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Introduction
Mais l'historien doit s'attacher aux sources réelles et cette recherche nous fait suivre un
itinéraire allant des collegia romains aux communautés de métiers et aux corporations en
passant par les associations monastiques et les confréries. Le rôle des Templiers est
également considérable.
Les origines
Une théorie plausible fait remonter les origines de la Franc-maçonnerie au temps des
Babyloniens, ces grands bâtisseurs de l'Antiquité dont l'habileté et l'orgueil avaient poussé
jusqu'à défier les dieux en voulant construire une tour qui atteindrait le ciel, la fameuse
Tout de Babel.
Les vestiges des « collegia fabrorum » se sont placés sous la protection de l'Eglise et sont
devenus des associations monastiques.
Progressivement, les loges opératives admettront parmi leurs membres quelques hommes
importants, nobles ou membres du clergé, n'appartenant pas directement au métier. C'est
ainsi que les loges écossaises, depuis 1439, avaient comme protecteurs héréditaires les
seigneurs Saint-Clair de Rosslyn[1].
Au 16ème siècle, ceux-ci feront venir d'Italie, source de la Renaissance qui enthousiasme
l'Europe, des maçons qu'ils réuniront aux maçons écossais, régénérant ainsi les vieilles
confréries sous une forme proche de celle des académies italiennes, ce qui eut, dit-on,
beaucoup de succès. Toutefois, les statuts de la Loge « Mary's Chapel » d'Édimbourg,
promulgués en 1599 par William Schaw, Maître des travaux du roi et surveillant général
des maçons, montrent bien qu'on se situe toujours à cette époque dans le cadre de
corporations de métiers.
À Londres, en particulier, on se passionnait pour les sciences et les arts, pour l'alchimie[2]
comme pour la mécanique céleste, pour l'hermétisme comme pour
la philosophie classique.
Ceci est confirmé par le fait que les loges établies en France à la fin du 17ème siècle par
des exilés stuartistes (Jacques II s'est enfui en France en 1688) ne sont déjà plus des loges
opératives. De même, on trouve déjà une Loge non-opérative en Irlande, à Dublin,
vers 1690.
La Franc-maçonnerie cesse donc à cette époque d'être une institution de métier, ouverte
par exception à quelques hommes venant d'autres horizons, pour devenir l'institution
essentiellement intellectuelle, symbolique et humaniste que nous connaissons
aujourd'hui.
C'est très probablement aussi à cette époque que naît le grade de « Maître Maçon », que
la Franc-maçonnerie opérative ne connaissait pas, se limitant à ceux d'Apprenti (Entered
Apprentice) et de Compagnon (Fellow Craft).
Les protestants sont nombreux dans cette nouvelle institution, dont les trois premiers
Grands Maîtres sont des roturiers, mais Désaguliers parvient à y attirer un grand nombre
de membres de la « Royal Society » et à faire accepter la grande maîtrise au Duc
de Montagu en 1721, puis au Prince de Galles en 1737. L'obédience prendra rapidement
le nom de « Grande Loge de Londres et de Westminster », puis de « Grande Loge
d'Angleterre ». Son recrutement reste éclectique : à côté des aristocrates et des savants,
on trouve aussi des artisans, des petits commerçants, des aubergistes. Ses membres
encouragent le théâtre et rédigent des prologues et épilogues maçonniques pour certaines
pièces, ainsi que de nombreuses chansons maçonniques. L'activité des loges est
essentiellement tournée vers la convivialité, la sociabilité et le divertissement.
La bulle papale de 1738 n'a presque aucun écho en pays anglican. Les premières
divulgations du secret maçonnique, notamment l'ouvrage « Masonry dissected » de
Samuel Prichard, sont plus remarquées, mais ne semblent pas non plus être à l'origine
du léger repli de la Grande Loge d'Angleterre dans les années 1740, qui verra le nombre
de ses loges passer de 189 en 1741 à 157 en 1748.
