II est impossible de connaître l'âme, les sentiments et la
pensée d’un homme si on ne t’a pas vu à l’ceuyre
Un rêve brisé dans l’exercice du pouvoir. Le pouvoir transmue l’boiame.
Sopkock Antigone
n l’a comparé au claste les ravissaient. Les voilà pleurant Sankara
I« Che » (Guevara]|. et enterrant, avec lui, l’espoir qu’il a fait naître. o Plus exactement, il s’eii sentait si proche qu’il a A Jeune A ù iq u e, en dépit du scepticisme que distille la profession — les joum idistes en pensé à commémorer, début ont teUement vu et entendu !... — nous nous octobre à O u ^ d o u g o u , le étions pris de sympathie pour cet homme et, vingtième anniversaire de sa sans illusions sur sa durée, espérions follement mort, n ignorait alors, bien qu’il dém entirait tous les pronostics sur sa fragi sûr, qu’il n’avait plus que lité. Nous ne pensions pas qu’il était l’étincelle quelques jours à vivre et qu’il qui allumerait le feu purificateur, mais souhai serait feuché, lui aussi à tions que son exemple dure, que son témoi trente-huit ans, avant d’avoir gnage porte. A vrai dire, nous voulions surtout pu dire son mot ou... déce que, face aux démons du pouvoir, il tienne bon, voir. Comme Guevara, il est ne succombe pas. Cela, il l’a fait. m ort les armes à la main, mais Son pays était trop pauvre et trop petit pour les balles qui l’ont transpercé, que la révolution qu’il y avait lancée puisse être lui, étaient ceUes de ses cama prise au sérieux, n a ^ u c o u p tâtonné et il a rades. A moi, il rappelle plu consacré trop de tem ps à la politique étrangère. tôt Frantz Fanon, en moins inteUectuel, moins Mais le pouvoir est une école et Sankara ap élaboré, et surtout Patrice Lumumba. D aura prenait vite. Dommage qu’on lui ait laissé si peu été pour l’Afrique des années 80 ce que Lu de temps pour donner sa mesure. mumba a été pour celle des années 60 : un ré volutionnaire sincère et brouillon, trop jeune et trop pur pour trouver sa place en politique, y durer. Un jour ou l’autre, les crocodiles de L ekara coup d’E tat qui a emp<nté Thomas San ne ressemble à aucun autre. Il me rappelle cependant celui de Boumedienne vaient l’avaler. (BouteflüÜca, Chérif Belkacem et M edeghri) contre Ben BeUa, perpétré le 19 juin 1965 à Al
I neltaétait d’ailleurs de bon ton, au sein de l’es-
b M m ea t politique africain, d’affecter de pas le prendre au sérieux tout en le sur ger. Les putschistes de O uaga — Compaoré, Ungani et Zongo — ont, semble-t-il, comme ceux d’Alger naguère, eu peur pour eux-mêmes veillant du coin de l’œil, n agaçait les chefs d’une initiative de Sankara et l’ont précédée. A d’E ta^ et pas seulement ceux de l’ancienne gé la différence de celui d’A lger, leur coup a été nération. n dérangeait les notables et donnait sanglant. mauvaise conscience à ceux qui en avaient gar Ce n’est pas une affaire intérieure buridnabè, dé une. Avez-vous rem arqué d’ailleurs qu’au comme le croient les che£s d’E tat africains qui cun d’entre eux, Rawlings excqité, ne s’est fen se tiennent cois. Ce n’est pas une querelle a itre du d’une phrase ^ u r salurar sa m ort ? Les mots ofGders révolutionnaires qui divergeraient sur sont venus de M tterrand et de O iirac, pas de « la ligne ». Dès lors qu’on tue un juste qui a su leurs h o m o l(^ es africains ! incarner l’espoir, tout le m onde est concerné. Les jeunes, en revandie, les « sans-voix », E t, surtout, on a le droit de savoir. Les A fri avaioit fait de Thomas Sankara leur idole. Ces cains, en particulier, veulent être informés. Les désespérés avaient mis en lui leur ^ p o ir. Ils horreurs que ses cam arades d’hier, sans honte, avaient vu surgir un homme qui sentait comme déversent sur Sankara ne salissent qu’eux- eux, rqetait avec eux ce qu’ils abhorrent : le mêmes et n’expliquent rien. costume coûteux, la vOla-palais, la Mercedes et Nous rechercherons la vérité que vous atten ce qu’ils im pliqum t, la com ipti(»i. d e z et vous la livrerons dès que nous le pour A u fond d’eux-mêmes, ils savaient bien que rons. C’est notre devoir et notre engagem oit c’était un rêve qui se briserait, mais la friâcheur envers vous. N otre recherche débute dans ce de cet homme, son originalité et son côté icono- numéro dont une vingtainë de pages sont
