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Ce test doit être fait avec la consigne du cadre

professionnel et ensuite du cadre personnel puisque vous


pouvez être totalement différent dans chacun des
domaines.
Pour connaitre et obtenir gracieusement votre typologie je
vous invite donc dans un premier temps à répondre au test
en ne donnant qu'une seule réponse par question et de me
faire parvenir vos réponses.
Ensuite, par retour de message, je vous ferais parvenir vos
résultats qui ne manqueront pas de vous surprendre.
Sous un aspect ludique, ce test est très fiable et
extrêmement sérieux.
C'est un test que j'utilise dans le cadre d'intervention en
dynamisation professionnelle.

•1) Parmi les termes qui suivent que fuyez-vous ?

•1 L'imperfection
•2 La solitude
•3 L'échec
•4 La banalité
•5 L'envahissement
•6 La trahison
•7 L'immobilisme
•8 La faiblesse
•9 Le conflit

2) Parmi les termes qui suivent que détestez-vous ?


•1 Etre pris en faute
•2 Etre rejeté de l'autre
•3 Etre un (e) raté
•4 Etre banal
•5 Etre envahit par l'autre
•6 Etre seul dans des projets
•7 Etre en manque de nouveauté
•8 Etre sans contrôle de mon espace
•9 Etre dans le conflit

3) Parmi les termes qui suivent duquel êtes-vous le plus


proche ?

•1 Améliorer
•2 Aimer
•3 Réussite
•4 Originalité
•5 Comprendre
•6 Œuvrer ensemble
•7 Profiter pleinement de la vie
•8 Avoir le contrôle
•9 Harmonie

4) Parmi les termes qui suivent lesquels vous séduisent le


plus ?

•1 La sagesse. La juste conduite.


•2 Le désintérêt. L'abnégation de soi.
•3 La bonne image de soi. La réussite professionnelle.
•4 L'équilibre émotionnel. L'hypersensibilité.
•5 La compréhension. La connaissance.
•6 Le courage. La hardiesse.
•7 La gratitude. La reconnaissance.
•8 La magnanimité. La grandeur d'âme.
•9 La patience. La médiation.

5) Parmi les termes qui suivent lequel vous attire le plus ?

•1 Engagement
•2 Bien intentionné
•3 Compétition
•4 Imagination
•5 Analyser
•6 Partager
•7 Avidité de la vie
•8 Indépendance
•9 Accommodant

6) Parmi les phrases qui suivent laquelle vous mettez en


place en situation délicate?

•1 Je n'explose pas, mais je fais comprendre par mes


regards ou attitudes lorsque je suis fâché.
•2 Je deviens triste et j'éprouve le besoin de donner des
explications, lorsque l'on ne comprend pas ou rejette mon
aide ou mon affection.
•3 Je ne le montre pas, mais je suis affecté si j'échoue dans
une mission.
•4 Je suis rapidement triste et je n'ai pas de contrôle de ce
sentiment, si l'on ne me reconnaît pas dans mon « moi
créatif ».
•5 Je me retranche rapidement dans mon monde lorsque je
crains d'être envahi.
•6 Je me questionne rapidement sur l'autre à cause de ma
peur de la trahison.
•7 Je mets en place plusieurs situations par ma peur de
manquer et de souffrir.
•8 Je ne mendie pas mon droit, je me bats pour lui
•9 Je garde mes colères pour éviter à tout prix les conflits.

7) Parmi les phrases qui suivent laquelle aimez-vous que


l'on dise de vous en votre absence ?

•1 Il est toujours honnête et rigoureux.


•2 Il est toujours serviable et empathique.
•3 Il est toujours performant et gagnant.
•4 Il est toujours raffiné et différent.
•5 Il est toujours pondéré et renseigné.
•6 Il est toujours loyal et fiable.
•7 Il est toujours amusant et auto suffisant.
•8 Il est toujours juste et vulnérable.
•9 Il est toujours facile à vivre et accommodant.
8) Parmi les phrases qui suivent laquelle vous ressemble
le plus ?

•1 Vous détectez rapidement tout ce qui cloche et doit être


corrigé.
•2 Vous détectez rapidement comment vous rendre utile.
•3 Vous détectez rapidement l'opportunité de vous mettre
en valeur.
•4 Vous détectez rapidement comment vous pouvez vous
démarquer.
•5 Vous détectez rapidement tous risques d'intrusion ou
attentes des autres.
•6 Vous détectez rapidement tout danger potentiel ou
incohérence.
•7 Vous détectez rapidement tout ce qui promet d'être
excitant.
•8 Vous détectez rapidement tout ce qui peut confirmer
votre force et votre influence.
•9 Vous détectez rapidement tout ce qui peut maintenir
votre quiétude et votre confort.

9) Parmi les phrases qui suivent laquelle n'aimeriez-vous


pas que l'on dise de vous ?

•1 Que vous êtes malhonnête ou irresponsable.


•2 Que vous êtes égocentrique ou mesquin.
•3 Que vous êtes décevant ou sans ambition.
•4 Que vous êtes insipide ou banal.
•5 Que vous êtes ignorant ou irréfléchi.
•6 Que vous êtes infidèle ou déloyal.
•7 Que vous êtes attristant ou lourd à porter.
•8 Que vous êtes faible ou sans volonté.
•9 Que vous êtes dérangeant ou conflictuel.

10) Parmi les textes qui suivent avec lequel je me sens le


plus en phase ?

•1 J'ai la correction en haute estime et j'essaie de vivre


selon mes principes. Je vois facilement ce qui ne va pas et
comment les choses pourraient être améliorées. Les autres
me considèrent probablement comme trop critique ou en
quête de perfection, mais il m'est difficile de rester
indifférent ou d'accepter que les choses ne soient pas
comme elles devraient être. Quand je suis responsable de
quelque chose, on peut être sûr que je le ferai
convenablement et j'en suis fier. J'éprouve parfois du
ressentiment quand les gens n'essaient pas de faire leur
travail correctement ou se comportent de manière
irresponsable, même si je m'efforce de ne pas leur montrer
ouvertement. Pour moi, le travail passe généralement
avant le plaisir et je peux faire taire mes désirs en
conséquence, afin que le travail soit fait, et bien fait.

•2 Je suis très sensible aux sentiments des autres. Je peux


voir ce dont ils ont besoin même quand je ne les connais
pas. C'est parfois frustrant d'être autant conscient des
besoins des autres, surtout de leur douleur ou de leur
malheur, parce que je ne peux pas faire pour eux autant
que je le voudrais. Il m'est facile de donner de ma
personne. J'aurais parfois envie de pouvoir dire « non »
plus facilement, parce que je fini par mettre plus d'énergie
à m'occuper des autres que je n'en mets à m'occuper de
moi-même. J'ai de la peine lorsque l'on s'imaginent que
j'essaie de manipuler ou de contrôler, alors que tout ce que
j'essaie de faire, c'est de comprendre et d'aider. J'aime être
considéré comme quelqu'un de gentil et généreux et quand
je ne suis pas apprécié, je peux être très affecté
émotionnellement. Les bons rapports humains sont
importants pour moi, et je suis prêt à me donner du mal
pour qu'ils existent. Je n'aime pas la solitude et, même
dans ce cas, je vais probablement penser aux autres.

•3 Je suis fortement motivé par le fait d'être le meilleur


dans ce que je fais et, au fil des ans, mes réalisations m'ont
valu une certaine estime. Je suis très actif et je réussis
pratiquement tout ce que j'entreprends. Je m'identifie à ce
que je fais, parce que je pense que la valeur de chacun
dépend de ce qu'il accomplit et de l'approbation qui en
résulte. J'ai toujours plus de choses à faire que mon
emploi du temps ne peut en contenir, donc je laisse de
côtés les sentiments pour me concentrer sur les objectifs.
Parce qu'il y a toujours quelque chose à faire, je trouve
difficile de prendre le temps de m'asseoir et de me
détendre. Je suis contrarié quand les gens ne savent pas
profiter du temps que je leur accorde. Il m'arrive d'avoir
envie de prendre en main le projet que quelqu'un assume
trop lentement à mon goût. J'aime la sensation (et donner
l'impression) de pouvoir gérer n'importe quelle situation.
J'aime bien la compétition individuelle, mais je suis
également un bon joueur d'équipe.

•4 Je suis quelqu'un de sensible et d'une grande intensité


de sentiments. Je me sens souvent incompris et seul parce
que je me sens différent des autres. Mon comportement
peut apparaître comme dramatique et il arrive que l'on me
critique pour mon excès de sensibilité et ma façon
d'amplifier mes émotions. En fait, à l'intérieur de moi, il y
a une éternelle recherche d'une relation affective à la fois
profonde et émotionnellement forte. J'ai du mal à
apprécier les relations au présent à cause de ma tendance à
toujours vouloir ce que je n'ai pas et à dédaigner ce que
j'ai. La recherche de grandes émotions a toujours existé
chez moi et l'absence d'un lien émotionnel fort m'a
régulièrement conduit à la mélancolie, voire à la
dépression. Je me demande parfois comment font les
autres pour avoir, plus que moi, une vie privée facile et
joyeuse. J'ai un sens aigu de l'esthétique et je vis dans un
univers riche d'émotions et de sens.

•5 Je me définirais comme quelqu'un de calme et


d'analytique, qui a besoin de plus de solitude que la
plupart des gens. Je préfère généralement observer ce qui
se passe plutôt que d'y participer. Je n'aime pas que l'on
attende beaucoup de moi ou que l'on espère que je
connaisse et que je parle beaucoup de mes sentiments. Je
parviens mieux à contacter mes émotions quand je suis
seul, et je profite souvent mieux de certaines expériences
vécues en me les remémorant que sur l'instant. Je ne
m'ennuie jamais quand je suis seul parce que mon mental
est toujours très actif. Il m'est important de protéger mon
temps et mon énergie et donc de mener une vie simple,
sans complication et aussi autonome que possible.

•6 J'ai une imagination fertile, surtout pour ce qui touche à


ce qui pourrait menacer la sécurité. En général, je peux
pressentir ce qui pourrai être dangereux, et avoir aussi
peur que si ça arrivait réellement. Face au danger, j'ai
l'une ou l'autre de ces deux attitudes : je l'évite ou je passe
mon temps à le provoquer. Mon imagination est vive et
me donne un sens de l'humour caustique. J'aimerai être
plus confiant dans la vie, mais j'ai plutôt tendance à me
méfier des gens et des choses. Je décèle facilement les
failles ou les non-dits dans les arguments avancés. A
cause de cette faculté à déceler les obstacles éventuels, je
pense que l'on me considère comme quelqu'un d'avisé. J'ai
tendance à me méfier de l'autorité et je ne me sens pas très
à l'aise quand je dois endosser ce rôle. C'est probablement
pourquoi j'ai tendance à m'identifier aux faibles. Une fois
que je me suis engagé envers une personne ou une cause,
je suis d'une loyauté à toute épreuve.
•7 Je suis quelqu'un d'optimiste qui aime entreprendre de
nouveaux projets. J'ai un esprit vif qui passe très vite d'une
idée à l'autre. J'aime avoir une vue d'ensemble sur la façon
dont s'enchaînent les idées et je suis particulièrement
enthousiaste à l'idée de relier des concepts qui n'avaient, à
priori, pas de point commun. J'aime travailler sur des
choses qui m'intéressent et j'y mets beaucoup d'énergie.
J'ai du mal à rester présent sur des tâches laborieuses et
répétitives. J'aime être au démarrage d'un projet, lors de la
planification, quand il y a encore différentes options à
considérer. Quand j'ai épuisé mon intérêt pour quelque
chose, il m'est difficile d'y demeurer parce que j'ai envie
de passer à une autre qui a su capter mon attention. Quand
quelque chose me déprime, je préfère tourner mes pensées
vers des idées plus gaies. Je crois que les gens sont en
droit de mener une vie joyeuse.

•8 J'approche les situations, surtout celles qui me tiennent


à cœur, de façon entière : tout ou rien. J'attache de la
valeur à être quelqu'un de fort, de juste et sur qui on peut
compter. Quand on me rencontre, pas d'embrouille, je suis
ce dont j'ai l'air. Je ne fais pas confiance aux autres avant
qu'ils n'aient montré qu'ils étaient fiables. J'aime que les
gens soient directs avec moi, et je sais quand quelqu'un
cache son jeu, ment ou essaye de m'avoir. J'ai du mal à
tolérer la faiblesse chez les autres, sauf si j'en comprends
la raison ou si je constate qu'ils essaient de s'améliorer sur
ce plan. J'ai aussi du mal à recevoir des ordres, surtout si
je ne respecte pas l'autorité en place ou si je ne suis pas
d'accord avec elle. Je préfère nettement prendre les choses
en main. Je trouve difficile de ne pas montrer mes
sentiments quand je suis en colère. Je suis toujours prêt à
défendre mes amis et mes proches, surtout si je considère
qu'ils sont traités injustement. Je ne gagne pas toujours les
batailles que j'entreprends mais, en général, les autres se
souviennent longtemps de leur rencontre avec moi.

•9 J'ai l'impression d'être capable de distinguer l'ensemble


des points de vue assez facilement. Je peux même parfois
donner l'impression d'être indécis, parce que je peux
discerner les avantages et les inconvénients de tous les
points de vue. Ma facilité à appréhender toutes le opinions
me rend bon à aider les autres à résoudre leurs différends.
Cette capacité peut m'amener à être davantage conscient
des positions des autres et de leurs priorités que des
miennes. Il m'arrive d'être distrait et de dévier de la tâche
que j'accomplissais. Quand ça arrive, mon attention
s'échappe généralement vers des tâches sans importance.
J'ai souvent du mal à savoir ce qui est réellement
important pour moi, et j'évite le conflit en agissant selon le
désir des autres. On me considère en général comme facile
à vivre, agréable et conciliant. Il en faut beaucoup pour
m'amener au point de me mettre ouvertement en colère.
J'aime que la vie soit confortable, harmonieuse et que les
autres m'accueillent.
Après ce test, comptabilisez le nombre de 1, 2, 3, 4, 5, 6,
7, 8, 9, voyez le chiffre qui, selon vos réponses,
remporte le plus grand nombre et reportez vous à
l'article (page 6) sur les différents ennéatypes, afin de
cerner les caractéristiques de votre personnalité...

Type 1
es individus de Base ennéagramme 1 sont des idéalistes.
Ils sont idéalistes dans le sens où ils colorent l’ensemble
de leurs actions, de leurs dires, et de leurs perceptions
avec un sens implicite de « comment les choses devraient
être ».
Ce sentiment d’un idéal non atteint imprègne la vision que
pose la base 1 sur le monde. C’est comme si les personnes
de cette base prenaient au même moment connaissance de
comment les choses sont et conscience de comment elles
devraient être.
Mais comme la réalité perçue à travers ce filtre exigeant
ne coïncide que très rarement avec l’idéal tel qu’elle le
conçoit, la personne de base 1 a tendance à percevoir le
monde comme étant essentiellement
désordonné, corrompu, insouciant, frivole, mauvais et
défaillant provoquant ainsi un fort sentiment de
frustration.
Devoir de rectifier ou perfectionnisme
On retrouve en base 1 des gens d’action qui ont donc
tendance à faire face à leur croyance en l’imperfection
inhérente au monde avec la conviction profondément
ancrée que quelque chose doit être fait. Les défauts
doivent être corrigés, le système réformé, le péché
expurgé.

Si certaines personnes en base 1, comme


Martin Luther ou le Mahatma Gandhi, sont des leaders et
des réformateurs dans le sens classique du terme, on
retrouve chez pratiquement tous les individus de cette
base, une tendance marquée au perfectionnisme, un
perfectionnisme actif, dans le sens où il ne sert pas
seulement à juger, mais à « régler ».
Bien sûr, d’autres bases peuvent avoir des tendances
perfectionnistes, mais le perfectionnisme de la base 1 est
plus qu’occasionnel, c’est une compulsion centrale, et
bien qu’elle puisse ne pas se manifester dans tous les
compartiments de la vie de la personne on la retrouvera
fréquemment, et très certainement au centre des secteurs
sur lesquels l’individu de cette base a choisi de se
concentrer le plus. Or les individus qui font du 1 sont des
gens qui ont une capacité de concentration très
développée, ce sont des gens disciplinés qui maintiennent
leur attention sur la tâche en cours (ce qui est «sérieux et
doit être fait»), tout en refusant fermement de se laisser
distraire.
Les personnes de base 1 ont généralement le souci du
détail et sont souvent très qualifiées dans plusieurs
domaines qu’elles estiment clés. Ce sont des gens qui
savent s’engager, et qui bien souvent, assurent le « service
après-vente » même après la fin d’un projet. Ils ont
tendance à placer la « qualité » au dessus de tout et à la
considérer comme leur devoir, en toute chose, et en toutes
circonstances.
Exigence

On retrouve en Base 1 des individus dévoués, compétents,


consciencieux et très persévérants. Ce sont des gens de
principes sur lesquels on peut compter : ils font ce qu’ils
disent qu’ils vont faire. Ces personnes sont non seulement
conscientes des imperfections des choses qui les entourent,
mais elles détectent aussi les défauts des autres individus,
et par dessus tout, elles se sentent elles-mêmes
défaillantes. Ceci n’est naturellement pas une dynamique
facile à vivre pour un individu de base 1, ni pour son
entourage, d’autant plus les 1 ont tendance à concentrer
leurs élans de « rectification » sur ceux qu’ils aiment.
En effet, les 1 se soucient grandement de ceux qu’ils
aiment et ils estiment qu’il est de leur devoir d’aider les
autres à atteindre le niveau d’excellence dont ils les
croientt capables. Ces injonctions d’amélioration continue
prodiguées à leurs proches sont un signe d’amour, mais
cela peut, paradoxalement, amener les autres à se sentir
mal aimés, comme s’ils n’étaient tout simplement jamais
« assez bon » pour la personne de base 1. Pour des raisons
évidentes, cela peut être particulièrement difficile à vivre
pour les enfants dont un des parents est en base 1.
En revanche, parmi les côtés positifs de cette base, on peut
retrouver la loyauté, la persévérance et le dévouement.
Ils se sacrifient sans hésiter pour ceux qu’ils aiment et
n’abandonnent pas ceux qui ont été placés dans sous leur
responsabilité.
Comme cela a été mentionné plus haut, les personnes de
base 1 sont avant tout extrêmement exigeantes et
critiques envers elles-mêmes. L’idéal du Moi étant si
haut placé qu’elles ont tendance à se sentir coupables de
ne pas être tout à fait à la hauteur de leurs propres normes
impossibles à atteindre, et se montrent souvent
impatientes et agacées envers les nombreux petits défauts
inhérents à l’être humain qu’elles sont.
La colère
Au meilleur d’elles mêmes, ces personnes peuvent
aborder cette question avec une sorte d’auto-dérision, ce
qui leur procure de la hauteur et diminue la tension interne.
En effet, ces personnes savent qu’elles sont
intransigeantes et peuvent parfois rire de cela. Au moins
bon, la frustration de la Base 1 face à un monde qui est
imparfait d’une part, et face à leur incapacité à le rectifier
d’autre part, peut conduire à une attitude de colère et de
ressentiment contre un monde si mal fait. Pour cette
raison, dans l’ennéagramme, la colère est considérée
comme la passion distinctive de la base 1.

