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Sophie Lucet
Éditeur
Ellug / Éditions littéraires et linguistiques
de l’université de Grenoble
Édition électronique
URL : http://feeries.revues.org/974 Édition imprimée
ISSN : 1957-7753 Date de publication : 15 octobre 2015
Pagination : 131-153
ISBN : 978-2-84310-306-3
ISSN : 1766-2842
Référence électronique
Sophie Lucet, « Les Belles rendormies. Féeries fin-de-siècle », Féeries [En ligne], 12 | 2015, mis en ligne
le 15 octobre 2016, consulté le 03 novembre 2016. URL : http://feeries.revues.org/974
© Féeries
Sophie Lucet
Université Paris-Diderot / CÉRILAC (EA 4410)
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ans son étude de 1910 consacrée à la féerie 2, Paul Ginisty
— ancien directeur de l’Odéon et historien du théâtre — pro-
posait en guise de préface à l’ouvrage un petit apologue sur le
motif du don des fées, destiné à illustrer l’histoire d’un genre théâtral par-
venu, selon lui, à un état de grande décadence. Les fées, jadis réunies, se
seraient accordées — imaginait-il — à offrir aux hommes le secours du
théâtre, pour alléger le fardeau de leur existence et leur permettre d’ou-
blier momentanément leurs tristesses en cultivant sur le tréteau un art
1. J. Lorrain, « Petits contes de la forêt », dans Le Livre des légendes (sous la direction de J. des
Gâchons), fascicule 1, 1895, p. 7-8.
2. P. Ginisty, La Féerie, Paris, Michaud, 1910, p. 7-9.
3. Sur le renouvellement de l’historiographie théâtrale sur ces sujets, voir notamment Orages,
no 4 (Boulevard du crime : le temps des spectacles oculaires), O. Bara (dir.), Gagny, APOCOPE, mars
2005 ; Le spectaculaire dans les arts de la scène, du Romantisme à la Belle-Époque, I. Moindrot (dir.),
Paris, CNRS Éditions, 2006 ; R. Martin, La féerie romantique sur les scènes parisiennes (1791-1864),
Paris, Honoré Champion, 2007.
4. De Théophile Gauthier (Histoire de l’art dramatique en France depuis vingt-cinq ans, Paris,
Hetzel, 1858-1859) à Mallarmé (« Crayonné au théâtre », Divagations, Paris, Fasquelle, 1897), en pas-
sant par Jules et Edmond de Goncourt (« Préface », Théâtre, 1879 ) et Émile Zola (Nos auteurs dra-
matiques, Paris, Charpentier, 1881), c’est une idée que l’on trouve formulée de manière récurrente
chez plusieurs écrivains du xixe siècle, en dépit de leurs jugements négatifs sur l’état du théâtre
contemporain et d’un art trop souvent voué aux facilités du divertissement.
5. Voir O. Piffault, Il était une fois… Les contes de fées, Paris, Seuil/Bibliothèque nationale de
France, 2001, p. 559.
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fais pas soupçonner qu’ils ont affaire à une pensée vivante, et laisse leur croire éter-
nellement que je suis une poupée de bois 14.
14. Th. de Banville, « Les Huit sous de Pierrot », Contes féeriques, Paris, Charpentier, 1882, p. 181.
15. Lettre du 5 septembre 1890, citée par J. de Palacio, dans Les Perversions du merveilleux, [Paris],
Séguier, 1993, p. 142. Ponctuation conforme à l’original.
16. Dans l’esprit, par exemple, de cette strophe de « La Ville enchantée » des Odes funambulesques
(Paris, Poulet-Malassis et De Broise, 1857, p. 218) :
« La Belle au bois dormant, sur la moire fleurie
De la molle ottomane où rêve le chat Murr,
Parmi l’air rose et bleu des feux de la féerie
S’éveille après cent ans sous un baiser d’amour. »
17. La Belle au bois dormant, opéra en trois actes, paroles d’E. Planard, musique de Caraffa,
théâtre de l’Opéra, 1825 ; ballet de Scribe et Herold en 1829 ; féerie de G. Gavrard en 1831 ; drame
en cinq actes et sept tableaux d’O. Feuillet en 1863 ; opéra-féerie de Clairville, Busnach et Littolff en
1874 ; La Belle au bois dormant, opérette en trois actes, paroles d’A. Vanloo et G. Duval, musique
de Ch. Lecoq sur des thèmes de J. Offenbach, Bouffes Parisiens, 19 février 1900.
