexteram, alia ad sini
tPavers le moyen âge, jusqu'aux temps anti stram, quas Saiomon fecit. Interius vero civi
ques, afin de retrouver, dans les écrits pro tatis sunt piscinœ gemellares, quinque porti
fanes et sacrés, les traces de cette vaste pis cus habentes, quœ appellantur Bethsaida. Ibi
Cine. Mais, auparavant, disons quelques mots œgri multorum annorum sanabantur. Aquam
de sa construction. A l'extrémité ouest de autem habent hœ piscinae in modum coccini
Cette piscine, on aperçoit une ou deux arca turbatam.
des, presque entières, et garnies d'arbris Josèphe, qui fixe très-nettement la posi
seaux et de plantes grimpantes qui en mas tion de la tour Antonia à l'angle nord-ouest
† l'entrée. Le mur méridional est muni de l'enceinte du temple (Bell. Jud., V, v, 8),
'un revêtement en petit appareil, c'est-à- nous apprend que la colline placée en face
(81) Remarquons enpassant que Brocardus donne, comme j'ai cru devoii le faire moi même, le nomde
porte de la Vallée, à cette porte.
539 JER DES ANTIQUITES BIBLlQUES. JElt 590
de la tour Antonia, et nommée Bezetha, était ce sont le Birket-Mamillah et les deux pis
séparée de la forteresse par un fossé profond, cines nommées el-Merdj, qui furent cons
creusé de main d'homme, (Ibid. V, xIv, 2.) truites afin de servir de réservoirs pour la
Dans un autre passage. (Ibid., xI, 4), il nous cité. La première, qui est très-célèbre, est
parle de l'agger que la cinquième légion avait au nord de la mosquée d'el-Aksa, près de la
dirigé contre la tour Antonia, par le milieu muraille, de la porte des Tribus, et du Bab
de la piscine qui se nommait Strouthion (irl el-Hitta. Elle est d'une apparence majestueu
rñv 'Avro vixv... xarà uiaov tās Etpov0iov xa)oupi se. Quant aux deux citernes de Salomon et
vn; zo)vu6iºpas). d'Ayad, je ne sais où elles sont. » Medjr-ed
L'Evangiie de saint Jean mentionne la pis Dyn propose ensuite de voir ces deux citer
cine probatique dans le verset 2 du chapitre v. nes dans le réservoir des Hammam-ech-chefâ
Voici ce verset : "Errt ôi iv roiç 'Itpogo)wgots et dans le Birket-Hammam-el-Batrak. Il ajoute
ir i r# Ilp26artxä, xo)vu650pz # iri)syouivn'E6paiat ! que la piscine de Mamillah est connue de tout
Bn0: aô2 (al., Bn6atôà), rsvrè a roà : ixovax " « Il le monde, et que les deux piscines nommécs
y a à Jérusalem, auprès de la Probatique, une el-Merdjsont situées auprès du village d'Our
piscine qui est appelée en hébreu Bethesda, tas, distant d'une demi-parasange, d'où leur
ayant cinq portiques. » eau était conduite par des tuyaux à Jérusa
Il est fort curieux de voir que les com lem.
mentateurs aient fait des efforts incroyables JÉRUSALEM (Nécropole). — J'ai donné un
pour comprendre ce verset. Les uns ont pensé soin spécial à l'étude de la nécropole de Jé
que l'adjectif probatique se rapportait au mot rusalem. Je vais suivre avec détail les monu
marché sous-entendu; les autres au mot por ments importants qui subsistent encore au
te. Ils ont été aussi heureux les uns que les
autres, dans leurs suppositions; c'était le mot tour de la ville moderne et indiquent per
leur richesse et leur belle architecture la
zcAvu646px qu'il fallait sous-entendre, et tout puissance de la nation qui les a construits.
devenait clair. Les deux piscines de l'Evan J'ai donné la description détaillée du tom
gile de saint Jean étaient accolées et en com beau des rois à l'article PARALIPOMÈNEs-RoIs.
munication, probablement par les arcades
voûtées que l'on voit ençore au bout du Bir (Voy. cet article.)
ket-Israïl : l'une de ces piscines était la Pro Tombeau des Prophètes. — Le long de l'en
batique, l'autre Bethesda. clos du jardin des Oliviers (Gethsemani, au
Quelle est celle des deux piscines qui a jourd'hui † passe un chemin
subsisté jusqu'à nous ?je n'en sais trop rien. qui conduit au sommet du mont des Oliviers
Je suis pourtant tenté de croire que c'est Be ou Djebel-Thour et à l'église de l'Ascension.
thesda. Saint Jérôme ne fait évidemment Tout le terrain que l'on traverse pour arriver
u'une piscine de la Probatique et de Be là est tellement encombré de débris de toute
thesda, bien qu'il nomme les deux, lacus ge nature, tels que briques, poteries, marbres
mellares, les deux bassins accolés. Je ne ou mosaïques, qu'il est indubitable que le
† pas, cependant, qu'il faille confondre flanc occidental de la montagne a servi au
e Strouthion de Josèphe, c'est-à-dire le fossé trefois d'assiette à un vaste faubourg de Jé
creusé entre Bezetha et le pied de la tour An rusalem.
tonia, avec la Probatique. Celle-ci était pro A une centaine de mètres en avant de l'é-
bablement entre les deux portes qui ouvrent
aujourd'hui sur la face nord de l'enceinte du glise de l'Ascension, des fouilles toutes nou
velles ont fait découvrir une citerne, et les
Haram-ech-chérif, tandis que le Strouthion fondations ainsi que les débris d'un édifice
devait être assez loin de là, à l'ouest.
Quant au Strouthion, il est tout simple qu'il religieux, qui n'était probablement qu'une
ait disparu complétement. Rappelons-nous, église construite par l'ordre d'Hélène ou de
Constantin. Des débris de corniches, des cha
en effet, que l'un des quatre grands aggeres piteaux corinthiens et des fûts de colonnes
de Titus passait par le milieu du Strouthion, ornés de moulures évidemment romaines,
et que les Juifs, ayant miné ces retranche
ments par dessous, firent crouler l'agger et ne laissent pas de doute sur l'origine de ce
monument ruiné. Ses débris sont charriés à
la contrescarpe dans le fossé, ce qui évidem grand' peine, du point où ils ont été déter
ment dut le combler à peu près. Puis vint rés, vers le fond de la vallée de Josaphat, où
la destruction de la tour Antonia, destruc
ils sont vendus aux Juifs, pour être dépecés
tion après laquelle il ne dut plus rester trace
par eux et devenir des piérres tumulaires à
du Strouthion. Quant au nom de cette pis ajouter à l'innombrable quantité de pierres
cine, il n'est que celui d'une plante que les
lexiques appellent herba fullonum, herbe des de ce genre, qui tapissent tout le flanc de la
foulons.Je ne me charge pas de l'identifier vallée, depuis le tombeau d'Absalom jusqu'au
avec une plante connue. village de Siloam.
Il ne me reste plus qu'à transcrire un pas Au-dessous de l'église même de l'Ascen
sage de Medjr-ed-Dyn, pour en avoir fini avec sion est creusé un caveau, au fond duquel
les citernes de la cité sainte : « Il y a à Jéru conduit un escalier assez roide et garni d'un
salem six piscines construites par Ezéchiel palier, sur le milieu de sa longueur. Au, mi
(lisez Ezékhias), l'un des premiers rois d'Is † de ce caveau est un énorme sarcophage
rail. Trois de ces citernes sont dans la cité : antique, formé d'une cuve et d'un couvercle
}e Birket-Israil , celui de Salomon et celui en dos d'âne, le tout du plus grossler travail.
d'Ayad. Les trois autres sont hors de la ville : pas d'inscription sur le sarcophage; mais dans
" 59) JER DICTIONNAlRE JER 532

· les parois mêmes du caveau, on voit Une ins antique, et le puits n'aura été creuse que bien
cription grecque ainsi conçue : postérieurement, pour éclairer aux visiteurs
0APCIAO 'entrée du monument. Ce monument, c'est le
METIAA tombeau des Prophètes, Qbour-el-Anbia.
C)Y'AICA6)AN Je vais décrire le plus brièvement possible
ATOC cette excavation si éminemment curieuse. Le
« Prends confiance, Dometila, personne n'est vestibule est une rotonde de sept mètres de
immortel !»—Deux ou trois inscriptions kou diamètre ; aux quatre extrémités de deux dia
fiques sont également encastrées dans les mètres perpendiculaires entre eux, se trou
murailles, mais l'obscurité et le peu de temps vent, taillés dans le roc, des couloirs d'un
que j'avais à leur donner, m'ont empêché d'en mètre soixante centimètres de largeur, dont
treprendre de les déchiffrer. Je les signale l'un, celui qui fait le prolongement de la
donc aux voyageurs futurs. rampe par "§e On descend dans le
Quelle est cette Dometila (Domitilla sans caveau, mène directement, par un chemin de
doute)? Je l'ignore. Les Juifs de Jérusalem neuf mètres de longueur, à une porte don
ont imaginé de faire de ce †º chrétien, nant accès dans une petite chambre de deux
celui de la prophétesse Houldah; mais c'est mètres vingt centimètres de profondeur, sur
là une tradition qui, bien que généralement trois mètres quatre-vingts centimètres de lar
reçue parmi eux, n'a pas de fondement. geur. Dans la paroi du fond est percé un four
En suivant les hauts plateaux qui couron à cercueil.
nent le mont des Oliviers, et en se dirigeant A droite et à gauche de la porte d'entrée
Vers le sud, on gagne un second sommet qui de cette petite ehambre, qui tient évidem
précède celui du mont du Scandale, ainsi ment la place d'honneur, règne un couloir
nOmmé de ce que Salomon y construisit des circulaire qui vient recouper le couloir dont
temples aux faux dieux qu'adoraient ses fem le tracé est perpendiculaire à celui du couloir
mes, prises dans toutes les nations voisines. conduisant à la chambre principale. Dans la
J'ai rencontré sur ce second sommet du mont paroi du fond sont taillés, dans la branche
des Oliviers deux belles citernes dont l'ou de gauche du couloir circulaire, seize fours à
Verture est tout à fait Semblable à celle des cercueil. A droite, le couloir est eirculaire sur
silos de l'Algérie, et une colonne couchée à une longueur de sept mètres seulement. En
lase polygonale que je me suis empressé de ce point, la paroi du rocher, grâce à la pré
dessiner, † que ses moulures sont d'un sence de couches de silex, a offert des diffi
style fort étrange.Je ne sais à quelle époque cultés de taille telles, que le plan général a
la faire remontér . été abandonné. Quatre marches grossières et
De ce sommet, comme de celui de l'Ascen irrégulières ont été prises dans la masse, et
sion, la vue est admirable, et je doute qu'il y montent à une petite chambre carrée, de
ait au monde un panorama qui vaille † deux mètres trente centimètres de côté. Les
A l'ouest, Jérusaſem, le théâtre du plus mer - † de celle-ci sont percées de cinq fours
cercueil.
Veilleux événement qui se soit accompli sur
la terre, et les platéaux qui s'étendent au A droite de l'escalier conduisant à cette
delà, vers la mer. Au sud, la plaine qui con chambre funéraire se présente une branche
duit à Beit-Lehm : au-dessous de soi, la vallée de couloir de trois mètres de longueur, et
de Hinnom, la vallée du Kedron (qui se dirigée parallèlement au couloir principal
nomme Ouad-en-Nar à partir de la vallée de tracé dans l'axe du monument. Puis, le cou
Hinnom) et la vallée de Josaphat. Au nord, loir dévie et se courbe de nouveau, pour
les platéaux de plus en plus élevés qui s'é- venir aboutir à l'extrémité de droite du grand
chelonnent dans la direction de Naplouse. couloir horizontal. Dans cette paroi courbe
Derrière soi, enfin, le désert de Judée, la sont encore entaillés cinq fours à cercueil :
vallée du Jourdain, la mer Morte, qui res de sorte que le caveau présente seize fours à
semble à une immense chaudière de plomb cercueil à droite, comme à gauche.
fondu, et plus loin encore les montagnes, aux Un second couloir en arc de cercle, de
profils sévères, des Moabites et des Ammoni même largeur que le premier, est taillé à
tes. C'est là un spectacle que l'on ne se lasse trois mètres en arrière de celui-ci. Sur le mi
pas de contempler avec la plus vive émotion, lieu de la longueur de sa branche gauehe, un
et que l'on ne quitte qu'à regret, en retour passage de même largeur le relie au grand
nant bien souvent la tête, afin d'en jouir le couloir à tombes, et dans la paroi de droite
plus longtemps possible. de ce passage est taillé un four à cercueil. Il
. A mi-côte, en montant du jardin des Oli n'est pas facile de circuler partout dans ce
Viers à l'église de l'Ascension, si on quitte le curieux caveau sépulcral. Ainsi, la branche
chemin pour entrer dans des champs labou horizontale de droite est entièrement fermée,
rés et plantés d'oliviers, on rencontre, au pied contre le vestibule circulaire, par les terres
d'un petit rideau de roches, une rampe très éboulées, auxquelles le puits creusé dans la
ºbrupte de quelques mètres de longueur seu voûte a donné accès.
lement, percée à côté d'un puits rond, à ciel Ce n'est pas tout encore : en retour, et au
Ouvert. La rampe conduit au fond d'une point d'intersection du couloir horizontal de
rotonde en dôme, creusée dans le roc, et qui gauche avec le couloir circulaire intermé
ne reçoit d'autre lumière # celle que lui diaire, commence un nouveau couloir de
† le puits rond entaillé dans la voûte. quatre mètres vingt centimètres de longueur
rès-probablement c'est la rampe qui est et d'un mètre cinquante centimètres de lar
z95 JER DES ANTIQUITES BlBLIQUES. JER 39 |

geur; au fond de celui-là est un four à cer curieux de les recueillir tous avec le plus
cueil, et l'entrée d'un couloir extrêmement grand soin.Je n'ai pas besoin, je pense, de
bas et étroit, puisqu'il n'a que soixante-dix rappeler que ce fait présente la plus grande
centimètres de hauteur et de largeur, qui analogie avec celui que l'on constate à chaque
s'incline très-rapidement et conduit à une pas dans les Syringes de Thèbes.
série de chambres de dimensions diffé Une tradition juive, ayant cours à Jérusa
†. contenant encore six fours à cer lem, fait des Qbour-el-Anbia le tombeau d'un
CUl01l. ou de plusieurs rois #n'ont pas été ensevelis
D'où vient le nom de tombeau des Prophè dans le sépulcre de David. Malheureusement
tes, que la tradition accole à ce singulier mo je n'ai pas pris immédiatement note de ce
nument funéraire? Il m'est impossible de le fait : de sorte que je ne me rappelle plus si
deviner. Je ne connais d'autre mention an c'est le roi lépreux Ozias, ou les deux rois
tique de ce monument que celle, assez vague apostats Ammon et Manassés, dont cette tra
d'ailleurs, # nous fournit Josèphe (Bell. †ºn
l8.
place les tombes aux Qbour-el-An
Jud., V, xII,2), et qui ne peut concerner que
notre caveau. L'historien des Juifs, décrivant Tombeau d'Absalom. — Le premier monu
les lignes de circonvallation de Titus, dit que ment sépulcral que l'on rencontre, en deseen
ces lignes, traversant le Kedron, gagnaient le dant la vallée de Josaphat, à partir du jardin
mont des Oliviers, et que, revenant au midi, des Oliviers, est un mausolée dont toute là
elles enveloppaient la montagne, jusqu'à la base a été prise dans la masse du rocher.
pierre qu'on nomme le Peristereon, et la Une sorte de plate-forme a été taillée
colline qui avoisine celle-ci, et qui domine la dans le flanc du mont des Oliviers, et
vallée voisine de Siloam (82). Cette indication ses parois verticales s'élèvent à droite, à gau
est fort précise quant au lieu qu'elle désigne : che et derrière le monument. C'est le noyau
c'est inçontestablement notre caveau sépul de roc, isolé par la construction de cette
cral, aussi bien que la zi)oáu mentionnée dans espèce de cour, qui a été taillé sur place,
ce texte n'est très-probablement que le village pour devenir la base du tombeau; des blocs
de Siloam, qui n'a changé ni de nom ni de rapportés et bien jointoyés en ont constitué
place. Quant à l'origine et à la véritable desti le couronnement.
nation du monument, elle nous laisse dans la Voici la description succincte de ce singu
plus complète incertitude. lier monument, qui a déjà été décrit et figuré
Nous lisons dans l'Evangile de saint Mat bien des fois, mais toujours sans une exacti
thieu (xxIII, 29) : oÙai ºgiv, 7paggartis zai tude suffisante :
y«ptaaiot Ûroaptrai, ört oizoôoptirt ro)r répovç La base proprement dite du mausolée est
vºv rpopntöv, xxl zogutirt rà puvausiz rö» ôtzzio v. inscrite dans un carré de six mètres quatre
« Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypo vingts centimètres de côté. Sur chacune des
crites, parce que vous construisez les tom faces se détachent deux colonnes ioniques, et
beaux des prophètes, et que vous embellissez deux demi-colonnes placées dans les aisselles
les monuments des justes. » Serait-il par de deux pilastres d'antes. Sur cet ordre ioni
hasard question, dans ce même verset, du que est assise une frise dorique, comportant
tombeau des prophètes, dont je viens de don treize patères dissemblables et quatorze tri
ner la description? C'est possible, mais j'en glyphes avec gouttes.Au-dessus de cette frise
doute. se trouve une véritable corniche égyptienne,
, Quoi qu'il en soit, le monument est très parfaitement caractérisée, et composée d'un
impOrtant, et il mérite toute l'attention des énorme tore ou boudin, que surmonte un
archéologues. Il a été garni, à une époque vaste demi-cavet, évidé en larmier. A partir
très-reculée, d'un enduit de ciment, dans la de la frise dorique, le corps du mausolée est
pâte † sont noyés, pour lui donner du inscrit dans un carré qui n'a plus que six
mètres cinquante centimètres"de côté.Jusqu'à
corps, des fragments de poterie cannelée,
très-antique sans aucun doute. La preuve que la partie supérieure de la corniche égyptienne,
ce revêtement intérieur est fort ancien, c'est le monument †monolithe; à partir de là, il
que # ai trouvé au plafond, en un point est formé de blocs rapportés.
situé à gauche de la petite chambre haute, Le couronnement du mausolée se compose
d'abord d'un dez carré de six mètres trente
parmi une foule d'inscriptions judaïques cur trois centimètres de côté, terminé par une
sives, tracées par de pieux visiteurs, à une
époque très-ancienne, si l'on en juge par la petite corniche, formée de deux listels sépa
forme des lettres, une inscription du même rés par un tqre et surmontés d'une doucine
genre, écrite en caractères démotiques égyp 6t d§ plate-bande.Au-dessus de celle-ci
tiens, et que je me suis empressé de trans s'élève une partie † ayant pour dia
crire, § qu'un jour elle serait déchiffrée mètre le côté du dez qu'elle surmonte, c'est
à-dire six mètres trente-trois centimètres. Ce
intégralement; je n'y ai pu reconnaître que
le titre de prêtre de Rè ou du Soleil. Si j'ai cyhndre a pour base la même corniche que
bonne mémoire, d'autres textes démotiques, je viens de décrire; et enfin, sur la surface du
Inoins bien conservés, se trouvent vers la cylindre, règne un cordon formé encore des
même partie de la muraille, et il serait bien mêmes moulures que celles qui se voient à la
(82) EIzz àvaxáurºttov xatà peanu6plav Ttt pt rstpaç,
E. Atoàg tôv te t556
pâYaYYt, etc.)3?ov 2; txtxs1t2t tf xatà tºv •
2a264vtt tb bpo; 5x9: IIeptate psiovoç xaXoopévm:
DicTIoNN. DEs ANTIQUITÉs BIBLIQUEs. 13
595 JER DlCTIONNAIRE JER 396

base. Le sylindre est terminé à sa , partie égyptienne. Voici la description des deux
supérieure par un tore figurant un énorme étages intérieurs. La chambre dans laquelle
câble tordu.Au-dessus de celui-ci paraît enfin on pénètre par la brèche ouverte au nord est
une sorte de pyramidion à génératrice évidée carrée et encombrée de fragments †empê
en gorge. Le tout est couronné d'un gros chent de deviner ce que présente le sol. Le
bouquet de palmes, assez semblable à un plafond est garni d'un cadre simple en saillie
chapiteau égyptien. Ce † a été et de deux cercles concentriques en creux.
uelquefois dépeint par le nom de bonnet Les côtés ouest, nord et est, présentent une
chinois, que des voyageurs lui ont donné. Ce arcade dont le cintre est tangent au cadre du
n'est certes pas là une expression technique, plafond. Le côté sud n'a pas cette arcade, et
mais elle a l'avantage de caractériser assez il offre, à sa partie gauche, une ouverture
bien la forme de cet étrange couronnement cintrée où viennent aboutir les marches d'un
de mausolée. Quant aux hauteurs relatives escalier qui descendait à l'intérieur, en par
des portions supérieures, c'est-à-dire de celles tant de la porte ouverte dans la face sud, au
qui surmontent la corniche † les dessus de la corniche. Une petite ouverture,
voici en quelques mots : le tore câblé partage ménagée dans la masse, conduit au-dessus
en deux parties égales la hauteur totale de du plafond de la chambre inférieure, sous
ces portions supérieures; le dez cubique, avec une voûte en encorbellement, non taillée,
sa corniche, a la même hauteur que la portion tout à fait semblable à celle que l'on voit à la
† jusqu'au tore câblé. De la corni † pyramide d'Egypte, voûte qui n'a eu
che égyptienne jusqu'au-dessus du tore câblé videmment d'autre destination que celle
ou à la naissance du chapeau, il y a cinq d'alléger le poids de toutes les parties supé
mètres trente-six centimètres, hauteur égale rieures de l'édifice.
à celle du chapeau avec sa couronne de pal Maintenant, que j'ai donné assez minutieu
mes. De la moulure intermédiaire ou cordon
sement la description du monument funéraire
placé sur le cylindre jusqu'à la naissance du connu sous le nom de tombeau d'Absalom, je
chapeau, il y a soixante-six centimètres. Le dois émettre l'opinion que je me suis faite,
tore câblé a deux cent cinquante-trois milli après mûres réflexions, sur l'âge probable de
mètres de diamètre; et de la partie inférieure cet étrange monument. Commençons par
du tore à la partie inférieure du cordon en rapporter ce que la Bible nous dit du tom
moulure, il y a huit cent soixante - seize beau d'Absalom. Nous y lisons (I Sam. xvIII) :
millimètres.
- 18. Absalom avait pris et dressé pour lui,
Les pilastres d'antes ont cinq cent cin de son vivant, un cippe (nayp) dans la vallee
quante-sept millimètres de largeur. Les co du Roi; car, disait-il, je n'ai point de fils
lonnes ont quatre cent quatre-vingts milli pour rappeler le souvenir de mon nom. Et il
mètres de diamètre et trois cent quatre-vingts avait appelé le cippe de son nom, et il est
millimètres de saillie sur la face du monu appelé main d'Absalom jusqu'à ce jour.
ment. Les intervalles des colonnes sont de
Le texte de ce passage est extrême
neuf cent cinquante millimètres. Les demi ment , précieux, ainsi qu'on va le voir. Un
colonnes accolées aux antes ont trente-deux
Matzabet, c'est certainement, en ce cas, un
centimètres de largeur de fût. Les chapiteaux monument funéraire, puisqu'il était destiné à
des colonnes ont au sommet sept cent trente conserver à la postérité le nom d'Absalom,
quatre millimètres de largeur; et les chapi et très-probablement à recouvrir sa dépouille
teaux d'antes, avec ceux des demi-colonnes, mortelle. D'une part, quoique fils du roi
un mètre deux centimètres.
David, il est évident, par ce fait, qu'il n'avait
Au-dessus de la corniche égyptienne, la as à compter sur un sépulcre pour lui, dans
face sud du mausolée présenté une petite e caveau royal, destiné sans doute à ceux-là
porte carrée, placée à un mètre trois cent seuls qui porteraient la couronne. D'un autre
#ingt-quatre millimètres de l'angle sud-est. côté, Absalom fit très-probablement élever
Cette porte a un mètre cent vingt-cinq milli SOn mOnument funéraire dans la vallée où se
mètres de hauteur, sur quatre-vingt-treize trouvait placé le caveau royal. Ce lieu, notre
centimètres de largeur; elle est surmontée verset l'appelle la vallée du Roi (Tº>n pcv).
d'un évidement en cul-de-four, surmonté lui D'où pouvait provenir ce nom, si ce n'est de
même d'un cercle en saillie sur la surface du la présence du caveau royal? Je désirerais
dez carré. -

bien qu'on pût me l'apprendre. Les tombeaux


Outre la petite porte, assez difficile à attein des rois étaient donc dans une vallée. Or, les
dre, dont je viens de parler, trois larges brè Qbour-el-Molouk sont à la naissance de la
ches ont été faites dans le flanc du mausolée : vallée de Josaphat : si donc la tradition sur le
l'une, dans la face tournée à l'occident, entre tombeau d'Absalom pouvait être admise, sa
les deux colonnes centrales; celle-ci a enlevé présence dans la vallée de Josaphat me four
nirait un argument de plus en faveur de mon
tºut le milieu de la frise dorique, et elle règne attribution
depuis les chapiteaux jusqu'au-dessus du tore des Qbour-el-Molouk aux rois de
égyptien. L'autre brèche, ouverte dans la face Juda. Heureusement, je n'ai pas besoin de
nord, entre les deux colonnes centrales, est à cette preuve supplémentaire, et j'en ai
bonne hauteur, et il est très-aisé de pénétrer bien
IllOI).
assez d'autres pour étayer mon opi
par là dans l'intérieur du monument. La troi
sième brèche est entamée dans la face orien Nous lisons dans Josèphe (Ant. Jud. VII,
tale du dez carré qui surmonte la corniche x, 3) qu'Absalom s'était fait construire dans
597 JER DES ANTIQUITES BIBLIQUES. J R 598
la vallée Royale une stèle de marbre, éloignée sur l'âge de ce curieux monument qui, pour
de deux stades de Jérusalem, et qu'il appela eux, est un excellent modèle de la plus déplo
sa Main, disant que, quand bien même ses rable décadence de l'art grec. Je suis désolé
enfants périraient, son nom resterait attaché à de ne pouvoir en aucune façon me ranger à
cette stèle (83). leur opinion. Je connais beaucoup de monu
La tradition qui existe auiourd'hui date ments de la décadence ; mais je n'y ai jamais
certainement de l'époque où # a été permis vu paraître le mélange bizarre, que nous ren
aux Juifs, bannis de Jérusalem par l'empereur controns ici, des membres caractéristiques des
Adrien, après la révolte de Bar-Koukeba, de ordres les plus différents, c'est-à-dire de l'io
rentrer dans Cette ville. Ce qui est sûr, c'est nique et du dorique, le tout surmonté d'une
que, de temps immémorial, le tombeau d'Ab corniche égyptienne. Me sera-t-il permis, à
salom a reçu ce nom parmi les Juifs, qui ont mon tour, de croire et de dire que des mo
peut-être rapporté avec eux une tradition numents hybrides de ce genre peuvent être
rabbinique concernant ce monument, lors † antérieurs à l'époque où les
qu'ils ont été admis, par grâce, à habiter de recs opérèrent le départ des éléments à
nouveau l'enceinte, sacrée pour eux, de la l'aide desquels ils constituèrent leurs ordres
capitale de David. Pas un Juif ne passe devant classiques, en empruntant à tous les monu
le prétendu tombeau d'Absalom sans cracher DmentS #
leur passaient sous les yeux, ceux
dessus et sans lui jeter une pierre, punissant de ces éléments qui leurparaissaientse marier
† ce double outrage le crime du fils re le plus heureusemen t, pour en faire un tout
0. devenu désormais homogène ?
Maintenant, est-ce à dire pour cela que je Je ne sais si l'on m'accordera cela, mais ce
rétende démontrer que le tombeau d'Absa qu'il faudra bon gré mal gré m'accorder, c'est
om est bien positivement le monument funé un fait contre lequel il n'y a pas d'objection
possible. A la vue du tombeau d'Absalom, les
raire dont parlent la Bible et Josèphe? Non, antiquaires, aussi bien que les architectes, se
sans doute; une conjecture de moi ne peut et sont écriés unanimemen t : Ceci est un monu
ne doit être une démonstration pour per
sonne. J'avoue néanmoins que, comme je ne ment de la fin du Iv" siècle, au plus tôt! Je
vois rien d'absolument impossible à ce que la suis affligé d'être obligé de leur enlever cette

tradition sur ce point soit admise comme croyance, de la façon la
bonne, je l'admets jusqu'à démonstration du enSouvent déjà j'ai fait usage du journal écrit
contraire; tout à l'heure j'en dirai le motif. 333 par le pèlerin de Bordeaux, mais ja
La sainte Bible nous mentionne encore un mais aussi heureusement que cette fois. Or,
voici ce que je lis dans ce journal : Item ab
monument funéraire important, à ce qu'il pa Jerusalem
raît, et je vais transcrire le passage qui y est orientem, ut euntibus ad portam quœ est contra
relatif. Nous isons dans Isaïe (xxII): — 15. Ain ascendatur in montem Oliveti,
si dit le Seigneur Jehovah Sebaout : Va vers vallis quœ dicitur Josaphat, ad partem sini
stram ubi sunt vineœ, est et petra ubi Juda
ce haut fonctionnaire, Sibna, qui est pré Scarioth Christum tradidit : a parte vero dex
posé au palais. — 16. Qu'as-tu ici, et qui est tra est arbor palmœ de qua infantes ramos
des tiens ici, que tu te creuses ici un sépulcre ? tulerunt, et veniente Christo substraverunt.In
Il creuse dans la hauteur son sépulcre, il taille de non longe, quasi ad lapidis missum, sunt
dans le roc sa demeure. Cette portion † monumenta duo,monubiles (sic) mirœ pulchri
† d'Isaïe se rapporte au règne d'Ezé
hias, dont ce Sibna était probablement l'in tudinis facta. In unum positus est Isaias pro
tendant. Le tombeau somptueux creusé par pheta, qui † est vere monolitus (sic), ct in
l'ordre de Sibna serait-il un des deux sépul alium (sic) Ezechias rex Judœorum.
cres voisins de celui d'Absalom ? Je ne me Concluons : en 333, c'est-à-dire justement
charge pas de le décider; mais ce que je pré au bout du premier tiers du siècle à la fin du
tends conclure de ce passage, c'est que, sous quel les antiquaires font remonter les deux
tombeaux de la vallée de Josaphat, ces tom
les rois de Juda, des tombeaux magnifiques beaux étaient admirés de notre pelerin, qui
étaient creusés, taillés dans le rocher.
n'a probablement pas inventé que l'un (celui
Pour les habitants chrétiens de Jérusalem, qui est monolithe) était le tombeau d'Isaïe, et
le mausolée que je viens de décrire se nom ue l'autre (celui dit aujourd'hui tombeau
me aussi le Tombeau d'Absalom. Pour les mu 'Absalom) était le mausolée d'Ezékhias, roi
sulmans, c'est une autre affaire , ils ne con de Juda. Sans aucun doute, le pèlerin avait
naissent ce monument que sous le nom de recueilli la tradition locale, et, on le voit,
Tantourah-Farâoun (tantourah est le nom celle-ci, au commencement du Iv" siècle de
d'une coiffure en forme de corne, et longue notre ère, reportait au temps des rois de Juda
de plus de deux pieds, dont s'affublent les des monuments dont très-certainement la po
femmes du Liban). pulation de Jérusalem ignorait l'origine, pré
J ai le malheur de me trouver en désaccord cisément parce qu'elle était très reculée, et
complet avec les antiquaires et les architectes que la chaîne de la tradition s'était trouvée
t85) "Eaznae 8t 'A6eaá)togo; èv tſ xot)áôt t# 32 au moins il en existait des restes suffisants pour
et)txi At0ow p2pg3otvov, 650 ºtaôiou; à tixouaav lui permettre de dire que le cippe était une ºººº
"lepoaoMºpow, ñv npoanYópºvaev lôiav xtipa, etc. Xi0oo papg2pſvoo. Remarquons en passant que le
Puisque Josèphe savait que le monument d'Absaloun tombeau d'Absalon est justement à deux stades de
était à deux stades de Jérusalein, il savait parfaite Jérusalem.
ment où il était ; donc il exietait de son temps, ou
599 JER DICTIONNAIRE JER 400

interrompue par l'expulsion des Juifs de Jé intervalle de vingt centimètres. Dans les flancs
rusalem. Maintenant donc, que l'on dise tant des pilastres et des colonnes, sont percés des
que l'on voudra que je me trompe, cela impli encastrements et des entailles, dont la plus
quera que le pèlerin de Bordeaux s'est trom haute est placée à un mètre quarante-cinq
pé aussi, et qu'il a admiré préventivement centimètres au-dessous de la base des chapi
des monuments qui ne devaient exister que teaux; sans aucun doute, ces entailles ont ser
cinquante ans environ après son passage à Jé vi à fixer une balustrade métallique qui a tout
rusalem. naturellement disparu, parce que la convoi
Tombeau de Josaphat. — Dans la paroi tise l'aura fait arracher.
orientale de l'espèce de cour taillée dans le La plate-forme du vestibule est en retraite
roc qui entoure le tombeau d'Absalom, se d'environ un mètre sur la saillie du roc infé
voit, à gauche, le sommet d'un fronton orné rieur. Ce vestibule a, dans œuvre, cinq mètres
d'acrotères et d'élégants rinceaux remplissant uatre-vingt-dix centimètres de largeur, et
le tympan. C'est, pour les Juifs et les Chré eux mètres quatre-vingt-dix-huit centimè
tiens de Jérusalem, le tombeau de Josaphat. tres de profondeur, pris entre la face inté
Quel Josaphat ? Je l'ignore. Ce tombeau ne rieure des pilastres et le mur de fond. Les
peut être vu aujourd'hui; des terres et des trois parois de ce vestibule, en faisant face au
tombes juives en ont bouché l'entrée, et il y fond, sont percées de la manière suivante :
aurait danger à tenter d'y pénétrer. Sur la paroi de gauche s'ouvre, à un mètre
Cette clôture ne date que de quelques an trente-six centimètres de laface intérieure du
nées. On prétend que des curieux ayant fure pilastre, une porte de un mètre soixante-deux
té dans la grotte sépulcrale, y découvrirent un centimètres de largeur, et régnant jusqu'au
Pentateuque très-ancien qui était resté dans plafond. A cette porte aboutit un escalier à
une tombe, et que les Juifs décidèrent alors ciel ouvert, formé de marches de dix-sept
que le caveau serait fermé. Je ne sais si cette centimètres de hauteur, et conduisant obli
histoire a quelque fondement, mais ce que je quement sur le rocher, au-dessus du caveau.
sais, c'est qu'à mon très-grand , regret, j'ai Dans le mur du fond est percée, à un mètre dix
trouvé le monument si bien caché, que j'ai centimètres à partir de l'extrémité gauche.
cru prudent de ne pas essayer d'en d† une porte de un mètre soixante-quinze cen
l'entrée, au risque de déranger quelque mort, timètres de largeur, et que trois mètres six
dont les vivants auraient très-probablement centimètres séparent de la paroi de droite.
pris le parti d'une façon désagréable pour A gauche, et à cinquante-trois centimètres
moi. Je n'ai donc rien à dire sur cette cave au-dessus de la porte, est percée une fenêtre
sépulcrale, que je n'ai pu visiter. large de quatre-vingts centimètres et haute de
Tombeau de saint Jacques. — A moins trente et un centimètres , donnant sur la
de cent pas (84-85) du tombeau d'Absalom , chambre sépulcrale à laquelle la porte con
vers le sud et toujours dans le roc à duit. Enfin le mur de droite, sur lequel le
pic qui sert de base au mont des Oliviers, se pilastre est en saillie de vingt centimètres,
voit une belle chambre sépulcrale, connue présente une porte carrée de deux mètres
des Chrétiens sous le nom de tombeau de trente-deux centimètres de côté, éloignée de
saint Jacques, et des musulmans sous celui de cinquante-cinq centimètres du mur de fond,
Diouan-Farâoun (Divan de Faraon). Voici la et de dix centimètres seulement de la face in
description de cette curieuse excavation : térieure du pilastre. Cette porte donne accès
Un vestibule soutenu par deux colonnes et sur un assez long couloir, qui vient déboucher
deux demi-pilastres doriques, pris dans la dans la paroi de gauche de la cour dans la
masse du roc, se montre à l'extérieur. Ces qua quelle est placé le tombeau connu sous le
tre soutiens sont reliés par une architrave nom de tombeau de Zacharie. Quant au sol du
surmontée d'une frise dôrique, comportant vestibule, il présente, à droite et au fond,
neuf triglyphes avec gouttes, et surmontée à c'est-à-dire contre la porte qui conduit au mo
son tour par une corniche régulière. La hau nument de Zacharie, une sorte de banquette
teur prise entre l'architrave et le sol du ves qui a trente centimètres de largeur, et qui
tibule est de trois mètres ; les intervalles du commence à un mètre soixante-quinze centi
pilier de gauche et de la colonne de gauche, mètres du flanc droit de la porte conduisant
et celui des deux colonnes entre elles, sont aux chambres sépulcrales.
de un mètre quarante centimètres; celui de | Voici la description de ce couloir, qui est
la colonne de droite et du pilier de ce côté assez grossièrement taillé. Une fois la porte
est un peu moindre, de un mètre trente-cinq percée dans le flanc droit du vestibule fran -
centimètres seulement. La largeur des piliers | chie, on rencontre une plate-forme de un
est de quarante centimètres, et la circonfé mètre cinquante centimètres de longueur,
rence des colonnes est de un mètre quarante au delà de laquelle se trouve une marche
huit centimètres, ce qui leur donne quarante ayant, dans le sens de l'axe du vestibule, qua
sept centimètres de diamètre. La largeur des rante centimètres de largeur. Cette marche,
chapiteaux des colonnes est de soixante-neuf sur laquelle on descend par un ressaut de dix -
centimètres, et leur hauteur totale de vingt sept centimètres, est élle-même à dix-sept
quatre centimètres. Entre le tailloir qui ï§s centimètres au-dessus du sol du corridor qui
surmonte et le plafond du vestibule, il y a un vient ensuite, et qui a quatre mètres cinquante
.(84-85) Williams, qui a mesuré la distance qui quarânte-cinq pieds anglais, c'est-à-dire de quarante
se pare ces deux monuments, l'a trouvée de cent quatre mètres à peu près.
4C1 JER
DES ANTIQUITES BIBLIQUES. JER 402
centimètres de longueur. Là se trouve un
cée dans le fond du vestibule, on pénètre
mouveau ressaut de dix-sept centimètres, qui dans une antichambre de cinq mètres trente
amène à une petite plate-forme en contre-bas, centimètres de largeur, et le trois mètres
de un mètre cinquante centimètres de lar quatre - vingts centimètres de profondeur.
geur, dont le côté gauche est à trente centi Trois portes sont percées dans ses parois du
mètres du mur latéral de gauche, et à soixan fond, de droite et de gauche.A l'angle gauche,
te-dix centimètres du mur latéral de droite. la paroi extérieure a été brisée violemment,
Cette plate-forme a une longueur, suivant de sorte que je regarde la fenêtre percée dans
l'axe, de un mètre quatre-vingt-deux centi le vestibule comme bien Dostérieure à l'or
mètres. Là se termine le corridor, par une donnance du monument primitif. La porte de
ſ† verticale dans laquelle est percée une gauche conduit dans une chambre sépulcrale
ie de un mètre quarante-cinq centimètres carrée de quatre mètres de côté. Trois niches
de largeur, et de un mètre trente-cinq centi à cercueil y sont percées, deux dans la paroi
mètres de hauteur, traversant une paroi de faisant face à la porte d'entrée, et une dans
rocher de un mètre trente-sept centimètres la paroi placée à droite de l'entrée.
d'épaisseur. Sur la joue droite de cette ouver
La porte du fond de l'antichambre débouche
ture sont pratiqués deux encastrements qui directement dans une petite chambre ayant .
ont dû recevoir jadis des portes de clôture trois mètres trente centimètres de largeur sur
fixes, caril n'y a nulle apparence de crapau trois mètres quarante-cinq centimètres de
dines dans lesquelles aient pu tourner des profondeur; sur les trois côtés du fond règne
gonds. On voit que de la sorte le couloir a une banquette continue de un mètre de lar
neuf mètres cinquante-neuf centimètres de
longueur totale, comptée de la face droite du geur. Dans la paroi de gauche est une niche
vestibule à la paroi gauche de la cour de ro sépulcrale, si peu profonde, qu'elle ressemble
cher, dans laquelle s'élève le tombeau de Za presque à une niche véritable. Dans la paroi
charie. du fond sont pratiquées deux ouvertures dont
la première, c'est-à-dire celle qui se trouve à
A l'extérieur, aussi bien qu'à l'intérieur, le gauche, va déboucher obliquement dans une
caveau est couvert d'inscriptions judaïques nouvelle chambre sépulcrale, offrant sur les
énéralement modernes, contenant des noms trois côtés du fond des arceaux ou voûtes
e pieux visiteurs; sur l'architrave on aper étroites, en retraite dans les parois. La deu
# une inscription un peu plus longue que xième, c'est-à-dire celle de droite, est une
es autres, d'apparence beaucoup plus an simple niche à cercueil., Dans la paroi de
cienne, mais † son état de dégradation rend droite est percée une seule ouverture, c'est
impossible à lire, à cause de la position très celle d'une niche sépulcrale placée symétri
gênée dans laquelle on se trouve pour l'étu quement avec celle de la face opposée.
dier, en s'accrochant à l'une des colonnes, Revenons à l'antichambre, pour décrire la
afin de ne pas rouler au bas du rocher. Il se chambre sépulcrale dans laquelle donne ac
rait à désirer qu'on pût, en se munissant d'é- cès l'ouverture percée dans la paroi de droite
chelles prendre un estampage, et une copie de cette antichambre. L'épaisseur de la paroi
de cette inscription judaïque,† est peut-être
intéressante. Je la recommande donc expres qui traverse la porte est de vingt-cinq cen
timètres. Cette porte débouche dans un cou
sément aux futurs voyageurs. loir de soixante-quinze centimètres de lar
Pour en finir avec la description de la par geur (c'est-à-dire qu'il a précisément la même
tie extérieure du monument, je dirai que de largeur que la porte d'entrée). A partir de
la face inférieure de l'architrave, au sommet la joue gauche de la porte, commence une
de la corniche qui surmonte la frise, il y a un banquette de quarante centimètres de lar
mètre quinze centimètres de hauteur.A partir geur, au-dessus de laquelle sont percées deux
du pilastre engagé de gauche, la surface du niches à cercueil, dont les ouvertures ont un
rocher présente deux grandes bandes lisses, mètre cinquante centimètres de hauteur. La
plus hautes que le vestibule extérieur, et en banquette a deux mètres vingt-cinq centi
saillie de vingt-cinq centimètres sur la surface mètres de longueur; à son extrémité, elle est
unie de rocher taillé qui les sépare, et qui a contournée par un retour du couloir d'entrée.
un mètre quatre-vingt-dix centimètres de lar Celui-ci est à son tour percé au fond et sur le
geur. La saillie en contact avec le pilastre du flanc droit, de deux autres niches à cercueil.
vestibule a un mètre cinq centimètres de lar Telle est la disposition générale de ce curieux
geur, et la seconde un mètre dix-sept centi monument funéraire.
mètres Dans la face intermédiaire en retraite, D'où est venu à ce caveau le nom de tom
est percée une porte de un mètre soixante beau de saint Jacques? Je l'ignore entière
cinq centimètres de hauteur, et de soixante
§ centimètres de largeur, dont le seuil ment. Peut-être saint Jacques, après son
est de niveau avec celui du vestibule : il y a martyre, fut-il enseveli dans un des fours à
entre les piédroits de cette porte et les deux cercueils que contient le monument. Mais
grandes saillies de rocher quarante-sept cen c'est là une hypothèse toute gratuite, et qui
timètres à droite, et soixante-quatre centimè n'est appuyée sur rien que sur la tradition
tres à gauche. J'ignore où conduit cette porte chrétienne, qui est elle-même très-vague.
et à quel usage elle était destinée. Saint Jacques, on le sait, fut précipité du
haut des murailles du temple et lapidé: ll
Venons actuellement à la description du priait encore pour ses meurtriers, lorsqu'un
caveau intérieur. En franchissant la porte per des assistants lui asséna sur la tête un coup
4ſ]3 JER DICTI0NNAlRE JER 404

de masse de foulon, et mit ainsi fin à son chitrave simple, de cinquante-sept centimè
supplice. Josèphe (Ant. Jud., XX, Ix, 1)ra tres de hauteur, surmontée d'une corniche
conte la mort de l'apôtre Jacques, et dit que égyptienne semblable à celle du tombeau
le grand prêtre Ananus le Jeune, profitant de d'Absalom, et formée d'un tore ou boudin,
l'absence des magistrats romains, fit compa de trente centimètres de hauteur et de vingt
raître devant son tribunal un frère de Jésus centimètres de saillie seulement ; le cavet
surnommé Christos, qui s'appelait Jacobos,
et quelques autres avec lui, et que, les ayant
† au-dessus a soixante centimètres de
auteur, et quarante centimètres de saillie
déclarés coupables de violation de la loi, il extérieure. Enfin, la plate-bande qui cou
les livra au peuple pour qu'on les lapidât ronne la corniche est un peu inclinée de
(nopiô »xs )ºvo0n7ou ivous). Saint Jacques par dehors en dedans, et a trente centimètres de
vint-il à se traîner jusqu'au pied de la grotte largeur.Le tout est couronné parune pyramide
sépulcrale qui porte maintenant son nom, et † équilatérale.Le monument est
videmment enterré d'une quantité de pierres
y fut-il déposé après son martyre?C'est ce
qu'il n'est aucunement possible de dire au assez considérable, et qui va probablement
jourd'hui. toujours croissant. Ce ne sont pas cette fois
Tombeau de Zacharie. — Le monument les pierres jetées par les Juifs qui se sont ac -
, dont je vais actuellement donner la descrip cumulées à la base du mausolée. Bien loin de
tion est connu des Chrétiens et des Juifs sous là, ce monument est chez eux en grande
le nom de tombeau de Zacharie. Pour les vénération, et c'est à qui se fera enterrer le
musulmans, c'est le Qobr-Zoudjet-Farâoun plus près possible de sa base, sinon contre
(le tombeau de la femme de Faraon). ll a une elle. Les pierres tumulaires hébraïques for
assez grande ressemblance avec le tombeau ment en quelque sorte un large pavé qui
d'Absalom ; mais il en diffère par le couron garnit la base actuelle du monument, et celui
nement pyramidal qui le surmonte, et en ce ci est lui-même couvert d'inscriptions pieuses
qu'il est entièrement monolithe.Comme pour et de noms de visiteurs. La hauteur au-dessus
Pautre, une masse de roc a été isolée, par la du sol actuel, et comptée jusqu'au sommet de
construction d'une cour entaillée dans le la corniche égyptienne, est de cinq mètres
pied du mont des Oliviers, et c'est cette masse soixante centimètres.
qui a été ciselée et décorée sur place. Les chapiteaux sont d'un ionique pur et
La base du mausolée est inscrite dans un d'une grande élégance. Au-dessous du cha
carré de cinq mètres cinquante-trois centi piteau, le fût dè la colonne est garni d'une
mètres de côté. Chaque face présente deux guirlande de cannelures amorcées, dont cha
colonnes ioniques et deux demi-colonnes, cune peut exactement être comparée à une
placées dans les aisselles de deux pilastres petite niche. Ce genre d'ornementation s'est,
d'antes. La face ouest, c'est-à-dire celle qui je crois, retrouvé sur quelques colonnes ap
fait face à l'enceinte du haram, a seule été partenant à des monuments observés, en
terminée avec soin, et les trois autres ne sont Asie Mineure, par mon ami M. Ch. Texier.
pour ainsi dire qu'à l'état d'ébauche plus ou Les chapiteaux d'antes sont formés de mou
moins avancée. Il est facile de reconnaître en lures simples, et au-dessous de ces chapi
beaucoup de points de la surface, et notam teaux, au lieu d'amorces de cannelures,
ment dans les aisselles des colonnes et des paraissent des cordons formés de quatre
antes, que tout le mausolée, ou tout au moins patères. Tous ces ornements ne se répètent
le dez inférieur, a été entièrement revêtu d'un pas sur les autres faces, qui non-seulement
crépi rouge tres-lisse, qui ne s'est conservé ne sont pas terminées, mais qui, de plus,
que dans les parties défendues contre les présentent parfois de véritables défauts de
injures du temps et des hommes. symétrie. -

Voici maintenant le détail des mesures Quoi qu'il en soit, le tombeau de Zacharie
principales de ce curieux monument. Le offre une masse très-imposante, et je com
pilastre de gauche de la face principale a cin prends l'admiration que le pèlerin de Bor
quante-six centimètres de largeur, et la demi deaux témoigne pour ce mausolée, qu'il a
colonne qui lui est accolée, a trente cen reconnu comme étant vraiment monolithe,
timètres ; entre cette demi - colonne et la et auquel il donne le nom de tombeau du
colonne entière qui suit, il y a un intervalle nu prophete Isaïe. On voit que de 333 à notre
de quatre-vingt-treize centimètres; l'inter époque, la tradition a complétement changé,
valle des deux colonnes est de quatre-vingt sans avoir d'ailleurs rien gagné en certitude.
quatorze centimètres. Il n'y a que quatre Quel est le Zacharie auquel on attribue au
vingt-huit centimètres entre la colonne de jourd'hui ce mausolée ? Personne n'en sait
droite et la demi-colonne qui la suit. Celle-ci rien, et je n'en sais pas plus que les autres
a, comme l'autre, trente centimètres de lar sur ce point.
geur, et le pilastre extérieur n'a que einquante Williams, dans son excellent livre sur la
quatre centimetres de largeur. On voit donc cité sainte, déclare que pour lui, les trois
que ce monument ne brille pas par l'exacti tombeaux que je viens de décrire sont bien
tude rigoureuse des mesures. Les diamètres certainement antérieurs à l'époque de Cons
des deux colonnes sont, pour la première, tantin ; il émet même une opinion qui trahit
cinquante-six centimètres, et pour la se ses tendances à voir en eux des monuments
conde, cinquante-quatre centimètres seule d'une époque fort reculée.Ainsi, à propos du
U]8nt. tombeau d'Absalom, il se demande s'il ne se
Au-dessus des chapiteaux règne une ar pourrait pas faire que ce fût réellement la
405 JER DES ANTIQUITES BIBLlQUES. JER 400

base du cippe construit par 1 ordre du fils de Largeur de la porte d'entrée. 0 m. 70.
David, dans la vallée Royale, et #º
des ar Distance du sommet de la porte au tore. 0,
Largeur du tore.
50.
0, 20.
tistes grecs auraient accommodé au style Distance du sommet du tore à la plate
d'une époque de beaucoup postérieure.Je ne bande. 0, 40.
suis pas, je l'avoue, partisan de cette opinion, Hauteur de la plate-bande. 0, 28.
qui implique un mezzo termine peu admis Largeur de la plate-forme supérieure. 5, 16.
sible, à mon avis. Dans tous les temps, on a Saillie de la plate-bande sur la face. 0, 26.
restauré des monuments, on ne les a pas, que Saillie du tore. 0, 12.
je sache, rhabillés de façon à déguiser com Longueur de la plate-forme, depuis la
plétement leur caractère primitif. Je n'hésite face extérieure jusqu'au rocher. 6, 25.
donc pas à admettre que ces monuments, tels Les faces latérales ne sont qu'ébauchées,
qu'ils sont encore aujourd'hui, ont conservé ou du moins elles ne sont terminées que
leur décoration primitive, et que leur exis vers les parties voisines de la façade,
tence peut servir d'argument en faveur de L'intérieur de l'édifice est aujourd'hui
l'opinion bien arrêtée que je me suis formée rempli de fumier qui sert de litière à quel
sur place, que l'art grec s'est inspiré, de la que misérable fellah de Siloam. Voici main
manière la plus commode, c'est-à-dire par tenant la description de cet intérieur. La
des emprunts purs et simples, pour consti porte, ouverte dans une paroi de trente cen
tuer les ordres ionique et dôrique, dont timetres d'épaisseur, débouche dans une
# · trouva
S16.
les éléments en Egypte et en petite antichambre carrée, de quatre-vingt
douze centimètres de côté, au fond de la
Monument de Siloam. — Le village de quelle est percée une petite porte basse, de
Siloam est bâti sur le flanc du mont du Scan soixante-dix centimètres de largeur, qui tra
dale, et au-dessus des jardins potagers ar verse une seconde paroi de trente centimè
rosés par la fontaine de Siloë, et qui four tres d'épaisseur. Cette porte débouche dans
nissent de légumes le marché de Jérusa une seconde chambre carrée, de deux mètres
lem. La plate-forme de roc qui porte ce quarante-trois centimètres de côté, qui offre
vilage présente à chaque pas d'antiques ara sur les parois de gauche et du fond, à qua
sements de monuments qui ont dû être dé tre-vingts centimètres environ au-dessus du
truits à une époque excessivement reculée. sol, deux niches enarceaux. La paroi de droite
eSt nue.
Enfin, les huttes du village sont adossées à
une muraille de rochers, dans laquelle se Il n'est pas possible de méconnaître la
voient partout des vestiges d'excavations con ressemblance frappante qu'il y a entre ce
sidérables. Un seul monument est resté intact, monolithe et les édicules monolithes pure
au-dessus de l'escarpement qui domine les ment égyptiens ; il ne viendra donc à l'idée
jardins plantés au fond de la vallée, et je ne de personne qu'il faille l'attribuer à une épo
puis, en aucune façon, m'expliquer comment que romaine ou grecque. Ce qui est fort cu
un monument d'une importance aussi grande, rieux, c'est de comparer la corniche qui le
et qui d'ailleurs saute aux yeux des passants, décore, avec la corniche de l'un des bâtiments
a pu rester inaperçu † ce jour, ou du ninivites exhumés par les avant M. Botta
moins comment il n'a été décrit par personne. du monticule de Khôrsabad. Le système des
Je me félicite d'être le premier à mettre en deux corniches est exactement le même.
lumière un aussi curieux édifice, dont on ne Seulement, comme il s'agissait à Ninive
pourra jamais contester la haute antiquité. d'un édifice beaucoup plus considérable
Voici la description exacte du monument. ue celui de Siloam, toutes les dimensions
C'est un bloc monolithe détaché de la masse, es moulures sont un peu plus fortes,
sur trois côtés seulement, c'est-à-dire au sauf celle de la plate-bande. Voici le tableau
sud, à l'ouest et au nord. L'entrée est à l'ouest. comparatif de ces mesures :
C'est exactement la copie en grand de ces Siloam. Khorsabad.
édicules monolithes égyptiens qui ornent Hauteur totale de la cor
nos musées. Un dez carré à arêtes légère niche. 0 m. 88 0 m. 92.
ment inclinées en dehors, constitue la base Ilauteur du tore. 0, 20 0, 27.
du monument. Au - dessus, règne une cor Saillie du tore. 0, 12 0, 18.
niche égyptienne, formée, comme aux tom
beaux d'Absalom et de Zacharie, d'un tore Hauteur du cavet. 0, 40 0, 45.
ou boudin, surmonté d'un large cavet que Hauteur de la plate-bande. 0, 28 0, 20.
couronne une simple plate-bande. Au milieu Saillie de la plate-bande. 0, 26 0, 55.
de la face est ouverte une porte, munie, au
sommet, de deux entailles rectangulaires, A coup sûr, les deux architectes qui ont
placées en dehors des piédroits, et dont les tracé les deux corniches avaient étudié 'à une
analogues se retrouvent fréquemment aux même école architecturale, et ils avaient les
portes des excavations égyptiennes. Voici mêmes principes. L'un était Assyrien, et vi
maintenant les dimensions des différentes vait au moins six cent vingt-cinq ans avant
parties de cette façade : l'ère chrétienne; l'autre donc n'était ni Grec
ni Romain.
Largeur de la face au-dessous du tore. 4 m. 64.
ld. aux deux tiers de la Ici, se présente une fort curieuse question.
hauteur de la porte d'entrée. 4, 7l. Le monument de Siloam appartient-il à l'é-
Hauteur de la porte d'entrée. 1, 45. poque des rois de Juda? C'est ce qu'il se-.
407 JER D1CT10NNAIRE JER 408

rait fort important de preciser. Deux hy tes, les verrous, ainsi que les murs de l'étang
pothèses se présentent, et nous allons les de Sehah (nbvn n>Ti), au jardin du Roi
examiner tour à tour Ou c'est un tombeau, et jusqu'aux rampes qui descendent de la ville
ou c'est un édifice sacré.Voyons la première de David. — Cet étang de Selah n'est que la
supposition. Nous savons que les jardins du piscine de Siloë, et la porte de la Source
Roi occupaient le fond de la vallée de Josa devait par conséquent se trouver bien près
phat, dans toute la partie que remplissent de la fontaine actuelle de la Vierge. Cette
aujourd'hui les § et les potagers arrosés porte de la Source devait dès lors être si près
† la fontaine de Siloé. Sans aucun doute, aussi de la porte par laquelle s'enfuit le roi
e roi n'aurait pas souffert qu'on vînt placer Sedekias, que pour ma part je suis tenté
des tombeaux autour de ses jardins, et de d'identifier ces deux portesentre ellesd'abord,
façon surtout qu'ils les dominassent. Or, c'est et avec le Bab - el-Morharbeh ensuite. Une
ce qui serait infailliblement arrivé si une ville aussi petite que Jérusalem ne pouvait
nécropole, remplacée par le village de Si avoir une enceinte criblée de portes. A quoi
loam, eût continué à recevoir des morts, à bon, d'ailleurs ? puisque toutes les voies
partir du moment où les jardins du roi furent par lesquelles on pouvait s'éloigner ou s'ap
tracés. Il est donc fort probable que cette procher de la ville avaient et ont encore au
nécropole de Siloam aurait été abandonnée jourd'hui une porte qui leur correspond.
à partir du jour où Salomon eût choisi le Concluons-en que, dans la nomenclature des
terrain placé à quelques mètres au-dessous, nombreuses portes mentionnées par l'Ecri
pour en faire ses jardins royaux. Dès lors, il ture sainte et par Josèphe, il # a forcément
n'y aurait rien que de très-logique à regar des double-emplois. A Jérusalem plusieurs
der cette nécropole comme celle des Jébu noms étaient indifféremment appliqués à la
séens, qui occupaient le territoire de Jérusa même porte, aussi bien autrefois qu'aujour
lem avant la venue des Israélites, et qui d'hui. Là est la seule solution raisonnable
restèrent même les maîtres d'une portion de du problème qu'implique l'étrange multipli
la ville après que David se fut emparé de cité des sorties de la ville sainte. L'étang de
la forteresse de Sion. Je proposerais donc Siloë était donc, d'après le texte de Néhémie,
formellement de voir un monument jébuséen au jardin du Roi.
dans le tombeau monolithe de Siloam, s'il Nous retrouvons dans Jérémie † 4)
était admis que c'est un tombeau. la narration de la fuite du roi Sedekias de
J'ai parlé tout à l'heure des jardins du Roi : vant l'armée assyrienne. Voici la teneur du
voici les passages de l'Ecriture dans lesquels il verset même : — Ce fut quand Sedekias, roi
est spécialement question de cesjardins. Nous de Juda, et tous les gens de guerre les eurent
lisons dans le IIº Livre des Rois (xxv) : — 4. vus, qu'ils prirent la fuite et sortirent de la
La ville fut fendue (une brèche fut faite) et ville, pendant la nuit, par le chemin du jar
tous les gens de guerre s'enfuirent la nuit, din du Roi, par la porte entre deux murs, et
par le chmin de la porte, entre les deux mu ils sortirent par le chemin de la plaine. — La
railles, au-dessus du jardin du Roi; et les porte entre deux murs était donc celle qui
Casdim (Chaldéens) étaient sur la ville à l'en conduisait au jardin du Roi, et cette porte,
tour; et il prit (le roi Sedekias) le chemin de c'est toujours, pour moi, celle qu'a remplacée
la plaine. - 5. L'armée des Casdim pour le Bab-el-Morharbeh (86).
suivit le roi; ils l'atteignirent dans la plaine Nous trouvons encore dans Jérémie (LII,
de Jéricho, et toute son armée se dispersa 7) la narration de la fuite de Sedekias ; mais
d'auprès de lui. — Du premier passage il ré cette fois nous avons la copie à peu près
sulte que les Assyriens ne serraient pas exacte du verset 4 du chapitre xxv du II"
d'aussi près cette portion de la ville placée Livre des Rois, verset que j'ai cité plus haut.
vers le Tyropœon, entre l'enceinte du tem Ce sont les mêmes expressions, sauf l'addi
ple et l'enceinte militaire qui couronnait le tion des trois mots essentiels : Nyºn n"-l'
mont Sion. Là s'ouvre, au point le plus favo "ºyn, dont la présence serait nécessaire
rable pour la construction d'une porte de pour que le texte du Livre des Rois ne com
ville, le Bab-el-Morharbeh qui a, je le sup portât pas une ellipse impossible; sauf en
pose, remplacé la porte dont il est question core l'omission, dans Jérémie, de l'article 7
dans les versets que je viens de transcrire. devant le mot nb15, nuit ; sauf enfin la
Sedekias s'enfuit avec son armée vers Jéri présence, dans le texte de Jérémie, du plu
cho; les Assyriens l'y atteignirent en le pour riel -'», ils prirent , au lieu du singulier
suivant; donc ils n'occupaient pas la vallée peu naturel Tº il prit, que présente le
du Jourdain, et l'armée envahissante avait verset du Livre'des Rois. Concluons-en que
suivi, sinon le littoral, du moins la route qui le texte de Jérémie est sur ce point beaucoup
conduisait à Jérusalem par les plateaux. plus pur que celui du Livre des Rois.
Nous lisons dans Néhémie (III) : — 15. Et Quoi qu'il en soit, il est évident, par la
Saloum-ben-Koulhazeh, chef du district de teneur même du verset que je viens de com
# éleva la porte de la Source; c'est lui menter, que le jardin du Roi était contre la
qui la construisit, la couvrit, en posa les por piscine de Siloë, et, ainsi que je l'ai dit, au
(86) L'un des deux murs qui flanquaient la porte trouve percé le Bab-el-Morharbeh. Le second était
par laquelle s'enfuit Sedekias, et † vraisemblablement une autre branche de l'enceinte
nom à cette porte, ne peut être que le magnifique partant de la porte et se dirigeant au sud-ouest,
mur salomonien dans le prolongement duquel'se tandis que la prcmière faisait face au sud.
é09 JER DES ANTIQUITES BIBLlQUES. JER 4 !0

point où existent encore tant de jardins pota L'ensemble des deux , textes dont je
gers parfaitement arrosés. Dès lors si notre viens de rappeler la substance est d'une
monument monolithe de Siloam était un récision très-palpable, lorsqu'on veut bien
tombeau, il appartiendrait nécessairement à es examiner en militaire, et se rendre compte
une époque antérieure à la prise de Jérusalem des premières opérations qu'un capitaine
par David, c'est-à-dire aux Jébuséens. quelconque ordonnerait, même maintenant,
Passons à la seconde hypothèse, c'est-à- en se présentant devant Jérusalem, s'il avait
dire, admettons qu'il ne s'agisse pas d'un à faire le siége de cette place. Il est donc in
tombeau ; car, il faut l'avouer, nous avons contestable que le terrain désigné par Jo
ici la copie exacte de l'un de ces édicules sèphe s'étendait depuis le Scopus, c'est-à-
monolithes , consacrés par la piété égyp dire depuis la colline qui forme le revers
tienne. Existe-t-il une circonstance par suite † à celui dans lequel sont taillés les
de laquelle un édicule de ce genre aurait pu Qbour-el-Molouk, jusqu'à la citerne nommée
être construit en ce point? Oui, certaine aujourd'hui Birket-Mamillah, et qui n'est
ment, si nous n'oublions § que le village très-certainement que la piscine des Serpents.
de Siloam est placé sur le flanc du mont du Les monuments d'Hérode doivent donc être
Scandale. Nous lisons dans le l" Livre des dans le voisinage immédiat de cette piscine.
Rois (xI) : — 1. Le roi Salomon aimait plu C'est effectivement ce qui a lieu. Au sud et à
sieurs femmes étrangères, outre la fille de quelques mètres seulement de Birket-Ma
Faraon ; des Moabites, des Ammonites, des millah, sont d'énormes amas de décombres,
Edomites, des Sidonites et des Hittites...—5. recouvrant des caves sépulcrales assez gros
Salomon marcha derrière Astaroth, divinité sièrement taillées dans le roc, et qui n'ont
des Sidonites, et derrière Melkom, abomina pu avoir de richesse apparente, que par les
tion des Ammonites... — 7. Alors Salomon marbres précieux dont elles ont été revêtues,
bâtit un haut-lieu pour Kamous, abomina ainsi que par les constructions qui les recou
tion de Moab, sur la montagne qui est vis-à- vraient, et dont les tertres indiqués ci-dessus
vis de Jérusalem, et pour Moloch, abomina contiennent vraisemblablement les bases ;
tion des enfants des Ammonites... — 8. Et des fouilles très-faciles remettraient certai
il fit ainsi pour toutes ses femmes étrangères, nement ces bases au jour. Là donc, sans l'om
# faisaient des encensements et # bre d'un doute, sont les tombeaux des Héro
leurs dieux. — Très-probablement la prin des. Cinq caveaux particuliers sont placés
cesse égyptienne, qui était la première sous les décombres, et de la sorte chacun
épouse de Salomon, dut exiger que le culte d'eux était destiné à un seul personnage.
dans lequel elle était née ne fût pas le seul L'attribution de ces caveaux funéraires ap
§ sans aucun doute encore, cette partient à Schultz, qui connaissait Jéru
princesse, qui n'avait † embrassé le ju salem à merveille, et qui n'était pas homme
daïsme, puisque le roi la reléguait dans un à se méprendre sur la valeur des textes tirés
† qu'il lui avait fait construire hors de
'enceinte de la forteresse de David, eut un
de Josèphe, textes dont la vue des lieux
fournit constamment un commentaire irré
lieu particulier où elle pouvait se livrer au fragable.
culte de ses pères. L'origine du sacellum — Voici ce que nous lisons dans la description
monolithe — égyptien de Siloam, n'est-elle de la Jérusalem des croisades : « Dehors la
as étroitement liée à ce fait historique ? Je porte avoit un lay par devers soleil couchant,
e crois, mais cette fois encore je ne prétends que on appeloit le lay du patriarche, là où
imposer ma croyance à personne. on recuilloit les sources d'illec entour, pour
Tombeau des Hérodes. — Un monu abevrer les chevos. Près de cil lay avoit un
ment , sépulcral dynastique fut préparé charnier que on apeloit le charnier du Lyon.
our les Hérodes, et deux , passages de Il avint jà, si come on disoit, a 1 jour qui
osèphe nous fournissent des renseigne assez estoit, qu'il avoit entre Crestiens et
ments suffisants pour fixer d'une ma arrazins une bataille, entre cil charnier ct
nière très-précise l'emplacement de ce Jherusalem, où il avoit moult de Crestiens
monument. (Bell. Jud., V, xII, 2.) Dans le occis, et que li Sarazins de la bataille les de
premier il est dit que la ligne de circonvalla voient tous londemain faire ardoir pour la
tion de Titus, après s'être dirigée vers le puor.Tant que il avint que uns lyons vint par
tombeau du grand prêtre Ananus (Haq-ed nuict, les porta tous en cele fosse, si come on
Damm), et avoir entouré la colline sur la disoit : pour ce l'apeloit on le charnier du
quelle Pompée avait établi son camp, se re Lyon, et dessus le charnier avoit 1 moustier
tournait vers le nord, et que, s'étendant vers où on chantoit-chascun jour près d'ileques. »
le hameau nommé la Maison des pois, et Il est clair que le lay du patriarche n'est
ayant au delà enveloppé le monument sé autre chose que le Birket-Mamillah.Le mous
pulcral d'Hérode, elle revenait, par un re tier était une église de Saint-Babilas très
tour à l'orient, vers son point de départ, probablement, et le charnier du Lyon n'est
c'est-à-dire au camp de Titus. Dans le second que l'ensemble des caves sépulcrales des
† Josèphe nous apprend que Titus, Hérodes.
son arrivée dévant Jérusalem, fit déblayer Tombeau d'Hélène, reine d'Adiabène, et
et aplanir tout le terrain compris depuis le d'Izates, son fils. — L'attribution des ca
Scopus jusqu'aux monuments d'Hérode, qui veaux funéraires qui appartiennent incon
sont situés près de la piscine dite piscine des testablement à H§ et à Izates, revient
Serpents. (Ibid., V, III, 2.) de droit à la sagacité de Schultz, qui
411 JER DlCTIONNAIRE JER 413

le premier les a reconnus, et a signalé de Jean, avait garni de retranchements tout !


en même temps les bases parfaitement la ligne de murailles qui s'étend jusqu'à la
reconnaissables des trois pyramides qui orte par laquelle l'eau est conduite à la tour
avaient été construites au-dessus de ces ippicus.
tombes. Leur place est parfaitement mar De la comparaison de ces deux passages, il
quée dans le plan de Schultz, à résulte clairement que le tombeau du grand
† cents mètres à gauche de la routeprêtre Jean devait être dans le voisinage et à
e Jaffa, et au nord d'un oualy musulman gauche de la porte de Damas, vers le saillant
environné de tombeaux. En sortant de la
que la fortification moderne présente encore
porte de Damas, on trouve, à gauche de la en ce point. Or il existe en réalité de ce
route de Naplouse, un chemin se dirigeant côté, et fort près de la ville, une cave sépul
d'abord à l'ouest nord-ouest, et qui vient en crale, ayant une porte ornée de moulures,
suite recouper la route de Jaffa. Ce chemin et que j'ai le vif regret de n'avoir point étu
conduit presque directement , au tombeau diée avec soin : j'étais fort occupé des monu
d'Hélène, qu'il laisse à moins de cent mètres ments dont j'avais entrepris l'étude appro
à droite.
fondie, et le temps m'a manqué pour exa
Le seul caveau dans lequel j'ai pu pénétrer miner celui ci, avec toute l'attention qu'il
a été violé brutalement, et s'il ne restait quel méritait. Je ne puis donc que recommander
ques parties de la cloison du vestibule, por de toutes mes forces aux voyageurs futurs
tant des traces d'un travail soigné, on devrait l'exploration de cet intéressant sépulcre.
confondre cette cave avec les caves les plus Quel peut être ce grand prêtre nommé J ean ?
vulgaires de la nécropole de Jérusalem. Elle Josèphè, dans les passages qui concernent le
se compose d'un vestibule, et de deux cham tombeau en question, a oublié de le préciser,
bres, dont la dernière ne contient qu'un four et de nous fixer l'époque à laquelle avait vécu
à cercueil. Un caveau voisin, dans lequel le Jean auquel le sépulcre appartenait. Mais
malheureusement je n'ai pu entrer, parce je ne doute pas qu'il ne s'agisse de Jean, fils
qu'il était plein d'eau, a contenu le corps de du grand prêtre Judas, fils lui-même du
la mère ou du fils. On conçoit qu'il est im grand prêtre Eliasib. Artaxercès lI était maî
possible aujourd'hui d'assigner un des ca ire de la Judée, dont le satrape Bagosès était
veaux à l'un, plutôt qu'à l'autre des deux gouverneur. Le grand prêtre Jean , avait un
augustes personnages. frère nommé lésous, ami de Bagosès, et au
Tombeau du grand prêtre Jean. -- Un seul quel celui-ci promit ſe souverain pontificat.
passage de Josèphe nous fait connaître , l'em Iésous, fort de l'appui du satrape, ayant in
plăcement de ce monument. L'illustre histo jurié son frère dans l'exercice du sacerdoce,
rien des Juifs, nous parlant des premières celui-ci en conçut une telle fureur, qu'il tua
attaques de Titus contre Jérusalem, nous dit Iésous de sa main, dans le temple même. A
(Bell. Jud., V, vI, 1 ): « Pendant que les l'annonce de cet horrible fratricide, Bagosès
choses se passaient ainsi à l'intérieur de la courut au temple, criant aux Juifs qui cher
ville, Titus, en faisant à l'extérieur le tour de chaient à l'empêcher d'y pénétrer : « Vous
la place, avec des cavaliers d'élite, cherchait avez osé commettre un assassinat dans votre
le point sur lequel il dirigerait ses attaques.
temple
sois plus! qui
Comme il était fort embarrassé, parce qu'il purpeut
que mettre en s'est
celui qui doutesouillé
que jed'un
ne
n'y avait pas à songer aux endroits où la pareil crime ?» - Il entra donc dans le sanc
muraille, dominant des vallées, ne pouvait tuaire, et profita de la circonstance pour
être approchée, et que de l'autre côté le pre condamner les Juifs à un tribut extraordinaire
mier mur semblait braver les machines de de sept ans. Ce tribut consistait en ce que,
siége, il se décida à attaquer auprès du tom pour offrir à Jehovah les sacrifices quotidiens,
beau du grand prêtre Jean. » Josèphe ra il fallait payer cinquante drachmes,, par tête
conte que ce fut pendant cette reconnaissance d'agneau immolé. Quand le grand prêtre Jean
que Nicanor, et lui-même Flavius Josephe, mourut, ce fut son frère Yaddous, dont j'ai
s'étant un peu plus avancés que Titus vers la parlé ailleurs à propos de son entrevue avec
muraille, afin d'engager les défenseurs qui Alexandre le Grand, qui fut investi du sou
garnissaient les remparts à renoncer à la verain pontificat.
défense, Nicanor fut blessé à l'épaule gauche Ainsi que je l'ai dit tout à l'heure, c'est le
d'une flèche lancée de la place. Le monument tombeau de cet illustre personnage , qu'il
du grand prêtre Jean était donc assez près de s'agit de décrire, car il est tout trouvé ; et
la ville pour que l'on pût, dans son voisinage, l'on concevra sans peine l'intérêt réel que
recevoir une flèche partie des remparts. doit offrir la comparaison de ce sépulcre, de
| , L'historien des Juifs nous reparle, un peu date certaine, avec les autres sépulcres de la
nlus loin, du tombeau du grand prêtre Jean, nécropole de Jérusalem.
mais oeaucoup plus vaguement. (Bull. Jud., Tombeau d'Alexandre Jannœus. — La
V, VII, 2.) Il nous dit qu'après que Titus eut cave sépulcrale d'Alexandre Jannaeus a
forcé la première muraille, Jean et les siens été reconnue avec toute raison, par Schultz,
Combattaient du haut de la tour Antonia et dans la cave immense qui porte le nom
du portique septentrional du temple, et de de Grotte de Jérémie. Cette attribution
vant le tombeau d'Alexandre, tandis que la ne peut soulever aucun doute, et je me
troupe de Simon, occupant la portion de la bornerai à dire quelques mots sur F'état
deuxième enceinte située du côté du tombeau actuel de l'excavation. On y reconnaît bien,
413 JER DES ANTIQUITES BIBLIQUES. JER 414

par-ci par-là, quelques traces des anciennes excavations funéraires que je viens de men
parois des chambres sépulcrales; mais elles tionner; mais je ne saurais admettre cette
ont été brisées, et semblent avoir été exploi
tées comme une carrière commode, de sorte
† Voici pourquoi : l'enceinte d'Hé
rode Agrippa ne pouvait évidemment passer
que le tout ne forme plus qu'une immense au fond de la vallée de Josaphat, qu'elle cou
grotte irrégulière, taillée , grossièrement et ronne au contraire. L'expression 3tà, à travers,
sans grand intérêt. A gauche existe une pe employée par l'historien, serait donc tout à
tite avance de rocher en saillie sur la masse, fait impropre en ce cas, tandis qu'elle est
et sur cette saillie, dit la tradition, dormait † juste, lorsque les Qbour-el-Mo
le prophète Jérémie. Malheureusement cette ouk sont identifiés avec ces mêmes caves
tradition ne supporte pas l'examen. royales.
Du plafond de la grotte suinte constamment Tombeau des juges. — A un kilomètre
une pluie de gouttes d'eau, que j'ai vu les environ au nord-ouest de Jérusalem, on ren
pèlerins grecs recueillir avec empressement, contre, dans un rideau de roches placé vers
pour s'en bassiner les yeux. Etait-ce comme la naissance de la vallée de Josaphat, une
préservatif contre les ophthalmies, ou comme série de caves sépulcrales, parmi lesquelles
curatif contre la myopie ?J'avoue n'avoir pas il s'en trouve une d'une très-grande magni
éprouvé le moindre désir de m'en informer. ficence, et à laquelle la tradition donne le
A gauche, en sortant de la grotte, on trouve nom de Qbour-el-Qodhâ (tombeaux des Ju
un escalier conduisant à une citerne en bon † qu'il ne faut pas confondre,ainsi qu'on l'a
état, et pleine d'eau. Je n'en ai pas examiné ait souvent, avec les soufetim, ou juges Sou
la structure avec assez de soin pour pouvoir verains d'Israël : qodhâ n'est que le pluriel
parler de son âge probable. de qadhi, juge siégeant dans un tribunal. Si
Un derwiche tourneur réside d'ordinaire à donc la tradition est vraie, nous avons ici le
la grotte de Jérémie, et il prélève un petit sépulcre commun des présidents d'un tribu
tribut sur tous les pèlerins qui se présentent : nal suprême du royaume de Juda. Cette fois
cela doit lui constituer un assez joli revenu. encore, on voit que j'accepte sans hésiter la
Le monticule dans lequel est creusée la grotte tradition du pays,tradition à laquelle je ne vois
de Jérémie est couvert de tombes musulma
pas que l'on puisse objecter rien de sé
I'16UlX. -

nes ; enfin, l'on aperçoit dans le flanc du ro


cher, à gauche de l'entrée actuelle de la Quoi qu'il en soit, je vais donner la des
grotte, une assez petite excavation naturelle. cription de ce magnifique sépulcre, qui,est
Voilà tout ce que l'on peut dire, aujourd'hui, présque digne d'être rapproché, pour , son
des restes mutilés de la somptueuse cave sé élégance et pour le soin qui a présidé à sa
pulcrale qui fut la dernière demeure de la construction, de la merveilleusé catacombe
plupart des princes asmonéens. des Qbour-el-Molouk. Williams a publié dans
Tombeaux situés au fond de la vallée de son excellent livre ( Holy city, t. II, p. 151 et
suiv., pl. Iv ) une †" du tombeau
Josaphat, au-dessous et au nord-est du tom des juges, accompagnée d'un beau plan et
beau des rois. — Les flanes de la vallée de
de deux coupes, recueillis par son auli ,
Josaphath, au nord de Jérusalem, présentent M. Scoles. C'est, sans aucun doute, un très
de [nombreuses excavations funéraires qui beau travail, fait avec habileté, mais qui
mériteraient sans doute une étude toute spé laisse encore un peu à désirer, paree que
ciale.Malheureusement le temps m'a manqué, quelques parties essentielles du monument y
et je n'ai pu les visiter qu'en courant.Je n'en ont été omises. Je me félicite de m'être Bmis
pourrai donc rien dire de positif, et j'aime à même de compléter, et de donner à mes
mieux l'avouer simplement. lecteurs une élévation, un plan complet et
Schultz, adoptant une tradition juive accré diverses coupes de ce monument éminem
ditée à Jérusalem, voit dans une de ces caves ment curieux.J'ai, de plus, rapporté de bons
funéraires, le tombeau du grand prêtre Si estampages des ornements du vestibule, , re
mon, surnommé le Juste, fils et successeur cueillis, avec une patience au-dessus de tout
du grand prêtre Onias (Ant. Jud., XII, II, 4), éloge, par mon savant ami l'abbé Michon.
et contemporain de Ptolémée Philadelphe. Bien nous a pris d'avoir l'idée de recueillir
Une autre dé ces caves paraît au même sa ces moulages, qui suffisent pour démontrer,
vant devoir être le monument du Foulon, au premier coup d'œil, que l'art qui a présidé
dont il est fait mention dans Josèphe (Bell. à l'ornementation du tombeau des juges
Jud., V, Iv, 2), à propos de l'enceinte d'Hé n'est ni romain ni grec. Les dessins, déplº
rode Agrippa. Cette énceinte, dit l'historien rablement mauvais, de Cassas, avaient permls
des Juifs, après avoir passé auprès des caves jusqu'ici de soutenir cette opinion erronée,
royales, s'étendait longuement, et s'inflé qui croule d'elle-même en face des plâtres qui
chissant près du monument du Foulon, à représentent naïvement ce qui existe, ºns
une tour angulaire, venait finir à la vallée du arrangement de convention qui en dénaturº
Kedron, en rejoignant la muraille antique: le caractère.
Kai ôtà attr)atoov 323ixtxóv pinxovóuevov èxägTteto Un vestibule, taillé dans le rocher, pré
utv Yovtatip Ttûpytp xatx vb Kvapéto; TtpogaYo
pºvágºvoy gºua tip ôè àpxztip rept6öMp ºuvämtov sente à l'extérieur un magnifique fronton,
et; : Keôptova xaxoup évnº pápaYYa xaté)nrev. dont le tympan
rinceaux est orné
dè feuillages des plus
de fleurs et deélé#ººts
fruits,
Williams pense qu'il sera possible de retrou
ver les caves royales de Josèphe dans les sans aucune symétrie réelle. De belles mou
415 JER DICTIONNAIRE JER 416

lures encadrent la † et le tympan, qui encore une petite porte très-basse, débou
est en outre orné d'une ligne de petits mo chant, par un ressaut égal au premier, dans
dillons. Deux acrotères élevés et en palmette une belle chambre carrée, offrant, sur ses
garnissent les deux angles extrêmes du fron trois faces du fond, des arceaux surbaissés en
ton, qui portait à son sommet un ornement retraite, de façon à former de larges ban
analogue aux acrotères , mais aujourd'hui quettes, sur lesquelles débouchent quatre
tellement dégradé, qu'il est devenu mécon niches sépulcrales à droite et à gauche, et
naissable. Dans le fond du vestibule et au seulement trois dans la paroi du fond. Mais,
centre de la paroi, s'ouvre une charmante sur cette face, sont ouvertes, dans les joues
petite porte, tres-étroite, et encadrée d'une de l'arcade, à gauche, une niche dont le fond
moulure à crossettes, que couronne un petit forme une petite chambre carrée, et à droite
fronton avec acrotères en palmette, et un une niche ordinaire.
ornement de feuillages au sommet. Les mo Revenons maintenant à la grande salle
dillons reparaissent autour du tympan, qui d'entrée. Dans l'angle antérieur de droite,
est couvert d'une riche décoration symétrique c'est-à-dire diagonalement avec le premier
de feuillages élégamment dessinés. escalier, s'ouvre une nouvelle cage d'escalier
En franchissant cette porte,on descend par comportant cinq marches, et débouchant sur
un ressaut peu élevé sur le sol d'une salle un palier carré qui conduit par un fort res
sépulcrale carrée. Celle-ci offre la disposition saut à une chambre également carrée, et
suivante : sur la paroi de gauche sont placées entièrement taillée au-dessous du sol de la
deux rangées superposées de niches sépul salle d'entrée. Là on ne voit aucune tombe,
crales. La rangée supérieure se compose de et il est évident que toutes les places ayant
trois couples de niches en voûte, percées été remplies dans les autres salles funéraires,
deux à deux sous des arceaux surbaissés. on avait songé à en disposer de nouvelles
Une feuilleure rectangulaire, dans laquelle a dans cette deuxième salle basse, qu'une ré
dû être encastrée une † de clôture, volution, renversant l'état de choses dans
garnit chacune des niches. Celles-ci sont le quel le monument avait été établi, aura fait
d'une dimension telle, qu'il est évident que laisser inachevée et inoccupée. Pour ma part,
les corps, entourés de simples bandelettes, je ne doute pas que l'événement de force
ont dû y être déposés sans cercueil. La ran majeure qui a fait abandonner le tombeau
gée inférieure se compose de sept niches †
Juda.
juges, n'ait été la chute du royaume de
sépulcrales rectangulaires.
Dans la paroi du fond, s'ouvre, dans l'axe Les Qbour-el-Qodhâ contiennent soixante
même de la porte d'entrée, une porte simple places destinées à recevoir des corps. Le
qui débouche dans une petite salle carrée, nombre des rois de Juda, depuis David jus
qui offre aussi deux rangs superposés de ni qu'à Sedekias et en comptant Athalie, est de
ches sépulcrales rectangulaires, sur les trois vingt-deux. On voit donc que le nombre des
côtés du fond. Les rangées supérieures sont juges enterrés au sépulcre commun est plus
chacune de quatre tombes, et les inférieures du double du nombre des rois. Il n'y a rien
de trois tombes seulement. là que de très-naturel : en effet, on ne devait
Au centre de la paroi de droite, s'ouvre mettre à la tête d'un tribunal que des hom
également une porte débouchant dans une mes d'un âge mûr, sinon respectable, et par
petite chambre carrée, présentant trois ni conséquent, puisque les rois commencèrent
ches sépulcrales sur chacune de ses parois souvent leur règne à un âge assez tendre
du fond. Enfin, dans l'angle de gauche de la encore, il devait s'éteindre bien plus de juges
première salle, et au niveau du sol, est creu suprêmes que de rois.
sée, entre la paroi du vestibule et la paroi de Maintenant, quels étaient ces juges dont
la salle garnie de treize tombes, une niche à nous trouvons ici la sépulture ? Etaient-ce
cercueil assez grossièrement ébauchée , et les Nasi, ou chefs élus de la tribu ? Etaient-ce
offrant dans sa longueur deux petites exca les Elohim (les divins), qui étaient également
vations latérales sur sa face de droite. Telle
élus par le peuple (Deut. xvI, 18-20) ? C'est
est la disposition de l'étage supérieur de la ce que je ne me permettrai pas de discuter.
catacombe.
Il me suffira de dire qu'il est pour moi bien
Passons à l'étage inférieur. Une grande démontré que la cave sépulcrale, qui a con
ouverture rectangulaire , placée à l'angle servé le nom de tombeaux des juges, est
gauche du fond de la salle d'entrée, sert de contemporaine des rois de Juda, et qu'elle a
cage à un escalier de cinq marches, débou reçu les corps d'une série de magistrats su
chant sur un premier palier, au bout duquel rêmes, dont les fonctions n'étaient pas
s'ouvre une petite porte fort basse qui, par 2éréditaires.
un ressaut élevé, conduit à un second palier JESANA, YEFTAH. — Ville d'Ephraïm. (11
voûté contenant trois tombes : la première, Lhron. xIII, 19. )
ouverte à côté même de la porte d'entrée, et JESIMON, H'YAsMoUN. — Ville de Juda
parallèlement à son axe ; la seconde, au mi
ieu de la face de gauche, et la troisième au (I Sam. xxIII, 24.) Eusèbe, au mot Betha
milieu de la face de droite. Cette troisième rimouth, place cette ville à dix milles de Jé
richo vers la mer Morte.
tombe offre, sur la dernière moitié de sa
longueur,un élargissement très-notable.Dans JESUE, YEsoUA. — Ville de Juda. ( II
la paroi du fond de ce palier voûté, s'ouvre Esdr. xI, 26.)
4:7 JEZ DES ANTIQU1TES BIBLIQUES. JEZ 41R
JETA, YETAH.—Ville de Juda donnée aux Sur l'autre versant du Djebel-Nourys, se
Lévites. (Josué, xxI, 16, xv, 55.) Eusèbe pla trouve, à ce que m'a assuré Mohammed, une
ce une Jetan à dix-huit milles, 8u midi d'E- belle source, qui sort d'une grotte et qui
leuthéropolis, dans le pays de Daroma. C'est forme le N#r-§
notre Jeta. Revenons maintenant à Zerayn. Ce village
JETEBA, YETHBAH. — Ville de Juda. (II a incontestablement pris la place de la Jez
Rois, xxI, 19. ) raël (5Nv-m) de la Bible. Nous lisons dans Jo
JETEBATHA.—Trentième station des Israé sué (xIx) : - 17. A Issakhar échut le quatriè
Iiles dans le désert. Ils venaient de la mon me lot, aux enfants d'Issakhar, selon leurs
tagne de Gadgad. Le texte samaritain dit familles. — 18. Leur limite fut à Jezraël, et à
que Jetebatha est une terre de vallées où Heksalouth, et à Sounèm. -- On voit que ce
se trouvent des eaux. (Nombres, xxxIII, 33.) Verset place Jezraël où elle est en effet, dans
le voisinage de Ksalouth et de Soulèm. Une
JETHELA, YETLAH. — Ville de Dan (Josué, des filles de Jezraël devint femme du roi
xIx, 42.) David; elle se nommait Akhinâam. (I Samuel
JETHER, YATIR. — Ville de Juda assignée xxv, 43.) La Bible nous apprend que David
aux Lévites. Elle était dans la partie monta vint camper, avec son armée, près de la fon
gneuse de la tribu. (Josué, xv, 48. ) taine qui est à Jezraël. (I Samuel, xxIx, 1.)
Peu après, il fut obligé de s'éloigner, et les
JETHETH, YETAT, YETER, — Pays d'Idumée Philistins, qui s'étaient réunis contre lui,
mentionné dans la Genèse. (xxvI, 40.) montèrent à Jezraël.(Ibid., 11.)
JETHNAM, YETNAN. — Ville de Juda men Le roi d'Israël, Akhab, qui avait épousé
tionnée avec Cades et Azor. (Josué, xv, 23. ) Jezabel, fille d'lthou-Bâal, roi de Sidon, rési
JETHSOH, YAHASAH. —Ville historique de dait à Jezraël (I Rois, xvIII, 45), et il y avait
la tribu de Ruben. C'est la même que Ca un palais auprès duquel était la vigne
demoth. (Josué, xxI, 36. ) de Nabouth, le Jezraélien. On se ruD
JEZER. — Ville des Amorrhéens qui tomba † que, pour avoir cette vigne, que Na
en partage à la tribu de Gad, et fut donnée outh ne voulait pas céder au roi, Jezabel
aux Lévites.Elle était ville de refuge. (1 Chron. aposta contre Nabouth deux faux témoins, sur
1v, 81.)
l'accusation desquels le malheureux fut la
JEZRAEL. — Le village de Zerayn, la Jez
pidé. Au moment où Akhab prenait posses
raël de l'Ecriture, est placé sur un contre-fort
sion de la vigne de celui que la reine avait
qui domine le merdj-ebni-Aâmer, plaine de
fait assassiner, parut le prophète Elie qui lui
dit : — Ainsi a dit l'Eternel : A l'endroit ou
Jezraël ou d'Esdraelon, et qui se détache du les chiens ont léché le sang de Nabouth, les
Djebel-Nourys. Nous laissons à notre droite chiens lécheront aussi ton sang... (I Rois, xxI,
une source, formant une petite mare, nom 19.) Des chiens mangeront aussi Jezabel sous
Inée el-Ayn-el-Maïteh ( la Source morte ), la muraille de Jezraël. (Ibid., 23 ) — Later
et au sud de laquelle se voient deux sarco rible prophétie épouvanta Akhab, qui s'hu
phages , servant d'auges. Nous longeons à milia devant la colère de Jehovah, et réussit
gauche le village, et, descendant de l'autre ainsi à en retarder l'effet jusqu'au temps de
côté du mamelon sur lequel est placé Zerayn, son|fils.Joram. (II Rois, xxI, 29.) Okhosias suc
nous nous arrêtons auprès d'un beau puits céda à Akhab, régna deux ans, et mourut des
évidemment très - antique et nommé Bir suites d'une chute. Son frère Joram lui suc
Eçoued ( le Puits noir), probablement à céda. Il eut guerre avec les Araméens, et
cause des blocs de lave noire qui en gar † reçu des blessures à Ramat de Djelâad,
nissent l'orifice. Là, nous mettons pied à alla se reposer et se guérir à Jezraël, où
terre pour déjeuner. Le puits est à environ Okhosias, fils de Joram, roi de Juda, vint le
deux cents mètres au nord-ouest du village. visiter. (II Rois, vIII, 29.)
De là, nous avons, directement au nord et à
cinq kilomètres, le village de Soulèm, pays Lorsque, par l'ordre de Dieu, Elisée envoya
de la Sunamite ; à notre droite, c'est-à-dire un fils de prophète oindre Jehu, comme roi
à l'est, quinze degrés nord à peu près, se d'Israël, et lui annoncer qu'il exterminerait la
trouve, à une distance de dix kilomètres, le maison d'Akhab, il finit en lui disant (II Rois,
village de Qoumieh. Directement à l'est de Ix) : — 10. Les chiens mangeront Jezabel au
nous, se trouve le village de Chattah. Celui camp de Jezraël; personne ne l'ensevelira.Puis
ci a pris la place d'une localité biblique. il ouvrit la porte et s'enfuit. — Jehu fut alors
Nous #ns en effet dans les Juges (v1, 33 ) : proclamé roi par ses compagnons de l'armée
— Tout Madian, Amaleck et les Orientaux (dont il était un des chefs). Il monta à cheval
s'étaient réunis ensemble, avaient passé et se rendit à Jezraël, car Joram était là, ma
le fleuve), et s'étaient campés dans la val lade de ses blessures (vers. 16). Une vigie
ée de Jezraël. (vII, 22.)— Peu après, lors placée sur une tour à Jezraël, vit venir la
que Gédéon, avec ses trois cents hommes, troupe de Jehu, et prévint le roi, disant : Je
eut jeté la terreur dans leur camp... le vois une troupe. Joram lui dit : Prends un ca
. camp s'enfuit jusqu'à Beit-Chattah (n'a-Ty valier, et envoie-le au-devant d'eux, et qu'il
nu>Un), vers Serarath, jusqu'à la ſ† de leur demande s'ils viennent avec la paix (ver
· Abel-Mahoulah, près Thabat. — Je ne doute set 18). Le messager fut arrêté et ne revint pas;
pas que la Chattah moderne ne soit la Beit il en fut de même d'un second envoyé; la vi
Chattah de l'Ecriture. -
gie en prévint encore le roi et lui dit : Ce doit
449 JEZ DICTiONNAIRE JOP 420

étre Jéhu et ses soldats, car ils courent comme Maxianopoli (alias †) —Civitas
des insensés. Alors Joram fit atteler son char Stradela x. Ibi sedit Achab rex et Helmas pro
de guerre, pour aller au-devant de Jéhu. Ok phetizavit; ibi est campus ubi Davtd Goliath
hozias, roi de Juda, l'accompagna, monté occidit. — Civitas Sciopoli (alias Scythopoli,
aussi sur son char. Ils rencontrèrent Jéhu dans sive Bethsan)xII. La Stradela de cet Itinéraire,
le champ même de Nabouth que Jezabel avait c'est évidemment notre Zerayn; Scythopolis,
fait assassiner. Est-ce que tu m'apportes la c'est Beysan, qu'il met à douze milles romains
paix, Jéhu ?cria le roi. — Quoi ! la paix ! avec de Zerayn; enfin, Maximianopolis doit être à
la luxure et les sortiléges de ta mère Jezabel ! dix milles romains de Zerayn. Où doit être
A ces mots, Joram tourna bride et voulut placée cette Maximianopolis? Voici ce que
s'enfuir en criant au roi de Juda : C'est une nous trouvons dans le Commentaire de saint
trahison, Okhosias ! Mais Jehu lui lança une Jérôme, au ch. XII de Zacharie : Adadrimmon,
flèche qui pénétra entre les deux épaules, pro quo LXX transtulerunt 'Po5.oç, urbs est
traversa le cœur et sortit par la poitrine.Jo juxta Jezraelem, quœ hoc olim vocabulo nun
ram tomba sur les genoux dans son char. cupata est, et hodie vocatur Maximianopolis,
Alors, sur l'ordre de son chef, Bidkar, l'un des in campo Maggedon. Dans le Commentaire
capitaines de Jehu, prit le corps de Joram, du ch. I d'Osée, saint Jérôme dit encore : Di
et le jeta dans le champ de Nabouth. Okho acimus Jezraelem, quae nunc juxta Maximia
sias s'enfuit par le chemin de la Maison du nopolin est. Je trouve sur un Itinéraire dres
Jardin, et Jehu le poursuivit, criant : Tuez-le sé de mémoire par Mohammed, de Nazareth
aussi ! Okhosias fut atteint et frappé dans la au couvent du Carmel, à Attil et à Djenin, en
montée de Djour,qui est près de leblâam. ll passant par El-Ledjoun (Megiddo), un village
réussit pourtant à gagner Megiddo, où il nommé Roummaneh, et qui se trouve entre
mourut de ses blessures.Jehu revint à Jezraël, Djenin et El-Ledjoun. Je suis assez porté à
et trouva Jezabel qui, après s'être peint les croire que c'est notre Adadrimmon, dont le
yeux et orné la tête, se tenait à une fenêtre nom plus récent, † aura dis
du palais. Comme Jehu en franchissait le paru, pour rendre sa place à l'ancien nom, de
seuil, elle lui cria : Est- ce la paix que tu ap même que cela a eu lieu pour Scythopolis,
portes, émule de Zimri, meurtrier de son maî qui a repris son nom antique de Beit-San, al
tre ?Jehu leva la tête et cria : Qui est pour téré aujourd'hui en Beysan.
moi ? qui ? Deux ou trois eunuques se mon Du temps des croisades, Jezraei fut appelé
trèrent alors, et regardèrent de son côté : Parvum Gerinum.Voici en effet ce que nous
Jetez-la par la fenêtre! leur cria-t-il, et ils le lisons dans Guillaume de Tyr (xxII, 26) : Jez
firent. Le sang de Jezabel rejaillit sur las murs raheel, nunc autem vulgari appellatione dici
et sur les chevaux. Jehu foula aux pieds son tur Parvum Gerinum, Après l'époque des
cadavre, puis il entra dans le palais, mangea croisades, la tradition de l'identité de Jezraël
et but; ensuite il dit à ses serviteurs : Voyez et de Zerayn s'est perdue, et ce n'est que de
ce qu'est devenu le corps de cette maudite, et puis une quinzaine d'années que cette iden
ensevelissez-le, car elle était fille de roi. Ils tité incontestable a été reconnue, pour ne
allèrent pour ensevelir Jezabel; mais ils ne plus se perdre, très-probablemefit.
trouvèrent plus d'elle que le crâne, les pieds,
et les paumes des mains. Les chiens l'avaient JOPPE, IAPHo, JAFFA (YAFA). — Ville de la
déchirée et dévorée. Ainsi s'accomplit la pro tribu de Dan (Josué, xIx, 46), et placée sur les
bords de la mer. C'est la moderne Yâfa, et
hétie prononcée parElie. (II Rois, Ix, 15
7.) — Deux jours après furent apportées l'une des villes les plus peuplées de la Pales
tine actuelle.
dans des paniers, à Jehu, qui n'avait pas quit
té Jezraël, les têtes des soixante-dix fils de Saint Grégoire de Nazianze prétend que le
Joram qui étaient à Samarie. Ainsi la maison nom deJoppé en hébreu signifiemiroirdejoie,
d'Akhab fut anéantie. — Le récit de cet évé et saintJérôme ditsimplementque le motJöppé
nement tragique est à peu près raconté de signitie beauté.
même par Josèphe.(Ant. Jud., IX, vI, 4.) Saint Jérôme décrit ainsi l'ancienne Joppé:
E'historien des Juifs appelle Jezraëſ, Jes « Joppé est le port de la Judée, et nous li
raila, ville d'Izaros (uixot rã; 'Is7pxiAx; 1:äp2v sons dans les livres des Chroniques et des
r6Atoç avviôpaui. (Ant. Jud., VIII, xIII, 6.) On Rois que ce fut là que Hiram, roi de Tyr,
s'est beaucoup préoccupé de cette expression envoya les bois du Liban, qui étaient ensuite
'Igapou ré)to;, mais sans venir à bout d'en de amenés par terre , à Jérusalem. On montre
viiier le véritable sens. Dans l'édition même jusqu'à ce jour sur le rivage de la mer le ro
des classiques grecs de Didot, je trouve, à la cher où fut attachée Andromède et délivrée
table des matières : Izari (?) urbs (Jesraela). par Persée, » Saint Jérôme avertit que c'est
La chose n'était pourtant pas bien difficile à une fable des poëtes.
deviner, à mon avis. Jezraël était une ville de Le plus beau de l'histoire, c'est que Pline
la tribu d'Issakhar, et un copiste maladroit raconte qu'on rapporta à Rome les osse
aura écrit 'Ikäp2v au lieu de 'Iaxxépov Il y a ments du monstre qui devait dévorer Andro
dans le texte de Josèphe des fautes de ce mède. Ce monstre avait quarante pieds de
enre, tellement palpables, que la rencontre longueur, ses côtes surpassaient en hauteur
# celle-ci ne doit pas nous étonner le moins celles des éléphants, et l'épaisseur de son
du monde. épine dorsale était d'un demi-pied. Cette des
Dans l'Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem, cription ressemble assez à celle d'une petite
nous trouvons l'indication sufvante : Civitas baſeine qu'on aurait prise à Jaffa.
J0S DES ANTlQUITES BIBLlQUES. J0S 422
421

On lit le nom d'un évêque de Joppé au nes dans le passage du Livre de Josué rela
concile d'Ephèse. -
tif à la guerre que le conquérant juif entreprit
Le port de Jaffa est très-mauvais, ou plutôt contre Yabin, roi de Hazor. -

Jaffa n'a pas de port ; aussi les navires ne Après le sac de Jéricho, de Ai et de Beit
peuvent s'y arrêter, et ne se tiennent qu'en el, les rois du pays de Kénâan comprirent
rade. En temps de grosse mer, ils sont obligés ue la guerre que leur apportaient les Juifs
de chercher un port, ce qui est rare sur la † une guerre d'extermination, et ils se
côte de Syrie.Alexandrie, et la rade de Saint mirent en mesure de repousser l'invasion qui
† d'Acre offrent les ports les plus rappro les menaçait.Adoni-Seddik, roi de Jérusalem,
CIn6S. fut le premier à donner le signal et l'exemple
J0SUE. de la résistance. Les Djebâounites, par un
Art judaique depuis Moise jusqu'au temps adroit stratagème, avaient réussi à se sous
des juges. traire aux conséquences de la conquête jui
Villes kénâanéennes. — Jéricho. — Josué. — Les ve; ils avaient fait alliance avec Josué; et
chariots de guerres. — Hazor. - Ses ruines.- comme leur ville était plus grande et plus
Arts métallurgiques. — Sicle ou monnaie juive. forte qu'Aï, cette alliance inspira des crajn
— Les étoffes de Babylone. - Les couteaux de tes aux Kénâanéens, qui voyaient l'ennèmi
pierre. — Les trompes de Jéricho.—Le passage au cœur du pays et pouvant au besoin ap
du Jourdain. — Monuments de pierre. - Autels puyer ses opérations militaires sur une for
de pierre. teresse peuplée de leurs propres compatrio
Le Livre de Josué nous apprend que les tes. Punir la trahison, c'était aller au plus
grandes villes du pays de Kénâan étaient en pressé, car c'était dégoûter les autres villes
tourées de murailles et, par conséquent, clo de suivre l'exemple de Djebâoun. Adoni
ses la nuit.Ainsi, lorsque les espions d'Israël Seddik convoqua donc Houham, roi de Hé
vinrent à Jéricho, ils se cachèrent dans la bron, Feram, roi de Iermout, Iafiâa, roi de
maison d'une prostituée nommée Rahab, qui Lakich, et Debir, roi d'Adjloun, et il les con
demeurait sur la muraille de la ville (II, 15 ; duisit devant Djebâoun. Ces petits rois de tri
vI, 1). Le roi de Jéricho, instruit de la présen bus amorites (x, 5) allaient s'emparer de la
ce de deux hommes suspects, que l'on avait ville assiégée, lorsque Josué, appelé par ses
vus entrer chez Rahab, y fit faire sur-le-cham nouveaux alliés, sortit de son camp de Djel
une perquisition qui n'aboutit à rien. † djel, placé entre Jéricho et le Jourdain, gra
affirma aux envoyés du roi que les deux vit les montagnes qui le séparaient des pla
étrangers qu'ils cherchaient étaient partis à teaux de Kénâan, et vint fondre inopinément
l'entrée de la nuit, et lorsqu'on fermait les sur les rois coalisés. Ceux-ci furent mis en
portes de la ville (II, 5). Après la retraite des pleine déroute; dans leur fuite par la des
émissaires royaux, les deux espions israélites, cente de Beit-Houran (Beit-Hour-et-Thatah,
qui s'étaient blottis sous des tiges de lin dé -
de nos jours), une effroyable tempête les en
posées sur la terrasse de la maison de Rahab, veloppa, et la grêle qui tomba sur eux en tua
se laissèrent glisser à l'aide d'une corde jus plus que le glaive des lsraélites (x, 11). Les
qu'au pied des murailles, et gagnèrent les ·cinq rois s'étant réfugiés dans une grotte, à
hauteurs, au lieu de se diriger vers le Jour Makeda, Josué en fit boucher l'entrée aveº
dain, qu'il leur était impossible de franchir, des quartiers de roc, et il continua la pour
grâce aux précautions prises afin de s'empa suite des Amorites. Lorsque l'armée ennemie
rcr de leurs personnes. eut été anéantie, le conquérant revint à Ma
Des faits que je viens de rappeler le plus keda, tira les cinq rois de l'asile qui était de
brièvement possible, il résulte que les murail venu pour eux une prison, et les fit pendre
les de Jéricho étaient assez larges pour que incontinent à des arbres. Au couché du so
la maison de Rahab y † être établie sans leil, leurs cadavres furent rejetés dans la ca
gêner les mouvements de ceux qui devaient verne, devant l'entrée de laquelle furent de
être appelés à défendre ces murailles. Certai nouveau roulés des quartiers de roc qui en
nement Jéricho n'était pas la seule ville ké condamnèrent l'entrée.
nâanéenne ainsi fortifiée, et très-probable A partir de ce moment, une guerre ardente
Inent beaucoup d'autres encore avaient une et sans miséricorde fut dirigée contre les vil
enceinte du même genre. les qui avaient appartenu aux rois coalisés ;
Nous trouvons d'ailleurs la preuve positive tout le pays, depuis Kades-Barnea jusqu'à
de ce fait dans la narration de la prise d'Ai Gaza, toute la terre de Djesen jusqu'à Dje
† 17 et 19), que les habitants avaient eu bâoun, tomba au pouvoir des Israélites (x,41,
'imprudence de laisser ouverte, en se préci 42), et le massacredes aborigènesy fut général.
pitant à la poursuite de Josué, qui les avait L'annonce de ces événements, accomplis
attirés dans une embuscade. Une fois l'en dans le sud du pays de Kénâan, devait natu
ceinte de la ville forcée, le massacre des ha rellement faire pressentir aux habitants du
bitants commença, et douze mille personnes, nord de la même contrée le sort qui leur était
tant hommes que femmes, furent passées au réservé, s'ils ne parvenaient à arrêter le tor
fil de l'épée. Aï était donc une ville considé rent dévastateur. Yabin, roi de Hazor, le plus
rable, et qui ne tomba si facilement au pou puissant des rois du pays de Kénâan (xI, 10),
voir des Israélites que par l'imprévoyance comprit qu'il n'y avait pas à reculer, et qu'il
de ses habitants. était urgent de courir au-devant du fléau. Tous
Nous allons trouver quelques renseigne les rois ses alliés furent appelés par lui à la
ments plus positifs sur les villes †. défense du territoire; c'étaient loubab, roi
425 J0S DICTI0NNAIRE J0S 424
#
de Medoun, le roi de Semroun, celui d'Aksaf, nommer Yabin, roi de Hazor. « L'armée coa
les rois du nord, de la montagne, de la plai lisée, dit-il, comptait trois cent mille fantas
# ne, ceux du midi jusqu'à Kinrout, ceux du sins, dix mille cavaliers et vingt mille cha
plat pays et des campagnes de Dour, à l'oc riots de guerre. » (Ant. Jud., V, I, 18.) Plus
cident, le Kénâanéen de l'orient et de l'occi loin (V, v,) il raconte comment les Israélites,
dent, l'Amori, le Hittien, le Ferisien, le Ye délivrés du joug de Moab, furent asservis par
bouséen, habitant de la montagne, le Hévien, Yabin, roi des Kénâanéens. Celui-ci, sorti de
' !#
*i # ,
- **
habitant au pied de l'Hermon, dans le pays Hazor, ville située au-dessus du lac Samak
# de Mesfah (xi, 1, 2, 3). honite, entretenait une armée de trois cent
* º*
Tous ces confédérés, nombreux comme le mille fantassins , de dix mille cavaliers et de
sable de la mer, allèrent camper près des trois mille chariots de guerre (87). A la tête
eaux de Merom, c'es-à-dire au bord du lac de cette armée était placé Sisera, qui battit
Samakhonite (Bahr-el-Houled), (4 et 5). d'abord les Israélites et les soumit à payer
Josué vint les y attaquer, les mit en pleine un tribut annuel à son maître. Cet état de
déroute et les poursuivit dans toutes les di choses dura vingt années, après lesquelles
rections, jusqu'à Sidon la grande, d'un côté, les Israélites se révoltèrent. Conduits par Ba
et de l'autre jusqu'à la vallée de Mesfah, à rak et par Debora, ils battirent à plate cou
l'orient. Cette immense multitude fut, pour ture l'armée de Sisera, qui périt comme cha
ainsi dire, anéantie (7 , 8); et Josué détruisit cun sait. Ils vinrent ensuite assiéger Hazor,
leur cavalerie et brûla leurs chariots (9). dont le roi Yabin fut tué, et ils ruinèrent la
L'usage de ces chariots de guerre était éta ville de fond en comble.
bli en Egypte et en Assyrie; il est donc cer J'avoue que ces deux récits de Josèphe,
tain que les Kénâanéens avaient adopté les avec ces chiffres à peu près identiques, m'au
usages des grandes nations guerrières avec raient induit à considérer les deux récits
#uelles ils confinaient au nord et au comme concernant un seul et même événe
SUl01. ment, si les saintes Ecritures elles-mêmes
Après la ruine de l'armée ennemie, Josué (Juges, Iv) ne nous donnaient le droit d'affir
et les Israélites se ruèrent sur Hazor, l'enle mer que deux rois de Hazor, du nom de Ya
vèrent de vive force, massacrèrent toute la bin, furent défaits, l'un par Josué, l'autre par
population et brûlèrent la ville (10, 12). Ha Barak.
zor seule périt ainsi par l'incendie, et les Quoi qu'il en soit, la ville de Hazor fut re
autres villes fortes , restées debout sur levée de ses ruines par Salomon, ainsi que
leurs collines, furent épargnées par le vain l'atteste encore Josèphe (Ant. Jud., VIIl, vI,
queur (13). 1), d'accord en cela avec la Bible (I Rois,
Il y a dans ce dernier verset un fait impor Ix, 15). Il y a tout lieu de croire que ce fut
tant à constater, c'est l'usage des Kénâanéens la Hazor de Salomon, construite très-proba
de bâtir leurs places fortes sur des points blement à côté des ruines de la Hazor de Ya
élevés. Les villes restées debout sur leur tell, bin, qui fut prise †us
tard †Teglat-Fela
dit le texte ; et le mot hébraïque tell signifie
Sar (11 Rois, xv, 29), et enfin détruite par
à la lettre une colline , un monticule, aussi° Nabuchodonosor. (Ant. Jud., XI, Ix, 28.)
bien que le même mot arabe. J'ai vu en Sy Du récit de Josèphe il est facile de conclure
rie une très-grande quantité de villes ruinées quelle était l'importance de Hazor. Nous al
de l'époque biblique, et presque toutes sont lons voir maintenant ce qu'il reste de cette
établies sur des sommets, c'est-à-dire sur de ville, et étudier le caractère de ses ruines
véritables tell. C'est ainsi que ce mot a été immenses.
compris par saint Jérôme. Mais d'autres J'ai eu le premier le bonheur de reconnaî
traducteurs des saintes Ecritures , s'ap tre l'emplacement de cette cité biblique,
puyant sur la version chaldéenne , qui récisément au point désigné par le texte de
se sert du mot toukafihoun , à la let osèphe. Le 5 mars 1851, après avoir quitté
tre : leurs lieux forts, en ont conclu qu'il le voisinage de l'Ayn-el-Belathat, où j'avais
s'agissait de fortifications proprement dites. campé dans les marécages du lac Samakho
Je n'hésite pas à repousser cette traduction. nite, je distinguai, sur les collines qui fer
IIne colline fortifiée peut, à bon droit, s'ap ment au nord la plaine nommée Ardh-el
peler un lieu fort, tandis que la réciproque Houleh, des murailles ruinées qui en couron
n'est pas vraie. D'ailleurs, je le répète, la naient le faîte, des allées de pierres et d'in
vue des sites bibliques ne me permet pas de nombrables monceaux de grosses pierres
conserver le moindre doute sur la leçon qu'il de taille, restes évidents d'une ville antique.
faut nécessairement adopter. La route que je suivais, en me dirigeant sur
Revenons à Hazor ; le nom méme de Banias, contournait le pied même de ces col
cette ville signifie : entourée de murailles. lines ; il m'était donc impossible de me
Hazor était donc la ville forte de Kénâan par tromper sur la nature des vestiges qui les
excellence. « Hazor était autrefois le plus couvraient, Le pâté de hauteurs change su
considérable de ces royaumes-là, » dit effec bitement de direction, après avoir couru
tivement l'Ecriture (xI, 10). L'historien des pendant plus d'une heure de l'ouest à l'est,
Juifs, Flavius Josèphe, raconte la campagne et s'infléchissant à angle droit, il court alors
de Josué contre les rois du nord , mais sans du sud au nord.Aussi loin que la vue peut
(87) ll n'est parlé dans l'Ecriture que de neuf eents chariots placés sous les ordres de Sisera. (Juges,
Iv, 5
:25 J0S DES ANTIQUITES BlBLlQUES. J0S 426

s'étendre, des ruines semblables garnissent marécageux connu sous le nom de Ardh-el
toutes les crêtes. A partir de là, j'entrai dans Houleh (terre du lac Houleh ). J'ai dit aussi
un terrain mamelonné et solide, couvert en que † je mesuis trouvé à proximité des
core à perte de vue d'énormes blocs basal ruines placées sur les hauteurs, j'ai pu cons
tiques qui, cette fois, ne présentaient plus tater que les blocs qui les composaient
aucune trace de travail humain. Certaines avaient été équarris avec plus ou moins de
files régulières de ces blocs étranges m'a- soin, et présentaient certainement les traces
vaient déjà donné lieu de croire que je fou non équivoques d'un travail humain. Ces
lais le sol d'une ville de la plus haute anti deux amas immenses de décombres portent
quité, et je cherchais avec une attention donc le cachet indubitable de deux âges dif
extrême à découvrir quelque preuve irré férents. On me trouvera peut-être bien témé
fragable de ce fait, dont l'énonciation m'avait raire d'oser fixer à chacun son époque, et
attiré dès l'abord les sarcasmes de mes cependant je n'hésite pas un instant à le faire,
compagnons de voyage. Cette preuve ne se Dans les ruines cyclopéennes, †
fit pas attendre : j'aperçus bientôt, à cent vraiment effrayant, et parmi lesquelles j'ai
mètres environ à gauche du chemin que je retrouvé le Khan, je vois la Hazor détruite de
suivais, des blocs amoncelés semblant former fond en comble par Josué et par Barak. Dans
une sorte de muraille ; j'y poussai mon che les ruines qui couronnent le pâté de collines,
val, et je me trouvai au pied du plus étrange je vois l'immense acropole de cette même
monument cyclopéen qu'il soit possible de Hazor, rebâtie par Salomon, prise par Te
TenCOntrer. glat-Felazar et détruite par Nabuchodoz o
On devine que je n'hésitai pas un instant SOI'.
à mettre pied à térre, et à mesurer et lever Jamais l'appareil cyclopéen d'El-Khan n'a
toutes les portions de cet édifice. été employé par Salomon, ni par ses succes
, Quelle fut la destination de cet édifice?fut seurs, ni par les rois d'Israël. Ce genre de
il un temple, fut-il un palais ? J'avoue que je constructiôn est indubitablement antérieur à
penche fortement pour la première hypothèse, la fondation du royaume de Juda. Il est par
et en voici la raison : Il n'y avait, lorsque je faitement analogue à celui que nous retrou
découvris les ruines de Hazor, que bien peu vons dans certains édifices de Gomorrhe.
de semaines que j'avais étudié et levé les C'est donc à bon droit, je pense, que j'ai
ruines du temple bâti par les Samaritains u énoncer les conclusions ci-dessus sur
sur le mont Garizim, et je retrouvais exac l'âge des ruines de Hazor.
tement, dans les ruines d'El-Khan, le même Reste maintenant à formuler d'autres con
plan qu'au Garizim. Je savais de plus que ce clusions plus générales. Les villes du pays
dernier temple avait été construit à l'imita de Kénâan, à la venue des Israélites, étaient
tion de celui de Jérusalem ;il était donc tout
encore construites en véritable appareil cy
naturel que l'idée me vînt que des édifices clopéen. Quelques-unes d'entre elles étaient
disposés de la même manière et orientés de d'une étendue qui dépasse ce que l'imagination
même, eussent eu la même destination. On la plus active pourrait se figurer. Enfin certains
verra un peu plus loin combien est frappante édifices auxquels leur masse seule a pu as
l'analogie des deux édifices religieux du Ga surer quelque durée, présentent dans leur
rizim et de Hazor. Je ne doute donc pas un plan une régularité et une simplicité sévères,
seul instant que mes lecteurs ne partagent qui ne laissent pas de constituer des ordon
ma manière de voir, et que les ruines d'El nances fort imposantes. La plupart de ces
Khan ne soient pour eux celles d'un vérita villes étaient construites sur des collines et
ble temple et non d'un palais, qui eût, on en closes de murailles assez larges pour servir
conviendra, été fort mal placé à la lisière d'assiette à des habitations particulières.
d'une capitale comme Hazor.
Je me suis souvent demandé, depuis mon Quelles découvertes sont réservées au hardi
retour, si cette fois encore la tradition locale voyageur qui ira planter sa tente sur les
n'aurait pas raison, et si la ruine que j'ai re ruines de Hazor, et qui aura la persévérance
trouvée à Hazor ne serait pas celle d'un édi de les explorer sur toute leur étendue ? Je ne
fice destiné primitivement à héberger les saurais le dire, mais je me crois en droit
caravanes étrangères, édifice qui, à travers d'affirmer que celui-là sera amplement payé
près de trente siècles, aurait conservé son de sa peine, et qu'il attachera infailliblement
nom véritable. La situation d'El-Khan par son nom à la résurrection, si je puis m'ex
rapport à la ville †! peut-être donner primer ainsi, de la plus étonnante des civili
quelque vraisemblance à cette supposition, sations. Il n'est pas † qu'un séjour
uelque peu prolongé à proximité
† corrobore d'ailleurs l'analogie que cet 'Es-Souk, du village
ne permette pas d'amener les
difice présente avec le Kharbet-el-Yaoud,
que j'ai décrit en parlant des ruines de Go habitants de ce village à entreprendre quel
morrhe. ques fouilles au milieu des ruines. Il est cer
Ainsi que je l'ai dit plus haut, des blocs tain qu'avec de l'argent et quelques remèdes
semblables à ceux qui constituent la ruine distribués par-ci par-là aux souffreteux, on
d'El-Khan, jonchent le terrain à perte de obtient tout des Arabes : et ce que je n'ai
vue vers le nord. A perte de vue aussi, et pu faire moi-même, à mon très-grand regret,
dans la même direction. s'étendent, à gau
je désire ardemment qu'un plus heureux le
che du plateau, les collines couronnées de fasse. A coup sûr, je ne crains pas de le ré
péter, nousverrons surgir de la terre des mO
ruines qui dominent au septentrion le bassin
DICTIoNN DEs ANTIQUITÉS BIBLIQUEs. 14
427 J0S DICTlONNAIRE - J0S 428

numents tout au moins contemporains de ment un instrument, ou mieux une arme de


Josué. fer.
Revenons maintenant à nos recherches Quoi qu'il en soit, ce passage suffit par
spéciales. Nous avons vu,, à propos de l'ar faitement pour établir que les arts métâl
; mée du roi Yabin, que les Kenâanéens se
servaient de chariots de guerre. Les versets
lurgiques étaient fort avancés dans le pays.
La prescription sévère de Josué ne fut pas
16 et 18 du chapitre xvII du Livre de Josué observée rigoureusement, et un Israélite
nous fournissent un renseignement positif sur nommé Aakan, fils de Kerimy, fils de Zabe
la nature de ces chariots : ils étaient de fer, dy, fils de Zarah, eut la mauvaise pensée de
: s'il faut en croire les Lexiques hébraiques,
ui traduisent unanimement les mots rekab
erzil par chars de fer (88). Malheureusement
cacher certains objets qu'il voulait soustraire
à l'interdit ( vII, 1 ). Cette transgression d'un
ordre si positif, valut immédiatement une dé -
il ne me paraît pas démontré que le mot berzil faite aux Israélites. Alors Josué, s'étant pros
soit bien légitimement le nom du fer comme terné devant l'Eternel, reçut l'ordre d'assem
métal. En arabe, le mot borzoul, le seul qui ait bler toutes les tribus, parmi lesquelles l'E-
une ressemblance réelle avec le mot hébraïque ternel atteindrait celle à laquelle appartenait
en question, signifie épais, gros. Il se pour le coupable. Par quel moyen ? le texte ne le
rait donc bien d'abord que les prétendus dit pas ; mais il est probable qu'il s'agit
chariots de fer ne fussent que des chariots d'une sorte de tirage au sort, dirigé par Jé
solides et massifs. D'un autre côté, l'arabe hovah lui-même. La tribu de Juda fut dé
nous présente un mot bertzil, mot dont l'or signée. Un nouveau tirage eut lieu entre les
thographe est très-douteuse d'ailleurs, mais familles de cette tribu. La famille de Zarah
qui, en tout cas, aurait le même sens que fut atteinte, et, dans celle-ci, la famille de
berthil. Or celui-ci signifie une grosse pierre Zabedy fut désignée par le sort ; enfin, dans
ouun fer long, large et dur, à l'aide duquel la famille de Zabedy, le coupable Aakan
on taille les masses de pierre. C'est encore fut atteint. Aussitôt Josué le pressa de con
un instrument de fer aigu, en forme de bec fesser son crime, et Aakan avoua : J'ai vu,
de grue, à l'aide duquel on fend les pierres. dit-il, dans le butin un beau manteau de schi
Je n'hésite donc pas à voir dans les préten
dus chariots de fer des Kénâanéens, des cha
# babylonien, dit le texte chaldéen ), va
lant deux cents sicles d'argent, un lingot d'or
riots munis d'une armature en fer destinée à
du poids de cinquante sicles : j'en ai eu envie
blesser les fantassins au milieu desquels ces et je les ai pris ; ils sont enfouis dans la terre,
chariots étaient lancés à toute vitesse. Tout
au milieu de ma tente, et l'argent est dessous.
le monde a entendu parler des chars de Des envoyés allèrent déterrer le tout. En
guerre armés de faux. Ce devait être quelque suite Aakan, avec ses fils, ses filles, ses bœufs,
chose d'analogue que l'écrivain sacré dési ses ânes, son menu bétail, sa tente et tout ce
gne sous le nom de rekab berzil. qui lui appartenait, fut conduit par l'assem
Il n'y a plus dans le Livre de Josué d'autre blée d'Israël dans la vallée d'Aakour, où tout
passage relatif aux arts des tribus Kénâa fut lapidé, puis brûlé ; puis un grand mon
néennes, que celuiqui concerne les ordresdon ceau de pierres fut accumulé par les assis
nés à l'armée israélite, à propos du sac de tants sur le lieu du supplice. Ce fut cet évé
Jéricho. Parmi les objets qui devaient cons nement tragique qui valut à la vallée en ques
tituer le butin des vainqueurs, certaines es tion son nom de vallée d'Aakour, † signifie :
pèces furent mises en interdit, c'est-à-dire vallée de celui qui cause la calamité (vII,
furent vouées à l'avance au culte de Jéhovah. 13-26).
Voici ce que nous lisons à ce propos, d'après Concluons de ces faits que les métaux pré
a version de Cahen : Tout argent et or, les va
ses d'airain et de fer, ( tout ) sera saint à cieux, en lingots ou mesurés au poids,
l'Eternel ; que cela vienne dans le trésor de constituaient parmiles Kénâanéens un moyen
l'Eternel (vi, 19 ). Je crois devoir faire quel d'échange, une sorte de monnaie. De là,
ues réserves sur l'exactitude de cette tra.. sans aucun doute, est venu le nom de sicle
ugtion. Ainsi d'abord les Septante ont, au donné aux monnaies juives, ce nom signifiant
lieu de vases d'airain et de fer, traduit : tout littéralement une unité de poids. Nous voyons
airain (xzl Tă ; xa)zó; ). En hébreu, koul veut de plus que les étoffes de schinâar, c'est-à-
dire tout, et kouli, ustensile, vase, meuble. dire les étoffes fabriquées à Babylone, par les
C'est donc le premier de ces deux mots que Assyriens, étaient en usage et fort estimées.
les Septante ont trouvé dans le texte à léur Voyons actuellement ce qui concerne les
disposition ; et ils ont été tout naturellement arts parmi les Juifs eux-mêmes :
conduits à lire ainsi, parce que le mot koul, Il est question au chapitre v, versets 2 et 3,
tout, précède les mots argent et or, comme de couteaux de pierre avec lesquels fut opé
kouli précède les mots cuivre et fer. Toute rée la circoncision de tous les Israélites,
fois je pense que le véritable sens est : tout après le passage du Jourdain, au camp de
l'or et l'argent, tout instrument de cuivre et Djeldjel. Ces couteaux devaient être analo
de fer. Cette dernière idée est encore rendue gues aux lames celtiques de silex qui ont été
par le - mot berzil, qui désigne certaine trouvées fréquemment sur le territoire de la

(88)Jl est encore question de ces prétendus chars de fer des Kénàanéens dans le Lirre des Juges, , 19,
ct Iv, 5
429 JOS DEs ANTIQUITEs BIBLIQUEs. JOS 430

France, et mieux encore, très-probablement, de la moisson (mois de nissan), et à cette


aux lames d'obsidiane que mon ami, M. Vic
tor Place, consul de France à Mossoul, a
† le Jourdain coule à pleins bords (III,
15), Les Israélites allèrent établir leur camp à
recueillies tout récemment dans les fouilles Djeldjel, et les douze pierres enlevées du fond
- si habilement dirigées par lui, sur l'empla de la rivière furent dressées en ce point (Iv, 20).
cement de Ninive, à Khorsabad. Ces lames Comment le furent-elles ? le texte sacré ne
de † sont très-tranchantes, et, puis précise rien. Si nous remarquons cependant
u'elles étaient en usage chez les Assyriens, que chacune de ces pierres avait pu être em
il n'y a rien d'étonnant à ce que les Israé portée sur l'épaule par un seul homme(Iv, 5),
lites se soient servis d'instruments du même il est naturel de croire qu'elles étaient de fai
genre. ble dimension et qu'elles furent dressées en
Le récit de la prise de Jéricho mentionne tas, à la méthode arabe. Plantées isolément
les trompes dont les cohenim devaient se ser en terre, elles eussent promptement disparu
vir, en faisant le tour des murailles de la place sous les détritus végétaux ou pour toute au
investie. C'étaient de véritables cornes de bé tre raison naturelle ; et nous savons qu'elles
liers qui, transformées en instruments à vent, furent très-longtemps connues des Hébreux,
portaient indifféremment le nom de soufar puisque l'écrivain sacré ajoute que Josué dit
(du radical sofar, briller, plaire, être beau) aux enfants d'Israël(21,22) : Quand vos descen
et celui de korn hioubel, c'est-à-dire tout dants demanderont un jour à leurs pères ce que
simplement, corne à son continu. Ces instru signifient ces pierres-là, vous ferez savoir à vos
ments de musique étaient donc tout à fait enfants qu'Israèl a passé le Jourdain à pied
sauvages, et leur son devait ressembler à celui sec, et que ces pierres tirées du fond de la ri
des cornets dont se servent les pâtres pour vière ont été posées là, en témoignage de ce
rassembler leurs troupeaux, ou de ces trompes miracle insigne. Voilà donc déjà deux monu
de terre cuite dont ſes enfants du peuple de ments commémoratifs parfaitement analo
Paris tirent un son fort désagréable, pendant gues à ceux que l'on voit très-fréquemment
ies folles journées du carnaval. Nous allons dans le pays des Arabes. A chaque instant on
voir que l'emploi du soufar n'est pas le seul rencontre des monceaux de pierres de tou
indice de la barbarie des Israélites, au temps tes dimensions, qui ne se sont évidemment
de leur venue dans le pays de Kénâan. De pas accumulées toutes seules dans le désert,
quelle nature effectivement sont les monu et chaque Arabe qui passe ajoute pieusement
ments commémoratifs qu'ils sont en état de la sienne au tas déjà formé, sans trop même
concevoir et d'élever ? Des pierres brutes fi se rendre compte de ce qu'il fait en agissant
chées, amoncelées ou juxtaposées, comme ainsi. Son père le faisait avant lui, et il le
celles † constituent les monuments celti fait comme son père, sans plus s'inquiéter de
ues répandus dans certaines provinces de la nature de l'exemple qu'il suit.
rance , et notamment en Bretagne. Cher Ces monceaux de pierres sont quelquefois
ehons quels sont les monuments de ce genre reunis en un certain point déterminé et en
dont il est question dans le Livre de Josué. nombre considérable; ce sont alors des tom
Lorsque les Israélites durent franchir le bes élevées sur les restes de quelques Ara
Jourdain, c'est-à-dire passer de la terre moabi bes qui ont péri dans un combât entre tribus
tique sur la terre opposée, les eaux du fleuve voisines. J'ai plusieurs fois rencontré de ces
s'arrêtèrent fort loin en amont, près de Sar cimetières primitifs dans le désert de Juda,
tan, et celles qui descendaient vers la plaine, c'est-à-dire sur les hauteurs qui dominent à
vers la mer Salée, furent complétement divi l'occident le bassin de la mer Morte.
sées, et le peuple traversa en face de Jéri Constatons maintenant que les Hébreux
cho (III, 16 et 17). Les cohcnim, porteurs de avaient la même habitude, et que des mon
l'arche d'alliance, s'arrêtèrent au milieu du ceaux de pierres étaient souvent établis par
lit de la rivière et y restèrent sur un sol fer eux sur les points où élaient enterrés certains
me, tandis que toute la nation passait à pied personnages.
sec. Quand il ne resta plus personne sur la Nous avons raconté un peu plus haut la fin
rive moabitique, Dieu ordonna à Josué , de tragique d'Aakan, qui s'était approprié un
prendre un homme par tribu et de leur dire manteau de Shinâar et un lingot d or, sous
d'enlever chacun une pierre du lit du Jour traits du butin voué à l'Eternel, lors du pil
dain, au point même où les cohenim, porteurs lage de Jéricho. Nous avons vu que ce mal
de l'arche d'alliance avaient stationné. Ces heureux , avec toute sa famille et avec tous
pierres devaient être déposées au lieu pro ses bestiaux, fut lapidé, puis brûlé dans la
chain de campement. Cet ordre une fois exé vallée d'Aakour. Le texte sacré ajoute : On
cuté, Josué fit dresser douze autres pierres plaça sur lui un grand monceau de pierres
dans le lit du Jourdain, au point même où (qui a subsisté) jusqu'à ce jour (vII, 26). Il
les douze premières avaient été ramassées, et est bien évident que cet amas est le type
elles furent destinées à servir de monument des amas funéraires dont je parlais tout à
commémoratif de ce passage miraculeux. l'heure.
« Elles y sont restées jusqu à ce jour, » ajoute Voici un autre exemple de cette coutume :
le texte sacré (Iv, 9). Lorsque les Israélites se furent emparés d'Ai
Quand l'arche d'aillance fut sortie du fond (vIII, 28), Josué brûla Aï, et en fit un mon
de la rivière, les eaux refluèrent de part et ceau, ruine éternelle jusqu'à ce jour. -29, Il
d'autre; elles reprirent leur , niveau et leur fit pendre à une pº# le roi d'Ai, jusqu'au
cours accoutumé. On était alors à la saison soir : et lorsque le soleil se coucha, Josué or
454 - J0S DICTIONNAIRE J0S 452

donna qu'on descendît son cadavre de # avait autrefois ordonné de bénir le peuple
tence, et on le jeta à l'entrée de la porte de la d'Israèl.
ville; on mit sur lui un grand monceau de Les talmudistes, aussi bien que Josephe,
pierres jusqu'à ce jour. »
ont conclu de la teneur de ce passage, que
Je n'ai pu malheureusement chercher l'em six des tribus d'Israël s'étaient postées sûr le
lacement d'Aï ; mais je ne doute pas qu'un sommet du Garizim, et les six autres sur le
jour de recherches ne soit plus que suffisant sommet de l'Ebal, pour répondre amen aux
pour retrouver ces ruines vénérables, lors bénédictions et aux malédictions prononcées
u'un voyageur, sachant l'arabe et partant de au fond de la vallée de Sichem. Cette explica
† 'antique Beit-El, se dirigera vers tion est entièrement inadmissible pourquicon
l'orient, en cherchant à reconnaître sur le que a vu les lieux dont il s'agit. En effet, du
terrain des points qui sont clairement dési sommet des deux montagnes en question, il
gnés dans la Bible à propos de la prise d'Aï est matériellement impossible de voir ce qui
et de Beit-El. se passe au fond de la vallée, et encore bien
Au dernier chapitre du Livre de Josué(xxIv, lus d'entendre ce qui s'y dit, les paroles
26 et 27), nous lisons que ce conquérant, au ussent-elles criées à tue-tête. Nous devons
moment de mourir, assembla les Israélites à donc tout d'abord mettre de côté l'explication
Sichem, et qu'après leur avoir rappelé tous talmudique et admettre que les deux groupes
les bienfaits de Jéhovah, qui les avait tirés de de six tribus se tenaient au fond de la val
la servitude d'Egypte, il leur fit jurer de rester lée de Sichem, l'un tourné vers le mont Ga
fidèles à son culte. En commémoration de rizim, sur lequel étaient dirigées les béné
cet engagement solennel, il prit une grande dictions, et l'autre vers le mont Ebal, sur le
pierre et la dressa là, sous le chêne qui est près quel étaient dirigées les malédictions du Sei
du sanctuaire de l'Eternel. Puis Josué dit au gneur.
peuple : Voici cette pierre qui nous servira de Mais ce n'est pas tout encore. Ce premier
témoignage, car elle a entendu toutes les paroles point éclairci, il nous resterait à fixer défini
que l'Eternel a prononcées avec nous; qu'elle tivement le lieu où dut être placé l'autel que
soit un témoignage contre vous, pour que vous Josué eonstruisit à l'Eternel. Voici à ce sujet
ne reniiez pas votre Dieu. un très-curieux passage que j'extrais du mé
Une pierre de ce genre ressemble beau moire d'un savant Israélite, sur les Samari
coup, on en conviendra, aux menhir celti tains, inséré à la fin du tome V de la Bible de
ques, c'est-à-dire à ces pierres fichées qui se Cahen :
rencontrent si fréquemment en France et qui, «... Dans les mêmes confins, à une petite
ar exemple, existent encore par milliers dans distance de la ville, s'élèvent les deux célè
es landes de Karnac. bres montagnes de bénédictions et de malé
Nous venons de mentionner tout à l'heure dictions, de Garizim et d'Ebal. Les bénédic
le sanctuaire de l'Eternel ; c'est de lui main tions furent prononcées sur la première, et
tenant que nous allons nous occuper. les malédictions sur la seconde; événement
cOntemporain de Josué. Mais on lit dans le
Nous avons vu, en analysant le Deutérono texte des Juifs : Vous élèverez ces pierres-ci
me, que, d'après l'injonction de l'Eternel, # vous ordonne aujourd'hui, sur le mont
les Israélites, devenus maîtres du pays, de bal. (Deut. xxvII, 4). Dans le texte des Sa
vaient bâtir un autel de pierres brutes sur le
mont Ebal (Deut. xxvII, 5). Un peu plus loin maritains on lit les mêmes paroles, mais au
lieu d'Ebal on trouve Garizim, et c'est sur
nous lisons : 11. Moise commanda au peuple Cette montagne que les Samaritains ont élevé
en ce jour, savoir : — 12. Ccux-ci se tiendront un autel, ont adoré et continuent d'adorer
tournés vers , la montagne de Garizim pour Jéhovah. Juifs et Samaritains s'accusent ré
bénir le peuple , quand vous aurez passé le ciproquement. Comment aujourd'hui con
Jourdain : Simeon, Lévi, Juda, Issakhar, Jo naître la vérité ? Toutefois nous pensons, avec
seph et Benjamin. — 14. Et ceux-là se tien Kennicott, que les probabilités sont en faveur
dront pour la malédiction, tournés vers la desSamaritains. Il à a peu d'apparence qu'on
montagne d'Ebal : Ruben, Gad, Aser, Zabu ait choisi de préférence une montagne s é
lon, Dan et Nephthali.Viennent ensuite les dou
ze malédictions que devaient prononcer les rile et maudite, pour y bâtir un autel. Il est
Lévites, et auxquelles le peuple répondrait : Vrai que les commentateurs juifs disent qu'on
Amen, Les bénédictions ne sont pas conte a voulu dédommager Ebal de ses malédic
nues dans le texte sacré. tions, en y élevant un autel. Mais cette pré
tendue compensation n'est qu'un trait d'es
Le Livre de Josué raconte ainsi comment prit et n'explique rien. D'ailleurs les parti
fut exécuté cet ordre de Dieu, après le pas Sans de Jérusalem avaient un grand intérêt à
sage du Jourdain (vIII, 30) : Alors Josué cons falsifier, et ceux de Sichem n'én avaient au
truisit un autel à l'Eternel, Dieu d'Israèl, sur cun, et en matière de falsification, cet argu
la montagne d'Ebal.— 33. Et tout Israèl avec ment est d'un grand poids. »
ses anciens, ses inspecteurs, ses juges, était Quelque
placé de chaque côté de l'arche, en face des Ullplaceraitvraisemblable que sur
l'autel de Josué soitlel'opinion
sommet
cohenim, des Lévites porteurs de l'arche d'al u Garizim, il ne m'appartient pas de me
liance de l'Eternel, l'étranger comme l'indi PrOnOncer Sur ce point d'une Imanière ſor
gène : la moitié en face de la montagne de Ga melle; l'Eglise seule a ce droit.
rizim,, et la moitié en face de la montagne Je n'ai pas visité le sommet du mont Ebal ;
d'Ebal, comme Moise, serviteur de l'Eternel, mais j'ai étudié avec soin celui du mont Gari
453 J0S DES ANTlQUlTES BIBLIQUES. JOU 454

zim; et contre la muraille d'enceinte du tem hardi voyageur aura éclairei le fait de l'exis
le construit à l'époque d'Alexandre le Grand, tence, sur le mont Ebal, de l'un des sanc
# I'eCOnnUl UlIle # te-forme nommée El tuaires les plus illustres de l'antiquité bi
rakah(le lieu del'holocauste), ou El-Aacher blique.
Belathat (les dix grosses pierres). Dix blocs ( Suite de l'art Judaïque, Voy. JUGEs. )
irréguliers, et qui ne sont que de véritables JOURDAIN. — Entre les ruines antiques
masses de roc non taillées, constituent cette de Hasor et de Banias, on traverse l'Ouad-Has
plate-forme, sur laquelle les Samaritains bayah, ravin escarpé et volcanique, mais
continuent de brûler les victimes immolées à dont le fond et les flancs, partout où se
une centaine de pas †
loin, lors de leurs trouve un peu de terre végétale, offrent une
solennités annuelles.Sil'on pouvait admettre, incroyable splendeur de végétation. Ce ravin,
sans plus ample examen de l'autorité ecclé c'est le lit d'une belle et large rivière, le Nahr
siastique, que le texte sacré a été altéré en ce Hasbayah, que l'on traverse sur un beau pont
qui concerne l'autel construit par Josué, je de trois arches en ogive nommé Djesr-el
n'hésiterais pas un seul instant à voir cet au Rhadjar.
tel dans les Aacher-Belathat. Douze pierres M. de Bertou, qui a suivi ce cours d'eau
que le ciseau n'avait pas profanées , de depuis sa source, fait observer qu'il est bien
vaient former † cet autel des plus considérable que ceux qui ont leur ori
holocaustes, et il n'y en a que dix aujourd'hui. gine au Tell-el-Qadhi et à Banias, et aux
Mais ce fait trouve une explication toute na quels on donne le nom vénéré de Jourdain ;
turelle dans l'histoire du schisme des dix que par suite, le Nahr-Hasbayah a des droits
tribus. Après la séparation de celles-ci des réels à ce nom, et qu'il ne serait que juste de
tribus de Juda et de Benjamin, qui constituè le lui restituer. Physiquement parlant, M. de
rent à elles seules le royaume de Juda, après Bertou a parfaitement raison; mais histo
la mort de Salomon, il est fort possible que †! parlant, sa requête doit être ab
les deux blocs qui représentaient ces deux solument repoussée. De tout temps, le nom
tribus aient été arrachés par les tribus dissi de Jourdain a été appliqué aux deux ruis
déntes. seaux qui se réunissent au Tell-el-Qadhi, et
Quoi qu'il en soit, la harakah du mont Ga dont le plus considérable sort de la grotte
rizim répond à merveille à la description que de Banias. Nous n'avons en aucune façon le
la Bible fait de l'autel bâti par Josué ; et s'il droit de modifier une nomenclature fixée de
n'est pas le même, il peut, à tout le moins, puis des milliers d'années, et de dire à cin
donner de celui-là une idée fort exacte. quante générations, et entre autres aux pre
Quant à la date de la construction de cette miers habitants du pays : — Vous avez eu
plate-foFme sacrée, le guide samaritain qui tort de donner tel nom # tel cours d'eau plu
me dirigeait dans mes recherches, me dit tôt qu'à tel autre. A votre place, nous eus
qu'elle était un ouvrage du temps de Salomon, sions choisi autrement ; nous allons donc
et un Arabe musulman qui m'accompagnait changer ce que vous avez fait, et réparer
dans cette course, m'affirma précisément la votre bévue. — Je le répète, M. de Bertou
même chose. Jéroboam, le premier roi des a certainement raison, quant au fait matériel
dix tribus, vivait en même temps que Sa d'appréciation d'importance ; mais dès qu'il
lomon ; cette assertion de mes deux guides s'agit de changer les dénominations antiques
est donc très-exacte, ainsi que la tradition des affluents du Jourdain, et du Jourdain lui
† constate, si cet autel des holocaustes a même, son droit s'évanouit complétement.
té réellement construit par l'ordre de Jéro En s'approchant de Banias ou Tell-el
boam. Je ne puis néanmoins me dispenser Qadhi est une source très-abondante qui sort
d'avouer que je considère ce travail tout à fait d'un centre couvert de beaux chênes et qui
barbare comme bien antérieur au règne de est une des sources du Jourdain. L'autre
Salomon, règne pendant lequel l'art de la source qui est bien plus considérable est à
construction avait atteint le plus haut dé Banias et à 4160 mètres de celle-ci.
gré de perfection, ainsi que nous le verrons Voilà donc trois grandes sourees du Jour
plus loin. dain, le Nahr-Hasbayah qui monte très-haut
Avis donc aux voyageurs qui étudieront dans le Liban au nord. La grande source que
après moi le site de l'antique Sichem. Je leur je viens de mentionner est celle de la grotte
recommande de la manière la plus pressante de Pan à Banias qui est la source propre
de visiter avec soin les sommets du mont ment dite du Jourdain. Il faut remarquer
Ebal et d'y rechercher l'autel de Josué. Si cependant qu'un cours d'eau dans les hau
cet autel a été réellement bâti sur le sommet teurs du grand Hermon fournit ou directe
maudit, il n'a certainement pas été dérangé de ment ou par des souterrains les eaux du Rao
sa place primitive, et il sera très-facile à re Phiala, lesquelles par des souterrains peu
tl'OuVer. vent venir correspondre à la source immense
On voit que la Terre-Sainte est un champ de Banias. C'était du moins l'opinion des
inépuisable de recherches, et que, no anciens.
nobstant tous les soins que l'on apporte à Voyons maintenant ce que Josèphe nous ap
l'explorer, on est toujours condamné à lais prend des sources du Jourdain. Nous lisons à
ser après soi une foule de découvertes de la propos de l'expédition d'Abraham à la poursuite
plus haute importance à faire. Espérons que des rois qui avaient attaqué la Pentapole,
celle que je viens de signaler ne l'aura pas qu'il les atteignit à Danos, qui était le nom de
été en pure perte, et que bientôt quelque l'autre source du Jourdain, rºpi Aävºv (°ºv»
435 J0U DlCTIONNAIRE - JUD 45o

àp # irép« roû 'Iopôävov rp2aaybptótrat rnyá. bien tenté de le croire, bien que ce ne sent
(dans .la Jud., I, x, 1 ). Nous lisons encore
Guerre des # ( IV, I, 1 ), que le
pas l'avis de Reland. Ce qui est certain, c'est
ue les Arabes prononcent le nom de ce fleuve
: lac Samachonite étend ses marais jusqu'au † ce qui est bien voisin de Iordan.
lieu nommé Daphné ( uézet A&z»as xopiov), Résumons maintenant ce que nous ap
lieu fertile et délicieux, où sont des sources prend Josèphe. La principale source du Jour
qui, grossissant le petit Jourdain au-dessous dain sort du Paneion, c'est-à-dire de la grot
du temple de la Vache d'or, le poussent te de Banias. Une seconde source de ce fleuve
| dans le grand Jourdain (zal Trn7àç #zovros, xt
Tpé;ouaxt tô» u xpôv xx)oóusvo» 'Iopôávnv Urà tôv
se nommait Danos. Des sources viennentgros
sir le petit Jourdain au lieu nommé Daphné,
tñç xouais Boò; veòy, 7rpoatréurovat r# uzyā)o). au-dessous du temple de la Vache d'or, et se
Pöur.Josèphe, « la véritable source du Jour jettent avec lui dans le grand Jourdain. Pour
dain était au lac Phiala, situé dans la Tra Josèphe, le grand Jourdain vient du Paneïon,
- chonitide, c'est-à-dire à cent vingt stades de et le petit vient des sources de Daphné. Mais
| # Césarée ( Banias ), à droite et non loin de il y a évidemment ici une erreur de copiste
- la route. Ce Panéïon n'était que la source à corriger dans le texte ; au lieu de Aayvnc,
apparente de ce fleuve ; mais le Jourdain ve c'est Agvns qu'il faut lire, et il s'agit indu
| º| nait seulement y déboucher, en partant du bitablement | de Dan ; en effet, la présence
lac Phiala, et en s'y rendant par un canal d'un lieu nommé le temple de la Vache d'or,
souterrain. Ce Panéïon, duquel on croyait, n'indique-t-elle pas jusqu'à l'évidence l'em
dans l'ancien temps, que le Jourdain sortait, placement de Dan, où Jéroboam établit un
avait vu sa beauté naturelle relevée encore temple dans lequel fut installé un de ses
par la munificence royale, et Agrippa avait deux veaux d'or ? Daphné est donc un lieu à
employé de grandes richesses à l'embellir. biffer du catalogue des villes de cette partie
C'est à partir de cet antre , que commence de la Syrie.
le cours manifeste du Jourdain. » Tous les Les diverses eaux découlant du Jourdain
détails que je viens de rappeler sont la fi vont former le lac el-Houleh d'où elles sortent
dèle reproduction de ceux que donne Jo par un seul lit afin de se rendre à la mer de
sèphe. (Bell. Jud., III, x, 7.) Tibériade. Le fleuve est très-beau et ses
Josèphe nous apprend encore ( ibid., I, eaux sont très-limpides à la sortie de cette
XXI, 3 † « fit bâtir un † de mer. De là il suit son cours, quelquefGs assez
marbre blanc, dédié à Auguste, auprès des rapide pour représenter des chutes , et va se
Sources du Jourdain. Cet endroit se nOmme perdre dans le lac Asphaltite ou mer Morte,
Panéion. Là, une montagne élève son som JUCADAM, YoKDAAM. — Ville de Juda, dans
met àune hauteurimmense, et, au pied,s ouvre les montagnes. (Josué, xv, 56.)
une caverne obscure, dans laquelle existe JUD,YAHEH.—Villelde Dan. (Josué, xIx, 4-5.)
un gouffre abrupt, plein d'eau, et d'une pro JUDA. — La tribu de Juda, l'une des plus
fondeur inconnue, car aucune sonde n'en importantes d'Israël, avait pour limites, au
eut atteindre le fond. Des grottes placées à midi, la tribu de Siméon , au levant, la mer
'extérieur et au pied même de la monta Morte, au couchant, le pays des Philistins,
gne, jaillissent des sources abondantes, et et au nord, la tribu de Benjamin et celle de
c'est de là que sort le Jourdain, ainsi que le Dan. Son territoire était considérable; mais
croient beaucoup de personnes (89). » il était montagneux et la partie orientale
Il est encore question de la source du Jour qui avoisine la mer Morte a dû former cons
dain dans Josèphe. (Ant. Jud., V, I, 22.) C'est tamment un désert, excepté dans les parties
dans le passage où il parle de la distribution basses sillonnées par des torrents, ou donnant
des lots de terres conquises attribués aux naissance à † légers cours d'eau qui
tribus. - « Nephtali, dit-il, eut jusqu'au mont vont se perdre dans la mer Morte.
Liban, et jusqu'aux sources du Jourdain, qui JUDEE. — La première fois qu'il est fait
sortent du pied même de cette montagne » mention du pays des douze tribus sous le
Paneas, la Banias moderne, était le nom de nom de Judée, c'est dans le I" Livre de Sa
la ville située auprès des sources du Jourdain, muel. (xxIII, 3.) Ce nom de Judée se trouve
que Philippe agrandit et embellit, en lui don ensuite dans le II" Livre des Chroniques
nant le nom de Césarée. Paneas devint ainsi (xxvI, 23), et peut-être encore seulement
la Cœsarea Philippi. (Ant. Jud., XVIlI, II, et dans une note marginale qui aura ensuite
Bell. Jud., II, Ix, 1.) Plus tard, le roi Agrippa pris sa place dans le texte : Jérusalem, qui
le Jeune ayant considérablement augmenté est en Judée.— Ce nom devient plus fréquent
l'importance de Césarée de Philippe, lui don dans Esdras et il se rencontre ensuite à cha
na le nom de Néronias. -

que page du Livre des Machabées et des


On a souvent avancé que le nom de Jour Evangiles.
dain était formé des noms Vor et Dan, de ses On ne peut pas douter que ce ne soit de la
deux sources principales. Josèphe lui-même † de la tribu de Juda sur toutes
laisse deviner qu'il partageait cette opinion, es autres, particulièrement depuis le règne
puisqu'il donne le nôm Danos à celle de ces de David, issu de cette tribu, que le nom de
deux sources qui engendre le petit Jourdain. Judée fut donné à tout le pays.
Ne serait-il pas plus naturel de chercher dans J'ai donné, à l'article CHRoNoLoGIE, un
ce nom ies mots n - Nº(Rivière de Dan)?Je suis travail sur la série des rois de la Judée, et
(89) Ces détails sont à peu près identiquement reproduits dans les Antiquités Judaiques (XV, x, 3).
457 JUG DES ANTlQUlTES BIBLlQUES. JUG 438

dans mon article MoNNAIES HÉBRAïQUEs, j'ai est la dénomination générique des divinités
parcouru en quelque sorte, à l'aide de la masculines des mêmes races païennes. Cette
numismatique, l'histoire générale de cette ré identification paraît tout à fait admissible, et
gion célèbre. (Voy. ces articles.) pour mon compte je l'adopte pleinement.
Cette tribu a toujours joué le premier Quoi qu'il en soit, nous allons trouver dans
rôle dans l'histoire de la nation juive. Ce fut le passage qui nous occupe un renseigne
à Juda que fut adressée la célèbre prophétie ment précieux sur la nature de cette aserah
de Jacob à son lit de mort : Le sceptre ne de Joas.
sortira pas de Juda, jusqu'à ce que vienne L'Eternel enjoignit à Gédéon de prendre
Celui qui doit être envoyé et qui sera l'at deux bœufs, l'un jeune et l'autre de sept ans,
tente des nations. (Gen. XLIx, 10.) dans les troupeaux de son père, de démolir
La tribu de Juda eut la gloire avec Benja l'autel de Bâal, qui appartenait aussi à son
min d'être fidèle au culte établi par Moïse pen père, et de mettre en morceaux l'aserah qui
dant que les dix autres tribus, entraînées par était placée au dessus de l'autel (vI, 25). Il
Jéroboam, se jetèrent dans l'idolâtrie. Aussi lui ordonna en outre de construire un autel
le royaume de Juda eut-il une plus longue à l'Eternel sur le sommet de ce lieu fort, sur
durée et une destinée plus glorieuse que l'endroit mis en ordre (préparé? uni?), de
celui d'Israël, et ce fut dans cette partie de rendre le second bœuf et d'en faire un ho
la Judée que se concentra la force du pa Ocauste avec le bois de l'aserah, mis en mor
triotisme hébraïque, lorsque les vaillants Ma ceaux (vI, 26).
chabées parvinrent à émanciper leur pays du Dans ce dernier verset deux points méri
joug des rois de Syrie. tent d'être notés en passant. Le mot mâara
JUGES. kah, dont se sert l'écrivain sacré pour dési
Art hébraique sous les juges. gner plus particulièrement l'endroit où doit
être établi l'autel de l'Eternel, signifie à la
Autel de Baal. — L'aserah. — Micha. — Les fils de lettre un endroit mis en ordre, de aâraka,
Dan. — L'éphod et les téraphim. - Les arts des mettre en ordre, disposer régulièrement. Est
Madianites. — Le butin de Gédéon. — Les tours
carrées. — Samson. — Les portes et le temple de ce là le sens qu'il faut attribuer au substan
Gaza. tif dérivé de ce radical? Je le suppose, sans
que je veuille me permettre de l'affirmer. Je
Nous allons encore suivre la méthode que me contenterai de faire remarquer que ce
nous avons suivie jusqu'ici, et opérer le dé mot, qui semble consacré, a une singulière
pouillement du Livre des Juges, en groupant analogie avec le nom harakah de l'autel de
d'abord les faits qui concernent les arts chez dix blocs de rocher établi sur le sommet du
les peuplades aborigènes de la terre de Ké Garizim.
nâan, puis ceux qui jettent quelque lumière La seconde remarque que nous suggère le
sur les arts judaïques proprement dits texte du verset en question, c'est que l'ase
Nous trouvons mentionné un autel de Baal, rah était en bois ; c'était donc une statue de
sur lequel était placée une idole, à propos bois, analogue à la multitude des figures
de l'histoire de Gédéon (v1). Gédéon était le égyptiennes taillées dans du bois de syco
plus jeune fils de Joas, membre de la tribu InOTe et † sont arrivées intactes jusqu'à
de Manassé, et habitait à Efrah. Jéhovah nous J'ai dit que les traducteurs avaient par
ayant jeté les yeux sur lui pour délivrer Israël fois vu dans l'aserah un bosquet sacré ; je
du joug madianite, lui envoya un ange afin ne doute pas que le passage que je viens de
de lui annoncer la mission § salut dont il reproduire, et dans lequel il est dit d'alimen
tait chargé. Sans aucun doute la suprématie ter le feu de l'holocauste avec le bois de l'a-
des Madianites avait grandement répandu serah mise en pièces, n'ait donné lieu à cette
l'idolâtrie parmi les enfants d'Israél, puisque interprétation, que je ne puis admettre.
nous voyons que Joas, le père du libérateur D'ailleurs l'expression dont se sert l'écrivain
choisi par Dieu, avait élevé lui-même un sacré, en disant : l'autel de Bâal et l'aserah
autel et une idole à Baal. (vI, 25.) D'abord qui est placée dessus, ne peut en aucune fa
il n'y a pas possibilité de se méprendre sur çon s'entendre d'un bosquet sacré, qui pou
le sens du mot que # rends par autel, puis vait bien être planté autour de l'autel, mais
que ce mot mezbah est formé du radical non dessus. Il ne me paraît donc pas possi
zebah, qui signifie immoler, sacrifier; ensuite ble de se méprendre sur le sens qu'il faut
le mot ascrah se trouve ainsi employé au définitivement attribuer au mot aserah : c'é-
pluriel, Aserouth, dans le verset ci-après tait une figure de divinité féminine, le plus
(III, 7.) : « Les enfants d'Israél firent le mal souvent sculptée en bois.
aux yeux de l'Eternel, oublièrent l'Eternel Nous avons vu dans le verset 25, cité tout
leur Dieu et servirent les Bâalim et les à l'heure, que l'autel de Bâal, détruit par
Aserouth (1). » Les commentateurs, d'ac Gédéon, appartenait à son père; il est cer
cord en cela avec le texte syriaque et la Vul tain, d'après la teneur des versets qui sui
gate, ne voient dans les Aserout u'une Vºl - vent, que les autels de ce genre, tout en ap
riante du mot pluriel Astarouth, dénomina partenant à ceux qui les avaient construits,
tion commune des divinités féminines des n'en servaient pas moins au culte de tous
Syriens aborigènes, comme le pluriel Bâalim ceux qui demeuraient dans le voisinage, et
(90) Ce verset, par parenthèse, rend parfaitement compte des pratiques d'idolâtrie qui s'étaient infil
trées dans la famille de Gédéon lui-même.
459 JUG DICTI0NNAIRE JUG 440

#'établir
n'avaient probablement pas le moyen
et d'entretenir un sanctuaire à leurs
Allez en paix, le voyage que vous entreprenez
est # # 5, 6). Les Danites
frais. En effet, Lorsque les gens de la ville se continuèrent leur route, parvinrent jusqu'à
levèrent le matin, dit le texte (vI, 28), voilà Laïs, aux sources du Jourdain, s'assurèrent que
que l'autel de Bâal était démoli, que l'aserah le pays était riche, et la population sans au
# au dessus était mise en pièces, et que cun soupçon de leurs † Ils revinrent en
e second bœuf avait été sacrifié sur l'autel hâte auprès de leurs frères, qu'ils décidèrent
(nouvellement) construit. — 29. Bientôt la à les suivre. Six cents hommes armés se mi
multitude sut , que Gédéon, fils de Joas, rent en marche et parvinrent à la demeure
était le coupable. — 30. Les gens de la ville de Micha. Les cinq espions qui s'y étaient
dirent à Joas : Livre ton fils et qu'il meure, car arrêtés, quelque temps auparavant, dirent à
il a démoli l'autel de Bâal, et il a mis en la petite armée que dans la maison de Micha
pièces l'aserah qui était dessus. Concluons était un temple, avec un éphod, des téra
de ce passage que les réclamants avaient des phim et l'image sculptée d'un dieu qui leur
droits sur cet autel, bien qu'il appartînt à avait présagé le succès. Les Danites alors ré
Joas, qui l'avait bâti. Nous allons voir un au solurent de s'en emparer. Ils se rendi
tre exemple tout aussi concluant de ce fait rent à la maison de Micha, prirent son idole,
d'un culte fondé par un particulier, et qui son éphod et ses téraphim, malgré les sup
devient le culte des habitants du pays. plications du cohen, qui n'approuva pas tout
C'est le chapitre xvII qui va nous fournir d'abord cette étrange manière de reconnaître
l'hospitalité de Micha. Mais les Danites l'en
ce nouvel exemple. Nous y lisons qu'un cer gagèrent à les suivre Viens avec nous, et tu
tain Mi-Ke-Iahoua (ce nom signifie littéra seras cohen d'une famille en Israël; cela
lement : qui est comme Jéhovah ? et les traduc
teurs en ont fait Micha), habitant la montagne vaut mieux que d'être le cohen d'un seul
d'Ephraïm, vint dire à sa mère : Les onze cents homme (19), et le Lévite se laissa si bien per
pièces d'argent qui t'ont été dérobées, et à cause suader,
leur vol.
qu'il aida les Danites à consommer
desquelles tu as fait des imprécations, c'est
moi qui les ai; je te les ai prises et je te les blaDès qu'ils furent en route, Micha rassem
tous ses voisins, leur raconta ce qui ve
rends. Béni soit mon fils par l'Eternel, ré nait de lui arriver et les décida à courir avec
pond la mère à cette étrange confidence, et
elle aioute : — J'avais consacré tout cet ar lui à la poursuite des ravisseurs. Ceux-ci fai
gent à l'Eternel pour mon fils, et j'en voulais saient marcher devant eux leurs bagages, le
faire faire une # sculptée et fondue ; bétail, les femmes et les enfants. A la vue de
Micha et de sa bande, ils firent volte-face et
maintenant je te les laisse (1-3). Toutefois la
mère de Micha garda deux cents pièces, lui dirent : « Qu'as-tu donc pour avoir con
qu'elle remit à un fondeur qui en fit une fi voqué tout ce monde ? » Micha leur répon
gure coulée, qui fut placée dans la maison dit : « Les dieux que je m'étais faits, vous me
de Micha. C'est le mot souraf qui désigne les avez enlevés avec le prêtre, et vous pat
l'artiste en question ; et, comme le radical tez ! que me reste-t-il? Comment donc osez
sarafa, d'où il dérive, signifie à la lettre : vous me demander ce que j'ai? — Ne crie
liquéfier à l'aide du feu, il est bien clair qu'il pas si haut, lui dirent les Danites, de peur
s'agit d'un orfévre-fondeur. qu'il ne t'arrive malheur; » et Micha, voyant
Le texte ajoute : Micha avait chez lui une qu'il n'était pas le plus fort, rebroussa che
min et revint tristement chez lui (20-26).
maison de dieux (Beit-Elahim); il fit un éphod
et des téraphim, et il initia un de ses fils, Je n'ai pas à apprécier la moralité de ce
qui lui servit , de (cohen), c'est-à-dire, de fait, mais je dois tirer de sa narration des dé
prêtre (5). Quelque temps après, un jeune tails qui se rattachent à mon sujet.
Lévite de Beit-Lehm quitta cette ville pour D'abord puisque les voisins de Micha prirent
aller chercher fortune. Il arriva dans la de fait et cause pour lui, c'est qu'apparemment
meure de Micha, qui le décida à rester avec le culte fondé par celui-ci avait été adopté par
lui et à se faire le ministre de son sanctuaire, eux. Nous avons vu que la mère de Micha
moyennant son entretien et un salaire de dix livra deux cents sicles d'argent à un orfévre
pièces d'argent et d'un habillement complet fondeur, pour en faire une image coulée en
par année. Micha se dit alors : Maintenant argent. Ces orfévres étaient donc capables
je sais que l'Eternel me fera du bien, puisque d'exécuter des travaux d'art de ce genre. Il est
j'ai un Lévite pour cohen (7-13). question aussi d'un éphod (éfoud) et de téra
A la même époque, les fils de Dan, peu phim (tarfim); † que les objets dé
satisfaits de la part qui leur était échue dans signés sous ces deux noms?C'est ce que nous
allons rechercher.
le partage de la terre promise, envoyèrent
des espions à la recherche d'une contrée Quant à l'éphod, ce nom se rattache au
qu'ils pussent s'approprier de vive force. Ces radical afada (entourer, revêtir). C'était le
espions se mirent en route et passèrent par nom de l'un des vêtements sacrés du grand
le pays de Micha, qui leur donna l'hospita ontife. (Exode, xxvIII, 6.) Il paraît pro
lité. Ils connaissaient le jeune Lévite de Beit able néanmoins que sous ce même nom
Lehm, qui leur raconta ce que leur hôte on a parfois désigné un objet auquel on ren
avait fait pour lui. Consulte ton Dieu, lui di dait un culte; était-ce le vêtement lui-même ?
rent-ils alors, pour savoir si notre expédi Ceci paraît peu probable ; n'était-ce pas plu
tion scra heureuse. La réponse du cohen fut : tôt une figure humaine, revêtue de l'éphod ?
44l JUG DES ANTIQUITES BIBLIQUES. JUG 442

Je n'hésite pas à le croire. Quoi qu'il en soit, Le poids énorme de di#-sept cents sicles
voici le passage qui constate ce culte étrange. d'or, f, rmé de la réunion des ornements de
Nous lisons dans les Juges (vIII, 27) : Gédéon nez, prouve, ce me semble, que chez les Ma
fit un éphod qu'il plaça dans sa ville d'Efrah. dianites†º de cet ornement était à peu
Tout Israël s'y prostitua après cet éphod, près universel.
qui devint un scandale pour Gédéon et sa Nous trouvons encore dans le Livre des Juges
7/l(1lS07? .
quelques renseignements curieux sur les villes
Passons aux tarfim ou téraphim. Les Lexi kénâanéennes de cette époque. Ainsi le cha
ques expliquent ce mot par dii penates, dieux itre Ix nous raconte de la manière suivante
pénates, et nous ne sommes guère plus avan a mort d'Abimelek, fils de Gédéon. Il venait
cés. En arabe tharf signifie bord, extrémité et de réduireSichem et la forteresse nommée Me
oeil : maisj'avoue que je ne vois, dans ces deux djdel-Beit-El-Berith, dans laquellelesSichemi
sens et dans les autres que possède le mot, tess'étaient réfugiés, et où ils périrent au nom
rien qui puisse nous éclairer sur la nature des bre de mille environ. Il alla ensuite assiéger
téraphim. Tenons-nous-en donc aux dieux Tebez, dont il se rendit maître ; une tour forte
pénates. -º était placée au milieu de la ville, les habitants
Le chapitre vIII nous fournit quelques ren s'y réfugièrent, et, après s'y être enfermés,
seignements sur les arts des Madianites. Les montèrent sur le toit pour chasser les assail
voici : Le verset 21 nous dit : Gédéon se leva lants. Malgré leurs efforts, Abimelek parvint
et tua Zabah et Salmenâa, puis il s'empara des jusqu'au pied de la tour et tenta d'en incen
croissants attachés au cou de leurs chameaux. dier la porte ; mais une femme lui jeta du
Ces deux personnages étaient les rois des Ma haut de la tour une meule de moulin, qui lui
dianites (vIII, 5), et très-probablement ces brisa le crâne. Aussitôt il appela le serviteur
croissants étaient en or. L'usage d'orner le qui portait ses armes et lui dit : Tire ton épée
cou des chameaux n'est pas perdu; et dans et tue-moi; on pourrait dire : Une ſ† l'a
la Syrie, quand on rencontre de ces animaux tué. Son serviteur l'ayant percé, il mourut.
harnachés, on est à peu près assuré d'avance (Ix, 49 et suiv.)
qu'on leur verra un collier. Celui-ci est fré L'usage de cestours, placéescomme donjons
quemment formé de files d'une petite co au milieu des villes, s'est perpétué pendant
quille blanche du genre des porcelaines, et la durée de la dynastie de † et j'ai pu en
qui sert de monnaie sous le nom de cauri sur retrouver un exemple au centre du village
toute la côte occidentale d'Afrique.Je ne puis d'El-Aazarieh, l'antique Béthanie; dont le nom
aſlirmer positivement que j'aie rencontré des arabe moderne implique une réminiscence
chameaux portant § à leur collier un manifeste de la résurrection de Lazare. Cette
croissant de cuivre, je crois cependant bien tour, qui semble massive à sa base, comme
me le rappeler. Ce que tout le monde sait la tour de David qui se voit à Jérusalem, attenant
aussi bien que moi, c'est que l'usage de ces au château des Pisans, et vis-à-vis la porte
CrOiSSants de cuivre s'est conservé dans d'El Khalil ou d'Hébron, est carrée comume
•e harnachement militaire de la cavalerie mo celle-ci. Les pierres qui en constituent le
derne. parement sont de très-beaux blocs, jointoyés
Lorsque les Madianites eurent été complé avec un grand soin et taillés en bossage,
comme les blocs de l'enceinte salomonienne
tement défaits, Gédéon demanda à ceux qui
avaient marché sous ses ordres de lui aban du temple de Jérusalem.
donner, chacun de sa part du butin, un nezem La manière dont le fils de Gédéon cherche à
- car les ennemis portaient des nezem d'or — forcer la tour qu'il assiége, semble avoir été
Parce qu'ils étaiènt de la race d'Ismaël. Nous généralement employée par les peuples asia
nous sommes déjà occupé plus haut du bijou tiques à cette époque reculée. Ainsi sur les
nºmmé nezem, et nous avons conclu que † bas-reliefs assyriens recueillis dans
c'était un ornement de nez. L'usage de ce es ruines des palais ninivites, nous voyons
bijou est encore général parmi les femmes du très-fréquemment représentées des villes as
nord de la Syrie; mais je n'ai pas souvenance siégées : les assaillants écartent à coups de
de l'avoir vu porter par un seul homme. flèches les défenseurs des tours et des mu
. Les soldats de Gédéon consentirent volon railles, tandis que des soldats, munis de tor
tiers à lui donner ce qu'il demandait ; un ches et le genou en terre, s'efforcent de mettre
manteau (nommé chamlah, ce qui a une res le feu aux portes.Très-certainement Abimelek
semblance assez étrange avec le nom de fit exactement la même chose, et ses soldats
machlah, du manteau syrien) fut étendu à lui avaient facilité l'approche de la porte,
terre. Chacun jeta dessus un ornement de nez lorsque la meule qu'il reçut sur le crâne lui
donna la mort.
de son butin, et le poids total de ces bijoux
ainsi cédés à Gédéon, s'éleva à dix-sept cents Cette meule devait être peu lourde, puis
sicles d'or, sans compter les croissants ni les qu'une femme put la soulever et la lancer sur
boucles d'oreilles des rois des Madianites, ni la tête du chef ennemi. Nul doute que cette
les colliers qui étaient au cou de leurs cha meule n'ait été une de ces petites meules
Ineaux. Le nom des boucles d'oreilles citées portatives de lave qui ont été manœuvrées
dans ce passage est natheifout, et il a une trop de toute antiquité par les femmes, dans les
étroite analogie avec les nétâfa des Arabes, tentes des Arabes nomades. Partout où l'on
pour que ces deux noms ne présentent pas trouve des ruines de villes antiques, en Syrie,
un seul et même objet. tout aussi bien que dans nos pays septen -
433 KAR DICT10NNA!RE RAR 44 ,

trionaux, on rencontre très-fréquemment des du temple. Laisse-moi toucher les colonnes


débris de ces petites meules, que j'ai vues sur lesquelles le temple repose, dit Samson à
plusieurs fois en mouvement dans les campe l'homme quile conduisait par la main,pour #
ments des Bédouins, au milieu desquels je je puisse m'appuyer contre elles (26). Sa de
recevais l'hospitalité. mande lui fut accordée. Le temple était plein
Les portes des villes ne devaient pas être de d'hommes et de femmes, tous les chefs des
grande dimension, si nous en jugeons par le Philistins y étaient réunis, et environ trois
récit suivant : Samson ayant pénétré dans sur mille personnes, hommes et femmes, placés
Gaza, les habitants de cette ville, qui avaient son et le toit de l'édifice, regardaient de là Sam
† sa perte, commencèrent par s'assurer du sissantinsultaient à son malheur. Le héros, sai
alors du bras droit l'une des deux co .
ieu où il était entré et ils attendirent patiem
ment la venue dujour, pour mettre leurennemi lonnes entre lesquelles il se trouvait, et l'autre
à mort. Mais Samson, devinant le danger qui du bras gauche, se pencha fortement, rompit
les colonnes et écrasa tous les assistants avec
le menaçait, se leva à minuit, se dirigea vers
la porte de la ville, et, à l'aide de la force dont lui. Il fit périr ainsi d'un seul coup, en mou
il était doué, il déracina les deux poteaux dant rant, plus d'ennemis qu'il n'en avait tué pen
sa vie entière.
auxquels étaient attachés les battants de cette
porte, en saisissant les verroux; puis il char Je dois exprimer ici un doute sur le fait de
gea le tout sur ses épaules et alla le déposer la présence de trois mille personnes sur le
au sommet de la montagne qui est en face de toit du temple que renversa Samson, parce
Hébron. (xvI, 3.) Je fais abstraction du poids que cune
d'abord de ces trois mille personnes au
n'aurait pu voir le captif lorsqu'il était
de tout cet attirail de clôture, puisqu'il est no
toire que Samson possédait une force hercu placé entre les colones du portique, et ensuite
léenne; mais comme il n'est pas moins notoire parce qu'un temple dont la plate-forme eût
qu'il était de taille ordinaire, il fallait bien pu recevoir trois mille personnes eût été d'une
que les portes en question, pour qu'il pût les taille par trop considérable pour que la chute
de deux de ses soutiens eût entraîné celle
manier, fussent de dimensions raisonnables, de tout l'édifice. Enfin les dimensions de
c'est-à-dire assez médiocres. Au reste, les
portes de bois qui closent encore les villes de vaient au contraire en être assez faibles, puis
Syrie ne sont pas généralement d'une taille que ses deux principales colonnes étaient
supérieure à celle d'une porte cochère très assez rapprochées l'une de l'autre pour que
ordinaire. Samson pût les embrasser à la fois. Concluons
GI] # le mot rendu par toit a été mal lu, et
Lorsque Samson eut été saisi par les Philis
tins, ceux-ci lui crevèrent les yeux, puis ils
qu'il s'agit très-probablement ici du †
au milieu duquel était placé le temple, et
le conduisirent à Gaza. Là il fut chargé de dans lequel était rassemblée la foule qui,
chaînes d'airain, puis astreint à tourner la n'ayant pu pénétrer dans l'édifice sacré, assis
meule dans sa prison (xvI, 21). La nature de tait du dehors au sacrifice. Je livre, du reste,
ces chaînes prouve que le cuivre était employé cette hyppothèse à l'appréciation des hébraï
par les Philistins pour la construction des SantS.
ustensiles les plus ordinaires. S'ils eussent eu Quoi qu'il en soit, nous pouvons toujours
l'habitude de se servir du fer, les chaînes don conclure de ce récit, que le temple de Gaza,
nées à Samson eussent été certainement de dédié à Dagon, était déjà, dès le temps des
fer, puisque ce métal offre une résistance Juges, c'est-à-dire bien antérieurement à
incontestablement plus grande que celle du David, un temple orné de colonnes. Malheu
cuivre.
reusement le mot aâmoud, dont se sert l'é-
Les chefs des Philistins s'étant un jour ras crivainsacré dansce passage, ne nous apprend
semblés pour offrir un sacrifice à leur Dieu absolument rien sur la forme de ces colonnes,
Dagon et le remercier de ce qu'il avait mis puisque ce mot signifiant colonne, provient
leur ennemi Samson entre leurs mains, le du radical âamad, qui a le sens littéral de se
peuple assista à la cérémonie et demanda à tenir debout. Nous verrons plus loin que
rands cris que le prisonnier fût amené devant nous sommes plus heureux lorsqu'il s'agit des
ui, afin qu'il pût se réjouir de ses douleurs. colonnes du temple de Salomon.
Samson fut donc extrait de sa prison et placé (Suite de l'art hébraïque, Voy. SAMUEL.)
entre les colonnes qui soutenaient le portique

K
KAPHARNAUM, CAPHARNAUM.— Voy. l'art. du Carmel, bâti sur la grotte du prophète
GENEzARETH. Elie. Le Carmel est couvert de verdure. Mal
KARMEL, CARMEL. — Il est fait du Carmel heureusement les Arabes ne laissent pas ve
une mention fréquente dans les Livres saints, nir les arbres. Ils les dévastent constamment
Le Carmel est une chaîne qui s'étend depuis et ils coupent sans pitié les tiges d'arbre, n'au
la Méditerranée jusqu'aux montagnes centra raient-elles qu'un an. Cette montagne, †
les de la Judée qui n'en sont que le † on la voit de Nazareth et de la plaine d'Esdre
lon, offre un beau rideau de verdure à l'occi
gement. Sa pointe septentrionale est baignée
par la mer C'est 'à que se trouve le couvent d0nt.
415 LAC DES ANTIQUITES BIBLlQUES. I,EB 446
Il y avait autrefois des vignes sur le Carmel. de Kermel.Une construction carrée du moyen
Les Pères du Carmel ont un enclos qu'ils âge, domine, de toute sa hauteur qui est
cultivent. énorme, le vaste emplacement de la ville de
KAZIZ (AMIK). — On rencontre au-dessous Kermel. Au pied de cette espèce de citadelle,
de Béthanie, à deux kilomètres à l'est de la qui date vraisemblablement de l'époque des
croisades, gisent de beaux tronçons de co
fontaine des Apôtres (Bir-el-Haoud), la tête lonnes
d'une vallée qui s'appelle Kâaziz. Il est im et un chapiteau qui a servi à couron
ossible de ne pas voir là , conservé intact, ner le montant d'une porte. Une magnifique
e nom de la ville de la tribu de Benjamin, citerne est creusée dans le roc , à un ni
indiquée dans Josué (xv, 21). veau un peu inférieur à celui du plateau sur
KEDRON, CEDRoN. — Le Kédron n'est lequel est assis le château. Jusqu'à perte de
qu'un torrent, presque toujours à sec, et qui Vue paraissent des rues garnies, sur leurs
a de l'eau seulement à l'époque des grandes deux côtés , de ruines contiguës d'habita
pluies. Alors il déborde, coule avec fracas, tions, d'une antiquité assez reculée.
entraîne les rochers, les terres. Il commence Kermel est citée parmi les villes de la tribu
au nord de Jésusalem, passe sous le tombeau de Juda (Josué, xv, 55) et à côté de Maoun.
des Rois, longe la vallée de Josaphat, se rend Effectivement les ruines de Mayn et de Ker
ensuite dans l'Ouadi-en-Nahr, et dans la me^ mel ne sont séparées l'une de l'autre que
Morte. d'un peu plus d'une heure de marche, c'est
KERITH.—Le torrent de Kerith est mention à-dire que d'environ une lieue et demie, ou
né dans la Bible de la manière suivante (I Rois, deux lieues au plus. Cette ville exista avec
xvII, 2, 3) : La parole de l'Eternel lui fut (au une importance réelle jusqu'à la domination
prophète Elie , disant : — Va-t'en d'ici, di romaine, et même assez tard, puisque nous
rige-toi vers l'orient, et cache-toi près du lisons dans la Notice des dignités de l'em
torrent de Kerit (rº-> •rc) qui est vis-à-vis pire : Equites scutarii Illyriciani Chermulae.
du Jourdain. — De Kerit à Kelt ou Kelit, il Les cavaliers scutaires d'Illyrie tenaient donc
y a si près qu'il est évident que ces deux garnison à Chermula, qui n'est certainement
noms sont identiques, et que le Nahr-el-Kelt ue notre Kermel ; aussi Eusèbe, dans son
n'est autre que le Kerit du Livre des Rois. nomasticon, au mot Kapun)o;, nous apprend
C'est une rivière très-rapide prend † il qu'il y avait une garnison romaine en ce
lieu.
sa source dans les montagnes de l'ouest
de Jéricho, dont la plus célèbre est le Djebel KESULLOTH.— Il existe un village d'Iksal
Korontol, la montagne de la Quarantaine où bâti au pied des montagnes de Nazareth.
le Christ passa quarante jours. Il descend C'est la Kesulloth (nº-b>) de l'Ecriture. Kesul
avec fracas dans un lit tellement resserré
loth est une ville de la tribu d'Issakhar qui,
que ce n'est qu'une fente profonde en zig dans le Livre de Josué (xIx, 18), est nommée
zag dans la montagne. En arrivant à la plaine Hekesulloth. Mais ces transcriptions, il ne
de Jéricho, son lit est garni d'une très belle faut pas le perdre de vue, sont probablement
végétation. Il y a là un terrain inculte, mais vicieuses, et il y a tout lieu de croire, à
de terre très-forte, où croît la pomme de cause de la forme moderne du nom, que la
Jéricho, qui a en même temps, comme vraie prononciation, n'en déplaise aux ama
l'oranger, la fleur et le fruit. teurs des points massorétiques, était Ksa
Le Kelt, comme la plupart des rivières louth ou § Ce qui le prouverait
des montagnes de Judée, se dessèche pen aussi, c'est le nom d'"E x)ov;
dant l'été.
†º porte cette
localité dans les Actes du concile tenu à Jéru
KERMEL, KoURMoUL.— J'ai visité les ruines saiem en 536, et dans l'Onomasticon d'Eusèbe.

· L
I.ABAN, LEBEN. — Le Deutéronome men une des villes que fortitia Roboam , roi de
1ionne dans le désert, sur le chemin des Israé Juda, fils de Salomon. Cette ville occupait
† une localité du nom de Laban. (Deut.,
l , l .)
une position importante dans les montagnes
de la Judée. -

LABANA. — Voy. LEBNA. LAHELA , HALA , CHALE. — Cette ville est


LABANATH, LIBUAT. — Ville frontière de la citée (1 Chron. v, 26) parmi celles où les
tribu d'Aser. (Josué xIx, 26.) Israélites de la Judée transjordane furent
LACHIS, LACIIIsCH. — Lachis est une des transportés par Theglath-Falasar.
villes historiques de la tribu de Juda. Eusèbe LAHEM. -- Voy. BETHLEHEM.
la place au séptième mille d'Eleutheropolis, LAIS, LAïsA. — Voy. CÉSARÉE.— La même
en tirant vers le midi, dans la région qu'il que Dan, Césarée, Banias. Le I" Livre des
appelle Daroma. Josèphe lui donne le nom Machabées fait mention d'une Laïsa que
d : Aaztis et de Aazsiaa. (Ant. Jud., VIII, 3 ; des exemplaires écrivent Eleasa et qui serait
1X, x.) de la tribu de Benjamin. (I Mach. ix,
LEBAOTH, LEBAoUT. — Ville de Juda. (Jo

Au temps de l'indépendance kénâanéenne,
cette ville eut ses rois comme les autres petites sué, xv, 32.)
cités autochtones. Dans Josué (x, 3)'il est LEBNA , LERNAH. — Ville royale au temps
fait mention de Lanhia, roi de Lachis. Ce fut de l'indépendance kénâanéenne. Plas tard
| t,

447 MAA D!CT10NNAIRE MAC 448

elle tomba en partage à la tribu de Juda, HERMoN. — Cependant le nom de Liban est
La ville kanâanéenne fut prise et détruite par reproduit également bien des fois. Moïse,
Josué. (Josué, x, 29, 30) dans le Deutéronome (n, 25), demande à
Il y a une station des Israélites dans le Dieu de voir la terre qui est au delà du Jour
désert qui pº le nom de Lebna. (Nomb. dain, et le Liban dont la cime neigeuse frep
xxxIII, 20, 21. pait son regard au nord du Jourdain.
LEBONA, LEBoUNAH. — Maundrell, le pre Le Liban composé, comme on sait, de deux
mier, a reconnu dans le village moderne de parties distinctes séparées par une longue
Loubban la Lebona de l'Ecriture. Le village vallée, appelée la Beqaa, est aujourd'hui par
de Silo, dit la Bible, était au nord de Beth-el, faitement connu des voyageurs. Il donne nais
et au midi de Lebona. (Juges,xxI, 19.)Cela est sance à plusieurs cours d'eau et particuliè
exact, car Beitin qui a pris la place de Beth rement à trois grands fleuves : l'Oronte, au
el est exactement au midi de Seïlona qui est nord, qui passe près d'Antioche et va se jeter
au sud-est de Loubban. dans la mer Méditerranée dans le golfe de
LECHI, LAKHI. — Ce lieu tire son nom de la Cilicie; le Léontès qui passe à Bâalbeck, par
mâchoire que jeta Samson après sa victoire tage les deux Liban et va se jeter dans la Mé
sur les Philistins. (Juges, xv, 9, 117.) Josèphe diterranée au-dessus de Tyr, et enfin le Jour
appelle ce lieu Étxyº» qui a la même si dain, dont la branche la plus prolongée prend
gnification. Il faut chercher Lechi dans le sa source dans l'Anti-Liban et qui va se jeter
Voisinage d'Eleutheropolis, d'après ce passage au midi dans la mer Morte.
des Annales de Glycas (part. xI, pag. 164): Il faut ajouter aussi que la partie monta
| -- « La mâchoire rejetée par lui produisit une gneuse de † Terre-Sainte dans latribu d'Aser
grande abondance d'eau. Cette fontaine se n'est que le prolongement du Liban, quoique
Voit jusqu'à ce jour dans un des faubourgs le massif de la chaîne semble brisé par la val
d'Eleutheropolis et elle s'appelle la fontaine de lée du Jourdain supérieur et par celle du
la Mâchoire. »
Leontès.
. LECUM, LoKIM, LEKoUM. - Ville fron Toutes ces montagnes, comme le Liban lui
tière de la tribu de Nephthali qui n'est même, sont d'une nature calcaire.
citée qu'une seule fois et dont ſ'identification
est difficile. (Josué xIx, 33.) D'après le texte LITHOSTROTOS. — Voy. EcCE HoMo.
elle devait être assez rapprochée d'Ozanoth LOBANA. — Voy. LEBNA.
Thabor . -
LODADAR, LoU-DABER. — Ville de la tribu
LESA, LIsAA.—D'après la Genèse Lesa n'était de Gad. (II Samuel Ix, 4.)
as éloignée de Sodome (x, 19). Saint Jérôme LUITH, LoUEHIT. —Ville moabite citée par
Quœst ad Gen., x, 19) la nomme Lisa, quœ Isaïe et Jérémie. (Isa. xv, 5; Jerem. xLvIII, 5.)
nunc Callirhoe dicitur, ubi aquae calidae Elle est indiquée dans le voisinage d'Acropolis.
prorumpentes in mare Mortuum deſluunt.
Bochart a pensé à tort qu'elle pouvait être LUZA, LoUzA. - Voy. GARIzIM; BEIT-EL.
une Lusa placée par Ptolémée à moitié che LYDA, LYDDA , LOD. — Lod est men
min entre la Méditerranée et la mer Morte. tionnée avec Ono parmi les villes de Benjamin.
L'auteur de la Concordance, Dutripon, a été (I Chron. vIII, 12.) Elle fut habitée par les
bien plus mal inspiré en la confondant avec Benjaminites, après leur retour de la captivité.
Lais qui fut plus tard Dan et Paneas. † xI, 35. ) Dans le Nouveau Testament
LESEM, LESCHEM. — Voy. CESARÉE. èlle est nommée Lydda Ludda. On l'iden
LIBAN - La partie du Liban qui ap tifie parfaitement aujourd'hui avec le Lodd
partient à la Terre-Sainte est appelée fré des arabes et avec la Diospolis de saint Jé
quemment Hermon dans la Bible. -- Voy. rôme. Elle est placée au nord de Ramleh.

M
MAACHA, MAACIIATH (ABIL-BEIT-MAAKAH). sion, l'explique en avançant que les Juifs
— Pays du roi de Gescur, qui fut pris par ne l'ont opérée que pour empêcher qu'il ne
Ben-Hadad.roi de Syrie. (I Rois, xv, 20; II parût d'après leurs propres Livres sacrés
Rois, xv, 29 ; Josué xv, 13.) que le Christ , était sorti de la tribu de Juda.
MAARA, MAARRAH la caverne). — Pays des Reland (p. 179) a supposé que la Mâarath bi
Sidoniens que Dieu déclare à Josué devoir un blique pouvait avoir donné son nom au mont
jour appartenir aux lsraélites. (Josué, xIII, 4). Mardes, mont assez élevé, placé dans le voisi
MAARATH. — Le Livre de Josué (xv, 59) nage de la mer Morte et sur lequel Euthy
mentiOnne parmi les villes de la partie mon mius trouva un puits et des restes d'habitation.
tagneuse de la Judée une ville de Mâarath.Dans (Act. sanct., t. II, p.306.) Il est bien plus rai
la version des Septante, le verset suivant de sonnable de chercher ce mont Mardes dans
Josué mentionne aussi Beit-Lehm. La consé une montagne voisine du couvent de Mar
† forcée est que Mâarath et Beit-Lehm Saba, au sommet de laquelle est placé le
evaient être très-rapprochées, car le texte Qalâah - Mardah. C'est une identification que
hébraïque, conservé par les Juifs, supprime je propose d'une manière formelle.
dans ce passage le nom de Beit-Lehm. Saint MACCES, MAKAs. — Localité entre Salebim
il Jérôme, qui avait remarqué cette suppres et Bethsamès appartenant à fa tribu de Dan
, tº,
l !

| :,
449 MAC DES ANTIQUITES BIBLlQUES. MAC 450

vers lesfrontières des Philistins. (I Rois, Iv, 9.) que cette institution dut introduire de mo
MACELOTH, MoKAHELoT. — Station des Is difications dans l'art national. En 170, Antio
raélites dans le désert. (Nombr., xxxni, 25.) chus-Epiphane vint à Jérusalem, et (I, 1, 23)
MACBENA, MAKBANA — Localité sans im il entra plein d'orgueil dans le lieu saint : il
portance, citéed ans les Chroniques.(I, II, 49). prit l'autel d'or, le chandelier où étaient les
MACHABEES. lampes, avec tous les vases, la table où les
pains étaient exposés, les bassins, les coupes,
Art Judaïque sous la restauration des
Asmonéens.
les encensoirs # le voile, les couronnes
et l'ornement d'or qui était devant le temple,
Jason demande à Antiochus l'autorisation de quitter et il brisa tout. Deux ans après, Apollonius,
le culte judaïque. -- Profanation du temple par général d'Antiochus, revenait à Jérusalem, la
Antiochus. — Apollonius démantèle Jérusalem.— démantelait, en achevait la ruine, et bâtissait
Livres de la Loi brûlés. —Judas Machalhée rentre dans la ville basse une vaste citadelle garnie
dans Jérusalem ; il purifie le temple, l'orne de de tours solides (Ibid., 30-36). La statue
nouveau. — Simon Machabée élève un tombeau
somptueux pour son père, sa mère et ses quatre
de Jupiter Olympien fut érigée au-dessus de
frères. — Description de cet illustre monument; l'autel de Dieu (91). Les livres de la Loi furent
ses sept pyramides. — Bouclier d'or offert par déchirés et jetés au feu (Ibid., 57-59).
Simon aux Romains. — Les tables d'airain.— Ce fut alors que Mathathias, père des Maçha
Monnaies frappées au nom des Machabées. bées, leva l'étendard de la révolte.
Dans l'année 165, Judas Machabée réussit
Après la mort d'Alexandre, la Syrie devint à rentrer dans Jérusalem et procéda à la pu
l'apanage de Séleucus et de sa descendance ; rification du temple. L'autel construit par les
Jérusalem fut en batte à la persécution cons Grecs fut renversé; l'autel des holocaustes,
tante des Séleucides, et les Juifs eurent à qu'ils avaient profané, fut démoli « et ses
supporter des maux si affreux, que la révolte pierres furent déposées en un lieu propre,
armée et la mort devinrent préférables à une sur la montagne du temple, en attendant
vie d'opprobre et d'esclavage. La famille des qu'il vînt un † qui déclarât ce qu'on
Asmonéens donna le signal de la rébellion, en ferait (I Mach. Iv, 46). — 47. Et ils pri
et le nom des Machabées, de ces pontifes rent des pierres entières, selon l'ordonnance
guerriers qui combattirent avec une énèrgie de la Loi, et ils en bâtirent un autel nou
indomptable pourreconquérir l'indépendance veau, semblable au premier. — 48. Ils rebd
de la nation juive, restera éternellement glo tirent le sanctuaire et ce qui était au dedans
rieux et vénéré parmi toutes les races de la du temple, et ils sanctifièrent le temple et le
terre. parvis. — 49. Ils firent de nouveaux vases
Quels développements put atteindre l'art sacrés, et placèrent dans le temple le chande
judaïque pendant ces affreux temps de lier, l'autel des parfums et la table. — 50. Ils
luttes et de calamités? Il serait bien difficile mirent l'encens sur l'autel, allumèrent les
de le deviner, et nous n'avons à enregistrer lampes qui étaient sur le chandelier et qui
ue de bien rares documents fournis par les éclairaient dans le temple. — 51. Ils posèrent
astes sacrés et profanes de l'illustre dynas les pains sur la table, suspendirent les voiles et
tie des Asmonéens. N'oublions pas de faire enfin achevèrent tout ce qu'ils avaient com
†s§ le contact perpétuel des Grecs mencé.—54. Il (l'autel des holocaustes) fut dé
dié de nouveau au bruit des cantiques, des
sujets des Séleucides, dut introduire dans la
pratique de tous les arts, en Judée, l'élément lyres et des timbales, dans le même temps
grec, qui jusque-là n'avait exercé aucune et le même jour qu'il avait été souillé par les
influence. gentils (trois ans auparavant). — 57. Ils pa
Voici les seuls renseignements que nous rèrent le devant du temple de couronnes d'or
fournissent les deux Livres des Machabées : et de petits boucliers : ils dédièrent les portes
En l'an 176 avant Jésus-Christ, Jason, frère et les pastophories et leur donnèrent des por
fes.
du grand prêtre Onias, vint trouver Antiochus
lV Epiphane, au nom d'une grande partie des De tous les renseignements que nous pou
habitants de Jérusalem, pour lui dire qu'ils vons puiser dans le Livre des Machabées, le
voulaient abandonner les mœurs et les cou plus précieux est incontestablement celui
tumes de leurs pères, afin d'adopter tous les qui concerne le tombeau somptueux , que
usages des Grecs; sûrs de l'assentiment du Simon, frère de Judas Machabée, fit élever
roi, ils bâtirent à Jérusalem, auprès de la ci à Modim. En voici la description donnée par
tadelle syrienne, un gymnase dans lequel les l'Ecriture (IMach. xIII) : —25.Alors Simon en
jeunes gens devaient recevoir l'éducation voya quérir les os de son frère Jonathas et il
grecque, après avoir renoncé même à la pra les ensevelit à Modim à côté de ses pères. —
tique de la circoncision. (I Mach. 1, 12-16; 26. Tout Israèl le pleura dans un grand deuil,
II Mach. Iv, 12.) et ils le pleurèrent plusieurs jours. — 27. Et
Il n'est pas difficile de concevoir tout ce Simon fit bâtir sur le sépulcre de son père

(91) Le même fait est ainsi raconté dans le II ° et lui donner le nom de Jupiter Olympien, et à celui
Livre des Machabées (vi) : 1. Peu de temps après, le du Gurizim le nom de Jupiter Etranger, parce que
roi envoya un vieillard d'Antioche pour forcer les ceux qui habitaient en ce lieu étaient étrangers eux
Juifs à abandonner les lois dirines et celles de leur mémes. (Ad annum 168, A. C.)
puys,—2. pour souiller aussi le temple de Jérusalem
45l MAC DlCTlONNAIRE MAC 4#2

et de ses frères un édifice qui se voyait de déblayer cet illustre monument.D'autres plus
loin, en pierre polie devant et derrière. — heureux, le feront sans doute avant longtemps
28. Et il établit sept pyramides l'une contre et nous devons attendre, avec uneimpatience
l'autre pour son père, sa mère et ses quatre bien légitime, le résultat de leurs explora
frères. — 29. Et il plaça autour de ces py tiOnS.
ramides de grandes colonnes, et sur les co Le chapitre xIv du I" Livre des Machabées
lonnes il mit des armes comme souvenir éter contient un détail assez curieux que voici :
nel, et auprès des armes des navires sculptés — 24. Après cela, Simon envoya Numenius à
qui pussent être vus de tous ceux qui navi Rome, porteur d'un grand bouclier d'or du
guaient sur la mer. — 30. Tel est le sépulcre poids de deux milles mines, afin de contracter
qu'il fit à Modim (et qui se voit) jusqu'à ce alliance avec eux. Evidemment ce bouclier
10t17".
d'or offert aux Romains, pour gagner leur
L'historien Josèphe ne pouvait se dispen amitié, devait être un objet d'art remarquable
ser de parler de cet illustre monument, et et non un lingot pur et simple.
voici en quels termes il le fait (Ant. Jud., Il paraît ccrtain qu'à cette époque les Juifs
XIII, vI, 5) : « En outre Simon fit construire avaient adopté la mode grecque de consi
pour son père et ses frères un tres-grand gner les faits importants dans des inscriptions
monument de pierre blanche et polie. L'ayant † pussent être† en public et lues
établi sur une élévation considérable et vi e tous. En voici la preuve. (Ibid., 47. Si
sible de très-loin , il !'entoura d'une ga mon accepta le gouvernement, etc..... — 48.
lerie et éleva des colonnes monolithes, le Il fut ordonné que cette déclaration serait
,2
º, ,
tout formant un ouvrage admirable. A tout écrite sur des tables d'airain et qu'on place
# cela il ajouta sept pyramides pour ses pa rait ces tables dans le péribolos des saints
(92), dans un lieu illustre. — 49. et qu'on
rents et ses frères, une pour chacun, aussi
remarquables par leur beauté que par leur en déposerait un exemplaire dans l'aerarium
grandeur, et qui se sont conservées jusqu'à afin que Simon en usât ainsi que ses enfants.
Cc JOul'..... )) Voilà tout ce que l'histoi e , es Machabées
Josèphe, on le voit, ne parle pas du fait nous fournit de renseigneme ts sur l'art ju
† le tombeau des Machabées était visible daïque; c'est bien peu, sans doute, mais ce
e la mer. Je pense qu'il a eu parfaitement peu suffit amplement pour mettre en évi
raison de le faire et que le verset 29 du Livre dence l'action rapide qu'exerça sur cet art
des Machabées, rapporté ci-dessus, doit être l'influence du goût apporté par les Macédo
IllGI]S.
entendu autrement qu'il ne l'a été jusqu'ici.
Des navires étaient sculptés au-dessus des L'étude des monnaies frappées au nom
colonnes du monument, et peut-être l'écrivain des Machabées nous offre encore quelques
sacré a-t-il voulu dire que ces navires étaient faits dignes de remarque, et qui eonfirment
si fidèlement représentés , qu'ils étaient pleinement ce que je viens de dire de l'in
dignes d'être vus de tous les marins de pro fluence de l'art grec sur l'art national des
fession. Voici ce qui me porte à adopter Juifs. D'un côté se présente, dans une cou
cette opinion : c'est que Modim, qui est très ronne d'olivier, une inscription contenant
certainement remplacée par le village mo le nom et le titre de grand prêtre de Judas
Machabée, de Jonathan son frère et de Jean
derne de Souba, n'est qu'à quatre lieues de Hyrcan ; au revers, deux cornes d'abondance
Jérusalem ; et que, si du haut de la colline sont croisées en sautoir, et comme cet em
de Modimon peut apercevoir la Méditerranée
qui est à une douzaine de lieues de là, la blème est très-certainement d'origine grecque,
réciproque n'est pas vraie, et il n'y a pas l'on serait tenté de s'étonner de sa présence
d'œil assez perçant pour distinguer à une sur les monnaies purement judaïques. Sous
pareille distance des colonnes et des pyra Alexandre Jannéas, dont le nom juif était
mides moins élevées que ces colonnes. Encore très-probablement Jonathan, on trouve pour
moins eût-il été possible de distinguer les la première fois une légende bilingue conte
nant en hébreu les mots : Le roi Jonathan, et
sculptures de la frise supportée par ces co
lonnes. -
en grec : Le roi Alexandre. Les types sont
une fleur, une ancre (type de famille emprun
L'existence de cette galerie, probablement té aux Séleucides), adoptées en signe de
circulaire, soutenue par des colonnes et com soumission, et enfin une étoile. Quelques
portant une frise offrant en bas-relief des unes de ces pièces sont réellement d'un
trophées et des navires, prouve que le style travail élégant. Après Alexandre, toutes les
de ce monument funéraire était presque en monnaies des , Asmonéens sont purement
tièrement grec ; les pyramides seules, placées recques, jusqu'au règne d'Antigone, pen
à l'intérieur de la galerie, avaient conservé ant l quel les légendes bilingues reparais
quelque chose du caractère oriental. sent; d'un côté on y lit : Matathiah le grand
Le tombeau des Machabées a été retrouvé prêtre, et de l'autre : Le roi Antigone. Peut
par mon ami M. Salzmann, dans l'hiver de être le nom juif de ce monarque était-il Ma
l853 à 1854 : il lui a été permis de pénétrer tathiah, ou mieux Mathiah. Quant aux types,
dans une des chambres sépulcrales; mais ils sont encore la couronne d'olivier ou de
Inalheureusement la fievre l'a chassé de la chêne, et la corne d'abondance.
Judée, et il ne lui a pas été donné de faire Nous avous terminé l'examen du peu que
(92) Il s'agit du temple, compose du Saint des saints.
l.55 MAG DES ANTIQUlTES BIBLlQUES. MAG 454

nous savons sur l'art judaïque à l'époque des fleurie, et l'on se trouve en face d'un misé
Asmonéens. Passons aux Iduméens , c'est-à- rable hameau , au milieu duquel se mon
dire au temps d'Hérode le Grand et de ses trent quelques ruines antiques, ayant l'ap
successeurs. — Voy. PRINCES IDUMÉENs. parence de restes de fortifications. Ce ha
MACHATI. — Voy. MAACHA. meau, c'est el-Medjdel † forteresse). Quelle
est cette Medjdel ? C'est la Magdala de l'Evan
MACHMAS, MIKHMACH. — Cette ville, ci gile, le lieu de naissance de Marie-Made
tée quelquefois dans les Livres saints, était au leine. Nous lisons dans l'Evangile de saint
levant de Bethaven. (I Sam. xIII, 5.) On lit Marc (vII), que Jésus-Christ se rendit des
dans Samuel que les Philistins furent taillés frontières de Tyr et de Sidon , sur les fron
en pièces, depuis Machmas jusqu'à Ascalon. tières de la Décapole, et comme il n'est nul
Eusèbe place cette ville ou mieux ce grand lement question qu'il ait passé ni le Jourdain,
village, à neuf milles de Jérusalem , près de ni le lac de Génézareth , il paraît bien clair
Rºma. Josèphe l'appelle M«xuá (Ant. Jud., qu'il se rendit dans la partie cisjordane de
VI, v). On vantait la § e Machmas, re la Décapole, partie dans laquelle se trouvait
nommée par ses belles fontaines. Scythopolis, l'antique Beit-San. C'est là que
MACHMETATH, MAKMETATH. — Ville fron s'accomplit le miracle de la multiplication
tière d'Ephraïm et de Manassé. ( Josué, des sept pains, comme disent saint Marc et
xv, 6). Elle était en face de Sichem. Elle n'a, saint Matthieu (et non des cinq pains, el
du reste, aucune importance dans l'histoire. Khamsè-Khobzat, comme le disent les Musul
MADABA , MEDABA, MEDEBA. — Ville si manS, qui connaissent et montrent aux voya
tuée, d'après Eusèbe, dans le voisinage de geurs les plates-formes de roche lasaltique
Hesbon. Elle était dans la partie méridionale situées au-dessus de la montagne qui do
de la tribu de Ruben. (Josué, xIII, 16.) Au mine Thabarieh, et sur lesquelles les pains
même chapitre, Josué parle des plaines cul furent distribués). Aussitôt après, le Christ
tivées de Medeba. Josèphe l'appelle Msâ36n et et ses disciples vinrent s'embarquer, et
Mzô46z (De Bell., I, n). J'ai trouvé des ves allèrent toucher à Magdala, dit saint Matthieu,
tiges de ce nom dans l'Ouad-Emdebea, ainsi à Dalmanoutha, dit saint Marc, où ils ne s'ar
que des ruines considérables qui ne me per rêtèrent qu'un instant, puis ils se dirigèrent
mettent pas de douter que ce ne soit là l'an vers l'autre rive (s , rà ripa» [93], S. Marc et
cienne Meidabah.Je l'identifie aussi avec Dam S. Mathieu) pour aller gagner ensuite Césarée
naba. — Voy. MoABITIDE. de Philippe, aujourd'hui Banias.
MADIANITES. — Il est fréquemment ques Puisque Jésus Christ, en s'embarquant sur
tion du pays de Madian et des Madianites dans la mer de Galilée, après le miracle de la mul
les Livres saints. Ces peuples, ou plutôt cette † des pains, partait pour Césarée de
tribu tirait son nom de Madian, fils d'Abra Philippe, il est bien clair qu'il ne quittait pas
ham et de Cethura. Moïse séjourna dans le la décapole transjordane, car sans cela il eût
pays de Madian, et épousa la fille de Jethro traversé le lac inutilement, une première fois
† madianite. Il est très-probable que ce pour venir à Magdala, et une deuxième fois
1adianite avait conservé pure la religion des pour revenir sur ses pas, vers la route de
patriarches et ne s'était pas souillé dessupers Césarée. Je ne puis donc m'expliquer com
titions idolâtriques du pays. Les Israélites leur ment le Rév. Robinson (t. III, p. 278) a pu
firent une guerre § Plus tard, ils dire : After the miraculous feeding of the
devinrent assez puissants pour se rendre les Is four thousand, uchich appears to have taken
raélites tributaires. Ce fut Gédéon qui délivra place in the country east of the lake; car
son pays de cette oppression. La Genèse c'est tout le contraire que l'on est forcé de
nous apprend que ce fut à des marchands conclure du texte même des Evangiles.
madianites que Joseph fut vendu par ses Que pouvait être Dalmanoutha, que l'un
frères. (xxxvII, 28, † des deux évangélistes précités substitue, dans
MADMENA, MEDEMENA, MADMANNA. — Eu son récit, à Magdala que mentionne l'autre?
sèbe identifie cette ville avec une petite ville On l'ignore. Peut-être les deux noms s'appli
située près de Gaza, qu'il appelle Mnv»';. uaient-ils indifféremment à la même loca
Isaïe (x , 31 ) mentionne une Madmena lité. Ceci serait d'autant plus possible qu'el
que Reland place dans la tribu de Benjamin. Medjdel, véritable forme du nom grécisé
MADON, MADoUA. — C'est le nom d'une ville Magdala, signifie simplement la forteresse.
kénâanéenne dont le roi Jobal fut tué par Le Talmud de Jérusalem, compilé à Tibé
Josué (xI, 1). Il n'y a pas d'autre mention de riade, mentionne Magdala comme une localité
cette ville, et sa situation est parfaitement in voisine à la fois de Tibériade et de Ham
COnnUle. math. Robinson voit dans Hammath les ther
MAGALA, MAADJELAH. — Localité indiquée mes d'Emmaüs, mais je crois que c'est à
au 1" Livre de Samuel (xvII,20). Ce mot signi tort. Il s'agit là précisément de la Hammath
fiant aussi un cercle, le passage de la Bible biblique, remplacée par Qalâat-el-Hammam ;
pourrait se traduire ainsi : Ils arrirèrent dans effectivement el-Medjdel se trouve située à
un lieu ayant la forme d'un cercle. l'embouchure de l'Oued-el-Hammam, ce qui
MAGDALA, EL-MEDJDEL.— Au nord de Ti place nettement Magdala entre Tibériade et
bériade, en remontant la rive occidentale du Qalâat-el-Hammam, comme l'indique le
lac, s'ouvre une petite plaine verdoyante et Talmud.

(95) C'est ce mot Peran qui est l'origine du nom de la Pcrée, IIe patz, nom qui sig iſie au propre le
pays d'au dela.
455 MAK DICTIONNAlRE MAS 456

Le Livre de Josué (xIx, 38) mentionne une assez disposé à croire que el-Merked est la
Medjdel-El parmi les places les plus fortes Makkeda biblique.
de la tribu de Nephthali, et l'on a pensé que MAMBRE. — Voy. HÉBRoN.
c'était la même que notre Medjdel. Je ne puis MANAHATH.—Ville ou contrée d'Ephraïm.
le croire, parce que cette ville est citée fort (1 Chron. vIII, 6.)
loin de Kenret, dont el-Medjdel est forcément MANASSE, tribu.— Cette tribu eut d'abord
voisine. une belle part de la région transjordane avec
MAGDALGAD, MEDJDEL-DJED. — Ville de la tribu de Ruben et de Gad. Ensuite elle eut
Juda. (Josué xv, 37.) dans la terre promise proprement dite la por
MAGDALUM, MEDJDEL.—Troisième station tion qui s'étendait du Jourdain à la Méditer
des Israélites en quittant l'Egypte. (Nomb. ranée, ayant au midi la tribu d'Ephraïm et au
xxxIII, 7.) nord celle d'Issachar.
MAGEDAN. — Cette ville de Magedan citée Josué (xvII) donne avec soin les limites de
dans l'évangéliste saint Matthieu (xy, 39) était cette tribu.
sur les bords du lac de Genezareth. — Voy. MAOUN, ville. —- Au midi de Hébron existe
GENEZARETH. une colline couverte de ruines. C'est le Dje
MAGEDDO, MEGIDDo. — Ville kénâanéenne bel et le Kharbet-Mayn. Nous trouvons dans
dont le roi fut mis à mort par Josué. Elle Josué (xv, 55), parmi les villes de la région
tomba au sort à la tribu de Manassé ; mais montueuse de Juda : Maoun, Kermel, Ziph et
les Israélites ne purent pas la prendre et elle Iouta. — La Maoun (jyp) citée dans ce verset,
demeura comme Jebus au pouvoir de ses pre n'est certainement pas autre ehose que le
miers habitants. Il est question dans les Livres Kharbet-Mayn, en face duquel nous venons
saints des eaux de Megiddo, de la vallée, de de passer. De la teneur de ce premier verset
la plaine de Megiddo. Cette grande plaine il résulte très-certainement que Maoun était
n'est autre que celle d'Esdrelon. Quant à la voisine de Kermel et de Ziph, et nous allons
position exacte de Megiddo, elle n'est pas voir tout à l'heure que cela est parfaitement
encore indiquée avec précision. On s'accorde exact. Nous lisons dans le 1" Livre de Sa
cependant à l'identifier avec el-Ledjoun, l'an muel (xxvIII) :— 24. Ils se levèrent et allèrent
cienne Legio. à Ziph devant Saül; David avec ses gens
* MAGETH.—Ville du pays de Galaad.(IMach. était dans le désert de Maoun, dans une p#
d droite de Vesimoun.— 25. Saiil alla avec scs
v, 26.)
MAGRON, MEDJRoUN. — Localité sans im gens à la recherche; on l'annonça à David qui
descendit vers le rocher et resta dans le désent
ortance près de Machmos. (I Sam. xIv, 2.)
† (x, 28) la mentionne aussi. de Maoun. Saiil l'ayant appris, poursuirit
David dans le désert de Maoun. — Plus loin
MAHANAIM, MACHANAIM. — Ce nom si encore nous lisons (xxv) : — 26. Il y avait un
gnifie en hébreu les camps. Il est écrit Ma homme à Maoun dont les biens étaient à Ker
naim dans Josué (xIII, 30) et Mahanaim dans mel; cet homme était fort puissant : il arait
la Genèse (xxxII, 2). Jacob, en revenant du trois mille brebis et mille chèrres; il était pour
pays de Laban, ayant rencontré des anges la tonte de ses brebis à Kermel.— L'ensemble
auprès du torrent de Jaboc, appela Mahanaim de ces versets démontre encore que Maoun
le lieu où il les avait aperçus. Il s'éleva plus et Kermel étaient voisines, et que de plus le
tard une ville dans ce lieu qui porta le même pays dans lequel était située Maoun, était une
nom. Ou trouve près du Jaboc, sur la route solitude.Certes ce pays n'a pas gagné depuis :
de la caravane de Damas à la Mecque, une c'est un véritable désert.
localité du nom de Meneh, au levant de Dje MAOZIM. — Nom d'une idole mentionnée
rasch, qui pourrait s'identifier avec Manaïm, par Daniel (xI, 38).
mais je propose cette identification avec beau MARA, MARAH. — Cinquième station des
coup de doute. Il faudrait peut-être rappro Israélites dans le désert. Ce lieu prit ce nom
cher davantage du Jourdain la situation de de l'amertume de ses eaux que Moïse adoucit
Manaïm que Josué place sur les confins de en y jetant des morceaux d'un certain bois.
Gad et de Manassé.
(Exod. xv, 33.)
MAKKEDA, ville. — J'ai visité dans le midi MARESA, MERASAH.—Ville de Juda, rebâtie
de la Palestine des ruines qui portent le nom ar Roboam. Il ne faut pas la confondre avec
Imoderne de el-Merked.
Je ne trouve dans l'Ecriture sainte qu'une
#,
XV, 44.
patrie du prophète Michée. (Josué
seule localité dont le nom présente quelqueres MARETH, MAARAT.—Ville de Juda. (Josué,
semblance avec celui d'el-Merked ; c'est Makke xv, 59.)
da, ville de la tribu de Juda, mentionnée dans MASADA. — Mon exploration de Masada
le Livre de Josué (xv, 41) parmi les villes de étant une de celles que j'ai faites dans les
la plaine. Cette ville fut prise par Josué (x,28), terres bibliques avec le plus de bonheur, je
qui fit passer tous ses habitants au fil de vais la reproduire ici telle que je l'ai donnée
l'épée. Eusèbe, au mot Maxmôà, et saint Jé dans mon Voyage (t. I, p. 199 et suiv.).
rôme nous apprennent que cette ville était Ce matin, avant le jour, nous étions tous
à huit milles à l'est d'Eleuthéropolis, qui doit SUlI" # La course de Masada, à en juger
être bien voisine de la moderné Beit-Djibrin, par la hauteur que nous avions à escala
si ce n'est Beit-Djibrin elle-même. Josèphe, der, promettait d'être rude; il était donc
en racontant l'exploit de Josué, nomme cette sage de partir avant que le soleil ne fût tant
même ville Maxxnôä. (Ant. Jud., V, I, 17.)Je suis soit peu haut dans le ciel. Nous avons pressé
457 MAS DES ANTIQUITES BIBLIQUES. MAS 453

Matteo, et après avoir, comme d'ordinaire, Français, les brigands de la Loire, qui méri
pris un potage où il ne manquait guère que taient tout aussi † ce nom infâme,
du § après avoir savouré une tasse de que les derniers défenseurs de l'indépendance
café, un tchibouk et une goutte de raki, nous juive: et c'est un Juif, traître à sa patrie, qui
nous mettons en route. Notre fidèle Ahouad flétrit du nom de sicaires la poignée de héros
et deux Djahalin à moitié nus, nous servent qui s'était réfugiée à Masada ! ô passions hu
seuls de guides et d'escorte; aussi avons maines ! vous ne cesserez jamais d'être hon
nous bourré nos poches et nos ceintures de teuses? mais, copions sans commentaires),
pistolets bien chargés et dont nous avons les sicaires donc, s'étant emparés de Masada,
préalablement visité les capsules. Nous en faisaient de là des courses dans la contrée
tamons donc brâvement l'affreuse escalade environnante, ne cherchant à s'emparer que
que nous avons à parfaire, pour arriver au de ce dont ils avaient absolument besoin pour
curieux plateau que nous avons tant à cœur vivre, parce que la crainte les empêchait de
d'explorer. commettre leurs brigandages sur une plus
Je n'essayerai pas de décrire, après Josè grande échelle. Apprenant cependant que
he, le chemin incroyable qui nous conduit l'armée envahissante des Romains était en
Masada ; j'aime bien mieux copier textuel repos, et que les Juifs de Jérusalem étaient
lement ce qu'en a dit l'historien des Juifs, divisés par la sédition et par la plus inique
car je ne saurais, à coup sûr, faire aussi bien tyrannie, ils en vinrent à commettre des cri
† lui. Qu'était-ce que Masada, et que s'est mes plus grands encore. Le jour même de la
il passé en ce lieu sans pareil dans le monde fête des Azymes, ils sortirent de Masada,
entier ? C'est Josèphe encore qui va nous quand la nuit fut close, se ruèrent, avec le
l'apprendre, et je lui emprunterai le récit en moins de bruit possible, sur tout ce qui leur
tier qui, dans la Guerre des # COIlCeI'I1G faisait obstacle, et vinrent fondre sur la petite
l'effroyable catastrophe dont Masada fut le ville d'Engaddi. Les habitants surpris, sans
théâtre. avoir le temps de se mettre en défense, fu
Quelques mots encore avant d'en venir à rent dispersés et rejetés hors de la ville. Tout
ce récit. Masada veut dire forteresse, c'est le ce qui ne put fuir, hommes, femmes et en
mot hébreu TTsc,sans aucune altération. Ja fants, au nombre de plus de sept cents, fu!
mais localité n'a mieux mérité ce nom qui passé au fil de l'épée. Ayant alors pillé le ,
maisons et les jardins remplis de fruits mûrs,
n'est plus aujourd'hui connu des Bédouins, et ils
# n'était peut-être qu'une appellation toute retournèrent en hâte avec leur butin à
ifférente du nom réel de la localité elle Masada. Ils continuèrent ensuite à ravager
même. Ce qui me le ferait croire, c'est le sens les bourgades des environs, en se recrutaitt
même du mot Masada, et l'existence du nom journellement de tous les bandits qui ne pou
Sebbeh, qui seul est resté parmi les Arabes, #ent plus vivre ailleurs. (Bell. Jud., IV, vII,
et qu'ils n'ont probablement pas in
venté. Après le sac de° Masada, appeler « Peu de temps après, Simon fils de Gio
encore la ſorteresse par excellence, un lieu raS, † à cause de son audace, avait été dé
ue la tactique romaine était parvenue à ré † é de la toparchie de l'Acrabatène, par
uire, c'eût été une véritable dérision, et e grand prêtre Ananus, s'échappa de Jéru
voilà comment je m'explique la disparition salem, § sous la tyrannie de Jean, et
du nom Masada. - vint demander un asile aux sicaires de Ma
Pline (lib. v, c. 17) parle de cette ville sada. D'abord il leur parut suspect, si bien
COmme d'une forteresse, située au sommet qu'ils lui assignèrent pour demeure la ville
d'un rocher, et il la cite avec raison après basse, où il se fixa avec les femmes qui l'a-
Engaddi. Strabon l'appelle Moasada (lib. xv1), vaient suivi, les sicaires restant exclusive
et mentionne les pierres brûlées que l'on ment maîtres de toute la ville haute. Bientôt
rencontre autour de ce lieu singulier. cependant, la part que Simon prenait à leurs
Voyons maintenant ce que nous apprend expéditions, lui valut leur confiance; ils ré
Josèphe : « Ce fut, dit-il,le pontife Jonathas, sistaient pourtant aux conseils qu'il leur don
qui le premier conçut l'idée de fortifier ce nait de frapper de plus grands coups.Ce Simon
† réputé inexpugnable, et qui lui imposa finit par se créer une armée à lui, et se sépa
e nom † de Masada. Plus tard, le rant des habitants de Masada, il alla com
roi Hérode donna à cette place forte une plus mettre, de son côté, les plus atroces brigan
grande extension, et il y multiplia les moyens dages dans la Judée entière. (Bell. Jud,, IV,
de défense. » (Bell. Jud., VII, vIII, 3.) Ix, 9.) Appelé à Jérusalem par le peuple, ce
Dans un autre passage très-curieux, Jo fut lui qui coopéra le plus activement à la
sèphe s'exprime ainsi : défense de la ville contre les Romains; mais
« Il y avait, non loin de Jérusalem, une ci ayant été fait prisonnier, Simon fut conduit
tadelle extrêmement forte, construite par les à Rome, où il figura dans le triomphe décerné
anciens rois, pour y mettre leurs trésors et à Titus : le dernier acte de cette cérémonie fut
leurs personnes en sûreté, en cas de guerre la mise à mort du héros juif.
malheureuse. Les sicaires (Josèphe appelle « Jérusalem, Machœrosavaientsuccombé; il
ainsi les Juifs qui, ne voulant pas se sou ne restait plus aux Juifs qu'une seule place
mettre à la domination étrangère, avaient forte, Masada, et les Romains résolurent d'a-
juré de mourir jusqu'au dernier, en faisant néantir, à quelque prix que ce fût, ce foyer
une guerre acharnée aux Romains : de nos d'insurrection,
jours, nous avons entendu maudire par des « Bassus, préfet de la Judée étant mort,
DICTIoNN. DES ANTIQUITÉs BIBLIQUEs. 15
· '

'459 M1A'S DlCTIONNAIRE MAS 460

Flavius Sylva lui avait succédé : sa première de chaque côté, de façon à remplir de ter
pensée fut de marcher contre Masada. Celui reur les plus audacieux. Quand on a monté
qui commandait alors dans la place, était ainsi l'espace de trente stades, ce qui reste à
Éléazar, de la tribu de Juda, homme éminent franchir est à pic, mais le rocher ne se ter- .
et brave, qui avait poussé à la rébellion bon mine pas en pointe aiguë, et le sommet pré
nombre de Juifs, lorsque le censeur Quirinius sente une esplanade. C'est là que, le premier,
avait été envoyé en Judée.A partir de ce mo le grand prêtre Jonathas bâtit une forteresse
ment, les sicaires, sous les ordres d'Eléazar, qu'il appela Masada. Plus tard, le roi Hérode
avaient traité en ennemis ceux de leurs com y établit avec grand soin de nombreuses
patriotes qui avaient plié sous le joug ro constructions. Il fit enceindre le sommet d'une
main, pillant et enlevant leurs biens, incen muraille, ayant sept stades de développement,
diant leurs maisons. Ils prétendaient, pour construite en pierres blanches, haute de douze
légitimer leurs brigandages, qu'il n'y avait coudées et épaisses de huit. Cette muraille
as de différence entre les étrangers et les était flanquée de trente-sept tours, hautes de
uifs dégénérés qui avaient trahi la patrie, et cinquante coudées. Ces tours ouvraient dans
qui avaient été assez lâches pour se faire, de des bâtiments construits à l'intérieur, et ap
leur plein gré, les esclaves des Romains; mais pliqués contre toute la muraille d'enceinte,
c'était là un vain prétexte, ajoute Josèphe, et parce que le sommet, qui offrait un sol pro
ils ne tenaient ces discours § pour dégui ductif et plus facilement labourable que tout
ser leur cruauté et leur cupidité (Bell. Jud., autre, fut réservé par le roi à la culture, afin
VII, vIII). » - - que si les vivres ne pouvaient plus être ap
Sylva résolut donc d'écraser ce qui n'était, portés de l'extérieur, ceux qui se seraient
pour lui,que le dernier asile de la rébellion, réfugiés dans la forteresse, n'eussent pas à
et voici textuellement comment Josèphe ro souffrir de la famine.
conte cette expédition. « Hérode y construisit aussi, vers la mon
« Le général romain, à la tête de son armée, tée du côté occidental, un palais placé en
marcha contre Eléazar et les brigands qui oc dedans des murailles et tourné vers le sep
cupaient Masada.Après s'être immédiatement tentrion. Les murs de ce palais étaient d'une
emparé de tout le pays environnant, il plaça grande élévation et très-solides ; ils étaient
des garnisons dans les lieux les plus favorables; garnis aux angles, de quatre tours de soixante
il entoura la forteresse d'une muraille, afin coudées de hauteur. Là se trouvaient réunis
d'empêcher les assiégés de s'échapper, et il des appartements variés et somptueux, des
établit des postes de surveillance, Sylva choi portiques et des salles de bains, soutenus
sit, pour s'y loger, l'emplacement le meil partout par des colonnes monolithes. Le sol
leur à proximité de la forteresse, en un point et les parois des appartements étaient ornés
où le rochertouchait à la montagne voisine. Là, de mosaïques. Dans chaque habitation, sur le
du reste, il lui était fort difficile de se fournir plateau, autour du palais et devant la mu
des choses nécessaires : car ce n'étaientpasseu raille, de grandes citernes furent creusées
lement des vivres qu'il fallait apporter de très dans le rocher, pour conserver l'eau, de ma
loin et avec d'énormes difficultés pour les nière à en fournir en aussi grande quantité
Juifs qui étaient chargés de l'approvisionne que s'il y eût eu là des sources d'eau vive. Un
ment du camp, mais il fallait y transporter chemin encaissé menait du palais au point le
jusqu'à l'eau, parce qu'aucune source n'exis plus élevé de la forteresse, sans qu'il fût pos
te en cet endroit.Après avoir pris ces pre sible de voir ce chemin du dehors; du reste,
mières dispositions, Sylva commença le siége les routes visibles elles-mêmes n'étaient pas
avec beaucoup d'habileté et de fatigue, à faciles à suivre pour les ennemis. Le chemin
cause de la position de la forteresse dont de l'orient, ainsi que nous l'avons déjà dit, est
voici la description : par sa nature inaccessible, et une tour pla
# -

« C'est un rocher très-élevé, dont le cir cée dans un passage très-étroit ferme celui de
#
cuit est considérable. Il est entouré de tous l'Occident. Cette tour est distante de la cita
· - 1 les côtés par des vallées tellement profondes, delle d'au moins mille coudées, impossible à
·2 ! que d'en haut on n'en peut voir le fond. Ce franchir, difficile à forcer. Au delà, ceux
rocher est à pic et inaccessible, si ce n'est en même qui s'avançaient sans crainte, ne pou
deux points où il présente une rampe diffi vaient pas marcher sans difficultés. Ainsi donc
cile. Il y a un chemin qui vient du lac As la nature, secondée par l'industrie des hom
† vers l'orient, et un autre qui part de mes, défendait la forteresse contre toute at
'occident, et par lequel on arrive plus aisé taque.
ment. Le premier se nomme la Couleuvre, à « Quant aux ressources intérieures , leur
cause de son peu de largeur et de ses nom abondance et leur durée étaient plus admi
breuses flexuosités qui lui donnent quelque rables encore : il y avait, en effet, du blé
ressemblance avec un serpent. Ce n'est du caché en quantité suffisante pour un temps
Teste qu'une anfractuosité ouverte dans le très-long ; de même beaucoup de vin et
flanc des rochers qui dominent le précipice, d'huile, des graines légumineuses de toute
revenant souvent sur elle-même, et s'élevant espèce, et des dattes accumulées dans les
de nouveau peu à peu, de manière à ne re magasins. Eléazar et ses † lorsqu'ils
joindre qu'à peine un point plus avancé. Il s'emparèrent par ruse de la forteresse, y
faut qu'on chemine un pied derrière l'autre, trouvèrent toutes ces provisions en aussi bon
-r, º quand on gravit ce chemin ; un faux pas se
rait la mort; car les rochers à pic plongent
état que si le tout y eût été récemment dé
posé, bien qu'il se fût écoulé près d'un siècle,
461 MAS DES ANTlQUlTES BIBLIQUES. · MAS 462

depuis l'époque où elles avaient été emma paient et élevaient en toute hâte un retran
† pour résister à l'invasion romaine. chement intérieur qui ne pût, comme le mur
es Romains eux-mêmes, lorsqu'ils se furent d'enceinte, souffrir de l'action des machines.
rendus maîtres de la place, y trouvèrent les Afin que ce second mur fût mou et pût amor
restes de ces provisions quisemblaient toutes tir les coups les plus violents, il fut construit
fraîches. Il est vraisemblable qu'il faut attri de la manière suivante : des poutres étaient
buer à l'atmosphère du lieu cette étonnante placées en long et bout à bout ; deux rangées
conservation des vivres, et que la hauteur de parallèles de poutres, disposées ainsi, étaient
la citadelle y garantit l'air contre toute in distantes l'une de l'autre d'une quantité égale
fluence délétère de la plaine. La citadelle à l'épaisseur de la muraille; l'intervalle des
renfermait, en outre, des armes en quantité deux rangs de poutres était rempli de ter
suffisante pour équiper dix mille hommes, re, et pour que cette terre, en s'accumulant,
du fer brut, de l'airain et du plomb. n'exerçât pas une poussée capable de la faire
« Il était facile de juger que de pareilles couler, d'autres † placées transversa -

précautions n'avaient point été prises sans lement reliaient les poutres établies en lon »

motifs très-sérieux. Aussi dit-on qu'Hérode cette construction ressemblait donc en †


s'était fait construire ce château pour lui ser que sorte à celle d'un édifice ; de plus, les
vir de refuge contre le double danger qu'il coups des machines appliqués à une paroi
redoutait : d'abord, il craignait que le peuple qui cédait, étaient ainsi amortis, et les chocs
juif ne le fît descendre du trône, pour y re entassant les matériaux, n'en rendaient que
placer la postérité de ses rois précédents ; plus solide l'ouvrage tout entier. Quand Sylva
d'un autre côté, il se préoccupait bien plus s'en fut aperçu, il pensa qu'il viendrait plus
fortement encore des intrigues de la reine facilement à bout de ce retranchement par
d'Egypte Cléopâtre. Celle-ci, en effet, ne pre l'incendie, et en conséquence il ordonna aux
nait pas la peine de cacher ses desseins, et soldats d'y jeter force brandons ardents. Le
elle pressait ouvertement Antoine de faire mur, presque entièrement construit en bois,
mettre à mort Hérode, afin de lui donner à prit feu sur-le-champ, et s'embrasantjusqu'au
elle-même le royaume de Judée. bout, il projeta une flamme immense. Aux
« Longtemps après qu'Hérode, par suite premiers moments de l'incendie, le vent, qui
des appréhensions que je viens de rappor soufflait du nord, rendit la position des as
ter, eut construit Masada, il arriva que la siégeants horrible; car rabattant la flamme,
prise de la forteresse fut le dernier acte à ac il la rejetait sur eux, de façon à les désespé
complir pour les Romains, dans leur guerre rer et à leur faire craindre que leurs propres
contre les Juifs. machines ne fussent brûlées. Mais tout à cou
« Quand Sylva eut enfermé dans une mu le vent tournant au sud, comme par un dé
raille tout le terrain environnant la place, cret de Dieu, reporta avec violence la flamme
ainsi que nous venons de le dire, et lorsqu'il sur la muraille et la mit en feu, depuis la base
eut mis tous ses soins et toute sa vigilance à jusqu'au sommet. Les Romains, ainsi favori
empêcher que personne ne pût s'échapper, sés par la Providence, rentrèrent dans leurs
il commença le siége au seul point sur le quartiers, avec le dessein bien arrêté de mon
quel une attaque pouvait être dirigée. Après ter à l'assaut le lendemain ; pendant la nuit
la tour qui fermait le chemin de l'occident ils redoublèrent de vigilance, afin que pas un
vers le palais et le sommet le plus élevé, il y des assiégés ne pût s'échapper.
avait une éminence de rocher, d'une grande « Du reste Eléazar ne songeait pas à la fuite
étendue, mais inférieure à Masada d'environ pour lui-même, et il était décidé à ne per
trois cents coudées : on l'appelait Leuké. mettre à personne de la tenter. Voyant le
Aussitôt que Sylva l'eut gravie et occupée, il dernier rempart détruit par le feu, ne trou
y fit accumuler de la terre par ses soldats. vant plus aucun moyen de salut, même dans
Grâce à un travail opiniâtre, une jetée fut le courage du désespoir, réfléchissant d'ail
construite d'environ deux cents coudées de leurs aux affreux traitements réservés par les
hauteur; le terrain cependant n'en parut pas Romains vainqueurs aux femmes et aux en
assez solide, ni l'élévation assez grande pour fants, il se résolut à mourir avec tous les
† les machines de guerre y pussent être
tablies. On construisit donc au-dessus de la
siens, persuadé que c'était le meilleur parti
qu'ils pussent prendre. Il réunit les plus bra
jetée, une plate-forme composée de rochers ves de ses compagnons et les excita par ses
énormes, haute et large de cinquante cou paroles à accomplir cette effroyable résolu
dées ; on y plaça des machines semblables à tion ; il leur fit voir les conséquences d'une
celles que Vespasien d'abord et Titus ensuite capitulation, l'abjection de l'esclavage, et les
avaient employées pour prendre les villes ; traitements les plus infâmes. Voilà sur quoi
enfin on bâtit une tour de soixante coudées vous pourez compter, si vous êtes faits pri
de hauteur, entièrement revêtue de fer, et sonniers, leur dit-il : demain matin, au point
du haut de laquelle les Romains, avec force du jour, ce sera fait de vous, il ne vous reste
balistes et scorpions, écartaient les défen plus que la liberté de mourir avec tous ceux
seurs de la muraille et ne leur permettaient qui vous sont chers. L'ennemi, qui n'a d'autre
même pas de montrer la tête. espoir que celui de vous prendre vivants, n'est
« Ayant en même temps fait fabriquer un pas assez puissant pour vous empêcher de
immense bélier, Sylva fit battre le mur sans mourir; vous n'êtes plus assez forts pour le
relâche, et il parvint à en renverser une par vaincre. Vous saviez que Dieu lui-même était
tie. Pendant ce temps-là les brigands occu contre nous, et qu'il avait condamné à périr
465 MAS DICTIONNAIRE MAs 464

la race juite qu'il a cessé d'aimer. S'il nous vants, écrasés par l'horreur de ce qu'ils ve
eût été propice, ou du moins, s'il ne nous eût naient de faire, et pressés de rejoindre dans
pas maudits et condamnés, pensez-vous qu'il la mort ceux qu'ils avaient frappés, entassè
eût permis que la ville sainte fût détruite de rent toutes leurs richesses qu'ils livrèrent aux
fond en comble ? Nous qui restons les derniers flammes. Le sort ayant aussitôt désigné dix
de notre race, qu'a fait Dieu pour nous ? Il d'entre eux, auxquels fut dévolu l'horrible
nous a accablés de sa colère. Cette forteresse soin de tuer tous les autres, ceux-ci se cou
inexpugnable, à quoi nous a-t-elle servi ? Ces chèrent auprès des cadavres chauds encore
munitions, ces armes, qu'en avons-nous pu de tous ceux qu'ils avaient aimés, et les te
faire ? rien ! La flamme qui frappait nos en mant embrassés, présentèrent tour à tour la
nemis est revenue sur nous-mêmes : n'est-ce gorge à leurs sublimesbourreaux. Les dix élus
pas la colère de Dieu qui nous a vaincus ? Si accomplirent intrépidement leur tâche jus
nous avons encore des fautes à expier, que qu'au bout, et lorsqu'ils eurent fini, ils dési
du moins les Romains n'aient pas la joie gnèrent au sort, à leur tour, celui qui don
d'être les instruments de la vengeance divine; nerait la mort aux neuf autres et se tuerait
soyons-les nous-mêmes. Nos femmes tuées par ensuite de ses propres mains; car ces hom
nous échappent à l'outrage, nos enfants à la mes avaient assez de cOnfiance en eux
servitude ; après eux, donnons-nous mutuel mêmes, pour être assurés † n'y avait pas
lement la mort, nous aurons sauvé mtotre li à choisir entre eux, et que l'un ne valait pas
berté et gagné une noble sépulture. Détruisons mieux que l'autre, § achever cette horri
d'abord nos trésors et la forteresse, nous ble tragédie. Le dernier vivant visita tous
tromperons ainsi la cupidité des Romains. les cadavres étendus autour de lui, et après
Ne laissons après nous que les vivres, pour s'être assuré qu'il n'en restait pas un seul
qu'ils sachent bien, ces Romains, que nous qui eût encore besoin de son ministère, il
n'avons pas été vaincus par la famine, et que mit le feu au palais et se passa enfin son épée
nous avons mieux aimé mourir que de devenir au travers du corps.
leurs esclaves. Tous périrent convaincus qu'il ne resterait
« Ainsi parla Eléazar, et tous ceux quiétaient as après eux un seul être animé que les
présents n'accédèrent pas tout d'abord à sa omains pussent prendre vivant; ils s'étaient
proposition ; quelques-uns cependant se trompés pourtant, car une vieille femme,
préparaient à lui obéir, et montraient pres avec une parente d'Eléazar, distinguée par
que de l'allégresse en pensant qu'une pa son savoir et sa sagesse, et cinq enfants,
reille mort était belle ; ceux qui hésitaient réussirent à se cacher dans un aqueduc sou
avaient pitié de leurs femmes et de leurs en terrain, où dans l'ardeur qui les poussait à
fants, et voyant leur fin si prochaine, ils s'en en finir, les auteurs du drame que nous ve
tre-regardaient avec des yeux pleins de lar nons de raconter, ne songèrent pas à aller
mes, et témoignaient ainsi qu'ils repoussaient les chercher. Les brigands de Masada mou
le conseil d'Eléazar. Celui-ci les voyant trem rurent ainsi au nombre de neuf cent soixante,
bler et reculer devant cet héroïque dessein, y compris les femmes et les enfants. Ceci
eommença à eraindre que ceux mêmes qui se passa le 15 du mois de Xanthicus.
avaient applaudi à son discours, ne se lais « Dès le point du jour les Romains, comp
sassent amollir par les supplications et les tant sur un combat acharné, accoururent en
larmes des plus timides; il reprit donc la armes et s'élancèrent de leurs retranche
parole et se remit à les exhorter. S'animant ments dans la place, au moyen de ponts d'é-
de plus en plus, il leur parla de l'immortalité chelles. Ils ne trouvèrent pas un ennemi de
de l'âme, avec une énergie toujours vant eux, mais la solitude, le silence et l'in
eroissante, et en poursuivant de regards cendie partout. Ils étaient loin encore de
obstinés ceux qui ne pouvaient eacher leurs soupçonner ce qui s'était passé, et ils poussè
larmes. » rent d'une seule voix un grand cri, pour
Il parvint par ce nouveau discours à les voir s'il fèrait surgir quelque figure humaine;
enflammer de telle façon que, s'il faut en les pauvres femmes cachées l'entendirent
croire Josèphe, tous les assistants, sans en seules, elles sortirent de leur refuge, et la
excepter un seul, arrêtèrent Eléazar lorsqu'il parente d'Eléazar raconta tous les détails de
voulait continuer à parler, et que pleins cette horrible nuit. D'abord les Romains ne
d'une ardeur frénétique et poussés par le purent ajouter foi à ses paroles, et ils se re
démon, ils se précipitèrent à l'œuvre et com fusèrent à croire à un tel dévouement. Ils
mencèrent la perpétration de ce crime su s'efforcèrent à éteindre l'incendie, et ils pé
blime, avec la rage de gens dont aucun ne nétrèrent bientôt dans le palais, au travers
voulait être le second à agir. On les vit alors des flammes et par le chemin couvert. Ren
embrasser leurs femmes et leurs enfants contrant alors des monceaux de cadavres, ils
avec une tendresse convulsive, et les poi ne se laissèrent pas aller à la joie d'une vic
gnarder ensuite d'une main ferme. Il n'y toire remportée sur des ennemis, mais ils
en eut pas un seul † hésitât à verser le sang n'eurent que de l'admiration pour la grandeur
des êtres qui lui étaient chers. Malheureux, de l'action dont ils ne pouvaient plus douter,
auxquels cette effroyable extrémité était de et pour le sublime mépris de la mort, par
venue nécessaire, et pour qui le plus léger lequel tant d'hommes de cœur s'étaient illus
des maux était d'égorger de leurs propres trés à tout jamais. »
mains leurs enfants et leurs femmes ! Voilà comment finirent ces hommes que
Après cette scène de carnage, les survi Josèphe appelle des brigands ; je doute que
46 5 MAS DES ANTIQUITES BIBLIQUES. MAS 466

les annales humaines offrent beaucoup de qui s'éloigne vers le nord-ouest. Ce plateau
faits semblables. s'élargit rapidement, et nous nous trouvons
Depuis longues, années j'avais erdu de au milieu de décombres et de murailles, in
vue l'Histoire de la guerre des #
; jamais dices certains d'habitations antiques.
mes études ne m'y avaient rapporté , j'ai A notre gauche, la crête du précipice est
donc visité Masada sans y attacher aucun bordée par un mur construit en pierres sèches
souvenir. D'ailleurs, le nom Sebbeh que simplement amoncelées, et ce mur plonge
j'entendais seul prononcer par les Arabes, rapidement avec le flanc qui le porte, vers le
n'était pas fait pour me rafraîchir la mémoire, fond du ravin au nord duquel est assis notre
et j'avoue en toute humilité, que quand bien camp. Ici, pas de doute possible. Nous som
même j'eusse été certain que je foulais le sol mes arrivés au point que Josèphe appelle
de Masada, privé de livres comme je l'étais Leukè. A notre gauche commence la Couleu
dans ma course aventureuse, il m'eût été VTe † nous venons de suivre, et qui descend
parfaitement impossible de dire alors ce qui Vers la mer Morte. Derrière nous doit être le
avait rendu ce lieu célèbre entre tous. Que chemin de l'occident, et la tour qui le coupe.
ceci serve de leçon aux voyageursfuturs, et s'ils Ces deux chemins se rejoignaient ici. Malheu
ne veulent pas se priver volontairement des reusement nos minutes sont comptées, et les
émotions les plus vives, qu'ils préparent leurs décombres du camp de Sylva, placé en ce
explorations en iisant beaucoup d'avance. Je point même et sur les débris de la ville basse
déplorerai toute ma vie la fâcheuse ignorance Où demeura Simon, fils de Gioras, nous ca
à laquelle je dois le regret de n'être pas chent les ruines de cette tour, placée sans
resté un jour de plus à Sebbeh, malgré l'im doute beaucoup plus bas, et le tracé de ce
possibilité d'y trouver de l'eau. Si jamais il chemin que nous ne songeons pas à aller
im'est donné d'y retourner, je ne ferai pas reconnaître. Les restes du plateau supérieur
comme cette fois, et à tout prix je rapporte sont les seuls auxquels nous pensions en ce
rai de Masada tout ce que je pourrai recueillir moment, et par conséquent les seuls que nous
de dessins et de plans. croyions dignes d'intérêt.
Maintenant que j'ai raconté l'expédition En faisant face à l'est, nous avons devant
de Sylva, il est temps que je raconte l'ex nous le rocher à pic de Masada, rocher de
†on plus pacifique dont j'ai été le
C1l0l .
deux cents pieds de hauteur, dans le flanc es
Tournant immédiatement le dos à nos
carpé duquel paraissent quelques rares ou
vertures semblables à celles des nécropoles,
tentes, nous nous acheminons vers le flanc
droit du large ravin qui nous sépare de la
et placées à une cinquantaine de † 8lll
dessous du sommet, sans aucune anfractuo
montagne de Sebbeh. La pente est roide et sité qui permette d'y parvenir. Il est bien
la rocaille roulante ; mais à tout prendre, certain qu'on n'y pouvait avoir accès que par
nous avons vu de pires chemins. Au bout de quelque conduit souterrain, ouvert dans l'in
quelques minutes, la route change de tour térieur de la forteresse. C'est maintenant
nure ; les chèvres seules s'en contenteraient, celle-ci qu'il s'agit d'atteindre, et nous com
et encore faudrait-il qu'elles ne fussent pas prenons d'un regard, que ce sera bien autre
difficiles. Hl est très-clair que nous avançons chose encore que sur le chemin que nous
sur le casse-cou que Josèphe appelle la venons de quitter.
Couleuvre; mais §e, et mes compagnons Une crête, étroite comme la lame d'un
ne me démentiront pas, que l'historien des couteau, domine une jetée factice, formée de
Juifs l'aflatté.C'est une escalade sans interrup
tion, et à quelques centaines de pieds de terre blanche très-meuble, qui joint Leukè
hauteur à pic, centaines de pieds qui
au flanc du rocher de § Cette jetée,
vont toujours en augmentant de nombre. c'est ce qui reste de la jetée de Sylva. La
Décidément, il ne ferait pas bon regarder à plate-forme qui la couronnait s'est écroulée,
gauche en montant cette route beaucoup trop par l'action des pluies et du temps sur le ter
pittoresque, car le vertige nous prendrait rain peu solide qui lui servait de base; toutes
infailliblement, et ces abîmes dont nous ne les pierres ont roulé dans les précipiées béants
à droite et à gauche, et il n'est plus resté
pouvons apercevoir le fond, exercent une d'autre chemin que cette crête dangereuse
sorte d'attraction presque invincible, contre ue nous avons devant nous, et qu'il nous
laquelle nous avons toutes les peines du aut suivre comme des danseurs de corde
monde à nous défendre. Va donc pour regar sans balancier. Nos trois Arabes passent d'a-
der toujours à droite l en descendant nous bord, moi ensuite, puis tous mes amis. En
regarderons à gauche, c'est une consolation ; quelques instants nous avons franchi l'abîme,
il est vrai qu'alors nous ne contemplerons et nous voilà cramponnés au flanc du roc de
cncore, et pour bonne raison, que le flanc du Masada. -

rocher sur lequel nous grimpons.


