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Résumé LA TECHNIQUE DU BETON

Initiée il y a quelques décennies, la


COMPACTE AU ROULEAU (B.C.R.)
technique du béton compacté au
rouleau s'est beaucoup développée POSSIBILITES D'APPLICATION
dans les pays du nord au cours des
années quatre-vingt. Ce procédé, POUR LES BARRAGES EN AFRIQUE
qui permet la construction de bar-
rages-poids avec un mode de réali-
sation proche de celui utilisé pour
J-M. DURAND *
Ingénieur des Techniques de l'Equipement Rural
les remblais en terre, offre en effet
de nombreux avantages, le princi-
pal étant la rapidité d'exécution. G. DEGOUTTE
Ingénieur en Chef du GREF
ENGREF -19, avenue du Maine
Mis en œuvre essentiellement pour
75 732 PARIS CEDEX 15
des barrages de taille importante,
le B.C.R. peut cependant trouver P. ROYET
des applications intéressantes sur Ingénieur en Chef du GREF
CEMAGREF
des ouvrages plus modest 3S, et en BP 31 Le Tholonet
Afrique particulièrement. Lorsque 16 612 AIX-EN-PROVENCE CEDEX 1
de classiques barrages-poids en
béton ou en maçonnerie sont proje- M. JENSEN
tés, le B.C.R. peut constituer une Stucky

variante économiquement viable,


surtout si, dans le conteste afri- INTRODUCTION Le continent africain n'est pas en
cain, on l'aborde dans une optique reste puisque des r é a l i s a t i o n s
de chantier à haute intensité de

