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EXTRAIT des minLI!

es du greffe
,r,, Tri ,1Ln.11t!s. ;-;,ar,de Instance de PARIS

TRIBUNAL .l'VJINUTE
N°: 5
DE GRANDE
INSTANCE
DE PARIS


)7ème Ch.
Presse-civile

N''RG:
N° RG 18/06847 - N° République française
Portaüs Au nom du Peuple français
352J-W-B7C-CNCW
3

RP JUGEMENT
rendu le 03 Octobre 2018

Assignation du :
18 Mai 2018

DEMANDEUR

Teodoro OBIANG NGUEMA MBASOGO


Palais Présidentiel
Malsbo
GUINEE EQUATORIALE
représenté par Maître Emmanuel MARSIGNY de l' AARPI
MARS IGNY AVOCATS, avocats au barreau de PARIS, vestiaire
#C2005

DEFENDEURS

Salomon ABESO NDONG


21 boulevard Haussman
75009 PARIS
représenté par Maître Henri LECLERCde la SCP HE}.'RJ LECLERC
ET ASSOCIES, avocats au barreau de PARIS, vestiaire #POIIO et
Maître Jean-Pierre SPITZER, avocat au barreau de PARIS vestiaire

Expéditions
aécutoîres

o,
délivrées le :
/,.,,/tR

'\
.,,_,_lf,r.,,J,
y·•·'~
#P0218 (plaidant)

MONSIEUR LE PROCUREUR DE L4 REPUBLIQUE PRES LE


TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE DE PARIS auquel
l'assignation a été régulièrement dénoncée.

CO.MPOSIDON DU TR[RIINAL

Magistrats ayant participé aux débats et au délibéré:

Thomas RONDEAU, Vice-Président


Président de la formation

Roia PALTI, Vice~Présidente


Bérengère DOLBEAU, Vice-Présidente
Assesseurs

Greffiers;
Viviane RABEYRINaux débats
Martine V AIL à la mise à disposition

DEBATS
A l'audience du 20 Juin 2018
tenue publiquement

JUGEMENT

Mis à disposition au greffe


Contradictoire
En premier ressort

Vu l'assignation à jour fixe délivrée le 18 mai 2018 à M. Salomon


ABESO NDONG à la requête de M_ Teodoro OBIANG NGUEMA
MBASOGO, exerçant la fonction de Président de la République de
Guinée Equatoriale, lequel demande au tribunal, à 1a suite de 1a
publication, le 12 avril 2018, sur la page blog du site internet du journal
Mediapart, à l'adresse www,mediapartfr d'un article intitulé
"OBIANG FINANCE Ul--l COUP D'ETAT EN CENTRAFRIQUE
DEJOUE PAR L'ONU ET L'UA", signé par M. Salomon ABESO
NDONG, et au visa des articles 29 alinéa Ier, 32 alinéa lerde la loi du
29 juillet 1881 sur la presse et 93-3 de la loi du 29 juillet 1982 sur la
COllllIJunîcationaudiovisuelle modifiée;

y·•·'
~
- de dire que constituentune diffamationpublique envers particulier
au préjudice de M. Teodoro OBIANG NGUEMA.MBASOGO les
propos suivants signés par M. SalomonABESO h'DONG:

« OBIANG FINANCE VNCOUP D'ETAT EN CENTRAFRIQUE


DEJOUE PAR L'ONU ET L 'UA»
«Les médias nous ont appris que OBIANG NGUEMA MBASOGO
u financé une action de déstabilisation actuellement en cours en
République centrafricaine par de11mercenaire1t et serait passé à l'acte
en leur versant trois millions de dolilll"lf,lesquels mercenaires ont
attaqué les forces de la MINUSCA, ce qui selon l'ONU et /'UA
constitue un crime de guerre pour ceux qui agissent ou financent ces
actions. » (propos numérotés 1 pour les besoins de la motivation)
«[ ..] après avoir organisé rd 4 vrais faux coups d'Etat» en Guinée
équatoriale, OBIANG NGUEAIA MBASOGO qui essaie de se présenter
comme un homme qui recherche la paix pour son pays et pour l'Afrique
{ ..] vient de financer une tentative de coup d'Etat en Centrafrique. !!
(propos numérotés 2 pour les besoins de la motivation)
« [. ..]IL A DONNE POUR DESTABILISER LA SOUS-REGION:
deux millions de dollars US à Michel Am-NONDKORO
DJOTODIA, chef de la formation paramilitaire de Séléka,
un million en espèces au général de l'ancienne Séléka
NOURREDINE ADAM, populairement connu comme "le seigneur de
laguerre"»(propos numérofés 3 pour les besoins de la motivation)
«EN FINANÇANT CE COUP D'ETAT, OBIANG [-..]»(propos
numlrotés 4 pour [es besoins de la motivation)
«[-..}le Secrétaire général adjoint aux opérations de mamrien de la
paix, S. E. M. Jean-Pierre Lacroix et S.E. M. Smail Chergui,
Commissaire de l'Union africaine pour la paix et la sécurité, ont
qffirmé clairetnent del,ant la communauté internationale :
"nous tenons à rllfJjH!Urque toute attaque co111retes soldats de la
paix constitue un crime de guerre, les auteurs ET CEUX Qlll LES
SOUTlENNENENT (AUTREMENT D1T CEUX QUI LES
FINANCENT COMME OBIANG NGUEMA MBASOGO) aurons
certainement à répondre de leursfo,j"aits devant lajustice">> (propos
mm,érotés 5 pour les besoins de la mott-.,ation}
« AINSJOBIANG NGUEMA MBASOGO VA AJOUTERA TOUS SES
CRIMES Er DELlTS (viol de la constitution, triche électorale,
corruption et enrichissement personnel, biens mal acquis, tortures,
assassinats des opposants, crimes contre l'humaniré) LE DELIT DE
CRIME DE GUERRE pour avoir financé ceux qui s'attaquent aux
soldats de la paix en Centrafrique et qui ont temé de déstabiliser le
régime de Cemrqfrique pow s'emparer du sous-sol. »(propos mm,érotés
6 pour les besoins de la motivation)
«ETAPRES CELA Teodoro OBIANG NGUEMA MBASOGO ESSAYE
DESEFAIREPASSERPOURUNHOM?,,fEDEPAIX .. ALORSQU'IL
A FOURNI 3 MILLIONS DE DOLLARS POUR PAYER DESAR}.JES
ET DES MERCENAIRES POUR ATTAQUER LA MINUSCA {. ..]»
(propos numérotés 7pour les bt!$oins de la motivation}