Cette diminution est probablement plus liée au désintérêt des Grands Maîtres pour la vie
de leur obédience ainsi qu'à la popularité d'autres clubs tels que le Hellfire Club et
les Gormogons. Dans le même temps, la Grande Loge d'Angleterre feint d'ignorer
la Grande Loge d'Irlande, tarde à reconnaître celle d'Écosse et refuse d'accepter dans ses
rangs les immigrés venus de ces pays, ce qui aboutira en 1751 à la fondation de la Grande
Loge concurrente, dite « des Antients ».
Suite à cette crise, elle aura perdu 71 loges de plus en 1756. Elle y fait alors face en
renforçant son élitisme, en développant ses loges à l'étranger, en interdisant les visites
aux loges de l'obédience rivale et en entamant la construction du
prestigieux « Freemason's Hall ». Elle conserve également la tolérance religieuse de ses
origines, se distinguant de sa rivale en ce qu'elle condamne l'athéisme tout en restant
encore ouverte à toutes les religions.
Soucieux d'établir leur légitimité, les anciens affirment être les héritiers de l'ancienne loge
d'York et détenir des secrets maçonniques inconnus de leurs adversaires auxquels ils
reprochent d'avoir déchristianisé les rituels. Ils introduiront notamment dans leur rite la
pratique du degré de l'« Arche royale » (Royal Arch), inconnu des modernes.
Le principal animateur de cette Grande Loge est Laurence Dermott. De son poste de
« Grand Secrétaire », il parviendra à convaincre quelques aristocrates d'accepter de se
succéder à la grande maîtrise de son obédience, notamment le comte de Blessington,
ancien Grand Maître d'Irlande. Il publiera sous le nom d’Ahiman Rezon des Constitutions
différentes des Constitutions d’ Anderson, en s’inspirant des statuts de la Grande Loge d’
Irlande. Il développera en particulier le comité de charité de son obédience, dont l'action
était probablement rendue plus nécessaire par la plus grande précarité sociale de ses
membres.
La Grande Loge des Anciens, moins élitiste que sa rivale, se développe rapidement : de
6 Loges en 1751, elle passe à 36 en 1954 et à 180 en 1793. Elle noue également des
relations avec la Grande Loge d'Irlande et la Grande Loge d'Écosse, ce que la Grande
Loge d'Angleterre n'avait pas voulu faire. C'est ainsi que deux ducs d'Atholl seront à la
fois Grands Maîtres de la Grande Loge d'Écosse et de celle des « Antients ».
C'est dans ce contexte que la Franc-maçonnerie anglaise s'unifie elle aussi en 1813 au
sein de « l'United Grand Lodge of England » au terme d'un traité d'Union qui, par une
sorte de compromis, remplaça le déisme naturel d'Anderson et l'exigence
de christianisme des Ancients par une référence à l'obligation de la croyance en
un théisme personnel. En ce qui concerne les rituels pratiqués, ils furent rapidement
harmonisés autour de ce qui devint le Rite Émulation qui est aujourd'hui le Rite le plus
pratiqué au Royaume-Uni.
D'une manière assez proche, la Maçonnerie écossaise s'était unifiée en 1807 au sein de la
Grande Loge d'Écosse. Les catholiques y étaient par ailleurs devenus peu nombreux du
fait des interdictions papales.
Il convient de remarquer, au sujet de l'Écosse, qu'elle ne fut pas à l'origine des « Rites
Écossais » (« Rectifié » ou « Ancien et Accepté » »), qui sont nés de synthèses de grades
d'origines essentiellement françaises et allemandes.
L'influence de la Franc-maçonnerie anglaise fut telle que la Grande Loge unie
d'Angleterre est, aujourd'hui encore, considérée comme la Grande Loge Mère de toute la
Franc-maçonnerie par la plupart des obédiences du Monde.