Nous suivons, essoufflés et haletants , Ici recommence une escalade infernale, et
nos trois Bédouins, qui semblent parcourir à cinquante pieds plus haut, nous atteignons
une route royale. Nous avons l'amour-propre un tronçon de rampe sur lequel nous pou
de ne vouloir pas reculer devant ce qui pa vons reprendre haleine. Cette rampe est as
raît facile à ces sauvages d'acier, et nous sise du côté du précipice, sur le reste d'un
mur de soutènement, bâti en belles pierres de
allons de l'avant. Enfin, nous touchons à une
sorte de plateau fort tourmenté et fort étroit taille. Ce mur et la rampe n'ont plus que
d'abord, sur lequel débouchc un ravin déchiré quelques mètres de longueur, en suite de
467 MAS DICTIONNAIRE MAS 468

quoi l'escalade recommence, tout aussi diffi échantillons. Quelques fragments de moulures
cile qu'auparavant. en marbre blanc, sont dessinés et cotés. Le
Enfin nous touchons au sommet, et un bout sol est jonché de débris de poterie rouge et
de chemin encaissé entre le précipice et un de morceaux de verre dont j'emporte des
reste de mur bâti en pierres de † aboutit échantillons. Personne de nous ne perd son
à une porte bien conservée, de bel appareil temps, et Edouard lève la porte ogivale d'en
et à voûte ogive. Voilà, du coup, l'ogive re trée, pendant que Belly et moi nous travail
portée à l'époque d'Hérode le Grand, ou tout lons de notre côté.
au moins de Titus, et de la destructioa de Quand nous avons fini nos croquis, nous
Masada. Sur les pierres de taille de cette commençons la visite du plateau entier. Par
porte ont eté écorchés, avee une pointe, à tant donc du Qasr, qui est directement à
une époque indéterminée, des croix, des l'est de la porte ogivale, et nous dirigeant
signes semblables au symbole de la planète vers le nord, nous trouvons une grande
Vénus , et des lettres grecques, telles que citerne rectangulaire , où naturellement il
des A et des T. Sont-ce des signes d'appareil n'y a pas une goutte d'eau, et qui est au
leur? J'en doute, à cause de l'apparence fort jourd'hui envahie par les broussailles.
eu ancienne de ces signes grossiers, dont Plus loin, au nord-est du Qasr, est une en
a couleur assez claire tranche sur le fond de
ceinte quadrangulaire de construction beau
la pierre, qui est d'une teinte beaucoup coup plus ancienne que le Qasr et que les
plus foncée. Ces signes, du reste, sont, les autres édifices. Un fossé large et profond la
uns droits et les autres inclinés Ou même
sépare du reste du plateau, à partir du
renversés, ce qui pourrait venir à l'appui de flanc gauche d'une tour carrée en ruine
l'opinion qu'ils ne sont que des signes de † domine le terrain et qui est au centre
repère, employés par les constructeurs de e la face placée en regard du Qasr. Nous,
la porte. Pour ma part, je ne me charge pas y montons et de là nous voyons tout l'in
de trancher cette question. -
térieur de cette forteresse plus ancienne ,
Au delà de cette porte s'ouvre devant nous
coupé, dans le sens du sud au nord , , par
un vaste plateau, c'est celui de Masada. Dieu des files non interrompues de décombres
soit louéſ nous y sommes tous parvenus sains formés de grosses pierres noires irrégu
et saufs, et comme nous ne nOuS Sommes pas lières, restes d'édifiees écroulés sur place.
arrêtés une seule seconde, cinquante minutes Je ne doute pas que cette enceinte ne soit
nous ont suffi pour arriver du camp jus celle de la Masada, bâtie par Jonathas, au
qu'ici. dire de Josèphe. Tout le reste donc est
La crête que nous avons atteinte, c'est-à- l'œuvre d'Hérode le Grand.
dire celle de l'ouest, est garnie d'édifices ou
vrant sur le plateau et adossés au mur d'en Quelques murs sont bâtis en † pier
ceinte. Ce sont des espèces de cases carrées, res régulières, reliées entre elles par des
bien conservées encore, et dans les parois petites pierres tenant lieu des joints de ci
desquelles paraissent fréquemment de peti ment. Ce genre de construction se retrouve
aux citernes de Jérusalem et d'Elbireh.
tes | ouvertures disposées en quinconce,
eomme les trousd'un pigeonnier. Devant nous, Vers l'est , c'est-à-dire du côté de la mer
à moins de cent pas, est une ruine qui res Morte, il n'y a plus de traces d'une mu
raille aussi belle et aussi solidement bâtie
semble presque à une petite église avec ab
side circulaire. C'est le Qasr (le palais), me que celle qui dominait le plateau de Leukè.
disent mes Bédouins. J'y cours en hâte. La Cela se conçoit, il n'y avait pas d'attaque
salle principale est terminée par cette abside à craindre de ce côté que les oiseaux seuls
en cul de four, percée d'une petite fenêtre peuvent atteindre directement. Un cordon de
ronde. Toute l'abside est en belles pierres de décombres borde cependant partout la crête
taille d'appareil; les murailles contre lesquel du plateau de Masada.
les elle est appuyée, sont couvertes d'un crépi Du bord où nous sommes alors, nous ju
très-dur, dans lequel sont appliquées des geons à merveille de l'état surprenant de
mosaïques d'un genre tout neuf pour moi. conservation des travaux de siége exécutés
Ce sont des milliers de petits fragments rou sous les ordres de Sylva, et il m'est très
geâtres de pots cassés, encastrés dans le facile d'en prendre un plan cavalier. Quatre
mortier et formant des desseins réguliers, redoutes carrées commandent, l'une le ravin
seul ornement des murailles de cette salle. de gauche, et les trois autres l'Ouad-el-Hafaf
Quelques petits cubes de pierre, de couleur (vallée des ruines). A partir de ces postes,
rouge, blanche et noire, me donnent à pen qui sont reliés entre eux par un retranche
ser que la salle est pavée en véritable mosaï ment de rocaille, commencent deux retran
que; j'encourage donc mes Bédouins par chements de même construction , qui sai
l'appât d'un bakhchich, et pendant que je sissent le rocher de Masada, comme entre
prends le plan de la grande salle et des pe les deux branches d'une tenaille. Ces lignes
tites salles attenantes, pendant que Belly de circonvallation sont immenses et elles
fait un croquis de cette ruine si étrange, les règnent sans interruption sur le flanc gauche
décombres sont écartés du sol, et une jolie de la montagne de Sebbeh, aussi bien que
mosaïque, formée d'entrelacs circulaires, est sur le flanc de la haute montagne qui fait
remise au jour. Elle est malheureusement face à Masada, de l'autre côté de l'Ouad-el
tout effondrée, et je ne me fais pas dès lors Hafaf. Cette ligne venait probablement se
le moindre scrupuie d'en enlever quelques fermer au camp même de Sylva , où ainsi
- -- --- --
460 MAS DES ANTlQUlTES BlBLIQUES. MAS 470

ue je l'ai vérifié, vient aboutir la branche Quatre années plus tard, du 12 au 15 mars
e gauche. 1842, MM. Wolcott, missionnaire américain ,
Au reste, le plateau est libre d'édifices, si †
et peintre anglais, escaladèrent les
ce n'est vers la pointe nord où est le Qasr et † e plateau de Masada et vérifièrent
une citerne, et vers la pointe sud où est une 'exactitude de la supposition admise par
autre citerne et un amas de ruines apparte MM. Robinson et Smith. M. Robinson , dans
nant peut-être à une caserne. Dans le flanc le livre intitulé : The Biblical Cabinet (vol.
sud du rocher sont percés un puits et un XLIII, p. 67 et suiv.), a publié textuellement
caveau garni , sur toutes ses parois , d'un deux lettres intéressantes écrites, l'une de
· ciment très-solide et très-uni. Pour y des Sebbeh , l'autre de Jérusalem, par M. Wol
cendre, il faut s'exposer à un véritable dan cott, et dans lesquelles ce zélé voyageur
ger, parce que l'on est pour ainsi dire sus donne, avec assez de détails, le récit de sa
pendu au-dessus de l'Ouad-el-Hafaf, placé à course à Masada. Il a parfaitement observé
plus de douze cents pieds au-dessous; il faut, les lieux, reconnu les différents édifices men
dis-je, atteindre l'entrée d'un escalier de tionnés par Josèphe, et les travaux de siége
quelques marches qui débouche dans le sou construits par Sylva. Pour M. Wolcott, toutes
terrain. Il serait difficile de n'y pas recon les constructions qui se voient encore à Ma
naître l'un de ces magasins dans lesquels sada sont de la même époque, c'est-à-dire
étaient accumulées les provisions qui pou de celle d'Hérode, mais la porte ogivale qui
vaient rester à Masada des siècles entiers sans servait d'entrée à la ville est une ruine mo
se détériorer. Chemin faisant, nous avions derne. La présence d'une ruine moderne à
rencontré encore une citerne, ou mieux un Masada , offrirait certes un fait bien plus
puits, et revenant au côté ouest, c'est-à-dire extraordinaire que celui de l'emploi de l'arc
au côté dans lequel est ouverte la porte d'en ogival dans des édifices construits par Hé
trée, et contre lequel sont appuyées des rode. Quant à la forteresse de Jonathas, elle
tours carrées et des habitations assez bien me paraît très-nettement reconnaissable.Mais
conservées, ayant l'aspect bizarre de pigeon des appréciations † ou moins exactes,
niers, grâce aux trous réguliers dont leurs n'enlèveront point à M. Wolcott le mérite
† sont garnies, nous avons achevé tant d'avoir le premier reconnu les ruines illustres
de Masada.
ien que mal le tour de la place ! Mais com
bien † regrette aujourd'hui la précipitation Je n'adresserai qu'un reproche au révérend
avec laquelle nous avons visité ce lieu célè missionnaire américain, c'est de s'être amusé
bre ! Certes, ce n'eût pas été trop de deux à faire rouler jusqu'au bas du rocher, plu -
journées, employées sans perte de temps, à sieurs pierres arrachées aux ruines de la
recueillir des notes et des croquis dignes de forteresse. L'expédition américaine, comme
Masada. nous allons le voir tout à l'heure, s'est donné
Nous étions restés plus de deux heures sur le même plaisir. Il est heureux, en vérité,
le † nos Arabes nous pressaient de que les voyageurs soient rares à Masada :
redescendre au camp; ils faisaient sonner car si tous avaient la même fantaisie, il fini
bien haut la nécessité d'aller coucher ce soir rait par ne plus y avoir de ruines de la forte
à un endroit où gens et bêtes pussent trouver resse juive, qu'à douze cents pieds plus bas
de l'eau à boire, et cet argument, vu la cha Le samedi 29 avril 1848, au point du jour,
leur affreuse dont nous souffrions, l'emporta M. le capitaine Lynch, commandant de l'ex
Sur nOtre amour des ruines. Nous nous mî pédition américaine, fit partir d'Ayn-Djedy,
mes donc en devoir de redescendre : monter où il était campé, MM. Dale, Anderson et
était un jeu et nous ne pûmes nous rendre Bedlow, avee un drogman, un soldat turc
compte du danger qu'il y a à grimper à Ma et des guides arabes, pour aller explorer les
sada, que lorsqu'il nous fallut reprendre en ruines de Sebbeh. Au coucher du soleil , ces
sens inverse le chemin qui, la première fois, messieurs rentrèrent au camp, et c'est en
nous avait paru si difficile. se servant de leurs différents rapports .
Un mot encore sur Masada. Les ruines de que M. Lynch a publié le récit de leur course
Masada, célèbres à juste titre, ainsi qu'on a à Madasa.
pu le voir par tout ce que j'ai dit, n'ont pas Comme il s'agit d'une localité des plus in
été visitées souvent par les Européens ; ainsi téressantes et sur l'état actuel de laquelle on
MM. Robinson et Smith, qui les premiers ont ne peut trop rassembler de lumières, j'ai
identifié d'instinct Sebbeh avec Masada, n'ont pensé devoir † ici ce récit dont je
vu cette localité que des hauteurs d'Ayn ne saurais trop louer l'exactitude que J'ai †
# c'est-à-dire qu'ils n'ont pu contem constater, en visitant, trois ans plus tard, ſes
pler qu'à quelques lieues de distance, le pro mêmes points que les ofliciers américains.
fil de la montagne sur laquelle existait Ma Je copie :
sada. C'est donc d'après les rapports des « Un peu après huit heures, ils arrivèrent
Arabes qu'ils purent consulter, qu'ils ont à l'Ouady-Sebbeh et découvrirent une routa
émis, avec une admirable perspicacité, une clairement marquée, de quinze pieds de large,
opinion que l'inspection de la localité et des et indiquée par deux rangées parallèles de
ruines qu'elle renferme , devait vérifier de la pierres qui continuèrent avec des interrup
Inanière la plus évidente. Leur exploration tions pendant un quart de lieue (94). A neuf
est du vendredi, l l mai 1838. heures, quand la chaleur du soleil commen
(94) Je n'ai point aperçu cette route bordée dc pierres, parce que nous n'avons pas suivi lo Inûm6
471 MAS DlCTIONNAIRE MAS 472

çait à devenir étouffante, ils atteignirent une mentée, avec une galerie et une suite de qua
caverne basse dans la face sud de la mon rante marches, éclairée par deux fenêtressur
tagne, au-dessus de l'Ouady-Seyâl, profonde le côté sud du rocher (97). Cette grande cham
ravine qui sépare le rocher de la chaîne con bre était tapissée de pierres très-belles, aussi
tinue du nord. Là ils mirent pied à terre, nette et aussi propre que si elle venait d'être
car il était impossible d'aller plus loin à che finie. Cette chambre les conduisit à croire qu'il
val. De là, quelquefois sur leurs mains et y en avait beaucoup de semblables, éclairées
leurs genoux, ils grimpèrent le long du ro par les ouvertures qu'ils avaient vues, àl'exté
cher à pic, dont le côté vertical est percé rieur du rocher, en montant à Sebbeh; mais
d'ouvertures comme le roc de Gibraltar. Ils ils ne purent pas y pénétrer. -

inclinaient à croire †
le sentier par lequel A la distance d'environ cent pieds au-dessous
ils avaient monté était celui que Josèphe de la pointe nord, sur un rocher inaccessible
appelle le Serpent.... Ils passèrent le ravin et à pic, ils virent les ruines d'une tour ronde,
sur un espace de calcaire qui, bien que con et à quarante ou cinquante pieds au-dessous,
sidérablement au-dessous du plus haut point sur un autre rocher, les murs de fondation
du rocher, réunit l'escarpement sud du Seyâl d'une enceinte carrée avec un mur triangulaire
à l'escarpement nord de Masada, et ils attei aboutissant, par les angles de la base, au mur
gnirent le sommet un peu avant dix heures de la tour circulaire et au mur ouest de l'en
du matin ; tout ce sommet est entouré d'un ceinte carrée; ils trouvèrent qu'il était imp0s
mur à pic sur le précipice. sible d'aller visiter ces ruines.
« Passant sous une porte à ogive, dont la « En outre des restes de la tour ronde 0u
clef de voûte et les voussures sont en pierres donjon, il y avait sur le sommet, des fragments
de taille, anciennement marquées de la lettre de mur avec des retraits circulaires recouverts
grecque A, et d'autres ressemblant au sym de briques carrées; des portes en ogive, des
bole planétaire de Vénus, les unes droites, fenêtres à meneaux entourent en partie un
les autres renversées, d'autres encore avec enclos, qui était peut-être la cour du château,
des croix grossières et la lettre T fruste, ils maintenant § par des fragments de
arrivèrent à un espace d'à peu près trois toute nature, de marbre, de mosaïques et de
quarts de mille de longueur du nord au sud, et poteries. - - - •

d'un † de l'est à l'ouest. « Les fondations,et les portions inférieures


« Il y avait très-peu de végétation, excepté du mur bâti par Hérode, autour du somniet
au fond de quelques excavations qui sem de la colline, sont encore debout sur le côté
blaient avoir sèrvi de citerne ou de grenier, est. Les officiers s'amusèrent à déplacerquel
et qui étaient à moitié remplies de mauvaises ques-unes des pierres, à les jeter du haut du
herbes et d'une espèce de lichen. Ailleurs la rocher et à les regarder tournoyer et bondir
terre était aussi stérile que si elle avait été jusqu'au bas, à douze cents pieds, avec unº
semée de sable. Cependant Hérode en par rapidité plus effrayante que celle des pierres
lait comme étant d'une nature grasse et mieux lancées par les balistes romaines, lorsque
faite pour l'agriculture que celle d'une val Sylva faisait le siége de la forteresse.
lée. Hérode avait aussi creusé de profonds « Une des fenêtres, apparemment un frº#
: uits en grand nombre, comme des réser ment de chapelle, donnait sur la mer, c était
voirs pour l'eau, dans les rochers, à toutes celle qui avait l'apparence d'un ogive,et c'é:
les places qui n'étaient pas habitées (95), tait § que nous avions aperçue en passant
au-dessus et autour du palais et devant les sur les embarcations. De là on pouvait V0ll
murs; et par ce moyen il essayait d'avoir de la mer dans toute son étendue, avec ses extré
l'eeil pour plusieurs usages, comme s'il eût mités nord et sud bien marquées, même à
existé là des sources. travers la vapeur qui les couvrait. La form0
« Aux extrémités nord et ouest du rocher, de la péninsule était bien nette et avait de la res
et près de la pointe qui est probablement semblance avec une aile étendue.
le † Blanc mentionné par Jo « Immédiatement au-dessous d'eux, le lon3
sèphe(96), ils remarquèrent une de ces exca de la base du rocher, devait être tracé le mur
vations d'une étendue considérable, remplie de circonvallation que Sylva bâtit à l'extérieur,
en grande partie des ruines et des décom autour de toute la place; car il avait pris des
bres de ses propres murs, en même temps précautions pour qu'aucun des assiégés ne
que des chardons et des mauvaises herbes de pût s'échapper.
bien des siècles. « Continuant leur exploration vers le bord
Dans le coin sud-ouest du rocher, ils en sud-est, ils suivirent un passage dangereuX,
trouvèrent une plus grande encore, bien ci sur la face du rocher, qui n'avait pas moins
chemin. En effet, les officiers américains, puisqu'ils tion du texte de Josèphe donnée par M. Lynch.
ºnt cheminé sur le flanc de la montagne depuis | (96) Leukè était à plus de deux cents pieds au -
l'Ouad-el Seyâl, qui est à plus d'une lieue du roc de dessous du plateau de Masada. M. Lynch fait donc
Sebbeh, ont marché du nord au sud vers Masada. ici une confusion de lieux.
La route qu'ils ont prise est elle la Couleuvre de 97) Si c'est la même excavation que celle quº
Josèphe? est-ce celle que j'ai gravie qui a droit à ce j'ai visitée moi-même, j'ai bien mauvaise mémoire :
nom ? Je laisse à d'autres le soin de le décider.Ce car, des quarante marches de l'escalier je ne puls
qui me parait probable, c'est qu'ils ont fini par re m'en rappeler que quatre ou cinq au plus. Du resº
joindre notre sentier de chèvres, vu qu'il n'y en a ces messieurs citent une cave toute différent a"
pas d'autre, pour aller de la mer Morte à Masada. même point, et j'ai bien peur qu'il n'y ait ici dcu"
(95) Je ne me charge pas de défendre la tra luc ble emploi.
475 MAS DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. Mb.N 47 4

de mille pieds de hauteur à pic au-dessus du nous avons observé nous-mêmes. Seulement,
ravin, et qui aboutissait à une grande plate je ferai † qu'il n'est pas exact de con
forme encombrée de fragments de maçonne céder à MM. Robinson et Smith, si riches de
rie, appartenant évidemment aux ruines du leurs propres découvertes, l'honneur d'avoir
mur qui fermait le rocher supérieur. Se traî visité les premiers les ruines de Masada; cet
nant par-dessus les pierres, ils atteignirentune honneur appartient incontestablement à MM.
excavation que les Arabes appellent une citer Wolcott et Tipping. Les officiers envoyés à
ne, ce qui est probablement juste, car en des Sebbeh par M. Lynch n'y sont venus que les
cendant ils virent des passages étroits ou seconds, et c'est avec un certain orgueil que
aqueducs; celui de l'intérieur était taillé dans nous nous trouvons seulement les troisièmes
le rocher. qui aient tenté cette périlleuse exploration.
« C'était une cave oblongue, coupée dans le MASAL, MESAL. —Ville lévitique de la tribu
roc, de trente pieds de longueur sur quinze d'Aser. (Josué, xxI, 30.)
de largeur, dix huit ou vingt de profondeur, MASALOTH. — Voy. KEsULLoTII.
et cimentée de tous les côtés. A l'entrée de MASEREPHOT, MESRAFoUT - MAIM. — Les
l'excavation ils virent la carcasse d'un animal eaux de Maserephot, dans le pays des Sido
récemment tué, elle ressemblait à celle d'un niens, étaient probablement des salines. (Jo
lapin, et les Arabes l'appelaient webr ou we sué, XI,8.)
beh; c'est le coney de l'Ecriture.A gauche de MASOBIA, MAsoBIAH. — Localité non con
l'entrée et dans la cave il y avait quelques nue, indiquée dans les Chroniques (I, xI, 16).
marches se terIninant par une plate-forme ; M ASPHA , MASEPHA , MASPHAT, MASPHE ,
comme les parois, les marches étaient endui MITZPE. — Cette ville est mentionnée assez
tes de ciment ; au-dessus était une ouverture fréquemment. Elle était le rendez-vous des
inaccessible par les marches. En faisant des tribus d'Israël pour leurs délibérations, com
entailles dans le mur, ils essayèrent d'y arri me l'isthme de Corinthe pour la confédération
ver : c'était l'entrée d'une cave basse grossiè de la Grèce. Elle est dans Benjamin.
rement taillée, avec une fenêtre ouvrant sur Il y a une autre Maspha dans la tribu de Gad,
le flanc escarpé de l'Ouady-Senîn; autour des où Jephté fit son vœu cruel.
murs grossiers, et sans ciment, étaient des croix On comple encore d'autres villes de ce
peintes en rouge, et sur la poussière des em nom : Maspha, dans la tribu de Juda, bâtie par
preintes fraîches des pieds du whâl ou bted le roi Asa. Masphath dans la tribu d'Aser.
din (98). Et enfin une Masphath dans la tribu de Ru
« Ils essayèrent de visiter la face sud de la ben. Celle-ci est probablement la même que
montagne, en suivant par des zigzags une Mephaath, dans la Moabitide.
sorte de corniche sortant de quelques pieds MASRECA , MASRAKAH. — Ville iduméenne.
de la surface du roc; mais ils reconnurent (Gen. xxxvI, 56.)
que c'était impossible, à cause de la nature MATTHANA, MATNAH. — Station des Israé
molle de la pierre et de l'effrayante ouverture lites près de l'Arnon. (Nomb., xxI, 18.)
du précipice béant au-dessous. #pN, MADoUN. —Ville de Juda. (Josué,
« A leur retour, ils observèrent une singu xII, 61.)
lière ruine placée à peu près au centre du MELCHOM. — Idole des Ammonites , la
plateau; les morceaux carrés de pierre, ci †e que Moloch ou Melech. (II Rois, xxIII,
mentés avec une grande régularité, étaient
cellulaires des deux côtés et si détériorés par MELLO, BEIT-MELoUA. — Ville de Sichem.
le temps, qu'ils ressemblaient à une ruche (Juges, xI, 6.)
d'abeilles : † crurent que c'était un magasin MELLO. — Mello était une vallée profonde,
Ou unC CaSerne. entre le mont Sion et le mont Moriah. Salo
A leur retour dans le caveau, les Arabes mon, pour joindre le temple à la ville haute,
leur demandèrent si leur visite avait été fruc où était son palais, fit faire un pont dont les
tueuse. Ces peuples croient que nous venons arrachements de pierres énormes subsistent
ici pour chercher des trésors ou visiter des encore à la muraille occidentale du temple.
endroits que nous considérons comme sacrés. Ce pont traversait la vallée comblée en grande
Dans l'Ouady-Seyâl, il y avait beaucoup de partie. C'est dans cette vallée que Salomon
seyals ou d'acac.as. construisit le palais de la reine, sa femme;
«Auretourils constatèrent une odeur fétide et ce fut à l'occasion de ce palais qu'il imposa
de soufre, en passant au Birket-el-Khâlil. un tribut dont le peuple murmura beaucoup,
« Leur rapport semble confirmer la suppo et qui servit de prétexte à la séparation des
sition de MM. Robinson et Smith, que les rui dix tribus.
nes de Sebbeh sont celles de Masada. A cha Le jardin nivelé, qui s'appelle aujourd'hui
que pas, sur notre route, où ces messieurs le jardin d'El-Aksa, devait être le jardin du
ont été, nous trouvons que des observateurs palais de la reine. Ce terrain incliné, planté
soigneux et instruits nous ont devancés, et, aujourd'hui de cactus, par lequel on descend
dans ces précurseurs, ce n'est pas sans une du mont Sion dans Mello, s'appelait la des
grande satisfaction que nous reconnaissons cente de Sella.
nos compatriotes. » MELOTHI. — Ville étrangère que le Livre
Tel est le récit de M. le capitaine Lynch; on de Judith dit avoir été forcée par Holopherne,
voit qu'il concorde assez bien avec ce que (Judith, II, 13.)

(98) C'cst probablemcnt d'un bedcn ou antilope qu2 le capitainc Lynch veut parler.
4.75 MIS DICT10NNAIRE M0A 478

MENNITH, MENIT. —Ville où Josué defit les Ruben ultra Jordanem contra Jericho, civita

XI, 33).
Elle fut de la tribu de Gad (Juges, tes refugii Bosor in solitudine, Misor et Jazer
et Jethson et Mephaath,civitates quatuor cum
MEROM. - Voy. HoULEH (Lac d'El). suburbanis suis. Les traducteurs ont fait cinq
MEROME, MERoUM. — Région indiquée villes de ces quatre formellement nombrées
(Juges, v, 18), et dont l'identification la plus par Josué, Pour cela ils ont fait un nom pro
naturelle me semble celle qui en fait la plaine pre de Misor qui signifie plaine. Il fallait
voisine du lac Merom. simplement traduire : Bosor dans le désert de
MEROZ, MERoUz.—Le Livre des Juges (v,23) la plaine, ou, si l'on voulait faire un nom
cite une terre de Meroz qui est inconnue. propre de Misor : Bosor dans la solitude de
MERRHA. — Voy. MAARA. Misor.
MESOPOTAMIE. — La Mésopotamie est C'est ainsi que beaucoup de noms com
une région très-connue dont le nom même muns ont été changés en noms propres.
indique la position véritable. Elle est placée MOAB, MoABITIDE, MoAB, MoABITIs. —
ar tous les géographes entre l'Euphrate et Il est trop fréquemment question du pays de
e Tigre. Moab ou de la Moabitide dans les Livres Saints
Ce n'est pas de cette Mésopotamie qu'il est pour que nous rapportions ici tous les pas
fait mention dans les Livres saints,et des pas sages qui font mention de ce pays.Seulement
sages où ce nom se trouve, nul ne se rap nous avons à identifier les noms modernes
† à la région de l'entre deux fleuves. La des ruines qui couvrent encore la contrée
ésopotamie biblique est la vaste plaine de orientale de la mer Morte où était la Moabi
Syrie entre l'Oronte et l'Euphrate. Aussi le tide avec les noms que nous fournissent les
texte sacré dit-il fréquemment la Mésopotamie écrits sacrés et profanes de l'antiquité
de Syrie, au lieu de dire simplement la Mé Rappelons d'abord brièvement l'histoire de
sopotamie. C'est donc à tort que l'on a posé la Moabitide.
la ville de Haran , habitée par Nachor où La Genèse nous apprend (xIx,37) que Moab
Abraham envoya chercher une épouse à son naquit de l'inceste commis par Loth avec sa
fils Isaac et où plus tard Jacob épousa les fille aînée. Après la catastrophe de la Penta
deux sœurs Lia et Rachel, dans la Mésopota pole, les Moabites, ses descendants, envahi
mie entre le Tigre et l'Euphrate. Cette ville rent la rive orientale de la mer Morte et le
était en Syrie; le texte le dit formellement. vaste plateau qui la domine ; ils en chassèrent
Pars pour la Mésopotamie de Syrie. (Gen. les Emim; car nous lisons dans la Bible (Deut.
xxvIII, 2.) II):— 9. l'Eternel me dit : Ne tourmente point
Après cette autorité la question est tran Moab et ne commence pas de guerre avec eux,
chée. De plus on compte les journées de car je ne te donnerai pas de son pays un hé
marche que Jacob mit à revenir de Haran ritage; car j'ai donné Ar aux enfants de Loth
par les bords du Jourdain. ll eût fallu dix fois pour héritage. — 10. Les Emim y avaient au
† de journées § revenir des rives de paravant demeuré; un peuple grand, considé
'Euphrate. C'est donc une question jugée : rable et de haute stature comme les Anakim.—
mais il y a des écrivains qui aiment tou 11. Les Rephaim sont réputés aussi comme
jours en quelque sorte à gonfler les textes et des Anakim, et les Moabites les appelèrent
à leur faire dire ce qu'ilsne contiennentpas. Emim. — Il paraît évident que ces deux
MESPHE. — Voy. MAsPHA. versets 10 et 1† aussi bien que le verset 12,
MESSA, MEsA. — Dans le dénombrement constituent une glose marginale, certaine
des enfants de Sem, Jectan un de ses descen ment postérieure à l'écrit de Moïse lui-même,
dants peupla avec ses fils le pays qui s'étend de et qui se sera introduite dans le texte sacré;
Messa † Séphar, montagne de l'Orient. en éffet ces trois versets qui mentionnent la
Il est difficile d'identifier cette Messa, qui conquête israélite comme achevée, viennent
peut-être n'est que le nom d'une région ou couper incidemment l'ordre que Dieu donneà
d'une montagne. On peut dire d'une manière Moïse. Quoi qu'il en soit, il est certain que
moins précise que la région indiquée dans les Emim, premiers habitants de la Moabitide,
ce passage de la Bible était entre le Liban et furent expulsés et remplacés par la race issue
l'Euphrate. Toute autre identification me pa de Loth, et de son fils Moab.
raîtrait hasardée. (Gen. x, 30.) Les Ammonites, frères des Moabites par
METHCA, METKAH,—Vingt-cinquième cam Ammon, fils de Loth et de sa seconde fille,
pement des Israélites dans le désert. (Nomb. s'établirent également sur la rive orientale
xxxIII, 28, 29.) de la mer Morte et du Jourdain, mais plus à
MISPHAT, AYN-MESFAT. — On lit dans la l'est que les Moabites. Ces derniers, après
Genèse (xIv, 7) : Les Israélites vinrent à la fon avoir étendu leur domination jusque vis-à-
taine Misphat : celle-ci est Cadès. Les quatre vis Jéricho et au bord du Yabbok, furent re
rois ligués contre ceux de la Pentapole batti foulés plus tard par les Ammonites au delà
rent les Amalécites près de cette fontaine où de l'Arnon (Ouad-el-Moudjeb) qui devint la
plus tard campèrent les Israélites. C'est la limite septentrionale de la Moabitide. Cette
même que Cadès Barnea. -
limite élai déjà celle du pays de Moab, lors
MISOR. - Nous lisons dans Josué (xxI, que les Hébreux, partis d'Egypte, vinrent se
35) que parmi les villes de Ruben au delà du résenter sur ses frontières. Nous lisons ef
Jourdain, quatre villes furent données aux ectivement dans les Nombres (xx1):— 13. De
Lévites : Bosor, Jazer, Jethson et Mephaath. là ils (les Hébreux) partirent et campèrent .
La Vulgate a ainsi reproduit le texte : De tribu en deçà de l'Arnon qui cst au désert. sortanî
477 M0A DES ANTIQUITES BIBLIQUES. M0A 4787

des confins de l'Amori, car l'Arnon est la #ue nous lisons dans les Nombres #
frontière de Moab, entre Moab et Amori. — 6) : —Car Hesboun était la ville de Sihoun
14. C'est pourquoi il est dit au Livre des Ba roi d'Amori, qui avait combattu contre le
tailles de l'Eternel, le Ouahab à Soufah et les précédent roi de Moab, et avait pris tout
torrents de l'Arnon. — Ce deuxième verset son pays de sa main jusqu'à l'Arnon. — Cette
est entièrement inintelligible; que signifie expédition de Sihoun, si l'on accepte le texte
ce mot:T,Ouahab?on l'ignore complétement. hébraïque (Ibid., 28), aurait atteint Ar
En arabe le mot signifie donner, concéder. même, la capitale de la Moabitide ; mais il
Ce verset devrait - il, par hasard , se traduire faut observer que le texte samaritain, ainsi
ainsi: — C'est pour cela que dans le Livre des que les Septante, au lieu de -y, ar, lisent 55,
Batailles de Jéhovah, il est dit : La concession
faite à Soufah, et les torrents de l'Arnon,—
† et que dès lors il est probable que
a conquête Amorite s'est arrêtée au bord de
et était-il destiné à fixer les limites de la terre l'Arnon. Quoi qu'il en soit, Sihoun, roi de
donnée aux enfants de Moab, et qui com Hesboun, ayant refusé aux Israélites le
mençait à un lieu nommé Soufah, pour s'é- † à travers la contrée située entre
tendre jusqu'à l'Arnon ?Je me garderai bien 'Arnon et le Yabbok, fut vigoureusement
de proposer cetteinterprétation comme incon attaqué et battu par eux, à Yahas | Deut. II,
testable, et je me bornerai à faire remarquer 32); puis toutes ses villes furent livrées au
ue si, dans Soufah, on voulait retrouver un illage, et tous les habitants mis à mort,
lieu tenant au Djébel-es-Soufah qui est ausud ommes, femmes et enfants (Ibid., 34). Le
del'Ouad-ez-Zouera,et au sud-ouest duDjebel roi de Moab était alors Balak-ben-Sephour ;
el-Melehh, on aurait probablement les limites ce fut lui qui, n'osant barrer le passage aux
méridionales et septentrionales de la Moabitide Israélites, envoya chercher Balâam pour les
proprement dite, puisque Zoar était sur cette li maudire. Chacun sait comment cette précau
mite. Ceci résulte clairement du commentaire tion imprécatoire tourna à la confusion de
de S. Jérôme (ad Jos. xy), dans lequel nous Balak ( Nombres, xxI, 33). Dans ce récit
lisons : Segor in finibus Moabitarum sita est, merveilleux est mentionnée Kerith-Hesout,
dividens # iis terram Philistiim. Mais quit de laquelle partit la première bénédiction
tons vite le terrain dangereux des hypothèses, de Balâam. Etait-ce une ville de la Moabitide
en ajoutant toutefois que la teneur du verset proprement dite ? Cela paraît douteux, puis
suivant, 15 : — Et le cours du torrent qui que le second et le troisième points aux
tend vers la ville d'Ar, et qui s'appuie à la † Balak conduisit Balâam, espérant que
frontière de Moab, — semble en quelque e ceux-là il pourrait lancer sur Israël des
sorte compléter la délimitation de la terre imprécations au lieu de bénédictions, sont
#itiqueen déterminant sa frontière orien d'abord le sommet du mont Fesgah (Pisgah
t dlC. des traducteurs, et ensuite le sommet du
Quant à la marche même des Hébreux vers mont Fâour (Peor ou Phegor des traduc
a frontière, elle est parfaitement tracée dans teurs ), montagnes situées certainement en,
le Livre des Juges, (x1) : — v. 17. (Israèl) dehors des limites de la Moabitide propre
envoya aussi vers le roi de Moab, qui ne vou ment dite.
lut pas (pcrmettre le passage de l'émigration Nous perdons ensuite de vue le peuple
hébraique sur son territoire), et Israël resta à moabite jusqu'au moment où un peu †
Kades (au sud du pays de Canâan). — 18. d'un demi-siècle après la mort de Josué, il
Il parcourut le désert, fit le tour du pays d'E- réussit, avec l'assistance des Ammonites et
dom et du pays de Moab, il vint à l'orient du des Amalékites, à subjuguer les Hébreux qui
pays de Moab, et campa au bord de l'Arnon. restèrent dix-huit ans sous la domination
Ils n'entrèrent pas dans les limites de Moab, d'Adjloun (Eglon des traducteurs), roi de
car l'Arnon formait la limite de Moab. — Moab. (Juges III, 14.) Au bout de dix-huit
De ce verset comparé à ceux que j'ai cités années. Ahouad-ben-Djera (99) (l'Ehoud fils
tout à l'heure, il résulte que la vallée de l'Ar de Guera,'des traducteurs) assassina le roi
non, après avoir couvert l'extrémité septen Adjloun, à la ville des Palmiers (100), en ve
trionale de la Moabitide, s'infléchissait au nant d'auprès des carrières situées vers Hed
sud, pour en couvrir également la frontière jeldjal (Guilgal), pour demander une au
orientale. C'est effectivement ce que fait dience secrète au prince. ( Ibid., vers. 19 et
l'Ouad-el-Moudjeb, dont l'identification avec suivants.)Ahouad, une fois le meurtre accom
la vallée de l'Arnon n'est un sujet de doute pli, se sauva par les carrières vers Sâirah,
pour personne. rassembla les Israélites sur les montagnes
J'ai dit tout à l'heure que, d'après le livre d'Ephraïm, redescendit avec eux dans la
des Nombres, lors de l'apparition des Israé plaine, s'empara du gué du Jourdain, et une
lites, l'Arnon séparait le territoire des Moa fois la retraite coupée aux Moabites, en mit
bites de celui des Amorites ; d'où il résul à mort dix mille. -

tait que tout le pays septentrional, compris Du temps de Saul, les Moabites reparais
entre l'Arnon et le Yabbok, avait été enlevé sent parmi les nations en guerre avec les
par les Amorites aux Moabites, antérieure Hébreux, car nous lisons (P1 Samuel, xIv .
: nent à la venue de Moise sur les bords de 47) : — Saiil conquit la royauté sur Israël
l'Arnon. Cette conquête était de fraîche date, et il combattit tous ses ennemis à l'entour :

(99) Ce nom est encore fort en usage chez les Thâamcra.


Arabes, téuioin le neveu de Hamdan, si heikh des (100) Jéricho ?
479 M()A D1CTlONNAIRE M0A 480

Moab, les fils d'Ammon, Edom, les rois de retiendrai pas le châtiment, parce qu'il a
Soubah, et les Philistins, et partout où il se brûlé, et réduit en cendres les ossements du
tournait, il répandait la terreur. — Plus tard roi d'Edom. — 2. J'enverrai le feu dans
encore, D# les soumit et les astreignit à Moab et il dévorera les palais des villes ;
lui payer un tribut (II Samuel, vIII, 2) : - Il Moab périra au milieu du tumulte, parmi
battit les Moabites et les mesura au cordeau, les cris de guerre et les sons du schofar. —
les faisant coucher par terre; et il mesura 3. J'exterminerai le sofète du milieu de lui,
deux cordeaux pour faire mourir et puis un et je ferai mourir tous ses princes avec lui.
cordeau pour laisser en vie; les Moabites de — Il serait difficile de ne pas reconnaître le
vinrent sujets et tributaires de David.—Proba même fait dans le verset du Livre des Rois et
blement ce verset signifie que tous ceux qui, dans celui d'Amos.
parmi les prisonniers moabites, avaient une Le II" Livre des Chroniques † IlOUlS I'a-
taille dépassant l'intervalle de deux cordes conte en détail une expédition des Moabi
tendues sur le sol et entre lesquelles on les tes contre Jehosaphat, roi de Juda. Les Am
forçait à se coucher, furent mis à mort, tan monites marchaient avec les Moabites. —
dis que tous ceux dont la taille resta inférieure 2. On vint annoncer à Jehosaphat, savoir :
à l'intervalle des deux cordeaux, eurent Une multitude considérable vient contre toi,
la vie sauve. C'est là un effroyable massacre d'au delà de la mer (la Mer morte évidem
dont la barbarie passe toute croyance. ment) d'Aram (très-probablement il faut lire
Après la mort de Salomon et lorsque le d'Edom), et voici qu'ils sont à Hasasoun
schisme des dix tribus fut accompli, les Moa Tamar, qui est Ayn-Djedy. — Jehosaphat
bites devinrent tributaires des rois d'Israël, eut peur et se disposa à rechercher Jého
Car nous lisons : — Moab se révolta contre vah, il fit publier un jeûne sur tout Juda
Israël après la mort d'Ahab. (II Rois, I, 1.) — Sa prière fut exaucée. Jehaziel, saisi
Le roi de Moab s'appclait alors Misda, et le de l'esprit prophétique, annonça que Juda
tribut annuel qu'il arait à payer était de cent n'aurait pas à combattre , l'ennemi qui s'ap
mille agneaux et de cent mille moutons por prochait, et que Dieu le combattrait lui
tant laine (II Rois, III, 4.)— Jehouram ayant même. — 16. Demain, descendez contre eux,
Succédé à son père Ahab sur le trône de voici qu'ils montent la montée de Hésis; vous
Samarie, s'empressa d'inviter Jehosaphat, les trouverez à l'extrémité de la vallée , de
roi de Juda, à l'aider dans une expédition vant le désert de Yerouel.Ainsi que l'a-
contre les Moabites. Les deux monarques se vait annoncé le prophète, un vertige s'em
concertèrent pour attaquer la Moabitide, en ara de l'armée envahissante, les Moabites et
passant par le désert d'Edom (II Rois, III, 8), es Ammonites tombèrent sur les Iduméens de
Parce que le roi de ce pays s'était coalisé la montagne de Seïr, et les écrasèrent d'un
avec eux, La disette d'eau, après sept jours commun accord; puis ils tournèrent leurs
de marche, faillit faire périr l'armée des armes contre eux-mêmes et s'entre-détruisi
trois rois alliés; mais le prophète Elisâa in rent. Trois jours durant, les sujets de Jehos0
tervint, l'eau du ciel tomba en abondance, et phat furent occupés à dépouiller les morts.
les Moabites ayant eu l'imprudence de mar Le quatrième jour, ils s'assemblèrent dans une
cher au-devant de l'ennemi, furent poursui vallée choisie pour remercierJéhovah,et cette
vis l'épée dans les reins. Toutes leurs villes vallée reçut le nom de la vallée de la Béné
furent détruites, les terres cultivées furent diction. Cet événement paraît avoir été la
jonchées de pierres, les citernes furent bou conséquence de l'expédition des rois d'Israël
chées, les arbres coupés, et le siége de Kir et de Juda contre les Moabites, lorsque ceux
Keraset (Kir Kareschet) fut commencé à cieurentété forcés de s'éloigner de la Moabi
coups de fronde. Le roi de Moab, à la tête de tide: peut-être le roi Misâa, d'assailli devint-il
sept cents hommes, tenta une sortie vers le assaillant; cela n'a rien que de très-probable.
camp des Edomites, mais il fut repoussé. Il Nous lisons encore dans le II" Livre des
eut, dans cette extrémité, l'horrible idée Rois (xIII, 20) : Elisée mourut,et on l'ensevelit.
d'offrir son fils aîné en holocauste sur la mu Dans cette année, les troupes moabites entrè
raille de la ville; alors, tous les Moabites, rent dans le pays.— Joas était alors roi d'Israël,
saisis d'horreur, réunirent leurs efforts con et le pays désigné dans le verset précédent est
tre l'armée d'Israël, qui fut obligée d'éva celui sur lequel régnait Joas.
cuer le pays. (Ibid., 26, 27.) Il est vrai que Lorsque les tribus de Ruben et de Gad, et la
cette version des deux versets en question demi-tribu de Manassé eurent été emmenées
n'est pas la seule plausible, et je dirai même en captivité par Foul et Tiglath-Pilnesser rois
d'Assyrie (I Ch. v, 26), le pays compris entr0
mieux, la plus vraisemblable. Le texte se
Prête parfaitement à ce que l'on admette l'Arnon et le Yabbok fut, à ce qu'il parait,
que le roi de Moah n'ayant pu, dans sa sor ressaisi par les Moabites, puisque Isaïe et Jé
tie, s'emparer de la personné du roi d'Edom, rémie, prophétisant contre la race de Moab,
nomment, comme villes lui appartenant, des
† à prendre son fils aîné qu'il offrit en villes
olocauste à ses dieux, sur les murs de Kir certainement comprises dans la contrée
Keraset. Cette interprétation, qui, d'ailleurs, enlevée
Les
aux Ammonites par les Hébreux.
Moabites, bien longtemps après, repa
n'est pas nouvelle, a le très-grand avantage raissent dans l'armée de Nabuchodonosor,
de servir de commentaire à un curieux pas
comme alliés des Chaldéens. Ainsi nous li
sage du prophète Amos. Voici ce passage
(II ) : -1.Ainsi dit Jehovah : Pour trois sons dans le Il Livre des Rois (xxIv, 2) : --
péchés de Moab et pour le quatrième, je ne l'Eternel envoya contre lui (Joakim , roi de
481 M()A DES ANTIQUITES BIBLIQUES. MOA 482

Judq) les troupes des Chaldéens, les troupes et de Jérémie pour avoir réuni tous les docu
d'Aram, les troupes de Moab et les troupes des ments bibliques qui se rattachent à la Moabi
enfants d'Ammon ; il les envoya contre Juda tide. Dépouillons d'abord le texte d'Isaïe :
pour le détruire, selon la parole de l'Eternel, (Ch. xv) : -1. Fardeau de Moab ! certes,
qu'il avait prononcée par ses serviteurs les dans la nuit d'attaque,c'en est fait d'Ar-Moab;
prophètes. dans la nuit d'attaque, c'en est fait de Kir
Josèphe (Ant. Jud.,X, Ix, 7) nous apprend Moab. —2. On monte à Hébeith et à Deiboun,
que cette alliance des Chaldéens et des Moa ces hauts lieux sur Nebo et à Meidaba-Moab,
bites ne fut pas de †e durée; car la cin pour gémir, avec toute tête chauve, avec toute
quième année après le sac de Jérusalem, barbe rasée. — 4, Hesboun et el-Aaleh pous
vingt-troisième du règne de Nabuchodonosor, sent des cris ; jusqu'à Yahas leur voix est en
ce monarque envahit la Syrie : après l'avoir tendue. -- 5. Mon cœur se lamente au sujet de
conquise, il attaqua les Ammonites et les Moa Moab : ses fuyards errent jusqu'à Zoar, veau
bites qu'il soumit, et marcha ensuite sur l'E- de trois ans ! (Expression fort obscure.) Car
gypte. C'est très-probablement cette expédi la montée de Loueithon y monte en pleurant,
tion qui fut annoncée par les terribles pro et vers Horonaim (les deux cavernes) on fait
phéties d'Isaïe, de Jérémie et de Sophonie. entendre des cris de détresse. — 6. Car les eaux
Les Moabites durent être alors emmenés de Nimrim seront des solitudes; l'herbe est
en captivité, ces mêmes prophéties en font desséchée, la végétation est détruite, la verdure
foi. a cessé d'exister. — 7. C'est pourquoi ils por
Dans le Livre de Daniel (x1, 41), nous lisons: tent sur le torrent des Saules, le reste de leurs
— (Le roi du Nord, Alexandre le Grand) biens et de leurs trésors. — 8. Car les cris
viendra au pays de la gloire, et plusieurs pé environnent les frontières de Moab ; le gémis
ricliteront ; mais ceux-là seront sauvés de sa sement en retentit jusqu'à Adjelim, jusqu'à
main : Edom, Moab et les principautés des Bar-Alim leur gémissement. — 9. Les eaux du
fils d'Ammon. — Que ce soit une prophétie Deimoun (Deiboun ?) sont pleines de sang ;
réelle ou écrite après coup, il en résulte tou j'amènerai sur Deimoun de nouveaux malheurs,
jours que le conquérant macédonien n'inquiéta (je lance)le lion contre les fuyards de Moab et
pas les Moabites. contre le reste du pays.
Alexandre Jannaeus , suivant Josèphe (XIII, (Ch. xvi) :- 7. C'est pourquoi Moab gémit
XIII, 5), soumit les Moabites et les Galaadites, sur Moab : tout gémit autour des ruines de
qui sont arabes (dit l'historien juif), et il leur Kir-Héraset : vous , soupirez profondément
imposa des tributs, ce qui ne l'empêcha pas abattus. — 8. Car les champs de Hesboun
d' † le sont dans l'abandon; la vigne de Sibmah, les
défaite dont il ne s'échappa qu'à grand'peine. maîtres des nations en détruisent les ceps qui
Ses adversaires étaient alors des Arabes qui, atteignaient Iâazer, qui s'étendaient jusqu'au
sous la conduite de leur roi Obeda, luttèrent désert ; leurs sarments se répandaient, traver
pendant six années avec le roi juif, et lui tuè saient la mer. — 9. C'est pourquoi, comme
rent non moins de cinquante mille hommes. pour lâazer, je pleure la vigne de Sibmah : je
Cette guerre, néanmoins, mit entre les mains vous mouille d# mes larmes, Hesboun et el
d'Alexandre Jannaeus douze villes qu'il par Aaleh, car sur votre récolte, sur votre moisson
vint à enlever aux Arabes. Josèphe nomme a retenti le cri de guerre.— 11. C'est pourquoi
ces villes ( Ibid. XIV, II, 4); c'étaient : mon cœur retentit comme une harpe sur Moab
Medaba, NaDallo, Livias, Tharabasa, Agalla, et mes entrailles (sont émues) pour Kir-Heras.
Athone, Zoara, Oronœ, Marissa, Rydda, Lauza — 12 On voit alors que Moab est épuisé sur la
et Oryba. Tout à l'heure nous ferons usage de hauteur; il entre dans son sanctuaire pour
ce précieux document. pricr, mais il ne le peut. — 14. Mais main
Il faudra très-probablement † à ces tenant Jéhovah dit : Dans trois ans, comme les
événements la prophétie de Sophonie (II, 9): années d'un mercenaire, la magnificence de
- Certes, Moab sera comme Sodome, les fils Moab sera confondue avec sa grande multi
d'Ammon comme Gomorrhe, une possession des tude de peuples; le reste en sera très-petit et
ronces, une fosse de sel et une solitude éter non grand. --

nelle; le reste de mon peuple les pillera, et le Jérémie est plus précis encore, lorsqu'il
resle de ma nation en héritera. prophétise la catastrophe qui menace Moab ;
Depuis lors, le nom des Moabites comme mais souvent ses paroles sont pour ainsi dire
peuple indépendant, disparaît et se perd dans identiques avec celles d'Isaïe. Extrayons tous
celui de la race arabe, avec laquelle se fond les passages qui peuvent nous être utiles :,,
la descendance de Moab.'La conquête romaine † xLvIII) : -- 1. Sur Moab ! ainsi dit Jè -
hovah Sebaouth, dieu d'Israël : Malheur à
s'étendit sur la Moabitide, pendant les luttes
éternelles des Arabes et de l'empire, et les Nebo, car elle est ravagée ! Kiriatheim est
Romains s'établirent en vainqueurs à Rabbat dans la confusion : elle est prise. He-Mesdjeb
Moab (la capitale de la Moabitide), qui devint est confuse et abattue. — 2. La gloire de Moab
pour euxiAreopolis. Kir-Heraset reçut le nom n'existe plus; dans Hesboun, ils ont médité du
de Charak-Môba. Nous verrons, en nous occu mal contre lui : allons, exterminons-le pour
† spécialement de cette dernière ville, qu'il ne soit plus une nation. Madmen, toi
es événements principaux dont elle fut le aussi tu seras anéanti, le glaivc marche der
théâtre. rière toi. — 3. Une voix plaintive s'élève de
Il ne nous reste plus qu'à extraire certains Horonaim : ruine! grande détresse ! -- Mocb
passages des magnifiques prophéties d'Isaie est brisé : les enfants font entendre des cris,
483 M0A DICTI0NNA1RE M()A 484

— 5. Car la montée de Loueith, des gens en sons : — Et ils eurent pour limites 'Arouër,
pleurs y montent en pleurs. Oui, sur la des qui est sur le bord de la rivière Arnon, et la
cente de Horonaim, on les entend pousser des ville qui est au milieu de la vallée, et toute la
cris de détresse. — 8. La dévastation viendra plaine près (ou jusqu'à) Meidabah (101). —
dans chaque ville; aucune n'échappera; la val Plus haut, (verset #on lit déjà : — Depuis
tée périt, et la plaine sera détruite, comme Jé Arouèr, qui est au bord de la rivière Arnon,
hovah l'a dit. - 9. Donnez des ailes à Moab, et la ville qui est au milieu de la vallée et
car il partira au vol; ses villes seront réduites toute la plaine de Meidabah jusqu'à Deiboun.
en désert, nrul n'y demeurera. — 18. Descends — Ces deux passages suffisent parfaitement
# siége) de la gloire, assieds-toi dans un pour démontrer que la Meïdabah dont il y
est fait mention, était située au nord de l'Ar
icu aride, habitante, fille de Deiboun, car le
dévastateur de Moab monte contre toi, il dé non et dans le territoire des Amorites, c'est
à-dire entre l'Arnon et le Yabbok.
truit tes forteresses. — 19. Porte-toi sur le
chemin et regarde, habitante d'Arouér, inter Dans les Ethnuques d'Etienne, on lit : «Me
roge le fuyard et l'échappé, et dis, Qu'est-il daba, ville des Nabatéens. Les habitants de
arrivé? -- 20. Moab est dans la confusion , cette ville s'appellent les Medabènes, ainsi
car il est anéanti. Poussez des cris et des hur ue l'écrit Uranius dans son deuxième livre
lements; annoncez à l'Arnon que Moab est dé es Arabiques. » Cette Medabah (M4ôz6a) des
vasté. — 21. Le châtiment est venu sur le pays Nabatéens, est-elle la Meïdabah amorite?
de la plaine, sur Holoun, sur Yahasa et sur N'est-elle pas plutôt la moabite ? Je ne me
Moufdat. — 22. Sur Deiboun, sur Nebo et charge pas de ſe décider. Quoi qu'il en soit,
sur Beit-Deblateim. — 23. Sur Kéritheim et le texte d'Eusèbe nous apprend qu'à huit
sur Beit-Djamoul et sur Beit-Mâoun. — 24. milles d'Er-Rabba, doivent se rencontrer les
Et sur Keriouth et sur Basra, et sur toutes ruines d'une ville moabite qui portait le mé
les villes de la terre de Moab, les éloignées et me nom que la ville de Medabah, située près
les voisines. — 31. C'est pourquoi je gémis de Hesbon. Au reste, Reland , parmi les
douze villes enlevées par Alexandre Jannaeus
sur Moab; sur tout Moab je gémis; on sou
pire pour les gens de Kir-Heras. — 32. Je aux Arabes, cite Medaba, Zoar et Choranalm,
pleurerai sur toi plus que je ne pleure sur comme appartenant à la Moabitide proprement
Iâazer; vigne de Sibmah, tes rejetons passaient dite, et il en conclut qu'Agalla (l'Agallalm
la mer, ils s'étendaient jusqu'à la mer de Iâazer. d'Eusèbe) était, comme ces trois villes, au
— 34. Des cris de Hesboun jusqu'à El-Aaleh ; sud de l'Arnon.
jusqu'à Vahas s'étend leur voix : depuis Tzoar Nous avons vu que Josèphe (Ant. Jud.,XlV
jusqu'à Horonaim, veau de trois ans (?). Mé II, 4) mentionne Âgalla parmi les douze vſi
me les eaux de Nimrim seront déplacées. — les enlevées aux Arabes par Alexandre Jan
38. Sur tous les toits de Moab , et dans ses naeus; Reland n'hésite pas à retrouver cette
rues, partout des lamentations, car j'ai brisé "Aya))z dans la ville moabitique nommée
Moab comme un vase sans prix, dit Jéhovah. Dº:N par Isaïe (xv, 8). Il est d'autant plus
— 41. Les vitles sont prises, les forteresses probable que cette opinion est juste, qu'Eu
emportées... — 42. Moab sera détruit, à ne sèbe dit que de son temps, il y avait une lo
plus former un peuple... — 45. Sous l'ombre calité nommée 'Ayz))siu, à huit milles d'A-
de Hesboun se sont arrêtés, par (l'épuisement) reopolis, en allant vers le sud.
des # les fuyards, car un feu est sorti de Eusèbe, au mot Aous lº, nous apprend que
Hesboun et une flamme du milieu de Sihoum ; cette localité, déjà mentionnée dans la Bible,
elle a dévoré les sommités de Moab et le som était placée entre Areopolis et Zoar; évidem
ment cela veut dire que Loueith était sur la
met des fils du tumulte (pNv ':2). -- 49. Mal
Meur à toi, Moab, le peuple de Kamous est route fréquentée, établie entre ces deux vil
perdu, car tes fils ont été emmenés en captivité les extrêmes : et, puisque l'Ecriture sainte
et tes filles en servitude. — 47. Je ramènerai nous parle de la montée de Loueith, il n'y a
la captivité de Moab dans la suite des temps, pas de possibilité de chercher cette localité
dit Jéhovah. Jusque - là, le jugement sur ailleurs que dans la partie montueuse de la
Moab ! route, c'est-à-dire dans les montagnes mêmes
On voit par la teneur de ces versets45 et 47 † séparent le plateau de Moab de la plage
que les Môabites ont été réellement conduits e la mer Morte, ou du Rhôr moabitique.
en captivité, ainsi que je l'ai dit plus haut. Enfin, saint Jérôme, dans son Commentaire
Passons maintenant aux écritures profa d'Isaie (xv), nous apprend que Zoar était de
nes. Eusèbe, au mot Aauvz63, cite un village la terre de Moab : Segor in finibus Moabita
de ce nom situé à huit unilles d'Areopolis, et rum sita est, dividens ab eis terram Philis
un autre du même nom placé à sept milles de thiim, La Bible est d'accord avec cette asser
Hesbon, sur le mont Phogor. Ce nom, Dam tion de saint Jérôme, puisque le peuple de
naba, est très-probablement altéré, et il faut Moab abandonnant les bords de l'Ârnôn, est
le remplacer par celui de Medabah. Une ville représenté comme fuyant jusqu'à Zoar. De
du nom de Meïdabah est mentionnée dans le l'ensemble des textes analysés plus haut, il
partage de la tribu de Ruben, et nécessaire résulte que la Moabitide avait pour limites,
ment au sud de son territoire, puisque le Li au nord l'Arnon, à l'est probablement encore
v1 e de Josué (xIII, 16) en fait passer les limites la vallée de l'Arnon, qui s'infléchissait vers
à Meïdabah. Voici en effet ce que nous li le sud, et au sud une ligne qui, passant par
t101) Suivant qu'on lit dans le texte by ou -y, comme le portent quelques éditions.
&85 M0A DES ANTIQUITES BIBLIQUES. M0A 486

Zoar, séparait la Moabitide du pays des Phi des fils de Juda, seuon sa famille : près la li
listins. Vers cette frontière méridionale devait mite d'Edom, au midi, le désert de Sin, à
se trouver une localité nommée Soufah. Enfin l'extrémité méridionale. — 2. Leur limite au
une route, partant d'Areopolis § gagner sud partit de l'extrémité de la mer Salée, de
le sud de la Moabitide, et spécialement la puis la langue qui tourne vers le sud. — 3.
ville de Zoar, passait par une localité nom Elle va au midi vers la montée des Scor
mée Loueith. pions, passe à Sin, et monte du midi à Cadès- .
J'accorderai très-volontiers que la déter Barnea et passe par Hasaroun, et monte à
mination de cette frontière méridionale n'a Adar et tourne vers IIekerkdah, etc., etc. --
rien de précis, et qu'elle est même fort va On voit qu'il n'est nullement question de Zoar
gue; mais là où les renseignements sacrés et dans ce passage, non plus que dans l'énumé
profanes nous manquent absolument, nous ration des villes de la tribu de Juda. Je dois
devons nous estimer heureux de pouvoir de plus faire observer que parmi les villes de
planter avec sécurité de simples jalons, en Judée situées sur la frontière d'Edom, nous
quelque petit nombre qu'ils soient. trouvons mentionnée Adada, que j'aile premier
Ptolémée, si les longitudes et les latitudes retrouvée avec le même nom, sur le plateau
qu'il a déterminées nous avaient été transmi auquel on parvient par l'Ouad-ez-Zouera, et
ses avec correction, pourrait nous être d'un après avoir traversé l'Ouad-et-Thaemeh. La
grand secours; malheureusement les chiffres limite de la tribu de Juda passait donc forcé
géographiques qui nous viennent de lui sont ment bien près de Zoar, et c'est avec raison
si fréquemment entachés d'erreurs palpables, ue saint Jérôme a placé cette ville sur la
qu'il ne faut s'en servir qu'avec une extrême rOntière extrême de la Palestine et de la
réserve. En construisant les positions relati Moabitide.
ves des villes suivantes Je ne puis me dispenser de mentionner
Jérusalem.... 66 et 51 deux passages extrêmement importants tirés
Engaddi...... 66 et 51 du texte d'Ezéchiel, et qui fixent la limite
Thamara..... 66 et 50 1
• J
méridionale de la terre promise; les voici
Zoara........ . 67 et 50 ; (xLvII, 19) : — Et le côté méridional, à droite
depuis Tamar jusqu'aux eaux de la dispute
Charakmoba. 66 # et 50 de Kades, jusqu'au fleuve qui va à la grande
Callirhoé..... 67 # et 51 # mer, c'est le côté méridional. — Et plus loin
on reconnaît que les positions de Jérusalem, (xLvIII. 28) : -- Près de la limite de Gad, au
d'Engaddi, de Thamara et de Callirhoé sont sud à droite, sera la limite de Tamar, jus
à peu près justes, tandis que les chiffres re qu'aux eaux de la limite de Kades, jusqu'au
latifs à Charakrmoba et à Zoara sont parfaite tofrent près de la grande mer. — Les com
ment inadmissibles. Ainsi, probablement, mentateurs font Jéricho de la Tamar désignée
pour Charakmoba c'est 67 qu'il faut lire, et dans ces deux versets; mais cette identifica
our Zoara 66 (il est bien entendu que je tion, déjà proposée par le texte chaldéen,
aisse de côté les fractions, sur lesquelles je n'est pas évidente, puisque Jéricho n'a ja
ne me permettrai pas de faire de corrections), mais été à la limite sud de la Judée. Il serait
car sans cela Zoar serait dans une position possible qu'il s'agît là de la Tamara ou Ta
plus orientale que Karak, ce qui n'est pas maro, que j'ai retrouvée à Maïet-Embarrheg;
soutenable. de la sorte, la position de la montée des Scor
La frontière méridionale que je viens d'as pions (Maâlet-Akrabim) se trouverait identi
signer à la région de Moab n'a pas été per fiable avec l'un des deux ouad de Zouera ou
manente, et la délimitation de cette région a de Maïet-Embarrheg.
pu varier au sud, aussi bien qu'au nord. L'E- Je vais maintenant construire un tableau
criture sainte, en effet, donne l'Arnon pour comparatif des localités et des ruines que j'ai
limite septentrionale à la Moabitide, lors de rencontrées dans la Moabitide, et des locali
l'apparition des Hébreux, et les prophéties tés antiques qu'il est permis d'y reconnat
tre.
d'Isaïe et de Jérémie nous font voir que les
Moabites reprirent le pays entre l'Arnon et Kharbet-Zouera-et-Tahtah. — Zoar, Segor.
le Yabbok, après la captivité des dix tribus. Kharbet-Esdoum. — Sodome.
Quant à la frontière méridionale, du temps Djebel-Esdoum ou Djebel-cl
de saint Jérôme, Zoar était sur la lisière de la Melehh. — Montagne de So
dome.
Moabitide et de la Palestine. Pour Josèphe, Djebel-es-Soufah. —- Soufah.
ZOar était une ville d'Arabie ; et dans l'Ecri
Kharbct-Safieh. — id.
ture sainte, cette Zoar, ville de la Pentapole Rhor-Safieh. – id.
maudite, dans la Genèse, devient probable Rhôr-en-Nemaïreh. id.
ment une ville d'Idumée, dans le Livre de Kharbet et Bordj-en-Nemaï
Josué, c'est-à-dire à l'époque du partage de relI. — Nimrim, Bennema
la terre promise, et enfin, une ville de la rim, Benamerium.
Moabitide, lorsque paraissent les prophéties Talaà et Kharbet-Sebâan. — Seboim
d'Isaïe et de Jérémie. Birket-el-Eçal. — id.
Kharbet-Emthail. — id.
J'ai dit tout à l'heure que Zoar était probable Kharbet-es-Saietbeh. — id.
ment une appartenance de l'Iduunée,lors de la Taouahin Es-soukkar. — id.
délimitation desterritoiresassignés aux tribus ; El-Mezràah. — id.
en effet nous lisons dans Josué (xv) : — 1. El-Liçan. — Hé-Liçoun.
Voici les limites que le sort assigna à la tribu Kharbet-abd-er-Rahim. - id.
48'l M()A DICTIONNAIRE MOA l88

Kharbet-Adjerrah. — Agalla , Adjelim , pays de Mitsraim, jusqu'aux environs de


Agalleim. Zoar.
Bir-el-Hafaïeh. — id. 11. — Loth choisit toute la plaine du Jour
Kharbet-el-Haſaïeh. — id
Kharbet-Nouêhin. — Loueith, Maâlah-he dain, et il se dirigea vers l'orient. Ils se sépa
Loueîth.
rèrent ainsi l'un de l'autre.
Kharbet-Sarfah. — id. 12. — Abraham habitait le pays de Canâan,
Redjom-Mahfour. -- id. et Loth dans les villes de la plaine ; et il dressa
Kharbet-Emrâah. — id. ses tentes jusqu'à Sodome.
ltedjom-el-llamma. — id. Il résulte clairement de la teneur de ces
Redjom-el-Aâbed. — id. versets que Loth, pour aller camper jusqu'à
Kharbel-Fouqoûa. | Medaba , Damnâba. l'extrémité de la plaine, allait jusqu'à Sodome.
Ouad-Emdebêa. | Evidemment, il n'avait, pour y arriver, ni le
Schihan. Schilhoun.
Kharbet-Medjdeleïn. — id. Jourdain ni le lac Asphaltite à traverser, et de
Kharbet-Tedoum. — id. même que Zoar était à l'extrémité de celle
Beit-el-Kerm. — id. terre fertile, comparée à la terre d'Egypte ou
Er-Rabba. — Ar , Rabbat-Moab, même au jardin de Dieu, Sodome, ville siv0i
-
Areopolis. sine de Zôar, devait se trouver également à
Ruines sans mom. — id. l'extrémité de la plaine parcourue par Loth.
Ruines sans nom. — id.
El-Karak. — Kir - llerasât, Kir
Strabon (livre xvI) s'éxprime ainsi : « Cette
Moab, Charakmo
contrée est, dit-on, travaillée par le feu : 0n
ba. en donne pour preuves certaines roches dur
Ayn-Sara. — id. cies et calcinées vers Moasada, des GreVaSSeS,
Ayn-Aqbech. -- id. une terre semblable à de la cendre, des r0
Ayn-el-Bças. — id. chers qui distillent de la poix, des rivières
Qoubbet-Habisieh. — id. bouillantes dont l'odeur fétide se fait sentir
Deir-el-Mekharil). — id. au loin ; çà et là des lieux jadis habités, b0u
Ayn-et-Thabib. — id. leversés de fond en comble ; en sorte qu'on
Ayn-es-Sekkeh. — id.
Ayn-el-Guemayn. — id. pourrait ajouter foi à cette tradition répandue
Omm-Sedry. — id. dans le pays, d'après laquelle il aurait exislé
Ayn Zeboub. — id. . jadis en ces lieux treize villes. ll resterait
Ayn-Ersès. — id. même, dit-on, de leur métropole Sodome, des
Djebel-el-Hadits. — id. ruines dont la circonférence serait d'envir0n
Djebel-Dzàfel. — id. soixante stades; des tremblements de terre,
Redjom et Ayn-Talâa. — id. des éruptions de feu, d'eaux chaudes, bitumi
Ouad-el-Kharadjeh. — id. neuses et sulfureuses, auraient fait sortir ce
† — id.
lac de ses limites; des rochers se seraient en
Khabet-ed-Drâa. — id.
Ruines sans nom. — id. flammés, et c'est alors que ces villes auraient
été ou englouties ou abandonnées de t0us
Reste à discuter maintenant la légitimité ceux qui purent s'enfuir. » (Traduction de Lº
des identifications que je propose. tronne.) De ce passage il résulte clairement
Celles de Zoar, de Sodome et de la monta que Sodome et la Sodomitide étaient dans la
gne de Sel, sont tellement liées entre elles, contrée où se trouvait Moasada (Masada).0r,
que, l'une des trois étant une fois établie, ici, pas de contestation possible, Masada étail
les deux autres en découlent immédiatement à l'occident de la mer Morte, donc Sodome el
et de toute nécessité. Prenons donc Sodome, Zoar y étaient aussi.
qui est certainement la plus importante des Si de plus nous remarquons que Josèphe
trois localités, et démontrons d'abord par la
concordance de tous les textes sacrés et pro
(Bell. Jud., IV, viII, #
dit que la longueur
du lac Asphaltite est de cinq cent quatre
fanes qui la concernent, que Sodome, la ville vingts stades, qu'il s'étend jusqu'à Zoara d'A-
maudite, exista en réalité à la pointe nord du rabie, et que sa largeur est de cent cinquante
Djebel-Esdoum, ou Djebel-el-Melehh, au stades seulement; que dans son voisinage est
point où d'énormes amas de décombres, par la Sodomitide, etc., nous en devrons enc0rº
faitement visibles et parfaitemeut reconnais conclure que, puisque Zoar était à l'extrémilé
sables, sont restés pour servir à tout jamais sud du lac Asphaltite, Sodome s'y trouvait
d'exemple à la perversité humaine. aussi : et comme, pour mesurer la longueur
Le nom de Sodome, dans les Livres sa du lac, il n'est pas permis de supposer quº
crés , est écrit en hébreu tºmb, et en l'ont ait passé d'une rive à l'autre, il faut, dº
grec 26ôogz. Cette ville était située sur le toute nécessité, que Zoar et Sodome aient été
bord du lac Asphaltite : car elle était voisine à l'extrémité sud-ouest du lac Asphaltite.
de Zoar, qui était à la pointe sud de la mer Galien (De simpl. medicamentorum facult,
Morte et sur la rive occidentale. En effet, lib. Iv), en parlant du sel gemme recueilli du
lorsque Loth se sépara d'Abraham, il prit pour bord du lac Asphaltite, s'exprime ainsi : Ilpºº°
lui la plaine du Jourdain (le - pn --- des Li ayopsÛova : ô' aÙtoÙç (&)as) Eoôoumvoù; à Trô rº
vres saints, le uéyz n tôiov des Grecs), jusqu'à reptºzávrov tiv ) tgvwv àgöv, à : a)e itzt zóôoaa,º!º
Sodome. (Gen., xIII.) On appelle ce sel sel de Sodome, du nom deS
10. — Loth levant les yeux, vit toute la montagnes avoisinant le lac, et qui s'appellén!
plaine du Jourdain, arrosée partout; avant Sodome. » La montagne de Sel, Djebel-Es"
que Jéhovah ne détruisît Sodome et Gomorrhe, doum des Arabes,était donc pour Galien légi
elle était comme le jardin de Dieu, comme le timement nom2mée Sodome.
489 M0A DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. M0A 490

Au reste, il serait inutile de discuter plus dant bien, et pour cause, d'aler vérifier par
longuement un fait que personne ne conteste ; eux-mêmes l'exactitude des faits dont ils co
tout le monde est d'accord sur ce point, et piaient la narration sur les écrits de leurs de
Sodome était sur la rive occidentale du lac vanciers; et de la sorte des faits parfaitement
Asphaltite. Personne n'a imaginé de chercher controuvés ont été un beau jour si bien éta
l'emplacement de cette ville sur la rive orien blis, par une série de témoignages qui ne va
tale, devenue plus tard partie intégrante de laient pas mieux l'un que l'autre, qu'il a dû
la Moabitide proprement dite. Nous pouvons forcément arriver que mes compagnons de
donc établir hardiment ce premier point, à voyage et moi fussions pris, au retour, pour
savoir, que Sodome était à la pointe sud de la des imposteurs, ou tout au moins pour des
mer Morte, et sur la rive occidentale. observateurs incapables d'interroger conve
Rappelons-nous maintenant que la Genèse nablement un terrain.
nous dit expressément (chap. xix, versets 15 J'ai dit tout à l'heure qu'il n'était pas pos
et 23) que Loth, parti de Sodome lorsque sible de trouver dans les écrits sacrés et pro
déjà l'aube du jour avait paru, entra à Zoar fanes de l'antiquité un seul passage qui pût
au moment où le soleil se montrait sur la donner à penser que la mer Morte s'est formée
terre. Il résulte invinciblement de là que, de subitement, à l'époque de la catastrophe de
Sodome à Zoar, il ne pouvait guère y avoir la Pentapole. Je dirai quelque chose de plus
qu'une lieue au plus. Toute localité placée précis encore, c'est que ces écrits, sacrés et
sur la rive orienta*e du lac Asphaltite est donc profanes, sont parfaitement unanimes pour
exclue de toute nécessité de la †ion de démontrer surabondamment que jamais les
représenter le site de la Zoar biblique. villes maudites n'ont été englouties dans les
Et maintenant, siau point même où doivent eaux du lac. Mais il ne suffit pas de le dire, il
se trouver Sodome, Zoar et la montagne de faut le prouver, et c'est ce que je vais faire.
Sel, citée par Galien sous le nom de Sodome Nous lisons dans la Genèse (xIx). — 24.Je
(et non de montagne de Sodome, ce qui est hovah fit pleuvoir surSodome et sur Gomorrhe
assez étrange), si, dis-je, en ce point, nous du soufre et du feu qui venait de Jehovah,
trouvons une vaste montagne de sel gemme du ciel. —25. Il bouleversa ces villes et toute
et la seule du † nommée Djebel-Esdoum, la plaine, tous les habitants de ces villes, ainsi
portant,sur tous les coteaux qui garnissent sa que la végétation de la terre.
pointe nord, les décombres immenses d'une Il est bien clair que, dans cet exposé si bref
ville, décombres dans lesquels ôn retrouve, de la catastrophe qui détruisit les villes mau
en se donnant la peine d'y regarder avec soin, dites, il n'est pas le moins du monde question
de nombreux arasements de murailles, dé de l'intervention des eaux de la mer Morte.
combres enfin que les habitants du pays nom Nous lisons encore plus loin, verset 28 : —
ment Kharbet-Esdoum, en leur appliquant la Et (Abraham) regardant vers Sodome et Go
tradition qui concerne Sodome; si de plus, à morrhe, sur toute la surface des environs de
un peu plus d'une demi-lieue de là, vers la la plaine, il vit une fumée s'élever de terre,
montagne, se trouvent d'autres décombres semblable à (celle d') une fournaise.
d'une ville nommée Zouera-et-Tahtah, la Zoar La fumée qui s'élevait de terre était celle
inférieure, reste-t-il seulement possible de
contester l'identification de Kharbet-Esdoum des villes incendiées; donc il n'est pas ques
avec Sodome, et de Zouera-et-Tahtah avec
tion ici de l'engloutissement de ces villes sous
les eaux du lac, car il n'y eût plus eu alors de
Zoar ou Segor ? Je ne le pense pas. fumée possible.
· Mais, a-t-on dit bien souvent, les villes
maudites ont été détruites par le feu du ciel Dans le Deutéronome (xxIx, 22) nous lisons
d'abord, puis submergées par le lac Asphal encore
dié, ne
: — Soufre et sel, tout le pays incen
pouvant être ensemencé, ne produisant
tite, qui s'est formé tout d'un coup, pour en
gloutir la vallée de Siddim et la Pentapole rien, et aucune herbe ne poussant sur lui,
comme la subversion de Sodome et de Gomor
que cette vallée contenait. Voilà en substance
ce que l'on oppose à la prétention émise et rhe, d'Adamah et de Seboim, que l'Eternel a
renversées en sa colère et en son ardeur.
soutenue par moi, que j'avais retrouvé sur
† les ruines bien visibles des villes de la Un terrain submergé sous les flots salés et
'entapole. Sur quoi l'explication qu'on allè amers du lac Asphaltite n'eût assurément pas
gue contre mon opinion est-elle appuyée? où été décrit ainsi. Donc du temps de Moïse l'idée
a-t-on trouvé la catastrophe de la Pentapole de la submersion de la Pentapole n'était ad
racontée de façon à permettre de supposer mise par personne.
un seul instant que les villes frappées par la Amos a prophétisé au temps d'Osias, roi de
colère céleste ont été englouties au fond du Juda, et de Jéroboam, fils de Joas, roi d'Israél
lac ? Est-ce dans la sainte Bible ? est-ce dans (Amos, I, 1). Nous lisons dans son livre (Iv,
les œuvres des éerivains de l'antiquité? Pas 2) : — Je vous ai renversés comme l'immense
plus d'un côté que de l'autre, Je ne sais quel renversement de Sodome et de Gomorrhe : vous
commentateur aura imaginé un beau jour la fûtes comme un tison échappé de l'incendie, et
fable dont j'ai donné en quelques mots l'ana vous n'étes pas revenus jusqu'à moi, dit Je
lyse : et cette fable, par cela même qu'elle hovah.
offrait plus de surnaturel ét d'inexplicable, a Donc, pour Amos, les emplacements de
été précisément admise sans examen. Depuis Sodome et de Gomorrhe étaient comme un
lors, une foule de voyageurs en Palestine ont tison tiré d'un incendie. Certes il n'est pas
répété les mêmes contes en l'air, en se gar question de submersion dans ce verset
DICTIoNN. DEs ANTIQUITÉs BIDLIQUEs. 16
491 M0A DlCT1ONNAIRE M0A 492

Sephaniah (Sophonie) a prophétisé , sous historien des Juifs. Nous lisons dans son livre
Josias, fils d'Ammon, roi de Juda; nous lisons Bell. Jud., IV, vIII, 4) : « Dans son voisinage
dans son livre (II, 9) : — C'est # je (il s'agit du lac Asphaltite) est la Sodomitide,
suis vivant ! dit Jehovah Sebaouth, le Dieu contrée autrefois florissante, parce qu'elle
d'Israël : certes Moab sera comme Sodome, les était très-fertile et couverte de villes, mais
fils d'Ammon comme Gomorrhe, un lieu dé maintenant entièrement brûlée. On dit qu'elle
laissé couvert de ronces, une fosse de sel et fut brûlée par la foudre, à cause de l'impiété
une solitude éternelle; le reste de mon peuple de ses habitants. On peut encore y voir les
les pillera, le reste de mon pcuple en héri traces du feu divin et les ombres de cinq vil
tera. les... et tout ce que je viens de rapporter de
Donc pour Sephaniah les emplacements de la Sodomitide est digne de la foi due aux
Sodome et de Gomorrhe n'étaient pas ense choses que l'on a vues. »
velis sous les eaux de la mer Morte. Dans un autre passage Josèphe dit encore,
Nous lisons dans Jérémie (xLIx) : — 17, en parlant des habitants de Jérusalem : « Je
Edom sera désolée ; quiconque passera près pense que si les Romains eussent tardé à pu
d'elle sera frappé d'étonnement, et insultera à nir ces impies, la ville eût été ou engloutie
toutes ses plaies. dans l'abîme, ou submergée, ou qu'elle eût
18. — Comme la subversion de Sodome et été frappée par les foudres de la terre de So
de Gomorrhe et (des villes) ses voisines, a dit dome.» ( Bell. Jud., V, xIII, 6.)
Jehovah : il n'y aura plus personne qui y de Enfin (Ant. Jud., I, xI, 1) nous lisons en
meure, il n'y aura plus personne qui y sé core : « Dieu... résolut de leur infliger (aux
journe. Sodomites) le châtiment de leurs crimes, et
Un peu plus loin, le prophète répète la mê de renverser non-seulement leur ville, mais
me pensée dans les termes suivants (L, 40) : de dévaster tellement le pays, qu'il ne pro
Comme la subversion de Dieu (exercée) sur So duirait plus jamais ni plante, ni fruit; alors
dome, Gomorrhe et ses voisines, dit Jehovah : Dieu lanca la foudre sur la ville et la brûla
il n'y demeurera plus personne, et le fils de avec ses habitants, faisant périr la terre par
l'homme n'y séjournera pas. le même incendie.»
Ce qui est bien plus positif encore, c'est ce Inutile, je pense, d'insister plus longuement
que contient le verset 38 du même chapitre, our démontrer que jamais dans la pensée de
verset qui concerne, par conséquent, la mê l osèphe, la submersion de la Pentapole n'eut
10Ul.
f# me contrée menacée par la colère divine : —
38. Sécheresse contre ses eaux; qu'elles se des J'ai rapporté tout à l'heure un passage en
i! sèchent, car c'est un pays d'idoles; qu'ils de tier de Strabon (liv. xvI), dont je me bornerai
#- riennent insensés par leurs terreurs.— Certes à reproduire ici la phrase suivante : « Il res
il ne s'agit pas là d'une contrée qui doit périr terait même, dit-on, de leur métropole S0
par la submersion, mais bien par le fléau dome, des ruines dont la circonférence serait
précisément contraire. d'environ soixante stades, » etc. Donc, pour
- Donc pour Jérémie, qui a écrit cela au Strabon, point de submersion de la Pentapole.
commencement du règne de Sédécias, il est Passons à Tacite; nous lisons (Hist., lib. V,
bien clair que la Pentapole ne fut pas en cap. 7) à propos du lac Asphaltite : Haud
gloutie sous les eaux de la mer Morte. procul inde campi, quos ferunt olim uberes,
Que trouvons-nous enfin dans le Nouveau magnisque urbibus habitatos, fulminum jactu
Testament ? Dans la II° Lettre de saint Pierre arsisse, et manere vestigia : terramque ipsam,
( II ), nous lisons (v. 6) : IIö)stç Zoôöp ov xxi specie torridam, vim frugiferam perdidisse.-
Tou6 èéz, rtppóazç xarxa rpop# xxréxprvtv Ayant
réduit en cendres les villes de Sodome et de
†e
OIl.
conclusion pour Tacite que pour Stra
Gomcrrhe, il les condamna à la destruction. Parmi les écrivains arabes il en est qui
Et dans l'Evangile de saint Luc (xvii), c'est croient aux ruines de Sodome et des autres
Notre-Seigneur qui dit : — 29. 'H ôi ºuépe villes maudites : ainsi un passage de Masou
i;äA6s Aòr & rà zoôögov i6ps5s Trüp xxi 0riov àr' dy, cité par M. Etienne Quatremère, dans un
oùpavoü xxi à ré)sas» &rxvtzç" Le jour que Loth mémoire inséré au Journal des Savants (n° de
sortit de Sodome, le feu plut, et c'était le feu septembre 1852), et extrait du manuscrit arabe
divin venant du ciel, et il les détruisit tous. de Constantinople (t. I", f° 162), dit en par
On voit que saint Pierre, et, bien mieux lant des villes de la Pentapole : « Et elles ont
encore, que le Sauveur lui-même, attribuaient subsisté jusqu'à notre époque. Ces (villes)
la catastrophe des villes maudites au feu lancé sont en ruines; elles ne contiennent pas d'ha .
contre elles par la main de Dieu. Ni l'un ni bitants. »
l'autre n'a pensé aux flots de la mer Morte. ' Aboulféda, quoique moins explicite, est du
Je viens d'extraire des saintes Ecritures même avis; il est vrai qu'Edrisy dit que So
nombre de passages qui constatent irréfraga dome et les villes voisines sont ensevelies sous
blement que l'eau n'a joué aucun rôle dans les eaux de la mer Morte. ll y avait donc déjà
cet effroyable événement : qu'on en cite un désaccord parmi les écrivains les plus distin
seul, je dis un seul, qui permette de supposer gués de l'islamisme. Mais cela n'empêche pas
le contraire ! le moins du monde qu'il n'y ait eu accord
Ces témoignages sacrés seraient bien suffi évident parmi les écrivains de l'antiquité, sa
sants sans doute, mais abondance de preuves crés et profanes, pour rejeter la fable de
ne nuit pas Passons donc aux auteurs pro l'engloutissement sous l'eau des villes de la
faues, et commençons par Josèohe, l'illustre Pentapole.
J95 M0A DES ANTIQUITES BlBLlQUES. M0A 494

Voici donc encore un point parfaitement leurs ruines pouvaient, devaient même s'
établi et incontestable : les villes de la Penta retrouver. Ce que le critique judicieux avait
pole n'ont pas été submergées † leur in deviné du fond de son cabinet, l'observation
cendie. Elles n'étaient donc pas bâties sur le faite sur les lieux mêmes, près d'un siècle et
terrain qu'on croit, à tort, avoir été envahi demi après la publication de son admirable
subitement par la mer Morte. livre, l'a complétement vérifié.
Il y a plus, le texte sacré lui-même prouve Voici la conclusion logique de tout ce
rait que, quand bien même la plaine de Sid ui précède. Il est indubitable, qu'en outre
dim eût été en tout ou en partie envahie par e Ayn-Djedv (Engaddi), de Masada, de Tha
les eaux des lacs, il n'en serait pas de même mara et de Zoar, il n'y a pas eu, depuis la
des villes de la Pentapole. En effet, ces villes catastrophe de la Pentapole, d'autres villes
ne pouvaient pas être situées dans la vallée construites sur les rives occidentales de la
de Siddim, comme l'a très-judicieusement fait mer Morte ; il faut donc, de toute nécessité,
observer Reland, dont personne, je pense, ne reconnaître Sodome dans le Kharbet-Esdoum
suspectera l'admirable critique. Que lisons des Arabes, et au pied de la montagne de
nous dans la Bible (Gen. xIv, 3) à propos des Sel que Galiennomme expressément Sodoma;
rois de la Pentapole ? de même qu'il faudra retrouver d'autres villes
maudites dans les ruines évidentes de villes
rºzn E Nn Erun p-v bs ran nºs 52 qui se rencontreront sur ce même littoral.
Hi omnes congregati sunt in valle Siddim,
quœ est mare Salsum. Il n'y a pas besoin, je pense, d'une démons
Reland (Pal., lib. 1, p. 254) s'exprime ainsi tration plus ample de ce fait, que l'on pourra
à propos de ce verset : « Il n'est dit ici qu'une attaquer, mais non infirmer, que les ruines
seule chose, c'est que la vallée qui s'appelait qui sont connues des Arabes sous le nom de
Kharbet-Esdoum sont bien réellement les
auparavant vallée de Siddim, devint ensuite la
mer Morte, ce que je ne conteste pas. En ruines de la Sodome biblique. Il n'y aura
effet, cette vallée peut avoir été inondée par plus,pour contester cette découverte réelle,
les eaux de cette mer, soit par suite d'une d'autre ressource que celle de nier hardi
crue du Jourdain, soit par le jaillissement ment l'existence même de ces ruines que
d'eaux souterraines ou autres; mais, comme mes compagnons et moi nous avons vues à
on ne sait ni quand, ni comment la chose est deux reprises, et la seconde fois surtout avec
arrivée, il n'est pas nécessaire de s'étendre grand soin.Je m'attends à cette négation,
sur ce point. L'écrivain sacré ne dit pas que mais, sans modestie, je déclare que je me
les cinq villes, Sodome et les autres, furent permets d'avoir plus de confiance dans une
situées dans la vallée de Siddim ; il y a plus, observation faite longuement par moi-même,
c'est le contraire que l'on peut conclure du en compagnie de quatre Français assez in
texte cité, puisque les rois de ces cinq villes, telligents pour reconnaître des ruines là où
après avoir réuni leur armée, se rassemblè sont en réalité des ruines, que les Arabes
qui m'accompagnaient, et avec lesquelsj'étais
rent Ervn pcv bN : versus vallem Siddim , en mesure de converser habituellement,
vers la vallée de Siddim. Que si quelqu'un m'ont désignées sous le nom fort significatif
voulait traduire dans la vallée, cela reviendrait de Kharbet-Esdoum, que dans toute obser
au même. Donc probablement la vallée de vation contraire, faite un peu vite peut-être
Siddim était autre chose que la contrée dans et avec des convictions préconçues, telles,
laquelle leurs cinq villes étaient situées. Qui # exemple, que l'impossibilité de trouver
dirait, par exemple : Les habitants d'Amster oar sur la rive occidentale de la mer Morte.
dam, de Harlem et de Leyde, ont marché au J'ai montré surabondamment que cette der
devant de l'ennemi et se sont réunis en Hol nière opinion était en † flagrante
lande?—précisément parce que ces villes sont avec le texte même de l'Ecriture sainte ; il
des villes hollandaises; mais on peut propre est donc bien clair que toute conclusion
ment dire : Les habitants de ces villes se sont qui se rattachera de près ou de loin à une
réunis dans le lieu où est aujourd'hui le lac erreur d'appréciation aussi forte, aura grand
de Harlem; et il est permis de conclure de là besoin d'être très-sérieusement contrôlée.
que le lac de Harlem est différent de la con Résumons : Sodome était à la pointe sud
trée dans laquelle ces villes sont situées. » ouest de la mer Morte ; la montagne de Sel
Cette argumentation de Reland serait, je est appelée Sodome par Galien. Donc Sodo
crois, assez difficile à rétorquer, et l'on me me était au lieu même où est la montagne
ermettra de la trouver concluante; au reste, de Sel.Cette montagne, les Arabesl'appellent
eland s'appuie sur une très-juste observation indistinctement ð-ei-Melehh, Ou, COmm0
de plus : c'est que dans le verset du chapitre Galien, Djebel-Esdoum. Si donc on voit à la
xIx de la Genèse où il est dit que Dieu fit pleu montagne de Sel des décombres d'une ville,
voir le soufre et le feu sur les villes maudites il y a toute apparence que ce sont les dé
et toute la plaine, l'expression dont se sert combres de Sodome; et cette apparence
l'écrivain sacré pour rendre cette dernière devient une évidence impossible à nier, si
idée est le circuit, la plaine, et non pas la les habitants du pays sont unanimes pour
vallée de Siddim. donner à ces décombres le nom de Kharbet
Pour abréger, je dirai que l'illustre Reland, Esdoum (ruines de Sodome), en leur appli
avec son tact ordinaire, avait parfaitement de quant l'histoire traditionnelle de la ville
viné que les vihes de la Pentapole devaient maudite. Toutes ces conditions étant rigou
être sur les bords du lac Asphaltite, et que reusement réalisées, il n'est pas possible de
495 M0A DICTlONNAIRE M0À 495

se refuser à croire que ces ruines d'une fut une des douze villes enlevées par Alexandre
Sodome sont bien les ruines de la Sodome Jannaeus aux Arabes (102).
biblique. Dans les Actes du concile de Chalcédoine,
Les souscriptions
concile de
† Actes du premier
Nicée contiennent la mention de
Musonius, évêque # Zoar, est classé unefois
parmi les évêques de la deuxième Palestine,
Sevère, évêque de Sodome, parmi les évêques et une autre fois parmi ceux de la troisième,
d'Arabie. Reland, à qui ce fait curieux ne ce qui est plus exºct. Areopolis, Characmoba
ouvait échapper, l'a discuté avec soin, r-Rabba et Karak), et Petra, étaient certes
†faudrait être
lib. Iv, p. 1120, ad nomen Sodoma.) des villes de l'Arabie, et elles sont inscrites
« Il insensé, dit-il, pour voir armi les villes épiscopales de la troisième
désignée dans ce passage la Sodome renver † ;il n'y a donc rien d'étonnant à ce
ue Zoar, ville arabe, ait été citée Darmiles
sée par la colère divine, et qui ne devait
-- *

plus être jamais habitée. Quel est le lieu que § de la troisième Palestine.
nous supposerons caché sous cette dénomi Occupons-nous maintenant plus spéciale
- nation? Ce ne peut être Zoar, car Zoar fut ment de Zoar elle-même. Dans les Ethniques
une ville de Palestine, et non d'Arabie ; ce d'Etienne, nous lisons au mot ZoAR : « loºr
: | ne peut être Sycamazona, qui fut aussi une est un grand bourg ou une forteresse de la
ville de Palestine,et non d'Arabie. » En con
situé sur les bords dulac Asphaltitº
séquence, Reland † qu'il s'agit de Palestiné, †
'Ag?2)t 13.);... c'est là que Loth s'e -
- uelque ville épiscopale d'Arabie relevant de uit r#
et qu'il put se soustraire à la catastrophº
l'évêché métropolitain de Bostra, et dont de Sodome » Zoar était donc sur la côte de
: le nom pouvait être Zozoyma ou Zoraïma. la mer Morte.
Ce qui lui fait adopter cette hypothèse, c'est
la mention qu'il trouve dans l'indexarabe des Eusèbe (ad vocem Bn)à) parle du silº dº
noms des évêques qui ont souscrit au con cette ville, et la place sur la limite orie
cile de Nicée. Il lit, en effet, Severus Zoza tale de l'Idumée. Saint Jérôme a bien vu qu'il
, plus possible aujourd'hui
maon Il n'est doute y« Sur une faute
avaitlalàfrontière énorme; aussi liºil :
de révoquer en l'existence d'un évê orientale de la Judée. »
que de Sodome, nommé Sevère, qui prit Or cette frontière ne pouvait être que sur la
† aux actes du concile de Nicée, puisque rive occidentale de la mer Morte. (REL Pal,
version copte de ces actes, publiée etp. 622, ad vocem Bela.)
commentée par mon savant confrère et ami Un passage d'Anastase le Sinaïte, rapporté
M. Ch. Lenormant, mentionne ce saint per par Réland (Ibid., p. 1066, v. Zoara), mérite
sonnage d'une manière très-précise. Est-ce d'être mentionné ici. Il raconte qu'étant allé
à dire pour cela que Sodome se releva de faire une course du côté de Zoar et dº
ses ruines, et qu'une Sodome moderne, † èhargés
(103), il vit avec surprise que tous
contemporaine du concile de Nicée, fut le les esclaves de la culture des terrºs
siége d'un épiscopat chrétien ? Pas le moins publiques étaient Cypriotes, parce quº
du monde. Nombre d'évêques ont porté et seuls pouvaient résister à l'influence II10T
portent encore de nos jours des titres de telle de ce climat; il ajoute que c'était là u"
villes qui n'existent # que dans la mé fait constaté par de nombreuses expériº
moire des hommes. Il y a bien eu, au même C8S.
concile, un évêque d'Ilion ! En conclurons
Eusèbe, dans son Unomasticon ( ad v0cºº
nous qu'Ilion avait été rebâtie ? Nullement, 6a)áaaa
j'imagine. Du temps de Josèphe, Sodomitide ,'Amvzi), nous apprend que la º
était encore le nom de la contrée Où fut Morte s'étendait entre Jéricho et Zoar llºº
Sodome, et ce nom a très-bien pu donner fait,on le voit, que répéter ce que dit Josèphº
naissance au titre épiscopal à l'inexactitu † le lac
'Arabie.
Asphaltite s'étend jusqu'à Zoºrº
de duquel Reland avait conclu. Quant à l'ar
† Palestine,
que Rcland tire de la position de Saint Jérôme, dans un passage déjà cité
oar en et non en Arabie, cet ar plus haut, nous dit que Zoar était sur les
ument n'a pas une valeur réelle, puisque, confins de la Moabitide, et séperait celle-ºi
ans Josèphe, Zoar est nommée la Zoar de de la Palestine. Le même saint Jérôme,º!
l'Arabie (Bell. Jud., IV, VIII, 4), Zoäpz rñç mot Ba)à ( qu'il faut lire au lieu de Bač à)
'Apz6iz;, et que, dans un autre passage (Ant. nous apprend que Zoar avait une garnison º
Jud., XIV, II, 4,) il est dit que Zoar. Zºo«oz, maine ; et, dans la Notitia dignitatum impº
(102) Dans le récit de la fuite de Loth, lors de devant un nom propre d'homme. Les Juifs inlºr .
la ruine de Sodome, Josèphe appelle Zoar Zoôop, et prêtent ce nom par la ville des quatre, et prétenº"
il ajoute que ce nom est encore celui de la localité qu'il fait allusion aux tombeaux des quatre patrº
à l'époque où il écrit : Zoôop #tt x2) vÙv )éYetat. ches enterrés à Hébron : Adam, Abraham, lsaººº
(105) Qu'est-ce que c'est que la localité nommée Jacob. Il est très-probable que les Juifs ont raisº"
Tetrapyrgia (TetpaTtvpYta)? On l'ignore. Ce nom ne Dutripon admet d'ailleurs cette explication Ilalll
serait-il pas par hasard une traduction grecque du relle. Tetrapyrgia peut signifier la ville aux quºº
nom Keritarba, la ville des quatre, puisque ce nom tours, aussi bien que la ville fortifiée des quº
primitif d'Hébron, écrit vans nºnp dans la Genèse hypothé:
Je donne,bien entendu, cette identification
(xxIII,2) et dans Josué(xx, 7), est écrit ynnNn nº tique pour ce qu'elle vaut, c'est-à-dire que je"!
dans Néhémie (11, 25) avec l'article 7 placé devaiit tiens guère.
le mot arbà, quatre, article qui ne peut exister
J97 M0A DES ANTIQUITES BIBLIQUES. M0A 433.
rii, nous voyons mentionnés, « equites sagit L'origine des deux noms Belâa et Zoar
tarii indigenœ, Zoarae : — les archers à che mérite que nous nous y arrêtions un instant.
val indigènes, à Zoar. » C'était donc cette Saint Jérôme, dans son Commentairesur Isaïe,.
troupe qui tenait garnison à Zoar. xv, dit en parlant de Belâa : Appellatur Béla,
Nous avons vu un peu plus haut quelle est id est absorpta, tradentibus Hebrœis quod
la teneur des passages de Josèphe concernant tertio terrœ motu prostrata sit; ipsa est quae
Zoar; il nous reste maintenant à énumérer hodie Syro sermone vocatur Zoara. Effecti
les textes bibliques dans lesquels il est ques vementyºa signifie devoravit, absorpsit, per
tion de cette localité importante. Dans la Ge didit. Cette explication, saint Jérôme la ré
nèse, nous lisons ( ch. xIx ) : — 19 ..... Je pète encoreailleurs.Ainsi dans ses Quœstion.'
ne puis m'échapper sur la montagne (c'est Hebr. in Genesin, cap. xIv, 3, il dit : Tradunt
Lot † parle aux anges venus à Sodome Hebrœi hanc eamdem in alio Scripturarum
our le forcer à quitter la ville maudite); loco ( I Sam. Ix, 4)Salisa nominari, dicique
e malheur pourrait m'atteindre, et je péri rursum učaxov Tpts riçovax» (Isa. xv, 5), id est
rais. - 20. Voici une petite ville proche, on vitulam consternantem, quod scilicet ter
tio terrœ motu absorpta sit. Enfin, dans
peut y fuir : elle est peu importante : au moins
je pourrai conserver la vie. — 22..... C'est son Commentaire de la Genèse (xIv, 30), il
pourquoi l'on appelle cette ville Zoar. — 23. répète encore : De Segor, quod frequenter
Comme le soleil se levait sur la terre, Loth terræ motu subruta, Bela primum, etc. Cette
arriva à Zoar. †
ien
origine du nom de Belâa peut très
sortie entière
Nous avons déjà déduit de ce texte im être tout de l'orthographé
ſortant le voisinage forcé de Zoar et de So du nom, dont, par hasard, la forme auraeu
ome. Nous voyons de plus que Zoar n'é- une étroite analogie avec le radical y',>. Cet
tâit pas dans la montagne, puisque Loth dit : avis n'est pas le mien, car c'est celui de Re
Je ne puis m'échapper sur la montagne. Un land, qui fait remarquer que la tradition juive
Autre texte sacré vient corroborer cette ob dont parle saint Jérôme n'est pas admissible,
servation. Nous lisons ( même chapitre xIx, uisque Zoar n'est pas la seule ville qui, dans
30) : — Et Loth monta de Zoar, et s'établit a Bible, soit nommée une génisse de trois
sur la montagne avec ses deux filles : car il ans. En effet, dans Jérémie ( xLvIII, 34) nous
craignait de demeurer à Zoar : il se retira lisons : — Des cris de Hesbon jusqu'à El-Ad
dans une caverne avec ses deux filles. — Il est leh, jusqu'à Vahas s'étend leur voix : depuis
bien clair que pour entrer dans la montagne Zour jusqu'à Horonaim, génisse de trois
il fallait monter en sortant de Zoar; donc ans, etc. - C'est donc Horonaïm qui reçoit
cette
Zoar n'était pas dans la montagne, mais bien thète fois l'épithète en question, et cette épi
au pied de la montagne, puisque les anges trompe, signifie tout simplement, si je ne me
Ordonnèrent à † 17 ) de ne pas s'ar que les localités qu'elle désigne
sont fertiles
rêter dans toute la plaine, et de fuir vers la nisse de trois etansflorissantes, comme une gé
est grasse et pleine de
montagne. Il serait difficile, je crois, de force. Quant au verset de Samuel où il est
trouver un lieu qui remplît les conditions question de la terre de Salisa(nºv Vys),
exprimées dans ces différents passages bi rien absolument ne prouve que ce soit Zoar
bliques mieux que Zouera-et-Tahtah. Et si qui soit désigné ainsi, et Cahen n'a pas même
én outre de ces conditions physiques, sur parlé de cette identification rabbinique.
lesquelles il n'estguère possible de se tromper,
InOuS trOuVOnS † aux ruines dontils'agit Quoi qu'il en soit de l'origine réelle de ce
nom, qu'il ait été ou qu'il n'ait pas été signi
le nom de Zoar elle-même, ne serons-nous
pâs forcés de conclure que Kharbet-Zouera ficatif, il demeure toujours certain que le
et-Tahtah et la Zoar biblique ne font qu'un ? nom primitif de Zoar a été Belâa. A quel
Et pourtant il y a des voyageurs qui ont vi propos ce nom a-t-il été changé et rem
sité les lieux.et quicroient encore, avec Irby, placé par celui de Zoar ? L'Ecriture sainte va
Mangles et Robinson, que Zoar était sur la nous l'apprendre. Nous lisons dans la Genèse
rive orientale de la mer Morte. (xIx) : — 20. Voici une petite ville proche
Poursuivons notre examen des textes bi ( c'est Loth qui parle aux anges qui le pres
bliques relatifs à Zoar, sent de s'éloigner de Sodome ), on peut y
fuir :
Le nom primitif de Zoar fut Belâ, ainsi que je m'y elle est peu importante, permets que ,
échappe
l'atteste la Bible dans les passages suivants tante, au moins : puisqu'elle est si peu impor- *
je pourrai conserver la
( Gen. xIv, 2) firent
: Ils la guerre contre Be t'le .
râa, roi de Sodome , Birsâa, roi de Gomor
21. L'autre lui dit : Je veux aussi t'accor
rhe : Souab, roi d'Adamah, et Semaber, roi
de Seboim, et le roi de Belâa, qui est Zoar. der cela, et ne pas bouleverser la ville dont
Verset 8. — Alors le roi de Sodome et le tu as parlé.
roi de Gomorrhe, le roi d'Adamah, le roi de 22. Hâte-toi, fuis vers elle, car je ne puis
Seboim et le roi de Belâa, qui est Zoar, sor rien faire jusqu'à ce que tu y sois arrivé.
tirent et se mirent en ordre de bataille contre C'est pourquoi l'on appelle cette ville Zoar.
eux, dans la vallée de Siddim. — (Textuel A première vue, il est palpable que ce der
lement : dans la vallée des champs, puisque nier membre de phrase, qui par sa teneur
le pluriel Siddim est précédé de l'article, même est complétément déplacé, n'a jamais
c'est qu'il conserve sa signification, et qu'il été qu'une glose marginale, qu'une erreur
n'est pas du tout un nom propre. ) de copiste aura plus tard introduite dans le
499 MOA DlCTI0NNAIRE M04 500

texte, en une place qui ne lui convenait situés au pied des montagnes de Moab,et de
nullement. C'était au verset 20, après les puis la sortie de l'Ouad-ed-Draâ jusque vers la
mots, « elle est peu importante, » que de plage de la mer Morte. Je propose formelle
vait évidemment venir la glose, « c'est pour ment de voir dans ces ruines énormes les
quoi l'on appelle cette ville Zoar. » Mais ceci restes de la Seboïm qui fut enveloppée dans
ne fait rien à l'affaire. Le nom de Zoar s'écrit la catastrophe de la Pentapole.Une ville aussi
en hebreu-yºyet-yy, et signifie être petit, d'où § que celle dont l'existence est
-yy , petit; mais le mot arabe n'a nullement constatée par les ruines en question, ne sau
cette signification, puisqu'au contraire il veut rait avoir existé inaperçue , dans les siècles
dont l'histoire nous a été conservée avec dé
dire, multitude, abondance.
tails. Plusieurs cratères effroyables, trois au
Il se pourrait donc bien, par suite de l'or moins, entourent le site que j'attribue à Se
thographe arabe du nom de Zoar, et par boïm, et ils ont dû consommer en un clin
suite aussi de la † constante, d'œil l'anéantissement de cette ville coupa
depuis les temps bibliques jusqu'à nos jours, ble, que les explosions, partant d'au moins
du nom de cette localité, que les indigènes trois côtés à la fois, ont dû pulvériser. Rien,
ont toujours appelée , Zouâr ou Zouêra, ce absolument rien ne prouve que toutes les
ui est à peu près identique, que l'origine cités maudites se trouvaient sur la même rive
# ce nom, introduite dans les textes sacrés occidentale de la mer Morte. Il y a même
par une interpolation évidente, ne méritât de fortes présomptions en faveur de l'opinion
pas une confiance absolue. Je dois pourtant que je crois devoir émettre, que l'une au
me hâter d'ajouter que cette étymologie est moins des villes de la Pentapole devait être sur
également donnée par Josèphe ( Bell. Jud., la rive orientale. En effet, une fois la catastro
I, xI, 4 ) : Xoôop évt xaù vöv )éYetat. Ka)oöat Yàp phe accomplie, pourquoi Loth eût-il monté
o5toç 'E6patot tb ô)tYovº « On la nomme en dans la montagne au-dessus de Zoar, au lieu
core maintenant Zoôr, car les Hébreux
appellent ainsi ce qui est petit. »
de se réfugier sur la rive orientale,qui devait
lui paraître un refuge plus assuré, si le terri
Nous avons groupé tous les passages sa ble châtiment ne s'était pas étendu sur cette
crés et profanes qui pouvaient nous aider à rive? Dira-t-on que celle-là n'était pas habitée?
déterminer la position de Zoar, et nous avons Cela paraît bien peu vraisemblable, car il n'y
déjà conclu l'identité forcée de la Zoar bi avait aucune raison absolument pour que la
blique avec la Zouera-et-Tahtah, dont les rive devenue plus tard moabitique, ne par
ruines se voient à droite et à gauche du ticipât point à la fertilité de toute la plaine. Il
débouché de l'Ouad ez-Zouera. Inutile donc y a plus, nous savons que les Emim habi
d'insister plus longuement sur la légitimité de taient cette contrée, et Seboïm pouvait très
cette identification. bien être une ville des Emim.
D'après saint Jérôme, Zoar séparait la Pa Ni Loth, ni ses filles, qui avaient , habité
lestine de la Moabitide ; donc une partie du longtemps Sodome , ne pouvaient ignorer
terrain placé au sud de Zoar, devait appar l'existence d'une population nombreuse sur
tenir à la Moabitide. J'ai rapporté § l'autre rive, et les filles du patriarche n'eus
les versets bibliques qui mentionnent, à pro sent pas cru à la destruction totale de l'es
pos des frontières de la Moabitide, un lieu pèce humaine, sile fléau qui les avait chassées
nommé Soufah, opposé, dans une phrase de Sodome, n'eût pas également frappé sous
ambiguë d'ailleurs, aux torrents de la vallée leurs yeux la rive opposée à celle sur la
de l'Arnon. J'ai conclu de ce passage que, quelle elles avaient cherché un refuge. D'ail
si Soufah était une localité, celle-ci devait leurs l'injonction des anges qui décidèrent le
être placée au sud de la Moabitide. Plus que patriarche à fuir de Sodome était formelle :
jamais je persiste dans cette manière de Ne t'arrête pas dans toute la plaine, fuis vers
voir, précisément parce que la montagne qui la montagne : par conséquent toute la plaine
était menacée et allait être bouleversée. Il ne
est en contact immédiat au sud avec le Dje
bel-ez-Zouera, se nomme encore de nos jours peut donc venir à l'idée de personne que la
Djebel-es-Soufah.Je croistrès-fermement que, portion orientale de la plaine ait échappé au
cette fois encore, s'est conservé intact un nom désastre général.
biblique méconnu jusqu'à présent, et qu'un Tout bien considéré, des villes pouvaient
lieu nommé, dès l'anti § la plus reculée, et devaient exister au pied des montagnes
Ouahab, a existé vers le pied du Djebel-es de Moab ; et rien, absolument rien, n'empê
Soufah, qui était alors à l'extrême frontière che de croire que l'une des villes de la Pen
de la Moabitide. tapole ait existé en ce point. En conséquen
ce, puisque je trouve dans cette région mê
J'ai discuté déjà la convenance de chercher me une ville énorme écrasée par les cratè
dans , le Kharbet et le Bordj - en-Nemaï res d'explosion qui l'entourent, et dont une
reh, les ruines de Nimrin, devenu Benemarim
partie s'appelle encore aujourd'hui Sébâan, je
et Bennamerium. Il serait donc superflu d'y n'hésite pas à y voir la Séboïm de l'Ecriture,
revenir ici. Il en est de même d'Adjerrah, que et je le † avec d'autant plus de conviction,
lº regarde formellement comme l'Adjelim de que ces ruines, tout à fait semblables d'ail
} Ecriture et l'Agalla de Josèphe. leurs à celles de Sodome , ne sauraient s'iden
J'ai mentionné dans mon Itinéraire les rui tifier avec une autre ville de l'antiquité. Au
nes qui commencent au Talâa-Sébâan, qui reste, si l'on se refusait à admettre l'exis
s'étendent sur plusieurs plateaux successifs, tence de l'une des villes de la Pentapole sur
501 MoA DES ANTIQUlTES BlBLIQUES. M0A 502

la rive orientale de la mer Morte, on mettrait dévoré les sommités de Moab, etc., - on ne
du # à néant les présomptions sur les trouvera probablement pas étrange que je re
quelles Irby et Mangles d'abord, puis Robin trouve le Sihoun biblique dans le Schihan de
nos jours, et queje propose
son et d'autres voyageurs encore, ont cher cette identifica
ché à établir que les ruines placées à proxi tion avec une confiance entière
mité de la presqu'île d'El-Mezrâah sont celles Nous avons vu qu'un verset d'Isaïe (xy, 7)
de Zoar. Répétons-le encore une fois : So mentionne un torrent des Saules : - C'est
dome, ne pouvait guère être à plus d'une de pourquoi, dit le prophète, ils portent sur le
mi-lieue de Zoar, et en ce cas, Sodome, pour torrent des Saules le reste de leurs biens et
ces doctes voyageurs, aurait été forcément leurs trésors. — Un peu plus haut, verset 5,
sur la rive orientale de la mer Morte, que cel il est dit que les fuyards érrent jusqu'à Zoar,
le ci existât ou n'existât pas encore, ce qui Evidemment ces fuyards reculaient devant
I]0 † absolument rien à l'affaire, puis l'ennemi, et le torrent des Saules , devait être
que les distances horizontales, en tout état de sur la route de Moab à Zoar. De plus,1a déno
cause, doivent être restées les mêmes. mination spéciale de torrent desSaules prouve
En résumé , on me permettra, j'espère, clairement qu'il n'y avait pas plusieurs cours
d'user du même droit que ces messieurs, et d'eau qui méritassent ce nom.Je me permet
de mettre au Kharbet-Sebâan, Seboïm, avec trai donc de reconnaître le torrent des Sau
un peu plus d'assurance qu'ils n'en ont eu les de la Bible dans le cours d'eau dont le lit
en mettant arbitrairement Zoar en ce point, est rempli de salix Babylonica, et qui des
et sans que la présence d'aucun texte ou cend, sous le nom de Seil-ouad-ebnid-Ham
mid, de la vallée
d'aucun souvenir traditionnel pût légitimer même que remonte la voie
cette hypothèse. antique.
Une localité des plus importantes à déter Quant aux deux villes d'Er-Rabba et de Ka
miner, c'est celle de Loueith. Elle était sur rak, tout le monde est d'accord pour les iden
la route d'Areopolis à Zoar, du temps d'Eu tifier, la première avec Rabbat-Moab, et la
sèbe. L'Ecriture la place sur une montée ; deuxième avec Kîr-Moab. Il serait donc inutile
donc Loueïht, placée sur la voie fréquentée de discuter longuement la légitimité de cette
d'Areopolis à Zoar, voie qui passait, à n'en double identification, et je me bornerai à
pas douter, par l'Ouad-ebni-Hammid, devait rappeler le plus brièvement possible les prin
se rencontrer de toute nécessité dans l'Ouad cipaux faits historiques qui concernent ces
† de la rive moabitique, montait à la plaine deux villes.
† Or, la dernière montée qui donne Le premier nom d'Areopolis fut Ar; ce nom
accès à ce haut plateau gravit à travers des (-y comme - y) signifie littéralement ville.
ruines énormes, un Djebel-Nouehin ou Noue Suivant le témoignage de Théodoret Com:
hid; ces ruines portent le même nom de mentaire d'Isaie, chap. xv), Ariel aurait été
Nouehin ou Nouehid ; les lettres L et N, dans aussi le nom de cette ville. Ce renseigne
la bouche des Arabes de cette contrée, per ment nous est fourni une seconde fois par
mutent avec une extrême facilité : je n'hé le même écrivain, dans son Commentaire
site donc pas un seul instant à voir dans les
du chap. xxIx d'Isaïe. Ceci est très-possible,
ruines et la montagne de Nouehid, les ruines mais il n'est nullement démontré que ce ne
et la montée de Loueïth.
soit pas une autre localité qui ait porté ce
Eusèbe nous a révélé l'existence d'une ville nom Sozomène mentionne comme ville d'A-
de la Moabitide, nommée Medabah, placée à rabie Areopolis, qui était de la troisième Pa
huit milles d'Areopolis, sur le plateau qui lestine. Il dit de plus (l. vII, 15) qu'en Arabie
s'étend au sud de l'Arnon, comme une autre les Pétréens et les Aréopolitains combattirent
Medabah, placée presque en face, l'était sur avec fureur, pour défendre les temples de
le plateau qui s'étend au nord de l'Arnon. Sileurs dieux. Étienne, dans ses Ethniques ,
l'on se rappelle que le vallon qui coupe les nous apprend qu'Areopolis est la même ville
ruines immenses du Kharbet-Fouqoûa, et dont que Rabath-Moba, qui , n'est évidemment
les deux revers sont couverts des décombres que Rabbat-Moab. C'est saint Jérôme quinous
d'une ville très-considérable, se nomme Ouad a fait connaître la véritable origine du nom
Emdebêa, on ne sera nullement étonné, je d'Areopolis, et qui nous a prémunis cºntre
pense, que je † formellement de re la tentation de traduire ce nom par ville de
trouver la Medabah d'Eusèbe dans la ville Mars.
ruinée qui couvre les deux rives de l'Ouad Dans la Notitia dignitatum imperii nous li
Emdebêa. Il existe bien, au pied même du SOnS :
† sur lequel est bâti Karak, un Ouad-el Cohors tertia Alpinorum apud Arnona
ledabeh; mais cet ouad, qui change immé Cohors tertia felix Arabum in ripa vadi Apharis
-

diatement de nom, ne peut rien avoir de fluvii, in castris Arnonensibus.


commun avec la Medabah d'Eusèbe.
Equites Mauri Illyriciani Areopoli.
. Schihan est une localité des plus cu Et enfin :
rieuses; et je n'ai pas hésité à reconnaître,
dans la ruine qui couronne le monticule de Equites promoti indigenae Speluncis.
Schihan, un de ces temples qui étaient pla
cés sur les hauts lieux. Si nous nous rap Nous sommes donc fixés sur la nature de
pelons que Jérémie dit (xLvnI, 45) : — Une la garnison d'Areopolis et des bords de l'Ar
flamme est sortie du milieu de Sihoun, elle a non, à l'époque où fut rédigée la Notice. Eu
505 M0A DlCT10NNAIRE M0A .504

söbe et saint Jérôme, dans l'Onomasticon (ad autres de la porte Romaine,dont l'état actuel
vocem 'Apv(ov), disent qu'au nord on montre dénote encore aujourd'hui, d'une manière
un lieu qui contient une garnision. Les ter évidente, l'intensité du tremblement de terre
mes mêmes dont se sert saint Jérôme SOnt qui la renversa en partie.
les suivants : In satis horribili loco vallis in Le nom primitif d'Areopolis, Rabbat-Moab
praerupta demersae. Cette vallée abrupte est (la capitale de Moab), s'est conservé pour ainsi
sans doute celle de l'Arnon. Reland a proposé dire intact jusqu'à nos jours, puisque les
déjà de voir la mention de ce même lieu dans ruines de cette ville s'appellent toujours Er
le passage de la Notice des dignités impé Rabba, sans qu'il soit resté trace, dans la
riales,qui concerne les equites promoti indi mémoire des habitants du pays, du nom re
genae placés aux Speluncœ. Si maintenant lativement moderne Areopolis.
nous Voulons bien nous rappeler que c':-n, Passons maintenant à Karak. Il n'y a pas de
nom d'une localité moabitique mentionnée doutes à élever sur l'identification de Karak
souvent dans les Ecritures, signifie les deux avec Xzpzxg36z, Karak de Moab. , Ptolémée
cavernes, nous serons tout naturellement con
mentionne cette ville parmi celles de l'Arabie
duits à voir dans les Speluncœ de la Notice la Pétrée, et assigne les longitude et latitude
Horoneïm de la Bible.
suivantes : 66° f, 6 et 30°. Dans les anciennes
Deux Notices grecques des patriarcats, dont notices ecclésiastiques elle porte le nom de
la seconde est attribuée à l'époque de l'em Xzpzygo5x2, ou celui, plus corrompu encore
pereur Léon Auguste, sont insérées dans le par ſ§ faute des copistes, de Hapºxuoûxov,
vaste Recueil des écrivains byzantins. La pre et elle se trouve classée parmi les villes de la
mière nous donne : troisième Palestine. Etienne, dans les Ethni
IIagtoYuoóXou (lisez Xapaxg6962), 'Aptórto)t; ques, dit que de son temps elle faisait partie
( Ape67toXtç), Māyn3, 'E)o5aa, ' Zzógz, Btooaagòv de la troisième Palestine, mais que Ptolémée,
(lisez Btpoa36ov). qui mérite toute confiance, la classait parmi
La seconde : les cités arabes. Il ajoute qu'on lui donne
aussi le nom de Mo6ouxapá#.
Xap2Yuo5Y2, 'Apeór:o)t;, M3 !t;, 'E)o5aa, Zooópz, Cette ville était le siége d'un évêché, car
Bt poG36oov.
nous trouvons parmi les prélats qui sous
Al'époque de la rédaction de ces deux listes, crivirent au concile de Jérusalem, en 536,
Areopolis était donc très-certainement un Demetrius Xap«xp1º6ov
siége ecclésiastique. Remarquons en passant A l'époque des croisades, Karak devint un
que Zoar y est placée entre Elousa et Bir lieu très-important, comme poste avancé de
sebâ. Celle-ci est à l'extrémité sud du ter la chrétienté en Arabie. Voici ce que raconte
ritoire de Juda. Elousa est placée par Pto Foucher de Chartres (ch. 43) : « En 1115, le
lémée parmi les villes de l'Idumée, situées à roi alla en Arabie et y éleva un château sur
l'occident du Jourdain. Puis donc que Zoar un certain monticule qu'il reconnut être placé
est mentionnée entre ces deux localités, Zoar de toute antiquité dans une forte situation,
était forcément sur la rive occidentale de la non loin de la mer Rouge, à trois jours de
mer Morte, prolongation de la vallée du chemin environ de cette mer, et à quatre de
Jourdain. (RELAND, Pal., p. 462.) Jérusalem.Baudouin mit dans ce château une
Areopolis fut une ville épiscopale, et nous bonne garnison , destinée à dominer sur
connaissons les noms suivants des prélats toute la contrée d'alentour, pour l'avantage
qui y ont siégé : 1° Anastasius, qui est men des Chrétiens, et il ordonna qu'il s'appelle
tionné dans les actes d'Ephèse, insérés au con rait Mont-Réal, par honneur pour lui-même,
cile de Chalcédoine (Conc. gen., t. IV, p. 462); qui avait construit ce fort en peu de temps,
2º Polychronius, qui est cité dans la léttre de à l'aide de peu de monde et avec une grande
Jean le Hiérosolymitain, insérée aux actes du audace. »
concile de Constantinople (Ibid., t. V, p. Un peu plus loin (ch.44) nous lisons en
192), et écrite au nom des évêques des trois core : « En 1116, le roi alla visiter le château,
Palestines. 3° Hélie, qui souscrivit aux actes et poussa jusqu'à la mer Rouge, pour recon
#º de Jérusalem, tenu en 536 (Ibid.,
p. -
naître un pays qu'il n'avait pas encore vu, et
pour chercher si par hasard il n'y trouverait
La dernière mention d'Areopolis que je pas quelques unes des choses dont nous
trOuve dans les écrivains anciens est due à manquions. »
saint Jérôme (Comm. sur Isaie, ch. xv ). Guillaume de Tyr raconte 1es mêmes faits
Voici en quoi elle consiste : Audivi quemdam à l'année 1115 (l. xI, ch. 26). Cet historien
Areopoliten, sed et omnis civitas testis est, nous apprend qu'en 1172 Selah-ed-Din as
ººº terrœ magno in mea infantia, quando siégea vainement Mont-Réal (lib. xx, ch.
tºtius orbis littus transgressa sunt maria, ea 27 ). Quelques années après (en 1183), l'émir
dem nocte muros urbis istius corruisse.D'a- recommença le siége de Karak et s'en rendit
près les écrits d'Ammien Marcellin, on a maître (l. xxII, ch. 28). « Grant talent avoit,
trouvé que cet événement avait eu lieu dans dit-il, que il aseist une cité qui fu ancien
l'année 315, sous le consulat de Valentinien nement appelée la Pierre del Désert, mes l'en
et de Valens. Cette date est extrêmement im la desine ore le Crac... » Renaut de Chastillon
portante, puisqu'elle fixe l'époque de la des. estoit alors sire du Krak de Mont-Réal : « il
truction des monuments d'Areopolis, et entre estoit sire de cele terre de par l'éritage se
505 M0A DES ANTIQUITES BIBLlQUES. M0A 506

fame. » Chacun sait que Renaud de Chastillon, de leur trace. Du reste, ce mode de démar
tombé entre les mains de Selah-ed-Din, fut mis cation des routes n'était pas particulier à la
à mort sous les yeux de ce prince, qui ne Moabitide, puisque les officiers américains
voulut # user envers lui de sa générosité envoyés par le capitaine Lynch à Masada,
habituelle, et qui vengea par son supplice sur la rive occidentale de la mer Morte,
le pillage d'une caravane musulmane que le rencontrèrent, au delà de l'Ouad-es-Seyal,
sire de Krak avait arrêtée et dévalisée quel une route toute semblable, et que moi-même
que temps auparavant. j'en ai retrouvé aussi, à Djembeh, localité
Une position militaire aussi importante que qui présente des traces très-apparentes d'une
celle de Karak avait due être utilisée dès l'an ville contemporaine des temps bibliques les
tiquité la plus reculée, et il est très-probable plus reculés, et qui était située entre Zoar et
que la moderne Karak est bâtie sur l'em Hébron, c'est-à-dire dans le pays de Canâan.
placement de la ville forte de Moab, qui, Il y a donc toute apparence que les routes
dans l'Ecriture sainte, porte les noms de Kir ue nous avons suivies dans la Moabitide
Moab, et de Kir-Heraset ou Kir-Heras. (Isaie, taient de ces routes royales analogues à
† 7 ; Jérémie, XLVIII, 31 , II Rois, xIII, celles que les Hébreux s'engageaient à suivre,
26. ) sans s'en écarter, dans le territoire de Si
Nous avons vu que la vallée de l'Arnon houn, roi d'Amori.
s'appelle aujourd'hui Ouad-el-Moudjeb. Ce Ce que l'on savait jusqu'ici sur l'état mo
nom est il significatif ? Je l'ignore (104). derne de la terre de Moab se bornait à bien
Ou bien nous a-t-il conservé la mémoire d'une
peu de chose, quoique la Moabitide propre
cité moabitique ? Ce qui pourrait le faire ment dite eût été explorée déjà deux fois,
croire, c'est le verset 1 du chap. xLvIII de sans compter la course faite en 1822 par lu
Jérémie, dans lequel nous lisons : Hemesjeb voyageur Hyde, dont nous avons retrouvé le
2xtrcn) est confuse et abattue. Ce mot hé nom sur les murs du temple de Beit-el-Kerm.
raïque signifie lieu haut et fortifié. Mais Le premier de tous, l'illustre Burckhardt, visita
plusieurs commentateurs, tels que Raschi et . cette curieuse contrée en 1811. Il parcourut
et Kim'hi, déclarent que c'est un nom d'en d'abord le pays d'Amori, placé au nord de
droit , dès lors la prononciation en est fort l'Arnon, et y retrouva plusieurs sites bibli
incertaine. On a transcrit ce nom Misgab ; ques, tels que ceux de Medaba et d'El-Aaleh.
mais rien ne prouve † ne fallait pas le Ayant alors franchi l'Arnon, qu'il donne pour
transcrire Mousdjeb, et dans ce cas, il serait limite à la province de Belka et à celle de
pour ainsi dire identique avec le nom mo Karak, il traversa la plaine que j'ai traversée
derne El-Moudjeb, qu'a pris l'Arnon. Quoi moi-même, mais plus à l'est que je ne l'ai
qu'il en soit, je ne tiens en aucune façon à fait. Ainsi, il passa en vue du monticule de
cette hypothèse. Schihan, qu'il laissa à trois quarts d'heure de
Pour en finir avec les documents géogra chemin sur sa droite, et sans le visiter. Depuis
phiques relatifs à la Moabitide, je citerai un l'endroit nommé Mehalet-el-Hadj, il trouva
verset du 1" Livre de Samuel (xxII, 3), où il une route pavée dirigée vers Rabba, c'est-à-
est dit : —David s'en alla de là (de la caverne dire au § Il passa par Beit-el-Kerm,
d'Adoullam ) à Mitspâ (rEye) de Moab, et il et s'arrêta dans les ruines du temple, auquel
dit au roi de Moab : Que mon père et ma il attribue à tort une antiquité reculée. ll
mère se retirent auprès de vous, jusqu'à ce commet une autre erreur encore, en disant
que je sache ce que Dieu fera de moi. — que ce temple était octostyle, et que ses
J'ignore entièrement s'il existe quelque trace colonnes avaient trois pieds de diamètre. On
de cette localité moabitique. a vu qu'en réalité ce temple est tétrastyle,et
Il ne me reste plus à parler que des routes que ses colonnes ont une dimension beau
étranges, bordées de pierres fichées, et que coup plus considérable. Il retrouva comme
nous avons rencontrées en grand nombre nous, parmi les décombres, des débris de
dans la plaine de Moab. Je n'hésite pas à colonnés de plus petite dimension, et appar
tenant évidemment à d'autres édifices.
y reconnaître quelques-unes de ces routes
antiques dont il est question dans le Livre des A une heure trois quarts de chemin, après
Nombres (xx1)— 21. Israël envoya des mes Beit-el-Kerm, Burckhardt rencontra, le vil
sagers à Sihoun, roi d'Amori, pour dire : lage ruiné de Hameïmat; de là, il alla visi
— 22. Permets que je passe dans ton pays ; ter les restes d'Er-Rabba.Trois quarts d'heure
nous ne nous détournerons ni dans les champs, après avoir quitté cette ville en ruines, il
ni dans les vignobles ; nous ne boirons pas rencontra, au sud-est, deux sources abon
l'eau de la citerne ; nous marcherons par dantes nommées El-Djebeibah et El-Yaroud.
te chemin royal, jusqu'à ce que nous ayons Il traversa ensuite les ruines de Qaritselah,
passé tes limites. et arriva enfin à Karak, dont le scheikh se
Il me paraît très-probable que les routes nommait alors Youssef-Medjaby; mais Burck
frayées étaient bordées, à droite et à gauche, hardt se trompe, sans aucun doute et il a
de longues files de grosses pierres, afin qu'il ne écrit Medjaby au lieu de Midjielly.
fût pas possible d'en sortir, pour entrer dans A Karak, notre voyageur, qui ne trouva pas
les terrés cultivées, en prétextant l'incertitude l'occasion ni la possibilité de descendre dans
(104) Dans le Kamous le mot, au pluriel, signiſie cc cas la vallée de l'Arnon serait appelée la vallée
lieux où des hom ncs, luttant, se jettent à terre, eu du lieu dc lutte, Mais c ci est plus que doutcux. .
507 M0A DICTIONNAIRE M0A 503

le Rhôr, prit des informations sur la topogra très-grosses mouches de cheval (sans doute
)hie de la côte orientale de la mer Morte. des œstres ou taons), dont la venue, leur dit
# mentionne la rivière de Djerra, qui n'est on, fut une plaie qui contribua puissamment
très - certainement pas le Nahr-ed - Drâa, à la destruction de Sodome et de Gomorrhe.
mais bien le Seïl-oued-ebni-Hammid, qui Les Arabes qu'ils rencontrèrent étaient des
sort de l'Ouad-Adjerrah, puisqu'il ajoute que Ghorneys (sans aucun doute des Rhaouarna),
dans la vallée que suit cette rivière, qu'il et, nlus heureux que nous, les voyageurs
identifie, mais avec toute réserve, avec le n'eurent qu'à se louer de l'excellent accueil
Zared de l'Ecriture, il y a des ruines de mu qui leur fut fait par eux. Les Ghorneys diffè
railles et d'édifices, situées à cinq heures de rent beaucoup (êt ceci est très-vrai) des Ara
chemin, au nord de Karak. bes nomades, car ils habitent des huttes de
Il mentionne également le Rhôr-Safieh, boue, de branchages et de roseaux, et ils cul
qu'il dit placé vers l'embouchure de l'Ouad tivent le terrain qui les entoure. Après avoir
el-Ahhsa, et qui est, dans la saison d'hiver, passé le Houssan, ils gagnèrent le pied des
le rendez - vous de grandes tribus noma montagnes,et traversèrent une plaine encom
des. La rivière qui descend de l'Ouad-el brée de blocs de pierre roulés, qui étaient du
Ahhsa sépare, dit-il, le pays de Karak du granit rouge et vert, du porphyre vert, roug
district sud nommé Djebal. Il suppose que et noir, de la serpentine, du basalte noir, de
l'emplacement de la Zoar biblique doit être la brèche, et bien d'autres espèces de roches
cherché dans le Rhôr-Safieh. Il nomme précieuses. Il est à présumer, disent-ils, que
encore le Seil - Assal. Cette rivière coule, c'était dans ce pays que les anciens se procu
dit-il, près de Katherabba. (Il ne faut pas raient les matières précieuses avec lesquelles
oublier ici que Burckhardt se sert du th an ils ont façonné les innombrables colonnes qui
glais, qui est à peu près identique, pour la pro ornent aujourd'hui, dans l'Orient, les bains et
nonciation, avec la lettre que j'ai rendue par les mosquées.
tz.) Après Katzerabba, il mentionne El-Ne Les montagnes qu'ils longeaient leur sem
meïrah : c'est l'En-Nemaïreh que nous avons . blèrent formées généralement de grès ou de
traversée. Enfin il nomme El-Mezrâah, qui marbre. Ils arrivèrent ainsi à la presqu'île, et
est située en face du milieu du lac Asphaltite, ils campèrent sur les bords d'une charmante
et auprès de ce dernier endroit, les Taouahin ravine arrosée par une rivière nommée El
es-Sakkar, qui sont les ruines d'une ville an Dara (c'est le Nahr-ed-Drâa), dont les rives
tique. étaient couvertes d'un épais fourré de pal
miers nains, d'acacias, d'épines et d'oleander.
Burckhardt avait pris des informations fort Voici le résumé de l'itinéraire de nos voya
exactes, ainsi qu'on le voit, et il avait même † dans le Rhôr : en deux heures et demie,
recueilli des notes sur la végétation du Rhôr, ils allèrent de la rive occidentale du Rhôr,
† mentionne comme s'y trouvant à c'est-à-dire du pied de la montagne de Sel,
oison l'asclepias procera, que les Arabes jusqu'au Rakh, premier cours d'au salée (ce
nomment Ocher. Tel est, en substance, le nom m'est totalement inconnu); de là, en une
†º
aTCit.
de l'exploration hardie de Burck demi-heure, ils gagnèrent Szafye (Safieh) ou
Ahsa, et le Nahr-el-Houssan (c'est sans aucun
Après lui (en 1818) vinrent MM. Irby et doute le Nahr-Safieh); de Safieh, ils marchè
Mangles, dont je vais de même analyser le rent sur le Nahr-el-Assel (Nahr-el-Eçal); de
récit. Partis d'Hebron le 18 mai, ils allèrent là, en deux heures, ils atteignirent la mer, et
† en deux jours l'Ouad-ez-Zouera, par en deux heures de plus El-Dara (Ed-Drâa), où
2quel ils descendirent dans le Rhôr, afin de ils passèrent la nuit.
se rendre à Petra, en passant par Karak. Ces Le lendemain, au point du jour, MM. Irby
messieurs signalent d'abord la ruine du petit et Mangles se mirent en devoir de gravir la
fort arabe de Zouera-el-Fouqah, qu'ils appel montagne, et de gagner les hauteurs. Ils ren
lent El-Zowar. Le 20,ils traversèrent la Sab contrèrent, chemin faisant, le chaos que nous
khah, après avoir campé au pied de la mon avons traversé nous-mêmes.« C'étaient, disent
tagne de Sel ou de Sodome. Ils firent en pas ils, d'énormes fragments de la grosseur d'une
sant une observation qui est très-juste : c'est maison, qui, se détachant des hauteurs, s'é-
que les montagnes de la rive ouest de la mer taient jetés confusément dans le précipice, f
Morte ont une hauteur décroissante à mesure les uns sur les autres. » Un quart d'heure
qu'elles s'avancent dans le sud, tandis que les après, ils arrivèrent à un petit étang , placé
montagnes de la rive orientale ont une élé au - dessous d'un olivier isolé (c'est, sans
yation qui semble à très-peu près constante. doute, l'Ayn-es-Sekkeh, que nous avons vu au
Dans la Sabkhah, ils franchirent six cours point nommé Omm-Sedereh). Ils rencontrè
d'eau plus ou moins rapides. Ils arrivèrent rent ensuite des champs d'orge, placés dans
ensuite à une contrée boisée, d'un aspect la vallée à leur gauche, et à travers lesquels
charmant, c'est-à-dire au Rhôr-Safieh. Ils y serpente un cours d'eau nommé Souf-Saffa,
trouvèrent une petite rivière que les Arabes qui se rend à la mer Morte (je n'ai pas en
leur nommèrent Nahr-el-Heçan (la rivière du tendu prononcer le nom de cette rivière). Ils
Cheval, dont ils écrivirent le nom El-narh remarquèrent, en passant, d'anciens aqueducs
Houssan). Les clairières étaient cultivées et qui alimentaient des moulins (certainement
plantées d'orge. à l'Ayn-es-Sara, et à l'Ayn-Aqbech ou Qo
A cette époque de l'année, Irby et Mangles bech). Ils avaient alors devant eux le château
eurent beaucoup à souffrir, dans le Rhôr, de de Karak, mais ils n'apercevaient aucune prr
509 M0A DES ANTIQUl TES BIBLIQUES. M0A 510

tie de la ville ; ce château leur présentait deux ils virent une petite éminence, qui domine
masses séparées, la première à l'angle sud de tout le pays environnant, et qu'ils appellent
la ville, et la seconde plus au nord. consis Scheikh-Harn (c'est Schihan).
tant en un grand édifice nommé par eux Se Le 8 juin, ils alièrent traverser le Wady
· raglio-of-Melah-a-Daher ( c'est indubitable Modjed (Ouad-el-Moudjeb), en cheminant
ment la tour bâtie par Malek-ed-Dhaher-Beï SUlT † traces de la voie pavée romaine. Ils
bars ). Entre ces deux masses de construc virent dans la descente les ruines d'édifices
tions militaires, est la seule porte qui donne militaires de l'époque romaine, probablement
accès dans Karak. C'est une porte ogivale, sur des forts que j'ai signalés plus haut, et qui
montée d'une inscriptionarabe placée à l'en contenaient une garnison, ad Speluncas.
trée d'une caverne naturelle † le tunnel par Enfin ils rencontrèrent quelques bornes mil
lequel nous avons quttté Karak, et au débouché liaires, qui toutes (celles du moins qui étaient
duquel nous avons été salués d'une volée de lisibles) dataient du règne de Trajan. Au fond
pierres). de l'ouad, où ils n'arrivèrent qu'après une
MM. Irby et Mangles, dont la présence à heure et demie de descente extrêmement fati
Karak ne fut contrariée en aucune façon, pu ante et difficile, ils trouvèrent les ruines
rent examiner à loisir les anciennes cons 'un pont romain.Surl'autre flanc de l'ouad,
tructions que renferme cette espèce de ville. ils rencontrèrent de nouveau les traces de la
Le château et son église, la tour de Beïbars, voie antique, et plusieurs bornes milliaires
la mosquée et les citernes eurent tour à tour portant le nom de Marc-Aurèle.
la visite de nos voyageurs, qui commettent, au Inutile de parler ici de l'itinéraire qu'ils
Sujet du château de Mont-Réal, une erreur suivirent dans le territoire d'Amori, c'est-à-
historique qu'il est bon de relever en passant. dire à travers la contrée située au nord de
Ces messieurs attribuent à tort la prise de l'Ouad-el-Moudjeb, ou de l'Arnon. Je me
Karak à Godefroi de Boulogne, qui l'aurait bornerai à féliciter très-sincèrementMM. Irby
appelé Mons Regalis. Nous avons un peu et Mangles de l'exactitude de leurs obser
plus haut constaté que cette conquête et cette vations.
dénomination sont dues au roi Baudouin, qui
Il0 # Karak qu'en 1115.
Quelques mots maintenaut sur l'excursion
de M. Lynch sur le rivage oriental de la mer
Ils rencontrèrent quelques tronçons de co Morte, jusqu'à Karak, et j'aurai groupé tout
lonnes antiques, et enfin un bas-relief en ce que l'on a † sur le pays de Moab.
castré dans une muraille et représentant une Le 30 avril 1848, le capitaine Lynch, monté
grande aile (longue de sept pièds, et large de sur l'une de ses deux embarcations, vint
uatre), ayant une analogie frappante avec mouiller au fond du golfe formé par la pointe
l'aile du globe ailé si souvent représenté sur nord de la presqu'île, qu'il nomme pointe
les monuments égyptiens. Je ne doute pas Costigan, en mémoire de son infortuné de
que ce ne soit effectivement le fragment d'un vancier sur cette côte inhospitalière. Il gagna
globe ailé qui était accolé de deux yeux mys ensuite le misérable village d'El-Mezrâall,
tiques d'Horus, dont, à mon tour, j'ai re situé à une demi-lieue de chemin du mouil
trouvé l'un. Enfin, ils virent dans les ruines lage ; il fit la remarque que nous y avons
deux inscriptions grecques sans intérêt , à faite plus tard nous-mêmes, sur l'étrange
ce qu'ils disent. Ils visitèrent également la physionomie des Rhaouarna qui l'habitent,
fontaine et les grottes sépulcrales devant et qui ont une figure beaucoup plus africaine
lesquelles j'ai passé, au fond de la vallée de qu'asiatique.
Karak. Là il reçut la visite de Souleïman, filsd'Abd
Evidemment il yaurait à découvrir à Karak Allah, scheikh chrétien de Karak, lequel était
beaucoup de restes d'antiquités appartenant député par ses coreligionnaires pour inviter
même à l'époque moabitique ; mais j'avoue, les officiers américains à venir visiter leur
en toute humilité, que je ne me chargerai pas triste ville. Toute l'expédition était horrible
d'en aller faire la recherche. ment souffrante, et en danger imminent, si
Après une course assez longue à Petra, son chef ne lui faisait respirer un autre air
MM. Irby et Mangles revinrent à Karak, dont que celui de la fournaise dans laquelle ces
ils appellent le scheikh Joussouf-Magella. De hommes étaient incessamment brûlés. En
là ils allèrent faire une excursion dans le Rhôr, conséquence, M. Lynch se décida à tenter
et examiner les ruines situées sur les bords l'excursion de Karak, autant du reste par
du Dara (Ed. Drâa), ruines dans lesquelles ils amour-propre et pour ne pas sembler recu
supposèrent qu'il fallait voir Zoar. Ils ren ler devant le danger, que pour trouver cet air
trè ent une seconde fois à Karak, et de là se salubre indispensable à sa troupe affaiblie.
mirent en route pour le Haouran, à travers Le lendemain, il visita les ruines placées à
la plaine moabitique. Ils allèrent camper proximité d'El-Mezrâah, et qu'il suppose être
d'abord aux ruines d'Er-Rabba. Le 6 juin, ils celles de Zoar. Il reconnut l'enceinte d'un
visitèrent Beit-Kerm (Beit-el-Kerm), qui est édifice carré, et beaucoup de fondations
distant d'Er-Rabba d'un mille et demi, dans d'édifices, parsemées de fragments de poterie;
la direction du nord. Ils ont parfaitement re il y rencontra de plus une petite meule à
connu que le temple ruiné est de l'époque bras. Ces traces de fondations présentent tous
romaine, et ils supposent que ce temple pour les indices d'une grande antiquité, et le capi
rait bien avoir † la place de celui d'Atar taine Lynch n'hésite pas à reconnaître, dans
# qui était à Carnaïm (I Mach. v, 43). A ces ruines, celles qu'Irby et Mangles avaient
eux heures et demie, au nord de Reit-Kerm, visitées bien avant lui en leur appliquant,
5l 1 M0A DlCTI0NNAIRE M0I 512

sans la moindre apparence de raison, le nom rien pu extorquer aux Américains, les suivait
de la Zoar biblique. avec de mauvais desseins sans doute. M. Lynch
Au retour de cette promenade, il trouva chargea le lieutenant Dale et un de ses hom
Mohammed, scheikh musulman de Karak, mes les plus énergiques de se porter inopi
qui venait d'arriver avec le scheikh chrétien nément aux flancs du cheval de Mohsmmed,
Abd-Allah lui-même. Mohammed, qui n'est et de forcer celui-ci à marcher, en le tenant
autre que le Mohammed-el-Midjielly que j'ai en respect comme un prisonnier, avec la
vu moi-même, parut immédiatement à l'of coIIsigne de lui brûler la cervelle au premier
ficier américain le plus insolent, le plus in geste qui trahirait une perfidie de sa part.Mo
supportable et le plus couard des hommes. hammed, se voyant pris, devint aussi humble
Le 2 mai, malgré le désir extrême qu'il avait et aussi plat qu'il avait été impertinent et
de renoncer à la course de Karak, le capitaine hautain jusqu'alors. Il fut entraîné de la sorte
Lynch, croyant qu'il manquerait à la dignité jusqu'au mouillage où l'embarcation attendait
de son pays s'il ne visitait pas cette ville, se son équipage et ses officiers. Le vieux scheikh
mit en route de très-grand matin. Abd-Allah reçut un présent de M. Lynch, et
Il franchit le ruisseau quidescend de l'Ouad Mohammed n'eut pour tout bakhchich qué
ebni-Hammid, traversa le plateau qui domine sa liberté qu'on lui rendit. Il eut beau sup
la plaine qu'il appelle la plaine de Zoar, et plier M. Lynch de lui donner quelques cap
rencontra sur ce plateau les restes d'un fort sules seulement, afin de n'avoir pas la honte
de revenir les mains vides, il en fut pour ses
qu'il regarde comme contemporain des croi supplications, et n'obtint absolument rien. La
sades. Gagnant de là un point situé à deux
milles plus au sud, il entra dans l'Ouad-el barque fut aussitôt remise à la mer, tout le
Karak, et, à la description qu'il en fait, il est monde y prit place, et M. Lynch quitta lâ
impossible de ne pas reconnaître l'affreux plage m§, sans doute pour ne plus ja
mais la revoir. En résumé, ses observations,
abîme nommé l'Ouad-el-Kharadjeh. fort sommaires d'ailleurs, sont suffisamment
Il rencontra, chemin faisant, le charmant exactes, et je crois pouvoir attribuer au sou
ruisseau d'Ed-Drâa, mais il n'en recueillit pas venir de l'aimable visite des Américains à Mo
le nom ; en résumé, il suivit, ainsi que cela hammed-el-Midjielly tous les agréments que
devait être, mais en sens inverse, la route je retirai de la mienne deux ans plus tard.
ue nous avons suivie nous-mêmes, pour
escendre de Karak dans le Rhôr. Le chaos MOCHONA. — Ville de Juda, une seule fois
gigantesque dont j'ai parléne pouvait manquer mentionnée. (II Esdr. xI, 28.)
d'exciter la curiosité de M. Lynch, et il le MODIN ( SoUBA). — Petite cité illustre,
mentionne effectivement comme une des dont il est fait mention pour la première
choses les plus étonnantes qu'il ait rencon fois, dans le Livre des Machabées.
trées. C'est de Modin que sortit cette génération
Bientôt, la vallée que M. Lvnch gravissait vaillante des Machabées qui assura l'émanci
se garnit d'oliviers ; la forteresse ruinée de pation des Israélites contre les rois de Sy
Karak et la majestueuse tour quadrangulaire, I'10 .
de la pointe nord-ouest du plateau, apparu Ce fut de Modin que pârtit I'insurrection.
rent à nos voyageurs, qui arrivèrent enfin Cette ville est aujourd'hui connue sous le nom
au tunnel que j'ai décrit, et par lequel on pé de Souba. Elle est au couchant de Jérusalem.
nètre dans l'intérieur de Karak. M. Lynch Comme elle est placée au sommet d'une
alla se loger au couvent chrétien, comme l'a- etite montagne isolée, on voit de là toute
vaient fait Irby et Mangles, les seuls Francs a partie intérieure de la Terre-Sainte
qui, depuis le temps des croisades, avaient du côté de la Méditerranée, et la Méditerra
osé pénétrer, avec leur caractère de Francs, née elle-même.
dans cette misérable ville. La petite église Les Machabées avaient à Modin leur tom -
que j'ai trouvée achevée, était alors en cons beau de famille. — Voy. MACHABÉEs, Art ju
truction. Les officiers américains se mirent, daique.
à tout hasard, en devoir de parcourir la ville MOISE (ToMBEAU DE). -- Pour les Musul
et les ruines du château; celles-ci excitèrent mans, le tombeau de Moïse est renfermé
vivement leur admiration par leur extrême dans l'intérieur d'un édifice qu'ils appellent
importance. De là ils allèrent examiner la Naby-Mousa, et au pied duquel nous avons
grande tour, qui leur sembla de construction campé. Nous allons brièvement examiner
sarrazine. Dans l'après-midi, M. Lynch sonda cette étrange tradition, qui ne peut pas sup
le terrain, pour savoir s'il lui seraitimpossible orter le moindre examen. Nous lisons dans
de faire une pointe vers le Rhôr-Safieh, mais e Deutéronome † — 1. Moise m0nta
il lui fut déclaré que la chose était imprati des plaines de Moab à la montagne de Nabou,
cable, et en conséquence il renonça, bien au sommet du Fesgah, qui est en face de Jé
à contre-cœur, au projet de visiter ce splen richo : l'Eternel lui fît voir tout le pays, de
dide delta, comme il l'appelle. Galâad jusqu'à Dan : — 2. Et tout Nephtali,
Le 31 mai, à six heures et demie du matin, et tout le pays d'Ephraim et de Manassé, et
le capitaine Lynch, qui n'avait eu que des tout le pays de Juda, jusqu'à la - mer qui est
déboires avec l'insolent scheikh de Karak, derrière lui; — 3. Et le midi et la campa
† à déguerpir de cet affreux repaire de
andits, mais ordre bataille et
gne de la vallée de Jéricho,ville des palmiers,
en de la cara jusqu'à Zoar..... — 4. Moise mourut là, au
bine au poing. Mohammed furieux de n'avoir pays de Moab, d'après la parole de l'Eter
515 M0N DES ANTIQUITES BIBI.IQUES. MON •514

nel. — 6. Il l'enterra dans la vallée, au pays tituent les monnaies hébraïques, ces monnaies
de Moab vis-à-vis de Beit-Fâour; personne, dont l'étude nous reporte forcément à l'ap
jusqu'à ce jour, n'a connu sa sépulture. réciation et à la constatation des faits de
º§ que soit l'auteur de ce trente-qua a première histoire que l'on a racontée à
trième chapitre du Deutéronome, chapitre notre enfance. Il est certain que, dans l'âge
qui ne peut évidemment être attribué à mûr, tout ce qui, de près ou de loin, se rat
Moïse lui-même, mais qui a probablement tache à la vie passée du peuple de Dieu,
été écrit par Josué, il est bien clair que réveille en nous des souvenirs pour ainsi
Moïse est mort et qu'il a été enterré sur la dire impérissables comme des souvenirs
terre moabitique, c'est-à-dire à l'est du Jour de famille. Nous revenons irrésistiblement à
dain. Il n'y a donc pas de tradition musul ces émotions d'enfants que les narrations bi
II1RI]6† puisse avoir la moindre valeur † ont excitées en nous, et si, l'esprit de
contre le texte précis † je viens de rap philosophisme aidant, nous traitons avec dé
porter. Ce texte a de plus l'avantage de don dain les faits qui nous ont si vivement im
ner lieu à l'observation suivante : c'est que pressionnés jadis, nous avons beau faire,
de la teneur du verset 3, dans lequel il nous ne pouvons ni empêcher leur souvenir
est dit : « et le midi et la campagne de la de dominer tous les autres, ni effacer de no
vallée de Jéricho, la ville des † tre cœur les récits qu'y ont gravés pour tou
qu'à Zoar, » il faut nécessairement conclure jours les paroles d'une mère.
contre ce que l on a cru devoir déduire des Chose étrange ! les faits de l'histoire hé
versets de la Genèse (xIII) où il est dit : —10. braïque sont si éminemment empreints du
Loth, levant les yeux, vit toute la plaine du merveilleux que la Providence divine y a
Jourdain ; elle était arrosée partout, avant attaché, que, sans trop se rendre compte de
que Jehovah détruisît Sodome et Go la raison qui les fait agir, beaucoup, j'allais
morrhe : elle était comme un jardin magni dire presque tous les archéologues, admettent
fique, comme le pays de Misraim jusqu'aux a priori que la vie de la nation dont l'his
environs de Zoar. — Et 12. — Abram habi toire est pour eux une sorte de mythologie,
tait le pays de Canâan, et Loth dans les villes n a pu laisser de traces sur cette ter
de la plaine, et il dressa ses tentes jusqu'à re; partant, point d'espoir de retrouver
Sodome. — Ces versets n'ont pas la moindre des monuments de l'antiquité hébraïque !
valeur pour prouver que la mer Morte n'exis Aussi, arrive-t-il qu'un homme de bonne foi
tait pas avant la catastrophe de la Pentapole. réussisse à découvrir et à proclamer un fait
Et c'est pourtant du silence de ces vérsets nouveau qui dérange quelque peu la quiétude
sur le compte du lac Asphaltite qu'on a philosophique des incrédules, il n'est sorte
prétendu déduire le fait que ce lac n'exis d'attaques auxquelles il ne soit en butte. Sot
tait pas au temps auquel ces versets se rap tise, ignorance, mensonge, déloyauté, on lui
portent. Or il n'est pas plus question de la prête tout, plutôt que de ne pas nier à ou
mer Morte dans notre verset du Deutéronome: trance les vérités que ses travaux d'honnête
en conclurons-nous que cette mer n'existait homme lui ont fait reconnaître.
pas à l'époque de la rédaction du Deutérono On aurait tort de croire que je sois le pre
me ? Comme cela n'était pas possible, on a mier à qui les anathèmes archéologiques aient
Prudemment laissé de côté ce verset, si été prodigués, parce que j'ai déclaré que
gênant pour la théorie malencontreuse que certains monuments de Jérusalem étaient
l'on a longtemps opposée aux textes sacrés contemporains de la dynastie de David. Quel
eux-mêmes, quelque explicites qu'ils fussent les que fussent les raisons que j'alléguais
sur ce point de doctrine. à l'appui de mon système, on l'a repoussé,
MOLATHI. — Localité inconnue, mention et on le repousse encore obstinément tous
née une seule fois. (II Sam. xxI, 8.) les jours, en déclarant que ces monuments,
MOLOCII. — Moloch, Melech, Melcom, était que l'on n'a pas visités, sont de la décadence
l'idole des Moabites. Il est très-probable que romaine. Mais, je le demande, Jérusalem
ce n'était qu'un des noms donnés au soleil avant mon passage a-t-elle reçu lavisite d'un
par les Moabites. Ce nom signifie roi. Le archéologue de profession ? Jamais. Jérusalem
culte de Moloch s'exerçait à Jérusalem, dans a-t-elle reçu la visite d'un architecte anti
la vallée de Hinnom. Les interprètes qui ne quaire ? Jamais. A-t-on constaté quelque part,
faiblissent jamais en imagination, ont sup sur des monuments de la décadence romaine,
posé qu'il y avait une image creuse de métal, la combinaison de l'ordre dorique et de l'ordre
dans laquelle on renfermait les enfants, pour ionique ? Jamais. A-t-il été retrouvé un seul
qu'exposés au feu, ils fussent brûlés en vic monument dorique à triglyphes datant de la
times , d'autres moins hardis avancent seule décadence romaine? Jaunais. Les Romains
ment que les enfants passaient rapidementau ont-ils quelque part renoncé à l'art dont ils
milieu des flammes en signe de lustration et s'étaient nourris dans la mère patrie, pour
de purification. , Cette dernière explication subir les influences locales au point de re
est la plus probable, quoiqu'il soit certain noncer aux regles vitales de cet art ? Ja
que l'antiquité, soit païenne, soit hébraïque, mais. A-t-on rencontré quelquefois des mo
ne recula pas devant les sacrifices humains. numents de l'antiquité qui présentent le mé
MONNAIES HEBRAIQUES.—Si parmi les lange du style dorique et du style ionique que
suites numismatiques que l'antiquité nous a ImOuS trOuVOIlS † tombeaux de Jérusalem?
léguées il en est une qui mérite toute notre Oui, sans doute, on les a trouvés, mais ce
attention, c'est sans contredit celle que cons sont des monuments de l'art grec primitif :
515 MON DICTlONNAIRE MON 516

voyez plutôt, dans le magnifique livre de M. monnaies de Jean Hyrcan ; il avait egalement
Hittorf, ce qu'il dit sur les monuments les bien lu d'autres monnaies bilingues qui pré
plus antiques de la Sicile. Pour me combat sentent, avec le nom hébraïque d'un roi Jo
tre et pour parvenir à me donner tort, on a nathan, le nom grec d'un roi Alexandre.Mais
dû se dé§ prudemment du témoignage Bayer, se tenant trop rigoureusement au texte
de M. Schulz , ce savant consul prussien du livre des Machabées, ou plutôt attribuant
qui, pendant plusieurs années, séjourna dans à ce passage une valeur historique trop abso
la villesainte afin d'en éclaircir la topographie, lue, ne crut pas devoir admettre l'existence
et qui, après y être parvenu, avec un rare des monnaies de Jonathan, et il se refusa à
bonheur, par la publication de son plan ma faire remonter l'existence de la numismatique
gnifique, est mort à la peine, non du moins † plus haut que le pontificat de Simon
avant qu'il m'eût été permis de le féliciter 'Asmonéên. Après l'apparition du livre de
et de le remercier de ce qu'il avait fait pour Bayer, le discrédit dans lequel on s'était ef
l'archéologie biblique. forcé de jeter les médailles hébraïques, en
Cette opposition passionnée et opiniâtre les déclarant de toute fausseté, s'éteignit
contre laquelle je résiste aujourd'hui, François promptement. La science numismatique fit
Perez Bayer l'a subie bien avant moi, à pro des progrès incessants, grâce au soin avec
posde la numismatique hébraïque. Les mêmes lequel on fit entrer parmi les éléments de
arguments ont été employés contre lui: mêmes cette science l'appréciation destypes, du style,
dédains, mêmes insinuations, mêmes injures de la fabrique et du poids des monnaies; en
au besoin; et pourtantcette dure opposition, à un mot, la critique fut introduite dans l'étude
la tête de laquelle s'était mis Olaüs Gerhard des médailles. § lors il ne fut plus permis
Tychsen, l'illustre orientaliste, qu'a-t-elle à personne de se tromper, même à première
réussi à accélérer par ses attaques? Le triom vue, sur l'âge relatif de deux monnaies anti
phe de la vérité. Les adversaires de Bayer ques, que l'on comparait entre elles ; il de
avaient espéré enterrer à tout jamais sous vint donc nécessaire de soumettre la série
leurs sarcasmes hautains sa théorie sur les des monnaies judaïques à une aporéciation
monnaies hébraïques, et ils ont eu de leur toute nouvelle.
vivant le chagrin cuisant de voir cette théorie Mon savant confrère et ami M. Ch. Lenor
prévaloir contre leurs erreurs systémati mant se chargea de ce soin, et en 1845 il
q tl0S.
En sera-t-il de même pour tous les monu enrichissait la Revue numismatique d'un tra
vail extrêmement ramarquable et plein d'a-
ments de l'architecture judaïque ?L'avenir, perçus neufs sur les monnaies judaïques. ll
et peut-être un avenir rapproché, nous l'ap était impossible de faire preuve d'un talent
prendra.Ce qui est certain, c'est que j'attends d'appréciation plus fin et plus délicat, et si
avec une pleine confiance le résultat final tous les faits relatifs à l'histoire monétaire
du débat porté devant le bon sens public. de Jérusalem n'ont pas été classés, dans ce
Mais revenons à la numismatique hébraï travail, à des époques fixes et compléte
0. ment déterminées, il n'y a pas un seul de
L'étude des monnaiesjuives ajusqu'ici pré ces faits qui n'ait été livré en germe à l'é-
senté deux phases très-importantes. Bien tude des numismatistes. Tous les monuments
longtemps après les timides essais qui furent ont été répartis dans leur ordre chronologi
tentés par une foule d'antiquaires à partir de ue relatif, avec une justesse parfaite, et si
1538, année dans laquelle Guillaume Postel es dates positives n'ont pas été assignées
traduisit correctement les légendes d'un siè aux divers groupes de monnaies juives, cela
cle hébraïque, François Perez Bayer, archi tient uniquement à ce que M. Lenormant
diacre de Valence, fit paraître (en 1781) un n'avait pas été comme moi favorisé par le
très-beauvolume intitulé De nummis Hebrœo hasard qui a fait tomber entre mes mains
Samaritanis,dans l'avant-propos duquel l'au une monnaie indubitable de Judas Machabée
teur réfuta les arguments superbes de Tych trouvée tout récemment dans les remblais de
sen. Le corps de l'ouvrage contient une clas la vallée de Josaphat. La présence d'une mon
sification de toutes les monnaies hébraïques naie de Judas Machabée rendait plus que
connues du temps de Bayer. L'origine de la probables les lectures, un peu douteuses en
numismatique des Juifs y est fixée à la con core, à l'aide desquelles Barthélemy avait
cession faite à Simon, frère de Judas Macha déterminé des monnaies de Jonathas. J'ai
bée, par Antiochus VII, c'est-à-dire à la reçu également de Jérusalem plusieurs
fin de l'année 173 de l'ère des Séleucides. exemplaires bien conservés et fort lisibles
Toutes les monnaies juives portant la date de de ces monnaies de Jonathas, et dès lors il ne
l'année 1, quelque § que soient m'a plus été possible de douter de l'exis
leur style et leur fabrique, sont classées à la tence d'un monnayage antérieur à la conces
première année dans laquelle Simon jouit du sion faite par Antiochus VII à Simon l'Asmo
droit que le roi de Syrie luiavait officiellement néen. Ces deux jalons une fois solidement
reconnu. Il en est de même pour les années † dans le champ de la numismatique
suivantes, 2, 3 et 4. hébraïque, ce † s'élargissait forcément
Cependant, avant l'apparition du livre de d'une manière"notable, et il n'y avait plus
Bayer, notre illustre Barthélemy avait déjà lu de raison pour supposer que la sciénce
et interprété avec son talent accoutumé des numismatique n'avait rien à revendiquer
monnaies de cuivre de Jonathan Machabée, pour les époques antérieures à la dynastie
offrant exactement les mêmes types que des des Asmonéens. J'ai, en profitant amplement
517 M0N DES ANTIQUITES BIBLlQUES. M0N 518
des solides recherches de M. Lenormant, à Simon, frère de Judas Machabée, toutes
repris l'étude des monnaies juives, les textes les autres devraient être rejetées beaucoup
de l'Ecriture sainte et de l'historien Josèphe lus bas dans la suite des temps, et reportées
à la main, et c'est du résultat de mes re l'insurrection juive, à la tête de laquelle
cherches que je viens aujourd'hui faire part parut Simon rcocébas, sous le règne
à tous ceux que ces questions intéressent d'Adrien.
(105). Ici se présente une question curieuse ; la
Je commencerai par mettre en évidence voici : Simon Barcocébas n'aurait-il pas co
les impossibilités absolues que M. Lenormant pié les monnaies de Simon l'Asmonéen, pré
a déjà si bien fait ressortir, quant à la con cisément à cause du nom qu'il portait, et par
temporanéité de certaines monnaies présen un sentiment qui s'explique de lui-même,
tant la même date. Je montrerai ensuite sur quand † au temps glorieux du pon
quelles considérations je m'appuie pour clas tificat de Simon l'Asmonéen? C'est là " une
ser dans la suite des temps tel groupe de question que nous aurons à examiner avec
monnaies avant tel autre; et quand une fois soin plus tard. En attendant, remarquons
tous seront répartis entre eux dans un ordre † nulle des monnaies de Judas Machabée,
chronologique vraisemblable, pour ne pas e Jonathan et de Jean Hyrcan, ne porte de
dire certain, il n'y aura plus de difficulté date; que toutes présentent une inscription
considérable à vaincre pour pouvoir assigner dans une couronne et, au revers, deux côrnes
à chacun de ces groupes l'époque réelle de d'abondance entre lesquelles est placée une
son émission. pomme de grenade, et qu'il serait naturel
OBsERvATIoNs PRÉLIMINAIREs. † Ce type, en vertu de la loi de continuité
es types, se retrouvât sur les pièces de
I. Il ne faut pas être un numismatiste bien Simon. Or, ainsi que # l'ai dit tout à l'heure,
exercé pour reconnaître que, de toutes les c'est ce qui n'a pas lieu, et l'on est en droit
monnaiesjuives connues jusqu'ici, les plus de s'étonner de ce qu'un type de famille, si
anciennes sont les sicles, et demi-sicles je puis m'exprimer ainsi, puisqu'il fut employé
et les pièces de cuivre de même style, por par les deux prédecesseurs de Simon, dispa
tant les dates des années 1, 2,3, 4 Ces piè raisse † le pontificat de celui-ci, pour
ces étaient toutes attribuées à Simon, frère reparaître immédiatement, et sans exception,
de Judas Machabée, et considérées comme sur les monnaies de Jean Hyrcan son suc
ayant été frappées en vertu de la concession cesseur. Il y a là une anomalie que je ne sau
qui fut offerte par Antiochus VII à ce prince rais expliquer.
enl'an 173 de l'ère des Séleucides (140 § III. Passons maintenant aux pièces qui por
J. C.). Aujourd'hui # est certain qu'il tent le nom de Simon, et procédons par espè
existe des monnaies de Jonathan, prédé§ ces. Les plus importantes de ces pièces sont les
seur de Simon, et de Judas Machabée lui-me tétradrachmes auTemple,« dont le style diffère
me, monnaies empreintes d'un style évidem de celui † sicles,et semble plus ré
ment postérieur à celui du groupe des sicles cent, » dit M. Lenormant, qui ajoute encore
d'argent, il y a nécessité absolue de reporter un peu plus loin : « Mais, je le répète, entre
cº groupe tout entier à une époque " anté les pièces à la Verge d'Aaron et les pièces au
†º,
Il6eS.
même d'un très-grand nombre d'an Temple, le style diffère encore plus que le
oids ; la forme des médailles n'est déjà plus
II. Les monnaies de Judas Machabee, de a même. » Il existe trois espèces différentes
Jonathan et de Jean Hyrcan, offrent GXaCte de cette rare monnaie : l'une porte la date
mºnt les mêmes types, le même style et la de l'an premier de la rédemption (djalet)
d'Israél, une autre la date de l'an lI de la li
même fabrique. Il semblerait donc évide§ berté (herout) d'Israël , et enfin une troi
que des monnaies entièrement analogues de
Simon dussent se trouver à Jérusale§ § sième, parfaitement conservée, la simple lé
bien, c'est le contraire qui a lieu, et sur gende : De la liberté de Jérusalem.
Il , existe plusieurs variétés de simples
Plusieurs dizaines de pièces de cette cla§ drachmes
Venues de Jérusalem, et dont deux seule§t dans le groupequi doivent forcément se classer
ºPpartenaient à Judas, et toutes les autres à caractérisé par les tétra
Jonathan et à Jean Hyrcan, il ne § eSt drachmes dont je viens de parler. On ne
connaît pas encore la drachme datée de l'an
as jusqu'ici présenté une seule qui portât
e nom de Simon. S'ensuit-il que # n'a I. Celle de l'an II offre d'un côté une grappe
de raisin, et de l'autre une œnochoë et une
fait frapper aucune petite monnaie d c§ palme avec la légende : L'an II de la liberté
vre du même système ? Non, sans doute, et d' Israël. Les autres sont toutes sans date ;
peut-être s'en rencontrera-t-it quelque jour.
Les pièces portant le nom de simon § elles portent la légende : De la liberté de
manquent pas, il est vrai; mais si le style de Jérusalem, autour de divers types, tels que
quelques-unes, en très-petit nombre, nous deux trompettes au revers d'une grappe, ou
Permettait, tant bien que mal, de les class§r une lyre au revers d'une grappe, ou enfin
une œnochoé et une palme, au revers du nom
. (495) En 1850 a paru à Modène la brochure in
titulée : « Numismatica biblic sidichiarazione matique hébraïque, je me bornerai à examiner,
delle º0neº antiche memorate nelle sa chemin faisant, les opinions qui y sont insérées,
Seritture, , par D. Celestino Cave oni. Ce livre toutes les fois que ces opinions impliqueront quelque
nouveauté
"ºyant guère fait avancer la science de la u§
º,
!:9 M()N D1CT10NNAIRE M0N 520

de Simon, inscrit en deux lignes dans une monnaies appartient à Simon Barcocébas,
couronne. De ces trois dernières espèces, il toutes les autres lui apoartiennent égale
existe des exemplaires surfrappés sur des ment (106).
deniers romains d'argent de Vespasien et de S'il était possible de faire exception, elle
Trajan. Dès lors pas de doute possible sur l'at
tribution de ces monnaies à Simon Barcocébas.
ne pourrait être † qu'en faveur du
grand bronze de l'année première de la ré
Passons aux monnaies de cuivre. La pre demption d'Israël, et encore resterait-il à
mière de toutes est un véritable grand bronze rendre compte de la présence d'une date sur
· du même module que les sesterces du Haut cette monnaie, quand celle de Jonathan et
Empire. Il offre la légende : Simon, prince de Hyrcan, monnaies absolument semblables
d'Israël, inscrite en trois lignes dans une entre elles et entre lesquelles sont comprises
cOurOnne , et au revers : L'an 1" de la ré celles de Simon l'Asmonéen , n'en présentent
demption d'Israël, autour d'un vase à deux jamais. - -

anses. Les autres pièces de l'an I" offrent la Me voilà donc forcément conduit à une
même légende nominale autour d'une palme classification diamétralement opposée à celle
lacée dans une couronne , et au revers une ue mes devanciers ont acceptée, c'est-à-
yre, avec la même légende chronologique ire que je ne reconnais pas une seule mon
que sur le grand bronze précédent. Une au naie † Simon l'Amonéen, auquel on don
tre, avec les mêmes types, porte autour de nait naguère toutes les monnaies juives con
la lyre la légende simple : Rédemption d'Is IlUlGS.
raël; mais sa date est effacée. Enfin une troi IV. Reste, enfin, une dernière classe de
sième, autour de la lyre, offre le nom de Simon monnaies juives de cuivre qu'il est impos
et au revers les dernières lettres du nom de sible de réunir à aucun des trois groupes déjà
Jérusalem. Toutes ces pièces à la Lyre sort déterminés. Ce sont des petites pièces qui,
d'un style particulier, gras et ferme, qui sem d'un côté, offrent un pampre avec la légende :
ble antérieur à celui des pièces dont je vais Liberté de Sion, et au revers un vase can
actuellement parler. Celles-ci sont des mon nelé à deux anses avec la date : l'an II ou
naies du module du demi-sesterce ou moyen l'an. III Jamais jusqu'ici il n'a été trouvé
bronze romain, offrant toutes le même type une seule pièce semblable datée de l'an l"
d'un palmier au revers d'un pampre, le tout ni de l'an IV.
· tracé d'un burin grêle et mal assuré. Les lé Pour que ces monnaies fussent de Simon
gendes sont : Simon, prince d'Israël, et l'an l'Asmonéen , il faudrait pouvoir les inter
I" de la rédemption d'Israël. Celles de l'an caler entre les pièces de Jonathan et de Jean
née II portent avec les mêmes types le nom Hyrcan, et tous les caractères de ces pièces,
Simon isolé, et au revers l'an II de la liberté sans en excepter un seul, s'y opposent Il
d'Israël. Enfin, d'autres aux mêmes types, en est de même pour les pièces de Simon
mais sans date, portent simplement, avec le Barcocébas, parmi lesquelles celles-ci ne
nom de Simon, la légende : De la liberté de pourraient être introduites, non plus que
Jérusalem. parmi les pièces du groupe dans lequel en
Quelques pièces de module plus petit de trent les sicles d'argent.
moitié, portent la date de l'an I" de la ré Où placer dès lors , ces étranges petites
demption d'Israël autour d'une grappe de monnaies d'un style si particulier? Evidem
raisin, et au revers un palmier, avec une lé ment dans le voisinage immédiat des pièces
gende tronquée dans laquelle on retrouve à dont la taille, le style et la fabrique sont,
peu près tous les éléments des mots Simon, pour ainsi dire, identiques. Or quelles sont
prince d'Israël. Ces mêmes types se retrou ces pièces? Ce sont les petites monnaies de
vent sur des pièces non , datées et portant cuivre frappées à Jérusalem, dans la cin
la légende : De la liberté de Jérusalem. uième année de Néron. Néron mourut en
· Enfin, un très bel exemplaire du demi 8, et ce fut précisément à la fin de son rè
sesterce non daté est surfrappé sur une pièce gne que , commença la guerre judaïque,
impériale grecque de Trajan. guerre qui ne finit que par le siége et par la
Nous devons faire observer que jusqu'ici ruine de Jérusalem, l'an II de Vespasien,
toutes les surfrappes reconnues ne se sont c'est-à-dire en 70 de Jésus-Christ. Cette guerre
présentées que sur les deniers et les demi dura quatre ans, et si des monnaies pure
sesterces sans date du nom de Simon, et à ment juives ne purent guère être frappées à
la légende : De la liberté de Jérusalem. Faut Jérusalem, ni dans la première, ni dans la
il en conclure que le groupe général des quatrième année de cette guerre fameuse,
mOnnaies § de Simon doit être scindé la deuxième année put en voir frapper beau
en deux séries, dont l'une reviendrait à Si coup, et bien plus sans doute que la troi
mon, frère de Judas Machabée, et l'autre à sième, puisque alors déjà les armées de Ves
Simon Barcocébas? Assurément non. Il n'est asien et de Titus avaient battu partout les
pas possible que le même style et la même uifs rebelles. C'est effectivement ce qui
fabrique se soient aussi fidèlement reproduits arrive, Les monnaies de l'année II sUnt com
sur des monnaies juives émises à plus de munes, tandis que les monnaies de l'année
250 ans d'intervalle. Si donc l'une de ces III sont relativement fort rares. Je propose
.(106) Cavedoni cite, sans le décrire, un denier de Ce denier fait partie de la collection d'Este (p. 25,
imon, surfrappé sur une pièce de Galba, et de la note 14).
légende primitive duauel il ne reste que P. SER.
521 M0N DES ANTIQUITES BIBLIQUES. M0N 522

donc formellement d'attribuer l'émission des demi-sicles n'étaient fabriqués que pour le
monnaies en question aux chefs des Juifs service du temple.... Laddove fra le copiose
maîtres de Jérusalem, pendant la guerre ef monete di Tiro, di Sidone ct d'altre cità
froyable qui eut pour dénoûment la ruine de della Fenicia, non trovasi forse che per caso
la cité sainte. rarissimo il semistatere, ossia didrammo. —
Ceci est une grave erreur : je n'ai jamais vu
Ceci posé, je vais passer à la description plus de trois ou quatre demi-sicles, et à moi
de toutes les monnaies juives qui me sont seul je possède plus de dix didrachmes de
connues, et je m'efforcerai de justifier, che
min faisant, les modifications que j'ai cru Tyr et deSidon.
devoir apporter, après mûr examen, dans la 5. rurrrcn cºw -', Jérusalem la sainte. Verge
classification générale adoptée jusqu'à pré fleurie d'Aaron (1U7).
sent. Je décrirai d'abord toutes les pièces
d'un même groupe, puis je passerai aux R. ºx-v ºpu, sicle d'Israel. Vase en forme de
considérations qui me paraissent déterminer coupe et sans anses ; au-dessus les lettres 2U (pour
2 n>tr) l'an II.
l'âge réel de ce groupe.
PREMIÈRE ÉPOQUE. — Monnaies autonomes Cabinet impérial; deux exemplaires, dont l'un
frappées pendant le règne d'Alexandre le pèse 14 g. 2, et l'autre 15 g. 7.— Ma collection, deux
Grand. exemplaires.
4. TUYTcn cºurnº, Jérusalem la sainte. Verge
1. nETP exnº, Jérusalem la sainte. Verge fleurie d'Aaron.
fleurie d'Aaron (ou mieux, suivant Cavedoni, une
# lis ou d'hyacinthe, image du printemps, É.ºpen yn, demi-sicle. Vase en forme de coupe
p. 29).
et sans anses ;au-dessus les lettres ºt7, l'an II.
R. bN-vº ºpv,
sicle d'Israël. Vase en forme de Cabinet impérial ; poils, 7 g. 1. - Cabinet de
coupe et sans anses ; au-dessus la lettre numérale M. le duc de Luynes. — Ma collection
N (l'an I). rnrrrrcn rºburinº, Jérusalem la sainte. Verge
fleurie d'Aaron.
Cabinet impérial, deux exemplaires : l'un parfai
tement conservé, pèse 14 grammes et 2 dixièmes ; R. bN-mr bcuv, sicle d'Israël. Vase en forme de
l'autre qui est très-usé, ne pèse plus que 9 g. 5. coupe et sans anses , au-dessus les lettres 2t7 (pour
Perez Bayer ( pag. 69), a donné deux 2 n>u), l'an III.
excellentes figures de ce sicle, prises, Cabinet impérial. Poids : pièce usée, 14 «. 50; -
l'une à la bibliothèque royale de Madrid, pièce trouée, 14 g. 65.
et l'autre à la bibliothèque royale de l'Es Le demi-sicle de l'an III, s'il existe, n'a
curial. pas encore été retrouvé.
Le flan de ce sicle, comme de tous ceux 7. prx nbRib, de la rédemption de Sion. Palmier
du même groupe, est épais; le style de la entre deux corbeilles.
gravure est ferme et large, et il est évident, R. yn yn-N n>ur, l'an lV, demi (sicle)?un cédrat
à première vue, que des monnaies pareilles entre deux gerbes, en forme de corbeille, ou plutôt
viennent, chronologiquement parlant, immé entre deux loulal (bouquets portés par les Juifs à
diatement après les tétradrachmes grecs la fête des Tabernacles).
portant au revers un simple carré creux. Cabinet impérial ; trois exemplaires, pesant 16 g.
Quant au vase, Cavedoni y voit avec raison 3. — 15 g. 5. — 14 g. 2
un vase à vin, servant à déposer, avec les 8. mx nbNxb, de la rédemption de Sion. Cédrat.
pains, le vin consacré sur la table de propo R. yºnnya-N ncuv, l'an IV, quart (de sicle)?Deux
sition (p. 29). gerbes en loulab.
2., nurſp tºur n', Jérusalem la sainte. Verge Cabinet impérial ; deux exemplaires ; poids 9 g. 2.
fleurie d'Aaron. — Ma collection.
f$. bpvn "yn, demi-sicle. Vase en forme de coupe 9. prx nbN:b, de la rédemption de Sion. Vase
et sans anses ; au-dessus la lettre numérale N exactement semblable à celui qui paraît sur les
(l'an I). sicles.
Cabinet impérial, bien conservé, poids 7 g. 1.— Â. yn-N ncuv, l'an 1 V. Loulab entre deux cédrats.
Musée britannique. Cabinet impérial : douze exemplaires — Ma collec
On voit qu'il est difficile de trouver un ac tion, quatre exemplaires; poids moyen, 5 g. 3.
cord plus complet entre les poids du sicle,
ou tétradrachme, et du demi-sicle ou didra Le groupe que nous venons de décrire se
chme. Cavedoni (p. 45) pense à tort que les compose de monnaies d'argent frappées dans

(107) L'orthographe Dºwn , adoptée au lieu de bastante negli studi numismatici quivi prese grave
Eºurni, à partir de l'an II, paraît à Cavedoni (p. 25) abbaglio, » etc., etc. Le fait est que c'est M. Cave
tenir à ce que dans cette année la forteresse de Sion doni qui s'est trompé gravement. En effet,, toutes
fut prise, et que cette forteresse, qui constituait à les pièces de Simon Barcoeébas portent exclusive
son sens une seconde ville, nécessita l'emploi d'un ment la forme ebvn', et certes Barcocébas était
nom au duel. Gesenius s'était préoccupé de cette maître de Sion. N'avons-nous pas d'ailleurs des
diflérence d'orthographe, et il avait conclu ceci : « Ex exemples d'orthographes bien plus défectueuses en
quo apparet duo illa scribendi genera eodem tem core dans les légendes hébraiques : par exemple,
pore usitata fuisse, et utrum optatum sit, illis certe --n pour -an, Evv, pour prrrr! Il n'y a donc
temporibus ex arbitrio fere pependisse. » (Thesaur. rien à tirer de la forme duel prétendue du nom de
Phil., p. 629.) A ce sujet, Cavedoni se récrie : « Ma Jérusalem.
il dotto filologo orientalista che non si conosceva a
dDICTIoNN. DEs ANTIQUITÉs BIBLIQUEs. 17
325 MON DlCTIONNAIRE MON 524

les trois premières années, et de monnaies jourd'hui Chafat. Alexandre, , ému par la
de cuivre frappées dans la quatrième. La majesté de ce spectacle, ému plus encore par
conformité des styles, des types et des lettres le souvenir d'un songe dans lequel ce même
employées dans les légendes, ne permet pas pontife qu'il avait devant les yeux lui avait
de séparer ces monnaies, qui ont toutes été annoncé qu'il renverserait l'empire des Per
frappées à une même époque, et bien anté ses, Alexandre tendit la main à Yaddous, avec
rieurement à l'avénement des princes asmo lequel il entra dans la ville; puis il alla sacri
néens. C'est cette époque qu'ils s'agit main fier en personne sur l'autel de Jehovah. Le
tenant de déterminer. lendemain, le roi de Macédoine fit venir de
Il ne me paraît pas possible d'admettre vant lui les prêtres et les chefs de la nation,
que, tant que Jérusalem fut sous la domina et il leur permit de requérir la grâce qu'ils
tion des rois Achéménides, les Juifs aient joui voudraient. Yaddous prit la parole, et lui de
de l'autonomie, et qu'ils aient pu, par consé manda, au nom du peuple juif, la liberté de
quent, faire frapper des monnaies judaïques. se régir par les lois de sés pères, et l'exemp
En revanche, il est à peu près certain que tion du tribut chaque septième année : ce
les derniers satrapes résidant à Samarie ont qui leur fut accordé. Or, se régir par ses
fait frapper des monnaies du système perse, † lois, c'est jouir de l'autonomie, et
comme il en a été frappé vraisemblable 'autonomie entraîne forcément le droit de
ment à Memphis. Ce que je puis affirmer, monnaie. Alexandre, ayant ainsi réglé les af
c'est qu'il y a quelques années on a trouvé à faires de la Judée, partit pour Sichem, où les
Naplouse un petit trésor entièrement com Samaritains firent de vains efforts poul obte
posé de monnaies d'argent phénico-perses, nir de lui les mêmes bienfaits, et allèrent
parmi lesquelles certains types étaient si jusqu'à se prétendre Juifs d origine. (Jos., Ant.
souvent répétés, qu'il est devenu présumable Jud., lib. XI, vIII, 5 et 6.) Alexandre une
que c'étaient des monnaies de la localité qui fois mort, son empire fut partagé entre ses
présentaient ces types. Donc, pour tout le généraux. Vers le même temps, le grand
temps de la domination des Achéménides, prêtre Yaddous mourut, et eut pour succês
il serait superflu de chercher des monnaies seur Onias. (Jos., loc. cit., 7.)
judaïques pures.Voyons maintenant comment Le livre XII des Antiquités judaiques com
Jérusalem fut affranchie de la domination mence par ces mots : « Alexandre, roi de
qui pesait sur elle. Macédoine, mourut après avoir conquis l'em
Alexandre le Granrd, roi de Macédoine, † des Perses, et réglé, ainsi que je l'ai dit,
après avoir battu Darius en Cilicie, pénétra es affaires de la Judée. Son empire ayant
au cœur de la Syrie et prit Damas. Il descen été partagé entre plusieurs personnages,
dit ensuite vers la Phénicie, s'empara d'abord Antigone s'empara de l'Asie; Séleucus, de
de Sidon, puis vint mettre le siége devant Babylone et des nations de ce pays; Lysima
Tyr. Pendant qu'il poursuivait le siége de que eut en partage l'Hellespont ;Cassandre, la
cette ville, Alexandre fit passer au grand Macédoine ; et Ptolémée, fils de Lagus, l'E-
prêtre des Juifs une lettre par laquelle il lui gypte. » L'historien des Juifs raconte ensuite
enjoignait de lui envoyer des renforts et des que des guerres continuelles s'élevèrent en
vivres, et de lui payer à lui-même le tribut tre les divers héritiers d'Alexandre, et que
que les Juifs payaient d'ordinaire au roi Da Ptolémée, fils de Lagus, surnommé Soter,
rius. Il l'cngageait en outre à choisir l'al parvint à s'emparer de la Syrie entière ; une
liance des Macédoniens, en lui donnant l'as perfidie de ce prince fit tomber Jérusalem
surance qu'il n'aurait pas lieu de s'en repen en son pouvoir, et cette malheureuse ville fut
tir. Le grand prêtre refusa, en s'excusant sur encore une fois dépouillée de son autono
le serment de fidélité qu'il avait prêté à Da Ill]6º. -

rius. A cette nouveile, Alexandre, furieux,jura C'est à la courte période de temps pendant
u'aussitôt qu'il serait maître de Tyr, il mar laquelle les Juifs jouirent des priviléges que
cherait sur Jérusalem, et qu'il ferait du pon leur avait concédés le héros macédonien, que
tife un exemple propre à montrer à tous com j'attribue les précieuses monnaies du groupe
ment il fallait choisir ceux à qui l'on prêtait que je viens de décrire tout à l'heure, préci
des serments de fidélité. Tyr succomba après sément parce que je n'en vois pas une seule
un siége de sept mois, et Alexandre, se rap autre pour laquelle on puisse les revendiquer.
prochant de Jérusalem, courut ensuite in Je Ile doute donc pas, pour ma part, que ces
vestir Gaza; deux mois après, cette ville était belles monnaies aient été frappées sous le
réduite, et aussitôt le roi de Macédoine mar pontificat du grand prêtre Yaddous, et il est
cha sur la ville sainte. Le grand prêtre était fort probable que les dates qu'elles portent
nlors Yaddous, qui avait succédé par droit sont celles de l'autonomie dont les Juifs joui
d'héritage à son frère Jean, fils de Judas, rent alors.
fils d'Eliasib. Yaddous, terrifié, ordonna des Quels furent les événements qui, dans la
prières publiques, et résolut d'aller en grande *[uatrième année, firent cesser la fabrication
jºompe au-devant d'Alexandre, pour tenter les monnaies d'argent , et commencer l'é-
d'apaiser sa colère. A l'approche de l'armée mission de véritables pièces de nécessité,
ennemie, Yaddous, suivi de tous les Lévites, ! puisque ce sont des pièces de cuivre qui
sortit de Jérusalem et s'avança, revêtu de ses curent à ce moment la valeur du demi-sicle
habits pontificaux, à la tête d'un immense et du quart de sicle ? Je l'ignore, et je crains
cortége de prêtres en robes de lin et du peu- . bien qu'on l'ignore toujours.
ple entier. L'entrevue eut lieu à Sapha, au- . Passons maintenant à l'étude du poids des
525 M{)N DES AN flQUlTES BIBLIQUES. M()N 525

différentes espèces qui composent le groupe et rex prœsens esset, — 19. Misit Jason faci
que je viens de décrire. M. Lenormant a le norosos ab Hierosolymis viros peccatores, por
premier reconnu avec un rare bonheur les tantes argenti didrachmas trecentas in sacri
raisons qui fixèrentle poids du sicle hébraïque. ficium Herculis : quas postulaverunt hi qui
Il a parfaitement établi que la drachme hé asportaverant, ne in sacrificiis erogarentur,
braïque devait être égale à la drachme égyp quia non oporteret, sed in alios sumptus eas
tienne, qui était si bien en usage en Phénicie, deputari. — 20. Sic hae oblatœ sunt quidem
que les rois Séleucides firent toujours usage ab eo, qui miserat, in sacrificium Herculis ;
concurremment, pour la Syrie de la drachme propter prœsentes autem datœ sunt in fabricam
navium triremium.
attique, et pour la Phénicie de la drachme
égyptienne. Le roi dont il s'agit ici était Séleucus IV,
Quant à Alexandre le Grand, il ne s'astrei Philopator, qui eut pour successeur son frère,
gnit certainement pas à des usages qu'il n'était Antiochus IV, Dieu Epiphane. Le I" Livre des
as homme à respecter, et nous en trouvons Machabées (cap. 1, y. 11) nous fixe la date de
l'avénement de cet Antiochus à l'an 137 de
a preuve dans l'étude du poids des tétradra l'ère des Séleucides, c'est-à-dire à l'an 176
chmes frappés par lui sur la côte de Phéni avant l'ère chrétienne. Le JasOn dont il est
cie, et notamment à Acco, devenu depuis Pto
lémaïs. En effet, trois tétradrachmes de cette question dans ce passage était Josué, fils de
classe, placés dans les tiroirs du Cabinet Simon, et frère du grand prêtre Onias. Ce
impérial des médailles, m'ont offert les poids Josué prit, pour plaire aux Grecs, le nom de
suivants : 16 g. 8, pièce trouée, — 16 g. 5, Jason, et acheta le souverain pontificat du roi
pièce trouée, — 16g. 1, pièce entière, mais Antiochus, qui plus tard l'en dépouilla pour
un peu frottée. Comme le poids de la drachme le conférer à son jeune frère,qui s'appelait
attique était d'environ 4 g. 32, un tétradra Onias, et qui de son côté avait choisi le nom
chme attique devait peser, en sortant du coin, grec de Ménélas.
17 g. 28, et le poids des tétradrachmes d'A- Le fait dont il s'agit dans le passage que j'ai
lexandre frappés à Acco est, en tenant com transcrit tout à l'heure se passait avant la
pte du frai, réellement égal au poids légal du mort de Séleucus, et par conséquent avant
tétradrachme attique. Il était tout naturel que l'an 176. Or ce ne fut qu'en l'an 168, c'est-à-
les Hébreux, qui de tout temps avaient con dire sept ans plus tard, que Mathathias, le
servé l'usage des poids et des mesures égyp père des Machabées, s'étant retiré à Modin,
tiennes, se conformassent à cet usage cons y tua de ses propres mains un officier d'An
tant, en créant leur monnaie autonome. Du tiochus qui y était venu pour forcer les habi
tants de sacrifier aux dieux des Grecs. Donc
reste, ce que nous avons de mieux à faire
† nous assurer de la légitimité de cette sept ans avant la révolte des Machabées il y
ypothèse, c'est de † le poids des avait, à Jérusalem, comme monnaie courante,
sicles hébraïques avec celui des beaux tétra des didrachmes, c'est-à-dire des demi-sicles.
drachmes frappés en Egypte au nom de Pto Il est vrai que le texte grec du livre des
lémée Soter. Les pesées de trois pièces de Machabées parle de 300 drachmes : mais il
ce prince existant au Cabinet impérial m'ont doit y avoir une altération dans ce chiffre et
fourni les poids 14 g. 1, — 14 g, - 14.Certes, dans cette dénomination : outre que 300
il eût été difficile de trouver un accord plus drachmes étaient une assez médiocre offrande,
parfait entre les tétradrachmes hébraïques on comprendrait difficilement que l'on eût
et les tétradrachmes †égyptiens, à très peu appliqué une somme aussi insignifiante à la
près contemporains, les uns et les construction de trirèmes. D'un autre côté,
autres pèsent tous 14 grammes et quelques comme le texte syriaque parle de 3,300 di
décigrammes de plus ou de moins , suivant drachmes, il me paraît naturel d'admettre,
l'état de conservation des pièces exami 1°qu'ils'agit bien de didrachmes, puisque deux
nées. versions contreuneadoptent cette désignation;
On a† reproduit un passage de 2° que le chiffre réel doit être 3,300, bien que
deux des trois versions n'offrent que le chiffre
Josèphe (Ant. Jud., III, vIII, 2) qui semblait
fixer d'une manière absolue le poids du sicle 300; mais j'ai tout à l'heure fait suſfisamment
hébraïque; voici ce passage : Tô te Tºñºo; comprendre que Jason n'aurait eu garde
à6potaz; 7:3)tv, elapooxv 25ttp Tºpogéta3sv ei3 pépetv d'envoyer une somme plus que médiocre,
E#z)ou tõ #utau x20' éxaatov. 'O ôè Etx)o;, v3ut3pla avec le dessein bien arrêté qu'il avait formé
'E6paiov öy, 'Azrzà; ôéxetxt ôpaYuà: té332p2;. de capter les faveurs royales, même au prix
M. Lenormant a reconnu, le premier, que ce d'un sacrilége. Si, comme je le crois, il s'agis
témoignage était formellement démenti par sait de demi-sicles offrant les types religieux
les monuments, et que très-certainement Jo de la verge fleurie d'Aaron, et du vase destiné
sèphe avait confondu la drachme attico-sy à l'offrande du vin, on comprend que les
rienne avec la drachme égypto-phénicienne. envoyés de Jason aient cédé à un reste de
Au reste, comme Josèphe parle de sicles con scrupule, et qu'ils aient prié Séleucus d'em
temporains de Moïse, il est bien clair qu'il ploºr ces pièces, pour ainsi dire consacrées,
parle de sicles imaginaires. · à autre chose qu'à un sacrifice en l'hon
Je dois mentionner ici un passage assez neur d'Hercule. Je ne prétends pas exagérer
curieux que je trouve dans le livre des Macha la valeur de ce fait, que j'invoque en faveur
bées, et qui, bien que connu, mérite un exa de l'attribution des demi-sicles connus au
mensérieux.Le voici (11 Mach, Iv)—: 18. Cum pontificat de Yaddous, c'est-à-dire au temps
autem quinquennalis agon Tyri celebraretur, #;ni a suivi le passage d'Alexandre , mais si
8:7 MON 1DICTIONNA!RF. MON 528

je n'insiste pas sur ce point, c'est que l'inter le Juste. Celui-ci, qui était d'humeur avare et
vention de cet argument me paraît superflue. sordide, ayant refusé de payer le tribut an
Nous avons, en effet, bien assez d'autres rai nuel à l'Egypte, Ptolémée Evergète, frère de
sons d'adopter cette classification, en ne te Philopator, le menaça de morceler la Judée
nant absolument compte que du style, de la et d'y envoyer une colonie militaire. Le grand
taille, de la fabrique et du poids de ces belles prêtre Onias était disposé à ne pas tenir compte
monnaies. de ces menaces, lorsque Josèphe, fils de
Voyons maintenant si, outre l'époque du Tobie et neveu du pontife, alla trouver le roi
pontificat de Yaddous et jusqu'à la délivrance d'Egypte et obtint de lui la mission de faire
de Jérusalem par Judas Machabée, il se ren rentrer légalement les tributs. Pendant vingt
contre une seule période pendant laquelle le deux années consécutives, ce Josephe fut le
peuple juif ait pu jouir de l'autonomie; s'il ercepteur des impôts dus à l'Egypte par la
fl'en existe pas, il deviendra certain que les udée, la Syrie, la Phénicie et la Samarie.
pièces évidemment plus anciennes que la Onias en mourant laissa le pontificat à son fils
dynastie asmonéenne doivent être attribuées Simon, qui eut à son tour pour successeur
au temps de l'autonomie octroyée par Alexan son fils Onias.
dre le Grand à son passage à Jérusalem. A Antiochus III, le Grand, succéda son fils
Lorsque Yaddous mourut †
une époque Séleucus IV Philopator, que son frère Antio
voisine de la mort du conquérant macédo chus IV Epiphane remplaça sur le trône. De
nien), il eut pour successeur son frère Onias, son côté, Ptolémée Epiphane, en mourant, en
sous le pontificat duquel, et presque aussi 181, laissa deux jeunes fils, Ptoiémée Philo
tôt après sa consécration, Ptolémée Soter, fils métor et Ptolémée Physcon ou Evergète II.
de Lagus, s'empara de la Judée, pénétra frau Pendant toute cette période il n'y avait pas
duleusement dans Jérusalem, et transporta eu un seul jour de liberté pour les Juifs ni
en Egypte un très-grand nombre de Juifs. Ce our Jérusalem; et à la mort de Ptolémée
prince régna pendant près de quarante ans, piphane, Antiochus Epiphane devint en peu
et Jérusalem ne cessa d'être sous son autorité. de temps l'unique arbitre de la Judée.
AprèsSoter, Ptolémée Philadelphe occupa le Le grand prêtre Onias, fils de Simon, étant
trône d'Egypte pendant trente-neuf ans, et ce mort, son frère Josué lui succéda, et nous
fut lui qui fit venir de Jérusalem soixante et avons vu plus haut qu'il ne tarda pas à attirer
dix docteurs capables de lui donner en grec sur lui la colère du roi, qui le dépouilla du
la version des Livres saints. Cette version des souverain pontificat, pour le donner à son
Septante fut faite en l'année 284 avant l'ère frère Onias, surnommé Ménélas. Le nouveau
chrétienne, et à cette époque le grand prêtre
se nommait Eléazar. ll était frère et succes
† ayant eu de violents démêlés avec son
rère Josué (Jason), la population de Jéru
seur de Simon le Juste, fils d'Onias, frere de salem se partagea entre les deux frères; des
Yaddous. - troubles eurent lieu, et Ménélas et ses adhé
Antiochus III,dit le Grand était monté en rents se virent obligés d'aller chercher un
223 sur le trône de Syrie. Il fit activement la refuge auprès d'Antiochus. lls déclºrèrent au
guerre, pendant de longues années, à Ptolé roi que leur volonté était de renoncer aux
mée Philopator, et alors Jérusalem, amnsi pla mœurs judaïques et de vivre dorénavant à la
cée entre l'enclume et le marteau, suivit la grecque; ils le supplièrent donc de leur per
fortune de la Judée, qui fut conquise par le mettre d'élever à Jérusalem un gymnase, dans
roi de Syrie, et enlevée auroi d'Egypte vaincu. lequel les jeunes gens recevraient une édu
Philopator étant mort en 204, son fils Ptolé cation grecque; ayant obtenu cette autorisa
mée Epiphane recommença la guerre, et l'ar tion, ils se décidèrent même à abolir la pra
mée égyptienne, sous les ordres de Scopas, tique de la circoncision. Ce fut à cette même
parvint à reprendre laJudée et à pousser une époque qu'Antiochus Epiphane chercha à
g† jusqu'aux sources du Jourdain. Là enlever l'Egypte aux deux jeunes fils de Pto
copas rencontra l'armée d'Antiochus, qui lui lémée Epiphane. Déjà il avait envahi leur
fit subir une effroyable défaite. A cette nou royaume presque entier, lorsque les Romains
velle, les Juifs se soumirent d'eux-mêmes au lui enjoignirent de se retirer, et de se bien
roi de Syrie,et ils l'aidèrent à faire le siége de garder de renouveler une pareille tentative.
la citadelle de Jérusalem, dans laquelle une Antiochus n'attendit pas une seconde injonc
garnison égyptienne s'était enfermée, Antio tion de cette nature, et se hâta d'évacuer
chus, pour reconnaître les bons services des l'Egypte; mais en en sortant il fondit sur la
Juifs, s'empressa de leur accorder quelques Judée, entra sans coup férir dans Jérusalem,
immunités, mais rien de plus. la brûla en partie, massacra ou bannit les ha
Presque aussitôt les deux rois ſirent la paix ; bitants, et pilla les trésors du temple ; puis il
Ptolémée Epiphane épousa Cléopâtre, fille s'en retourna à Antioche. Cet événement eut
d'Antiochus, et cette princesse lui apporta lieu l'an 143 de l'ère des Séleucides, c'est-à-
en dot la Cœlésyrie, la Samarie, la Judée et la dire l'an 170 avant Jésus-Christ.
Phénicie. Jérusalem changea donc encore de Deux ans après, le 25 du mois judaïque de
maître, ou plutôt elle eut deux maîtres, puis khasleu (apellaeus des Macédoniens) de l'an
† le tribut était partagé entre les deux rois 145 des Séleucides (168 avant J.-C.), Antio
alliés. chus ramena son armée à Jérusalem, résolu
Revenons à l'ordre de succession des grands de consommer la ruine de cette malheureuse
l† avait eu pour successeur dans ville. La population fut en partie massacrée,
e pontiſicat son neveu Onias, fils de Simon en partie condamnée à l'esclavage; le temple
529 MON DES ANTIQUlTES BlBLlQUES. MON 550

fut complétement pillé, et la statue de Jupiter Le roi Antiochus, à l'instigation des habi
Olympien fut placée dans le Saint des saints. tants de Ptolémaïs, avait pu § décret qui
Enfin la citadelle de Jérusalem fut occupée enjoignait aux populations des villes de sui
par une forte garnison syrienne. Ce fut vers vre l'exemple de celle de Jérusalem. Un oſfi
cette même époque que les Samaritains, qui cier vint donc à Modim pour forcer les habi
ne se prétendaient enfants d'Abraham que tants de sacrifier aux dieux des Grecs; Matha
lorsque les affaires des Juifs étaient dans un thias, comme le plus considérable d'entre
état prospère, demandèrent au roi l'autorisa eux, fut sommé de s'approcher le premier de
tion de renoncer à leur ancien culte, d'adop l'autel, et il s'y refusa de la manière la plus
ter celui des Grecs et de consacrer leur tem énergique. Un des Juifs de Modim s'étant
ple du mont Garizim à Jupiter Hellénique. alors disposé à obéir, Mathathias se jeta sur
Cette grâce leur fut accordée le 12 d'hecatom lui et le tua de sa main. Il tua de même l'é-
baeon de l'an 146 de l'ère des Séleucides (167 missaire d'Antiochus (110) avec ses satelli
av.J.-C.). tes, et renversa l'autel.
Nous sommes arrivés au moment où l'hé Pour Mathathias, il n'y avait plus dès lors à
roïsme des Asmonéens va reconquérir la reculer. Il parcourut la ville en criant : Que
liberté judaïque. Je le demande maintenant : tous ceux qui tiennent à la loi, et qui veulent
dans toute la période comprise entre le pon rester fermes dans l'alliance avec le Seigneur,
tificat de Yaddous, c'est-à-dire entre la fin du me suivent ! Et il alla se réfugier avec ses fils
règne d'Alexandre le Grand et la profanation dans le désert, où tous les Juifs fidèles à la
du temple consommée par Antiochus Epi foi de leurs pères allèrent le rejoindre. Ils fu
† en 168 av. J.-C., y a-t-il une seule rent bientôt réunis au nombre de six mille.
p0que à laquelle , la nation juive ait pu Des troupes furent immédiatement envoyées
exercer les droits de l'autonomie? Je ne le contre les insurgés, et leur chef ayant eu la
pense pas, et il paraît certain que de l'an prudence d'attaquer un parti d'entre eux la
née 323, date de la mort d'Alexandre, à l'an jour du sabbat, les malheureux aimèrent
née 164, dans laquelle fut célébrée la puri mieux se laisser égorger sans résistance que
fication du temple par Judas Machabée, de manquer à l'observation de la loi du repos.
c'est-à-dire pendant un laps de temps de cent Mille personnes périrent dans cette première
soixante années environ, il ne fut §
( de rencontre. A cette nouvelle, Mathathias et ses
mOnnaies juives ni à Jérusalem, ni ailleurs. fils prirent, et firent accepter par leurs adhé
Nous allons maintenant passer à l'étude rents la décision de § contre les en
des monnaies frappées par les princes asmo nemis de la loi judaïque, même le jour du
néens, et nous verrons que leur style et leur sabbat. Bientôt la troupe de Mathathias se
fabrique, si radicalement différents de ce que grossit de façon à devenir une †armée,
nous présente le groupe des sicles du pontife et les Juifs apostats, c'est-à-dire ceux qui
Yaddous, justifient pleinement la théorie qui avaient subi le joug et le culte des étrangers,
place cent soixante ans environ entre l'émis furent les premiers punis. Partout où il diri
sion de ces deux séries monétaires. geait ses expéditions, Mathathias renversait
les autels des idoles et faisait circoncire les
DEUxIÈME ÉPoQUE. — Monnaies des princes enfants pour lesquels on avait† l'ap
asmonéens.
† du précépte. Pendant plus d'un an,
Mathathias lui-même fut l'âme de toutes les
.lci nous devons procéder d'une ma
nière différente , puisqu'il s'agit de vrais entreprises des insurgés; puis, sentant sa fin
dynastes, dont les monnaies nesont pas d'at approcher, il rassembla ses fils et les conjura
tribution douteuse. Nous commencerons donc de continuer l'œuvre de régénération qu'il
† résumer le plus brièvement possible avait commencée : Vous voyez votre frère Si
'histoire de Mathathias et de sa descendance ; mon, leur dit-il, je sais qu'il est homme de bon
puis, lorsque nous aurons rédigé la liste des conseil; écoutez-le toujours, et qu'il vous
princes dont la numismatique judaïque peut tienne lieu de père. Judas Machabée s'est
nous rappeler les noms, nous passerons à la montre fort et vaillant dans sa jeunesse : qu'il
Cescription des monnaies elles-mêmes. soit votre général, et que ce soit lui qui con
MATHATHIAs, 169 à 167. — Mathathias, fils duise le peuple à la guerre. Vengez votre na
de Jean, fils de Simon, fils d'Asmonée, était tion de ses ennemis : rendez-leur le mal qu'il
prêtre de la famille de Ioarib (l'une des vingt vous ont fait, et soyez toujours obéissants aux
quatre familles sacerdotales), et descendait du préceptes de la loi. Après avoir prononcé ces
grand prêtre Phinéas. Il avait cinq fils : Jean, paroles, Mathathias bénit ses enfants et ren
surnommé Gaddis, Simon Thasi, Judas Ma dit le dernier soupir. Sa mort eut lieu dans
chabée, Eléazar Abaron et Jonathas Apphus l'année 146 de l'ère des Séleucides (167 av.
(108). (I Mach. II, 1-5, 54.) J.-C.). Ses fils l'enterrèrent à Modim dans le
' Mathathias s'était retiré avec ses enfants à sépulcre de ses pères. (I Mach., II.)
Modin ou Modim, petite ville bâtie au som JUDAs MACHABÉE, 167 à 161. — On n'est pas
met d'une colline, et de laquelle il était ori d'accord sur l'origine du surnom de Judas : l'o-
ginaire (109). pinion la plus répandue est qu'il reçut ce nom

(108) Josèphe donne aux surnoms des cinq fils village de Souba. Il est à quatre licues environ de
de Mathathias les formes Gaddis, Matthis Maccabée, Jérusalem, et vers l'occident. — Voy. MoDiM.
Auron et App'ious. (Ant. Jud., XII, vi, 1.) (110) Josèphe nous a conservé le nom de ces
(109) Modim est remplacé dc nos jours par le oflicier : il s'appelait Apclles.
5 .1 M0N DlCTiONNAIRE M0N 552

en mémoire de la devise qu'il avait adoptée donc honteusement la fuite sans combattre,
pour son drapeau, devise qui était, dit-on, et le camp des Syriens fut mis au pillage.
composée des cinq lettres hébraïques corres · L'année suivante, Lysias, à la tête d'une
pondantes aux lettres M, C, B, E, I, et qui armée de soixante mille fantassins et de cinq
sont les initiales de cette sentence de l'Exode mille cavaliers, ouvrit une nouvelle campagne
(xv, 11 ). contre les Juifs et vint camper à Béthoron.Ju
rrnº c5N- n>>--"- das Machabée, qui n'avait que dix mille com
battants sous ses ordres, vint encOre attaqucr
Qui êst comme toi parmi les puissants, ô Jéhovah ?
les Syriens, leur tua cinq mille hommes et l s
Quoi † en soit de l'origine de ce nom, Ju mit en fuite.
tioche. Lysiasse hâta de retourner à An
t
das Machabée, aussitôt après la mort de Ma
thathias, prit le commandement des Juifs in Ce fut après cette éclatante victoire que Ju
surgés et continua de tenir la campagne con das revint à Jérusalem et procéda à la puri
tre les ennemis de la loi de Moïse. Apollonius, fication du temple. Trois ans, jour pour jour,
réfet de Samarie, marcha le premier contre après la profanation, le service divin fut réta
es insurgés, à la tête d'une puissante armée. bli à Jérusalem, c'est-à-dire que le premier
Judas ne l'attendit pas, mais courut au-devant sacrifice expiatoire fut offert le 25 du neuviè
de lui et défit son armée. Apollonius ayant me mois, nommé khasleu (ou apellœus) de l'an
été tué dans le combat, Judas prit l'épée de ce 148 des Séleucides (165 av. J.-C.). L'autel des
capitaine et n'en employajamais plus d'autre. holocaustes, qui avait été souillé, fut détruit.
Après la défaite † SérOn mar Il était bâti en pierres, et Judas en fit cons
cha contre les Juifs à la tête de l'armée de truire un semblable en blocs bruts, suivant ies
Syrie. Il vint camper près de Béthoron, et préceptes de la loi.
Judas n'hésita pas à courir au-devant de ce Les sacrifices solennels durèrent huit jours
nouvel ennemi; son armée était très-faible, entiers, et Judas institua une fête annuelle
mais cette considération ne put l'arrêter. Il commémorative qui devait durer huit jours et
attaqua Séron, le mit en fuite et le poursuivit § célébrer à partir du 25 du mois de khas
longtemps l'épée dans les reins. Séron et huit ( lt.

cents des siens périrent dans cctte affaire. Pendant que la cérémonie avait lieu , les
Lorsque Antiochus apprit le double échec Juifs commencèrent le siége de la citadelle
† ses généraux venaient d'essuyer en Ju qui avait été bâtie par l'ennemi dans la ville
ée, il entra en fureur et n'aspira plus qu'à basse, et, d'un autre côté, Judas fit fortifier le
Venger l'honneur de ses armes. Il leva en hâte mont Sion et la place de Bethsour.
de nombreuses troupes ; mais, l'argent lui Après ce mémorable événement, Judas se
manquant, il se décida à courir d'abord en mit en campagne contre les Iduméens de
Perse pour chercher des ressources dans le l'Idumée proprement dite et de l'Acrabatène.
† des trésors sacrés. Lysias fut laissé à Après les avoir vaincus," il alla porter la
tête du gouvernement de tout le pays guerre avec succès chez les Ammonites. Les
compris entre l'Euphrate et le fleuve d'Egyp Juifs qui habitaient la Galilée et le pays de
te, et la tutelle du jeune Antiochus, fils du Galaad ayant alors demandé des secours à
roi, lui fut en même temps confiée. L'ordre leurs frères de Jérusalem, Judas envoya Si
qu'avait reçu, en même temps Lysias était mon en Galilée, et marcha en personne sur le
d'exterminer le † d'Israël, de raser Jé pays de Galaad. La Judée avait été laissée en
rusalem et d'implanter dans la Judée des co tre les mains de deux chefs, Josèphe, fils de
lonies étrangères. L'an 147 de l'ère des Séleu Zacharie, et Azarias, auxquels Judas Macha
cides (165 av.J.-C.), Antiochus Epiphane sor bée défendit expressément de rien entrepren
tit d'Antioche et passa l'Euphratè, En même dre pendant son absence. Simon, à la tête de
temps, Lysias envoyait en Judée Ptolémée, trois mille hommes, battit les ennemis, qu'il
fils de Dorymènes, Nicanor et Gorgias, à la poursuivit jusqu'aux portes de Ptolémaïs. De
tête de quarante mille fantassins et de sept son côté, Judas, ayant passé le Jourdain, ren
mille cavaliers. Ils vinrent camper dans † contra l'armée syrienne commandée par Ti
plaine de Judée, auprès d'Emmaüs, pendant mothée, et la mit en fuite après lui avoir tué
que, de leur côté, les Juifs, qui s'étaient as huit mille hommes. Timothée alla rallier ce
semblés à Maspha, portèrent leur camp au
midi d'Emmaüs.
†e Yabok.
lui restait de troupes au delà du torrent
Pendant la nuit, Gorgias avec cinq mille Judas vainqueur, après avoir traversé le
fantassins et mille cavaliers était sorti secrè Jourdain, près de Bethsour, reprit le chemin
tement de son camp pour surprendre les de Jérusalem, où il vint offrir à l'Eternel des
Juifs dans le leur Judas, qui avait eu la mê sacrifices d'actions de grâces pour les succès
me pensée, avait laissé ses tentes désertes, et u'il avait accordés à ses armes. Josèphe,
Gorgias n'y trouva plus personne ;tandis que rère de Zacharie, et Azarias, entraînés par
lºs Juifs fondirent à l'improyiste sur le camp trop de zèle, et voulant s'illustrer aussi par
d'Emmaüs, où était le gros de l'armée, et je des exploits, oublièrent, pendant l'absence de
tèrent la terreur dans ses rangs. Trois mille
hommes restèrent sur la place, et le reste
Judas, les ordres qu'il leur avait laissés, et
firent une t§ contre la place
fut poursuivi avec acharnèment jusque dans de Jamnia, dans laquelle était enfermé Gor
l'Idumée et jusqu'à Azot et Jamnia. Gorgias, gias; ils perdirent deux mille hommes, et
ºil revenant sur ses pas, reconnut ce qui s'é- furent obligés debattre en retraite. Pour com
tait passé, et vit que tout était perdu ; 'il prit penser cet échec, Judas recommença la guerre
555 M}0N DES AN1lQUI IES BiBLlQUES. M0N 5 ;

contre les Iduméens, et leur prit de vive force dans la place sur la foi du traité qu'il avait
la ville d'Hébron. Apres cet exploit, il marcha proposé lui-même, viola sur-le-chafmp sa pa
sur la Samarie, et revint de là à Azot, qu'il prit role; il fit démanteler la forteresse du mont
et dont il brûla les idoles après avoir renversé Sion et l'enceinte du temple, puis il partit
leurs autels. our Antioche, où s'était déjà retranché Phi
Nous avons vu qu'Antiochus Epiphane s'é- ippe qu'il combattai, et qu'il fit périr après
*.
tait dirigé sur la Perse : la ville dont il voulait l'avoir renversé. Il avait emmené avec lui le
piller le temple était Elymais, disent le l" Li grand prêtre Onias, qui avait pris le surnom
vre des Machabées et Josèphe; Persépolis, de Ménélas. Lysias conseilla au roi de se dé
dit le II Livre des Machabées (ix, 2). Re barrasser de cet homme, s'il voulait que la
oussé par la population en armes, Antiochus Judée restât tranquille, et Antiochus envoya
ut obligé de se retirer vers Babylone. Chemin Ménélas à Bérœa, où il le fit mettre à mort.
faisant, il apprit les désastres de ses généraux Après ce Ménélas, le pontificat fut donné à
en Judée, et sa fureur ne connaissant plus de Iakimus, qui prit le surnom d'Alcimus. Ce fut
bornes, il se mit précipitamment en route, le alors que le fils du dernier grand prêtre, du
blasphème et la menace à la bouche.A peine nom d'Onias, voyant qu'après la mort de son
† il fut
aut de son
pris d'un mal horrible ; il fit du
char une chute dont il se releva
oncle le pontificat, qui lui revenait par droit
d'héritage, était donné à Alcimus, s'enfuit en
brisé, et mourut enfin dans des douleurs Egypte et obtint de Ptolémée la permission
atroces, après avoir reconnu qu'il périssait de construire, dans la province d'Héliopolis,
victime de la colère du Dieu des Juifs, et après un temple semblable à celui de Jérusalem, et
avoir fait de vaines promesses à ce Dieu ter dont il serait le grand prêtre.
rible, pour essayer de l'apaiser. Antiochus En l'an 151 de l'ère des Séleucides (162 qv.
Epiphane mourut l'an 149 des Séleucides J.-C.), Démétrius, fils de Séleucus, qui vivait
{164 av.J.-C.), en instituant Philippe, son ami, à Rome dans la retraite, était parvenu à réunir
régent de sonroyaume pendant la minorité de un petit nombre de partisans, à la tête des
son fils; mais Lysias mit la couronne sur la quels il se mit pour aller conquérir la cou
tête du jeune Antiochus, fils d'Epiphane, en ronne de son père. La première ville dont il
lui donnant le surnom d'Eupator. La citadelle prit possession fut Tripoli; là il eut bientôt
de Jérusalem avait résisté jusqu'alors à tous réuni assez d'adhérents pour voir une véri
les efforts des Juifs. Judas, en l'an 150 (l63 table armée sous ses ordres, et, en très-peu
av.J # rassembla le peuple et activa le siége de temps, il fut maître d'Antioche. Antiochus
de la place. Quelques-uns de ceux qui y Eupator et Lysias étant tombés entre ses
étaient enfermés, ayant réussi à en franchir mains, Démétrius refusa de les voir, et les fit
les murailles, coururent demander du secours mettre à mort sans les entendre. Le mal
à Antiochus Eupator, qui envoya immédiate heureux Antiochus n'avait régné que deuxans.
ment en Judée une armée de cent mille fan Dès que Délj)étrius fut remonté sur son
tassins, de trente mille cavaliers et de trente trône, vit venir avec lui les Juifs infidèles,
deux éléphants. L'ennemi, en longeant la à la tête desquels était un certain Alcimus
côte, gagna l'Idumée et vint mettre le siége ou Iakimus, qui était de la race d'Aaron et
devant Bethsour. Judas alors, levant le siége qui aspirait au souverain pon'ilicat. Tous ac
de la citadelle de Jérusalem, courut au-devant cusèrent hautement de lèse-majesté Judas,
de l'ennemi, et vint camper à Bethzacharia, ses frères et tous leurs adhérents. Démétrius,
village situé à l'entrée de défilés, à soixante furieux, s'empressa d'envoyer en Judée Bac
dix stades de l'ennemi. Une bataille eut lieu, chides, préfet de la Mésopotamie, avec l'ordre
dans laquelle les Juifs, pour la première fois, de s'emparer de Judas Machabée et de tous
furent battus par les Syriens : c'est dans cette les siens, et de les faire périr. En même temps
Journée qu'Eléazar, frère de Judas Machabée, il donna le pontificat à Alcimus, qui partit
se glissa sous le plus terrible des éléphants, et d'Antioche avec Bacchides. Celui-ci, croyant
l'éventra en périssant lui-même sous le poids que par la ruse il arriverait plus aisément à
de ce colosse, qui l'écrasa dans sa chute. Les ses fins, se servit d'Alcimus pour entamer des
Juifs furent mis en fuite, et Judas alla s'enfer négociations avec les Juifs. Le sang qui cou
mer dans Jérusalem. Aussitôt après, la garni lait dans les veines de cet intrigant devait ins
son de Bethsour capitula, et Antiochus marcha pirer de la confiance à ses compatriotes, et
sur Jérusalem. Bientôt il fut maître de la peut-être Judas lui-même se livrerait-il sans,
ville ; restait le temple, dont il commença le défiance. Cette machination infâme ne réussit
siége, et qui fut promptement réduit aux abois ourtant qu'en partie. Un grand nombre de
par la famine. C'en était fait de la liberté des auts personnages de la nation, se fiant à la.
Juifs, lorsque Lysias apprit que Philippe, le foi jurée par un descendant d'Aaron, vinrent
vºgent choisi par Antiochus Epiphane pour au-devant de Bacchides, qui tit arrêter et
uverner son fils, revenait de Perse à la égorger incontinent soixante d'entre cux.
\ éte d'une armée, et réclamait pour lui l'ad Aussitôt après, il marcha sur Jérusalem, y :
ministration du royaume. Lysias, pour con - installa Alcimus, entre les mains duquel il re
jurer l'orage qui menaçait sa fortune, con mit l'administration de tout le pays; puis il lui :
seilla au jeune roi de traiter avec les Juifs, de laissa des troupes et s'en rétourna à Antioche.
s'en faire des amis et de courir à marches for Alcimus fit d'abord tous ses efforts pour se
cées vers sa capitale. Antiochus écouta favora concilier l'affection des Juifs; mais ces efforts
blement ce conseil, et la paix offerte aux Juifs furent inutiles. Judas Machabée venait de re
fut acceptée par eux. Antiochus, introduit lever victorieusement l'étendard de l'insur
575 MON DICTIONNAlRE MON 5T6

rection. Alcimus s'empressa de faire mettre à 161 av. J.-C.), l'armée s'approcha de Jérusa
mort ceux des partisans de Judas dont il put em. Vingt mille fantassins et deux mille ca
s'emparer; Judas en fit autant pour les parti valiers arrivèrent à Bérœa (Bereoth, el-Bireh).
sans d'Alcimus, qui, voyant qu'il n'était pas Judas était campé à Laisa (peut-être Lesen
le plus fort, se décida à recourir de nouveau près Bethel) avec trois mille hommes, que la
à la protection de Démétrius. Il quitta donc terreur réduisit aussitôt à huit cents soldats
Jérusalem en hâte, et se rendit auprès du roi, seulement, Ceux-ci étaient d'avis de refuser
qui, sur sa prière, envoya en Judée Nicanor, le combat ; mais Judas n'y voulut pas con
l'un de ses principaux officiers, avec mission sentir : Dieu nous garde de fuir devant les
d'exterminer les adhérents de Machabée. ennemis, leur dit-i1 ; si notre heure est arri
Nicanor se rendit à Jérusalem, et, voulant vée, mourons courageusement pour nos frè
res, et ne souillons pas notre gloire par une
s'emparer de Judas et de ses frères par surprise, lâcheté. Peu d'instants après, l'affaire s'enga
il les fit mander, sous le prétexte de conférer gea : elle dura depuis le matin jusqu'au soir.
de la paix. Les premières entrevues furent Judas, avec les plus vaillants de ses compa
amicales; mais bientôt Judas, ayant deviné les gnons, rompit l'aile droite de Bacchides et la
rojets de Nicanor, refusa de s'exposer plus poursuivit jusque sur les hauteurs d'Azot (11!);
ongtemps aux coups de sa perfidie. Alors Ni † gauche, de son côté, se mit à la pour
canor marcha ouvertement contre les Juifs.
suite de Judas, qui, pris ainsi entre deux feux,
Une bataille eut lieu près de † , périt les armes à la main, avec la plupart de
les Syriens y perdirent cinq mille hommes, ses soldats
s'enfuirent et coururent se réfugier dans la Suivant Josèphe, Alcimus était mort de ma
citadelle de Jérusalem, nommée Cité de ladie trois ans auparavant, et le peuple juif
David, et qui n'était pas sur la montagne avait unanimement acclamé Judas Machabée
de Sion, mais bien dans la ville basse. (Ant. souverain pontife; de sorte que ce héros mou
Jud., XII, v, 3.) Nicanor, étant alors monté rutaprès avoir été troisans investi du souverain
Sur le sommet de Sion, somma les prêtres de pontificat. Ses frères Jonathan et Simon rele
remettre Judas entre ses mains, et jura que, vèrent pieusement son corps, qu'ils allèrent
s'il n'était pas bientôt obéi, il brûlerait le déposer à Modim dans le sépulcre de ses
temple dès qu'il en aurait fini avec les traî ancêtres. La mort de Judas Machabée eut
tres. Il sortit ensuite de Jérusalem et se ren lieu dans l'année 161 avant l'ère chrétienne.
dit à Béthoron, où l'armée de Syrie vint le Le récit de Josèphe est certainement inexact,
joindre. Judas alla, de son côté, camper avec puisque Alcimus vivait encore lorsque Jona
rois mille hommes, près d'Adarsa ou Adasa, than eut été reconnu prince des Juifs ; très
village situé à trente stades de Béthoron. La probablement donc le pontificat fut conféré
bataille s'engagea le 13 du mois d'udar (dy
stros des † et Nicanor fut tué le par le peuple à Judas Machabée, du vivant
d'Alcimus, et parce que les Juifs ne voulaient
remier.Ses troupes, le voyant mort,jetèrent plus reconnaître celui-ci pour leur grand
eurs armes et prirent la fuite. Il en resta prêtre.
neuf mille sur le carreau. Le cadavre de Nica
JoNATHAN, 161 à 143. — Le deuil des Juifs
nor fut mutilé, sa tête fut accrochée au som fut grand à la nouvelle de la mort de Judas
met des murailles d'enceinte du temple, et Machabée, et les méchants relevèrent incon
son bras droit fut suspendu devant le temple tinent la tête dans toute la terre d'Israël. Une
même.
grande famine vint encore aggraver les maux
La puissance romaine commençait alors à de la Judée, qui se soumit tout entière à Bac
étre redoutéejusqu'aux extrémités du monde, chides. Celui-ci combla de faveurs les hom
, et Judas crut ne pouvoir mieux faire que desol mes impies qui s'étaient montrés dociles au
liciter l'alliance et la protection de ce peuple † syrien ; le gouvernement de tout le pays
illustre. Une députation, composée d'Eupo eur fut donné, et les amis de Judas furent
lénus, fils de Jean, et de Jean, fils d'Eléazar, partout pourchassés. Ce fut alors que ceux
fut donc envoyée au sénat, pour réclamer qui avaient échappé aux persécutions s'as
l'alliance et l'amitié des Romains; elle rap semblèrent et choisirent Jonathan pour prince,
porta un rescrit gravé surdes tablettes d'airain en le suppliant de se mettre à leur tête et de
cOntenant le traité d'alliance offensive et dé les conduire contre Bacchides et contre tous
fensive conclu entre les Romains et les Juifs, lesautres ennemis de la nation juive. Jonathan
et la mention de la lettre écrite par le sénat à acceptacette sainte mission et futainsi reconnu
Démétrius, lettre qui menaçait ce monarque prince des Juifs. Bacchides, furieux en ap
de la guerre par terre et par mer, si les Juifs renant cette nouvelle insurrection, voulut
se p'aignaient encore de lui à leurs amis les 'étouffer en faisant assassiner Jonathan , mais
Romains. celui-ci, avec Simon son frère, se réfugia dans
Cependant Démétrius ayant appris la défaite le désert de Thécoa, et alla s'établir sur les bords
et la mort de Nicanor, renvoya vers la Judée du lacAsphar (probablement Asphalitite). Jo
Bacchides, à la tête d'une nouvelle armée.Alci nathan envoya son frère Jean pour demander
mus, dit le Livre des Machabées (I,Ix), accom des secours aux Nabathéens ; mais les habi
pagnait le général syrien; les grottes fortifiées tants de Médaba l'assaillirent au passage et le
«!'Arbèles furent † et prises d'abord, tuèrent. Bientôt après les assassins furent
et le premier mois de l'an 152 des Séleucides punis de leur méfait. Sur ces entrefaites,

(ll ! ) Josèplie dit, jusqu'au mont Aza.


557 MUN DES ANTIQUITES BIBLIQUES. M0N 57,8

Bacchides partit de Jérusalem pour aller paix, en lui offrant de lui rendre tous les
disperser le parti de Jonathan, et il vint le prisonniers qui étaient entre ses mains. Bac
*
chercher jusque sur les bords du Jourdain. chides accepta avec empressement, jura que
Les deux armées furent en présence le jour de sa vie il ne porterait plus les armes contre
du sabbat : les Juifs hésitaient à accepter la Jonathan, et lui rendit, de son côté, tous les
bataille : Nous avons l'ennemi en tête, leur prisonniers qu'il avait faits. Ainsi la guerre
dit Jonathan, et derrière nous le Jourdain s'éteignit dans la terre d'Israél, et Jonathan
et les marais qu'il traverse ; il ne nous reste alla habiter Makhmas, où il exerça la souve
pas de moyen d'échapper : implorez donc le raine judicature sur toute la nation juive.
Ciel, afin que nous soyons tirés des mains de L'an 160 de l'ère des Séleucides (153 av.J.-
nos ennemis !(I Mach. Ix, 45, 46.) Aussitôt le C.), Alexandre Bala, fils d'Antiochus Epiphane
combat s'engagea. Dans l'action, Bacchides (111*), s'empara de Ptolémaïs par la trahison
faillit périr de la main même de Jonathan, et de la garnison syrienne que Démétrius avait
il ne se sauva qu'en reculant.Après de vains placée dans cette ville, et prit le titre de roi.
efforts qui coûtèrent la vie à mille soldats de Aussitôt Démétrius se prépara à combattre son
Bacchides, Jonathan et ses compagnons se adversaire, et il écrivit à Jonathan, pour lui
† dans le fleuve, qu'ils traversèrent à demander son alliance offensive et défensive.
a nage, et le général syrien, renonçant à Démétrius, dans sa lettre, donnait plein pou
les poursuivre, s'en retourna à Jérusalem. Il voir à Jonathan pour lever une armée res
fit alors fortifier Bethsour, Gazara, Jéricho, pectable. Il ordonnait de plus que les otages
Emmaüs, Bethoron, Béthel, Thamhata, Phara enfermés dans la forteresse de Jérusalem lui
et Thopo, et mit de fortes garnisons dans fussent remis. Jonathan courut à Jérusalem,
ces diflérentes places. Il prit pour otages les lut aux chefs réunis la lettre qu'il avait reçue
enfants des grands de la nation, et les tint de Démétrius, se fit remettre les otages, et
enfermés dans la citadelle de Jérusalem. fixa sa résidence à Jérusalem même, qu il
Dans l'année 153 des Séleucides (160 av. releva de ses ruines, en faisant entourer
J.-C.), Alcimus, qui avait probablement été toute la montagne de Sion de murailles so
réintégré dansle souverain pontificat, ordonna lides ; ce qui prouve bien que la citadelle
de démolir l'enceinte du temple, et fit com occupée par les Syriens n'était pas sur cette
mencer cette œuvre de destruction. Mais montagne.
aussitôt Dieu le # Une attaque de para Les Syriens, effrayés, jugèrent peu prudent
lysie l'ayant privé de l'usage de ses membres, de rester † longtemps en Judée : tous
et même de la parole, il ne tarda pas à expirer quittèrent leur poste et s'enfuirent en Syrie.
dans les plus vives douleurs. Bacchides, après La place de Bethsour tint seule bon contre
la mort d'Alcimus, quitta la Judée et retourna Jonathan, parce qu'elle était aux mains de
à Antioche, vers le roi. Juifs renégats. De son côté, Alexandre, ap
Pendant deux années le pays fut tranquille; prenant la tentative faite par Démétrius pour
mais, au bout de ce temps (158 av. J.-C.), attacher Jonathan à son † comprit tout
les ennemis des Machabées conspirèrent de l'intérêt qu'il y avait pour lui à gagner l'affec
nouveau la perte de Jonathan, et allèrent tion d'un allié tel que le prince des Juifs. Il
trouver Bacchides, pour l'engager à rentrer lui écrivit donc une lettre dans laquelle il lui
dans la Judée. Bacchides partit à la tête d'une conférait le souverain pontificat; cette lettre
armée, en pressant à l'avance les aſſidés qu'il accompagnait le manteau de pourpre et la
avait dans le pays de s'emparer de la per couronne d'or que le roi Alexandre envoyait
sonne de Jonathan. Mais celui-ci, averti de à celui qu'il appelait son frère et son ami.
ce complot, se saisit de cinquante des prin Jonathan n'hésita pas à accepter les offres
cipaux personnages qui y avaient trempé et les d'Alexandre et à rejeter celles de Démétrius,
fit mettre à mort. Il se retira ensuite a Beth . qu'il avait trouvé jusqu'alors son plus cruel
bessen, dit le Livre des Machabées, Beth-Basi, ennemi. Le septième mois de l'an 160 (153
dit le texte grec, et Beth-Alaga, ditJosèphe. av. J.-C.), Jonathan revêtit la robe sainte des
Cette place est au désert, et Jonathan, qui en grands prêtres, pour célébrer la fête solen
releva les murs, en fit une place forte. Très nelle des Tabernacles. Depuis la mort de
probablement il s'agit de Beit-Adjlah, qui Judas Machabée, personne n'avait exercé le
est dans le désert de Jéricho, et près de la souverain pontiticat à Jérusalem.
rive du Jourdain. Bacchides alla l'y assiéger ; Démétrius fit une nouvelle tentative pour
mais une nuit Jonathan, laissant son frere détacher Jonathan du parti d'Alexandre Bala ;
Simon dans la place, fondit à l'improviste sur mais il n'y put parvenir, bien qu'il offrît de
les derrières du camp ennemi ; Simon fit en rendre aux Juifs la citadelle de Jérusalem, et
même temps une sortie, brûla les machines qu'il leur fît de magnifiques promesses, qui
de siége, et Bacchides, pris entre deux feux, ne furent pas regardées comme sincères.
essuya de très-grandes pertes. Alors sa colère Quelques mois plus tard, les armées de Démé
se tourna contre ceux qui l'avaient entraîné trius et d'Alexandre livraient bataille, et le
dans cette fatale expédition, et il en fit arrêter premier périssait dans la mêlée, laissant le
et mettre à mort un certain nombre. Jonathan, trône à son rival (151 av. J.-C.).
profitant sur-le-champ de ces nouvelles dispo Aussitôt maître du royaume, Alexandre
,sitions du général syrien, lui fit demander la écrivit à Ptolémée Philométor, pour lui de
(11 1') Le Livre dcs Machabées et Joséphe sont d'accord pour donner à Alexandre le nom de fils
d'Antiochus.
559 MON D1CT10NNAIRE MON 540

mander la main de sa fille. Le roi d'Egypte sage deJonathan.On voulait exciter lacolère de
accueillit avec joie la demande du roi de Ptolémée contre le prince des Juifs; mais ce
Syrie, et lui donna rendez-vous à Ptolémaïs, monarque ne laissa rien paraître de ses
pour la célébration de son mariage avec sa desseins. Jonathan vint à Joppé au-devant de
fille Cléopâtre. Cette union fut contractée en Ptolémée, qui lui fit un bon accueil, et il
l'an 162 des Séleucides (151 av.J.-C.). Alexan l'accompagna jusqu'aux bords du fleuve Eleu
dre invita Jonathan à assister aux fêtes ma thère, où ils se séparèrent, Jonathan retour
gnifiques de son mariage, et le prince juif nant à Jérusalem. Ptolémée continua sa
accourut à Ptolémaïs, où il fut reçu avec marche envahissante jusqu'à Séleucie, et de
, * grande distinction par les deux rois, que du là il écrivit à Démétrius, pour lui proposer
reste il combla de présents. Quelques Juifs un traité d'alliance et lui offrir la main de sa
impies essayèrent encore alors d'exciter con fille Cléopâtre, qui était la femme d'Alexandre.,
tre Jonathan la colère d'Alexandre; mais ils Pour colorer cette infamie, Ptolémée préten
n'y purent réussir, et ils s'enfuirent prudem dait dans sa lettre que son gendre avait voulu
ment, de peur de porter la peine de leurs le faire assassiner. Ce marché honteux fut
perfidies. Après les fêtes, Jonathan, qui avait accepté : Cléopâtre, rappelée par son père,
été formellement reconnu comme prince des devint la femme de Démétrius, et Ptolémée,
Juifs, revint à Jérusalem, où il passa trois entrant dans Antioche, se mit sur la tête deux
années dans une paix profonde. diadèmes : celui d'Egypte et celui d'Asie.
En l'an 165 des Séleucides (148 av. J.-C.), Alexandre était alors en Cilicie, occupé à
Démétrius Nicator, fils de Démétrius Soter, réprimer une rébellion; à la mouvelle de la
sortit de l'île de Crète, où il était au moment trahison de son beau-père, il marcha contre
de la mort de son père, et vint en hâte s'em lui. Celui-ci, lui épargnant la moitié du
parer d'Antioche. Il mit à la tête de son armée chemin, courut au-devant des Syriens et leur
Apollonius, préfet de Cœlésyrie, qui trahit livra bataille. Alexandre, vaincu, s'enfuit en
Alexandre, son bienfaiteur, et vint à Jamnia, Arabie, où il espérait trouver quelques ºe
d'où il osa provoquer le grand prêtre Jona cours. Mais Zabdiel, prince des Arabes (112),
than. Celui-ci partit aussitôt avec son frère fit tuer ce malheureux prince, et envoya sa
Simon, à latête de dixmille hommes d'élite, et tête à Ptolémée. Trois jours après la venue
vint assiéger Joppé, où Apollonius avait déjà de cet affreux trophée, le roi d'Egypte mou
#eté une garnison. La ville ne tarda pas à se rut des blessures qu'il avait reçues dans la
rendre, et le généralsyrien, se fiant à sa cavale bataille gagnée sur son gendre. Josèphe
rie, manœuvra, pour attirerJonathan avec ses raconte un peu différemment la trahison de
fantassins dans la plaine d'Azot, en ménageant Ptolémée. Suivant cet historien, le roi d'Egypte
dans une embuscade une réserve de mille aurait réellement failli être assassiné, à Pto
chevaux.Jonathan, prévenu de ce stratagème, lémaïs, par un certain Ammonius, affidé
forma son infanterie en carré, et soutint sans d'Alexandre Bala; et ce serait ce fait abomi
bouger, pendant une journée entière, les nable qui, d'un auxiliaire dévoué, aurait fait
charges de la cavalerie syrienne. Lorsque un ennemi implacable. Entre ces deux ver
celle-ci fut exténuée par ses tentatives sans sions, nous devons naturellement donner la
cesse renouvelées, Simon lança son infanterie préférence à celle que nous offre l'Ecriture
contre l'infanterie ennemie, qui ne put résis sainte. Quoi qu'il en soit, Ptolémée étant
ter au choc et se débanda immédiatement. mort, Démétrius rentra en possession du
Les fuyards coururent chercher un refuge royaume entier de Syrie; et cet événement
dans Azot et dans les places du voisinage, qui eut lieu dans l'année 167 de l'ère des Séleuci
furent mises au pillage. Le temple de Dagon des (146 av. J.-C.).
fut incendié, et tous ceux qui y étaient réfu La forteresse de Jérusalem n'avait pas en
giés périrent dans les flammes. Huit mille Sy core cessé d'être occupée par une garnison
riens moururent dans cette occasion, tant par ennemie, et Jonathan assembla le peuple
le fer que par le feu. De là Jonathan marcha pour en commencer le siége. Cet acte fut
contre Ascalon, dont la population vint au immédiatement dénoncé à Démétrius, qui se
devant de lui, bien loin de songer à se défen rendit aussitôt à Ptolémaïs, et ordonna à
dre. L'armée juive, gorgée de butin, rentra Jonathan de suspendre les travaux du siége
ensuite à Jérusalem, et Jonathan reçut à son et de comparaître immédiatement devant lui.
retour les félicitations d'Alexandre Bala, avec Au reçu de cette lettre, Jonathan ordonna de
les présents royaux que ce prince lui en continuer les opérations commencées contre
voyait. la forteresse, et, suivi de quelques anciens du
| Quelque temps après, le roi Ptoléméc, sous
rétexte d'accourir au secours de son gendre,
† et de quelques prêtres, il n'hésita pas
venir trouver le roi ; comme il lui fit de
ança en Syrie une armée innombrable, qu'une magnifiques présents, il trouva grâce devant
flotte devait seconder et soutenir. Alexandre lui. Démétrius, malgré toutes les intrigues
avait donné l'ordre d'ouvrir à son beau-père des ennemis de Jonathan, le confirma dans
toutes les places fortes de son royaume; et la souveraine sacrificature et dans tous les
Ptoſémée, dès qu'il y était entré, y établissait priviléges qui lui avaient été concédés par
des garnisons égyptiennes. Lorsqu'il arriva à Alexandre Bala.
Azot, on lui montra les décombres du temple Dès que Démétrius se crut bien assis sur
de Dagon, et toutes les traces hideuses du pas son trône, il licencia son armée, en ne con

(112) Josèphe l'appclle Zebel.


54l M0N DES ANTlQUlTES BlBLlQUES. MON 512

servant à sa solde que les mercenaires étran Les partisans de Démétrius tenaient encore .
gers. Ce fut l'origine de vives inimitiés qui la campagne, et ils s'étaient emparés de la
s'accumulèrent contre lui. Tryphon, qui avait ville de Kadès en Galilée. Jonathan, laissant
été partisan du roi Alexandre, profita de la son frère Simon en Judée, marcha contre
faute que Démétrius avait commise, et vint eux. Pendant que Simon réduisait la place de
trouver l'Arabe El-Malcuel (nommé Malchus Bethsour, Jonathan, après avoir campé au
par Josèphe), pour lui demander de lui con bord du lac de Genesar, se remit en marche
fier le jeune Antiochus, fils d'Alexandre, de et † dans la plaine d'Azor, où l'armée
l'éducation duquel l'Arabe s'était chargé; de Démétrius l'attendait. Les Juifs fondirent
mais il lui fallut négocier longtemps pour sur l'ennemi rangé devant eux; mais les val
obtenir ce qu'il désirait. lées latérales recélaient des troupes embus
A cette époque, Jonathan écrivit à Démé quées qui tombèrent à l'improviste sur la
trius pour le prier de licencier la garnison troupe de Jonathan et la mirent en fuite.
qui tenait toujours la citadelle de Jérusalem, Deux guerriers seulement restèrent aux côtés
au grand préjudice de la nation juive. Le roi du prince des Juifs : c'étaient Mathathias, fils
profita de ce qu'un service lui était demandé d'Absalom, et Judas, fils de Calphi. Jonathan
pour en réclamer un de son côté. Il répondit et ses deux amis ne voulurent pas lâcher
qu'il ferait très-volontiers ce qu'on désirait de pied : ils se jetèrent sur l'ennemi et firent re
lui, mais qu'il avait besoin de secours; que culer ceux qui leur tenaient tête. Alors les
son armée entière l'avait abandonné, et qu'il fuyards, honteux de leur lâcheté, revinrent à
riait les Juifs de lui envoyer des auxiliaires la charge, et la face du combat changea en
e plus promptement possible. En réponse à peu d'instants. Les soldats de Démétrius fu
cette demande, Jonathan choisit immédiate rent à leur tour mis en fuite et poursuivis
ment trois mille soldats d'élite, qu'il dirigea † Kadès, où était leur camp, après avoir
aisse 3,000 des leurs sur le carreau. Aorès
sur Antioche. A leur arrivée, ils trouvèrent
la population révoltée, et Démétrius enfermé cet exploit, Jonathan regagna Jérusalem
dans son palais, dont le siége était déjà A son retour, il jugea le moment opportun
commencé. La petite armée juive ne pouvait our resserrer les liens d'amitié qui unissaient
arriver plus à propos; elle se rua sur les sédi es Juifs aux Romains, et pour rappeler aux
tieux, dont elle fit un horrible massacre; car Spartiates une prétendue communauté d'ori
le Livre des Machabées parle de cent mille gine, dont l'un et l'autre peuple se van
morts; elle mit le feu à la ville après l'avoir taient.
pillée, et délivra le roi. Les habitants d'Antio Le I" Livre des Machabées donne le texte
che mirent bas les armes et implorèrent leur
même de la lettre de Jonathan aux Spartia
pardon. Quand tout fut apaisé, les Juifs, gor tes, et, dans cette lettre, le héros juif ne
gés de butin, revinrent à Jérusalem. Malheu prend d'autre titre que celui de souverain
reusement pour Jonathan, Démétrius ne tint ontife. Les personnages envoyés à Rome et
pas ses promesses; une fois hors de danger, à Sparte furent Numénius, fils d'Antiochus,
il fit plus que d'oublier le service qui lui avait et Antipater, fils de Jason.
été rendu, et ne se montra pas ingrat à demi.
ll menaça Jonathan d'une guerre immédiate Cependant Jonathan, ayan appris que Dé
s'il ne lui payait les tributs ordinaires; mais métrius envoyait une nouvelle armée contre
des événements inattendus vinrent entraver les Juifs, se mit en campagne et s'avança
ce mauvais vouloir. A cette époque, Tryphon jusque dans le pays de Hamath. Là, sans
reparut avec le jeune Antiochus, qu'il avait avoir combattu, les Syriens, pris d'une ter
enfin obtenu des Arabes, et qui prit aussitôt reur panique, évacuèrent leur camp, en y
le titre de roi. laissant des feux allumés, pour faire croire
qu'ils ne l'avaient point quitté, et pour se mé
Nous avons vu que Démétrius avait licencié nager ainsi le temps de fuir. Le lendemain
son armée, celle-ci passa sous les drapeaux Jonathan se mit à leur poursuite; mais il ne
du jeune prétendant, et attaqua Démétrius, put les atteindre; car ils avaient déjà passé
qui fut vaincu et contraint de prendre la sur l'autre rive du fleuve Eleuthère. De là les
fuite; il alla chercher un asile en Cilicie. En Juifs allèrent châtier les Arabes Zabadéens
peu de temps Tryphon fut maître d'Antioche (Josèphe dit les Nabathéens), et ils s'avancè
(145 av. †. rent jusqu'à Damas. De son côté, Simon vint
Antiochus écrivit alors à Jonathan pour lui vers Ascalon, et marcha de là sur Joppé,
demander son amitié ; il lui confirmait la dont il s'empara, parce qu'il avait appris que
souveraine sacrificature , lui perme\tait de les habitants de cette ville voulaient la livrer
porter les insignes royaux, et il éta)lissait aux partisans de Démétrius. Après †
son frère Simon gouverneur de toute la on établi une garnison juive, il revint à Jérusa
trée maritime comprise entre Scala Tyriorum lem, et assembla les anciens du peuple pour
et les frontières d'Egypte. Jonathan accepta leur proposer de créer des places fortes en
avec joie, et alla aussitôt soumettre les villes Judée, de bâtir une enceinte à Jérusalem et
de la rive gauche du Jourdain, avec l'aide des d'élever un mur d'une grande hauteur entre
forces syriennes qui furent mises à sa dispo la citadelle et la ville, afin de bloquer étroi
sition. De retour de cette expédition, il vint tement la première, et d'empêcher ses dé
s'emparer d'Ascalon et de Gaza, et porta ses fenseurs de pouvoir rien achêter ni vendre.
armes triomphantes jusqu'auprès de Da Les travaux de l'enceinte furent commencés,
Ii285. et la muraille orientale, qui dominait le lot
543 MON DICTI0NNA1RE MON 544

rent de Kédron, s'étant écroulée, fut répa sort de Jonathan, et de lui dire que celui-ci
rée; cette portion de muraille est nommée n'avait été retenu prisonnier que parce qu'il
Caphethetha (113) dans le I" Livre des Ma devait beaucoup d'argent au roi de Syrie.
chabées (xII, 37). En même temps , Simon Tryphon offrait, en outre, à Simon la liberté
construisit la forteresse d'Adiada dans la de Jonathan, moyennant l'envoi de 100 ta
plaine de Séphéla. lents d'argent et la remise en otage des deux
Tryphon, en mettant la couronne sur la jeunes fils du captif. Simon, tout convaincu
tête d'un enfant, n'avait eu d'autre pensée qu'il était de la duplicité de Tryphon, n'hé
que celle de faire passer cette couronne sur sita pas à lui envoyer la somme demandée
sa propre tête. Jonathan devait être un grand avec les deux enfants, et Jonatman fut retenu
obstacle à l'accomplissement de ses projets dans les fers.
ambitieux ; il résolut donc de se débarrasser Tryphon franchit alors les frontières de la
de Jonathan. Dans cette pensée, il se rendit à Judée, et il se dirigea par la route d'Ador
Bethsan avec une armée; aussitôt Jonathan, (Adora de Josèphe ; Adorain ? de l'Ecriture),
à la tête de quarante mille hommes d'élite, tandis que Simon, avec son armée, le suivait
se dirigea de son côté sur Bethsan, afin de pas à pas, observant tous ses mouvements.
faire tête à ce nouvel orage. Tryphon n'avait La garnison de la citadelle de Jérusalem était
pas compté sur la venue d'une armée aussi aux abois, grâce au manque de vivres : elle
formidable; la crainte s'empara de lui, et il envoya supplier Tryphon de se hâter de ve
s'empressa de combler Jonathan de présents nir à son secours. La nuit même toute la ca
et de protestations d'amitié. Il finit, à force valerie syrienne devait marcher sur la ville ;
d'obséquiosités, par persuader au prince des mais l'abondance des neiges qui couvrâieiit
Juifs de renvoyer son armée dans ses foyers, les hauteurs l'empêcha de se mettre en mou
de ne garder qu'une poignée de soldats avec vement de ce côté. Tryphon se retira donc,
lui, et de l'accompagner à Ptolémaïs, qu'il et arrivé près de Boscaman (Baskha, dit Jo
était résolu à lui livrer. Jonathan se laissa sèphe), il fit mettre à mort Jonathan et ses
tenter par ces belles paroles, renvoya son deux fils. Après ce lâche assassinat, Tryphon,
armée, et ne garda auprès de lui qu'un millier n'espérant pas le succès, s'en retourna dans
de soldats. Mais à peine fut-il entré dans Pto ses Etats.
lémaïs, que les portes de la ville furent fer Simon fit pieusement recueillir les restes
mées; Jonathan fut fait prisonnier, et tous de son frère, et les fit ensevelir en grande
C0UlX † l'avaient accompagné furent passés « pompe à Modim, dans le sépulcre de ses pè
au fil de l'épée. Des troupes furent alors en res. D'après l'Ecriture, voici la description du
voyées en Galilée et dans la grande plaine (de monument funéraire que Simon ſit élever
Jezraël) pour écraser tous ceux qui avaiènt au-dessus de ce caveau de famille (I Mach.,
suivi Jonathan. Mais ceux-ci, instruits déjà xIII) : —27. Et Simon bâtit sur le sépulcre
du sort de leur chef, qu'ils croyaient mort de son père et de ses frères un haut édifice,
avec tous ceux qui l'avaient accompagné à qu'on voyait de loin, en pierre polie par devant
Ptolémaïs, jurèrent de venger cet affreux at et par derrière. —28. Et il éta # pyrami
tentat, et firent si bonne contenance, que les des l'une contre l'autre, à son père, à sa mère et
Syriens renoncèrent à les attaquer. Tous à ses quatre frères. — 29. Et il plaça autour
urent donc rentrer sains et saufs en Judée. de ces pyramides de grandes colonnes : et sur
e deuil fut général en Israël, et toute la les colonnes des armes, pour servir de monu
† pleura le héros qu'elle croyait avoir ment éternel; et auprès des armes, des vais
perdu. seaux sculptés, qui pussent être vus de tous
SIMoN, 143 à 135. — Simon apprit bientôt ceux qui navigueraient sur la mer. -30. Tet
que Tryphon marchait contre la Judée à la est le sépulcre qu'il fit à Modim (et.qui y
tête d'une armée † L'annonce de existe) jusqu'à ce jour. -

cette invasion prochaine terrifiait le peuple Tryphon, dans un voyage, crut avoir trou
juif ; Simon courut à Jérusalem, s'efforça de vé le moment opportun d'accomplir ses des
réveiller le patriotisme et le courage de la na seins ambitieux. ll assassina son jeune mai
tion, et y réussit heureusement. D'une seule tre, et se fit reconnaître roi d'Asie. Simon,
voix les Juifs luicrièrent: Vous êtes notre chef, ui n'avait cessé de s'occuper de la mise en
et vous remplacerez vos frères Judas et Jona état de toutes les places fortes de la Judée,
than : conduisez-nous donc àl'ennemi.(IMach., écrivit alors à Démétrius pour lui offrir son
XIII, 8, 9). Aussitôt Simon fit remettre en état alliance et son appui contre l'usurpateur, en
les murailles de Jérusalem ; il envoya Jona lui demandant de confirmer à la Judée toutes
thas, fils d'Absalon, à la tête d'une petite ar ses libertés. Démétrius se hâta de répondre à
mée qui devait s'emparer de Joppé, ce qui Simon, et le texte de sa lettre se trouve dans
fut fait promptement. Cependant Tryphon le I" Livre des Machabées (xIII, 36 et suiv.).
venait de quitter Ptolémaïs avec ses troupes, La suscription est ainsi conçue : Le roi Démé
et il marchait vers la Judée, traînant avec lui
le malheureux Jonathan, qu'il avait traîtreu
trius à Simon, # et ami des rois, .
l,
aux anciens et à tout le peuple des Juifs, sa
sement fait prisonnier.Sachant que le peuple lut, etc. Ce rescrit royal, daté de l'an 170 des
† avait élu Simon à la place de son frère, Séleucides (143 av. J.-C.), affranchissait défi
ryphon envoya au nouveau prince des Juifs nitivement Israël du joug des gentils, et le
des émissaires chargés de le rassurer sur le peuple juif commença à mettre sur les édits
(l 15) Le texte grcc po te Caphcnatha.