,,., ~
« IL EST INADMISSIBLE; QUE LE CHEF DE /,'ETAT EQUATO-
GUJNEEN [ . .) FINANCE L'ACHAT D'ARMES ET DE MILICIENS
POUR DESTAB!LISERLE REGIME DE CENTRAFRIQUE DANSLE
CADRE D'UNE OPERATION MENEE PAR DES MERCENAIRES
VISANT A S'EMPARER DES RICHESSES DE CE PAYS TOUT EN
REGLANTDESCOMPTESPOURLASOI-DISANTPARTICIPATION
DELACENTRAFRIQUEDANSLEFAUXCOUPDETATORGANISE
EN GUINEE EQUATORIALE QUI A PERMTS DE TORIVRER ET
D'ASSASSINERENTOUTEIMPUNIJ"ELESOPPOSANTS. » (propos
numérotés 8pour les besoins de la motivation).
« OBIANG NGUEMA };{JJASOGO[ ..] se tourne maintenant vers le~·
richesses de son voisin de Centrafrique pour tenter de s'emparer des
mines de platine et de mercure [ ..]».(propos numéroté$ 9 pour les
besoins de la motivation).
« Et c'est RADIO MACUTO qui nous a précisé { ..]:« Teodoro
OBIANG NGUEMA MBASOGO a l'intention de déstabiliser la
République centrafricaine et aurait fourni deux à trois millions de
dollars pour parvenir à ses fins» allant mênœ jusqu'à préciser sur la
hase d'une interception téléphonique la répartition selon laquelle le
mandataire équato--guinée11 a dom1é deux millions de dollars US à
Michel Am-NONDOKRO DJOTODIA, chef de la. formation
paramüitaire Séléka et un mil/Wn en esp~ces au général de
l'ancienne Séléka NOUREDDINE ADAM, populairement connu
comme "le seigneur de la gue"e". »
"LE VOILA PRIS VNE FOIS DE PLUS EN FLAGRANT DELIT
DE CRIMES ET CETTE FOIS-CI IL S'AGIT DE CRIME DE
GUERRE».(propos se suivant numérotés ensemble JO pour les
besoins de la mativation).
«QUI PLUS EST IL DOIJ"DEMISSIONNER{ ..] POUR LAISSER LA
PLACE A UN VERIFABLE REGIME, PERMEJTANT LE RETOUR
DES 250000 PERSONNES QΠONT FUIJ"LE REGIME POUR NE
PASSEFAIREASSASSINERCOMMELES310ETCEUXQUISONT
ENCORE CACHES DANS LES CHARNIERS !!.(propos numérotés 1I
pour les besoins de la motivotion).
"[...] IL FAIT ASSASSINER LES OPPOSANTS ET PRATIQUE LE
CANNIBALISME [...]". (propos érotés 12 pour les besoins de la
motivation).
- de condamner M. Salomon ABESO NDONG à lui verser la somme
de 500 000 euros à titre de dommages et intérêts en réparation du
préjudice subi à raison des propos diffamatoires dont il est l'auteur,
- d'ordonner la publication judiciaire du jugement sous astreinte,
- de condamner M. Salomon ABESO NDONG à lui verser la somme
de20 000 euros sur le fondement de l'article 700 du code de procédure
civile,
- d"ordonner l'exécution provÏJ:;oiredu jugement.

Vule.s conclusions de.M. Salomon ABESO NDONG, signifiées par


voie électronique le 20 juin 2018, par lesquelles il sollicite :

Pa,ge 4

(y-
- le bénéfic,, de la bonne foi et en con.séquen~c le débouté de M.
OBIANG NGUEMA MBASOGO de l'intégralité de ses demandes,
- la condamnation de M. OBTANGNGUEMA MBASOGO à lui verser
la somme de 20 000 euros sur le fondement de l'article 700 du code de
procédure civile et aux dépens.

L'affaire a été appelée à l'audience du 20 juin 2018 , où le défendeur


et les conseils des parties ont été entendus en leurs observations.

L'affaire a été mise en délibéré au 3 octobre 2018, par mise à


disposition au greffe.

-o-o-

Sur le caractère diffamatoire des propos :

- L'article 29 alinéa 1 de la loi du 29 juillet 1881 définit la diffamation


comme toute allégation ou imputation d'un fait qui porte atteinte à
!'honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait
est imputé;
- Il doit s'agir d'un fait précis, susceptible de faire l'objet d'un débat
contradictoire sur la preuve de sa vérité, ce qui distingue ainsi la
diffamation, d'une part, de l'injure. caractérisée, selon le deuxième
alinéa del' article 29, par toute expression outrageante, termes demépris
ou invective qui ne renferme ! 'imputation d'aucun fait- et, d'autre part,
de l'expression subjective d'une opinion ou d'un jugement de valeur,
dont la pertinence peut être librement discutée dans le cadre d'un débat
d'idées mais dont la vérité ne saurait être prouvée;
• L'honneur et la considération de la personne ne doivent pas
s'apprécier selon les conceptions personnelles et subjectives de celle•ci,
mais en fonction de critères objectifs et de la réprobation générale
provoquée par! 'allégation litigieuse, que le fait imputé soit pénalement
répréhensible ou manifestement contraire aux règles morales
communémeut admises ;
• La diffamatiou, qui peut se présenter sous forme d'allusion ou
d'insinuation, doit être appréciée en tenant compte des éléments
intrinsèques et extrinsèques au support en cause, à savoir tant du
contenu même des propos que du contexte dans lequel ils s'inscrivent.

En l'espèce, les propos poursuivis, constatés par procès-verbal en date


du 16 avril 2018 ( pièce n°2 du demandeur), dont certains figurent en
caractère gras, s'inscrivent dans un article (pièce n° J du demandeur) par
lequel M. SalomonABESO NDONG, se présentant comme àla tête de
"la coalition CO RED représentant 19 partis politiques et associations
en exil, ainsi que les 310 personnes assassinées par le régime auxquels
s'ajoutent les 250 000 équato-guinéens qui ontfai le régime pour nepas
se/aire assassiner, demande le départ immédiat du président OBJANG
NGUEMA MBASOGO pour que la paix puisse régner ,:j;:msla sous•

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~
région et qu'un régime démocratique pu;sse se mettre en place en
république de Guinée-équatoriale avec tous ceux qui ont été écartés du
pouvoir depuis un demi-siècle"- comme énoncé dans Je dernier
paragraphe de l'article- dénonce principalement- comme cela résulte
déjà pour partie de son titre- le fait que le Président de Guinée-
équatoriale, (depuis 39 ans sans interruption), sîègeant au Conseil de
Sécurité de l'ONU lequel a pour objet d'assurer la paix et la sécurité
dans Je monde, après avoir organisé "'14 vrais faux coups d'état' en
Guinée-équatoriale", ait financéà hauteurde "trois millions de dollars"
une tentative de "coup d'Etat en Centrafrique" par des "mercenaires"
ayant "attaqué les forces de la MINUSCA" suite à laquelle les
émissaires de l'ONU et de l'UA ont rnpPelé que "toute attaque contre
les soldatJ· de la paix constitu(ait) un crime de guerre''. et ce, "pour
s'emparer des rkhesses de ce pays tout en réglant des comptes pour la
soit-disant participation de la Centrafrique dans le faux coup d'Etat
organisé en Guinée-équatoriale qui a permis de torturer et d'assassiner
en toute impunité les opposants ", en lien avec l'opposition au régime
de Centrafrique .

L'article met ainsi l'accent sur le fait que le président OBIANG


NGUEMA ldBASOGO "va ajouter à tous ses crimes et délits ... le délit
de crime de guerre pour avoir financé ceux qui s'attaquent aux soldais
de la paix en Centrafrique ... " et que jetant par là même''par la fendtre
3 millions de dollars qui auraient été plus utiles au peuple équatorien
dont 80 pour cent de la population vil en dessous du seuil de pauvreté''.
"alors qu'il/ail assassiner les opposants et pratique le cannibalisme
pendant que sapopulotion n'a pas =cès aux soins ... '; cette mauvaise
gestion de l'argent de l'Etat devait déjà le conduire à démissionner.

Le président de Guinée équatoriale OBIANG NGUEMA MBASOGO


considère que les propos poursuivis le visant nommément portent
atteinte à son honneur et sa considération en lui impµtant ,

d'avoir commis un crime de guerre par le financement de


mercenaires pour réaliser un coup d'Etat en Centrafrique,
lesquels ont attaqué les forces de maintien de la paix déployées
sur place par l'Organisation des Nations Uuies depuis le 10 avril
2014, mettant en lumiêre sa prétendue duplicité, la poursuite de
ses intérêts, son esprit de vengeance;
de faux coups d'Etat en Guinée-équatoriale, le présentant
comme un intriguant;
d'avoir enfreint les règles constitutionnelles de son pays;
d'avoir contrevenu aux règles d'organisation des élections de
son pays;
d'avoir commandité la perpétration de crimes à l'encontre de ses
opposants politiques;
de s'être livré à l'anthropophagie.