Le gnosticisme
Les néoplatoniciens
On désigne sous le nom de néoplatonisme une école philosophique qui se réclame de
Platon et dont le fondateur est Plotin (205-270 après J.-C.). Le néoplatonisme ou
platonisme de l'Antiquité tardive tentait de concilier la philosophie de Platon avec
certains courants de la spiritualité orientale.
Le mot « néoplatonisme » semble avoir été inventé par Thomas Taylor, dans sa traduction
des Ennéades de Plotin (1787). Les néoplatoniciens se disent, eux-mêmes, simplement
platoniciens.
Le néoplatonisme se caractérise par l'insistance donnée au premier Principe (l'Un, en
général) et par des expériences spirituelles.
Pour être néo-platonicien au sens strict, il faut reconnaître comme source d'une procession
universelle un Principe absolument ineffable, nommé symboliquement « l'Un » ou « le
Bien ». Il faut admettre à l'origine de toute pensée une sorte de coïncidence mystique, tout
aussi inexprimable, avec ce centre universel.
L'école néoplatonicienne a duré trois siècles, de la fin du 2ème siècle au 6ème siècle après
J.-C. ; elle marque le dernier effort de la philosophie grecque, son entrée en contact et sa
lutte avec le christianisme, et le passage de la pensée antique à la pensée du Moyen âge.
Mithra est le nom d'une divinité d'origine indo-iranienne, adoptée par la suite dans le
monde gréco-romain, et dont le culte, appelé mithriacisme ou religion de Mithra, passe
généralement pour être une dérivation du Mazdéisme. Aux yeux des Perses, ce dieu était
le premier des anges, ou comme une personnification d'Ormuzd lui-même, considéré
comme principe générateur perpétue et rajeunit le monde. C'était l'lzed du Soleil, et,
comme tel, le dieu de la lumière. En conséquence, il était l'ennemi des ténèbres.
Au 4ème siècle, il a été supplanté par le christianisme qui le déclara illégal en 391. En tant
que « Culte à mystères », de type initiatique, sa transmission se faisait oralement, selon
un rituel transmis d'initié à initié et non sur des écritures sacrées.
Dans le culte de Mithra, il existe sept niveaux d'initiation qui peuvent être mis en relation
avec les sept planètes de l'astronomie de l'époque (la Lune, Mercure, Vénus,
le Soleil, Mars, Jupiter et Saturne).
Le mysticisme
La mystique ou le mysticisme est ce qui a trait aux mystères, aux choses cachées ou
secrètes. Le terme relève principalement du domaine religieux, et sert à qualifier ou à
désigner ce qui relève d'expériences spirituelles de l'ordre d'un contact ou d'une
communication avec une réalité non discernable par le sens commun.
La mystique peut aussi être considérée comme la recherche d'une union à Dieu. L'un des
aspects les plus discutés de la mystique est dès lors celui de savoir si cette union à Dieu
peut aller jusqu'à la fusion en Dieu, ce qui abolit la différence et supprime l'union. Enfin,
la réflexion sur ce qu'est la mystique a trait à la morale dans la mesure où elle relève d'un
désir de connaître ce qui, par soi-même, est bien, juste et vrai.
L’orphisme
L’alchimie
L'alchimie est une discipline qui recouvre un ensemble de pratiques et de spéculations en
rapport avec la transmutation des métaux. L'un des objectifs de l'alchimie est la réalisation
du Grand Œuvre, c'est-à-dire de la Pierre philosophale permettant
la transmutation des métaux, notamment des métaux « vils », comme le plomb,
en métaux nobles, l'argent, l'or.
L’alchimie est une science dont l'objet est l'étude de la matière et de ses transformations.
Elle repose sur un ensemble de pratiques – et en ce sens, elle est généralement considérée
comme l'une des origines de la chimie[3] moderne – et sur des considérations
philosophiques particulières, l'hermétisme.