JEUNE AFRIQUE N° 1399 - 28 OCTOBRE 1987
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’ai parlé de Guevara au début de cet arti
cle. n y a tout juste vingt ans, je commen M/ /i/jïi s'/m.w,ï, J tais dans Jeune A ù iq u e sa m ort violente, une m ort dont je suis sûr, cependant, qu’il la re cherchait. Perm ettez que je me cite et m ette sous vos yeux ce qui rapproche ces deux u w x 1019 p a r W mnmni on oïiinrpranFW iW i drames et les deux hommes —le Latino-A m éri rociUQiOT iiliBniQiioiiQnir 91 CTODOiQ «MO OTi p o y i cain et l’Africain —qui en ont été les héros. Le ofricdins i t drabMt mythe du prem ier ne s’est pas éteint ; celui de 11—^ ■tia U M SQIOCIIOn «HRINIIIUIIUIIi HlCHpQnKppllw Suikara commence : « C et hon m e, écrivais- je en octobre 1967 au lendemain de la m ort du àfeu td èd d èw v ' « Che », n ’a pas d ’équivalent dans le m onde d ’aujourd’hui. U récondU e les p lus pessim istes v o u s re c e v re z g r a t |||t i i ^ ^ avec l ’hum anité. Je suis ûer, pour m a part, que ce so it un hom m e du Tiers M onde. » n se savait différent des autres, plus sensi ble e t p lus rid ie. Ce qui le distingue des autres u n a b o n n e n ie n f à grands hom m es e t le rapproche d ’un Lénine, c ’est qu’il n ’en tirait pas orgueil, n i n ’en ressen tait le m oindre m épris pour les autres. La pen sée unique qui a dom iné sa vie est : transform er Jeu n e A f n g u ê lié i^ l ’hom m e aliéné d ’aujourd’hui en hom m e nou veau e t libre. « D s*a^t que chaque individu e t Jeu n e ^ h-4È-T- se sente plus rid ie intérieurem ent e t investi d’une plus grande resp<Nisabüité, écrivait-il. L’in ^ r ta n t est que les houuues acquièrent OFFRE VALABLE duique jo u r la conscience de leur incorpora- JUSQU’AU tiwD nécessaire dans la société et, en même 3 1 DECEMBRE 1 9 8 7 tem ps, de leur im portance comme m oteur de ceile-d. » La route est longue et, en partie, incon T IT R E nue. Souvent, il faut revenir en arrière ; d’au* D 'A B O M N E M B N T ties fois, en allant t n ^ vite on se s ^ a r e des masses. En d’autres occasions, pour être allés lentem ent nous les sentons qui foulent An rà DWCOM. 3, n w Rliprtpln*. TtOM nos talons. En tan t que révolutionnaires, nous Oui, Je désire m’abonner à Tétox ConlNtonlM et je recttwMl essayons de m arch » le plus vite possiU e, ou pendant 6 mois unttoonnementgratuità JiwneâlHiuot Jeu— > vrant le' diem in, mate nous savons que nous JMHque leonomle et Jeiw AIHÎiMe Maf Éna. devons nous n o u n ir des niasses e t qu’elles Nom :---------------------------------- Prénom :------------- 5 seules pourront avancer vite si nous les ani* Adresse :------------------------------------------ — .... .... m ons de notre exem ple.» -------------------------------- ^Code » L ’hom m e q u i a écrit ces liffie s, qui a fa it ce q u ’a fa it G uevara e t a vécu sa vie, a g a ffié le VKIe: -Psys; respect de tous, y com pris de ceux do n t il a été T arir □ POSTEAVON: 4 800 FF - 240 000 P le cau^em ar. U est m ort les arm es à la m ain au □ PARTËLEX: 9 600 FF - 480 000 F CFA. service de Vidée q ui a dom iné sa vie, avec la c ^ tu d e « d’avoir œuvré à consolider la révo lution avec suffisam m ent d’honneur e t de dé □ CMque(Frm^mciuaiwmenl|. □ MsndM-MM. □ Virement à votre C.C.P.nBrktl* 1072 77 M. vouem ent ». □ Virement bencaireàvotre comple n* 21618466 \ » P uisse-t-il, à la dernière m inute de sa vie, (BmiuePwiaienne de (Mdlt.se. rue de CMlNudun. 7SOO0 PMi). avoir conservé l ’espérance !... » * □ Ceite t)leue. □ American Expreot. D DInire CM ) i f W* «K