(ll
M.Salomon ABESO NDONG, opposant politique provisoirement
réfugié politique en Espagne puis exilé au Royaume Uni, et se
présentant comme Président de la Coalition d'Oppositîon pour la
Restauration d'un Etat Démocratique en Guinée Equatoriale (CORED)
regroupant les opposant en exil ou dans la clandestinité afin d'obtenir
en Guinée-équatoriale une restauration de la démocratie, lui oppose qu'il
doit btSnéficier de l'excuse de bonne foi dès lors:

que l'article incriminé s'inscrit incontestablement dans un contexte


d'opposition politique, vise un homme politique contre lequel la
critique de l'action politique doit être très largement admise
conformément aux principes d'interprétation de l'article 10 de la
CEDH, d'autant plus que le régime dont s'agit fait preuve de
violence, et qu'il doit lui être reconnu en sa qualité de militant et
non de joumaliste un droit à l'exagération et à l'hyperbole;
qu'il a _persounel!ement ainsique plusieurs membres de sa famille
été arbitrairement arrêté et torturé, si bien que sa résistance à
l'oppression du dictateur se situe dans !e cadre d'un droit naturel et
imprescriptible aux termes de l'article 2 de la Déclaration des
droits de l'Homme et du citoyen;
qu'il justifie d'une base factuelle suffisante pour avoir écrit les
propos qui lui sont reprochés au regard du débat d'intérêt générai
concemant des actes accomplis par le président de la République
d'un Etat africain avec lequel le monde entier dont la France,
entretient des relations et dont la presse s'est fait largement l'écho.

Sur ce,

Les propos susvisés permettant d'identifier le demandeur dès le titre,


numérotés l (comprenant le titre et le premier paragraphe de l'article
incriminé), 2 ,3,4,5,6,7, 8,9 et 10, s'articulant autour des déclarations
rapportées du Secrétaire général adjoint aux opératiollll de paix et du
Commissaire de l'Union africaine pour la paix et la sécurité ( numérotés
5) et des précisiollll apportées par RADIOMACUTO (passagenuméroté
10), et résumés dans le premier paragraphe ( passage 1) imputent tous,
comme le soutient le demandeur, au président de la Guinée.équatoriale
OBIANG NGUEMA MBASOGO, d'avoir commis un crime de guerre,
pour avoir financé des mercenaires à hauteur de 3 millions de dollars
aux fins de réaliser "un coup d'Etat en Centrafrique", lesquels ont
"attaqué les forees de la MlNUSCA. ce qui selon l'ONU et l'UA
constitue un crime de guerre pour ceux qui agissent ou financent ces
actions"(passage numéroté 1). Il s'agit d'un fait précis y compris quant
au montant du financement ( passages numéroté 2, 3 et 7), quant à ses
destinataires: "Michel AMNONDKORO DJOTODIA, chef de la
formation paramilitaire de Séléka "et "NOURREDINE ADAM, général
de l'ancienne Séléka, papulairement connu comme le 'seigneur de la
guerre'" (passages numérotés 3 et 10) et quant à ses motivations, à
savoir !'appropriation des richesses de Centrafrique dont des mines de
platine et de mercure, et un règlement de comptes pour la "soit-disant
participation de la Centrafrique dans le faux coup d'Etat organisé en
Guinée équatoriale". (passages numérotés 8 et 9). Ce ~JJréds est de
nature à faire l'objet d'un débat sur la preuve de sa ,y,ne. Le fait de

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C}
commettre un crime de guerre en finaru;ant un coup d'Etat à l'enconlre
d'un pays voisin passant par l'attaque des forces de paix installées par
l'ONU constituenon seulement une violation des règles internationales
et de l'ordre public international mais une infraction d'une gravité
extrême, portant atteinte à l'honneur et à la considération du chef d'Etat
de la Guinée-équatoriale.

Les propos susvisés numérotés 2 et 8 imputent à M. Teodoro


NGUEMA OBIANG .MBASOGO d'avoirorgmrilléde ''faux COUJNi d'Etat
en Guinée-équatoriale", ce qui est également un fait précis susceptible
d'un débat sur la preuve de sa vérité, attentatoire à l'honneur et à la
considération du président de cet Etat, supposé avoir commis des
mensonges d'Etat, en même temps que des actes contre son prop:repays,
nécessairnment contraires au mandat qu'il a reçu de son peuple et
appelant en tant que tels une réprobation générale, en plus de s'être
traduits pm des violences constitutives d'infractions.

Le propos suvisé numéroté 6 imputant à M.Teodoro NGUEMA


OBIANG MBASOGO d'avoir commis des crimes et délits tels que
précisés, et le propos numéroté 10 soutenant qu'il est "w,efois de plus
pris en flagrant délit de crtmes" est un fait précis renvoyant à diverses
infractions précises susceptibles d'un débat sur la preuve de leur vérité,
de nature à porter atteinte à l'honneur et à la considération de l'intéressé,
s'agissant des infractions les plus graves reprochées au SU!plusà un chef
d'Etat dont la morale commune ne peut s'accomoder qu'il soit un
crirrrinel ou un delinquant, et méprise l'Etat de droit et ce qu'il s'agisse
de "viol de la constitution", nonne fondamentale de son pays dont il est
le garant, de contravention aux règles d'organisation des élections de son
pays par la "triche électorale", mettant en cause sa probité en même
temps que sa légitimité, alors qu'il est élu à un pourcentage de voix
extrêmement élevé depuis sa prise de pouvoir par un coup d'Etat en
1979, de même que l'accusation de "corruption et enrichissement
personnel, biens mal acquis''. tandis que les accusations de "tortures,
assassinats des opposants, crimes contre l'humanité" sont les plus
graves qui soient, constituant à la fois des infractions et une
transgression des interdits humains.

L'imputation d'avoir commandité la torture et l'assassinat d'opposants


politiques se retrouve en outre développée dans les passages numérotés
8 ( "qui a permis de torturer el d'assassiner en toute impunité les
opposants''), 11 ("il doit démissionner paur laisser la place à w,
véritable régime permettant le retour des 250 000 personnes qui ontfui
le régime pour ne pas sefaire assassiner comme les 310 et ceux qui sont
encore cachés dan.y des charniers" et 12 ("ll fait assassiner les
apposonts"), s'agissant de faits précis susceptibles d'un débat sur la
preuve de leur vérité et éminemment attentatoires à l'honneur et à la
considération du chef d'Etat qu'est M. Teodoro NGUEMA OBIANG
.MBASOGO.

La transgression des interdits humains cuhnine awc l'imputation dans


le passage numéroté 12 de pratiquer le cannibalisme, fait précis
susceptible d'un débat sur la preuw de sa vérité et attentat9ire à son

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Le sujet traité par l'article représente un but légitime d'expre.ssion et
relève même d'un intérêt général majeur s'agissant de dénoncer un crime
de guerre prenant le relais d'autres crimes, qui aurait consisté dans
l'attaque des forces de paix installées par l'Organisation des Nationa
Unies, la .MINUSCA, perpétré par des mercenaires financés par le
dirigeant de cet Etat siégeant au Conseil de sécurité de l'ONU, lequel
aurait fomenté un coup d'Etat contre un Etat voisin ( La République
Centrafricaine) alors qu'il était supposé participer à !'oeuvre
internationale de paix, auquel se trouve en outre imputé d'avoir mis en
oeuvre plusieurs faux coups d'Etat dans le pays à la tète duquel il se
trouve, pour pouvoir mieux massacrer ses opposants, et plus
généralement d'être un délinquant et un criminel s'estimant tout permis,
violant les règles institutionnelles de son pays et n'hésitant pas à
commettre les pires transgressions.