D
epuis v i n g t à v i n g t - c i n q notables ont été menées à bien en
main d'oeuvre. Ceci est bien corro- ans, une technique nouvelle Afrique du Sud et au Maroc en par-
boré par exemple par l'expérience est apparue dans le domai- ticulier. D'autres applications peu-
marocaine dont l'articl 3 décrit
ne des barrages : le béton compac- vent être envisagées pour construi-
l'une des réalisations. Eniin notre
té au rouleau ou B.C.R.. Elle est re des barrages, même modestes.
propos est également étayé par
innovante tant pour le matériau
l'analyse du cas du barrage des
Olivettes en France. que pour sa mise en œuvre. L e L e présent a r t i c l e , qui est une
matériau est composé de granulats, adaptation d'une notice des Infor-
Abstract d'eau et de liants hydrauliques mis mations Techniques du C E M A -
en place comme un remblai, essen- GREF [1], vise à sensibiliser déci-
Initiated a few decades ago, Rolled tiellement à l'aide des matériels deurs et concepteurs à l'intérêt de
Compacted Concrete technology classiques de terrassement, que ce cette technique, nouvelle et encore
was developped in northern coun- soit pour son transport (camions), rare dans le contexte africain, mais
tries all along the eighties. This sa mise en place en couches minces qui peut, sous certaines conditions
process which allows construction (bouteur) ou son compactage (rou- s'avérer une solution judicieuse et
of gravity dams with a method of leau vibrant lourd). Cette tech- économique.
realisation near to the one used for nique s'inspire donc à la fois des
earth dams indeed gives many procédés de construction des I. H I S T O R I Q U E
advantages, the main being quick- ouvrages poids en béton pour le
ness of execution. dimensionnement de l'ouvrage et le Le B.C.R., en anglais R.C.C. (Rol-
matériau et des ouvrages en terre led C o m p a c t e d C o n c r è t e ) et sa
Essentially used for important
ou enrochements pour l'exécution variante japonaise R.C.D. (Rolled
sized dams, R.C.C. can however be
du chantier. Ses gros intérêts sont Concrète in Dam) sont issus d'évo-
applied to lower structures, parti-
cularly in Africa. When classic sa rapidité d'exécution et le faible lutions amorcées ponctuellement
concrete or masonry gravity dams coût de mise en œuvre. Depuis dans les années 1960 en Italie et
are planed R.C.C. may be an eco- qu'en 1988 a été mis en service le au Canada, la première réalisation
nomically viable variant, mainly if, premier grand barrage français en en grande masse concernant la
in African context, it is considered B.C.R., un certain nombre d'autres réparation de l'évacuateur de crues
like a high intensive labour expe- ouvrages importants ont été réali- de Tarbela (Pakistan).
rience. That is confirmed for sés. On peut citer notamment les
example by the experience in barrages du Riou sur le Buech (20 Le développement de cette tech-
Morocco : this paper describes one m de hauteur), de la Touche Pou- nique s'accélère au début des
of their realisations. Lastly our part, du Sep en France métropoli- années 80 avec la réalisation des
subject is also supported by the taine et de Petit-Saut en Guyane premiers grands barrages au Japon
analysis of the case of the dam of Française (40 m de hauteur et 400 d'abord, aux E t a t s - U n i s et en
Olivettes in France. 3
000 m en volume). Grande-Bretagne ensuite.
La technique japonaise (R.C.D.) température provoquée par la prise Il faut par ailleurs éviter les diffé-
utilise un matériau très proche des du béton et limite le retrait ther- rences de granulométrie entre la
bétons classiques et une réalisation mique. partie inférieure et la partie supé-
de barrages poids à plots indépen- rieure d'une couche (ségrégation,
dants équipés de joints de dilata- 77.2. Le B.C.R. est mis en œuvre à remontée de laitance). Lorsque le
tion alors que la technique améri- faible teneur en eau temps entre la mise en place de
caine (R.C.C.) emploie un béton deux couches successives dépasse
maigre et une construction de bar- Le passage des engins de compac- une certaine limite (dépendant du
rage sans joint. C'est cette dernière tage exige un produit très sec, tel type de ciment et de la température
technique qui s'est le plus large- que l'affaissement au cône ambiante), on est dans les condi-
ment répandue, en particulier en d'Abrams soit nul. La détermina- tions d'une reprise froide et il est
Australie, en Afrique du Sud, en tion de la teneur en eau optimale nécessaire de traiter les liaisons
Espagne et en France. se fait couramment, comme en entre couches par un mortier de
mécanique des sols, à l'aide de l'es- reprise sur 2 à 3 cm d'épaisseur.
Fin 1988, une trentaine de bar- sai Proctor sur grand moule afin de
rages de plus de 20 m de hauteur tenir compte de la granulométrie 11.4. Le B.C.R. est fortement com-
