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es du greffe
,r,, Tri ,1Ln.11t!s. ;-;,ar,de Instance de PARIS
TRIBUNAL .l'VJINUTE
N°: 5
DE GRANDE
INSTANCE
DE PARIS
■
)7ème Ch.
Presse-civile
N''RG:
N° RG 18/06847 - N° République française
Portaüs Au nom du Peuple français
352J-W-B7C-CNCW
3
RP JUGEMENT
rendu le 03 Octobre 2018
Assignation du :
18 Mai 2018
DEMANDEUR
DEFENDEURS
Expéditions
aécutoîres
o,
délivrées le :
/,.,,/tR
'\
.,,_,_lf,r.,,J,
y·•·'~
#P0218 (plaidant)
CO.MPOSIDON DU TR[RIINAL
Greffiers;
Viviane RABEYRINaux débats
Martine V AIL à la mise à disposition
DEBATS
A l'audience du 20 Juin 2018
tenue publiquement
JUGEMENT
y·•·'
~
- de dire que constituentune diffamationpublique envers particulier
au préjudice de M. Teodoro OBIANG NGUEMA.MBASOGO les
propos suivants signés par M. SalomonABESO h'DONG:
,,., ~
« IL EST INADMISSIBLE; QUE LE CHEF DE /,'ETAT EQUATO-
GUJNEEN [ . .) FINANCE L'ACHAT D'ARMES ET DE MILICIENS
POUR DESTAB!LISERLE REGIME DE CENTRAFRIQUE DANSLE
CADRE D'UNE OPERATION MENEE PAR DES MERCENAIRES
VISANT A S'EMPARER DES RICHESSES DE CE PAYS TOUT EN
REGLANTDESCOMPTESPOURLASOI-DISANTPARTICIPATION
DELACENTRAFRIQUEDANSLEFAUXCOUPDETATORGANISE
EN GUINEE EQUATORIALE QUI A PERMTS DE TORIVRER ET
D'ASSASSINERENTOUTEIMPUNIJ"ELESOPPOSANTS. » (propos
numérotés 8pour les besoins de la motivation).
« OBIANG NGUEMA };{JJASOGO[ ..] se tourne maintenant vers le~·
richesses de son voisin de Centrafrique pour tenter de s'emparer des
mines de platine et de mercure [ ..]».(propos numéroté$ 9 pour les
besoins de la motivation).
« Et c'est RADIO MACUTO qui nous a précisé { ..]:« Teodoro
OBIANG NGUEMA MBASOGO a l'intention de déstabiliser la
République centrafricaine et aurait fourni deux à trois millions de
dollars pour parvenir à ses fins» allant mênœ jusqu'à préciser sur la
hase d'une interception téléphonique la répartition selon laquelle le
mandataire équato--guinée11 a dom1é deux millions de dollars US à
Michel Am-NONDOKRO DJOTODIA, chef de la. formation
paramüitaire Séléka et un mil/Wn en esp~ces au général de
l'ancienne Séléka NOUREDDINE ADAM, populairement connu
comme "le seigneur de la gue"e". »
"LE VOILA PRIS VNE FOIS DE PLUS EN FLAGRANT DELIT
DE CRIMES ET CETTE FOIS-CI IL S'AGIT DE CRIME DE
GUERRE».(propos se suivant numérotés ensemble JO pour les
besoins de la mativation).
«QUI PLUS EST IL DOIJ"DEMISSIONNER{ ..] POUR LAISSER LA
PLACE A UN VERIFABLE REGIME, PERMEJTANT LE RETOUR
DES 250000 PERSONNES QŒ ONT FUIJ"LE REGIME POUR NE
PASSEFAIREASSASSINERCOMMELES310ETCEUXQUISONT
ENCORE CACHES DANS LES CHARNIERS !!.(propos numérotés 1I
pour les besoins de la motivotion).
"[...] IL FAIT ASSASSINER LES OPPOSANTS ET PRATIQUE LE
CANNIBALISME [...]". (propos érotés 12 pour les besoins de la
motivation).
- de condamner M. Salomon ABESO NDONG à lui verser la somme
de 500 000 euros à titre de dommages et intérêts en réparation du
préjudice subi à raison des propos diffamatoires dont il est l'auteur,
- d'ordonner la publication judiciaire du jugement sous astreinte,
- de condamner M. Salomon ABESO NDONG à lui verser la somme
de20 000 euros sur le fondement de l'article 700 du code de procédure
civile,
- d"ordonner l'exécution provÏJ:;oiredu jugement.