Au regard des éléments produits aux débats le défendeur disposait au


moment de la publication incriminée d'une base factuelle suffisante pour
affirmer:

l") que Teodoro OBIANG NGUEMA MBASOGO avait comrn.is des


crirne.set délits, etdes violations des règles coll!ltitutjonnelles en vigueur
dans son propre pays, particulièrement:
G NG ASO avait nfrcint le·
è les elaCo titutio àraisondelapromotiondeTéodoroOBIANG
NGUEMA MANGUE, son fils, le 22 mai 2012, en tant que deuxième
vice-président, fonction non prévue par la Constitution du pays, comme
il résulte de l'extrait de la Constitution ( pièce n°17) elle-même
prévoyant en son article 33-3 que "Le Président de fa République est
assiMé d'un Vice-Président de la République, qui peut déléguer certains
de ses pauvoirs constitutionnels" et en son article 33-4 qu'" Avant
l'exercice de leurs Jonctions, la nomination du vice-président de la
République est ratifiée par les deux chambres du Parlement en session
plénière par une majorité simple de ses membres lors d'une assemblée
extraordinaire convoquée à cet effet par le Président de la République"
rapprochée des mentioll!l de cette nomination dans les pièces n°19
(faisant état de cette fonction du fils du chef de !'.Etat) etn°6 (jugement
rendu le 27 octobre 2017 par la 32 ème chambre du tribunal de grande
instance de Paris lequel précise page 18 que "caurant 2012, Téodnro
OBJANG NGUEMA MANGUE, ministre de l'agriculture et desforêts au
moment de l'ouverfllre de l'infannation judiciaire" est "devenu le 21 mai
2012, en cours de procédure, de11Xièmevice-président de la Guinée
équatoriale chargé de la défense de la sécurité de l'Etat ... ") ;

- que Teodoro OBIANG NGUEMA MBASQGO avait contrevenu


aux règles d'organisation des élections de son pays au vu des pièces du
défendeur:
• n°18 : article publié sur le site internet "www.france 24.comft" le
28 avril 2016, de quelques jours postérieur à l'article incriminé,
intitulé "Teodoro Obiang Nguema réélu sans surprise président de
Guinée-équatoriale" dont le chapeau précise: "Le président de

P'Hl"e10

~
Guinée-équatoriale, Teodoro Obiang Ngema, a été rJé!u sans
surprise avec un score de 93, 7% à laprésidentielledu 24 avril,D
est aupouvoir depuis 1979...A la dernièreprésidentielle,en 2009,
le président équato-guinéen, doyen des chefa d'Etat africains par
la longévité, avait déjà obtenu officiellement 95,37% des
suffeages ... "Il y est 5ouligné que: "Initialement prévu en novembre,
le scrutin avait été avancé au 24 =rîl par décret présidentiel sans
explication ...la lecture des résultats a révélé des anomalies,
plusieurs localités comptant un nombre supérieur de votants que
d'inscrits, a reconnu le président de la commission
électorale ... !ors d'une déclaration au ministère de l'intériror de
Malabo. Selon lui les électeurs ont "sans doute"voyagé le jour du
scrutin, et ont voté dons des centres de vote d!/férents de ceux où
ils étaient enregistrés." Cet article, bien que postérieur à !'article
incriminéest relatif à des faits antérieurs, et participe à ce titre de
la base factuelle;
• n°19: article publié le 22 avril 2016 de quelques jours postérie<.1r
à l'article incriminé, sur le site www .Jemonde.fr intitulé "Guinée-
équatoriale: Téodoro Obiang Nguema favori d'une présidentielle
sans enjeu" faisant état en caractères gras dans l'article d'une
''parodie électorale", relatant que le secrétaire général de la
Convergence pour la démocratie sociale (CPDS) avait affirmé à
!'AFP avant le début de la campagne officielle :"le résultat est
connu d'avance grâce ma multiples irrégularités et fraudes déjà
préparées" et que dès le 23 mars (soit avmt la publication des
propos incriminés), le principal adversaire du président sortant, le
Front de !'Opposition Démocnrtique (FOD), une coalition
regroupant les principaux partis d'opposition, avait appelé à
boycotter la présidentielle, estimant que toutes les conditions
étaient réunies pour des ''fraudes".
• n° 20: article publié le 12 novembre 2017 mis à jour le 8 janvier
2018, soit antérieurement aux propos incriminés, publié sur Je site
"information tv5monde.comlafriquelélections"intitulé "Elections
en Guinée Equatoriale: l'opposition dénonce fraudes et
irrégularités" précisant que "des responsables de l'opposition ont
dénoncé de multiples ''frmuies" et "irrégularités''. avec des
arrestations de leurs militants qui avaient dénoncé ces conditions
ou tenté de s;li opposer" et que " Interrogé par l'AFP, un
responsable du CPDS (Convergence pour la Dhnocratie) a
signalé des arrestations de plU!lieurs de ses représentants ... et a
déploré l'absence de ses bulletins de vote dansplusieurs bureaux
de Malaho.Selon le leader du Cl s'exprimant lui aussi auprès de
/'AFP, près de 80% des assesseurs de ce parti ont été expulsés des
bureaux de vole et n'ont pas pu sunieiller le vote. Trois militants
ont également été interpellés après avoir protesté contre des
irrégularüés. Ces deux responsables ont dénoncé pêle-mêle une
présence policière jusque dans les bureaux susceptible
d'influencer le vote, des bulletins de l'opposition absents, des
votants qui n'étaient pas inscrits ou encore des votes organisés en
public ... ";
• n°2 I : article publié sur le site www 20minute,ji- portant la date du
10 juin 2018 mais commentant le résultat des élections du 12
novembre 2017 en ces termes: "Le parti démocratique fie Guinée-
équatoriale (PDGE), au pouvoir depuis près de 1ffans dans le

'age 11
(}-
pays, a remporté une nouvelle fois sans surprise et avec des
scores à la so-,,iétique, les élections législatives, sénatoriales et
municipales du 12 mwembre ... "une honte électomle" (en gras
dans le texte) Des responsablesde cesformations d'oppositionont
dérumcé de multiples "fraudes" et "irrégularités" le jour du vote
du 12 novembre, d'incidents pendant le vote ... "C'est une honte
électorale. Nous ne reconnaissons pas ces résultats, car il n)i a
pas eu vraiment d'élections" a commenté à !'AFP Andres Esono
Orwd, secrétaire général du CPDS. No!IS demandons la tenue
d'autres élections...";
• n°22 : article de l'ONG Hu.mon Rights Watch publié le 15
novembre 2011 intitulé "Guinée•équatoriale:Un référendum
entaché par des procédures irrégulières" rapportant des actes de
fraude et d'intimidation des électeurs lors du référendum de 2011
visant à modifier la Constitution de la Guinée-équatoriale pour
renforcer les pouvoirs de la présidence et précisant en particulier
: "les irrégularités, y compris la présence de personnel de sécurité
armé à l'intérieur des bureaia de vote, le bourrage des urnes, et
les menaces envers les membres de l'opposition qui tentaient
d'observer le déroulement du vote, remettent en question la
validité des résultats annoncés par le gouvernement ... EG Justice
a obtenu des i,iformations sur le déroulement du rijèrendum
auprès d'un observateur indépendant du vote, de membres de
partis d'opposition surveillant les élections, et d'électeurs oyant
décrit les conditions dans les bureaux de vote de Bota, Malabo et
Lubo. Ces sources ont déclaré à EG Justice que des responsables
de bureaux: de vote encouragaient certains électeurs à voter
publiquement, allant à l'encontre de la constitution du pays qui
garantit un vote secret. Les lois sur les modalités du vote
exigeaient que les responsables fournissent de= bulletins à
chaque électeur, un bulletin "oui" etun bulletin "non", à emporter
à l'intérieur d'un isoloir indi-viduel... Dans certains cas... les
responsables des burea= de vote encouragaient les électeurs à
emporter seulement des bulletins "oui" dans les isoloirs, ou bien
àfaire leur choix sans utiliser d'isoloir. Dans certains bureaux, on
ne trauvair ni bullelins "non''. ni isoloirs, ont déclaré des
personnes interviewées par EG Justice. "