étaient construits en B.C.R. à tra- du matériau. On utilise aussi un pacté
vers le monde (dont 20 achevés en essai dénommé VeBe consistant à
1987 et 1988). En outre, le B.C.R. étudier le comportement d'éprou- L'intérêt de l'utilisation des rou-
est maintenant fréquemment utili- vettes normalisées sur une table leaux vibrants par rapport à la
sé pour la construction de batar- vibrante. mise en œuvre classique avec
deaux ou en fondation d'ouvrages. aiguille vibrante, est triple :
La faible teneur en eau à la mise
En France, le barrage des Olivettes - ils sont plus adaptés à la faible
en œuvre permet ainsi de diminuer
dans le département de l'Hérault a plasticité du mélange ;
le retrait hydraulique du béton et
été achevé en décembre 1987 et d'améliorer sa résistance à long - ils ont un grand rendement ;
constitue la première réalisation terme, toutes choses égales par
importante en B.C.R. avec une hau- - ils compactent le matériau avec
ailleurs. Ce sera bien sûr égale-
teur de 36 m et un volume de béton une énergie beaucoup plus élevée,
ment un atout pour réaliser des
3
de 80 000 m (cf. V). Il a été précédé ce qui permet d'approcher les den-
chantiers en Afrique sèche où l'ap-
par la construction d'une petite sités obtenues avec un béton clas-
provisionnement en eau pose sou-
digue à Saint-Martin-de-Londres, sique.
vent des problèmes difficiles à
également dans l'Hérault et du résoudre.
batardeau du barrage de Pont-de- 77.5. L'ouvrage doit avoir une étan-
Veyrière en Ardèche. 11.3. Le B.C.R. est mis en œuvre en chéité spécifique
couches minces
H .DESCRIPTION D U PROCEDE Un ouvrage réalisé en béton com-
pacté au rouleau ne peut en géné-
Le matériau, fabriqué dans des
Nous ne développerons pas ici la ral pas être considéré comme
centrales à béton classiques ou à étanche en grand, surtout du fait
technique du R.C.D. japonais mise malaxage continu à gros débit, est
en œuvre essentiellement dans ce des reprises entre couches.
acheminé sur l'ouvrage par camion- C'est pourquoi l'étanchéité de cer-
pays et économiquement moins benne ou bande transporteuse.
intéressante. tains barrages construits en B.C.R.
est assurée par un parement amont
Il est étalé au bouteur en couches vertical en béton vibré traditionnel,
IL 1. Le B.C.R. est un béton faible-
minces de 0,30 à 0,50 m. L'épais- équipé de joints de dilatation avec
ment dosé en liant
seur des couches est commandée waterstops. Ce parement amont
par des contraintes d'efficacité de sert de coffrage pour le B.C.R. du
La teneur en liant est, en général,
compactage et de cadences de chan- corps de barrage (cas du barrage de
différente suivant les parties de
tier. Le point délicat est la liaison Petit Saut). Cette étanchéité pour-
l'ouvrage (plus élevée sur les par-
entre couches successives qui pré- rait être également assurée par une
ties externes), mais reste de l'ordre
3 sente une double faiblesse poten- géomembrane ou un enduit appro-
de 100 à 200 kg par m .
tielle : forte perméabilité et résis- prié sur le parement amont de l'ou-
Le liant est constitué de ciiiient et tance mécanique médiocre. vrage (cas du barrage du Riou).
de cendres volantes, ces dernières
dans une proportion pouvant aller L'idéal pour avoir une bonne liai- Il est enfin des cas où l'étanchéité
jusqu'aux deux tiers du liant. son consiste bien sûr à mettre en n'est pas un objectif fondamental et
place la couche supérieure ayant où le B.C.R. peut se suffire à lui-
La réduction des quantités de que la couche inférieure n'ait fait même, moyennant quelques pré-
ciment permet de diminuer les prise (reprise chaude), ce qui dis- cautions : barrages uniquement
coûts et d'obtenir un liant à prise pense de la mise en place d'un mor- écrêteurs de crues, batardeaux pro-
lente, ce qui diminue l'élévation de tier. visoires, etc.
III. I N T E R E T D U B.C.R. E T grands dommages, supporter un U n autre argument peut être la
DOMAINES D'UTILISATION déversement en cas de crue impor- rapidité d'exécution : elle permet
tante survenant pendant la en effet de réaliser rapidement le
III. 1. Intérêt économique construction. chantier avant le début de la saison
des pluies dans les pays soumis au
On considère en général que le coût IV. P E R S P E C T I V E S régime tropical.
3
du m de B.C.R. mis en œuvre dans DE D E V E L O P P E M E N T
un barrage poids est en moyenne DE CETTE T E C H N I Q U E
Et même si des pluies précoces sur-
deux fois inférieur à celui d'un E N AFRIQUE
viennent, on a vu que l'ouvrage
béton classique (non compris des
était en mesure de résister à une
traitements particuliers entre Les précédentes décennies ont été
couches). Cette proportion tend à marquées par une baisse tendan- surverse se produisant en cours de
augmenter avec les quantités mises cielle de la proportion de barrages construction.