La pratique de l'alchimie et les théories de la matière sur lesquelles elle se fondait, ont
parfois été accompagnées, notamment à partir de la Renaissance, de spéculations
philosophiques, mystiques ou spirituelles.
L’hermétisme
Le mot désigne ainsi une doctrine ésotérique fondée sur des écrits de l'époque gréco-
romaine attribués à l'inspiration du dieu Hermès Trismégiste (nom donné par les Grecs
au dieu égyptien Thot) et une doctrine occulte des alchimistes, au Moyen Âge et à la
Renaissance. Dans un sens commun, il désigne le caractère de ce qui est difficile à
comprendre.
Selon Ambelain, auteur de la Symbolique des outils dans l’Art Royal, les Rose-Croix
auraient pénétré sciemment les loges maçonniques aux 17ème et 18ème siècles et y auraient
introduit l’hermétisme et l’alchimie.
Les contacts entre philosophes et mystiques chrétiens, juifs et arabes du Moyen Age
ainsi que les relations entre les sectes fatimides et ismaéliennes et certains dignitaires de
l’Ordre du Temple durant les croisades, favoriseront la diffusion en Europe de ces
doctrines, regroupées en une forme syncrétique dans l’hermétisme, l’alchimie et la
kabbale. Les grands Arnaud de Villeneuve, Raymond Lulle et Roger Bacon iront chez
les Arabes au 13ème siècle étudier l’alchimie, cette science hermétique qui connaîtra son
âge d’or aux 14ème et 15ème siècles.
Les Rose-Croix étaient d’ailleurs considérés dès l’origine par les fondateurs de la Franc-
maçonnerie moderne comme des « Frères appartenant à la même Fraternité ou Ordre ».
Et c’est de ce renouvellement des idées brassées notamment dans les Loges que naquit la
Franc-maçonnerie moderne, dite « spéculative », au début du 18ème siècle.
L’Initiation maçonnique et, tout particulièrement les épreuves par les quatre éléments,
seraient en grande partie inspirées par celles pratiquées par les Esséniens, eux-mêmes
ayant vraisemblablement emprunté aux prêtres de l’ancienne religion, aux courants
judaïques d’Alexandrie et aux gnostiques. La sagesse d’Egypte fut ainsi transmise en
orient, traduite et commentée par les philosophes grecs, puis par les philosophes arabes,
recueillie par les chevaliers chrétiens, transmise aux Rose-Croix et enfin à la
maçonnerie opérative.
La kabbale
La kabbale, c’est un ensemble de spéculations métaphysiques sur Dieu, l'Univers et les
Hommes. Elle prend ses racines dans les traditions ésotériques juives - du Judaïsme de
Tradition. Cette définition ne fait pas ressortir l'Universalité de la Kabbale, la richesse des
thèmes qu'elle aborde, ainsi que les multiples aspects qui allie et unit à la fois observation
métaphysique et raison mais aussi symbolisme. Mais en découlent des ébauches de
réponses aux questions essentielles que sont l'origine de l'Univers, le devenir de l'Homme.
Ce qui fait de la kabbale un véritable outil de travail sur soi et un puissant moyen
d'appréhender, d'aborder les autres systèmes de pensée, aussi divers soient-ils.
Non seulement le temple maçonnique représente celui de Salomon, mais le premier mot
de reconnaissance qui est donné au nouvel Apprenti est le nom hébreu d’une des Colonnes
qui se dressaient devant le Temple de Salomon et qui sont elles-mêmes en rapport avec
l'Arbre des Sephiroths (ou Arbre de Vie des kabbalistes).
L’influence rosicrucienne
La Maçonnerie spéculative serait-elle née de l’influence rosicrucienne ? Ce n'est là qu'une
supposition, comme d'ailleurs, la fameuse théorie de l'origine juive de la Franc-
maçonnerie et la similitude des symboles maçonniques.