Oscar Ichazo défini


succinctement cette colère comme une « Lutte debout
contre la réalité ». Lorsque la personnalité de base 1 est
très désintégrée, elle aborde chaque situation et chaque
individu comme n’étant « pas assez bon. » Lorsqu’à cette
perception du monde s’ajoute la compulsion de
rectification, le caractère punitif de leur Surmoi se tourne
vers l’extérieur : ces 1 peuvent alors devenir franchement
agressifs, jusqu’à des cas extrêmes de violence, et peuvent
ensuite facilement justifier leur excès comme étant
nécessaire, «pour une bonne cause».
La colère de la base 1 ne s’exprime en règle générale pas,
mais elle sert de toile de fond à tous les autres états
émotionnels, ce qui a pour résultante des individus à
l’apparence très tendue. Les personnes qui font du 1 ont
tendance à se sentir coupables de leur colère puisque la
colère est jugée comme étant une « mauvaise émotion »
alors que les 1 s’efforcent sincèrement et de tout cœur
d’être « bons ». Comme le Surmoi des personnes en base
1 est déjà surchargé d’obligations, de règles et de
contraintes, la prise de conscience de la colère est
habituellement vigoureusement réprimée de la
conscience. Les autres peuvent être très conscient de la
colère d’une personne en base 1, alors qu’au même
moment, cette dernière la nie avec véhémence à travers
ses dents serrées. L’introspection, en particulier à cet
égard, n’a pas tendance à être la plus grande habitude des
personnes dans cette base.
Le contrôle
Afin d’apaiser leur Surmoi tyrannique, les personnes qui
font du 1 tentent généralement de maintenir coûte que
coûte leur « self-control » et ne laissent habituellement
s’exprimer leur colère que dans des formes de
manifestations plus « acceptables » : impatience, critiques,
jugements… Ceci est rendu possible par le mécanisme de
défense baptisé « formation réactionnelle », qui consiste
à transformer une émotion vécue comme inacceptable (ici :
la colère) et à l’exprimer de façon acceptable ou discrète.
Mais lorsque la colère se manifeste cette fois ci
ouvertement, ceux qui y assistent peuvent être
impressionnés à la fois par son intensité et par le caractère
condescendant et moralisateur des propos justifiant celle-
ci.

Les personnes en base


1 sont généralement des gens sérieux qui ont du mal à se
détendre et qui, souvent, se privent inutilement de
nombreux plaisirs inoffensifs de la vie. Elles contiennent
en général toute manifestation émotionnelle, et elles ont
tendance à voir l’expression active de l’émotion comme
un signe de faiblesse et comme un manque de maîtrise de
soi.
Les personnes de ce profil sont parfois mal à l’aise avec
leur sensualité. Comme elles ont généralement de fortes
pulsions (issues du Ca et réprimées par le Surmoi) il n’est
pas évident pour toutes les personnes de base 1 de trouver
un épanouissement en matière de sexualité. Ceci est sans
doute exacerbé dans les sociétés « orthodoxes » ou dans
les systèmes religieux ou familiaux ayant envoyé des
messages au Surmoi des 1 induisant que le sexe était «
sale » lorsqu’il n’est pas au service de la procréation. Les
personnes qui font du 1 sont sensibles à ce type de
message et à tous les messages qui leur sont envoyés sur
la façon dont les choses « doivent être ». Elles ont
tendance à avoir été « de bons garçons » ou « des filles
sages » : jeunes adultes, chefs scouts, et bonne conduite à
l’école.
L’intégrité
Les 1 sont des « faiseurs ». Ils sont parfois des bourreaux
de travail, qu’il s’agisse de leur activité professionnelle ou
d’autres choses (s’occuper de la maison, des vacances, du
club de sport…) : il y a toujours du travail, « des choses
importantes à faire ». Ils sont généralement talentueux et
ont des intérêts multiples, mais ils sentent tout
simplement que la relaxation est une manifestation de
l’oisiveté et, partant de là, une indulgence qui ne
devrait pas être autorisée.
Les 1 sont intègres. Ils vont rarement adopter un « rôle
social », sont mal à l’aise avec les apparences et peu
enclins à l’auto-promotion. Ils ont tendance à être assez
authentiques. Ce que vous voyez c’est ce que vous
obtenez, ce qui n’implique pas du tout que la personnalité
de base 1 soit superficielle, mais plutôt qu’elle est honnête
et malhabile dans les arts de la tromperie. Enfin, si les
personnes de Base 1 peuvent être exigeantes, elles ne
demandent pas aux autres ce qu’elles ne seraient pas
disposées à faire elles-mêmes. Pour toutes ces raisons,
les 1 suscitent souvent le respect des autres, même si cela
peut les rendre mal à l’aise de le reconnaitre.
« Intégrité » dans son sens premier se réfère à une notion
d’unité intérieure. Les personnes qui font du 1, sauf si
elles sont tout à fait désintégrées, ne sont pas hypocrites,
mais elles ne veulent pas être en conflit. Elles agiront
suivant ce qu’elles considèrent comme étant correct, et
quand elles intègrent l’énergie émotionnelle si souvent
réprimée, leur vision intellectuelle est tempérée par la
compassion et elles cessent de juger.

Type 2

La Base 2 en quatre concepts clés :


Généreux, Démonstratif, « qui cherche à faire plaisir » et
Possessif.
Prendre soin des autres
Les individus de Base
ennéagramme 2 ont pour caractéristique principale
l’importance donnée aux liens qu’ils entretiennent avec
d’autres personnes et à la manière dont ils se relient aux
autres en étant serviables. Ces personnes ont développé
comme un « radar » leur permettant de détecter
instantanément ce dont l’autre peut avoir besoin et elles se
voient comme « la bonne personne » pour satisfaire ce
besoin.
De ce fait, même si elles sont au service des autres, les
personnes qui font du 2 se trouvent en position haute par
rapport à ceux qu’elles servent. En effet, c’est comme si
les 2 se considéraient comme étant non seulement assez
forts pour prendre soin d’eux-mêmes, mais aussi en
capacité de prendre soin des autres. Ils désirent
secrètement occuper une place centrale dans la vie des
personnes de leur choix et tentent d’y parvenir en se
rendant «indispensables».
Dans la carte du monde de la Base 2, ce sont toujours les
autres, et non pas eux-mêmes, qui sont dans le besoin et
dépendent d’une aide extérieure. En réalité, la situation est
un peu plus complexe, puisque les individus en Base 2 ont
bien évidemment eux aussi des besoins. Ils ont besoin
d’être appréciés, ils doivent se sentir nécessaires et
attendent inconsciemment de recevoir en retour de
leur aide une quantité considérable d’attention et de
reconnaissance.
Les relations avant tout

On retrouve en
majorité dans les personnes en Base 2, des gens
chaleureux. Ils sont émotionnellement démonstratifs et
sont généralement à l’aise avec l’expression physique des
émotions. Ils accordent une très grande valeur à leurs
relations personnelles et y consacrent une énorme quantité
de temps et d’énergie.
Ils ont tendance à être des gens pratiques qui se
développent dans des activités « opératives » d’aide aux
autres telles que l’enseignement, l’aide sociale, la santé et
le conseil. Pour prendre une expression imagée, on peut
dire que les 2 n’ont pas peur de retrousser leurs manches
ni de mettre les mains dans le cambouis.
Les personnes qui font du 2 sont également attirées par le
rôle de parent et plus particulièrement par la position de
parent nourricier, figure maternelle par excellence. Cette
caractéristique est valable chez les individus des deux
sexes, hommes et femmes, bien que l’influence du
contexte sociétal amène à un renforcement de cette qualité
chez les femmes de base 2 et tende à la refréner
légèrement chez les hommes.
Les personnes en Base 2 accordent une importance
certaine à leur apparence et sont souvent séduisantes
dans leur présentation. Cela peut sembler de prime
abord en contradiction avec la description des 2 comme
étant « de petites mères pour chacun » mais à y regarder
de plus près, on s’aperçoit que la séduction et la prise en
charge de l’autre sont des manifestations d’un même désir
inconsciemment manipulatoire de trouver un moyen
d’obtenir et de retenir l’attention de l’autre.
Les 2 « séducteurs » sont souvent efficaces ou amusants,
ce qui leur permet de susciter l’approbation de leur
auditoire. Lorsqu’ils adoptent une telle stratégie de
séduction, ils se sentent souvent en compétition avec les
membres du même sexe et jaloux de ceux qu’ils jugent
plus attirants. Cette attitude de séduction agressive, qui
s’appuie souvent sur la flatterie, entre en contradiction
avec le désir des 2 d’être admirés pour leur humilité,
aussi, quand leur désir inconscient de reconnaissance ne
peut être atteint en dépit de leurs efforts de séduction, ils
peuvent avoir tendance à adopter une attitude de dédain.
Il est tout à fait vrai de dire que les individus en Base 2
ont un cadre de référence externe, en ce sens qu’ils sont
avant tout préoccupés par ce qui doit être fait pour aider
autrui. Ainsi, lire dans les ouvrages d’ennéagramme que
les personnes de Base 2 fondent l’estime d’elles-même en
grande partie sur leur capacité à servir les autres n’est
pas du tout dénué de fondement.
Les personnes en base 2 servent souvent de « ciment
social » qui, par exemple, maintiennent le personnel de
l’entreprise informé de l’anniversaire de chaque
collaborateur, organisent les pots de départs, pensent au
petit cadeau pour le dernier né… Ils sont souvent ceux qui
s’assurent que les grandes familles se réunissent pour les
fêtes de fin d’année et pour les dates importantes, ils se
proposent de préparer le repas et vous incitent vivement à
assister à ces événements « importants » de partage. Dans
une société de plus en plus individualiste, ils sont souvent
ceux qui travaillent sans relâche pour s’assurer que
tout le monde est pris en charge, et que personne n’est
laissé au banc.
L’orgueil

La zone d’ombre de la
Base ennéagramme 2 tourne autour du besoin
d’approbation et bien fréquemment, ce besoin s’avère
mal compris par les autres. En effet, la compulsion de la
Base 2 ne consiste pas simplement à donner, mais à
donner pour recevoir en retour. La croyance sous-
jacente qui est bien ancrée, est que : pour recevoir de
l’amour et de la considération, il faut en donner d’abord,
un peu comme si l’amour était une monnaie d’échange, et
les services rendus un « crédit » bancaire. Ce que veulent
ces personnes en échange de leurs services et de leurs
conseils c’est la gratitude éternelle de ceux qu’ils servent,
afin de sentir en eux se renforcer l’image d’une personne
« aimante et désintéressée ». Ainsi, les personnes en base
2 doivent donc composer avec une compulsion de don
permanent. “Plus je donnerai, plus je pourrai recevoir, et
mieux je me sentirai”.
La mécanique ainsi enclenchée, consiste à donner
beaucoup à l’autre et à ne pas reconnaître ses propres
besoins, ce qui permet de maintenir l’interlocuteur dans
une position de « débiteur ». Ce « je peux tout te donner,
moi je n’ai besoin de rien », est une stratégie
inconsciente permettant de maintenir l’autre dans un lien
de dépendance. C’est également en raison de cette
position haute que les premiers chercheurs en
ennéagramme ont associé à la Base 2 la notion d’Orgueil.
En formation d’Ennéagramme, certaines personnes se
retrouvant en base 2, sont susceptibles d’objecter que ce
n’est pas vrai, qu’elles ne donnent pas pour recevoir, et
vont arguer que bien au contraire, elles donnent de bon
cœur, de façon tout à fait désintéressée. C’est en effet
parfois le cas, mais ce n’est qu’une vérité partielle. En
effet, le mécanisme de défense de l’égo « répression des
besoins » est si fort que les gens qui font du 2 ne sont en
général pas conscients de leur besoin de
reconnaissance, de leur besoin d’être nécessaire. Et il
est vrai que, quand ils donnent, ils sont entièrement
concentrés sur le fait d’aider l’autre personne, ils essaient
réellement d’être utiles.
Parce qu’ils se concentrent sur les autres, ils sont – et ont
tendance à rester – inconscients de leurs propres besoins,
alors que ceux qui partagent leur vie sont souvent très
lucides sur l’existence de l’attente d’un retour et pensent
souvent que toute cette aide n’est pas entièrement
désintéressée. Il est bien entendu que le programme «
donner pour obtenir » de la Base 2 est, comme tous les
programmes Ennéagramme, en grande partie inconscient,
et qu’il est très difficile pour un individu se pensant
profondément altruiste d’admettre qu’il se cache en
général des attentes, de la manipulation et de l’orgueil.
Dépendance affective

Le lien à l’autre
repose donc, en Base 2, sur un contrat tacite qui consiste à
donner à l’autre, pour recevoir sa gratitude en retour. Mais
bien entendu, il est important pour que ce contrat reste en
place, que l’autre ne me donne pas plus que je ne lui
donne.
Quand ils ne reçoivent pas la reconnaissance et la
gratitude qu’il ressentent comme étant dues, les personnes
en Base 2 peuvent devenir autoritaires et manipulatrices,
se sentant tout à fait dans leur bon droit à l’être, parce
qu’elles l’ont « mérité » et parce que leurs intentions sont
bonnes. Lorsque les 2 commencent à craindre que
l’amour et l’appréciation dont ils ont si profondément
le désir ne se matérialisera peut-être jamais, ils
peuvent devenir hystériques, irrationnels et même
parfois abusifs envers les autres ou envers eux-mêmes
(notamment via des mécanismes de « remplissages » :
nourriture, achats compulsifs…). Le crédo de
l’Inconscient peut alors devenir le suivant : Puisque
personne ne me remplit suffisamment émotionnellement,
je vais moi-même me remplir grâce à la nourriture.
Une énergie dysfonctionnelle en Base 2 peut parfois se
manifester dans ce qui est connu sous le nom classique de
personnalité « co-dépendante », pouvant parfois aller
jusqu’à la « co-soumission ». Dans ce cas, ces personnes
se sentent dépendantes de l’autre et rendent celui-ci
dépendant d’elles-mêmes : seule l’autre personne en
question peut leur apporter quelque chose d’essentiel à
leur vie ; et elles-mêmes font passer le bonheur de l’autre
avant le leur.
En d’autres termes, afin de pouvoir se sentir utiles, ces
personnes encouragent et maintiennent activement,
bien qu’inconsciemment, un état de dépendance chez
l’autre, généralement en se rendant indispensables à
certaines tâches de la vie quotidienne, ou en entretenant la
« coupure » avec ses proches, ou bien encore en assumant
toutes les charges financières. Ce sont par exemple, ces
personnes en Base 2 qui sont si soucieuses de leurs
enfants que ces derniers ne sont jamais réellement
« autorisés » et encouragés à grandir et à
s’autonomiser. Ces individus souhaiteraient
inconsciemment que les autres soient en position de
faiblesse afin qu’ils puissent eux-mêmes se sentir forts, de
telle sorte que leurs liens avec leurs proches restent intacts.
D’autres 2 qui vont mal, deviennent dépendants eux-
mêmes. Ils se retrouvent alors victimes d’une multitude de
maux (souvent physiques, puisque la répression des
besoins engendre bien souvent la somatisation) qui les
rend incapables de pouvoir s’occuper d’eux-mêmes. Ces
personnes là risquent alors d’attendre, voire d’exiger des
autres un « remboursement » pour tout ce qu’ils ont fait
pour eux auparavant.
Générosité
Les personnes qui font du 2 et qui sont épanouies sont des
gens affectueux et doux. Ils offrent l’amour et le soutien
dont tous les êtres humains ont besoin - qu’ils en aient
conscience ou pas – pour vivre ensemble. Les religions
orientales rendent hommage à cet idéal à travers l’image
du Boddhisattva, qui renonce à entrer dans le Nirvana
tant que ne serait-ce qu’un seul être vivant reste confronté
à la souffrance. Plus proche de nous, un bon exemple
pourrait être donné par ceux qui attribuent la base 2 à
Jésus de Nazareth, en s’appuyant sur son amour des
enfants, sa défense des faibles et des opprimés…

Type 3
La Base 3 en quatre concepts clés :
Adaptable, « qui excelle », Motivé et Soucieux de son
image.
Avoir et Etre
Les individus de Base ennéagramme 3 sont adaptables,
ambitieux, confiants, concentrés sur le succès et très
préoccupés de leur image. Souvent ils cherchent à susciter
l’admiration des autres et tentent d’accumuler les succès
dans le but d’y parvenir. Ils ont donc tendance à être très
sociables et à l’écoute de la manière dont les autres les
perçoivent. En effet, à un niveau très profond et
largement inconscient, les personnes en Base 3
s’identifient à la façon dont les autres les perçoivent.
Au coeur même du mécanisme égotique de la Base 3 se
situe donc une confusion fondamentale sur la relation
entre l’apparence et la réalité, l’image et la substance,
entre qui ils sont et ce qu’ils font.
Souvent, les personnes de cette base adoptent un idéal de
réussite, et de tentent de l’incarner. Cet idéal leur vient
souvent de leurs parents, de nombreux 3 tentant
inconsciemment de vivre la vie que leurs parents n’ont pas
pu vivre. Si la personne de base 3 est est moins liée à ses
parents, ou pour quelque raison trouve d’autres influences
plus convaincantes, l’idéal sera tiré de la socio-culture au
sens large. Comme la culture occidentale moderne est
diverse, il existe de nombreux idéaux possibles de
« personne à devenir ». Quel que soit l’idéal choisi
cependant, c’est quelque chose qui, par nature, ne pourra
être atteint que par quelques-uns seulement. Il faudra donc
être compétitif pour y arriver.
Les 3 ont tendance à poursuivre cet idéal choisi avec :
énergie, détermination et concentration. Ils croient en
leurs capacités innées et sont optimistes quant à leurs
perspectives. Ils ont tendance à être de bons
« réseauteurs » et à savoir comment gravir les échelons.
Ils savent comment se présenter, sont socialement
compétents, généralement extravertis, souvent charmants
et parfois charismatiques.
Image de réussite
Beaucoup de personnes de Base 3 savent subtilement et
même inconsciemment modifier leur apparence et adapter
leurs propos en fonction de la personne ou de l’auditoire
avec lequel ils sont en contact, ce qui leur vaut souvent
d’être qualifiés « les caméléons » de l’ennéagramme. Le
problème est qu’à force de jouer des rôles et de rester dans
le processus du paraître, ils perdent parfois contact avec
qui ils sont vraiment.
Il n’est donc pas surprenant que les 3 puissent parfois
trouver le domaine de l’intimité comme étant difficile à
vivre. Leur besoin d’être aimés pour leur image cache
souvent un sentiment intérieur de honte et de
confusion au sujet de qui ils sont vraiment. Le dilemme
pour les personnes en Base 3, c’est que si elles
n’atteignent pas leurs objectifs, elles ont tendance à se
dévaloriser en tant que personnes, et progressivement,
elles peuvent commencer à se demander si elles sont
vraiment aimées pour ce qu’elles sont, plutôt que pour
leurs résultats ou pour leur image.
Il est commun que les individus faisant du 3 soient, dans
les faits, réellement efficaces. Ils ont tendance à être
déterminés et ne sont pas facilement découragés par les
difficultés. Mais quelle que soit leur réussite effective, ils
ont souvent secrètement peur d’être ou de devenir des
«perdants». C’est presque comme s’ils avaient peur
d’être «démasqués» comme étant des imposteurs. Et
pour cette raison, beaucoup sont soit des travailleurs
acharnés, soit des individus sombrant dans l’auto-
victimisation permanente, qui est une stratégie alternative
permettant de ne pas assumer la présence d’un échec dont
ils seraient responsables.
La course au succès est éreintante. En cas d’inactivité,
une angoisse du vide s’installe, il est donc
indispensable de Faire quelque chose pour se sentir
Être, il faut donc toujours bouger, toujours avancer,
toujours produire. Cette course à la réussite peut aussi
être frustrante, on ne compte plus le nombre de 3 ayant
sombré dans l’auto-destruction juste avant ou juste après
avoir atteint des degrés importants de gloire ou de fortune.
C’est comme s’ils se rendaient compte combien ils sont
déconnectés de leur image grandiose, combien celle-ci est
basée sur le mensonge et l’apparence, à quel point
personne ne comprend qui ils sont vraiment et combien ils
se sentent seuls en compagnie de ceux qui les suivent avec
adoration.
Qui suis-je ?
Les individus de Base 3 ont tendance à avoir un grand
cœur, à être généreux et sympathiques, mais ils est
souvent difficile pour les autres de savoir qui ils sont
vraiment.
Les ennuis arrivent quand ils confondent le vrai
bonheur, qui est un état intérieur, à l’image du
bonheur dans laquelle ils se projettent si facilement.
Lorsque les personnes qui font du 3 perdent le contact
avec leurs vraies émotions et sensations, c’est comme si
elles utilisaient une « check-list » interne afin de
déterminer l’étendue de leur bien-être : un bon travail ->
ça c’est fait, un conjoint attractif -> ça c’est fait , de beaux
enfants -> ça c’est fait…
La perte de connexion à leur moi essentiel peut être telle
que les 3 peuvent parfois arriver à se convaincre qu’ils
sont heureux parce qu’ils ont atteint les « indicateurs de
bonheur » correspondant à l’image idéalisée du succès.
Lorsque cela se produit, ils ont tendance à ignorer les
ressentis internes de leur cœur, qui leur disent que quelque
chose de vital est peut-être absent. Sous la façade, de
nombreux 3 cachent un sentiment profond de vacuité.
Ces personnes sont sujettes aux crises d’identité et
parfois même jusqu’à la dépression, même si elles se
permettent rarement de le montrer. Il est vrai que le fait
de s’identifier à ses réalisations, amène la personne à se
couper de plus en plus de son vrai moi, à accentuer le
sentiment d’inexistence et de manque de sens, et donc, in-
fine, faire grandir la peur fondamentale de la Base 3 : celle
d’être sans valeur.