,,
545 MON DES ANTIQUITES BlBLlQt ES. MON 546

et les registres publics : L'an I" de Simon, L'an 174 des Séleucides (139 avant J.-C.)
souverain pontifc, grand chef et prince des Antiochus rentra dans ses Etats; toute l'ar
Juifs (114). mée, qui avait déjà déserté la cause de l'usur
Dans cette même année, Simon prit Gaza pateur, pour aller se mettre sous les ordres
à composition, et se contenta de détruire tous de Cléopâtre (116), femme de Démétrius, la*
les temples et les sanctuaires des idoles; puis quelle s'était renfermée dans Séleucie avec
il y établit une garnison juive, et s'y bâtit ses enfants, se rangea incontinent sous ses
une habitation. La garnison ennemie, enfer drapeaux, et Tryphon se vit pour ainsi dire
mée dans la citadelle de Jérusalem, était dé abandonné, Le roi le poursuivit jusqu'à
cimée par la famine; elle demanda de se ren Dora, où il parvint en fuyant le long de la
dre à merci, et se retira. Cette forteresse, qui côte. Bientôt Antiochus bloqua si étroite
avait été tenue pendant vingt-cinq ans par ment par terre et par mer la ville où s'était
les Syriens, retomba donc au pouvoir des réfugié l'usurpateur, que personne ne pou
Juifs. Ils la purifièrent de toute souillure, et en vait y entrer ni en sortir. Simon envoya au
prirent possession le 23 du deuxième mois roi Antiochus, arrêté devant Dora, deux
de l'an 171 des Séleucides (142 av. J.-C.) mille hommes d'élite et des sommes considé
(115). Simon institua encore une fête an rables ; mais ce prince, sûr désormais de
nuelle en commémoration de cet heureux n'être , plus inquiété par des compétiteurs
événement. Simon fit, en outre, fortifier la dans la possession de sa couronne, refusa
montagne du temple, qui était † de la ci les présents de Simon, et mentit sans pudeur
tadelle, et il s'y logea lui-même avec ses à toutes les promesses qu'il avait faites na
gens. A cette même époquc, Simon, ayant guère à la nation juive : Vous avez entre les
reconnu dans son fils Jean toutes les qualités manns, fit-il dire à Simon, Joppé, Gazara et la
d'un homme de guerre, lui confia le com citadelle de Jérusalem, qui sont des places à
mandement de l'armée. moi : vous avez ravagé le pays, et vous avez
L'an 172 (141 av. J.-C.), le roi Démétrius enrahi beaucoup de lieux de nos dépendances.
fit une expédition en Médie, et il tomba en Si vous ne me # 1,000 talents d'argent
tre les mains d'Arsace, roi des Perses et des pour m'indemniser de tout le tort que vous m'a-
Mèdes, qui le retint prisonnier. Jamais, de vez fait, je porterai immédiatement la guerre
puis longues années, la Judée n'avait joui dans votre pays. (I Mach., xv, 28-31.) Ce fut
d'une prospérité pareille à celle que lui pro Athénobius, favori d'Antiochus, qui fut chargé
cura le pontificat de Simon. Des inscriptions de porter à Simon ce fâcheux message. Si
ubliques, gravées sur des tables d'airain, mon rejeta les étranges prétentions du roi,
urent placées en évidence sur le mont Sion, et se contenta de lui offrir bénévolement 100
dans la grande galerie et dans le trésor du talents d'argent. Athénobius se retira sans
temple, afin de consacrer la mémoire des répondre un seul mot, et vint raconter à
bienfaits dont Simon, fils de Mathathias, avait son maître tout ce qu'il avait trouvé à Jéru
comblé son pays. Ces décrets, dictés par la salem de grandeur et de magnificence. Au
reconnaissance, étaient datés du 18 du mois même moment Tryphon parvenait à sortir
d'éloul de l'an 172 des Séleucides, 3° année de Dora par mer et à gagner Orthosia. An
de Simon, grand prêtre. tiochus laissa aussitôt son armée sous les
L'année suivante, Antiochus Sidétès, fils ordres de Cendébée, avec ordre de réduire
de Démétrius Soter et frère de Démétrius Ni la Judée, et se mit en toute hâte à la pour
cator, alors prisonnier des Parthes, adressa suite de Tryphon.
de Rhodes à Simon une lettre qui portait la
sousciption : Le roi Antiochus à Simon, Cendébée vint s'établir à Jamnia, et com
grand prêtre et ethnarque des Juifs †
texte mença de là ses incursions sur le territoire
atin porte, et à la nation juive), salut. An judaïque; alors Simon, auquel son âge ne
tiochus annonçait à Simon son dessein de ermettait plus de prendre une part active à
I'entrer en † du royaume de ses a guerre, chargea du soin de la diriger ses
pères, et il lui demandait son amitié, en lui fils aînés, Judas et Jean, et il leur confia une
offrant toutes les libertés possibles, et entre armée de vingt mille fantassins avec de la
autres celle de faire battre monnaie à son cavalerie. Cendébée, atteint par les Juifs, fut
coin dans son pays : Et permitto tibi facere mis en fuite et courut se réfugier dans la
percussuram proprii numismatis in regione forteresse de Gedor. Judas, fils de Simon, fut
tua : Ka\ è7:é: psya aot Totïaat xôgga !ôtov v6u42 grièvement blessé dans ce combat, et Jean,
pa t#: Yſºp3; goo (I Mach., xv, 6). son frère, poursuivit l'ennemi jusqu'à près
(114) Josèphe dit : L'an 1" de Simon, bienfaiteur à exécution. Pendant trois années entières on ne
4es Juifs et ethnarque. cessa de travailler ni jour mi nuit, jusqu'à ce que
(1 15) Le récit que donne Josèphe est différent ; la colline fût entièrement supprimée ; de telle façon
\e voici en substance (Ant. Jud., Xlll, v1) : Simon...., que c'était le temple qui dorénavant dominerait
;'étant rendu maitre de la cidadelle, la rasa, afin tout le reste de la ville. ll est bien clair, d'après ce
1u'elle ne pût plus servir de repaire aux ennemis récit, qu'il ne s'agissait nullement de la citadelle du
des Juifs ; mais quand il ne resta plus trace de cette mont Sion.
forteresse, Simon crut prudent de raser également (116) Cette princesse avait offert à Antiochus de
la colline sur le sommet de laquelle on avait placé l'épouser et de lui donner ainsi la couronne, pour
la citadelle, afin de dominer le temple. Ayant con se mettre elle-même à l'abri des coups de #ºon,
voqué le peuple, il lui fit comprendre toute l'im Antiochus vint donc à Séleucie, et ce fut là qu'il
portance de cette résolution, qui fut mise aussilôt se vit à la tête d'une puissante armée.
5 ,7 MON D1CT10NNAl[{ E M0N 548

d Azot. Deux mille Syriens périrent dans cette faim, † même des murailles. Lorsque
journée. - - r
arriva lo fête des Tabernacles, ceux qui étaient .
Simon, qui avait marié sa fille à Ptolémée dans la place furent émus de pitié, et laissè -
fils d'Abobus, avait donné à son gendre le rent rentrer les survivants. Hyrcan fit alors
gouvernement de la plaine de Jéricho. L'an demander à Antiochus une trêve de sept jours,
f# des séleucides 135 avant J.-C.), Simon, our qu'il fût possible au peuple de †:
qui était chef de la nation depuis huit ans, a fête.Antiochus, mû par un sentiment ex
résolut de faire la visite des places fortes de traordinaire de pitié, accorda non-seulement
la Judée, et au mois de Sabath (le onzième la trêve demandée, mais fit introduire dans la
de l'année) il arriva à Jéricho, accompagné place des taureaux aux cornes dorées, desti
de ses deux fils Mathathias et Judas. Ptoléméenés au sacrifice, et une grande quantité de
#u son beau-père dans un petit fort nom vases d'or et d'argent remplis des plus pré
mé Doch † qu'il avait bâti et qui dé cieux aromates. Ces offrandes furent acceptées
endait de la place; là, au milieu du festin, par les Juifs, qui, d'un commun accord, don
il fit assassiner Simon et ses deux fils, avec nèrent au roi Antiochus le surnom de Pieux.
les gens de leur suite. Il écrivit immédiate Hyrcan lui-même fut touché de cet acte
ment à Antiochus Sidétès ce qu'il venait de louable, et envoya supplier le roi d'accorder
faire, et lui demanda d'envoyer une armée à aux Juifs la permission de vivre sous les lois
son secours, en promettant de lui livrer tou et coutumes de leurs pères. L'entourage d'An
tes les places fortes du † et de lui payer tiochus lui conseillait de profiter de l'occasion
tribut. En même temps il chargeait des affi pour exterminer cette race judaïque, qui ne
dés d'aller auprès de Jean pour le mettre à pouvait vivre en paix avec personne ; mais le
mort, et il se saisissait de Jérusalem et de roi n'en voulut rien faire. Il exigea des assié
la montagne du Temple, Jean fut prévenu à gés qu'ils livrassent leurs armes, qu'ils payas
temps de la fin terrible de son père, et de ce sent le tribut pour # et les autres villes
ui lui était réservé à lui-même , il put donc voisines de la Judée, dont ils s'étaient empa
aire arrêter et tuer les émissaires de Pto rés, et qu'enfin ils reçussent une garnison
lémée, et se soustraire ainsi au sort qui le me Syrienne dans leurs murailles : à ces condi
naçait. tions il consentait à leur accorder la paix.
JEAN HYRCAN, 135 à 106 avant J.-C. — Jean Une seule de ces conditions, la dernière, fut
s'empressa de regagner Jérusalem, y fut ac rejetée par les Juifs, et il fut alors convenu
cueilli avec bonheur et fut proclamé souve † de recevoir une garnison ennemie,
rain pontife, avant l'arrivée de l'infâme Pto ils livreraient des otages et payeraient une
lémée, qui fut jeté par le peuple hors de la contribution de guerre de 500 talents, Hyrcan
porte à laquelle il se présentait. Le premier n'en avait que 300 à sa disposition; il les versa
acte de l'autorité de Jean Hyrcan fut d'aller Sur-le-champ entre les mains d'Antiochus, et
assiéger le meurtrier de son père, dans le lui livra les otages exigés, parmi lesquels se
château où il avait répandu tant de sang, et trouvait un frère du pontife. Les murailles de
où il espérait trouver un sûr asile. La mère la ville furent démantelées, et, tout étant ainsi
et les frères de Jean étaient au pouvoir de ce terminé, Antiochus se retira de devant Jéru
monstre, qui les fit amener sur les murailles, Salem. -

et déclara qu'il les en ferait † si Ce fut après la levée du siége que Hyrcan
Jean ne renonçait à l'assiéger. Hésitant entre ſit ouvrir le sépulcre de David et en tira 3,000
l'amour filial et la soif de la vengeance, Hyr talents d'argent, qui lui servirent d'abord à
can traîna le siége en longueur, et, avant parfaire la somme promise au roi de Syrie, et
qu'il eût pu s'emparer de la forteresse, l'an ensuite à solder des mercenaires étrangers. A
née sabbatique commença. Ptolémée, se partir de ce moment, une amitié réelle et sin
voyant ainsi délivré des assaillants que la loicère s'établit entre Jean Hyrcan et Antiochus
religieuse condamnait à l'inaction pendant Sidétès, qui fut reçu dans Jérusalem et traité,
toute une année, fit mettre à mort la mère et avec son armée, de la manière la plus magni
les frères du prince des Juifs; puis il quitta fique. En 131 avant J.-C., Hyrcan accompagna
Jéricho, et alla chercher un refuge auprès de le roi de Syrie dans une expédition contre
Zénon Cotylas, tyran de Philadelphie (l'an les Parthes. Cette expédition fut funeste à An
cienne Rabbat-Ammon). tiochus, qui dans une bataille perdit une par
Antiochus Sidétès, qui s'était déclaré l'en tie de son armée, et périt lui-même. Arsace,
nemi des Juifs, envahit la Judée dans la onziè Se Voyant menacé par Antiochus, avait rendu
Ile année de son règne, qui était la première la liberté à Démétrius son prisonnier, afin
du pontificat de Jean Hyrcan. Celui-ci, étroi d'entraver la marche des Syriens, et Démé
tement bloqué dans Jérusalem, soutint un long trius reprit ainsi la couronne, après la mort
siége. La famine s'étant mise dans la place, de son frère.
le pontife crut devoir se débarrasser de toutes Hyrcan, une fois Antiochus mort, fit une
les bouches inutiles, et il fit sortir les femmes, expédition contre les villes de Syrie, qu'il
les enfants et les vieillards de Jérusalem ; mais était à peu près assuré de trouver dégarnies
les assiégeants les rejetèrent vers la ville, si de troupes, et par conséquent sans défense. La
bien que la plupart périrent misérablement de première ville qu'il assiégea fut Médaba (117),
(l 17) On se souvient que les habitants de Médaba auprès des Nabathéens pour demander des secours
avaient assassiné, à son passage, Jean, frère de contre les Syriens : c'était donc de la part de Hyrcan
Je:1athan et de Simon, que ceux-ci avaient envoyé un acte de vengeance légitime. , -
t, {9 MON DES ANTIQUITES BIBLIQUES. M()N 550

dans la Moabitide; elle résista jusqu'au sixiè tance d'Antiochus le Cyzicénien. Ce prince
:) me mois, avant de se rendre. De là Hyrcan se réussit à obtenir du roi Ptolémée Lathyre un
dirigea sur la Samarie, et, chemin faisant, corps d'auxiliaires de six mille Egyptiens,
s'empara de Samega. Sichem et le Garizim fu u'il lança sur la Judée, espérant, par cette
rent pris par le † juif. On se rappelle iversion, forcer Hyrcan à lever le siége de
qu'Alexandre le Grand avait permis aux Sa Samarie. Mais, après avoir perdu la majeure
nuaritains de construire, au sommet du Gari † de ses troupes, Antiochus se réfugia à
zim, un temple sur le plan de celui de Jéru ripoli, laissant à Callimandre et à Epicrate !
salem : Hyrcan le renversa lorsqu'il avait deux le soin de continuer la guerre. Le premier fut
cents années d'existence. L'Idumée fut ensuite tué presque aussitôt, et le second trahit pour
conquise, et le pontife ne permit aux Idu de l'argent la cause de son maître.
méens de résider dans leur pays qu'à la con Après que le siége de Samarie eut duré un
dition qu'ils se feraient circoncire et qu'ils an, la place fut prise, et Hyrcan, après l'avoir
adopteraient le culte judaïque : ce qu'ils firent rasée, en mina le sol de telle sorte qu'il s'é-
si bien, qu'à partir de ce moment ils furent boula et s'engloutit dans les cavernes creusées
confondus avec les Juifs. sous l'ancienne assiette de la ville. Pendant le
En 127 avant J.-C., Hyrcan renouvela et pontificat de Hyrcan, les sectes des Pharisiens
resserra encore les liens de l'alliance contrac et des Saducéens eurent à Jérusalem de vifs
tée par les Juifs et les Romains. Cependant démêlés que le grand prêtre eut beaucoup de
Démétrius, qui nourrissait toujours des pro † à apaiser; il y parvint toutefois, et ne
jets de conquêtes en Judée, ne pouvait les ut plus troublé jusqu'à sa mort, qui arriva en
mettre à exécution, grâce à la haine que le 106 avant J.-C.
peuple et l'armée lui portaient à cause de sa Josèphe dit que Dieu lui avait accordé trois
dépravation. Les Syriens finirent par supplier grandes grâces : le principat, le souverain
Ptolémée Physcon de leur envoyer, à la place pontificat, et le don de prophétie. Il paraît,
du roi qu'ils exécraient, quelque prince du du moins, que les Juifs furent unanimes pour
sang des Séleucides. Physcon envoya Alexan reconnaître dans le grand prêtre Hyrcan des
dre Zébina à la tête d'une armée, et une ba indices de la prescience des prophètes. Hyr
taille eut lieu. Démétrius, mis en fuite, voulut can laissa cinq fils, des deux premiers des
se réfugier auprès de sa femme Cléopâtre, qui quels il prédit qu'ils ne jouiraient pas long
était à Ptolémaïs; mais celle-ci ne voulut pas temps de l'autorité souveraine.
le recevoir, et Démétrius poussa jusqu'à Tyr, ARIsToBULE ET ANTIGONE,106 à 105 av. J.-C.
où il fut pris et mis à mort. — Aristobule, fils aîné de Jean Hyrcan, lui
Une fois maître de la couronne, Alexandre succéda, et prit immédiatement le diadème et
Zébina fit un traité d'alliance avec Jean Hyr le titre de roi. Sa mère, en vertu des disposi
can. Moins de six ans après, il périssait, vaincu tions dernières de Hyrcan, voulait gouverner
par Antiochus Grypus, fils de Démétrius, qui la nation ; mais Aristobule, entraîné par son
réclamait la couronne de ses pères (110 ambition effrénée, fit jeter sa mère dans un
av. J.-C.). cachot, et l'y laissa mourir de faim. De ses
Lorsque Antiochus Grypus, fils de Démé quatre frères, ce fils dénaturé n'aimait qu'An
trius Nicator, fut devenu maître de la Syrie, tigone, qui était le plus âgé; il partagea donc
son frère de mère, Antiochus le Cyzicénien · avec lui le souverain pouvoir, et il fit enfermer
(ainsi nommé parce qu'il avait été élevé à Cy les trois autres dans une prison qu'ils ne quit
zique), né d'Antiochus Sidétès et de Cléopâtre, tèrent qu'après la mort d'Aristobule.
revendiqua la couronne les armes à la main, Le nouveau roi fit la guerre aux Ituréens,
et, pendant plusieurs années, les débats san qu'il contraignit à embrasser le judaïsme. Au
glants des deux frères laissèrent les Juifs et milieu de cette expédition, une maladie le
leur pontife Hyrcan jouir d'une tranquillité força de revenir à Jérusalem, et de laisser le
profonde, du moins du côté des Syriens. commandement de l'armée à son frère Anti
En 109 avant J.-C., Jean Hyrcan fit une ex gone. Pendant l'absence de celui-ci, on le ca
pédition contre la ville de Samarie, sur la lomnia si obstinément, qu'Aristobule finit par
quelle il avait à venger le mal fait par les Sa croire son frère coupable d'attentat contre sa
maritains aux Marisséniens, colons et amis des vie, et que le jour même de son retour à Jé
Juifs. La ville ayant été enfermée dans une rusalem, après une campagne glorieuse, il le
enceinte de 80 stades de développement, et fit mettre à mort. Les remords ne tardèrent
qui était composée d'un fossé et d'un double pas à déchirer le cœur d'Aristobule; l'assas
mur, Hyrcan laissa à ses deux fils Antigone et sin de sa mère et de son frère ne traîna plus
Aristobule le soin de diriger les travaux du u'une vie misérable, et il mourut désespéré,
siége. Bientôt les Samaritains, pressés par la ans la seconde année de son pontificat.
famine, demandèrent des secours à Antiochus ALExANDRE JANNÉAs, 105 à 78. — Salomé -
le Cyzicénien. Celui-ci s'empressa de venir, Alexandra, femme d'Aristobule, fit sortir im
lmais ii fut battu par Aristobule, et poursuivi médiatement les frères de son mari de la pri
dans sa fuite † Scythopolis. Les Sama son dans laquelle ils étaient enfermés. Jan
ritains, bloqués plus étroitement que la pre néas (118), surnommé Alexandre, l'aîné des
Iºière fois, implorèrent de nouveau l'assis trois, prit la couronne; il fit mourir son frère
(118) Jannéas, 'Iavvéa;, était le nom juif du ſils jusqu'à nous sans altération ? Je ne saurais le dire.
de llyrcan. C'est Josèphe qui nous l'apprend ; mais On verra plus loin que je regarde le nom de Jona
il ne s'est servi de ce nom Jannéas qu'une seule than comme éiant le véritable nom judaique du fils
fois en désignant Alexandre. Ce nom est il arrivé d'ily can. Un copiste a-t-il pu con!ondre les deux
5:1 M0N DICTi0NNAlRE M10N f,52

puîné, qui avait voulu lui disputer la royauté; frère, nommé Lysimaque, la ville fut bientôt
et quant au troisième, nommé Absalom, qui obligée de se rendre. Après avoir engagé sa
n'aspirait qu'à vivre loin des grandeurs, il le foi que la vie des habitants serait respectée,
traita toujours avec bienveil'ance, sinon avec une fois introduit dans la place, il ordonna le
allection. massacre et le pillage. La population exas
Alexandre alla faire d'abord le siége de pérée se défendit avec rage, si bien qu'il y
Ptolémaïs, et s'attira ainsi l'inimitié de Pto érit autant de Juifs que de Syriens. Toute
lémée Lathyre, qui, dès l'année suivante (104 ois la ville ne présenta bientôt plus que des
av. J. C. ), fit entrer en Palestine deux armées : ruines, et Alexandre revint à Jérusalem.
la première, destinée à assiéger l tolémaïs, Dans l'année 95, à la fête des Tabernacles,
et la seconde, qu'il commandait en personne, pendant qu'il offrait, en † de grand .
à attaquer et renverser Alexandre.Une grande rêtre, le sacrifice solennel à l'autel des ho
bataille fut livrée dans la vallée du Jourdain, ocaustes, les assistants l'insultèrent et lui
et, de l'armée d'Alexandre, trente mille hom jetèrent des citrons à la tête, en le traitant
mes restèrent sur le carreau. Ce prince était d'esclave, par allusion à l'injure qu'un chef
perdu, si Cléopâtre, reine d'Egypte, pour des Pharisiens, lEléazar, avait osé adresser
empêcher Ptolémée Lathyre de rentrer dans à Hyrcan, en lui reprochant d'être né d'une
ce pays, n'eût envoyé ( en 103) au secours mère qui avait été esclave. Depuis lors les
du roi des Juifs une armée commandée par Pharisiens, qui étaient, à vrai dire, les véri
Chelcias et Ananias, qui tous les deux ap tables maîtres de la nation juive, avaient peu
partenaient à la nation juive. En même temps à peu infiltré dans l'esprit du peuple la haine
une flotte amenait des troupes de débarque de la postérité d'Hyrcan. Alexandre, exas
ment sur la côte de Phénicie. A leur arrivée, péré, fondit lui-même à la tête de ses gardes
Ptolémée Lathyre leva le siége de Ptolémaïs, sur les insolents qui l'avaient outragé, et six
et se retira en Cœlésyrie. Chelcias l'y poursui mille personnes furent égorgées dans cette
vit ; mais il † endant l'expédition, ce qui journée. Peu rassuré dès lors sur sa propre
permit à Lathyre de fondre sur l'Egypte, qu'il sécurité, Alexandre fitvenir de Cilicie un corps
croyait dégarnie de troupes; il fut trompé de six mille mercenaires, dont il se fit une
dans ses prévisions, forcé de battre en retraite garde qui l'accompagnait partout.
et de se réfugier à Gaza, où il prit ses quar En 94, Alexandre rentra en campagne avec
tiers d'hiver ( 102 av. J.-C.). aussi peu de succès que dans les expéditions
Pendant que Cléopâtre résidait à Ptolémaïs, précédentes ; il perdit encore une bonne
Alexandre Jannéas vint l'y trouver, et lui partie de son armée, et se réfugia hon
offrit de riches présents, en lui demandant teusement à Jérusalem. Ce nOuVeau revers
de resserrer encore l'alliance que leur haine exaspéra tellement la nation juive, qu'elle se
commune pour Ptolémée Lathyre rendait révolta ouvertement, et de là naquit une
naturelle et nécessaire. Quelques perfides guerre civile qui dura six années en
conseillers poussaient la reine d'Egypte à tières, de 92 à 86 av.J.-C., guerre dans la
saisir cette occasion de s'emparer elle-même quelle Alexandre finit par triompher de l'in
de la Judée et de tous les Etats d'Alexandre ; surrection. Une fois raffermi sur son trône,
elle fut sur le point de céder à ces instigations, ce prince se livra avec rage à la vengeance ;
mais son général Ananias réussit à la dé ainsi en un jour il fit crucifier huit cents
tourner de cette perfidie. Le traité avec révoltés, aux yeux desquels on massacra
Alexandre fut donc renouvelé. leurs femmes et leurs enfants, pendant qu'ils
L'année suivante (101 av.J.-C. ) Alexandre, ouvaient encore les voir périr du haut de
qui avait mis sur pied une armée respec § de leur propre supplice.
table, passa le Jourdain et vint attaquer Ga Quand la guerre civile eut été ainsi étouffée
dara,. dont il ne s'empara qu'après dix mois
dans le sang, Alexandre recommença des
de siége Plusieurs places fortes transjor expéditions contre ses ennemis extérieurs, et
danes tombèrent en son pouvoir ; mais, sur réussit enfin à remporter quelques brillants
pris à l'improviste par l'ennemi, dont il succès ; puis, grâce aux excès qui lui étaient
n'avait pas suffisamment éclairé les mou habituels, il prit une fièvre qui le mina pen
vements, il fut battu et perdit dix mille hom dant trois années et finit par le tuer, après
mes, aVeC tOuS Ses bagages, butin compris. qu'il eut régné vingt-sept ans. Il mourut en 78
Alexandre rentra à Jérusalem, accablé de avant J.-C. , laissant deux fils, Hyrcan et
honte et de chagrin. Aristobule ; mais il ordonna que sa femme
En 100avant J.-C., Lathyre étant retournéen Alexandra gouvernerait , le royaume tant
Chypre, Alexandre crut le moment opportun qu'elle vivrait, et qu'elle choisirait elle-même
Our prendre sa revanche, et il marcha contre celui de ses deux fils qu'elle voudrait avoir
e pays de Gaza. Raphia et Anthédon tom pour successeur.
bèrent d'abord entre ses mains, en 98, puis, ALExANDRA , 78 à 69 av. J.-C. — Alexan
l'année suivante, 97, il entreprit le siége de dre Jannéas avait en mourant conseillé à
Gaza elle-même. Apollodore commandait la reine de se soumettre, et de faire cesser
dans la # et pendant un an entier il à tout prix la haine des Pharisiens contre sa
repoussa toutes les attaques. Mais, ce brave race. Alexandra se hâta de le faire, et elle y
général ayant été assassiné par son propre réussit si bien, que les mêmes hommes qui
ºoms I0NA8HE et IANNEAE, qui ont le meme de même ? C'est fort possible, et d'antant mieux que
*ombre de lettres, et qui commencent et finissent la forme Jannéas ne paraît pas hébraïque.
5G5 M0N DES ANTIQUITES BIBLIQUES. Ml()N 554

pendant toute la vie du roi défunt, l'avaient que l'Iduméen Antipater, † d'Hérode,
poursuivi d'une haine implacable,honorèrent commença par ses intrigues à jeter le trouble
aussitôt sa mémoire de toutes les preuves dans les affaires de l'Etat. Antipater, élevé
possibles de vénération. Le peuple, qui ne à la cour d'Alexandre Jannéas et d'Alexandra,
vovait rien † par les yeux des Pharisiens, avait réussi à se faire un ami de Hyrcan,
se laissa facilement persuader que le prince ccmptant bien arriver aux grandeurs, grâce
u'il exécrait naguère avait été le bienfaiteur à la faveur de ce prince. La déposition de
e la nation, et il lui décerna les funérailles celui-ci venait de renverser toutes les espé
les plus pompeuses qui eussent jamais été rances d'Antipater ; et comme il n'était pas
faites à un souverain des Juifs. homme à y renoncer sans lutte, il n'eut plus
Dès qu'Alexandra se vit bien assurée sur qu'une idée, celle de faire remonter Hyrcan
son trône, elle fit recevoir souverain pontife sur le trône. Ce faible prince, excité par An
Hyrcan, son fils aîné, qui avait alors trente tipater, demanda d'abord les secours d'A-
trois ans à peu près. Elle s'était engagée à rétas, roi des Arabes, et, un peu plus tard,
laisser toute l'administration des affaires de réclama l'intervention de Pompée, qui, au
l'Etat aux Pharisiens, et elle tint parole. Ceux retour de son expédition contre Mithridate,
ci en profitèrent pour persécuter à outrance était venu en Syrie. Hyrcan et Aristobule
tous ceux qui s'étaient montrés leurs ennemis, furent mandés # Damas, devant Pompée,
et pour se faire accorder les priviléges les pour faire valoir leurs prétentions. Après les
plus larges possibles ; ils finirent cependant avoir entendus, Pompée, de peur qu'Aris
par exciter le ressentiment de tous les anciens tobule n'entravât l'expédition allait§
partisans du roi Alexandre, à la tête desquels entreprendre contre le roi Arétas, remit au
se mit le plus jeune fils de la reine, Aristo retour de cette expédition à prononcer sa
bule. Ils vinrent demander justice à Alexan décision suprême.Alors Aristobule, ne pou
dra, et lui déclarèrent que, s'ils ne l'obtenaient vant se faire d'illusions sur sa future con
# ils s'éloigneraient pour toujours de la
udée. Ils consentirent néanmoins à se laisser
damnation, se hâta de regagner la Judée,
d'armer ses sujets, et de se préparer à la
disperser dans les places fortes du pays. défense.
En 70, la reine | Alexandra étant tombée Peu de temps après, Pompée s'emparait
très-gravement malade, son fils Aristobule, de Pétra, capitale d'Arétas, qui était lui-mê
ui depuis longtemps nourrissait le projet de me fait †i Lorsqu'il se fut soumis
S'emparer de la couronne, s'esquiva de Jé aux conditions que luiimposaient les Romains,
rusalem, et courut dans toutes les villes où Arétas fut mis en liberté, et Pompée revint
s'étaient retirés les amis de son père; ces à Damas. Là, il apprit la conduite d'Aristo
villes se rendirent à lui, et il se vit ainsi, en bule, et il marcha immédiatement sur la Judée
moins de quinze jours, maître de la plus (63 av. J.-C.). Aristobule était enfermé dans
grande partie du pays ; les Pharisiens épou la place d'Alexandreion, qu'avait bâtie son
vantés vinrent dénoncer à la reine ce qui se père.Pompée vint camper devant cette place,
passait ; celle-ci se contenta de désigner et eut avec leroides Juifs plusieurs entrevues
Hyrcan pour , son héritier, en déclarant dans la dernière desquelles le général romain
u'elle n'avait plus la force de se mêler d'af l'obligea de signer l'ordre à tous les gou
ires aussi sérieuses, et elle expira. Elle verneurs des places fortes de la Judée, de
avait régné pendant neuf années. remettre , ces places aux , Romains. Après
HYRCAN, 96 à 66 av. J.-C. — IIyrcan prit avoir subi cet affront, Aristobule s'enfuit à
aussitôt possession du trône, que les Pha Jérusalem, et Pompée le suivit de près. Il vint
risiens s'efforcèrent vainement de lui con d'abord à Jéricho, et marcha de là sur la
server. Ils s'étaient emparés de la femme et capitale. Le roi des Juifs fit alors une der
duc enfants d'Aristobule, espérant s'en faire niére tentative pour apaiser Pompée, et
des otages contre les † de ce prince , alla le trouver pour lui promettre une sou
mais, voyant que ces précautions n'étaient mission entière, et lui offrir une forte somme
pas suffisantes, ils levèrent une armée qui se d'argent afin de l'indemniser des frais de la
rencontra avec celle d'Aristobule, dans la guerre. Pompée accepta ces conditions, , et,
plaine de Jéricho. La plupart des soldats gardant Aristobule auprès de lui, envoya im
de IIyrcan l'abandonnèrent, et ce prince médiatement à Jérusalem un fort détache
fut obligé d'aller se réfugier dans la citadelle ment commandé par Gabinius, qui devait
de Baris, qui depuis s'appela la tour An recevoir la somme convenue.Mais en arrivant
tonia. Ses partisans se renfermèrent dans le à Jérusalem, le lieutenant de Pompée trouva
temple. les portes fermées, et, du haut des murailles,
Hyrcandétestaitlesembarras des grandeurs; on lui cria que le † n'avait nulle envie
il consentit donc assez volontiers à traiter avec de ratifier le traité accepté par le roi.Aussi
son frère, et à lui céder la couronne et le tôt Pompée fit arrêter et jeter dans les fers ce
souverain pontificat, à la condition qu'il lui prince qu'il avait eu la prudence de garder
serait permis de jouir de ses biens, dans la en otage, et il marcha avec toutes ses forces
vie privée, et sous la protection de son frère. sur Jérusalem. -

Cet accommodement eut lieu en 66, et avec La division se mit immédiatement dans lâ
la royauté de Hyrcan finit la suprématie des place. Les † d'Aristobule, furieux de
Pharisiens. ce que les Romains avaient fait leur roi pri
ARIsToBULE, 66 à 49 av. J.-C. — A peine sonnier, voulaient se défendre à outrance.
ce prince s'était-il mis en possession du trône, Lcs partisans de Hyrcan voulaient, au con
DICTIONN. DEs ANTIQUITÉS BIBLIQUFs. 18
#55 M0N DICTIONNAlRE MON {:56

traire, qu'on introduisît Pompée et son armée empoisonner Aristobule pendant le †


dans la ville. Les premiers se retirèrent dans (49 av. J. -C.). Alexandre, à la nouvelle de
le temple, coupèrent le pont qui reliait le ce retour de fortune, s'était hâté de lever
plateau du mont Moriah à celui du mont des troupes pour aller rejoindre son père ;
Sion, par-dessus le Tiropœon, et se prépa Pompée envoya au gouverneur de Syrie l'or
rèrent à soutenir un siége. Les autres ou dre de se saisir du jeune prince, qui fut en
vrirent immédiatement les portes de la ville, voyé à Antioche, # et décapité.
qu'ils livrèrent aux Romains. Le temple tint HYRCAN, 47 à 40 av. J.-C. — En 47, César
trois mois entiers, et l'observation stricte du vint en Syrie, et Antigone, qui avait quitté
sabbat fut cause de la perte de ses défenseurs. Rome avec Aristobule son père, crut le mo
Pompée, s'étant aperçu promptement que les ment opportun pour réclamer la couronne ;
jours de sabbat on ne gênait en rien les mais César, que Hyrcan et Antipater avaient
travaux de ses troupes, en profita avec adresse, aidé dans son expédition † n'eutgarde
de trahir les intérêts de ses alliés. Il renversa
une brèche fut pratiquée, et le temple fut
enlevé de vive force. Plus de douze mille donc la forme de gouvernement aristocrati
† y furent passées au fil de l'épée. que instituée par Gabinius, confirma à Hyr
es prêtres, occupés aux cérémonies du can le souverain pontificat de Jérusalem et
culte, ne se dérangèrent pas un instant de la principauté de Judée, transmissibles à sa
leur devoir, et leur sang se mêla avec celui descendance à perpétuité, et investit Anti
des victimes. pater de la charge de procurateur de la Judée
Pompée pénétra avec ses officiers jusque sous la suprématie de Hyrcan.Antipater avait
dans le Saint des saints, et cette profanation deux fils, Phasaël et Hérode ; il fit donner
fut ce † envenima le plus la haine des Juifs au premier le gouvernement de Jérusalem,
contre les Romains. Les trésors qui étaient et au second celui de la Galilée. En 44, Cé
enfermés dans le temple étaient immenses ; sar permit à Hyrcan de reconstruire l'enceinte
mais rien n'en fut distrait. Après la prise du militaire de Jérusalem, qui avait été déman
temple, Pompée fit démanteler la ville, se telée par Pompée. A la mort de César, la
décida à emmener à Rome, comme prison guerre civile déchira la république romaine,
Iliers, Aristobule, ses deux fils, Alexandre et et eut de terribles retentissements dans les
Antigone, et ses deux filles ; puis il remit provinces. En 40 av.J.-C., Pacorus, roi des
Hyrcan sur le trône. Plusieurs villes de la Parthes, entra en Syrie à la tête d'une puis
Judée en furent détachées pour être remises sante armée, dont une partie fut envoyée en
au gouvernement de Syrie. Hyrcanfut astreint Judée pour rétablir sur le trône Antigone,
à payer un tribut annuel aux Romains, et fils d'Aristobule. Hyrcan et Phasaël, ayant eu
Antipater l'Iduméen fut chargé de l'inten l'imprudence d'accepter une conférence avec
dance générale du pºys des Juifs. Ceci se l'ennemi, furent arrêtés et chargés de fers.
passait en 63 av. J.-C. Jérusalem fut envahie, et Hérode eut à peine
En 57 av. J. - C., Alexandre, l'un des fils le temps de s'esquiver, au moment même où
d'Aristobule, réussit à s'évader, et rentra en les Parthes entraient dans la place, qu'ils mi
Judée, où tous les mécontents se joignirent rent au pillage.
immédiatement à lui. Hyrcan, trop faible ANTIGoNE, 40 à 37 av. J.-C. — Hyrcan et
pour oser résister, aima mieux se réfugier Phasaël ayant été remis entreles mains d'An
auprès des Romains et réclamer leur inter tigone, le premier eut la vie sauve ; mais on
vention armée. Gabinius qui avait été nom lui coupa les oreilles, afin que cette mutila
mé gouverneur de Syrie, se fit précéder par tion le rendît à jamais incapable d'exercer
Marc-Antoine, marcha en personne contre le souverain pontificat : il fut ensuite envoyé
Alexandre, le battit, et se rendit ensuite à aux Parthes, qui l'emmenèrent à Séleucie de
Jérusalem, où il ne laissa plus à Hyrcan que Babylonie, où il resta en prison jusqu'à l'a-
le souverain pontificat. Alexandre, par une vénement de Phraate, qui lui donna la liberté.
soumission entière, trouva grâce devant le Les Juifs fixés dans le pays, à partir de ce
général romain qui changea la forme du moment, le considérèrent comme leur roi et
gouvernement de la Judée. Il partagea cette leur pontife, et ils lui fournirent les moyens
province en cinq conventions juridiques, de soutenir dignement son rang. Quant à
dont les siéges étaient à Jérusalem, à Gadara, Phasaël, qui ne pouvait douter du sort qui
à Amathus, à Jéricho et à Sepphoris. Le lui était réservé, il aima mieux se briser la
gouvernement monarchique se trouvant ainsi tête contre la muraille, que d'attendre
aboli, fut remplacé par la forme aristocra son supplice. Hérode, après s'être sauvé de
tique; mais ce changement radical fut de Jérusalem, s'était réfugié à Rome, où il par
courte durée. vint à se concilier l'affection de Marc-Antoi
Trois ans après (54 av. J. - C.), Crassus, ne, l'un des membres du triumvirat. Il deman
marchant contre les Parthes, vint à Jérusa dait la couronne de Judée pour Aristobule,
lem, et † le trésor du temple, auquel il frère de Mariamne, à laquelle il était fiancé;
enleva 10,000 talents. Lorsque le môment cet Aristobule, fils d'Alexandra, fille d'Hyr
fut venu où César et Pompée se disputèrent can, et d'Alexandre, fils d'Aristobule, frère
l'empire du monde, César rendit la liberté d'Hyrcan, réunissait ainsi en sa personne tous
à Aristobule, et le renvoya en Judée sous les droits à la couronne, et Hérode, s'il réus
l'escorte de deux légions, avec mission de sissait à la lui faire donner, comptait gou
les employer à combattre les desseins de Pom verner la Judée, comme l'avait fait son père
pée. Celui-ci prévint ce danger en faisant Antipater. Il obtint plus que son ambition
557 MON DES ANTKQUITES BIBLlQUES. M0N 558

n'avait osé rêver. Le sénat, à l'instigation de Ceci posé, passons à la description des
Marc-Antoine, le nomma lui-même roi de monnaies que nous ont laissées les princes
Judée. Après avoir reçu au Capitole l'inves Asmonéens.
titure solennelle, il se hâta de repartir, et, JUDAs MACHABÉE, 167 à 161 av.J.-C. —Voici
trois mois après avoir quitté furtivement Jé les dates importantes de la vie politique de
rusalem, il reparaissait en Judée. Judas :
Antigone était peu disposé à céder à Hé av. J -C.
rode une couronne qu'il avait eu tant de Purification du temple. 165
peine à conquérir; aussi la lui disputa-l-il Elévation de Judas au souverain pon
tificat. 164
à outrance pendant deux années. En 38 av.
J.-C., Hérode commença le siége de Jéru Toute monnaie de Judas Machabée sur la
saleIn, avec une puissante armée, dans la quelle ce prince portera letitre de Cohen ou de
† étaient entrées les troupes romaines †† pº† été frappée que de
ne
ont Sosius, gouverneur de Judée, avait pu 64 à 161 av. J.-C. ; l'absence du titre de Co
disposer, suivant l'ordre des triumvirs. La hen ferait nécessairement reporter lamonnaie
† tint un peu plus de six mois, et fut en sur laquelle cette absence serait signalée,
evée de vive force l'an 37 av. J.-C.Antigone, aux années comprises dans l'intervalle de
n'ayant plus d'espoir, vint se jeter aux pieds 167 à 164. Peut-être faudrait-il la classer à
de Sosius pour lui demander grâce. Il fut l'année même de la purification du temple,
chargé de chaînes et envoyé à Marc-Antoine événement dont elle eût été en quelque sorte
· qui se trouvait alors à Antioche. Le triumvir destinée à consacrer le souvenir.
voulait lui laisser provisoirement la vie, pour Première période, 167 à 164.
paraître à son triomphe ;mais Hérode insista Je ne connais aucune monnaie de Judas
vivement, et paya même pour qu'on pressât
le procès du malheureux roi. Il fut con frappée avant son élévation au souverain pon
tificat.
damné à mort, et exécuté comme un crimi
nel obscur; il fut battu de verges et déca Deuxième période, 164 à 161.
pité vers la fin de l'an 37 av. J.-C. Il avait l. Dans une couronne d'olivier :
· régné environ trois ans et trois mois. "nº Jeoud
Avec Antigone finit la dynastie des Asmo bºpen ah, Cohen il
néens, qui avait duré cent vingt-six ans, à (-)arrºn lustre et ami
partir de l'année 163 av. J. -C., année dans
laquelle Antiochus Eupator, en contractant (ermºn) des Juifs.
la paix avec les Juifs, conféra à Judas Ma R. Deux cornes d'abundance ornées de bande
chabée le titre de prince de Judée. lettes, et entre lesquelles est une pomme de grenade.
ll est clair qu'il peut exister des monnaie Le tout dans un grènetis
de tous les princes dont ie viens d'esquisser Ma coilection, deux exemplaires.
rapidement l'histoire. Nous allons étudier
Le flan a ses bords taillés irrégulièrement
celles qui jusqu'ici ont été retrouvées,et nous en biseau, de façon à présenter un champ
constaterons tout d'abord que c'est à tort plus étendu du côté de la légende. Quel est le
que l'on a prétendu ne faire remonter que dernier mot de celle-ci ? Heureusement les
jusqu'à Simon, frère de Judas, l'exercice du trois premières lettres ... am pouvant servir
droit monétaire, en admettant que Simon à en compléter le sens, il faut liretrrmn - ann,
n'avait pu jouir de ce droit qu'à partir de la et ami des Juifs.Quoi qu'il en soit, il ne peut
concession qui lui en fut faite par le roi de subsister aucun doute sur l'attribution de ces
Syrie. L'histoire du moyen âge fourmille précieux monuments, qui appartiennent in
d'exemples de concessions pareilles, qui ne dubitablement à Judas Machabée. Ces deux
furent le plus souvent que la sanction d'une pièces m'ont été envoyées de Jérusalem, où
usurpation préalable. Nous pouvons l'affirmer elles ont été trouvées, et je n'en connais pas
aujourd'hui, sans conserver aucune espèce de d'autre exemplaire.
doute, la concession du droit monétaire of
ferte par Antiochus Sidétès à Simon, frère JoNATHAN, 161 à 143 av. J.-C. -- Voici les
de Judas Machabée, ne fut qu'une sorte de dates principales de la vie politique de Jo
nathan :
reconnaissance tardive d'un fait qu'il n'y av. J. C.
avait plus moyen de considérer comme non Jonathan est investi du souverain pon
avenu. M. Lenormant avait trop bien l'ex
tificat, s'allie avec Alexandre Bala
† de l'histoire pour se méprendre sur
a valeur réelle de l'acte d'Antiochus Sidétès,
et se fixe à Jérusalem. 155
Mariage d'Alexandre Bala avec Cléo
et je suis heureux de copier ses propres pâtrc, fille de Ptolémée Philométor,
paroles, qui donnent tant de certitude à la célébré à Ptolémais ; Jonathan y
assiste. 151
thèse que je soutiens aujourd'hui : « La con
cession du privilége monétaire parAntiochus Antiochus Dionysus confirme le pon
tificat à Jonathan. 1 45
VII doit-elle être considérée comme le point Jonathan tombe entre les mains de
de départ de la fabrication des monnaies
chez les Juifs ? Antiochus ne faisait sans
Tryphon. 142

doute, dans cette circonstance, que donner De la comparaison de ces dates, il résulte
une confirmation officielle à une usurpation que toute monnaie attribuant à Jonathan le
déjà consommée, » etc. (Rev. num., 1845, titre de souverain pontife est nécessairement
p. 178.) postérieure à l'année 153 av.Jésus Christ; il
559 MON DICTIONNAIRE MON 560

en est de même de toute pièce qui porterait à la vue et se trouvant la plupart dégradées,
le nom d'Alexandre Bala, avec celui deJona ne m'ont offertjusqu'ici que la terminaison du
than. nom de Jonathan, » etc.
Passons maintenant à la description des Pour Barthélemy, la présence de la lettre
monnaies de Jonathan. grecque d'Alexandre « marquait l'étroite âl
1. Dans une couronne d'olivier : liance qui subsistait entreJonathan et Alexan
ru" Jonathan dre I", et dont il est fait mention dans le I"
2T>n le Cohen Livre des Machabées. » Enfin dans une lettre
-- rTºrt suprême et l'ami en date du 29 août 1780, adressée à Bayer,
bºTnºn des Juifs.
Barthélemy hésitait pour la fin de la légende
entre les deux leçons "ant et socii ejus, et
#. Deux cornes d'abondance et une grenade, dans praan Philhellène,
un grènetis. Nous remarquerons † sur l'une des piè
Ma collection, deux exemplaires trouvés à ces que nous venons de décrire, les lettres
Jérusalem. -
:a-n sont très-nettes, et qu'il faut admettreune
Les deux exemplaires du Cabinet impérial méprise de la part du graveur, qui, au lieu du
offrent la légende ainsi coupée : mot -an, socius, aura écrit ann, amicus. Quoi
pn ' † en soit, je suis tenté de penser que les
eux exemplaires portant le nom jnu', ainsi
nTEn
...5T2 orthographié, sontsemblables à celuide Cary,
mais moins bien conservés.
Voici maintenant quelques monnaies cu
nmr rieuses que Barthélemy eût regardées comme
étant d'attribution certaine.
2Tt>
ar,ºrt 4. Tºcmn-rr. Une fleur de liliacée. Le tout dans
- - - - - ? un grènetis.
R. AAEEANAPOY'BAXIA... Autour d'un cercle
Cette monnaie a été lue pour la première dans lequel est une ancre.
fois par Barthélemy en 1749, publiée un peu Ma collection ; trouvée à Jérusalem. —Ca
lus tard dans le tomeXXIV des Mémoires de
'Académie des Inscriptions, et publiée de binet de l'académie royale de Madrid.
Cette charmante monnaie nous offre le nom
nouveau l'année d'après ( 1750 ), par Swin
# De nummis quibusd. Samar. et Phœn., de Jonathan, écrit avec une orthographe plus
p. 67 et 68 ), qui lut ainsi la légende entière compliquée, maisparfaitement lisible.On sºit
du même exemplaire qu'avait décrit Barthé que le type de l'ancre était un type de fa
mille pour les Séleucides ; la présence de ce
lémy, a ram Fi>n pnº, Jonathan le Cohen et type avec le nom du roi Alexandre semble
ses amis (l'an ) II. Pérez Bayer se refusa rait donc ne pas permettre de doute, etprou
complétement à admettre la légitimité de cette ver qu'il s'agit bien réellement d'Alexandre
lecture, qui ruinait toute sa théorie de lanu
mismatique judaïque commençant à Simon Bala, qui se prétendait de la race de Séleucus,
seulement, et il soutint que les monnaies de et qui se fit l'ami de Jonathan, dont le nom Se
ce genre avaient été mal lues et revenaient trouve au revers, et autour d'une fleur qui
à Jean Hyrcan, fils de Sinuon. Son ouvrage constitue un type essentiellement judaïque
contient, à la page 190, la figure de la pièce Toutefois nous examinerons un peu plus loin,
déchiffrée par Barthélemy, et six figures plus s'il n'est pas plus convenable d'expliquer
d'une autre manière l'existence de ces mé
que médiocres d'autres monnaies appartenant dailles.
réellement à Hyrcan. Malgré tous les argu 5. AAE3EANA ... BAXIAEQ. Autour d'une ancre,
ments de Bayer, il est bien certain que la le tout dans un grènetis. -

lecture de Barthélemy, copiée par Swinton, #. Une roue entre les rayons de laquelle se lit :
est rigoureusement exacte, et il ne serait plus
permis aujourd'hui de se refuser à adopter Tºc-TTrrrrr- (Tºrn mrm) Jonathan le roi
cette lecture, qui démontre clairement, à elle Cabinet impérial, cinq exemplaires. - Ma
seule, que Simon n'est pas le premier Asmo collection, douze exemplaires trouvés à Jéru
néen qui ait émis des monnaies à son nom. salem. Sur un de ces exemplaires, l'epsilon
Barthélemy, dans le même mémoire, parle est ainsi formé X. Tous sont de coin dissem
d'une monnaie d'unJonathan qui appartenait blable, et présentent des poids qui varient dº
à M. Cary de Marseille, et qui ne différait de plus du simple au double. Il ne me parait
celles du Cabinet du roi, qu'en ce qu'elle of guère possible que de pareilles différences de
frait les traces des deux mots Baas)#•c 'A)s#- poids ne dénotent pas des espèces véritable
ment distinctes, malgré l'égalité de leur dia
«vôpºv. Il ajoute un peu plus bas : « On peut mètre.
attribuer au même Jonathan d'autres médail
les de petit bronze que j'ai vues en différents Si ces pièces étaient bien classées, elles
cabinets, et qui représentent d'un côté une seraient de la plus haute importance, en º
ancre avec cette légende : B«ai)é»;'A)s#övôp,v, qu'elles prouveraient que Jonathan prit le !"
et au revers une espèce de roue, etc.Sur tou tre de roi; mais , hâtons-nous de le dirº
tes cellesquime sont tombées entre les mains, l'histoire sacrée aussi bien que l'histoire prº
j'ai distingué entre les rayons de la roue des fane sont muettes sur ce point. Dans ceº
lettres samaritaines, qui, se dérobant presque hypothèse, il ne serait pas possible de récu
561 M0N DES ANTIQUITES BIBLlQUES. MON 562

ser le témoignage des monuments numisma qu'à sa mort, ordonnée par Tryphon, il ne
tiques, ces actes métalliques des archives de cessa de lutter contre le roi de Syrie. Il est
l'humanité ; Jonathan aurait donc pris le ti donc bien évident que de 146 à 142, Jonathan
tre de roi. Ici je dois m'empresser de déclarer, ne put plus frapper que des monnaies pure
pour rassurer tout le monde sur la légitimité ment hébraïques.
de ma lecture, que cette lecture n'est pas de Jusqu'ici j'ai raisonné dans l'hypothèse que
moi; elle appartient à un savant auquel pro les pièces bilingues de Jonathan et d'Alexan
bablement on ne se permettra pas de repro dre appartenaient à Jonathan Machabée. Mais
cher de la légèreté en cette affaire : car c'est ce fait est-il indubitable ? Pour ma part, je
notre illustre Barthélemy, qui a laissé dans les crois fermement que non. , Remarquons
tiroirs du médailler de la Bibliothèque impé d'abord † la reconnaissance de la supréma
riale, sous la pièce en question, une étiquette tie macédonienne, constatée par l'émission
écrite de sa main, et offrant, pour la légende des monnaies bilingues dont nous venons de
hébraïque, la transcription que j'ai adoptée parler, aurait été sans doute assez mal vue
plus haut. Ai-je besoin d'ajouter que je me des Juifs, au moment même de leur lutte con
suis assuré † cette fois, comme tant d'au tre les Syriens. D'un autre côté, nous avons
tres, Barthélemy avait parfaitement lu? des monnaies toutes différentes de Jonathan,
Voyons maintenant si nous pouvons trou monnaies que Jean Hyrcan copia scrupuleu
ver quelque indice de cette royauté dans les sement; et quand Alexandre Jannéas monta
récits de l'antiquité.,. Commençons par les sur le trône, quelles monnaies frappa-t-il ?
Livres sacrés. Nous lisons au 1" Livre des des monnaies identiques de type avec les piè
Machabées (cap. x) : 62. Et jussit (Alexan ces bilingues. Si donc ces monnaies bilin
der Balas) spoliari Jonathan vestibus suis, et gues sont de Jonathan, elles ont dû être frap
indui purpura, et ita fecerunt : et collocavit pées en 142 av. J.-C. Alexandre Jannéas n'a
eum rex sedere secum. — 64. Et factum est, commencé à régner qu'en 105 av. J.-C.; il y
ut viderunt qui interpellabant gloriam ejus, aurait donc un intervalle de trente-sept ans
quœ prœdicabatur, et opertum eum purpura, entre les émissions les plus rapprochées des
fugerunt omnes. — 65. Et magnificavit eum pièces de Jonathan et d'Alexandre Jannéas ?
rex, et scripsit eum inter primos amicos, et Cela ne me paraît pas possible à admettre, et
posuit eum ducem, et participem principatus. j'aime beaucoup mieux croire qu'Alexandre
— 66. Et reversus est Jonathas in Jerusalem Jannéas s'appelait pour les Juifs Jonathan,
cum pace et laetitia. et que c'est à lui que reviennent toutes
Ceci se passait en l'an 162 des Séleucides les monnaies bilingues, comme le prouve
(151 av. J.-C.) à Ptolémaïs, où Ptolémée Phi d'ailleurs la loi de succession des types
lométor, roi d'Egypte, s'était rendu pour cé Quoi qu'il en soit, à partir de 142 av. J.-C.
lébrer le mariage de sa fille Cléopâtre avec Jonathan ne put plus frapper que des mon
Alexandre Bala, roi de Syrie.Alexandre périt naies purement hébraïques, ainsi que je l'ai
chez les Arabes en 146 av. J.-C. ; c'est donc dit plus haut. - -

dans l'intervalle de cinq ans, compris entre Voyons donc quelles sont les monnaies qui
151 et l46, que les monnaies bilingues de Jo conviendraient à cette dernière période de la
nathan avec le nom d'Alexandre auraient dû vie de Jonathan.
être frappées. Dans une couronne :
Dans cette hypothèse, après la mort d'A- "nº "rn
lexandre Bala, l'ami et l'allié fidèle de Jona >n pu >ri mi
than, les monnaies bilingues au nom d'A-
lexandre durent naturellement disparaître. ºun F1 5 un in
Démétrius se montra pendant quelque temps ºn (?).. IT-IT

l'allié de Jonathan, et lui confirma d'abord .. Trin


tous les avantages que lui avait concédés lehou- lehou
Alexandre; mais ces bonnes dispositions fu nathan le Cohen nathan le Co
rent de courte durée, et voici ce que nous suprême hen suprêmc
lisons dans le 1" Livre des Machabées (xI, 53): - • • • • • • et l'ami
Et mentitus est omnia quaecunque dixit, et des Juifs.
a balienavit se a Jonatha, et non retribuit ei - - - - - - - Ynº
secundum beneficia quae sibi tribuerat , et >n n >n ru
vexabat eum valde. - Jonathan embrassa
alors la cause du jeune Antiochus Dyonisus, -"xn F 5un jn
",T-brin 7-2rT
que Tryphon opposait à Démétrius , aussi
lisons-nous encore (Ibid., 58) : Et misit •TI » T ?
(Antiochus) illi vasa aurea in ministerium, et - - - - - - lehou
than le Co- nathan le Co
dedit ei potestatem bibendi i» auro, et esse in
purpura et habere fibulam auream. — Quel hen suprême hen suprême
et le libérateur des et l'ami
que ridicules que soient, en apparence, ces Juifs (?) (des Juifs.)
grâces accordées par Antiochus, elles consti R.Deux cornes d'abondance et une pomme de gre
tuaient, à cette époque, une sorte de recon made.
naissance d'un pouvoir quasi-royal. Cela n'em
pêcha pas que, dans le courant de la même Ma collection. — Ces monnaies, qui cons :
année, Jonathan ne combattît les troupes tituent autant d'espèces différentes , ont
d'Antiochus, et, à partir de ce moment jus toutes été trouvées à Jérusalem.
5.65 Ml0N DNCTIONNAIRE M0N 5G4,

J'ai dejà fait remarquer que l'orthographe Homains. 427


du nom de Jonathan varie sur ses monnaies : Démétrius est mis à mort et remplacé
ainsi, sur les premières, nous lisons nº, COII]- par Alexandre Zebina. 126
Alexandre Zebina meurt dans une .
me sur les monnaies bilingues qui offrent le
titre de roi accolé au nom d'un prince juif ; bataille contre Antiochus Grypus. 410
Antiochus Grypus et son frère An
sur la pièce bilingue au type de la fleur, le tiochus le Cyzicénien se disputent la
nom est écrit ruTº, comme sur les dernières couronne pendant plusieurs années.
pièces que je viens de décrire. Le siége de Samarie est entrepris
SIMoN, 143 à 135 av. J.-C. — Voici les da par Hyrcan et dure un an. 109
tes essentielles du règne de Simon. Hyrcan meurt. 106
av. J. C. Passons actuellement à la description des
Démétrius Nieator eonfirme tous les monnaies de Jean Hyrcan, dont le nom a
priviléges accordés à Jonathan, 2u été bien lu par Barthélemy et par Bayer.
quel il écrit en lui donnant le titre
de grand prêtre. 145 Dans une couronne d'olivier :
La citadelle de Jérusalem construite
dans la ville basse, capitule. 142 pmm >npn -
Antiochus Sidétès, frère de Démé 2Trcn Trum
trius Nicator , prisonnier chez les ;T-irrº5T • •ºrt--iri
Parthes, accorde à Simon, qu'il •Triº Ert
appelle grand prêtre et ethnarque lehouhanna ... hanna le Co
des Juifs, le droit de frapper en le Cohen su- hen suprême et
Judée monnaie à son coin. prême et l'ami l'ami des Ju
Simon est assassiné par son gendre des Juifs. ifs.
Ptolémée, fils d'Abobus. 13,5
> T» -- riº
J'ai déjà dit qu'il n'est pas une seule des
monnaies juives portant le nom de Simon, Fu>Tp ·n: p
que l'on puisse classer avec certitude au rè ?º-t2n --57:
gne de Simon, frère de Judas Machabée; il TTrT->rt - - - - • -

n'y en pas une seule effectivement, qui puisse --? -

s'intercaler, avec apparence de raison, entre lehoukha- Iehou...-


les monnaies si § bles de Jonathan et de nna le Cohen nna le Co...
Jean Hyrcan.Je renvoie donc au moment où suprême (et) suprême...
je décrirai les monnaies indubitables de Si l'ami des Ju - . . . . . . .
ifs.
mon Barcocébas, l'étude de celles des piè
ces juives qui pourraient à la rigueur, être R. Deux cornes d'abondance, et entre elles un
attribuées à Simon l'Asmonéen. Du reste, il fruit allongé ressemblant à un citron.
ne me paraît pas possible de douter de l'exis Les exemplaires que je possède ont tous
tence de petites monnaies de cuivre offrant, été trouvés à Jérusalem.
avec le nom de Simon, suivi du titre de grand Le Cabinet impérial possède aussi plusieurs
prêtre, le type des deux cornes d'abondance exemplaires de cette monnaie (119).
et de la pomme de grenade. Ces monnaies
doivent exister, et quelque jour elles surgi 5. Dans une couronne d'olivier :
ront du sol de Jérusalem. En attendant, nous -- Inº lehouha
pouvons affirmer qu'elles resteront toujours : rpmp nna le Cohen
rares, puisqu'il n'en est pas encore parvenu - T7T2 suprême et...
une seule dans les collections numismatiques,
du moins à ma connaissance.
JEAN HYRCAN, 135 à 106 av.J.-C. — Voici R. Une pomme de grenade entre deux cornes
d'abondance.
d'abord les dates essentielles du pontificat de
Jean Hyrcan. Ma collection ; pièce trouvée à Jérusa
av. J. C. lem. — Le cabinet impérial possède cette
ll est proclamé unanimement souve monnaie.
rain pontiſe. 135 Deux autres exemplaires de la même pro
Dans la première année de Hyrcan, venance ne portent plus que les fragments
Antiochus Sidétès vient assiéger de légendes suivants, sans qu'il y ait trace
Jérusalem et s'en rend maître, tout de lettres au-dessOus :
en laissant la liberté aux Juifs. 154
Antiochus Sidétès est accompagné par 1° 57: 2 57x7E
Hyrcan dans une campagne contre "rT-2ri 7-l-ir
les Parthes. 131
Démétrius Nicator, remis en liberté, Je possède en outre trois pièces barbares
remonte sur le tIône. ld. de cette classe, provenant également de Jé
Hyrcan resserre,les liens de l'allianee rusalem et dont il me serait impossible de faire
contractée par les Juifs avec les la description : j'aime donc mieux renvoyer à
(419) Cavedoni, dans sa Numismatica Biblica, papavero che s'erge di mezzo ad esse; nell' area
alcune lettere samaritane. »
N.. 22,
21,
parle ainsi des monnaies de Jean Hyrcan.
« Corona entro laquale è scritto Jeochan Je n'insisterai pas sur ces descriptions et ces lec
nahan Accohen Hannasi, ovvero, Jonathan Haccohen tures. Cavedoni n'ayant pas les monnaies sous les
Haggadol ve abr(Jonathan il sacerdote, il magno e...) † a copié Bayer sans corriger les inadvertanccs
od altri nonui e titoli. R. duc cornu copie e capo di C ('CIUll -('].
535' M0N DES ANTIQUITES BIBLlQUES. M0N 566

leurs figures. De ces trois pièces, l'une porte sans toutefois prétendre rien aſfirmer. Je
une espèce d'épi entre les deux cornes d'a- leur exposerai mes raisons, et ils jugeront. .
bondance, au lieu d'une pomme de grenade. On sait que les petites monnaies de cuivre
(Pl. III, 9 et 10, pl. xx, 2.) se dépaysent rarement. Si donc une localité
Je passe à la description d'une très-cu fournit en peu de temps un certain nombre
rieuse monnaie bilingue qui a été publiée d'exemplaires d'une monnaie de cuivre de
par Pembrocke, et reproduite avec un nou très-petite valeur, il y a tout lieu de croire
vel exemplaire, tiré du cabinet de l'Infant que ces pièces ont été fabriquées dans la
d'Espagne, par Perez Bayer (p. 190, fig. 4 et localité même. Si à cette première considé
6). Ii en existe un exemplaire au Cabinet du ration on ajoute la constatation d' une analo
roi, et j'en possède moi-même un quatrième, ie palpable de style, de taille, de type et de
qui a été trouvé à Jérusalem . — Voici la abrique entre ces pièces et celles qui appar
escription de cette rare monnaie : tiennent incontestablement à la localité, ce
8. Dans une couronne d'olivier :
qui n'était d'abord qu'une hypothèse devient
aussitôt une certitude, et l'on peut regarder
lehouha comme à peu près démontrée l'origine que
nna le Co(hen).
l'on attribue aux monnaies en question.
Cela posé, voici la description d'une eu
rieuse monnaie de cuivre dont j'ai reçu cinq
exemplaires, recueillis séparément à Jéru
Au-dessus de la légenue est un A entre deux salem.
points. 1. BAEIAEox ANTIOxor EYEPTEToY. L'ancre
ſ$. Une pomme de grenade entre deux cornes d'a- des Séleucides. Au-dessus de la patte de l'ancre, la
bondance. date AIIP ou BIIP.

, Ma collection — L'exemplaire du Cabinet R. Fleur de lis à peu près semblable à celle de la


monnaie de Jonathan-Alexandre, avec deux brac
impérial porte la légende très-lisible : tées ou folioles opposées , au bas de la tige
A Ma collection. — Le Cabinet impérial pos
sède un exemplaire de cette rare monnaie.
p>ºn . Les deux dates AIIP et BIIP nous fournis
Txn Incn sent les années 181 et 182 de l'ère des Séleu
ºn-iriº cides. Or Antiochus Sidétès vint assiéger Jé
EºTºrr rusalem en 135 (178 des Séleucides). Si donc
nos monnaies d'Antiochus Sidétès ont été
que Barthélemy avait lue de la manière sui
vante, ainsique le constate l'étiquette écrite de frappées à Jérusalem, elles n'ont pu l'être
sa main : Jehouchanan le grandprêtre, à la dé que dans les années postérieures à 135, et
livrance de Jehouda et Israël. jusqu'à l'année 131, dans laquelle Hyrcan
Cette version ne me paraît pas admissible, suivit Antiochus Sidétès dans son expédition
contre les Parthes. Nos deux monnaies sont
car la phrase doit se couper ainsi : récisément des années 432 et 131 avant J.-C.
Errrn -am rºn FEn p>n l n'y a donc, du côté des dates, aucune rai
Ce qui donne littéralement : Iehouhanna le son de douter de leur attribution à Jérusa
grand prêtre et l'ami des Juifs. lem. Si maintenant nous remarquons que les
Le revers est entièrement frotté et usé. types de ces monnaies sont essentiellement
Juelle peut-être l'origine de cette mon jud6ïques et identiques, pour ainsi dire, avec
naie ? Nous trouvons deux explications pos ceux de l'une des monnaies bilingues avec
le nom de Jonathan et d'Alexandre Jannéas,
sibles des légendes qu'elle offre : ou bien c'est
l'alliance étroite qui subsista dès l'année nous aurons tout droit d'attribuer à l'argu
135 (ou plus probablement 134) entre Jean ment tiré de la provenance une force pleine
Hyrcan et Antiochus Sidétès, et jusqu'à la et entière. En conséquence, je n'hésite pas à
mort de ce monarque, qui a fait adopter cette classer les pièces que je viens de décrire à la
double légende; et dans ce cas, la lettre suite numismatique de Jérusalem.
A serait l'initiale du nom d'Antiochus : ou bien D'une part, les monnaies hiérosolymitaines
c'est l'alliance faite par Jean Hyrcan en 126, d'Antiochus Sidétès ont, pour les types,
avec Alexandre Zébina, qui a motivé la pré beaucoup d'analogie avec les pièces de Jona
sence de l'initiale A du nom de ce prince, sur than-Alexandre ; de l'autre, si le roi de Syrie
les petites monnaies de cuivre frappées à Jé faisait frapper des monnaies grecques à son
rusalem.Je n'ose me prononcer pourl'une plu propre nom à Jérusalem, depuis la prise de
tôt quê l'autre de ces deux hypothèses, entre cette ville, il est peu probable que Jeau Hyr
lesquelles il faut nécessairement choisir. can ait frappé simultanément des espèces hé
Toutefois il est un fait que je vais rapporter, braïques à son nom, mais portant comme si
et qui semble venir à l'appui de la seconde. gne d'alliance, ou mieux de vasselage, l'ini
tiale grecque du nom d'Antiochus ;je préfère
Nous avons vu qu'Antiochus Sidétès vint donc, tout bien considéré, voir dans cette
faire le siége de Jérusalem, et qu'il se rendit initiale des pièces bilingues de Jean Hyrcan,
maître de cette ville, qu'il fit démanteler. Je
crois avoir acquis la preuve que ce † fit celle du nom d'Alexandre Zébina, avec lequel
Hyrcan fit un traité d'alliance.
alors frapper des monnaies dans la ville sainte, JUDAs-ARisToBULE ET ANTIGoNE, 106 à 10#
et je soumets cette opinion aux numismatistes
#j67 MON DICTIONNAIRE MON 568

av. J.-C. — Voici les dates du règne de ce je vais aécrire ici deux † petites
prince : monnaies juives d'un bon style, et qui ne
av. J. C. ourront être attribuées avec certitude que
Aristobule prend le titre de roi, et par orsqu'un exemplaire complet nous sera par
1age le souverain pouvoir avec son V6Illl.
frère Antigone. 106
Dans un grènetis :
Antigone est mis à mort par l'ordre BAXI
de son frère. 106 AEYA ?.
A1 istobule meurt déchiré de remords. 105
en caractères très-lisibles et très-bien formés.
Les monnaies d'Aristobule et de son frère É. Une ancre dans une couronne d'olivier, ou une
Antigone peuvent-elles exister? Oui, sans double corne d'abondance.
doute. Les unes doivent porter les noms des Ma collection ; trouvées à Jérusalem.
deux frères associés au trône, et les autres, Enfin, une pièce du Cabinet impérial offre
postérieures à l'assassinat d'Antigone, le nom la légende .A2IAE.... autour d'une ancre en
d'Aristobule seul ;jusqu'ici ces monnaies ont fermée dans un cercle, et au revers une lé
échappé à toutes les recherches. Ai-je réussi gende illisible, peut-être hébraïque, autour
à combler cette lacune ? les numismatistes en d'une étoile.
jugeront, - ALEXANDRE JANNÉAs, 105 à 78 av. J.-C. —
Voici d'abord la description d'une pièce, Voici les dates essentielles du règne de ce
malheureusement mal conservée, et qui pour prince :
rait bien appartenir à Judas-Aristobule. av. J.-C.
Dans une couronne : ll prend le titre de roi aussitôt après
lOY'AA.. la mort de son frère. 105
BAXIA ? Toujours battu par les ennemis des
A? Juifs, Alexandre voit le peuple se
#. Une pomme de grenade entre deux cornes soulever contre lui, à l'instigation
d'abondance. des Pharisiens. 92
Ma collection; trouvée à Jérusalem. La guerre civile dure six ans et ne
finit qu'en
Le style de cette monnaie diffère notable Alexandre meurt de la fièvre, laissant
ment du style de celles de Jean Hyrcan ; le la couronne à sa femme. 78
burin en est beaucoup plus large et plus J'ai, en m'occupant de Jonathan, émis l'o-
gras. A partir de cette monnaie, toutes celles pinion dans laquelle je persiste, qu'Alexan
ue nous allons rencontrer † règne dre Jannéas s'appelait en réalité Jonathan, et
'Hérode, sauf toutefois celles d'Antigone, que c'est à lui que revenaient toutes les piè
sont d'un module beaucoup plus petit, et ces bibliques aux noms d'Alexandre et de Jo
elles offrent des flans minces et légers, com nathan. D'autres monnaies † artiennent in
parativement aux pièces que nous venons dubitablement à ce prince; elles sont de très
d'étudier, Il en est toutefois que je suis tenté petit module, et en voici la description :
de considérer comme les monnaies frappées ... EAN... AXIAE. .. autour d'une ancre en
en commun par Aristobule et Antigone son tourée d'un cercle.
frère. En voici la description : f). Une étoile dans un grènetis, en dehors duquel
Une ancre dans un cercle, autour la légende se voient des traces d'une légende tellement obli
.AXIAEY'.. en caractères fermes et bien tracés. térée qu'il n'est pas possible de dire si elle était
ſ$. Une étoile dans un grènetis ; au dehors du grecque ou hébraique. Cabinet impérial.
grènetis, des traces de lettres. BAXIAEſ]X AAEEANA.. Autour d'une ancre avec
0ll S3IlS aI)I)6all.
Ma collection. —La suivante complète les
légendes : R. Etoile dans un cercle
Même type ; autour de l'ancre, BAXI....I. La tête Ma collection, cinq exemplaires provenant
de cette dernière lettre manque, elle peut donc être de Jérusalem.
un iota, un gamma, un upsilon, ou un lau. ALEXANDRA, 78 à 69 av. J.-C. — Voici le
R. A l'extérieur du grènetis, dans lequel est l'é- résumé de son règne :
toile : IOYA (?) EB.... av. J. C.
Un second exemplaire de ma collection Elle se soumet entièrement aux Pha
orte autour du cercle contenant une ancre, risiens, et, aussitôt affermie sur le
e nom rétrograde ANTI... (Pl. Iv, 3.) trône, elle fait recevoir souverain
On est bien tenté de reconnaître sur ces ontife son fils Hyrcan. 78
pièces les deux noms de Judas et d'Antigone, Elle tombe gravement malade et Aris
tobule se révolte. 70
et cependant je ne propose cette classifica
tion qu'avec une entière réserve. Elle meurt en désignant Hyrcan pour
son héritier. * 69
Je possède † exemplaires de cette
Je ne connais qu'une seule monnaie d'A-
monnaie, trouvés à Jérusalem ; tous les qua lexandra, et cette monnaie est extrêmement
tre, malheureusement, sont d'une mauvaise
COnSeI'VatiOn. précieuse, en ce qu'elle sert à merveille à dé
terminer celle d'Alexandre Jannéas. En voici
Six autres pièces analogues, de ma collec lo description :
tion, sont d'un style beaucoup plus mauvais 1.AAEEANA BAXIAfS. Autour d'une ancre.
et plus grêl2; aussi les légendes en sont-elles
illisibles. ñ. Une étoile, entre les rayons de laquelle on voit
les traces d'une légende hébraïque dout un tau seut
Faute de savoir à quel prince les classer, est rcconnaissable.
569 MON DES ANTiQUITES BIBLIQUES. M0N 570 .

Ma collection, provenant de Jérusalem. prisonnier , et Antigone lui fait


couper les oreilles, pour le rendre
On remarquera que les types de cette rare incapable d'exercer le souverain
monnaie sont identiques avec ceux des pièces pontificat. 40
bilingues d'un roi Jonathan, inscrivant sur Je ne connais aucune monnaie qui puisse
ses monnaies la légende grecque d'un roi se classer avec quelque apparence de certi
Alexandre.
tude à aucune des six périodes que je viens
HYRCAN, 69 à 66 av. J.-C. — Une seule date de déterminer, et qui embrassent un espace
importante est à noter dans le règne de ce de vingt-neuf années, comprises entre la
prince. mort d'Alexandre et l'avénement d'Antigone.
av. J. C. Espérons que quelque jour ces monnaies
Après avoir été vaincu par son frère pOurront être reconnues; mais cela ne pourra
Aristobule, il abdique en sa faveur,
et lui cède à la fois la couronne et
avoir lieu que lorsque les fouilles de †
lem nous auront fourni un très-grand nombre
la souveraine sacrificature. 66 de pièces à comparer entre elles. Peut-être
ARISToBULE, 66 à 63 av. J.-C. — Voici les ces monnaies se trouvent-elles parmi celles
dates importontes de ce règne. que j'ai classées, en désespoir de cause, à
av. J. C. Judas-Aristobule et Antigone.
A peine sur le trône, Aristobule se voit ANTIGONE, 40 à 37 av. J.-C. — Voici les
mandé par Pompée pour répondre dates principales du règne de ce prince.
aux réclamations de Hyrcan, excité av. J. C.
par Antipater l'Iduméen, père d'Hé
rode le Grand. 64 Il est remis sur le trône par Paco
Pompée prend Pétra et fait prisonnier rus, roi des Parthes. 40
Arétas; puis il marche sur Jérusa Ilérode, fils d'Antipater l'Iduméen,
lem, qu'il assiége et prend. Aristo réfugié à Rome, devient l'ami de
Jbule et ses deux fils, Alexandre et Marc-Antoine, et demande au sénat
Antipater, sont faits prisonniers et la couronne pour At istobule, fils
cmmenés à Rome. 65 d'Alexandre, ſils d'Aristobule, frère
Hyrcan est remis sur le trône. 63 de Hyrcan, et d'Alexandra, fille de
Hyrcan. Marc-Antoine fait donner
HYRCAN rétabli, 63 à 57 av. J.-C. la couronne à Hérode lui-même.
av. J. C. Trois mois après avoir quitté furti
Ce prince est rétabli par Pompée, avec vement Jérusalem , Hérode rentre
Antipater pour intendant général en Judée. 40
de la Judée. 65 La guerre civile commence entre les
Alexandre, fils d'Aristobule, revient en partisans d'Hérode et ceux d'Anti
one. Elle dure près de deux ans.
Judée et chasse Hyrcan de Jérusa
lem. 57 lérode assiége Jérusalem en 38
Hyrcan va implorer le secours de Ga Le siége dure un peu plus de six mois,
binius, qui marche sur la Judée et la place se rend en 57
avec Marc-Antoine, bat les Jsifs, Antigone se livre au général romain
entre à Jérusalem, renverse la mo Sosius , qui l'envoie à Antioche
narchie, et établit l'oligarchie aris auprès de Marc-Antoine. Celui-ci,
tocratique. 57
poussé par Hérode , fait battre de
Ilyrcan n'est plus que souv. pontife. 57 verges et décapiter Antigone, après
un règne d'environ trois ans et
OLIGARCHIE ARISTocRATIQ UE, 57 à 47 avant trois mois. 57
Les monnaies d'Antigone sont extrême
av. J. C. ment remarquables par leur style et surtout
Fondée par Gabinius en 57, elle est par leur taille, qui les met complétement en
renversée par César, pour faire de dehors du système monétaire des autres
nouveau place à la monarchie, en 47 princes Asmonéens.Voyons quelles sont ces
ARISTOBULE ET ALEXANDRE sON FILs. monnaies :
av. J. C. 1. ſ]XANTITON0Y, autour d'une couronne.
César rend la liberté à Aristobule, et â. Deux cornes d'abondance. Ma collection : mau
Vaise cOnSerValiOIl.
lui confie deux légions pour recon . 2. ..XIAE0X ANT..... autour d'une couronne.
quérir son royaume. Pompée le fait
empoisonner en route. 40
R. Deux cornes d'abondance, au-dessous les
Alexandre, ayant levé des troupes lettres hébraiques, ETcnn, formant un fragment de
pour courir se joindre à son père, légende dont je ne devine pas le sens. Flan épais ;
est fait prisonnier par les Romains ma collection , provenant de Jérusalem.
et décapité à Antioche. 49 5. Le Cabinet impérial possède cinq exemplaires
HYRCAN rétabli, 47 à 40 av. J.-C. de cette rare monnaie. Sur l'un d'eux, qui offre le
nom entier ANTITONOY'..., on voit entre les deux
av. J. C. cornes d'abondance, dans le champ, deux lettres
César n'accueille pas les réclamations indéterminées.
d'Antigone , fils d'Aristobule; il 4. Sur un autre exemplaire on lit ANTITON0l'
rétablit la monarchie qu'il rend à BASlAE.. ct entre les deux cornes d'abondance les
Hyrcan , en instituant Antipater lettres n>n, que je considère comme représentant le
l'iduméen procurateur de la Judée. 47
|
Pacorus, roi des Parthes, prend Jéru mot Fcn, le grand prêtre.
salem et rétablit Antigone sur le 5. Enfin, sur un troisième exemplaire on voit,
trône de ses pères. Hyrcan est fait cntrc les dcux cornes d'abondance, les signcs LETE#
i
l
57 ! M()N DlCTIONNAIRE M6)N . 572
BACIA
qui sont prolablement des lettres hébraïques mal 6 0C AN
iéterminées ;au-dessous des cornes d'abondarce on
lit à droite un y, et à gauche ***T T"nnº>, Mattyah TITON
(Mathathias) le (grand prêtre ?) et aUl l'€VCl'S ... n57:jn...
· Cette médaille vient de la collection de
Pellerin, qui l'a publiée dans son troisième
Je doute † de la figure de la der
nière lettre; probablement un n a été omis
Supplément aux six volumes du Recueil des en 3vant du mot 572, et nous avions encore à
médailles des rois, page 119. Il pensait y voir retrouver sur cette pièce la légende : Mattyah
le nom de Mathathias, le chef de la famille
le grand prêtre.
des Asmonéens, qu'Antigone aurait fait graver
sur ses monnaies, pour se faire honneur de Voilà, jusqu'à présent, tout ce que la dy
nastie des Asmonéens nous a fourni de mon
son origine. Ceci est possible. Mais ne serait naies; quelque petit qu'en soit le nombre, je
il pas également possible que Mattyah ou dois m'estimer heureux d'avoir pu en publier
Mathathias eût été le véritable nom hébraïque tant d'inédites, et d'avoir ainsi comblé, d'une
d'Antigone, qui, après la mutilation qu'il fit manière certaine, plusieurs des lacunes re
subir au grand prêtre Hyrcan, en l'an 40 avant connues jusqu'ici par tous les auteurs qui se
Jésus.Christ, aurait exercé le souverain ponti sont occupés de la numismatique hébraïque.
ficat à Jérusalem, jusqu'à sa chute dans l'année
37? Je crois cela fort probable, et je préfère, TRoISIÈME ÉPoQUE. — Dynastie des Iduméens.
je l'avoue, cette explication naturelle à l'idée Nous allons maintenant nous occuper des
que le roi Antigone aurait songé à rétablir de princes héritiers d'Antipater, et nous aurons
préférence sur ses monnaies le nom de l'un encore cette fois la satisfaction de mettre
de ses ancêtres auquel n'était pas due l'illus
tration de la famille des Asmonéens. S'il eût sous les yeux des numismatistes une assez
ample série de monnaies inédites, qu'ils juge
voulu rétablir un nom de famille, il eût cer ront, j'en suis sûr, dignes de tout leur intérêt.
tainement choisi le nom de Judas Machabée HÉRoDE LE GRAND, 40 à 4 av. J.-C. — Ce
ou celui de Simon.
prince était fils d'un Iduméen nommé Antipas,
J'ai pesé cinq de ces monnaies, et voici les ou plus ordinairement Antipater, lequel avait
chiffres que j'ai obtenus: 14g.2— 14g.-13g.8 embrassé la religion judaïque, imposée à tous
—13g.3-12g.8. Le poids légal était donc d'un ses compatriotes lors de la conquête de l'Idu
peu † de 14 grammes, et c'est probablement mée par Jean Hyrcan. Antipater, qui avait
au plus ou moins de conservation des pièces été élevé à la cour d'Alexandre Jannéas et
examinées qu'il faut attribuer les différences d'Alexandra, avait su se concilier l'affection
que ces chiffres nous montrent. de Hyrcan, leur fils, et préparer ainsi un bel
avenir à son ambition. Au couronnement
Voici maintenant la description d'autres
monnaies d'un plus petit module d'Aristobule, Antipater vit toutes ses espéran
6. Dans une couronne. ces à jamais perdues, s'il ne parvenait à faire
remonter Hyrcan sur le trône; et il ne perdit
BAC pas un instant pour travailler à la chute du
IA6 ſ)
CAN...
nouveau roi. Par ses soins, Hyrcan s'allia
- • • • •
d'abord avec Arétas, roi des Arabes Naba
théens; puis, lorsque Arétas eut été vaincu
ſ$. Une corne d'abondance et le reste de légende par Pompée, ce fut à celui-ci que Hyrcan
rétrograde Nºnn.... pour, Nºnno Matiyah (Malha s'adressa pour obtenir la restitution de la cou
† rOnne, †º son frère puîné lui avait enlevée.
?. Sur un second exemplaire, on lit le nom en Aristobule ne régna que trois ans; Pompée
tier BAC... ANTITONOY, et au revers les mots assiégea et prit Jérusalem, envoya à Rome
, 57xTr>... Le grand prêtre. Aristobule et ses deux fils comme prison
8. Sur un troisième on lit : niers, remit Hyrcan sur le trône de Judée, et
BACI conféra l'intendance générale du royaume à
A6 toC l'Iduméen Antipater.
ANTI Bientôt Hyrcan fut renversé de nouveau
I'ON0)' par son neveu Alexandre, qui s'était évadé
et au revers ... mp des prisons romaines. Gabinius, préfet de
...,restes probables de la
légende vun In>n mnrc, Mauyah le grand prêtre. Syrie, marcha sur Jérusalem, vainquit Alexan
dre, rendit à Hyrcan le pontificat, mais éta
Un quatrième exemplaire est illisible.(Pl. v, blit une oligarchie aristocratique, au lieu de la
8.) Le cabinet de l'Académie royale de Madrid monarchie. Dix ans après, Alexandre avait
possède aussi un bel exemplaire de cette été mis à mort; Aristobule, son père, mourait
monnaie. Les quatre pièces du Cabinet impé empoisonné, et Antigone, second fils d'Aris
rial offrent les poids suivants : 10g.7 (exem tobule, avait repris la couronne. Mais César,
plaire à flan très-épais) — 7g., 7-7g. — et étant venu en Syrie, rétablit la monarchie,
7g. (exemplaires à flan, plus mince). Ces poids rendit encore une fois la couronne à Hyrcan,
nOus mOntrent que cette monnaie était une
et rendit en même temps à Antipater l'inten
division exacte de la première, et représen dance générale du royaume. Antipater avail
tait la moitié de sa valeur. deux fils : Phasaël et Hérode. Phasaël fut aus
Perez Bayer (p. 183) reproduit, d'après sitôt nommé au gouvernement de Jérusalem,
Swinton, une monnaie analogue avec les et Hérode à celui de la Judée. Hyrcan, poussº
légendes : par Antipater, avait demandé à César la per
575 M0N DES ANTIQUITES BlBLIQUES. MON 5'44

mission de fortifier sa capitale, que Pompée tence. A partir de ce jour, I1erode ne cessa
avait fait démanteler; il reçut cette autorisa plus d'être bourrelé de remords dont il ne se
tion, et l'enceinte de Jérusalem fut recons délivra jamais; des symptômes d'aliénation se
truite en 44 avant Jésus-Christ. manifestèrent même en lui. Presque aussitôt,
Quatre ans après, Pacorus, fils d'Orodes, une peste terrible vint fondre sur la Judée,
roi des Parthes , entrait en vainqueur à Jéru Hérode y vit un châtiment du ciel, perdit un
salem, remettait Antigone sur le trône de son instant courage et se retira à Samarie, où il
père, et faisait mutiler Hyrcan. Phasaël, qui passa quelque temps dans l'inaction.Alexan
était tombé entre les mains des alliés d'Anti dra, qui avait à venger la mort de ses deux
one, prévint par un suicide la mort qui lui enfants assassinés par Hérode, voulut profiter
† réservée. Quant à Hérode, il parvint à de ce moment pour ressaisir l'autorité souve
s'échapper de Jérusalem, au moment même raine; mais Hérode, averti de ses desseins,
où l'on pensait l'y arrêter, et se réfugia en s'empressa de la faire mourir (28 av. J. C.).
Egypte; de là il passa en Italie, et vint à Il restait encore les enfantsd'un hommenom
Rome, où Marc-Antoine, l'un des triumvirs, mé Babas, qui avaient du sang des Asmonéens
le prit en amitié. Hérode demandait au sénat dans les veines; en 26, Hérode les fit égorger.
la couronne de Judée pour Aristobule, son A partir de ce moment, Hérode résolut de
futur beau-frère; Antoine décida le sénat à s'affranchir des coutumes judaïques, et de vi
conférer cette couronne à Hérode lui-même. vre à sa guise, c'est-à-dire avec les mœurs ro
Celui-ci reçut au Capitole l'investiture solen maines. Il fit construire à Jérusalem un théâtre,
nelle de la main des consuls.Trois mois après et un cirque où il fit célébrer des jeux en
son départ de Jérusalem, il rentrait en roi -'honneur d'Auguste. Des trophées furent
dans le pays qu'il avait quitté en fugitif. Ceci dressés en souvenir des victoires de cet em
se passait en l'année 40. pereur, et toutes ces innovations, coupables
Antigone, qui était alors maître du trône, se aux yeux des observateurs de la loi de Moïse,
prépara à le défendre contre le prétendant, firent naître un complot dont les auteurs fu
malgré les secours que les Romains avaient rent découverts et périrent dans les plus hor
ordre de prêter à celui-ci. La guerre civile ribles supplices; il est vrai que leur dénoncia
dura plus de deux années, et fut terminée par teur fut mis en pièces par le peuple. Hérode
le siége de Jérusalem et † le supplice d'An jugea prudent de fonder dans son royaume
tigone, qui fut décapité, l'an 37 av. J.-C. des places fortes, où il pût au besoin trouver
Ce fut pendant les opérations du siége, un refuge; Samarie fut rebâtie somptueuse
qu'Hérode se rendit à Samarie pour y épouser ment, et reçut le nom de Sébastia, en l'hon
Mariamne, sœur d'Aristobule, pour leouel il neur d'Auguste; il en fut de même de la tour
avait réclamé la couronne. de Straton, qui prit, en 24, le nom de Césarée.
A peine maître de Jérusalem, Hérode fit L'année suivante la Judée souffrit de la di
mourir tous les membres du sanhédrin, ou sette, et Hérode, par les soins qu'il prit afin
conseil des"anciens, à l'exception de deux d'adoucir pour son peuple les atteintes de ce
d'entre eux qui avaient conseillé au peuple fléau, parvint à #sºr pour quelque temps
de capituler, pendant le siége qu'avait soute l'affection des Juifs.
nu Antigone. Un an après, Hyrcan, ayant ap En 23, Hérode épousa une seconde Ma
pris dans son exil qu'Hérode régnait en Judée, riamne, qui était fille d'un prêtre obscur nom
revint à Jérusalem, dans l'espérance de recou mé Simon, et celui-ci fut élevé à la dignité de
vrer la souveraine sacrificature. Mais Hérode, grand prêtre. Dans la même année, le roi fit
tout en recevant Hyrcan avec bienveillance, construire un palais magnifique, nommé Hé
n'en donna pas moins le pontificat à un prê rodium, à deux lieues de Jérusalem, et au
tre obscur,nommé Hananéel, qu'il fit venir de point où il avait autrefois remporté une vic
Babylone. Ce choix étrange déplut au peuple, toire sur les partisans d'Antigone. Autour de
et bien plus encore à Alexandra, belle-mère ce palais s'éleva bientôt une véritable ville.
d'Hérode, qui, à défaut de la royauté, con Hérode, en l'année 21, envoya à Rome,
voitait le pontificat pour son fils Aristobule. pour y recevoir une éducation romaine, ses
Mariamne, sœur de ce prince, pressait vive deux fils Alexandre et Aristobule, qu'il avait
ment son époux d'accéder au vœu de tous, et eus de Mariamne. Auguste les accueillit avec
Hérode se décida à déposer Hananéel, pour bienveillance et les garda près de lui, dans
établir à la place de celui-ci son beau-frère son palais. Auguste fit plus encore pour Hé
Aristobule. rode : il lui accorda le droit de disposer de
Alexandra, non contente de ce qu'elle avait ses Etats en faveur de l'un ou l'autre de ces
obtenu déjà, intriguait sourdement pour faire deux jeunes princes, à son choix, et il lui con
rendre à son fils la couronne qu'Hérode avait céda, en outre des provinces qu'il possédait
usurpée; celui-ci en fut instçuit, et le mal déjà, la Trachonitide, l'Auranitide et la Bata
heureux Aristobuie fut, au milieu d'une par née; puis il le nomma procurateur de la
tie de plaisir, à Jéricho, noyé par des aflidés Syrie.
du roi. Hyrcan, dernier rejeton de l'illustre Hérode avait un frère nommé Phéroras,
souche asmonéenne, donnait encore quelque auquel Auguste, en l'année 20, conféra le ti
ombrage à Hérode; un nouveau crime l'en tre de Tétrarque, en lui donnant la souverai .
délivra, en l'année 30. L'année suivante, Ma neté d'une province située au delà du Jour
riamne fut sans raison accusée d'infidélité par dain. Pour témoigner à Auguste l'étendue de
l'homme cruel qu'elle avait épousé; elle fut sa reconnaissance pour toutes ces grâces,
jugée, condamnée à mort, et subit sa sen Hérode fit élevcr un temole à ce prince au
75 MON DICTI0NNAIRE MON 576

près du Panéion, d'où sort le Jourdain.Cet ter réussirent encore à réveiller les soupçons
acte honteux de flatterie excita naturellement d'Hérode contre ses deux fils, et ce père dé
l'indignation des Juifs; mais Hérode, fort naturé écrivit à Auguste pour lui demander
de l'appui des Romains, n'en prit aucun l'autorisation de les faire juger.Auguste y con
souci. -
sentit, espérant que l'issue de ce procès serait
En l'année 19, Hérode, pour apaiser toutes favorable. Il eut lieu à Béryte, devant Satur
les haines religieuses qu'il avait soulevées ninus, préfet de Syrie. Mais Hérode plaida
contre lui, annonça au peuple qu'il allait re lui-même contre ses fils avec tant de véhé
bâtir le temple de Jérusalem, mais qu'il ne mence , que les deux malheureux princes
commencerait à démolir l'ancien que lorsque furent déclarés coupables et dignes de mort ;
tout serait prêt pour réédifier promptement le tribunal laissait à Hérode le choix du sup
# #eau celui-ci fut ainsi commencé en † Alexandre et Aristobule furent emmenés
'an 17. Sébaste, et là étranglés dans la prison.
En l'an 16, Hérode se rendit à Rome, où il A peine ce meurtre était-il accompli, qu'Hé
fut parfaitement accueilli par Auguste; puis il rode se prit de pitié pour les enfants des deux
revint en Judée, ramenant avec lui ses deux fils qu'il venait d'assassiner et s'occupa de les
fils Alexandre et Aristobule, qui se concilièrent faire élever avee distinction. Alexandre lais
bientôt l'affection de la nation. Ces deux prin sait deux fils, Tigrane et Alexandre; le premier
ces eurent l'imprudence de parler trop ouver fut plus tard roi d'Arménie, et l'on ignore ce
tement de leur volonté de punir † Jour que devint le cadet.
les véritables assassins de leur mère, c'est-à- Aristobule avait trois fils et deux filles. L'un
dire ceux qui avaient poussé Hérode à la sa de ces fils fut particulièrement aimé par Hé
crifier : c'étaient Phéroras et Salomé, le frère rode, et régna plus tard sous le nom d'Agrip
et la sœur de leur père. Ceux-ci, dès lors, ne a. Parmi les filles d'Aristobule, on compte
négligèrent rien pour perdre Alexandre et érodias, qui fit demander par sa fille la tête
Aristobule, qu'ils représentèrent à Hérode de saint Jean-Baptiste.
comme tout disposés à attenter à sa propre Antipater, depuis la mort de ses frères, de
vie. Hérode avait eu un premier fils nommé vait se croire sûr de monter sur le trône ; mais
Antipater, de Doris, qu'il avait répudiée pour le moment de voir ses désirs comblés arrivait
épouser Mariamne; ce prince fut dès lors le trop lentement à son gré; et ce prince infâme,
favori de son père, et il en profita pour faire qui n'avait pas reculé devant l'assassinat de
peser sur ses frères la haine qu'iſleur portait. ses frères, ne devait pas plus reculer devant le
Agrippa, gendre d'Auguste, allait quitter la meurtre de son père. Avec Phéroras, qui de
Syrie pour retourner à Rome ; Hérode vint le son côté nourrissait en secret la pensée de
trouvér, et le pria d'emmener avec lui son saisir la couronne, il forma le projet d'empoi
fils Antipater, afin qu'il pût présenter ses hom Sonner Hérode. Le complot une fois tramé,
mages au maître du monde. Antipater réussit Phéroras se retira dans sa tétrarchie, où il
à merveille à gagner la bienveillance d'Au mourut de maladie peu de temps après. Hé
guste, tout en continuant d'exciter Hérode rode, après la mort de son frère, découvrit la
contre les deux fils de Mariamne. La chose en trame dont il avait failli être victime. Antipa
vint au point que le roi des Juifs partit pour ter, qui s'était rendu à Rome, revint bientôt
l'Italie avec ses deux fils, qu'il venait accuser en Judée, fut arrêté, jugé comme parricide,
devant Auguste; celui-ci reconnut que tous condamné et mis à mort. Le terme de la vie
les griefs † ne reposaient sur rien, d'Hérode était arrivé. Cinq jours après la mort
renvoya les deux jeunes princes absous et les de son fils Antipater, une effroyable maladie
réconcilia avec leur père. A son retour à Jé d'intestins le jeta dans les souffrances les plus
rusalem, Hérode assembla le peuple dans le aiguës. Il mourut à Jéricho, après trente-sept
1emj...e, et désigna son fils Antipater pour son ans de règne, à l'âge de près de soixante et dix
suc\esseur immédiat, Alexandre et Aristobule ans, en l'an 4 avant Jésus-Christ.
ne devant être appelés au trône qu'après leur Hérode fut marié plusieurs fois. Ainsi il
frère aîné. épousa : 1° Doris, dont il eut Antipater; 2°
Peu après, Antipater réussbt encore à trom ariamne, fille d'Alexandre, dont il eut
person père et à réveiller ses terreurs. Alexan Alexandre et Aristobule; 3° Pallas, dont il
dre fut jeté en prison, et répondit aux fausse eut un fils nommé Phasaël; 4° Phédra, dont
tés dont on l'accablait par d'autres accusations il eut une fille nommée Roxane; 5° Ma
fausses lancées contre ses calomniateurs. Hé riamne, fille de Simon, dont il eut Hérode,
rode, toujours prêt à croire aux complots surnommé Philippe, qui épousa Hérodias sa
contre lui, fut transporté de fureur, et fit nièce ; 6° Malthacé, dont il eut Archélaüs, qui
mettre à mort ses amis les plus fidèles et ses lui succéda en qualité d'ethnarque de Judée,
serviteurs les plus dévoués. Archélaüs, roi de et Hérode-Antipas, tétrarque de Galilée ;
Cappadoce, dut intervenir, et il parvint à ré 7º Cléopâtre, dont il eut Philippe, tétrarque
tablir momentanément la paix dans cette mal de l'Iturée et de la Trachonitide; 8° enfin,
heureuse famille. Hérode, réconcilié avec ses Elpis, dont il eut une fille nommée Sa
leux fils, courut à Rome pour instruire Au lomé.
guste de cet heureux événement. Ce fut à son HÉRoDE-ARCHÉLAUs, 4 avant J.-C. à 6 après
retour qu'il inaugura le nouveau temple, dont J.-C. — Avant de mourir, Hérode le Grand
la construction avait demandé neuf ans et avait modifié son testament ainsi qu'il suit :
demi. Antipas, auquel il avait d'abord légué la
3ientôt après, Phéroras, Salomé et Antipa royauté, était désigné pour être tétrarque de
577 MON DES ANTIQUITES BIBLIQUES. M0N 578

de la Galilée et de la Pérée; il laissait à clientèle. L'imposteur osa même venir à Rome


Archélaüs la couronne de Judée; à † et se présenter devant Auguste, qui démas
il donnait la Gaulanitide, la Trachonitide, la † sa fourberie, et lui fit néanmoins grâce
Batanée et Panéas, avec le titre de tétrar e la vie.
ue ; enfin, à Salomé, sa sœur, il léguait A son arrivée à Jérusalem, 1'ethnarque
amnia, Azot et Phasaélis, avec 500,000 de Archélaüs enleva le souverain pontificat à
niers d'argent. A Auguste il léguait 10 mil Joazar, fils de Boethus, et le conféra à Eléa
lions de deniers d'argent, avec une foule de zar, frère du grand prêtre destitué. Il releva
vases d'or et d'argent et de bijoux pré le palais de Jéricho, êt fit construire un aque
cieux ; enfin, à Julie, femme d'Auguste, et duc, qui vint arroser toute la plaine qu'il
à quelques autres, 5 millions de deniers d'ar avait plantée de dattiers; enfin il fonda le
gent. bourg d'Archélaïs. L'ethnarque ne tarda pas
Lorsque la nouvelle de la mort d'Hérode
cependant à exciter contre lui l'animadver
se fut répandue, Salomé, sœur d'Hérode, et
sion de la nation, en épousant Glaphyra,
veuve de son frère Alexandre, contre toutes
Alexas, son époux, convoquèrent le peuple les coutumes judaïques, qui proscrivaient le
au théâtre de Jéricho, pour lui lire le testa mariage entre frère et i§
ment du roi, et lui faire prêter serment de
fidélité à Archélaüs, qu'Hérode avait désigné Eléazar ne jouit pas longtemps du souve
pour son successeur. Ce prince fut proclamé rain pontificat; il fut à son tour destitué et
séance tenante, mais il dut attendre que l'as remplacé par Josué, fils de Siè. Dans la di
sentiment d'Auguste eût été donné aux der xième année de sa puissance, Archélaüs, qui
nières volontés de son père. Il déclara donc avait fini par se faire détester, fut dénoncé
au peuple qu'il s'abstiendrait de prendre le par les principaux personnages de la nation
titre de roi, jusqu'à ce qu'il y eût été auto juive, qui apprirent à Auguste toutes les ac
risé par celui de qui seul dépendait la ratifica tions criminelles dont l'ethnarque s était
tion de son élévation au trône. rendu coupable. Auguste, irrité, le fit man
der sur-le-champ à Rome. Archélaüs ne
Peu après, Archélaüs partit pour aller pouvait se soustraire à cet ordre ; il vint
chercher à Rome l'investiture qu'il espérait, donc devant son † qui, après l'avoir en
et Hérode-Antipas partit de son côté pour la tendu, le dépouilla de ses dignités et de ses
capitale de l'empire, afin de faire valoir auprès richesses, et l'exila à Vienne, ville des Gau
d'Auguste les droits qu'il prétendait avoir à les. Avant la ruine d'Archélaüs, Glaphyra, sa
la couronne. Les deux compétiteurs furent femme, était morte.
entendus, et Auguste ne prononça pas sa dé A partir de ce moment, les provinces qui
cision suprême le même jour, se réservant avaient été soumises à Archélaüs, furent
de réfléchir au parti qu'il devait prendre. Il réunies à la Syrie, et Auguste délégua le con
finit par ne pas confirmer la dignité royale à sulaire Quirinus afin de recenser le domaine
§ auquel il accorda le titre d'eth impérial de la province de Syrie, et d'y an
narque, avec la souveraineté de la moitié des nexer la principauté d'Archélaüs. La Judée
provinces que son père Hérode avait possé fut ainsi réduite en province romaine, vers
dées. Il lui promettait pour plus tard le titre l'an 6 de l'ère chrétienne.
de roi, s'il s'en montrait digne. L'autre moi
tié des Etats d'Hérode fut divisée en deux Il n'entre pas dans mon plan de publier
parts égales, qu'il donna à Philippe et à An les monnaies des tétrarchies et royautés col
tipas. Ce dernier eut les provinces transjor latérales, puisque ce travail ne concerne que
danes et la Galilée. Son frère eut la Batanée, les monnaies † proprement dites,
la Trachonitide, l'Auranitide et une partie de c'est-à-dire celles qui furent frappées à Jé
la tétrarchie enlevée à Zénodore. Archélaüs rusalem même.
conservait ainsi l'Idumée, la Judée et la Sa Nous n'avons donc à nous occuper que
marie, avec les villes de Stratonos-Pyrgos des monnaies d'Hérode le Grand et de son fils
(Césarée), de Sébaste, de Joppé et de Jéru Arehélaüs.
salem. Quant à Gaza, Gadara et Hippos, elles HÉRoDE LE GRAND, 40 à 4 av. J.-C. — Voici
étaient détachées de ses Etats et réunies à les dates essentielles du règne de ce prince :
la Syrie. Enfin, Auguste donnait à Salomé, av. J.-C.
sœur d'Hérode, le palais d'Ascalon, en ou Nommé roi des Juifs en l'année 40,
tre des legs que son frère lui avait des il s'efforce d'arracher la couronne à
tinés. Antigone, qui soutient un siége dans
De tout ce qu'Hérode lui avait légué à lui Jérusalem. Hérode, n'y entre que
dans la troisième année de son rè
même, le maître de l'empire ne se réserva que gne. 57
quelques vases, auxquels il tenait, moins à ll meurt à Jéricho. 4 '
cause de leur valeur, que parce qu'ils venaient
d'un ami perdu. Tout le reste fut distribué On devrait s'attendre à rencontrer de belles
aux héritiers d'Hérode. et nombreuses monnaies d'un règne qui a
A peine Archélaüs était-il rentré en Judée, duré trente-sept années. Il n'en est rien ce
qu'un faux Alexandre, fils d'Hérode et de pendant, et nous allons reconnaître que la"
Mariamne, se présenta; grâce à une ressem numismatique du roi Hérode est en réalité
blance frappante avec le jeune prince qui fort pauvre.
avait péri, # se créa bientôt une nombreuse 1. BAEIAE0E HPſlAOY. Dans le champ un autel
579 MON DlCTI0NNAIRE MON 580.

à trois pieds, surmonté d'une espèce de vase ; à car Josèphe (Bell. Jud., I, xxI, 1) fixe la res
tauration du temple de Jérusalem à la quin
gauche LI (année III); à droite le monogramme #. zième année du règne d'Hérode.
R. Casque de face, avec jugulaires : au-dessus une
étoile ; à droite et à gauche une palme. Pas de légende ; casque à aigrette double et à
jugulaires, vu de profil.
Ma collection, deux exemplaires provenant R. Deux cornes d'abondance. —Ma collection.
de Jérusalem.—Cabinet impérial, deux exem Cette monnaie anépigraphe est d'un style
† - Cabinet impérial de Vienne.—Ca
»inet du docteur John Lee (gravée dans les fort médiocre, et si elle est réellement judaï
« numismatic Illustrations of the New Testa que , elle a probablement servi de transition
ment, par Ackermann, 1846, » p. 3, n°° 7 au système dont je vais actuellement décrire
et 8). les types.
HPtoA BACIA, autour d'une ancre.
La date que présente cette rare monnaie # Deux cornes d'abondance, entre lesquelles est
en fixe la fabrication à la troisième année une grenade. Cabinet impérial.
d'Hérode, c'est-à-dire à l'an 37. Il est indu
La taille, le style et les types de cette mon
bitable qu'elle a été frappée aussitôt après la naie
prise de Jérusalem sur le malheureux Anti sont pour ainsi dire identiques avec ceux
des monnaies d'Alexandre Jannéas.
gone. Nous avons vu que les monnaies de Ackermann (III of the New. Test., p.3, n° 4)
ce dernier prince étaient d'un module très cite cette monnaie.
grand, relativement aux pièces juives ordi
naires des princes Asmonéens, et par consé Cavedoni (p. 53) croit que le type de l'an
† d'un système monétaire différent.Héro cre sur ces monnaies d'Hérode a trait à la
fondation de Césarée; mais ce type se trou
e,en devenant le maîtrede la Judée,fitd abord
frapper lui-même les monnaies d'assez grand vant déjà sur les monnaies d'Alexandre Jan
module, que je viens de décrire, sans doute neas, l'hypothèse de Cavedoni, tout ingé
pour ne pas abandonner brusquement le nieuse qu'elle est, doit être abandonnée.
Système qu'Antigone avait introduit, et auquel Un exemplaire porte au revers un N au
les Juifs avaient dû s'habituer aisément. Nous dessus des deux cornes d'abondance. - Ma
allons voir, en effet, tout à l'heure, que les collection. -

dernières monnaies frappées par Hérôde fu Les suivantes sont d'un module plus petit
rent d'un très-petit † bien plus faible et offrent des flans plus minces.
encore que celui des Asmonéens. HP....... oC (HP0AOY BACIAEooC), autourd'une
ºlil('I'l".
J'ignore ce que peut représenter le mono ſ$. Deux cornes d'abondance et une pomme de
gramme composé des deux lettres T et P. Se grenade.
rait-ce , par hasard , la valeur monétaire de HPto. BAC ou BACI, autour d'une ancre.
la pièce, qui alors aurait été un trias ( tpt3; ? ſt. Deux cornes d'abondancc et une pomme de
Dans tous les cas, comme les grosses pièces grenade.
d Antigone pèsent plus de 14 grammes, et Ma collection, six exemplaires, provenant
la monnaie d'Hérode 8 g. 5 ou 8 g. 6, il n'est de Jérusalem. — Cabinet impérial.
pas possible que l'explication que je viens de Mêmes types, sauf qu'on lit à droite de l'ancre
proposer pour le monogrammeT et P s'appli les deux lettres HP rétrogrades, initiales du nom
que à la fois ausystème monétaire d'Antigone et d'Hérode.
à celui d'Hérode. Cavedoni voit la croix ansée
dans ce monogramme ; mais je ne doute pas Ma collection, provenant de Jérusalem.
que ce ne soit une erreur, et la ligature en Mêmes types ; l'anneau de l'ancre est fort large,
question n'a rien de commun avec la croix et on lit autour les quatre lettres HP.BA rétrogrades,
ansée. pour HPtoAOY BACIA6 toC.
La monnaie ue je vais actuellement dé Ma collection, deux exemplaires provenant
crire n'existe, ma connaissanee, qu'au Ca de Jérusalem.
binet impérial. HPoA.... BACIA. Corne d'abondance.
BA2IAE0E HP0AOY, autour d'un casque sembla #. Pas,de légende ; un aigle posé, semblable à
celui des monnaies des Ptolémées.
ble à celui de la monnaie précédente.
f. Un bouclier à large umbo orné, et bordé d'un Ma collection, † de Jérusalem. -
feston. Conservation médiocre. Poids 4 g.8. Collection de M. Ed. Delessert, même prove
Il semble que cette rare monnaie, bien que Il{lI]C0,
sans date, rentre dans le système monétaire Le type de cette monnaie mérite que nous
des pièces de l'an 3 du règne d'Hérode, puis nous y arrêtions un instant; c'est en effet la
qu'elle pèse, à très-peu près, moitié moins. seule pièce juive sur laquelle paraisse la fi
Ackermann décrit cette monnaie (III of the ,gure d'un être animé. Quelle circonstance a
New. Test., p.3 et 6), après en avoir men pu motiver l'adoption de ce type inusité et en
tionné une semblable, qui porte dans le quelque sorte interdit ? L'historien Josèphe
champ, à droite et à gauche du casque, le va, je crois, nous la faire connaître. Au m0
chiffre 6l, qui désignerait l'an 15 d'Hérode. ment où Hérode, après avoir demandé à Au
J'ignore si cette date est bien lue. guste justice de son fils † venait de
Cavedoni cite cette pièce de l'an 15 d'Hé tomber dangereusement malade, une insur"
rode,et y trouve la date de l'année dans la rection éclata dans Jérusalem, suscitée pºf
quelle ce monarque commença la construc Judas, fils de Sariphaeus, et Matthias fils de
tion du temple. Cette remarque est très-juste, Margalothus, deux des plus illustres docteurs
?,81 MON DES ANTIQUITES BIBLIQUES. MON 582

de la loi, adorés du peuple. Voici quel en Ma collection, provenant de Jérusalem.


était le motif : les deux docteurs accusaient 2. HPto. Autour d'une proue, l'H au-dessous, le P
Hérode d'avoir souvent violé la loi religieu au-dessus et l'to à gauche.
se, et notamment en consacrant un grand aigle R. € 8N. Dans une couronne d'olivier, le tout dans
d'or qu'il avait fait placer sur la porte prin un grènetis.
cipale du temple. Cela, suivant eux, consti . Ma collection; trois exemplaires prove
tuait une violation flagrante de la loi, qui nant de Jérusalem.
défendait d'élever des représentations d'êtres 5. HPtoAOY. Branche de vigne à laquelle pend
vivants, et bien plus sévèrement encore d'en une grappe et un pampre, le tout dans un grène
consacrer. Pendant que ces deux fanatiques t 1S.

parlaient ainsi au peuple, le bruit se répan R. 68NPXOY(sic).Casque de face à double aigrette,


dit qu'Hérode venait de succomber à son mal. et avec jugulaires , à gauche, un petit caducee dans
Judas et Matthias allèrent incontinent briser le champ.
l'aigle à coup de hache, au vu de tout le Ma collection ; deux exemplaires prove
nant de Jérusalem.
peuple qui, en ce moment, était réuni au
temple. 4. Autre semblable avec 60NAPXOY .
Le préteur du roi, instruit de cet attentat, Ma collection : quatre exemplaires prove
courut à la tête d'une troupe de soldats, pour nant de Jérusalem. — Cabinet impérial. —
réprimer les coupables; à son arrivée, la British Museum. — Cabinet du docteur Lee.
foule se sauva, et il ne trouva plus à arrêter La pièce citée par Ackermann (Ill. ofthe New
ue les deux docteurs, avec une quarantaine Test., n° 1), d'après Liebe, avec la légende
e jeunes gens qu'ils avaient excités à se HP9AHc et, au revers, eeNAPxor, me paraît
mettre à la tête du mouvement ; tous furent mal lue. C'est sans doute la même que celle
amenés devant le roi. Celui-ci convoqua aus que je viens de décrire.
sitôt tous les grands du royaume dans le Mionnet, et d'après lui Ackermann (Num.
théâtre de Jéricho, où il se fit transporter en Ill. of the New Test., n° 3), citent la mon
litière, et leur ordonna de juger les coupa naie suivante, qui se trouvait dans la collec
bles ; tous par terreur déclarèrent qu'un tel tion Chamillard :
attentat méritait un châtiment exemplaire, et 5. HP0A0Y. Grappe de raisin.
Hérode fit brûler vif Matthias avec presque R. 66NAPXOY'. Caducée.
tous ses coaccusés. J'ignore ce qu'a pu devenir cette pièce,
Peu après, le roi moribond fut envoyé par qui est fort rare, et dont je ne connais qu'un
SeS § aux eaux de Calirhoë, sur la exemplaire défectueux, appartenant à M. Ed.
rive orientale du lac Asphaltite. Il revint Delessert.
bientôt à Jéricho, et chercha à s'y tuer de sa Toutes les pièces que je viens de décrire
propre main, pour se soustraire aux étrein sont d'attribution certaine, grâce à la pré
tes du mal. Très-peu de temps après, il fit sence du titre d'Ethnarque que porte le
mettre à mort son fils Antipater, et, cinq prince du nom d'Hérode. Leur provenance
jours plus tard, il mourut lui-même des rouve qu'elles ont été frappées à Jérusa
atroces douleurs qu'il endurait sans répit. em, et, comme le seul ethnarque de la Ju
L'aigle d'or, qui joua un si grand rôle dée a été Archélaüs, nous pouvons hardi
dans la sédition excitée par Judas et Mat ment conclure que ce prince avait pris le
nom d'Hérode, qu'il portait seul officielle
thias, avait peut-être été placée par l'ordre ment. Au reste, cette classification est for
d'Hérode sur la monnaie frappée à son nom, mellement adoptée par Cavedoni (p. 51).
avant que la sédition n'éclatât. Peut-être en Maintenant, nous voici arrivés au moment
core, après avoir puni si rigoureusement les où, après la déposition d'Archélaüs, la Judée
atiteurs de ce mouvement de révolte, Hérode
ordonna-t-il de frapper les monnaies à l'ai fut érigée en province romaine, et par con
gle, pour montrer qu'il n'était pas disposé à séquent soustraite à l'administration de ses
plier devant les scrupules religieux d'un peu princes naturels. Dans le n° 3 de l'année 1853
ple qu'il méprisait et qui avait osé le braver. de la Revue numismatique, j'ai décrit ce que
Quoi qu'il en soit, le type de l'aigle sur la je connaissais de monnaies frappées à Jéru
monnaie d'Hérode est un fait tellement insO salem par les procurateurs romains de la Ju
lite, qu'il faut nécessairement en chercher la dée.Je ne puis me dispenser de reproduire
cause, et cette cause ne peut se trouver que ici ce travail, en y ajoutant tous les faits
dans l'un ou l'autre des deux faits dont je nouveaux qu'il m'a été permis de recueillir
depuis sa publication. Plusieurs pièces por
viens de supposer l'existence.Je laisse au tant des dates certaines sont venues étendre
lecteur le soin de choisir celui des deux qui
lui paraîtra le plus probable, et, pour ma la série des monuments numismatiques de
part, je me bornerai à dire que la monnaie cette classe, et je ne doute pas que l'avenir ne
nous réserve encore un certain nombre de
en question est incontestablement de la fin découvertes de ce genre.
du règne d'Hérode le Grand.
Rappelons donc dans quel ordre se succé
HÉRoDE-ARCHÉLAUs, 4 av.J.-C. à 6 ap.J.-C. dèrent les procurateurs de la Judée, men
1. HPGo. A gauche d'une ancre ; la portion de tionnés par Flavius Josèphe.
droite de la légende manque. Le tout dans un grè Auguste devint le maître du monde à la
1metis.
suite de la batailie d'Actium, qui eut lieu l'an
R. € 9NA. Dans une cotironne de chêne, 30 avant J.-C. (la 7° année du règne d'Hérode
585 MON DlCTI0NNAlRE MON 584

le Grand, suivant Josèphe). Hérode mourut son règne, et dans la septième à partir de
l'an 4 avant J.-C., et eut pour successeur son l'époque où Caligula, dont il était ſ'ami, lui
fils Archélaüs, qui ne put prendre que le titre avait mis la couronne sur la tête, sans lui
d'Ethnarque , Auguste lui ayant refusé la permettre de quitter Rome, pour aller pren
royauté. Ce prince gouverna la Judée jusque dre possession de ses Etats.
vers l'année 6 après J.-C. En 44, aussitôt après la mort d'Agrippa,
Vers l'an 6, Archélaüs fut déposé, en puni Claude nomma Cuspius Fadus procurateur de
tion de sa mauvaise administration. Appelé à la Judée. En 46, Tibérius Alexander succéda
comparaître à Rome devant Auguste, afin de à Fadus, et en 48 il fut remplacé lui-même
rendre compte de sa conduite, il fut dépouillé ar Ventidius Cumanus. En 52, Claudius Fé
de la souvêraineté, et exilé à Vienne dans ix fut nommé au gouvernement de la Judée,
les Gaules. La Judée, réduite alors en pro et il le conserva jusqu'en 60, année dans la
vince romaine, fut annexée à la préfecture de quelle Porcius Festus en fut investi à sa place.
Syrie, et, quelque temps après, Coponius fut Festus mourut l'année suivante, et fut rem
nommé procureur impérial de Judée. placé par Albinus, qui garda ce poste impor
En l'an 10, Coponius fut rappelé et rem tant jusqu'en 64. Gessius Florus lui fut subs
placé par Marcus Ambivius, qui resta à la tête titué en 65, et ce personnage fut le dernier
du gouvernement de la Judée jusqu'en l'an † impérial de la Judée. Le 9 juin
13, époque à laquelle Annius Rufus lui fut 8, Néron mourut, laissant les Juifs en pleine
donné pour successeur. révolte, et lancés dans cette guerre désespé
rée dont la prise de Jérusalem par Titus fut
Le 19 août de l'an 14, Auguste mourut. le dénoûment.
Depuis le 11 août de l'an 11, Tibère était RÈGNE D'AUGUSTE, depuis l'expulsion d'Ar
de fait le collègue d'Auguste : son règne n'est chélaüs, 6 à 14 (19 août), 35 à 42 de l'ère
compté néanmoins qu'à partir de la mort d'Actium.
d'Auguste. Tibère retira le gouvernement de
la Judée à Annius Rufus, et envoya à sa place KAICAP0C. Un épi ; le tout dans un grènetis.

'an 15.
Gratus, qui entra en fonctions en R. Un dattier d'où pendent des fruits à droite et
à gauche. L.AGT. (l'an 36).
L'an 26, Pontius Pilatus fut nommé à la Ma collection ; deux exemplaires provenant
de Jérusalem.
lace de Valérius Gratus. Dix ans après (36),
il fut déposé pour malversation et exilé à Cette rare monnaie présente, au premier
Vienne dans les Gaules, où il mit fin à ses abord,une difficulté réelle. Le chiffre semble
jours en 39 ou 40, suivant le récit de l'évêque être AT, et je conçois que l'illustre Eckhel
de Vienne, Addon. Pontius Pilatus fut rem s'y soit trompé. Toutefois, en 33 de l'ère ac
placé par Marcellus, que Vitellius, préfet tiaque, la Judée n'avait pas encore été réduite
de Syrie, déposa l'année suivante ;tcette sen en province romaine, et Archélaüs †à
tence fut confirmée par Caligula, qui en son nom des monnaies à Jérusalem. y a

UlS.
Maryllus prendre la place de Marcel donc forcément une erreur dans la lecture de
la date. En y regardant de plus près, j'ai re
Tibère était mort à la fin du mois de mars connu qu'il fallait voir un chiffre G7 au lieu
de l'an 37, et Caïus Caligula lui avait succédé d'un T, et de la sorte nous tombons sur l'an
sur le trône impérial. Ce monstre fut assas née actiaque 36, année dans laquelle Copo
siné par Chéréas le 24 janvier 41 ; et le même nius, premier procurateur impérial de la Ju
jour, Claude fut appelé à l'empire. Ce prince dée, vint prendre possession de son poste,
mourut le 13 octobre 54. Parmi les femmes et signala son arrivée par une émission de
de Claude, on compte Messaline, qui fut la monnaies † impériales, d'un poids
mère de Britannicus, et que Narcisse fit met supérieur à celui des monnaies juives d'Ar
tre à mort en l'an 48, peut-être à l'insu de chélaüs. Toutefois Coponius crut devoir res
son maître, puis Agrippine, fille de Germani pecter les préjugés de la nation, et n'adopta
cus, frère de Claude. Cette princesse, avant aucun type qui pût être incriminé.
d'épouser son oncle, avait été mariée à Do Mêmes types, sauf que la date est L A0 (l'an 59).
mitius Ahenobarbus, et de cette première Ma collection; provenant de Jérusalem.
union était né Néron. Celui-ci, adopté par
En l'an 39 (9 de l'ère chrétienne), Copo
Claude son beau-père, en 50, lui succéda le nius était encore procurateur de Judée ; c'est
13 octobre 54, au préjudice de Britannicus, donc lui qui a fait frapper la petite monnaie
auquel l'empire revenait par droit de nais que je viens de décrire.
sance. Néron ne se contenta pas d'enlever -

la couronne à son frère adoptif; il l'empoi L'année suivante, Marcus Ambivius rem
sonna dans un festin, dans le cours de l'an plaça Coponius dans le gouvernement de la
née 55. On sait comment Néron mourut, le Judée. Voici les monnaies frappées par l'or
9 juin 68. dre de ce magistrat :
- Revenons maintenant à la Judée. Claude, Mêmes types, avec la date L. M. (l'an 40), et L. MA
une fois maître de l'empire, nomma Agrippa (l'an 41).
roi de Judée, et Hérode, frère # a, roi Ma collection; provenant de Jérusalem. Je
de Chalcide. Ceci avait lieu en 41. L'année ne connais qu'un seul exemplaire de l'an 40.
suivante, Agrippa était de retour en Judée. Eckhel décrit des monnaies offrant ce m,ême
En 44, il mourut dans la quatrième année de type , avec les dates L, T, LI, L6, L8, M et
585 M0N DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. MON 586

MA. Je crois que la pièce portant la date LT R. Epi ; à droite et à gauche la date A.B. (l'an ll,
a été mal lue ; que la pièce avec L. A T doit 16 de l'ère chrétienne).
être lue LAG7; et enfin que la pièce de l'an Cabinet impérial. L'exemplaire de ma col
A6 est une pièce mal conservée de l'an A9. lection provient de Jérusalem. Eckhel décrit
Cavedoni mentionne en outre , sans indiquer cette monnaie, et prend l'épi du revers pour
de source , des pièces semblables avec 1es une palme.
dates LA et AA. Pour les mêmes raisons que Voici la description d'une monnaie vue
j'ai données ci-dessus, je doute de l'existence ar Cavedoni au musée ducal de Parme
de monnaies purement romaines frappées à
Jérusalem avant l'an LA7 (année XXXVI).
# 64) :
KAI-CAP scritto in due linee entro una laurea:
En 43, Annius Rufus vint en Judée pour il tutto in un cerchio di piccoli globetti. »

prendre " le gouvernement de la province ; , ſ. TIB. Due cornucopie, fra le quali L.B. (anno II);
j'ignore s'il fit frapper des monnaies à Jéru : il tutto entro un cerchio di globettini.
salem; en tout cas, elles ontjusqu'ici échappé
à toutes mes recherches. Les pièces de cette année II°, 16 de l'ère
RÈGNE DE TIBÈRE. — L'ère d'Actium fut chrétienne, ont été frappées par l'ordre de
Valerius Gratus.
abandonnée immédiatement après la mort
d'Auguste, arrivée le 19 août an 14 de l'ère IOYAIA, en deux lignes dans une couronne.
chrétienne. Annius Rufus était alors procu R. Un triple lis ; à droite et à gauche la date A.L.
(!'an lII,17 de l'ère chrétienne).
rateur de Judée , et Valerius Gratus ne lui
succéda que dans l'année 15. Ma collection ; deux exemplaires prove
Il existe des monnaies de l'année I" du nant de Jérusalem.
règne de Tibère; les voici : Eckhel décrit cette même monnaie, et ad
1oYAIA. Branche de vigne, avec une grappe de met l'existence d'une pièce exactement sem
T21S1Il. blable, mais portant la date L.7 (l'an VI).
R. L. A. (l'an I). Diota. Je n'oserais affirmer que cette date n'existe
s, bien que je sois tout disposé à le croire ;
Je ne connais cette monnaie que par la il est en effet très-facile de confondre un
description qu'en donne Eckhel, et que re gamma avec l'épisémon, équivalent de notre
produit Cavedoni (p. 63). La pièce porte le chiffre 6. L'année 3 correspond à l'an 17 de
nom de Julie, mère de Tibère. l'ère chrétienne, année dans laquelle Valerius
Je regarde cette monnaie comme ayant été Gratus était procurateur de la Judée depuis
deux ans.
frappée par l'ordre de Valerius Gratus Ca
vedoni cite (p. 63) une pièce qu'il décrit J'emprunte encore à Eckhel et à Cavedoni
6i1I1S1 : la deseription de la monnaie suivante, que je
ne connais pas :
IOYAIA, scritto entro una corona.
R. A.A. (anno I). Diota. TIBé PIOY KAICAP0C CE. Simpulum.
ñ. IOYAIA C6. Lis.
Cette pièce, dont il ne fait pas connaître l'o-
rigine, serait aussi frappée par Valerius Si cette monnaie a été correctement lue,
GratuS. elle ne porte pas de date , et ne peut être
classée d'une manière précise. Mais je soup
KAICAP. au-dessus d'une élégante Diota ; à droite çonne qu'après le nom I0YAIA, il y a réelle
dans le champ A, reste de la date A.A.
R. Branche de vigne avec un pampre. ment sur la pièce la date L. é, (l'an V). Ce
qui me le fait croire, c'est l'existence de la
Cabinet impérial des médailles. Cavedoni monnaie suivante :
cite une pièce analogue qu'il lit(à tort LA
TIB—KAI-CAP, en trois lignes dans une cou
(année XXX). JOIlIle.
Valerius Gratus n'aura pas cru pouvoir R. Palme.A droite et à gauche au bas de la palme
mieux faire, pour flatter ses maîtres, que L.A. (l'an lV). Le nom IOY-AIA, écrit sans doute
d'ordonner l'émission simultanée de mon au-dessus, a disparu.
naies offrant le nom de Tibère et celui de sa Ma collection ; provenant de Jérusalem.
mère Julie. Cette pièce, tout à fait semblable pour les
Perez Bayer, pag. 202, a donné la figure types à celles que je vais décrire plus loin,
de quatre petites pièces analogues, sur deux es années 5 et 1 1 , est malheureusement
desquelles il paraît certain qu'il n'y a pas eu fort mal conservée. Elle est de l'an 18 de
de légende nominale, à en juger du moins l'ère chrétienne, et frappée par l'ordre de
par la netteté des figures. Pour les deux au Valerius Gratus , dans la troisième année de
tres, on n'en peut rien dire. Quant à la date ses fonctions. Cette monnaie est mentionnée
de ces pièces, Bayer, préoccupé de l'idée d'y par Cavedoni (p. 64).
retrouver des lettres hébraïques, n'a pu ni TIB-KAI-CAP, en trois lignes dans une cou
la lire, ni la représenter fidèlement. Cette TOnIl(º.
date est celle de l'an I. L.A. M. Ed. Delessert R. Une palme. A droite et à gauche, dans le
possède un exemplaire de cette monnaie. champ IOY-AIA et L. 6 .
Passons aux monnaies des années sui
V3nteS.
Ma collection; quatre exemplaires prove
nant de Jérusalem.
IOYAIA en deux lignes dans une couronne. Cette date , écrite quelquefois L. C., nous
DiCTIONN. DES ANTIQUITÉS BIBLIQUES. 19
587 MON DICTIONNAlRE M0N 588

fournirait une année 200, incompréhensible R. A. Iq (l'an XVI), dans une couronne.
our moi; mais c'est certainement e. qu'il Ma collection; deux exemplaires provenant
aut lire, car un exemplaire du Cabinet im de Jérusalem ;j'en ai ramassé un moi-même
périal porte très-clairement un point à l'in armi les déblais amoncelés dans la vallée de
térieur du C, exactement comnue sur la plu osaphat. Il paraît clair qu'aussitôt après la
part des pièces décrites † loin et qui ap mort de Julie, Pontius Pilatus adopta ce nou
partiennent à l'année 5 de Néron; d'ailleurs veau type.
un autre exemplaire de ma collection porte Mêmes types, sauf que la date est A IZ ou A 1H
très-clairement L. e. L'année 5 de Tibère
correspond à l'an 19 de l'ère chrétienne , (l'an 17 ou l'an 18).
quatrième année du gouvernement de Vale Cabinet impérial, et ma collection. Les
rius GratuS. exemplaires que je possède proviennent de
Jérusalem.
Mêmes types, sauf que la date est L.IA (l'an XI). Eckhel et Cavedoni mentionnent ces deux
Ma collection ; trois exemplaires provenant dernières variétés. Les années 16, 17 et 18 de
de Jérusalem. Tibère correspondent aux années 30,31 et 32
La date de l'an 11 de Tibère, correspond de J.-C. ; elles ont donc étéfrappées par l'or
à l'an 25 de l'ère chrétienne, dixième du dre de Pontius Pilatus, dans les trois années
gouvernement de Gratus. qui ontprécédé la passion de Notre-Seigneur,
Eckhel décrit des monnaies semblables
† a été crucifié le 3 avril, l'an 33 de
'ère chréticnne.
avec les dates L. A—9-1A-lA. Je soupçonne RÈGNE DE CALIGULA. — Tibère, dans la
que ces monnaies portent en réalité les dates dernière année de son règne, avait déposé
À, 6 , et IA. comme celles que je viens de Pontius Pilatus, et lui avait donné Marcellus
décrire.
pour successeur. A la fin de mars 38, Tibère
TIB6 PIOY KAICAP0C. L. IT. Simpulum. mourut, et Caligula monta sur le trône. Nous
R. IOY'AIA KAICAP0C (sous-entendu MHTHP). avons vu que Vitellius, préfet de Syrie, dé
T rois épis liés.
posa Marcellus moins d'une année après son
Cabinet impérial. — Ma collection, quatre entrée en fonctions, et que cette destitution
exemplaires provenant de Jérusalem. fut confirmée par Caligula, qui envoya Maryl
Je possède une pièce offrant exactement lus prendre la place de Marcellus.
les mêmes types, sauf que la date est écrite Maryllus a-t-il fait frapper à Jérusalem des
L. G. très-lisiblement. — Ma collection. monnaies au nom de son maître ? Je l'ignore,
Cette dernière monnaie est - elle bien bien que la chose paraisse probable. Jus
de l'an 6 de Tibère? Je ne puis le croire ; qu'ici je n'ai retrouvé aucune monnaie de
il serait en effet trop étonnant que ce type, cette classe, † puisse s'attribuer au règne de
adopté dès l'an 6 (20 de Jésus-Christ), eût été Caïus Caligula. Ce prince, couronné à la fin
substitué au type de l'an 5, qui aurait reparu de mars 38, fut assassiné le 24 janvier 41, et
l'an 11, pour faire de nouveau place à celui Claude fut proclamé empereur.
de l'an 6 , remis en pratique en l'an 16. Ici s'interrompt la série des monnaies frap
J'aime mieux croire que le iota placé entre pées à Jérusalem par les procurateurs
riaux de la Judée, pour faire, de nouveau,
†:
la sigle L et le chiffre G a disparu , et que
nous avons encore une pièce de l'an 16, dont place à des monnaies judaïques autono
la date est incomplète. ll]0S,

Eckhel et Cavedonicitent des pièces sembla AGRIPPA, roi des Juifs, 42 à 44. — Nous
bles avec les dates L. H et L. IA. ( 22 ou 25 de avons vu que, parmi les enfants laissés par
J.-C.)Je ne doute pas que ces dates n'aient Aristobule, Hérode le Grand affectionna
été incorrectement lues. L'année 16 de Tibère, spécialement le jeune Agrippa. Ce prince
Vivait à Rome dans l'intimité de Caïus Cali
dont la présence est indubitable sur quelques
exemplaires, correspond à l'an 30 de J.-C. , la. Un jour qu'ils étaient tous deux dans
quatrième année du gouvernement de Pon e même char conduit par Eutychus, affran
tius Pilatus : c'est donc ce célèbre procura chi etcocher d'Agrippa, la conversationtomba
teur de Judée qui a adopté le type des trois sur Tibère, Agrippa eut l'imprudence de
épis liés, type qu'il n'eût probablement pas dire, assez haut pour qu'Eutychus l'entendît,
emprunté à son prédécesseur Valerius Gra qu'il priait Dieu que Tibère laissât, le plus
tuS. vite possible, l'empire à Caïus quien était plus
A propos des légendes de cette monnaie, je
digne. † garda le silence, ne perdit
trouve le passage suivant dans le livre de Ca pas une syllabe de cette phrase, et, ayant été
plus tard accusé de vol par son maître, cou
vedoni ( p. 65) : Livia, a parere dell'Eckhel rut dénoncer celui-ci à† qui fit jeter
(t. Ill, p 498) dicesi 1OYAIA KAICAPoC, sot Agrippa en prison. Six mois après, Tibère
tointesa la roce MHTHP, cioè madre di Tibe
mourut et Caligula, proclamé empereur, mit
riº Cesure , ma potrebbe pur sottintendersi le jour même Agrippa en liberté, en lui don
rrNH, cloe moglie di Cesare Augusto. Je ne
sais trop s'il est possible d'adopter cette s - nant le titre de roi, avec les tétrarchies de
Philippe et de Lysanias.
ºººde leçon, et jé m'en tiens prudemment à
celle qu'a proposée le savant Èckhei , Dans la deuxième année du règne de Ca
TIB6 PIOY KAlCAPOC. Lituus.
ligula, Agrippa obtint de l'empereur la per
mission de se rendre dans ses Etats, et il bar
589 MON DES ANTIQUITES BIBLIQUES. MON 590

tit de Rome. Hérode Antipas venait de Claudius Felix, en faisant frapper des mon
quitter la Galilée, pour aller auprès de l'em naies au nom de Claude et de sa femme
pereur, dont il voulait obtenir la protection Agrippine, crut probablement qu'il était con
toute-puissante. Ce prince arrivait à Rome † e de donner en même temps les hon
en même temps qu'une lettre d'Agrippa qui neurs monétaires aux deux Césars, Britan
l'accusait de trahison. Caligula s'empressa nicus et Néron. Ce qui est certain, c'est qu'il
d'enlever à Antipas sa tétrarchie, qu'il an existe de la même année, quatorzième durègne
nexa aux Etats d'Agrippa. Hérode, banni à de Claude, de petites pièces analogues à celles
perpétuité, fut condamné à subir son exil de Claude et d'Agrippine, mais offrant les
dans la ville de Lyon. noms des deux jeunes Césars. En voici la
Après la mort de Caligula, Claude continua description :
de traiter Agrippa avec la même bienveil 2. N€Pſ) KAAY KAICAP. Deux boucliers et deux
lance, et il ajouta au royaume qu'il possédait javelots croisés.
déjà la Judée, la Samarie, le Liban et la ville R. BPIT.KAI.L.IA. (l'an XIV).
d'Abila.
Ma collection ; cinq exemplaires prove
En 42, Agrippa fit son entrée à Jéru nant de Jérusalem.
salem avec le titre de roi des Juifs. Deux Cette monnaie a été décrite par Eckhel.
ans après, il mourut à Césarée, après un rè Cavedoni la décrit aussi, mais y joint une va
gne total de sept années. riété sur laquelle il voit à tort la date LlA
Je ne connais de ce prince qu'une seule (l'an 11) au lieu de la date LlA. (l'an 14).
monnaie purement judaïque, en voici la des RÈGNE DE NÉRON.
cription :
5. L6 KAICAP0C. Palme.
BACIAE0C ATPIIIA. Dans le champ une sorte de
arasol orné de franges, dans lequel on a cru voir N8P—ſ)N0—C, ou N6 P—ſ)N, ou N6 P—ON0, en
† tabernacle. Cavedoni ne voit aussi qu'un vérita trois lignes, dans une couronne.
ble parasol dans cet objet. Ma collection ; nombreux exemplaires,
Ê. Trois épis ; à droite et à gauche A. G7 (l'an Vl). provenant de Jérusalem.
Ma collection ; nombreux exemplaires Cette monnaie a été décrite par Eckhel et
provenant de Jérusalem. par Cavedoni.
J'ai le premier restitué à Agrippa l" ces L'an 5 du règne de Néron correspond à
jolies monnaies, dont l'origine hiérosoly l'an 59 de J.-C. C'est la dernière année du
mitaine est parfaitement constatée.Eckhel cite gouvernement de Claudius Felix.
une monnaie semblable avec la date L. H.
Après Claudius Felix, la Judée a eu encore
(l'an 8) ; mais j'avoue que je ne crois pas à trois procurateurs : Porcius Festus, qui
son existence. Trompé par cette date erronée, mourut un an après son arrivée à Jérusalem ;
Eckhel classait ces , monnaies à Agrippa le Albinus, qui a gouverné la Judée pendant
jeune, roi de Chalcide. Outre l'invraisem quatre ans, et Gessius Florus, sous l'admi
lanee de la découverte, sans cesse renou
nistration duquel a commencé la révolte des
vélée, à Jérusalem, de monnaies d'un roi de
Juifs, comprimée par Titus.
Chalcis, je ferai observer qu'il m'est passé
par les mains une cinquantaine d'exem Passons maintenant à la courte période de
plaires de cette pièce, et que tous, sans ex la liberté judaïque comprise entre la fin du
ception, portent la date de l'an 6; ils ont règne de Néron et la prise de Jérusalem par
les Romains.
donc été tous frappés dans l'année 43 de J.-
C., c'est-à-dire aussitôt après l'entrée d'A- Gessius Florus, le dernier procurateur de
grippa à Jérusalem, et au moment du plus Judée,'était depuis plusd'une année à son poste.
grand développement de sa puissance Ce magistrat, Clazoménien de naissance, avait
royale. épousé une Cléopâtre, amie de Poppée,
Il est indubitable que ces monnaies, frap femme de Néron, et cette alliance lui avait
pées à Jérusalem, ne peuvent, par cela seul, valu le gouvernement qui lui était confié.
appartenir qu'à Agrippa I", roi des Juifs. Assuré de la protection de !'empereur, Florus,
REGNE DE CLAUDE.
dès son arrivée à Jérusalem, commit tant
d'exactions et tant d'assassinats juridiques,
1.TIKAAYAIOC. KAICAP Te PM. A.IT. (l'an XIII). que les malheureux Juifs, après avoir subi
Deux épis croisés.
R. 10r-AIAAT—PIIIIII—NA. En quatre lignes, pendant plus d'un an le joug infâme qui pe
dans une couronne. sait sur eux, en vinrent à préférer à une vie
pareille la ruine et l'anéantissement de leur
Ma collection; provenant de Jérusalem. patrie. Quand la mesure fut comblée, la ré
L'an 13 de Claude correspond à l'année 53 volte éclata, ardente, implacable, désespérée,
de l'ère chrétienne. Claudius Felix venait et le sang commença † à flots dans
alors d'être nommé procurateur de Judée. toute l'étendue de la Judée, de la Samarie et
Mémes types, sauf que la date est L. IA(l'an XIV). de la Galilée. Flavius Josèphe nous a légué le
Ma collection ; trois exemplaires provenant récit dramatique de cette guerre judaïque, à
de Jérusalem. laquelle il prit une part active, d'abord comme
ennemi acharné des Romains, et ensuite
Cette monnaie, qui est de la dernière année comme partisan dévoué de ceux qu'il avait
du règne de Claude, a été décrite par Eckhel combattus. Cette guerre commença dans la
et par Cavedoni. deuxième année de l'administration de Ges
591 MON DICTIONNAIRE MON 592

sius Florus, douzième du règne de Néron; R. rºx n-n (liberté de Sion). Branche de vigne à
c'est-à-dire dans l'année 66 de l'ère chré laquelle est attaché un pampre.
tienne. -
Ma collection ; huit exemplaires provenant
Je renonce à la pensée de résumer ici de Jérusalem.
l'histoire de la guerre judaïque, parce que tºv ncv (l'an III). Vase de forme élégante, à
tous les faits de cette histoire sont également deux anses, à panse cannelée , et à rebord orné
dignes d'intérêt, et qu'il n'est pas possible de d'un cordon de perles. Un couvercle repose sur le
VaSG.
négliger les uns, pour mettre les autres en l' f$. #eme légende et même type qu'à la pièce de
lumière; je ne puis donc, faute d'espace, faire 3Il 1l .
mieux que de renvoyer mes lecteurs au livre
admirable de Flavius Josèphe. Jérusalem fut Ma collection ; trois exemplaires prove
prise le 8 dumois de Gorpiaeus de la deuxième nant de Jérusalem.
année du règne de Vespasien, Cette année De ces deux monnaies, celle de l'an III est
correspond à l'an 70 de l'ère chrétienne. La incomparablement plus rare que celle de l'an
liberté momentanée que les Juifs payèrent si II. Cela tient probablement à ce que la liberté
†ment dura donc seulement quatre an des Juifs était à son apogée dans la deuxième
Il06?S. année de la guerre judaïque, et déjà à son
Il n'est guère vraisemblable que la nation déclin dans l'année troisième. Les pièces ana
qui faisait des efforts si héroïques pour re logues des années I et IV manquent, et cela
conquérir sa liberté ait négligé de constater, doit être. Dans la première année de la guerre
par des émissions monétaires, ses droits à judaïque, l'autonomie ne fut pas rétablie à
'autonomie qu'elle revendiquait les armes à Jérusalem ; et dans la quatrième année, l'a-
narchie et les divisions intestines avaient
la main, J'ai déjà, en commençant ce travail,
signalé la probabilité de l'existence de mon déjà préparé et facilité à Titus la conquête
naies purement hébraïques, frappées au ré qu'il avait entreprise.
veil d'une nation qui ne voulait rien avoir de Pour ma part, je ne conserve aucun doute
commun avec les Gentils. Du moment que sur la légitimité de l'attribution que je viens
l'existence probable des monnaies de ce de † et, pour changer d'opinion,
genre est admise, il n'y a pas à chercher j'attendrai que l'on ait reconnu une autre
longtemps pour les retrouver, et, ainsi que je période historique à laquelle ces monnaies
conviennent mieux.
l'ai déja dit, ces monnaies ne sont, à mon avis
du moins, que les petites pièces de cuivre RÈGNE DE VESPAsIEN, TITUs CÉsAR.— Après
répandues dans toutes les collections, et cons le prise de Jérusalem par Titus, une foule de
tituant, à elles seules, un groupe numisma monnaies romaines, de tout métal et de tout
tique qu'il n'est pas possible de réunir à aucun module, furent frappées avec des types com
des autres groupes de la numismatique judaï mémoratifs de la conquête de la Judée. Tout
que. Le style, la taille et la fabrique de ces le monde connaît les médailles de Vespasien
pièces les rapprochent forcément des petites et de Titus, portant au revers la légende
monnaies impériales frappées à Jérusalem IVDAEA CAPTA. Une médaille de cette classe,
dans l'an 5 de Néron (59 de J.-C.). ll est vrai décrite pour la première fois par M. Du
que, d'un aûtre côté, leurs types les rappro mersan, porte la légende IVDAEA NAVALIS,
chent des monnaies frappées quarante-quatre en souvenir de la bataille navale de Tarichées,
ans plus tôt (en l'an 15 de J.-C., première de † par Vespasien, sur le lac de Gennéza
Tibère); et cette considération pourrait être reth. D'autres monnaies commémoratives déjà
défavorable à la classification que je propose, bien connues, mais dont néanmoins je vais
si nous ne voyions les mêmes types réparaître rappeler les †
es, furent émises en Judée,
isolément, sur des monnaies indubitables de et il est probable que ces pièces, que l'on ne
Simon Barcocébas, frappées pendant le règne rencontre qu'en Syrie, ont été frappées par
d'Adrien (117 à 138 de J.-C.), c'est-à-dire les troupes romaines restées dans le pays.
uarante ans plus tard. Tout bien considéré Nous savons en effet que Jérusalem même
onc, je ne vois aucune raison de rejeter reçut comme garnison, ainsi que nous l'ap
l'attribution des monnaies anonymes que je prend Josèphe, la X" légion, plus quelques
vais décrire, aux années II° et III° de la guerre escadrons de cavalerie, et quelques cohortes
de l'indépendance judaïque. d'infanterie. Voici la description de ces mon
· naies.
Voici quels sont les types de ces monnaies, AYTOKP TlT0C KAICAP. Tête de Titus laurée,
qui se trouvent en si grand nombre à Jérusa tournée à droite.
lem, que leur origine ne saurait être dou ñ. 10)'AAIAE EAAQKYIAX. Trophée au pied du
teuse , elles ont été très-certainement frappées quel est attaché un captif. A droite sur le terrain
dans cette ville; et je suis convaincu que, le un bouclier. — Ma collection.
jour où des fouilles pourront y être pratiquées . . .. CKAICAP. Tête laurée de Titus à droite.
sans inconvénient, ces pièces se rencontre R. IOYAAIAC 6 AAQKYIAC. Victoire écrivant sur
ront dans une couche de remblais inférieure un bouclier suspendu à un palmier. — Ma collec
à celle que caractériseront les monnaies de tion.
| Barcocébas, mais supérieure à celle où seront · Légendes illisibles. Tête laurée de Titus ou de
réparties les pièces romaines frappées par Domitien à gauche.
les procurateurs de Judée. R. Victoire couronnant un trophée. — Ma collec
tion.
Cºnv n:U (l'an ll). Vase de forme élégaute, à
deux anses et à panse cannelée. Le style et la frabrique de ces monnaies
595 MON DES ANTIQUIIES BIBLIQUES. MON 592,

ne permettent pas de conserver le moindre Talmud, passa sur l'emplacement des porti
doute sur leur origine. ſl suffit de les compa ques du temple, et un temple de Jupiter Capi
rer aux monnaies coloniales de Jérusalem, tolinus fut élevé sur la place même qu'avait
émises par Adrien , pour être convaincu occupée celui de l'Eternel. Mais on sait que
qu'elles appartiennent à la même ville. C'est Julien, deux siècles plus tard, encouragea les
à l'année 71 qu'il faut les rapporter. Juifs à rétablir leur temple sur les fondations
SIMON BARCoCEBAs. — On est assez embar du premier; ce qui semble donner à entendre
rassé pour trouver dans les écrivains anciens qu'il en restait quelques débris. En l'an 139,
quelque notion positive sur l'état de Jérusa Adrien célébra ses vicennalia, c'est-à-dire
lem après le départ de Titus en 70, et jus l'entrée dans sa vingt et unième année de
qu'au règne d'Adrien. Josèphe nous dit règne, et ce fut alors que la nouvelle ville,
que la partie ouest de l'enceinte, et les trois rebâtie sur les ruines de Jérusalem, fut érigée
tours Hippicus, Phasaël et Mariamne,furentres en colonie, et reçut le nom de Colonia AElia
† mais que tout le reste fut renversé, Capitolina, à cause du prénom Elius de l'em
a ville ayant été entièrement brûlée. Eusèbe, pereur, et de la divinité adorée dans son tem
de son côté, prétend † n'y eut de brûlé # rincipal. Enfin, les statues de Jupiter et
que la moitié de la ville; enfin saint Jérôme, G v† urent consacrées au point même
dans sa lettre à Dardanus, dit : Civitatis us où avait eu lieu la crucifixion du Christ.
que ad Adrianum principem per quinqua Passons actuellement à la description des
ginta annos mansere reliquiae. Adrien a monnaies frappées à Jérusalem lors de l'insur
régné de 117 à 138 de J.-C. Si le chiffre donné rection juive qui mit Simon Bar-Kaoukab à
|† saint Jérôme est exact, ce serait vers la tête de la nation.
'année 13 du règne de cet empereur (120) Eºvn-', Jérusalem. Temple tétrastyle, au milieu
qu'il aurait relevé Jérusalem de ses ruines, duquel on a cru voir l'arche d'alliance :, mais c'est
pour en faire une place forte, destinée à lutôt une simple porte, puisqu'alors l'Arche d'al
contenir l'esprit turbulent des Juifs. Dion † n'était plus dans le temple.
Cassius n'hésite pas à déclarer que ce fut Cavedoni (p. 34) voit dans ce type la porte
cette mesure prise par Adrien, qui détermina orientale du temple : Detta anche la bella
une nouvelle levée de boucliers de la nation
(eºpz @paiz) (Act. apost., III, 2), fornita di
juive. Eusède, de son côté, raconte que ce un propileo sorretto da quatro colonne dori
me fut qu'après la répression des Juifs révoltés, che. C'est là une pure hypothèse. De plus,
que la ville de Jérusalem fut rebâtie et érigée comme Josèphe nous dit qu'Hérode employa
en colonie. La chronique Paschale fait en l'ornementation corinthienne, Cavedoni (p.
tendre que ce fut en l'an 119 que la reconstruc 35) conclut de la présence des colonnes do
tion de Jérusalem fut entreprise.Cela est très riques, que ces médailles sont antérieures à
possible; les insurgés furent très-probablement Hérode. J'ai déjà dit † est impossible d'at
les nouveaux habitants amenés sur le site de tribuer ces monnaies à un autre que Barco

la ville sainte, et il fallait bien acquissent cébas; l'opinion de Cavedoni ne peut donc
une puissance effective quelconque, avant pas être adoptée.
qu'il leur fût possible de secouer le joug si R. 5N-v» nºN bnriN r:v, l'an I de la rédemption
pesant des Romains. Or il est positif que, pen d'Israël. Dans le champ, le loulab, faisceau de
dant deux années au moins, ils furent les branchages que les Juifs portaient à la main droite,
maîtres chez eux ; car les médailles de leur lors de la fête des Tabernacles ; à gauche du lou
chefSimon en fontfoi.On croit que cette révolte lab, un fruit assez semblable à un céd at.AR. Poids,
eut lieu vers l'année 132. 15 g. 50. Cabinet impérial.
Simon avait le surnom de Barcocébas (Bar On voit que ce tétradrachme ne porte pas
Kaoukab , fils d'une étoile). Il eut dès l'abord le nom de Simon ; il est donc vraisemblable
de grands succès; tous les Juifs de la Pales qu'il fut frappé par les Juifs insurgés, avant
tine se réunirent à lui ; mais les Chrétiens, l'élévation de leur chef au pouvoir souverain.
ayant réfusé de se ranger sous son drapeau, Nous allons voir tout à l'heure que cette élé
furent traités avec la plus horrible cruauté. vation eut assez promptement lieu, puisqu'il
Simon ne † à s'emparer de Jérusalem. existe des monnaies nominales de Simon
Les Romains méprisèrent d'abord cette rébel Barcocébas frappées également dans la pre
lion, dont l'annonce ne put tirer Adrien de mière annee de la liberté juive.
sa quiétude. Ce ne fut que lorsque les Juifs Un exemplaire d'authenticité douteuse,. et
s'étaient déjà rendus maîtres de cinquante appartenant à M. M. de Vogué, porte les
places fortes et de neuf cent quatre-vingt légendes bN-un-rº.... et Eu + n'. Sans doute
cinq villages importants, que l'empereur cette pièce était datée, et la légende du re
s'émut. Julius Severus, habile capitaine , qui vers porte probablement les initiales de Jé
était alors en Bretagne, fut rappelé et chargé rusalem et de Simon.
de conduire la guerre de Judée. La lutte fut Je crois devoir réunir à la pièce anonyme
longue et désespérée; mais Jérusalem finit
par être reprise sur les rebelles et ruinée de précédente une autre pièce dont la légende
nouveau; le peuple fut massacré ou réduit en manque entièrement d'un côté , ce qui ne
permet pas de la classer d'une maniere cerº
esclavage, et les Juifs furent chassés de Jéru taine. En voici la description :
s em, avec défense, sous peine de mort,
d'approcher de ses murailles. On croit que - - - - - . Palme dont les folioles sont serrées,
dans une couronne.
cette nouvelle catastrophe de la ville sainte
eut lieu en l'année 135. La charrue, suivant le R. bN-UrnºN2, la rédemption d'Israél. Lyrc.
595 MON DICTIONNAIRE MON 596
:.
Cabinet impérial; style barbare et mauvaise Delessert. Quatre exemplaires pèsent ensem
fabrique. Poids, 11 g, 60 ble 12 g. 4, soit en moyenne 3. g, 10; mais il
ANNÉE 1" DE SIMoN, 133 ? — Les monnaies faut observer que parmi ces quatre pièces,
de Simon Barcocébas frappées dans la pre une est très-usée et une autre trouée, deux
d'entre elles seulement étant d'une cOnserva
mière année de son espèce de règne, se sub
divisent en deux catégories : 1° celles qui ne tion satisfaisante. De plus, l'un de ces quatre
portent pas de date; 2° celles qui portent la exemplaires est surfrappé sur un denier ro
date de l'an I. main ; on y aperçoit encore distinctement les
Commençons par la description des pre lettres OPT. restes de la légende , OPTIM0
mières. PRINCIPI de quelque denier de Trajan.
Dans une couronne :
vcv (pour Tycº), Simon. Grappe de raisin. roty
Simon.
R. Ebun mºnb, à la liberté et à la (concorde ?). y
† le champ, une palme à folioles serrées contre R. ..urn mn..., à la liberté de Jérusalem. 0En0
a tige. choë et palme dans le champ. Poids, 5 g., 2.
Collection de M. M. de Vogüé, qui a acquis Cabinet impérial ; collection de M. Ed.
cette pièce à Jérusalem. Delessert et la mienne ; trois exemplaires de
La légende du revers est parfaitement com l'une de ces variétés, provenant tous les
plète, et il faut la lire comme je viens de le trois de Jérusalem, sont évidenmment coulés,
faire, ou admettre que le graveur du coin a avec beaucoup d'art, sur le même exemplaire
Omis les deux lettres "n" initiales du nom de antique : tous trois sont troués à la même
Jérusalem. Au droit les deux dernières lettres place, et offrent les mêmes traces d'une lé
du nom Tycv n'ont certainement pas existé gende qui semble ainsi conçue : ISV. LASA
non plus. SIAN? ét dans laquelle se trouvent les traces
du nom de Vespasien. La pièce originale était
Cette pièce n'est pas d'argent pur, et je donc surfrappée sur un denier d'argent de
soupçonne, à en † par l'aspect du métal, Vespasien. Villalpandus † Urb.,t. flI,
qu'elle a été coulée sur une pièce antique, # 81) a publié cette pièce d'argent †
comme la plupart des monnaies juives d'ar érez Bayer a reproduite d'après lui (p. 29,
gent, que l'on offre à Jérusalem à tous les note 28). Les légendes sont fort nettes, et se
voyageurs. fl est vrai que l'inexpérience or
dinaire de ceux-ci donne une assez grande lisent ry-v et E7Un nrnb.
chance de succès à cette coupable industrie. Ty..., Simon. Lyre.

Quoi qu'il en soit, n'hésite pas à considérer f ...... nnnb, à la liberté de (Jérusalem). Une

ce type comme celui d'une monnaie authen palme dont les folioles sont serrées, dans une º"
tique,dont l'original se trouverainfailliblement ronne. — Epais et de petit module. Poids, 7 g ,º
quelque jour. Cabinet impérial. Pérez Bayer a publié (p.
M. Ed. Delessert possède un exemplaire sur 141, une pièce semblable sur laquelle 0n
† on lit en toutes lettres le nom de Jéru lit encore ſ..., et au E5.....…
S8l16IIl. "y — cty

-
-
Tyzv, Simon. Temple tétrastyle, comme sur le |
tétradrachme anonyme décrit ci-dessus.
écrit dans le champ, à droite et à gauche
# # i# ń. tºwn n'-nb, à la liberté de Jérusalem. Lou
lab et cédrat. Poids, 15 g. 75.
d'un dattier en fruit.
R. EbvTnº nrnb, à la liberté de Jérusalem. Dans
le champ un pampre.
Cabinet impérial ; exemplaire à fleur de Cabinet impérial.Ma collection, deux exem
(ºOlIl.
plaires. Les pesées de trois de ces exemplai
Perez Bayer a publié cette monnaie, p. 141. res m'ont fourni 11, 4, 9, 20 et 9, 30.
Tycv, Simon. Grappe de raisin. Pérez Bayer a publié cette monnaie (p.
f$. Dºw"- nrnb, à la liberté de Jérusalem. Dans 41 .
le champ deux trompettes. Ce type présente de nombreuses variétés
du coin. Voici les principales dont j'ai pu
Ce denier d'argent a été surfrapppé sur jusqu'ici
une monnaie de Trajan. On aperçoit encore constater l'existence :
en effet les lettres TR... de la légende primi 1° Ty —Y>U7°
tive. Poids, 3 g., 20.
| Cabinet impérial et collection de M. Ed. et au revers ... nº n-nb. — Ma collection.
Lelessert. La pièce du cabinet impérial est 2° "y — n) ° °
trouée, mais assez bien conservée.
Il paraît évident †º la grande pièce d'ar traces de légende du type surfrappé .. EII..
R. .... Thº ...... traces du type surfrappé Al'T-
gent que je viens de décrire avant celle-ci KAlTPA...
représentait, en valeur et en poids, quatre de
ces deniers qui avaient le poids du denier Ma collection, provenant de Jérusalem.
impérial. Passons à un autre type du même système
pycw, Sim on. Grappe de raisin. monétaire.
R. cbv - nrnb, à la liberté de Jérusalem. Lyrc. "y — YoUy

Cabinet impérial et collcction de M. Ed. à droite et à gauche d'un dattier en fruit.


597 MON -
DES ANTIQUITES BlBLIQUES. MON 598
R. ... vºn nnnb. † de raisin. — Epais ñ bNrv nbNº, à la rédemption d'Israël. Pampre.
E. de petit module. Perez Bayer, p. 141. - Cabinet impérial.
Le cabinet du Roi possède une monnaie de Nous trouvons des monnaies sur lesquelles
la même espèce, dont voici la description : la légende nominale est absolument illisible;
yo — t7 il semble que les lettres qui la composent
- 1 ;
aient été jetées au hasard dans le champ
de la pièce. Pérez Bayer (page 65) a pu
à droite et à gauche d'un dattier en fruit. blié les figures de deux monnaies de cette
R. Légende illisible; grappe de raisin. classe, sur lesquelles il croyait voir une lé
gende conçue en lettres empruntées à un
Ces monnaies nominales, sans date, pré alphabet secret. J'avoue que je ne saurais
sentent parfois une autre légende, mais en souscrire à une semblable hypothèse. On n'a
conservant les mêmes types; et comme cette pas jusqu'ici deviné le sens de ces légendes ;
nouvelle légende se retrouve sur des mon en cela je ne suis pas plus habile que mes
naies datées de l'an I, je crois que les pièces devanciers; voilà tout.Quoi qu'il en soit, voici
non datées qui la portent ont servi de transi la description de ces étranges monnaies :
tion pour passer aux pièces datées. yu — NU7?
Nous voici enfin arrivés aux monnaies de : ln - "?
N$
Simon Barcocébas, portant une date.
à droite et à gauçhe d'un dattier en fruit.
p»-- ñ v rbNab nriN n v, l'an Iº de la rédemption
Nºt : Simon, prince d'Israël. d'Israél. Grappe de raisin. — Epais et de grand
bx-v» module. —Cabinet impérial.
en trois lignes dans une couronne. Un second exemplaire du même Cabinet
# bR· · · · · bNab nriN rcv, l'an I" de la rédemp oorte, au droit les lettres suivantes :
tion d'Israél. Dans le champ un vase de forme ºb -
élégante, à deux anses. — Poids, 35g., 40. - Ca 7 — N?
binet impérial.
J'ai vainement cherché à démêler quel Pérez Bayer (p. 65) a publié deux pièces de
cette classe, dont la légende du revers est
ques traces d'un type primitif sur cette ma aussi vº r5Ni7 rnN n:v, l'anI" de la rédemp
gnifique monnaie, qui probablement a été tion d'Israël. Quant aux légendes de face,
surfrappée sur quelque grand bronze du haut elles sont restées illisibles pour Bayer comme
empire. Cette pièce est isolée et ne se ratta pour moi.
che, par ses types, à aucune série antérieure
ou postérieure. Nous venons de passer en revue tout ce qui
a été retrQuvé jusqu'ici de monnaies apparte
•s-v ev rvcw, Simon, prince d'Israël. Palme nant à l'an I" de Simon Barcocébas. Voyons
dans une couronne. maintenant quelles sont les monnaies que ce
f$. bNnrº nbNxb nriN n:v, l'an I" de la rédemp chef a fait frapper dans la deuxième année de
tion d'Israël. Lyre. son règne.
SIMON BARCoCÉBAs, Année II, 134?
J'emprunte la description de cette mon
naie de bronze, à la figure détestable que pycw, Simon. Temple tétrastyle.
Bayer a reproduite (page 26) , d'après Kir f$. bNnv - nb a v, l'an II de la liberté d'Israél.
scher, qui l'a publiée dans son OEdipe égyp Loulab et cédrat. — Tétradrachme. Poids, 15 g., 85.
tien (t. lI, page 102). Toutefois nous pouvons — Cabinet impérial.
affirmer que les types sont exacts, grâce à la On voit que les tétradrachmes de cette
connaissance que nous avons des monnaies classe ouvrent toutes les séries monétaires
de bronze à la lyre. émises pendant la révolte qui mit Simon Bar
7n - yoU7 cocébas à la tête de la nation juive. La série
ºNº — tºi des pièces datées de l'an I" est la seule dont
N — t,77
le tétradrachme n'ait pas encore été retrouvé,
du moins à ma connaissance ; mais je ne
-
doute pas qu'il ne se rencontre quelque
(bN-v» Nºt,7> pvcw), Simon, prince d'Israél. jour.
A droite et à gauche d'un dattier en fruit. , Simon. Grappe de raisin.
Â. bN-v» nbNxb nnN n:v, l'an I" de la rédemp R. (sic) 5-Nv - nb a v,. l'an II de la liberté
tion d'Israél. Pampre. — Cabinet impérial. d'Israël. OEnochoë et palme. -- Poids, 5 g., 20,
— Cabinet impérial.
Pérez Bayer a publié cette monnaie (page bx-v» Nºur inccr. A droite et à gauche d'un
65), d'après Hardouin, qui l'avait trouvée dans dattier en fruit.
1a collection de Boze.
R. bN-un - : -- nb a v. Pampre. — Ma collec
, , , - yxy - - - -
tion.
" - ºuti : Simon, prince d'Israél. Yy — cU) Simon.
bN —-v
à droite et a gauche d'un dattier en fruit. A droite et à gauchc d'un dattier en fruit.
599 MON DICTIONNAlRE - M0N 600

ñ. -- Nnuy - nb a v, l'an II de la liherté d'Israël. — Mionnet d'après Vaillant. (Num. in col


Pampre. —Cabinet impérial et ma collection. perc.)
IMP HADRIANVS. Tête laurée d'Hadrien à droite,
Pérez Bayer a publié (page 95 et 4) trois avec le paludamentum.
monnaies de cette classe. La première est
semblable à celles que je viens de décrire; la ñ. COL AE CAP. Aigle romaine hampée. - Ca
deuxième et la troisième portent à droiteet à binet impérial.
gauche du dattier Mionnet (Suppl. t. VIII, p. 60, n° 1) classe
º - tl7 à Adrien une médaille qui ne peut appar
y tenir à ce prince, à cause du titre COMMO
DIANA donné à la colonie
Nous avons acnevé l'examen de toutes 1es
monnaies judaïques proprement dites, et nous ADRIEN ET ANTONIN.
croyons avoir démontré que ces précieux IMP T AEL CAES ANTONINVS.. Tête nue
monuments doivent se répartir sur un espace d'Antonin à droite.
d'environ 465 ans , puisque Alexandre est Â. Légende effacée. Tête d'Hadrien avec le palu
mort en 333 avant l'ère ehrétienne, et que la damentum, tournée à droite.
révolte de Simon Barcocébas ne fut étouffée
dans le sang que vers l'année 135. Ma collection ; exemplaire provenant de
Jérusalem.
J'aurais pu m'arrêter ici, puisque j'avais ANToNIN LE PIEUx, 138 à 166.
rempli le cadre que je m'étais proposé d'em
brasser; mais il m'a semblé qu'il y aurait un IMP ANTONINO AVG. Tête laurée d'Antonin
intérêt réel à ne pas m'en tenir strictement à à droite, avec le paludamentum.
la description des monnaies judaïques, parmi R. COL AELIA CAP. Bacchus debout , tenant un
lesquelles je me suis vu déjà forcé d'interca thyrse et une coupe; à ses pieds une panthère.
§ pièces romaines frappées à Jérusalem, Cabinet impérial : deux exemplaires. Sur
par les procurateurs de la Judée.Je me suis le second, la légende du droit est'terminée
donc décidé à réunir, comme complément par AVG PPP.
de mon travail, les monnaies coloniales ro
lMP CA T AEL HAD ANTONINO AVG PP. Tête
maines frappées à Jérusalem, après la révolte
de Simon § laurée d'Antonin à droite, les épaules nues.
R. CO AE CAP. Tête de Sérapis, coiffée du mo
Je vais passer rapidement en revue la série, dius, à droite.
d'ailleurs fort curieuse, de ces monnaies im
périales, série que viendra clore convenable Cabinet impérial ; deux exemplaires.
ment la première monnaie musulmane de Jé IMP C T AEL AV. Tête nue d'Antonin, à droite.
rusalem, émise après la conquête. ñ. COL AE CAPlT. (Le sommet des lettres est
tourné vers le centre de la monnaie.) Tête de
Monnaies impériales coloniales frappées Sérapis, coiffée du modius, à droite. Petit mo
à Jérusalem. dule.

C'est dans l'année 136, ainsi que je l'ai Cabinet impérial ; deux exemplaires.
déjà dit plus haut, que l'empereur Adrien, # troisième exemplaire porte IMP C T (AEL AV)
célébrant ses vicennalia, érigea la ville de ANT.
Jérusalem en colonie, et lui donna les titres
de Colonia MElia Capitolina. Cabinet impérial.
ANT0NlNVS AVG PPP. Tête laurée d'Antonin à
ADRIEN, 136 à 138.
droite, avec le paludamentum.
IMP CAES TRAIANO HADRIAN.. Tête laurée ñ Dans un temple tétrastyle, figure tourrelée
d'Hadrien, à droite, avec le paludamentum. debout, s'appuyant de la main gauche sur la haste,
ñ. COL AEL KAPlT (sic) COND. Colon condui tenant de la main droite un objet indéterminé et
sant un attelage de deux bœufs, derrière lesquels
le † droit posé sur un casque ? A l'exergue,
C A C.
paraît un étendard planté en terre.
Cabinet impérial ; deux exemplaires. - Cabinet impérial ; ma collection.
Ma collection. T AEL ANTONINVS AVG PP. Tête laurée d'An .
tonin à droite.
Cette monnaie est, sans aucun doute, la
première qui fut frappée à Jérusalem, au Â. C A C. Astarté? debout ; le pied droit sur un
fleuve ? vu à mi-corps. — (Mionnet, d'après Vail
moment même de la fondation de la colonie lant).
AElienne Capitoline.
J'emprunte la description de cette monnaie
IMP CAES TRAI HADRIAN.. Tête laurée d'IIa au catalogue de Mionnet, et je pense que cet
drien à droite, avec le paludamentum.
ñ C0L AEL CAP. Jupiter Capitolin assis dans habile numismatiste n'avait pas, plus que moi,
un temple distyle; devant et derrière lui deux fi confiance dans les détails de cette descrip
gures debout et s'appuyant sur une haste. Petit tion. Que pouvaient avoir de commun avec
Inodule. la Jérusalem romaine, la déesse Astarté et un
fleuve ? Je l'ignore. Probablement, il s'agit
Cabinet impérial. encore de la figure de la ville ºlle-même,
lMP CAES HADRlANVS AVG. Téte laurée d'Ha posant le pied sur un casque.
drien à droite, les épaules nues.
lMP ANT.. Tête laurée d'Antonin à droite, avcc
ñ COL AEL CAP. Tête radi e du Soleil, à droite. le paludamentum.
601 M0N DES ANTIQUITES BIBLlQUES. M0N 602

ñ. CO AE CA. Les Dioscures debout et s'appuyant lue ainsi par Mionnet, me paraît douteuse.) Tête
sur la haste ; entre eux un aigle. nue de Marc-Aurèle jeune.
Cabinet impérial. Cabinet impérial.
-- - - NVS AVG PPP. Tête laurée d'Antonin à droite, IMP CAES ANT0NlNVS AUG. Tête laurée d'An
avec le paludamentum. tonin à droite, avec le paludamentum.
R. COL..... CA. Les Dioscures debout, et s'ap R. COL AEL CAP. Têtes affrontées d'Antonin le
puyant sur la haste. Pieux et de Marc-Aurèle. — Mionnet (Suppl.,
t. VIII, n° 10, d'après Vaillant.
Cabinet impérial. Légende illisible. Têtes affrontées et laurées
lMP ANTONINVS AVG PPP. Tête laurée d'An d'Antonin et de Marc-Aurèle.
tonin à droite, avec le paludamentum. - R. ... AEL CAP. (Sommet des lettres tourné vers
f. CO AE CA. Tête tourrelée de la ville à droite. le centre.) Jérusalem assise, tenant de la main droite
une patère ? et de la gauche une corne d'abon
Cabinet impérial; trois exemplaires. dance.
ANTONINVS AV.. Tête laurée d'Antonin à droite, Cabinet impérial. — Ma collection.
les épaules nues.
R. CO AE CAPI. Tête à droite, coiffée d'une peau Il est possible que les têtes affrontées
de lion. soient celles de Marc-Aurèle et de Lucius

Cabinet impérial.
Verus. La vue d'un exemplaire complet peut
seule trancher cette question.
Le Cabinet impérial des médailles possède MARC-AURELE, César, 138 à 161 ; empereur,
un PB. provenant de la suite de Pellerin, et 161 à 180.
dont voici la description :
IMP CAES ANTONlN0. Tête laurée d'Antonin à
.. TO...AC.. Tête tournée de Marc-Aurèle jeune,
à droite, avec le paludamentum.
droite, avec le paludamentum. R. C A C. Aigle sur un foudre.
R. Sanglier marchant à droite ; au-dessus les
lettres K A E. que Mionnet a lues à tort , je Cabinet impérial.
crois, K A C. pour Colonia AElia Capitolina. L'usage lMP CAESAR M ? A ANTONINVS AVG. Tête
du K pour l'init ale du mot Colonia, tandis qu'on laurée de Marc-Aurèle, à droite , avec le paluda
aurait pris un C pour initiale du mot Capitolina, 1)lentttnl.
me parait rendre cette lecture plus que suspecte.
T AEL ANTONINVS AV. Tête laurée d'Antonin f$. COL AEL CAP. Trophée.
le Pieux.
Cabinet impérial.
ñ COL AELIA CAP. Tête de Sérapis, coiffée du lMP CAESAR ANTONINVS. Tête laurée de Marc
modius. — Mionnet (Supplément, tom. VIll , n° 5),
d'après Vaillant (l, p. 288). Aurèle, à droite.
ANTONINVS AVG P P TR COS III. Tète laurée
R. COL AEL CAP. Jupiter assis, à gauche, te
nant une patère dans la main droite et la haste
d'Antonin. . dans la gauche ; à ses pieds, un aigle. - Mion
R. COL AEL CAP. Tête laurée de Sérapis, avec net, d'après Vaillant.
le modius. — Mionnet (Suppl., t. V lll. n° 4), d'a- IMP CAES M AVREL ANTONINVS AVG P M.
près Vaillant. Tête nue de Marc-Aurèle.
T AEL AN l'ONlN0 AVGVST0. Tête laurée d'An
tonin le Pieux.
R. COL AEL CAP. Colon conduisant des bœufs.
-- Mionnet (Suppl., t. VllI, n° 12), d'après Frœ
f COL AELlA CAP. Bacchus nu debout, tenant lich.
une grappe de raisin de la main droite, et un thyrse d MANT lMPCTR.I.. Tête nue de Marc-Aurèle, à
de la gauche ; à ses pieds une panthère. — Mion roite.
net (Suppl., t. Vlll, n° 5), d'aprés Vaillant. R. COL AEL CAPlT. Tête de Sérapis, à droite.
Sans légende. Tête laurée d'Antonin le Pieux.
ñ. CO AE CA. Tête tourrelée d'un génie. — Cabinet impérial.
MARC-AURÈLE E r LUCIUS VERUs.
† (Suppl., t. VllI), d'après Liebe(Goth. num.,
p. 513). IMP CAES ANTONlNO ET VERO AVG. Têtes
nues et affrontées de Marc-Aurèle et de Lucius
Je soupçonne , fort que cette pièce n'est Verus.
u'un spécimen défectueux de lamonnaie que R. COL AEL CAP. Tête de Sérapis, à gauche,
j'ai décrite ci-dessus, et dont le Cabinet im coiffée du modius.
périal possède trois exemplaires.
T ÀEL ANTONINVS AVG PP. Tête laurée d'An Cabinet impérial, quatre exemplaires.
tonin. º ...ANTON.. Têtes laurées de Marc-Aurèle et de
#. C A C. Astarte tutulée debout, tenant de la 1L Verus.
main droite une tête humaine, et de la gauche une Â. COL AEL CAP. La ville debout dans un tem
haste, frappant du pied droit un fleuve se baignant. ple tétrastyle.
— Mionnet (Suppl., t. Vlll, n° 7), d'après Vaillant
et Eckhel (lll, p. 442). Cabinet impérial. -

Je soupçonne que cet exemplaire dé:


Cette description s'applique encore indu fectueux se rapporte à la description sui
bitablement à la pièce que j'ai citée tout à Vante.
I'heure, d'après Mionnet et Vaillant, comme IMP ANToNINvs AvG IMP L AVR VERVS
présentant des types peu vraisemblables. AVG. Têtes affrontées de Marc-Aurèle et de Lucius
ANToNIN ET MARC-AURÈLE, 138 à 161. Verus.
lMP T AEL ANTONINVS PPP. Tête laurée d'An R. COL AEL CAP. Astarté debout dans un ten
tonin à droite, avec le paludamentum. ple, portant sur la main droite la tête de Sérapis.
ſi M AVRELIVS CAESAR C A C Cette légende, et tenant dans la gauche une haste, frappant du
605 MON DICTIONNAIRE MON 604

pied droit un fieuve se baignant. - Mionnet Cabinet impérial. -

(Suppl., t. VIlI, n° 15), d'après Vaillant. Le titre COMM, pour Commodiana, at


IMP CAES ANTONINO ET VER0 AVG. Têtes tribué sur ces médailles à la colonie AElia
laurées et affrontées de Marc-Aurèle et de Lucius
Verus.
Capitolina, prouve que Commode rendit à
la colonie des services importants, à moins
ñ. Victoire tenant une couronne et une palme. que nous ne préférions voir, dans l'em
Cabinet impérial et ma collection. loi de ce titre, un exemple de plus d'adu
ation.
IMP CAES ANTONINO ET VER0 AVG. Têtes
affrontées de Marc-Aurèle et de Lucius Verus, avec .. ANTONINVS. Tête laurée d'Elagabale, à droite.
le paludamentum. Â. COL AEL CAP COMM. Figure debout, s'ap
R. COL AEL CAP. Femme tourrelée assise, te puyant sur la haste.
nant dans la main droite une patère, et dans la Collection de M. l'abbé Greppo.
gauche une corne d'abondance. - Mionnet.
Cette monnaie ressemble beaucoup à celle à drI'Oite.
AVR ANTONINVS.. Tête laurée d'Elagabale,
ue j'ai décrite plus haut, mais avec hésita ñ COL AEL CAP COMM. Tête de Sérapis, à
tion, à Antonin et Marc-Aurèle. droite.
M AVR ANTONINVS L VERVS.. (Litt. evan.). Cabinet impérial.
Têtes affrontées et laurées de Marc-Aurèle et de DIADUMÉNIEN, 217 à 218.
Lucius Verus.
M OPEL DIADVMENIANVS. Tête laurée de Dia
f$. COL AEL CAP. Tête de Sérap,s, à gauche,
avec le modius. — Mionnet (Suppl., t. Vlll, n° 14), duménien, à droitc, avec le paludamentum.
d'après Sestini. Â. COL AEL CAP COMM. et àl'exergue P F (Pia
IMP CAES ANTONINVS ET L VERVS. Têtes
Felix). Temple tétrastyle au mileu duquel se voit
affrontées et laurées de Marc-Aurèle et de Lucius
la ville déifiée. Entre les colonnes paraissent deux
Victoires.
Verus.
f$. COL AE CA. Victoire marchant, tenant une Cabinet impérial.
couronne de la main droite et une palme de la
gauche. — Mionnet (Suppl., t. VIlI, n° 15.) .. OP DIADVM.. Tête nue de Diaduménien, à
droite, avec le paludamentum.
Même type au droit. f$. COL.. Tête de Sérapis, à droite, coiffée du
À. COL AEL CAP. Femme vêtue de la stola, modius.
marchant, tenant des fleurs de la main droite et
une palme de la gauche. — Mionnet (Suppl. t.VIll, Cabinet impérial.
n° 16.) d'après Gassner.
M OPE DIADVMENIANVS C. Buste lauré de Dia
LUCIUs VERUs, 161 à 169. duménien, à droite.
$. COL AEL CAP COMM. Figure casquée tenant
(CAE) S L AVREL VE(RVS).Tête nue de Lucius un javelot; dans le champ le signe H ?
Verus, à droite.
f$. COL AEL CAPI. La louve allaitant Rémus et Cabinet impérial.
Romulus. Ce groupe est placé sur une base. TRAJAN DÈCE, 249 à 251 .
Cabinet impérial. .ANT TRA DEClVS AVG. Tête lauree, à droite.
SEPTIME SÉvÈRE, 193 à 211. ſ$. COL—AEL CAP-COMM. En trois lignes dans
UlllC COUll'OIl Il6º.
C. TIMIOC C6OYHPOC. Tête laurée de Septime
Sévère, à droite.
Cabinet impérial.
R. AIA. KA. KOA. Temple tetrastyle, au milieu
duquel est le simulacre d'une divinité. Dans les deux ...C MES Q TRA DECIVS AVG. Tête laurée, à
droite.
parties latérales du temple, une enseigne militaire.
— Mionnet (n° 24). R. COL AEL KA... Jupiter assis, ayant un aigle ?
à ses pieds. -

Je n'ai pas beaucoup de confiance dans Cabinet impérial.


l'existence de cette médaille coloniale à lé
endes † Mionnet, du reste, ne nous à ,..TR DECIVS AVG. Tête radiée de Trajan Dece,
it pas d'où il l'a tirée. droite.
Â. COL AEL CAP COM. Tête tourrelée de la
CARACALLA, César, 196 à 198, Auguste, ville, à droite. — Petit module.
198 à 217.
JMP M AVR ANTONINVS A. Tête radiée de Ca Cabinet impérial.
racalla, à droite, avec la cuirasse ? HERENNIUs ETRUscUs ET HosTILIANUs, 249
R. COL AEL CAP COMM. Tête de Sérapis, à
droite, coiffée du modius. AETRVSCVS ET QVINTVS CAESS. Têtes acco
lées et radiées d'Herennius et d'Hostilien, à droite,
Cabinet impérial, deux exemplaires. Ma avec le paludamentum.
collection, provenant de Jérusalem. Un troi ñ). COL AEL CAP COM... Bacchus debout, te
sième exemplaire de cette monnaie existe au nant la haste de la main gauche et la tête de Séra
Cabinet impérial, mais il est d'un module plus pis de la main droite. Dans le champ, un thyrse,
petit. placé entre le corps de Bacchus et la haste sur la
ELAGABALE. quelle il s'appuie. — Grand module.
.. ANTON.. Tête laurée d'Elagabale, à droite. Cabinet impérial.
ñ. .. AEL CAP COMM. La louve allaitant Rémus AETRVSCVS ET QVINTVS CAESS. Têtes acco
et Romulus. lées d'Herennius Etruscus ct d'Hostilien, à droite,
605 MON DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. M0S 606

l'une radiée et l'autre nue, avec le paludamentum. Un exemplaire du cabinet impérial porte
À. COL AEL CAP COMM. Figure militaire de deux fois le nom de la Palestine, au lieu de
bout, la main droite levée, et tenant la haste trans la légende ordinaire « AElia, Palestine. »
versale dans la main gauche."- Mionnet ( n° 52),
d'après Vaillant. Ces monnaies, que j'ai décrites en 1841
HosTILIANvs, 249 à 251.
† à M. Reinaud sur quelques points de
a numismatique arabe, lett. IV), sont proba
C VAL OST MES QVINTVS C. Tête radiée d'Hos blement du khalifat d'Abdou'l-Malik (76 de l'hé
tilien, avec le paludamentum. gire, 695 de J.-C.) ; car, Omar s'étant emparé
Â. COL AEL KAII (sic). Femme ou Astartétutulée de Jérusalem en 637 (58 ans auparavant), il
et succincte, debout entre deux enseignes mili
taires, tenant un globe de la main droite, la gauche n'est guère possible que ces monnaies, qui,
posée sur la haste. — Mionnet (Suppl., t. VIIl, bien qu'anonymes, ont une analogie frap
n° 19). Tanini (Suppl. ad Banduri num. Impp., pante avec les pièces nominales du khalife
p. 23.) Abdou'l-Malik, aient été frappées dès l'arrivée
d'Omar. Il se pourrait encore, pour des rai
J'ai emprunté cette description telle # sons que j'ai exposées ailleurs (lett. IV), qu'el
et je ne me charge pas d'en défendre la ré les fussent du khalife Moaviah. Mais ce n'est
daction.
point ici le lieu de traiter cette question, et,
.Voici enfin la description d'une dernière en reproduisant ces monnaies musulmanes,
pièce de Jérusalem que je trouve dans Mionnet je n'ai voulu que clore convenablement la
Suppl., t. VIII, p. 360, n. 1) : série des monnaies antiques de Jérusalem.
.. ... Tête d'Hadrien. MORASTHI, HE-MoURAsTI.—Morasthi, pa
ñ. COL AEL CAP COMM. Figure radiée, tenant trie du prophète Michée, était, selon saint
de la main droite un globe et de la gauche une Jérôme , un petit village des environs d'Eleu
haste, dans un temple tétrastyle. De chaque côté, theropolis.
§ figure debout ; au bas E. -- Mionnet,
3SSIlCI'.
d'après Reland prétend qu'il ne faut pas, comme
quelques écrivains, la confondre avec Ma
I'6S8l.
Mionnet classait cette monnaie à Adrien,
sans aucun doute par inadvertance; il est bien Morasthi était de la tribu d'Ephraïm (Jerem.
évident en effet que le titre coMMoDIANA ne xxvI, 18.)
MORIA, MoRIAH. — Le II° Livre des Chro
peut avoir été porté par la colonie AElienne
† sous Adrien, qui est mort en
138, c'est-à-dire trente-huit ans au moins
niques dit formellement que Salomon com
mença à bâtir le temple du Seigneur à Jéru
avant que Commode ne fût associé à l'em salem sur le mont Moria. Dans la Genèse, nous
pire (176). Comme il est fort probable que lisons (xxII, 2) que Dieu dit à Abraham :
ce prince ne se permit de changer les noms des Prends ton fils unique Isaac que tu aimes, va
villes coloniales que lorsqu'il en fut le seul dans la terre de Moriah , et tu me l'offriras
maître, cela nous reporte encore à quatre ans en holocauste, sur une des montagnes que je
plus loin, puisque Commode ne régna seul te La montrerai.
† de 180 à 192. Tout bien considéré, je ne Vulgate et le texte samaritain ne se ser
Oute pas que cette monnaie ne soit identi vent pas du mot « Moriah, » mais ils écri
vent : Va dans la terre de vision. Ils n'ont
que avec la première pièce que j'ai classée
plus haut à Diaduménien. donc pas fait un nom propre du mot Moriah.
Mais comme nous avons le texte précis des
Voilà tout ce qui, jusqu'ici, a été signalé de Chroniques, cité plus haut ; que d'ailleurs il
monnaies impériales coloniales frappées à était impossible que le souvenir du lieu où
Jérusalem. Il ne paraît pas douteux qu'il ne Abraham avait dressé le bûcher pour immo
reste encore, dans cette série, beaucoup de ler Isaac, se fût effacé de la mémoire des
découvertes à faire; il n'est guère possible, en hommes, il est d'une bonne déduction de dire
effet, que l'atelier monétaire de la colonie ait † le Moria sur lequel le temple fut élevé,
chômé pendant toute la durée de certains ut le Moriah même où avait été préparée
règnes, et notamment sous Commode, qui l'immolation d'Isaac.
lmposa son nom à cette q9lonie. Je ne puis
donc qu'engager les numismatistes à recueil ' Nous avons dit ailleurs †e cette montagne
lir avec le plus grand soin tout ce qui pourra fut aplanie pour former le vaste parallélo
gramme rectangle du temple salomonien. —
ajouter quelques faits nouveaux à l'histoire
numismatique que je viens de tracer. Voy. PARALIPoMÈNEs et RoIs. (Art judaïque.)
J'ai annoncé que je terminerais mon tra MOSERA, MoCERoUT. — Cette localité est
Vail sur la série des monnaies frappées à Jé le vingt-septième campement des Israélites
rusalem, par les premières pièces de cuivre dans le désert. Mosera et Moseroth sont le
qui furent émises dans cette ville par les même nom, l'un donné par le Deutérono- .
conquérants musulmans. En voici la des me (x , 6), l'autre par les Nombres (xxxIII,
cription : 31). On lit dans le Deutéronome : Ils allèrent
A)! J,-» J.-º. Mahomet est l'envoyé de Dieu. Le de Beroth-Bene-Iacan à Mosera. On lit dans
calife de 0out, l'épée au côté. les Nombres : Ils allèrent de Moseroth à Bene
Iacan. Les commentateurs reconnaissent
R. lºlal (AElia), ey-la-lº(Palestine). M cursive des qu'il y a eu transposition des copistes, dan°
monnaies byzantinés surmontées du croissant. l'un ou dans l'autre de ces textes. Mais com
Cabinet impérial. - Ma collection. prove me nous avons le texte samaritain, et qu'il
nant de Jérusalem. est conforme à la leçon du Livre des Nom
607 NAZ DICT10NNAIRE NEB 608

bres c'est dans le Deutéronome qu'a eu lieu sérée dans le texte, et mal placée, puisque
la transposition. La phrase du Deutéronome nous savons par le Livre des Nombres et par
qui dit, en parlant de Mosera : Aaron mourut le texte samaritain du Deutéronome, qu'Aaron
là et y fut enseveli, est une note marginale in mourut sur le mont Hor, et y fut enseveli.

N
NAALOL, NAHALAL. — Ville des Lévites, des hommes qui, par suite d'un vœu, avaient
dans la tribu de Zabulon. (Josué, xIx, # consacré leur personne à Dieu, laissaient pous
NAAMA. — Ville de Juda. (Josué, xv, 41.) ser leurs cheveux et faisaient perpétuellement
NAAMATH, NAAMAH. — C'est le nom de la abstinence de vin. Josèphe les mentionne une
ville de Sophar, un des amis de Job. (Job II, seconde fois (Ant. Jud., XIX, vI, 1). Voici à
| 11.) Cette localité est complétement inconnue. uel propos. Le roi Agrippa I", rendu, par
NAARATHA, NooRATH. — Ville sur les l'empereurClaude, à la liberté et à la royauté,
frontières d'Ephraïm. (Josué,xvI, 7.) Eusèbe s'empressa de revenir à Jérusalem, et de
l'identifie avec Noorath, qu'il place à cinq faire de nombreux sacrifices en actions de
milles de Jéricho, Josèphe l'appelle Néapa. grâces, suivant tous les préceptes de la loi.
NAASSON.—Ville de Nephthali, près de Sa Il profita de la même circonstance pour faire
· fet. (Tob, I, 1.) couper les cheveux à une foule de Nazaréens
NABAJOTH, NABIoUT. - Isaïe (Lx,7) parle ( cette fois ceux-ci sont nommés Na#tpatot,
des béliers de Nabajoth. Un des fils d'Ismaël sans doute par suite d'une faute de copiste).
ortait ce nom. Il est donc probable que c'était Très-certainement le roi Agrippa ne com
e nom d'une des tribus arabes plutôt que mettait cet acte singulièrement arbitraire,
le nom d'une ville, et peut-être l'un etl'autre. que pour plaire aux † lesquels les
NABATHEENS. - Josèphe a appelé la Na Nazaréens étaient un sujet de haine. Ces der
batine, ou Nabathène, le pays des Naba niers Nazaréens n'étaient très-probablement
théens, toute la contrée qui s'étend depuis que des Chrétiens. Evidemment le Christ n'a
l'Euphrate jusqu'à la mer Rouge. Saint Jé pu prendre son nom de Nazaréen, de cette
rôme (Comment. in Gen. xxv, 13) dit que secte, dans laquelle on pourrait être tenté de
cette partie de l'Arabie tire son nom de Na croire qu'il était entré, puisqu'il buvait du
baïoth, fils d'Ismaël. vin. Il est donc certain qu'il n'a reçu ce nom
NABO, NABoU. — Ville de Ruben. (Nom que parce qu'il avait passé toute son enfance
bres xxII, 38.) Eusèbe place un village, plus et sa jeunesse à Nazareth, petite ville de Ga
tard abandonné, à huit milles au midi d'Hes lilée. Quant à cette ville, on n'en trouve au
bon, qu'il appelle Na6aó. C'est évidemment cune mention avant l'époque de Jésus-Christ,
cette Nabo. et c'est dans le NouveauTestament seulement
NAHALIEL. — Campement des Israélites. qu'elle est citée.
(Nomb. xxI, 19.) Je lis dans mon itinéraire : Sans entrer
NAIN.—Le village arabe de Nayn se trouve dans la ville, nous avons longé l'enclos du
entre Nazareth et Djennin. C'est là que le couvent, et tourné immédiatement au nord,
Christ ressuscita le fils de la veuve. pour prendre la route de Thabarieh. A quel
Eusèbe écrit son nom Naim ; mais saint ques cents pas seulement de Nazareth, nous
Luc (vIII, 11) l'écrit Natv, exactement comme avons rencontré une assez belle fontaine, nom
le prononcent les Arabes de nos jours. mée fontaine de la Vierge, où étaient rassem
NAJOTH, NAIoTH. — Localité près de Rama blées, soit pour laver leur , linge, soit pour
† les Grecs ont écrite Navā0. Ce lieu servit puiser l'eau de la provision quotidienne,
e refuge à David et à Samuel. (1 Sam., xIx, † jeunes femmes, offrant des types
20.) Le texte ajoute que Samuel présidait là 'une régularité et d'une élégance remar
une réunion de prophètes. Ce passage est ex
trêmement curieux.
† Il paraît qu'il y a longtemps que les
emmes de Nazareth jouissent du privilége
NANEA. — Il est question du temple et des d'être jolies, puisque déjà au vI siècle, An
prêtres de Nanea, dans le II° Livre des Ma toninus le martyr écrivait qu'il y avait à Na
chabées (I, 13, 15). zareth des femmes extrêmement belles, et
NAPLOUSE, NEAPoLIs.— Voy. SICHEM.
NATHINÉENS. — Les Nathinéens ne for
† prétendaient qu'elles avaient été gratifiées
e ce don précieux, par la Vierge Marie. Je
maient ni une race, ni une famille. On donna ne sais pas si la sainte Vierge est pour quel
ce nom aux Gabaonites, que Josué destina à que chose dans la beauté des femmes chré
porter le bois et l'eau nécessaires au service tiennes et musulmanes de Nazareth, mais ce
du tabernacle. Plus tard, David et Salomon que je sais très-bien, c'est que cette beauté
sOumirent au même travail les restes des Ké est très-réelle, et que les femmes qui la pos
nâanéens qui subsistaient encore de leur sèdent ont le droit d'en être fières.
temps. Ils habitaient Ophel. (I Chron. Ix, 2.) NEBAHAZ.—ldole des Hévéens(II RoisxvII,
NAZARETH. — Il est souvent question, 31), Assyriens d'Avah transportés à Samarie.
dans l'Ancien Testament et dans Josèphe NEBALLAT, NABLATH. — Nom de ville cité
(Ant. Jud., IV, Iv, 4), d'une secte judaïque dans le Livre d'Edras (xI, 34).
quis'appelait les Nazaréens,Nz,apzºo! : c'étaient NEBO, montagne. — Voy. FESGAH.
009 01L1 DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 0PHl 610

NEBO, NABoU. — Il y eut une ville de ce Sainte. Elle avait pour limites au nord le
nom dans Juda. (Esdr. II, 29.) Liban, au levant le Jourdain, au couchant
NEBSAN. — Ville de Juda. (Josué, xv, la tribu d'Aser et au midi celle de Zabulon;
62.j
.) ces deux tribus formaient la Galilée supé
NECEB. — Voy. ADAMAH. T1eure.
NEHELESCOL, NAHAL-AsCoL. — C'est le NEPHTOA, NEFToUH. — La fontaine de
torrent ou la vallée de la grappe de raisin Nephtoa était sur les frontières de Juda et
(Nomb. xIII, 25). D'après un passage de saint de Benjamin. (Josué xv, 9; xvIII, 15.)
Jérôme, le lieu d'Escol serait entre Beth NERGEL. — Divinité des Chutéens.(II Rois,
Sour et Hébron. Ce fut là que les envoyés xvII, 30.)
de Josué cueillirent cette fameuse grappe NETUPHAT,NEToPHATI,NETIIAPHAT.—Ville
de raisin qu'ils rapportèrent au #ºp des de Juda entre Beit-Lehm et Anathoth. (Es
Israélites comme une marque de l'éton
nante fertilité de la Palestine.
dras, II, #
NICOPOLIS. — Voy. EMMAUs.
NEHIEL. — Ville frontière d'Aser.(Josué, NOA - Ville frontière de Zabulon. (Josué,
xIx, 27.) xIx, 13.)
NEMRA, NIMRIM. — Voy. MoABITIDE. NOB, NoBE, NoBA,NoPHETH, NAB.—Il y aeu
NEMROD (ToMBEAU DE). — Près de Kafr deux villes de ce nom : l'une, ville sacerdotale,
Haouar les Arabes montrent une pierre située dont il est fait mention avec Anathoth par
sur le bord de la route de Damas qu'ils ap mi les villes de Benjamin. ( Esdras, xI, 32.)
pellent le tombeau de Nemrod. Ce fut là que l'arche fut transportée.Saint Jé
# non — Ville de Manassé. (I Rois rôme la place près de Lydda ou Diospolis.
IV, 11 . L'autre, appelée Chanath, dans le pays de
NEPHI, NEPHTAR. — Ce lieu est mention Galaad, qui fut † par Nobe de la tribu de
né dans le II Livre des Machabées (1, 36) Manassé, lequel lui donna son premier nom
comme ayant reçu en dépôt le feu sacré jus de Nobe. (Nomb. xxxII, 42.) .
qu'au retour de la captivité de Babylone et C'est probablement la même que Nepheth.
Où Néhémie le retrouva. (Josué xvII, 11.)
NEPHTHALI(TRIBUDE).—C'était, avec Aser, NOPHE. — Voy. NABo.
la tribu la plus septentrionale de la Terre NORAN.—Ville d'Ephraïm. (IChron.vII,28.)

0
OBOTH. — Trente-sixième campement des de circonférence à la base. Les botanistes les
Israélites dans le désert. (Nomb. xxI, 10.) regardent comme contemporains du Christ.
ODOLLAM. — Voy. ADoULLAM. OLON. — Voy. HELoN.
OLIVET † — Le mont Olivet ou le ONO, AoUNoU. — Ville située près de Lod
mont des Oliviers est au levant de Jérusalem, ou Lydda.(I Chron. vIII, 12.) Relandl'identifie
et n'est séparé de la ville que par l'oued du avec la ville d'Onous placée parmi les villes
Kédron qui est si étroit que de la colline de la I'° Palestine.
§ de la montagne on peut se faire OPHAZ, AFIR. — L'or le plus pur qui
entendre de quelqu'un qui serait au pied de était transporté dans la Terre-Sainte venait
la muraille du temple. . - - -
d'Ophir.(I Rois, x, 11.) On est fort embarrassé
La grotte de Gethsémani et le jardin des pour trouver cette localité, que l'on place na
Oliviers sont au fond de la vallée du Kédron. turellement dans l'Inde. On croit communé
Bethanie, le village de Lazare,est au levant sur ment que la presqu'île de Sumatra ést dési
le versant opposé. .. . gnée par le nom d'Ophir.
-

La montagne des Oliviers forme un petit OPHEL. - Il n'y a pas de doute possible
chaînon se dirigeant du nord au sud et sur l'identification d † C'est le prolon
marqué par trois hauteurs distinctes que l'on gement du mont Moriah qui va expirer par
désigne ainsi, en partant du nord : 1° le , Viri uh rocher abrupt au-dessus de la fontaine de
Galilœi, ainsi nommé parce que la , tradition Siloan. J'ai constaté dans mes études sur le
place là l'entretien d'un ange avec les disci temple l'antiquité de la muraille de la ville
ples après l'ascension. - qui, se joignant au mur méridional du temple
2 Le mont Olivet sur lequel eut lieu l'as et entourant, en formant angle droit, le jardin
cension du Sauveur et où fut bâtie une église de la mosquée El-Aksa, se termine à la mon
dont on voit encore l'enceinte extérieure jus tée de Sion. C'est le mur d'Ophel dont il est
, lu'à la hauteur de 2mètres. question dans les Chroniques (II, xvII,3). Les
3° Le mont de l'offense ou du Scandale, Nathinéens habitaient Ophel et formaient
ainsi nommé parce † Salomon y éleva des comme un petit faubourg, au midi du temple.
temples aux fausses divinités. -
OPHER, KIIRFER. — Il est fait deux fois
Du sommet de ces trois hauteurs, On voit mention d'Opher. La première fois dans Jo
parfaitement la mer Morte et toute la chaîne sué # 17); une seconde fois dans les Rois (II,
des montagnes d'Arabie. xIv,25). Josué prit cette ville et fit périr son
Le mont desOliviers est encore aujourd'hui roi. C'éait donc une ville de quelque impor
couvert d'oliviers, mais assez clairsemés. Les tance. Elle est mentionnée avec Taphua et
plus beaux sont dans le jardin des Oli Geth. La carte de Carl-Ritter place Geth-He -
viers : quelques-uns ont jusqu'à sept mètres pher près de Nazareth. Opher serait donc de
611 PAL DICTIoNNAIRE PIIA 612

la triou de Zabulon. Saint Jérôme dit que


Geth est un petit bourg à deux milles de
2 ºn — Ville de Benjamin. (Josue,xvIII,
4.
Saphorim, sur le chemin de Tibériade. ORONAIM. — Voy. HoRoNEIM, article MoA
OPHERA, AAFRAH. — Ville de Benjamin. BITIDE.
(Josué XVIII,# Eusèbe place Ophra à cinq ORORI. - Nom de ville inconnue. (II Sa
milles de Beit-el, vers l'orient. Il y a une au muel,xxIII, 33.)
tre Ophra dans la tribu de Manassé à laquelle OZENSARA, AzEN-SARAH.— Ville bâtie par
saint Jérôme donne le nom d'Ephrata. Jo Sara fille d'Ephraïm.(I Chron. vII, 24.) Il n'est
sèphe la nomme 'Eppä. fait mention qu'une seule fois de cette ville.

P
PALESTINE. — Le nom de Palestine dé PATMOS. — L'une des Sporades, dans l'Ar
signe aujourd'hui une des parties de la Syrie. chipel, où saint Jean écrivit l'Apocalypse : Je
Chrétiens, Juifs, Mahométans, appellent ainsi ſ# dans une île qui s'appelle Patmos. (Apoc.
le pays qui fut occupé autrefois par les douze I, 3. -

tribus d'Israël. Cependant on nomme aujour PELUSE (SIN).—Ezéchiel est le seul écrivain
d'hui Hauran toute la contrée transjordane. sacré qui mentionne cette ville d'Egypte dont
Le nom de Palestine serait donc circonscrit #º # est fort connu. (Ezech. xxx,
dans la contrée qui a l'Egypte au midi, le Li
ban au nord, le Jourdain au levant, la Médi PENTAPOLE. — Voy. MoABITIDE et Go
terranée au couchant. MORRHE.
Dès le temps d'Hérodote ce nom était don PERGAME. — Ville d'Asie citée par saint
né au pays compris entre la Phénicie et l'E- Jean. #
oc. I, 11, 12.)
gypte. Il l'appelle même la Syrie de Pales PHANUEL, FENIEL. — Ce fut le nom que
tine. Jacob donna au lieu où il lutta contre l'ange.
Au v° siècle la Palestine fut divisée en pre (Gen. xxxII, 30.)
mière Palestine , seconde Palestine et troi Il s'éleva dans ce lieu une ville dont Gé
sième Palestine. déon abattit la tour ou forteresse et mit à
La première Palestine avait pour villes mort les habitants. Cette ville était située
principales : sur le torrent du Saboc. (Jug. vIII, 8). Elle
AElia, nom moderne de Jérusalem après fut rebâtie par Jéroboam, comme une place
sa destruction, — Antedon, — Antipatris, — forte qui lui garantissait la rive gauche du
Apathus, — Araclia ou Heraclia, — Arche Jourdain. (I Rois xII, 2). Josèphe dit que Jé
lais, — Ascalon, — Azot (les deux villes), — roboam y construisit un palais (Antiq, Jud.,
Bitelion, — Caesarea, — Diocletianopolis, — † III.) Cette ville était dans la tribu de
801.
Diospolis ou Lydda, — Dora, — Eleuthero
polis, — Gadara, — Gaza, — Gerara , — Je PHARA. — Localité mentionnée dans les
richo, — Jamnia, — Joppe, — Livias, — Machabées avec Thamnata. (I Mtich. Ix, 50.)
Lydna, — Majuma, — Minois, — Neapolis, — PHARAN, PARAN. — Pharan est mentionnée
Nicopolis, — Raphia, — Sebaste, — Scytho †e ville, comme vallée et comme soli
† — Josuza, — Sycamazon, — Toxus, — tude.
ricomias, — Onus. Reland place la ville de Paran à trois jour
La deuxième Palestine avait pour villes nées de marche, au levant, d'Aila. C'était le
principales : contraire qu'il fallait dire, puisque Aïla ou
Abila, — Caparcotia, —Capitolias, — Dioce Aïlath est sur le golfe § , et que les
sarée,—Gadae,--Gadara,—Gaulame(China),— Israélites, qui traversèrent le désert de Pha
Helenopolis, — Hippus,—Maximianopolis, — ran, ne prirent jamais la direction orientale
Naïs , — Pella , — Tiberias, -- Zabulon. au delà d'Ailath.
La troisième Palestine avait pour villes Il est mieux de placer le désert de Pharan
principales : ainsi que la ville au couchant du golfe d'A-
Aila, — Areopolis (Rabath-Moba), — Arin kabah, et au midi des terres d'Edom. Du
dela, — Augustopolis, — Birosaba, — Cha reste, un texte précis place Cadès dans le dé
racmoba, — Elusa, - Mamopsora, --Mapse, sert de Pharan. Et cette Cadès est Cadès-Bar
— Miti'ocomia , — Pentacomia , — Petra, -- nea. Habacuc fait aussi une montagne de Pha
Pharan, — Phaenon, — Saltus Hieraticus, — I'aIl †
3). D'après le Deutéronome le désert
Sodoma, — Zoara. de Pharan s'étendait jusqu'à la mer Rouge.
PALMYRE. — Ville célèbre de la haute PHARATHON , PHARATHos. — Ville d'E-
Syrie, bâtie par Salomon dans le désert. Cette phraïm. Josèphe en fait une ville de Galilée.
ville eut plus tard, sous Zénobie, un magnifi (Antiq. Jud. V, Ix.) Il parle aussi d'une
que accrOlssement. Pharatho fortifiée par Bacchides. C'est cer
Il importerait à la science que les voyageurs tainement la même ville. (Ibid., XIIl, 1.) Ab
recherchassent, avec un soin minutieux, dans don, juge d'Israël, fut enseveli à Pharathon,
la Palmyre grecque, la Palmyre salomo à la montagne d'Amalec, dans la terre d'E-
nienne. Ce beau travail est encore à faire. phraïm.(Juges, XII, 15.)
Le nom de Palmyre ne paraît que deux PHARPHAR. — Voy. ABANAH.
fois dans les Livres saints. (I Rois, Ix, 18; PHARURIM, FERoUARIM.—Le II* Livre des
II Chron. vIII, 4.) Rois indique sous ce nom un endroit du tem
615 l'IIE DEs ANTIQUITES BIBLIQUES. PIIE 61J

ple dont on ne peut pas préciser la destina se rencontrent toujours à Beyrout, bien que
tion, parce que le texte # en fait mention ne elles y soient assez rares, et les rthines dont
·
#
le dit pas clairement. (II Rois, xxIII,
PHASAELIS.— Ville bâtie par Hérode dans
toute la côte est garnie, au sud du port ac
tuel, jusqu'au Râs-Beyrout, et en remontant
la vallée de Jéricho.Josèphe(Antiq. Jud. XVI, vers l'est, loin des rochers de la plage, mon
Ix) la place au nord de Jéricho et la nomme trent que la ville avait une grande importance;
q'aaam)iôz. Elle fut donnée à Salomon avec le port est jonché de tronçons de colonnes
Jamnia et Azot. Sanut la place à trois lieues incessamment battus par le flot; le môle lui
du Jourdain, et dans la plaine où descend le même est formé de tronçons semblables, et
torrent de Kerith. Il y a erreur dans cette trois belles colonnes sont debout encore dans
identification. Le Kerith est le Nahr-el-Kelt un jardin particulier, situé contre la porte du
qui passe à Jéricho même. Les ruines de Fa sérail; des mosaïques à peine recouvertes par
saël sont au Tell-Fasaïl sur les bords du Ouadi le sol, se montrent sur plusieurspoints ; mais
Fasaïl que M. de Van de Velde identifie à tort tOutes ces ruines sont situées à l'est et au sud
avec le Kerith de la Bible. Et cette position du port qui occupe l'extrémité nord de la vil
est réellement au nord de Jéricho. le moderne, comme de la ville antique. Cette
Phasaélis n'a été mentionnée dans aucun remarque va nous aider immédiatement à tran
des écrivains sacrés du Nouveau Testament. cher une question géographiqueassez curieuse.
PHASELIS. — Ville de Pamphylie men Le texte de Scylax, réproduit par Reland,
tionnée une seule fois. (I Mach. xv, 23.) porte à propos de Béryte : Bnputò; rô)tçzzi )tuiiv
PHASGA. — Voy. FEsGAH. Bopivô;. le texte publié par Gail porte : Bnpvtô;
PHAU.—Ville du pays d'Edom qui eut pour r6) ç xvi )tgiv, Boptvò;, et ici les deux derniers
roi Adar. # xxxvI, 39.) Ce roi est nommé mots sont séparés par une virgule. Enfin dans
Adad dans les Chroniques (i, 50), et cette leçon la collection des Itinéraires anciens formée
paraît préférable, parce que le roi de Phaü par le marquis de Fortia, et publiée par les
avait déjà des Adad parmi ses ancêtres. Soins de M. Miller, cette virgule de Gail a été
PHENICIE. — J'ai parcouru la côte de Phé adoptée et la Table dont le § de Scylax
nicie depuis Beyrout jusqu'à Saint-Jean d'A- a pris la forme, porte :
· cre, l'ancienne Ptolemaïs, aujourd'hui Akka ; B7ootb; TtôXt; x2\ Xtghv
j'ai étudié avec soin cette partie si intéressante Boptvb;
de l'ancien monde. Voici le résultat de mes
comme s'il s'agissait de deux localités dis
recherches :
tinctes. Saumaise, avec sa sagacité accoutu
Est-il possible de reconnaître les noms an mée, avait proposé la correction Boosïvô; au
tiques des localités dont on rencontre les rui lieu de Bootvb;, et Relandl'avait acceptée.Cette
nes entre Beyrout et Akka? Certes la question correction ne saurait être un instant douteuse
vaut bien la peine que l'on s'y arrête; mais je pour moi qui ai parcouru attentivement le
tâcherai d'être bref, en m'efforçant de ne né terrain. Le port de Béryte était au nord de
gliger aucun des documents qui forment les la ville, il n'y a nulle part trace d'une localité
pièces du procès. Ces documents géographi dont le nom offrirait quelque analogie avec
ques anciens dont il est permis de tirer profit, le nom Bopºvè;: c'est donc bien Bopsïvô; qu'il
afin de résoudre la question que je viens de faut lire, en interprétant ainsi le passage en
me poser, sont les écrits de Scylax, de Pline, question du Périple de Scylax: la ville de Bé
de Denys le Périégète,de Priscien et de Stra ryte et son † placé au nord.
bon, l'Itinéraire d'Antonin, la Table de Peu KHAN-EL-KHALDAH. — Au tiers de la route
tinger, et enfin l'Itinéraire de Bordeaux à Jé battue de Beyrout à Sayda se trouvent des
rusalem. Mettons donc en regard les indica ruines et une immense nécropole taillée dans
tions géographiques qui nous sont fournies le flanc du premier contre-fort du Liban. Sur
par eux, et les noms modernes des ruines l'emplacement même des ruines est un khan
dont nous avons,chemin faisant,constaté l'exis assez vaste nommé Khan-el-Khaldah. Là, sans
tence. Ce tableau comparatif une fois dres aucun doute possible, a existé une localité
sé, nous le discuterons localité par localité, antique assez importante, puisque les sarco
et nous arriverons ainsi, j'espère, à éclaircir phages de la nécropole se comptent par cen
un problème curieux, déjà bien des fois taines; mais, hâtons-nous de le dire, la forme
étudié sans succès, ou tout au moins à recti même de ces sarcophages de structure gréco
fier quelques erreurs d'identification proposées romaine, prouve qu'ils sont postérieurs aux
ou admises sans examen suffisant. excavations des nécropoles phéniciennes, tel
Pour ce tableau, Voy. col. 615. les que celles d'Adloun dont nous nous occu
Suivons maintenant l'itinéraire moderne perons un peu † loin. A El-Khaldah je n'ai
de Beyrout à Akka, c'est-à-dire en remon pas vu une seule chambre funéraire d'origine
tant la côte de Phénicie du nord au sud, et phénicienne. Aussi ne trouvons-nous aucune
procédons à la discussion de chacun des noms mention, dans les † relativement
que nous rencontrerons. anciens, d'une localité identifiable avec El
BEYRoUT. — La moderne Beyrout, c'est Khaldah. Il faut descendre jusqu'en 333, date
&videmment la Bnpvrò; rö)t; de Scylax,la colo de la rédaction de l'Itinéraire de Bordeaux à
nia felix Julia Berytus de Pline, la Bnp97 à; de Jérusalem, pour rencontrer, à xII milles de
Strabon, Berito de l'Itinéraire d'Antonin, Be Civitas Biritô, un relais nommé Mutatio Hel
ritho de la Table de Peutinger, et enfin la ci dua. De Heldua à la forme moderne El-Khal
ritas Birito de l'Itinéraire de Bordeaux. Les dah, il n'y a pas assez loin pour qu'il soit
médailles coloniales avec la légende COL.BER. difficile d'appliquer les deux dénominations
6{5 PHE DICTIONNAlRE PHE 6l6

à un seul et même lieu, ainsi que 'a fait, le Robinson à pensé que les deux chiffres rela
premier, Pöckoke. Mais ici se présente une tifs à Heldua et à Porphyriom avaient été chan
difficulté : l'Itinéraire compte xII milles de gés de place par une erreur de copiste, et il
Birito à Heldua, et Iv milles seulement de est certain que cette opinion mérite toute
Heldua à la Mutatio Porphyrion, c'est-à-dire confiance. Nous verrons d'ailleurs en temps
à Naby-Younès, ainsi que nous allons le cons et lieu, combien les chiffres de l'Itinéraire
tater tout à l'heure. Le savant et judicieux sont fautifs.
TABLEAU C0MPARATIF DES LOCALlTÉS DE LA COTE PHÉNICIENNE.
TABLE ITINÉRAIRE
DEN1S STRABON. 1TINÉRAIRE DE N0MS
PÉRIPLE DE SCYLAX. LE DE B0RDEAUX A

Ed. Miller. PL1NE . PÉRIÉGÈTE. Liv.xvI. éd. D'ANToNIN. PEUTINGER. JÉRUSALEM uopERsts
PRIscIEN. Letronne. Ed. Muller. Ed. Muller. Ed. Muller.
º#
tufiv.
Tró)t; xal Beritus.
Col. Fel.
Berytus. Berito. Beritho. Civitas Bi- Beyrout.
rito.
(Boptvb, ? Bopet- Jul. Mutatio Khan - el
vö;? Heldua. Khaldah.
M.XlI.
Tamyras. Nahr-ed-Da
(Bois d'Es- II10UlT.

culape.
Leonto

IIop pupétov TtôXtç. polis.)


Mutatio Nabi - You
Pº# #º. nès
M.llll.
. » » •ºs a saon " sidon. Nahr-el
5 Atplfiv. à 400 stades , , Aoualy.
# ( 'Opvt0oov Tô)t; de Bery-Sidona M. Sydone. Civitas Si- Sayda.
# Xtôtovtov tUS. XXX. M.XXIX. dona.
#(Aeóvtoov 7tô)t; M.VllI.
-
TTuptov tô)t; Eä- Sarepta et Sarfent.
px7tta. Ornithon Kaysarieh.
oppida.
Mutatio ad Adloun.
1107t N1M7l.
M.lllI. -

Ornithopolis Nahr-el
Rivière. Qasmieh.
(C'est le Khan-el
Leontès.) Qasmieh.
IIô)t; Tópo;... )t- Tyrus. Tyr. Tyro M. Tyro. Civitas Tyro Sour.
[léva #xou3a Èvtb; à200 stades XXIlI. M.XXllII. M.llll.
tetxouç. de Sidon.
IIz)aitupo; Tó)tç Palatyrus. Palœtyrus. Hâs-el-Aym,
zat à 30 stades
de Tyr.
IIotapb;
ê
=i.... ôtà pié3nç N#º
#ie [Il,

brayeh(rui
nes).
Promonto- Râs-el-A-
rium al- biadh.
bum.
Mutatio Eskende
Alexandros- r0un.
chene.M.XlI. -

Omm-el-A"
amid.
IIó)t; töv 'Exôtr- Oppidum E- Mutatio Akh-zib.
Tºu)V. cdippa. Ecdippa
M. Xll
IIozagó;. Nahr-el-Mc
zràah.
"Axn Trô)t;. Ptolemais. Akè. Ptolemai- Ptolemaide. Civitas Plo- Akka.
Col. Claud. dem. XXXIl. maide.
Caes. XXXll (al. M.VllI.
Quondam A- XXX.)
kè " .
" Pline cite Leontos oppidum entre Béryte et le fleuve Lycus.
PHE 618
617 PIIE DES ANTIQUITES BIBLlQUES.
Sidonaque pulchram
NAHR-ED-DAMoUR. — Entre le. Khan-el Quam juxta liquido Bostrenus gurgite currit.
Khaldah et le Khan-en-Naby-Younès, la
route coupe le Nahr-ed-Damour. Stra Donc pas de doute possible cette fois en
bon place exactement en ce point le Tamy core : le Bostrenus de Denis le Périégète, de
ras. Nous lisons en effet dans son livre : Festus Avienus et de Priscien, n'est autre
Metà ôè Briguzów #ati Xtôòv ögov tv tetpaxoatot; chose que le Nahr-el-Aoualy de nos jours,
atabiot; g#ta#ù ôè ô Tapûpaç Tot2gb; xa ! tb toU lequel aura pris son nom moderne de quel
'Aax)nºtto5 "A)aoç xa\ Aeóvtov Tô)t#. COmme
† petit édifice religieux musulman au pied
le Damour est précisément à moitié route uquel il passe.
entre Béryte et Sidon , comme de plus SAYDA. - C'est indubitablement Etôov
le nom moderne Damour conserve suf r6)t; xzi )tgi» x)ttt à; de Scylax , Sidon
afisamment
rendue parla Tauºpaç,
forme primitive quedeStrabon
il n'y a pas de Pline, z ôõ» de Strabon qui la place à
doute 400 stades de Béryte, Sidona de l'Itinéraire
à concevoir sur l'identification de ces deux d'Antonin, Sydone de la Table de Peutinger,
noms , et les renseignements sur lesquels et enfin Civitas Sidona du Pèlerin de Bor
Strabon s'est àappuyé
exacts, quant étaient parfaitement deaux Il serait tout à fait superflu de discu
la position géographique du ter ici cette identification † ne présente
Tamyras. Nous allons voir qu'il n'en est plus aucune difficulté. Toutefois il sera, je pense,
de même lorsqu'il s'agit de Aeóv ºy º#. convenable de comparer les diverses distan
KHAN-EN-NABY-YoUNÈs. - A Naby-Younès ces de Béryte à Sidon fixées par les itinérai
se trouvent des débris et de beaux fûts de res anciens que nous possédons. Strabon dit
colonnes gisant dans le hameau placé derriºrº que Sidon ést éloignée de Béryte de 400
fe Khan ; ces traces sont suflisantes Pour Juº - stades; l'Itinéraire d'Antonin de xxx milles,
tifier l'opinion qu'en ce point a exis!é uºº et la Table de Peutinger de xxIx milles seu
localité antique assez importante. Quelle ºst lement; enfin l'Itinéraire de Bordeaux à Jé
elle# Consultons les anciens géographes. rusalem compte XII milles de Béryte à Heldua,
Scylax place après Béryte, IIoprºpéº "ºº IIII milles de Heldua à Porphyrion, et vIII
L'Itinéraire de Bordeaux à JérusaleIn InºD milles de Porphyrion à Sayda. La somme de
tionne, à huit milles avant Sidon, le relais ces trojs chiffres n'étant que de 24 milles, il
nommé Mutatio Porphyrion. Dans , aucun est clair que l'un au moins de ces trois chif
autre géographe il n'est fait mention dº fres partiéls est fautif. On voit du reste qu'il
Porphyrion; mais Strabon place en ce point n'y a aucune concordance entre les trois
Arbºr•, ri)t; , tandis que Pline indiquº itinéraires précités. Celui d'Antonin et la
Leontos oppidum au nord de Béryte, e!ºntrº Table de Peutinger, ne différant entre eux
cette
jours),ville
et et
quele Scylax
Lycus (Nahr-el-Kelb de nos
place Atóvrov ro)t; au
ue d'une seule unité, pourraient être mis
'accord par la suppression du chiffre I inter
delà de §. Les deux témoignages COn° calé entre les deux derniers x du chiffre de
cordants de Scylax et du Pèlerin de Bordeaux la Table de Peutinger, ou par la restitution
sont bien suffisants, et presque tous les Voya de ce chiffre I à la même place dans le chif
geurs jusqu'ici l'ont admis comme mol, P0ur fre de l'Itinéraire d'Antonin. Quant aux trois
considérer le Khan-en-Naby-Younès Comlne chiffres du Pèlerin de Bordeaux, je n'ose me
occupant l'emplacement de Porphyrion. Un ermettredeleschanger formellementpourles
véritable bois de tamarins séculaires entoure aire cadrer avec les autres, et je me bornerai
le Khan moderne, et l'on pourrait à la rigueur seulement à faire observer †º le premier me
y retrouver les descendants des arbres qui semble un peu trop fort, le second beau
formèrent jadis le bois sacré d'Esculape. coup trop faible et le troisième à peu près
Il paraît donc assez naturel d'admettre que exact. Ainsi en mettant x milles seulement
Strabon s'est trompé, et que, confondant entre Béryte et Heldua, xII entre Heldua et
Porphyrion avec Leonton, il a placé l'une †º, et enfin vIII entre Porphyrion
de ces villes pour l'autre, entre le Tamyras et et Sidona, nous retomberions exactement
Sidon. sur les xxx milles de l'Itinéraire d'Antonin ;
NAHR-EL-AoUALY. — En vue de Sayda on mais je me hâte de le répéter, je ne tiens
traverse une assez jolie rivière, nommée au nullement à ces reconstructions de chiffres
jourd'hui le Nahr-el-Aoualy, et cette rivière que l'on modifie à son gré, et je me borne
ne peut être que le Bostrenus que nous trou simplement à constater que les chiffres que
vons mentionné dans les passages Sul je viens de discuter, sont mauvais et inad
VaIltS : missibles.
Il reste un point à examiner avant de
- . . xa\ Xtôóva àv6e uôe37aw quitter Sayda. Le texte de Scylax, reproduit
Natopévnv Yaptevvo; èç'Ûôz3at Boat pnvoto.
(DuNis le PÉRIÉGÈTE, vers 915 et 914.) par Reland, mentionne Siôo» röñt; xai )u,»
z)ttré;; le texte publié par Gail ne contient
Le poëme de Denis le Périégète a été tra pas ce dernier mot qui ne parait pas non
duit en vers latins par Rufus Festus Avienus. plus dans l'édition de M. Miller. Reland a
Voici le passage correspondant à celui que je traduit ce passage de la manière suivante :
viens de citer: « Sidon urbs cum portu clauso. » Il a donc
Sidoniique lares : ubi labens agmine amœno remplacé le mot z) trô; par le mot ,)utarà;
Cespitis irrigui Bostrenus juge a findit. ui signifie fermé : comme le port de Sidon
tait réellement fermé par un môle dont - on
Enfin, Priscien le traduit de la manière reconnaît parfaitement les traces, la correc
3UllVante :
DICTIoNN. DES ANTIQUITÉS BIBLIQUES. 20
619 PIIE DICTIONNAIRE PlIE 620

tion de Reland me paraît très-heureuse, et àrà et uixpt videtur secum postulare n)oü;
je n'hésite pas à l'adopter. vel simile quid, uti graôiv, et nec antea me
Reprenons maintenant notre second tron minit Leontopolis » On voit que tous ceux
çon d'itinéraire sur la côte de Phénicie, c'est qui ont examiné le texte de ce passage de
à-dire celui qui sépare Sidon de Tyr. Scylax n'ont pas été plus heureux que moi,
SARFENT. — La première ville ruinée que lorsqu'il s'est agi d'en saisir le vrai sens. Ce
l'on rencontre après avoir quitté Sayda, est qui me paraît très-probable, c'est que Gail a
Sarfent, la Sarephta de l'Ecriture sainte, que eu raison de voir une interpolation dans
Pline mentionne ainsi : Sarepta et Orni cette phrase tronquée, Si l'on conservait en
thon oppida, entre Sidon et Tyr. Il en est effet la ponctuation de l'édition de Gail, on
également question dans le Périple de Scy aurait trois localités citées en remontant du
lax dont je dois reproduire le texte afin de sud au nord, en admettant toujours une la
le discuter. Voici ce texte d'après Reland : cune entre les désignations d'Ornithon et de
Xtôôov TtôXtç xat )tp1hv x)ettb;, 'Opvt0tov TtôXt; Xt Sarepta, tandis que la direction que suit in
&tovtov, àTtb Aeóvttov Ttóketov , éxpt '0pvt0tov variablement le rédacteur du Périple est du
Ttô)eto; Topttov TtôXtç Eäpx... Elta 3)Xn TtôXtç Töpo; nord au sud. Peut-être serait-il possible de
Xtp éva éyou7a èvrb; veiYou;. changer la ponctuation de la phrase entière
Le texte de ce passage donné par Gail est de la manière suivante, ce qui permettrait
le suivant : de supprimer la lacune signalée par Gail et
Xtôôov Ttô)t; xa) Atghv, 'Opvt0tov TtôXt; Etôoovitov. non par Reland, en changeant toutefois àr3
'ATtò Asóvvtov Ttô)eto;, péYp: 'Opvt0tov TtóÀeto;... en à p #ç, et le ré)soç qui suit en róAtc :
Tupiov Trô)t; Eāpattta, ã,n tôtç Tûpoç )tuéva Xtôôov 7tô)tç xa\ Xt pºv x)etatòç, 'Opvt0tov Trô)uç
ÉYouaa èvtb; t=tYou;. Etötovitov, àç' # Aeówztov TtôXtç péxpt '0pvi6tov
On voit que Gail adopte les corrections Ttô)eto;, Tupitov Ttô)tç Eāpattta,
proposées par Saumaise, Vossius et Reland C'est-à-dire : « la ville de Sidon avec port fer
qui restituent rö)to; à Trö)son», et Xaparra à zépz mé, Ornithon, ville des Sidoniens, après
sir«. Ces corrections sont en effet indispensa laquelle la ville de Leonton. Avant la ville
bles; mais suffisent-elles pour rendre le texte d'Ornithon, Sarapta, ville des Tyriens. »
G Il † intelligible lorsqu'on l'étudie sur Je donne , bien entendu, cette correction
les lieux ? Nullement. D'abord ce texte con
pour ce qu'elle vaut, c'est-à-dire que je n'y
servé tel qu'il est, placerait Sarepta ou Sar tiens pas outre mesure, bien qu'elle m'ait
fent entre Ornithon et Leonton, ce qui me été suggérée par l'étude des lieux. Quoi qu'il
paraît impossible, vu qu'entre Sayda et Sar en soit en définitive, les ruines nommées au
fent il n'y a pas de ruines de ville. D'un autre jourd'hui Sarfent, sont indubitablement celles
côté, faut-il croire que Asóyrov ró)t; signi de la Sarephta de l'Ecriture, de la Sarapta
fie la ville des Lions ? J'en doute fort, d'au de Scylax et de la Sarepta de Pline. Remar
tant plus que Pline l'appelle Leontos oppidum. quons toutefois, en passant, † Pline qui,
Leonton était probablement le nom entier de dans son énumération des villes de la côte
la localité, comme Porphyrion et Ornithon phénicienne, procède du sud au nord, men
étaient ceux de deux autres bocalités phéni
tionne Ornithon après Sarapta, ce qui sem
ciennes. N'est-il pas naturel de croire le nom ble s'accorder avec le passage si difficile à
Leonton dérivé de celui du fleuve Leontès, comprendre du Périple de Scylax.
dans le voisinage duquel il serait alors con Il resterait toujours deux grandes diffi
venable de rechercher Leonton?Je n'hésite
cultés à lever en adoptant l'idée qui paraît
pas à le croire. Le Leontès, c'est le Nahr-el résulter de la combinaison des deux textes
Qasmieh † car cette même
de Scylax et de Pline. La première consis
rivière s'appelle aussi Nahr-Lantaneh ou terait à trouver entre Sayda et Sarfent l'em
Lanteh, et dans cette dénomination moderne placement d'une ville antique identifiable
nous retrouvons la trace évidente du nom avec Ornithon. La seconde , bien plus grave
primitif. Sur la rive sud du Nahr-el-Qasmieh, encore, consisterait à chercher non pas Or
est placé le Khan-el-Qasmieh, vaste khan nithon au nord de Sarapta comme le veut
dont les murailles contiennent de nombreux Pline, mais bien Leonton. L'accord des deux
fragments antiques, indices certains d'une auteurs est donc purement factice, et comme
ville préexistante en ce même point. Je n'hé il n'y a pas en réalité de ville antique entre
site pas à y trouver le Leonton polis de Scy Sayda et Sarfent, il faut bien de toute né
lax, le Leontopolis que Strabon met à tort cessité chercher ailleurs les deux villes d'0r
sur la rive sud du Tamyras ou Damour, le nithon et de Leonton que je crois devoir pla
Leontos oppidum que Pline relègue, bien cer en d'autres points. J'y reviendrai tout à
plus fautivement encore, au nord de Béryte l'heure.
et entre cette ville et le Lycus. Suivant Gail, KAïSARIEH. - A fort peu de distance, au
il y aune lacune entre les mots'opvi0 » ré)toc sud de Sarfent, est un tertre très-considé
Tvpiov qu'il
et les motsdé§ zápart«,
r6)ts est et cet habile rable recouvert de ruines et nommé par les
helléniste tenté de considérer
Arabes Kaïsarieh. Il est donc certain que là
comme une interpolation étrangère au texte a existé jadis une Caesarea dont il n'est fait
primitif de Scylax, le membre de phrase en mention nulle part, que je sache, dans les
tier à rà Atövrº» rdAeo:, uixpt 'opvi6 v ré)ros,... écrivains de §
† rô)ts 2épart«. Enfin Reland, qui s'étonne ADLoUN. — Nous voici cette fois arrivés à
à bon droit de la structure de cette phrase, y une localité très-importante, munie d'une
Ajoute la note suivante (p. 431, note 4): « Illud nécropole immense qui occupe tout le flanc
621 P11E DES ANTIQUITES BIBLIQUES. PHE 622

d'une longue montagne, et d'une nécropole était une ville plus considérable que Sa
toute différente de celle d'el-Kaldah. Ici ce repta, puisque Strabon la nomme sans nom
ne sont plus des sarcophages de forme ré mer celle-ci. Toutes ces indications convieI,-
cente, pris dans la masse des rochers, mais nent à merveille à Adloun ; sur les ruines de
bien des chambres sépulcrales taillées dans l'Ornithon phénicienne se sera établi le relais
le roc vif, et de même que dans la nécropole ad Nonum, lorsque le nom d'Ornithon aura
si antique de Jérusalem. Il est donc impor été perdu, et nous retrouvons ainsi les traces
tant de trouver quelle est la ville phénicienne d'Ornithon dans la magnifique nécropole
dont Adloun a pris la place. d'Adloun, et les traces d'ad Nonum dans le
L'Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem men nom moderne d'Adloun.
tionne un seul relais entre Sidon et Tyr, J'ai dit tout à l'heure † le texte de l'Iti
c'est la Mutatio ad Nonum. Un pareil nom néraire de Bordeaux à Jérusalem devait être
était assez significatif pour qu'un copiste dût altéré quant au chiffre IIII des villes qui sé
être préservé d'une erreur dans le chiffre paraient Sayda du point nommé ad Nonum,
des milles qui séparaient cette localité de puisque celui-ci était nécessairement situé
Sayda. Elle était au neuvième mille, ad No au neuvième milliaire à partir de Sayda, sur
num milliarium, et le chiffre des milles comp la route de Tyr. Il est possible de deviner
tés par le Pèlerin de Bordeaux est IIII seu quelle altération plus grave encore a enta
lement. Une pareille faute se corrige d'elle ché le texte. En effet , nous lisons après le
même. Quant aux chiffres dont les bornes nom civitas Sidona, la phrase, « lbi Helia3
milliaires étaient marquées de Sidon vers ad viduam ascendit et petiit sibi cibum. »
Tyr, il est clair qu'ils partaient de l'unité en Or c'est à Sarepta et non à Sidon que l'Ecri
sortant de Sayda, car j'ai retrouvé gisant sur ture sainte § ce fait historique. Il est
la route deux belles bornes milliaires de gra donc très-probable que le nom Sarepta a été
nit, dont la première, située à un peu plus omis, avec le chiffre v parfaitement conve
de deux kilomètres de Sayda, porte le chif nable qui y était attaché, et dont la présence
fre II. Il est donc bien certain que le nom rendait tout aussi convenable le chiffre IIII
ad Nonum désignait une localité placée au qui suit le nom ad Nonum, dans les textes
neuvième milliaire, à partir de Sayda, sur la imprimés de l'Itinéraire. Il semble donc que
route de Tyr. Ad Nonum était certainement l'on doive rétablir entre la ligne civitas Si
en 333 le nom de cette localité, et les Arabes dona et celle qui concerne le prophète
auront fait ad Loun de ce nom. Chez les ha Elie , une ligne ainsi conçue : Sarepta
bitants de la Syrie le Lam et le Noun se con — v ; je propose formellement cette res
fondent très-aisément; presque tous pro titution.
noncent, par exemple, Ismaïn au lieu d'Is NAHR-EL-QASMIEH ET KHAN-EL-QAsMIEH.—
maïl, et par une altération en sens inverse J'ai dit plus haut déjà que le Nahr-el-Qas
ad Nonum a pu devenir très-aisément ad mieh, qui porte également le nom de Nahr
Loun (120). Mais ce n'est pas un simple re Lanteh ou Lantaneh pendant tout son trajet
lais de poste, une mutatio du quatrième siè dans la Cœlésyrie, entre le Liban et l'An
cle qui a pu donner naissance à la somp ti-Liban, n'est autre chose que le Léontès.
tueuse nécropole d'Adloun ; là donc, je le Je n'hésite † à croire que la localité an
répète, a dû exister une opulente cité phé tique dont il existe des vestiges très-recon
nicienne. Cette localité, c'est à mon avis Or naissables au Khan-el-Qasmieh (121), ne soit
nithon. Voyons en effet ce que nous ap en réalité le Léonton polis de Scylax, Leontos

VlIIe :
Strabon sur la position de cette #ºum,
)0Il.
de Pline, et Leontopolis, de Stra
AtéXet ôè tñç Xtôôvoç i) Tûpo; où TtAstou; töv ôta SoUR. — Sour, c'est indubitablement le
xoatov ataôiov.'Ev ôè tip peta#ù to)txvtov, 'Opvt0ow Ttôt; Tópo;)tuéva éxooaa èvtb; tetyou; de Scylax,
Tô)t; Aeropivn, elta Ttpb; Tóptp rotagb; i#inat. Tyrus de Pline , Töpoç de Strabon, Tyro
« Tyr n'est pas distante de Sidon de plus de de l'Itinéraire d'Antonin et de la Table de
200 stades. Entre ces deux villes est placée Peutinger, civitas Tyro du Pèlerin de Bor
la ville nommée Ornithon. Ensuite près de deaux. Tout le monde est d'accord sur ce
Tyr une rivière se jette à la mer. » De ce qui point, et il serait superflu de chercher à
précède il résulte qu'Ornithon était placée à démontrer une chose qui se démontre d'elle
eu près à mi-route de Sidon à Tyr et avant même.
a rivière qui près de Tyr se jette à la mer. Nous allons faire maintenant ce que nous
Cette rivière n'est et ne peut être que le avons fait pour le premier tronçon de route
Léontès, le Nahr-el-Qasmieh : Ornithon était compris entre Beyrout et Sayda, c'est-à-dire
donc au nord du Narh-el-Qasmieh, Ornithon que nous allons comparer entre eux les diffé
(120) Uné altération analogue se trouve dans le men Casimeer videtur satis bene cum Tagöpx;
nom moderne (Soulam) de l'antique Sounam, pays (quod nomen fluvii est secundum Strabonem) con
de la Sunamite. venire. Sed Strabo Tamyram facit septentrionalio
(#! Maundrell raconte qu'entre Sarepta et Tyr, rem Sidone. » Si donc le savant Reland n'y eût pas
et à 5 heures de distance de la première localité, il regardé de plus près, il eût été complétement
#
rencontra une rivière et profonde qu'il nomme trompé par le nom estropié qu'avait recueilli Maun
Casimeer. On voit que Maundrell a cherché à ren drell. Bonne preuve de plus de la nécessité absolue
dre le nom qu'il entendait prononcer, à l'aide de d'avoir l'oreille très-habituée aux sons de la langue
l'orthographe anglaise. Reland (Pal. p. 291), après arabe, lorsqu'on a le désir de faire un voyage fruc
avoir cité Maundrell, ajoute : « Ceterum | no tueux en Syrie.
· 625 PIIE DICTIONNAIRE PIIE 624,

rents chiffres extraits desanciens géographes, passer au milieu de Palaetyr. Des ecrivains
- et qui représentent la distance comprise entre modernes ont pensé devoir chercher à Adloun
Sayda et Sour. l'emplacement de Palaetyr, mais il est bien
Suivant Strabon, Tyr est à 200 stades de difficile d'admettre leur opinion, parce que
, Sidon ;l'Itinéraire d'Antonin etlaTable de Peu d'abord Adloun est au nord de Sour, tandis
tinger sont d'accord pour compter xxiiII que Palaetyr était au sud de Tyr, et que de
milies entre ces deux points extrêmes, tandis plusil y a beaucoup troploin de Sourà Adloun,
que l'Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem, en sans compter le Léontes qui sépare ces deux
ne considérant que le texte publié, ne comp localités, pour admettre qu'Alexandre ait pu
terait que IIII + xII, c'est-à-dire xvI milles faire employer les décombres de Palaetyr aux
seulement. Examinons ces différents chiffres. travaux entrepris pour réduire la ville de
Celui de l'Itinéraire d'Antonin est répété Tyr, ainsi que l'atteste Diodore de Sicile.
identiquement par la Table de Peutinger ; il Déjà Reland, avec sa sagacité habituelle, a
y a donc toute apparence que ce chiffre est placé Palaetyr à Râs-el-âyn. Je ne fais donc
bon. S'il en est ainsi, le chiffre de Strabon qu'appuyer de toutes mes forces une opinion
est fautif ; car s'il y avait, comme le dit cet qui ne me paraît pas sérieusement contes
écrivain, 400 stades de Beyrout à Sayda, · table.
et si ces 400 stades équivalaient réellement Es-CHEBRAYEH. — Au nord et à quelques
aux xxIx ou xxx milles comptés entre ces cents mètres du Râs-el-abiadh, sont des
deux villes par l'Itinéraire d'Antonin et par ruines considérables, nommées par les Ara
la Table de Peutinger, il deviendrait impos bes es-Chebrayeh. Là sans doute a existé
· sible d'admettre que les 200 stades comptés une ville antique ; mais quel en a été le nom?
par Strabon entre Sidon et Tyr, équivalus Je l'ignore complétement, et je n'en ai trouvé
sent aux xxIv milles que les deux itinéraires jusqu'ici de trace nulle part, dans les an
· précités mettententre les deux mêmes points. ciens écrits qu'il m'a été permis de consulter.
assons aux chiffres de l'Itinéraire de Bor RAs-EL-ABIADH. — C'est la montagne de
deaux, il manque à la somme des deux chif calcaire blanc que Pline nomme promon
fres consignés vIII unités pour qu'il y ait ac torium album. Le nom moderne n'est que
cord entre cette somme et la distance xxIv la traduction de l'ancien.
milles qui est très-probablement exacte. Or EsKENDERoUN.— Lorsque l'on a franchi le
le nom ad Nonum nous fournit naturellement Râs-el-Abiadh, on rencontre en descendant
un premier chiffre bien authentique de Ix sur la plage, les ruines nommées Esken
milles ; c'est donc le dernier chiffre compté , deroun par les Arabes. L'Itinéraire de Bor
entre la Mutatio ad Nonum et civitas Tyro qui deaux à Jérusalem est le seul écrit dans le
est erroné. Ce chiffre doit être xv, et si nous quel on retrouve l'indication de cette ville.
- remarquons qu'il a été très-facile à un co Après la mention de Tyr, nous y lisons en
piste maladroit de séparer les deux jambages effet : Mutatio Alexandroschene M. xII. Ce
du v, second signe du chiffre en question, relais était donc placé à xII milles de Tyr
nous retombons sur le chiffre fautif xII qui sur la route de Ptolémaïs ou Saint-Jean d'Acre.
a été imprimé. C'est donc très-probablement 'A)é#avôpou cxnvi) signifie tente d'Alexandre.
par le chiffre xv qu'il faut le remplacer, et Est-ce un campement du héros macédonien
dès lors la somme Ix + xv = xxIv devient qui a valu son nom à la ville construite en
exacte. En conséquence, je propose cette res ce lieu ? cela paraît probable.
titution du texte, et avec d'autant plus de OMM-EL-A'AMID. — En suivant la voie an
confiance qu'elle est sensiblement d'accord tique, on aperçoit sur la hauteur à gauche
avec les distances réelles. de la route, et à quelques kilomètres seule
RAs-EL-AYN et NAHR-RAs-EL-AYN. — Scy ment d'Eskenderoun, des fûts de colonnes
lax, après avoir mentionné Tyr, ajoute, en qui s'élèvent au-dessus de hautes broussailles.
suivant sa marche vers le sud : IIa)airupos ré Si, malgré le refus obstiné des moukres et
)ts xxi rotauös ôtà géanç psi. Pline cite Palœtyrus des drogmans qui affirment qu'il n'y a là rien
dans la phrase suivante : Tyrus quondam in absolument à voir, bien que le nom mo
sula.... circuitus xIx. M passuum est, intra derne Omm-el-â'amid (la mère des colonnes)
Palœtyro inclusa. Enfin Strabon est plus ex annonce le contraire, on gravit les pentes qui
licite encore. Voici ce qu'il dit : Merà ôi ri» conduisent vers ces colonnes, on est large
Tvpov # IIa)airvooç iv rptăxovta a raôiots. Strabon ment payé de sa peine, par la vue de ces
énumère les localités de la Phénicie en des ruines immenses d'une époque très-reculée
cendant uniformément du nord au sud. Pa et qui mériteraient à elles seules une explo
ldetyr était donc au sud de Tyr, ainsi que l'af ration de bien des journées. Mais est-il pos
firment implicitement Scylax et Strabon, et sible d'assigner un nom historique à cette
à peu près à une lieue et demie de la mé ville qui couvre un immense plateau ? J'ai le
tropole. Dès lors il devient impossible de ne regret de dire non. J'ai fait de vains efforts
pas placer Palaetyr à Râs-el-âyn. Là, en effet, pour arriver à retrouver dans les historiens
sont encore les puits antiques qui ont fait l'ad et les géographes de l'antiquité les traces de
miration de tous les voyageurs, et des ruines cette ville si considérable, et je n'ai abso
† attestent la présence d'une ville consi lument rien rencontré. D'autres seront plus
dérable. De plus, à Râs-el-âyn coule une heureux peut-être, et je le désire de tout
rivière, assez chétive, il est vrai, mais qui IIlOIl COBllI'.
porte le nom de Nahr-râs-el-âyn ; on me AKHzIB ou Ez-zIB.— Je donne à dessein ces
permettra d'y voir le roragès que Scylax fait · deux Drononciations différentes du même
625 PHE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. PIIE 626

nom, parce que les Arabes se servent in Maurio Sycamenos. Ibi est mons Carmelus u'i
différemment de l'une ou de l'autre. La seconde Helias sacrificium faciebat. Mutatio certa M.
néanmoins me paraît une altération. Akhzib VIII. Fines Syriœ et Palestinae.
est sur un tertre qui domine la voie antique Suivons maintenant le littoral et recher
et par conséquent au bord de la mer, tandis chons les ruines antiques qui s'y rencontrent.
qu'Omm-el-â'amid est éloigné de deux ou trois De Saint-Jean d'Acre, l'Akka moderne, jus
kilomètres de la plage. Akhzib est incon qu'à Kafa, il n'y a pas de traces de ville an
testablement la ré)t; röv 'Exôirrov de Scylax, tique.
l'oppidum Ecdippa de Pline, et la mutatio KEPHA, HEPHA. — La Kaïfa moderne a des
Ecdippa de l'Itinéraire de Bordeaux à Jé vestiges d'antiquité : on voit sa nécropole au
rusalcm. Celui-ci place Ecdippa à xII milles pied du Carmel. Reland, d'après Guillaume
d'Alexandroschène, ce qui est suffisamment de Tyr, en fait l'ancienne Sycaminos.
eXaCt. CALAMoN. — La carte de Ritter place un
NAHR-EL-MEzRAAH. — Après la ville qu'il Kalamoun au pied du Carmel, au delà de
désigne sous le nom de rö)ts röv 'Exôir rov, Kaïpha. L'auteur de l'Itinéraire aura inter
Scylax place un rorauôs ou rivière, dont il ne verti les noms, puisque Kaïfa est plus au nord
donne pas le nom. Il n'y a pas à choisir ; que Kalamoun.
cette rivière, c'est certainement le Nahr-el MUTATIo CERTA. — A quatre kilomètres au
merzrâah qui, sans être un cours d'eau très sud d'Athlit, qui est le Castellum peregrinorum
important, n'en reste pas moins le seul qui des croisades, on voit des ruines antiques et les
mérite le nom de rivière entre Akhzib et Akka. traces d'un port. C'est donc une bonne iden
AKKA. — Pas de doute possible cette fois tification, d'autant plus que la distance de
encore, Akka n'est autre chose que l'"Axn rô)ts huit milles est donnée entre cette Sycamenos
de Scylax, la colonia Claudia Caesarea Pto et Mutatio,
lemais, quondam Akè de Pline,"Axn deStrabon, DoRA. — Les ruines de l'antique Dora sont
Ptolemaide de l'Itinéraire d'Antonin et de la très-reconnaissables à un kilomètre au nord
Table de Peutinger, civitas Ptolemaide du de Tanthomah sur le bord de la mer. Saint
Pèlerin de Bordeaux. Jérôme la place au neuvième mille de Césa
Examinons maintenant les distances que rée, ce qui concorde avec la Table de Peutin
les anciens Itinéraires mettent entre Tyr et ger qui donne huit milles.
Akè ou Ptolémaïs. L'Itinéraire d'Antonin CAESAREA. — Il n'y a pas de doute que la
écrit xxxII milles, et une variante donne Kaysarieh moderne ne soit la Césarée anti
xxx milles seulement ; la Table de Peutinger que. Ses vestiges sont si considérables qu'il
XXXII milles, et enfin l'Itinéraire de Bordeaux est impossible de s'y tromper.
† compte xxII milles de Tyr à Alexan BUcoLoN. — Entre Césarée et Joppé Stra
roschène, xII milles d'Alexandroschène à bon place Bucolon : l'Itinéraire d'Antonin,
Ecdippa, et vIII d'Ecdippa à Ptolémaïs, Betharo; Pline, la Table de Peutinger, et Pto
donne par conséquent une somme totale de lémée, Apolloniade. Nous écarterons Betharo
xxxII milles. Les trois chiffres étant parfaite qui est dans les terres sur la route de Césarée
ment concordants, il en résulte que la variante à Samarie. Il nous restera Bucolon et Apollo
xxx. M. de l'Itinéraire d'Antonin, doit être niade. On trouve au nord de Om-Khaled, que
définitivement rejetée comme erronée. Ritter écrit Moukhalid, une nécropole anti
Voici maintenant dans quel ordre les an que. La Bucolon de Strabon peut très-bien
ciens Itinéraires ont classé les villes de la se retrouver dans la Moukhalid moderne.
côte de Phénicie depuis Ptolémaïs jusqu'à APoLLoNIA.— Il n'y a aucune difficulté pour
Joppé, limite méridionale du pays, indiquée Apollonia. Elle est entre Joppé et Césarée.
par Pline. Strabon place une ville des crocodiles sur le
· Périple de Scylax (traduction latine et res fleuve des Crocodiles, le Nahr-Arsouf. C'est
titution de Vossius). — Ace urbs. Belus, donc à tort que la carte de Ritter a placé
urbs Tyriorum. Carmelus mons et templum sur les ruines d'Arsouf l'ancienne Apollonia ;
Jovis. Aradus urbs Sidoniorum. Sycaminon, il faut descendre encore davantage au midi
urbs Sidoniorum. Joppé. et mettre Apollonia auprès de la localité mo
Pline (sa description part du midi). Joppe derne que les cartes indiquent sous le non
Phœnicum antiquior terrarum inundatione, d'El-Haram-ibn-Aly-Aleim. -

ut ferunt. Apollonia. Stratonis Turris. Ea JoPPÉ. — Il n'y a jamais eu de discussion


dem Cœsarea. sur l'identification de la Jaffa moderne avec
Strabon. -- Acen. Carmelus mons. Urbs l'antique Joppé. -

Sycaminon. Bucolon. Urbs crocodilorum. PHÈREZÉÉNS, PÉRIzÉENs.—Les Périzéens


Postea ingens silva. Joppe. habitaient les environs de Beit-El, car Abra
Itinéraire d'Antonin. — Ptolemaidem. Sy ham vint dresser ses tentes entre Beit-El et
camina M. P. XXI V. Caesaria M. P. XX. Ai (Gen. xIII, 2), et au verset 7, il est dit que
Betharo M. P. XVIII. le Kenâanéen et le Périzéen habitaient cette
Table de Peutinger.— Ptolemaide, Thora contrée. La Genèse (xxxIv, 30) dit encore
XX. Cœsaria VIII. Apolloniade XX1I. Joppe, qu'ils habitaient les environs de Sichem. Ja
Ptolémée. — Ptolemais. Sycaminon. Car cob se plaint à ses fils Simon et Lévi que le
melus. Dora. Caesarea Stratonis. Apollonia. carnage qu'ils ont fait à Sichem lui donpe
Joppe. ourennemis les Kenâanéens et les Périzéens..
-

ltinéraire de Bordeaux à Jérusalem. — Ci † pays s'étendait au delà des tribus d'E-


vitas Ptotemaida. Mutatio Calamon M. X 11. phraïm et de Manassé, car il est fait men
027 PIG DlCTIONNAIRE PIL 628

tion des Périzéens habitant une partie du ter Vulgate.— Et les Pygméens qui étaient dans
ritoire échu en † à la tribu de Juda; et les tours. -

du côté du nord nous les voyons s'étendre Le plus naturel est la traduction des Sep
jusqu'à Beit-San (Juges, I, 4, 5). tante.
PHESDOMIM, FAs-DAMIM.—Contrée de Juda, PIERRES CONSACRÉES. — J'ai trouvé à
rès de Socho et d'Azeca, où se rendit David peu de distance de la mer Morte un monu
orsque les Philisthins étaient en guerre contre ment fort curieux de ce genre. C'est un roc
1es Israélites, lesquels campaient sur le versant isolé qui a été très-probablement apporté de
oriental de la § du Térébinthe (I Chron. main d'homme, et qui se nomme el-Hadjr
xI, 13). Le Phesdomim était donc sur le ver Lasbah; trois autres rocs semblables, dispo
sant opposé. sés à quinze mètres environ l'un de l'autre,
PHETROS, FATRoUs.— Il est difficile d'indi sont posés en arc de cercle sur le plateau.
quer le pays qui porta dans les temps bibliques Evidemment nous avons ici la contre-partie
le nom de Phetros.Commeilestjoint dans Isaïe, des cromlechs celtiques. Ce qui est certain,
le seul écrivain sacré qui le mentionne, avec c'est que les Arabes vénèrent la première de
ceux de † et de l'Ethiopie, c'est en ces roches, qu'ils regardent comme une
Egypte qu'il faudrait en chercher la situation pierre consacrée par Abraham, et sur la
véritable, d'autant plus que la Genèse met quelle le patriarche a fait des sacrifices, en
les Phétrusins † les descendants des Mes l'honneur de Dieu. -

raim qui peuplèrent la haute Egypte. (Isaie xI, Nous trouvons dans l'Ecriture sainte la
11 ; Gen. x, 14). mention de quatre pierres portant un nom
PHIAHIROTH, F1-HE-HIRoUT.— Quatrième spécial : ce sont 1° l'Ebn-Bahan, la pierre de
station des Hébreux en sortant d'Egypte. Bahan, fils de Raouben (Josué xv) : - 6
(Exode, xIv, 2.) La limite (du territoire de Juda) s'élève vers
, PHILADELPHIE. — Ville de Mysie men Beit-Hadjlah, passe au nord de Beit-Hârbah,
## saint Jean dans l'Apocalypse. (1, s'élève à la pierre de Bahan, fils de Raouben.
, III, 'I . —7. La vallée s'élève de la vallée d'Akour à
PHILISTHINS, PELISTIM. — Les Philisthins Dabor. — La même pierre est encore citée
étaient un des peuples aborigènes de la terre † xvIII, 17) comme se trouvant aussi sur
de Kenâan.Du nom primitifPelistim, les Grecs a limite du territoire de Benjamin. - 2 La
et les Romains ont fait Palestins, la Palestine. pierre de l'Assistance (I Samuel Iv, 1). - Et
Un texte précieux de la Genèse (x, 13, 14) ils campèrent près de la pierre de l'Assistance
dit que les Philisthins et les Caphthorins sont (-mvnpNn) L'origine du nom de cette pierre
sortis de Phethrusim et de Chasluim enfants est rappelée dans Samuel I, xx, 19. I, VII,
de Mesraïm, second fils de Cham. Voilà donc 12). —- Samuel prit une pierre qu'il plaſº
la généalogie de ces peuples. La terre des entre he-Misfah et he-Sen, et il l'appela Ebn
Philisthins est parfaitement connue; elle oc Azer, disant : Jusqu'ici l'Eternel nous a se
cupait le littoral de la Méditerranée depuis courus.-3 La pierre du Voyageur (ºNn Pº)
l'Egypte jusqu'à Jaffa. (I Rois I, 9). —- 4 Enfin la pierre de Zahlet
Les cinq grandes villes des Philisthins qui était auprès d'Ayn-Radjel. .
étaient Gaza, Gath, Ascalon, Aschdod et Ekron. Dès l'époque biblique, certaines roches
Cette race indomptable ne put jamais être isolées portaient donc des noms particulier ,
vaincue par les Israélites. et il est'très-possible que notre Hadjr-Lasbah
PHISON, FIsoUN. — Un des fleuves du pa soit unevIII,
(Josué de 31)
ces pierres.
que les De plus primitifs
autels nous savons
des
radis terrestre (Gen. II, 11), que l'on croit
être le Phase, qui prend sa source dans les Hébreux devaient être faits « de pierres en
montagnes de l'Arménie. tières, sur lesquelles on n'a pas levé le fer "
PHITHOM, FITAM. — Ville d'Egypte, men Il est donc possible aussi que le Hadjr-las
tionnée avec Ramesses, que Pharaon fit con bah soit bien, ainsi que le veut la tradition,
struire par les Israélites (Exod. I, 11). Ra une roche consacrée au culte de Jéhovah,
messes était dans la basse Egypte, près de dès l'époque des patriarches. Peut-être, à la
l'isthme. -
rigueur, pourrait-on être tenté de voir dans
PHOGOR. — Montagne de la Moabitide, du le Hadjr-Lasbah, la pierre de Bahan, qui dº"
haut de laquelle Balaam prophétisa sur les vait évidemment se trouver dans la même ré
Israélites. — Voy. FEsGAH. gion ; mais comme ces deux dénominati0º
PHUNON. — Station des Israélites après n'ont absolument aucune ressemblance, Jº
Salmona (Nomb. xxxIII, 42). suis tout disposé à me prononcer contre ceº
PIGMAEENS. — L'Hébreu porte Gamma identification.
dim, le Chaldéen porte Cappadoces, et les PILA(MAKTAs).— Un des petits prophèt#
Septante, refusant de voir un nom de ville Sophonie, dit : Soyez dans le désespoir, hºº!
dans le mot Gammadim, l'ont traduit par le tants de Pila, tout le peuple de Kendan#
mot « gardiens » La Vulgate a mis Pigmœi. tu (1, 11). Que pouvait être ce lieu de Pilº
Voici le texte d Ezéchiel (xxvII, 11) : Quelques commentateurs pensent que c élº
Hébreu. - Et les Gammadim qui étaient un marché de Jérusalem; et que le prophº
dans les tours, -

menace la ville que les Kénâanéens ne Vlº


Chaldéen.—Et les Cappadociens qui étaient dront plus y faire le commerce. Il ne rº#
· i dans les tours. aucun souvenir à Jérusalem de ce lieu, !
Septante. — Et les gardiens qui étaient est peut-être le bazar actuel, car es lieux º
# dans les tours. vente changent peu.
-
| # !
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r -
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s
629 PR1 DES ANTlQUlTES B1BLIQUES. PR1 650

PRINCES IDUMEENS.— Art judaique sous gliger par la force des événements, et de
Hérode et ses successeurs jusqu'à la fin du prouver ainsi à Dieu, autant que je le pour
l'autonomie de la nation juive. rai, ma reconnaissance pour toutes les grâ
ces dont il me comble.—Cette ouverture inat
Reconstruction du temple par Hérode le Grand.—
Description de l'édifice. — La vigne d'or.— Les tendue causa d'abord au peuple plus d'éton
dix portes d'or et d'argent : la porte d'airain de nement que de joie, car cette offre était tout
Corinthe.-- Le candélabre, la table, l'autel des à fait imprévue et inespérée. La première
parfums. — La porte Dorée. — Aigle d'or placé ensée des Juifs fut de s'effrayer à l'idée que
sur la porte principale du temple. — Les prêtres leur temple allait être détruit, sans qu'il fût
et le peuple sollicitent et obtiennent l'exhausse certain que celui qu'Hérode voulait établir à
ment du faîte du temple.— Edifices construits par sa place serait jamais achevé, faute de dé
llérode : l'hippodrome de Jéricho, le théâtre, le penses suffisantes. Le roi, qui s'en aperçut,
forum de Jérusalem. — Montagne ronde ou Hé
rodéion. — Cesaréion et Agrippéion. — Fondation se hâta de dissiper cette inquiétude, en leur
de la ville de Sébaste. — Le temple d'Auguste.-
donnant l'assurance qu'il ne serait † touché
Le Panéion. — Fondation de Césarée ; ses palais, au temple existant, avant que l'immense
son port ; statue colossale de César. — La tour quantité de matériaux nécessaires à la re
Antonia ; la tour Hippicos ; la tour Mariamne.— construction du sien, fût rassemblée et
Le palais d'Hérode. -- La tour Pséphina.— Le entièrement prête à être mise en œuvre.
tombeau d'Hélène.
Cette simple parole rendit la confiance à tous
les esprits, et Hérode fit commencer immé
Le fait qui domine tous les autres, parmi diatement les travaux. Mille chariots propres
ceux qui nous intéressent, c'est le fait de la à transporter les pierres furent construits,et
reconstruction du temple, entreprise par Hé dix mille ouvriers habiles employés à tout
rode le Grand, jaloux de se concilier l'affec préparer. A la tête de ceux-ci furent prépo
tion de la nation juive, à la tête de laquelle la sés mille prêtres. Les tailleurs de pierre et
faveur d'Antoine et du sénat l'avait placé. Il les charpentiers se mirent à l'ouvrage, si bien
n'y a que l'historien Josèphe qui puisse nous qu'en péu de temps tout fut prêt
fournir quelques renseignements; voyons « Les anciennes fondations furent arrachées
donc ce qu'il nous apprend à propos du et remplacées par d'autres, sur lesquelles s'é-
temple d'Hérode. leva un nouveau temple qui avait ceRt coudées
Le passage le plus important où il en parle de longueur, et en hauteur vingt coudées de
est le suivant (Ant. Jud., XV, xI, 1 et suiv.), plus que l'ancien. Ce temple fut bâti en pier
que #ne reproduirai qu'en substance : res blanches et compactes, qui avaient jus
« Dans la dix-huitième année de son règne,
Hérode le Grand entreprit de reconstruire le
† vingt-cinq coudées de longueur, et douze
e hauteur. L'édifice sacré, aussi bien que le
temple de Jérusalem, pour lui donner une portique royal, était plus bas sur les côtés; la
étendue plus considérable et une élévation † centrale (comme † dirait la nef) était
des plus magnifiques. Il pensait, et il avait eaucoup plus élevée, de sorte qu'à la dis
raison, que l'exécution de ce projet grandiose tance d'un grand nombre de stades, les habi
serait la plus grande de ses entreprises, et lui tants du pays pouvaient l'apercevoir, et qu'il
gagnerait une illustration éternelle; mais offrait surtout un aspect magnifique à ceux
comme il savait que le peuple juif était assez qui demeuraient en face ou qui s'en appro
peu disposé à accorder son assentiment à un chaient. Les portes, ouvrant sur les avenues
dessein semblable, il résolut de l'y amener du temple, étaient garnies de grands et ma
par une harangue. Il convoqua donc une as
semblée de la nation, et là il exposa ses vues
† arcs qui avaient la même hauteur
que le temple, et ils étaient munis de tentu
avec dignité et gravité, en montrant qu'il s'a- res éclatantes, ornées de fleurs purpurines et
gissait bien plus de l'honneur et de l'intérêt de colonnes figurées dans le tissu. De plus,
des Juifs eux-mêmes, que de sa propre sa au-dessous de ces portes et au-dessus des cor
tisfaction.—Au retour de Babylone, dit-il aux niches, courait une vigne d'or dont les grap
assistants , nos pères ont construit pour pes pendantes étaient d'une telle richesse,
le Très-Haut un temple qui a soixante cou qu'elles émerveillaient le spectateur autant
dées de moins en hauteur que l'ancien tem par leur somptuosité que par leur admirable
ple édifié par Salomon. Ne les accusons pas exécution. -

de négligence, car cette infériorité n'a pas « Le temple fut entouré de vastes portiques
dépendu de leur volonté, puisque Cyrus, et d'une harmonie parfaite, et bien plus magni
Darius, fils d'Hystaspe, leur avaient eux-mê fiques que les anciens. Ces portiques, au nom
mes prescrit les dimensions à donner à l'édi bre de deux, s'appuyaient contre une grande
fice sacré. Soumis à ces monarques et à leur muraille, et cette muraille elle-même était
postérité, nos ancêtres ont dû obéir : et plus l'ouvrage le plus étonnant dont les hommes
tard, soumis à la suprématie macédonienne, aient entendu parler. » Ici viennent, dans la
ils n'ont pu construire un édifice semblable description donnée par Josèphe, des détails
à l'ancien temple en grandeur et en majesté. sur le travail gigantesque à l'aide duquel le
Grâce à ce Dieu puissant, je suis devenu vo mont Moriah fut transformé en une immense
tre roi ; mes Etats jouissent de la paix, et je montagne artificielle dont le sommet servait
suis à la tête de finances prospères; bien d'assiette au temple, -

plus, je possède l'amitié des Romains, les « A l'intérieur le sommet lui-même était
maîtres du monde. Il est donc de mon devoir entouré d'un autre mur de pierre soutenant,
de réparer tout ce que nos pères ont dû né sur la face orientale, un double portique aussi
631 PRI DICT1ONNAIRE PR1 652

long que le mur d'enceinte lui-même, faisant travée du milieu était fortement relevé, les
face à la porte d'entrée du temple, qui était murs supérieurs étant coupés par l'architrave
placée en face du centre des portiques. Beau et divisés par des colonnes engagées; le tout
coup des anciens rois avaient contribué à sa d'un fini si merveilleux, que ceux qui n'ont
magnificence; cardans le voisinage du temple pas vu cet édifice ne † pas croire tout
étaient déposées les dépouilles des nations ce qui en est dit, tandis que ceux qui l'ont
étrangères que les Juifs avaient vaincues. vu, n'ont pu maîtriser leur admiration. Telle
Hérode y ajouta les trophées qu'il avait con était la† enceinte. A l'intérieur, et à
quis sur les Arabes. petite distance, on en trouvait une autre,
« Vers la porte septentrionale de l'enceinte dans laquelle on pénétrait en montant quel
sacrée était placée la citadelle, nommée la † degrés, et qui était entourée d'un mur
tour Antonia, et dontj'aurai à m'occuper plus e pierre portant une inscription qui en dé
loin. Dans la face occidentale de cette en - fendait l'accès aux étrangers, sous peine de
ceinte étaient percées quatre portes, dont mort. A l'intérieur de cette seconde enceinte
l'une conduisait au palais du roi. Ce palais il y en avait encore une autre, qui compor
et le temple étaient séparés par une vallée tait, sur les faces sud et nord, trois portes
dont le passage était alors interrompu; deux distantes l'une de l'autre, et sur la face orien
de ces portes ouvraient sur le faubourg, et tale une autre porte beaucoup plus grande,
la dernière, donnant accès dans la ville neuve par laquelle les Juifs purifiés, ainsi que les
(? «tç ri» 3))nv Tri)v), était distinguée par un femmes, avaient coutume de passer. Plus in
double escalier, à l'aide duquel on descen térieurement encore se trouvait le Hiéron,
dait dans la vallée pour remonter ensuite. dans lequel il était interdit de pénétrer; et
La ville en effet était posée à côté du temple, enfin se montrait le dernier sanctuaire, dans
de manière à offrir l'aspect d'un théâtre, et lequel les prêtres seuls pouvaient entrer, Tel
elle était entourée, du côté du midi, par une était le temple, et devant lui se trouvait l'au
vallée profonde. Le quatrième côté de l'en tel des holocaustes. Le roi Hérode n'entra
ceinte, c'est-à-dire le côté méridional, avait jamais dans ces trois dernières enceintes,
également des portes percées au milieu de sa dont il était banni parce qu'il n'était pas prê
longueur; sur cette face s'appuyait le Dorti tre. Mais peu lui importait, et il mit tous ses
que royal, qui était triple et s'étendait depuis soins à construire somptueusement les por
la vallée orientale jusqu'à la vallée occiden tiques et l'enceinte extérieure. Tout cela fut
tale, c'est-à-dire autant que possible. Cet édi achevé en huit années; mais le temple pro
fice était certainement le plus admirable qui prement dit le fut en dix-huit mois. II fut
ait jamais existé sous le soleil. La vallée elle inauguré le jour anniversaire de l'avénement
même était en effet si creuse, que la vue ne d'Hérode, ce qui fut dans Jérusalem un dou
pouvait en découvrir le fond lorsqu'on le re ble motif de fête. Le roi eut en outre le soin
gardait du haut de la montagne; et à cette de faire creuser une voie souterraine con
élévation déjà si considérable Hérode ajouta duisant de la tour Antonia à la porte orien
UlIl † d'une hauteur effrayante, et telle tale du temple, au-dessus de laquelle il se fit
qué, si du haut du toit on cherchait à mesu construire une tour qui devait lui servir de
rer la double hauteur de la montagne et du refuge, dans le cas où le peuple juif se por
portique, on s'exposait à prendre le vertige, terait encore à quelque attentat contre son
S8IlS † faire pénétrer son regard à une souverain. »
areille profondeur. Quatre rangées paral Josèphe ne s'est pas contenté de cette des
èles de colonnes régnaient d'un bout à l'au cription, et, dans la Guerre des Juifs, il en a
tre du portique, et la quatrième était engagée donné une seconde beaucoup plus détaillée
dans un mur de pierre. Le diamètre de ces (Bell. Jud.,V, v, 1 et suiv.),et que je repro
colonnes était tel, qu'il fallait trois hom duirai également en substance. Après avoir
mes pour les embrasser; leur longueur était arlé des travaux énormes qui formèrent une
de vingt-sept pieds, et leur fût portait vers immense plate-forme dont le mont Moriah
la base une double spirale (ôtr)ä; arsipxs était le noyau, l'historien s'exprime ainsi :
ûre )nugivn;); ces colonnes étaient au nombre « Les édifices supérieurs étaient en tout point
de cent soixante-deux (122), et leurs chapi dignes de la majesté des fondations; en effet
teaux étaient sculptés à la mode corinthien tous les portiques étaient doubles; ils étaient
ne. Précisément à cause de ces quatre ran soutenus par des colonnes hautes de vingt
gées de colonnes, le portique était triple ; cinq pieds, formées d'un seul bloc de marbre
deux des allées parallèlès étaient semblables, blanc, sur lesquelles reposaient des lambris
de sorte que chacune d'elles avait trente de cèdre. Les portiques étaient larges de
pieds de largeur, un stade de longueur et trente coudées, et leur ensemble, y compris
plus de cinquante pieds de hauteur; l'allée la tour Antonia, avait un développement de
intermédiaire était plus large de moitié que six stades; l'espace découvert était entière
chacune des deux autres , de telle sorte ment pavé en mosaïque formée de pierres de
qu'elle dominait de beaucoup les deux allées toute nature. Lorsque de ce parvis ainsi pavé
latérales.
on passait au second temple, on rencontrait
« Les toits étaient ornés de sculptures de un mur d'enceinte de trois coudées de haut
bois en haut relief et très-variées. Celui de la et admirablement construit. Sur ce mur d'en