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21. L’aspect cruel et monstrueux de la deuxième partie du conte de Perrault est traité dans cer-
taines adaptations, au début de l’âge de la féerie notamment (voir par exemple L’Ogresse ou la Belle
au bois dormant, vaudeville-folie-comi-parade en un acte, de Désaugiers et Gentil de Chavagnac,
théâtre de Variétés, 28 août 1811), plus volontiers dans certaines versions burlesques du récit — et
ce à l’encontre de la tendance majoritaire des adaptations théâtrales de « La Belle au bois dormant »,
lesquelles œuvrent en général à l’euphémisation ou à la neutralisation, par omission, de la mons-
truosité et de la violence du conte, en faveur d’un merveilleux orienté vers le dénouement poétique
et miraculeux du réveil de la belle endormie, désormais conçu comme un point d’acmé de la fable.
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22. L. Métivet, La Belle au Bois-Dormant, féerie chantée en 19 tableaux lumineux, poème et images
de L. Métivet, musique de J. Vieu, Paris, Enoch et Cie, Flammarion, 1902.
23. G. Fragerolle, La Tentation de Saint-Antoine. Féerie à grand spectacle en 2 actes et 40 tableaux,
musique nouvelle et arrangée d’A. Tinchant et G. Fragerolle, dessins de H. Rivière, Paris, Plon,
Nourrit & Cie, s.d. [1888]. Voir S. Lucet, Le Théâtre en liberté des symbolistes, dérives de l’écriture
dramatique à la fin du xix e siècle, thèse nouveau régime, sous la direction de J. de Palacio, Paris IV
Sorbonne, 1997, p. 236-244.
24. L. Métivet, ouvr. cité, p. 42.
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25. Henri de Régnier, Poèmes anciens et romanesques, Paris, Librairie de l’Art Indépendant, 1890,
p. 70-72. (La suite de ces trois sonnets fut d’abord publiée dans La Wallonie, février 1889, p. 67-69.)
26. Ibid., p. 71.
27. Ibid., p. 72.
28. G. Kahn, « La Belle au château rêvant », Chansons d’amant, Bruxelles, Lacomblez, p. 9-25
(pré-originale en 1887, dans La Revue indépendante).
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Et tandis que sort le Pèlerin, que le château retombe dans le mutisme séculaire, le veilleur
des tours chante 29.
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boliste belge Fernand Séverin, publié en 1894 dans Le Coq rouge, semble
répondre ironiquement à celui d’Hérold, en formulant la réponse d’une
Belle qui éconduit purement et simplement l’intrus venu la distraire de
ses songes :
Exulte, si tu veux, de ta conquête vaine.
Mes yeux ont parcouru les monts, les bois, les plaines :
Tout ce monde imprévu dont tu m’offres la fleur
N’aura rien de si doux qu’ils n’aient rêvé meilleur. […]
Mon âme, ô conquérant, te restera voilée :
Le songe bienheureux dont m’as réveillée
Mettra, quoique je fusse, entre elle et ton baiser
Un voile d’inconnu qu’il ne saurait briser.
Car ceux, qui comme moi, captifs d’un charme antique,
Ont sommeillé cent ans dans le palais magique,
Ne sauraient délaisser ces limbes merveilleux
Lorsqu’un reflet divin s’en prolonge en leurs yeux. […] 33
33. F. Séverin, « La Belle au Bois » (Fragment), Le Coq rouge, n° 8-9, décembre 1894-janvier 1895,
p. 390.
34. G. Trarieux, Le Songe de la Belle au Bois, conte de fées en cinq actes, Paris, Librairie de l’Art
Indépendant, 1892.
35. Voir J.-P. Bouillon, Maurice Denis, Genève, Skira, 1993 ; Maurice Denis (1870-1943), catalogue
de l’exposition de Lyon-Cologne-Liverpool-Amsterdam, 1994-1995, Paris, RMN, 1994.
36. H. Bataille et R. d’Humières, La Belle au Bois dormant, féerie dramatique en trois actes, repré-
sentée par Lugné-Poe au Nouveau Théâtre (théâtre de l’Œuvre), le 24 mai 1894, musique de G.