Pa,ge 4
(y-
- le bénéfic,, de la bonne foi et en con.séquen~c le débouté de M.
OBIANG NGUEMA MBASOGO de l'intégralité de ses demandes,
- la condamnation de M. OBTANGNGUEMA MBASOGO à lui verser
la somme de 20 000 euros sur le fondement de l'article 700 du code de
procédure civile et aux dépens.
-o-o-
Page5
~
région et qu'un régime démocratique pu;sse se mettre en place en
république de Guinée-équatoriale avec tous ceux qui ont été écartés du
pouvoir depuis un demi-siècle"- comme énoncé dans Je dernier
paragraphe de l'article- dénonce principalement- comme cela résulte
déjà pour partie de son titre- le fait que le Président de Guinée-
équatoriale, (depuis 39 ans sans interruption), sîègeant au Conseil de
Sécurité de l'ONU lequel a pour objet d'assurer la paix et la sécurité
dans Je monde, après avoir organisé "'14 vrais faux coups d'état' en
Guinée-équatoriale", ait financéà hauteurde "trois millions de dollars"
une tentative de "coup d'Etat en Centrafrique" par des "mercenaires"
ayant "attaqué les forces de la MINUSCA" suite à laquelle les
émissaires de l'ONU et de l'UA ont rnpPelé que "toute attaque contre
les soldatJ· de la paix constitu(ait) un crime de guerre''. et ce, "pour
s'emparer des rkhesses de ce pays tout en réglant des comptes pour la
soit-disant participation de la Centrafrique dans le faux coup d'Etat
organisé en Guinée-équatoriale qui a permis de torturer et d'assassiner
en toute impunité les opposants ", en lien avec l'opposition au régime
de Centrafrique .
(ll
M.Salomon ABESO NDONG, opposant politique provisoirement
réfugié politique en Espagne puis exilé au Royaume Uni, et se
présentant comme Président de la Coalition d'Oppositîon pour la
Restauration d'un Etat Démocratique en Guinée Equatoriale (CORED)
regroupant les opposant en exil ou dans la clandestinité afin d'obtenir
en Guinée-équatoriale une restauration de la démocratie, lui oppose qu'il
doit btSnéficier de l'excuse de bonne foi dès lors:
Sur ce,
Page 7
C}
commettre un crime de guerre en finaru;ant un coup d'Etat à l'enconlre
d'un pays voisin passant par l'attaque des forces de paix installées par
l'ONU constituenon seulement une violation des règles internationales
et de l'ordre public international mais une infraction d'une gravité
extrême, portant atteinte à l'honneur et à la considération du chef d'Etat
de la Guinée-équatoriale.
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P'Hl"e10
~
Guinée-équatoriale, Teodoro Obiang Ngema, a été rJé!u sans
surprise avec un score de 93, 7% à laprésidentielledu 24 avril,D
est aupouvoir depuis 1979...A la dernièreprésidentielle,en 2009,
le président équato-guinéen, doyen des chefa d'Etat africains par
la longévité, avait déjà obtenu officiellement 95,37% des
suffeages ... "Il y est 5ouligné que: "Initialement prévu en novembre,
le scrutin avait été avancé au 24 =rîl par décret présidentiel sans
explication ...la lecture des résultats a révélé des anomalies,
plusieurs localités comptant un nombre supérieur de votants que
d'inscrits, a reconnu le président de la commission
électorale ... !ors d'une déclaration au ministère de l'intériror de
Malabo. Selon lui les électeurs ont "sans doute"voyagé le jour du
scrutin, et ont voté dons des centres de vote d!/férents de ceux où
ils étaient enregistrés." Cet article, bien que postérieur à !'article
incriminéest relatif à des faits antérieurs, et participe à ce titre de
la base factuelle;
• n°19: article publié le 22 avril 2016 de quelques jours postérie<.1r
à l'article incriminé, sur le site www .Jemonde.fr intitulé "Guinée-
équatoriale: Téodoro Obiang Nguema favori d'une présidentielle
sans enjeu" faisant état en caractères gras dans l'article d'une
''parodie électorale", relatant que le secrétaire général de la
Convergence pour la démocratie sociale (CPDS) avait affirmé à
!'AFP avant le début de la campagne officielle :"le résultat est
connu d'avance grâce ma multiples irrégularités et fraudes déjà
préparées" et que dès le 23 mars (soit avmt la publication des
propos incriminés), le principal adversaire du président sortant, le
Front de !'Opposition Démocnrtique (FOD), une coalition
regroupant les principaux partis d'opposition, avait appelé à
boycotter la présidentielle, estimant que toutes les conditions
étaient réunies pour des ''fraudes".