en œuvre. Mais ce rapport est évi- en béton réalisés dans le monde,
demment moins élevé si l'on consi- baisse due essentiellement aux pro- Cependant, la mise en œuvre de la
dère l'ensemble de l'ouvrage grès considérables dans les engins technique du B.C.R. suppose qu'un
incluant le traitement de la fonda- et techniques de terrassement qui certain nombre de conditions favo-
tion, le déversoir et les ouvrages ont permis en corollaire le dévelop- rables soient réunies, comme par
annexes. pement des barrages en terre. L'ar- exemple la présence d'une fonda-
rivée récente de la technique du tion rocheuse et la disponibilité à
La comparaison entre le barrage B.C.R. a d'ores et déjà réussi à proximité du site de granulats en
poids classique et le barrage poids infléchir cette tendance.
quantité suffisante.
en B.C.R. est facilitée par un cer-
tain nombre de constantes entre Cependant, elle a jusqu'ici surtout
ces deux solutions : provenance Enfin, même si, comme on l'a vu, le
concerné des barrages de taille
souvent identique des matériaux ; importante. L'intérêt économique B.C.R. est compacté à faible teneur
travaux de fondation semblables ; du B.C.R. consiste en effet à pou- en eau, les volumes mis en jeu
déversoir identique ; profils voi- voir édifier des ouvrages de grand nécessitent tout de même une dis-
sins. Par contre la comparaison volume avec des cadences de chan- ponibilité en eau non négligeable.
avec d'autres solutions telles que tier élevées. Si ces conditions sont réunies, les
barrages en terre ou en enroche- quelques arguments cités ci-dessus
ments, à zones ou à masques, Mais le B.C.R. peut trouver des pourraient amener les concepteurs
nécessite une étude approfondie de
applications intéressantes sur des de barrages en Afrique à considérer
la qualité, de la quantité et de la
ouvrages plus modestes (retenues les ouvrages en B.C.R. comme une
provenance des matériaux, ainsi
que des conditions de fondation. de type collinaire). Il pourra en par- alternative possible et économique-
Les ouvrages récents réalisés en ticulier être compétitif du point de ment intéressante.
B.C.R. ont souvent fait apparaître vue économique dans le cas de
que l'adoption de ce procédé permet petits barrages de grande longueur, V. DEUX EXEMPLES
d'espérer une économie globale de comme on en réalise dans de nom- D ' A P P L I C A T I O N D U B.C.R.
10 à 20 % par rapport à des solu- breuses zones à faible relief en
tions terre ou enrochements, pour DANS LE DOMAINE
Afrique. En fait, il semble que l'on
autant que les fondations soient DES BARRAGES
pourrait situer le seuil de rentabili-
favorables à la réalisation d'un bar-
té dans le contexte africain autour
rage poids. 3 V.l. Le barrage des Olivettes (France)
de 40 000 à 50 000 m .
III.2. Intérêt du point de vue des V . l . l . Cadre du projet
L'expérience marocaine (cf. V.2.)
délais de réalisation
montre par ailleurs que la tech-
Le barrage des Olivettes, dont la
Un des atouts majeurs du B.C.R. nique du B.C.R. peut être compé-
retenue totale est de 6,7 million de
est de permettre des cadences éle- titive par rapport à de classiques 3
m pour une hauteur maximale de
vées pour la réalisation du barrage, barrages en maçonnerie. 36 m, a pour objectif le contrôle des
le facteur limitant étant en général
crues du haut bassin de la Peyne
la centrale à béton. On atteint cou- En Afrique, on peut en effet envisa- qui contribuent pour une bonne
ramment des rythmes d'élévation ger des chantiers à haute intensité part aux inondations de la basse
de l'ouvrage de 1 m par jour. Cet
de main d'œuvre à faible coût et vallée de l'Hérault.
atout peut donc s'avérer primordial
utilisant des moyens peu mécani-
dans certains cas de contraintes cli-
sés (un matériel minimum est Il a, par ailleurs, une fonction de
matiques particulières ou de
périodes d'étiage courtes. De plus cependant indispensable pour le stockage pour l'irrigation des
l'expérience a montré que les bar- contrôle du béton, son transport et plaines en aval, en particulier de la
rages en B.C.R. pouvaient, sans son compactage). zone nord de Pézenas (photo 1).
r
Photo 1 : Le barrage des Olivettes terminé (source : CEMAGREF, groupement d'Aix-en-Provence).
V.1.2. Raisons du choix de la solu- sée, qui s'est avérée techniquement mois seulement et que l'on pouvait
tion barrage en B.C.R. et économiquement intéressante. a priori estimer l'économie à envi-
La mise au point de cette solution ron 11% du coût de la solution ini-
Le site du barrage et la cuvette de a été le fruit d'une collaboration tiale.
retenue s'inscrivent en totalité étroite entre le maître d'œuvre
dans une série de schistes (Flysh
du Viséen supérieur) couverts d'al-
luvions en fond de vallée, d'éboulis
et de colluvions en versant.