(122) Ce chiffre paraît altéré, puisque le nombre cent soixante-deux n'est pas divisible par quatre.
653 PRI DES ANTIQUlTES BIBLlQUES. PRI 634

ceinte s'élevaient, à des intervalles égaux, tres, et les plaques d'or et d'argent dont elles
des colonnes portant des inscriptions grec étaient revêtues étaient beaucoup plus épais
ques ou latines, rappelant la loi sur l'impu ses. L'ornementation des neuf portes leur fut
reté à tous ceux qui se présentaient pour appliquée par les soins d'Alexander Alabar
franchir cette enceinte, et en excluant tous cha, père de Tiberius Alexander, procurateur
ceux qui n'appartenaient pas au culte judaï de Judée. Quinze marches conduisaient du
que. Le second temple se nommait le Saint, mur qui fermait le parvis des femmes à la
et l'on y montait du premier par une rampe porte principale ; elles étaient donc moins
de quatorze marches. Sa plate-forme était élevées que les cinq marches qui condui
carrée et entourée d'un mur particulier. La saient à chacune des autres portes.
hauteur extérieure de ce mur était de qua « Le temple même, c'est-à-dire le très
rante coudées; mais à l'intérieur elle était saint, était placé au milieu de l'enceinte sa
de vingt-cinq coudées seulement, grâce à la crée, et l'on y montait par douze degrés. Sa
hauteur de I'escalier qui conduisait sur la face antérieure présentait une largeur et une
plate-forme. Après les quatorze premiers de hauteur égales de cent coudées. Par derrière,
grés, on rencontrait un palier large de dix cette largeur de l'édifice sacré était réduite
coudées et s'étendant jusqu'au pied du mur. de quarante coudées : ainsi, sur la face du
De là, d'autres rampes de cinq marches con monument, deux espèces d'épaules, d'un dé -
duisaient aux portes, qui, sur chacune des veloppement de vingt coudées chacune, se
faces méridionale et septentrionale, étaient projetaient de chaque côté du temple.
au nombre de quatre, et de deux forcément « La première porte, haute de soixante-dix
sur la face orientale. Voici pourquoi : comme coudées et large de vingt-cinq, n'avait pas de
le temple, par suite d'une loi religieuse, de battants et restait entièrement ouverte, pour
vait être interdit aux femmes, il avait paru représenter, ainsi que le pensaient les Juifs,
nécessaire d'avoir une seconde porte oppo le ciel visible de tous côtés et ouvert partout.
sée à la première. Sur chacune des deux au Tout le fronton de cette porte était doré, et à
tres faces, on entrait par une seule porte travers sa base on apercevait entièrement le
dans le parvis des femmes. Il leur était dé vestibule intérieur, qui était très-grand.Toutes
fendu d'entrer par une porte autre que celles les parties qui avoisinaient la porte intérieure
qui leur étaient réservées, et par celles-là étaient resplendissantes d'or. Comme l'inté
même elles ne pouvaient s'avancer au delà rieur de l'édifice était coupé en deux parties,
de l'enceinte qui leur était accessible. Du on ne voyait ouverte que la première salle,
reste, le lieu était ouvert non-seulement aux qui avait une hauteur non interrompue de
femmes habitant la Judée, mais encore à quatre-vingt-dix coudées, une longueur de
toutes les femmes des autres provinces et qui cinquante, et une largeur transversale de
Se présentaient pour accomplir les devoirs de vingt seulement. J'ai déjà dit † la porte
la religion. La face occidentale n'avait pas de intérieure du vestibule était entièrement do
porte, mais présentait un mur continu. Au rée, ainsi que toute la paroi du mur dans
delà du mur régnaient, à l'intérieur, des por lequel elle était † Au-dessus courait
tiques placés devant les chambres du trésor, une vigne d'or de laquelle pendaient des grap
et SOutenus † de grandes et magnifiques pes de raisin de la taille d'un homme.
colonnes; celles-ci étaient simples et ne le « Le temple étant, ainsi que je l'ai dit, par
cédaient que sous le rapport de la grandeur tagé en deux vers le milieu de sa longueur,
à celles des portiques inférieuFs. la salle la plus reculée était plus basse que
« Des dix portes, neuf étaient entièrement celle de devant ; elle avait des battants de
Ievêtues d'or et d'argent, aussi bien que leurs porte d'or de cinquante-cinq coudées de hau
battants et leurs architraves. Celle qui ouvrait teuret de seize coudées de largeur.Devant cette
sur le temple était seule en airain de Corin porte était suspendu un voile d'égale lon
the, et surpassait de beaucoup en splendeur gueur, et d'étoffe babylonienne, éclatant des
celles qui étaient recouvertes d'or et d'ar couleurs de l'hyacinthe, du byssus, du safran
gent. Deux battants étaient insérés dans cha et de la pourpre, et du tissu le plus merveil
que† ou pylone, et chacune avait trente leux. » Dans ce tissu, précieux sans doute,
condées de hauteur et quinze de largeur. l'imagination des Juifs avait placé la symbo
Après avoir franchi chacune de ces portes, lisation de toutes choses. Ainsi, pour eux,
On trouvait des salles carrées de trente cou comme pour Josèphe , lui-même, qui se fait
décs de côté, construites en forme de tour,et probablement l'écho d'une opinion générale
hautes de plus de quarante coudées. Elles de ses compatriotes, le safran représentait le
étaient soutenues chacune par deux colonnes feu, le byssus la terre, l'hyacinthe l'air, et la
ayant douze coudées de circonférence. Tou pourpre la mer. « Sur ce voile était tracée
tes ces salles étaient égales, sauf celle qui toute l'image du ciel, à l'exception des signes
suivait la porte orientale, construite en ai du zodiaque. -

rain de Corinthe, et qui conduisait directe « Cette dernière partie du temple n'avait
ment du parvis des femmes à la porte même plus que soixante coudées , de hauteur ,
du temple. Celle - ci était beaucoup plus soixante de longueur et vingt de largeur. Ces
' grande. soixante coudées étaient de nouveau divisées
« Elle était en effet haute de cinquante en deux portions. La première, qui avait qua
coudées,et avait des portes hautes de qua rante coudées de longueur,
rante coudées ; ces portes étaient beaucoup objets admirables et illustrescontenait
; c'étaienttrois
le
plus riches et plus magnifiques que les au candélabre, la table et l'autel des parfums.
655 PRl DICTIONNAIRE PRI 656

Les sept lampes du candélabre signifiaient Josèphe, et nous allons voir que cette asser
les sept planètes, et les douze pains déposés tion est suffisamment exacte, si du moins
sur la table, le cercle zodiacal et les mois de nous en pouvons juger par les seuls frag
l'année; l'autel des parfums, par ses treize ments qui subsistent encore à l'extérieur du
arOmateS em §§ la mer et à la terre Haram-ech-Chérif, et qu'il n'est pas possible
habitée et inhabitée, marquait que tout ap de refuser à l'époque d'Hérode le Grand.
partenait à Dieu, et devait être employé à son Le plus important de tous est la porte Do
usage. La dernière partie du temple avait rée, porte aujourd'hui murée, et qui se voit
vingt coudées de longueur, et elle était sé dans la face orientale de l'enceinte. Elle se
parée de la précédente par un voile. Elle ne compose de deux larges piliers carrés, com
contenait rien ; mais parce qu'elle était inac plétement engagés aujourd'hui dans la ma
cessible et inviolable, elle s'appelait le Saint çonnerie turque, et surmontés de chapiteaux
des saints. formés de deux rangs superposés de †
« Autour des côtés du temple inférieur d'acanthe, ou du moins d'un végétal assez
étaient appliquées une foule de petites cham semblable à l'acanthe, et dont les folioles ai
bres qui conduisaient de l'une dans l'autre, gués et profondément découpées eonstituent
et garnies d'un triple toit; on y pénétrait par un style sui generis, qui a évidemment la
des entrées pratiquées de chaque côté de la prétention de ressembler au corinthien, tout
porte du temple. La partie supérieure du en conservant son caractère propre. Le som
temple n'avait pas de petites chambres pa met du chapiteau est un peu évidé au centre,
reilles sur ses flancs, parce qu'elle était plus et là, il porte une saillie circulaire, copiée
étroite que la partie inférieure. Cette † également des chapiteaux des pilastres co
supérieure avait en effet quarante coudées de rinthiens de construction gréco-romaine de
largeur de moins que l'autre. La hauteur to cette époque.
tale était de cent coudées, dont soixante pour Sur les chapiteaux repose une double ar
le temple inférieur,et quarante pour la partie chivolte surchargée d'ornements et présen
supérieure, qui était rétrécie. tant plusieurs cordons concentriques de feuil
« L'extérieur du temple frappait autant les lages, d'entrelacs; et de petits môdillons cou
yeux que l'esprit. Il était en effet revêtu de rant au-dessus de tous les autres. A mon re
tous les côtés de plaques épaisses d'or, si tour de Jérusalem, j'avais énoncé la convic
bien qu'au lever du soleil il semblait en feu tion que cette porte était d'Hérode le Grand,
et repoussait tous les regards, comme s'il eût et je dois avouer que je n'eus pas le bonheur
été imprégné des rayons de l'astre du jour. de la faire partager par tout le monde. On se
De loin il paraissait semblable à une monta méfiait de mes dessins,et par conséquent de
gne de neige, car partout où l'or disparais mon opinion. Depuis lors les merveilleuses
sait, brillait un marbre éclatant de blancheur. photographies de mon ami M. Salzmann sont
Le faîte était garni de broches d'or très venues trancher la difficulté, et prouver que
aiguës, destinées à écarter les oiseaux qui j'avais un peu moins d'imagination et un peu
auraient pu le souiller. Quant aux blocs qui plus d'honnêteté que ne m'en voulaient ac
étaient entrés dans la construction, On en corder ceux qui, n'ayant jamais mis le pied
voyait qui avaient jusqu'à quarante-cinq cou hors de leur logis, ne pardonnent pas aux
dées de longueur, cinq de hauteur et six de autres d'aller chercher, au péril de leur vie,
largeur. » Cette longueur de quarante-cinq des faits capables de déranger les théories à
coudées, équivalente à vingt-trois mètres six priori écloses au fond de leur cabinet. Ces
cent vingt-cinq millimètres,est peut-être exa † ont amplement démontré que
érée. Rappelons-nous toutefois que la plate a porte Dorée ne peut être byzantine; elle
orme du grand temple de Bâalbek présente est donc plus anciénne. D'un autre côté, re
trois blocs bien plus étonnants encore, puis trouver des monuments certains de l'ép0que
qu'ils ne cubent pas moins de cinq cent d'Hérode, avec la même ornementation, Sâns
vingt-cinq mètres, tandis que ceux dont parle la moindre différence, c'était trancher défini
Josèphe n'en cuberaient que cent quatre tivement la question. Un autre de mes aml$,
vingt-seize en nombre romd. voyageur † de talent et de courage, M. le
« L'autel placé devant le temple était haut comte Melchior de Voguë, s'en est chargé.l
de † coudées, long et large de cinquan a étudié et dessiné avec le plus grand sºlº
te. Ce massif carré avait aux angles des sail les ruines de la Julias que le tétrarque Phi
lies semblables à des cornes, et une rampe † fils d'Hérode le Grand, construisit ºn
douce y montait du côté du midi. Il n'entrait l'honneur de la mère de Tibère, sur l'emplº
cementest
aucun ferrement dans sa construction, et ja Julias de identique,
Bethsaïda. dans
Or, l'ornementation dº
toute la force du
mais le fer ne l'avait touché. Enfin le temple
et l'autel étaient entourés d'un cordon de terme, avec l'ornementation de la porte D0:
pierre haut d'une coudée, et qui séparait les rée; les deux monuments qui l'offrent so!
prêtres du peuple. » donc à très-peu près contemporains, et lº
, La description que je viens de tirer de Jo #en" incontestablement au mêmº
sèphe parle d'elle-même, et il est évident S1GCIe.

qu'à tout le moins pour les portiques orien Au milieu de la face sud de l'enceinte !
tal et méridional, l'architecture adoptée par temple se voit une moitié de la porte désig†
Hérode était tout imprégnée des principes dans la description du temple d'Hérode !
classiques de l'architecture grecque et ro est coupée en deux par le mur de clôturº #
maine.Les chapiteaux étaient corinthiens,dit jardin de la mosquée d'El-Aksa. Mais ce (l"
657 rItI DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. PRI 658

est possible d'en voir est évidemment de la possible, les Juifs rigoristes commencèrent à
même époque que la porte Dorée, l'ornemen murmurer hautement contre ce qu'ils considé
tation étant entièrement identique avec celle raient comme un attentat. A la tête des mé
de cette porte. Toutefois celle du sud présente contents étaient deux vénérables interprètes
des caractères architectoniques qu'il serait de la loi : Judas, fils de Sariphaeus, et Mathias,
absolument impossible de retrouver dans un fils de Margalottus. Le bruit étant venu à se
monument d'origine purement grecque ou ro répandre qu'Hérode avait succombé à son
maine; ainsi l'archivolte qui forme le sommet mal, ces deux hommes, se croyant affranchis
de la porte est composée de deux portions de toute crainte, excitèrent la jeunesse juive
d'arc de cercle, rachetant une ligne horizon par leurs discours,et osèrent abattre à coups
tale qui n'est autre chose que l'arête infé de hache et en plein jour l'aigle consacré
rieure d'un cadre rectangulaire dominant et par leur roi. Celui-ci en fut immédiatement
bordant la baie à droite et à gauche. A quel instruit, et il accourut à Jérusalem à la tête
† décimètres au-dessus règne une corniche de troupes assez considérables pour pouvoir
e même style et ne se rattachant à rien. Celle réprimer sûrement la sédition. Les coupables
cisurmonte de véritables claveaux ouvoussoirs furent saisis et payèrent de la vie leur auda
de bel appareil,formant voûte au-dessus d'un cieuse tentative. Mathias fut brûlé vif, et la
segment vide ettrès-étroit,qui servait à donner nuit même de son supplice il y eut une éclipse
du jour dans des galeries intérieures, aujour de lune qui peut servir à en fixer la date. Tout
d'hui souterraines, et placées au-dessous de à l'heure nous aurons à reparler de cet évé
la mosquée d'El-Aksa. On sait que cette nement, à propos des monnaies d'Hérode le
mosquée n'est autre chose que l'église de Grand.
la Purification, bâtie par l'empereur Justinien Sous le règne d'Agrippa I" le peuple et les
au vI siècle. A droite de la porte paraît un prêtres demandèrent que des travaux fussent
très-bel appareil, qui semble tout à fait digne entrepris pour hausser le faîte du temple de
d'Hérode,tandis que la porte est murée en ap vingt coudées. Agrippa s'empressa de sous
pareil tout à fait semblable à celui des crire à ce vœu et fit venir à grands frais du
murailles de l'église elle-même. Cette porte Liban les bois de construction nécessaires,
a donc été condamnée par l'ordre deJustinien. qui devenaient par le fait des objets consa
Les magnifiques portiques dont nous avons crés. Quand la guerre civile éclata, ce travail
parlé plus haut n'existèrent pas longtemps; fut naturellement abandonné; et pendant les
car aussitôt après la mort d'Hérode, et pen derniers jours qui précédèrent la venue de
dant que son fils et successeur Archélaüs Titus devant Jérusalem, le temple fut le
sollicitait à Rome l'obtention de la couronne champ de bataille habituel où les Juifs s'entre
de son père, les Juifs, soulevés par les exac égorgeaient sans pitié. Un parti occupait les
tions du procurateur Sabinus, se révoltèrent terrasses du temple; l'autre parti, commandé
contre lui, malgré la présence d'une légion par Jean de Giscala, pour atteindre à la hau
entière qui tenait garnison à Jérusalem. Les teur de l'ennemi, fit, sur les ordres de son
insurgés se retranchèrent dans les portiques, chef, des tours d'attaque avec les bois consa
et du haut des toits firent beaucoup de mai crés que le roi A # avait accumulés dans
aux Romains, sans courir eux-mêmes le l'enceinte.(Bell. Jud., V, I, 5.
moindre danger. Pour mettre fin à cet état Ce même Jean de Giscala fit pis encore, au
de choses, les Romains incendièrent les por dire de Josèphe; mais cette fois du moins il
† et de la foule des combattants qui avait la nécessité absolue pour excuse. En
s'étaient postés sur les toits, il n'y en eut pas fermé dans le temple avec ses partisans, il
un seul qui J# à s'échapper. Josèphe résistait avec l'énergie du désespoir aux atta
(Ant. Jud.,XVII, x,2) raconte cet événement ques des Romains , à bout de ressources, il
en détail : « Des matériaux incendiaires ayant n'hésita pas à se servir de celles qui étaient
été accumulés par les Romains dans l'intérieur accumulées dans le saint édifice. Les vases
des portiques, la flamme gagna promptement nécessaires au service divin, les bassins, les
les toits. Ceux-ci étaient bâtis, ainsi que nous tables, les coupes, tout fut employé aux usa
J'avons vu, en bois sculpté, que récouvrait ges les plus vulgaires, jusqu'aux vases à rafraî
beaucoup de cire, de poix et d'or étendu avec chir le vin qu'Auguste et sa femme avaient
de la cire, de sorte que tout ce merveilleux offerts au temple.Jean dissipa les hésitations
travail périt en peu d'instants. » Ce désastre de ses soldats en leur disant : Servez-vous
fut réparé † tard, mais avec une moindre sans crainte des choses qui appartiennent à
somptuosité sans aucun doute, et nous aurons Dieu, vous qui combattez pour Dieu ; nour
à noter un nouvel incendie des portiques rissez-vous de ce qui appartient au temple,
extérieurs.
vous qui défendez le temple. En conséquence,
. Nous avons maintenant à constater une l'huile et le vin qui servaient aux holocaustes
singulière infraction à la loi judaïque, com et aux libations, et qui étaient déposés dans
mise par Hérode le Grand. On sait combien les magasins sacrés, furent distribués aux sol
il était interdit aux Juifs de représenter et dats, qui en firent usage sans horreur, s'écrie
de consacrer des figures d'êtres vivants. Hé avec indignation l'historien des Juifs. (Bell.
rode (Ant.Jud., XVII, vI, 2) ne craignit pas Jud.,V, xIII, 6.) J'avoue que, pour ma †
de faire consacrer et de placer sur la porte comprends parfaitement
guerre réduits aux aboisque
nedes
se hommes de
soient fait
Principale du temple un aigle d'or de grande
dimension. Lorsque ce monarque fut devenu aucun scrupule de soutenir leurs forces,même
assez malade pour que sa guérison parût im aux dépens des provisions de l'autel.
659 PRI DICTIONNAIRE 1 r.A 640

Le moment fatal était venu où le temple pecté. Mais la Providence en avait decna4 au
merveilleux de Jérusalem allait disparaître trement.
pour toujours. Les Juifs finirent par se retrancher dans le
Ce furent d'abord les poutres du portique temple même. Dans une sortie contre les Ro
qui au nord et à l'ouest s'appuyaient à la tour mains qui cherchaient à éteindre l'incendie
Antonia,qui furent brûlées et abattues par les du portique, ils furent repoussés, et, sans
Juifs eux-mêmes. Deux jours après, les Ro doute par un décret d'en haut, un soldat ro
mains réussissaient à incendier ce qui avait main, saisissant un tison embrasé, se fit sou
été épargné dans l'incendie précédent; les lever par un de ses compagnons, et lança le
Juifs n'essayèrent pas d'arrêter les progrès des tison à travers la fenêtre d'or qui, du
flammes, qui devenaient utiles à leur défense. côté du nord, ouvrait sur les cellules cons
(Bell.Jud., VI, II,9.) truites contre les flancs du temple. En un
instant l'incendie se propagea : et le jour an
Ils firent plus encore, et se voyant trop pres niversaire de la destruction du premier tem
sés par les assiégeants, ils remplirent tout ple par les Babyloniens, c'est-à-dire le 15 du
l'espace vide compris entre les poutres et les mois de Loiis de la deuxième année du règne
combles du portique occidental, de bois sec, de Vespasien, le temple construit par Hérode
de soufre et de bitume; et, comme fatigués de fut dévoré par les flammes. Titus, prévenu
combattre, ils réculèrent, abandonnant aux de cet accident, fit de vains efforts pour arrê
Romains l'édifice sur lequel ceux-ci devaient ter l'élément dévastateur; ses ordres ne furent
trouver la mort la plus affreuse. Aussitôt des pas exécutés, ou plutôt ne purent être enten
échelles furent appliquées, et les terrasses de dus au milieu de la fureur du combat. Les
ce portique furent envahies par les légion Romains brûlèrent tout ce qui restait debout,
naires. Parmi eux il s'en trouva qui, plus même des portiques, sauf deux portes, l'une
prudents que les autres, et soupçonnant à l'orient et l'autre au midi, qui furent épar
† piége caché sous cette retraite sans gnées en ce moment pour être détruites peu
motif, restèrent au bas du portique. Quand après. (Bell. Jud., VI, Iv et suiv.)
celui-ci fut couvert de Romains, les Juifs Une fois le reste de la ville entièrement
mirent le feu partout, et en un clin d'œil des soumis, Titus donna l'ordre de raser ce qui
flammes dévorantes surgirent de tous les
points à la fois. Plus d'espoir de salut; de
#
I, l .
des murs du temple. (Bell. Jud., VII,
tous ces malheureux, les uns se jetèrent en Telle fut la fin du plus magnifique édifice
bas de l'édifice embrasé du coté de l'ennemi, sacré qui ait jamais existé sous le soleil.
les autres du coté de la ville, et tous ceux-là Hérode construisit dans Jérusalem et dans
se brisèrent sur le pavé.Le reste périt étouffé les principales villes de ses Etats de somp
par l'incendie; et parmi ces derniers beau tueux édifices, qui étaient tout à fait, par leur
coup tournèrent leurs armes contre eux destination, dans le goût romain ou grec, à
mêmes, pouren finir plus vite avec une vie qu'il en juger par leur nom seul. Je veux parler,
n'était † possible de soustraire à la fin
par exemple, de l'hippodrome de Jéricho et
la plus horrible. Le portique fut ainsi incen du théâtre de Jérusalem, édifices dont il est
dié jusqu'à la tour que Jean de Giscala avait fréquemment question dans l'historien Jo
fait construire au-dessus des portes qui con sèphe. Voici comment celui-ci s'exprime au
duisaient au Xystus, et le reste fut abattu par Sujet de ces innovations (Ant. Jud. , XV,
les Juifs. Le jour suivant, les Romains détrui XVIII, 1) : « Hérode alla toujours s'écartant
sirent parle feu le portique septentrional et le de plus en plus des mœurs de nos pères, et il
† oriental,dont le point de réunion était
une immense hauteurau-dessus de la vallée ébranla l'antique état de choses, en adoptant
du Kédron (Bell. Jud., V, III, 1 et2). L'atta
les coutumes étrangères. Ainsi il arriva qu'a-
vec le temps nous eûmes à subir de grands
que principale des Romains avait été portée malheurs, par suite de la négligence de tout
sur la face orientale de l'enceinte, que l'hélé ce qui entretenait la piété du peuple. D'a-
pole et les béliers battirent incessamment. bord il institua des jeux quinquennaux en
Pour accélérer la fin de cet horrible drame,
l'honneur de César, puis il bâtit un théâtre à
le feu fut mis par les Romains à la porte d'en- . Jérusalem, et un très - grand amphithéâtre
trée, et les flammes, pénétrant à travers des dans la plaine (sans doute celle du Jourdain,
torrents d'argent fondu, gagnèrent le porti près de Jéricho), édifices d'une très-grande
ue, qui ne tarda pas à devenir la proie des magnificence sans doute, mais dont l'usage
flammes. (Bell. Jud., VI, Iv, 2.) Toute cette était bien opposé aux coutumes judaïques.
journée et la nuit suivante l'incendie fut activé Des prix consistant en biges, en quadriges et
par les assaillants, qui ne parvinrent à dé en chevaux,furent offerts aux vainqueurs, et C.
truire le portique oriental que par parties. Le théâtre était décoré de la manière la plus
Le lendemain, Titus se prépara à donner somptueuse, orné tout autour d'inscriptions
l'assaut. Un conseil de guerre fut tenu pour rappelant les actions de César, et des tro
délibérer sur le sort du temple, et malgré phées qu'il avait remportés sur les nations
une vive opposition, Titus demanda qu'il fût Vaincues, construits entièrement en or pur
épargné. Liternius Fronto, Tiberius Alexan et en argent... Les Juifs attachés à leurs an
der et Sextus Cerealis se rangèrent de son ciennes lois voyaient avec un profond cha
avis, que combattirent vainement Larcius Le- . grin toutes ces innovations; mais ce qui les
pidus, Titus Frugi et Marcus Antonius Julia blessait le plus, c'étaient les trophées, qu'ils
nus, et il fut décidé que le temple serait res supposaient être des figures humaines rer .
C41 PRl DES ANTlQUlTES BIBLIQUES. TRI (542

couvertes d'armes. Pour apaiser les mur qui ne saurait être dépassée ; après avoir
mures à ce sujet, Hérode se vit obligé de fondé et élevé des portiques extérieurs ; après
rassembler au théâtre les chefs des mécon avoir rétabli la forteresse Antonia avec au
tents, et de leur demander ce que c'était que tant de soin que s'il se fût agi d'un palais,
ces trophées; ils répondirent tous que c'é- Hérode fit construire des habitations royales
taient des figures humaines, et le roi les dans la ville supérieure, et y établit deux
ayant fait alors démonter devant eux, les ren édifices immenses,et tellement beaux, que le
dit fort confus en leur faisant toucher du temple lui-même ne pouvait leur être com
doigt des morceaux de bois brut, et rien de paré, et auxquels il donna les noms de ses
plus. » deux amis : l'un s'appela donc Cœsareion et
Josèphe rappelle encore, dans un autre l'autre Agrippeion. » (Bell. Jud., I, xxI, 1.)
, passage, la construction du théâtre, de l'am Inutile, je pense, de faire remarquer que cé
phithéâtre et du forum de Jérusalem (Bell. paragraphe
I'atiOn.
est empreint d'une forte exagé
Jud., I, xxI, 8),et l'institution des jeux quin
quennaux , il ajoute qu'ayant relevé de ses Poursuivons l'énumération des merveilles
ruines la ville maritime d'Anthédon, Hérode qui prirent naissance pendant le règne d'Hé
lui donna le nom d'Agrippéion, en ayant rode. Sur l'emplacement de l'antique Sama
soin de faire graver le nom du gendre d'Au rie, ce prince fonda une ville qu'il entours
guste sur la porte qu'il fit lui-même construire d'une belle muraille longue de vingt stades ;
pour le temple de cette ville. il y établit six mille colons avec des immu
A soixante stades de Jérusalem, du côté nités, et au milieu de la cité nouvelle, qui
de l'Arabie, il fit élever de main d'homme reçut le nom de Sébaste, il fit élever un tem
une montagne ronde à laquelle il donna son ple magnifique en l'honneur d'Auguste, au
propre nom,et qu'il appela Hérodéion. Il en milieu d'une place qui n'avait pas moins de
entoura le sommet de tours rondes, et en six stades de tour. Plus tard, lorsqu'il vit
remplit l'enceinte de palais somptueux et ajouter à ses Etats la province où étaient les
Sources du Jourdain, il éleva un nouveau
aussi magnifiques à l'extérieur qu'à l'inté
rieur, grâce à la profusion des ornements de temple d'Auguste auprès du Panéion ou grotte
tOute natule dont toutes les murailles et les de Pan, de laquelle sortait la principale des
toits même étaient recouverts. L'eau v fut sources du fleuve sacré. (Bell. Jud., I, xxI,
amenée en abondance et de très-loin, à l'aide 3.) Le Panéion est seul resté, à Banias, et du
de travaux dispendieux, et une rampe de temple il n'existe plus même de trace.
deux cents degrés de marbre blanc condui A Jéricho il construisit un nouveau palais
sait au sommet de la colline. Là étaient d'au beaucoup plus riche que l'ancien. A la tour
tres palais destinés à recevoir ses amis et à de Straton, il fonda une ville nouvelle,
servir de magasins, de sorte que, pour l'a- † nomma Césarée,et à laquelle il donna
bondance de toutes choses,ce château parais es palais et un port construit de main
sait une véritable ville, tandis que par ses d'homme, et plus vaste que le Pirée; là en
dimensions il n'était qu'une habitation royale. core était un temple dédié à César, et conte
Par son testament, Hérode ordonna que son nant une statue colossale de ce prince.
tombeau fût construit en ce lieu ; et en effet Il serait superflu de reproduire ici la des
son fils Archélaüs le fit enterrer à Hérodéion. cription de Césarée et de son port. Tous les
(Bell. Jud., I, xxI, 10, et Ant. Jud., XV, Ix, édifices que le roi Hérode fonda dans cette
4.) La colline située près de Beit-Lehm, et ville sont pour ainsi dire des édifices grecs
connue aujourd'hui sous le double nom de ou romains, ainsi que l'on devait s'y aiten
Mont des Français et de Djebel-Foureidis dre.Je renvoie donc à Josèphe (Bell. Jud., I,
(montagne du Petit-Paradis) , n'est autre xxI, 6 et 7) ceux de mes lecteurs qui seraient
curieux de connaître lus en détail la des
chose que la colline d'Hérodéion. Un voya · cription
geur († l'a récemment visitée avec de la Césarée d'Hérode. Je reviens à
Jérusalem, et je vais dire quelques mots de
soin, et il a levé le plan des ruines qui la tour Antonia et des principales tours de
s'y voient encore. défense qu'Hérode fit élever, afin de rendre
Presque toutes les villes du royaume d'IIé plus imposante l'enceinte de sa capitale.
rode furent enrichies par lui de somptueux Nous avons vu que la forteresse qu'Hérode
édifices. Ainsi Tripolis, Damas et Ptolémais nomma Antonia, en souvenir d'Antoine, son
eurent des gymnases, Byblos un mur d'en bienfaiteur, était placée au nord de l'enceinte
ceinte, Tyr et Béryte des places, des por du temple. Voici la description qu'en donne
tiques, des temples et un forum, Sidon et Josèphe (Bell. Jud., V, v, 8) : « La tour An
Damas un théâtre, Laodicée un aqueduc, et tonia était placée à l'angle que formaient les
Ascalon des bains, des fontaines magnifiques portiques extérieurs du nord et de l'ouest. Elle
et de splendides colonnades. était bâtie sur une roche haute de cinquante
« Après avoir reconstruit le temple dans la coudées, et à pic de tous les côtés. Le roc
quinzième année de son règne, après avoir même était revêtu du haut en bas d'un pare
considérablement augmenté l'espace qui l'en Inent de pierre de taille très-lisse, autant
tourait (123) et élevé le mur d'enceinte, avec pour l'embellissement de l'édifice que pour
des dépenses énormes et une munilicence en rendre impossible la montée et la des
(125) Ceci n'est pas vrai, car Josephe dit le con alomoniennes encore debout prouvent que l'en
traire en d'autres passages, et les constructions éeinte extérieure est restée la même.
645 PRI DICTlONNAlRE PRI 644

cente. Devant la tour elle-même était un mur cette masse solide était une citerne haute de
haut de trois coudées qui bornait sur ses vingt coudées, et destinée à recueillir l'eau de
quatre faces une plate-forme carrée de qua luie. Au-dessus encore était une maison
rante coudées de côté; à l'intérieur la tour
avait l'ampleur et la forme d'une demeure
† à deux étages, haute de vingt-cinq
coudées, à la surface marquetée, couronnée
royale. Elle était en effet divisée en pièces par un parapet de deux coudées, surmon
destinées à tous les usages, telles que cham tée de créneaux de trois coudées de hau
bres d'habitation, vestibules, portiques, bains teur, ce qui donnait à la tour une hauteur
et vastes salons parfaitement disposés pour totale de quatre-vingts coudées. »
loger des soldats; de telle sorte que, par sa Cette tour fut respectée par les Romains
parfaite distribution, elle semblait en quel après le sac de Jérusalem ; voici comment
que sorte une ville, et, par sa magnificence, Josèphe nous l'apprend (Bell. Jud., VII, I,
un palais digne d'un roi. Bien qu'elle eût en 1) : « Lorsque les soldats n'eurent plus per
masse l'aspect d'une tour, elle était flanquée sonne à tuer, César donna à ses légions l'or
aux quatre angles de quatre autres tours, dre de renverser de fond en comble la ville et
dont trois avaient une hauteur de cinquante le temple, mais de respecter les tours qui dé
coudées, et celle de l'angle sud-est une hau assaient toutes les autres en hauteur, c'est
teur de soixante-dix coudées, si bien que du à-dire Phasaël, Hippicos et Mariamne, ainsi
sommet de celle-là on pouvait voir tout l'in que la partie du mur d'enceinte qui couvrait
térieur de l'enceinte sacrée. Sur les deux
la ville à l'occident, pour qu'elle pût servir
faces par lesquelles elle était reliée aux por de protection à la garnison qu'il fallait laisser
tiques du temple, étaient des escaliers des là. Ces tours ne furent sauvées que pour mon
cendant dans ces portiques, et par lesquèls trer aux races futures quelle cité florissante
la garnison en armes venait, chaque jour de et forte la valeur romaine était parvenue à
fête, veiller à ce que tout se passât dans le réduire. »
plus grand ordre. Ainsi le temple était le
corps de garde de la ville, et la tour Antonia La description que donne Josèphe de la
celui du temple. » base de la tour Hippicos démontre jusqu'à
Dans d'autres passages nous trouvons quel l'évidence que cette base n'est autre chose
ques , renseignements qui complètent ceux que la tour massive si antique qui porte à
que je viens de transcrire; les voici : « La bon droit le nom de tour dè David. — Voy.
l'art. RoIs et PARALIPoMÈNEs
tour Antonia s'était d'abord appelée Baris
(Birs, arabe, bordj, forteresse), et le roi Aris Quant à la tour Phasaël, Josèphe nous dit
tobule, frère d'Antigone et fils de Jean Hyr † dans un passage, que sa hauteur
can, l'habitait. » (Bell. Jud., I, III, 3, et Ant. égalait celle du célèbre phare d'Alexandrie
Jud., XIII, xI, 2.j Elle avait été construite (Ant. Jud., XVI, v, 2); mais, dans un autre,
par Jean Hyrcan, qui était souverain pontife, il est plus explicite ; le voici : « La seconde
et qui y avait déposé les ornements pontifi tour, à laquelle il donna le nom de son frère
caux; ce prince habitait presque constam Phasaël, avait une base carrée de quarante
ment cette tour, et ses enfants firent de coudées de côté et de pareil nombre en hau
même. (Ant.Jud., XV, xI, 4, et XVIII, Iv, 3.) teur; toute cette base était massive. Elle était
Lors de la sédition que suscitèrent les exac couronnée d'un portique haut de dix cou
tions du procurateur Gessius Florus, les in dées, muni de parapets et de créneaux. Au
surgés, craignant que celui-ci ne fît irruption milieu du portique s'élevait une autre tour à
dans le temple en passant par la tour Antonia, divers étages, contenant une salle de bain,
interceptèrent les communications qui con afin qu'il ne lui manquât rien pour paraître
duisaient de cette tour aux portiques exté une habitation royale. Le sommet était en
rieurs, en coupant ces portiques eux-mêmes. core garni de parapets et de créneaux; elle
(Bell. Jud., II, xv, 6.) était en tout haute de quatre-vingt-dix cou
Le roi Agrippa II parvint à calmer les es dées, et ressemblait au phare d'Alexandrie,
prits, et à pousser les Juifs à rétablir eux bien qu'elle fût de dimensions plus considé
mêmes les parties du portique qu'ils avaient rables. » (Bell. Jud., V, Iv, 3.)
mutilées. (Bell. Jud., II, xvII, 1.) Mais le calme Enfin la tour Mariamne, qui avait reçu le
fut de courte durée, et bientôt la sédition nom de la reine, était massive jusqu'à une
reparut plus terrible que jamais; et Eléazar, hauteur de vingt coudées, et elle avait pour
fils du grand prêtre Ananias, s'étant mis à sa base un carré de vingt coudées de côté.
tête, attaqua la tour Antonia; elle fut assié « Elle supportait des appartements beaucoup
gée deux jours et forcée; toute la garnison plus magnifiques et plus ornés que ceux des
ſut mise à mort, et la forteresse elle-même deux autres tours déjà décrites, et qui por
fut incendiée. (Bell. Jud., II, xvII, 7.) taient des noms d'homme, tandis que celles
Je passe actuellement à la description des là étaient plus fortes. La tour Mariamne n'a-
tours principales dont j'ai parlé plus haut, vait que cinquante-cinq coudées de hauteur. »
et qui servaient à la défense de la ville. Nous (Bell. Jud., V, Iv, 3.)
lisons dans Josèphe (Bell. Jud., V, Iv, 3) : Je ne puis, pour compléter cette descrip
« La tour Hippicos, qu'Hérode avait ainsi tion, me dispenser de reproduire in extenso
nommée en souvenir de son ami, était qua un paragraphe de Josèphe, dans lequel d'ail
drangulaire, et chacun de ses côtés avait leurs nous trouvons les détails les plus in
Vingt-cinq coudées de longueur et trente de téressants sur le palais d'Hérode. Voici ce
hauteur; elle était massive. Au-dessus de paragraphe (Bell. Jud., V, Iv, 4) : « Ces tours,
645 P1R1 DES ANTIQUITES BIBLIQUES. PRl 646

déjà si hautes par elles-mêmes, paraissaient s'était fait bâtir à Tibériade ; nous y trouvons
plus hautes encore, grâce au site qu'elles oc encore un renseignement bien plus intéres
cupaient; en effet, le mur antique dans lequel sant, puisqu'il nous prouve que le palais
elles étaient insérées avait été construit sur d'Hérode occupait exactement la même place
une colline élevée, qu'il dominait d'une tren † la citadelle de Jérusalem. Nous pouvons
taine de coudées; de sorte que les tours pla donc admettre, avec toute apparence de rai
cées au-dessus de cette muraille lui emprun son, que depuis David jusqu'à nos jours,
taient beaucoup de leur air monumental. La cette même place a été occupée par tous les
grandeur des blocs employés n'était pas dominateurs de la ville sainte.
moins admirable. Ce n'étaient point en effet A IIérode le Grand succéda son fils Arché
des pierres vulgaires, que des hommes eus laüs, avec le titre d'ethnarque.Après le ren
sent été capables de mouvoir; c'étaient des Versement d'Archélaüs, la Judée fut réduite en
blocs de marbre blanc, ayant chacun vingt province romaine ;,Agrippa I", par la faveur
coudées de longueur, dix de largeur, et cinq de Caligula, dont il était l'ami, reçut le titre
de hauteur. Ils étaient si habilement join de roi des Juifs. Ce prince ne fut autorisé
toyés, que chacune des tours semblait être à résider dans ses Etats que la sixième an
un seul rocher formé par la nature, et fa née qui suivit son élévation à la dignité
çonné ensuite de main d'homme; tellement royale. Arrivé à Jérusalem, il entreprit de
qu'il n'était pas possible d'apercevoir aucun construire une nouvelle enceinte, qui fût
joint. A ces tours placées dans la partie sep assez développée pour comprendre les lar
tentrionale de la muraille, était adjacent, à ges faubourgs élevés en dehors des mu
I'intérieur, le palais, dont la splendeur était railles antiques de la ville. Josèphe nous
au-dessus de toute expression. Aucun édifice donne une description fort exacte du tracé
en effet ne pouvait surpasser celui-là en ma de cette enceinte, qui n'exista guère qu'en
nificence.Ce palais était entièrement entouré projet, et dont la construction fut arrêtée
'un mur haut de trente coudées, et sur son par des ordres venus de Rome. Dans cette
pourtour il était orné de tours très-ornées description, Josèphe mentionne la tour Psé
et équidistantes; il renfermait des salles de phina, qui était placée à l'angle nord-ouest,
festin, capables de contenir les lits de cent et dont il ne dit que quelques mots. (Bell.
convives. La variété et la richesse des pierres Jud., V, Iv, 3.) Elle était haute de soixante
employées à orner ces salles était impossible dix coudées, et du sommet on pouvait, au
à décrire, car tout ce qu'il y avait de plus rare soleil levant, apercevoir l'Arabie, aussi bien
# avait été mis à profusion. Les plafonds et que le rivage de la Méditerranée ; enfin
es lambris eux-mêmes frappaient d'admira elle était octogone.
tion par la grandeur des poutres et par la C'est ici le lieu de parler du tombeau d'Hé
splendeur de l'ornementation. Le nombre lène, reine d'Adiabène, et de son fils Izates.
des chambres était immense, et elles étaient Tous les deux avaient embrassé le culte ju
embellies tout autour de milliers de figures daïque, et tous deux furent enterrés à Jéru
variées. Tout leur ameublemcnt était des salem, par les soins de Monobaze, frère et
plus précieux, et elles étaient munies d'une successeur d'Izates. Josèphe nous apprend
multitude de vases d'or et d'argent. On voyait que ces deux personnages royaux furent en
dans le palais plusieurs galeries circulaires terrés à Jérusalem, suivant leur volonté
Concentriques, soutenues par des colonnes expresse. Leurs corps y furent donc apportés
de matières précieuses et variées. Les espaces et déposés dans le sépulcre qu'Hélène avait
libres compris entre ces colonnades recou fait construire de son vivant, et qui était
vertes étaient garnis de la plus riante verdure. surmonté de trois pyramides, et placé à trois
On y admirait un grand nombre de bosquets, stades de la ville.(Ant. Jud., XX, v, 3.)
coupés de nombreuses allées pour la prome Le même historien parle plusieurs autres
nade. Autour des galeries on trouvait de pro fois de ce monument funéraire, et les indi
fonds réservoirs et des bassins remplis de cations qu'il donne sont assez précises pour
figures de bronze qui versaient une eau lim que le docteur Schultz ait pu très-aisément
pide; enfin autour des bassins s'élevaient le retrouver. J'ai moi-même vérifié l'exacti
plusieurs colombiers destinés à des pigeons tude du plan du savant prussien, et j'ai ren
apprivoisés. Tous ces somptueux édifices ne contré, à la place même qu'ils devaient oc
furent pas détruits par les Romains, mais cuper, les deux caveaux funèbres et les bases
bien par l'incendie qu'allumèrent les Juifs de trois pyramides. Il n'est donc pas permis
eux-mêmes, dès les débuts de la guerre ci de conserver des doutes sur l'identité des
vile ; ce fut la tour Antonia qui fut la pre ruines en question et du tombeau de la reine
mière dévorée par les flammes, et ces flammes d'Adiabène.—Voy. JÉRUSALEM(Nécropole de .
parricides anéantirent ensuite le palais, en Nous trouvons dans Pausaniasun récit fort
détruisant les toits des trois tours voisines. » étrange,et malheureusement fort fantastisque,
On me saura gré, j'espère, d'avoir repro qui concerne le tombeau d'Hélène. Voici ce
duit à peu près textuellement ce précieux passage, dont il n'est pas possible de tirer
passage de l'historien Josèphe. Nous y trou
vons en effet de très-curieux détails sur
† (Arcad,, lib. vIII, c. 16): « On voit dans
e pays des Hébreux, à Jérusalem, ville que
une ornementation qui était criminelle aux l'empereur Adrien a détruite de fond en com
yeux des Juifs fanatiques, et qui dut attirer ble, le tombeau d'Hélène, femme du pays :
sur le palais la même proscription qui plus il est tout en marbre ; on y a pratiqué auSsi
tard frappa le palais que le tétrarque Hérode une porte en marbre, qui s'ouvre tous les
C47 PRO DICTIONNAIRE PRO 648

ans, à pareil jour et à pareille heure ; elle ton, encadraient la figure. Quant aux colliers,
s'ouvre par l'effet seul d'un mécanisme, et il résulte de l'un de ces versets, que les plus
après être restée peu de temps ouverte, elle élégants étaient composés de perles d'or en
se referme ; dans tout autre temps, VOuS ten tremêlées de perles d'argent.
teriez vainement de l'ouvrir, et vous la brise Le verset 16 du même chapitre est ainsi
riez plutôt.» conçu : Les poutres de notre maison sont de
Evidemment ce récit n'a aucune valeur cèdre, nos lambris sont de cyprès. Il est dif
historique ; il nous apprend seulement qu'a- ficile de ne pas rapprocher ces détails de ceux
près le sac de Jérusalem par Adrien, le tom tirés de la sainte Ecriture, qui concernent
† d'Hélène existait encore, et n'avait pas le palais de Salomon connu sous le nom
été violé. Probablement, du reste, Pausanias de forêt du Liban.
avait entendu parler des tombeaux illustres Voici maintenant de curieux détails d'a-
de Jérusalem, et voulant enregistrer ses sou meublement(III) : —9 Leroi Salomon s'est fait
venirs, il aura appliqué au tombeau d'Hé faire un lit de parade en bois du Liban.—
lene ce qu'on lui avait raconté de l'admirable 10.Il en a fait les colonnes d'argent, son cous
Gonstruction et de l'ingénieuse clôture du sin est d'or et son siége de pourpre. Il s'agit
tombeau des rois. — Voy. TOMBEAU DES ROIS évidemment d'un lit à baldaquin, soutenu par
LuE JUDA. des colonnes d'argent. Quant au coussin, qui
PROBATIQUE (PIsCINE). — Voy. PARALIPo est d'or, s'il s'agit d'un vrai coussin , il était
MèNEs, RoIs (Art judaïque). en drap d'or ; car il n'est pas possible de su
poser qu'un coussin semblable aux nôtres et
PROPHÈTES. — Art hébraique, selon les destiné à supporter la tête , ait pu être en
Livres des Prophètes et après le retour de métal. Peut-être bien s'agit-il ici de ces col
la captivité. liers égyptiens en forme § croissant, suppor
LE CANTIQUE DEs CANTIQUEs : Détails de toilette, tés sur un pied, et qui étaient en bois, en
d'aimeublement. — La tour de David. — OsÉE : ivoire ou même en métal. S'il en est ainsi , il
Fabrication des idoles. Vente à faux poids. — est tout naturel que ce prétendu coussin ait
AMos . Les idoles. I.uxe des lsraélites avant la
ruine de Samarie. Les étoffes de Damas. Les
été en or massif J'avoue † je penche fort
palais d'ivoire. Les funérailles des Hébreux. Re pour cette interprétation. Je dois dire néan
construction du temple annoncée. — lsAiE : Sur moins que le mot employé dans le texte estra
les fabricants d'idoles. Influence des idées phé fidah, et que ce mot signifie, au propre, ce que
niciennes sur le culte judaïque. Les bijoux et l'on étend, de rafada , stravit. Ceci ne peut
choses de luxe. Usage du peson et de la balance. guère s'appliquer, j'en conviens, aux oreil
—JÉRÉMIE : Parure et habillement des idoles. Le lers égyptiens dont j'ai parlé tout à l'heure.
sicle, poids. Le papyrus. Sort des restes du tem Quant au mot que je rends par siége, c'est le
ple. — EzÉCIIIEL : ldoles adorées par les Juifs mot markab,quisignifie une selle, mieux encº
pendant la captivité de Joakin. Chérubins à six
ailcs. Bas-reliefs et sculptures peintes des Chal re qu'un siége (de rakaba, monter à cheval).EI.
déens. Influence de l'art égyptien. — MicHÉE : résumé, on voit qu'il n'est pas facile de se
Contre les balances trompeuses. -- EsDRAs : Les rendre rigoureusement compte de ce pas
vases du temple restitués. Dénombrement des sage.
Juifs rentrant en Judée. Reconstruction du tem Je ne quitterai pas le Cantique des can
ple. Entraves apportées à sa restauration par les tiques sans rapporter le verset 4 du quatrième
Samaritains. Denonciation de Tatnai. Le Mémorial
chapitre. ll est ainsi conçu : Ton cou est
de Cyrus. - AGGÉE (Haggaï) : Le temple de Zoro comme la tour de David, bâtie pour être un
babel. - NÉHÉMIE : ll obtient d'Ataxerxès la per arsenal : mille boucliers y sont suspendus
Inission de rebâtir Jérusalem. La muraille d'en
ceinte rétablie. Eliasib et Sanaballète. Le temple (avec) tous les carquois des braves. S'agit-il
de Zorobabel d'après Josèphe. ici de la tour de David, qui se voit encore à
Jérusalem ? Je n'en doute pas un seul ins
Le plus ancien des textes bibliques, pris en tant. Cette tour faisait partie de la forteresse
dehors du Pentateuque, du Livré des Rois et du Aïr-Daoud, ou cité de David proprement
#e celui des Chroniques, est, sans contredit, dite; certes, un arsenal ne pouvait être placé
le Cantique des cantiques. Il paraît bien cer mieux que là. Mais, me dira-t-on, pour com
tain que cette charmante poésie est due au parer le cou d'une femme à une tour, il ne faut
roi Salomon lui-même. Par conséquent, nous pas que cette tour soit carrée comme la tour
devons faire remonter au moins à la date de de David. J'en demeure d'accord. Toutefois,
ce règne les faits se rattachant à l'art judaïque si l'on veut bien se rappeler que toute la
et dont nous trouverons la mention dans le portion primitive, qui subsiste aujourd'hui,
Cantique des cantiques. est entièrement massive et sans aucun vide
Voici d'abord quelques détails de toilette, intérieur, on admettra, je l'espère, qu'il est
et que nous extrayons du chapitre1" :— 9. Tes fort possible que la véritable four de David ,
joues sont belles dans les rangées (de perles), servant d'arsenal, ait été ronde et supportée
ton cou (est beau) dans les colliers.—10. Nous par la base solide et cubique que nous
tº ſerons des colliers d'or, entremêlés de perles voyons encore aujourd'hui. §i
qu'il en
d'argent. soit, la tour de David, ainsi nommée aujour
Ces deux versets parlent d'eux-mêmes : ils d'hui, est incontestablement de l'époque dº
nous apprennent très-explicitement qu'à l'é- David, et la constance de la traditiôn, qui lui
p0que de Salomon, les femmes disposaient le a appliqué son nom est bien faite pour nous
long de leurs joues des rangs de perles et de inspirer une pleine confiance.
Pierres fines, qui, passant par-dessous le men Passons maintenant au dépouillement des
649 PR0 DES ANTIQUITES BlBLIQUES. PR0 650

prophéties : à chaque instant, ces textes ins (xLIV) -12.1 ourrier en fer fait une hache,
# s annoncent les calamités que l'idolâtrie, ſait agir le souſſlet, et forme (l'idole) à coups
ont Israël et Juda se sont rendus coupables, de marteau : il y travaille de toute la force
doit bientôt attirer sur ces deux nations. Je de son bras...-13. Le charpentier tire le cor
vais énumérer tous les passages qui concer deau, trace avec le burin, la travaille avec le
nent la fabrication des idoles, et il me suffira, rabot, et l'indique avec le compas, et lui fait
je pense , de les citer, tout commentaire de une figure d'homme, une magnifique statue
venant inutile devant la clarté de ces pas humaine pour habiter une maison. -- 14. Il
S89XCS. coupe les cèdres, il prend le tirzah (chéne rou
ous lisons dans Osée (124), qui menace
Israël (vu) ·
# le chêne, il choisit parmi les arbres de
la forêt, il plante le pin que la pluie fait pous
4. De leur argent et de leur or, ils se font ser...-15. Ces arbres servent à l'homme, pour
des idoles ; qu'ils soient exterminés : — brûler, il en prend, il se chauffe; il allume le
5. Il rejette ton veau, Samarie... — 6. Car il four et cuit du pain : il en fait aussi des dieux
provient d'Israèl; un ciseleur l'a fabriqué ; u'il adore, et il en fait une sculpture devant
ce n'est pas un dieu ; le veau de Samarie sera aquelle il se prosterne.
mis en pièces. — 11. Car Ephraim a multiplié (xLv1):—6. Ils prodiguent l'or de la bourse,
les autels pour pécher; les autels ont été pour pèsent l'argent par le moyen du trébuchet,
lui un sujet de péché. gagnent un orfévre pour qu'il en fasse un dieu,
Plus ſoin, le prophète revient à la charge s'inclinent et se prosternent :
et s'exprime ainsi : Voici maintenant ce que nous trouvons
(x):— 1.Israèl est une vigne dépouillée, dont dans Jérémie, relativement aux idoles :
le fruit lui ressemble ; aussi nombreux que fu (x) : — 3. Car les maximes des peuples sont
rent ses fruits, aussi nombreux les autels vanité : certes (l'idole) est du bois qu'on acoupé
(qu'il a élevés); plus son pays était prospère, dans la forét, que le charpentier a travaillé
plus l'étaient les autels. — 5. Les habitants àe avec son rabot, œuvre des mains de l'artisan
Samarie tremblent devant les veaux de Beth faite avec la cognée.—4. Il l'embellit de lames
Aoun (Beit-El); le peuple en est en deuil; les d'argent et d'or, de clous qu'il fixe avec des
prêtres, qui s'en réjouissaient, (sont en deuil) marteaux, pour qu'elles ne bronchent pas.—
à cause de sa gloire, qui s'est éloignée. — 5. (Ces statues) sont là, élancées comme un
6. Lui (le veau) est conduit à Assour; en pré tronc de palmier, mais elles ne parlent pas :
sent au roiJareb, etc.— 8. Les bamout (hauts il faut qu'on les porte, car elles ne sauraient
lieux) d'Aoun, péché d'Israèl, sont dérastés ; marcher. — 9. De l'argent aplati apporté de
les ronces et les épines monteront sur leurs Tarchich, de l'or d'Ouphaz, ouvrage d'artiste
autels. et des mains de l'orfévre : leur vétement est
Un passage d'Amos parle des mêmes autels ; de laine bleue et de pourpre, tout ouvrage
le voici (III) : — 14. Au jour où je visiterai d'habiles ouvriers.
sur lsraèl ses péchés, je frapperai sur les au Hl est impossible de trouver sur l'idolâtrie
tels de Beit-El : les cornes de l'autel seront invétérée des Juifs des détails plus curieux
abattues et tomberont par terre. - # ceux que nous fournissent les prophéties
Hsaïe (H, 20) prophétise aussi contre l'ido 'Ezéchiel. Je vais rapporter textuellement
lâtrie du peuplé de Juda : En ce jour, l'hom tous les passages importants de ces prophé
me jettera aux taupes et aux chauves-souris ties, c'est-à-dire ceux qui concernent le culte
les idoles d'argent et les idoles d'or qu'il s'était des idoles adorées par les Juifs restés à Jérusa
faites pour les adorer. Plus loin (xvII, 8) il lem pendant la captivité du roi Joakim. Dans
dit encore : Il ne regarde plus sur les autels, la sixième année, à partir de la captivité de
ouvrage de ses mains : il n'est plus attentif à Joakim, le prophète Ezéchiel est transporté
ce que ses doigts ont fabriqué, les aserim et en songe dans le temple de Jérusalem, et il
les hammonim. Le même prophète nous four décrit ainsi quelques-uns des détails de sa vi
nit encore de très-curieux détails d'art dans S10Il :
les passages suivants (xxx, 22) : Vous profa (Chap. vIII) : — 3.... A l'entrée de la porte
nerez l'argent qui couvre vos idoles et les vé intérieure, dirigée vers le nord, où se trouvait
tements d'or de vos statues; vous les rejette la statue de la Jalousie (125). — 6. Et il me
rez comme une impureté : Dehors, lui direz dit : Fils de l'homme, voici ce qu'ils font, les
170148. grandes abominations que fait la maison d'Is
(xL) : —19. L'artiste fond l'idole, l'orfévre raël ici, pour que je m'éloigne de dessus mon
la couvre d'or et y soude des chaines d'argent. sanctuaire... — 9. Et il me dit : Entre et vois
—20. Celui qui est pauvre en don choisit un les méchantes abominations qu'ils font ici. -
bois incorruptible, se procure un artiste ha 10. J'entrai et je vis, et voici : Toutes ima
bile pour fabriquer une image qui ne chan ges de reptiles, de bétes abhorrées, et toutes
celle pas. - idoles de la maison d'Israël, gravées sur le
(xi1):—7. Le charpentier fortifie l'orfévre, mur tout autour. — 11. Et soixante-dix hom
celui qui plane avec le marteau, celui qui mes des anciens de la maison d'Israël, et Ida
frappe sur l'enclume; il dit : La soudure est zaniahou, fils de Schaphane, debout parmi
bonne; fixe (l'idole)par des clous, pour qu'elle eux, se tenaient devant eux, chacun son en
ne chancelle pas. censoir en main, et un épais nuage d'encens
(124) Osée a prophétisé sous les rois Ozias, Joa (125) Probablement pour : qui excite la jalousie,
1ham, Akhas et Ezéchias.
DICTIoNN. DES ANTIQUITÉS BIBLIQUES. 21
G5t PRO 'DlCTIONNAIRE PR0 652
s'élevatt.— f2. Ét il me dut : As-tu vu, fils de ces objets d'un culte criminel aient péri sans
t'homme, ce que les anciens d'Israël font dans exception. Vienne le jour où il sera possible
l'obscurité, chacun dans ses chambres aux de faire des fouilles à Samarie et à Jérusalem,
images? Car ils disent : Jéhovah ne nous voit et incontestablement ces fouilles produiront
pas, Jéhovah abandonne ce pays. — 14. Il des objets du plus haut intérêt pour nosmu
me fit entrer dans l'entrée de la porte de la sées et pour l'§ de l'art.
maison de Jéhovah qui était au nord, et voici Rappelons maintenant quelques curieux
là des femmes assises, pleurant le Tamouz détails sur le luxe des Israélites, avant la ruine
(126). — 16. 1l me fit entrer dans la cour de Samarie. Ces détails sont tirés des prophé
intérieure de la maison de Jéhovah, entre la ties d'Amos :
alerie et l'autel. Environ vingt-cinq hommes (Chap. III):— 12.Ainsi dit Jéhovah : Commt
e dos contre le temple de Jéhovah et la face à le berger n'arrache de la gueule du lion que
l'orient, s'inclinèrent vers l'orient, devant le deux membres ou le cartilage de l'oreille,
soleil. : ainsi seront sauvés les enfants d'Israël qui
On voit que le culte des Juifs était devenu reposent à Schomron (Samarie), sur l'angle
un mélange du culte égyptien et du culte du divan et sur le tapis de Damas. — 15. Je
phénicien, lorsqu'arriva la chute du royaume détruirai la maison d'hiver avec la maison
de Juda et la destruction du temple que l'i- d'été ; les palais d'ivoire crouleront, et les
dolâtrie avait profané. #ºns des grands disparaîtront, dit Jého
Voici une bien curieuse preuve de l'in t'01/l .

fluence que les idées phéniciennes avaient (Chap. v1) :— 4. Couchés sur des lits d'Ionie,
exercée sur les formes du culte judaïque étendus sur vos couches... — 5. Qui, prélu
adoptées par les prophètes eux-mêmes. Nous dant sur le nabel, s'imaginent être comme Da
disons dans Isaïe : vid avec l'instrument de musique. — 6. Bu
(Chap. v1) : — 1. Dans l'année de la mort vant le vin dans de larges coupes, s'oignant
d'Ouziah, je vis le Seigneur assis sur un trône de la meilleure huile, etc. — 7. Que mainte
haut et élevé, et les extrémités de ses véte nant ils aillent en exil à la tête des exi
ments remplissaient le temple. - 2. Des séra lés. L'orgie des voluptueux disparaîtra... --
phins étaient placés au-dessus de lui; chacun 10. Quand un parent ou un brüleur (mesraf
d'entre eux avait six ailes : avec deux il ca emportera le mort pour faire sortir de la mai
chait son visage, avec deux il cachait ses son les ossements, et qu'il dira à celui qui est
pieds, et avec deux il volait. à l'extrémité de la maison : Y a-t-il encore
Que l'on prenne maintenant les monnaies quelqu'un avec toi ? celui-là dira : Per
S0Jl7l6 .
archaïques de cuivre de Byblos, et certaines
IllOIlI1810S plus récentes de Malte, et l'on y Il serait inutile de faire suivre ces différents
trouvera l'exacte représentation de ces ché passages d'amples commentaires; ils s'expli
rubins à six ailes, que très-certainement les quent eux-mêmes. Je me bornerai à faire re
Juifs avaient empruntés à leurs puissants voi marquer que la place d'honneur est enc0rº
S1I1S. aujourd'hui, en Orient, l'angle du divan. .
Nous pouvons aujourd'hui juger del'admi Le même verset nous apprend que les ri
rable § avec laquelle le prophète Ezé ches étoffes de Damas ont joui d'une grandº
chiel décrivait ce qu'il avait devant les yeux, faveur dès les temps les plus reculés. Il
par la description qu'il nous a laissée de bas paraît que les grands du royaume d'ls
reliefs assyriens ; aussi ne puis-je résister au raël avaient des résidences d'hiver et des ré°
plaisir de donner ici le passage éminemment sidences d'été. Leurs palais d'ivoire ne p0u
curieux qui concerne les sculptures peintes vaient être évidemment ainsi nommés, que
des Chaldéens. parce que leurs lambris étaient ou plaqués,
- (Chap. xxIII) : — 14. Elle ajouta à ses déré ou marquetés d'ivoire.Le prophète mentionne
glements, et quand elle vit des hommes peints également des lits d'ivoire, et nous en devons
sur les murs, des images des Casdim ( Chal conclure que cette matière précieuse était
déens ) peintes en rouge, -- 15. Revêtus de d'un emploi très-répandu parmi les puissants
baudriers sur les reins, avec des turbans teints, d'Israël.
flottant sur la tête, ayant tous l'aspect de chefs, Leverset10 duchapitre vi est extrêmement
l'air des fils de Babel des Casdim, leur pays précieux, en ce qu'il nous donne quelques dé
natal, — 16. Elle dessécha d'amour pour eux tails, implicites il est vrai, sur les funérailles
au coup d'œil, et elle envoya des messagers des Hébreux à cette époque reculée qui pré
vers eux en Chaldée ; — 17. et les fils de Ba céda de très-peu d'années la chute de Sama
bel venaient vers elle. rie. Il est très-curieux de voir un mesraf, qui
Chacun peut aujourd'hui s'édifier sur est et ne peut être qu'un brûleur (de saraſ,
l'exactitude de cette description du prophète, brûler), emporter le corps mort dont la pré
'en visitant au Louvre les admirables frag sence souille et rend impure une mais0n,
ments exhumés des ruines de Ninive. Quelles étaient les fonctions de ce personnage!
Voilà, pour ce qui concerne les idoles Brûlait-il le corps lui-même, ou seulemeI!
adorées par les Israélites et par les Juifs, des des aromateset des parfums autour du corps'
passages précieux qui nous fournissent une J'avoue que je n'en sais absolument rieº,
ample moisson de détails techniques.Hâtons l'Ecriture sainte ne disant rien de positif
nous de dire qu'il n'est pas possible que tous sur ce point. ll est bien question du bûcher,
(126) Peut-être Adonis.
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même pour les funérailles du roi de Juda celui d'une monnaie effective, et formé direc
Assa ( II Chron. xvI, 14 ); mais là encore rien tement du radical sakala, qui signifie peser,
ne prouve qu'il s'agisse de la combustion du libravit, ponderavit; les sicles d'Abraham
mort lui-même. Je laisse à de plus habiles le étaient donc des fragments ou de petits lin
soin de décider si, à une époque quelconque, gots d'argent ajustés à un poids donné, qui
les Juifs ont eu l'habitude de brûler leurs
DmOrtS.
n'était que celui de l'unité appelée †
exemples fourmillent de poids énumérés en
Le luxe des habitants de Jérusalem n'était sicles dans les textes bibliques. Nous allons
pas moins grand que celui des Israélites, si voir quelques passages extraits des prophè
nous en jugeons par le passage suivant du pro tes qui nous prouveront irréfragablement
phète Isaïe, proférant des menaces contre les que les achats même les plus infimes, tels
filles de Sion. que celui du pain, se faisaient en pesant le
(Chap. III) : — 18. En ce jour, le Seigneur métal précieux offert en échange. Ceci avait
ôtera le luxe des brodequuns, des filets et des lieu dans les dernières années de l'existence
croissants, — 19. les boucles d'oreilles, les de Jérusalem comme capitale du royaume
bracelets et les voiles, —20.les diadèmes, les de Juda ; l'usage du peson et de la balance
chaînes et les agrafes, les fichus et les talis devait donc être universel , mais, il faut le
mans, — 21. les bagues et les anneaux du dire, la pratique de la vente à faux poids
nez, — 22. les habits de fête, les tuniques, paraît n'avoir été pas moins universelle.Voici
les manteaux et les sacs.— 23. les miroirs et ces passages :
les chemises fines, les turbans et les mantilles. Osée xII, 7 : — Le Kénâanéen a en main des
-24. Il y aura, au lieu d'aromates, une éma balances trompeuses.
nation putride; au lieu de ceinture, une corde; Isaie xL, 12 : — Qui a pesé les montagnes
au lieu de coiffure travaillée en fer, une cal avec un trébuchet , et les collines dans des
vitie : au lieu de mante, une enveloppe de sac; balances ?
une plaie cicatrisée au lieu de beauté. (Chap. xLvI) : — 6. Ils prodiguent l'or de la
Il est bien clair que la confection de tous bourse, pèsent l'argent par le moyen du tré
les bijoux et de toutes les étoffes précieuses buchet, gagnent un orfévre pour qu'il en fasse
mentionnées dans ce passage implique un un dieu, s'inclinent et se prosternent.
art assez avancé. Cet art, apporté d'Egypte (Chap. Lv) : — 1. Eh bien ! que toute per
par les Hébreux et cultivé par ceux-ci pen sonne altérée aille vers l'eau ; qui n'a pas
dant quelques siècles, avait dû nécessaire d'argent vienne, achète et mange ;venez, ache
ment se développer et faire des progrès, en tez sans argent, sans donner le prix (pre
se modifiant suivant le caractère de la race nez ) du vin et du lait. — 2. Pourquoi pesez
sémitique qui l'exerçait. Au reste, ce qui vous l'argent pour ce qui n'est pas du pain ?
prouve encore que, pour la confection des Jérémie xxxii, 9:—J'achetai de Hanaméel,
riches étoffes, l'art égyptien avait exercé une fils de mon oncle, le champ qui est à Anathoth,
grande influence, même parmi les Phéniciens, et je lui pesai l'argent, dix-sept chekalim
c'est le passage suivant que nous trouvons d'argent. — 10. Je l'inscrivis dans un acte,
dans Ezéchiel, et qui concerne les vaisseaux je le signai et y fis signer des témoins, et je
de Tyr : pesai l'argent dans une balunce.
(Chap. xxvII) : — 7. Tes voiles étaient de fin Micah (Michée) v1, 11 : — Justifierai-je des
lin avec des broderies d'Egypte ; elles te ser balances impies et des poids trompeurs qui
viront de pavillon ; tes couvertures étaient sont dans le sac ?
d'hyacinthe et de pourpre des îles d'Eliseha. Nous venons de voir, dans le verset 10 du
Nous trouvons dans Jérémie la † que chapitre xxxII de Jérémie, la mention d'un
la poterie vulgaire était fabriquée à l'aide du acte signé par celui qui le passe, et signé des
tour à potier. Il suffira encore de reproduire témoins qui ont assisté à sa conclusion. Nous
sans commentaire le passage qui nous ap allons apprendre maintenant comment se
prend ce fait ; le voici : conservaient les titres de ce genre.
(Chap. xvIII) : — 3. Je descendis dans la Jérémie xxxII, 14 : — Ainsi dit Jéhovah
maison d'un potier, et roici qu'il faisait son Sabaouth, Dieu d'Israèl : Prends ces lettres,
ouvrage sur son tour. — 4. Le vase qu'il fai cette lettre d'acquisition, celle qui est cache
sait se rompit, comme il en est de l'argile dans tée et celle-ci qui est ouverte, et mets-les dans
la main d'un potier : il se remit à faire un un vase de terre, afin qu'elles se conservent
autre vase, comme il convenait au potier de longtemps.
le faire. N'est-il pas curieux de trouver dans ce
Une question très-curieuse est celle que passage biblique l'histoire pure et simple de
présente l'existence d'une véritable monnaie la découverte faite à Memphis, il y a quel
courante pendant toute la durée du royaume ues années, de tous les papyrus judiciaires
de Juda. La Genèse elle-même parle de si émotiques et grecs du temps des Ptolémées,
cles d'argent, à propos d'Abraham achetant le dont se sont enrichis les divers musées
champ et la caverne de Macfelah, pour y de l'Europe ? Tous ces papyrus contenaient
donner la sépulture à Sarah ; vingt autres les archives d'une famille qui, pour conser
passages, inutiles à citer, offrent des men ver ces lettres, fit ce que dit le prophète et
tions analogues. En faut-il conclure que le les enferma dans un vase de terre qui est
sicle était une véritable monnaie?Pas le moins resté intact pendant vingt siècles.
du monde : le motsicle n'est que le mot d'une Nous allons mentionner quelques pas
unité de poids, devenu beaucoup plus tard sages des prophéties antérieures à la chuto
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du royaume de Juda, et qui ont trait au tous les ustensiles d'airain, avec lesquels on
retour de le captivité. Ceux de ces passages fait le service. — 19. Le chef des exécuteurs
qu'il est bon de citer doivent naturellement (Nabouzaradan) prit les bassins et les en
être choisis, lorsqu'ils impliquent quelque censoirs, les aspersoirs, les vases, les can
détail se rattachant à l'histoire de l'art judaï délabres, les coupes et les tubes; de ceux en
que. or, (il prit) l'or; de ceux en argent, l'argent.
Nous lisons dans Amos (Ix, 11) : — En ce 20. Les colonnes, deux; la mer, une;
jour je relèverai le tabernacle de David, qui les bœufs, douze, d'airain, qui étaient sous
tombe, et je réparerai ses brèches, et j'en re les piédestaux, que Salomon avait faits pour
lèverai les ruines et je le rebâtirai comme la maison de Jéhovah ; le bronze de tous ces
dans les temps anciens. Il est bien clair qu'il vases ne pouvait être pesé. — 21. Quant aux
s'agit ici du temple de Salomon , ruiné par colonnes, dix-huit coudées étaient la hau
Nabouzaradan, général de Nabuchodonosor, teur d'une colonne, et un cordon de douze
et dont la reconstruction devait être opérée coudées les entourait ; creuses, leur épaisseur
par Zorobabel. était de quatre doigts. — 22. Au-dessus, il
Une partie du matériel sacré de l'ancien y avait un chapiteau d'airain; la hauteur
temple ayant été emportée à Babylone, les d'un chapiteau était de cinq coudées, et au
prophètes annoncèrent qu'elle serait restituée tour des chapiteaux (il y avait) un treillage
au nouveau temple. Voici un curieux pas et des grenades, le tout en airain; autant
sage de Jérémie qui concerne ce fait impor sur l'autre colonne avec des grenades. — 23.
tant. Il y avait quatre-vingt-seize grenades de cha
(Chap. xxvII) : — 19. Car, ainsi dit Jéhovah que côté; toutes les grenades (étaient) cent
Sabaouth, au sujet des colonnes, de la mer, sur le treillage, autour.
des piédestaux et du reste des vases restés Ce fut alors que]Nabouzaradan (Jérémie LII),
dans la ville, — 20. que Naboucadnetzar, — 13. brûla la maison de Jéhovah et la mai
roi de Babel, n'a pas emportés, lorsqu'il son du roi, ainsi que toutes les maisons de
emmena Jéchonias, fils de Joakim, roi de Jérusalem, et il livra au feu toutes les mai
Juda, de Jérusalem à Babel, avec les nobles sons des grands. — 14. Et toute l'armée des
-
de Juda et de Jérusalem. — 21. Car, ainsi Casdim, qui était avec le chef des exécuteurs,
dit Jéhovah Sabaouth, Dieu d'Israèl, par démolit toutes les murailles de Jérusalem, à
rapport aux vases restés dans la maison de l'entour. — 15. Et Nabouzaradan, chef des
Jéhovah, dans la maison de Juda et de Jé exécuteurs, transporta les plus pauvres d'en
rusalem : — 22. Ils seront transportés à Ba tre le peuple, et le reste de la multitude. —16,
bel, et là ils resteront jusqu'au jour que je Nabouzaradan, chef des exécuteurs, laissa de
les visiterai, dit Jéhovah, pour que je les reste les plus pauvres du pays, pour (étre)
, fasse remonter et revenir en ce lieu-ci. vignerons et laboureurs.
Ces versets sont très-importants, en ce Ceci nous prouve que le dépeuplement de
· qu'ils rouvent qu'à la première prise de la Judée ne fut pas complet et qu'il resta
Jérusalem par Nabuchodonosor, et lorsque dans le pays assez d'habitants pour la cul
le roi Joakim fut emmené en captivité, 0S ture des terres. Au reste les chiffres des cap
colonnes Jakin et Beâz, la mer d'airain, les tifs, fournis par l'Ecriture sainte, montrent
supports des bassins et une bonne partie d'une manière irréfragable que la transpor
' des vases sacrés n'avaient pas été enlevés au tation ne fut appliquée qu'à une portion choi
service du sanctuaire. Le palais du roi lui sie dans toute la nation.
même et les habitations particulières n'avaient Passons maintenant à l'histoire du retour
as été pillés, puisque leurs vases précieux y de la captivité et de la reconstruction du
taient restés. ,temple, dont les murailles étaient nécessai
Cette suprême humiliation ne devait pas rement restées debout, puisque l'incendie seul
du reste être épargnée à la ville coupable; et avait passé sur la ville et que ſa démolition
Jérémie, ainsi que nous venons de le voir, n'avait été appliquée qu'aux murailles d'en
annonce que tout ce qui est resté à Jérusa ceinte, que les Chaldéens s'étaient naturelle ,
lem sera emporté par les Chaldéens et con ment contentés de la démanteler.
servé à Babylone, pour revenir à sa desti Le Livre d'Esdras nous apprend que dans
nation première, lorsque le châtiment sera la première année de son règne, Cyrus publia
accompli. uli édit qui ordonnait la reconstruction du
Le même Jérémie nous donne des détails temple de Jéhovah à Jérusalem (I, 1 et suiv.)
curieux sur le sort des principaux objets énu et qui délivrait les Juifs captifs. On se rap
mérés dans le passage précédent ; je ne puis pelle que Nabuchodonosor avait emporté à
1ne dispenser de les consigner ici, parce qu'ils Babylone les vases sacrés du temple. — 7.
concernent de véritables objets d'art, sur le Le roi Cyrus sortit les vases de la maison de
compte desquels j'ai dû m'étendre longue Dieu, que Naboucadnetzar avait emportés de
Inent ailleurs. Voici le passage dont il s'agit Jérusalem, et mis dans la maison de son dieu.
# : - 17. Et les Casdim brisèrent les co - 8. Cyrus, le roi de Perse, les sortit par la
onnes d'airain qui (étaient) dans la maison main de Mithridate le trésorier, et les compta
de Jéhovah, ainsi que les piédestaux avec la à Chechbasar, prince de Juda. -- 9. En voici
mer d'airain qui étaient dans la maison de le nombre : trente coupes d'or, mille coupes
Jéhovah, et ils emportèrent l'airain à Babel. d'argent, vingt-neuf couteaux. — 10. Trente
— 18. Et ils prirent les vases, les pelles, les bassins d'or, quatre cent dix bassins d'ar
couteaux, les aspersoirs et les coupes, et gent de second rang, mille autres vases. -
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11. Tous les vases en or et en argent, quatre le grand cohen, et l'esprit de tout le reste du
mille quatre cents. Chechbasar les fit tous peuple; et ils firent de l'ouvrage dans la mai
monter à Jérusalem, avec ceux qui remon son de Jéhovah Sabouth, leur Dieu. — II, 1.
taient de l'exil (127). Le vingt-quatrième jour du sixième mois, la
Un peu plus loin Esdras nous fait le dé §. année de Darius le roi, — 2. le sep
nombrement des Juifs partant de Babylone tième (mois), le vingt et un du mois, la pa
our rentrer en Judée. Ils étaient au nom role de Jéhovah se révéla par Haggai le pro
re de quarante-deux mille trois cent soixan phète, savoir : — 4. Qui reste parmi vous
te (II, 64); sept mille trois cent trente-trois
serviteurs et servantes et deux cents chan
# a vu ce temple dans sa gloire, et comment
e voyez-vous maintenant ? Tel qu'il est, ne
teurs les accompagnaient (II, 65). Ils emme paraît-il pas comme rien à vos yeux ?— 10.
nèrent sept cent trente-six chevaux, deux La gloire de ce temple, le dernier, sera plus
cent quarante-cinq mulets, quatre cent trente grande que celle du premier, dit Jéhovah
cinq chameaux et six mille sept cent vingt Sabaouth.
ânes (Il, 66 et 67). L'écrivain sacré continue Il est évident, d'après la teneur du verset 4
ainsi : — 68. Quelques-uns des chefs de fa du chapitre II que je viens de transcrire, que
mille, en arrivant à Jérusalem, à lamaison le temple construit par Zorobabel était pau
de Jéhovah, firent des dons pour la maison vre et beaucoup plus humble que celui qu'il
de Dieu, pour la rétablir sur sa place. — remplaçait; mais il n'est pas moins évident,
69. Ils donnèrent selon leurs moyens au tré d après la rapidité même de sa reconstruc
# 41 sor, pour l'ouvrage en or, soixante et un tion, que les murailles du précédent avaient
ft ! mille drachmes d'or, et en argent, cinq milles servi de nouveau, parce qu'elles étaient res
mines, et cent tuniques sacerdotales. tées debout et seulement endommagées par
Le septième mois apres leur retour (III) : — l'incendie. Au reste, un verset du prophète
#s 2. Josué fils de Iousadik, se leva, ainsi que ses Zacharie établit très-nettement que Zotoba
# #il ’rères les cohenim, et Zorobabel, fils de Schal bel termina la reconstruction du teInple.
lit tiel, avec ses frères, et ils bâtirent l'autel du Voici ce verset (Iv, 9) : Les mains de Zoro
jfººl Dieu d'Israël, pour y offrir des holocaustes, babel ont fondé cette maison, et ses mains
Itº
comme il est écrit dans la doctrine de Moise l'achèveront.
u# l'homme de Dieu. — 6. Depuis le premier Le chapitre Iv d'Esdras nous apprend que
º jour du septième mois, ils commencèrent à pendant que les Juifs, dirigés par Zorobabel,
tu ! ºffrir des holocaustes à Jéhovah , quoique travaillaient à la reconstruction du temple de
#- le temple de Jéhovah nc fût pas bâti. Jérusalem, le peuple transplanté du pays de
Il fallait rassembler des matériaux : en con Coutha à Samarie, par le roi d'Assyrie Assar
séquence ils donnèrent de l'argent aux tail hadoun, lors de la destruction du royaume
leurs de pierre et aux charpentiers, à man d'Israël et de l'exil des dix tribus, envoya quel
ger et à boire aux Sidoniens et aux Tyriens ques chefs à Zorobabel, à Josué et aux autres
Our amener du bois de cèdre du Liban, vers chefs de famille, pour leur demander de par
a mer de Japha, selon la permission que ticiper à la reconstruction du temple de Jého
leur avait accordée Cyrus roi de Perse (Esdras vah. Les Juifs se refusèrent à accepter cette
III, 7). Dans le deuxième mois de la deuxiè articipation, et il en résulta que pendant la
me année après le retour de la captivité, in du règne de Cyrus, de Darius et de Xer
Zorobabel, fils de Schaltiel, et Josué, fils de xès, les projets de restauration du temple fu
Iousadik, furent chargés de présider à l'œu rent constamment entravés par l'intervention
vre de la maison de Jéhovah (iII, 8). 10. -- Les des personnages puissants que les Samaritains
constructeurs bâtirent le kikal de Jéhovah, avaient gagnés, afin de noircir les Juifs aux
et les cohenim, revêtus (de leurs ornements, yeux de ces souverains. Plus tard, lorsque
se tinrent debout avec des trompettes, ainsi Artaxerxès fut monté sur le trône, les Samari
# les Lévites, fils d'Asaf, avec des cymba tains lui adressèrent une véritable dénoncia
es, pour louer Jéhovah à la manière de Da tion contre les Juifs; elle était ainsi conçue
vid, roi d'Israël. — 11..... Et tout le peuple (Esdras Iv) : -12. Le roi saura que les Juifs
poussa un grand cri, en louant # C6 qui d'auprès de toi sont partis vers nous, sont
que la maison de Jéhovah avait été bâtie. venus d Jérusalem; ils bâtissent la cité rebelle
-412. Et plusieurs des cohenim, des Lévites et méchante; ils achèvent les murailles et re
des chefs de famille, vieillards qui avaient lient les fondations. — 13. Il faut donc que le
vu la première maison, pleurèrent à haute roi sache que si cette cité est rebâtie, et les
voix, en voyant sous leurs yeux la construc murailles achevées, l'impôt, l'octroi et le
tion de cette maison; et plusieurs, joyeux, péage ne s'acquittcront plus, et le trésor royal
poussaient des cris en élevant la voix. scra lésé. — 14. Comme nous mangeons le
Nous retrouvons la mention de ces mêmes sel du roi et qu'il ne nous convient pas de
faits dans les écrits du prophète Haggai.Voici voir l'ignominie du roi, nous avons envoyé
comment ils y sont racontés : et fait savoir cela au roi. — 15. Qu'on re
Chap. I, 14 : — Jéhovah réveilla l'esprit de cherche dans le livre de mémoire de tes an
Zorobabel, fils de Schaltiel, pacha de Iehouda, cétres, et l'on trouvera dans le livre de mé
et l'esprit de Iehoschoua, fils de Iehoutsadak, moire, et tu sauras que cette cité est une cité
(127) Ce sont ces mêmes vases sacrés que le roi vin et louaient leurs dieux d'or, d'argent, d'airain, de
Baltassar, au milieu d'un festin, fit apporter sur sa fer, de bois et de pierre. Chacun connait l'issue ter"
1able, pour y boire avec ses grands, ses femmes et rible de ce festin.
ses concubines (Daniel v, 1 à 5). -- 4. Ils buvaient du
659 PRO DICTIONNAIRE PR0 660

rebelle, nuisible aux rois et aux provinces : changera le contenu de cela, une ptèce de bois
# dès les jours de l'antiquité on y ourdit sera détachée de sa maison et dressée, et il y
a révolte : c'est pourquoi cette rille a été dé sera pendu, et sa maison réduite en cendres à
truite. — 16. Nous faisons savoir au roi que cause de cela. — 14. Et les vieillards des Juifs
si cette ville est rebâtie et les murailles ache bâtissaient, et ils réussirent selon la prophétie
rées, tu n'auras plus, par suite de cela, de d'Haggai le prophète, et de Zachariah, fils
part en deçà du fleure. Artaxerxès accueillit d'Iddo; et ils bâtirent et achevèrent, sur l'or
favorablement la requête des Samaritains, et dre du Dieu d'Israël et sur l'ordre de Cyrus,
il les chargea d'empêcher les Juifs de conti de Darius et d'Artaxerxès, rois de Perse. —
nuer leurs travaux. —- 24. Alors l'ouvrage de 15. Et la maison fut achevée le troisième jour
la maison de Dieu fut intcrrompu jusqu'à la du mois d'adar de l'année sixième du règne
deuxième année du règne de Darius, roi de du roi Darius.
Perse (128). J'avoue qu'à la lecture de tous les faits que
Le chapitre v d'Esdras nous raconte com je viens de rapporter, je suis bien tenté de
ment le satrape Tatnaï, inspectant Jérusalem, croire que ce fut bien réellement sous Arta
vit les travaux entrepris par Zorobabel et Jo xerxès que les Juifs furent dénoncés,' et que
sué, et se crut obligé de le dénoncer au roi ce fut un Darius, autre que le fils d'Hystaspe,
Darius. Voici comment sa dénonciation était qui leur accorda le droit de terminer la cons
conçue : 8. Il est fait savoir au roi, que nous truction de leur temple. Comment, bien qu'en
sommes allés au pays de Juda, à la maison du dise Josèphe, s'expliquer l'ignorance pro
grand Dieu : elle est construite en lourdes fonde où Darius et les grands de sa cour, et
pierres : le bois est placé dans les murailles ; les Juifs d'alors, en très-grand nombre à Ba
ce travail monte rapidement et réussit en leurs bylone, se seraient trouvés à propos de l'exis
mains, etc. Le satrape continuait en rappor tence d'un ordre donné par Cyrus très-peu
tant que les Juifs lui avaient affirmé qu'un or d'années auparavant ? A quoi bon fouiller des
dre exprès de Cyrus leur avait accordé le archives pour retrouver un ordre dont la no
droit d'entreprendre la reconstruction de toriété publique devait établir l'authenticité
leur tempfe, et que, bien plus, Cyrus leur de la manière la plus irréfragable ? A un in
avait rendu les vases d'or et d'argent de leur tervalle si § la chose paraît invrai
temple, que Nabuchodonosor avait emportés semblable, et cette demande des Samaritains
à Babyfone; qu'il les avait remis entre les de recourir aux archives de l'Etat, afin d'éta
mains d'un de#s chefs nommé Chechbasar, blir la culpabilité de la race juive, eût été
que ce roi avait fait satrape. 16. Là-dessus, d'une maladresse extrême, si l'ordre bienveil
ajoutait Tatnaï, vint Chechbasar; il posa les lant de Cyrus n'eût été déjà oublié et in
fondements de la maison de Jérusalem. Depuis connu de toute la génération présente; et ce
lors jusqu'à présent on la bâtit, mais elle n'est pendant c'est Zorobabel, venu à Jérusalem
pas encore achevée. — 17. Qu'il plaise donc sous Cyrus, qui a commencé et fini le temple ;
au roi qu'on recherche dans le trésor du roi, et ce qui est plus positif encore, parmi les
là-bas, à Babel, s'il y a là l'ordre donné par vieillards revenus de la captivité des soixante
le roi Cyrus, de rebâtir cette maison de Dieu à dix ans, il y en avait qui avaient vu debout le
Jérusalem, et que le roi nous envoie sur cela premier temple. Dès lors il faut bien que le
son ordre. temple ait été fini par Zorobabel et sous le rè
Chap. vI. Darius fit faire des recherches gne de Darius fils d'Hystaspe, Darius II, Nothus
dans les archives, et l'on trouva à Egbatane, n'ayant régné que bien longtemps après. , .
en Médie, un rouleau intitulé Mémorial, qui Aux chapitres vII et vIII, Esdras parle de lui
contenait l'ordre de Cyrus de reconstruire la à la première personne, et raconte qu'il vint
maison de Dieu à Jérusalem.— 3. Elle sera re à Jérusalem dans la septième année du roi
bâtie, disait cet ordre, pour servir de lieu où Artaxerxès, avec un firman de ce monarque
l'on immole les victimes; les fondations en se qui lui permettait d'emmener tous les Juifs
ront solides ; la hauteur sera de soixante cou qui voudraient rentrer dans leur pays, et qui
dées, la largeur de soixante coudées. — 4. hui assurait protection pleine et entière. Le
Trois rangées de lourdes pierres et une ran verset 1" du chapitre vII dit positivement que
gée de bois, et les dépenses en seront faites le départ d'Esdras n'eut lieu qu'après la cons
par la maison du roi. — 5. Et les vases d'or truction du temple racontée ci-dessus. Josè
ct d'argent de la maison de Dieu, que Nabu phe change encore les noms à propos d'Esdras,
chodonosor a tirés du temple de Jérusalem, et, au lieu d'Artaxerxès, il cite Xerxès, fils de
et transportés à Babel, seront rendus et remis Darius, comme étant le roi bienfaiteur d'Es
au temple de Jérusalem à leur place, et dépo dras et des Juifs. En cette occasion il semble
sés dans la maison de Dieu. En conséquence, que Josèphe soit dans le vrai.
Darius, en transmettant cette pièce à Tatnaï, Nous venons de parcourir le Livre d'Esdras,
lui ordonna de s'éloigner et de laisser les Juifs voyons maintenant ce que nous pouvons ti
poursuivre leur dessein. 1 1. Et par moi l'or rer de renseignements de celui de Néhémie.
dre est donné, disait Darius, que quiconque Celui-ci nous apprend (II, 1, 2) que dans le
(128) Partout où Josèphe nomme Cambyse, le les Juifs par les Samaritains sous Assuérus (Xerxès);
livre d'Esdras nomme Artakchachta. Artaxerxès est et enfin il attribue au règne d'Artaxcrxès la dénon
le cinquième des rois achéménides. Esdras dit en ciation que je viens de transcrire, et que Josèpbe
core que les travaux furent interrompus depuis fait adresser à Cambyse
Cyrus jusqu'à Darius (Iv, 5); puis il fait dénonccr
661 PR0 DES ANTIQUlTES BlBLlQUES. PR0 662

Inois de nisan de la vingtième année du roi Ce même † se retrouve encore à droite


Artakchacta (Artaxerxès), sa charge d'échan du pont salomonien, à l'angle sud-ouest du
son du roi lui attira, de la part du monarque, temple ; mais je n'en connais pas d'autre
des questions sur la tristesse qui était em exemple.
preinte sur son visage. Cette tristesse était Sanaballète, satrape de Samarie, à l'an
due à ce qu'il venait d'apprendre que les nonce de ces travaux gigantesques, rassembla
Juifs restés en Judée, étaient dans une grande tout son monde et s'écria (III) : — 34. Que
affliction et dans l'opprobre, que la muraille font ces misérablesJuifs ? leur permettra-t-on
de Jérusalem était en ruine, et ses portes d'achever ? sacrifieront-ils ? finiront-ils en un
consumées par le feu. A la question de son jour # revenir les pierres (qui gisent)
maître, Néhémie répondit (II, 3) : Pourquoi dans des monceaux de poussière, et qui sont
n'aurais je pas le visage triste, quand la cité, brûlées ? — 35. Tobiah l'Ammonite était près
qui est la maison des tombeaux de mes pères, de lui et dit : Et quand ils bâtiraient ! si un
est dévastée et ses portes consumées par le chacal s'élance il renversera leur muraille de
feu ? Le roi, touché de cette affliction, accor pierre. Les menaces du satrape Sanaballète
da à Néhémie la permission de partir pour Jé ne purent arrêter les Juifs, et nous lisons en
rusalem et de rebâtir la ville. †
fit plus en core : 38 Nous bâtimes la muraille, et toute
core : il lui donna une escorte de cavalerie, la muraille étant fermée jusqu'à la moitié, le
un firman pour les satrapes des provinces peuple eut le courage de travailler.
qu'il avait à traverser, et un ordre pour As Sanaballète avec Tobie et les Ammonites,
saph, garde des forêts du roi, de remettre à les Arabes et les Asdodéens, voulut alors s'op-.
Néhémie tous les bois de construction dont poser par la force à la continuation des tra
il'aurait besoin (II, 8). Chose étrange ! Néhé vaux; mais il trouva les Juifs en armes, tra
mie a des pleins pouvoirs et pourtant il se vaillant pour ainsi dire l'épée au # et il
lisse la nuit, en secret, comme un malfaiteur, renonça à les inquiéter. La muraille fut ache
e long des murailles ruinées de la ville, afin vée le vingt-cinq du mois d'eloul, en cinquante
d'en reconnaître le triste état. Personne en deux jours. (c. vi, v. 15.) On conviendra, je
core n'est dans la confidence à Jérusalem des l'espère, que pour que la muraille d'enceinte
projets de Néhémie, et tout d'un coup il as de Jérusalem pût être terminée en cinquante
semble les Juifs et leur dit (17): Rebâtissons les deux jours, il fallait qu'elle ne présentât que
murailles de la ville. Les grands officiers du des brèches assez facilement réparables.
pays se récrièrent alors (19): Que faites-vous ? lors la destruction de ces murailles par les
Voulez-vous donc vous révolter contre le roi ? Chaldéens, sous les ordres de Nabouzaradan,
Cette fois encore on doit croire que Néhémie bien loin d'être complète, dut, ainsi que la
va exhiber ses firmans çt faire taire tout le chose était vraisemblable, n'avoir d'autre but
monde. Point ;il se contente de répondre (20): que de démanteler les remparts et de les
C'est le Dieu du ciel qui nous fera prospérer, rendre incapables d'une défense sérieuse, en
et nous, ses serviteurs , nous nous l# C! y pratiquant des brèches suffisantes.
nous bâtirons ; mais vous n'avez ni part, ni Nous avons vu tout à l'heure qu'il y avait
droit, ni souvenir en Jérusalem. Ne semble divergence entre les récits bibliques et celui
t-il pas voir ici une copie décolorée de la de Josèphe, quant au nom des rois achémé
querelle des Samaritains et des Juifs, au mo nides qui jouèrent un rôle lors de la recons
ment de la reconstruction du temple, sous la truction du temple et des murailles de Jéru
direction de Zorobabel? Quoi qu'il en soit, salem. Nous avons vu cette incertitude s'éva
Néhémie passe sans transition aucune à la nouir, quant au Darius sous lequel ce temple
distribution des travaux, et le premier lot se fut achevé. L'historien Josèphe, sans s'en
trouve attribué au grand prêtre Eliasib.J'ai déjà douter peut-être, a pris soin de nous fournir
dit ailleurs que la nomenclature des diffé le moyen de reconnaître † à laquelle
Néhémie vint rétablir les murailles de la ville
rents ateliers de travailleurs est inintelligible;
c'est un grand malheur pour la topographie sainte. Néhémie mentionne à plusieurs repri
de la Jérusalem antique. Ce qui est bien clair, ses Sanaballète, comme le principal instiga
c'est que toute la muraille d'enceinte fut re teur de l'opposition qui fut faite aux Juifs
#é bâtie, et que par conséquent il peut se trou excités par lui à reconstruire l'enceinte de
ver encore des portions de maçonnerie datant Jérusalem. Néhémie dit lui-même que c'est
de cette époque dans les parties antiques de dans la vingtième année du règne d'Artaxer
l'enceinte actuelle de Jérusalem. Sur place, xès qu'il obtint de ce monarque la permis
ii ne m'avait été possible de discerner aucun sion d'aller à Jérusalem pour en rétablir
fragment appartenant à cette époque.A l'aide l'enceinte. Esdras (vII) dit qu'il partit pour.
des admirables photographies de mon ami Jérusalem dans la septième année du règne .
M. A. Salzmann j'ai pu reconnaître immédia d'Artaxerxès, et que son départ de Babylone
tement, à la face sud et contre l'angle sud n'eut lieu que postérieurement à la recons
est, au-dessous de la construction hérodienne truction du temple par Zorobabel. Or le sa
ou romaine, quelques assises qui offrent un trape Sanaballete, adversaire obstiné de Né
caractère spécial, et que je n'hésite pas à hémie, nous est bien connu par les récits de
considérer comme faisant partie des répara l'historien Josèphe; celui-ci ên effet nous dit
tions ordonnées par Néhémie. Ces assises † la satrapie de la Samarie fut donnée par
sont formées de pierres de taille disposées arius Codoman à Sanaballète, qui était Cu
régulièrement, de manière à présenter alter théen de naissance. Ce Sanaballete donna sa
nativement une boutisse et une panneresse. fille Nicaso en mariage à Manassès, frère du
665 PRO DICTI0NNAIRE PRo 664

grond prêtre Iaddous, fils du grand prêtre Voici le seul passage historique dans le
Jean, fils du prêtre Eliasib (Ant. Jud., XI, vII, quel se trouvent quelques renseignements
2). Les principaux personnages de Jérusalem, sur le temple de Zorobabel.
voyant avec indignation ce mariage de Ma Nous lisons dans le livre de Josèphe Contre
nassès avec une étrangère, lui enjoignirent
de répudier sa femme ou d'avoir à renoncer Appion (I, xxII) un passage d'Hécatée con
au sacerdoce. Le grand prêtre lui-même re cernant le temple de Jérusalem ; mais le tem
poussait son frère de l'autel. Manassès alla ple dont il parle ne peut évidemment être
trouver son beau-père et lui dit que, malgré celui d'Hérode, puisque Hécatée a vécu plus
tout son amour pour Nicaso, il se voyait forcé de cinq siècles avant Jésus-Christ.Voici lasub
de la répudier, afin de ne pas perdre la chance stance de ce passage, qui nous donne la'seule
d'arriver au souverain pontificat, qui était la description connue, que je sache, du temple
de Zorobabel. «A Jérusalem, vers le milieu
plus grande et la plus honorable des charges de la ville, se trouve une enceinte de pierre
parmi les Juifs. Sanaballète lui promit, s'il ayant environ une longueur de cinq plèthres
voulait garder sa fille pour femme, de lui
conserver le souverain pontificat et de bâtir r »r3n) ºpoç (129), large de cent coudées, et
sur le Garizim, avec l'assentiment du roi Da dans laquelle s'ouvrent des portes doubles.Là
se voit un autel carré, bâti en pierres n0n
rius, un temple semblable à celui de Jérusa taillées et blanches, dont les quatre côtés ont
lem et dont il serait le grand prêtre. Il lui vingt coudées de longueur, et haut de dix
† en outre l'héritage de sa satrapie;
naballète était vieux, et Manassès, se laissant
coudées. En outre de cet autel se voit un
tenter, resta auprès de lui, attendant l'effet grand bâtiment qui contient un autel et un
de ses promesses (Ant. Jud., XI, vIII, 1).
candélabre d'or, du poids de deux cents ta
Comparons maintenant à ce récit celui que lents. Sur l'un et l'autre brille un feu sacré
nOus trouvons dans le livre de Néhémie. qu'on ne laisse éteindre ni jour ni nuit.Là,
Lorsque Néhémie fit commencer les tra point de statue, point d'offrandes, pas de
plantes, pas de bosquets, rien enfin d'em
vaux de l'enceinte de Jérusalem, le grand
prêtre Eliasib était en fonction, et il fut chargé prunté à un autre culte.»
de la construction d'une partie des murailles.
Enfin, dans un dernier passage, Josèphe
0ncomptait alors la vingtième année du règne (C. App., II, Ix) nous dit † les portes du
d'Artaxerxès, et Sanaballète était déjà satrape temple avaient sept coudées de hauteur et
de Samarie. Toutes les fois que Sanaballète vingt de largeur, qu'elles étaient entièrement
chercha à entraver les travaux de Néhémie, dorées et pour ainsi dire d'or massif. Voilà
il fut secondé par un Ammonite nommé To tout ce que je connais de renseignements
biah, auquel le grand prêtre Eliasib, qui positifs sur ce temple, que profana Antiochus
était son parent, finit par donner un appar Epiphane.
tement dans l'enceinte sacrée du temple,
dans la trente-deuxième année du règne d'Ar Ni l'Ecriture sa.nte ni Josèphe ne n0us
taxerxès. Néhémie, qui était retourné à Ba donnent de renseignements précis sur le
bylone, revint à Jérusalem et chassa ce nouveau temple construit par Zorobabel; il
Tobiah du temple ( xIII, 4, 5 et 6 ). Ce ne nous a donc été possible que d'esquisser
fut à ce même moment que Néhémie chassa l'histoire de sa reconstruction, sans p0uv0lf
le gendre de Sanaballete de Jérusalem. Voici ! rien deviner touchant le plus ou moins de
ses propres paroles † 28): Et des fils de ressemblance qu'il avait avec le temple de
Ioiada (le Yaddous de Josèphe), fils d'Eliasib Salomon. Toutefois, comme d'après l'Ecri
le grand cohen (il y en avait un), gendre de ture même, il y avait des Juifs revenus de
Sanaballète de Horon; je le chassai d'auprès l'exil et qui étaient assez âgés pour avoir vu
de moi. celui-ci avant la catastrophe de Jérusalem, il
Evidemment ces faits de l'Ecriture sainte
y a tout lieu de présumer que les nouveaux
montrent que les dires de Josèphe sont fort constructeurs né s'écartèrent guère du plan
sujets à contestation. Il y a sans doute un primitif, plan dont tous les éléments leur
fonds de vérité dans les récits de cet historien; étaient immédiatement fournis par les mu
mais il est en contradiction avec l'Ecriture, railles restées debout.
et dès lors il ne m'est pas permis d'accepter
ses récits comme authentiques. C'est ainsi Nous avons constaté plus haut que, dans
u'il fait d'Esdras et de Néhémie deux amis le chapitre v1 d'Esdras, Darius, après avoir
u roi Xerxès, fils de Darius, fils d'Hystaspe, retrouvé l'acte émané de Cyrus et qui pres
bien que ce prince ait vécu fort longtemps crivait la reconstruction du temple de Jéru

et 8).
éhémie et Esdras (Ant. Jud., XI, v, 6 salem, en fit passer la copie au Satrapº
Tatnaï. Cet ordre portait que la hauteur de
Quoi qu'il en soit, il n'est pas douteux, l'édifice à construire serait de soixante c0u
d'après les comparaisons de ces deux récits dées, et la largeur également de soixante c0º
de l'Ecriture et de Josèphe, que la reconstruc dées ; que les murs seraient formés de trOiS
tion des murailles de Jérusalem ne fut effec rangées de lourdes pierres et d'une rangéedº
tuée que vers la fin du règne du dernier Ar poutres. Ces différents détails suffisent pour
taxerxès, c'est-à-dire bien près de la chute prouver l'identité des dimensions du templº
de la dynastie des Achéménides. Zorobabel
de de Salomon.
et de celui
(129) Le Dlèthrc est le sixiéme du stade,
665 RAM DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. REC 666

R
RABBATH. — Voy. MoABITIDE. C'est la même ville que Josèphe appelle
RABBATH-AMMON , RABBAT-AMMoUN. — Armathem.
Ville des Ammonites qui fut depuis Philadel RAMATH-LECHI. — Lieu où Samson dé
phie. Elle est au delà du Jourdain; on l'iden fit les Philistins avec une mâchoire. Il donna
tifie avec l'Ammon des Arabes. Elle est entre à ce lieu le nom de Ramat Lechi, qui signi
Jéricho et Bosra. fie élévation de la mdchoire. (Juges, xv, 17.)
RABBOTH , HE-RABIT. — Ville d'Issachar. RAMESSES, RAMsEs. — Ville d'Egypte que
construisirent les israélites. Ce fut à Ra
(Josué, xnx, 20.)
RACHAL, RAKEL. — Ville du midi de la messès que ceux-ci se réunirent pour leur
tribu de Juda. (1 Samuel, xxx, 29. sortie d'Egypte. (Gen.xLvII, 11; Exode, xII,37.)
RACHEL. — Avant d'atteindre Beit-Lehm RAMLEH. — Avant le Ix° siècle il n'est pas
quand on vient de Jérusalem , on voit un question de Ramleh. Le moine Bernard, qui
oualy musulman, en grande vénération par fit le voyage des Lieux saints en 870,l'indique
mi tous les habitants du pays, Chrétiens , le premier sous le nom de Ramula. Le Perse
musulmans, et Juifs : c'est le tombeau de Aboul-Hasen dans sa Géographie la nomme
Rachel. Ramola.Aboulféda l'écrit Al-Ramla, et dit que
cette ville fut construite par Souleiman, fils
Nous lisons dans la Genèse, que Rachel d'Abd-el-Melek, après qu'il eut ravagé I.ydda.
mourut sur la route de Beit-Lehm en en
Anne Comnène lui donne le nom de 'Pépi).
fantant Benjamin. ( Gen. xxv : — 19. Ainsi (Alèxiad., lib. xI, pag. 328.) Ramleh est au
mourut Rachel; elle fut ensevclie sur le chemin
jourd'hui une des jolies petites villes arabes
d'Ephrath, qui est Beit-Lehm. — 20. Jacob de la Palestine. Les Pères de Terre-Sainte y
érigea une stèle sur sa sépulture, qui est encore ont un couvent où les pèlerins reçoivent l'hos
jusqu'à ce jour la stèle de la sépulture de Ra #. Elle est située dans une plaine très
chel.—Dans un pays où la tradition est l'his ertile.
toire vivante, elle doit être respectée, et je ne RAMOTH, RAMAT-HEMEsFAH. — Ville de
doute pas que ce ne soit bien réellement en Gad.(Josué, xIII, 26.) C'est la Ramoth-Galaad
ce lieu que la femme du patriarche a été mentionnée fréquemment dans la Bible. Eu
enterrée. J'ai pénétré dans l'enclos du tom sèbe la place à quinze milles de Philadelphie,
beau de Rachel; je n'y ai trouvé qu'un petit vers le couchant. Saint Jérôme corrigeant Eu
oualy, chapelle très-moderne, blanchie à la sèbe la place au levant de Philadelphie. Mais
chaux, et dont les murailles sont couvertes Reland affirme que saint Jérôme a eu tort de
d'inscriptions tracées à la hâte par des visi faire cette correction, et que Ramoth-Galaad
= ,
teurs musulmans ou juifs. est au couchant de Philadelphie.
RAGAU. — Plaine de Médie, où Nabucho La carte de Ritter place Ramoth-Gilead au
donosor, roi d'Assyrie, défit Arphaxad, roi village arabe d'Es-Salt.
des Mèdes. (Judith 1, # RAMOTH, RAMETH. — Ville d'Issachar et

: RAGES. — Ville de Médie, citée plusieurs


fois dans le Livre de Tobie. (1, 16, etc.)
RAMA, HE-RAMAH.— A peu de distance de
Jérusalem, dans la direction de Naplouse, on
† C'est la même que Jarameth. —
Voy. JARAMETH.
RAPHAIM,REFAïM. — Les Raphaïms étaient
une tribu de géants. Og, roi de Basan, était un

: ,
trouve une ruine qui porte le nom fort signifi
catif de Khouraïb-er-Ram (petite ruine d'Er
Ram). Rama était une ville de la tribu de
Benjamin (Jos.xvIII,25), et dans les Juges (xIx,
reste de cette tribu.
C'était aussi le nom d'une des vallées des
environs de Jérusalem. Voici le texte impor
tant où cette vallée est mentionnée : (La li
13) nous lisons : Approchons, et passons la nuit mite de Benjamin) du côté du midi... descend
à Gibeâ ou à Rama.La colline d'Er-Ramest bien jusqu'à la montagne, qui regarde la rallée des
#- certainement l'emplacement de la Rama bi
blique, et le village de Djebâ en est fort voi
fils d'Ennom, et est, du côié du nord, à l'ex
trémité de la vallée des Raphaims : et elle des
sin. Le texte biblique que je viens de citer cend dans Géénnom,qui est la vallée d'Ennom,
est donc parfaitement clair par lui-même. aux côtés du Jébuséen, au midi, et vient jus
Saint Jérôme en a fait l'Arimathie patrie de † la fontaine de Rogel. (Josué, xvIII, 10.)
Joseph. Mais il est mieux de suivre Eusèbe, 'après ce texte,la vallée des Réphaïms tou
qui ſa place à Ramathaïm-Sophim. chait à celle de Hinnom,et en était probable
RAMA, ville. — Outre les autres Rama, ment la partie supérieure du côté du Birket
il en existait une qu'Eusèbe indique près Mamillah.
de Beit-Lehm. J'ai vu en effet sur les pla RAPIlIDIM,REFIDIM. —Onzième station des
teaux, au midi de Beit-Lehm , des ruines †º dans le désert, près du Sinaï. (Exod.
très-apparentes qui portent le nom de Khar xvII, l.)
bet-er-Rham. RAPHON, RAPIIA. — Ville de Gad, sur les
RAMATH, RAMAT-NEDJIB. — Ville de Si limites de Gad et de Manassé.(1 Mach. v, 37 )
1néon. (Josué, xIx, 8.) REBI.A, HE-REBLAH. — Ville de Nephthali.
RAMATHA,HE-RAMATEIM.—Ville d'Ephraïm, (Nombres, xxxIv, 11.) -

dans les montagnes, près de Diospolis. C'est RECCATH, REKAr. .. Ville de Nephthali,
la patrie de Samuel. (I Samuel, 1, 1.) (Josué, xIx, 35.) -
667 1{OI DICT10NNAIRE R9I 668,

RECEM, RAKEM. — Ville de Benjamin. maîtres ; c'est cette thèse † s'agit mainte
(Josué, xvIII, 27.) nant de soutenir et de développer, en l'ap
RECHA, REKAH. — Nom de ville inconnue. puyant perpétuellement sur la comparaison
(I Chron. Iv, 12.) instructive des textes sacrés et des monu
REMMON, RoUMMoUN. — Il y a une ments dont les traces se retrouvent sur le sol
Remmon placée par Eusèbe au nord de Jé judaïque.
rusalem, à quinze milles de distance. Il faut Nous procéderons donc, à partir du point
l'identifier avec la Roummôn moderne, située auquel nous sommes parvenus, en traitant
au levant de Beit-El. Une autre Rimmon était chaque règne individuellement, c'est-à-dire
de la tribu de Zabulon. Elle est mentionnée en puisant dans le Livre des Rois et dans les
dans Josué (xIx, 13). Elle se trouve aujour Paralipomènes ou Chroniques, les récits pa
d'hui dans la localité connue par les Arabes rallèles des mêmes faits, récits qui s'éclairent
sous le nom de Roummaneh, à peu de distance et se complètent naturellement,et parfois de
de Safourieh, l'ancienne Sepphoris. la manière la pſus heureuse. Mais avant d'en
Eusèbe, au mot Remma, place une Remmon trer dans le † de passer au règne de Da
dans le pays de Daroma, c'est-à-dire dans la vid, ou du moins à la portion de ce règne qui
partie méridionale de la Judée près d'Eleu se compte à partir du moment où le siége de
théropolis. Le livre des Juges mentionne une la royauté judaïque fut transféré de Hébron
pierre du nom de Remmon, dans la tribu de à Jérusalem, je dois me débarrasser le plus
enjamin. Et enfin Zacharie (xIv, 10) place brièvement que faire se pourra du I" Livre
une colline de Remmon au midi de Jérusa des Chroniques, dans lequel se trouvent re
lem, où probablement se trouve cette pierre. produits, avec quelques variantes, presque
REMMON-PHARES. — Seizième station des toujours de peu d'importance, les faits que
Israélites dans le désert. (Nomb. xxxIII, 19.) nous avons appréciés en nous occupant du
REMPHAM. — Saint Jérôme pense que l'é- second Livre de Samuel. ll est vrai que ce
toile de Vénus est désignée sous ce nom dans même livre des Chroniques nous révèle quel
les Actes des apôtres, où saint Etienne repro ques faits nouveaux qu'il ne nous est pas p0s
che aux Juifs les idolâtries de leurs pères : sible de passer sous silence.
Vous avez adoré les idoles de l'astre de votre Pour aller plus vite en besogne, j'opérerai
dieu Rempham. (Act., vII, 43.) C'est la seule le dépouillement de ce livre, en suivant l'or
fois que ce mot paraît dans les Livres saints. dre même dans lequel y sont inscrits les pas
RESEN, RECEN. — Ville bâtie par Assur. sages dont je dois tenir compte.Je le répète,
(Gen. x, 12.) cette énumération sera aussi courte que pos
RESEPH. — Saint Jérôme dit que c'est une sible, parce que le plus souvent elle ne fera
ville de Syrie. Elle est mentionnée avec Ha qu'impliquer une répétition pure et simple.
ran. Quelques-uns l'ont identifiée à tort avec Il paraît certain que chez les Juifs, à cette
Pétra. époque reculée , les professions d'artisan
RESSA, REçA. — Campement des Israélites étaient héréditaires dans les familles, si nous
dans le désert, mentionné après Lebna. en jugeons par les versets suivants : 1° Et
(Nombr. xxxIII, 21.) Mâouanati engendra Aafrah, et Cheriab en
RETHMA,RITMA.—Campement des Israélites gendra Iouab, père de la vallée des Artisans,
dans le désert, mentionné après Haseroth. car ils étaient artisans. (I Chroniques, iv, 14)
(Nomb. xxxIII, 18.) — 2° Les fils de Selâ, fils de Iehouda (sont) :
R0GEL, RADJEL.—Fontaine au midi de Jé Aâr, père de Lakah, et Laâdah, père de Mar
rusalem, dans l'Ouad-en-Nhar, la vallée du sah, et les familles de la maison où se travaille
Kédron. (Josué, xv, 7.) le byssus, de la maison d'Asbeâ. (Ib., 21.)--
R0GELIM, RADJELIM. — Ville de Galaad. 3º Enfin,c'étaient les potiers, et ils demeuraient
(II Samuel, xvn, 27.) dans des plantations entourées de murs, près
ROIS ET PARALIPOMENES. — Art judai du roi; ils y demeuraient près de leur outra
que sous David, Salomon et leurs successeurs. ge. (Ib., 23.)
l. DAvIn. — Habileté de la race juive dans les arts. . On voit donc que l'hérédité professionnelle
— Artistes et a1tisans.— llérédité professionnelle. existait chez les Hébreux, et qu'en général les
— La musique et les chanteurs sacrés. — Projet artisans de la même classe se groupaient et
du temple de Jérusalem. — Préparatifs faits par vivaient ensemble dans le quartier qu'ils
David. — Plan et devis remis par lui à Salomon. avaient une fois choisi.
— Choix de l'emplacement du temple. Le chapitre v, verset 18, énumère les hom
Nous avons à examiner deux livres qui peu mes de guerre de la tribu de Reouben, de la
vent nous apprendre ce que furent les arts tribu de Gad, et de la demi-tribu de Manassé;
pratiqués par les Juifs pendant toute la du ils sont désignés dans ce passage sous le titre
rée du royaume de Juda. L'on devine aisé de braves portant boucliers et glaives, tendant
ment que notre sujet d'étude va s'agrandir, et l'arc et experts dans la guerre. Les noms doll
prendre dès à présent autant d'intérêt que nés au bouclier et à l'épée sont ceux que nous
d'ampleur. J'ai promis de démontrer que la connaissons déjà ; quant au nom de l'arc,
race israélite avait bientôt acquis, dans les c'est kousat (en arabe, kous) de kousa, être
arts les plus relevés, une habileté qui était courbé.
largement à la hauteur de l'habileté des gran Nous avons déjà mentionné les chanteurs
· des nations voisines, c'est-à-dire des Egyp voués au culte de Jehovah. Voici ce qu'en dit
tiens et des Assyriens, parmi lesquels les ar le I" Livre des Chroniques(xy) :— 16.Et voici
tistes juifs avaient incontestablement pris leurs ccux que David préposa au chant dans la mai
669 ROI DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. ROI 670

son de Jehovah, depuis que l'arche fut placée du chant, qu'elle le suit à l'octave inférieuro
en repos. — 17. Ils servaient devant l'habita (v. 21) ; concluons-en que le compositeur dont
cle de la tente d'assignation, par le chant, jus il est question au verset suivant n'avait pas
qu'à ce que Salomon bâtit la maison de Jeho grand mérite. Voici ce verset : Et Kenania
vah à Jérusalem. hou, chef des Lévites, (fut établi) pour la com
Le chapitre x (8 et suiv.) raconte la mort position; il devait enseigner la manière de
de Saül et de ses fils, et les détails que nous composer, car il était intelligent (v. 22). Ce
trouvons dans ce récit sont, à très-peu de n'est donc pas, à vrai dire, par la musique
chose près, identiques avec ceux que contient, que les Hébreux ont, dans l'antiquité, signalé
à propos du même fait, le livre de Samuel. leur aptitude pour les arts; mais leurs fils ont
Le chapitre xII énumère les adhérents de amplement prouvé, de nos jours, qu'ils pos
David pendant ses débats avec Saül, et nous sédaient l'instinct musical au plus admirable
trouvons mentionnés parmi eux (vers. 2) des degré.
archers lançant des pierres de la main droite Au verset 24 du même chapitre sont cités
et de la main gauche, et des flèches avec l'arc. les noms des sept cohenim qui devaient jouer
On voit que les armes offensives désignées ici de la trompette devant l'arche du Seigneur. Il
sont aussi primitives que possible. Quant aux paraît assez naturel d'admettre que le nombre
flèches, elles sont d§ sous le nom de de ces musiciens n'avait pas été choisi arbi
khasim. trairement, et qu'il se rattachait lui-même au
La translation de l'arche d'alliance est ra système religieux, dans lequel le nombre sept
contée au chapitre xIII avec les mêmes détails joue un si grand rôle. Tout le service musi
que dans le livre de Samuel. Ainsi les instru cal dont nous venons de nous occuper est en
ments de musique dont se servaient David et core mentionné aux versets 5 et 6 du chapitre
les assistants, pour accompagner les cantiques qui suit.
d'allégresse chantés autour de l'arche sainte, Au chapitre xxIII (5), nous trouvons un
sont mentionnés au verset 8. Nous y retrou chiffre très-important, c'est celui des mem
vons naturellement le kinour, le nabel et le bres du corps des chanteurs sacrés : ils étaient
touf, avec lesquels sont cités les maslatim et au nombre de quatre mille. Enfin, le chapitre
les khasouserout. Le premier de ces instru xIv nous parle d'un collége spécial de
ments, dont le nom dérive, comme celui des deux cent quatre-vingt-huit chantres qui pro
salsalim ou cymbales, du radical salal, tinni phétisaient en s'accompagnant du kinour, du
vit, sonuit, est traduit aussi d'ordinaire par nabel et des maslatim, et qui furent répartis
cymbales. S'agit-il réellement de cymbales, ou en vingt-quatre groupes de douze, qui se re
s'agit-il de véritables clochettes dont le nom levaient probablement pour le service divin.
hébraïque est également maslah ? Je n'oserais Ce chiffre est trop bien d'accord avec celui
me prononcer sur ce point. Quant au mot des mois de l'année, pour que cette relation
khasouserout, que les Lexiques traduisent par puisse être considérée comme purement for
trompettes, j'ignore comment il est possible tuite. Les douze chanteurs de service n'étaient,
de remonter à la justification de ce sens. sans doute, que ce que l'on appelle, dans nos
L'envoi fait à David par Hiram, roi de Tyr, chœurs modernes, des chefs d'attaque : car
d'ouvriers et de bois de cèdre, est raconté sans cela à quoi bon instituer un corps de
presque dans les mêmes termes que nous quatre mille chanteurs qui n'eussent jamais
avons rapportés , dans le verset 1 du chanté ?
chapitre xIv ; de plus, la mention du palais Nous avons trouvé au chapitre vIII du II°
lambrissé de cèdre, construit par eux pour le Livre de Samuel ( v.8 et suiv. ) quelques in
roi des Hébreux, est faite aussi de la même dications des métaux précieux accumulés
manière, au verset 1" du chapitre xvII. par le roi David, après la défaite des nations
Nous avons vu qu'au combat de Baa-Farsim, † soumit à ses armes. Il y était question
gagné par David sur les Philistins, ceux-ci, qui 'un roi de Soba , nommé Hadad - Aâzer ;
avaient apporté leurs idoles,durent, en fuyant, nous retrouvons dans les Chroniques ce
les abandonner sur le champ de bataille (xIv, même roi nommé Hader-Aâzer, et il est si fa
12) : Ils laissèrent là leurs dieux ; David or cile de confondre les deux lettres hébraïques
donna qu'on les livrât au feu. Ces idoles étaient daleth et resch, que cette espèce de désaccord
donc très-probablement en bois. ne nous touche en aucune façon; nous nous
Il est encore plusieurs fois question du corps contentons donc de le mettre sur le compte de
des chanteurs institué pour le service divin. quelque copiste maladroit.
(xv, 16 à 22.) Les instruments dont ils doivent Il est encore question cette fois des bou
accompagner leurs chants sont : les cymbales cliers d'or pris par David aux serviteurs du
de cuivre (v. 19), qui devaient vraisemblable roi de Soba (xviiI, 7), et d'une énorme quan
ment marquer la mesure; les nabel à la ma tité d'airain enlevée de deux villes appar
nière des jeunes filles, ce qui désigne, à ce tenant à ce prince,et mises à sac par l'armée
que l'on pense avec toute apparence de raison, des Hébreux. Ces deux villes, dans le Livre
un mode musical (v. 20); enfin des kinour à de Samuel, sont nommées Bethah et Berou
l'octave pour renforcer ie chant (littéralement : thai : ici, celles-ci sont nommées Tibehath
pour la perfection). Du moment que le chant et Koun. Pour la première, il est facile de
du nabel est touché à la manière des jeunes démêler encore la trace d'une altération due
filles, il faut, je crois, que le kinour à l'octave à quelque copiste : le tau aura été par inad
désigne une sorte de basse. Il ne s'agit pas là vertance placé une fois avant et une autre feis
d'harmonie, puisque la basse est à l'unisson après le beth du nom de lieu. Quant aux
671 R01 DlCTI0NNAIRE ROI 672

noms Koun et Berouthai, ils sont tellement Le roi David avait certainement conçu le
dissemblables, qu'il en faut conclure que, † d'élever lui-même un temple digne de
comme tant d'autres localités citées dans les 'Eternel. C'est ce que nous allons établird'une
saintes Ecritures, la même ville portait ces manière certaine, à l'aide des textes sacrés.
deux noms distincts. Ce qui nous intéresse 1. Il arriva, après que David fut assis dans
beaucoup plus, c'est le renseignement pré sa maison, qu'il dit à Nathan le prophète :
cieux que nous fournit, à propos de cette Voici que je demcure dans une maison de cè
masse d'airain, le verset 8 du même cha dre, et l'arche de l'alliance de Jehovah reste
pitre ; le voici : Et de Tibehath et de Koun, sous des courtines. —2. Nathan dit à David:
villes de Hader-Aâzer, David enleva beau Fais tout ce qui est dans ton cœur, car Dieu
coup d'airain, avec lequel Salomon fit la est avec toi. — 3. Ce fut dans cette nuit que
mer d'airain, les colonnes et les ustensi la parole de Dieu fut (adressée) à Nathan,sa
les d'airain. Voilà donc une origine bien voir : — 4. Va, dis à David mon serviteur :
déterminée pour le métal qui servit à la con Ainsi dit Jehovah : Ce n'est pas toi qui me bâ
fection de ces œuvres d'art, dont nous aurons tiras une maison pour demeure. — ... 11.
à nous'occuper très sérieusement plus loin. Quand tes jours seront accomplis pour que
Dans le livre de Samuel, nous voyons qu'à tu ailles vers tes pères, j'élèverai ta postérité
la nouvelle de la défaite d'Hadad-Aâzer, Tâay, après toi, quelqu'un de tes fils, et je consoli
roi de Hamath, envoya, avec de riches pré derai sa royauté. — 12. C'est lui qui me bd
sents, son fils Joram en ambassade auprès de tira une maison, et je consoliderai son trône
David. Les noms de ces deux personnages pour toujours. (I Chroniques, xvII. ) Compa
sont encore modifiés cette fois. Ainsi, Tâay rez ce récit à celui du II* Livre de Samuel,
est devenu Tâaou, par l'introduction facile chapitre vII.
d'un ouaou à la place d'un iod dans le nom David, ainsi averti † voix du prophète
de ce monarque. Quant aux deux noms Jo Nathan, renonça au dessein qu'il avait formé
ram et Hadoram portés par le prince envoyé de bâtir lui-même le temple de Jehovah, mais
en ambassadeur vers David, l'un des deux sans renoncer à la pensée de contribuer de
est certainement altéré;mais lequel des deux tout son pouvoir à l'éclat de l'édifice sacré.ll
faut-il corriger ? Je ne me permettrai pas de ne cessa donc, pendant toute sa vie, de for
le décider. Quoi qu'il en soit, les Chroniques mer des artistes capables d'exécuter les plans
nous confirment entièrement le fait de l'hom qu'il léguerait à son fils, et de rassembler en
mage fait à David par le fils du roi de Hamath, quantité les matériaux précieux qui devaient
d'une grande quantité de vases d'or, d'ar entrer dans la construction du temple. Il ne
gent et d'airain (xvIII, 10 ). Ceux-là aussi paraîtra pas superflu, je pense, de donnerici
David les consacra à Jéhovah, avec l'argent quelques détails sur les préparatifs exécutés
et l'or qu'il avait enlevés à toutes les nations : par le saint roi. Nous avons déjà vu que, de
d'Edom, de Moab, des fils d'Ammon, des Phi puis la sortie de l'Egypte, chaque fois qu'une
listins et des Amalékites. nation ennemie des Israélites était vaincue,
Le verset 2 du chapitre xx nous rappelle une portion notable de ses dépouilles était
le fait déjà connu de la couronne d'or ornée consacrée à l'Eternel. Presque toujours une
d'une pierre précieuse que David enleva auroi quantité considérable de métaux précieux
d'Ammon après la prise de sa capitale Rabbah. constituait cette réserve, qui recevait le nom
Il ne nous reste plus à examiner qu'un seul d'interdit. Des Lévites étaient chargés de la
passage du 1" Livre des Rois (I, 50 et 51 ), garde de ce trésor divin, qui, lorsque David
pour avoir terminé l'étude de tout ce qui con parvint au trône, devait être déjà fort impor
cerne les arts judaïques avant la construction tant. David lui-même étenditjusqu'à l'Eu
du temple. Dans ce passage, il est question phrate les conquêtes judaïques, et tous les
de la tentative d'usurpation faite par Adonias, petits royaumes qu'il soumit successivement,
fils de David, au détriment de son frère Salo contribuèrent pour leur part à l'accroissement
mon. Cette tentative fut déjouée par la pru des richesses mises en réserve pour la mai
dence deDavid, et le coupable, pour éviter le son de Dieu.
juste châtiment qu'il avait mérité, s'enfuit en Les versets 20 et 28 du chapitre xxvIdes
toute hâte vers l'autel de JehQyah, dont il em Chroniques nous donnent les noms des Lé
poigna les cornes, se mettantºinsi sous sa pro vites, Salmout et ses frères, préposés à la
tection inviolable. La prescription que nous garde des trésors de la maison de Dieu et des
avons trouvée au chapitre xxvIII de l'Exode, trésors des choses consacrées ( v. 20 ) qu'g-
à propos de la forme à donner à l'autel de l'E- vaient consacrées David le roi, ses aieux, les
ternel, avait donc été rigoureusement exécu chefs de mille, les chefs de cent, les chefs
tée, et cet autel, construit dans le désert, avait des troupes (v. 26 ) ... Samuel le Voyant,
été religieusement conservé. Saiil fils de Kis, Abner fils de Ner, et Joab
Passons maintenant à l'histoire du temple, fils de Serouiah ( v. 28). Voilà pour la con
dont la construction. suſfirait à elle séule servation de cet amas de richesses : vOy0ns
pour illustrer le règne de Salomon. Ou maintenant s'il nous est possible d'en appré
nous nous abusons grandement, ou de l'étude cier la valeur, en étudiant les passages bi
des faits que nous allons enregistrer, il ré bliques dans lesquels il est question dès pré
sultera, sans réplique possible, que dès le † faits par David pour le temple de Je
temps de Salomon les Juifs atteignirent un movah. -

très-haut point de perfection dans la prati Nous lisons au chapitre xxII des Chroni
que de tous les arts. -
ques, verset 2 et suivants : David dit de réu
675 R01 DES ANTIQUITES BIBLIQUES. ROI 74

nir les étrangers qui étaient au pays d'Is des ouvriers, des lailleurs de pierre et des
raël, et il plaça des tailleurs de pierre pour sculpteurs de pierre, et des charpentiers, et
tailler des pierres de taille, afin de bâtir la toute espèce d'hommes intelligents en chaque
maison de Dieu ( v. 2). Remarquons en pas ouvrage. — 16. ( Tu as) l'or, l'argent et le
sant que, † ce furent les étrangers qui fer en quantités innombrables ; lève-toi et
furent employés à ce travail, c'est qu'appa exécute; et Jehovah sera avec toi.
remment ces étrangers étaient habiles dans la L'imagination s'étonne à l'énonciation d'un
coupe des pierres, et que les Israélites, qui pareil amas de métaux précieux, à l'existence
quittaient à peine la vie nomade, auraient duquel néanmoins il ne nous est ni permis,
encore été, en ce moment, incapables d'exé ni possible de ne pas croire. Nous voyons de
cuter l'appareillage convenable pour la cons plus, par le verset 15, que dès lors une véri
truction qui allait s'entreprendre. Quels table école d'artistes était fondée à Jérusalem,
étaient ces étrangers ? Des Phéniciens d'a- car il n'est pas possible d'admettre que la
bord, comme nous n'en pouvons douter, d'a- quantité d'ouvriers dont il est parlé dans ce
† ce que nous avons déjà vu, et proba verset ait été tout entière composée d'étran
lement aussi des Egyptiens, car s'il n'y eût gers.
eu que des Phéniciens mis à l'œuvre, le texte Les deux derniers chapitres du livre des
sacré les eût appelés par leur nom de peuple Chroniques ( xxvIII et xxix ) sont remplis de
et non par l'appellation beaucoup plus large nouveaux détails, tout aussi importants que
d'étrangers. Poursuivons : ceux que nous venons de rapporter, touchant
3. Et David prépara du fer en quantité, les immenses préparatifs faits, du vivant et
pour faire des clous pour les battants des por par l'ordre de David, pour la construction
tes et pour les assemblages, et du cuivre en du temple. Il est donc indispensable d'exami
quantité qu'on ne put peser. Nous savons que, ner aussi avec soin le contenu de ces deux
bien peu d'années avant ce moment, les for chapitres.
gerons auxquels les Israélites étaient forcés Au moment où le saint roi sentit sa fin
de recourir étaient des Philistins ; très-pro approcher, il assembla tous les chefs des tri
bablement donc des forgerons philistins bus et les chefs des dirisions qui servaient le
étaient compris aussi dans les ouvriers étran roi, les chefs de mille, les chefs de cent et les
gers que David ordonna de réunir. chefs de tout l'avoir et des troupeaux du roi
4. Du bois de cèdre sans nombre, car les et de ses fils, ainsi que les eunuques et les
Sidoniens et les Tyriens avaient apporté du hommes forts, et les hommes vaillants (sans
bois de cèdre en quantité à David. Cette fois doute les chefs de l'armée ), à Jérusalem
l'intervention des Phéniciens est évidente, et ( xxvIII, 1 ). , Lorsqu'ils furent tous réunis,
Ce verset se commente de lui-même. David se tint debout devant eux, et leur répéta
5. David dit : Salomon. mon fils, est jeune tout ce qu'il avait déjà dit à Salomon, sur le
et délicat, et la maison qui est à bâtir à Je projet qu'il avait dû abandonner par l'ordre
hovah, doit être très-grande en renommée et de l'Eternel. Le roi continua et dit : 10. Voiei
en gloire, dans tous les pays. Je veux lui maintenant que Jehovah a fait choix de toi
faire des provisions. Ainsi David prépara ( Salomon), pour bâtir une maison pour sanc
eaucoup avant sa mort. — 6. Il appela Sa tuaire : sois fort et exécute. — 11. David re
omon, son fils, et lui ordonna de bâtir la mit à Salomon son fils le modèle de la galerie
maisen de Jehovah, Dieu d'Israël. —7. David et de ses maisons, de ses trésors, de ses gre
dit à Salomon : Mon fils, moi, j'étais dans niers, de ses chambres intérieures et de la mai
l'intention de bâtir une maison au nom de son du courercle. — 12. Et le modèle de tout
Jehovah, mon Dieu. — 8. Mais la parole de ce qu'il avait eu en projet pour les parois de
Dieu m'a été adressée, savoir : Tu as répandu la maison de Jehovah, et de toutes les cellules
beaucoup de sang, et tu as fait de grandes alentour, pour les trésors de la maison de Dieu
guerres ; tu ne bâtiras pas de maison à mon et les trésors des choses consacrées. — 13. Des
nom, car tu as répandu du sang à terre et de divisions des cohenim et des Lévites, et de toute
vant moi. — 9. Vois, il t'est né un fils; ce sera la confection du service de la maison de Jeho
un homme de repos, et je lui donnerai le re vah, et de tous les ustensiles du service de la mai
pos avec tous ses ennemis d'alentour; car Sa son de Jehovah. — 14. ( De ceux) en or, le poids
lomon (le Pacifique ) sera son nom, et je ferai en or ;de tous les ustensiles de chacun des ser
venir la paix et la tranquillité sur Israèl pen vices, et de tous les ustensiles d'argent, selon le
dant tout son temps. — 10. C'est lui qui bâtira poids de tous les ustensiles de chacun des servi
une maison à mon nom, et il me sera un fils, et ces. — 15. Le poids des candélabres d'or, de
moi je lui serai un père : je consoliderai le leurs lampes d'or, selon le poids de chaque
trône de son royaume sur Israël, pour tou candélabre et de ses lampes, selon l'usage de
jours. — 11. Maintenant, mon fils, que Je chaque candélabre. — 16. L'or et son poids
hovah soit avec toi ! tu prospéreras, tu bâti pour les tables de proposition, pour chaque
ras la maison de Jehovah, ton Dieu, comme table, et l'argent pour les tables d'argent. —
il a dit de toi... — 14. Et voici que, par ma 17. Et ( le modèle) des fourchettes, des bas
piété, j'ai préparé pour la maison de Jehovah sins et des tubes d'or pur, des calices d'or, le
de l'or, cent mille kikars : de l'argent, mille poids de chacun des calices, et des calices en
fois mille kikars ; l'airain et le fer ne peuvent argent, le poids pour chacun des calices.---18.
étre pesés, car ils sont trop considérables ; Et de l'autel des parfums d'or pur, d'après
i'ai préparé du bois et des pierres : tu les aug le poids, et le modèle du'char, des keroubim
menteras. — 15. Tu as avec toi en quantité d'or, qui (les ailes ) étendues couvrent l'arche
675 1R01 D3CT10NNAIRE HR0I 676

d'alliance de Jehovah. — 19. Tout cela rédigé d') airain , le fer pour (ceux de) fer, et le bois
par écrit de la main de Jehovah, comme indi pour (ceux de) bois, des pierres d'onyx et
cation pour moi de tous les ouvrages du mo propres à être enchâssées, des pierres d'orne
dèle ( à suivre ). ment et de diverses couleurs, ainsi que toutes
Arrêtons-nous ici,'et rendons-nous compte sortes de pierres précieuses et des blocs de
de tout ce qu'implique ce curieux , passage. marbre en quantité. — 3. Et de plus, me com
Et d'abord n'est-il pas évident que David re plaisant en la maison de Dieu, j'ai une pro
mit à son fils un pr# de construction et un priété en or et argent que je donne à la mai
devis parfaits, et s'étendant jusqu'aux plus son de mon Dieu, par-dessus tout ce que j'ai
etits détails? Je le demande, que pourrait préparé pour la maison sainte. — 4. Trois
aire de mieux, au temps où nous vivons, un mille kikars d'or, d'or d'Ophir, et sept mille
architecte consommé? Etait-ce un plan tracé, kikars d'argent pur, pour en couvrir les mu
était-ce un plan en relief, que David remit à railles des salles. — 5. De l'or pour ce qu'il
Salomon? # est fort dillicile de le décider. faut en or, de l'argent pour ce qu'il faut en
Le mot tebnit, qui est employé ici, semble argent et pour tout l'ouvrage des artistes.
signifier plus exactement un modèle qu'un Avant d'aller plus loin, examinons certai
plan. Mais comme, d'un autre côté, nous li nes expressions † dans ce passage
sons au verset 19 que tout cela était écrit de important. Le mot soham, que Cahen rend
la main de Dieu, il est plus sage d'admet par onyx, désigne aussi bien le béril que la
tre qu'il s'agissait d'un projet tracé, compor sardoine ; et comme les mines égyptiennes
tant par conséquent des plans, des coupes et d'émeraude étaient alors en pleine exploita
des élévations, et assez bien entendu pour tion, il se pourrait fort bien que la gemme
que l'écrivain sacré ait pu se permettre à son désignée sous le nem de soham fût en réa
sujet cette expression : Ecrit de la main de lité le béril. Comme d'ailleurs ces pierres
Dieu. Du vivant de David il y avait donc déjà soham sont déclarées par le texte même di
à Jérusalem des architectes assez habiles pour gnes d'être enchâssees, je vois dans ce fait
concevoir et pour exécuter graphiquement une raison de plus pour y reconnaître des
les projets des constructions les plus somp bérils ou des émeraudes. Les pierres précieu
tueuses. C'est tout ce qu'il m'importait de SGS # sont nommées ensuite sont désignées
cOnstater en ce mOment. sous le nom de fouk, qui signifie au propre du
La portion du travail préparatoire remis ſard. Les Septante ont rendu les molsabni
par le roi David à son fils Salomon, et à la ſouk, qui se présentent ici, par Xi0ot to)uti)tit,
quelle j'applique le nom de devis., est celle c'est-à-dire pierres précieuses simplement. ll
† concerne les poids, calculés à l'avance, vaut peut-être mieux voir ici avec Cahen des
e l'or ou de l'argent qui devait être employé pierres d'ornement; et, comme ces pierres
à la confection de tel ou tel ustensile sacré. sont caractérisées de plus par l'épithète de ra
Pz ur fixer à l'avance ces poids d'une manière kemah (bigarrées de diverses couleurs), je suis
pr2cise, il fallait que David, ou du moins les d'autant plus disposé à voir ici la désignation
artistes qui travaillaient sous sa direction, d'une sorte de mosaïque, que j'espère dé
connussent à la fois la méthode à employer montrer un peu plus loin que les parvis du
pour cuber les volumes des ustensiles dont temple de Salomon étaient garnis d'une m0
ils n'avaient que le tracé, et les densités res saïque véritable, dont les cubes se trouvent
pectives des métaux précieux à mettre en encore par milliers dans les déblais prove
oeuvre dans chacun des cas. S'il n'en eût pas nant de la destruction de ce temple.
été ainsi, tout le devis dont nous parle lon Les mots qui suivent signifient bien réelle
guement le chapitre que nous venons d'ana ment : et toute pierre précieuse ; nous ne
lyser, n'eût été qu'un travail purement ima pouvons donc rien conclure de l'emploi de
ginaire et sans la moindre valeur. ces mots. Nous trouvons enfin mentionnés
Ce même chapitre est terminé par un ver des blocs innombrables d'une pierre nommée
set (21) dans lequel se trouve le passage sis, et que les Lexiques, parce que ce n0m
suivant : et avec toi sont, pour tout l'ouvrage, dérive du radical sous (être blanc), traduisent
plusieurs hommes de bonne volonté, experts par marbre blanc ou albâtre. L'albâtre n'é-
dans toute sorte d'ouvrages... Il est bien clair tant pas du marbre blanc, il est fort difficile
que les hommes désignés de cette façon toute de préciser ici la nature de lapierre désignée
spéciale furent lesvéritables maîtres de l'école sous la dénomination de sis. Elle était blanche,
fondée à Jérusalem par les soins du saint roi voilà tout ce qu'il était possible d'en dire.
David. Toutefois le peu de dureté de l'albâtre me
Passons maintenant au chapitre suivant, fait donner la préférence, sinon au marbre
et nous allons y trouver de nouveaux rensei blanc, un moins à un calcaire blanchâtre,c0m
gnements sur les trésors que David avait ras pacte et résistant, comme le calcaire dont les
semblés pour la construction du temple.Voici carrières abondent autour de Jérusalem.
ce que nous y lisons : 1. David, le roi, dit à Nous trouvons encore dans le passage que
toute l'assemblée : Salomon, mon fils, le seul je viens de transcrire la mention de l'or d0:
dont Dieu ait fait choix, est jeune et délicat, phir (Aoufir). Où était ce riche pays d'Ophiº
et l'ouvrage est considérable : car ce palais On n'en sait absolument rien, et je demandº
n'est pas # un homme, mais pour Jehovah la permission de ne pas me lancer, à ce sujet,
Dieu. — 2. Mais moij'ai préparé de toutes dans des suppositions qui n'auraient pr0bâ"
mes forces l'or pour (les objets d') or, l'ar blement aucune
David ne espèce de
se contenta pasvaleur.
de consacrer à
gent pour (ceux d') argent, l'airain pour (ceux
677 ROH DES ANTIQUITES BIBLIQUES. ROI 678
Dieu et à son † ce qu'il avait amassé bèrent sur leur face. — 17. David dit à Dieu:
de trésors ; mais il termina son discours par N'est-ce pas moi qui ai dit de compter le
un appel direct à la piété et à la générosité peuple ? C'est moi qui ai péché; j'ai très-mal
de tous ceux qui l'écoutaient (xxIx) :-5. Qui fait; mais ces brebis qu'ont-elles fait ? Jehovah
de vous,dit-il, est généreux, pour venir au mon Dieu, que ta main soit sur moi et sur la
jourd'hui les mains pleines vers Jehovah ? — maison de mon père, mais non sur ton peu
b. Les chefs des principales familles, les ple, pour (répandre) une contagion. — 18.
chefs des tribus d'Israël, les chefs de mille L'ange de Jehovah avait dit à Djed de dire à
·et de cent, et les préposés aux ouvrages du David de monter pour élever un autel à Jeho
roi, se montrèrent généreux. —7. Et ils don vah dans l'aire d'Arnan le Iébousien. — 19,
mèrent pour l'ouvrage de la maison de Dieu David monta selon la.parole de Djed qui avait
cinq mille talents d'or, et dix mille dariques, parlé au nom de Jehovdh. — 20. Arnan, s'é-
et dix mille talents d'argent, et dix-huit mille tant retourné, vit l'ange : ses quatre fils étaient
talents d'airain, et cent mille talents de fer. — cachés derrière lui : Arnan battait le fro
8.Et quiconque possédant des pierres, les don ment. — 21. David vint vers Arnan : Arnan,
na pour le trésor de la maison de Jehovah, etc. ayant regardé, vit David : il sortit de l'aire
Le nom des dariques, employé dans ce et se prosterna devant David, la face contre
curieux passage, démontre d'une manière ir terre. — 22. David dit à Arman : Donne-moi
réfragable que le livre des Chroniques a été l'emplacement de l'aire pour que j'y bâtisse
rédigé après la captivité de Babylone, et un autel à Jehovah ; donne-le-moi pour du
lorsque les pièces d'or frappées par l'ordre bon argent, afin que la mortalité s'arrête de
de Darius avaient cours parmi les Juifs. dessus le peuple. - 23. Arnan dit à David :
Il nous reste maintenant à donner tous les ## mon seigneur le roi fasse ce
détails que nous fournit l'Ecriture sainte † est bon à ses yenx. Voici : Je donne les
sur le choix de l'emplacement qui fut destiné œufs pour l'holocauste, les chariots pour le
au temple, pour pouvoir passer au règne de bois, et le froment pour l'offrande : je donne
Salomon, et aborder enfin l'étude minutieuse tout. — 24. Le roi David dit à Arnan : Non,
de l'édifice judaïque qui devint une des sept je veux acheter (cela) pour du bon argent ;
12: merveilles du monde. car je ne veux pas "# à Jehorah ce qui est
Je trouve tousles détails dont nous avons be à toi, ni offrir des holocaustes pour rien.—
soin au chap. xxI du 1" Livre des Chroniques. 25. David donna à Arnan pour l'emplacement,
Lisons : — l. Il se leva un satan contre Israël ; des sicles d'or de (bon) poids (au nombre de)
il excita David à compter Israël. Joab, chargé six cents. — 26. David bâtit là un autel à
par le roi de diriger l'opération du recen Jehovah, et il offrit des holocaustes et des sa
sement, chercha, je ne devine pas pour quelle crifices pacifiques, et il invoqua Jehovah, qui
raison, à détourner son maître du projet dont lui répondit par le feu du ciel, sur l'autel de
il venait d'ordonner l'exécution , il n'y put l'holocauste.— 27.Jehovah parla à l'ange, qui
réussir, et le recensement se fit. remit son glaive dans le fourreau. — 28. En
Jehovah, trouvant sans doute dans cet acte ce temps, quand David vit que Jehovah l'avait
de David la conséquence d'un orgueil immo exaucé dans l'aire d'Arnan le 1ébousien, il
· déré, s'apprêta à punir le monarque, en lui sacrifia là. — 29.Mais le tabernacle que Moise
enlevant une bonne partie des sujets auxquels avait fait dans le désert, et l'autel de l'holo
il était si fier de commander. Djed, voyant de causte, étaient en ce temps-là sur la hauteur à
David, reçut l'inspiration de Dien, qui lui or Djébâoun. — 30. Mais David ne pouvait aller
donna de parler ainsi au roi : — 11.Ainsi dit devant lui pour chercher Dieu, car il était ef
Jehovah : Accepte un de ces trois châtiments frayé du glaive de Jehovah. — xxII, 1. Da
pour toi : — 12. Ou trois années de ſamine, ou vid dit : Ceci sera la maison de Jehovah Dieu,
trois mois de défaites devant tes adversaires, et ceci l'autel pour Israël.
pendant lesquels le glaive de tes ennemis t'at Du récit biblique que je viens de transcrire
teindra, ou trois jours le glaive de Jehovah et il résulte que David choisit lui-même l'empla
la peste dans le pays, tandis que l'ange de cement qui devait recevoir le temple de l'E-
Jehovah tuera dans tous les cantons d'Israël.Et ternel, et que cet emplacement ne fut autre
maintenant avise à ce que je dois répondre à † celui de l'aire d'Arnan le Iébousien.
Celui qui m'envoie. —: 13. David dit à Djed : ette aire occupait donc précisément le som
Je suis dans une grande anxiété.Je veux plu met de la colline de Moriah. La Paraphrase
tôt tomber dans la main de Jehovah, car sa chaldaïque de ce verset, citée par Cahen, nous
miséricorde est très-grande, et que je ne ap † ue le même lieu passait pour avoir
tombe pas dans la main del'homme.— 14.Jeho été le théâtre du sacrifice d'Abraham, et de
vah envoyaunepeste sur Israël, et il tomba d'Is l'alliance que Dieu fit alors avec ce patriarche,
raël soixante- dix mille hommes.— 15. Dieu lorsqu'à son fils Isaac eut été subtitué un bé
envoya l'ange àJérusalem pour la ravager; et lier qui se trouvait arrêté dans un buisson
comme ilravageait,Jehovah le vit et eut regret de voisin.
ce mal;il dit à l'ange qui ravageait:C'est assez,
reture ta main. L'ange de Jehovah se tenait Il. SALoMoN [1020 à 980 av.J.-C.] — Tableau des
rois de Juda et des rois d'lsrael. — Tour de Da
près de l'aire d'Arnan le Iébousien. - 16. vid.-Chars le Salomon.—Relations de Salomon
ZDavid leva les yeux, et vit l'ange de Jehovah et d'Iliram, roi de Tyr. Négociations pour la
se tenant entre la terre et le ciel, et son glaive construction du temple. — Lettre curieuse du roi
tiré en sa main, étendu sur Jérusalem. Alors de Tyr.-L'art phénicien. — Composition des ate
David et les anciens, couverts de cilices, tom liers. — Maçonnerie du temple. - Date du com
679 ROI DICTIONNAIRE R0I 680

mencement—des travaux. du
- temple.
Mesures-linéaires hé 750. —0sée, fils d'Ela.
braïques. Description L'historien 721. —Fin du règne d'Osée; fln du royaume
Josèphe; description et dimensions du temple - d'lsraël ; translation des dix tribus.
Comparaison des deux descriptions. - Eli Il ne faut pas perdre de vue que ce tableau
#ces accessoires de la grande enceinte.- L'es chronologique ne saurait être considéré com
trade rovale; l'autel d'airain ; les parvis sacrés. me ayant une exactitude mathématique, parce
—Palais de Salomon.—Portique du Jugement-- qu'il y a impossibilité absolue de faire con
Matériaux employés. — Mobilier du palais. - corder les chiffres des deux listes parallèles.
Trône de Salomon. — Boucliers d'or battu. -
Vaisselle de Salomon.—Salomon bâtit des tem Cela tient à ce que les règnes des rois de Juda
ples aux idoles. — Sépultures judaiques. - ldo et des rois d'Israël sont toujours donnés en
les de Jéroboam. — La maison d'ivoire. - Le nombres ronds dans les saintes Ecritures; la
trésor du temple. coutume ayant été chez les Hébreux, comme
Je pense devoir donnericiun tableau chro chez les Egyptiens, les Assyriens et les Ba
nologique des rois de Juda et des rois d'Is byloniens, d'attribuér à chaque prince,
raël, afin de fixer, d'une manière à peu près comme année pleine de règne, toute année
certaine, la date des monuments dont il va commencée; de telle manière qu'un roi qui
être question. aurait occupé le trône pendant dix années
ROYAUME DE JUDA . et un mois, serait considéré comme ayant
Années ntant régné onze ans. On voit donc que les dates
Jésus-Christ. assignées plus haut n'ont rien d'absolu; mais
1060. —David est roi à Ilébron. pourraient guère
dans tous les cas, elles ne
1053. —Davidtransfère la royautéàJérusalem. être modifiées que d'un très-petit nombre
200. —Salomon. d'unités.
980. —ltoboam.
# 965.
960.
—Abias ou Abiam.
–Assa.
Avant de passer au règne de Salomon, je
dois nécessairement m'occuper d'un monu
--
919. —Josaphat. ment encore debout à Jérusalem, et que son
S94. —Joram. nom traditionnel reporte à l'époque de David.
886. —Akhasias. Tout le monde devine que je veux parler de
885. —Athalie ustt pe. la tour connue sous le nom de tour de David.
878. —Joas. Nous lisons dans le I" Livre des Chroniques
859. —Amasias.
810. —Azarias.
(xI) : — 4. David et tous les Israélites allèrent
759. —Joathan. à Jérusalem, qui est Iebous,.. — 5. David
743. —Akhas. prit la forteresse de Sion, qui est lo cité de
727. —Ezéchias. David. — 6 David dit : Quiconque aura battu
t598. —Manassé. le premier les Iébousiens sera chef et prince.
645. —Amon. Joab, fils de Serouiah, monta le premier, tt
641. —Josias. devint chef. — 7. David demeura dans la for
610. —Joakhas. teresse; c'est pourquoi on l'appelle ville de
610, —Joachim. David. —8. Il bâtit la ville autour de Meloua,
607. —La captivité des 70 ans commence. et Joab vivifia te restant de la ville. Enfin,
« 599. —Joachim règne trois mois. au chapitre xv, le verset 1 est ainsi conçu:
599. —Sédécias, dernier roi de Juda.
588. —Jérusalein est prise et brûlée. Il (David) se bâtit des maisons dans la ville
584. —Départ pour Babylone du dernier de David. ll est donc certain qu'à peine
convoi de captifs. maître de la forteressede Sion, David y fixasa
b37 —Cyrus délivre les Juifs, après les 70 résidence, et qu'il y fit élever d'assez nom
ans de captivité. breux édifices.
RoYAUME D'IsRAEL. Nous avons dit ailleurs qu'il existait dans les
980. —Jéroboam. villes du pays de Kénâan, comme à Sichem,
958. —Nadab. ar exemple, des espèces de donjons, ou tours
· 957. , -Baesah. ortes destinées à servir de refuge en cas de
955. —Ela. revers. Il est donc bien vraisemblable que
. 951 . —Zimri règne sept jours. David ne négligea rien pour mettre doréna
951. —-0.mri.
919. —Ak'ab.
vant à l'abri d'un assaut la forteresse dont il
898. —Akhasias. avait réussi lui-même à s'emparer. Dès lors
897. —Joram. la construction d'un donjon imprenable dut
884. —Jºhn. nécessairement, s'il n'existait déjà, entrer
856. —Joakhas. dans les plans adoptés par le conquérant.
84t. —Joas. Voyons maintenant ce que c'èst que la
825. —Jéroboam II. tour de David, monument d'une antiquité in
784 à 772 -lnterrègne. contestable, à en juger par sa construction
772. -Zacharie rêgne six mois. seule. A l'angle nord-ouest du Kalaah,oucilº
771 . -Selloum règne un mois.
771. —Manahem. delle de Jérusalem, et presque vis-à-vis de la
761 . -Phaceiah. porte d'El-Khalil ou d'Hébron, se trouve ullº
759. —Phacée. tour à peu près carrée et d'environ vingt mê
759 à 750.—lnterrègne. tres de côté (130): toute la base en est massivº
(130) Voici les dimensions précises de la tour de quatre pouces ; sa hauteur actuelle, au-dessus du
David, recueillies par le savant Williams. Sa base fond du fossé, est de quarante pieds; mais il parº
est un parallélogramme dont les côtés ont soixante certain que le pied de la tour est garni de décom°
pieds trois pouces anglais, et cinquante-six picds bres qui en cachent une partie considérahle.
C81 ROI DES ANTIQUITES BIBLIQUES. ROI 682

et ne recèle aucun réduit dans lequel il soit l'époque des croisades, qui nel'porte d'au
possible de pénétrer : cette disposition avait tre légende que celle-ci : TURRIs DAvID;
évidemment été adoptée pour rendre toute l'existence de cette monnaie, dont un exem
surprise impossible, et pour mettre les as
saillants dans la nécessité d'avoir recours à
† est déposé au cabinet des médailles de
a bibliothèque Impériale, démontre, à mon
une escalade, pour ainsi dire impraticable, avis, que la citadelle de Sion, qui fut la rési
s'ils voulaient s'emparer de la garnison qui dence de David, fut également celle des rois
aurait cherché un refuge au haut d'une tour chrétiens de Jérusalem.
pareille, bien approvisionnée de vivres et L'historien des Juifs, Flavius Josèphe, parle
d'eau. Ce même système de précautions se de la tour de David, mais sans lui donner
retrouve employé dans les donjons du moyen ce nom, qui fut changé par Hérode, mais
âge, où l'on n'entrait que par une échelle évidemment repris plus tard, comme tant
que l'on tirait après soi. La tour est cons d'autres noms grecs ou romains que des lo
truite par assises régulières de blocs énormes calités de la Terre-Sainte n'ont portés, pour
de calcaire dur, taillés en bossage et join ainsi dire, que par ordre, et pendant un
toyés avec le plus grand soin, sans ciment. temps assez court, pour reprendre ensuite
Voici ce que j'entends par ces mots taillés en leur nom antique, qui n'avait pu être dé
bossage : les †º sur les quatre faces de raciné de la mémoire des indigènes. Voici
chacun des blocs sont accompagnés d'une donc ce que nous trouvons dans Josèphe
bande lisse, large d'environ dix centimètres, (Bell. Jud., V, Iv, 3) : « La tour Hippicos,
en contre-bas de la surface extérieure du bloc u'Hérode avait ainsi nOmmée en souvenir
de quatre à cinq centimètres à peu près, et e son ami, était quadrangulaire, et chacun
† constitue, pour ces blocs, une espèce de ses côtés avait vingt-cinq coudées de lon
encadrement en creux. C'est là, ainsi que gueur, et trente coudées de hauteur; elle
nous le verrons plus loin, un caractère es étâit massive; au-dessus de cette masse solide
sentiel des constructions d'apparat de l'épo était un puits haut de vingt coudées, et des
que juive primitive. J'ai pensé pouvoir, pour tiné à recueillir l'eau de pluie. Au-dessus
abréger, caractériser ce genre d'appareil en encore était une maison (oIxo;) à deux étages.
le désignant sous le nom d'appareil salomo haute de vingt-cinq coudées, ayant la surface
nien, et j'ai adopté cette dénomination après marquetée (ei; Troixſ)a ôtnongévoç) et couronnée
avoir reconnu que toutes les parties subsis par un parapet de deux coudées, surmonté de
tant encore aujourd'hui de l'enceinte du tem créneaux de trois coudées de hauteur; ce
ple primitif présentaient invariablement ce qui donnait à la tour une hauteur totale de
mode de bossage. quatre-vingts coudées.»
Il est donc incontestable que la tour de Après le sac de Jérusalem, cette tour ma
David appartient au temps des rois de Juda,
et nous pouvons hardiment, je crois, en faire gnifique fut conservée par l'ordre de Titus ;
remonter la construction à David, dont elle voici ce que Josèphe nous apprend à ce su
porte le nom de temps immémorial. Il exis jet : « Lorsque les soldats n'eurent plus †
sonne à tuer, César donna à ses légions l'or
te une description de la Jérusalem du temps dre de renverser de fond en comble la ville
des croisades, publiée, pour la première fois, et le temple, mais de respecter les tours
par M. le comte Beugnot, dans sa magnifi qui surpassaient toutes les autres en hauteur,
que édition du recueil de lois connu sous le
nom d'Assises de Jérusalem, et j'y trouve le c'est-à-dire Phasaël, Hippicos et Mariamne,
passage suivant : « La porte David estoit vers et la partie du mur d'enceinte qui couvrait
soleil couchant, et estoit à la droite des por la ville à l'occident, pour qu'elle pût servir
tes oires (porte dorée) qui estoient vers so de protection à la garnison qu'il fallait laisser
leil levant, derrière le temple Domini. Cette là. Les tours ne furent épargnées que pour
porte tenoit à la tour David; quand on estoit montrer aux races futures quelle cité floris
devant cette porte, si tournoit-on à main sante et forte la valeur romaine était parve
nue à réduire. »
destre, en une rue pardevant la tour David...
la grant rue qui aloit de la tour David droit La description que Josèphe nous donne de
aux portes oires, apeloit-on la rue David, la base de la tour Hippicos est si parfaite
jusqu'au chainge, à main senestre; devant la ment applicable à latour de David, aussi bien
tour David avoit une grant place où on ven que sa position topographique, , qu'il n'est
doit le blé. » Tous ces détails, sans en ex guère pôssible de se refuser à admettre l'i-
cepter un seul, sont toujours exacts. dentité de ces deux édifices militaires. Les
ll existe encore une description de Jéru architectes, les appareilleurs et les tailleurs
salem, due à l'historien musulman Medjr de pierre dont se servit Salomon furent
ed-Dyn, écrite après la destruction du précisément ceux que David avait formés ; il
royaume latin de Jérusalem, et dans laquelle n'y a donc aucun empêchement à admettre
le paragraphe relatif à la citadelle contient ue la tour de David porte ce nom de plein
le passage suivant : « On y voit une grande roit.
tour nommée tour de David, et qui fut bâtie Ceci posé, nous admettons que, dès le rè
par Salomon... Les Francs et les Grecs éle gne de David, on construisit à Jérusalem des
verent quelques bâtiments dans la citadelle, édifices militaires en blocs de très-fort appa
pendant qu'ils furent les maîtres de Jérusa reil, et parfaitement équarris sur les joints et
CII]. » en bossage. Il est donc vrai que l'art de tail
Enfin, on connaît une rare monnaie de ler les pierres et de les appareiller était déjà.
DICTIoNN. DEs ANTIQUITÉS BIBLIQUEs. 22
'685- ROI DlCTIONNAIRE ROI - 684

fort développé à cette époque si reculée. six cents sicles d'argent, et un cheval pour
[1053 à 1020 avant J.-C.] cent cinquante; et on en tirait ainsi, par leur
Je ne connais que ce seul monument anti entremise, pour tous les rois des Khetim et
que que nous puissions, avec une certitude à pour tous les rois d'Aram.
l#º entière, faire
8lV101.
remonter au règne de Ce dernier verset contient implicitement un
fait assez intéressant. Les chars de Salomon
Passons donc maintenant au règne de Sa étaient des quadriges, c'est-à-dire attelés de
lomon, qui occupa le trône de 1020 à 980 quatre chevaux de front, puisqu'un seul che
avant Jésus-Christ. val coûtant cent cinquante sicles, un attelage
Salomon venait de succéder à son père. complet en coûtait six cents. Il en résulte, de
Le premier acte de sa politique fut d'épou plus que le commerce des chevaux était déjà
ser la fille du Pharaon qui occupait alors le pratiqué par les Juifs, qui allaient en acheter
trône d'Egypte : cette alliance lui assurait la en Egypte pour les revendre aux Khetim et
paix avec ses puissants voisins du sud, en aux Àraméens. Ces Khetim sont, à n'en pas
même temps que la coopération de tous les douter, les éternels ennemis des Egyptiens,
si souvent mentionnés dans les textes histori
artistes égyptiens dont il pourrait avoir be
soin pour la construction du temple de Je ques du temps des Ramsès, sous le nom de
hovah. Kheta.
Enfin Salomon pensa à bâtir une mais0n
Outre les projets dont son père lui avait pour le nom de Jehovah (II Chron. II, 1),
confié l'exécution, Salomon avait encore dé
ainsi qu'il en avait reçu l'ordre de son père.
cidé qu'il ferait bâtir un palais somptueux et Il fallait, pour exécuter ce dessein, prendre
digne, en quelque sorte, de se montrer à côté les dernières dispositions, et il les prit de la
du temple. Enfin, pour assurer sa capitale manière suivante : Hiram, roi de Sour (Tyr),
contre tous les événements possibles, il avait qui était resté l'ami de David pendant toute
résolu de lui donner une enceinte fortifiée
la durée du règne de celui-ci, avait envoyé
qui en fît une place aussi respectable que féliciter Salomon, lorsqu'il avait appris qu'il
† Temple, palais et enceinte, tout cela avait reçu l'onction royale et sacrée. (I Rois,
fut commencé et achevé par Salomon (I Rois, v, 1.) Salomon continua à entretenir des rela
HI ), avec des dépenses que l'imagination la tions de bon voisinage avec Hiram, et lorsque
lus active a peine à se figurer. On en pourra le moment fut venu d'avoir recours , à ce
juger tout à l'heure en lisant la description monarque, il lui adressa la demande suivante
du temple. (I Rois, v):-3. Tu as connu David, mon père :
L'arche d'alliance avait été ramenée par Da iu sais qu'il n'a pu bâtir une maison au nom
vid dans l'intérieur de la forteresse de Sion, de l'Eternel, son Dieu, à cause de la guerre
L)ais le tabernacle était resté à Djébâoun. dont (ses ennemis) l'ont enveloppé jusqu'à ce
Faute de temple, les Israélites avaient con que Dieu les eût mis sous les plantes de ses
tinué à sacrifier sur les hauts-lieux, et parmi pieds (132). — 4. Et maintenant l'Eternel,
ces hauts-lieux celui de Djébâoun était le plus mon Dieu, m'a donné du repos (tout) alen
vénéré. Un autel d'airain avait été dressé de tour : il n'y a plus ni obstacle, ni rencontre
vant la porte du Tabernacle, et Salomon lui fâcheuse. - 5. Et voici : je pense bâtir une
même, suivi de touslesgrands de son royaume, maison au nom de l'Eternel, mon Dieu, comme
vint adorer l'Eternel à Djébâoun. Dans cette l'Eternel a dit à David, mon père, savoir :
circonstance, mille holocaustes furent brû Ton fils, que je mettrai à ta place sur ton
lés sur l'autel d'airain. (I Rois, III, 2 à 4; trône, c'est lui qui bâtira ma maison à mon
II Chron. I, 4 à 6.) nom. - 6. Commande maintenant qu'on coupé
La paix dont jouissait Salomon, grâce à ses des cèdres du Libnoun (Liban), et que mes
alliances, lui permit d'accroître d'une manière serviteurs soient avec tes serviteurs, et je le
incroyable la splendeur de ses trésors. Voici donnerai le salaire de tes serviteurs, tout
ce que nous lisons à ce propos (II Chron. I) : comme tu diras; car tu sais qu'il n'y a parmi
— 14. Salomon rassembla des chariots et des nous personne qui s'entende à travailler le
cavaliers, et il eut quatorze cents chariots et bois comme les Sidonim # — 7.
douze mille cavaliers qu'il conduisit dans Lorsque Hiram entendit les paroles de Sal0:
l'emplacement des chariots, et auprès du roi, mon, il se réjouit beaucoup et dit : Béni soil
à Jérusalem (131). — 15. Le roi rendit l'or et aujourd'hui l'Eternel, qui a donné à David
l'argent communs à Jérusalem comme des un fils sage, sur ce grand peuple. - 8. Hiram
pierres, et les cèdres le furent comme les syco envoya à Salomon, disant : J'ai entendu ce
mores, qui sont en grande quantité dans la que tu m'as envoyé (dire); je ferai selon tout
vallée. - 16. Et la provenance des chevaux ton désir, au sujet du bois de cèdre et du bois
qu'avait Salomon était l'Egypte; une caravane de cyprès. — 9. Mes serviteurs les descendront
de négociants du roi en prenait une quantité du Liban à la mer, et moi je les ferai disposer
dont ils payaient la valeur. — 17. Ils firent en radeaux sur la mer, jusqu'à l'endroit que
monter et sortir d'Egypte un attelage pour tu me désigneras; je les ferai délier là, et tº
(151) Dans le I" Livre des Rois (Iv, 26), il est dit: dans le verset correspondant des Chroniques. .
Salomon avait quarante mille attelages de chevaux et (152) Cette expression poétique se retrouve iden
douze mille cavaliers. Mais il y a là évidemment une tiquement employée dans une foule de textes hiérº
incorrection due à la faute d'un copiste, qui aura glyphiques, et il n'est pas sans importance de fairº
écrit : arbâim, quarante, au lieu de arbâat, quatre, remarquer ici cet indice de l'influence égyptienne
qu'il est naturel d'y substituer, puisqu'il se trouve s'étendant jusque sur la littérature judaique.
685 R01 DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. , R01 686

fº les feras emporter: tu me satisferas en four gent, l'airain, le fer, les pierres, le bois, la
#11 nissant des vivres à ma maison. — 10. Hiram teinture pourpre et bleue, le fil de lin et le
donnait à Salomon du bois de cèdre et du bois cramoisi, à inventer toute espèce d'invention
de cyprès autant qu'il en voulait. — 11. Et ui lui sera donnée (à faire), avec tes sages et
: Salomon donnait à Hiram vingt mille kor de es sages de mon seigneur David, ton père. —
#! froment pour la nourriture de sa maison, et 15. Et maintenant, pour ce qui ſst du fro
-- vingt kor d'huile très-pure. Salomon en don ment, de l'orge, de l'huile et du vin dont mon
#i nait autant à Hiram chaque année. — 12. L'E- seigneur a parlé, il peut l'envoyer à ses servi
ternel donna la sagesse à Salomon, comme il teurs. — 16. Et nous voulons couper du bois
E, le lui avait promis; il y eut paix entre Hiram du Liban selon tous tes besoins, et nous te
et Salomon, et ils contractèrent une alliance l'amènerons en radeaux sur la mer de Iapho
cnsemble. (Joppé, Jaffa); tu le feras ensuite monter à
iii Le récit de cette négociation est beaucoup Jérusalem.
rºs plus détaillé dans les Chroniques : il est donc Cette lettre du roi de Tyr est extrêmement
important pour nous de le reproduire inté précieuse, en ce qu'elle nous donne la certi
gralement (II Chron. II) : —3.Salomon envoya tude † tous les arts phéniciens furent trans
vers Houram (133), roi de Sour, pour lui plantés à Jérusalem † l'artiste éminent que
| # dire : Comme tu as agi envers David, mon ce monarque voulut bien envoyer à Salomon.
f,l père, à qui tu as envoyé des cèdres pour se L'homme qui avait tous les talents qu'énumè
bâtir une maison, afin d'y demeurer, (agis rent ces textes sacrés devait être un artiste
#?
t l': envers moi). — 4. Voici que je bâtis une mai consommé, et il était, sans contredit, capable
son pour le nom de Jehovah, mon Dieu, pour de fonder à Jérusalem une école dans la
l' la lui consacrer, pour vaporiser devant lui quelle tous les arts étrangers à la nation juive
iii # une vapeur d'encens, pour qu'il y ait des pains seraient bientôt développés, si le génie †
de proposition (offrande) continuellement, que se prêtait tant soit peu à la culture de ces
#: des holocaustes le matin et le soir, au Sabbat, arts. C'est ce qui ne manqua pas d'arriver; et
# aux néoménies (nouvelles lunes) et aux fêtes Salomon put bientôt compter par milliers des
de Jehovah, notre Dieu, obligation perpé Ouvriers habiles dans tous les genres, et sortis
tuelle pour Israël. — 5. Et la maison que je du sein même de son peuple.
bâtis † est grande, car notre bieu est plus Notons bien, en passant, cette intervention
grand que tous les dieux. - 6. Et qui a la de l'art phénicien, comme nous avons dû
puissance de lui bâtir une maison, puisque les constater, nombre de fois déjà, celle de l'art
cieux et les cieux des cieux ne sauraient le égyptien. De ces deux éléments combinés
contenir ? Et que suis-je pour lui bâtir une devait infailliblement naître un art hybride
maison, si ce n'est pour # des vaporisa
tions devant lui ? — 7. Et maintenant envoie
† n'était ni phénicien ni égyptien, mais qui
evait à la fois conserver des traces éviden-!
moi un homme intelligent pour travailler l'or, tes de sa double parenté. Ceci posé, je le
l'argent, l'airain, le fer, la (teinture) pourpre, demande, si nous rencontrons des monu
rouge, cramoisie et hyacinthe, sachant ciseler ments dans la structure desquels se marient
des ciselures, avcc les gens sages qui sont avec d'une manière claire et précise des éléments
moi, en Juda et en Jérusalem, que mon père a empruntés à la fois aux Phéniciens et aux
préparés. — 8. Envoie-moi du bois de cèdre, Egyptiens, devrons-nous être embarrassés
de cyprès, des aldjoumim (135) du Liban; car pour en démêler la véritable origine? Pour
je sais que tes serviteurs sont experts pour rons-nous, en présence de ces monuments,
tailler les bois du Liban; que mes serviteurs rester dans l'ornière commune, où persistent
soient les amis des tiens, —9. pour me prépa à marcher les antiquaires qui aiment mieux
rer du bois en quantité, car la maison que je voir des monuments d'une véritable déca
bâtis doit être grande et merveilleuse. - 10. dence là où tout le contraire existe, c'est
Quant aux abatteurs et coupeurs de bois, je à-dire là où se manifestent les combinaisons
donnerai à tes serviteurs du froment trituré Sorties d'un art naissant, et qui est encore
vingt mille kor, et de l'orge vingt mille kor, empreint des caractères essentiels des deux
et du vin vingt mille bat, et de l'huile vingt arts qui l'ont engendré ? Pour moi la réponse
mille bat. — 11. Houram, roi de Sour, dit ne saurait être douteuse.
dans une lettre envoyée à Salomon : C'est A ce qui précède ajoutons la mention de
parce que Jehovah aime son peuple qu'il t'a l'influence propre de la loi religieuse judaï
institué son roi. — 12. Et Houram dit : Loué † loi qui réprouvait toute reproduction
soit Jehovah, Dieu d'Israël, qui a fait le ciel es êtres vivants sur la terre, et nous pour
et la terre, de ce qu'il a donné à David, le rons encore aſfirmer à priori que, s'il exista
roi, un fils sage, prudent et intelligent, qui un art judaïque, il dut, en restant semi
bâtira une maison à Jehovah, et une maison phénicien, semi-égyptien, comporter un
pour son siége royal. — 13. Et maintenant genre d'ornementation spéciale, emprunté
je t'envoie un homme sage, intelligent, ui a soit au règne végétal, soit à la combinaison
appartenu à Houram, mon père. — 14. Il est pure et simple de la ligne droite et des lignes
fils ed'une des filles de Dan, et son père était courbes. Ces quelques mots caractérisent
Tyrien; il est expert à travailler l'or, l'ar tout l'art judaïque, et c'est ce que les faits qui
(155) Le notn de ce roi est écrit Houram dans le que cette demande fut adressée à Hiram.
livre des Chroniques. (155) Il s'agit d'un bois résineux et odoriſeram,
(154) Il paraît évident, d'après ce texte, que les peut-être le bois de sandal ? Le nom aldjoumim
travaux de fondation étaient déjà commencés, lors s'écrit aussi almoudjim. - -
687 R0I DICTIONNAlRE ROI 688

seront bientôt énumérés démontreront, je montagne de Moriah, désignée à son père


l'espère, d'une manière positive. David, près de l'endroit destiné par David,
Passons maintenant à la composition des sur l'aire d'Arnan le Iébousien. — Il com
ateliers qui furent institués par Salomon pour mença à bâtir le second mois de la quatrième
mettre en œuvre les matériaux destinés à la année de son règne (II Chron. III, 1 et #
C'est donc à l'année 1016 avant Jésus-Christ
construction du temple. Nous lisons dans le I"
Livre des Rois (v) : 13. Le roi Salomon fit une que nous rapporterons la fondation du tem
levée de tout Israël; cette levée était de trente ple de Salomon, en rappelant toutefois que
mille hommes. — 14. Il les envoya au Liban, cette date pourrait être modifiée de deux ou
dix mille chaque mois, alternativement; ils trois années, en plus ou en moins, sans qu'il
étaient un mois au Liban, et deux mois en leur fût possible de la déterminer mathématique
maison; Adoniram était préposé à cette levée. IIlent.
— 15. Salomon eut soixante-dix mille porte Josèphe précise cette même , date de la
ſaix et quatre-vingt mille (hommes) qui cou manière suivante : « Salomon, » dit-il, « com
† le bois sur la montagne. — 16. Outre mença à bâtir le temple dans la quatrième
es chefs des employés de Salomon, # année de son règne, dans le deuxième mois,
à l'ouvrage, il y en avait trois mille trois que les Macédoniens nomment Artemisios, et
cents qui commandaient au peuple occupé à les Hébreux Lar, cinq cent quatre-vingt-douze
l'ouvrage. ans après lasortie d'Egypte, mille vingtaprès la
Le chapitre II du II° Livre des Chroniques migration d'Abraham de la Mésopotamie au
s'exprime ainsi : 2. Salomon compta soixante
dix mille portefaix et quatre-vingt mille
pays de Kénâan, et † cent quarante
hommes qui coupaient le bois sur la montagne,
ans après le déluge. Depuis la création d'A-
dam jusqu'à la fondation du temple, il s'était
avec trois mille six cents hommes pour les sur † trois mille cent deux années. L'année
veiller (136). Ce dernier chiffre excède de où le temple fut fondé était la onzième du
trois cents le chiffre correspondant donné règne de Hyram, roi de Tyr, et il s'était
dans le Livre des Rois, et sans doute il y a là, écoulé, depuis la fondation de Tyr, deux cent
d'un côté ou de l'autre, une légère inexacti quarante années seulement.» (Ant.Jud.,Vlll,
tude due à une erreur de copiste. Quoi qu'il IiI, 1). Je ne me charge pas de justifier les
en soit, on voit qu'il ne s'agissait pas de fai dates rapportées ainsi par l'historien des
bles escouades de travailleurs, mais bien de Juifs, car toutes sont très-probablement faus
masses énormes d'ouvriers qui devaient me ses, puisque la première l'est sûrement.
ner très-rapidement à bonne fin la gigantes Avant d'entrer dans les détails qui nous
que entreprise conçue par David et exécutée permettront de reconnaître les caractères
par Salomon. architectoniques du temple de Salomon,
Le I" Livre des Rois (v) nous parle ainsi nous devons fixer les valeurs des mesures
des pierres de taille qui furent préparées pour linéaires hébraïques, dont nous allons ren
la maçonnerie du temple : 17. Le roi ordonna contrer perpétuellement les noms.Nous ne
d'extraire de grandes pierres, pierres rares, saurions mieux faire pour cela que d'extraire
pour la fondation de la maison, des pierres ces évaluations de l'excellent traité de métr0
taillées.— 18. Les maçons de Salomon et les logie ancienne et moderne publié en 1834
maçons de Hiram, et ceux de Djebel (Byblos) par M. Saigey. Nous admettrons donc, avec
les taillèrent, et ils préparèrent les bois et cet habile et savant calculateur, que , les
les pierres pour bâtir la maison. Ceci revient mesures égyptiennes et hébraïques étaient
à dire qu'une véritable colonie de tailleurs identiques, et que leur échelle était ainsi
de pierre phéniciens étaient venus travailler graduée :
à § non-seulement de Tyr, mais
encore de Djebel, qui était située à l'extré Millimètres
mité nord de la côte de Phénicie. Le doigt (en hébreu esbâa) valait 18 75
Nous sommes parfaitement certains de la Le palme de 4 doigts (thefah)
75 »
date à laquelle furent commencés les travaux L'empan de 12 doigts (zaret)
225 »
La demi-coudée royale de 14 doigts(dja
du temple, et voici les passages des livres med) 262 50
saints qui établissent cette date : -
La coudée de 28 doigts (amah)
- -
525 »
Ce fut dans la quatre cent quatre-vingtième La coudée naturelle de 24 doigts 450 )
année depuis la sortie des enfants d'Israël du
pays d'Ègypte, dans la quatrième année du Nous pouvons maintenant aborder fran
règne de Salomon sur Israèl, au mois de Ziou chement la question, et apprécier toutes les
(de la splendeur ou des fleurs), qui est le dimensions qui nous sont transmises pâr
deuxième, qui bâtit une maison à l'Eternel l'Ecriture sainte et par l'historien Josèphe.
(I Rois, vI, 1). — Salomon commença à bâ Cet intéressant problème a été déjà traité bien
iir la maison de Jehovah à Jérusalem, sur la des fois ; mais les solutions qui en ont élº

(156) Ces chiffres sont répétés plus has dans le des pierres) sur la montagne, et trois mille six cents
passage suivant (II Chron., il, 16 et 17) : Salomon surveillants pour faire travailler le peuple. Nous ne
compta tous les étrangers qui séjournaient au pays pouvons nous dispenser de signaler en passant ceº
d'Israël, après le dénombrement que son père David étrange mesure, qui de cent cinquante-trois millº
avait entrepris, et il s'en trouva cent cinquante-trois six cents étrangers résidant dans le pays, fait d'!
mille six cents.— Il en fit soixante-dix mille porte seul trait de plume cent cinquante-trois mille si*
faix et quatre-vingt mille pour crtraire (dit bois et CentS Illall6eUlVl'eS.
G89 R0I DES ANTIQUITES BIBLIQUES. ROI 690

donnéessont empreintesd'une telle dosed'ima se trouvent que là. Déjà Kimhi a déclaré ne
gination, qu'il sera plus prudent de les consi rien comprendre aux mesures employées
dérer comme non avenues, et de nous en tenir dans cette description. Il s'agit, dit ce com
purement et simplement aux renseignements mentateur, d'une construction future ; ce
inattaquables que nous trouvons dans le Livre ue l'homme en dit par induction n'a pas de
des Rois et dans celui des Chroniques.Toutes (1862 . ))

les fois que les descriptions de Josèphe se On comprendra maintenant que je n'é-
ront d'accord avec les textes saints, nous y
verrons avec bonheur une vérification de
prouve aucune † à dire que les
chapitres du prophète Ezéchiel sont restés,
plus de l'infaillibilité de ces textes, que à très-peu de chose près, lettre close pour
Josèphe avait entre les mains, et dont il a moi.Je n'ai pu m'en servir que pour y pui
fait amplement usage. Toutes les fois, au con ser, par induction aussi, de simples ren
traire, que les récits de Josèphe nous pré seignements sur certains détails que les textes
senteront de grandes discordances, nous primitifs ne présentent pas. Telle est, par
aurons à examiner la valeur des assertions exemple, la forme de l'autel des holocaustes,
dans lesquelles ces discordances se manifes forme qui ne saurait en aucune façon se dé
teront ; et alors, je ne crains pas de l'affir duire des passages qui le concernent, dans le
mer, nous serons irrésistiblement conduits à Livre des Rois et dans celui des Chroniques,
constater, ou bien des exagérations véritable tandis que le prophète Ezéchiel, nous parlant
ment insensées, ou bien une ignorance évi de ce même autel, lui donne les mêmes di
dente de l'art du dessin, qui ne permet pas mensions que nous trouvons assignées à ce
à l'écrivain qui le † de commettre des lui du temple de Salomon, en y ajoutant
fautes aussi grossières que celles que nous quelques détails descriptifs, dans lesquels
aurons à signaler. nous sommes tout naturellement portés à
Encore un mot : les prophéties d'Ezéchiel trouver le souvenir de l'autel qu'Ezéchiel avait
contiennent une description du temple de vu réellement fonctionner à la porte du
l'Eternel ; mais il n'est pas possible d'iden temple.
tifier complétement ce temple avec celui de Ces réserves faites,j'entre en matière, et je
Salomon. Que la disposition générale et cer commence par transcrire tout ce qui concerne
taines mesures principales soient communes les fondations du temple.
aux deux édifices, je l'accorde volontiers; il Nous lisons au I"Livre des Rois (v, 17 et
n'en pouvait guère être autrement, puisque 18) : Le roi ordonna d'extraire de grandes
cette disposition et ces mesures avaient été pierres, des pierres rares, pour la fondation
fixées par Jehovah lui-même : mais que les de la maison, des pierres taillées. + Les ma
détails donnés par Ezéchiel puissent s'adap çons de Salomon, et les maçons de Hiram,
ter ou temple de Salomon, je le nie positi et ceux de Djebel les taillèrent, et ils prépa
vement.Au reste, la chose est toute naturelle, rèrent les bois et les pierres pour bâtir la
uisque le temple que décrit le prophète maison. Dans le II° Livre des Chroniques
Ezéchiel lui apparaît dans une vision, comme (III, #
le passage correspondant ne contient
le temple futur qui devra être construit dans que le verset suivant : — Et voici la fon
la nouvelle Jérusalem. dation que , posa Salomon pour la cons
Au reste, ce qu'on va lire justifie pleine truction | de la maison de Dieu : la longueur,
ment l'opinion que je viens d'émettre sur le d'après les coudées de l'ancienne mesure,
temple décrit par le prophète. Voici ce que #ºtº coudées, et la largeur, vingt cou
je trouve dans la note qui précède le chapi 6CS,
tre xL d'Ezéchiel (traduction de Cahen, t. XI, Le premier des deux passages que nous
p. 142 v°) : « .... Il y a dans cette descrip venons de transcrire démontre, aussi bien que
tion du prophète des points de ressemblance le second, que Salomon ne se contenta pas
avec le temple de Salomon; il y a aussi plu d'araser le roc, et de poser dessus le tem
sieurs différences. Rosenmüller, après avoir ple qu'il voulait construire. Il est certain qu'il
fait ressortir ces différences, donne la liste y encastra la base de son édifice, poussant
des travaux considérables faits sur ces huit profondément au-dessous du sol naturel les
chapitres difficiles, que quelques-uns ont fondations qui devaient faire corps avec
cru, sur des motifs peu fondés, ne † être le temple à construire. Devons-nous donner
d'Ezéchiel même, mais interpolés plus tard à ces fondations elles-mêmes les dimensions
par un Samaritain, pour faire croire à la fixées dans le verset des Chroniques, ou bien
nouvelle colonie des Juifs que la construc ces mesures ne sont-elles pas plutôt celles
tion de leur temple était contraire au modèle de l'édifice supérieur lui-même ? Il est, je
donné par l'un de leurs plus anciens pro crois, permis de le penser, en voyant que ces
l† et qu'il fallait l'abattre; ou par un dimensions sont précisément celles que le li
lébreu, pour un motif que nous avouons ne vre des Rois assigne au temple proprement
pas comprendre. » (Voy. EICHHoRN, Introduc dit, et que de plus ces mêmes dimensions prin
tion à l'Ancien Testament, t. IV, p. 250, 4" cipales, s'il ne fallait voir ici que celles du
édition.) « Il y a dans ces chapitres, » dit le massif de fondation, ne seraient pas don
commentateur hébreu † e l'édition de nées dans le livre des Chroniques. Au reste,
Fürth (1811), « des confusions et des contra cela est si vrai, que le verset suivant, réuni
dictions; la rédaction n'est pas celle de la au précédent par la conjonction et, relate
description d'un édifice ; il y a des mots dont immédiatement les dimensions du portique
on ne connaît pas la signification, et qui ne antérieur ou pylône.
' 691 R04 DlCTIONNAlRE ROl 692
En résumé, sur la première question des parle des fondations du temple de Salomon,
fondations, les deux textes sacrés ne nous et celui-là ne présente plus les invraisem
apprennent, en outre de l'existence de blances palpables que nous venons de si
celles-ci, que ce fait, qu'elles étaient com gnaler en analysant le premier. Voyons donc
osées de blocs énormes, de grand prix et comment est conçu ce passage (Ant. Jud.XV,
ien taillés ; ils ne nous disent rien sur les xI, 3). L'historien des Juifs, racontant en
dimensions de l'ouvrage. Voyons maintenant détail la construction du temple bâti par
ce que nous a transmis Josèphe sur le même Hérode le Grand, parle des somptueux por
suiet. tiques dont l'édifice sacré fut entouré †
#st dans le chapitre III du livre VIII des ce monarque. « Ces portiques, au nombre
Antiquités judaiques que nous trouvons les de deux, dit-il, s'appuyaient contre la grande
détails de la construction du temple. Le pa muraille, et cette muraille constituait à elle
ragraphe 2 contient ce qui est relatif aux seule un des ouvrages les plus gigantesques
fondations de l'édifice, et voici en substance dont l'homme puisse entendre parler.Une
ce qui s'y lit : « Le roi (Salomon) jeta les colline rocailleuse et d'accès difficile était si
fondations du temple jusqu'à une profon tuée dans la région orientale de la ville ;elle
deur énorme ; ces fondations étaient com allait s'aplatissant légèrement jusqu'au
posées de blocs de pierre d'une très-grande sommet. Le roi Salomon, poussé par l'ins
dureté, et capables de résister à l'action du piration divine, entoura le sommet de cette
temps. Ces blocs, en se reliant au terrain, colline d'un mur de construction grandi0se,
devaient former une base suffisamment so commençant ce travail par le bas, et à partir
lide pour qu'elle pût supporter le poids de du pied même de la hauteur que longe au sud
l'édifice extérieur, augmenté de celui de une vallée profonde. Il revêtit le flanc de la
tout le système d'ornementation que le tem colline de blocs énormes, reliés entre eux
le devait recevoir, d'après les projets de Sa avec du plomb ; cet ouvrage gigantesque
omon, poids qui égalerait au moins celui continua de s'élever ainsi, les blocs employés
des matériaux employés à la construction remplissant à mesure tout l'espace vide,
Inême. Ces fondations, sur toute leur profon béant vers l'intérieur de l'enceinte ; si bien
deur, furent composées de blocs de pierre que l'étendue et la profondeur de cette cons
blanche. Cette maçonnerie en terre avait truction, qui présentait une masse quadran
soixante coudées de longueur, vingt de lar gulaire, étaient également effrayantes. 0n
geur, et soixante de hauteur. Au-dessus de pouvait juger de l'immensité des blocs mis
cette masse s'élevait un autre édifice (c'était en œuvre, à voir la surface de la constructi0n,
le temple) ayant précisément les mêmes di dont tout l'intérieur, relié par des armatures
mensions, de sorte que la hauteur totale de de fer, constituait une masse absolument in
la bâtisse était de cent vingt coudées. » destructible, et sur laquelle le temps ne p0ur
Nous allons voir que ces chiffres ne peu rait avoir de prise. -

vent être mis d'accord avec ceux de l'Ecri « Ce travail ayant été poussé jusqu'au ni
ture sainte. Mais auparavant nous , devons veau du sommet même de la † celui-ci
évaluer en mesures à notre usage celles que fut légèrement aplani; les cavités que pré
nous venons de transcrire. La hauteur totale sentait la surface comprise dans le grand mur
de la maçonnerie, fondation comprise, aurait d'enceinte furent comblées, toutes les aspé
été de soixante-trois mètres ; et sa largeur rités du roc furent rasées, de sorte que celle
de dix mètres cinquante centimètres, ce qui enceinte devint enfin une plate-forme par :
constitue, à vrai †
un édifice assez mé faitement plane. Cette grande enceinte avait
diocre. quatre stades de circuit, chacun de ses angles
Comme nous sommes en mesure de démon se trouvant compris entre deux côtés d'un
trer que ces deux dimensions de longueur et stade de longueur. A l'intérieur, le sommºt
de largeur doivent, lorsqu'il s'agit du temiple, de la colline ést entouré d'une autre muraille
être prises dans œuvre, il est impossible contre laquelle s'appuie vers l'orient un doº
d'admettre que les mesures attribuées par ble portique qui a la même longueur quelº
Josèphe au massif des fondations soient muraille élle-même, et qui fait face à l'en
exactes. En effet, il ne viendra jamais à l'i- trée du temple bâti au milieu de cette en
dée de personne que l'on ait bâti des mu ceinte : plusieurs de nos premiers rois enrº
railles extrêmement épaisses en porte-à-faux chirent et ornèrent ce portique. Tout autour
au-dessus d'une fondation qui avaitjustement du temple étaient attachés des trophées
- la dimension voulue pour être recouverte par formés des dépouilles des nations barbarº
le vide intérieur de l'édifice qu'elle devait sup vaincues par les Juifs. Hérode consacrat0º
porter. La masse solide d'une fondation quel ces trophées, en y ajoutant ceux qu'il avaº
•|
·# conque doit présenter une surface de beau "# de ses victoires sur les Arabes ",
cOup Supérieure, et dans tous les sens, à el est le récit de Josèphe ; comme il s#
% celles que doit occuper le plan de l'édifice git en réalité cette fois de constructions qu'!
au niveau du sol, si § veut satisfaire aux avait eues sans cesse sous les yeux, et q!
-- 4
conditions élémentaires de stabilité ; telles le temps et la rage des hommes avaient dû
que Josèphe nous les décrit dans ce passage, forcément respecter, nous examinerolis º
les fondations du temple de Salomon n'eus récit avec le plus grand soin, afin d'en tiº
sent en aucune façon consolidé un édifice tout ce qui peut nous aider à discerner lº
qu'elles ne supportaient pas du tout. magnifiques fragments de construction †
Un autre chapitre du livre de Josèphe lomonienne, répandus cncore aujourd
695 ROl DES ANTIQUITES BlBLIQUES. R0I 694
sur toute l'étendue de l'enceinte du Haram Setty-Maryam, que les Chrétiens appellent
es-Chérif, ou de la mosquée sacrée qui a porte de Saint-Etienne ; à cet angle même,
pris la place du temple de Salomon. et sur la face orientale de l'enceinte, onze
Et d'abord, de ce que nous venons de dire assises de blocs salomoniens sont restées
il résulte, de la manière la plus précise, l'exis intactes. Quelques-uns des blocs qui compo
tence d'une muraille d'enceinte bâtie par Sa sent ces assises ont une saillie en bossage
lomon lui-même autour de la plate-forme à très-considérable , et s'élevant sur le plan
moitié naturelle, à moitié factice, en laquelle dans lequel est compris le cadre de †
la colline de Moriah avait été transformée ment. J'ai mesuré plusieurs de ces blocs, et
par un admirable travail. Cette plate-forme il s'en trouve un qui n'a pas moins de sept
existe toujours, et elle n'a subi aucune alté mètres vingt-cinq centimètres de longueur
ration, ainsi que l'on en peut parfaitement sur un mètre de hauteur. Malheureusement.
juger, comme je l'ai fait moi-même, de la ter j'ignore ce qu'ils peuvent avoir de queue.
rasse du Seraï, qui est placée vers le milieu du c'est-à-dire de longueur intérieure; mais oI1
front septentrional de l'enceinte actuelle. peut juger par les seules dimensions con
Mais ce n'est pas la plate-forme seule qui a nues, de l'énormité de l'appareil salomonien,
résisté aux destructions dont la ville sainte a qui faisait à bon droit, ainsi que nous l'avons
été affligée, le mur salomonien de l'enceinte vu plus haut, l'admiration de l'historien Jo
primitive, détruit en beaucoup de points, a sèphe.
néanmoins présenté dans tous les autres une Les onze assises cessent bientôt de se
maçonnerie si compacte et si résistante , que montrer, les inférieures seules étant res
par-ci par-là on retrouve des portions de tées en place. La face salomonienne, qui se
cette enceinte primitive, qui paraissent de présente ainsi la première, est en retraite de
construction récente, tant est merveilleuse trente-quatre centimètres, sur la face du mur
leur conservation, tant est splendide le choix moderne, dans lequel s'ouvre la porte de
des matériaux qui le composent ! Nous re Saint-Etienne ; elle a un développement de
viendrons tout à l'heure en détail sur l'état vingt-cinq mètres soixante centimètres. A
actuel de cette enceinte salomonienne : il l'extrémité de cette face commence, en retraite
nous faut auparavant examiner le chiffre que de deux mètres vingt-cinq centimètres, une
Josèphe assigne à l'étendue de la muraille ex face de quarante-cinq mètres de développe
térieure. ment , avec soubassement formé de deux
Cette muraille , dit-il, formait un carré de assises de blocs salomoniens, en retraite l'un
quatre stades, c'est-à-dire d'un stade (cent sur l'autre detrente-cinq centimètres; la même
quatre-vingts mètres) de côté. Ici nous devons retraite de trente-cinq centim. existe entre le
constater que Josèphe, qui avait dû admirer mur supérieur et la face de la deuxième as
Inaintes fois la noble structure de cette encein sise. C'est naturellement à partir de la face
le, n'en avait certainement pas mesuré rigou de ce mur supérieur que doivent se compter
reusement les faces. Pour son souvenir, c'était les deux mètres vingt-cinq centimètres de
un nombre rond de quatre stades, qui en distance qu'il y a entre les plans des deux
représentait le circuit ; écrivant bien loin de faces de mur adjacentes. A l'extrémité sud
Jérusalem, il lui était permis de commettre des quarante-cinq mètres reparaît l'appa
des erreurs sur des dimensions qu'il n'avait reil salomonien , avec une saillie telle, que
jamais mesurées, et qu'il fixait grosso modo la face commençant en ce point suit exacte
et de mémoipe. ment le prolongement de la face salomo
J'ai levé avec le plus grand soin toutes les nienne de l'angle nord - est. A vingt-cinq
portions accessibles de l'enceinte du haram, mètres en deçà de ce nouvel angle, se trou
enceinte qui est très-certainement identique vent deux assises sans retraite, formées de
avec celle du temple de Salomon, et voici deux pierres énormes, ayant cinq mètres
quelles sont les dimensions que j'ai obte soixante-quinze centimètres de longueur sur
nues par ce travail. La face orientale a un un mètre soixante-cinq centimètres de hau
développement de trois cent quatre-vingt teur. Entre ces blocs immenses et la nouvelle
quatre mètres, c'est-à-dire de plus de deux face de mur salomonien, l'appareil est petit ;.
stades, tandis que la face méridionale n'a le mur d'enceinte est † conséquent mo
† que deux cent vingt-cinq mètres, c'est derne en ce point, et il a été vraisemblable
ment destiné à fermer une brèche.
-dire un stade et un quart. Enfin, la face
occidentale, qui n'est pas mesurable directe La face salomonienne suivante, qui com
ment, est inclinée sur la face orientale, de mence à quatre-vingts mètres soixante cen
telle façon que la face nord soit plus grande timètres de l'angle nord-est a un développe
que laface sud, d'une quantité notable. ment de vingt et un mètres cinquante centi
Voici maintenant l'énumération des por mètres , et les assises inférieures sont celles
tions salomoniennes existant encOre aujOur de l'appareil salomonien.
d'hui dans la vaste muraille de clôture du Vient alors une nouvelle face de muraille,
haram. ayant deux mètres de saillie sur la précédente,
L'angle nord-est est très-bien conservé, et et un développement total de seize mètres
une amorce de la muraille, faisant face au quatre-vingt-dix centimètres. C'est là qu'est
nord, se prolonge de l'est à l'ouest, en se placée la porte Dorée. Sauf les piédroits
reliant à la fortification moderne. Cet angle des deux arcs de la porte et les archivoltes
se trouve à trente et un mètres cinquante de celle-ci, tout y est moderne et de cons
« cntimètres en arriere de la - baie du Bab truction turque. Ces piédroits ont deux me
695 ROl DICTIONNAIRE R0H 696

tres dix centimètres de largeur ; et ils sont bien aisée à élargir de droite et de gauche. La
construits en pierres de taille de dimensions porte Dorée est située en effet de façon à se
bien supérieures, sans doute, à celles des trouver tout à fait rejetée à droite, c'est-à-
blocs de la maçonnerie turque, dans laquelle dire au nord de l'axe est-ouest de la plate
elles sont enclavées , mais § inférieures à forme construite par Salomon sur le mont
celles des blocs salomoniens. Comme je n'ai Moriah. Toutefois nous ne pouvons absolu
en ce moment à m'occuper que des vestiges ment conclure sur ce point rien de positif, et
de l'enceinte primitive, je m'abstiens d'en il n'y a pas d'autre raison que § que je
trer dans tout détail sur la construction de la viens de donner, pour se refuser à voir dans
porte Dorée, à laquelle je reviendrai en temps la porte Dorée une porte reconstruite sur la
èt lieu. place même qu'avait occupée la porte salomo
A quinze mètres cinquante-cinq centimè nienne ouvrant à l'est.
tres au sud de la porte Dorée, se voit une Mais revenons à notre description de l'en
etite poterne murée, de deux mètres de hau ceinte actuelle du haram, pour y rechercher
leur, sur un mètre cinquante centimètres de les traces de l'enceinte primitive de Salo
largeur au plus. Depuis le ressaut de la face IIlOIl.
dans laquelle est percée la porte Dorée jus
u'au côté droit de la poterne, toute la base deAprès les cent quatre-vingt-quatre mètres
muraille moderne, reparaissent, sur une
u mur d'enceinte est salomonienne, et la longueur de neuf mètres seulement, des blocs
. !
hauteur de la poterne est exactement formée salomoniens; puis de nouveau un pan de
de deux hauteurs des assises de ces blocs
rhabillage moderne, de onze mètres d'éten
énormes. A partir du côté gauche de la po due. A partir de là, jusqu'à l'angle sud-est,
terne, la construction salomonienne disparaît les blocs salomoniens se remontrent en place,
pour un certain temps, mais l'appareil est et là encore quelques-uns atteignent des di
toujours très-beau. Ou bien nous avons ici, mensions énormes : ainsi, l'un d'eux, que
ainsi que je le crois, un pan de mur de l'é- j'ai mesuré, porte sept mètres quatre-vingt
oque d'Hérode, ou bien nous sommes en cinq centimètres de longueur sur un mètre
ace d'une reconstruction datant de l'époque
d'Adrien, c'est-à-dire du haut empire. Le de hauteur. Du point où cet appareil reparait
linteau de la poterne murée que je viens de jusqu'à l'angle sud-est, il y a une longueur
de soixante-huit mètres quatre-vingts centi
mentionner est formé d'une seule pierre, sur mètres. C'est vers ce point que j'ai découvert
laquelle on distingue encore, avec un peu les traces d'un balcon salomonien. Voici en
d'attention, une croix grecque pattée, peinte quoi elles consistent.A vingt-cinq mètres en
en rouge et entourée d'un double cercle vert arrière de l'angle sud-est, le mur rentre de
bordé de rouge, et d'un troisième cercle den douze à quinze centimètres sur une largeur
ticulé et peint en rouge. Cette marque, es de trois mètres cinquante centimètres; il fait
sentiellement chrétienne, est bien évidem ensuite saillie de la même quantité sur une
ment antérieure à la reprise de Jérusalem par largeur de six mètres, pour rentrer encore
les musulmans; et il ne peut être douteux que sur une largeur de un mètre quatre-vingts
la poterne en question ne soit celle qui est centimètres, au delà de laquelle il se retrouve
désignée sous † nom de porte de Josaphat. dans le plan extérieur général de cette por
dans la description de la Jérusalem des croi tion de la face orientale de l'enceinte. Il y a
sades.
donc, en d'autres termes, une saillie du mur
A partir de la poterne commence, ainsique je salomonien de six mètres de lârgeur, enca
viens de le dire, une face de muraille héro drée entre deux faces en retraite et de lar
dienne, ou tout au moins romaine, qui a un geur différente. L'assise inférieure est aux
développement de dix-huit mètres trente cen trois quarts enterrée dans les détritus de toute
timetres. Là se présente une nouvelle saillie nature amoncelés autour de l'enceinte du
de soixante-dix mètres sur la face précédente ;
et, sur une étendue de cent quatre-vingt-qua haram, et formant un sol couvert d'herbe
torze mètres, la nouvelle muraille présente, qui, à partir de ce point, est en pente très
par-ci par-là,des fragments de l'appareil d'Hé
†e jusqu'à
I'81||0.
l'angle sud-est de la mu
rode ou des Romains, mais presque partout du
rhabillage turc. C'est dans cette partie que se L'assise qui est placée au-dessus de celle
voient encastrés dans la maçonnerie des bouts dont je viens , de parler est composée de
de colonne de matière parfois magnifiques et deux grands blocs et d'un petit bloc carré
faisant saillie à l'extérieur. Ces cOlOnneS, en qui a été rajusté à droite. # deux blocs
castrées là par les Arabes ou les Turcs, pro principaux sont en saillie de quarante centi
viennent très-Gertainement des édifices somp mètres sur la face du mur, et forment un
tueux qui, depuis le temple de Salomon, se énorme boudin ou tore. Au-dessus est une
† succédé sur le plateau du mont Mo assise de un mètre cinquante centimètres de
I'l8l[l, hauteur, formée de deux blocs égaux, de trois
Je suis très - porté à croire que la porte mètres de largeur chacun, et taiſ§n vérit .
orientale de Salomon s'ouvrait dans cette bles voussoirs, c'est-à-dire évidés en arc de
longue face, aujourd'hui remplacée par de la Cercle à leur partie inférieure, de façon à
construction turque, et qui par conséquent a donner une longueur de soixante-quinze cen
bien plus souffert que les autres portions, timètres au pan coupé supérieur qui repré
précisément parce que la porte qui § était sente un joint. Une seule pierre, de moitié
Guverte offrait déjà une brèche toute fa.^e et moins haute que les précédentes, recouvre
697 R0l DES ANTIQUlTES BIBLlQUES. R01 698

les deux voussoirs, et formait vraisemblable mètres dix centinmètres de largeur. Ces diffé
ment le sol d'une fenêtre avec balcon, don rences essentielles suflisent pour démontrer
nant sur cette portion de la vallée de Josa ue ces deux portes sont tout à fait en dehors
phat qui renferme la fontaine de Siloé, le † seule et même ordonnance générale ;
village de Siloam et les beaux jardins potagers en d'autres termes, la porte Dorée étant de
dont est rempli le fond de la vallée. Effecti l'époque d'IIérode, ainsi que j'espère bien le
vement un seul bloc d'un mètre quatre-vingts démontrer, il faut nécessairement que la
centimètres de hauteur, sur un mètre de lar triple porte murée qui se voit à la face sud
geur, est dressé au milieu du plateau de six de l'enceinte soit d'une époque différente. Ce
mètres faisant sol de fenêtre; et à droite et à
gauche de ce bloc vertical, sont deux ouver
† achève de le prouver, c'est que les pié
roits de la porte Dorée sont lisses, tandis que
tures d'un mètre quatre-vingts centimètres ceux des portes du sud étaient ornés de
de hauteur, sur deux mètres cinquante cen moulures. Les baies primitives étaient-elles
timètres de largeur, murées en pierres de au nombre de trois ? ll est très-permis d'en
petit appareil, et par conséquent sans accord douter, puisque les archivoltes et toute la
avec aucune des portions de mur placées au maçonnerie qui ferme les baies sont d'appa
tour de ce point. rence romaine, et ne datent peut-être que de
Enfin, au ras du sol de la fenêtre et à l'époque à laquelle Justinien, selon le témoi
gauche, existe encore dans le mur un bloc gnage de Procope, fit élever de riches cons
assez gros qui porte deux encastrements car tructions religieuses autour de l'emplacement
rés fort distincts, dont l'un est immédiate primitif du temple.
ment en contact avec le montant gauche de Je viens de parler de moulures qui or
la fenêtre de gauche et avec le sol de cette naient les piédroits de la porte primitive à la
fenêtre, et l'autre un peu plus haut de quel quelle fut substituée la triple porte murée ;
ques centimètres, et rejeté un peu à l'exté voici ce qui m'a révélé l'existence de ces mou
rieur. Ces encastrements n'ont pas été taillés lures. Au piédroit de gauche de l'arcade
là sans raison; et pour moi il est évident occidentale de la triple porte murée, se trouve
qu'ils ont été destinés à assujettir une balus en place un § bloc orné de moulu
trade qui garnissait la double baie à balcon res, et qui n'est et ne peut être qu'un fragment
que je viens de décrire. du piédroit primitif, resté en place. Or ce
Certes, le fait de l'existence d'uné fenêtre fragment, qui se relie immédiatement à des
à balcon en encorbellement, construite à assises de l'appareil salomonien, est salomo .
l'époque salomonienne (car il faut de toute nien lui-même, car il est garni de son enca
nécessité attribuer cette antiquité à la partie drement en bossage sur toute sa hauteur. Il
du mur d'enceinte dans laquelle elle est per nous offre une moulure qui n'est ni byzantine,
cée), est un fait que les architectes seront ni romaine, ni grecque, qui, en un mot, ne
fort étonnés, je crois, de voir affirmer sans ressemble à rien de ce que l'architecture
scrupule. Mais qu'ils ne se hâtent pas de classique nous montre; force est donc d'y
s'étonner outre mesure, à l'annonce de ce voir autre chose, et cette autre chose ne peut
premier exemple de l'usage des voussoirs à être qu'une moulure juive, et mieux encore,
douelle circulaire, par les artistes qui vivaient qu'une moulure salomonienne.
à Jérusalem du temps de Salomon, car je vais Je m'abstiendrai de donner la description
tout à l'heure constater, à l'aide d'un fait minutieuse de cette moulure, pour épargnér
bien plus positif encore, l'emploi, dès l'épo au lecteur l'ennui de se rendre compte d'une
que de Salomon, de la voûte véritable chez série de mots techniques et de chiffres of
frant un ensemble assez difficile à saisir.
les Juifs, auxquels on déniait naguère un art
national. Revenons à l'enceinte extérieure du temple
de Salomon.
A partir de l'angle sud-est, la muraille a un A partir du flanc gauche de la dernière des
développement en ligne droite de cent qua trois arcades composant la triple porte, au .
ronte-six mètres cinquante centimètres jus jourd'hui murée, qui à l'époque romaine fut
qu'au mur latéral du jardin attenant à la substituée à une des portes construites par
mosquée d'El-Aksa; la construction salomo l'ordre de Salomon lui-même, reparaissent
nienne se présente immédiatement à l'angle, immédiatement les assises salomoniennes, qui
et elle continue sur une étendue de trente et
se relient, je le répète à dessein, avec le bloc
un mètres vingt-deux centimètres, jusqu'à à moulures formant piédroit. Ces assises se
une porte ogivale murée, datant probable montrent sans interruption jusqu'auprès du
ment, de l'époque musulmane antérieure aux mur de clôture moderne du jardin dépendant
Croisades.
de la mosquée d'El-Aksa, mur qui vient
A trente mètres à gauche de cette première recouper perpendiculairement la grande mu
porte se voient trois arceaux d'apparence raille du temple, à soixante-dix mètres vingt
romaine, en plein cintre et murés comme la deux centimètres de la triple porte mu
porte ogivale précédente. Les baies de cette rée.
triple porte ont chacune quatre mètres trente Le mur de clôture du jardin d'El-Aksa
deux centimètres d'ouverture, et les pié coupe, à peu près par le milieu, une porte
droits ont un mètre soixante-quinze centi antique à demi enterrée, d'un style étrange,
Inètres de largeur, tandis qu'à la porte Dorée et chargée d'une ornementation compléte
les baies ont trois mètres quatre-vingts cen ment analogue à celle de la porte Dorée.Je
timetres d'ouverture et les piédroits deux considère donc cette seconde porte comme
609 IR01 DICTI()NNAIRE R0l 700

contemporaine de l'autre, et je reviendrai normal à la surface de l'intrados, et qui est


plus tard sur son compte. aujourd'hui mis à nu. Cette même naissance
Arrivé en ce point sur le terrain, j'ai bien du joint est en saillie d'un mètre cinquante
été forcé d'abandonner le pied de la muraille centimètres sur la surface extérieure du mur
d'enceinte du temple, et de la rechercher au d'enceinte, à laquelle la partie inférieure de
delà du jardin d'El-Aksa. Rentrant donc dans la courbe génératrice de la voûte est à peu
Jérusalem par le Bab-el-Morharibeh, la porte près tangente. Ayant mesuré la corde du
occidentale, gagnant la place où sont établies voussoir inférieur et la corde de l'ensemble
les huttes des lépreux, et descendant à tra des deux voussoirs supérieurs, rien n'est plus
vers les cactus qui couvrent l'escarpement aisé que de déterminer le centre, le rayon, et
oriental du mont Sion, dans le fond d'un petit par suite le diamètre de la voûte. Le rayon
vallon semblablement couvert de cactus, et du cercle est de huit mètres trente-cinq cen
ui n'est que le Tyropœon (la vallée des timètres, et le centre est placé à quatre
Fromagers), j'ai retrouvé, sur le bord opposé vingt-cinq centimètres au-dessous du plan
de ce vallon, l'angle sud-ouest de l'enceinte dans lequel se trouve la saillie qui recoupe
primitive du temple. Cet angle est de cons l'arête inférieure de la voûte. L'arc généra
truction salomonienne, et il est facile de voir teur n'est donc pas une demi-conférence en
par-dessus le mur de clôture du jardin d'El tière, et la voûte avait, à très-peu de chose
Aksa, mur qui est très-bas en ce point, que la près, seize mètres soixante-dix centimètres
face sud de l'enceinte du temple est, aussi d'ouverture. Par suite, la flèche de cette voûte
loin qu'on peut l'apercevoir, de construction avait sept mètres cinquante centimètres au
salomonienne. dessus du plan de naissance. Il n'y a rien là,
L'angle même est formé d'assises salomo à vrai dire, d'exorbitant, et avec un tablier
niennes en fort bon état; elles sont en retraite d'un mètre d'épaisseur seulement, le chemin
de cinq centimètres les unes sur les autres. desservi parce pontdevait aboutir, sans rampe
Là, comme toujours, les blocs sont en bos aucune, au plateau oppOsé, † même, avec
sage, c'est-à-dire encadrés par un cordon les remblais qui ont dû le combler, n'est guère
lisse d'une dizaine de centimètres de largeur ; aujourd'hui que de sept mètres au-dessus du
† de ces blocs atteignent des fond actuel du Tyropœon.
imensions incroyables. Ainsi l'un d'eux a Si les dimensions d'un pareil pont sont
une longueur de neuf mètres trente-cinq imposantes et dénotent des connaissances ar
centimètres, sur plus d'un mètre de hauteur. chitectoniques fort développées, elles n'ont
Qui sait de combien il pénètre dans la ma absolument en soi rien qui permette de ré
çonnerie ? voquer en doute l'existence d'un pont qui
A douze mètres en arrière de l'angle sud avait probablement deux arches, et qui reliait
ouest, sur la face occidentale, on voit en place en ce point le plateau du mont Moriah, ou du
trois rangs de voussoirs magnifiques qui ont temple, avee celui du mont Sion, ou du pa
inconstestablement appartenu à † d'un lais. Depuis que l'existence de cet intéressant
pont qui traversait le Tyropœon. Nous allons débris a été signalée par le Rév. Robinson, 0n
étudier en détail cet intéressant débris de a parfois été tenté de regarder cette arche
l'artjudaïque. ruinée comme l'amorce d'une des voûtes qui
La largeur du pont, c'est-à-dire perpendi existentindubitablement dans les substructions
culairement à son axe, est de quinze mètres d'El-Aksa. Mais comme notre arche est tout
cinquante centimetres. Un voussoir manque entière appliquée à l'extérieur de l'enceinte
à l'assise supérieure, et il est remplacé par de salomoniènne, si heureusement conservée à
la maçonnerie en petit appareil se reliant à droite et à gauche, il ne me paraît pas pos
celle de la portion supérieure du mur contre sible de s'en tenir à cette hypothèse, qui se
lequel est appliqué le pont, portion qui est réfute d'elle-même.
par conséquent moderne. A gauche du pont, Il y a plus, l'historien Josèphe supplée au
c'est-à-dire en se dirigeant au nord, la cons silence des saintes Ecritures, et il parle à di
truction salomonienne se montre sur une verses reprises du pont qui joignait le temple au
étendue de dix-neuf mètres quatre-vingts Xystos, cette espèce de forum où se tenaient
centimètres. Là est appliqué un petit escalier les assemblées du peuple de Jérusalem. Nous
à palier, qui conduit à l'intérieur du Haram lisons dans son livre sur la Guerre des Juifs
es-Cherif. Au delà sont des bâtiments d'ha (I, vII, 2 : Cf. Ant. Jud., XIV, Iv,3), que pen
bitation, appliqués contre le mur de l'enceinte dant le siége de Pompée, les partisans d'Aris
primitive du temple, et remplissant le fond tobule se réfugièrent dans l'enceinte du tem
du Tyropœon. Ces bâtiments commencent le ple, décidés à s'y défendre jusqu'à la dernière
pâté de maisons particulières modernes qui extrémité, et qu'ils coupèrent, avant de s'en
masque l'enceinte jusqu'au Heit-el-Morhar # fermer, le pont qui reliait le temple à la ville.
pan de mur sacré pour les Juifs, et sur le Cette citation suffit pour démontrer , que
†º duquel j'aurai à revenir un peu plus l'existence de ce pont est antérieure au règne
0lI]. d'Hérode le Grand, et que par conséquent il
La voûte du pont, en arc de cercle, com n'est pas permis d'y voir une construction
mence au-dessus d'une assise de gros blocs contemporaine de ce monarque.Je tiens extrè
salomoniens, en saillie de quarante-cinq cen mement à cette remarque, parce qu'ellejus
timètres sur la face du mur primitif. Ce qui tifie pleinement, à mon sens, l'opinion que
reste de l'intrados a une hauteur verticale de j'ai conçue sur place, etaprès mûr examen, sur
quatre mètres jusqu'à la naissance du joint ia véritable originc de toutes les parties de
701 RO1 DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 1{(J1 7(j2

. enceinte sacrée auxquelles j'assigne une ori larmes sur les malheurs de leur nation, et
gine salomoniene. sur la destruction du temple dont il ne leur
De tous les passages extraits des écrits de est plus permis de franchir l'enceinte sons
Josèphe et qui ont trait à cet admirable pont, s'exposer à une mort certaine qui resterait
il n'en est pas un qui ne s'accorde parfai
tement avec la position de l'arche ruinée que º#
En arrivant devant le Heit-el-Morharby
# viens de décrire. Pour moi donc , et, je j'ai été frappé d'admiration. Sur une hauteur
'espère, pour tous ceux qui voudront bien de plus de douze mètres, la construction sa
lire avec attention et sans parti pris d'avance lomonienne est restée intacte.Jusqu'à deux
la description que je viens d'en donner, ce à trois mètres au plus du faîte de la mu
pont est de la plus haute antiquité, et, quoi raille, les assises de blocs en bossages so::t
| qu'en puissent dire les architectes, je me crois superposées. Il suffit d'un seul coup d'œil
en droit d'affirmer qu'il est bien de l'époque pour reconnaître que la tradition juive est
des rois de Juda, et très-probablement même vraie, et que ce mur appartient bien réelle
: " .
construit par l'ordre de Salomon.
Cette opinion reporte assez haut l'emploi de
ment à l'enceinte construite par le roi Salo
mon. Jamais un mur semblable n'a été cons
la voûte, eu égard à l'idée généralement adop truit ni par des Grecs, ni par des Romains ;
tée, faute de faits contraires bien constatés, nous avons donc infailliblement là un magni
que l'usage de la voûte est postérieur de plu fique échantillon de l'appareil purement hé
sieurs siècles à l'époque que le pont salomo braïque.
nien lui assigne. Une fois de plus les théories Dans les assises inférieures, les blocs sont
conçues au fond d'un cabinet d'étude auront assez régulièrement d'une largeur double de
reçu un démenti, et je suis loin de m'en leur hauteur; parfois cependant des blocs car
étonner. L'absence de toute voûte dans les rés se trouvent juxtaposés entre les blocs à
édifices antiques de l'Egypte avait en quelque grande largeur. Les quatre dernières assises,
Sorte légitimé cette théorie; mais les Juifs ne vers le sommet du mur, sont formées de
tirèrent pas de l'Egypte seule les principes de blocs carrés, sauf l'avant-dernière, qui est
l'art qu'ils adoptèrent , et plus d'une fois déjà composée de blocs trois fois plus longs que
j'ai pu constater, de la manière la moins équi hauts. A mesure que les assises s'élèvent au
voque, l'action d'une influence purement dessus du sol, les dimensions des blocs dimi
assyrienne sur cet art judaïque. Cette fois en nuent. Enfin chaque assise est en retraite de
core les ruines de Ninive viennent à notre aide et cinq centimètres sur celle qui la précède, et
me donnent pleinement raison. Je dirai donc, ces retraites successives, déjà constatées à l'an
ne fût-ce que pour éviter un ennui à ceux qui gle sud-ouestde l'enceinte,constituent unfruit
seraient tentés de s'inscrire en faux contre considérable pour la muraille salomonienne.
ce fait architectural désormais inconstesta La portion de muraille dont l'approche est
ble, † magnifique voûte en plein cin permise aux Juifs est comprise entre le mur
tre et de douze mètres sous clefa été retrouvée d'enceinte du Mekhemeh † et le mur
ar mon ami, M. V. Place, dans ses merveil de clôture d'une maison particulière.Sa lon
: euses fouilles de Khorsabad. A celles-là il fau
dra bien que l'on attribue, bon gré mal gré,
gueur, mesurée entre ces deux limites, est
de vingt-neuf mètres soixante-dix centimè
à tout le moins, six cent vingt-cinq ans d'an tres. Au delà des barrières infranchissables
tériorité à l'ère chrétienne, puisque l'an 625 que forment les édifices modernes que je
avant Jésus-Christ est la date précise de la viens de citer, la muraille antique se pro
destruction de Ninive. longe en ligne droite de douze mètres en
Ceci dit, continuons notre examen des par viron à droite et de onze à gauche, c'est-à-
ties salomoniennes de l'enceinte du temple. dire vers le Mekhemeh. Plus loin la muraille
Jusqu'au Heit-el-Morharby, dont nous allons sacrée ne paraît plus. Enfin, le mur primitif
nous occuper actuellement, il n'est pas pos est couronné à son sommet par quelques
sible de constater l'état de cette enceinte, assises régulières, il est vrai, mais formées
*. grâce aux constructions modernes de toute de petites pierres de taille. Ces assises sont
::- nature qui l'encombrent et la masquent. Au évidemment de construction très-récente, et il
' . delà de cette muraille sacrée pour tous les en ne me paraît pas possible d'en faire remonter
fants d'Israël, les constructions particulières, l'âge plus haut que l'époque musulmane. .
et notamment celles du bazar, couvrent le Sur la face du mur salomonien se voient
Imur d'enceinte, et l'on ne pourrait que très des entailles considérables qui ont servi, à
diſſicilement avoir une idée précise de la na une époque indéterminée, à appliquer un
ture de celui-ci. fronton, en ce point de l'enceinte du temple.
Les Juifs ont de tout temps considéré ce Peut-être § été pratiquées lors de la
pan de mur comme un débris du temple pri reconstruction du temple par Hérode, pour
mitif. A force d'argent ils ont obtenu des qui l'emploi des frontons devait être tout na
Turcs que l'approche de cette muraille ne turel. D'un autre côté, y eut-il au-dessous de
leur fût pas interdite; la base de la muraille ce fronton une porte ou poterne donnant
a donc été dégagée pour former une petite accès dans l'enceinte sacrée, et percée dans
place étroite, ou mieux, une ruelle pavée, la muraille primitive? Je l'ignore. Il faudrait,
sorte de sanctuaire où ils viennent piier le pour s'en assurer, pouvoir pénétrer dans les
vendredi soir. Là, je les ai vus se prosterner, maisons particulières qui masquent ce point :
enfoncer la tête dans les interstices de pier mais en pareil pays la chose n'est pas facile
Tes bénies pour eux, ct pleurer à chaudes à tenter , jc le sais par expérience.
705 ROI 704
| DICTIONNAIRE R0I
Nous avons malheureusement fini avec ce J† de
Nous avons déjà transcrit le
qui reste actuellement visible, pour nous Josèphe (Ant. Jud., VIII, III, 2) dans lequel
Chrétiens, des véritables constructions salo
il est question des dimensions données aux
moniennes du temple. C'est bien peu de fondations du temple.J'ai fait voir que ce
chose, sans doute, et cependant nous pou passage, quant aux chiffres, ne méritait pas
vons, en résumant, énumérer déjà des faits de confiance, et il ne me sera pas difficile
architectoniques qui doivent nous donner de démontrer mieux encore que j'ai raison
une très-haute idée de la science des cons d'en être convaincu. Cette démonstration va
tructions pratiquées par les Juifs dès le rè ressortir pleinement des mesures mention
gne de Salomon, c'est-à-dire plus de dix siè nées dans les deux textes bibliques que je
cles avant l'ère chrétienne. Les murailles
viens de rapporter. Le Livre des Rois est
étaient bâties de magnifiques blocs en bos précis : le temple, proprement dit, avait
sages, jointoyés avec un soin extrême et soixante coudées de longueur, vingt de lar
atteignant des dimensions très-imposantes. geur et trente de hauteur. Ces trois dimen
Pour que les conditions de solidité fussent sions traduites en mètres nous donnent, pour
remplies, le fruit à donner à ces murailles la longueur, trente et un mètres cinquante
n'était pas insensiblement réparti sur toute centimètres; pour la largeur, dix mètres cin
leur hauteur; mais les assises superposées quante centimètres, et, pour la hauteur,
étaient de hauteur parfaitement régulière , quinze mètres soixante-quinze centimètres,
afin que chacune d'elles pût être en retraite Je ne puis, à propos de ces mesures, que ré
de cinq centimètres environ sur l'assise pré péter ce que j'ai déjà dit, à savoir, que le
cédente. Enfin l'usage de la voûte circulaire, temple n'avait en aucune façon des dimensions
et de l'encorbellement pour les sols de bal colossales.
con, existait chez les Juifs, et ceci implique Dans la Bible, le Livre des Rois seul nous
forcément une science très-avancée de la
parle de la hauteur du temple; les Chro
coupe des pierres, et de l'appareillage des niques n'en disent rien, mais Josèphe donne
voussoirs. L'art judaïque avait donc des res au temple soixante coudées , de hauteur,
sources que les † eux-mêmes n'a-
d'où il résulte pour lui que la hauteur totale
vaient pas, puisqu'il paraît très-probable que de la bâtisse, fondations comprises, était de
ceux-ci n'ont pas connu la construction des cent vingt coudées, les fondations ayant,
voûtes.
à ce qu'il dit, exactement les mêmes dimen
J'ai bien longuement, j'en conviens, décrit sions que la construction au-dessus du sol.
d'humbles pans de murailles; mais je ne sau C'est là , je l'ai déjà dit, un mode de
rais le regretter, et on me le pardonnera, construction que réprouvent les règles élé
† en pensant à ce que furent ces mu
rattachent monument
mentaires de l'art de bâtir. Ces chiffres de
railles, qui se au le Josèphe sont donc erronés; mais comment
plus somptueux dont l'antiquité sacrée mous a-t-il pu être conduit à les adopter ? C'est
ait légué le souvenir. Du moment qu'il s'a- ce que nous allons essayer de reconnaitre.
gissait du temple de Salomon, j'ai cru qu'au Tout à l'heure j'établirai d'une manière
cun détail ne paraîtrait minutieux, et que, indubitable que les dimensions que je viens
bien plus, on me saurait gré d'avoir été cher de transcrire du Livre des Rois doivent être
cher ces détails, pour les discuter ainsi que je comptées dans œuvre; toutes les autres di
viens de le faire. mensions du même genre que nous allons
Maintenant que nous sommes arrivés au passer en revue doivent donc être comptées
† où les textes seuls, sacrés ou pro
anes, peuvent nous venir en aide, nous nous
de même; car il ne saurait venir à l'idée de
personne que l'écrivain sacré ait donné, in
efforcerons de les interpréter, en les éclaircis différemment, des mesures prises dans œu
sant lorsqu'ils paraîtront obscurs, mais nous vre ou compliquées des épaisseurs des mu
confesserons humblement notre insuffisance, railles ; c'eût été en effet rendre sa descrip
toutes les fois que la tâche de commentateur tionincompréhensible pour tout le monde.
sera au-dessus de nos forces. Etudions donc Le temple (hikal) avait un portique ou ves
les trois descriptions du temple que nous li tibule ( doulem ) dont les dimensions sont
sons dans le Livre des Rois, dans celui des fixées ainsi : Le portique devont le temple
Chroniques et dans les Antiquités judaiques de la maison avait vingt coudées de lon
de Josèphe, afin d'en § † connaissance gueur, répondant à la largeur de la maison,
approximative de cet illustre édifice, et d'en et dix coudées de largeur sur le devant de
pouvoir déterminer au moins le plan. la maison. (I Rois, v1, 3. )— Et le portique
Occupons-no us d'abord des dimensions qui était devant, dont la longueur répondait
des parties principales. Nous lisons dans le à la largeur de la maison, était de , vingt
l" Livre des Rois (iv) : 2. Et la maison qze coudées, et la hauteur de cent vingt. Il le cou
le roi Salomon bâtit à l'Eternel avait soixante vrit en dedans d'or pur. (II Chroniques, III.4 )
coudées de longueur, vingt de largeur et trente Enfin Josèphe nous apprend ( loc. cit,)
de hauteur. Le passage correspondant II° Li qu'un vestibule, auquel il donne le nom dº
* re des Chroniques est ainsi conçu (III) : 3. pronaos, était à l'entrée du temple, qu'il
Et voici la fondation que posa Salomon pour avait vingt coudées de longueur, celle-ci
la construction de la maison de Dieu : la lon étant comptée dans le sens de la largeur du
gueur, d'après les coudées de l'ancienne mc temple, dix coudées de largeur et cent vingt
sure, soixante coudées, ct la largeur vingt de hauteur. - -

coudées. Ces mesures reviennent à soixantt trois


705 R01 DES ANTIQUITES BIBLIQUES. ROI 706
mètres de hauteur, dix metres cinquante Coudées. Mètres.
centimètres de longueur perpendiculaire à Largeur dans œuvre. 20 10,50
l'axe du temple, et cinq mètres vingt-cinq Hauteur au-dessus du sol. 50 15,75
centimètres de largeur parallèle à cet axe. Ilauteur des fondations du temple
au-dessous du sol. 50 15,75
Il est clair que Josèphe s'est servi du livre Longueur du pronaos dans œuvre
des Chroniques, et qu'il y a puisé les rensei et perpendiculairement à l'axe
gnements qu'il nous donne. Devons-nous à du temple. 20 10,50
cause de cela prendre tous ses chiffres pour Largeur du pronaos dans œuvre
bons ? Je ne le pense pas.Ainsi j'ai peine à et parallèlement à l'axe du tem
croire aux cent vingt coudées ou soixante ple. 10 5,25
trois mètres de hauteur du pronaos , parce Ilauteur du pronaos au-dessus du
sol. 60 51,50
qu'une construction pareille eût été plus Hauteur des fondations du pronaos
qu'étrange. Que dire en effet d'un pylône au-dessous du sol. 60 51,50
ayant six fois en hauteur la plus grande di
mension de sa base, et douze fois la plus pe De l'ensemble de ces mesures résulte un
tite ? C'eût été en quelque sorte une moitié premier fait d'une extrême importance, c'est
d'obélisque. Il y a donc à démêler ici une que le temple de Salomon était construit sur
confusion certaine, et je crois que la chose le même plan que les temples des Egyptiens;
eSt † D'une part, Josèphe nous dit qu'il avait comme eux un pronaos ou pylône,
que les dimensions en hauteur des fondations plaqué contre l'entrée du naos, et d'une hau
et de l'édifice au-dessus du sol, étaient égales, teur double de celle du naos lui-même. Ainsi,
de telle sorte que la hauteur totale de la que l'on compare la disposition générale du
construction était de cent vingt coudées. Un temple de Khons, à Karnak, avec celle que
eu plus loin, en parlant du pronaos, il donne nous sommes déjà en mesure de déduire des
celui-ci une hauteur invraisemblable de chiffres établis tout à l'heure, et l'on sera
cent vingt coudées au-dessus du sol. A son frappé, je n'en doute pas, de la presque
eompte donc la hauteur totale de la cons identité §s deux plans. Seulement, dans le
truction du pronaos eût été de deux cent temple de Salomon, les rapports des dimen
uarante coudées , au lieu de cent vingt, sions sont tous exprimés par des fractions
ouble de la hauteur de soixante coudées simples, comme demie, tiers, quart, etc., tan
qu'il attribue au temple proprement dit. Or dis qu'il n'en est pas rigoureusement de mê
ce dernier chiffre est incontestablement faux, me dans le temple de Khons. L'architecte de
puisque le Livre des Rois ne donne au tem Salomon, tout en appartenant à l'école égyp
ple que trente coudées de hauteur. Admettons tienne, a donc introduit dans ses plans une
que le fait de l'égalité de hauteur des cons noble et imposante simplicité, que les monu
tructions enterrées et extérieures soit cer ments égyptiens, immédiatement compara
tain, ce que, pour ma part, je crois sans dif bles, ne nous présentent pas. Ce plan, nous
ficulté ; admettons de même que Josèphe avons vu que David l'avait transmis à son
donne au pronaos, sur la foi d'une tradition fils, en lui attribuant une origine divine. Il est
exacte, une hauteur double de celle du tem certain que la parfaite harmonie de ses pro
ple : nous conclurons, en nous servant de la portions ne laisse absolument rien à désirer.
même tradition, que le pronaos avait soixante Poursuivons l'examen de tous les rensei
coudées, ou trente et un mètres cinquante gnements que nous possédons sur la struc
centimètres de hauteur, le temple en ayant ture du temple.
indubitablement trente, ou quinze mètres Nous avons la certitude que des jours
soixante-quinze centimètres. A ces soixante étaient pratiqués dans l'épaisseur des murail
coudées, ajoutons les soixante coudées de les ; ainsi nous lisons dans le I" Livre des
hauteur des fondations du pronuos, et nous Rois (vI, 4) : Il (Salomon) fit à la maison des
retombons sur les cent vingt coudées du fenétres transparentes fermées. Tel est le sens
Livre des Chroniques, chiffre qui comprend, que Cahen donne avec raison, je crois, au
je n'en doute pas, la hauteur des fondations; passage qui concerne ces baies; mais le Chal
tandis que les chiffres cent vingt et soixante déen parle de fenêtres ouvertes en dedans et
coudées des hauteurs respectives attribuées fermées au dehors. Très-probablement ces
par Josèphe au pronaos et au naos au-dessus fenêtres étaient garnies de plaques de verre,
du sol, doivent être compliqués du chiffre de que les Tyriens avaient dû fournir à Salo
hauteur des fondations, et sont par consé mon. Je dois dire cependant que parmi les
quent trop forts de moitié. débris qui encombrent les pentes de la val
En résumé, Josèphe, par un véritable lap lée de Josaphat, j'ai ramassé un beau frag
sus calami, a doublé toutes les hauteurs, ment de cristal de roche aplani sur deux faces
faute de se rendre compte, par un simple et portant en outre, sur l'une d'elles, une
tracé, des rapports impossibles de ces hau pointe comme celle d'une étoile täillée au
teurs fautives avec les largeurs et les lon touret. Ce curieux morceau, recueilli avec
gueurs réelles des différentes parties de une prodigieuse quantité de cubes de mosai
l'édifice. Nous nous croyons donc en droit que grossière, provenant certainement du
d'adopter définitivement les mesures sui temple primitif, provient très-probablement
Vantes : lui-même de ce temple, dont peut-être les
Coudées. Mètres. fenêtres étaient closes de plaques de cette
Longueur dans œuvre du tem
ple proprement dit. 60 51,50
† matière.Au reste, c'est là une pure
hypothèse à laquelle je n'attache aucune im
707 R0H DICTI0NNAIRE ROI 708.

portance; il me suffit ici de 'constater que, pas possible de l'admettre, et j'en dirai toutà
quelle que fût la matière employée, verre 'heure la raison. Ce n'était donc qu'à l'inté
ou cristal de roche, des fenêtres transparen rieur que cette dégradation des hauteurs suc
tes étaient pratiquées dans l'épaisseur des cessives pouvait être constatée ; et à l'exté
murs du temple. rieur, les deux seules hauteurs relatives du
Voyons maintenant quelle était la disposi pylône et du temple étaient faciles à reconnaî
tion intérieure du temple : nous lisons dans tre,puisque l'une n'était que lamoitiédel'autre,
le I" Livre des Rois (vi) : — 16. Et il bâtit En résumé, voici la série des dimensions
dans l'intérieur le debir (le sanctuaire), pour du Saint et du Saint des saints :
étre le Saint des saints. — 17. La maison, qui Coudées. Mètres,
est le temple de devant, avait quarante cou Longueur du Saint des'saints dans
0EUIVI'0, 20 10,50
dées. — 19. Il prépara le debir intérieurement
au milieu de la maison, pour y placer l'arche Largeur du Saint des saints dans
10,50
de l'alliance de # - #! Et le debir
08UlVTe.
Hauteur du Saint des saints dans
avait sur le devant vingt coudées de longueur, CPUlVTe. 20 10,50
vingt coudées de largeur et vingt coudées de Longueur du Saint dans œuvre. 40 21,00
hauteur. Largeur du Saint dans œuvre. 20 10,50
Le I" Livre des Chroniques nous parle du llauteur du Saint dans œuvre. 30 15,75
debir de la manière suivante (III, 8) : Il fit la Avant de discuter les épaisseurs des mu
maison (la chambre) du Saint des saints, dont railles, occupons-nous des trois étages de
la longueur, égale à la largeur de la maison, chambres qui furent adossés au temple, sur
était de vingt coudées, et la largeur de vingt toute l'étendue de son pourtour.
coudées. Nous lisons dans le I" Livre des Rois (vi),
Josèphe décrit ainsi le Saint des saints 5. Il bâtit contre le mur de la maison une ga
(Ant. Jud. V, III, 3) : Ayant divisé le naos en lerie étendue autour des murailles de la mai
deux parties, il fit une chambre intérieure son, autour du hikal (du temple) et du debir
de vingt coudées, pour † servît d'ady (sanctuaire), et il fit des chambres latérales
ton, et une chambre extérieure de quarante tout autour. — 6. La galerie inférieure avait
|
coudées, qui fut le temple saint 27tov vxôv cinq coudées de largeur, celle du milieu avail
àréôrt#t»). Dans la phrase suivante, l'historien six coudées de largeur, et la troisième était
mentionne le mur de refend qui séparait large de sept coudées ; car il fit des ré
l'adyton du saint. Un peu plus loin encore, à trécissements en la maison par dehors alen
propos des keroubim, Josèphe dit que Salo tour, pour ne pas entamer la muraille de
mon en fit placer deux dans l'adyton, qui la maison, — 8. La porte de la galerie du
avait vingt coudées de largeur et vingt de milieu était au côté droit de la maison, et on
longueur; mais il ne parle pas de la hauteur montait par un escalier tournant à la galerie
de cette portion du temple. du milieu, et de celle du milieu à la troisième.
Résumons maintenant ce que nous four Il n'y a pas de passage correspondant dans
nissent de renseignements positifs les trois le Livre des Chroniques; dans Josèphe, au
passages que je viens de reproduire. contraire, nous trouvons les détails qui sui
La longueur totale du temple, le vestibule vent (Ant. Jud , VIII, nI, 2) : Salomon fit bâtir
non compris, était de soixante coudées ou de autour du temple trente édicules, qui y
trente et un mètres cinquante centimètres. étaient accolés et qui étaient rejetés entière
Cette longueur fut partagée en deux, l'une de ment à l'extérieur; ils avaient des dimen
vingt coudées (dix mètres cinquante centi sions extrêmement petites. On pénétrait de
mètres), et l'autre de quarante coudées (vingt l'un dans l'autre; chacun avait cinq coudées
et un mètres). La première de ces portions de largeur, cinq de longueur et vingt de hau
devint la longueur, parallèle à l'axe général, teur; sur cette première rangée en était éta
du sanctuaire impénétrable, de l'adyton, du blie une seconde, et sur celle-ci une tr0i
debir, qui avait la largeur même du temple, sième, dont les chambres avaient précisément
c'est-à-dire dix mètres cinquante centimètres, les mêmes dimensions, et étaient en même
mais qui n'avait plus dans œuvre que vingt nombre que celles de la galerie inférieure ;
coudées ou dix mètres cinquante centimètres si bien que les trois étages réunis égalaient
de hauteur; tandis que le saint ou naos avait en hauteur la portion la moins élevée de l'é-
trente coudées, c'est-à-dire quinze mètres difice général, c'est-à-dire le corps du temple
soixante-quinze centimètres. Il y avait donc même. Car, ajoute Josèphe, le haut de l'édi
incontestablement une décroissance de hau fice n'était point entouré de petites cons
teur très-notable (d'un tiers !) entre le pla tructions. Un plafond de cèdre couvrait tous
fond du naos et le plafond de l'adyton. Cette ces édicules, et chacun avait le sien, qui nº
| décroissance, hâtons-nous de le faire obser se reliait pas au plafond des édicules voisins
ver, était de règle dans l'architecture égyp Un toit commun les recouvrait tous, il étail
tienne, et on la remarque parfaitement dans formé de très-longues poutres reposant à la
la coupe générale du temple de Khons, à fois sun les deux côtés du temple, de façon
Karnak, temple où, à partir du pylône, tou que les murs intermédiaires, reliés par ºº
tes les hauteurs des appartements sacrés vont pièces de bois, pussent acquérir ainsi plu#
constamment en diminuant. En devons-nous de solidité; au-dessous de ces poutres était
le plafond, lambrissé et destiné à être revêtu
conclure que pour le spectateur placé à l'ex
térieur du temple cette décroissance des d'or. Le roi imagina de placer dans l'épais .
hauteurs successives était apparente ? Il n'est seur des muraillés l'escalier qui conduisait
* 09 R()i DES ANTIQUITES BIBLIQUES. R01 710

aux galeries supérieures; en effet, les gale Livre des Rois, où il est question des rétré
ries n'avaient pas de grandes portes ouvertes cissements qui furent pratiqués extérieure
à l'orient comme le temple, mais on y par ment dans la muraille du temple, pour que
venait par de petites portes de côté. celle-ci ne fût pas entamée, afin d'offrir des
Voyons maintenant quel parti nous pou encastrements aux poutrelles des planchers.
vons tirer de la comparaison de ces divers Nous avons vu que les assises des murs sa
renseignementS. lomoniens de l'enceinte étaient en retraite de
Le nombre des chambres latérales compri cinq centimètres les unes sur les autres, et
ses dans les galeries à triple étage, accolées † ces assises avaient une hauteur moyenne
aux murs extérieurs du temple proprement 'un mètre. Il est très-curieux de voir que
dit, n'est pas fixé dans l'Ecriture sainte; Jo le fruit des murs du temple, déduit du texte
sèphe nous apprend qu'elles étaient au nom même de l'Ecriture, est pour ainsi dire iden
bre de trente dans chaque étage. tique avec le fruit des murs salomoniens de
L'Ecriture sainte nous dit seulement que la l'enceinte, déduit de la mesure directe. Là
galerie inférieure avait une largeur de cinq encore le fruit est pratiqué par ressauts suc
coudées, ou deux mètres six cent vingt-cinq cessifs ; seulement il est réparti sur chaque
millimètres ; celle du premier étage, une lar assise, tandis que pour le temple, la néces
geur de six coudées, ou trois mètres quinze sité d'appuyer des poutrelles de plancher,
centimètres, et enfin la plus élevée, une lar sans entamer les murailles, avait fait main
geur de sept coudées, ou trois mètres six tenir verticales des portions de murs de cinq
cent soixante-quinze millimètres. Josèphe mètres vingt-cinq centimètres de hauteur, à
donne à toutes ces chambres les mêmes di la condition de reporter au sommet de cha
mensions, à savoir, cinq coudées, ou deux cune de ces portions tout leur fruit, qui était
mètres six cent vingt-cinq millimètres de lar de deux cent soixante-deux millimètres cinq
geur, cinq coudées, ou deux mètres six cent dixièmes.
vingt-cinq millimètres de longueur, et vingt Josèphe nous affirme que les chambres de
coudées ou dix mètres cinquante centimètres chaque galerie étaient au nombre de trente,
de hauteur. Tous ces chiffres de Josèphe sont et qu'elles avaient cinq coudées de longueur
inadmissibles, et voici pourquoi : quiconque et cinq coudées de largeur. Faisant abstrac
a tant soit peu étudié l'art de bâtir sait que tion des épaisseurs des murs de refend, nous
'es constructeurs, pour donner de la solidité aurons pour les trente chambres un déve
aux murailles, sont obligés de diminuer l'é- loppement de cent cinquante coudées. De là
aisseur de celles-ci à mesure qu'elles s'é- nous pouvons conclure l'épaisseur minimum
èvent au-dessus du sol, et que cette décrois des murailles du temple. Sans murailles,
sance indispensable de l'épaisseur porte le nous aurions pour le développement du tracé
nom particulier de fruit. Il n'est pas sans dans œuvre, du naos et de l'adyton 60+60+20,
intérêt de constater que l'écrivain sacré ate c'est-à-dire cent quarante coudées, c'est-à-
nu compte du fruit des murailles, tandis que dire encore dix coudées de moins que n'en
Josèphe semble ne s'être pas douté que cette exigent les longueurs des trente chambres de
règle élémentaire existât. la galerie inférieure, mises bout à bout, et
Josèphe donne à chacune de ces trois ga sans interposition de murs de refend. Il est
leries superposées une hauteur de † donc certain que, pour réunir trente cham
coudées, ou de dix mètres cinquante centim bres au rez-de-chaussée, toujours abstraction
tres, pour arriver à la hauteur de soixante faite des murs de refend, la muraille du tem
coudées, qu'il a fautivement admise pour le ple aurait dû avoir au minimum deux cou
temple lui-même, hauteur qui, nous en avons dées et demie d'épaisseur, soit un mètre trois
la certitude absolue, n'était que de trente cent douze millimètres cinq dixièmes. Je
coudées. Pour qu'un toit commun recouvrît n'ai pas besoin, je pense, d'insister beau
et le temple et ſes chambres latérales de l'é- coup pour montrer qu'un mur pareil n'au
tage supérieur, il fallait que ces chambres rait en aucune façon pu recevoir ces retraites
n'eussent en réalité que dix coudées de hau successives d'une demi-coudée , appliquées
teur, ou cinq mètres vingt-cinq centimètres au deux fois de suite toutes les dix coudées, et
qplus.Je dis au plus, parce que je ne connais qu'il n'eût pas été possible de donner aux
encore aucune épaisseur des murs de refend, chambres des galeries des murs de refend
des plafonds, ni même des murs extérieurs d'une certaine épaisseursuffisante. Nous som
du temple. Ce que nous savons déjà néan mes donc très-loin de compte avec des murs
moins, c'est que le fruit réparti sur les deux d'un mètre trois cent douze millimètres cinq
murs entre lesquels étaient ouvertes ces ga dixièmes d'épaisseur, et nous devons cher
leries, était d'une coudée pour une hauteur cher ailleurs des indices de l'épaisseur réelle
de dix coudées , et par conséquent d'un des murailles du temple, épaisseur qui de
demi-coudée pour chacune des murailles vait être beaucoup plus considérable.
Ce fruit, au lieu d'être continu, était pra Maintenant que nous avons étudié tout ce
tiqué par ressauts d'une demi-coudée , † concerne le temple proprement dit, nous
ou de deux cent soixante-deux millimètres evons parler des édifices accessoires que
cinq dixièmes, qui constituèrent la largeur de contenait la grande enceinte extérieure,
l'appui des poutrelles formant à la fois le Le premier dont nous ayons à nous occu
corps du plafond et le plancher de deux cham †est l'estrade royale. Voici ce que nous
bres superposées.Avec cette hypothèse s'ex isons à son sujet dans le II" Livre des Chro
plique très-bien le verset 6 du chap. vI du, niques (vI, 12) : Il (Salomon) se plaça derant
7l 1 RO1 DICTIONNAlRE R01 712

l'autel de Jehovah, en face de toute l assem toute la magnificence de ces portiques exté
blée d'Israël, et étendit ses mains : — 13. Car rieurs..... Le sol du hieron extérieur était de
Salomon avait fait et placé au milieu de l'a- plain-pied avec celui du temple. Ce hieron
zarah une estrade d'airain de cinq coudées fut entouré de portiques doubles, soutenus
de longueur, de cinq coudées de largeur et de par de hautes colonnes en pierre du pays,
trois coudées de hauteur : il se plaça dessus sur les luels reposait un toit de cèdre orné
et se mit à genottx, en face de toute l'assem de lambris. Toutes les portes de ce hieron
blée d'Israël, et il étendit ses mains vers le étaient d'argent. »
ciel, etc., etc. La plate-forme de cette estrade Nous croyonsn'avoir négligé aucun desren
sur laquelle Salomon se † pour seignements que nous fournissent les Livres
adresser sa prière à l'Eternel, lors de la con saints des Rois et des Chroniques, et les écrits
sécration du temple, avait donc deux mètres de Flavius Josèphe, touchant le fameux tem
six cent vingt-cinq millimètres en carré, et ple de Salomon. A mesure que nous enre
un mètre cinq cent soixante-quinze millimè † les détails descriptifs, nous avons
tres de hauteur. ait ressortir,† fois que la chose était
Cette estrade était devant l'autel d'airain, possible, les analogies que nous trouvions
car nous lisons dans le I" Livre des Rois entre ce somptueux monument et ceux de
(vIII,22) à propos de ce même fait : Salomon l'Egypte ou de l'Assyrie. Nous n'avons donc
se plaça devant l'autel de l'Eternel, en face pas besoin de répéter ici, dans un résumé à
de toute l'assemblée d'Israël, et étendant ses. peu près inutile, des assertions que n0us
mains vers le ciel, etc., etc. avons, du moins nous l'espérons, pleine
Quant à l'autel, sa place était devant le py ment justifiées.
lône du temple. Voici en effet un témoignage Nous allons maintenant quitterle temple de
formel qui fixe la position de cet §f, Salomon, pour passer au palaisque ce monar
nOus trouvons dans le II° Livre des Chroni que se fit élever sur le mont Sion, c'est-à-dire
ques (vIII, 12) : Alors Salomon fit des holo à proximité de la plate-forme dumontMoriah
caustes à Jehovah, sur l'autel de Jehovah qu'il ou du temple. Nous avons déjà eu l'occasion
avait bâti derant le portique. Il n'est donc pas de décrire les restes précieux du pont qui
Ossible de conser ver le moindre doute sur servait de communication entre ces deux
e véritable emplacement de l'autel des holo somptueux édifices ; nous n'y reviendrons
caustes. D'ailleurs Josèphe est fort explicite donc pas ici. Ce ne fut † avoir achevé
sur ce point, et voici ce qu'il dit : « L'autel la construction du temple que Salomon s0n
d'airain fut placé devant le temple et en face gea à se bâtir un palais pour lui-même.
de la porte d'entrée, afin que cette porte Voici comment l'Ecriture sainte nous parlº
étant ouverte, on pût voir l'accomplisse de cet édifice (I Rois vII) : 1. Salomon bâtit
ment des cérémonies sacrées, et constater sa maison en treize ans, et il acheva toute s0
la grande valeur des victimes offertes. » (Ant. maison. — 2. Il bâtit la maison de la forét
Jud., VIII, Iv, 1.) du Liban, de cent coudées de long, cinquante
Les livres saints ne nous donnent aucun coudées de large et trente coudées de haut,
détail sur les parvis sacrés, et nous ne trou SllJ"# rangées de colonnes de cèdre, et
vons que la simple indication suivante : Il sur les colonnes il y avait des poutres de
†) fit un parvis pour les cohenim et cèdre. —3. Un toit de cèdre au-dessus des
a grande enceinte ; puis des portes à l'encein appartements qui étaient sur les colonnes,
te,
IV, 9.
#couvrit d'airain ces portes.(II Chron. (au nombre de) quarante-cinq, quinze par
rangée. — 4. Trois rangées d'ouverture de
Heureusement Josèphe nous donne sur fenêtres, (savoir) trois fois une fenêtre sur
les parvis de précieux détails que nous de une fenêtre. — 5. Toutes les ouvertures tl
vons reproduire, sans vouloir toutefois les les portes étaient carrées : une fenétre au-des
considérer comme d'une exactitude irrécu sus d'une , autre trois fois. — 6. Il fit un
sable. Voici donc ce que nous apprend Jo portique de colonnes, de cinquante coudées
sèphe (VIII, III, 9) : « Salomon construisit de long ct de trente coudées de large; et un
autour du temple une enceinte circulaire, (autre) portique devant elles (les colonnes ;
ui se nomme Gision (yeiaiov) dans la langue et des colonnes et un architrave dcvant elles
u pays, et Trinkos (6ptvxôs) en gree. Cette — 7. Il fit le portique du trône où on ju
enceinte, qui avait trois coudées (un mètre geait, le portique du jugement : et il le c0º
cinq cent soixante-quinze millimètres de hau crit de cèdre, du sol jusqu'au plafond. - 8
teur), était destinée à tenir le peuple écarté Et la maison
de l'entrée du temple, entrée qui n'était per qutre cour auoùdedans
il habitait, (était) dans
du portique, ſ#uºde
mise qu'aux prêtres seuls. Au delà de cette la même manière : il fit une maison à la fillº
enceinte le roi fit un hieron quadrangulaire de Pharaon que Salomon avait épousét,
orné de portiques très-élevés, et dans lesquels comme ce portique (sic). — 9. Toutes cº
des portes de grande dimension donnaient (constructions) de pierres de prix, tailléº
accès. Chacune de ces entrées faisait face d'après la mesure, sciées à la scie, en dedanºº
à l'un des points cardinaux et était close en dehors, depuis le fond jusqu'aux cornichº
par des portes dorées. Il était permis d'en et en dehors, jusqu'à la grande cour. -
trer dans ces portiques à tout homme du La fondation en était de pierres de prir,º
peuple qui était pur et qui observait les grandes pierres, de pierres de dix coudées
† de la loi. On ne saurait dire, et et de pierres de huit coudées. - 11. !
'on pourrait à peine croire, en les voyant, par-dessus, des pierres de prix taillées dº"
7 15 R()l DES ANTIQUITES BIBLIQUES. R0I 714 .
près la mesure, et du cèdre. - 12. Et la de probabilité à cette supposition, que je
grande cour (avait) alentour trois rangées déclare d'ailleurs toute gratuite et fondée
de pierres taillées, et une rangée de poutres simplement sur les dimensions vraisemblables
de cèdre, (et ainsi) pour le vestibule intérieur des chambres, c'est que le verset suivant,
de la maison de Jehovah, et pour le porti parlant des fenêtres, est ainsi conçu : Trois
que de la maison. - • rangées d'ouvertures de fenêtres, (savoir)
Les Chroniques ne mentionnent qu'en trois fois fenêtre sur fenétre. Il est bien évi
passant le palais que Salomon se fit élever. dent que des rangées de fenêtres ne peuvent
† les versets où il en est question : Salo être que des rangées superposées.
mon pensa à bâtir une maison pour le nom Toutes les ouvertures et les portes tournan
de Jehovah, et une maison pour le siége de tes, dit le cinquième verset, étaient carrées.
la royauté. (II Chron. 11, # — Il arrira au Cela est très-clair, et ce verset s'explique de
bout de vingt ans que Salomon eut bâti la lui-même. Passons donc au suivant, qui ne
maison de Jehovak et sa (propre) maison. l'est pas autant. Il nous mentionne un porti
(II Chron. vIII, 1.) Nous avons vu †º Salo que orné de colonnes, de cinquante coudées
mon mit sept années à construire le temple de longueur et de trente coudées de largeur,
(I Rois v1, 38), et treize années à construire c'est-à-dire de vingt-six mètres vingt-cinq
son palais (1 Rois, vII, 1); le dernier verset centimètres de longueur, et de quinze mètres
que nous venons de rapporter prouve donc soixante-quinze centimètres de largeur. Ce
LS, !
que les deux constructions né marchèrent portique était appliqué contre l'édifice prin
pas un seul instant de front, et que tant que cipal, dont il recouvrait exactement la moitié,
2 e temple ne fut pas entièrement terminé, le en laissant démasquées, aux deux extrémités,
roi n'eut pas l'idée d'employer pour son deux ailes de treize mètres cent vingt-cinq
compte un seul des ouvriers dont le concours millimètres de longueur. Il paraît très-natu
était nécessaire à l'achèvement du temple. . rel d'admettre que ce principe de colonnes
Le texte biblique relatif au palais a besoin n'avait pas de murailles fermant les entre
de quelques explications, que nous allons colonnements, et qu'en un mot c'était un
donner le plus brièvement possible. Procé véritable portique. L'entrée était rejetée en
dons verset par verset. - avant, et formait un petit avant-portique éga
Le verset 2 nous apprend que ce palais lement orné de colonnes et couvert.
reçut le nom de maison de la forêt du Liban, Le verset 7 , nous parle du portique du
sans doute à cause de l'énorme quantité de trône où l'on jugeait, c'est-à-dire du Juge
bois de cèdre qui fut employée dans sa nlent ; Salomon le couvrit de bois de cèdre
construction. Il nous en fait ensuite connai du sol jusqu'au plafond. Cette dernière ex
tre les principales dimensions. Il avait cent ression prouve que cette salle du trône était
coudées de longueur, c'est-à-dire cinquante ambrissée, et par conséquent fermée de
deux mètres cinquante centimètres; cin murailles.
quante coudées de largeur, c'est-à-dire Nous voici maintenant arrivés à des détails
vingt-six mètres vingt-cinq , centimètres ; de disposition tout à fait incompréhensibles
et enfin trente coudées de hauteur, c'est our moi. La maison qu'habitait le roi, dit
à-dire quinze mètres soixante-quinze cen e verset 8, était dans une autre cour en dedans
timètres. L'édifice était supporté par qua du portique Je ne me charge pas d'expliquer
tre rangées de colonnes de cèdre , et ce verset, dont j'abandonne le commentaire
sur ces colonnes il y avait des poutres de architectonique à de plus habiles.
cèdre. Il est clair que ces soutiens ou colon Le verset 9 est intéressant en ce qu'il nous
nes (âamoudim) n'existaient qu'au rez-de donne des détails curieux sur les matériaux
chaussée. Elles formaient trois travées, employés. Tout l'édifice était construit en
puisqu'elles étaient sur quatre rangs, et les belles pierres, taillées d'après la mesure, et
poutres de cèdre appuyées sur les colonnes sciées à la scie en dedans et en dehors, de
devaient avoirhuit mètressoixante-quinze cen puis le bas jusqu'aux corniches (thefhaout,
timètres de portée, ce qui esttrès-raisonnable. pierres en sailliès), et au dehors jusqu'à la
Le verset 3 nous apprend qu'un toit de grande cour. Puisque les pierres étaient tail
cèdre existait au-dessus des appartements lées d'après la mesure, elles l'étaient sur de
qui étaient sur les colonnes, et que ces ap véritables épures; elles étaient taillées à la
partements étaient au nombre de quarante scie, ce qui prouve que ce procédé est d'une
cinq, quinze par rangée. Si ces trois rangées antiquité fort grande. Enfin, l'intérieur était
étaient de plain-pied et ne formaient pas orné de corniches, et le sol de cet intérieur
trois étages, chaque appartement avait huit était élevé au-dessus du pavé de la cour qui
mètres soixante-quinze centimètres de lon entourait le palais.
gueur (largeur d'une travée), et trois mètres Le verset | suivant nous décrit les pierres
cinquante centimètres de largeur seulement. employées dans les fondations ; elles avaient
Mais si chaque rangée de quinze apparte ou huit ou dix coudées, c'est-à-dire cinq
ments formait un étage distinct, ce qui est mètres vingt-cinq centimètres de longueur,
plus probable, un corridor de la largeur ou quatre mètres vingt centimètres seule
d'une travée pouvait, à chaque étage, sépa Dnent.
rer deux rangs de chambres commençant au Les versets 11 et 12 nous apprennent que
<.elà d'une vaste antichambre, dans l'aire de les murailles du palais étaient, comme celles
laquelle était comprise la cage de l'escalier. du temple, formées de trois rangées de pierres
22 qui me paraît donner quelque apparence de taille, revêtues de poutres Je cèdre.
DICTIoNN. DEs ANTIQUITÉS BIBLIQUEs. 23
715 ROI DICTIONNAIRE · ROI 716