• n° 20: article publié le 12 novembre 2017 mis à jour le 8 janvier
2018, soit antérieurement aux propos incriminés, publié sur Je site
"information tv5monde.comlafriquelélections"intitulé "Elections
en Guinée Equatoriale: l'opposition dénonce fraudes et
irrégularités" précisant que "des responsables de l'opposition ont
dénoncé de multiples ''frmuies" et "irrégularités''. avec des
arrestations de leurs militants qui avaient dénoncé ces conditions
ou tenté de s;li opposer" et que " Interrogé par l'AFP, un
responsable du CPDS (Convergence pour la Dhnocratie) a
signalé des arrestations de plU!lieurs de ses représentants ... et a
déploré l'absence de ses bulletins de vote dansplusieurs bureaux
de Malaho.Selon le leader du Cl s'exprimant lui aussi auprès de
/'AFP, près de 80% des assesseurs de ce parti ont été expulsés des
bureaux de vole et n'ont pas pu sunieiller le vote. Trois militants
ont également été interpellés après avoir protesté contre des
irrégularüés. Ces deux responsables ont dénoncé pêle-mêle une
présence policière jusque dans les bureaux susceptible
d'influencer le vote, des bulletins de l'opposition absents, des
votants qui n'étaient pas inscrits ou encore des votes organisés en
public ... ";
• n°2 I : article publié sur le site www 20minute,ji- portant la date du
10 juin 2018 mais commentant le résultat des élections du 12
novembre 2017 en ces termes: "Le parti démocratique fie Guinée-
équatoriale (PDGE), au pouvoir depuis près de 1ffans dans le
'age 11
(}-
pays, a remporté une nouvelle fois sans surprise et avec des
scores à la so-,,iétique, les élections législatives, sénatoriales et
municipales du 12 mwembre ... "une honte électomle" (en gras
dans le texte) Des responsablesde cesformations d'oppositionont
dérumcé de multiples "fraudes" et "irrégularités" le jour du vote
du 12 novembre, d'incidents pendant le vote ... "C'est une honte
électorale. Nous ne reconnaissons pas ces résultats, car il n)i a
pas eu vraiment d'élections" a commenté à !'AFP Andres Esono
Orwd, secrétaire général du CPDS. No!IS demandons la tenue
d'autres élections...";
• n°22 : article de l'ONG Hu.mon Rights Watch publié le 15
novembre 2011 intitulé "Guinée•équatoriale:Un référendum
entaché par des procédures irrégulières" rapportant des actes de
fraude et d'intimidation des électeurs lors du référendum de 2011
visant à modifier la Constitution de la Guinée-équatoriale pour
renforcer les pouvoirs de la présidence et précisant en particulier
: "les irrégularités, y compris la présence de personnel de sécurité
armé à l'intérieur des bureaia de vote, le bourrage des urnes, et
les menaces envers les membres de l'opposition qui tentaient
d'observer le déroulement du vote, remettent en question la
validité des résultats annoncés par le gouvernement ... EG Justice
a obtenu des i,iformations sur le déroulement du rijèrendum
auprès d'un observateur indépendant du vote, de membres de
partis d'opposition surveillant les élections, et d'électeurs oyant
décrit les conditions dans les bureaux de vote de Bota, Malabo et
Lubo. Ces sources ont déclaré à EG Justice que des responsables
de bureaux: de vote encouragaient certains électeurs à voter
publiquement, allant à l'encontre de la constitution du pays qui
garantit un vote secret. Les lois sur les modalités du vote
exigeaient que les responsables fournissent de= bulletins à
chaque électeur, un bulletin "oui" etun bulletin "non", à emporter
à l'intérieur d'un isoloir indi-viduel... Dans certains cas... les
responsables des burea= de vote encouragaient les électeurs à
emporter seulement des bulletins "oui" dans les isoloirs, ou bien
àfaire leur choix sans utiliser d'isoloir. Dans certains bureaux, on
ne trauvair ni bullelins "non''. ni isoloirs, ont déclaré des
personnes interviewées par EG Justice. "
'age12~
avril 2018 (pièce n°18) Îls s'expriment sur les élections antérieures a=
propos tenus, et s'agissant de la seconde, elle évoque des faits du 23 mars
précédent,à savoir un appel au boycott, les oonditions de la fraude étant
réunies et viennent ainsi conforter par recoupement les autres éléments.