Parmi les symboles, la Règle, le Fil à plomb, le Pentalpha (Etoile à cinq rayons) et le
sceau de Salomon, symbole graphique, fait de deux triangles entrelacés,
dit « hexagramme étoilé » ou « triangle de Salomon ». Or, ces symboles n'apparaissent
pas dans la symbolique maçonnique avant le 18ème siècle, bien que l'on ait retrouvé de
nombreuses marques médiévales laissées par les constructeurs de nos cathédrales.
Le secret maçonnique, tel qu'il existe de nos jours, n'est ni un « emprunt » à une
mystérieuse confrérie rosicrucienne, ni à un groupe de quelconques initiés dont l'existence
passé serait difficile à démontrer.
Ces lettres qui forment « V.I.T.R.I.O.L. », évoquent une formule alchimique exprimée en
mauvais latin : « Visita Interiora Terrae, Rectificando Invenies occultam lapidem ». Cette
formule signifie : « Visite l’intérieur de la Terre, en rectifiant tu trouveras la pierre
cachée ». Parfois deux lettres y sont ajoutées : U. et M. L’ensemble devient alors «
V.I.T.R.I.O.L.U.M. » et peut se traduire par « Visite l'Intérieur de la Terre et en
Rectifiant, tu Trouveras la Pierre Occulte, la Vraie Médecine ».
Pour Jules Boucher, l’expression désignée par les lettres « V.I.T.R.I.O.L. » est « une
invitation à la recherche de l’Ego profond, qui n’est autre que l’âme humaine elle-même,
dans le silence et la méditation ».
Le Grand Œuvre alchimique et la Construction du Temple sont en réalité des allégories
en miroir. Ils se projettent l’un dans l’autre. Ils signifient l’art de faire de l’homme aliéné,
esclave de ses passions, un homme libre de ses actes, capable de distinguer l’action de la
réaction. La finalité de l’alchimie est donc de sauver l’homme de sa servitude.
La fameuse Lettre G, que l'on voit au centre de l'Etoile flamboyante – et qui orne
tous les temples maçonniques – peut être l'initiale du mot « gnose». Cette étoile
s'inscrit dans le pentagramme régulier construit par Pythagore. Or Pythagore avait
eu connaissance de nombreux mystères égyptiens, lors de son séjour dans les
temples initiatiques de la vallée du Nil, séjour qui dura vingt-deux ans.
Citons pour terminer une interprétation hermétique de certains termes utilisés dans
le vocabulaire maçonnique : Soufre (Vénérable), Mercure (1er Surveillant), Sel
(2nd Surveillant), Feu (Orateur), Air (Secrétaire), Eau (Hospitalier), Terre
(Trésorier). Nous avons là les trois principes et les quatre éléments des
alchimistes. Le feu est sec et chaud ; l'air est chaud et humide ; l'eau est humide
et froide ; la terre est froide et sèche.
Cependant…. c’est en Ecosse où ils étaient sûrs de trouver la protection du roi Bruce que
le plus grand nombre de Chevaliers de l’Ordre du Temple se réfugièrent, semble-t-il, avec
à leur tête, celui qui avait été le Grand Maître d’Auvergne : le Chevalier Pierre
d’Aumont. Les maçons libres écossais leur auraient enseigné là-bas l’art de la
maçonnerie et ses symboles.
Mais pourquoi les Templiers avaient-ils choisi l’Ecosse pour échapper aux persécutions
de Philippe le Bel, roi de France ? Les Templiers étaient sûrs de trouver là-bas d’autres
Templiers avec lesquels ils étaient depuis longtemps en relation. De plus, le roi Bruce,
excommunié par le Pape, pouvait être un fidèle allié qui avait aussi besoin de combattants
expérimentés.
Jean-Jacques Gabut s’est rendu à son tour sur place pour vérifier les dires de ces deux
auteurs. Il a exploré systématiquement les Highlands et principalement le comté d'Argyll.
Il confirme en tous points les découvertes des deux journalistes britanniques.