Hue, décors de Rochegrosse et Auburtin, exécutés par M.-L. de la Quintinie, costumes d’après
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Non sans parenté et trahissant l’effort de très jeunes poètes sous influence,
ces deux contes théâtraux modulent, en effet, chacun à sa façon les motifs
principaux d’une interprétation symboliste du conte de Perrault, faisant
sourdre l’inquiétude, l’angoisse et la mélancolie au cœur du merveilleux,
et tirant irrésistiblement la féerie du côté du tragique. Ainsi, les deux pièces
orientent-elles d’emblée la fable vers les circonstances d’un réveil doulou-
reux de la Belle, reléguant dans un avant très vaguement légendaire les
prémisses du conte. L’enjeu ne se situe plus, dès lors, dans les termes d’une
malédiction conjurée, mais dans la découverte difficile d’un réel inhospi-
talier, hostile, et dans l’incurable nostalgie qu’éprouve l’héroïne du som-
meil et du songe dont on l’a exilée.
Le Songe de la Belle au Bois de Trarieux — significativement publiée
en 1892 à la Librairie de l’Art indépendant, lieu d’édition de prédilection
de la poésie symboliste et décadente — s’ouvre ainsi sur le tableau de la
Belle endormie, dont l’énigme, à l’orée de la pièce, avait incontestable-
ment de quoi tenter le nabi Maurice Denis. En dépit de la déploration
d’une nature environnante jalousement complice et gardienne, les temps
semblent venus de la fin de l’enchantement, rompu par un prince Azur
qui se dérobe tout aussitôt, annonçant le moment de l’épreuve nécessaire
et de la rencontre avec « la vie anxieuse 37 ». Seule, à son réveil, la Belle doit
affronter alors, dans la solitude et l’angoisse, son retour dans le palais triste
d’un très vieux roi, en qui elle peine à reconnaître son père de jadis, à qui il
revient de proférer les paroles d’impuissance d’un vieillard maeterlinckien :
Si ! si ! Quelque chose lui manque… Je ne peux plus le deviner, je suis trop vieux…
elle n’a pas souri depuis son retour ; elle ne veut plus voir personne… Elle n’est pas
comme les autres filles que leurs mères ont élevées… Je crois qu’elle a dormi trop
longtemps sous les arbres… Ne dirait-on pas un songe de clairières au fond de ses
yeux ?… Et puis, elle ne parle jamais que toute seule, ou avec cette Elsa qui couchait
à ses pieds, dans son sommeil… Je crois que les fées à son berceau lui ont fait des
présents étranges… c’est une singulière petite fille, elle a toujours l’air étonnée…
mais pour le comprendre je suis trop vieux 38…
Burne-Jones et Rochegrosse ; pièce non publiée. Copie manuscrite aux Archives nationales [voir
Censure dramatique, pièces jouées dans les théâtres et les cafés concerts, F. 18 1242].
37. G. Trarieux, ouvr. cité, acte I, scène 2, p. 14.
38. Ibid., acte II, scène 1, p. 24.
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39. À la fin du troisième acte, le petit Yvon — dans le cousinage des enfants maeterlinckiens, le
petit Allan, dans La Princesse Maleine, le petit Yniold, dans Pelléas et Mélisande — vient annoncer
en pleurant la mort de son « oiseau bleu » : « Je ne veux plus avoir d’oiseau ! » (G. Trarieux, ouvr.
cité, p. 51-52)
40. Pour un résumé analytique plus détaillé de cette pièce inédite, dont une copie manuscrite
se trouve aux Archives nationales, voir S. Lucet, Le Théâtre en liberté des symbolistes, ouvr. cité,
p. 168-180.
41. Voir la lettre adressée par Bataille à Lugné-Poe, et citée par ce dernier dans La Parade, souve-
nirs et impressions de théâtre, t. 2 Acrobaties (1894-1902), chap. 5 « Un client sérieux : Henry Bataille »,
p. 82-83.
42. G.-A. Rochegrosse (1859-1938), peintre et illustrateur, était le beau-fils de Th. de Banville (qui
lui dédia Les Exilés).