Il résulte bien de l'ensemble de ces éléments que le défendeur avait


matière à écrire que le demandeur avait contrevenu aux règles
d'organisation des élections de son pays, procédant à une "triche
électorale", certains votes lors des électiorui présidentielles du 12
novembre 2017 ayant pu avoir lieu sans bulletin secret, en présence
d'autorités armées dans les bureaux de vote, certaines personnes ayant
voté plusieurs fois, les responsables de l'opposition ayant dénoncé de
multiples ''.fraudes" et "irrégularités", avec des arrestations de leurs
militants qui avaient dénoncé ces conditions ou tenté de s'y opposer,
( comme il résulte tout particuliêrement de la pièce n°20 antérieure aux
propos incriminés) et un référendum destiné à accroître les pouvoirs
présidentiels ayant été organisé le 13 novembre 2011 sans la présence
systématiquement concomitante de bulletins "non" et en présence d'actes
de fraude et d'intimidation des électeurs ( comme il résulte notamment de
la pièce n°22 hnanant de l'ONG Human Rights Watch); S'agissant des
articles postérieurs à l'article incriminé publiés les 22 (piècey. 0 19) et 28

'age12~
avril 2018 (pièce n°18) Îls s'expriment sur les élections antérieures a=
propos tenus, et s'agissant de la seconde, elle évoque des faits du 23 mars
précédent,à savoir un appel au boycott, les oonditions de la fraude étant
réunies et viennent ainsi conforter par recoupement les autres éléments.
Les éléments relatifs au pourcentage des électeurs en faveur de Teodoro
OBIANG NGUEMA MBASOGO depuis 1979 participent également de
cette base factuelle suffisante;

- que Teodoro OBIANG NGUEMA MBASQGO pouvait se voir


reprocher "corryption et enrichissement personne/, biens mal acquis" au
vu des pièces du défendeur :

• n°2; article deForbes en date du 5 mai 2006 intitulé "Fortunes of


Kin~, queens and dictat ors "faisant apparaître que le président
Teodoro Obiang Ngema .Mbasogo disposerait d'une fortune se
chiffrant en centaines de millions de dollars;
• n°3: rapport du CCFD ( Comité Catholique contre la faim) sur les
"biens mal acquis" de juin 2009 évoquant à propos de Teodoro
Obiang Ngema Mbasogo une "caricature de kleptocratie
familiale" telle que déjà décrite par "Le Monde" en 2004, la fortune
amassée par le clan Obiang en Guinée équatoriale étant estimée
entre 500 et 700 millions de dollars, cet enrichissement étant
attribué au détournement de la rente pétrolière ( Teodoro Obiang
Ngema Mbasogo en bénéficiant au premier chef co=e démontré
par deux rapports de l'ONG Global Witness en mars 2004 puis du
Sénat américain en juillet 2004, plus de 35 millions de dollars
ayant été virés par des compagnies pétrolières et transférées par
l'intermédiaire de la Rigg's Bank à des sociétés "offelwre") et
d'autres ressources naturelles, 80% du revenu national étant
monopolisé par l'oligarchie tandis que 65 % de la population vit
dans l'extrême pauvreté. Le rapport mentionnait en particulier que
"le dictateur équato-guinéen et dix membres de sa/ami/le sont
accusés d'avoir blanchi, entre 2000 et 2003, environ 26,5 millions
de dollars en achats immobiliers. via un compte au Banco
Santander de Madrid. "Il faisait état de la possession par Teodoro
Obiang Ngema Mbasogo d'un hôtel particulier avenue Foch à
Paris.
• n°4 et 5: unarrêtrendule25 avri12013 par la cour d'appel de Paris
ayant confumé le jugement reudu le 30 septembre 2011 par le
tribunal de grande instance de Paris- 17 ème chambre, et
particulièrement le caractère diffamatoire du propos du rapport du
CCFD imputant à Teodoro Obi.mg Ngema.Mbasogo de détourner
à son profit et à celui de son clan et au p~udice de la nation
équato-guinéenne une grande partie de la rente pétrolière et de
celui lui imputant de blanchir l'argent _provenant de tels
détournements mais ayant admis la bonne foi des auteurs du
rapport au vu notamment de la base factuelle suffisante résultant
du nombre important de documents émanant d'institutions ou
scrvices officiels, de notes établies par des universitaires et
d'articles de presse relatifs à la situation, livrant des informations
se recoupant, lesquelles étayaient l'accaparement des revenus tirés
de la rente pétrolière et leur blanchiment prêtés à la partie civile.

'age 13

~
Le rapport mentionnait que lui-même et sa famille seraient
accusés d'avoir blanchi, entre 2000 et 2003, environ26,5 millions
de dollars en achats immobiliers, et en particulier acquis un
immeuble particulier avenue Foch à Paris 16 ème, où résidait son
fils le vice-président Teodoro NGUEMA OBIANG MANGUE,
dont l'instruction ultérieurement menée a mis en lumière que ce
dernier était l'acquéreur de l'immeuble dont s'agit par sociétés
interposées et a conduit à sa mndamnati,m pour blanchiment par
jugement du Tribunal correctionnel de Paris le 27 octobre 2017
(pièce n°6), certaines de ses acquisitions en France tant
mobilières qu'immobilières à titre _personnel ayant été financées
par le détournement de fonds publics de Guinée-équatoriale, lui
même favorisé par des faits de corruption ( page 72 du jugement)
en particulier par la société guinéenne d'exploitation forestière
alors que Teodoro NGUEMA OBIANG MANGUE était ministre
de l'agriculture tandis que Teodoro OBIANG NGUEMA
MBASOGO bénéficiait de l'immunité en sa qualité de chef d'Etat.
• n°24: document daté du 30 juillet 2014 à entête de "Human
Righls Watch" intitulé: "Guinée-équatoriale: ilfaut mettre fin aux
tortures dans les prisons" faisaut incidemment état de faits de
conuption en mentionnant que "le Président Obama et les autres
dirigeants mondiaux qui doiventrenr:ontrer la semaine prochaine
le président de fa Guinée-équatoriale Teodoro Obiang Ngema
Afbasogo devraient dénoncer la torture, la corruption et les
au/ri$ graves violation des dro<"tshumains commises dans ce
pays .. .la corruption et l"1i priorités mal orientées du
gouven,ement ont permis à une petite élite proche du président
de s'enrichir en profitant des r"1isources naturelles du pays.
tandis que la majorité de la population vit dans des conditions
socio-économiques pires que r:el/es qui prévalent dans de
nombrew; pays africains dotés de beaucoup moins de
re,·sources".