L’église de Kilmartin sur les rives du Loch Awe, la chapelle de Kilmory sur le Loch
Sween et les pierres tombales qu’il a pu identifier dans les nombreux cimetières de la
région, confirment l’existence de dizaines de tombes templières datant des 12ème, 13ème,
14ème et 15ème siècles, ce qui authentifie par là même la survivance de l’Ordre du Temple
en Ecosse bien après sa disparition officielle.
Jean-Jacques Gabut fait aussi remarquer que sur ces tombes, aux côtés de la croix-épée
du Chevalier, aux côtés parfois de sculptures complexes du style des croix fleurées de
Rosslyn, figurent nombre de symboles maçonniques, notamment des équerres et des
maillets. Toutes ces tombes sont anonymes, conformément aux traditions du Temple.
Elles portent toutes la croix en forme d’épée caractéristique des Chevaliers de l’Ordre.
Elles sont, par elles-mêmes, les indices matériels qui manquaient jusqu’alors pour
corroborer la thèse, maintes fois avancée, d’une symbiose étroite entre Templiers et
maçons opératifs.
La présence des tombes, curieusement « oubliées », dans le comté d’Argyll atteste deux
choses : d’une part, qu’il y eut bien, après la date fatidique de 1307, des Templiers qui
vécurent et moururent dans les monts d’Ecosse ; d’autre part, que des initiés maçons
avaient vécu là, eux aussi, et que peut-être parfois les uns et les autres ne faisaient qu’un !
Dans une perspective maçonnique entretenue par les Loges, le Chevalier Humbert Blanc
(Imbert Blanke), ancien Précepteur d’Auvergne, se serait réfugié en Angleterre tandis que
le Chevalier Pierre d’Aumont, ancien Grand Maître provincial d’Auvergne, aurait gagné
Heredown en Ecosse où il aurait aidé le roi Robert Bruce à gagner l’indépendance de son
pays par la bataille de Bannockburn en 1314.
Une tradition maçonnique affirme que « Kilwinning », la loge écossaise la plus ancienne,
a été fondée par le roi d’Ecosse Robert Bruce après sa victoire sur les Anglais, et qu’elle
accueillait des Templiers qui s’étaient enfuis de France.
Ces découvertes historiques récentes nous permettent de penser que l’Ordre du Temple
et les maçons opératifs écossais ont pu exercer une influence réciproque, de sorte que de
nos jours, la résurgence templière la plus crédible exécute des rituels similaires à ceux de
la Franc-maçonnerie et que plusieurs éléments du symbolisme sont communs.
Dès le premier degré, la Loge (trop souvent appelée à tort « Temple ») est gardée par un
Frère armé d’une épée, qui vérifie si « les abords sont gardés » ou si la Loge est couverte
extérieurement. Il s’agit du Frère Couvreur. Un autre Frère, en principe armé lui aussi
d’une épée (au R.E.A.A.) est chargé de vérifier que ceux qui veulent entrer possèdent les
mots et les signes de reconnaissance : c’est le Frère Expert. Rappelons aussi que tous les
impétrants sont en quelque sorte adoubés par trois coups d’épée (« Je vous crée, je vous
consacre et je vous reçois »).
L'alchimie vraie, l'alchimie traditionnelle, est la connaissance des lois de la vie dans
l'homme et dans la nature et la reconstitution du processus par lequel cette vie, adultérée
ici-bas par la chute adamique, a perdu et peut recouvrer sa pureté, sa splendeur, sa
plénitude et ses prérogatives primordiales : ce qui, dans l'homme moral s'appelle
rédemption ou régénération, réincrudation[6] dans l'homme physique ; purification et
perfection dans la nature, enfin quintessenciation et transmutation dans le règne minéral
proprement dit.
Son domaine embrasse donc tout le créé et, pour l'humanité militante, toute la portion du
créé qu'elle a entraînée avec elle dans sa déchéance et qui doit ressusciter avec elle et par
elle, telle qu'elle fut avant la Transgression.