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de mon âge ! Mes compagnes d’autrefois sont mortes, voilà bien des années… Je suis
comme abandonnée dans une île. […] 44
L’acte s’achève sur une tirade mélancolique de la fée, venue unir les jeunes
gens avant leur retour dans la réalité, formulant un adieu dont les termes
explicitent les enjeux de la pièce, soit la survivance problématique de la
poésie, dans un monde où elle n’était plus qu’une présence diffuse, percep-
tible seulement à des élus :
Je vous unis, au nom de votre antique espoir et de votre jeune amour. Retournez à
la vie. Que votre passion vous promène, nef aux voiles de soie, sur le flot inquiet du
siècle. Je veux que vous communiiez en toutes les modernités. Vous serez heureux,
vous devez l’être : un rare trésor vous est échu à l’un et l’autre. Et toi, mon enfant,
sois bénie. Tu m’es chère pour toi-même, et aussi parce que c’est toi le dernier gage de
pouvoir que m’a laissé le Destin. Ta vie est la mienne. Toi partie, je me dissoudrai dans
le vent, l’écume de la vague, la fumée des villes sombres. Je ne puis mourir. Je serai l’im-
mense poésie éparse. C’est de m’avoir devinée que, les soirs, aux fenêtres ou sur les collines,
les jeunes-hommes resteront devant la Nature, la tête dans les mains et le cœur comme
un tabernacle. Allez, je ne vous dis point adieu. Puisse à vos jeunes fronts le souffle
moderne plus mortel chaque jour pour les êtres de fantaisie et de rayons que nous fûmes,
nous les fées des vieux contes, puisse-t-il vous baigner d’une caresse vivifiante, sous
laquelle des songes et des désirs plus beaux fleuriront. (Elle fait un signe d’adieu) 45.
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pièces représentées entre 1891 à 1893 (et que Bataille avait vues) et L’Image de M. Beaubourg, drame
idéaliste en trois actes qui venait d’être représenté au théâtre de l’Œuvre (27 février 1894).
47. H. Bataille et R. d’Humières, ouvr. cité, acte II, scène 3 : « Je veux être pour toi plus qu’une
volupté, plus qu’une luxure. J’ai quitté le paradis d’un néant aromal… songe quelle créature je suis !
dont chaque atome est de l’amour… Je n’ai ni d’autre but, ni d’autres missions que d’être à toi…
Le jour, je disparaîtrai pour me recueillir dans le mystère, et chaque nuit, comme les autres, mais
cette fois vivifié, je reviendrai vous abîmer dans les béatitudes. […] Je suis le fils du rêve, et l’amant
et le maître. »
48. J. Lorrain, Poussières de Paris, Paris, Fayard, s.d., p. 13-14 : « Il y avait pourtant de jolies choses
dans ces trois actes, une curieuse tentative artiste dans le choix des costumes et des décors ; et puis
vraiment l’idée de cette Belle au bois qui, durant mille ans, a rêvé d’un autre que de celui qui
l’éveille, se désole de ne pas l’avoir rencontré dans la réalité et commet avec sa chimère l’inévitable
adultère moral, cette idée-là était charmante avec le dénouement presque shakespearien du mari
outragé ramenant la Belle dans son château en ruines pour s’y rendormir à jamais, et, une fois la
princesse endormie, ne pouvant l’abandonner tant il l’aime, et renonçant à la vie pour partager
avec la morte-vivante son éternel sommeil. »
49. « La Belle au bois dormant, par MM. Bataille et d’Humières, nous révèle deux tempéraments
de collectionneurs. Rien que l’idée, une belle idée j’en conviens, rien dans cette pièce n’appartient
aux auteurs. Pour l’écriture, elle est empruntée aux livres des symbolistes et tout particulièrement à
M. de Régnier. Pour le théâtre, on semble avoir utilisé, les unes après les autres, toutes les audaces
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ou novations qui furent pauvrement essayées au théâtre d’Art. Au Théâtre de l’Œuvre l’argent ne
manquait point, et l’on en profita pour faire somptueux ; mais, cher M. Rochegrosse ! c’est de
la somptuosité foraine que vous nous confectionnez là ! à tort et à travers, comme une simple
Loïe Fuller, vous tapez dans la couleur orchestrée ; c’est du criard et de la dissonance injustifiée.
Il y a pourtant des Principes d’orchestration ou d’harmonie qui, de vous connus, vous conseille-
raient peut-être de plus sobres emplois de la lumière colorée. […]. » (P.-N. Roinard, « Théâtre de
l’Œuvre », Les Essais d’art libre, mars 1894, p. 116)
50. Rachilde, « Théâtres : Théâtre de l’Œuvre — La Belle au bois dormant », Mercure de France,
juillet 1894, p. 280.
51. Ibid.
52. M. Maeterlinck, Les Sept Princesses, Bruxelles, Lacomblez, 1891.
53. Camille Mauclair y voyait la plus symboliste des pièces de Maeterlinck et un quasi-dialogue
philosophique : voir « L’art de Maurice Maeterlinck » (Essais d’art libre, février 1892, p. 17-26) et
« Notes sur un essai de dramaturgie symbolique » (La Revue indépendante, mars 1892, p. 305-17).
Voir également Saint-Antoine [H. Mazel], « Le Théâtre symboliste », L’Ermitage, septembre 1894,
p. 152-155.