Au droit du site, les schistes, alté-


rés en partie supérieure, présen-
tent, à une profondeur de 2 à 3 m
en fond de vallée et de l'ordre de 10
m en versant, des caractéristiques
mécaniques correctes pour suppor-
ter un barrage de 30 à 40 m de
hauteur.

Ces conditions de fondation, ainsi


que la présence à proximité du site
d'un plateau basaltique susceptible
de fournir des enrochements, ont
conduit à proposer une solution de Photo 2 : Le barrage en chantier vu de l'aval, avec l'atelier de mise en œuvre du B.C.R. et
barrage en enrochements à masque compactage. Au premier plan, la contre-digue aval en B. C.R.
(source : CEMAGREF, groupement d'Aix-en-Provence).
amont en béton bitumineux après
comparaison avec une solution de
barrage à voûtes multiples. C'est ( C N A B R L ) et le pilote du groupe- V.1.3. Dispositions d'ensemble
donc sur la base de la solution ment d'entreprises (BEC) sous le
digue en e n r o c h e m e n t s que la contrôle du conducteur de l'opéra- Le profil du barrage est du type
consultation des entreprises a été tion (DDAF). A l'issue de cette mise poids à parement amont vertical
lancée. au point, il est apparu que le barra- avec un parement aval d'un fruit de
Une variante en B.C.R. a été propo- ge serait réalisable en dix-huit 0,75 et un couronnement de 5 m de
3
largeur. D'implantation rectiligne, - agrégats calcaires 250 k g / m de Rolac de 2 à 3 cm
sa longueur en crête est de 254 m d'épaisseur et de 3 m de largeur.
pour une hauteur m a x i m a l e au 14 - 63 mm 850 kg/m 3
Le talus aval est compacté selon le
3

dessus de ses fondations de 36 m. 0 - 14 mm 1110 kg/m rampant de façon à lui conférer un


3

(photo 3). 0 - 2 mm 220kg/m maximum de résistance aux intem-


péries (ruissellement, gel, dégel), à
l'aide d'un dispositif monté sur
pelle mécanique et spécialement
conçu à cet effet. Le profil en partie
déversante (figure 2) comporte, en
partie supérieure, un seuil de profil
type Craeger prolongé le long du
parement aval par des marches de
60 cm de hauteur : le seuil et les
marches sont en béton traditionnel
3
dosé à 350 kg de ciment par m .

Les marches, réalisées toutes les


deux couches, sont ancrées au
B.C.R. par un treillis soudé : cette
disposition, outre sa simplicité
d'exécution, présente l'avantage
hydraulique de réduire de plus de
60 % l'énergie résiduelle à dissiper
Photo 3 : Barrage des Olivettes : le parement amont
(source : CEMAGREF, groupement d'Aix-en-Provence). au pied aval du barrage pour la
crue de projet.

Sa partie centrale est déversante. - liant «Rolac» de Lafarge : 130


kg/m 3 L'ensemble du barrage est drainé
Elle constitue l'évacuateur de crues
tant dans sa masse qu'en fondation
principal capable d'évacuer 290 - eau : 140 1/m . 3

par un réseau de drains forés.