Les éléments relatifs au pourcentage des électeurs en faveur de Teodoro
OBIANG NGUEMA MBASOGO depuis 1979 participent également de
cette base factuelle suffisante;
'age 13
~
Le rapport mentionnait que lui-même et sa famille seraient
accusés d'avoir blanchi, entre 2000 et 2003, environ26,5 millions
de dollars en achats immobiliers, et en particulier acquis un
immeuble particulier avenue Foch à Paris 16 ème, où résidait son
fils le vice-président Teodoro NGUEMA OBIANG MANGUE,
dont l'instruction ultérieurement menée a mis en lumière que ce
dernier était l'acquéreur de l'immeuble dont s'agit par sociétés
interposées et a conduit à sa mndamnati,m pour blanchiment par
jugement du Tribunal correctionnel de Paris le 27 octobre 2017
(pièce n°6), certaines de ses acquisitions en France tant
mobilières qu'immobilières à titre _personnel ayant été financées
par le détournement de fonds publics de Guinée-équatoriale, lui
même favorisé par des faits de corruption ( page 72 du jugement)
en particulier par la société guinéenne d'exploitation forestière
alors que Teodoro NGUEMA OBIANG MANGUE était ministre
de l'agriculture tandis que Teodoro OBIANG NGUEMA
MBASOGO bénéficiait de l'immunité en sa qualité de chef d'Etat.
• n°24: document daté du 30 juillet 2014 à entête de "Human
Righls Watch" intitulé: "Guinée-équatoriale: ilfaut mettre fin aux
tortures dans les prisons" faisaut incidemment état de faits de
conuption en mentionnant que "le Président Obama et les autres
dirigeants mondiaux qui doiventrenr:ontrer la semaine prochaine
le président de fa Guinée-équatoriale Teodoro Obiang Ngema
Afbasogo devraient dénoncer la torture, la corruption et les
au/ri$ graves violation des dro<"tshumains commises dans ce
pays .. .la corruption et l"1i priorités mal orientées du
gouven,ement ont permis à une petite élite proche du président
de s'enrichir en profitant des r"1isources naturelles du pays.
tandis que la majorité de la population vit dans des conditions
socio-économiques pires que r:el/es qui prévalent dans de
nombrew; pays africains dotés de beaucoup moins de
re,·sources".
:e 14
~
situation notamment de Roberto BERARDI, citoyen iWien détenu
et torturé à compter de janvier 2013 etjusqu'enjuillet 2015 dans
une prison, son arrestation pouvant être en lien avec sa situation
de témoin gênant dans une affaire de corruption touchant le fils
aîné du Président de la République ( comme il ressort également
des pièces 26,27 et 28 du défendeur);
• n"28 et 29 relatives aux conditions de détention de M.