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54. M. Maeterlinck, Théâtre, avec une préface inédite de l’auteur, Bruxelles, Deman, Lacomblez,
1901-1902, 3 vol. [T. I : La Princesse Maleine, L’Intruse, Les Aveugles ; T. II : Alladine et Palomidès,
Intérieur, La Mort de Tintagiles ; T. III : Aglavaine et Sélysette, Ariane et Barbe-Bleue, Béatrice].
55. Notamment à travers certains effets citationnels de l’onomastique : dans Pelléas et Mélisande,
composé un an après l’acte des Sept Princesses, l’on apprend à l’acte I, qu’Arkël aurait voulu marier
Golaud à une Princesse Ursule ; et aux actes II et III, que Pelléas doit se rendre au chevet de son
ami Marcellus.
56. Voir Artistes et Théâtres d’Avant-Garde. Programmes de Théâtre illustrés Paris 1890-1900, G. Aitken
(éd.), catalogue de L’Expul, Musée de Pully, Musée de Marmottant, 1991, p. 95 ; voir aussi
J.-P. Bouillon, Maurice Denis (1870-1943), ouvr. cité, p. 23.
57. Voir M. Maeterlinck, « Menus propos : le théâtre (Un théâtre d’Androïdes) », La Jeune Belgique,
septembre 1890, p. 331-336 (repris dans M. Maeterlinck, Introduction à une psychologie des songes
et autres écrits 1886-1896, Bruxelles, Éditions Labor, 1985), et Trois petits drames pour marionnettes
[Alladine et Palomidès, Intérieur, La Mort de Tintagiles], avec des culs-de-lampe dessinés et gravés
sur bois par G. Minne, Bruxelles, Deman, 1894 ; repris dans Théâtre, t. II, Bruxelles, Deman, 1902.
58. Voir le Cahier bleu (Éditions de la Fondation Maeterlinck, 1977), p. 135 : « Art germanique.
Comparez le fantastique des contes de Grimm et de la mort d’Arthur, eux animent tout […] et
les contes de Perrault qui tâchent d’être explicables et vraisemblables, ayant peur de tout — très
restreint. »
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59. Voir Ch. Lutaud, « Les Sept Princesses ou la mort maeterlinckienne », dans Les Lettres romanes,
« Le Centenaire du Symbolisme en Belgique », Louvain, no 3-4, 1986, p. 255-273.
60. Voir dans Le Tragique quotidien, le chapitre consacré au « Réveil de l’âme », un article origi-
nellement publié dans La Nouvelle Revue, mai-juin 1895, t. 94, p. 493-509, sous le titre de « L’âme
se réveille ».
61. Voir l’histoire des « Sept dormants », une légende chrétienne rapportée par Jacques de Voragine
dans sa Légende dorée qui évoquait le sommeil de trois cent soixante-dix-sept ans des sept saints
d’Éphèse, persécutés sous l’empereur Dèce et miraculeusement réveillés sous le règne de Théodose.
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62. « La Reine : Les reconnaissez-vous, — Voilà Geneviève, Hélène et Christabelle… et de l’autre
côté, voilà Madeleine, Claire et Claribelle avec des émeraudes […]. » (M. Maeterlinck, Les Sept
Princesses, ouvr. cité, p. 25)
63. Ibid., p. 6 : « Une vaste salle de marbre, avec des lauriers, des lavandes et des lys en des vases
de porcelaine. Un escalier aux sept marches de marbre blanc divise longitudinalement toute la
salle, et sept princesses, en robes blanches et les bras nus, sont endormies sur ces marches garnies de
coussins de soie pâle. Une lampe d’argent éclaire leur sommeil. Au fond de la salle, une porte aux
puissants verrous. À droite et à gauche de la porte, de grandes fenêtres dont les vitrages descendent
jusqu’au ras du carrelage. Derrière ces fenêtres, une terrasse. Le soleil est sur le point de se coucher
et l’on aperçoit, à travers les vitrages, une noire campagne marécageuse avec des étangs et des forêts
de chênes et de pins. Perpendiculairement à l’une des fenêtres, entre d’énormes saules, un sombre
canal inflexible, à l’horizon duquel s’avance un grand navire de guerre. »
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64. M. Maeterlinck, Intérieur, Trois petits drames pour marionnettes, ouvr. cité ; repris dans Théâtre,
t. II, ouvr. cité. Représenté au Nouveau Théâtre par le théâtre de l’Œuvre, le 15 mars 1895.
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