Nous avons apprécié les détails que l'Ecri voire lui-même füt mis à contribution, et il
ture sainte nous fournit sur le palais du roi en fit faire un trône en forme de tribune, sur
Salomon, et nous devons déplorer le peu de lequel on montait par six gradins. Sur les
précision que ces détails comportent.Voyons côtés de ceux-ci se trouvaient placés douze
maintenant ce que l'historien Josèphe nous lions, et deux autres lions se tenaient au
apprend de ce même édifice; mais ne per sommet aux côtés du trône. Des bras garnis
dons pas de vue qu'il ne pouvait en parler saient le siége du roi. Ce siége était établi
que d'après des traditions plus ou moins sur la figure d'un jeune taureau regardant
respectables. Nous lisons en substance ce en arrière. Toutes les parties du trône étaient
qui suit dans les Antiquités judaiques (VIlI, reliées entre elles avec de l'or. »
v, 2) : « Il fit bâtir un édifice ample et beau, Tel est le récit de Josèphe, récit qui paraît,
orné d'un grand nombre de colonnes ; il était comme celui qui concerne le temple, em
destiné à recevoir le peuple, lorsqu'il se pré preint d'une assez forte exagération, bien
sentait pour demander justice. Il avait cent qu'on y retrouve tous les détails principaux
coudées de longueur, cinquante de largeur et contenus dans le texte biblique que j'ai exa
trente de hauteur. Les colonnes de cèdre miné plus haut. Ce que le récit de Josèphe
qui le soutenaient étaient prismatiques et |† une fois de plus, c'est l'emploi de
quadrangulaires; l'édifice était couvert sui 'ornementation végéta'e que nous avons
vant le mode corinthien, orné et soutenu à déjà signalée plusieurs fois comme étant ca
la fois à l'aide de montants également espa ractéristique de l'art des Juifs.
cés (ou d'égale mesure ?) et de clôtures de Le récit de Josèphe présente un détail fort
portes triglyphes (trois fois, ou très-bien curieux, c'est la description du trône de Sa
ciselées?). Un autre édifice †. lomon, description empruntée par l'historien
ayant en longueur la largeur totale du pre des Juifs au livre des Chroniques et à celui
mier, et en largeur trente coudées seulement, des Rois. D'après ce que dit Josèphe, ce trône
était appliqué sur le milieu de la face du était orné de quatorze figures de lions et
palais. Devant était un naos (temple) soutenu d'une figure de taureau. Voici maintenant la
par de puissantes colonnes. Ce second édi description authentique que nous fournit
fice, appliqué au premier, contenait une l'Ecriture sainte (JI Chroniques, Ix): 17. Le
salle magnifique, dans laquelle siégeait le roi fit un grand trône d'ivoire et le couvrit d'cr
roi lorsqu'il rendait la justice. L'habitation pur. — 18. (Il y avait) six degrés au trône,
de la reine y était attenante, ainsi que d'au un gradin en or fixé près du trône, avec des
tres appartements, destinés au repos et aux bras d'un côté et de l'autre, à l'endroit du
autres usages de la vie. Tous étaient lam siége : deux lions étaient auprès des bras. -
brissés de cèdre. Les constructions furent 19. Douze lions y étaient placés sur les six
faites en partie de pierres de taille de dix degrés, d'un côté et de l'autre ; il ne s'en
coudées, mais revêtues de pierres précieuses est pas fait de pareil pour aucune autre
de placage, que l'on va chercher au loin pour royauté. On voit que Josèphe ne s'est pas
l'ornementation des temples et des palais. tenu rigoureusement au texte biblique, qu'il
La beauté de ces pierres de revêtement res avait certainement sous les yeux. Quoi qu'il
plendissaît sur une triple rangée. Une qua en soit, voilà une fois de plus les prescriptions
trième était ornée du plus admirable ouvrage de la loi mosaïque complétement enfreintes.
de sculpture, représentant des arbres et Au reste, il ne sera pas sans intérêt de cons
des plantes de toute sorte, aux rameaux et tater que les infractions de ce genre, dont
aux feuilles pendants, et ciselés avec un art Salomon se rendit coupable, furent réellement
si merveilleux, qu'ils semblaient pour ainsi condamnables aux yeux du peuple juif et
dire s'agiter en cachant la pierre qu'ils re fortement blâmées par lui. C'est encore J0
couvraient. Tout le reste † la surface des sèphe qui va nous en fournir la preuve. Nous
murs, jusqu'au plafond, était couvert de stuc lisons dans les Antiquités judaiques (VIII, VII,
orné de peintures de couleurs variées. D'au 5) : « Il était déjà arrivé à Salomon d'offenser
tres édifices furent élevés auprès des pre Dieu et de manquer à l'observation de la loi
miers, pour serviraux fêtes et réjouissances : divine, lorsqu'il fit les bœufs de bronze sur
c'étaient des portiques immenses, et au le dos desquels reposait le grand bassin
milieu d'eux une splendide salle de festin sacré appelé la mer, et lorsqu'il fit placer
tout ornée d'or. Tout le mobilier destiné à des lions autour de son trône ; car il élait
recevoir les convives était lui-même en or. formellement défendu de faire des figures de
Il serait difficile de raconter la grandeur et ce genre. »
la variété des appartements royaux, d'énu Le reste du règne de Salomon, dans le Liº
mérer les grandes chambres et les petites vre des Rois, et dans celui des Chroniques, nº
qui composaient ces appartements, aussi bien nous fournit plus que quelques détails prº
que les chambres secrètes et souterraines; importants, et quelquefois peu expliciles ,
de décrire la beauté des bosquets qui char. ainsi nous lisons dans le II° Livre des Chrº
maient l'œil et protégeaient le corps contre niques (x) : — 10. Et aussi les serviteurs dº
les brûlantes ardeurs de l'été. En résumé, il 1Houram et les serviteurs de Salomon quº
fit si bien † l'édifice entier fut composé de araient apporté l'or d'Ophir, apportèrent d"
pierres éclatantes de blancheur, de cèdre, bois d'aldjoumim, et des pierres préciº
d'or et d'argent. Les toits et les murailles fu scs. — 11. Le roi fit, du bois d'aldjoumlnl,
"ent, comme au temple du Seigneur, déco des gradins pour la maison de Jellº
rés de pierres enchâssées dans de l'or. L'i- vah et pour la maison du roi , aº
7l7 R01 DES ANTIQUITES BIBLIQUES. R0I 718

que des kinour et des nabel pour les musiciens; Le chapitre xI du I" Livre des Rois nous
on n'en vit pas de pareils auparavant au pays parle de l'idolâtrie dont Salomon se rendit
de Juda. Le nom d'aldjoumim se trouve écrit coupable vers la fin de son règne. Voici ce
ailleurs, avec une transposition, almoudjim. que nous y lisons : 1. Le roi Salomon avait plu
(I Rois, x, 11.) Les Lexiques le décrivent sieurs femmes étrangères, outre la fille de
comme un bois précieux et odoriférant qui Pharaon : des Moabites, des Ammonites, des
vient de la Perse et de l'Inde, et qu'ils sup Edomites, des Sidoniennes, et des Hittite «. —
posent être du sandal rouge. C'est là une 3. Il eut sept cents épouses, princesses, et trois
question que je ne me charge pas de décider. cents concubines : et ses femmes détournèrent
Nous trouvons encore le détail suivant son cœur. — 4. Ce fut au temps de la vieillesse
(II Chroniques, Ix) : 15. Le roi Salomon fit de Salomon que ses femmes firent pencher
deux cents grands boucliers d'or battu, em son cœur vers d'autres dieux, et son cœur ne fut
ployant six cents (sicles) d'or battu à un point entier envers l'Eternelson Dieu, comme le
bouclier. — 16. Et trois cents boucliers d'or cœur de David son père.—5. Salomon marcha
battu, employant trois cents (sicles) d'or à un après Astaroth, divinité des Sidoniens, et après
bouclier; et le roi les plaça dans la maison de les Molokh, abomination des Ammonites. — 7.
la forêt du Liban. —20. Toute la vaisselle du Alors Salomon bâtit un haut-lieu pour Kemos,
buffet du roi Salomon était d'or, et toute la abomination de Moab, sur la montagne qui est
vaisselle de la maison de la forêt du Liban, vis-à-vis deJérusalem, et pour Molokh, abomi
d'or fin. L'argent n'était estimé de rien du nation des enfantsd'Ammon; —8. Et il fit ainsi
temps de Salomon. pour ses femmes étrangères , qui faisaient des
Ces boucliers étaient du poids de six cents encensements et sacrifiaient à leurs dieux.
et de trois cents sicles. Le sicle équivalant à Ce fut cette conduite coupable qui entraîna
six grammes, les premiers pesaient trois kilo comme châtiment, la séparation des dix tri
grammes soixante décagrammes, et les seconds bus. Du reste, ces faits ne sont pas consignés
r•! un kilogramme quatre-vingts décagrammes dans le livre des Chroniques, mais ils se
seulement. Ils servaient probablement à la retrouvent racontés, de même que dans les
décoration des murailles auxquelles ils étaient Rois, dans les Antiquités judaiques de Jo
suspendus. Un précieux bas-relief assyrien sèphe (VIII, vII, 5). Le texte biblique que
trouvé à Korsabad, et publié dans le magni nous venons de rapporter ci-dessus ne parle
fique livre de M. Botta, représente le pillage † vaguement du lieu où Salomon avait fait
# : d'un édifice dans lequel les Assyriens pénè tablir les temples des idoles adorées par ses
trent par le toit : on les voit décrocher des femmes. Il n'y est en effet question que de
murailles des boucliers bombés qu'ils empor la montagne qui est vis-à-vis Jérusalem. Heu
tent en s'éloignant. Je ne doute pas, pour reusement un autre texte est beaucoup plus
ma part, que ces boucliers ne soient les ana précis sur ce point. Le voici (II Rois, xxIII) :

| logues de ceux que le roi Salomon avait fait


fabriquer, afin d'en orner son palais.
Tous les faits que je viens de rapporter, en
les extrayant du Livre des Chroniques, se
trouvent reproduits dans le Livre des Rois,
presque dans les mêmes termes. Ainsi, I
13. Le roi (Josias) † les hauts-lieux qui
étaient devant Jérusalem, à la droite (au sud)
de la montagne de la Corruption, que Salomon,
roi d'Israèl (sic), avait bâtis à Astaroth,
horreur des Sidoniens, à Kemos, horreur de
Moab, et à Melcom, abomination des enfants
Rois, x, 12), il est dit que Salomon fit faire d'Ammon. — 14. Il brisa les stèles et coupa les
# avec le bois d almoudjim un escalier pour la acherim, et en remplit la place d'ossements hu
maison de l'Eternel et un pour son palais, mains.Il est rendu assez clair par la teneur de
ainsi que des kinour et des nabel pour les ces versets que la montagne dontil s'agit n'est
chantres. Mais le verset ajoute : Il n'est plus autre chose que le sommet méridional du
venu et il n'a plus été vu de ce bois d'almoud mont des Oliviers, auquel on n'a pas cessé de
jim jusqu'à ce jour. Ce curieux détail prouve donner le nom de mons Offensionis, mont du
que les relations à l'aide desquelles Salomon Scandale. Remarquons en passant que le nom
se procurait ce bois précieux furent inter hébreu est Hor-Hemasakhit, et qu'au lieu de
rompues à partir de son règne, et ne se ré chercher ici le substantif dérivé du radical
#ablirent pas avant la chute de la dynastie de sakhata, étre corrompu, on pourrait peut
David. être faire mieux et retrouver le nom méconnu

: Les versets 16 et 17 mentionnent les bou


cliers d'or fabriqués par l'ordre de Salomon,
masakhit, des idoles, nom que nous avons
déjà rencontré bien des fois, en sorte que ce
nom signifierait littéralement mont des ldoles,
mais ne nous donnent aucun détail de plus
- sur leur valeur et sur leur destination. au lieu de mont du Scandale. Il n'y a de dif
Les versets 19 et 20 parlent du trône d'i- férence entre les deux mots hébraïques, que
voire en des termes un peu différents de je propose de considérer comme un seul
ceux que présente le passage parallèle des et même mot, que l'emploi du khet au lieu
Chroniques.Ainsi il y est dit (19) : Il y avait du koph # xxvI, 1), pour exprimer
six degrés au trône, et le haut du trône était la gutturale kh, que l'une et l'autre lettre hé
rond par derrière avec des accoudoirs de braïque représentent dans une foule de mots.
chaque côté à l'endroit du siége. Tout le reste Quoi qu'il en soit du nom, le lieu qui l'a porté
est identique. est reconnu avec une certitude suffisante :
Enfin le verset 21 dit que toute la vaisselle c'est bien le mont qui domine à l'est la val
du buffet de Salomonétait d'or, ainsi que toute lée de Josaphat, et sur le flanc même duquel
la vaisselle de la maison de la forêt du Liban. est bâti le misérable village de Siloam.
719 R()I 1)1CT10NNAlRE | R0( 720

Ce n'est pas sans raison que j'ai rappelé la propriété sépulcrale renant des IIéthéens
tradition chrétienne qui place en ce point le (Ibid., 26).
mont du Scandale, et que je me suis efforcé · Lors jue Rachel mourut pres de Beit-Lehm,
de démontrer qu'elle est parfaitement légi Jacob érigea un metzebet sur sa sépulture, qui
time. Voici pourquoi : je crois avoir retrouvé eriste encore jusqu'à ce jour (Genèse xxxv ,
des traces certaines de quelques-uns de ces 20) ; l#cºe# de ce tombeau est tou
temples d'idoles construits avec l'assentiment jours vénéré des Chrétiens, des musulmans
de Salomon, et c'est ce que je vais mainte et des Juif : Là point de grotte, point de roche"
nant chercher à établir. Le village entier de apparente dans laquelle une grotte puisse être
Siloam domine, d'une vingtaine de mètres au taillée; ce tombeau est réellement en plaine ;
lus, le vallon riant et vert qui fut autrefois il y avait donc des sépultures qui n'étaient
e jardin des rois de Juda.Aujourd'hui celui reconnaissables qu'au mausolée (metzebet)
ci n'est plus un seul jardin, mais c'est tou placé dessus.
jours une réunion de jardins admirablement Jacob mourut en Egypte, et sa dernière
cultivés et rendus aussi fertiles que possible injonction à son fils Joseph fut la suivante :
par les irrigations que fournit la fontaine de Que je dorme arec mes pères; tu me transpor
Siloë. Les huttes du village sont adossées à teras hors de Misraim, et tu m'enterreras dans
un rocher vertical dans lequel se montrent leur sépulture (Genèse xLvII, 30).Jacob savait
d'innombrables vestiges d'excavations anti donc parfaitement que dans la sépulture de
ques, que la main de l'homme a réussi à dé ses pères une place était réservée pour lui. ll
truire. Le sol lui-même sur lequel repose le † un peu plus loin de la manière
· village n'est composé que de roc mis presque a plus complète, lorsqu'il dit à ses fils : Je
partout à nu, et à la surface duquel se ren vais être réuni à mon peuple ; enterrez-moi
|z contrent, à chaque pas, des entailles régulières auprès de mes pères, dans le caveau qui est au
et assez profondes pour donner le plan d'une champ d'Ephron le Héthéen ; — dans le ca
série de petits monuments taillés dans le roc veau qui est au champ de Makfelah...;— là ils
vif, et que la violence humaine a rasés à une ont enterré Abraham et Sara sa femme, là ils
époque inconnue. Ce qui est encore recon ont enterré Isaac et Rébecca sa femme, et là
: naissable, parmi ces entailles, révèle la
† de toute autre chose que des tom
eaux antiques semblables à ceux qui se
j'ai enterré Léa ( Genèse xLIx, 29 30 et 3l).
Joseph, demandant au roi d'Egypte la per
mission d'aller au pays de Kénâan pour rel
montrent en quantité dans la vallée de Hin dre les honneurs funèbres à son père, dit au
nom. Quelques-uns de ces débris portent monarque : Mon père m'a ſait jurer en me di
même les traces évidentes de balustrades et sant : Je meurs, enterre-moi dans le sépulcre
de stèles qui n'ont rien de commun avec les que je me suis creusé au pays de Kénâan
sépultures judaïques. - . - (Gen. L, 4, 5). Ce verset est extrêmement pré
(Le lecteur trouvera une ample aescription cieux en ce qu'il nous apprend que la cou
de monuments funéraires encore existants, et tume était de préparer de son vivant la tombe
révélant des faits "† de la plus dans laquelle on voulait que son corps repo
haute importance, tels que les tombeaux sât. En résumé, la grotte de Makfelah, qui,
d'Absalom, de Zacharie, des Prophètes, des Sans aucune espèce de doute, est encore exis
Juges, de Saint-Jacques, des Rois, etc., aux tante dans la mosquée d'Hébron, doit conte
articles de ce Dictionnaire : BEN-ENNoM, JÉ nir au moins six fours à cercueil, et elle est
RUSALEM, JÉRUSALEM (Nécropole de), ToM par conséquent analogue à tout ce que n0us
BEAUx DES RoIs DE JUDA, etc.)
Nous avons déjà l# du tombeau qu'A-

-39).
dans la nécropole de Jérusalem
braham acheta des Héthéens, habitants d'Hé Le Livre des Juges (vIII, 32) nous apprend
bron, pour y enterrer Sara. Nous nous bor que Gédéon fut enseveli dans la sépulture de
nerOns à † brièvement que des textes Joas, son père, à Aâfrah. Samson fut de même
sacrés il résulte que chaque chef de famille enterré dans le sépulcre de son père Manoah,
· avait son sépulcre. Voici en effet ce que entre Sorâah et Estaoul (Juges xvI, 31). Voilà
les Héthéens répondirent au patriarche : Au donc encore deux caveaux de famille. -

· cun de nous ne te refusera son sépulcre pour Le corps d'Achaël, serviteur de David, qui
enterrer ton mort (Genèse xxIII, 6). Ces sé avait été tué dans un combat, fut rapporté par
pulcres de famille étaient une véritable pro les siens et enterré dans le sépulcre de S0n
# priété, puisque Abraham dit : Intercédez pour
moi auprès d'Ephron, fils de Tsohar... pour
père à Beit-Lehm (II Samuel, Ii, 32). Un peu
plus loin nous trouvons mentionné le fait assel
qu'il me donne la caverne de Makfelah, qui étrange de l'inhumation de la tête d'un fils de
lui appartient et qui se trouve au bout de son Saül dans le sépulcre d'Abner à Hébron Il
champ; qu'il me la cède pour de l'argent vala Samuel, Iv, 12), et nous devons remarquer
· ( le, comme propriété sépulcrale parmi vous. que cette triste dépouille fut ainsi déposée,
-
· ( 1bid., 8 et 9.) Le champ, ainsi que la caverne Par honneur, dans un sépulcre qui n'étail
•º -
qui s'y trouve, resta à Abraham comme une pas celui de ses proches. # en fut de même
(157-59) Josèphe (Ant. Jud. vIII, 2) nous apprend bron Si cette assertion est vraie, le caveau de Mak
4â que les fils de Jacob, après avoir vécu en Egypte ſelah doit contenir un nombre considérable de ton-
dans la prospérité, moururent dans ce pays, et que les, et non six seulemeiit, ainsi que je le disais
plus tard leur postérité apporta leurs restes dans la tout à l'heure.
ter"e de Kénâan, et leur donna la sépulture à Hé
721 R0[ DES ANTIQUITES BIBLIQUES. R()1 722

lus tard, lorsque le grand prêtre Joad reçut placées près de la source qui coule au pied
a sépulture dans le caveau royal, en récom même dé l'escarpement nord du piton de Ka
pense des services qu'il avait rendus à la dy rak, soient des chambres sépulcrales. En re
nastie de David. vanche, nous retrouvons des nécropoles ana
Akhitophel, conseiller d'Absalom dans son logues et immenses dans l'Anti-Liban et dans
odieuse révolte contre son père, désespéré la Cœlésyrie, à Souq - Ouady - Baradah (Abila
de voir ses avis repoussés par son jeune maî de Lysanias), à Bereitan et à Bâalbek (Hélio
#re, se donna la mort de sa propre main, et polis). La mode de déposer les morts dans des
,'lut enterré dans le sépulcre de son père toumbeaux de famille existait donc dans toute
(II Samuel, xvII, 23). la Syrie, et les Juifs, déjà habitués à cette
David ayant fait apporter de Iabes les osse mode qu'ils avaient vu pratiquer en Egypte,
ments de Saül et de Jonathan son fils, les fit l'adoptèrent avec la plus grande facilité, et
déposer au pays de Benjamin, à Selah, dans le pour ainsi dire tout naturellement. De même
sépulcre de Keisson père (IISamuel, xxI, 14). qu'Abrahamachetait un caveausépulcral parmi
Ces citations sont bien suflisantes pour cons ceux des Héthéens d'Hébron, de même les
tater l'usage des caveaux de famille, avant la Juifs, devenus maîtres de Jérusalem, ont du .
fondation du royaume de Juda. Pour la pé creuser des sépulcres pour eux, parmi ceux
riode comprise entre ce moment et la capti des Iébousiens, s'ils n'ont pas même profité
vité de soixante-dix ans, l'existence du caveau des travaux de leurs devanciers, et confisqué
royal dans lequel furent déposés les rois de la à leur profit la nécropole des vaincus. En ré--
race de David, démontre parfaitement que cet sumé, l'usage des nécropoles creusées dans
usage continua d'être suivi et respecté (140). les rochers me semble venu †; et il
Enfin, à l'époque de la Passion de Notre s'est répandu, par Petra et la terre des Naba
Seigneur, les caveaux de famille étaient en téens, jusqu'aux limites de la Syrie.
core employés à Jérusalem, puisque ce fut Nous avons dit tout à l'heure que les ca
dans une tombe neuve, que Joseph d'Arinºa veaux taillés dans les rochers devaient appar
thie avait fait creuser pour lui-même, que le tenir à des familles puissantes, en un° mot,
corps du Rédempteur fut déposé (Matth. que c'étaient des sépultures privilégiées. Les
xxvII, 60). hommes du peuple devaient être mis sim
Inutile de rappelerl'existence des tombeaux plement en terre; je crois voir la preuve de
de famille des Machabées à Modim, et de celui de ce fait dans le verset suivant : Il (Josias)
d'Hélène, reine d'Adiabène et d'Izates son fils, fit sortir de la maison de l"Eternel l'Achera
à Jérusalem. C'est donc avec une complète as (Astarté ?) hors de Jérusalem, dans la vallée
surance que nous † dire que, pendant du Kédron, et la brûla dans la vallée de
tcute la durée de l'autonomie judaïque, des Kédron; il la réduisit en poudre et en jeta
sépultures communes furent la propriété de la poudre sur la sépulture des enfants du
chaque famille puissante, et que, dans ces ca peuple (II Rois, xxIII, 6). Cette cendre jetée
tacombes, les chefs de la famille faisaient pré sur les tombes du peuple ne pouvait l'être
parer de leur vivant la tombe que leurs restes qu'à la condition que les tombes étaient,
devaient occuper. Les descriptions détail comme aujourd'hui précisément au même
lées que nous avons offertes des princi lieu, de simples pierres qui recouvraient une
paux caveaux funéraires de la nécropole de fosse creusée dans la terre. Très-probable
Jérusalem, donnent une idée bien suflisante ment le cimetière du peuple juif de Jérusalem ,
de l'ordonnance de ces demeures de la mort ; a été de tout temps sur le flanc occidental du
mais il est bon, je crois, de faire ici quelques mont des Oliviers, au bord du lit pierreux
remarques qui ne sont pas sans importancè. du Kédron.
Les grottes sépulcrales taillées dans le ro L'histoire du même roi Josias nous fournit .
eher n'ont pu l'être qu'à grands frais; elles un document assez curieux à †º
des sé
étaient donc réservées aux familles riches, et pulcres de Beit-El. Nous y lisons (II Rois
ce fait peut seul expliquer le nombre assez xxII, 16) : Et Josias se tourna, et il vit les
restreint de ces caveaux, eu égard à la popu sépulcres qui étaient là dans la montagne, et
lation souvent considérable des villes qu'ils il envoya tirer les ossements des sépulcres, et
avoisinent. Partout, sur la côte de Phénicie, il (les) brûla sur l'autel, et il les profana, etc.
on retrouve des nécropoles pour ainsi dire Ce verset est très-explicite pour désigner des
identiques avec celle de la vallée de Hinnom ; sépulcres creusés dans les flancs d'une mon
je citerai entre autres celle d'Adloun, la plus tagne, et il nous donne un très-curieux exem
remarquable que j'aie rencontrée. Dans l'in ple de profanation des sépultures exercée
térieur des terres, des nécropoles semblables par les Israélites. -

se montrent près des sites de villes antiques, Voici maintenant un passage d'Isaie qui
comme à Djebâa, à Naplouse, à Thabarieh, etc. mentionne un riche tombeau creusé dans le
Dans la Moabitide. au contraire, je n'ai rien rocher (xII) :— 15.Ainsi dit le Seigneur Jého
aperçu de semblable, si ce n'est peut-être au vah Sabaout : Va vers ce haut fonctionnaire,
fond de la vallée de Karak, et encore je doute Sibna, qui est préposé au palais. -
fort que les chambres taillées dans le roc et Qu'as-tu ici, et qui est des tiens ici, que tu te
(140) On peut, si on le désire, trouver d'autres pas cet homme ayant touché les ossements d'Elisée, revint
sages analogues (l Rois x11, 22; II, x111, 2l). L'un de à la vie et se leva sur ses pieds. Ainsi, dans un moment
ces versets est très-curieux, le voici : - 1l arriva qu'en de hâte, le cadavre d'un étranger put être déposé dans
ensevelissant un homme et voyant une de ces troupes (de la tombe même d'Elisée ! Le fait est ſol t étrange
Moabites),ils je,èrent l'homme dans le sépulcre d' Elisée,
725 ROI D1CT10NNAlItE R0l 724

creuses ici un sépulcre ? Il creuse dans la hau voici : Et il (Jéroboam) avait institué des
teur son sépulcre, il taille dans le roc sa de cohenim pour les hauts-lieux, pour les boucs
meure. Ce fragment des prophéties d'Isaïe se et les veaux qu'il avait ſabriqués. Jéroboam
rapporte au règne d'Ezéchias, dont ce Sibna connaissait parfaitement la tendance du peu
était probablement l'intendant. J'ai souvent ple juif à retourner au culte des idoles,
été tenté de voir le tombeau de Sibna dans culte auquel il s'était habitué par un long
la magnifique excavation funéraire qui porte séjour en Egypte : il employa donc le moyen
le nom de tombeau de saint Jacques. Toutefois qu'il croyait le plus sûr, pour empêcher
je ne me permettrai pas d'insister sur cette les tribus dissidentes de se soumettre à leur
identification, que je ne pourrais proposer roi légitime, c'est-à-dire à Roboam, fils
que d'instinct; et ce que je prétends seulement de Salomon. Il fit appel au souvenir des dieux
conclure de la teneur du passage que je viens de l'Egypte, de ces taureaux sacrés, Apis el
de citer, c'est que, sous les rois de Juda, des Mnevis, devant lesquels leurs ancêtres s'é-
tombeaux magnifiques étaient creusés, taillés taient prosternés, et les deux points extrêmes
, dans le rocher. du territoire des tribus dissidentes, Beit-E
Dans l'Evangile de saint Matthieu (xxIII, et Dan, reçurent des idoles d'or que l'Ecri
29) nous lisons : Malheur à vous, scribes et ture sainte appelle des veaux (âdjelim). L'his
pharisiens hypocrites, parce que vous cons torien Josèphe, en parlant des sources du
truisez les tombeaux des prophètes, et que vous Jourdain, situées près de Dan, mentionne le
embellissez les monuments des justes (ört oixo temple de la Vache d'or qui était à côtéde
Soutère toùs répov; rö» rpopwröv, xai xoauºirs ta cette source. Il est évident qu'il s'agit de
uvnuti« röv ôixaiov). Serait - il par hasard l'un des temples établis par Jéroboam. L'em
question dans ce verset du tombeau des placement de ce temple est parfaitementre
prophètes dont j'ai donné la descrip connaissable aujourd'hui, et nul doute que
tion? C'est possible, mais j'en doute fort. ce ne soit le tertre artificiel nommé Tell-d-
Quels étaient les embellissements prodigués Qadhi que l'on rencontre avant d'arriver à
aux tombeaux des justes, et que mentionne Banias, au point même où sort de terre une
le verset de saint Matthieu ? Nous l'ignorons, source qui vient grossir le beau ruisseau que
et nous devons nous borner à † er ici la déverse la grotte de Pan à Banias; ce ruisseau
peinture rouge †le tombeau de Zacharie est certainement le véritable Jourdain des 8n
offre des traces"très-apparentes; peut-être ciens, et pourtant il devrait céder ce nom au
bien aussi est-il question de ciselures appli Nahr-Hesbaiah, qui est bien plus considéra
quées après coup à certains monuments; en ble que lui, et qui a déjà depuis quelques
ce cas s'expliquerait pour tout le monde la lieues le volume d'une vraie rivière, quand le
présence des ornements de l'architecture prétendu Jourdain, avec lequel il vient sº
grecque raffinée sur des mausolées qui sont, confondre, n'est encore qu'un misérable ruis
à mon avis, bien antérieurs à la belle période S08Ul.
de l'art grec. Cette dernière opinion a été Mais revenons aux idoles de Jéroboam. les
émise déjà par un savant éminemment dis Chroniques nous parlent de veaux (âdjelim
tingué, M. Williams, qui a publié deux vo et de boucs (châirim). Très-probablement ces
lumes des plus remarquables sur la cité sainte. boucs sont encore des idoles empruntées à
Je vais maintenant reprendre le dépouille l'Egypte, qui adorait le bouc et le bélier.
ment opéré chronologiquement du Livre des Lé verset 9 du chapitre xrv du I" Lirre des
Rois et de celui des Chroniques, pour en ex Rois est ainsi conçu : Et parce que tu as plº
traire tout ce qui se rattache à l'art judaïque. mtal agi que tous ceux qui ont été ºran !
Aussitôt après le schisme des dix tribus, parce que tu es allé et que tu t'es fait d'aulrº
rous voyons reparaître chez les Israélites les dieux et des images de fonte pour m'irritº
idoles de l'Egypte ; il ne sera sans doute pas et que tu m'as rejeté derrière ton dos, elº
sans intérêt de rappeler à quelle occasion, et C'est ainsi que commencent les menaces qº
pour cela je n'aurai qu'à transcrire quelques Jéhovah adresse à Jéroboam. Les imagesº
versets de la Bible (I Rois xII):— 25. Jéroboam fonte en question dans ce verset sont dºº
bâtit Sichem sur la montagne d'Ephraim, et certainement identiques avec les veaux dº
tl y demeura; il sortit de là et bâtit Henouël. de Beit-El et de Dan. Le mot dont l'écrival !
— 26. Jéroboam dit en son cœur : Mainte sacré se sert pour désigner ces imagesº
nant la royauté pourrait retourner à la mai fonte, est ici le mot masakhout, dont le sº
son de David. — 27. Si ce peuple monte à récis est bien image fondue (de nasaº
Jérusalem pour faire des sacrifices dans la ondre, couler, jeter en fonte).
maison de l'Eternel, le cœur de ce peuple Cependant les sujets du roi de Juda nerº
pourra se tourner vers son maître, vers Ro taient pas plus fidèles au culte de Jéhoº!
boam, roi de Juda : ils me tueront et retour car nous'lisons dans le I" Livre des Rois (X#
neront vers Roboam, roi de Juda. — 28. Le —22,Juda fit ce qui était mal aux yeur del #
roi ayant consulté, fit deux veaux d'or et dit ternel; ils l'irrîtèrent par les péchés q#
aux Israélites : C'est assez monter à Jérusa commirent, plus que tout ce qu'avaient !
lem : voici tes dieux, Israël, qui t'ont fait leurs pères. - 23.'Eux aussi se bâtiren !
monter d'Egypte. — 29. Il en mit un à Beit El, hauts-lieux (bamoût), des cippes metztbº
et plaça l autre à Dan. et des idoles (acherim) sur chaque haute col
Le II" livre des Chroniques, ne fait qu'une line, et sous chaque arbre verdoyant. J'ai dº
simple allusion à ce fait curieux; clle est dit que les acherim ne pouvaient être !
Contenue dans le verset 15 du chapitre xI. Le des images d'Astaroth, et non des b0cºéº
725. R()l' DES ANTIQUITES BIBLIQUES. ROl 726

le verset que je viens de transcrire le prouve Roboam est donc en 976, et c'est dans cette
irrésistiblement, car on n'établit pas des bo
cages sous des arbres.
†º que Chechenk s'est emparé de Jérusa
CIIl.
, Les crimes de Juda ne devaient pas rester Nous avons vu que les boucliers d'or avalent
impunis, et l'Eternel suscita contre son peu été déposés dans le palais de Salomon, au--
ple la colère du Pharaon Chechak. Nous lisons quel ils servaient très-probablement d'orne
dans le I" Livre des Rois (xIv) : -- 25. Il arrira ments. Ces boucliers, après l'invasion de
que la cinquième année du roi Roboam, Chechak, Chechenk, furent remplacés par d'humbles
roi d'Egypte, monta contre Jérusalem. — 26. houcliers d'airain. N'est-il pas tout simple
Il prit les trésors de la maison de l'Eternel et d'admettre que ces boucliers jouèrent, à cette
les trésors de la maison du roi, et il emporta époque reculée, le rôle des patères placées
tout. Il prit tous les bouoliers d'or que Salo † dans les métopes doriques ? A
mon avait faits, — 27. Le roi Roboamt fit à 'appui de cette opinion, j'ai déjà mentionné.
leur place des boucliers d'airain, dont il deux faits que je dois me borner à rappeler
commit la garde au capitaine des archers qui ici d'un mot seulement. Ce sont les boucliers
# l'entrée de la maison du roi. — enlevés des murailles d'un édifice pillé par
8. Et quand le roi entrait dans la maison des Assyriens, sur un bas-relief de k§ d
de l'Eternel, les coureurs les portaient et les et enfin la série de boucliers suspendus au
remettaient (ensuite) à la chambre des cou fronton du Parthénon, et dont la place est
reurs.Les mêmes faits sont racontés, à très encore parfaitement visible aujourd'hui.
| u près dans les mêmes termes, au II* Livre Nous venons de voir que Chechenk em
es Chroniques (xII, versets 9 à 11). porta tous les trésors du temple et du palais
Nous avons vu ce qu'étaient les trésors du de Jérusalem. Il est assez difficile de se rc:,-
temple et du palais. dre compte de cette assertion positive. Je
Le roi d'Egypte Chechenk ou Chechak, par serais néanmoins assez disposé à croire que
le pillage de ces deux seuls édifices, dut s'ap le temple proprement dit ne fut pas profané
proprier des richesses immenses. Ce Pharaon par les Egyptiens, et que les trésors placés
nous a laissé un assez grand nombre de mo dans les trois étages de petites chambres
numents qui ornent les musées d'Europe, et latérales et extérieures furent seuls pillés par
dont la † est, à très-peu d'années près, eux. Si la splendide ornementation et le mo
certaine. Chechenk était déjà sur le trône du bilier du temple eussent été enlevés, il sem
vivant de Salomon, car nous lisons (I Rois ble que l'Ecriture n'eût pas manqué de le
xI, 40) : Salomon chercha à ſaire mourir COnStater.
Jéroboam; mais Jéroboam se leva et s'enſuit Le règne d'Abias ou Abiam, fils de Roboam,
en Egypte, vers Chechak, roi d'Egypte, et il ne nous fournit aucun fait qui doive être
demeura en Egypte jusqu'à la mort de Sa eonsigné dans ce travail ; en revanche, le
lomon. Le roi d'Égypte qui occupait le trône règne suivant nous offre de curieux rensei
lors de la mort de David, et qui très-proba gnements. Nous lisons dans le I" Livre des
blement est le même que celui dont la fille Rois (xv):— 9. Et dans la vingtième année de
épousa Salomon, n'est désigné que sous le Jéroboam, roi d'Israël, Assa vint à régner
nom de Pharaon. Il est possible que ce soit sur Juda. — 10.... Le nom de sa mère fut
Psousennès, prédécesseur immédiat de Che Mâakah, fille d'Absalom (142). — 12.... Il fit
chenk I", car on s'expliquerait assez diflicile enlever toutes les idoles que ses pères avaient
ment et l'accueil bienveillant fait par Chechenk faites. — 13. Il dépouilla de sa puissance sc
aux ennemis de Salomon, et ensuite la guerre mère Mdakah, qui avait fabriqué une image
terrible déclarée par ce monarque à Roboam, effrayante d'Aserah ; Assa brisa cette image
si Chechenk était le beau-frère de Salomon et #ºf et la brûla dans le torrent de Ké
l'oncle par alliance de Roboam (141). Il est ron. — 14. Mais les hauts-lieux ne furent
plus probable que le beau-père de Saiomon pas supprimés; toutefois le cœur d'Assa fut
fut le dernier roi de la vingt et unième dy entier rers l'Eternel pendant tous les jours
nastie. -
de sa vie. — 15. Il apporta dans la maison de
Chechenk l" fut le fondateur de la vingt Dieu les consécrations de son père avec les
deuxième dynastie, et la guerre qu'il déclara siennes; de l'argent, de l'or et des vases.
au fils de Salomon devient assez naturelle, Voici comment le II° livre des Chroniques
quand on réfléchit que le nouveau roi d'E- raconte les mêmes faits (xIv):— 2.Assa fit ce
gypte, que quelque révolution mit sur le trône, qui était bien et juste aux yeur de Jéhovah,
ne dut pas se montrer l'ami de la dynastie son Dieu. — 3. Il ôta les autels de l'étranger
royale de Juda, qui était alliée aussi étroitement et les hauts-lieux : il brisa les stèles et mit en
avec la dynastie égyptienne que lui,Chechenk, pièces les aserim. -- 5. Il enleva de toutes les
avait renversée. Quoi qu'il eu soit, voici une villes de Juda les hauts-lieux et les hammo
date qui doit être à tres-peu près exacte : nim, etc. — 9. Zorkh le Couchy (l'Ethiopien)
Salomon a régné de 1020 à 980, et Roboam, sortit contre eux (l'armée d'Assa) arec une
par conséquent, a commencé à régner en 980 armée d'un million d'hommes et trois cents
avant Jésus-Christ ; la cinquième année de chariots, et vint jusqu'à Maresah. - 12.Jého
(141) Roboam était fils de Nàamch, l'Ammonite. kah, Si elle était mère d'Ahiam, elle ne peut être
(142) Nous lisons au même chapitre, versºt 2: mère d Assa mais bien sa grand'mére.Au restº, nous
Il (Abiam, père d'Assa) régna trois ans à Jérusalem. .isons (l I Chron. x1) : — 20. Après cºlle-ci (Mahu
Le nom de sa mère fut Maukah, fille d'Absalom. ll y lath), il (Roboam) épousa Mâakah, fille d'Absalom ;
a évidemment contradiction sur le coniptc de Màa elle lui enfanta Abiah... -
727 R01 I)lCTIONNAIRE ROf 723

vah frappa les Couchim devant Assa et devant truisit en la dépouillant elle-meme de la di
Juda, et les Couchim prirent la fuite. —13. gnité royale. Assa, nous dit l'Ecriture, fit
Assa, et le peuple avec lui, les poursuivirent enlever toutes les idoles que ses pères avaient
jusque vers Djerar, et il tomba des Couchim, faites, et cette assertion positive démontrent
parce qu'il ne leur resta plus de vivres, car ils qu'Abiah, ainsi que son père Roboam, avaient
furent brisés devant Jéhovah et devant son suivi le triste exemple de Salomon. Assa
camp. Ceux d'Assa emportèrent un butin con revint au culte du vrai Dieu, mais il n'eut
sidérable.(IIChron., xv): — 8... Il (Assa) abo † assez d'autorité pour abolir dans toute
lit toutes les monstruosités de tout le pays de 'étendue de ses Etats le culte professé sur
Juda et de Benjamin, et des villes qu'il avait les hauts-lieux; car si un verset des Chroni
prises sur la montagne d'Ephraim ; il renou ques dit que les hauts-lieux furent supprimés
vela l'autel de Jéhovah, qui était devant le dans toutes les villes de Juda, un autre verset
portique de Jéhovah. — 9. Il rassembla tout du même livre des Rois dit précisément le
Juda et Benjamin. — 10. Ils s'assemblèrent à contraire. Nous avons vu que Chechenk avait
Jérusalem, le troisième mois de la quinzième enlevé tous les trésors du temple et du palais.
année du règne d'Assa. — 16. Et il dépouilla Ceci explique comment Assa s'efforça de
aussi de sa grandeur Mdakah, mère du roi reconstituer le trésor sacré, en y versant les
Assa, qui avait fait une image d'Aserah;Assa sommes d'or et d'argent et les vases précieux
mit en pièces cette image, la broya et la qu'il avait consacrés lui-même, aussi bien
brûla dans le torrent de Kédron. — 17. Mais que ceux qui avaient été consacrés par son
les hauts lieux ne furent point ôtés d'Israël.... père. Ce prince rétablit devant le portique du
— 18. Il (Assa) apporta dans la maison de temple l'autel des holocaustes; il en faut
Dieu les consécrations de son père et ses con conclure que l'autel d'airain construit par
sécrations : de l'argent, de l'or et des vases, Salomon avait été renversé par Chechenk ;
-19.Il n'y eut pas de guerre jusqu'à la Voilà, il faut en convenir, un fait bien opposé
trente-cinquième année du règne d'Assa (143). à † que j'ai émise plus haut, que peut
Voyons à déduire de l'examen de ces deux être le conquérant égyptien avait respecté
assages les faits intéressants qui en décou le temple proprement dit. La rénovation de
ent. l'autel des holocaustes eut lieu très-probable
Roboam mourut dans la dix - huitième ment au moment où le peuple entier de Juda
année de son règne (II Chron., xIII, 1), et son et de Benjamin fut rassemblé à Jérusalem
fils Abiah lui succéda. Celui-ci régna trois pour reprendre avec éclat le culte de Jéhovah.
ans, et laissa le trône à son fils Assa, qui Cette assemblée générale eut lieu dans le
commença à régner dans la vingtième année troisième mois de la quizième année d'Assa,
de Jéroboam, roi d'Israël (I Rois xv, 9), et c'est -à- dire en 945 ou 944 avant Jésus
resta maître du pays pendant quarante et un Christ.
ans. Pendant les dix premières années d'Assa Un verset nous apprend qu'il n y eut pas
le pays fut tranquille (1I Chron., xIv, 1), et ce de guerre avant la trente-cinquième année
fut alors que Zorkh le Couchy (l'Ethiopien, du règne d'Assa ; c'est donc vers l'an 927
le roi § très-probablement) marcha avant Jésus-Christ que cette guerre aurait
contre Jérusalem. Voyons à quelle année ce éclaté, et, d'un autre côté, nous lisons (I Rois
fait doit être reporté. En admettant qu'il ait XV, 16) qu'il y eut guerre entre Assa et Baessa
eu lieu dans la onzième année d'Assa, la pre pendant toute leur vie. Il est probable que la
mière année du règne de Roboam doit être guerre spéciale dont il est question, à propos
placée en 980, la première d'Abiah en 963, et de la trente - cinquième année d'Assa, fut
enfin la première d'Assa en 960. C'est donc celle dans laquelle le roi d'Israël vint s'éta
en 950 ou 949 avant Jésus-Christ que Zorkh blir militairement à Rama, pour ne laisser
a fait son expédition contre 'a Judée. à personne des sujets d'Assa la faculté de
Qu'était-ce que ce Zorkh ? Très-probable franchir cette limite ; on était alors dans la
ment Osor-khon, premier fils de Chechenk, trente-sixième année d'Assa, c'est-à-dire en
car les deux noms Zorkh et Osorkhon sont 924 avant Jésus-Christ. (II Chron., xvI, 2.)
bien voisins. Osorkhon I", de la vingt Assa prit tout l'or et tout l'argent qui était
deuxième dynastie, était donc sur le trône resté dans les trésors de la maison de Dieu et
d'Egypte en 950 avant Jésus-Christ. Sans dans les trésors de la maison du roi, et 1!
doute ce prince aura voulu imiter son † en envoya une partie à Ben-Hadad, roi d'A-
et aura tenté une expédition dans laquelle il ram, dont la capitale était Damas, en le priant
ne trouva que la ruine et la honte, au lieu de s'allier à lui et de l'aider contre le roi
des trésors qu'il espérait conquérir. d'Israël. Ben-Hadad se hâta d'accepter le
Les textes bibliques transcrits plus haut marché, et il fit marcher contre Israël une
nous montrent que l'idolâtrie avait persisté armée dont la présence désastrueuse †
dans la famille de David, puisque Mâakah,fille bientôt Baessa à s'occuper exclusivement de
d'Absalom et petite-fille de David, qui avait la défense de ses propres Etats. La construc
épousé son cousin Roboam, rendait un culte tion de Rama fut abandonnée, et Assa fit
à une image d'Astarté, que son petit-fils dé enlever les pierres de taille et les bois de
(145) Nous lisons dans le I" Lirre des Rois (v v, Tirzah, vingt-quatre ans. Ces deux versets ne peu
16) : Il y eut guerre entre Assa et Boessa, roi d' 1s vent se concilier avec le verset 19 du chapitre xv
raél, pendant toute leur vie. Et plus loin (l. xv, 55): des Chroniques, qu'en admettant qu'il n'est question
"f)ans la troisième an, ée d'Assa, roi de Juda, Baessa, que d'une guerre d'invasion dans ce dernier verset.
fls d'.Akhtas, commença a regner sur tout ls uel, a

:
720 R01 DES ANTIQUITES BIBLIQUES. R01 750

construction qui y avaient été accumulés par désignent encore une fenêtre grillée; or le
les Israélites, et qui servirent à bâtir les villes sens rigoureux de ce mot est treillis : il faut
fortes de Djebâa et de Masfah. (1 Rois xv, 16 en conclure que la fenêtre à travers laquelle
et suiv.) De ce récit il résulte que le temple Akhazias fit une chute était un de ces treillis
et le palais furent encore une fois dépouillés, de bois qui garnissent toutes les fenêtres
par Assa lui-même, de tous les trésors qu'il orientales, fenêtres qui sont de vrais ca
y avait déposés depuis l'invasion de Che binets en saillie sur le mur extérieur, cons
chenk. truits en bois et garnis, à hauteur d'appui et
Sous le règne de Josaphat il est question jusqu'à leur sommet, de larges grillages à
d'une cour neuve du temple ; voici le verset travers lesquels on peut voir sans être vu.
qui contient cette mention, malheureusement C'est très-probablement du haut d'un véri
fort sèche (II Chron., xx, 5) : Josaphat se table balcon de ce genre que tomba le roi
présenta dans l'assemblée de Juda et de Jé Akhazias † en s'appuyant fortement con
rusalem, dans la maison de Jéhovah, devant tre un grillage trop faible pour résister au
la cour neuve. Très-probablement cette cour poids de son corps , l'aura brisé et traversé,
neuve avait été construite pour réparer les pour tomber dans la rue.
dévastations exercées par les Egyptiens, lors Nous avons vu que le roi d'Israël Akhab
de la venue de Chechenk. avait fait bâtir un temple de Baal à Samarie ;
Pendant que Josaphat était sur le trône de la révolution qui mit Jéhu sur le trône amena
Juda, † ſils d'Omri, régnait en Israël. la ruine de ce temple et le massacre de tous
Celui-ci prit pour femme Iezabel, fille d'Itbâal, les Israélites adorateurs de Baal. Le récit de
roi des Sidoniens, et adopta le culte de Baal. cette terrible exécution est donné dans le
Il éleva, dit l'Ecriture sainte, un autel à Baal, chapitre x du II" Livre des Rois, versets 17
dans la maison de Baal, qu'il bâtit à Sama à 28. Quelques-uns de ces versets méritent
rie. — Akhab dressa une Aserah... (1 Rois d'être cités intégralement. Les voici : — 21.
xvI, 32 et 33.) Jehu envoya dans tout Israël ; tous les ser
Nous savons donc, de source ' certaine, viteurs de Baal vinrent, il n'y en eut pas un
qu'Akhab fit bâtir un temple de Baal à Sa qui ne vînt; ils entrèrent dans la maison de
marie, et qu'il introduisit parmi son peuple Baal; la maison de Baal fut remplie d'un bout
le culte de Baal et d'Astarté ; ceci revient évi d l'autre. L'enceinte sacrée devait être con
demment à dire que Samarie, la capitale du sidérable, puisque tous les adorateurs de
royaume d'Israël, fut envahie complétement Baal, accourus de tous les points du royau
par l'art phénicien. Nous croyons en trouver me, y avaient trouvé place.—22. Il dit au pré
une preuve satisfaisante dans le fait que nous posé du vestiaire : Tirez-en des vétements
révèle le verset suivant : Le reste des faits pour tous les serviteurs de Baal; et il leur
d'Akhab et tout ce qu'il a fuit, et la maison en tira des vêtements. Il paraît, d'après ce
d'ivoire qu'il bâtit, sont écritsau Livre des faits verset, que, pour assister, suivant les rites
du temps des rois d'Israël (1 Rois xxII, 39). voulus, aux cérémonies de ce culte, il fallait
l'emploi sur une si grande échelle de l'ivoire, revêtir un costume particulier. Le vestiaire
comme moyen d'ornementation, rappelle im qui contenait des costumes pour une pa
médiatement les magnifiques morceaux d'i- reille foule d'assistants devait être immense ;
voir§ueillis da§ines de l'Assyrie, et raison de plus pour penser que le temple,
qui sont aujourd'hui l'un des plus précieux dont il n'était qu'une dépendance, avait lui
trésors du † Museum. A la vue de ces même de vastes dimensions. — 25. Tous les
débris inestimables, notre savant confrère et assistants furent massacrés, et leurs cadarres
ami, M. Ch. Lenormant, n'a pas hésité un jetés hors du temple. Puis : 26. — Ils tirèrcnt
seul instant à déclarer que le travail de ces dehors les stèles de la maison de Baal et les
ivoires leur assignait une origine phéni brûlèrent. — 27. Ils démolirent la stèle de
cienne, et nous sommes parfaitement con Baal, et démolirent la maison de Baal. et en
vaincu, pour notre part, que cette opinion est firent des lieux infects jusqu'à ce jour. Les
† La maison d'ivoire d'Akhab fut très-pro stèles qui furent tirées du temple pour être
brûlées étaient º† des stèles de
pablement nommée ainsi, parce qu'elle était
revêtue d'ornements sculptés par des artistes bois. La stèle de Baal proprement dite fut
sidoniens, venus à la suite de Iezabel, et ana démolie , ajoute l'écrivain sacré ; celle-là
logues à ceux qui ont été exhumés des fouil donc était sans doute de pierre, comme le
les de Ninive. temple qui subit le même sort.
A Akhab succéda son fils Akhazias, dont la Athalie s'était emparée de la royauté après
mort fut la suite d'un accident que l'Ecriture la mort de son fils Akhazias , et pour assurer
sainte raconte ainsi : Akhazias tomba à tra son usurpation avait décidé la mort de tout
vers le treillis de la chambre haute, à Sa ce qui restait de la race de David. Un faible
marie, et en fut malade : il envoya des mes enfant, Joas, fils d'Akhazias, fut soustrait à la
sagers, leur disant : Allez, consultez Baal rage d'Athalie : il fut élevé par les soins du
Zeboub, dieu d'Akaroun, pour savoir si je grand prêtre Joad; et lorsqu'il eut atteint
guérirai de cette maladie (II Rois, I, 2 . l'âge de sept ans, une conspiration le remit
Ce passage nous fournit un renseignement sur le trône de ses pères, en infligeant à
très-curieux. Akhazias tomba à travers le l'usurpatrice le juste châtiment de ses cri
treillis de la chambre haute, et ce treillis est mes. Ainsi qu'en Israël, le culte de Baal avait
désigné par le mot chabbakah, qui n'est au été apporté à Jérusalem par la digne fille
tre que le mot par lequel tous les Arabes † et de Iezabel; un temple avait été
751 R0I DlCTIONNAIRE R01 752

bâti, et un corps pontificat constitué.Aussitôt il fit publier dans tout le royaume l'ordre
après le meurtre d'Athalie tout le peuple du d'apporter à Jéhovah lacontribution que Moise
pays entra dans la maison de Baal., Ils dé avait imposée à Israël dans le désert. Le peu
molirent ses autels et brisèrent entièrement ple accourut avec empressement, et le tronc
ses images, et tuèrent devant les autels Ma se remplit. On le vidait journellement devant
than, le cohen de Baal (II Rois xI, 18, et le sécrétaire du roi et le préposé du grand
II Chron., xxIII, 17). Où était situé dans prêtre ; des sommes immenses furent ainsi
l'enceinte de Jérusalem ce temple de Baal ? amassées, et elles furent versées entre les
Il est vraisemblable qu'il était dans l'enceinte mains des architectes du temple, qui réu
même du temple, puisque nous lisons dans nirent et soldèrent les tailleurs de pierre, les
le II" Livre des Chroniques (xxIv, 7) : Car charpentiers et les ouvriers en fer et en cui
l'impie Athalie et ses fils (c'est Joas qui parle) Vre, chargés de réparer la maison de Dieu.—
ont ruiné la maison de Dieu , et ils ont eon 13. Les ourriers iravaillèrent, et par eux la
rerti en baalim toutes les saintetés de la mai réparation s'opéra, et ils replacèrent la mai
son de Jéhovah.Le temple contenait des ima son de Dieu dans son (premier) état, et ils la
#º de Baal, ceci est mis hors de doute par consolidèrent.— 14. Et lorsqu'ils eurent fini,
• texte sacré lui-même, et très-certaine ils apportèrent devant le roi et Joad le res
ment ces images étaient l'œuvre d'artistes tant de l'argent, et ils firent des vases pour
habitants de Jérusalem. la maison de Jéhovah , des vases de service,
Il est certain qu'au moment où Joas fut des pilons, des tasses et des vases d'or et
remis en possession de la couronne dont il d'argent, et lion offrait des holocaustes dans
était l'héritier légitime, le temple était en la maison de Jéhovah, toujours, pendant toute
mauvais état, grâce sans doute à l'invasion la vie de Joad.
égyptienne, grâce surtout à l'incurie des
† qui avaient successivement occupé Cet état de choses ne dura que jusqu'à la
mort du grand prêtre qui avait sauvé la cou
e trône, depuis Salomon, et qui, pour la ronne de Joas, car à peine fut-il mort, que
plupart, avaient abandonné le culte du vrai
ieu. Joas chargea les prêtres de ces répa les chefs de Juda parvinrent à détourner le
rations urgentes, en leur enjoignant de dis roi de la ligne de conduite qu'il avait suivie
poser, pº† y subvenir, de tout l'argent jusqu'alors, et l'entraînèrent avec eux à l'i-
dolâtrie. — 18. Ils abandonnèrent la maison de
consacré que l'on apporterait au temple.
Les cohenim perçurent bien l'argent, mais Jéhovah, Dieu de leurs pères, et suivirent
ils n'en firent pas l'usage prescrit, de sorte les aserim et les idoles — 20. L'esprit de
qu'en la vingt-troisième année de son règne, Dieu s'empara de Zacharie , fils de Joad, le
Joas, s'apercevant qu'aucune réparation n'a- cohen. Il se plaça à la téte du peuple et leur
vait été même commencée , fit appeler le dit : Pourquoi transgressez-vous les comman
dements de Jéhorah ? Vous ne prospérerez
grand prêtre Joad et tous les cohenim : et, pas;
après leur avoir reproché leur incurie, leur parce que vous avez abandonnéJéhoroh,
défendit de toucher aucune somme, quelle il vous abandonnera. — 21. Ils conspirèrent
qu'elle fût, sans la verser immédiatement contre lui et le lapidèrent, par ordre du roi,
en d'autres mains, pour qu'elle fût # liquée dans le parvis de la maison de Jéhorah. -
aux réparations du temple. Un véritable tronc 22. Joas le roi ne se souvint pas du bien que
fut placé à droite de l'autel des holocaustes, Joad son père lui avait fait, mais il fit tuer
ct les cohenim de service à la porte du tem son fils , et à sa mort celui-ci dit : Jého
ple, étaient obligés d'y jeter tout l'argent vah verra et vengera ( ma mort ). -- 23.
Ce fut au retour de l'année que l'armée
qui était apporté en offrande. L'argent pro d'Aram
venant de ce tronc était remis directement monta contre lui; ils vinrent dans
aux architectes, aux charpentiers, aux ma Juda et Jérusalem, et ils firent périr tous les
çons et aux tailleurs de pierre, et il n'en chefs du peuple, et en envoyèrcnt tout le
était rien distrait pour le service du temple, butin au roi , à Darmechk (Damas) Ce fut
c'est-à-dire pour fabriquer des coupes d'ar après ce désastre qu'une conspiration éclata
gent , des couteaux, des tables, des trom à Jérusalem, contre Joas qui fut assassiné
pettes, ni des vases d'or et d'argent (II Rois dans son lit par Zabed, fils de Semâat l'Am
XII, 5 à 14). monite, et Iehouzabad, fils de Semrit le M0
Voici comment les mêmes faits sont ra habite (143*.)
Contés dans le II° Livre des Chroniques On n'a pas perdu de vue que l'un des tom
(xxIv, 5 et suivants) : Joas envoya les cohe beaux de la vallée de Josaphat, celui qui est
nim et les Lévites parcourir les villes du monolithe, porte le nom traditionnel de tom
† pour recueillir de l'argent, afin de beau de Zacharie. Est-ce réellement le tom
subvenir aux réparations du temple. Les Lé beau du fils du grand prêtre Joad ? La chosº
vites n'exécutant pas ses ordres , le roi fit est très-possible; ce qui est certain, c'est que
venir devant lui le grand prêtre Joad, et lui le Pèlerin de Bordeaux, en 333, entendit les
reprocha son incurie. — 7. Car, lui dit-il, habitants de Jérusalem dire que ce tombºº!
l'impie Athalie et ses fils ont ruiné la maison était celui du prophète Isaïe. Peut-être étail
de Dieu. Il lui donna l'ordre de faire placer ce celui du prophète Zacharie, dont le noº
un tronc à la porte extérieure du temple, et avait été remplacé pour les habitants alors
(145') Le II" Livre des Rois (xxu, 21) dit que Joas fut assassiné dans le palais de Meloua (Milº)
qui est sur la descente de Sela (Siloé?).
755 ROI DES ANTIQUITES BIBLIQUES. RO| 734

chrétiens de la ville sainte, par celui d'Isaïe, fortifia. — 10. Il bdtit des tours dans le dé
qui leur était beaucoup plus connu. sert, et creusa plusieurs citernes.— 14. Osias
Nous avons déjà vu plusieurs fois que le fit préparer, à eux et à toute l'armée, des
trésor du temple était épuisé par les rois de boucliers, des lances, des casques, des cuiras
Juda, lorsque ceux-ci se sentaient serrés de ses, des arcs et des frondes. — 15. Il fit d
près par un ennemi trop puissant. Le règne Jérusalem des machines, des travaux d'ingé
de Joas nous offre un nouvel exemple de ce nieur pour être sur les tours et sur les angles,
fait. Hazaël, roi d'Aram, marchait sur Jérusa pour tirer des flèches et lancer de grandes
lem; Joas, roi de Jutla, prit tout ce qui était pierres... Ces versets n'ont pas besoin de
consacré, ce que Josaphat, Joram ei Akha commentaires.
zias, ses pères, les rois de Juda, avaient con Nous trouvons au règne de Joatham un
sacré, ce qu'il avait consacré (lui-même), et renseignement malheureusement fort suc -
tout l'or qui se trouvait dans les trésors de cinct, et que je ne dois † moins consigner
la maison de l'Eternel et de la maison du roi, ici. C'est lui qui a bâti la haute porte de la
et il l'envoya à Hazaël, roi d'Aram, qui se maison de l'Eternel (II Rois xv, 35). Le py
retira de devant Jérusalem (II Rois xii, 18). lone du temple aurait-il eu besoin d'être re
A Joas succéda son fils Amasias, et à Jehu, levé, ou s'agit-il d'une porte détachée du mo
roi d'Israël, Joakhas son fils. Pendant le rè nument et placée en avant ? Je l'ignore. Le
gne de ce dernier, l'idolâtrie subsista à Sa même fait est rapporté dans le II" Livre des
marie ; car nous lisons que !'Aserah resta de Chroniques(xxvII) : —3. Ce fut lui qui bâtit la
bout à Samarie (II Rois xIII, 6). De son côté, haute porte de la maison de Jéhorah, et il
Amasias, ayant entrepris une campagne heu bâtit beaucoup à la muraille d'Ophel. — 4. Il
reuse contre les Edomites, rapporta les dieux bâtit des villes sur la montagne de Juda, et
de ses ennemis vaincus, et eut l'incroyable dans les lieux arables il bâtit des châteaux
pensée de leur adresser un culte. Fier de ce et des tours. Le mot que je rends par lieux
succes, Amasias défia le roi d'Israël, Joas, qui arables est kharachim de kharach, incidit, ara
fondit sur l'armée de Juda, fit prisonnier le vit. On l'a traduit jusqu'ici par forêts; mais je
roi lui-même, et le reconduisit à Jérusalem, me crois le droit de demander où il y a ja
dont les murailles furent abattues sur une mais eu et pu avoir des forêts en Judée.
longueur de quatre cents coudées, depuis la Le règne d'Akhas, fils de Joatham, fut un
porte d'Ephraïm jusqu'à la porte de l'Angle règne désastreux pour Jérusalem ; voici les
(11 Chroniques, xxv, 23, 24.) Et Joas prit faits qui s'y rattachent, et dont il faut tenir
tout l'or et l'argent, ct tous les a§ qui se compte dans ce travail. Vivement attaqué par
trouvaient dans la maison de Dieu, auprès du Razen, roi d'Aram,-- S. Akhas prit l'argent et
serviteur d'Edom, ainsi que les trésors de la l'orqui se trouvaient dans la maison de l'Eter
maison du roi et les enfants en otage, et il nel et dans les trésors de la maison royale, et
s'en retourna à Samarie. Voici, encore il les envoya au roi d'Assour, comme don. —
une fois, les trésors sacrés et royaux complé 9. Le roi d'Assour y acquiesça, et courut à
tement dépouillés. Amasias périt à Lachis, Damas, la prit et en transporta les habitants
victime d'une conspiration. à Kir, et il fit mourir Razen. — 10. Le roi
Le règne de Joas, roi d'Israël, nous fournit Akhas alla au-devant de Tiglat-Félasar, roi
un renseignement assez curieux. Le prophète d'Assour, à Damas, et royant l'autel qui y
Elisée mourut après avoir annoncé à ce prince était, le roi Akhas envoya à Ouriah, le cohen,
qu'il battrait les armées d'Aram. Elisée fut la figure et le modèle de l'autel, selon toute la
enseveli dans une sépulture particulière. Dans façon qu'il avait—. 11. Ouriah, le cohen, cons
cette année, des troupes moabites firent une truisit l'autel suirant tout ce que le roi Akhas
incursion dans le pays. — Il arriva qu'en avait envoyé de Damas : Ouriah, le cohen, le
« nsevelissant un homme, voilà qu'on aperçut ſit ainsi, avant que le roi Akhas fût revenu de
une de ces troupes, et on jeta cet homme dans Damas. -- 12. Le roi revint de Damas, et,
1e sépulcre d'Elisée, et on se retira, ct l'homme voyant l'autel, il s'en approcha et sacrifia sur
toucha lcs ossements d'Elisée : il vécut et il cet autel. — 14. Quant à l'autel d'airain qui
se dressa sur ses pieds (Il Rois xIII, 20 et était devant l'Eternel, il le fit reculer de dc
21). De ce passage nous pouvons conclure rant la maison, d'entre l'uutel et la maison de
que le sépulcre du prophète Elisée était ou l'Eternel, et il le plaça à côté de l'autel, au nord.
vert, et probablement taillé dans le roc. Il — 15. Le roi Akhas commanda à Ouriah, le
existe en Syrie des tombeaux antiques de ce cohen, et dit : Présente sur le grand autel
genre, notamment au sommet de la montée l'holocauste du matin et l'offrande du soir,
qui, du fond de la vallée de Naplouse ou de ainsi que l'holocauste du roi et son offrande,
Sichem, conduit à la route de Djenin sur le et les holocaustes de tout le peuple, leurs of
pâté du mont Ebal. Là se trouvent, à fleur de frandes et leurs libations, et tu répandras des
roc, des ouvertures rectangulaires qui débou sus tout le sang de l'holocauste et tout le sang
chent dans de petits caveaux sépulcraux, que des sacrifices; et l'autel d'airain, j'en aurai
je n'ai malheureusement pas eu le temps d'é- soin. — 16. Ouriah, le cohen, fit selon tout
tudier avec soin. ce que le roi Akhas arait commandé. - 17.
Voici les renseignements que nous trou Le roi Akhas retrancha les cloisons des sup
vons sur le règne d'Osias, fils d'Amasias (II ports et en ôta les bassins, et il descendit la
Chroniques, † : — 9. Osias bâtit des tours à mer de dessus les bœufs d'airain qui était des
Jérusalem, sur la porte de l'Angle, sur la seus, ct il la plaça sur un paré de pierres. - 18.
porte de la Vallée, sur l'encoignure, ct il les Il chaºgca, dans la maison de l'Eternel, l'al
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lée couverte du Sabbat, qu'on avait bâtie dans pas offert d'holocaustes dans le sanctuaire au
la maison, ainsi que l'entrée extérieure du roi, Dieu d'Israël. (II Chron , xxIx.) Il serait dif
à cause du roi d'Assour. (II Rois, xvI.) ficile de décrire en termes plus précis l'oubli
Voici maintenant les détails que nous trou du culte hébraïque dont Akhas s'était rendu
vons, touchant les mêmes faits, dans le II° coupable. Ezéchias n'hésita pas à détruire tout
Livre des Chroniques (xxvIII) : -2. Il (Akhas) ce qui rappelait l'idolâtrie de son père ; voici
marcha dans les voies des rois d'Israël; il fit les détails bibliques de cette restauration du
aussi des statues de fonte pour Baal. — 3. Il culte : 4. Il ôta les hauts-lieux, brisa les stèles,
fit des fumigations dans la rallée de Ben-Hin mit en pièces les aserim,et rompit le serpent
nom, et brûla ses enfants au ſeu, selon les abo d'airain que Moise avait fait; ccr, jusqu'à ce
minations des nations que Jéhovah avait ex temps, les enfants d'Israèl lui faisaient des
pulsées devant les enfants d'Israël. — 4. Il fit encensements; on le nommait Nakhastam (de
des fumigations et des sacrifices sur les hauts nakhas, airain, et tan, serpent. (II Rois,
lieux et sur les collines, et sous tout arbre XVIII.) Il est extrêmement curieux de retrou
verdoyant.—23. Il fit des sacrifices aux dieux ver ici cette mention du fameux serpent d'ai
de Damas, qui l'avaient battu, et il dit : Puis rain, fondu, par l'ordre de Moïse, dans le dé
que les dieux d'Aram les secourent, c'est à eux sert; il est § qu'il est resté pendant plu
que je veux faire des sacrifices, et ils m'aide sieurs siècles un objet de vénération. Mais où
ront ! Et ce sont eux qui furent un piége pour était-il placé? Il est impossible de le préciser,
lui ct pour tout Israèl. — 24. Akhas ayant bien que très-probablement son origine res
réuni les vases de la mais on de Dieu, mit en pectable lui eût fait assigner un em§ement
pièces les vases de la maison de Dieu, et il fer dans l'enceinte du temple.
ma les portes de la maison de Jéhovah, et il Les Chroniques nous donnent un récit plus
se fit des autels dans tous les coins de Jérusa explicite de la purification du temple; le voi
lem. Ce passage est très-précieux, en ce qu'il ci :-16. Les cohenim entrèrent dans la maison
nous apprend que pendant une partie du rè de Jehovah pour la purifier, et ils firent sortir
gne d'Akhas le temple fut fermé. toutes les impuretés qu'ils trouvèrent dans le
L'idolâtrie avait fait de tels progrès en Is temple de Jehovah , dans le vestibule de la
raël, que le châtiment ne pouvait se faire at maison de Jehovah ; les Lévites les reçurent
tendre.—9. Les enfants d'Israël avaient secrè pour les tirer dehors, vers le torrent de Ké
tement pratiqué des choses qui n'étaient pas dron. — l7. Ils commcncèrent le premier jour
bien, contre l'Eternel; ils s'étaient bâti des du premier mois à sanctifier, et le huitième
hauts-lieux dans toutes leurs villes, depuis la ils entrèrent dans le portique de Jéhovah, et
tour des gardes jusqu'aux villes fortes. — 10. ils achevèrent le seizième jour du premier
Et ils s'étaient dressé des stèles et des aserim mois. — 18. Ils entrèrent dans l'intérieur vers
sur chaque colline élevée et sous chaque arbre Ezéchias, le roi, ct lui dirent : Nous avons
verdoyant (II Rois xvII) : — 16. Ils araient purifié toute la maison de Jehovah, l'autel des
abandonné tous les commandements de l'Eter holocaustes avec tous ses ustensiles, et la table
nel, leur Dieu; ils s'étaient fait deux veaux de de proposition avec tous ses ustensiles. — 19.
fonte; ils avaient fait des aserim ; ils s'étaient Et nous avons mis en place et sanctifié tous
prosternés devant tous les ordres célestes, et les ustensiles que le roi Akhas avait souillés
avaient servi Baal. — 17. Ils avaient ſait pas durant son règne, pendant sa prérarication ;
ser par le ſeu leurs fils et leurs filles; ils ils sont devant l'autel de Jehovah. (II Chron.,
avaient fait des enchantements et des divina xxIx.) Le chapitre suivant (xxx, 14) nous
tions. Osée, fils d'Ela, était alors roi d'Israël ; fournit à ce propos un verset important que
Salmanasar, roi d'Assour, vint l'attaquer, s'em voici : Ils se levèrent et ôtèrent les autels qui
para de Samarie, après un siége de trois ans, étaient à Jérusalem, et ils enlevèrent aussi les
et transporta les dix tribus dissidentes à Kha autels à encensements, et ils les jetèrent dans
lah, sur le fleuve Khabour, et dans les villes le torrent de Kedron... puis eurent lieu les
de la Médie. (II Rois, xvII, 5 et 6.) A la mort sacritices expiatoires et la célébration solen
d'Akhas, Ezéchias, son fils, monta sur le trône, nelle de la pâque. Et lorsque tout cela fut
et le culte de l'Eternel fut aussitôt rétabli dans achevé, tous ceux d'Israèl qui étaient présents
toute sa pureté primitive. 3. C'est lui qui, sortirent vers les villes de Juda, brisèrent /es
dans la première année de son règne, dans le stèles, mirent en pièces lcs aserim, démolirent
premier mois, ouvrit les portes de la maison les huuts-lieur et les autels dans tout Juda,
de Jehovah et la solidifia. - 4. Il fit venir les en Benjamin, en Ephraim et en Manassé, jus
cohenim et les Lévites, et il les assembla dans qu'à ce qu'ils eurent tout anéanti, et tous les
la place, à l'orient. (II Chron., xxIx.) Ces enfants d'Israël s'en retournèrent, chacun
deux versets nous apprennent, on le voit, que dans son héritage, dans leurs villes. (IIChron.,
le temple, fermé depuis longtemps, vit rouvrir xxx1.)
ses portes dès l'intronisation d'Ezéchias; ils Dans la quatorzième année du règne d'Eze
nous apprennent aussi que le parvis oriental chias, Sankherib marcha contre le royaume
du temple offrait une place de réunion assez de Juda; Ezéchias s'empressa de s'en débar
grande pour contenir l'assemblée du corps rasser en lui offrant un tribut qui fut fixé à
sacerdotal. Les paroles du roi lui-même, dans trois cents kikars d'argent et trente kikars d'or;
cette assemblée, constatent l'abandon que le c'est-à-dire, le kikar étant de 18 kil. 088,
temple avait subi. 7. (Nos pères) ont aussi fer 5426 kil. 4 d'argent, et 542 kil.64 d'or. Il fal
mé les portes du portique, ont éteint les lam
lut donner cette fois encore tout l'argent qui
pcs, n'ont pas présenté d'encensements, n'ont se trouvait dans la maison de l'Eternel et dans
757 IR01 DES ANTIQUITES BIBLIQUES. R()I 758

les trésors de la maison royale.(II Rois, xvIII, presque textuellement les mêmes faits (II,
13-15.)— 16. En ce temps, Ezéchias abattit les xxxIII, 3-7). Le verset 6 précise seulement
battants du hikal de l'Eternel, et les linteaux que ce fut dans la vallée des fils de Hinnom
† roi de Juda, avait couverts, et il que Manassès fit passer ses fils par le feu.
es donna au roi d'Assour. (I1 Rois, xvIII.) Ce Manassès, après avoir été conduit en cap
verset prouve de la manière la plus évidente tivité à Babylone, s'humilia devant Jehovah ;
que les portes d'or du hikal de Salomon il recouvra sa liberté et revint à Jérusalem.
avaient été enlevées par Chechenk, et que des 14. Après cela, il bâtit un mur extérieur à la
portes avec battants et linteaux plaqués d'or ville de David, vers l'occident de Gihon, dans
n'avaient été rétablies que sous le règne d'E- la vallée, jusqu'à la porte des Poissons, le con
zéchias. tinuant jusqu'à Ophel, qu'il éleva, élevant con
Lorsque Sankherib revint à la charge, Ezé sidérablement... — 15. Il ôta les dieux étran
chias, sommé de se rendre, se réfugia au tem gers et l'idole de la maison de Jehovah, ainsi
ple,et adressa à l'Eternel une prière dans la que tous les autels qu'il avait bâtis sur la mon
quelle nous trouvons ce passage curieux : 17. tagne de la maison de Jéhovah et à Jérusalem,
Certes, ô Eternel ! les rois d'Assour ont dé et il les rejeta hors de la ville. — 16 Il réta
truit ces nations et leur pays. — 18. Ils ont blit l'autel de Jehovah... — 17. Cependant, le
livré au feu leurs dieux, car ce n'étaient point peuple sacrifiait encore sur les hauts-lieux. (II
des dieux, mais bien des ouvrages des mains Chron., xxxIII.)
de l'homme, de bois et de pierre, et ils les ont A Manassès succéda son fils Ammon, qui
anéantis. (II Rois, xIx. Le prophète Isaïe fut reprit aussitôt l'idolâtrie abandonnée par son
chargé de reporter à Ezéchias la parole de père. Il ne régna que deux ans, et périt vic
Dieu, et dans son discours nous trouvons le time d'une conspiration. Josias, son frère, fut
passage suivant : 28. Parce que tu as été ar mis sur le trône à sa place. L'avénement de
rogant contre moi, et que ta bravade est mon ce prince fut le signal d'un retour sincère au
tée à mes oreilles, je mettrai ma boucle en tes culte de l'Eternel. Nous ne pouvons mieux
narines, et mon mors dans tes mâchoires, etc. faire que de copier textuellement le récit bi
(II Rois, xIx.) Ce verset nous montre que dès blique (Il Chron. xxxIv) :—1.Josias était âgé
cette époque on se servait d un anneau passé de huit ans quand il devint roi, et il régne
dans la narine pour guider les chameaux, et trente et un ans à Jérusalem. — 3. Dans la
du mors pour les chevaux. huitième année de son règne, étant encore jeu
Un dernier renseignement sur les travaux ne, il commença à rechercher le Dieu de David,
du roi Ezéchias nous est donné par le passage son père; et dans la douzième année, il com -
suivant : Le reste des faits d'Ezéchias, tous mença à purifier Juda et Jérusalem des hauts
ses exploits, comment il fit l'étang et l'aqueduc lieux, des aserim, des idoles sculptées et des
par lequel il fit entrer les eaux dans la ville, idoles fondues. — 4. On démolit devant lui
est écrit dans lc lirre des faits du temps des les autels des bâalim, et il brûla les hammonim
rois de Juda. (II Rois, xx, 20.) Quel est cet qui étaient par-dessus, et il abattit les aserim,
étang, quel est cet aqueduc? On l'ignore; il les idoles sculptées et les idoles fondues; il les
me paraît probable cependant qu'il s'agit des broya et en répandit les débris sur les tom -
étangs connus sous le nom de vasques de Sa beaux de ceux qui leur avaient sacrifié. -- 5.
lomon (El-Bourak des Arabes), et de l'aque Et il brûla sur leurs autels les ossements des
duc qui en amenait l'eau à Jérusalem, et dont cohenim, et il purifia Juda et Jérusalem. —
on côtoie un tronçon sur le chemin de Jéru 6. Et (il fit ainsi) dans les villes de Manassé
salem à Beit-Lehm, auprès du tombeau de et d'Ephraim, de Siméon et jusqu'à Nephtali,
Rachel. Cet aqueduc porte aujourd'hui le nom dans leurs ruines alentour. — 7. Il démolit
de Kanat-el-Koufar (conduit des Infidèles), les autels et mit en pièces les aserim et les ido
et c'est probablement lui qui fut réparé par les, abattit tous les hammonim dans tout le
Pilate, aux dépens du trésor sacré, ce qui pays d'1sraël, et s'en 1 etourna à Jérusalem. --
faillit causer une émeute dans la ville sainte. 8. Et, dans la dix-huitième année de son rè
A Ezéchias succéda son fils Manassès ; gne, lorsqu'il eut purifié le pays ct le temple,
voyons ce qui se rapporte au règne de ce il envoya Safan, fils d'Asaliah, et Mâasiah,
prince--3. Il rebâtit les hauts-lieux qu'Ezéchias prince de la ville, et Joas, fils de Joakhas le
son père avait anéantis : il éleva des autels à chancelier, pour réparer la maison de Jeho
Baal, et fit une Aserah, comme avait fait Ak vah, son Dieu. —9. Ils vinrent auprès de IIcl
hab, roi d'Israèl ; il se prosterna devant toute kias, le grand cohen, et (on leur donna) l'ar
l'armée du ciel, et la servit. — 4. Il bâtit des gent qui avait été porté dans la maison de
autels dans la maison de l'Eternel. — 5. Il Dieu, que les Lévites, gardiens de la porte,
bâtit des autels à toute l'armée du ciel, dans avaient recueilli de la tribu de Manassé et
les deux cours de la maison de l'Eternel. — 6. d'Ephraim, et de tout le reste d'Israël, et
Il fit passer son fils par le feu : il consultait de tout Juda, et de Benjamin ; et ils revinrent
le temps, les serpents, faisait Ob et Idonim à Jérusalem. — 10. lls (le) remirent aux mains :
(pratiquait la nécromancie et les sciences oc de ceux qui faisaient l'ouvrage, qui avaien,
cultes). — 7. ll posa l'image d'Aserah (Astar des fonctions dans la maison de Jéhovah, et
té) dans la maison dont l'Eternel avait dit à ceux qui soignaient l'ouvrage, travaillant dans
· David et à Salomon, son fils : Dans cette mai la maison de Jéhovah, le donnèrent pour ré
son et à Jérusalem, que j'ai choisie dans toutes parer et rétablir la maison. — 11. Ils le) don
les tribus d'Israël, je mettrai mon nom à ja nèrent aux charpentiers, aux architectes, pour
mais.(11 Rois, xxi.) Les Chroniques répètent acheter des pierres de taille et du bois de char
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pente, et pour planchéier les maisons que les l'onction) des Oliviers, que Salomon, roi d'Is
rois de Juda avaient détruites, etc. — 14. Et raël. avait bâtis à Astaroth, horreur des Si
comme ils retiraient l'argent qu'on avait ap doniens, à Kamous, horreur de Moab, et à
porté dans la maison de Jehovah, Helkias, le Melkom, abomination des enfants d'Ammon.
cohen, troura le lirre de la doctrine de Jeho — 14. Il brisa les stèles et mit en pièces les
t'ah, par Moise. — 15... Et IIelkias remit ce aserim, ct il en remplit la place d'ossements.
livre à Saſan. — 18. Safan le scribe annonça — 15. Il démolit aussi l'autel qui était à Beit
au roi, disant : Le cohen Helkias m'a donné El, le haut lieu qu'avait fait Jéroboam, fils de
un livre; et Safan y lut devant le roi. — 20. Nabat, lequel avait ſait pécher Israël, l'autel
Le roi commanda à Helkias, à Ahikam, fils de avec le haut-lieu ; il brûlu le haut-lieu, le ré
Saſan, à Abdoun, fils de Michée, à Saſan le duisit en cendre, et brûla l'Aserah. — 16. Jo
scribe, et à Assaia, serviteur du roi, disant : sias s'étant tourné, avait vu les sépulcres qui
- 21. Allez consulter Jehovah pour moi et étaient là sur la montagne ; il avait envoyé
pour tout ce qui reste en Israël et en Juda, prendre les ossements des sépulcres, les avait
etc., etc. -22. Helkias et ceux du roi allèrent brûlés sur l'autel et l'avait profané, selon la
ters Houlda la prophétesse... qui demeurait à parole de l'Eternel, qu'avait annoncée l'homme
Jérusalem, dans la deuxième enceinte, etc. de Dieu qui avait annoncé ces choses-là. —
Les mêmes faits sont racontés dans le II° 17. Il avait dit : Quel est ce monument que js
Livre des Rois (xxII et xxIII). Mais ce second vois ? Les gens de la ville lui avaient répondu :
récit présente tant de détails du plus haut in C'est le sépulcre de l'homme de Dieu qui est
térêt, qu'il n'est pas possible de ne pas le venu de Juda et qui a annoncé ces choses que
transCrire en entier : ainsi, nous lisons au tu as faites sur l'autel de Beit-El. — 18. Il
chapitrexxIII :-4.Le roi commanda à Helkias, avait dit : Laissez-le; que personne ne remue
le grand cohen, aux cohenim du second ordre, ses ossements : et ces ossements préservèrent
et aux gardiens de la porte, de sortir du tem les ossements du prophète qui était venu à Sa
ple de l'Eternel tous les ustensiles qui avaient marie. — 19. Josias ôta toutes les maisons des
été faits pour Baal, pour Aserah et pour toute hauts-lieux qui étaient dans la ville de Sama
l'armée du ciel, et il les brûla hors de Jérusa rie, que les rois d'Israël avaient faites pour
lem, dans les champs du Kédron, ct on en irriter (l'Eternel), et il leur fit comme toutes
emporta la cendre à Beit-El. — 5. Il abolit les exécutions qu'il avait faites à Beit-El. —
les kemarim (prêtres des idoles), que les rois 20. — Il sacrifia sur les autels tous les cohe
de Juda avaient établis pour faire des encen nim des hauts-lieux qui étaient là, et brûla sur
sements sur les hauts-lieux, dans les villes de eux des ossements d'hommes, puis il retourna
Juda et aux alentours de Jérusalem, ainsi que à Jérusalem.
ceux qui faisaient des encensements à Baal, ll paraît bien évident que ces alternatives
au soleil, à la lune, aux astres et à toute l'ar erpétuelles d'idolâtrie et de culte du vrai
mée du ciel. — 6. Il fit sortir de la maison de ieu, entraînant la destruction de tous les ob
l'Eternel l'Aserah, hors de Jérusalem, dans la jets du culte mis à l'index, ont dû laisser les
vallée du Kédron, et la brûla dans la vallée débris du plus haut intérêt pour l'étude de
du Kédron ; il la réduisit en poudre et en jeta l'art judaïque, dans les remblais immenses qui
la poudre sur la sépulture des enfants du peu recouvrent partout le sol de la Jérusalem pri
ple, — 7. Il démolit les maisons des prosti mitive. Vienne donc le jour où la ville du
tuées qui étaient dans la maison de l'Eternel, Christ appartiendra à la chrétienté, et les
dans lesquelles les femmes tissaient des tentes fouilles, qui ne peuvent manquer d'être en
pour l'Aserah. — 8. Il fit venir tous les cohe treprises en pareil lieu, seront certainement
nim des villes deJuda, profana les hauts-lieux productives. -

où les cohenim avaient fait des encensements, Les passages que je viens de transcrire en
depuis Djebâa jusqu'à Bir-Sebâa : il démolit entier me suggèrent quelques réflexions. Le
les hauts-lieux des portes, qui étaient à l'en verset 6, chapitre xxIIi, du 11" Livre des Rois,
trée de # de Jehousâa, prince de la ville, prouve qu'une figure d'Astaroth, une Aserah,
qui était à la gauche de l'homme (entrant) à avait été placée dans le sanctuaire du temple
a porte de la ville. — 10. Il profana le To de Salomon; elle fut réduite en poussière
phet qui était dans la rallée des fils de Hin dans la vallée du Kédron, et cette poussière
nom, pour que nul ne pût †ſ† passer fut jetée sur les sépultures des enfants du
son fils ou sa fille par le feu, en l'honneur de peuple. Les sépultures étaient donc là dès l'é-
Molokh. — 11. Il fit disparaître de l'entrée poque de Josias, et elles n'ont pas cessé d'y
de la maison de l'Eternel les chevaux que les être. Tout le flanc gauche de cette vallée du
rois de Juda avaient consacrés au soleil, près Kédron, à partir des tombeaux de saint Jac
;#à- de la maison de l'Eternel, auprès de la cellule
de Nathanmelek l'eunuque, qui était dans (ou
ques et de Zacharie, est littéralement pavé de
pierres tumulaires, recouvrant les humbles
º
#) les ferourim (quid) ? et il brûla par le
"eu les chariots du soleil. — 12. Et le roi dé
tombes que les Juifs de toutes les parties du
monde viennent à l'envi chercher au lieu où,
molit les autels qui étaient sur te toit de la depuis des milliers d'années, reposent les os
chambre haute d'Akhas, que les rois de Juda de leurs ancêtres. Le verset 7 parle de femmes
avaient faits dans les deux cours de la maison prostituées logées dans l'enceinte du temple,
» .- | de l'Eternel, et les enleva de là : il en jeta la
poudre dans la vallée du Kédron. — 13. Lc
roi profana les hauts-licux qui étaient devant
et qui tissaient des tentes pour l'Aserah : je
ne veux pas d'autre preuve que l'Aserah n'é-
† un bosquet sacré, mais bien une ima
Vérusalem, à la droite de la montagne (de ge d'Astarté. Le verset 10 mentionne le To
741 R{)l DES ANTIQUITES BIBLIQUES. R()| 742 -

phet qui était dans la vallée des fils de Hin bable que les recherches faites parmi les sé
nom, et où l'on sacrifiait des enfants par le pulcres antiques qui doivent se trouver en vue
feu, en l'honneur de Molokh. Qu'était-ce que de Beit-In, l'antique Beit-El, amènerait assez
ce Tophet ? on l'ignore. Quant au nom lui † la découverte de ce saint tom
même, il ne nous apprend rien, car il signifie eau. Je recommande ce fait aux voyageurs
une chose sur § on crache par m§. qui auront quelques heures à consacrer aux
Le verset 11 est extrêmement curieux; il nous ruines de Beit-El.
apprend que des chars et des chevaux avaient Qu'était devenue l'arche d'alliance pendant
été consacrés au soleil par les rois de Juda, les règnes de tous les princes idolâtres pré
et placés à l'entrée du temple. Il est difficile décesseurs de Josias ? L'Ecriture sainte ne le
de ne pas trouver une étroite analogie entre dit pas explicitement; mais un passage pré
ces chars du soleil et le char d'Astarté, que cieux nous apprend qu'elle avait été exi ée
l'on voit si fréquemment représenté sur les du Saint des saints, probablement lorsque
monnaies de Sidon. Les chars de Jérusalem l'image d'Astarté y avait été placée. Voici ce
furent brûlés, et les chevaux, dans lesquels il passage III Chron. xxxv , 3) : Il (Josias) dit
ne me paraît pas possible de reconnaître des aux Lévites, qui instruisaient tout lsraël, qui
sculptures, mais qui étaient sans doute des étaient consacrés à Jehovah : Placez l'arche
attelages exclusivement destinés à traîner les sainte dans la maison que Salomon, fils de Da
chars du soleil, disparurent de l'entrée du vid, roi d'Israèl, a bâtie. ll est clair par là
temple. Ce même verset mentionne un certain que l'arche d'alliance ne paraissait plus dans
eunuque nommé Nathanmelek qui était avec les cérémonies du vrai culte que portée à
ou dans les ferourim. Qu'étaient-ce que ces l'épaule par les Lévites.
ſerourim, et quel sens faut-il appliquer ici à Nous n'avons plus maintenant que d§ de
la préposition b qui † le pluriel ferou faits intéressant † de l'art judaïque,
rim ? on l'ignore. Cahen traduit ainsi : auprès à tirer des livres des Rois et des Paralipo
de la cellule de Nathanmelek l'eunuque, qui mènes.
(demeurait) dans Farvarim (le faubourg); mais Après Josias, régna,pendant trois mois seu
cette traduction ne me paraît pas admissible : lement, Joakhas, son fils, que le Pharaon Ne
en effet, puisque Nathanmelek avait sa cel chao emmena en captivité en Egypte, en met
lule près de la porte du temple, il ne demeu tant sur le trône, à sa place, Eliakin, filsdeJo
rait pas dans un faubourg. Serait-il impossible sias, auquel il fit prendre le nom de Joa
de voir dans ce mot le pluriel de ferouèr, l'âme kim. Celui-ci ne fut qu'un simple tributaire
séparée du corps, pour les sectateurs de Zo du roi d'Egypte. Quelques années après, les
roastre; et dès lors devrait-on supposer que Chaldéens, conduits par Naboukadnetzar, re
ce Nathanmelek était simplement un nécro foulèrent les Egyptiens, et Jérusalem chan
mancien? Je laisse à de plus habiles à le dé gea de maître. Joakim mourut après un
cider, et je me bornerai à rappeler que larkhi règne de onze années, et il fut remplacé sur
déclare qu'il ne sait pas ce que c'est que fe le trône par son fils Joakin, qui ne régna que
rourim. On trouve le mot ferber au singulier, trois mois ; au bout de ce temps, il fut em
mais écrit par un beth au lieu d'un ouaou, au mené en captivité par Naboukadnetzar, qui
verset 18 du chapitre xxvI, du I" Livre des tira de là tous les trésors de la maison de l'E-
Chroniques, et là on le rend par faubourg ; ternel et les trésors de la maison royale; il
Inais ni le Chaldéen ni les Septante n'ont tra démonta tous les ustensiles d'or que Salomºn,
duit ce mot, et d'ailleurs ferourim est-il le roi d'Israèl,arait faits dans le palais de l'E:
pluriel de ferber ! Reste enfin à savoir si le ternel, comme l'Éternel avait ordonné. (11
sens (# ne serait pas applicable aussi Rois, xxIv, 13.) Le II" Lirre des Chroniques
bien à l'un qu'à l'autre de ces passages bi # 7) préciseainsi qu'il suit : Et Nabou
tadnetzar emporta à Babel des vases de la
bliques.
Le verset 12 parle d'autels placés sur le toit maison de Jehovah, et les mit dans son pa
lais à Babel. Toute la population riche de
de la chambre haute d'Akhas, et d'autres au- . Jérusalem
tels établis dans les deux cours du temple. fut emmenée en Chaldée, avec tOuS
Ce passage n'est malheureusement pas assez les charpentiers et les serruriers, c'est-à-
cxpl,cite. Quel édifice couronnait cette cham dire tous les artistes et les artisans un peu
bre haute d'Akhas ? Est-ce le temple ? Je suis distingués (II Rois, xxiv, 14 et 16); il ne resta
bien tenté de le croire, précisément parce à Jérusalem que le peuple pauvre du pays,
que ce verset mentionne les autels élévés et le roi de Babylone mit sur le trône Ma
dans les deux cours de l'édifice sacré. Il paraît tanias, oncle du roi captifJoakhin, en lui im
certain, d'après la teneur du verset 13, que posant le nom de Sedekias. Ce prince, dans
les édicules construits par l'ordre de Salo la neuvième année de son règne, se révolta
mon, sur le flanc du mont duScandale, étaient contre Babylone, et les Chaldéens vinrent
encore debout et, qui plus est, encore en immédiatement assiéger Jérusalem. Sedekias ,
service lors de l'avénement de Josias. Du essaya de fuir ; mais il fut poursuivi et arrêté
verset 17 il résulte que le tombeau du pro près de Jéricho : alors on égorgea ses enfants
devant lui ; puis on lui creva les yeux, on le
phète qui vint annoncer à Jéroboam la ven
geance que l'Eternel , exercerait par le roi couvrit de chaînes, et onl'emmena à Babylone.
Josias, prophète que le Talmud nomme lâi 8. Le septième jour du cinquième mois était
dou ou Aadou, était plus remarquable que la dir-neuvième année du roi Naboukadnet
tous les autres sépulcres qui l'entouraient, et zar, roi de Babel; Nabouzardan, chef des
que Joslas tit respecter. ll est donc assez pro chaouch, serviteur du roi de Babel, rint à
745 R01 DICTlONNAlRE ROI 74i
Jérusalem. — 9. Il brûla la maison de l'Eter race royale, vint, et dix hommes avec lui, et
nel et la maison royale, ainsi que toutes les ils frappèrent Gedoliah, et il mourut, ainsi
maisons de Jérusalem, et il livra au feu toutes # les Juifs et les Chaldéens qui étaient avec
les maisons des grands.— 10. Et toute l'armée ui à Masſah. -- 26. Tout le peuple se leva,
des Chaldéens, qui était avec le chef des depuis le # plus grand, avec
chaouch, démolit les murailles de Jérusalem a les capitaines des troupes, et ils allèrent en
lentour.—13.Les Chaldéens brisèrent les colon Egypte, car ils eurent peur des Chaldéens.
nes d'airain qui étaient dans la maison de (II Rois, xxv.) Les versets 18 et 19 du cha
l'Eternel, et ils en portèrent le bronze à Ba pitre xxxvI du II Livre des Chroniques rap
bylone. — 14. Ils prirent les pots, les pelles, les portent très-succinctement l'enlèvement des
couteaux, les coupes et tous les ustensiles trésors, l'incendie du temple et de la ville, et
d'airain, avec lesquels on faisait le service. la démolition des murailles de Jérusalem.
— 15. Le chef des chaouch prit les encensoirs, Nous venons de voir les détails de la catas
les bassins, soit d'or, soit d'argent;- 16.Les trophe qui renversa la dynastie de David. Ce
, deux colonnes, la mer unique ct les supports récit n'a pas besoin de commentaires ; il est
, que Salomon avait faits pour la maison de assez explicite, et il nous apprend que les
l'Eternel; il n'y avait pas de poids pour l'ai deux colonnes Iakin et Beaz, la mer d'airain
rain de tous ces ustensiles. — 17. La hauteur et les supports des bassins, y étaient encore
d'une de ces colonnes était de dix-huit cou au moment du sac de Jérusalem. Il n'est
dées, avec un chapiteau d'airain dessus : la plus question ni de la base de la mer, ni des
hauteur du chapiteau était de trois coudées [il dix bassins, ni de l'autel d airain ; en faut
y a ici une erreur de chiffre, au l" Livre des il conclure # avaient été détruits anté
Rois ( vII, 16), c'est cinq coudées], avec des rieurement ?Je ne sais. L'année dans laquelle
entrelacs et des grenades sur le chapiteau, eut lieu l'incendie de Jérusalem est bien dé
alentour, tout de bronze, autant pour la se terminée, c'est l'année 588avant Jésus-Christ.
conde colonne, avec les entrelacs. —22. Quant A partir de ce moment jusqu'au retour de la
au peuple qui était demeuré de reste dans captivité des soixante-dix années, la Judéefut
le pays, que Naboukadnetzar, roi de Babel, une province du vaste empire chaldéen, auquel
avait laissé, il établit chef sur lui Gedoliah, succéda l'empire perse des Achéménides.
fils d'Anikam, fils de Safan. — 23. Tous les Maintenant que nous avons fini d'étudier
capitaines des troupes, eux et leurs gens, ayant les livres des Rois et des Paralipomènes ou
appris que le roi de Babel avait établi Gedo Chroniques, nous devons chercher dans les
liah pour chef, vinrent vers Gedoliah, à Mas textes des prophètes les passages qui peu
fah : c'étaient 1smaël, fils de Nathaniah, et vent intéresser l'histoire de l'art ; et quand
Joukhanan, fils de Karah, et Sarcah, fils de ce dépouillement sera terminé, nous passe
Tanhamct, l'habitant de Nethafah, et Jaz rons à la construction du temple par Zoro
niah, fils de l'hahitant de Mâakah, eux et babel. — Voy. PRoPHÈTEs.
leurs gens. — 24. Gedoliah prêta serment RUBEN (TRIBU DE). — Cette tribu avait
à eux et à leurs gens, et il leur dit : Ne crai pour limites au nord le torrent de l'Arnon, au
gnez rien des serviteurs des Chaldéens : de couchant la mer Morte, au sud le pays d'E-
meurez dans le pays et servez le roi de Babel, dom, et au levant l'Arabie. Elle occupa le
et vous vous en trouverez bien. — 25. Mais pays de la Moabitide. — Voy. MoABITIDE.
il arriva que, dans le septième mois, Is Ce fut une des moindres tribus d'Israël pour
maèl, fils de Nathaniah, fils d'Elisemâa, de son étendue.

S
SAANANIM. — Petite contrée de la tri parmi les villes de Siméon Bersabée, Sabée,
bu de Nephthali. (Josué, xIx, 33. et Molada. Mais, comme il n'indique dans
#º. — Ville de Juda. ( I Chron. Iv, son catalogue que treize villes,et que le texte
en porte quatorze, il est aisé de voir qu'il y a
SABA, SABAIM, SABÉENs. — Contrée au midi une répétition due à l'inattention descopistes.
de la Terre-Sainte. La reine de Saba qui vint ils ont mis deux fois la même ville de Sa
visiter Salomon est appelée reine du midi. bée, sans songer que Ber ou Bir ajouté à
Je crois qu'on a voulu à tort faire deux Sabée indique seulement la fontaine ou le
contrées de Saba, l'une en Arabie, l'au puits de Sabée. -- Voy. BERSCHEBA.
tre en † sur un passage d'Isaïe qui SACHACHA. —Ville deJuda. (Josué,xv, 61 )
unit ensemble l'Egypte, l'Ethiopie et Saba. SAFED. — Safed est bâtie sur une mon
N'est-il pas mieux de dire que Saba est ici tagne crayeuse très-élevée ; aussi l'aperçoit
#nnée pour l'Arabie voisine de l'E- on à merveille de Tabarieh et de plus loin
pte ? encore. L'Ouad-el-Lamoun, sur fe flanc
SABAMA, SEBMAH. — Ville forte de la tri oriental duquel se trouve Safed, n'est pr0
bu de Ruben. Les vignes de Sabama étaient bablement pas autre chose que l'Ouad-el-Ad
célèbres. (lsaie, xvI, † moud, et comme, pour la consonnance, cºs
, SABARIM. — Localité de la Syrie men deux noms sont assez rapprochés, il n'en
tionnée par Ezéchiel. C'était une des limites aura été † plus facile pour les Arabes, qui
de la Terre-Sainte du côté de Damas. voyaient le fût de colonne signalé par R0
SABEE, SEBAA.— Josué (xIx, 2) mentionne binson, d'opérer ce léger changement de
745 SAF DES ANTIQUlTES BIBLlQUES. SAl 746

nom. L'Ouad-el-Lamoun, que nous avons les Chrétiens, leur rendit Safed, Qalaat-ech
longé d'abord, en marchant du sud au Chakif et Tibériaoe. Les Templiers se re
nord, fait assez promptement un coude mirent aussitôt à l'œuvre, et reconstruisirent
assez brusque qui le rejette fortement à gau le château. En juin 1266, le soulthan Beïbars
che; puis il reprendune directionsensiblement vint assiéger Safed, dont la garnison dut ca
§ à celle de la première branche. pituler en juillet. Elle avait obtenu la vie
C'est dans cette courbure qu'il est recoupé sauve, et Beïbars eut l'infamie de faire mas
par l'Ouad-el-Heqab, dont la direction est sacrer de sang-froid les deux mille per
aussi du nord au sud. Enfin, avant d'arriver sonnes qui étaient sorties de la place en se
à Safed, on aperçoit et on laisse à droite le fiant à sa parole. Depuis lors, le château de
village d'Akbarah. Safed est resté au pouvoir des Musulmans.
De la maison où nous sommes logés, Dans le siècle dernier, le scheikh Dhaher en
nous voyons parfaitement devant nous ( à devint le possesseur, et y établit le siége de
l'ouest) l'Ouad-el-Lamoun, qui est extrême son autorité ; aussi son petit-fils, notre brave
ment large et très-vert. De l'autre côté de Mohammed, porte-t-il toujours le nom de
cet ouad sont des hauteurs au milieu des Mohammed-es-Safedy. Il était écrit que les
quelles se montrent, sur une ligne à peu Chrétiens deviendraient un jour les maîtres
près parallèle à la direction de l'Ouad-el-La de cette importante forteresse, et, en 1799, une
moun, et en commençant par la gauche garnison
à Safed, decomme
quatre †
cents hommes fut placée
avancé de l'armée
(c'est-à-dire par le sud), trois villages dont
les , noms sont : Semmouâyeh, Yaroun et française. Safed est le siége d'une synagogue
Soufsafeh. Ces mêmes villages ont été dé et d'une école juives qui jouissent d'une
signés à Robinson sous les noms bien dif grande célébrité depuis plusieurs siècles.
férents de Semû'y, Meirôn (144) et Salsa, Il semble, du reste, que cette ville soit
Lesquels sont les bons ? Je n'en sais rien ; depuis cent ans sous le coup de la malédic
j'ai malheureusement oublié par qui ils tiond'en haut. En 1759, un tremblement deter
m'ont été dictés. Si c'est par notre moukre re la renversa de fond en comble, en détrui
Sayd, ce qui est fort possible, comme il sant la plus grande partie de sa population.
estropiait tous les noms, et même les mots de Safed s'était relevée de ses ruines, et avait
la conversation courante, j'aimerais mieux reconquis une sorte de splendeur, lorsque,
m'en tenir aux noms rapportés par Robin le 1" janvier 1837, un second tremblement
son. Si, au contraire, c'est par Mohammed de terre, plus épouvantable que le premier,
ou , par Mattéo, ce qui est beaucoup plus fit de la malheureuse cité un monceau de
probable, je maintiens les noms pour bons. ruines, sous lesquelles furent ensevelis plu
Au reste, ce qui me ferait croire que j'ai rai sieurs milliers d'habitants. Les Juifs seuls
son d'y tenir, c'est que le nom Yaroun s'ac périrent au nombre de quatre à cinq mille
corde à merveille avec le nom, Yeraoun, dans cette effroyable catastrophe. La perte
d'une ville de la tribu de Nephthali citée dans des Chrétiens et des musulmans fut du tiers
Josué (xIx, 38). Je dois dire que la carte de environ de ce nombre. On peut lire dans la
Zimmermann porte, vers le nord-ouest de note xLII, annexée au troisième volume du
Safed, et un peu plus haut que la pointe sud livre de Robinson, le tableau de l'aspect de dé
du Bahr-el-Houleh, une localité nommée solation que présentèrent les restes de Safed
Yaroun, suivie de la lettre R qui désigne les au missionnaire américain Thomson qui arriva
ruines. Est-ce celle-ci qui est la véritable à Safed dix-huit jours après que la ruine de
Yeraoun biblique ? C'est possible. J'ignore, cette ville avait été consommée. Moins de
malheureusement, où Zimmermann a trouvé deux ans après, les Juifs survivants et les
cette indication que la vue de tant d'autres nouveau-venus avaient , comme de pa
erreurs, qui sont loin de lui être imputables, tientes fourmis, reconstruit en partie leur
me rend un peu suspecte. asile de prédilection, et nous avons retrouvé
Beaucoup d'écrivains ont attribué à Safed Safed mieux bâtie et plus jolie que ja
une antiquité que cette ville n'a très-proba II181S.
blement pas; car il n'est question de son SAINT-SEPULCRE. (Son authenticité: sa
château qu'à partir des croisades. Robinson description.) — Au moment de quitter Pa
pense qu'il faut attribuer la fondation de ce ris, je venais de recevoir d'Angleterre une
château au roi Foulques, c'est-à-dire la faire belle publication, dans laquelle toute la tra
remonter jusque vers l'an 1140, En 1188, dition sur le Saint-Sépulcre actuel était
un an après la funeste bataille de Hattin, bouleversée.(An Essay on the topography of
Selah-ed-Dyn vint en personne commencer Jerusalem, by James Fergusson. F.R.A.S.,
le siége de Safed. La forteresse résista cinq London, 1847.) M. Fergusson, auteur de ce
semaines, et finit par º† La garnison travail, a inventé un système très-ingénieux
#ut se retirer à Sour. En 1220, le château pour établir que le Saint-Sépulcre , n'est
fort fut démantelé par l'ordre de d'El-Mâlek point où les Chrétiens le vénèrent depuis des
el-Moâzzem, soulthan de Damas. En 1240, siècles. Selon lui, « le véritable sépulcre
le soulthan Ismayl, par un traité passé avec du Christ est cette grotte placée sous une
(114) Robinson (tome III, p. 555, note 5) donne Talmudiques mentionnent un lieu nommé Meïroun
à penser qu'il n'est pas bien sûr de la forme de ce ſp-ºn) (Pal., p. 817, ad voces Guseh-Khalab et
nom. Voici cette note : « This name (Meirôn) we Giscala),et qui se trouvait très-probablement près
heard also pronounced Meirûm. » Je dois dire que de Giscala, 25n vu des Rabbins, Ttaxa)à de Jo
quclques passages extraits par lteland des livres sèphe, aujourd'hui El-Djich.
DICTIoNN. DEs ANTIQUITÉS BIBLIQUEs. 24
747 S.Al DiCTI0NNAIRE SAI 748

énorme roche qui s'élève de plusieurs pieds core plus d'ennui que moi à lire ces longues
au milieu de la grande mosquée d'Omar. pages, dans lesquelles sont étalées beaucoup
Les mahométans, qui ont une grande vé d'assertions et fort peu de preuves.Je préfère
nération pour Jésus de Nazareth, se sont exposer moi-même l'idée de M. Fergusson
bien gardés de laisser le tombeau d'un tel telle qu'elle avait pu un moment me séduire,
prophète à la profanation des infidèles, et Le savant anglais n'y perdra pas, et j'éviterai
ont dû s'en emparer lors de la conquête de au lecteur la pénible impression d'une argu
Jérusalem. Cette belle mosquée n'est autre mentation diffuse.
chose que l'Anastasis, l'église de la Résur Pour prouver que le tombeau de Jésus
rection, bâtie par sainte Hélène. La porte Christ, tel que le vénèrent les Chrétiens de
orée qui se voit encore était l'entrée de la Jérusalem, n'est pas un tombeau fabriqué au
basilique constantinienne. Enfin les Chré moyen âge pour attirer les pèlerins, il devait
tiens, ne possédant plus le véritable sépul établir, d'un côté, l'impossibilité que ce tom
cre, en composèrent un, au milieu des beau soit au lieu même que la tradition lui
ténèbres du moyen âge, pour satisfaire la aSSigne, et montrer ce tombeau dans un autre
piété des nombreux pèlerins qui venaient emplacement où la vénération musulmane le
de toutes les parties du monde à Jérusa conserverait précieusement.
lem. » -

Les preuves de M. Fergusson sont de deux


Tel est le système du savant anglais. Il est Sortes; les unes sont négatives, et elles éta
développé avec tant d'habileté, il est corro blissent :
boré de tant de preuves si justes en apparence 1° Que le Calvaire ou Golgotha étant, selon
et de coïncidences si singulières, qu'il est lui, au nord du temple, et l'église actuelle du
impossible, quand on le lit, de ne pas en Saint-Sépulcre étant à l'occident, il faut cher
être ébranlé, surtout quand on n'a pas étu cher ailleurs la véritable situation du Saint
dié la question sur les lieux mêmes. Sépulcre.
L'hypothèse de M. Fergusson avait vive . 2° Que les tours Hippicos, Hananeel, Ma
ment piqué ma curiosité, je l'avoue. riaInne et toutes les constructions murales
Au premier coup d'œil, elle m'avait paru du premier Hérode ayant renfermé dans la
si séduisante, que je redoutais à l'avance l'é- Ville le terrain où nous plaçons aujourd'hui
preuve que j'allais subir, si l'étude attentive le Saint-Sépulcre, ce lieu même ne peut pas
des lieux me forçait, en conscience, à la re être le Golgotha, qui, d'après le texte précis
connaître pour vraie. C'eût été pour ma foi de l'évangéliste, était hors de la ville.
de Chrétien non pas un écueil , mais une Les autres preuves sont positives. Elles
souffrance amère, que de venir avouer aux tendent à montrer : 1° que le Calvaire est au
hommes de la science # rès un examen près de la mosquée d'Omar; 2° que cette
attentif des monumentS de § j'étais mosquée est « le temple d'une admirable
forcé de reconnaître que le monde chrétien grandeur » dont parlent Eusèbe et les Itiné
se trompait depuis des siècles en vénérant le raires des premiers siècles, bâti par Constan
tombeau du Sauveur dans l'église actuelle du tin sur le lieu de la résurrection. (EUsEB. Vita
Saint-Sépulcre, pendant qu'il se trouverait Const., III, xxIII ; Iter Hierosol., ed. Wesse
possédé par les musulmans, au centre de la ling, pag. 592.)
mosquée d'Omar, élevée sur l'emplacement Nous allons suivre M. Fergusson dans le
du temple. Si telles eussent été toutefois mes développement de son système, et après avoir
convictions, je ne me fusse jamais décidé à démontré la faiblesse et l'insuffisance des
les trahir, sachant à merveille que les desti preuves qu'il apporte pour le soutenir, nous
nées du christianisme ne sont point attachées établirons nous-même l'identité du Saint
à la tombe de son divin fondateur. LOrs même Sépulcre sur des preuves autrement convain
CanteS.
qu'une confusion eût pu avoir lieu sur l'iden -

tité de ce tombeau, dans le long cours des , J'attache une grande importance à cette
siècles, et à travers les révolutions succes discussion. M. Fergusson, qui n'a jamais vi
sives qui ont bouleversé cette contrée malheu sité le Saint-Sépulcre, qui ne juge la valeur
reuse, l'hommage rendu par la piété ardente des monuments que par des dessins toujours
de tant de milliers de pèlerins ne serait pas trompeurs, n'est pas toutefois un adversaire
moins agréable à Dieu dans un monument isolé, ou un écrivain fantasque qui ait voulu
supposé que dans le monument véritable. faire quelque bruit en avançant un système
Jê n'ai point eu heureusement à faire cet destiné à froisser les plus doux sentiments
acte de courage, et il m'est doux de venir des âmes chrétiennes; c'est un homme de
appuyer de preuves sérieuses et tirées de sang-froid, qui fait de cette question une af
l'étude spéciale duSaint-Sépulcre, la croyance faire de lutte religieuse, et qui étale pour
générale qu'il est le véritable sépulcre où cela deux cents pages d'une immense érudi
reposa pendant trois jours le corps du Sau tion. Il n'est pas l'inventeur du système, mais
veur, après sa mort douloureuse sur le Cal il le développe, et lui donne sa dernière
vaire. forme. C'est donc toute une école d'écrivains
Je m'étais proposé, d'abord par principe anglais plus ou moins savants qu'il faut voir
de loyauté, de laisser M. Fergusson lui-même dans M. Fergusson. A ce titre, son travail
exposer au lecteur son curieux mais étrang mérite toute notre attention, et nous croyons
système contre l'identité du Saint-Sépulcre. rendre service à la cause religieuse, en réfu
Après le pénible travail d'une traduction, je tant une théorie extrêmement séduisante, qui
me suis convaincu que le public aurait en jette au moins des doutes pénibles dans l'âme,
- !
| l'

2,
A
-
7 39 SAl DES ANTIQUITES BIBLlQUES. SAl 750

et fatigue l'esprit aumoment même où le cœur quement que c'était un cimetiere. Dans une
se livre aux impressions d'une douce piété. question aussi grave, nous voulons des preu
Le Golgotha, dit le savant anglais, était ves sérieuses, fortes, convaincantes. Au moins
placé au nord du temple; donc l'église ac faut-il qu'elles n'établissent pas directement
tuelle du Saint-Sépulcre, qui est à l'occident le contraire de ce qu'on cherche à prouver.
du mont Moria, n'a pas été élevée sur le Cal Or le passage tiré du II" Livre des Rois, cité
vaire. Et voici les preuves : par M. Fergusson, dit formellement que les
1° Le témoignage de Josèphe est formel arbres du bois sacré furent portés dans la
pour indiquer que le terrain au nord du vallée du Kédron, et jetés sur les sépulcres du
temple n'était pas occupé par des construc vulgaire. En effet, les sépulcres du vulgaire,
tions au temps du siége de la ville par les le grand cimetière des Juifs, était, comme ii
Romains. Ce terrain était vide, hors des rem l'est encore, dans la vallée du Kédron; mais
parts de la cité; or la raison pour laquelle ce cette vallée, appelée aussi vallée de Josaphat,
terrain était vide, c'est tout simplement que est bien nettement au vrai levant du temple.
# c'était « le Golgotha, le grand cimetière des Et le levant n'étant pas le septentrion, M.
Juifs. » (Pag. 78.) La chose se trouve indi Fergusson prouve contre lui-même que le
quée dans un passage du II Livre des Rois terrain situé au nord du temple n'était pas,
(chap. xxIII, 6), où il est dit que Josias fit « quoique vide et hors des murailles de la
enlever le bois sacré planté dans la maison ville, le cimetière des Juifs. »
du Seigneur, le fit brûler dans la vallée de 2° Le tombeau du roi Alexandre était au nor3
Kédron, et en fit jeter les cendres sur les sé du temple; cela est vrai. Il devait être dans
pulcres du vulgaire. le cimetière. C'est une erreur. Pour quicon
Donc le terrain placé au nord du temple que a vu l'immense nécropole qui entoure
était un cimetière, et si c'était un cimetière, Jérusalem, il est évident, et cela est confirmé
c'était le Golgotha. par beaucoup de textes des Livres saints, que
2 Le monument du roi Alexandre, d'après chaque famille un peu importante avait son
Josèphe, était au nord de la tour Antonia et tombeau, sacaverne sépulcraledans le terrain,
de lagalerie septentrionale du temple. Or ce jardin ou villa, qu'elle possédait hors des
: tombeau devait être dans un cimetière : donc
c'était le Golgotha.
3° La vue du voisinage du lieu du Jugement
indique † le Golgotha devait être au nord
du temple. Le gouverneur résidait dans la
murs. Le tombeau du roi Alexandre, pas
plus que celui des rois, pas plus que celui
d'Hélène et de tant d'autres, n'était pas dans le
grand cimetière des Juifs, nettement indiqué
par le texte que nous venons de lire dans la
tour Antonia : c'est le lieu à Jérusalem où la vallée du Kédron, destinée au vulgaire, selon
scène de la Passion s'établit le mieux. Or, ce même texte, par conséquent distinct des
pour l'exécution de la sentence, on n'avait †eaux
0IIl.
des familles riches de Jérusa
que quelques pas à faire pour sortir de la
† de la ville, « tandis que pour aller à 3º Le lieu des exécutions eût été plus près
'église actuelle, il aurait fallu traverser les du lieu du jugement, si on l'eût placé auprès
rues de la ville. » (Pag. 79.) Donc encore de la tour Antonia, où résidait le gouverneur.
c'était le Golgotha. Je reconnais avec M. Fergusson qu'il n'y avait
4° Athalie fut traînée hors du temple et que quelques pas à faire pour sortir de la
: mise à mort, lorsqu'elle fut arrivée à la porte ville. Cela prouve une seule chose, que la place
des Chevaux près de la maison du roi. (II des exécutions n'est pas toujours placeè au
Chron. xxIII, 14, 15; II Rois, xI, 16.) Ce lieu près du palais de justice. Il faut plaindre un
: est bien proche du temple. Or ce n'était pas
une chose fortuite, mais bien parce que
c'était le lieu des exécutions : donc c'était le
écrivain d'être obligé de recourir à de sem
blables preuves. Ne sait-il pas que chez tous
les peuples civilisés, l'instinct de l'humanité a
Golgotha. fait toujours rejeter dans quelque recoin
5 Un passage de Jérémie (Jérém., xxxI, 38, obscur et solitaire le lieu infâme du supplice?
40) dit que Goatha était auprès de la porte Comment peut-il supposer que les Juifs eus
des Chevaux. Or Goatha, d'après Krafft, hé sent voulu souiller le voisinage du temple,
braïsant distingué, signifie colline de la ce Moria où résidait, dans le Saint des saints,
mort, ce qui est mieux « de la mort violente, la majesté divine, par la présence des cada
et Golgotha, comme on sait, signifie le lieu vres? C'est ignorer complétement les mœurs
du crâne ; » il y a parfaite identité. Donc le antiques, et particulièrement celles du peuple
Golgotha se trouve placé près de la porte des juif. D'ailleurs, M. Furgusson oublie que,
Chevaux ; la porte des Chevaux est au nord, dans le tracé des remparts de Jérusalem, à
donc le Golgotha est au nord. l'occident du temple, et en face du Golgotha,
Telle est la première partie de l'argumen se voient encore les ruines d'une porte qu'une
tation du savant anglais, qu'il appelle « la constante tradition a appelée la Porte
preuve locale,» celle qui consiste dans la né Judiciaire. Selon les usages antiques, aux
cessité de trouver un lieu qui soit parfaite époques reculées qui précédèrent de
Inent d'accord avec les incidents mentionnés beaucoup le temps où la puissance de vie et
dans le Nouveau Testament. (Pag. 77.) de mort fut enlevée aux Juifs, les anciens, les
Or, en † ces preuves, il est aisé sénateurs s'asseyaient aux portes des villes
:
de voir combien peu elles ont de valeur. our y rendre leurs jugements. La porte
1° De ce que le terrain au nord du temple udiciaire serait alors celle où les criminels
était vide, il est difficile d'en conclure logi étaient jugés, avant que les Romains exerças
#$! SAI DICTI0NNAIRE , SAI 752

sent la justice dans le prétoire, et selon l'idée « historique, » c'est-à-dire, « l'examen de


de M. Fergusson, il n'y avait pas de rues à l'évidence sur laquelle Constantin a pu af
traverser, et l'on se trouvait de suite au lieu firmer sans erreur où fut le lieu du cru
de l'exécution. cifiement, trois siècles après l'événement.
Cette troisième preuve n'a pas plus de force Embarrassé dès le début de sa preuve, il
que la deuxième. Elle ne valait même pas déclare « qu'il n'est pas aisé de disposer la
la peine d'une réfutation. partie historique de l'argument, qui con
4° Athalie fut mise à mort près de la porte siste à juger s'il a existé, depuis le temps
des Chevaux : donc c'était la place des exé du crucifiement jusqu'à celui de Constan
cutions. La déduction n'est pas logique. Le tin, un corps de traditions capable d'établir
but du grand prêtre, qui défendit qu'on exactement le lieu où le Christ fut cru
l'immolât dans l'intérieur du temple, était cifié, et le sépulcre où il fut déposé. »
d'empêcher que le lieu saint ne fût souillé Pag. 81.) En effet, de crainte de mal réussir,
par un cadavre. Pour quiconque sait l his il commence † décliner la discussion des
toire de Joas, il est évident qu'on avait hâte autorités qui établissent la valeur de ces tra
de se défaire de cette reine impie, et que ditions, et qu'il dit avoirété rapportées récem
peu importait qu'elle fût mise à mort sur le ment et avec plus de soin par Châteaubriand
lieu ordinaire des exécutions ou ailleurs.Mais dans le second mémoire joint à son Itinérairt.
ici M. Fergusson est encore malheureux Cela est fort commode assurément. Mais dans
dans ses citations. Le texte qu'il rapporte dit une question aussi sérieuse, sur un sujet
que la porte des Chevaux était près de la aussi grave, nous, lecteurs français, n0us
Maison du roi (ou à la Maison du roi). Ce demanderions précisément cette discussion.
n'est donc pas au nord du temple, dans ce Elle ne serait pas de trop dans le beau v0
lieu vide de maisons, qu'il faut placer la por lume de M. Fergusson. Ne serait-ce pas un
te des Chevaux, puisque le texte y place la aveu de l'impossibilité où il se trouve d'en
Maison du roi. Il y a là une évidente con ébranler la puissance? -

tradiction. L'écrivain s'arrête à cette pensée : « Quoi


5° Goatha était près de la porte des Che que les preuves (données par Châteaubriand)
vaux. Goatha, c'est le Golgo ha; donc le Gol paraissent enchaînées, je ne pense pas que
gotha était au nord,où était la porte des Che personne soit tenu de les accepter si elles
V8lllX.
conduisent à une conséquence manifestement
Il est ſort douteux que le Goatha de Jérémie absurde. » Il arrive alors à la partie essen
soit le Golgotha. Mais il est matériellement tielle de l'argument que Châteaubriand a né
faux que Jérémie ait dit que la porte des gligé, dit-il, « c'est l'époque dans laquelle0n
Chevaux fût placée au nord, comme il est place les circonstances de la découverte du
faux qu'il ait placé Goatha près de cette porte. Calvaire et du Saint-Sépulcre. » , , , .
Le texte du prophète est assez intéressant Or, dit-il, au lieu de preuves historiques
pour être cité. Un jour viendra, dit , le Sei capables de gagner toute confiance pour,ét#
gneur, où l'on bâtira la cité sainte, depuis la blir l'identité du Calvaire et du Saint-Sépul
tour Hananeel jusqu'à la porte de l'Angle, et cre, on a recours à un moine qui invenlº
le tracé des murailles passera sur lu colline une légende et vient déclarer qu'un ange lui
de Gareb, renfermera Koatha ou la vallée a apparu et lui a révélé le fait. M. Fergussº
des cadavres et de la cendre, et tout le ters'indigne de
alors; il n'a paschrétienne,
voulu discuter
rain où sont les morts, jusqu'au torrent du preuves la tradition maisl#il
Kédron et à l'angle de la porte orientale des s'arme de toute son éloquence contre « dºs
Chevaux. (Jérém. xxxI, 38, 39.) D'après ce miracles inventés par quelque vieille momlº
texte, comment M. Fergusson a-t-il pu écrire by any and evcry old bone. » (Pag. 82) !
ces lignes : « Il paraît tout à fait évident quel'entendre, les hommes qui eurent Cº
la porte des Chevaux était au nord. » (Pag. pensées, « auraient dû être bafoués comº
81.) Jérémie la place formellementau levant : des idiots ou lapidés comme des impº
la preuve se trouve donc sans valeur. teurs » Eusèbe pour lui est « le derniº
Que le lecteur juge maintenant les raisons des historiens, s'il n'est pas mieux de le
« locales » sur lesquelles M. Fergusson établit placer au rang des †º fabulistes. »
que le Golgotha était au nord gu temple, tions Je fais grâce
contre au lecteur dudemoyen
la superstition ces déclamº
âge et
et comment il a rempli les conditions qu'il
s'est imposées lui-même, lorsqu'il a dit qu'il les fourberies de l'Eglise romaine, qui pº
fallait trouver un lieu qui fût parfaitement vent être de bon goût en Angleterre, º
d'accord avec les incidents marqués dans le qui ne le sont plus chez nous, pour #
|
- Nouveau Testament. Il ne pouvait rien dire moi-même dans ce point † de la
#
sur ce sujet qui ébranlât bien fortement ce question que M. Fergusson n'a fait quº
qu'il appelle lui-même la croyance générale brouiller. -•

| à la tradition chrétienne, puisqu'il avoue que fous les écrivains qui ont parlé de †
« les indications tirées du Nouveau Testa vention de la vraie croix sous le C†
e ment sont si faibles, si petites, que rien de par conséquent de la connaissance p†
positif ne peut s'en conclure directement en que dut avoir sainte Hélène du †
| laveur d'aucun système.» (Pag. 78.) C'est être
de bonne composition.
Mon savant adversaire sera sans doute plus
heureux dans sa seconde preuve,qu'il appelle
cre pour y bâtir une église, n'ont †§
bli le fait sur des apparitions et des ré"
tions miraculeuses.
§ évêque de Nole, sans "
755 SA[ DES ANTIQUITES BIBLIQUES. SAl 754

l'instinct révélateur qui faisait connaître à croyons assez précise pour qu'elle ait la va
Hélène le lieu où étaient les croix, dit que leur d'une démonstration.
« non-seulement elle apprit des Chrétiens D'abord, dix à douze ans après .a mort de
ies plus graves et les plus savants, mais en Jésus-Christ, Hérode Agrippa fit entourer
core des Juifs les plus instruits qu'elle avait d'une enceinte le plateau nord-ouest de Jé
fait venir à Jérusalem, le lieu du crucifie rusalem. En second lieu, après la dispersion
ment, et que tous furent unanimes pour la des Juifs, lorsque la ville fut rebâtie par Adrien
eonfirmer sur l'identité du lieu. » Voici, du Sous le nom d'AElia, le nouveau mur s'étendit
reste, le texte original cité par Quaresmius au delà du Calvaire. La présence de fonda
(Elucid. Terr. Sanct., II, pag. 411) : Itaque tions antiques vers le nord-ouest de la ville
non solum de Christianis doctrina et sanctitate est donc une preuve sans valeur, puisqu'elles
viros plenos, sed et de Judœis peritissimos, et peuvent se rapporter aux différentes enceintes
propriœ qua et miseri gloriantur impietatis d'Agrippa, d'Adrien, même des rois latins de
indices erquisivit, et accitos in Jerosolymam Jérusalem au temps des Croisades. .
congregavit. Tum omnium una de loco testifi Mais ce qui est plus positif, au point de
catione confirmata,jussit illic, urgente sine du vue de la science, c'est qu'il est facile de re
bio conceptœ revelationis instinctu, in ipsum trOuver encore des traces du mur de la Jéru
locum operam fossionis accingi. (Bibl. vet., Salem évangélique, qui laissait le Golgotha
lV, ep. 11.) près de deux cents mètres en dehors de la
v#à nettement le lieu du Calvaire trouvé ville. Feu le docteur Schultz, consul de Prusse
sur l'indication des habitants, sans qu'on ait à Jérusalem, a fait sur ce sujet d'intéressantes
eu recours à aucune voix surnaturelle. Le soin recherches, et je donnai moi-même un soin
d'Hélène de s'entourer de Chrétiens graves, minutieux à l'étude de ce tracé. « Tout me
même de Juifs, prouve bien qu'elle ne s'en paraît prouver, dit-il, que la position aetuelle
#º# pas aux visions que lui prête Eu
sèbe : Divinis admonita visionibus reperit.
de l'église du Saint-Sépulcre indique le lieu
qui s'appelait Golgotha. » (Jerusalem, von
(EUSEB., Chron.) D' Ernst Gustav Schultz. Berlin, 1845.)
Saint Ambroise, dans l'Oraison funèbre de
Théodose, raconte qu'après avoir trouvé les Nous avons d'abord un texte de Josèphe, .
trois croix, Hélène hésita, incerta hœret ut qui dit que la seconde enceinte commençait
mulier : mais l'Esprit-Saint lui inspire un à une porte de la vieille muraille, à la porte
moyen infaillible; elle regarde quelle est la Gennath, qu'elle tournait autour de la partie
croix qui a conservé l'inscription : Iesus Na nord de la ville seulement, et s'étendait jus
zarenus rex Iudaeorum, et elle la découvre. qu'à la tour Antonia. Or, on peut suivre en
core avec le docteur Schultz des traces de ce
Hinc collecta est series veritatis, titulo crux
atuit salutaris. Le grand homme n'attribue mur et des portes qui donnaient de ce côté
a découverte de la vraie croix qu'à la pré passage vers la campagne.
sence de l'inscription qui l'accompagne. , La plus célèbre de toutes est la porte Judi
Voilà les autorités graves, sérieuses, que ciaire. Une colonne antique est encore de
devait citer M. Fergusson. Nous ne donnons bout près de cette porte, et la tradition veut
† plus que lui de valeur aux légendes. Mais † attachât à cette colonne la sentence
es criminels que l'on conduisait au Calvaire,
côté des légendes, que j'abandonne au légi
time courroux de son anglicanisme, il y a une lieu des exécutions. Schultz donne à l'exis
histoire authentique qu'il faut chercher à ses tence de cette colonne une grande valeur. En
véritables sources, tout en se servant d'une suivant la direction du mur supposé entre
sage critique pour écarter ce que la crédulité cette porte et l'ancienne cité, Schultz men
ou l'enthousiasme portent naturellement l'es tionne trois colonnes mutilées qui sortent en-..
† de l'homme à y jeter de merveilleux.Saint core de terre, « Si nous passons derrière la ,
colonne méridionale, dans les deux bouti
yrille, évêque de Jérusalem, dans son épître
à l'empereur Constance, atteste la découverte ques d'ouvriers les plus voisines, nous trou
des Lieux saints comme un fait reconnu una vons dans la première la partie inférieure d'un
nimement de tout le monde, et il était évêque pilastre, et dans la seconde les restes d'une
de Jérusalem lors du voyage d'Hélène et de muraille, débris d'une haute antiquité. Ces
la construction des magnifiques édifices que débris isolés, correspondant parfaitement les
sa piété lui fit ériger sur tous les lieux mar uns avec les autres, amènent à conclure que
qués par les pas de l'Homme-Dieu. là existait vraisemblablement un grand por
Arrive la grande † de M. Fergusson, tail. » Ibid., pag. 60.)
que le Calvaire actuel se trouve au centre de A peu de distance de ces précieux restes,
Jérusalem; il n'est donc pas le vrai Golgotha indiqués par Schultz, et que j'ai étudiés
placé hors des remparts de la ville. Il faut moi-même, j'ai découvert un mur antique
avouer que l'inspection des lieux, la vue seule que personne n'avait mentionné encore. Il
d'une carte de Jérusalem confirment au pre traverse les terrains vides qui ont appartenu
mier coup d'œil le doute de M. Fergusson. à la maison des chevaliers de Saint-Jean de
Des ruines considérables de murailles anti Jérusalem. Sa direction est de l'est à l'ouest.
ques se trouvent dans la campagne, et suppo Il vientjoindre à angle droit le mur que Schultz
sent l'enceinte de la ville antique s'étendant a décrit tout à l'heure, de manière à laisser
beaucoup plus sur le plateau, vers le nord complétement en dehors l'emplacement du Cal- .
Quest. vaire actuel.Il est probable que, vers la rue du
Voici maintenant notre réponse, et nous la Patriarche, il s'inclinait au midi pour aller re
755 SAI DICTI0NNAIRE SAl 756

joindre la vieille muraille septentrionale de temple. vous avons vu combien ses preuves
Sion. étaient faibles. Ce qui est intéressant à noter,
Enfin Schultz décrit plusieurs autres vesti c'est qu'il a été obligé de faire un plan
ges de murs et de portes antiques dans la di topographique de Jérusalem qui pût se plier
rection qu'ila indiquée. « Si nous montons sur à sa théorie.Aussi ne tient il aucun compte
les ruinesdel'ancien hôpital deSaint-Jean, aux de ces notables parties de l'enceinte salomo
que les est adossé vers l'ouest le bazar prin nienne du temple qui existent encore avec
cipal, nous y trouvons les restes bien conser leurs assises gigantesques au nord-est, au
vés de la petite moitié d'un beau portail dont près de l'antique piscine Bethesda, et, avec
l'architecture pourrait convenablement ap un incroyable sang-froid, il dessine au mi
partenir au temps des Romains, antérieure lieu du mont Moria un petit monticule sur
ment à la destruction de la ville au temps lequel il a le courage d'écrire en grosses let
de Titus. » ( Ibid. , pag. 61.) Schultz a tres : SION. C'est là qu'il place le Saint-Sé
retrouvé les restes d'une porte de la ville pulcre. Contre la porte Dorée, le long du
dans la ligne de la vieille muraille de Sion. rempart, il met trois croix, et il fait le Gol
Il termine en disant : « Toute la suite des gotha de ce terrain, qui se trouve au dedans
restes de vieilles constructions, dontj'ai parlé, de l'enceinte sacrée. Pour que le monticule
pris dans leur ensemble, me donnent le droit de Sion, où il veut que soit le sépulcre, soit
de conclure que la partie occidentale de la au nord du temple, il place le temple an
seconde muraille avait la direction que nous tique, auquel il donne à peine le quart de
avons précisément suivie. » (Ibid., pag. 62.) surface du véritable , emplacement encore
Un fait acquis à la science par les travaux de parfaitement reconnaissable, à l'extrémité
Schultz et de Williams, etpar ce quej'ai constaté sud-ouest de l'enceinte occupée aujourd'hui
moi-même, c'est que l'emplacement du Gol par l'Aksa. La forteresse Antonia, dont il
gotha se trouvait en dehors de la seconde reste encore deux bien remarquables frag
enceinte, celle qui fermait la ville à l'occident ments, une tour en grosses assises, sous le
au temps du Christ. minaret nord-ouest de la mosquée, et l'arc
Dans le plan de Jérusalem que M. Fergus de l'ECCE HoMo, qui faisait partie de la for
son a publié, il a placé les tours Hippicos,teresse, est mise par M. Fergusson à l'ouest
Hananeel, Mariamne, au nord-ouest du Saint de l'enceinte. Et comme les contradictions
Sépulcre, pendant que nous avons dans Né ne le gênent † il n'oublie pas d'indiquer
hémie un texte positif qui place la tour Ha sous le nom de porte de Sion la porte qui
naneel dans la vieille muraille septentrionale conserve encore ce nom, et qui conduit de la
de Sion, qui est évidemment au midi du Saint Sion habitée par les Arméniens et par les
Sépulcre, Juifs à la partie déserte et rejetée hors des
l demeure démontré pour moi que cette remparts.Telle est cette bizarre topographie
partie de l'argumentation de M. Fergusson, que l'écrivain anglais n'a pas hésité de faire
sur laquelle il a dû beaucoup compter, est graver avec ce titre : Plan de Jérusalem, par
absolument sans force. Il est facile de com Fergusson. -

poser un plan d'imagination. Mais dans la Et d'abord, je ne comprends pas pourqu0i


science sérieuse on ne procède pas ainsi, et M. Fergusson veut absolument que la m0n
l'on ne bâtit de système qu'après les certitu tagne de Sion soit sous la mosquée d'Omar.
des établies par les faits. C'est une hypothèse dont il ne retire aucun
Les tours que M. Fergusson transporte à avantage pour établir son système. Ce n'est
dessein sur son plan, au tracé du mur bâti par qu'une impossibilité de plus 1*

Agrippa après la mort de Jésus-Christ, pour Abordons maintenant les preuves qui
enfermer le plateau septentrional, sont placées donne. Il les tire de deux sources : 1° de
par Schultz et Williams sur le vieux rempart la présence d'un caveau sépulcral sous !
d'époque salomonienne dont fait mention Né roche de la mosquée; 2 du style grec de
hémie; et d'après eux , la tour de David , qui ce même édifice. Il y a là en effet de singuº
subsiste encore, serait l'angle extrême de ce lières coïncidences. Pourquoi ce tombeau, $
vieux rempart à l'occident de Sion. ce n'est pas le tombeau de Jésus-Christ !
, Donc le Golgotha actuel n'était pas au temps Pourquoi cette énorme pierre décorée avºº
du Christ dans l'intérieur de la seconde en tant de soin au milieu de l'immense rotondº
ceinte, mais en dehors, assez près toutefois si ce n'est pas la pierre qui recouvre le sº
, pour que les habitants de la ville pussent voir pulcre ? Pourquoi cette architecture grecquº,
des remparts l'inscription en gros caractère si ce n'est pas l'église grecque bâtie parCoº
placée sur la croix du Roi des Juifs. (Joan. tantin? Les mahométans, qui ont de layº
xIx, 20.) Il est inutile de traiter plus longue nération pour Jésus-Christ comme prophº
ment ce point. ont-ils pu laisser entre les mains des iº
Voici maintenant la curieuse théorie de dèles le tombeau de ce prophète, une #
M. Fergusson : Le Calvaire est auprès de la qu'ils ont été maîtres de la ville sainte! !
mosquée d'Omar, et cette mosquée est l'é- leur ont enlevé les tombeaux d'Abraham !
glise chrétienne bâtie par Constantin. des patriarches à Hébron, celui qu'ils at#
En détruisant la croyance générale sur buent à David sur le mont Sion; celuiqu'ils
l'authenticité du Calvaire actuel, M. Fergus attribuent aussi à Moïse, à Nabi-Mouça, dans
son établissait par là même qu'il fallait le lequelils ne laissent pénétrer aucunChrétiº
chercher ailleurs, et à l'aide de quelques pourquoi auraient-ils été moins ardº !
textes, il en fixait la position au nord du s'emparer de celui de Jésus de Nazarethl
· 757 SAl DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. SAI ' 58

Je rends hommage lci à M. Fergusson de la plupart des édifiaes musulmans ont été
ce qu'il y a d'ingénieux dans son système. construits par des architectes grecs qui ont
Quand on ne le regarde qu'à la, surface, il beaucoup conservé de traditions antiques.
peut séduire un moment; et je n'ai pas ca Ainsi, à # mosquée d'Omar, l'ordre inférieur,
ché l'impression qu'ilavait faite sur moi avant c'est-à-dire les colonnes et l'entablement, sont
que j'en eusse fait, comme je me le propo une imitation de l'art grec, imitation si par
sai de suite, une longue et sérieuse étude. faite qu'on serait tenté de croire que les co
Le caveau sépulcral, tel que le donne une lonnes et les chapiteaux ont été empruntés
magnifique coupe de la mosquée d'Omar à d'anciens édifices, ce qui du reste est arrivé
dessinée par Arundale, n'a nullement la for fréquemment dans les constructions religieu
me des monuments funèbres que nous trou ses de l'Orient, soit chrétiennes, soit musul
vons sans nombre autour de Jérusalem. ll manes. Mais au-dessus de cet ordre inférieur
n'a pas les deux chambres, l'une qui servait commence un art de fantaisie, un art mo
de vestibule où l'on n'enterrait jamais, et l'au derne dont il n'y a pas de vestiges dans les
tre où se trouvaient les cellules sépulcrales. édifices du temps de Constantin. Une belle
Et nous savons par un passage formel de gravure qui sert de frontispice au livre de
saint Cyrille, que tel était le tombeau de M. Fergusson présente un intérieur de la
Jésus-Christ. Dans la mosquée, le plafond mosquée d'Omar, dessiné par Catherwood.
est la roche brute elle-même avec des aspé Elle paraît faite avec une exactitude scrupu
rités notablement saillantes. Or, dans les mil leuse. Ce précieux travail est un document
fiers de tombeaux que l'on peut voir en Sy que M. Fergusson ne récusera pas ; ainsi que
rie et en Palestine depuis Bâalbek et Damas moi, il ne connaît la Sakrah que par ee beau
jusqu'à Jérusalem, nous ne connaissons pas dessin. Or l'inspection du monument, d'après
un seul exemple de plafond qui n'ait pas ce travail, confirme ce que je viens d'avancer.
été dressé au ciseau. Puis le sarcophage que La colonne avec base, fût et chapiteau, est
renferme ce caveau est orné d'une ogive tri complétementantique, peut-être,je le répète,
lobée qui m'indique fortement la fin du xII" dérobée à d'autres monuments d'époque an
siècle. térieure C'est l'opinion de plusieurs savants
Quand on n'a pas vu Jérusalem, qu'on ne voyageurs qui ont pénétré dans la mosquée.
la connaît que |† les livres et les gravures, L'entablement continu qui fait la fonction
il y a quelque chose qui séduit dans cette bi d'une poutre, et sur lequel s'élèvent les cin
zarre coïncidence d'une magnifique mosquée tres, est encore une imitation de l'antique ;
musulmane ayant à son centre une roche mais il faut s'arrêter là. L'énorme tailloir qui
élevée, un caveau sépulcral et un sarcophage, est fait de la moitié inférieure d'un cube py
en mêmetemps qu'on sait que leSaint-Sépulcre ramidal, n'est pas assurément de l'époque de
des Chrétiens ne présente à l'œil qu'une cons Constantin. Je l'ai trouvé occupant la même
truction moderne, où rien ne rappelle un place dans les bazars de Damas, au vestibule
tombeau. La première pensée qui vient à de la grande mosquée.
l'esprit est celle-ci : les musulmans n'ont-ils L'entablement de la partie circulaire de la
pas le véritable sépulcre ? Cette pensée avait Sakrah est formé d'une série d'arceaux à dents
créé le système de M. Fergusson. « Du mo de scie, supportés par des colonnettes en fu
ment, dit-il, que je vis le plan du Haram, j'ar seau. Or cette forme est évidemment arabe ;
rivai à la conclusion que la mosquée d'Omar tout le reste de l'édifice, chargé d'arabesques,
et l'Aksa étaient des édifices chrétiens dont indique nettement le même style. L'argu
les mahométans se sont emparés, comme ils ment de M. Fergusson prouverait seulement,
ont fait de Sainte-Sophie à Constantinople et ou qu'il y a dans la Sakrah des fragments
d'autres églises. » (Topography of Jerusalem, d'architecture antique, ou que les architec
préf., pag. 9.) M. Fergusson, en le suppo tes qui l'ont bâtie ont encore conservé dans
sant de bonne foi, n'a établi son système que quelques parties les traditions de l'art grec. Il
sur cette coïncidence, et il faut dire qu'en y a loin, on le voit, de ce fait isolé à celui
d'aussi graves nmatières, dans une question que l'écrivain anglais avançait avec tant de
qui intéresse à un si haut degré le monde hardiesse, que la Sakrah était de l'époque
constantinienne.
chrétien, il y a plus que de la légèreté à vio
lenter toutes les traditions, toute l'histoire, en La brillante hypothèse de M. Fergusson ré
faveur d'une théorie qui ne repose sur aucune siste peu à un examen sérieux. Et sans me
preuve. perdre avec lui dans la discussion d'une lon
Nous venons de voir qu'il est impossible gue série de textes qu'il cherche à expliquer
d priori que le caveau de la mosquée en sa faveur, je m'en tiens à l'examen même
d'Omar soit l'antique chambre sépulcrale des monuments. Or, de même qu'une étude
creusée par Joseph d'Arimathie. Cette impos minutieuse de l'église du Saint-Sépulcre m'a
sibilité est tirée de l'étude des monuments fait retrouver des fragments des constructions
funèbres des anciens, et particulièrement de successives qu'on # a élevées depuis sainte
ceux de Jérusalem. M. Fergusson croit don Hélène, de mêIne l'étude de la mosquée d'O-
ner une preuve sans réplique de l'identité de mar, soit de l'intérieur, à l'aide du dessin de
la mosquée d'Omar avec l'Anastasis de Cons Catherwood, soit de l'extérieur, que j'aiexa
tantin, en avançant que la mosquée d'Omar miné de mes yeux avec le plus grand soin,
est de style grec, et nullement de style arabe. m'a convaincu que la mosquée d'Omar était
Mais ici il se trompe complétement; et voici réellement une construction arabe de la fin
ce qui est la source de son erreur : c'est que du vII' sièclc. Et sur ce point l'exauen ar
759 SAI DICTIONNAiRE SAI 760

chéologique est en accord parfait avec tous immémorial ils vont toutes les semaines pleu
les historiens.
: M. Fergusson, dans son plan, tire un parti
rer auprès de la muraille occidentale dont
leurs pèlerins font fréquemment mention, et
très-avantageux de la porte Dorée; il en fait †
qu'ils a « l'une des sept choses re
-

-
le vestibule de la basilique constantinienne. § es à Jérusalem. » (Les chemins de
Ici il est encore contredit par l'étude du mo Jérusalem, par Ishak KELo, en 1333. Itiné
nument lui-même. Tous les voyageurs qui raires de la Terre-Sainte, traduits de l'hé
ont visité Jérusalem et qui ont écrit sur ses breu par E. CARMoLY, Bruxelles, 1847.) Un
monuments, attribuent la porte Dorée au auteur juif décrivant les deux coupoles qui
moins à Hérode. Quelques-uns même pensent sont dans la Maison sainte (le temple), dit
qu'il faut la rapporter à une époque plus an †º la plus grande est la coupole du parvis
cienne, et qu'elle fut rebâtie au retour de la u temple. Ce lieu, dit-il, est le Saint des
captivité, après la destruction du premier saints. Au milieu on montre la pierre qui a
• ! temple. Quoi qu'il en soit, M. Fergusson se servi de fondement au temple. (JICHUS-HA
rait seul de son avis pour en placer l'âge au ABoT, pag. 438. Itinéraires de CARMoLY.)
temps de Constantin. Le lapis pertusus ne peut donc pas être la
Mais, dira M. Fergusson, si la roche de la muraille occidentale, et s'il est évidemment la
Sakrah n'est pas le tombeau de Jésus-Christ, roche sur laquelle s'éleva plus tard la célèbre
qu'est-ce donc que cette roche si bien con mosquée, que répondre au Pèlerin de Bor
servée par les mahométans? qu'est-ce que ce deaux, qui, après avoir mentionné la statue
tombeau placé au-dessous ? d'Adrien placée sur le Saint des saints, et la
Il nous suffirait d'avoir établi, d'après les roche percée où viennent se lamenter les
données de l'archéologie et de l'histoire, que Juifs, vient nous parler de l'église magni
cette roche et ce tombeau ne peuvent être le fique récemment élevée par Constantin sur le
tombeau de Jésus-Christ, pour ne pas être tombeau de Jésus-Christ ? Evidemment cette
obligés d'en savoir davantage sur ce point. église était ailleurs.
Cependant il y a de curieux documents qui Williams (Holy city, t. II, 340) rapporte
jettent quelque jour, au moins sur la desti une ancienne tradition parmi les Chrétiens à
nation de la fameuse roche. Jérusalem, qui regarde la pierre de la mos
Saint Jérôme, dans ses Commentaires sur quée comme l'emplacement de l'autel d'ai
Isaïe, nous apprend que la statue équestre rain du temple de Salomon.Je puis confirmer
d'Adrien avait été placée sur le Saint des cette tradition en citant un monument sem
saints, c'est-à-dire le sanctuaire du temple blable que j'ai vu au sommet du mont Gari
de Salomon. Et le Pèlerin de Bordeaux nôus zim, auprès du temple des tribus d'Israël
dit que « près des statues élevées par Adrien séparées de Juda. Chaque année les Samari
était une roche creusée, que chaque année tains de Naplouse vont immoler des victimes
les Juifs viennent couvrir de parfums; et il auprès de ce temple. L'autel, selon la loi m0
ajoute qu'après s'être lamentés auprès d'elle saïque, est la roche brute elle-même; c'est un
avec des gémissements, et avoir déchiré leurs emplacement circulaire sur le rocher. A l'ex
vêtements, ils se retirent. Est et non longe a trémité inférieure est un large trou par lequel
statuis lapis pertusus ad quem veniunt Judœi le sang des victimes coule dans une caverne
singulis annis... Or, d'après le † donné profonde creusée au-dessous. La roche célè
par M. Fergusson, la roche de la mosquée bre de la mosquée est donc le lieu où s'im
est percée d'un large trou circulaire qui a un molaient les victimes dans le temple. Le #
mètre de diamètre.Cette roche creusée, men trou servait à l'écoulement du † et la
tionnée par le pèlerin de l'époque constanti caverne dont M. Fergusson veut faire le Saint
nienne, est évidemment la roche de la mos Sépulcre était la fosse où le sang était reçu.
quée sous laquelle M. Fergusson place le tom Quant au tombeau de style gothique ou
beau de Jésus-Christ. On comprend que les arabe qui se trouve dans cette caverne, il n'y
Juifs, auxquels, dit saint Jérôme, on ne per a pas d'écrivain chrétien ou musulman qui
mettait l'entrée à Jérusalem qu'à prix d'ar en parle. Je conjecture que c'est celui de
gent, vinssent sur l'emplacement même du quelqu'un des grands maîtres de l'ordre des
temple se livrer aux gémissements et à la
douleur. -
Templiers, † possédaient la mosquée s0us
les rois chrétiens de Jérusalem. Je suis d'au
M. Fergusson, qu'aucune objection n'em tant plus fondé à avancer cette opinion, que
barrasse jamais, parle bien du lapis pertu la porte intérieure par laquelle on y descend,
sus, mais il traduit ce mot par le vieux mur et qui se voit dans le dessin de M. Ferguss0n,
de l'enceinte extérieure, où se trouvent des n'est nullement du style du reste du monu
cavités assez grandes, dit-il, pour que les ment. Elle rappelle, par les nervures de son
bonnes femmes † viennent y mettre la cintre aigu, un style ogival de la première
tête et pleurer. Nous serons plus précis que époque, tel qu'il a été employé à la façade de
lui, et nous lui dirons que le lapis pertusus l'église du Saint-Sépulcre.
ne peut pas être la muraille extérieure, parce Je ne pense pas qu'il y ait, dans les preuves
que le Pèlerin de Bordeaux en désigne parti apportées † M. Fergusson à l'appui de s0n
culièrement la place auprès du Saint des système, de raisonnements un peu sérieux
saints, qui était assurément dans l'enceinte. que je n'aie exposés avec une pleine bonne
Il n'a pas remarqué que les Juifs ne se ren foi, et auxquels je n'aie victorieusement ré
daient à la roche creusée † fois chaque pondu. Voici ce † j'ajouterai.
année, singulis annis, pendant que de temps L'identité du Saint-Sépulcre se tire pour
761 SAI DES ANTIQUiTES BIBLIQUES. SAl 762

moi , du site du, monument, des fragments le style accuse le xII° siècle, cependant les
nombreux qui subsistent encore des diverses croisés conservèrent de notables parties de
époques, depuis Constantin jusqu'aux temps l'église ancienne. C'est ainsi que j'ai pu re
les plus reculés; de la tradition écrite des marquer dans le mur circulaire de la rotonde
Chrétiens, des Juifs et des musulmans, cons qui forme proprement l'église de la Résur
tamment unanimes sur ce point. La topogra rection, l'Anastasis, des rangs considérables
phie, l'archéologie architectonique et l'his de l'appareil primitif # j'ai comparés au
toire se réunissent pour donner à ce fait, non travail architectonique de l'église constanti
pas seulement une forte probabilité, mais la nienne de Bethlehem. Cette rotonde ou église
certitude la plus absolue que la raison hu circulaire elle-même, si elle n'est pas dans la
maine puisse atteindre sur les choses maté masse de ses murs de l'époque de Constantin,
rielles. doit être rapportée au temps d'Héraclius, c'est
L'étude topographique de Jérusalem a été à-dire à la première moitié du vII° siècle,
faite, dans ces derniers temps, avec le plus deux cents ans avant l'époque que M. Fergus
grand soin. Il y a très-peu de points, même son assigne à la fraude des Chrétiens.
d'une faible.importance, sur lesquels tous les Nous avons de plus dans l'église actuelle
voyageurs et tous les écrivains modernes ne du Saint-Sépulcre une notable série de cons
soient pas d'accord. Mais ils sont tous d'ac tructions de la même époque. Tels sont les
cord sur le fait qui nous occupe, que le sept arceaux de laVierge avec leurs colonnes,
Golgotha ne peut pas se placer où l'indique dont les bases, les chapiteaux accusent nette
M. Fergusson, dans l'enceinte du temple, ou, ment le style de Justinien, tel qu'on peut
d'après son système, contre la galerie septen l'étudier à Sainte-Sophie de Constantinople.
trionale de ce même temple. Lors même qu'il Quand les Latins, à l'époque des Croisades,
serait prouvé que l'église du Saint-Sépulcre construisirent l'église ogivale qu'ils ont ados
n'est pas auprès du Golgotha antique, ce n'est sée à la grande coupole, ils respectèrent les
pas assurément où M. Fergusson la place sept arceaux de la Vierge, au risque de pro
# faudrait aller la chercher, mais bien duire à l'œil un effet choquant par l'accouple
ans les alentours du Saint-Sépulcre actuel, ment bizarre des vieilles colonnes grecques
tant cette partie de Jérusalem répond parfai avec les piles du monument † Toute
tement à l'idée qu'on se fait sur les lieux, que cette partie de l'église avec la riche galerie
là, en effet, dans cet angle écarté, hors des qui est au-dessus, et qui appartient aux La
remparts de la ville, devait être le lieu des tins, est évidemment de style grec. Il en est
exécutions. de même des colonnes et d'une notable partie
Si le Goatha de Jérémie est le Golgotha, de l'église inférieure de l'Invention de la
comme le veut M. Fergusson, la description Croix. Les notions les plus vulgaires de l'ar
topographique que donne le prophète s'ap chéologie suffisent pour assigner une date
† clairement à la partie nord-ouest de précise à ces constructions.
Nous avons donc dans ces nombreux frag
'ancienne Jésusalem. La preuve la plus sim
ple † puisse apporter contre M. Fergus ments de l'architecture antique de l'église du
son de l'impossibilité de choisir un autre lieu Saint-Sépulcre des preuves matérielles d'une
pour y mettre la scène sanglante de la Pas antériorité évidente de ce monument à l'épo
sion, c'est que ſui-même, pour soutenir sa † que M. Fergusson assigne à la fraude des
hrétiens qu'il suppose avoir eu lieu au Ix"
théorie, a été obligé de commettre une gros
sière erreur, en rétrécissant l'enceinte du siècle, à l'aide de l'ignorance et de la barba
temple , pour la reculer dans † petite rie du moyen âge. -

La tradition constante des Chrétiens prouve


partie du mont Moria, vers le midi, pendant
qu'elle s'étend au nord jusqu'à la piscine l'identité du Saint-Sépulcre.
Bethesda, de construction évidemment salo Au Iv° siècle, nous trouvons Eusèbe de Cé
monienne, ainsi que l'angle nord du temple sarée, le Pèlerin de Bordeaux, saint Jérôme,
qui domine la vallée de Kédron et touche et saint Cyrille, évêque de Jérusalem. L'église
presque la porte Sitti-Mariam, par laquelle on du Saint-Sépulcre venait d'être construite ré
va au mont Olivet. cemment. Saint Cyrille nous apprend cette
Il serait fatigant de s'appesantir sur cette curieuse particularité, que, dañs les travaux
preuve, tant elle a d'évidence surtout pour somptueux qui furent faits pour décorer le
ceux qui ont la connaissance des lieux. sépulcre, on détruisit la première chambre
Je pourrais m'étendre avec plus d'intérêt sépulcrale que les Chrétiens ont rétablie plus
pour le lecteur sur les notables fragmearts tard, et qui s'appelle la chapelle de l'Angº
d'architecture qu'une étude attentive montre à Le Pèlerin de Bordeaux a vu le Saint-Sépul
l'archéologue, dans l'église du Saint-Sépulcre. cre,et en même temps la pierre sur laquelle
On sait qu'il arrive rarement que des monu s'élève maintenant la mosquée d'Omar, sur
ImentS § le soient d'une manière si com laquelle les Juifs allaient déposer des par
plète, qu'un œil exercé n'en rencontre pas fums. Donc, au Iv" siècle, cette pierre n était
† débris. C'est ce qui arrive à l'église as sur le tombeau de Jésus-Christ. Donc le
§ n'était pas dans l'enceinte du
u Saint-Sépulcre.
Nous avons vu que M. Fergusson place le temple. - - -

transport du Saint-Sépulcre dans l'église ac Au v° siècle, Théodoret fait un pèlerinage


tuelle, au temps de Charlemagne ; or, quoi aux Lieux saints,et retrouve encore les ruines
que cette # pour la plus grande partie du temple. Donc Constantin n'avait pas bâ'i
appartienue à l'époque des Croisades, et que le Saint-Sépulcre sur ces ruines.
765 SAl DICT1ONNAIRE SAI 764

Au vi° siècie, Antonin de Plaisance parle des l'ancien Sanctuaire. Ce temple est une très
ruines du temple, et leSaint-Sépulcre se trou belle et très-grande voûte, construite par
vait orné de pierreries, de couronnes d'or, d'une Omar. Il est à présent très-fréquenté par les
infinité de joyaux de grand prix. Le temple Chrétiens, qui n'y ont aucune image ou ta
et le Saint-Sépulcre sont donc encore bien bleaux, mais qui n'y viennent que pour y faire
distincts. leur prière. » (CARMoLY, Itinéraire, pag.387.)
Au vII° siècle, saint Arculfe décrit les Lieux Et auparavant (pag. 37) il avait dit : « Ce
saints avec une grande exactitude par la qu'il y a de plus à Jérusalem est un très
plume d'Adamnanus. Il donne le plan de l'é- grand temple nommé la Sépulture (le Sépul
glise ronde du Saint-Sépulcre, plan grossier, cre), du lieu de la sépulture de Jésus de Na
dans lequel les distances ne sont pas gardées zareth. »
exactement, mais qu'il serait matériellement J'ai hâte de clore cette discussion avec le
impossible de faire coïncider avec la mosquée savantanglais. Elle a son importance religieuse
octogone d'Omar. et historique; à ce double point de vue, elle
Au vIII° siècle nous avons saint Guillebaud; mérite toute l'attention de la science.Je crois
• *! Au Ix° siècle,le moine Bernard ; avoir jeté quelque jour sur la question.J'ai
Enfin, au xI° siècle, les Croisades et les cherché à le faire avec une modération dont
innombrables récits des voyageurs et des pè mon adversaire ne m'avait pas donné l'exem
lerins,-récits qui, de siècle en siècle, se con ple : c'est que la vérité se contente de ses
tinuent jusqu'à nous. propres forces, sans emprunter celles de la
Or, dahs les descriptions de tous ces écri ersonnalité et du mépris. Quelles que soient
vains, apparaissent des caractères si † antS es ténèbres du moyen âge, s'il faut gémir sur
d'identité du Saint-Sépulcre, qu'il semblerait les malheurs de l'humanité dominée par la
qu'ils se copient les uns les autres. S'il y a barbarie, il y aurait quelque justice à recon
uelques différences, elles tombent sur des naître l'effort admirable de l'Eglise pour ar
étails observés avec moins de soin. racher le monde qu'elle conduisait, et s'arra
Voilà une masse de témoignages que M. cher elle-même à l'ignorance qui l'envelop
pait de toutes parts. Evidemment M. Fergus
Fergusson essaye en vain d'expliquer en fa son
veur de son système, et qui, établissant à la n'a eu recours à ces déclamations cOntre
les moines et le moyen âge, que pour rendre
fois et l'état de splendeur du Saint-Sépulcre,
avec son église « d'admirable grandeur,» et plausible son système de la fraude pieuse
les ruines du temple qui apparaissent encore des chrétiens de Jérusalem, se fabriquant un
au vII° siècle, sont une preuve irrécusable de nouveau sépulcre pour remplacer celui que
la simultanéité du Saint-Sépulcre, bâti sur le leur enlevaient les mahométans.
Golgotha actuel, et des ruines du temple, où Après mes recherches sur la Jérusalem
Omarjeta les fondements de sa mosquée. antique, auxquelles j'attachais une grande
La tradition des musulmans n'a pas moins importance, puisque de ces recherches de
de poids en faveur du Saint-Sépulcre. Ils vaient dépendre mes convictions sur l'au
sont bons juges dans cette question, car re thenticité | du Saint-Sépulcre , j'entrepris
connaissant Jésus de Nazareth comme un l'étude de ce monument lui-même, le plus
prophète, s'ils se fussent emparés de l'église auguste que la foi du chrétien puisse vénérer
de Constantin pour la changer en mosquée dans le monde.
et y vénérer Jésus, ils ne manqueraient pas L'église du Saint-Sépulcre est beaucoup
de le dire et de reprocher aux Chrétiens leur plus
odieuse supercherie. Or ont-ils jamais tenu il fautbasse que les terrains qui l'avoisinent ;
descendre de tous côtés pour y arriver.
ce langage ? N'ont-ils pas écrit que c'était le Cette disposition du terrain † par
kalife Abd-el-Mélik qui avait achêvé la cons une comparaison avec beaucoup de sites
truction magnifique, commencée par Omar, sur #ºs qu'on trouve dans les environs de
la Sakrah ? 8l V]||62.
Reste l'opinion des Juifs qui n'ont jamais
quitté Jérusalem et la Palestine, attachés à Il est probable que le jardin de Joseph
ces ruines saintes qui leur rappellent tant de d'Arimathie, dont une partie se voyait encore
grandeur passée. Ils connaissent parfaitement du temps de saint Cyrille, évêque de Jérusa
le temple ; ils viennent pleurer auprès des lem, était le fond d'une ancienne carrière
débris qui ensubsistent encore. Disent-ils que exploitée. Le côté oriental du côté de la ville
Constantin ait jamais élevé une église au cen était un rocher où avaient lieu les exécutions,
tre de l'enceinte du temple ? Ne distinguent appelé Golgotha, lieu du Crâne, ou Calvairº.
ils pas le Sépulcre de Jésus du temple bâti Le terrain au-dessous était le jardin, et le
par les musulmans ? rocher opposé renfermait dans ses flancs
« Hélas ! à cause de nos péchés, dit un des deux monuments funèbres, celui de la fº:
Itinéraires des Juifs, là où étaitjadis le tem mille de Joseph d'Arimathie, et oelui qu'il
ple sacré est aujourd'hui un † profane s'était fait creuser pour lui-même.
construit par le roi des Ismaélites (Ara Si l'on veut se placer sous les yeux le plan
bes). » (Les Chemins de Jérusalem, CARMoLY,de l'Eglise (voy. le plan, pag. suiv.), 0n
pag. 236.) comprendra facilement cette disposition, ,
Benjamin de Tudèle est pius explicite en Le petit bâtiment, à peu près carré R $,
COrG : ui est à droite de la porte d'entrée, est le
« Il y a une église, appelée le Temple du § dont le bas est au niveau du reslº
Seigneur, placée dans le même endroit que de l'église. Mais le rocher derriere le point
705 SAl DES ANTIQUITES BIBLlQUES. SAI 766

L–––|-
M 10 9.030
767 SAI DICTJONNAIRE SAI 768

E s'élève de cinq mètres, et porte l'étage CC En face la chapelle Hest celle oùles Latins ont
DD placé à côté dans le plan. leur chœur et célèbrent l'office. C'est là que
C'est là l'église du Calvaire. Elle est d'une Jésus apparut à sa sainte Mère. A votre droite
très-haute antiquité, à enjuger par son archi est leursacristie, et au pointT, le petit couvent
: tecture qui n'a presque pas subi de change où logent les frères qui viennent, à tour de
ments, si ce n'est dans la décoration. Elle rôle, se renfermer dans † pouren faire le
était autrefois couverte de mosaïques, parmi service jour et nuit. Un long corridor II est
lesquelles on lisait des inscriptions grecques appelé les Arceaux de la Vierge. C'est une par
et latines, symbole de l'union des deux Égli tie très-ancienne de l'église que les Croisés
ses d'Orient et d'Occident, qui nous ont été respectèrent † construisirent la partie
en grande partie conservées parQuaresmius. Il ogivo-romane de l'édifice. Ce corridor se ter
ne subsiste plus de toutes ces mosaïques qu'un mine par la prison de Jésus-Christ J.
portrait en pied du Sauveur, à la voûte DD du En revenant sous la grande coupole, et en
Calvaire. Cette † est infiniment pré laissant derrière soi le Saint-Sépulcre, vous
º
cieuse par l'antiquité de son travail, qui porte 8lVGZ Un † arceau F, qui sépare la grande
* le • un cachet singulier de rudesse. La tête du coupole dont nous avons parlé d'une coupole
-
Christ n'est pas entourée du nimbe qui lui K de moindre dimension, bâtie par les Croi
# #
- º est toujours donné dans les mosaïques du sés. Sous cet arceau, appelé l'Arceau impé
· r moyen âge ; sa figure est austère, ses vête rial, les Latins avaient autrefois un autel;
- º . ments sont simples, ses pieds sont nus. Nous maintenant l'espace est libre; mais il appar
savons, par Quaresmius, que cette mosaïque tient aux Latins, et c'est là qu'ils se placent
représentait l'ascension. Le Sauveur était chaque fois qu'ils célèbrent solennellement
entouré de † anges et de ses disciples. au Saint-Sépulcre.Après avoir franchi la pe
On lisait au-dessous de la mosaïque l'inscrip tite coupole qui recouvre le chœur des Grecs,
tion latine : VIRI GALILEI, QUID ASPICITIs IN vous voyez leur autel au sanctuaire terminé
COELUM (Act. I, 11), etc., en une seule ligne circulairement par des piles carrées.Autrefois
ui traversait la voûte du nord au midi. Le d'élégantes colonnes soutenaient cette abside
uveur seul est resté, dernier souvenir de circulaire; mais, comme cette partie de l'é-
ces travaux d'une haute † qu'on ne difice menaçait ruine, les Grecs, auxquels elle
saurait trop recommander à la conservation appartient, l'ont réparée fort solidement, mais
des Pères de Terre-Sainte, possesseurs de d'une manière lourde et sans goût. Toute lapar
cette partie du Calvaire. tie qui entoure ce chœur et ce sanctuaire, soit
Nous allons revenir sur les détails de cet ducôté II qui forme les Arceaux de la Vierge,
auguste sanctuaire ; mais donnons † soit derrière les piliers carrés de l'abside, soit

1C0.
une idée générale du raste de l'édi entre le chœur des Grecs et le Calvaire, est
commune à tous les Chrétiens.
Sous un arceau Y se trouve le divan des Il ne nous reste plus à mentionner dans
Turcs qui ont les clefs de l'église. Au point cette église que les absidioles LN qui sont aux
X est la pierre de l'Onction. Toute cette Abyssiniens, l'absidiole centrale M qui est aux
partie est le vestibule de l'église. Elle est Arméniens.
commune à toutes les communions chré Telle est l'église du Saint-Sépulcre, à la
tiennes. quelle, on le voit, est adossée l'église du Calº
En suivant sur la gauche ce vestibule, qui vaire, qui y adhère comme une chapelle laté
a été restauré par les Grecs après l'incendie rale.
de 1808, vous arrivez sous une vaste coupole Avec le plan et cette explication,, il estim
A, au centre de laquelle est le Saint-Sépulcre, ossible dé ne pas en saisir la distribution et
que nous allons décrire en particulier. La cou ensemble. D'ailleurs, quelques détails que
pole est ouverte par le haut, sans être fermée # vais donner vont rendre cette église fami
par aucun vitrage. Quand il pleut, on place ière au lecteur, comme s'il lui était donné de
de grandes toiles qui reçoivent l'eau et proté la visiter lui-même.
gent le précieux monument. Derrière le Saint A l'extrémité de l'abside orientale, entre
Sépulcre est une petite chapelle B fort pau les deux absidioles MN , est un escalier d'un
Vre, qui appartient aux Coptes. Leur habita nombre considérable de degrés, qui conduit
tion est au point C. Remarquez les lourds dans l'église souterraine , appelée chapelle
piliers qui servent de soutien au dôme. Ils de Sainte-Hélène OO, de laquelle on descend
portent desarcades au-dessus desquelles est un encore par plusieurs marches dans une grotte
second rang d'arcades, éclairant une immense nue qui fut une ancienne citerne, où se tr0uvâ
galerie circulaire, possédée au midi par les la vraie croix. L'autel et la † Pappar
Arméniens, au nord par les Latins. L'absi tiennent aux Latins. La chapelle Q est aux
diole D est aux Syriens; leur autel est fort Grecs. -

pauvre. Le tombeau antique E, dont nous J'ai voulu donner eette explication d'en
parlerons en détail, parce qu'il est capital semble pour qu'on sache d'abord le monu
pour constater l'authenticité du Saint-Sépul ment en général, ou plutôt l'assemblage de
cre, est celui de Joseph d'Arimathie, et les trois monuments : la grande église proprº
Syriens y entretiennent une lampe. Il est ab ment dite, à laquelle tient au midi la petite
solument nu. Si vous avancez au nord vers le chapelle du Calvaire, et à l'orient l'églisº
point G, vous passez dans le lieu où Jésus ap basse de Sainte-Hélène.
arut à Madeleine. Il appartient aux Latins; Je vais reprendre maintenant dans le mº
eur orgue est là adossé au mur du couchant. me ordre chaque sanctuaire en particulier,
7J9 SAl DES ANTIQUITES BIBLlQUES. SAI 770

indiquer l'époque certaine ou présumée de de vestibule. Il se divise en deux parties. La


sa construction, les autels qui s'y trouvent, première R est la chapelle d'Adam. Une an
et les souvenirs pieux qui s'y rattachent. tique tradition suppose que la tête d'Adam
I. LE CALvAIRE. Il était d'une grande im avait été conservée dans une grotte sous la
portance pour mes , études que je m'assu masse du Calvaire. Les Pères n'ont pas dé
rasse de l'existence de la roche du Calvaire. daigné cette tradition, qui plaçait ainsi les
Des pierres pouvaient avoir été apportées prémices de la vie glorieuse et impérissable
dans l'église, afin de simuler un rocher. au lieu même où reposait le chef du premier
Je ne négligeai donc rien pour éclaircir ce homme qui avait porté le péché dans le
fait. monde. Le sang coulant de la croix serait
Or, entre les points marqués sur le plan tombé par la fissure du rocher entr'ouvert,
e U N, je vérifiai le massif du Calvaire, aurait touché la tête d'Adam , et parmi ces
qui s'élève de cinq mètres au-dessus du ni morts ressuscités que l'on vit à Jérusalem le
veau de l'église du Saint-Sépulcre. Dans jour du sacrifice de l'Homme-Dieu, Adam se
l'abside e de la chapelle d'Adam, le rocher serait trouvé comme témoin de la seconde
est visible dans une petite niche où brûle création par la souffrance. Tertullien, saint
constannment une lampe. Toutes les bases · Cyprien, saint Ambroise ont dit des choses
de la chapelle N ne sont pas des blocs de élevées sur cette croyance , qui était encore
pierre, mais le rocher naturel, et ce fut là vivace au temps des Croisades, selon Guil
qu'avec un instrument je parvins à détacher laume de Tyr.
des parcelles du rocher du Calvaire comme Malheureusement la † sépulcrale du
souvenir de mon pèlerinage. La lettre U sur premier Adam n'a pas plus été respectée que
le plan indique le petit couvent des Grecs celle de l'Adam réparateur. Vous vous trou
derrière le Calvaire; il est bâti sur la roche vez dans une chapelle voûtée qui ne rappelle
même, et une citerne, dont les eaux sont en rien un tombeau, et ce n'est que derrière
abondantes, est creusée dans le roc vif. Les l'autel, à l'abside au point e, que vous
architectes de l'église du Calvaire n'ont pensé apercevez un peu le rocher. Là vous êtes en
# faire un édifice. Ces pieux barbares ont effet au-dessous de la cavité où fut dressée la
croix.
écoupé le rocher autant qu'ils ont pu, pour
ne laisser subsister que le sommet, où se Avant la restauration du monument par les
trouvent la cavité de la croix et la déchirure Grecs, deux tombeaux gothiques étaient
du rocher. Ils ignoraient que la science un placés à droite et à gauche de la porte d'en
jour serait obligée de venir au secours de la trée de la chapelle d'Adam. Le tombeau de
foi, et que devant les doutes de l'homme Godefroy était à droite, celui de Baudouin à
nous aurions besoin, comme le Christ de gauche. Ces tombeaux des rois latins de Jé
vant saint ThoInas, de dire au monde : Met rusalem étaient faits d'un sarcophage recou
tez votre main dans la fente du Calvaire, tou vert d'une dalle à toit aigu, sur laquelle était
chez vous-même le rocher, assurez-vous que une inscription funéraire, et le sarcophage
ce n'est pas un Golgotha factice. était supporté par quatre petites colonnes
J'eus donc la démonstration positive de très-basses. Les Grecs, dans leur haine pour
l'existence d'une masse de rocher naturel sur les Latins, ont absolument fait disparaître
une assez grande étendue, mais malheureu ces tombeaux. Il n'en reste pas le moindre
sement réduit, à son point culminant, à une vestige; malgré des recherches minutieuses
surface qui n'a que trois mètres soixante dans les cours, les coins et recoins des di
centimètres dans sa longueur, et trois mètres vers monastères qui entourent l'église du
seulement en largeur. Je confirmai du reste Saint-Sépulcre, il m'a été impossible de rien
cette étude en comparant la nature du ro retrouver de ces tombeaux si précieux pour
cher du Calvaire avec celle du rocher du nous. Les Grecs eux-mêmes ont perdu le
tombeaudeJoseph d'Arimathie placé au point souvenir de l'emploi qu'on a fait de ces
E, à l'ouest de la grande coupole, lequel est sarcophages. Je conjecture qu'ils ont été
creusé dans le roc vif. employés comme matériaux dans les di
Voici maintenant la distribution de l'é- #
145).
constructions de l'église restaurée
glise du Calvaire. Le rez-de-chaussée est au
niveau du bas-côté de l'église YX, qui sert A côté de la chapelle d'Adam est une pe
(145) Quaresmius nous a conservé de précleux †
chait cclui de Baudouin, et qu'ils celui de
details sur ces tombeaux , quoiqu'il ait négligé d'en Melchisédeck, roi de Salem. Ce tombeau a disparu
décrire la forme. comme les autres.
Voici l'épitaphe de Godefroy de Bouillon : Quatre autres tombes dé la même forme qne celle
IIlC IACET : INCLlTVS : DVX GODEFRIDV5 du tombeau de Godefroy de Bouillon étaient ados
DE BVLLON QUI ToTAIn 1sTAM : TERRAin sées au mur qui sépare le chœur des Grecs de la
AQvIsIuIT : CvLTv1 : CPIANO : CvI', pierre de l'Onction X. Une de ces tombes était
AN1IllA : ltEGNET CUM XP0 AMEN. celle du septième roi de Jérusalem, Baudouin, cin
Voici celle de Baudouin, son frère : quième du nom, qui mourut enfant.
REx BALDEvvINvs IvDAs : ALTER mAchABEvs sEPTIM' : IN TvMvLo PvER : IsTo REx TvmvLAT" :
SPEs PATRIAE v1GoR ECCLIE. vIRT ' vTRIvsQ : EsT BALDEvINI ' : REGvM : DE sANGvINE NAT' :
QVEM FORMIDABANT CV1 DONA TR1BVTA FEREBAT QvEM TvLIT : E mUNDo : soRs : PRIME CoNDiTioNºs ;
CEDAR ET EGYPT DAN AC hoMICIDA DAMAsCVs
PRoh DoLoR IN MoDico CLAvD1TvR hoc TvMvLo.
UT PARAdysIACE LocA : PossIDEAT REGioNis.
Nous vivons à une singulière époque. Je vis à Jé
Les Grecs vénéraient un autre tombeau qui tou rusalem le consul de Belgique qui, au nom de son
771 SAl DICTI0NNAlItE SAl 772

tite sacristie S, au fond de laquelle est un c'est d'avoir brisé le rocher lui-même du
magasin voûté. La construction de cette Calvaire sur un espace assez considérable,
partie inférieure du Calvaire remonte très our établir cet autel (148). On m'a raconté
probablement au vII" siècle. Jérusalem que les Grecs, voulant envoyer
Maintenant voyons le haut du Calvaire qui au patriarche de Constantinople une relique
forme l'église supérieure CC DD. L'escalier d'un prix inestimable, conçurent le malheu
par lequel on y monte aujourd'hui est mo reux projet de couper la pierre où la croir
derne. L'ancien escalier était dans le bas avait été dressée. La pierre enlevée fut con
-
· ºl
*
côté, entre le sanctuaire actuel des Grecs K fiée à un navire qui partait de Jaffa pour

: et la chapelle R. Constantinople, lequel fit naufrage en che


La chapelle haute du Calvaire a été restau IIllIl.

rée par les Grecs; les peintures en sont A un mètre quarante et un centimètres
très-médiocres. Cependant le caractère reli de la cavité de la croix, est la déchirure du
• ! gieux de ce précieux monument n'est pas rocher, qui eut lieu à la mort du Sauveur,
dénaturé. Un pilier central supporte quatre lors du tremblement de terre (149), le plus
voûtes à arêtes qui, prises en longueur, grand, selon Pline, dont on ait souvenir de
couvrent deux chapelles. Celle de droite DD mémoire d'homme. -

appartient aux Latins. La belle mosaïque Cette déchirure du rocher du Calvaire,


représentant le Sauveur, dont j'ai déjà fait ue j'étudiai avec le plus grand soin, est ver
mention, est à la voûte de cette chapelle, ticalé. Elle forme une ligne ondulée dans la
édifiée sur le lieu même où se fit le cruci direction de l'est à l'ouest. Ce qu'on peuten
fiement. L'autre chapelle est aux Grecs. Le apercevoir en longueur a environ un mètre
fond est exhaussé au-dessus du pavé par soixante centimètres. La plus grande largett
la hauteur du rocher. Malheureusement tout est de vingt-cinq centimètres (150). -

ce sommet du Golgotha, qu'il faudrait met Il y a une preuve matérielle que cette déchi
tre à nu pour que le Chrétien pût coller rure n'est pas une veine naturelle entre deux
ses lèvres sur la pierre à jamais consacrée couches parallèles de rocher : c'est que, selon
qui fut teinte du sang du Sauveur, est recou la loi dês corps divisés violemment dans la
v§t de f§ §ll§ailes §rbre qui le direction verticale, la largeur de la fente va ºn
cachent complétement. diminuant depuis le haut jusqu'en bas. S'il
Là se trouvait la cavité où la croix - fut était possible de rapprocher les deux parties
plantée. Elle était recouverte d'une plaque séparées du rocher, elles se rejoindraient
d'argent ciselée avec des bas-reliefs, dont le parfaitement, les angles saillants allant cor
curieux dessin nous a été conservé par Qua respondre aux angles rentrants. Une petite
resmius (l46). C'était l'œuvre d'un moine grille en bronze doré, qui se soulève à v0
grec du XVI° siècle. Le travail est ingénieu lonté, laisse examiner et toucher la roche
sement conçu. Au temps de Quaresmius, on sainte. Elle est de la même nature que celle
disait la Messe sur deux petits autels placés à que j'avais déjà étudiée dans le bas du Cal
droite et à gauche du rocher où la victime vaire, et que nous allons trouver au tombeau
sainte s'immola elle-même pour le salut du de Joseph d'Arimathie : c'est un calcaire
monde. On n'osa jamais y placer d'autel, et compacte, d'une teinte jaune, tacheté de pla
ce sentiment de pieuse terreur s'était trans ques légèrement rosées. - -

mis jusqu'à notre siècle. Les Grecs n'ont pas De précieuses mosaïques ornaient autrelois
voulu perpetuer cette délicate réserve, et ils le chevet et les voûtes de la chapelle du Cal
ont placé un autel de marbre, du reste assez vaire. Le crucifiement occupait le fond.0nY
élégant, au lieu même où la croix fut dres voyait des prophètes de la loi antique, parmi
sée (147) lesquels Isaïe, Habacuc, Amos, David et Sa
Mais cequ'on ne peut pardonner aux Grecs, lomon; le Sauveur lui-même, ayant à sa
gouvernement, attachait un grand prix à recon (148) Le P. Manuel Garcia, dans ses Derechos le
struire le tombeau perdu de Godefroy de Bouillon. gales, a raison de reprocher aux Grecs d'avoir sans
Vous éleverez un sépulcre vide sur lequel vous motif enlevé cette roche précieuse. « Je ne trouve
graverez l'inscription tant bien que mal conservée pas de parole, dit le moine acrimonieux, pour ra"
par Quaresmius ; quelle gloire ! ll était réservé à conter les abominations et les horreurs commises
notre siècle restaurateur de faire de faux monu ar les Grecs, à l'instigation du démon, pour effacer
ments, comme on faisait à Padoue des médailles e souvenir du lieu où Jésus-Christ expira sur la
fausses. croix. » ll raconte que cet enlèvement sacrilége eut
(146) C'est un disque évidé au centre, et divisé lieu un matin avant le jour. Le frère sacristain des
en six compartiments : le crucifiement, la descente Latins, homme robuste et à la force de l'àge, n'ayant
de croix, la résurrection, les saintes femmes au que quarante ans, étant vcnu pour allumer les
tombeau, occupent quatre de ces compartiments. lampes sur la sainte montagne, à la vue de cel#
Les deux autres sont garnis de gracieuses arabes profanation, fut saisi d'une telle indignation, qu'!
ques, parmi lesquelles on remarque des glands et iomba en syncope. Transporté à l'infirmerie, il
des raisins. Les légendes sont en grec. L'artiste a mourut dans la journée de regret et de douleur..
mis son nom et le millésime 1560. (149) « Maximus terrae memoria mortalium exsl
(147) « Sunt ibi duo parva altaria, alterum a dex tit motus Tiberii Caesaris principatu, duodecim urº
tris, alterum a sinistris sacrae rupis et altaris Domi bibus Asiae una nocte prostratis. » (PLIN., lib. Il,
ni, in quibus sacerdotes Gracci celebrant, nunquam cap. 84.)
taunen in altero loco ubi summus Sacerdos se n l (150) Saint Cyrille de Jérusalem dit, Catech. xlllº
seipsum obtulit immaculatum Deo viventi. » (Elu « llactenus Golgotha monstrat, ubi propter Chri°
cid. Terr. Sanct., Il, pag. 457.) stuum petrae scissae sunt. »
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: 775 SAI DES ANTiQUITES BIBLIQUES. SAI 74

droite sa très-sainte Mère, et Jean-Baptiste, son uns ont la couronne radiée, les autres les
précurseur. Sur l'une des arcades était sainte ornements du cardinalat. Ferdinand de Mé
Hélène, la fondatrice des Lieux saints, ayant dicis, avant d'être grand duc, avait été car
la couronne impériale sur la tête, tenant dinal et protecteurde l'ordre de Saint-François.
d'une main le globe surmonté d'une croix Ce travail remarquable fait honneur au moine
rouge avec cette inscription : HELENA REGINA, artiste qui l'asculpté.Malheureusement il estlà
et de l'autre main une grande croix de Lor comme au rebut ; et il est difficile de lui as
raine (c'est-à-dire à deux traverses). En face signer une place dans l'église du Saint-Sé
de sainte Hélène était l'empereur Héraclius, pulcre.Je ne crois même pas que des objets
nimbé comme un saint, tenant également la d'art puissent jamais produire un effet reli
croix et le globe avec cette inscription : ERA gieux dans cette église vénérable. Elle em
CLIVS IMPERATOR. prunte des grands événements qui s'y sont
Nous avons vu qu'il ne subsiste plus qu'un accomplis un caractère tellement grandiose,
seul fragment de ces intéressantes mosaï qu'on n'a pas un regard pour un travail quel
q ll0S.
Maintenant, si nous descendons du Calvaire, conque de bronze ou de marbre sorti des
mains d'un artiste. Qui songera à s'occuper
nous nous trouvons devant la pierre de l'Onc d'un bas-relief représentant le Christ sur la
tion X. croix, lorsqu'il peut gravir le Calvaire, se pros
Ce fut sur elle que Joseph d'Arimathie et terner dans le lieu même où a coulé le sang
Nicodème, disciples du Sauveur, déposèrent du Sauveur, et toucher le rocher fendu au
le corps après qu'il fut descendu de la croix, moment où la terre tressaille dans un
pour l'embaumer à la manière des Juifs. La épouvantable tremblement?
tradition des Chrétiens de Jérusalem rapporte II. LE SAINT-SÉPULCRE. — J'ai hâte d'arri
que cette pierre n'est pas distincte du rocher; ver à la description du Saint-Sépulcre. Ici
qu'elle tient par conséquent au massif du nous distinguons l'église elle-même du petit
calcaire. En 1555, le P. Boniface de Raguse, édifice intérieur qui renferme le Saint-Sépul
· gardien du mont Sion, la fit couvrir d'un beau cre. Ce petit édifice est récent; il a été cons
marbre rouge qu'il échangea avec les Jaco truit par les Grecs après l'incendie de 1808.
bites pour un pluvial.Avant cette époque, elle La grande coupole qui couvre ce monument
était recouverte d'une élégante mosaïque. est également récente dans les parties restau
Cette pierre est d'une teinte verdâtre (151). rées par les Grecs, c'est-à-dire les piles inté
En 1588, Ferdinand de Médicis, grand duc rieures qui ont remplacé d'antiques colonnes,
de Toscane, envoya à Jérusalem un magni les arcades qui supportent la galerie circu
fique autel de bronze, destiné à envelopper laire, et la voûte en bois couverte de plomb
la pierre de l'Onction. Les Grecs portèrent qui forme cette coupole. Mais le mur massif
† au cadi, pour empêcher qu'on plaçât
'autel, sous prétexte que les femmes encein
et extérieur de la rotonde n'ayant pas souf
fert de l'incendie, n'a pas été rebâti par les
tes ont coutume de venir se prosterner sur Grecs.
cette pierre. Les Franciscains furent obligés Ce qu'ils ont complétement reconstruit,
de céder, et mirent le bel autel florentin dans c'est le Saint-Sépulcre lui-même.
la chapelle haute du Calvaire ; plus tard ils LOrsque sainte Hélène voulut construire
l'ont placé contre un pilier, près du point G, l'église de la Résurrection, l'Anastasis, il fal
à la naissance des Arceaux de la Vierge. lut déblayer le terrain des décombres que
C'est le morceau d'art le plus remarquable les païens avaient entassés pour y élever une
que possède l'église du Saint-Sépulcre. Six statue à Vénus et y planter un bois sacré.
bas-reliefs décorent l'autel ; ils représentent C'est pour cela que ce lieu, si horriblement
le crucifiement, le Christ en croix, la descente rofané, perdit jusqu'à son nom, et s'appela
de la croix, l'onction, la mise au tombeau, la e Venerarium, le lieu de Vénus.
résurrection. Les points marqués A B C D E (Voy. le plan
On lit sur la corniche, en beaux caractères de l'église du Saint-Sépulcre) formaient un
de l'époque : rocher massif où se trouvaient deux cham
MDLX XXV11I FERD MEDICES MAG DVX AETR bres sépulcrales, la chambre E qui était le
Sur le pilastre central : tombeau de lafamille de Joseph d'Arimathie, et
FERD MEDIeEs la chambre A que Joseph se fit creuser pour
MAG DVX ET R. lui-même, et dans laquelle fut enseveli le
PlETAT 1S Sauveur. Les points S R e U V formaient un
S1(, NV M autre rocher † Golgotha ou Calvaire. La
D t)
MDLXXXVlll
croix des suppliciés se dressait sur ce rocher.
Le terrain intermédiaire, déprimé de cinq
Sur la plinthe inférieure : mètres, avait probablement été creusé pour
FRATER DOM1N1CVS PORTISIANVS CONV EN1 VS SANCTI servir de carrière, et était devenu un jardin.
MARCI DE FLORENT 1A 0RD. PR 1EI). ROM . On en voit beaucoup de cette espèce dans
PROV. PROFESSVS FEC1T ANNO DOMiNl NOSTRI les champs qui environnent Jérusalem. Ce
MI)I. X X X Vll 1
terrain bas se prolongeait dans les points
Quatre écussons se voient aux angles de K M O 0, et se terminait par une citerne
l'autel; ce sont les armes du donataire. Les profonde P Q. Le Vendredi saint, dans leur
(151) ll cst fait mention dans Nicétas d'un marbre
rouge qui avait été autrefois à Ephèse, et que l'em
lais, comme étant la pierre de l'Onction. #
Jacob. Gretzer., De Cruce, tom. l, lib. 1, cap. 37.)
pereur Manuel porta sur ses épaules dans son pa
775 SAI DICTI0NNAlRE SAI 776

précipitation afin de ne pas se souiller d'un orné extérieurement de seize pilastres, qui
travail le jour de Pâque, sabbat solennel qui en forment la seule décoration. Une coupôle
commence en Orient le vendredi avant le écrasée surmonte la partie pentagonale, et
coucher du soleil, les Juifs jetèrent les croix . recouvre la chambre du sépulcre.
dans cette citerne, où sainte Hélène les re Le vestibule appelé chapelle de l'Ange est
trOuVa. complétement moderne. Rien de l'ancienne
Le terrain ainsi décrit, il est facile de se chapelle n'a été conservé. Ce vestibule est
représenter la construction des saints Lieux. orné de † à l'intérieur. On pénètre de
Le Calvaire forma une petite église élevée R S. la chapelle de l'Ange, † une porte basse et
La chapelle de sainte Hélène OO fut placée étroite, dans le sépulcre proprement dit.
au lieu de l'invention de la croix. Le terrain Cette porte est cintrée, mais prise dans le
K M devint la vaste basilique où s'assem rocher, et nullement revêtue de marbre. C'est
blaient les fidèles; ce fut là que saint Cyrille le seul endroit où l'on puisse toucher la roche
prononça ses belles catéchèses; et une vaste du Saint-Sépulcre.
rotonde appelée Anastasis (résurrection) cou La chambre sépulcrale est presque carrée,
vrit le Saint-Sépulcre A. ayant, du levant au couchant, deux mètres
Le premier travail fut d'isoler le saint tom sept centimètres de longueur, et du sud au
beau au centre de l'église. On coupa donc le nord, un mètre quatre-vingt-dix-huit centi
rocher dans les points B C D; on emporta une mètres de largeur (154).
partie du monument sépulcral de la famille Cette chambre est ornée aux quatre angles
de Joseph d'Arimathie E. Saint Cyrille nous de pilastres peu saillants. Les côtés sud et
apprend que le monument du Sauveur était nord sont unis; mais les côtés est et ouest
précédé d'une caverne taillée de main d'hom sont partagés par un pilastre qui correspond
me, qui fut rasée pour recevoir une construc à la table de marbre dont est couvert le tom
tion d'une magnificence royale, qui décorait, beau du Sauveur.
de son temps, l'entrée du monument : Nunc Ce tombeau est à droite en entrant dans la
vero jam non apparet, eo quod prœsentium chambre sépulcrale. Il s'élève de soixante
ornamentorum instituendorum gratia olim dix-sept centimètres du sol. Il forme un
erasa sit anterior spelunca (152). simple coffre carré long, qui a la longueur de
Cette royale dégradation est infiniment re deux mètres, et quatre-vingt-dix centimètres
grettable. Elle n'a pas même été compensée de largeur.
par la conservation de l'enveloppe architec Ce coffre est en marbre blanc. La tablette
turale que lui donna sainte Hélène. Cette de dessus a reçu, avec un instrument, une
magnifique construction fut détruite par les longue déchirure artificielle, destinée, dit-on,
ordres de Akem (153), et rebâtie au xII° siècle à gâter ce beau marbre et à lui ôter son prix,
par les Croisés. de peur qu'il ne tentât la cupidité des maho
Le Saint-Sépulcre que vit Châteaubriand, métans.
et dont nous avons plusieurs dessins, était Le sarcophage où reposa le corps embaumé
celui des Croisades. C'était un édicule gra du Sauveur est placé sous ce marbre blanc.
cieux, composé, t° d'un vestibule carré ap Aucune inscription, aucun bas-relief ne vien
pelé chapelle de l'Ange, dans lequel on en nent orner l'enveloppe du saint tombeau ;
trait par une porte en plein cintre d'une seulement, un encadrement, composé de
grande simplicité; 2° d'un massif polygone, moulures assez délicates, entoure la tablette
orné d'arcatures ogivées supportées par des de marbre.J'avoue, pour ma part, que cette
colonnes. Ce massif de pierre ou de mar simplicité d'ornementation me plaît au delà
bre entourait le rocher intérieur qui forme de tout ce que l'art aurait pu entasser sur
encore le Sépulcre. Au-dessus s'élevait un l'auguste tombeau. Cette tablette de marbre
petit dôme supporté par un massif octogone blanc fut placée par le P. Boniface, gardien
décoré d'arcatures trilobées. du mont Sion, en 1555. Auparavant, le mar
Détruit par l'incendie de 1808, il a été re bre qui recouvrait le saint tombeau avait trois
construit par les Grecs, et c'est celui que je trous par lesquels on pouvait voir le rocher;
vais décrire. mais les pèlerins, dans leur zèle pour empor
Il s'élève d'abord de trente-neuf centimètres ter quelques fragments du précieux sarco
au-dessus du sol de la grande rotonde. Il phage, faisaient entrer des instruments de fer
forme un édicule allongé, carré sur le devant par ces trous, afin d'en retirer quelques par
#ent.
l'orient (au point A), et pentagone à l'occi celles. Il fallut donc se résoudre à le couvrir
entièrement. Le marbre du Saint-Sépulcre ne
La façade, d'un angle à l'autre, a cinq † être levé qu'avec un firman spécial du
mètres quarante-sept centimètres; la lon rand Seigneur.
gueur totale de l'édifice est de huit mètres Autrefois, avant l'incendie , la chambre
vingt-six centimètres sépulcrale formait une voûte couverte d'une
L'édifice actuel est tout en marbre. Il est mosaïque. Cette mosaïque a complétement

(152) S. CYRILLUs IIierosolymit., catech. 14, De en 1621


Christi resurrect., pag. 208, édit. Bénédict. Longueur du Saint-Sépulcre : Six pieds moins
(155) Le Hequen Kaliſa de Guillaume de Tyr. un pouce.
(Bell. sacr. Hist., lib. 1, cap. 4.) Largeur : Six pieds moins deux ponces.
(154) Voici les mesures du Saint-Sépulcre, don Largeur du marbre qui couvre le tombeau : DeruX
nées par Deshayes. ambassadeur de Louis Xlll, Uieds deux tiers et demi.
777 SAl DES ANTIQUITES BIBLIQUES. SAI 778

disparu aujourd'hui, soit qu'elle ait été en et à l'instinct religieux des hommes de l'an
dommagée par la chute des poutres enflam tiquité, qui portait chacun à désirer de re
mées de la grande coupole, soit que les Grecs poser dans le sépulcre de ses pères, Joseph
l'aient trouvée trop dégradée par le temps. d'Arimathie s'était construit pour lui-même
Je ne m'étendrai pas plus longuement sur un sépulcre neuf. C'est que j'ai cru recon
le précieux tombeau. J'exprimerai une der naître, à l'inspection du monument de fa
nière fois un amer regret qu'il faille recourir mille, qu'il n'y restait plus de place à rem
à toutes les investigations † la science pour plir. Et j'en ai la preuve dans ce fait, que le
s'assurer qu'on est au véritable sépulcre du sol même de la chambre sépulcrale avait été
Sauveur. Je dois pourtant ne pas omettre une creusé de manière à y placer deux corps.
circonstance importante c'est que des Le monument de la famille se trouva donc
habitants de Jérusalem, qui ont été témoins, encombré, probablement par la mort récente
après l'incendie de 1808, des travaux de res de plusieurs des parents de Joseph, dont
tauration des Grecs, m'ont assuré avoir vu de évidemment il ne pouvait pas penser à violer
notables parties du rocher du Saint-Sépulcre. la sépulture. ll songea donc à se creuser
Je tiens cette note d'un vénérable Père de pour lui-même, à quelques mètres de dis
Terre-Sainte, qui n'a pas quitté Jérusalem tance, un nouveau mOnument.
depuis cette époque. De plus, la paroi exté L'on m'a objecté que les deux niches pra
rieure du placage en marbre du Saint-Sépul tiquées dans le sol de la chambre sépulcrale
cre, du côté du nord, est considérablement auraient pu être l'œuvre des Chrétiens au
surplombée en quelques endroits, ce qui in temps des Croisades. Voici ma réponse :
diquerait que les Grecs n'ont fait que sceller 1° Le travail du ciseau dans le rocher est
ces marbres au rocher primitif. le même dans ces niches que dans les niches
III. TOMBEAU DE JosEPH D'ARIMATHIE. — latérales.
Après avoir décrit le Calvaire et le Saint 2° L'une d'elles passe sous les fondements
Sépulcre, il entre dans l'ordre de nos études de l'église; donc elle était creusée antérieure
de nous rendre compte d'un tombeau an ment à l'église elle - même; car il eût été
tique placé au fond de la grande rotonde à imprudent de faire une cavité sous une
l'occident, au point E. assise de fondement.
Ce tombeau est évidemment antérieur à la 3° Les tombes creusées au moyen âge
construction de l'église et à l'époque chré étaient en forme d'auge ou de bière ouverte
tienne. C'est un monument d'époque ju par-dessus pour recevoir le corps. Celles-ci
daique, exactement semblable aux monu sont creusées dans le genre des niches su
ments de même genre qui se voient dans périeures, c'est-à-dire qu'elles n'ont qu'une
les nécropoles dont Jérusalem est entourée. ouverture latérale, ce qui détruit compléte
On y pénètre par une petite porte qui donne ment toute ressemblance avec des tombes
sur l'abside D. On se trouve dans une cham chrétiennes.
bre carrée taillée dans le roc vif, et abso 4° Enfin, ce lieu ayant toujours été re
lument dépouillée de tout ornement, si ce gardé comme un lieu saint, on n'aurait pas
n'est d'une pauvre lampe que les Syriens y pu sans profanation concevoir la pensée d'en
entretiennent. Pour construire les fonda faire un caveau sépulcral. Les tombes des
tions de la grande rotonde, on a emporté la rois de Jérusalem, placées dans l'église du
moitié de cette chambre sépulcrale. Il reste Saint-Sépulcre, étaient des sarcophages ap
toutefois deux côtés, celui du midi et celui du
parents | avec couvercles à toit aigu. Rien
couchant. Chacun d'eux présente trois nichesn'indique qu'il y ait eu d'autres tombes que
à cercueils. Ces niches sont exactement les celles-ci dans l'église du Saint-Sépulcre.
mêmes que celles que nous avions étudiés Ce fut, je l'avoue, d† moi une grande
aux tombeaux des rois, et particulièrement jouissance que celle de trouver dans ce mo
au tombeau des prophètes. C'est unique nument, d'une antiquité évidente, une preuve
ment un trou carré long, creusé au niveau mathématique de l'authenticité du Calvaire et
du sol pour recevoir soit le corps embaumé du Saint-Sépulcre ; et je ne pense pas qu'a-
lui-même, soit un sarcophage dans lequel le près qu'on l'aura méditée, il puisse doré
corps était déposé. L'ouverture de ces niches navant s'élever sur ce point, dans la science,
se dissimulait au moyen d'une maçonnerie, quelque doute un peu sérieux.
et il ne restait que la chambre sépulcrale, La roche du monument de Joseph d'Arima
† à son tour était ordinairement fer thie est exactement de la même nature que
mée d'une énorme pierre. celle du Calvaire : un calcaire compacte blanc,
Tous les savants qui ont vu le tombeau de légèrement mêlé de teintes rosées. Elle est
Joseph d'Arimathie, Villiams, Schultz, con d'une extrême dureté.
viennent de l'antiquité de ce monument, de IV. LA GRANDE CoUPoLE. — Cette partie du
son antériorité à l'époque chrétienne. Donc, monument offre aujourd'hui bien peu d'in
à l'époque du Christ, il était hors de l'en térêt. Les piliers massifs que les Grecs ont mis
ceinte de Jérusalem, parce que, d'après la à la place des colonnes sont de fort mauvais
loi, aucune sépulture ne pouvait se faire goût. Cependant il faut reconnaître que le
dans l'intérieur des villes. C'est donc une monument a conservé son caractère religieux.
preuve hors de toute attaque de la certi Châteaubriand, qui nous a laissé une bonne
tude de la tradition chrétienne à Jérusalem description de cette rotonde, telle qu'il la vit
: sur le tombeau de Jésus-Christ. Je me suis
expliqué comment, contrairement à l'usage
DICTIoNN. DEs ANTIQUITÉ5 BIBLIQUES.
avant l'incendie, s'est singulièrement trom
pé en assurant que son architecture était du
25
779 SA1 DICTIONNAIRE SAI 78()

siècle de Constantin.Je puis affirmer qu'il cun obstacle à remettre des colonnes à la
n'y a plus rien de l'église primitive que quel place des piliers massifs † la défigurent
ques pans du mur extérieur de la rotonde, La coupole a toujours été en bois. Elle est
que j'ai reconnus à leur appareil antique. recouverte de lamés de plomb ; mais le côté
Tout le reste est d'une construction moins du midi est dégarni de ce plomb sur une as
ancienne, et qu'on ne peut faire remonter sez grande étendue.
au delà du vII° siècle. L'église de Constantin, Williams (Holy city, t. II, pag. 537),, dé
détruite par Chosroës II, fut relevée par Mo plorant les hostilités perpétuelles qui s'élè
deste, évêque de Jérusalem, après que l'em vent entre les Chrétiens à l'occasion de la
ereur Héraclius eut retrouvé la vraie croix. possession des sanctuaires, raconte qu'il y a
ous avons dit ailleurs que, renversée par le † années, les Grecs avaient obtenu
kalife Akem, elle fut relevée peu d'années e Constantinople un firman pour rec0uvrir
avant la première Croisade. Lagrande rotonde le dôme. Ils se procurèrent à cet effet une
e Châteaubriand vit encore dans sa splen † quantité de plomb, et commencèrent
eur, était donc un monument du xI° siècle. 'ouvrage ; mais tout à coup il arriva de la
Il est évident que les colonnes, les chapiteaux capitale un contre-ordre défendant ou du
appartenaient au monument des époques an moins suspendant le travail. Les Latinsavaient
lérieures, comme nous le verrons dans l'é- fait donner ce contre-ordre, et s'étaient 0p
glise souterraine. posés à la réparation, sous prétexte que les
A part les quelques lignes que nous allons Grecs en concluraient de plus en plus leur
citer, il est étonnant combien tous les détails droit de propriété sur le monument. Ils ont
† donne l'illustre écrivain sur l'église du eu la satisfaction de voir le saint édifice tom
aint-Sépulcre, sont défectueux et pleins d'er ber en ruine, quand on avait en main t0us
reurs. Je n'ai pas osé relever à tout moment les matériaux pour le réparer. Cette partie
les inexactitudes du célèbre voyageur. On y était encore découverte lorsque j'étais à Jé
aurait vu de ma part, peut-être, la vanité rusalem. Pendant les grandes pluies, l'église
d'avoir mieux étudié que lui le précieux mo était inondée d'eau, les poutres de la cou
nument. Ce passage toutefois est important pole pourrissaient,les peintures étaientternies.
pour nous, puisqu'un malheur irréparable a V. LA GRANDE EGLISE. — Outre la rotonde
enlevé au monde chrétien l'édifice que tant dont nous venons de parler, œuvre du xr
de siècles avaient respecté. siècle, restaurée par les Grecs après l'incen
« La chapelle du Saint-Sépulcre (lagrande die, le monument renferme une vaste et jolie
rotonde ) est circulaire comme le Panthéon église ogivo-romane,construite par les Croisés.
à Rome, et ne reçoit le jour que par un dôme Elle se compose d'une belle coupole voûtée,
au-dessous duquel se trouve le Saint-Sépul soutenue par une lanterne, d'une secºnde
cre. Seize colonnes de marbre ornent le pour travée à voûte ogivée, d'une abside, et d'un
tour de cette rotonde ; elles soutiennent, en collatéral qui fait le tour de cette abside, ºl
décrivant dix-sept arcades, une galerie supé renferme trois chapelles à absides. Guil
rieure égalementcomposée de seize colonnes laume de Tyr attribue ce travail aux Croisés,
et dix-sept arcades plus petites que les co et l'étude du monumentl'atteste sans le m0in
lonnes et les arcades qui les portent. Des ni dre doute (156). Cette vaste église est le plus
ches, correspondantes aux arcades, s'élèvent ancien monument gothique connu. N0usºn
avons les dates certaines. Jérusalem lombº
au-dessus de la frise de la dernière galerie, et
le dôme prend sa naissance sur l'arc de ces entre les mains des musulmansl'an 1187.lº
niches. difice est nécessairement antérieur. Or l'0-
« Celles-ci étaient autrefois décorées demo give y règne, non pas seulement dans le
saïques représentant les douze apôtres, sainte brisement des grands arcs, mais encore dans
Hélène, l'empereur Constantin et trois autres les baies de la façade, dans les neº
portraits inconnus (155). » vures à boudins, déliées et légereS, qul
J'émettrai ici une idée, c'est que les seize caractérisent l'art du XIII° siècle. On p0s*
colonnes que vit Châteaubriand, avec leurs sède aujourd'hui, grâce à mon ami M. Au#
chapiteaux antiques, sont probablement en Salzmann, des photographies prises avec *
core en grande partie dans l'intérieur des plus grand soin de la belle façade 0givalº
gros piliers carrés élevés par les Grecs. L'in de l'église du Saint-Sépulcre. La seule éludº
cendie dut faire éclater plusieurs de ces co de ce travailarchéologiqueconvaincrales plº
lonnes; mais je pense que plusieurs, et sur incrédules que c'est bien là le style , ogiº
tout des chapiteaux, ont moins souffert des tel qu'il domina chez nous en plein x!
flammes, particulièrement dans la galerie. Si, siècle. M. Salzmann pense avec raison !
ce que nous devons espérer, la réunion des la façade du Saint-Sépulcre est l'œuvre º
COmmunions chrétiennes avait lieu, il ne fau Chrétiens des premières
drait pas laisser le célèbre monument à une qui introduisirent pour années du xi'siècl,
la première fois le
si lourde architecture. Il n'y aurait alors au style arabe dans dès monuments chrétien*
(l55) Itin. de Paris à Jérusalem, t. II, pag. 196. de cette importance : « Malgré un passage !º
- La descrip,ion qu'il donne du Sépulcre lui-même suspect de Guillaume de Tyr, rien n'indique que les
est complétement insignifiante. Il y a cependant un Croises aient fait construire à Jérusalem une églº
mot à retenir : « Les arceaux qui le décoraient ex du Saint-Sépulcre. » (Itinér. tom. lI, pag- #
terieurement étaient demi-gothiques. » Guillaume de Tyr n'a certes pas inventé cº,!
(156) Châteaubriand suspecte sans aucune raison avance à cet égard, et le style'du monument fº"*
le témoignage du célèbre historien des Croisades, lui seul son histoire.
qui évideminent n'a pas pu se tromper sur un fait

ii
781 SAl DES ANTIQUITES BIBLIQUES. SAI 782

Ce style a pris naissance à Jérusalem. Les tine Il m'a été facile d'étudier cette évolution
Croisés, arrivés à Jérusalem, commencent de l'art. Elle forme une période de transition
par construire, d'après le type roman qu'ils où le roman de l'Occident conserve encore sa
apportent d'Occident, un magnifique portail, puissance, mais où pénètre un élément nou
celui de l'église Saint-Pierre-aux-Liens. Il VGaUl.
est encore en plein cintre : il contient toute L'église romane, avec ses trois absides sym
l'ornementation romane ; il a les têtes plates, boliques, reste toujours le type dominant
les douze travaux des mois, les noms en la † le plan des édifices; mais les voûtes en
tin des mois de l'année ; mais cet art roman erceau ne sont pas connues; la voûte à arêtes
est mis en contact avec l'art des Arabes; l'arc est seule employée. Les colonnes continuent
roman se brise davantage, non plus par une à se grouper comme dans le roman : le plein
raison de solidité comme dans nos églises cintre ne subsiste que dans quelques fenêtres.
d'Occident, mais pour obtenir plus de grâce L'ogive à tiers-point est adoptée pour les por
dans les courbes; les nervures superposées tails, et les voussures sont couvertes de ner
décorent les arcades;l'archivolte se couvre de vures multiples, qui donnent le vrai caractère
rinceaux profondément fouillés, empruntant de l'art ogival. La corniche à larmier incliné,
leurs motifs à la nature végétale. Tout cela qui est encore un des caractères du gothique,
se trouve à la façade du Saint-Sépulcre. les contre-forts à retraits successifs se trouvent
L'art ogival des Croisés est tellement sem au clocher inachevé du Saint-Sépulcre. Même
blable à celui des Arabes, que dans les rues la baie à quatre feuilles se montre à l'une des
de Jérusalem, du côté de la mosquée d'Omar, fenêtres de ce clocher; mais je n'oserais pas
j'ai passé des heures entières devant de ra affirmer qu'elle ne soit pas un travail de res
vissantes fontaines arabes, me posant ce tauration postérieur aux croisades.
†: Est-ce le travail d'un ciseau ara Mêmes remarques pour les édifices civils.
e ? est-ce un travail des Croisés? Je me de Le grand corps de logis attenant au levant à
mandais aussi : L'entrée de la maison du Pa l'église du Saint-Sépulcre, et qui fut la mai
triarche, au nord de la grande coupole du son des chanoines latins au xII° siècle, a toutes
Saint-Sépulcre, est-elle due aux Croisés ? est ses fenêtres en ogive.
elle construite par les Arabes postérieure A Ramleh, le beau couvent des Templiers
ment aux croisades? A certains moments, est tout de style ogival. Après l'expulsion
j'hésitais à prononcer. des Templiers, les musulmans construisirent
Jérusalem a été pendant tout le xII° siècle une mosquée au centre du grand corps de
le rendez-vous de l'Occident. Et c'est pen logis. On a de la peine à discerner le travail
dant ce xII siècle, lorsque l'Europe tout en des musulmans de celui des Chrétiens,tant les
tière, la France en particulier, en est encore deux architectures se ressemblent. Il faut dcs
au roman fleuri, que les monuments de la siner séparément les moulures pour recon
Palestine développent un art nouveau. Par naître qu'elles différent.
tout l'arc brisé, † en tiers-point ; partout L'étude des monuments de Jérusalem et
les nervures multiples. Cet art nouveau se de la Palestine au temps de l'occupation chré
féconde au soleil d'Orient; il construit des tienne démontre la prédominance de l'ogive.
églises à Jérusalem, à Naplouse, à Sébaste, Or il est impossible de ne pas attribuer cette
à Ramleh. Et l'œil suit parfaitement le chan révolution dans l'art à l'influence de l'archi
gement qui s'opère. L'art apporte le roman tecture arabe, qui au xII° siècle était dans
pur de l'Occident, et l'Orient renvoie à l'Oc son complet développement.
cident l'art ogival. C'est donc en Orient que Les Arabes avaient des édifices à ogives
cet art a pris naissance. deux cent cinquante ans avant la prise de
. De tous les systèmes qu'on a émis sur l'ori Jérusalem par les Croisés. Le premier monu
gine de l'art gothique, celui qui a prévalu ment ogival de l'Orient à date certaine est la
dans ces derniers temps consiste à faire hon mosquée du Caire, appelée Sultan-Ahmed
neur de cette belle création à la France, et ibn-Teiloûn. Elle est de l'an 238 de l'hégire,
à la France du nord. C'est la théorie de l'é- l'an 850 de l'ère chrétienne. Ce curieux mo
cole archéologique dominante en ce moment. nument présente dans ses nombreuses arca
L'art gothique serait un produit spontané du desl'arc brisé surhaussé, et dans les fenêtres
génie français, comme l'aulne et ſe chêne un qui séparent les arcades ce même arc beau
produit de notre sol. Les Français du xIII° siè coup plus aigu, tel que le xIII siècle l'em
cle auraient inventé cette architecture gra ploie dans notre Europe. La grande mosquée
cieuse, qui se serait ensuite propagée rapide d'Amrôu au Caire, bâtie l'an 20 de l'hégire,
ment dans le nord.Si j'eusse adopté moi-même l'an 640 de notre ère, était en plein cintre ;
cette théorie avant mon voyage en Orient, ses colonnes, ses chapiteaux étaient tirés en
lorsque j'ai vu l'ogive dominante en Palestine partie des monuments romains. L'art ogival
pendant tout le xII° siècle, il m'eût été diffi chez les Arabes n'était donc pas né encore ;
cile de conserver la pensée que ce soit le xIII" mais la mosquée Sultan-Teiloûn nous en
qui l'ait introduite dans l'art. donne positivement un type de date certaine.
Il faut que ce soit cet Orient, auquel la Grèce La mosquée Gama-el-Azhar, bâtie un siècle
emprunte sa belle architecture, qui ait encore plus tard, l'an 968 de notre ère, montre l'art
donné au monde l'art ogival. ogival dans son complet développement.Une
Je viens de constater, à l'aide de dates pré de ses portes ressemble parfaitement à la
cises, l'origine de l'art ogival de notre xIII siè porte de l'église du Saint-Sépulcre, et lui est
cle dans les monumens chrétiens de la Pales antérieure de deux siècles.
783 SA1 DICTIONNAlRE SAl 782

L'art ogival se développe chez les Arabes de ces trois styles. Mais je dois dire que l'in
du Ix° au xv° siècle, non-seulement dans les fluence arabe y domine ; l'art grec ne s'y
édifices religieux, mais encore dans les cons trouve que dans les corniches de la façade,
tructions civiles. Une des quatre belles por et l'art roman dans les fenêtres de la coupole
tes du Caire de la fin du XI° siècle est en et de l'abside.
ogive, et une des portes du Nilomètre res Je regrette de ne pouvoir décrire la gra
semble tellement aux baies ogivées de Notre cieuse façade de ce monument. Elle se com
Dame de Paris, non-seulement par le profil pose de deux portes ogivées, dont l'une est
des deux arcs brisés et leur surhaussement, actuellement murée , au-dessus desquelles
mais encore par la forme des nervures, que sont percées deux fenêtres également ogivées.
le dessin de cette porte, mêlé dans un al La façade, au lieu de fronton, a une corniche
bum avec d'autres dessins de l'église Notre de style grec. Ces portes et ces fenêtres sont
Dame, aurait de la peine à être reconnu par ornées de trois voussures ogivées, sur les
un archéologue exercé. quelles court une archivolte continue chargée
Mon savant ami, M. Prisse d'Avesnes, di d'arabesques. Celle du haut est une branche
recteur de la Revue Orientale, qui a long de vigne qui suit toute la largeur de la façade
temps habité l'Egypte,et qui a bien voulu me et qui a tour à tour, dans ses enroulements,
communiquer ses précieux travaux sur les une grappe de vigne et une feuille très-dé
monuments du Caire, rapporte au xIv° siècle coupée. Tout ce travail est fouillé profondé
l'apogée de l'art chez les Arabes. Les mos ment, et soutiendrait la comparaison avec ce
quées Sultan-Hassen de 1356, et El-Barquouq que les artistes du xIII° siecle ont fait chez
de l'an 1386, lui paraissent les édifices de ce nous de plus délicat en ce genre.
style les plus accomplis. Il faut remarquer que, colonnes, chapi
Avec de telles preuves, il est impossible teaux,corniches,archivoltes,toutest de marbre.
d'hésiter à reconnaître en Orient l'antériorité Les deux portes sont couronnées de larges
de plusieurs siècles de l'emploi du style ogi linteaux de marbre. L'un est couvert d'un
val. Devant des monuments à date certaine gracieux enroulement ; l'autre est un bas
viennent s'évanouir tous les systèmes. relief historique, qui représente diverses
Ce qui donne donc aux édifices religieux scènes de l'Evangile. On y voit: 1° la Cène
de Jérusalem tant d'intérêt, c'est que la ville eucharistique. Le Sauveur est entouré des
sainte est le point de contact où, pendant disciples. Saint Jean se penche sursa poitrine;
tout le xII° siècle, cette période si remarqua Judas a ouvert la porte, et sort pour aller le
ble en Occident, l'art vient se modifier. trahir.2° L'entrée triomphale à Jérusalem.
Il ne faut pas même penser que le style Le Christ a la tête entourée du nimbe cruci
roman fleuri du xI° siècle n'ait rien emprunté fère. La foule est nombreuse, les disciples
à l'Orient. Tout en conservant le plein cintre sont montés dans les palmiers et les oliviers.
dans ses arcades, il donne une large part à 3° Jésus chasse les vendeurs du temple (158).
l'imitation orientale par l'introduction des Il tient d'une main l'Evangile. 4° La résur
arabesques, que les premiers pèlerins du xI° rection de Lazare. Marthe et Marie sont à ses
siècle durent remarquer dans les constructions pieds. Il tient encore le livre ; il est entouré
indigènes. La sécheresse ou plutôt la barbarie de ses disciples et d'une foule nombreuse ; la
de notre ornementation du xI° siècle vient pierre du sépulcre est soulevée, et Lazare
constater cette influence, et le nom seul paraît. Près de cinquante personnages sont
d'arabesque, que l'on a conservé à ces pré sculptés sur ce beau bas-relief, un des mor
cieux enroulements de feuillages et d'ani ceaux les plus précieux de l'art chrétien en
maux, atteste leur origine (157). Orient. Il n'a souffert aucune mutilation, si
J'ai donné à l'église du Saint-Sépulcre, ce n'est que l'ânon, sur lequel était le Sauveur,
bâtie par les Croisés, le nom d'ogivo-romane, a été complétement enlevé.Tout le reste est
parce qu'elle est d'un style de transition, le, parfait de conservation.
cintre s'y trouvant simultanément avec l'ogive. Je ne dois pas oublier, à droite de cette
C'est un monument hybride d'autant plus façade, un escalier qui conduit à un délicieux
curieux que les réminiscences de l'art grec petit vestibule surmonté d'un dôme. C'est
antique y sont considérables. Ainsi les cor aujourd'hui une chapelle qui porte le nom
niches de la belle façade de l'église sont de la vierge in Golgotha V. Ce vestibule ser
grecques par leur profilet leur ornementation. vait d'entrée à l'église haute du Calvaire.
Les architectes latins se trouvèrent en pré Mais la porte de communication est maintenant
sence de trois architectures : celle qu'ils fermée, et le vestibule est devenu une cha
avaient étudiée en Europe, l'art roman ; celle pelle " qui appartient aux Latins. Elle a le
que l'Orient leur montrait, l'art arabe; celle même luxe d'ornementation que la façade.
dont les restes des monuments de l'antiquité Remarquons un fût de colonne antique
leur présentaient encore des modèles, l'art renversé et encastré dans la maçonnerie de
grec importé de Byzance, et qui avait régné l'escalier. C'est un bien précieux souvenir.
chez lesArabes eux-mêmes jusqu'au Ix° siècle, Lorsque sainte Hélène se fit marquer les
époque où ils ont leur art indigène. stations de la Voie Douloureuse, elle fit plaeer
L'église du Saint-Sépulcre montre l'alliance une colonne prise dans les débris de la Jéru
(157) M. Prisse d'Avesnes m'a montré, parmi ses sont mêlés aux enroulements de feuillage, exacte
beaux dessins de monuments arabes, des portes de ment dans le genre de nos arabesques les plus dé
mosquées en bronze ciselé, dans lesquelles, con licates du x11° siècle.
trairement aux prescriptions du Coran, des animaux 158) Je n'affirmerais pas positivement ce sujet.
785 SAL DES ANTIQUITES BlBLIQUES. SAM 786

salem antique, pour indiquer chaque station. si Jérusalem se fût, dans l'âge primitif, ap
Telle est la puissance des traditions à Jéru pelée seulement Salem, ce nom ne lui eût pas
salem, telle est l'immobilité des choses en été donné quelquefois par les écrivains sacrés.
Orient, que ces colonnes se montrent à la D'un autre côté, il y a plusieurs Salem en
place qu'on avait marquée à la pieuse impé Palestine.
ratrice, 1° Salem près de Sichem, que quelques
IV. EGLISE DE LA SAINTE-CRoIx OO. — La uns Ont cru être la ville même de Sichem.
troisième église qui compose le groupe du , 2° Salem ou Salim, qui fut la patrie de saint
Saint-Sépulcre est l'église souterraine de l'In Simon l'apôtre. Celle-ci était sur le Jourdain,
vention de la Croix, appelée aussi chapelle et ce fut auprès de cette ville que saint Jean
de Sainte-Hélène. En remontant onze mar donnait le baptême.
ches de la citerne QP où fut retrouvée la Or Abraham, revenant de la poursuite des
vraie croix, on se trouve dans une église sou quatre rois qui avaient dépouillé Sodome et
terraine formée de trois nefs et terminée par Gomorrhe, et ramenant dans ces villes les
trois absides. Au milieu est une coupole sup personnes et le butin, ne prit pas certaine
† par quatre colonnes de granit, et par ment le chemin de Jérusalem. ll avait pour
quelle l'église reçoit sa lumière, car le suivi l'ennemi jusqu'à la gauche de Damas,
dessus des voûtes est au niveau du sol de l'an dit la Genèse. Il revint donc par le pays de
cien cloître des chanoines latins du Saint Galaad. Le roi de Salem ou Saleim était l'ami
Sépulcre. L'autel de l'abside centrale est un et le voisin des rois de la Pentapole. Il était
bloe de marbre d'une seule pièce. Il est dé rêtre du Dieu T rès-Haut. Il vint bénir Abra
dié à sainte Hélène. Cette chapelle appartient m, probablement à Gomorrhe, à peu de
aux Arméniens. Les colonnes de granit et les distance par conséquent de son pays. Les Jé
chapiteaux à corbeille tressée de cette église buséens, peuplade kénâanéenne , devaient
sont d'une époque fort reculée, et rappellent avoir † aux superstitions criminelles
le style de Sainte-Sophie à Constantinople des autres tribus. Est-il probable que leur roi
Cette chapelle est la seule partie de † fût un prêtre du Dieu véritable ?
Quant à la vallée de Save , dite la vallée du
actuelle du Saint-Sépulcre qui, depuis des
siècles, n'ait reçu aucun embellissement, par Roi, où eut lieu cette entrevue, il faut remar
conséquent aucune mutilation. LesArméniens, quer que plusieurs vallées ont porté le même
qui sont aussi grands badigeonneurs que les nom, et que si la vallée du Kédron s'appelle
Grecs, ont peu de goût pour cette grave basi aussi la vallée du Roi, jamais le nom de Save
lique sombre, rude et sentant son vieux ne lui a été donné.
christianisme.Il n'y avait pas là de place pour Je proposerai donc, du reste comme une
les dorures, qu'ils affectionnent spécialement. opinion fort discutable, nais que j'émets le
Il faut leur savoir gré de nous avoir conservé premier, que Melchisédech était roi de Salem
cette chapelle pure de toute décoration mo dans la vallée du Jourdain, et voisin de la
derne. Pentapole, et nullement de Jérusalem, pas plus
Autrefois on allait en grande vénération que de Salem près de Sichem.
voir les quatre colonnes de granit qui répan SALISA , SALESAH. — Contrée au nord
daient des larmes, comme si elles eussentété d'Ephraïm. (1Samuel, Ix, 11.)
tristes de la mort du Sauveur. Mais le véné SALMONA, SALMANAH. — Station des Israé
rable Quaresmius, gardien de Terre-Sainte, lites dans le désert. (Nombres, xxxIII, 41.)
nous apprend que ce fait ne se produit plus. SAMARIE, SAMRAN. — Voici le résultat de
Depuis qu'on a cimenté le sol de la terrasse, ma visite à Samarie :
les eaux ont cessé de suinter à travers les Après avoir traversé le village arabe qui
voûtes, par conséquent de mouiller ces colon est la moderne Samarie , nous arrivons bien
nes. La piété chrétienne, à des âges de foi tôt à un chemin tracé au milieu des plus
naïve, associait la nature à sa compassion et beaux vergers qu'il soit possible d'imaginer,
à sa douleur. Beaucoup de croyances de ce et qui longe le flanc gauche d'un mainelon
genre disparaissent à Jérusalem. très-considérable, livré maintenant à la cul
SALABONI, SAALBENI.— Une des villes qui ture, et planté d'innombrables oliviers et fi
échut en partage à la tribu de Dan, et dont guiers. C'est sur ce monticule qu'exista Sa
elle ne put s'emparer. (Juges, r, 35.) marie, la capitale des rois d Israél, après le
SALECHA, SALKAH.— Ville du royaume de schisme des dix tribus. Bientôt, des colonnes
Basan,dans la tribu de Manassé. (Josué,xII, 4. de calcaire dur, debout ou couchées, se mon
SALEM.—La Genèse (xIv, 18) nous appren trent à nous, et nous arrivons enfin à une im
que Melchisédech était roi de Salem. Il # 8l mense colonnade double, qui dut orner la rue
deux opinions sur cette Salem. Etait-elle principale deSebastieh.Les colonnes sont dori
la Jérusàlem des Jébuséens ? c'est l'opi ques, elles ont un mètre quatre-vingt-quinze
nion le plus généralement adoptée. Etait-ce centimètres de circonférence, et sont séparées,
une autre Salem qui était près de Sichem? d'axe en axe, de trois mètres quarante centi
la question est intéressante. mètres. il y en a cinquante-neuf debout et un
Notons d'abord un fait important, que Jé grand nombre renversées. Cette belle colon
rusalem n'est jamais mentionnée sous le nom nade suit les contours du monticule. A son
de Salem, et que le passage où il est parlé de extrémité ouest, la colonnade s'élargit et forme
Melchisédech serait le seul où la ville sainte une avenue de quinze mètres de largeur, qui
porterait le nom de Salem. Cette remarque a aboutit à une entrée de la ville. Cette entrée est
une grande portée. Il est peu probable que marquée par deux bases de tours rondes, de
787 SAM DlCTlONNAlRE SAM 788

onze mètres de diamètre et en bel appareil, Il est évident qu'en passant quelques jours
à partir desquelles commencent des lignes de à Sebastieh, et en sachant gagner la bien
murailles, en même appareil, dont la branche veillance des habitants, on ne manquerait
de gauche se dirige exactement ausud, sur une pas de faire des découvertes archéologiques
étendue de cinquante mètres environ, pour d'une grande importance. C'est donc un point
s'infléchir aussitôt au sud-est, tandis que la que je recommande expressément aux voya
branche de droite forme une courbe concave geurs désireux de tirer un bon parti de
vers l'extérieur, et qui va aboutir à une base leur temps.
de tour plus petite, éloignée d'une cinquan Une tradition inadmissible place l'église
taine de mètres de la grosse tour de droite de Saint-Jean de Sebastieh sur le lieu même
de l'entrée de la ville. A partir de ces tours où saint Jean-Baptiste fut mis à mort. Mais
d'entrée, une route, bordée d'une belle allée nous savons de science certaine que la décol
de pierres fichées, existant encore sur une lation de saint Jean eut lieu à Machaeros,
étendue de cent mètres, se dirige vers le fond sur la rive orientale de la mer Morte, et par
d'une large vallée cultivée et close à l'ouest conséquent bien loin de là. (Jos. , Ant. Jud.,
par une ligne de hautes collines verdoyan XVIII, xv, 12.) Il est possible que les restes
tes, au delà desquelles scintillent les flots du saint aient été apportés à Sébastieh ; mais
azurés de la Méditerranée. C'est une des plus voilà tout. Ce qui est sûr, c'est que la petite
magnifiques situations qu'il soit possible de mosquée souterraine, ou plus exactement le
rencontrer au monde, et, franchement , les oualy placé sous l'église, porte, parmi les
rois d'Israël avaient fait preuve de bon goût, musulmans, le nom de Naby-Iahya, et que
en plaçant dans ce site enchanteur la capitale pour eux il contient le § de ce pro
de leur royaume. hète, qui n'est, on le sait, autre que saint
Nous avons donc étudié convenablement ean-Baptiste.
et tout à notre aise la belle colonnade de Voici à quel propos, et par qui le nom de
Sebastieh, qui paraît avoir offert une dou Samarie fut donné à cetteville. Les rois d'Israël
ble rangée de colonnes, à gauche de l'en avaient pris pour capitale Tirsah (I Rois, xvI,
trée de la ville, ce qui plaçait de ce côté une 23 ). Omri, le sixième de ces rois (en comp
contre-allée de six mètres de largeur. Une tant pour un, Zimri, qui ne régna que sept
semblable contre-allée ne pouvait exister à jours et se brûla avec son palais, comme Sar
droite, puisque les colonnes de la grande danapale), acheta de Samer la montagne de
allée forment une ligne immédiatement tan Samroun, pour deux kikars d'argent ;il cou
gente au pied du monticule, sur lequel étaient vrit la montagne de constructions,et il nom
sans doute les édifices principaux, royaux ma la ville qu'il avait bâtie Samroun, du
et religieux de la ville; ce monticule pré nom de Samer,
de Samroun.#, propriétaire de lamontagne
xvI, 24.) Samroun de
sente d'ailleurs en plusieurs points, et no
tamment vers l'entrée que j'ai décrite tout vint la capitale du royaume d'Israël, et le
à l'heure, deux étages de murs de soutènement. nom de la capitale devint celui de la contrée
Après avoir examiné à loisir cette ruine même, puisqu'il est parlé dans le II" Livre
éminemment curieuse, nous faisons gravir à des Rois (xxIII, 19) des villes de Samroun.
nos chevaux le monticule même , assiette de Dans la quatrième année du règne d'E-
Samarie, et nous le parcourons dans toute sa zékhias, roi de Juda, septième année du
longueur. Il est jonché de débris de toute règne d'Osée, fils d'Ela, roi d'Israël, Salma
nature, qui sont les indices irrécusables de nazar, roi d'Assyrie, vint assiéger Samroun,
la préexistence d'une ville importante Au qu'il prit au bout de trois ans. (II Rois, xvIII,
sommet nous trouvons, au bord d'un champ, 9 et suivants.) Tout le peuple d'Israël fut em
trois tambours de colonnes en pierre, de un mené en captivité, en Assyrie et en Médie. Il
mètre vingt-huit centimètres de diamètre. fut remplacé par une émigration assyrienne,
Des colonnes pareilles et en pareille matière composée de Cuthéens, dont les Samaritains,
sont beaucoup plus antiques que celles de si peu nombreux, qui existent encore de nos
la colonnade, qui sont évidemment contem jours, sont les descendants directs.
poraines de la fondation de Sebastieh sur les Samarie, qui avait été assiégée et prise
ruines de Samarie. deux fois par Ben-Adad, roi de Damas, fut
Une riante vallée, assez profonde, longe à plus tard prise de nouveau, après une année
gauche le monticule de Samarie, et au fond de siége, et ruinée de fond en comble par
de celle-ci se montrent les restes d'une belle Hyrcan. Les Juifs en étaient restés les maîtres,
colonnade quadrangulaire, formée de co lorsque Pompée survint et la leur enleva. Ga
lonnes † paraissent semblables à celles de binius la releva de ses ruines, et Auguste la
la grande allée. La face nord de cette en donna à Hérode le Grand. Celui-ci en fit une
Ceinte compte encore huit colonnes debout, ville splendide, que, par flatterie, il appela
et la face ouest six seulement. Un peu plus Sébaste, pour plaire au chef de l'empire ro
loin, c'est-à-dire vers l'extrémité orientale main. Tous ces faits sont rapportés par Jo
du monticule de Samarie, nous avons encore sèphe dans ses Antiquités judaiques (IX, XI,
trouvé, à mi-côte, les traces d'une enceinte XIII et XIV) et dans le premier livre de la
rectangulaire de colonnes, qui devait en pré Guerrc des Juifs.
senter douze sur ses longues faces, et neuf Etienne, dans ses Ethniques, confond Sa
seulement sur les petites. De cette enceinte, marie avec Neapolis † C'est une
([uinze colonnes sont encore debout, elles erreur manifeste, puisqu'il est avéré que Na
sont de pierre calcaire. plouse a pris la place de Sichem. Au reste,
789 SAM DES ANTIQUlTES BlBLIQUES. SAM 700

ce qui est plus étrange encore, c'est que le était seul resté entier. (I Samuel, v, 1-4.)
même écrivain mentionne Sébaste comme Examinons les faits curieux qui se dédui
une petite place forte de la Samaritide Stra sent de la teneur de ces quatre versets. Qu'é-
bon (lib. xvI) ne s'y était pas trompé, et il tait _d'abord la divinité d'Esdoud, que
mentionne : Samarie qu'Hérode appela Sé les Philistins adoraient sous le nom de Da
baste. Saint Jérôme est tout aussi positif, et, gon? On est généralement d'accord pour y
dans son Commentaire sur Michée, il dit de voir un dieu moitié homme, moitié pôisson,
Samarie : Erat in montibus sita, ubi nunc précisément à cause de la forme même de
Sebaste est. son nom Dagoun ou Dadjoun, que l'on rap
J'ai dit plus haut combien le site de Sebas † du mot dag ou dadj (poisson). Cette
tieh est charmant. De tous les côtés, excepté ypothèse semble d'autant plus raisonnable, .
à l'ouest, le plateau fertile qui servit d'as que nous avons l'assurance que les Assyriens
siette à la capitale du royaume d'Israël, et adoraient un dieu dont tout † buste est sem
plus tard à Sébaste, est dominé par des mon blable à celui d'un homme, coiffé de la
tagnes boisées dont l'aspect est délicieux. tiare tricornue, tandis que la partie infé
SAMIR. — Il y a une Samir ville de Juda, rieure de son corps offre la forme d'un
et une autre d'Issachar, sur les frontières poisson. L'image de ce dieu se remarque,
d'Ephraïm. (Josué, xv,48; Juges, x, 1.) par exemple, sur un des bas-reliefs ninivites
SAMRAIM. — Des ruines considérables sur déposés aujourd'hui au Louvre, et exhumés
la voie antique de Jérusalem à Jéricho por ar M. Botta du monticule de Khorsabad.
tent le nom de Kharbet-Samrah.Je crois pou 'un autre côté, nous devons faire observer
voir identifier avec la Samrah dont j'ai vu les que le mot dedjan signifie froment, et nous
ruines la Samraïm. de Josué (xv, 22) qui ap savons que l'une des divinités dont le culte
partenait à la tribu de Benjamin. était en honneur à Ascalon, autre ville des
SAMUEL Philistins bien voisine d'Esdoud, divinité
Art hébraique sous Samuel. appelée par les Grecs Siton, qui signifie éga
lement froment, blé ou pain, est identifiée
Le dieu Dagon. — Astaroth. — l'arche d'alliance
chez les Philistins. — Le travail du fer chez les avec Dagon par Sanchoniathon et Philo de
Philistins. — Les artistes phéniciens appelés Byblos. Il est bien difficile qu'un pareil rap
par David. — L'armure de Goliath. — Les armes prochement soit purement fortuit. Il me suf
de David. — Les bijoux de Saül. — Arts de luxe fira, je pense, de signaler ce fait, pour jus
chez les Hébreux. - Les instruments aratoires, tifier la conclusion que je me permets d'é-
de guerre et de musique. mettre, que le Dagon dont il est question
Commençons par extraire de ce livre tout était non pas un dieu-poisson, mais bien le
ce qui est relatif au culte des nations sur le dieu protecteur des moissons (159).
territoire desquelles les Israélites vinrent Quoi qu'il en soit, il demeure certain qu'à
s'implanter. Plusieurs fois il est question de l'époque des Juges les Philistins attribuaient
temples ; nous allons examiner successive à leurs divinités principales une forme hu
ment les passages qui contiennent des men maine, et qu'une statue de cette divinité était
tions de ces édifices consacrés à des idoles, puis offerte à l'adoration du peuple, dans un tem
nous constaterons que les conquérants eux ple qui portait le nom précis de Beit-Dagoun
mêmes en adoptèrent l'usage, par pure (maison de Dagon).
†ion, et bien qu'il s'agît du culte du vrai
l0ll.
Une autre divinité, Astaroth (Aastarout),
est également citée dans le livre de Samuel
Dans une guerre déclarée par les Philistins comme ayant eu des temples.Voici à quel pro
aux Hébreux, pendant que Heli était juge, pos : Lorsque Saül et ses trois fils eurent péri
ceux-ci furent battus à plate couture ; trente dans la montagne de Gilboâ, le lendemain (de
mille des leurs restèrent sur le champ de la bataillel quandles Philistins vinrent pour
bataiile, et l'arche d'alliance, ce palladium dépouiller les morts, ils trouvèrent Saül et ses
d'Israél, qui y avait été apportée, tomba au trois fils tombés sur la montagne de Gilboâ.
pouvoir des vainqueurs. Les Philistins -- Ils lui coupèrent la tête, le dépouillèrent
avaient pris l'arche de Dieu, et l'avaient de ses armes, qu'ils envoyèrent dans le pays
emmenée d'Ebn-Hâazer à Esdoud. — Les des Philistins, à l'entour, pour l'annoncer
Philistins prirent l'arche de Dieu, l'ame dans les maisons de (leurs idoles) et au peuple.
nèrent dans la maison de Dagon et la pla —Ils déposèrent ses armes dans la maison d'As
cèrent près de Dagon. — Quand les Esdou taroth(Beit-Aastarout)et attachèrent son corps
diens se levèrent le matin, voilà que Dagon avec celui de ses fils) sur le mur de Beth-San
était étendu, la face contre terre, devant aujourd'hui Beisan). (I Samuel, xxxI, 8-10.)
l'arche de l'Eternel ; ils prirent Dagon, et le Nous trouvons au chapitre vII, verset 3,
remirent à sa place. — S'étant levés le len l'injonction suivante : Samuel dit à toute la
demain matin, voilà que Dagon était étendu, maison d'Israël, savoir : Si vous revenez de
la face contre terre, devant l'arche de l'Eter tout cœur à l'Eternel, ôtez les dieux étrangers
ncl : la téte de Dagon et ses deux mains du milieu de vous, et les Astaroth... Très-pro- .
étaient rompues sur le seuil, le corps de Dagon bablement donc les temples de cette divinité,
(159) Ajoutons enfin que la Vénus syrienne, Tar féminine, puisqu'au verset 7 du même chapitre,
gatis ou Dercéto, était adorée près d'Ascalon même, les habitants d'Esdoud discnt : La main du Dicu
sous la forme d'un poisson; mais le Dagon dont il d'Israel est lourde sur nous et sur Dagon notre
est ici question n'est certainement pas une divinité dieu (et non notre déesse).
791 SAM DlCTI0NNAIRE 3AM 792

Ou Beit-Aastarout, contenaient des statues soutenue, et voici pourquoi. Saül poursuivait


auxquelles on rendait un culte, de même son gendre David et voulait le faire mettre à
qu'on en rendait un à la statue de Dagon, dans mort : Mikal, femme de David, le lui apprit,
son temple d'Esdoud. disant : Si tu ne te sauves pas cette nuit, de
L'expression de l'écrivain sacré rendue plus main tu es mort. — Mikal descendit David
haut par leurs idoles est assez remarquable. par la fenêtre; il s'en alla, s'enfuit et s'échap
C'est le mot Aasib, qu'il faut nécessairement pa. — Mikal prit le teraphim, qu'elle mit sur
rattacher au radical Aasab, il a formé, il a le lit, et elle mit un tissu de poil de chèvre du
représenté (finxit), et qui par conséquent a le côté de sa tête, et le couvrit avec une couver
sens rigoureux de simulacre. ture. — Saül ayant envoyé des messagers
J'ai déjà dit que les Hébreux avaient suivi pour prendre David, elle dit : Il est malade.
l'exemple que leur donnaient les races abo (I Samuel, xix, 11-14.) Pour que cette comé
rigènes de la terre promise, et qu'ils avaient die pût réussir, il fallait nécessairement que
eux-mêmes construit un temple destiné au le teraphim (et ici le pluriel de ce nom est
culte du vrai Dieu, avant l'installation de leur au moins étrange) fût un simulacre ayant une
dynastie nationale à Jérusalem. Ce fait me pa tête humaine, et d'une taille assez forte pour
raît mis hors de doute par le passage suivant que les envoyés de † s'y mépren
(I Samuel, 1, 9) : Eli (Ati) le cohen était assis dre, et croire à la maladie de celui qui leur
sur le trône, près de la porte du temple de avait échappé. Il est donc bien clair que l'œil
l'Eternel. Le mot employé ici est hikal, qui, symbolique égyptien n'a rien à faire avec les
en hébreu aussi bien qu'en chaldéen, signifie teraphim des textes bibliques.
édifice haut et magnifique, palais, temple. L'usage de déposer des offrandes, des sortes
L'édifice désigné de la sorte était celui dans d'ex-voto, dans les temples, existait aussi bien
lequel reposait l'arche d'alliance à Silo. chez les Hébreux que chez les Philistins. Nous
ous avons vu tout à l'heure que l'arche avons vu tout à l'heure que ceux-ci déposè
d'alliance avait été apportée par les Hébreux rent les armes du roi Saül dans le temple
sur le champ de bataille d'Ebn-Hâaser, et d'Astaroth. Nous allons voir maintenant que
qu'elle y fut prise par l'ennemi. Il paraît bien la même chose pouvait avoir lieu dans le tem
certain que cet usage de faire intervenir à la ple de Jehovah; et il ne s'agit plus cette fois
guerre les objets du culte existait aussi bien d'une portion du butin enlevé à l'ennemi, et
chez les Philistins que chez les enfants d'Is qui se trouve à l'avance consacrée à l'Eternel,
raël. En voici la preuve : David fit subir aux comme au sac de Jéricho. J'ai rappelé tout à
Philistins une grande défaite, au lieu qui re l'heure que l'arche d'alliance ayant été trans
Qut pour cette cause le nom de Baal-Farsim portée à Esdoud, par les Philistins qui s'en
(le Seigneur des massacres). Ils (les vaincus) étaient rendus maîtres à la bataille d'Ebn
l§ là leurs idoles, qu'emportèrent David Hâazer, le premier effet de son séjour dans le
et ses gens. (IISamuel, v, 21.) † mot employé pays des infidèles fut la mutilation de la sta
dans ce texte est encore âasib (les simulacres). tue de leur dieu Dagon. Aussitôt des maux
Il s'agit donc de statues portatives, qu'on pou plus grands vinrent fondre sur les Philistins,
vait conduire à la guerré, et puisqu'elles exis qui s'étaient tant réjouis de leur capture, et
taient, c'est que les Philistins étaient en état qui se virent bien vite réduits à déplorer le
de les sculpter. succès dont ils s'étaient glorifiés. D'abord une
Puisque nous en sommes à ce qui concerne épidémie d'abcès hideux fondit sur eux : puis
le culte des Hébreux aussi bien que celui des d'innombrables bandes de souris dévastèrent
Philistins, je dois citer un nouveau passage tout le pays, qu'elles affamèrent. Les Philis
† me fournit le Livre de Samuel, au sujet tins épouvantés consultèrent leurs prêtres et
es teraphim, de ces idoles dont il ne paraît leurs devins, qui leur conseillèrent de se dé
guère possible aujourd'hui de déterminer la barrasser au plus vite de leur hôte désastreux
nature. J'ai rap † que le mot arabe tharf, et de le renvoyer aux Israélites, en y joignant,
identique avec le mot hébraïque dont tera pour apaiser la colère du Dieu de ceux-ci,
phim est le pluriel, ne présentait que deux une oblation de cinq images de leurs abcès
sens distincts, celui de bord ou extrémité, et et de cinq images de souris, fabriquées en or,
celui d'œil ou regard. On aurait donc pu, à la et qui seraient offertes en expiation par les
rigueur, se laisser entraîner à reconnaître, cinq villes d'Esdoud, de Gaza, d'Askalon, de
dans les teraphim des textes bibliques, ces Djeth et d'Aakaroun. Ce conseil fut suivi sur
yeux mystiques qui se rencontrent en si grand le-champ. Des figures d'or d'abcès et de sou
nombre dans nos collections d'amulettes égyp ris furent promptement exécutées et déposées
tiennes, et dont j'ai moi-même vu une repro dans un coffret; celui-ci fut placé à côté de
duction sur un bas-relief de lave, d'origine l'arche d'alliance, sur un chariot neuf, attelé
moabitique, et qui se trouve aujourd'hui en de deux vaches laitières qui n'avaient pas en
castré au-dessus de la porte et dans la mu core été soumises au joug, et le tout, renvoyé
Taille de l'église ruinée du vieux château de à l'aventure, s'achemina incontinent vers le
Karak. Je me disais que, puisque les Moabites pays des Israélites. (I Samuel, vI, 2-12.)
avaient emprunté ce symbole sacré aux Egyp De ce passage il ressort que les Philistins
tiens, les autres nations voisines, et les Hé avaient dans leurs villes des orfévres cise
breux eux-mêmes avaient fort bien pu en in leurs, capables d'imiter en or des objets et
troduire l'usage dans leur culte non épuré. des animaux de très-petite taille, c'est-à-dire
Mais , cetto hypothèse, quelque séduisante assez difficiles à modeler.
qu'elle soit, ne me paraît pas pouvoir être Au reste, nous allons pouvoir constater de
793 SAM DES ANTIQUITES BIBLIQUES. SAM 794

la manière la plus précise, que certains ou planter sa tente. Peut-être donc Jes lances
vriers qui se trouvaient parmi les Philistins ont pris leur nom du piquet élevé qui soute
étaient beaucoup plus habiles que les ou nait le toit des tentes. Peut-être encore, et
vriers de la même classe qui vivaient dans les cette hypothèse me paraît au moins aussi
villes des Israélites. Toutefois, comme il ne probable que l'autre, l'usage que j'ai vu gé
s'agit, dans le passage que nous allons exami néralement adopté chez les Bédouins, de
ner, que d'une fabrication, il ne serait peut planter à la porte de chaque tente d'un
être pas raisonnable d'en conclure que les campement, et en l'appuyant sur elle, la
Israélites, chez lesquels nous avons déjà saisi lance du maître de cette tente, aura-t-il si
tant de traces d'un art délicat et avancé, étaient bien lié l'une des deux idées à l'autre, que le
inférieurs en tout aux Philistins. même radical aura fourni les mots mekhanat
Voici ce précieux passage : Dans tout le (camp) et khenit (lance).
pays d'Israèl il ne se trouvait aucun forgeron, Passons aux autres instruments cités dans
car les Philistins avaient dit : Les Hébreux le passage en question. Le premier nommé
pourraient faire des épées et des lances. - s'appelle mekhrasah,littéralement,ce qui taille.
Tout Israël descendait vers les Philistins, C'est vraisemblablement le soc de la charrue :
chacun pour aiguiser son aiguillon, son soc, le second se nomme at, et les Lexiques le
sa hache et sa béche, — Quand la pointe était traduisent par ligo, houe : le troisième est le
émoussée à leur bêche, à leur soc, à leur kardam, que tout le monde traduit par
fourche à trois dents et à leur huche, et pour hache, sans trop savoir à quel radical il faut
redresser l'aiguillon. — Il arriva qu'au jour rattacher ce mot. Heureusement l'arabe l'a
du combat il ne se trouva ni épée ni lance conservé, et nous trouvons le radical qar
dans la main d'aucun du peuple qui était avec dhama , qui signifie couper, fendre; nul
Saiil et Jonathan. (I Samuel, xIII. 19-22.) doute, par conséquent, que l'instrument dont
Discutons ce passage. D'abord, il porte avec il s'agit ne soit bien une hache. Vient enfin
lui un certain caractère d'exagération poéti un dernier instrument qui porte, aux points
que qui semble prouver qu'il ne doit pas être massorétiques près, le même nom que le
pris à la lettre. Quoi ! cette même race qui premier, c'est-à-dire encore une mekhrasah.
assait au fil de l'épée les populations de Le savant Cahen en fait une bêche, d'autres
éricho, d'Ai et de Beit-El, dès son entrée en font une faux ; quant à moi, j'y vois, sauf
sur la terre promise, et qui depuis lors n'a- meilleur avis, une répétition tenant à une er
vait cessé d'être en guerre avec tous les peu reur de copiste. Comme il est question, dans
ples qu'elle refoulait, n'aurait eu d'autre res ce verset, d'instruments qu'il faut aiguiser,
source, pour se procurer des armes, que d'al je crois que leur identification, telle que
ler en chercher auprès de ses plus ardents je viens de la rappeler, ne peut pas offrir de
ennemis? Quoi l de tant de milliers de glaives difficulté réelle.
ui s'étaient rougis du sang des Kénâanéens, Le verset suivant parle des instruments à
il ne serait resté, à l'époque de Saül et au réparer quand ils sont émoussés. Ce sont
milieu de quelques milliers de guerriers as encore la mekhrasah, et l'at, la charrue et la
semblés, que deux épées en tout, l'une pour houe, le salas-kolsoun, le trident, la fourche
Saül et l'autre pour Jonathan ? à trois dents, le kardam, c'est-à-dire la hache,
Concluons. Le passage que j'ai transcrit et enfin le darban, l'aiguillon qu'il faut re
plus haut est certainement exagéré. Il faut dresser lorsqu'il est faussé. Ce dernier mot
n'avoir pas vu les Arabes pendant une heure, vient du radical hébraïque daraba, auquel
our ignorer avec quel amour ils accaparent on attribue le sens être aigu, mais peut-être
es armes, quelles qu'elles soient, pour les à tort, puisque le même radical dharaba, en
conserver soigneusement comme ce qu'ils arabe, signifie simplement frapper.
ont de plus précieux. Que pouvons-nous On voit que tous les outils que nous venCns
déduire alors de ce passage ? Que la métallur de trouver énumérés dans le Livre de Samuel
gie et le travail du fer étaient plus avancés sont précisément des instruments aratoires,
chez les Philistins, peuple sédentaire et ha ue les peuplades nomades ne savent guère
bitant de grandes villes, que chez les Hébreux, abriquer, et qu'elles vont encore acheter
à peu près nomades encore, et dont la venue dans les bazars des grandes villes. On ne
dans le pays était de fraîche date. Voyons trouverait guère de forgerons, je crois, dans
Imaintenant quels sont les instruments dont les campements de Bédouins, et je me rap
il est parlé dans ce texte curieux. Les artisans pelle très-bien l'insistance avec laquelle des
dont il est fait mention, et qui manquaient scheikhs des Beni-Sakhar, qui m'avaient ac
absolument parmi les Hébreux, sont appelés compagné à Karak, sollicitèrent de moi l'ob
kharès (c'est le nom d'agent, du radical tention d'un bakhchich supplémentaire, afin
kharasa, tailler, sculpter, fabriquer). Il signi de faire ferrer leurs chevaux dans cette ville,
fie donc exactement faber, et ici forgeron, sans écorner le salaire qui leur était promis
comme va nous le démontrer la nomenclature pour prix de leur protection. .
des iustruments qu'il fabrique. On serait presque en droit de s'étonner
Des armes sont désignées d'abord comme de la multiplicité de ces instruments aratoires
pouvant être façonnées par le kharès : ce sont de fer, si l'on ne savait par la Genèse, ainsi
des épées, khareb (de kharaba, dévaster), et ue je l'ai déjà fait voir, que dès l'origine
des lances, khenit. L'origine de ce dernier † monde, Toubal-Kain inventa l'art de fa
mot est fort curieuse ; elle se rattache, sans briquer tout instrument d'airain et de fer.
aucun doute, au radical khanah, camper, Au reste, une découverte toute récente faite
795 SAM DlCTI0NNAIRE SAM? 796

à Khorsabad, par mon ami M. Victor Place, tels progrès, ainsi que nous le verrons bien
consul de France à Mossoul, montre que non tôt, que les élèves devinrent aussi habiles que
seulement le fer, mais encore l'acier de la leurs maîtres.
meilleure qualité, étaient employés à la cons Il paraît que le bois de cèdre fut co
truction des outils précisément analogues à pieusement employé dans la construction du
ceux dont nous venons de nous occuper. Il nouveau palais, puisque nous trouvons un
a eu le bonheur de découvrir le magasin peu plus loin (II, vII) les paroles suivantes
aux outils du palais de Khorsabad, et là il a prononcées par David : 1. Il arriva après
pu choisir, parmi des milliers d'exemplaires, que le roi fut assis dans sa maison, et que l'E-
des échantillons de ceux que mentionne ternel lui eut donné le repos avec tous ses enne
notre passage de Samuel. mis d'alentour, — 2. que le roi dit à Na
Nous venons de constater une première than, le prophète : Vois donc, moi je de
fois la prééminence des Philistins, en ce qui meure dans une maison de cèdre, et l'arche
concernait l'art du forgeron ; nous allons voir de Dieu habite dans des courtines. — 3. Na
par un autre fait analogue, se confirmer la than dit au roi : Va, fais tout ce qui est dans
conclusion que j'ai tirée du premier, à savoir, ton cœur, car l'Eternel est avec toi. La nuit
que les Hébreux, à leur arrivée dans la terre suivante Dieu parla à Nathan et lui commanda
promise, savaient parfaitement exécuter les de dire à David # ce ne serait pas lui qui
ouvrages délicats de luxe, sans savoir aussi bâtirait un temple, mais bien le fils qui lui
bien, à beaucoup près, faire encore usage de succéderait sur le trône (vers. 13). Nous avons
leur intelligence pour le développement des vu ailleurs (art. RoIs et PARALIPoMÈNEs) com
arts primordiaux, tels que l'architecture, qui ment cet ordre de Dieu fut accompli par Salo
ne peut évidemment naître et faire des pro mon, lorsqu'il éleva à Jehovah le temple qui
grès que parmi des peuples établis à poste devint une des sept merveilles du monde.
fixe dans une contrée. Revenons maintenant aux arts des Philis
Lorsque David se fut rendu maître de la tins. Il est dit que les Kénâanéens avaient
capitale des Jébuséens, c'est-à-dire de Jéru dans leurs armées des chars de guerre.
salem, il lui fallut songer, en fixant sa rési Les Philistins en avaient aussi un très-grand
dence dans la citadelle du mont Sion, à faire nombre, témoin le verset où il est question
bâtir une demeure digne de la royauté.Com d'une armée de Philistins réunis pour atta
ment s'y prit-il pour cela ? Eut-il recours à quer les Israélites (I Samuel, xIII, 5) : Les Phi
des artistes israélites? nullement; il fit appel listins s'assemblèrent pour faire la guerre à
à la bienveillance de son voisin, Hiram, roi Israèl (avec) trente mille chariots, six mille
de Tyr, et le pria de lui envoyer des hom chevaux, et un peuple nombreux comme le
mes capables de lui construire un palais. sable qui est sur le bord de la mer. Ils mon
Très-probablement cette demande du saint tèrent et campèrent à Mikhmach, à l'orient
roi avait une toute autre portée que celled'ob de Beit-Aoun. Il me semble qu'il doit y avoir
tenir pour son compte une habitation somp eu ici une transposition de chiffres, et qu'il
tueuse : il s'agissait pour lui de mettre à faut lire six mille chariots et trente mille che
profit la présence des ouvriers phéniciens, vaux ; car il est peu probable qu'une armée
afin de créer dans le sein de son peuple, ait compté cinq fois plus de chariots que de
dont il ne pouvait méconnaîtrel'aptitude pour chevaux. Quoi qu'il en soit de l'opportunité
tous les arts, une véritable école qui lui per de cette correction, il n'en demeure pas moins
mît plus tard de se passer de ses voisins. évident que l'art du charronnage était très
Voici ce que nous lisons au chapitre v du avancé chez les Philistins. Aussi avons-nous
lI° Livre de Samuel : 10. David devenait tou déjà vu plus haut que lorsqu'ils songèrent à
jours plus grand, et l'Eternel Dieu Sebâouth se débarrasser de l'arche d'alliance, dont la
était avec lui. — 11. Hiram, roi de Sour, en résence n'avait attiré que des calamités sur
voya des messagers à David, avec du bois de eur nation, ils s'empressèrent de faire cons
cèdre, des charpentiers, des tailleurs de pierre truire un chariot neuf, qui devait recevoir
d bâtir, et ils construisirent une maison pour l'arche et le coffret contenant l'oblation des
David.Ce passage est fort explicite, et parle cinq images d'or d'abcès et de souris, que les
assez de lui-même. ll est bien clair que des cinq principales villes des Philistins offraient
ambassadeurs envoyés par le roi de Tyr ne au Dieu des Israélites, afin d'apaiser son res
fussent pas venus à Jérusalem avec des char sentiment. Le chariot devait être attelé de
pentiers, des tailleurs de pierre et une pro deux vaches laitières qui n'avaient pas encore
vision de bois de cèdre, si David n'en eût pas été soumises au joug. Ce chariot, qui devait
fait la demande expresse. Ce fait eut lieu aus recevoir un attelage de deux bêtes de trait,
sitôt que David se fut établi à Yéboussi, ou était-il monté sur deux roues seulement ou
Jérusalem. Il est done certain que, dès qu'il sur quatre roues? nous l'ignorons; l'Ecriture
se vit maître du pays, le roi des Israélites ne le dit pas, mais je n'hésite pas à croire
songea à pourvoir au développement des qu'il était monté sur un seul essieu, parce
arts parmi ses sujets, et notamment des arts que je ne connais pas, dans les monuments de
qui étaient florissants chez ses puissants voi l'Orient, d'exemple de voitures à quatre roues,
sins les Phéniciens. C'est donc, sans grande tandis que les représentations de voitures à
chance d'erreur, à la première année du deux roues y abondent.
règne de David à Jérusalem qu'il faut faire Un passage extrêmement précieux nous
remonter la venue des artistes phéniciens donne quelques notions précises sur l'arme
qui fondèrent l'école judaïque, école qui fit de ment des Philistins, c'est celui qui nous dé
797 SAM DES ANTIQUITES BlBLIQUES. SAM 798

crit l'attirail de guerre de Goliath (Djalouïth) me des matzakhah n'est certainement pas au
(160) (ISamuel xvII); le voici : -4. Un homme tre chose que les cnémides que portaient tous
sortit du camp des Philistins, Goliath était les oplites et tous les héros de ſa haute épo
son nom : (il était) de Djeth; il était haut de † grecque. Il n'est pas rare de rencontrer,
six coudées et un empan. La coudée est dési ans les tombeaux grecs du royaume de Na
gnée sous le nom chaldéen de amah, qui ples, des cnémides d'airain qui rappellent
signifie bien coudée; quant à l'empan, il est certainement celles qu'avait aux jambes le
nommé zerat. Ces deux termes nous font Philistin Goliath.
connaître deux des mesures linéaires des Le javelot d'airain qu'il portait entre les
Hébreux. Poursuivons : 5. Il avait un casque deux épaules s'appelle kidoun; on doit avoir
d'airain sur la tête, il était couvert d'une eine à comprendre cette expression cntre
cuirasse à écailles : le poids de sa cuirasse es deux épaules, quand on n'a pas vécu quel
était de cinq mille sicles d'airain. — 6. Il que temps avec les Arabes. Ceux-ci ont l'ha
avait des jambières d'airain sur les jambes bitude de se débarrasser de ce qu'ils tiennent
et un javelot d'airain entre les épaules. — 7. à la main et qui les gêne, en l'insinuant entre
La hampe de sa lance était comme l'ensuble leurs deux épaules et entre la peau et le vê
d'un tisserand, et la lame de cette lance pesait tement. C'est là que se place cOnstamment le
six cents sicles de fer; le porteur de son tchibouk, une fois qu'il est éteint, et moi
bouclier marchait devant lui. même j'avais trouvé la chose si commode, que
Examinons ce curieux passage en détail. j'eus bientôt contracté cette habitude des Bé
Le casque d'airain que portait Goliath est douins qui m'accompagnaient. Les javelots
désigné sous le nom de koubâa nakhasat, ce d'airain sont extrêmement fréquents dans les
qui signifie à la lettre un casque de cuivre. musées d'antiquités grecques.
Le mot koubâa me paraît très-proche parent J'ai adopté la version de Cahen : la hampe
du koubbeh arabe, qui signifie un dôme, et de sa lance était comme l'ensuble d'un tisse
je ne connais en hébreu que les deux radicaux rand, mais, faute de mieux. Je m'avoue inca
djoubâa, être élevé et rond, d'où djou pable de trouver un sens plus précis et plus
bida, vase, coupe, calice d'une fleur, et net pour les mots que le savant traducteur de
koubda (par un kof), couvrir, d'où vient kou la Bible rend par l'ensuble d'un tisserand.
bâa (par un kof), qui a le sens de casque, L'idée lame de la lance est rendue par le
comme le même mot écrit par un kaf. Quant mot lahabet, qui signifie littéralement flamme,
au métal dont était fait ce casque, pas de doute mais il n'en faudrait pas conclure, je pense,
possible, il était de cuivre, mais peu épais, que cette lance était de la forme que l'on est
comme les casques assyriens dont M. Victor convenu d'appeler flamboyante. L'expression
Place a trouvé récemment un précieux spé dont se sert l'écrivain sacré ne fait très-pro
cimen dans ses fouilles de Khorsabad. bablement allusion qu'à l'éclat de cette lame;
La cuirasse est appelée serioun kachkachim, elle était de fer, et pesait six cents sicles.
cuirasse de piècés dures. Le mot kachkach Enfin, le porteur du bouclier de Goliath
me paraît un substantif formé du redouble marchait devant lui ; ce bouclier est désigné
ment du radical kachab, être dur, lourd, par le mot tzenah, qui dérive du radical tzen
diflicile. Cahen a vu dans ce mot l'indication na, protéger, garder, garantir. Ce passage
des écailles d'airain qui composaient la cui nous montre que l'institution des écuyers,
rasse, et il a très-probablement eu raison. scutifer, remonte un peu plus haut que l'épo
Les bas-reliefs égyptiens et assyriens repré que de la chevalerie.
sentent fréquemment des guerriers revêtus Nous venons de voir quel était l'accoutre
de ces cuirasses à écailles ; il en est même ment guerrier de Goliath, voyons maintenant
parvenu des débris jusqu'à nous. Ainsi la quelles armures défensives revêtit David, lors
collection d'antiquités † T81SS6ºIIl qu'il se présenta pour combattre le géant phi
blée au Caire par M. Abbott, contenait un listin. Saül revêtit David de ses habits, lui mit
lambeau d'une cuirasse formée d'écailles de un casque d'airain sur la tête, et le revêtit
d'une cuirasse. — David ceignit l'épée de Saiil
cuivre imbriquées, sur l'une desquelles se au-dessus
trouvait imprimé le cartouche royal de Sche de ses habits et commença à mar
chonk, le Sesac de la Bible, conquérant de la cher, car il ne l'avait pas essayé, et David dit
Judée. M. Place, qu'il faut toujours citer, à Saül : Je ne puis marcher avec cela, parce
quand il s'agit des plus précieux débris de que je ne l'ai pas essayé: et David ôta (ces
l'art ninivite, a trouvé, dans ses fouilles de armes) de dessus lui. — Il prit son bâton en
Khorsabad, un autre lambeau de cuirasse main ; il se choisit dans le torrent cinq cail
assyrienne; celle-ci était formée d'une pla loux unis, et il les mit dans sa gibecière de
que mince d'or pur, sur laquelle sont figurées berger et dans sa poche : il arait sa fronde en
des écailles tout à fait analogues à celles de main et il s'approcha du Philistin. (I Samuel,
le cuirasse de M. Abbott, cuirasse contempo xvII, 38-40.) - -

raine de Sesac, si même elle n'a pas appar on voit que les armes défensives de David
tenu à ce prince. Une ligne de caractères étaient, aux jambières près, les mêmes que
cunéiformes est de plus estampée au bas de celles de Goliath; quant aux armes offensives,
Cet inappréciable fragment. -
il ne prit que celles qui lui étaient habituelles :
sa fronde et son bâton. Gêné dans Ses mouve
L'armure des jambes, que l'Ecriture nom
(160) J'écris ce nom Djalouith, parce que le nom rusalem
(palais de porte
Goliath)encore le nom de Kasr-Djaloud
; c'est probablement la tour Pse
du géant Goliath, consrrvé dans le pays, parmi les
Arabes, se prononce Djaloud. Un fort ruiné de Jé phina.
799 SAM DlCTl0NNAlRE - SAM 800

ments par l'accoutrement guerrier dont Saül peu à des boucliers d'or massif, je l'avoue )

l'avait affublé en croyant bien faire, David se mais bien à des boucliers revêtus d'or.
débarrassa de son casque, de sa cuirasse et Passons aux bijoux royaux, sur le compte
de son épée, qui l'empêchaient de marcher, desquels nous ne trouvons pas de détails, il
et du premier coup de sa fronde il enfonça est vrai, mais bien une nomenclature qui,
un galet dans la tête du géant, qui tomba sans toute sèche qu'elle est, ne me paraît pas sans
cOnnaissance. David courut alors à son adver importance.
saire, se mit à califourchon sur lui, lui prit sa Voici le principal passage où il en est ques
propre épée, qu'il lui passa au travers du tion : 5. David dit au jeune homme qui # lui
corps, et avec laquelle il lui coupa la tête ; annonçait : Comment sais-tu que Saiil et
puis, comme de coutume, il dépouilla le corps Jonathan, son fils, sont morts ? — 6. Le jeune
de son ennemi mort, et emporta ses armes homme qui le lui annonçait dit : Je me trou
dans sa tente. Quant à la tête du Philistin, elle vais par hasard sur la montagne de Gilbod, et
fut déposée à Jérusalem. voici : Saiil se tenait penché sur sa lance, et
Avant d'aller plus loin, puisque j'ai cu, à les chars, avec les cavaliers, allaient l'attein
propos de la taille du géant Goliath, occasion dre. — 7. Et regardant en arrière, il m'aper
de mentionner deux des mesures linéaires çut et m'appela; et je dis : Me voici. — 8. ll
adoptées par les Hébreux, je dois noter un me dit : Qui es-tu ? Je lui dis : Je suis Ama
renseignement curieux que je trouve dans le lékite. — 9. Il me dit : Arréte-toi près de moi
Livre de Samuel, à propos des mesures pon et tue-moi; car l'angoisse m'a saisi, quoique
dérables usitées chez le même peuple. Au II° toute ma vie soit encore en moi. — 10.Je
Livre (xIv, 26), il est parlé du poids de la che m'arrêtai près de lui et le tuai; car je satais
velure d'Absalom ; voici comment : Et quand qu'il n'en reviendrait pas, après s'être jeté sur
il faisait couper sa chevelure (c'était d'année sa lance) : je pris le diadème qu'il avait sur la
en année qu'il la faisait couper; il la faisait téte et le bracelet qu'il avait au bras, et je les
couper parce qu'elle lui était trop lourde), les apporte à mon seigneur, ici. (II Samuel, I)
cheveux de sa tête pesaient deux cents sicles, Saül portait donc un diadème et un brace
au poids du roi. Il y avait donc un poids du let. Le premier de ces ornements est nommé
roi, c'est-à-dire une mesure pondérable éta nazer, et dérive du radical nazara, se séparer
lon, fixée par la volonté du souverain. ou s'attacher à quelqu'un. Le second est
Mon savant ami M. Layard, dans les magni appelé asâadah, collier; mais comme il est dit

talent
fouilles qu'il a dirigées avec tant de
et de bonheur sur le territoire de
expressément, qui était sur son bras, il n'est
pas possible de se méprendre, et de mécon
Ninive, a trouvé toute une série de poids en naître ici un véritable bracelet. Quic0Rque â
cuivre, formée de liens accroupis, portant vu les magnifiques bas-reliefs rapportés de
chacun une inscription bilingue, assyrienne Ninive par M. Botta, sait , parfaitement ce
et phénicienne, indication du poids réel de qu'étaient les diadèmes et les bracelets que
chaque lion. L'inscription phénicienne de ortaient les rois assyriens, et que les rois des
tous ces petits monuments mentionne cons raélites avaient également adoptés c0mlnº
tamment le poids du roi; et ce fait, on le insignes royaux.
voit, est parfaitement d'accord avec les usages Il est encore question de diadème ou cou
hébraïques du règne de David. Probableuient ronne royale à propos du roi d'Amm0n
ce prince fit plus que d'emprunter des arti vaincu par David.'(Il Samuel, xII, 30.)- ll
sans aux Phéniciens; il eut le bon esprit de (David) prit la couronne de leur roi de dessus
leur emprunter aussi bien leurs sciences que sa tête, laquelle pesait un kikar d'or, et unº
leurs arts. pierre précieuse : elle vint sur la tête de
Revenons maintenant aux armes dont il est David, et il emporta de la ville un butin
question dans le Livre de Samuel. Nous avons très-considérable. Cette couronne royale pdf
Vu que le bouclier de Goliath était porté devant excellence est nommée aatharah (d'aatharº,
lui par un écuyer. Il est question deux fois ceindre, entourer, couronner) : elle était d ºr
encore de bouclier, et voici en quels termes : et pesait un kikar. Ce mot est dérivé du radiº
David, en apprenant la mort de Saül sur la cal koura, être rond. Les commentateurs !
montagne de Gilboâ, composa une cantilène, voient l'expression hébraïque du même po#
qui reçut le nom de l'Arc, et qui se trouve qui, chez les Grecs et les Romains, s'appela !
insérée au II° Livre de Samuel (I, 19 à 27). talent. Ce diadème était orné d'une pierfº
Nous y lisons : 21. Montagnes de Gilboâ ! ni † d'assez grande valeur pour quº
rosée, ni pluie sur vous et sur vos champs 'écrivain sacré ait cru devoir la mentionnel
élevés : car là fut insulté le bouclier des héros, Dans la cantilène composée par David !
le bouclier de Saül, comme s'il n'avait pas été propos de la mort de Saül (II Samuel, l), il#
oint d'huile. Le mot qui désigne cette fois le question d'ornements en or que les filles dº
' bouclier est medjen, et ce mot dérive de sraël portaient par-dessus leurs vêtemenls. -
djenna, couvrir, protéger, défendre. Puisque 24. Filles d'Israël, dit le roipoëte, pleure !
ce bouclier était oint d'huile, c'est qu'il était Saül, qui vous revêtait d'écarlate, qui tºº
recouvert de cuir, cela est indubitable. Mais comblait de délices, qui chargeait d'ornemeº
dans le second passage que j'ai à citer, il est d'or vos vêtements. Ce texté est sans doº
uestion de bouclier d'or. Voici ce passage † précis, mais il n'en sert pas moins à º
II Samuel, vIII, 7) : David prit les boucliers ilir que le luxe était, dès le temps de S !
d'or qu'avaient eus les serviteurs d'Hadad poussé à un haut point parmi les filº
Aazer, et les apporta à Jérusalem. Je crois d'[sraë|.
801 SAM DES ANTIQUITES BIBLlQUES. SAR 802

La distinction que nous avons établie plus second instrument se nomme touf, de #
haut entre les arts de luxe et les arts propre frapper. C'est un tambourin semblable proba
ment dits, tels que l'architecture et la sculp blement à celui dont se servent encore les
ture, est enCOre† ar les faits suivants. Arabes, qui le forment d'un vase dont l'ou
Après une bataille gagnée sur les Philistins, verture est close par une peau tendue. Le
Samuel prit une pierre qu'il plaça entre troisième instrument de musique désigné est
Mesfah et Senn, et il l'appela Ebn-Aazer le halil, dont le nom est dérivé du radical
(littéralement, pierre du secours), en disant : halla, creuser; tous les Lexiques le rendent
Jusqu'ici l'Eternel nous a secourus, (I Samuel, par flûte. Enfin, le dernier est le kinour, en
vII, 12.) On le voit, à l'époque de Samuel, grec xtvöpa, espèce de harpe. Comme il n'est
l'usage des pierres commémoratives, sembla pas un seul de ces instruments qui n'ait été
bles aux peulven des Celtes, était encore en retrouvé dans les hypogées de l'Egypte, et
vigueur. Enfin, quand le rebelle Absalom eut dont le musée du Louvre ne contienne des
été tué par Joab, ils prirent Absalom, le jetè spécimens, je me dispenserai d'en parler plus
rent dans la forêt, dans une grande fosse, et longuement. Je me bornerai à ajouter que le
placèrent sur lui un très-grand monceau de kinour était l'instrument dont jouait David
pierres. (II Samuel, xvIII, 17.) Ce verset nous devant Saül, lorsque celui-ci, dans un accès
prouve que l'habitude d'employer ces amas de démence, voulut le frapper de la pique
de pierrés, tels que celui que l'on avait accu qu'il avait près de lui. C'est effectivement le
mulé sur le roi d'Ai après la prise de cette kinour qui est spécialement nommé dans le
ville, s'était conservée depuis Josué jusqu'à passage relatif à ce fait. (I Samuel, xvI, 16.)
David. Un second passage contient une énuméra
Nous devons constater, en passant, une des tion d'instruments de musique : c'est celui où
sources de l'immense quantité de métaux il est question du transport de l'arche d'al
rassemblés par David, et légués à son fils liance de la maison d'Abinadab à Jérusalem .
Salomon, pour la construction du temple. David et toute la maison d'Israèl jouaient dr
Après la défaite du roi Hadad-Aazer, ses villes vant l'Eternel de toutes sortes d' instruments
principales furent pillées, et de Bethah et de en bois de cyprès, sur des harpes, des luths,
Berouthai, villes d'Hadad-Aazer, le roi David des tambourins, des sistres et des cymbales.
prit une quantité considérable d'airain (de (II Samuel, vI, 5.) Nous retrouvons ici les
cuivre). (II Samucl, vIII, 8.) . kinour, les nabel et les touf, puis deux ins
A la nouvelle de la défaite d'Hadad-Aazer, truments nouveaux, les menânâim et les sal
Tâay, roi de Hamath, envoya son fils Joram salim. Le nom du premier est formé du re
auprès de David, pour féliciter celui-ci de sa doublement du radical nouâa, agiter; il est
victoire. L'ambassadeur apportait en présent donc tout simple d'y retrouver le sistre, qui
des vuses d'or, d'argent et d'airain. — Ceux est encore un instrument égyptien bien connu.
là aussi, David les consacra à l'Eternel avec Quant aux salsalim, dont le nom est aussi formé
l'argent et l'or qu'il avait consacrés, prove d'un redoublement du radical salla, sonner,
nant de tous les peuples qu'il avait assujettis. rendre un son, les Lexiques le traduisent par
(Ibid., 10 et 11.) le mot cymbales, et je ne saurais faire mieux
ll me reste maintenant à parler des instru qu'eux.Je me bornerai à faire observer que
ments de musique qui étaient en usage, à le nom salsal est également porté par une es
cette époque reculée, parmi les Israélites, et pèce de sauterelle.
dont nous trouvons la mention dans le Livre (Pour la suite de l'art hébraïque, — Voy.
de Samuel. RoIs ET PARALIpoMÈNEs.) -

Quand Samuel annonça à Saül qu'il serait SANAN. — Ville de Juda. (Josué, xv, 37.)
roi d'Israël, il lui prédit qu'après l'avoir SANIR, SCHENIR, SARIoN, SCHIRIoN. — Pro
uitté il rencontrerait, en entrant dans la ville bablement la hauteur du Liban appelée l'IIer
e Djebâa, une troupe de prophètes descen mon, qui est couverte de neige une partie de
dant du haut-lieu, et devant lesquels marche l'année. L'Hermon serait l'Anti-Liban, et le
raient des joueurs de luth, de tambourin, de Sanir, le pic couvert de neige.
flûte et de harpe. Voyons si ces noms d'ins Les Arabes appellent Sanin la plus grande
truments sont cOnvenables, et s'accordent bien hauteur du Liban entre Baalbeck et Beyrout.
avec les noms originaux insérés dans le texte Ces deux noms de Sanin et de Sanir ne s'ap
hébraïque. Le premier est désigné sous le pliquent donc pas à la même montagne, mais
nom de nabel, qui signifie proprement une peuvent très-bien avoir la même signification,
outre, une cruche. Cet instrument, dont parle et indiquer une cime couverte de neige.
Josèphe (Ant. Jud., VII, xII, 3), élait une 2 sºrnossº-weº
7.
Gad. (Jos., xIII,
espèce de lyre, puisque l'historien des Juifs,
† l'appelle vä6)z, dit qu'il avait douze cor SARAA, SERAAH,SARAïM.—Ville de la plaine
de Juda, donnée ensuite à la tribu de Dan.
es. Ce mot est passé en latin, et il est devenu
nablium. Au Psaume xxxIII, verset 2, il est Elle fut fortifiée par Roboam. C'était la patrie
question d'un nabel à dix cordes : il y en de Samson. (Josué, xIx, 41.)
avait donc de différentes tailles, comme nous SARATIIASAR, SAHRAT-HE-SAHAR (la splen
avons des pianos de différents patrons, et qui deur de l'aurore). — Ville de Ruben. (Josué,
comptent plus ou moins d'octaves. Enfin, xIII, 19.)
saint Jérôme nous apprend que ce nabel s\REDA. — Patrie de Jéroboam. (I Rois,
avait la forme d'un delta renversé v, et qu'il x1 , 26.)
ressemblait à une espèce de cruche. Le SAREDATHA. — Voy. SARTAN.
8C3 SE1 DICT10NNAIRE S1A 8)4

SAREPTA, SAREFTAH. — Je lis dans mon était probablement sur l'un des versants du
Voyage : Laissant à notre gauche, sur la hau mont Seir.
teur, le village moderne de Sarfent, à notre s#ATH, SEIR.—Ville d'Ephraïm. (Juges,
III, 26.
droite se projette dans la mer le Ras-Sarfent,
et nous arrivons aux ruines de Sarepta, la s#. SELAA. —Ville de Benjamin. (Josué,
nº-x de l'Ecriture, nommées par les Arabes xvIII, 28.)
Kharbet-Sarfent. C'est là que demeurait la SELEBIN, SAALBEIN.—Ville de Dan. (Josué,
pauvre veuve qui donna asile au prophète xIx,42.)
lie. (I Rois, xvII.) SELIM, SELAKHIM. — Ville de Juda. (Josué,
Il ne reste de Sarepta que des décombres xv, 32.)
informes, mais qui recouvrent un terrain SELLA, SELA. — C'est la descente du mont
considérable. Les Arabes des villages voisins # pour se rendre au temple. (II Rois, xI,
viennent y prendre les pierres de construc
tion dont ils ont besoin. Il n'est fait mention qu'une seule fois de
SARID, SARED. — Ville de Zabulon. (Josué, cette partie de Jérusalem.
xIx, 10.) SELMON, SALMoUN. — Haute ' montagne
SAROHEN, SERoUHAN. — Ville de Siméon. d'Ephraïm vers le Jourdain. Un passage du
(Josué, xIx, 6.) † indique que cette hauteur se c0u
SARON, SARoUN. — Magnifique plaine qui vre quelquefois de neige. On n'a pas en
Occupe tout le versant occidental des mon core identifié dans la partie haute des mºnº
tagnes de Judée, depuis le pied du Carmel tagnes de Judée celle à laquelle conviendrait
jusqu'à Jaffa. ce nom de Selmon. - - --

Il y avait une ville de Saron dans le pays SENNA, SEN. — Nom de lieu indiqué,
de Gad, et une autre dans Ephraïm. dans le 1" Livre de Samuel, vII, 12, près de
SARTAN, SARTANAH. — Je suis porté à Maspha. Il est aussi fait mention du nom de
croire que la Sartanah que j'ai aperçue au Senna (Nomb., xxxIv, 4), et saint Jérôme dit
nord de Jéricho, du haut de la tour d'Er que c'est le nom d'une pierre. -

Riha, n'est autre chose que l'une des loca SENNAAR, SENAAR.—Plaine de la Babylonie
lités situées au bord du Jourdain, et entre où fut construite la tour de Babel. Les décou
lesquelles Salomon fit fondre les ornements vertes récentes faites en Assyrie par les sº
du temple. Il est dit dans Josué (III, 16) : — vants qui en ont exploré les localités an
Alors l'eau desccndue d'en haut s'arrêta... tiques ont amené de précieuses découvertés
du côté de Sartanah (pn-x). Cette ville n'est On ne doute pas qu'un de ces tells qu'ºn
certainement pas autre que celle qui est in trouve fréquemment dans le pays ne soit cº
diquée dans le I" Livre des Rois (vII, 46). — lui de la tour de Babel. Sennâar esl c0ns
Le roi les fit fondre dans la plaine du Jour tamment mentionnée sous le nom de terrº
dain, dans l'épaisseur de la terre, entre So de Sennâar. (Gen. x, †) -

kouth et Sartan. Nous trouvons encore dans SENNIM,SàANIM.—Vallée mentionnée dans


le I" Livre des Rois (Iv, 12) une Sartanah les Juges (Iv, 11 ). -

(n>n"y) qui est probablement la même. SENSENNA, SÉNsENAII. — Ville de Judº


SAVE, SAoUAH. -- Deux vallées de ce nom (Josué, xv, 31.)
sont indiquées dans les Livres saints. L'une, SEPHAATH, SAFET. — Ville kénâanéenne
Save de Cariathaïm (la vallée des deux villes) que les Israélites détruisirent de fond !
(Gen. XIV, 5), et l'autre Save, qui est appeléé comble, et qu'ils appelèrent Horma, cºs"
la vallée du Roi. (Ibid., 17.) Celle-ci devait à-dire anathème. (Juges, I, 17.) -

être près de Sodome. La première était dans SEPHAMA, SEPHAMoTH, SAFEM...- Saint
la Moabitide. Jérôme dit que ce lieu est la limite ºº
SCHION, SIoN, SIAN. -- Il y a une mon tale de Juda (Nomb., xxxIv, 10.) C'est sº
tagne de Schion dans la chaîne de l'Hermoniim aucun doute la même que Sephamoth..,
ou des Hermons. (Deut. Iv, 48.) SEPHAR, SAFER. — Montagne de Médiº
SCYTHOPOLIS. — Voy. BETHsAN. (Gen. x, 30.) -

SECHRONA, CHAKRoUUAH. — Ville de Dan. SEPHARVAIN, SEFERoUIM. — Ville Assº


(Josué, xv, 11.) rienne. (II Rois xvII, 24.) -

SEDADA, SADED. — Sedada est indiquée SEPHATA SAFET II. - Vallée près dº
sur les limites septentrionales de la Terre Maresa. (II Chron. xIv, 10.) |
Sainte, dans la tribu de Nephthali. (Nomb. SEPHELA. — Région indiquée une sº
xxxIv,8. fois dans le I" Livre des Machabées (xil, 38).
SEHON, SAoUN. — Ville d'Issachar. (Josué, SEPHER, SAFAR. — Montagne où camPº
xIx, 19 ) -
rent les Israélites. (Nomb. xxxIII, 23.) .
SEHESIMA, CHAKHsoUMA.—Ville d'Issachar. SETIM, SETHIM. — Pays des Moabites,,Pº
(Josué, xIx, 22. ) du Jourdain et du Phogor, d'où Josué en
SEIR. - Chaine de montagnes du pays voya ses deux espions pour lui rendre comple
de l'Idumée. Le mont Seir est fréquemment de j'état de défense de la ville de Jérichº
mentionné dans les Livres saints. Ils par Balaam était de Setim. (Nomb. xxv, 1 , Jºº
lent de la terre de Seïr, du mont de Seïr. Les II, 1.
Chorréens étaient les peuples aborigènes, et siºn El casew (La promenade des brº
lus tard les enfants d'Esaü s'y établirent bis). -

l y avait une ville du nom de Seira. Elle tºne localité mentionnée dans l'Evangº
8()5 S1C DES ANTIQUITES BIBLlQUES. S0(. 806

celle où les anges app rurent aux bergers, à SICHAR. — La même que Sichem. — Voy.
la naissance du Sauveur, n'était pas fixée GARIZIM. -

avec une rigoureuse précision. Si l'on en croit SIDEN.— Ville de Pamphylie, mentionnée
une lettre adressée de Jérusalem, en date du dans les Machabées. (I Mach. xv, 23.)
17 février 1859, le vaste couvent élevé au SIDON. — Voy. PHÉNICIE.
temps de saint Jérôme, sur cet emplacement, SILO. — Quand on suit la route de Na
vient d'etre retrouvé : louse à Jérusalem, avant d'atteindre le vil
« Une découverte d'une grande impor age d'El-Bir, sur le plateau des montagnes
#l tance vient d'être faite, il y a quelques jours de Jérusalem, on aperçoit, à la gauche, le
à peine, aux environs de Beith-Lehm, à l'en village de Seiloum. C'est la Silo si célèbre
#i droit reconnu pour être celui où l'ange ap dans l'Ecriture. Josèphe écrit son nom Xt)oÙv,
| parut aux bergers. Voici dans quels termes exactement comme le prononcent les Arabes
on nous raconte cette précieuse trouvaille : de nos jours. On y remarque des ruines en
« A l'est de Beith-Lehm, à une égale dis core considérables d'une église chrétienne,
tance du sanctuaire traditionnel de l'appa probablement du temps des Croisades.
rition de l'ange aux bergers, en faisant une · S1N. — Le désert de Sin, où séjournèrent
excavation de plusieurs mètres dans la terre, les Israélites, est dans la terre d'Edom, entre
On vient de trouver les intéressantes ruines la chaîne d'Horeb et la mer Rouge. (Exode,
d'un immense couvent de l'époque de saint xvI, 1.) Il est distinct du désert de Zin, qui
Jérôme et de sainte Paule; on y reconnaît se trouve au midi de la Moabitide.
des restaurations postérieures faites par SINAI, SINI. — Le Sinai est mentionné
sainte Hélène et les Croisés. dans la Bible comme montagne et comme
« Les citernes sont immenses, régulières désert. On sait tous les grands événements
et dans un parfait état de conservation. Déjà de l'histoire du peuple de Dieu qui s'y sont
le pavé en mosaïque de plusieurs chambres accomplis. Il faut les lire dans le Livre sacré
est à découvert, et on est sur les traces du lui-même. Il n'y a pas de doute sur l'iden
pavé en marbre de l'église, ainsi que de l'en tification du Sinaï. On possède de très-bonnes
trée des souterrains. L'enthousiasme occa cartes de la montagne et du † Les pèle
sionné par cette trouvaille est tel, que du rinages au mont Sinaï ont été fréquents de
village de Beth-Sakour (des Bergers) on y ac puis les temps les plus reculés.
court pour travailler gratuitement. SI0N. — § célêbre montagne de Sion est
« L'emplacement de ces ruines est connu une simple élévation de terrain contiguë au
des Arabes sous le nom de Siar-el-Ganem † central des montagnes de Judée.
(la promenade des brebis). Un nombre con u côté du nord le mont Sion n'est qu'une
sidérable de grottes très-profondes l'envi plaine, et le terrain n'est abrupt qu'au sud,
au sud-est et au couchant.
ronnent, et jusqu'à ce jour les bergers s'y
mettaient à l'abri avec leurs troupeaux. Tout La position bien délimitée de Sion a servi
près de ces grottes se trouve une grande ci admirablement à reconnaître l'ancienne Jé
terne hébraïque. rusalem. -

« Si l'on confronte ces importantes ruines Jébus était la ville primitive qui occupait
avec la nullité du sanctuaire dit des Pasteurs, le sommet de Sion. Une vallée profonde la
séparait du Moriah, où fut bâti lus tard le
qui n'est éloigné de là que d'un jet de pierre, temple de Salomon. La citadelle de Sion
si l'on ajoute que le sanctuaire actuel ne devait naturellement défendre la ville à l'an
présente aucune trace ni probabilité qu'il gle du nord qui commandait la plaine. Il
ait jamais servi à des bergers ou à des trou
peaux , puis, enfin, si l'on étudie les mœurs résulte de ces dispositions de terrain que
et habitudes séculaires des gens de ce pays, nous avons aujourd'hui une notion très
on incline à mettre en doute la tradition ad exacte de l'ancienne Sion. Josèphe nous
mise depuis si longtemps, et, dès-lors, tout apprend qu'une forte muraille, appelée
porte à croire que le véritable sanctuaire le vieux mur, la défendait au nord , seul
des Pasteurs est le couvent qui sort de ses côté où elle était accessible.— Voy. JÉRUSALEM
I"UllneS. (Portes de).
SIRA,BoUR-HE-SIRAH(ia citerne des Ronces).
« Toutes les communautés religieuses sont Citerne près d'Hébron. (Il Samuel, III, 26.)
frappées d'étonnement; aucune n'ose encore SIS, HE-SIs (la fleur). — La montée de Sis
avouer s'être trompée : mais malgré cela des est indiquée auprès du torrent, en face du
ropositions d'achats à des prix énormes sont désert de Jeruel, dans la tribu de Juda. (II
aites tous les jours aux propriétaires actuels, Chron. xx, 16.)
lesquels, si sanctuaire il y a, tiennent à crée, SOBA, SoUBAH.—Ville capitale du royaume
un Sanctuaire latin. »
d'Adarezer. David vainquit ce roi. Cette ville
Nous avons cru qu'il était de notre de était en Syrie. (I Samuel, xIv, 47.)
voir de publier cet article pour que tous ceux SOCHO. —- Il existe, à l'ouest d'El-Bourak ,
qui portent vraiment intérêt à la Terre-Sainte les vasques de Salomon près de Beit-Lehm,
puissent se réjouir d'une découverte qui va, un village avec des ruines antiques, nommé
sans aucun doute, avoir de graves consé Choueikah. C'est tres-certainement la Socho
quences dans l'avenir de ce pays. des traducteurs de la Bible , mentionnée au
SICELEG, SEKLADJ. — Ville de Juda, qui verset 35 du chapitre xv de Josué, parmi les
est fréquemment mentionnée dans l'histoire villes de la plaine, puisque cette Socho (nEv,
de David. (I Sam. xxvm, 6.) Chouikah) est citée avec Yarmouth, et qu'il
807 TEM DICT'IONNAHRE TEM 808

existe, précisément à côté de Choueïkah, un fants d'Issakhar) fut à Jezraël, Heksalout et


village qui se nomme toujours Yarmout. Re Sounèm (c>v).(Josué, xIx, 18.)-Les Philistins
marquons , en passant, que nous trouvons étaient campés à Sounèm, et les Israélites
mentionnée, parmi les villes de la région à Djelboâ, lorsque Saül alla consulter la sor
montueuse de Juda, une autre Socho (ver cière d'Endor. (ISamuel, xxvIII, 4.)- Abisag,
set 48) : — Et sur la montagne Semir, El la jeune fille qui devint la compagne de Da
Iatir et Chouikah. — Il n'y a pas de con vid dans sa vieillesse, était Sunamite. (1 Rois,
fusion possible entre ces deux localités du 1, 3.) C'est à Sounèm que demeurait la femme
même nom. La seconde devrait-elle, par ha qui exerça les devoirs de l'hospitalité envers
sard, être placée au village d'Ech-Chioukh, le prophète Elisée, et à laquelle celui-ci
qui est situé à l'est de Halhoul ? C'est très annonça qu'elle aurait un fils, malgré le
probable. grand âge de son époux. Ce fils étant né, il
S0CHOTH, SoCHoT. — Ce fut à Sochoth, tomba malade et mourut; mais Elisée le ren
dans une terre argileuse, que Salomon fit dit à la vie. ( II Rois, Iv, 8 à 37.) Dans le
fondre les vases d'airain destinés au temple. Cantique des cantiques (vII , 1), nous trou
— Voy. RoIs ET PARALIPOMÈNES ( Art hé vons les mots : Reviens reviens, Sulamite
braïque). (n - v). S'agit-il d'une jeune fille née à Sou
S0CH0TBENOTH. — Nom d'une idole des lèm? ou bien ce mot, formé de Tcºv, si
Babyloniens. (II Rois, xvII, 30.) gnifie-t-il : épouse de Salomon ? ou bien en
SOCOTH, SoCCoTH. — Il y a de ce nom fin est-ce une simple épithète, ayant le sens
une ville de Galaad. C'est aussi le premier de parfait ou de paisible ? On n'en sait rien.
campement des Israélites à leur départ de Il y aurait donc quelque imprudence à con
Ramessès. (Exod. XII, 37. clure de , ce passage que, dès l'époque la
SODI. — Fleuve de Babylonie , probable plus reculée, Sounèm s'appelait aussi Soulèm,
ment l'Euphrate. (Baruch, I, 4.) comme de nos jours.
SOREC. — Vallée de la tribu de Dan, près SUBA. — La même que Soba. ( Voy. ce
de laquelle Samson se prit de passion pour nom.)
Dalila. (Juges, XVI, 4.) SUPH, SoUF.— Ramatha était dans la terre
SOULEM. — Le village arabe de Soulem de Suph. (ISamuel, Ix, 5.)
n'est autre chose que la Soulem de la tribu
d'Issakhar (Josué, xIx, 18) , devenue la SUR, SoUR.-Le désert de Surs'étend depuis
Soulem d'Eusèbe et de saint Jérôme. C'est le Cadès jusqu'à la mer Rouge. Abraham habita
entre Cadès et Sur. (Gen. xx, 1.)
village de la Sunamite.
La Vulgate l'écrit Sunem, et Sunam. SUZA, SoUSAN. - C'est l'ancienne capitale
Voici ce que je trouve dans mon Voyage : de la Perse. Elle est rarement mentionnée
De Zerayn, nous avons été passer au vil dans la Bible, si ce n'est dans le livre d'Es
lage de Soulèm; c'est la Sounèm de l'Ecri ther. (xxix , 10.)
ture : car pour les Arabes, Sounèm et Sou SYENE, SoUANAH.— Ville des frontières de
lèm, c'est tout un. — Leur limite (des en l'Ethiopie,mentionnée par Ezéchiel (xxIx, 10).