mVs (crue de période de retour
Ces drains débouchent dans une
5000 ans après écrêtement). Avec cette composition et un com-
galerie de visite périmétrale.
pactage à 100 % de l'optimum Proc-
Un pertuis de 22 mVs de capacité, tor modifié, la
calé 3,50 m plus bas que le seuil densité obte-
d'évacuation principal et disposé en nue est égale à
2,4 et la per-
extrémité rive gauche de celui-ci,
méabilité ver-
permet de marquer le niveau de la
ticale de
retenue normale. Un ouvrage de l'ordre de 1 0 9

prise et de v i d a n g e d'un débit m/s. L ' é t a n -


3
maximal de 11 m /s complète l'équi- chéité amont
pement hydraulique. du massif
(figure 1) est
L'ensemble des débits évacués est assurée par un
restitué dans le bassin de dissipa- béton de pare-
tion, d é l i m i t é en a v a l par une ment (0 - 63
contre-digue en B.C.R. de 4,5 m de m m ) dosé à
250 kg de
hauteur qui a, en outre, servi de 3
Rolac par m
planche d'essai de mise en place du
mis en place
B.C.R. en début des travaux. au fur et à
mesure de la
V.1.4. Conception du profil montée des
du barrage couches de
B.C.R., et par
La composition du B.C.R. a été étu- un mortier de
diée pour atteindre une résistance liaison entre
à 90 jours de 12 Mpa en compres- couches (0 - 14
sion et de 1,5 Mpa en traction : m m ) dosé à Figure 1 : section type : 1. Béton de parement
3
; 2. Mortier entre couches ;
3. B.C.R. (130 kg de liant par m ) ; 4. Galerie de contrôle.

60 SUD SCIENCES & TECHNOLOGIES X 1 • JASMER 199S


La définition Y» 1.8. Organisation du chantier
des essais de
contrôle ' est L e s bétons du c h a n t i e r ont été
particulière- ' fabriqués dans deux centrales :
•ment délicate
'dans le .-cas - une centrale à malaxage continu,
.du B . C . R . : d'une capacité de 400 t/h, pour le
ce" matériau,- béton à compacter ;
mis en œuvre
' comme ' un - - une centrale à malaxage disconti-
remblai, est, nu, d'une capacité de 50 mVh, pour
après p r i s e , les mortiers et bétons classiques.
très semblab- Le B.C.R. a été mis en place au
le à un béton. moyen de camions, de bouteurs, de
La montée de n i v e l e u s e s et de compacteurs
l'ouvrage est vibrants de type V4, l'épaisseur des
donc ••."•très couches (30 cm) étant obtenue avec
rapide, et les - précision à l'aide d'un système
?
délais' de laser. L a t e l i e r de terrassement
réaction très était précédé par un atelier de net-
courts.Le toyage de la surface et, dans la par-
processus tie amont, par un atelier d'épanda-
adopté a- été • ge de mortier. Une fois le compac-
•le suivant : tage de la levée terminé, la cure du
- •contrôle béton était assuré par l'arroseuse
Figure 2 : Section déversante : 5. Seuil déversant ; 6, Marches (béton à systématique du chantier. La galerie de drainage
3
350 kg de ciment, par nf) ; radier aval (béton à 350 kg de ciment par m ). des maté- a été réalisée simultanément à la
riaux avant mise en œuvre du B . C . R . , de la
V.1.5. Méthodes de 'réalisation mise en œuvre, tout au long de la façon suivante :
chaîne de fabrication, depuis l'ex- - mise en place de gravier au lieu de
Pour cette p r e m i è r e réalisation traction en carrière jusqu'à la cen- B.C.R., sur la trace de la galerie ;
d'importance (le barrage des Oli- trale à béton (formalisation dans -formation du toit de la galerie en
vettes est le premier grand barrage un Plan d'Assurance Qualité) ; B.C.R. armé horizontalement ;
français en B.C.R.), l'effort a porté - contrôle de réception des couches - déblaiement de la galerie par un
sur line bonne maîtrise de certains par mesure des densités et teneurs petit chargeur minier (photo 4).
paramètres retenus et sur la prépa-
ration du chantier :

- l'épaisseur des couches (30 cm) a


été celle retenue pour la plupart
des ouvrages d'autres pays ;

- la possibilité d'employer des agré-


gats de qualité médiocre n'a pas été
utilisée ;