L’alchimie est une voie spirituelle qui s’adresse aux humbles et aux petits, à ceux qui sont
encore capables de s’émerveiller devant le miracle de la Nature. Quoique son domaine le
plus central soit le plan spirituel, l'alchimie connaît cent applications plus ou moins
contingentes, à tous les degrés et sous tous les aspects de la vie.
Il existe donc une alchimie intellectuelle, une alchimie morale, une sociale, une
physiologique, une astrale, une animale, une végétale, une minérale, et bien d'autres
encore. Mais l'alchimie spirituelle demeure le modèle, la clé et la raison des autres.
L'alchimie est la science naturelle par excellence ; elle est fondée sur la connaissance des
principes cosmiques de la création, préservation et destruction de l'univers, c'est-à-dire du
mystère de la Trinité[7]. La véritable alchimie doit être comprise non comme une
spectaculaire transmutation des métaux en or mais comme une spiritualisation de la
matière de l'homme lui-même.
Ceci nous amène à une interprétation symbolique : l'alchimie ne se limiterait pas à son
apparence matérialiste ; les manipulations chimiques seraient essentiellement
symboliques de la transformation psychique, menant l’individu à une évolution
spirituelle.
Le message de spiritualité qui est transmis par l’alchimie est un message philosophique.
C’est un message dans lequel l’essentiel du travail se fait sur la personne elle-même et
non sur les autres personnes. En fait, l’alchimie peut apporter à la personne qui s’y
intéresse un message d’une tradition qui est celle des origines et qui s’est perpétuée
tout au long des siècles au niveau des sociétés humaines.
R:. F:. A. B.
[1] La famille Sinclair est une famille écossaise. Sinclair devint le nom du clan
écossais qui lui est rattaché, et dont font partie les Rosslyn et les Caithness. Les Sinclair
sont d'origine normande, et leur nom dérive de Sancto Claro, un nom commun de lieu
en Normandie.
[2] La chimie n'existait pas encore !
[3] La chimie est la science qui étudie la composition et les réactions de la matière.
[5] Elias Ashmole était un hermétiste, un rosicrucien et un astrologue. Ses écrits montrent
une fascination pour le monde de l’alchimie. Comme il l’a écrit lui-même, il a été « fait
franc-maçon » en 1646 à Warrington.
[6] La réincrudation est un terme de technique hermétique qui signifie rendre cru, c'est-
à-dire remettre dans un état antérieur à celui qui caractérise la maturité ou « rétrograder
». Il s'agit d'une opération que les alchimistes accomplissent en vue de réanimer les
corporifications, c'est-à-dire de rendre vivants les métaux morts.
[7] Mystère de la Trinité è minerai trine (soufre+ mercure + sel) è Père, Fils, Saint Esprit,
mais aussi corps, âme et esprit.
[8] La Table d’Emeraude (Tabula Smaragdina en latin) est un des textes les plus célèbres
de la littérature alchimique et hermétique. C’est un texte très court, composé d'une
douzaine de formules allégoriques et obscures, dont la célèbre correspondance entre le
macrocosme et le microcosme : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce
qui est en haut est comme ce qui est en bas ». Selon la légende, elle présente
l’enseignement d’Hermès Trismégiste, fondateur mythique de l'alchimie, et aurait été
retrouvée dans son tombeau, gravé sur une tablette d’émeraude. La plus ancienne version
connue se trouve en appendice d’un traité arabe du 6ème siècle. Traduite en latin au 12ème
siècle, elle fut commentée par de nombreux alchimistes au Moyen Âge et surtout à la
Renaissance. Après le discrédit scientifique de l'alchimie et le développement de la
chimie moderne au 18ème siècle, elle a continué à fasciner occultistes et ésotéristes.
Bibliographie
Fulcanelli
Gabut Jean-Jacques
Grad A. – D.
Voyages en Franc-maçonnerie
1ère édition