T
TANIS,TAPHNÉ,TAPHNIs (SAAN). —Ville de la débris des constructions salomoniennes, on
basse Egypte, mentionnée plusieurs fois dans conçoit que ma première visite à l'enceinte
la Bible. (Nomb. XIII, 23.) du haram dut être pour le Heit-el-Morharby
TAPHUA, TEFFoUHH. — Il y avait, selon (le mur occidental). C'est sous ce nom que ſa
Reland, un pays de Tappuach dans la tribu de vénérable muraille est connue à Jérusaleni,
Manassé, mais la ville de Tappuach était aux bien que les Juifs allemands et polonais qui
Ephraïmites. (Josué, xvII, 8.) Une autre Tap se fixent dans cette ville prononcent ce nom
puach était dans la tribu de J§ (Josué,xv,33.) Coutz-el-Mâarabeh.
TEBBATH,THABAT.—Pays mentionné dans En arrivant devant ce mur respectable, je
les Juges (vII, 23). fus frappé d'admiration. Sur une hauteur de
TEMPLE. (EL-HARAM-ECH-CHERIF, ENCEINTE plus de douze mètres, la construction pri
DU TEMPLE.)- Jesavais depuis longtemps qu'il mitive est restée intacte ; des assises régu
existait à l'intérieur de Jérusalem, et sur un lières de belles pierres, parfaitement équar
point de l'enceinte du haram qui a pris la place ries, mais en bossage, c'est-à-dire offrant une
du temple de Salomon, un pan de muraille bande lisse qui encadre les joints, sont super
que les Juifs ont, de tout temps, considéré posées jusqu'à deux ou trois mètres du faîte
comme un débris du temple primitif. Je sa de la muraille. Il suffit d'un seul coup d'œil
vais de plus que le pied de ce mur, dont l'ap pour reconnaître que la tradition juive est in
proche n'était pas interdite aux Juifs, était dubitablement vraie. Un mur semblable n'a
pour eux une sorte de sanctuaire où ils ve été construit ni par des Grecs, ni par des Ro
naient prier le vendredi soir; que là on les mains. C'est évidemment là un échantillon
voyait souvent se lamenter, pleurer et enfon de l'architecture hébraïque. Dans les assises
cer la tête dans les trous de la sainte muraille, inférieures, les pierres sont assez régulière
afin d'y faire couler les larmes qu'ils versent ment d'une largeur double de leur hauteur,
en pensant à la ruine de Jérusalem et du tem parfois, cependant, des blocs carrés se trou
ole. Ne comntant rencontrer que cet unique vent juxtaposés entre les blocs à grande lar
809 TEM DES ANTIQUITES BlBLIQUES. TEM 810

geur. Les quatre dernières assises sont for que le Seraï et la caserne qui recouvrent cette
méés de blocs carrés, sauf l'avant-dernière, longue face septentrionale, de savoir si des
qui est composée de blocs trois fois plus longs fragments de l'enceinte primitive sont englo
que hauts. A mesure que les assises s'élèvent bés dans ces constructions. C'est du haut de
au-dessus du sol, les dimensions diminuent. la terrasse du Seraï que les Chrétiens, assez
Enfin, chaque assise est en retraite de cinq heureux pour obtenir la permission d'y mon
centimètres sur l'assise précédente, et ces re ter, jouissent de la vue la plus rapprochée de
traites successives constituent, on le voit, un l'intérieur du Haram. J'ai dû à l'intervention
fruit considérable pour la muraille salomo de notre ami, M. Botta, le plaisir d'aller con
nienne. La portion de celle-ci, qui est laissée templer, du haut de cette terrasse, l'enceinte
comme lieu de prière aux Juifs, est comprise sacrée dont ma qualité de chrétien m'inter
entre le mur d'enceinte du mekhemeh (tribu disait l'accès, sous peine de mort, et j'ai pu
nal turc), et le mur de clôture d'une maison juger de là avec § scrupuleuse exactitude
† Sa longueur, mesurée entre ces avait été levé le plan du Haram, reproduit
eux limites, est de vingt-neuf mètres soixan d'après Catherwood, dans l'admirable plan de
te-dix centimètres. On aperçoit, au delà de Jérusalem, que nous devons aux soins et aux
ces murs infranchissables, la muraille antique recherches de feu M. Shultz. Un tiers de la
se prolonger, en droite ligne, de douze mètres longueur de cette face nord, et le tiers qui est
environ à droite, et de onze mètres à gauche, attenant à l'angle nord-est, est recouvert par
c'est-à-dire vers le mekhemeh. Au delà, les une vaste piscine, sur le compte de laquelle je
constructions modernes ont masqué la mu reviendraien son lieu. En approchant du bord
raille du temple. Enfin, le mur primitif est de cette piscine, on reconnaît l'angle de l'en
couronné, à son sommet, par quelques assi ceinte salomonienne; quatre belles assises de
ses régulières, il est vrai, mais de petites pier blocs énormes en bossage font retour sur la
res de taille. Certainement ces assises supé face nord de l'enceinte sacrée, et il n'y a pas
rieures sont de constructionassez récente, et il de doutes à conserver sur la présence, en ce
faut nécessairement n'en faire remonter l'âge point, de l'angle même de cette enceinte. Le
que jusqu'à l'époque musulmane. rempart moderne est appuyé contre cette
Sur la face du mur antique se montrent des amorce de la face nord, et il forme la conti
entailles considérables qui ont servi, sans au nuation de la face est du temple, face qui se
cun doute, mais à une époque indéterminée, trouve ainsi parfaitement reliée à l'enceinte
à appliquer un fronton à ce point de l'en actuelle de la ville.
ceinte sacrée. Cesentailles, creusées en niche, Sortant alors par la porte de Saint-Etienne
c'est-à-dire arrondies par le haut et à encas et tournant immédiatement à droite, on longe
trement rectangulaire par le bas, ont des di une plate-forme quadrangulaire qui a servi
mensions différentes : l'une d'elles a jusqu'à un de base à une église chrétienne aujourd'hui
mètre vingt centimètres de hauteur; peut-être rasée. Suivant la tradition, c'est en ce point
ont-elles été pratiquées lors de la recons que saint Etienne a été lapidé; là commence
truction du temple par Hérode, pour qui immédiatement le cimetière musulman. A
l'emploi des frontons devait être tout naturel. trente et un mètres cinquante centimètres
Y eut-il au-dessus de ce fronton une porte ou de la porte de Saint-Etienne, la face du mur
poterne donnant accès dans l'enceinte sacrée d'enceinte est recoupée par une longue li
et percée dans la muraille primitive?Je l'i- gne verticale de construction salomonienne.
gnore. Il faudrait pour s'en assurer pouvoir C'est le côté est de l'angle primitif dont nous
pénétrer dans des maisons particulières, et avons vu le côté nord, en visitant la piscine.
en ce pays la chose n'est pas facile à effec En ce point onze assises de blocs salomoniens
tuer. sont restées intactes, et elles s'étendent vers
En étudiant avec soin le Heit-el-Morharby, le sud, sur la face de la muraille. Quelques
je m'étais mis à même de reconnaître, partout uns de ces blocs ont une saillie très-consi
où elles se montreraient, les traces des cons dérable en bossage, en dehors du plan dans
tructions judaïques, c'est-à-dire datant de lequel est compris le cadre de jointoiement.
l'époque de Salomon et des rois de la dynas J'ai mesuré deux de ces blocs, qui n'ont pas
tie de David. Je pouvais donc commencer moins de cinq mètres vingt-huit centimètres
l'examen de l'enceinte du temple, avec la et sept mètres vingt-cinq centimètres de lon
certitude que je ne me tromperais pas sur gueur, sur un mètre de hauteur. On peut
l'âge des différents appareils dont j'y consta † par là de l'énormité de l'appareil sa
terais la présence. Suivant donc la rue nom OIIlOIl16Il .
mée Tharik-el-Aalam (la voie Douloureuse), Les onzes assises cessent bientôt de se
je gagnai la porte Saint-Etienne (Bab-Setty montrer, les inférieures seules étant restées
Maryam), en longeant toute la face nord de en place. La face salomonienne, qui se pré
J'enceinte du temple. Deux portes placées sente ainsi la première, est en retraite de tren
au bout de deux ruelles sombres donnent ac te-quatre centimètres sur la face du mur mo
cès sur le plateau du Moriah, c'est-à-dire sur derne, dans lequel s'ouvre la porte de Saint
le vaste préau au milieu duquel était bâti le Etienne , elle a un développement de vingt
temple, remplacé † ar le Qoubbet † mètres soixante centimètres.A l'extré
es-Sakhrah, qui est la mosquée d'Omar pro mité de cette face commence, en retraite de
prement dite. deux mètres vingt-cinq centimètres, une face
· Il est impossible, grâce à la présence de de cinquante-cinq mètres de développement
nombreuses constructions modernes , telles avec sôubassement formé de deux assises dº
DICI1oNN, DE5 ANTIQUITE3 BIBLIQUE3. 26
, • ! ! ** • #
811 TEM DICTIONNAlRE TEM • 8|?
" • • •

blocs salomoniens, en retraite, l'une sur l'au pule, quej adopte pleinemenllatradition chré.
tre, de trente-cinq centimètres. La même tienne sur ce point. Il m'ést impossible de
| | retraite de trente-cinq centimètres existe
entre le mur supérieur et la face de la deu
ne pas attribuer à Hérode la construction de
la porte Dorée, et je vais en déduire les rai
xième assise. C'est naturellement à partir de S0IlS.

la face de ce mur supérieur, que doivent se Nous savons que ce fut par cette porte
compter les deux mètres vingt-cinq centi que l'empereur Héracliusfit son entrée triom
mètres de distance qu'il y a entre les plans phale à Jérusalem, quand ilyapportala sainle
des deux faces de mur. A l'extrémité sud des croix reprise aux Perses; cette porte existait
cinquante-cinq mètres, reparaît l'appareil donc déjà sous Héraclius. Il n'est pas ques
salomonien, avec une saillie telle, que la face tion de cette porte parmi les constructions
commençant en ce point soit exactement dont Justinien orna Jérusalem; d'ailleurs,
le prolongement de la face , salomonienne elle n'est nullement du style des édifices de
de † nord-est. A vingt-cinq mètres en Justinien; elle est encore bien moins dustyle
deçà de ce nouvel angle, se trouvent deux des monuments du siècle d'Adrien. En re
assises, sans retraite, formées de deux pierres vanche, elle offre une ornementation végé
énormes ayant cinq mètres soixante-quinze tale outrée, essentiellement hébraïque, mais
centimètres de longueur, sur un mètre soixan imprégnée d'hellénisme. Qui, dès lors, peul,
te-cinq centimètres de hauteur. Entre ces mieux qu'Hérode, avoir fait élever cette belle
blocs immenses et la nouvelle face de mur porte, lors de la construction dutemplesomp
salomonien, l'appareil est petit; le mur d'en tueux qu'il fit bâtir? De la sorte, la tradition
ceinte est par conséquent moderne en ce chrétienne devient certaine.Sans aucun doule
oint, et il a été destiné à fermer vraisembla cette tradition existait déjà à l'époque d'Hé
lement une brèche. La face salomonienne raclius, puisque ce fut par la porte Dorée,
suivante, qui commencejuste à quatre-vingts sanctifiée par l'entrée du Christ, que ce m0
mètres soixante centimètres de l'angle nord narque voulut entrer lui-même à Jérusalem,
est, a un développement de vingt et un mè avec sa précieuse conquête.
tres cinquante centimètres. Les assises infé Encore un mot. Contre la face sud de l'en
rieures sont seules de l'appareil salomonien. ceinte du temple se voit la mosquée d'El
Vient alors une nouvelle face, ayant deux Aksa, qui n'est autre chose qu'une église de
mètres de saillie sur la face précédente, et un la Vierge, construite par l'ordre de Justinien,
développement total de seize mètres quatre suivant la narration de Procope. Bien au-des
vingt-dix centimètres. C'est là qu'est placée la sous du niveau de cette église, et contre elle,
† (les portes oires des croisés); sauf se voit, dans le mur d'enceinte, à moitié ca
es piédroits des deux arcs de la porte et les chée par le mur du jardin de lamosquéed'El
archivoltes de celle-ci, tout y est moderne Aksa, et à demi enterrée, une belle porte,
et de construction turque. Les piédroits ont exactement du même style que la porte Dorée.
deux mètres dix centimètres de largeur, et ils Cette seconde porte a été forcément condam
sont construits en grosses pierres , de taille, née à l'époqué de la construction de l'église ;
bien supérieures, sans doute, aux blocs de la elle n'est donc pas de l'époque †
maçonnerie moderne dans laquelle elles sont elle n'est pas romaine non plus, cela estin
enclavées, mais bien inférieures, pour les dubitable : force est donc de la reporter,
dimensions, aux blocs des portions salomo comme la porte Dorée, à l'époque d'Hérode,
niennes de l'enceinte. Il serait trop difficile et de la cônsidérer comme une partie des
de décrire par le menu les moulures chargées constructions magnifiques ordonnées par ce
d'ornements et d'acanthes, ou de rinceaux monarque. Je puis, sans doute, me tromper,
de feuillages, qui couvrent les archivoltes mais j'attendrai qu'on me le démontre par
des deux arcs de la porte Dorée, à cause de des arguments #º toires, avant de chan
l'état de dégradation avancée dans lequel ger d'opinion (161). Williams, dans son ex
elles se trouvent. La largeur de chacune cellent livre sur la cité sainte (tom. II, pag.
des arcades de la porte est de trois mè 355 et suiv.), a accumulé une foule de faits
tres quatre-vingt-cinq centimètres. Dans la qui démontrent que la porte Dorée, ainsi
maçonnerie moderne, au sommet de la que le veut la tradition chrétienne, musul
muraille et au-dessus du centre même de mane et juive, est bien une porte du temple.
la double porte, est encastré un chapi Il laisse entrevoir son désir d'y reconnaitre
teau antique, d'apparence romaine des bas une porte d'Hérode; mais, parce qu'il était
temps. . encore seul de son avis, il n'a pas osé l'é-
A quelle époque appartient la porte Dorée? mettre nettement. Nous sommes deux, main
C'est là une question qui a été bien souvent tenant, et je soutiendrai, jusqu'à démons
débattue, sans avoir jamais reçu de solution tration contraire, que la porte Dorée n'es
satisfaisante. La tradition chrétienne veut que ni byzantine, ni romaine ; il est bien entendu
ce soit la porte même sous laquelle a passé que je ne parle ici que de ce que j'ai pu voir à
Notre-Seigneur, lors de son entrée triomphale l'aise, à l'extérieur du haram. Cette porte est
à Jérusalem, et je déclare, sans aucun scru d'un style particulier qui convient à merveille

(16!) Voyez l'excellente discussion de Williams soigneusement et plus consciencieusement écrit que
# Hohy city, t. ll, p. 572 et suivantes) sur l'i- l'ouvrage que je viens de mentionner. Pour !
entité de l'église de la Vierge et de la mosquée part, j'en fais très-grand cas, et je prise très-fort lº
•l'el-Aksa. Il est difficile de trouver un livre plus critique judicieuse de son auteur.
8l5 TEM DES ANTIQUlTES BlBLIQUES. TE.MI 814


à l'é gréco-juive, c'est-à-dire au règne croisades, publiée par M. le comte Beugnot,
# 0. comme annexe à sa magnifique édition des
Pendant l'existence du royaume latin de Jé Assises de Jérusalem.
rusalem, les portes oires restaient fermées, A partir de la poterne que je viens de dé
et elles n'étaient ouvertes que deux fois l'an : crire, commence, ainsi que je l'ai dit, une fa
la première, le dimanche des Rameaux, en ce de muraille de construction hérodienne,
commémoration de l'entrée triomphale de ou tout au moins romaine, qui a un déve
Notre-Seigneur Jésus-Christ, arrivant à Jé loppement de dix-huit mètres trente centi
rusalem par cette porte; et la seconde, le mètres. Un peu en avant de l'extrémité se
jour de la fête de l'Exaltation de la Croix, en trouve, appliqué contre la muraille, un pe
souvenir du passage d'Héraclius. Très-proba tit édifice carré, qui a quatre mètres vingt
blement, cette double porte n'était que close centimètres de côté. C'est une sorte d'édi
et non murée, à cette époque. ll paraîtrait cule recouvrant des tombes musulmanes. Le
#t mur fait saillie de soixante-six centimètres
bien difficile d'admettre qu'elle eût été déga
#'
# et condamnée deux fois tous les ans, par
es Chrétiens ;c'eût été une besogne à # laisser
sur la face précédente, et, sur une étendue
de cent quatre-vingt-quatorze mètres, sa
les maçons en permanence. Ce sont les Mu construction montre, par-ci par-là, des fra
sulmans qui l'ont murée, parce qu'il existe gments de l'appareil d'Hérode ou des Ro
chez eux une tradition, fort répandue, qui mains, mais presque partout du rhabillage
dit que, si un jour les Chrétiens chassent de turc. C'est dans cette partie que se voient,
nouveau les musulmans de Jérusalem, ils encastrés dans la maçonnerie, des bouts de
entreront dans cette ville par la porte Dorée. colonnes, de matière parfois magnifique,
Ce qui a pu donner lieu à cette tradition, faisant.saillie à l'extérieur. Ces colonnes, en
c'est le fait que les croisés pénétrèrent dans castrées là par les Arabes ou les Turcs, vien
·a place, très-près de la porte Dorée, qui dut nent, très-probablement, des édifices somp
être ouverte aux assaillants, par les premiers tueux qui, depuis le temple de Salomon, se
guerriers qui réussirent à déloger les défen sont succédé sur le plateau du mont Moriah.
seurs de la muraille orientale du temple. L'un de ces tronçons de colonne, placé au
Au delà de la porte Dorée, en suivant la faîte du mur d'enceinte et vers l'angle sud
direction que nous avons suivie jusqu'ici, est, a reçu des musulmans le nom d'Et-Tha
c'est-à-dire en allant du nord au sud, on voit, rik (le Chemin). Cette pierre, lors du juge
à quinze mètres cinquante-cinq centimètres ment dernier, doit jouer pour eux un grand
Cu flanc droit de la porte Doréé, une petite rôle, car c'est par là que le Prophète re
poterne murée, de deux mètres de hauteur descendra sur la terre. :

sur un mètre cinquante centimètres de lar Au bout des cent quatre-vingt-quatorze


eur, au plus. Depuis le ressaut de la porte mètres du mur moderne, reparaissent, sur
rée jusqu'au côté droit de la poterne, une longueur de neuf mètres seulement,
toute la base du mur d'enceinte est salomo les blocs salomoniens ; puis de nouveau un
nienne, et la hauteur de la poterne est exac pan de rhabillage moderne, de onze mètres
tement formée de deux hauteurs des assises d'étendue. A partir de là jusqu'à l'angle sud
de ces blocs énormes. A partir du côté gau est, les blocs salomoniens se rencontrent en
che de la poterne, la construction salomo place, et quelques-uns d'entre eux at
nienne disparaît pour un certain temps ; mais teignent des dimensions énormes : ainsi, l'un
l'appareil est toujours très-beau. Ou bien d'eux, que j'ai mesuré, porte , sept mètres
nous avons ici, ainsi que je le crois, un pan quatre-vingt-cinq centimètres de longueur,
de mur de l'époque d'Hérode, ou bien nous sur un mètre de hauteur. Du point où les
sommes en face d'une construction datant de blocs salomoniens reparaissent jusqu'à l'an
l'époque d'Adrien, c'est - à-dire du haut gle sud-est, il y a soixante-huit mètres qua
empire. Le linteau de la poterne murée est tre-vingts centimètres.
formé d'une seule pierre, qui offre une par Sur cette portion de la muraille d'en
ticularité fort curieuse : on y distingue en ceinte, j'ai eu le bonheur de faire une pe
core, avec un peu d'attention, une croix tite découverte qui n'est certainement pas
grecque patée. Elle est peinte en rouge et en sans intérêt, et dont †vais dire quelques
tourée d'un double cercle vert, bordé de mots, avec d'autant plus de plaisir, que je
rouge, et d'un troisième cercle extérieur, n'ai pas oublié † que feu M.
dentelé et peint en rouge. Enfin, à un pied Schultz sembla attacher à ce fait nouveau,
à gauche de la poterne, se voit une sorte lorsque j'eus le plaisir de lui en faire part, le
de pilier carré, en saillie sur le mur, et of lendemain du même jour oùje l'avais constaté.
frant une cavité sphérique, placée dans le A vingt-cinq mètres en arrière de l'angle
fond, contre le mur, d'un trou rond dont il sud-est de l'enceinte, le mur rentre de douze
ne m'a pas été possible de deviner l'usage. à quinze centimètres, sur une largeur de
Etait-ce une sorte de conduit par lequel on trois mètres cinquante centimètres ; il fait
devait, la nuit, se faire reconnaître, pour ensuite saillie de la même quantité sur une
obtenir l'ouverture de la poterne ; c'est pos largeur de six mètres, pour rentrer encore
sible, mais je me garderais bien de l'affirmer. sur une largeur de un mètre quatre-vingts
Quoi qu'il en soit, il est certain que cette centimètres, au delà de laquelle il se retrouve
petite porte est bien celle qui est désignée dans le plan extérieur général de cette por
sous le nom de porte de Josaphat, dans la tion de la face orientale. Il y a donc en
curieuse description de la Jérusalem des d'autres termes, une saillie du mur salomo
815 TEM DICTIONNAIRE TEM 8l0

nien de six mètres de largeur, encadrée en développement en ligne droite, de cent qua
tre deux faces en retraite et de largeur diffé rante-six mètres cinquante centimètres, jus
rente. L'assise inférieure est aux trois qu'au mur latéral dujardin attenant à la mos
quarts enterrée dans les détritus de toute na quée d'El-Aksa. La construction salomo
ture, amoncelés autour de l'enceinte du Ha nienne se présente immédiatement à l'angle,
ram, et formant un sol couvert d'herbe, et elle continue sur une étendue de trente
qui, à partir de ce point, est en pente très et un mètres vingt-deux centimètres, jusqu'à
sensible, jusqu'à l'angle sud-est de la mu une porte ogivale murée, de deux mètres cin
raille. L'assise qui est placée au-dessus de uante centimètres de largeur.Cette porte est
celle dont je viens de parler, est compo e l'époque des croisades très-probablement,
sée de deux grands blocs et d'un petit bloc mais elle n'a pas de caractères assez dis
carré qui a été rajusté à droite. Les deux tincts pour qu'il soit possible de lui assi
blocs principaux sont en saillie de quarante gner une origine chrétienne ou musulmane.
centimètres sur la face du mur, et ils for A trente mètres à gauche de cette première
ment un énorme boudin ou tore. Au-dessus porte, se voient trois grands arceaux d'appa
est une assise de un mètre cinquante cen rence romaine, en plein cintre, murés comme
timètres de hauteur, formée de deux blocs la porte ogivale précédente. Les baies de cette
égaux de trois mètres de longueur chacun, triple porte ont chacune quatre mètres trente
et taillés en véritables voussoirs, c'est-à-dire deux centimètres d'ouverture, et les pié
évidés en arc de cercle à leur partie infé droits ont un mètre soixante-quinze centi
rieure, de façon à donner une longueur de mètres de largeur. A partir du flancgauche de
soixante-quinze centimètres au pan coupé derrière des trois portes ( vers l'ouest bien
supérieur qui représente un joint. Une entendu ), recommencent immédiatement les
seule pierre, moitié moins haute que les pré assises salomoniennes, qui se montrent sans
cédentes, recouvre les deux voussoirs, et for interruption jusqu'auprès du mur de clôture
mait vraisemblablemant le sol d'une fenêtre moderne de la mosquée d'El-Aksa, mur qui
avec balcon, donnant sur cette portion de vient recouper perpendiculairement la grande
la vallée de Josaphat, qui regarde la fon muraille d'enceinte, à soixante-dix mètres
taine de Siloé, le village de Siloam et les vingt-deux centimètres de la triple porle
beaux jardins potagers dont est rempli le murée.
fond de la vallée. Effectivement, un seul A cette même porte de gauche se trouve
bloc de un mètre quatre-vingts centimètres placé un magnifique bloc, orné de moulures,
de hauteur, sur un mètre de largeur, est auquel on n'a fait aucune attention jusqu'ici,
établi perpendiculairement au milieu du pla et qui néanmoins est, si je ne me trompe,
veau de six mètres, faisant sol de fenêtre, et d'un prix inestimable. Evidemment n0us
à droite et à gauche de ce bloc vertical, sont avons dans ce bloc un piédroit primitif, resté
deux ouvertures de un mètre quatre-vingts GIl # or, ce fragment, qui se relie im
centimètres de hauteur, sur deux mètres médiatement à des assises de l'appareil sal0
cinquante centimètres de largeur, murées monien, est salomonien lui-même ; il nous
en pierres de petit appareil, et par consé offre un échantillon de moulure qui n'est ni
quent sans accord avec toutes les portions de byzantine, ni romaine, ni grecque : force est
murailles placées autour de ce point. Enfin, donc d'y voir autre chose , et cette autre
au ras du sol de la fenêtre, et à gauche, chose ne peut être qu'une moulure juive,
existe encore dans le mur un bloc assez gros très-probablement salomonienne. Je m'abs
qui porte deux encastrements carrés fort tiens de donner la description détaillée de
distincts, dont l'un est immédiatement en ces moulures, pourépargner au lecteurl'ennui
contact avec le montant gauche de la fe de chercher à se rendre compte d'une série
nêtre de gauche et avec le sol de cette fe de mots techniques et de chiffres, formant un
nêtre, et l'autre, un peu plus haut de quel tout peut-être incompréhensible.
ques pouces et rejeté un peu à l'extérieur. Le mur de clôture du jardin d'El-Aksa
Sans aucun doute, ces encastrements n'ont coupe à # près par le milieu, ainsi queje
pas été taillés là sans raison, et pour moi l'ai déjà dit, une porte antique à demi enter
il est évident qu'ils ont été destinés à assu rée, d'un style architectural assez étrange, et
jettir une balustrade qui garnissait la double chargée d'ornementation végétale compléte
baie à balcon que je viens de décrire. Cer ment analogue à celle de la porte Dorée. Evi
tes le fait de l'existence d'une fenêtre à bal demment nous avons là sous les yeux les
#
con à l'époque salomonienne, car n'hésite restes d'une belle porte antique, enclavée
pas à attribuer cette antiquité à la portion dans de la maçonnerie beaucoup plus récente,
du mur d'enceinte dans laquelle elle est per De cette porte on voit un arc surbaissé forué
cée, est un fait que les architectes seront fort d'un large cordon couvert de rinceaux de
étonnés, je le crois, de voir énoncer sans feuillage, auquel est tangent un encadrement
scrupule. Au reste, si j'ai bonne mémoire, rectiligne, composé de deux larges bandes de
le palais de Karnac, palais bien plus ancien rinceaux semblables, séparés par un cordon
encore, présente un fait à peu près ana d'oves. La portion supérieure du cadre est
logue. Quoi qu'il en soit, voici déjà un pre tangente, non pas à la partie extérieure de
mier exemple de l'emploi du voussoir à l arc orné de rinceaux, mais bien à la courbe
douelie circulaire, à l'énnque purement hé inférieure de cet arc, ce qui est au moins fort
braique. - - -
étrange, et bien loin de ce qu'aurait exigè
A partir de l'angle sud-est, la muraille a un l'art grec ou romain. Au-dessus du cadrº,
817 TEM DES ANTIQUITES BlBLIQUES. TEM 818

paraît d'abord une assise de blocs très-grands, conclure que la porte en question était du
que surmonte une assise de voussoirs, dont temps de Justinién. J'ai déjà dit pourquoije
rien absolument ne justifie la présence : au ne puis admettre cette opinion Pour moi,
dessus de ceux-ci règne une corniche assez comme pour le savant Williams, l'inscription
élégante formée d'un beau rinceau qui a été mise là à l'époque où Justinien a ordonné
court au-dessus d'une ligne de modillons, et la construction de l'église de la Vierge : mais
que surmonte une moulure simple. Toute la voilà tout. Il n'y a aucune analogie entre la
portion de droite de cette corniche manque nature de la pierre dont on s'est servi pour
aujourd'hui, de sorte qu'il serait impossible construire la porte, et celle de la pierre qui
de deviner où elle se terminait. L'arc infé porte l'inscription. Il y a † : un des vous
rieur ne repose d'aplomb sur aucun système soirs primitifs dont j'ai parlé a été entamé pour
de piédroit; il en existe bien un, formé de servir d'encastrement au côté gauche et à
gros blocs superposés, mais il est dévié et l'angle inférieur de l'inscription. Celle-ci a
rejeté en dedans de la porte, de façon à ne donc été encastrée dans le mur postérieure
pouvoir servir de support à la portion infé ment à l'existence de la porte antique, Par
rieure du cadre, portion que l'on serait tenté, suite, il est logique, s'il est vrai que cette
mais à tort, de prendre pour l'amorce d'un inscription ait été placée là à l'époque de
chapiteau de pilastre. En résumé, le style de Justinien, de conclure que la porte inférieure
cette porte, certainement contemporaine de est bien antérieure à cette époque. Aussi
la porte Dorée, est des plus singuliers, et n'hésité-je pas, plus que pour la porte Do
appartient à un système architectural tout à rée, à la considérer comme un fragment
fait en dehors des principes classiques. Une d'une porte de l'enceinte du temple reconstruit
fenêtre grillée est percée dans le murau-des par Hérode.
sous de l'arcade ; j'ai essayé de voir quelque Maintenant, est-il possible de deviner l'ori
chose par cette fenêtre, qui donne sur les gine de cette inscription précieuse ? Je
substructions de la mosquée d'El-Aksa, et il crois que oui, et je vais essayer de le dé
ne m'a pas été possible de discerner quoi que montrer. Commençons par dire que Krafft,
ce fût, tant l'obscurité était épaisse dans ce qui conclut de la présence de l'inscription
souterrain. que la porte est du règne d'Adrien, ne s'est
On a beaucoup écrit déjà sur l'âge proba pas aperçu, ainsi que le fait très judicieuse
ble de cette porte, que les uns ont crue by ment observer Williams, qu'il ne s'agit pas
zantine, et les autres romaine ; à mon avis, . d'Adrien dans l'inscription, mais bien d'An
elle n'appartient ni à l'une ni à l'autre de ces tonin le Pieux, qui prit pour surnoms, par
deux époques. C'est Justinien, ainsi que reconnaissance et par affection, les noms
nous le savons par Procope, qui a fait bâtir d'Hadrien et d'AElius, qui ne lui appartenaient
l'église de Sainte-Marie, devenue la mosquée as. Krafft aurait pu conclure tout au plus, si
d'El-Aksa. Notre †º est énormément en 'inscription eût été placée de manière à être
contre-bas du sol de cette église ; elle n'a lue, que la porte était du temps d'Antonin.
donc pas la moindre relation avec elle. Mais Williams a publié cette inscription, étrange
les architectes de Justinien trouvant debout ment estropiée par un de ses devanciers qui y
ce débris vénérable du temple d'Hérode, lisait le mot II0AH pour IIOAIE, ville !, avec
l'auront respecté, et fait entrer dans leur plan † légères incorrections que , je crois
de reconstruction, en l'enclavant dans la ma evoirl signaler au savant auteur de la Cité
çonnerie †
devait soutenir la plate-forme sainte Le texte porte positivement AEL au
sur laquelle ils voulaient bâtir leur église. Ce lieu de AIL. De plus la dernière ligne ne se
qui ne contribue pas peu à me le faire croire, compose que de deux sigles D. D. (decurionum
c'est la présence, dans la maçonnerie qui en decreto), et non des lettres DDPP, qui ne
cadre la porte antique, d'une inscription en pourraiént se lire que Decuriones , posue
castrée, sens dessus dessous, dans le mur, runt, contrairement au style lapidaire, qui
et qui très-certainement a été renversée à exige « Ponendum curavit, ou curaverunt. »
dessein et mise là pour constater le renver Revenons à l'origine de l'inscription.Après
sement des idées qui en avaient dicté la te - l'effroyable dénouement de la révolte des
neur. Voici cette inscription : Juifs soulevés par Bar - Koukeba(Na>º>-Na),
TITO AEL. HADRIANO Jérusalem fut transformée en colonie ro
ANTONINO AVG. P10 maine, par Adrien, qui lui donna le nom
" P. P. PONTIF. AVGVR. d'AElia-Capitolina. Un † païen fut ins
l). D. tallé sur l'emplacement même du temple des
« A Titus Elius Hadrien Antonin Auguste Juifs, et les magistrats romains de la nouvelle
le Pieux, père de la patrie, pontife, augure, colonie élevèrent, au même point, une statue
par décret des décurions. » en l'honneur de l'empereur. Son successeur.
Nul doute que cette inscription n'ait été Antonin le Pieux, reçut très-probablement le
encastrée dans la base d'une statue élevée à même hommage : ce qui est sûr, c'est que le
I'empereur Antonin le Pieux. Krafft a conclu Pèlerin de Bordeaux qui visita la ville de Jé
de sa présence , que la porte antique dont je rusalem en333, dit expressément dans sa des
m'occupe, était du règne d'Adrien ; mais cription du temple : « Sunt ibi et statuſe duº
Williams a fait justice de cette bizarre con Adriani, et est non longe de statuis lapis per
clusion, tirée de la présence d'une inscrip tusus, ad quem veniunt Judaeisingulis annis,
tion évidemment déplacée, puiqu'elle est †. et unguent eum, et lamentant se cum gemitu,
et vestimenta sua scindunt, et sic rccedunt. »
cée en sens dessus dessous, et il a cru devoir
819 TEM DICTlONNAIRE TEM 820

Ce passage curieux constate † les deux sta royaume de Juda. Le plan des ingénieurs an
tues impériales étaient près de la pierre visi glais, publié par Williams, ne fait pas entrer ,
tée avec dévotion par les Juifs, pierre qui ces deux magnifiques murailles dans le tracé
n'est que la roche vénérée encore aujour de l'enceinte primitive de Jérusalem, et c'est
d'hui des musulmans, sous le nom d'Es-Sakh bien certainement à tort. Il en est de même
rah, et qui est enfermée dans la mosquée pour le plan de Schultz et de Catherwood.
d'Omar. Quels que soient les textes sur lesquels il
Etaient-ce bien deux statues d'Adrien qui se est possible de s'appuyer pour reconstruire
voyaient, en 333, sur l'emplacement sacré du approximativement sur un plan, le tracé de
temple ? Il est fort probable que non. A quoi l'enceinte que Josèphe , appelle le premier
bon élever deux statues au même prince, et mur, il faut, de toute nécessité, faire entrer
au même endroit? Je n'hésite pas à croire dans ce tracé les deux portions de muraille
que la seconde était d'Antonin le Pieux, et le salomonienne que j'ai décrites plus haut.
Pèlerin, en lisant l'inscription votive qui por Tous les blocs primitifs sont en place, aucun
tait Tito AElio - IIadriano, n'aura pas pris, d'eux n'a été dérangé, et les assises sont en
plus que Krafft, la peine de lire plus loin une aussi bon état que si le tout venait d'être
† qui devait le scandaliser. Ceci re construit récemment.
vient à dire que, pour moi, l'inscription dont Le récit de Josèphe est sans contredit de
je m'occupe, est bien celle qui était encastrée tous le plus important sur ce sujet.Voici donc
dans la base de l'une des deux statues éle ce qu'il dit en substance de l'enceinte pri
vées par les décurions d'AElia-Capitolina, à mitive (Bell. Jud., V, Iv, 2) : « Le premier
Adrien d'abord, et plus tard à Antonin le mur commençait à la tour † s'étendait
Pieux. vers le Xystus, gagnait de là le Sanhédrin,
Continuons notre inspection de l'enceinte et venait se terminer au portique occidental
antique du temple. Le mur de clôture du jar du temple. L'autre branche commençait à la
din d'El-Aksa s'élève perpendiculairement, même tour Hippicus, se prolongeait d'abord
ainsi que je l'ai dit, sur le grand mur d'en en faisant face à l'occident, se dirigeait, en
ceinte ; il se dirige droit au sud, sur une lon traversant le lieu nommé Bethso, vers la
gueur de dix-neuf mètres quarante centi porte des Esséniens, et faisant face au sud,
mètres. Là il fait un angle droit à l'ouest, sur assait au-dessus de la fontaine de Siloé , de
une longueur de sept mètres vingt , centimè à elle reprenait de nouveau une direction
tres ; puis un nouveau crochet au sud, de neuf faisant face à l'orient, en se dirigeant vers la
mètres trente centimètres, et un retour d'é- iscine de Salomon, et, s'étendant jusqu'au
querre, vers l'ouest, de dix mètres de lon ieu qu'on † Ophla, venait finir au por
gueur. Les quatre branches de muraille que tique oriental du temple.» Il résulte nécessai
je viens de mesurer sont en maçonnerie ré rement de cette description que ce qui se
cente, et probablement turque. Au point où trouve aujourd'hui entre la † antique,
nOus sommes arrivés, la muraille salomo située au-dessous d'El-Aksa, etl'angle sud-est
nienne reparaît et descend directement au sud, de l'enceinte actuelle du Haram-ech-Cherif
sur une longueur de soixante et un mètres aussi bien que la face orientale de cette en
soixante centimètres. A l'extrémité de cette ceinte, faisait partie intégrante de la première
branche commence une autre branche beau muraille décrite par Josèphe.
coup plus longue, dirigée à l'ouest, et de Voyons maintenant s'il est possible de re
construction salomonienne : celle-ci a cent connaître le tracé de cette seconde branche
cinquante mètres soixante-dix centimètres; du mur construit par les rois de la dynastie
là est appliquée contre le mur une tour car de David. La tour Hippicus est incontesta
rée moderne qui a six mètres de face, et qui blement la tour actuelle de David, dont la
est en saillie de cinq mètres, sur l'enceinte. construction ne saurait être attribuée, en au
Dans le flanc gauche de cette tour est une cune façon, à une époque postérieure à celle
poterne fermée d'une porte de fer ; au delà il des rois de Juda, si ce n'est même à celle de
n'y a plus que des partiesturques de l'enceinte David, dont elle porte probablement le nom
militaire de la ville, conduisant au Bab-el à juste titre. La branche occidentale, dont
Morharibeh (la porte occidentale). parle Josèphe, devait longer l'emplacement
L'enceinte sacrée que nous avons perdue de actuel du couvent arménien, vers l'extrémité
vue, à partir de la porte antique située au sud duquel se trouvait le lieu nommé Bethso.
dessous d'El-Aksa, ne doit pas être confondue La porte des Esséniens ne pouvait déboucher
avec les deux grandes branches de muraille sur l'escarpement abrupt du mont Sion, et
salomonienne que nous venons de reconnaî elle n'était très-probablement que la porte
tre, au sud du plateau qui servit d'assiette au actuelle de Sion, Bab-en-Naby-Daoud, nom
temple; celles-ci, en effet, sont une partie mée aussi Bab-Scahioun. Ce nom de Scahioun
intégrante de la plus ancienne enceinte mili ne nous a-t-il pas conservé le nom donné
taire dont fut munie la capitale du royaume par Josèphe (tiv 'E7anvóv Tû)nv)? En vérité,
de Juda. Il ne faut pas § non plus, que je le crois, et il me paraît plus naturel de
Je me sers de l'expression salomonienne, par chercher le nom corrompu des Esséniens,
pure abréviation, et pour indiquer la cons dans le nom actuel de la porte Bab-Scahioun,
truction qui † incontestablement, que celui du mont Sion, qui pouvait tout
suivant moi, à la dynastie de David, c'est-à- aussi bien s'appliquer à d'autres portes ou
dire qui est antérieure au sac de Jérusalem †s dans l'enceinte qui couronnait le mont
S10Il .
par les Assyriens, et à la destruction du
821 TEM DES ANTIQUITES BlBLlQUES. TSEM 822

· La fontaine de Siloë n'a'pas changé de niennes en très-bon état, et en retraite de


place, et la branche de l'enceinte moderne, cinq centimètres, les uns sur les autres. Là
qui fait face au sud, à partir du Bab-Cahioun, encore les pierres sont en bossage, c'est-à-
se dirige bien au-dessus de la fontaine de dire encadrées chacune par un cordon piqué,
Siloë. L'enceinte primitive s'infléchissait en d'une dizaine de centimètres de largeur;
suite vers l'orient, en passant à la piscine de † de ces pierres atteignent des
Salomon. Que peut être cette piscine de Sa imensions incroyables : ainsi l'une d'elles a
lomon? On n'en sait rien. On voit à la fon une longueur de neuf mètres cinquante-cinq
taine même de Siloë une citerne assez vaste centimètres, sur plus de un mètre de hauteur.
qui, dans le plan de Schultz, porte le nom Qui sait de combien elle pénètre dans la
d'étangde Salomon ou du Roi; mais il n'est pas maçonnerie ?
ossible, d'après le texte de Josèphe, que la A douze mètres en arrière de l'angle sud
ontaine de Siloë et la piscine de Salomon Ouest, on voit trois rangs de voussoirs
ne soient pas deux choses très-distinctes ; magnifiques qui ont évidemment appartenu
il faut donc, de toute nécessité, chercher à l'arche d'un pont qui traversait le petit
ailleurs l'étang de Salomon; or, comme il vallon au fond duquel on se trouve alors, et
existe, en communication avec la piscine de qui n'est, sans aucune espèce de doute, que
Siloë, par un aqueduc souterrain, une belle le Tyropœon, ou vallée des Fromagers. La
source nommée source de la Vierge, il serait largeur du pont est de quinze mètres cin
possible que cette source fût un des deux en quante centimètres. Un voussoir manque
droits signalés par Josèphe. D'un autre côté, à l'assise supérieure, et il est remplacé par
le plan de Schultz mentionne une vieille ci de la maçonnerie en petit appareil, se reliant
terne qui se trouve au nord-est de Siloë, et à celle du mur contre lequel est appliqué le
je préfère voir dans celle-ci la citerne de pont, et qui est tout à fait analogue. Toute
Salomon (Eo)ogövo; xo)up6f0pa). Le mur pri cette partie de la muraille, bâtie au-dessus
mitif d'enceinte pouvait parfaitement passer de ce qui reste du pont, est donc certaine
au-dessus ou à côté de cette piscine, qu'il ne ment moderne. Nous reviendrons tout à
pouvait atteindre qu'en s'infléchissant, ainsi l'heure sur les dimensions, faciles à calculer
que le dit Josèphe, vers l'orient. d'ailleurs, de cette belle arche salomo
Ophel était une sorte de faubourg placé, nienne. A gauche du pont, c'est - à - dire
de l'aveu de tout le monde, sur la pointe sud en se dirigeant au nord, la construction
du mont Moriah. Le tracé de la muraille à Salomonienne se montre sur une étendue de
dix-neuf mètres quatre-vingts centimètres ;
partir de là n'est plus donné par Josèphe ;
mais ce mur, se dirigeant vers une porte an
là est † un petit escalier à palier,
tique qu'aura remplacé le Bab-el-Morharibeh, qui monte à l'intérieur du Haram-ech-Cherif.
venait admirablement rejoindre le grand Au delà sont des maisons particulières en
saillant situé au sud d'El-Aksa, saillant qui retour, appliquées contre le mur de l'en
touche à Ophel en le dominant; à partir de ceinte primitive du temple, et qui commen
là, ainsi que je l'aidit, l'enceinte se continuait cent le pâté de constructions modernes
le long † faces sud et est du Haram-ech masquant cette enceinte, jusqu'au Heith-el
Cherif. Tel est, en définitive, le tracé que Morharby, que j'ai suffisamment décrit en
j'admets, en rejetant formellement le tracé commençant mon étude de l'enceinte du
Haram.
proposé par Schultz, tracé qui, militairement La voûte, en arc de cercle, commence au
parlant, ne me paraît pas admissible. Ce tracé dessus d'une assise de gros blocs salomoniens,
d'ailleurs a pour moi le grave inconvénient
d'entourer Ophel, que le texte de # en saillie de quarante-cinq centimètres sur la
(xal ôiijxov péxpt X6poo ttvb, 5v xa)oöaty . '0 ?)àv) face du mur. Ce qui reste de l'intrados de la
ne paraît pas du tout placer à l'intérieur de voûte a une hauteur verticale de quatre mè
la muraille. tres, jusqu'à la naissance du joint normal à la
surface de l'intrados. Cette même naissanee
Revenons maintenant à l'enceinte actuelle du joint est en saillie de un mètre cinquante
du temple. Pour la retrouver il faut rentrer centimètres sur la surface extérieure du mur
dans Jérusalem par le Bab-el-Morharibeh, d'enceinte, à laquelle la partie inférieure de
gagner la place où sont établies les huttes des la courbe génératrice de la voûte est à peu
lépreux, et descendre, à travers les cactus près tangente. Ayant déterminé la corde du
ui couvrent l'escarpement oriental du Sion, voussoir inférieur et la corde de l'ensemble
§ le fond d'un petit vallon semblablement des deux voussoirs supérieurs, rien n'est plus
couvert de cactus, et sur le bord opposé du aisé que de trouver le centre, le rayon, et par
†º se trouve l'angle sud-ouest de l'enceinte suite, le diamètre de la voûte. Le rayon du
du temple. Cet angle est de construction cercle est de huit mètres trente-cinq centi
salomonienne, et il est facile de voir, par
dessus le mur de clôture du jardin d'El-Aksa,
mètres, et le centre est placé à †:
cinq centimètres au-dessous du plan dans le
mur qui est fort bas en ce point, que la face quel se trouve la saillie que recoupe l'arête
sud † l'enceinte du temple est, aussi loin inférieure de la voûte. L'arc générateur n'est
qu'on peut l'apercevoir, de construction sa donc pas une demi-circonférence entière, et
lomonienne. Occupons-nous de ce que l'on le pont avait à peine seize mètres soixante-dix
voit alors de la face ouest de cette enceinte centimètres d'ouverture. Par suite la flèche
antique. de la voûte avait sept mètres cinquante cen
L'angle même est formé d'assises salomo timètres au-dessus du plan de naissance. Il
823 TEM DiCTIONNAIRE TEM 824
n'y a rien là d'exorbitant, et, avec un tablier tration, qui était devenue intolérable pour la
d'un mètre seulement d'épaisseur, le chemin nation juive. A cette occasion, Agrippa fit un
desservi par ce pont devait aboutir, sans ram discours devant le peuple réuni au Xystus,
pe aucune, sur le plateau opposé, plateau qui, afin de le détourner de déclarer la guerre aux
même avec les remblais qui l'encombrent, Romains.Voici comment la chose est racontée
n'est guère aujourd'hui que de vingt-cinq par Josèphe # Jud., II, xvI, 3) : « Le peu
pieds au-dessus du fond du Tyropœon. ple ayant été convoqué au Xystus, Agrippa,
Je n'hésite pas à dire que si les dimensions
après avoir fait placer sa sœur, Bérénice, dans
d'un pareil pônt sont imposantes et dénotent un lieu en vue de l'assemblée, sur le palais
des connaissances architectoniques fort dé des Asmonéens (ce palais, qui dominait le
veloppées, elles n'ont absolument rien qui Xystus, était situé à l'extrémité même de la
puisse faire révoquer en doute l'existence ville haute, et un pont joignait le temple au
d'un pont qui, probablement, avait deux ar Xystus), s'exprima en ces termes. »
ches,† en ce point, le plateau du Plus loin (Bell. Jud., VI, vI, 2), nous lisons
Moriah ou du temple, au plateau du Sion.Je
fle † donc admettre l'hypothèse du savant encore, à propos du siége de Titus : « Il (Titus)
s'arrêta à l'occident de l'enceinte extérieure
Williams, qui regarde cette arche ruinée com du temple. Là étaient des portes donnant sur
me l'amorce d'une des voûtes qui se voient le Xystus, et un pont qui joignait la ville haute
dans les substructions de la mosquée d'El au temple : ce pont était alors placé entre les
Aksa. Ces voûtes, en effet, sont nécessairement tyrans et César. » (Kal Yéçup2 auvārttouaa tip
à l'intérieur du Haram, et celle dont il s'agit lepq chv ävto tóatv, aütn vóts péan ttov tupávvow
s'ouvre à l'extérieur, en s'appliquant sur le # xa\ to5 K2taapoç.) -- -

mur même qui servait d'enceinte, dès l'épo Plus loin encore : « La troupe des auxiliai
# de Salomon et des rois de sa dynas
16.
res et tout le reste était placé vers le Xystus,
et, à partir de là, vers le pont et la tour de
Voyons maintenant ce qu'était ce pont, et Simon, tour que ce chef avait fait construire,
comment il en est question dans les écrits de endant qu'il faisait la guerre à Jean, pour
l'illustre historien des Juifs. Celui-ci ne nous ui servir de place d'armes. » (Bell. Jud.,VI,
ayant donné, avec détails suffisants, que la vIII, 1.) On se rappelle que Simon était à l'ex
description du temple d'Hérode, en négli térieur du temple (Bell. Jud., IV, Ix, 12), et
† de décrire tous les autres monuments Jean, avec ses partisans, à l'intérieur. Celui
e la cité sainte, monuments qu'il se contente ci fit construire quatre tours élevées, pour ré
de mentionner en passant, quand son récit sister mieux à son ennemi, l'une à l'angle
l'exige, il n'y a rien d'étonnant à ce qu'il ne nord-est de l'enceinte du temple, l'autre do
se soit pas appesanti sur les détails de la struc minant le Xystus, la troisième à l'autre angle
ture d'un pont, que connaissaient parfaite dominant la ville basse (c'est-à-dire à l'angle
iment tous ceux pour lesquels il écrivait. Jo nord-ouest), et enfin, la quatrième sur le som
sèphe parle à plusieurs reprises du pont qui met des Pastophories (162). Ce fut alors que
joignait le plateau du temple au Xystus. Le Simon, pour éviter d'être dominé de † haut,
Xystus était une sorte de forum, ou de place ar la tour que Jean fit placer probablement
publique, où se tenaient les assemblées du l'entrée du pont, construisit, de son côté,
† ; au nord du Xystus était établi le pa et vers l'autre extrémité, la tour que Josèphe
ais des Asmonéens. Voici, maintenant, les appelle Tour de Simon.
différents passages du livre de Josèphe dans J'ai réuni tous les passages où il est ques
lesquels il est question du pont qui réunissait tion du pont qui joignait le temple au Xystus, |
•e Xystus au temple. Pendant le siége de Pom et il n'en est pas un seul qui ne s'accorde
pée, les partisans d'Aristobule se réfugièrent parfaitement avec la position de l'arche rui
dans le temple, décidés à s'y défendre jusqu'à née dans laquelle le révérend Robinson a eu,
la dernière extrémité, et ils coupèrent, avant le premier, le mérite de reconnaître le pont
de s'enfermer, le pont qui reliait le temple à mentionné par Josèphe. Pour moi, ce pont
la ville. (Ka\ vhv ouvártvooaav à7:' aôto5 # Ttô)et est de la plus haute antiquité, et, quoi qu'en
Yépupav àTtoxópavteç. Bell. Jud., I, vII, 2.) Le puissent dire les architectes, je me crois en
même fait est raconté dans un autre passage droit d'affirmer qu'il est bien de l'époque des
(Ant. Jud., XI, v, Iv, 3) : « Ceux-ci s'emparé rois de Juda, et, peut-être même, du temps
lent du temple, et coupèrent le pont qui con de Salomon. (I Rois, xI, 27.) -

duisait du temple à la ville. » (Ka\ thv tsivo»cav Cette opinion reporte un peu haut l'emploi
àTt'aûtoÙ yépupav elç thv Trô)tv Exolav.) Le même de la voûte, eu égard à l'idée généralement
paragraphe contient encore le passage sui adoptée, faute de faits contraires bien cons
Vant : « Car la partie du temple qui regardait tatés, que l'usage de la voûte est postérieur,
la Ville était inaccessible, maintenant qu'on de plusieurs siècles, à l'époque que le pont
avait coupé le pont qui communiquait avec la salomonien de Jérusalem lui assigne. Une
pºrtie occupée par Pompée. » ('Areppºyet Yàg fois de plus les théories conçues au fond
*#t tà Trpbç TtôXtv, tñ5.Yep#pa; àvatstpagigéºrn5 èç' d'un cabinet d'étude auront reçu un dé
oº âtiire IIogthtoç. Ibid.) menti : il n'y a rien là qui doive nous éton
Sous le règne de Néron, Gessius Florus ner.Au reste, j'ajouterai, pour épargner un
tºyant été nommé procurateur de la Judée, ennui à ceux qui seraient tentés de s'inscrire
les plaintes s'élevèrent contre son adminis en faux contre ce fait architectural incontes
(!º*) rxèp ºhv xopºphv tôv II237oçopio» : c'était certainement une partie du temple.

7
825 - TEM DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. THE 826
table, qu'une magnifique voûte,. de douze dues à un travail de gravure, analogue à celui
mètres de hauteur sous clef, a été retrouvée de la gravure au touret. Ce morceau provient
tout récemment par mon ami, M. V. Place, très-probablement aussi du temple de Salo
dans ses merveilleuses fouilles de Ninive. Il II]0Il.
faudra bien, pour celle-là, qu'on lui attribue THERPHALÉENS. — Peuples mentionnés
à tout le moins six cent vingt-cinq ans d'an dans le Livre d'Esdras (Iv, 9).
tériorité à l'ère chrétienne, puisque l'an 625 THABOR, DABERoTH.—On trouve au pied du
avant Jésus-Christ est la date de la destruction Thabor le village de Dabourieh, auquel il faut
de Ninive. probablement assimiler la ville de Thabor
Il ne m'a pas été possible de reconnaître ou de Daberoth de la tribu d'Issakhar, que
le point où cessent de se montrer les cons nous trouvons citée dans Josué (xIx, 12) et
tructions salomoniennes de l'enceinte du dans les Chroniques (I, vI, 77); elle est nommée
temple, au delà du Heit-el-Morharby; les Aa6ttpºv dans la version grecque, et saint Jé
construction particulières et celles bazar
s du rôme l'appelle Dabeira. voit n'y a pas
encombrent les approches de cette enceinte, bien loin de toutes cesOnleçonsqu'il
au nom mo
et l'on ne pourrait que très-difficilement avoir derne Dabourieh.
une idée précise de la nature de celle-ci. Une ville fut bâtie sur le Thabor lui
Il ne me reste plus, pour avoir fini avec même; mais cette ville n'est pas de l'époque
l'enceinte du temple de Salomon, qu'à men hébraïque. Elle date de l'époque chrétienne.
tionner un précieux passage de Josèphe, qui Une église et un monastère dônt on voit en
concerne cette enceinte en général.A propos core les ruines furent construits sur cette
du siége de Pompée, il est question du tem montagne célèbre. Il faut remarquer que la
ple dans les termes suivants : ..... itpòw, )10ivº» transfiguration du Sauveur, qui eut lieu sur
•rse16@º xxprspöç r2vv rsretxta uivov,..... le tem une montagne, n'est pas précisée dans les
ple, très-fortement couvert par une enceinte évangélistes comme ayant eu lieu sur le Tha
de pierre. (Ant. Jud., XIV, Iv, 1.) C'est de bor. Mais c'est une constante tradition. Il y a
cette enceinte antique que je viens de si eu une Thabor dans la tribu de Zabulon; elle
† les parties qui ont échappé à toutes fut donnée aux Lévites.
es catastrophes dont Jérusalem fut # THACASIN,AATAH-KESIN.—-Ville de Zabulon.
(Josué, xIx, 13.)
avant la venue de Pompée. Le règne d'Hé •º,
rode le Grand et la reconstruction du temple THAHATH. -- Vingt-troisième eampement
sont postérieurs à la prise de Jérusalem par
Pompée : la très-forte enceinte du temple, à
# e dans le désert. (Nomb. xxxIII,
laquelle le passage de Josèphe fait allusion, THALASSA. — Ville de Crète, mentionnée
ne peut donc être considérée comme l'œuvre dans les Actes (xxvII, 8).
d'Hérode le Grand, et elle lui est très-cer THALASSAR, TEL-SER. — Ville de Syrie,
tainement bien antérieure.
mentionnée dans Isaïe (xxxvII, 12). "
Tous les escarpements qui sont au pied des THAMAR, TAMER. — On pense que cette
murs oriental et occidental du Haram sOnt
Thamar, mentionnée par Ezéchiel, est la Pal
aujourd'hui recouverts d'une épaisse couche myre du désert. (Ezech. xLvII, 19.)
de renmblais, dans laquelle fourmillent , les THAMNAT-SARE, TAMNAT-SARAH. — Ville
débris de toute nature, et les médaillesjuives dans les montagnes d'Ephraïm, qui fut le do
et romaines. Parmi ces débris, se mOntrent, maine héréditaire de Josué, et où il fut ense
en quantité, les fragments de marbres pré veli. On déposa dans son tombeau les cou
cieux et les gros cubes de mosaïque gros teaux de silex avec lesquels il avait circoncis
sière, noire, blanche et rouge. Ceux-ci se re les Israélites nés dans le désert. (Josué, xIx,
trouvent en plus grand nombre au fond de 50; xxIv, 30.)
la vallée de Josaphat et dans le lit du Ké THANAC, THENACH, TAANEK. — Ville de
dron. Les fragments de mosaïque apparte la demi-tribu de Manassé. Eusèbe la place à
naient incontestablement au temple de Salo quatre milles de Legio.(Josué, xx1, 25.
mon, temple dont les portiques étaient sans
doute garnis de ce genre de pavé.Voici com
#NAnselo-ville d'Ephraïm. d•.
XVI, b.
ment je m'en suis assuré : j'avais ramassé, THAPSA, TIPsACH,TEFsAH.—Ville mention
devant Mohammed, une assez grande quan née dans le I" Livre des Rois (1v, 24).
tité de ces cubes, et après les lui avoir bien THARE, TARACK.-Vingt-quatrième station
fait reconnaître, je l'envoyai dans l'intérieur des Israélites dans le désert.(Nomb.xxxIII, 27.)
du Haram-ech-Cherif, pour voir s'il y trou THARELA, TERALA. — Ville de Benjamin.
verait des cubes semblables. Moins d'une
heure après, il m'en rapportait une énorme (Josué, xvIII, 27.)
THEBATH. — Ville royale d'Adarezer. (1
† ramassée sur le plateau même du Chron. xvIII. 8.)
Moriah. Ils n'ont pu être apportés là d'ail #rsº-vie
leurs, puisque ailleurs on ne les retrouve pas. de Manassé. (Juges,
IX, Z0.
Ils n'appartiennent pas à une mosaïque du
temps d'Hérode, et éncore bien moins à une THECUE, TEcoUA. — Ville et désert de
mosaïque romaine; il faut donc, vu leur abon Juda. La ville fut construite par Roboam. (11
dance, les faire remonter au temple de Salo Chron. xI, 6.)
mon. Parmi ces débris, j'ai rencontré, en THELMALA, TELL-MALEH.—Ville de Baby
outre, un beau fragment de cristal de roche, lonie d'où revinrent les Israélites après la cap
sur lequel paraissent des entailles régulières, tivité. ( Esdras, 11, 59.)
4t , sº *

•• !
B27 TIB DlCTlONNAIRE TIB 828
t -1
THEMAN, THAMNA, TEMA. — Ville d'Idu blement chaud, et ressemble fort à une
mée. (Job, vI, 19.) étuve.
- THEMNAS, THEMNA, TAMNATAH. — Ville sur
les frontières de Dan, d'Ephraïm et de Juda,
Nous avons d'abord réussi à nous introduire
sous de grandes voûtes du moyenâge, et †
fréquentée par Samson. # xIv, 1.) semblent avoir appartenu à quelque édifice
THERSA,TERSHA.—Ville ancienne des Ké religieux du temps des croisades.Elle sont tout
nâanéens, qui tomba en partage à Manassé. à fait sur la rive, et ne servent aujourd'hui
Elle fut la capitale du royaume séparé d'Israël e de réceptacle d'immondices. Il va sans
#º construction de Samarie. (I Rois,
XVI, 23.
ire que les Juifs du voisinage, tout surpris
de nous voir entrer dans un pareil cloaque,
THESBA, TESBHA. — Patrie du prophète viennent se régaler de notre vue, et, reneon
Elie, ville de la tribu de Gad. (1 Rois, xviI, 1.) tre bizarre! parmi eux se trouve une femme
Josèphe l'appelle oaa63vm. d'Oran, quime demande, en arabe duMarhreb,
#oche . — Ville de Siméon. (I Chrcn.,
1v, 32.)
si nous sommes Français, Sur ma réponse
affirmative, elle commence une kyrielle de
THOGORMA, ToUDJERMAH. — Famille citée bénédictions cordiales à notre endroit. Les
par Ezéchiel,et qui, très-probablement, est in Français sont les libérateurs de ma race, n0us
diquée à tort commeun nom de ville (xxvII,14). dit-elle, et Dieu doit les bénir. Pourtant, cette
THOLAD , TAoULED. — Ville de Siméon bonne femme, en dépit du bonheur de vivre
(I Chron. Iv, 29.) en Afrique, auprès des libérateurs de sa race,
THOPHEL, TAFEL.—Localité dans la Moabi a suivi son mari à Thabarieh, où ils sont ve
tide, où Moïse parla au peuple. (Deut. I, 1.) nus, avec tous leurs coreligionnaires, atten
THOPO. — Ville mentionnée dans les Ma dre la venue du Messie, et mourir en l'atten
chabées. (Ix, 50.) dant.
TIBERIADE. — J'ai visité avec le plus vif En sortant de là, nous avons traversé ce
intérêt Tibériade et son magnifique lac. Voici que l'on appelle le Bazar. Ce nom implique
le résultat de mes observations consignées une excellente plaisanterie; car ce bazar Se
dans mon Voyage : compose de trois ou quatre baraques, dont
Le matin (1" mars) nous étions sur pied l'uné est une boucherie, et les autres , des
de très-bonne heure, et après un premier re boutiques inqualifiables , vu que l'on a bien
gard d'admiration, jeté par notre fenêtre à l'air de n'y rien vendre du toût. Devant les
ce magnifique lac de Gennezareth, nous magasins de ce bazar, sont des appentis de
nous sommes empressés d'aller faire une branchages, soutenus par des fûts de colonne
promenade sur l'emplacement de la Tibériade empruntés aux ruines de l'antique Tibériade,
antique. Pour cela faire, il nous a fallu tra et, sous ces appentis, trois ou quatre Turcs
Verser toute la Tibériade moderne. C'est bien Ou Arabes § sont accroupis sur
tôt fini; deux ou trois minutes, au plus, nous le pavé et fument silencieusement leur tchi
conduisent à la porte de la ville, et cette porte bouk. Notre passage ne réussit pas à les tirer
n'est pas une des choses les moins curieuses de leur apathie, et ils trouvent infiniment
que l'on puisse voir ici. Depuis le jour où le plus de charme à contempler leur fumée qui
tremblement de terre a disloqué la ville en tourbillonne, qu'à regarder nos figures hé
tière, les battants de bois de cette porte se téroclites Nous le comprenons à mer
sont trouvés encastrés dans un tas de décom veille, , et nous continuons notre chemin
bres, provenant de la muraille dans laquelle sans faire plus d'attention à eux qu'ils n'en
elle était percée, de sorte qu'elle reste à moi font à nous-mêmes.
tié fermée, quand elle devrait l'être tout à Nous voici hors de l'enceinte de Thaba
fait. Il est vrai que personne ne s'en soucie, rieh. Pas un nuage au ciel l Partout sur la
et que les choses seront en cet état, tant que terre la plus riante parure d'herbes et de
le bois qui compose la porte n'aura pas été fleurs; partout sur l'eau, qui reflète l'éclat
usé par le temps. du ciel, des bandes d'oiseaux aquatiques qul
Il faut faire un effort réel pour se croire volent, plongent et se jouent : devant nºus
sur les bords du lac de Gennezareth. Ici, plus les ruines de la Tibériade d'Hérode, ruines
de figures voilées, mais de vraies figures de aujourd'hui à fleur de terre, et sur lesquelles
femmes, habillées comme des femmes juives la charrue passe chaque année, contournant
d'Allemagne et de Lorraine; puis des hom les innombrables tronçons de colonnes qul
Ines, dont la plupart ont conservé, sinon tout s'élèvent au-dessus des champs. Au point ou
le costume européen, du moins le chapeau elles s'arrêtent, deux ou trois bâtiments dé
rond, que l'on est fort étonné de voir trans labrés, ruines d'hier, bâtis par Ibrahim-Pacha
planté en † lieu. Beaucoup de ces hom sur les admirables sources thermales d'Em
mes ont bien la grande houppelande des maüs. A l'horizon, la vallée verdoyante du
Juifs syriens; mais comme celle-ci est iden Jourdain, bornée à l'occident par les mon
tique avec la houppelande des Juifs polonais tagnes de Judée, à l'orient par celles du
et allemands, et que d'ailleurs ils ont ou le pays des Ammonites. Enfin, de l'autre côté
chapeau rond, ou le bonnet de fourrure, l'il du lac, les belles et riches montagnes du
lusion n'est pas détruite, et il faut recevoir sur Haouran. Si nous tournons vers le nord, âu
la tête, pendant cinq minutes, les rayons delà de Thabarieh, le hameau de Medjdel, et
d'un soleil effréné, pour qu'on soit rappelé à les coteaux qui bordent le lac au-dessus de
la réalité. A Thabarieh, on est au bord de Gennezareth et de Capharnaüm, premiers
l'eau, c'est vrai; mais ce rivage-là est terri contre-forts de la chaîne que nous aurons a
829 TIB DES ANTIQUITES BlBLIQUES. TIB 850

gravir pour atteindre Safed. De quelque côté nière la plus précise. Nous lisons dans son
que l'on se tourne, on voit la terre qu'a foulée livre (Ant. Jud., lV, I, 3), à propos de la fon
le pied de Jésus-Christ et cehui de ses disci dation de Tibériade, que le tétrarque Hérode
les chéris, l'eau sur kaquelle ils ont navigué. (qui était lié d'une étroite amitié avec Tibère)
§ cela inondé de la lumière la plus splen bâtit une ville dans la plus belle partie de la
dide ! Que l'on parcoure l'univers entier, je Galilée, sur le lac de Gennezareth, et lui don
défie que l'on trouve un panorama qui # na le nom de Tibériade. Il ajoute que des
celui-là.On se sent ravi, pénétré, et l'on con thermes, nommés Emmaüs, " touchent à la
temple avec une émotion bien vive, je le dé même ville, 8e pgà ôè oûx ārttoôev Evsattv tv
clare, cette belle œuvre de Dieu, ce coin de xºum 'Ep.gaoÙç 5voua aÙt#. Ce nom d'Emmaüs
terre privilégié, où le Messie a laissé, à cha (ou d'Ammaüs, car Josèphe l'écrit des deux
que pas, un souvenir de son passage. manières), nous est expliqué par lui dans son
Nous avançons, en suivant le chemin qui second passage (Bell. Jud., IV, 1, 3), où il
Tonge le bord du lac et qui conduit de Tha nous apprend que Vespasien, ayant quitté le
barieh à El-Hammam (les Bains). Sur cette camp qu'il avait établi à Ammaüs, devant
route, passent incessamment des hommes et Tibériade, se rendit à Gamala. A ce propos,
des femmes qui vont aux bains ou qui en re Josèphe dit entre parenthèses « que le nom
viennent. A droite de la route, jusqu'aux d'Ammaüs, si l'on veut l'interpréter, signifie
coteaux qui forment la base de la montagne caux chaudes. Là en effet se trouve une sour- .
sur laquelle est bâtie Thabarieh, s'étendent ce d'eau chaude très-salutaire pour la gué
des champs cultivés, jonchés de fûts de co rison des maladies (ge0=punveuop évn 3è 'Appoaö;
lonne couchés ou debout.Dans le flanc même 0:guá Xéyott' àv, Éatt Yàp èv aÙtſ TtnYh 0e pgöv
de la hauteur se montrent quelques rares ex Jôättov Ttpbç ãxea v èTtttfòeto;). » -

cavations sépulcrales. A gauche sont quel Vespasien avait choisice point poury asseoir
ques énormes massifs carrés de maçonnerie son camp, parce qu'après être entré sans coup
d'apparence romaine, qui avancent de quel férir à Tibériade, il lui fallait encore réduire
ques mètres dans le lac. De quel édifice ont Taricheae, placée vers la pointe sud du lac,
ils fait partie ? ll serait bien difficile de le et derrière les murs de laquelle les Juifs s'é-
dire aujourd'hui; peut-être sont-ce des mô taient retirés. Déjà Irby et Mangles avaient
les d'un petit port où venaient se réfugier remarqué, au nord dessources d'El-Hammam,
et s'amarrer les barques ; peut-être encore des coupures très-distinctes qui relient le lac
se reliaient-ils à un palais dont quelques pa à la montagne qui le domine, et ils avaient
villons étaient ainsi jetés en avant, pour de Supposé que c'étaient les fossés du camp de
mander un peu de fraîcheur aux belles eaux Vespasien. J'ai moi-même parfaitement re
transparentes dulac. Ce que je leur demande, marqué ces coupures, qui sont indubitable
moi, ce matin, ce sont de charmantes coquil ment les retranchements du eamp de Vespa
les fluviatiles, accrochées sous l'eau au flanc sien. Josèphe raconte que les Juifs de Ta
des pierres, et dont je faisample provision. richeae, conduits par leur chefIèsous, vinrent
A voir l'immense quantité de ces | coquilles se ruer sur ce camp, au moment même oùles
à l'apparence marine, mortes et roulées par soldats romains en construisaient l'enceinte,
le flot, former un épais cordon qui ourle la et qu'ils réussirent non-seulement à chasser
grève, on se croirait au bord de la mrer. Il les travailleurs, mais encore à détruire une
1aut, en vérité, goûter l'eau du lac, et se partie de l'ouvrage déjà fait. (Bell. Jud., III,
convaincre ainsi qu'elle est douce, pour ne x, 1.) Bientôt les Romains se rallièrent, fon
pas se laisser aller à l'illusion. dirent à leur tour sur les assaillants, qu'ils
Le lendemain (2 mars) nous sommes allés culbutèrentet mirent en déroute. Ils les pour
visiter la partie du Jourdain du lac de Tibé suivirent l'épée dans les reins jusqu'aux bar
riade. Le temps est aussi beau qu'hier, et pro ques qui étaient prêtes à recevoir les fuyards.
met déjà d'être aussi chaud. Cependant, quel Poussant alors au large, mais restant à portée
ques nuages errent au ciel; peut-être donc de trait, les Juifs, dit assez plaisamment J )-
le soleil nous laissera-t-il, par-ci par-là, quel sèphe, engagèrent un combat naval avec des
ques moments de répit. Nous avons pris ennemis placés sur terre.
exactement le même chemin qu'hier matin Peu de temps après que les fossés du camp
nous avions pris; serrant donc de très-près de Vespasien sont dépassés, on , commence
la rive du lac en longeant les ruines de Ti à rencontrer des ruines très-considérables de
bériade, nous sommes arrivés, au bout d'une construction en blocs de lave, non équarris
demi-heure, en face des bâtiments des eaux comme ils le sont dans celles de Tibériade ;
thermales d'El-Hammam. Je les avais bien ce ne sont que des arasements, mais parfai
jugés de loin ; ce sont de vraies masures tement distincts et reconnaissables. On y re
croulantes et qui font peine à voir. La source, trouve des enceintes, des allées de pierres,
extrêmement chaude, qui alimente ces bains, des murs de soutènement et des bases de
s'écoule dans le lac par deux ou trois rigo tours rondes qui dominaient le lac. Le long
les tapissées d'une croûte de sédiment, blan de celui-ci paraît encore sur une assez grande
châtre dans l'une, et verdâtre dans une étendue un mur de quai. Il n'est pas possible,
dutTe. je crois, de se tromper sur le nom de cette
Dès la plus haute antiquité, cette source a ville antique : c'est Taricheae, sur laquelle je
joui d'une grande réputation, qui, du reste, vais revenir tout à l'heure.
paraît méritée. Pline en fait mention; mais · Ces ruines intéressantes se montrent pen
c'est surtout Josèphe qui en parle de la ma dant près d'une demi-heure, puis elles ces
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- º .

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851 TIB DlCTI0NNAIRE TIB 852
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sent dc paraître pendant dix minutes de la Syrie, espérant les surprendre sans défen
chemin, pour se rencontrer encore, sur une se, Medaba (ville de la rive orientale du Jour
beaucoup moins grande étendue. Cette in dain) résista pendant six mois, et après la ré
terruption, d'au moinsun kilomètre, doit-elle duction de cette ville, ce fut le tour de Sa
être regardée comme nécessitant en ce point mega, ou Samaea, et des lieux environnants,
la présence de deux villes détruites? Je ne † vint le tour de Sichem et du Garizim.
sais. Peut-être la plus éloignée au sud est our venir de Medaba à Sichem, Hyrcan de
elle la ville primitive, qui se sera rappro vait aller passer le Jourdain au point où sont
chée postérieurement d'El-Hammam et du les ruines du pont connu sous le nom de
site de Tibériade. Du reste il ne serait pas Djesr-Omm-el-Kenatir, c'est-à-dire à un quart
impossible, à la rigueur, que les traces de la de lieue du point où le Jourdain sort du lac
portion de la ville qui aurait occupé cet in de Gennezareth. Notre Samrah est donc con
tervalle d'un kilomêtre, resté vide aujour venablement placée pour représenter la Sa
d'hui, eussent disparu, bien qu'il paraisse mega de Josèphe.
au moins étrange que, sur toute cette éten A la pointe nord de la grande jetée qui sert
due de terrain, il n'y ait plus un seul bloc de digue à la sortie du Jourdain, se trouve un
de lave. grand mamelon couvert de décombres et cri
Saïd, interrogé par moi sur le nom de la blé de citernes. Un second mamelon, plus
ville dont nous traversions les ruines, m'a ré - petit et couvert également de ruines, est au
pondu : Kedes. J'avoue que , j'ignore com nord du premier, avec lequel le relie une je
plétement d'où peut provenir cette déno tée que recouvrent aussi des décombres. Ces
mination, que # trouve déjà inscrite sur la
belle carte de Zimmermann.
ruinès sont évidemment modernes, et repré
sentent un pauvre village arabe qui a, comme
Au delà des ruines placées au sud de Ta tant d'autres, disparu depuis un petit nombre
richeœ, la montagne s'écarte rapidement de d'années ;il se nommait, et ses restes se n0m
la côte, et là commence véritablement le ment encore, El-Karak. On a pensé qu'on
Rhôr, c'est-à-dire la plaine humide du Jour pouvait retrouver dans cette dénomination
dain. On marche encore une bonne demi une trace du nom antique de Taricheœ. J'en
heure, et l'on se trouve alors à la pointe demeure d'accord. Mais on a voulu identifier
sud d'une petite vallée marécageuse, qui le site d'El-Karak avec celui de Taricheº, et
semble n'être qu'une véritable laisse du Jour ici je ne puis plus être aussi coulant. C'est
dain dominée à l'ouest par le flanc des pre tout simplement impossible, et je vais tout à
mières pentes de la montagne, et à l'est par l'heure le démontrer de façon à ne pas lais
un énorme massif très-élevé, et qui forme ser, je crois, de place à la réplique.Commeº
comme une sorte de jetée immense, cons † par dire quelques mots de
aricheae.
l'histoire de
truite pour contenir les eaux du lac au point -

même où le Jourdain s'en échappe. La régu Cette ville était située à trente stades de Ti
larité de construction de ce massif est telle, bériade (t l; Txetxxixs, rã; Ti6tpiaôoç àrtzººººº
que j'ai grand'peine à croire que ce ne soit grāôta rpixxovra, Vit. Jos., 32).Voici commelº
as une colline artificielle, due à la main de Josèphe décrit le site de Taricheae, dont il
'homme. écrit le nom indifféremment Tapuzaiat etTºº
Le Jourdain, au point où il sort du lac de zizi. Cette ville, dit-il, est située, comme Ti
Gennezareth, point qui se trouve placé laté f§ au pied d'une montagne, et muniº
ralement et un peu en deçà de l'extrémité sud d'une fortemuraille d'enceinte, mais non au$l
du lac, se retourne brusquement à l'ouest, en forte que celle de Tibériade (cette muraillº,
faisant un angle droit avec le grand axe du lac. c'est lui-même, Josèphe, qui l'avait fait con#
Il ne suit, du reste, cette direction que sur truire);toute la ville en était entourée, excepº
une longueur de deux à trois cents mètres, du côté où elle était baignée par les eaux !
après laquelle il se redresse brusquement au lac. (Bell. Jud., III, x, ſ) Il paraît probable
sud. C'est cette branche du Jourdain dirigée que la ville avait reçu son nom des salais0º
à l'ouest qui alimente d'eau le marécage que qui s'y fabriquaient, et qui étaient faites aveº
j'ai désigné tout à l'heure. les poissons pêchés dans le lac. -

A l'extrémité de la grande jetée est le point La première mention de Taricheae faite par
de débarquement des voyageurs, que le seul l'historien des Juifs est contenue au chapilfº
bac qui desserve les deux rives du Jourdain xIv de ses Antiquités Judaiques (VII.3)iºlº
amène de la rive orientale. Sur cette rive orien nous apprend que Cassius, s'étant réfugiéº
tale, à un kilomètre environ, à gauche du Syrie, s'en empara et en chassa les Parthº
oint de départ et d'arrivée du bac, on voit Il revint alors à Tyr, et marcha de là sur !
e village de Samakh, et plus loin encore, à Judée. Dans cette expédition, il se renditmº
gauche, des ruines très-apparentes, même de tre de Taricheae à la première attaque, etil !
si loin, et qui portent le nom de Kharbet fit trente mille captifs. Dans la première !
Samrah. Quelle est cette Samrah? Je serais née de son règne, Néron donna à Agrippauº
assez tenté de croire que c'est la ville dont partie de la Galilée, et entre autres Tibériaº
Hyrcan s'empara après avoir pris Medaba, et et Taricheae; et, de plus, Julias de la Pérº
que Josèphe appelle Samaea (zzuzix, Bell. Jud., avec quatorze bourgs qui en dépendaie!
I, II, 6) et Samega (zautyā, Ant. Jud., XIII, Ix, (Ant. Jud., Xx, vm 4) J'ai déjà dit tout !
1). Dans ce dernier passage, Josèphe nous ap i'heure que ce fut l'historien Josèphe qui !
prend que Hyrcan, dès qu'il connut la mort l'occasion de la venue des Romains en Gallº
d'Antiochus Eusèbes, marcha sur les villes de lée, mit Taricheae en état de défense, ººº
55 TIB DES ANTIQUITES BIBLIQUES. TIB 854

nombre d'autres places. (Bell.Jud., II, xx, 6.) en arrière d'un pareil chef, il fit irruption
Taricheae avait un hippodrome, nous l'ap dans Taricheœ, par la portion du rivage qui
renons par le récit éminemment curieux de n'était pas défendue par un mur de quai.
a sédition qui fut fomentée contre Josèphe, On comprend quelle terreur dut s'cmparer
par quelques jeunes gens du village de Dabe des Juifs à la vue de cet audacieux coup de
routh, (àrò Aafiapirtov xºuz, iv tº uºyä)º» rtôiº) main. Les uns s'enfuirent à travers champs, et
ui avaient dévalisé Ptolémée, procurateur beaucoup d'autres périrent en s'efforçant de
'Agrippa et de Bérénice, et qui avaient ap se réfugier sur leurs barques, ou de suivre à
orté le produit de leur vol à Taricheae, où la nage celles qui, chargées de monde, avaient
osèphe les en avait † Les mécon réussi à s'éloigner de la côte. Titus finit par
tents s'étaient rassemblés, dit Josèphe, au avoir pitié des habitants qui n'osaient se dé
nombre de cent mille (ioç ôixx pvpt&ôzs) dans fendre, et lorsque tous ceux †avaient pris
l'hippodrome situé près de Taricheae (i» r# part à l'action eurent été mis à mort, il don
»arà Tapixia; irroâpépº, Bell. Jud., II, xxI, 3 . na l'ordre de cesser le carnage. Ceux qui s'é-
Ceci implique évidemment une exagération taient † sur le lac, voyant la ville au
énorme. ouvoir de l'ennemi, s'enfuirent au large, et
Les Tarichéates,voulant passer dans 1e parti e plus loin possible des Romains.
d'Agrippa, en furent empêchés par Josèphe. Vespasien, informé aussitôt du succès de
(Vit. Jos., 32 et suiv.) Le jour même où ils cet incroyable fait d'armes, ordonna sur-le
vinrent attaquer le camp de Vespasien, près champ d'entourer la ville, et de mettre à
des thermes d'Emmaüs, ils furent, ainsi que mort quiconque essayerait d'en sortir. Le len
nous l'avons vu, repoussés par les soldats ro demain, il vint à Taricheae, et fit commencer
mains, jusque sur leurs barques. Au même aussitôt la construction de radeaux, à l'aide
moment, Titus attaquait, par l'ordre de son desquels il pût poursuivre et atteindre ceux
père, un rassemblement considérable qui s'é- ui avaient fui sur le lac. Dès que ces radeaux
tait formé dans la plaine voisine de la ville. urent prêts, ils furent lancés contre les Juifs,
Titus, bien que se voyant très-inférieur en qui essayèrent vainement de résister. Les Ro
nombre (il n'avait d'abord avec lui que six mains en firent un effroyable massacre, sur
cents cavaliers d'élite), allait charger, lorsque le lac d'abord, et ensuite sur la côte où ils
Trajan, amenant quatre cents autres cavaliers, avaient été rejetés, si bien que l'air fut long
vint renforcer sa troupe; d'un autre côté, temps empesté, sur les rives du lac, par les ca
Antonius Silo, à la tête de deux mille archers, davres en putréfaction. Avec ceux qui avaient
avait été envoyé par Vespasien, pour occuper péri à la prise de la ville, le nombre des morts
les hauteurs qui dominent la ville, et écarter à s'éleva à six mille cinq cents.
coups de flèches les défenseurs des murailles. Aussitôt le combat naval terminé, Vespasien
Les Romains, developpant alors un front de réunit un conseil de guerre à Taricheae même,
bataille égal à celui de l'ennemi, fondirent et on y discuta le sort à réserver aux vaincus.
sur lui en jetant de grands cris. Les Juifs es Les habitants de la ville une fois mis à part et
sayèrent de soutenir le premier choc, bien ardonnés, Vespasien fit semblant d'accorder
qu'ils fussent terrifiés par l'ordre parfait avec a vie sauve aux Juifs étrangers, mais il ne
lequel cette charge de cavalerie s'exécutait leur laissa que la liberté de s'en aller du côté
sur eux. Mais leur ligne fut bientôt rompue, de § Les soldats romains en gar
et tOut Ce † n'était pas blessé à coups deja daient le chemin, pour que personne ne pût
velots ou écrasé par les chevaux, s'enfuit en s'en écarter. Tous durent donc entrer à Tibé
désordre vers la ville. Titus, lancé à la pour riade, et ils y furent aussitôt enfermés. Ves
suite des fuyards, en fit un grand massacre. pasien les y suivit aussitôt, les fit tous amener
ll cherchait à leur couper la retraite, et à les au stade, et donna l'ordre de mettre immé
rejeter dans la plaine, sous les coups de ses diatement à mort les vieillards et les infirmes,
cavaliers; mais ils réussirent, par leur masse au nombre de douze cents. Les plus jeunes et
même, à se frayer un passage, et ils finirent les plus vigoureux, choisis au nombre de six
† se réfugier derrière les murailles de la mille, furent envoyés à Néron à l'Isthme, et
place. de la multitude de surplus, trente mille quatre
Presque tous étaient des Juifs étrangers à cents furent vendus. Un certain nombre fut
la ville, et lorsqu'ils y furent rentrés, les ha en outre réservé à Agrippa pour qu'il en fit à
bitants auxquels cette guerre, qui compromet son bon plaisir, et ce monarque les fit vendre.
tait leurs biens et leur vie, plaisait médiocre Il est difficile de ne pas croire qu'il y a beau
ment, et qui d'ailleurs venaient de voir périr coup d'exagération dans les chiffres que je
un grand nombre des leurs, cherchèrent à se viens de rapporter. (Bell.Jud., III,[x, 1-10.)
révolter contre ceux que les Romains avaient Du curieux récit dont j'ai donné l'analyse
mis en fuite; mais ceux-ci étaient en majorité; le plus succinctement qu'il m'a été possible,
une dissension tumultueuse s'éleva entre les il résulte, 1° que les murailles de Taricheae et
deux partis, et de grands cris se firent enten la ville elle-même étaient dominées par une
dre au-dessus des murailles. Titus alors, avec montagne ; 2° que la grève non garnie de mu
cette rapidité de vue et cette énergie qui font railles était de nature à permettre à Titus et à
les héros, comprit que le moment était op ses cavaliers d'entrer dans la ville, en faisant
portun pour se rendre maître de la place, et passer leurs chevaux par le lac. Ces deux faits
donnant l'exemple de l'audace, il lança son sont parfaitement exacts, en ce qui regarde
cheval dans le lac, tourna ainsi le rempart, et, les ruines qui se nomment Kedes, et qui sont
suivi de sa cavalerie qui ne voulut pas rester bien celles de Tarichea , ils deviennent for
835 ·l'|[3 DICTI0NNAlRE TIB 856

cément inadmissibles si l'on veut voir Tari d'El-Karak, c'est-à-dire à la tête septentrio
cheae dans les ruines du village très-proba nale de la digue, il y a une demi-heure de
blement moderne d'El-Karak. Celui-ci n'a chemin. Il y a donc, à très-peu près, de Tha
donc, comme je l'ai dit, pris que le nom de la barieh à la sortie du Jourdain, pour une heure
ville antique en l'estropiant, sans en prendre vingt minutes de chemin, en marchant bon
la Dlace. train, c'est-à-dire en faisant un peu plus d'un
ne fois installés au bord du Jourdain, nous kilomètre toutes les dix minutes. C'est donc
nous sommes dispersés pour faire la chasse environ neuf à dix kilomètres de distance.0n
aux insectes, aux coquilles fluviatiles et aux peut encore déduire de là les distances sui
plantes, et nous avons ramassé force mer vantes : il y a sept à huit kilomètres de la
veilles. Nos amis ont tué des mouettes qui se porte de Thabarieh à la,pointe sud de la ville
montrent en grande quantité à la sortie du en ruines, placée au delà de Taricheae; six
Jourdain ; mais, sans en être bien sûrs, nous kilomètres de Thabarieh à la pointe sud de
avons considéré ces oiseaux comme identi Taricheae, dont les traces ont à peu pres
ques avec nos mouettes des bords de l'Océan, deux kilomètres d'étendue; entin, trois kilo
et nous les avons laissés là. La tournure d'un †º,
VlIIG.
au plus, séparent El-Hammam de la
autre oiseau d'eau m'a beaucoup frappé dans
notre promenade : c'est une sorte de gros Maintenant que nous avons vu tout ce que
martin-pêcheur, tacheté de noir et de blanc, nous avions à voir à Thabarieh et au sud de
et qui porte une belle huppe sur la tête. cette ville, nous faisons nos préparatifs pour
Après quelques heures employées à explo en partir demain matin. Voyons maintenant
rer les environs du point curieux où nous ce que l'on sait de l'histoire de Tibériade.
nous étions installés pour déjeuner, il a fallu Josèphe nous apprend qu'une ville fut fon
songer à regagner Thabarieh. Au retour, nous dée par Hérode Antipas, le tétrarque, dans la
avons renouvelé toutes nos observations sur plus belle partie de la Galilée, au bord du lac
les ruines curieuses de Taricheae (163). de Gennezareth, et qu'elle reçut le nom de
En repassant auprès des bains d'El-Ham Tibériade, en l'honneur de Tibère, avec lequel
mam, on remarque, sur le flanc de la monta le tétrarque était lié d'amitié. Celui-ci eut
gne, en avant de l'établissement thermal, beaucoup de peine à créer une population
c'est-à-dire au sud, un petit édifice ruiné au pour sa nouvelle ville, et ce ne fut qu'en
milieu duquel paraissait debout un tronçon accordant des immunités à ceux qui l'habite
de colonne. Pour les Juifs de Thabarieh, cet raient, en leur construisant des maisons et en
édifice est le tombeau d'un prophète. Mais leur concédant des terrains, qu'il parvint à y
c'est là une tradition extravagante : l'édifice établir un ramassis d'étrangers, de gens dont
en question est d'une construction plus que la condition libre n'était pas suffisamment
médiocre, et qui trahit une très-faible anti établie, et de Galiléens qui y furent trans
quité. D'ailleurs, la prétendue colonne est plantés par force. La cause réelle de cette
composée de deux tambours de colonne, su répugnance était que des sépulcres avaient
perposés, il est vrai, mais de diamètres tout été détruits pour jeter les fondements de la
nouvelle ville, et que, par conséquent, d'après
différents. Ce tombeau, si c'en est un, ne vaut
donc pas trop la peine que l'on se dérange les lois judaïques, les habitants d'une ville
de son chemin pour le visiter. pareille étaient frappés d'une impureté de
J'ai vérifié, en revenant, que les excavationssept jours. (Ant. Jud., XVIlI, II, 3.) Nous
sépulcrales que j'avais aperçues de loin hier avons déjà dit plus haut, en parlant de Tari
matin sont au nombre de deux. Elles parais cheae, que Tibériade fut donnée par Néron à
sent difficiles à atteindre, et il faudrait une Agrippa le Jeune. (Ant. Jud., XX, vIII, 4)
course spéciale et assez longue pour aller les Cette ville est une de celles que Flavius Jose
étudier. Je suppose qu'elles sont analogues phe mit en état de défense, lorsque l'invasion
aux caves sépulcrales des nécropoles que romaine menaça la Galilée. (Bell. Jud., Il,
nous avons rencontrées déjà tant de fois. xx, 6.) Jean, fils de Lévi, natif de Giscala,
Toutes les ruines de la Tibériade antique ayant ameuté par envie le peuple contre
sont au sud de la Thabarieh du moyen âge ; Josèphe, celui-ci voulut haranguer les sédi
au nord, il † en a pas trace.Ainsi que je l'ai tieux réunis au stade. (Bell. Jud., II, xxI, 6)
déjà dit, les fûts de colonnes s'y montrent en Il y avait donc un stade à Tibériade, et ce
très-grande quantité, surtout au point que les stade était au bord du lac; car Josèphe, pen
Juifs appellent l'École talmudique. Sans au dant son allocution, se voyant sur le point
cun doute, des fouilles entreprises sur toute d'être assassiné par les émissaires de Jean,
l'étendue du terrain compris entre la ville sauta à bas d'un tertre de six pieds de haut,
actuelle et El-Hammam seraient on ne peut SUlI' † il s'était placé pour mieux se faire

plus productives; mais qui les entreprendra entendre, et se trouva sur le rivage. Par
jamais? hasard, une barque se trouvait à sa portée, il
Nous étions arrivés à la porte de Thabarieh s'y jeta avec deux soldats qui firent force de
à cinq heures précises. A quatre heures dix rames, et il se sauva au large. (Loc. cit.) .
minutes, nous touchions, en revenant du Il y avait à Tibériade un palais construit
Jourdain, aux ruines , de la première ville par Hérode le tétrarque : ce palais était, mal
placée au sud de Taricheae. De là aux ruines gré la séyérité de la loi judaïque, orné de
(!65) Etienne, dans ses Ethniques, dit, au mot Tapty#at, que le nom de cette ville s'emploieinº
difléremment au singulier et au pluriel.
S57 TjB DES ANTIQUITES BiBLIQUES. TIB 858

représentations d'êtres animés (;éo» uoppàs ainsi que nous l'avons vu, entre cette ville et
ixovra). Josèphe, chargé de mettre la Galilée Taricheae, où Ièsous et ses partisans s'étaient
en état de défense, vint de Sepphoris devant réfugiés en toute hâte.
Tibériade; et, s'arrêtant à un endroit nommé S. Epiphane (Adv. haeres., l. 1, p. 128) nous
Bethmai (tiç xºunv rivà, Bnºuzoùç )syouiºnv, apprend que Joseph, Juif converti, reçut de
àrixovax» TtÉept&ôo; araôtov; réaaao«) et éloigné l'empereur Constantin la permission de cons
de quatre stades seulement de la ville (154), truire une église à Tibériade, à Dio-Caesarea
il manda le sénat de Tibériade et les princi et à Capharnaüm. Jusque-là le séjour de
paux habitants; il leur dit qu'il était chargé Tibériade n'avait été permis ni aux Chrétiens,
par le sénat de Jérusalem de venir leur ni aux Samaritains, ni aux étrangers. Le pre
demander de détruire de fond en comble le
mier évêque connu de Tibériade est Jean,
palais d'Hérode, dont la présence était un
scandale. Les habitants de la ville résistèrent
† souscrivit aux actes du concile de Chalcé -
oine en 451. En 536, un autre évêque de
quelque temps, puis ils finirent par se laisser Tibériade, du même nom, assista au concile
persuader, et la destruction du palais en de Jérusalem; et enfin, au concile de Cons
uestion fut décidée. Un certain Ièsous, fils tantinople, tenu en 553, parut un évêque de
e Sapphias, qui était le chef des mariniers et Tibériade nommé Georges. S. Epiphane (Adr.
de la lie du peuple, fut plus prompt que haeres., l. I, p. 136, 137) raconte que ce
Josèphe et ses adhérents : par ses soins, le Joseph, autorisé par Constantin, s'empara,
pa'ais fut livré à l'incendie et pillé à l'instant pour construire son église, d'un vaste temple
† grand déplaisir de Josèphe. (Vit. ui était resté inachevé, que l'on # ait
os., 12.) l'Adrianaeum, et que les habitants de Tibé
Celui-ci, quand il fut à la tête de la ville, riade désiraient transformer en établissement
eut toutes les peines du monde à la maintenir de bains publics.
dans le devoir. Sa population était turbulente
et inquiète; tout ce qui était nouveau lui Après la destruction de Jérusalem, Tibé
paraissait bon, et à plusieurs reprises Josèphe riade fut le refuge des docteurs du judaïsme.
eut à réprimer des mouvements insurrec Ils y fondèrent une très-célèbre école talmu
tionnels. Une fois même il dut entrer de vive dique, qui fut florissante jusqu'au Iv" siècle
de notre ère, époque où la conversion de
force dans la place, après un combat opi Constantin permit de construire une église
niâtre dans lequel la victoire faillit rester aux chrétienne dans cette ville. Justinien fit rele
habitants. (Vit. Jos., 63.) Dans une autre cir
constance, Josèphe arrêta les Galiléens, qui ver les murailles de Tibériade, ainsi que nous
voulaient descendre à Tibériade et mettre la l'apprend Procope. (De œdif. Just. v, 9.)
ville à sac, pour la punir d'avoir songé à pac Aboul - Féda, dans sa Géographie, dit de
tiser avec le roi Agrippa et avec les ennemis Thabarieh que cette ville, déjà ruinée de son
de la nationalité judaïque. (Vit. Jos., 68.) temps, fut enlevée aux Chrétiens par Selah
Lorsque Vespasien entra sans coup férir à ed-Dyn.
Tibériade, avant la prise de Taricheae, il vint, Une petite église de Saint-Pierre existe
avec trois légions, camper en un point nommé aujourd'hui à Thabarieh, et elle a très
Sennabris, et qui, bien qu'éloigné de trente vraisemblablement pris son nom de l'église
stades de Tibériade, était parfaitement visible qu'Hélène, mère de Constantin, fit construire
de cette ville. Cet endroit était donc très à Tibériade sous le vocable de saint Pierre.
Vraisemblablement sur les hauteurs, puisque Ce fait est constaté dans l'Histoire ecclésiasti
Vespasien, venant de Scythopolis (Beysan), que de Nicéphore Kallistus.
ne passait pas par Taricheae, qui était dans le On a quelquefois pensé, d'accord en cela
Rhôr, entre Béysan et Thabarieh. Vespasien avec saint Jérôme, que Tibériade avait pris la
avait envoyé en parlementaire un certain place de la ville qui, dans l'Ecriture sainte,
Valerianus, à la tête de cinquante cavaliers. est nommée Kenret; mais Reland a parfaite
Quand ils eurent mis pied à terre, pour prou ment réfuté cette opinion à l'aide du raison
ver leurs bonnes intentions, Ièsous, fils de nement suivant, qui me paraît décisif : Ken
† (il est appelé cette fois fils de ret (nn:>), qui a autrefois donné son nom au
Saphat), fondit sur les Romains à la tête des lac de Gennezareth, était une ville de la tribu
bandits qui l'avaient pris pour chef, saisit les de Nephthali. (Josué, xIx, 35.) La frontière
chevaux, et fit prisonniers quarante-cinq sol méridionale de Nephthali commençait à Ca
dats qui ne se défendirent pas. Le sénat de pharnaüm, puisque l'Evangile de saint Mat
Tibériade, désolé de cette infamie, fit aussitôt thieu (Iv, 13) nous apprend que Capharnaum
demander grâce pour la ville à Vespasien, était située sur la limite des territoires de
qui, le lendemain, envoya Trajan avec de la Nephthali et de Zabulon. Celui de Nephthali
cavalerie au sommet de la montagne (165), était au nord, et celui de Zabulon au sud; et
afin de sonder les dispositions de la popula comme Tibériade était au sud de Capharnaüm,
tion; et quand Trajan se fut assuré qu'elles dès lors, puisqu'au sud de Capharnaüm était
étaient bonnes, l'armée tout entière leva le le pays de Zabulon, Tibériade, située dans le
camp, et, traversant Tibériade, vint camper, territoire de Zabulon, ne peut être identifiée
(164) Ce village devait être très-probablement au IlOIll .
bas de la descente qui amène à Thabarieh. Là (165) Ce fait prouve sans réplique que Sennabis,
eflectivement se montrent quelques ruines de très où Vespasien campait, était sur les hauteurs.
peu d'importance, et dont je n'ai pas.recueilli le
850 TOM DICTIONNAIRE T()M 840

avec Kenret, qui était très-positivement une les souvenirs bibliques y sont impérissables
ville de la tribu de Nephthali (166). Là, rien de ce qui s'y rattache ne change,
Il en est absolument de même de l'opinion rien ne s'oublie, pas même un nom; et ce
sont les événements humains dont la mé
des rabbins qui veulent retrouver à Tibériade moire y a souvent été perdue. Ainsi, les ca
le site des villes nephthaliennes de Raccath et •tastrophes terribles dont Jérusalem a été
de Hammath. Pour cette dernière, j'ai cher
ché à l'identifier avec le Qalâat-el-Hammam, successivement le théâtre ont à peu près
et je ne crois pas m'être trompé en le faisant. disparu du souvenir des hommes; mais s'a-
Il est probablé, comme le dit Reland (Palœst., git-il d'un fait, même secondaire, relatif à
f'histoire primitive du peuple hébreu, ce fait
p. 1037), que cette identité a été proposée
parce que le lac portait à la fois le nom de
semble récent, tant est † et vivace la
† de Kenret et de lac de Tibériade : d'où tradition qui l'a recueilli et transmis d'âge
en âge. J'espère faire voir, en discutant tout
l'on a conclu que Kenret et Tibériade étaient
la même ville. A ce compte, Tibériade serait ce qui concerne le monument connu sous le
aussi Gennezareth, Gennessar, et, qui plus nom de Tombeau des Rois, que cette fois
est, la Galilée, puisque le lac s'appelle indiffé
encore la tradition est vraie , et † c'est
remment le lac de Gennezareth (Evangiles), bien là qu'ont reposé les rois de Juda.
le lac de Gennesar (Josèphe), et la mer de Bien des fois déjà les caveaux des Qb0ur
Galilée (Evangile de saint Marc). On peut el-Molouk ont été décrits, mais malheureu
voir à l'article GENNEzARETH ce que j'ai dit sement avec trop de précipitation, et pôur
sur le nom Kenret. ainsi dire en courant. Telle est, je crois,la
Au moment de notre départ, j'ai aperçu seule raison qui a, jusqu'à ce jour, empêché
dans une muraille deux fragments de sculp de déterminer, d'une manière satisfaisante,
ture assez intéressants, et doflt je me suis l'origine de ce grand monument.
hâté de prendre des croquis. L'un, que le Pendant bien des jours je l'ai étudié avec
propriétaire affirme avoir été tiré des ruines le soin le plus minutieux, je l'ai levé avec
d'Omn-Keys (l'antique Gadara), situées sur toute l'exactitude que l'on peut apporter dans
l'autre rive du lac, représente le chandelier une opération de ce genre, et je me crois en
à sept branches, entouré d'une couronne et droit d'affirmer qu'aucun détail de sa cons
accompagné de deux couteaux de sacrifice. truction ne m'a échappé. J'y ai mis le §ºin
L'autré est un fragment de porte antique, qu'un officier des armes spéciales met d'hº
offrant l'encadrement à crossettes des tom bitude à lever un bâtiment quelconqut.
beaux de la vallée de Hinnom. Probable
Je me hâte d'ajouter que je ne prétends !
ment ce dernier morceau provient des ruines aucune façon, me faire un mérite d'avoir
de Tibériade. exécuté un travail qui se rattachait en quel
TICHON. — Limites du Hauran. (Ezech. que sorte à mon premier métier. Sans plº
xLvII, 16.) ample préambule, j'entre en matière.
TOB. — Contrée où se réfugia Jephté. (Ju Un plan incliné vers l'est, et placé enlº
ges, xI, 3.) deux murailles de rochers, aboutit à une Pº
TOMBEAU DES ROIS DE JUDA. — Lors roi verticale dans laquelle est percé un s0º
pirail, grossièrement creusé, donnant Jº
que, sorti de Jérusalem par la porte de Da Sur une sorte de citerne où il n'est pas p0º
mas, on chemine sur la route de Naplouse, sible de pénétrer par cet orifice, et dont t0º
on rencontre, à environ cinq cents mètres autre entrée est perdue. Que peut être cºlº
des murailles, un monument funèbre de la cave ? J'ai le regret de l'ignorér; mais je !
plus grande magnificence, et auquel une tra console en pensant que tout le monde !
dition constante attribue le nom de Tombeau
des Rois ( Qbour-es-Selathin, ou Qbour-el
nore comme moi, et que des fouilles, mº
eureusement , impraticables en ce pº
Molouk). Cette dénomination reste la même, pourraient seules nous apprendre quelq"
que l'on s'adresse aux Juifs, aux musulmans chose sur sa destination première.
et aux Chrétiens du pays. Mais est-elle juste ?
C'est ce qu'il importe de rechercher. Avant Dans la muraille de gauche, vers le ſ
tout, disons qu'il n'est pas possible, quand de cette espèce de cour, est percée une porte
on foule la terre judaïque, de méconnaître en plein cintre, ornée d'un simple filºtº
la valeur de la tradition orale. Pour peu que àterrée
l'extérieur.
l'on veuille bien la consulter, les saintes jusqu'àCette porte est
la naissance duaujourd'hui #
cintre, de S0flº
Ecritures à la main, on ne tarde pas à la qu'on ne peut la franchir qu'avec diſficullé.
† comme on respecterait un livre Elle débouche sur une large cour carrét ,
authentique; car, dans toute l'étendue de à parois verticales taillées dans le r0º #
cette terre, on reconnaît à chaque pas que accident, sur lequel nous reviendrons P"
(166) Saint Jérôme parle deux fois de l'identité ferunt hoc primum appellatam nomine. p†
de Tibériade avec la Kenret biblique. D'abord dans puisqu'il y avait des tombeaux nombreux s! §
les commentaires d'Ezéchiel (xLviii, 21), où il dit : placement qu'a occupé Tibériade, c'†
Tiberias,quae olim appellabatur Chenereth. La seconde ment, qu'il n'y avait pas eu de ville judai ! IlCt
fois saint Jérôme n'est plus aussi affirmatif, et il ce même emplacement. Ceci est la co #
ne rapporte qu'un on dit. Voici comment il s'ex forcée de lo tºuteur des lois judaïques sur "
primc : (Onomast., ad voc. Chennereth) , Tiberiadem d'impurete. -
841 TOM DES ANTIQUITES BIBLIQUES. TOM S42

- tard, a fait tomber une épaisseur assez grande conservés.Ce couloir aboutissait, d'une part,
de la muraille et de la porte, de sorte qu'il directement à la porte d'entrée, et de l'autre,
n'est plus possible aujourd'hui de savoir si à un large puits, aujourd'hui comblé en très
elle était plus ornée à l'intérieur qu'à l'ex grande partie ; on voit qu'une fois la pierre
térieur. Le sol de cette cour est évidemment de recouvrement dégagée de son encastre
rendu inégal par des accumulations de dé ment, le couloir devenait praticable, et qu'il
combres, surtout vers la muraille ouest, où était alors facile de solliciter, à l'aide d'un
ces décombres forment une élévation de quel levier dont le point d'appui se prenait sur
ques pieds. Dans cette muraille du fond est l'arête même de l'encastrement, le disque de
ratiqué, avec un art très-remarquable, un pierre, forcé dès lors à se mouvoir, en mon
arge vestibule qui était autrefois soutenu par tant à gauche de la porte, sur le plan incliné
deux colonnes prises dans le roc même, et de la rainure circulaire. Mais pour que le
par deux piliers faisant corps avec la muraille disque pût monter, il fallait de toute néces
de rocher. Les deux colonnes ont été bri sité enlever une seconde dalle, moins épaisse
sées, et il n'en reste d'autre trace que la par que la première, et dont les encastrements
tie supérieure du chapiteau de droite, encore sont parallèles à la paroi dans laquelle la porte
appendue au plafond. Au-dessus du vesti est pratiquée ; une fois le disque de clôture
bule et sur la face même du rocher, court ainsi chassé à gauche, et calé fortement, le
une longue frise sculptée avec une délica passage devenait libre. Pour remettre le dis
tesse et un goût exquis. Le centre de la frise que en place, il fallait pénétrer dans un se
est occupé par une grappe de raisin, em cond couloir, creusé sur le roc, et recoupant
blème de la terre promise, et type habituel le premier à angle droit, presque contre'l'o-
des monnaies asmonéennes. A droite et à rifice du puits. Ce couloir auxiliaire se diri
gauche de cette #. sont placés symé geait brusquement, par un retour d'équerre,
triquement une triple palme d'un dessin vers la paroi du vestibule, et conduisait, pa
élégant, une couronne et des triglyphes, al rallèlement au premier couloir direct, à un
ternant avec des patères ou boucliers ronds point où le, levier pouvant s'appliquer au
répétés trois fois. côté gauche du disque, le foreait à rèdescendre
Au-dessous règne une riche guirlande de et à regagner la place qu'il devait occuper
feuillages et de fruits, retombant à angle pour fermer l'édifice.
droit #
chaque côté de l'ouverture du ves Toutes ces dispositions, auxquelles per
tibule. La portion de gauche de cette guir sonne jusqu'ici ne me semble avoir fait la
lande a été § plus maltraitée par le moindre attention, sont parfaitement intactes;
temps que la portion de droite. Au-dessus les deux dalles encastrées ont seules disparu,
de la ligne des triglyphes, commence une et le disque n'a pas conservé une position
belle corniche, formée de moulures élégantes rigoureusement vertigale, par suite du peu
malheureusement très-endommagées, et s'é- de soin que l'on a mis à l'écarter et à le caler.
levant jusqu'au sommet de la roche, c'est A cela près, tout le système de clôture se
à-dire jusque vers le niveau du sol de la trouve dans l'état où l'a laissé l'habile archi
campagne environnante. A première vue, on tecte qui l'a conçu.
reconnaît, à la présence d'une large fissure Mais ce n'est pas tout encore, il nous reste
qui scinde obliquement l'architrave et le maintenant à parler du système de fermeture
intérieure.
linteau du vestibule, qu'un tremblement de
terre a mutilé le monument et renversé les Dans une large feuillure venait s'encastrer
deux colonnes qui l'ornaient primitive hermétiquement une porte massive de pierre,
Iment. à double gond pris dans la masse, et qui
Une fois descendu sur le sol du vestibule, probablement roulait de façon qu'il fût pos
sible de la mettre aisément en mouvement,
on aperçoit, au fond de la paroi de gauche,
une petite porte fort basse, et par laquelle par † venant de l'extérieur, tandis
que la disposition des crapaudines devait, si
on ne peut passer qu'en rampant. C'est l'en la porte était abandonnée à elle-même, la
trée des caveaux.
faire aussitôt retomber, , par son propre
Cette entrée, qui est aujourd'hui libre,
était # déguisée avec soin. On en jugera
† dans la feuillure où elle s'encastrait
ermétiquement, je le répète, de telle façon
par la description suivante de l'appareil, que, pour l'homme enfermé derrière elle, il
assez compliqué, destiné à masquer la porte. n'y avait plus aucun moyen de la faire mou
VOlr.
Un disque de pierre d'une grande épaisseur,
roulant dans une rigole circulaire, venait Cette première porte franchie, on se trouve
s'appliquer exactement contre la baie, et dans une salle carrée, dont les côtés sont
cette lourde pierre ne pouvait se mouvoir parallèles à ceux du vestibule, comme du
sur le plan incliné que lui offrait la rainure reste les côtés de toutes les autres salles.
dans laquelle il se trouvait engagé, qu'à Trois portes se présentent, l'une percée à
l'aide de la pression d'un levier, agissant de peu près au milieu de la face ouest, et les
droite à gauche pour dégager la porte, et de deux autres dans la face sud ; cette salle sert
gauche à droite pour la clore. Afin d'opérer en quelque sorte de deuxième vestibule,
ce double mouvement, il fallait arriver jus uisque aucune tombe ne s'y trouve placée.
qu'au disque par un couloir direct, que re rois petites niches triangulaires, taiilées avec
couvrait ordinairement une pierre énorme soin dans les faces ouest, sud et est, ont été
dont les encastrements latéraux sont bien destinées à recevoir des lampes sépulcrales,
DICTIoNN. DES ANTIQUITÉS BIBLI9UEs . 27
845 TOM DlCTIONNAIRE {0M 844

dont la trace est tout à fait visible : au pla un cintre, et sur sa face nord, deux étagères
fond, se lisent quelques noms de voya juxtaposées comme les marches d'un escalier.
geurs, parmi lesquels j'ai retrouvé avec un Le conduit incliné qui amène dans cette
grand plaisir celui de mon savant confrère chambre, débouche par un fort ressaut, au
et ami M. Léon Delaborde, suivi de la dessus d'une seule marche élevée qui se ter
date 1827. mine au sol. Il est évident, à priori, que les
La porte de la paroi ouest donne accès deux étagères n'ont pu recevoir de sarcopha
dans une chambre plus petite, mais carrée ges, et qu'il n'a pu s'en trouver un que sur la
aussi, et dont tout le centre est plus profond banquette du fond, c'est-à-dire parallèlement
que le seuil, de façon à former une assez à la face du monument. Comme de plus cette
† e banquette sur tout le pourtour de la
Sal]62.
†º salle est taillée précisément dans
'axe du vestibule, il n'est pas possible de
Chacune des trois faces, autres que la face douter qu'elle n'ait eu une importance par
d'entrée, est percée de trois ouvertures.Toutes ticulière, et que tout le monument ne lui soit
trois sont en plein cintre; mais les deux en quelque sorte subordonné.
† latérales, qui n'ont que moitié de la C'est dans cette chambre sépulcrale que
auteur de la porte centrale, sont en outre gisaient dédaignés les deux morceaux du
munies d'une feuillure rectangulaire, de sorte beau couvercle de sarcophage qui se trouve
qu'à première vue elles semblent carrées.
lLes six ouvertures latérales donnent accès
"† déposé au Louvre.
evenons à la description des autres
dans des tombes, et les trois centrales dans salles.
des petites chambres construites de la ma La porte de droite, pratiquée dans la face
nière suivante : à droite et à gauche elles sud de l'antichambre, débouche un peu obli
sont garnies de plans horizontaux ou cou quement dans une salle carrée de même di
chettes surmontées d'une arcade en plein cin mension que la précédente, munie c0mme
· tre, au fond est pratiquée une couchette sem elle d'une large banquette et percée de trois
blable, mais taillée en voûte cintrée dans sa tombes, sur chacune de ses faces Ouest el
largeur. Il faut naturellement y porterle haut sud, tandis qu'une seule ouverture, percée à
du corps pour juger de son étendue, qui est droite de la porte d'entrée, conduit, par un
masquée par le massif de la roche. escalier de six marches, suivi d'un palier in
Deux de ces chambres (celles du nord et cliné, à une autre chambre basse, munie Sur
· du sud) sont munies, au-dessus de chaque · trois faces d'une banquette surmontée par
couchette, d'entailles destinées à contenir un arceau en plein cintre.
des lampes sépulcrales, et semblables en tout Un seul dessus de sarcophage existe en
à celles de la salle d'entrée. Elles ont aussi des core dans cette chambre basse, et il est orné,
traces évidentes des lampes qui y ont brûlé sur sa longueur, de trois rosaces, ciselées de
jadis. Ces petites niches à lampes manquent chaque côté. Parmi les six tombes taillées
dans la chambre du côté ouest. Quant aux dans les deux autres faces de la chambre
six tombes, elles sont de différentes formes et supérieure, la première, c'est-à-dire celle de
· construites en † sur le principe suivant : droite de la face ouest, n'a pas de réduit Les
On pénètre d'abord dans une petite cham deux suivantes sont en tout semblables à
bre dont le sol porte, à partir du seuil, une la tombe complète que j'ai décrite plus
large rainure, destinée très-probablement à haut : celle de droite de la face sud n'a jamais
recevoir une saillie ménagée au-dessous de été qu'ébauchée, et n'a pu recevoir de sarcº
la caisse du sarcophage, afin de fixer celui-ci phage , les deux dernières n'ont # de réduil,
solidement. La tête du sarcophage, mis en et sont en tout semblables à la tombe de
place, devait nécessairement masquer une droite de la face ouest. Quant à la face esl,
ouverture donnant accès dans un réduit carré, l'architecte qui a réglé l'ordonnance du #
de dimension beaucoup trop petite pour avoir nument savait qu'elle était trop rapprochée
jamais pu recevoir un corps. Nous verrons de la face ouest de la chambre suivante, p0uf
' p'us loin qu'il est possible de deviner lades UlG † intermédiaire pût receºº
*ination de cette petite pièce, qui devait rester destombes. Aussi ces parois sont-elles restées
cachée tant # la tombe qui la précédait intaCteS.
n'aurait pas été violée. L'une des tombes C'est la † de gauche de la face sudº
(celle qui est placée à l'extrémité gauche de l'antichambre, qui conduit dans cette derniºº
la face nord) n'a pas de rainure sur le sol. salle. Elle a, comme les deux autres, sa ball
La tombe de gauche de la face ouest, au lieu quette sur tout le pourtour, et six toº
de présenter l'ouverture du petit réduit der seulement, dont trois sur la face sud, et trº
rière la tête du sarcophage, supposé mis en sur la face est. De ces six tombes, deux sº
lement ont pu recevoir des corps, celle du
place, la présente sur le côté gauche, sans
ioutefois que ses dimensions aient été chan centre de la face sud, et celle de droite,º
gées. Enfin, la tombe de gauche de la face faisant face à la paroi est. Toutes les aulº
sud n'a pas de réduit comme les autres. sont restées à l'état d'ébauche, et avec *
Au-dessous de la couchette du fond de la mêmes dimensions que l'ouverture analºº
chambre à trois couchettes, placée sur la face déjà signalée dans la description de la chº#
nord, est percée une petite ouverture assez bre précédente. Quant aux deux tombes !
difficile à franchir, et qui conduit par un plan ont été occupées, la première n'a pas dº il
incliné à une chambre inférieure, portant à duit, et la dernière est munie d'un réd"
sa face ouest une couchette surmontée par placé sur son flanc droit.
845 TOM DEs ANTIQUITES BIBLIQUES. TOM 846

Enfin, les trois chambres sépulcrales supé † les ordres de † dans le pays de
rieures, garnies de banquettes, étaient closes alaad). Il leur fit rendre, à Modeim, les hon
par de belles portes en pierre, tout à fait neurs qui leur étaient dus, et le peuple en
analogues à celle † j'ai décrite en parlant tier pleura la perte de Jonathas. Simon fit
de l'antichambre. Ces portes, violemment bri construire pour son père et pour ses frères,
sées, gisent aujourd'hui en débris, parmi les un monument très-grand en pierre blanche
nombreux fragments accumulés sur le sol, et polie ;l'ayant élevé jusqu'à une hauteur
fragments noyés dans la boue, et qui repré telſe qu'on le voyait de très-loin, il l'entoura
sentent certainement les pierres qui fermaient de portiques avec des colonnes monolithes
jadis toutes les tombes, et les restes des tom d'un travail admirable. Contre ces portiques,
es elles-mêmes. il éleva sept pyramides, une pour ses pères
Dans ces caves il règne constamment une et pour chacun de ses frères, aussi remar
chaleur étouffante, et le séjour qu'on y doit quables par leur dimension que par leur
faire est d'autant plus désagréable, que de beauté, et qui subsistent encore de nos jours.»
toutes les parois et des plafonds suinte sans (Ant. Jud., XIII, vI, 6.) .
cesse une véritable pluie qui rend le travail Ce passage est suffisamment précis. Simon
de l'explorateur très-difficile. Pendant toute a fait construire (et l'on ne peut identifier un
la durée de la tâche pénible que je m'étais tombeau construit avec un tombeau excavé,
imposée, j'ai été secondé avec une patience Ai8ov Aivxo5 àve#tagivov) sept pyramides à Mo
| # à toute épreuve par un de mes compa deim, une pour chacun de ses frères Jean,
gnons de voyage, qu'aucune difficulté ne Judas, Eléazar et Jonathas, et trois pour son
#l rebutait; pénétrant partout, en se traînant ère Mathatias, son grand-père Jean, et son
i# dans l'eau, il me transmettait avec exactitude isaïeul Simon, fils d'Asmonaeus.
j:# les mesures que ma taille trop haute et trop Quant à Simon lui-même, à Jean Hyrcan,
peu souple, grâce à l'âge, ne me permettait à Aristobule et à Antigone, nous ne savons
r#t † de prendre moi-même. Somme toute, à pas où ils ont été enterrés. Alexandre Jan
#t orce de persévérance, et à la condition d'al naeus, successeur d'Antigone, ayant eu un
ler très-souvent hors du caveau chercher un tombeau spécial pour lui, il devient proba
ºr
# peu d'air respirable, nous avons réussi à le ble que chacun de ces princes a été renfer
visiter jusque dans ses recoins les plus ca mé dans un sépulcre particulier; et que, par
chés. De cette étude, est née en nous l'admi suite, notre tombeau des rois ne peut leur être
ration la plus complète pour cette magnifi attribué, vu le nombre de tombes qu'il ren
que excavation, qui n'a pu être exécutée ferme; s'il n'en était pas ainsi, un sépulcre de
qu'avec des dépenses énormes, et selon toute famille les aurait réunis, et par suite le
vraisemblance, que pour une dynastie royale, monument d'Alexandre serait probablement
ainsi que le veut la tradition. commun à tous. Nous verrons un peu plus
Procédons maintenant par exclusion, et loin que ce tombeau d'Alexandre ne peut en
nous verrons qu'en admettant tour à tour, aucune façon être confondu avec les tom
† hypothèse, la présence aux Qbour-el
olouk de chacun des monuments funérai
beaux des rois, et qu'un texte fort précis le
met très-nettement hors de cause; il n'y a
res qui ont dû exister dans les environs de donc pas en définitive à chercher, dans le
Jérusalem, nous serons obligés de rejeter formonument qui nous occupe, le sépulcre de
mellement toutes ces hypothèses, et qu'il ne quelque prince asmonéen, puisque, dans le
nous restera plus, en définitive, que la né cas où ces princes ont eu un caveau de famille,
cessité de retrouver dans cette cave sépul il n'a pu être placé là, et que très-évidemment
crale celle des rois de Juda. nous avons à classer un tombeau de famille,
Etablissons d'abord la série des monuments Quant à Aristobule, fils d'Alexandre Jan
royaux que l'on pourrait être tenté de recher naeus, il mourut empoisonné à Rome ; mais
cher aux Qbour-el-Molouk, en faisant abs son corps, conservé dans du miel, fut envoyé
traction des rois de Juda. Nous n'avons à en Judée par Antoine, «afin, dit Josèphe, d'être
choisir qu'entre le tombeau des princes as enseveli dans les sépulcres royaux(167), » ,
monéens, celui d'Alexandre Jannaeus, celui Remarquons que dans ce passage, il n'est
des Hérodes, et enfin celui d'Hélène, reine † question de tombeau de famille, mais
d'Adiabène, et d'Izates, son fils ; or, si nous ien simplement de tombes royales. Ceci
démontrons que notre tombeau ne peut être s'accorderait bien avec le nom traditionnel
un quelconque de ces édifices, il nous fau de nos tombeaux des rois; mais la difficulté
dra revenir au tombeau des rois de Juda, à la insurmontable du site du monument d'A-
condition, bien entendu, de démontrer aussi lexandre, qui, plus certainement peut-être
que rien, absolument rien, ne s'oppose à qu'aucun des autres rois asmonéens,, a dû
cette attribution, tandis que tout, au con être déposé dans les tombes royales, éloigne
traire, concourt à démontrer merveilleuse forcément l'idée qu'il y a identité entre les
ment qu'elle est juste. uns et les autres. Ecartons donc les princes
Procédons par ordre. asmonéens, pour lesquels il n'est pas possible
Nous lisons dans Josèphe : « Mais Simon de revendiquer les tombeaux des rois, les ca
ayant envoyé des aſfidés à Basca, fit apporter vernes royales de Josèphe.
les os de son frère (Jonathas tué et enterré On a cru pourtant y reconnaître le monu
(167) Tot; 823i)txot; # tvt2pngógeyo; (Bell. Jud., I, Ix, 1); ou, tv taf; 327tMtxaf; 6hxat;
à xotn7e t=67 vxt (Ant. Jud., XlV, vII, 4).
847 TOM DlCTIONNAlRE TOMl 848

ment du roi Alexandre, monument dont Jo de l'idee qu'eut Titus de commencer vers ce
sèphe fait une mention spéciale; mais cette point l'attaque de l'enceinte d'Hérode-Agrip
erreur ne peut être commise par quiconque pa. Il marchait ainsi sur un saillant, et au
a parcouru l'enceinte de Jérusalem avec la cun militaire n'admettra jamais qu'il ait pu
volonté ferme de mettre de côté les opinions songer à faire autre chose. Donc, depuis le
préconçues, et de demander les éléments de saillant occupé aujourd'hui par la Bab-ech
sa conviction à la seule inspection des lieux Cham, porte de Damas, jusqu'à l'angle nord.
et à la lecture des anciens. est du temple, c'est-à-dire jusqu'à la porte de
Nous lisons dans Josèphe (Bell. Jud., V, Setty-Maryam pour les uns, porte de Saint
vII, 3) avec quelle énergie les deux partis Etienne pour les autres, l'enceinte intérieure
juifs, § dans la ville, repoussèrent était défendue par les soldats de Jean. Que
† remières attaques de Titus, déjà maître dit Josèphe? « Ceux qui étaient avec Jean
de ſ'enceinte bâtie par Hérode-Agrippa, et combattaient de la tour Antonia, du portique
campé sous les murs mêmes de l'enceinte septentrional du temple et devant les monu
primitive, au point nommé le † des As ments du roi Alexandre (168). » Il n'est pis
syriens. Titus occupait ainsi tout le terrain † d'être plus clair et plus explicile,
es soldats de Jean combattaient du haut delà
situé en deçà de cette muraille, déjà forcée
et conquise entre le Quars-Djaloud, fort de tour Antonia et du portique nord du temple,
Goliath, élevé à une époque peu ancienne et devant les monuments du roi Alexandre
sur l'emplacement du camp des Assyriens, Ces monuments étaient donc devant la mu
et la vallée du Kédron. En d'autres termes, raille. De plus, il s'agit de plusieurs monu
c'était toute la partie du terrain accessible, ments, puisque le mot pvmptio» est au pluriel
placé devant la ville, que Titus avait enlevée Concluons, en passant, que vers ce même
déjà; sur toutes les autres faces, il n'y avait
pas plus à songer à asseoir un † qu'à
† étaient plusieurs monuments attribués
Alexandre, et par suite les pvwgti« #aaûvi,
diriger des attaques. Or, qu'arrive-t-il lors dans lesquels les rois asmonéens avaient élé
† ces attaques commencent contre la enterrés, mais Alexandre avec plus de s0ml
euxième enceinte, au pied de laquelle les tuosité que les autres, ce qui est d'accord
Romains sont parvenus à s'établir ? Les Juifs, avec l'histoire, et ce qui motive l'emploi
sous les ordres de Jean, défendent la place d'une expression aussi bizarre que celle de
du haut de la tour Antonia et du portique töv'A)s#év8pou toü Êaaûios uvnpiioy, c'est-à-dire
septentrional du temple, et devant le monu de plusieurs tombeaux assignés à un seul
lnent d'Alexandre; tandis que Simon garnit prince. Ces monuments existent-ils auj0uf
les murailles, depuis le point situé vers le d'hui ? Oui, ils existent, mais dans un état de
sépulcre du grand prêtre Jean, jusqu'à la mutilation déplorable. Ils ne sont autre ch0sº,
porte par laquelle l'eau était conduite à la comme l'a très-bien reconnu le premier mºn
tour Hippicus. savant ami le docteur Schultz, consul !
Rien de plus précis que ces détails topo Prusse à Jérusalem, que la cave immenº
† ; la tour Hippicus, c'est la tour improprement appelée grotte de Jérémie !
gardée par un derviche (169). En résumé, les
de David, et la porte dont il est question est
indubitablement le Bab-el-Khalil, porte qui premiers Asmonéens ont été inhumés à Mº
conduit à Jaffa, à Hébron et à Beit-Lehm. A deim, et les autres à la porte même de Jérº
partir de cette porte, vers le sud et l'est, la salem, dans la grotte aujourd'hui mutilée !
vallée de Hinnom † des Ecritures, l'on appelle Grotte de Jérémie. Voilà dº#
Djehennam, la vallée de l'enfer, des Musul les Asmonéens écartés définitivement, et #
mans) s'ouvre de façon à ne laisser à per ne peuvent d'aucune manière être suppºsº
sonné l'idée d'entamer sur ce point les mu enterrés aux tombeaux des rois.
railles de la place. D'un autre côté, le monu Passonsmaintenantàla dynastie desHér#
ment du grand prêtre Jean, qui n'a pas été Josèphe nous apprend que le corps dº
déterminé jusqu'ici, ne peut être pour moi rode le Grand fut porté en grande p0mPº
autre chose qu'une cave sépulcrale, isolée, Hérodeum, par les soins de son fils et suº
placée à gauche de la route de Naplouse, en seur, Archélaüs (170). Le même fait est #
sortant par la porte de Damas, et beaucoup pelé dans les Antiquités judaiques (171) #
† près de la ville que les Qbour-el-Molouk. rode le Grand est donc écarté tout aussilº
position de cette cave est d'autant plus que les princes asmonéens. ils0il
convenable, qu'elle rend parfaitement raison Le seul monument d'un Hérode dontilº

(168)
vtaç# 0t pèvTtpoaapxttou#
rep) tow'Io4wny àré vs tiisxat
# tepoÙ 'Avto
Ttpò
encore, est vraie, Jérémie était beauc0up #
placé pour faire entendre ses lamentations ! §
t6ov'AXE5&vôpou
(Bell. #
Jud., V, toÙ 3xat\éto; uettov paxóptevots
[1Vmt4Ettov p1aX0gt de cette retraite, ouverte à tous les regº†
· (169 La grotte de Jérémie serait donc supprimée
dans une cave où il faut pénétrer asse †
ainsi ? Pas le moins du monde. ll se peut d'abord
trouver le point où l'on dit que reposait **
prophète. ſo9;
que les Asmonéens aient profité de la présence de
cette grotte pour entamer la taille de leur caveau et;(il ) Eta3ſou;
'Hptoôetov, öttou&èxat
èxoglaºn cà à;#
x t3; ëvto) àtágn !
de famille; et d'un autre côté, s'il n'en était pas Jud., l, xxxIII, 9.) 4 f#
ainsi, nous aurions à reporter le nom de Grotte de
Jérémie à une grotte naturelle, placée au flanc Yàp(174)
aÙtſp Hesay 3 'tnt
èyévoyzo Hpoºsto
zi zaçaº, grâôº #
xs)eº3garº 4V

Iiiême de la cave des Asmonéens et à un point plus (Ant. Jud. XVII, vin, 5.)
élevé, de telle façon que si la tradition, cette fois
849 TOM DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. TOM 50

† dans Josèphe est mentionné dans la qu'ils ne connaissaient guère très-probable

: erre des juifs. Il est cité dans la description


des lignes de circonvallation construites par
Titus : « A partir du camp des Assyriens, où
était le camp de Titus, ces lignes s'étendaient
Iment.
Le monument funéraire d'Hélène et de son
fils est mentionné dans cinq passages des écri
vains de l'antiquité. Nous allons les passer en
au-dessous de la ville neuve, gagnaient de là, revue l'un après l'autre.
à travers le Kédron, le mont des Oliviers ; Josèphe nous dit : « Monobaze (roi d'Adia
tournant ensuite au sud, elles embrassaient la bène, fils d'Hélène, et successeur d'Izates),
ImOntagne † Péristereon (c'est le tom ayant envoyé à Jérusalem les restes de sa
beau des prophètes ) et la colline adjacente mère et ceux de son frère, les fit ensevelir
qui domine la vallée, près de Siloam. Après dans les trois pyramides, que sa mère avait
s'être infléchies vers l'ouest, elles descen fait construire, à la distance de trois stades
daient au fond de la vallée de la Fontaine des murs de Jérusalem (172). »
(au Bir -Eyoub); puis, remontant auprès du D'après ce premier passage, le tombeau
monument du pontife Ananus (l'un des nom d'Hélène et de son fils était surmonté de trois
breux tombeaux creusés dans le rocher, au pyramides, et situé à trois stades de Jéru
Hak-ed-Damn), et entourant la montagne sur salem.
laquelle Pompée avait assis son camp, elles Dans la Guerre judaique (V,xI, 2), nous li
revenaient au nord, et après avoir traversé le sons que Titus, à son arrivée devant Jérusalem,
hameau connu sous le nom de Maison des tente, à la tête de six cents cavaliers, une re
Pois ('Epe6tv0ov 0ixo;), et enveloppé le monu connaissance vers la place qu'il vient assiéger :
ment d'Hérode (tò 'Hptºôou pvmueïov), elles re tant qu'il chemine sur la route déclive qui
joignaient, par un retour à angle droit vers conduit aux murailles, personne ne paraît .
i'orient, le camp des Assyriens. » (Bell. Jud., aux portes de la ville; mais dès # s'écarte
zäl
V, XII, 2.) du chemin pour s'approcher de la tour Psé
ra , Il n'est pas possible de se méprendre sur phina, en présentant sa colonne de cavalerie
[ #! le sens de ce † qui précise aussi nette ar le flanc, les Juifs, sortis de la place par
, si ment qu'on peut le désirer le tracé des lignes #l p# qui est en face du tombeau d'Hélène

de Titus, et qui fixe par suite la position de (&à vm3 àvttxpù tóv 'Exévn; pvmuettov Ttû)nç).
# ce tombeau d'un Hérode. Le magnifique plan s'élancent du pied des tours nommées les
# de Jérusalem publié parle docteurSchultz pré Tours des femmes, et fondent sur les cavaliers
ne ! sente le tracé de ces lignes et place le tom romains.
beau d'Hérode au sud de l'étang de Mamillah, Ce passage ne nous apprend qu'une chose
#! et très-près de cet † Cette attribution des certaine, c'est que le tombeau, ou mieux les
# caves sépulcrales, placées en ce point, ne me monuments d'Hélène, étaient près de la tour
† pas sujette à contestation; elle est aussi Pséphina.
l # eureuse que possible. Ces caveaux sont re Dans le reste du même passage, nous
#! couverts par des masses de décombres qui voyons que Titus fut poursuivi par la sortie,
## sont des indices certains de la préexistence au milieu de murailles qui environnaient des
l.º d'un monument très-important, comme devait † en culture.Or, la tour Pséphina, dont
a base a été fixée parle doct'Schultz est encore
# l'être le tombeau d'un dès rois des Juifs. Là,
donc, sont placés les sépulcres des princes aujourd'hui tout à fait voisine des murailles
de la dynastie hérodienne, et nullement où de clôture, qui donnèrent tant d'embarras à
sont les tombeaux des rois. Titus, et rendirent si périlleuse sa retraite
Notons de plus en passant que ces caves vers le camp.
sépulcrales sont d'un travail plus que médio Nous lisons encore (Bell. Jud.,V, Iv, 2),
cre, et que des revêtementsintérieurs, qui ont dans la description des trois enceintes de Jé
entièrement disparu, ont pu seuls leur donner rusalem , que le troisième mur commençait
une apparence de magnificence. à la tour Hippicus, inclinait ensuite vers le
Telſes qu'elles subsistent de nos jours, elles nord jusqu'à la tour Pséphina, et de là s'éten
seraient, pour le travail, bien au-dessous du dant en face du monument d'Hélène, qui était
† vulgaire des caveaux funèbres de la val
e de Hinnom. Voici donc encore les Héro
reine d'Adiabène et mère du roi Izates, et
passant par les cavernes royales ... etc., etc.
des écartés de la question. Le monument d'Hélène était donc voisin de
Reste enfin le tombeau d'Hélène, reine la tour Pséphina, et faisait face à la partie de
d'Adiabène, et d'Izates, son fils, tombeau que la muraille d'Agrippa qui, à partir de la tour
la plupart des écrivains modernes ont pré Pséphina, se dirigeait vers les caves royales.
tendu reconnaître dans les tombeaux des rois, Sans être bien précis, ce passage nous ser
faute d'examiner d'assez près le sens des tex vira tout à l'heure de confirmation, quand il
tes sacrés et profanes qui parlent des tom s'agira de reconnaître le monument de la reine
beaux des rois de Juda; faute surtout d'oser d'Adiabène et de son fils.
admettre, ce qui est pourtant certain, que Le quatrième passage que nous avons à
beaucoup d'ornements architectoniques ont examinerse trouve dans Pausanias : « On voit
été empruntés par les Grecs aux Phéniciens dans le pays des Hébreux, à Jérusalem, ville
qui les avaient prêtés aux Juifs, plutôt que que l'empereur Adrien a détruite de fond en
copiés par les Juifs, sur des monuments grecs comble, le tombeaud'IIélène, femme du payf ;
(172) '0 ôè Mov36a,o;, txte éxeiv1,; 3373 x2 : t2 #
toeic # (Ant. Jud.,
thv àot0uòv, vpix 2t35ta XX,'IeIv,po3o)vº
tñ: tºw 5.) t* -
toÛ äôtàço5 répy2; et; 'le po76 vp1x, 03 2: Ttpo3
éta#:v èv taï; tup2p1i7:v, à; º p , triº z2 :: 3zzv3xt:,
851 TOM DICTIONNAlRE TOM 853

il est tout en marbre : on y a pratiqué aussi Avec de semblables indications, il était dif.
une porteen marbre, qui s'ouvre tous les ans, ficile de se tromper, pourvu qu'on eût le
à pareil jour et à pareille heure; elle s'ouvre désir de ne pas se tromper. Le docteur
par l'effet seul de la mécanique, et après être Schultz, avec sa sagacité ordinaire et sa con
restée peu de temps ouverte, elle se referme. naissance parfaite du terrain, après avoir re
Dans tout autre temps, vous tenteriez vaine trouvé le soubassement de la tour Pséphina,
ment de l'ouvrir, et vous la briseriez plutôt n'a plus eu qu'à marcher devant lui, dans
(173). » le sens fixé par les passages précités, pour
Ce récit bizarre mérite-t-il notre confiance ? tomber à point nommé sur la tombe d'Hé
A-t-il été écrit de visu ? Je pense qu'on ne lène. Après lui, †
fait de même, et je me
peut répondre que par la négative à ces suis assuré que les indications de son plan
deux questions. Si Pausanias eût pris de étaient excellentes ; le tombeau d'Hélène,
semblables informations sur place, il n'eût avec les bases de ses trois pyramides (ce qui
pas commis l'erreur incroyable qu'il commet est décisif), existe encore, et l'on voit à côté
en appelant Hélène une femme du pays une seconde cave sépulcrale dont l'entrée est
{Yvvztxò; ttttYtopia;). encore murée, mais qui a été violée en dé
Quant au mécanisme d'horlogerie qui ou fonçant le rocher qui lui servait de plafond,
vrait le même jour et à la même heure, de telle sorte qu'au moment où j'ai visité les
une fois chaque année, la porte de pierre lieux, cette seconde cave sépulcrale avail élé
de ce tombeau, on me permettra, j'espère, transformée par les pluies en véritable ci
de n'y croire que médiocrement, pour une terne. Dans le caveau d'Hélène, caveau qui,
foule de raisons qu'il serait trop long d'é- d'ailleurs, est d'une grossièreté de travail qui
numérer ici, et † ressortent toutes de l'ap contraste fortement avec la magnificence de
préciation mathématique d'un appareil ciselure du tombeau des rois, il n'y a que
doué d'une semblable précision. Que pou deux niches ou fours à cercueil, et encore
vons-nous conclure en définitive de ce pas l'une d'elles pourrait-elle bien n'être que le
sage curieux ? Que Pausanias avait entendu résultat du travail entrepris par les violaleurs
parler des tombeaux de Jérusalem, et entre du tombeau, afin d'y pénétrer. La pºrº
autres de celui d'Hélène ; qu'il avait, par man dans laquelle était percée la porte avait élé
que de mémoire, appliqué à ceſui-ci ce taillée avec soin ; elle a été brisée violem
qu'on lui avait conté de l'admirable cons ment, et il n'en reste que de faibles traces
truction des tombeaux des rois, et qu'il Hélène et son fils Izates sont donc, c0mmº
avait transcrit, ou peut-être même brodé sur tous lesprésent,
jusqu'à autres exclus
princesde passés en revº
la possession du
ce canevas, la fable de son mécanisme d'hor
logerie. En somme, nous n'avons rien à ti tombeau des rois. •• -- A. .

rer du récit de Pausanias. On peut se demander comment il se fait


Reste enfin le cinquième et dernier pas que des écrivains tels que Châteaubriandº
sage ; celui-ci est extrait des œuvres de saint le révérend Robinson ont reconnu le l0llr
Jérôme et de son livre Epitaphium Paulœ beau d'Hélène dans le tombeau des r0iS,
matris. L'écrivain, racontant # voyage de quand ils devaient tenir compte du passº
sainte Paule à Jérusalem, nous parle de son précis de Josèphe, où il est dit que le m"
entrée dans cette ville. Elle vient du côté d'Hérode Agrippa passait vis-à-ris le tombº
de Jaffa, notons bien cela, et suivant la route d'Hélène, et ensuite par les cavernes royalis
battue, elle entre dans la ville après avoir (175). -

laissé à sa gauche le mausolée d'Hélène. Du moment que Josèphe distinguait !


Voici , ses paroles : « Pourquoi m'arrêter mellement ces deux monuments, il y a"
plus † Ayant laissé à gauche le d'autant plus d'imprudence à les confondre
Inausolée d'Hélène, reine des Adiabéniens, en un seul, qu'il sérait fort difficile de sº
qui avait fait distribuer du froment au peu pliquer pourquoi la reine Hélène, fºis !
ple souffrant de la faim , elle entra à jéru elle-même préparer un caveau fun#
salem, » etc. (174). our son fils et pour elle, aurait eu liº
bizarre d'y faire creuser vingt tombes; tº
, Résumons maintenant : Le mausolée d'Hé
lène, surmonté de trois pyramides, était à taient dix-huit tombes de trop etsileu#
trois stades de Jérusalem, dans le voisinage thèse paraissait plausible aux deux illusº
de la tour Pséphina et vis-à-vis une des écrivains qui l'ont proposée, ils aurai !
portes de la ville ; il était au nord de la tour s'efforcer de rendre compte de cette diffic#
Iippicus, et un peu plus loin vers le nord qui n'est pas plus légère que celle † †
† la tour Pséphina ; enfin, il était différent sentait la distinction faite par Josèphe !
es caves royales. le tombeau d'Hélène et les cavernes royº
(175) « 'E6patot; ôè 'E)évr; Yovatzh; èTtiytopia; pievoç. » (Arcad., liv. vIII, c. 15.) |]e-
tāço; #attv èv To)et XoXûgot;, iv è; #ôzçoç xaté6a (174) « Quid moror ? Ad laevam, m† lll0
Aev ô 'Poouattov 3aat)eû;. Meg7Yävr,tat ôè èv ti ) lenae derelicto, quae Adiabenorum reginº ! §
täçtp thv 0ûpav ôuotto; tävta o5aav tſ9 täçtp )t0i populum frumento juverat, ingressa esl †
vnv, uh Trpāte pov è3avo#Ye70at, Ttp\v 3v hp épav te mam, » etc. Lettre 1U8° à la vierge Eustº#
3et x2\ top2v :ò #to; è7rayä (n # aÙtiv. Tóze ôè avec ce titre : Epitaphium Paula matris, d"
ºrb pávoo toÙ prixzvfigatoç àvoºy6et7z, x2 où TtoXù dition Migne, t. l, p.885. -,, 'F)ivr;
à t:ayo53a, auvez)etabn ôt' ö)fyn,. Toötov pièv ôii (175) « "Eretva xa0jxov àvttxgù tº #§
2ºzo, tbv ôè 3))o Ypóvov àvof32: 7te : pt9gis vo:, àvoi givr,geſtov xat &à 37,n)aſtov #aaiXixèv u"xºº"
32:; pèv o3x 2 , z2:33::; 3è zòti,v Tpöte ºov 3:253 x. t. ). » ( Bell. Jud., V, Iv, 2.)
655 - TOM DES ANTIQUITES BIBLIQUES. T()M 854

Le terrain est déblayé devant nous; mais d'argent, et qu'il restait encore de grandes
si j'ai montré ce que ne peuvent être les richesses dans le monument, richesses avec
Qbour-el-Molouk, cela ne suffit pas , il faut lesquelles il pourrait faire face à ses lar
maintenant que je montre ce qu'ils doivent gesses, avait formé depuis longtemps le pro
être et ce qu'ils sont en effet.J'ai avancé que jet d'imiter cet exemple. Ayant donc fait ou
c'étaient les tombeaux des rois de Juda, et vrir le sépulcre pendant la nuit, il y péné
c'est ce que je vais prouver. Cette fois, je suis tra avec ses amis les plus fidèles, prenant de
encore à peu près seul de mon avis ; je n'ai très-grandes précautions pour que la chose
-- .
plus l'appui d'une érudition aussi solide que ne fût pas sue dans la ville ; il n'y trouva
celle du docteur Schultz, mais j'espère bien pas, comme Hyrcan, de l'argent monnayé.
: 21
gagner force adhérents à mon opinion. mais des ornements d'or, et une grande
- .3
: º
e vais donc recueillir tout ce que je con quantité # précieux, qu'il enleva sans
nais de documents devant intervenir au pro rien laisser. En furetant avec soin, il voulut
: 1
cès, qu'ils soient favorables ou non ; et † plus avant, et chercher jusque dans
après les avoir minutieusement discutés, car es sarcophages (0#x2:) où étaient déposés
la question en vaut la peine, je pourrai, si les corps de David et de Salomon : mais il
[: #!
je ne me trompe, laisser tout le monde perdit deux de ses doryphores, qui, dit-on,
. ! conclure pour moi, et je m'assure que les périrent étouffés par les flammes qui les
· ºi1 avis ne seront guère divisés. frappèrent au moment où ils y pénétraient.
1 , Commençons par extraire du livre des Hérode, épouvanté, sortit, et pour apaiser
- fi Rois, du livre des Chroniques, et des An Dieu, il fit élever à la †
du sépulcre un
- 21 tiquités judaïques de Josèphe, tout ce qui monument en pierre blanche, dont la cons
est relatif à l'inhumation des rois de Juda : truction coûta des sommes très-fortes. » (Ant.
s ,! nous comparerons ensuite tous ces passages Jud., XVI, vII, 1.)
-4 entre euX. " Examinons ce passage.
::: 1. DAvID. — David se coucha avec ses pè David fut enterré magnifiquement dans la
- s1 -
res, et fut enseveli dans la ville de David. cité de David, dit le Livre des Rois, à Jéru
*
-- s ( I Rois, II, 10.) salem, dit Josèphe ; et comme celui-ci, en
Il (David) mourut dans une heureuse arlant de l'expédition nocturne d'Hérode
vieillesse, rassasié de richesses et d'honneurs, e Grand, ajoute que ce prince prit les plus
et son fils Salomon régna en sa place.(l Chron. grandes précautions pour que son attentat
xxIx, 28.) ne fût pas connu en ville (èy tſ Trô)et), nous
Josèphe nous dit : Sommes presque en droit d'en conclure que
« Son fils Salomon l'enterra à Jérusalem le tombeau de David était hors de la ville.
magnifiquement, et en outre de tous les au Après ceci, un autre passage de Josèphe
tres honneurs qui étaient rendus d'habitude † beaucoup mieux encore, que le tom
aux rois lors de leurs funérailles, ilensevelit eau de David était hors de l'enceinte de Jé
avec lui des richesses considérables. On peut rusalem. Voici ce passage : , .
conjecturer quelle était l'énormité de ces « Mais au lieu de recevoir une garnison
richesses, par ce que je vais raconter. Après dans la ville, ils offrirent des otages et cinq
un laps de temps de treize cents ans, le pon cents talents d'argent, dont ils versèrent de
tif Hyrcan, assiégé par Antiochus sur suite trois cents, en donnant les otages qu'il
nOmmé Eusèbes, fils de Démétrius, voulant plut au roi Antiochus d'accepter. Parmi eux
lui donner de l'argent pour qu'il levât le se trouvait le frère d'Hyrcan. Cela fait, An
siége et s'éloignât avec son armée, mais ne tiochus leva le siége et se retira (176). »
sachant comment parfaire la somme dont il Que conclure de ce fait ? Que Hyrcan,
avait besoin, fit ouvrir une des chambres du enfermé dans ses murailles, n'avait que trois
tombeau de David, et en ayant emporté trois cents talents à sa disposition, et qu'if dut ob
mille talents, en donna une partie à An tenir la levée du siége, pour extraire du
# tiochus, et se délivra ainsi des assiégeants, tombeau des rois de quoi parfaire la som
comme je l'ai dit ailleurs. Plus tard, après un me promise. Si le tombeau à violer eût été
grand nombre d'années, le roi Hérode, sur le mont Sion, le roi des Juifs eût-il
ayant pénétré dans une autre chambre, en payé un à-compte aux assiégeants ? Certaine
tira de grandes richesses. Mais aucun d'eux ment non.
ne parvint aux sarcophages des rois, car ils Au reste, ce qui est certain, c'est que le
étaient placés sous terre, avec un art tel, tombeau contenait de très-grandes richesses,
que rien ne paraissait aux yeux de ceux qui puisqu'elles suffirent à rassasier la rapacité
énétraient dans le monument. » (Ant. Jud., de deux rois profanateurs. Quant au fait que
II, xv, 3.) -
les sarcophages étaient si bien cachés, qu'en
Ce même fait est raconté plus loin de la pénétrant dans les caveaux on n'en voyait au
manière suivante : cun, la chose (si le tombeau des rois de Ju
« Hérode, qui dépensait des sommes énor da est le Qbour-el-Molouk) est parfaitement
mes , à l'intérieur et à l'extérieur de son exacte, car il n'y en avait pas un seul qui
royaume, ayant entendu dire que Hyrcan, fût visible, grâce à l'art avec lequel toutes


son prédécesseur, ayant ouvert le sépulcre
de David, en avait enlevé trois mille talents
les entrées des sépulcres étaient closes par
des portes de pierre.
(176) « 'Avtº p1#vtot Y2 tï: ppoopä; ög j0ou5 èôiôo vo532a )éto:, #327av, èv of; #vzzº 'Ygxzvo53ô:)44;. »
aav, xaï rã)avta 3pyoptou revtax37:2, (ow : J0ù; tà 1.Ant Jud., XIII, vIII, 5.)
* tpv2x374x xx\ to );ºpºpov;, rtpoaô:5xp1two »'Ayttö/o»
DlCTiONNAIRE TOM- 856
$35 TOM
2. SALoMoN. — Salomon se coucha avec ses
Josèphe eût-il dit à Jérusalem, si c'eût été pères, et fut enseveli dans la ville de David,
sur le mont Sion qu'eût été la cave sépulcrale
de David et des rois de Juda ? Je me le pense son père. (I Rois, xI, 43.)
pas. Pourquoi donc a-t-on cru que ce mo Salomon se coucha auprès de ses pères :
hument sacré était sur le mont Sion, dans
on l'enterra dans la ville de David, son
l'intérieur de la ville , et contrairement à père. (I Chron. Ix, 31.)
« Il fut enterré à Jérusalem : » 041ttetat &à tv
toutes les prescriptions de la loi judaïque 'lepogo)égot;. (Ant. Jud., VIII, vII, 8.)
sur l'impureté de sept jours, dont était frapp Salomon est donc le second roi qui fut
quiconque touchait un cadavre ou , même
une tombe ? Le voici. Nous lisons dans le inhumé dans les sépulcres royaux.
3. RoBoAM. — Il se coucha avec ses pères,
I" Livre des Chroniques, xI, 5 et 7 : et fut enseveli avec ses pères, dans la ville
David prit la forteresse de Sion, qui est
la ville de David... : puis David demeura dans de David. (I Rois,xIv, 31.
la forteresse; c'est pourquoi on l'appela ville Il se coucha auprès de ses pères, et fut en
terré dans la ville de David. (II Chron.
de David. -

L'expression Tºrt - y (v. 7), ville de David, xII,


« Il 16.)
fut enseveli à Jérusalem dans les tombeaux
est bien la même dont se sert l'écrivain sacré,
quand il désigne Ivy nTy »# 5), la forte des rois : »'Etáçn 8 èv 'Ie pogo)ógotç tv tai; 6fi
resse de Sion, nommée plus loin Typ seule xatç tſov 82ai)éov. (Ant. Jud., VIII, x, 4.)
ment, ce qui signifie la }§, et rien de Roboam a été enterré dans les sépulcres
plus; aussi, quand il parle du lieu où fut en rOyaux.
terré David, TrT -my-i, le savant traducteur 4. ABIAs. — Abias se coucha aupres de ses
de la Bible, Cahen, dans sa note au v. 10 du pères, on l'ensevelit dans la ville de David.
I" Livre des Rois, dit-il : David fut enterré à (I Rois, xv, 8.)
Abias se coucha auprès de ses pères, et on
Jérusalem, appelée Trt n'y, ville de David, l'enterra dans la ville de David. (ll Chron.
† que c'était le siége de sa cour et le
erceau de sa dynastie. Il se garde bien de « Il23.)
XIII, fut enseveli à Jérusalem dans les sé
rnentionner la forteresse du mont Sion. Si
l'on prenait au pied de la lettre le nom de pultures de ses ancêtres : » Kal 03tttstat p èv èv
ville de David, pour l'appellation exclusive Tepo3oAógot; èv taïç Ttpoyovtxal; 0#xatç.(Ant.Jud.
de la forteresse de Sion, David eût donc été VIII, XI, 3.)
enterré dans cette forteresse ? Personne, je Abias a été enterré dans les sépulcres
crois, ne soutiendrait cette étrange h ypothèse, royaux.
qui serait singulièrement contrariée , par 5. AssA. — Il se coucha auprès de ses pè
les faits suivants : Le roi Joram, dit le Il" res, et fut enseveli avec ses pêres, dans la
Livre des Chroniques (xxi, 20) fut enterré ville de David, son père. (I Rois, xv, 24.)
dans la ville de David, mais non dans la Il se coucha auprès de ses pères : on l'en
sépulture des rois. Et-5pn nt-pa N5 TTI n'ya. terra dans le sépulcre qu'il s'était fait faire,
Nous aurions donc deux caves sépulcrales dans la ville de David; on le mit sur un lit
bien séparées, dans la forteresse de Sion, et qu'on avait rempli d'épices et de parfums
cette forteresse deviendrait ainsi une véri divers préparés par l'office du parfumeur,
table nécropole ? Cela est peu admissible. et l'on alluma pour lui un bûcher extrême
Mais il y a plus, nous lisons, à propos d'A- ment grand.(II Chron. xvI, 13 et 14.)
masias, qu'il fut enterré avec ses ancêtres Josèphe ne dit rien du lieu de sépulture
dans la ville de Juda (177), tandis que dans d'Assa, qu'il appelle Asanes.
les Rois il est dit qu'il fut enseveli à Jéru Assa aété enterré dans les sépulcres royaux.
— Le v. 14 du ch. xvI du II* Liv. des Chro
salem, auprès de ses pères, dans la cité de
# # Voilà donc la forteresse de Sion niques est très-précieux, en ce qu'il nous
qui recevrait le nom de ville de Juda ! A apprend que les rois se faisaient préparer leur
propos de quoi ? Concluons-en , qu'il s'agit tombe de leur vivant. Quant au bûcher dont
tout simplement, quel que soit le nom em il est question, je transcris la note de Cahen :
ployé par l'écrivain sacré, de désigner la ca « On lui fit un très-grand bûcher. Kim'hi sup
† de David, la capitale du royaume de pose qu'on y brûla des essences ou des ob
uda ; en un mot, Jérusalem, et non la for jets à son usage ; c'est bien plutôt le bûcher
teresse de Sion. Concluons-en, de plus, que qu'on trouve encore dans l'Inde. Toujours
les sépulcres distincts de David et de sa race, paraît-il que notre manière de faire les funé
et d'Amasias, ne furent pas encore à Sion, railles était alors inconnue. »
Je me déciderais difficilement à admettre
mais à Jérusalem, tout comme on dit que les
cimetières du Père-Lachaise, du Mont-Par que la combustion des corps ait été pratiquée
ar les Hébreux. J'aime mieux m'en référer
nasse et de Montmartre, sont à Paris.
Ceci posé, nous avons, pour premier per l'opinion de Kim'hi.
sonnage enterré dans le caveau royal des 6. JosAPHAT. — Il se coucha avec ses pères,
rois de Juda, le saint roi David. C'est pour et fut enscveli avec ses pères, dans la ville
lui qu'une sépulture somptueuse a été creu de David, son père. (I Rois xxII, 51.)
sée, par les ordres de son fils Salomon. C'est Il se coucha avec ses pères, et il fut en
donc à lui que revenait de droit la place seveli auprès de ses pères, dans la ville de
d'honneur. David. (II Chron. xx1, 1.)
(177)n-rm-mya ºn=s-ey nN -2E-Y. (it Chron. (17$ rT - y="r=N-Ey = v - = -- En (II Rois,
xxv, 28.) xIv, 20.)
857 T0M DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. TOM 858

« Il eut des funérailles magnifiques à Jé Dieu et de sa maison. (II Chron. xxIv, 16.
rusalem, car il avait été l'imitateur des ac « Il fut enseveli dans les sépulcres royaux
tions de David : » Tapñ: ô'#vuye geYa)onperto5; èv Jérusalem : » 'Etåçn ô'èvtat; 3a3t)txaiç 0#xat; tv
Tepoao)ºgot; xa\ yàp fiv ptgnth; tſov Aauiôou #p- 'Iegoao)ºpot;. (Ant. Jud., IX, vIII, 3.)
Yov. (Aut.jud., IX, III.2.) es deux documents sont positifs; le grand
Josaphat a été enseveli dans les sépulcres prêtre Joad a donc été enterré dans les sé
TOV8UlX.
pulcres royaux.
. JoRAM. — Il se coucha auprès de ses 11. JoAs. — On l'ensevelit avec ses pères,
pères et # enseveli auprès de ses pères,
dans la ville de David. (II Rois, vIII, 24.)
dans la ville de David. (II Rois, xII, 22.)
Ils l'enterrèrent dans la ville de David,
Il s'en alla sans exciter de regrets : on mais ne l'ensevelirent pas dans la sépulture
l'ensevelit dans la ville de David, mais non dans des rois (II Chron. xxiv, 25.)
la sépulture des rois. # Chron. xxI, 20.)
Josèphe ajoute les détails suivants :
« Et il fut enseveli à Jérusalem, mais non
dans les sépulcres royaux de ses ancêtres,
« Bien plus, le peuple insulta son cadavre étant devenu impie:» Ka\ 03zt etat pèv èv 'le po
en disant, ainsi que je le présume, † celui ao)ûp1otç, oöx év taï; 0fixat< ôè tai; 8aat)txaiç tºv
† mourait frappé de la sorte par la colère *poróvtov, àae6h; revágevo;. (Ant. Jud.., IX.
ivine n'était pas digne de recevoir les hon VIII, 4.)
neurs dus aux rois; ils ne l'ensevelirent pas Voici encore une contradiction entre le
dans les sépulcres de ses pères ; et sans lui Livre des Rois et les Chroniques, appuyées
rendre aucun honneur, ils l'enterrèrent par le récit de Josèphe.
comme un simple particulier (179). » Il est probable qu'elle doit s'expliquer de
† voici en face d'une contradiction pal même que celle que nous avons rencontrée
paDle. plus haut.
Suivant le Livre des Rois, Joram fut en
terré avec ses pères; suivant les Chroniques,
Quoi † en soit, nous admettons que Joas
n'a pas été enseveli dans les sépulcres royaux
à l'appui desquelles vient le récit de Josèphe, bien que son tombeau y ait été préparé de
ce prince fut enterré ailleurs. SOIl VlVant.
ette contradiction ne pourrait-elle se 12. AMAzLAs. — Il fut enseveli à Jérusa
concilier, en disant que Joram ne fut pas ju lem auprès de ses pères, dans la cité de Da
gé digne d'être déposé dans le tombeau vid. (II Rois, xIv, 20.)
qu'il s'était fait préparer de son vivant, et qui, Et ils l'enterrèrent auprès de ses ancêtres,
par suite, sera resté inoccupé dans les sé dans la ville de Juda. (II Chron. xxv, 28.)
ulcres royaux ? Je serais presque tenté de « Et ayant porté son corps à Jérusalem,
0 CTOlI'6.
ils l'ensevelirentroyalement : » Ka\ tb gtv ºſoga
En résumé, si Joram s'est fait préparer une xopitaavte; et; 'Ispoaô)upa, 3aat)txöç èxfôeu3av
tombe dans le caveau des rois, il n'y a cer (Ant. Jud., IX, Ix, 3.)
tainement pas été déposé. Je n'ai plus à revenir ici sur le nom ville
8. OKHosiAs. — Après qu'il fut mort à de Juda, donné au lieu d'inhumation d'Ama
Megiddo....., ses serviteurs # transportèrent zias, j'en ai suffisamment parlé plus haut.
d Jérusalem, et l'ensevelirent dans son sé
Amazias
pulcre, auprès de ses pères, dans la ville de cres royaux. a donc été déposé dans les sépul
David. (II Rois, Ix, 28.) 13. AzARIAs ou OsIAs. — Il se coucha arcc
Les Chroniques ne disent rien des funé
railles d'Okhosias. ses pères, et on l'ensevelit auprès de ses pères
« Il fut porté, nousditJosèphe, à Jérusalem, dans la ville de David.(II Rois, xv, 7.)
et y fut enseveli : » Kopta0z\; ô'ei;'Iegoaô)upa ti); Il se coucha auprès de ses pères : on l'en
txet taçn; tuYXávet. (Ant. Jud., IX, vI, 3. ) terra auprès de ses pères, dans le champ où
Le verset que nous venons d'extraire du étaient les tombeaux des rois, parce qu'ils
Livre des Rois, me semble fournir une preuve dirent : Il est lépreux. (II Chron. xxv1, 23.)
de plus que les rois.de Juda se faisaient pré « Il futenseveliseul dans sesjardins: »'Exröe3
parer leur tombe de leur vivant : n^apa, dans 0n ôè uôvoç èv tol; tauto5 xñtot;. (Ant. Jud., IX,
son tombeau, dit † le texte ; il x, 4.)
Voici trois versions différentes : nous met
avait donc son tombeau tout fait : car, assu
rément, ce n'est pas Athalie qui lui en eût trons tout d'abord de côté celle de Josèphe,
fait faire un, et probablement qu'il y aura et nous
† ne tiendrons compte que des, deux
nous trouvons dans l'Ecriture. Celle des
été déposé sans grande pompe.
9. ATHALIE. — L'usurpatrice Athalie, chas hroniques me paraît, par cela même qu'elle
sée du temple et mise à mort, n'a certaine est très-précise, devoir être acceptée. J'ad
ment pas été dépcsée dans le caveau royal, mettrai donc qu'Osias ne fut pas enseveli
qui contenait les princes de la race qu'elle dans les sépulcres royaux.
avait voulu exterminer. 14. JoTHAM. — Il se coucha avec ses pères,
10. LE GRAND PRÈTRE JoAD. — On l'ensere et fut enseveli auprès de ses pères, dans la
lit dans la ville de David, avec les rois, parce ville de David, son père. (II Rois, xv, 38 )
qu'il avait fait le bien en Israël à l'égard de Il se coucha auprès de ses pères ; on l'en
(179) « IIept56ptas ôè aÙto5xat tòv vexpòv ö )aô;. 7o32n3 33,ow et /2: tuyetv, oÙte taï; ratpºatç tw
AoYtaägzvot Yàp, otpat, tbv oÛtto; àTto0avóvtz exiôewaav 2 )tòv 0#x2 :, o51e 3))ns ttp # f5iºººoºº
xatà pivtv 82o5, pnôè xrôtiz; tic 827:)e57: xpt à),' 6 ; t3t6,77v #03 2v. » (Ant. Jud., iX, v, 5.)
859 T()M DlCTlONNAIRE TOM 8C0

terra dans la ville de David. (II Chron. Ka\ 04Tttetat uèv aÙtbç èv toïç aÙtoÙ Trapaôeîaot;
xxvIII, 9.) (Ant. Jud., X, III, 2.)
«Etilfutensevelidanslessépulcres royaux : » Tous ces témoignages concordants nous
84Tttetat 3' èv taï; #agi)txaï; 6#xat;. (Ant. Jud., prouvent que Manassés fut enterré dans son
IX, xII, 1.) jardin, où probablement il avait fait prépa
Jotham a été enterré dans les sépulcres rer son tombeau.
royaux. 18. AMMoN. — On l'ensevelit dans sa sé
15. AKHAz. — Il se coucha auprès de ses #º dans le jardin
26.
d'Oza. (II Rois xxI,
pères, et fut enseveli auprès de ses pères,
dans la ville de David. (II Rois xvI, 20.) Les Chroniques ne mentionnent que la mort
Il se coucha auprès de ses pères, et on l'en violente d'Ammon, sans rien dire du lieu de
terra dans la ville de Jérusalem, car on ne sa sépulture.
le transporta pas dans le tombeau des rois « Et ils ensevelirent Ammon avecson père : »
d'Israël. (IIChron. xxIII, 27.) Ka\ vſp ratpt auv0átvtovat tòv "Agoaov.(Ant.Jud.,
Josèphe ne parle pas de sa sépulture. X, Iv, 1.)
Laquelle dés deux versions est la vraie? Manassés, et son fils Ammon, qui avaient
C'est ce qu'il n'est† possible de dire, bien abandonné le culte de leurs pères, durent ne
pas tenir à se réunir à eux après leur mort,
que la précision du verset des Chroniques
† faire pencher la balance en sa faveur.
outefois, nous devons faire observerl'étran
et ils se firent enterrer dans leur jardin.
19. JosIAs. — Ses serviteurs le chargèrent
geté de sa rédaction. Akhaz, dit-il, ne fut mort sur un chariot, le portèrent de Megiddo
pas transporté dans les tombeaux des rois à Jérusalem, et l'ensevelirent dans sa sépul
d'Israël. L'emploi de ce nom Israël est ici ture. (1I Rois xxIII, 30.)
bien singulier. Les rois d'Israël étaient enter ll mourut, et fut enseveli dans la sépulture
rés à Samarie, et il y a tout au moins une de ses pères. (Il Chron. xxxv, 24.)
forte incorrection dans le texte de ce verset. « Et il fut enseveli magnifiquement dans
Quant à ce qu'il fut enterré dans la ville de les sépulcresdesespères :» Ka\ xºôeûetat èv taï;
Jérusalem, il ne me paraît pas possible de #
V, l.
0fixat; peYa)ottpetöç. (Ant. Jud., X,
prendre cette expression au pied de la lettre,
† personne
dans la ville.
ne pouvait être inhumé Quel est le sépulcre de ses pères, dans le
quel il fut enterré ? est-ce celui de David ?
16. EzÉKHIAs. — Il se coucha avec sespères. est-ce celui de Manassés et d'Ammon ? Cela
(II Rois, xx, 21.) eSt † à question. Toutefois, Josias ayant
Il se coucha auprès de ses pères, et on l'en complétement renié la conduite et l'apos
sevelit dans un lieu élevé, parmi les sépulcres tasie de ses deux prédécesseurs, a bien pu,
des fils de David. Tout Juda et les habitants malgré les liens du sang, exiger que ses restes
de Jérusalem lui rendirent des honneurs à reposassentauprès de ses ancêtres qui avaient
été fidèles au culte du vrai Dieu.
sa mort. (II Chron. xxxII, 33.)
20. JoAKHAz. — Il ne régna que trois mois,
Josèphe ne dit rien des funérailles d'Ezé fut détrôné par le roi d'Egypte, et emmené
khias.
prisonnier en ce pays. (II Chron. xxxvI, 24.)
Le verset des Chroniques est extrêmement Il y mourut. (II Rois, xxIII, 34 ; JosÈPHE,
important, en ce qu'il désigne d'une façon Ant. Jud., X, v, 2.)
toute spéciale la tombe d'Ezékhias, en cons Joakhaz n'a donc pas été déposé dans les
tatant les honneurs qui lui furent rendus par sépulcres royaux.
le peuple entier. L'expression , dont se sert 21. JoAKIM. — Il fut emmené en captivité
l'écrivain sacré, Tr,- in -2p nbvna, signifie d Babylone par Nabou-cadr-atzar. (11 Chron.
t-elle bien ici : dans un lieu élevé parmi les xxxvI, 6. )
sépulcres des fils de David ? C'est ce qu'il Le Livre des Rois mentionne simplement
serait très-important de fixer. Le mot nºyc sa mort en disant : qu'il se coucha avec ses
signifie au propre, lieu élevé; mais ne peut pères. (II Rois, xxiv, 6.)
il signifier, aussi bien, lieu profond, de mê Josèphe est plus explicite; il nous dit
me qu'en latin le mot altus a les deux si que : « Nabou-cadr-atzar fit tuer Joakim, et
gnifications ? Et, d'ailleurs, quand il s'agit ordonna de jeter hors des murs son cadavre
d'une excavation sépulcrale, que peut être laissésanssépulture:»"Ovāta#ov èxé)suae ptpiivat
UlIl ; , si ce n'est un lieu plus profond que Ttp) töv tetxtov.(Ant. Jud., X, vII, 3.)
les autres ? Je ne me permettrai point de Joakim n'a donc pas reposé dans les sépul
trancher cette difficulté grammaticale, que cres royaux.
je laisse à de plus habiles le soin de dis 22. JoAKIN. — Il fut emmené en captivité à
cuter. Babylone.(II Chron. xxxvI, 10; II Rois, xxiv,
Quoi qu'il en soit, Ezékhias fut déposé 15; Ant. Jud., X, vII, 1.)
dans les sépulcres royaux. Joakin était encore vivant à Babylone ,
17. MANAssÉs. — Il se coucha auprès de ses lorsque Jérusalem fut mise à sac par les Ba
pères, et fut enseveli dans le jardin de sa byloniens.
#º,
8.)
dans le jardin d'Oza. (II Rois, xxI, 23. SÉDÉKIAs. — Sédékias, après avoir vu
tuer ses enfants, eut les yeux crevés, et fut
Il se coucha auprès de ses pèses, et il fut en emmené en captivité à Babylone. (II Rois,
sevcli dans sa maison. (II Chron. xxxIII, 20.) xxv, 7.)
« Et ilfut enseveli dans ses propresjardins : » Les Chroniques n'en disent rien, et Josèphe
861 TOM DES ANTIQUITES BIBLIQUES. | TOM 863

(Ant. Jud., X, vIII, 2) raconte les faits de la peut élever contre l'opinion que j'émets au
même manière que le Livre des Rois. jourd'hui.Mais je les examinerai plus loin, et
#!
Evidemment Joakin et Sédékias n'ont pu j'espère alors faire voir que ces objections
être inhumés dans le caveau royal. ne sont qu'apparentes, et qu'il est facile de
#t les réfuter.
Récapitulons maintenant, et voyons quels Revenons à l'ordre des inhumations.
#! sont les rois de Juda qui ont été déposés dans
h, les sépulcres royaux : Je l'ai déjà dit, la place d'honneur revient
de droit au saint roi David. C'est donc bien lui

#
1. David.
2. Salomon.
† était inhumé dans la petite chambre in
érieure, ne contenant qu'un seul sarcophage,
5. Roboam.
4. Abias. et placé dans l'axe même du vestibule. Sur les
5. Assa. deux étagères ont été très-probablement pla
Nº!
6. Josaphat. cés les trésors pillés plus tard par Hyrcan et
par Hérode le §!
I. - 7. Joram (tombeau particulier).
8. Okhosias. Dans les six tombes de la première chambre
in II. — 9. Athalie. la plus rapprochée du corps de David, ont été
1 0 . Joad, le
grand prêtre. enterrés : Salomon, Roboam, Abias, Assa et
s ! III. — 11. Joas (tombeau particulier). Josaphat. La tombe de Joram a été préparée,
12. Amazias.
mais n'a pas reçu le corps de ce roi. C'est
lV. — 13. Azarias-Osias (lépreux). peut-être celle qui ne présente pas de petite
14. Jotham.
V. -- 15. Akhaz (tomb. particulier). chambre cachée, destinée à recevoir les objets
##!
16. Ezékhias. précieux enfouis dans la tombe des rois.
Vl. — 17. Manassés (tomb. partic.). Dans la seconde chambre se trouvent SIx
VII. — 18. Ammon. ' (idem.) tombes, complètes ou simplement ébauchées,
19. Josias. plus l'entrée de la seconde chambre infé
VlII. -- 20. Joakhaz. rieure, où est placé un sarcophage orné de
lX. — 21. Joakim. TOS8CGS.
X. — 22. Joakin.
ti 4
XI. — 25. Sédékias. Nous devons donc y trouver les places
d'Okhosias, de Joad, de Joas, d'Amazias, d'O-
zias et de Jotham.
De cette liste, il résulte que onze rois et le
grand prêtre Joad ont été déposés dans le sé En commençant par la face du fond et †
pulcre des rois, et que, parmi les rois dont les la tombe du milieu, nous avons celle d'Okho
corps n'y ont pas été inhumés, trois, le 7", le sias ; à droite est la tombe du grand prêtre
#! 11" et le 13", avaient dû y faire préparer pour Joad, et cette tombe n'a pas de réduit; cela
,!º eux, de leur vivant, des tombes qui sont res devait être, puisqu'il s'agissait d'un grand
tées vides; et, enfin, que huit rois n'ont pu y prêtre, sans trésors que l'on pût enterrer
spº être enterrés. avec lui. La tombe complète de gauche est
celle de Joas; elle a été, ainsi que je l'ai dit,
Il ne paraîtra sans doute pas sans intérêt de construite, mais elle est restée vide.
comparer le nombre des tombes des Qbour Prenant ensuite les trois tombes du côté
el-Molouk, aux nombres des trois séries de gauche, celle du milieu, qui a été occupée,
rois que je viens de signaler. revient à Amazias; celle qui est placée au
Quinze personnages ont fait préparer leurs dessous, et qui n'est qu'ébauchée, revient à
tCmbeaux dans les caves royales, et trois Ozias, le roi lépreux; elle est donc restée à
d'entre eux n'y ont pas été déposés. Aux l'état d'ébauche, pour le motif qu'on a vu plus
Qbour-el-Molouk, quinze tombes ont été pré haut. Enfin, la tombe inférieure, qui a été oc
parées pour recevoir des sarcophages. Il y a cupée, est celle de Jotham. -

donc ici une coïncidence bien étrange, si elle Mais, pourquoi les tombes d'Amazias et de
n'est que l'effet du hasard. Cinq tombes seu Jotham n'ont-elles pas de réduit destiné à
lement sont restées à l'état d'ébauche, et com cacher des objets précieux, des trésors ? Le
me toutes les places disponibles, vu l'étendue voici, je crois : Joas, roi d'Israël, après s'être
des grandes chambres sépulcrales, ont été emparé de Jérusalem et avoir fait prisonnier
† soit à l'état complet, soit à l'état Amazias, s'en retourna à Samarie, « empor
d'ébauche, il en faut conclure, s'il y a iden tant tous les trésors du temple et tout ce qu'il
tité entre les Qbour-el-Molouk et les caveaux y avait d'or et d'argent dans le palais d'Ama
des rois de Juda, que les deux derniers rois, zias (180). » Celui-ci, presque aussitôt après,
Joakin et Sédékias, n'y ont pas choisi de place fut forcé de s'enfuir à Lakis, où il périt as
pour eux-mêmes. sassiné. Quels trésors eût-on pu enterrer avec
Il est bien entendu qu'Athalie ne doit pas un roi qui s'était fait dépouiller par l'étranger
entrer en ligne de compte, et qu'il n'est pas et qui n'avait plus d'amis? Aucun, sans doute :
possible de songer à elle, si l'on cherche à our lui donc l'absence de cachette est par
fixer l'ordre d'inhumation des rois dans les aitement justifiée.
Qbour-el-Molouk. Passons à Jotham. Le règne de celui-ci fut
On voit que j'admets l'identité des Qbour heureux et prospère, il imposa un tribut an
el-Molouk avec les tombeaux des rois de Juda, nuel aux Ammonites; il aurait donc pu laisser
avant d'avoir détruit les objections que l'on des trésors après lui ; mais il dut dépenser des

(180) « Toº; ve 7o5 6eo5 072aopo : àvei)eto, x2\ at)eiot; t#:;öp77e. » (Josi riiE , Ant. Jad., IX,
320, r,v tq 'Ap27fz /0.7b; zz 30 9p2;, tv :ot; 32 xI, 2 )
863 TOM DICTIONNAIRE T0MI 864

sommes énormes à relever et à orner la cité avec réduit destiné à recevoir des objets pré
sainte et le temple; rien ne nous dit que ce cieux ou des trésors, ne se trouve absolument
fut un roi songeant à faire des économies, que là, dans l'immense nécropole de Jérusa
bien au † Ant. Jud., IX, xI, lem, et cette disposition présente une anoma
2.) L'absence de la cachette dans son tom lie inexplicable si l'on ne reconnaît pas dans
beau est donc jusqu'à un certain point na ces cachettes la trace de l'habitude que l'on .
turelle. avait d'enterrer les rois de Juda avec leurs
Passons à la 3° chambre, en nous réservant trésors.
de revenir à la 2° chambre de l'étage infé Nous lisons dans Dion Cassius, à propos de
rieur. Nous avons ici six tombes nouvelles. la destruction de Jérusalem par les Romains :
Sur le côté gauche, celle du milieu a été « Ceci leur avait été annoncé par le fait que
préparée, mais elle n'a pas de cachette; la le monument de Salomon, pour lequel ils ont
tombe d'Akhaz a dû être préparée, mais n'a un profond respect, s'écroula et tomba spon
pas servi. Akhaz, qui avait payé des sommes tanément. (Hist. Rom., I. LxIx, c. 14)- » On
énormes au roi d'Assyrie, Tiglat-fela-sar, en me permettra de chercher dans cette asser
ruinant le trésor royal et le trésor divin, n'a- tion une preuve de plus à l'appui de mon
vait garde de laisser, après lui, des sommes système; les oscillations d'un tremblement de
considérables à enterrer dans son tombeau.
Aux deux côtés de la tombe d'Akhaz sont
terre ne font pas crouler un caveau taillé dans
la masse du roc; cela seul peut crouler qui a
deux tombes ébauchées. Or Ezékhias devrait, été bâti ou qui n'offre pas une résistance
ce semble, occuper une de ces deux tombes. égale dans tous les sens. D'ailleurs, pour que
Heureusement la Bible nous vient en aide.
Ezékhias fut enterré avec luxe dans une cham
les Juifs trouvassent un présage fatal dans
l'écroulement du tombeau de Salomon, il fal
bre particulière, nºyc>. C'est donc à lui que lait que cet écroulement pût être vu de leurs
j'attribue sans hésitation la seconde chambre yeux (182).
inférieure, dans laquelle on pénètre par l'es Pouvaient-ils savoir ce qui s'écroulait dans
calier débouchant dans la seconde chambre
l'intérieur d'une cave sacrée, où il était im
sépulcrale que nous venons d'étudier. possible de pénétrer, ainsi que nous le dit Jo
Que deviennent dès lors les deux tombes
ébauchées de ce côté ? Les places abandon sèphe ? Je n'hésite pas à répondre que non.
nées de Manassés et d'Ammon, qui se firent Qu'en conclure? Que ce fut le vestibule appa
enterrer dans le jardin d'Oza. rent qui fut abattu par un tremblement de
Après ces deux rois, vient Josias, qui reprit terre, et que ce même tremblement de terre
avec ferveur le culte du vrai Dieu et qui re fit également crouler le monument expiatoire
posa dans les sépulcres royaux. La tombe qui d'Hérode, élevé par ce prince, après sa pro
se présente immédiatement après est com fanation, à la porte même du tombeau des
plète, et elle contient une cachelte à trésors. rois. Comparons ces faits avec les lieux tels
osèphe nous rend très-bien conmpte de la qu'ils sont aujourd'hui. L'entablement du
vestibuie est fendu dans toute sa hauteur, et
présence de cette cachette. Voici ses expres
. sions : -
l'une des deux parties s'est abaissée d'une
« Ensuite Josias, après avoir vécu en paix manière appréciable. Les deux colonnes qui
et avoir surpassé tous les autres en richesses le soutenaient ont été forcément broyées en
et en gloire, mourut de la manière suivan ce moment, aussi bien que la face intérieure
te (181). » de la muraille de rocher, dans laquelle est
Il raconte alors la fin malheureuse de ce taillée la porte qui amène dans la grande cour
monarque. de l'édifice. Enfin, le tertre assez élevé, qui
Après Josias viennent Joakhas, Joakin et est placé juste en face du vestibule, recouvre
Sédékias, dont les malheurs sont bien connus, très-probablement la base du monument ex
et avec iesquels finirent la dynastie et le piatoire, bâti par Hérode, et que la mêmIe ca
royaume de Juda. Il était donc naturel qu'a- tastrophe aura frappé.
près la tombe de Josias il n'y eût plus que J'arrive enfin aux objections qui peuvent
des tombes ébauchées. être élevées contre l'attribution que je viens
Je le demande maintenant : est-il possible de donner aux Qbour-el-Molouk. J'espère
que le hasard seul ait présidé à l'enchevêtre n'en négliger aucune; mais, dans tous
ment étrange de ces tombes achevées et ina les cas, j'en verrais, avec grand plaisir, sur
chevées des Qbour-el-Molouk, lorsque cet en gir de nouvelles, parce que je me crois dans
chevêtrement s'explique de lui-même aussitôt le vrai, et qu'il me serait probablement aisé
que la vraie attribution de ce monument illus de les réfuter.
tre est trouvée?Je me dispenserai de répon Les seules objections que je crois avoir à
dre moi-même. combattre sont les suivantes : -

D'ailleurs, la disposition de ces tombes, 1° Le tombeau de David et de sa dynastie


. (181) · Zñaaç ô' èv eipiivn get à taötz 'Ioaia ;, jusqu'à ce jour : "Avôpeç &ôs)pol, #5òv . eiTtstv p1et à
#7: ôè x2t t)oût(9 xzl ti tap3 täztv eÛõo3tz, xxt raõõnat2; Ttgb; ögä; tsgl toò Ilatptāpxov Aa63,
#s toóttp tp tpört p
V, 5.)
tbv 3tov. (Ant. Jud., X, 3tt xx\ ète)eûtrae xa\ ètäçn, tò uvñpa aÙto5 èattu
èv hpiv àXgt tn ; ñgépx; taût m,. (Actes, 11, 29.)
(182) Dans les Actes des Apôtres nous lisons : Saint Pierre et ceux qui l'écoutaient connaissaient
1es frères, qu'il me soit permis de vous dire hardi donc parfaitement le tombeau du roi David, qui
ºtent sur le patriarche David, qu'il est mort, qu'il a était encore intact, au moment dc la prédication du
été ensereli, et que son sépulcrc cxiste auprès de nous, princc dcs apôtrcs.
865 T0M DES ANTIQUITES BIBLIQUES. T0M 866

était sur le mont Siôn, et il y est encore en pas exclusiven1eni la forteresse placée au som
grande vénération parmi les musulmans; met du mont Sion. Notons en passant que ce
2° Les ornements architectoniques des mur de Manassé n'est très-probablement que
Qbour-el-Molouk sont formés de motifs em le mur magnifique dont deux immenses tron
pruntés à l'architecture grecque ; çons se relient au jardin de la mosquée d'el
3° Le livre de Néhémie semble placer le
tombeau de David sur le mont Sion ; Les mœurs judaïques † invinci
4° Enfin ce tombeau a été ouvert par hasard, blement à ce que des sépulcres fussent éta
il y a quelques siècles, suivant le récit de Ben blis dans l'intérieur d'une ville; ceci ne sau
jamin de Tudèle, et refermé aussitôt par ordre rait être douteux; un curieux passage de
du rabbin de Jérusalem. Josèphe constate ce fait, à propos de la fon
Voilà tout, si je ne me trompe. Examinons dation de Tibériade. (Ant. Jud. XVIII, II, 3.)
donc ces objections l'une après l'autre. Voici, à propos de la population qu'Hérode
On a dit si longtemps que le tombeau de implanta dans la ville qu'il venait de fonder,
David était sur le mont Sion, qu'on a fini par ce que dit l'historien : « Pour les décider à
le croire. Mais sur quelle base solide est donc habiter dans cette ville, il fit bâtir leurs mai
assise cette opinion? Est-ce l'Ecriture sainte sons et leur donna des terres, parce qu'il savait
qui nous l'apprend? Non. Est-ce Josèphe? qu'il était contraire aux lois et aux mœurs
Pas davantage. D'où vient-elle donc ? J'avoue judaïques d'habiter une ville pareille ;en effet,
† je l'ignore complétement. S'il n'y a pas en construisant Tibériade, on avait détruit
'autre raison pour le croire que l'emploi des un certain nombre de sépulcres, qui se trou
mots, dans la ville de David , dans les diffé vaient sur son emplacement, et notre loi dé
rentes indications que nous fournit l'Ecriture clare impur, pendant sept jours, quiconque
sainte, pour le lieu d'inhumation de David et habite un lieu semblable. » Les habitants de
: il de sa dynastie, cette raison est faible, ainsi Jérusalem eussent donc été impurs à perpé
que je l'ai déjà montré, et que je vais le faire tuité, et Salomon tout le premier; lui †de
voir de nouveau. vait donner l'exemple du respect aux lois di
Je citerai pour cela quelques passages tirés vines et humaines. Il les eût donc enfreintes
de l'Ecriture sainte, et qui prouvent que l'ex sans hésitation, et tous ses successeurs eussent
pression nºTt "ºy, n'a jamais eu le sens étroit été aussi peu scrupuleux que lui ? et les habi
qu'on lui applique d'ordinaire , en tenant tants l'eussent souffert sans mot dire ? Cela
compte de quelques versets du texte sacré et est de toute impossibilité.
en passant l'éponge sur quelques autres, ce Ne savons-nous pas, d'ailleurs, que Salo
qui est commode sans doute pour la discus mon fit habiter hors de la forteresse de Sion
sion, mais seulement jusqu'au jour où l'on la fille de Pharaon (I Rois Ix, 24; II Chron.
trouve sur son chemin un contradicteur qui vIII, 11), qu'il avait épousée, parce que ce lieu,
ne se contente pas d'à peu près, lorsqu'il s'a- étant sacré, ne pouvait être profané par la
git de démontrer un fait important. présence d'aucune chose impure ; et le roi,
Lorsque j'ai publié mes idées, fort nouvelles si scrupuleux en cette circonstance, eût mis
en conviens, sur le compte des Qbour-el ses scrupules de côté, lorsqu'il s'agissait d'un
olouk, j'ai vu surgir les dénégations les plus cadavre ou d'une tombe ? Je me dispense de
passionnées, et les brevets d'ignorance m'ont répondre à cette question.
été distribués avec une générosité rare ; j'ai Le palais que Salomon fit bâtir pour la reine
dû naturellement examiner de près les argu était à Meloua ; la reine sortit donc de la cité

º #
; ments avec lesquels on battait en brèche l'o-
pinion que j'avais émise.Je n'aurai donc qu'à
reproduire ici ce que j'ai dit ailleurs, en re
de David pour aller habiter Meloua; et voilà
que dans les Chroniques, Meloua devient
partie intégrante de la cité de David. Cette
merciant sincèrement mes adversaires du ser dénomination n'est donc pas exclusivement
: vice qu'ils m'ont rendu, en m'aidant très-puis
samment à compléter la démonstration des
faits que j'avançais.
attachée à la forteresse du mont Sion.
Je ne conteste nullement que cette forte
resse n'ait été, par excellence, nommée la
Voici donc deux passages qui prouvent que Cité de David; mais, est-ce une raison pour
le nom Cité de David s'appliquait à autre que ce nom n'ait pu, par extension, s'appli
chose qu'à la forteresse placée sur le sommet uer à la capitale tout entière du royaume
du mont Sion. Nous lisons dans le II° Livre † David? Je ne le pense pas.
des Chroniques (xxxII, 5) : Et il (Ezékhias) Jérusalem est devenue la ville de David,
fortifia Meloua (Millo), cité de David (sous comme Ninive la ville de Ninus, comme Ro
entendu, qui est la). Meloua, dont on a voulu me la ville de Romulus, comme Aix-la-Cha
faire une colline, est une vallée; Meloua, pelle la ville de Charlemagne.
c'est incontestablement le Tyropœon : le La présence de nombreux tombeaux ne
#ºn
David.
s'appelait donc aussi la cité de ouvait, dit-on, causer aucune souillure dans
a forteresse de Sion. Ceci ne me paraît pas
Plus loin encore (II Chron. xxxIII, 14), démontré, et le roi Salomon, qui forçait la
nous lisons : Apràs cela, il (Manassé) bâtit un reine, sa femme, fille du puissant roi d'E-
mur extérieur à la ville de David, vers l'oc gypte, à loger hors de l'enceinte de la forte
cident de Gihon, dans la vallée, jusqu'à la resse, parce que cette enceinte était sacrée et
porte des Poissons, le continuant jusqu'à Ophel, que la présence d'une femme pouvait la
qu'il éleva, élevant considérablement...Certes, souiller, Salomon aurait eu mauvaise grâce à
ce qui est désigné ici par cité de David n'est traiter ainsi la reine, s'il avait pris le parti
867 TOM DICTIoNNAIRE TOM 868

d'établir à poste fixe des tombes, fût-ce celle chargée ont bien l'élégance des moulures
de son père, dans l'enceinte où avait reposé grecques Mais pourrait-on affirmer que les
l'arche d'alliance. Nous lisons (II Chron. vIII, ordres dorique et ionique sont d'invention
11) : Salomon fit monter, de la ville de David, grecque ? Je ne crains pas de dire, parce que
la fille de Pharaon à la maison qu'il lui avait les objections abondent, qu'en le faisant on
bâtie; car il avait dit : Il ne doit pas me de courrait grand risque de se tromper. Il est
meurer une femme dans la maison de David, aujourd'hui démontré pour moi, et j'espère
roi d'Israël ; car ils sont sacrés les lieux où avoir beaucoup d'architectes de mon avis,
est venue l'arche de Jéhovah. Le mot employé que le † ionique est venu des Phéni
par l'écrivain sacré est rbyri, et signifie litté ciens aux Hébreux, et beaucoup plus tard
ralement faire monter; en conclurons-nous, aux Grecs. Ce chapiteau, je l'ai retrouvé en
qu'en quittant le sommet du mont Sion, la Phénicie et dans une localité moabite, certai
reine a dû monter pour gagner sa nouvelle nement beaucoup plus vieille que les villes
demeure ? Nullement; je pense, moi, qu'elle grecques, et, certes, les Moabites n'avaient
a dû descendre forcément. Je demande la oint eu de grands rapports avec les Grecs
permission de faire observer que le radical de orsqu'ils bâtissaient leurs étranges cités, en
ce mot est le même que celui du mot nbvc, blocs de lave non équarris et formant de
sur le sens duquel je conserve donc mon opi véritables murs cyclopéens. Je n'ajouterai
nion en toute sécurité, et que je continuerai plus qu'un mot sur ce point. Le monument
à considérer comme signifiant, lieu profond, de Khorsabad est antérieur à la belle archi
dans le verset qui concerne la tombe du roi tecture ionique des Grecs : eh bien ! que l'on
Ezékhias. ouvre le livre de M. Botta, et l'on y trouvera,
Le tombeau de David, dira-t-on, est bien planche 114, un petit édifice orné de deux
réellement à la mosquée de Naby-Daoud, si colonnes à chapiteaux ioniques et d'un cou
vénérée des Musulmans, qu'ils n'y laissent ronnement d'antefixes, représenté sur un
pénétrer ni les Chrétiens ni les Juifs. Exami bas-relief assyrien, tiré du palais de Khor
nons ceci. La mosquée de Naby-Daoud passe sabad.
bien, en effet, parmi les Musulmans, pour Sur un autre bas-relief (planche 141 ), on
contenir le tombeau du saint roi. Mais, qu'est verra le pillage d'un temple, avec les préten
C6 † c'est que cette mosquée ? C'est l'église dues § de notre frise des Qbour-el-Mo
chrétienne bâtie sur l'emplacement de la louk, et là ces patères seront aisément recon
maison où eut lieu la sainte Cène. C'est dans le nues pour des boucliers appendus aux mu
caveau même où les Musulmans ont placé leur railles. Quant aux † voici qui peut
tombeau postiche de David, que fut apprêté singulièrement modifier l'opinion qu'ils sont
l'agneau pascal, et le docte Quaresmius cons d'origine grecque; je transcris intégralement
tate, dans son livre inappréciable, que les une note très-importante que je dois à l'ami
moines chrétiens, expulsés de cette église, tié de M. Prisse d'Avennes : -

lorsqu'elle fut transformée en mosquée, n'a- « Les Grecs ne peuvent pas plus revendi
vaient jamais eu l'idée d'y voir quoi que ce quer l'invention des triglyphes que celle de
fût qui ressemblât aux caves sépulcrales des la colonne dorique. Les monuments égyptiens
rois de Juda. Comment donc les Musulmans présentent tous les éléments de cet ordre
ont-ils, un beau jour, prétendu que la mos d'architecture, usité bien avant que les Grecs
quée dé Naby-Daoud contenait le sépulcre du n'aient songé à élever des édifices, Ainsi, dans
saint roi ? Très - probablement, ils l'ont fait les hypogées de Beni-Haçan, qui remontent
avec les éléments de certitude qui leur aux Pharaons de la 12" dynastie, c'est-à-dire
ont servi lorsqu'ils ont déterminé la place du à environ 3,000 ans avant Jésus-Christ, onvoit
tombeau de Moïse à Naby-Mousa, c'est-à- des colonnes à cannelures, appelées par
dire à quelques heures seulement de Jérusa Champollion protodoriques, et des entable
lem, tandis qu'il est parfaitement certain que ments ornés de gouttes et de mutules. Dans
Moïse mourut de l'autre côté du Jourdain, et les hypogées de Koum-el-Ahmar, qui datent
u'il fut enterré dans une vallée de la terre de la 6° dynastie, ainsi que le prouvent les
e Moab. •
cartouches de Papi et de Teti qui y sont gra
En dernière analyse, l'opinion qui place à vés, on remarque des piliers à fleurs de lotus,
Naby-Daoud le tombeau de David n'est nulle qui soutiennent une architrave portant des
ment soutenable, et elle croule d'elle-même. espèces de triglyphes. Cet ornement caracté
Au reste, pour accréditer leur fable pieuse, ristique existe aussi sur plusieurs édicules
les Musulmans, sous prétexte de je ne sais peints ou sculptés à des époques antérieures
quels événements terribles qui menacent qui aux premiers monuments grecs. J'en ai réuni
conque pénétrerait dans le caveau où ils affir de nombreux exemples dans mon Histoire
ment que repose le roi David, n'y laissent de l'art chez les anciens Egyptiens, ouvrage
entrer personne, pas plus les Musulmans que entièrement terminé depuis longtemps, mais
les autres. que je ne puis livrer à la publicité, sans l'ap
Je ne m'arrêterai pas pluslongtemps sur cette pui du gouvernement.
première objection, et je la laisse pour ce « A Karnak, sur des colonnes formées de
qu'elle vaut. Passons à la seconde. tiges et de boutons de lotus, on trouve des
Effectivement, la frise ciselée sur le rocher ornements taillés dans le genre des triglyphes.
dans lequel est taillé le vestibule de Qbour-elCes colonnes appartiennent au règne de
Molouk offre des triglyphes et des patères; de Thoutmès III, de la 18° dynastie. Enfin, tou
plus, les moulures dont la corniche est sur. tes les corniches égyptiennes sont décorées
869 TOM DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. TOM 870

de véritables triglyphes, bicolores ou trico en Egypte, ils auraient rencontré les mêmes
lores, alternant avec des cartouches divins ou configurations, en partant du même point,
les cartouches du roi fondateur du monument. les constructions en bois, architecture primi
J'ajouterai encore que, sur les plafonds de tive de tous les peuples. Mais les premiers
tous les hypogées, on trouve des ornements édifices en charpente diffèrent tellement par
formés de méandres, qu'on appelle aussi grec tout, que la dissemblance de la donnée pri
ques, parce qu'on croyait cet ornement par mordiale doit conduire à des résultats et à
ticulier aux Grecs. Je ne pousserai pas plus des développements très-variés. C'est préci
loin ce parallèle, qu'on pourrait étendre à sément cette donnée des temps fabuleux, an
toutes les parties les † caractéristiques de
l'architecture des Héllènes.
téhistoriques, de l'architecture, qui me pa
raît éminemment égyptienne. Altérés par des
« L'architecture égyptienne s'est modelée besoins locaux, perfectionnés par des idées
sur les premiers édifices qui étaient construits et un goût particuliers, ces éléments d'em
en bois, et non sur les habitations des Tro prunt ont enfanté à leur tour des mer
glodytes, sur des grottes ou des Speos, com veilles.
me l'ont avancé trop légèrement MM. Huyau « Quant aux Hébreux, élevés au milieu des
et Gau, et tout dernièrement M. Raoul-RO monuments de l'Egypte, ils n'ont pas eu à
chette; c'est une vérité démontrée par l'étude passer par tous les développements de l'art ;
approfondie des monuments égyptiens. On ils ont dû, sinon se mettre à la hauteur où
reconnaît, en effet, dans les agencements des leurs maîtres se trouvaient alors, du moins
colonnes, des architraves, des mutules, des adopter leurs formes architectoniques, tout
corniches, etc., etc., des preuves incontesta en cherchant un art national. Malgré ce que
bles de cette origine. Les portes des hypo dit la Bible des ouvriers envoyés par Hiram,
† sont quelquefois décorées de linteaux les Phéniciens, qui n'ont § 8lUlCUlIl IIlOIlUl -
émicylindriques, représentant un tronc ment d'une originalité incontestable, ne me
d'arbre à demi équarri; les plafonds sont sou paraissent pas avoir été les uniques maîtres
vent ornés de poutres et de solives, peintes de des Hébreux. Salomon, marié à la fille d'un
façon à imiter la couleur et tous les accidents roi d'Egypte, avait sûrement aussi des artis
du bois, système d'ornementation qui atteste, tes de ce pays. D'ailleurs , la civilisation
d'une manière irrécusable, le type primitif égyptienne s'était tellement répandue dans
de l'architecture égyptienne. Mais elle dédai l'ancien monde, qu'on rencontre partout leur
gna bientôt ces constructions éphémères, système d'architecture, l'empreinte de leur
pour employer des matériaux tout à la fois génie, dans la Judée comme dans la Phénicie,
plus durables et plus appropriés à ses besoins. à Ninive comme à Persépolis. L'Egypte, cette
On peut suivre encore, sur les monuments terre féconde qui portait en elle assez d'idées
épars dans la vallée du Nil, l'histoire des dé pour défrayer toute la civilisation antique,
veloppements successifs de l'art. D'abord pa pendant des siècles, a successivement pro
raissent les formes rectilignes, nées avec la créé l'art architectural, chez les Phéniciens,
charpente et transmises à la pierre ; puis, les Hébreux, les Assyriens et les Grecs. »
l'art, s'élevant à l'imitation de la nature, in En définitive, quels sont les autres orne
troduit, vers l'époque de la 12° dynastie, les ments de cette frise? des couronnes, des pal
formes végétales dans les piliers, les colonnes mes, des feuillages et des fruits. Qu'on veuille
et toute l'ornementation ; enfin, au temps de bien relire, dans la Bible, la description des
la 18° dynastie, les formes humaines s'allient édifices somptueux élevés par Salomon, à
partout aux formes géométriques et végétales l'aide des artistes attirés par lui de Phénicie,
et amènent la perfection de l'architecture. et l'on sera tout surpris de reconnaître que
tous les ornements des Qbour-el-Molouk,
†« L'art ne prend naissance chez un peuple,
sous l'influence de maintes circonstances sont précisément ceux que les écrivains sa
écondes, qu'il n'est pas donné à tous de crés mentionnent, comme ayant été em
réunir. Aussi, il y a généralement en archi ployés dans les embellissements du temple et
tecture une transmission héréditaire des idées, du palais.
des méthodes et du style, des peuples ma On m'a objecté que le saint roi David, vu
jeurs à tous les peuples en travail de civilisa ses habitudes de simplicité, n'avait pas dû se
tion. En Grèce, les traditions primitives té faire construire, pendant sa vie, un tombeau
moignent que tous leurs procédés techni pour lui-même; le roi qui ne donnait qu'une
ques et artistiques furent dérivés de la Phé simple tente à l'arche † a-t-on dit,
nicie et de l'Egypte. Tout démontre chez les ne pouvait songer à sa dépouille mortelle.
Grecs, et principalement chez les Athéniens, J'en demeure d'accord, c'est donc Salomon
le caractère et le style d'un art d'emprunt. qui a fait creuser le tombeau de son père...
On sait que des corporations vagabondes d'ar Son fils Salomon l'ensevelit magnifiquement
tistes, , des pontifes lithotomistes, avaient à Jérusalem : "E0x}t ô'«ûrè» à rais 2oMouò» i»
porté dans l'Hellade tous les arts utiles : pra # ôtaresröç, dit Josèphe (Ant. Jud.,
VII, xv, 3). » Qu'y a-t-il dès lors d'étonnant à
tique et modèles leur venaient de l'étranger,
et probablement des bords du Nil, le prin ce que Ce mOnument funéraire ait été em
cipal monument construit par Dédale, était preint de la splendeur que les artistes phéni
un labyrinthe pareil à celui qui existait en ciens, mandés tout exprès par Salomon, ré
Egypte. En admettant que les Grecs n'aient pandaient sur les admirables constructions
as adopté, dans leurs colonnes # et qui devinrent une des merveilles du monde.
eurs triglyphes, des formes déjà invétérées Avant sa mort, David disait à son fils Salo
S71 TOM DICTIONNAIRE TOM 872

mon : Tu as avec toi, en quantité, des ou - élèves ont dû mettre en œuvre l'ornementa
vriers, des tailleurs de pierres et des ouvriers tion toute phénicienne que leur habile maî
en pierres, et des charpentiers, et toute es tre leur avait enseignée. -

pèce d'hommes intelligents en chaque ouvrage. On m'a objecté aussi que les récits des spo
(I Chron. xxII, 15.) On voit donc que les ar liations exercées tour à tour par Hyrcan et
tistes intelligents ne manquaient pas à Jéru par Hérode sont des fables inventées à plai
salem, même du temps de David. sir par Josèphe. Il faudrait alors expliquer
Nous lisons encore (I Chron. xxvIII) :— 11. pourquoi Hérode a fait construire, à la porte
David remit à Salomon, son fils, le modèle de même du tombeau des rois, un monument
sa galerie et de sa maison, de ses trésors et de expiatoire, après la fatale visite dans laquelle
ses greniers, de ses chambres intérieures et deux de ses doryphores périrent. Josèphe
de la maison du couvercle ; — 12. Et le mo connaissait et a parlé, de visu, de ce monu
dèle de tout ce qu'il avait en projet, pour les ment, qu'il décrit ; en nier l'existence et l'o-
parvis de la maison de Jéhovah, et de toutes rigine devient donc très-difficile. De plus,
les cellules à l'entour, pour les trésors de la l'entrée du tombeau des rois était donc bien
maison de Dieu et les trésors des choses con connue de la populationentière de Jérusalem.
sacrées, — 13. Des divisions des prêtres et des A l'époque de Salomon, l'argent n'était pas
Lévites, et de toute la confection du service de très-rare à Jérusalem, car nous lisons ce qui
la maison de Jéhovah, et de tous les usten suit dans les saintes Ecritures : L'argent n'é-
siles du service de la maison de Jéhovah..... tait estimé de rien, du temps de Salomon (II
etc....., etC. Chron. Ix, 20). Puis : Le roi rendit l'argent
Il y avait donc à Jérusalem, du vivant de et l'or communs à Jérusalem comme les
David, des artistes capables de rédiger des pierres; et les cèdres le , furent comme les
plans et de construire des modèles d'édifices sycomores, j#sont dans la vallée en grande
# bâtir.Qu'en conclure ? Que sous le règne quantité. (I1 Chron. 1, 15.) La même asser
du saint roi on pouvait concevoir déjà et tion est répétée au 1" Livre des Rois, x, 27.
exécuter de grandes choses. Quelque hyperbolique que puisse être cette
Quand, plus tard, Salomon écrivit à Hou dernière expression, elle ne prouve pas
ram, roi de Sour, pour lui demander de l'ai moins que Salomon pouvait, sans gêner
der dans la construction du temple, il lui dit beaucoup ses finances, ensevelir 3,000 talents
dans sa lettre : d'argent dans la tombe de son père.
Et maintenant, envoie-moi un homme in Mais, dit-on, si des trésors ont existé dans
telligent, pour travailler en or, en argent et cette tombe, et Sésac, et les Assyriens, et
en airain, en fer, en pourpre rouge, en cra tant d'autres spoliateurs du trésor du temple
moisi et en hyacinthe, qui sache tailler des et du trésor royal de Jérusalem, ont dû de
sculptures, avec les gens sages qui sont avec pouiller les tombes royales ? On oublie une
moi en Jahouda et en Jérusalem, que David chose ; c'est † les peuples de l'antiquité
mon père a préparés. (II Chron., I, 6.) n'étaient pas des violateurs de tombeaux, et
Le roi Houram lui répond :
Et maintenant je t'envoie un homme sage,
† avaient un respect profond pour la de
eure des morts. Àussi, lorsque Cambyse,
intelligent, qui a'appartenu à Houram mon devenu maître de l'Egypte, eut violé le sé
## d'une femme des filles de Dan # pulcre d'Amasis, il n'y eut qu'un cri d'indi
père était tyrien), expert à travailler dans gnation et de malédiction contre lui. Cette
l'or, dans l'argent, dans l'airain, dans le fer, hypothèse ne me semble donc pas avoir une
dans les pierres, dans le bois, dans la pour valeur suffisante.
re, dans l'azur, dans le lin fin, dans le cra L'objection la plus sérieuse, contre l'iden
moisi,, à tailler toute espèce de sculpture tité des Qbour-el-Molouk et du tombeau de
(b2 rinº5 rrnE) et à imaginer toutes sortes David et des princes de sa dynastie, est tirée
d'inventions dont on le chargera, avec tes sa du Livre de Néhémie. C'est un livre bien dif
ges et les sages de mon seigneur David, ton ficile à comprendre, il faut l'avouer, que le
père. (II Chron. II, 12,) Livre de Néhémie; car, plus ou l'étudie, moins
Ious ces passages sont bien précieux. Sa on en saisit la valeur, en tant que description
lomon a besoin d'un homme capable d'exé des lieux.
cuter l'ornementation qu'il destine au temple Néhémie était échanson du roi Artaxerxès
du Seigneur. Cet homme, il sait qu'il peut le Longue-main (I, 11). Dans la 20° année du
trouver en Phénicie; il le demande au roi règne de ce prince, il obtint du monarque,
Houram, et le monarque le lui envoie aussi des firmans pour aller rebâtir Jérusalem (II,
tôt. Cet artiste a-t-il pu concevoir et exécuter 8). Il était escorté de chefs de l'armée et de
à lui seul toutes les splendeurs du temple et cavaliers (II, 9). Il arrive à Jérusalem, et, au
du palais? Non, certes; il a donc créé une lieu de se servir de ses firmans qui lui
véritable école à Jérusalem, et cette école a donnaient plein pouvoir, que fait-il? Il sort
dû forcément suivre les méthodes qui lui fu de nuit comme un homme qui a peur d'être
rent enseignées par son fondateur tyrien. vu, et il va inspecter les murailles. On ne
Pour excaver dans le roc vif une tombe concevrait pas que cette inspection ne por
digne de son père, Salomon n'avait pas be tât que sur un point, et Néhémie devait faire
soin d'autres artistes que ceux qui se trou le tour de la ville, pour que sa course eût un
vaient à Jérusalem; pour l'orner convenable but utile.Voici les versets qui rendent compte
ment, il a pu se servir, soit de l'artiste tyrien de cette tournée (II) :
lui-même, soit des élèves de celui-ci, et ces 13. Je sortis durant la nuit par la porte de
875 T\)M DES ANTIQUITES BIBLIQUES. TOM 874

la Vallée et devant la fontaine du Dragon, et Roi, quand nous avons un immense réservoir
vers la porte du Fumier, et je considérai les placé loin de là et qui porte toujours le nom
murailles de Jérusalem qui étaient abattues d'étang du Roi, §
et ses portes qui étaient consumées par le feu. Expliquée de l'une de ces deux manières,
14. Et je passai à la porte de la Fontaine cette inspection de Néhémie est complète; il
et à l'étang du Roi, et il # avait pas de a vu toute l'enceinte qu'il vient reconstruire el
chemin par où pût passer la bête que j'avais dont il lui importe de connaître l'état de ruine
80043 77l0! .
plus ou moins avancé. Il n'en serait plus de
15. Et je montai durant la nuit par le tor même, évidemment, si l'on réduisait la course
rent et je considérai la muraille, et reve de Néhémie à une simple promenade, faite
nant, j'arrivai à la porte de la Vallée et je sur un seul point de l'enceinte.
retournai. . Plus tard, Néhémie convoque tous les ha
Néhémie sort et rentre par la porte de la bitants et les engage à rebâtir l'enceinte de
Vallée. Il rentre en remontant le torrent qui la ville; et lorsque Sanballate de Khoron, et
est le Kédron. Il a donc bien réellement fait Tobie l'Ammonite, et Djesem l'Arabe, lui di
le tour de la ville. Assurément, une porte qui sent : Que faites - vous ? vous révoltez - vous
s'appelle porte de la Vallée doit s'ouvrir sur contre le roi ? il renonce encore à leur mor
une vallée. Y en a-t-il plusieurs qui puissent trer ses firmans, et il se contente de leur
porter ce nom à Jérusalem?Je n'en connais répondre : C'est le Dieu du ciel qui nous fera
qu'une, c'est la porte de Setty-Maryam, porte prospérer, et nous, ses serviteurs, nous
moderne de Saint-Etienne , auprès de la nous lèverons et nous bâtirons ; mais vous,
quellè est encore une fontaine, qui peut bien vous n'avez ni part, ni droit,ni souvenir en Jé
être l'ancienne fontaine du Dragon. A Jéru rusalem. (II, 19, 20.)
salem, les fontaines sont assez rares pour Vient ensuite l'énumération des ateliers
qu'on n'ait pas grande chance de se tromper, différents qui travaillèrent à la reconstruction
en les identifiant avec celles qui sont men des murailles, et je déclare, en toute humilité,
tionnées dans les Ecritures. A partir de là, #
m'â été impossible d'y rien comprendre.
Néhémie, montant vers la porte du Fumier, e crois bien démêler cependant qu'il y a,
considère le triste état des murailles de Jéru dans cette énumération, une partie relative
salem (et non de celles du temple). Qù était à la ville proprement dite, et une autre rela
la porte du Fumier? Personne n'en sait rien ; tive à l'enceinte du temple et à la portion
les uns la placent d'un côté, les autres au côté des remparts qui s'y rattachaient, mais je
opposé. De là Néhémie passe à la porte de la n'oserais l'affirmer.
Fontaine et à l'étang du Roi. Cette porte de Les efforts du révérend Robinson, l'auteur
la Fontaine n'est pas connue aujourd'hui. du meilleur livre que # connaisse sur la
Puis il passe à l'étang du Roi ; ici, pas de Judée, n'ont pas été plus heureux que les
confusion, à mon avis, il s'agit de l'immense miens ; il en convient tout aussi franchement
citerne creusée au pied du mont Sion, à la que je le fais moi-même. Dans cette descrip
naissance de la vallée de Hinnom, et qui porte tion des travaux nous lisons (III):
encore aujourd'hui le nom de Birket-es-Soul 13. Khanoun ct les habitants de Zanoakh
than. Il n'y avait pas'là de chemin praticable : élevêrent la porte de la Vallée; ils la cons
ceci doit § parfaitement † car avec les truisirent, en posêrent les portes, les serrures
décombres provenant de la démolition des et les verrous, plus, mille coudées à la mu
remparts élevés sur le mont Sion, le flanc de raille jusqu'à la porte du Fumier.
la colline devait être impraticable pour une 14. Malkia, fils de Réchab, chef du distriet
monture quelconque. de Beth-Kerem, éleva la porte du Fumier; il
Enfin Néhémie remonte le torrent de Ké la construisit, en posa les portes, les serrures
dron, il considère la muraille. Cette fois, il ne et les verrous.
spécifie plus la muraille de Jérusalem; et en 15. Et Saloum, fils de Kolkhozé, chef du
district de Mitspa, éleva la porte de la Source,
et, il longeait l'enceinte du temple; puis il
revient à la porte de la Vallée, c'est-à-dire c'est lui qui la construisit, la couvrit, en
vers la porte actuelle de Setty-Maryam, et il posa les portes, les serrures et les verrous,
rentre chez lui, sans que les magistrats de la ainsi que la muraille de l'étang de Selakh
ville se doutent de ce qu'il est allé faire dans (Siloë), près du jardin du Roi, et jusqu'aux
son excursion nocturne (II, 16). On pourrait rampes qui descendent de la ville de David.
toutefois expliquer d'une autre manière en 16. Après lui travailla Nékhémie, fils d'Az
core la course de Néhémie; il faudrait faire bouk, # du demi-district de Beth-Tsour,
du Bab-el-Khalil actuel, la porte de la Vallée, jusqu'en face des tombeaux de David et jus
de la Fontaine du Serpent (pinn p)le Birket qu'à l'étang d'Asouiah et jusqu'à la maison
Mamillah que Josèphe nomme positivement des Héros. -

iscine des Serpents, de la porte du Fumier, le 17. Après lui travaillèrent les Lévites....
b-Çahioun, de la porte de la Fontaine, le etc., etc.
Bab-el-Marharibeh, et enfin de l'étang du Roi, Voilà l'autorité sur laquelle on s appuie,
la piscine de Siloé. De la sorte Néhémie aurait pour mettre sur le mont Sion les tombeaux
réellement remonté le torrent du Kédron, et de David et des rois de Juda.
il aurait négligé les détails topographiques de Il est fâcheux que cette mention soit faite
toute la portion est, nord, et ouest de l'en au milieu de nomsinsolites et qui ne se trou
ceinte. Resterait la diſficulté réelle de l'identifi vent employés que dans le livre dc Néhémie ;
cation de la piscine de Siloé avec l'étang du car, je le répète, il n'y a pas l'ombre de pos
DICTIoNN. DEs ANTIQUITÉS BIBLIQUEs. 28
875 TOM DICT10NNAIRE TOM 876

sibilité de reconnaître quoi que ce soit, dans subsiste, et je crois avoir le droit de dire que
les lieux qui se trouvent énumérés dans ce les tombeaux des rois de Juda étaient bien
chapitre. dans la cavesépulcrale qui porte encore le nom
Il ne me reste plus qu'à parler du récit de Qbour-el Molouk, de tombeaux des rois.
que fait Benjamin de Tudèle. (Itinerarium, Jamais, du reste, jusqu'à une époque assez
c. 9. ) Il a entendu dire que l'entrée du tom récente, l'entrée du tombeau de la dynastie
beau de David fut trouvée par hasard par de David n'a été inconnue à Jérusalem, ainsi
deux terrassiers qui déblayaient une partie qu'on semble le croire. Ce n'est qu'au moyen
de l'enceinte de Sion ; que ces ouvriers en âge que la tradition vraie s'est perdue à moi
pénétrant dans le tombeau, rencontrèrent tié, et que, tandis que le monument authen
des chambres incrustées d'or et d'argent, et tique conservait sonnoble nom, on lui substi
une table, sur laquelle étaient le sceptre et tuait un caveau fantastique, situé sur le som
la couronne de David; que ces ouvriers s'é- met du mont Sion, dans l'intérieur de la cita
vanouirent et ne recouvrèrent leurs sens que delle, c'est-à-dire en un point où il n'y a
longtemps après; qu'ils allèrent prévenir le jamais eu de tombeau.
rabbin , et que celui-ci se hâta de faire re Josèphe nous affirme qu'Hérode avait fait
fermer !'édifice sacré (183). Ce récit extrava construire un monument expiatoire à la porte
ant ne valait évidemment pas la peine d'être du caveauroyal.Saint Pierre parledu tombeau
iscuté . Je ne puis m'expliquer comment de David comme bien connu de tous. Dion
un homme aussi savant que l'illustre Münter Cassius nous affirme que la chute du tombeau
a pu lui accorder la moindre créance, et de Salomon fut pour les Juifs un triste pré
avancer surtout qu'il s'accordait, en ce qui Sage de ruine. Et enfin, ce qui est bien plus
concerne les richesses qui étaient enfermées positifencore, nous lisons dans la Lettre de
dans le tombeau, avec le témoignage de Jo saint Jérôme à sainte Paule (184), pour l'en
sèphe ;. C'est précisément tout le contraire gager à venir habiter Beit-Lehm : Tenebimus
qui a lieu, puisque Josèphe affirme qu'Hé manus, ora cernemus, et a desiderato vix avel
rode enleva toui ce qui s'y trouvait de pré lcmur amplexu. Ergone erit illa dies, quando
cieux, sans y rien laisser. Si Hérode avait nobis liceat speluncam Salvatoris intrare ? In
tout pris, il est fort diſlicile d'admettre que sepulcro Domini flere cum sorore, flere cum
les ouvriers de Benjamin de Tudèle y aient matre?Crucis deinde lignum lambere, et in
retrouvé les trésors dont la vue les éblouit. Oliveti monte, cum ascendente Domino, voto
Ce récit n'est donc qu'une fable sans aucune et animo sublevari ?Videre exire Lazarum fas
espèce de valeur historique, comme presque ciis colligatum; et fluenta Jordanis ad lava
toutes les traditions analogues que croient crum Domini , puriora; inde ad pastorum
et racontent imperturbablement les Juifs caulas pergere, in David orare mausoleo ?
de Jérusalem . Saint Jérôme savait donc très-bien où était le
Le savant qui a le plus vivement attaqué mausolée de David, et l'entrée n'en était in
le mémoire que j'ai publié sur les Qbour connue de personne, puisqu'il dit à sainte
el-Molouk et que je viens de reproduire sans Paule # iront prier ensemble dans ce
y rien changer, a bien été § de recon mausolée.
naître, danssacritique, l'identité des Qbour-el Chose étrange ! nous lisons dans l'Itinéraire
Molouk et les Etr)aïa BaaiXtxá de Josèphe, de Bordcaux à Jérusalem, écrit en 333: Item
et il en a conclu que Hérode, au commen abJerusalem euntibus Bethleem millia quatuor;
cement de son règne, s'était fait bâtir un super strata, in parte dextra, est monumentum
tombeau médiocre, qu'il n'aura plus trouvé ubi Rachel posita est uxor Jacob. Inde millia
digne de lui, quand il s'est vu au faîte des duo a parte sinistra est Bethleem ubi natus est
grandeurs , et de la richesse; qu'alors il Dominus Jesus Christus. Ibi basilica facta est
s'en sera fait construire un splendide, qui jussu Constantini. Inde non longe est monu
n'est - probablement autre qué les Qbour mentum Ezechiel, Asaph, Job et Jesse, David,
el-Molouk. Cela, malheureusement, est con Salomon, et habet in ipsa crypta gd latus
traire à l'histoire; car nous savons (Ant. Jud., deorsum descendentibus Hebrœis scriptum
XVIII, vIII, 3 ) que lorsque Hérode mou nomina superscripta. Que penser de cette
rut à Jéricho, ses funérailles furent célébrées indication ? Je ne me charge pas de le deviner.
avec l'éclat le plus grand, et que son corps En tout cas, ce qui est certain, c'est que pour
fut transporté en grande pompe, par une les habitants de Jérusalem , en 333, le
route de deux cents stades, à Hérodeum, où tombeau de David et de Salomon n'était pas
il devait être enterré, suivant sa volonté ex caché dans les flancs du mont Sion.
resse. Hérodeum était éloigné de Jérusa Pour l'auteur du même Itinéraire, le monu
em de soixante stades (Ant. Jud. XV, Ix, 4). ment connu aujourd'hui sous le nom de tom
C'est encore Josèphe qui nous le dit expres beau d'Absalom était le tombeau du roi
sément. Ceci posé, je demande ce que peu Ezékhias. Si l'on se rappelle que le tombeau
vent être les arm)aix 6xai)ixa, s'ils ne sont les d'Ezékhias, quelle que fût sa position relative,
tombeaux des rois de Juda, et j'attendrai devait, suivant l'Ecriture sainte, exister au
la réponse. - même point que les tombeaux des rois, il
En résumé, aucune objection sérieuse ne était de conséquence nécessaire, pour le pèle
(185) Benjamin de Tudèle oublie d'expliquer com tres ordres que ceux auxquels ils obéissent si hum
ment un ordre quelconque a pu être donné par un blement.
rabbin et exécuté publiquement à Jérusalem. Les (184) Lettre 44, écrite entre 588 et 400.
pauvres Juifs de Jérusalem ne connaissent là d'au
877 ZIF DES ANTIQUITES BIBLIQUES. ZIF 878

rin de Bordeaux, d'admettre que les tombeaux doute, à la renouer, et je ne doute pas que
des rois de Juda étaient en ce même lieu.Cette les Qbour-el-Molouk n'aient été, pour lui
opinion, du reste, est d'accord avec celle de comme pour moi, le sépulcre de David et des
l'auteur de la Chronique pascale, qui dit que rois de sa dynastie.
le tombeau du prophète † ainsi que TOPHETH. — Partie de la vallée de Hin
le pèlerin de Bordeaux appelle le tombeau IlOIIl.
monolithe de Zacharie) fut placé tout près de TRACHONITIDE. — Tétrarchie de Philippe
celui des rois, derrière le cimetière des Juifs, frère d'Hérode. (Luc. III, 1.)
dans la région du midi. TUBIN. - Localité inconnue dans le pays
On le voit, au Iv° siècle, l'incertitude exis de Galaad. (1 Mach. v, 13.)
fait, et la chaîne de la tradition était déjà in TYR, SoUR. — Voy. PHÉNICIE.
terrompue ;saint Jérôme parvint, sans aucun

U
ULAI, AoULI. — Nom de porte mentionnée Ville de Chaldée habitée par Tharé, père
dans Daniel. Quelques-uns pensent que c'est d'Abraham, et que le patriarche quitta pour
aussi le nom d'un fleuve. (Dan. vIII, 2.) venir dans la terre de Kénâan.(Gen. xI, 28.)
UR, AoUR-KAsDJIN (Ur des Chaldéens). —

Z
ZABADÉENS. - Tribu arabe nommée dans ment confondue avec celle qui se trouve dans
le 1" Livre des Machabées (xII, 31). le voisinage d'Hebron et de Kermel. Eusèbe
ZABULON, ZEBoULoUN. — La tribu de Za nous apprend que celle-ci était à huit milles
bulon était dans la Galilée inférieure et s'é- d'Hebron, dans la Daroma; mais ce chiffre
tendait de la mer de Tibériade à la Méditer me paraît altéré, et je le crois un peu exa
ranée et au Carmel. Elle avait au nord Neph géré.Josèphe mentionne Zif sous le nom de
thali et au midi Issachar. Zi, à parmi les premières villes que Roboam,
ZANOE , ZENoUAKH. — Ville de Juda. fils de Salomon, fit fortifier dans le pays de
(Josué xv, 34.) Il y avait dans la même tribu Juda. Un autre passage, extrêmement impor
une autre Zanoë. (Josué xv, 56.) tant, se lit dans le même livre. Il nous ap
ZARED. — Tôrrent de la Moabitide. prend que David, parti de la solitude au
(Nomb. xxI, 12.) dessus de Ayn-Djedy ('Evysôaiv), vint dans la
ZEPHRONA, ZEFRANAH. — Contrée de Ne campagne de Zif(rñs Ztyivnç), à un lieu nommé
phthali, surles limites septentrionales.(Nomb. Kaenè (ft; r rv« röroy Katvi» za)ovuivnv). Je suis
xxxIv, 9.) bien tenté cette fois de voir dans la Kaenè de
ZIF, ville. — Le nom antique de Zif n'a #phe
lI.
la Youkin moderne, si voisine de
pas, jusqu'à nos jours, subi la plus petite alté
ration. Le verset 55 du chapitre xv de Josué . La contrée de Zif était loin d'être floris
ne contient que les quatre noms : Maoun, sante à l'époque biblique, puisque nous li
Kermel, Zif et Youta. Il semble que ces lo sons dans Samuel (xxIII) : — 14. David de
calités devraient être rangées dans ce verset, meura au désert dans les lieux forts, et il de
comme elles le sont sur le terrain, c'est-à- meura sur une montagne, dans le désert de
dire en remontant du sud au nord. Il en fau Zif. Saiil le cherchait toujours, mais Dieu ne
drait conclure que Youta doit être cherchée le livra pas en sa main. — 15. David vit en
au nord de Zif; mais il n'en est rien. La carte core que Saiil était sorti pour attenter à sa
de Zimmermann porte, vers ce point, une vie; et David était dans le désert de Zif, à
seule localité, nommée Youkin, et il serait Harsah (nv-rn). Enfin (ch. xxIII, v. 19), nous
difficile de croire, bien que les deux noms lisons encore : — Les habitants de Zif mon
commencent par la même syllabe, qu'il y a tèrent vers Saiil, disant : David se tient caché
identité entre la Youta biblique et la Youkin auprès de nous, dans les lieux forts, à Harsah,
moderne. Cela paraît d'autant plus difficile sur la colline de lIakilah, qui est à la droite
d'ailleurs, que † existe toujours assez de Yesimoun (ou du désert, car le mot Vesi
près et à l'ouest de Kermel, fort loin, et au moun, rc'vº, a également cette significa
sud-sud-ouest de Zif. tion).
Le nom de Zif est commun à deux localités #ELETH. — Voy. PIERRES CoNSACRÉEs.
bibliques de la tribu de Juda.Ainsi nous trou ZOMZOMIM,ZoUzIM, ZUzIM. — Peuplade de
vons (Josué xv, 24) à l'extrémité sud du ter géants qui habita le pays occupé plus tard
ritoire de Juda, et dans le voisinage d'Adada par les Ammonites.
et de Cades, une Zif qui ne peut être évidem
me======

APPENDICE .