- que Teodoro OBIANG NGUEMA .MBASOGQ pouvait se voir


reproçher des "tortures, assmsinats d' opposants, crimes r:ontre
l'humanité", aµ vu des pièces du défendeur;

• n°8: document intitulé "ACTION URGENTE" et sous-titré


"craintes de torture/ prisonniers d'opinion présumés" daté du 28
mars 2002 faisant état non seulement des craintes de torture
exprimées par "Amnesty International" concernant les proches de
Felipe ONDO OBIANGmais indiquant de manière générale :" On
ignore où ils se trouvent exactement et Amnesry lnten,ational est
préoccupée par leur sécurité, car il est courant que les détenus
politiques soient soumis à la torture ou à d'autres formes de
mauvais traitements en Guinée-équatoriale";
• n°23: rapport de l'ONG ACAT (Action des Chrétiens pour
!'Abolition de la torture) de 2010 intitulé "un monde tortionnaire"
faisant état de la "torture ... systématique envers tous ceux qui
refasent de coopérer" pratiquée en Gu:inée-équatorîale, sous le
régime de Teodoro Obiang Ngema Mbasogo ayant accédé au
pouvoir en 1979 en renversant son oncle gcice à un coup d'Etat.
Le rapport évoque !es différentes méthodes de~ et la

:e 14

~
situation notamment de Roberto BERARDI, citoyen iWien détenu
et torturé à compter de janvier 2013 etjusqu'enjuillet 2015 dans
une prison, son arrestation pouvant être en lien avec sa situation
de témoin gênant dans une affaire de corruption touchant le fils
aîné du Président de la République ( comme il ressort également
des pièces 26,27 et 28 du défendeur);
• n"28 et 29 relatives aux conditions de détention de M.
BERARDI,'frappé et torturé d'abord au commissariat de Bata
puii à la prison de Bata ...maintenu à terre par des gardiens et
flagellé ... ";
• n°24: appel de l'ONG Hwnan Rights Watch du 30 juillet2014
sou~ le titre éloquent de: "Guinée-équatoriale: il faut me/Ire fin
aza tortures dans les prisons" et sous-titré: "Le président OBAMA
devrait insister auprès duprésident Obiangpow- qu'ilfa1-secesser
les abus"; Cet appel dénonce notamment "la violente répression
{en gras dans le texte) exercée par son gouvernement à l'encontre
de ses opposants politiques, des organisations indépendantes de
la société civile et des médias ... " et souligne que le Département
d'Etat américain, dans son dernier rapport sur les droits humains
dans le monde, identifie les plus graves violations de ces droits en
Guinée-équatoriale comme étant le "mépris des principes de l'Etat
de droit et de la régularité des procédw-esjuŒciaires, y compris
le recours à la torture et à une force excessive par la police; le
non respect des libertés d'expression, de réunion, d'association et
de la presse ... ". Il comporte des exemples précis d'individus ayant
eu à connaître de tortures et de détentions arbitraires, le ca.s de
Agustin Esono Nsogo, enseignant emprisonné (en grm; dans le
texte) sans chef d'accusation pendant plus d'un an jusqu'à février
2014, torturé à trois reprises en étant suspendu par les mains et les
pieds, el sévèrement battu au point de perdre toute faculté auditive
dans une oreille, selon les déclarations de son avocat recueillies
par Human Rights Warch, la méthode de torture évoquée étant
proche de celle évoquée à l'audience par M. Salomon ABESO
NDONG: la suspension par les pieds,
• n° 25: document émanant del' ONG "Human Rights Watch"
rapportant le 24 octobre 2012 qu'un avocat spécialiste de la
défense des droits de l'homme vu pour la dernière fois dans une
prison de Malabo qu'il visitait avait "disparu";
• n°30: déclaration de la porte parole de l'Union européenne
mentionnant au 2/02/2018, soit antérieurement à l'article
incriminé, le décès en prison sous la torture d'un membre de
l'opposition et 130 personnes détenues arbitrairement;
• n° 31: un article du site du Monde Afrique publiéle28 mars 2018,
toujours antérieur à l'article incriminé, intitulé "En Guinée
équatoriale, des opposants affirment avoir été torturés par la
police "faisant état d'un opposant mort sous la torture, et le parti
Cl, affirmant lors du procès de 147 de ses militants qu'"une
trentaine d'accusés ne pouvaient pas se tenir debout 'en raison de
la torture subie" pendant leur détention à 'Guantanamo"');
Le terme de "crimes contre l'humanité", susceptible de recouvrir
des faits de torture, a pu être employé dans ce contexte et dans le
cadre du blog del' opposant militant qu'est M. SalomonABESO
NDONG, lequel a lui-même relaté avoir été victim_>-de faits de

.ge 15

~
tortlll'e, sans que soit nécessairement apportés d'éléments justifiant
de la réunionde toutes les conditions juridiques des crimes contre
l'humanité, un droit à l'exagération ou à l'hyperbole devant
effectivement être reconnu à l'auteur de ces imputations et
l'expression pouvant traduire son indignation et une conception de
l'humanité heurtée par les tortures et assassinats d'opposants.
• des déclarations de M. Salomon ABESO NDONG à l'audience,
venues étayer l'imputation de torture par le récit de ce qu'il a
déclaré avoir connu, relativement àla torture subie par son oncle
et lui-même (suspendu par les pieds et privé de tout durant trois
mois, conservant de ses pieds ca~sés l'impossibilité d'une station
debout prolongée), ainsi que celle de l'assassinat d'opposants.

• gue Teodoro OB{ANG NGUEMA :MBASOGQ pouvait se voir


reprocher des faits de cannibalisme au vu des piè<::esdu défendeur:

• n°33: article du Mirrorpublié le 10 septembre 2016;


• n°34: article dn Daily Mail publié le 11 septembre 2016;
• n"35: article de The lndependentpublié le 12 septembre 2016,
s'agissant d'articles antérieurs à la publication incriminée
rapportant les propos de l'opposant Severo MOTO, à la radio
espagnole en 2004 indiquant qu'il serait piétendu que M. Teodoro
OBIANG NGUEMA MBASOGO serait cannibale, ayant en
particulier dévoré les testicules el le cerveau d'nn commissaire
enterré sans ces attributs et aurait écorché vif ses opposants et
mangé leurs cervelles;
• n° 36: article publié sur le site internet du "Nydailynews" le 16
août 2006 faisant état des propos de la chanteuse de rap Eve,
laquelle aurait mis fin à sa relation avec le fils du dictateur
africain Theodorinà raison notamment des déclarations susvisées
de Severo MOTO;
• dela vidéo mise sur Toutube le 24 avril 2017 daus laquelle la fille
de Teodoro OBIANG NGUE~lA MBASOGO fait des révélations
sur le cannibalisme de son père darui les vertus duquel il croirait
pour se voir transmettre la force de ses ancêtres et acquérir
l'intelligence des personnes dont il lllllllgerait le cerveau.

2°) que Teodoro OBlANG NGUEMA MBASOGO aurait


organisé de "tàux coups d'Etat en Guiri<Je--équatoria!e",au vu des pièces
du défendeur:

• n°7 : article intitulé "des opposants condamnés pour complot"


publié le 10 juin 2002 sur le site de "rfi" faisant état à l'occasion de
la comparution devant la cour d'appel de Bata le 23 mai 2002 de
144 accusés parmi lesquels l'oncle du défendeur, Felipe Ondo
Obiang, de ce que "A chaque veille d'élections (J"éodoro Obiang
Nguema) procède à des vagues d'arrestations dans le camp de
l'opposition, en invoquant des tentatives de coups d'Etat ... "