Le Mensonge
L’ennéagramme traditionnel associe à la Base 3 les
notions de «duperie-tromperie». Ceci ne se réfère pas
nécessairement à la malhonnêteté ou au mensonge dans le
sens conventionnel du terme, mais plutôt comme le fait de
présenter les choses sous le meilleur jour possible, afin
de faire avancer leurs ambitions, ou bien afin de ne pas
faire face à un échec. Il s’agit avant tout d’un mensonge
envers soi-même, puisque pour la personne s’identifiant à
ce qu’elle fait, accepter la présence d’un échec serait
accepter qu’elle « est » un échec. En effet, la principale
supercherie pour la personne qui fait du 3, réside dans le
fait de confondre l’image de façade projetée aux autres,
avec la personne qu’elle est en réalité, et d’encourager
en même temps son auditoire à ne se concentrer que sur
cette couche superficielle, se privant ainsi de la possibilité
de pouvoir être aimée en Vérité, pour la personne qu’elle
est.
A leur moins bon, certains 3 peuvent se transformer en
une « machine à faire ». Ils se plongent dans l’activité
afin de se détourner de leur sens croissant de vide
intérieur. De plus en plus coupés de leur intériorité, ils
deviennent désinvoltes et superficiels. S’ils tombent dans
le narcissisme, ils peuvent devenir froids et impitoyables
envers quiconque se met en travers de leurs objectifs. Le 3
qui apparaît d’habitude comme optimiste et chaleureux
devient alors cynique et nihiliste, incapable de croire en
lui-même, et incapable de faire confiance aux autres.
A l’inverse, les individus intégrés en Base 3, parviennent
à atteindre leurs objectifs, sans perdre le contact avec leur
réalité profonde, et ils inspirent et encouragent les
autres à vivre en accord leurs propres idéaux. Ils sont
généreux en temps et en énergie et sont prêts à aider les
autres à actualiser leur potentiel. Ils prennent des rôles de
leadership sans aucun désir de dominer ni de faire
respecter un idéal abstrait.

Type 4
La Base 4 en quatre concepts clés :
Expressif, Empathique, Sensible et Imprévisible.
Intensité émotionnelle

Les individus de Base


ennéagramme 4 conçoivent la notion d’identité comme
étant en rapport étroit avec leur univers émotionnel
intense. En somme, le fait de s’identifier à leurs
émotions leur permet de se sentir connectés
profondément à eux-mêmes, de se sentir vivants. Cette
relation à eux-même est si exclusive, qu’elle peut les
mener à penser qu’ils sont fondamentalement différents
des autres. Ce ressenti profond d’être «Différent de» ou
«Autre que» imprègne le Moi des personnes en base 4, et
les pousse à incarner une attitude et une posture qui soit le
reflet parfait de leur être authentique, c’est à dire, de leur
ressenti de l’instant.
Les Bases 4 ne se satisfont pas – et d’ailleurs elles ne le
peuvent pas – de vivre le rôle qui leur est assigné par la
société ou par leurs familles, elles cherchent au contraire
consciemment à exprimer avec le plus de justesse
possible l’expression de leur Moi authentique.
De tous profils proposés par l’ennéagramme, les 4 sont les
plus parfaitement conscients du fait que la personnalité
est le fruit d’une conception, quelque chose qui a été
créé et qui peut donc être re-créé. C’est à ce titre qu’il
est juste de reconnaître que les personnes en Base 4 sont
des « artistes », pas forcément des artistes au sens
classique du terme, mais par leur capacité à ressentir
intuitivement que leur identité est, à certains égards, le
fruit de leur propre créativité.
Originalité
Souvent, les
personnes de Base 4 dénotent par leur style et par leur
apparence singulière. Ce style sera, par exemple, une
élégance décontractée (« shabby chic » peut-être), ou au
contraire très non-conventionnel ou provoquant (émo,
grunge, gothique, punk..), mais quel que soit le look choisi,
il aura tendance à être teinté de la griffe propre à
l’individu et sera l’expression de son sens du Moi
interne du moment. Ceci peut s’appliquer au style
vestimentaire, mais aussi aux choix de carrières, à la façon
de meubler leur intérieur, à leurs lectures et à leurs goûts
musicaux.
Il y a une comme un paradoxe derrière tout cet effort. Les
personnes qui font du 4 recherchent l’authenticité à travers
une expression d’elles-mêmes de ce qui est
leur »Vérité », mais l’image qu’elles dépeignent est, de
par nature, illusoire et changeante, et ne suffit pas
forcément à transmettre la profondeur et la complexité du
Moi. Ces témoignages extérieurs et ces apparences, aussi
proches de la réalité soient elles, ne reflètent jamais
parfaitement la réalité du vécu intérieur de la
personne, ce qui peut être très frustrant, car il manque
toujours quelque chose pour que cela puisse sonner
« Juste ».
Ce sentiment de perpétuel « manque » contribue à faire
grandir chez les gens qui font du 4 un sentiment
d’inadéquation face à leur incapacité à vivre suivant les
standards de la société, mais aussi de honte face à leur
échec permanent dans cette recherche d’expression pure et
authentique d’eux-mêmes.
Honte et culpabilité
Certaines personnes qui font du 4 vont compenser leur
sentiment profond d’infériorité par un complexe tout
aussi fort de supériorité. Elles ont alors tendance à
éprouver un sentiment de dédain pour tout ce qui est
ordinaire, et peuvent tenir des propos hautains sur le coté
« commun », « trivial » voire « vulgaire » du genre de vie
dont la plupart des gens semblent se contenter. Elles
peuvent alors penser que leur statut de personne « en
dehors du système », leur sens du style et leur sens aigu de
la conscience de soi, leur confère le monopole de
l’authenticité et de la «classe». Il y a donc dans cette base
4 un conflit interne entre une partie d’elle même qui a le
sentiment d’être un membre de la «vraie aristocratie» et
une autre partie qui vit avec un profond sentiment de
honte d’être en marge, alimenté par la croyance d’être en
quelque sorte profondément viciée ou déficiente. Afin de
vivre le moins possible cette sensation de « déficience »,
on constate chez ces bases 4 une forme de fierté d’être en
marge, permettant de ne pas ressentir la « coupure »
d’avec les autres comme étant trop douloureuse.
Le paysage intérieur des 4 est donc complexe, et leur
questionnement permanent autour du thème de l’identité
authentique, source de multiples frustrations. Tout ce
tumulte psychique entraîne une grande fatigue de l’esprit,
ce qui, combiné à leur forte sensibilité émotionnelle,
donne naissance à une caractéristique marquée de la base
4 : la nécessité chronique de couper (en fantasme ou en
réalité) les liens aux autres et de se retirer du monde.
Se retirer est l’occasion pour eux de s’immerger dans
leurs propres paysages mentaux où ils sont libres de
cultiver et d’analyser leurs émotions et sentiments. Dans
le domaine des fantasmes, leur créativité n’est pas limitée
par des considérations insipides qui sont le fléau de la vie
quotidienne, et leur vie intérieure peut ainsi devenir plus
authentique que la mascarade à laquelle ils sont contraints
dans le monde extérieur.
Inégalités d’humeur
Les personnes qui font
du 4 ont un centre émotionnel exacerbé, et sont sans doute
ceux qui, de tous les mécanismes ennéagramme, ont la
palette d’états émotionnels la plus étendue. Bien que les
individus en base 4 ne soient pas aveugles aux «faits» et à
la prétendue «réalité objective» des choses, ils ont
tendance à interpréter la réalité dans une large mesure
à travers le prisme de son contenu symbolique et de la
résonance émotionnelle qu’elle suscite en eux. Ils sont
donc émotionnellement à l’écoute du sens, et cette
attention au sens des choses donne parfois aux 4 l’accès à
une certaine dimension de la réalité qui échappe aux
autres.
Une telle perspicacité pourrait trouver son expression dans
les Arts (peinture, littérature, musique, etc.) mais cela peut
se manifester assez simplement au travers du choix d’un
mode de vie singulier qui est le reflet de leur vision
personnelle du sens de la vie. S’il s’agit d’individus
perturbés cependant, leur sensibilité émotionnelle, qui est
généralement accompagnée d’une nature introspective,
peut entraîner des crises d’égocentrisme
particulièrement hystériques ou des descentes dans la
mélancolie ou le désespoir.
Les personnes qui font du 4 ont tendance à habiter leurs
états émotionnels, ce qui les rend souvent d’humeur
changeante, voire cyclothymique. Cette émotivité
alimente les questions relatives à l’identité qui sont au
cœur du mécanisme ennéagramme 4. Durant leur phases
d’introspection, à la recherche de qui ils « sont vraiment à
l’instant T», ils sont confrontés à une tectonique d’états
émotionnels en constante évolution mus par une énergie
émanant d’une source qui semble avoir une profondeur
infinie. Il semble n’y avoir aucune île où se poser au
milieu de cet océan émotionnel, pas de centre auquel
s’accrocher dans cet espace infini, pas d’accès à cette
source. La sensation d’avoir été coupé de cette source très
pure des origines se fait alors de plus en plus intense, et
devant la sensation que le «vrai moi» ne peut être re-
trouvé, la sensation de manque grandit, accompagnée
d’une envie très forte d’incarner dans le monde une
persona à part, un masque remarquable, dans le but d’y
retrouver une connexion au Sens.
C’est en ce sens qu’il faut comprendre la notion de
nostalgie souvent associée à la base 4 : il s’agit moins
souvent d’une croyance du type « hier c’était mieux », que
d’un « j’ai été jadis connecté à moi même, en harmonie
avec le sens de la vie ». Que ce « jadis » corresponde à un
instant de grâce qui a duré quelques instants seulement ; à
ce paradis perdu de la vie intra-utérine ; ou encore à
quelque chose de plus spirituel du type « avant mon
incarnation, lorsque je ne faisais qu’un avec le grand
Tout ».
Certains individus de Base 4 expriment leurs états
émotionnels internes dans le monde extérieur au travers de
scènes ou de témoignages teintés d’une grande
intensité dramatique, tandis que d’autres sont plus
susceptibles de se retirer, seuls, pour goûter l’intensité
de ce qu’eux-seuls, pensent-ils, sont en mesure de
comprendre. Ceux qui partagent la vie des 4 ne sont
souvent pas conscients de l’existence chez ces individus
d’une chaîne interne de connexions qui mène à leur état
émotionnel du moment, ce qui fait qu’ils peuvent avoir
l’impression de vivre avec une personne tout à fait
imprévisible, voire incompréhensible.
Scénario abandonnique
Les personnes qui font
du 4 sont souvent à la recherche du partenaire parfait,
ami ou amant, quelqu’un de solide, capable de les sauver
de leur noyade intérieure, et en même temps, elles ont des
attentes élevées vis à vis de leurs relations intimes, en
matière d’écoute, d’empathie, de sensibilité et de douceur.
Une telle alchimie de qualités étant difficile à trouver chez
l’autre, elles ont tendance à se sentir incomprises d’une
part, et souffrent d’un sentiment de honte et de
frustration face à leur incapacité à se faire comprendre
d’autre part, puisqu’elles interprètent cette incapacité
comme étant un manque d’authenticité.
La contrainte interne qui s’exerce ici pourrait se résumer
ainsi : « Je dois être moi-même pour que l’autre m’aime
avec intensité, mais j’en suis incapable, et même si j’en
étais capable, il n’arriverait pas à me comprendre car je
suis trop différent ». On distingue entre les lignes
l’existence d’un scénario abandonnique souvent très
fort chez les personnes en base 4, même s’il peut
demeurer inconscient chez la plupart d’entre elles. Ce
scénario pourrait ressembler à ceci : « L’accès à la source
de la plénitude de l’Etre m’a été coupé (ou je n’ai pas
su la garder) et c’est cet accès qu’il me faut
retrouver. » En règle générale, cette « source » est une
allégorie, une métaphore, de la « Mère » mythique, ou de
la « Terre Mère » chère aux anciennes traditions païennes.
En conséquence, plus tard dans la vie, j’oscille entre une
quête insatiable d’amour et un rejet destiné à détruire
toute relation pouvant déboucher sur un éventuel
abandon et mettre ainsi en péril l’accès à cette Source, à
cette Mère seule personne susceptible de m’apporter cet
amour dont j’ai besoin, et de me permettre de recontacter
cet état de plénitude originelle ».
Du point de vue de l’histoire de vie, il n’est pas rare qu’un
tel scénario s’appuie sur un état fusionnel avec la mère,
scénario pouvant s’être mis en place à la suite d’une
absence vécue ou fantasmée du père (mort, divorce,
éloignement géographique…). Ceci étant posé, il est donc
tout à fait classique que les relations amoureuses des
personnes en base 4 progressent rarement en douceur,
leurs variations d’états émotionnels et leur exigence vis à
vis du partenaire pouvant injustement être prises pour des
« caprices » ou de l’auto-sabotage.
A leur meilleur, ces individus en Base 4 sont très sensibles
aux états émotionnels de ceux qu’ils aiment, sont
profondément ancrés dans le non-jugement (sauf à la
rigueur celui du mauvais goût) et n’ont pas peur de
regarder en face le côté sombre de la nature humaine. Ils
peuvent donc faire preuve d’une très grande empathie et
se comporter comme des soutiens inconditionnels et
compréhensifs pour leur entourage, raison pour laquelle
il n’est pas rare de retrouver des personnes de cette base
dans les métiers de la relation d’aide.
Manque et envie

Dans l’Ennéagramme
traditionnel, on associe à la Base 4 la notion « d’envie ».
Cela est à mettre en lien avec la tendance de la base 4 à
se dévaloriser, ce qui l’amène souvent à idéaliser les
qualités qu’elle trouve dans d’autres, à voir que celles-
ci lui manque, et donc à devenir envieuse de ces mêmes
qualités. Ces qualités peuvent être des aptitudes mentales
(l’autre est plus « cultivé » ou « plus intelligent ») des
caractéristiques physiques (« il est plus beau », « plus
désirable ») ou être le fruit de ressentis purement
émotionnels et très subjectifs (« il est plus authentique »,
« plus spirituel », « plus sensible »…).
Par un processus connu sous le nom d’introjection, les 4
tentent parfois d’intégrer ces mêmes qualités en eux-
mêmes, ce qui, bien souvent, déclenche en eux ce fameux
conflit interne associé à la quête d’authenticité, la qualité
idéalisée étant considérée comme appartenant
essentiellement à « l’autre ». Il y a donc un « désir », une
« envie » d’avoir, ou plutôt de vivre ce qui manque, qui se
heurte à une « obligation vitale » d’être authentique,
sincère, c’est à dire d’être soi-même, et il n’est pas rare
que ce conflit débouche sur une mélancolie continue,
qui est le témoignage extérieur d’un sentiment de
frustration omniprésent.
Ainsi, l’envie telle que vécue par les personnes en Base 4,
doit avant tout être comprise non pas comme de la jalousie,
mais comme la manifestation fondamentale de leur
sentiment interne d’être « anormaux » en ce monde. Il
est important de comprendre que cela est vécu par les
individus en base 4 avant tout comme une forme de
«malédiction» continue, comme un problème récurrent,
une sensation lancinante d’être le « vilain petit
canard », jusqu’à ce que qu’ils aient atteint les vertus de
l’acceptation de soi, appelée de façon assez floue
« originalité » dans l’ennéagramme traditionnel.
En résumé, « l’envie » vécue par les personnes en Base
4 est avant tout un désir, un souhait de se sentir
connectés à eux-mêmes et au monde, un besoin d’être
eux-aussi capables de vivre les formes les plus simples de
bonheur que d’autres semblent si facilement en mesure
d’atteindre. A ce stade, on peut tout à fait comprendre
pourquoi certaines personnes qui font du 4 rejettent en
bloc les définitions qui sont parfois données par certains
auteurs ou enseignants en ennéagramme autour du
concept exclusif de « recherche de différence et
d’originalité », puisque les 4 aspirent avant tout à la
simplicité d’une vie heureuse et harmonieuse.
Souffrance et sublimation

A leur moins bon,


l’Envie des personnes en base 4 peut prendre une tournure
désagréable les amenant à projeter leur dégoût d’eux-
même vers l’extérieur. À ces moments-là, les 4
auparavant sensibles peuvent devenir méchants et
vindicatifs, attitudes qu’ils justifient inconsciemment par
le fait d’avoir été mal compris, négligés, et parce qu’ils en
ont tant souffert.
Comme ils ont une intelligence émotionnelle bien
développée, ils savent comment blesser avec les mots, et,
quand ils sont très désintégrés, ils se sentent incapables
de se retenir. Ils ont tendance à s’en prendre à ceux-là
mêmes qui leurs ont étés les plus favorables et qui
pourraient peut-être essayer de les aider. Et si cela amène
leurs proches à se mettre en retrait, les questions
d’abandon sont susceptibles de refaire surface, ce qui peut
donner lieu à des tentatives frénétiques de ré-initialiser
la relation, par un cycle de séparation-réconciliation.
Cela peut devenir un scénario récurrent dans la vie d’un 4
désintégré.
Il arrive parfois que certaines personnes de Base 4
cultivent de façon quasi-masochiste leurs états
émotionnels négatifs. En fait, elles « tombent
amoureuses » de leur souffrance, comme si elles en
venaient à considérer que la souffrance est un signe de
leur profondeur d’âme. L’idée d’elles-mêmes comme
étant mélancolique peut effectivement devenir une partie
intégrante de leur image idéalisée d’elles-même, ce qui
rend cet état difficile à dépasser. Dans le même temps, et
en parfaite asymétrie avec la tendance à l’auto-
dénigrement et au désespoir chronique, les 4 peuvent alors
s’accorder des périodes d’auto-indulgence,
d’excentricité, de légèreté débridée pouvant aller
jusqu’à l’extravagance la plus complète. Ces passages
s’expliquent comme une autorisation « implicite »
d’opérer une compensation face au manque général de
plaisir qu’ils éprouvent dans leur vie. Plutôt que de
rechercher des solutions pratiques à leurs difficultés, les 4
sont alors enclins à fantasmer sur un sauveur capable de
les arracher à leur souffrance.