BERARDI,'frappé et torturé d'abord au commissariat de Bata
puii à la prison de Bata ...maintenu à terre par des gardiens et
flagellé ... ";
• n°24: appel de l'ONG Hwnan Rights Watch du 30 juillet2014
sou~ le titre éloquent de: "Guinée-équatoriale: il faut me/Ire fin
aza tortures dans les prisons" et sous-titré: "Le président OBAMA
devrait insister auprès duprésident Obiangpow- qu'ilfa1-secesser
les abus"; Cet appel dénonce notamment "la violente répression
{en gras dans le texte) exercée par son gouvernement à l'encontre
de ses opposants politiques, des organisations indépendantes de
la société civile et des médias ... " et souligne que le Département
d'Etat américain, dans son dernier rapport sur les droits humains
dans le monde, identifie les plus graves violations de ces droits en
Guinée-équatoriale comme étant le "mépris des principes de l'Etat
de droit et de la régularité des procédw-esjuŒciaires, y compris
le recours à la torture et à une force excessive par la police; le
non respect des libertés d'expression, de réunion, d'association et
de la presse ... ". Il comporte des exemples précis d'individus ayant
eu à connaître de tortures et de détentions arbitraires, le ca.s de
Agustin Esono Nsogo, enseignant emprisonné (en grm; dans le
texte) sans chef d'accusation pendant plus d'un an jusqu'à février
2014, torturé à trois reprises en étant suspendu par les mains et les
pieds, el sévèrement battu au point de perdre toute faculté auditive
dans une oreille, selon les déclarations de son avocat recueillies
par Human Rights Warch, la méthode de torture évoquée étant
proche de celle évoquée à l'audience par M. Salomon ABESO
NDONG: la suspension par les pieds,
• n° 25: document émanant del' ONG "Human Rights Watch"
rapportant le 24 octobre 2012 qu'un avocat spécialiste de la
défense des droits de l'homme vu pour la dernière fois dans une
prison de Malabo qu'il visitait avait "disparu";
• n°30: déclaration de la porte parole de l'Union européenne
mentionnant au 2/02/2018, soit antérieurement à l'article
incriminé, le décès en prison sous la torture d'un membre de
l'opposition et 130 personnes détenues arbitrairement;
• n° 31: un article du site du Monde Afrique publiéle28 mars 2018,
toujours antérieur à l'article incriminé, intitulé "En Guinée
équatoriale, des opposants affirment avoir été torturés par la
police "faisant état d'un opposant mort sous la torture, et le parti
Cl, affirmant lors du procès de 147 de ses militants qu'"une
trentaine d'accusés ne pouvaient pas se tenir debout 'en raison de
la torture subie" pendant leur détention à 'Guantanamo"');
Le terme de "crimes contre l'humanité", susceptible de recouvrir
des faits de torture, a pu être employé dans ce contexte et dans le
cadre du blog del' opposant militant qu'est M. SalomonABESO
NDONG, lequel a lui-même relaté avoir été victim_>-de faits de
.ge 15
~
tortlll'e, sans que soit nécessairement apportés d'éléments justifiant
de la réunionde toutes les conditions juridiques des crimes contre
l'humanité, un droit à l'exagération ou à l'hyperbole devant
effectivement être reconnu à l'auteur de ces imputations et
l'expression pouvant traduire son indignation et une conception de
l'humanité heurtée par les tortures et assassinats d'opposants.
• des déclarations de M. Salomon ABESO NDONG à l'audience,
venues étayer l'imputation de torture par le récit de ce qu'il a
déclaré avoir connu, relativement àla torture subie par son oncle
et lui-même (suspendu par les pieds et privé de tout durant trois
mois, conservant de ses pieds ca~sés l'impossibilité d'une station
debout prolongée), ainsi que celle de l'assassinat d'opposants.
\}'-
• n°8 relative à une "action =gente " pré<.,onisée par Amnesty
Internationalle 28 mars2002 suiteà une vagued'arrestations ayant
débuté le 14 mars précédent, notammeut de Felipe Ondo Obiang,
ancien parlementaire et dirigeant du parti FDR et de ses proches
sans motif officiel mais sur la base d'une conspiration supposée
alors qu'Amnesty International considérait qu'il s'agissait surtout de
''prisonniers d'opinion";
• n°15 : article intitulé: "Le pouvoir équato-guinéen prétend avoir
déjoué un "coup d'Etat" publié sur le site internet
www ,lemoqde.fr/afrique le 4 janvier 2018, soit antérieurement à
la publication des propos poursuivis, s'agissant d'une tentative de
coup d'Etat déjou<!e le 3 janvier 2018, d'après les autorités de
Guinée équatoriale, n'ayant pas précisé le nombre des mercenaires
impliqués ni d'où ils venaient, près des frontières avec le Cameroun
etle Gabon ayant fait un mon pmmi les mercenaires. L'article fait
également état de ce que ''plus tt5t mercred( le ministre de la
sécurité du gouvernemeru équato-guinéen avait annoncé "qu'un
'coup d'Etat' avait été d,ijoué. Selon lui, un groupe de mercenaires
étrangers (tchadiens, soudanais et centrafricains) à la solde de
partis de f'oppasition radicale a voulu, le 24 décemhre 2017
'attaquer le chef de l'Etat qui se trow;aît dans le palai5 présidentiel
de Koete Mongomo pour lesfetes defin d'année'. Cette résidence
se trouve ... à une cinquantaine de kilomètres d'Ebibeyyin. où ont eu
lieu les affeontements de mercredi". L'article comporte un intertitre
"Manque de visibilité" ( en caractères gras dans l'article) et
souligne que d'après une source diplomatique occidentale de la
sous-région "il y a un vrai manque de visibilité sur ce qu'il se passe
réellement ...De fair, toutes les înforman·ons reçues ces derniers
jours sur la zone d'Ebibeyin l'ont été par des canaux officiels de
communication gouvernementale". L'article comporte un autre
intertitre '' Partis d'opposition radicale" ( en caractères gras dans
l'article) sous lequel il est mentionné:"Le principal parti
d'opposition du pays, Citoyens pour l'innovation (Cl) s'est défendu
mercredi de toute implication dans les trouhles présumts. 'Je ne
sais pa,· ce qu'ils vont inventer, le montage qu'ils vontfaire"à la
suite de cette 'histoire de coup d'Etat'. s'est inquiété M NSE
Obiang, leader de laformation,joint par téléphone par !'AFP"'.