\}'-
• n°8 relative à une "action =gente " pré<.,onisée par Amnesty
Internationalle 28 mars2002 suiteà une vagued'arrestations ayant
débuté le 14 mars précédent, notammeut de Felipe Ondo Obiang,
ancien parlementaire et dirigeant du parti FDR et de ses proches
sans motif officiel mais sur la base d'une conspiration supposée
alors qu'Amnesty International considérait qu'il s'agissait surtout de
''prisonniers d'opinion";
• n°15 : article intitulé: "Le pouvoir équato-guinéen prétend avoir
déjoué un "coup d'Etat" publié sur le site internet
www ,lemoqde.fr/afrique le 4 janvier 2018, soit antérieurement à
la publication des propos poursuivis, s'agissant d'une tentative de
coup d'Etat déjou<!e le 3 janvier 2018, d'après les autorités de
Guinée équatoriale, n'ayant pas précisé le nombre des mercenaires
impliqués ni d'où ils venaient, près des frontières avec le Cameroun
etle Gabon ayant fait un mon pmmi les mercenaires. L'article fait
également état de ce que ''plus tt5t mercred( le ministre de la
sécurité du gouvernemeru équato-guinéen avait annoncé "qu'un
'coup d'Etat' avait été d,ijoué. Selon lui, un groupe de mercenaires
étrangers (tchadiens, soudanais et centrafricains) à la solde de
partis de f'oppasition radicale a voulu, le 24 décemhre 2017
'attaquer le chef de l'Etat qui se trow;aît dans le palai5 présidentiel
de Koete Mongomo pour lesfetes defin d'année'. Cette résidence
se trouve ... à une cinquantaine de kilomètres d'Ebibeyyin. où ont eu
lieu les affeontements de mercredi". L'article comporte un intertitre
"Manque de visibilité" ( en caractères gras dans l'article) et
souligne que d'après une source diplomatique occidentale de la
sous-région "il y a un vrai manque de visibilité sur ce qu'il se passe
réellement ...De fair, toutes les înforman·ons reçues ces derniers
jours sur la zone d'Ebibeyin l'ont été par des canaux officiels de
communication gouvernementale". L'article comporte un autre
intertitre '' Partis d'opposition radicale" ( en caractères gras dans
l'article) sous lequel il est mentionné:"Le principal parti
d'opposition du pays, Citoyens pour l'innovation (Cl) s'est défendu
mercredi de toute implication dans les trouhles présumts. 'Je ne
sais pa,· ce qu'ils vont inventer, le montage qu'ils vontfaire"à la
suite de cette 'histoire de coup d'Etat'. s'est inquiété M NSE
Obiang, leader de laformation,joint par téléphone par !'AFP"'.
• n°16 : article publié le 4 janvier 2018, soit antérieurement à la
publication des propos poursuivis par le site de LA CROIX
intitulé;"Guînée équatoriale, wie tentative de "coup d'Etat" qui
suscite deii interrogations", dont le chapeau précise: "Des
ajfrontements auraient opposé mercredi 3 janvier les forces de
sécurité de Guinée-équatoriale à des "mercenaires". Une tentative
de "coup d'Etat" aurait été déjouée selon les autorités de ce petit
pays pétrolier d'Afrique centrale". L'article couvre ensuite
notamment les évènements ci-dessus évoqués des 24 décembre
2017 et 3 janvier 2018, soulignant que "Téodoro Oblong
Nguema ... " est "A l'affet du moindre complot ( ou point de les
imaginer parfois) il s'est dit, samedi 30 décembre, la cible d'une
"guerre" enpréparotion contre lui". Un intertitre "Des patrouilles
militaires et poUcière/i "renforcées" fait état de mesures de
renforcement de l'année , d'arrestations d'un ambassadeur de
Guinée équatoriale au Tchad et d'un ex-général de l'armée
tchadienne. Après un intertitre intitulé "une situation obscure" sont
reprises les réserves de l'article précédent sur "le )!Xii manque de

Page 17

(}
visibilité .iur ce qui se passe réellement" et se trouve précisé
":"Facebook, Whatsapp et autres réseaux sociaux- principaux
moyens de communication en Afrique centrale- sont bloqués en
Guinée équatoriale. Dans ce pays 'fermé où il n)' a pas de presse
libre, la population est très prudente et rétive à communiquer, de
peur de représailles", explique Jean-Marc Lefebvre. secrétaire de
l'associa/ion France-Guinée équatoriale". Après un intertitre ;"Des
arrestations qui inquiètent l'opposition", se trouve mentionné
que:"Le principal parti d'opposition de Guinée équatoriale,
Citoyens pour l'innovation (CI) ne dispose pour sa part que d'un
unique siège (au Parlement. sur 100 sièges). Malgré cela, le CI
serait dans le colimateur du pouvoir. Les opposants expatriés du
président Téodora ObiangNguema tels que Severo Moto, exilé en
Espagne depuis 1981, suspectent ce "coup d'Etat" dWre en vérité
un caup monté, destiné à provoquer un nouveau tour de vis sur
l'opposition. Le CL.s'est défendu de toute implication dans les
troubles présumés et a dénoncé des "dizaines" d'arrestations de
ses militants ... ". Se trouve ensuite reprise la même déclaration de
M. NSE Obiang, leader de la formation CI, que dans l'article
précédent.
• n°31:l'article du site "www.lemondeafrique" publié le 28 mi!f'S
2018, soit antérieurement à l'article incriminé, intitulé "En Guinée-
équatoriale, des opposants affirment avoir été torturés par la
police" comportant comme sous -titre: "Lesfaits auraient eu lieu
juste après que le régime eut annoncé avoir dijoué une tentative
de coup d'Etat.fin 2017", faisant airui le lien entre coup d'Etat et
répression par la torture.
• auvuégalementdesdéclarationsdeM.SalomonABESONDONG
à l'audience notamment relatives au faux COLipd'Etat dont il aurait
été lui-même , ainsi que son oncle Felipe ONDO OBIANG, ancien
président de l'assemblée nationale -avec lequel il avait cofondé en
1995 le parti politique d'opposition "Force Démocrate
Républicaine"(FDR)- accusé à tort avant d'être arrêté en 2001 et
soumis à la torture, comme d'autres membres de sa famille, à
jamais dispan15. Ces déclarations trouvent un écho dans l'article
susvisé publié sur le site de "rfi" le 10 juin 2002 ( pièce n°7 du
défendeur) évoquant les peines de prison prononcées pour complot
de déstabilisation du régime notamment à l'encontre de Felipe
ONDO OBIANG et dans le document susvisé intitulé "ACTION
URGENTE' daté du 28 mars 2002 (pièce n° 8 du défendeur).

Cette base factuelle permet bien de faire un lien entre les coups d'Etat qui
auraient été prétendument déjoués dont celui fomenté par le défendeur et
son oncle et la répression des opposants, voire leur torture ou assassinat,
l'emploi du conditionnel dans les articles dont s'agit faisant état des coups
d'Etat qui aurnient été déjoués, que le pouvoir équato-guinéen ''prétend
avoir déjoue~'soulignant le soupçon qu'ils inspirent, et les"interrogations"
qu'ils suscitent, le principal parti d'opposition se défendant de toute
implication dans les troubles présumés et s'interrogeant sur une
"invention", un "mantage"suiteàcette "histoire "de coup d'Etat, un "coup
monté " une telle utilisation du champ lexical de la fiction voire de
l'affabulation contribuant à alimenter la thèse de faux coups d'Etat qui
auraient été exploités par le pouvoir en place pour réagir contre les
opposants.

'age 18

&
Le fait que le nombre de 14 faux coups d'Etat ne soit pas strictement
documentérelève tant de la difficulté structurelle soulignée eu particulier
par l'article intitulé "le pouvoir équato-guinéen prétend avoir déjoué un
"coup d'Etat'" ( pièce n°15) de savoir ce qui se passe, compte tenu d' "un
vrai manque de visibiUté'; que du droit pour le blogueur militant
personnellement impliqué dans les faits dénoncés, relevant d'un sujet
d'intérêt général majeur, à une certaine dose d'exagération, à supposer qu'il
s'agisse en l'espèce d'rui;agération.