Les personnes qui font du


4 et qui vont bien, à l’inverse, ont intégré que leur
identité profonde est en fait beaucoup plus riche que le
personnage qu’elles tentaient de montrer au monde, et
qu’elle n’est pas remise en cause par les autres. Elles
ont acquis l’intuition que leur identité ne se résumait pas à
l’état émotionnel du moment. Ces personnes « intégrées »
conservent alors leur sensibilité émotionnelle et leur
empathie sans pour autant les vivre comme étant une
source de souffrance et de blessure. Ayant appris
l’acceptation de soi, elles sont capables de ressentir une
sorte de Bonheur plein qui englobe à la fois la lumière
et les côtés sombres de la vie.
Le plaisir et la joie sont alors permis puisqu’ils ne sont
plus vus comme relevant d’une béatitude naïve, mais au
contraire comme étant le fruit du vécu de l’expérience en
pleine conscience. Cette expérience de l’Unité avec le
grand Tout donne l’accès à la plénitude et la
profondeur de l’être et c’est par la sublimation de cette
expérience que jailli le flux de la créativité. Dit plus
simplement, le bonheur en Base 4 se résume par la
possibilité de se sentir pleinement connecté à sa source
d’originalité, tout en acceptant que les autres sont aussi
connectés à eux-même, bien que différemment, et que
cette différence de connexion, loin de nous éloigner les
uns des autres, nous réunit dans une communion avec la
vie.
La Base ennéagramme 4 nous invite à nous confronter à la
complexité, à l’inconstance et à la subtilité de la vie
affective, aussi pouvons nous admettre que les individus
de cette base nous aident en nous sortant ainsi de notre
zone de confort en nous montrant par effet miroir, ce qui
existe en chacun d’entre nous : notre ombre, nos troubles,
notre souffrance, toutes ces parties de nous qui nous
dérangent et que nous préférerions demeurer inconscientes
afin de continuer à mener le cours d’une vie paisible.
N’oublions pas qu’en faisant ceci, ils nous ouvrent les
portes de la connexion au Sens, à la possibilité de
sublimer nos souffrances pour les dépasser et vivre une
vie vraie.

Type 5
La Base 5 en quatre concepts clés :
Cérébral, Perceptif, Secret, et Isolé.
Energie mentale
Les individus de Base ennéagramme 5 ont la sensation de
pouvoir se défendre contre un monde qu’ils vivent
comme intrusif en se réfugiant dans la sécurité de leur
esprit. Les gens qui font du 5 ont tendance, par
conséquent, à approcher la réalité avec une certaine
distance et à demeurer suffisamment peu impliqués dans
les situations pour pouvoir s’en extraire au besoin. Ils se
sentent à l’aise et « à la maison » quand ils sont dans le
domaine de la pensée. Ils ont l’esprit constamment occupé,
sont inlassablement curieux, observateurs, perspicaces et
sont souvent intellectuellement provocateurs, parfois
mêmes cyniques ou condescendants. L’immense majorité
des 5 ont au moins quelques domaines d’expertise, qu’ils
cultivent avec une véritable passion.
Il n’est pas rare donc pour les personnes en Base 5 d’être
des intellectuels au sens classique du terme, et de
nombreux penseurs ou scientifiques célèbres ont été de
cette base ennéagramme (Aristote, Hegel, Descartes,
Einstein, Hawking…). Mais, bien entendu, tous les
individus de Base 5 ne gagnent pas leur vie en travaillant
dans des professions intellectuelles. Certains préfèrent
restreindre leur activité mentale à la sphère privée, et
gagnent au contraire leur vie en exerçant une activité
professionnelle qui ne mobilise que très peu d’énergie
intellectuelle.
Ces 5 sont reconnaissables à leur besoin d’intimité, à
l’accent mis sur la compétence, et à leur attitude
d’indifférence marquée vis à vis de la hiérarchie, des
jeux de pouvoir, des règles et des procédures en vigueur
dans le monde du travail. Ils dénotent aussi généralement
par leur façon d’afficher une vision idiosyncratique du
monde, qu’ils ont tendance à distiller par bribes,
souvent par voie de saillies ou de bons-mots
stratégiquement positionnés , mais parfois aussi par
l’intermédiaire de diatribes ou de dissertations
interminables.
Retrait
Ce que les autres remarquent chez les individus en base 5,
parfois même juste intuitivement, c’est qu’une partie
d’eux n’est pas vraiment présente. Cette partie, c’est la
part d’eux-même que les 5 réservent pour eux seuls ou
qu’ils souhaitent ne partager qu’avec quelques happy-few.
Pour la plupart des personnes en Base 5, c’est la plus
grande partie d’elles-même qui est ainsi gardée en réserve.
Donc, s’il est faux de dire que tous les 5 sont des «
intellectuels », tous partagent néanmoins certaines
caractéristiques de base. En particulier, ils ont tous
tendance à utiliser ou à sur-utiliser leurs capacités
analytiques objectives pour aborder les situations
quotidiennes de leur vie. La formule générale pour la
compréhension de cette base 5 consiste à reconnaître que
c’est leur pensée logique qui a le contrôle de leur vie, que
l’émotion est vécue comme une interférence dans la
pensée, et que les instincts sont des reliquats
d’animalité irrationnelle. On comprend alors pourquoi,
de par cette quasi-obsession du pragmatisme, il est
souvent si difficile pour les personnes qui font du 5
d’apparaître spontanées, d’exprimer un point de vue dans
l’instant, de passer à l’action rapidement, et en quoi les
notions d’improvisation ou d’intuition sont pour elles
quasiment incompréhensibles.
Ces personnes sont souvent mal à l’aise dans le domaine
des relations sociales. Cela s’explique en partie par leur
côté excentrique, au sens « étrange » du terme, qui
provient du fait qu’ils passent tellement de temps dans le
domaine de la pensée qu’ils apparaissent très facilement
déconnectés de la réalité de l’existence, un peu comme si
toute l’énergie consommée à s’expliquer les choses
faisait défaut lorsqu’il s’agit de s’impliquer dans le
monde. Les individus de base 5 ont confiance en la
justesse leurs propres raisonnements et ne ressentent que
très peu le besoin de remettre en cause leurs croyances ou
leurs conceptions des choses pour accueillir les opinions
de la majorité, opinions qu’ils jugent d’ailleurs souvent
peu profondes, voire parfois «stupides». Cette attitude
peut amener les autres à les trouver « bourrus », froids et
cyniques.
Chez la plupart des gens qui font du 5, on retrouve une
capacité très réduite à supporter les conversations
mondaines qui manquent de fond, ce qui les amène à
considérer la plupart des interactions sociales comme
étant des « draineurs d’énergie ». Lorsqu’ils sont
confrontés à des situations (fêtes de familles, par exemple)
où il est obligatoire de socialiser avec des personnes qu’ils
trouvent inintéressantes (la plupart des gens, donc) ils
trouveront souvent un moyen de s’en extraire par la porte
de service quand personne ne regarde. Le problème social
des 5 tourne autour du fait qu’il leur est difficile de
tendre la main aux autres, même quand ils tiennent
beaucoup à établir une connexion. Ce qui se cache
derrière cela est une peur d’être happé par l’autre, qui
risque d’exiger beaucoup de moi alors que je crois en
posséder si peu (d’énergie, d’information, de temps…).
Ils peuvent, par conséquent, devenir socialement isolés et
souffrent parfois de solitude.
Sensibilité
Contrairement à l’idée reçue, ces personnes de Base 5 ont
tendance à être sensibles et à se sentir fragiles, et leur
souci justement est qu’elles ne se sentent pas
suffisamment solides pour faire face à un monde extérieur
qui est vécu comme étant extrêmement dur et exigeant. Ils
sont en règle générale doués d’une grande finesse de
perception leur permettant de lire et d’entendre les
sentiments et pensées inexprimées par leur interlocuteur.
Leur ego étant ainsi doté de frontières très poreuses vis à
vis du monde extérieur, ils sont très facilement affectés
par ce qui s’y passe, ce qui alimente cette vision d’un
monde extrêmement invasif, raison pour laquelle les
personnes qui font du 5 ont recours au mécanisme de
défense de l’égo nommé isolation, qui consiste – entre
autres – à dresser des frontières entre soi et les autres,
pour préserver l’intégrité de l’ego. En psychanalyse, ce
mécanisme de défense porte le même nom, mais s’étend
également à la vie psychique, ce qui s’applique tout autant
à la base 5 : l’isolation est le processus psychique par
lequel l’individu, pour souffrir le moins possible, isole son
coeur de sa tête, ses sentiments de ses pensées, ou rompt
la chaîne associative d’un groupe de pensées pour que tout
soit compartimenté, et pour garder plus de contrôle sur
l’ensemble.
Ainsi, dans le but de compenser leur sensibilité, les
individus de Base 5 adoptent parfois une attitude
d’indifférence flegmatique ou de supériorité
intellectuelle, qui a généralement pour conséquence
fâcheuse de créer une distance plus grande entre eux et les
autres. Essayer de combler cette distance peut être
difficile pour les 5, et ceux qui les côtoient au quotidien se
retrouvent bien souvent contraints de prendre l’initiative
de maintenir le contact. Lorsque la distance est comblée
cependant, les individus qui font du 5 peuvent s’avérer
être des amis étonnamment supportifs, et être
entièrement dévoués à l’autre en tant que conjoint ou
parent.
Ces 5 qui sont intéressés par le développement de
relations cherchent avant tout à vraiment connaître leur
interlocuteur, au delà de tout masque, de tout faux-
semblant, et trouvent fastidieux d’avoir à composer avec
les apparences et la trivialité. Ils ont généralement peu de
relations, mais celles qu’ils entretiennent ont en règle
générale de la profondeur, car elles ne sont pas fondées
sur des qualités superficielles.
En tant que personnes objectives, les personnes en base 5
ont tendance à être dans le non-jugement vis à vis de
ceux qu’elles aiment, et peuvent accepter les autres tels
qu’ils sont, sans qu’ils doivent dissimuler leurs
imperfections. Elles ont tendance à vraiment apprécier les
quelques rares personnes avec lesquelles elles se sentent
réellement en lien. Le défi pour elles est de trouver des
personnes avec qui elles peuvent créer de tels liens,
quelqu’un avec qui elles peuvent se sentir comme à la
maison.
Secret
La plupart des gens qui font du 5 sont très sobres quand
il s’agit de l’expression émotionnelle, mais ils ont
souvent des sentiments plus forts que ce qu’ils laissent
paraître. Peu de gens savent ce qui se passe sous la surface.
Il y a plusieurs raisons à cette tendance marquée à la
retenue émotionnelle de la base 5.
Tout d’abord, cela est directement lié à la tendance en
base 5 de se « détacher» de l’expérience subjective.
Rappelons ici que la peur archaïque en Base 5 est d’être
sans ressources face à un monde incompréhensible,
raison pour laquelle autant d’énergie est consacrée à
comprendre le monde. Le mécanisme d’isolation consiste
donc à opérer une coupure entre la réalité du vécu
subjectif, de l’expérience, et un univers mental plus
sécurisant.
Or, comme on a pu le voir, ce mécanisme d’isolation
fonctionne également dans leur univers intérieur, et les
individus qui font du 5 éprouvent souvent une sorte de
coupure entre eux-même et leurs émotions, qui par
définition sont incompréhensibles, puisque
perpétuellement changeantes et par nature
intrinsèquement irrationnelles. Cette coupure interne des
ressentis émotionnels a pour objectif de les protéger de
la dépression qui guette lorsque surgit la question : « si je
ne comprends pas ce qui se passe en moi, alors comment
comprendre le monde tout entier et y prendre ma
place ? ». En règle générale, cette coupure s’opère en
remettant à plus tard le fait de se questionner sur ses
propres ressentis et en justifiant ceci par un leurre interne
qui consiste à considérer que l’esprit est déjà occupé à
gérer d’autres priorités, et que le ressenti du moment peut
attendre.
Ensuite, cette tendance à la coupure avec l’univers
émotionnel est à mettre en lien avec la croyance d’être
émotionnellement vulnérables, et une peur d’être
complètement débordés par leurs émotions. Cette
coupure est la manifestation d’un manque de
détermination à faire face à la réalité intérieure à laquelle
ils sont confrontés. Par ailleurs, il n’est pas rare que les
personnes de base 5 aient un sentiment généralisé de
méfiance lorsqu’il s’agit d’aller faire part de leurs
préoccupations émotionnelles à des tiers puisqu’ils « ne
peuvent pas comprendre ce que je ne comprends pas moi-
même ».
Par ailleurs, les 5 ont également peur d’être intrusifs.
Comme ils vivent les manifestations émotionnelles des
autres comme étant envahissantes, ils ont peur, s’ils
livrent leurs émotions, d’être à leur tour intrusifs et
polluants vis à vis des autres.
Et, enfin, comme les individus en base 5 peuvent
généralement sentir ce qui se passe chez les autres en
dessous de la surface, ils ont inconsciemment tendance à
attendre la même chose en retour. Mettre en mots ou
manifester physiquement l’existence d’une émotion est
parfois-même considéré comme «trop». Naturellement,
une telle dynamique conduit souvent à des malentendus,
et la sphère des relations intimes n’est généralement pas le
domaine de la vie le plus simple à équilibrer pour les
personnes en base 5.
Inadéquation
En règle générale, les personnes qui font du 5 ne se
considèrent pas comme étant des individus dénués
d’émotions aussi sont-ils souvent surpris quand ils se
rendent compte de l‘écart entre la perception qu’ils ont
d’eux même et celle que les autres ont d’eux. Cette
prise de conscience exacerbe souvent cette impression
déjà présente en eux d’être des « martiens » et ajoute de
l’eau au moulin de leur croyance que les relations
humaines sont en quelque sorte essentiellement
faussées par un monde irrationnel fondé sur les
apparences et dénué de toute logique.
En raison de leur sensibilité et de leurs craintes souvent
exacerbées d’être en inadéquation avec ce que le monde
attend d’eux, les personnes qui font du 5 peuvent avoir
tendance à aborder la vie sous l’angle de la peur, même si
cette anxiété n’est pas toujours conscientisée. Elles
craignent essentiellement d’être submergées, soit par
les sollicitations des autres soit par la force de leurs
propres émotions. Elles tentent parfois de régler ce
problème en développant un style de vie minimaliste dans
lequel elles font peu de demandes aux autres afin qu’en
retour, les autres comptent un minimum sur elles. La
majorité des individus qui sont de base 5 tente cependant
de maintenir une position de compromis entre une vie
d’Hermite et le tumulte de la vie en société. Ils
acceptent de s’engager plus avant dans le système, mais
conservent presque toujours une peur profondément
ancrée que celui-ci ne manquera pas d’exiger d’eux
beaucoup plus que ce qu’ils ne sont en mesure d’offrir.
Avarice
Dans l’ennéagramme classique, les 5 sont censés incarner
la passion d’avarice. De toute évidence, il s’agit d’une
utilisation technique du terme, et il est important de
souligner que la plupart des 5 ne sont pas matérialistes.
Plus que de se référer à une notion de cupidité, ou un désir
gourmand de jouir de ce que le monde aurait à offrir, il se
réfère surtout à une tendance à « thésauriser », à
« retenir », à « garder pour soi ».
Les personnes qui font du 5 ont tendance à ne pas se
dévoiler aux autres, à se prémunir de toute implication
émotionnelle et parfois même à bannir de leur vie toute
forme de légèreté.
Il existe de nombreux individus de cette base qui ont
accumulé une immense quantité de connaissances,
d’idées et de points de vues sur les changements et
réformes à accomplir sur le système, dont ils ne font
jamais profiter personne. Quand cela arrive, en somme,
c’est comme si leur atout principal, leur talent essentiel,
n’était pas employé pour rétablir le lien avec un monde
dont ils se sentent pourtant tellement loin, ce qui est
source de souffrances et de frustrations. Et il y a encore
beaucoup plus de personnes en base 5 qui ne partagent
que leurs connaissances, qui ne vont jamais vraiment
jusqu’à partager la profondeur ou l’unicité de leur être
même dans le contexte de leurs plus proches relations
personnelles. Au fond, leur peur les en empêche.
A leur moins bon, des individus en base 5 peuvent devenir
trop épris de leurs propres systèmes de pensée. Ils se
coupent du monde et des relations interpersonnelles. Ils
deviennent de plus en plus détachés, et parfois-même
misanthropes. Comme ils deviennent de plus en plus
déconnectés de la réalité, leurs systèmes de pensée
prennent une teinte plus sombre. Ils ont alors tendance à
être attirés par des visions franchement nihilistes du
monde ou par des explications réductionnistes, le
réductionnisme étant une forme à peine voilée du
nihilisme.
Si la compulsion 5 prend une tournure pathologique, la
tendance à filtrer l’expérience à travers la lentille d’un
cadre théorique rigide est laissée à son libre cours. Cela
débouche parfois sur une arrogance intellectuelle extrême
et déséquilibrée, où ils tentent de réduire la réalité à un
simple système de pensée, et les êtres humains qui
l’habitent, à rien d’autres qu’à des produits fébriles
issus de cette chaine de production que symbolise une
société humaine éminemment défaillante. Les 5 sous
l’emprise de ce processus sont de plus en plus provocants,
cyniques, vindicatifs, et enfermés dans un monde de
projections négatives où ils se sentent être la victime d’un
système conçu pour les annihiler.
A l’inverse, les gens qui sont de Base 5 et qui sont en
bonne santé psycho-émotionnelle finissent par trouver un
moyen de vivre pleinement leur vie, de nouer des
relations et de faire grandir le monde autour d’eux par
le partage de leurs contributions intellectuelles et
personnelles. Ils cessent de craindre d’être submergés par
le monde et sont donc en mesure de s’engager plus à fond.
Ils cessent d’avoir peur d’être dépassés par la force de
leurs propres émotions et deviennent donc capables de
développer leur aptitude à donner et à recevoir de
l’amour.