• n°16 : article publié le 4 janvier 2018, soit antérieurement à la
publication des propos poursuivis par le site de LA CROIX
intitulé;"Guînée équatoriale, wie tentative de "coup d'Etat" qui
suscite deii interrogations", dont le chapeau précise: "Des
ajfrontements auraient opposé mercredi 3 janvier les forces de
sécurité de Guinée-équatoriale à des "mercenaires". Une tentative
de "coup d'Etat" aurait été déjouée selon les autorités de ce petit
pays pétrolier d'Afrique centrale". L'article couvre ensuite
notamment les évènements ci-dessus évoqués des 24 décembre
2017 et 3 janvier 2018, soulignant que "Téodoro Oblong
Nguema ... " est "A l'affet du moindre complot ( ou point de les
imaginer parfois) il s'est dit, samedi 30 décembre, la cible d'une
"guerre" enpréparotion contre lui". Un intertitre "Des patrouilles
militaires et poUcière/i "renforcées" fait état de mesures de
renforcement de l'année , d'arrestations d'un ambassadeur de
Guinée équatoriale au Tchad et d'un ex-général de l'armée
tchadienne. Après un intertitre intitulé "une situation obscure" sont
reprises les réserves de l'article précédent sur "le )!Xii manque de
Page 17
(}
visibilité .iur ce qui se passe réellement" et se trouve précisé
":"Facebook, Whatsapp et autres réseaux sociaux- principaux
moyens de communication en Afrique centrale- sont bloqués en
Guinée équatoriale. Dans ce pays 'fermé où il n)' a pas de presse
libre, la population est très prudente et rétive à communiquer, de
peur de représailles", explique Jean-Marc Lefebvre. secrétaire de
l'associa/ion France-Guinée équatoriale". Après un intertitre ;"Des
arrestations qui inquiètent l'opposition", se trouve mentionné
que:"Le principal parti d'opposition de Guinée équatoriale,
Citoyens pour l'innovation (CI) ne dispose pour sa part que d'un
unique siège (au Parlement. sur 100 sièges). Malgré cela, le CI
serait dans le colimateur du pouvoir. Les opposants expatriés du
président Téodora ObiangNguema tels que Severo Moto, exilé en
Espagne depuis 1981, suspectent ce "coup d'Etat" dWre en vérité
un caup monté, destiné à provoquer un nouveau tour de vis sur
l'opposition. Le CL.s'est défendu de toute implication dans les
troubles présumés et a dénoncé des "dizaines" d'arrestations de
ses militants ... ". Se trouve ensuite reprise la même déclaration de
M. NSE Obiang, leader de la formation CI, que dans l'article
précédent.
• n°31:l'article du site "www.lemondeafrique" publié le 28 mi!f'S
2018, soit antérieurement à l'article incriminé, intitulé "En Guinée-
équatoriale, des opposants affirment avoir été torturés par la
police" comportant comme sous -titre: "Lesfaits auraient eu lieu
juste après que le régime eut annoncé avoir dijoué une tentative
de coup d'Etat.fin 2017", faisant airui le lien entre coup d'Etat et
répression par la torture.