REPONSES AUX CRITIQUES SOULEVÉES PAR MES PUBLICATIONS SUR LA TERRE


SAINTE (185). -

I.
REPONSE A M. ISAMBERT.

Examen du Rapport de M. IsAMBERT, sur trois ublications relatives à la Palestine, au Jourdain et à la


Mer Morte, par MM. LYNCH et de SAULCY.

(Bulletin de la Société de Géographie, rédigé par la Section de publication, n. 54, pages 198 à 221, et n. 55,
pages 296 à 525.)

PREMNÈRE PARTIE. -- Côte de Phénicie. Isambert qui le dit, « maisils étaient insuffi
sants pour faire des explorations étendues et
En lisant les parties déjà publiées du Rap pour les mûrir.» J'en demeure d'accord, c'é-
port de M. Isambert, j'ai pu me féliciter de ce tait un temps bien court ; mais, si court qu'il
ue l'examen de mon Voyage avait été jugé ait été,j'aiune prétention qui, je l'espère, ne
igne d'occuper tant de place dans le bulle paraîtra pas exorbitante à M. Isambert lui
tin de la Société de géographie. Je dis mon même, c'est que j'ai dû mieux voir cette côte
Voyage, car jusqu'ici la publication de M. phénicienne en six jours que ceux qui ne l'ont
Lynch n'y a été mentionnée qu'en passant; de pas vue du tout.
ce côté donc je n'ai pas à me plaindre, et ma M. Isambert voudrait que j'eusse séparé les
† été largement faite dans le travail de
M. Isambert. dissertations que j'ai jetées par intervalle
dans la narration de mon voyage, du récit de
La critique est de droit commun, et je m'in la marche de ma petite caravane ;je ne con
clinerai devant elle avec respect toutes les teste pas l'avantage qu'aurait eu cette mé
fois qu'elle me prendra en faute.Mais comme thode de rédaction. Mais le voyage de Robin
† jamais pensé (etje suis convaincu que son m'a paru si bon et si intéressant, que j'ai
,Isambert ne le pense pas non plus) que la suivi l'exemple qu'il me donnait, sans toute
critique fût inattaquable, par cela seul qu'elle fois concevoir l'espérance outrecuidante de
usait du droit d'attaquer, je me vois aujour m'élever à la hauteur de mon modèle.Je
d'hui dans la nécessité de me défendre contre n'ai pas adopté de titre courant; je n'ai pas
le rapport inséré au bulletin de la Société de rédigé de table des matières; ceci constitue
† si je tiens à ne pas passer aux un double défaut, je le reconnais en toute
yeux de cette Société pour l'auteur du plus humilité; mais je suis seul juge des raisons
méchant livre † ait jamais été écrit sur la qui ont pu me déterminer à publier mon
géographie de la Syrie. Du reste, comme je voyage le plus promptement possible; et, tout
n'ai pas l'avantage de connaître M. Isambert, en avouant que sur ce point le reproche de
il doit être† tout le monde qu'il ne M. Isambert est fondé, je n'en persiste pas
s'agit icique d'un débat purement scientifique. moins à penser que j'ai bien fait de m'affran
M. Isambert fait observer que je n'ai eu que chir de la nécessité de consacrer beaucoup
six jours à donner à la description du pays de temps à des améliorations auxquelles je
qui sépare Beyrouth de l'ancienne Ptolémaïs; enserais peut-être si, par impossible, il me
le fait est † aitement vrai. Ces jours ont été allait publier une deuxième édition de mon
bien employés, grâce à mon activité, c'est M. voyage. Après avoir fait l'énumération des
(185) J'ai cru devoir ajouter à ce Dictionnaire marques importantes qu'elles peuvent contenir et
ces réponses aux critiques soulevées par mes pu qui ont pu jaillir des discussions mêmes soulevées
blications, en raison des faits nouveaux et des re par mes découvertes sur les terres bibliques.
881 APPENDICE. — REP0NSE A M. ISAMBERT. 882

cartes qu'il avait a sa disposition (186), M. qu'il appelle crique Hassan (sur quelle auto
Isambert me reproche de n'avoir pas cité la rité? je l'ignore), je ne sais en vérité ce qu'il
carte de Jacotin, « qui a pour la première fois eût fallu dire pour lui sembler précis.
donné le véritable aspect de cebeau pays.»Je ne Le texte de Scylax offre après!le nom de
voudrais pas être accusé de chercher à rabais
ort de Béryte une épithète altérée que M.
ser le mérite de l'œuvre de Jacotin ; je me sambert reconnaît pour bien corrigée dans
contenterai donc d'affirmer une chose, c'est mon livre, mais en faisant remarquer que
ue la grande carte de Zimmermann,. dont cette correction n'est pas nouvelle, ce quiten
j'ai eu perpétuellement une feuille à la main, drait à faire supposer que je me la suis attri
pendant toute la durée de mon voyage en Sy Or voici ce que j'ai écrit (page 55): —
rie, cette carte pour la rédaction de laquelle buée.
Saumaise, avec sa sagacité accoutumée, avait
tous les travaux antérieurs ont été étudiés et
proposé cette correction, et Reland l'avait
utilisés, m'a paru donner parfois toute autre acceptée. — L'insinuation de M. Isambert
chose que l'aspect véritable du pays en ques n'est donc pas légitime.
tion.Ou Zimmermann et Jacotin sont d'accord,
et alors tous les deux se sont quelquefois M. Isambert veut bien reconnaître que j'ai
trompés ; ou ils ne sont pas d'accord, et eu raison de suivre, en la citant, l'opinion de
alors je préfère de beaucoup le travail mo Robinson sur la position au Khan-el-Khaldah
de la Heldua de l'Itinéraire de Bordeaux à Jé
derne auquel un géographe tel que Ritter a,
attaché son nom. rusalem; seulement ce passage donne lieu à
la note suivante : «El-Khulda de Kiepert et de
M. Isambert,passant à l'examen des distances
rapportées par moi, montre immédiatement Zimmermann. M. de S. change l'orthographe
d'une manièresouvent moins reconnaissable. »
le parti pris de les trouver toutes fausses.
Suivant M. Isambert, j'ai dit que le Ras-Bey Comme ce reproche sur les altérations de
routh est à 2 kilomètres de la ville, et il ajoute noms, dont je me suis rendu coupable, revient
† y a erreur au moins d'un tiers. Il oublie fréquemment, je vais réunir la plupart des
e nous dire si c'est en plus ou en moins. passages où il en est question, pour y répon
Or, voici la phrase dans laquelle mon savant dre en une seule fois. Les voici : Pâge 216,
critique trouvel'assertion qu'il relève : —deux Ras-el-Ayn,quine peut être que le Ras-el-Tyne
auberges sont mises au premier rang, l'une de la carte du dépôt de la marine. — P. 217.
au Ras-Beyrouth, à deux kilomètres de la Il eût été désirable qu'il donnât lui-même
ville, l'autre sur le port même. —A moins un plan topographique de Sour et de ses
que M. Isambert ne voie dans cette phrase environs — (il eût fallu aller vite en besogne,
l'assurance que l'auberge en question est bâ g† je ne suis resté que 15 à 18 heures à
tie à la pointe même du cap, sa conclusion our), — afin qu'on pût reconnaître ses déno
n'est pas légitime. S'il avait été à Beyrouth, minations nouvelles, et les faire concorder
M. Isambert saurait qu'on y appelle Ras-Bey avec les cartes précédentes. — P. 218. Pla
routh toute la portion de côte qui borde le teau qu'il appelle Omm-el-Aamid, toujours
cap, au nord aussi bien qu'au sud. L'auberge en changeant § P. 219. Le cap
est à une demi-lieue de # ville : voilà ce que que la carte de Jacotin appelle Mecherfi, et
j'ai voulu dire, et ce qui est vrai; elle est au Zimmermann, Mescherfé, M. de S. l'appello
Ras-Beyrouth, et ceci est encore vrai. El-Achraf, ce qui est propre à dérouter tout
La phrase suivante mérite d'être copiée : le vocabulaire. Quoique l'idendité ne soit pas
« Notre voyageur croit avoir découvert sur la douteuse, il aurait pu en avertir son lecteur
route qui part de la ville vers Saïda, c'est-à- et lesvoyageurs futurs quientendront peut-être
dire au sud, et dans la direction du cap (c'est autrement que lui la prononciation arabe.En
à-dire à l'ouest), les ruines d'une basilique fin (même † comment veut-il aussi qu'on
reconnaisse facilement dans la colonne Amond
et non d'un théâtre, de bains baignés(sic) par
la mer, et autres débris de l'antique Berytus. el-Zamri le lieu que Zimmermann a probable
Il en a même dressé le plan, mais il n'en fixe ment désigné à quelque distance de la route,
pas la distance, et s'exprime avec si peu de par le nom plus simple d'Hamsin, sur le ruis
précision, qu'on ne sait pas si c'est au-dessus seau qui baigne Zib. — Je trouverais à trans
de la crique Hassan, ou plus près du cap, à crire encore d'autres passages analogues,
J'occident, que cette basilique est située. » mais cela me mènerait trop loin. Bornons
Si M. Isambert avait pris la peine de lire la nous donc à ceux-ci, et commençons par
age 12 de mon livre, il y eût trouvé ceci :- le dernier : le nom Amond-el-Zamri que
Jn seul monument a laissé quelques débris M. Isambert me reproche d'avoir employé,
un peu importants sur la plage ; on l'appelle n'existe que dans son imagination. A la page
le théâtre, et c'est évidemment une basilique 49, je cite une grande colonne monumentale
d'une haute antiquité, flanquée d'une ligne isolée, au sommet d'une colline; à plus d'une
de bassins carrés,taillés dans le roc, et enva lieue à l'est d'Ez-Zib, et qui s'appelle Amoud
his par l'eau. Un peu plus loin une crique, -el-Qamsy. Ces mots forment un nom arabe
sur les bords de laquelle sont hissées quel intelligible, tandis que le nom Amond-el
ques barques arabés, semble avoir été jadis Zamri, que M. Isambert m'accuse à tort
un des ports de Beryte. — Puisque M. Isam d'employer, ne signifie rien du tout.
bert trouve que ce passage nefixe pas la po M. Isambert ignore-t-il donc que les noms
sition relative de la basilique et de la crique arabes sont presque toujours significatifs ?
(186) Kiepert 1841 ), Ritter et Zimmermann (1850), Callier (1850) , et Jacotin , grand ouvrage
de l'expédition d'Egypte.
S85 DICTIONNAlRE DES ANTIQUITES BIBLlQUES. 884

Du moment qu'il en est ainsi, leur trans bert appelle ma carte ? Par une simple
† impossible pour qui ne parle pas RÉDUCTioN AU PANToGRAPHE de la carte de
la langue du pays, devient forcée pour qui Zimmermann ; et si M. Isambert ne s'en est
la parle. Or j'ai l'avantage de la parler; dès pas aperçu, c'est faute d'une attention suf
lors je ne crois pas mériter le reproche per Sante.
pétuel qui m'est adressé à propos du peu Quand je me suis décidé à reprendre mon
de cas que je fais de noms par trop altérés. ancien métier d'officier d'artillerie, et à lever
Pourquoi ne pas conserver comme con le pays que je parcourais, j'ai commencé
sacrées les dénominations de Miramolin, et mon lever à vue, à la boussole et au pas, en
les noms de Facardin, de Saladin, de Ma notant tout ce que je voyais, et en omettant
chumet, de Morchuflex, de Sursac et tant avec opiniâtreté ce que je ne voyais pas. Ce
d'autres que nous trouvons dans nos vieux la tient à ce que j'ai une idée fixe : c'est, en
chroniqueurs ? Ils sont tout aussi exacts que fait de géographie, de ne m'exposer jamais
les noms géographiques dont M. Isambert à parler avec précision de ce que je n'ai pas
déplore l'abandon. J'ai donc le droit de m'é- vu de mes yeux.
tonner de recevoir un blâme pour un fait qui, Donc, mes feuilles d'itinéraire ont été le
en bonne justice, devait plutôt m'attirer un vées, je le répète, à la boussole, à vue et au
compliment. pas, à l'échelle de 1 centimètre par kilo
Passons à un autre paragraphe qui mérite mètre. Il en résulte que cette échelle de mes
une réponse précise. Je transcris : « Or, itinéraires n'a pas été déduite, ainsi que le
pour faire sentir le danger d'un calcul pré croit M. Isambert, de la grande échelle dont
† on peut citer l'exemple de M. de Saulcy :
'échelle métrique de sa carte est divisée de
elle est un dixième. Et, à propos de ce der
nier membre de phrase, je ferai remarquer
† que le degré de latitude aurait de 132 qu'il dit précisément le contraire de ce que
à 133 kilomètres, au lieu de 111 kilomètres, veut dire sans doute M. Isambert ; car la pe
19. - Cette erreur d'un sixième, qui au reste tite échelle, au dixième de la grande, est
peut n'être que celle de son dessinateur, celle de l'itinéraire général, puisque l'é-
ost de nature à tromper tous ceux qui en chelle des itinéraires particuliers est dix fois
(sic) feront usage sur la carte, et elle pa
raît s'être étendue à l'échelle des itinéraires.
plus † J'avoue que ceci est une pure
querelle de mots ; mais, quand il s'agit de
lette deuxième échelle en effet, au lieu chiffres, les mots, pour être précis, ne doi
d'être portée sur chacune des cartes itiné vent pas dire précisément l'opposé de ce
raires, étant pour éviter les frais de répé qu'ils veulent dire.
tition, exprimée une fois pour toutes sur la Revenons à mes itinéraires détachés et à
carte générale, a été déduite naturellement l'itinéraire général. Les premiers étant re
de la grande échelle dont elle est un di digés à l'échelle fixée à l'avance de 1 cen
xième. M. de Saulcy est bien au-dessus de timètre pour 1 kilomètre, l'échelle de l'itiné
areilles erreurs, mais elles avertissent le raire général restait seule facultative ;toutefois
ecteur de celles qu'il pourrait commettre il y avait une condition de justification typo
lui-même dans les échelles comparatives, graphique à remplir, et jè voulais que l'iti
faute d'une attention suffisante. » néraire général pût entrer dans un cadre
J'ai le très-grand regret de devoir déclarer donné et double de la planche courante de
tout d'abord que le manque d'attention suf mon atlas. J'ai donc prié l'habile artiste
fisante n'est imputable qu'à M. Isambert, (M. Avril) qui s'était d§é de la gravure
et je le prouve. de mes itinéraires, de réduire au panto
Si M. Isambert s'était donné la peine de graphe la carte de Zimmermann sur la
lire le titre de ce qu'il appelle ma carte, il quelle j'avais reporté la route suivie par
aurait vu qu'elle est en réalité intitulée : Iti moi, de façon à la faire entrer dans une dou
néraire générale du voyage, et non carte ble planche. C'est ce qu'il a fait, sans que je
de Syrie. Cette seule observation lui eût évi lui eusse au préalable rien dit de l'échelle
té la peine d'écrire la phrase suivante # qui devait résulter de son tracé. Son tra
216) : « Conçoit-on une carte de ces contrées vail terminé, il m'a annoncé que l'échelle
dont sont absents le Liban et l'anti-Liban, de cette réduction était dix fois plus petite
le cours du Léontès, etc., etc. ? » Chose que celle des itinéraires détaillés. Je ne me
étrange ! l'absence de ces chaînes de mon suis pas donné la peine de le vérifier, parce
tagnes et de ces fleuves n'a pas suggéré à que je n'y attachais aucune importance, vu
M. Isambert l'idée que ce qu'il voulait pren que j'avais le désir de donner un itinéraire
dre pour une carte, n'avait nullement la pré et non une carte, et la faute monstrueuse
tention d'en être une l Où ai-je, ne fût-ce que M. Isambert me reproche s'est trouvée
que par un seul mot, exprimé la pensée que consommée à montrès-faible regret,je l'avoue.
#
SVI'10
à mes lecteurs une carte de la Maintenant, si M. Isambert eût pris la peine
de comparer le canevas de mon itinéraire
J'ai déjà dit que je n'ai pas fait un pas en général avec la carte de Zimmermann, et
Syrie sans avoir à la main une des feuilles après avoir reconnu une pure réduction de
de la belle carte de Zimmermann que j'an celle-ci, de chercher unè quatrième pro
llotais sans cesse, et sur laquelle je traçais, portionnelle, peu difficile à déterminer, il
chemin faisant, mon itinéraire, avec les cor eût aperçu bien vite le vrai rapport des deux
"ections qui se présentalent à chaque ins échelles employées, et compris que le rap
tant. Comment ai-je obtenu ce que M. Isam port 1l10° était inexact, et assez évidemment
885 APPENDICE.— REPONSE A M: lSAMIBERT. 886

inexact pour qu'il devînt inutile de faire au Pourquoi oublie-t-il de citer, commeje l'ai fait,
tre chose que de le signaler. Mais si je suis le nom que Pline donne à cette localité,
au-dessus de paretlles erreurs, M. Isambert Léontos oppidum, nom qui, à coup sûr, nc
est, à ce qu'il paraît, au-dessus de la peine signifie pas ville des Lions? Il me permettra
qu'il fallait prendre d'étudier d'un peu plus donc de garder mon opinion et de ne pas ac
près , le travail qu'il , condamnait. Une cepter la sienne.Je n'accepte pas plus volon
fois le compas à la main, cependant, il ne tiers le raisonnement dont il se sert pour dé
lui en eût pas coûté beaucoup de chercher terminer la position de Léonton au bord du
cette malheureuse quatrième proportionnelle Tamyras : « Il est probable, dit M. Isambert,
à laquelle il n'a pas songé. qu'alors, sinon encore aujourd'hui, le Liban
Quant à la répétition de l'échelle sur cha renfermait des lions qui venaient par la pro
que feuilſe détachée d'itinéraire, cette fois fonde et †º vallée du Tamyras, jus
encore, avec un peu d'attention, M. Isam qu'aux bords de la mer Phénicienne, et l'a-
bert aurait compris que toutes ces feuilles bondance des plantes médicinales que ren
n'en font qu'une, et qu'elles peuvent à vo ferme cette belle contrée rend plus vraisem
lonté se coller sur une toile, pour constituer blable le culte rendu à Esculape dans un bois
un ensemble non interrompu. Il serait tout sacré. Nous n'hésitons doxc pas, pour nous
aussi juste de reprocher à Zimmermann d'a- servir d'une expression favorite de M. de
voir négligé la répétition de son échelle sur Saulcy, à proposer formellement de placer la
chacune des feuilles de sa carte. En voilà as ville des Lions (Léontonpolis) et le bois
sez sur ce sujet, et, si je ne me trompe, des d'Esculape au passage du Tamyras (rivière
reproches insérés dans le paragraphe que je El-Damour). » Ne croirait-on pas, en lisant
viens de discuter, il ne reste rien. Il est donc ces phrases convaincues, que M. Isambert
parfaitement inutile de tenir compte de la a parcouru la vallée du Damour, qu'il y a
note qui occupe à peu près cinq pages, et chassé le lion, et qu'il y a herborisé? Pour
dans laquelle M. Isambert fait une revue com quoi faut-il que toutes ces preuves ne soient
parative des distances qu'il trouve sur ma pas admissibles? -

prétendue carte et sur la carte de M. le gé Le paragraphe suivant servira à caractériser


néral Callier. le soin avec lequel M. Isambert a étudié mon
Passons à la suite du rapport de M. Isam livre, afin d'en rendre compte à la Société de
bert : « Il n'y a pas de difficulté, dit mon géographie : « Il n'y a aucune diſficulté à re
docte critique, sur l'identification du Damour connaître Porphyrion au Khan-en-Naby
avec le Tamyras. Mais pourquoi n'avoir pas Younès; mais nous n'admettons pas qu'ici.
reconnu la ville de Léontonpolis, ou ville des fût le Léontonpolis de Strabon et de Scylax
Lions, et le bois sacré d'Esculape, dans cette lui-même. Puisque ce dernier géographe les
belle vallée?... Avec, le Tamyras, il devait y a distingués, pourquoi M. de Saulcy veut-il
avoir une ville dans une position si favora les confondre ? » Voici ma réponse : J'ai
ble. » Le raisonnement est un† risqué : il dit : — Les deux témoignages concordants
devait y avoir une ville; mais il n'y en avait de Scylax et du pèlerin de Bordeaux sont
pas, et voilà pourquoi, d'accord avec tous bien suffisants (et presque tous , les voya»
ceux qui, comme moi, ont visité les bords du geurs jusqu'ici l'ont admis comme moi) pouc.
Damour, je n'y ai placé ni Léontonpolis, ni considérer le Khan-en-Naby-Younès comme
le bois sacré d'Esculape. occupant l'emplacement de Porphyrion. Il
Dans le paragraphe suivant, M. Isambert paraît donc naturel d'admettre que Strabon
déclare qu'entre Berytus et le Lycus, la dis (qui place en ce point Léontonpolis) s'est
tance est infiniment petite. Il y a trois lieues, trompé, et que, confondant Porphyrion avec
et c'est bien quelque chose. Léonton, il a placé l'une de ces deux villes
M. Isambert, en parlant d'une correction pour l'autre entre le Tamyras et Sidon.— Ou
du texte de Scylax proposée par moi, en je ne comprends pas ce que j'écris, ou ceci
désespoir de cause, dit qu'il ne croit † qu'on n'implique pas que je veux confondre Bor
l'adopte. J'ai dit moi-même (p. 62) : — Je phyrion et Léonton. D'ailleurs, je dis encore
donne, bien entendu, cette correction, en ceci : - Je n'hésite donc pas à croire que
grec d'assez médiocre qualité, pour ce qu'elle la localité antique dont il existe des vestiges
vaut, c'est-à-dire † jen'y tiens pas outre très-reconnaissables au Khan-el-Qasmieh, ne
mesure, bien qu'elle m'ait été suggérée par soit en réalité la Léontonpolis de Scylax, Léon
l'étude des lieux. — Si M: Isambert eût pris tos oppidum de Pline, et Léontonpolis de
la peine de copier cette phrase,. il eût du Strabon. — Evidemment,. l'argument dont se
moins édifié les lecteurs de son rapport sur sert M. Isambert, à propos de ce point, lui
le prix que j'attachais à cette correction, C'est fait défaut.
une omission que je lui signale. Poursuivons : « L'auteur(c'est moi) remarque
J'ai dit à deux reprises, dans mon livre, que que Strabon met Sayda à une distance de 400
l'édition de Scylax, publiée par Gail, omettait stades de Béryte. Il pense que ce chiffre est
le mot grec qui signifie fermé, après la men un peu trop fort. S'il avait dressé une échelle
tion du port de Sidon. M. Isambert a reconnu de stades et qu'il eût pris pour base le stade
que c'était une erreur de ma part, et il a eu olympique de 600 stades au degré, ou de 185
raison de relever cette inadvertance. Je fais mètres, il aurait reconnu que ce blâme est plus
donc amende honorable sur ce point. ue faible, et que les copistes de Strabon ont
M. Isambert trouve étrange que je ne veuille § substitué le chiffre de 400, qui
pas traduire Léontonpolis par ville des Lions. s'exprime par la lettre upsilon, à celui de
887 DICTIONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES.
kappa. » Si M. Isambert me reproche de trou le soin (p. 203) de fixer la longueur du mille
ver le chiffre de Strabon un peu trop fort, romain entre 1481 et 1482 mètres. Nous avons
c'est qu'il n'a pas compris la phrase à la donc l'équation 7,5 ris = 1482 mètres, en
quelle il fait allusion; car le chiffre un peu nombres ronds, d'où le ris = 4##+ = 197 m.
trop fort est ainsi caractérisé : — Quant 60 c.; cela revient à dire que le ris ne peut
aux trois chiffres du pèlerin de Bordeaux, je être égal au stade olympique qu'à la condi
n'ose me permettre de les changer formelle tion que celui-ci, suivant la propre estimation
ment, pour les faire cadrer avec les autres, et de M. Isambert, sera augmenté de 12 m. 60 c.,
je me bornerai seulement à faire observer que 00 † n'est pas une bagatelle qu'on puisse
le premier me semble un peu trop fort, etc. négliger. -

— M. Isambert s'est fait illusion, ou il n'a pas Passons à la phrase suivante : « Quant aux
compris ce que j'ai dit. Quant à la correc trois chiffres de l'Itinéraire de Jérusalem
tion de l'upsilon en kappa, acceptons-la et (entre Beryte et Sidon), qui ne donnent en
voyons ce qu'elle nous donne. Kappa signi semble que 24 milles, nous disons avec M. de
fie 20 ; or 20 fois 185 mètres nous fournissent Saulcy qu'ils sont beaucoup trop faibles ;
3,700 mètres. Cette fois M. Isambert me per mais nous n'ajoutons pas avec lui qu'il ne faut
mettra de lui dire que la distance entre Sour as tenir à ces constructions de chiffres que
et Sayda est un peu trop faible. Il est vrai 'on modifie à son gré; nous pensons au con
que dans l'alinéa suivant, M. Isambert insi traire que, quand ils sont relevés exactement
nue qu'il s'agit de 200 stades; mais alors je sur de bonnes cartes, les chiffres valent bien
dois croire qu'il n'est pas familiarisé avec les mieux que les † des voyageurs su
chiffres grecs, † c'est le sigma qui re jets à beaucoup d'illusions. »
présente le chiffre 200. M. Isambert ajoute : Je suis bien obligé de prendre pour moi la
« La ville de Sayda, l'ancienne Sidon, est si alification de voyageur sujet à beaucoup
bien connue par les témoignages anciens et 'illusions, parce que M. Isambert a trop d'es
modernes et par la carte du dépôt de la ma prit pour ne pas savoîr ce qu'il veut dire et
rine, † était inutile d'y insister. » Ne sem ue les cartes dont il use, n'étant que le pro
ble-t-il pas que j'ai écrit bien des pages sur uit des observations des voyageurs qui m'ont
Sayda ? Voyons en quoi elles consistent : † ces voyageurs-là n'étaient pas sujets
— Sayda, c'est indubitablement la Sidon de illusions, puisque leurs cartes sont procla
Scylax, de Pline, de Strabon, de l'Itinéraire mées bonnes. Nous allons voir maintenant
d'Antonin, de la Table de Peutinger et du † M. Isambert lui-même n'est Das à l'abri
Pèlerin de Bordeaux. Il serait tout à fait su e très-fortes illusions. I! me suffira, pour le
perflu de discuter ici cette identification qui prouver, de transcrire le passage qui, dans
ne présente aucune difficulté. — Je n'insiste mon livre, a inspiré à M. Isambert le passage
as sur ce qu'a d'étrange l'insinuation de M. que je viens de copier. Voici donc ce †
mbert, au sujet de Sayda. # dis : — Quant aux trois chiffres du Pè
Immédiatement après je trouve l'assertion erin de Bordeaux, je n'ose me permettre de
suivante : « ... Nous verrons tout à l'heure, les changer formellement, pour les faire ca
par la distance donnée par Strabon à l'inter drer avec les autres, et je me bornerai seu
valle qui sépare Sidon de Tyr, qu'il se ser lement à faire observer † le premier me
vait, pour cette côte, des stades ordinaires, semble un peu trop fort, le second beaucoup
dits olympiques, correspondant aux risins trop faible et le troisième à peu près exact.
ou stades hébraïques, ainsi que nous croyons Ainsi, en mettant x milles seulement entre
l'avoir démontré. » A la page précédente, M. Béryte et Heldua, xII entre Heldua et Porphy
Isambert a eu soin de rappeler la valeur du rion, et enfin vIII entre Porphyrion et Sidon,
stade olympique qu'il fixe à 185 mètres; c'est nOus retomberions exactement sur les xxx
donc 185 mètres de longueur qu'il donne au milles de l'Itinéraire d'Antonin; mais je me
stade hébraïque; nous allons tout à l'heure hâte de le répéter, je ne tiens nullement à
examiner ce chiffre et démontrer qu'il est ces reconstructions (et non constructions,
parfaitement faux. Mais, avant tout, commen comme le dit mon docte critique) de chiffres
çons par demander à M. Ksambert ce que veut que l'on modifie à son gré, et je me borne
dire le mot RISINs. Je connais bien un stade simplement à constater que ceux que je viens
hébraïque, † a pour nom, au singulier, ris, de discuter sont mauvais et inadmissibles.
et au pluriel risin. Que fait alors l's finale de — Ceci posé, je suis en droit d'affirmer que
re nom francisé? Si l'on écrit au singulier un M. Isambert a complétement altéré le sens de
»ppidum, un tumulus, on n'écrit pas au plu mes paroles.
riel des oppidas, des tumulis, pas plus qu'un Reprenons l'examen du Rapport à la So
oppida ou un tumuli; le mot risins contient ciété de géographie. Il s'agit maintenant de
donc à la fois deux barbarismes. Sarfent, la Sarfat de l'Histoirè sainte, la Sa
Revenons maintenant au ris et à sa préten repta de Pline. Cette fois M. Isambert déclare
due valeur de 185 mètres, dont M. lsambert que je suis fondé à regarder Sarfent comme
croit avoir démontré la justesse. Le ris ou Sarepta; cela tient sans doute à l'unanimité
rous, car le nom du stade hébraïque se pré avec laquelle tous mes devanciers ont recon
sente sous ces deux formes, avait une lon nu cette identification. Nous voici donc une
gueur telle, suivant les talmudistes, que le fois d'accord, mais pour peu de temps, car
mille romain en contenait sept et demi (Cfr. nous nous séparons aussitôt. « Notre voya
RELAND, lib. II, De intervallis locorum Pales geur, dit M. Isambert, ne veut pas qu'il y ait
tinœ, p. 400). Or, M. Isambert a pris encore eu de ville intermédiaire entre Sidon et Sa
889 APPENDICE. — ftEPONSE A M. ISAMBERT. 890

repta, sous prétexte † n'y a pas de ruines tout simplement ruines de Sarfent. Mon texte
| ai dit qu'entre Sayda et Sarfent, il n'y a pas ne place nullement ces ruines au Ras-Sarfent,
parce qu'elles n'y sont pas, bien que la carte
le ruines de ville, et je préfère cette rédac
tion); mais à El-Ourby, qu'il paraît désigner de Zimmermann l'admette. Du reste, si M.
sous le nom de Bordj-El-Aqbêa, il y a une Isambert avait regardé cette carte avec un peu
tour marquée sur les cartes et une rivière † d'attention, il y eût reconnu mes deux
importante, le Zahrani ou Zaherany; M. Cal arfent parfaitement indiquées, l'une sous le
lier mentionne même deux fois des ruines nom de Sarafend, et l'autre sous celui de Sa
dans ces parages. » repta ruinen.
La rivière importante que M. Isambert ap M. Isambertme fait'ensuite placer un peu au
pelle Zaherany, d'après Robinson, n'est qu'un sud de Kharbet-Sarfentun village de Kaïsarieh,
misérable ruisseau dont je n'ai pas même pu « dans lequel je crois avoir trouvé une ville de
recueillir le nom arabe. J'ai encore noté, au Césarée méconnue jusqu'ici. « Qui pourra, dit
lieu nommé Birket-et-Tell, un autre petit il, croire qu'il ait existé deux villes distinctes
ruisseau, et enfin j'ai cité, sur une petite à une si petite distance? Qui ne pensera au
pointe, une tour arabe de vigie abandonnée, contraire que c'est la même ville, un peu dé
et qui se nomme Bordj-el-Aqbêa, la tour car † dans le laps des siècles, ou le fau
rée; je suppose aussi que cette tour doit être ourg d'une ville unique ? D'ailleurs ce Kaïsa
la localité que M. Isambert appelle El-Ourby, rieh n'apparaît pas dans les autres cartes, à
comme si c'était à tout le moins un village, moins que ce ne soit Kysarraa, dont la pro
parce que, sous ce nom altéré d'El-Ourby,je nonciation aura paru différente à notre
démêle le nom de la carrée (le mot Bor # voyageur. »
tour, étant resté dans la plume de celui qui a A ceci je réponds : 1° qu'a Kaïsarieh il n'y
recueilli ce nom). a pas de village, et que je ne parle que de
. Il paraît que c'est Jacotin qui a constaté ruines de peu d'étendue ; 2° que je fais
l'importance d'El-Ourby; c'est du moins ce pour le nom estropié Kysarraa, qui ne sau
que dit M. Isambert. Toutefois, je déclare rait être arabe, ce que je fais pour les
nettement que si là se trouvait la ville des Oi autres noms aussi défectueux que regrette M.
seaux, cette ville ne pouvait pas compter dix Isambert ; 3° que les ruines de cette Césa
maisons. Il est très-certain qu'entre Sayda et rée sont signalées par Robinson (tom. III, p.
412), mais sans qu'il en ait pu recueillir le
$ºrfent je n'avais pas rencontré de ruines de I]0IIl.
ville; donc il ne m'était pas possible d'admet
tre qu'Ornithonse trouvait dans cet intervalle. J'ai reconnu la mutatio (et non la statio) ad
Aujourd'hui il n'est pas moins certain pour monum dans les ruines placées sur le bord de
moi que des ruines assezconsidérables ont été la mer(187), et auxquelles se rattachent les
visitées par M. de Vogüé au Birket-et-Tell. Si tombeaux creusés dans le roc, à la nécropole
donc Ornithon était quelque part au nord de d'Adloun. A cette occasion M. Isambert ad
Sarepta, c'était au point † porte aujourd'hui met que : « j'ai des arguments plus considé
le nom de Birket-et-Telſ et non au Bordj-el rables, quoique non victorieux, quand, en
A# comme le pense M. Isambert. présence du village d'Adloun (qui n'existe
e paragraphe suivant mérite encore une pas) dans lequel j'ai toute raison de recon
réponse : « Quantà Sarfent, que M. de Saulcy naître lastatio ad nonum (lisez mutatio) de l'Iti
écrit deux fois sur sa carte, nous remarquons néraire de Jérusalem , et des ruines de lom
que celle-ci n'est pas conforme à son texte beaux (ces tombeaux étant creusés dans le
qui en place les ruines sur le cap même, ainsi roc, ne sont pas et ne peuvent être en rui
que l'expriment d'ailleurs la carte de Zim nes) qui sont au sud entre ce point (le village
mermann et celle de Kiepert. Notre voyageur qui n'existe pas) et la rivière Abou,-el-Asoued
† à la
et.. »
seconde le double nom de Khar que les voyageurs † ont signalés
par le nom expressif de Necropolis (188), il a
Il est clair cette fois que M. Isambert ne s'est voulu trouver une ville plus importante qu'une
pas donné la peine de lire ce que j'ai écrit. Je simple station. Faute de noms plus retentis
dis : — Peu après nous laissons à notre sants, il y a rapporté la ville des Oiseaux, Or
gauche, sur la hauteur, le village moderne nithonpolis. Il n'y a pas sans doute beaucoup
de Sarfent; à notre droite, se projette dans d'analogie entre un nom si agréable et le nom
la mer le Ras-Sarfent, et nous arrivons aux funèbre de nécropole qu'on (oN c'est le pre
ruines de Sarepta, la Sarfat de l'Ecriture, mier-venu) lui a assigné. » La fin de ce para
nommées par les Arabes Kharbet-Sarfent. — graphe n'a pas, je le crois, la prétention d'être
Ainsi s'explique la présence de deux Sarfent obligeante; mais ce dontje suis sûr, c'est que
sur ce que M. Isambert appelle ma carte; j'ai beau en chercher la portée, et que je ne
ainsi s'explique aussi la présence du mot que a devine pas.
M. Isambert prend malencontreusement pour M. Isambert ajoute « qu'on allait aussi jus
un double nom. Kharbet signifie ruines, et qu'à supposer que parmi ces ruines était une
† conséquent le mot Kharbet-Sarfent dans stèle ou colonne égyptienne, attestant le pas
equel on croit voir un double nom, signifie sage du grand Sésostris. M. de Saulcy s'est
(187) Ces ruines ont été explorées avec soin par par des passants à la nécropole d'Adloun, leur ait
M. l'abbé Michon. (Voir le voyage de ce dernier.) été dicté par les habitants du pays ? Et par suite
. (188) Quel nom M. Isambert donnerait-il à un quel respect mérite cette dénomination que chacun
cimetière antique ? Pense-t-il que le nom appliqué a le droit de changer ?
891 DlCTIONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 802
assuré qu'en cela il avait illusion.'»—Je n'ai Vient ensuite le tour du Leontès, le Nahr
pas retrouvé de stèle égyptienne, ou plutôt Lanteh, ou Lantaneh, nommé aussi Nahr-el
phénicienne, à la nécropole d'Adloun ; cela Qasmieh. M. Isambert, à l'aidede ses bonnes
prouve simplement que je n'en ai pas vu, et cartes, déclare que l'embouchure du Nahr
ne prouve nullement que d'autres n'aient pu el-Qasmieh est à cinq kilomètres et demi
la voir. Le témoignage formel de M. de Ber de la célèbre Tyr. Je déclare que sur ce point
tou, et de quelques autres personnes plus les cartes en question sont fautives. Je ne
heureuses que moi dans cette recherche, ne rlerai pas du temps que j'ai mis moi-même
me permet plus aujourd'hui d'être aussi affir gagner Sour en quittant le Khan-el-Qas
matif. mieh, mais je prendrai le parti, beaucoup
M. Isambert ajoute « que dans mon enthou lus rassurant pour mon docte critique, de
siasme pour la magnifique nécropole, je n'hé ui rappeler le temps que Robinson a mis à
site pas à proposer d'y placercette ville (Orni parcourir cette même route. Parti de Tyr à
thon). Robinson l'avait fait avant lui, dit-il, six heures du matin, Robinson arrive à six
mais ne l'avait fait qu'avec réserve et timidité : heures trente-cinq minutes à une large fon
encore il la place à Adloun, et non sur l'em taine d'eau douce, entourée de murs (p. 408,
placement de la nécropole baignée par les note 3), et il déclare que cette source paraît
eaux d'une petite rivière. » être celle que Pockoke appelle Bakwok (alté
Procédons par ordre cette fois encore. Il ration probable d'El-Bourak). A sept heures
est clair que M. Isambert ne s'èst pas donné trois quarts, le révérend arrive au Khan-el
la peine de lire ce que j'ai écrit. La nécropole Qasmieh ; il a donc mis une heure trois
d'Adloun est creusée dans les escarpements quarts pour faire, avec de bons chevaux,
d'une petite montagne; partant il ne peut y cinq kilomètres et demi. Or, dans cette es
avoir dans cette §opole ni tombeaux rui pace de temps, on en parcourt onze au pas
nés, ni petite rivière qui la baigne, ni empla ordinaire des chevaux. Puisque nous sommes
cementd'une ville. Robinson (tom. III, p.411 et sur le compte des distances, ajoutons que
412) parled'Adloun, dont il écrit le'nom Adlân. Robinson, reparti du Kan-el-Quasmieh à huit
Il a vu les ruines du pont sur le Nahr-Abou'l- heures trois quarts, traverse l'Abou'l-Asoued.
Asoued, ruines que j'ai signalées moi-même. à neuf heures trois quarts, et se trouve aux.
ll a vu les ruines d'Adloun même , ruines ruines d'Adloun à dix heures et demie. Donc,
dans lesquelles l'abbé Michon a retrouvé des d'après le même calcul que tout à l'heure,
mosaïques et des fûts de colonne, et voici
il # a, du Khan-el-Qasmieh à Adloun, onze
textuellement ce que dit le savant Américain kilomètres, ce qui place Adloun à environ,
(tom. III, p. 411, note 27) : Edrisi speaks of vingt-deux kilomètres de Sour, c'est-à-dire
this place in the thwelft Century; it is doubtless à cinq lieues et demie.
JM. Isambert dit ensuite : « C'est à l'em
the adnoun ofNau, and thé Adnon of Pockoke,
(Nau, p. 548; Pokoke II, p. 84); Strabo, pla bouchure du Leontès et parce que son nom
ces the small city (Polychnion) Ornithon Or altéré se prononce Lataneh (sic) ou Lanteh,
nithon polis, botween Tyre and Sidon; but que notre voyageur place la ville de Leon
uce have nothing to mark its position. It may tonpolis. — Ceci est inexact,je place Leonton
or may not have been at Adlân ; the adjacent au Khan el-Qasmieh, parce que j'y trouve des
sepulchres show at least that here must have traces d'une ville antique, et parce que le
bcen an ancient town.. nom primitif Leontès du fleuve, et non pas
son nom altéré Lantaneh ou Lanteh, est bien
M. Isambert me permettra donc de persis voisin d'origine et de consonnance de celui
ter et de l'engager † produire d'autres argu de Leonton. M. Isambert se récrie sur l'erreur
ments contre l'identité d'Ornithon, d'ad no de quarante-deux kilomètres † je commets,
num et d'Adloun. Au reste, la note de Ro en ne plaçant pas Leonton à l'embouchure
binson que je viens de copier et que M. Isam duTamyras, conformémentà son opinion. Mais
bert a lue, puisqu'il en parle, lui apprend que · comme cette opinion n'est qu'une hypothèse
Nau a entendu appeler cette localité Adnoun que la vue du terrain ruine de fond en com
et Pockoke Adnon. Mais il a préféré ne pas bleje regarde ce reproche comme sans valeur.
tenir compte de ces deux variantes, et ne « Nous ne trouvons pas sur les cartes an
mentionner que les formes Adnout de Jaco
tin et Adlân de Robinson. Il eût mieux valu térieures, dit M. Isambert, la plage d'Ayn-el
· Barouk ou El-bourak (189), à une demi-heure
encore lire ce qui est écrit sur la carte de du chemin de Sour ou Tyr, c'est-à-dire très
Zimmermann où se trouve Adlun (prononcé près (lisez très-loin) du Leontès. » J'ai men
à l'allemande) et non Adlân. tionné, il n'y a qu'un instant, le passage
M. Isambert s'écrie aussitôt après : « Quelle dans lequel Robinson parle de ce bassin dé
apparence y a-t-il qu'on ait changé le beau signé par Pockoke sous le nom altéré de Bak
nom d'Ornithopolis pour une simple station wok qui n'est pas Arabe. Je n'y reviendrai
de route (lisez toujours mutation, relais)? » donc pas ici.
Je ne saisis pas la force de cet argument. « Notrevoyageur, ajoute M. Isambert, donne
Je suis heureux d'avoir trouvé grâce aux pour les environs de Sour, quelques détails
yeux de M. Isambert à propos du nom ad sur la tour d'occident, Bordj-el-Mogharhi,
uonum qu'il fallait justifier, et qui se justifiait sur Naby-Yahia, sur les puits de Salomon ou
tOut seul. -

l'ancien Raz-el-Ayn (lisez le moderne Ras-el


(189) Ces deux noms m'ont été dictés par différentes personues.
895 APPENDICE. — REPONSE A M. lSAMBERT. 894

Ayn) qui ne peut être que le Ras-el-Tyne de les Arabes donnent aux ruines des villes
la carte du dépôt de la marine. » J'en suis dans lesquelles ils voient des colonnes. Ce
fâché pour la carte du dépôt de la marine, nom signifie (écrit ainsi) la mère des colonnet.
mais ce nom n'est pas admissible. Ras-et-Tyn Zimmermann dans sa carte écrit ce nom Om
signifie le sommet du figuier, ce qui n'est pas cl-Hamid, ce qui n'a plus de sens applica
applicable à une source qui a reçu le nom de ble à une localité , quelconque ; donc j'ai
Ras-el-Ayn, tête de la source. M. Isambert bien fait cette fois, comme toujours, de
me reproche de mettre Palaetyr à Ras-el-Ayn. changer l'orthographe. M. Isambert dit vrai, je
Je partage ce reproche avec Robinson qui n'ai trouvé dans les auteurs anciens aucune
a fait comme moi, parce qu'il n'y a pas moyen ville qui pût se reconnaître avec certitude
de faire autrement, en face du texte de Stra dans les ruines d'Omm-el-Aamid ; ce n'est
bon. M. Isambert ajoute que les savants de †retrouver
toutefois qu'il manque de villes, antiques
sur la côte de Phénicie. Ainsi
l'expédition de 1799 ont placé Palaetyr à la
position du premier Deïr-Kanoun, à 1, 200 nous avons une Euhydra dont Pline cite le
mètres de la place (M. Isambert croit à deux nom (l. v, 19) : inde Euhydra, Sarepta, ei
Deïr-Kanoun, parce que Zimmermann, ayant Ornithon oppida; puis peut-êtreSozusa (Voy.
dans les relations qu'il a utilisées, deux po Reland). Quoi qu'il en soit de la dénomina
sitions différentes pour cette localité, les a tion antique de cette ville, il n'est pas pru
consignées toutes les deux sur sa carte, faute dent, pour ne pas dire plus, de soutenir aux
d'avoir vu le terrain et de pouvoir choisir le gens qui ont vu de leurs yeux les ruines
vrai site); que M. de Bertou place Palœtyr à d'une ville : Vous vous êtes exagéré leur
Adloun, tandis que je la ramène au Ras-el importance, en croyant que c'étaient celles
Ayn. M. Isambert convient que je fournis à d'une ville. Ceci serait permis à un voyageur
ce sujet « une bonne discussion critique, quoi qui aurait examiné ces mêmes ruines depuis
† moins savante peut-être que celle de M. mon passage, et qui ayant eu plus de temps
e Bertou, que j'aurais dû nommer. » Je viens à consacrer à leur inspection, aurait recon
de dire que Robinson met Palaetyr au Ras-el nu que je me suis exagéré leur importance.
Ayn; Reland (p. 1049) était de cet avis bien Au reste, je suis enchanté pour ma part que
longtemps avant nous, et je m'en tiens, je l'a- M. Isambert ait émis le doute que je viens
voue avec confiance, à l'opinion de Reland de transcrire, et voici pourquoi : J'avais, il
et de Robinson. Quant au reproche de ne pas y a quelques mois, signalé ces importantes
avoir nommé M. de Bertou, je l'accepte très ruines à MM. de Vogüé et Anisson qui se
volontiers : je suis l'ami de M. de Bertou et disposaient à parcourir la Terre-Sainte ; #
j'espère qu'il est aussi le mien; or, quand un leur avais instamment recommandé Omm-el
de mes amis me paraît s'être trompé,j'ai l'ha Aamid, s'ils tenaient à faire des découvertes
bitude de donnér, sans controverse, l'avis archéologiques. Ces messieurs ont bien vou
que j'adopte, sans proclamer que cet ami a lu suivre mon conseil, et ils en ont été am
commis une erreur. J'aime mieux cette façon plement récompensés. Comme je ne me re
d'agir que l'autre, qui me répugnerait fort. connais pas le droit de déflorer des décou
Nous avons vu que M. Isambert place le vertes que leurs auteurs annonceront eux
Khan-el-Quasmieh à cinq kilomètres et demi mêmes dans peu de temps, je laisserai M.
au nord de Tyr. Plus loin # 218) notre sa Isambert dans l'attente de ces faits qui ne
vant critique, admet, d'après la carte de Zim peuvent manquer de l'étonner beaucoup,
mermann, qu'il y a dix-neuf kilomètres de puisqu'ils lui montreront qu'il ne doit pas
chemin entre Adloun et Sour. Il a dit ainsi admettre trop résolument que je n'ai recueilli
lui-même la meilleure de toutes les raisons, chemin faisant que des illusions.
pour ne paschercher Palaetyr à Adloun, puis Voici une remarque (page 219) qui ne me
qu'au dire de Strabon, Palaetyr était à trente semble pas heureuse : « Nous remarquons
stades ou cinq kilomètres et demi au sud de que M. de Saulcy, en divisant son récit ct
Tyr et non à cinq lieues au nord. - ses recherches en deux parties, se répète
M. Isambert admet qu'Iskanderoun est bien ou ne réunit pas l'énumération des sources
Alexandros-Schêne (lisez Alexandrou-Skènè). en un seul faisceau. » Il me paraît diflicile
Cette fois il eût été trop difficile de nier cette de faire concorder ce reproche avec le sui
identification. Mais notre accord n'existe que vant : « Peut-être l'auteur eût il mieux fait
dans les six lignes qui concernent cette loca de réserver ces recherches pour des cha
lité et s'évanouit immédiatement après. « A pitres séparés, et de se borner dans ce pre
quelques kilomètres au sud-est, dit M. Isam mier récit à son itinéraire. » C'est en faisant
bert, il atrouvé (M. de † les ruinesd'une précisément ce que désirait M. Isambert,
ville considérable, sur un plateau qu il ap que j'ai encouru le blâme qu'il me fait. Au
elle Omm-el-Aamid, toujours en changeant reste"il est bon de mettre en regard les deux
'orthographe... Malgré ses recherches, M. de passages incriminés de répétition. Les voici :
Saulcy n'a rien trouvé dans l'antiquité qui y « Avant sept heures nous étions à cheval,
répondit, quoique cette route soit très-fré et nous , nous dirigions obliquement, à
quentée. Dans un pays aussi riche, il n'est travers champs, pour regagner la route
pas étonnant qu'on rencontre beaucoup de d'Acre, que nous avons atteinte un peu
ruines; il s'est peut-être exagéré leur impor au delà d'Ez-Zib, l'Ecdippa de Josèphe et
tance en croyant que c'étaient celles d'une l'Akhzib du Livre de Josué (xIx, 29). Dans
ville. » les Juges (I, 38) nous lisons que, bien que
Omm-el-Aamid est un nom ordinaire que cette ville eût été assignée à la tribu d'Aser,
895 DlUTIONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 896

celle-cl ne put en prendre possession, ni en Zimmermann, qui pourrait, avec sa graduation


expulser , les Cananéens. — Akhzib ou Ez fort exacte, servir de base à la nouvello
zib : je donne à dessein ces deux pronon carte, les pèlerins et les voyageurs auraient
ciations différentes, parce que les Arabes un guide attrayant et flatteur à l'œil. » M.
se servent indifféremment de l'une ou de Isambert a été servi selon son désir, puisque
l'autre (la seconde néanmoins me paraît une mon itinéraire général n'est, ainsi que je l'ai
altération) : Akhzib est sur un tertre qui dit plus haut, qu'une réduction au pantogra
domine la voie antique, et par conséquent phe de la carte de Zimmermann. Ici se ter
au bord de la mer, tandis qu'Omm-el-Aamid mine la première partie du rapport de M.
est éloigné d'un kilomètre de la plage. Akh Isambert sur mon voyage.
zib est incontestablement la polis tôn Ekdip DEUXIÈME PARTIE. — La Galilée inférieure et
pôn de Scylax, l'oppidum Ecdippa de Pline, supérieure et le lac de Tibériade, les sources
et la mutatio Ecdippa de l'Itinéraire de Bor du Jourdain et les contrées supérieures :
deaux à Jérusalem. Celui-ci place Ecdippa analysés devant la Soº été de géographie,
à 12 milles d'Alexandroschène, ce qui est dans sa séance du 16 décembre 1853.
suffisamment exact. »
Cette deuxième partie du travail de M.
Voilà tout ce que les passages qui, d'après Isambert commence par une espèce de ré
M. Isambert, contiennent des répétitions, ont sumé de la première. L'auteur y dit qu'il a
de commun entre eux. Il me semble que « appelé à son secours les savantes recher
j'ai bien quelque droit d'affirmer que M. ches du révérend docteur américain Ro
sambert les a cités au hasard, et sans pren binson, le Reland actuel ; qu'il a vérifié les
dre suffisamment la peine de les compa cartes de M. Callier et celles de M. de Bertou, en
TeI".
les comparant à celles du colonel Jacotin,
Poursuivons. « Le mont Saron, dit M. Isam qui, pour avoir vieilli, sont encore bonnes à
bert, qui s'étend un peu au nord de Zib (ce consulter. »
nom est inadmissible sous cette forme), de Je déclare ignorer entièrement dans quel
l'ouest à l'est, si bien marqué dans la carte
de Jacotin, et même proéminent dans celle de † de son précédent article M. Isam
Zimmermann, n'obtient pas une mention rt a fait usage des recherches du révérend
dans celle de M. de Saulcy (lisez dans l'Iti Robinson. J'ai mentionné, sans en excepter
néraire), qui pourtant s'arrête à de miséra un seul, tous les passages où il cite le nom de
bles hameaux comme Bagadjeh (lisez Baqad ce savant explorateur, et, ainsi que je l'ai fait
jeh) qu'on ne peut facilement | reconnaître voir, il n'en est pas un seul où il ait admis
dans le Bukjek de MM. Lynch et de Zimmer son opinion. Je prends acte de l'aveu que
lnann. Le tracé de la côte, ou du moins du fait M. Isambert lorsqu'il dit qu'il a étudié
les cartes de M. de Bertou. Tout à l'heure c,n
port de Saint-Jean d'Acre, disparaît dans sa
carte générale et même dans le numéro pre verra pourquoi.
mier de ses Itinéraires. » Mon docte critique revient, cette fois en
Comment M. Isambert, qui ne connaît pas core , avec plus de force sur les altérations
- ce pays, avance-t-il que Baqadjeh est un des noms de lieu dont je me suis rendu cou
misérable hameau? Et fût-il un misérable pable.Je voudrais me dispenser de répondre
hameau, à l'aide de quel raisonnement par de nouveau à cette inculpation : mais elle est
viendra-t-il à prouver que j'aurais mieux fait parfois conçue en termes si peu obligeants,
de placer sur mon § les points que que je ne puis m'abstenir de reproduire à
je n'ai pas traversés, et de négliger ceux que tout le moins les paroles de M. Isambert.
j'ai rencontrés chemin faisant ? Pourquoi me Voici donc ce que je lis en tête de ce second
blâme-t-il d'avoir préféré le vrai nom arabe article : « Nous regrettons beaucoup que
d'une localité, au nom estropié que M. l'orthographe des noms arabes, chez M. de
Lynch Ou tout autre écrivain n'entendant pas Saulcy, diffère si souvent de celle de ses ae -
l'arabe a vainement cherché à reproduire?M. vanciers, qui pourtant y avaient fait une
Isambert me remercie aussitôt après du ta rande attention. » Il est vrai qu'un peu plus
bleau comparé des distances des localités phé oin M. Isambert dit : « Nous ne pouvons que
niciennes et de tous les éclaircissements que faire des vœux pour que notre zélé compa
j'ai fournis sur leur compte : Ils sont dignes triote donne au public un Appendice compa
d'un membre de l'Académie des inscriptions. ratif de l'orthographe arabe avec la manière
Comme il n'y a pas un seul de ces éclaircisse d'écrire des Allemands, des Anglais et même
ments que M. Isambert ne condamne, je dois des Français, lorsqu'il ne se trouve pas d'ac
croire qu'il a voulu adresser une épigramme cord avec eux. » Dans cette phrase, M. Isam
à l'Académie à laquelle j'ai l'honneur d'ap bert reconnaît explicitement que j'ai receuilli
partenir. « Pour nous, dit enfin M. Isambert, l'orthographe arabe; et, comme il s'agit de
en le suivant pas à pas, nous n'avons pas dé noms arabes, cette concession me suffit. Dès
siré multiplier nos critiques, car nous avons lors je ne puis lui en vouloir pour le repro
négligé les détails étrangers aux points si che qu'il m'adresse d'avoir changé des noms
gnalés par les anciens, etc. » M. Isambert mal orthographiés. Quant à prendre la peine
de rectifier toutes les dénominations estro
ayant ToUT critiqué jusqu'ici, je cherche vai
nement ce qu'il aurait pu critiquer de † par autrui jusqu'à ce jour, j'ai mieux
plus. - - - faire que de sacrifier du temps à un travail
M., Isambert termine ce premier article aussi ennuyeux et aussi inutile.
par le conseil suivant : « Avec le tracé de Si le passage que je viens de transcrire
897 APPENDICE. — REPONSE A M. ISAMBERT. 898

m'a été fort agréable, il n'en est plus de même « De Saint-Jean d'Acre aux limites de l'an
du suivant : « Du reste, nOuS ne nOuS en OC cienne Galilée, dans la grande plaine qui la
cuperons que † il s'agira des arguments séparait de la Samarie, M. de Saulcy a éclai
par lesquels, à l'aide de ces changements ré son Itinéraire, ce que M. Lynch n'a pas
d'orthographe, on prétendra retrouver des fait, de deux petites cartes que malheureu
villes bibliques dont le souvenir est effacé. » sement il n'a ni graduées, ni remplies avec
Cela veut-il dire que j'ai changé des noms de , les matériaux qui étaient sous sa main ; de
lieu , quand , à l'aide de ces changements, sorte que nous ne pouvons y suivre le cours
je prétendais retrouver des localités bibli des eaux, ni nous assurer de l'exacte posi
ues? Si telle est la pensée de M. Isambert, tion des villages aperçus à une certaine dis
elle n'est pas honnête, c'est tout ce que je tance de la route.
me permettrai d'en dire. Deux feuilles de lever à vue, à la boussole
M. Isambert poursuivant ainsi : « Nous fai et au pas, ne sont pas deux cartes. Dans des
sons, à cet égard, une remarque générale, » feuilles pareilles on n'emploie que les ma
je m'attendais à trouver effectivement, après tériaux qu'on a sous les yeux. On ne les gra
ces paroles, une remarque importante et due † et on se borne à les rédiger à une
d'une application générale ; or voici ce que je échelle fixée à l'avance. Pour les villagesaper
trouve, ni plus ni moins : « Eusèbe a rédigé, çus à distance, on en fixe la position à l'aide
au commencement du quatrième siècle, un de recoupements à la boussole. C'est ce que
traité des lieux et des villes mentionnés dans j'ai fait constamment : que M. Isambert | se
l'Ancien et dans le Nouveau Testament. — rassure donc sur ce point.
Saint Jérôme, qui, comme Eusèbe, a vécu « En revanche, ajoute M. Isambert, M.
si longtemps en Palestine et s'est livré aux Lynch nous a donné deux observations en
mêmes travaux, a jugé ce travail si impor latitude (lisez de latitude) faites dans le cen
tant qu'à la fin du même siècle, il l'a traduit tre de la Galilée, trois sur les bords du lac de
et rectifié. Tibériade, avec une observation en longitude
« Cette œuvre, connue sous le nom d'Ono (lisez de longitude) et une à Hasbeya, dans le
masticon, a été élucidée par les religieux qui Haut-Pays, sur la route de Banias à Balbeck.
ont voyagé en Orient et par de savants hel « Malheureusement M. Lynch n'a pas joint
lénistes, Leclerc, et surtout par Reland. Une ces observations à la belle narration de son
nouvelle édition va en être publiée. » expédition, et elles ne figurent que dans le
Où est donc la remarque générale annon rapport de 1849 à son gouvernement, impri
cée par M. Isambert ? Consiste-t-elle en ce mé par ordre du sénat. Iſ paraît que l'exis
que l'Onomasticon d'Eusèbe, traduit par saint tence de ce document a § à beaucoup
Jérôme et sisavamment commenté par Reland, de ses lecteurs. » (Lecteurs de quoi ? du do
va être prochainement édité de nouveau? cument ? Ou de qui? de M. Lynch? Dans ce
Comme il n'y a pas autre chose dans ce para dernier cas, il a été d'autant plus facile aux
graphe, il faut bien admettre qu'il en est ainsi. lecteurs de laisser échapper ce document,
Immédiatement après vient le passage sui qu'il n'existait pas. )
vant : « Lesvoyages en Orient se multiplient ; « Si ce document, comme † du
les pèlerins sont avides de notions positives. gouvernement, n'a pu paraître dans la narra
Nous avons donc cru de notre devoir de ne tion personnelle de M. Lynch, il est à croire
pas nous astreindre au cercle étroit qui nous que le président des Etats-Unis en a ordonné
était marqué par l'ouvrage et même par les ou en ordonnera l'impression, etc. M. de
hardies conjectures de M. de Saulcy, et par Saulcy n'a point, pour sa carte, profité des
les notions plus sûres et plus circonspectes observations dont nous avons parlé. »
du commandant Lynch, qui d'ailleurs ne con Voici encore ma prétendue carte qui revient
troverse jamais. - à propos de renseignements que j'aurais dû
« Les écrits de ces voyageurs, puisqu'ils utiliser, bien qu'il ne me fût pas possible
sont les plus récents, doivent sans doute d'en deviner même l'existence. J'en ai assez
fixer d'avantage notre attention, et leurs erreurs dit sur cette carte † être dispensé d'y re
doivent être ou relevées ou signalées aux venir. Je continue à transcrire :
amis de la géographie. » . - - -
« On ne trouve marqué sur sa carte ni le
Céci n'est guère poli; mais, comme j'ai re Ouady-en-Neffalk, où fut faite la† ob
noncé à relever les personnalités à mon adres servation, ni celle de Turan, Où fut faite la se
se, je passe à la controverse, et je vais exa conde... On voit seulement Tibériade, etc. »
miner une à une les critiques de M. Isambert, Je ne connais pas l'Ouady-en-Neffalk de
non toutefois sans exprimer la surprise que M. Isambert; donc je n'ai pu le placer sur
me cause la confiance avec laquelle, sans mon Itinéraire.Je suis allé à Thabarieh, et mon
avoir jamais aperçu un hectare de la terre Itinéraire comprendThabarieh. Car, je le re
dont il s'agit, M. lsambert espère faire croire pète encore une fois, je me suis bien gardé
qu'il connaît cette terre infiniment mieux que et je me garderai toujours de parler de ce
ceux qui ont dix fois risqué leur vie, en pre que je n'ai pas vu.
nant la peine de la parcourir, avant d'en parler. « Le Ouady-en-Neffalk, ou vallée des vents
Les d'Anville sont rares, et il n'est pas pru Thal-von-Schef-at-Amar des Allemands, pa
dent, au temps où nous vivons, de prétendre raît être, etc. » Suit alors l'indication de la
à la succession de cet homme illustre. position de cette vallée, sur le compte de la
Entrons donc dans le vif et discutons la uelle je n'ai rien à dire, ne connaissant pas
critique de M. Isambert. † vallée pour laquelle on m'ait donné un
899 DICTIONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 900

nom pareil; mais j'ai à dire 1° que Ouady peu de mots. Que les limites des tribus aient
en-Neffalk ne signifie pas le moins du monde pu varier dans le cours des siècles, c'est ce
Vallée des Vents ;2° que Neffalk n'est pas un qu'il faudrait prouver, ne fût-ce qu'une fois,
mot arabe ; 3° que Thal-von-Schef-at-Amar et j'attendrai cette preuve pour être tant soit
est un nom qui a la prétention d'être à moitié † ébranlé par ce premier axiome que pose
allemand et à moitié arabe, prétention mal . Isambert, sans penser qu'il se heurte à la
heureuse d'ailleurs, puisque le groupe de ténacité de la race la moins disposée à modi
syllabes Schef-at-Amar n'est pas arabe. En fier, en quoi que ce puisse être, les croyances
revanche je connais l'existence d'un village de ses pères. Le second axiome, consistant à
voisin d'Habyllin et nommé Chefa-Aamer, dire que la Bible a compilé des traditions
village que je n'ai point marqué sur mon Iti doubles ou triples, veut nous mettre sur un
néraire, † qu'étant beaucoup plus éloi terrain où je ne suivrai certainement pas M.
gné qu'Habyllin, sur la droite de la route Isambert. Qu'il respecte ou ne respecte pas
ue j'ai suivie, je ne l'ai pas aperçu de loin. les saintes Ecritures, cela ne regarde que ſui.
e ne sais où Zimmermann a trouvé ce nom Venons donc immédiatement au troisième
estropié de Schef-at-Amar. Il n'avait qu'à axiome. M. Isambert affirme que les noms
prendre celui du bourg qu'il inscrit près de là, des lieux changent, selon qu'on s'adresse aux
pour éviter d'employer une dénomination versions samaritaine, chaldaïque ou hébraïque
aussi altérée. Du reste M. Isambert n'a pas eu de la Bible. J'aurai l'honneur de faire obser
la main heureuse : car, sur deux noms qu'il ver à mon docte critique que ce qu'il croit la
avait sous les yeux, il a choisi le mauvais. règle n'est que l'exception, et l'exception as
En définitive, le Thal-von-Schef-At-Amar sez rare. Quant aux Septante, qui ont traduit
de la carte de Zimmermann est précisément leurs Livres sacrés qu'ils ne comprenaient pas
la vallée que j'ai longée et que suit la voie toujours bien, sans † avoir jamais vu
antique. Quant à l'Ayn-Zebulon de Zimmer ni entendu nommer la † des lieux dont
mann, on ne me l'a pas signalé : donc je ne ils avaient à parler, je fais assez bon marché,
l'ai pas vu en passant, et, par suite, je ne l'ai et pour cause, de beaucoup de leurs traduc
pas porté sur mon Itinéraire. tions, et surtout de leurs transcriptions géo
De la présence de cette source, M. Isana graphiques. Reste enfin ia traduction latine
bert tire la conclusion suivante : « C'était de saint Jérôme, qui ne coïncide pas toujours
robablement, ainsi que son nom moderne avec la Vulgate Sixtine, et que je respecte sans
'indique, l'extrémité du territoire de la tribu vouloir néanmoins la mettre, dans mon res
de Zabulon, ou de la Galilée du côté de la pect, sur le même rang que le texte primitif.
Phénicie. » En quoi le nom ayn, source, res Je résume. Les variantes dont M. Isambert
semble-t-il à la dénomination de l'extrémité argue sont fort rares quand il s'agit des
d'un territoire?.Je ne le devine pas. textes samaritain, chaldaïque et hébraïque,
Je pense que ceci ressemble assez à une et cela me suffit pour rejeter sans hésitation
conjecture hardie ; mais ce qui n'est pas ad le dernier argument. -

missible venant de moi serait-il de mise Quoi qu'il en soit, je reconnais qu'il est
lorsque c'est mon savant critique qui le pro fort difficile de déterminer aujourd'hui, sur
pose? Comme je ne vois pas pourquoi il en une carte, les tribus d'Israël fixées par Josué,
serait ainsi, je rappelle à M. Isambert ce qu'il limites qui n'ont probablement pas varié,
dit (p. 298) de mes hardies conjectures, et mais qui se sont perdues, parce que l'identi
# 297) des arguments par lesquels, à l'aide fication des localités bibliques est une science
es changements d'orthographe, je prétends
retrouver des lieux bibliques dont le souve
† vient à peine de naître, mais il n'en fau
rait pas conclure pour cela que ces limites
Iiir est effacé. ne seront pas retrouvées avec certitude,
Le paragraphe suivant est digne d'être dans un avenir même assez rapproché.
examiné ; le voici : « Au reste, c'est ici le M. Isambert relève en passant la négligence
lieu de remarquer, avec les plus savants du dessinateur de ma première planche to
hommes, depuis Michaélis, qu'il a fallu re pographique, « soit quant à la forme du port
noncer à marquer les limites des anciennes de Saint-Jean d'Acre qui disparaît compléte
tribus d'Israël, soit parce que ces limites ont ment, soit surtout quant à l'absence du Nahr
naturellement et plusieurs fois varié dans le Noman (lisez Nahr-el-Ndamen), ancien fleuve
cours des siècles, depuis la première distri Belus, que le commandant Lynch déclare
bution faite par Josué, soit parce que la Bible avoir traversé (ainsi que Robinson) et qu'il
a compilé des traditions doubles et triples et a marqué sur sa carte. Si c'est le ruisseau
qu'il est impossible de les porter toutes en que M. de Saulcy qualifie de lavoir, c'est sin
semble sur la carte, soit enfin parce que l'or gulièrement rabaisser son importance et son
thographe des noms des lieux varie selon illustration. » — Encore une fois, je dirai à
qu'on s'adresse à la version samaritaine, M. Isambert que mes feuilles de lever de ter
chaldaïque ou hébraïque, soit à la version rain ne contiennent que ce que j'ai pu voir
grecque des Septante, soit enfin à la version et figurer avec une certitude suffisante. Le
atine de saint Jérôme. » Saint-Jean d'Acre n'est pas dans ce cas.
Suivant l'avis de M. Isambert, il faut renon Quant au Nahr-el-Nâamen, dont je savais
cer à marquer les limites des anciennes parfaitement l'existence, j'en suis désolé
tribus d'Israël; mais toutes les raisons qu'il pour son illustration ; mais, au † où je
allègue pour le prouver sont-elles admis 'ai traversé, il n'est qu'un misérable ruisseau,
sibles ? C'est ce que je vais examiner en dont on ne m'a pas même dit le nom.
90l APPENDICE. — REPONSE A M. lSAMBER'l. 9U2

« Dans Kirkeh, qu'il aperçoit à l'est de sa lac de Tibériade jusqu'au mont Carmel et à
route, poursuit M. Isambert, à près de 5.kil., la mer. » N'en déplaise encore cette fois à
et qui ne peut être, par ce motif, le Kerûm M. Isambert, il s'est chargé de prouver que
(El - medj-el) de Zimmermann (lisez El j'avais raison. Que dit Josèphe? Le voici :
medjdel, la forteresse, au lieu de El-medj-el Les Aserites eurent en partage le pays à
qui n'est pas arabe), à 6 milles géographiques partirduCarmel; lesZabulonites eurent en par
ou 10 kil. 1l2 au nord-est de la route, notre tage le pays qui s'étend du lac de Genneza
compatriote voit le xt)xàt de la tribu d'Aser, reth jusqu'au Carmel et à la mer. — De ces
mentionné dans le Livre de Josué (xxI, 31, et deux passages il résulte que le mont Carmel
non 13; et, dans Abilin (lisez Abillyn), à l'ouest était # la limite extrême des territoires de
de la même route, l'Elbon et non Ebrôn du Zabulon et d'Aser. Josèphe ajoute que.le ter
même livre xIx, 28). Cette conjecture, d'ail ritoire d'Aser était toute la région.tournée
leurs si hasardée, est repoussée par cette cir vers Sidon. Il n'y a donc pas de doute pos
constance que là était la tribu de Zabulon et sible. A partir du Carmel, vers le nord, était
la tribu d'Aser et non celle de Zabulon. Donc
non celle d'Aser, puisque l'historien Josèphe
étènd le territoire de la première depuis le Kirkeh était dans la tribu d'Aser et Abillyn
lac de Tibériade jusqu'au mont Carmel et à aussi. M. Isambert a cru trouver un excellent
la mer. argument pour sa thèse dans la présence de
« Dans tous les cas, Kirkeh doit être sur l'Ayn-Zabulon, qu'il suppose fort gratuite
l'un des affluents du Belus, et c'est ce que ment à la limite de la tribu de Zabulon. Mais
n'exprime pas la carte de M. de Saulcy, il oublie une chose essentielle, c'est que,
comme celle de Zimmermann. » dans la tribu d'Aser, il y avait une localité
Voici ma réponse : 1° Kirkeh, placé au nommée précisément Zabouloun et qui était
sommet d'une colline fort élevée, ne saurait † vers la limite. (Josué, xIx, 27.) M. Isam
étre sur un affluent du Belus; s'il y a une ert me permettra de chercher ce Zabouloun
source à Kirkeh, comme j'ai passé à 5 kil. de vers l'Ayn-Zabouloun et de lui faire observer
là, je ne l'ai pas vue; 2° Kirkeh n'est pas le de plus que le verset 25 du même chapitre
lieu nommé sur la carte de Zimmermann El place Khelket sur les frontières d'Aser. Kirkeh
medj-el-Kerûm (ceci est un nom impossible). et l'Ayn-Zabouloun remplissent donc par
Le même raisonnement s'appliquerait à n'im faitement les conditions de position cher
porte quelle localité placée plus loin que chées. Tout bien considéré, ce que je n'osais
Kirkeh, comme Damas par exemple, et M. affirmer en écrivant mon voyage, je l'aſfirme
Isambert aurait aussi bien raison de dire : aujourd'hui que M. Isambert m'a si bien aidé
Kirkeh ne peut être Damas. Mon savant cri à trouver la vérité. Quant au territoire d'Aser,
tique aurait-il eu la singulière pensée de faire que M. lsambert ouvre Reland, et il verra, sur
croire que j'ai cherché à confondre ces deux la carte † 142) des douze tribus, si ce savant
localités? Ce serait une insinuation purement homme était de son avis, quant aux terri
2ratuite. 3° Il est très-vrai que c'est le verset toires de Zabulon et d'Aser. Au reste, puis
3i au lieu du verset i3 du livre de Josué au - ue, au dire de M. Isambert lui-même, il a
† il faut recourir pour trouver la mention
e Khelkat. Les deux chiffres ont été interver
allu renoncer à marquer les limites des an
ciennes tribus d'Israël, de quel privilége pré
tis dans l'impression de mon livre, et je ne tend-il donc user quand il dit, à la page sui
l'ai pas corrigé. Quelle faute ! ! ! Je ne ferai vante : là était la tribu de Zabulon et non
as l'honneur d'une mention à toutes les celle d'Aser ?
autes du même genre qui émaillent le rap M. Isambert dit immédiatement :
port de M. Isambert. 4° N'en déplaise à l'éru « Nous inclinons à penser que Chefar-Amar
dition biblique de M. Isambert, qui prétend (sic), bourg de ce pays, sur les hauteurs qui
qu'il faut lire Elbon au lieu de Ebrôn, dans au sud dominent la vallée du Melik et la
le verset 28 du chapitre xIx de Josué, le nom plaine Halaur, en terminant la Galilée, pour
en question est † par les quatre ca rait être Capharnecho, l'une des villes que
ractères E, B, R, N, transcrits Ebrôn par le fortifia Josèphe, dans la Galilée inférieure ;
savant Cahen, et, bien avant Cahen, par Re car nous ne voyons pas où la placer ail
land (p. 745). 5° Les deux conjectures si hasar leurs. »
dées que repousse M. Isambert sont émises Voici la réponse : 1° M. Isambert ne s'aper
textuellement ainsi par moi : 1° notre village çoit pas que ce qu'il a écrit une fois Schef
de Kirkeh n'aurait-il pas occupé l'emplace at-Amar, et ce qu'il écrit enuite Chefar
ment de la ville biblique ? Je le crois, sans Amar, c'est un seul et même lieu, dont le
néanmoins oser l'affirmer; 2° dans Josué (xIx, nom réel est Chefa-Aamer (écrit par Zimmer
28), nous lisons parmi les villes de la tribu mann Schefa'Amer); 2° il ne s'aperçoit pas
d'Aser un nom de lieu que l'on transcrit qu'il se laisse aller à écrire Chefar avec un r
Ebrôn. Mais cette transcription est - elle final, afin de rapprocher ce nom de son Ca
exacte? Rien ne le prouve.Je serais presque pharnacho ; 3° il ne s'aperçoit pas que cette
tenté de retrouver dans Abillyn l'Ebrôn ou demi-traduction vallée du Melik n'est pas ad
Ebrin du Livre de Josué. Voilà mes missible, parce que l'on traduit un nom en
deux assertions si positives.Voyons mainte tièrement, ou on ne le traduit pas du tout ;
nant , pourquoi M. Isambert les repousse. 4° enfin il ne s'aperçoit pas que la plaine Ha
« Là était, dit-il, la tribu de Zabulon et non laur porte un nom impossible, parce qu'il ne
celle d'Aser, puisque l'historien , Josèphe signifie rien.Je trouve sur la carte de Zim
étend le territoire de la première depuis le mermann le nom Zaal-IIataur. C'est proba
º05 DlCTIONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 904

blement là ce que M. Isambert traduit par la que Malte-Brun indique comme le lieu de
plaine Halour. Ces mots doivent s'écrire Zal naissance du Christ, à cause du nom de Naza
et-Thour, et signifient : fin de la montagne. réen qu'il porta, quoique la tradition évangé
Poursuivons : « Mais le point le plus im lique dise que ses parents, de la tribu de
portant de cette partie de la province est le Juda, se rendirent à Bethléem, cité de David,
village de Sefurieh, ou Safourieh, à la source pour s'y faire recenser en cette qualité, du
d'un autre affluent du Kison, le Nahrari-Ouady temps d'Hérode (Archélaüs) et de l'empereur
el-Kulediel selon Zimmermann, El-Batouf, Auguste, lors du recensement de la Judée, au
selon M. de Saulcy. » 718 de notre ère. »
Il y a presque autant d'erreurs que de mots Ce .paragraphe est étrange à plus d'un
dans cette phrase. Où M. Isambert a-t-il vu, titre, et quelques mots suffiront pour montrer
1° que Safourieh fût à la source d'un affluent qu'il est incompréhensible, pour la forme
du Kison? 2° que cet affluent se nommât COIIlIIl6 † le fond. 1° M. Isambert dit que
Nahrari-Ouady-el-Kulediel? (Nahrari est un c'est Malte-Brun qui indique la Nazareth de
affreux barbarisme, pour nahr, rivière; el l'Evangile comme lieu de naissance de Jésus
Kulediel est un mot écorché, parce qu'il a été Christ. C'est l'Evangile lui-même qui l'indique,
mal lu par M. Isambert sur la carte de Zim et# ne vois pas trop ce que l'opinion de
mermann, laquelle porte en réalité el-Kale Malte-Brun vient faire là. 2° Ce que M. Isam
dieh); 3° que el-Batouf fût, dans mon livre, bert appelle la tradition évangélique, c'est
le nom d'une rivière? Je dis : Jusqu'à encore l'Evangile, et ce mot de tradition
midi et un quart, c'est-à-dire pendant plus évangélique n'est pas admissible. 3° Les
d'une heure et demie, nous n'avons cessé de parents † Jésus-Christ vinrent à Bethléem,
cheminer le long de la voie antique, en sui cité de David, pour s'y faire recenser en cette
vant une vallée agréable qui vient déboucher qualité... En qualité de quoi? Je le cherche
dans le Merdj-el-Bathouf. — Merdj veut dire vainement dans la phrase de M. Isambert.
plaine, et une vallée ne débouche pas dans 4° L'an du recensement de la Judée, au 718 de
une rivière. Par quelle étrange aberration notre ère, forme un membre de phrase que
M. Isambert prend-il cette plaine pour une j'avoue ne pas comprendre.
rivière, surtout avec la carte de Zimmermann Mon savant critique ajoute : « M. de Saulcy
sous les yeux?N'y a-t-il pas vu ce nom écrit, a fait une excursion sur la secte des Naza
en grands caractères, el-Buttauf, appliqué à réens, dans laquelle il voit la société naissante
la plaine que domine Safourieh? En vérité, je des Chrétiens hétérodoxes ; mais la secte
suis † honteux d'avoir à relever de contemporaine de Jésus-Christ était une secte
semblables quiproquo. juive, professant un état de sainteté qui re
M. Isambert veut bien m'accorder que j'ai montait jusqu'au temps de Moïse, et consistait
raison à propos de Safourieh; seulement, il à s'abstenir de vin et à couper sa chevelure ;
devrait s'abstenir de parler d'une citadelle de c'était le naziréat. Elle a duré jusqu'au règne
Sepphoris qui s'étendait jusqu'à la plaine. Il d'Agrippa, qui fit une injonction à ses adep
y a loin de § au Merdj-el-Bathouf, et, tes. Aussi saint Irénée et les premiers Pères
en général, on ne place pas une citadelle au de l'Eglise n'ont-ils pas parlé des Nazaréens
dessous de la ville qu'elle veut protéger. Je comme hérétiques, ainsi que l'a fait saint
sais bien que M. Isambert va me reprocher Epiphane au v° siècle, mais comme des par
de recourir à des arguments stratégiques qu'il tisans de Jésus-Christ, leur † qui
n'admet pas pour bons; mais cela ne saurait ont changé leur nom contre celui de Chré
m'arrêter. tiens, plus tard, lors des discussions des apô
M. Isambert m'accorde l'autorisation de tres à Antioche. »
chercher Rimmon dans Roumaneh (lisez
et Voici les observations que me suggère ce
prOnOncez Roummaneh, si vous voulez être passage : 1° En commençant, M. lsambert
compris d'un Arabe), mais par cette raison trouve évidemment inopportune l'opinion que
seulement que tous mes devanciers sont d'ac j'ai émise sur la relation qui exista entre la
cord sur ce point. Puis vient un reproche à secte des Nazaréens et les Chrétiens; puis il
propos de Samounieh, la Simonias de Josè finit par dire lui-même que saint Irénée et
phe; il est formulé ainsi : « M. de Saulcy n'en les premiers Pères de l'Eglise regardent les
a pas parlé, sans doute parce qu'il n'a trouvé, Nazaréens, non pas comme des hérétiques,
non plus que Robinson, aucune cité biblique mais comme des partisans ee Jésus-Christ.
qui y répondît; mais l'histoire politique a ses Me voilà donc d'accord avec saint Irénée et
droits comme l'histoire religieuse. » les Pères; je n'en savais rien; M. Isambert me
A cela je n'ai qu'un mot à répondre : je l'apprend, et je l'en remercie. 2° Où ai-je dit
n'ai vu Samounieh ni de près ni de loin, et que les Nazaréens étaient des Chrétiens hété
je me suis prudemment dispensé d'en parler. rodoxes? Est-ce dans la phrase suivante : « Très
Que l'histoire politique se rassure donc dans certainement le roi Agrippa ne commettait cet
la personne de M. Isambert : quand j'ai eu à acte singulièrement arbitraire que pour plaire
m'occuper d'elle, je ne l'ai pas négligée. aux Juifs, pour lesquels les Nazaréens étaient
Je vais avoir encore à relever d'étranges un sujet de haine : ces derniers Nazaréens n'é-
assertions, qui ne sont vraies qu'à la condi taient très-probablement que des Chrétiens.
tion d'être modifiées du blanc au noir. Voici Evidemment le Christ n'a pu prendre son
ce que je lis : « Il n'y a aucune difficulté sur nom de Nazaréen de cette secte, dans la
la correspondance du bourg En-Nazara (lisez : quelle on pourrait être tenté de croire qu'il
En-Nasara) avec la Nazareth de l'Evangile, était entré, puisqu'il buvait du vin, » etc.
005 APPENDICE. — REPONSF A M. lSAMBERT. 9()6

3° Je ne sais que penser d'un état de failli voir s'engloutir tous mes bagages, avec
sainteté qui remontait jusqu'au temps de les bêtes qui les portaient. Est-ce là la rivière
Moïse. 4° M. Isambert prétend que les signes en question? Si c'est elle, je puis affirmer à
distinctifs de ces sectaires consistaient à s'abs M. Isambert qu'elle ne coule pas et n'enrichit
tenir de vin et à couper leurs cheveux. C'est pas le Kison † SeS eauX mOTteS.
laisser croître leurs cheveux que M. Isambert M. Isambert se récrie contre ma pensée de
aurait dû dire, pour être dans le vrai. placer à El-Mechhad la Geth, patrie du pro
5° Agrippa, ajoute M. lsambert, fit une in phète Jonas. Evidemment, cette identification
jonction à ces sectaires. Il aurait pu mieux n'avait pas plus que toutes les autres, chance
† et dire que cette injonction consista de trouver grâce aux yeux de mon critique,
qui la repousse de toutes ses forces. Pour y
à faire couper de force les cheveux aux Naza
réens, ainsi que le raconte Josèphe : ce qui mieux réussir, il oublie de dire ce que j'ai dit
enlevait aux Nazaréens leur caractère distinc et ce que je me vois forcé de répéter ici :
tif. Il serait difficile, on le voit, d'exposer que le nom el-Mechhad signifie sépulcre,
moins correctement ce qu'on veut dire que et qu'en ce point est l'oualy nommé Naby
ne le fait M. Isambert. Younès; que Quaresmius admet l'identification
Poursuivons : « Jacotin est peut-être le géo d'El-Mechhad avec Geth-Hehefer, où était né
graphe qui a encore le mieux exposé, sur les Jonas; qu'enfin Zimmermann et Kiepert
cartes, le véritable aspect de Nazareth et sa l'admettent de même. Je me consolerais
situation abrupte et pittoresque. La deuxième donc de me tromper en si bonne compagnie,
feuille de M. de Saulcy en présente un plan si je me trompais, ce qui n'est probable
bien moins poétique et fait disparaître ses ment pas.
environs. » — Encore une fois, je ne donne Vient ensuite la discussion sur la vraie
pas de plan : je donne un itinéraire, et ce † de Cana. « Jusqu'au xvI° siècle, » dit
que je désire avant tout, c'est qu'il ne mérite M. Isambert, « on a placé ce bourg dans le
pas l'épithète de poétique. Quant à la situation village aujourd'hui ruiné de Kana-el-Djalil, ou
abrupte de Nazareth, je ne puis relever cette la Galiléenne, sur la route directe de Caphar
expression qu'en disant que Nazareth n'est naüm et de Bethsaïde, à trois lieues nord de
pas du tout dans une situation abrupte. Safourieh, cinq lieues environ de Nazareth. »
Vient ensuite l'avertissement étrange de ne Route directe de Capharnaüm, en venant de
pas « confondre la Yafah de Galilée avec le quel lieu? M. Isambert oublie de le dire.
port de Joppé, aujourd'hui Jaffah, où débar Kana-el-Djalil ne signifie pas le moins du
† la plupart des pèlerins qui se rendent à monde Kana la Galiléenne, mais Kana la
érusalem (190). » Ne croirait-on pas que j'ai Grande, ce qui est une toute autre affaire.
commis cette confusion ridicule? Et puisque J'ai longuement discuté le fait que Kana n'a
je ne l'ai pas commise, M. Isambert prend-il été placée à Kafr-Kenna que depuis le xvi
ses lecteurs pour des ignorants, auxquels il siècle. Aux faits que j'ai rapportés pour prou
faut signaler une erreur qu'ils pourraient ver que cela n'est pas exact, j'en vais ajoute,
commettre d'aventure? un nouveau. Un manuscrit de la bibliothèque
M. lsambert ajoute : « Après avoir parlé du de Montpellier contient le voyage de Fritellus,
défilé qui mène de Nazareth à la plaine d'Es rédigé au xII siècle, et j'y lis ceci : De Chana
draelon, un peu à l'est, sur l'autre pente de Galileae. Iv° Milliario a Nazareth, secundo a
la montagne, est le village d'Eksalout (Iksail), Sephori, Chana Gulileœ contra orientem, etc.
dans lequel Robinson a proposé de reconnaî — De monte Thabor. Iv° Milliario a Nazareth,
tre le Chesulloth du Livre de Josué. » Lisez : contra orientem, mons Thabor. Voilà qui est
Un peu plus loin à l'est, sur la même pente de assez clair : la Cana de l'Evangile, pour Fri
la montagne, est le village d'Iksal (Xalouth), tellus, était à l'orient de Nazareth et de Sep
l'Eksalout de Josué. phoris, comme le Thabor, et non au nord,
« Au pied d'Iksail, » continue M. Isambert, comme Kana-el-Djalil. M. Isambert ajoute :
« et dans la vallée au sud-ouest, coule une « Le colonel Jacotin et M. le général Callier
rivière, principal affluent du Kison, venant ont suivi cette tradition prétendue monacale,
des revers de la chaîne du Thabor. Il est vrai et devancé M. de Saulcy dans la préférence
ment regrettable que la carte de M. de Saulcy accordée à Kenna , où se trouvent un sarco
n'en donne aucune trace, quoiqu'il ait dû la phage moderne (lisez : antique (191), une
traverser près de Mezrâa; il n'en dit pas un église grecque et les ruines d'une mosquée. »
mot non plus dans son récit. » Ce qui est Puis il conclut en disant qu'il a discuté mon
bien plus regrettable, c'est que M. Isambert opinion sur ce point, et qu'il ne peut entrer
invente des rivières pour les placer où il n'y dans les détails de cette discussion. « Nous
en a pas. Voilà tout le secret de mon silence nous bornons, ajoute-t-il, aux résultats.
dans mon récit et sur mon Itinéraire, à pro Nous dirons donc que, quoique notre compa
os du principal affluent du Kison, ainsi que triote n'ait pas, comme Robinson, visité Cana
'appellè M. Isambert. En revenant à Naza el-Djalil (lisez : comme Robinson, qui n'a pas
reth, au mois de mars, j'ai bien rencontré un plus visité Cana-el-Djalil que Kafr-Kenna. Le
mince ruisseau au milieu du bourbier où j'ai révérend le dit très-positivement, n'en dé
(190) M. Isambert croit que Iaphet veut dire fontaine dont l'auge est une assez belle cuve de sarco
montée ; je l'avertis avec empressement qu'il n'en phage antique garnie de guirlandes et de disques
est rien. sur ses quatre faces.
(191) J'ai écrit : A l'entrée de Kaſr-Kenna est une
DICTIoNN. DES ANTIQUITÉS EIBLIQUES. 29
007 DlCTIONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 908

plaise à M. Isambert, qui a mal lu), et quoi Je fais bon marché du reproche que M. Isam
que ce voyage de Capharnaüm ait pu se faire bert m'adresse d'avoir confondu trois combats
par le nord comme par le nord-est ou Kenna, en un seul, quand j'ai parlé de la bataille du
nous penchons pour l'opinion qui place l'an mont Thabor. — Apparemment M. lsambert
cienne Cana sur la route directe de Nazareth se figure que toutes les escarmouches de la
à Tibériade. » A la bonne heure ! nous voilà campagne de Syrie, avant et après la bataille
d'accord, et j'en suis tout reconnaissant. du 16 avril 1799, sont confondues par moi en
M. Isambert se récrie encore sur ce qu'il une seule journée. Puisque M. Isambert af
n'y a nulle identité entre la carte générale de fectionne la formule comme Robinson, pour
M. de Saulcy et celle de Jacotin et autres pos quoi ne s'en sert-il pas cette fois encore ?
térieures, notamment sur la position si im Qu'il ouvre le livre de ce savant voyageur
portante du mont Thabor, et sur le partage (tome III, p. 177, note 1), et illira, en anglais,
des eaux, etc. Je répéterai une fois encore à peu près ce que j'ai dit en français, le tout
qu'il serait difficile qu'il y eût identité entre tiré de Burckhardt, des différentes Vies de Na
une carte qui comporte les montagnes et les oléon I" et de la Révolution française de
cours d'eau, et un itinéraire qui ne comporte . Thiers. — M. Isambert ajoute : « Et puis
qu'une route. que ces lieux sont si célèbres à ses yeux
M. Isambert parle de Iuines désignées par comme aux nôtres, n'était-ce pas le cas d'en
moi sous le nom de Kachanef. Il m'a trop sou donner la carte topographique? » M. Isambert
vent reproché de changer l'orthographie des a parfaitement raison d'émettre ce vœu, et
noms arabes, pour qu'il ne me soit pas permis puisque ces lieux sont si célèbres à ses yeux
de lui reprocher, à mon tour, d'altérer obsti comme aux nôtres, qu'il aille les lever lui
nément les nonms qu'il n'avait qu'à transcrire; même et qu'il nous en rapporte la carte to
c'est Kachaneh , ou , Kabchaneh que j'ai pographique.Je lui en serai personnehement
écrit, et imprimé. De ces ruines, dans très-reconnaissant.
lesquelles M. Isambert affirme que je vois les Je transcris : « M. de Saulcy place l'amcienne
ruines de la Kachioun avec ses pâturages, du ville d'Itabyrion, que Jacotin met avec raison
Livre de Josué, j'ai dit ceci : « Quant à au sommet de la montagne, selon le texte de
Kachaneh, je serais assez disposé à y voir la Josèphe, au pied du mont, dans le village de
Kachioun qui appartenait à la tribu d'Issakhar. Dabourieh (#Dabouri de Jacotin); mais le
Mais alors il faudrait reporter jusque-là les li livre de Josué lui-même (xIx, 12) distingue le
mites de la tribu d'Issakhar et ne pas tenir Kisloth-Thabor de Dabroth, que la Vulgate
compte de l'analogie du nom de village Ka écrit Daberoth, et les Septante Dabiroth. »
chioun et du nom Kisoun de la rivière Kison, Le verset de Josué invoqué par M. Isambert
qui coule vers le Carmel dans la plaine d'Es est ainsi conçu : (La limite) revenant de Sarid
draëlon ou de Iezraël. Il est vrai que le texte à l'orient, vers le lever du soleil, jusqu'à la
de Josué ne semble pas le moins du monde limite de Ksaiouth-Thabor (littéralement les
placer Kachioun près du Carmel ; bien au flancs du Thabor), aboutissant à Daberath et
contraire. » MoNTANT à Yafia. -- Je me permets de con
M. Isambert combat ceci en disant : 1° que clure que puisque de Daberath la limite mon
je vois, ce qui revient à dire que j'affirme; 2" tait à Yafia, Daberoth n'était pas au sommet
que nous sommes sur le territoire de Zabulon, du Thabor. M. lsambert commet une erreur
et qu'il trouve une difficulté grave à placer en disant que je me suis occupé de la ville
ici une ville de la tribu d'Issakhar; 3° que le † au sommet du Thabor et dont parle
nom Kison rappelle ici de trop près le fleuve osèphe. Je mets tout simplement qui que ce
Kison, qui se jette dans la baie de Saint-Jean soit au défi de trouver dans mon livre une
d'Acre et qui a en effet de ce côté ses sources. seule ligne sur laquelle on puisse fonder le
En d'autres termes, M. Isambert copie reli reproche que M. Isambert m'adresse à propos
gieusement les objectionS que j'ai élevées d'Itabyrion. En attendant, M. Isambert fera
moi-même. Voilà assurément une partie de bien d'admettre que dorénavant la Daberoth
son rapport qui ne l'aura pas mis en grands biblique n'est pas et ne peut pas être l'Ata
frais de recherches. byrium de Polybe, de Josèphe, d'Etienne et
Je poursuis : « Du village d'Ech-Chedjara d'Eusèbe.
(Chagarah, de Jacotin), notre compatriote « A 3 kilomètres au plus de Chedgara (autre
aperçoit le mont Thabor, qu'il n'a pas visité forme adoptée par M. Isambert, qui tient tant
comme Robinson. » Le nom ech-chedjara si aux nomis), notre voyageur aperçoit le village
gnifie les arbres; Chagarah ne signifie rien : de Cafr-Sebt (Sabt de Zimmermann, El-Sett
j'aime donc mieux m'en tenir au nom du vil de Jacotin), qui en est à 4 kilomètres 1/2. »
lage qu'à celui que Jacotin a recueilli, sans le Comment M. Isambert appelle-t-il le senti
comprendre et encore en le prononçant à l'é- ment de confiance qui fait donner un démenti
gyptienne, ce qui l'eût rendu méconnaissable par un homme qui n'est jamais sorti de son
our un Syrien; mais comme M. lsambert logis, au voyageur qui a parcouru une route,
ignore la prononciation arabe, il est inutile et qui en a noté la longueur? Je lui laisse le
d'insister sur ce point. Je n'ai pas visité le soin de trouver le mot. J'ai cherché ce qu'a-
Thabor, c'est très-vrai, et je le regrette; il y vait pu être Kafr-Sebt dans l'antiquité, et
a bien d'autres lieux que je n'ai pas visités ! j'ai déclaré textuellement ceci : J'ignore
Pourquoi dire comme Robinson ? Et pourquoi ce que peut être Kafr-Sebt; en suite de quoi
ne pas écrire tout bonnement comme tous j'ai mentionné deux localités antiques dont
ceux, et ils sont nombreux, qui l'ont visité ? les noms se rapnrochent de celui-là. J'ai dit
909 ApPENDICE. — REPONSE A M. ISAMBERT. 910

que peut-être ces deux noms s'appliquaient Robinson s'en est sagement aostenu. » Voilà,
à une seule ville; M. Isambert prend pied de certes, un raisonnement auquel je ne prendrai
là pour déclarer que : « ces deux villes ne pas la peine de répondre. Si Robinson, qui
sont pas identiques, et alors rien ne s'oppose n'a pas entendu prononcer le nom de Kalaat
à la seconde des conjectures hasardées par el-Hammam, que j'ai recueilli, s'est abstenu
M. de Saulcy. » Voilà franchement des criti de chercher là Hamath, il n'a été que prudent;
ques bien gratuites ; au reste il est curieux de ce nom que j'ai obtenu m'a donné un précieux
#º† cette expression conjecture hasar renseignement que le savant Robinson ne
dée de la phrase qui suit immédiatement : connaissait pas, voilà tout.
« Notre compatriote n'a rien vu à Loubieh « A Tibériade, dit M. Isambert, sont proba
pour la géographie comparée, ce pourrait être blement les ruines de † ville biblique,
Abel-Machea † : Abel-beth-Mâaka), mé notamment de Kinereth, que M. de Saulcy a
tropole des Israélites, prise par Joab au temps tant de peine à trouver, ou qu'il ne trouve
de David, si l'on ne reportait cette ville dans # multipliant les villes de cette côte (p.
la vallée d'Hasbeya à Irbid. » Comme conjec 12). » Plus loin (à la p. 321), M. Isambert
ture hasardée, celle-ci est un modèle. Je ne revient sur ce sujet, et dit : « Nous avons déjà
sais qui a reporté Abel-beth-Mâaka, l'Abel Vu que, du temps de saint Jérôme, on regar
Makhea de Josèphe, dans la vallée de Hasbeya. dait Tibérias comme ayant succédé à la ville
Dans le Lirre des Rois (I, xv, 20), cette ville biblique (de Kenret). Si l'on récuse une auto
est nommée après Dan et avant le pays de rité si imposante, pourquoi Kinereth, ou Gi
Kinnereth et toute la terre de Nephthali. Il nousar n'aurait-il pas été le nom ancien de
n'est donc pas possible que cette localité soit Capharnaüm, Kapharnomé ou Ginousar? N'y
Loubieh. a-t-il pas similitude dans les noms? Tous ces
Passant à ſa plaine de Hattin, M. Isambert lieux se touchent. »
dit qu'il y a : « au midi de cette plaine d'â- Répondons à tout ceci. M. Isambert place
pres collines appelées Qoroun-Hattin par Ja Tibériade sur les ruines de Kenret, et cela est
cOtin et † et Qalaat-ibn-Mâan par notre inadmissible; voici pourquoi : Kenret : était
voyageur; elles sont percées de cavernes, » etc. uneville de latribude Nephthali;Capharnaüm,
M. Isambert commet ici une énorme confu placée, de l'aveu de tous, au nord de Tibéria
sion, dont lui seul est coupable, et qu'il met de, était, suivant saint Matthieu, sur la limite
très-résolument sur mon compte. J'ai dit des territoires de Zabulon et de Nephthali;
qu'une fois entré dans la plaine de Hattin, on donc Tibériade était sur le territoire de Zabu
, aperçoit à environ 3 kilomètres à gauche lon; donc Tibériade ne peut être sur l'empla
deux sommets de collines qui dominent la cement de Kenret ! Cette argumentation ne
plaine : ce sont les cornes de Hattin (Qo m'appartient pas ; elle est de Reland. Il eût
roun-Hattin); au pied de ces collines sont les donc été prudent de lire un peu mieux aussi
décombres du village même de Hattin. Un l'admirable livre de ce savant. On voit que, si
peu après j'ajoute : « Lorsque nous avons j'ai eu de la peine à trouver Kenret où elle est,
encore gagné un peu de terrain, nous aper M. Isambert n'en a pas eu à la mettre où elle
cevons à six kilomètres environ sur notre n'est pas. Quant à la question : « N'y a-t-il
gauche un mamelon que semble couronner pas similitude entre les noms Kinereth, Gi
une vaste ruine. Ismayl me dit que c'est le nousar, Kapharnomé et Capharnaüm? » je ne
Kalaat-el-Hammam... Je n'ai pas malheureu puis répondre que ceci : il n'y en a pas la
sement visité cette localité, qui paraît être ex moindre.
cessivement curieuse, et dans laquelle Ro Après avoir rappelé le regret exprimé par
binson, sur ce qu'ont dit Burkhardt, Irby et moi de n'avoir pu faire, en bateau, le tour du
Mangles, reconnaît les cavernes fortifiées, pla lac de Gennezareth, M. Isambert rappelle que
cées près d'Arbela en Galilée. Le nom que M. Lynch, qui n'a pas non plus fait le tour
Robinson applique à cette localité est celui de du lac, mais qui a fait au nord une excursion
Kalaat-ibn-Mâan, » etc., etc. La conclusion jusqu'à Medjdel, a du moins donné la latitude
de ceci est que M. Isambert ne m'a pas lu des deux points extrêmes du lac, ainsi que la
avant de me critiquer ; c'est toujours fort im longitude du pont de Semakh. « On ne sait
prudent. - - pas, ajoute mon habile critique, si par ces
M. Isambert ajoute à cela que je vois dans mots il a entendu l'ancien pont en ruines, ou
cette même localité « le Hamath de la tribu le passage du Jourdain appelé Jisr-Um-el
de Nephthali, nommé dans le Livre de Josué à Kanatir, qui n'est pas ponté, et qui est un peu
côté de Kenereth, mais accompagné de pâtu plus au nord que les ruines de l'ancien pont ;
rages, ce qui ne convient pas à cet amas de mais la différence de longitude doit être in
rochers. » A ceci, je répondrai que je ne vois sensible. »
guère ce qui empêche qu'il y ait des pâturages D'abord je demanderai comment M. Lynch,
auprès d'un amas de rochers, et que je le vois ui, au dire de M. Isamhert, n'a été au nord
d'autant moins, que ces pâturages que j ai rus e Tibériade que jusqu'à El-Medjel, a pu ob
existent et constituent la plaine de Hattin, server la latitude du point extrême nord de
qui, Dieu merci, est assez grande.M, Isam ce lac ; ensuite comment il a pu prendre la
bert ajoute : « Puisque Eusèbe et Jérôme (li longitude d'un pont qui n'existe pas, du pont
sez saint Jérôme), dans l'Onomasticon,, ont de Samakh. Ce pont est une barque qui porte
renoncé (au Iv* siècle de notre ère, il y a 1400 les voyageurs d'une rive du Jourdain à l'autre.
ans) à rechercher la place de ces lieux bibli entre le village de Samakh, qui est sur la rive
ques, comment peut-ón y revenir aujourd'hui ? gauche, et la pointe sud d'une di#ue énorme,
9# 1 DlCTIONNAIRE DES ANTIQUITI S BlBLlQUES. 9! !

à la pointe nord de laquelle était situé le vil plus d'un huitième de la côte du lac, et que
lage aujourd'hui ruiné d'El-Karak. Ce qui est j'ai eu ainsi plus de motifs pour ne pas hasar
plus malheureux encore dans ce paragraphe, der une description du périple de la mer de
c'est le doute qu'exprime modestement M. Galilée. » Admettons un instant que cela soit
lsambert sur le sens qu'il faut attribuer à la vrai et bien conclu, que devons-nous penser
désignation du pont de Samakh. « Est-ce l'an de l'écrivain qui, après avoir dit cela, annonce
cien pont en ruines, ou le passage du Jourdain une carte de lui de cette même mer qu'il n'a
# é Jisr-Um-el-Kanatir (lisez Djisr-Omm jamais aperçue de sa vie ? Véritablement c'est
el Kenatir), qui n'est pas ponté et qui est un trop fort !
peu plus au nord que les ruines de l'ancien « Robinson lui-même et son compagnon
pont? mais la différence de longitude doit être M. Smith n'en ont exploré que la mºitié, et
insensible. » Certes, oui, elle doit être insen M. Lynch le côté occidental seulement, mais
sible, car le Djisr-Omm-el-Kenatir (littérale d'une manière complète. » Toutes ces asser
ment le pont, Mère-des-Arches), c'est le † tions sur les portions de côte parcourues par
ruiné. Si M. Isambert savait l'arabe, il ne nous sont autant de grosses erreurs. Robinson
commettrait pas de quiproquo pareil, et il ne déclare formellement n'être allé vers le sud
s'exposerait pas à dire d'tin vrai pont qu'il que jusqu'aux bains d'El-Hammam; Lynch
n'est pas ponté.Je ne me sers de cette expres n'a été que jusqu'à El-Medjdel, au dire de
sion que parce que M. Isambert s'en est servi, M. Isambert lui-même ; enfin, je suis allé, moi,
car elle n'est pas française, le mot ponté ne de la sortie du Jourdain jusqu'au Khan-Minieh.
s'appliquant qu'à une barque. Donc M. Isambert n'a pas lu plus attentivement
A l'aide des observations recueillies par l'une que l'autre de nos trois narrations de
M. Lynch, M. Isambert constate « que Zim voyage; et comment, en commettant de pa
mermann a donné au lac de Tibériade 2 milles reilles erreurs, espère-t-il donner à ses lec
géographiques ou près de 4 kilom. trop au teurs sérieux la moindre confiance dans ses
nord, et environ 1 mille ou 1500 mètres trop critiques ? Suivant M. Isambert, je n'ai guère
à l'ouest (192), au passage de Samakh. M. de vu plus d'un huitième de la côte du lac; il
Saulcy paraît aussi n'en avoir pas eu connais faudra que la carte qu'il promet soit étrange
sance, puisqu'il a commis les mêmes erreurs. ment rédigée pour qu'il parvienne à attribuer
Quoi qu'il en soit, dans Zimmermann au à la côte occidentale, que j'ai entièrement par
moins, si ce n'est dans M. de Saulcy, le lac courue, une longueur d'un huitième du pé
de Tibériade n'a pas de longueur plus qu'il riple du lac. Ou cette carte donnera un dé
n'en faut. » menti formel aux paroles de M. Isambert, ou
On sait à quoi s'en tenir sur ma prétendue ses paroles donnent un démenti formel à sa
carte, qui est rigoureusement le calque de future carte. -

celle de Zimmermann. M. lsambert seul pou J'ai vérifié sur place que la carte de Zim
vait s'y méprendre. - mermann est défectueuse, j'en avertis M.
Je trouve à la page 314, une tirade contre Isambert afin qu'il ne prenne pas au sérieux
M. de Bertou cominençant par ces mots : M. de ce qu'il dit de son propre travail, et en ces
Bertou dit avoir fait le tour du lac, etc. Je termes : « Pour l'intelligence des recherches
ne relèverai pas ce que ces paroles ont d'im † vont suivre nous avons redigé, sur une
poli; elles sont de celles auxquelles on ne ré ºchelle un peu plus large que celle de Ja
pond pas. M. Isambert, cette fois encore, dé cotin (à 12 millimètres par kilomètre), avec
clare sans façon que le travail de M. de Ber les matériaux fournis par Lynch, Zimmer
tou est détestable; mais voici qui est plus ris mann et les itinéraires, une carte topogra
qué , je transcris : « Les lieux nommés sur phique du lac de Tibériade et de ses rivages. »
la côte orientale, avec leurs distances, sont si Patience donc ! Attendons que cette carte
mal fixés et s'accordent si peu avec sa propre ait paru !
carte, que Kiepert et Zimmermann n'en ont Voyons maintenant le plus rapidement
pour ainsi dire tenu aucun compte. Puisqu'il possible ce que M. Isambert donne de ren
avait relevé les contours de ce lac, pourquoiseignements sur la géographie du lac de Ti
n'en a-t-il pas publié la carte ? » Comprennebériade, et répondons-y par ordre. « Nous
cela qui pourra, Pour M. Isambert, M. de Ber ne pouvons, dit le savant géographe, placer
tou n'a pas publié de carte du lac de Genne avec M. de Saulcy et ses devanciers, sur la
zareth, et en même temps la carte du lac de côte occidentale, ni la ville de Magdala, qui,
Gennezareth, publiée par M. de Bertou est d'après les manuscrits des Evangiles, est au
détestable. Je suis très-enchanté de pouvoir jourd'hui remplacée par Magada ou Magedan,
déclarer ici que la carte du lac de Genneza ni Dalmanoutha de l'évangéliste Marc (lisez
reth, publiée par M. de Bertou, est sans con saint Marc) (p. 315). » Voilà donc qui est
tredit la meilleure que je connaisse, et j'ai bien entendu. Toutefois, à la page 318, c'est
quelque droit de le dire, puisque j'ai pu la à-dire trois pages plus loin, je lis ceci : « Le
Vérifier sur toute l'étendue de la côte occiden hameau ou forteresse El-Medjdel (193) est,
tale du lac, depuis la sortie du Jourdain jus comme nous l'avons dit, regardé généra
qu'au Khan-Minieh. Il est vrai que M. Isam lement comme le Magdala introduit dans
bert aſtirme (p. 314), que « je n'ai guère vu l Evangile (que signifie ce mot introduit º),
192) Je ne m'explique pas bien comment 2 milles | (195 Où M. lsambert prend-il sa forteresse d'El
équiva'ent à 4 kilométres, si un mille n'équivaut Medjdcl, si cc n'est dans le nom même ?
qu à 1,500 mètres.
015 APPENDlCE. — REPU)N Sl. A M. ISAM1.3E !RT. 04 4

et le lieu de naissance de Marie-Madeleine, du Jourdain est la seule (ia seule quoi ?)


auquel l'Eglise de Rome a accordé des in qui convienne à la position d'une ville forté
dulgences. » Voilà deux assertions qui disent et importante comme Tarichées. On pou
l'une blanc et l'autre noir. Quelle est la bon vait se glisser, comme a fait Titus pour pren
ne, au goût de M. Isambert ? dre Tarichées, aussi bien entre le rivage de
A quelques lignes de là, je lis encore : « Il Kerak que celui de Kades (sic), si les eaux
'nous est impossible d'admettre deux Beth du lac étaient basses. M. de Saulcy abuse ici
snyde dans le même pays, à quelques lieues de l'argument stratégique, comme il nous
de distance, l'une dans l'emplacement de Ju semble l'avoir fait aussi pour la position de
lias, sur la rive orientale, près de l'embou Bethsaide-Julias, » M. Isambert n'abuse-t-il
ehure du Jourdain, et l'autre un peu au sud pas un peu de l'envie de parler des lieux
ouest de cette embouchure. » De cette phrase # n'a pas vus, et n'abuse-t-il pas surtout
le lecteur ne peut manquer de conclure que u droit d'accumuler les impossibilités de
j'ai admis l'existence de ces deux Beth toute nature, pour ne dire que cela, afin de
Saïda, et en voici la preuve : « Commen prendre en défaut ceux qui n'y sont pas ?
çons par dire qu'il paraît au moins im e vais donc réfuter, en très-peu de mots,
probable que deux villes, portant exacte toute la théorie fantastique de M. Isambert.
ment le même nom, aient été situées, pour 1° Tarichées ne pouvait pas être sur l'em
ainsi dire, en contact l'une de l'autre, et sur placement du village de Karak, parce que
les rives opposées du Jourdain. » Voilà en ce village était à la pointe d'une véritable
core un raisonnement qui n'a pas coûté à digue qui n'a guère que 20 ou 30 mètres de
M. Isambert de grands frais d'imagination. largeur, et qui n'a d'autre pente nord qu'un
M. Isambert ajoute toujours, comme si talus rapide semblable, pour l'inclinaison, à
cette remarque était de lui : « Les textes, l'escarpe d'une fortification en terre. 2° Ro
non-seulement des Evangiles, mais de Pline, binson n'a pas vu le terrain plus que Zim
mermann, et quant à Lynch, qui a vu les
s'y opposent. De ce côté, la Décapole n'a pas lieux, j'ai trop bonne opinion de son in
dépassé le Jourdain. » Voilà qui est bien ;
mais † M. Isambert, qui a trouvé telligence pour lui prêter l'idée qu'il y ait
jamais eu une ville sur la pente nord de
tout discutés dans mon livre les textes de
Pline et des Evangiles, a-t-il soin de passer Karak. 3° Comme la sortie du Jourdain (et
sous silence le texte du géographe Ptolémée non l'embouchure) est couverte par cette di
jui, dans la Galilée, donne les degrés de gue, il est physiquement impossible qu'il y
Sepphoris, de Capharcotia, de JULIAs et de ait eu même un hameau en ce point. 4° Si
M. Isambert avait vu le terrain, il ne dirait
Tibérias ? Est-ce parce que ce témoignage le
contrarie ? Qu'il en convienne franchement ! lus que Titus, à cheval, a pu grimper du
« L'espace nous manque, ajoute M. Isam ac même à el-Karak, qui est sur une berge
bert, pour rapporter la réfutation que nous escarpée de plus de 15 mètres de hauteur,
avons faite des arguments de M. de Saulcy.. tandis que les ruines de Kadès sont à très
Celui qu'il a pris de la similitude du nom eu près au niveau de l'eau. 5° En supposant
† les eaux du lac (ce qui n'arrive guère,
moderne de Medjdel et de Migdal ou Magdala je
n'a pas de portée, » etc. Ceci est une ma crois), on ne fait qu'augmenter énormé
nière très-expéditive d'en finir avec une dis ment la difficulté, vu que le long de la di
cussion de textes. gue le lac est extrêmement profond et la
rive à pic.
Poursuivons : « Nous n'admettons pas Dans le paragraphe suivant, M. Isambert
qu'après dix-huit siecles, notre compatriote parle des ruines nommées Karbet-Sümrah
ait retrouvé des restes du camp de Ves (lisez Kharbet-Samrah), et se récrie contre la
pasien, près des bains chauds d'Emmaüs, à supposition que j'ai émise que ces ruines
Hammam. » M. Isambert ne s'aperçoit pas pourraient être celles de la Samega de Jo
qu'il met à néant, d'un trait de plume, tout sèphe. « Mais, dit M. Isambert, cet historien,
ce que l'on a écrit sur les camps romains, en parlant de Samœa, la place près de Me
dont les traces, malgré la culture annuelle, daba, dans la Moabitide, du côté de Sichem,
ont subsisté en France et ailleurs jusqu'à nos et en mentionnant Samega, il s'exprime
jours. Pour n'être pas seul de mon avis, je aussi vaguement. » M. lsambert semble ne
prierai M. Isambert de relire, s'il l'a lu, l'Iti pas comprendre que pour venir de Medaba,
néraire de MM. Yrby et Mangles, et il y ver ville moabite à Sichem (Naplouse), Hyrcan
· ra que l'enceinte de ce campement avait été a dû passer le Jourdain quelque part, et a
reconnue, avant moi, par ces messieurs, ce pu en conséquence rencontrer Samrah sur
que j'ignorais, par parenthèse, lorsque j'ai sa route. M. Isambert veut que les Karbet
publié mon vogage. Samega soient les ruines d'Hippos, que Jo
M. Isambert n'admet pas que Tarichées sèphe place entre Gadara (Omm-Keis) et Ti
fût à l'endroit appelé aujourd'hui Kadès. bériade. N'était le nom Samrah, qui ne res
« ... En maintenant Tarichées sur la pente semble guère à Hippos, je serais assez dis
nord du village moderne de Kerak, ou du posé à croire avee M. Isambert que cette
Bau-el-Mur (lisez je ne sais quoi ; mais, de dernière ville était où se voient aujour
grâce, ne lisez pas ce nom impossible) de d'hui les ruines nommées Kharbet-Samrah.
M. Lynch, on ne fait que se conformer aux Après avoir justement constaté que ce
opinions de Robinson, Lynch, Zimmermann n'est pas dans mon livre qu'il faut chercher
et des autres géographes. L'embouchure les bases de la géographie comparée, à par
è15 DICTIONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 91f)

tir de la sortic du fleuve hors du lac de Ti remains of Capernaiim. But my hope ended
bériade, M. Isambert dit : « Nous repre in disappointment ; a feu stones had in
nons l'ouvrage de notre compatriote à par deed been throucn together ; but there was
tir de Tibériade, qui est regardée par saint nothing which could indicated, that any
Jérôme comme l'ancienne Cénéreth ou Ken toucn or rillage had ever occupied the spot.
reth. » Nous avons déjà vu que cette as The stones which corer the hill, are of the
sertion ne supporte pas le moindre examen. same dark colour and volcanic character
Au reste, M. Isambert a le soin, quatorze li of then around Tiberias. De tout ceci je
gnes plus bas, de démontrer lui-même l'im conclus que, puisque ces blocs volcaniques
ossibilité de cette identification, en disant, qui couvrent la colline ne sont pas venus là
propos d'El-Medjdel, † ce ne peut être tout seuls, ils y ont été apportés comme
la Medjdel-El de la tribu de Nephthali ; parce ceux de Tibériade et comme ceux de Tari
que nous sommes dans la terre de Zabulon cheae dont la vue eût dissipé toutes les in
et non dans celle dc Nephthali. Or, Kenret certitudes de Robinson. Je le répète donc,
était de Nephthali : donc elle était au nord là est Capharnaüm, parce qu'il ne peut être
d'El-Medjdel, et Tibériade a l'inconvénient ailleurs, et que ses ruines ont sauté aux
d'être au sud. yeux de Robinson lui-même. Le passage
Je ne discuterai pas la distribution des que j'ai signalé, dans la description du sa
cours d'eau admis par M. Isambert dans la vant explorateur, vaut tous les raisonne
carte qu'il promet. J'ai dit ceux qui existent, ments possibles. M. Isambert n'en a pas
et non ceux qui devraient exister pour faire moins cru pouvoir déclarer que Robinson
plaisir aux géographes de cabinet. nie formellement l'existence de ces ruines.
| Vient ensuite la tour d'El-Rhoueyr (le pe M. Isambert s'occupe ensuite, pour son
tit marais, et non le petit Rhôr, ce qui ne compte, de Capharnaüm, et il cherche d'a-
signifie rien pour les Français qui ne savent bord à établir que le Kepharnomé où fut
† que Rhôr signifie marécage). J'ai dit que
'Ayn-El-Medaouarah † non Mudauwarah
transporté Josèphe , après avoir été blessé
dans le marais près de l'embouchure du Jour
tout court) était probablement la source nom dain supérieur, existait où sont les ruines
mée par Josèphe Capharnaüm, et que le réellement considérables de Tell-Houm. « Car
Rhoueyr était son Gennezareth. M. Isambert e'est, ajoute-t-il , le premier endroit remar
paraît fort contrarié de ce que Robinson quable en venant de Julias Bethsaïde. » -
est du même avis ; aussi semble-t-il regret Josèphe donne à Kepharnomé le nom de
ter de ne pouvoir rejeter ces identifications. Kégn, bourg Or, que M. Isambert relise la
Il indique deux bassins à peu près de mê description des ruines de Tell-Houm, dans le
me apparence au Khan-El-Minyeh (lisez livre de Robinson, et il sera tout disposé, je
Khan-Minieh), et c'est une grave erreur. le pense, à voir dans de pareilles ruines autre
Il y a bien de ce côté deux belles sources, chôse que celle d'un bourg. Robinson parle
mais l'une est l'Ayn-et-Tyn et l'autre l'Ayn ainsi de ces ruines (t. III, p. 298) : Not far
et-Tabrhah, et toutes deux sont fort loin du off are the prostrate ruins of an edifice,
Rhoueyr. trich, for expense of labour and ornamcnt,
Robinson, dit M. Isambert, nie formel surpasses any thing we had yet seen in Pa
lement l'existence des ruines † j'identifie lestine. — Je le demande, ces ruines peu
avec , Capharnaüm près de l'Ayn-El-Ma vent-elles être celles d'une misérable bour
ouarah, et M. Isambert, cette fois encore, gade ?
a fort mal lu Robinson. Je le prie donc de M. Isambert ajoute : « Il n'est pas vraisem
relire, à la page 290 du tome IlI, ce que ce blable que l'insistance de M. de Saulcy l'em
savant dit de la fontaine Capharnaüm qui porte sur l'absence de mur d'enceinte, et
fertilisait la plaine de Gennezareth, et sur même de ruines qu'il croit avoir découvertes
tout les pages 282 et suivantes, il y trouvera parmi les pierres détachées des roches qui
quelques phrases que je transcris : El entourent la plaine. » -

Ghuweir (Little-Ghôr)... It is unquestionably Je regrette bien vivement, pour la satis


the Gennezareth of Josephus.— Round foun faction de mon docte critique, qu'il n'y ait
tain... for we then held it (though as i now pas un seul rocher qui entoure la plaine d'El
think incorrectly) to be the same uhich Jo Rhoueyr : cela lui conviendrait parfaitement,
sephus describes as watering and ſertilizing mais cela n'est pas. -

the plain of Gennezareth, and which he L'absence de mur d'enceinte, au Caphar


says was called by the inhabitants, Caphar naüm que j'ai retrouvé, fournit à M. Isam
naiim. — Admitting that this fountain ucas bert, contre cette identification, un argument
the Capharnaüm of Josephus, there was eve sur lequel ne l'emportera pas mon insis
ry reason to suppose that the city of Caper tance. Pourquoi faut-il que M. Isambert ait
naiim must have lain somuºhere in thc rici cette fois pris le contre - pied du texte
nity. The western hill above the fountain, auquel il fait allusion, et que j'ai repro
as we could perceive here, and had also duit in extenso. C'est Adamnanus qui
noticed from Hattin, is streuced with large parle et qui dit de Capharnaüm : Murum
stones, having at a distance much the appea non habens, ce que M. Isambert transforme
rance of ruins. I ascendcd it therefere, ex apparemment en murum habcns. Je le re
citcd trith the cagcr hope of finding some mercie très-sincèrement de l'attention avec
trace of a formcr site, uchich then i should laquelle il ne cesse de me fournir des argu
hardly have hesitatcd to consider as the ments en faveur des thèses qu'il combat avec
917 APPENDlCE. — REPONSE A M. lSAMBERT. 918
tant de # rence mais, hélas! avec si peu quité qui jonchent partout le terrain; pour
de succès . . -
quoi donc les passer sous silence ?
Je ne dirai rien de la phrase suivante : A propos de Khorazyn , M. Isambert dit :
' « Chorozaïn n'était lui-même qu'un bourg de « Notre compatriote en fait encore une ville
Galilée, à une distance dè moins de deux et non un bourg , quoiqu'il n'en restât plus
milles romains de la première et déserte (sic) de trace dès le Iv° siècle et que ce fût un
au Iv° sièele de notre ère. » désert.» J'ai dit : Saint Jérôme nous apprend
ſ
1 Deux fois M. Isambert parle d'un tronçon que c'était une petite place de Galilée,.
de colonne qui se voit gisant au nord d'El située à deux milles de Capharnaüm; — et,.
Rhoueyr, et mon critique me paraît s'être Ces ruines ont done, bien que de loin je les
figuré que c'est une colonne monumentale aie jugées fort peu considérables, des dimen
debout. Voici les deux passages : « On n'a sionstellesqu'on peut, sans se compromettre,
trouvé près du village Shoushed (lisez d'A- avancer qu'en ce point a existé un bourg
bou-Chouched), à l'ouest de lâ † qu'une antique. Dès lors je dis que ce bourg est Kho
eolonne, quoiqu'on ait cherché ces ruines razyn. Deux fois, il est vrai, pour éviter la
avec soin. » — Et, un peu plus bas : « ... Ca répétition du mot bourg coup sur coup, j'ai
pharnaüm n'était réellement qu'un bourg employé le mot ville, par respect pour un
de la Galilée, et, à ce titre, pouvait se trou nom de lieu tiré des saints Evangiles, et
ver autour de la colonne , au nord-est de voilà sur quoi est fondée l'accusation de
Shushed (sic cette fois). » Robinson (p. 286) M. Isambert.
s'exprime ainsi : We passed a limestone co M. Isambert me reproche de ne pas tenir
liumn lying alone in the plain, some tucenty compte du † d'Epiphane (lisez
feet long, and at least two feet in diameter. Adamnanus), qui appelle Capharnaüm mari
Quant à moi, je me suis contenté de citer, time, puisque je reporte cette ville à l'ouest
d'après Robinson (p, 493), cette colonne que de la plaine. « Nous pensons, dit-il, avec
je n'ai pas vue. les voyageurs et les antiquaires précédents,
« S'il fallait absolument, dit M. Isambert, que cette dernière fut attenante au lac. »
des ruines considérables pour répondre à la -- Témoins Quaresmius et Robinson, qui la
grandeur exagérée de Capharnaüm (exagérée lacent au Kan-Minieh , c'est-à-dire aussi
par qui?), cette ville aurait été sur l'empla oin du lac, que la colline où je l'ai retrou
cement de Tell-Houm , et M. Lynch , ainsi vée. Voilà ce que M. Isambert, qui n'a pas
que beaucoup d'autres, ne la place pas ail vu les lieux, ne pouvait pas deviner. Il n'est
leurs. » — #§ conclus que M. Lynch et donc pas de si bon accord qu'il le croit avec
beaucoup d'autres ont tort. Robinson ne s'y les voyageurs et les antiquaires précédents.
est pas mépris; aussi cherche-t-il Caphar Quant à Khorozyn , voici la conclusion de
naüm au Khan-Minie h, en désespoir de cause. M. Isambert : « Alors Chorozaïn a pu exister
Voici encore une idée de M. Isambert : sur les hauteurs qui dominent Tabigah au
« Le Kepharnomé de Josèphe, que rien n'o- nord,. ou, si l'on reporte Capharnaüm à
lilige à confondre avec Capharnaüm , n'était Tell-Houmm , s'élever jusqu'au puits de Jo
lui-même qu'un bourg » - Je "† à seph (Khan-Jubb-Yussuf). »
ce sujet l'approbation que M. Isambert a A ceci je réponds que Khorazyn n'a pu,
donnée à mon idée de ne pas croire à deux être sur les hauteurs au dessus des moulins
Bethsayda pour ainsi dire en contact l'une de Tabrhah, puisque saint Jérôme écrit dans
de l'autre, et je me permettrai de raisonner son Commentaire d'Isaïe : In littore maris.
de même pour les deux bourgs de Caphar Genezareth sita fuisse Capharnaüm, Tibe
naüm et de Kepharnomé admis par M. riada, Bethsaida et Chorozain. L'expression
Isambert. Il n'y a, je le reconnais, qu'une in littore signifie-t-elle au bord même du
chose qui oblige à faire, de ces deux noms, lac ?, Pas le moins du monde; elle signifie
un seul et même nom; c'est le bon sens le sur le rivage, et, pour qui a visité le lac de
† vulgaire ; mais c'est bien quelque chose. Gennezareth , le rivage est le terrain sensi
t c'est dans la même page que M. Isam blement plat qui joint le lac aux hauteurs
bert argumente en alléguant l'identité qui considérables qui le dominent partout. Je me
le frappe dans les noms Kenreth, Genousar, servirai encore tout à l'heure de ce précieux
º† et Kepharnomé ! ! ! passage.
Continuons. « Au village ruiné d'Abou « M. de Saulcy, dit M. Isambert, place à
Schoucheh (sic cette fois), où il a trouvé une Tell-Houm, dont il reconnaît (lisez il cite) les
tour carrée et voutée , construite en beaux ruines imposantes, d'après Robinson et Lynch,
blocs d'appareil hérodien ou romain, M. de car il n'a pas vu les lieux, la ville de Beth
Saulcy veut qu'on reconnaisse l'ancienne saïde ou bourgade des pêcheurs (lisez : mai
Kenret, etc. » Cette citation, je suis fâché de son de la pêche) de l'Evangile, sous prétexte
le dire, est tronquée. Je prie M. Isambert † El-Tell, sur la rive orientale du Jour
de relire ce que je dis des ruines qui ain supérieur, est trop loin du lac ; mais,
existent à Abou-Chouched , et il verra que comme il n'est pas logique de multipler les
j'indique autre chose qu'une tour construite localités du même nom à une distance de
en beaux blocs d'appareil hérodien ou ro neuf à dix kil., nous croyons qu'if faut effa
main du haut empire , et qui est appliquée cer la Bethsaide du sud-ouest et se contenter
contre une muraille de construction plus d'une seule ville sur cette côte. »
récente. Je mentionne les innombrables blocs Voici ma réponse : Je dis aussi qu'il faut
de lave, débris d'édifices d'une haute anti se contenter d'une seule ville de Bethsalda .
919 DiCTiONNAIREiDES ANTlQUlTES BIBLIQUES. 920

sur cette :ôte, parce qu'il n'y en a qu'une, Tell la position de l'ancienne Julias.... L'es
qui est Tell-Houm, parce qu'Et-Tell, n'étant pace nous manque pour reproduire ici la ré
pas le moins du monde sur la côte du lac, ne futation détaillée que nous avons faite de ces
peut être Bethsaïde, que le passage précité arguments : ils me respectent ni le texte de
de saint Jérôme y place positivement. l'line ni celui de l'historien Josèphe, lesquels
J'ai dit avant M. Isambert qu'il n'était pas mettent Julias à l'orient du fleuve. »
logique de chercher deux v# du même Ce reproche de ne pas respecter les tex
nom, pour ainsi dire en contact; aussi j'ap tes de Josèphe et de Pine, textes que
pelle Bethsaïda celle qui est sur le lac, et je ne j'ai amplement discutés , est tout gratuit.
In'occupe pas de l'autre que je ne connais M. Isambert me permettra de lui reprocher à
pas. Bethsaïda devint une ville romaine somp mon tour de passer l'éponge sur le texte de
tueuse sous le nom de Julias, et les ruines Ptolémée. Quant à la réfutation de tous mes
SOmptueuses de Tell-Houm s'accordent par arguments, je regrette que l'espace ait nlan
faitement avec ce fait positif. M. Isambert qué à M. Isambert pour la produire. Voilà la
ajoute : « M. de Saulcy dit que les ruines d'Et seconde fois qu'il se sert de ce mode de dis
Tell sont barbares, tandis qu'on devrait y trou cussion, et j'ai bien peur que, l'une comme
ver des ruines somptueuses. Mais il n'a pas l'autre fois, cela ne signifie simplement ceci :
Vu ces ruines; on n'y a pas fait de fouilles ; ne sachant que dire, je vous préviens à tout
Robinson et Smith, qui les ont vues, n'ont
aucun doute sur cette identité. »
risque que je pourrais dire † , afin
de prouver que vous vous trompe7. A la place
Réponse : Robinson n'a pas vu les ruines de M. Isambert, je l'affirmerais moins, et je le
d'Et-Tell, parce qu'il est resté malade sur la prouverais surabondamment, car, sur un pa
rive droite du Jourdain, pendant que M. Smith reil sujet, l'espace ne fait rien à l'affaire.
poussait une reconnaissance sur la rive gau Ce qui est curieux au delà de toute expres
che. Voici ce que Smith dit de ces ruines sion, c'est qu'après avoir si bien dit quej'ai tort,
(Robinson, t. III) : The ruins cover a large M. isambert conclut ainsi : « Quant aux com
portion of it, and are quite extensive; but so bals livrés par Josèphe aux troupes d'Agrippa
far as could be observed, consist entirely of If, c'est à l'aide d'une supposition que notre
unhewn volcanic stones, without any distinct compatriote place les premiers engagements
trace of ancient architecture. — This hill and sur la RIvE GAUCHE, et ajoute que la ville ap
the ruins upon it above described, are proba partenait aux Galiléens.Tout se passa au con
bly no other than the site of the ancient Beth traire sur la RIvE DRoITE. » C'est précisément
saida of Gaulonitis, aftericards called Julias. là tout ce que j'ai dit, et comme tout ce que
- This is doubtless the Bethsaida near to M. Isambert a réfuté dans la dissertation qu'i#
tchich Jesus fed the fire thousand on the east tient en portefeuille se résume précisément
of the lake, etc. (p. 387, 8 et 9).Que deviennent en ce qu'il vient de transcrire, ou bien l1ORIS
maintenant les assertions de M. Isambert ? sommes complétement d'accord, ou bien M.
M. Isambert dit, immédiatement après le Isambert ne se rend pas suffisamment compte
passage rapporté ci-dessus : « Nous y som de ce qu'il écrit, et dit blanc quand il croit
Ines d'ailleurs contraints par la nécessité de dire noir. Ceci le regarde, et je m'en tiens à
donner une place au Kepharnomé de Jose l'aveu que je viens de transcrire textuelle
†, la première ville ou bourgade de Gali ment, puisqu'il me donne gain de cause.
ée en deçà du Jourdain, sur la route de Ta « M. de Saulcy, dit M. Isambert, a eu le
richée. » malheur de ne parcourir les bords du lac que
-, M. Isambert me permettra, j'espère. d'ap dans un espace de 7 kilomètres au nord de
pliquer ici son raisonnement sur les villes du T'abarieh. » Que M. Isambert prenne son
lnême nom, † rapprochées l'une de l'autre. compas et voie ce qu'il y a de kilomètres de
Le Kepharnomé, simple bourg, est à Tell Thabarieh au Khan-Minieh. Mettons un ins
Houm, avec ses ruines si belles, que Robin tant avec lui qu'il n'y en a que sept, il recon
son les déclare les plus belles de la Palestine, naît que de Thabarieh aux ruines de Kadès
et si Capharnaum est au Khan-Minieh, voilà (Tarichées)il y a 4 kil. 1/2; ajoutons-en deux
deux localités de même nom beaucoup trop au moins pour aller à la sortie du Jourdain,
VOlSlI]GS. cela fait toujours 7 + 4 1/2+2=13 kil. 1/2
L'Euklyah, #" j'ai citée d'après M. de Ber au moins. Dans un autre passage, M. Isam
tou, est, dit M. Isambert, un nom jeté dans bert affirme que je n'ai guère vu qu'un hui
la narration de celui-ci, sans en fixer la po tième de la côte. Huit fois 13 kil. 1/2 donnent
sition précise, et sans y signaler aucunes rui 108 kil. ou 27 lieues de tour, premier chiffre
nes : ceci est encore une assertion inexacte. absurde. Mais ce n'est pas tout : El-Medjdel,
Je copie M. de Bertou : « A peu de distance dit M. Isambert, est à 6 † de Thabarieh, El
sur les montagnes vers l'est, on m'indiqua Medjdel est à l'entrée d'El-Rhoueyr, qui a 5
l'autres débris de constructions nommées El kil. de long, 7 et 5 font 12; le Khan-Minieh
Maschadieh et Kouſer-Hareb ; puis Euklyah, est au delà du Rhoueyr, et, par conséquent,
qui est sur la rive droite du fleuve et près de à plus de 12 kil. de Thabarieh, et cependant
son embouchure. » Je ne sais pas comment pour y arriver, Je n'ai parcouru que 7 kil.,
M. de Bertou aurait pu dire plus clairement deuxième chiffre aussi absurde que le pre
que le nom Euclyah est appliqué à des débris J)l' el°.
de constructions. Pour quitter les bords du lac, j'ai pris le
Poursuivons. « M. de Saulcy se livre à des ravin de Shusheh (sic, cette fois), afin de ga
&rguments stratégiques pour contester à Et gncr Safed. Où M. Isambet t a-t-il vu cela ? Il
921 APPENDICE. — REPONSE A M. lSAMBERT. 922

nous faut, ai-je dit, grimper le long de l'é- autant de noms altérés, c'est El-Djich que
norme muraille de montagnes qui semble j'ai écrit. Le nom Sasa n'est pas arabe, tan
nous barrer le chemin. Est-ce là ce que M. dis que le nom Soufsafeh, signifiant les saules,
lsambert prend pour le ravin de Chouched, est parfaitement applicable. Quant aux ruines
ravin qui n'existe que dans son imagination ? de Giscala, M. Isambert affirme que Kiepert
Je dois avoir traversé plusieurs cours d'eau, à les rapproche beaucoup plus de Safed que
ce que dit M. Isambert, et M. Isambert se MM. Jacotin et Callier, et que Zimmermann
trompe, je l'en avertis. Malgré son avis, je et M. de Saulcy en font autant. Je ne bor
n'ai pas traversé « la rivière importante qui nerai à prier M. Isambert de vouloir bien dire
baigne le château de Chouni, et le gros vil où et quand j'ai parlé du site des ruines de
lage de Rabadieh ; Kiepert et Zimmermann Giscala.
l'appellent Wady-el-Leymon. » J'ai précisé M. Isambert continue en disant que je me
ment recommencé à observer le pays, sur le suis rendu à la hauteur du lac Bahr-el-Hou
bord de la vallée profonde qui porte le nom leh (ce qui revient à Lac-Lac-el-Houleh),
d'Ouad-el-Lamoun, et dans l'Ouad-el-Heqab en traversant un large cours d'eau « que
au fond duquel coule un gros ruisseau que j'appelle ouad Feraeum (Furam). » Appa
j'ai traversé et que je signale. De ce point à remment, M. lsambert croit qu'un ouad est
Safed il y a à peine trois quarts d'heure de un cours d'eau, car voici ce que j'ai dit :.....
marghe. Dans le fond de l'ouad que suit un beau ruis
Quant à l'origine de Safed, je l'ai cherchée seau d'eau vive, qui roule de roche en
vainement comme Robinson; M. Isambert est roche, à travers des arbrisseaux et de belles
plus heureux ; il lui en trouve trois, mais lantes aquatiques..... Je demande où est le
russi mauvaises l'une que l'autre, et qu'il ré arge cours d'eau que j'ai traversé au dire de
fute lui-même le plus vite possible. M. Isambert.
Ici se termine le deuxième article de M. J'ai pensé que des ruines considérables pla
Jsambert. Passons au troisième, et exami cées à la pointe sud du Bahr-el-Houleh pour
nons-le d'aussi près que les deux premiers. raient êtres celles de Séleucie. Bien entendu
TRoISIÈME PARTIE. — La Galilée supérieure, † M. Isambert rejette fort loin cette hypo
les sources du Jourdain, la Caelesyrie, et thèse. Il affirme que Josèphe indique claire
ment que Séleucie était du côté de Gamala,
le complément de la route de Phénicue. par conséquent à l'est du Jourdain, qui sépa
Dans ce troisième article, M. Isambert s'oc rait évidemment la Galilée de la Gaulanitide.
cupe beaucoup moins de moi , mais chaque A ceci je vois une difficulté, c'est que le pas
fois qu'il s'en occupe, c'est pour réfuter ce sage de Josèphe ne se prête guère à cette
que j'ai dit, et il le foit toujours aussi mal interprétation. Comme M. Isambert pourrait
heureusement que dans les deux articles pré rejeter ma traduction, voici celle de Dindorf :
cédents ; c'est ce que je vais prouver. Cum istis autem conspirabat Gamala, urbs in
M. Isambert, après avoir parlé de Safed, ora lacus Taricheis obversa; ad fines autem
mentionne « un village nommé MERUM, qui Agrippae haec pertinebat, itemque Sogane, et
††
t2S
à Robinson le Beth-Meron dans lequel
les tombeaux de quel
Seleucia. Et hœ quidem Gaulanitidis regio
mis ambae (superioris quippe, quœ c§
ques rabbins célèbres. M. de Saulcy, dit-il, vocatur, pars crat Sogane, et inferioris Ga
y voit la ville de Josué que l'hébreu écrit mala), Soleucia vero sita ad Semcchonitarum
Jirône, les Septante Keroë, et la Vulgate lacum.
Ieron. Notre compatriote l'appelle Zaraoun ; N'est-il pas rendu évident par la phrase
mais les cartes modernes placent ce dernier entre parenthèses que les deux villes de la
lieu assez loin, au nord de MERoM. Gaulanitide mentionnées par Josèphe étaient
M. Isambert continue, comme on le voit, Sogane et Gamala, et qu'il distinguº Séleucie
à user du privilége d'écrire les noms géogra placée rph; ri X su*zoviróv )igvg ? Je persiste
phiques de plusieurs façons. Cette fois, le donc à signaler les ruines en question com
même alinéa contient les variantes Merûm et me pouvant être celles de Séleucie. M. Isam
Merom, du nom que Robinson écrit Meirôn. bert aimerait mieux chercher Thella en ce
Quant au nom de Zaraoun, il est de l'in point ; je ne demande pas mieux qu'il démon
vention de M. Isambert. J'ai écrit YARoUN ; tre la réalité de cette identification, et je se
je n'ai pas dit que ce fût sûrement la Yeraoun rai le premier à y applaudir.
du Livre de Josué, et j'ai mentionné avant M. Isambert devrait s'abstenir de toute tra
M. Isambert la localité placée au nord-ouest duction des noms arabes, car il n'est pas heu
deSafed, et que Zimmermann appelle Yaroun. reux en ce genre. Jisr-benat-Yakoub (lisez
Donc cette fois, M. Isambert n'a rien pro Djisr), signifie pont des filles et non de la fille
duit de nouveau, que le nom qui lui appar de Jacob. « I y a près de ce pont, ajoute-t-il,
' tient à lui seul. Quant au Keroë des Septante, et du côté oriental, un kan ruiné, dans le
j'ignore comment il faut s'y prendre pour quel M. Lynch, sobre de conjectures, ne trouve
prononcer 'Izet5» (RELAND, p. 161). , M. de pas les souvenirs de Séleucie. Cependant cette
· Saulcy n'hésite pas non plus à voir dans le ville avait de l'importance et elle était dans
village moderne El-Jist (El-Djieh) la Giscala ces parages. »
des rabbins Cette ville était sur la route de Ceci est évidemment un † - - - -

Safeh (sic) à Tyr, à l'est du village de Sasa à mon adresse ; mais je me dispense de l'ac
que notre compatriote appelle Souf-Safeh. » ('ºpter. -

Cette fois encore, autant de noms cités, † lsambert dit que le petit lac de Hou'eh
925 DICTIONNAlRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 924
a été décoré autrefois du nom de mer de ciations des saintes Ecritures, à la manière de
Merom ; il ferait mieux de dire aujourd'hui, M. lsambert, qui a du moins le mérite de
puisque le mot bahr signifie proprement mer. dire franchement : « Nous pensons que Josè
l ajoute : « M. de Saulcy signale une fontaine phe est plus historique. » J'ai déjà † que j
dite El-Belatah (source des grosses pierres), ne suivrais pas mes critiques, quels qu'ils
et il en conclut que là, dans l'antiquité, il a fussent, sur ce terrain.
dû y avoir au moins une petite ville, mais il M. Isambert cherche Hazor « à Azor, vil
§ désigne pas. » — D'abordj'ai écrit Ayn lage qui n'est qu'à 3 kilomètres au nord-est
el Belathat et non Belatah. C'est ayn qui si de Kadès, plutôt qu'à Ez-Zouk(lisez de grâce
gnifie source, belathat ne signifiant que les Es-Souq, ne fût-ce que par pudeur), où les
grosses pierres; ensuite j'ai ajouté : « Cet ayn voyageurs précédents n'ont pas trouvé de
est bien nommé, car il est entouré de blocs ruines, surtout de polygone, ét qu'ils appel
de pierres qui sont certainement des débris lent un misérable village. »
de constructions. Là donc fut une petite vill2 , Es-Souq est pour moi un village arabe et
dans l'antiquité. » C'est donc de la présence rien de plus; il est tout à fait en dehors des
de ces ruines, et non pas du nom lui-même ruines, et peu m'importe que mes devanciers
de la source que j'ai eonclu. n'aient pas trouvé les ruines que j'ai trouvées
A propos du Bahr-el-Houleh, M. lsambert Que veut dire en français M. Isambert pas
dit « que c'est Jacotin qui le premier en a son : n'ont pas trouvé surtout de polygone?
donné la figure ; il n'avait pu en lever le Serait-ce par hasard une allusion à mon
plan. » Comment a-t-il donc fait ? premier métier d'artilleur ?,
lmmédiatement après, M. Isambert altère
encore, comme toujours, les noms de lieu M. Isambert prétend que « dans Kedès (li
qu'il tire de mon livre ; puis il dit : « Enfin Sez Kadès), on s'accorde à reconnaître le
à un khan, qu'il croit l'Ardh-ed-Zouk de Kedesch, ou Kadès-Barne du Livre de Josué,
Bertou, M. de Saulcy signale une enceinte et le Kedesès ou Kydisa de Josèphe, près de
† et les débris d'une ville immense. » Beroth. » Dieu merci ! il n'y a que M. Isam
bert qui ait commis une confusion aussi
l y a autant d'erreurs que de mots dans cette
dernière phrase. monstrueuse, car elle l'est autant que celle
1° Il n'y a pas de khan, mais bien une rui contre laquelle il a lui-même cru devoir met
ne cyclopéenne qui se nomme El-Khan. tre ses lecteurs en garde, à propos de la la
2° Je ne prends pas un khan pour un pays phia de Galilée et du port de Jaffa. On s'ac
et ardh signifie terre, contrée, pays. Si M. cordera donc, ceci est certain, à dire que
Isambert m'avait lu attentivement, il n'eût M. Isambert se trompe sur ce point du blanc
8Ul IlOlI'.
pas commis cette méprise (p. 536).
3° M. de Bertou n'a pas écrit Ardh-ed-Zouk ; Voici pourquoi : Kadès-Barnea ou simple
M. Isambert ne sachant pas l'arabe est seul ment Kadès, est à onze journées de marche
capable d'écrire des noms pareils. du mont Horeb.( Deutéronome, I, 2 .)C'est de
4° Es-souq veut dire le marché, et ez-zouk là que furent envoyés par Moïse lés explo
veut dire une obscénité, donc l'orthographe rateurs du pays de Kenaân, lesquels s'avan
qu'adopte M. Isambert n'est pas heureuse. cèrent jusqu'à Hebron, etc.Je n'en finirais pas
5° L'enceinte que je signale et qui porte si je voulais accumuler les citations bibli
spécialement le nom d'El-Khan est un carré † qui prouvent que M. Isambert a con
de 60 mètres de côté. A quoi bon se servir ndu entre elles des localités bien plus éloi
de ce mot enceinte polygone (lisez polygo gnées encore l'une de l'autre que Jaffa et
nale) ? laphia. Je n'insisterai donc pas ; mais fran
M. Isambert prétend qu'une carte topogra chement lorsqu'on réfute les travaux géo
phique pourrait seule expliquer cette partie graphiques d'autrui, on devrait éviter de
obscure de ma narration.Je suis désolé de commettre des erreurs pareilles.
n'avoir pas été compris de M. Isambert ; mais A la † ligne qui suit je lis ceci :
heureusement lui seul jusqu'ici s'est plaint « Saint Jérôme et Eusèbe parlent de l'Azor de
de n'avoir pas saisi le sens de ce passage de Josué comme d'un bourg ou d'une cité ra
mon livre ; peut-être l'a-t-il lu comme tant dicalement ruinée, tandis qu'il y en avait
d'autres qu'il trouve clairs, et dans lesquels une florissante (sans doute Azotus) près d'As
il a néanmoins commis beaucoup de confu calon ; c'est l'Asor de la tribu de Juda ou de
sions que j'ai déjà signalées. Benjamin. » Il y avait trois Hasor au sud de
Voici encore une preuve du danger qu'il la tribu de Juda, et l'une d'elles, nommée Ha
y a de copier des noms qu'on ne comprend sor-la-Neuve, était près d'Ascalon. Eusèbe
pas. M. Isambert dit : « Dans le partage des l'appelle,Ké un,bourgade, etsaint Jérôme rilla:
enfants de Nephthali, le même livre compte elle était, disent-ils tous deux, à l'orient d'A$-
Hatzor et Enè-Hatzor comme subsistantes ; calon, et voilà que M. Isambert en fait Azo
mais dans les Septante la seconde est seule tus, dont le nom hébraïque est Esded, juste
ment qualifiée de fontaine. » comme le nom arabe actuel, et qui est à peu
Je me fais un devoir d'apprendre à M. Isam près au nord d'Ascalon !
bert que Enè-Hatzor est un nom altéré ; que M. Isambert s'écrie à propos d'Hasor : « Le
le texte hébraïque donne Ayn-Hasor, c'est à prophète Jérémie dit qu'elle fut encore dé
dire fontaine de Hasor, et qu'en conséquence truite et qu'il n'y resta ni portes ni verrous ;
les Septante ont bien traduit ce nom. comment, plus de vingt-quatre siècles apres,
Le paragraphe suivant contient des appré M. de Saulcy en aurait-il découvert de sl
923 APPENDICE. — REPONSE A M. ISAMBERT. 926

grandes ruines ?»— D'abord, en lisant un peu Qadhi) « fut travaillé de main d'homme, pour
plus attentivement le passage de Jérémie, servir d'assiette au temple de Jéroboam. »
ne fût-ce que dans mon livre , M. Isam M. Isambert s'occupant ensuite du Jourdain
bert aurait vu que cette ville n'avait plus ni écrit ceci : « Les sources sont multiples en
† ni verroux, avant la venue de Na cet endroit ; il y en a du côté de l'orient, cel
»oukadrasar ; que par conséquent elle les de Panéas, et, du côté de l'occident, cel
était démantelée depuis le passage de Ti les de Dan, et on les confond à cause de leur
glat-Fala-Sar. Il aurait hu de pltrs ceci : Ha voisinage. Josèphe appelle expressément
zor deviendra le repaire des chakals, une la source près de Dan le petit Jourdain, pour
solitude pour toujours, personne n'y demeu le distinguer de la branche principale qui
rera , ni aucun homme n'y séjournera. — avait sa source 120 stades plus haut. »
Ceci posé, comme les chakals ne font pas
disparaître d'énormes bloesde lave, et comme Un mot à ceci. M. Isambert ne s'aperçoit
les Arabes nomades ne s'en soucient pos † que s'il met Dan à El-Khan il y a entre
plus que les chakals, il y a grande chance es deux sources du Jourdain, le Nahr-Hcs
pour que les blocs qui sont là gisant depuis bayah ! Je me hâte de l'en avertir.
plus de vingt-quatre siècles, y gisent encore Vient ensuite une appréciation de M. Isaum
dans des milliers d'années. Que signifie donc bert sur les théories étymologiques des hé
l'exclamation de M. Hsambert ? braïsants. Je ne perdrai pas montemps à rien
M. Isambert, qui ne veut pas que j'aie re discuter de ce genre avec M. Isambert, quine
trouvé Hazor, s'exprime ainsi : « N'est-ce pas sait pas l'hébreu. Mon docte critique a tort
plutôt aux ruines de Dan, existant du temps de se croire au courant des découvertes géo
d'Eusèbe sous le titre de bourg, et du temps graphiques en Syrie, car il n'en est rien. Il
de Jérôme (lisez saint Jérôme) sous le titre de déplore, par exemple, l'incertitude où il se
Viculus, qu'il aurait dû appliquer les ruines trouve sur le site de Jotapata, et il ignore
# a vues? » A ceci je réponds par un texte que ce site a été très-bien reconnu, il y a
quelques années déjà, par feu le docteur
de Josèphe, historien pour lequel M. Isam
bert a une si profonde vénération.(Ant.Jud. Schulz, consul de Prusse à Jérusalem. De
VIII, vuI, 4). Josèphe nous dit que l'un des plus, M. Isambert essaye de placer le Toron
veaux d'or fut établi par Jéroboam i» Aávn (# des croisades à Tibnin, quand le nom de Tou
3: iort rrpô; t xiç rn7xiç toû utzpoÙ 'Iopô&vou).Ceci rân devait lui sauter aux yeux.
coupe court à la velléité de M. Isambert de Mais « revenons, avec M. Isambert, aux
chercher Dan sur la rive droite de Nahr-Has sources du Jourdain et au pays à l'est de Ba
bayah et à plus d'une demi-lieue de cette ri nias, qui se rattachent encore par tant de
vière. Je répète donc ce que j'ai dit, il serait souvenirs à la Palestine. L'historien Josèphe
absurde de chercher les ruines de Dan dans dit que la source principale du Jourdain était
celles qui sont autour d'El-Khan. M. Isambert à 120 stades de Panéas ou Césarée. »
conclut en disant : « Il y a donc les plus for Ces 120 stades, M. Isambert les évalue 22
tes raisons d'identité entre les ruines vues
ar M. de Saulcy à Souq ou Zouk (M. Isam kil. 200, etc., qu'il compte dans la vallée de
)ert y tient), et les ruines de Dan ; celles Hasbayah, qui s'étend directement au nord,
mais qui se trouve fortement rejetée à l'ouest
d'Hazor, plus rapprochées du lac, avaient de de Banias. « A 20,362 mètres (ni plus ni
puis longtemps disparu dès avant le commen
cement de notre ère ; dans tous les cas, il faut moins! quelle admirable précision !) se trou
sur ce point de nouvelles vérifications. » ve sur cette ligne la ville de Hasbayah. Près
de cette ville, au nord-ouest, est une source
Voici qui est plus curieux et qui prouve
rait véritablement que M. Isambert ne m'a pas qu'on peut considérer, dit M. Isambert, com
même lu en courant :« Notre voyageur, dit-il, me l'une de celles qui forment principale
paraît d'ailleurs dominé par une illusion bibli ment la rivière Hasbany ou le Jout dain su
que, quand il croit avoir vu à Cadish (ancienne périeur. Vers le plus haut point de la vallée
Kadès) ou Gali, les ruines du veau doré ou que nous décrivons, est une autre ville de
d'or, élevé par Jéroboam à Dan, aux faux quelque importance, Rasheya, d'où part une
dieux, il y a trois mille ans. On est d'accord route qui se rend de la vallée du Léontes et
sur le nom grécisé de Dan, avec Danè ou de la Phénicie à Damas. Tout près de là, se
lon M. Callier, au revers de la montagne, est
Danos, et Daphné de Josèphe.» un lac demi-circulaire. Rien ne conviendrait
Je n'ai pas dit un seul mot de tout cela, je mieux (lisez plus mal) que ce lac à la descrip
n'ai nommé Kadès que pour dire que j'y vou tion que donne Josèphe de la source princi
lais aller, en † Safed, et que mon pale du Jourdain, avec lequel un lac nommé
guide m'a conduit dans un sens tout à fait Phialé entretenait une communication sou
opposé. Quant au reste, voici ce que je terraine, ce qui fut vérifié par Philippe le té
dis : « Enfin le Tell-el-Qadhi est l'empla trarque, qui † des objets que l'on re
trouva flottant dans le Jourdain. Malheurcu
cement où Jeroboam avait placé Up de ses
veaux d'or, du temple de la Vache d'or men sement entre Rasheya, entre son lac et Ba
tionné par Josèphe. Les ruines de Dan sont nias, qui est reconnu la source du petit Jour
contiguës, et probablement le Tell-el-Qadhi» dain (ceci n'est reconnu que par M. Isambert
(cela veut dire la colline du juge, et je donne jusqu'ici), il y a une distance de 19 milles
cette traduction à dessein pour que M. Isam géographiques, environ 35 kilomètres sans
bert ne soit plus exposé à dire : le point El compter ,es détours. Alors il aurait fallu que
9Q7 DICTI0NNAIRE DES ANTiQUlTES BlBLlQUl S. 928

# ,he plaçât le Phialé à 200 stades


à
et non Medjdel-ech-Chems), sur le revers oriental de
. D l'Anti-Liban, M. de Saulcy croit voir le Beit
J'ai dit que rien ne conviendrait † mal | Chems de la tribu de Nephthali. Le nom hébreu
que le lac signalé par le général Callier à ce de Josué est Beth-Shemun (ceci est inexact :
que Josèphe nous dit du lac Phialé. Celui-ci voyez Jug. 1, 33, et Josué xIx, 38, où il y a en
était rond, ce qui lui avait valu son nom, dit toutes lettres Beit-Chems, que les transcrip
l'historien des Juifs ; l'autre est demi-circu teurs ont lu Beth-Schamesh. RELAND, p. 656 ,
laire. Le lac Phialé était à 120 stades de Ba Baithaned des Septante (ceci est inexact , ils
nias, à droite de la route qui conduisait dans lisent Bn0zzy i; RELAND, p. 161),et de la Vulgate
la Trachonitide ; le lac de Racheyah est à 200 Bethsamé (ceci est inexact : elle donne Beth
stades, et fort loin de cette route. M. Isam sam). Quel rapport y a-t-il entre ces noms et
bert déclare qu'il est fort difficile de ne pas celui de Medjdel, qu'ailleurs, pour l'histoire
considérer ce haut pays comme répondant à évangélique du lac de Tibériade, on traduit
l'ancienne Trachonitide. Qu'il veuille bien re par Magdala ? »
lire les textes réunis par Reland, et M. lsam Nous donnerons encore ici une petite leçon
bert reconnaîtra, je n'en doute pas, que la d'hébreu et d'arabe à M. Isambert. Medjdel
Trachonitide, pays arabe proprement dit, et veut dire forteresse : Beit veut dire maison ;
qui s'étendait jusqu'à Bostra, n'a rien de Chems veut dire soleil. Par conséquent, Beit
commun avec la vallée d'Hasbayah. Tout l'é- Chems, en hébreu, signifie maison du soleil, t
difice si péniblement construit par M. Isam Medjdel-ech-Chems, forteresse du soleil. En
bert s'écroule donc dès qu'on jette les ycux fin M. Isanubert seul peut dire que quelqu'un
dessus. . traduit Medjdel par Magdala.
M. Isambert parle de « la montagne appelée Poursuivons. « A Beit-Jenn (lisez Beit
autrefois Paneïon, d'où sort l'une des sources Djenn), plus au nord, M. de Saulcy place
du Jourdain, et qui se présente sur la route l'Abela, que l'Onomasticon d'Eusèbe et de Jé
de Banias à Damas. » C'est une grosse erreur ; rôme (lisez saint Jérôme) placent entre Pa
le Paneïon, c'était, au dire de Josèphe, la néas et Damas : nous ne voyons pas qu'au
grotte de Pan, grotte naturelle, creusée au cun géographe ait adopté cette opinion, et
pied même de la montagne, et du fond de la l'auteur n'y insiste pas. On a vu plus haut
quelle sort le Jourdain. Cette grotte et la que nous plaçons avec M. Ed. Robinson cette
montagne qui la recèle dans ses flancs sont Abcla dans la Batanée, ou vallée de l'Hasba
à Banias même, et on leur tourne précisé ny. » Plus haut M. Isambert a fait de la val
ment le dos en prenant la route de Damas. La lée de Nahr-Hasbayah, la Trachonitide ; cette
montagne, c'est le mont Hermon, le Djebel fois il lui est commode d'en faire la Batanée ;
ech-Cheikh d'aujourd'hui. rien de mieux; mais cela est-il bien permis?
« Vient ensuite, dit M. Isambert, du côté Quant à Abela, voici ce que j'ai dit : « Dans
de l'est, le défilé d'Ain-el-Hazouri, où M. de l'Onomasticon , Eusèbe et saint Jérôme
Saulcy retrouve un souvenir de la ville ou du placent une localité nommée Abela entre
royaume de Hatzor, quoique nous soyons amas et Panéas, mais je ne sais absolument
évidemment hors du territoire de Nephthali et où trouver cette Abela. Sur la route que j'ai
de Dan, et par conséquent de la Judée. » parcourue, je n'ai pas rencontré un nom qui
Voici le passage de mon livre sur lequel M. puisse être considéré comme contenant la
Isambert fait cette réflexion : « Je me conten )lus légère trace du nom d'Abela. Peut-être
terai de faire remarquer la singulière analo es ruines de cette localité sont-elles celles
gie de ce nom avec celui d'Ayn-Hazor men que j'ai traversées entre Medjdel-ech-Chems
tionné dans le Livre de Josué parmi les villes et le plateau nommé Merdjet-Hadarah ; peut
fortes de la tribu de Nephthali. Le terrain où être sont-elles à Beit-Djenn.»Voilà tout ce que
nous sommes faisait-il partie du territoire de j'ai dit, et M. Isambert, on le voit une fois de
Nephthali? Y a-t-il auprès de cette source des plus, rend singulièrement compte de mes
ruines auxquelles puisse s'appliquer le nôm opinions.
biblique?Comme je ne l'ai pas vérifié, je n'en Je devais m'attendre à voir M. Isambert
sais absolument rien, et je recommande ce rejeter bien loin la discussion que j'ai fait
sujet de recherches auxvoyageurs futurs. » Il subir aux textes des itinéraires anciens, pour
# un peu loin de là à l'affirmation que M. retrouver Aere à Kafr Haouar. Mon attente
ambert me prête gratuitement. n'a pas été trompée, c'est en copiant mal les
M. Isambert est fort imprudent de parler itinéraires et en altérant les noms antiques
de l'état physique des lieux qu'il n'a pas vus. et modernes que M. Isambert arrive à ses fins.
Ainsi il suppose qu'une large chaîne de mon Kafr-Haouar devient Keſh ou Kaſr-IIauwar.
tagnes sépare Banias du Merdj-el-Afoureh, « Près de ce village. dit M. Isambert, sur une
où se trouve le lac Phialé, et que, par consé colline, est une sorte de bâtiment carré que .
quent, il n'est pas possible d'adopter la fic les Arabes appellent Qobi - Nimroud (lisez !
tion d'une communication souterraine des Qohr (tombeau) Nimroud). » Donc M. Isain
eaux. Or je déclare que le Merdj-el-Afoureh bert ne m'a pas lu , je dis que de loin je m'é-
est à peu près au niveau des neiges, et qu'on tais figuré à toit que le Qobr-Niniroud était
ne cesse de monter, pour y arriver, dès la un bâtiment carré placé sur une colline der
sortie de Banias. Dès lors son argumentation rière Kafr-Haouar, et que j'ai appris sur
n'a aucune valeur. Voici encore un très-cu place, que ce bâtiment n'était qu'une grange,
rieux passage du rapport de M. Isambert : tandis que le fameux Qobr-Nimroud consistait
" Dans le village de Megdel-eth-Chems (lisez en deux gros blocs carrés, arrachés à quel
929 APPENDlCE. - REPONSE A M. ISAMBERT. 050

ue édifice antique, et jetés au hasard au mi celle des itinéraires anciens. Cela, je l'ai dit
lieu d'un champ, à trois ou quatre cents mè avant lui ; mais quand il ajoute que je pense
tres du village, en avant de celui-ci, et en ue la carte de Zimmermann est ici très-dé
plaine. M. Isambert, parlant du stylobate en ectueuse, il se trompe; je fais mieux que de
mârbre blanc et de l'inscription que j'ai trou le penser, je l'affirme de la manière suivante :
vés à Kafr-Haouar, dit que cette inscription « La carte de Zimmermann est tout à fait er
concerne la déesse assyrienne Atargaté (lisez ronée, pour tout le pays dans lequel sont
syrienne), « et que de cette double décou compris les villages de Beitimah et de Kafr
verte je conclus que c'est l'emplacement de Haouar, etc. » Il est vrai que M. Isambert
AEre-ad-Ammontem ( Enos) que les itinéraires n'est nullement disposé à me croire sur
anciens placent entre Damas et Neve. » Cette parole. Mais passons, non toutefois sans
dernière phrase ne contient que trois grosses prier en grâce M. lsambert de se dispenser
erreurs. Aere est une localité ;Ad-Ammontem dorénavant d'écrire comme variante du nom
une autre, et enfin AEnos une troisième. d'Artouz le nom Arsoude qui n'est qu'é-
Voyez plutôt l'Itinéraire xLvIII d'Antonin; il trange. -

contient Aere seulement, l'Itinéraire xLIx de Pour être exact, j'ai parlé des deux bâti
même ; la Table Théodosienne place Ad-Am - ments qui dominent à quelques cents mètres
montem entre Damas et Panéas ; enfin, dans à l'est le village d'Artouz ; mais je n'ai attaché
cette même table, AEnos est entre Damas et aucune espèce d'importance à ces deux con
Canatha qui précède Neve. Que signifie alors structions modernes; je ne devine donc pas
le tableau dans lequel M. Isambert signale des ce qui a pu décider M. Isambert à en parler
différences de distance entre Damas et ces dans son rapport.
trois lieux distincts? M. Isambert est encore « A Damas, dit M. Isambert, le cimetière
à côté de la vérité, quand il me fait conclure musulman présente des sarcophages eractº
immédiatement de la présence d'un temple à ment conformes à ceux que notre voyageur
Kofr-Haouar, que c'est Aere. J'en ai conclu appelle les tombeaux des rois de Juda, en
que là était une localité antique importante ; dehors de Jérusalem. Cette observation de sa
j'ai cherché ce qu'elle était, et j'ai trouvé Aere part ne diminue-t-elle pas beaucoup l'impor
que M. Isambert ne parviendra pas, je le crois, tance que lui-même a attachée à ces toln
à déloger de là. beaux ? » A ceci je répondrai qu'au Père-La
Je me bornerai à transcrire sans commen chaise il y a des tombeaux en forme de pyra
taire le passage suivant : « A raison de l'ana mides, et que je ne vois pas trop comment
logie qu'il trouve entre Aere ou AEnos et leur existence servirait à démontrer que les
Haouar, notre compatriote ne doute pas qu'il pyramides d'Egypte sont modernes.Je dirais
n'ait retrouvé l'emplacement de cette ancienne encore bien mieux la même chose à propos
ville. A la vérité il n'y a pas de rapport entre de la pyramide de C. Sestius qui se voit à
AEnGs et Ad-Montem (sic) ; mais entre Haouar Rome.
et le village de Beitima, dit-il, sont un ravin Il paraît que M. Isambert n'a rien trouvé
et ure petite rivière, appelée par Zimmer de nouveau dans ce que j'ai dit des mo
mann Moiedeb-Herane , c'en est assez pour numents antiques de Damas , je ne dispu
en conclure, vu d'ailleurs qu'il y a sur ce terai pas avec lui pour si peu.
ruisseau un beau (ces mots sont soulignés)
pont antique de deux arches, l'identité de « En passant, continue M. Isambert, près
ces deux points. » Je viens de faire remarquer du pont romain qui ouvre le passage des deux
que le mot ruisseau était souligné; voici pour rives du Barrada, le commandant américain
quoi : il fallait me prêter l'assemblage ridi (Lynch)signale, » etc. D'abord je prie M.Isam
cule des mots ruisseau et beau pont; or, voici bert d'écrire Baradah, qui est le vrai nom de
ce que j'ai écrit : « Entre les deux (Kafr Haouar la rivière ; puis je l'invite à biffer le mot ro
et Beitimah) coule une rivière que la carte main après l'indication du pont en question,
de Zimmermann appelle, je ne sais sur quelle vu que c'est un pont turc et parfaitement
IllO(lCTI]0.
autorité, Moiedeb-Herane, et un beau pont
antique de deux arches, fort bien conservé, M. le général Callier a très-bien fait de de
puis qu'il est encore en service, réunit les signer sous le nom de Souq le village qui a
deux rives du cours d'eau » , et encOre : pris la place de l'Abila de Lysanias et qui
« Mais au pied même de cette hauteur coule s'appellè Souq-Ouadi Baradah, c'est-à-dire le
marché de la vallée du Baradah.
une rivière, » etc. ; enfin « La rivière dont
J'ai parlé tout à l'heure se présente au bout J'ai copié une double inscription romaine
de très-peu de minutes, » etc.Quant à M. Isam qui constate que la voie antique fut recons
bert, qui n'a pas vu cette rivière, il en fait truite aux frais des Abiléniens par la 16° lé
résolument d'abord une petite rivière qui gion, et je n'ai pas le moins du monde pré -
coule dans un ravin; puis un ruisseau : ceci tendu que j'avais découvert ces inscriptions.
est au moins imprudent. -
M. Isambert en donne la traduction, mais à
Ce qui n'est pas moins curieux, c'est que sa façon, c'est-à-dire en émettant une mon
M. - ambert lui-même constate que « d'An struosité historique. Suivant lui, cette route
ville distingue AEnos de la localité d'Ad-Mon fut construite sous le règne des empereurs
tem (sic) et ne parle pas d'Aere. » -
Marc-Aurèle, Antonin et Verus.. Pour être
: M. Isambert constate de plus que la dis d'accord avec l'histoire romaine, il aurait fallu
tance d'Haouar, prise sans doute sur les car ne faire qu'un personnage de Marc-Aurèle
tes à sa disposition, ne s'accorde pas avec Antonin, et un second de Verus. Il y en a
951 DICTIONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 952

donc un de trop dans la traduction de M. clure que le Lysanias, frère du tétrarque Zé


Isambert. nodore, avait succédé à celui-ci dans la té
Voici maintenant la preuve que je n'ai pas trarchie.Je ne puis deviner sur quel raison
pensé décourrir ces inscriptions : je dis en nement M. Isambert a pu baser cette opinion
inadmissible.
note : Je ne sais si cette inscription est
M. Isambert s'inscrit naturellement contre
inédite, mais j'avoue que je ne le pense pas,
elle est trop en vue de tous les voyageurs la tradition biblique conservée par Josèphe
qui se rendent de Damas à Bâalbek. et qui attribue à Salomon la fondation de Tad
mour ou Palmyre. Cela ne m'étonne pas. Il
« M. de Saulcy, ajoute M. Isambert, a trouvé ajoute que les monuments de Bâalbek datent
de plus des restes d'une inscription grecque, e Septime-Sévère. Mais d'abord il serait plus
mais trop mutilée pour qu'on y ait reconnu sage de dire que certains monuments de Bâal
une date historique. » Voici ce qu'il y a de bek ne datent que de Septime-Sévère. Toute
vrai à ce sujet.J'ai reproduit trois inscriptions fois,ceci est une grosse erreur, carj'ai cité
grecques trouvées par moi à Abila. L'une un texte qui attribue à Antonin le Pieux la
porte une date dans une couronne : elle est construction des deux beaux temples de Bâal
très-bien conservée; la seconde est une bek : et de ce qu'une inscription du temps de
inscription chrétienne entière et très-lisible
8lV8C § enfin, la troisième est une épitaphe Septime-Sévère constate des réparations et
des embellissements faits sous ce règne à un
qui porte la date de l'ère des Seleucides HoR., temple, on doit en bonne logique conclure
c'est-à-dire 478. M. Isambert s'est donc encore
que ce temple est antérieur.
trompé cette fois. Voici ce qui termine, en ce qui me con
La note suivante de M. Isambert concerne cerne, le troisième article de M. Isambert :
les inscriptions d'Abila : « Robinson (III, « M. de Saulcy dit un mot des inscriptions de
149, en attribue la découverte à M. Banks Beet-Mery et de Deir-el-Qalaab (encore des
Hogg, Journey, I, 301, et à Gesenius sur Bur noms altérés, lisez Deïr-el-Qalaah).— Robin
ckhardt. » Cette note est extrêmement cu son y voit comme des temples au milieu des
rieuse, parce qu'elle montre avec quelle at ruines.Selon Letronne, on y avait découvert
tention modérée M. Isambert consulte les la trace d'un aqueduc, à trois ou quatre lieues
livres ; à la page 146 du tome III de Robin de la ville. On dit que cet éminent critique a
son, il n'est question que de la route de Na été trompé par une copie défectueuse de l'es
plouse à Nazareth. C'est à la page 46 du 2" tampage du texte, et que la pierre, vue de
Appendix de ce tome III que je trouve la note plus près, ne permet pas d'adopter la leçon
suivante : M. Bankes is said to have discovered si habilement conçue par cet helléniste.Si
the site. # Hogg's Journey, etc.,#
here inscriptions, establishing the of
i, # 01 .
un critique aussi sévère et aussi expérimenté
que Letronne a été trompé, ou s'y est trompé,
(GESENIUs, Notes on Burckhardt.) D'après combien ne faut-il pas se défier des conjec
ceci, il semble que M. Isambert ne se rend res prodiguées dans les ouvrages des voya
# mieux compte de l'anglais que de l'arabe. geurs ! » A ceci se rattache, je ne vois pas trop
e plus, il altère, suivant sa coutume, tous les comment, la note suivante : « M. Pézetié
noms, et, après avoir fait de Marc-Aurèle-An ( encore un nom altéré, lisez Perretié) vient
torin deux empereurs, il fait de deux écri d'envoyer au musée du Louvre un sarcophage
vains, MM. Bankes et Hogg, un seul person de marbre blanc trouvé près de Beirouth, et
nage.C'est une manière de conpensation. De que M. A. de Longpérier regarde comme un
cette note de Robinson, il résulte, je crois, monument phénicien. »
que j'ai publié le premier cette double ins Ne nous occupons pas de cette note qui
cription, et pourtant je ne voudrais pas encore arrive là on ne sait pourquoi, et ne parlons
l'aſfirmer.
que de ce qui précède. Robinson, dans le
« M. de Saulcy, dit M. Isambert, repousse passage cité, s'exprime ainsi : The site of one
l'opinion de ceux † placent Abela à Nabi of these temples was visible from ouru indours,
near the village Beit-Miry, half way up the
Abet (lisez Naby-Abel). Ce village n'est qu'à 2
kilomètres au nord-ouest de Souq, et, certes, mountain, at the distance of three hours,
une ville de l'importance d'Abila pouvait s'é- from Beirût. -- Donc Robinson, qui parle
tendre de l'un à l'autre. » En plaine, je l'ac de ce temple d'après les lettres de Paxton
corderais, mais à travers l'immense montagne (III, p. 441, note), n'a aperçu de ses fenê
à pic dans le flanc de laquelle est percée la tres que le site de ce temple. ll parle bien
nécropole d'Abila, je le nie. A quelque chose d'autres temples ruinés, mais qui se rencon
la vue des lieux est bonne. D'ailleurs, Naby trent loin de là, et il devient du coup évident
Abel n'est qu'un oualy musulman, ce qu'en que M. Isambert ferait bien dese faire traduire,
Algérie on appelle un marabout. pour tout de bon, les passages d'auteurs an
Voici encore un fruit de l'imagination de glais dont il croit avoir besoin,
M. Isambert. J'ai retrouvé à Bâalbek de quoi Quant à l'aqueduc de M. Letronne, c'est
compléter à peu près le sens d'une inscription à 3 ou 4 lieues de Beit-Meri qu'en sont pla
déjà publiée par Boekh et qui concerne Zéno cées les ruines, et sur le Nahr-Beirout. L'é-
dore et Lysanias, fils du tétrarque Lysanias ; minent académicien n'a eu à sa disposition
j'ai conclu que le tétrarque Zénodore était ni estampage ni copie d'estampage, mais bien
fils de Lysanias, fils de Ptolémée, fils de Men des copies de l'inscription prises de visu.
nœus. Mais je me suis bien gardé d'en con J'ai, inoi, rapporté l'èstampage, ct si quel
955 APPENDlCE. — REPONSE A M. lSAMBERT. 954

qu'un se trompe, cette fois, ce sera le mo ment le bord du lac, depuis le point où
nument lui-même. est inscrit le nom Tarichées jusque bien au
J'admets très-volontiers avec M. Isambert delà de celui qui porte le nom de Kadis
· qu'il faut se défier des conjectures prodi Ou Kadès.
guées dans les ouvrages des voyageurs, mais 5° Du plateau où sont les Hedjar-el
j'attends de lui † reconnaisse, à son tour, Khams-Khobzat jusqu'à la plage, il y a
qu'il faut bien plus encore se défier des opi une descente énorme et très-rapide dont il
nions de ceux qui, sans avoir rien vu par n'est pas question sur la carte, le tout ayant
eux-mêmes, n'ont pour critiquer les œuvres l'air d'être en plaine. Quant aux pierres
d'autrui, que l'envie bien arrêtée à l'avance des cinq pains elles-mêmes, elles sont bien
de trouver ces œuvres détestables. à gauche de la route battue, mais à une
Tout le reste de l' article de M. Isambert centaine de mètres au plus, et au bord d'un
roule sur ses opinions personnelles sur les large et profond ravin dont la crête droite
villes de la Phénicie. Je ne dirai qu'un mot, est suivie par la route.
c'est que les noms de lieu y sont tout aussi 6° El-Medjdel, reconnue cette fois comme
maltraités que dans ce qui précède. En voici Migdal ou Magdala, est bien à sa place ; mais
un simple échantillon : « Le même écrivain à partir de là, la rive du lac, au lieu de s'é-
(M. de Lamartine) appelle Dptedin le châ † directement au nord, s'infléchit vers
teau fortifié de l'émir Bechir, † est séparé 'est.
par un ravin de la ville capitale des Druses, 7° L'Ayn-el-Madaouarah est beaucoup plus
appelé Deir-el-Kamar, ce ne peut être que près de Medjdel que ne l'indique la carte.
Bleddin de la carte de Zimmermann. » L'un 8° Les rivières pointillées de M. Isambert
de ces deux noms vaut l'autre, car le vrai ne ressemblent en rien à celles du terrain.
nom est Beit-et-dyn, Maison de la foi ou de 9° Le Khan Minièh et l'Aïn-et-Tyneh, qui
la religion. sont à 4 ou 500 mètres l'un de l'autre, sont
M. Isambert reproche encore à M. de La fort loin de l'Ayn-Tabrhah qui alimente les
martine d'avoir appelé Djioun le château ha moulins que M. Isambert appelle moulins
tité par lady Stanhope, et il ajoute : « Nous Amoud ou Eyoub. Le moulin dit El-Aâmoud,
devons reconnaître l'impuissance où nous de la colonne, est dans l'intérieur des terres
nous sommes trouvés de retrouver le Djioun sur le Nahr-el-Aâmoud, rivière de la colonne ;
de M. de Lamartine sur les cartes. » Cela il n'y a pas de moulin qui porte le nom
prouve une fois de plus que M. lsambert a d'Eyoub, mais bien une fontaine enclose
regardé ces cartes un peu trop à la hâte. dans un bassin rond, situé tout contre les
Qu'il prenne donc la feuille 1 de Zimmer moulins de l'Ayn-Tabrhah et qui se nomme
mann, et il y verra un peu au nord du Nahr Tannour-Eyoub, le Four d'Eyoub. Le nom
el-Oualy le nom Jûn, que j'ai corrigé en impossible fontaine de Tannour, inscrit au
Djoun dans mon Voyage et dans l'Itinéraire nord-est des moulins d'Eyoub ou de Amoud, .
qu'il veut bien appeler ma carte de Sy s'applique encore au Tannour-Eyoub.
l'l6 . 0° Si Khorazyn était où la place M. Isam
La carte du lac de Tibériade, annoncée bert, elle serait à 3 ou 400 mètres au moins au
par M. Isambert, a enfin paru avec ce troi dessus du niveau du lac.
sième article. Je vais consigner ici, en quel Laissons maintenant le littoral, et passons
ques mots, les défauts essentiels qui en aux pays qui environnent le lac, puisque je
font une carte à laquelle il n'est pas pos ne puis et ne veux rien dire de ce que je n'ai
sible de se fier. Naturellement je ne parlerai pas vu de mes yeux.
que de ce que j'ai vu et constaté de mes l° La colline nommée Qoroun-Hattin ne
propres yeux. représente en aucune façon la nature. Qo
1º Le passage de Samakh est à la bouche roun, pluriel de Qorn, veut dire les cornes,
même du Jourdain, et par conséquent la et ce nom indique ce que présente en réalité
carte est fautive, et l'observation astrono le terrain, c'est-à-dire les sommets distincts
mique de M. Lynch n'a servi à rien. De plus †u sud au nord.
caractérisent cette colline étroite, dirigée
je vois dans les indications de cette obser
vation, 32° 15 24" et sur le cadre gradué 2° C'est au pied même des Qoroun-Hattin
33° 15' 24". Je dirai, comme M. Isambert, et contre la face qui regarde le lac de Tha
que ceci est probablement une simple er barieh qu'était situé le village de Hattin.
reur de son dessinateur ; dans tous les cas 3° Je ne puis parler des cavernes de l'Ouad
M. Isambert ne corrige pas mieux que moi el-Hammam, que doinine le Qalâat-ibn-Mâan,
les fautes de graduation, à ce qu'il paraît. mais je dois réclamer contre le nom Kalat
2" Ce qu'il appelle port des Tarichéens ib-Mann, comme l'écrit M. Isambert, qui ne
n'est qu'un marécage qui n'a guère plus se doute pas que ce nom ainsi altéré n'a
d'un pied de profondeur ; donc jamais il n'y plus aucune signification.
a eu là de port. 4° M. Isambert, dans son rapport, prétend
3° Kerak ou Karak a laissé ses ruines à la que les ruines de Capharnaüm sont des blocs
pointe nord d'une digue de 15 à 20 mètres détachés des rochers qui bordent le Rhoueyr,
d'élévation, qui a quelques centaines de et, sur sa carte, il n'y a pas en ce point l'ap
mètres de longueur, et qui ne paraît pas parence de rochers. Quant à la figure ar
sur la carte de M. Isambert. rondie qu'il donne au site de Capharnaüm,
, 4° Les ruines de Taricheae, divisées en fixé par mon Itinéraire, elle est tout à fait
deux groupes énormes, longent entierc fautivc. Les ruincs forment en réalité une
07:; DICTIONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 936

zone étroite, mais fort longue, s'étendant du le figuré du terrain y sont par trop mal
voisinage de l'Ayn-cl-Mledaouarah jusqu'au traités, et quand on adresse aux autres le
près du village ruiné d'Abou-Chouched. reproche d'avoir changé les noms géogra
5° La route que j'ai suivie pour aller du »hiques, on devrait au moins s'astreindre
Khan Minièh à Safed traverse tout le plateau à prêcher d'exemple, et à respecter ceux
laissé en blanc par M. Isambert, sauf qu'il a que l'on n'a pas qualité pour modifier.
écrit au milieu le mot Gerosi. Cette route, M. Isambert termine en annonçant un nou
après avoir longé quelques instants l'Ouad veau travail sur la partie de mon voyage qui
el-Lamoun, sans rencontrer l'apparence concerne la mer Morte : j'attendrai donc avec
d'une maison, et encore moins d'un village, peu d'inquiétude cet examen, qui, s'il n'a pas
dans tout son parcours, descend sur le flanc plus de portée que les articles que je viens
gauche de l'Ouad-el Heqab (et non Ouad d'analyser, laissera parfaitement inlacte ma
el-Hegah) pour venir, après des moulins rétention d'avoir rendu des services réels
(situés au prétendu village nommé Brünnen la science géographique.
par M. Isambert, qui ne s'est pas aperçu M. Van de Velde, dans une communica
qu'il avait là affaire à un mot allemand, si tion faite à une société savante de Londres,
gnifiant les fontaines), traverser un gros a déclaré récemment qu'il s'en rapportait
ruisseau et remonter, immédiatement après, à M. Isambert pour la réfutation scientiſi
sur le flanc droit de l'Ouad, afin de gagner que de mes erreurs. De cette réfutation, ac
par un sentier très-rapide le plateau sur le ceptée de confiance par le jeune mission
quel est bâti Safed. naire hollandais, je n'ai pas laissé un seul
6° Safed est identifié timidement, il est point sans réponse : je crois donc avoir le
vrai, avec Jotapata, J'ai déjà dit que l'em droit d'engager fortement M. Van de Velde
placement de cette illustre forteressejudaïque à ne s'en plus tenir à la réfutation de la
a été fort bien déterminé par feu M. Schultz, quelle il avait une si haute opinion, et par
mais fort loin de là. conséquent à m'attaquer sur de nouveaux
En résumé j'aſlirme que la carte de M. frais, mais en se servant soigneusement, et
Isambert est plus que médiocre, dans toutes pour son propre compte, d'arguments plus
ses parties comprenant les terrains que j'ai solides, car, je le répète, je continuerai pa
parcourus. Est-elle meilleure lorsqu'il s'agit tiemment à me défendre contre toutes les
de points que je ne connais pas ? Je le sou attaques, quels qu'en puissent être les au
haite, plus que je ne l'espère. Les noms et tetlrS.

I[.

REPONSE A M. VAN DE VELDE.

Avant d'entamer l'examen du livre de M. marquée de la Providence, échappé à tous


le chevalier Van de Velde (194), il ne sera pas les périls, à toutes les fatigues, je m'empres
hors de propos, je pense, de mettre, le plus sai de mettre en ordre les petits trésors de
brièvement possible,le lecteur au courant des toute nature que j'avais péniblement conquis.
relations qui ont existé jusqu'à ce jour entre Quelques mois plus tard je lisais, devant l'A-
M. Van de Velde et moi. C'est la seule ven cadémie des inscriptions et belles-lettres, un
geance que je veuille tirer des inqualifiables mémoire sur le monument connu de tout
procédés de ce Jeune voyageur. Qu'on ne s'at temps à Jérusalem sous le nom de Tombeau
tende donc pas de ma part à des commentaires des rois. Ce fut le signal d'une guerre ar
passionnés, à des récriminations, à des atta dente qui me fut déclarée, et dont le but
ques personnelles; tout cela constitue un évident était, d'une part, de réduire à néant
arsenal dont je ne veux faire usage contre les résultats de mon voyage, de l'autre, de
personne. Autant naguère j'ai pu me montrer me faire passer aux yeux du monde savant
vif dans la polémique, autant je suis inébran pour un homme d'imagination, dont les éru
lablement résolu à me montrer désormais dits n'avaient pas à s'occuper, et qui, par
froid et sérieux. Tant pis pour qui a tout à sa légèreté et son ignorance, ne méritait pas
craindre de l'exposé sincère et loyal des faits. qu'on prît au sérieux ce qu'il ne publiait
A la fin du mois d'avril 1851, je rentrais qu'au prix de tant de peines de toute na
à Paris, après avoir accompli un voyage pé ture. Un étranger assistait à l'une des séan
nible et dangereux en Syrie, en Judée et en - ces académiques dans lesquelles ma lecture
Arabie-Pétrée. Heureux d'avoir recueilli, che fut répartie, c'était M. Van de Velde, qui,
min faisant, une assez ample moisson de bien que fort jeune encore, avait déjà renoncé
faits nouveaux, d'avoir, grâce à la protection depuis plusieurs années à son grade de lieu
(194) SvR1A AND PALEsTINE, in 1851 and 1852, R.N. chevalier ofthe Legio of Honour. Edinburgand
par C. W. M. VAN DE VELDE. Late lieutenant dutch London, 1854.2 vol. in-8, avec planches.
957 Al'PENDlCE. — REPONSE A M. VAN DE VELDE. / 933

tenant de marine, afin d'embrasser avec ar cinq villes de la vallée de Siddim, il me reste
deur la carrière de prédicateur missionnaire. eu à répondre. Il est vrai, cher monsieur
M. Van de Velde, qui depuis très-peu de e Saulcy, que je n'ai pas lu votre article sur
temps avait conçu le louable projet de par ces sujets, mais ma conviction là-dessus est
courir la Terre-Sainte, afin de s'y livrer à telle, que, quoi que votre rapport contienne,
des recherches relatives à la géographie il est impossible de soutenir votre opinion sur
biblique, pria mon confrère, M. Jomard, de les tombeaux des rois et les villes ruinées.
le mettre en relation avec moi. M. Van de Si l'affaire était une hypothèse ou une suppo
Velde me fut présenté séance tenante, et dès sition (sic), à la bonne heure ; il serait évi
le lendemain, je crois, il prenait place à ma dent que l'on puisse se tromper, mais la cor
table. Heureux de rencontrer un homme respondance des textès de la Bible avec mes
d'intelligence, prêt à partir pour le pays observations in loco, ne me laisse plus aucun
que je venais de parcourir, et capable, du doute.Je ne tiens pas une supposition, mais
moins je le pensais, de constater les faits une certitude. Vous dites vous-même, vous
dont on me niait obstinément la possibilité, soutenez une hypothèse ; une examination
j'accueillis M. Van de Velde comme on ac un peu soignée de l'Ecriture sainte vous con
cueille un ami; je fus assez heureux pour le Vaincra facilement. Quant à Suweïrah et Tah
recevoir plusieurs jours de suite, pour mettre tah, c'est précisément cette ruine que j'ai vi
à sa disposition des cartes et des papiers qu'il sitée, votre carte à la main.Je regrette de ne
n'eût pu se procurer autrement, et enfin pour pas vous avoir dans mon nouveau quartier,
luioffrir de prendre le calque delagrande carte je tâcherais de vous y mettre à votre aise ;
rédigée par moi et offrant le tracé de toute la il ne vous manquerait pas d'accueil cordial
côte occidentale,de la côte sud et de la plus for et affectionné, et je me flatte que je vous
te moitié de la côte orientale de la mer Morte, convaincrais bientôt, et que votre hypothèse
avec tout le plateau de la Moabitide. Evidem sur les soit-dits Tombeaux des rois, et votre
ment la communication de cette carte à qui soit-dite identification de Suweïrah avec Zoar
artait pour la contrôler, était la preuve la plus et de Sodome avec le mont d'Esdoum, s'en
orte que je pusse donner de ma sincérité, et voleraient avec une examination plus critique.
de la bonne foi avec laquelle les matériaux Croyez-moi, mon cher monsieur de Saulcy,
de cette carte avaient été receuillis par moi. j'ai examiné minutieusement, et je crois avec
Je déclare avec plaisir que M. Van de Velde moins d'enthousiasme, la pointe nord du Dje
se montra profondément reconnaissant de la bel-es-Esdom (sic). Mais les pierres que vous
manière toute fraternelle dont j'agissais envers aVez cru être les ruines de SOdome ne SOnt
lui. Peu de jours après il quittait Paris et se †º des pierres naturelles. Du reste la Bible
dirigeait vers l'Orient. - it positivement que Zoar était une ville de
Pendant bien des mois je n'entendis plus Moab, comment donc se pourrait-il qu'on
parler de notre voyageur. J'étais sûr de la ca la cherchât au sud-ouest de la mer Morte ?
pacité du jeune ministre de l'Evangile, et Je n'ai encore rien publié de mes recherches;
comme j'étais non moins sûr de la vérité des mais je me propose de commencer sous peu;
faits que j'avais recueillis et que j'étais en a'nsl, si vous aumez que Je ne prononce pas
train de publier, j'attendais avec une sorte encore mon opinion sur vos recherches,je vous
d'impatience le retour de l'homme que j'avais prie de ne pas tarder votre publication, car je
le droit de regarder à l'avance comme un ne pourrais pas attendre très-longtemps; et si
auxiliaire, puisqu'en lui donnant ma carte vous voulez m'envoyer votre publication, je
manuscrite, je l'avais pour ainsi dire conduit vous dirai franchement et cordialement mon
par la main sur les points qu'il s'agissait opinion, avant de la publier. S'il est que je
tout simplement de regarder une seule fois, dois vous réfuter, j'aurai, je le sais, en même
avec l'honnêteté élémentaire d'un voyageur temps beaucoup à louer. Agréez l'assurance
qui sait distinguer des décombres de cons la plus sincère de mon entier dévouement.
truction, de tas de pierres que les torrents « CH. M. VAN DE VELDE.
Ont entraînés. « Utrecht, 25 decembre 1852. »
Au moment où ma publication marchait A cette seconde lettre je ne fis aucune ré
avec régularité, je reçus de M. Van de Velde, ponse, et je doute qu'il se rencontre quel
qui était de retour en Hollande, une première qu'un qui s'en étonne. Je ne pensai donc
lettre assez insignifiante, et dans laquelle ce plus à M. Van de Velde, et je continuai ma
Voyageur me disait fort poliment, mais sans publication, que j'eus le bonheur de voir as
hésiter, que quels que fussent mes arguments sez favorablement accueillie du public. J'at--
à l'appui de mon opinion sur les tombeaux tendais avec une vive impatience l'appari- .
des rois et sur les villes maudites, cette opi tion du livre du jeune Hollandais, lorsque
nion n'était pas soutenable. Quoique ceci me † successivement, dans .e Bulletin de
parût un peu hasardé, je répondis sur-le a Société de géographie, trois articles de
champ à M. Van de Velde, pour le prier de M. Isambert sur le livre que je venais de pu
suspendre son jugement jusqu'à lecture des blier. C'était une critique d'une malveillance
raisons que je pouvais faire valoir. Ce fut décidée, mais une critique si malencontreuse
alors que.je reçus la lettre suivante, que j'ai ment conçue, que je me réjouis beaucoup
déjà publiée une fois, mais que je ne puis plus # ne me tourmentai de son appa
me dispenser de publier encore : rition. Elle ne pouvait néanmoins, quelque
-- • • • - « Quant aux questions sur lesquelles pauvre et mal fondée qu'elle fût, rester sans
nous différons, les tombeaux des rois et les réponse, et la réponse, je la préparai, me
DICTIoNN. DEs ANTIQUITÉs BIBLIQUEs. 30
959
DICTIONNAIRE DES ANTIQUITEs BIBLlQUES. 940

réservant de la publier lorsque M. Isambert « d'une éminence connue sous le nom d'Es
aurait fini. J'ignorais alors que cette critique « doum, et contenant de nombreuses quantités
me fût † de concert avec M. Van de « de sel, de même que tant d'autres localités
Velde et quelques autres, et je pensais n'a- « autour du lac. Comme le site de Zoar et des
voir affaire qu'à M. Isambert. Je fus bien « autres villes résulte de celui deSodome, dans
tôt détrompé. Peu de temps après, en effet, « la théorie de M. de † tous les autres
le Galignani's Messenger (n° du 29 mars « sont une fiction comme le premier, et en
1854) reproduisit un article du Litterary « pleine contradiction avec les conclusions les
Gazette de Londres, article dont je vais don « plus positives de Robinson, Irby et Mangles,
ner la traduction, et qui me mit au courant « aussi bien # des autres voyageurs etcertai
des intentions que † personnes nour « nement de l'Ecriture sainte.Ainsi, par exem
rissaient à mon endroit. Voici cet article : 6(† puisque Zoar est, dans la Bible, placée à
Londres. — Association archéologique de la
« l'ouest(sic)du lac, dans le pays de Moab, il
Palestine.
« indique les limites de Moab juste au milieu
« des provinces de Judah et de Siméon, afin de
« Un Mémoire communiqué au bureau par « fixer le lieu appelé Suweïrah, à l'ouest de la
le chevalier Van de Velde, récemment arrivé
de la Palestine, a été lu; il est intitulé : Les « mer, comme étant Zoar, que les recherches
Pseudo-découvertes de M. de Saulcy. L'auteur « d'autres voyageurs ont placée à l'entrée de la
« Vallée de Kerak, sur la rive orientale.De plus
établit qu'au début de son voyage, en octobre « en plus en erreur, M. de Saulcy place
1851 , il avait passé par Paris; et trouvant, à * Gomorrhe à plus de cinquante milles anglais
son arrivée, que les récits de M. de Saulcy º de Sodome! » Pour ces raisons, M. Van de
avaient excité une vive discussion sur la ques Velde demande à la Société de suspendre sa
tion de leur exactitude, il lui fit une visite, foi dans les prétendues découvertes de M. de
dans le but de lui proposer une vérification
de ses découvertes Cette offre fut bien reçue ; Saulcy, et promet de publier ses observations
il obtint un calque de la carte manuscrite de sur les sites supposés, ainsi que des recher
ches détaillées et laborieuses sur toute la
la mer Morte, dressée par M. de Saulcy, les Palestine. »
points géographiques en desideratum, et les
instructions que M. de Saulcy avait reçues de A l'apparition de cet article, je ne pouvais
M. Martin de Saint-Vivien † qu'il vit aussi. me dispenser de protester. J'écrivis donc aus
En arrivant sur la côte sud de la mer Morte, Sitôt une réponse, que j'adressai, avec une
il commença son travail de vérification, et lettre personnelle, à M. le docteur Jonh Lee,
chercha les quatre villes : Sodome, Adamah, † de la Société devant laquelle le
Zéboïm et Zoar, Gomorrhe ayant été placée émoire de M. Van de Velde avait été porté.
par M. de Saulcy cinquante milles plus loin, Un heureux instinct me fit deviner qu'il serait
vers le nord-ouest. « Ce # j'ai trouvé dans bon de prendre quelques mesures afin d'as
« ce district, dit M.Van de Velde, n'est rien Surer la publicité à cette réponse : elle fut
« moins que des ruines.Je le communiquai à donc insérée dans le Galignani's Messenger,et,
« M. de Saulcy à mon retour de la Terre quelques jours plus tard (20 mai 1854j. dans
« Sainte ; mais, comme il y avait lieu de le l' Athenœum français.J'avais fait sagement; car
« craindre, on a négligé ces communications, M. le docteur John Lee n'a pas jugé à propos
« et maintenant le monde accepte le conte que de m'accuser réception de ma lettre, ni même
« ces cinq villes ont été trouvées par M. de de ma réponse à M. Van de Velde, réponse
« Saulcy, sans parler d'une kyrielle d'autres qui devait être remise directement à la
« découvertes de villes bibliques, et, pour cou Société archéologique de la Palestine.Je ne
« ronner le tout, du tombeau véritable des rois me plains pas de ce procédé; je me contente
« de Judah, au nord de Jérusalem. De ce tom de le signaler. Comme je veux économiser
« beau, le voyageur français a tiré un sarco l'espace, je ne reproduirai pas ici ma réponse
« phage qui maintenant est montré avec une in extenso, et je me contenterai d'en transcrire
« merveilleuse présomption dans la galerie du quelques passages qu'il est indispensable de
« Louvre, et serait tout simplement le sarco rappeler; les voici :
« phage véritable du roi David lui-même. » « -- Jusqu'à présent je n'ai à repousser que
« M. Van de Velde se réfère alors à l'exa
des assertions tranchantes, pas un raisonne
men de la question, par M. Isambert, dans le ment n'ayant été produit par M. Van du
n de la Société géographique de Paris,
Bulleti Velde; mais ce voyageur annonce la démons
d'octobre dernier, comme fournissant une tration dans † il a puisé son incroyable
réfutation complète des erreurs de M. de aSSurance. Je l'attendrai donc avec bonheur
Saulcy, au point de vue scientifique; et il sur le terrain de la discussion, parce que du
annonce la publication prochaine de son choc des opinions naît la
propre voyage en Palestine, avec une carte aidant, la lumière se fera.
§ et, Dieu
originale, résultat de ses observations dans le
pays. « Dans cet ouvrage, » dit-il, « on verra, « - J'avais quatre compagnons de voyage,
« d'après les sites de Sodome et de Zoar, tels auxquels j'ai fait, pour ainsi dire, toucher de
« qu'ils sont fixés par M. de Saulcy, que, pour bout du doigt les décombres que M. Van de
« Sodome, sur le site supposé de laquelle toute Velde † des pierres naturelles. Nous
« la découverte repose, M. de Saulcy a été Sommes donc cinq à déclarer unanimement
« trompé à la fois par son imaginationet par la le contraire de ce que déclare M. Van de
« cupidité habile d'un scheikh; qu'en fait, les Velde, et nous nous refusons, de la manière
« ruines supposées sont simplement les débris la plus nette et la plus formelle, à substituer
941 APPENDlCE.- REP0NSE A VAN M. [)E VELDE. 942

,e jugement de ce voyageur à notre propre débitées au sujet de la découverte de Sodome.


jugement. J'avais une copie de la carte manuscrite de
« — M. Van de Velde aſfirme sans hésiter M. de Saulcy autour de la mer Morte, et
que la Bible dit positivement que Zoar était c'est avec cette carte que j'ai été sur les
une ville de Moab. Je suis fâché d'être obligé lieux mêmes. J'ai pris pour guide ce même
de déclarer que M. Van de Velde serait fort Abou-Daouk, †avait accompagné M. de
embarrassé pour citer le texte biblique qu'il Saulcy. Je déclare, avec toute la solennité
invoque, vu qu'il n'a jamais existé que dans possible, qu'on n'aperçoit de ruines d'aucune
son imagination, ce qui ne suffit pas pour lui sorte dans la plaine, et qu'on n'en voit pas
donner crédit. davantage à la base du Djèbel-Esdoum (la
« — Je l'ai déjà dit, j'attendrai que M. Van montagne de sel), du côté du nord..... Je fe
de Velde m'ait lu et qu'il ait publié sa réfuta rai voir, dans mon ouvrage, que les erreurs
tion..... Quand cette réfutation sera formulée de M. de Saulcy sont le résultat d'une ima
et imprimée, j'aurai alors un adversaire sai † inquiète qui se laisse entraîner hors
sissable, et je me charge d'en faire bonne et e toute mesure. A mon retour de Palestine,
† justice, textes en main, mais avec l'année dernière, j'écrivis deux lettres, l'une
es textes que je n'inventerai pas pour les à M. de Saulcy, l'autre à M. Quatremère, afin
besoins de ma cause. -
de faire connaître à ce dernier les fautes de
« — M. Van de Velde ajoute qu'il s'en M. de Saulcy ; celui-ci, le seul qui m'ait ré
rapporte, pour l'examen de la question, à pondu, m'adressa une lettre très-affable, mais
M. Isambert, qui..... a complétement réfuté dans laquelle il ne me donnait aucun éclair
les erreurs de M. de Saulcy au point de vue cissement au sujet des questions que je lui
scientifique..... Comme je m'engage à ne pas avais posées, et il n'en a pas moins continué
laisser subsister une seule des critiques de son étrange et fantastique publication. Je re
M. Isambert, si M. Van de Velde s'en réfère à grette de voir qu'une grande partie du pu
M. Isambert, il sera satisfait du même coup, blic ait confiance dans ce qu'on lui dit de
et il apprendra à son tour qu'il ne suffit pas Sodome et du Tombeau des rois.. .. »
de nier les faits pour en démontrer l'inexac , J'accompagnais alors cette lettre de la
titude.
« — M. Van de Velde termine en deman
simple observation suivante :
« Je n'ai rien à dire sur le contenu de cette
dant à la Société de ne pas croire implicite lettre, dont la † sera la plus dure
ment à mes prétendues découvertes. Le mot
implicitement est curieux! Mon livre est à la punition ; car M. Vinet ne pouvait rendre un
disposition de tout le monde. Qu'on en dis plus mauvais service à M. Van de Velde, que
cute le contenu, rien de mieux; mais qu'on de publier cette † de correspondance,
nie hardiment, sans autre preuve que sa ui, en fait de perfidie, laisse tous les Bédouins
u monde à cent lieues en arrière de son au
parole, les faits qu'un livre établit, en ne teur. »
négligeant aucune source, ni sacrée, ni pro
fane, cela dépasse le droit de la critique. Je Aujourd'hui, que j'ai lu attentivement, et
viens donc à mon tour supplier les membres la § à la main, le livre de M. Van de
de l'honorable Société de me lire, et de ne Velde, j'ai même quelque chose de plus à
pas s'en rapporter au jugement que M. Van en dire. L'auteur de la lettre aſfirme qu'il a
de Velde se permet de porter sur les œuvres été sur les lieux, ma carte à la main, vérifier
d'autrui, sans même prendre la peine de les l'exactitude de mes assertions, et je prouve
étudier, sicut doctor ex cathedra. Qu'il ap rai qu'en écrivant cette phrase, M. Van de
prenne pour son compte, avant d'avoir une Velde savait parfaitement qu'elle était con
traire à la vérité. L'auteur de la lettre dit
si haute opinion de son mérite, et alors seu
lement ses jugements pourront acquérir quel qu'il a pris le scheikh Abou-Daouk pour guide,
que poids. » et M. Van de Velde, en écrivant cette phrase
Tout ceci n'était que l'entrée en campagne savait parfaitement qu'elle était contraire à la
de mes adversaires connus et inconnus en vérité. Quelle confiance pouvons-nous avoir
COI"e. désormais dans les dires d'un homme qui se
Le 1" mai 1854, la Revue des Deux-Mon donne à lui-même les plus cruels démen
tis ?
des publia un long article critique de M. E.
Vinet, sur les deux mêmes sujets, c'est-à- Un mot encore avant d'entrer en matière.
dire sur le Tombeau des rois et sur les vil D'après tout ce que viens de raconter, on voit
les de la Pentapole. Je n'ai pas à revenir sur que, sans m'en douter, j'avais à faire à une
cet article, auquel j'ai répondu dans la Re sorte de triumvirat hostile, composé de MM.
vue contemporaine (livraison du 15 juin 1854), lsambert, Vinet et Van de Velde. J'ai fini
mais je dois en extraire une nouvelle lettre avec les deux premiers, Dieu merci l Passons
de M. Van de Velde adressée d'Edimbourg à donc au troisième ! M. Van de Velde a pro
M. Isambert, et que M. Vinet a eu la malheu mis de démontrer que le livre dans lequel
reuse idée de publier ; la voici : j'avais traité la géographie biblique avec lé
« Je trouve que l'ouvrage de M. de Saulcy gèreté et d'une façon si frivole, n'était qu'un
n'est qu'un tissu d'erreurs Je suis peiné de tissu d'erreurs;nous allons examiner comment
voir que la géographie biblique ait été trai il a tenu sa promesse. En retour, je lui ai pro
tée par ce voyageur avec tant de légèreté , et mis de faire prompte et bonne justice de ce
d'une façon si frivole ; mais ce qui est plus qu'il publierait, pour prouver qu'il avait le
grave, ce sont les fables que M. de Saulcy a § de parler ainsi : reste à Voir mainte
DICTIONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 941
945

nant lequel de nous deux aura tenu parole. te traite comme un petit marchand ambulant,
Disons-le d'abord,M.Van de Velde a adopté, et que j'en ai le droit, puisque tu ne te re
† sa narration, la forme épistolaire, qui biffes pas. - A la place de M. Van de Velde
ui a peut-être semblé commode, afin d'évi j'eusse, moi, rejeté la pipe que l'on m'offrait
ter d'entrer dans les discussions scientifiques ainsi, et je me fusse immédiatement retiré,
qui sont généralement peu de son goût. J'ai pour aller porter plainte à Jérusalem. .
lu avec la plus scrupuleuse attention ses deux M. Van de Velde raconte à dix reprises
volumes, dans lesquels je n'ai trouvé presque différentes qu'il a appris à vivre aux mout
constamment que des assertions tranchantes, sellim et aux scheikh qu'il a rencontrés sur
il est vrai, mais qui ne suffisent pas pour son chemin, en leur transmettant, parlabou
constituer des démonstrations. Il est très-rare che de son drogman, les dures vérités qui
que l'auteur se donne la peine de discuter ce seules pouvaient leur imposer du respect
qu'il avance ; d'ordinaire la chose lui paraît pour sa personne. M. Van de Velde ne sait
superflue, et ce qu'il croit, ou du moins ce pas que tout drogman se garde bien de
qu'il dit croire, devient inattaquable à ses iraduire un seul mot qui diffère d'un com
yeux, Aussi quand par bonheur je rencon pliment bas et servile, parce qu'il se préoc
trerai dans le livre de M. Van de Velde des cupe fort peu de la dignité du voyageur qu'il
discussions auxquelles je me reconnaîtrai le n'accompagnera que pendant quelquesjours,
droit de prendre part, précisément parce que et qui d'ailleurs ne comprend pas ce qu'il
j'aurai visité moi-même les lieux dônt il s'a- dit,iandis qu'il se préoccupe outre mesure du
† j'examinerai de près l'argumentation de soin de conserver la bienveillance de tous
ceux entre les griffes desquels son métier le
'auteur : c'est à-dire que cette fois, comme
toujours, je ne me permettrai d'insister fera retomber tôt ou tard. J'en conclus que
que sur ceq" 'aurai vu, et que je ne suivrai M. Van de Velde peut être convaincu que
pas à pas M. Van de Velde, que sur le ter † une, je dis pas une seule, des phrases
rain que nous avons parcouru tous les autaines qu'il se figure avoir adressées aux
deux. autorités avec lesquelles il a traité, n'est ar
Je dois encore prévenir le lecteur qu'il faut rivée à son adresse. Pour les phrases de ce
du courage pour pousser jusqu'au bout la lec genre, les drogmans de métier ont, de tout
ture de ces deux volumes, dans lesquels l'es temps, fait ce que jadis le brouillard faisait
prit du missionnaire intolérant perce à cha pour les dépêches téſégraphiques.Voilà donc
que † ll est triste de voir un homme qui #e Velde
est bien entendu; l'héroïsme dont M.Van
se vante si souvent n'a existé que
se prétend, l'interprète et le propagateur dans l'œuf et n'a † pu éclore une seule
de l'Evangile, répandre à flots le fiel de la
pire espèce, le fiel religieux, sur tout fois. Je n'en voudrais pas d'autre preuve,
ce qui n'est pas chrétien à sa manière. d'ailleurs, que le titre de khaouadja que ses
Cela dit, une fois pour toutes, je me garde drogmans lui appliquaient sans cesse, et dont
rai bien de relever les injures que M. Van il se montre très-flatté. Khaouadja veut dire
de Velde prodigue si peu évangéliquement marchand, et rien de plus; le titre est fort
aux romanistes ( c'est le nom qu'il donne en usage parmi les Syriens, c'est vrai ; mais
aux catholiques), car on ne jette tant de boue ceux-ci ne se piquent que d'une chose, c'est
à la face de son prochain, qu'à la condition de d'être, le plus souvent possible, insolents
se salir beaucoup. Laissons donc entièrement avec les Francs.
le côté soi-disant religieux du livre de M. Van Qu'est-ce que cela prouve ? me dira-t-on.
de Velde, en nous contentant de souhaiter de Cela prouve tout simplement que pour voya
:out notre cœur qu'il comprenne mieux un ger en Syrie il faut être familiarisé avec la
jour ce que c'est que la charité chrétienne. langue du † sous peine, non-seulement
Pour voyager avec fruit en Orient, il est d'être perpétuellement trahi et vendu par les
bon d'avoir une teinture de ce que c'est que drogmans que l'on emploie, mais encore de
la vie de l'Orient, et, je l'avoue avec regret, ne pouvoir compter fermement sur aucun des
M. Van de Velde ne s'en doute pas. II va renseignements que l'on obtient de seconde
jusqu'à prendre les quasi-injures pour des Ill8lIl.
marques de respect, dont il s'empresse de se Au reste M. Van de Velde convient loyale
féliciter. C'est ainsi qu'il raconte (tom. II, p. ment qu'il ne sait pas l'arabe, et il fait véri
57), que le moutsellim de Hébron, qui lui tablement bien, car, à juger de son talent
donnait audience, s'étant fait apporter une d'arabisant par les phrases qu'il a eu la pen
† pour lui-même, l'a fumée d'abord, et la sée d'intercaler dans son récit, il est clair qu'il
ui a offerte ensuite avec grâce. Notre voya n'en comprend pas le premier mot. Si je ne
Seur l'a reçue non moins cérémonieuscmènt, transcrivais ici ces phrases, on pourrait croire
et la conversation a repris avec une nouvelle que j'exagère. Voici donc les plus curieu
courtoisie. M. Van de Velde ignore compléte S(ºS :
ment , que cette politesse du moutsellim si El-jaum beragit lah. M. Van de Velde tra- .
gnifiait littéralement ceci : —Tu es un homme duit cela par : — en hiver nous n'avons pas
dont je ne me soucie guère ; tu fumeras donc de puces ici (tom. I", p. 96 ), — et cette
le reste de ma pipe, et si je te fais bonne phrase ne peut être arabe qu'à la condition
mine, c'est que tu portes un firman dont je d'être , coupée et orthographiée ainsi : El
ne me soucie guère plus que de toi ;je vais youm berarhit ? la. — Aujourd'hui des puces?
te faire une grossière insulte devant tout mon llOIl.
entourage, qui comprendra à merveille queje Sauna, Sauca est, selon M. Van de Velde,
945 APPEND1CE. — REPU)NSE A M. VAN DE VELDE. 946
une expression employée en sa présence par qui est rendu par : hear me, my little son, si
des Druses qui veulent exprimer que les An †º tout simplement mon fils, et rien de
glais et les Druses ont la même physionomie, p Mesikoum-belcheir ne signifie pas : a bles
U1S.
et sont par conséquent frères de race.(tom. I",
p 124). Le vrai c'est que saoua, saoua, sig sed evening, une soirée bénie, mais tout sim
nifie à la lettre : ensemble, ensemble, et veut lement : bonsoir; encore faut-il l'écrire :
dire que l'on est amis. çâa-koum bil-Khéir (t. II, p. 93). Cette fois,
Le mot tefaddal est, pour M. Van de Velde, comme partout, M. Van de Velde omet la
un mot vide de sens (tom. I", p. 171, et M. particule ya, qui est la caractéristique indis
Van de Velde se trompe, ce mot est rigou pensable duvocatif Ce n'est pas tout, cette for
reusement l'équivalent du favorisca italien. mule banale de bonsoir est pour M. Van de
A la page 185, les mots ras-el-ayn sont ren Velde : the usual introduction to a new sub
dus par the-head of the waters, c'est la tête ject in the conversation of the arabs. — Où
de la source qu'il faut dire, et non la tête des M. Van de Velde a-t-il pris cela ?
e8lUlX. A la page 182 (t. II), M. Van de Velde, qui
Le Léontes prend vers son embouchure, ne sait pas plus le turc que l'arabe, cite le
surla route de Sour à Sayda, le nom de Nahr titre muſti-effendim comme signifiant sa ré
el-Qasmieh, rivière de la séparation, et M. Van vérence le grand prêtre, et il ne se doute pas
de Velde dit résolument que le Léontes s'ap qu'effendim est un vocatif.
pelle en ce point Qasmieh (tom. I", p, 201 l A la page 192, Derb-sultan (lisez Dharb-es
Dans la même page notre voyageur cite le Soulthan, le chemin du sultan) est traduit :
Nahr-Blasunad, sans se douter que le nom de the higway, la grand'route.
cette petite rivière est Nahr-abou'l-Asoued, A la page 253 Sidn aisa (lisez Sidna-dysâ,
le fleuve père du Noir. Ce qui est plus sin Notre-Seigneur Jésus) est traduit : the lord
† encore, c'est le discours que M. Van Jesus. - -

e Velde, arrivant trop tard pour entrer à A la page 265, nous trouvons encore uné
Saint-Jean d'Acre, glisse à travers la porte, phrase bizarre de l'arabe à l'usage de M. Van
afin de se la faire ouvrir par les soldats de de Velde ; la voici : Mûsh la stm Baksheesh.
garde ; le voici textuellement : Chawadja en 'Katib la stm, geiro lah ! (We care nothingfor
glisi. — Firman sulthan. (tom. I", # 270). a baksheesh. We require a letter; nothing
— Cela veut dire : Marchand, anglais. — else will do); lisez cette phrase de patois sy
Firman, soulthan. — Une tête se montre rien : Mouch ( pour Ma-hou - chei ) lazem
alors et répond une phrase dans laquelle Backhchich : Kitab tazen : Rheirhou, là. — If .
il ne saisit que le mot bakhchich. Si M. Van ne faut pas de Bakhchich : il faut une lettre ; .
de Velde eût fait briller un bechlik de vingt il ne faut pas autre chose.
sous, il eût été compris et servi tout de suite. A la page 273, M. Van de Velde traduit
Plus loin la formule fataliste : in châ Al le mot ghôr par plaine, et il se trompe; rhôr
lah, Si Dieu veut, est écrite, insh'allah, et veut dire marais.
traduite comme Dieu veut (tom. I", p. 405). Enfin (t. II, p. 420) tell el kadi est traduit :
Puis l'adieu ordinaire Maa-es-Selameh, avec the hil of the judges, par M. Van de Velde,
la paix, est transcrit ma Salame, et traduit : qui ne sait pas † Cadhi est un substantifsin
que la paix soit avec vous (tom. l", p. 420). gulier dont le pluriel est Codha.
Bab-el-Amud (Bab-el-Aâmoud), la porte de Ces exemples suffiront pour montrer, jus
la colonne, signifie, pour M. Van de Velde, la u'à la dernière évidence, que M. Van de Vel
porte des colonnes (tom. I", p. 461).
Abrash-Guzzeh est traduit : les tours de
† d'ailleurs, je le répète, en convient
loyalement) n'entend pas un mot d'arabe, et
Gaza (tom. I", p. 482). Il faut probablement n'a pu par conséquent recueillir d'autres ren
lire Abradj (pluriel de Bordj ) Rhazzeh. — seignements que ceux que son drogman a dû
Heida katib chawadja est traduit par : here prendre, avec son intelligence et son exacti
are letters for you, sir : ici sont des lettres tude de drogman, qualités qui sont très-con
pour vous, Monsieur (tom. II, p. 3). Heida venablement représentées par zéro. On com
n'est pas arabe, et katib signifie écrivain ;c'est prendra tout ce que cette nécessité avait de
kitab qui signifie au propre un écrit, et par pénible pour notre voyageur, en lisant les
extension une lettre. phrases suivantes, qu'il a eu la bonne foi d'é-
A la page 20, je trouve encore un dialogue crire dans son livre :
où tous les mots sont écorchés, orthographi Je traduis littéralement :
quement parlant; mais ce qui, dans ce dia « Je pus voir, en cette circonstance, côrh
logue, est surtout remarquable, c'est la traduc bien il est impossible de découvrir des ruines
tion des deux mots : nahm, challas, oui, c'est dans ce pays, sans le secours des natifs, et en
tout (lisez : nâam khallas); que nous trou même temps combien il est probable qu'en
vons rendus par Yes, you have gone over the l'explorant avec leur assistance, la plusgrande
whole. partie des villes perdues d'Israël peuvent en
Beit-Fahûr est le nom que M. Van de Velde core être retrouvées (t. I, p. 178). »
donne au village de Beit-Sahour, il pastore « Je veux seulement ajouter qu'en même
des Chrétiens de Beit-Lehm (t. II p. 42). temps que nous rendons hommage au pers
Gibel Fareidis (lisez : Djebel foureidis) ne picace et savant voyageur américain (Robin
signifie pas montagne du Paradis, mais bien son), nous ne devons pas oublier que la moi
du petit Paradis, Foureidis étant un diminu tié de cet hommage † à son compa
tif très-régulier (t. II, p. 38). Ya ebni (p. 89), triote, le révérend Eli Smith, dont la con
347 DICTIONNAIRE DES ANTlQUITES BIBLIQUES. 948
naissance de l'arabe était un avertissement de quer des identifications proposées par autrui,
tous les instants pour Robinson, avertisse Iors même qu'elles sont fondées sur des rè
ment sans lequel celui-ci aurait toujours mar gles qui forment l'a b c de la science philolo
ché à tâtons. Les difficultés dont j'ai souffert † Ainsi (t. II, p. 310-312), en s'occupant
moi-même, à cause de l'ignorance de la lan u Kerit de la Bible, rivière qu'il prétend re
† m'amènent à considérer la réunion de trouver à l'ayn-Fasaël, il a bien soin d'abord
eux hommes comme Eli Smith et Robinson, de l'appeler un ruisseau (brook), tandis que
comme la combinaison qui peut le mieux fa le texte hébreu le nomme nahl (I Rois xvII,
voriser l'étude de la géographie biblique 3 et 7), ce qui revient à dire positivement
(t. # 152 et 153). » que c'était un torrent et non une source.
M. Van de Velde me permettra, je l'espère, D'ailleurs le verset 7 du même chapitre dit :
de le remercier de ce qu'il a bien voulu prou Il arriva qu'au bout de quelque temps le tor
ver que je me suis à bon droit félicité de ce rent se dessécha, car il n'y avait pas de pluie
que, pendant mon voyage, j'ai constamment sur la terre. M. Van de Velde pense-t-il pou
ris, parmi les gens du pays, des guides avec voir appliquer ceci à l'Ayn-Fasaël?J'en doute
esquels j'avais l'avantage de pouvoir con fort. Quant à la position à l'orient du Nahl
verser fort à mon aise, et sans l'intervention Kerit, comme nous me savons pas au juste où
d'un drogman. se tenait Akhab lorsqu'Elie lui annonça la sé
Voilà pour l'arabe; passons à l'hébreu cheresse, nous ne pouvons dire si l'expression
maintenant. Probablement M. Van de Velde biblique koddamah, qui veut dire littéralement
m'accordera qu'il vaut mieux être en état de en avant, doit recevoir ici le sens forcé d
lire et comprendre l'hébreu, que de recourir l'orient. Mais revenons au Nahl-Kerit et fai
aux traductions d'autrui. C'est encore là un sons observer, en passant, à M. Van de Velde,
avantage que j'avais sur lui, et dont je dois que les liquides L et R peuvent permuter ai
parler, puisqu'en plusieurs passages M. Van sément dans un radical , sans en changer la
de Velde hasarde des opinions sur des mots valeur, suivant une loi bien connue de tous
nébreux, opinions que je suis contraint de les philologues. Or, que dit M. Van de Velde
déclarer inadmissibles. Ainsi (t. I p. ††
exemple, je trouve la phrase suivante : The
de la prétention de reconnaître le Kerit de la
Bible dans le Kelt qui coule près de Jéricho?
words sirion, shenir, and sion or zion, all de Le voici (p. 310, note) : « M. de Saulcy, en
signate heigt par excellence , according to parlant de Nahr-Kelt, nous assure que la diffé
unell-informed writers. Les mots sirion, she rence de prononciation entre les mots Kelt et
nir, et sion ou zion désignent tous hauteur Cherit (lisez Kerit) est si faible, qu'il n'y a pas
r excellence, selon les écrivains bien in de difficultés pour identifier ces deux mots
ormés. — J'en suis ſâché pour les écrivains l'un avec l'autre (!) » Que signifie ce point
en question. maisje dois dire que je les crois d'exclamation ? une seule chose : c'est que
mal informés. En effet, le mot hébreu sioun M. Van de Velde n'a pas les notions élémen
est un substantif se rattachant au mot sih, sic taires de la V† Au reste, ce n'est pas
citas, siccum, aridus locus, et signifie lui-mê moi que M. Van de Velde prend cette fois à
me lieu aride; de là est venu son nom au partie; car, sans qu'il s'en doute, il
Inont Sion. Tzion momen habet a siccitate s'adresse au révérend Robinson; lisez
loci, dit Buxtorf, et je le crois assez bien in plutôt (RoBINsoN, tom. II, pag. 288, note ) :
formé.Je ne parle pas des autres mots sirion The arabic form Kelt and the hebrew
et schenir. Cherith are indeed not exactly the same :
Ailleurs (t. II, p. 142)je lis encore, à propos Though the change from Resh to Lam, and
d'une localité nommée Hhora, et dans laquelle That of Kaph into Koph are sometimes found.
M. Van de Velde prétend retrouver la loca See Gesenius, etc. — Enfin, quel nom porte le
lité biblique de Horma (Josué xv, 30 et xIx, Kedron dans l'Ecriture sainte ? A coup sûr ce
4) : The hebrew M, as is sometimes the case, n'est pas une fontaine ; eh bien l il s'appelle
ºy be left out in the arabic form of Horma. Nahl, comme le Kerit (II Samuel, xv, 23, et
- Voilà, je le crains bien, un principe philo passim). Mais en voilà assez sur ce sujet.
logique qui ne sera pas admis par les orienta Concluons encore de tout ce qui précède que
listes, qui croiront difficilement à la chute M. Van de Velde n'a aucun moyen de tirer
d'un M radical, pour le même nom exprimé parti des textes sacrés originaux.
dans deux idiomes aussi voisins que l'hébreu Sait-il mieux le latin que l'hébreu et que
et l'arabe. l'arabe ? La chose paraît douteuse , puisqu'il
Il est vrai que M. Van de Velde, peu ras transcrit (t. I, p. 479) Itinerarium N'yeroso
suré sur le sort de l'identification qu'il pro lima , le titre de l'Itinéraire de Bordeaux à
pose pour Hhora, se hâte d'ajouter en note : Jérusalem.
« Si Hhora n'était pas si loin d'El-Lechieh, je Très-souvent M.Van de Velde fait bon mar
serais tenté de le croire identique avec En ché de ce qu'il appelle les savants et la
Hakkore des Juges(xv, 19). » Je crois que les science : mais je crois qu'il a grand tort; car
deux identifications proposées se valent, c'est un peu d'érudition ne nuit jamais, et je pense
à- dire que l'une n'est pas meilleure que qu'il eût été prudent, de la part de notre
l'autre. voyageur, de consacrer plus de temps à ac
Du reste, si M. Van de Velde pose un peu quérir l'érudition élémentaire qui lui était
hardiment des principes philologiques impos nécessaire ; il eût de la sorte évité certaines
sibles, relativement à des idiomes qu'il ignore erreurs de détail, qu'il fera bien de faire dis
complétement, il ne se fait pas faute de se mo paraître d'une seconde édition , et que je
949 APPENDICE. — REPONSE A M. VAN DE VELDE. 650

m'empresse de lui signaler, pour lui rendre Nahr-el-Aoualy, et que Robinson n'est pas
service. Il ne faut pas que l'auteur d'un si mauvais géographe qu'il le pense.
voyage dans un pays aussi intéressant que la P. 101. Entre Sayda et Sarafend, M. Van de
Terre-Sainte puisse être soupçonné d'avoir Velde rencontre un Tel-el-Barûk , à propos
parlé de choses qu'il n'a pas vues, et dont il duquel il dit : Turner says that the of #
n'a puisé la connaissance que dans les récits Barone was formerly here; perhaps the name
des voyages antérieurs au sien. Je passe à of Baroûk has misled him. Qu'est-ce que
l'énumération des faits de ce genre qui font peut être ce port de Barone? J'avoue que je
tache dans le livre de M. Van de Velde. suis dans l'impossibilité de le deviner. Vingt
Tome I, p. 76. Dans la description de la minutes après, M. Van de Velde rencontre
route de Beyrout à Sayda, M. Van de Velde dit les ruines d'une tour carrée (c'est le Bordj
que l'on y reconnaît les restes de la voie ro el-Aqbêa) qu'il regarde comme étant proba
maine et des bornes milliaires gisant dans le blement une des tours de garde bâties par
sable, bornes dont quelques-unes ont été Hélène, le long de la côte. Cette tour m'a
décrites comme des curiosités (as curiosities) semblé d'une toute autre époque, et son
# Maundrell, en 1697, de même que par mode de construction ne se prête pas, je
es derniers voyageurs. Ceci est très-vrai , crois, à l'hypothèse du voyageur.
mais ce qui ne l'est plus , c'est l'indication Je ferai remarquer ici à M. Isambert, qui
de la place où gisent ces curiosités ; elles ne m'a reproché d'avoir inscrit deux Sarafent
sont pas entre Beyrout et Sayda, mais bien sur mon Itinéraire, que son ami M. Van de
entre Sayda et Sour, ce qui ne revient pas
au même. Si M. Van de Velde veut bien re
# # a vu et signalé tout autant que moi
lire Maundrell et les derniers voyageurs, il (º, #'ºse 114, M. Van de Velde nous fait
connaître les sources de son érudition.Je tra
reconnaîtra qu'il a mal pris sa note sur
les bornes milliaires de la côte de Phé duis : « Au côté ouest du château (Qalaât
nicie (195). ech-cheqif) est le village d'El-Hamrah ,, bâti
P.79. A propos de Naby-Younès, M. Van sur un roc élevé. Ayant consulté quelques
de Velde dit que quelques savants placent vieux livres, il me semble que ce village doit
en ce point la ville de Porphyrion. Mais au avoir été la Rama mentionnée dans Josué
cun voyageur, que je sache, ajoute-t-il, n'a xIx, 29, par laquelle passait la limite de
iamais rencontré aucune de ses ruines. — l'héritage d'Aser... Les savants disent que
. Van de Velde, qui m'a lu, ne m'a lu que Harama est la forme hébraïque de ce mot. »
superficiellement, car il trouvera dans mon Tout ceci est un peu trop hypothétique.
livre l'indication de magnifiques fûts de El-Hamrah veut dire la rouge , Rama veut
colonne de granit, que Pockoke avait vus dire élevée, et Harama l'élevée. Les Savants
bien longtemps avant moi, dont Robinson qui ont appris à M. Van de Velde que Ha
parle (t. III, p. 432), et qui ne sont pas ve rama est la forme hébraïque du nom en
nus là tout seuls. Que M. Van de Velde relise question, feront bien d'ouvrir la première
cette page 432 du III" volume de Robinson grammaire hébraïque venue, pour apprendro
et il y trouvera encore la phrase suivante : que Rama est le nom sans article, et Ha
In the stde of the mountain back of the khan, rama, le même nom muni de l'article, et
are also extensive excavated tombs which my ceci nonobstant l'opinion de saint Jérôme,
companion had fomerly visited, evidently once qui transcrit ce nom Hormah., Maintenant
bclonging to an ancient city. — Que M. Van quels sont les vieux livres qu'a consultés
de Velde se rassure donc, Porphyrion était M. Van de Velde ? Il nous a privés de leurs
bien là, et s'il ignore que d'autres voyageurs titres et par conséquent nous ne les connais
que lui #. ont vu des ruines, c'est qu'il n'a sons pas. - - - _ - *

pas suffisamment examiné leurs ouvrages, à A la page 130, je lis ceci : « N'est-il pas
défaut du terrain. étrange que ni Josèphe, ni aucun écrivaiu
P. 80. M. Van de Velde, parlant de la ri moderne ne cite le Hasbany comme étant
vière Aoualy, dit : The river seems to have la principale destrois sources du Jourdain ? *
been the natural boundary between Phœni — M. Van de Velde parle souvent de M. de
cia and Syria. Notre voyageur a mal copié Bertou; mais il le fait évidemment sans l'a-
l'ouvrage de Robinson (p. 430), qui dit : voir lu, car il saurait que M. de Bertou a lc
Là finit la belle †º de Sidon , de même premier soutenu cette thèse, qui est plus
ue la grande plaine phénicienne ; — car ou moins contestable. Cette fois donc M. Van
obinson , que M. Van de Velde accuse de de Velde s'attribue la priorité d'une idée qui
n'être pts géographe (tom. II, p. 249), n'au ne lui appartient malheureusement pas. Nous
rait pas commis une erreur aussi forte. Que verrons un peu plus loin une preuve tout
M. Van de Velde ouvre Reland, qu'il cite aussi décisive de ce fait étrange que M. Van
souvent, et qu'il lise seulement ce que ce de Velde cite les opinions de M. de Bertou,
savant dit (p. 47) en copiant Strabon : Phœ sans s'être donné la peine de lire son tra
nicia est regio maritima ab Orthosia , Pe vail.
lusium usque, adeoque omne littus terrœ Is P. 179. M. Van de Velde, convaincu qu'il
raeliticœ. Cela lui suffira sans doute pour re a retrouvé les ruines de la fameuse Hazor de
connaître que la Phénicie ne finissait pas au de la Bible, fonde son opinion sur l'asser
(195) Bobinson (tom. lll, p. 432) parle d'une Khan-en-Nabi-lounes. Mais celle-là n'a rien a faira
borne milliaire qu'il a trouvée entre Savda et le avec les curiosités décrites par Maundrell.
{51 DICT1ONNAIRE DES ANTiQUITES BIBLIQUES. 9: 2

tion suivante : « Il est fait mention, dans de réponse. Le vI" chapitre du I" Livre des
quelques très-anciens voyages , de Hazor Chroniques m'a que 66 versets, donc il m'est
comme étant située en ce point. » Je me con impossible de comparer le verset 73 de ce
tenterai de demander ici à l'auteur pourquoi chapitre avec le verset 29 du chapitre xIx de
il s'est borné à affirmer ce fait, sans l'appuyer Josué. Je trouve bien au chapitre vI des
sur aucune citation. En pareille matière , on Chroniques un verset 65 contenant ceci : Et
n'avance pas, on prouve les faits de cette de la tribu de Gad, Ramoth en Galaad,
importance. Plus loin, je reviendrai sur les avec ses terrains libres, etc. Est-ce là le verset
découvertes de M. Van de Velde, et par con que M. Van de Velde invoque ? Admettons-le
séquent j'aurai à m'occuper de celle de Ha un instant.Voici ce qui est vrai : Terra Gilead
zor. A la page 185, M. Van de Velde laisse sœpe omnem regionem trans Jordanem de
voir qu'il croit ses lecteurs bien ignorants, notat, certe hic significat terras ab Rubene,
puisqu'il pense avoir besoin de mettre entre Gad et dimidia tribu Menassis occupatas,
parenthèses la phrase suivante : (Thus long uae evidenter distinguuntur a terra Canaan.
after Salomon's time) en parlant de la jetée RELAND, p. 4.) Le verset 29 du chapitre xIx
construite par Alexandre entre Tyr et la terre de Josué est ainsi conçu : La limite (d'Issa
ferme. khar) revient vers Ruma et jusqu'à la ville
P. 254. M. Van de Velde reconnaît des forte de Tyr, revient vers Hossa, aboutit à
ruines considérables nommées Maâsub, à un la mer par la contrée d'Achzib. — J'avoue
quart d'heure de marche d'Elbassa. Il y dé que la comparaison de ces versets ne m'ap
couvre des inscriptions funéraires en ancien prend absolument rien sur une Ramah pla
grec : ce sont ses propres expressions. Voilà cée entre Samarie et Djenin. Voyons main
certainement un renseignement précieux, tenant ce que nous trouvons dans l'Ecriture
mais quelle valeur prend-il avec la forme sainte sur les localités de ce nom. Nous avons
qu'on lui donne ? Heureusement la planche Rama, ville de Benjamin (RELAND, p. 963) ;
annexée à la fin du II° volume donne la Ramath de Siméon (ID., p. 964) : Rama
transcription de l'unique épitaphe en ancien thaïm-Tzophim , dans les montagnes d'E-
grec, que M. Van de Velde a recueillie phraïm (ID., p. 964 ; Ramatha d'Ephraïm,
comme provenant de Maâsub, dans la maison suivant Josè # (ID., p.965) ; Ramath Ha
d'un prêtre catholique grec à el-Bassa. Hâ mitzpe de | Gad (ID., p. 966) ; Ramathon,
tons-nous de dire que cette inscription, loin à 40 stades de Jérusalem (ID., p. 966) ; Ra
d'être ancienne, n'est que de l'époque by moth de Galaad (ID., p. 966). Ramoth de
zantine. Galaad était à 15 milles de Philadelphie
P. 272. M. Van de Velde, parlant de l'usur (Hammam, sur la rive gauche du Jourdain,
ateur Alexandre Bala, le nomme Alexandre Rabbath-Ammon). Saint Jérôme dit que cette
heles. Où donc a-t-il trouvé ce nom ? Il se Ramoth de Galaad était dans la Pérée, au
rait bon d'accepter, pour les noms propres, près du fleuve Iabok. Enfin, il y a une Ramoth
la forme que l'histoire leur a donnée, sans au sud de la tribu de Juda (REL., p. 966 et
se permettre de leur attribuer une autre 967) ; voilà tout. Quant à Iarmouth, c'est une
physionomie, par pur euphémisme. ville de la tribu de Juda (Josué, xv, 35). Pu
P.314 et 315 M. Van de Velde rencontrant, tatur eadem ac Ramoth Remeth, quia Remeth
à une lieue d'Athlit et à 400 pieds du bord et Engannim junguntur (Jos. xIx, 21) uti re
de la mer, une lQcalité nommée Ayn-Haud censetur (Jos. xxI, 29) inter urbes Issascaris
(lisez Ayn-el-Haoud, source de l'Auge), Yarmouth et Engannim : atqui (Jos. xv, 34,
ajoute : The ancient En-Hadda of Issachars 35) Engannim et Iarmouth inter urbes Ju
#nheritance probably laid here (Josué xIx, dae in planitie sitas recensentur. Hieronymus
2l). Ceci prouve que M. Van de Velde con notat (ad vocem I armouth) eam distare
naît fort mal la situation respective des ter 4 mill. ab Eleutheropoli (REL., p. 826 et
ritoires assignés à chaque tribu. Qu'il ouvre 827). Concluons de ceci qu'il y avait une Iar
Reland (p. 158), il y trouvera ce qui suit : mouth et une Engannim dans là tribu de Ju
Tribus Jissascar, Josué, xIx, 17 : describitur da, et qu'à moins d'erreur de copiste, il y
regio tribui Jissascar data, se extendens a avait deux villes du même nom dans la tribu
Jordane, usque ad portionem tribus Menassis d'Issakhar. Il se peut donc que la Ramah
borealem et maritimam : non tamen pertigit trouvée par M. Van de Velde soit la Remeth
ad ipsum mare, nam alias Aser non conti d'Issakhar; mais il reste toujours démontré
gisset Menasse ab austro, quod legitur Jo que ce voyageur a mal consulté sa Bible,
sué xvII, 10. — En voilà assez, je pense, pour ou qu'il l'a mal comprise dans les passages
rejeter l'identification que propose M. Van qu'il cite, puisqu'il trouve une ville de Ga
de Velde. laad près de Samarie.
P. 373. M. Van de Velde rencontrant un vil P. 443. Il est vrai, dit M. Van de Velde,
lage nommé Rameh, sur la grande route que les voyageurs qui ont suivi la route de
(comme il l'appelle) de Djenin à Samarie, jaifa à Jérus ſem se sont trompés, et se trom
en conclut que c'est la Remeth de Josué pent encore, en identifiant les villages et villes
(xIx, 21) qui formait la limite extrême sud avec des lieux nommés dans l'Ecriture sainſe
de la tribu d'Issakhar ; mais il ajoute ceci : et dans l'histoire profane ; mais il serait
Accoding to Joshua (xIx,29) compared with I trop long de réfuter leurs erreurs. — En
Chron. vI, 73, Remeth, Ramoth and Jarmouth conséquence M. Van de Velde réserve sa
seem to have been different names for the leçon géographico- archéologique pour une
same toucn. A tout ceci il faut quelques mots autre occasion. Voilà qui est bien ; une
9 5 APPENDlCE. — REP0NSE A M. VAN 1)E VIELDE. 954

promesse est quelque chose : mais, quand on aux dépens de la vérité et de l'observation
publie un ouvrage en deux gros volumes la plus superficielle, de déclarer que la por
sur la géographie comparée d'un pays comme tion de muraille placée devant la grotte de
la Terre-Sainte, je ne vois pas trop quelle Jérémie était du temps des rois de Juda.
meilleure occasion l'on peut attendre pour Malheureusement cet argument fait défaut à
signaler des découvertes qui renversent les son auteur, et je le mets au défi de con
opinions émises par ses devanciers. vaincre sur ce point quiconque aura une
P. 453. Je me bornerai à transcrire sans seule fois longé cette portion de l'enceinte
commentaires les phrases suivantes : « Avec de Jérusalem, en l'examinant avec les no
toutes les études par lesquelles je me suis tions les plus élémentaires sur la nature des
préparé d'avance sur la topographie de Jé appareils de construction, antique et mo
rusalem, et avec tous les livres et tous les derne. Toutes les antiquités de Jéru
plans que j'ai avec moi, je ne suis pas en salem ont été phothographiées depuis le pas
core assez avancé dans mes propres levers, sage de M. Van de Velde ; c'est un grand
encore moins me trouvé-je en condition de malheur pour les théories bâties sur des faits
prononcer un verdict décisif sur des localités inexacts. M. Salzmann, auteur de ces pho
au sujet desquelles les savants ont publié des tographies, a rendu un éminent service à
communications si complétement différentes, l'archéologie judaïque, puisqu'il a fourni à
ou ont formé des théories si contradictoires. tous ceux qui voudront y regarder une seule
Je sais bien qu'il y a des voyageurs qui, fois, le moyen de décider de quel côté est
avec des yeux qui ne regardent que les sur la vérité.
faces, et avec une langue qui dit trop de P. 463. M. Van de Velde trouve que la des
choses, ont la prétention de parler d'une cription, donnée par Josèphe, du tracé de
manière décisive sur ce qu'ils ne voient l'enceinte construite par Agrippa n'est pas
qu'en passant ; moi j'aime mieux confesser suffisamment claire. Sans doute elle a besoin
hautement mon ignorance, et ne pas aug d'être sérieusement étudiée sur le terrain, et
menter l'obscurité qui règne dans les rap feu le docteur Schultz s'était parfaitement ac
ports confus des voyageurs à Jérusalem, en uitté de ce soin, à l'aide d'explorations con
ajoutant les miens aux leurs. » tinuées pendant plusieurs années consécuti
P. 462. M. Van de Velde, se trouvant entre ves : c'est ce travail intelligent qui lui fit dé
la grotte de Jérémie et la muraille de la ville, couvrir le tombeau d'Hélène, que M. Van de
examine cette muraille et s'écrie : « En re Velde s'est dispensé d'aller visiter ; était-ce
gardant de près la muraille en ce point, pour se réserver la possibilité d'affirmer,
nous voyons que quelques-unes de ses par comme il le fait, † la position du tombeau
ties sont composées d'anciennes pierres oc d'Hélène est perdue ? ou bien M. Van de
cupant non-seulement leur position primitive, Velde n'a-t-il pas étudié le travail topogra
mais encore établies sur la masse du roc na phique de Schultz? Je l'ignore, mais proba
turel, qui a été retaillé et aplani pour faire blement notre voyageur a eu ses raisons pour
suite à la muraille. Ainsi, dites-vous, ces produire cette assertion.
portions doivent être des portions de la mu P. 476. A côté du couvent arménien du
raille primitive du temps des rois de Juda. mont Sion est pour M. Van de Velde le tom
C'est ce qui a positivement lieu, et toutes les beau de David et de la plupart de ses descen
théories des savants, et toutes les hypo dants. Donc M. Van de Velde n'a pas lu ce
thèses au sujet des enceintes de Jérusalem, que Quaresmius dit de l'église, devenue la
ne parviendront pas à m'enlever cette con mosquée de Nabi-Daoud pour les musulmans,
viction. » J'en suis faché pour M. Van de tandis que c'était pour les Chrétiens, ses an
Velde, mais cette conviction n'a et n'aura de ciens possesseurs, l'église de la Cène, dans
valeur que pour lui. Comment l parce qu'un laquelle il n'y avait pas trace de caveau sé
mur moderne est ajusté sur le roc qui se re pulcral.
lie avec lui, il devient certain que ce mur P. 479. Le Birket-es-Soulthan est proba
est du temps de Juda ? Qu'on démontre alors blement, dit M.Van de « Velde, la citerne qui
que les Turcs n'ont pu retailler eux-mêmes fut faite contre le sépulcre de David. » (Nehe
les rochers en question, et surtout qu'on ex mie, mI, 16). Ne semble-t-il pas que les guil
plique comment cette muraille du temps lemets employés ici indiquent une citation
des rois de Juda comporte des meurtrières, textuelle ? Ouvrons Néhémie au verset men
et un piédestal évidemment romain encastré tionné, et nous y trouvons : Après lui tra
dans sa maçonnerie. Sur toute la face de vailla Néhémie, fils d'Azbouk, chef du demi
l'enceinte comprise entre la porte de Damas district de Beth-Sour, jusqu'en face des tom
et la porte Saint-Etienne, il n'y a pas, je beaux de David, et jusqu'à l'étang fait (ou
'affirme tout aussi résolument que M. Van d'Asouiah ?) et jusqu'à la maison des héros. Il
de Velde, un seul bloc en place § l'époque me semble que cela ne signifie pas plus pour
des rois de Juda. A la porte de Damas même, l'étang d'Asouiah que pour la maison des
il y en a deux ou trois qui ont été signalés héros, qu'ils étaient contre les tombeaux de
pour la première fois par Schultz, et voilà David. A propos de cette citerne, M. Van de
tout. Mais M. Van de Velde est logique. Velde ajoute : « Dans Isaïe (xxII, 9), ainsi
Ayant la volonté de retrouver le Golgotha à qu'il me semble, il en est parlé comme de
la colline dans le flanc de laquelle s'ouvrent l'étang inférieur, en opposition à l'étang su
la grotte de Jérémie et le tombeau d'A- périeur du chapitre vII, verset 3. Ceci cepen
lexandre Jannéas, il devenait prudent, même dant est loin d'être généralemcnt rcconnu par
955 DICTIONNAIRE DES ANTIQUlTES BlBLIQUES. 956

les † Pourquoi non ? Nous exa tûn doit être le lieu où « était le parc des Bre
minerons cela une autre fois. » M. Van de bis, auprès du chemin, » et duquel il est dit :
Velde, on le voit, attend toujours une meil Là(était) une caverne. Saül y entra pour cou
leure occasion pour examiner les points de la vrir ses pieds; David et ses gens étaient assis
º# hie de Jérusalem. au fond de la caverne et non comme traduit
. 483. Pour M. Van de Velde, Millo était M. Van de Velde) : While David and his men
une rangée de bastions de pierre, placée au remained in the sides of the cave). Moins dº
dessus du bord nord du mont Sion. Nous cinquante minutes après avoir quitté cétte
aurions bien voulu que M. Van de Velde jus cave, M. Van de Velde est au pied du mont
tifiât quelque peu cette étrange définition de des Francs. J'ai donc le droit de me servir
Millo. Malheureusement nous serons condam des expressions mêmes qu'il emploie et de lui
nés à attendre fort longtemps une justifica dire : Non, vous n'entendez pas les saintes
tion, car Millo était un vallon, un ravin. Ce Ecritures. Le chapitre auquel vous emprun
n'est certes pas moi qui l'ai dit le premier. tez le verset que vous citez isolément dit,
Dans la même page, M. de Van de Velde, verset 1 : David monta de là, et s'établit dans
en parlant de la citadelle de Jérusalem, dit : les lieux forts d' Engaddi. 2. Et quand Saül
« L'architecture de la citadelle actuelle est fut revenu de la campagne contre les Philis
recOnnue pour être rOmaine. » La tradition tins, on lui annonça, savoir : Voici que Da
lui a donné le nom de château des Pisans, et vid est dans le désert d'Engaddi. 3. Saül prit
sauf la tour de David, il n'y a pas une assise trois mille hommes choisis dans tout Israël
des murailles qui ne soit, au plus haut, de et s'en alla chercher David et ses gens jus
l'époque du royaume latin de Jérusalem. que sur le haut des rochers des Antilopes.
Nous sommes, par le seul fait que je viens de — M. Van de Velde pense-t-il que le voi
citer, fixés sur le droit que M. Van de Velde sinage du mont des Francs placé si près de
a de parler de l'âge respectif des construc Beit-Lehm, était dans le désert d'Engaddi?
tions anciennes. Quant à la Tour de David, il Engaddi est fort loin de là ; donc la grotte
déclare que la base remonte trèe-certaine vue par M. Van de Velde sera tout ce qu'il
ment aussi loin que David et Salomon. « Le voudra, mais à coup sûr elle ne sera jamais
savant voyageur (Robinson), dit-il, et d'autres prise que par lui pour le théâtre de la fa
ui ont ajouté leurs recherches aux siennes, meuse scène dont il s'occupe.
l'ont pleinement démontré. » Cette assertion P. 52. M. Van de Velde nous prouve peu.
n'est pas suffisamment exacte. Robinson a après de nouveau qu'il n'entend pas bien les
† reconnu la tour Hippicus dans Ecritures; il dit : « Ensuite Samuel permit au
a tour de David, mais il en croit la base pos jeune homme de partir et lui indiqua le che
térieure aux fragments, certainement salo min du sépulcre de Rachel à la plaine du Ta
moniens, de l'enceinte du temple (tom. I, bor (peut-être le pied du mont des Olives,
D. # nommé encore par les Arabes Jebel-el-Tûr,
M. Van de Velde me permettra-t-il de re c'est-à-dire Tabor), où il devait trouver deux
vendiquer pour moi la clairvoyance qu'il at hommes allant à Béthel, et après à la colline
tribue à d'autres voyageurs ? Ne citer les gens de Dieu (Mizpeh), où est une garnison de
ue pour les contredire à tout prix, mais Philistins. » S'il est vrai que le mont Tabor
s'attribuer leurs opinions sans les citer, c'est et le mont des Oliviers portent le même nom
une manière d'agir qui n'est pas louable. de Djebel-et-Tour, littéralement montagne de
Après avoir passé en revue le tome I" du la montagne, la réciproque n'a pas lieu, et
livre de M. Van de Velde, je vais montrer que toute montagne qui, comme le Sinaï par
le second ne vaut guère mieux. exemple, se nomme Djebel-et-Tour ne se
Tome II, p. 19. Je trouve dans cette page nomme pas pour cela Tabor. M. Van de Velde
une phrase adroitement mise par M. Van de a donc tort de croire que l'un de ces deux
Velde dans la bouche d'un certain Mashulam, noms est en quelque sorte la traduction de
Juif converti au protestantisme et ci-devant l'autre. Il y a plus, le récit qu'il invoque ne
hôtelier de Jérusalem, lequel dit que j'ai par peut en aucune façon s'appliquer au mont
couru une grande partie de la côte ouest de la des Oliviers ; car, s il en était ainsi, indépen
mer Morte. Or, comme M. Van de Velde avait damment des circonstances du récit qui ren
un calque de ma carte manuscrite, il savait dent ce fait impossible, il serait fort malaisé
parfaitement à quoi s'en tenir sur la valeur de trouver, n'importe où, autour du mont des
de cette assertion. Ou c'est M. Mashulam, ou Oliviers, ce que l'Ecriture º† la plaine.
c'est M. Van de Velde qui n'a pas fait ici Sur ce point donc encore, l'opinion de M.
preuve de bonne foi; en tout cas le dernier Van de Velde n'est pas soutenable.
sanctionne l'assertion du premier. Tant pis P. 65. Je lis ceci : Aly-Bey, the Spanish
donc pour celui à qui revient de droit le re traveller of 1103-7. M. Van de Velde commet
proche que j'adresse au coupable, et dont ces ici un petit anachronisme de sept siècles seu
deux messieurs sauront à merveille trouver le lement, l'espagnol Badia n'ayant voyagé en
destinataire. -

Orient sous le nom d'Ali-Bey-el-Abassi qu'au


P. 33. M. Van de Velde, se dirigeant de commencement de ce siècle (1803-1807). Ba
Tekoah vers la montagne des Francs (Djebel dia a publié lui-même son voyage en 1814,
Foureïdis),coupe une vallée abrupte nommée chez Didot, et il est mort à Paris en 1836. Je
Ouad-Charëitûn, et il y trouve une vaste grotte crois inutile d'appuyer sur cet échantillon
sur le compte de laquelle il s'exprime ainsi : de l'érudition de notre voyageur en Terre
« Si je comprends bien les Ecritures, Charéi Sainte.
957 APPENDICE. -- REP0NSE A M. VAN DE VELI)E. 958