Type 6
La Base 6 en quatre concepts clés :
Loyal, Vigilant, Inquiet, et Soupçonneux
Entre confiance et méfiance
Les individus de Base ennéagramme 6 ont tendance à se
sentir en insécurité chronique, comme si la vie ne leur
avait jamais apporté suffisamment de stabilité, comme s’il
y avait ni dans leur univers intérieur, ni dans le monde
extérieur, de point d’ancrage ou de certitude qui pourrait
servir de base solide à la confiance. La fixation
ennéagramme de la Base 6, « doute et suspicion », est
donc profondément et fondamentalement de nature
existentielle. Elle est liée à la présence d’un noyau
paranoïaque plus ou moins important, un nœud serré
d’angoisse, une inquiétude quasi-permanente, associée à
un désir à la fois puissant et profond de trouver
quelque chose ou quelqu’un d’assez stable auquel il
soit possible d’accorder sa confiance.
Les diverses stratégies employées pour faire face aux
questions fondamentales de la Base 6 sont évidemment
de nature très différentes, mais elles sont toutes des
manifestations de la même angoisse sous-jacente. C’est
l’intensité de l’énergie avec laquelle les personnes de Base
6 affrontent cette problématique confiance/méfiance qui
la différencie des autres Bases qui, après tout, veulent
aussi trouver quelque chose ou quelqu’un dans lequel
placer leur confiance, quelque chose dans laquelle on peut
croire. Les questions qui se posent à la Base 6, sont alors,
à certains égards, fondamentales, puisqu’elles font partie
des préoccupations élémentaires communes à tous les
êtres humains. En revanche, elles constituent pour cette
Base 6 l’axe central du travail sur soi, puisqu’il s’agit
d’apprendre à vivre avec l’incertitude, à la surmonter
et à la dépasser, sans succomber à la peur et sans la
nier non plus.
Compte tenu de cette dynamique essentielle, il n’est pas
surprenant de constater que les difficultés auxquelles sont
confrontées les personnes en Base 6 consistent à trouver
le juste réglage de contraste entre la foi et le
scepticisme, la confiance et la méfiance, le respect
envers l’autorité et la vigilance par rapport aux abus
de pouvoir. Tous les 6 partagent ces questions mais ils y
répondent de multiples façons, faisant de cette Base
ennéagramme 6 la plus complexe et variée de toutes les
Bases ennéagramme, et très certainement la plus difficile
à décrire avec précision.
Besoin d’un point d’ancrage

En Base 6, le centre mental est utilisé dans une recherche


frénétique de certitudes. A un niveau inconscient, ils
pensent que lorsqu’ils trouvent une « chose sûre, » ils
peuvent alors calmer leur angoisse et atteindre un
semblant plus que nécessaire de « repos de l’esprit. »
Il est important à ce stade de préciser que cette quête de
sécurité propre à la Base 6 résulte de la combinaison entre
une croyance inconsciente qui pourrait être : « le monde
est dangereux tant qu’il est imprévisible » associée à
une peur inconsciente d’être incapable de garder sa
place dans ce même monde. Ainsi, se considérant à la
fois comme dépourvues de point d’ancrage et comme
n’étant pas à la hauteur pour affronter toutes seules un
monde dangereux, il devient donc primordial de chercher
à intégrer une structure, un cadre, un groupe… stable
et bien organisé au travers de normes biens définies.
Loyauté

Bien souvent, la fidélité marquée au groupe (famille,


entreprise, système socio-culturel, église…), à ses normes
et à ses codes est entretenue par une peur très forte d’en
être banni, raison pour laquelle certaines personnes de
Base 6 affichent une dévotion zélée confinant quelquefois
à une forme de bigoterie, dépourvue d’esprit critique. La
stratégie consiste dans ce cas à s’identifier et à incarner
de façon très claire : les normes, les codes, les
croyances et les systèmes de pensée du groupe en
question et à les considérer comme étant autant de
vérités absolues.
Par ailleurs, la recherche de sécurité au travers de
certitudes, peut impliquer que ceux qui ne partagent pas
ces certitudes sont des hérétiques. Certaines personnes
en Base 6 peuvent alors être amenées à se méfier de ces
personnes là – puisqu’ils représentent des éventuels
« traîtres » en puissance, capables de déstabiliser le
système – ou bien à les convertir puisqu’ils se trompent,
ou bien encore à les combattre puisque l’existence
même d’un avis contraire fait ressurgir l’angoisse liée
à la possibilité que la certitude si durement acquise ne
soit pas la Vérité.
Le désir de solidité, combiné à leur méfiance généralisée,
donne lieu à une relation compliquée avec ceux qu’ils
considèrent comme étant des figures détentrices de
l’autorité. Le côté de la Base 6 qui est à la recherche de
quelque chose dans laquelle croire, est souvent très
sensible à la tentation de faire allégeance à une source
externe d’autorité, un individu ou bien une croyance.
Mais simultanément la tendance au doute et à la suspicion
œuvre contre la foi en l’autorité, et en résulte souvent une
attitude extrêmement rebelle face à toute forme
d’autorité. Ainsi coexistent deux forces opposées dans
cette Base 6, deux injonctions paradoxales qui pourraient
être formulées ainsi : « Tu ne peux pas t’en sortir tout
seul et donc il te faut être protégé, mais saches que tu ne
peux faire confiance à personne et qu’il te faut donc être
vigilant ». Soulignons enfin que la position d’un individu
donné sur cette dichotomie « Soumission/Rébellion » est
variable dans le temps et en fonction des contextes.
Certaines personnes de Base 6 ne trouvent jamais de
groupe ou de figure d’autorité qui convienne à leur nature
dubitative. Celles-ci tendent alors à s’enraciner dans des
loyautés plus personnelles : loyauté envers la famille,
en particulier les enfants, ou à leurs amis proches ou
encore à des causes. En règle générale, les 6 ont tendance
à former de solides liens interpersonnels. En effet, parmi
les aspects les plus attrayants que l’on reconnaît aux
personnes de Base 6 on notera l’honnêteté et la fidélité
qu’elles savent montrer à ceux qu’elles aiment. Se
sentant elles-mêmes profondément fragiles, elles
trouvent un certain réconfort à témoigner à d’autres
un soutien constant et sans faille. Les 6 savent faire
preuve de persévérance quand il s’agit de leurs relations
personnelles et ils peuvent donner d’eux-mêmes de
façon désintéressée, c’est à dire sans attendre de
récompense et avec peu de besoin de reconnaissance.
Le thème de la loyauté reste donc, comme tous les autres
sujets centraux relatifs à la Base 6, plein de
contradictions, aussi est-il tout à fait possible que sous
l’effet d’un sentiment d’insécurité grandissant, un
individu de Base 6 s’en prenne soudainement et de façon
apparemment irrationnelle, à la personne présumée
responsable de leur insécurité du moment et que cela se
traduise par actes agressifs de rébellion et de déloyauté.
Les 6 pouvant ainsi s’en prendre à l’objet déclencheur
de leur insécurité, il est inexact de dire qu’ils sont
« loyalistes ». mais plutôt qu’ils ont un complexe
d’infériorité concentré autour de la dynamique de
fidélité.
Projection
De nombreuses personnes de Base 6 sont naturellement
enclines au doute et au questionnement de soi. La peur
d’être déviant, de ne pas penser, agir ou ressentir selon les
normes en vigueur et le risque que cela provoque une mise
en marge de la société ou du groupe, est ici une
préoccupation centrale. Chez certains individus, cette
dynamique interne est projetée à l’extérieur, ce qui
peut s’opérer de diverses façons.
Tout d’abord, le mécanisme de défense dénommé
projection, peut consister chez la personne en base 6 à
attribuer à quelqu’un d’autre la responsabilité d’un
sentiment ou d’une action qui lui est propre mais qui
pourrait être considérée comme étant une forme de
déviance. S’il s’agit d’un sentiment, par exemple « j’ai la
sensation que Monsieur Dupont n’est pas fiable », cela
pourra être verbalisé par « Je sais qu’il n’aime pas les
règles », il y a une forte tendance à « la lecture de
pensée ». S’il s’agit d’une action, celle-ci peut-être
reformulée comme étant en fait une réaction, il peut ainsi
y avoir souvent un recours à la justification s’appuyant
sur une cause externe, souvent non spécifique « je le
devais », « il le fallait »… qui est en fait une référence à
une règle ou à une norme considérée comme étant acquise
et partagée par tous (puisqu’il s’agit d’une Vérité Absolue)
alors qu’il s’agit généralement d’une perception tout à fait
subjective de la réalité.
Le mécanisme projectif peut aussi être utilisé par la
Base 6 dans le but de se rassurer sur la validité de ses
propres croyances en testant celles des autres. Ainsi les
6 sont connus pour adopter volontiers la position de l’ «
avocat du diable » ou celle du « grand inquisiteur ». Il
n’est pas rare, par conséquent, que des représentants de la
Base 6 aient tendance à questionner, débattre et
contester les opinions et croyances de ceux qui les
entourent. Parfois, cette stratégie réussit à forcer leurs
interlocuteurs à préciser leur position ou à chercher un
terrain d’entente avec eux. D’autres fois, cependant, cela
ne résulte qu’à transformer l’interlocuteur en un
adversaire qui se sent justifié de répondre agressivement à
ce qu’il perçoit, ce qui peut être compris comme étant une
attaque.
Agressivité
Cette posture de questionnement, qui est avant tout,
chez les personnes en Base 6, la résultante d’une
attitude défensive, est souvent perçue comme une
agression par ceux qui en sont l’objet. Les 6 qui
adoptent cette approche sont souvent perplexes face à la
quantité d’animosité qu’ils suscitent. S’estimant beaucoup
plus durs envers eux-même lorsqu’il s’agit d’évaluer la
validité de leurs propres croyances et actions, ils ne
parviennent pas à comprendre pourquoi les autres
« sur-réagissent » ainsi. En général, les personnes de
Base 6 ont tendance à être très conscientes de la
réactivité agressive des autres et beaucoup moins de la
leur. Comme elles sont portées par leur propre incertitude
intérieure, elles ont tendance à ignorer qu’elles se
comportent de façon agressive et à ainsi éloigner celles et
ceux avec qui elles aimeraient bien se lier d’amitié.
Enfin, il n’est pas rare que le questionnement projectif ait
pour but de tester la « solidité » de l’interlocuteur, afin
de vérifier s’il saura être un protecteur au cas où la
situation deviendrait réellement dangereuse. On peut
observer à cette occasion des personnes en Base 6
formulant des affirmations en apparences protectrices
comme « n’aies pas peur », « ne t’inquiète pas », « fais-
moi confiance », qui sont en fait autant de reformulations
d’un état interne de stress : « j’ai peur », « je suis inquiet »,
« je me méfie de toi », et qui appellent en fait une réponse
rassurante de la part de l’interlocuteur.
Intuition
La capacité à douter de la Base 6 prend sa juste place
lorsque elle est utilisée pour découvrir ce qui est erroné
ou manquant. Les personnes qui font du 6 supposent, à
juste titre, qu’il y a plus de choses dans une situation
donnée que ce qui est présenté en surface, et ils veulent
savoir ce qui se trouve en dessous, ils veulent connaître
comprendre les tenants et aboutissants. Ainsi, ils ont
souvent un talent intuitif pour détecter ce qui est caché.
Ils savent débusquer le danger potentiel dans une
situation, ils cherchent intuitivement la faille dans un
raisonnement ou les défauts dissimulés par une apparence
extérieure agréable. A cet égard, on dit souvent qu’ils ont
comme un « sixième sens ». Cela signifie que les gens qui
font du 6 sont généralement doués pour comprendre et
résoudre des problèmes, qu’il sont talentueux dans les
débats d’idées, et qu’étant à la fois loyaux et tenaces ils
s’avèrent être de très bons porte-paroles et défenseurs
de causes et d’idées nobles.
L’hyper-vigilance chez les personnes en Base 6 repose
sur la croyance que si elles sont au courant de tous les
dangers inhérents à une situation, elles peuvent s’armer
contre eux. Une fois de plus, cette vigilance est
essentiellement une manœuvre d’ordre défensif.
Malheureusement, elle peut être la source de bien des
maux, la tendance à chercher des problèmes peut
conduire à s’inquiéter inutilement, au catastrophisme
ou, dans les cas extrêmes, à l’idéation paranoïaque :
« si tout se déroule comme ça, alors c’est signe de
mauvaise augure… » Il est donc important pour les
personnes en Base 6 de prendre conscience et de se
distancier de cette tendance à se concentrer
uniquement sur ce qui pourrait mal se passer, et de
réaliser le nombre de souffrances infondées que cela
engendre. En outre, une telle habitude consistant à voir le
verre « à moitié vide » peut renvoyer aux autres une
image de personne essentiellement pessimiste, pouvant
être difficile à supporter au quotidien.
Rapport à l’autorité
Les individus de base ennéagramme 6 sont très souvent au
fait des relations de pouvoir et de la dynamique sous-
jacente dans une situation donnée. Ils sentent
intuitivement qui a le pouvoir, qui le veut, qui va
l’utiliser, qui en abuse, et ils sont souvent ceux qui
détectent un déséquilibre ou une injustice là où
d’autres voient simplement le statu quo.

Comme ils ont facilement tendance à se sentir comme


étant eux-mêmes en position de victime, ils s’identifient
souvent à l’opprimé et peuvent même s’investir dans la
défense pour les droits des victimes d’abus de pouvoir.
On retrouve de telles personnes engagées dans les
organisations syndicales, dans les mouvements féministes,
dans la lutte anti-discrimination mais on en trouvera aussi
certaines dans parmi les opposants au droit à l’avortement
ou au mariage homosexuel et parmi les intégristes
religieux, car, comme tous les autres profils ennéagramme,
des personnes en Base 6 peuvent être présentes sur toutes
les sensibilités du spectre politique. Ce n’est pas tant que
tous les 6 sont impliqués ou concernés par la politique,
mais, qu’en tant que représentants de la Base 6, leur
attention a tendance à être orientée vers la dynamique
du pouvoir et les risques d’abus, ce qui peut souvent
les pousser à prendre des positions tranchées quand il
s’agit de questions sociales, morales, spirituelles ou
culturelles.
Les enfants 6 sont très sensibles et peuvent être
gravement blessés par les abus de pouvoir perpétrés à
leur encontre par leurs parents ou par les enseignants.
Comme des situations pouvant être vécues comme telles
sont monnaie-courante, rares sont les 6 qui n’y ont pas été
confronté de plein fouet à un âge précoce. Cette
perception de la prévalence d’une autorité injustement
punitive a tendance à sédimenter dans l’esprit des
individus en Base 6 et à les accompagner encore
longtemps après qu’ils aient atteint l’âge adulte ce qui
tend à colorer l’ensemble de leurs relations ultérieures, en
particulier celles dans lesquelles ils perçoivent l’existence
d’un déséquilibre de répartition du pouvoir en leur
défaveur.
Phobie et Contre-Phobie
C’est donc généralement à un âge très jeune et en réponse
à un exercice illégitime, inéquitable ou insensible de
l’autorité, que les 6 adoptent une stratégie de défense
pour faire face à leur anxiété et pour aborder les
relations de pouvoir déséquilibrées.
Certains vont adopter une approche essentiellement
phobique. Les 6 dits « phobiques » sont généralement
conformistes, coopératifs, et dévoués. Ils s’efforcent
d’éviter d’être l’objet d’une attention excessive et tentent
de désamorcer les tensions en apparaissant comme « sans
danger ». L’idée est ici d’éliminer toute forme de déviance
pour faire disparaître tout risque de bannissement ou
d’agression.
D’autres individus de Base 6 adoptent la stratégie
diamétralement opposée, dite contre-phobique qui
consiste essentiellement en une prise de position de
défiance contre quiconque ou contre tout ce qu’ils
trouvent menaçant. Il s’agit de ces personnes en Base 6
qui prennent en charge les rôles d’autorité ou qui adoptent
une attitude de « casse-cou », une approche téméraire,
en fonçant vers le danger. Elles peuvent être agressives,
et adoptent fréquemment une posture rebelle ou anti-
autoritaire. La contre-phobie étant une forme de
négation du danger, ces 6 sont le plus souvent
totalement inconscients que c’est la peur qui motive
leurs actions. Pour les 6 contre-phobiques, la tension
intérieure engendrée par le fait de vivre avec leur
angoisse, est plus grande que la crainte d’une menace
extérieure à laquelle ils pourraient être confrontés. S’ils
adoptent une attitude d’opposition ou se jettent à corps
perdu dans la bataille, c’est parce qu’ils considèrent que
plus vite ils auront affronté une situation, plus vite
l’anxiété liée à l’inconnu disparaîtra.
Il est important de noter, toutefois, que si ces attitudes
phobiques et contre-phobiques semblent diamétralement
opposées, les deux sont motivées par la peur ou
l’anxiété. La règle à retenir à cet égard étant que le
noyau interne de tous les 6 est de nature phobique. La
« contre-phobie » se réfère à une différence de
comportement manifeste, parfois une différence très
frappante en effet, mais la motivation sous-jacente n’en
est pas moins la peur. Par ailleurs, si l’on trouve parfois
dans la littérature ennéagramme écrit que certains
individus de Base 6 semblent avoir une approche
privilégiée ou dominante qui colore l’ensemble de leurs
relations avec le monde, l’immense majorité des 6
adoptent en réalité une approche alternativement
phobique et contre-phobique, raison pour laquelle il
semble impropre de parler de « 6 phobiques » et de « 6
contre-phobiques » comme étant des mécanismes
psychiques distincts. Ces personnes « permutent » entre
les deux modalités, pour ainsi dire, en fonction de la
quantité de stress qu’ils éprouvent.
Peur et Angoisse
Dans l’ennéagramme classique, la passion (problématique
émotionnelle) associée à la base Six, c’est la peur, le vice
est celui de la lâcheté et la vertu correspondante est le
courage. Comme avec tous les libellés associés aux Bases
ennéagramme, ils doivent être compris ici avec une
signification distincte de ce qui est communément entendu
lorsque l’on emploie ces termes dans leur définition
courante. Soyons clairs, beaucoup de 6 ne sont pas plus
lâches que la moyenne des individus appartenant à une
autre Base. Lorsque l’on considère le terme en fonction
de son usage courant, et la plupart des comportements
contre-phobiques seraient même considérés comme
« courageux » si l’on se tient au sens des mots selon leur
usage commun.
Afin d’obtenir une meilleure compréhension sur ce point,
il est nécessaire d’avoir une compréhension plus précise
des termes clés dans la théorie de l’ennéagramme. Jusqu’à
maintenant, nous avons décrit la Base 6 en utilisant les
termes « anxiété », « angoisse » et « peur » de façon
relativement interchangeable, mais à ce stade, il est
important d’affiner notre définition. La peur est toujours
associée à quelque chose de précis, à un danger qui
nécessite notre attention. La peur est la réponse naturelle
et souvent utile que nous éprouvons face à une menace
extérieure. C’est ce qui déclenche notre attitude instinctive
de « combat ou fuite ».
L’anxiété et l’angoisse sont des émotions de nature
essentiellement existentielle et afin de mieux les
comprendre, il est peut-être utile de nous tourner vers les
philosophes qui ont fait un sujet d’étude central.
Kierkegaard définit l’angoisse comme étant le « vertige
qui saisit la conscience quand elle est confrontée au néant
ou à sa liberté absolue ». En ce sens, l’angoisse est un
sous-jacent, omniprésent, de la condition universelle de
l’existence humaine. Contrairement à la peur, elle
n’est liée à aucune chose précise, mais à l’obligation de
l’être conscient d’avoir à faire des choix dans un monde
dont le sens et les buts échappent à notre compréhension,
et qui apparaît comme étant essentiellement hostile. Pour
reprendre Kierkegaard : « l’angoisse est celle de la liberté,
de la possibilité de choisir entre le bien et le mal sachant
que le péché originel met l’homme en situation de
permanente culpabilité ». Symboliquement, on peut
considérer que le point 6 de l’ennéagramme constitue
ainsi un point de perte de « confiance fondamentale »
dans la bonté de l’univers, et se traduit par une
incapacité au « lâcher prise », source de leur sur-activité
cérébrale.
C’est cette émotion d’angoisse qui caractérise le plus
directement l’état du noyau émotionnel de la Base 6 et
non pas des peurs plus immédiates et plus factuelles, qui
sont assez souvent tout simplement conscientisées et
gérées. En fait, cette inquiétude bouillonnante, cette boule
d’angoisse, cette anxiété grandissante, pousse le 6 à
chercher dans son environnement un objet ou une
personne pour en avoir peur, la peur étant beaucoup
plus facilement gérable que l’angoisse puisque reliée à
l’objet tandis que l’angoisse est de nature existentielle et
subjective.
Certaines personnes de Base 6 subissent la déferlante de
leurs angoisses et de leurs peurs. Certaines d’entre elles
se contentent d’un semblant de courage, tentant de
trouver la paix de l’esprit en se convainquant de la vérité
absolue de quelque système de croyance. À cette fin, elles
s’entourent d’une cohorte de personnes partageant ce
système, tout en projetant leur part d’ombre inavouée sur
ceux avec lesquels elles sont en désaccord. Il y a aussi
celles qui choisissent de se sur-identifier dans le rôle du
« rebelle » et d’adopter une position de défi et
d’opposition contre tout ce qui existe, ce qui assez souvent
résulte à engendrer de la négativité et du chaos.
De nombreux 6, à l’opposé, vivent une vie d’intégrité,
dans laquelle ils savent reconnaître et accepter
l’existence de leurs peurs et de leurs angoisses tout en
manifestant leur véritable vertu de courage qui
consiste à refuser d’y succomber et à y faire face. Du
point de vue d’un observateur externe, ces personnes
peuvent sembler bien banales, mais, dans la mesure où
elles refusent la solution de facilité et ne cèdent pas à
l’impulsion archaïque de leur Base, elles démontrent une
victoire tranquille sur leurs démons intérieurs. Ces 6 ont
développé une sorte de force vers laquelle les autres se
tournent instinctivement dans les moments difficiles. Ils
sont fiables et l’on peut compter sur eux pour aller
jusqu’au bout et faire preuve de leadership quand un
danger réel menace car ils ont été capables de vaincre au
préalable tant de dragons imaginaires. Ayant développé
un certain degré de maîtrise de leur univers intérieur,
ils peuvent désormais maîtriser l’environnement
externe.
Il y a enfin quelques 6 qui atteignent une véritable
libération. Ces 6 manifestent presque invariablement un
sentiment de solidarité avec leurs frères Humains – et
ils se mettent à considérer presque toutes les personnes
qu’ils rencontrent comme étant un proche parent. Une
personne en Base 6 ainsi libérée affiche une sorte
d’insouciance humaine qui est vraiment une source
d’inspiration, une grandeur subtile qui n’a que leur
modestie comme équivalent.