• auvuégalementdesdéclarationsdeM.SalomonABESONDONG
à l'audience notamment relatives au faux COLipd'Etat dont il aurait
été lui-même , ainsi que son oncle Felipe ONDO OBIANG, ancien
président de l'assemblée nationale -avec lequel il avait cofondé en
1995 le parti politique d'opposition "Force Démocrate
Républicaine"(FDR)- accusé à tort avant d'être arrêté en 2001 et
soumis à la torture, comme d'autres membres de sa famille, à
jamais dispan15. Ces déclarations trouvent un écho dans l'article
susvisé publié sur le site de "rfi" le 10 juin 2002 ( pièce n°7 du
défendeur) évoquant les peines de prison prononcées pour complot
de déstabilisation du régime notamment à l'encontre de Felipe
ONDO OBIANG et dans le document susvisé intitulé "ACTION
URGENTE' daté du 28 mars 2002 (pièce n° 8 du défendeur).
Cette base factuelle permet bien de faire un lien entre les coups d'Etat qui
auraient été prétendument déjoués dont celui fomenté par le défendeur et
son oncle et la répression des opposants, voire leur torture ou assassinat,
l'emploi du conditionnel dans les articles dont s'agit faisant état des coups
d'Etat qui aurnient été déjoués, que le pouvoir équato-guinéen ''prétend
avoir déjoue~'soulignant le soupçon qu'ils inspirent, et les"interrogations"
qu'ils suscitent, le principal parti d'opposition se défendant de toute
implication dans les troubles présumés et s'interrogeant sur une
"invention", un "mantage"suiteàcette "histoire "de coup d'Etat, un "coup
monté " une telle utilisation du champ lexical de la fiction voire de
l'affabulation contribuant à alimenter la thèse de faux coups d'Etat qui
auraient été exploités par le pouvoir en place pour réagir contre les
opposants.
'age 18
&
Le fait que le nombre de 14 faux coups d'Etat ne soit pas strictement
documentérelève tant de la difficulté structurelle soulignée eu particulier
par l'article intitulé "le pouvoir équato-guinéen prétend avoir déjoué un
"coup d'Etat'" ( pièce n°15) de savoir ce qui se passe, compte tenu d' "un
vrai manque de visibiUté'; que du droit pour le blogueur militant
personnellement impliqué dans les faits dénoncés, relevant d'un sujet
d'intérêt général majeur, à une certaine dose d'exagération, à supposer qu'il
s'agisse en l'espèce d'rui;agération.
•.,.{À
2018 mentionnant l'attaque d'un convoi e.~corté par la.MINUSCA
par des membresprésumésanti-balakaayant entrainéla mortd'un
casque bleu de l'ONU et huit autres blessés "ce jeudi" ( 17 mai
2018), soit postérieurement à l'article incrimirié paru le 12 avril
2018, mais rappelant "que les attaques contre lesforces de lapaix
des Nations Uniespeuvent constituerun cr;mede guerre...La mon
de ce casque bl.rnporte à trois le nombre de soldats de la paix de
la MINUSCA tués depuis le début de 2018. La République
centrafricaine est cmifrontée depuis plusieurs anruJesà uneforte
instabilité en raison des affeontemen/s entre la coalition rebelle
majoritairement mW!ulmane Séléka et la milice chrétienne anti-
Balaka", ce qui permettait à ~,[.Salomon ABESO NDONG de
qualifier de crime deguerre le financement d'une attaque contre les
soldats de la paix, et de faire un rapprochement entre le
financement far Teodoro OBIANG des milices ex-seleka le 29
mars 2018 te qu'évoqué par les médias susvisés et l'attaque du 12
avril 2018 d'un convoi de la i\.11NUSCAsuite à laquelle il publiait
les propos poursuivis sur son blog, l'article du 17 mai 2018, étant
certes postérieur à l'article incriminé et relatif à une attaque
postérieure distincte attribuée aux anti-balak:a mais évoquant bien
les deux autres soldats de la paix de la MINUSCA tués depuis le
début de l'année 2018 qui ont pu succomber à l'attaque d'autres
factions.
~
Ainsi, les critères de la bonne foi, au sens du droit de la presse,
apparaissent réunis, de sorte que le tribunal ne fera pas droit aux
demandes.
Le Président
621--,.
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