3°) que TeDd.oroOBIANG NGUEMA M:BA$0GO aurait financé


un crimede ~erre, consistant dans le financement d'une tentative de coup
d'Etat passant par une attaque de la MINUSCA au vu des pièces;

• n° 12 (transcription d'un article de "R.adio Macuto Facebook"


intitulé "Teodoro Obiang prétend déstabiliser la République
centrqfricaine") mentionnant sur la base d'"une conversation
téléphonique interceptée" par "des sowces dignes de foi" la
rencontre à Malabo entre "Michel Am,Nondokro Djotodio,
dirigeant de lafonnation paramilitaire Séléka, l'homme qui s'est
autoproclamé président de la République centrafricaine après la
chute de François BOZIZE en 2013" et "Teodoro Obiang", lequel
lui "a... remis deux millions de dollars US' et le fait qu'au même
moment, toujours selon les mêmes sources" le général de l'ex-
séleka, Noureddine Adam, populairement connu comme "le
seigneur de la guerre", s'est également rendu à Malabo et y a reçu,
également en espèces, un million", cet article bien que non daté
étant nécessairement antérieur à l'article incriminé lequel y fait
référence et le fait qu'il s'agisse d'un média de l'opposition ne
pouvant en tant que tel, contrairement à ce que soutient le
demandelll", discréditer les informations qu'il relaye à partir de
sources locales d'opposition par hypothêse clandestines, non plus
que le rôle tenu par le défendeur à la tête de la coalition CORED
regroupant des partis politiques et associatiollil en exil, l'opposant
en exil qu'est M.Salomon ABESO NDONG y trouvant Wle solll"ce
de renseignements nécessairement plus fiable à ses yeux que dans
l'information officielle du pouvoir, accréditant la thèse d'un
financement par Teodoro Obiang à hauteur de trois millions de
dollars de factions sw.;ceptibles de déstabiliser la République
centrafricaine, ''pays d'origine d'une des personnes impliquées
dans la tentatin de prise de pouvoir qui a été arrêtée dans le pays
voisin du Cameroun",ce qui pennettra à M.Salomon ABESO
NDONG d'y voir l'un des mobiles de l'action de dénoncée Teodoro
Obiaug auquel il fait allusion dansl'article poursuivi;
• n° 13 (article publié sur le site de ''jeuneafrique" le 5 avril 2018,
soit antérieurement à l'article incriminé, confirmant cette rencontre
le 29 mars à Malebo, entre Michel Djotodia et Teodoro Obiang
Ngema avec "Au menu des discussions, l'accès aux mines de
platine et de mercure"), ce qui permettra à M.Salomon ABESO
NDONG d'y voir le second mobile de l'action dénoncée de
Teodoro OBIANG auquel il fait allusion dans l'article poursuivi;
• n°14 (dépêche de l'ONU publiée sur le site ONU 11)/o.frle 17 mai

•.,.{À
2018 mentionnant l'attaque d'un convoi e.~corté par la.MINUSCA
par des membresprésumésanti-balakaayant entrainéla mortd'un
casque bleu de l'ONU et huit autres blessés "ce jeudi" ( 17 mai
2018), soit postérieurement à l'article incrimirié paru le 12 avril
2018, mais rappelant "que les attaques contre lesforces de lapaix
des Nations Uniespeuvent constituerun cr;mede guerre...La mon
de ce casque bl.rnporte à trois le nombre de soldats de la paix de
la MINUSCA tués depuis le début de 2018. La République
centrafricaine est cmifrontée depuis plusieurs anruJesà uneforte
instabilité en raison des affeontemen/s entre la coalition rebelle
majoritairement mW!ulmane Séléka et la milice chrétienne anti-
Balaka", ce qui permettait à ~,[.Salomon ABESO NDONG de
qualifier de crime deguerre le financement d'une attaque contre les
soldats de la paix, et de faire un rapprochement entre le
financement far Teodoro OBIANG des milices ex-seleka le 29
mars 2018 te qu'évoqué par les médias susvisés et l'attaque du 12
avril 2018 d'un convoi de la i\.11NUSCAsuite à laquelle il publiait
les propos poursuivis sur son blog, l'article du 17 mai 2018, étant
certes postérieur à l'article incriminé et relatif à une attaque
postérieure distincte attribuée aux anti-balak:a mais évoquant bien
les deux autres soldats de la paix de la MINUSCA tués depuis le
début de l'année 2018 qui ont pu succomber à l'attaque d'autres
factions.

Concernant la prudence dans l'expression, elle s'apprécie en fonction de


la base factuelle dont disposait l'auteur de l'article au moment où les
propos ont été tenus et de son implication personnelle dans les faits
évoqués, en fonction également de l'exposition à la critique de celui qui se
prétend diffamé, particulièrement étendue lorsqu'il s'agit d'un homme au
pouvoir, et se trouve très accessoire dans le cadre d'un sujet d'intérêt
général majeur tel que celui traité par les propos incriminés, mettant en
cause un chef d'Etat.

En l'espèce il ne peut être reproché au défendeur son imprudence, bien


qu'il soit très affumatif sur des faits dont la vérité n'est à ce stade pas
intégralement rapportée ni même procéduraiement soutenue, dès lors qu'il
disposait d'une base factuelle sérieuse et qu'il serait disproportionné, au
regard des dispositions de l'article JO de la CEDH, d'entraver la liberté
d'expression de ce biogeur militant s'exprimant dans le cadre d'une
polémique politique qu'est M. SalomonABESO NDONG, ayant dftquitter
son pays après avoir été lui même impliqué dans un supposé coup d'Etat
et relatant avoir été soumis à la torture de ce chef, se situant dans
l'opposition politique à un chef d'Etat qu'il n'est pas le seul à qualifier de
dictateur, particulièrement exposé à la critique du fait de sa qualité de chef
d'Etat constamment élu avec un taux de suffrages favorables quasiment
unanime depuis le coup d'Etat qui l'a conduit au pouvoir en 1979, dont le
camp détient 99 sièges sur 100 au Parlement, alors que M. Salomon
ABESO NDONGpouvait être convaincu que l'attaque de la.MINUSCA du
12 avril 2018 avait effectivement été financée par Teodoro OBIANG,
compte tenu de la rencontre l'ayant précédé de peu.

~
Ainsi, les critères de la bonne foi, au sens du droit de la presse,
apparaissent réunis, de sorte que le tribunal ne fera pas droit aux
demandes.

Sur fos autres demandes :

Il parait équitable que le demandeur soit condamné à verser à M. Salomon


ABESO !\'DONG la somme de 5000 euros, sur le fondement de l'article
700 du code de procédure civile.

M. Teodoro OBIANG NGUEMA MBASOGO qui succombe en ses


demandes sera condamné aux entiers .

Aucun élément ne vierrt enfin justifier de la particulière nécessité de


prononcer l'exécution provisoire de la présente décision, en application de
l'article 515 du code de procédme civile, s'agissant d'un jugement ayant
débouté le demandeur.

PAR CES MOTIFS

LE TRIBUNAL, statuant publiquement par mise à disposition au greffe,


contradictoirement et en premier ressort,

Dêclare que le.'lpropos poul"!iuivis sont diffamatoires,

Dit que M. Salomon ABESO NDONG doit bénéficier de l'excuse de


bonne foi,

Déboute M. Teodoro OBIANGNGUEMAMBASOGO de ses demandes,

Condamne M. Teodoro OBIANG NGUEMA MBASOGO à verser à M.


Salomon ABESO NDONG la somme de S000 euros sur le fondement des
dispositions de l'article 700 du code de procédure civile,

Condamne M. Teodoro OBIANG NGUEMA MBASOGO aux dépens.

Fait;;tjugé à Paris le 03 Octobre 2018

Le Président

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