Type 7
La Base 7 en quatre concepts clés :
Spontané, « aux talents variés », Gourmand, Dispersé
Refus de la frustration
Les individus de Base
ennéagramme 7 sont essentiellement attentifs au fait de
laisser des options ouvertes, de disposer de « plans B »
ou de portes de sortie en toute circonstance, de vivre
une vie sans contraintes ni engagements définitifs, de
trouver le bonheur sans être entravés par ce qu’ils
considèrent être des contingences triviales qui semblent
accaparer la plupart des gens. Les personnes de Base 7
sont déterminées à ne pas permettre à leurs vies de
sombrer dans l’ennui ou dans l’inertie, ni s’inscrire
dans la terne monotonie d’une vie tracée à l’avance.
Les 7 veulent plus que cela. Ils veulent toujours plus.
Les personnes qui font du 7 sont tournées vers l’avenir,
ce sont des gens actifs qui sont généralement convaincus
que quelque chose de mieux les attends au coin de la
rue. Ce sont des penseurs rapides qui ont une grande
quantité d’énergie et qui font beaucoup de plans. Ils ont
tendance à être talentueux dans de nombreux
domaines, ils sont créatifs et ouverts d’esprit, ce sont
des gens dynamiques qui font de leur mieux pour
apprécier leur vie. Jeunes (dans leur tête peu importe leur
âge), insouciants et positifs, les 7 sont des enthousiastes
qui aiment profiter des plaisirs des sens et qui refusent
toute forme de frugalité.
Étant donné une telle description, il pourrait être difficile
d’appréhender le fait que la Base 7 a la peur chevillée au
corps, et que cette stratégie de recherche du plaisir est
avant tout chez les individus de cette Base une stratégie
de fuite de la souffrance, une tactique permettant de
préserver un pas d’avance sur leurs démons intérieurs.
Mais tel est bien le cas. Cette recherche débridée
d’expériences nouvelles leur sert à se propulser
mentalement d’un « ici et maintenant » insuffisant vers un
« là bas » prometteur. Cette insatiabilité réelle et
permanente qui préoccupe chaque personne de Base 7 est
maintenue dissimulée du regard extérieur et voilée à la
lucidité de l’observateur intérieur par une façade
d’enthousiasme qui a pour utilité de compenser
l’insatisfaction chronique et de limiter au maximum
l’expérience consciente de la frustration.
Il y a une sorte de claustrophobie existentielle au cœur
de la Base 7. Les gens qui font du 7 sentent que les murs
sont toujours sur le point de se refermer autour d’eux.
Aussi, ils élaborent en réponse des stratégies d’évasion.
Ces stratégies sont d’ordre mental : plein de projets pour
l’avenir, idées intéressantes, pensées originales, attitudes
inhabituelles… Ils aiment à fantasmer et à
conceptualiser, mais dès qu’ils tentent d’entrer dans
les détails pour convertir ces éléments en réalités
opérationnelles, ils ont tendance à se sentir limités,
enfermés.
Hédoniste-narcissique
Pour échapper à ce sentiment de contrainte, ils passent
à l’action et changent de sujet laissant aux autres, le soin
de prendre en charge les modalités, puisque eux ont de
« bonnes raisons » de faire autre chose. Agir ainsi relève
du mécanisme de défense nommé rationalisation, qui est
caractéristique de ce profil que Naranjo qualifie d’
« hédoniste-narcissique ».
Pour cette raison, on dit souvent que les individus de Base
7 sont les plus énergiques et les plus actifs. Ils tendent
vers l’extraversion, connaissent généralement beaucoup
de gens, et sont particulièrement friands de diversité,
aussi n’est-il pas rare de compter parmi leurs amis toute
une variété de personnes extrêmement différentes les
unes des autres.
Les personnes de Base 7 ont en général un très grand
potentiel de talents restant bien souvent inexploités
faute de temps investi à la mise en pratique et à cause
de la tendance 7 à l’auto-satisfaction précoce ainsi
qu’au manque de persévérance et d’implication.
Les 7 ont également tendance à être impulsifs. Ils savent
se tenir prêts à ramasser leurs affaires et bouger à tout
moment, à pouvoir changer d’emploi sur un coup de tête
et souhaitent souvent expérimenter des modes de vie
alternatifs. Ils peuvent être de ceux qui savent qui sont les
gens « cool, » où est le meilleur restaurant, quel nouveau
groupe musical sera bientôt en haut de l’affiche, quel est
le best-seller qui vaut vraiment la peine d’être lu. L’idée
sous-jacente est de ne retenir que les choses qui en
valent vraiment la peine, des choses qui contribuent à
maximiser le plaisir, les 7 n’aiment pas se contenter de
distractions de seconde zone dans lesquelles ils trouvent
vite l’ennui, synonyme de souffrance.
Cette recherche du plaisir intense et sans limite
s’appuie sur une tendance marquée à la permissivité et
à l’indulgence non seulement pour lui-même, mais aussi
envers les autres. Il arrive en effet que les personnes de
Base 7 arborent une posture générale de laisser-faire qui
confine parfois au manque d’implication et à un déni de
la réalité. Nulle surprise donc de retrouver parmi les
adeptes de la pensée positive de nombreuses personnes
de Base 7 qui y voient une validation de leur posture
compulsive visant à « ne s’inquiéter de rien » au lieu de
saisir que la quintessence du message consiste au
contraire en un appel à la présence consciente.
Idéalisation
Comme les personnes
de Base 7 ont essentiellement peur d’être polluées par
un état d’esprit négatif, elles cherchent à se distraire
(au sens « se détourner de ») de leur problématique
dans le monde extérieur où elles excellent
généralement à réaliser plusieurs actions en simultané.
On peut compter sur elles pour apporter de l’énergie et de
l’excitation à des situations qui ont commencé à voir
poindre le spectre de l’ennui ou de la frustration. Elles ont
le don pour détecter le potentiel dans une situation, de
voir l’idéal dans le réel. Une des raisons pour lesquelles
les 7 ont un tel fonctionnement : cela leur permet de
« recharger leurs batteries ».
L’idéalisation, paradoxalement, rend l’expérience plus
réelle pour les personnes en Base 7. Là encore, la nature
mentale de l’Ego de Base 7 se manifeste. Claudio Naranjo
écrit au propos de cette caractéristique : « Il est possible
de dire que l’attitude optimiste de la Base 7 et l’humeur
joyeuse qu’elle arbore ne serait pas possible sans
l’opération de l’idéalisation à l’égard du monde en
général. Que ce soit dans la relation avec les autres ou
dans le rapport à soi-même, l’optimisme entraîne la
suspension de la critique et de la culpabilité… » En effet,
idéaliser le monde permet de pouvoir trouver celui ci
bien plus supportable. En portant compulsivement et à
chaque instant leurs fameuses « lunettes roses » sur le nez,
les 7 s’offrent le luxe de la fuite du réel, ils s’offrent la
possibilité de ne pas regarder là où la souffrance règne. Ce
qui leur permet de prendre leur place au sein du monde,
c’est que le monde dans lequel ils interagissent est
finalement le leur : celui qu’ils ont créé de toute pièce –
celui qui est positif, créatif, riche en nouveautés et où
l’ennui n’existe pas.
Dans certains domaines clés, le mécanisme
d’idéalisation peut s’avérer bénéfique, source
d’inspiration même, puisque d’autres pourraient très bien
être motivés pour tenter de rapprocher la situation réelle
de l’idéal que le 7 est en mesure d’envisager et de leur
dépeindre. L’enthousiasme des 7 peut en effet s’avérer
contagieux ! Sur le plan négatif, le mécanisme
d’idéalisation peut avoir pour impact de détourner
l’attention du 7 de la réalité de la situation à laquelle il est
confronté et à saper l’accès à une véritable intimité dans
les relations personnelles. Dans la mesure où les 7 sont
sujets à une idéalisation du partenaire, il est possible que
la personne réelle reste invisible à leurs yeux, et que la
relation demeure superficielle.
Tout comme ils ont tendance à adopter une version
idéalisée de ceux qui sont importants pour eux, les 7
ont habituellement une haute opinion d’eux-mêmes et de
leurs talents. Ils ont tendance à se concentrer sur leurs
points forts et leurs vertus et à minimiser leurs défauts
et vices. On comprend ici pourquoi l’ennéagramme
classique associe à la Base 7 la notion de narcissisme.
Peut-être serait-il plus juste de parler de « séduction par la
supériorité ». En effet, s’étant convaincus eux-mêmes
qu’ils sont vraiment plus « aboutis » que ce qu’ils ne sont
vraiment, de nombreux individus de Base 7 peuvent
généralement en convaincre les autres aussi.
Tout cela est aggravé par le fait que les 7 sont en général
des gens très compétents – intelligents et aimables,
mais une aptitude naturelle et une compréhension rapide
des bases, combinées avec une présentation engageante,
n’est pas la même chose que la véritable expertise, ce qui
explique pourquoi Ichazo a utilisé le terme « charlatan »
comme nom pour la Base ennéagramme 7. Naranjo a
préféré le terme « fraudeur », pour souligner la présence,
dans cette Base 7 d’une confusion entre la carte et le
territoire, illustrée par l’existences de multiples polarités
présentes en Base 7 : afficher au monde que l’on se sent
bien et être en même temps obsédé par le désir de
« plus », recherche égoïste de nouveauté d’un côté et
nécessité d’être apprécié comme quelqu’un de gentil
de l’autre, confusion entre imagination et réalité, entre
projets et accomplissements, entre potentialités et
réalisations…
Addiction au plaisir

Comme les personnes


en Base 7 ont un besoin compulsif d’éviter la souffrance,
et comme ils ont tendance à rechercher à s’échapper dans
le monde extérieur, elles sont susceptibles d’être sujettes à
des addictions de toutes sortes. La nature essentielle de
la dépendance implique le désir compulsif de trouver
le réconfort et un sentiment de bien-être dans une
source externe à l’individu, quelque chose de très proche
de l’égo de la Base 7, donc. Les êtres humains en général,
et les 7 plus que la plupart des gens, peuvent développer
une dépendance à beaucoup de choses différentes –
shopping, jeux, drogues, sexe, sports extrêmes…
L’aventurisme sexuel vient naturellement à la plupart des
7, qui sont généralement à l’abri de messages de la société
présentant la sexualité comme étant quelque chose de
honteux. Le problème avec cela, bien sûr, est que les
addictions ont tendance, sur le long terme, à apporter
plus de peine que de plaisir. Elles sont contre-
productives. Les personnes de Base 7 ayant tendance à
être rationnelles, elles parviennent généralement à réaliser
cela tôt ou tard.
Paradoxalement, le même besoin compulsif qui a donné
naissance à la dépendance, en premier lieu, peut être
d’une aide précieuse quand vient le temps de rompre le
lien, et les 7 ont tendance à avoir une volonté très forte.
Mais, tant que la compulsion d’évitement de la douleur
persiste, il y a toujours le risque pour les 7 de se
contenter de remplacer une dépendance par une autre.
Indiscipline
Les personnes en Base 7
dénotent souvent par leur « jeunesse », et de nombreux 7
semblent plus jeunes que leur âge. Cela peut être
expliqué en partie par leur esprit positif, leur énergie et
l’orientation sur les possibles futurs. L’effet de bord est
que les 7 peuvent demeurer simplement immatures.
L’enfantillage peut céder la place à un autre l’enfantillage,
l’ouverture d’esprit et la tolérance à l’auto-indulgence et
l’absence d’esprit critique.
A leur moins bon, lorsqu’elles n’obtiennent pas
satisfaction, certaines personnes de Base 7 peuvent
devenir capricieuses, irritables et irresponsables.
Vraiment désintégrées, elles peuvent avoir une forte
tendance à considérer que les détails banals de la vie,
comme payer les factures, doivent être pris en charge par
des individus moins créatifs qu’eux, des individus qui
peuvent se permettre de passer du temps à ces inepties
sans intérêt. Certaines personnes très dysfonctionnelles en
Base 7 peuvent même faire une vertu de leur
irresponsabilité, se convaincre que c’est un signe de
leur supériorité innée. Dans ces là, on assiste donc à la
forme vraiment pathologique de la base. Dans l’excès, ce
narcissisme primaire peut donner naissance à des
comportements de l’ordre de la perversion.
Même les 7 un peu plus équilibrés sont souvent un peu
égocentriques, ce qui se manifeste par le sentiment
infondé qu’ils disposent de droits régaliens : ils ont
tendance à sentir en quelque sorte qu’ils méritent plus
que les autres, comme si la vie leur était redevable. Il
n’est pas rare à ce titre qu’ils entretiennent des relations de
clients-fournisseurs avec leurs parents, même à un age
avancé.
Rationalisation
Comme les 7 ne veulent pas faire face à leurs propres
émotions les plus sombres, ils trouvent souvent difficile
d’être mis en présence de la souffrance des autres. Une
fois de plus, ils peuvent être tentés de changer de sujet,
ou d’amener l’autre à positiver l’expérience, restant
ainsi souvent à distance de la problématique, et donc
manquant le partage réel et profond avec l’autre. Cela
conduit souvent à des accusations d’insensibilité et de
superficialité portées à l’encontre des 7. Accepter et
reconnaitre la douleur chez les autres force les personnes
en Base 7 à faire face à leur propre zone d’ombre et à
la souffrance qui existe en leur sein, ce qui déclenche les
défenses mises en place par le mécanisme égotique de
cette base.
La qualité de l’équilibre psychique des 7 est pourtant
directement proportionnelle à leur capacité à rester
connecté avec leur propre souffrance et à reconnaître et
accueillir la douleur des autres. Plus ils fuient les
émotions négatives, plus ces dernières sont susceptibles
de refaire surface subitement sous la forme d’un trouble
anxieux ou d’un épisode maniaco-dépressif sévère.
Aussi «optimistes» soient-elles, les personnes de Base 7
expérimentent comme tout le monde, la tristesse et la
mélancolie, et l’une des sources fréquentes de tristesse
pour elles est la frustration qu’elles éprouvent quand
elles en viennent à prendre conscience de toutes les
possibilités de développement personnel qu’elles ont
gaspillé en étant mentalement absentes puisque leur
esprit était à ces moments là focalisé sur la planification
de la prochaine expérience agréable.
Gourmandise / Gloutonnerie
Dans l’ennéagramme
traditionnel, la passion associée à la Base 7 est la
gourmandise et la vertu correspondante est la
tempérance. Dans ce contexte, le mot gourmandise ne
fait pas référence à la volonté de se remplir la panse, mais
à une quête plus fondamentale. Il se réfère à une sensation
omniprésente d’être « sevré », privé de plaisir, ayant pour
conséquence un désir qu’Ichazo appelle « recherche de
toujours plus, dans tous les domaines », raison pour
laquelle le mot gloutonnerie est souvent utilisé. Nous
pensons quant à nous que le terme « avidité » décrit la
mieux cette soif de toujours plus .
Les 7 veulent plus de plaisir, plus d’excitation, plus de
distractions et d’aventure, tout ce qui va les remplir, tout
ce qui maintiendra à distance l’objet innommable de
leur angoisse sera le bienvenu. En termes
psychanalytiques, cela correspondrait à une fixation au
stade d’Oral. C’est cette recherche incessante de plaisir et
l’évitement compulsif de la souffrance qui empêchent les
7 d’accéder à la véritable réalisation personnelle, car cette
recherche vaine et sans fin peut en réalité être
synonyme de frustration permanente et le révélateur
d’une souffrance réelle.
Il pourrait être utile aux personnes de base 7 de garder à
l’esprit les conseils des philosophes antiques adressés à
ceux qui choisissent l’hédonisme comme style de vie. Ils
suggèrent qu’un tel chemin de vie est insuffisant pour
l’accès au bonheur sur le long terme, que le plaisir ne se
nourrit que des aspects inférieurs de notre nature et
conduit au final au conflit interne et à la frustration.
Aristote, en particulier, suggère que l’accès au vrai
Bonheur est conditionné par la capacité d’engagement
et de présence, et non pas par le plaisir. Selon lui, se
concentrer sur l’accès à l’excellence, se consacrer au
développement de nos compétences, de nos capacités et
de nos talents, est la voie qui mène au bonheur, le vrai
bonheur durable étant toujours une conséquence naturelle
qui découle de la Présence.
Les 7 qui deviennent peu à peu capables de faire face à
la souffrance, de rester avec elle, développent leur
maturité et leur enracinement dans le réel. Devenus
sobres, ils sont les « enfants sages » de l’Ennéagramme,
capables de montrer aux autres comment se délecter de la
beauté qui illumine un monde où la sensibilité a
finalement toute sa place, où l’ombre est accueillie et
enfin dissociée des ténèbres. Devenus conscients que leur
liberté est avant tout intérieure, ils deviennent à même
de s’engager réellement sans avoir un sentiment
d’emprisonnement. Ainsi les 7 ayant atteint un tel degré
de conscience d’eux-même prennent toute leur
substance, sans pour autant perdre la fluidité
essentielle de l’âme qui les caractérise.