P. 102. M. Van de Velde se rend à Massada que, laquelle devait nécessairement se trou
par le haut pays, et il parle du lieu où j'ai ver dans le voisinage de ce point, sinon en
campé, comme s'il y était venu. Pour y des ce point lui-même.J'en conclus que M. Van
cendre de Massada il eût fallu suivre le che de Velde n'a pas mieux lu le travail de M. de
min que j'ai suivi, et qu'il ne connaît pas ; Beriou que le mien. M. Eli Smith lui a affir
comment se fait-il que cela n'empêche pas mé que le nom hébreu Zoar n'avait rien de
M. Van de Velde de déclarer que je dépeins, commun avec le nom arabe Es-Zuweirah.
avec mon imagination habituelle, les dangers J'en demeure d'accord; mais j'ajoute bien
du sentier que Josèphe décrit en le nommant vite que le nom Es-Zuweïrah n'a rien de com
la Couleuvre ? Comment se fait-il enfin que mun avec le nom arabe Ez-Zouera de la lo
M. Van de Velde affirme avoir trouvé de l'eau calité dont il s'agit. Es-Zuweïrah est un nom
au point où je me plains de n'en † avoir écorché et rendu méconnaissable à plaisir.
trouvé, lui qui n'y est point allé? Je laisse au P. 111, M. Van de Velde affirme que l'Ecri
lecteur le soin de caractériser le sentiment ture dit de la manière la plus claire que Zoar
qui a dicté ces assertions étranges. Ce que je était sur la côte orientale de la mer Morte, et
† dire à ce sujet de plus poli, c'est que que Zoar "# à la Moabitide. J'avais
. Van de Velde ne m'a pas lu. sommé M. Van de Velde de citer les textes
P. 104. Il ne m'a pas mieux lu en ce qui bibliques sur lesquels il appuyait cette asser
concerne ce qu'il appelle l'église de Massada ; tion si explicite, et il n'a pas pu se dispenser
et à ce propos il s'étonne de ce † ni M. Wol de le faire. Voici donc les passages qu'il indi
cott ni moi nous n'avons parlé de cette église que pour prouver qu'il a raison. (Genèse xIx,
rétendue. Un bâtiment orienté de l'est à 30, 38; Isaie † et Jérémie xLvmI, 34.)
'ouest n'étant pas de toute nécessité une Prenons ces trois différents passages, qui
église chrétienne, surtout quand il est pavé doivent me donner tort, et voyons ce qu'ils
en mosaïque de l'époque du haut empire, je disent; Genèse xIx, 30 : Loth monta de Zoar
n'ai eu garde de faire une église de celui au et s'établit sur la montagne avec ses deux
quel M. Van de Velde assigne cette destina filles, car il craignait de demeurer à Zoar; il
tion. Toutefois, qu'il veuille bien me lire et se retira dans une caverne avec ses deux
il se convaincra que j'ai parlé de cette ruine " fiilles. 31. L'aînée dit alors à la plus jeune :
(196); qu'il veuille bien ouvrir mon atlas et il Notre père est vieux ; il n'y a plus d'hommes
se convaincra que j'en ai donné la vue et le sur la terre pour venir vers nous, selon l'usage
plan. M. Van de Velde y trouvera aussi le tracé de tous les pays. 32. Allons, faisons boire du
des lignes de circonvallation de Flavius Sylva, vin à notre père, et couchons avec lui, afin que
dont il se contente de dire ce que j'en ai dit nous conservions des enfants de notre père.
moi-même : The stones of wose entrenchments 33. Elles firent donc boire du vin à leur père
are still to be seen ot the foot of the Rock, cette nuit; l'aînée vint se coucher avec son
and look as if they had been left here yester père, qui ne s'en aperçut ni quand elle se cou
day (p. 404). cha, ni quand elle se leva. 34. Le lendemain,
Ainsi dans ce pays dix-huit cents ans pas l'aînée dit à la plus jeune : J'ai couché hier
sent sur des ruines, sans y laisser plus de avec mon père; fais-le encore boire du vin
traces que celles d'un jour de durée. Il suflit cette nuit, viens coucher avec lui, afin que
de doubler ce temps pour arriver à très-peu nous conservions des enfants de notre père.
rès à l'époque de la catastrophe de Sodome. 35. Elles firent donc encore boire du vin à leur
'où vient dès lors l'impossibilité de voir, où père cette nuit; la plus jeune vint se coucher
elles gisent, les ruines de cette ville maudi avec lui, qui ne s'en aperçut ni quand elle se
te? Je ne le devine pas. Un dernier mot : M. coucha, ni quand elle se leva. 36.Les deux
Van de Velde a § bien superficiellement filles de Loth devinrent enceintes de leur père.
ces travaux de siége, puisqu'il ne les a vus 37. L'aînée eut un fils qu'elle nomma Moab :
qu'au pied du rocher de Massada. c'est le père des Moabites jusqu'à ce jour. 38.
P. 110. Ce qui suit prouve bien mieux en La plus jeune eut aussi un fils qu'elle nomma
core que M. Van de Velde parle des opinions Ben-Ami : c'est le père des Ammonites jusqu'à
d'autrui sans prendre la peine de s'assurer ce jour.
du sens de ces opinions.Ainsi, pour me con a démonstration cherchée n'est certes pas
tredire plus à l'aise, il fait semblant de croire dans ce passage; car s'il en résultait que Zoar
que je prétends retrouver les ruines de la était dans la Moabitide, il en résulterait tout
Zoar biblique au petit fortin arabe ou turc aussi justement que Zoar était dans l'Ammo
de l'Ouad-ez-Zouera, tandis que j'ai placé nitide. Examinons donc les deux autres pas
Zoar à Zouera-et-Tahtah, c'est-à-dire à une sages. Isaie, xv, 5 : Mon cœur se lamente au
demi-lieue plus bas, et sur les deux coteaux sujet de Moab; ses fuyards errent jusqu'à
peu élevés qui dominent, à droite et à gau Zoar, veau de trois ans. Car la montée de
che, l'embouchure de l'Ouad-ez-Zouera. Puis Louhith, on y monte en pleurant, et rers
il cite M. de Bertou parmi les voyageurs qui Khoronaim, on fait entendre un cri de dé
ont placé Zoar sur la rive orientale, et c'est tresse.
précisément M. de Bertou qui, le premier, a Ce ne peut être encore là que M. Van de
signalé les ruines de Zouera-el-Fouqah com Velde trouve sa démonstration si claire. Les
me ayant conservé le nom de la Zoar bibli fuyards de Moab errent jusqu'à Zoar : donc
(196) « Devant nous, à moins de cent pas, est une ruine qui ressemble presque à une petite église,
avec absidc circulaire. »
959 DICTIONNAIRE DES ANTIQUITES BlBLlQUES. 960

Zoar est hors de Moab. J'espère que cette cité l'opinion de saint Jérôme, opinion dont
conclusion paraîtra la seule naturelle à qui M. Van de Velde a l'incroyable pensée de
conque examinera ce verset avec le bon sens me reprocher l'omission volontaire. J'ai
le plus vulgaire. Puisque nous ne trouvons discuté les données que nous fournit Pto
pas là non plus ce que M. Van de Velde a lémée, et M. Van de Velde m'accuse aussi de
trouvé, allons plus loin et prenons le dernier les avoir passées sous silence. De deux choses
passage qu'il invoque : Jérémie, XLVIII, 34 : l'une : ou M. Van de Velde ne m'a pas lu (et,
Des cris de Hesbon jusqu'à Elaâleh, jusqu'à par pure charité chrétienne, c'est là ce que
Iahas s'étend leur voix; depuis Zoar jusqu'à je veux croire), ou il n'a pas apporté dans
Khoronaim, veau de trois ans. Même les eaux cette discussion l'un des éléments les plus
de Nemrin sont déplacées. essentiels des discussions de ce genre, c'est
M. Van de Velde voit-il par hasard ici la à-dire la bonne foi.
démonstration sur laquelle i †! Chose Maintenant, puisque M. Van de Velde a cru
tirer parti du texte de saint Jérôme pour
incroyable! nous sommes au bout de son
répertoire. Franchement, il est difficile de Inontrer mes erreurs, il me permettra de re
traiter plus légèrement ses lecteurs que ne le tourner cette même arme contre lui. Zoara,
fait notre voyageur, quand il invoque l'appui dit saint Jérôme, séparait la Moabitide du
des textes sacrés. Certainement, l'homme qui † des Philistins. Donc, pour M. Van de
prétend que dans ces passages se trouve clai 'elde, la limite du pays des Philistins s'éten
rement exprimé ce fait que Zoar était sur la dait jusqu'à l'entrée de l'Ouad-el-Karak, où il
rive orientale de la mer Morte, ignore la valeur place la Zoar biblique. Voilà, je ne crains pas
de le dire, une délimitation toute nouvelle de
des mots et ne comprend pas les passages
qu'il cite. la terre des Philistins; et j'avertis M. Van de
Velde qu'il aura bien de la peine à lui donner
Dans la même page 111, je lis ceci : « M. de ne fût-ce que l'apparence de la possibilité.
Saulcy savait bien que Zoar appartenait à Lequel de nous deux, lui demanderai-je
Moab; mais il s'est tiré d'embarras en repor maintenant, bouleverse le plus hardiment les
tant les limites de Moab sur la côte ouest de
, limites reconnues des pays bibliques? J'atten
la mer Morte, et en passant en même temps drai sa réponse.
sous silence les fixations † de saint
P. 114 et suivantes. M. Van de Velde, pour
Jérôme et de Ptolémée. » Quelle est l'épithète montrer qu'il était bien en mesure de me
que l'on a le droit d'accoler à une asser donner un démenti formel au sujet des ruines
tion , pareille, quand elle est contraire à de Sodome, ruines qui n'existent que dans
la vérité? Je laisse à M. Van de Velde le
mon imagination, à ce qu'il prétend, raconte
soin de la chercher. En attendant qu'il l'ait qu'arrivé au côté nord de la montagne de Sel
trouvée, je le prie de relire les passages (Djebel-Sdoum), il fut obligé d'y faire acci
suivants de mon Voyage : — Enfin, saint dentellement un séjour considérable. L'un de
Jérôme, dans son Commentaire d'Isaïe (xv), ses Bédouins, se trouvant fatigué et sachant
nous apprend que Zoar était de la terre qu'ils ont une énorme journée à faire, veut
de Moab : Segor in finibus Moabitarum conduire M. Van de Velde par le côté est de
sita est, dividens ab eis terram Philistiim. la montagne de Sel (by the east side of the
— Ptolémée, si les longitudes et les lati Salt mountain). M. Van de Velde, cet obser
tudes qu'il a déterminées nous avaient été vateur émérite, avoue très-humblement qu'il
transmises avec correction, pourrait nous être ne s'en aperçoit pas d'abord. 4t first i did
d'un très-grand secours... En construisant les not see through his design; but as uce cane
positions relatives des villes suivantes : Jéru nearer to the mountain, and began to hare it
salem,... Zoara, 67 113 et 30 113,... on recon on our left, his object could be no longer hid.
naîtque...les chiffres relatifs à Charakmoba et à Ainsi, il a fallu que M. Van de Velde fût plus
Zoara sont parfaitement inadmissibles.Ainsi, près de la montagne, et qu'il commençât à la
obablement, pour Charakmoba c'est 67 qu'il voir à sa gauche pour deviner l'intention de
aut lire, et pour Zoara, 66 (il est bien entendu son guide. Ceci est très-net, et M. Van de
que je laisse les fractions, sur lesquelles je ne Velde dit candidement qu'il n'était pas jus
me permettrai # de faire des corrections); qu'alors suffisamment près de la montagne
car, sans cela, Zoar serait dans une position de Sel. Le guide fait alors toutes sortes de
plus orientale que Karak, ce qui n'est pas serments à notre voyageur, pour lui prouver
soutenable. — Quant à la frontière mé qu'il n'y a pas de route à l'ouest (that there
ridionale (de Moab), du temps de saint uras no way to the west of the salt mountain);
Jérôme, Zoar était sur la limite de la Moabi mais enfin M. Van de Velde ordonne, et l'on
tide et de la Palestine. — Saint Jérôme, passe de l'autre côté. Voici ce que dit alors
dans un passage déjà cité plus haut, nous dit notre voyageur : « Cette circonstance, néan
que Zoar était sur les confins de la Moabi moins, fut cause que je fis une double marche
tide, et séparait celle-ci de la Palestine. — le long du côté nord de la montagne de Sel;
Nous avons déjà conclu à l'identité forcée de et je demeurai pleinement convaincu que,
la Zoar biblique avec la Zouera-el-Tahtah, quelque chose qu'il y ait sur la plaine, il n'y
dont les ruines se voient à droite et à gauche a aucune ruine. Quant à ce que M. de Saulcy
du débouché de l'Ouad-ez-Zouera... D'après dit avoir trouvé là, non-seulement des traces
saint Jérôme, Zoar serait la Palestine de la de construction et de ville, mais encore posi
Moabitide, etc.
tivement celles de Sodome, je déclare que je
Ces citations établissent que j'ai quatre fois ne puis attribuer cela à une autre source qu'à
90l AppENDICE. - REPONSE A M. VAN DE VELDE. 962

la création de son imagination. » (Je traduis M. Van de Velde s'obstine, et il a ses rai
littéralement.) A la page suivante (116), sons pour cela, à aſfirmer que j'ai prétendu
M. Van de Velde déclare avoir marché trois voir les ruines de Sodome ( p. 113) « dans
heures et demie le long du côté ouest de la la plaine même où il n'a vu, lui, qu'une éten
mentagne de Sel, qui n'est qu'à quelques due de gravier, principalement de couleur
cents pas du bord de l'eau. Il cherche partout grise, coupée occasionnellement de raies
le spectacle plein d'horreur que lui promet de grosses pierres, qui généralement cou
tait † récit de l'expédition américaine, et il rent parallèlement , l'une à l'autre. » D'a-
ne voit qu'un beau lac, sur lequel nagent des bord je demanderai à M. Van de Velde de
canards sauvages, et qu'il compare à un lac me citer, dans le monde entier, un seul tor
de l'Ecosse. rent de montagne qui entraîne de grosses
pierres, pour les disposer soigneusement en
Commençons par faire remarquer à M. Van rangées parallèles. J'avais vu moi-même ces
de Velde qu'il lui fallait, pour être de pair étranges rangées de pierres, et je n'avais pas
avec moi, avoir effectué deux passages le hésité à y reconnaître des traces d'habitations
long de la pointe nord de la montagne de primitives ;je ne m'en dédis pas maintenant
Sel Son inadvertance, inexplicable d'ailleurs, ue M. Van de Velde a pris soin de constater
et une fantaisie de Bédouin lui procurent cet l'existence de ces files de blocs. Pour lui ce
avantage; c'est très-bien. Mais quelle con ne sont que des rangées de pierres roulées
fiance puis je avoir dans un récit assez singu par les torrents ; encore une fois les torrents
lièrement composé pour que l'ouest soit per sont bien adroits dans ce pays, puisque les
pétuellement remplacé par l'est, et récipro pierres († roulent se rangent d'elles-mê
quement? Ce n'est pas tout : M. Van de Velde mes en lignes parallèles et parfois dans des
nous a, sans s'en douter, fourni la longueur directions perpendiculaires aux ravines des
du temps qu'il a pu mettre à examiner, avec torrents à sec. Mais que M. Van de Velde
plus de soin † moi, la pointe nord de la veuille bien remarquer que ce n'est pas du
montagne de Sel. Voyons donc à déduire ce tout dans cette plaine que j'ai signalé les
temps de l'itinéraire de sa journée. Il part à décombres de Sodome. Voici ce que je
cinq heures du matin (p. 108) de son lieu de dis , ( nous sommes près du Redjom-el
campement; il marche plus de deux heures Mezhorel) : La plage ainsi élargie présente
avant d'arriver à la descente de l'Ouad-ez
Zouera : par conséquent il est sept heures et de gros blocs de pierres usés par le temps, au
milieu desquels nous reconnaissons bientôt
un quart (p. 109). Il fait une halte au fort de des files régulières, qui ne sont que des ara
Zouera-el-Fouqah ; elle dure , une heure sements de murs antiques. Nous sommes
(p. 112); il a mis au moins une demi-heure à
y descendre, bien certainement : donc il était donc certainement au milieu des ruines ap
huit heures moins un quart quand il y est jusqu'à 2 et
parentes reconnaissables, qui se montrent
heures 56 minutes, c'est-à-dire sur
arrivé, et neuf heures moins un quart quand une étendue de près de 400 mètres ; seule
il est reparti. Du fort à la plaine, il lui faut ment en ce moment nous cheminons au nord
une demi-heure : il est neuf heures et un nord-ouest;... à notre gauche le Djebel-Sdouni
quart. Il marche trois heures et demie le long a cessé de former une seule masse, et nous
du flanc ouest (lisez est) de la montagne de SOmmes arrivés en face des vastes mamelons,
Sel (p. 110) : il est donc midi trois quarts. ou mieux des collines qui garnissent la pointe
Une § plus loin que la montagne de Sel, nord de cette montagne, et sur ces mamelons
il appuie à l'ouest, et il est une heure trois qui ont une superficie fort étendue, parais
quarts. Alors il souffre d'une chaleur affreuse sent des amas de décombres, indices certains
en gagnant les hauteurs, et il est deux heures de l'existence en ce point d'une ville très
(p. 126). De cinq heures du matin à deux considérable. Nous contournons exactement
heures de l'après-midi, il n'y a que neuf le pied de ces décombres, dont il nous est
heures d'intervalle. Récapitulons maintenant impossible de méconnaître l'origine..... nous
les heures que M. Van de Velde a dépensées marchons toujours au nord-nord-ouest ; à
ce jour-là : 3 heures 7 minutes, nous traversons le lit
Du campement à l'entrée de l'Ouad-ez d'un torrent à sec large de 15 mètres. En ce
Zouera plus de deux heures, mettons. 2 et 114 point les mamelons couverts de ruines sont
Descente au fort Sarrasin. l> 112 séparés par une ravine, et ils semblent for
Halte au fort. 1 > mer deux pâtés distincts, sur lesquels repo
De là à la plaine. ) 112 sent les ruines immenses que les arabes qui
Pour traverser la plaine.
Le long du flanc ouest (lisez est) de la
> 1j2 m'accompagnent † unanimement

montagne de Sel. - 5 1j2


Esdoum. Dans la plaine même au delà du
Une heure après, il appuie à l'ouest. 1 >
lit du torrent dont je viens de parler, se
Peu après il est deux heures. mOntrent de nombreuses files de blocs de
'Or nous ne devons avoir que 9 heures, et pierre, restes d'habitations primitives. Nous
en voilà, d'après le calcul de M. Van marchons à l'ouest-nord-ouest, à 3 heures
de Velde lui-même. 114 11 minutes, au point même où les ruines
placées dans la plaine cessent de parartre ;
Donc M. Van de Velde, d'après son propre nous suivons alors constamment cette di
récit, n'a pu donner, quoi qu'il en dise, cinq rection, tandis que le delta sur lequel se
minutes à l'examen de la pointe nord de la trouve notre route, est devenu unevaste plaine
montagne de Sel. toute ravinée, jonchée de gros blocs
9C5 DICTIONNAIRE DES ANTIQUITES BlBLlQUES. 962


SGV8lI.
et plantée de nombreux mimosas ou P. 119. M. Van de Velde prétend que les
Arabes nomment , Rhôr la plaine nue et
# n'abandonnerai pas la question de So
dome et de Zoar sans offrir à M. Van de Velde
boueuse du sud de la mer Morte, et il se
trompe. Cette plaine, c'est la Sabkhah, et le
une démonstration que je n'ai pas encore été Rhôr, c'est, dans toute la vallée du Jourdain,
en mesure d'ajouter à mes arguments précé la portion verdoyante du terrain fertilisé par le
dents, et que je le remercie de m'avoir sug passage des eaux.
gérée. Quand on a la vérité pour soi, tôt ou P. 123. Je regrette beaucoup que M. Van
tard on finit par trouver tout ce qu'il faut de Velde ne puisse pas « donner une grandè
pour renverser l'erreur, et surtout l'erreur valeur aux raisonnements à l'aide desquels
systématique. Le témoignage de la sainte Ecri je prétends établir que Maïet-Embarrheg est
ture est trop formel pour que M. Van de sur l'emplacement de Thamara. » Mais ce que
Velde ose se permettre de le récuser, j'ima je ne regrette pas, c'est la curieuse hypo
ine ; or, d'après ce témoignage, Sodome et thèse que notre voyageur se hâte de substi
Oar n'ont pu être qu'à environ une demi tuer à la mienne. Ainsi probablement, dit-il,
lieue de distance l'une de l'autre. La mer
la ville de Sel était là. Je pense que c'est de
Morte a plus de quatre lieues de largeur, donc la ville de Sel dont parle Strabon qu'il s'agit.
si Zoar est sur la rive orientale, Sodome doit Or, dit le géographe, cette ville était bâtie
y être aussi(je laisse de côté, bien entendu, en blocs de sel, et pour la construire là, les
opinion absurde et fantastique qui met So habitants auraient dû avoir l'idée extrava
dome au fond du lac Asphaltité). Récipro gante de rejeter la pierre de taille qu'ils
† si Sodome est sur la rive occidentale, avaient sous la main, pour aller à au moins
Zoar doit y être aussi. Le nier, je le répète, quatre lieues chercher à grand'peine des blocs
c'est nier l'autorité de l'Ecriture sainte. Ceci
de sel que la pluie fondrait bien vite ; car il
posé, voici ce que je lis dans Josèphe (Bell. n'est pas probable qu'une ville bâtie de sel eût
Jud., IV, vIII, 2). Il s'agit de Jéricho. Mais été de plus longue durée que les blocs qui
pour que la traduction de ce passage ne pa roulent du Djebel-Sdoum, et que les averses
raisse pas suspecte à M. Van de Velde, voici de l'hiver font disparaître assezpromptement.
celle de Dindorf (édition Didot, p. 218) : Quo Voilà donc une hypothèse que je me per
factum ut urbem desertam offenderint, quœ mettrai de qualifier de malheureuse pour tou
in planitie sita est, cuique imminet mons nu tes sortes de raisons. La ville de Sel, Aïr he
dus ac sterilis longissimus : qui versus Bo Melah de Josué (xv, 61, 62), était dans la
ream Scythopolitarum usque ad terram pro tribu de Juda, et elle est citée avec Engaddi
tenditur, ad austrum vero usque ad Sodomo comme se trouvant dans le désert de Juda. ll
rum regionem, et fines lacus Asphaltitis. Est n'est donc pas possible de placer cette ville
autem totus asper et inœqualis, et ob sterili à Maïet-Embarrheg et encore moins au Dje
tatem incultus manet. Isti ex adverso oppo
bel-Sdoum, qui était forcément au delà de la
nitur mons qui ad Jordanem situs incipit frontière méridionale de Juda, c'est-à-dire de
versus Boream ab Juliade et porrigitur ver la montée des Scorpions. Ce qui décide M. Van
sus austrum usque ad Somorron, quœ Petram de Velde à placer là la ville de Sel, c'est la pré
Arabiœ determinat. In eo est mons qui fer sence d'une source capable d'alimenter une
reus dicitur, in longum protensus usque ad ville. Par la raison contraire (je copie), the
Moabitidem. Quae vero inter duos illos mon
tes tnterjacet regio, Campus Magus dicitur, cairn at , the foot of the Salt moutain, called
a vico Ginnabri ad lacum usque Asphaltitin Um-Zoghal, i do not think myself justified in
pertingens. Est autem longitudo ejus triginta taking to be ruins of a town or fortification,
et ducentorum stadiorum, latitudo vero cen from the very fact of the absence of water.
tum et viginti, et medius quidem secatur a Robinson, ajoute-t-il, semble ne pas consi
Jordane et lacus habet Asphaltitin et Tiberia dérer Um-Zhogal comme une ruine.
dis, natura contrarios. Pourquoi M. Van de Velde s'est-il dispensé
A moins que M. Van de Velde n'affirme de nous dire ce que sont les blocs taillés
qu'il connaît la Judée mieux que ne la du Redjom - el - Mezorrhel ? Parce que si
connaissait Josèphe, il faudra cette fois qu'il ce sont des pierres de taille travaillées de
admette que la Sodomitide était à l'extré main d'homme, il devient difficile d'expliquer
mité de la chaîne qui longe la côte occi leur accumulation en cet endroit, autrement
dentale de la mer Morte; c'est là que je l'ai que je l'ai fait moi-même. Robinson a gardé
placée. Or, si la Sodomitide était là, Sodome une prudente réserve, mais moins entière
devait être apparemment dans la Sodomi † ne le prétend M. Van de Velde. Ainsi il
tide, et, ainsi que je l'ai dit, Zoar devait être it (tom. II, p. 428) : At 6 h. 10, a heap of
à une demi-lieue de Sodome. Or, M. Van stones lay betveen us and the shore, callet
de Velde, d'accord avec MM. Irby et Man Um-zôghal ; apparently the Tell-el-Msogal
, gles, Robinson et Lynch, place Zoar dans la of Seetzen. Or, Seetzen n'hésite pas à y voir
presqu'île d'El-Liçan, à la bouche de l'Ouad un amas considérable de pierres de taille,
de Karak, c'est-à-dire à 6ou 8 lieues au moins travaillées de main d'homme, et qu'il prend
du site de la Sodomitide déterminé par Jo our le monument connu sous le nom de
sèphe. Donc l'opinion de M. Van de Velde est a statue de sel. Au reste, Robinson a écrit ce
inadmissible, et, malgré toute l'assurance avec nom Omm-Zourhal, ce qui ne signifie absolu
laquelle il l'a soutenue jusqu'ici,je l'engage ment rien, tandis que le vrai nom de cette lo
fortement à y renoncer. calité est Redjom-el-Mezorrhel, c'est-à-dire
935 APPENDICE. - REPONSE A Ml. VAN DE VELDE. 966

le monceau de pierres bouleversées, de za P. 139. M. Van de Velde a une curieuse


rhal, effudit, ejecit. théorie sur les guides arabes ; ceux que l'on
Enfin, dans cette même page, M. Van de paye bien sont trompeurs à plaisir; tandis
Velde, d'un trait de plume, met à néant les que ceux que l'on paye fort mal sont d'une
assertions de Josèphe et des autres écrivains fidélité et d'une honnêteté exemplaires. C'est
qui affirment que l'on pouvait encore de leur ainsi que son guide Saleh, un des Djahalin
temps voir les ruines de Sodome. Ces autres d'Abou-Daouk, lui inspire la phrase suivante :
écrivains sont Tacite et Strabon. C'est une I have once and again remarked that he ne
simple omission de noms que je répare ici. ver puts me off with false names, when he
P. 124. Je vois avec plaisir que M. Van de does not know the right ones. Il paraît que,
Velde n'a pas retrouvé le fameux pilier de malheureusement pour moi, j'ai été accom
sel de M. Lynch, et qu'il n'a rien rencontré pagné de guides de la † catégorie.
qui correspondît à la planche insérée dans le P. 148. J'ai dit tout à l'heure que M. Van
livre du voyageur américain. J'avoue que de Velde avait exploité les Bédouins ; je se
cela ne m'étonne pas. rais presque tenté de me rétracter, en lisant
P. 134. M. Van de Velde a peur d'être que, pour reconnaître les bons et incessants
† de loin par des Bédouins en hostilités services de son guide Saleh, il lui avait pro
avec la tribu d'Abou-Daouk, et de les voir mis, au bout du voyage, un bakhchich de 20
tomber sur sa petite bande; il s'écrie : Where piastres, 4 fr. 50 c., ni plus ni moins ! !
this to take place, waht would become of the P. 268. M. Van de Velde parle du Redjom
protection for which Abû-Dahûk is to pocket Louth, et affirme que l'on n'y voit que du
400 piastres ? Ne croirait-on pas, en vérité, gravier. Voici la curieuse note dans laquelle
que M. Van de Velde a dépensé là une somme est insérée cette assertion : M. de Saulcy calls
monstrueuse?Calculons un peu : 400 piastres, it a small island, and says he found it « co
c'est un peu moins que 80 fr. ; mais pre vered with rubbish » uchat has that traveller
nons la somme ronde et mettons 100fr. M. Van not seen ? We found the peninsula covered
de Velde avoue sans scrupule qu'il voulait, u ith coarse gravel, like the shore, but we
pour 100 fr. , une escorte de guides, compo saw nothing like rubbish. M. de S's guides
sée de deux hommes à pied et de deux ca gave him as the name of this spot Redjom
valiers, pendant huit jours, ce qui fait trente Looth, id est, Lot's Cairn.
deux journées d'homme et seize journées de Vraiment c'est pitié de voir un homme
cheval , soit, en tout, quarante huit journées qui devrait être sérieux écrire de pareilles
de service, à 2 fr, par jour, sur lesquels cha choses. M. Van de Velde ne semble pas se
que individu de l'escorte, homme ou bête, de douter que le niveau de la mer Morte
vait se nourrir et protéger M. Van de Velde, baisse pendant les chaleurs, et que ce qu'il a
en exposant sa propre vie au besoin. Certes, vu à l'état de presqu'île, devient un ilôt pen
Si M. Van de Velde m'accuse souvent d'avoir dant la saison des pluies. Je l'inviterai donc
gâté les Bédouins par mes prodigalités,je ne lui à prendre la carte de Zimmermann, et il y
rendraipasla pareille. ll necesse de répéter que trouvera cet ilôt, avec la désignation de Klein
les Bédouins sont des voleurs, maisilavouera Inseln, ce qui ne veut pas dire presqu'île,
qu'en cette circonstance c'est réellement lui †º je sache. Quant aux ruines que M. Van
qui les a exploités sans trop de générosité. e Velde n'a pas vues, il ne pouvait pas se
P. 137. M. Van de Velde, arrivé à Bir-Saba, dispenser de déclarer qu'elles n'existaient
décrit ies ruines qu'il trouve dans cette loca pas. Toutefois, je préviens M. Van de Velde
lité. Voici ce qu'il en dit : « Les ruines de la qu'il y a bien des années déjà, ces ruines
ville sont à dix minutes de distance des puits, ont été vues ; ainsi dans ce siècle même,
au nord-est de ceux-ci et sur une élévation ; elles l'ont été, avant moi, par M. de Forbin;
mais elles s'étendent aussi au N. N. E. et au avec moi, par mes compagnons de #
N. des puits. Je dis les ruines, mais je m'ex depuis moi, par MM. de Coubertin, de Vo
rimerais plus correctement en disant les guë et l'abbé Azaïs. -

ondations de ruines, parce que les maisons P. 298. M. Van de Velde parle du temple
étaient probablement bâties d'un mélange de de Garizim comme d'un monument dont la
pierres naturellement rondes et d'argile, les connaissance serait plus que vulgaire. Il fait
quelles, dans la suite des siècles, sont reve mieux encore ; il raconte que son guide sa
nues à leur premier état, si bien que l'on maritain l'a conduit aux ruines du temple
chercherait en vain maintenant à voir les d'abord, puis à celles d'un édifice connu sous
murs tombés de l'ancienne ville frontière. » le nom de El-Kalat (the castle), monument
Je remercie M. Van de Velde d'avoir si bien dont vous pouvez, dit-il, trouver la descri
décrit les ruines des villes de cette époque. tion dans plusieurs ouvrages. Or, M. Van de
Il a merveilleusement caractérisé les décom Velde, par cette seule énumération des mo
bres d'Engaddi, de Thamara, de Zoar, de So numents du Garizim, nous porte à croire
dome, de Gomorrhe, etc., etc. A Bir-es-Sebâa, † n'y a pas mis le †. car le temple et
c'était la première fois qu'il voyait des ruines l-Qalâah sont un seul et même monument.
de ce genre; il me permettra donc de lui af Comment donc M. Van de Velde a-t-il la ma- .
firmer, à mon tour, que s'il retournait main lencontreuse idée de le dédoubler ? Il est fâ- !
tenant à la pointe nord du Djebel-Sdoum, il cheux pour un voyageur, d'insérer dans sont
s >rait tout surpris de trouver des ruines im livre un quiproquo de cette force. Il aurait
Inenses, là où il n'a rien voulu voir à son pu dire que Robinson a vu dans cette ruine
premier passage. une forteresse de Justinien, et que c'est moi
0(7 DICTIONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 908

qui, en levant soigneusement le plan, y ai ºp tardive pour qu'il puissetant s'en réjouir.
retrouvé letemple construit avec l'autorisation . 353.A propos de Pella, M. Vande Velde
d'Alexandre le Grand. nous fait connaître ce que vaut son érudition
P. 304. M. Vande Velde dit que la moder historique. Je transcris, de peur d'affaiblir la
ne Akrabah est : the ancient Akrabatène, the découverte de notre voyageur : According
capital of the district of that nane. Un géo to Dapper, Seleucus, king of Syria ucas , the
graphe ne devrait pas écrire des choses pa # of Pella; but it seems to have been
reilles; Akrabatène est bien un nom de pro Philip and Alexandre of Macedon who raised
vince, mais Akrabatène n'a jamais été le nom it to the dignity of a royal residence, besto
de la ville d'Akrabim (les scorpions). Pour wing on it the name of the Macedonian ca
quoi encore, p.308 et 320, mentionner les pital. Pourquoi faut-il que Séleucus I", roi
ruines d'Archélaüs ? Archélaüs est le nom du de Syrie, fondateur de Pella, n'ait été qu'un
prince qui a fondé Archélaïs, et ces deux noms héritier d'Alexandre de Macédoine, fils de
ne peuvent être confondus sans barbarisme. Philippe, lequel ne posséda jamais un pouce
P. 320 et 321. Notre voyageur pense re de terrain en ce pays ? -

P. 395. Dans ma réponse à M. Isambert,


trouver l'emplacement d'Archélaïs (et non j'ai eu le plaisir de faire voir que ce savant,
Archélaus, comme il le dit), à des ruines qu'il our me prendre en faute, se récriait contre
rencontre dans le Rhôr, au nord de Jéricho,
a possibilité d'admettre l'existence de deux
et qui se nomment Khashmil-Macherûk (lisez
Khachm-el-Makhrouk, le nez déchiré). La Bethsayda, à très-peu de distance l'une de
l'autre, et sur les rives opposées du Jourdain.
table de Peutinger place en effet Archélaïs J'ai montré que, pour trouver cet argument,
dans le Rhôr, à vingt-quatre milles au nord M. Isambert n'avait eu d'autre peine que celle
de Jéricho. Mais le nom moderne embarrasse
M. Van de Velde, qui se contente d'ajouter : de me copier. Voici maintenant que M. Van
de Velde, l'allié et l'admirateur de M. Isam
« Si les recherches postérieures prouvent que bert, admet résolument ce que celui-cidéclare
Archélaüs (lisez Archélais) est devenu Mache absurde, c'est-à-dire la possibilité de trouver
rûk, je dirai certainement que ce nom est bien
changé. » Que fait-il alors ? Il pense à Ma les deux Bethsayda en question ; cette fois,
c'est M. Van de Velde qui désire me prendre
chaeronte qui, suivant lui, était aussi dans en faute. Pourquoi donc ces messieurs ne
le Rhôr, mais que Josèphe place sur le côté s'entendent-ils pas mieux, ils ne s'exposeraient
nord-est de la mer Morte. Mach eronte, en
effet, était une place forte de la Pérée : il est pas à tirer ainsi sur leurs troupes. Venons
aux deux Bethsayda de M. Van de Velde. La
donc inutile de s'en occuper à propos d'une première, appartenant à la Gaulanitide, a été
ruine de la rive droite du Jourdain.
reconnue par M. Eli Smith à Et-Tell, sur la
P. 322. M. Van de Velde propose d'identi rive est du Jourdain, auprès de la côte nord
fier Sartabah avec la Sarthan de l'Ecriture du lac de Gennezareth (auprès veut dire ici
sainte, et comme il s'agit du verset (I Rois à 5 kilomètres, je m'empresse d'en avertir M.
vII, 46) dans lequel il est dit que ies orne Van de Velde). Notre voyageur dit que c'est
ments du temple furent fondus entre Soc celle-là que Josèphe appelle Julias. ll ne s'y
couth et Sarthan, dans la plaine du Jourdain, trouve que des pierres non taillées, indices
M. Van de Velde s'appuie sur ce que les sa de constructions à demi sauvages; mais cela
vants ont décidé qu'il fallait traduire, dans importe peu à M. Van de Velde. L'autre était
ce verset, le mot biadamah, par Adamah, au en Galilée, dit notre voyageur, et il n'hésite
lieu de : dans la terre à mouler, pour cher pas à identifier les ruines du Khan-Minieh
cher cet Adamah fantastique à Um-Tail. avec celles de la Bethsayda de Galilée.
Cette hypothèse n'a pas besoin d'être réfutée, Voilà déjà qui est bien pour moi. M. Isam
car elle croule d'elle-même. Quant à l'identi bert déclare qu'il est absurde de croire à
tication de Sartabah et de la Sarthan biblique, deux Bethsayda , et M. Van de Velde déclare
je suis charmé de voir que cette idée ait paru qu'il y en a une en Galilée. Je dois donc
assez juste à M. Van de Velde, pour qu'il ait beaucoup de reconnaissance à mes deux ad
jugé bon de l'adopter. versaires, puisqu'ils se chargent de démon
P. 352. M. Van de Velde se glorifie d'avoir trer, chacun pour sa part, que j'ai raison, en
découvert le site de Pella, et il aurait raison cherchant Bethsayda sur la rive galiléenne.
s'il était l'auteur de la découverte. Or, en Mais poursuivons, et laissons parler M. Van
1817, Irby et Mangles ont visité Tâbakhat de Velde : « Quant à Capharnaüm, la ville fron
tière entre Zabulon et Nephtaly, nous pou
Fahil qui est Pella ; , en 1842, Kiepert a vons
admis cette identification dans sa carte',de seulement nous attendre à la trouver
Palestine, que j'ai eu le plaisir d'offrir à M. sur la côte nord de la mer de Galilée, ct,
Van de Velde à son passage à Paris ; et enfin sans aucun doute, nous la trouvons dans les
un drogman attaché à l'auberge Mashulam, ruines de Tell-Hum , an Arabic name closely
pendant mon séjour à Jérusalem, avait traité allied to the Roman Kafer or Caphar-Nahum. »
avec mon compagnon de voyage, M. Gustave Examinons un peu ceci. Capharnaüm doit
de Rothschild, pour le conduire dans le être sur la côte nord du lac de Gennezareth,
Hauran, et notamment à Tabakhat-Fahil qui, parce qu'il est sur la limite des territoires
† ce drogman, s'appelait indifféremment de Zabulon et de Nephtaly. Très-bien ! Mais
qui dit à M. Van de Velde que cette limite
ella. La découverte de M. Van de Velde, asse à l'extrémité de la côte Occidentale du
découverte faite d'ailleurs en commun avec
MM. Robinson et Smith, est donc un peu ac, c'est-à-dire à Tell-Houm ? Et puis M
969 APPENDICE. - REPONSE A M. VAN DE VELDE, 970

Van de Velde oublie que Kenreth , qui a vent que Banias fut bâtie par Philippe le té
donné son premier nom au lac de Genneza trarque , et appelée Caesaréa. Il faut croire
reth, doit bien se trouver quelque part sur les que ces inscriptions, qui sont en ancien grec,
bords de ce lac ; que Kenret était de Neph idiome que nous savons peu familier à M.
thaly, et qu'il n'y a pas place pour Kenret Van de Velde, lui ont été traduites par un
entre Tell-Houm et le Jourdain. Enfin, com officieux peu habile, car elles ne disent pas une
ment M. Van de Velde ose-t-il écrire que syllabe de ce que M.Van de Velde leur fait dire.
l'arabe Tell-Houm est un nom étroitement J'ai énuméré les passages les plus saillants
lié au romain ou latin Kafar ou Kaphar- Na qui montrent que † Van de Velde a beau
hum? En vérité, tout cela est trop fort, et coup à a † re. Passons maintenant à ses
j'appliquerai à M. Van de Velde ses propres ropres découvertes. Nous n'aurons pas cette
† : On ne traite pas la géographie ois tout à blâmer, et nous ferons loyale
iblique avec cette légèreté et cette frivolité. ment la part des éloges, quand les éloges se
P. 296. M. Van de Velde cherche ensuite rOnt mérités.
Khorazyn dans une ruine que Richardson et M. Van de Velde a bien voulu admettre ce
le docteur Keith indiquent comme existant que le révérend Robinson avait dit le pre
sur la route de Tell-Houm à Saféd, qui se mier, et ce que j'ai répété à satiété, en l'é-
nomme Kérâjeh, et qui se rencontre dans tayant de toutes les preuves qu'il m'a été
une vallée au nord-ouest de Tell-Houm. Cela possible de réunir, à savoir, que les blocs à
est très-bien, sans doute; mais que devien - encadrement, blocs que j'ai désignés sous le
nent alors les assertions suivantes de saint nom de salomoniens, avaient été employés
Jérôme : Khorozaïn était une petite place de par David et par Salomon, et que leur pré
Galilée, à deux milles de Capharnaüm , si sence dénôtait immédiatement # haute anti
tuée in littore maris Gennezareth. Je vou quité des constructions dans lesquelles ils se
drais bien savoir comment M. Van de Velde trouvaient enclavés. La taille de ces blocs
fera pour se débarrasser de ces deux asser était certainement de pratique phéni
tions si gênantes, et qui renversent toute sa cienne , car il est dit dans l'Ecriture sainte
théorie. -
que les tailleurs de pierre employés par Salo
Pourquoi M. Van de Velde, qui a vu Tell mon étaient des Djebelim, c'est-à-dire des ha
Houm, ne nous parle-t-il pas de ses belles bitants de Biblos. Et en effet, M. de Voguë a re
ruines qui en font une ruine de l'époque ro trouvé dans les ruines de Biblos des fondations
maine ? Est-ce, par hasard, parce que dans composées de blocs de facture salomonienne.
cette contrée il n'y a que Julias , qui ait pu Le fait est donc mis hors de doute, et il n'é-
prétendre à des monuments de l'impor tait plus possible de le nier maintenant.
tance de ceux qui se voient à Tell-Houm? Comment se fait-il que M. Van de Velde ait
P. 419. Il y a bien longtemps que le nom écrit la phrase suivante, en parlant des blocs
de Daphné, comme localité syrienne, a été Salonmoniens de l'enceinte du Haram-ech
biffé des catalogues par Reland , qui a mon cherif, c'est-à-dire du temple : But you can
tré jusqu'à l'évidencé qu'au lieu de A4çyng dans perceiv at once that the are not lying in
Josèphe, il fallait lire A4wn;. On pouvait croire their original position (tom I, p. 469)? Il y a
que le fait qu'à Daphné était un temple du là très-évidemment une décision de parti
Veau-d'Or, suffisait pour démontrer que c'é- pris, suggérée par quelque condescendance
tait Dan qu'il fallait lire. M. Van de Velde ne que je ne veux pas apprécier. Je dirai seu
l'a pas cru, et il a eu la main assez heureuse lement que les photographies de M. Salz
pour retrouver un Tell-Dufneh, et un ruis mann, aujourd'hui sous les yeux des anti
seau nommé également Dufneh, à une de quaires, donnent le démenti le plus formel
mi-heure de chemin au sud du Djesr-el à cette étrange assertion que les blocs salo
Rhadjar, et en partant de la pointe nord moniens de l'enceinte du temple ne sont plus
ouest de la plaine dans laquelle est le lac à leur place primitive. Le soleil est un des
de Houleh. Dan ne peut être en deux en sinateur dont il n'est pas possible d'inculper
droits, pas plus que le temple du Veau-d'Or ; l'imagination, et cette fois c'est le soleil qui
si l'un est au Tell-el-Qadhi, l'autre y est éga s'est chargé de relever l'erreur de M. Van de
lement; si l'un est au Tell-Dufneh, l'autre y Velde.
doit être aussi. Or (p. 420), M. Van de Velde Ces blocs caractéristiques, M. Van de Velde
veut bien reconnaître Dan au Tell-el-Qadhi : les a retrouvés au Qalâat-ech-Cheqif, proba
dès lors, je me sais plus que penser de son blement le Belfort des croisades, et il les dé
Tell-Dufneh. crit de manière à dissiper toute espèce d'in
P. 423. M. Van de Velde, parlant du Pa certitude : I recognised in the lower founda
néion ou de la grotte de Pan, située à Ba tions, these huge colossal stones , roughly
nias, dit qu'elle semble avoir fait partie du heuon on the outside , with smooth edges,
temple de Pan, qui donna son nom à la ville such as were used only by the earliest in
de Panéas. M. Van de Velde paraît ignorer habitants of the country. — Au Qalâat-ech
que le temple de Pan, c'était, ici comme ail Cheqif, M. Van de Velde reconnaît les dif
leurs, une grotte naturelle. A la page sui férents appareils superposés; comment ne
vante, il parle de nouveau du temple de Pan, s'est-il plus donné la peine de les discerner
qui fut renversé par un tremblement de terre, le long de l'enceinte du temple de Jérusa
et cette assertion lui suggère encore la même lem ? Des souterrains très-vastes sont percés
observation. De plus, M. Van de Velde af sous ce château, et l'on regrette vivement
firme que les inscriptions du Panéion prou que notre explorateur avoue tout simplement
DICTIONN. DES ANTIQUITÉS BIBLI , UEs. 31
37t DICTIONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 972

qu'il ne les a pas visités, faute de bougies deux noms, l'hypothèse ne paraît plus que
(t. I, p. 111). hasardée, et à priori inadmissible.
Ces mêmes blocs primitifs, M. Van de Velde Une des découvertes dont M. Van de Velde
les a retrouvés à Hûnin (t. I, p. 169); à Mâa s'est le plus glorifié, c'est celle des ruines de
sub, ruines très-considérables situées à un Hazor, qu'il pense avoir reconnues dans le
uart d'heure d'El-Bassa (t. I, p. 254); au haut pays, à l'ouest du Bahr-el-Houleh. Après
ualaat-Karn (le château de Môntfort pour avoir quitté Kefr-Burrein où il trouve « une
Schultz, et le castellum regis de M. Van de ruine de style juif, peu importante, que les
Velde # I, p. 258; à Mellia (t. I, p. 264); à habitants appellent la synagogue, » M. Van de
Athlit (t. I, p. 314). Ces observations sont Velde se dirige sur Tyr, en passant auprès des
très-importantes, et nous devons savoir gré villages de El-Jish et de Sassa, sans les visiter.
à M. Van de Velde de les avoir recueillies , Sur son chemin il trouve « les ruines de Ha
lui qui se soucie si peu des monuments an-- zor, dont le site était, dit-il, perdu depuis les
tiques. trois derniers siècles. Peut-être, fait-il obser
Reprenons l'Itinéraire de M. Van de Velde. ver, cela tient-il à une expression inexacte de
Entre Iathir et Kana, notre voyageur reve Josèphe, qui décrit Hazor comme étant situé
nant de Hûnin à Tyr est conduit par un guide devant le lac de Mérom (Bar-el-Houleh).
à un quart de lieue du village de Sedakin, L'existence des ruines de Haziri, situées au
auprès d'une masse de rochers où sont sculp nord-est de Banias, a encore augmenté la con
tées diverses figures et images, que M. Thom fusion. Celles-ci, visitées par M. Thomson et
son, son compagnon de voyage, troit l'œu d'autres voyageurs, ont été prises par quel
vre des Phéniciens. M. Van de Velde avoue ques-uns d'entre eux pour la vraie Hazor (t. J,
† n'y connaît rien, et exprime le regret p. 177 et # » De Kefr-Burreim on suit
e n'avoir pu en prendre un croquis ; ici on une vallée pendant au moins une heure, puis
se demande avec étonnement ce qui a em une plaine entourée de montagnes, et que l'on
pêché le voyageur de le faire (t. I, V# # met 25 minutes à traverser. Sur le côté ouest
A une heure et demie de Tyr, M. Van de est le village de Remesh, près de l'entrée de
Velde visite en passant le sarcophage antique trois autres vallées; cette entrée est couverte
connu sous le nom de tombeau d'Hiram. par une colline sur laquelle sont des ruines
Déjà Robinson a donné la description de ce nommées Hhurâh ou Hhorah (que M. Van de
curieux monument, mais en exprimant les Velde identifie, avec doute il est vrai, avec la
doutes qu'il conserve sur l'origine que lui Horem de Josué, xIx, 38. Cette identification
attribue la tradition. M. Van de Velde, si est effectivement plus que douteuse, à cause
sceptique d'ordinaire, et si grand ennemi de de la présence de l'M final du nom hébreu,
la tradition, s'efforce de démontrer que lettre qui n'a pu tomber, pour être remplacée
c'est bien le tombeau du roi de Tyr, ami par une terminaison féminine). Un peu moins
de Salomon, et il reproche à Robinson son d'une demi-heure après Hhurâh, M. Van de
#é au sujet de ce monument (t. I, Velde arrive à des ruines étendues nommées
p. 183). Hazûr et Haziri, placées sur une pente rapide ;
A sa #rnº course dans le haut pays qui de l'autre côté de la route est un village mo
domine au nord la plaine du Bahr-el-Houleh, derne sur une haute colline; un quart d'heure
M. Van de Velde (t. I, p. 169) visite des ruines après, notre voyageur entre dans une vallée
nommées Hûrah, et le village de Kefr-Kileh ; beaucoup plus sauvage et plus rocailleuse que
puis du haut de la montagne il aperçoit à ses les vallées qu'il a longées entre Kefr-Burreim
pieds le Tell d'Abel-beth-Mâakah; nous au et Remesh.Telle est la situation que M. Van
rions le droit d'être étonnés de la présence de de Velde attribue résolument à la Hazor bibli
cette mention sous forme de pure assertion, que; malheureusement cette situation est en
si nous ne retrouvions plus loin un † opposition flagrante avec ce que nous savons
qui concerne les mêmes ruines. C'est dans le de cette ville fameuse. D'abord Josèphe nous
tome II, page 428, que nous voyons les ruines dit une première fois qu'elle était sur le lac
d'Abel-beth-Maâkah désignées de nouveau Semechonite (öripxstrai), mais M. Van de Velde
comme existant à Abil, près du pont nommé prétend que c'est une erreur de l'historien
Djesr-el-Rhadjâr, sur lequel passe la route de des Juifs. En ce cas celui-ci s'est bien obstiné
Banias; dans ce second passage, les ruines sont dans son erreur, puisque dans le livre XlII
indiquées comme portant le nom d'Abil. Pas des Antiquités judaiques (v, 7), nous lisons
un mot de plus n'est dit sur cette localité par ce qui suit : « Sur ces entrefaites Jonathas
M. Van de Velde, et on a peine à le concevoir, (c'est du frère de Judas Machabée qu'il s'agit',
eu égard à sa célébrité. Du reste, comme il y ayant quitté la Galilée, et les eaux dites de
a dans ce canton deux Abil, Abil-el-Qamh, et Gennesar (il avait en effet campé en ce point
Abil-el-Haroua, le révérend Robinson a pru avec son armée), se porta sur la plaine dite
demment laissé dans le doute l'identification de Hazor (siç rà xa)oóusvov 'Aao)p rsôiov), igno
d'Abel-beth-Maâkah avec l'une ou l'autre de rant que l'ennemi s'y trouvait. Les généraux
ces deux localités modernes. Peut-être M. Van de Démétrius sachant, dès la veille, que Jona
de Velde eût-il dû en faire autant. thas allait marcher contre eux, venaient au
M. Van de Velde rencontrant ensuite † I, devant de lui avec une armée, dans la plaine,
p. 170) une localité nommée Aïn-Ata, n'hésite après avoir placé des embuscades dans la
pas à l'identifier avec.Beit-Anath de l'Ecriture montagne. » Les Juifs, après avoir plié d'a-
(Josué, xIx,38). Comme il n'y a absolument bord, reprirent l'offensive, battirent les Sy
aucune analogie, même éloignée, entre ces riens et les poursuivirent jusqu'à Kades, où
975 APPENDlCE. - REPONSE A M. VAN DE VELDE. 974

était assis leur camp. Le I" Livre des Macha quelconque, appellation usitée dans le patois
bées (II, 67) raconte le même fait et parle syrien. Ce qui est important, c'est que M. Van
aussi de la plaine de Hazor, riôto» 'Agč,p. Mais de Velde constate (p. 246) que les ruines de
ce qui est plus précis encore, c'est que le ver Blât sont semblables à celles d'Omm-el-Aamid.
set est ainsi conçu : Et Jonathas et castra Ceci, soit dit en passant, ne s'accorde guère
ejus applicuerunt ad aquam Gennesar, et ante avec l'opinion de M. Isambert, qui ne me per
ucem vigilaverunt in campo Asor. Aussi il mettait pas d'avoir vu à Omm-el-Aamid les
fallut à l'armée de Jonathas si peu de temps ruines d'une véritable ville.
our passer des bords du lac de Genezareth à M. Van de Velde a recueilli le nom de la
a plaine de Hazor, qu'il n'est pas possible vallée auprès de laquelle se trouvent les rui
que cette plaine de Hazor ait jamais été aux nes d'Omm-el-Aamid. C'est Ouad-Hamûl. Un
environs de la Hazûr retrouvée par M. Van de peu plus loin dans la vallée, se trouvent les
Velde. ruines de Hamûl, que notre voyageur identi
Il est plus que clair, d'après ces récits, que fie avec Hammon, ville de la tribu d'Aser,
la plaine de Hazor était assez grande pour mentionnée par Josué (xix, 28). Malheureu
que deux armées pussent s'y entre-choquer; sement nous ne pouvons deviner si la forme
par conséquent la Hazûr de M. Van de Velde, Hamûl est bien la forme arabe, et, par con
établie sur une pente rapide, ayant en face séquent, si Hamûl a quelque rapport avec le
d'elle une haute colline sur laquelle est un nom aspiré hébreu Hamoun qui est transcrit
village, la Hazûr enfin située au cœur de la d'ordinaire Chammon.Je suis très-disposé à
montagne, n'a rien à faire absolument avec la adopter cette identification, si le nom arabe
Hazor biblique. C'est donc là une découverte est Hamoul, nom identique avec l'hébreu, au
à mettre de côté; d'ailleurs, fût-elle réelle, changement près du noun en lam, changement
elle ne serait pas neuve, puisque M. Van de habituel d'ailleurs dans ces contrées.
Velde lui-même mentionne, toutefois sans A la p. 247, M. Van de Velde place au Ras
nommer personne, d'anciens voyages qui pla Nakhûrah un khan, une tour et une fontaine,
cent Hazor au point même où il pense l'avoir et je crois qu'il commet ici une confusion, ce
retrouvée (t. I, p. 179). Ici je me permettrai khan, cette tour et cette fontaine se trouvant
une remarque qui suffirait, à elle seule, pour réellement au sommet du Ras-el-Abiadh. Il
renverser toute la théorie de M. Van de Velde. n'y a au Khan-en-Nakourah, du moins je crois
Jonathas vient du sud et marche au nord et mes souvenirs fideles, qu'un misérable khan
en plaine. Le camp des Syriens est à Kades; sans importance. Dans tous les cas, je suis
ils marchent au-devant des Juifs et en plaine, parfaitement sûr que les constructions et la
ar conséquent, vers le sud ; la plaine dans source indiquées existent au Ras-el-Abiadh,
aquelle les deux armées se rencontrent ne vu que je m'y suis arrêté forcément quelques
saurait donc être à l'ouest de Kades. M. Van heures.
de Velde, qui reproche volontiers aux autres A Mellia, M. Van de Velde apprend de la
de la légèreté et de la frivolité, devrait bien bouche du scheikh d'un village voisin, nommé
prêcher d'exemple et se garantir tout le pre Tershiha, qu'il y a dans le voisinage des figu
mier de ces défauts, dans ses appréciations res taillées sur le roc; au lieu d'y aller au plus
géographiques. Il devrait surtout se rappeler vite, notre voyageur se contente d'écrire sur
qu'on n'arrive jamais à convaincre, en se ser son journal la phrase suivante : But those i
vant des textes favorables à sa thèse, et en must leave to the researches of travellers tch,
passant sous silence les textes qui la contra may came after me (p. 266). Ceux-ci, je n'en
rient. doute pas, en sauront très-grand gré à M. Van
M. Van de Velde mentionne à une demi de Velde.
heure au sud d'Adloun et à peu de distance Au pied du Carmel (côté du sud-ouest),
de la côte, un cercle de pierres oblongues se M. Van de Velde trouve des ruines nomméés
tenant debout. Un habitant du pays lui dit que Jalûn, qu'il identifie, mais dubitativement,
ce sont des hommes qui se moquèrent de avec Allon, lieu par lequel † la limite de
Nabi-Zer, et que le prophète a punis en les Nephtali (Josué, xIx, 33). Il eût mieux fait de
changeant en pierres, comme cela se recon lire ce qu'il y a réellement, à savoir : mialoun
naît encore. Croyez-vous que M. Van de Velde bisâananim, c'est-à-dire : du chêne qui est d
se donne la peine d'y aller? Pas le moins du Sâananim.
monde. They must therefore be not oblong M. Van de Velde propose de voir Dimna de
stones, but statues, dit-il, et cette conclusion Josué (xxI, 35) dans le village de Damoun,
lui suffit. Avis aux voyageurs futurs. près de Saint-Jean d'Acre (p.266). J'avoue que
Quant à Adloun même, M. Van de Velde je ne saurais souscrire à cette opinion, les
dit que les savants l'identifient avec Ornithon deux noms étant de forme trop différente.
polis, mais qu'il se dispense de prononcer M. Van de Velde (t. I, p. # signale un
aucune opinion à ce sujet # I, p. 202). Cela peu après Damoun, et à une demi-lieue de
n'eût pourtant pas été déplacé. chemin à l'ouest, c'est-à-dire à droite de la
Au delà de Tibnin, M. Van de Velde a trou route qu'il suit pour gagner Kheifa, une vaste
vé des ruines très-considérables et très-im colline artificielle, sur laquelle, à ce que lui
ortantes, avec des caveaux funéraires † assure son guide, on voit de vieux puits et
ermés par des portes de pierre, dont l'une des tronçons de colonne. Le nom de cette col
est encore en place. Ces ruines portent le nom line est Tell-Marjani (Tell-Merdjany? le Tell
de Blât; mais j'ai peur que ce nom ne soit de plaine ou de la prairie). Peut-être, dit-il,
l'appellation pure et simple B'lad d'une ville devons-nous le prendre pour la Maralla de la
975 DICTIONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 976

tribu de Zabulon (lisez Merâ'alah). Entre les too closely agree with the marrative of the
mots Merdjani et Mérâ'alah. Il n'y a certaine aprocryphal book to leave much doubt with
ment pas la moindre analogie. Quant au Tell respect to this identification.
en question, il me paraît hors de doute qu'il Pour compléter sa découverte, M. Van de
n'est autre que le Tell- Kisan que j'ai signalé Velde retrouve Chobai (Xto6á et Yto6at) du Li
dans mon voyage, et dont le guide de M. Van vre de Judith (xv, 3 et 4) au village de Qa
de Velde ignorait le nom, ce qui l'a tout na batieh. Dans ce passage il est dit que les
turellement conduit à dire au drogman, que Juifs poursuivirent et massacrèrent les Assy
c'était un Tell de la plaine. riens jusqu'à Chobai. Dans le même livre
Une localité certainement importante à dé (Iv, 4), les Juifs envoient mettre en état les
couvrir, était le théâtre du sacrifice d'Elie, au places de Jéricho, de Chobai, etc. Certes il
Carmel. M. Van de Velde me paraît l'avoir vé ne peut être question cette fois de Qabatieh.
ritablement retrouvée au point que les Arabes Aussi que dit Reland auquel il faut toujours
nomment El-Mohhrakah (le lieu d'ustion). reveni# dans les questions difficiles. Estne
Cette fois, il faut le dire, notre voyageur n'a illud Coabis, quod in tubula Peutingeriuna le
pas repoussé la tradition arabe qu'il me re gitur prope Hierichuntem ? Je ne me charge
proche d'avoir quelquefois écoutée, et voici pas de répondre; mais j'affirme que Qabatieh
ce qu'il en dit : ne peut être Choba.
P. 321. « Le nom d'El-Mohhrakah semble Je ne dirai rien de la voie antique que M.
avoir été pris du miracle de la combustion du Van de Velde trouve à Dothan, et qui, pour
sacrifice, et les traditions des Arabes sont gé lui, est une route pavée par les Israélites; il
néralement plus dignes de foi, que celles des y a de ces suppositions qui croulent d'elles
chrétiens habitants du pays, lesquels, pour la mêmes (p. 370).
plupart, répètent ce que les Latins et les Arrivé à Sebastieh, M. Van de Velde y est
Grecs leur ont mis dans la tête. » Je suis assez mal reçu, grâce à son habitude de trop
heureux de voir que notre voyageur profite, tenir à quelques piastres, et en conséquence
à l'occasion, des traditions qu'il trouve si il quitte au plus vite le village inhospitalier.
déplorablement inutiles, quand il s'agit des C'est après avoir conté cette mésaventure,
faits qu'il conteste. qu'il déclare qu'il ne décrira pas les quelques
Un autre point tout aussi important à re tronçons de colonne qui existent encore à
trouver pour la géographie † , c'était Sebastieh, d'autres les ayant décrits avant lui.
sans doute Bétulie, que feu le docteur Schultz Il eût été plus exact de dire qu'il ne les dé
a identifiée de manière à satisfaire ſe roi des crivait pas, parce qu'il ne lui avait pas été
géographes modernes, l'illustre Ritter. Entre permis de les visiter.
Djenin et Sebastieh, M. Van de Velde rencon Enfin M. Van de Velde arrive à la porte de
tre une localité nommée Dothan ; aussitôt Jérusalem (p. 452), et il dit avec componc
notre voyageur, convaincu à tort qu'il ne tion qu'il ne veut pas parler du Bakhchich
peut avoir existé deux localités de ce nom, que lui a demandé la sentinelle turque †
tient du coup Dothan où Joseph fut vendu était de garde à la porte de la ville. Si M.
par ses frères, et Bétulie, qui pour lui devient Van de Velde veut bien le permettre, nous
Sanour. Il est vrai qu'il ne visite pas cette mettrons cette phrase avec ses assertions sur
dernière place, mais peu lui importe; Sanour, les promenades faites par lui en compagnie
c'est Bétulie. Tout auprès de Sanour, dit M. d'Abou-Daouk et du docteur Schultz.
Van de Velde, se trouvent les ruines d'un A propos du tombeau d'Absalom (t. I, p.47),
vieux château, sur un roc ; mais ces ruines, sur l'origine duquel M. Van de Velde garde un
Robinson les déclare de l'époque arabe; cela entier silence, il dit qu'un voyageur a remar
ne fait rien à l'affaire. Sanour est à sept mil qué que, dans tous les voyages en Palestine,
Mes romains en deçà du Djenin, qui est à on raconte que pas un Juif ne passe devant
l'entrée de la région montagneuse ; cela ne le tombeau d'Absalom sans lui jeter une
fait rien encore. M. Robinson n'a pas assez pierre, et que néanmoins on ne peut aperce
soigneusement examiné la localité pour pou voir auprès du monument rien qui ressemble
voir affirmer qu'il ne s'y trouve pas de vieilles à un amas de pierres qui lui auraient été je
pierres quadrangulaires de l'époque des Juifs; tées par mépris. Voici maintenant l'observa
donc il peut y en avoir; donc il y en a; donc tion particulière de notre voyageur : « Il se
Sanour est Bétulie. Tel est le raisonnement rait difficile d'admettre que tous les Juifs qui
de notre voyageur. Ce qui est curieux, c'est passent sur ce chemin soient si mal disposés;
que M. Van de Velde, qui n'a pas été à Sa mais on ne peut nier qu'il n'y ait beaucoup
nour, déclare que : D*** Robinson's distant de pierres grosses et petites amassées contre
view of it deserves no absolute credit. Que le monument. » Je me permettrai à mon tour
dirons-nous donc de l'opinion de M. Van de de dire que la photographie donne un dé
Velde ? Ce qui est encore plus curieux, c'est menti formel au voyageur dont M. Van de
que notre voyageur rappelle que l'Ecriture Velde vient de parler, et commente à mer
sainte met une fontaine au bas de la forte veille ce qu'a vu ce dernier. Il n'est pas pos
resse de Bétulie, et qu'au bas de la côte de sible de méconnaître sur la photographie, et
Sanour il n'y a pas de fontaine l Bien que les coups de pierres sur lasurface du tombeau,
M. Van de Velde, qui a rêvé qu'il y en avait et le tas de pierres de petite dimension, ac
une, conclue de la manière suivante (p 368) : cumulées au bas et au milieu de sa façade
While the valley in which this rocky fortress antérieure.
rises, and the fountain at the base of the hill, Quant aux tombeaux de saint Jacques et de
977 978
APPENDICE. — REPONSE A M. VAN DE VELDE.
Zacharias, le fils de Barachias, M. Van de ce n'est rien de plus. Et quand fatigué des
Velde les cite sans faire eonnaître son opinion lésineries de son visiteur, le scheikh lui dit :
personnelle, autrement que par cette spéci Ya allah !(très-probablement suivi de Rouhh),
fication du Zacharie auquel appartiendrait le M. Van de Velde se figure qu'il lui a souhaité
monument. Il semble que cette seule spécifi d'aller avec Dieu ; ce qui est vrai, c'est que, par
cation nous indique, implicitement, il est vrai, ces paroles, le scheikh l'a envoyé au diable,
que pour M. Van de Velde ces monuments ni plus ni moins. Ah ! que M. Van de Velde a
remontent à la plus haute antiquité. Je n'en raison quand il convient qu'il est fort utile de
demande pas plus (p. 471). savoir l'arabe, pour voyager en Syrie ! Cer
M. de Velde, parlant du village de Beit tainement il ne croyait pas dire si Vrai. -

Djala (p. 477), près de Beit-Lehm, l'identifie M. Van de Velde soutient qu'avant tout il
avec Zelzah du Livre de Samuel (x, 2), faut, pour dominer ces sauvages, une calm
mais cette identification est par trop risquée. firmness. J'en demeure d'accord; mais ce qu'il
De ce que Selzah était près du tombeau de Ra faut aussi, c'est de la rondeur et de la fran
chel, il ne s'ensuit pas du tout que Beit-Djala, chise d'allures; c'est une humeur Ouverte et
qui est sur le revers opposé de la vallée, soit bienveillante; c'est de la bonhomie et de la
Selsah, D'ailleurs quelle analogie M. Van de générosité. Avec cette méthode, on est res
Velde trouve-t-il entre les noms de Beit-Djala pecté et bien servi par les Arabes.A enten
et Zelzah ? Je l'ignore. Du reste notre voya dre M. Van de Velde, Abou-Daouk est un ban

#º dans le tome II de son voyage dit que j'ai comblé de cadeaux, et par consé
geur tient tant à cette découverte, qu'il y re
† gâté. Si je l'ai gâté pour ceux qui enten
ent payer les services et , le devouement
"i, lis à propos des Biard-Daoud, situés près de quatre hommes , pendant huit jours,
de Beit-Lehm, une phrase très-bien pensée, au prix de 80 fr., je n'en ai pas le moin

et que ne puis me dispenser de reproduire
textuellement : D" Robinson doubts the iden
dre " souci. Au reste, ce que j'ai payé à
Hamdan avait été réglé par le consul de Fran
tity of the well, but others think there are ce lui-même, et ce que j'ai payé au scheikh
no good grounds for doing so. Alas ! there are Abou-Daouk a été exactement la même som
feu points in this country about which people me, stipulée pour le premier par notre consul.
are agreed ; and, what is much to be lamen Quant aux cadeaux extraordinaires dont j'ai
ted, ambition and rivalry bave not unfre comblé le scheikh des Djahalin, ils consistent
quently too much influence in the discovery en une petite boîte de pommade pour les
of new places and the rejection of an existing eux, et en un fusil à deux coups que je ne
opinion. Bien dit, et je remercie M. Van de ui ai donné qu'à mon retour à Jérusalem,
elde de m'avoir prévenu en écrivant cette pour le remercier de ses bons et fidèles ser
phrase dont je déplore la vérité. vices. º

J'ai mentionné dans mon Voyage une M. Van de Velde avait le désir de trouver
localité ruinée , située entre Kermel et les ruines de Gérar, et il n'en a pu venir à
Ziph, et dont je n'ai pu obtenir le nom. J'y bout. Il est vrai, dit-il, que le scheikh (Abou
avais remarqué un puits taillé dans le roc, Daouk) me répondit que Gérar lui était in
avec auge prise dans la masse. M. Van de connu (p. † Ceci aurait dû prouver à
Velde nous donne le nom de cette ruine. notre voyageur que ce scheikh n'était pas
C'est El-Maiëh, l'eau ! J'ai bien peur que son si pressé d'inventer des ruines à chaque pas,
guide, interrogé près du puits en question, pour m'être agréable.
ne lui ait répondu tout simplement, c'est de Je ne suivrai pas M. Van de Velde dans
l'eau (t. II, p. 77). toute la contrée placée au sud de Jérusalem,
Nous trouvons quelques pages plus loin et que je ne connais pas. Bien que la plu
la narration fort prolixe de l'entrevue et des part de ses identifications aient grand besoin
négociaticns de Van de Velde avec le scheikh d'être contrôlées, † déjà dit et je répète
Abou-Daouk. Il est vraiment risible, pour qui que je ne veux parler que de ce que j'ai vu,
connaît ce pays et les hommes qui l'habitent,à moins qu'il ne se présente quelque assertion
de lire les forfanteries, inoffensives d'ail tellement invraisemblable, que je me recon
leurs, à l'aide desquelles notre voyageur naisse le droit de l'attaquer.
ense qu il a imposé respect au scheikh des De retour à Jérusalem, M. Van de Velde
† Il est vrai que toutes les paroles visite le tombeau des rois et celui des juges.
héroïques qu'il nous rapporte étaient forcé Pour ce dernier, il rapporte, sans la com
ment transmises par un drogman, et, ainsi battre, la tradition qui en fait le sépulcre des
que je l'ai déjà dit, il n'y en a certainement membres du Sanhédrin. Il admet donc cette
pas une qui ait été traduite, même mitigée. hypothèse. Reste le tombeau des rois, sur le
A qui donc M. Van de Velde espère-t-il faire quel je reviendrai un peu plus tard.
croire qu'en quittant Abou-Daouk, il lui a Une autre découverte à laquelle M. Van
dit ceci : You knew it well, your head is for de Velde attache beaucoup de prix, et il a
mine | Si le scheikh eût compris le premier raison, c'est celle des ruines d'Ai, si tant est
mot de cette phrase, il lui eût incontinent tor qu'il l'ait faite. Tell-el-Hedjar, la colline des
du le cou, sans scrupule et sans arrière-pen pierres, est un nom qui a peu de rapport
sée. La réponse que lui a faite Abou-Daouk avec le nom d'Aï, et pourtant je ne doute
est, à ce qu'il dit : El-Rasi; lisez âla rasy, pas un seul instant que celui qui pourra
sur ma tête, ce qui est la formule par laquelle parcourir la contrée, avec la facilité d'in
on s'engage à avoir soin de quelque chose ; terroger les habitants, retrouvera le nom
979 DICTIONNAIRE DES ANTIQUlTES BIBLIQUES.
dans leur mémoire, et les ruines elles-mêmes. tué Abimelekh (Juges, 1x, 53 et 54). C'est
Le Tell-el-Hedjar ne présente que des ruines Robinson qui, le premier, a publié cette
très-médiocres. Aussi, M. Van de Velde in identification, et M. Van de Velde eût dû le
voque-t-il le témoignage de Josué (vII, 3), nommer; quant à Tamûn, c'est lui seul qui
ui dit que c'était une petite forteresse ren #p# d'y voir la Thabath des Juges (vII,
ermant peu d'habitants (p. 280). Très-bien ! 2). Je trouve une Tabath, de la tribu de
mais alors comment concilier ceci avec ce Manassé, mentionnée dans le livre de Judith,
que je lis à la page suivante (281), qu'à la vII, 22. C'est probablement la même que ceHe
prise de la ville, ses habitants furent mas du Livre des Juges; mais qui peut chercher
sacrés au nombre de 12,000 l Je doute fort le nom de cette Tabath dans le nom moderne
†º le Tell-el-Hedjar, tel que nous le décrit de Tamoun ? A coup sûr ce ne sera pas
. Van de Velde, ait jamais pu loger 12,000 II]01.
habitants, et par conséquent que là soit l'Aï Un peu plus loin, M. Van de Velde, en
de la Bible. parlant d'Abel-Meholah, dit : Abel-Meholah
J'augure mieux de la découverte des ruines may be connected with Wadi-Maleh, or Melha.
de Fasaëlis, ville construite par Hérode le Jérôme places it at a distance of ten Roman
Grand, en souvenir de son frère Fasaël (t. miles to the south of Beth-Shean, wish agrees
III, p. 318). Auprès de ces ruines qui existent with the position of Charbet-es-Shûk. This i
dans le Rhôr au Tell-Fasaël, est une source, give only as a supposition, as my also con
l'Aïn-Fasaël, que M. Van de Velde identifie necting Tamûn voith Tabath. Certainement
avec le Kérith de l'Ecriture. J'ai déjà parlé cela ne peut être pris que pour une sup
de cette identification impossible, je n'y re position , et même pour une supposition
viendrai donc pas. Seulement je prierai in malheureuse, car le nom Abel - Meholah
cidemment M. Van de Velde de corriger, (de Houl, être fort) n'a absolument rien de
pour une seconde édition, le nom de Fa commun avec le nom de l'Ouad-el-Maleh,
saëlus qu'il donne à cette ville, au lieu du ou Mellahah, la vallée du Sel ou Salée.
nom connu de Fasaëlis, et qu'il donne aussi M. Van de Velde Dense avoir retrouvé les
au frère d'Hérode. Ce nom n'est pas plus ruines de la Succoth biblique aux ruines que
admissible que celui d'Archélaüs pour Ar son guide lui a désignées sous le nom Sok
chélaïs (p. 308). Ce sont là des barbarismes kout, et c'est là une découverte très-impor
qu'on ne doit pas laisser dans un livre qui a tante. Néanmoins, elle embarrasse fortement
la prétention d'approcher le plus possible et à bon droit son auteur. En effet (je résum2
d un livre scientifique. Il ne faudrait pas non sa discussion) si la position qu'il a retrouvée
plus écrire des citations comme celles-ci : pour Sokkout est parfâitement d'accord avec
M. Sancti. Sacr. fidel. cruc. lib. III, part. xv, celle que lui attribue saint Jérôme et avec
cap. 3, vu qu'il s'agit de Marino Sanudo. Il les passages bibliques (Genèse xxxII, 17, et
faut au moins connaître le nom des auteurs I Rois vII, 46), il ne lui semble plus possible
dont on invoque le témoignage. d'en dire autant d'autres versets (Josué xIII,
Très-probablement encore, la Thala que 27, et Juges vIII, 4, 5), qui lui paraissent
M. Van de Velde a visitée (p. 327), est la mettre Sokkout sur l'autre rive du Jourdain.
Thella de Josèphe ; mais il aurait dû se con D'abord, saint Jérôme dit tout le contraire
tenter de cela, et ne pas chercher dans cette de ce que lui fait dire M. Van de Velde.Voici
loc3lité la Thaanath-Shiloh de Josué (xvI, ses paroles (Ad Genes. xxxIII, 17). Sochoth.
6 : lisez Tanat-Selah), de laquelle nous ne « Est usque hodie civitas trans Jordanem hoc
savons qu'une chose, c'est qu'elle était sur vocabulo in parte Scythopoleos. » Si elle était
les frontières de la tribu d'Ephraïm, et à au delà du Jourdain pour saint Jérôme, elle
dix milles romains à l'est de Naplouse sui ne pouvait être sur la rive droite. Dans Josué
vant Eusèbe. Cela s'accorde-t-il avec la po (xIi, 27), Sokkout est une ville de la tribu de
sition de Thala ?La carte de M. Van de Velde
† plus tard. Gad, et dans le I" Livre des Rois (vI, #
IlOUlS les ornements du temple sont fondus dans la
Dans la même page (327), M. Van de Velde plaine du Jourdain, entre Sokkout et Sar
Voit, en hésitant un peu il est vrai, dans la tanah. Concluons : la Sokkout de saint Jé
localité nommée Atûf, la Tappuach ou En rôme et de Josué était certainement dans la
Tappuach qui était sur les frontières des tri tribu de Gad, c'est-à-dire sur la rive gauche
bus de Manassé et d'Ephraïm. Il fait bien du Jourdain, probablement à la , hauteur
d'hésiter, car le nom Atouf n'a absolument de Scythopolis, ou Beysan. La Sokkout du
rien de commun avec le nom arabe Teffah, Livre des Rois doit être une seconde loca
les pommes, les fruits, qui est identique avec lité du même nom, placée vraisemblablement
le nom hébreu, ridiculement transcrit Tap sur la rive droite, puisque, pour désigner
puah, et même Tappuach. les deux villes entre lesquelles s'étaient éta
Voici maintenant d'autres identifications blis les fondeurs de Salomon, l'Ecriture dit
sur le compte desquelles M. Van de Velde a entre Sokkout et Sartanah. Cette seconde
raison de conserver des doutes (p. 342). Sur Sokkout, c'est, je le crois très-volontiers,
son chemin, il trouve les deux villages de Ta celle que M. Van de Velde a retrouvée.
mûn et de Tubâs, au nord-ouest d'Atouf, J'aime mieux cette † que celle qu'a-
Tamûn à une heure et un quart de distance, dopte M. Van de Velde, d'une répartition
et Tubâs à trois quarts d'heure de marche au sur la rive droite du Jourdain, d'une partie
nord de Tamûn. Tubâs, nous dit-il, a été déjà du territoire de Gad. Ce qui lui paraiît sur
identifié par d'autres avec la Thebez, où fut tout militer en faveur de cette supposition
98l APPENDICE. — REPONSE A M. VAN DE VELDE. 982

inadmissible, c'est qu'il croit reconnaître de son drogman. Cela n'est pas tres-flatteur
Beth-Aram, mentionné dans le même ver † M. Smith, mais à coup sûr ce n'est pas
set de Josué, dans un Tell situé au N.-N.-O. onorable pour M. Van de Velde.
de Sokkout, et portant le nom de Tell-Hamra. Le site de la Cana de l'Evangile était assez
Quel rapport M. Van de Velde peut-il trouver important aussi pour mériter l'attention de
entre le nom Beit-Heram, la Maison-Haute notre voyageur. Deux opinions étaient en
et Tell-Hamra, la colline Rouge ? Je ne le de présence; toutes deux un peu hypothétiques,
vine pas. C'est donc là toute une série d'iden je le veux bien, mais dont l'une réunit en
tifications inadmissibles. D'ailleurs, Beit-He sa faveur toutes les probabilités possibles.
ram est une localité qu'Eusèbe et saint Jé Malheureusement celle-là a l'inconvénient
rôme placent près du Jourdain ; ils disent que d'être admise par les Catholiques. Elle ne pou
lesSyriens l'appelaient Bethramphta et qu'Hé vait donc trouver grâce devant M. Van de
rode lui donna plus tard le nom de Livias. Velde. En conséquence, il place Cana † 405)
Or, Livias, nous le dirons à M. Van de Velde, à Cana-el-Djelil, ruine située à deux heures
était près du mont Feor ou Phogor, près de et quart de marche, au nord de Nazareth,
Machronte, et par conséquent bien loin du au détriment de Kafr-Kenna qui se trouve,
point où M. Van de Velde pense la re comme le veut l'Evangile, sur la route di
trOuver. recte de Nazareth aux rives de la mer de
Voici encore (p. #une découverte dont Galilée. Je ne crois pas avoir à revenirici sur
M. Van de Velde se félicite fort, et qui,j'en la discussion que j'ai produite ailleurs à ce
ai bien peur, n'a pas la valeur que son au sujet. Elle a paru assez probante à M. Isam
teur lui attribue. Le lecteur en jugera. On bert lui-même, l'adversaire le plus déclaré de
lit dans l'Evangile de saint Jean (III,23), qu'il tout ce que j'ai dit, pour qu'il ne crût plus
baptisait en un endroit où l'eau abondait, Ossible de se déclarer en faveur de Cana-el
nommé Salim et situé près d'AEnon ; quant jelil; je m'en tiens à cet assentiment, qui,
à AEnon, Eusèbe nous apprend que cette lo je le crois, me donne gain de cause, ou plu
calité était à 8 milles au sud de Scythopolis, tôt donne gain de cause aux voyageurs qui,
près de Salim et du Jourdain. Certes, retrou longtemps avant moi, ont admis l'identifica
ver Salim était une bonne fortune désirable, tion que je n'ai plus eu qu'à appuyer sur de
et M. Van de Velde n'était pas homme à ne nouvelles preuves.
pas faire des efforts pour obtenir cette pré M. Van de Velde a eu le bonheur, qui m'a
cieuse conquête. Voici en quoi consistent été refusé, de visiter Kadès, où l'archéolo
ceux qu'il a faits. Il rencontre un oualy (ce gue, à ce qu'il paraît, trouve un ample sujet
qu'on appelle un marabout en # cet
oualy s'appelle Scheikh Salem, c'est-à-dire
d'observations importantes. J'espérais que
notre voyageur prendrait la peine de décrire
† scheikh Salem. Le problème est
résolu. Là était la Salim de l'Evangile.— « Il
les monuments qu'il avait sous les yeux ; mais
il n'en est malheureusement rien (p. 417). Il se
est vrai, dit M. Van de Velde, dont je cite contente d'énumérer des pierres de taille, des
textuellement les paroles, que Te nom d'un tronçons de colonnes, des sarcophages et deux
oualy n'a rien à faire avec le nom d'une ville.» édifices divers, dont l'un lui paraît un temple,
— Croyez-vous que cela l'embarrasse ? Pas le et l'autre un mausolée ; puis il ajoute : But
moins du monde; il a trouvé la solution de i am not archeologist enough to venture to
la difficulté : l'oualy a été bâti en commémo say more about it.Je le regretterais bien plus
ration d'un scheikh de la ville de Salim, et vivement encore, si mon ami, M. de Bertou,
non pas d'un scheikh qui s'appelait Salem ; n'avait, bien des années avant le † de
tant pis pour la langue arabe, si la chose n'est M. Van de Velde, étudié et dessiné les monu
pas possible : que la langue arabe †
comme elle voudra.Au reste, M.Van de Velde
ments de Kadès, qu'il nous fera bientôt con
naître, je l'espère.
dans l'excursion pendant laquelle il a fait Pour avoir fini avec M. Van de Velde, il
cette belle découverte, était accompagné des ne me reste plus qu'à transcrire †
savants docteurs Robinson et Eli Smith ; il phrases que je vais extraire de son livre, et
s'est empressé de leur faire part du trait de qui sont à mon adresse. Je n'y répondrai
lumière qui venait de le frapper, à propos qu'en très-peu de mots, et encore me res
de Salim, who did not, however, agree with pecteraije assez pour ne pas le faire tou
me. Ceci, je le crois sans , peine. Ici, sans Jours.
s'en douter, M. Van de Velde nous donne un Voici donc ce que je trouve (t. I, p. 895) à
échantillon de la franchise qu'il apporte dans propos du livre de Madame de Gasparin, livre
ses relations avec les hommes qu'il trouve dont je n'ai † à m'occuper ici,. et au
sur le même terrain que lui.M.Van de Velde mérite duquel je rends l'hommage qui lui est
qui est accompagné de M. Eli Smith, dont il dû : « En comparant son volume avec une
vante l'habitude de la langue arabe (346 et série d'ouvrages d'autres voyageurs, ce que
347), dit dans la même page, à la suite de la je remarque, et particulièrement dans le der
phrase anglaise que je viens de traduire : and nier (c'est, je pense, le mien dont il s'agit
as i had not § with me, i was not able ici), c'est qu'ils font l'effet d'un tissu d'im
to question the natives regarding AEnon and pressions, non pas produites † les lieux
Salim as i could have wished. En d'autres eux-mêmes, mais conçues en face d'une ta
termes, M. Van de Velde se défiait de M. Eli ble à écrire, où l'écrivain s'est permis d'a-
Smith, et il avait plus de confiance dans les bandonner la réalité de la vie, pour les ré
renseignements obtenus par l'intermédiaire gions de la fantaisie ; non pas que je nie
, 983 DICTlONNAIRE DES ANTIQUlTES BlBLIQUES. 984

complétement que les lieux saints peuvent prouver, car, en pareille matière, sés affirma
remplir l'esprit d'un voyageur de saintes tions sont d'autant plus insuffisantes, que nous
impressions, mais j'apprends de jour en savons maintenant à quoi nous en tenir sur
† mieux que cela n'est généralement pas
e cas ; et si ce cas se présente, les personnes
leur valeur réelle. Je transcris :
« Malgré cela, si un voyageur suivi de qua
feront bien de s'examiner elles-mêmes, pour tre ou cinq autres, vient nous dire qu'il a
voir si certains sentiments pieux ne sont trouvé des ruines dans telle ou telle place,
pas plutôt des sentiments charnels quel'œu son témoignage ne doit pas être rejeté par
vre du Saint-Esprit. » ceux qui n'ont jamais visité les lieux. Il est
A cette tirade odieusement ridicule je n'ai donc nécessaire qu'un autre voyageur apporte
rien à répondre; l'avoir reproduite est pour son témoignage, que l'on puisse oui ou non
moi bien suffisant. Voici maintenant quel se fier à ses connaissances.
ques passages saillants d'une longue note Ceci est une #†, OIl CI1 COIl

qui ne concerne que mon voyage, et qui viendra, et je laisse . Van de Velde toute
occupe les pages 115 et 117 du tome II. la responsabilité de cette théorie du témoi
« Le voyage de M. de Saulcy a été † gnage humain.
« J'ai donc suivi les traces de M. de Saulcy,
en France sous le titre de, etc. Le public pa
raît charmé de ses pseudo-découvertes.Pour sur cette même place, avec des Bédouins de
ma part, j'ai scruté les éditions anglaise et la même tribu, appartenant au même scheikh
française, espérant y trouver la justifica † M. Van de Velde a-t-il dit précé
tion de ses conclusions. Ce n'est pas ici le emment avec le même scheikh Abou-Daôuk?),
moment d'entrer dans des détails sur son li en un mot, avec des Bédouins accoutumés à
vre, car, pour réfuter les contradictions, les rôder sur ces localités. J'avais une copie ma
citations erronées, et les fausses hypothèses nuscrite de la carte de M. de Saulcy; il m'a
qui s'y trouvent en nombre, il faudrait faire donc été impossible de passer sans aperce
un livre aussi considérable que le sien. Je voir les ruines qu'il mentionne. Je les cher
laisse à ceux qui désirent connaître la vérité chais avec avidité. Il était impossible de les
le soin de § une opinion. » manquer, cependant je n'ai rien vu qui con
Pourquoi donc M. Van de Velde s'obstine firmât ses assertions, et, malgré toutes ses
t-il à produire des assertions, toujours, et assurances, je suis forcé d'établir que sa dé
des preuves, jamais? Quand donc viendra le couverte de Sodome est un pur fruit de son
temps # pour confondre mes im imagination. »
postures? La communication à la société ar A ceci un mot. Je suis trop vieux pour avoir
chéologique de Palestine, disait: « Attendez encore l'imagination que me prête M. Van de
mon livre, et vous verrez que M. de Saulc Velde, et celui-ci a fait, malheureusement
vous trompe. » Voici le livre venu, et # pour lui, preuve d'une imagination si active,
Van de Velde dit encore : « Attendez plus en se faisant accompagner dans une excursion
tard, ce n'est pas ici le lieu de réfuter les con par un homme mort depuis plusieurs mois,
tradictions, les citations erronées et les fausses qu'il est mal venu à adresser un reproche pa
hypothèses † fourmillent dans le voyage reil à son prochain. J'ai fait voir plus haut
de M. de Saulcy. » Monsieur Van de Velde, que M. Van de Velde n'a pu consacrer cinq
ne réfutez pas tout, puisqu'il y a tant de minutes à la recherche avide dont il argue.
choses réfutables ; mais, par grâce, prenez Que penser dès lors de l'assertion de notre
la peine de signaler une seule de mes contra voyageur?Mais, patience, d'autres que M. Van
dictions, une seule de mes citations erronées, de Velde visiteront, s'il plaît à Dieu, ces mê
une seule de mes fausses hypothèses; ces mes localités, et alors il sera rendu justice à
trois chefs d'accusation, une fois démontrés, chacun de nous deux, selon ses œuvres.
voyez comme je suis de bonne composition, « M. de Saulcy fait appel à ses compagnons
# passerai condamnation sur les autres. De de voyage pour qu'ils affirment la véracité de
a sorte, vous ne serez pas obligé de faire un ses assertions; j'espère qu'on me permettra
livre aussi gros que le mien. Mais prenez de mon côté d'en appeler au témoignage de
garde! le public n'est pas dupe de ces insi Robinson, de Smith et de leurs prédécesseurs.
nuations perfides que l'on ne se lasse pas Certainement, ce qui peut avoir échappé à
de jeter à la face d'un homme, sans jamais l'attention de ces dérniérs, ne peut pas avoir
prouver que l'on a le droit d'agir ainsi. échappé aux soigneuses recherches des voya
· Poursuivons : « D'un tel examen, il sortira geurs américains. »
1 évidence que, quoique M. de Saulcy ait Ici, M. Van de Velde oublie qu'il a constaté
réellement trouvé des ruines à la base de dans son livre que la description des lieux
la montagne de Sel, les villes de Zoar, Sodo donnée par les Américains, est purement fan
me et Seboim, n'ont jamais pu être où il l'ima tastique, aussi bien que le dessin produit
gine. » avec leur récit. Notre voyageur, on le voit, ne
Je suis très-reconnaissant de l'aveu que fait devrait parler de contradiction à personne.
ici M. Van de Velde de la réalité des ruines M. Van de Velde feint de croire que j'ai men
que j'ai trouvées à la base de la montagne de tionné des ruines visibles de loin, et il oublie
Sel, Je n'en demandais pas davantage. Quant que les ruines dont j'ai signalé l'existence
au fait que les villes maudites n'ont jamais pu sont identiques avec celles qu'il décrit à pro
être où je les place, c'est une autre affaire; pos de Bir-Sebaâ. - -

M. Van de Velde est fort loin de l'avoir prou « On me demandera donc ce qui peut avoir
vé, et, qui plus est, je le mets au défi de le causé à M. de Saulcy de pareilles erreurs.Je
985 APPENDICE. — REPONSE A M. VAN DE VELDE. 986

crois qu'elles tiennent à sa générosité mal eut pas être bien loin; il sait que Mangles et
placee envers Abou-Daôuk. D'après l'échan rby, Seetzen et Lynch ont trouvé les ruines
tillon que nous avons donné plus haut de sa de Zoar, à l'entrée du Wady-Karak, à la baie
rapacité, le caractère de ce chefest à peu près qui est au nord de la péninsule sud-est de la
évident. Abou-Daôuk est de la même nature mer Morte, mais cela est en contradiction
que les autres Bédouins. Montrez-vous dési avec sa découverte.Ainsi M. de Saulcy se met
reux de trouver dans chaque pierre façonnée à l'œuvre pour renverser les rapports de ces
par la nature une trace d'antiquité, excitez sa voyageurs, et aussi de la sainte Ecriture, qu'il
cupidité en lui donnant continuellement des prend cependant la précaution de citer à
piastres, dès qu'il vous montre quelque choso chaque instant, au milieu de tels commentai
qu'il appelle des ruines, il vous en montrera # qu'il
34?. D
la fait paraître plaider sa cause à
tous les quarts d'heure, avec des noms et des
noms propres, sinon sur place, dans tous les M. Van de Velde me permettra-t-il de pren
cas à §. Ceci est cause que dans ces dre acte de cet aveu d'impuissance de sa part?
régions de Bédouins, on entend parler de tant Comment! l'Ecriture sainte, citée à chaque
de noms mentionnés par certains voyageurs, instant par moi, est englobée dans de tels
et que d'autres ne peuvent parvenir à retrou commentaires que je la fais paraître plaider
ver. Moi-même, j'ai pris plusieurs fois mes ma cause, et vous n'attaquez pas de tels com
guides bédouins en flagrant délit de menson mentaires l et vous n'en démontrez pas la
e. Le mensonge est pour eux le pain quoti fausseté l et vous avouez qu'il paraît que l'E-
ien, et rien que les questions pressantes suf criture plaide en faveur de ma cause ! Ah !
fisent pour arriver à la vérité. » monsieur Van de Velde, vous avez eu tort de
Autres contradictions. Les guides pris dans laisser glisser ces phrases-là de votre plume,
la tribu d'Abou-Daôuk par M. Van de Velde car elles sont plus probantes contre vous
étaient si bons et si honnêtes, qu'il ne cesse même, que tout ce que je pourrais écrire !
de vanter leurs qualités et de célébrer leurs Poursuivons.
† et moi, j'en ai fait des guides dé « Entre Wady-er-Rmaïl et Kureiteyn il voit
testables, par ma générosité mal placée, gé un endroit qu'Abou-Daôuk appelle Souq-et
nérosité qui, je l'affirme sur l'honneur, n'a Thaemeh, et il déclare de suite que c'est
pas une seule fois été exercée, pour payer à Admah. Il trouve Zeboim au cœur de Moab,
un Bédouin quelconque d'Abou-Daôuk une et enfin Gomorrah non loin des murs de Jé
îndication quelconque ! Et cet Abou-Daôuk richo. »
lui-même , si pressé d'inventer des ruines Répondons à ceci. D'abordSouq-et-Thaemeh
pour mon usage, comment M. Van de Velde n'est pas entre l'Ouad-er-Rmaïl et Keriteyn.
oublie-t-il qu'il a raconté plus haut qu'à M. Van de Velde utilise bien mal la carte dont
propos des ruines de Gerar, ce scheikh lui a je lui avais permis de prendre un calque, puis
répondu qu'il n'en connaissait pas de ce qu'il commet une erreur pareille. L'Ouad-et
nom? Explique cela qui pourra; pour moi, j'y Thaemeh et le Souq-et-Thaemeh sont bien
TenOnce. † de l'Ouad-Zouera, et par conséquent de
Pour abréger, je passe † phrases oar. Et puis, qu'y a-t-il donc d'étonnant à
sur l'ignorance générale des Bédouins, igno ce que je trouve Seboim au cœur de Moab,
rance que M. Van de Velde a constatée, et puisque les ruines que j'appelle Seboim sont
ue j'ai niée, à ce qu'il prétend. Comment celles que M. Van de Velde appelle Zoar ?
l'a-t-il donc constatée, lui qui n'entend pas Vous vous récriez sur ce que Seboim est dans
le premier mot d'arabe ? Est-ce par l'inter la Moabitide, vous qui y mettez forcément
médiaire des drogmans d'ordinaire si érudits? Sodome, puisque cette ville était au plus, d'a-
Je reprends. « Les Bédouins ne tiennent rès la Bible, à une demi-lieue de Zoar ! ! !
† piastres et aux ghazis; est-il donc t quant à Gomorrhe, à qui M.Van de Velde
tonnant que M. de Saulcy, après avoir gâté fera-t-il croire qu'en passant pour ainsi dire
Abou-Daôuk par ses présents continuels, ait au milieu de ces ruines, il n'a pas fait deman
été trompé par lui? Certainement, l'œil per der à ses Bédouins s'il y avait réellement de ce
çant de ce chef de voleurs a bien discerné le côté des ruines nommées Kharbet-Goumran ?
côté faible du voyageur. Dans ces circons Il n'en dit pas un seul mot, et c'est ce silence
tances, la caravane de M. de Saulcy se dirigea calculé et impossible qui l'accuse et qui met
le long de la montagne de Sel... le Djebel en évidenceson parti pris.M. Van de Velde le
Usdum des Arabes; au côté sud-ouest de la sent si bien, qu'il se hâte d'ajouter ceci :
mer Morte un tas de pierres, déjà vu et men « Trouvant suffisant d'avoir découvert
tionné par Seetzen et Robinson, attire l'atten l'erreur de M. de Saulcy pour ce qui regarde
tion du voyageur français; il en est profondé Sodome et Zoar, je ne me suis pas donné la
ment impressionné ; son imagination s'excite, peine de chercher les trois autres villes; et en
et sous cette impression, il reçonnait dans effet il est inutile d'entreprendre un voyage
ces pierres une partie des constructions de la aussi difficile, et aussi dangereux que celui
ville brûlée. Voici en quels termes il s'expri de la mer Morte, pour s'apercevoir de l'absur
me (suit une citation extraite de mon livre). dité sur laquelle M. de Saulcy base la décou
Ici l'enthousiasme obscurcit la compréhension verte des villes de la Pentapole. »
de M. de Saulcy. Pour ma part, dit-il... (autre Pour Gomorrhe, je viens de le dire, le
citation). Sur ces renseignements d'Abou voyage était tout fait , M. Van de Velde n'a
Daôuk, M. de Saulcy bâtit tout un système garde d'en parler. Pourquoi ? Espérons qu'il
des cités. Zoar, c'est ainsi qu'il raisonne, ne le dira quelque jour. Quant à la dernière
987 DICTIONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 988
phrase, elle ne mérite pas l'honneur d'être ple de signaler la concordance entre les deux
relevée. éditions. Mais ceci est une querelle de dé
Telle est toute la savante discussion promise tail, passons donc au fond de la question.Je
par M. Van de Velde, et de laquelle devait ne comprends pas ce que M. Van de Velde
pleinement ressortir l'évidence de mes speu trOuve d'exorbitant dans la citation ci-dessus.
do-découvertes. J'ai bien peur qu'il n'en res Il existe au Pirée un sarcophage envahi par
sorte pis que cela pour notre voyageur. la mer, n'offrant pas un seul ornement, mais
Reste un dernier sujet, sur lequel M. Van ue la tradition déclare être le sarcophage de
de Velde me fait la leçon : c'est celui du tom hémistocle. Serais-je donc absurdé de dire
beau des rois. Quelque dégoût profond que que ce sarcophage deviendrait une précieuse
m'inspire cette polémique avec un homme à acquisition pour le Louvre, s'il était une fois
qui j'ai rendu service, je ne suis pas homme bien établi qu'il est réellement le sarcophage
à reculer, ni à lui faire grâce de ses propres de Thémistocle?M. Van de Velde me permet
#. Je transcris donc encore (t. II, p. tra de n'en rien croire, et de penser que sur
ce point il restera tout seul de son avis. Pour
« D'après les volumes que nous avons déjà SUllVOIlS.
cités de M. de Saulcy, il paraît qu'il n'accepte « Ce que M. de Saulcy est désireux de dé
pas la positive déclaration de la Bible « dans la couvrir, devient bientôt à ses yeux une cer
« cité de David. » Nous n'avons pas l'intention titude morale; ne nous étonnons donc pas de
d'insérer dans cette narration une critique des lui entendre dire : Après une heure de repos,
arguments de M. de Saulcy ; mais il peut être donnée aux délices du moka et du Latakieh,
utile de diriger l'attention de nos lecteurs sur je passe à l'encre mes notes topographiques
la manière dont il raisonne. » de la matinée, et je me complais à ruminer
Non, je n'accepte pas l'expression de la mes trouvailles de l'heureuse course que je
Bible — dans la cité de David — comme re viens de terminer. » # est extrait † l'é-
présentant exclusivement la forteresse du dition anglaise, p. 97, et de l'édition fran
mont Sion, parce que maint passage de l'Ecri çaise, t. II, p. †
ture sainte prouve irrésistiblement le con C'est ici que brille d'un éclat douteux l'in
traire. Mais j'oublie que, pour M. Van de telligence de M. Van de Velde, ou qu'éclate
Velde et consorts, les textes bibliques sont son mépris pour ses lecteurs, qu'il juge assez
respectables quand ils leur donnent raison, et simples pour qu'il lui soit permis de leur
ne sont plus respectés dès qu'ils leur donnent compter tout ce qui lui passe par la tête.
tort. Cette fois encore, M. Van de Velde, qui
Croit-on, en effet, que le passage cité et que
devait prouver jusqu'à l'évidence que mon je viens de transcrire se rattache même de
opinion n'avait pas le sens commun, juge pru très-loin au tombeau des rois ? Pas le moins
dent de décliner la discussion. Il n'a pas l'in du monde! Il s'agit de ma course de Jéricho
tention d'insérer dans sa narration une criti au Jourdain, à la pointe nord de la mer Morte,
† de mes arguments. Ceci est fâcheux pour à Gomorrhe et à Nabi-Moussal! ! Reste à sa
voir si les lecteurs de M. Van de Velde seront
ui, car il est admis par tout le monde que ce
système d'argumentation est pitoyable et qu'il flattés du sans-façon avec lequel il se moque
montre le néant des raisons qu'on voudrait d'eux. Car il n'y a pas de moyen terme; ou
opposer au système que l'on attaque. . bien M. Van de Velde les trompe sciemment,
ertainement il peut être utile de diriger ou bien il ne comprend pas ce qu'il lit. En
l'attention des lecteurs sur la manière dont je tout cas sa logique est étrange, on en con
raisonne, mais à la condition ue ces lecteurs . viendra. Voici, continue M. Van de Velde,
consentiront à croire que M. Van de Velde est quels sont les arguments en faveur de l'iden
plus qu'eux-mêmes capable de saisir la mar tité des tombes royales :
che d'un raisonnement; peut-être quelques « D'abord, M. de Saulcy accepte sans con
uns y étaient-ils disposés; je garantis mainte dition la véracité de la tradition chrétienne,
nant qu'il n'en restera pas un seul † nG SG tandis qu'il rejette celle des natifs (ces der
récrie sur l'incroyable inintelligence de M.Van niers placent la tombe de David au côté sud
de Velde. Copions donc : du mont † ))

« Page 17 du lI° volume de l'édition an 1* M. deSaulcy demande à M. Van de Velde,


glaise, il avance que les morceaux de sarco comment les Chrétiens, les musulmans et
phage si admirablement taillés, qu'il trouve les Juifs † ce tombeau, et s'il porte
dans ce qu'on appelle le tombeau des rois, parmi eux deux noms différents.
seraient d'un grand prix pour le Louvre de 2° M. de Saulcy demande à M. Van de
Paris (sic), si toutefois il pouvait être prou Velde pourquoi Josèphe appelle ce monu
vé que ces sépulcres sont ce que leur nom ment lès caves royales, et cela de l'aveu de
indique. » tout le monde.
D'abord, pourquoi M. Van de Velde, qui 3° M. de Saulcy demande enfin à M. Van
plus haut prétendait avoir scruté les éditions de Velde s'il sait que le Pèlerin de Bordeaux
française et anglaise de mon voyage, cite-t-il lace en 333 le tombeau de David à Bethlé
de préférence la traduction anglaise ? Pour em?S'il ne le sait pas, il le prie de l'ap
quoi ne pas citer textuellement ce que ma prendre, et d'en conclure que les natifs qu'il
propre plume a écrit ? Très-probablement invoque ne sont que les musulmans devenus
parce que M. Van de Velde, † qu'il en maîtres de l'église du Cénacle, ou que les
dise, n'a sous la main que l édition anglaise. Juifs trompés par l'absurde récit de Benja
Si le contraire était vrai, il cût été bien sim · min de Tudèle.
800
989 APPENDlCE. - REPONSE A M. VAN DE VELDE.
« Ensuite viennent plusieurs démonstra vous ai promis de vous faire prompte et bonne
tions pour prouver ce que ces tombes ne justice, et je vous tiendrai parole.
sont pas, démonstrations qui pour que nous «En lisant les arguments du voyageur, on
leur donnions notre confiance, devront pas devra se rappeler queles questions et les objec
ser par l'examen et le témoignage des sa tions qu'il propose, sont les siennes propres
vants, car nous avons été amené à soupçon et non pas celles du lecteur sans préjugés.Une
|ner les citations d'auteurs anciens que fait suite de raisonnements tortillés ensemble de
M. de Saulcy, par les remarques de M. Isam cette manière, fait que le lecteur suit ;insensi
bert, dans son examen de l'ouvrage de M. de blement la hardiesse de l'auteur, et qu'il perd
Saulcy, dans les bulletins de la Société de sa libérté de jugement; il est, sans le savoir et
Paris. 1853, octobre, novembre, etc. sans le vouloir, entraîné par les idées de l'au
teur. »
Répondons froidement à cela, si faire se M. Van de Velde ne pouvait rien ecrire
peut. M. Van de Velde se trompe en me qui me fût plus agréable que le passage pré
croyant de son école; je ne consentirai ja cédent. Les objections qu'il déclare être les
mais à fausser sciemment une citation ; c'est
dire que j'ai l'horreur et le mépris le plus
miennes propres, sont celles †
m'ont été
opposées dans le sein de l'Académie, par MM.
profond pour le vice le , plus honteux, le R.Rochette et Quatremère. Si, d'ailleurs, ce
mensonge. M. Isambert s'ést permis parfois Ile SOnt † les miennes, que M. Van de Velde
de me reprocher d'avoir altéré des textes an formule les siennes, et je m'engage à les réfu
ciens, et M. Isambert a été mis par moi en ter de façon à le contenter. M. Van de Velde
demeure de prouver qu'il disait vrai ;j'atten a, sans doute sans y prendre garde, dépeint
drai longtemps, je crois, qu'il puisse répon à merveille la manière dont la conviction se
dre à cette injonction. Une fois, j'en conviens, glisse dans l'esprit de l'homme. Puisque la
il m'a justement reproché d'avoir mal consul lecture de mon mémoire sur les tombeaux
té l'édition de Seylax de Gail, à propos d'un des Rois agit sur ses lecteurs, comme en con
mot insignifiant † je me suis à tort figuré vient M. Van de Velde, je ne demande rien
omis dans cette édition. Voilà à quoi se rédui
sent toutes les altérations qui me sont repro de plus, et je me tiens pour très-satisfait
ient ensuite la citation des versets bibli
chées. Il faudra donc que ces messieurs
prouvent que j'ai sciemment altéré des tex ques relatifs à l'inhumation des rois de Juda.
tes, ou bien ils porteront la peine de leur as M. Van de Velde n'a pas eu grand mal à re
sertion perfide. Revenons à M. Van de Velde chercher ces passages que j'ai cités et com
tout seul. Il n'a probablement † fait ses mentés dans plusieurs pages consécutives. Il
humanités, puisqu'il est obligé de s'en rap cº#t ainsi : d'aprè ] -

porter à l'avis d'autrui, pour comparer avec « Il me paraît d'après ces passages] pris
des éditions imprimées, les textes et les tra
d'accord §i # 7, et º§ † 1,
ductions que j'ai donnés? Ceci franchement que l'on ne peut pas être facilement amené à
ne fait pas honneur à l'érudition du voya adopter la manière de voir hyperbolique de
geur. Passons. M. de Saulcy, et à croire que les tombes en
question, au nord de la cité, aient jamais
« Finalement il donne tous ses arguments contenu les restes de David et de ses succes
comme concluant à prouver ce que ces tom seurs. L'Ecriture sainte aurait-elle pu s'ex
beaux sont, c'est-à-dire ceux des rois de Juda. rimer d'une manière plus claire que dans
Mais ce qui me paraît de la plus grande im es passages ci-dessus indiqués, pour désigner
portance, c'est la certitude que la Bible veut la place des sépulcres des rois de Juda? Non
dire par l'expression Cité de David, la mon certes; malgré cela, l'erreur du voyageurfran
tagne même de Sion, et non. pas la plaine çais est si grande, qu'il dit lui-même au sujet
ondoyante et rocheuse qui est à une bonne de l'expression dans la cité de Jérusalem
distance du mur septentrional de la cité. L'au (voy. le sépulcre d'Akhaz) : Il me paraît im
teur glisse sur ce point avec quelques asser ossible de prendre cette expression à la
tions hardies et insoutenables.»
ettre. (Edit .. anglaise, t. IV, p. 176; édit.
J'ai prétendu, et je prétends plus que ja française, t. IV, p. 252.)
mais, que le nom Cité de David, donné d'a- M. Van de Velde, qui paraît se méfier de
bord à la forteresse du mont Sion, que David mes citations, me permettra de lui dire que
parvint à enlever aux Jébuséens, fut étendu ' celle-ci est tronquée, et par conséquent faus
lus tard à Jérusalem tout entière, ainsi que sée. Voici ce que j'ai dit : quant à ce qu'il
e prouvent des textes bibliques dont on se fut enterré dans la ville, à Jérusalem, il ne
garde bien de parler, ainsi que le prouve me paraît pas possible de prendre cette ex
notamment d'une manière irréfragable le Li pression au pied de la lettre, puisque person
vre des Machabées.Je n'ai jamais dit que la ne ne pouvait être inhumé dans la ville. C'est
plaine où sont les o§ eût été ce dernier membre de phrase qui donnait
nommée par extension Cité de David. C'est raison à ma proposition, que M. Van de Velde
là une niaiserie que M. Van de Velde a tort a jugé bon de supprimer ; c'était peut-être
de m'attribuer. Je glisse sur ce point, dit M. † mais ce n'est pas suffisamment loyal.
† le répète, personne ne pouvait, d'a-
Van de Velde, avec quelques assertions har
dies et insoutenables-Pourquoi vous borner près la loi mosaïque, être enterré dans l'in
à le dire ?'il fallait prouver qu'elles étaient térieur d'une ville, et c'est cette raison qui
hardies et insoutenables. Du reste, revenez-y donnera toujours tort à mes adversaires.Voici
si vous voulez, monsieur Van dc Velde; je ce qui termine cette note de M. Van deVelde :
991 · DICTIONNAIRE DES ANTIQUlTES BIBLIQUES. 992

« Ainsi la parole de Dieu doit céder devant m'étaient adressées n'étaient pas justes. Dans
les hypothèsés de M. de Saulcy ! Nous sommes tous les cas, elles n'ont pas réussi à me faire
heureux de dire que M. Quatremère , dans abandonner un seul des faits que j'avais
le Journal des Savants (vol. 1851-1853), a énoncés. M. Van de Velde avait donc mieux
bien montré la valeur que nous devons ac à faire que de s'appuyer avec tant de con
corder aux découvertes de M. de Saulcy. Je fiance sur ces prétendus jugements , dont
prie mes lecteurs, pour être plus au courant heureusement il m'était si facile d'appeler.
de la valeur de cet ouvrage, d'examiner les Celui que M. Van de Velde s'est à son tour
jugements qui ont été prononcés sur son permis de porter sur la moralité de mon li
compte par cette revue périodique et par la vre est-il plus respectable? C'est ce que les
Société † géographie de Paris, dont nous lecteurs de ce travail apprécieront. En tout
avons parlé plus haut. » cas, je crois avoir donné un bon exem
J'ai répondu aux articles du Journal des † à M. Van de Velde : j'ai prouvé que son
Savants;j'ai répondu aux articles du Bulletin ivre était tout au moins médiocre, avant de
de la Société de géographie.Tout le monde n'est le dire hautement; il eût été plus sage de
pas dans le cas de M. Van de Velde, et peu suivre la même marche à mon égard , et
de personnes ignorent l'existence de mes de ne pas se retrancher imperturbablement
réponses. Ces réponses, trop vives parfois, dans des assertions injurieuses, dont le moin
je l'avoue aujourd'hui sans arrière-pensée, dre défaut est de prouver sa malveillance et
ont, je crois, fait voir que les attaques qui son ingratitude.
-

BIBLIOGRAPHIE GEOGRAPHIQUE
DE LA TER RE SAINT E.

Cette Bibliographie ne comprend pas les ouvrages qui ont paru depuis 1700 et se trouvent dans tous les
Catalogues. -

A y lugares comarcanos, traducida por Vicente


ABoUL-FEDA,Arabe.—Traduit par Reynaud, Gomez : Valencia, Patricio Mey, in-8, 1603 ;
in-4, 2 vol., 1848. -2" édition, chez le même, 1620.
ABoUL-FEDA et IBN-EL-OUARDY DE KoILIR.— AFLITTo. - Viaggio degli ambassadori di
Messina alla gran Madre de Dio in Gerusa
Leipzig, Schœmmenk, 1766, in-4, -- id., lemme : Messina, in-12, 1647.
1786.
AccoLTI. — La Guerra fatta da Christiani . AGosTINo.— Peregrinaggio di Terra Santa
contra barbari per la recuperazione del se di F. Agostino, Siciliano; Palermo, in-8
1632.
polcro di Christo et della Giudea, tradotta
per Francesco Baldelli de Cortona, in-8; Ve AITzINGER. - Terrœ promissionis topogra
nise, Gabriel Giolito de Ferrari, 1549. phica atq. historica descriptio, etc., per Mi
— Benedicti de Accoltis Aretini, de bello a chaelem Aitzingerum Austriacum; Coloniœ
Christianis contra barbaros gesto pro Christi #ppine , Godefridus Knapensis, in-4,
sepulcro et Judaea recuperandis, libri IIII ; ALCAROTTI. - Viaggio di Terra Santa; No
Venise, Bernardini de Vitalibus, in-8, vara, in-4, 1596.
1532.
ADAMNANUs. — De situ Terrae Sanctae; In ALLATII (Leonis). - zup utxra, sive Opu
sculorum Graecorum et Latinorum... libri
golstadii, in-4, 1619. duo,. contin. : Joannes Phocas; Epiphanius ;
ADRICHoMIUs. — Theatrum Terrae Sanctae
et biblicarum histoliarum, etc. Auctore Adri Perdiccas Ephesius; Anonymus , De locis
chomio Delpho; Cologne in officina Birck Hierosolymitanis; Eugesippus, De distantiis,
mannica, sumptibus Hermanni Mylii, in-fol., etc.; Willebrand d'Oldenbourg; Lucas Holste
1628. nius, De Sabbatico flumine ; Anonymus, id. ;
—TheatrumTerrae sanctae et biblicarum his #e Agrippinœ, Jodocus Kalcovius, in-8,
toriarum, etc. Auctore Christiano Adricho
† Delpho; Cologne, Birckmann, in-folio, ALQUIÉ (Savinien d'). - Le voyage de Ga
lilée; Paris, Florentin Lambert. — L'Epître
0.
· - Jerusalem sicut Christi tempore flo dédicatoire est signée D. S. A. ;in-8, 1670. --
ruit, etc. , Christiano Adrichomio Delpho Voy. BoNNECoRsE.
auctore ; Coloniae Agrippinœ , Godefridus -Les mémoires du voyage de M.le marquis
Knapensis, in-8, 1584 (non mentionné par de Ville au Levant, ou l'Histoire curieuse du
Ternaux). siége de Candie, par Savinien d'Alquié; Am
— Urbis Hierosolymae, etc., brevis des #º Henri et Théodore Boom, in-12,
criptio Christiano Adrichomio Delpho au
ctore; Cologne, Birckmann, in-8, 1592. AGILEs (Raimundus de).—Son voyage, dans
— Descrittione della citta de Gerusalemme Bongars. — Voy. BoNGARs.
da Ch. Adricomo, con un trattatO de L. Ar AMICo (B.). - Piante et imagini de sacri
rivabene delle cose piu illustri di Tierra edifizi di Terra Santa, designate in Jerusa
Santa; Verona , Palazzolo , in-8 , 1592. lem, intagliate da G. Callot; Roma, in-folio,
15 Le même. Edition de Cologne, in-folio, 1609. - Trattato delle Piante et imagini di
585. sacri edifizi di Terra Santa, designate in Jeru
— Vero ritratto della citta di Gerusalemme · salemme, etc., dal R. P. F. Bernardino Ami
di Adrichomo, tradotto da M. F. Baldelli ; co : Firenza, Pietro Cecconcelli, in-folio,
1620.
Fiorenza, Marescoti, in-12, 1594. — Thea
trum, Cologne, 1590; — Cologne, in-folio, AMMANs (J. S.). — Reise in das Gelobte
fig., 1682; — Cologne, 1593: - Cologne, in Land von Wien in Oesterreich durch Unga
folio, 1613. riam, Serviam, Bulgariam et Thraciam; Zu
rich, in-8, 1618. - Reise in das Gelobte Land
— A briefe description of Hierusalem ,
translated by Thomas Tymme; London, Peter mit noch drey.andern Reiseb eschreibungen;
Zurich, in-4, 1678.
Short, in-4, 1595.
— Beschryving van de stadt Jerusalem van ANDERSEN. - Morgenländische Reise von
A. Adrichom , vertaelt door M. Everaerts; Albrecht von Mandelslo ; Schleswig., Johann
Leyden, in-4, 1598. Holucein, — suivi de : Orientalische Reisebe3
— Descripcion de la ciudad de Jerusalem chrei bungen, Jürgen Andersen (1644 à 1650)
995 DlCTIONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 996

und Volguard Iversen (1655 et † Schles AUBERT (Guillaume). — Histoire de la


wig, Johann Holwein, in-folio, 1669. . Terre-Sainte conquise par les Chrétiens sur
ANDRIEsz (Georg). — De Beschreyving des les Barbares, sous la conduite de plusieurs
reyzen von Georg Andriesz..... Van J.-H. princes de France ; Paris, Philibert Gautier
Glozemaker | Vertaalt ; Amsterdam , Jan et Philibert de Rouille, in-4, 1562.
Rieuwitsz et Pieter Arentsz, in-4, 1670. AvEIRo (Pantaléon d'). — Voy. DAvEIRo.
ANGLURE (Simon de Salebruche, baron d'). B
— Journal contenant le voyage fait en Hieru
salem et autres lieux de dévotion, tant en BABENBERG (W. Müntzer's von).— Reisebe
la Terre-Sainte qu'en Egypte, par très-illustre schreibung von Venedig aus, nach Jerusalem,
seigneur messire Simon de Salebruche, che Damascus und Constantinopel ; Nürnberg,
valier, baron d'Anglure, au diocèse de TroyeS, in-4, 1624.
en l'année 1395, mis en lumière pour la BALDENSEL (G. de). — Hodoeporicon ad
première fois sur le manuscrit , trouvé en †"
1604.
Sanctam, Ingoldstadii , in - 4,
une bibliothèque ; 154 pages in-18 allongé;
Troyes, Noël Moreau dit le Coq, 1621 : rare, à BALDELLI. — Voy. RoBERTUS Monachus. —
la bibliothèque de l'Arsenal. H, 618.— Ce BARA (Jean). — Voy. BENJAMIN DE TUDÈLE.
voyage vient d'être réimprimé d'après le ma BARGAEI (Petri Angeli). — Sirias, hoc est
nuscrit de la bibliothèque Impériale, dans la expeditio Christianorum qua Hierosolyma
collection de la Bibliothèque catholique de ductu Goffredi Bullionis a Turcarum tyran
voyages et de romans; Paris, Pouget-Coulon, nide liberata est Carmen ; Florentiae, Junta,
sous ce titre : Le saint voyage de Jérusalem,par in-4, 1591. — Relation journalière du voya
le baron d'Anglure, 1395, accompagnéd'éclair ge du Levant faict et descrit par haut et puis
cissements sur l'état présent des f§ux saints, sant seigneur Henri de Beauveau, etc., re
in-18, 1858. — Ce voyage a été publié sous vu, augmenté et enrichy par l'auteur des
un faux titre et avec un style maladroitement pourtraicts des lieux les plus remarquables ;
rajeuni dans la Revue d'Austrasie , recueil Nancy, Jacob Garnich, in-4, 1615 ; — 2°
littéraire publié à Metz. L'auteur de ce sin édition, identique, — 3° édition, Paris, Ro
gulier pastiche était feu le baron Emmanuel bineau in-12, 1619.
d'Huart. BARRADAs, (Sebastiani etc). — Itinerarium
ANTONINUs. — Itinerarium Antonini Au filiorum Israel in terram repromissionis ;
gusti et.... Burdigalense... HieronymiSuritae... Lyon, Jacques Cardou et Pierre Cavellat, in
commentario... explicatum; Cologne, in-8, folio, 1620. ( manque dans Ternaux - Com
1600. — Itinerarium beati Antonini martyris; pans).
Juliomagi, Audinus, petit in-4, 1640. - BARRADAs (Sebastiani), Olyssiponensis e
Dans les Actes des Bollandistes, mois de mai, Societate Jesu. — Itinerarium filiorum Israel
t. II. Anvers, 1680, in-folio, p. 10 et suiv. ex MEgypto in Terram repromissionis ; Ant
-- Reproduit dans le Thesaurus d'Ugolini, werpiœ, in-folio 1621 (manque dans Ternaux
t VII, p. 1207 et suiv., 1747. -
Compans).
ANToNINUs DE AMICo. — Trium Latinorum BARToLoMIEU. — La manière et cérémo
ordinum post captam a duce Godofredo Hie nie des Turcs, par Bartolomieu, Hongrois, pe
rusalem notitiae; Palerme, in folio, 1636. lerin de Hierusalem, lequel ayant été illec
ANToNINUs PLACENTINUs. - Itinerarium de esclave a connu par expérience tout ce qui
locis Terrae Sanctae quœ perambulavit Anto est contenu en ce présent livre ; Paris, E.
ninus Placentinus, in-4, 1640. Longelier, in-16, 1545.
ANTONIO DE ARANDA. — Verdadera Des BAUDoUIN. - Le voyage d'Italie et du Le
vant de MM. Fermanel, Fauvel, Baudouin
cripcion de la Tierra santa segun el autor la et de Stochove ; Rouen, in-12, 1664.
vio paseo año de 1530; Alcala, M. de
Eguia, in-8, Goth.; 1531. — Verdadera In BAUMGARTEN (Martini à), in Braitenbach
etc. - Peregrinatio in MEgyptum, Arabiam,
forinacion de la Tierra Santa segun la dispo Palaestinam et Syriam, etc.; studio et opera
sicion en que en el año MDXXX el autor la M. Christophori Donaveri Ratisponensis ;
vio y paseo; Alcala, in-4, 1533; — 2° édi Nuremberg ex officina Gerlachiana, per Pau
tion d'Alcala, 1563; — 1" édition de Tolède, lum Kaupfmannum, in-4, 1594.
1537 ; — 2° édition de Tolède, 1545. — BEAUGRAND. — Relation nouvelle et très
#º de Tierra santa; Toledo, in-folio, fidelle de la Terre-Sainte..... par F. Félix
Beaugrand R. de S. F.; Paris, Antoine
ARCULFUs. — 1° Dans Adamnanus : De situ Warin, in-8, 1700.
Terrae Sanctae; Ingolstad., in-4, 1619. — 2° BEAUVEAU (Henri de). — Relation journa
Dans les Actasanctorum ordinis S. Benedicti ; lière du voyage du Levant faict et descrit
edit. de Maoillon, sœc. III, part. II, p. 502 par messire Henri de Beauveau, etc., revue,
522; Paris, 1672, in-folio. — 3° Dans les corrigée et amendée en cette deuxiesme édi
Opera Gretseri ; Ratisb., 1734, tome lV. — tion , Lyon, François Arnoullet, petit in-8,
4° Extrait dans les mémoires de la société de 1609. - ID. Relation journalière du voyage du
Géographie de Paris, p. 794, 815, in-4, 1839. Levant fait et descrit par messire Henri de
- 5" Dans la collection de M. Wright, tra Beauveau, baron dudit lieu et de Mannouville.
duction anglaise. Toul, F. Dubois, in-12, 1608.
ARSENIUs.— Voyage à Jérusalem, en grec BELoN (Pierre). — Les observations de
moderne; Venise, in-8, 1661. plusieurs singularités et choses mémorables
997 BIBLI0GRAPHIE GEOGRAPH. DE LA TERRE SAINTE. 998

trouvées en Grèce, Asie, Judée, etc., Paris, dus ; Strasbourg, les héritiers de Lazare
G. Cavellat, in-4, fig. 1553. — 2° édition, Zetzner, in-12, 1636.
Paris, Guillaume Cavellat imprimé par Be BEssoN.— La Syrie sainte, ou relation de ce
nott Prévost pour Gilles Corrozet et Guillau quis'est passé dans les missions de Damas, d'A-
me Cavellat. Le livre est sous le nom de lep , de Seyde, de Tripoli, et du mont Liban ;
Pierre Belon du Mans, 1554.—3° édition, An Paris, Hénaut, in-8 , 1660. — Storia santa
vers, 1555. — 4° édition, Paris, 1588. — 5 del Padre Gioseppe Besson, Roma, in-4, 1662.
édit., traduction latine; Anvers, 1589. BIGNoN. — Description de la Terre-Sainte,
BENARD. - Voyage de Hierusalem et au par Jérôme Bignon; Paris, in-12, 1600.
tres lieux de la Terre-Sainte, Paris, Mo BISSELIUs. — Joannis Bisselii Palaestinae
reau, in-8, 1621. Seu Terrae Sanctae Topothesia; Ambergœ ,
BENJAMIN DE TUDELE. — Voyage du rabbin Georges Hangenhafer, in-8, 1659.
Benjamin de Tudèle, en Hébreu. S. L. et A ; BLIOUL (Jean de). — Voyage de Hierusa
Constantinople, Goncini, in-8, 1543. —2° édi lem et Pelerinage des lieux saints de la Pa
tion ; Ferra a, Abraham - ben - Urque, in-8, lestine, contenant les indulgences et autres
1556. -, Itinerarium Benjamini Tudelensis choses notables et remarquables vues, par
ex Hebraico Latinum factum. Bened. Aria
Montano; Antwerpiœ, Plautin, in-8, 1575. — T. Jean de Blioul en la Terre Sainte; Cologne,
in-8, 1600.
3° édition en Hébreu (dans le Brisgaw), in-8, BLoUNT # —Voyage into the Levant; Lon
1583. — 4° édition; Anvers, Plautinus, 1595.
-5° édition.Cum versione et notis Constantini don, in-4, 1636 ; — édition 1637, 1638, 1651,
l'Empereur ab † etc.; Lugd. Batavo 1669;—édition,traduction allemande; Helms
tadt, in-4, 1678 ;—autre traduction allemande,
rum, ex officina Elzeviriana, in-8, 1633. —
6° édition ; Muller, Helmstadii, in-8, 1636. 1687 ; — édition d'Augsbourg ; Anthonio
- , 7° édition ; Helmstadii , 1639. — Sorg, [in-fol., 1488; — édition flamande de
8° édition; De Reyzen van R. Benjamin van Mayence Erhardt ; Rewich, van Utrecht ,
Tudela in de drie deelen der Welt , int Ne in-fol., 1488. — Voyage et pélerinage d'oul
derduyts overgeschrieven door Jan Bara; tremer au saint Sépulcre en la cité sainte de
Hierusalem et de madame Sainte Cathe
Amsterdam, J. Rex., in-24, 1666. — 9° édi
tion ; en juif allemand ; Amsterdam, in-8, rine au mont Sinaï, traduit du latin de Ber
# . - 10° édition, en hébreu, Amsterdam, nard de Breydenbach par , frère Jean de
Hersin S. L.; Lyon, imprimé le xvIII" jour
BENvENGA. — Viaggio di Levante, con la de février l'an MCCCCLXXXIX , in-fol. —
descrizione di Constantinopoli, dal S. Ab Sanctarum peregrinationum, etc. Per Petrum
† M. Benvenga ; Bologna, Monti, in-12, Drach, civem Spirensem, in-fol., goth., fig.,
1490 ; — édition allemande; Mayence, E.
BERCY (Nicolas). — Le théâtre de la guerre Rewich, in-fol., 1491 ; — El Viage de la
Tierra Santa que hizo Bernardo de Breiden
sainte ; Paris , 1669.
BERDINI. — Historia dell'antica e moderna bac, transferrido por Martin Martinez d'Am
ies ; Caragoça, in-fol. 1498; — édition lat.
Palestina, descritta in tre parti, dal R. P. F. pirae per Petrum Drach, in-fol., fig., 1502,
Vincenzo Berdini ; Venetia, Gio. Battista Su —le grand voyage de Hierusalem... par H. de
rian, in-4, 1642.
Breydenbach ; Paris, N. Hygman pour Fr. Re
BERNHART DE BREYTEMBACH. — Die Fahrt gnaut,in-4, goth., 1517.—Peregrinatio ad Ter
oder Reysz über Mere zu dem Heyligen Grab ram Sanctaml; Vittenbergœ, in-8. (Extrait du
unsers Herrn Jhesu Cristi gen Jherusalem, volume de l'Itinerarium).
auch zu der heiligen Jungfrawen sant Ka BoNAVENTURA BRoCARDUs. — Palaestina,
therinen Grab auf dem Berg Sinay ; Mainz, seu descriptio Terrae Sanctae solertissima,
E. Rewich, in-fol. orné de belles figures en auctore R. P. F. Bonaventura Brocardo, mo
bois; 1486. — Il existe une édition sans date nacho Theutonico ; Coloniœ Agrippinae, J.
dans laquelle on a employé les mêmes ca Crithius, in-8. 1624. (Ce Bonaventure Brocard
ractères que dans celle-ci. On a supprimé la ne doit pas être confondu avec Brocard,
dédicace à l'électeur de Mayence, et la gra moine du xIII° siècle.)
vure du frontispice que l'on a remplacée par
une autre qui représente le Saint-Sépulcre BoNGARs. — Bongarsii Gesta Dei per Fran
(Ternaux-Compans.)— Sanctarum peregrina cos sive orientalium expeditionum et regni
tionum in montem Syon ad venerandum xpt Francorum Hierosolymitani Historia a variis
sepulcrum in Jerusalem atque in montem scriptoribus; Hanoviœ, in-folio, 1611.
Sinayad divam Virginem et martyrem Kathe BoNNEcoRsE.— Voyage en Galiléé, fait en la
rinam; opusculum hoc contentivum per Erhar compagnie du sieur de Bonnecorse, consul à
dum Rewich de Trajectoinferiore impressum, Seyde, donné au public par S. A : (Savinien
in civitate Moguntina , anno salutis d'Àlquié) — Paris, Lambert, in-12, 1670.
MCCCCLXXXVI, die Februarii, finit feliciter. BoRKAU. — Voy. RADZIVIL.
(Donné par Ternaux sous le titre de : Itine BoUcHER(J.). — Bouquet sacré composé
rarium.....), in-fol. fig. des roses du calvaire, des lys de Bethlehem,
BESANTI. — Voy. PESANTI. des jacintes d'Olivet, etc., fidèlement recueilli
BEsoLDUs. — Historia urbis et regni Hiero l'an1611 — 1612, par le R. P. F. Jean Boucher;
solymitani, regum item Siculorum, etc., Caen, Jean # , in-8, 1618.,- Paris,
Neapolitanorum, etc., par Christophe Besol Moreau, in-8, 1620. — Paris, Mathurin Hé
999 DlCTIONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 1U00

nault, in-8, 1823. — Caen, in-12, 1626. -- et de la Terre-Sainte, imprimé à Delft (avec
Rouen, Jean Machuel, in-8, 1671. — Paris un faux titre de Paris ; Cavalier, 1714 )1700.
in-8, 1979.— Rouen, la Besogne, in-12, 1698. BUISA (Fr Blas). — Relacion de los sacros
— Rouen, in-8, 1700. . • lugares de Jerusalem y de los trabajos que
BoULLAYE LE GoUz (E. de la): - Les voya †º los frayles Franciscos ; Madrid, in-8,
ges et observations du sieur de la Boullaye 622; — Salamanca, in-8, 1624.
le Gouz, gentilhomme angevin.... etc.. ; C
Paris, Gervais Clousier, in-4, 1673; -- Paris,
in-4, fig. 1657 ; — traduction allemande, CABATRICUs. — Voyage à la Terre-Sainte et
Amsterdam, Jacob Benjamin, in-4, 1660. en Egypte, entrepris vers 1474, et imprimé
BoURGEs (De).—Relation du voyage de M. #ºgue bohême en 1491. — Id., édition de
l'évêque de Béryte, par la Turquie, la Perse ;
Paris, in-8, 1683; — Leipzig, édition alle CalanoRRA (L. de). — Cronica de la pro
mande, in-4, fig. ; — de 1671, Amsterdam, † de Syria e Tierra santa. Madrid, in-fº,
in-4, 1683
BRANDT (Sébastien)." -- Von dem Anfang cANisius † - Lectiones antiquae,
und Wesen der Stadt Jerusalem , durch S. t. VI, #º stadt, André Augermar, 6 vol.,
Brandt ; Strasburg, J. Knobloch, in-4, 1518. 1601, in-4°.
BRIONEUS. — Totius Terrae Sanctae urbium CAPODILISTA (Gabriele). — Itinerario de la
que descriptio ; Parisiis, in-4, 1540. Terra Santa e del monte Sinai (xv° sièclej,
BREUNINGzU BUocHENBACH (Hans Jacob). — S. L. et A (Perugia) in-4°.
Orientalische Reyzs , des edlen und vesten CARMoLY. — Les chemins de Jérusalem
Hans Jacob Breuning zu Buochenbach ; donnant les itinéraires juifs. Bruxelles, Vau
Strasbourg, Johannes Carolus, in-folio, 1612. dale, 1847, in-8°.
BUNTING. — Itinerarium S. Scripturae, etc. ; CARTwRIGHT (Thomas). — The preacher's
Haerlem, in-4, 1614. — Itinerarium.... Hen travels trough the great countreys ot sy
drick, Buntingh; Amsterdam, Johannes Jan ria, etc. By. T. C.; London, in-4°, 1611.
sonnis, in-4, 1648. CASTEL (J. Du). — Voy. SAvARY.
BUNTINGIUs, Itinerarium... Braunschweig CASTELA (Henry). - Le saint voyage de
4 vol. in-folio, 1650, Amsterdam, in-4, 1663. Hierusalem et du mont Synaï fait en 1600 ;
BUNTING. — Itinerarium Sacrae Scripturae, Bourdeaux, du Bret, in-8°, 1601. — 2"Edition
das ist ein. Reisebuch über die heilige 1603, le même; Lyon et Paris, Sonnius,in-8°,
Schrift; Magdeburg, in-folio., 1600. - Itine 1603. - La guide et adresse pour ceux qui
rarium sacrae Scripturae, etc., van M. Henrico Veulent faire le S. Voiage de Hierusalem
Bunding; Arnheim Jan, Jansen 1605. par V. P. F., Henry Castela Tolosain; Bor
BRoCARD ou BURCARD. — Brocardi mo deaux et Paris, Laurent Sonnius, in-12, 1604.
nachi Descriptio Terrae Sanctae, Basileœ, in-8, - Anvers, Sonnius, 1612. — Paris, Sonnier,
1494: — 1° Edition latine dans la Chroniqueuni in-4°, 1613.
verselle, publiée à Lubeck en 1475...-Tra CASTILLo (Didacus del). —Thesaurus Terrae
duction française dans la Mer des histoires ; sanctœ quem seraphica Minorum religio de
Paris, 1488 ; Paris, 1536, 1543. Observantia per trecentos et amplius annos
BRoCARDI. — Veridica descriptio Terrae religiose custodit et feliciter administrat; Ro
Sanctae regionumque finitimarum, ac in eis mae, in-4", 1639.
memorabilium descriptio; Venetiis, J. Ta CASTILLo (A. del). — El devoto peregrino y
cuinus de Tridino, in-8, 1519 ; — Dans Gry Viage de la Tierra Santa, Madrid,in-4", 1654.
naeus, Novus orbis, etc., Bâle, 1532, in-fo - El devoto peregrino, viage de Tierra Santa,
lio ;-Paris, 1532;—Bâle, 1537;—Bâle, 1555. compuesto por el P. F. Antonio del Castillo;
BRoCARDI monachi Descriptio Terrae Sanctœ en Madrid, en la emprenta real, Figuras de
et Petri martyris de insulis nuper inventis ; Pedro de Villafranca, in-4°, 1656. — Paris,
Antwerpiœ, in-12, 1536, cura J. Greetsii, édition espagnole, A Mureto, in-4°, 1666.
1536; Paris, 1744, dans le De dimensione CENTENo (Amaro). — Historia de cosas del
Terrœ, Gasparus Peneerus ; Wittemberg, Oriente, etc., con la Historia y sucesos del
1554, in-8 et 1579 in-8. — Descriptio Ter regno de Hierusalem, etc., por Amaro Cente
rae Sanctae, etc., auctore Brocardo monacho no; Cordova, Diego Galuan, in-4, 1595.
Gernuano... circa ann.Jesu Christi MCCXCIII; · CEvERIo (Juan) DE VERA. Viage de Tierra
Magdebourg, Paulus Donatus, impensis Am santa, descripcion de Gerusalem y del santo
brosii Kirchneri, in-4, 1587. (Réuni à l'Iti monte Libano, con relacion de Cosas mara
néraire de Barthélemy de Salignac. Voy. ce villosas; Madrid, L. Sanchez, in-8, 1587. —
Il0IIl. Edition de Rome, Mucio, in-8, 1596. —
# de Monte Sion, Descriptio Terrae #pº, 1598; ID. , — N. de Assiayn, in-8,
Sanctae, dans Lectiones antiq. de Canisius,
1604 et 1725 (Basnage) ; Ingolstadt. CHAULMER. — Le tableau de l'Asie, etc.,
BRUYN (Cornelius de).—Reysen van Corne par le sieur Chaulmer : Paris, Jean Henault,
lius de Bruyn door de Vermanstadalen van in-12, 1654. -

Klein Asia , Syrien, Palestina ; . Delft , CHERoN (Anne). -- Relation du voyage


Henrik von Kromveld , in-folio, 1698. — d'Anne Cheron, agée de quatre vingts ans, à
Voyage au Levant, c'est-à-dire dans les princi Jérusalem ; Paris, Boesche, in-12, 1621.
paux endroits de l'Asie Mineure et dans les CoLA (Joannes). — Viazo de Venesia al
plus considérables villes d'Egypte, de Syrie sancto Hierusalem etal monte Sinaï sepulcro de
1001 BIBLlOGRAPHIE GEOGRAPH. DE LA TERRE SAlNTE. 400 ?

sancta Chaterina, etc. ; Bologna, Justiniano narrationes quatuor; — Parisiis, in-8, 1620.
da Rubiera, in-folio, 1500. (Donné sans nom Histoire de la guerre sainte, in-8, 1631 .
d'auteur par Ternaux.) E
CoPPIN (Jean.) — Le bouclier de l'Europe
ou la guerre sainte,etc.,avec une relation des ECKHN (Daniel). — Reisevon Arau gen Jeru
voyages faits par le R. P. Jean Coppin ; im †
582.
zum heylingen Grab.; Cölln , in-8,
rimé au Puy et se vend à Lyon, Antoine
riasson, in-4, 1686. EDRESI, Arabe, vers 1155. — Traduit par
CoTowICK (J.). —Johannis Cotovici Itinera Jaubert ; Paris, 1836-1840, 2 vol. in-4, for
rium Hierosolymitanum et Syriacum;Antwer mant les tom. V et VI des Mém. de la société
piœ,in-folio, 1617. —ID. Anvers, Hieronymus de géogr. de Paris.
Verdussius, in-4, 1619. — J. Van de Cotwyck, EGESIPPI de excidio Hierosolymitano libri
# van Jerusalem end Syrien, Antwerp. v; Coloniœ, 1525. — Hegesippi descriptoris
ravissimi de bello Judaico et urbis Hieroso
D
-
ymitanae excidio libri quinque; Cologne.
Maternus Cholinus, in-8, 1575.
DANDINI (Jérôme).—Voyage du mont Liban, EHRENBERG (Johansen von).— Bescreibung
traduit de l'Italien du R. P. Jérôme Dandini, zweiter Reiss zum heyligen Grab sampt des
ar R. S. P. (Simon) ;Paris, Billaine, in-12, Gelobten Lands und Stadt Jerusalem und was
675. — ID., Paris, Pepie, in-12, 1684. ID. #7
da begeben; Basel, Apiarius, in-4,
nouvelle édition. Paris, Robert Pepie, in-12,
1685. - Traduction anglaise, in-8, 1698. ENCINA (Juan del).—Viage de Hierusalem en
DANIEL (Igumen). — Dans le recueil russe versos; Roma, in-8, 1521.
#ºvia Rousskitch ... ; Petersb., in-8, EPIPHANrUs. — Dans le recueil intitulé :
Expositio thematum Dominicorum et memo
DAPPER. - Asia, oder Genaue und gründli rabilium quae Hierosolymis sunt, par Frédé
che Beschreibung des ganzen Syrien und rie Morell; Paris, Fred. Morell, 1620, petit
. Palaestina oder Gelobten L'andes.... von Doct. † p. 17 à 27. (Publié pour la première
O Dapper; Nürnberg, Johann Hoffmann, in OIS.l
folio, 1688. Suivi du Voyage de Spon et Whe EscoBAR (P. pE). — Lucero de la Tierra
ler traduit en allemand par J. Genudier. Santa y grandezas de Egypto ; Valladolid,
1587. —Pedro de Escobar Cabeça de Vaca.
DAVEIRo (Pantaliam). — Itinerario da Terra
Santa e suas particularidades ; Lisboa, S. Lo Lucero de la Tierra Santa y grandezas de
pez, 1593. - Edition de 1596. — Editionin-4, # y del monte Sinaï (en vers); Valla
dolid, in-8, 1594.
1600. - Acrecentado por Diego Tavares, EUCHERlUs. — Epistolae ad Faustum pre
Lisboa, in-4, 1685.
sbyterum, dans la Nova Bibliotheca manu
DESHAYEs DE CoURMENIN. — Voiage du Le scriptorum librorum de Labbe, t. I p. 665 et
vant fait par le commandement du roy, en suiv.; Paris, 1657, in-fº; dans le tome VII du
l'année 1621 , par le sieur D. C. ; Paris, #ºrº d'Ugolini, p. MCCI à MCCVI ,
Adrien Taupinart, in-4, 1624. —Paris, in- 4,
figures, 1629.— Paris, Adrien Taupinart, EUGESIPPUs.—Dans Leo Allatius.(Symmicta);
in-4,
1645.
1632.— Paris, Adrien Taupinart, in-4, Amsterdam, in-8, 1653, p. 104 et suiv., —
DIRCx #. — Pilgermsche reyse naar Jeru #primé dans la Byzantine de Venise,
salem ; Coelen, H. V Vitten, 1620. EUSEBII PAMPHILI.— De locis Hebraicis li
DoEs (J. Van der). — Verscheyde voya ber, 1516. — ID. Onomasticon, dans les CEu
gien gedaen door J. Van der Does ofte rei vres d'Eusèbe; Bâle, 1553. — Paris, 1643 ,
sen gedaen door Jonek H". J. Van der Does Francfort, 1689. - ID., Onomasticon séparé ;
ma Constantinopelen hur Adriaen de Vlaming Paris, 1659, 1699 ; édition de Bonfrerius S.
na Hierusalem, etc., in-12, Dortrecht, Vincent J., 1631, dans le saint Jérôme de 1706 : Ams
Cœeymacx, 1672. terdam, 1707, 1711. — Appendice de la Géo
DoUBDAN. — Le voyage de la Terre Sainte, graphie sacrée de Charles de Saint-Paul, dans
etc., fait l'an 1652, par M. I. D. P. ; Paris, le Thesaurus antiquitatum sacrarum, d'Ugo
François Clousier, in-4, 1657.— Fr. Ter lini ; t. V. Venise, 1748. — Periculum criti
naux donne, à ses numéros 1854 et 1855, le cum seu Exercitationes philologicae quatuor
titre de deux ouvrages qui paraissent appar in loca depravata Eusebii Caesariensis et Hie
tenir à deux auteurs différents et qui sont le ronymi de situ et nominibus locorum He
même voyage de Doubdan.— Paris, Clousier, braicorum, dans les Opera philologica Jacobi
in-4, 1661. - 3° édition, enrichie de nou Rhenferdii. Traj. ad Rhen., 1722, in-f".
# figures; Paris, F. Clousier, in - 4, F

DUBLIULUs. — Hierosolymitanae peregri FERMANEU, etc.-Levoyage d'Italie et du Le


mationis hodoeporicon; Coloniœ , 01)67l
vant fait en 1630 par M.M. Fermanel, Fauvel,
#. in - 8 , 1600. - Munich, in-4, fig. Baudoin, de Launay et de Stochove : Rouen,
Antoine Maury,in-12, 1670.—ID., Rouen,Jac
DUCHAT † Ivonis Duchatii, Belli sacri ues Hérault,1670.—ID.,Rouen,veuve de Louis
a Francis aliisque Christianis adversus Barba ehourt, in-12, 1687.
ros gesti pro sépulcro et Judea recuperandis FEYRABEND (Sigmund). — Reysbuch des
DICTIONN. DES ANTIQUITÉs BIBLIQUEs. 32
4005 DICTIONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 1004

heyligen Lands, par Sigmund Feyrabend, de 1670. Il n'y a que le titre de réimprime.
# sur le Mein, in-fº, 1584. (Non men
tionné par Ternaux.)
GREGoRII, episcopi Nyssae. — De euntibus
Ierosolyma, epistola, traduite par Pierre Mo
GoNZALEs FIGUERoA. Obra nuovamente lineus ; Hanovre, in-8, 1607. - Dans les œu
compuesta por Francisco Gonzales Figueroa, vres de S. Grégoire, edit.Morell.; Paris, 1615,
natural de la ciudad de Murcia, dando se 2 vol. in-folio, T. II, p. 1084-1087.
cuenta de la vida y del martyrio de una santa GRENDsTEEN (Le P.) — Iter Bethlemiticum,
muger española y fue que la quemaron viva reyse til Betlehem; Kiöpenhavn, 1678.
en la ciudad de Hierusalem, y esto lo hicie GRYNAEUs. — Novus orbis, etc., cOntenant
ron los Turcos enemigos de nuestra santa plusieurs voyages et en particulier ceux
fe catholica. Valencia in-4. 1581. d'Hayton et de Varthema; Basileœ, Hervagius,
FLAMINIUs LEo.— Leonis Flaminii Itinera in-folio, 1532. — ID., Basileœ, in folio, 1534.
rium per Palaestinam, etc. Das ist Reisbeschrei GUALTERIUs Cancellarius, dans BoNGARS.
bung durch Leone Flaminio. Rotemburg GUERRERo (Francisco).—El viage de Hieru
Noah von Millenau in-4, 1681 ; id. in-4. 1682. salem que hizo Francisco Guerrero, maestro
FRANCIoTTI (Cesare). — Viaggio al monte de Capilla de la santa Iglesia de Sevilla; Va
Calvario del R. P. Cesare Franciotti., Venezia, lencia, J. Navarro, in-8, 1593. — El viage de
Combin, in-32, 1634. Hierusalem que hizo Francisco Guerrero : Se
FREscoBALDI LEoNARDo DI NICoLo (1384). villa, 1596; — Alcala de Henares, J. Gra
-- Voyage en Palestine ; Rome, 1818. cian, in-8, 1605; — Sevilla, in-8, 1620 ; -
(Il y en a une édition française récente.) Sevilla, in-8, 1645.
FULCHERIUs Carnotensis, — dans Bongars GUILLAUME DE TYR. — Historiae belli sacri
et Duchesne Histor. Franc. Script. libri xxIII cum J. Heroldi continuationum
FULLER (T.) —History of the holy War lib. vI; Basileœ, in-folio, 1549; — Basileœ,
res. Cambridge, in-fº, 1640. in-folio, 1564 ; Venezia, Trad. ital. de G. Ho
FURERI AB HAIMENDoRF (Christophori). — rologgi, in-4, 1570.
ltinerarium, etc., Nurnberg, Wagenmann,
in-4, 1620. — édition en allemand, Nurn H
berg, in-4, 1621. — Edition latine, Nurnberg,
Abraham Wagenmann, in-4, 1621. — Edi HAIMENDoRF. — Voy. FURER.
tion allemande Nurnberg, fig. 1646. HARTNACCIUs. — Géographie des Gelobten
G Landes, Nürnberg, in-4, 1689.
HAULT (N. #c Voyage de Hierusalem
GALLARDo (Pedro Gonzales). — Viage de fait en l'an 1393, Chaumont en Bassigny,in
Hierusalem, por Pedro Gonzales Gallardo, 24, 1601.
Sevilla, in-8, 1605. HAYcoN (Fr.). — Histoyre merveilleuse.....
GASPARD DE SAN BERNARDINo. — Son Itiné contenant six livres dont le premier traite
raire depuis l'Inde est indiqué à tort comme etc., le sixième parle du pays de Sirie et
contenant une description de Jérusalem ; des villes sur mer d'Egipte, du désert, du
Lisboa, in-4, 1611. mont de Sinay, d'Arabes et des saints lieux
GEoRGEwITz de Croatia, detto Pellegrino qui sont entré le fleuve Jourdain et Hieru
hyerosolymitano, Opera noya che comprende salem, etc.; Paris, Jehan Saint-Denis, in-fo
quatro libretti. Il primo libro tratta del pel lio, goth. 1529. — On a de cet ouvrage deux
legrinagio della Terra Santa. Il secondo, etc.; autres éditions en un vol. petit in-4. l'une
Roma, A. Barri, Petit in-8, 1558. chez Ph. Le Noir, l'autre c§ Denys Janot,
GEoRGIewITz (B). — Voyage de Jérusalem sous le titre suivant: S'ensuyuent la fleur des
avec la description des cités, villes, etc., et de histoires de la terre d'orient compillées, par
l'Etat de l'empereur desTurcs, mis en lumiè Fr. Haycon seigneur du Cortet cousin germain
re par L. Darmont; Liége, in-4, 1600. du roi d'Armenie, par le commandement du
GERHARDI (Friderici). — In AEgyptum et Pape. La prémière † contien la situa
† adSaladinumlegati Itinerarium, dans la tion des royaumes d'Orient ; la ii partie des
Chronica Slavonica Helmodiet Arnoldi abbatis seigneurs qui en Orient ont regné depuis
Lubecensis, edit. Bongart. ; Lubec, 1702, in-4. l'incarnation de Nostre-Seigneur; la iii par
GIRoDET (Gabriel). — Discours du voyage tie parle des Tartarins; la iiii partie parle
d'outremer par Gabriel Girodet; Lyon, M. Jove, des Sarrazins et Turcs depuis le premier jus
in-8, 1575 — Troyes, in-8, 1645. ques aux présents qui ont conquesté Rhodes,
GoMEz (V). — Descripcion de Jerusalem y Hongrie et dernièrement assailli Autriche.
Lugares vecinos, in-8, 1603.† une tra la vº parle du sophy roi de Perse et du
duction d'Adrichomius). — Valencia, Patri prince Tamburlan.
cio Mey, in-8, 1620. HAYroN. — Liber historiarum partium
GoNzALEs (Anthonius). — Hierusalemsche Orientis, sive passagium Terrae Sanctae, Hay
reyse von den Pater F. Anthonius Gonzales, tono ordinis Praemonstratensis aucthore scri
minder broeder recollect ..., Anvers, 2 vol. ptus anno MCCC. Hagenoae. Per Johan. Sec. an
*n-4, 1673. nO MDxxIx, in-4.
GoUJoN (Jacques). — Histoire et voyage de HEIDMAN. — Christophori Heidmani Palaes
la Terre-Sainte,etc., par le R. P. Jaques Gou tina sive Terra Sancta, etc., Helmœstadii,
jon; Lyon, Pierre Compagnon et Robert Tail Henning Muller, 1639, in-12. — Wolferbyti,
landier, in-4, 1670. (Il y a une édition qui Conrad Bunc, in-4, 1655, et 1665. — Chri
porte 1671 ; mais elle ne diffère pas de celle stooh. Heidmanni Palaestina sive Terra San
1005 BIBLlOGRAPIllE GEOGRAPH.]DE LA TERRE SAINTE. 1006

cta, nunc correctior Henrici Ernstii annota scripta , publié par Rosenmüller; Lepsia ,
tlonibus sive addendis, nec non auctario no 1828, #-#
vo quod Frider. Spanhemius.... Comple KIRCHMANNUs.—Commentarii historici duo,
tior et illustrior quartum edita; Wolfenbatel, alter de regibus vetustis Norvagicis, alter
Henrich Grentzius, in-4, 1690. (Ce volume de profectione Danorum in Terram San
est suivi d'une traduction allemande du ctam, circa annum 1185; Amsterdam, Jansen
voyage de Spon et Wheler. — Voy. SPoN.) Waesberg, in-8", 1684. -

HELLFRICH. — Kurtzer und warhaftliger KITsCHER (J. de). — Tragi-comedia de Jhe


Bericht von der Reyse aus Venedy nach Hie rosolimitana profectione; Leipzig, Melchior
rusalem, etc. Dureh Johann Hellfrich jetzo Lotter, 1501.
Bürgerzu Leipzig; Leipzig, Zacharias Birwald KUYNREToRFF (Geert). — Jerusalemsche
in-3, 1589. reyse Geprent te; Campen, in-8°, 1500.
HERBERT (Thomas). — Travels into divers KYRIACI Anconitani. — Itinerarium (1440);
arts of Asia and Africa; London, in-folio, Florence, 1742.
665 ; Amsterdam in-4, 1665. I,
HEss (Johan. de), presbyteri. —Itinerarium
Hierosolymitanum; Parisiis, in-4, 1489. — LA BRoQUIERE (Bertrandon de). — Voyage
Itinerarius (sic) Joannis de Hess, presbyte en Palestine (1432), traduit en anglais par
ri, à Hierusalem, etc., impressum Parisiis, Thomas Jones; Hafod, 1807 , reeueil de
per Robertum Gourmont pro Oliverio Senaud Wright.
in-4, sans date, 149? — Itinerarium Johan LA CRoIx (de). — La Turquie chrétienne
nis de Hesse presbyteriad Jherusalem, descri sous la puissante protection de Louis-le
bens dispositiones terrarum, insularum, mon Grand, contenant l'état présent des nations
tium et aquarum ; Daventriœ per Richardum et Eglises grecque, arménienne et maro
Pafroèt, in-4, 1499. — Edit. Daventriœ, per nite dans l'empire ottoman, par M. de La
me Jacobum de Breda, in-4, 1504. Croix; Paris, Pierre Hérissant, in-8, 1695.
HESII (Johannis). — Peregrinatio ab urbe LANGHEN (Rudolphi de).— Urbis Hyeroso
Jerusalem per Indiam, MEthiopiam et alias limae templique in ea origine variaeque for
nonnullas mundi remotas regiones; Ant tunae, prophanationes et excidii libri II; Da
werpiœ, 1565. ventriœ (J. de Breda, S. A. (1477).
HIERoNYMUs (S). — Iter ad Palaestinani. LAUNoy (Gilbert de). - Voyage en Pales
Epistola S. Hieronymi ad Eustochium.., dans tine (1422); Mons, 1842.
toutes les éditions de saint Jérôme, édit. de LESAIGE (Jacques). — Chy sensuiuent les
Paris 1706, t. IV, 2° partie, p. 669 et suiv. gistes repaistres et dépens que moy, Jaques
(Traduite dans le tome XI des chefs-d'œu Lesaige, marchant de drap de soye, de
vre des Pères par l'abbé Guillon; Paris, mourant à Douay ai faict de Douay à Hie
1838, in-8, p.439-511 ; et dans l'Itinéraire de rusalem, Venise, Rhodes, Rome et aultres pas
Châteaubriand, edit. de 1811. saiges que moi ai faict l'an mil chincq cens
HUEN (Nicole le). — Le grand voyage de xvIII, avec mon retour. Imprimé nouvelle
Hierusalem, etc., par Nicole le Huen; Paris, ment à Cambray, par Bonaventure Bras
François Regnault, in-4°, gothique, 1522. sart, du depens du dict Jasques, in-4, goth.
- Ternaux a attribué, à tort, cet ouvrage (vers 1520).
à B. de Breydenbach. Il est vrai que le Huen Che présent livre a faict ung nome Jaques le Saige,
Lequel est bien sarpilit de langaige ,
a pillé l'édition allemande de Breydenbach Grand crocheteur de bouteilles et flacquon.
qui a suivi celle de 1486. Je prie Dieu qu'il lui fache pardon.
I Ce volume passe, dit Ternaux, pour le
INGULF. — Iter ad Terram sanctam, dans premier livre imprimé à Cambrai. — Edition
Baronius, Annales ecclesiasticae, t. XXII, de Cambrai, B. Brassart, petit in-4. goth.
1523.
S. A., 1064, p 266-270; Lucœ, 1745, in-fº.
IsTAKLoRI (El), Arabe, de l'an 925; tra LE BLANC (Vincent). - Les voyages fa
duit par Mordemann ; Hambourg, 1845, meux du S" Vincent le Blanc, etc. ; rédigés
in-4°. fidellement sur ses mémoires par Pierre Ber
J geron, etc., reveu, corrigé et augmenté par
le sieur Coulon ; Troyes, Oudot, se vend à
JoUvIN. — Le voyageur d'Europe où est Paris, chez Gervais Clousier, in-4, 1658. .
le voyage de Turquie qui comprend la Terre LICINIo (Fabio). — Delineatione della citta
Sainte et l'Egypte, par M. Jouvin ; Paris, di Gierusalemme; Venezia, 1560.
in-12 , 1676; — par M. Jouvin de Roche LoIR † — Voyage du sieur du Loir, con
fort, trésorier de France ; Paris, Robert tenu en plusieurs lettres écrites du Levant,
Petit, in-8°, 1684. etc.; Paris, François Clouzier, in-4, 1654.
K — Viaggio di Levante., in-12, 167U. - Vene
zia, # 1671 .
KABATNIK (Martin) ( en tchekhe, 1474); LUsIGNAN (Etienne de). — Histoire conte
Prague, 1518, 1541. nant une sommaire description des généa
KAHLE (C.)— Historia de profectione in Ter logies, alliances et gestes de tous les princes
ram Sanctam principis Bogislaï X, ducis Po et grands seigneurs dont la plupart estoient
meraniœ ; Wittembergœ, in-4°, 1554. François qui ont jadis commandé ès royaumes
KHALIL, Arabe (vers 1232). — Syria de de Hierusalem, Cypre, Armenie et lieux cir
1007 DICTIONNAlRE DES ANTIQUITES BiBLIQUES. 1608

convoisins par le R. P. F. Estienne de Lusi l'an 1332. J'y revins et # fus obligé de m'y
gnan; Paris, Guillaume Chaudière, in-4,
1579.— Paris, Jouet, in-4, 1604.
† d'une maladie quoique j'eusse
désiré en voir davantage. J'avais été absent
LUSSY (Melchior). — Reisebuch gen Hieru douze ans. » Le traducteur allemand se nom
salem, etc., par Melchior Lussy, Ritter. ; mait Michelfelser.— Autre édition allemande ;
#ºrg in Utschland, Abraham Gemperlin, Strasbourg, Joannes Prussz, in-folio, 1482.
1590. — Paris, in-4, 1613. — Joh. de Montevilla Itinerarium, Zwoll.,
M
in-4, 1483. — Edition allemande de Stras
bourg, Prussz, in-folio, 1486.Edition française,
MAGRI. — Breve narratione del viaggio al Paris, Jehan Bonfons, in-4, goth., 1487.
monte Libano nell'anno 1624; Roma, in-4, - Edition italienne, Bologna , Ugo de
1655.— Domenico Magri, Breve racconto del Ruggieri, in-4, goth., 1488. Il 8l 0U
viaggio del monte Libano; Viterbo, Diotal une autre édition du xv° siècle sans
levi, in-4, 1664. date. — Edition de la traduction de Otto
MAMEROT.—Les passaiges d'oultremer faicts Demeringen;Strasbourg,M. Hupfuff.,in-folio,
ar les François depuis l'empereur Char 1501: — Edition allemande Strasbourg,
emagne, jusqu'en 1454 ; Paris, Ph. Le Noir, Knoblauch,in-folio, 1507. —Mandavilla, Libro
in§º#l$. de las Maravillas del mundo que trata del
MANDEvILLE. - Ce livre est appelé Man viage de la Tierra Santa, de Hierusalem y
deville, et fut faict et composé par M. Jehan de todas las provincias y ciudades de las In
de Mandeville chevaliernatifdel'Angleterre de dias y de los hombres monstruosos que hay en
la ville de S. Alein ; et parle de la Terre de el mundo; ALCALA, in-folio, 1517.— Edition
promission : c'est à savoir de Jérusalem et de Venise, M. Sessa, in-8, 1521. —Traduction
de plusieurs isles de mer et les estranges et espagnole, Valencia, J. Navarro, in-fº., 1540,
diverses choses qui sont ès dites isles. — Cy —DeVauderlyke, Reize van JanMandevyl, etc.,
finist ce très-plaisant livre nommé Mande Amsterdam, veuve de Jacobus van Egmont,
ville parlant moult autentiquement du pays in-4, 1550. (Non donné par Ternaux). —
et terre doutremer. Imprimé à Lyon sur le Edition de Venise, 1567. — Edition de Lon
Rosne l'an MCCCCLXXX le vIII" jour de feurier dres, in-4.. goth., fig., 1584. — Edition de
à la requeste de maistre Bartholomieu Buyer Francfort et de Cölln, in-8. 1600. — Edi
bourgoys dudit Lyon, in-folio. — ID. tion de Londres, T. Stansby. fig. 1618. —
Tractato delle piu † cose et piu Edition de Londres., 1684. — Edition d'Augs
notabili, che si trovano en le parti del mondo burg, in-12, 1692.
vedute e collecte en el presente compendio MANTEGAzzA. — Relazione del santo viaggio
dal strenuissimo cavaller , Speron doro de Gierusalemme da † Mantegazza ;
Johanne de Mandavilla anglico nella citta Milano, in-8,1601. — Relatione tripartita del
di S. Albano, etc. Explicit Johannes de Viaggio de Gerusalemme, etc., da fra Ste
Mandavilla impressus , Mediolani ductu et hano Mantegazza, etc. ; Milan, l'héritier de
auspiciis magistri Petri de Corneno, pridie acifico Pontio et Gio. Battista Piccaglia ;
Calendas Augusti MCCCCLXXX. — Johannis in-4, 1616.
de Mandavilla Itinerarium a terra Angliae MAsoUDY's (El) (Arabe, de l'an 918).—His
in partes Iherosolymitanas et in ulteriores torial encyclopedial, etc., traduit par #
transmarinas ab autore primum Gallice con Spenger; Londres, 184l, in-8. (Le tome I"
scriptum anno 1355, et postea Latine versum a seul paru.)
S. L. et A. in-4, goth. (Venise, vers 1480). MATAs (MIQUEL DE).—Devota peregrinacion
Voyage de Jean de Mondeville traduit en de la Tierra santa ; Barcelona, in-8, 1604.
allemand avec ce titre. — Johannes von Mon MAUNDRELL (Henri). — Journal fromAleppo
tevilla : Reise-Beschreibung, verteutscht von to Jerusalem. ... , Oxford, in-8, 1699.
Otto von Demeringen; Strasbourg, J. Pruss., MEGGEN (Jodoci a). — Peregrinatio hiero
in-4, 1488. — Zovanne de Mandavilla, etc., solymitana ; Dillingœ, Meyer, in-8°. 1580.
Trattato, etc.; Venezia, Nic. de gli Ferrari, MERGENTTAL (Hans von). — Gründliche und
· in-4, Goth., 1491. — Giovanni Mandavilla, warhafttige Beschreibung, etc. in das heilige
Trattato delle piu miravigliose e piu notabili Land nach Hierusalem etc. Herrn Albrechts,
cOse que si trovano nel mondo, scritte e Herzog zu Sachsen etc., Leipzig, in-4°, 1586.
raccolte verso l'anno 1332, redotto in lingua MEDINA (Antoine ). — Viaggio de Terra
Toscana; Firenza, Lorenzo de Morgiani e Santa fatto da Ant. Medina, trad. de lingua
Giovanni de Magenza in-4. 1492. — Edition Castellana nella Toscana da P. Buonfanti ;
d'Anvers; Govaerdt Baëk, in-4, 1494. — Zo Fiorenza , Marescoti, in-4°., 1590.
Vanne de Mandavilla ;Trattato, etc. ; Venezia, MEERHEM (Gottfried August.) — De utilitate
Manfredo di Monferrato,.in-4, 1496. -
Edition de Milan, in-4, 1497. — Das Buch
#onum cruciatarum;
in-4°.
Vitebergœ, 1766,
-

Ritters J. v. Mandevilla; Augsburg, A. Sorg., MERICIUs (Balt.)—Itinera sex diversorum


#º, 1481. — Autre édition, Augsburg, Saxoniae ducum diversis temporibus in Ita
liam, Palaestinam et Terram Sanctam ; Vittem
, - Jan van Mandeville. Reyse. .. S. A., berg, in-12, 1612. -

in-folio (1480) (rarissime). — Edition alle MILANo (Angelico). — Historia cronologica


mande, Augsbourg, chez Schönsperger, 1482, della provincia de Syria e Terra Santa di
in-folio. On y lit : « Moi Jean de Mandeville, Gierusalemme, tradotta del spagnuolo di Gio
Jº quittai ma patrie pour traverser la mer en vani de Calahorra; Venezia, in-4°, 1694.
1009 BlBLIOGRAPHIE GEOGRAPH. DE LA TERRE SAINTE. 1010

MocQUET (Jean).—Voyages en Afrique,Asie, Provins, contenant les remarques particu


Indes Orientales, faits par Jean Mocquet; Pa lières de la Terre-Sainte et le Testament de
ris, Jean de Henqueville, in-8°, 1617. — Mahomet; Paris, Nicolas et Jean de la Coste,
Voyages en Afrique..... par Jean Mocquet, in-4, 1631.—ID., Lille, De Rach, in-12, 1632.
† du cabinet des singularitez du roi aux (Donné par Ternaux sans nom d'auteur.) —
ID., Paris, in-12, 1642. — ID., Paris, N. et
uileries; à Rouen, Jacques Caillove, 1645,
in-12, fig. - ID. Lüneburg, in-4", fig. 1668. J. de la Coste, 1645.
— ID. Traduction anglaise de Nathaniel Pul PADIoLEAU (Albert). — De l'antiquité, fon
len, London, in-8°, 1596. — ID. Paris, 2 vol. dation, nomination, splendeur, ruyne et es
in-12, 1645. — ID., Rouen, in-8°, 1665. tat présent de la ville de Jérusalem, par
MoNCoNYs. — Journal des voyages de M. Albert Padioleau; Nantes, Hilaire Mauclerc,
de Monconys etc., publié par le sieur de in-4, 1635.
Liergens son fils ; Lyon, Horace Boissat et PALERNE (Jean). — Peregrination du sieur
George Itemens, 3 vol. in-4°; le I" de 1665, Jean Palerne forezien secretaire de François
les deux autres de 1666., — ID., Leipsig et de Valois, duc d'Anjou et d'Alençon, etc. ; à
Augsburg, Laurentz Kroniger et Gottlieb Go Lyon, Jean Pillehotte, in-8. 1606.
PALLAzoLo. — Breve descrizione della citta
# imprimé par Andreas Zeidlern, in-4°,
di Gierusalemme; Veronal in-12, 1572.
MoNIs (Simon de). — Histoire critique de PAsCHA (J.). — Pérégrination spirituelle
la créance et des coutumes des nations du Le vers la Terre-Sainte, comme en Jérusalem,
vant, publiée par le sieur de Monis (Richard Bethlehem, Jordain; Louvain, in-4, 1566.
Simon); Francfort (Amsterdam), Frederic PAUL (Marc). — Reyze en Beschryving der
Arnaud, in-12, 1684. Oosterschen Landtchappen;Amsterdam,in-4,
MoNT (Du). — Nouveau voyage du Levant 1664. — ID., Edition latine ; Coloniœ Bran
par le sieur D. M. ; Lahaye, Et. Foulque, deburgicœ, in-4, 1671. — ID., Delle maravi
in-8°, 1694. — ID., traduction imprimée à #e
72.
mondo da lui vedute; Trevigi, in-8,
Utrecht, Antony Schouten, in-4°, 1695, avec
le nom de Du Mont. — ID., traduction An PESENT1 (G. P.). Pellegrinaggio di Gierusa
glaise ; Londres, in-8°, 1696. — Utrecht, An lemme, fatto e descritto per G. P. Pesenti;
tony Schouten, in-4°, 1699. # amo, in-4, 1615. — ID., Brescia, in-8,
MossI (Antonio). — Breve descrizione dell' 28. -

aquisto di Terra Santa, di Antonio Mossi , PETERsDoRF (C.). — Itinerarium Terrae


Fiorentino ; Firenze, Marescotti, in-4°, 1601. †º
616.
et totius Europae; Erfurti, in-8,
N PHILIPPUS a Sanctissima Trinitate. — Itine
NAU. — Voyage nouveau de la Terre-Sainte rarium orientale R. P. F. Philippi a SSma
Trinitate, etc. ; Lyon, Antoine Juillieron,
† le P. Nau, Jésuite); Paris, André Pra in-8, 1649. — Voyage d'Orient du R. P.
ard, in-12. L'épître dédicatoire est signée Philippe de la Très-Sainte Trinité, composé,
M. N. I., 1679. — ID., Paris, in-12, 1683.
NoE. — Viaggio fatto in Terra Santa; Ve revu et augmenté par luy mesme et traduit
negia, Georgio, in-8, 1566. — lD., Viaggio du latin par un religieux du mesme ordre ;
da Venetia al santo Sepulcro et al monte Lyon, Antoine Juillieron, in-8, 1652. —
Sinaï,.... composto dal R. P. F. Noë dell' Viaggi orientali del P. Filippo della SS. Trinita
ordine de San Francesco ; in Venetia, per etc. ; Venise, Gio. Pietro Brigonei, in-12,
Beneditto Miloco, in-12. 1676. — ID., Bas 1667. — HD., Lyon. Antoine Juillieron, in-8,
1669. ID. Venise, in-12, 1670. — ID., Franc
sano in-8°, fig. 1685.
O
fort., in-8, 1671; ID., 1673.
PHoCAs (Joannes). — Compendiosa descri
ODoN DE DUEIL, dans le Sylloge Petri Fr. ptio urbium ab Antiochia ad Hyerosolimam,
Chiffletii ; Dijon, 1660, in-4°. — Dans le Spi nec non Syriae, Phœniciae, Palaestinae...Graece
cilegium Dacherii, t. III, p, 266. — Extrait et Latine; Coloniœ, in-8, 1653. — Dans les
dans D. Bouquet, t.XII. Symmicta d'Allatius, — reproduit dans les
#ºro-vinsso die Gerusalemme, in-8°, Bollandistes, t. II, mois de mai; Anvers,|1680,
et dans la Bysantine de Venise de 1733.
OTTo Frisengensis. — Vie de Frederic Bar PIUs II. — Cosmographia Pii II Papae in
berousse ; Argentorati, 1515, in-f". - Dans Asiae et Europae eleganti descriptione ; Paris,
Bibliotheca Patrum Cistercens. de B. Tissier, H. Estienne, in-4, 1509. — Pii II, Pont. M.,
t.VIII, p. 1.; Bâle, 1569, in-f". Asiae Europaeque elegantiss. descriptio, S. N.
OUTREMAN (Pierre d'). - Brief recueil des de F., † in-8. — ID., Edition de Paris,
croisades et entreprises des Chrétiens pour la C. Chevallon, 1534. — La descrittione de
délivrance de la Terre-Sainte avec un abré l'Asia et Europa di Papa Pio II, etc., con l'ag
# de l'histoire de Jérusalem depuis la mort giunta dell'Africa secondo diversi scrittori,
e Godefroi de Bouillon jusqu'à la perte du etc. ; Vinegia, Vincenzo Vaugris, in-8,
dit royaume, † le R. P. Pierre d'Outreman; 1544.
Paris, in-12, 1645. PossoT (Denis) et CHARLEs - PHILIPPE,
SEIGNEUR DE CHAMPARMoY. — Très-ample et
P
abondante Description du voyaige de la Terre-,
PACIFIQUE DE PRovINs. — Relation du † Saincte dernièrement commencé l'an de grâce
de Perse fait par le R. P. Pacifique de mil cinq cent trente deux.... Commençant le
10l 1 DlCTlONNAlRE DES ANTIQUITES BlBLlQUES. 1012

dit voyage , depuis la ville de N9gent, sur libris xII et nunc primum in lucem edita
Sene, jusqu'à la sainte cité de Hierusalem. opera et studio Renieri Reineccii; Helmœ
Le tout premièrement escrit par Denis Possot stadii, Jacob Lucius, in-4, 1584.
et continué par Charles-Philippe , seigneur REIssNER. — Jerusalem die alte Haubs
de Champarmoy, Paris, Regnault Chaudière, tadt der Juden, etc., durch Adam Reissner;
in-4°, Goth. , fig., 1536. Francfurt-an-Mayn , etc., M. D. LXIII, in
PosTEL (Guillaume). — Histoire mémo folio. — Jérusalem, etc., ex sacris Literis et
rable des expéditions,depuis le déluge, faites approbatis historicis ad unguem descripta,
par les Gaulois ou François, depuis la France etc., per Adam Reissner, traduit de l'alle
jusqu'en Asie ou en Thrace et en l'orientale mand en latin per Johannem Heydenum
partie de l'Europe; Paris, in-16,1552.-Syriœ Eyflandrum Dunensem; Francofurti, MDLXIII,
descriptio autore Guilelmo Postello; Parisiis, in-folio. (Ternaux a mentionné seulement
in-fº, 1540. —Description de la Terre-Sainte : cette traduction. Il n'a pas indiqué l'édition
Paris, in-8°, 1553.—Description et charte de la originale allemande, mais il donne l'édition
Terre-Sainte qui est la propriété de Jésus allemande de Francfort in-fol. de 1565, ornée
Christ, etc., paincte et † parGuillaume de belles figures en bois par Virgilio Solis.)
REYNAUT (Anthoine).—Discours du voyage
Postel, depuisl'havoir, et parlivres et par expé
rience veüe , suivi de l'exposition des lieux d'outremer au saint-Sépulcre de Jérusalem

563.
est fait mention en l'Evangile, etc., in-16, et aultres lieux de la Terre-Sainte par An
thoine Reynaut, bourgeois de Paris; Lyon,
PoULLET. — Nouvelles relations du Levant, in-4, 1572.
par M. P. A.; Paris, Billaine, 1667. — Id. , REYNALDI (Hugonis). - Liber peregrina
Paris, Billaine, 2 vol. in-12, 1668. tionum Terrae Sanctae, 1540.
RHEINFELDEN (Ignatz von). — Reise nach
Q Jerusalem ; Freyburg im Breisgau,in-4, 1666.
QUARESMIUs. — Historica , theologica et — Neue Jerosolymitanische Pilger-fahrt,
moralis Terrae-Sanctae elucidatio , etc. , par etc., Durch P. F. Ignatium von Rheinfelden ;
Fr. Quaresmius; Anvers, Balthasar Moret ; Wurtzbourg, Hiob Hertzen, in-4, 1667. —
in-fol., 1639. (Non mentionné par Ternaux). ID., Augsburg, in-4, 1699.
QUELANT (J.). — Le très-dévost voyage de HENRIQUEz DE RIVERA (Fabrique). — Este
Jérusalem, avec les figures des lieux saints et libro es del viage que hize á Jerusalem :
de plusieurs autres tirées au naturel par Jean de todas las cosas que en el me pasaron
Quelant ; Anvers, in-4°, 1606. desde que sali de mi casa de Bornos, etc.
QUIsToRPIUs (J.) — Johannis Quistorpii, (1518-1520,) Io D. Fabrique Henriqüez de
Nebo unde t9ta perlustratur Ferra Sancta. †º Marques de Tarifa ; Sevilla, in-4,
R
RADULFUs Cadornensis. — dans le The RoBERTI, Monachi. — Historia Hyerosoli
saurus novus anecdotorum, de D. Martene et mitana. Edition sans lieu ni date que la Serna
Santander croit sortie des presses de Ther
Durand , III; Paris, 1717, in-folio. Hoernen à Cologne. L'édition est sans titre.
RADzIvILI ( N .) — H † pe
On lit à la fin : Explicit historia de itinere
regrinatio ex idiomate polonico à F. Tretero; contra Turchos. (Ternaux.) — BALDELLI. —
Brunsbergœ, in-folio, 1601. - Traduction Historia di Roberto Monaco della guerra
allemande par L. Borkau ; Maynz, in-4°,
1603. — Jerosolymitana † illu fatta da principi Christiani contra Saraceni
#ºquiº di Terra-Santa ; Fiorenza, in-8,
strissimi principis NicolaiChristophori Radzi
vili, etc. ; nunc varie aucta et correctius in RoCCHETTA (Aquilante). — Peregrinatione
lucem edita primum à Thoma Tretero ex Po
lonico sermone in Latinum translata. An diTerra Santa ed altre provincie di don Aqui
lante Rochetta; Palerme, Alfonso dell' isola,
ver s, ex officina Plautiniana, in-folio, 1614. in-4, fig. 1630.
RAMoN DE RIBEYRo. — Relacion del viage RoGER (Eugène). — La Terre-Sainte ou
de la Santa ciudad de Hierusalem y otros description † très-particulière
lugares adjacentes de la misma Tierra Sancta, des saints lieux et de la Terre de promission
por Fr. Ramon de Ribeyro de la orden par F. Eugène Roger; Paris, Antoine Bertier,
de Predicatores; Barcelona, 1627. — Viage § 4, 16§ §édit de f6º
de la Tierra santa. Barcelona, P. de la car
yalleria, in-8, 1629. RosAcIo (G.). — Viaggio da Venezia a Con
RAUwoLF (L.). — Eigentliche Beschreibung stantinopoli per mare e per terra, insieme
der Reiss gegen Aufgang in den Morgenlän questo di Tirra Sancta; a Venezia, in-4, 1598.
dern , furnehmlich Syriam , Judeam , Ara RosMITAI (Leonis baronis de). — Commen
biam, etc. Vollbracht ; Augsburg, in-4, 1582. tarius brevis et jucundus itineris atque pere
— (Ternaux-Compans a indiqué cette édi grinationis pietatis et religionis causa suscep
tion d'Augsbourg comme étant de 1581. Pro tae ante centum annos Bohemice conscriptus
bablement le titre manquait à l'exemplaire et nunc primum in Latinam linguam transla
# a vu et il a pris la date de 1581, à la fin †77. et editus; Olmucii, Milchthaler, in-12,
e l'Epître dédicatoire.) — ID., Edition de
vFrancfort-sur-le-Mein, in-4, 1582. RUPERT, abbé de Bergue. — Dans le recueil
REINECCIUs. — Chronicon , Hierosolymita allemand de Voyages à la Terre-Sainte de
num, id est de bello sacro historia exposita Nuremberg, 1569, 1607, in-folio.
1015 BIBLI0GRAPHIEGEOGRAPH. DE LA TERRE SAINTE. 1014

S la Syria y tierra santa. Caragoça Juan de


Larumbe in-4, 1619.
SALIGNACo (Bart. a). — Itinerarii Terrae SEYDLITz (Melchior von). — Gründliche
Sanctae ibique sanctorum locorum de Beschreibung der Wallfart nach dem heili
scriptio; Lugduni, in-4, 1525. - ID., sans en Land, etc.; Görlitz, Ambroise Fritsch,
date ; Lyon, Gilbert de Villiers, in-8. Goth. in-4, 1580. — ID., Leipsig, in-4, 1581. - ID.,
— Itinerarium Hierosolymitanum Bartholo Görlitz, in-4, 1584 et 1591. — Ungluckelige
maei de Salignaco ; Magdebourg, in-4, 1587. Jerusalemsche Reyse ; Amsterdam, in-4,
(Le titre est mal cité dans Ternaux : et il 1662. — Ongluckige Jerusalemsche Reyse,
donne à l'année 1793 une édition de Magde etc. door den E. Heer van Seydlitz, etc.,
bourg qui est la même que celle-ci.) door P. V. AEngelen vertaelt; Amsterdam,
SAEvULF. — Dans les mémoires de la Société
Mareux, Willemsz; Doorniek, in-8, 1663.
de géographie de Paris ; trad. angl. dans SIGoLI (Simone).— Voyage en Syrie (1584) ;
Wright. Florence, 1829.
SANDYs (J.). —Travels into Turky, #
Palestina and. Italy; London, in-folio, 2. SIPTABINA.— Itinerario Asiatycho ; Vinegia,
— J. Sandys, Voyage oft een beschryving in-8, fig., 1526.
van't, Heiligland , Amsterdam, in-4. 1665.— SoMER (J.).—Bescryving van em Zee ende
ID., Francfort, in-12, fig., 1669. — Sandys Landt Reyse naar de Levant, etc. gedaen
travels... etc., London, John Williams.Junior, door Jon Somer van Middelbourgh; Amster
in-fol., faux titre de 1670; 6° édition, titre de dam, Joest Hartgers, in-4, 1649.— ID., in-4,
1678, Swent édition, 1673. 1661. — ID., 1664. — ID., Gera, in-8, 1675.
SANTA BRASCA. —Descrizione osia relazione SPANHEIM FREDFRIC. — Auctarium Span
del suo viaggio a Gierusalemme ; Milano, L. heimianum sive succincta eaque topica de
Pacher et V. Scinzenzeler., A., in-4. —Viag scriptio Palaestinae ex Fred. Spanheimii, F.
gio del sepolcro; Milano, N. de Gorgonzola, Introductione ad geographiam sacram de
sumpta ; Guelpherbyti,Henr. Greutzius, in-4,
SANTo DoMINGo (Pedro de). — Viage que #º eidmanni édition de 1690 —
hizo a Hierusalem el P. F. Pedro de Santo
Domingo; Napoles, in-8, 1604. SPoN ET WHELER. -- Voyage au l.evant ;
SANTo EUGENIo (Franscisco de). — Viage Lahaie, 2 vol. in-12, 1680. — ID., Amster

1693.
Loreto, y Jerusalem; Cadiz, in-4, dam, 2 vol. in-12, 1697.
STAMMER.— Morgenländische Reisebeschrei
SANUDO # — Dans Bongars. bung nach Constantinopel MEgypten und Je
SAvARY (F.), sieur de Brèves. — Relation rusalem; Gera, in 12,1670.— ID., Jena, in-12,
des voyages de M. de Brèves tant en Grèce, 1675. -

Terre-Sainte et Egypte qu'aux royaumes de SToCHovE. Voyage du sieur Stochove, esc'.


Tunis et Alger; le tout recueilli par H. S.D. seigneur de Sainte-Catherine; Bruxelles, Hu
C. (du Castel) ; Paris, Nicolas Gosse, in-4, bert et Antoine Velpius, seconde édition, in-8,
1628. — ID., Paris, in-4, 1630. 1650. — Voyage du Levant du sieur de Sto
ScHEIDT (Hieronymus).— Kurze und wahr chove esc". seigneur de Sainte-Catherine, 3°.
haflige Reisebeschreibung nach Hierusalem ; édition revue et augmentée ; Bruxelles, Hu
Erfurt, in-4, 1613. bert, Antoine Velpius, in-8. — iD., Brugge,
ScHMiDT (Hieronymi). — Kurze und wahr Joas von der Mulen, in-8, 1681.
haftige Beschreibung der Reise von Erfurt SUCHEN (Ludolphe de).—De Terra Sancta et
aus Thuringen nach dem gelobten Land und
# heyligen Stadt Jerusalem ; Erfurt, in-4. itinere Jherosolymitano et de statu ejus et
1617 .
aliis mirabilibus quae in mari conspiciuntur
videlicet Mediterraneo ; Strasbourg? Egges
ScwALLARTEN (J.). — Deliciae Hierosolymi tein? 41 lignes à la page et 34 feuillets dont
tanae et totius Palestinae : Coloniœ, sans date.
1 de table; avant 1477.—Von dem Gelobten
ScHwEIGGER (S.). — Eine newe Reisebesch Lanp und Weg degen Iherusalem, von irem
reibung von Teutschland ans nach Constan Wesen und Wundern die in dem grossen
tinopel und Jerusalem etc., Durch Salomon Mör gesehen werdent. — Hie endet sich das
Schweigger; Nürnberg Johann Lautzenber Buch von dem Gelobten Land und heyligen
ger, in-4, 1608. - ID., Katharina, Lautzen Stetten, von den vil in der Bibel und Evan
bergerii, in-4. 1613. - ID., Nürnberg, in-4, gelio hin und dar gelesen wirt., S. L. in 4,
1614 ; — in-4. 1619. — in-4. 1639. ID., I477. (Le voyage de Ludolphe commence en
Onolzbach, J. Lensen, in-8. oblong, 1661. — 1336 et finit en 1350:). — Il y a une édition
ID., Nürnberg, in-4, 1664. in-4. sans lieu ni date, une in-folio avec un
FRANscIscUs A SEELI. — Iter hierosoly titre un peu différent; trois éditions latines
mitanum Licii P. Micholius 1639. du xv". siècle, parmi lesquelles il faut com
SELLERs. — Antiquities of Palmyra ; Lon rendre celle †º nous venons de citer.
don, in-8, 1690. 'auteur l'appelle Ludolphe , dans les édi
SEssA (B. de). — Infrascriptae sunt Pere tions latines, et Pierre, dans les éditions alle
grinationes totiusTerrae Sanctae quae a moder mandes.
nis peregrinis , visitantur ; Venetiis, B. de SUENo,, episcopus Viburgensis, et Eskil Lus .
Sessa, in-8, 1481 . — Iter...dans les Annales Cistercienses d'An
SEssE. (J.).-Libro de la cosmographia uni †: Lyon, in-folio t. II, p. 152 et
versal del mundo y particular descripcion de suiv., 1642. (Reproduit dans les Scriptores
1015 DlCTlONNAIRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 1016

rerum Danicarum medii œvi de Langebach, t. Edition de Francfort-sur-le-Meyn. George


IV ; Hafniœ, 1776, pag. 421-434. Raben und Weygand Han, in-4, 1561.
SuRiUs (B.).-Le pieux pèlerin, ou voyage TUDEBoDUs (Petrus). — Dans les Historiœ
de Jérusalem, etc., par le R. P. Bernardin Francorum scriptores de Duchesne, t. IV,
Surius,Recollet, ès années 1644-1647; Bruxel Paris, 1841, in-folio.
les, François Foppeur, in-4, 1666. TYME (T.). — A brief description of Hie
T rusalem ; London, in-4, 1591.
V
TAIFEL (G. B.) baron de Guntersdorf. —
Viaggio fatto di Constantinopoli verso il Le VALLE (Pietro della). - † di Pietro
vante del illustre signor G. C. Taifel, barone della vallè. . ., divisi in tre parti lequali hau
in Guntersdorf; Vienna, in-4, 1598. ran par aggiunte si Dio gli dara vita, la quarta
TAvERNIER (J.-B.). — Six voyages en Tur artè, etc.; Roma, Vitale Mascardi, in-4,
quie, en Perse et aux Indes; Paris, 3 volu 650. - ID., Roma, 4 vol., in-4, 1658. - ID.,
mes, 1676. — ID., Paris, 2 vol. in-4, 1677.— Edition française, Paris, 4 vol in-4, fig.,
ID., Paris, 2 vol. in-12, 1678. — ID., Paris, 1662.— ID., ibid., 1663.— ID., Paris, Gervais
3 vol. petit in-8, 1679. — ID., le même en Clousier, 4 vol., in-4, 1664. — ID., trad. angl.
Hollande # 3 vol. in-8, 1679. — ID., London, 1665. — ID., Amsterdom, 6 vol.in-4,
Amsterdam, 1681, in-4. — ID., Nürnberg, 1665. ID.,traduction de J.H. Glazemaker; Am
in-folio, fig, 1681. — ID., Paris, 2 vol. in-4, sterdam, Abraham Wolfgang, in-4, 1666. —
1681-1682, Gervais Clouzier. — GEuvres com ID., Venezia, 4 vol., in-12, 1667, édit. ital. —
plètes, Amsterdam, trad. de Glazemaker. ID., Bologna, G. Longhi, 4 vol. in-12, 1672. -
THENAUD (Jehan). — Le voyage et itinéraire ID., édition allemande : Genf., in-folio, fig.
d'oultre-mer, faict par frère Jehan Thénaud 1674. Hermann Widerhold. -

maistre-ès-arts, docteur en théologie, et gar VARToMANI (Ludovici), — Novum itinera


dien des frères mineurs d'Angoulesme; et rium AEthiopiœ, Egypti,,utriusque Arabiœ,
premiérement du dit lieu d'Angoulesme jus Persiae, Syriae, et Indiae, intra et extra Gan
qu'au Caire. On les vend à Paris en la rue gem, interprete Archangelo Madrignano : Me
neufve nostre-Dame à l'enseigne de Saint diolani, in-folio, 1508. - Ludovici de Var
Nicolas, S.A ; petit in-8, goth. (vers 1513). thema, Novum Itinerarium, etc., traduit par
THÉVENoT. — Relation d'un voyage fait au id. ; Mediolani, in-folio, 1511. —(Il faut rec
Levant, etc., par M. de Thévenot; Rouen : se tifier le titre donné par Ternaux de la ma
vend à Paris chez Thomas Jolly, in-4, 1665. nière suivante : — « Ludovici Patritii Romani
- Suite du voyage du Levant où il est traité Novum Itinerarium...... Persidis....., publié
de la Perse par M. de Thévenot; Paris, in-4, # Archangelus Caraevallensis (Madrignano);
1674. - ID., Traduction anglaise; Londres, ilan, † 1511. » — Traduction alle
in-folio, 1687. — ID., Paris, in-8, 1689, — mande sous le titre de : Voyage chevaleres
ID., Francfort, in-4, 1693. Ul6..... de Louis Wartoman de Bologne ;
THEvET (André). — Cosmographia Orientis, ugsburg, Hans Miller,in-4, 1515. - ID.,
das ist : Beschreibung dess † Morgen ibid., J Knobloch, in-4, 1515. — ID., avec
landes etc., durch. AndreamThevetum...,etc., le nom de Louis Vartomans ; Strasburg, Jo
traduit en allemand par Grégoire Hortz ; han Knobloch, in-4, 1516. — Varthema, Iti
Giessen, Gaspar Chemlin, in-4, 1617. (Ter nerario ; Venezia, Zorzi di Rusconi. in-8,
naux a attribué par erreur cette cosmogra 1517. — L. Varthema, Reyse ; Augsbourg.
phie à Thévenot.) in-4, 1518. — Varthema, Itinerario ; Milano,
TIMBERLAKE. — Relation of the travels of J. A. Scinzenreler. in-4, 1519. — ID. Edit.
two English pilgrimstowards Jerusalem ; Lon de Venise, Rusconi, in-12, 1520. — ID., édi
don, 1631. tion de Milan, in-4, 1523. — ID., édition de
TREssAN (Pierre de la Vergne de). — Re Milan, Scinzenzeler, in-4, 1525. — ID., édi
lation nouvelle et exacte d'un voyage de la tion de Venise, in-8, 1535. — Traductional
Terre-Sainte ; Paris, Antoine Dezallier, in-8, lemande : Francfort. Hermann Gulfferichen
(On attribue ce voyage à Pierre de la Vergne in-4. 1548. — ID., Traduction espagnole sous
de Tressan.) le titre : Itinerario del Vénerable Varon mi
TRoILo (Franz Ferdinand von). Orienta cer Luis ; Sevilla, in-folio, 1570. — ID.,
lischen Reisebeschreibung..... ; Dresden, Mel dans la collection du R. Eden ; Londres, in-4,
chior Bergens, in-4, 1676. 1577. — ID., traduction allemande de Var
TsCHUDI voN GLARUs (L.).'— Reyse und Pil thema par Megisser; Leipzig. in-8, 1608. —
gerfahrt zum heyligen Grab. dess edlen und Warthoman, traduction par Megisser ; Leip
gestrengen Herren Ludwigen Tschudis von
Glarus; (Rohrbach) S.-Gall, in-4, 1606,
# in-8, 1610. — Barthema, traduction
allemande par Megisser; # in-8, 1615.
TUCHER (Hans). - Wallfahrt und Reise in — Warthema, trad. allemande, Utrecht, in-4,
das Gelobte Land. Gedrucket und voleendet 1615. — Varthema, trad. allemande, ibid.,
durch Hansen †pº# zu Augspurgk, 1654. — Barthema, Utrecht, W. Snellaert,
anno 1482, in-folio. - Il y a deux éditions in-4, 1655. — ID., Traduction espagnole : Iti
d'Ausbourg. Dans l'une l'auteur† le ti nerario..... Buelto de latin en romance por
tre de membre du petit conseil de la ville de Christoval de Arcos, Clerigo, nunca hasta
Nuremberg — Edition de Nüremberg, Con aqui impresso en lengua castillana ; Scvilla.
rad Zeininger, in-4, 1482. - Edition Cronberger, in-folio, 1520.
d'Augsbourg, Anton sorg, in-folio, 1486.- VELTRoNIUS. — Statuta hospitalis Hierusa
1017 BIBLI0GRAPHlE GE0GRAPH. DE LA TERRE SAINTE. 1018

lem per Fratrem Ptolemaeum Veltronium ; WILDEN (J.) — Newe Reysbeschreibung


Romae, in-folio, 1588. (Non mentionné dans eines gefangenen Christen, etc., durch Jo
Ternaux). -
hann Wilden Bürgern in Nürnberg, avec une
VERGoNCEY (de). — Le nouveau et dernier † de Salomon # ; Niirnberg,
voyage de Jérusalem fait par le commande althazar Scherff, in-4, 1614. — in-4, 1623.
ment du roy par M. de Vergoncey, gentil WILLEBRANDUs AB OLDENBORG. — Itinera
homme de sa chambre, enrichy de figures "rium Terrae Sanctae, dans les Symmicta de
des lieux saints et sites remarquables avec Leon Allatius, 1653.
un ordre et instruction très-nécessaire pour WILLIBALDUs (S.) — Vita seu hodoeporicon
ceux qui désirent faire ledit voyage; à Paris, sancti Willibaldi, dans le recueil de Canisius,
chez Simon Febvrier, rue Saint - Jacques, Antiquœ lectiones...., t. IV., p. 475-513; In
à la Justice, in-4°, 1633. ( Non mentionné golstadt, 1603, in-4. — Reproduit dans les
par Ternaux.) Acta sanctorum ord. S. Bened. de Mabillon,
VILLAMONT. - Trois livres de ses voya sœc. III, p. II, pag. 365-383; Paris,, 1672,
ges de Syrie, Hiérusalem, Egypte, etc. ; in-folio. — Autre vie, ibid., pag. 383 à 388.
Paris, in-8°, 1598. — Les voyages du sieur — Trad. anglaise dans le recueil de Wright.
de Villamont , Arras, Gille Baudoin, in-8°, WINISAUF (Godfried).—Anonyme dans Bon
1598. - Les voyages, etc., dernière édi gars, t. I., p. 1150-1171, in-folio, 1611. —
tion, revue, corrigée et cottée par l'autheur ; Le même dans le recueil Historiœ Anglicanae
Arras, Guillaume de la Rivière ; in 8°, 1602.. scriptores, tome II, p. 245 ; Oxoniœ, 1687,
-- Les voyages, etc. dernière édition, etc. ; in-folio.
Lyon , Claude Larjot, in-8 , 1606. — ID. , WIRzBURGENsIs (Johannis). — Descriptio
Rouen, Jean Briselet, in-12, 1613. — ID. , Terrae Sanctae dans le Thesaurus anecdoto
Lyon , Larjot, in-8°, 1667. — ID., Rouen , rum de Pesius, tome I, † III, pag. 483.
in-12, 1607.— Les voyages du sieur de Vil WoRcEsTRE(Simeo etWillelm de). (En 1570).
lamont, augmentés en cette dernière édition — Edit. de J. Nasmith ; Cambridge, 1779.
de son second voyage et du dessein de son Y et Z.
troisième ; Paris, Jean Richer, in-12, 1609.
- ID., dernière édition, revue et augmen YEPEs (de Rodrigo). —Nova descrittione di
tée, etc. ; Rouen, Louis Loudet, in-12,1610. Terra Santa; Venezia, in-8, 1591. — ID.,
VILLINGER ( Petrus). — Pilgerfahrt und Venezia, Ziatteri, in-12, 1600 (traduit de l'Es
Beschreibung der hierusalemitanischen Reise pagnol). -

in das heylig Land, etc.; per Petrus Villin ZADEK (Rabbi Jacob). — Rabbi Jacobi Za
ger ; Constance, Nicolao Kalt, in-4° 1604. dik, Descriptio Terrae Sanctae, hebraice et la
VITRIACo (Jacobi de).— Libri duo quorum tine; Hamburgi, in-folio, 1633.
† orientalis sive Hierosolymitanae, alter ZAPULo (M.). — Historia di quatro principali
ccidentalis historiae , nomine inscribitur ; città del mondo, Gierusalemme, Napoli, Roma
Duaci, 1596. — ID., édition in-8°; Baltha e Venezia ; Venezia, in-4, 1603.
zar Beller, 1597. (Le III livre publié par ZIEGLER.—Terrae Sanctae, quam Palaestinam
Gretzer et Bongars est d'Olivier Scolastique). nominant, Syriae, Arabiae, etc., descriptio, au
Vos (A. de) — Jerusalem'sche Reyse ; thore Zieglero Landavabavaro ; Argentorati,
Delft, in-4, 1655. apud Windelnium Rihelium, an. MDXXXVI,
VULCANo (Luigi). — Vera e nuova de mense septembris, in-folio. - ID., édition de
scrittione de tutta la Terra Santa, et peregri Francfort, in-folio, 1573. — ID., édition de
naggio dal sacro monte Sinaï copilato da Francfort, in-folio, 1583.
verissimi autori; Napoli, 1563. ZwALLARDo. — Il devotissimo viaggio de
W Gierusalemme fatto e descritto en sei libri
WALTHER (Bernard). — Beschreibung einer dal signore Giovanni Zwallardo, etc. ; Roma,
Reiss in das Gelobte Land, durch Bernard F. Zanetti et Gia Ruffinelli, in-4, 1587. —
Walthern beschrieben ; Augsburg, S. Mylio, Il devotissimo viaggio di Gierusalemme, etc.,
in-8, 1608. del signore Giovanni Zwallardo di nuovo
WANCKEL (J.) — Eine kurtze Vermerkung ristampato e corretto, in Roma appresso Do
der heyligen Steten des heyligen Landtes menico Baza, petit in-4, 1595. - Le très
in und um Jherusalem ; Nürnberg, J. Gutk dévôt voyage de Jérusalem avec les figures
necht, in-4, 1517. Le nom de l'auteur est dans des livres saints fait et décrit par J. Zw§t,
la Préface. Il était de l'ordre de S.-François. Anvers, Van Keerbergen, in-4, 1604. - ID.,
WEBBE. — Rare and most wonderfull Anvers, Arnould S. Couminx, in-4, 1608.—ID.
things which he has seen and passed in his Anvers, Guillaume Van Toucheren, in-4,1626
troublesome travailes in the cities of Jeru ZwINNER (E) — Blumenbusch des heiligen
salem, Damasco, etc.; London, W. Barley, Landes Palaestina ; Miinchen, in-4, fig., 1661.
in-4, S. A., 1590.

ANONYMES.
Historie von dev Kreuzfahrt nach dem conquest of Jherusalem ; Westeminster ;
heyligen Land, von desselben Belagerung Caxton, in-folio, 1481.
und Einnehmung durch Gottfried von Bouil Dat Boeck van den Pelgherin naar Jerusa
lon ; Augsburg, Huns Bamler, 1482. lem ; Haarlem, in-folio, tig. 1486
Godefroy of Bologne, The last siege and Des saintes neregrinations de Jherusalem
1019 DICTIONNAMRE DES ANTIQUITES BIBLIQUES. 1020

et des anvirons et des lieux prochains : du qui est aduenue en la cité de Jerusalem et par
mont Sinay et de la glorieuse Catherine. Cet toute la province d'icelle avec la ruine de qua
ouvrage et petit livre contenant du tout la tre citez ettout le pays circonvoisin. Auec très
description ainsi que Dieu a voulu le donner grands et merueillables vents faicts en la cité
à cognoistre. Réimprimé à Lyon par honestes de Famagouste lesquels ont été auec grand
hommes Michelot Topie de Pyrmont et Jac dommage et ruyne. A l'enseigne de S. Sébas
ques Heremberg d'Allemagne demourant au tien. S. L et A., goth., in-octavo. (Paris, vers
dict Lyon, l'an de Notre Seigneur mille CCCC 1546.—Le même avec cette addition : « trans
quatre-vingt et huit et le xxvIII° de nouem late d'italien en François. » Anvers, J. de
bre, in-folio, 1488. Ghele, 1546.
Les passages de oultremer du noble Go Viagio da Venetia al Sancto Sepulchro e
defroy de Bouillon qui fut roy de Hieru al monte Sinaï con disegni di paesi, citadi,
salem et du bon roy saint Loys et de plu ponti e chiese e lisanti luoghi ; Venczia, Ven
sieurs vertueux princes qui se sont croisés turino Rofonello, in-8, 1546. — ID., édi
pour augmenter et soutenir la foy crestienne ; tion de 1583, sans nom de lieu ni d'imprimeur.
Paris, in-8; 1492.—ID., édition sans date in Itinerarium a Burdigala Hierusalem usque
4, Paris Regnaut. etc. in-8, 1589. (Ce voyage eut lieu en 333.)
Peregrinationes civitatis sancte Jherusalem la I" édition est de 1588, in-douze. — Dans
et totius Terre Sancte cum peregrinationi l'Itinerarium Antonini,Augusti Deschad,1600.
bus totius urbis Romae, impressum alma in — Dans le Theatr. Geogr. de Bertius, 1618.
urbis Andegaviœ universitate, per me Johan — Dans les Vetera Romanorum itineruria
nem de Latour, in-8, 1493. Wesseling; Amsterdam, 1735, in-4, — dans
Hertzog Gotfrid, Wie er wider die Türken l'Itineraire de Châteaubriand.
und haydn, gestritten und das heylige grab Reysbuch, Wahrhafte Reysebeschreibung
#ºn hat; Augsburg, Zeissenmair, in-4,
0U5.
des heiligen Grab und anderer Orten ; Franc
fort, in-folio, 1589. — Reysbuch des heyli
La grant conquista de ultramar.Scalamanca, gen Landes ; Francfort, 2 vol., in-folio, 1629.
Hans Gieser, in-folio, goth., 1503. Travaile of two pilgrims, wath admirable
Ein gross Wunderzeien auff dem Berg Si incidents befell them in their Journey to
naï, bey sanct Katherina Grab geschehem Jerusalem , Gaza, Grand-Cairo, Alexandria,
im eylften yard Leipsig, in-4, 15I4. — ID., etc.; London, 1603, — ID., édition de Londres,
deux autres éditions, sans date. in-4, 1608.
, Informazione for pilgrymes unto the Orator Terrae Sanctœ et Hungariae seu sacra
Holy Lande. That is to wyte to Rome to lhe rum Philippicarum in Turcarum barbariam,
rusalem and to many other holy places. notae ; Duaci Catuacorum, Pierre Borremans,
London,Weischin de Worde, 1515. in-douze, 1606.
Le voyage de la sainte cité de Jérusalem, Description des lieux de la Terre-Sainte ;
avec la description des lieux, portz, villes, Paris, in-8, 1608.
cités et autres passaiges, fait l'an 1480, étant Pélerinage de Prague à Venise et jusqu'à
le siége du Grand Turc à Roddes, par ung Sainte-Catherine du Mont-Sinaï ; à Prague (en
pelerin qui fist le dict voyage; Paris, pour langue bohême), in-4, 1608.
Jean de la Garde. Goth., in-4, 1517. — ID., Reyssbuch des heiligen Lands ; Francfort
Paris N. Chrétien, S. A., in-16 (Vers 1550). sur-le-Mein, Johann Saurn, édité par Fr. Nic.
Eigentliche Beschreibung der Hin und Wie Roth., in-folio, reproduction de Feyrabend,
derfahrt zu dem heyligen Land gen Jerusa augmentée des Voyages de Schweigger, de
lem und fürter durch die grosse Wusten zu Radzivill et de Zwallart, 1609.
den heyligen Bergen Horeb und Sinaï, S. L., Travels of four Englishmen and a preacher
in-8, 1517. — ID., édition in-4, 1556. into Africa, Asia,... and into Syria, etc. From,
· Ein hübscher Tractat wie , durch Hertzog 1600, to 1512; London, in-4, 1612.
Gotfrid von Pullen das gelobte Land vor Histoire véritable de quatre frères Capucins
Zeiten gewunnen ist worden ; Leipsik, Wolf cruellement tyrannisés et mis à mort par le
gang, Stockel, in-4, 1518. — Le même Nu grand Bacha de Damas, avec les miracles qui
remberg, in-4, 1536. furent vus le 17 janvier 1613; Lyon, J. Poget,
Ein warhatige Historie von dem Kayser in-8, 1613.
Fridrich der erst seines namens mit einem Le pèlerin véritable de la Terre-Sainte au
langen rothen Bart; derselb gewan Jerusa quel seul le discours figuré de la Jérusalem
lenn; Augsburg, in-4, 1519. — Le même, antique et moderne est enseigné le chemin
Landshut, J. Weissembourg, in-4, 1519. de la céleste ; Paris, Louis Féburier, in-4,
Questo sotto scritto gie tuttet viazzo de 1615. — ID. Paris, in-4, 1619.
andare in Jerusalem e per tutti li lochi Récit véritable et miraculeux de ce qui a
†; Venetia, Alexandro de Bindoni, in-4, été vu en Jérusalem par un religieux de l'or
dre de Saint-François et autres personnes de
Viaggio da Venetia al Sancto-Sepulcro et qualité; Paris, in-octavo, 1622.
al monte Sinaï ; Venetia, in-8, 1521. . Arabia , seu Arabum vicinarumque gen
Quae intus continentur Syria , Palaestina, tium orientalium leges, ritus sacri et profani,
Arabia, AEgyptus, Scandia, traditae ab auctori mores, instituta et historia : accedunt varia
bus qui Prologo memorantur ; Argentorati, per Arabiam itinera, in quibus multa notatu
P. Opilio, in fol. fig., 1532. digna enarrantur; Amstelodami apud Joan
Le grand tremblement et épouentable ruine nem Janssonium. A. 1633; in-16, 1633.
1021 TABLE DES MATIERES. 1022

Two jornies to Jerusalem, collected by R. Anonymus, sur la Terre-Sainte, xII° siècle,


B.; London, in-8°, 1635. dans le Corpus historicum medii œvi, t. Il,
Observations curieuses sur le voyage du pº . 1346, 1347; Lipsiœ, 1723, in-folio, de
. G. Eccard.
Levant fait en 1630, par Fermanel, Fauvel,
Baudoin et Stochove; Rouen, in-4°, 1668. Iter Hierosolymitanum, dans la collection
Histoire et voyage de la Terre-Sainte, où de Langeback, t. IV, pag. 421.
tout ce qu'il y a de plus remarquable dans De profectione Danorum in Terram San
les saints lieux est très-exactement décrit ; ctam, à la suite de Commentarii historici de
Lyon, Compagnon, in-4°, 1670. regibus vetustis Norvegicis de Kirchmann ;
Description abrégée de la sainte montagne Amsterdam, 1684, in-8°. Reproduit dans le
du Liban et des Maronites qui l'habitent; Pa recueil de Longeback, t. V ; Hafniœ, 1780.
ris, in-12, 1671. — Voy. KIRCHMANN.
L'illustre Pèlerin ou remarques sur divers Itinéraire d'un pèlerin frison rapporté par
voyages en Syrie, Arabie, Perse, etc.; Lyon, Emon, abbé de Werum à Groningen, dans son
2 vol. in-12. Chronicon, t. II des Analecta veteris aevi
Histoire de la conquête de Jérusalem sur d'Antonius Matthaeus.
les Chrétiens par Saladin; Paris, in-12, 1678. Narratio Patriarchae Hierosolymitani dans
— Autre édition qui ajoute : « Traduite d'un le Thesaurus novus anecdotorum de dom
ancien manuscrit; » Paris, Gervais Clouzier, Martene et Durand; Paris, 1717 , in-folio,
in-8°, 1679. t. III, p. 267-287.

TABLE DES MATIÈRES.


A ployé aux constructions du Taber Araba, ville, 79
Aadadah, ville, 15. nacle, 65, 105. Arabie, Arabes, contrée, peuple, 79,
Abanah, fleuve, 15 Ahouach, rivière, 1 4. 563
Abarim, montagne, 15. Ai, ville, 64, 545, ;21, 978. Arach, Arech, ville, 79.
Abdoun, ville, 15, 5l. Aialon, ville, 64. Arad, ville, 79
Abel, Abelah, ville, 16. Aiath, localité, 64. Arada, localité, 79.
Abel-beit-Mâachah, ville, 16, 17. Aila, Ailath, ville, 64. Aradon, localité, p. 80.
Abel-He-Sithim, ville, 18, 19. Ain-Djedi, ville, 65, 546 Aram, contrée, 80.
Ain-Dour, Endor, ville, 70. Arama, Ville, 80.
Abel-Kermim, ville ; 20. Akka, ville, 625. Ararat, montagne, 80
Abel-Maim, yille,.18. Akad, ville, 72. Arari, prétendue ville, 80
Abel-Mehoulah, ville, 20,
Abel-Misraim, ville, 19, 20.21. Akhlab, ville, 75. Arbate, ville, 80.
Abes, ville, 2l . Akhsaf, ville, 75. Arbee. Voty. Hébron.
Abil, ruines, 18. Akhzib, ville, 74, 895. Arbela, Arbelle, ville, 80.
Abil-el-Gamh, ruines, 18. Aion, ville, 64. Arbi, prétendue nom de ville, 81.
Abil-el-Haous, ruines, 18. Akrabba, ville, 46. Arbres consacrés, 108.
Akra, colline, 74. Arche, sa matière, 96; sa ſorine, 96,
Abila, ville, 16, 19, 20, 21, 951. Akraban, village, 47. 9
Abila de la Batanée, ville, 21.
Abila de la Pérée, ville, 50. Akrabine, ville, 46. Archelais, ville, 81, 967.
Abila de l.ysanias, ville, 22 Alexandrouschené, 895. Archi, ville ou région, 8l.
Abnah, fleuve, 15. Alicais, ville, 75. Area Atad, localité, 81
Abrau, ville, 50. Almath, ville, 75. Arebba, ville, 82.
Abrou, ville, 16. -
Amaad, Emed, ville, 75. Aredo, ville, 82.
Absalom, tombeau, 51 suiv., 594 suiv. Amalek, Amalécites, peuple, 75. Areopolis, ville, 502.
Acco, Akka, ville, 40, 625. Amma, Aaman, ville, 76. Argob, ville, 82.
Achor, Aakour (vallée d'), 14. Amathus, ville, 76. Arie, localité, 82.
Acrabattae, Acrabim, Acrabatène, ré Ammaus, ville, 76. Ariel, partie supérieure de l'autel des
gion, 46. AmInon, Ammonites, peuple, 76. sacrifices dans le temple, 82
Adad-liimmon ou Adad- Roummon, Amona, ville, 77. Arimathie, ville, 82.
ville, 47. Amorrhéens, peuple, 77. Armageddon, localité, 85.
Adada, ville, 15. -
Amthar, ville, 77. Armon, contrée, 85.
Adam, Adom, ville, 48 et suiv. Ana, 77. Arnon, torrent, 85, 477.
Adamah, Admah, ville, 49. Anab, Aaneb, ville et montagne, 77. Aroer, ville, 85.
Adamah, Adami, ville, 52. AIiakharath, ville, 77. Arphad, vilie, 84,
Adammim,Adoummim, ville, 55. Anania, ville, 77. Art chez les Kénâanéens, 106 et suiv.
Adar, Addar, ville, 55. Anathoth, ville, 77. — Métallurgie, 428. - Chariots de
Adasa, Adaso, 56. Anem, ville, 77. guerre, 427. - Monnaie, 428.
Adithaim, ville, 56. Ange, montagne, 78. Art judaique. — lmitation de l'art
Adjelim, ville, 57. Anim, ville, 78. égyptien, 58. — Ordres dorique et
Adioun, ville, 620, 890, 891. Antonia (tour), 651, 642. ionique, 59. - Son existence cons
Adoullam, ville, 57. Antipatris, ville, 78. tatée, 84.— Métallurgie,97.-Fila
Adoun, Adn, ville, 61. Anthedon, ville, 64. ture, 97. Vases ciselés, 107. — Cou
Adraa, ville, 296. Apadno, Apadni, ville, 78. teaux, 428. — Trompes, 429. -
AElam, AElamites, contrée, 61, Apamée, ville, 78. Sous les Juges 457 et suiv.-ldoles,
AElia, ville, 61 Aphara, ville, 78. 458. — Orfévrerie, 440. — Ephod,
.bEnon, source, 62. Aphec, ville, 78. 440. Téraphim, 440. — Meules por
AEthiopie, contrée, 62. Apollonia, ville, 78, 626. tatives, 4i2.—Sous Samuel, 789. -
Agaréniens, Agaréens, peuple, 65. Aqueduc d'Abila, 27. — De Saint-Jean Le Dieu Dagon, 790. - Astaroth,
'Agrippeion, ville, 6 i 1. d'Acre, 42. — De Jérusalem, 159. 790. Arche d'alliance chez les Phi
'Allalah, ville, 65. — D'Ezéchias, 757, listins, 792.— Travail du fer chez
Ahava, fleuve, 65. -
Ara, ville, 78. les Philistins, 795. — Artistes phé
Ahcliab - ben - Ak:saIneh, artiste e1n Arab, ville , 79. niciens, 795. — Armure de Goli-th,
4023 TABLE DES MATlERES. 102 .

797. - Armes de David, 798.— Bi Auran, contrée, 115. º#º, station des lsraélites,
joux de Saül, 800. - Art de luxe Ausitis, contrée, 115.
cnez les Hébreux, 801. — Instru Autels d'Abraham à Sichem, 87. - Ben-Ennom,. Ben-Hinnom, vallée,
ments aratoires, 801.—Instruments — D'Abraham à Beit-El, 87, 95. - sa description, ses tombeaux, 125
Leur construction, 87. — Leur na et SulV.
de guerre, 802. — Instruments de
musique, 802. — Sous David, Salo ture, leur forme, 96, 100. - D'ai Benjamin, tribu israélite, 152
mon et leurs successeurs, 667 et rain, sa description, 102.— D'Ebal, Beon, ville, 155.
suiv. — Habileté de la race juive 511 et suiv., 451. . Bera, ville, 153.
dans les arts, 667, 668. — Hérédité Ava, Aouh, localité, 114. Berea, ville, 135
professionnelle, 668. — Arcs, bou Ava, A ouah, localité, 114. Berotha, vile, 155.
cliers, etc., 668, 669.-Instruments Avith, Aouit, ville, 114. Bersabée, ville, 155.
de musique, 669, 670.—ldoles des Avoth-lair, ville, 114. Besecath, Baskat, ville, 155.
Philistins, 669. — Chanteurs, 670. Axaph, ville, 118. -
Beselal, artiste qui construisit l'arche
— Bouciiers d'or, 670. — Colonnes Ayn, Ayn-Roumaioun, ville, 114. d'alliance, 65, 105.
d'airain, mer d'airain, vases, 671.— Aynim, ville, 115. Besimoth, ville, 50.
Construction du temple, 672. - Ayn-Djenim, vilie, 115. Besor, fleuve, 153.
Ouvriers # rs employés à Ayn-el-Belatat, fontaine, 559. Bessar, ville, 155.
cette œuvre, 675. — Métaux em Ayn-Radjol, fontaine, 55. lBeten, ville, 154.
ployés, 674. - Plan, 675. — Tré Ayn-Schems, fontaine, 53, 500. Beten, ville, 134.
sors de David destinés à cette cons Ayn-Schems, #. 159. Beth-Acharam, ville, 154.
Beth-Anan, ville, 154.
truction, 675. — Pierres précieu Ayoun, ville, 17, 18.
ses, 676. — Or d'Ophir, 676.-Em Aza, ville, 118. Beth-Anath, ville, 154.
lacement choisi par David, 678. — Azanoth-Thabor, ville, 118. Bethagla, ville, 20.
ars de Salomon, 684. — Ecole de Azeca, ville, 118. Bethanie, ville, 154.
- l'art hébraïque, 686. - Ateliers Azot, Esdod (Esdoud), ville, 118. Bethanoth, ville, 155.
pour le temple, 687. — Pierres de Betharaba, ville, 155.
taille , 687. -- Mesures linéaires B Betharan, ville, 155.
hébraiques fixées, 688. — Fonda Beth-Asmoth, ville, 155.
tions du temple, 690, 691. - Por Bethaven, ville, 155
tiques, 692. - Plate-forme du tem Bâal, divinité, 117. Bethbera, viIle, 155.
† 695. - Mesures actuelles de
'enceinte, 694 et suiv. — Pont qui
Bâal, ville, 118.
Baala, ville, 1 18.
Bethberai, ville, 155.
Bethbessen, ville, 155.
joignait le temple à la ville haute, Baalam, ville, 119. Beth-Choglah, ville, 155.
699. — Voûtes salomoniennes, 701. Baalath, Baalet, ville, 119. Beth-Dagon, ville, 156.
-- Dimensions du temple, 704. - Baalath-beer-Ramath, ville, 119. Bethel, ville, 156.
Plan du temple intérieur, 706, 707, Baal-Berith, temple, 120. Béthar, ville, 158.
708, 709, 710. — Edifices accessoi Baalgad, Baal-djèd, ville, 120. Beth-Emec, ville, 158.
res, 711. — Autel, 711. — Parvis, Raal-Hasor, ville, 120. Bether, montagne, 158.
711. — Palais de Salomon, 712. — Baal-Hermon, montagne, 120. Beth-Gamul, ville, 158.
Trône de Salomon, 716.— Boucliers Baalia, ville, 120. Beth-Iesimoth, ville, 158.
d'or,-717. - l'emples aux idoles du Baal-Meon, ville, 120. Reth-le-Baoth, ville, 158.. -

mont de l'oflense , 718. — Tom Baal-Pharasin, localité, 120. Bethlehem, ville, 158et suiv.-Eglise,
beaux de famille, 721. — Treillis Baal-Salisah, ville, 120. sa description, 140 et suiv.-Grotte
aux fenêtres, 729. — Sous les Ma Baal-Thamar, ville, 120. de la Ntivité, iio. - Ètoile d'ar
chabées, 449 et suiv. - lntroduc Babel, ville, 86, 120. # 145.— Porte de bois sculpté,
tion de l'élément grec, 449.-Gym Babylone, ville, 121. 46. — Absides, 147. - Mosaiques,
nase, 449.,- Statue de Jupiter Bahourim, ville, 121. 1 i8. — lnscriptions, 149, suiv.
Olympien dans le temple, 450. — Bala. Voy. Segor. Bethmaacha, ville, 152.
Bouclier d'or envoyé à Rome, 452. Bala. Voy. Baala. Bethmahon, ville, p. 152.
—Tables de bronze, 452. - Mon Balaam, ville, 121. Bethmarchaboth, ville, 155. "
naies des Machabées, 452. - Sous Baiaath, ville, 121 Bethnemrah, ville. 155.
les princes iduméens, 629 et suiv. Baloth, ville, 121. Bethonim, ville, 155.
— Selon les livres des prophéties Hamoth, ville, 121. Bethoron, ville, 155.
et après le retour de la captivité, Bane, ville, 121. Bethphage, ville, 155.
647 et suiv. — Ameublements, 648. Banias, ville, 117, 169, 927. Bethphaleth, ville, 155.
— ldoles, 648 et suiv. — lnfluence Barach, viile, 121. Bethpheses, ville, 155.
des idées phéniciennes, 651. — Barad, ville, 121. Bethphogor, ville, 155.
Luxe des lsraélites, 652. -- Funé Baradah, 14, 26, 29. Beth Saïda, piscine, 155.
railles, 652. - Poteries, 655. — Barasa, ville, 122. Beth-Saida, ville, 154 et suiv. .
Conservation des actes, 654. Basan, contrée, 122. B#eº, Betsan, Beisan, ville,
Aruboth, Arbout, ville, 1 10. Bascaman, ville, 122. 157.
Asan, Aachan, ville, 110. Bascath, ville, 122. Bethsetta, ville, 157.
Asason-Thamar. Voy. Ain Djedi. Hasimoth, ville, 158. Bethsimoth, ville, 158 '
Ascalon, Askelon, ville, 110. Basiothia, ville, 122. Bethaphua, ville, 158.
Asedoth, Asedeot, ville, 111. Bataille de Megiddo, 47. — De Baal Béthul, ville, 158.
A# Asemona, Aasmounah, ville, Pharasin, 120. — De Baal-Thamar, Béthulie, ville, 158, 975.
120. — De Helam, 554. Bethzacara, ville, 158.
Asena, Aasena, Asnah, ville, 111. Bathuel, ville, 122. Bethzecha, ville, 158.
Aser, tribu israélite, 1 l 1. Rathurim. Voy. Bahourim. Bethsames, ville.158.
A ffiºsº, Khaser-Djedah, ville, Beelphegor, divinité, 122. Beyrout, ville, 615, 881.
Beel-Sephon. montagne, 122. Bezec, ville, 159.
Aser-Hammaemetath, ville, 111. Béelzébud, divinité, 122. Bijouterie, art judaïque, 91.- Bra
Asion-Gaber, ville, 111. Beer, ville, 122. celets, 91, 10.— Pendants d'oreille,
Asor. Voy, Hasor. Beeroth, ville, 122. 91, 107, 441, — Mezem, pendants
Asphar, lac, 112. Behemoth, animal, 125. de nez, 91, 92, 441. — Colliers (fa
Asphatite, lac. Voy. : Mer Morte. Beit-El, ville, 156. til), 95, 107, 648. — Cachets (kha
Assedim, ville, 112. Belt-1.jala, village, 295. tem), cylindre gravé, 95, 94.—An
Assidéens, 112. Beit-Djibrin, village, 59. neaux-cachets, 107. — Perles et
Asson, ville, 112. Beit-Hadjlah, village, 20, 136. pierres fines, 647.
Assour, Assyriens, peuple, 112, 11 i Beit-lasmout, ville, 19. Bir-Eçoued (le puits noir), 417.
Asteroth-Karnaim, ville, 1 15. Beit-Lehm, ville, 158. Bir-el-Haoud, fontaine, 55.
Atach, Aatek, ville, 113. Beit-Sour, village, 155. Bir-Eyoub, fontaine, 55.
Ataroth, ville, 115. Beitin, village, 157. Bir-Eyoub, 581.
Athar, ville, 115. Bel, divinité, 125. Bir-Seba, ville, 155.
Athmatha, ville, l 15. Bela. Voy. Zoar, 497. Boen, pierre consacrée, 159.
Athlit, ruines, 626. Belma, lieu de cam ment, 125. Boses, rocher, 159
Attalia, ville, 1 15. Belmen, ruines, 125. Bosor, ville, 160.
Augustopolis, ville, 115. Belus, fleuve, 124. Bostra, ville, 160.
1016 TABLE DES MATIERES. 1026
Bracelets, 91, 107. Cison, fleuve, 289. Eltecon, ville, 297
Bracelets de jambe (Asaâdah), 106. Cœlesyrie, contrée, 290. Elthece, ville, 297.
Broderie, 102. Corozain, ville, 559. Eltholad, ville, 297
llucolon, ville, 626. Coulage des ornements d'airain de Elymais, ville, 297.
Buz, Bouz, peuple, 160. l'arche, 49. Emath, ville, 297.
C D #ºs
Embaumements, 94.
Cabzeel, ville, 159. ereth, ville, 289. Emim, peuple, 298.
Cabul, contrée, 159.
Cademoth, ville, 159.
† ville, 290.
Dabor (Ouad), vallée, 45.
Emmaüs, ville, 298.
Emmer, ville, 500.
Cades, ville, 159. Dalmanutha, ville, 291. Emona, ville, 500.
Cadumim, fleuve, 290. Damas, ville, 291. Enaim, 500.
Caipha. Voy. Hepha. Damoun, village, 52. Enan, ville, 500.
Caiphe (maison de), 160. Dan, tribu , 291. Endor, ville, 70 et suiv.
lamon, ruines, 626. Dan, ville. Voy. Césarée. Engaddi, ville, 65 et suiv.
Calano, ville, 160. Daphca, station dans le désert, 291. Eºgallim, Ville, 500.
Camon, ville, 161. Daphne, localité, 170, 292, 969. Engannim, ville. 115,1500.
Cana, ville, 161, 906, 982. Daphnis, fontaine, 292. En-Hadda, ville, 500.
Canaan, contrée, 164. Datheman, forteresse, 292. Ennom. Voy. Hinnom.
Canath, ville, 165. · David son tombeau.' yoy. Tombeau E#hem# E#emes, fontaine,500.
Caphara, ville, 166. de David. - Tour qui porte son Epha, cºntrée,#00.
Capharnaüm, ville, 154, 355,915,916 nom - Voy. Tour de bavid, et EP Ville 500.
Capharnaüm, fontaine, 550. col. 680. Ephraim, tribu israélite, 50t.,
Capharsalama, ville, 166. Debbaseth, ville, 292. Ephraim (montagnes d'), 50t.
Caphetetha, partie des murs de Jéru- Debera, ville, 292. Ephrata, contrée, 501.
salem, 166. Deblahaïm. ville, 292. Ephrem, ville, 501. º,
Caphtorim, peuple, 166. Deblatha, désert, 292. Ephron, ville, 502.
Carcaa, localité, 166. Debourieh, village, 289. Er-Rabba...504.
Cariath, ville, 166. Decapole, 292. Er-Riha, 567.
ſariathaim, ville, 166.. Dedan, ville, 292. Esaan, ville, 502.
Cariathbaal, Cariathiarim, ville, 118, i5 §, §,#. Esdrelon, plaine, 302.
166. Denaba, ville,292. Esdraela, fontaine, 502..
Qariathsepher, Cariathsena, ville, 166. Derbe, ville, 292. Eskenderoun, ruines, 62s.
ſarie, contrée,167. Désert.-Cequ'il fautentendre par ce #,Vi!# # -

Qarioth, ville, 167. nom dans la Terre-Sainte, § Estaol, ville, 502.


Carith, torrent, 167. Deslau, forteresse, 292. Esthamo, ville, 505.
Carnaïm, ville, 167. Dibon, ville, 292. Es-Souk, village, 426.
Cartha, ville, 167. Dibongad, station dans le désert, 295. # #e #:
Carthan, ville, 167. Dieviens, peuple, 295. Etham, ville, 505.
Casaloth. Voy. Kessuloth. Dimona, ville, 295. Etham, station dans le désert,20#.
Casbon, ville, 167. Diospolis, viiie 448. Ethan, prétendu nom de lieu, 50i.
Casdim, peuple, 167. Djalah, ville, 295. EToFFEs précieuses, 92; — du Taber
Casis, vallée, 167. Djeba village, 507. nacle, 102; — leur "issage, 102; -
Çasphin, ville, 167. Djebel-Atarous, montagne, 15.505. manteaux, 441,
ºllum peregrinorum, ruines, 626. Djebel-el-Dahy, montagne, 558,
Catheth, ville, 168. Djebel-Esdoum, montagne, 494.
Elroth, ville, #.
Etsem, ville, 504.
9averne d'Adoullam, 57. Djebel-Fechknan, montºgne,53,505. #-#!: iºes !
Caverne d'Arbèle, 8. Djebel-Fureidis, montagne, 61. Et-Thaemch, ruines, 5l.
gedemoth, ville, i68. Djebel-Mousa, montagne, 557. Ezel. Voy. Pierres consacrées
#edmonéens, peuple, 168. Djerasch, ville, 540. F
9eelatha, station des Israélites, 168. Djenin, village, 116.
Ceila, viile, 168. Djouran-Aatad, localité, 21. Farfar, rivière, 14, 29.
ºnézéens, peuple, 168. Doch, forteresse, 295. Fâour, montagne, 15.
Ceni, Cinéens, peuple, 168, Dommim, contrée, 295. Fesgah, montagne, 505.
#sarée maritime, viile, i68, 626. 5§, §ô5 26. Fleuves, 507. -

ſésarée de Philippe, ville, 169. Dothan, Dothain, ville, 294. Fontaines, 507 ; — d'Elisée, 569.
Ceseleth-Thabor,
Cesil, ville, 175. ville, ii5. E G
-

Cesion, ville, 175. Ebal, montagne, 515. Gaas, montagne,507.


Cethéens, peuple, 175. Ebillin, ville, 51. Gaas, torrent, 507.
#ethim, contrée, 175. Ebn-Aaser. Voy. Pierres consacrées. Gaba, ville, 507.
Cethlis, ville, 175. Ecbatane, ville, 295. Gabaa, ville, 507.
Cetron, ville, 175. Ecdippa ville, 74. Gabaath, ville, 507.
Chale, ville, 175. EccE HoMo (Arcade de), 295. Gabae, ville, 507.
Chali, ville, 175. Echelle des Tyriens, montagne, 42. Gabaon, ville, 507.
Cham, contrée, 175. Edema, ville, 296, Gabathon, ville, 509.
9hamaam, domaine. 176. Eden, sa situation présumée, 296. Gabbatha. Voy. Ecce homo.
Chamos, divinité, 176. Eder, ville, 296. Gabee, ville, 309. -

ſharaca, ville, 176. Edom (Idumée), contrée, 296. Gabim, prétendu nom de ville, 509.
9haran, ville, 176. Edrei, Edrai (Adraa), 296 Gad, tribu israélite, 509.
9hariots de guerre, 425, 427. Eglon, ville, 297. Gaddi, ville, 509.
9harran, # 176. Elath, ville, 297. Gader, ville, 509.
Chaspia, fort, 176. Eleale, ville, 297. Gaderoth, ville, 509.
ſhérubins de l'arche, 97,98, 99, 100. Eleph, ville, 297. Gadgad, station dans le désert, 509
Chebbon, ville, 176. Eleuthère, fleuve, 297. Galaad, contrée, 509.
Chelmon, localité, 176. El-Aazarieh, village, 154. Galgal, localité, 55.
Chene, ville, 176. El-Bireh, village, 122, 125. Galgala, ville, 509. -

Cheslon, ville, 176, El-Feidjah, rivière, 14, Galilée, contrée, 510, 896 et suiv.
Chobar, rivière, 176. El-Kadesa, village, 560. Caiiim, ville, 5ii.
Chorréens Voy. Horrhéens. El-Khan, ruines, 548. Gamzo, ville, 51 l.
Chronologie des empires de Ninive, El-Medjdel, 455 Garizim, montagne, 501, 311.
de Babylone et d'Ecbatane, dans ses El-Mellahad, étang et ruisseau, 558. Gath, ville, 527.
rapports avec la Bible,176 et suiv. El-Merked, 455. Gaulon, ville et contrée, 527.
Chub, peuple, 289. El-Rhoueir, plaine, 550. Gaver, localité, 527.
Chun, Choun, ville, 289, Elim, station dans le désert, 297. Gaza, ville, 527.
Chutéens, Choutéens, peuple, 289 Elisée (Fontaine d') Voy. Jéricho. Gazara, Gazer, ville, 529.
Cibsaim, ville, 289. El-Melech. ville, 297. Gerare, ville, 559.
Cina, ville, 289. Elon, ville, 297. Gerasa, Geraséniens, ville, 540.
1027 TABLE DES MATIERES. 1028

Gebbeton, ville, 529. Horeb, montagne, 557. tonia, 589, 631, 642. —'Hippo
Gedera, ville, 529. Horem, ville, 558. drome, 501. — Tombeaux des pro
Gedor, ville, 550. Horma, ville, 558. hètes, 590. — Monument de Si
Geennom. Voy. Jérusalem (nécropole). Horréens, peuple, 558. oan, 405. - Jardins du roi, 407,
Gehon, fleuve, 550. Hosa, ville, 558. 408. - Tombeau d'Absalom, 594.—
Genezareth, ville, et lac, 550 et suiv. Houleh † lac, 558, 922, 925. Tombeau de Josaphat, 599.—Tom
Gennezar, plaine, 550. Hus, contrée, 562. beau de saint Jacques , 599. —
Gergéséens, peuple, 540. Husati, ville, 562. Tombeau de Zacharie, 405. — Tom
Gerzi, contrée, 54l. beau des Hérodes, 409. - Tom
Gessen, contrée, 341. beau d'Helène, 410. — Tombeau du
Gessur, contrée, ville, 541.
Ianoun, village, 47.
# prêtre Jean, 411.— Tombeau
Get-Hehefer, ville, 341, 'Alexandre Jannœus, 412.- Tom
Get-Remmon, ville, 541. Iaphia, ville, 561. beau des juges, 414. - Gymnase
Gethsemani, villa, 542. Idoles portatives, 95. — Revêtues construit, 449. - Théâtre, 640. -
Gibliens, peuple, 542. d'or ou d'argent, 108. — De Joas, Forum, 641. — Tour Hippicos, 644.
Gideroth, ville, 542. # de Gédéon, 457. — De Micha, — Tour Phasael, 644. —Tour Ma
Gilboe, Gelboe, montagnes, 542. 9.— Idoles de Jéroboam. Voy. riamne, 644. — Palais d'Hérode,
Paralipomènes. — Leur fabrication. 644, 645. - Tour Psephina, 646.—
Gilgal, 55.
Gilo, ville, 542. Voy. Prophètes. Vallée des fromagers,822.—Ophel,
Gihon. Voy. Jérusalem (Eaux). ldumée, Iduméens, peuple, 296. 822. — Temple. Voy. Temple.
Ginaea, ville, 116. lim, ville, 565. -
Jesana, ville, 416.
Goatha, 542. Images, leur prohibition, 95. Jesimon, ville, 416.
Gob, 545. Inscriptions d'Abila, 22, 26, 27, 28, Jesue, ville, 416.
Golgotha, 542. 29. — De la vallée de Hinnom, 150, Jeta, ville, 417.
Gomorrhe, ville, 89, 545. 151, 152. Jeteba, ville, 417.
Goreb, colline, 542. lnstruments de musique. — Tympa Je#º , station dans le désert
Gravure sur pierre, 105. non, 92. — Kenour, Cithare, 92. -
Grotte de Pan, 170. Trompettes, 107.
Invention du Psaltérion et de la Ci Jethela, ville, 41 ..
H Jether, ville, 417.
thare, 86. — Instruments de cuivre Jetheth, ville, 417.
Habor, 545. et de fer, 87. — De la brique, 87. Jethnam, ville, 417
Hachila, colline, 545. Irbid, ville, 21. Jethsoh, ville, 417.
Hadasa, ville, 545. Voy. Adasa. Ismaélites, peuple, 565. Jezer, ville, 417.
Hadrach, contrée, 545. Issachar, tribu israélite, 564. Jezrael, ville, 417.
Hai, ville, 545. Voy. Beit-el. lstemo, ville, 564. Joppe, Jaffa, ville, 420.
Halcath, ville, 545. lturée, contrée, 564. Josué, 4
Halhul, ville, 545. J Jourdain, fleuve, 454 et suiv.
Hamatéens, peuple, 545. Jucadam, ville, 456.
Hammoth-Dor, ville, 546. Jabes, ville, 565. Jud, ville, 456.
Hamon, ville, 546. Jabnia, Jabne, Jamnia, ville, 565. Juda, tribu israélite, 456.
Hamonim, 104. Jaboc, Iaboc, torrent, 565. Judée, contrée, 456. Voir Chronologie
Hanathon, ville, 546. Jachanan, ville, 565. et monnaies hébraiques.
Hanes, ville, 346. Jachin, 565. Julias,ville,50, 155, 156, 558,919,920.
Hapharaïm, ville, 546. Jadason, fleuve, 565. K
Harad, fontaine, 546. Jagur, ville, 565.
Haran, ville, 176. Jaïr, ville et contrée, 565. Kaboul, pays, 159.
Hares, montagne, 546. Janoe, ville, 565. Kafr-Kennor, village, 161, 906.
Hareth, forêt, 546. Japhet, contrée, 565. Kaisarieh, ville, 620, 890.
Harma, ville, 546. Japhia, ville, 566. Kakoun, ruines, 55.
Harodi, localité inconnue, 546. Jaramoth, ville, 566. Kalâat-Hounin, montagne, 560.
Haroseth, ville, 546. Jarephel, ville, 566. Kana-el-Djalil, village, 162, 906.
Hasarsual. Voy. Hasersual. Jasa, ville, 566. Kanaouath, village, 165.
Hasarsusim, ville, 546. Jaser, ville, 566. Kapharnaum Voy. Gennezareth.
Hasasoun-Tamar, ville, 65, 546. Jeabarim, station dans le désert, 566. Karack-Moab, ville, 179, 504.
Haserim, station dans le désert, 347. Jeblaam, ville, 766. Karbet-el-Aamoudieh, ruines, 560.
Hasersual, ville, 547. Jebnael, ville, 566. Kareiath, ville, 167.
Hasersusa, ville, 547. Jebnee1. Voy. Jabnia. Karmel, Carmel, montagne, 415.
Hassemon, ville, 547. Jebus, Jébuséens, peuple, 566. Kaziz, ville, 445.
Hazor, ville, 547 et suiv., 425, 924, Jecmaam, ville, 566. Kedron, torrent, 445.
925, 972, 975. Jecnam, ville, 566. Kefr-Saba, ville, 78.
Hebron, ville, 555. Jectehel, ville, 566. Kenâanéens.—Leurs Idoles, 107, 108.
Hebrona, station dans le désert, 554 Jecthel, ville, 566. — Leurs bijoux, 106. — Leurs au
Hedjildjal, localité, 55. Jedala, ville, 566. tels, 108. — Contrée habitée par
Helam, localité, 554. Jegbaa, ville, 566. eux, 164. — Persistance de leur
Helba, ville, 554. Jephleti, localité, 566. § jusqu'aux temps évangéliques,
Heleph, ville, 554. Jephta, ville, 566.
Helmon, station dans le désert, 554. Jephtahel, vallée, 566. Kenret, ville, 555, 555.
Helon, ville, 555. Jerameel, contrée, 366. Kepha, ville, 555, 626.
Hemath, ville, 555. Jéricho, ville, 567 et suiv.—Sa #º Kerith, rivière, 55, 167, 445.
Hepha, ville, 555, 626. fertile, 568. — Sa fontaine, 569. — Kermel, ville, 445.
Hered, ville, 555. Hippodrome, 640. Kessuloth, ville, 446,
Herma, ville, 555. Jerimuth, ville, 569. Khan-el-Ahmar (el), ruines, 54.
Hermon, montagne, 555. Jeruel, désert, 569. Khan-el-Minieh, 558.
Hermon (le petii), 556. Jérusalem, ancienne Jebus, 566. — Khorazin, ville, 559.
Herodium, ville, 59. Fontaine de la Vierge, 570. — Pis Kiriath-Bâal, ville, 118.
Hesebon, ville, 557. cine de Siloé, 570. — Tracé des Kiriath-larim, ville, 118.
Hesbân, ville, 557. murailles, 574. — Tour de Hana Kiriath-Sepher, ville, 290.
Heser, ville, 557. néel, 576. — Tour des Cent, 576. L
Hesmona, station dans le désert, 557. — Porte des chevaux, 577. — Fon
Hesron. Voy. Hazor. taine de En-Rogel, 579. — Puits de Laban, localité dans le désert, 415.
#etahlon, voie antique, 557. Job (Bir-Eyoub), 581. — Puits de Labana. Vou. Lebna.
ethim, contrée, 557. Néhémie, 581. — Birket-el-Soul Labanath, ville, 445. -

#évéens, peuple, 557. tan, piscine, 582. — Aqueduc, 582, Lac el-Houleh, 558. — Samakhonite,
evila, contrée,357. 584. — Piscine des bains du Pa 558. — Meroum, 558.
Hippodrome de Jérusalem, 501. triarche, 584, 586. — Piscine Ma Lachis, ville, 445.
lodsi, 557. millah, 585. - Piscine Setty-Ma Lahela, ville, 446.
Holon, ville, 557. rvam, 587. — Piscine probatique, Lahem. Voy. Bethlehem. * --- * -- *

Hor. montagne, 557. 587. — Bezetha, 589. - Tour An Lais, Laisa, ville, 446. Voy. Césarée.
1029 TABLE DES MATIEitES. 1050
Latroun, village, 299. Mochona, ville, 512. bitide.
Lebaoth, ville, 446. Modin, ville, 512. Orori, localité inconnue, 612.
Lebna, ville, 446. Moise (tombeau de), 512. Ozensara, ville, 612.
Lebona, ville, 447. Molathi, localité inconnue, 513. P
Lechi, ville, 447. Moloch, idole, 515.
Lecum, Lecoum, ville, 447. Monnaies hébraiques, 515 et suiv. Palaetyr, ville, 625,855
leonton, Leontonpolis, 885, 886. Monnaies de la dynastie de Lysanias, Palais de la reine femme de Salomon,
Lesa, ville, 447. 25. — D'Abila, 50. — De Ptole 474.
Lesem. Voy. Césarée. mais, 41. - De Neapolis, 526. — Palestine, contrée, 611.
Liban, montagne, 447. Autonomes sous Alexandre le Grand, Palmiers d'Ain-Djedi,65.
Lithostrotos, 295. Voy. Ecce homo. 52. — Des Asmonéens, 529. -- Des Palmyre, ville, 611.
Lobana. Voy. Lebna. princes iduméens, 572. — Impéria Paneas, ville, 170, 969.
Lodabar, vilie 448. les coloniales de Jérusalem, 599.— Paneion, grotte, 7, 170, 969.
Luith, Louecth, ville, 448. Musulmanes de Jérusalem, 605. — Patmos, île, 612.
Loueith, ville, 501. Monument d'Absalom, 51.— De Mem Peluse, ville, 612. - -

Luz, Louza. Voy. Garizim, Beit-El, non. 42. — De Galgala, 509. Pentapole. Voy. Moabitide et Gomor
157, 518. Morasthi, ville, 606. rhe.
lyda, Lydda, Lod, ville, 448. Moria, montagne, 606. Peor, montagne, 15.
Mosera, station dans le désert, 606. Pergame, ville, 612.
M Moudjeb, torrent, 85. Phagor, montagne, 19.
Mâakah, ville, 18, 447. Phanuel, ville, 612.
N
Mâaleh-Adoumim, montée, 55. Phara, localité, 612.
Maara, contrée, 447. Naalol, ville, 607. Pharan, ville et désert, 612.
Maarath, ville, 447. Naama, ville, 607. Pharathon, ville, 612.
Macces, localité, 448. Naamath, ville, 607. Pharphar, fleuve, Voy. Abanah,
Maceloth, station dans le désert, 449. Naaratha, ville, 607. Pharurim, endroit du temple, 612.
Macbena, localité, 449. Naasson, ville, 607. Phasaelis, ville, 615, 979.
Machabées (art judaïque), 449. Nabajoth, 607. Phaselis, ville, 615. -

Machati. Voy. Maacha. Phasga. Voy. Fesgah.


Machmas, ville, 455. N†ple,
Nabo, ville, 607. 607. Phau, ville, 615. -

Machmetath, ville, 455, Nahaliel, station dans le désert, 607. Phénicie, contrée, 615 et suiv.
Madaba, ville, 455. Nahr-Asbayah, fleuve, 17, 18, 451. Phérézéens, peuple, 626.
Madianites, peuple, 455. Nahr-el-Aamoud, rivière, 552. Phesdomim, contrée, 627.
Madmena, vilºe, 455. Nahr-ed-Damour, fleuve, 617, 885. Phetros, contrée, 627. -

Madon, ville, 455. Nahr-el-Kelt, rivière, 55, 167. Phiahiroth, station dans le désert,627.
Magala, localité, 455. Nahr-el-Mesraah, riviere, 625. Philadelphie, ville, 627.
Magdala, ville, 558, 455, 454. Nahr-el-Nâamen, fleuve, 41. Philistins, peuple, 627.
Magdalgad, ville, 455. Nahr-el-Oualy, rivière, 617. Phison, fleuve, 627.
Magdalum,station dans le désert, 455. Nahr-el-Qasmieh, fleuve, 622. Phithom, ville, #er
Magedan, ville, 455. Nahr-Lanteh, fleuve, 622, 892. Phogor, montagne, 62T.
Mageddo, ville, 455. Nahr-ras-el-Ayn, fleuve, 624. †, station dans le désert, 627.
Mageth, ville, 455. Naim, Naym, ville, 607. Pierre (taille de la), 26.
Magron, localité, 455. Najoth, localité, 607. Pierres tombales, 104. -

Mahanaim, ville, 455. Nanea, temple, 607. Pierres votives, Pierres consacrées,
Main d'Absalom,56, 57. Naplouse, Voy. Sichem. 628; — de Laban, 92; - de Gal
Maisons. — Leurs constructions, 88, Nathinéens, serviteurs du Tabernac'e, ala, 429, 450; — de Josué à Sichem
90. — Balustrades sur les toits, 110. 607. 51
Maison de saint Pierre à Caphar Nazareth, ville, 607, 905, 904. Pigmaeens, peuple prétendu, 627.
naüm, 554. Nebahaz, idole, 608. Pila, lieu inconnu, 628.
Mambre. Voy. Hébron. Nebauat, ville, 608. Pilate, son palais, 295.
Manahath, ville ou contrée, 456. Nebo, montagne, 15,505. Voy.Fesgah. Pisgah, montagne, 15.
Manasse, tribu israélite, 456. Nebou, montagne, 15. Plaine de Saron, 78.
Maoun, ville, 456. Nebsan, ville, 609. Pomme de Sodome, 66, 67.
Maozim, idole, 456. Neceb. Voy. Adamah. -
Porphyrion, ville, 617.
Mara, station dans le désert, 456. Nécropole d'Ahila, 27 et suiv. Ptolérnais, 40, 41.
Maresa, ville, 456. Nehelescol, torrent ou vallée, 609. Puits antiques, 92 : — D'Ascalon attri
Mareth, ville, 456. Nehiel, ville, 609. bués à Abraham, 111 ; - de David
Masada, ville, 456 et suiv. Nemra, Nimrim. Voy. Moabitide. près de Beit-lehm. 158; - de Ja
Masal, ville, 474. Nemrod (tombeau de), 609. cob à Sichem, 527; — de Zérain
Masaloth, ville. Voy. Kessuloth. Nephatdor, ville, 609. (le puits Noir), 417.
Maserephot, salines, 474. Nephi, localité, 609 R
Masobia, localité inconnue, 474. Nephthali, tribu israélite, 609.
Maspha, ville, 474. Nephtoa, fontaine, 610 Rabbath-Ammon, ville, 665.
Masreca, ville, 474. Nergel, divinité, 610. Rabbath-Moab, ville, 502 et art. Moa
Matthana, station dans le désert, 474. Neronias, ville, 174. bitide.
Maximianopolis, ville, la même que Netuphat, ville, 610. Rabboth, ville, 665.
Adad-Rimmon, 47, 420. Nicopolis, 298. Voy. Emmaüs. Rachal, ville, 665. -

Medaba, ville, 485, 501. Noa, ville, 610. Rachel (Tombeau de), 665.
Meddin, ville, 474. Nob, Nobe, ville, 610. Ragau, plaine, 665.
Melchom, idole, 474. Nophe. Voy. Nabo. Ragès, ville, 665.
Mello, ville, 474. Noran, ville, 610. Rama, villes, 665.
Mello, vallée à Jérusalem, 474,967. 0 l{amath, ville, 665.
Melcthi, ville, 474. Ramatha, ville, 665.
Memnon (monument de), 42. Oboth, station dans le désert, 609. Ramathaim, ville, 81, 82.
Mennith, ville, 474. Odollam. Voy. Adoullam, 609. Ramath Lechi, lieu, 666.
Mer morte, 488, 489, 490. Olivet #
Olon. Voy. Helon.
609. Ramesses, ville, 666.
Ramla, Ramleh, ville, 82, 666.
Merom, lac. Voy. Houleh (el). Ramoth, villes, 666.
Merome, contrée, 475. Omm-el-A'amid, ruines, 624, 894.
Meroz, contrée, 475. Ono, ville, 610. Raphaim, tribu, 666. - -

Merrha. Voy. Maar . Ophaz, Ophir, ville, 610. Raphidim, station dans le désert, C66.
Mesopotamie, contrée, 475. Ophel, colline, 610,821. †; ville, 666.
Mesphe. Voy. Maspha. Opher, ville, 610. Rebla, ville, 666.
Messa, contrée, 475. Ophera, Ophra, ville, 611. Reccath, ville, 666.
Methca, station dans le désert, 475. Ophni, ville, 612 Recem, ville, 667.
Mine d'or de Hazeroth, 547. Ornements du grand prêtre : — dia Recha, ville, 667.
Misphat, fontaine, 475. dème d'or, — pectoral, 105. Redjom-Louth, ruines, 90.
Misor, 475. Ornithon, ville, 619. Remmon, ville, 667. -

Moab, Moabitide, contrée, 476 et sulv. Oronaim. Vou. Horoneim, article Moa Remmon Pharès, station dans le dé
1()51 TABLE DES MATIER1.S.

sert, 667. tion, 756. Thanac, ville, 826.


Rempham, divinité, 667. Setim, contrée, 804. Thanath, ville, 826.
Resen, ville, Siar-el-Ganem. ruines, 804, 805. Thapsa, ville, 826.
Reseph, ville, 667. Siceleg, ville, 805. Thare, station dans le désert, 826.
Ressa, station dans le désert, 667. Sichar. Vou. Garizim. Tharela, ville, 826.
Rethma, station dans le désert, 667. Sichem, viſle, 518. Thebath, ville, 826.
Retraite des apôtres, 125. Siddim, vallée, 495. Thebes, ville, 826.
Roge, fontaine, 667. Siden, ville, 806. Thecue, ville et désert, 826.
Rogelim, ville, 667. Sidon. Voy. Saida, 618,887. Thelmala, ville, 826.
Roumaneh, village, 48. Silo, ville, 806. Theman, ville, 827.
Ruben, tribu israélite, 744. Siloan (monument égyptien de), 405. Themnas, ville, 827.
S Siloe, fontaine, 821. Therphaléens, peuple-826
Sin, désert, 806. Thersa, ville, 827.
Saananim, contrée, 745. Sinai, montagne, 806. Thesba, ville, 827.
Saarim, ville, 743. Sion, ville haute de Jérusalem,806. Thochen, ville, 827
Saba, contrée, 745, Sira, citerne, 806. Thogorma, 827.
Sabama, ville, 745. Sis, montée, 806. Tholad, ville, 827.
Sabarim, localité, 745. Sith, Sithim, arbre, 19. Thophel, localité, 827
Sabée, ville, 745. Soba, ville, 806. Thopo, ville, 827.
Sables vitrifiables du Bélus, 45. Socho, ville, 806. Tibériade, v,lle, 827 et suiv. 910, 911,
Sachacha, ville, 744. Sochotbenoth, idole, 807. 912-(Bains de), 828, 829.
Safed, ville, 744. Sochoth, ville, 807. Tichon, limites, 859.
Safourieh, 905. Sochoth, ville et station,807. Tob, contrée, 859.
Saida, ville, 618, 886. Sodi, fleuve, 807. Tombeaux primitifs, 91. - D'Abra
Saint-Jean-d'Acre, ville, 40 et suiv. —Sodome, ville, 89, 487. ham et de Sara, 91, 555, 719. - De
Plaine, 42. — Aqueduc, 45. Sorec, vallée, 807, la vallée de Hinnom. 125 et suiv.
Saint sépulcre, son authenticité, sa Souba, village, 452, 512. - D Rachel # 5ôt, 565 -- Dn
qescription, 746 et suiv. Soulem, village, 807. prophète Michée, 168. — De Gé
Salaboni, ville, 785. Souq-et-Thaemeeh, ruines, 51. déon, 500, 720. — Des prophètes,
Salechor, vil,e, 785. Souq-Ouady-Baradah, village, 27. 590. — D'Absalom, 594. - De Ju
Salem, ville, 785. Sour, ville, 622. saphat, 599 — De Saint-Jacques,
Salisa, contrée, 786. Suba. Voy. Soba. 599. — De Zacharie, 405. — Des
Salmona, station dans le désert, 786. Suph, contrée, 808. Hérodes, 409. — D'Helène, 410.
Samarie, ville, 642, 786 et suiv. -Sur, désert, 808. Tombeau du grand prêtre Jean , 411.
Samaritains, leur temple, 511 et suiv. Suza, ville, 808. — D'Alexandre Jannaeus, 412. -
Samir, villes, 789. Syene, ville, 808. Des juges, 414. — Des Machabées
Samraim, ville, 789. Syrie, contrée, 80. à Modim, 450. — De Moise, 5l2.–
Sanan, ville, 802. De Nemrod, 609. — Tombeaux de
T
Sanir, montagne, 802. famille : 72. - De Jeseph d'Arima
Saphon, ville, 802. Tamyras, fleuve, 617. thie, 777. — De saint Jean-Baptiste
Saraa, ville, 802. Tanis, ville, 807. à Samarie, 788.—Des rois de Juda,
Sarath Asar, ville, 802. Taphna, ville, 807. leur description, 859 et suiv.
Sareda, ville, 802. Tarichée, ville, 555, 830 et suiv.,915. Topheth, vallée, 878.
Saredatha.!Voy. Sartan. Tanthourah, village, 295. Torrent des saules, 502.
Sarephta, ville, 619, 805. Tautourah Ferâoun, 59. Toubal-Kain, ville, 86.
Sarepta, 805. Tebbath, contrée, 807. Tour de Straton, ville, 168.
Sarfent, ville, 619, 888. Teinture de la pourpre, 555. Tour Rouge (la), khan, 54.
Sarid, ville, 805. Tell-el-Qadhi, ruines, 17, 169. —Kei Trachonitide, contrée, 878.
Sarohen, ville, 805. #! ruines, 42. — Houm, ruines, Tubin, localité, 878.
Saron, plaine, 805. Tumulus de Galaad, 509.
Sartan, ville, 805. Temple.—Chérubins,99, 100.—Table Tyr, ville, 622.
Save, vallée, 805. d'or, 101. — Candélabre d'or, 101,
Schihan, ville, 501. 664. - Autel, 664. - Portes, 664 Ulai, 877.
Schion, Sion, montagne, 805. - Sa construction par Salomon, Ur, ville, 877.
Sculpture des idoles, 95.96; — des 672. — Ouvriers étrangers, 675. -
vases du Tabernacle, 107. Métaux employés, 674. — Plan, V
Scvthopolis, Voy. Bethsan. travaux, description, emplacement, Vallée royale, 57.
Sebaste, ville, 642. fondations, mesures, 675, 7 Vases émaillés, 45.
Seboïm, ville, 500. Trésors du temple emportés, 726. Veau d'or, 104. — (Temple du), 174.
Sechrona, ville, 805. - Chars et chevaux consacrés pla Vêtements sacerdotaux, 102, 105.
Sedada, viile, 805. cés à l'entrée du temple, 741. - Verre de Phénicie, 45
Sehesima, ville, 805. Mosaiques du temple, 825. - Res Vignes d'Engaddi, 66.
Sehon, ville, 805. tauré après le retour de la capti Villes Kénâanéennes, 106, 108,42l.
Seir, montagne, 805. vité, 656. - Rebâti par Hérode le —Construction cyclopéenne, 426.-
Seirath, ville, 804. Grand, 629. — Décrit par †º, Portes, leur construction, 443.
Sela, ville, 804. 629, 652. — Porte dorée, 656. — Voie romaine d'Abila, 29.—De la côte
Selebin ville, 804.
Séleucie, ville, 562.
# d'or, 657. — Sa destruction, de Phénicie, 74. — Voies antiques
de Djenin, 117. - De Jérusalem
659, 640. — Colonnes d'airain, 655.
Selim, ville, 804. — Enceinte, 807 et suiv. à Jéricho, 290. — De Sour à Da
Sella, ville, 804. Temp'e d'Auguste à Paneas, 175, 642. mas, 557. - De la Moabitide, 505.
Selmon, montagne, 805. — De Chamos sur le mont du scan Z
Senna, 804. dale, 176, 718. — Du Garizim, 512
Sennaar, plaine, 804. et suiv. — De Gaza, 528. — D'Ha Zabadéens, tribu, 877.
Sennim, vallée, 804. zor, 547 et suiv. — De Nanea, 607. Zaboulon, ville, 45.
Sensenna, ville, 804. De la vache d'or, près de Paneas, Zabulon, tribu, 877.
Sephaat, ville, 804. 724. — De Baal à Samarie, 729. Zanoe, ville, 877.
Sephama, ville, 804. Thabor, ville et montagne, 826. Zared, torrent, 877.
Sephar, montagne, 804. Thacasin, ville, 826. Zephrona, contrée, 878.
Sepharvain, ville, 80i. Thahath, station dans le désert, 826. Zerain, village, 417,
Sephata, vallée, 804. Thalassa, ville, 826. Zif, ville,877.
Sephela, contrée, 804. Thalassar, ville, 826. Zoar, ville, 484,485, 487, 496.
Sepher, montagne, 804. Thamar, ville, 826. Zoeleth. Voy. Pierres consacrées.
Serpent d'airain, 108. — Sa destruc Thamnat-Sare, ville, 826. Zomzomim, peuple, 878.

FIN.
Österreichische Nationalbibliothek

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