- la cadence de construction a été


limitée à une couche par jour, pour
permettre une bonne organisation
de chantier et des travaux de quali-
té. Cette cadence a été acceptable
en ce qui concerne la qualité des
liaisons entre couches successives,
grâce à l'emploi d'un liant hydrau-
lique à début de prise retardé, le
Rolac de Lafarge. Photo 4 : Barrage des Olivettes : la galerie
(source : CEMAGREF, groupernent d'Aix-en-Provence).
Une planche d'essai a permis de Les ouvrages de génie civil de la
en eau à l'aide d'un gammadensi-
définir l'intensité du compactage, la vidange de fond, en particulier la
mètre ;
dimension optimale des granulats, tête amont, ont été construits pen-
- contrôle statistique par mesure
le dosage en liant et le traitement dant un arrêt de mise en place du
des perméabilités et résî«+?r,ces sur
des reprises. B.C.R., la galerie de vidange elle-
éprouvettes. •

Si I) M II Si ; * A 11 ( IIMUAH.tl S \ ! - ./.l.Yl//.'K / V / S
T

Figure 3 : Coupe type du barrage d'El Koreima [2].

même étant r é a l i s é e comme la en matériel, main d'œuvre abon- de coûts effectués par les services de
galerie de drainage. dante) s'apparente en effet aux l'hydraulique marocains ont démon-
méthodes de construction des bar- tré que la solution B.C.R. pouvait
V.1.7. Une application du B.C.R. rages en maçonnerie, telles qu'on conduire à des économies d'environ
concluante peut les pratiquer par exemple 40 % par rapport à des ouvrages
dans les Monts Mandara au Nord classiques en maçonnerie. •
Le barrage des Olivettes a été réa-
Cameroun.
lisé dans le délai prévu et avec une
économie estimée à 14 % par rap-
Une coupe type de ce barrage est
port à la solution de base en enro- REFERENCES
représentée sur la figure 3. Le pro-
chements. Il donne entière satisfac- BIBLIOGRAPHIQUES
fil est à double pente avec un fruit
tion, malgré l'apparition de trois
amont de 0,2H / I V et un fruit aval
fissures verticales traversantes. [1] L'utilisation de la technique
de 0,75H / I V pour la partie non
Ces fissures étaient prévisibles, le du béton compacté au rouleau
déversante et 0,6H / I V pour la
corps du barrage ne comportant (B.C.R.) pour les barrages - G.
zone déversante. Le fruit amont a
pas de joints transversaux, par
été prévu pour faciliter le coffrage D E G O U T T E ; P. R O Y E T ; M .
souci d'optimisation économique.
du parement. J E N S E N - Informations tech-
Elles ont été aisément réparées par
un produit à base d'élastomère de niques du C E M A G R E F n° 74,
L'étanchéité est assurée par la pré- note 1 - juin 1989.
polyuréthane.
sence d'un masque amont en béton
armé, prolongé en fondation par [2] Petits barrages - Recomman-
V.2. Le barrage d'El Koreima
une tranchée parafouille. On peut
(Maroc) [2] dations pour la conception, la
également constater sur la coupe
réalisation et le suivi - Sous la
Le barrage d'El Koreima a été réa- qu'il n'a pas été prévu de galerie de
coordination de G. D E G O U T T E
lisé en 1989 près de Rabat. D'une drainage (la hauteur du barrage
n'est pas trop importante). - CEMAGREF Editions - 1997.
hauteur de 26 m, il est constitué
3
d'un volume de 25 000 m . C'est un
Mais le drainage du corps de l'ou- [3] Le béton compacté au rouleau
exemple intéressant dans le cadre
de cet article car le projet a été déli- vrage et de la fondation est réalisé - les barrages en B.C.R. - Projet
bérément abordé dans une optique par des drains horizontaux et verti- National BaCaRa 1988-1996 -
de petit barrage. caux débouchant au pied a v a l . Presses de l'Ecole Nationale des
L'approche utilisée (moyens réduits Notons enfin que les comparaisons Ponts et Chaussées - 1996.

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