Type 8
La Base 8 en quatre concepts clés :
Sûr de lui, Décisif, « Brut de décoffrage », Confrontant
Refus du contrôle
Les individus de Base ennéagramme 8 souhaitent
échapper à toute forme de contrôle exercé sur eux, soit
par les autres, soit par les circonstances. Ils sont animés
de la ferme intention d’être maîtres de leur destin,
d’assumer la responsabilité de tout ce qui se passe autour
d’eux, de faire tout ce qui doit être fait.
Les 8 sont compétitifs et expansifs. Ils ont l’esprit de
décision et sont dotés d’une très grande volonté, d’une
détermination à toute épreuve pour mettre en œuvre ce
qui doit être fait, car ils sont avant tout orientés sur la
pratique.
La majorité d’entre eux dispose d’une énorme quantité
d’énergie et ont souvent de puissants appétits physiques.
Cette énergie débordante est clairement perçue par les
personnes qui sont à leur contact : les 8 n’ont
généralement pas besoin d’annoncer leur présence pour
que les autres sachent qu’ils sont là.
Le problème central pour les personnes de Base 8, c’est
que le refus de subir toute forme de contrôle se
transforme très souvent en nécessité de tout contrôler,
en un besoin d’être « aux commandes », en une
compulsion de dominer. Cela peut conduire à toutes
sortes de difficultés relationnelles, puisque le monde
n’est pas toujours disposé à se conformer aux préceptes de
la volonté des 8. Au delà de cela, le problème plus
profond qui se pose aux individus qui font du 8, c’est que
leur besoin d’éviter tout semblant de contrôle peut les
priver des qualités de souplesse, d’écoute, d’ouverture
d’esprit et d’empathie qui sont généralement nécessaires
pour vivre une vie pleine et équilibrée et être
véritablement heureux.
Pouvoir
La majorité des personnes de Base 8 conçoit le monde
comme étant un environnement hostile où la lutte pour
la survie se joue à chaque instant, comme une jungle
dans laquelle seuls les plus forts survivent. Dans une
telle optique, vivre implique une concurrence permanente
pour être celui ou celle qui sera au sommet de la chaîne
alimentaire, puisque les 8 ont naturellement l‘intention
d’être ceux qui survivent.
Ils adoptent généralement une stratégie de survie qui
implique soit de se hisser en haut de la hiérarchie
existante, soit de sortir complètement du système en
place et de ses structures de pouvoir. Les personnes de
Base 8 qui optent pour la première stratégie se trouvent
généralement dans des postes de leader, qu’il s’agisse de
leur famille, de leur entreprise, ou de leur parti politique.
Celles qui choisissent la deuxième approche ont tendance
à être des entrepreneurs indépendants, des pigistes ou
consultants de toutes sortes, ou même des hors la loi, tout
type d’activité, en d’autres termes, qui puisse exister en
dehors du cadre conventionnel de la société civile et de
son système souvent artificiel de règles et obligations.
Quelle que soit la tactique retenue, tous les 8 ont besoin
de sentir financièrement indépendants, et bien que la
plupart des individus de Base 8 parviennent à trouver un
moyen de faire la paix avec la société, ils conservent
néanmoins un rapport difficile et conflictuel vis à vis
de tout système relationnel hiérarchique qui ne les
positionne pas au sommet.
Ami ou Ennemi ?
Bien que certains 8 choisissent d’incarner la posture du «
loup solitaire », beaucoup de personnes en Base 8 ont de
nombreux et solides liens sociaux, soit avec leur famille,
ou via un réseau d’amis ou encore en multipliant les
relations professionnelles. Elles sont très présentes dans
le monde et sont souvent extraverties.
Une véritable intimité n’est cependant pas une chose
très facile ni naturelle à établir pour ou avec un 8, les
émotions douces et tendres ayant tendance à les faire se
sentir « faibles ». Par ailleurs, développer une relation
d’intimité requiert pour les 8 d’abaisser leurs défenses
et d’accepter ainsi de devenir vulnérables. Et la
vulnérabilité, à son tour, déclenche la peur chez le 8 d’être
contrôlé. Ainsi, c’est bien souvent le domaine des
relations intimes qui constitue l’arène dans laquelle se
déroulent les jeux de pouvoir et où les problématiques
de contrôle sont les plus saillantes.
Les questions de confiance occupent ici une position
charnière. Les personnes en Base 8 ont une tendance
compulsive à tester leurs proches pour voir s’ils sont
fiables et dignes de confiance, pour vérifier s’ils sont
susceptibles de trahir et de passer ainsi dans le camp
des « ennemis ». La trahison est absolument intolérable
aux yeux des 8 et tout comportement s’en rapprochant est
immédiatement réprimé par une réaction violente dont
l’objectif est de dissuader, via une démonstration de force,
le « traitre » en puissance, de persévérer dans son
entreprise.
Les personnes de Base 8 sont à la recherche de
partenaires de vie qu’elles puissent respecter comme
étant eux-même forts et en même temps suffisamment
fragiles et sensibles pour avoir besoin de la protection
offertes par le 8. Il s’agit d’une combinaison paradoxale
bien sûr, mais il n’en demeure pas moins que l’immense
sentiment de solitude des 8, bien que nié par les
principaux intéressés, ne peut être apaisé que par un
partenaire jouissant d’une égale puissance et étant à la
fois très vulnérable et donc dépendant, car ainsi investi
du rôle de « protecteur des faibles » le 8 peut d’autant plus
oublier ses propres sentiments de vulnérabilité. Se
sachant capable de punir les « traîtres », les 8 accordent
une confiance « relative » a priori, mais comme cela a été
décrit ci-avant, une confiance qui n’exclue pas le
« contrôle ». Ceci étant, lorsqu’un individu a « passé tous
les tests » et que la personne de Base 8 l’admet à pénétrer
dans « le sanctuaire, » à « entrer dans la famille », les
relations de soutien et d’assistance deviennent
généralement fraternelles, inconditionnelles et
inébranlables. Tous les 8 ne forment cependant pas de
telles relations proches, car certains refusent
catégoriquement de baisser la garde ou sont tout
simplement incapables de prendre le risque d’y perdre un
peu de leur autonomie.
Colère
Les 8 sont souvent enclins à la colère, l’une des rares
émotions qu’ils autorisent à ressentir dans sa forme la plus
pure. Comme cela a été mentionné plus tôt, le ressenti des
émotions « tendres » telles que la compassion, l’amour, la
tristesse et la mélancolie peut amener les 8 à se sentir
vulnérables, puisque de telles émotions sont causées par –
et entrainent en retour – une sensation de perméabilité et
de fragilité, qui constituent une faille dans l’Ego. La
colère, au contraire, illustre le sentiment d’être en
opposition avec le monde et son expression, tout du moins
dans le ressenti des 8, cette colère caractérise leur
détermination à sortir victorieux de cette
confrontation.
L’expression ouverte de la colère est vécue par les
personnes en Base 8 comme une occasion de démontrer
leur capacité à maintenir intacte la frontière qui les
sépare du monde extérieur, à se prémunir de toute
agression émanant de l’environnement, en y projetant
un maximum d’énergie de manière préventive. La
problématique de la peur du contrôle est en effet
convertie en une quête de pouvoir, une recherche de
domination, qui pourrait se résumer par « je dois contrôler
l’environnement pour ne pas qu’il me contrôle, et je
montre ma puissance de façon préventive pour que
personne n’ose s’attaquer à moi ».
Dans ce cadre, il est tout à fait logique de constater que la
tendance naturelle des 8 ne les porte pas à
l’introversion ni à la remise en question. Et pourtant,
comprendre que la capacité à accueillir en conscience la
présence des émotions les plus tendres, loin d’être une
faiblesse, est en fait le signe de la véritable force
(constat primordial dans le développement d’une personne
de Base 8).
Justice
Les individus en Base 8 considèrent souvent les lois et la
morale comme n’étant rien d’autre qu’un moyen de plus
par lequel la société tente d’exercer un contrôle
illégitime sur eux. Les règles qu’ils n’ont pas définies
eux-mêmes sont facilement considérées par les personnes
en base 8 comme les armes employées par les faibles pour
tenter de dominer ceux qui, comme eux, ont été dotées de
force par la nature.
A l’instar des 6 en contre-phobie, les gens qui font du 8
se méfient des règles, et adoptent souvent une attitude
d’opposition à l’autorité. Mais, à l’inverse des 6 contre-
phobiques, ils ne nient pas l’existence du danger et,
comme ils sont généralement de fins stratèges, ils ne se
lancent que très rarement dans un combat s’ils savent
qu’ils ne peuvent pas gagner. Leur rébellion et le
manque de respect pour « les règles » est donc souvent
indirect, évacué, camouflé par l’émission de critiques, de
remarques cyniques, d’expressions de colères détournées
de l’objet réel. Ceci peut entraîner des difficultés dans les
relations avec les proches, puisque les 8 ont facilement
tendance à se « décharger » injustement sur leur
proches, dont ils pensent, souvent à tort, qu’ils peuvent
passer outre et les comprendre.
Alors que les 8 ont tendance à ne pas respecter les règles,
normes et modes de fonctionnement fixés par le monde
extérieur, ils ont souvent leur propre sens du bien et du
mal, du vrai et du faux, du juste et de l’injuste, qui
s’appuie sur un système de valeurs et de croyances, fruit
de loyautés personnelles et d’engagements librement
consentis. Ils ont donc, pour ainsi dire, une conception
tout à fait personnelle et changeante de ce qu’est la
justice. Et les 8 ne tolèrent pas que ceci soit remis en
cause par un événement se déroulant dans leur
environnement, ils sont alors prêts à se battre, seuls
contre tous s’il le faut, pour conserver ce qu’ils
estiment être juste.
Faiblesse
A ce stade, il est important de rappeler qu’à un niveau
inconscient, les personnes qui font du 8 se sentent très
vulnérables. C’est la raison pour laquelle elles croient
qu’elles risquent d’être placées en position de
soumission par le monde extérieur. Le sous-jacent de
l’attitude expansive des 8 est donc le fruit d’une peur
fondamentale qui est celle d’être asservi par un système
ou par des personnes qui abuseront de leur innocente
fragilité.
C’est donc en contre-réaction à une telle possibilité que
les 8 tentent d’imposer au monde leurs propres règles
et modes de fonctionnement. On observe ici, une
stratégie diamétralement opposée à celle de la Base 5, qui
consiste à s’enfermer dans son château fort pour se
préserver du monde extérieur, puisque la Base 8 quant à
elle, tente de prendre le contrôle de ce monde extérieur.
La principale difficulté ici est que, faisant mal la
différence entre lui et le monde extérieur, en manquant
d’altérité, tout événement entrant en contradiction avec
son système de valeur, ses opinions ou ses désirs, est
susceptible d’être vécu comme étant une attaque
personnelle. On l’aura bien compris, nous sommes ici
face à des personnages entiers, qui prennent des décisions
et des actions rapides et tranchées, pour lesquelles il y a
« les amis » d’un côté et « les ennemis » ou « les cons
» de l’autre.

Vengeance
C’est cette dynamique de « contrepoids permanent
» opposé au monde extérieur et caractéristique du
fonctionnement 8 que l’ennéagramme traditionnel appelle
fixation de « vengeance ». En somme, c’est comme si
l’univers 8 était teinté d’une peur prégnante d’être
facilement anéanti par une action à son encontre,
perpétrée par un monde impitoyable. Dans une telle
optique, la Base 8 est extrêmement réactive, toute menace,
toute rébellion, toute trahison devant être « tuée dans
l’oeuf ». Ceci signifie que tout stimulus perçu comme
s’apparentant de près ou de loin à une telle menace
doit faire l’objet de représailles massives.
L’univers 8, dans ce cadre, fonctionne suivant une version
extrême de la loi du Talion : « pour un œil toute la
gueule ». Enfin, comme les 8 ont à la fois une nature très
protectrice et qu’ils ont également une tendance à
considérer que le monde entier doit être sous leur
contrôle, à peu près tout ce qui se passe dans leur
environnement plus ou moins proche est susceptible de
déclencher leur envie irrépressible de passer à l’action.
Sadisme
Il est donc tout à fait juste de dire que les 8 perçoivent
intuitivement la façon dont le pouvoir est utilisé et
dont on peut en abuser. Ainsi l’histoire du monde est
jalonnée d’épisodes sanglants perpétrés par des
personnalités pathologiques, de Base 8 (Staline, Mao,
Fidel Castro et Saddam Hussein en sont quelques tristes
illustrations).
Des personnes de Base 8 ayant atteint un tel niveau de
désintégration ont une attitude « bulldozer » qui consiste à
« supprimer » quiconque se mettrait en travers de leur
route vers le pouvoir en justifiant leurs exaction par
l’existence des lois de l’évolution naturelle qui font que
seuls les plus forts survivent. C’est à de tels individus,
que Claudio Naranjo fait référence lorsqu’il associe à la
Base 8 la notion de sadisme, les 8 à des niveaux très
« malsains » étant des brutes qui éprouvent du plaisir dans
le fait d’intimider ceux qu’ils considèrent comme étant
faibles, et ne ressentant aucun scrupule à écraser
quiconque croise leur chemin. Ils peuvent être cruels,
brutaux, dangereux et monstrueusement insensibles aux
sentiments des autres. Le sadisme, omniprésent dans la
perversion, est une manifestation claire et évidente de
la tentative d’atteinte du pouvoir par des moyens de
domination et d’humiliation, une faiblesse se faisant
passer pour de la force.
Si le 8 désintégré est la configuration psychique la plus
brutale décrite par l’énnéagramme, il est indispensable de
préciser que les 8 à leur meilleur, ceux qui ont
développé leur capacité d’aimer, sont parmi les profils
les plus généreux de l’Ennéagramme. Martin Luther
King Jr, Indira Gandhi, et l’Abée Pierre doivent être cités
parmi ceux-ci. Tous trois ont accédé à une forme de
pouvoir pur par l’intégration et l’acceptation des
contraintes et par la force dans l’humilité.
Excès
Dans l’Ennéagramme traditionnel, la passion associée à la
Base 8 est « la luxure. » Cela ne devrait pas être confondu
avec le désir impérieux de jouir des plaisirs des sens,
sexuels ou autres, ce qui est plus caractéristique de la
gourmandise sensuelle de la Base 7. La luxure de la
Base 8 n’est pas d’ordre « Oral-réceptif », comme en 7,
mais est au contraire de nature expansive, bien plus
« Phallique » puisque la luxure se manifeste en Base 8
par la nécessité de s’imposer à l’extérieur pour
affirmer la supériorité de son Moi sur le reste du
monde.
Ainsi, comme pour toutes les autres bases Ennéagramme,
le terme employé pour désigner la passion de la Base 8 ne
doit pas être pris à son sens premier, et la « luxure » de la
Base 8 ne correspond pas nécessairement à un besoin
d’ordre sexuel. Pour les 8 chez qui cela est le cas
cependant, il est souvent difficile de trouver l’équilibre
entre les besoins souvent énormes en termes de
satisfaction purement physique et la nécessaire
expression des émotions les plus tendres.

Le véritable problème soulevé ici est l’acceptation des


limites et des frontières qui sont vécues comme étant
sources de frustrations. La « luxure » doit donc être ici
comprise comme une recherche excessive de prise de
position dominante sur le monde. Ceci explique
pourquoi dans l’ennéagramme moderne, le mot « excès »
a progressivement remplacé « luxure » pour la passion
associée à la base 8.
Cet excès de position dominante, très « Yang », très
Phallique, se caractérise par une sur-affirmation de soi,
par un resserrement des frontières de l’ego, par l’adoption
d’une posture d’opposition et de contre-dépendance,
l’idée sous-jacente étant de littéralement « jouir » de
l’exercice du pouvoir, de bénéficier d’une puissance
suffisante pour ne jamais être vulnérable ou faible.
La clé de l’évolution pour les personnes de Base 8
consiste à en finir avec le mécanisme de défense visant
à nier l’existence de leur propre vulnérabilité et de
leurs faiblesse, à accueillir avec joie l’existence de
multiples nuances de couleurs entre le blanc et le noir, à
percevoir que la diversité des points de vue est une
fantastique opportunité et non pas une menace pour eux,
car elle est le signe que leur place dans l’univers est
garantie, et qu’ils peuvent cesser de se défendre contre
des chimères.
Lorsqu’ils évoluent, l’excès et la compulsion à devoir
s’insurger contre des forces X ou Y, font place à plus de
mesure, de pondération, de respect et à la reconnaissance
d’autrui et de son libre-arbitre. Ils trouvent ainsi la paix de
l’esprit et la détente du corps propres à celui qui comprend
que la plus belle des conquêtes est celle de la Paix, ils
deviennent libre d’utiliser leur énergie sans limite et
leur leadership au service de l’avénement d’une
humanité meilleure, plus fraternelle et plus éclairée, et
se font les défenseurs des grandes causes sociales.

TYPE 9
La Base 9 en quatre concepts clés :
Réceptif, Passif, Accommodant et Content de lui
Pacifique
Les individus de Base ennéagramme 9 cherchent à
maintenir un sentiment de paix, d’harmonie et
d’équilibre et veulent par dessus-tout éviter les conflits.
Ils ont tendance à voir le meilleur chez les gens, à être
fondamentalement optimistes quant à l’avenir, ce qui, en
tant normal, agit comme un baume apaisant sur ceux qui
les entourent.
En règle générale, les 9 sont assez faciles à vivre, ils
adoptent une stratégie de « mobilité passive » qui consiste
à se laisser porter par le courant de la vie. Les
personnes de Base 9 ne sont pas du genre à transpirer
inutilement et sont en général lentes à passer à l’action,
elles savent intuitivement comment attendre les
ouvertures et incitations afin qu’elles puissent ensuite
s’insérer sans effort dans le flux défini par d’autres.
Dans l’ensemble, il s’agit de personnes plutôt effacées et
tolérantes, d’individus à l’humeur égale et sympathique.
Elles aspirent à être aidantes, affectueuses, douces et
plus que tout autre Base de l’Ennéagramme, elles sont
susceptibles de véritablement incarner ces qualités
précieuses.
Les choix
Étant donné un tel portrait, il peut sembler difficile de
comprendre ce qui est si problématique dans cette Base
9. Le problème central pour les 9 tourne autour du fait que
leur désir de maintenir la paix et d’éviter les conflits
est compulsif. La diversité humaine implique par
définition l’omniprésence de possibles divergences entre
les Hommes, représentant autant de sources de
confrontations possibles, autant de conflits potentiels.
L’incapacité de la Base 9 à faire face aux conflits avec
engagement et à les gérer avec efficacité constitue un
grave handicap quand il s’agit de vivre une vie pleine,
satisfaisante et honnête. Cette tendance – profondément
enracinée – à éviter les dissensions, se joue à la fois dans
leur univers intérieur, puisque les 9 ont énormément de
difficulté à faire des choix, et dans le domaine de l’action
extérieure où ils ne s’expriment que très
occasionnellement.
Ce problème se manifeste généralement d’autant plus
fortement que le sujet touche la sphère privée. En effet, les
personnes de Base 9 craignant par dessus tout d’être,
par leur pensée ou pour leur action, à la source d’un
trouble dans leur environnement, plus le thème les
concerne directement, moins elles sont capables d’adopter
une position nette ou d’émettre une opinion.

Les personnes de Base 9 apprécient


généralement la simplicité et cultivent la vertu de
patience. Elles sont souvent très créatives bien que cela
soit fait d’une façon modeste et sans prétention. Elles
adoptent une attitude d’acceptation envers la vie. Elles
ne demandent pas trop; parfois elles demandent trop peu.
À un niveau très profond, à un niveau qui n’est que très
rarement conscientisé, la plupart des individus en Base 9
sentent tout simplement qu’ils ne méritent pas trop. La
plupart d’entre eux bénéficieraient sans nul doute de
développer une forme d’égoïsme sain, la majorité de leurs
difficultés étant la conséquence de leur dévouement
excessif.
Diplomatie ?
Beaucoup de personnes qui sont de Base 9 connaissent le
succès dans le domaine des relations sociales. Elles sont
souvent productives puisque pour éviter les conflits, elles
fournissent sans sourciller ce qui leur est demandé. Ainsi,
elles parviennent bien souvent à se hisser en haut de la
pyramide grâce à leur amabilité et à leur fiabilité tout
en ayant soigneusement évité de gaspiller leur énergie
dans des jeux de pouvoir ou par l’entretien de
concurrences directes.
Ainsi, même dans un système économique capitaliste,
nombreux sont les individus de Base 9 qui parviennent à
réussir tout en conservant une attitude de retrait et un
esprit de coopération. Tout ceci signifie que les 9 ne sont
pas nécessairement dénués de capacités de
leadership ; le grand nombre de dirigeants d’entreprise,
de leaders politiques et de guides spirituels de Base 9
suffit à le confirmer.
Ce qui amène les
personnes de Base 9 à endosser des rôles de leaders n’est
que très occasionnellement le fruit de leur ambition
personnelle mais plutôt parce qu’elles y sont poussées
par les ambitions que d’autres personnes nourrissent
pour elles. Parfois les 9 qui prennent des rôles de
leadership semblent être l’incarnation vivante d’une
solution qui nous a été offerte par les profondeurs de
l’inconscient collectif. Ils représentent alors la seule
réponse possible aux exigences d’une époque dans
laquelle la voie à suivre ne peut pas être déterminée par
une affirmation de soi agressive ni par la supériorité
intellectuelle. Prenons l’exemple d’Abraham Lincoln,
peut-être le plus grand des présidents des Etats Unis
d’Amérique, déclarant modestement : « Je ne prétends
pas avoir contrôlé les événements, mais j’avoue
carrément que j’ai été contrôlé par eux « . Les 9 en bonne
santé sont ainsi en contact avec leur profondeur et sont
capables de maintenir une bonne estime d’eux même,
même lorsqu’ils sont confrontés à l’opposition la plus
vigoureuse ou aux conflits les plus terribles. Mêmes
lorsqu’ils sont en position de dirigeant, ils sont au service
de ceux qu’ils gouvernent.
A l’inverse, les 9 qui sont moins équilibrés et qui
occupent des responsabilités ont tendance à « étouffer »
toute prise de conscience des conséquences négatives
probables de leurs actions. Souvent, ils s’entourent
d’une cohorte de personnes (conseil d’administration,
gouvernement politique…) porteuse du projet d’ensemble
et en charge de l’exécution des actions, ce qui renforce
leur sentiment de sécurité personnelle et qui sert de
« pare-chocs » contre toutes les formes de turbulence, leur
permettant ainsi de rester isolés, au calme, dissociés du
tumulte éventuellement causé par l’action du
« groupe ».
Ainsi, les personnes qui font du 9 de façon très
compulsive et qui sont dans des rôles de leaders, qui
sembleraient pourtant impliquer l’affirmation de soi, sont
souvent en fait profondément ancrées dans une forme
particulière d’oubli de soi. Elles arborent alors la figure
du « gentil garçon », celui qui est affable, pour incarner la
posture du plus humble des employés. Et derrière un
sourire de façade indéridable, tout en proclamant ne
vouloir de mal à personne, elles sont capables de prendre
des décisions extrêmes et de le faire mener à leur terme
animées par une force d’inertie que rien ne peut
perturber. A ce moment là, le « bien être collectif » leur
sert de bouclier, et le fait de déléguer les actions de mise
en œuvre du plan à d’autres membres de l’oligarchie
constituée autour d’eux leur permet de n’assumer aucune
responsabilité, leur « absence à soi » est telle que leur
conscience leur semble claire, et leur probité
indiscutable. Parmi ces personnes extrêmement
désintégrées, Ronald Reagan et Georges W Bush sont des
exemples patents de la description opérée ici.
Narcotisation
Dans les faits, la plupart des « tampons » isolants
contre la réalité, des « pare-chocs », sont internes à la
psyché. On parlera en psychanalyse de « pare-excitation »
situé entre le monde extérieur et le Moi. Nombreuses sont
les personnes de Base 9 qui sont en réalité dans un état de
« transe » quasi-permanente où elles se dissocient
simplement de tout ce qui est désagréable ou difficile à
accepter, de tout ce qui est susceptible de troubler leur
tranquillité.
Des individus de Base 9 aussi confortablement endormis,
ne parviennent tout simplement pas à traiter toutes les
informations qui pourraient causer une gêne ou
engendrer une perturbation. À propos de ce phénomène,
Naranjo commente : « ne pas vouloir voir, ne pas
accepter d’être en contact avec sa propre expérience de
vie est quelque chose qui s’apparente à de la paresse
cognitive, à un endormissement de l’esprit critique, à un
refus de sa propre condition humaine ». Dans un fort
« principe de constance », ce que Freud aurait
probablement appelé une présence accrue de la pulsion de
mort, ce qui est visé par l’inconscient, c’est une forme
d’éradication de toute forme d’excitation interne.
Si ce qui précède peut sembler quelque peu extrême pour
brosser le portrait de cette Base 9, rappelons que les
exagérations peuvent être souvent fort utiles pour illustrer
les points clés et participer ainsi à l’éveil de la conscience.
En effet, pratiquement toutes les personnes en 9 ont
tendance à procéder par hallucination négative, c’est à
dire à ne voir ce qu’ils veulent voir, à idéaliser ce qu’ils
aiment et à ignorer tout ce qui pourrait troubler leur
confort et leur tranquillité d’esprit.
La difficulté que cela pose est que les problèmes ne
cessent bien sûr pas d’exister tout simplement parce que le
9 les ignorent. Au contraire, ce mécanisme de
narcotisation, qui consiste à s’endormir face aux
problèmes plutôt que de s’occuper de les résoudre peut
avoir des conséquences souvent néfastes pour eux-même
et pour leur entourage, comme le confirme l’adage « plus
on paie tard, plus on paie cher ».
Fusion
S’il arrive, comme nous l’avons vu, que des personnes en
Base 9 occupent des postes de tout premier rang, la
plupart des individus de cette Base ne sont pas,
rappelons-le, porteur d’une ambition personnelle. Ils
paient leur dû à la société mais préfèrent se cantonner à
cela, et rester en retrait. La majorité des individus de
Base 9 ont un tempérament casanier et sont
généralement dévoués à leur famille, en particulier à
leurs enfants. Etant peu portés sur l’effort, leur maison
est parfois à l’image de leur monde intérieur, pas tout à
fait terminée. Aussi, il y ont souvent des travaux
commencés il y a fort longtemps, laissés de côté
pendant un temps, auxquels il faut se remettre si la
menace d’un conflit familial, notamment avec le conjoint,
se fait sentir. Vivre en famille peut être difficile pour
eux dans la mesure où ceci les empêche de profiter du
temps dont ils ont besoin pour s’échapper dans leurs
rêveries.
Comme cela a été mentionné plus haut, les
problématiques fondamentales de la Base 9 ont tendance à
se manifester le plus fortement dans le contexte des
relations intimes. C’est en effet dans ce domaine que la
nécessité des 9 d’éviter les conflits atteint son
paroxysme. Beaucoup de 9 semblent trouver atrocement
difficile de s’affirmer face à ceux qu’ils aiment, même
quand il s’agit de questions triviales. Ils préfèrent s’en
remettre aux opinions, décisions et avis de leur partenaire,
parfois même de leurs enfants, plutôt que d’affirmer leurs
propres préférences. Ils pensent alors quelque chose qui
pourrait ressembler à « après tout, le sujet abordé n’est
pas si important que cela pour moi et l’autre semble prêt
à en découdre si je ne vais pas dans son sens ». Il semble
donc plus raisonnable de capituler. De cette manière, les 9
arrivent à éviter le désagrément d’un conflit tout en
jouissant victorieusement en même temps du plaisir
que le partenaire ressent pour avoir « emporté le
morceau ». Il y a là le cumul de deux attitudes
caractéristiques de la Base 9 : s’en remettre aux opinions,
avis et décisions des autres, et identifier son propre état
émotionnel à leurs ressentis.
Ainsi les 9 tendent à fusionner avec leurs proches et à
s’adapter avec empathie, parfois même jusqu’à l’oubli
complet de leurs émotions et désirs. Un tel niveau
d’empathie, confinant parfois à de la soumission, rend
naturellement difficile pour les 9 la position de Parent
Normatif, pourtant indispensable, qui consiste par essence
à fixer des règles et induit par voie de conséquence la
frustration de certains des désirs des enfants.
S’il est vrai donc que ponctuellement la politique
d’apaisement ainsi opérée par les 9 pourrait être
raisonnable, quand elle est érigée en tant que ligne de
conduite permanente, comme une politique générale,
elle n’augure rien de bon ni pour la personne en Base 9
ni pour son entourage. En effet, les problèmes engendrés
par l’adoption systématique de cette ligne de conduite
suivent un certain nombre de modèles prédictifs. Par
exemple, le partenaire de la personne en Base 9 risque
de s’irriter du fait de ne rencontrer que la passivité
comme seule posture d’échange. Il peut en effet devenir
difficile de respecter quelqu’un qui ne sait pas défendre
ses frontières, qui ne prend jamais de position bien définie.
Une autre possibilité est que certaines personnes tirent
parti de la posture résolument déterminée du 9 à
adopter leur point de vue et décisions et en profitent
pour devenir ouvertement dominantes et dans certains
cas, abusives envers lui. Enfin, l’apparence pacifique du
9 caractérisée par l’absence de réaction pourrait même
apparaître aux autres comme étant une autorisation
tacite à continuer de perpétrer de telles agressions à
leur encontre.
Colère
Ne nous y trompons pas cependant, la rancœur
s’accumule immanquablement sous la surface calme et
placide des individus en Base 9. Il est difficile pour les 9
de contacter leur colère, puisque la colère est l’émotion
qui, dans sa forme pure, est le signe pour nous, êtres
humains, que l’une de nos frontières a été violée. Comme
les 9 ont tendance à avoir une faible conscience de leurs
frontières, ils ont aussi tendance à narcotiser, à
endormir leur colère.
La colère existe, cependant, et se manifeste, parfois
sous forme de comportements de type passif-agressif,
en répondant « faut voir » ou « peut-être » alors qu’on
leur demande un avis précis. Elle peut aussi s’exprimer
parfois en remettant à plus tard de façon répétitive une
tâche ou un projet qu’ils n’ont pas vraiment envie
d’accomplir, souvent en se retirant de tout engagement
impliquant. En d’autres termes, la colère est
omniprésente, mais elle doit se diffuser en continu,
pour éviter l’explosion ou l’implosion, elle doit
s’écouler de façon invisible afin de ne pas être à la
source d’un conflit. Il est donc indispensable d’agir, ce
qui permet de « décharger » l’énergie, mais d’agir sur des
choses n’ayant aucun impact, et de différer un maximum
les tâches structurantes, et donc susceptibles d’influencer
le cours de la vie, d’être source de déséquilibre ou de
dysharmonie, donc.
En somme, il est préférable d’avoir son temps occupé au
maximum par des tâches routinières, de pouvoir
justifier de son retard par le fignolage d’un projet (qui ne
verra peut-être jamais son terme), d’être absorbé par des
activités de divertissement sans but réel, autant de
stratégies permettant de rester dans une position de
neutralité totale et d’absence à la vie réelle.
Le piège ici, est qu’à l’image de l’autocuiseur laissé trop
longtemps sur le feu sans prendre soin d’évacuer
régulièrement la vapeur, le bouillonnement interne
risque de grandir, et la pression d’atteindre un seuil
top élevé. Ainsi, chez certaines personnes de Base 9, la
colère restée trop longtemps inexprimée se manifestera en
surface par le biais de maladies psychosomatiques.
D’autres individus de Base 9 connaitront des épisodes de
vie au cours desquels leur colère si longtemps contenue
sous une chape de plomb jaillira tel un geyser au milieu
d’un désert aride : de façon anachronique et a priori
sans lien avec la situation et avec une une telle fureur
que les personnes assistant à la scène ne l’oublieront
jamais.
Toutes ces manifestations de colère sont naturellement
beaucoup plus nocives pour les personnes en Base 9 et
pour leur entourage que si elles s’autorisaient à libérer
leur énergie en continu d’une manière qui adaptée aux
besoins de la situation. Reconnaître et accepter sa colère
est un défi qui mérite d’être relevé pour les personnes
en Base 9, car les effets positifs au niveau de leur santé
générale sont le plus souvent saisissants.
Oubli de soi
On l’aura compris, le problème crucial pour les individus
de Base 9 est qu’ils ont tendance à avoir une conscience
d’eux-mêmes insuffisante. Cette tendance les conduit à
la fois à minimiser leur importance à leurs propres yeux et
à abandonner aux autres le pouvoir de définir leur
importance dans le monde. C’est ici que se situe le
paradoxe qui réside au cœur de la structure égotique 9.
À un niveau largement inconscient, les gens en base 9
comprennent intuitivement que la personnalité est une
entité construite, que cet Ego avec lequel la plupart
d’entre nous nous identifions, n’est pas le vrai moi, n’est
pas qui ils sont. Il s’agit là, en fait, d’une vérité très
profonde, la personnalité, l’Ego, n’est rien d’autre qu’une
construction à travers laquelle la conscience opère, et que
cette construction se compose en grande partie de
mécanismes de défense et de stratégies d’adaptation visant
à se prémunir de dangers qui ne sont plus présents. L’Ego
est, en ce sens, à la fois une limitation et un
obscurcissement de l’Etre.
Mais l’Ego, possède également une qualité essentielle et
nécessaire, il donne à l’individu une base sur laquelle
s’appuyer, une conscience de soi, même si celle-ci est
imparfaite et partielle. Et bien que la personnalité ne soit
pas la version aboutie et définitive de qui nous sommes,
elle est une étape nécessaire vers le développement de
l’individualité vraie. On comprend mieux la motivation
personnelle du psychanalyste Carl Gustav Jung, lui-même
de base 9, à travailler sur les recherches associées aux
types de personnalités et au processus d’individuation.
Gurdjieff, (base 8) quant à lui disait : » Pour que la
croissance interne, pour qu’un travail sur soi-même soient
possibles, un certain développement de la personnalité,
ainsi qu’une certaine force de l’essence sont
indispensables. Une personnalité insuffisamment
développée qu’un homme, ne peut pas commencer à
travailler sur lui-même, il ne peut pas commencer à
s’étudier lui-même, il ne peut pas entamer la lutte contre
ses automatismes. »
Il s’opère donc, en Base 9, comme un « refus » de
reconnaissance et d’acceptation de l’Ego, de la
personnalité. Or, sans une personnalité bien développée,
sans un solide sens de soi et en l’absence de frontières
correctement définies entre lui et le monde, le 9 est
laissé dans un état de perméabilité aux forces
extérieures à l’Ego mais aussi aux forces souterraines
qui le sous-tendent. Comprendre l’existence de cette
porosité intrinsèque de l’ego 9 est absolument essentiel à
la compréhension de toutes les manifestations
problématiques ainsi que des défis spécifiques à la Base 9.
Paresse
La difficulté que rencontrent les personnes de Base 9 qui
tentent de résoudre ces questions clés est appelée
« paresse » ou « indolence » dans l’ennéagramme
traditionnel. Comme pour les autres Bases de
l’ennéagramme, le terme employé pour nommer la
passion de la Base n’est pas à prendre dans l’acceptation
classique du terme. Ici, lorsqu’il est question de paresse,
il ne s’agit pas de fainéantise, bien qu’elle puisse se
manifester de cette manière chez certains individus,
mais plutôt du manque d’attention apporté à la question
la plus importante du moment, un endormissement face à
ce qui a un enjeu réel, à savoir l’élaboration d’un
solide sens du moi à partir duquel le 9 pourra avoir un
impact vraiment efficace dans le monde.
Selon les enseignements de l’ennéagramme classique, le
don essentiel (appelé vertu) de chaque Base ennéagramme
apparaît lorsque la passion s’affaiblit. Oscar Ichazo, père
de l’Ennéagramme moderne, a nommé la vertu associée à
la Base 9 « Amour ». Bien que la majorité des 9 aient
tendance à être aimables, à être des individus doués de
compassion et de tolérance, leur personnalité ne perçoit et
n’incarne que très partiellement la nature réelle de la vertu
d’Amour. S’il est vrai que le véritable amour concerne
l’ouverture aux autres et la perméabilité des frontières de
l’ego, qu’il implique l’acceptation, le pardon, et une
perception de l’interdépendance de toutes choses, il ne
peut être donné aux autres de façon intègre et reçu de
leur part en retour que dans la mesure ou la personne
en Base 9 développe une conscience d’elle même et de
sa propre valeur.
Autrement dit, plus les personnes en Base 9 apprennent à
reconnaître et à valoriser l’existence de leur Ego, à
s’aimer et à s’honorer elles-mêmes, plus elles sont en
mesure d’étendre cet amour à d’autres d’une manière
véritablement efficace et bénéfique. En évoluant, elles
font évoluer leurs relations avec les autres et deviennent
par extension capables d’œuvrer activement à la guérison
des blessures de l’ humanité.
Les 9 sont parfois appelés « Médiateurs » ou « Artisans de
paix », mais seuls le deviennent vraiment ceux d’entre eux
qui abandonnent derrière eux l’idée que la paix est
synonyme de l’absence de conflits.
Faire la paix exige des personnes en Base 9 de
développer une attitude résolument active, qu’elles
comprennent et intègrent que le monde attend d’elles
qu’elles agissent pour le rendre meilleur.

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